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Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures
dans le cadre du programme de maîtrise en génie des mines
pour l'obtention du grade de Maître es sciences (M.Se.)
2007
Ce projet de maîtrise vise à effectuer une rétro-analyse de l'instabilité de cette pente à partir
des données disponibles. L'analyse est assistée du logiciel de modélisation numérique en
trois dimensions utilisant la méthode des éléments distincts (3DEC). La conception du
modèle numérique s'effectue par le transfert de données géométriques et géologiques
provenant du logiciel de conception minier Surpac. Enfin, divers scénarios pouvant décrire
les mécanismes importants de la rupture sont analysés à travers des simulations sur le
modèle. Ces scénarios combinent la dégradation progressive des propriétés mécaniques des
éléments structuraux et l'apparition de fracturation interne dans le massif rocheux.
Avant-Propos
La réalisation de ce projet de maîtrise n'aurait pas été possible sans l'aide de gens qui y ont
participé de près ou de loin. Je tiens tout d'abord à remercier sincèrement mon directeur de
recherche, monsieur Martin Grenon, pour sa confiance et son support constant au niveau
technique, académique et financier. De plus, la grande liberté accordée par M. Grenon et sa
grande disponibilité se sont avérées très appréciées.
J'aimerais aussi exprimer ma gratitude aux membres du personnel des services miniers de
la mine du Mont-Wright (Compagnie Minière Québec Cartier) pour leur générosité. C'est
grâce aux données qu'ils m'ont fournies que la rétro-analyse de l'instabilité a été possible.
En terminant, je désire remercier la femme que j'aime pour son indéniable soutien. Les
innombrables encouragements et la présence d'Annick à mes côtés ont grandement
contribué à la réussite de ce projet.
Table des matières
Chapitre 1 Introduction 1
1.1 Problématique 1
1.2 Objectif 2
1.3 Méthodologie 3
1.4 Structure du mémoire 3
Chapitre 2 Revue de littérature 5
2.1 Introduction 5
2.2 Instabilité structurale 5
2.2.1 Représentation du massif rocheux 5
2.2.2 Types d'instabilité structurale 6
2.2.3 Mécanismes d'instabilité structurale 7
2.3 Analyse de stabilité de pente 8
2.3.1 Objectifs 8
2.3.2 Procédure générale d'analyse 9
2.3.3 Types d'analyse de stabilité 9
2.4 Méthodes assistant une analyse de stabilité de pente 11
2.4.1 Méthodes cinématiques 11
2.4.2 Méthodes des équilibres limites 12
2.4.2.1 Généralités 12
2.4.2.2 Glissement planaire et dièdre 13
2.4.2.3 Glissement circulaire (méthode des tranches) 14
2.4.3 Méthodes numériques 15
2.4.3.1 Généralités 15
2.4.3.2 Philosophie de la modélisation numérique 16
2.4.3.3 Approches numériques de résolution 18
2.4.3.4 Méthodes en milieux continus 19
2.4.3.5 Méthodes en milieux discontinus 21
2.4.3.6 Méthodes hybrides 22
2.5 Méthode des éléments distincts 22
2.5.1 Généralités 22
2.5.2 Applications 24
2.5.2.1 Conception 24
2.5.2.2 Rétro-analyse 25
2.5.2.3 Application avancée 27
2.6 Conclusion du chapitre 28
Chapitre 3 Présentation du cas d'étude 29
3.1 Introduction 29
3.2 Rupture observée 29
3.3 Données disponibles 35
3.3.1 Géométrie de la fosse Versant Nord 35
3.3.2 Géologie 37
V
Figure 1-1 Problématique de conception d'une pente, modifiée d'après Sjôberg (1999a).... 1
Figure 2-1 Niveau de fracturation dans les massifs rocheux et surfaces des ruptures
associées, modifiée d'après Hudson et Harrison (1997) 6
Figure 2-2 Exemples d'instabilités structurales, modifiée d'après Hudson et Harrison
(1997) 7
Figure 2-3 Forces agissantes pour une rupture planaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
13
Figure 2-4 Méthode des tranches avec rupture circulaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
14
Figure 2-5 Classification des problèmes en modélisation, modifiée d'après Starfield et
Cundall(1988) 17
Figure 2-6 Cycle de calculs simplifié de la méthode des éléments distincts, modifiée
d'après Sjôberg (1999b) 24
Figure 3-1 Photo de la zone d'instabilité peu après la rupture et éléments de la zone
d'instabilité 30
Figure 3-2 Graphique des précipitations totales quotidiennes sous forme de pluie au cours
des dix jours précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007) 32
Figure 3-3 Graphique des températures moyennes horaires au cours des dix jours
précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007) 32
Figure 3-4 Graphique des précipitations totales mensuelles sous forme de pluie au cours des
dix dernières années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement
Canada (2007) 34
Figure 3-5 Graphique des températures moyennes mensuelles au cours des dix dernières
années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement Canada (2007).
34
Figure 3-6 Fosse du Versant Nord et zone d'analyse définie dans Surpac 36
Figure 3-7 Éléments de la zone d'instabilité définis par le MNT (Surpac) 37
Figure 3-8 Géologie de la zone d'analyse définie par le modèle de blocs (Surpac) 39
Figure 3-9 Formations géologiques exposées sur la paroi avant la rupture, modifiée d'après
Stewart (2004) ...40
Figure 4-1 Étapes de manipulations des données géométriques disponibles 48
Figure 4-2 Dimensions minimales pour un modèle en 2 dimensions, modifiée d'après Lorig
(2000) 49
Figure 4-3 Configuration de la pente avant et après la simplification (Section 2300E) 51
Figure 4-4 Contours des limites selon la zone d'analyse 52
Figure 4-5 Étapes de manipulations de la géométrie pour une tranche 53
Figure 4-6 Génération d'une tranche composée de deux polyèdres (PGEN) 54
Figure 4-7 Vues orthogonales de la géométrie du modèle 3DEC 55
Figure 4-8 Étapes de manipulations des données géologiques disponibles 56
Figure 4-9 Zones de pendages et directions de pendage différents sur le contact QR/IF 57
Figure 4-10 Plans définissant le contact QR/IF 58
Figure 4-11 Géologie du modèle 3DEC en fonction de l'information du modèle de blocs..59
Figure 4-12 Géologie du mur sud du modèle 3DEC selon l'information de terrain 60
viii
Figure 4-13 Délimitation de la zone de rupture dans le modèle 3DEC (Regard vers l'est). 61
Figure 4-14 Représentations du plan de glissement à la base de la rupture (Section 2270E).
63
Figure 4-15 Répartition des points de mesure le long de la fracture JS1 (Zone de rupture
avec fractures non persistantes à la base, regard vers le nord) 67
Figure 4-16 Détermination de l'angle de friction du plan de glissement (fracture discrète
persistante) selon la méthode du FRR 69
Figure 5-1 Stéréonet montrant les orientations moyennes des différentes familles
principales de fractures et de la pente 72
Figure 5-2 Section simplifiée de l'instabilité utilisée pour l'analyse avec le logiciel
RocPlane 74
Figure 5-3 Déplacement de la zone de rupture suite à la diminution cumulative des valeurs
d'angle de friction 77
Figure 5-4 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 1).
84
Figure 5-5 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 2).
84
Figure 5-6 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 3).
: 85
Figure 5-7 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 4).
86
Figure 5-8 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 5).
87
Figure 5-9 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 6).
Chapitre 1 Introduction
1.1 Problématique
Actuellement, certaines mines à ciel ouvert atteignent des profondeurs et des dimensions
inégalées. Parmi les diverses problématiques liées à la création de ces fosses, notons le
dynamitage, le chargement et le halage d'une énorme quantité de matériel n'ayant aucune
valeur économique (roches stériles). Cet aspect occupe une place importante au niveau des
coûts d'opération. Dans un souci de rentabilité économique, différentes stratégies sont
mises de l'avant afin de minimiser le déplacement de roches stériles. Parmi celles-ci, une
règle de base dans la conception de fosses à ciel ouvert consiste à maximiser l'angle des
pentes.
En effet, la géométrie d'une pente dans une mine à ciel ouvert est étroitement liée à la
rentabilité de cette dernière. Plus une pente est abrupte, moins il y aura de matériel stérile à
miner (Figure 1-1). Les coûts de production s'en trouvent diminués. Cependant, la création
de pentes par l'homme perturbe l'équilibre du massif rocheux. Pour des mêmes conditions
géotechniques, plus une pente est abrupte, plus elle présentera un potentiel d'instabilité
élevé (Figure 1-1). Dans le contexte d'une mine à ciel ouvert, le potentiel d'instabilité des
pentes peut avoir un impact important sur la sécurité des travailleurs et sur les activités de
production en général.
Figure 1-1 Problématique de conception d'une pente, modifiée d'après Sjôberg (1999a).
2
Des analyses de stabilité des pentes sont effectuées de façon routinière dans les mines à ciel
ouvert. On les retrouve aux stades de la planification et de la conception des pentes. Ces
analyses sont aussi effectuées au stade de la production lorsque les pentes présentent des
signes d'instabilités ou de ruptures. À ce stade, il est fréquent d'effectuer des analyses sur
des événements qui se sont déjà produits. On parle alors de rétro-analyses sur des
instabilités de pente.
Les instabilités de pente observées dans les mines à ciel ouvert, sont majoritairement
contrôlées par des éléments structuraux dominants (failles, fractures discrètes, familles de
fractures) présents près de la surface. Dans ces cas, les instabilités sont dites structurales et
les rétro-analyses effectuées mettent l'emphase sur l'influence de ces éléments structuraux
dominants.
1.2 Objectif
Dans le cadre de ce mémoire, la rétro-analyse d'une instabilité structurale survenue sur une
pente dans une mine à ciel ouvert est réalisée. Le mode de rupture de l'instabilité a été
identifié comme étant multi-planaires mais aucun événement (séisme, dynamitage de
production, période de gel ou pluies abondantes) n'a été directement associé avec ce
phénomène. Dans cette situation, il est difficile de trouver une explication simple et
satisfaisante sur les causes de l'instabilité. Pour cette raison, le premier objectif principal
est l'obtention d'une meilleure compréhension des mécanismes de rupture par l'exploration
de différents scénarios potentiels d'instabilités.
Le point de départ d'une rétro-analyse est constitué de la collecte de données. Cette étude
de cas est particulière puisque les données de terrain disponibles proviennent
principalement d'informations contenues dans un outil de conception minier Surpac.
L'utilisation appropriée de cette importante source d'informations requiert plusieurs étapes
3
1.3 Méthodologie
Les deux objectifs principaux seront atteints premièrement par l'élaboration d'une revue de
littérature traitant des divers aspects importants d'une analyse de stabilité et présentant
diverses méthodes de calculs assistant cette analyse. Ensuite, les différentes étapes
nécessaires à la rétro-analyse seront mises en application. La première étape est celle de la
collecte de données en lien avec l'étude de cas. Ces données proviennent principalement de
l'outil de conception minier Surpac. La deuxième étape consiste en la création d'un modèle
numérique approprié basé sur les informations disponibles. Le modèle numérique est créé
avec logiciel 3DEC utilisant la méthode des éléments distincts. Le choix de cette méthode
est principalement justifié par le fait que la zone de rupture est délimitée par divers
éléments structuraux (fractures et contacts géologiques) et que le déplacement s'est produit
le long de certains de ces éléments. De plus, l'utilisation d'une méthode en trois dimensions
permet la délimitation latérale de la zone de rupture constituée de contacts géologiques. La
dernière étape est celle de l'exploration et de la validation de divers scénarios de rupture à
l'aide du modèle numérique. Ces scénarios sont basés sur certaines hypothèses rencontrées
dans la littérature au sujet des mécanismes de dégradation des propriétés mécaniques des
fractures et des mécanismes de fracturation interne.
Une revue des concepts généraux entourant l'analyse de stabilité des pentes et présentant
diverses méthodes de calculs pour des instabilités structurales est présentée au Chapitre 2.
Les forces et limitations de ces méthodes sont discutées. L'emphase est mise sur la
modélisation numérique utilisant la méthode des éléments distincts puisque cette dernière
est utilisée pour assister la rétro-analyse du cas d'étude.
4
Une présentation du cas d'étude est effectuée au Chapitre 3. Les données géométriques,
géologiques et les propriétés mécaniques des divers éléments du massif rocheux sont
expliquées.
Les mécanismes potentiels de rupture sont analysés à travers plusieurs simulations sur le
modèle numérique à travers la rétro-analyse de l'instabilité présentée au Chapitre 5.
Une synthèse des travaux ainsi que l'orientation des travaux de recherche à venir sont
présentées en conclusion au Chapitre 6.
Chapitre 2 Revue de littérature
2.1 Introduction
Le présent chapitre introduit le concept général d'une analyse de stabilité des pentes dans
les mines à ciel ouvert. De plus, différentes méthodes assistant les analyses de stabilité sont
présentées. Une attention particulière est portée aux outils de modélisation numérique
utilisant la méthode de résolution des éléments distincts puisqu'il s'agit de la méthode qui
sera utilisée pour la rétro-analyse. Enfin, différents exemples d'analyse de stabilité utilisant
cette méthode de résolution sont présentés. Ces exemples font un survol des différentes
approches d'analyses fréquemment rencontrées dans l'industrie minière.
