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Revue du rhumatisme monographies 84 (2017) 377–381

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Stratégie de prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde :


traitement précoce et traitement ciblé
Strategy for rheumatoid arthritis care: Early and targeted treatment
Romain Gastaldi a,∗ , Athan Baillet a,b , Philippe Gaudin a,b
a
Service de rhumatologie, hôpital Sud, CHU de Grenoble-Alpes, avenue de Kimberley, CS 90938, 38434 Echirolles cedex, France
b
GREPI, université de Grenoble-Alpes EA7408, 38400 St-Martin-d’Hères, France

i n f o a r t i c l e r é s u m é

Historique de l’article : La prise en charge de la polyarthrite rhumatoïde a été révolutionnée ces 15 dernières années par
Accepté le 31 juillet 2017 l’apparition des biothérapies. Le pronostic de la maladie et la bonne tolérance de ces traitements ont
Disponible sur Internet le 8 août 2017 permis d’établir des études de stratégies concernant leur bon usage, traitements précoces, serrés, ciblés,
évalués. Cet article reprend les différentes données d’efficacité des traitements dans le cadre des phases
Mots clés : précoces de la maladie. L’objectif était notamment de réaffirmer l’importance décisive d’un adres-
Polyarthrite rhumatoïde sage, d’une prise en charge précoce et ciblée. Nous abordons également les recommandations actuelles
Stratégies thérapeutiques
concernant la surveillance structurale notamment échographiques. Nous rappelons les données récentes
Biothérapies
Traitements de fond
concernant les différentes cibles thérapeutiques des biothérapies et leur utilisation dans le maintien de
Biomarqueurs la rémission. Enfin, nous détaillons les connaissances actuelles concernant les biomarqueurs qui per-
mettront une médecine individualisée à chaque patient avant même le début du traitement dans la
polyarthrite rhumatoïde (PR).
© 2017 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

a b s t r a c t

Keywords: The management of rheumatoid arthritis has dramatically changed over the last 15 years due to biothe-
Rheumatoid arthritis rapies. A better understanding of the prognosis of the disease and the balance safety/efficacy of these
Therapeutic strategies treatments led to new treatment strategies in early RA. We present the different efficacy data of treat-
Biological treatments ments in the early stages of RA disease. We also discuss the current recommendations concerning their
Biomarkers
monitoring, in particular, radiographic and ultrasound. We recall the recent data concerning the different
Targeted therapies
therapeutic targets of biotherapies and their use in maintaining remission. Finally, we will detail the cur-
rent knowledge about biomarkers that will allow individualized medicine to each patient even before
starting treatment in RA.
© 2017 Société Française de Rhumatologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

1. Introduction blies par l’EULAR en 2016 [1] établissent un socle robuste pour la
prise en charge de la PR notamment dans sa phase débutante.
La polyarthrite rhumatoïde (PR) débute par une phase précli- L’objectif de cet article est de remettre en perspective l’ensemble
nique de perturbations immunologiques laissant une place à des des connaissances actuelles pour une prise en charge optimale des
traitements très précoces. patients à un stade précoce avec des traitements ciblés tant sur le
Des progrès importants ont été faits ces 15 dernières années plan pharmacologique que sur le plan des objectifs thérapeutiques.
avec l’optimisation des traitements synthétiques conventionnels
et l’utilisation des nouvelles molécules biologiques ou synthétiques 2. Fenêtre d’opportunité et traitement précoce
ciblées apparues depuis les années 2000. Les recommandations éta-
La définition du statut de PR débutante est actuellement établie
par les critères ACR/EULAR 2010. Ce stade est devenu un concept
∗ Auteur correspondant. central dans sa prise en charge précoce [2]. Il constitue une « fenêtre
Adresse e-mail : rgastaldi@chu-grenoble.fr (R. Gastaldi). d’opportunité » [3] qui peut durer de 3 mois à 2 ans après le début

