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Dédicace
Remerciements
INTRODUCTION
Prendre sa vie en main, c’est un peu de théorie et beaucoup de pratique
Des histoires pour faire plaisir à votre cerveau droit, des exercices pour vous permettre de
travailler
La loterie magique
LA NATURE DE LA SUGGESTION
LA PUISSANCE DU CONTEXTE
La chambre obscure
DE « ON NE PEUT RÉUSSIR QUE SEUL » À « LES AUTRES SONT NOTRE PLUS GRANDE
RESSOURCE »
DE LA SYMPATHIE À L'EMPATHIE
DE LA PERFORMANCE À L'EXCELLENCE
L'IMPORTANCE DE LA CONGRUENCE
L'APPRENTISSAGE
LA PUISSANCE DE L'HABITUDE
11 - OÙ SITUEZ-VOUS L'ESSENTIEL ?
Ainsi va la vie
LE DÉNOMINATEUR COMMUN
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
© InterEditions-Dunod, Paris, 2006
978-2-729-60962-7
Le Code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L.
122-5, 2° et 3° a), d'une part, que les « copies ou reproductions strictement
réservées à l'usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective
» et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but
d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou
partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause est illicite » (art. L. 122-4).
Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,
constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et
suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À Christine, À celles et ceux qui aident à réaliser
les rêves À Antonin et Clément, à Marc et à
Franck. À l’amour et à l’amitié. Aux anciens de
KI, à Thierry Lovelrock, à la Grèce, à Mejda. À la
connaissance vivante. Philippe BAZIN À tous ceux
qui, chaque jour, me font un peu plus apprécier la
vie. À Isabelle, qui éclaire ma vie chaque jour. À
mes parents, Marie-France et Michel, qui m’ont
mis sur le chemin. Jean DORIDOT
Retrouvez tous nos ouvrages sur le site :
http://www.intereditions.com
Le pictogramme qui figure ci-contre mérite une explication. Son objet est
d'alerter le lecteur sur la menace que représente pour l'avenir de l'écrit,
particulièrement dans le domaine de l'édition technique et universitaire,le
développement massif du photocopillage.
Le Code de la propriété intellectuelle du 1er juillet 1992 interdit en effet
expressément la photocopie à usage collectif sans autorisation des ayants
droit. Or, cette pratique s'est généralisée dans les établissements
Des histoires pour faire plaisir à votre cerveau droit, des exercices pour
vous permettre de travailler
La loterie magique
Si vous avez déjà fait des projets – et nous en faisons tous, toujours – vous
avez remarqué que, quelle que soit la nature de ce projet, il s’inscrit de toute
façon dans le temps.
De la mise en place d’un progiciel de gestion intégré dans une
multinationale à la réalisation d’un gâteau au chocolat pour le pique-nique
annuel de tante Anna, en passant par la décoration de la chambre du petit
dernier, il est essentiel d’inscrire un certain nombre d’opérations dans le
temps, de les organiser, de les planifier.
Nous connaissons tous ce gag cinématographique fameux du peintre qui
refait le sol d’une pièce en partant de l’unique porte de celle-ci, se retrouvant
alors prisonnier dans un coin de la pièce, condamné à attendre que sa peinture
sèche !
L'aptitude à découper nos projets en étapes, puis d’imaginer dans quel ordre
et de quelles façons ces étapes s’inscriront dans le temps est d’une importance
capitale dans nos réalisations.
En projetant dans le temps futur nos projets, nos désirs, nos rêves, nous
commençons d’ores et déjà à leur donner corps, à leur faire prendre une
certaine consistance.
Dans cet exercice parfois délicat, on distingue deux familles principales
d’individus. La première – ce choix ne présuppose d’aucun jugement de
valeur – dispose de facilités pour voir loin et élaborer des projets dans leur
globalité. La seconde famille rassemble des individus ayant la particularité de
distinguer d’abord avec une grande facilité les premières étapes d’un projet,
de façon très concrète et pragmatique.
Mayer et Brigs ont mené des travaux sur cette différence de perspective,
fondés sur la psychologie de C. G Jung. Cette distinction peut se résumer au
sens « global → détail » ou « détail →> global ».
Ainsi, un « global → détail » aura une facilité naturelle à voir loin,
imaginant le projet complètement réalisé et faisant déjà travailler son esprit
aux prochaines réalisations. Il pourra alors éprouver certaines difficultés à
passer à l’action pour la première étape, faisant difficilement dans son esprit le
rétro-planning nécessaire à l’organisation des étapes.
À l’inverse, un « détail → global » peut avoir tendance à se lancer dans
l’action immédiatement. Une difficulté pourra alors être éprouvée lorsqu’il
s’agira de passer à la prochaine étape, et surtout à garder en ligne de mire la
finalité du projet.
Dans les deux cas, il est extrêmement important d’aller explorer de
nouvelles manières d’appréhender un projet : pour ceux d’entre nous qui
voyons loin très facilement, demandons-nous quelles pourront être les étapes
intermédiaires de nos projets, et par quelles actions chaque étape pourra
commencer.
Au besoin, faisons des rétro-plannings en nous demandant, à partir de la
perspective de notre projet réalisé, quelle pourrait être l’étape juste
précédente, et encore juste avant, et juste avant, etc.