Le comportement d'un massif rocheux, soumis à des travaux d'excavation, dépend des
différentes formations géologiques qui le composent et de leurs propriétés mécaniques. Le
comportement de ce même massif rocheux est aussi gouverné par la présence de différents
éléments structuraux (failles, fractures discrètes, familles de fractures, plans de faiblesses
liés à des contacts géologiques ou à des zones d'altération). Ces structures sont aussi
caractérisées par des propriétés mécaniques et des propriétés géométriques (direction de
pendage, pendage, persistance, espacement des familles de fractures). Au niveau des mines
où le terrain est constitué de roches dures, les massifs rocheux sont caractérisés par la
présence d'éléments structuraux dominants. Dans ces cas, les massifs rocheux peuvent être
représentés par un assemblage de blocs rocheux dont les dimensions sont fonctions de la
configuration des éléments structuraux délimitant ces blocs.
Différents types de massifs rocheux sont définissables selon leurs degrés de facturation
(Figure 2-1). Un massif très fracturé et/ou altéré possède une résistance globale faible et se
6
Figure 2-1 Niveau de fracturation dans les massifs rocheux et surfaces des ruptures
associées, modifiée d'après Hudson et Harrison (1997).
Les massifs rocheux de type discontinu sont fréquemment rencontrés dans les mines où la
qualité du roc est bonne et où des fractures sont prédominantes. Les instabilités associées à
ce type de massif sont structurales. Les signes d'instabilités de type structural se retrouvent
sous forme de déplacements de blocs rocheux le long des structures pouvant mener à des
ruptures. Dans beaucoup de cas, les signes d'instabilités dans les massifs rocheux de type
discontinu ou continu sont des fractures en tension à l'arrière ou dans la pente.
d'effectuer des déplacements et/ou des rotations (Figure 2-2). Le comportement des
mouvements est caractérisé par un déséquilibre au niveau des forces en présence.
La Figure 2-2 présente des exemples d'instabilités structurales. Le glissement de blocs peut
survenir le long d'un seul plan de glissement (planaire) ou le long de deux plans de
glissement (dièdre). Des éléments structuraux de fort pendage peuvent permettent le
détachement de blocs libres d'effectuer une rotation lors de la chute (basculement).
Les mécanismes d'instabilités pour des glissements planaires ou dièdres sont relativement
simples à expliquer lorsque les éléments structuraux sont persistants. Les instabilités
commencent généralement lorsque le roc présent à l'endroit où une fracture voit le jour
dans la pente est enlevé par les activités de la mine. La forme et la localisation de la zone de
rupture sont déterminées par la localisation et l'orientation des fractures présentes. Le
mécanisme dominant de rupture dans ce cas est une rupture en cisaillement (la résistance en
cisaillement des fractures est excédée). Lorsque une pente est créée et qu'il y a présence de
fractures voyant le jour dans la pente, l'initiation de l'instabilité sera contrôlée par les
caractéristiques de résistance des fractures, les caractéristiques de résistance du roc intact et
les conditions en eau souterraine.
La majorité des cas d'instabilités impliquent des fractures non persistantes et un mécanisme
progressif menant à une rupture totale dans la pente. Un mécanisme progressif de rupture
8
dans une pente est défini comme étant un développement successif de surfaces de rupture
en fonction des redistributions de contraintes dans le massif et la perte de résistance en
cisaillement du matériel, Einstein et al. (1983), Eberhardt (2004). Une rupture progressive
dans une pente impliquerait une propagation de fissures le long de fractures non
persistantes déjà existantes et une rupture dans le roc intact entre ces fractures. Les portions
de roc intact entre les fractures sont appelées ponts rocheux. Des redistributions de
contraintes causées par la propagation des fractures déjà existantes et des déformations
internes conduiraient à la rupture interne dans les ponts rocheux, Kemeny (2005). La
rupture des ponts rocheux modifie à son tour la distribution des contraintes ce qui peut
provoquer de nouvelles ruptures internes. La surface de rupture finale est alors composée
principalement de fractures déjà existantes et de portions de ponts rocheux fracturés.
2.3.1 Objectifs
Les interactions entre les éléments du massif rocheux combinés à la géométrie de la pente,
à la présence d'eau, aux variations de température et aux activités de la mine font que
chaque pente créée par l'homme se comporte de manière unique. Les répercussions des
instabilités varient énormément et peuvent être catastrophiques tant au niveau humain
qu'au niveau économique. Les analyses de stabilité des pentes permettent de mieux définir
les risques et les causes des instabilités et de prendre des moyens concrets pour maintenir
un niveau de sécurité acceptable tout en assurant une viabilité économique. Ces analyses
déterminent quels mécanismes doivent être considérés et présentés comme initiateurs de
ruptures (identification des mécanismes clés). Les analyses de stabilité sont employées à
tous les stades de développement d'une mine (planification, conception, contrôles de terrain
pendant l'exploitation).
9
La dernière étape consiste à définir la corrélation entre les résultats des calculs et les
observations de terrain de façon à valider les résultats, les mécanismes clés impliqués dans
l'instabilité et les solutions mises de l'avant.
Ces étapes constituent une ligne directrice générale et peuvent varier selon le type
d'analyse de stabilité effectué.
Une meilleure compréhension des mécanismes peut être facilitée par l'utilisation de
méthodes de calculs. La section suivante fait une brève présentation de certaines méthodes
utilisées dans les cas d'instabilités structurales.
11
Les méthodes cinématiques se veulent l'étude des mouvements des corps, abstraction faite
des forces qui les produisent. Une des méthodes cinématiques la plus couramment
employée est appelée méthode d'analyse stéréographique (stéréonets). Cette méthode offre
une représentation graphique en 2 dimensions de données géologiques structurales en 3
dimensions. Elle est principalement utilisée au premier moment d'une analyse de stabilité
alors que les seules données disponibles au niveau des éléments structuraux proviennent de
carottes de forage aux diamants ou de données de traverses sur des affleurements rocheux.
L'analyse graphique sur stéréonets se base sur la géométrie de la pente (pendage et
direction de pendage) et sur la géométrie des structures dominantes présentes dans le massif
(pendage, direction de pendage et angle de friction). L'analyse de la disposition des
éléments structuraux et de la pente permet de déterminer les éléments structuraux
susceptibles d'initier des instabilités et les types d'instabilités potentielles (glissement
planaire, glissement dièdre ou basculement). Cette méthode évalue la liberté de mouvement
de blocs créés à la surface de la pente le long de un ou de plusieurs éléments structuraux.
Hoek et Bray (1981) et Hudson et Harrison (1997) discutent de la méthodologie d'analyse
stéréographique. Cette méthode peut être utilisée de façon manuelle ou à l'aide de logiciels
commerciaux tel que Dips, Rocscience (2004).
Une autre méthode cinématique est appelée méthode du bloc clé critique. Cette méthode a
été développée par Goodman et Shi (1985) et utilise l'analyse stéréographique de façon
plus avancée. À partir de la configuration des éléments structuraux, elle identifie le premier
bloc susceptible de se déplacer. La perte de ce premier bloc créé un espace qui engendre le
déplacement potentiel de blocs instables dans l'entourage immédiat. Elle peut analyser un
nombre illimité de familles de fractures tandis que la forme et la position des blocs sont
facilement identifiables, Sjôberg (1999b). Cette méthode peut être utilisée de façon
manuelle ou à l'aide de logiciels commerciaux tel que Kblock, Pantechnica (2001).
12
Ces méthodes possèdent des avantages et des limitations, Stead et al. (2005). Elles sont
simples d'utilisation et permettent de déterminer les modes potentiels de rupture. De plus,
elles peuvent être combinées à des méthodes statistiques afin de déterminer des probabilités
de rupture et les volumes de roches associés. Par contre, elles négligent les déformations et
les ruptures dans le matériel, la cohésion des surfaces de glissement et la présence d'eau.
2.4.2.1 Généralités
Un facteur de sécurité inférieur à l'unité indique que le système est instable. Un facteur de
sécurité à l'unité indique que les sommations de forces sont égales et que la pente est en
équilibre limite (au bord de la rupture). Un facteur de sécurité supérieur à l'unité indique
que la pente est stable. Il est toutefois impossible de prédire avec certitude le niveau de
risque de rupture. C'est pourquoi ces méthodes sont principalement utilisées dans un but
comparatif pour une même pente, Sjôberg (1999b).
Les principaux paramètres utilisés par cette méthode sont la géométrie de l'excavation, la
configuration des plans de glissement, la résistance au cisaillement des plans de glissement
(cohésion et angle de friction), les conditions en eau souterraine et les types de support et
soutènement utilisés.
Ces méthodes possèdent des avantages et des limitations, Stead et al. (2005).
Premièrement, plusieurs logiciels sont disponibles dépendamment des types de rupture. De
plus, certains de ces outils permettent l'analyse probabilistique avec différents types de
matériel et types de soutènement en incluant les conditions en eau souterraine. Enfin, elles
permettent de déterminer des facteurs de sécurité en lien avec plusieurs paramètres
d'entrée. Par contre, le fait de déterminer la surface de rupture est une limitation majeure.
De plus, les contraintes in situ, les déformations internes et les ruptures internes du matériel
intact ne sont pas prises en compte.
L'analyse des glissements planaires est généralement simple et est effectuée sur une
géométrie en deux dimensions. Il est possible d'utiliser des relations directes ou des
abaques qui approximent bien les solutions analytiques, Hoek et Bray (1981). Le facteur de
sécurité se détermine selon les forces en présence. Pour une analyse en deux dimensions,
un exemple des différents types de forces est présenté à la Figure 2-3.
Fracture de tension
/\ Force agissante (pression
PpS c|e l'eau)
Figure 2-3 Forces agissantes pour une rupture planaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
Les glissements circulaires sont généralement associés à des massifs rocheux très fracturés
et/ou altérés considérés comme des continuums équivalents. Malgré cela, cette méthode est
parfois utilisée avec la présence d'éléments structuraux dominants. En effet, lorsque des
surfaces potentielles de rupture multi-planaires sont rencontrées, les facteurs de sécurité de
la pente sont régulièrement calculés par la méthode des tranches, Stead et al. (2005).
Résistance au cisaillement
Direction de la rupture
Pied de la pente 1/
Force extérieure
:i« \ Pression
Pr de l'eau Pu
I
^
Figure 2-4 Méthode des tranches avec rupture circulaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
15
L'analyse par la méthode des tranches doit aussi inclure des hypothèses au niveau de la
distribution des forces normales le long de la surface de rupture, au niveau des surfaces
entre les tranches et au niveau de la direction des forces agissantes entre les tranches.
Différentes approches de résolution ont été développées selon différentes hypothèses au
niveau des conditions d'équilibre, des conditions de forces entre les tranches et de la
configuration des surfaces de rupture.
L'une des approches les plus couramment utilisée est celle de Bishop modifiée, Bishop
(1955). Cette approche néglige les forces de cisaillement entre les tranches. En
conséquence de ceci, seulement les forces verticales et les moments de forces sont
complètement satisfaits dans la solution. Des approches dites rigoureuses telles que
Morgenstern et Price (1965), Spencer (1967) et Janbu simplifiée, Janbu (1973) sont
utilisées à l'aide de logiciels numériques tel que Slide, Rocscience (2004). Ces méthodes
sont complexes à résoudre de façon manuelle puisqu'elles tiennent compte des forces en
cisaillement et des forces normales entre chaque tranche. De plus, les surfaces de rupture
peuvent avoir des configurations différentes de celles circulaires. Les limitations de cette
méthode sont diminuées par l'utilisation de logiciels notamment par des routines de
recherche de surfaces de rupture critiques, la possibilité d'effectuer l'analyse en 3
dimensions, la possibilité d'inclure la présence d'une nappe d'eau et par la possibilité
d'inclure différents types de matériel, Stead et al. (2005).
2.4.3.1 Généralités
Les études de stabilité sont souvent réalisées pour des excavations de géométries
complexes situées dans un massif possédant des caractéristiques non homogènes. Les
méthodes conventionnelles, bien qu'adéquates pour certaines situations, impliquent souvent
des simplifications importantes ne permettant pas de bien cerner les mécanismes clés. Les
méthodes numériques par contre, permettent le transfert de notions géologiques et
géométriques en plus de tenir compte de paramètres essentiels souvent ignorés lors des
simplifications. Ainsi, l'anisotropie du matériel, le comportement non linéaire, les familles
16
de fractures, les contraintes in situ et la présence de paramètres tels que les vibrations des
dynamitages, les séismes (analyse dynamique) et les écoulements d'eau souterraine peuvent
être intégrés en vue de recréer les mécanismes d'instabilités. Ces méthodes permettent
l'analyse en deux ou trois dimensions. Enfin, un des grands avantages de la modélisation
numérique par rapport aux autres méthodes est qu'elle permet le calcul des déplacements et
des déformations.
La modélisation numérique ne peut par contre pas remplacer les mesures faites sur le
terrain. Un modèle construit à partir de données de mauvaises qualités ou incomplètes
procure généralement de fausses interprétations. Un modèle qui n'est pas contraint par
suffisamment de données de terrain n'est pas fiable.
