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Dow Jones Factiva Dow Jones

SE GRAND ANGLE
HD FAUT-IL AVOIR FOIE DANS LE PANCRÉAS ARTIFICIEL ?
BY Benjamin Robert
WC 2008 mots
PD 25 mars 2019
SN Biotech Finances
SC BIOFIN
PG 6-7
VOL 849
LA Français
CY © 2019 EEI BIOTECH FINANCES – All rights reserved
LP Tous les modèles de pancréas artificiels actuels sont formés au minimum d'un algorithme, d'un capteur de glucose en continu et d'une pompe à insuline. Ces assemblages ont pour vocation d'améliorer le
confort de vie des 22 millions de patients touchés par le diabète de type 1. Un large marché où il ne sera pas facile de se faire une place, compte tenu des nombreux paramètres qui entrent en jeu.

« Aucun dispositif ne peut servir de pompe et de capteur en même temps. »

TD Sophie Baratte

« L’objectif est d’avoir une interopérabilité la plus grande possible. »

Marc Julien

En septembre 2017, la FDA a autorisé la commercialisation du tout premier pancréas artificiel : MiniMed 670G de Medtronic, réservé pour les patients avec des besoins supérieurs à huit unités d'insuline par
jour. Par le biais d'une pompe, les injections d'insuline se font automatiquement, via un algorithme qui calcule les besoins précis du patient grâce aux données collectées par le capteur. Ces informations sont
également envoyées à un lecteur de glycémie externe, pour que le patient suive son évolution.

Cependant, son arrivée précoce sur le marché ne signifie pas qu'il va s'imposer comme un standard. « De plus en plus de patients sont attirés par ce système pour leur confort de vie. Le marché associé va
grossir dans les années à venir, car le bénéfice patient est réel, [mais] le produit proposé par Medtronic comporte une pompe avec un tube, une sorte de walkman encombrant », détaille Sophie Baratte, CEO
de Cellnovo, qui développe une micro-pompe à insuline. Dans les rangs de la concurrence, la société française Diabeloop, qui a obtenu en novembre dernier le marquage CE pour son propre pancréas
artificiel. La société réalise actuellement une levée de fonds, d'environ 20 M€, pour lancer sa commercialisation et obtenir les certifications nécessaires à son expansion outre-Atlantique. L'appareil de
Diabeloop comprend le même type d'outils que celui de Medtronic. « Avec les technologies actuelles, il n'est pas envisageable d'avoir un seul dispositif qui puisse servir de pompe et de capteur en même
temps. Si les mesures de glucose se font au même endroit que les injections d'insuline, les résultats sont faussés », explique Sophie Baratte. De plus, aucun pancréas artificiel ne peut encore être aujourd'hui
totalement autonome. Une des causes : la lenteur d'action de l'insuline. Ainsi, lors d'un repas, le patient note en amont, dans l'interface à sa disposition, ce qu'il s'apprête à manger pour que l'appareil anticipe
au mieux l'arrivée prochaine de glucose. Autrement, les données collectées par le capteur arrivent trop tard pour que l'injection soit efficace.

Certaines sociétés, comme Adocia, travaillent sur l'accélération de l'absorption de l'insuline pour tenter de pallier ce problème. À partir de sa technologie de polymères Biochaperone, la biotech lyonnaise
développe une solution aqueuse stable de glucagon, une hormone dont le rôle, inverse de celui de l'insuline, est de ramener à un niveau la glycémie lorsque celle-ci est trop basse. Parmi les applications
potentielles de ce programme, actuellement en phase I/II de développement clinique : le pancréas artificiel bi-hormonal.

UN CHOIX RESTREINT PARMI LES CAPTEURS DE GLUCOSE

Le système de Diabeloop repose essentiellement sur le développement de son algorithme. Pour former un pancréas artificiel complet autour de cette technologie, la société grenobloise utilise du matériel issu
d'autres entreprises. Le capteur de glucose provient de la société Dexcom. « La société Abbott développe un autre type de capteur, le freestyle libre, mais il nécessite que le patient passe son lecteur au-
dessus du capteur pour avoir accès aux données. Cette approche n'est pas envisageable dans un système comme le nôtre, puisque l'algorithme doit fonctionner avec des informations régulières sur l'état du
patient », détaille Marc Julien, co-CEO de Diabeloop. Dexcom semble ainsi incontournable dans ce secteur, avec un capteur qui transmet toutes les cinq minutes le taux de glycémie du patient.