Poussons nos actes dans le temps, et, l’espace d’un instant, sentons-nous
comme affranchis des contraintes de faisabilité de nos projets, afin de laisser
alors parfaitement libre cours à notre imagination. Nous rencontrons (les
auteurs) souvent des gens qui utilisent toute leur créativité à imaginer par quel
malheureux coup du sort leur projet pourrait échouer. Nous nous attachons
alors à les aider à rediriger leur créativité – incroyablement fertile – dans le
sens de leurs projets et de leurs désirs.
Dans tous les cas, rappelons-nous que le principal architecte de nos
projets, c’est le temps. En apprenant à mieux vivre avec lui, en découvrant ses
pouvoirs exceptionnels et en l’apprivoisant, nous pouvons nous ouvrir les
portes d’une nouvelle façon de vivre, plus respectueuse de nos propres
rythmes et plus en phase avec… notre temps !
Jean reçoit souvent dans son cabinet des personnes qui se morfondent sur le
mauvais usage qu’ils ont fait de leur temps jusqu’à maintenant. Une chose
remarquable est de voir à quel point l’âge de ces gens est différent : le plus
jeune d’entre eux avait 21 ans. Et déjà, il pensait qu’il était trop tard…
Il se souvient notamment d’une femme d’une quarantaine d’années qui
regrettait sans cesse de ne pas être passée plus tôt à l’action : elle souhaitait
réorienter sa vie professionnelle depuis déjà longtemps – à peu près cinq ans –
et culpabilisait de ne pas avoir posé certains actes plus tôt, comme suivre une
formation professionnelle ou démarrer un CIF (congé individuel de
formation). Ces regrets auraient pu être un bon moteur de passage à l'action,
mais au contraire ils s’étaient transformés chez elle en une espèce d’état
d’esprit paralysant, consistant à « regarder vers le passé » plutôt que d’aborder
l’avenir dans le mouvement.
Utilisant à son compte cette aptitude certaine à regretter lorsqu’il est trop
tard, ils ont travaillé à ce que Sophie se projette dans l’avenir, afin qu’elle
éprouve dès aujourd’hui l’amertume qu’elle ressentirait à coup sur dans dix
ans si elle ne changeait rien à son comportement du moment.
Cette projection, qui l’a intensément effrayée, s’est avérée très bénéfique :
la peur de regretter plus tard son inaction d’aujourd’hui a rempli Sophie d’une
énergie suffisante pour prendre les choses en main. Après avoir passé
brillamment le TOEIC (Test of English for International Communication) et
suivi des cours du soir, elle travaille désormais dans le tourisme, ce dont elle
n’avait fait auparavant que rêver.
Ce que nous souhaitons souligner avec cet exemple, c’est que les
contraintes de temps sont très rarement en dehors de nous, mais en nous-
mêmes : c’est dans notre façon de nous autoriser à nous projeter dans l’avenir,
à changer de perspective, à entreprendre un pas après l’autre des projets
d’envergure, que nous domestiquons le temps. Certaines contingences liées au
temps existent, et il n’est pas dans notre propos de le nier. Insistons
simplement sur le fait que les domaines où le temps est un ennemi sont très
rares.
En dehors des domaines pour lesquels nous pensons que le temps est
incompressible, rappelons-nous qu’il n’est jamais trop tard pour commencer à
changer les choses. Bien sûr, certains projets peuvent nous paraître un peu
fous, parfois même peut-être quasiment irréalisables. Souvenons-nous dans ce
cas-là d’une chose que Tony Robbins, un coach américain, rappelle dans tous
ses séminaires sur la réalisation de soi : « Sur un an, vous vous mettez
toujours la barre trop haut ; sur dix ans, vous n’imaginez pas ce que vous
pouvez réaliser »
Pensons à ces bonnes résolutions typiques du Jour de l’an ou des
anniversaires. La tendance générale est alors de se surestimer, en projetant sur
365 jours ce qui nécessiterait peut-être le double de ressources ! En revanche,
par effet inverse, les projections à dix ans sont toujours en dessous de la
réalité et du possible. Jean a participé en 2004, au week-end organisé par sa
promotion pour célébrer ses dix ans d’entrée à l’école. D’anciens élèves
avaient réalisé un diaporama destiné à montrer aux jeunes recrues de l’école
quelle était la réalité de leur promotion à eux, dix ans plus tôt.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il réalisa qu’en 1994, l’usage des
téléphones portables et des organiseurs était presque inconnu du grand public
et la France comptait davantage d’utilisateurs de minitel que d’internautes !
Par ailleurs, les routes qu’avaient prises les uns et les autres au sein de la
promotion étaient elles-mêmes très révélatrices de ce que le temps peut
réserver et créer : certains avaient déjà une famille avec plusieurs enfants,
d’autres avaient parcouru le monde de long en large, d’autres encore avaient
changé de voie et étaient devenus producteurs de films !
Rappelons-nous toujours cette réalité : sur un an, le temps passe très vite.
Sur dix ans, il peut nous emmener au-delà de nos rêves les plus fous. Pour ce
faire, il nous faudra harmoniser notre relation entre le présent et nos futurs
proches et lointains.
En termes plus provocants : celui qui dit qu’il n’a pas le temps est un
menteur, vis-à-vis des autres ou de lui-même. Il n’assume pas ses choix
conscients et inconscients, sur tous les plans de son existence.