La principale motivation derrière la construction d'un modèle est que le monde réel est trop
complexe pour notre compréhension. Or il ne sert à rien de créer des modèles trop
complexes. En fait, le véritable défi de la modélisation en mécanique des roches est de
déterminer quels aspects de la géologie sont essentiels au modèle. L'idée est de minimiser
les essais en laboratoire et la collecte de données de terrain qui coûtent cher en temps, en
argent et annulent les avantages de la modélisation.
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Compréhension du problème
Figure 2-5 Classification des problèmes en modélisation, modifiée d'après Starfield et
Cundall (1988).
faible. La plupart des problèmes en mécanique des roches font partie de cette catégorie.
Dans cette région, les problèmes sont difficiles à modéliser et à interpréter.
En tout premier lieu, la planification de la modélisation est une étape très importante. Il est
important de savoir pourquoi l'on construit un modèle et à qu'elles questions ce dernier
essaie de répondre. De plus, les mécanismes importants, les modes de déformation et les
modes de rupture doivent être identifiés le mieux possible dès le départ (choix de la
méthode à utiliser).
En deuxième lieu, l'utilisation d'un modèle doit se faire le plus tôt possible dans un projet
pour obtenir à la fois les données (résultats) et la compréhension nécessaire.
Théoriquement, le mieux est de ne pas attendre les données de terrain car un modèle
conceptuel construit rapidement permet de sauver du temps et de l'argent avec des
expériences de terrain mieux ciblées. De plus, il est bon de créer et d'adapter le modèle le
plus simple qui permet aux mécanismes importants de se produire et qui pourraient servir
de laboratoire virtuel pour des expériences. Un modèle ne doit jamais être simulé qu'une
seule fois.
En dernier lieu, lorsque les modélisations simples ont été effectuées et que les
connaissances sont jugées satisfaisantes, il est possible de créer des modèles plus
complexes qui explorent les influences de la géologie négligées par les modèles plus
simples. Les modèles plus complexes ne conduisent généralement pas à de grandes
découvertes mais sont souvent plus esthétiques.
Nonobstant ces deux techniques de résolution, il est possible de classer les méthodes
numériques en trois grandes classes, Stead et al. (2001). 11 s'agit des méthodes en milieux
continus composées des éléments frontières, des éléments finis et des différences finies, les
méthodes en milieux discontinus composées des éléments discrets et des méthodes hybrides
qui combinent les méthodes en milieux continus et les méthodes en milieux discontinus et
qui intègrent les principes de propagation des fractures.
Les méthodes en milieux continus sont adéquates lorsque la taille des structures contrôlant
l'instabilité est significativement plus petite que la taille de la pente. Elles ne sont par
conséquent pas appropriées lorsque l'instabilité est contrôlée par un nombre limité de
20
structures dominantes. Les mécanismes d'instabilités sont contrôlés par les déformations
internes du massif rocheux. Elles ne sont donc pas appropriées pour des massifs présentant
des systèmes de fractures susceptibles d'initier les instabilités. Jing et Hudson (2002)
résument ces méthodes et offrent une multitude d'exemples d'application.
Les méthodes des éléments finis et des différences finies sont aussi appelées méthodes
différentielles. Initialement, la masse rocheuse est divisée en zones ou sous domaines
géométriquement simples (triangles ou quadrilatères). Cette division ou discrétisation créée
un assemblage d'éléments de dimensions finies. Ensuite, des propriétés physiques (loi de
comportement du matériel) sont attribuées à chaque élément. Les charges définissant l'état
de contraintes dans le massif sont attribuées aux frontières du problème. Les calculs sont
effectués de façon à redistribuer les charges non balancées en fonction des propriétés des
éléments. Les équations de base utilisées telles que les équations différentielles d'équilibre
et les relations traduisant la continuité du milieu sont résolues au moyen d'une
approximation numérique sur chaque élément. Un nouvel état d'équilibre est alors
déterminé et le comportement collectif modèle le comportement du massif.
La principale distinction entre les méthodes des éléments finis et des différences finies
réside au niveau des équations gouvernantes qui sont dérivées de manières différentes. Les
équations découlantes sont tout de même identiques pour les deux méthodes.
Les méthodes en milieux continus possèdent des avantages et des limitations, Stead et al.
(2005). Ces méthodes permettent la modélisation de la déformation interne et de la rupture
interne du matériel. Elles permettent la modélisation de mécanismes complexes
d'instabilités. Il est aussi possible d'incorporer la présence d'eau souterraine. Elles
permettent aussi d'analyser les effets des variations des différents paramètres sur
l'instabilité analysée. Par contre, la zone d'influence des excavations et les conditions aux
frontières doivent être approximées. Certaines données d'entrée sont difficilement
21
mesurables et doivent parfois être mises en hypothèse. Enfin, ces méthodes ne sont pas
efficaces pour des massifs présentant un comportement non linéaire.
Dans les dernières années, la majorité des articles publiés traitant d'analyses de stabilité des
pentes en milieux continus ont utilisés trois des logiciels numériques disponibles. Le
logiciel Phase2, Rocscience (2004) emploie la méthode des éléments finis et les logiciels
Flac et Flac3D, Itasca (2004) emploient la méthode des différences finies.
Les méthodes en milieux discontinus possèdent des avantages et des limitations, Stead et al.
(2005). De façon générale, les méthodes discrètes permettent la modélisation de
comportements et de mécanismes complexes (combinaison du comportement du matériel et
des fractures avec la présence d'eau). De plus, elles permettent l'étude de sensibilité de
certains paramètres sur la stabilité d'une pente. Par contre, certaines caractéristiques
(rigidité normale et rigidité en cisaillement) sont généralement difficiles à déterminer sur le
terrain et ont une grande influence sur les résultats.
22
Il existe quatre types principaux de méthodes discontinues, Itasca (2003): La méthode des
éléments distincts, la méthode modale, l'analyse de déformation discontinue (DDA) et les
méthodes «momentum exchange». Bien que ces méthodes aient leurs avantages et leurs
inconvénients, elles respectent toutes les conditions suivantes qui caractérisent les
méthodes d'éléments discrets efficaces. Elles permettent des déplacements ou des rotations
finis de corps discrets (incluant des détachements de blocs). Elles reconnaissent aussi les
nouveaux contacts automatiquement au fil des calculs. Ceci implique une notion de pas de
temps.
Ces méthodes combinent plusieurs méthodes dans le but de profiter des forces de chacune
tout en évitant leurs faiblesses. Ces méthodes modélisent le comportement du roc intact et
les interactions le long des fractures existantes. De plus, elles intègrent les principes de
fracturation mécanique, d'initiation et de développement de nouvelles fractures. Elles
permettent donc une transition entre un milieu continu vers un milieu discontinu.
Les logiciels Elfen, Rockfield (2004), FRACOD 2D et FRACOD 3D, FRACOM (2005),
utilisent une méthode hybride. Ils incorporent la notion de propagation des fractures en plus
de permettre le remaillage au fur et à mesure que les propagations se réalisent (principes de
la mécanique de la rupture), Stead et al. (2005).
2.5.1 Généralités
La majorité des articles publiés traitant d'analyses de stabilité des pentes en milieux
discontinus utilisent la méthode des éléments distincts. Les logiciels employant cette
méthode sont UDEC (deux dimensions), Itasca (2004) et 3DEC (trois dimensions), Itasca
(2004). La méthode des éléments distincts simule le comportement d'une matrice de roches
fracturées soumise à diverses contraintes (statiques ou dynamiques). Le modèle discontinu
23
est représenté par un assemblage de blocs discrets. Les fractures sont alors considérées
comme étant des interfaces entre les blocs, des déplacements le long de ces fractures et des
rotations de blocs sont possibles. L'analyse porte sur les comportements (déplacements,
rotations) des blocs et des fractures en fonction du temps et des contraintes présentes aux
interfaces (points ou surfaces) des blocs. Il s'agit d'une méthode explicite, Itasca (2003).
La modélisation d'un système discontinu doit tenir compte de plusieurs aspects. Les
fractures peuvent être représentées par des contacts déformables d'une rigidité finie (la
pénétration des blocs est possible) ou par des contacts rigides qui ne permettent aucune
pénétration. Les blocs peuvent avoir la caractéristique d'être rigides (non déformables).
Ceci implique que les blocs ne changent pas de géométrie indépendamment des contraintes
présentes. Les blocs peuvent aussi avoir la caractéristique d'être déformables. Dans ce cas,
les blocs constituant le modèle sont subdivisés en un maillage d'éléments de différence
finie qui répondent à un champ de contraintes linéaires ou non linéaires.
Tel que mentionné plus haut, les algorithmes de calculs des déplacements des blocs et des
fractures s'effectuent selon un pas de temps. Puisque les vitesses et les accélérations sont
constantes entre chaque itération, l'intervalle unitaire de temps est considéré comme étant
assez courte pour ne pas permettre de distorsion entre les blocs et leur entourage. Les
algorithmes se basent sur l'application d'une loi contrainte-déplacement pour les fractures
(détermination des forces de contacts) et sur la deuxième loi de Newton pour les blocs
(détermination des déplacements des blocs soumis aux forces de contacts). De plus, lorsque
les blocs sont déformables, la loi de comportement du matériel agit sur les intersections des
mailles de chaque bloc. La Figure 2-6 présente un schéma simplifié du cycle de calculs de
la méthode des éléments distincts.
24
Équation mouvement (F = m„ a„ )
Nouveau pas de
calcul
/
Nouvelle vitesse et Nouvelles contraintes
déplacements (taux de ou forces
défoimatiou)
Relation contraintes-déplacement
(loi de comportement)
Figure 2-6 Cycle de calculs simplifié de la méthode des éléments distincts, modifiée
d'après Sjôberg (1999b).
2.5.2 Applications
2.5.2.1 Conception
La modélisation numérique utilisant les éléments distincts est largement utilisée pour
effectuer la conception de nouvelles pentes. Par exemple, à la mine Main Cresson, Pierce et
al. (2000), l'étude de stabilité des pentes pour l'approfondissement de la fosse est basée sur
les caractéristiques du roc intact, sur les caractéristiques des fractures, sur la classification
géomécanique et est assistée d'outils de modélisation numérique (FLAC et UDEC).
L'objectif est de confirmer les types de rupture possibles et de déterminer des facteurs de
sécurité reliés aux possibilités de rupture. L'analyse est effectuée en vue de déterminer si
les angles des pentes ont été planifiés adéquatement. Le logiciel FLAC est uniquement
utilisé pour l'analyse à l'échelle de la fosse où des surfaces potentielles de rupture multi-
25
planaires sont susceptibles d'être rencontrées. Le logiciel UDEC est utilisé pour l'analyse
d'instabilités structurales à une plus petite échelle (bancs).
Aussi, à la mine Chuquicamata, Flores et al. (2000), la gestion de la stabilité des pentes de
la fosse réside dans la création de huit différentes zones possédant des caractéristiques
géotechniques, géologiques et hydrogéologiques propres à leur domaine. Ce zonage est
basé premièrement sur les diverses structures établies par l'historique des ruptures
observées et par des données de terrain recueillies par des traverses ou par des forages
dirigés. Ainsi, les éléments structuraux ont été identifiés et les types de rupture ont été
répertoriés (ruptures planaires et ruptures en dièdre de magnitudes variables selon les
régions de la fosse). Une moyenne des valeurs de classification géomécanique est attribuée
à chaque zone. Lors de la conception des pentes des nouveaux développements, les études
de stabilité sont effectuées à l'aide de deux types de méthodes d'analyse. Premièrement, la
méthode des équilibres limites sert soit à l'analyse de stabilité à l'échelle d'un banc, soit à
l'analyse de stabilité à l'échelle inter rampe ou à l'ensemble de la fosse. Deuxièmement, le
logiciel UDEC est utilisé pour calibrer des modèles et déterminer les modes de rupture
possibles. Cette méthodologie de conception s'effectue systématiquement pour chaque
nouveau développement.
2.5.2.2 Rétro-analyse
La rétro-analyse est effectué à partir du moment où une instabilité est observée. Cette étude
vise à déterminer les causes d'instabilités en vue d'établir des mesures permettant de
rétablir la situation ou d'éviter que ces phénomènes ne se reproduisent. L'observation des
événements et des éléments sur le terrain est le point de départ de l'étude. De façon
générale, une rétro-analyse commence par la détermination de données quantifiables au
niveau des phénomènes observés. Ensuite, les mécanismes d'instabilités potentiels sont
identifiés à partir de ce qui est observé sur le terrain ou tout simplement par hypothèses.
Les types de données disponibles varient selon l'approche utilisée. Les mines ayant un bon
suivi des pentes installent des prismes d'arpentage sur ces dernières présentant un potentiel
d'instabilité pour en mesurer les déplacements. Ainsi, lorsqu'une rupture survient, un
historique des déplacements aidera à la validation du comportement du modèle numérique.
