a2667
Loic Regazzettib
Résumé
Comme le rappelle l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) sur la scène
internationale ou encore la Haute Autorité de Santé (HAS) en France, une gestion rigoureuse
des déchets hospitaliers permet de : participer à la lutte contre les infections nosocomiales et
la dissémination des bactéries multi résistantes ; prévenir les accidents d’exposition au sang,
ou encore la réutilisation et la revente illégales de matériels infectés (limitant ainsi les risques
de transmission du VIH, VHB, VHC) ; limiter les dépenses inutiles de traitement des déchets;
éviter les effets néfastes sur l’environnement. Dans un tel contexte, le Centre Hospitalier
Universitaire de Nice est engagé depuis 2011 dans un vaste projet d’amélioration répondant
à la fois aux recommandations de la HAS et autres exigences réglementaires, mais également
à une démarche plus générale inscrite dans sa politique qualité. Par conséquent, une nouvelle
gouvernance a été définie, les règles internes ont été révisées (protocoles de tri et de gestion),
et une importante campagne de communication a été menée. Si aujourd’hui les résultats sont
encourageants, il est toutefois indispensable de maintenir l’établissement dans une dynamique
d’amélioration cohérente avec les évolutions nationales et internationales. Le présent article
a donc pour objectif de présenter de manière synthétique la stratégie appliquée au CHU de
NICE. Au travers d’une politique, d’une méthode, d’un nombre de données chiffrées, il sera
possible de mieux appréhender ce que représente le potentiel d’une gestion des déchets
en établissement de santé. Ces données sont à considérer pour la plupart comme reflétant
la situation à son état de commencement, c’est-à-dire en 2011, avec une évolution allant
jusqu’en 2014.
Mots-clefs: Déchets. Développement durable. Qualité. Sécurité.
a
Séminaire International autour de la Qualité, l’Accréditation et la Sécurité Patient organisé à Salvador de Bahia où le
CHU de NICE a eu l’occasion de participer dans le cadre d’un partage d’expérience entre la France et le Brésil, avec
soutien financier des Coordenação de Aperfeiçoamento de Pessoal de Nível Superior, Fundação de Amparo à Pesquisa
do Estado da Bahia, Núcleo de Pós-graduação em Administração da Universidade Federal da Bahia.
b
Ingénieur hospitalier. Évaluation des risques et gestion de la qualité - Pôle Parcours Patient, Centre Hospitalier
Universitaire de NICE - Hôpital de Cimiez
Adresse: 4 Avenue Reine Victoria, CS 91179 – 06003 Nice Cedex 1, France. E-mail: regazzetti.l@chu-nice.fr
60
Revista Baiana A GESTÃO DE RESÍDUOS HOSPITALARES: DO DISCURSO AOS RESULTADOS
de Saúde Pública
Resumo
Como reporta a Organização Mundial de Saúde sobre o cenário internacional ou
a Alta Autoridade para a Saúde (HAS) na França, enfatiza que uma gestão rigorosa de resíduos
hospitalares pode: participar na luta contra as infecções nosocomiais e propagação de multi
bactérias resistente; evitar acidentes de exposição de sangue, ou reutilização e revenda ilegal de
materiais infectados (limitando assim os riscos de transmissão de HIV, HBV, HCV); limitar gastos
desnecessários no tratamento de resíduos; evitar os efeitos adversos sobre o ambiente. Neste
contexto, o Hospital Universitário de Nice está empenhado, desde 2011, em um vasto projeto
de melhoria abordando tanto as recomendações governamentais como atendento às exigências
regulamentares, mas também adotando uma abordagem mais geral referente Política de Qualidade.
Portanto, uma nova governança foi definida, as regras internas foram revistas (tipos de protocolos
e de gestão), e uma grande campanha de comunicação foi realizada. Se hoje os resultados são
animadores, no entanto, é essencial para manter as instalações em uma dinâmica melhor e
consistente com os desenvolvimentos nacionais e internacionais. Assim, o presente artigo tem como
objetivo apresentar sinteticamente a estratégia adotada pelo Complexo Hospitalar Universitário de
Nice, por meio de descrição de uma política e da metodologia de gestão de resíduos de serviços
de saúde. Os dados aqui apresentados devem ser considerados principalmente como reflexo da
situação no seu estado inicial, isto é, em 2011, com uma evolução até 2014.