Et pour ceux ou celles d’entre nous que l’idée de faire des choix rebute,
dites-vous que si vous ne faites pas certains choix, d’autres les feront pour
vous, à votre place, et vous diront – ou vous disent déjà – combien de temps
vous devez consacrer à votre travail, à votre compagne, à vos enfants, etc.
peut-être même les événements décideront-ils à votre place, vous privant ainsi
d’une si précieuse liberté.
À chaque fois qu’une occasion vous est donnée de choisir, faites-le : c’est
l’assurance que personne d’autre ne décidera de votre vie à votre place. Et en
termes de choix, le temps se présente à toutes les échelles de votre vie :
l’année, le mois, la semaine, la journée.
Sachons que quel que soit le domaine concerné, un peu de temps consacré
régulièrement vaut bien plus que beaucoup de temps consacré de façon trop
ponctuelle. Ceci est valable dans le sport, les études, le travail, la pratique
d’une langue étrangère, et bien d’autres domaines.
Nous pouvons appliquer une grille d’aide au choix à toutes les échelles de
notre vie afin de déterminer sur quelles tâches ou quels projets vous souhaitez
consacrer du temps en priorité.
Cette grille ou « tableau de Mintzberg », est très appréciée des consultants
en organisation. C'est une matrice carrée avec les entrées suivantes :
Important
Non important
Selon nous, il ne peut y avoir de prise en main de sa vie sans une remise en
cause du cadre général de notre perception du temps et des paradigmes de
notre existence. C'est pour cette raison que nous avons consacré le premier
chapitre de ce livre au temps.
La loi de Pareto, ou loi des 80/20, peut probablement s’appliquer à notre
approche du temps : 80 % de notre vie, de notre part de satisfaction et
d’intensité d’existence, est souvent concentrée dans 20 % de notre temps. Une
fois cette prise de conscience réalisée, nous sommes autorisés à nous poser
cette deuxième question : comment étendre ce dont sont composés ces 20 %
au-delà du temps que nous leur consacrons ?
Dans cette réflexion, nous allons alors buter sur un certain nombre de
limites et blocages, liés à nos obligations, au « temps incompressible » de
notre existence très quotidienne.
Pour dépasser ces limites, nous ne pouvons pas faire l’économie de gérer un
certain nombre de paradoxes qui sont propres à chacun de nous.
Nous devons apprendre à considérer ceux-ci sous un angle différent et selon
un nouveau point de vue. Il s’agit là de notre premier obstacle à surmonter.
Le président d’une enseigne nationale de commerce à réseau confiait
récemment à Philippe la réflexion suivante : certains adhérents de son
groupement consacrent beaucoup de temps à l’organisation du réseau et au
développement de projets, pour le bénéfice de tous les adhérents. Ce temps
investi devrait, en toute logique, nuire au développement de leur affaire
propre, ces personnes ayant moins de temps à lui consacrer. Ce président
constatait, contre toute attente, le phénomène inverse : plus un adhérent
consacrait du temps au collectif, plus ses affaires étaient florissantes !
Il en donnait l’interprétation suivante :
• Investissement pour le collectif rendait de facto nécessaire une forte
délégation à ses équipes dans le quotidien des magasins.
• Son nouveau cadre d’action, le réseau, lui apportait des perspectives,
un point de vue nouveau qui irradiait positivement jusqu’à la
gestion de son affaire.
Dans sa spécialité de coaching de managers, Philippe est très souvent
confronté à ce phénomène et à de tels paradoxes. Il en est arrivé, après des
années de pratique à la conclusion suivante : on ne peut travailler les aspects
du management sans aborder de front la notion de temps et l’identification des
paradoxes ou contradictions, qu’une personne devra absolument résoudre pour
se développer dans ce domaine. À chacun de trouver sa manière personnelle
de passer cette barrière !
Un directeur régional d’un cabinet de consultant lui racontait les avoir
résolus, sans le vouloir, de la manière suivante : il était confronté depuis des
années à une grande difficulté pour faire progresser en compétence et
autonomie son plus proche collaborateur, sans réellement noter de succès dans
sa démarche. Quand sa direction lui annonça qu’il serait muté et promu un an
plus tard et qu’un autre directeur – identifié – lui succéderait, il constata que
son collaborateur se mit à évoluer très rapidement dans le sens désiré.
L'interprétation qu’il en donnait était que, confronté à une nouvelle nécessité,
absolue et motivante, quelque chose en lui avait modifié la relation qui le liait
à celui-ci.
Comment identifier et gérer nos paradoxes ?
Par l’expérimentation, en réalisant des modifications expérimentales –
illogiques à première vue – qui nous amèneront à trouver un nouvel équilibre
dans notre relation au temps. Par exemple :
• alors que votre journée de travail est bien remplie, acceptez une
tâche supplémentaire sans augmenter vos horaires ;
• renoncez à résoudre un problème ou une préoccupation mineure. Un
dicton provocant dit : « Aucun problème ne résiste durablement à
une absence totale de solution » ;
• coupez votre téléphone mobile et allumez-le à heures fixes ;
• décidez de travailler une heure de moins par jour ;
• etc.