http://dx.doi.org/10.1016/j.monrhu.2017.07.007
1878-6227/© 2017 Société Française de Rhumatologie. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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des symptômes [4]. Un traitement de fond débuté alors permettrait dès la 3e année, la stratégie de traitement ciblé permet des écono-
de réduire significativement les lésions articulaires [5]. Cette hypo- mies de coûts de santé malgré le surcoût initial de cette stratégie
thèse repose également sur les compositions cellulaires synoviales plus « agressive » [17]. Une étude des cohortes GUEPARD et ESPOIR
et les profils cytokiniques différents au stade de PR débutante [6]. retrouvait à un an une augmentation de la proportion de patients
Les délais diagnostiques, d’adressage au rhumatologue et de mise atteints de RIDI présentant une absence d’évolution et DAS-28 < 3,2.
en route d’un traitement de fond sont ainsi devenus des enjeux Cette étude ne retrouvait par contre pas de différence de réponse
majeurs [7]. L’étude de Lard et al. [8] a mis en évidence l’efficacité thérapeutique qu’elle soit évaluée par la réponse EULAR, ACR 20,
clinique et structurale à deux ans de l’introduction précoce d’un 50 ou 70 ainsi que la différence de DAS-28 par rapport à l’inclusion.
traitement de fond conventionnel (disease modifying antirheumatic La différence de score de SHARP était également équivalente à 1 an
drugs – DMARD). Le groupe avec introduction précoce du DMARD entre ces 2 groupes comparables d’un point de vue démographique
(médiane du délai de 15 jours) présente une progression structurale [18].
de 3,5 sur le score de Sharp alors que le groupe avec introduction
retardée (médiane de 123 jours) progresse de 10 points sur le même 3.4. Les facteurs prédictifs d’obtention de la cible
score, soit une différence statistiquement significative et surtout
cliniquement pertinente à 2 ans [8]. Des études de cohortes [19] suggèrent que les facteurs prédictifs
de l’évolution de RIDI vers la PR sont la présence signes cli-
3. Traitement ciblé ou « treat-to-target (T2T) niques (raideur, articulations gonflées, Échelle Visuelle Analogique
(EVA) douleur. . .), leur durée d’évolution (> 12 mois), la présence
L’évaluation de l’activité de la maladie est un élément clé de cette de facteurs de mauvais pronostic (tabagisme actif, sexe féminin,
stratégie puisqu’elle permet un ajustement des thérapeutiques en C-Reactive Protein (CRP) élevée. . .) et la présence d’anomalies
fonction d’un protocole prédéterminé ayant pour but d’atteindre immunologiques (anticyclic citrullinated peptide [CCP], facteur rhu-
une cible prédéfinie [9]. La prise en charge thérapeutique précoce matoïde, présence de l’épitope partagé). Des courbes de survie de
et ciblée a deux objectifs principaux à l’heure actuelle : persistance de la rémission sans arthrite en fonction du nombre de
facteurs de risque ou selon un niveau de risque évalué de faible à
• l’obtention d’une rémission clinicobiologique ; élevé, ont été établies dans cette même étude [19]. Cela suggère
• la prévention de lésions radiologiques. une plus grande vigilance, voire une attitude thérapeutique plus
« agressive » chez ces patients présentant ces facteurs de risque.