DES POMPES UTILISABLES SEULES

Pour Cellnovo, la miniaturisation est une des clefs de l'adhésion des patients. « Notre système reste manuel et ne prend aucune initiative par lui-même. Néanmoins, notre tablette permet une gestion discrète
des injections par le patient », explique Sophie Baratte. En effet, le dispositif développé par la medtech fournit de nombreuses informations, via sa pompe, pour aider le patient dans sa décision, comme la
quantité d'insuline utilisée, la température du matériel (l'insuline se dégrade en cas de forte chaleur) ou encore un capteur d'activité. Ainsi, le diabétique peut disposer de certains avantages sans s'équiper d'un
pancréas artificiel complet. « Suivant les données transmises, la pompe peut alerter le patient à un moment critique pour son taux d'insuline. Le médecin possède également un accès privilégié à ces
informations », détaille la CEO. Cellnovo n'est pas seule sur ce secteur de la miniaturisation : Insulet, medtech américaine, possède également une pompe à insuline sans fil, Omnipod, avec laquelle elle
ambitionne de peser plus d'1 Md$ en 2021. « Le recours à une pompe représente une méthode d'injection plus fiable que les piqûres successives, car la quantité d'insuline injectée est mieux maîtrisée et les
oublis moins nombreux », poursuit Sophie Baratte. Cependant, elle reconnaît que « la recette gagnante repose sur une pompe miniature, mais également sur une automatisation de qualité ». Or, bien qu'utiles,
les données fournies par la pompe de Cellnovo ne se substituent pas à la précision d'un capteur glycémique.

L'objectif de la société reste donc de s'approcher du tout automatique, qui offrirait un suivi permanent du patient, notamment lors des phases de sommeil. Dans ce cadre la medtech a participé à plusieurs
projets pour développer des systèmes de pancréas artificiels, comme lorsqu'elle a acquis une licence commerciale pour l'utilisation du logiciel de TypeZero Technologies... une société rachetée en août 2018
par Dexcom.

« Les partenariats que nous contractons n'ont jamais rien d'exclusif », précise Sophie Baratte. Conserver au maximum les possibilités d'association semble une stratégie adoptée par l'ensemble des sociétés
du secteur, avec en ligne de mire la conception du meilleur assemblage possible. Dans une optique similaire, la certification CE obtenue par Diabeloop inclut actuellement la pompe Kaleido, mais la société
s'emploie à intégrer celle de Cellnovo, avec qui des collaborations cliniques ont déjà eu lieu. « À terme, il pourrait également y avoir d'autres pompes compatibles avec notre système. L'objectif est d'avoir une
interopérabilité la plus grande possible », développe Marc Julien.

UN BUSINESS MODEL À (RE) PENSER

Lors de nombreux essais cliniques, le recours aux algorithmes s'est révélé plus fiable et efficace que les injections d'insuline gérées par le patient seul. Une performance qui ne garantit pas aux sociétés qui
les produisent d'en obtenir un bon prix. Peu évolué technologiquement, le pancréas artificiel de Medtronic constitue un véritable casse-tête pour ses concurrents. « Au début, nous pouvions imaginer accéder à
un marché avec un prix premium au vu du bénéfice apporté au patient. Sauf que, lors de son déploiement commercial, Medtronic a vendu son dispositif à un prix correspondant seulement à la somme des
composants pris séparément, sans plus-value pour son logiciel », explique la CEO de Cellnovo. Ainsi, la place économique réservée à l'automatisation des autres systèmes complets de pancréas artificiels
s'annonce mince. Diabeloop, pour sa part, va opter pour un système d'abonnement. « Il y aura tout d’abord un prix initial pour l’équipement et un abonnement mensuel. Les prises en charge se feront ensuite,
selon les pays, par les différents organismes payeurs. En France, la prise en charge par la Sécurité sociale est à hauteur de 100 % », précise Marc Julien.