26
Une rétro-analyse typique utilisant de la méthode des éléments distincts a été effectuée à la
mine Highland Valley Copper, Tosney (2004). Des mécanismes de basculement à grande
échelle sont observés provoquant des déplacements constants et généralisés le long des
pentes sans qu'il y ait de ruptures majeures. Des mesures quotidiennes sur quelques
prismes d'arpentage constituent une base de données permettant de recréer l'historique des
déplacements. Dans cet exemple, ces déplacements sont coordonnés dans le temps avec les
séquences de minage et sont utilisés pour valider le comportement du modèle. L'objectif
dans ce cas ci est de simuler le comportement de la pente à partir de l'information de terrain
et la validation est basée sur les variations des taux de déplacement mesurées sur le terrain.
Lorsque les déplacements sont lents et graduels, les mesures sur le terrain sont utilisables
pour fin de validation et pour la comparaison des résultats. Par contre, lorsque la rétro-
analyse est effectuée pour une rupture soudaine et spontanée, l'objectif principal est la
simulation du comportement de terrain sans que la validation basée sur les variations des
taux de déplacement ne soit possible. Le phénomène de rupture majeure est le résultat de
l'interaction de plusieurs facteurs. Un modèle numérique ne sera pas en mesure de prédire à
quel moment la rupture se produira mais il est en mesure de recréer le mode de rupture.
Puisque les ruptures majeures surviennent normalement de façon très rapide, il y a peu de
chance que les positions des prismes d'arpentage soient prises en temps réel. L'historique
des déplacements pré rupture servira à la validation d'un modèle qui représente un état de
stabilité mais les données de déplacements ne seront pas utiles lors de la validation d'un
modèle numérique simulant une rupture soudaine. Les données de déplacements sont
généralement très utiles à la compréhension du mode de rupture mais malheureusement
rarement disponibles. Par exemple, la mine Chuquicamata, Calderôn et al. (2002) subit
périodiquement des ruptures majeures. Depuis des années, les déplacements de pentes sont
mesurés mais n'ont pas été utilisés lors de la validation du modèle puisque les
déplacements modélisés caractérisaient les ruptures majeures survenues de façon très
rapide. Le modèle ne peut alors être validé par des mesures de déplacements des pentes.
Dans ce cas, la validation est qualitative et se base principalement sur la comparaison avec
ce qui est observé sur le terrain. Les données recueillies mettront l'accent sur la
configuration de la pente au moment de la rupture. Ainsi, il sera possible de mettre en
lumière des aspects géométriques à améliorer ou de créer des abaques de ruptures en
27
fonction des paramètres de la pente. Par exemple, la mine Sauvage River, Hutchison et al.
(2000) a un lourd passé en matière de ruptures par basculement. À partir de l'historique des
ruptures, des angles critiques des pentes ont été déterminés afin d'améliorer la conception.
De plus, le modèle créé à l'aide du logiciel UDEC inclut les séquences de minage pour fin
de validation avec les déplacements observés sur le terrain. La mine Barrick Goldstrike,
Rose et al. (2000), a aussi été le lieu de ruptures majeures. On y a utilisé les historiques de
ruptures afin de créer un abaque des ruptures en fonction des hauteurs et des angles de
pente instables. La combinaison des méthodes des équilibres limites et des méthodes des
éléments distincts ont permis de valider cet abaque qui est maintenant utilisé lors de la
conception de nouvelles pentes.
Pour la rétro-analyse présentée dans ce mémoire, la méthode des éléments distincts est
utilisée afin d'améliorer les connaissances sur les mécanismes ayant contribués à la rupture.
Le logiciel 3DEC permet de créer un modèle numérique représentatif de la géométrie de la
pente et de la géologie présente dans le massif rocheux. De plus, le modèle permet
d'attribuer des propriétés mécaniques aux éléments du massif et de reproduire le mode de
rupture multi-planaires déjà connu. Enfin, le modèle est utilisé afin d'aller plus loin dans
l'analyse en vérifiant des scénarios basés sur certaines hypothèses rencontrées dans la
littérature au sujet des mécanismes de dégradation des propriétés mécaniques des fractures
et des mécanismes de fracturation interne.
Une limitation importante de la méthode des éléments distincts est qu'elle ne suit pas les
principes de fracturation mécanique, d'initiation et de développement de nouvelles
fractures dans le roc intact, Stead et al. (2005).
Malgré cette limitation, Corkum et Martin (2004) font une utilisation intéressante de la
méthode des éléments distincts en trois dimensions (3DEC) lors de l'analyse de l'influence
de l'étayage du pied de mur sur une pente instable. Ils introduisent le concept de modèle
multi-blocs qui consiste en la création de plusieurs plans de fractures dans une zone
d'instabilité. L'intégration de ces plans pendant les simulations recrée une fracturation
28
Certains concepts généraux entourant les analyses de stabilité des pentes ont été présentés.
De plus, différentes méthodes fréquemment utilisées pour des instabilités ou ruptures
structurales ont été détaillées. Une attention particulière a été portée sur la méthode de
résolution des éléments distincts puisque la rétro-analyse du cas d'étude présenté dans ce
mémoire sera assistée de cette méthode. Enfin, certains cas d'analyses utilisant cette
méthode de résolution ont été présentés. Ces méthodes possèdent toutes des avantages et
des limitations qui dictent leurs utilisations. De par leurs limitations, les méthodes de
calculs présentées ne permettent pas toutes de modéliser la rupture observée dans l'étude de
cas. La méthode des éléments distincts est appropriée pour simuler les mécanismes de
rupture structurale et le logiciel 3DEC est disponible à l'Université Laval.
L'élaboration d'une revue de littérature traitant de divers aspects importants d'une analyse
de stabilité et présentant diverses méthodes de calculs a été effectuée. À partir du prochain
chapitre, les différentes étapes constituant la rétro-analyse de l'instabilité seront présentées.
La première étape est celle de la collecte de données. Le prochain chapitre présente le cas
d'étude et les données disponibles.
Chapitre 3 Présentation du cas d'étude
3.1 Introduction
La mine à ciel ouvert du Mont Wright est exploitée par la Compagnie Minière Québec
Cartier depuis 1975. Elle est située à environ 400 kilomètres au nord de la ville de Port
Cartier dans la province de Québec au Canada. Il s'agit d'une mine de fer qui exploite un
gisement constitué principalement d'hématite spéculaire (spécularite). La production
annuelle moyenne de la mine est de 13 millions de tonnes de concentré de minerai de fer.
Le ratio de recouvrement moyen est de 2,6. En effet, 2,6 tonnes de minerai brut (teneur en
fer de 30 %) sont nécessaires pour produire une tonne de concentré de fer (teneur en fer de
66 %). En 2005, les réserves prouvées et probables de la mine du Mont Wright étaient
estimées à 918 millions de tonnes de minerai ayant une teneur à 30% en fer, Compagnie
Minière Québec Cartier (2005). Cette mine est considérée comme l'une des plus vaste mine
à ciel ouvert du Canada. L'exploitation s'effectue dans plusieurs fosses dont celle du
Versant Nord. Le cas d'étude présenté dans ce mémoire est localisé dans cette fosse.
Figure 3-1 Photo de la zone d'instabilité peu après la rupture et éléments de la zone
d'instabilité.
Au moment de la rupture, la pente n'était pas instrumentée. Il n'y a donc pas de mesures de
déplacements disponibles avant la rupture et de plus, les inspections visuelles de la pente
effectuées deux fois par année ne permettaient pas d'envisager une instabilité. Mise à part
la chute de blocs de roches observée environ cinq minutes avant l'effondrement global, peu
de signes avant coureurs peuvent être associés à la rupture. Pour cette raison, la rupture
analysée dans le cas d'étude est considérée comme étant relativement soudaine. Le mur à
faciès naturel a été créé par des activités de minage sur un intervalle de temps allant de
1988 à 1995. La période d'exposition de la portion de mur ayant subi la rupture est donc
comprise entre 9 et 16 ans. Les dimensions de la zone de glissement sont estimées à
environ 140 mètres de hauteur, 80 à 100 mètres de largeur et 3 à 5 mètres d'épaisseur,
Stewart (2004). Le glissement s'est produit partiellement le long d'une fracture appartenant
31
à l'une des familles principales. Le temps d'exposition de la pente laisse croire que la
rupture n'a pas été causée par le sous coupage du talus par une fracture principale. Si tel
avait été le cas, des ruptures auraient déjà été observées dans cette zone aux cours des
années d'exposition. Les observations laissent plutôt croire qu'une fracture discrète était
présente à la base de la zone d'instabilité délimitant ainsi la zone inférieure de glissement.
Cette fracture voyait le jour à environ un ou deux bancs au dessus du berme de sécurité
602m. Les délimitations latérales de la zone de rupture correspondent à la présence de
contacts géologiques météorisés. La pile de roches résultante de l'instabilité est composée
principalement de quartz (QMS) et d'hématite spéculante (IF) en plus d'un peu de matériel
météorisé (d'aspect sablonneux).
Les dynamitages de production ne sont pas associés directement à la rupture même si les
vibrations de ces derniers peuvent avoir contribuées à la diminution de la résistance du
massif au fil des années. De plus, cet effondrement ne peut être directement associé à des
pluies abondantes ou à des périodes de variations importantes de température. La Figure
3-2 et la Figure 3-3 présentent des graphiques de précipitations (pluie) et des températures
respectivement pour les dix jours précédents l'effondrement. Ces données proviennent de la
station météorologique Wabush Lake A située à une vingtaine de kilomètres de la fosse du
Versant Nord, Environnement Canada (2007).
La Figure 3-2 montre qu'il y a eu une période de précipitations sous forme de pluie entre le
7 et le 10 octobre, quelques jours avant l'effondrement. Par contre, aucune précipitation n'a
été enregistrée le jour précédent l'événement. Selon les observations effectuées suite à la
rupture, il semblerait qu'il n'y avait pas de présence excessive d'eau ou de glace à la paroi.
L'accumulation rapide de précipitations sous forme de pluie dans le massif n'est donc pas
une cause immédiate de la rupture.
32
05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15
Jour (Octobre 2004)
Figure 3-2 Graphique des précipitations totales quotidiennes sous forme de pluie au cours
des dix jours précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007).
I
0>
•_
I
û
a.
I 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Jour (Octobre 2004)
Figure 3-3 Graphique des températures moyennes horaires au cours des dix jours
précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007).
La Figure 3-3 montre qu'à cette période de l'année, les températures peuvent varier au
dessus et en dessous du point de congélation. Sur une période de dix jours, la magnitude
33
des variations de température est environ de 22°c. Par contre, les deux jours précédents la
rupture, la température est demeurée relativement stable, se situant entre 2°c et 8°c. Une
variation importante et soudaine des températures n'est donc pas une cause immédiate de la
rupture.
Cette altération graduelle des propriétés est principalement associée aux dynamitages de
production, aux pluies abondantes et aux variations importantes de température. La Figure
3-4 présente les précipitations totales mensuelles sous forme de pluie sur une période de dix
ans. Il est possible de remarquer que de façon cyclique, il n'y a pas de précipitations sous
forme de pluie lors de la saison hivernale (neige). Il y a une période plus intense de
précipitations survenant à l'été et à l'automne. Pendant ces périodes, de petits déplacements
peuvent être induits en raison d'augmentations de la pression d'eau le long des éléments
structuraux. Cette augmentation de pression diminue temporairement la résistance au
cisaillement de ces éléments. Ce même phénomène peut aussi être associé à la période de
fonte des neiges au printemps.
Dans un même ordre d'idée, la Figure 3-5 présente les températures moyennes mensuelles
sur une période de dix ans. Les variations de température sont relativement constantes à
chaque année et la magnitude moyenne est environ de 35°c. Ces variations de température
sont assez importantes pour agir sur la dégradation des propriétés des éléments structuraux.
34
180
160
140
120 +
100
80
60
40
20
0 Jl
Ni
oo
ai -3 00 VO to
Date (année)
Figure 3-4 Graphique des précipitations totales mensuelles sous forme de pluie au cours des
dix dernières années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement Canada
(2007).
20
15
10
5
0
-5
-10
ttotttttjira:ttol
-15
f
-20
-25
I y. 4 . x . i--iM--il -v ~* ■■'
IS -30
2004
2005
2002
2003
ND
ON
vp ce
Date (année)
Figure 3-5 Graphique des températures moyennes mensuelles au cours des dix dernières
années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement Canada (2007).
35
De façon générale, la rupture semble associée à une combinaison de facteurs qui a mené à
une diminution graduelle des propriétés du massif rocheux et finalement à l'instabilité de la
pente. Parmi ces facteurs, notons les effets cumulatifs des vibrations des sautages au pied
de la pente et les effets cumulatifs météorologiques (précipitations, variations importantes
de température). Ces effets se retrouvent sous formes d'altération graduelle des structures et
des contacts géologiques.
La fosse Versant Nord est excavée en partie dans le flanc nord d'une montagne. La fosse
est en fait constituée de deux branches de différentes profondeurs suivant la configuration
de la formation de fer spéculante (IF). La disposition des branches implique une géométrie
complexe. Cependant, cette géométrie demeure simple au niveau de la zone d'analyse
(Figure 3-6). Cette zone englobe la partie du mur sud où la rupture s'est produite et est
située dans la branche nord de la fosse.
