Vous êtes sur la page 1sur 109

RICHARD CAUMARTIN

RÉTRO-ANALYSE DE L'INSTABILITÉ D'UNE


PENTE DANS UNE MINE À CIEL OUVERT
ASSISTÉE DE LA MODÉLISATION NUMÉRIQUE
UTILISANT LA MÉTHODE DES ÉLÉMENTS
DISTINCTS

Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures
dans le cadre du programme de maîtrise en génie des mines
pour l'obtention du grade de Maître es sciences (M.Se.)

FACULTÉ DES SCIENCES ET DE GÉNIE


UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC

2007

© Richard Caumartin, 2007


Résumé
À l'automne 2004, un glissement de roches estimé à près de 50 000m3 est survenu dans la
fosse Versant Nord à la mine du Mont-Wright (Compagnie Minière Québec Cartier). Cette
rupture de type multi-planaires est associée à la présence de différents éléments structuraux
(fractures et contacts géologiques) ayant permis le glissement. La rupture est considérée
comme un événement relativement soudain. Aucun signe avant coureur n'a été observé ou
mesuré. Puisque la pente a été exposée sur une période de 9 à 16 ans, qu'aucune
précipitation importante n'a été associée à la rupture et qu'aucun dynamitage n'a été
effectué dans cette zone dans les jours qui ont précédés la rupture, il est difficile
d'expliquer ce comportement. Néanmoins, les conséquences économiques de cet
événement sont importantes puisque les activités d'extraction dans cette fosse ont été
abandonnées.

Ce projet de maîtrise vise à effectuer une rétro-analyse de l'instabilité de cette pente à partir
des données disponibles. L'analyse est assistée du logiciel de modélisation numérique en
trois dimensions utilisant la méthode des éléments distincts (3DEC). La conception du
modèle numérique s'effectue par le transfert de données géométriques et géologiques
provenant du logiciel de conception minier Surpac. Enfin, divers scénarios pouvant décrire
les mécanismes importants de la rupture sont analysés à travers des simulations sur le
modèle. Ces scénarios combinent la dégradation progressive des propriétés mécaniques des
éléments structuraux et l'apparition de fracturation interne dans le massif rocheux.
Avant-Propos
La réalisation de ce projet de maîtrise n'aurait pas été possible sans l'aide de gens qui y ont
participé de près ou de loin. Je tiens tout d'abord à remercier sincèrement mon directeur de
recherche, monsieur Martin Grenon, pour sa confiance et son support constant au niveau
technique, académique et financier. De plus, la grande liberté accordée par M. Grenon et sa
grande disponibilité se sont avérées très appréciées.

J'aimerais aussi exprimer ma gratitude aux membres du personnel des services miniers de
la mine du Mont-Wright (Compagnie Minière Québec Cartier) pour leur générosité. C'est
grâce aux données qu'ils m'ont fournies que la rétro-analyse de l'instabilité a été possible.

En terminant, je désire remercier la femme que j'aime pour son indéniable soutien. Les
innombrables encouragements et la présence d'Annick à mes côtés ont grandement
contribué à la réussite de ce projet.
Table des matières

Chapitre 1 Introduction 1
1.1 Problématique 1
1.2 Objectif 2
1.3 Méthodologie 3
1.4 Structure du mémoire 3
Chapitre 2 Revue de littérature 5
2.1 Introduction 5
2.2 Instabilité structurale 5
2.2.1 Représentation du massif rocheux 5
2.2.2 Types d'instabilité structurale 6
2.2.3 Mécanismes d'instabilité structurale 7
2.3 Analyse de stabilité de pente 8
2.3.1 Objectifs 8
2.3.2 Procédure générale d'analyse 9
2.3.3 Types d'analyse de stabilité 9
2.4 Méthodes assistant une analyse de stabilité de pente 11
2.4.1 Méthodes cinématiques 11
2.4.2 Méthodes des équilibres limites 12
2.4.2.1 Généralités 12
2.4.2.2 Glissement planaire et dièdre 13
2.4.2.3 Glissement circulaire (méthode des tranches) 14
2.4.3 Méthodes numériques 15
2.4.3.1 Généralités 15
2.4.3.2 Philosophie de la modélisation numérique 16
2.4.3.3 Approches numériques de résolution 18
2.4.3.4 Méthodes en milieux continus 19
2.4.3.5 Méthodes en milieux discontinus 21
2.4.3.6 Méthodes hybrides 22
2.5 Méthode des éléments distincts 22
2.5.1 Généralités 22
2.5.2 Applications 24
2.5.2.1 Conception 24
2.5.2.2 Rétro-analyse 25
2.5.2.3 Application avancée 27
2.6 Conclusion du chapitre 28
Chapitre 3 Présentation du cas d'étude 29
3.1 Introduction 29
3.2 Rupture observée 29
3.3 Données disponibles 35
3.3.1 Géométrie de la fosse Versant Nord 35
3.3.2 Géologie 37
V

3.3.2.1 Géologie générale 37


3.3.2.2 Géologie de la fosse Versant Nord 38
3.3.2.3 Géologie de la zone d'analyse 38
3.3.3 Caractérisation des propriétés mécaniques 40
3.3.3.1 Roc intact : 41
3.3.3.2 Familles de fracture 42
3.3.3.3 Massif rocheux 43
3.4 Conclusion du chapitre 45
Chapitre 4 Intégration des données minières dans le modèle 3DEC 47
4.1 Introduction 47
4.2 Conception du modèle 48
4.2.1 Géométrie du modèle 48
4.2.1.1 Définition de la zone d'analyse 49
4.2.1.2 Simplification du modèle numérique de terrain 50
4.2.1.3 Création de la géométrie du modèle 3DEC 52
4.2.2 Géologie du modèle 56
4.2.2.1 Définition des contacts géologiques 57
4.2.2.2 Création de la géologie du modèle 3DEC 59
4.2.2.3 Définition des éléments structuraux 61
4.2.3 Attribution des propriétés mécaniques 63
4.2.3.1 Propriétés des blocs (roc intact) 64
4.2.3.2 Propriétés des fractures et contacts géologiques 64
4.2.3.3 Conditions initiales 66
4.2.3.4 Points démesure 67
4.3 État d'équilibre 67
4.4 Conclusion du chapitre 69
Chapitre 5 Rétro-analyse de l'instabilité 71
5.1 Introduction 71
5.2 Analyse avec la méthode cinématique 71
5.3 Analyse avec la méthode des équilibres limites 73
5.4 Mécanismes potentiels de rupture 76
5.4.1 Dégradation des propriétés mécaniques des fractures 76
5.4.2 Fracturation interne 78
5.5 Conclusion du chapitre 91
Chapitrée Conclusions 93
6.1 Sommaire 93
6.2 Accomplissements de la présente recherche 95
6.3 Travaux futurs 96
Bibliographie 98
Liste des tableaux

Tableau 3-1 Propriétés mécaniques des différentes formations géologiques 41


Tableau 3-2 Propriétés mécaniques des fractures, d'après Jean (1999) 43
Tableau 3-3 Classification des massifs selon le RMR, Bieniawski (1976) 44
Tableau 3-4 Classification géomécanique des formations géologiques, Piteau (1998) 45
Tableau 4-1 Propriétés mécaniques des éléments structuraux 65
Tableau 5-1 Analyse de sensibilité des angles de friction de la fracture discrète avec la
méthode des équilibres limites 75
Tableau 5-2 Programme des simulations (scénarios de rupture) 81
Tableau 5-3 Propriétés mécaniques de la fracturation interne 83
Tableau 5-4 Plausibilité des différents scénarios 89
Liste des figures

Figure 1-1 Problématique de conception d'une pente, modifiée d'après Sjôberg (1999a).... 1
Figure 2-1 Niveau de fracturation dans les massifs rocheux et surfaces des ruptures
associées, modifiée d'après Hudson et Harrison (1997) 6
Figure 2-2 Exemples d'instabilités structurales, modifiée d'après Hudson et Harrison
(1997) 7
Figure 2-3 Forces agissantes pour une rupture planaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
13
Figure 2-4 Méthode des tranches avec rupture circulaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
14
Figure 2-5 Classification des problèmes en modélisation, modifiée d'après Starfield et
Cundall(1988) 17
Figure 2-6 Cycle de calculs simplifié de la méthode des éléments distincts, modifiée
d'après Sjôberg (1999b) 24
Figure 3-1 Photo de la zone d'instabilité peu après la rupture et éléments de la zone
d'instabilité 30
Figure 3-2 Graphique des précipitations totales quotidiennes sous forme de pluie au cours
des dix jours précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007) 32
Figure 3-3 Graphique des températures moyennes horaires au cours des dix jours
précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007) 32
Figure 3-4 Graphique des précipitations totales mensuelles sous forme de pluie au cours des
dix dernières années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement
Canada (2007) 34
Figure 3-5 Graphique des températures moyennes mensuelles au cours des dix dernières
années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement Canada (2007).
34
Figure 3-6 Fosse du Versant Nord et zone d'analyse définie dans Surpac 36
Figure 3-7 Éléments de la zone d'instabilité définis par le MNT (Surpac) 37
Figure 3-8 Géologie de la zone d'analyse définie par le modèle de blocs (Surpac) 39
Figure 3-9 Formations géologiques exposées sur la paroi avant la rupture, modifiée d'après
Stewart (2004) ...40
Figure 4-1 Étapes de manipulations des données géométriques disponibles 48
Figure 4-2 Dimensions minimales pour un modèle en 2 dimensions, modifiée d'après Lorig
(2000) 49
Figure 4-3 Configuration de la pente avant et après la simplification (Section 2300E) 51
Figure 4-4 Contours des limites selon la zone d'analyse 52
Figure 4-5 Étapes de manipulations de la géométrie pour une tranche 53
Figure 4-6 Génération d'une tranche composée de deux polyèdres (PGEN) 54
Figure 4-7 Vues orthogonales de la géométrie du modèle 3DEC 55
Figure 4-8 Étapes de manipulations des données géologiques disponibles 56
Figure 4-9 Zones de pendages et directions de pendage différents sur le contact QR/IF 57
Figure 4-10 Plans définissant le contact QR/IF 58
Figure 4-11 Géologie du modèle 3DEC en fonction de l'information du modèle de blocs..59
Figure 4-12 Géologie du mur sud du modèle 3DEC selon l'information de terrain 60
viii

Figure 4-13 Délimitation de la zone de rupture dans le modèle 3DEC (Regard vers l'est). 61
Figure 4-14 Représentations du plan de glissement à la base de la rupture (Section 2270E).
63
Figure 4-15 Répartition des points de mesure le long de la fracture JS1 (Zone de rupture
avec fractures non persistantes à la base, regard vers le nord) 67
Figure 4-16 Détermination de l'angle de friction du plan de glissement (fracture discrète
persistante) selon la méthode du FRR 69
Figure 5-1 Stéréonet montrant les orientations moyennes des différentes familles
principales de fractures et de la pente 72
Figure 5-2 Section simplifiée de l'instabilité utilisée pour l'analyse avec le logiciel
RocPlane 74
Figure 5-3 Déplacement de la zone de rupture suite à la diminution cumulative des valeurs
d'angle de friction 77
Figure 5-4 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 1).
84
Figure 5-5 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 2).
84
Figure 5-6 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 3).
: 85
Figure 5-7 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 4).
86
Figure 5-8 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 5).
87
Figure 5-9 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 6).
Chapitre 1 Introduction

1.1 Problématique
Actuellement, certaines mines à ciel ouvert atteignent des profondeurs et des dimensions
inégalées. Parmi les diverses problématiques liées à la création de ces fosses, notons le
dynamitage, le chargement et le halage d'une énorme quantité de matériel n'ayant aucune
valeur économique (roches stériles). Cet aspect occupe une place importante au niveau des
coûts d'opération. Dans un souci de rentabilité économique, différentes stratégies sont
mises de l'avant afin de minimiser le déplacement de roches stériles. Parmi celles-ci, une
règle de base dans la conception de fosses à ciel ouvert consiste à maximiser l'angle des
pentes.

En effet, la géométrie d'une pente dans une mine à ciel ouvert est étroitement liée à la
rentabilité de cette dernière. Plus une pente est abrupte, moins il y aura de matériel stérile à
miner (Figure 1-1). Les coûts de production s'en trouvent diminués. Cependant, la création
de pentes par l'homme perturbe l'équilibre du massif rocheux. Pour des mêmes conditions
géotechniques, plus une pente est abrupte, plus elle présentera un potentiel d'instabilité
élevé (Figure 1-1). Dans le contexte d'une mine à ciel ouvert, le potentiel d'instabilité des
pentes peut avoir un impact important sur la sécurité des travailleurs et sur les activités de
production en général.

Figure 1-1 Problématique de conception d'une pente, modifiée d'après Sjôberg (1999a).
2

La recherche de compromis entre la viabilité économique et la sécurité fait partie des


enjeux majeurs au niveau des exploitations à ciel ouvert. Cette recherche de compromis est
assistée par des analyses de stabilité des pentes.

Des analyses de stabilité des pentes sont effectuées de façon routinière dans les mines à ciel
ouvert. On les retrouve aux stades de la planification et de la conception des pentes. Ces
analyses sont aussi effectuées au stade de la production lorsque les pentes présentent des
signes d'instabilités ou de ruptures. À ce stade, il est fréquent d'effectuer des analyses sur
des événements qui se sont déjà produits. On parle alors de rétro-analyses sur des
instabilités de pente.

Les instabilités de pente observées dans les mines à ciel ouvert, sont majoritairement
contrôlées par des éléments structuraux dominants (failles, fractures discrètes, familles de
fractures) présents près de la surface. Dans ces cas, les instabilités sont dites structurales et
les rétro-analyses effectuées mettent l'emphase sur l'influence de ces éléments structuraux
dominants.

1.2 Objectif

Dans le cadre de ce mémoire, la rétro-analyse d'une instabilité structurale survenue sur une
pente dans une mine à ciel ouvert est réalisée. Le mode de rupture de l'instabilité a été
identifié comme étant multi-planaires mais aucun événement (séisme, dynamitage de
production, période de gel ou pluies abondantes) n'a été directement associé avec ce
phénomène. Dans cette situation, il est difficile de trouver une explication simple et
satisfaisante sur les causes de l'instabilité. Pour cette raison, le premier objectif principal
est l'obtention d'une meilleure compréhension des mécanismes de rupture par l'exploration
de différents scénarios potentiels d'instabilités.

Le point de départ d'une rétro-analyse est constitué de la collecte de données. Cette étude
de cas est particulière puisque les données de terrain disponibles proviennent
principalement d'informations contenues dans un outil de conception minier Surpac.
L'utilisation appropriée de cette importante source d'informations requiert plusieurs étapes
3

de manipulations et de modifications. Pour cette raison, le deuxième objectif principal est la


création d'une méthodologie permettant l'utilisation efficace de données géométriques et
géologiques numériques.

1.3 Méthodologie

Les deux objectifs principaux seront atteints premièrement par l'élaboration d'une revue de
littérature traitant des divers aspects importants d'une analyse de stabilité et présentant
diverses méthodes de calculs assistant cette analyse. Ensuite, les différentes étapes
nécessaires à la rétro-analyse seront mises en application. La première étape est celle de la
collecte de données en lien avec l'étude de cas. Ces données proviennent principalement de
l'outil de conception minier Surpac. La deuxième étape consiste en la création d'un modèle
numérique approprié basé sur les informations disponibles. Le modèle numérique est créé
avec logiciel 3DEC utilisant la méthode des éléments distincts. Le choix de cette méthode
est principalement justifié par le fait que la zone de rupture est délimitée par divers
éléments structuraux (fractures et contacts géologiques) et que le déplacement s'est produit
le long de certains de ces éléments. De plus, l'utilisation d'une méthode en trois dimensions
permet la délimitation latérale de la zone de rupture constituée de contacts géologiques. La
dernière étape est celle de l'exploration et de la validation de divers scénarios de rupture à
l'aide du modèle numérique. Ces scénarios sont basés sur certaines hypothèses rencontrées
dans la littérature au sujet des mécanismes de dégradation des propriétés mécaniques des
fractures et des mécanismes de fracturation interne.

1.4 Structure du mémoire

Une revue des concepts généraux entourant l'analyse de stabilité des pentes et présentant
diverses méthodes de calculs pour des instabilités structurales est présentée au Chapitre 2.
Les forces et limitations de ces méthodes sont discutées. L'emphase est mise sur la
modélisation numérique utilisant la méthode des éléments distincts puisque cette dernière
est utilisée pour assister la rétro-analyse du cas d'étude.
4

Une présentation du cas d'étude est effectuée au Chapitre 3. Les données géométriques,
géologiques et les propriétés mécaniques des divers éléments du massif rocheux sont
expliquées.

La méthodologie permettant le transfert de données géométriques et géologiques provenant


du outil de conception minier Surpac dans un logiciel de modélisation numérique utilisant
la méthode des éléments distincts 3DEC est présentée au Chapitre 4. L'intégration des
propriétés mécaniques y est aussi discutée.

Les mécanismes potentiels de rupture sont analysés à travers plusieurs simulations sur le
modèle numérique à travers la rétro-analyse de l'instabilité présentée au Chapitre 5.

Une synthèse des travaux ainsi que l'orientation des travaux de recherche à venir sont
présentées en conclusion au Chapitre 6.
Chapitre 2 Revue de littérature

2.1 Introduction

Le présent chapitre introduit le concept général d'une analyse de stabilité des pentes dans
les mines à ciel ouvert. De plus, différentes méthodes assistant les analyses de stabilité sont
présentées. Une attention particulière est portée aux outils de modélisation numérique
utilisant la méthode de résolution des éléments distincts puisqu'il s'agit de la méthode qui
sera utilisée pour la rétro-analyse. Enfin, différents exemples d'analyse de stabilité utilisant
cette méthode de résolution sont présentés. Ces exemples font un survol des différentes
approches d'analyses fréquemment rencontrées dans l'industrie minière.

2.2 Instabilité structurale

2.2.1 Représentation du massif rocheux

Le comportement d'un massif rocheux, soumis à des travaux d'excavation, dépend des
différentes formations géologiques qui le composent et de leurs propriétés mécaniques. Le
comportement de ce même massif rocheux est aussi gouverné par la présence de différents
éléments structuraux (failles, fractures discrètes, familles de fractures, plans de faiblesses
liés à des contacts géologiques ou à des zones d'altération). Ces structures sont aussi
caractérisées par des propriétés mécaniques et des propriétés géométriques (direction de
pendage, pendage, persistance, espacement des familles de fractures). Au niveau des mines
où le terrain est constitué de roches dures, les massifs rocheux sont caractérisés par la
présence d'éléments structuraux dominants. Dans ces cas, les massifs rocheux peuvent être
représentés par un assemblage de blocs rocheux dont les dimensions sont fonctions de la
configuration des éléments structuraux délimitant ces blocs.

Différents types de massifs rocheux sont définissables selon leurs degrés de facturation
(Figure 2-1). Un massif très fracturé et/ou altéré possède une résistance globale faible et se
6

comporte comme un continuum équivalent (matériel homogène). Les ruptures associées à


ce type de massif rocheux sont majoritairement de type circulaire. Un massif rocheux
constitué de quelques fractures dominantes ou de quelques familles principales de fractures
se comporte de manière discontinue (Figure 2-1).

Figure 2-1 Niveau de fracturation dans les massifs rocheux et surfaces des ruptures
associées, modifiée d'après Hudson et Harrison (1997).

Les massifs rocheux de type discontinu sont fréquemment rencontrés dans les mines où la
qualité du roc est bonne et où des fractures sont prédominantes. Les instabilités associées à
ce type de massif sont structurales. Les signes d'instabilités de type structural se retrouvent
sous forme de déplacements de blocs rocheux le long des structures pouvant mener à des
ruptures. Dans beaucoup de cas, les signes d'instabilités dans les massifs rocheux de type
discontinu ou continu sont des fractures en tension à l'arrière ou dans la pente.

2.2.2 Types d'instabilité structurale

Les configurations de rupture associées à un massif de type discontinu se retrouvent sous


plusieurs formes selon la configuration des éléments structuraux présents dans le massif
rocheux. Le sous coupage de plusieurs éléments structuraux forme des blocs libres
7

d'effectuer des déplacements et/ou des rotations (Figure 2-2). Le comportement des
mouvements est caractérisé par un déséquilibre au niveau des forces en présence.

Figure 2-2 Exemples d'instabilités structurales, modifiée d'après Hudson et Harrison


(1997).

La Figure 2-2 présente des exemples d'instabilités structurales. Le glissement de blocs peut
survenir le long d'un seul plan de glissement (planaire) ou le long de deux plans de
glissement (dièdre). Des éléments structuraux de fort pendage peuvent permettent le
détachement de blocs libres d'effectuer une rotation lors de la chute (basculement).

2.2.3 Mécanismes d'instabilité structurale

Les mécanismes d'instabilités pour des glissements planaires ou dièdres sont relativement
simples à expliquer lorsque les éléments structuraux sont persistants. Les instabilités
commencent généralement lorsque le roc présent à l'endroit où une fracture voit le jour
dans la pente est enlevé par les activités de la mine. La forme et la localisation de la zone de
rupture sont déterminées par la localisation et l'orientation des fractures présentes. Le
mécanisme dominant de rupture dans ce cas est une rupture en cisaillement (la résistance en
cisaillement des fractures est excédée). Lorsque une pente est créée et qu'il y a présence de
fractures voyant le jour dans la pente, l'initiation de l'instabilité sera contrôlée par les
caractéristiques de résistance des fractures, les caractéristiques de résistance du roc intact et
les conditions en eau souterraine.

