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CAA de PARIS, 8ème chambre, 26/03/2021,

17PA02932, 17PA03029, Inédit au recueil Lebon


CAA de PARIS - 8ème chambre

 N° 17PA02932, 17PA03029
 Inédit au recueil Lebon

Lecture du vendredi 26 mars 2021


Président
M. LAPOUZADE
Rapporteur
Mme Virginie LARSONNIER
Rapporteur public
Mme BERNARD
Avocat(s)
DHORNE-CARLIER-KHAYAT
Texte intégral

RÉPUBLIQUE FRANCAISE
AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS

Vu la procédure suivante :

Procédure contentieuse antérieure :

La société Nord Ester a demandé au tribunal administratif de Paris de condamner


l'Etat à lui verser la somme de 5 488 670,38 euros en réparation du préjudice qu'elle
estime avoir subi du fait de l'illégalité des décisions du 28 février 2013 du ministre
délégué chargé du budget refusant de lui délivrer des agréments d'unités de
production de biocarburants donnant lieu à réduction de la taxe intérieure de
consommation sur les produits énergétiques (TICPE) pour diverses tranches fermes
ou conditionnelles au titre de certaines périodes ou bien lui accordant les agréments
pour la production d'un nombre limité de tonnes de biocarburants, intervenues à
l'issue des appels à candidatures n° DGPAAT-2012-085 et n° DGPAAT-2012-132.

Par un jugement n° 1605723/2-2 du 7 juillet 2017, le tribunal administratif de Paris a


condamné l'Etat à verser à la société Nord Ester la somme de 1 603 199 euros en
réparation de son préjudice ainsi que la somme de 1 500 euros au titre de l'article L.
761-1 du code de justice administrative et a rejeté le surplus des conclusions de la
demande de la société Nord Ester.

Procédure devant la Cour :

I. Par une requête, enregistrée sous le n° 17PA02932 le 25 août 2017, le ministre de


l'action et des comptes publics demande à la Cour :

1°) d'annuler le jugement n° 1605723/2-2 du 7 juillet 2017 du tribunal administratif de


Paris ;

2°) de condamner la société Nord Ester à rembourser à l'Etat la somme de 1 603 199
euros qui lui a été versée en exécution de ce jugement ;

3°) de mettre à la charge de la société Nord Ester le versement de la somme de 1


500 euros sur le fondement de l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

Il soutient que :

- le préjudice dont se prévaut la société Nord Ester n'est pas établi ;


- en tout état de cause, le lien direct entre le préjudice dont se prévaut la société
Nord Ester et la prétendue faute de l'administration dans la réallocation des quotas
n'est pas établi ;
- c'est à tort que le tribunal a estimé que la société Nord Ester disposait de chances
sérieuses d'obtenir des quotas plus importants que ceux attribués par les décisions
du 28 février 2013 et qu'elle pouvait être indemnisée de son manque à gagner ; en
effet, elle ne disposait pas de chances sérieuses d'obtenir une réallocation de ses
quotas de l'ordre de 53% des quotas antérieurement obtenus compte tenu des
quantités qu'elle avait sollicitées pour chaque tranche et de l'application de la
méthode de répartition retenue par l'administration et appliquée de la même manière
à tous les candidats ; s'agissant de la tranche ferme n° 2, la majorité des sociétés a
obtenu 21,47% des quantités sollicitées et la société Nord Ester a obtenu 21,13%.

Par un mémoire en défense, enregistré le 2 novembre 2017, la société Nord Ester,


représentée par Me A..., conclut au rejet de la requête du ministre de l'action et des
comptes publics et demande à la Cour, par la voie de l'appel incident, de réformer le
jugement n° 1605723/2-2 du 7 juillet 2017 du tribunal administratif de Paris en tant
qu'il n'a pas fait droit à l'intégralité de ses conclusions indemnitaires, de condamner
l'Etat à lui verser la somme de 5 488 670, 38 euros au titre du préjudice subi du fait
de l'illégalité des décisions du 28 février 2013 du ministre délégué chargé du budget
et de mettre à la charge de l'Etat la somme de 5 000 euros au titre de l'article L. 761-
1 du code de justice administrative.

Elle soutient que :

- les moyens soulevés par le ministre de l'action et des comptes publics ne sont pas
fondés ;
- le tribunal ne pouvait pas retenir le taux de réallocation moyen des agréments de 53
% qui résulte uniquement des dires de l'administration ;
- elle a bénéficié de quotas annuels de 90 700 tonnes de biocarburants donnant lieu
à défiscalisation pour la période de 2008 à 2013 alors que les quotas alloués au titre
des années 2014 et 2015 sont respectivement de 25 356 tonnes et de 34 956
tonnes, soit une baisse de plus de 72 % pour 2014 et de 62 % pour 2015 ; certains
coûts de production ont été multipliés par 3,5 ce qui a eu un impact immédiat et
irréversible sur l'activité de l'entreprise et sur celle du groupe ;
- il ressort de la note établie par le cabinet KPMG, commissaire aux comptes, que le
manque à gagner pour l'année 2014 s'élève à 3 029 509,67 euros et pour l'année
2015 à 2 459 130,71 euros.