36
Figure 3-6 Fosse du Versant Nord et zone d'analyse définie dans Surpac.
La topographie de la zone étudiée a été obtenue via un modèle numérique de terrain (MNT)
défini dans le logiciel Surpac. Le MNT est constitué de courbes de niveaux à tous les deux
mètres. La Figure 3-7 présente le modèle numérique de terrain de la zone d'instabilité vue
en plan.
37
3.3.2 Géologie
3.3.2.1 Géologie générale
Selon Jean (1999), la région de la mine du Mont Wright est caractérisée par un système de
plissements très intenses où les roches sédimentaires se sont métamorphismées. Les fortes
déformations ont créées un épaississement important de la formation IF. Les couches
sédimentaires auraient été dupliquées par des plissements menant à la création de
montagnes (orogenèse). Par la suite, d'autres événements géologiques auraient encore une
fois créé des plissements dupliquant les couches.
La géologie de la fosse Versant Nord est formée de deux branches distinctes de différentes
profondeurs. Les structures majeures varient dépendamment de la branche de la fosse, Jean
(1999). Ainsi, la branche située au nord est constituée d'un pli antiforme couché avec une
extension latérale vers l'est. La branche située au sud est constituée du flanc nord d'un
grand pli synforme renversé avec une extension latérale vers le nord-est. La partie est de la
fosse est complexe puisqu'il s'agit de l'intersection de plusieurs plis synformes et
antiformes. Il est à noter que sur une échelle locale, il existe aussi des plis parasites
dispersés dans toute la fosse.
Les limites de la zone d'analyse sont définies à la Figure 3-6. Les données géologiques et
géotechniques sont stockées dans un modèle de blocs créé à l'aide du logiciel Surpac. Cette
base de données permet une représentation spatiale d'un massif en divisant la zone d'intérêt
en blocs de dimensions égales. Habituellement, ces modèles de blocs sont utilisés
principalement pour définir les teneurs des minéraux de valeur d'un gisement. Certaines
données géologiques et géotechniques sont attribuées aux blocs (type de roche, masse
volumique, RMR, RQD). L'attribution des valeurs aux blocs est réalisée à l'aide de
méthodes géostatistiques et est fonction des données obtenues lors des forages de
définitions. Le modèle de blocs permet d'identifier rapidement des zones qui peuvent
présentées des particularités tant aux niveaux géologique, géomécanique qu'économique.
Le modèle de blocs élaboré par la mine du Mont Wright est divisé en blocs de dimensions
égales à 10 mètres de largeur par 10 mètres de longueur par 14 mètres de hauteur qui
39
La Figure 3-8 présente les domaines géologiques de la zone d'analyse définis par le modèle
de blocs dans Surpac. 11 est possible de distinguer le mur sud ainsi que les bermes de
sécurité. D'ailleurs, la présence de la formation IF dans la partie inférieure du mur sud
montre que la conception des bermes de sécurité aux niveaux 560m et 602m a empêché la
récupération d'une partie du minerai. La partie supérieure du mur sud a été conçue de façon
à exploiter la totalité du IF. Le mur supérieur est principalement constitué de quartz
micaschiste (QMS/MS). Derrière cette formation géologique se retrouve une séquence
lithologique d'amphibolite (AMP), de gneiss felsique (GNF) et de IF. Les contacts entre
ces lithologies sont de pendages et de directions de pendage assez réguliers. Derrière cette
stratification, le massif rocheux de la zone d'analyse est principalement constitué de quartz
Figure 3-8 Géologie de la zone d'analyse définie par le modèle de blocs (Surpac).
40
En complément à l'utilisation du modèle de blocs, une photo du mur sud prise avant
l'instabilité permet de définir certaines formations géologiques exposées (Figure 3-9). Une
séquence alternante de QMS/MS, de IF et de AMP est présente à la surface du mur sud.
Figure 3-9 Formations géologiques exposées sur la paroi avant la rupture, modifiée d'après
Stewart (2004).
Les limites latérales de la zone de rupture sont définies par des contacts IF-QMS à l'est et à
l'ouest. Un phénomène d'altération (météorisation) est présent sur ces contacts
géologiques. Les zones de faibles résistances associées à l'altération auraient permis le
détachement de la roche le long des limites latérales de la zone instable.
Le comportement d'un massif rocheux est complexe car il dépend des propriétés
mécaniques de tous les éléments qui le composent et des interactions entre ceux-ci. La
caractérisation des propriétés mécaniques du massif rocheux s'effectue au niveau du roc
41
Les propriétés mécaniques du roc intact sont liées aux types de formations géologiques. Les
propriétés mécaniques de base du roc intact sont la masse volumique et la résistance en
compression uniaxiale. Le Tableau 3-1 présente les propriétés mécaniques de chaque type
de formation géologique caractérisant la zone d'analyse.
Les valeurs des masses volumiques sont des moyennes pour chaque formation géologique.
La résistance en compression uniaxiale est une valeur permettant de caractériser la
résistance du roc intact. Les valeurs de résistance en compression uniaxiale sont déduites
d'une caractérisation de la rigidité de la roche effectuée sur le terrain selon les normes de
ÎTSRM (1981). De façon générale, les valeurs sont relativement élevées et le roc intact est
considéré compétent. Les valeurs d'écart-type obtenues avec cette méthode indiquent qu'il
existe une variation relativement élevée dans les résultats.
42
De façon générale, il existe trois familles de fractures principales appelées JS1, JS2 et JS3.
La famille JS1 se divise en sous familles (JS1A et JSIB) ayant le même pendage et
direction de pendage mais de persistances et de rugosités différentes, Jean (1999). La
persistance de la famille JS1A est faible (de 5 à 25 mètres) et la surface est rugueuse tandis
que la famille JSIB a une persistance de plus de 50 mètres et une surface lisse et ouverte
avec du matériel de remplissage (séricite ou minéraux mous). L'espacement varie de 1 à 5
mètres pour l'ensemble des sous familles. Cette famille est considérée dans le contrôle de la
stabilité des pentes à faciès naturel. La famille JS1 est subparallèle à la lithologie.
Cohésion MPa 0 0 0 0
Désignation» (RQD), Deere et al. (1988) et le «Rock Mass Rating» (RMR), Bieniawski
(1976). Ces méthodes sont standards et sont communément utilisées dans l'industrie
minière.
Le RQD, Deere et al. (1988) est une mesure du degré de fracturation du massif. Les valeurs
de RQD sont calculées à partir de carottes de forages aux diamants. Il s'agit en fait du
rapport entre la sommation des longueurs de segments de carottes supérieures à 10cm et la
longueur totale de l'échantillon de carotte.
Le RMR, Bieniawski (1976) emploi cinq paramètres qui sont fonctions de la résistance en
compression uniaxiale de la roche, le RQD, l'espacement des fractures, les conditions des
fractures et les conditions en eau souterraine. Les valeurs sont attribuées à chaque
paramètre dépendamment des conditions de terrain et la sommation des valeurs est de 100
au maximum. La classification des massifs s'effectue selon le Tableau 3-3.
Les valeurs moyennes de RQD vont de moyennes à bonnes. Les valeurs moyennes de
RMR76 variant de 73 à 80, on peut dire qu'en pratique il n'y a pas de différence de qualité
de la masse rocheuse qui peut être qualifiée de bonne dans toutes les formations
géologiques.
Les trois principales sources d'informations utilisées pour définir la zone étudiée sont le
modèle géologique de la mine modélisé à l'aide du logiciel Surpac (Surpac Minex Group
46
À partir des informations présentées dans ce chapitre, il est possible de commencer la rétro-
analyse de l'instabilité. Cette étude de cas est particulière puisque les données de terrain
disponibles proviennent principalement d'informations contenues dans l'outil de
conception minier Surpac. L'utilisation appropriée de cette importante source
d'informations requiert plusieurs étapes de manipulations et de modifications. Pour cette
raison, le deuxième objectif principal de ce mémoire est la création d'une méthodologie
permettant l'utilisation efficace de données géométriques et géologiques numériques. Le
chapitre suivant présente cette méthodologie de conception de modèle numérique avec le
logiciel 3DEC.
Chapitre 4 Intégration des données minières dans le
modèle 3DEC
4.1 Introduction
Une rétro-analyse est effectuée afin de déterminer les mécanismes importants de la rupture.
Cette rétro-analyse est réalisée en partie à l'aide de l'outil de modélisation numérique
3DEC, Itasca (2004). Ce logiciel utilise la méthode de résolution des éléments distincts en
trois dimensions. Cette méthode de résolution permet la simulation de grands déplacements
de blocs le long de surfaces de glissement dans un milieu non continu. Le choix de cette
méthode est principalement justifié par le fait que la zone de rupture est délimitée par
divers éléments structuraux (fractures et contacts géologiques) et que le déplacement s'est
produit le long de certains de ces éléments. De plus, l'utilisation d'une méthode en trois
dimensions permet la délimitation latérale de la zone de rupture constituée de contacts
géologiques météorisés. Il est à noter que ces contacts latéraux ne contrôlent pas
nécessairement la rupture mais constituent des informations, déjà disponibles en trois
dimensions. Ce chapitre présente la méthodologie de conception du modèle numérique et la
détermination de l'état d'équilibre du modèle.
Le modèle numérique de terrain (MNT) de la fosse Versant Nord fait partie des données
disponibles de la mine. La Figure 4-1 présente les étapes de manipulations du MNT
provenant du logiciel Surpac Vision, Surpac Minex Group (2005).
Plus la dimension d'un modèle sera importante, plus le temps de simulation sera long,
Starfield et Cundall (1988). Il s'agit d'un facteur important à considérer lors du
dimensionnement de la zone d'analyse. Les limites du modèle sont fonctions des
dimensions de la zone d'instabilité. Le modèle est constitué de limites assez distantes de la
zone de rupture de façon à ne pas influencer son comportement.
W >W
r4 M ►
4 188m 210m
226m
:
a
t \
A
120m
i
Figure 4-2 Dimensions minimales pour un modèle en 2 dimensions, modifiée d'après Lorig
(2000).
50
Ces règles de dimensionnement sont proposées pour des modèles numériques utilisant la
méthode de résolution des éléments finis. Dans le cas d'une méthode en milieu discontinu,
l'influence des frontières sur le comportement du modèle est différente (zone d'influence
non linéaire). Les dimensions du modèle pourraient donc être inférieures sans modifier les
résultats. Les dimensions déterminées précédemment permettent une meilleure
comparaison de la géologie entre le modèle 3DEC et le modèle de blocs de Surpac.
Selon la Figure 4-2, la hauteur de la projection de la pente selon la verticale (H) est
d'environ de 226 mètres alors que la hauteur déterminée de la base est d'environ de 120
mètres. De plus, la longueur de la projection de la pente selon l'horizontale (W) est
d'environ de 188 mètres tandis que la longueur déterminée à l'arrière du sommet de la
pente est d'environ de 210 mètres.
Le MNT donne une représentation de la fosse avec une précision de l'ordre de 2 mètres et
provient d'informations de photographies aériennes prises annuellement. Ce haut niveau de
précision n'est pas nécessaire dans le modèle numérique 3DEC. De façon à simplifier la
géométrie, seuls les éléments jugés importants sont pris en considération. La configuration
générale de la pente et la présence de deux bermes de sécurité constituent les éléments
importants de la géométrie de la zone d'analyse. Le MNT est simplifié essentiellement par
la suppression de courbes d'élévations.
Une attention particulière doit être portée aux courbes d'élévations près des bermes de
sécurité. La configuration de ces courbes inclut des amoncellements de roches accumulés
avec le temps sur les bermes (Figure 4-3). Les bermes ne sont donc pas horizontales
comme lors de leur planification. La stratégie employée pour obtenir des bermes de sécurité
51
simplifiées consiste à conserver les segments adjacents à celui situé sur l'élévation planifiée
de la berme. Par exemple, pour la berme située à l'élévation 602m, les segments situés aux
élévations 600m et 604m sont conservés. Le positionnement de ces deux courbes à la même
élévation (602m) permet d'obtenir une configuration idéalisée de la berme. (Figure 4-3).
SMLXH MkZ.
anz- 2»i.j
\
UfeZ
V Pied du mur
fttJL
Pied du mur
Berme 6( l
Bel)2rr/
/
/
\1 À r
Berme 6C2nr
Berme 560m
/^ NL^
*<ft» iSÛL-,
•me 560rrr t E
1 \ | î
Avant Après
Figure 4-3 Configuration de la pente avant et après la simplification (Section 2300E).
La Figure 4-3 montre que la simplification du MNT selon les courbes d'élévations modifie
peu la géométrie de la pente. Le sommet et le pied de la pente demeure à la même élévation
et la configuration générale de la pente demeure similaire. Seuls les bermes de sécurité
sont mieux définies. La différence majeure réside dans le nombre de courbes d'élévations
utilisé pour définir la géométrie de la pente.
Les courbes d'élévations sont initialement représentées par un segment ouvert reliant des
points de coordonnées géographiques. De façon à bien délimiter le contour des tranches,
chaque courbe d'élévations est fermée selon un rectangle de même dimension que la zone
d'analyse (Figure 4-4).
Il existe différentes façons de concevoir la géométrie d'un modèle avec le logiciel 3DEC.