mois dernier, ce fut au tour de la société Tandem d'obtenir le feu vert de la FDA pour la commercialisation de la première pompe totalement interconnectable. « Les patients accordent une grande importance à
la possibilité de personnaliser leur propre dispositif de gestion du diabète », déclarait à cette occasion le commissaire de la FDA, Scott Gottlieb. Dans cette optique de liberté, sollicitée par les associations de
patients (Tidepool, JDRF), le diabétique pourrait bâtir son pancréas artificiel avec les outils qu'il juge lui-même les plus adaptés. « Ces associations sont puissantes et veulent privilégier le choix du patient »,
détaille Sophie Baratte. Ainsi, les sociétés spécialisées dans le développement d'algorithmes sont challengées par l'open-access, où des communautés aguerries façonnent ces logiciels. « Nous échangeons
avec les concepteurs de ces programmes open-sources. Aujourd’hui, nous suivons tous les aspects réglementaires et industriels du secteur, et notre algorithme anticipe chaque situation rencontrée par le
patient pour s'y adapter. Or, avec les logiciels open-access, il faudrait que les utilisateurs soient capables eux-mêmes d’adapter l’algorithme à leur système », explique le co-CEO de Diabeloop.

UN PANCRÉAS BIO-ARTIFICIEL COMME PROCHAINE ÉTAPE ?

En parallèle au développement des pancréas artificiels, une société française, Defymed, veut franchir une étape supplémentaire en matière d'automatisation. « Le meilleur algorithme imaginable, cela reste les
cellules des îlots de Langerhans », témoigne Séverine Sigrist, CEO de la société. Ainsi, avec son équipe, elle mise sur le pancréas bio-artificiel. Nommée Mailpan, sa technologie s'articule autour d'un disque,
chargé de ces cellules des îlots pancréatiques et recouvert d'une enveloppe en polymère thermosensible.

« Le coeur de notre technologie repose sur cette membrane semi-perméable, intégrée au patient en sous-cutané pour permettre au glucose et à l'insuline de passer au travers, tout en bloquant les éléments
du système immunitaire pour éviter qu'ils ne dégradent les cellules injectées au sein du dispositif », expose Séverine Sigrist.

Cette technique, nécessitant tout de même une opération, ne s'adresserait pas forcément qu'aux diabétiques instables, selon la CEO. « Après des années à devoir se faire, tous les jours, plusieurs injections,
et encore plus de mesures de glycémie, une automatisation quasi-complète sera un vrai confort pour le quotidien des patients. De plus, l'acte chirurgical au niveau de l'abdomen est peu invasif et ne devrait
pas dépasser la demi-heure. » Pour être certifié, ce dispositif, à l'interface entre medtech et biotech, devra passer par un marquage CE dépendant du type de cellules utilisées à l'intérieur. « Depuis 2011, nous
avons déjà testé plus d'une vingtaine de cellules souches modifiées. La suite dépendra de nos futurs partenaires potentiels, qui détiennent la propriété autour des cellules et financeront le développement
clinique en investissant dans notre dispositif », ajoute Séverine Sigrist. Au-delà de ce superalgorithme naturel, la CEO met en avant l'importance du site de délivrance de l'insuline que Mailpan permet de
réaliser au niveau du péritoine. « La délivrance dans les tissus adipeux, comme le font d'autres systèmes classiques, peut provoquer des phénomènes d'hyperinsulinisme périphérique et un moins bon
équilibre du diabète », précise-t-elle. « La voie péritonéale représente une approche plus physiologique pour délivrer l'insuline. »

Le dispositif de pancréas bio-artificiel ne constitue pas une menace, du moins dans les prochaines années, pour Marc Julien et Diabeloop. « Avant d'aboutir, une telle technologie doit encore franchir de
nombreuses étapes, complexes à mettre en oeuvre. Il s'agit de solutions qui ne sont pas encore stabilisées par rapport à notre algorithme, qui va apprendre avec le patient et ajuster ses propres paramètres
sur le long terme. »

En attendant le développement de ce pancréas bio-artificiel, Defymed a mis au point un second dispositif, Exolin. Il s'agit d'un accessoire adaptable avec une pompe à insuline classique, mais qui libère
l'hormone au sein du péritoine pour éviter l'hyperinsulinisme périphérique. « Nous allons débuter une phase clinique cette année avec Exolin. Nous sommes d'ailleurs en train de finaliser une levée de fonds
pour la réalisation de cet essai. » Ce dispositif pourrait améliorer la stabilité glycémique du diabétique, tout en conservant son mode d'injection habituel. Un compromis simple et rapide, qui pourrait finir par
faire partie d'un premier pancréas artificiel totalement automatisé.

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