La majorité des cas d'instabilités impliquent des fractures non persistantes et un mécanisme
progressif menant à une rupture totale dans la pente. Un mécanisme progressif de rupture
8

dans une pente est défini comme étant un développement successif de surfaces de rupture
en fonction des redistributions de contraintes dans le massif et la perte de résistance en
cisaillement du matériel, Einstein et al. (1983), Eberhardt (2004). Une rupture progressive
dans une pente impliquerait une propagation de fissures le long de fractures non
persistantes déjà existantes et une rupture dans le roc intact entre ces fractures. Les portions
de roc intact entre les fractures sont appelées ponts rocheux. Des redistributions de
contraintes causées par la propagation des fractures déjà existantes et des déformations
internes conduiraient à la rupture interne dans les ponts rocheux, Kemeny (2005). La
rupture des ponts rocheux modifie à son tour la distribution des contraintes ce qui peut
provoquer de nouvelles ruptures internes. La surface de rupture finale est alors composée
principalement de fractures déjà existantes et de portions de ponts rocheux fracturés.

2.3 Analyse de stabilité de pente

2.3.1 Objectifs

Les interactions entre les éléments du massif rocheux combinés à la géométrie de la pente,
à la présence d'eau, aux variations de température et aux activités de la mine font que
chaque pente créée par l'homme se comporte de manière unique. Les répercussions des
instabilités varient énormément et peuvent être catastrophiques tant au niveau humain
qu'au niveau économique. Les analyses de stabilité des pentes permettent de mieux définir
les risques et les causes des instabilités et de prendre des moyens concrets pour maintenir
un niveau de sécurité acceptable tout en assurant une viabilité économique. Ces analyses
déterminent quels mécanismes doivent être considérés et présentés comme initiateurs de
ruptures (identification des mécanismes clés). Les analyses de stabilité sont employées à
tous les stades de développement d'une mine (planification, conception, contrôles de terrain
pendant l'exploitation).
9

2.3.2 Procédure générale d'analyse

L'analyse de stabilité se décompose en plusieurs étapes, Hoek et Bray (1981).


Premièrement, la collecte de données sur le massif rocheux s'effectue à différentes échelles.
Elle consiste en la quantification des propriétés mécaniques des composantes (roc intact et
éléments structuraux) du massif rocheux et en la détermination de la classification
géomécanique du massif rocheux en général. De plus, les informations collectées
comprennent les éléments géométriques composés de la configuration de la pente et de la
répartition spatiale des unités géologiques et des éléments structuraux. Les données de
contrôle de terrain (mesures des déplacements, conditions en eau souterraine, données
séismiques et les séquences de minage) font aussi parties des données collectées.

Deuxièmement, l'analyse des observations de terrain en lien avec l'instabilité comprend la


recherche des mécanismes clés impliqués dans l'instabilité. L'analyse des observations de
terrain informe sur le mode de rupture.

Troisièmement, l'utilisation de différentes méthodes assistant l'analyse aident à définir


(quantifier) l'état de stabilité de la pente. Les données recueillies lors de la collecte
d'informations sont généralement utilisées à cette étape. Le choix des méthodes de calculs
dépend principalement du type d'instabilité.

La dernière étape consiste à définir la corrélation entre les résultats des calculs et les
observations de terrain de façon à valider les résultats, les mécanismes clés impliqués dans
l'instabilité et les solutions mises de l'avant.

Ces étapes constituent une ligne directrice générale et peuvent varier selon le type
d'analyse de stabilité effectué.

2.3.3 Types d'analyse de stabilité

Les analyses de stabilité se divisent généralement en deux catégories : La conception


(étapes de planification et de conception des pentes) et la rétro-analyse (étapes de contrôle
de terrain pendant l'exploitation). La conception vise à l'interprétation des caractéristiques
10

du massif rocheux et à la compréhension des interactions de ces caractéristiques en vue de


concevoir des pentes sécuritaires. La rétro-analyse étudie des phénomènes d'instabilités
déjà observés ou encore présentement actif. Cette étude vise à déterminer les causes
d'instabilités en vue d'établir des mesures permettant de rétablir la situation ou d'éviter que
ces phénomènes ne se reproduisent.

La différence entre la conception et la rétro-analyse réside dans le fait qu'au niveau de la


conception, les événements ne se sont pas encore produits. On tente de déterminer ce qui
risque de se produire en fonction de la configuration des excavations. Les données de
départ au niveau des phénomènes observés sont limitées. La base de cette étude réside dans
la collecte des propriétés mécaniques des divers éléments du massif rocheux. L'analyse
s'effectue généralement sous forme d'études de sensibilité faisant varier les paramètres
jugés importants pour déterminer le comportement d'une pente sous différentes conditions.
Les paramètres modifiables sont : la configuration des excavations et les variations des
valeurs de paramètres physiques du massif rocheux. Ces analyses sont effectuées à
différentes échelles (banc, pente inter-rampe, pente globale) pour déterminer les différents
types potentiels de rupture. La conception se base aussi sur des rétro-analyses ou des
données historiques de contrôle de terrain.

De façon générale, une rétro-analyse commence par la détermination de données


quantifiables. Ensuite, les mécanismes d'instabilités potentiels sont identifiés à partir de ce
qui est observé sur le terrain ou tout simplement par hypothèses. Pour effectuer ce type
d'analyse, les caractéristiques géométriques (pentes et éléments structuraux) doivent être
déterminées en plus de la caractérisation du massif rocheux.

Une meilleure compréhension des mécanismes peut être facilitée par l'utilisation de
méthodes de calculs. La section suivante fait une brève présentation de certaines méthodes
utilisées dans les cas d'instabilités structurales.
11

2.4 Méthodes assistant une analyse de stabilité de pente

2.4.1 Méthodes cinématiques

Les méthodes cinématiques se veulent l'étude des mouvements des corps, abstraction faite
des forces qui les produisent. Une des méthodes cinématiques la plus couramment
employée est appelée méthode d'analyse stéréographique (stéréonets). Cette méthode offre
une représentation graphique en 2 dimensions de données géologiques structurales en 3
dimensions. Elle est principalement utilisée au premier moment d'une analyse de stabilité
alors que les seules données disponibles au niveau des éléments structuraux proviennent de
carottes de forage aux diamants ou de données de traverses sur des affleurements rocheux.
L'analyse graphique sur stéréonets se base sur la géométrie de la pente (pendage et
direction de pendage) et sur la géométrie des structures dominantes présentes dans le massif
(pendage, direction de pendage et angle de friction). L'analyse de la disposition des
éléments structuraux et de la pente permet de déterminer les éléments structuraux
susceptibles d'initier des instabilités et les types d'instabilités potentielles (glissement
planaire, glissement dièdre ou basculement). Cette méthode évalue la liberté de mouvement
de blocs créés à la surface de la pente le long de un ou de plusieurs éléments structuraux.
Hoek et Bray (1981) et Hudson et Harrison (1997) discutent de la méthodologie d'analyse
stéréographique. Cette méthode peut être utilisée de façon manuelle ou à l'aide de logiciels
commerciaux tel que Dips, Rocscience (2004).

Une autre méthode cinématique est appelée méthode du bloc clé critique. Cette méthode a
été développée par Goodman et Shi (1985) et utilise l'analyse stéréographique de façon
plus avancée. À partir de la configuration des éléments structuraux, elle identifie le premier
bloc susceptible de se déplacer. La perte de ce premier bloc créé un espace qui engendre le
déplacement potentiel de blocs instables dans l'entourage immédiat. Elle peut analyser un
nombre illimité de familles de fractures tandis que la forme et la position des blocs sont
facilement identifiables, Sjôberg (1999b). Cette méthode peut être utilisée de façon
manuelle ou à l'aide de logiciels commerciaux tel que Kblock, Pantechnica (2001).
12

Ces méthodes possèdent des avantages et des limitations, Stead et al. (2005). Elles sont
simples d'utilisation et permettent de déterminer les modes potentiels de rupture. De plus,
elles peuvent être combinées à des méthodes statistiques afin de déterminer des probabilités
de rupture et les volumes de roches associés. Par contre, elles négligent les déformations et
les ruptures dans le matériel, la cohésion des surfaces de glissement et la présence d'eau.

2.4.2 Méthodes des équilibres limites

2.4.2.1 Généralités

La méthode des équilibres limites consiste à calculer un facteur de sécurité en comparant


les forces et/ou moments statiques ayant pour effet de stabiliser et de déstabiliser la pente.
Ces forces incluent au minimum les forces gravitationnelles, les pressions d'eau et la
résistance mobilisée par les structures le long desquelles la rupture peut potentiellement
avoir lieu. Cette résistance au cisaillement est définie par un critère de rupture. Le rapport
entre les forces stabilisantes et déstabilisantes est appelé facteur de sécurité et est largement
utilisé au niveau des analyses de stabilité.

Un facteur de sécurité inférieur à l'unité indique que le système est instable. Un facteur de
sécurité à l'unité indique que les sommations de forces sont égales et que la pente est en
équilibre limite (au bord de la rupture). Un facteur de sécurité supérieur à l'unité indique
que la pente est stable. Il est toutefois impossible de prédire avec certitude le niveau de
risque de rupture. C'est pourquoi ces méthodes sont principalement utilisées dans un but
comparatif pour une même pente, Sjôberg (1999b).

Les principaux paramètres utilisés par cette méthode sont la géométrie de l'excavation, la
configuration des plans de glissement, la résistance au cisaillement des plans de glissement
(cohésion et angle de friction), les conditions en eau souterraine et les types de support et
soutènement utilisés.

Il existe plusieurs types d'outils employant la méthode des équilibres limites


dépendamment des types de rupture analysés : glissement planaire, glissement dièdre et
glissement circulaire. L'acquisition de données de terrain fiables est essentielle puisqu'elles
13

permettent de déterminer le type de rupture potentiel dictant le choix de l'outil le plus


approprié.

Ces méthodes possèdent des avantages et des limitations, Stead et al. (2005).
Premièrement, plusieurs logiciels sont disponibles dépendamment des types de rupture. De
plus, certains de ces outils permettent l'analyse probabilistique avec différents types de
matériel et types de soutènement en incluant les conditions en eau souterraine. Enfin, elles
permettent de déterminer des facteurs de sécurité en lien avec plusieurs paramètres
d'entrée. Par contre, le fait de déterminer la surface de rupture est une limitation majeure.
De plus, les contraintes in situ, les déformations internes et les ruptures internes du matériel
intact ne sont pas prises en compte.

2.4.2.2 Glissement planaire et dièdre

L'analyse des glissements planaires est généralement simple et est effectuée sur une
géométrie en deux dimensions. Il est possible d'utiliser des relations directes ou des
abaques qui approximent bien les solutions analytiques, Hoek et Bray (1981). Le facteur de
sécurité se détermine selon les forces en présence. Pour une analyse en deux dimensions,
un exemple des différents types de forces est présenté à la Figure 2-3.

Fracture de tension
/\ Force agissante (pression
PpS c|e l'eau)

Résistance au cisaillement x ^ JV"


/ <s^^^ ^Réduction de la force
/ s\s^ normale (pression de l'eau)

Figure 2-3 Forces agissantes pour une rupture planaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).

L'analyse des glissements dièdres s'effectue en trois dimensions. La complexité des


équations fait en sorte que cette méthode est particulièrement utilisée par l'intermédiaire de
logiciels. Parmi ceux-ci, nommons les logiciels Swedge et RocPlane, Rocscience (2004).
14

2.4.2.3 Glissement circulaire (méthode des tranches)

Les glissements circulaires sont généralement associés à des massifs rocheux très fracturés
et/ou altérés considérés comme des continuums équivalents. Malgré cela, cette méthode est
parfois utilisée avec la présence d'éléments structuraux dominants. En effet, lorsque des
surfaces potentielles de rupture multi-planaires sont rencontrées, les facteurs de sécurité de
la pente sont régulièrement calculés par la méthode des tranches, Stead et al. (2005).

La surface de rupture se doit d'être déterminée avant l'analyse. Un critère de rupture


(généralement Mohr-Coulomb) est attribué à la masse rocheuse et la zone de glissement est
divisée en tranches verticales. Pour une analyse en deux dimensions, un exemple de
différents types de forces agissantes sur chaque tranche est présenté à la Figure 2-4.

Rayon du cercle de rupture


Centre du cercle de rupture
~1 T
Tranche
/Surface de rupture

Résistance au cisaillement

Direction de la rupture
Pied de la pente 1/

Distribution de la pression de l'eau

Force extérieure

Forces agissant sur une tranche \


Force normale effective
* entre les tranches
A
W
Force de cisaillement entre les
tranches
Force de cisaillement (surface)

:i« \ Pression
Pr de l'eau Pu
I
^

Figure 2-4 Méthode des tranches avec rupture circulaire, modifiée d'après Sjôberg (1999b).
15

L'analyse par la méthode des tranches doit aussi inclure des hypothèses au niveau de la
distribution des forces normales le long de la surface de rupture, au niveau des surfaces
entre les tranches et au niveau de la direction des forces agissantes entre les tranches.
Différentes approches de résolution ont été développées selon différentes hypothèses au
niveau des conditions d'équilibre, des conditions de forces entre les tranches et de la
configuration des surfaces de rupture.

L'une des approches les plus couramment utilisée est celle de Bishop modifiée, Bishop
(1955). Cette approche néglige les forces de cisaillement entre les tranches. En
conséquence de ceci, seulement les forces verticales et les moments de forces sont
complètement satisfaits dans la solution. Des approches dites rigoureuses telles que
Morgenstern et Price (1965), Spencer (1967) et Janbu simplifiée, Janbu (1973) sont
utilisées à l'aide de logiciels numériques tel que Slide, Rocscience (2004). Ces méthodes
sont complexes à résoudre de façon manuelle puisqu'elles tiennent compte des forces en
cisaillement et des forces normales entre chaque tranche. De plus, les surfaces de rupture
peuvent avoir des configurations différentes de celles circulaires. Les limitations de cette
méthode sont diminuées par l'utilisation de logiciels notamment par des routines de
recherche de surfaces de rupture critiques, la possibilité d'effectuer l'analyse en 3
dimensions, la possibilité d'inclure la présence d'une nappe d'eau et par la possibilité
d'inclure différents types de matériel, Stead et al. (2005).

2.4.3 Méthodes numériques

2.4.3.1 Généralités

Les études de stabilité sont souvent réalisées pour des excavations de géométries
complexes situées dans un massif possédant des caractéristiques non homogènes. Les
méthodes conventionnelles, bien qu'adéquates pour certaines situations, impliquent souvent
des simplifications importantes ne permettant pas de bien cerner les mécanismes clés. Les
méthodes numériques par contre, permettent le transfert de notions géologiques et
géométriques en plus de tenir compte de paramètres essentiels souvent ignorés lors des
simplifications. Ainsi, l'anisotropie du matériel, le comportement non linéaire, les familles
16

de fractures, les contraintes in situ et la présence de paramètres tels que les vibrations des
dynamitages, les séismes (analyse dynamique) et les écoulements d'eau souterraine peuvent
être intégrés en vue de recréer les mécanismes d'instabilités. Ces méthodes permettent
l'analyse en deux ou trois dimensions. Enfin, un des grands avantages de la modélisation
numérique par rapport aux autres méthodes est qu'elle permet le calcul des déplacements et
des déformations.

La modélisation numérique ne peut par contre pas remplacer les mesures faites sur le
terrain. Un modèle construit à partir de données de mauvaises qualités ou incomplètes
procure généralement de fausses interprétations. Un modèle qui n'est pas contraint par
suffisamment de données de terrain n'est pas fiable.

2.4.3.2 Philosophie de la modélisation numérique

Les méthodes numériques permettent de mieux définir le comportement complexe d'un


massif rocheux. Par contre, les logiciels utilisant ces méthodes peuvent être complexes et
difficiles à comprendre. De plus, l'accessibilité de ces logiciels rend possible le danger
d'une mauvaise utilisation et d'une mauvaise interprétation des résultats. De plus, il est
important d'être conscient des forces et des faiblesses de ces outils en plus de comprendre
que les résultats sont des voies de solution et non des solutions absolues. La présente
section est basée sur Starfield et Cundall (1988) et discute de la philosophie particulière à
adopter en mécanique des roches pour modéliser de façon efficace et pour obtenir de bons
résultats.

La principale motivation derrière la construction d'un modèle est que le monde réel est trop
complexe pour notre compréhension. Or il ne sert à rien de créer des modèles trop
complexes. En fait, le véritable défi de la modélisation en mécanique des roches est de
déterminer quels aspects de la géologie sont essentiels au modèle. L'idée est de minimiser
les essais en laboratoire et la collecte de données de terrain qui coûtent cher en temps, en
argent et annulent les avantages de la modélisation.

C'est au niveau de la quantité de données disponibles que la modélisation en mécanique


des roches diffère des autres disciplines qui utilisent ces mêmes outils. La cause réelle de ce
17

problème est la variabilité et l'hétérogénéité des massifs rocheux dont la caractérisation


requiert davantage de données par rapport aux autres types de matériaux. En fait, les
problématiques de modélisation, selon le diagramme de Holling, peuvent être divisées en
quatre régions telles que présentées à la Figure 2-5.


1 3
• rH
a
o

C/3
ÔJ
a
a 4 2
o

>

Compréhension du problème
Figure 2-5 Classification des problèmes en modélisation, modifiée d'après Starfield et
Cundall (1988).

Dans ce diagramme, l'axe des abscisses représente le niveau de compréhension du


problème à modéliser et l'axe des ordonnées représente la quantité et la qualité des données
disponibles. La région 1 est caractérisée par une abondance de données où la
compréhension du problème est limitée. Cas rare en mécanique des roches, l'utilisation de
la statistique sera préconisée. La région 2 représente les cas où la quantité de données est
limitée et où le niveau de compréhension est élevé. Quelques situations en mécanique des
roches entrent dans cette catégorie. La région 3 est caractérisée par une abondance de
données où la compréhension du problème est bonne. La modélisation est alors possible,
valable et les résultats sont significatifs. Ces cas sont fréquents en structure et en génie
mécanique pour des analyses effectuées sur des matériaux manufacturés. La région 4
représente les cas où la quantité de données est limitée et où le niveau de compréhension est
18

faible. La plupart des problèmes en mécanique des roches font partie de cette catégorie.
Dans cette région, les problèmes sont difficiles à modéliser et à interpréter.

Cette classification met en évidence la complexité de la modélisation numérique dans le


domaine de la mécanique des roches. L'objectif à atteindre lors de la modélisation devient
alors de trouver un moyen d'appliquer un outil numérique développé pour être utilisé dans
la région 3 à des cas d'étude en mécanique des roches situés dans les régions 2 et 4.
Certains aspects de la modélisation peuvent aider à atteindre cet objectif.

En tout premier lieu, la planification de la modélisation est une étape très importante. Il est
important de savoir pourquoi l'on construit un modèle et à qu'elles questions ce dernier
essaie de répondre. De plus, les mécanismes importants, les modes de déformation et les
modes de rupture doivent être identifiés le mieux possible dès le départ (choix de la
méthode à utiliser).

En deuxième lieu, l'utilisation d'un modèle doit se faire le plus tôt possible dans un projet
pour obtenir à la fois les données (résultats) et la compréhension nécessaire.
Théoriquement, le mieux est de ne pas attendre les données de terrain car un modèle
conceptuel construit rapidement permet de sauver du temps et de l'argent avec des
expériences de terrain mieux ciblées. De plus, il est bon de créer et d'adapter le modèle le
plus simple qui permet aux mécanismes importants de se produire et qui pourraient servir
de laboratoire virtuel pour des expériences. Un modèle ne doit jamais être simulé qu'une
seule fois.

En dernier lieu, lorsque les modélisations simples ont été effectuées et que les
connaissances sont jugées satisfaisantes, il est possible de créer des modèles plus
complexes qui explorent les influences de la géologie négligées par les modèles plus
simples. Les modèles plus complexes ne conduisent généralement pas à de grandes
découvertes mais sont souvent plus esthétiques.

2.4.3.3 Approches numériques de résolution

L'avènement des ordinateurs personnels de plus en plus puissants a permis la création


d'une panoplie de logiciels faciles d'accès, peu dispendieux et qui permettent l'acquisition
19

de résultats assez rapidement. Ces programmes proviennent principalement d'algorithmes


de calculs créés dans les vingt-cinq dernières années, alors que les ordinateurs n'étaient pas
assez puissants pour les exécuter. De façon générale, ces algorithmes divisent le problème
en éléments plus petits (unités physiques et mathématiques) pour effectuer une sommation
de l'influence de chaque élément et approximer le comportement de tout le système, Hoek
étal. (1991).

Le type d'algorithme le plus communément utilisé est appelé résolution implicite et


consiste en la formulation du problème en plusieurs équations simultanées qui sont ensuite
assemblées en matrices et vecteurs. Les techniques de résolution de matrices sont ensuite
appliquées. Ce type d'algorithme est efficace pour des problèmes caractérisés par des lois
de comportement simples. Lorsque la complexité du problème demande plusieurs étapes,
reformulations d'équations et des transformations de matrices qui ralentissent l'analyse et
diminue l'efficacité des calculs, un autre type d'algorithme est employé. Ce processus est
appelé résolution explicite et ne demande pas de matrice mais un pas de temps unitaire. Il
consiste en la propagation des perturbations à partir d'un point aux autres points du
voisinage immédiat. Les perturbations se propagent à chaque pas de calculs, point par
point, jusqu'à ce que l'équilibre soit atteint dans tout le système. Cette technique est
efficace, stable et augmente la précision de résultats pour des problèmes caractérisés par
des lois de comportement complexes, Hoek et al. (1991).