Soyez curieux : testez, expérimentez, tirez vos propres conclusions sur les
conséquences de ces changements ! Certaines idées, avec le recul, vous
paraîtront très mauvaises, alors que d’autres vous aideront à percevoir vos
contraintes différemment. L'approche que nous vous proposons dans le
paragraphe suivant peut également y contribuer.
Si vous n’êtes pas satisfait de ce qui s’est passé, surtout, soyez indulgent
envers vous-même : la vie est faite d’apprentissages, et chaque poison
renferme aussi son propre antidote. Souvenez-vous qu’un des secrets de
l’excellence personnelle est l’indulgence envers vous-même, et sachez vous
rappeler alors qu’indulgence n’est pas complaisance… Vous êtes votre
meilleur ami. Quelles promesses pour les dix prochaines années allez-vous
faire à votre moi passé ?
Enfin, centrez votre attention sur les odeurs que vous percevez.
Cet exercice, d’une simplicité absolue, a pour vertu de stabiliser notre
attention sur l’instant présent. Si vous réalisez cette routine sur plusieurs
semaines, de trois à dix fois par jour, vous constaterez des progrès notables
dans le sens d’un plus grand calme et d’une meilleure présence à l’instant
présent.
Sa durée peut varier de deux à trente minutes.
Réalisez-le de nombreuses fois dans la journée, quand vous vous sentez «
décentré » de l’instant présent.
Si vous désirez en augmenter la durée, faites de nouveau la boucle complète
plusieurs fois de suite, en augmentant la longueur de chacune des cinq phases.
Figure 1
– « De toute façon, je n’ai pas le temps ! » avez-vous dit ?
Quelle est la case la plus importante ? Il s’agit de la case Important/Non
urgent : elle est le réservoir de nos rêves. Elle contient l’énergie qui nous
permettra de transformer nos vies. Elle représente également tout ce que nous
risquons d’abandonner le plus facilement si nous ne prenons pas notre vie en
main et nous laissons déborder.
Pour chacun des sujets qui la composent, décidez du temps que vous
souhaitez y consacrer, en volume comme en fréquence : vous pouvez décider
de consacrer deux heures par semaine à l’apprentissage de l’anglais, sous la
forme de 30 minutes le lundi, le mardi, le jeudi et le vendredi ou bien sous
forme de deux heures le dimanche.
Faites un essai sur deux semaines afin de vérifier que ce que vous avez
décidé est juste et viable.
Soyez flexible par rapport à ces choix : l’essentiel est de vous amuser, de
jouer avec cette ressource devant laquelle nous sommes égaux : le temps.
La malédiction de Toutankhamon
4 novembre 1922. Depuis cinq ans, Howard Carter et son mécène, Lord
Carnavon, ont remué des milliers de mètres cubes dans la vallée des rois, cet
enchevêtrement aride de rocs et de pierres, à quelques kilomètres de Louxor.
La maison Carter, cernée de ses murs épais sans fenêtres pour le protéger du
soleil égyptien, est élevée sur une hauteur à l’entrée de la vallée. Tous les
matins, à l’aube, Carter rejoint les ouvriers à quelques centaines de mètres de
là. Il sait que Lord Carnavon s’impatiente et que ce dernier a décidé de ne pas
poursuivre les fouilles au-delà de l’hiver, renonçant à la plus grande
découverte égyptienne de tous les temps : celle de la tombe inviolée du grand
pharaon. Carter est fébrile, et la chaleur, très relative pour l’Égypte, de ce
mois de novembre le fait déjà transpirer abondamment. Il pense à son petit
canari jaune d’or, le porte-bonheur de son équipe. L’oiseau égayait de son
chant sa solitude au milieu du désert. Un des serviteurs, le découvrant
quelques semaines auparavant, s’était même écrié : « Cet oiseau nous portera
chance. Inch Allah, nous trouverons cette année une tombe remplie d'or. »
L'oiseau avait été dévoré le matin même par un cobra, symbole du pharaon.
Carter, à bout de forces et d’épuisement, continue à diriger son équipe,
comme halluciné, refusant de reconnaître le sinistre présage. La colline est un
enchevêtrement de tombeaux, mêlés les uns aux autres au cours des siècles.
Un cheval trébuche, déclenchant l’éboulement de roches. Frénésie. Malgré
l’épuisement et la tension, une porte est dégagée, découvrant au milieu des
sceaux le cartouche de Toutankhamon. Mise en garde du contremaître : « Ils
mourront comme l’oiseau s’ils violent le repos du pharaon. » Or, pierres
précieuses, richesses de trésors et d’offrandes. Au-delà de l’antichambre, la
momie, dans son linceul d’éternité.
*
Printemps 1923. Lord Carnavon est pris de fièvre suite aux piqûres de
moustiques. Il meurt le 5 avril 1923. La presse, qui a eu vent de
l’avertissement lancé aux profanateurs, voit en celui-ci la première victime de
la malédiction. Les articles se succèdent pendant des années, chacun
synthétisant les précédents et ajoutant à la folie ambiante. Des membres de
l’expédition jureront – probablement de bonne foi – avoir lu cette inscription à
l’entrée de la tombe : « Ceux qui pénètrent dans ce tombeau sacré seront
bientôt fauchés par les ailes de la mort. »
En trente ans, on dénombrera vingt-sept morts mystérieuses, pour la plupart
de maladie.