II. Par une requête, enregistrée sous le n° 17PA03029 le 6 septembre 2017, la


société Nord Ester, représentée par Me A..., demande à la Cour :

1°) de réformer le jugement n° 1605723/2-2 du 7 juillet 2017 du tribunal administratif


de Paris en tant qu'il n'a pas fait droit à l'intégralité de ses conclusions indemnitaires ;

2°) de condamner l'Etat à lui verser la somme de 5 488 670, 38 euros au titre du
préjudice subi du fait de l'illégalité des décisions du 28 février 2013 du ministre
délégué chargé du budget ;
3°) de mettre à la charge de l'Etat la somme de 5 000 euros au titre de l'article
L. 761-1 du code de justice administrative.

Elle soutient que les moyens soulevés par le ministre de l'action et des comptes
publics ne sont pas fondés et soulève les mêmes moyens que ceux exposés sous le
n° 17PA02932.

Par un mémoire en défense, enregistré le 31 octobre 2017, le ministre de l'action et


des comptes publics conclut au rejet de la requête et demande à la Cour d'annuler le
jugement n° 1605723/2-2 du 7 juillet 2017 du tribunal administratif de Paris, de
condamner la société Nord Ester à rembourser à l'Etat la somme de 1 603 199 euros
qui lui a été versée en exécution de ce jugement et, enfin, de mettre à la charge de la
société Nord Ester le versement de la somme de 1 500 euros sur le fondement de
l'article L. 761-1 du code de justice administrative.

Il soutient que :

- les moyens soulevés par la société Nord Ester ne sont pas fondés ;
- le préjudice dont se prévaut la société Nord Ester n'est pas établi ;
- en tout état de cause, le lien direct entre le préjudice dont se prévaut la société
Nord Ester et la prétendue faute de l'administration dans la réallocation des quotas
n'est pas établi ;
- c'est à tort que le tribunal a estimé que la société Nord Ester disposait de chances
sérieuses d'obtenir des quotas plus importants que ceux attribués par les décisions
du 28 février 2013 et qu'elle pouvait être indemnisée de son manque à gagner.

Par un arrêt avant-dire-droit n°s 17PA01674, 17PA02932, 17PA03029 du 7 mars


2019, la Cour a, avant de statuer sur les requêtes du ministre de l'économie et des
finances, du ministre de l'action et des comptes publics et de la société Nord Ester,
ordonné un supplément d'instruction aux fins pour le ministre de l'économie et des
finances et le ministre de l'action et des comptes publics de produire dans le respect
du secret des affaires, tous les éléments de nature à établir, pour chacune des
tranches en cause (les tranches fermes 1, 2 et 3 et les tranches conditionnelles 1, 2
et 3 et pour les périodes correspondantes), la méthode appliquée par l'administration
pour répartir les quantités de biocarburants bénéficiant d'agréments fiscaux entre les
demandes recevables des sociétés ayant candidaté dans le cadre des appel à
candidatures référencés DGPAAT-2012-085 et DGPAAT-2012-132 et à déterminer
les quantités attribuées aux différentes sociétés et notamment à la société Nord
Ester, en particulier les quantités prédéterminées par l'administration de
biocarburants faisant l'objet des deux appels à candidatures, les demandes de
chacune des sociétés déclarées recevables, les quantités d'agréments de
biocarburants qu'elles avaient reçues au titre des années précédentes et celles qui
leur ont été attribuées pour chacune des tranches dans le cadre des deux appels à
candidatures en cause et la clé de répartition du reste entre les sociétés.

A la suite de cet arrêt avant-dire-droit, les parties ont présenté des mémoires
communs aux instances n°s 17PA02932 et 17PA03029.

Par un mémoire, enregistré le 7 juin 2019 dans l'instance n° 17PA03029 et le 14 juin


2019 dans l'instance n° 17PA02932, et un mémoire enregistré le 18 décembre 2019,
le ministre de l'action et des comptes publics persiste dans ses conclusions et dans
ses moyens.

Il soutient en outre que du fait d'une augmentation forte de la demande d'agrément


par rapport à la quantité proposée et de la méthode utilisée, le taux de
renouvellement moyen des agréments était de 53 % au titre de 2014 et de 2015.
Par des mémoires, enregistrés les 28 octobre 2019 et 7 décembre 2020, la société
Nord Ester maintient ses conclusions et porte le montant sollicité sur le fondement de
l'article L. 761-1 du code de justice administrative à 15 000 euros.

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