Nonobstant ces deux techniques de résolution, il est possible de classer les méthodes
numériques en trois grandes classes, Stead et al. (2001). 11 s'agit des méthodes en milieux
continus composées des éléments frontières, des éléments finis et des différences finies, les
méthodes en milieux discontinus composées des éléments discrets et des méthodes hybrides
qui combinent les méthodes en milieux continus et les méthodes en milieux discontinus et
qui intègrent les principes de propagation des fractures.

2.4.3.4 Méthodes en milieux continus

Les méthodes en milieux continus sont adéquates lorsque la taille des structures contrôlant
l'instabilité est significativement plus petite que la taille de la pente. Elles ne sont par
conséquent pas appropriées lorsque l'instabilité est contrôlée par un nombre limité de
20

structures dominantes. Les mécanismes d'instabilités sont contrôlés par les déformations
internes du massif rocheux. Elles ne sont donc pas appropriées pour des massifs présentant
des systèmes de fractures susceptibles d'initier les instabilités. Jing et Hudson (2002)
résument ces méthodes et offrent une multitude d'exemples d'application.

Les méthodes des éléments finis et des différences finies sont aussi appelées méthodes
différentielles. Initialement, la masse rocheuse est divisée en zones ou sous domaines
géométriquement simples (triangles ou quadrilatères). Cette division ou discrétisation créée
un assemblage d'éléments de dimensions finies. Ensuite, des propriétés physiques (loi de
comportement du matériel) sont attribuées à chaque élément. Les charges définissant l'état
de contraintes dans le massif sont attribuées aux frontières du problème. Les calculs sont
effectués de façon à redistribuer les charges non balancées en fonction des propriétés des
éléments. Les équations de base utilisées telles que les équations différentielles d'équilibre
et les relations traduisant la continuité du milieu sont résolues au moyen d'une
approximation numérique sur chaque élément. Un nouvel état d'équilibre est alors
déterminé et le comportement collectif modèle le comportement du massif.

La principale distinction entre les méthodes des éléments finis et des différences finies
réside au niveau des équations gouvernantes qui sont dérivées de manières différentes. Les
équations découlantes sont tout de même identiques pour les deux méthodes.

Les paramètres nécessaires à la caractérisation du modèle sont la géométrie de la région


étudiée, les lois de comportement du massif (élastique, élasto-plastique), les
caractéristiques de l'eau souterraine, les critères de rupture et les conditions aux frontières.

Les méthodes en milieux continus possèdent des avantages et des limitations, Stead et al.
(2005). Ces méthodes permettent la modélisation de la déformation interne et de la rupture
interne du matériel. Elles permettent la modélisation de mécanismes complexes
d'instabilités. Il est aussi possible d'incorporer la présence d'eau souterraine. Elles
permettent aussi d'analyser les effets des variations des différents paramètres sur
l'instabilité analysée. Par contre, la zone d'influence des excavations et les conditions aux
frontières doivent être approximées. Certaines données d'entrée sont difficilement
21

mesurables et doivent parfois être mises en hypothèse. Enfin, ces méthodes ne sont pas
efficaces pour des massifs présentant un comportement non linéaire.

Dans les dernières années, la majorité des articles publiés traitant d'analyses de stabilité des
pentes en milieux continus ont utilisés trois des logiciels numériques disponibles. Le
logiciel Phase2, Rocscience (2004) emploie la méthode des éléments finis et les logiciels
Flac et Flac3D, Itasca (2004) emploient la méthode des différences finies.

2.4.3.5 Méthodes en milieux discontinus

Lorsqu'il y a présence d'éléments structuraux dominants considérés comme contrôlant


l'instabilité, il est préférable d'utiliser les méthodes en milieux discontinus aussi appelées
méthodes discrètes (DEM). La présence de fractures signifie généralement que le massif a
un comportement non linéaire. Ces éléments structuraux forment des blocs qui peuvent être
considérés comme rigides parce qu'ils sont individuellement libres de glisser ou d'effectuer
des rotations et que les déformations internes sont négligeables par rapport à celles
présentes le long des structures. Il est possible de modéliser de larges déplacements de
blocs le long des surfaces de contacts.

Les paramètres nécessaires à la conception du modèle sont la géométrie de la région


étudiée, la géométrie des éléments structuraux, les lois de comportement de la roche intacte
lorsque cette dernière est considérée déformable (élastique, élasto-plastique), les
caractéristiques de l'eau souterraine, la rigidité des structures, les lois de comportement des
structures et les conditions aux frontières.

Les méthodes en milieux discontinus possèdent des avantages et des limitations, Stead et al.
(2005). De façon générale, les méthodes discrètes permettent la modélisation de
comportements et de mécanismes complexes (combinaison du comportement du matériel et
des fractures avec la présence d'eau). De plus, elles permettent l'étude de sensibilité de
certains paramètres sur la stabilité d'une pente. Par contre, certaines caractéristiques
(rigidité normale et rigidité en cisaillement) sont généralement difficiles à déterminer sur le
terrain et ont une grande influence sur les résultats.
22

Il existe quatre types principaux de méthodes discontinues, Itasca (2003): La méthode des
éléments distincts, la méthode modale, l'analyse de déformation discontinue (DDA) et les
méthodes «momentum exchange». Bien que ces méthodes aient leurs avantages et leurs
inconvénients, elles respectent toutes les conditions suivantes qui caractérisent les
méthodes d'éléments discrets efficaces. Elles permettent des déplacements ou des rotations
finis de corps discrets (incluant des détachements de blocs). Elles reconnaissent aussi les
nouveaux contacts automatiquement au fil des calculs. Ceci implique une notion de pas de
temps.

2.4.3.6 Méthodes hybrides

Ces méthodes combinent plusieurs méthodes dans le but de profiter des forces de chacune
tout en évitant leurs faiblesses. Ces méthodes modélisent le comportement du roc intact et
les interactions le long des fractures existantes. De plus, elles intègrent les principes de
fracturation mécanique, d'initiation et de développement de nouvelles fractures. Elles
permettent donc une transition entre un milieu continu vers un milieu discontinu.

Les logiciels Elfen, Rockfield (2004), FRACOD 2D et FRACOD 3D, FRACOM (2005),
utilisent une méthode hybride. Ils incorporent la notion de propagation des fractures en plus
de permettre le remaillage au fur et à mesure que les propagations se réalisent (principes de
la mécanique de la rupture), Stead et al. (2005).

2.5 Méthode des éléments distincts

2.5.1 Généralités

La majorité des articles publiés traitant d'analyses de stabilité des pentes en milieux
discontinus utilisent la méthode des éléments distincts. Les logiciels employant cette
méthode sont UDEC (deux dimensions), Itasca (2004) et 3DEC (trois dimensions), Itasca
(2004). La méthode des éléments distincts simule le comportement d'une matrice de roches
fracturées soumise à diverses contraintes (statiques ou dynamiques). Le modèle discontinu
23

est représenté par un assemblage de blocs discrets. Les fractures sont alors considérées
comme étant des interfaces entre les blocs, des déplacements le long de ces fractures et des
rotations de blocs sont possibles. L'analyse porte sur les comportements (déplacements,
rotations) des blocs et des fractures en fonction du temps et des contraintes présentes aux
interfaces (points ou surfaces) des blocs. Il s'agit d'une méthode explicite, Itasca (2003).

La modélisation d'un système discontinu doit tenir compte de plusieurs aspects. Les
fractures peuvent être représentées par des contacts déformables d'une rigidité finie (la
pénétration des blocs est possible) ou par des contacts rigides qui ne permettent aucune
pénétration. Les blocs peuvent avoir la caractéristique d'être rigides (non déformables).
Ceci implique que les blocs ne changent pas de géométrie indépendamment des contraintes
présentes. Les blocs peuvent aussi avoir la caractéristique d'être déformables. Dans ce cas,
les blocs constituant le modèle sont subdivisés en un maillage d'éléments de différence
finie qui répondent à un champ de contraintes linéaires ou non linéaires.

Tel que mentionné plus haut, les algorithmes de calculs des déplacements des blocs et des
fractures s'effectuent selon un pas de temps. Puisque les vitesses et les accélérations sont
constantes entre chaque itération, l'intervalle unitaire de temps est considéré comme étant
assez courte pour ne pas permettre de distorsion entre les blocs et leur entourage. Les
algorithmes se basent sur l'application d'une loi contrainte-déplacement pour les fractures
(détermination des forces de contacts) et sur la deuxième loi de Newton pour les blocs
(détermination des déplacements des blocs soumis aux forces de contacts). De plus, lorsque
les blocs sont déformables, la loi de comportement du matériel agit sur les intersections des
mailles de chaque bloc. La Figure 2-6 présente un schéma simplifié du cycle de calculs de
la méthode des éléments distincts.
24

Équation mouvement (F = m„ a„ )
Nouveau pas de
calcul

/
Nouvelle vitesse et Nouvelles contraintes
déplacements (taux de ou forces
défoimatiou)

Relation contraintes-déplacement
(loi de comportement)

Figure 2-6 Cycle de calculs simplifié de la méthode des éléments distincts, modifiée
d'après Sjôberg (1999b).

De façon simplifiée, un cycle de calculs commence par la détermination des déplacements


et des vitesses de déplacement des nœuds (lorsque les blocs sont déformables). Ensuite, la
loi de comportement est appliquée pour déterminer les nouvelles contraintes ou forces.
Enfin les nouveaux déplacements sont déterminés à l'aide des équations de mouvements et
ainsi de suite.

2.5.2 Applications
2.5.2.1 Conception

La modélisation numérique utilisant les éléments distincts est largement utilisée pour
effectuer la conception de nouvelles pentes. Par exemple, à la mine Main Cresson, Pierce et
al. (2000), l'étude de stabilité des pentes pour l'approfondissement de la fosse est basée sur
les caractéristiques du roc intact, sur les caractéristiques des fractures, sur la classification
géomécanique et est assistée d'outils de modélisation numérique (FLAC et UDEC).
L'objectif est de confirmer les types de rupture possibles et de déterminer des facteurs de
sécurité reliés aux possibilités de rupture. L'analyse est effectuée en vue de déterminer si
les angles des pentes ont été planifiés adéquatement. Le logiciel FLAC est uniquement
utilisé pour l'analyse à l'échelle de la fosse où des surfaces potentielles de rupture multi-
25

planaires sont susceptibles d'être rencontrées. Le logiciel UDEC est utilisé pour l'analyse
d'instabilités structurales à une plus petite échelle (bancs).

Aussi, à la mine Chuquicamata, Flores et al. (2000), la gestion de la stabilité des pentes de
la fosse réside dans la création de huit différentes zones possédant des caractéristiques
géotechniques, géologiques et hydrogéologiques propres à leur domaine. Ce zonage est
basé premièrement sur les diverses structures établies par l'historique des ruptures
observées et par des données de terrain recueillies par des traverses ou par des forages
dirigés. Ainsi, les éléments structuraux ont été identifiés et les types de rupture ont été
répertoriés (ruptures planaires et ruptures en dièdre de magnitudes variables selon les
régions de la fosse). Une moyenne des valeurs de classification géomécanique est attribuée
à chaque zone. Lors de la conception des pentes des nouveaux développements, les études
de stabilité sont effectuées à l'aide de deux types de méthodes d'analyse. Premièrement, la
méthode des équilibres limites sert soit à l'analyse de stabilité à l'échelle d'un banc, soit à
l'analyse de stabilité à l'échelle inter rampe ou à l'ensemble de la fosse. Deuxièmement, le
logiciel UDEC est utilisé pour calibrer des modèles et déterminer les modes de rupture
possibles. Cette méthodologie de conception s'effectue systématiquement pour chaque
nouveau développement.

2.5.2.2 Rétro-analyse

La rétro-analyse est effectué à partir du moment où une instabilité est observée. Cette étude
vise à déterminer les causes d'instabilités en vue d'établir des mesures permettant de
rétablir la situation ou d'éviter que ces phénomènes ne se reproduisent. L'observation des
événements et des éléments sur le terrain est le point de départ de l'étude. De façon
générale, une rétro-analyse commence par la détermination de données quantifiables au
niveau des phénomènes observés. Ensuite, les mécanismes d'instabilités potentiels sont
identifiés à partir de ce qui est observé sur le terrain ou tout simplement par hypothèses.

Les types de données disponibles varient selon l'approche utilisée. Les mines ayant un bon
suivi des pentes installent des prismes d'arpentage sur ces dernières présentant un potentiel
d'instabilité pour en mesurer les déplacements. Ainsi, lorsqu'une rupture survient, un
historique des déplacements aidera à la validation du comportement du modèle numérique.
26

Une rétro-analyse typique utilisant de la méthode des éléments distincts a été effectuée à la
mine Highland Valley Copper, Tosney (2004). Des mécanismes de basculement à grande
échelle sont observés provoquant des déplacements constants et généralisés le long des
pentes sans qu'il y ait de ruptures majeures. Des mesures quotidiennes sur quelques
prismes d'arpentage constituent une base de données permettant de recréer l'historique des
déplacements. Dans cet exemple, ces déplacements sont coordonnés dans le temps avec les
séquences de minage et sont utilisés pour valider le comportement du modèle. L'objectif
dans ce cas ci est de simuler le comportement de la pente à partir de l'information de terrain
et la validation est basée sur les variations des taux de déplacement mesurées sur le terrain.

Lorsque les déplacements sont lents et graduels, les mesures sur le terrain sont utilisables
pour fin de validation et pour la comparaison des résultats. Par contre, lorsque la rétro-
analyse est effectuée pour une rupture soudaine et spontanée, l'objectif principal est la
simulation du comportement de terrain sans que la validation basée sur les variations des
taux de déplacement ne soit possible. Le phénomène de rupture majeure est le résultat de
l'interaction de plusieurs facteurs. Un modèle numérique ne sera pas en mesure de prédire à
quel moment la rupture se produira mais il est en mesure de recréer le mode de rupture.
Puisque les ruptures majeures surviennent normalement de façon très rapide, il y a peu de
chance que les positions des prismes d'arpentage soient prises en temps réel. L'historique
des déplacements pré rupture servira à la validation d'un modèle qui représente un état de
stabilité mais les données de déplacements ne seront pas utiles lors de la validation d'un
modèle numérique simulant une rupture soudaine. Les données de déplacements sont
généralement très utiles à la compréhension du mode de rupture mais malheureusement
rarement disponibles. Par exemple, la mine Chuquicamata, Calderôn et al. (2002) subit
périodiquement des ruptures majeures. Depuis des années, les déplacements de pentes sont
mesurés mais n'ont pas été utilisés lors de la validation du modèle puisque les
déplacements modélisés caractérisaient les ruptures majeures survenues de façon très
rapide. Le modèle ne peut alors être validé par des mesures de déplacements des pentes.
Dans ce cas, la validation est qualitative et se base principalement sur la comparaison avec
ce qui est observé sur le terrain. Les données recueillies mettront l'accent sur la
configuration de la pente au moment de la rupture. Ainsi, il sera possible de mettre en
lumière des aspects géométriques à améliorer ou de créer des abaques de ruptures en
27

fonction des paramètres de la pente. Par exemple, la mine Sauvage River, Hutchison et al.
(2000) a un lourd passé en matière de ruptures par basculement. À partir de l'historique des
ruptures, des angles critiques des pentes ont été déterminés afin d'améliorer la conception.
De plus, le modèle créé à l'aide du logiciel UDEC inclut les séquences de minage pour fin
de validation avec les déplacements observés sur le terrain. La mine Barrick Goldstrike,
Rose et al. (2000), a aussi été le lieu de ruptures majeures. On y a utilisé les historiques de
ruptures afin de créer un abaque des ruptures en fonction des hauteurs et des angles de
pente instables. La combinaison des méthodes des équilibres limites et des méthodes des
éléments distincts ont permis de valider cet abaque qui est maintenant utilisé lors de la
conception de nouvelles pentes.

Pour la rétro-analyse présentée dans ce mémoire, la méthode des éléments distincts est
utilisée afin d'améliorer les connaissances sur les mécanismes ayant contribués à la rupture.
Le logiciel 3DEC permet de créer un modèle numérique représentatif de la géométrie de la
pente et de la géologie présente dans le massif rocheux. De plus, le modèle permet
d'attribuer des propriétés mécaniques aux éléments du massif et de reproduire le mode de
rupture multi-planaires déjà connu. Enfin, le modèle est utilisé afin d'aller plus loin dans
l'analyse en vérifiant des scénarios basés sur certaines hypothèses rencontrées dans la
littérature au sujet des mécanismes de dégradation des propriétés mécaniques des fractures
et des mécanismes de fracturation interne.

2.5.2.3 Application avancée

Une limitation importante de la méthode des éléments distincts est qu'elle ne suit pas les
principes de fracturation mécanique, d'initiation et de développement de nouvelles
fractures dans le roc intact, Stead et al. (2005).

Malgré cette limitation, Corkum et Martin (2004) font une utilisation intéressante de la
méthode des éléments distincts en trois dimensions (3DEC) lors de l'analyse de l'influence
de l'étayage du pied de mur sur une pente instable. Ils introduisent le concept de modèle
multi-blocs qui consiste en la création de plusieurs plans de fractures dans une zone
d'instabilité. L'intégration de ces plans pendant les simulations recrée une fracturation
28

interne causée par de faibles déplacements et des redistributions de contraintes localisées.


Le modèle multi-blocs subdivise une zone de massif rocheux en plusieurs blocs, ce qui a
pour effet d'augmenter la liberté cinétique de cette zone. En comparant les déplacements
calculés lors des simulations avec ceux mesurés sur le terrain, les auteurs ont réussi à
démontrer que l'augmentation des déplacements peut être due à la fracturation interne du
massif en plus de la dégradation des propriétés en résistance des éléments structuraux.

2.6 Conclusion du chapitre

Certains concepts généraux entourant les analyses de stabilité des pentes ont été présentés.
De plus, différentes méthodes fréquemment utilisées pour des instabilités ou ruptures
structurales ont été détaillées. Une attention particulière a été portée sur la méthode de
résolution des éléments distincts puisque la rétro-analyse du cas d'étude présenté dans ce
mémoire sera assistée de cette méthode. Enfin, certains cas d'analyses utilisant cette
méthode de résolution ont été présentés. Ces méthodes possèdent toutes des avantages et
des limitations qui dictent leurs utilisations. De par leurs limitations, les méthodes de
calculs présentées ne permettent pas toutes de modéliser la rupture observée dans l'étude de
cas. La méthode des éléments distincts est appropriée pour simuler les mécanismes de
rupture structurale et le logiciel 3DEC est disponible à l'Université Laval.

L'élaboration d'une revue de littérature traitant de divers aspects importants d'une analyse
de stabilité et présentant diverses méthodes de calculs a été effectuée. À partir du prochain
chapitre, les différentes étapes constituant la rétro-analyse de l'instabilité seront présentées.
La première étape est celle de la collecte de données. Le prochain chapitre présente le cas
d'étude et les données disponibles.
Chapitre 3 Présentation du cas d'étude

3.1 Introduction

La mine à ciel ouvert du Mont Wright est exploitée par la Compagnie Minière Québec
Cartier depuis 1975. Elle est située à environ 400 kilomètres au nord de la ville de Port
Cartier dans la province de Québec au Canada. Il s'agit d'une mine de fer qui exploite un
gisement constitué principalement d'hématite spéculaire (spécularite). La production
annuelle moyenne de la mine est de 13 millions de tonnes de concentré de minerai de fer.
Le ratio de recouvrement moyen est de 2,6. En effet, 2,6 tonnes de minerai brut (teneur en
fer de 30 %) sont nécessaires pour produire une tonne de concentré de fer (teneur en fer de
66 %). En 2005, les réserves prouvées et probables de la mine du Mont Wright étaient
estimées à 918 millions de tonnes de minerai ayant une teneur à 30% en fer, Compagnie
Minière Québec Cartier (2005). Cette mine est considérée comme l'une des plus vaste mine
à ciel ouvert du Canada. L'exploitation s'effectue dans plusieurs fosses dont celle du
Versant Nord. Le cas d'étude présenté dans ce mémoire est localisé dans cette fosse.

3.2 Rupture observée


Le cas d'étude porte sur une rupture multi-planaires observée le 15 octobre 2004. La
rupture implique un déplacement de roc ayant un volume estimé entre 40 000 m3 et 50 000
m\ Cette rupture est survenue sur le mur sud de la fosse Versant Nord (Figure 3-1).
Quelques ruptures planaires ont été observées dans différentes fosses au fil des ans. Ces
ruptures présentaient une configuration géométrique similaire à notre cas d'étude (pente à
faciès naturel exempt de berme de sécurité). La rupture la plus importante répertoriée est
survenue dans la fosse du Paul's Peak en 1988 avec un déplacement de roches estimé à
200 000 m3. Le mode de rupture de cet effondrement est similaire à celui observé dans la
fosse du Versant Nord (rupture planaire avec délimitations latérales clairement
identifiables). Par contre, ce glissement s'est effectué le long d'une seule fracture voyant le
jour dans la pente et n'est donc pas considéré comme mufti-planaires. Il n'existe pas plus
30

d'information à propos de cet effondrement permettant de mieux comprendre les


mécanismes entourant la récente rupture.

Figure 3-1 Photo de la zone d'instabilité peu après la rupture et éléments de la zone
d'instabilité.