Palavras-chave: Resíduos. Desenvolvimento sustentável. Qualidade. Segurança.
Abstract
As the World Health Organization on the international scene or still the High
Authority of Health (HAS) on France report, a rigorous management of the hospital waste
allows: to participate in the fight against the hospital-borne infections and the scattering of the
resistant multi-bacteria; to prevent the accidents of exposure in the blood, or still the illegal re-
use and the resale of infected materials (so limiting the risks of transmission of the HIV, VHB,
VHC); to limit the unnecessary expenses with waste treatment; to avoid the fatal effects to
the environment. In this context, the CHU of Nice is committed since 2011 to a vast project
of improvement, answering at the same time to the recommendations of the HAS and other
INTRODUCTION
Aujourd’hui, le Brésil et la France diffèrent en de nombreux points: leur superficie
(8 514 877 km2 pour le premier contre 670 922 km2 pour le second), leur population (201
millions pour le Brésil contre 65 millions pour la France) ou encore leur Produit Intérieur Brut
(respectivement 1499 Milliards d’euros contre 2059.9 Milliards d’euros)1. Si des différences
géographiques, démographiques ou économiques sont celles qui viennent en priorité dans
l’esprit du plus grand nombre lorsqu’on évoque ces deux pays, il apparaît aussi que de nombreux
enjeux restent communs et engagent un esprit de collaboration et de partage. Le “Seminário
Internacional de Gestão Contemporânea de Sistemas de Saúde: 22 e 23 de outubro de 2015”2
en a d’ailleurs fait l’objet principal.
En effet, parmi les grands enjeux qui concourent à des objectifs communs, se retrouve
la gestion – au sens le plus large soit-il – des établissements de santé. Ces derniers, constitutifs d’un
système de santé complexe et soumis à une évolution législative et économique, sans oublier une
pression médiatique, sont incités à développer une nouvelle approche dite de “performance”.
Les nombreuses initiatives d’ores et déjà entreprises, visant la performance, sont essentiellement
centrées, et ce sous une approche verticale, sur la qualité, la gestion des risques et les coûts. Or
la véritable performance, telle qu’elle est visée de nos jours, recherche aussi un équilibre entre
les enjeux économique, social, et environnemental et place au centre de ses préoccupations les
parties prenantes. Nous entrons alors dans un concept non très ancien et qui se veut comme
un recours et un moyen indispensables de restructuration de notre société: le Développement
Durable. A l’origine, celui-ci a été défini comme “un développement qui répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs”3. Devenant
au fil des années, incontournable, le Développement Durable se démocratise et se positionne
62
Revista Baiana comme un véritable ”remède” qui n’échappe pas aux établissements de santé. Ces derniers, qui
de Saúde Pública
représentent un poids économique important et qui ont pour vocation de faire de la prévention et
de veiller à la santé des populations (selon le Ministère de la Santé Français, la France compte par
exemple en 2012, 2694 établissements de santé (publics et privés); a accueilli toujours en 2012,
13.5 millions de patients; et représente en 2015, 76.9 milliards d’euros de financement (soit 4.2%
du PIB)4, ne peuvent faire l’impasse de s’en préoccuper et par conséquent de revoir leur mode
de gestion. En France d’ailleurs, les hôpitaux publics et le Développement Durable partagent des
valeurs communes. Prendre soin, améliorer la qualité de vie, préserver le lendemain, s’occuper
de tous sans discrimination, font partie des missions du service public et animent les fondements
d’une politique socialement responsable. Dans un tel contexte, la gestion des déchets hospitaliers
se présente comme une véritable opportunité dans ce domaine.