Que penser de cette histoire de malédiction ? Sauf à croire en la véracité
d’une magie traversant les millénaires, elle illustre probablement la capacité
de l’esprit humain à influencer d’autres esprits, si les conditions sont réunies,
jusqu’à provoquer, peut-être, la maladie, les accidents et la mort. De
nombreux Européens rationnels ayant vécu dans l’ambiance africaine des
sorciers et sortilèges pendant des années, ont été fortement troublés par leurs
pouvoirs apparents.
Dans le chapitre précédent, nous avons remis en cause quelques postulats
généralement admis au sujet du temps : son incompressibilité, les liens entre
passé, présent et futur… Au cours de ce chapitre, nous explorerons le domaine
des croyances et de la suggestion, qui influencent notre vie. Nous aborderons
également un certain nombre de principes sur lesquels s’appuient les
fondamentaux de la nouvelle communication, principes qui ont été notamment
développés par le mouvement constructiviste, avec Bateson et Watzlawick.
LA NATURE DE LA SUGGESTION
« Qui veut voler comme un aigle n’écoute pas les conseils des
moineaux ! »
Anthony Robbins
La carpe japonaise a une particularité étonnante : quand elle est élevée dans
un bocal de petite taille, elle peut mesurer à l’âge adulte quelques centimètres
seulement. Dans un bocal plus grand, elle peut atteindre de 15 à 50
centimètres, et jusqu’à plus d’un mètre en liberté dans son environnement
naturel, le plus propice à son épanouissement.
Comme dans cet exemple, notre entourage modèle nos pensées et influence
notre vie et nos relations.
Très souvent, Philippe conseille à des cadres de haut niveau de quitter une
entreprise quand les valeurs de celle-ci, ses méthodes de travail ou son
management ne lui conviennent pas. On n’évolue pas impunément dans un
environnement négatif !
Il y a quelques années, il travaillait dans une entreprise à coacher les
managers pour la conduite de l’entretien annuel. Comme il entraînait les
cadres du niveau en dessous du comité de direction, il leur demanda de lister
au paperboard tous les comportements qu’ils haïssaient chez leurs
responsables quand ceux-ci menaient de tels entretiens (inutile d’affirmer que
la confidentialité individuelle est de mise lors de tels exercices), dans le but de
les confronter ensuite à leurs propres comportements si des attitudes du même
type se manifestaient chez eux.
Satisfait des résultats et de l’impact de cette session, il adopta la même
stratégie la semaine suivante lors du coaching du comité de direction sur le
même thème. Quelle ne fut pas sa surprise de constater que les personnes
utilisaient les mêmes mots, dans le même ordre que ceux de leurs
collaborateurs, pour qualifier le comportement de leur PDG !
Notre entourage nous modèle et guide nos choix aussi sûrement qu’Œdipe
se dirigeait vers son destin après l’oracle du Sphinx de Thèbes. La légende
raconte qu’Alexandre le Grand, qui désirait consulter l’oracle de Delphes, se
trouva confronté à l’absence de disponibilité de la pythie à cause de l’heure
tardive. Alexandre empoigna les cheveux de la jeune fille pour l’amener de
force sur le lieu de la divination. Choquée, celle-ci exprima : « Toi alors, rien
ne peut te résister. » Alexandre la lâcha et quitta sur-le-champ la ville, satisfait
de la prédiction.
Quelles suggestions vous adresse votre environnement ? Quelles sont les
croyances que véhiculent vos proches, votre famille, vos collègues ? Quel
bocal de suggestions plus utiles pour vous favoriserait-il vos attentes vis-à-vis
de la vie ?
Une personne en recherche d’emploi peut, par exemple, avoir un intérêt à se
joindre à d’autres chômeurs dans sa situation pour mieux connaître ses droits,
se soutenir mutuellement, et y tirera un grand profit personnel. Elle doit
impérativement être consciente que cet environnement spécifique lui adressera
également un nombre important de suggestions négatives, de doutes et
d’échecs, particulièrement dangereuses pour elle dans la mesure où sa
situation personnelle difficile la rend vulnérable à ce type d’attaques
pernicieuses.
SOYONS VIGILANTS SUR CE QUE NOUS INGURGITONS :
PROTÉGEZ-VOUS DE LA POLLUTION MENTALE
LA PUISSANCE DU CONTEXTE
1 Milton Erickson.
2 Paul Watzlawick.
3
La chambre obscure
« Mes vérités ne sont que des croyances : ni vraies, ni fausses. Elles sont
utiles ou néfastes à ce que je veux faire de ma vie. » Cette assertion est un
élément fondamental de notre développement personnel. La PNL, ainsi que
d’autres modèles efficaces de développement humain, ont développé des
outils pour aborder cette importante prise de conscience, puis pour faire
évoluer ces « vérités. » Dans ce livre, nous en proposerons des versions
aisément accessibles au lecteur.
Afin d’apprendre à utiliser au mieux la puissance de nos croyances sur
notre cerveau, donc sur nous-même, commençons par proposer un
changement de référentiel : nous avons l’habitude, en bons cartésiens que
nous sommes, de nous promener sur un axe horizontal allant de Vrai à Non-
vrai (fig. 2).