La méthode sélectionnée consiste à utiliser un générateur de polyèdres. L'application
PGEN, Itasca (2004), permet la création de polyèdres à partir des courbes d'élévations du
logiciel Surpac. La création de la géométrie de la zone d'analyse est effectuée en
53
superposant plusieurs tranches les unes sur les autres. Chaque tranche est constituée de
deux courbes d'élévations de niveaux adjacents. La courbe de niveaux d'élévation
inférieure définie le contour de la base de la tranche et la courbe de niveaux d'élévation
supérieure définie le contour du sommet de la tranche. La tranche créée est en fait un
polyèdre constitué de plusieurs faces. Les côtés communs de chaque face sont des arêtes
reliant les points de coordonnées géographiques des deux courbes d'élévations adjacentes.
La Figure 4-5 présente les étapes de manipulations de la géométrie pour une tranche.
La tranche globale résultante de la génération des faces est de forme rectangulaire et est
constituée de deux polyèdres enchevêtrés (Figure 4-6). Le polyèdre délimitant la zone
d'analyse (zone bleu) est situé à l'intérieur du polyèdre formant la tranche (zone verte). Les
limites du polyèdre externe sont définies par les dimensions de la boîte externe (limites
rectangulaires globales de la tranche). Pour des raisons de contraintes de conception avec le
logiciel 3DEC, la définition de ces limites est nécessaire. La boîte de proximité est située
dans le polyèdre externe et sert à l'enchevêtrement des deux polyèdres.
La Figure 4-6 montre les deux polyèdres formant la tranche rectangulaire et une vue
agrandie du polyèdre de la zone d'analyse. Il est possible d'observer la simplification de la
rampe et des murs prédécoupés (gradins) au nord-ouest de la fosse (zone peu importante
pour l'analyse de l'instabilité). Les opérations de manipulations sont répétées pour toutes
les courbes d'élévations de manière à définir tout le modèle numérique 3DEC. La Figure
4-7 présente la géométrie globale de la zone d'analyse.
Le modèle est simplifié de façon à ce que seuls les éléments importants soient présents. Les
configurations des deux bermes de sécurité et du mur sud correspondent bien à celles
présentes sur le terrain malgré la diminution de précision. Les limites du modèle
correspondent à celles de la zone d'analyse. L'utilisation de l'application PGEN est utile
pour des géométries complexes mais demande tout de même une étape de simplification de
la géométrie. La génération de polyèdres de formes trop complexes produit des blocs de
formes irrégulières difficiles à couper avec des plans de glissement, Itasca (2004). Ceci
peut nuire à la création des contacts géologiques et des éléments structuraux.
56
Le modèle de blocs de Surpac fait partie des données disponibles de la mine et procure
l'information de départ de la géologie. La Figure 4-8 présente les étapes de manipulations
de la géologie avec les données du modèle de blocs.
Versant Nord. La géologie globale de la fosse est complexe mais se simplifie au niveau de
la zone d'analyse (Figure 4-8).
La géologie de la zone d'analyse est caractérisée par une séquence lithologique de quartz
micaschiste (QMS), d'amphibolite (AMP), de gneiss felsique (GNF) et de fer spécularite
(IF). À l'échelle de la zone d'analyse, les contacts entre ces formations géologiques sont de
pendages et de directions de pendage assez réguliers malgré certaines variations. En règle
générale, un même contact est décomposable en plusieurs zones distinctes de pendages et
de directions de pendage relativement réguliers. L'exemple suivant montre la définition
d'un contact géologique impliquant une décomposition en plusieurs zones. L'exemple est
illustré pour le contact géologique entre le quartz (QR) et le IF. La Figure 4-9 présente la
formation de QR et le contact géologique constitué de trois zones de pendages et de
directions de pendages distincts.
Figure 4-9 Zones de pendages et directions de pendage différents sur le contact QR/IF.
pendage sont réguliers pour chaque zone (Figure 4-9). En partant de l'hypothèse que les
différentes zones sont planaires et régulières sur une certaine superficie, il suffit de trouver
les coordonnées de trois points sur chaque plan. Pour l'exemple en cours, des plans à trois
points (triangles) sont créés pour les zones 1 et 2. La zone 3 n'est pas déterminée pour fin
de simplification dans la création du modèle 3DEC. La sélection de trois points de courbes
d'élévations permet de représenter un plan en créant un segment de forme triangulaire
(Figure 4-10). Ces points relient les courbes d'élévations de façon à créer un triangle le plus
grand possible en fonction de la superficie de la zone jugée régulière.
La Figure 4-10 présente quatre triangles ayant chacun deux côtés communs et créant une
forme globale de losange. La ligne de séparation verticale du losange passe par la limite de
changement de direction de pendage des deux zones. Chaque zone (zones 1 et 2) est
représentée par un triangle inférieur et supérieur (séparation horizontale du losange). Cette
méthode permet de séparer la zone en deux régions n'ayant pas le même pendage sans
toutefois modifier la direction de pendage. Ainsi, les contacts géologiques sont caractérisés
par plusieurs zones de pendages différents. Il n'est pas conseillé de trop subdiviser un
contact puisque l'intégration d'un trop grand nombre de plans dans le modèle 3DEC
engendre des problèmes de conception et de simulation.
59
L'avantage de créer des triangles adjacents est que plusieurs points sont communs et il
n'est donc pas nécessaire de déterminer toutes les coordonnées de chaque triangle. Pour les
quatre triangles de l'exemple, la détermination de coordonnées de cinq points est
nécessaire. La création de quatre triangles séparés aurait demandé la détermination de
douze points. L'introduction des plans dans le modèle 3DEC nécessite uniquement les
valeurs de coordonnées en X, Y et Z de trois points. Les opérations de manipulations sont
répétées pour tous les contacts géologiques de façon à diviser toutes les formations
géologiques de la zone d'analyse.
La division du modèle 3DEC selon les contacts géologiques différencie les formations
géologiques. L'intérêt de cette séparation réside dans l'attribution des propriétés
mécaniques qui diffèrent d'un type de matériel à l'autre. La Figure 4-11 présente la
géologie intégrée dans le modèle 3DEC selon l'information fournie par le modèle de blocs
de Surpac.
Figure 4-12 Géologie du mur sud du modèle 3DEC selon l'information de terrain.
La photo du mur sud, prise avant la rupture, a été présentée à la section 3.3.2.3 Géologie de
la zone d'analyse. La séquence de QMS, de IF et de AMP correspond à la géologie plus
spécifique de la zone de rupture. Les contacts entre ces formations géologiques sont
intégrés dans le modèle 3DEC en respectant les dimensions estimées de la zone de rupture.
61
Les éléments structuraux associés à la rupture sont de différentes natures. Les limites
latérales de la zone de rupture sont constituées de zones d'altération présentes aux environs
des contacts géologiques entre le IF et le QMS. Ces contacts sont représentés dans le
modèle 3DEC par des plans de glissement avec un pendage de 90° (vertical) et de direction
de pendage perpendiculaire à celle de la pente. Les zones d'altération sont de faibles
résistances par rapport au roc intact. Le glissement s'est effectué le long de deux plans de
glissement différents (surface de rupture multi-planaires). En d'autres termes, le glissement
de la roche s'est partiellement produit le long d'une fracture de la famille JSl subparallèle à
la pente. Le glissement s'est aussi partiellement produit le long d'un plan de glissement
situé à la base de la rupture (Figure 4-13).
Figure 4-13 Délimitation de la zone de rupture dans le modèle 3DEC (Regard vers l'est).
La fracture de la famille JSl est intégrée seule dans le modèle (Figure 4-13). L'espacement
caractéristique de la famille de fractures JSl varie entre 1 et 5 mètres, Jean (1999). Afin de
simplifier le modèle et puisqu'il est reconnu que le glissement s'est produit partiellement le
long d'une seule de ces fractures, il n'est pas jugé nécessaire d'introduire toutes les
fractures faisant partie de cette famille. La fracture de la famille JSl est représentée dans le
modèle 3DEC par un plan possédant une direction de pendage subparallèle à celle de la
62
La première hypothèse représente le plan de glissement par une fracture discrète persistante
sur toute la longueur de la base de la zone de rupture. Cette configuration possède une
direction de pendage subparallèle à la famille de fractures JSl et un pendage d'environ 35°.
Dans le cas d'analyse par la méthode des éléments distincts, les propriétés mécaniques sont
attribuées aux formations géologiques, aux contacts géologiques et aux fractures. Le
modèle numérique de 3DEC est un assemblage de blocs de roc intact (formations
géologiques) dont les configurations sont définies par des plans (contacts géologiques
altérés ou fractures).
64
La masse volumique de la roche est la seule propriété attribuée. Donc la partie roc intact du
modèle est considérée comme étant rigide (pas de déformation interne). Le choix de cette
rigidité s'explique par le fait que les déplacements se sont produits le long des éléments
structuraux (fractures et contacts géologiques altérés). La rupture est structurale ce qui
implique que les déformations du massif rocheux sont négligeables par rapport aux
déplacements le long des éléments structuraux. De plus, les valeurs de RMR des formations
géologiques impliquées dans la rupture sont considérées comme étant bonnes à excellentes
(la représentation du massif rocheux par des blocs de roc intact est acceptable). Enfin, la
pente est située en surface indiquant que les faibles contraintes en présences impliquent des
déformations négligeables dans le massif rocheux.
Les fractures et les contacts géologiques altérés sont représentés dans le modèle par des
plans de glissement. Le modèle de glissement de Coulomb est choisi pour représenter le
comportement de tous les plans de glissement. Les paramètres de résistance au cisaillement
(angle de friction, O et cohésion, c) sont utilisés dans la relation du modèle de glissement
de Coulomb. Cette relation détermine si l'état de contraintes en présence excèdent la
résistance au cisaillement des éléments structuraux et donc s'il y a déplacement ou non des
blocs. De plus, les propriétés de rigidité normale (kn) et de rigidité en cisaillement (ks)
dictent le comportement en déplacement des blocs le long des fractures (déformation
linéaire élastique). Des valeurs de propriétés mécaniques sont attribuées à chaque type
d'éléments structuraux (Tableau 4-1).
65
Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa
Rigidité normale kn 2 GPa/m
Fractures planaires Rigidité cisaillement ks 0,5 GPa/m
persistantes et non
Angle de friction1 o 40 o
persistantes à la base de la
rupture Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa
Rigidité normale kn 4 GPa/m
Rigidité cisaillement ks 1 GPa/m
Contacts géologiques dans le
reste du modèle (par défaut)
Angle de friction a> 40 0
Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa
' Valeur d'angle de friction calculée lors de la détermination de l'état d'équilibre du modèle.
66
plusieurs mètres. Par exemple, Corkum et Martin (2004) montrent dans leur étude de cas
que des valeurs de ks variant de 0,005 GPa/m à 0,1 GPa/m donnent des déplacements de
l'ordre du centimètre.
Les valeurs des angles de friction (O) de la famille JS1, des contacts géologiques et des
autres contacts dans le modèle sont sélectionnées en respect avec les fourchettes de valeurs
présentée à la section 3.3.3.2 Familles de fracture. La valeur de O de la famille JS1
correspond environ à la limite supérieure de la fourchette tandis que la valeur de O des
contacts géologiques correspond environ à la limite inférieure de la fourchette de valeurs.
La valeur plus faible attribuée aux contacts géologiques est considérée adéquate afin de
tenir compte de leur caractère altéré. La valeur de O de la fracture à la base a été
déterminée lors de la détermination de l'état d'équilibre du modèle (voir section 4.3 État
d'équilibre). Tous les éléments structuraux du modèle 3DEC possèdent une cohésion (c) et
une résistance en tension (ts) nulles en respect avec les données disponibles.
Puisque le roc intact du modèle est considéré rigide, la seule condition initiale à spécifier
est l'accélération gravitationnelle. Une vitesse nulle est attribuée aux frontières latérales et
à la base du modèle.
Afin de mesurer les déplacements et de s'assurer de la validité de ces derniers lors des
simulations, 15 points de mesure de déplacement ont été ajoutés au modèle le long de la
fracture de la famille JS1 (Figure 4-15).
Figure 4-15 Répartition des points de mesure le long de la fracture JS1 (Zone de rupture
avec fractures non persistantes à la base, regard vers le nord).
Le positionnement des points de mesure sont les mêmes pour les deux types de
configuration à la base de la zone de rupture. Ces points de mesure sont interprétés par la
fonction History, Itasca (2004) qui permet l'acquisition des données de déplacement tout au
long des simulations. Il est ensuite simple de tracer des graphiques d'analyse.
FRR = FS = — = — (4i)
rf c / +o-, / tan^/j
tan^
FS,„,.„.. = (4.2)
tan
v 4w
Factor of safety
0,93 0,97 1,00 1,04 1,07
200
37 38 39 40 41 42 43
Friction angle (°)
Figure 4-16 Détermination de l'angle de friction du plan de glissement (fracture discrète
persistante) selon la méthode du FRR.
minier à un outil de modélisation numérique est indéniablement un pas de plus vers une
meilleure approche intégrée dans le processus de conception minier.