Tous s’accordent à dire que les déchets, quel que soit leur nature, constituent un
réel enjeu économique, écologique, et sécuritaire pour la population dans son ensemble. Cela
est d’autant plus vrai quand on estime la production de déchets par an et par habitant pour la
France et le Brésil: respectivement 532 kg pour l’un et 382 kg pour le second5. Concernant plus
spécifiquement les établissements de santé qui sont un lieu où un grand nombre d’activités se
déroulent, il n’est pas surprenant d’y trouver de nombreux déchets. Ceux-ci se caractérisent en
deux grandes familles: les déchets non dangereux (inertes, industriels banals) qui représentent
environ 80% de la production et les déchets dangereux (spéciaux, à risque infectieux) qui
comblent les 20% restants6. Cette catégorisation n’étant en aucun cas exclusive, elle permet
toutefois de montrer le potentiel qu’il peut y avoir quand on sait que la plupart des déchets non
dangereux se recyclent, se réutilisent ou se valorisent. Les déchets dangereux qui représentent
0.5 Kg par jour et par lit d’hospitalisation pour les pays à revenu élevé et 0.2 Kg par jour et par
lit d’hospitalisation pour les pays à revenu faible7, ont eux souvent été écartés pour leur risque.
Aujourd’hui, avec l’évolution des technologies, et compte tenu des enjeux environnementaux
économiques et sociétaux, ils se voient progressivement proposer des solutions d’élimination
plus ”propre” tout en conservant l’attention sécuritaire indiscutable.
Ces dernières années, les priorités concernant la gestion des déchets ont été
clairement réaffirmées: sécurisation des hommes et de l’environnement, réduction de la quantité
et valorisation. Aujourd’hui, la société assiste à une réelle prise de conscience de la part des
acteurs économiques, dont font partie intégrante les établissements de santé. Il convient alors de se
questionner sur la stratégie possible pour répondre à ces enjeux. Si une seule réponse est impossible
tant la stratégie dépend de nombreux facteurs intrinsèques, il va être essayé dans cette publication
de présenter le retour d’expérience du CHU de Nice, établissement public de santé français.
64
Revista Baiana PROBLÉMATIQUE
de Saúde Pública
Conformément à la règlementation française et à la gouvernance du système de
santé, chaque établissement de santé intègre le dispositif de surveillance (voire d’une tutelle)
porté par les autorités et autres organismes indépendants “experts”. En effet, au-delà du procédé
de veille et de vigilances davantage axé sur les risques sanitaires, il existe aussi un dispositif de
maitrise autour des risques économiques, sociaux et sur la gestion d’une manière plus générale.
Ainsi, selon un calendrier prédéfini, mais également suite à des évènements ponctuels, les
autorités et autres organismes sont amenés à intervenir dans l’ensemble des établissements pour
évaluer les pratiques professionnelles, les organisations et le respect de la règlementation. Ce
type de démarche obligatoire n’est pas sans conséquence pour les établissements. En effet, suite
à un processus de décision territorial et/ou national, il peut y avoir des effets pour l’établissement
visité tant en terme financier, qu’en terme d’attractivité ou d’autorisation d’exercer.
Dans ce contexte, le CHU de NICE a fait l’objet en 2011 de deux évaluations
externes planifiées qui ont amené à une observation sur sa gestion des déchets.
Qui
Rapport
Si ces 2 évaluations ont permis de relever des écarts, elles ont aussi été un véritable
levier pour l’établissement dans son processus d’amélioration et ont permis en conséquence
d’avoir un regard externe sur les organisations. C’est d’ailleurs l’effet attendu par les autorités en
instaurant ce type de démarche qui poursuit un objectif qualitatif et sécuritaire au sein même
des établissements de santé français. A cette issue, et dans un contexte nouveau autour de la
gestion des déchets, la Direction du CHU de NICE, de concert avec la Commission Médicale
de l’Etablissement, a décidé de s’engager dans un vaste projet d’amélioration, en instaurant une
véritable prise de conscience, allant au-delà de l’unique aspect règlementaire.
66
Revista Baiana MÉTHODES
de Saúde Pública
ETAPE 1: ANALYSE DES CAUSES
Avant même d’entreprendre un quelconque plan d’action, il est essentiel
d’effectuer un état des lieux. Dans la présente situation, les autorités (HAS et ARS) ont assuré
cette mission. Tout l’enjeu pour le CHU de NICE, a été de se saisir de ces observations externes
pour en effectuer l’analyse des causes et en tirer des conclusions qui sont venues orienter le plan
interne d’amélioration.
Pour illustrer cette analyse, il a été choisi d’utiliser la méthode des 5M qui est
un outil d’analyse permettant de rechercher et de représenter de manière synthétique les
différentes causes possibles d’un problème. Cette méthode, souvent utilisée en qualité, fut
créée par le professeur Kaoru Ishikawa (1915-1989) d’où son appellation d’origine “Méthode
d’Ishikawa”.
