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LE    REFLET
1-     Toujours en train de gueuler, d'éructer, d'agonir* ! Derrière son dos, ça fusait, les
insultes. Le porc, l'ordure, le Fü hrer... Impossible de tenir autrement. Les courbettes par-
devant, les salamalecs, le miel, le cirage. Et l'antidote* dès la porte franchie. Apprendre à
sourire dans le vide en serrant les dents. Le pire, c'était les premiers temps, quand on
arrivait à son service, alléché par le salaire de mille dollars, nourri-logé... Il vous laissait
approcher en vous regardant de ses yeux morts et vous plaquait les mains sur le visage,
vérifiant l'ourlé des  lèvres, l'épatement du nez, le grain de la peau, le crépu des cheveux. Au
moindre doute, le vieux se mettait à hurler de dégoû t.
« Enfants de …, virez-moi ça, c'est un Noir ! » Le type y allait de sa protestation.
« Non, monsieur, je vous jure... »
Mais ça ne servait à rien. Il repartait plein d'amertume, un billet de cent dollars scotché sur
la bouche, incapable de comprendre qu'il était tombé du bon cô té et que l'horreur attendait
les rescapés surpayés de la sélection.
2 -     L'aveugle habitait un châ teau construit à flanc de colline, à quelques kilomètres de
Westwood, et toute la communauté vivait en complète autarcie* sur les terres
environnantes, cultivant le blé, cuisant le pain, élevant le bétail. Le vieux ne s'autorisait
qu'un luxe : l'opéra et les cantatrices blanches qu'il faisait venir chaque fin de semaine et
qui braillaient toutes fenêtres ouvertes, affolant la basse-cour.
Il ne dormait pratiquement pas, comme si l'obscurité qui l'accompagnait depuis sa
naissance lui épargnait la fatigue. Ses gens lui devaient vingt-quatre heures quotidiennes
d'allégeance. Le toubib vivait en état d'urgence permanent et tenait grâ ce aux cocktails de
Valium et de Temesta* qu'il s'ingurgitait matin, midi et soir. Le vieux prenait un malin
plaisir à l'asticoter, contestant ses diagnostics, refusant ses potions.
3-    Ces persécutions n'empêchèrent pas le docteur d'avertir son patient de la découverte
d'un nouveau traitement qui parvenait à rendre la vue à certaines catégories d'aveugles.  Le
vieux embaucha une douzaine d'enquêteurs aryens et leurs investigations établirent que le
procédé en question ne devait rien aux Noirs.
4-   On fit venir à grands frais la sommité* et son bloc opératoire. Le vieux se coucha de
bonne grâ ce sur le billard et s'endormit sous l'effet du Pentothal*. Il se réveilla dans le noir
absolu et demeura trois longs jours la tête bandée, ignorant si ses yeux voyaient ou non ses
paupières.
Le chirurgien retira enfin les pansements.
Le vieux ouvrit prudemment les yeux et poussa un cri terrible. Un Noir à l'air terrible lui
faisait face. Il se tourna vers le chirurgien, terrorisé.
« Qu'est-ce que ça veut dire ! Foutez-le dehors... »
Le toubib, qui nettoyait les instruments, s'approcha doucement de lui, posa la main sur son
épaule et l'obligea à regarder droit devant lui.
« Alors il faut que vous sortiez... Ce que vous avez devant vous s'appelle une glace,
monsieur : ceci est votre reflet. »
D. Daeninckx, « Le Reflet », in Main courante, 1994, éditions Verdier
*Agonir : injurier, insulter.
*Antidote : remède, contrepoison.
*Autarcie : indépendance, autonomie, repli sur soi.
*Valium, Temesta : tranquillisants puissants.     
*La sommité : le meilleur, le plus grand  (chirurgien)
*Pentothal : substance anesthésiante, également utilisée comme « sérum de vérité » par les
services spéciaux et les militaires.
Compréhension de texte
1°) Le personnage principal : Par quel terme est-il le plus souvent désigné 1 ? Quel est
son handicap physique ?
2°) a- Relevez, dans le premier paragraphe, un mot qui exprime le sentiment qu’il avait
pour eux. 
     b- Relisez le premier paragraphe et relevez la phrase qui montre comment le
personnage vérifie si la personne est noire.
     c- Quel adjectif qualifie cette attitude ?
Relevez du 2ème paragraphe une autre phrase qui le montre
3°) Parmi les qualifiants suivants quels sont ceux qui caractérisent ce personnage ?
Méprisant - généreux - riche - humain - ignoble - accueillant - coléreux - terrible -
bienveillant -sympathique
4°) Dans le dernier paragraphe, que découvre-t-il, après l’opération, en se regardant dans
le miroir ? Relevez la phrase qui le montre
5°) Les personnages secondaires 
a- Les gens qui sont à son service l’aiment-t-il ? Que font-ils  « derrière son dos » ? De quoi
le traitent-ils ?
b- Ils lui obéissent
- Parce que c’est un pauvre invalide.
- Parce qu’ils sont prisonniers.
- Parce qu’il les paie très bien.
c- En vous aidant d’un dictionnaire, dites lesquels de ces adjectifs qualifient l’attitude de ces
gens : compatissants - hypocrites - sincères - intéressés - soumis - courageux -
lâches - désintéressés
6°)  Le  texte :
Nommez les différentes parties du texte (selon la couleur). Quel temps verbal domine dans
chacune de ces parties ? 
7°) a- Le narrateur raconte-t-il :
- Une histoire vraie rapportée dans les journaux ?
- Une histoire vécue par le narrateur ?
- Une histoire vraisemblable (qui ressemble à la réalité) ?
     b- Ce texte est donc :
- Un fait divers ?
- Une nouvelle ?
- Une lettre ?   
Cochez la réponse juste. 
     c- La fin du récit était-elle attendue ?  surprenante ?  banale ?
 8°) Dans le texte, le mot « reflet » désigne :
a- Une forte la lumière 
b- L’image que renvoie le miroir au personnage.
c- Des couleurs changeantes.  
Cochez la réponse correcte.
9°) « Il poussa un cri terrible. Un Noir à l’air terrible lui faisait face »
Réécrivez cet énoncé en une seule phrase en reliant les deux propositions à l’aide de l’un
des articulateurs suivants :
De sorte que  - alors- parce que -  mais 
10°) a- Relevez, dans le dernier paragraphe (4), deux reprises nominales de « sommité ».
       b- Mettez  la phrase suivante  à la 2ème personne du singulier:
« Alors il faut que vous sortiez... Ce que vous avez devant vous s'appelle une glace.
11°) En somme, dans ce texte l’auteur :
a- Sensibilise les lecteurs aux problèmes des aveugles.
b- Raconte une expérience personnelle.
c- Dénonce le racisme et l’aveuglement des racistes.
Cochez la bonne réponse         
Production écrite
Réécrivez  la fin du récit en insérant une description. Vous ferez le portrait  du
personnage que le miroir renvoyait au vieux.
« Le vieux ouvrit prudemment les yeux et poussa un cri terrible. Un Noir à l'air terrible lui
faisait face. Il se tourna vers le chirurgien, terrorisé.
………………………………………………………………………………………………………………………………………
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……………………………………………………………………………………………………………………...
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……………………………………………………………………………………………………………
« Qu'est-ce que ça veut dire ! Foutez-le dehors... »
Le toubib, qui nettoyait les instruments, s'approcha doucement de lui, posa la main sur son
épaule et l'obligea à regarder droit devant lui. »
« Alors il faut que vous sortiez... Ce que vous avez devant vous s'appelle une glace,
monsieur : ceci est votre reflet. »
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Tu pourras utiliser des termes du texte (1er paragraphe)
Tu décriras les expressions du visage, les gestes qui reprennent ceux du vieux
Tu emploieras le temps du récit (passé simple, imparfait)
- Compréhension de texte
1°)  Il est désigné par le terme « le vieux », il est aveugle. (0,25x2= (0,5pt)
2°) a- « Le vieux se mettait à hurler de dégoût » (0,5pt)
     b-  « Il vous plaquait la main ...... cheveux ».    (0,5pt)
     c- « Raciste »   (1pt)
« Les cantatrices blanches qu’il faisait venir » (0,5pt)
3°) Méprisant - raciste - antipathique - violent. (0,25 x4=1pt)
4°) Il découvre qu’il est lui-même noir (1pt)
  « Ce que vous voyez devant vous …… votre reflet » (0,5pt)       
5°) Les personnages secondaires 
a- Ils le détestent, ils l’insultent, ils le traitent de  « porc », d’ « ordure » (0,5pt)
b- parce qu’il les paie très bien. (0,25 pt)
c- Hypocrites - intéressés- soumis- lâches.    (0, 25 x4 = 1pt)     
6°)  (2,5pts)
Situation initiale (paragraphes 1 et 2)