Ce que nous vous proposons désormais est un changement d’axe de
référence, afin de littéralement changer de dimension, et d’adopter petit à
petit, et à votre rythme, l’axe Utile/Inutile pour ce que vous souhaitez faire de
votre vie.
Ainsi, lorsque vous travaillez sur un projet ou que vous vous interrogez sur
un de vos désirs, faites l’inventaire de vos croyances à ce sujet et souciez-vous
seulement de l’axe vertical.
Figure 2
– Vrai non-vrai, utile non-utile : qu’est-ce qui me fait
avancer ?
Un tel exercice implique d’accepter l’idée que tout, ou en tout cas de
nombreuses choses sont relatives et soumises à la théorie de l'observateur.
Prenez garde alors à conserver vos convictions et vos croyances les plus
fortes : ce sont elles qui vous constituent, et font certainement de vous la
personne que vous êtes aujourd’hui. Ce point central de la constitution de
notre être sera abordé au chapitre 11.
Amusez-vous à jouer avec des croyances qui déjà ne sont plus si fermes
pour vous qu’elles ne l’étaient peut-être hier. Déjà beaucoup de vos croyances
ont évolué dans votre existence et ont fait place à d’autres visions, plus larges,
plus vastes que les précédentes.
Peut-être à une époque de votre vie avez-vous cru au Père Noël ou pensé
qu’il n’y avait personne dans Casimir… Certaines choses vous ont peut-être
paru à un instant irréalisables pour vous, et puis la Vie a fait que ça aussi ça a
changé... Vous découvrirez dans ce chapitre des croyances que nous vous
proposons, sinon d’adopter, en tout cas d’étudier, d’explorer, un peu comme
s’il était possible de les prendre quelque temps à l’essai.
Le travail sur les croyances est souvent au centre de la démarche de
coaching, et le coach cherche souvent à identifier les croyances bloquantes de
la personne, en lien avec son objectif. Récemment, Philippe travaillait avec un
cadre de l’industrie métallurgique confronté à des difficultés de management
d’un personnel âgé de plus de 50 ans en moyenne. Lui évoquant un cas
particulier d’une personne, il exprima la phrase suivante : « Il est à deux ans
de la retraite, donc moins il en fait, mieux il se porte. » Interpellé par le « donc
» de liaison, Philippe décida d’explorer ce point, pour enfin parvenir à
découvrir une croyance limitante du type : « On ne peut pas être motivé à
deux ans de la retraite. »
Cette croyance, qui était, il est vrai peu constitutive pour ce cadre – et qu’il
pouvait remettre en cause facilement –, fut aisément transformable une fois
qu’il en eut pris conscience et permit un changement dans la relation avec ses
équipes. Forts de cette prise de conscience – nos croyances peuvent évoluer –,
nous pouvons mettre celles-ci à l’épreuve de notre sens critique et, pour la
plupart d’entre elles, les modifier ou les transformer de manière « efficace »,
dans le sens de nos objectifs.
Une autre démarche, qui peut être menée parallèlement, consiste à
expérimenter des « croyances utiles » utilisées par d’autres personnes qui ont
obtenu des succès notables. Une source importante pour ces croyances à
expérimenter provient de ce que nous appelons en PNL la modélisation. La
modélisation consiste à observer un expert, dans un domaine donné, et à
retirer de cette observation l’essence de la pratique de cet expert.
Ainsi, c’est de cette façon que Richard Bandler et John Grinder ont
modélisé, dans les années soixante-dix, Milton Erickson, Fritz Perls et
Virginia Satir. Ils ont alors tiré de leurs observations de ces trois génies de la
psychothérapie les protocoles d’intervention qui constituent aujourd’hui la
PNL.
Au-delà de l’observation des actes d’un expert, l’identification de ses
propres croyances est une étape qui fait également partie de la modélisation.
Ainsi, lors de la modélisation d’un grand sportif, les croyances de ce dernier
concernant ses propres capacités, son adversaire ou encore la compétition,
sont essentielles à mettre à jour pour que la modélisation soit efficace.
Si certaines des croyances que nous vous proposerons vous choquent ou
vous semblent fausses, passez à la suivante sans vous interroger davantage.
Questionnez-vous simplement alors sur ce que le fait d’adopter une autre
croyance à la place vous apporterait. Puis pesez le pour et le contre, le « bon
pour moi », « pas bon pour moi », et réalisez un choix intermédiaire.
Initions notre réflexion par une croyance faisant partie de celles qui sont les
plus sujettes à discussions et polémiques. Comment comprendre cette
croyance et comment s’en servir ?
Cette croyance repose entre autres sur l’idée de choix inconscient. Il est
acquis que 80 % à 90 % des actions sont réalisées de manière inconsciente :
notre respiration, le battement de notre cœur dans notre poitrine, nos
clignements d’yeux, ce vers quoi notre regard ou notre attention se porte dans
la rue…
Cette croyance repose sur l’idée que non seulement ces « réflexes », mais
aussi les événements de la vie, « nos choix rationnels » seraient également le
fruit d’un savant calcul effectué par notre esprit inconscient.
À la manière d’un Kasparov qui, se servant de son intuition et de son « sens
du jeu », parvient à battre un ordinateur qui calcule des millions de coups en
une seconde, notre cerveau nous guiderait, à l’insu de notre conscience, vers
des événements profondément choisis.