Certains éléments entourant l'instabilité demeurent tout de même inconnus. En effet, les
connaissances temporelles de l'instabilité se limitent à une notion de dégradation du massif
au fil des années menant à un état instable. Puisque l'état instable se traduit par une rupture
relativement soudaine (quelques secondes), l'interrogation porte surtout sur la façon dont la
dégradation s'est effectuée dans le massif rocheux. Le traitement de cet aspect de
l'instabilité est effectué à travers diverses simulations de l'événement. Le prochain chapitre
présente les détails de la rétro-analyse réalisée.
Chapitre 5 Rétro-analyse de l'instabilité
5.1 Introduction
Le mode de rupture de l'instabilité analysé en lien avec le cas d'étude a été identifié comme
étant multi-planaires. De plus, cette instabilité est considérée comme un événement
relativement soudain. Mise à part la chute de blocs de roches observée environ cinq
minutes avant l'effondrement global, peu de signes avant coureurs peuvent être associés à
la rupture. La portion de mur ayant subi la rupture a été exposée pendant une période
comprise entre 9 et 16 ans.
De façon générale, la rupture semble associée à une combinaison de facteurs qui a mené à
une diminution graduelle des propriétés du massif rocheux et finalement à l'instabilité de la
pente. Parmi ces facteurs, notons les effets cumulatifs des vibrations des sautages au pied
de la pente et les effets cumulatifs météorologiques (précipitations, variations importantes
de température). Ces effets se retrouvent sous formes d'altération des structures et des
contacts géologiques. La rétro-analyse de l'événement met l'emphase sur les différents
aspects entourant la dégradation des éléments structuraux.
Ce chapitre présente en premier lieu les résultats d'analyses utilisant les méthodes
cinématiques et les équilibres limites. En deuxième lieu, les mécanismes potentiels de
rupture de la pente sont analysés au niveau des propriétés mécaniques des fractures et au
niveau de la formation de fractures internes. L'analyse porte sur la dégradation de la pente
jusqu'à sa rupture soudaine. Différentes approches simulant les mécanismes de dégradation
du massif rocheux à l'aide du modèle numérique (voir Chapitre 4 Intégration des données
minières dans le modèle 3DEC) sont présentées.
Orientations
ID Dip / Direction
1 55 / 300
2 84 / 052
3 59 / 149
4 49 / 315
Equal Angle
Lower Hémisphère
4 Pôles
4 Entries
Figure 5-1 Stéréonet montrant les orientations moyennes des différentes familles
principales de fractures et de la pente.
73
Les critères suggérant que la pente est potentiellement instable ne sont pas tous rencontrés.
Il n'est donc pas possible de conclure à une rupture de type planaire. Par contre, la présence
d'une fracture discrète de pendage plus faible à la base de la zone d'instabilité et voyant le
jour dans la pente suggère qu'il existe un potentiel de glissement de type mufti-plan aires.
La méthode cinématique ne permet pas de vérifier l'état de stabilité de la pente pour une
rupture multi-planaires et une autre méthode doit être utilisée.
La méthode des équilibres limites a pour objectif de déterminer le facteur de sécurité (FS)
de la pente selon les données géométriques et mécaniques des éléments structuraux.
L'utilisation de cette méthode est possible car les directions de pendage de la fracture
discrète à la base de la zone d'instabilité et de la fracture JSl sont subparallèles à la
direction de pendage de la pente. De plus, la fracture discrète à la base de la zone
d'instabilité voit le jour dans la pente. Le logiciel en deux dimensions RocPlane,
Rocscience (2004) a été utilisé en raison du caractère multi-planaires de la rupture.
L'analyse en deux dimensions est possible en mettant en hypothèse que les limites latérales
de la zone d'instabilité sont parallèles à la section analysée et ne possèdent aucune
résistance en cisaillement. Cette hypothèse est acceptable en regard de ce qui est observé
sur le terrain. L'utilisation de cette méthode met aussi en hypothèse que les seuls
mouvements possibles dans la pente s'effectuent en translation (les mouvements de rotation
ou de basculement n'existent pas). En lien avec ce qui a été observé sur le terrain et pour
fin de simplification, la pente est considérée comme parfaitement drainée lors de l'analyse
(aucune présence d'eau). La Figure 5-2 présente un exemple d'analyse utilisant la méthode
des équilibres limites.
74
UpperFace Height
3.124 m- —
Tension Crack Angle 49.0 "
Tension Crack
Slope Height 107 037 m
108.000 m
FactorofSafety 1.24
Driving Force 366.23tfm
Resisting Force 454.66t/m
Wedge Weight 638.50tfm
s
Normal Force 523.03 t/m Wedge Volume 245.58mA3/m
Shear Strength 454.66ïnV>2
Normal Force 523.03tfm
Plane Waviness 0.0"
Figure 5-2 Section simplifiée de l'instabilité utilisée pour l'analyse avec le logiciel
RocPlane.
Tableau 5-1 Analyse de sensibilité des angles de friction de la fracture discrète avec la
méthode des équilibres limites.
34 0,96
35 1,00
36 1,04
37 1,08
38 1,12
39 1,16
40 1,20
41 1,24
L'analyse de sensibilité suggère que la rupture est envisageable sous des conditions de
dégradation de propriétés mécaniques (diminution cumulative des propriétés mécaniques
des fractures).
La méthode des équilibres limites est tout de même caractérisée par certaines limitations.
La section simplifiée de la Figure 5-2 est le pire des cas puisque la fracture JSl est
considérée comme une fracture en tension. Ceci implique qu'elle ne possède pas de
résistance en cisaillement. Cet aspect diminue le facteur de sécurité de la pente puisque en
réalité, la fracture JSl possède une résistance au cisaillement sur toute sa longueur. La seule
composante stabilisatrice du système est la friction développée par la fracture discrète à la
base de la zone de rupture. De plus, la zone potentiellement instable est formée par une
seule dalle. Cette représentation ne tient donc pas compte de la possibilité que plusieurs
blocs puissent constituer la zone. Enfin, les déplacements ne sont pas observables ou
quantifiables. Ceci ne permet pas d'effectuer une analyse complète du comportement de la
pente.
voyant le jour dans la pente. Cette rupture multi-planaires est possible seulement dans des
conditions de dégradation des propriétés mécaniques de la fracture discrète. De par les
limitations de la méthode, l'analyse n'explique pas complètement le phénomène et il est
nécessaire d'approfondir l'étude des différentes causes potentielles de l'instabilité.
Une première approche suggère que soumis aux conditions climatiques et aux activités
d'opération de la mine, les éléments structuraux ont subi une diminution progressive de
leurs valeurs de propriétés mécaniques jusqu'à la rupture. Cette approche est soutenue par
les résultats de l'analyse des équilibres limites. Ce phénomène est traduit dans le modèle
3DEC (voir Chapitre 4 Intégration des données minières dans le modèle 3DEC) par une
diminution graduelle des angles de friction des éléments structuraux situés à proximité de la
surface.
Les valeurs de propriétés mécaniques proposées au Tableau 4-1 constituent les valeurs
initiales de chaque élément structural (état de stabilité). La dégradation est simulée en
diminuant simultanément les valeurs d'angle de friction par incrément de 5° pour chaque
élément structural. Par exemple, les contacts géologiques ont initialement une valeur
d'angle de friction de 35° qui diminue à 30° puis à 25° et ainsi de suite. Les autres valeurs
de propriétés mécaniques (kn, ks, cohésion, résistance en tension) demeurent constantes.
Chaque diminution de valeur d'angle de friction est séparée par le même nombre de cycles
de calculs (5000 cycles). Cet aspect de la simulation est basé sur l'hypothèse que la
dégradation est liée aux conditions météorologiques relativement constantes années après
années. La stabilité de la pente est évaluée en terme de déplacements le long de la surface
de rupture multi-planaires.
zone de rupture. Les valeurs d'angle de friction sur l'abscisse correspondent à celles du
plan de glissement à la base de la zone de rupture. Pour l'analyse en cours, les valeurs des
déplacements donnent uniquement les tendances du comportement de la zone de rupture.
Persistent fracture
Rock bridges
« 2
CL
1-
40 35 30 25 20 15 10
Friction angle (°)
Figure 5-3 Déplacement de la zone de rupture suite à la diminution cumulative des valeurs
d'angle de friction.
Pour une configuration à la base de la zone de rupture avec une fracture discrète persistante,
la dégradation progressive des propriétés mécaniques des éléments structuraux rend la
pente instable (déplacements mesurables) sans provoquer de rupture soudaine. De plus,
avec des blocs rigides, la présence d'un pont rocheux ne permet aucun déplacement peut
importe le niveau de dégradation. De façon à modifier le comportement du modèle
numérique, un deuxième mécanisme de rupture est combiné à la dégradation. Ce
mécanisme est la fracturation interne du massif rocheux. Ce mécanisme est expliqué à la
section 2.2.3 Mécanisme d'instabilité structurale.
Cette deuxième approche suggère que de faibles mouvements le long des structures du
massif rocheux au fil des années aient pour conséquence une concentration de contraintes
internes et un état de résistance limite. Cet état se traduit par une propagation de fissures
jusqu'à une fracturation interne. Les déplacements engendrés par la dégradation des
propriétés mécaniques provoqueraient cette fracturation interne. Ce mécanisme de rupture
comprend la fracturation interne dans le massif en lien avec les concentrations de
contraintes internes et le bris du pont rocheux.
masse rocheuse caractérisée par des blocs formés par la propagation de fractures internes
reproduit la rupture observée sur le terrain. L'objectif n'est pas de déterminer les zones où
les fractures internes sont susceptibles de se développer. L'analyse est effectuée sur des
blocs rigides suivant l'approche proposée par Corkum et Martin (2004). Cette approche
consiste à ajouter des fractures dans la zone de rupture et est appelée multi-blocs. En terme
de modélisation numérique, la création de fractures divisant la zone de rupture en plusieurs
blocs augmente le degré de liberté cinétique de ces blocs. L'analyse consiste à examiner si
l'approche multi-blocs et l'augmentation de la liberté cinétique peuvent simuler un
comportement similaire à celui observé sur le terrain. Il est aussi possible de modéliser le
comportement d'une masse dégradée en effectuant un parallèle avec la dégradation des
fractures. La principale limite de cette approche est qu'elle ne modélise pas la fracturation
mécanique, l'initiation et le développement de nouvelles fractures dans le roc intact mais
regarde plutôt le comportement d'une masse rocheuse résultant de cette fracturation. Elle
permettra tout de même d'évaluer la plausibilité de différents scénarios de rupture et
d'évaluer le comportement de la pente par des mesures de déplacements.
V
1) Base de la zone
Fracture planaire persistante
de rupture X X X X X X
2) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)
3) Base de la zone
V X X X X X X
de rupture et au
dessus
V X X X X X X
V
Fractures non persistantes (pont
4) Base de la zone
de rupture X X X X X X
rocheux)
5) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)
6) Base de la zone
V X X X X X X
de rupture et au
dessus
V X
fracturation interne sont analysées. Chaque combinaison est simulée avec une diminution
graduelle des angles de friction des éléments structuraux. Puis la fracturation interne est
ajoutée au modèle pour différentes valeurs d'angle de friction (stades de dégradation). Dans
le Tableau 5-2, chaque X correspond à une simulation (36 simulations ont été effectuées).
82
Les valeurs de propriétés mécaniques proposées au Tableau 4-1 constituent les valeurs
initiales de chaque élément structural (état de stabilité). La dégradation est effectuée de la
même façon que les simulations effectuées sur la zone de rupture sans fracturation interne,
c'est-à-dire en diminuant simultanément les valeurs d'angle de friction par incrément de 5°
pour chaque élément structural. Les autres valeurs de propriétés mécaniques (kn, ks,
cohésion, résistance en tension) demeurent constantes. Chaque diminution de valeur
d'angle de friction est séparée par le même nombre de cycles de calculs (5000 cycles). La
stabilité de la pente est aussi évaluée en terme des déplacements le long de la surface multi-
planaires.
Tout comme le pont rocheux, les plans de glissement représentant les fractures internes
sont intégrés dans le modèle lors de sa construction. Pour que la pente soit à l'état
d'équilibre (stable), il importe que la fracturation interne n'existe pas et que le pont rocheux
soit intact (sans fracturation). Par conséquent, les plans de fracturation interne et le pont
rocheux sont liés à l'aide de la fonction join, Itasca (2004). Cette fonction permet en
quelque sorte de souder les plans de glissement. Au moment de l'insertion des plans de
fracturation interne, la fonction est annulée et les blocs adjacents aux plans de glissement
deviennent soudainement libres de se déplacer le long de ces plans. À partir du moment où
la fracturation interne apparaît, les valeurs de propriétés mécaniques demeurent constantes
tout au long des cycles de calculs.
effectuée suite à l'ajout des fractures internes et 5000 cycles de calculs sont effectués. La
simulation est ensuite arrêtée.
L'état de la dégradation des éléments structuraux lorsque la fracturation interne apparaît est
inconnu. Selon ce qui a été observé sur le terrain, le comportement recherché de la pente est
une rupture relativement soudaine (larges déplacements) suite à une période de stabilité.
L'insertion des fractures à différents moments de la dégradation permet de vérifier le
comportement de la pente.