Elément perturbateur

Péripétie

Situation finale

Chute

7°) a- Une histoire vraisemblable (qui ressemble à la réalité) (0,25pt)

     b- ce texte est une nouvelle     (0,25pt)
     c- Fin inattendue, surprenante      (0,25pt)
8°) Réponse (b) 0,25pt
9°) « Il poussa un cri terrible parce qu’un noir terrible lui faisait face »  (1pt)
10°) a- « Le chirurgien », « Le toubib »         (0,25 pt x 2 = 0,5pt)
       b-  « Alors, il faut que tu sortes…Ce que tu vois là s’appelle une glace »   (0,5x2= 1pt)
11°) Réponse   (c) (0,5pt)
- Production écrite
« Le vieux ouvrit prudemment les yeux et poussa un cri terrible. Un Noir à l'air terrible lui
faisait face. Il se tourna vers le chirurgien, terrorisé.
Un vieillard hideux le regardait. Il était noir, tout noir.  Ses yeux exorbités le
regardaient fixement.  La bouche aux lèvres épaisses était grande ouverte. Aucun son
n’en sortait. Sous le bonnet qui cachait mal ses cheveux, sortaient des mèches
blanches, crépues. L’image resta figée pendant quelques secondes .Puis des gouttes
de sueur perlèrent sur son front noir, ridé, et ses lèvres charnues se mirent à
trembler .Le vieux devant le miroir essuya le front : il était humide de sueur. L’autre
fit exactement le même geste, en même temps .Comme le vieux se pinça le nez,
l’autre pinça lui aussi son nez : il était gros, épaté. Horrifié, le vieux arracha son
bonnet. Son reflet en fit de même. Les deux bonnets étaient identiques. Les deux
vieux, l’ancien aveugle et son image, se frappèrent la tête et de leurs bouches
grimaçantes sortit une sorte de grognement. Le vieux donna un coup en direction de
l’autre qui en fit de même. Il était terrorisé par ce qui lui arrivait. Alors, il se tourna,
furieux vers le chirurgien
« Qu'est-ce que ça veut dire ! Foutez-le dehors... »
Le toubib, qui nettoyait les instruments, s'approcha doucement de lui, posa la main sur son
épaule et l'obligea à regarder droit devant lui. »
« Alors il faut que vous sortiez... Ce que vous avez devant vous s'appelle une glace,
monsieur : ceci est votre reflet. »

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