3.1. La cible
4. Les stratégies thérapeutiques

À la manière de la prise en charge des facteurs de risques cardio-


L’apparition des traitements ciblés de type biothérapies a révo-
vasculaires comme le diabète ou l’hypertension artérielle, la prise
lutionné la prise en charge de la PR. Leur efficacité sur le plan de
en charge thérapeutique de la PR est désormais dite « ciblée » en
la rémission et sur le plan structural a amélioré de façon specta-
termes d’objectifs [10]. L’objectif étant la rémission clinicobiolo-
culaire son pronostic. Mais de par leur coût et leurs précautions
gique chez un patient atteint de PR débutante ou une faible activité
d’utilisation, des études de stratégies ont rapidement posé la ques-
de maladie chez une PR établie.
tion de leur place dans l’arsenal thérapeutique à la disposition du
clinicien.
3.2. L’évaluation de la cible
4.1. Facteurs prédictifs de sévérité
Pour définir la cible thérapeutique, l’activité de la maladie doit
être quantifiée par des scores reproductibles. Le Disease Activity Des études ont cherché à déterminer des matrices de facteurs
Score (DAS)-28 s’est imposé, en pratique quotidienne, bien que sa de risque permettant de juger d’emblée de la sévérité potentielle
définition de la rémission soit moins stringente que celle du Clinical de la PR. L’idée serait d’identifier précocement les patients à risque
Disease Activity Index (CDAI) ou du Simple Disease Activity Index d’évolution structurale rapide pour adapter le suivi et la prise en
(SDAI) [11]. Ces scores ont permis de réaliser des études standardi- charge thérapeutique. L’étude de Fautrel et al. sur la cohorte ESPOIR
sées pour comparer les stratégies thérapeutiques conventionnelles [20] et celle de Visser et al. [21] sur les données de l’étude BeSt ont
par rapport au T2T. ainsi établi que le nombre d’articulations gonflées, le niveau de CRP,
La place de l’échographie reste à préciser tant sur le plan du la présence d’érosions radiographiques ainsi que la présence d’anti-
diagnostic, du suivi, de l’évaluation de la réponse thérapeutique CCP et de facteurs rhumatoïdes pouvaient être considérés comme
[12] avec des données contradictoires actuellement [13,14]. des facteurs de risque d’évolutivité de la PR. Mais surtout, en les
associant dans une matrice combinée cela permettait d’identifier
3.3. Comparaison à la prise en charge conventionnelle les patients ayant un risque élevé de progression radiographique
rapide. Ces matrices n’ont pour l’instant pas d’application quo-
Des études interventionnelles ont prouvé la supériorité du tidienne reconnue, mais elles sont basées sur des données de
T2T par rapport à une prise en charge conventionnelle. L’étude pratique courante.
de Goekoop-Ruiterman et al. [15] a montré que le T2T dans
une population de rhumatismes inflammatoires débutants indif- 4.2. Le méthotrexate en 1re ligne
férenciés (RIDI) conduisait à un an à une augmentation de la
proportion de rémissions (p < 0,01), une amélioration du statut Les recommandations EULAR de 2016 [1] confirment la place
fonctionnel évalué par HAQ (p < 0,05) tandis que la progression centrale du méthotrexate (MTX) en 1re ligne en cas de PR débutante.
radiologique était équivalente. Une étude de cohorte hollandaise Une analyse systématique de la littérature sur 11 études retenues
[16] a retrouvé une rémission plus fréquente (55 % vs. 30 %, odds [22] conclue que l’introduction précoce du méthotrexate est effi-
ratio 3,1, IC à 95 % [1,8–5,2]) et plus rapidement atteinte (médiane cace avec une dose d’emblée supérieure ou égale à 10 mg/semaine.
25 semaines vs. > 52 semaines) dans le groupe T2T avec une stra- De même, une augmentation mensuelle de 5 mg selon l’efficacité
tégie d’optimisation de DMARDs puis d’anti-TNF pour atteindre et la tolérance jusqu’à la dose totale de 30 mg/semaine est plus effi-
une rémission définie par un DAS-28 < 2,6. Une étude a prouvé que cace pour atteindre la rémission. Le passage à la voie sous-cutanée
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améliore l’obtention de la rémission chez les PR récentes alors qu’il permettait d’atteindre plus fréquemment la rémission DAS-28 à
n’y a pas de différence chez les PR anciennes. Dans le cas des RIDI, 2 ans (55 vs. 30 %, p = 0,003) sachant que les patients en rémission
l’étude PROMPT [23] a montré que l’introduction de méthotrexate progressaient moins sur le plan structural. L’impact sur la densité
ne permet pas de prévenir l’évolution vers une PR établie. Le MTX minérale osseuse ne différait pas à ans dans les 2 groupes. Dans
permet par contre de retarder la validation des critères de 1987 uni- une stratégie de T2T, l’étude IDEA [35] a démontré qu’une prise en