Au moment de la rupture, la pente n'était pas instrumentée. Il n'y a donc pas de mesures de
déplacements disponibles avant la rupture et de plus, les inspections visuelles de la pente
effectuées deux fois par année ne permettaient pas d'envisager une instabilité. Mise à part
la chute de blocs de roches observée environ cinq minutes avant l'effondrement global, peu
de signes avant coureurs peuvent être associés à la rupture. Pour cette raison, la rupture
analysée dans le cas d'étude est considérée comme étant relativement soudaine. Le mur à
faciès naturel a été créé par des activités de minage sur un intervalle de temps allant de
1988 à 1995. La période d'exposition de la portion de mur ayant subi la rupture est donc
comprise entre 9 et 16 ans. Les dimensions de la zone de glissement sont estimées à
environ 140 mètres de hauteur, 80 à 100 mètres de largeur et 3 à 5 mètres d'épaisseur,
Stewart (2004). Le glissement s'est produit partiellement le long d'une fracture appartenant
31

à l'une des familles principales. Le temps d'exposition de la pente laisse croire que la
rupture n'a pas été causée par le sous coupage du talus par une fracture principale. Si tel
avait été le cas, des ruptures auraient déjà été observées dans cette zone aux cours des
années d'exposition. Les observations laissent plutôt croire qu'une fracture discrète était
présente à la base de la zone d'instabilité délimitant ainsi la zone inférieure de glissement.
Cette fracture voyait le jour à environ un ou deux bancs au dessus du berme de sécurité
602m. Les délimitations latérales de la zone de rupture correspondent à la présence de
contacts géologiques météorisés. La pile de roches résultante de l'instabilité est composée
principalement de quartz (QMS) et d'hématite spéculante (IF) en plus d'un peu de matériel
météorisé (d'aspect sablonneux).

Les dynamitages de production ne sont pas associés directement à la rupture même si les
vibrations de ces derniers peuvent avoir contribuées à la diminution de la résistance du
massif au fil des années. De plus, cet effondrement ne peut être directement associé à des
pluies abondantes ou à des périodes de variations importantes de température. La Figure
3-2 et la Figure 3-3 présentent des graphiques de précipitations (pluie) et des températures
respectivement pour les dix jours précédents l'effondrement. Ces données proviennent de la
station météorologique Wabush Lake A située à une vingtaine de kilomètres de la fosse du
Versant Nord, Environnement Canada (2007).

La Figure 3-2 montre qu'il y a eu une période de précipitations sous forme de pluie entre le
7 et le 10 octobre, quelques jours avant l'effondrement. Par contre, aucune précipitation n'a
été enregistrée le jour précédent l'événement. Selon les observations effectuées suite à la
rupture, il semblerait qu'il n'y avait pas de présence excessive d'eau ou de glace à la paroi.
L'accumulation rapide de précipitations sous forme de pluie dans le massif n'est donc pas
une cause immédiate de la rupture.
32

05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15
Jour (Octobre 2004)

Figure 3-2 Graphique des précipitations totales quotidiennes sous forme de pluie au cours
des dix jours précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007).

I
0>

•_

I
û
a.

I 05 06 07 08 09 10 11 12 13 14 15 16
Jour (Octobre 2004)

Figure 3-3 Graphique des températures moyennes horaires au cours des dix jours
précédents l'effondrement, Environnement Canada (2007).

La Figure 3-3 montre qu'à cette période de l'année, les températures peuvent varier au
dessus et en dessous du point de congélation. Sur une période de dix jours, la magnitude
33

des variations de température est environ de 22°c. Par contre, les deux jours précédents la
rupture, la température est demeurée relativement stable, se situant entre 2°c et 8°c. Une
variation importante et soudaine des températures n'est donc pas une cause immédiate de la
rupture.

Aucune cause immédiate (séisme, dynamitage de production, pluies abondantes ou


variations importantes de température) n'a été directement associée avec le phénomène
observé. Dans cette situation, les mécanismes de rupture s'expliquent mieux par une
répétition de petits événements (altérations graduelles des propriétés des éléments
structuraux). Individuellement, ces événements sont imperceptibles et insuffisants pour
engendrer une rupture. Par contre, il est probable que l'accumulation de ces événements au
fil des années ait agit comme la cause de la rupture, Gunzburger (2005).

Cette altération graduelle des propriétés est principalement associée aux dynamitages de
production, aux pluies abondantes et aux variations importantes de température. La Figure
3-4 présente les précipitations totales mensuelles sous forme de pluie sur une période de dix
ans. Il est possible de remarquer que de façon cyclique, il n'y a pas de précipitations sous
forme de pluie lors de la saison hivernale (neige). Il y a une période plus intense de
précipitations survenant à l'été et à l'automne. Pendant ces périodes, de petits déplacements
peuvent être induits en raison d'augmentations de la pression d'eau le long des éléments
structuraux. Cette augmentation de pression diminue temporairement la résistance au
cisaillement de ces éléments. Ce même phénomène peut aussi être associé à la période de
fonte des neiges au printemps.

Dans un même ordre d'idée, la Figure 3-5 présente les températures moyennes mensuelles
sur une période de dix ans. Les variations de température sont relativement constantes à
chaque année et la magnitude moyenne est environ de 35°c. Ces variations de température
sont assez importantes pour agir sur la dégradation des propriétés des éléments structuraux.
34

180
160
140
120 +
100
80
60
40
20
0 Jl
Ni
oo
ai -3 00 VO to
Date (année)

Figure 3-4 Graphique des précipitations totales mensuelles sous forme de pluie au cours des
dix dernières années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement Canada
(2007).

20
15
10
5
0
-5
-10
ttotttttjira:ttol
-15

f
-20
-25
I y. 4 . x . i--iM--il -v ~* ■■'
IS -30
2004

2005
2002

2003

ND

ON
vp ce

Date (année)

Figure 3-5 Graphique des températures moyennes mensuelles au cours des dix dernières
années de l'exploitation de la fosse du Versant Nord, Environnement Canada (2007).
35

De façon générale, la rupture semble associée à une combinaison de facteurs qui a mené à
une diminution graduelle des propriétés du massif rocheux et finalement à l'instabilité de la
pente. Parmi ces facteurs, notons les effets cumulatifs des vibrations des sautages au pied
de la pente et les effets cumulatifs météorologiques (précipitations, variations importantes
de température). Ces effets se retrouvent sous formes d'altération graduelle des structures et
des contacts géologiques.

3.3 Données disponibles

Cette section présente l'information disponible pour définir les caractéristiques


géométriques et géotechniques de la zone étudiée. Les trois principales sources
d'informations utilisées sont le modèle géologique de la mine modélisé à l'aide du logiciel
Surpac (Surpac Minex Group (2005), le programme géotechnique de la mine, Jean (1999)
et une étude géotechnique réalisée par Piteau (1998).

3.3.1 Géométrie de la fosse Versant Nord

La fosse Versant Nord est excavée en partie dans le flanc nord d'une montagne. La fosse
est en fait constituée de deux branches de différentes profondeurs suivant la configuration
de la formation de fer spéculante (IF). La disposition des branches implique une géométrie
complexe. Cependant, cette géométrie demeure simple au niveau de la zone d'analyse
(Figure 3-6). Cette zone englobe la partie du mur sud où la rupture s'est produite et est
située dans la branche nord de la fosse.
36

Figure 3-6 Fosse du Versant Nord et zone d'analyse définie dans Surpac.

La portion nord-ouest de la zone d'analyse est caractérisée par la présence de la rampe


d'accès et d'une conception de pente en gradins avec des bermes de sécurité situées à tous
les deux ou trois bancs. Le mur sud a une hauteur totale d'environ 240 mètres et possède
deux bermes de sécurité aux niveaux 560m et 602m. La partie supérieure du mur est
caractérisée par un faciès naturel exempt de berme de sécurité. Cette conception de pente
permet de suivre les contacts géologiques ondulant. La partie supérieure du mur sud situé
dans la zone d'analyse possède un pendage assez régulier variant de 45° à 50° sur une
hauteur d'environ 140 mètres. De plus, les variations de directions de pendages de la pente
sont jugées négligeables dans cette zone.

La topographie de la zone étudiée a été obtenue via un modèle numérique de terrain (MNT)
défini dans le logiciel Surpac. Le MNT est constitué de courbes de niveaux à tous les deux
mètres. La Figure 3-7 présente le modèle numérique de terrain de la zone d'instabilité vue
en plan.
37

Le MNT de la Figure 3-7 permet d'identifier différents éléments géométriques importants.


Il est possible d'observer la délimitation du sommet ainsi que le pied du mur sud. Notons la
présence de la zone d'instabilité au niveau supérieur du mur et des bermes de sécurité au
niveau inférieur du mur. Le contour de la pile de roches résultant de l'instabilité est aussi
observable au pied du mur sud. Il est à noter que le contour de la zone d'instabilité sur le
mur sud est une approximation alors que le contour de la pile de roches résultant de
l'instabilité est basé sur des travaux d'arpentage sur le terrain. La rampe d'accès est tout
aussi facilement observable.

3.3.2 Géologie
3.3.2.1 Géologie générale

Situées dans la province géologique de Grenville, la géologie régionale se présente sous la


forme d'un grand géosynclinal composé de sédiments ayant subi de fortes déformations.
38

Selon Jean (1999), la région de la mine du Mont Wright est caractérisée par un système de
plissements très intenses où les roches sédimentaires se sont métamorphismées. Les fortes
déformations ont créées un épaississement important de la formation IF. Les couches
sédimentaires auraient été dupliquées par des plissements menant à la création de
montagnes (orogenèse). Par la suite, d'autres événements géologiques auraient encore une
fois créé des plissements dupliquant les couches.

3.3.2.2 Géologie de la fosse Versant Nord

La géologie de la fosse Versant Nord est formée de deux branches distinctes de différentes
profondeurs. Les structures majeures varient dépendamment de la branche de la fosse, Jean
(1999). Ainsi, la branche située au nord est constituée d'un pli antiforme couché avec une
extension latérale vers l'est. La branche située au sud est constituée du flanc nord d'un
grand pli synforme renversé avec une extension latérale vers le nord-est. La partie est de la
fosse est complexe puisqu'il s'agit de l'intersection de plusieurs plis synformes et
antiformes. Il est à noter que sur une échelle locale, il existe aussi des plis parasites
dispersés dans toute la fosse.

3.3.2.3 Géologie de la zone d'analyse

Les limites de la zone d'analyse sont définies à la Figure 3-6. Les données géologiques et
géotechniques sont stockées dans un modèle de blocs créé à l'aide du logiciel Surpac. Cette
base de données permet une représentation spatiale d'un massif en divisant la zone d'intérêt
en blocs de dimensions égales. Habituellement, ces modèles de blocs sont utilisés
principalement pour définir les teneurs des minéraux de valeur d'un gisement. Certaines
données géologiques et géotechniques sont attribuées aux blocs (type de roche, masse
volumique, RMR, RQD). L'attribution des valeurs aux blocs est réalisée à l'aide de
méthodes géostatistiques et est fonction des données obtenues lors des forages de
définitions. Le modèle de blocs permet d'identifier rapidement des zones qui peuvent
présentées des particularités tant aux niveaux géologique, géomécanique qu'économique.

Le modèle de blocs élaboré par la mine du Mont Wright est divisé en blocs de dimensions
égales à 10 mètres de largeur par 10 mètres de longueur par 14 mètres de hauteur qui
39

recouvrent l'ensemble du secteur de la fosse. La hauteur des blocs correspond à la hauteur


des bancs. Les données géologiques du modèle de blocs proviennent directement
d'analyses faites sur des copeaux des forages de production, des forages aux diamants et de
la cartographie de certains affleurements rocheux.

La Figure 3-8 présente les domaines géologiques de la zone d'analyse définis par le modèle
de blocs dans Surpac. 11 est possible de distinguer le mur sud ainsi que les bermes de
sécurité. D'ailleurs, la présence de la formation IF dans la partie inférieure du mur sud
montre que la conception des bermes de sécurité aux niveaux 560m et 602m a empêché la
récupération d'une partie du minerai. La partie supérieure du mur sud a été conçue de façon
à exploiter la totalité du IF. Le mur supérieur est principalement constitué de quartz
micaschiste (QMS/MS). Derrière cette formation géologique se retrouve une séquence
lithologique d'amphibolite (AMP), de gneiss felsique (GNF) et de IF. Les contacts entre
ces lithologies sont de pendages et de directions de pendage assez réguliers. Derrière cette
stratification, le massif rocheux de la zone d'analyse est principalement constitué de quartz

Figure 3-8 Géologie de la zone d'analyse définie par le modèle de blocs (Surpac).
40

En complément à l'utilisation du modèle de blocs, une photo du mur sud prise avant
l'instabilité permet de définir certaines formations géologiques exposées (Figure 3-9). Une
séquence alternante de QMS/MS, de IF et de AMP est présente à la surface du mur sud.

Figure 3-9 Formations géologiques exposées sur la paroi avant la rupture, modifiée d'après
Stewart (2004).

Les limites latérales de la zone de rupture sont définies par des contacts IF-QMS à l'est et à
l'ouest. Un phénomène d'altération (météorisation) est présent sur ces contacts
géologiques. Les zones de faibles résistances associées à l'altération auraient permis le
détachement de la roche le long des limites latérales de la zone instable.

3.3.3 Caractérisation des propriétés mécaniques

Le comportement d'un massif rocheux est complexe car il dépend des propriétés
mécaniques de tous les éléments qui le composent et des interactions entre ceux-ci. La
caractérisation des propriétés mécaniques du massif rocheux s'effectue au niveau du roc
41

intact, au niveau des éléments structuraux et au niveau du massif rocheux. Plusieurs


campagnes de collectes de données effectuées à la mine ont permis de déterminer des
valeurs moyennes de propriétés mécaniques. Seules les propriétés mécaniques utilisées
dans la rétro-analyse de l'instabilité seront présentées.

3.3.3.1 Roc intact

Les propriétés mécaniques du roc intact sont liées aux types de formations géologiques. Les
propriétés mécaniques de base du roc intact sont la masse volumique et la résistance en
compression uniaxiale. Le Tableau 3-1 présente les propriétés mécaniques de chaque type
de formation géologique caractérisant la zone d'analyse.

Tableau 3-1 Propriétés mécaniques des différentes formations géologiques.


Résistance en compression
Masse volumique
Formation géologique uniaxiale moyenne / écart-type
(kg/m3), Jean (1999)
(MPa), Piteau (1998)

Amphibolite (AMP) 2 850 136/52

Fer (IF) 3 240 91/42


Quartz (0 % à 40 % de
2 650 153/32
micas)
Quartz micaschiste (40 % à
2 650 120/43
60 % de micas)
Gneiss felsique (GNF) 2 750 133/36

Les valeurs des masses volumiques sont des moyennes pour chaque formation géologique.
La résistance en compression uniaxiale est une valeur permettant de caractériser la
résistance du roc intact. Les valeurs de résistance en compression uniaxiale sont déduites
d'une caractérisation de la rigidité de la roche effectuée sur le terrain selon les normes de
ÎTSRM (1981). De façon générale, les valeurs sont relativement élevées et le roc intact est
considéré compétent. Les valeurs d'écart-type obtenues avec cette méthode indiquent qu'il
existe une variation relativement élevée dans les résultats.
42

3.3.3.2 Familles de fracture

De façon générale, il existe trois familles de fractures principales appelées JS1, JS2 et JS3.
La famille JS1 se divise en sous familles (JS1A et JSIB) ayant le même pendage et
direction de pendage mais de persistances et de rugosités différentes, Jean (1999). La
persistance de la famille JS1A est faible (de 5 à 25 mètres) et la surface est rugueuse tandis
que la famille JSIB a une persistance de plus de 50 mètres et une surface lisse et ouverte
avec du matériel de remplissage (séricite ou minéraux mous). L'espacement varie de 1 à 5
mètres pour l'ensemble des sous familles. Cette famille est considérée dans le contrôle de la
stabilité des pentes à faciès naturel. La famille JS1 est subparallèle à la lithologie.

La direction de pendage de la famille JS2 est généralement complémentaire à la direction


de pendage de la famille JS1. La famille JS2 possède un fort pendage. De surface
généralement lisse, cette famille possède une bonne persistance. L'espacement varie entre 1
et 10 mètres avec une moyenne de 3 mètres. La famille JS3 a une direction de pendage
supplémentaire à la famille JS1 et un pendage complémentaire à cette famille. La surface
est généralement rugueuse et de faible persistance. L'espacement est généralement faible
mais peut atteindre 5 mètres.

Il n'existe pas de failles majeures permettant des déplacements. Localement, des


phénomènes d'hématisation et de chloritisation sont observés dans les systèmes de
fractures. Le Tableau 3-2 présente les propriétés mécaniques des fractures.
43

Tableau 3-2 Propriétés mécaniques des fractures, d'après Jean (1999).


Formation géologique
Propriété Unité
AMP IF QMS QR

Angle de friction base, <t>b o


27,0 25,0 22,5 25,0
(limite inférieure)
Composante de friction liée à o
14,0 - 14,5 11,0
la rugosité des surfaces
Angle de friction maximal, <1> o
41,0 - 37,0 36,0
(limite supérieure)

Cohésion MPa 0 0 0 0

La meilleure source d'informations disponibles sur les valeurs de propriétés en résistance


provient d'essais de résistance en cisaillement effectués sur des échantillons de roches
provenant des murs de la fosse du Paul's Peak et South Hill, Piteau (1998). Ces travaux
donnent des valeurs pour la résistance au cisaillement des fractures. Les essais ont été
effectués sur des échantillons de différents types de formations géologiques. Fait important
à noter, aucune distinction entre les familles de fractures n'a été effectuée. Les valeurs
d'angle de friction de base proviennent des essais de cisaillement sur des échantillons de
carottes sciées (sans aspérités et sans cohésion). Les valeurs d'angle de friction maximal
proviennent de l'addition des valeurs d'angle de friction de base et de l'estimation des
composantes de friction liées à la rugosité des surfaces, Jean (1999). Il est à noter que la
présence de matériel de remplissage présent dans les fractures justifie le choix des valeurs
de cohésion nulles.

3.3.3.3 Massif rocheux

La caractérisation du massif rocheux s'effectue à l'aide de systèmes de classification


géomécanique. Les systèmes de classification géomécanique sont des méthodes empiriques
qui utilisent différentes propriétés du massif rocheux afin de lui attribuer une valeur de
qualité. Les deux systèmes utilisés à la Mine du Mont Wright sont le «Rock Quality
44

Désignation» (RQD), Deere et al. (1988) et le «Rock Mass Rating» (RMR), Bieniawski
(1976). Ces méthodes sont standards et sont communément utilisées dans l'industrie
minière.

Le RQD, Deere et al. (1988) est une mesure du degré de fracturation du massif. Les valeurs
de RQD sont calculées à partir de carottes de forages aux diamants. Il s'agit en fait du
rapport entre la sommation des longueurs de segments de carottes supérieures à 10cm et la
longueur totale de l'échantillon de carotte.

Le RMR, Bieniawski (1976) emploi cinq paramètres qui sont fonctions de la résistance en
compression uniaxiale de la roche, le RQD, l'espacement des fractures, les conditions des
fractures et les conditions en eau souterraine. Les valeurs sont attribuées à chaque
paramètre dépendamment des conditions de terrain et la sommation des valeurs est de 100
au maximum. La classification des massifs s'effectue selon le Tableau 3-3.

Tableau 3-3 Classification des massifs selon le RMR, Bieniawski (1976).


Classe du massif RMR Qualification
I 81-100 Excellente
II 61-80 Bonne
III 41-60 moyenne
IV 21-40 Faible
V <20 Très faible

Le Tableau 3-4 présente la classification géomécanique moyenne (RQD et RMR)


caractérisant les différentes formations géologiques de la fosse du Versant Nord. Il est
important de noter que les valeurs présentées donnent uniquement un ordre de grandeur
pour ces formations géologiques. En effet, les propriétés proviennent de travaux effectués
sur des échantillons de roches provenant des murs des fosses voisines du Paul's Peak et
South Hill, Piteau (1998).
45

Tableau 3-4 Classification géomécanique des formations géologiques, Piteau (1998).


Qualification
Formation géologique RQD RMR1976
Du RMR
Amphibolite (AMP) 93 80 Excellente

Fer (IF) 91 73 Bonne

Quartz, QR (0 à 40 % de micas) 91 79 Bonne

Quartz micaschiste, QMS (40 à 60 % de micas) 88 73 Bonne

Gneiss felsique (GNF) 91 79 Bonne

Les valeurs moyennes de RQD vont de moyennes à bonnes. Les valeurs moyennes de
RMR76 variant de 73 à 80, on peut dire qu'en pratique il n'y a pas de différence de qualité
de la masse rocheuse qui peut être qualifiée de bonne dans toutes les formations
géologiques.

3.4 Conclusion du chapitre

Une rupture multi-planaires relativement soudaine d'environ 50 000 m3 est survenue à la


mine du Mont Wright. Le glissement s'est produit principalement le long d'une fracture
d'une famille principale. Les observations laissent croire qu'une fracture discrète était
présente à la base de la zone d'instabilité. Les contacts géologiques à la surface du mur sud
ont permis de délimiter latéralement la zone de d'instabilité. De façon générale, la rupture
semble associée à une combinaison de facteurs qui a mené à une diminution graduelle des
propriétés du massif rocheux et finalement à l'instabilité de la pente. Parmi ces facteurs,
notons les effets cumulatifs des vibrations des sautages au pied de la pente et les effets
cumulatifs météorologiques (précipitations, variations importantes de température). Ces
effets se retrouvent sous formes d'altération graduelle des structures et des contacts
géologiques.

Les trois principales sources d'informations utilisées pour définir la zone étudiée sont le
modèle géologique de la mine modélisé à l'aide du logiciel Surpac (Surpac Minex Group
46

(2005), le programme géotechnique de la mine, Jean (1999) et une étude géotechnique


réalisée par Piteau (1998). À l'aide du logiciel Surpac, le modèle numérique de terrain a
permis de déterminer la configuration spatiale de la zone d'analyse. Le modèle de blocs a
permis de déterminer la répartition spatiale des formations géologiques et des contacts
géologiques présentes dans cette zone. Les différents ouvrages géotechniques ont permis
d'interpoler les propriétés mécaniques des différentes composantes du massif rocheux à
partir d'études effectuées dans différentes fosses de la mine. Ces propriétés ne proviennent
pas du massif rocheux de la fosse du Versant Nord mais constituent un point de départ
relativement fiable pour la rétro-analyse de l'instabilité observée.