Milieu Méthode
Absence de filière
d’élimination spécifique
Manque de (médicaments anti-
collaboration et de cancéreux)
Suivi insuffisant Non optimisation
partenariat avec
de la quantité de de l’élimination des
les parties
déchets produits déchets
prenantes externes
Une fois les causes décelées, il convient ensuite de définir une stratégie globale,
pour planifier et mettre en œuvre les actions correctives appropriées.
68
Revista Baiana Enfin, le troisième pilier social existe également en matière de déchets d’activité
de Saúde Pública
de soins, puisque la maîtrise de l’hygiène dans les unités de soins et celle de la sécurité des
personnes entrant en contact avec ces déchets, tout au long de la filière, y sont étroitement liés.
L’Agence Nationale d’Appui à la Performance (ANAP), instituée par la loi du 21
juillet 2009 portant réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la santé et aux territoires, est
venue confirmer et compléter ces enjeux:
Enjeux de mise en conformité
Enjeux économiques
Enjeux de maitrise du volume des déchets
Enjeux de réduction de l’empreinte de l’établissement
Enjeux managériaux
Directeur Qualité
Directeur Ressources Matérielles
Assure la cohérence du
Comission Développement Référent institutionnel déchets
Durable programme et le suit
Référents autres thématiques
(eau, air, énergie, etc.)
70
Revista Baiana Tableau 2 – Principales références réglementaires applicables à la gestion des
de Saúde Pública
déchets
Rappel des “fondamentaux” applicables aujourd’hui en France
Convention de Bâle Convention de Londres
Institutions Dispositions Mots clés
Prévention; Principe
• Directive cadre Déchet 2008/98
“pollueur payeur”;
Organismes Européens • Règlement transfert 1013/2006,
Responsabilité producteur;
etc.
Contrôle transport
• Loi 15 juillet 1975
Définition déchet; Responsabilités
Gouvernement Français; • Loi 13 juillet 1992
collectivités locales; Principe de
• Ministère Développement Durable • Grenelle environnement
proximité, Prévention, réduction
• Ministère de la Santé • Plan national déchets 2014 2020,
valorisation; Economie circulaire
etc.
• Plan régional
Collectivités; • Agenda 21 métropolitain
• Arrêté municipal, etc.
• Politiques et programmes locaux
Entreprises;
d’application
Source: Élaboration prope.
C’est ainsi, qu’une fois la réglementation étudiée, les circuits révisés, le CHU de
NICE a mis à jour les protocoles et procédures relatifs à ses principaux déchets. La procédure
des déchets d’activités de soins a donc fait l’objet d’une lecture pluridisciplinaire et fut adaptée
aux contraintes et organisations.
72
Revista Baiana La tournure principale de cette campagne était d’évaluer le niveau de
de Saúde Pública
connaissances et de former les personnels sur la gestion des déchets au sein de l’hôpital
multi-site, tout en rendant ludique une problématique très pesante. Il s’agissait d’une
nouvelle formule de communication, de formation et de sensibilisation indispensable et
prioritaire.
74
Revista Baiana Image 5 − Flash de l’Eco-campagne “gestion des déchets” engagée par le CHU
de Saúde Pública
de NICE
76
Revista Baiana Tableau 3 – Liste des principaux indicateurs développés en parallèle du projet
de Saúde Pública
Niveau de
Designation de l’indicateur Objectif de l’indicateur
l’indicateur
S’assurer que l’hôpital bénéficie d’une organisation
Gouvernance structurée et connue structurelle, fonctionnelle et connue, chargée de
mettre en œuvre le programme
Avoir connaissance des incidents relatifs à la gestion
Evènements Indésirables déclarés et
des déchets afin qu’ils soient traités et pris en compte
suivis
dans les orientations annuelles
Suivre l’échantillon des unités auditées afin qu’il
Unités de soins, médicotechniques et
soit suffisamment représentatif pour l’analyse des
logistiques auditées
résultats
Pilotage du
Processus Conformité institutionnelle relative aux S’assurer que les bonnes pratiques soient respectées
bonnes pratiques au sein des différents secteurs
Connaître le type de déchets produits et leur donner
Filières développées
un niveau de priorité
Connaître l’impact économiques de chaque filière
Charges financières liées aux
afin d’envisager des mesures répondant aux enjeux
prestations d’élimination des déchets
de “Développement Durable”
Connaitre le niveau de maturité du processus de
Maturité du processus
gestion des déchets au sein de l’établissement
S’assurer que l’établissement détient toutes les
Exhaustivité du répertoire administratif
informations administratives et règlementaires
des déchets
relatives à l’ensemble des filières développées
S’assurer que les professionnels aient pris
Agents formés à l’Eco-code gestion des
connaissance des règles de tri, de stockage et de
déchets
Mise en Œuvre transport des déchets
Operationnelle Documentation de référence mise à S’assurer que les professionnels de santé disposent
disposition pour l’ensemble des filières de la documentation de référence pour respecter les
développées bonnes pratiques
Recenser les projets opérationnels et transversaux
Evolution des organisations et des
mis en œuvre en faveur d’une meilleure gestion des
investissements
déchets
Ce récapitualtif ne se veut en aucun cas exhaustif, d’autres indicateurs peuvent être priorisés en fonction des enjeux et des facteurs de
risques.