Plutôt que de nous perdre sur l’axe Vrai/Non-vrai, étudions cette croyance à
la lumière de l’axe vertical : dès le moment où nous adoptons volontairement
cette croyance, nous nous efforçons de donner du sens à ce qui se passe, et
continuons à travailler jusqu’à trouver un aspect utile à ce qui nous arrive.
La vie n’est alors plus vue comme une succession de hasards plus ou moins
heureux, mais bien comme une aventure, un champ de possibilités se
renouvelant à chaque instant et commandées par notre esprit inconscient.
L'étude de la synchronicité, chère à Jung, devient alors un jeu amusant,
nous plongeant dans l’état d’esprit du chercheur d’or qui, dans la boue,
prépare son corps, son cœur et son esprit, à trouver une pépite. Cette approche
sera plus amplement développée au cours du chapitre 12.
Cette croyance positive est une des plus faciles à acquérir : nul ne peut
prétendre avoir réalisé autant qu’il aurait pu. Notre potentiel nous est inconnu,
et nous ignorons ce que nous aurions pu – ou ce que nous pourrons – atteindre
dans d’autres circonstances ou en partant d’un point de vue différent. Cette
croyance ou en d’autres termes cette décision de point de vue, peut constituer
un nouveau point de départ et d’exploration. « Quelle est ma vraie valeur ? »
en est la question fondatrice.
Nous pourrions donner des pages et des pages d’exemples de croyances
dites dynamisantes, utiles à notre développement et à notre évolution.
Retenons plutôt que les croyances sont des ordres souvent inconscients que
nous donnons à notre cerveau, et que ces ordres sont extrêmement puissants.
À la source de nos croyances, le plus souvent, notre éducation, nos
expériences et notre culture. Retenons que nous avons en nous la possibilité
de modifier nos croyances, et de nous servir enfin de ce fabuleux pouvoir que
nous avons en nous, depuis toujours.
Jean se souvient avoir un jour reçu dans son cabinet une jeune femme en
thérapie. Âgée d’un peu moins de 40 ans, elle était très déprimée, pleurant
sans cesse et se plaignant qu’elle n’avait pas eu de chance dans la vie. Cette
croyance était si fortement ancrée dans son esprit qu’elle en était devenue
constitutive de son identité : au fil des années, à se répéter que la source de ses
malheurs était son manque de « chance » à la naissance – parents d’après elle
peu aimants, mère très autoritaire, pensionnat difficile – Magali avait fini par
se constituer un parfait costume de victime.
Revenir sur sa façon de voir les choses impliquait un changement bien plus
profond qu’un simple « changement de paire de lunette », une paire de lunette
filtrant la partie à moitié pleine du verre et l’autre filtrant la partie à moitié
vide. En modifiant l’idée qu’elle se faisait de la source de ses malheurs,
Magali bousculait son identité même, passant du statut de la victime, qui subit
le monde extérieur et cherche un sauveur, à celui d’adulte responsable, partie
prenante dans ce qui lui arrive.
Jean et elle travaillèrent ensemble à mobiliser sa créativité afin de trouver
en douceur d’autres voies d’expression de sa personnalité, remobilisant
également son aptitude à faire des projets. Dès la séance suivante, et
manifestement sans s’en être vraiment rendu compte, Magali exprimait par
son discours une réappropriation de sa vie, se plaçant elle-même, et elle seule,
au centre des événements.
Ce profond changement de croyance fut à la source du tournant qu’elle prit
alors dans sa Vie. Pour quelqu’un qui, comme Magali, vit ce type de prise de
conscience, la tentation peut alors être forte de tenter de l’imposer à son
entourage.
Pour renforcer votre travail, vous pouvez, pendant quelques jours, vous
entraîner à répéter dans la journée ou avant de vous endormir, votre nouvelle
conviction, à la manière de la méthode Coué.
1 Anton Tchekov.
2 InterEditions, 1999.
4
C'est l’histoire d’une petite fille afro-américaine. Elle a été abusée à l’âge
de 4 ans, et a dû être amputée d’une jambe à 5 ans. Tous les matins, avec ses
lunettes à gros verres, ses cheveux hirsutes, ses cannes, elle prend l’autobus
spécial réservé aux handicapés pour se rendre de sa banlieue pauvre à l’école
du quartier. À 16 ans, elle a un rêve impossible, inouï : devenir championne
de ski. Plusieurs fois par semaine, elle se rend dans le magasin de sports de la
ville pour s’imaginer descendre les pistes en essayant les combinaisons et en
écoutant les récits des clients. Elle n’a encore jamais vu la neige. Sur les
conseils d’une amie, elle parvient à intégrer un stage financé par la ville et
chausse les skis pour la première fois. Enthousiaste, l’adolescente s’entraîne
une partie de la nuit sur les pistes éclairées de cette station du Colorado. « Si
je parviens à réaliser ce rêve, je pourrai faire ce que je veux de ma vie. » Un
entraîneur la remarque et décide de la soutenir. En 1984, moins de quatre ans
plus tard, elle est médaille d’argent aux Jeux olympiques handisport
d’Innsbruck, en Autriche. Plus tard, Bonnie St. John réussira un brillant cursus
universitaire. Diplômée avec les honneurs de Harvard et Oxford, elle entamera
une carrière chez IBM et à Wall Street, avant d’être nommée par Bill Clinton,
directeur de projet au Conseil économique des États-Unis.