À partir des informations présentées dans ce chapitre, il est possible de commencer la rétro-
analyse de l'instabilité. Cette étude de cas est particulière puisque les données de terrain
disponibles proviennent principalement d'informations contenues dans l'outil de
conception minier Surpac. L'utilisation appropriée de cette importante source
d'informations requiert plusieurs étapes de manipulations et de modifications. Pour cette
raison, le deuxième objectif principal de ce mémoire est la création d'une méthodologie
permettant l'utilisation efficace de données géométriques et géologiques numériques. Le
chapitre suivant présente cette méthodologie de conception de modèle numérique avec le
logiciel 3DEC.
Chapitre 4 Intégration des données minières dans le
modèle 3DEC

4.1 Introduction
Une rétro-analyse est effectuée afin de déterminer les mécanismes importants de la rupture.
Cette rétro-analyse est réalisée en partie à l'aide de l'outil de modélisation numérique
3DEC, Itasca (2004). Ce logiciel utilise la méthode de résolution des éléments distincts en
trois dimensions. Cette méthode de résolution permet la simulation de grands déplacements
de blocs le long de surfaces de glissement dans un milieu non continu. Le choix de cette
méthode est principalement justifié par le fait que la zone de rupture est délimitée par
divers éléments structuraux (fractures et contacts géologiques) et que le déplacement s'est
produit le long de certains de ces éléments. De plus, l'utilisation d'une méthode en trois
dimensions permet la délimitation latérale de la zone de rupture constituée de contacts
géologiques météorisés. Il est à noter que ces contacts latéraux ne contrôlent pas
nécessairement la rupture mais constituent des informations, déjà disponibles en trois
dimensions. Ce chapitre présente la méthodologie de conception du modèle numérique et la
détermination de l'état d'équilibre du modèle.

La conception d'un modèle numérique avec le logiciel 3DEC requiert la définition de la


géométrie et des limites physiques de la zone d'analyse. La zone d'analyse correspond à la
partie de la fosse qui sera l'objet d'une modélisation. La création du modèle 3DEC
implique aussi la répartition spatiale des plans de glissement représentant les contacts
géologiques qui séparent les principales formations géologiques ainsi que les éléments
structuraux jouant un rôle dans la rupture. Des propriétés mécaniques sont attribuées au roc
intact et aux différents types de plans de glissement. Enfin, la détermination de l'état limite
de stabilité de la pente est effectuée à l'aide de la méthode des facteurs de réduction de
résistance, Dawson et al. (1999). Cette méthode permet de déterminer certaines valeurs de
propriétés inconnues.
48

4.2 Conception du modèle

4.2.1 Géométrie du modèle

Le modèle numérique de terrain (MNT) de la fosse Versant Nord fait partie des données
disponibles de la mine. La Figure 4-1 présente les étapes de manipulations du MNT
provenant du logiciel Surpac Vision, Surpac Minex Group (2005).

1. Définition des limites de la zone d'analyse.

Figure 4-1 Étapes de manipulations des données géométriques disponibles.


49

Les étapes de manipulations consistent principalement en la simplification du MNT avant


la création du modèle numérique dans 3DEC. Cette simplification se résume en la
détermination d'une zone d'analyse de façon à diminuer la dimension du modèle et en une
simplification de la géométrie selon les courbes d'élévations. Les limites de la zone
d'analyse sont ensuite définies.

4.2.1.1 Définition de la zone d'analyse

Plus la dimension d'un modèle sera importante, plus le temps de simulation sera long,
Starfield et Cundall (1988). Il s'agit d'un facteur important à considérer lors du
dimensionnement de la zone d'analyse. Les limites du modèle sont fonctions des
dimensions de la zone d'instabilité. Le modèle est constitué de limites assez distantes de la
zone de rupture de façon à ne pas influencer son comportement.

Les limites du modèle sont sélectionnées selon des considérations typiques de


dimensionnement de modèles, Lorig (2000). Selon une coupe longitudinale (Figure 4-2), la
hauteur de la base du modèle est plus élevée que la moitié de la hauteur de la projection de
la pente selon la verticale (H). De plus, la longueur à l'arrière du sommet de la pente est
plus élevée que la longueur de la projection de la pente selon l'horizontale (W).

W >W
r4 M ►

4 188m 210m

226m
:

a
t \
A
120m
i
Figure 4-2 Dimensions minimales pour un modèle en 2 dimensions, modifiée d'après Lorig
(2000).
50

Ces règles de dimensionnement sont proposées pour des modèles numériques utilisant la
méthode de résolution des éléments finis. Dans le cas d'une méthode en milieu discontinu,
l'influence des frontières sur le comportement du modèle est différente (zone d'influence
non linéaire). Les dimensions du modèle pourraient donc être inférieures sans modifier les
résultats. Les dimensions déterminées précédemment permettent une meilleure
comparaison de la géologie entre le modèle 3DEC et le modèle de blocs de Surpac.

Selon la Figure 4-2, la hauteur de la projection de la pente selon la verticale (H) est
d'environ de 226 mètres alors que la hauteur déterminée de la base est d'environ de 120
mètres. De plus, la longueur de la projection de la pente selon l'horizontale (W) est
d'environ de 188 mètres tandis que la longueur déterminée à l'arrière du sommet de la
pente est d'environ de 210 mètres.

La largeur de la zone d'analyse est considérée adéquate en ajoutant un minimum de 100


mètres de chaque côté de l'instabilité (modèle en 3 dimensions). La largeur de la zone de
rupture est comprise entre 80 et 100 mètres. La largeur globale du modèle d'environ 400
mètres pour une longueur d'environ 510 mètres. La sélection de la zone d'analyse à partir
du MNT de la fosse Versant Nord est présentée à la Figure 4-1.

4.2.1.2 Simplification du modèle numérique de terrain

Le MNT donne une représentation de la fosse avec une précision de l'ordre de 2 mètres et
provient d'informations de photographies aériennes prises annuellement. Ce haut niveau de
précision n'est pas nécessaire dans le modèle numérique 3DEC. De façon à simplifier la
géométrie, seuls les éléments jugés importants sont pris en considération. La configuration
générale de la pente et la présence de deux bermes de sécurité constituent les éléments
importants de la géométrie de la zone d'analyse. Le MNT est simplifié essentiellement par
la suppression de courbes d'élévations.

Une attention particulière doit être portée aux courbes d'élévations près des bermes de
sécurité. La configuration de ces courbes inclut des amoncellements de roches accumulés
avec le temps sur les bermes (Figure 4-3). Les bermes ne sont donc pas horizontales
comme lors de leur planification. La stratégie employée pour obtenir des bermes de sécurité
51

simplifiées consiste à conserver les segments adjacents à celui situé sur l'élévation planifiée
de la berme. Par exemple, pour la berme située à l'élévation 602m, les segments situés aux
élévations 600m et 604m sont conservés. Le positionnement de ces deux courbes à la même
élévation (602m) permet d'obtenir une configuration idéalisée de la berme. (Figure 4-3).

SMLXH MkZ.

Si 3mmet du mur Se mmet du mur


/

anz- 2»i.j
\

UfeZ
V Pied du mur
fttJL
Pied du mur

Berme 6( l
Bel)2rr/
/
/
\1 À r
Berme 6C2nr
Berme 560m
/^ NL^
*<ft» iSÛL-,
•me 560rrr t E

1 \ | î
Avant Après
Figure 4-3 Configuration de la pente avant et après la simplification (Section 2300E).

La Figure 4-3 montre que la simplification du MNT selon les courbes d'élévations modifie
peu la géométrie de la pente. Le sommet et le pied de la pente demeure à la même élévation
et la configuration générale de la pente demeure similaire. Seuls les bermes de sécurité
sont mieux définies. La différence majeure réside dans le nombre de courbes d'élévations
utilisé pour définir la géométrie de la pente.

L'utilisation de courbes d'élévations demeure un avantage au niveau de la conception du


modèle numérique 3DEC. En effet, la création du modèle s'effectue par la superposition de
tranches horizontales. En définissant la forme des contours des tranches avec les courbes
d'élévations, le modèle numérique 3DEC garde les mêmes caractéristiques géométriques
que le MNT.
52

Les courbes d'élévations sont initialement représentées par un segment ouvert reliant des
points de coordonnées géographiques. De façon à bien délimiter le contour des tranches,
chaque courbe d'élévations est fermée selon un rectangle de même dimension que la zone
d'analyse (Figure 4-4).

Figure 4-4 Contours des limites selon la zone d'analyse.

À travers différentes étapes de modification, le transfert des données géométriques


s'effectue directement entre les outils numériques. L'avantage d'utiliser ces données
numériques est qu'elles sont déjà existantes et facilement manipulables. La perte de temps
associée à la création de la géométrie s'en trouve diminuée. Les différences mineures
observées sont principalement dues aux simplifications.

4.2.1.3 Création de la géométrie du modèle 3DEC

Il existe différentes façons de concevoir la géométrie d'un modèle avec le logiciel 3DEC.
La méthode sélectionnée consiste à utiliser un générateur de polyèdres. L'application
PGEN, Itasca (2004), permet la création de polyèdres à partir des courbes d'élévations du
logiciel Surpac. La création de la géométrie de la zone d'analyse est effectuée en
53

superposant plusieurs tranches les unes sur les autres. Chaque tranche est constituée de
deux courbes d'élévations de niveaux adjacents. La courbe de niveaux d'élévation
inférieure définie le contour de la base de la tranche et la courbe de niveaux d'élévation
supérieure définie le contour du sommet de la tranche. La tranche créée est en fait un
polyèdre constitué de plusieurs faces. Les côtés communs de chaque face sont des arêtes
reliant les points de coordonnées géographiques des deux courbes d'élévations adjacentes.
La Figure 4-5 présente les étapes de manipulations de la géométrie pour une tranche.

Figure 4-5 Étapes de manipulations de la géométrie pour une tranche.


54

Les étapes de manipulations consistent essentiellement en la diminution du nombre de


points de chaque courbe d'élévations. Une grande quantité de points en lien avec la
précision des courbes d'élévations est observable (Figure 4-5). L'étape de simplification
permet de diminuer le nombre de points tout en préservant une géométrie acceptable. De
plus, les points de la courbe de niveau inférieure ne sont pas alignés avec les points de la
courbe de niveau supérieure. La génération des faces du polyèdre joint les points les plus
près entre eux pour créer les arêtes. Le manque d'alignement des points engendre des
formes complexes ne représentant pas nécessairement la géométrie désirée. Une étape de
modification manuelle permet de supprimer, d'ajouter ou de changer la position des points
afin d'améliorer l'alignement de ceux-ci (Figure 4-5).

La tranche globale résultante de la génération des faces est de forme rectangulaire et est
constituée de deux polyèdres enchevêtrés (Figure 4-6). Le polyèdre délimitant la zone
d'analyse (zone bleu) est situé à l'intérieur du polyèdre formant la tranche (zone verte). Les
limites du polyèdre externe sont définies par les dimensions de la boîte externe (limites
rectangulaires globales de la tranche). Pour des raisons de contraintes de conception avec le
logiciel 3DEC, la définition de ces limites est nécessaire. La boîte de proximité est située
dans le polyèdre externe et sert à l'enchevêtrement des deux polyèdres.

Figure 4-6 Génération d'une tranche composée de deux polyèdres (PGEN).


55

La Figure 4-6 montre les deux polyèdres formant la tranche rectangulaire et une vue
agrandie du polyèdre de la zone d'analyse. Il est possible d'observer la simplification de la
rampe et des murs prédécoupés (gradins) au nord-ouest de la fosse (zone peu importante
pour l'analyse de l'instabilité). Les opérations de manipulations sont répétées pour toutes
les courbes d'élévations de manière à définir tout le modèle numérique 3DEC. La Figure
4-7 présente la géométrie globale de la zone d'analyse.

Figure 4-7 Vues orthogonales de la géométrie du modèle 3DEC.

Le modèle est simplifié de façon à ce que seuls les éléments importants soient présents. Les
configurations des deux bermes de sécurité et du mur sud correspondent bien à celles
présentes sur le terrain malgré la diminution de précision. Les limites du modèle
correspondent à celles de la zone d'analyse. L'utilisation de l'application PGEN est utile
pour des géométries complexes mais demande tout de même une étape de simplification de
la géométrie. La génération de polyèdres de formes trop complexes produit des blocs de
formes irrégulières difficiles à couper avec des plans de glissement, Itasca (2004). Ceci
peut nuire à la création des contacts géologiques et des éléments structuraux.
56

4.2.2 Géologie du modèle

Le modèle de blocs de Surpac fait partie des données disponibles de la mine et procure
l'information de départ de la géologie. La Figure 4-8 présente les étapes de manipulations
de la géologie avec les données du modèle de blocs.

Figure 4-8 Étapes de manipulations des données géologiques disponibles.

La définition de la géologie consiste en la répartition des différentes formations


géologiques dans l'espace du modèle 3DEC. Les étapes de manipulations des données
géologiques disponibles se résument en la division de l'espace de la zone d'analyse avec
des plans. Ces plans représentent les contacts géologiques délimitant les différentes
formations géologiques. Initialement, le modèle de blocs représente la région de la fosse du
57

Versant Nord. La géologie globale de la fosse est complexe mais se simplifie au niveau de
la zone d'analyse (Figure 4-8).

4.2.2.1 Définition des contacts géologiques

La géologie de la zone d'analyse est caractérisée par une séquence lithologique de quartz
micaschiste (QMS), d'amphibolite (AMP), de gneiss felsique (GNF) et de fer spécularite
(IF). À l'échelle de la zone d'analyse, les contacts entre ces formations géologiques sont de
pendages et de directions de pendage assez réguliers malgré certaines variations. En règle
générale, un même contact est décomposable en plusieurs zones distinctes de pendages et
de directions de pendage relativement réguliers. L'exemple suivant montre la définition
d'un contact géologique impliquant une décomposition en plusieurs zones. L'exemple est
illustré pour le contact géologique entre le quartz (QR) et le IF. La Figure 4-9 présente la
formation de QR et le contact géologique constitué de trois zones de pendages et de
directions de pendages distincts.

Figure 4-9 Zones de pendages et directions de pendage différents sur le contact QR/IF.

La méthodologie considérée la plus simple consiste tout d'abord à représenter la formation


géologique par des courbes d'élévations. Dans le cas de la formation du QR, un intervalle
de 50 mètres entre les courbes est jugé adéquat puisque les pendages et directions de
58

pendage sont réguliers pour chaque zone (Figure 4-9). En partant de l'hypothèse que les
différentes zones sont planaires et régulières sur une certaine superficie, il suffit de trouver
les coordonnées de trois points sur chaque plan. Pour l'exemple en cours, des plans à trois
points (triangles) sont créés pour les zones 1 et 2. La zone 3 n'est pas déterminée pour fin
de simplification dans la création du modèle 3DEC. La sélection de trois points de courbes
d'élévations permet de représenter un plan en créant un segment de forme triangulaire
(Figure 4-10). Ces points relient les courbes d'élévations de façon à créer un triangle le plus
grand possible en fonction de la superficie de la zone jugée régulière.

Figure 4-10 Plans définissant le contact QR/IF.

La Figure 4-10 présente quatre triangles ayant chacun deux côtés communs et créant une
forme globale de losange. La ligne de séparation verticale du losange passe par la limite de
changement de direction de pendage des deux zones. Chaque zone (zones 1 et 2) est
représentée par un triangle inférieur et supérieur (séparation horizontale du losange). Cette
méthode permet de séparer la zone en deux régions n'ayant pas le même pendage sans
toutefois modifier la direction de pendage. Ainsi, les contacts géologiques sont caractérisés
par plusieurs zones de pendages différents. Il n'est pas conseillé de trop subdiviser un
contact puisque l'intégration d'un trop grand nombre de plans dans le modèle 3DEC
engendre des problèmes de conception et de simulation.
59

L'avantage de créer des triangles adjacents est que plusieurs points sont communs et il
n'est donc pas nécessaire de déterminer toutes les coordonnées de chaque triangle. Pour les
quatre triangles de l'exemple, la détermination de coordonnées de cinq points est
nécessaire. La création de quatre triangles séparés aurait demandé la détermination de
douze points. L'introduction des plans dans le modèle 3DEC nécessite uniquement les
valeurs de coordonnées en X, Y et Z de trois points. Les opérations de manipulations sont
répétées pour tous les contacts géologiques de façon à diviser toutes les formations
géologiques de la zone d'analyse.

4.2.2.2 Création de la géologie du modèle 3DEC

La division du modèle 3DEC selon les contacts géologiques différencie les formations
géologiques. L'intérêt de cette séparation réside dans l'attribution des propriétés
mécaniques qui diffèrent d'un type de matériel à l'autre. La Figure 4-11 présente la
géologie intégrée dans le modèle 3DEC selon l'information fournie par le modèle de blocs
de Surpac.

Figure 4-11 Géologie du modèle 3DEC en fonction de l'information du modèle de blocs.


60

De façon générale, la configuration de la géologie du modèle 3DEC correspond bien avec


celle du modèle de blocs. Des différences sont observables dans des zones complexes où la
géologie n'est pas planaire. La zone où les différences sont les plus évidentes se situe à la
surface du mur sud. Le modèle de blocs présente cette zone avec une alternance de AMP et
de QMS alors que le modèle 3DEC présente un mur sud constitué uniquement de QMS.
Ceci s'explique par le fait que les dimensions des blocs unitaires du modèle de blocs sont
de 10 mètres alors que l'épaisseur des différentes formations géologiques exposées à la
surface du mur est de dimension inférieure. De façon à préciser la géologie exposée sur le
mur sud, une photo de la fosse est utilisée. La Figure 4-12 présente le résultat de
l'intégration des contacts géologiques sur la face du mur sud selon les observations de
terrain.

Figure 4-12 Géologie du mur sud du modèle 3DEC selon l'information de terrain.

La photo du mur sud, prise avant la rupture, a été présentée à la section 3.3.2.3 Géologie de
la zone d'analyse. La séquence de QMS, de IF et de AMP correspond à la géologie plus
spécifique de la zone de rupture. Les contacts entre ces formations géologiques sont
intégrés dans le modèle 3DEC en respectant les dimensions estimées de la zone de rupture.
61

4.2.2.3 Définition des éléments structuraux

Les éléments structuraux associés à la rupture sont de différentes natures. Les limites
latérales de la zone de rupture sont constituées de zones d'altération présentes aux environs
des contacts géologiques entre le IF et le QMS. Ces contacts sont représentés dans le
modèle 3DEC par des plans de glissement avec un pendage de 90° (vertical) et de direction
de pendage perpendiculaire à celle de la pente. Les zones d'altération sont de faibles
résistances par rapport au roc intact. Le glissement s'est effectué le long de deux plans de
glissement différents (surface de rupture multi-planaires). En d'autres termes, le glissement
de la roche s'est partiellement produit le long d'une fracture de la famille JSl subparallèle à
la pente. Le glissement s'est aussi partiellement produit le long d'un plan de glissement
situé à la base de la rupture (Figure 4-13).

Figure 4-13 Délimitation de la zone de rupture dans le modèle 3DEC (Regard vers l'est).

La fracture de la famille JSl est intégrée seule dans le modèle (Figure 4-13). L'espacement
caractéristique de la famille de fractures JSl varie entre 1 et 5 mètres, Jean (1999). Afin de
simplifier le modèle et puisqu'il est reconnu que le glissement s'est produit partiellement le
long d'une seule de ces fractures, il n'est pas jugé nécessaire d'introduire toutes les
fractures faisant partie de cette famille. La fracture de la famille JSl est représentée dans le
modèle 3DEC par un plan possédant une direction de pendage subparallèle à celle de la
62

pente et un pendage de 49°. Le positionnement de la fracture permet d'obtenir une tranche


de roche d'environ 5 mètres d'épaisseur. Conformément à ce qui est observé sur le terrain,
le plan de glissement à la base de la rupture voit le jour dans la pente à environ deux ou
trois bancs au dessus de la berme de sécurité du niveau 602m. Puisque la configuration de
ce plan est inconnue, deux hypothèses arbitraires mais plausibles de configurations seront
utilisées afin de la représenter dans le modèle 3DEC (Figure 4-14). Ces deux hypothèses
s'inspirent de configurations de rupture multi-planaires rencontrées dans la littérature,
Stead et al. (1997). Dans les deux cas, la base est positionnée de façon à respecter la
hauteur déterminée de la zone de rupture (environ 140 mètres).

La première hypothèse représente le plan de glissement par une fracture discrète persistante
sur toute la longueur de la base de la zone de rupture. Cette configuration possède une
direction de pendage subparallèle à la famille de fractures JSl et un pendage d'environ 35°.

La deuxième hypothèse représente le plan de glissement par plusieurs fractures discrètes


non persistantes séparées par un pont rocheux. Cette configuration est représentée dans le
modèle numérique par deux plans ayant un pendage de 30° et une direction de pendage
subparallèle à la fracture de la famille JSl. La fracture inférieure voit le jour dans la pente
et la fracture supérieure intercepte la fracture JS1. Ces deux plans sont reliés par un plan
ayant un pendage de 70° et une direction de pendage subparallèle à la fracture de la famille
JSl. Cette valeur a été choisie arbitrairement puisqu'il n'était pas possible de contraindre la
géométrie de ce plan à partir d'observations post-rupture. Ce plan de fort pendage est situé
au niveau du pont de roc intact. Il est intégré lors de la création du modèle (avant les
simulations) en vue de reproduire ultérieurement la fracturation interne du pont rocheux.
63

Figure 4-14 Représentations du plan de glissement à la base de la rupture (Section 2270E).