78
Revista Baiana Indicateur 3 – Conformité institutionnelle relative aux bonnes pratiques
de Saúde Pública
Unité: quantitative (POURCENTAGE)
2010 2011 2012 2013 2014
Pas d’évaluation 79 85 81 81
Cible annuelle 2011-2012-2013-2014: 80% - 2015: 85%
Dès l’automne 2011, des évaluations de pratiques ont débuté sur l’établissement.
La méthode générale, toujours appliquée en 2015, consiste à effectuer de manière inopinée,
et en présence de l’encadrement de l’unité, une observation à partir d’une grille d’audit.
Cette dernière est d’ailleurs révisée chaque année afin de répondre aux nouvelles priorités et
maintenir un système dynamique.
Le pourcentage ainsi donné s’apprécie chaque année au regard des objectifs.
En matière d’organisation, la Direction Qualité programme ces audits et sollicite le service
d’hygiène pour effectuer leur mise en œuvre.
Au-delà de l’aspect “contrôle de conformité”, le CHU de NICE utilise cette
démarche pour communiquer et partager avec les équipes opérationnelles en vue de les
sensibiliser le plus largement possible. L’évaluation des pratiques doit être considérée comme
un moyen d’amélioration et non comme un simple contrôle (autoritaire).
Enfin, et décision importante tant en matière de portage institutionnel que de
reconnaissance des améliorations fournies, le score de conformité est également calculé par
pôle cliniques et médicotechniques, et donne lieu à un intéressement financier annuel.
Le CHU de NICE, comme tout hôpital, compte un grand nombre d’activités. Ces
dernières favorisant la production d’une grande quantité de déchets, il est utile de les recenser
au niveau institutionnel tant les enjeux sont importants. Aujourd’hui, compte tenu de l’incitation
générale qui s’installe en faveur d’un Développement Durable, les établissements ne peuvent
qu’être encouragés à développer des filières de recyclage et de valorisation. A titre d’exemple, le
CHU de NICE a dernièrement été soumis à une redevance spéciale “incitative”. Cette dernière,
s’inscrivant dans la règlementation française, consiste à facturer à toute entreprise ou toute
80
Revista Baiana Après un premier tri effectué localement, une société partenaire s’occupe de récupérer les
de Saúde Pública
films et les valorise de façon règlementée : les radiographies sont traitées selon un procédé
enzymatique sans rejet, permettant une valorisation de l’argent et un recyclage du plastique.
Cette récupération accessible à l’ensemble des professionnels et des usagers permet en plus du
respect de l’environnement, une valorisation financière qui permet au CHU de NICE de financer
l’élimination d’une autre filière (les archives papiers). Cet exemple, permet de démontrer que
le déchet peut concrètement devenir une réelle ressource financière, qui va au-delà du simple
objet dont il faut absolument se débarrasser.