quement chez les patients avec anti-CCP positifs au diagnostic. charge initiale d’une PR débutante par MTX + bolus de prednisolone
de 250 mg vs. MTX + infliximab donnait des résultats similaires à
4.3. Place des bDMARDs dans le traitement précoce S50 sur le plan structural. De la même façon, il n’y avait pas de
différence statistiquement significative quant au taux de rémis-
Des études d’introduction précoce de biothérapies ont été sion DAS-44 à S50 et S78 dans les 2 groupes. Ces études prouvent
menées chez des patients naïfs de MTX [24]. L’étude PREMIER [25] qu’il existe une place certaine de la corticothérapie dans la prise
retrouve un taux de réponse supérieur dans le groupe adalimu- en charge précoce des PR débutantes bien que l’objectif reste un
mab + méthotrexate à un an et deux ans par rapport aux groupes sevrage rapide.
méthotrexate seul ou adalimumab seul avec un taux de rémis-
sions toutefois équivalent. L’étude COMET [26] a inclus un total
de 546 PR récentes naïves de MTX randomisées en deux bras : éta- 5. Biomarqueurs et réponse thérapeutique
nercept + MTX ou MTX. Cette étude montre que les patients traités
par étanercept + MTX atteignent plus fréquemment la rémission à Des progrès considérables dans la gestion du traitement de
52 semaines (50 % contre 28 % dans le bras MTX) et ont une plus la polyarthrite rhumatoïde (PR) ont été réalisés ces 15 dernières
faible progression radiologique (80 % contre 59 % dans le bras MTX). années et des données claires de taux de réponses aux traite-
L’étude U-Act Early [27] montre que le tocilizumab, en association ments sont maintenant disponibles [36]. Des matrices modélisent
ou non au MTX, permet d’obtenir la rémission pendant au moins le risque de progression radiologique à court terme [20]. La combi-
24 semaines deux fois plus fréquemment que dans le bras traité naison de 11 biomarqueurs sériques a conduit à un score composite
par MTX. Enfin, l’étude OPTIMA [28] montre que dans la PR récente Multiple Biomarker Disease Activity (MBDA) qui est associé à
naïve de MTX, l’adalimumab en association au MTX permettait l’activité de la maladie, à la progression structurale et au risque
d’obtenir le faible niveau d’activité deux fois plus fréquemment de rechute lors d’une stratégie de décroissance thérapeutique [37].
(44 % contre 24 % dans le bras MTX seul) à la semaine 26. Mais, tous ces éléments sont tardifs et ne permettent pas de faire
Une question plus difficilement tranchée par la littérature un pronostic précoce et il manque actuellement des marqueurs très
concerne la place d’un traitement séquentiel par bDMARD pour précoces pouvant, entre autres, donner des orientations quant à
l’induction des objectifs thérapeutiques dans la PR récente naïve la possible réponse ou non-réponse à un traitement de fond bio-
de MTX. L’essai GUEPARD [29] avait montré l’absence de bénéfice logique ou conventionnel. Ces marqueurs font appel à la biologie
clinique ou radiologique d’un traitement séquentiel par ADA sur moléculaire et à la biochimie.
3 mois dans les PR débutantes. Faute de marqueurs de prédiction La génomique, la transcriptomique, l’épigénétique et la protéo-
de réponse permettant en pratique courante, il est pour l’instant mique sont des piliers complémentaires et non redondants dans
très difficile de justifier la place des bDMARDs dans la PR naïve de cette perspective.
MTX [30] et leur indication n’est maintenant limitée qu’en 2e ligne Sur le plan génomique, une revue de la littérature a été effectuée
après échec des DMARDs. par Prajapati et al. [38]. La réponse à l’adalimumab, l’étanercept,
l’infliximab a été évaluée au travers de 12 études en ciblant des
4.4. Associations traitements conventionnels vs. biothérapies variants de gènes candidats. La réponse clinique a été évaluée sur
des critères comme la réponse EULAR ou les critères ACR 20 et 50. La
Des études ont comparé les traitements précoces réplication des résultats sur des cohortes différentes est toutefois
par triple association de DMARDs (hydroxychloro- fragile. L’hypothèse de plusieurs gènes associés ayant chacun un
quine + sulfasalazine + méthotrexate) aux biothérapies. Selon faible impact est privilégiée par rapport à celle où peu de gènes
une méta-analyse de 5 études [31], l’efficacité en termes de avec chacun un effet important seraient impliqués.
réponse ACR70 et de taux de rémission est équivalente à 2 ans L’épigénétique se définit comme l’étude des modifications
après mise sous triple association ou biothérapie chez les patients des chromosomes donnant un phénotype stable héréditaire sans
répondeurs inadéquats au MTX. Le taux de réponse ACR est par altération de la séquence d’ADN (acétylation, phosphorylation,