La Figure 5-4 à la Figure 5-6 présentent les résultats des simulations pour chaque type de
configuration de fracturation avec une fracture persistante à la base de la zone de rupture
(Cas 1 à 3 dans le Tableau 5-2). Ces résultats comparent différents moments où la
fracturation est ajoutée (chaque ligne dans le Tableau 5-2).
84
30 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-4 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 1).
30 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-5 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 2).
85
30 . 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-6 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 3).
propriétés mécaniques. Il est à noter que pour un <J> à la base de 35°, la simple diminution
des valeurs de propriétés mécaniques permet un déplacement relativement soudain. Dans ce
sens, les scénarios présentant des O à la base inférieurs à 35° sont écartés.
La Figure 5-7 à la Figure 5-9 présentent les résultats des simulations pour chaque type de
configuration de fracturation avec la présence d'un pont rocheux à la base de la zone de
rupture (Cas 4 à 6).
°40 35 30 25 20 15 10
Friction angle (°)
Figure 5-7 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 4).
87
°40 35 30 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-8 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 5).
0
40 35 30 25 20 15 10
Friction angle (°)
Figure 5-9 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 6).
88
Pour le cas 4 (Figure 5-7), aucun déplacement n'est observé lors de l'insertion des fractures
internes sans dégradation (<t> à la base : 40°) alors que peu de déplacement est observé pour
une faible dégradation (<D à la base : 35°). Plus la dégradation est grande, plus les
déplacements sont élevés lors de la fracturation interne. Ces déplacements s'arrêtent
rapidement (atteinte d'un état d'équilibre). Ceci suggère qu'il y a un manque de liberté
cinétique des blocs.
Pour le cas 5 (Figure 5-8), un faible déplacement graduel est observé lors de l'insertion des
fractures internes sans dégradation (O à la base : 40°) alors que l'augmentation du
déplacement est observable pour une faible dégradation (O à la base : 35°). Plus la
dégradation est grande, plus les déplacements sont élevés lors de la fracturation interne. Ces
déplacements s'arrêtent rapidement (atteinte d'un état d'équilibre). Des tendances
similaires au cas 4 sont observables. Le cas 5 présente tout de même un peu plus de liberté
cinétique (plus grands déplacements).
Le Tableau 5-4 présente à nouveau le programme des simulations avec une appréciation de
la plausibilité de chaque scénario proposé. Une simulation caractérisée par un «OUI»
89
V
1) Base de la zone
non non non non OUI OUI
Fracture planaire persistante
de rupture
2) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)
3) Base de la zone
V non non non non OUI OUI
de rupture et au
dessus
V
Fractures non persistantes (pont
4) Base de la zone
de rupture non non OUI OUI non non
rocheux)
5) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)
6) Base de la zone
V non non OUI OUI OUI non
de rupture et au
dessus
V non
suite à une période de pré rupture stable (sans déplacement mesurable). Il est à noter que
tous les scénarios impliquant des <D à la base de 15° et 20° sont écartés puisqu'il est peu
probable que la dégradation soit aussi importante sans qu'il y ait rupture.
90
De façon générale, l'ajout de fractures internes permet une augmentation des déplacements.
Ceci confirme que la fracturation interne comme mécanisme de rupture reproduit le
comportement de la pente de façon satisfaisante.
La base de la zone de rupture composée d'un pont rocheux (Cas 4 à 6) est caractérisé par un
déplacement nul sans la fracturation interne. La présence du pont rocheux intact empêche
tout mouvement de survenir dans la pente. De façon générale, les déplacements mesurés
lors de l'insertion de la fracturation interne sont plus faibles que pour les cas 1 à 3. Lors de
l'ajout des fractures internes, les déplacements augmentent tout de même rapidement pour
atteindre des distances de l'ordre du mètre. Le cas 6 présente le comportement le plus
plausible avec une forte augmentation des déplacements à la suite d'une diminution
raisonnable des propriétés mécaniques.
Les cas 1, 2, 3 et 6 montrent que sans dégradation des propriétés mécaniques, des
déplacements relativement soudains sont possibles. La fracturation interne doit
théoriquement être provoquée par de faibles déplacements le long des structures. Puisque
les valeurs initiales d'angle de friction reproduisent une condition de stabilité limite (voir
4.3 État d'équilibre), il est fort probable que de petits déplacements le long des structures
soient rapidement associés à de faibles dégradations. Il est alors raisonnable d'attribuer les
déplacements soudains à la dégradation des propriétés mécaniques. Les résultats
numériques suggèrent alors que l'instabilité est engendrée par la diminution raisonnable des
propriétés mécaniques mais davantage par la fracturation interne.
Dans ce chapitre, une analyse utilisant une méthode cinématique a été utilisée afin de
déterminer le mode potentiel de rupture. De par le caractère multi-planaires de la rupture, il
ne fut pas possible de vérifier l'état de stabilité de la pente. Ensuite, une analyse utilisant la
méthode des équilibres limites a été utilisée afin de déterminer l'état de stabilité de la pente
par la détermination de facteurs de sécurité. Cette analyse a montré qu'à partir des données
disponibles, la pente est stable avec un facteur de sécurité de 1,24. De plus, l'analyse de
sensibilité de l'angle de friction de la base de la zone de rupture a suggéré que la rupture est
envisageable sous des conditions de dégradation de propriétés mécaniques (diminution
cumulative de l'angle de friction). Par contre, les limitations de la méthode d'analyse
n'expliquent pas complètement le phénomène et il a été jugé nécessaire d'approfondir
l'étude des différentes causes potentielles de l'instabilité.
92
Différents scénarios ont été analysés à l'aide du modèle 3DEC de façon à mieux
comprendre les mécanismes de ruptures. Deux configurations à la base de la zone de
rupture ont été analysées : fracture persistante sur toute la base et plusieurs fractures
séparées par un pont rocheux. Selon les résultats obtenus, la dégradation des éléments
structuraux a joué un rôle dans la rupture sans pour autant permettre des déplacements
soudains. L'ajout de fracturation interne a été analysé à partir de différentes dispositions de
fractures : fractures internes à la base de la rupture, fractures internes formant une zone de
transition (prisme de Prandtl) et fractures internes à la base de la rupture et au sommet de la
rupture.
6.1 Sommaire
Dans un souci de rentabilité économique, l'aspect de la manutention du matériel tient une
place importante dans les coûts d'opération. Différentes stratégies sont mises de l'avant
afin de minimiser les déplacements de roches sans valeur économique (stérile). Une
stratégie simple et couramment employée dans l'industrie minière consiste à maximiser
l'angle des pentes et à minimiser le nombre de bermes de sécurité.
En effet, la géométrie d'une pente dans une mine à ciel ouvert est étroitement liée à la
rentabilité de cette dernière. Plus une pente est abrupte, moins il y aura de matériel stérile à
miner. Les coûts de production s'en trouvent diminués. Cependant, la création de pentes
par l'homme perturbe l'équilibre du massif rocheux. Pour des mêmes conditions
géotechniques, plus une pente est abrupte, plus elle présentera un potentiel d'instabilité.
Des analyses de stabilité des pentes sont effectuées de façon routinière dans les mines à ciel
ouvert. On les retrouve aux stades de la planification et de la conception des pentes. On les
retrouve aussi au stade de la production lorsque les pentes présentent des signes
d'instabilités ou de ruptures. À ce stade, il est fréquent d'effectuer des analyses sur des
événements qui se sont déjà produits. On parle alors de rétro-analyses sur des instabilités de
pente.
structuraux dominants. Dans ces cas, les instabilités sont de types structuraux et certaines
méthodes de calculs seront plus adéquates pour assister l'analyse de stabilité.
Dans le cadre de ce mémoire, la rétro-analyse d'une instabilité structurale survenue sur une
pente dans une mine à ciel ouvert est réalisée. Le mode de rupture de l'instabilité a été
identifié comme étant multi-planaires mais aucun événement (séisme, dynamitage de
production, période de gel ou pluies abondantes) n'a été directement associé avec ce
phénomène. Dans cette situation, il est difficile de trouver une explication simple et
satisfaisante sur les causes de l'instabilité. Pour cette raison, le premier objectif principal
est l'obtention d'une meilleure compréhension des mécanismes de rupture par l'exploration
de différentes causes potentielles d'instabilité.
Un point essentiel de la rétro-analyse est constitué par l'intégration des données minières et
géologiques contenues dans le logiciel de conception minier Surpac. L'utilisation
appropriée de cette importante source d'informations requiert plusieurs étapes de
manipulations et de modifications. Pour cette raison, le deuxième objectif principal est la
création d'une méthodologie permettant l'utilisation efficace de données géométriques et
géologiques numériques.
Une revue des concepts généraux entourant l'analyse de stabilité des pentes et présentant
diverses méthodes de calculs pour des instabilités structurales a été effectuée. Les forces et
limitations de ces méthodes ont été discutées. L'emphase a été mise sur la modélisation
numérique utilisant la méthode des éléments distincts puisque cette dernière a servi pour
assister la rétro-analyse du cas d'étude.
Les données géométriques, géologiques et les propriétés mécaniques des divers éléments
du massif rocheux ont été expliquées.
Le modèle étant complet, une méthode cinématique et une méthode des équilibres limites
ont été utilisées afin de déterminer le mode potentiel de rupture et de déterminer l'état de
stabilité de la pente par la détermination de facteurs de sécurité. L'analyse de sensibilité de
l'angle de friction de la base de la zone de rupture a suggéré que la rupture est envisageable
sous des conditions de dégradation de propriétés mécaniques (diminution cumulative de
l'angle de friction). Par contre, les limitations des méthodes d'analyse n'expliquent pas
complètement le phénomène et il a été jugé nécessaire d'approfondir l'étude des différentes
causes potentielles de l'instabilité.
Différents scénarios ont été analysés à l'aide du modèle 3DEC de façon à mieux
comprendre les mécanismes de ruptures. Deux configurations à la base de la zone de
96
rupture ont été analysées : fracture persistante sur toute la base et plusieurs fractures
séparées par un pont rocheux. Selon les résultats obtenus, la dégradation des éléments
structuraux a joué un rôle dans la rupture sans pour autant permettre des déplacements
soudains. L'ajout de facturation interne a été analysé à partir de différentes dispositions de
fractures : fractures internes à la base de la rupture, fractures internes formant une zone de
transition (prisme de Prandtl) et fractures internes à la base de la rupture et au sommet de la
rupture.
Une certaine dégradation des composantes de la pente au fil du temps aurait provoqué
l'accumulation de faibles mouvements et par conséquent, des concentrations de contraintes
internes et des fissurations jusqu'à un état de résistance limite du massif. À ce moment, le
ou les ponts rocheux situés à la base auraient cédés et des fractures internes se sont créées
dans la même zone pour permettre la rupture.
Ce mémoire met l'emphase sur deux aspects qui caractérisent l'industrie minière de nos
jours : la fréquence élevée de l'utilisation de logiciels de modélisation numérique lors
d'analyses de stabilité et la grande quantité d'informations disponibles se retrouvant sous
forme numérique. La combinaison de ces aspects offre certains avantages. Par exemple, il
serait intéressant d'automatiser l'interopérabilité entre les logiciels de conception minier et
97
les logiciels de modélisation numérique pour qu'ils puissent être utilisés de manière
routinière.
Au niveau de la rétro-analyse de l'instabilité, il serait possible d'aller encore plus loin avec
le modèle numérique 3DEC. Des simulations pourraient être effectuées avec un modèle où
les blocs sont déformables. Ceci permettrait d'en savoir plus sur les zones où les
concentrations de contraintes en cisaillement et en tension sont générées. De plus, des
simulations sur la diminution des valeurs de cohésion des éléments structuraux
permettraient de reproduire le comportement de la pente sous des conditions de dégradation
de façon plus adéquate. Ces deux séries de simulations valideraient le mécanisme
progressif menant à une rupture totale dans la pente selon la dégradation des propriétés
mécaniques des éléments structuraux exposés à la surface de la pente. L'exécution de ces
simulations impliquera par contre une campagne intensive de caractérisation du massif
rocheux sur le terrain. Cette collecte de données aura pour but de déterminer le
comportement en déformation du roc intact et de déterminer les valeurs de cohésion réelles
des surfaces des éléments structuraux.
Dans un autre ordre d'idée, les données ne sont pas encore disponibles à la mine mais il
serait possible d'utiliser l'information de satellites. Puisque les déplacements qui ont eu lieu
lors des processus de dégradation sont probablement de quelques millimètres ou
centimètres par année, les photographies aériennes ne permettent pas de mesurer d'aussi
faibles déplacements. La méthode DInSAR basée sur le traitement d'images satellites
permet quant à elle sous certaines conditions de mesurer a posteriori des déplacements de
l'ordre du millimètre. Cette méthode pourrait être utilisée à condition que la région où se
situe la mine ait été couverte dans le passé par des satellites fournissant de telles images.
Ces données permettraient de quantifier le déplacement annuel dans la région du glissement
avant celui-ci et ainsi déterminer les déplacements pré rupture. De cette façon, il serait
possible de valider le modèle, d'éliminer des options de modélisation ou d'en considérer
d'autres.
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