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Mode/allures

Marlijn évolue dans cet univers familial tonique où


le doute existe peu, où l’amour est omniprésent et la
volonté, une valeur cardinale. « Je remercie tous les
jours mes parents pour nous avoir donné le goût de
l’effort, du travail, de la découverte des autres. Ma
sœur et moi avons été très choyées, et je suis parfois
nostalgique de cette époque. Nos parents voulaient
nous faire découvrir le monde. Nous n’avions pas
beaucoup d’argent. Alors on économisait pour par-
tir en vacances à l’étranger. On campait. J’ai décou-
vert d’autres cultures, d’autres paysages, d’autres
modes de vie et surtout d’autres lumières. » C’est
ainsi, lors d’un de ces voyages, qu’elle développe
une véritable passion pour la France. « J’ai le sou-
venir d’un pays où il faisait bon vivre, où on peut
SA MÈRE AVAIT PRIS SA JOURNÉE POUR L’EMME- passer des heures à petit-déjeuner sans éprouver
NER À SON PREMIER SHOOTING. Deux heures de route, au aucune culpabilité. Et puis la France, c’est aussi le
petit matin, pour rejoindre Rotterdam. « Je me souviens pays de la mode. C’est peut-être là que j’ai com-
encore de la feuille que nous avait envoyée l’agence, se rap- mencé inconsciemment à exercer mon œil et à
pelle la top-modèle Marlijn Hoek. Le rendez-vous était fixé à m’intéresser à cet univers. » Après le lycée, sa car-
11 heures. Nous étions parties tôt. » Dans la voiture, la mère et la rière décolle. « Je n’en reviens toujours pas d’avoir
fille ont chanté, ont mangé des glaces au caramel de chez eu la chance de devenir mannequin. Ce métier a fait
McDo, ont beaucoup ri. Une virée au parfum de vacances. Une de moi ce que je suis aujourd’hui, une femme libre et
virée qui allait changer la vie de cette belle jeune fille de 14 ans, autonome. »
blonde au regard franc et décidé, passionnée de biologie et de
ELLE VOYAGE BEAUCOUP, rencontre des
géographie et membre de l’équipe junior de hockey des Pays-
artistes, des photographes, des designers : tout un
Bas. « Je ne savais pas que ce voyage allait changer ma vie, que
monde voué à la création, mais aussi à l’engage-
j’allais découvrir un nouveau monde, celui de la mode, des
ment. « Les marques comme les supermodèles uti-
photographes et des designers. Je n’imaginais pas une seconde
lisent leur notoriété pour attirer l’attention sur la
que j’allais l’aimer, et surtout qu’un jour j’y trouverais ma
nécessité de développer de nouveaux matériaux
place. J’étais plutôt un garçon manqué, je pensais à l’école, à
écologiques, de ne pas faire travailler les enfants,
faire mes devoirs et, quitte à envisager une carrière, je la voyais
d’être écoresponsables. Des femmes comme
plutôt dans le hockey. »
Christy Turlington, Natalia Vodianova, Helena
MARLIJN HOEK EST NÉE EN 1993 À ZWOLLE, une ville Christensen ou Karlie Kloss sont des femmes qui
au nord-est des Pays-Bas, proche de la nature, entourée de m’inspirent, qui ne restent pas les bras croisés, qui
forêts et de lacs. La famille est sportive, fait de longues prome- ne se contentent de porter de beaux vêtements.
nades à bicyclette, de l’escalade, de la marche et de la natation. Elles sont inspirantes, humaines et porteuses de
Son père travaille dans un centre de rééducation pour vétérans. beaux projets pour le bien-être de l’humanité. Pour
Il est impliqué dans les Invictus Games – une compétition mul- moi, c’est cela le vrai luxe. Trouver un sens à son
tisport organisée pour les soldats et les vétérans de guerre bles- job. » Et quand elle ne travaille pas, Marlijn fait de la
sés ou handicapés. Sa mère est l’assistante d’un chirurgien boxe, lit les mémoires de Barack Obama, se pro-
dans l’hôpital de la ville. « Chez nous, ça allait vite. Tout le mène le long des canaux d’Amsterdam, la ville
monde travaillait. Ma mère menait sa famille au pas de course, qu’elle a choisie pour vivre. « Je n’aime pas être trop
PHOTO LISE-ANNE MARSAL

se souvient Marlijn. Les Néerlandais sont des gens du Nord. loin de ma famille, mon soutien indéfectible, ma
Très pratiques. Ils ne discutent pas. Ils font. J’ai gardé cette force, mon roc. » ö
énergie pragmatique et positive qui fait qu’on avance, qu’on ne
se plaint jamais et que toute expérience, qu’elle soit bonne ou
mauvaise, est considérée comme un apprentissage. »

114madame FIGARO

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