contre plus élevé plus précocement à 1 an dans le groupe biothé- méthylation des histones, des acides désoxyribonucléiques [ADN],
rapie (OR = 1,79, 95 % CI [1,17, 2,72]). On observe également moins des acide ribonucléique [ARN] non codant, des microARN. . .). Il y
d’évolution structurale chez les patients sous biothérapie et moins a ici un impact possible de l’environnement (toxines, nutrition. . .).
d’effets indésirables gastro-intestinaux. L’étude OPERA [32] a Krintel et al. [39] ont montré qu’il existait des taux bas de miR-22 et
comparé une prise en charge par triple association + synoviorthèse des taux élevés de miR-886-3p, mesurés dans le sang périphérique
vs. adalimumab sans montrer de différence en termes clinique avant traitement associés avec une bonne réponse à l’adalimumab.
ou radiographique à 2 ans. L’étude NEO-RACo [33] comparait De même, Duroux-Richard et al. [40] ont retrouvé des taux élevés de
une stratégie de triple association + corticothérapie avec ou sans miR-125b dosés le sang avant traitement associés avec une bonne
induction par infliximab durant les 6 premiers mois de traitement. réponse au rituximab.
Il n’a pas non plus été retrouvé de différence sur le plan de taux de L’étude du transcriptome permet d’identifier un certain nombre
rémissions ou de la progression structurale. de gènes candidats associés à la réponse à différentes biothéra-
pies. Une revue de la littérature [41], portant sur la réponse à
4.5. Place des corticoïdes l’adalimumab, l’étanercept, l’infliximab, l’anakinra, le rituximab au
travers de 12 études, retrouve un certain nombre de gènes candi-
La corticothérapie reste la thérapeutique de choix du traitement dats. Là encore, la multiplicité des gènes identifiés rend l’utilisation
de la poussée inflammatoire. Certaines études se sont intéressées difficile en routine.
à son efficacité au stade de PR débutante sur l’obtention d’une L’utilisation d’une approche protéomique est réelle depuis envi-
rémission et sur le plan structural. L’étude BAREFOT [34] a démon- ron 10 ans en rhumatologie pour des approches théranostiques. En
tré qu’une dose de 7,5 mg de prednisolone ajoutée au DMARDs 2009, Trocmé et al. [42] montrent que chez 60 patients traités par
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infliximab pendant 6 mois, il existe un profil plasmatique protéique [6] Tak PP, Analyzing synovial tissue samples. What can we learn about early rheu-
spécifique caractérisant la réponse ACR à l’infliximab. Des taux matoid arthritis, the heterogeneity of the disease, and the effects of treatment?
J Rheumatol Suppl 2005;72:25–6.
initiaux élevés en apolipoprotéine A1 sont associés à une bonne [7] Gremese E, Salaffi F, Bosello SL, et al. Very early rheumatoid arthritis as a pre-
réponse au traitement alors que des taux plasmatiques initiaux éle- dictor of remission: a multicentre real life prospective study. Ann Rheum Dis
vés en Platelet Factor 4 (PF4) sont associés à une mauvaise réponse 2013;72:858–62.
[8] Lard LR, Visser H, Speyer I, et al. Early versus delayed treatment in patients with
au traitement et ceci avec une spécificité et une sensibilité supé- recent-onset rheumatoid arthritis: comparison of two cohorts who received
rieures à 95 % Plus récemment, Obry et al. [43] utilisent une telle different treatment strategies. Am J Med 2001;111:446–51.
approche pour déterminer les biomarqueurs associés à la réponse [9] Smolen JS, Landewé R, Breedveld FC, et al. EULAR recommendations for the
management of rheumatoid arthritis with synthetic and biological disease-
ou à la non-réponse à l’étanercept. Deux cohortes différentes
modifying antirheumatic drugs. Ann Rheum Dis 2010;69:964–75.
sont utilisées. Une première pour l’identification des biomar- [10] Smolen JS, Breedveld FC, Burmester GR, et al. Treating rheumatoid arthritis to
queurs (22 patients) et une deuxième cohorte pour la réplication target: 2014 update of the recommendations of an international task force. Ann
Rheum Dis 2016;75:3–15.
(16 patients) avec une maladie active. Les sérums avant traitement
[11] Gaujoux-Viala C, Mouterde G, Baillet A, et al. Evaluating disease activity in
sont testés avec LC/MSMS. La réponse clinique EULAR est connue rheumatoid arthritis: which composite index is best? A systematic literature
à la semaine 24. La vérification croisée par quantification relative analysis of studies comparing the psychometric properties of the DAS, DAS28,
ciblée dans les sérums de patients de la deuxième cohorte per- SDAI and CDAI. Jt Bone Spine Rev Rhum 2012;79:149–55.
[12] D’Agostino MA, Terslev L, Wakefield R, et al. Novel algorithms for the pragmatic