Les caractéristiques géométriques des deux configurations suggérées sont principalement


fondées sur des hypothèses puisque la configuration à la base de la zone de rupture est
inconnue. À partir de ce stade, la répartition spatiale du modèle numérique de 3DEC est
définie complètement au niveau de la géométrie et de la géologie. L'attribution des
propriétés mécaniques de toutes les composantes du modèle est la prochaine étape.

4.2.3 Attribution des propriétés mécaniques

Dans le cas d'analyse par la méthode des éléments distincts, les propriétés mécaniques sont
attribuées aux formations géologiques, aux contacts géologiques et aux fractures. Le
modèle numérique de 3DEC est un assemblage de blocs de roc intact (formations
géologiques) dont les configurations sont définies par des plans (contacts géologiques
altérés ou fractures).
64

4.2.3.1 Propriétés des blocs (roc intact)

La division du modèle 3DEC selon les différentes formations géologiques permet


d'attribuer les valeurs de propriétés à chaque unité géologique. La seule propriété à
attribuer aux blocs intacts est la masse volumique de la roche en kg/m3. Les masses
volumiques de chaque type de formations géologiques sont attribuées en respectant les
valeurs présentées à la section 3.3.3.1 Roc intact.

La masse volumique de la roche est la seule propriété attribuée. Donc la partie roc intact du
modèle est considérée comme étant rigide (pas de déformation interne). Le choix de cette
rigidité s'explique par le fait que les déplacements se sont produits le long des éléments
structuraux (fractures et contacts géologiques altérés). La rupture est structurale ce qui
implique que les déformations du massif rocheux sont négligeables par rapport aux
déplacements le long des éléments structuraux. De plus, les valeurs de RMR des formations
géologiques impliquées dans la rupture sont considérées comme étant bonnes à excellentes
(la représentation du massif rocheux par des blocs de roc intact est acceptable). Enfin, la
pente est située en surface indiquant que les faibles contraintes en présences impliquent des
déformations négligeables dans le massif rocheux.

4.2.3.2 Propriétés des fractures et contacts géologiques

Les fractures et les contacts géologiques altérés sont représentés dans le modèle par des
plans de glissement. Le modèle de glissement de Coulomb est choisi pour représenter le
comportement de tous les plans de glissement. Les paramètres de résistance au cisaillement
(angle de friction, O et cohésion, c) sont utilisés dans la relation du modèle de glissement
de Coulomb. Cette relation détermine si l'état de contraintes en présence excèdent la
résistance au cisaillement des éléments structuraux et donc s'il y a déplacement ou non des
blocs. De plus, les propriétés de rigidité normale (kn) et de rigidité en cisaillement (ks)
dictent le comportement en déplacement des blocs le long des fractures (déformation
linéaire élastique). Des valeurs de propriétés mécaniques sont attribuées à chaque type
d'éléments structuraux (Tableau 4-1).
65

Tableau 4-1 Propriétés mécaniques des éléments structuraux.

Élément structural Propriété Symbole Valeur Unité


Rigidité normale kn 2 GPa/m
Rigidité cisaillement ks 0,5 GPa/m
Fracture JS1 Angle de friction <ï> 40 O

Cohésion des joints c 0 MPa


Résistance en tension ts 0 MPa
Rigidité normale kn 1 GPa/m
Rigidité cisaillement ks 0,25 GPa/m
Plans de faiblesse (contacts
géologiques altérés)
Angle de friction o 35 0

Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa
Rigidité normale kn 2 GPa/m
Fractures planaires Rigidité cisaillement ks 0,5 GPa/m
persistantes et non
Angle de friction1 o 40 o
persistantes à la base de la
rupture Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa
Rigidité normale kn 4 GPa/m
Rigidité cisaillement ks 1 GPa/m
Contacts géologiques dans le
reste du modèle (par défaut)
Angle de friction a> 40 0

Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa

Les valeurs de kn et de ks sont sélectionnées en fonction de différents essais effectués sur le


modèle. Les valeurs en rigidité des contacts géologiques sont deux fois moins élevées que
celles de la fracture JS1 et du plan de glissement à la base. Il en a été décidé ainsi en raison
du caractère altéré des contacts géologiques. De faibles valeurs de rigidité facilitent
l'initiation des déplacements, Kulatilake (1993). Les autres contacts géologiques présents
dans le modèle ont des valeurs de rigidité plus élevées. Ces contacts ne sont pas impliqués
dans la zone de rupture. De façon générale, des valeurs de rigidité sont difficiles à
déterminer. Il est reconnu que la valeur de ks est plus petite que celle du kn. Tosney (2004)
suggère des valeurs de kn quatre fois plus grand que les valeurs de ks. La rigidité des
fractures influence principalement les déplacements avant un glissement, Sjôberg (1999b).
Ces déplacements sont négligeables lorsque le glissement implique des déplacements de

' Valeur d'angle de friction calculée lors de la détermination de l'état d'équilibre du modèle.
66

plusieurs mètres. Par exemple, Corkum et Martin (2004) montrent dans leur étude de cas
que des valeurs de ks variant de 0,005 GPa/m à 0,1 GPa/m donnent des déplacements de
l'ordre du centimètre.

Les valeurs des angles de friction (O) de la famille JS1, des contacts géologiques et des
autres contacts dans le modèle sont sélectionnées en respect avec les fourchettes de valeurs
présentée à la section 3.3.3.2 Familles de fracture. La valeur de O de la famille JS1
correspond environ à la limite supérieure de la fourchette tandis que la valeur de O des
contacts géologiques correspond environ à la limite inférieure de la fourchette de valeurs.
La valeur plus faible attribuée aux contacts géologiques est considérée adéquate afin de
tenir compte de leur caractère altéré. La valeur de O de la fracture à la base a été
déterminée lors de la détermination de l'état d'équilibre du modèle (voir section 4.3 État
d'équilibre). Tous les éléments structuraux du modèle 3DEC possèdent une cohésion (c) et
une résistance en tension (ts) nulles en respect avec les données disponibles.

4.2.3.3 Conditions initiales

Puisque le roc intact du modèle est considéré rigide, la seule condition initiale à spécifier
est l'accélération gravitationnelle. Une vitesse nulle est attribuée aux frontières latérales et
à la base du modèle.

Il est à noter que l'insertion de l'accélération gravitationnelle implique une étape


supplémentaire de manipulations sur le modèle. Avant d'effectuer les simulations, il est
nécessaire d'effectuer des cycles de calculs afin de répartir les contraintes dues à la gravité
dans le modèle et ainsi obtenir un état d'équilibre initial. Afin d'éviter tout glissement ou
séparation de blocs lors de l'atteinte de l'équilibre sous le chargement de la gravité, des
valeurs élevées de cohésion et de résistance en tension sont temporairement attribuées à
tous les éléments structuraux.
67

4.2.3.4 Points de mesure

Afin de mesurer les déplacements et de s'assurer de la validité de ces derniers lors des
simulations, 15 points de mesure de déplacement ont été ajoutés au modèle le long de la
fracture de la famille JS1 (Figure 4-15).

Figure 4-15 Répartition des points de mesure le long de la fracture JS1 (Zone de rupture
avec fractures non persistantes à la base, regard vers le nord).

Le positionnement des points de mesure sont les mêmes pour les deux types de
configuration à la base de la zone de rupture. Ces points de mesure sont interprétés par la
fonction History, Itasca (2004) qui permet l'acquisition des données de déplacement tout au
long des simulations. Il est ensuite simple de tracer des graphiques d'analyse.

4.3 État d'équilibre


Les données disponibles de la mine au niveau des propriétés mécaniques des fractures
permettent d'attribuer des valeurs justifiables à presque tous les éléments structuraux. Les
propriétés mécaniques des plans de glissement situés à la base de la zone de rupture sont
par contre inconnues.
68

Les valeurs de kn et de ks des plans de glissement à la base de la rupture présentées au


Tableau 4-1 sont déterminées selon différents essais effectués sur le modèle. Ces valeurs
sont du même ordre de grandeur que les valeurs de rigidité des autres éléments structuraux.
La valeur de O des plans de glissement est déterminée selon la méthode des facteurs de
réduction de résistance en cisaillement (FRR) telle que proposée par Dawson et al. (1999).
Le FRR est une analyse de sensibilité permettant de déterminer le facteur de sécurité (FS) à
l'état limite de stabilité de la pente. Selon cette méthode, le FS peut être calculé par le
rapport entre la résistance en cisaillement réelle du plan de glissement (x) et la résistance
limite en cisaillement du plan de glissement à la rupture (tf). Le modèle de glissement de
Coulomb est utilisé pour caractériser la résistance au cisaillement du plan de glissement,
Équation (4.1). Le processus de calcul est itératif et consiste en l'augmentation ou la
diminution de O jusqu'à l'obtention de la rupture (la cohésion est nulle). Le critère
définissant la rupture est une non convergence numérique qui se traduit par une
augmentation soudaine du déplacement. Après simplifications, le FS à l'essai (FSessaj) est
calculé selon le rapport de la tangente de l'angle de friction réel (O) par l'angle de friction à
l'essai (<t>essai), Équation (4.2).

FRR = FS = — = — (4i)
rf c / +o-, / tan^/j

tan^
FS,„,.„.. = (4.2)
tan
v 4w

La recherche de l'état d'équilibre du modèle consiste à déterminer l'état limite de stabilité


du mur sud. Cet état est atteint lorsque aucun déplacement n'est mesuré pour des valeurs de
propriétés mécaniques données. Il existe un grand nombre de valeurs ne produisant aucun
déplacement mais un seul état d'équilibre limite. Initialement, la valeur du FS de la pente
est égale ou supérieur à 1 puisque aucun déplacement n'est mesuré sur une période de 9 à
16 ans. Selon la méthode FRR, pour une fracture discrète persistante à la base de la zone de
rupture avec une valeur d'angle de friction supérieure ou égale à 40°, les déplacements ne
sont pas observables (Figure 4-16).
69

Factor of safety
0,93 0,97 1,00 1,04 1,07
200

37 38 39 40 41 42 43
Friction angle (°)
Figure 4-16 Détermination de l'angle de friction du plan de glissement (fracture discrète
persistante) selon la méthode du FRR.

Un abaissement de cette valeur permet un déplacement mesurable. Puisque aucun


déplacement n'a été observé avant la rupture, la valeur d'angle de friction minimal de 40°
est considérée adéquate pour caractériser les fractures des différentes configurations à la
base de la zone de rupture.

4.4 Conclusion du chapitre

Au cours de ce chapitre, la méthodologie complète de la création du modèle numérique


3DEC a été présentée. Le modèle numérique en trois dimensions de la fosse du Versant
Nord a principalement été créé par le transfert de données numériques entre Surpac et
3DEC. La méthodologie proposée a permis de créer le modèle numérique de 3DEC avec
peu de manipulations à partir de données déjà existantes. Des gains de temps non
négligeables sont associés au fait de ne pas avoir à chercher, à structurer et à modifier les
données. Le transfert de données numériques disponibles provenant d'outils de conception
70

minier à un outil de modélisation numérique est indéniablement un pas de plus vers une
meilleure approche intégrée dans le processus de conception minier.

Cette méthodologie a permis de créer la géométrie, la géologie et les éléments structuraux


de façon à respecter les données disponibles. Les propriétés mécaniques disponibles ont été
attribuées aux différents éléments du modèle et certaines données manquantes ont été
déterminées lors de la recherche de l'état d'équilibre du modèle.

Certains éléments entourant l'instabilité demeurent tout de même inconnus. En effet, les
connaissances temporelles de l'instabilité se limitent à une notion de dégradation du massif
au fil des années menant à un état instable. Puisque l'état instable se traduit par une rupture
relativement soudaine (quelques secondes), l'interrogation porte surtout sur la façon dont la
dégradation s'est effectuée dans le massif rocheux. Le traitement de cet aspect de
l'instabilité est effectué à travers diverses simulations de l'événement. Le prochain chapitre
présente les détails de la rétro-analyse réalisée.
Chapitre 5 Rétro-analyse de l'instabilité

5.1 Introduction

Le mode de rupture de l'instabilité analysé en lien avec le cas d'étude a été identifié comme
étant multi-planaires. De plus, cette instabilité est considérée comme un événement
relativement soudain. Mise à part la chute de blocs de roches observée environ cinq
minutes avant l'effondrement global, peu de signes avant coureurs peuvent être associés à
la rupture. La portion de mur ayant subi la rupture a été exposée pendant une période
comprise entre 9 et 16 ans.

De façon générale, la rupture semble associée à une combinaison de facteurs qui a mené à
une diminution graduelle des propriétés du massif rocheux et finalement à l'instabilité de la
pente. Parmi ces facteurs, notons les effets cumulatifs des vibrations des sautages au pied
de la pente et les effets cumulatifs météorologiques (précipitations, variations importantes
de température). Ces effets se retrouvent sous formes d'altération des structures et des
contacts géologiques. La rétro-analyse de l'événement met l'emphase sur les différents
aspects entourant la dégradation des éléments structuraux.

Ce chapitre présente en premier lieu les résultats d'analyses utilisant les méthodes
cinématiques et les équilibres limites. En deuxième lieu, les mécanismes potentiels de
rupture de la pente sont analysés au niveau des propriétés mécaniques des fractures et au
niveau de la formation de fractures internes. L'analyse porte sur la dégradation de la pente
jusqu'à sa rupture soudaine. Différentes approches simulant les mécanismes de dégradation
du massif rocheux à l'aide du modèle numérique (voir Chapitre 4 Intégration des données
minières dans le modèle 3DEC) sont présentées.

5.2 Analyse avec la méthode cinématique


La représentation cinématique des orientations moyennes des familles de fractures JS1, JS2
et JS3 répertoriées dans le massif rocheux de la mine est montrée à la Figure 5-1.
72

L'orientation moyenne de la pente où l'instabilité a été observée y est aussi présentée. Le


potentiel cinématique de glissement planaire est défini selon quatre critères, Hudson et
Harrison (1997). Premièrement, le pendage de la pente doit être plus élevé que celui du
plan de glissement (fracture). Deuxièmement, le plan de glissement doit voir le jour dans la
pente. Troisièmement, le pendage du plan de glissement doit être plus élevé que son angle
de friction (atteinte de la résistance maximale en cisaillement du plan). Quatrièmement, la
direction de pendage du plan doit être de plus ou moins 20° par rapport à celle de la pente
(subparallèle). Le stéréonet de la Figure 5-1 montre que les critères ne sont pas tous
rencontrés. En effet, le pendage de la famille JSl est faiblement supérieur à celui de la
pente (subparallèle). Ceci implique aussi que la fracture de la famille JSl ne voit pas le jour
dans la pente. Malgré cela, le pendage de la famille JSl est plus élevé que son angle de
friction maximal et la différence entre les directions de pendage de la pente et de la famille
JSl est d'environ 15° (différence de pendage inférieure à 20°).

Orientations
ID Dip / Direction

1 55 / 300
2 84 / 052
3 59 / 149
4 49 / 315

Angle de friction maximale: 41°

Equal Angle
Lower Hémisphère
4 Pôles
4 Entries

Figure 5-1 Stéréonet montrant les orientations moyennes des différentes familles
principales de fractures et de la pente.
73

Les critères suggérant que la pente est potentiellement instable ne sont pas tous rencontrés.
Il n'est donc pas possible de conclure à une rupture de type planaire. Par contre, la présence
d'une fracture discrète de pendage plus faible à la base de la zone d'instabilité et voyant le
jour dans la pente suggère qu'il existe un potentiel de glissement de type mufti-plan aires.
La méthode cinématique ne permet pas de vérifier l'état de stabilité de la pente pour une
rupture multi-planaires et une autre méthode doit être utilisée.

5.3 Analyse avec la méthode des équilibres limites

La méthode des équilibres limites a pour objectif de déterminer le facteur de sécurité (FS)
de la pente selon les données géométriques et mécaniques des éléments structuraux.
L'utilisation de cette méthode est possible car les directions de pendage de la fracture
discrète à la base de la zone d'instabilité et de la fracture JSl sont subparallèles à la
direction de pendage de la pente. De plus, la fracture discrète à la base de la zone
d'instabilité voit le jour dans la pente. Le logiciel en deux dimensions RocPlane,
Rocscience (2004) a été utilisé en raison du caractère multi-planaires de la rupture.
L'analyse en deux dimensions est possible en mettant en hypothèse que les limites latérales
de la zone d'instabilité sont parallèles à la section analysée et ne possèdent aucune
résistance en cisaillement. Cette hypothèse est acceptable en regard de ce qui est observé
sur le terrain. L'utilisation de cette méthode met aussi en hypothèse que les seuls
mouvements possibles dans la pente s'effectuent en translation (les mouvements de rotation
ou de basculement n'existent pas). En lien avec ce qui a été observé sur le terrain et pour
fin de simplification, la pente est considérée comme parfaitement drainée lors de l'analyse
(aucune présence d'eau). La Figure 5-2 présente un exemple d'analyse utilisant la méthode
des équilibres limites.
74

_Dlst. to Slope Crest JJpperFaceWIdth


93.883 m 5.000 m~|

UpperFace Height
3.124 m- —
Tension Crack Angle 49.0 "

Tension Crack
Slope Height 107 037 m
108.000 m

Driving Force 366.23 t/m


F allure Plane Angle 35.0 "

FactorofSafety 1.24
Driving Force 366.23tfm
Resisting Force 454.66t/m
Wedge Weight 638.50tfm
s
Normal Force 523.03 t/m Wedge Volume 245.58mA3/m
Shear Strength 454.66ïnV>2
Normal Force 523.03tfm
Plane Waviness 0.0"

Figure 5-2 Section simplifiée de l'instabilité utilisée pour l'analyse avec le logiciel
RocPlane.

L'exemple de la Figure 5-2 présente un résultat d'analyse où la fracture discrète possède un


angle de friction de 41° (angle de friction maximal déterminé sur le terrain) et une cohésion
nulle. Selon les paramètres utilisés pour l'analyse, le FS de la pente est de 1,24 et la pente
est considérée stable. Ceci correspond bien avec ce qui a été observé au cours des années de
stabilité de la fosse. Une analyse de sensibilité est ensuite menée afin de déterminer à quel
angle de friction la pente est en état limite de stabilité (FS > 1). LeTableau 5-1 montre
qu'un angle de friction de 35° équivaut à un FS à l'unité.
75

Tableau 5-1 Analyse de sensibilité des angles de friction de la fracture discrète avec la
méthode des équilibres limites.

Angle de friction de la fracture


Facteur de sécurité (FS)
discrète (°)

34 0,96
35 1,00
36 1,04
37 1,08
38 1,12
39 1,16
40 1,20
41 1,24

L'analyse de sensibilité suggère que la rupture est envisageable sous des conditions de
dégradation de propriétés mécaniques (diminution cumulative des propriétés mécaniques
des fractures).

La méthode des équilibres limites est tout de même caractérisée par certaines limitations.
La section simplifiée de la Figure 5-2 est le pire des cas puisque la fracture JSl est
considérée comme une fracture en tension. Ceci implique qu'elle ne possède pas de
résistance en cisaillement. Cet aspect diminue le facteur de sécurité de la pente puisque en
réalité, la fracture JSl possède une résistance au cisaillement sur toute sa longueur. La seule
composante stabilisatrice du système est la friction développée par la fracture discrète à la
base de la zone de rupture. De plus, la zone potentiellement instable est formée par une
seule dalle. Cette représentation ne tient donc pas compte de la possibilité que plusieurs
blocs puissent constituer la zone. Enfin, les déplacements ne sont pas observables ou
quantifiables. Ceci ne permet pas d'effectuer une analyse complète du comportement de la
pente.

Comparativement à la méthode cinématique, la méthode des équilibres limites montre que


la rupture est possible avec la présence d'une fracture discrète de pendage plus faible
76

voyant le jour dans la pente. Cette rupture multi-planaires est possible seulement dans des
conditions de dégradation des propriétés mécaniques de la fracture discrète. De par les
limitations de la méthode, l'analyse n'explique pas complètement le phénomène et il est
nécessaire d'approfondir l'étude des différentes causes potentielles de l'instabilité.

5.4 Mécanismes potentiels de rupture

5.4.1 Dégradation des propriétés mécaniques des fractures

Une première approche suggère que soumis aux conditions climatiques et aux activités
d'opération de la mine, les éléments structuraux ont subi une diminution progressive de
leurs valeurs de propriétés mécaniques jusqu'à la rupture. Cette approche est soutenue par
les résultats de l'analyse des équilibres limites. Ce phénomène est traduit dans le modèle
3DEC (voir Chapitre 4 Intégration des données minières dans le modèle 3DEC) par une
diminution graduelle des angles de friction des éléments structuraux situés à proximité de la
surface.

Les valeurs de propriétés mécaniques proposées au Tableau 4-1 constituent les valeurs
initiales de chaque élément structural (état de stabilité). La dégradation est simulée en
diminuant simultanément les valeurs d'angle de friction par incrément de 5° pour chaque
élément structural. Par exemple, les contacts géologiques ont initialement une valeur
d'angle de friction de 35° qui diminue à 30° puis à 25° et ainsi de suite. Les autres valeurs
de propriétés mécaniques (kn, ks, cohésion, résistance en tension) demeurent constantes.
Chaque diminution de valeur d'angle de friction est séparée par le même nombre de cycles
de calculs (5000 cycles). Cet aspect de la simulation est basé sur l'hypothèse que la
dégradation est liée aux conditions météorologiques relativement constantes années après
années. La stabilité de la pente est évaluée en terme de déplacements le long de la surface
de rupture multi-planaires.