Si, pendant de nombreuses années, les déchets ont été trop peu considérés,
le contexte économique actuel oblige toute entreprise, tout établissement, à s’intéresser à
l’ensemble de ses processus et aux coûts associés. Un tableau de bord financier a ainsi été
développé au CHU de NICE et répertorie aujourd’hui l’ensemble des charges financières
relatives à l’élimination des déchets. L’on peut ainsi interpréter à la lecture des chiffres généraux
cités ci-dessus, que, si les charges ont entamé une légère diminution entre 2012 et 2013
conformément à une politique d’optimisation de tri, l’imposition de la redevance spéciale à
compter de 2014, qui jusque-là n’était pas appliquée, a changé la donne. Ainsi, tout l’enjeu
pour les mois et les années à venir sera de diminuer les coûts par la réduction même des
productions et l’instauration de nouvelles filières recyclables dont les coûts sont potentiellement
moins élevés. En conséquence, l’enjeu environnemental est intégré de facto.
De par le caractère dangereux des DASRI, l’élimination se fait dans des conditions
de sécurisation optimales, qui engendrent en conséquence des coûts importants. Ainsi et
Enfin, un des principe fondamental dans ce type de démarche est sans nul doute
l’information et la formation des professionnels de santé. Celles-ci participent indéniablement
à l’apport de connaissances et au changement culturel. En observant d’un peu plus près les
données exprimées ci-dessus, et outre 2011 qui fut l’année de lancement, une importante
mobilisation est observée dès 2012. La dynamique se poursuit en 2013 (+42% par rapport à
2012) et 2014 (+10% par rapport à 2013). Cependant, est observé un ralentissement notable
en 2014 malgré les 3500 professionnels restant encore à former. L’analyse qui émane de ce
phénomène, est la nécessité de rénover et d’actualiser en permanence le contenu du dispositif
afin de maintenir une dynamique progressive.
CONCLUSION
Les établissements de santé sont des structures très complexes avec des risques
très divers. D’ordre général, l’on entend par risque hospitalier, le risque encouru par le patient.
Cela dit, cette définition reste probablement très restrictive, car les hôpitaux accueillent en
leur sein un grand nombre d’acteurs qui bénéficient évidemment des services, mais s’ajoutent
à ceux-ci les acteurs qui produisent eux-mêmes ces dits services. Usagers, professionnels et
même visiteurs sont ainsi tous exposés à différents risques. Apparaît alors la notion de gestion
des risques en milieu de santé.
Cette situation, variée au possible, intègre la problématique des déchets
hospitaliers, génératrice de phénomènes majeurs. Ainsi, plusieurs changements fondamentaux
internationaux ont impacté les politiques générales des déchets au cours de la dernière
décennie. Ceci se démontre notamment au travers du déploiement de différentes politiques
des déchets liées à la santé publique. L’Organisation Mondiale de la Santé, mais pas que, joue
82
Revista Baiana un rôle important dans ce domaine, en proposant notamment la mise en œuvre de systèmes
de Saúde Pública
d’élimination des déchets liés aux soins, la mise au point d’une base de données, principalement
destinée aux pays en développement, l’élaboration de recommandations pour l’évacuation du
sang et des poches à sang ou encore une approche visant à promouvoir des activités de soins
produisant moins de déchets ou des déchets moins nuisibles.
Au-delà de ces orientations internationales, influençant sans nul doute les
politiques nationales et locales des Etats, les établissements de santé sont responsables des
actions entreprises. Ainsi, effectuer une gestion optimisée des déchets hospitaliers ne peut se
faire qu’avec l’intégration d’un certain nombre de préalables culturels et structurels au plus près
des problématiques:
RÉFÉRENCES
1. Ambassade de France du Brésil. Le France et le Bresil en Chiffres [Internet].
Brasília; 2014 août [cité 2015 oct 25]. Disponible en: https://br.ambafrance.
org/Le-Bresil-et-la-France-en-chiffres
4. Waste Atlas. Waste generation per capita [Internet]; Athens 2015 [cité 2015
oct 25]. Disponible en: http://www.atlas.d-waste.com/2015
7. Haute Autorité de Santé. La HAS [Internet]. Paris; 2015 [cité 2015 dez 01].
Disponible en: http://www.has-sante.fr/portail/jcms/fc_1249599/fr/la-has
84
9. France. Ministère de l’écologie, du Développement Durable et de l’Energie.
Revista Baiana
de Saúde Pública L’évaluation: définitions [Internet]. Paris; 2015 [cité 2015 dez 01]. Disponible
en: http://www.cedip.equipement.gouv.fr/l-evaluation-definitions-a38.html