met d’identifier 7 biomarqueurs : céruloplasmine, protéine C7 du use of ultrasound in the management of patients with rheumatoid arthritis:
complément, chaîne lourde de l’inhibiteur inter-alpha-trypsine, from diagnosis to remission. Ann Rheum Dis 2016;75:1902–8.
plasminogène, vitamine K protéine S dépendante, protéine S100A9, [13] Dale J, Stirling A, Zhang R, et al. Targeting ultrasound remission in early rheu-
matoid arthritis: the results of the TaSER study, a randomised clinical trial. Ann
zinc-alpha-2 glycoprotéine. Chacun de ces biomarqueurs était asso- Rheum Dis 2016;75:1043–50.
cié à une sensibilité et une spécificité concernant la bonne réponse [14] Haavardsholm EA, Aga A-B, Olsen IC, et al. Ultrasound in management
comprise entre 75 % et 100 %. Mais aucune combinaison de biomar- of rheumatoid arthritis: ARCTIC randomised controlled strategy trial. BMJ
2016;354:i4205.
queurs n’a été utilisée pour améliorer la spécificité ou la sensibilité. [15] Goekoop-Ruiterman YPM, de Vries-Bouwstra JK, Kerstens PJSM, et al. DAS-
Enfin, l’étude du métabolome sérique en spectrométrie de driven therapy versus routine care in patients with recent-onset active
masse avant et après 6 mois de traitement anti-TNF permet de rheumatoid arthritis. Ann Rheum Dis 2010;69:65–9.
[16] Schipper LG, Vermeer M, Kuper HH, et al. A tight control treatment strategy
déterminer des profils caractéristiques chez les répondeurs ou non-
aiming for remission in early rheumatoid arthritis is more effective than usual
répondeurs mettant en avant les dérivés carbohydratés comme care treatment in daily clinical practice: a study of two cohorts in the Dutch
éléments prédictifs de réponse au traitement [44]. Rheumatoid Arthritis Monitoring registry. Ann Rheum Dis 2012;71:845–50.
[17] Vermeer M, Kievit W, Kuper HH, et al. Treating to the target of remission in
L’approche hypothético-déductive a réduit la médecine person-
early rheumatoid arthritis is cost-effective: results of the DREAM registry. BMC
nalisée à quelques marqueurs dont l’intérêt a été fixé a priori qui Musculoskelet Disord 2013;14:350.
n’a pas permis d’épuiser les questions du diagnostic précoce ou de [18] Soubrier M, Lukas C, Sibilia J, et al. Disease activity score-driven therapy versus
l’approche théragnostique. Ainsi, la quête DU marqueur permet- routine care in patients with recent-onset active rheumatoid arthritis: data
from the GUEPARD trial and ESPOIR cohort. Ann Rheum Dis 2011;70:611–5.
tant de prédire LA réponse à un traitement biologique dans la PR [19] van de Stadt LA, Witte BI, Bos WH, et al. A prediction rule for the develop-
est une illusion. La multiplicité des biomarqueurs génétiques ou ment of arthritis in seropositive arthralgia patients. Ann Rheum Dis 2013;72:
biochimiques associés à un état comme la bonne réponse ou la non- 1920–6.
[20] Fautrel B, Granger B, Combe B, et al. Matrix to predict rapid radiographic pro-
réponse clinique à un traitement biologique rend la tâche ardue, gression of early rheumatoid arthritis patients from the community treated
mais pas impossible. L’association de plusieurs biomarqueurs dans with methotrexate or leflunomide: results from the ESPOIR cohort. Arthritis
des algorithmes intelligents est certainement une solution plus réa- Res Ther 2012;14:R249.
[21] Visser K, Goekoop-Ruiterman YPM, de Vries-Bouwstra JK, et al. A matrix risk
liste et gageons que dans les années à venir de tels outils seront mis model for the prediction of rapid radiographic progression in patients with
à la disposition des cliniciens. rheumatoid arthritis receiving different dynamic treatment strategies: post hoc
analyses from the BeSt study. Ann Rheum Dis 2010;69:1333–7.
[22] Mouterde G, Baillet A, Gaujoux-Viala C, et al. Optimizing methotrexate therapy
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[23] Aken J, van, Heimans L, et al. Five-year outcomes of probable rheumatoid arthri-
La prise en charge précoce de la PR, la détermination avec le tis treated with methotrexate or placebo during the first year (the PROMPT
patient d’une cible en termes de résultats cliniques, l’utilisation study). Ann Rheum Dis 2014;73:396–400.
de molécules synthétiques ciblées ou non et biologiques ont per- [24] Smolen JS, Van Der Heijde DMFM, St Clair EW, et al. Predictors of joint damage in
patients with early rheumatoid arthritis treated with high-dose methotrexate
mis une avancée très importante concernant le pronostic dans une with or without concomitant infliximab: results from the ASPIRE trial. Arthritis
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adalimumab plus methotrexate versus methotrexate alone or adalimumab
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