La Figure 5-3 présente le graphique des déplacements mesurés en fonction de la diminution


cumulative des angles de friction dans le temps pour les deux dispositions à la base de la
77

zone de rupture. Les valeurs d'angle de friction sur l'abscisse correspondent à celles du
plan de glissement à la base de la zone de rupture. Pour l'analyse en cours, les valeurs des
déplacements donnent uniquement les tendances du comportement de la zone de rupture.

Persistent fracture
Rock bridges

« 2
CL

1-

40 35 30 25 20 15 10
Friction angle (°)
Figure 5-3 Déplacement de la zone de rupture suite à la diminution cumulative des valeurs
d'angle de friction.

Deux observations importantes se dégagent du graphique de la Figure 5-3. Premièrement,


la diminution des angles de friction pour la fracture discrète persistante est caractérisée par
l'augmentation des déplacements (pentes sur le graphique) sur une certaine période. Par la
suite, les déplacements cessent et un état d'équilibre s'installe (parties horizontales sur le
graphique). Ceci démontre bien qu'une dégradation permet des déplacements de blocs. Ces
derniers ne sont par contre pas totalement libres de se déplacer puisqu'un état de stabilité
survient après chaque diminution de valeur d'angle de friction. Il est raisonnable de croire
qu'il y a un manque de liberté cinétique des blocs dans le modèle.

Deuxièmement, la fracture planaire persistante permet un déplacement de plusieurs mètres


avec une dégradation cumulative des valeurs d'angle de friction. Sous certaines valeurs
d'angle de friction, le déplacement devient mesurable. Ceci suggère que la rupture est
78

envisageable sous des conditions de dégradation de propriétés mécaniques. Le déplacement


prend place graduellement, ce qui ne correspond pas avec ce qui est recherché puisque le
caractère soudain de la rupture n'est pas observable.

La configuration à la base de la rupture constituée d'un pont rocheux ne permet pas de


déplacement par la diminution cumulative des valeurs d'angle de friction des fractures. Le
pont rocheux n'est pas soumis à cette diminution cumulative et empêche le mouvement de
la zone instable.

5.4.2 Fracturation interne

Pour une configuration à la base de la zone de rupture avec une fracture discrète persistante,
la dégradation progressive des propriétés mécaniques des éléments structuraux rend la
pente instable (déplacements mesurables) sans provoquer de rupture soudaine. De plus,
avec des blocs rigides, la présence d'un pont rocheux ne permet aucun déplacement peut
importe le niveau de dégradation. De façon à modifier le comportement du modèle
numérique, un deuxième mécanisme de rupture est combiné à la dégradation. Ce
mécanisme est la fracturation interne du massif rocheux. Ce mécanisme est expliqué à la
section 2.2.3 Mécanisme d'instabilité structurale.

Cette deuxième approche suggère que de faibles mouvements le long des structures du
massif rocheux au fil des années aient pour conséquence une concentration de contraintes
internes et un état de résistance limite. Cet état se traduit par une propagation de fissures
jusqu'à une fracturation interne. Les déplacements engendrés par la dégradation des
propriétés mécaniques provoqueraient cette fracturation interne. Ce mécanisme de rupture
comprend la fracturation interne dans le massif en lien avec les concentrations de
contraintes internes et le bris du pont rocheux.

Le niveau de contraintes dans la pente est relativement faible en comparaison de la


résistance du roc intact. Ceci implique que les déformations élastiques du roc intact sont
considérées négligeables en comparaison des déformations le long des éléments structuraux
et suggère qu'un modèle de blocs rigides est approprié. L'objectif est de déterminer si une
79

masse rocheuse caractérisée par des blocs formés par la propagation de fractures internes
reproduit la rupture observée sur le terrain. L'objectif n'est pas de déterminer les zones où
les fractures internes sont susceptibles de se développer. L'analyse est effectuée sur des
blocs rigides suivant l'approche proposée par Corkum et Martin (2004). Cette approche
consiste à ajouter des fractures dans la zone de rupture et est appelée multi-blocs. En terme
de modélisation numérique, la création de fractures divisant la zone de rupture en plusieurs
blocs augmente le degré de liberté cinétique de ces blocs. L'analyse consiste à examiner si
l'approche multi-blocs et l'augmentation de la liberté cinétique peuvent simuler un
comportement similaire à celui observé sur le terrain. Il est aussi possible de modéliser le
comportement d'une masse dégradée en effectuant un parallèle avec la dégradation des
fractures. La principale limite de cette approche est qu'elle ne modélise pas la fracturation
mécanique, l'initiation et le développement de nouvelles fractures dans le roc intact mais
regarde plutôt le comportement d'une masse rocheuse résultant de cette fracturation. Elle
permettra tout de même d'évaluer la plausibilité de différents scénarios de rupture et
d'évaluer le comportement de la pente par des mesures de déplacements.

De manière à évaluer l'influence de la fracturation interne sur le comportement de la pente,


trois configurations de fractures internes sont proposées. Ces trois configurations de
fractures internes seront combinées aux deux configurations à la base de la zone de rupture.

La première disposition de fractures internes propose une fracturation se situant à la base de


la zone de rupture. Puisque le poids de la zone de rupture agit à la base, il est raisonnable de
croire que les contraintes sont plus élevées à cet endroit.

La deuxième disposition de fractures internes propose la création d'une zone de transition


avec la théorie du prisme de Prandtl. Cette configuration a été utilisée par Stead et al.
(1997) afin d'analyser la stabilité des pentes dans des mines à ciel ouvert de charbon. Cette
configuration de fractures assume qu'une zone de transition existe aux abords de
l'intersection des deux plans de pendages différents. Cette zone, en forme de prisme,
transmet les forces déstabilisatrices de la partie supérieure à la partie inférieure (base de la
zone de rupture). Il est important de noter que cette disposition est théorique et n'est pas
supportée par les données de terrain.
80

La troisième disposition de fractures internes propose une fracturation prenant place à la


base et au sommet de l'intersection des deux plans de pendages différents. Cette
configuration est basée sur un résultat de simulation obtenu avec une méthode hybride,
Stead et al. (2005). La simulation a été effectuée sur une zone de rupture délimitée par deux
plans de glissement de pendages différents. La simulation présente plusieurs stades de
développement de fractures internes dont le premier stade où la fracturation interne est
initiée à la base et au sommet de la zone.

Pour la première et la troisième configurations, les fractures internes insérées dans le


modèle sont toutes de directions de pendages opposées à la pente et de pendages
complémentaires à la pente (perpendiculaires à la pente). La deuxième configuration de
fractures comprend deux fractures dont l'une passe par la jonction de la fracture JS1 et de la
base de la zone de rupture. Cette fracture est de direction de pendage opposée à la pente et
de pendage complémentaire à la pente (perpendiculaire à la pente). L'autre fracture passe
par la jonction de face exposée de la pente et de la première fracture interne. Cette
deuxième fracture est verticale. La procédure d'essai présentée au Tableau 5-2 présente les
simulations effectuées en vue d'évaluer les différents scénarios de rupture proposés.
81

Tableau 5-2 Programme des simulations (scénarios de rupture).


Simulation de la dégradation cumulative des
Type de base
de rupture
propriétés mécaniques des éléments structuraux
Type de
Représentation
fracturation
schématique (Valeur de 0 dégradé à la base lors de l'insertion
interne des fractures internes et bris des ponts rocheux)
15° 20° 25° 30° 35° 40°

V
1) Base de la zone
Fracture planaire persistante

de rupture X X X X X X

2) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)

3) Base de la zone
V X X X X X X

de rupture et au
dessus

V X X X X X X

V
Fractures non persistantes (pont

4) Base de la zone
de rupture X X X X X X
rocheux)

5) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)

6) Base de la zone
V X X X X X X

de rupture et au
dessus

V X

Pour chaque configuration à la base de la zone de rupture, les trois dispositions de


X X X X X

fracturation interne sont analysées. Chaque combinaison est simulée avec une diminution
graduelle des angles de friction des éléments structuraux. Puis la fracturation interne est
ajoutée au modèle pour différentes valeurs d'angle de friction (stades de dégradation). Dans
le Tableau 5-2, chaque X correspond à une simulation (36 simulations ont été effectuées).
82

Les valeurs de propriétés mécaniques proposées au Tableau 4-1 constituent les valeurs
initiales de chaque élément structural (état de stabilité). La dégradation est effectuée de la
même façon que les simulations effectuées sur la zone de rupture sans fracturation interne,
c'est-à-dire en diminuant simultanément les valeurs d'angle de friction par incrément de 5°
pour chaque élément structural. Les autres valeurs de propriétés mécaniques (kn, ks,
cohésion, résistance en tension) demeurent constantes. Chaque diminution de valeur
d'angle de friction est séparée par le même nombre de cycles de calculs (5000 cycles). La
stabilité de la pente est aussi évaluée en terme des déplacements le long de la surface multi-
planaires.

Tout comme le pont rocheux, les plans de glissement représentant les fractures internes
sont intégrés dans le modèle lors de sa construction. Pour que la pente soit à l'état
d'équilibre (stable), il importe que la fracturation interne n'existe pas et que le pont rocheux
soit intact (sans fracturation). Par conséquent, les plans de fracturation interne et le pont
rocheux sont liés à l'aide de la fonction join, Itasca (2004). Cette fonction permet en
quelque sorte de souder les plans de glissement. Au moment de l'insertion des plans de
fracturation interne, la fonction est annulée et les blocs adjacents aux plans de glissement
deviennent soudainement libres de se déplacer le long de ces plans. À partir du moment où
la fracturation interne apparaît, les valeurs de propriétés mécaniques demeurent constantes
tout au long des cycles de calculs.

Les valeurs sélectionnées de kn et de ks des plans de glissement représentant les fractures


internes et les ponts rocheux sont du même ordre de grandeur que celles des contacts
géologiques. La valeur d'angle de friction (<E>) choisie pour ces plans de glissement est de
20°. Cette valeur est arbitraire et a été choisie de façon à demeurer dans le même ordre de
grandeur que les angles de friction de base des autres éléments structuraux (voir section
3.3.3.2 Familles de fracture). Le Tableau 5-3 présente les valeurs de propriétés mécaniques
des plans de fracturation interne dans le modèle 3DEC. Il est à noter que pour la
configuration à la base de la zone de rupture composée d'un pont rocheux, ce dernier cède
au même moment où la fracturation interne apparaît. À ce moment, les mêmes valeurs de
propriétés mécaniques sont attribuées aux deux types de plans de glissement internes
(fractures internes et ponts rocheux). Il n'y a aucune diminution des propriétés mécaniques
83

effectuée suite à l'ajout des fractures internes et 5000 cycles de calculs sont effectués. La
simulation est ensuite arrêtée.

Tableau 5-3 Propriétés mécaniques de la fracturation interne.

Élément structural Propriété Symbole Valeur Unité


Rigidité normale k„ 1 GPa/m
Fracturation interne et pont Rigidité cisaillement ks 0,25 GPa/m
o
rocheux (lors de la Angle de friction 0> 20
fracturation) Cohésion c 0 MPa
Résistance en tension ts 0 MPa

L'état de la dégradation des éléments structuraux lorsque la fracturation interne apparaît est
inconnu. Selon ce qui a été observé sur le terrain, le comportement recherché de la pente est
une rupture relativement soudaine (larges déplacements) suite à une période de stabilité.
L'insertion des fractures à différents moments de la dégradation permet de vérifier le
comportement de la pente.

La Figure 5-4 à la Figure 5-6 présentent les résultats des simulations pour chaque type de
configuration de fracturation avec une fracture persistante à la base de la zone de rupture
(Cas 1 à 3 dans le Tableau 5-2). Ces résultats comparent différents moments où la
fracturation est ajoutée (chaque ligne dans le Tableau 5-2).
84

30 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-4 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 1).

30 25 20
Friction angle (°)

Figure 5-5 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 2).
85

30 . 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-6 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 3).

Selon ces graphiques, l'insertion de fractures internes augmente généralement les


déplacements de la zone de rupture. Ce comportement est observé pour toutes les
conditions de dégradation des éléments structuraux. La fracturation interne permet même
un déplacement de l'ordre du mètre lorsque aucune diminution des valeurs d'angle de
friction n'est effectuée (O à la base : 40°). Ceci suggère que la rupture est envisageable
sous des conditions de fracturation interne sans dégradation des propriétés mécaniques.
Pour des conditions de dégradation avancées (angles de friction faibles lors de l'insertion
des fractures), les déplacements sont plus importants. De façon générale, le comportement
de la pente avec une fracture persistante à la base de la zone de rupture correspond
relativement bien avec ce qui est observé pour de faibles dégradations des propriétés
mécaniques (d> à la base : 35°, 40°). Pour ces deux états de dégradation, il n'existe pas de
déplacement pré rupture ce qui correspond avec ce qui a été observé. Il est tout de même
plus probable que la fracturation interne survienne à un O à la base de 35° (faible
dégradation) qu'à un 0 à la base de 40° (pas de dégradation). En effet, la fracturation
interne doit théoriquement être provoquée par de faibles déplacements le long des
structures. Il est alors raisonnable d'attribuer les faibles déplacements à la dégradation des
86

propriétés mécaniques. Il est à noter que pour un <J> à la base de 35°, la simple diminution
des valeurs de propriétés mécaniques permet un déplacement relativement soudain. Dans ce
sens, les scénarios présentant des O à la base inférieurs à 35° sont écartés.

Le comportement en déplacement de la zone de rupture est similaire pour toutes les


configurations de fracturation interne. La liberté cinétique offerte par la fracturation interne
est relativement semblable pour les trois cas. Il semble tout de même que le cas 3 procure
des déplacements plus élevés que les cas 1 et 2 suggérant que le cas 3 offre plus de liberté
cinétique.

La Figure 5-7 à la Figure 5-9 présentent les résultats des simulations pour chaque type de
configuration de fracturation avec la présence d'un pont rocheux à la base de la zone de
rupture (Cas 4 à 6).

Fractures insertion at 15°


Fractures insertion at 20°
Fractures insertion at 25°
Fractures insertion at 30°
Fractures insertion at 35°
c Fractures insertion at 40°
£
o
CL
w
Q

°40 35 30 25 20 15 10
Friction angle (°)
Figure 5-7 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 4).
87

Fractures insertion at15°


Fractures insertion at 20°
Fractures insertion at 25°
Fractures insertion at 30°
Fractures insertion at35°
C Fractures insertion at 40°
<D
£
0)
o
J5
a.
b

°40 35 30 25 20
Friction angle (°)
Figure 5-8 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 5).

Fractures insertion at15°


Fractures insertion at20"
Fractures insertion at 25°
Fractures insertion at 30°
Fractures insertion at 35°
Fractures insertion at 40°
E
a>
o
_ço
a.

0
40 35 30 25 20 15 10
Friction angle (°)
Figure 5-9 Déplacements en fonction des moments d'insertion de fractures internes (Cas 6).
88

La configuration à la base de la zone de rupture avec un pont rocheux présente des


déplacements pré rupture beaucoup plus faibles que la configuration à la base de la zone de
rupture avec une fracture persistante. En fait, la présence d'un pont rocheux intact empêche
tout mouvement de survenir dans la pente. Ce comportement correspond bien avec ce qui a
été observé sur la pente. Selon les graphiques des cas 4 à 6, l'insertion de fractures internes
et le bris du pont rocheux augmentent généralement les déplacements de blocs de la zone
de rupture.

Pour le cas 4 (Figure 5-7), aucun déplacement n'est observé lors de l'insertion des fractures
internes sans dégradation (<t> à la base : 40°) alors que peu de déplacement est observé pour
une faible dégradation (<D à la base : 35°). Plus la dégradation est grande, plus les
déplacements sont élevés lors de la fracturation interne. Ces déplacements s'arrêtent
rapidement (atteinte d'un état d'équilibre). Ceci suggère qu'il y a un manque de liberté
cinétique des blocs.

Pour le cas 5 (Figure 5-8), un faible déplacement graduel est observé lors de l'insertion des
fractures internes sans dégradation (O à la base : 40°) alors que l'augmentation du
déplacement est observable pour une faible dégradation (O à la base : 35°). Plus la
dégradation est grande, plus les déplacements sont élevés lors de la fracturation interne. Ces
déplacements s'arrêtent rapidement (atteinte d'un état d'équilibre). Des tendances
similaires au cas 4 sont observables. Le cas 5 présente tout de même un peu plus de liberté
cinétique (plus grands déplacements).

Le cas 6 (Figure 5-9) présente le comportement le plus près du scénario prévu. Ce


comportement se traduit par peu de déplacements pré rupture et une augmentation soudaine
des déplacements lors de l'insertion de la fracturation interne. Ce comportement est
observable sans diminution et avec une diminution raisonnable des valeurs de propriétés
mécaniques. Il n'est par contre pas possible de cibler un état de dégradation des propriétés
mécaniques des éléments structuraux permettant le comportement le plus adéquat.

Le Tableau 5-4 présente à nouveau le programme des simulations avec une appréciation de
la plausibilité de chaque scénario proposé. Une simulation caractérisée par un «OUI»
89

indique que le comportement de la pente correspond relativement bien à un scénario


plausible tandis qu'un «non» signifie que le scénario n'est pas plausible.

Tableau 5-4 Plausibilité des différents scénarios.


Simulation de la dégradation cumulative des
Type de base
de rupture

propriétés mécaniques des éléments structuraux


Type de
Représentation
fracturation
schématique (Valeur de 0 dégradé à la base lors de l'insertion
interne des fractures internes et bris des ponts rocheux)
15° 20° 25° 30° 35° 40°

V
1) Base de la zone
non non non non OUI OUI
Fracture planaire persistante

de rupture

2) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)

3) Base de la zone
V non non non non OUI OUI

de rupture et au
dessus

V non non non non OUI OUI

V
Fractures non persistantes (pont

4) Base de la zone
de rupture non non OUI OUI non non
rocheux)

5) Zone de
transition (prisme
de Prandtl)

6) Base de la zone
V non non OUI OUI OUI non

de rupture et au
dessus

V non

Le scénario prévu se résume en une augmentation relativement soudaine des déplacements


non OUI OUI OUI OUI

suite à une période de pré rupture stable (sans déplacement mesurable). Il est à noter que
tous les scénarios impliquant des <D à la base de 15° et 20° sont écartés puisqu'il est peu
probable que la dégradation soit aussi importante sans qu'il y ait rupture.
90

De façon générale, l'ajout de fractures internes permet une augmentation des déplacements.
Ceci confirme que la fracturation interne comme mécanisme de rupture reproduit le
comportement de la pente de façon satisfaisante.

Les comportements observés de la part des deux configurations à la base de la zone de


rupture diffèrent. La base de la zone de rupture représentée par une fracture persistante (Cas
1 à 3) permet des déplacements relativement graduels de l'ordre du mètre sans qu'il n'y ait
de diminutions des propriétés mécaniques. L'insertion de la fracturation interne pour une
faible dégradation provoque tout de même une augmentation rapide des déplacements (de
un à plusieurs mètres) confirmant que l'ajout de fractures internes permet un événement
soudain. Plus les propriétés mécaniques des éléments structuraux sont diminuées (forte
dégradation), plus le comportement décrit précédemment est évident.

La base de la zone de rupture composée d'un pont rocheux (Cas 4 à 6) est caractérisé par un
déplacement nul sans la fracturation interne. La présence du pont rocheux intact empêche
tout mouvement de survenir dans la pente. De façon générale, les déplacements mesurés
lors de l'insertion de la fracturation interne sont plus faibles que pour les cas 1 à 3. Lors de
l'ajout des fractures internes, les déplacements augmentent tout de même rapidement pour
atteindre des distances de l'ordre du mètre. Le cas 6 présente le comportement le plus
plausible avec une forte augmentation des déplacements à la suite d'une diminution
raisonnable des propriétés mécaniques.

Chaque disposition de fractures internes présente aussi des comportements différents.


L'emplacement de ces fractures influence principalement la liberté cinétique des blocs et
par le fait même, la distance des déplacements avant l'atteinte d'un état d'équilibre.
Puisque les fractures peuvent être insérées à une multitude d'endroits dans la zone de
rupture et que chaque possibilité procure un résultat différent, les dispositions présentées à
titre d'exemples permettent uniquement de comparer différentes configurations de
fracturation suggérées par Stead et al. (2005). Dans un même ordre d'idée, la détermination
du nombre de ponts rocheux ainsi que leurs configurations ne fait pas partie des objectifs.
Ces paramètres jouent probablement un rôle dans le mécanisme de rupture mais l'idée est
de vérifier le comportement général associé à la présence de un ou de plusieurs ponts
rocheux.
91

Les cas 1, 2, 3 et 6 montrent que sans dégradation des propriétés mécaniques, des
déplacements relativement soudains sont possibles. La fracturation interne doit
théoriquement être provoquée par de faibles déplacements le long des structures. Puisque
les valeurs initiales d'angle de friction reproduisent une condition de stabilité limite (voir
4.3 État d'équilibre), il est fort probable que de petits déplacements le long des structures
soient rapidement associés à de faibles dégradations. Il est alors raisonnable d'attribuer les
déplacements soudains à la dégradation des propriétés mécaniques. Les résultats
numériques suggèrent alors que l'instabilité est engendrée par la diminution raisonnable des
propriétés mécaniques mais davantage par la fracturation interne.

Il semble que la dégradation progressive des propriétés mécaniques des éléments


structuraux aurait permis l'accumulation de faibles mouvements. Ceci pourrait avoir eu
pour conséquence des concentrations de contraintes internes et de fissurations jusqu'à un
état de résistance limite du massif. À ce moment, le pont rocheux situé à la base aurait cédé
et des fractures internes se seraient créées dans la même zone pour permettre le
déplacement soudain d'un volume de roches de près de 50 000 m3.

