Vous êtes sur la page 1sur 1

Mag/interview

qui a existé, mais dont on sait peu de choses d’un point Le film nous fait découvrir son œuvre de découvreuse
de vue personnel. Ma difficulté première ? Incarner de fossiles effacée de l’Histoire par l’Académie des sciences
une femme quasi mutique. Je suis très volubile britannique. En quoi son destin a trouvé un écho chez vous ?
et l’usage de mes mains constitue un vocabulaire en soi ! J’éprouve une immense admiration pour
Les siennes étaient consacrées à son travail de la dignité de Mary, sa ténacité. Une vie austère,
paléontologue. Mais je pouvais me connecter à elle minée par les deuils de ses frères et sœurs, de son père,
dans son rapport à la nature et à sa résilience physique. les épidémies, la pauvreté qui poussait sa famille à
Escalader des falaises dans le froid et la pluie, j’adore recourir aux dons alimentaires. Scientifique autodidacte,
ça. C’est par le biais du corps que j’ai approché elle avait mis un an à déterrer, à 11 ans, le premier
PHOTO BELL JASON/CAMERA PRESS/ABACA

le personnage. Je me suis isolée dans un cottage en bord squelette entier d’ichtyosaure au monde. Dans
de mer cinq jours par semaine, j’ai arpenté les plages une société sexiste, elle n’a jamais perdu son intégrité.
et nettoyé des fossiles, laissé la terre s’incruster sous Elle n’a pas été reconnue de son vivant justement parce
mes ongles. J’ai changé ma façon de bouger, trouvé une qu’elle était une femme : les scientifiques remettaient
certaine pesanteur, en embrassant son extrême humilité ses découvertes en question. Il me paraissait essentiel
et ses douleurs, son absence totale de vanité : elle ne se de réparer cette profonde injustice.
regarde jamais dans une glace. Et j’ai fait taire mes mains ! Dès la projection du film au Festival de Toronto,
en septembre 2020, la passion imaginaire de Mary pour une jeune
femme, ainsi que l’intensité de vos scènes d’amour avec Saoirse
Ronan ont été commentées. Comment les avez-vous approchées ?

84madame FIGARO

Vous aimerez peut-être aussi