5.5 Conclusion du chapitre

Dans ce chapitre, une analyse utilisant une méthode cinématique a été utilisée afin de
déterminer le mode potentiel de rupture. De par le caractère multi-planaires de la rupture, il
ne fut pas possible de vérifier l'état de stabilité de la pente. Ensuite, une analyse utilisant la
méthode des équilibres limites a été utilisée afin de déterminer l'état de stabilité de la pente
par la détermination de facteurs de sécurité. Cette analyse a montré qu'à partir des données
disponibles, la pente est stable avec un facteur de sécurité de 1,24. De plus, l'analyse de
sensibilité de l'angle de friction de la base de la zone de rupture a suggéré que la rupture est
envisageable sous des conditions de dégradation de propriétés mécaniques (diminution
cumulative de l'angle de friction). Par contre, les limitations de la méthode d'analyse
n'expliquent pas complètement le phénomène et il a été jugé nécessaire d'approfondir
l'étude des différentes causes potentielles de l'instabilité.
92

Différents scénarios ont été analysés à l'aide du modèle 3DEC de façon à mieux
comprendre les mécanismes de ruptures. Deux configurations à la base de la zone de
rupture ont été analysées : fracture persistante sur toute la base et plusieurs fractures
séparées par un pont rocheux. Selon les résultats obtenus, la dégradation des éléments
structuraux a joué un rôle dans la rupture sans pour autant permettre des déplacements
soudains. L'ajout de fracturation interne a été analysé à partir de différentes dispositions de
fractures : fractures internes à la base de la rupture, fractures internes formant une zone de
transition (prisme de Prandtl) et fractures internes à la base de la rupture et au sommet de la
rupture.

À la lumière des résultats de simulations, la fracturation interne (augmentation de la liberté


cinétique) semble plus critique que la dégradation des propriétés mécaniques. En effet,
l'insertion de fractures internes sans dégradation permet des augmentations relativement
soudaines des déplacements de l'ordre du mètre (configurations : 1, 2, 3 et 6). Il est fort
probable que de petits déplacements le long des structures soient rapidement associés à de
faibles dégradations. Dans ce cas, il est raisonnable d'attribuer les déplacements soudains à
la dégradation des propriétés mécaniques. Les résultats numériques suggèrent alors que
l'instabilité est engendrée par la diminution raisonnable des propriétés mécaniques mais
davantage par la fracturation interne.

La simulation de plusieurs scénarios plausibles avec le modèle 3DEC a permis d'obtenir


une meilleure compréhension des mécanismes de rupture. Il semble que la dégradation
progressive des propriétés mécaniques des éléments structuraux aurait permis
l'accumulation de faibles mouvements. Ceci pourrait avoir eu pour conséquence des
concentrations de contraintes internes et de fissurations jusqu'à un état de résistance limite
du massif. À ce moment, le pont rocheux situé à la base aurait cédé et des fractures internes
se seraient créées dans la même zone permettant la rupture.
Chapitre 6 Conclusions

6.1 Sommaire
Dans un souci de rentabilité économique, l'aspect de la manutention du matériel tient une
place importante dans les coûts d'opération. Différentes stratégies sont mises de l'avant
afin de minimiser les déplacements de roches sans valeur économique (stérile). Une
stratégie simple et couramment employée dans l'industrie minière consiste à maximiser
l'angle des pentes et à minimiser le nombre de bermes de sécurité.

En effet, la géométrie d'une pente dans une mine à ciel ouvert est étroitement liée à la
rentabilité de cette dernière. Plus une pente est abrupte, moins il y aura de matériel stérile à
miner. Les coûts de production s'en trouvent diminués. Cependant, la création de pentes
par l'homme perturbe l'équilibre du massif rocheux. Pour des mêmes conditions
géotechniques, plus une pente est abrupte, plus elle présentera un potentiel d'instabilité.

La recherche de compromis entre la viabilité économique et la sécurité fait partie des


enjeux majeurs dans les mines à ciel ouvert. Cette recherche de compromis est assistée par
des analyses de stabilité des pentes.

Des analyses de stabilité des pentes sont effectuées de façon routinière dans les mines à ciel
ouvert. On les retrouve aux stades de la planification et de la conception des pentes. On les
retrouve aussi au stade de la production lorsque les pentes présentent des signes
d'instabilités ou de ruptures. À ce stade, il est fréquent d'effectuer des analyses sur des
événements qui se sont déjà produits. On parle alors de rétro-analyses sur des instabilités de
pente.

La méthodologie entourant l'analyse de stabilité dépend principalement du stade de


production où elle est effectuée. Elle dépend aussi des données disponibles, du type
d'instabilité recherché ou observé et des résultats escomptés. Dans la majorité des cas, les
instabilités observées dans les mines à ciel ouvert sont contrôlées par les éléments
94

structuraux dominants. Dans ces cas, les instabilités sont de types structuraux et certaines
méthodes de calculs seront plus adéquates pour assister l'analyse de stabilité.

Dans le cadre de ce mémoire, la rétro-analyse d'une instabilité structurale survenue sur une
pente dans une mine à ciel ouvert est réalisée. Le mode de rupture de l'instabilité a été
identifié comme étant multi-planaires mais aucun événement (séisme, dynamitage de
production, période de gel ou pluies abondantes) n'a été directement associé avec ce
phénomène. Dans cette situation, il est difficile de trouver une explication simple et
satisfaisante sur les causes de l'instabilité. Pour cette raison, le premier objectif principal
est l'obtention d'une meilleure compréhension des mécanismes de rupture par l'exploration
de différentes causes potentielles d'instabilité.

Un point essentiel de la rétro-analyse est constitué par l'intégration des données minières et
géologiques contenues dans le logiciel de conception minier Surpac. L'utilisation
appropriée de cette importante source d'informations requiert plusieurs étapes de
manipulations et de modifications. Pour cette raison, le deuxième objectif principal est la
création d'une méthodologie permettant l'utilisation efficace de données géométriques et
géologiques numériques.

L'atteinte des objectifs principaux de ce mémoire passait par de multiples étapes. La


première étape était d'élaborer une revue de littérature traitant des divers aspects importants
d'une analyse de stabilité et présentant diverses méthodes de calculs assistant cette analyse.
La deuxième étape était la mise en application des différentes étapes constituant la rétro-
analyse en lien avec le cas d'étude. La première phase de cette rétro-analyse était celle de la
collecte de données en lien avec l'étude de cas. Ces données proviennent principalement de
l'outil de conception minier Surpac. La deuxième phase consistait en l'intégration des
données minières et géologiques en vue de concevoir le modèle numérique 3DEC. C'est au
cours de cette étape que le deuxième objectif principal a été atteint. La dernière phase était
celle de l'exploration et de la validation de divers scénarios de mécanismes de rupture à
l'aide du modèle numérique. Ces scénarios se sont basés sur certaines hypothèses
rencontrées dans la littérature au sujet des mécanismes de dégradation des propriétés
mécaniques des fractures et des mécanismes de fracturation interne. C'est au cours de cette
étape que le premier objectif principal a été atteint.
95

6.2 Accomplissements de la présente recherche

Une revue des concepts généraux entourant l'analyse de stabilité des pentes et présentant
diverses méthodes de calculs pour des instabilités structurales a été effectuée. Les forces et
limitations de ces méthodes ont été discutées. L'emphase a été mise sur la modélisation
numérique utilisant la méthode des éléments distincts puisque cette dernière a servi pour
assister la rétro-analyse du cas d'étude.

Les données géométriques, géologiques et les propriétés mécaniques des divers éléments
du massif rocheux ont été expliquées.

La rétro-analyse de l'instabilité a été effectuée. Le modèle numérique en trois dimensions


de la fosse du Versant Nord a principalement été créé par le transfert de données
géométriques et géologiques provenant d'un outil de conception minier Surpac dans un
logiciel de modélisation numérique utilisant la méthode des éléments distincts (3DEC). La
méthodologie proposée a permis de créer le modèle numérique de 3DEC avec peu de
manipulations à partir de données déjà existantes. La géométrie, la géologie et les éléments
structuraux ont été créés de façon à respecter les données de terrain. Les propriétés ont été
attribuées aux différents éléments du modèle et certaines données manquantes ont été
déterminées lors de la recherche de l'état d'équilibre du modèle. L'intégration des
propriétés mécaniques a finalement été discutée.

Le modèle étant complet, une méthode cinématique et une méthode des équilibres limites
ont été utilisées afin de déterminer le mode potentiel de rupture et de déterminer l'état de
stabilité de la pente par la détermination de facteurs de sécurité. L'analyse de sensibilité de
l'angle de friction de la base de la zone de rupture a suggéré que la rupture est envisageable
sous des conditions de dégradation de propriétés mécaniques (diminution cumulative de
l'angle de friction). Par contre, les limitations des méthodes d'analyse n'expliquent pas
complètement le phénomène et il a été jugé nécessaire d'approfondir l'étude des différentes
causes potentielles de l'instabilité.

Différents scénarios ont été analysés à l'aide du modèle 3DEC de façon à mieux
comprendre les mécanismes de ruptures. Deux configurations à la base de la zone de
96

rupture ont été analysées : fracture persistante sur toute la base et plusieurs fractures
séparées par un pont rocheux. Selon les résultats obtenus, la dégradation des éléments
structuraux a joué un rôle dans la rupture sans pour autant permettre des déplacements
soudains. L'ajout de facturation interne a été analysé à partir de différentes dispositions de
fractures : fractures internes à la base de la rupture, fractures internes formant une zone de
transition (prisme de Prandtl) et fractures internes à la base de la rupture et au sommet de la
rupture.

À la lumière des résultats de simulations, la fracturation interne (augmentation de la liberté


cinétique) semble plus critique que la dégradation des propriétés mécaniques. En effet,
l'insertion de fractures internes sans dégradation permet des augmentations relativement
soudaines des déplacements de l'ordre du mètre (configurations : 1, 2, 3 et 6). 11 est fort
probable que de petits déplacements le long des structures soient rapidement associés à de
faibles dégradations. Dans ce cas, il est raisonnable d'attribuer les déplacements soudains à
la dégradation des propriétés mécaniques. Les résultats numériques suggèrent alors que
l'instabilité est engendrée par la diminution raisonnable des propriétés mécaniques mais
davantage par la fracturation interne.

Une certaine dégradation des composantes de la pente au fil du temps aurait provoqué
l'accumulation de faibles mouvements et par conséquent, des concentrations de contraintes
internes et des fissurations jusqu'à un état de résistance limite du massif. À ce moment, le
ou les ponts rocheux situés à la base auraient cédés et des fractures internes se sont créées
dans la même zone pour permettre la rupture.

6.3 Travaux futurs

Ce mémoire met l'emphase sur deux aspects qui caractérisent l'industrie minière de nos
jours : la fréquence élevée de l'utilisation de logiciels de modélisation numérique lors
d'analyses de stabilité et la grande quantité d'informations disponibles se retrouvant sous
forme numérique. La combinaison de ces aspects offre certains avantages. Par exemple, il
serait intéressant d'automatiser l'interopérabilité entre les logiciels de conception minier et
97

les logiciels de modélisation numérique pour qu'ils puissent être utilisés de manière
routinière.

Au niveau de la rétro-analyse de l'instabilité, il serait possible d'aller encore plus loin avec
le modèle numérique 3DEC. Des simulations pourraient être effectuées avec un modèle où
les blocs sont déformables. Ceci permettrait d'en savoir plus sur les zones où les
concentrations de contraintes en cisaillement et en tension sont générées. De plus, des
simulations sur la diminution des valeurs de cohésion des éléments structuraux
permettraient de reproduire le comportement de la pente sous des conditions de dégradation
de façon plus adéquate. Ces deux séries de simulations valideraient le mécanisme
progressif menant à une rupture totale dans la pente selon la dégradation des propriétés
mécaniques des éléments structuraux exposés à la surface de la pente. L'exécution de ces
simulations impliquera par contre une campagne intensive de caractérisation du massif
rocheux sur le terrain. Cette collecte de données aura pour but de déterminer le
comportement en déformation du roc intact et de déterminer les valeurs de cohésion réelles
des surfaces des éléments structuraux.

Dans un autre ordre d'idée, les données ne sont pas encore disponibles à la mine mais il
serait possible d'utiliser l'information de satellites. Puisque les déplacements qui ont eu lieu
lors des processus de dégradation sont probablement de quelques millimètres ou
centimètres par année, les photographies aériennes ne permettent pas de mesurer d'aussi
faibles déplacements. La méthode DInSAR basée sur le traitement d'images satellites
permet quant à elle sous certaines conditions de mesurer a posteriori des déplacements de
l'ordre du millimètre. Cette méthode pourrait être utilisée à condition que la région où se
situe la mine ait été couverte dans le passé par des satellites fournissant de telles images.
Ces données permettraient de quantifier le déplacement annuel dans la région du glissement
avant celui-ci et ainsi déterminer les déplacements pré rupture. De cette façon, il serait
possible de valider le modèle, d'éliminer des options de modélisation ou d'en considérer
d'autres.
Bibliographie

Bieniawski, Z.T. Rock Mass Classification in Rock Engineering. Proceeding of Exploration


for Rock Engineering. Johannesburg. PP.97-106. Cape Town: A. A. Balkema.
November 1976.

Bishop, A.W. The Use of the Slip Circle in the Stability Analysis of Earth Slopes.
Géotechnique. Vol. 5, PP. 7-17. 1955.

Calderôn, A., Catalan, A., Karzulovic, A. Management of a 15* 106 Slope Failure at
Chuquicamata Mine, Chile. Soil and Rock America 2003.

Compagnie Minière Québec Cartier. Site Internet : www.qcmines.com. Novembre 2005.

Corkum, A.G., Martin, CD. Analysis of a Rock Slide Stabilized with a Toe-Berm: a Case
Study in British Columbia, Canada. International Journal of Rock Mechanics &
Mining Sciences. Vol. 41, PP. 1109-1121. 2004.

Dawson, E. M., Roth, W. H., Drescher, A. Slope Stability Analysis by Strength Réduction.
Géotechnique. Vol. 49, No. 6, PP. 835-840. 1999.

Deere, D.U., Deere, D.W. The Rock Quality Désignation (RQD) Index in Practice. Rock
Classification Systems for Engineering Purposes. ASTM STP 984. L. Kirkaldie Ed.
ASTM. 1988.

Eberhardt, E., Stead, D., Coggan, J.S. Numerical Analysis of Initiation and Progressive
Failure in Natural Rock Slopes - the 1991 Randa Rockslide. International Journal of
Rock Mechanics & Mining Sciences. Vol. 41, PP. 69-87. 2004.

Einstein, H.H., Baecher, G.B. Probabilistic and Statistical Methods in Engineering


Geology. International Journal of Rock Mechanics & Mining Sciences. Vol. 16, PP.
39-72. 1983.

Environnement Canada. Archives nationales d'information et de données climatologiques.


Site Internet : www.climate.weatheroffice.ec.gc.caAVelcome_f.html. Février 2007.

Flores, G., Karzulovic, A. The Rôle of the Geotechnical Group in an Open Pit :
Chuquicamata Mine, Chile. Slope Stability in Surface Mining. W. A. Hustrulid, M.
K. McCarter and D.J.A. Van Zyl, Eds. Littleton, Colorado. SME. PP. 141-152.
456p. 2000.

FRACOM. FRACOM software products: FRACOD 2D, FRACOD 3D. FRACOM LTD.
Kyrkslàtt, Finland. 2005. www.fracom.fi.
99

Goodman, R.E., Shi, G-H. Block Theory and Its Application to Rock Engineering.
Prentice-Hall Inc. New Jersey. 338p. 1985.

Gunzburger, Y., Merrien-Soukatchoff, V., Guglielmi, Y. Influence of Daily Surface


Température Fluctuations on Rock Slope Stability: Case Study of the Rochers de
Valabres Slope (France). International Journal of Rock Mechanics & Mining
Sciences. Vol. 42, PP. 331-349. 2005.

Hoek, E., Bray, J.W. Rock Slope Engineering. Revised Third Edition. London: Institution
of Mining and Metallurgy. 360p. 1981.

Hoek, E., Grabinsky, M.W., Diederichs, M.S. Numerical Modelling for Underground
Excavation Design. Trans. Instn Min. Metall. (Sect. A: Min. industry). 100. 1991.

Hudson, J.A., Harrison, J.P. Engineering Rock Mechanics - An Introduction to the


Principles. Elsvier Science. Oxford. 896p. 1997.

Hutchison, B., Dugan, K., Coulthard, M. Analysis of Flexural Toppling at Australian Bulk
Minerais Savage River Mine. GeoEng 2000, Proceedings of the International
Conférence on Geotechnical & Geological Engineering. Melbourne. Paper
SNES1250. 2000.

International Society for Rock Mechanics. Rock characterization, testing and monitoring -
ISRM suggested methods. Oxford: Pergamon. 1981.

Itasca. Itasca software products: Flac, Flac3D, UDEC, 3DEC, PFC. Itasca Consulting
Group Inc. Minnesota. 2004. www.itascacg.com.

Itasca. 3DEC: Theory and Background. Itasca Consulting Group Inc. Minnesota. 2003.

Janbu, N. Soi! Stability Computations. Embankment-Dam Engineering. Casagrande


Volume (eds. R. C. Hirshfeld and S. J. Poulos). John Whiley & Sons. New York.
PP. 47-86. 1973.

Jean, R. Programme géotechnique de la mine du Mont-Wright. 1999.

Jing, L., Hudson, J. A. Numerical Methods in Rock Mechanics. International Journal of


Rock Mechanics & Mining Sciences. Vol. 39, PP. 409-427. 2002.

Kemeny, J. Time-Dependent Drift Dégradation due to the Progressive Failure of Rock


Bridges along Discontinuities. International Journal of Rock Mechanics & Mining
Sciences. Vol. 42, PP. 35-46. 2005.

Kulatilake, P. H. S. W., Wang, S., Stephansson, O. Effect of Finite Size Joints on the
Deformability of Jointed Rock in Three Dimensions. International Journal of Rock
Mechanics, Mining Sciences & Geomechanical Abstracts. Vol. 30, No. 5, PP. 479-
501. 1993.
100

Lorig, L., Varona, P. Practical Slope-Stability Analysis Using Finite-Difference Codes.


Slope Stability in Surface Mining. W. A. Hustrulid, M. K. McCarter and D.J.A. Van
Zyl, Eds. Littleton, Colorado. SME. PP. 115-124. 456p. 2000.

Morgenstern, N.R., Price, V.E. The Analysis of the Stability of General Slip Surfaces.
Géotechnique.Vol. 15, PP. 79-93. 1965.

Pantechnica. PT Workshop (Kbslope). Pantechnica Corp. Chaska, Minnesota. 2001.


www.pantechnica.com.

Pierce, M., Brandshaug, T., Ward, M. Slope Stability Assessment at the Main Cresson
Mine. Slope Stability in Surface Mining. W. A. Hustrulid, M. K. McCarter and
D.J.A. Van Zyl, Eds. Littleton, Colorado. SME. PP. 239-250. 456p. 2000.

Piteau Associated Engineering LTD. Compagnie Minière Québec Cartier, Mont Wright
Mine: Paul's Peak Study. Rapport interne. 1998.

Rockfield. Elfen 2D/3D Numerical Modelling Package. Rockfield Software Ltd. Swansea.
2004. www.rockfield.co.uk.

Rocscience. Rocscience software products: DIPS, SWEDGE, RocPlane, SLIDE, Phase2.


Rocscience Inc. Toronto. 2004. www.rocscience.com.

Rose, Nick. D., Sharon, Robert. P. Practical Rock-Slope Engineering Designs at Barrick
Goldstrike. Slope Stability in Surface Mining. W. A. Hustrulid, M. K. McCarter and
D.J.A. Van Zyl, Eds. Littleton, Colorado. SME. PP. 213-218. 456p. 2000.

Sjôberg, J. Analysis of Large Scale Rock Slopes. Doctoral Thesis Présentation. Luleâ
University of Technology, Luleâ, Sweden. 1999a.

Sjôberg, J. Analysis of Large Scale Rock Slopes. Doctoral Thesis. Luleâ University of
Technology, Luleâ, Sweden. 788p. 1999b.

Spencer, E. A Method of Analysis of the Stability of Embankments Assuming Parallel


Inter-Slice Forces. Géotechnique. Vol. 17, PP. 11-26. 1967.

Starfield, A.M., Cundall, P.A. Towards a Méthodologie for Rock Mechanics Modelling.
International Journal of Rock Mechanics, Mining Sciences & Geomechanical
Abstracts. Vol. 25, No. 3, PP. 99-106. 1988.

Stead, D., Eberhardt, E., Coggan, J.S. Developments in the Characterization of Complex
Rock Slope Déformation and Failure using Numerical Modelling Techniques.
Engineering Geology. Article sous presse. 2005.
101

Stead, D., Eberhardt, E., Coggan, J., Benko, B. Advanced Numerical Techniques in Rocks
Slope Stability Analysis - Applications and Limitations. Proceeding of Landslides -
Causes, Impacts and Countermeasures. Davos, Suisse. PP. 615-624. Juin 2001.

Stead, D., Eberhardt, E., Developments in the analysis of footwall slopes in surface coal
mining. Engineering Geology. Vol. 46, PP. 41-61. 1997.

Stewart, A. F. Rapport interne, Piteau Associated Engineering LTD, 2004.

Surpac Minex Group. Logiciel Surpac Vision : Manuel de référence. Vancouver. Surpac
Minex Group Inc. 2005. www.surpac.com.

Tosney, J.R., Milne, D., Chance, A.V., Amon, F. Vérification of a Large Scale Slope
Instability Mechanim at Highland Valley Copper. International Journal of Surface
Mining, Réclamation and Environment. Vol. 18, No. 4. PP. 273-288. 2004.

Vous aimerez peut-être aussi