Si nous pouvions croire aux idéaux de notre vie comme Bonnie St. John,
avec la même force qu’elle a cru aux siens, alors notre motivation aurait la
capacité de balayer tous les obstacles en travers de notre chemin. Au cours de
ce chapitre et de ceux qui suivent, nous aborderons les moyens de favoriser les
conditions de l’émergence d’une telle sorte de motivation, ainsi que de
minimiser les doutes qui pourront tenter de la miner.
Quoi de plus ennuyeux que de travailler sur un projet qui ne nous intéresse
pas ?
Quels que puissent être les efforts déployés, il n’y a rien à faire : tout est
laborieux, et la moindre idée, en plus d’être obtenue « aux forceps », semble
horriblement lourde à mettre en place.
En revanche, dès lors que nous sommes convaincus que ce que nous faisons
nous rapproche de ce que nous désirons le plus au monde, tout semble plus
léger, plus fluide, et les étapes s’enchaînent alors confortablement, apportant
chacune un lot de nouvelles surprises et de nouvelles possibilités.
Nous avons tous connu des situations plus ou moins comparables à celle
d’un amoureux transi qui apprécie chaque centimètre du chemin qu’il parcourt
pour retrouver sa bien aimée, même si ce chemin est peu praticable et difficile
à arpenter.
Combien d’entre nous avons eu la chance de rencontrer de ces professeurs
qui savent rendre leur matière la plus intéressante du monde ?
La passion qu’ils mettent dans leurs propos, la ferveur avec laquelle ils
présentent leur enseignement fait naître même chez le plus poussif des élèves
un allant qu’on aurait pu croire impossible jusque-là.
À l'extrême, nous avons tous entendu des histoires racontant les exploits
d’une mère parvenant à soulever une voiture de ses propres mains afin de
sauver la vie de son enfant prisonnier de la tôle déformée.
Nous pouvons dire que lorsque la motivation est assez forte, il semble que
rien ne puisse alors nous arrêter.
Littéralement, la motivation est le moteur de l’action, la source du désir qui
transforme le rêve en réalité, l’énergie qui va nous permettre d’acquérir les
autres conditions du succès.
En France, de nombreux cadres de bon niveau ont suivi de dix à quinze ans
de cours d’anglais, sans parvenir à maîtriser cette langue. À un moment de
leur carrière, une évolution professionnelle rend nécessaire l’acquisition de cet
outil de communication pour réaliser une nouvelle mission qui leur est
attractive. Nous avons vu des personnes parvenir en six mois à une excellente
maîtrise de la langue de Shakespeare, en partant d’un niveau nul ou très bas.
Leur professeur était-il bon pédagogue ? Probablement, mais cet élément
indispensable n’était probablement pas le plus déterminant.
La compétence est partout : bons enseignants, moyens multimédias,
budgets des entreprises et de l’État, depuis quelques années e-learning, même
e-coaching, télé-formation. L'envie, la motivation, sont ce qui manque
réellement à tant d’individus frustrés par leur vie. Nous manquons d’énergie.
Bonnie St. John déclare : « Ma mère a été mon mentor. Elle m’a aidé à
avoir un rêve, et à me battre pour le réaliser. »
Quel est le bien le plus rare ? une compétence alliée à une solide pédagogie
ou une réelle volonté de réaliser ses désirs ? Notre défi personnel est de
trouver un projet suffisamment motivant pour nous mettre en mouvement. En
tant que parents, en tant que professeurs, nous avons en toute priorité à aider
les personnes dont nous sommes en charge à découvrir leurs propres sources
de motivation profonde.
Tony Robbins aime comparer la motivation avec un levier. Pour ceux qui
ont oublié leurs cours de sciences physiques, rappelons que l’action d’un
levier est proportionnelle à sa taille. Aussi peut-on dire sur le ton de la
plaisanterie qu’avec un levier assez grand, le plus faible d’entre nous pourrait
soulever des montagnes.
C'est en fait exactement ce qui se passe avec la motivation. Même avec tous
les obstacles imaginables sur notre route, nous trouvons les clés qui ouvrent
les portes en utilisant la puissance que nous confère le levier d’une motivation
véritable.
Ainsi il est intéressant de doper notre motivation en allant chercher le levier
le plus grand possible, c’est-à-dire en rattachant notre but à ce qui, à nos yeux,
a le plus d’importance.
Au cours du chapitre 11, vous aurez l’occasion de mettre à jour ce genre de
leviers et de profiter alors de la puissance qu’apporte une telle énergie.
Lorsque la réalisation d’un projet s’étale sur plusieurs mois, voire plusieurs
années, et que de nombreuses étapes intermédiaires sont prévues, il se peut
que nous éprouvions quelque difficulté à rester motivés.
Ce processus est normal et tout à fait explicable : l’énergie la plus forte, en
termes de motivation, se trouve dans l’objectif final plus que dans les buts
intermédiaires qui y conduisent. Mais la poursuite d’un but intermédiaire
mobilise souvent toutes nos ressources et tout notre esprit. Il arrive alors que
l’objectif à long terme finisse par disparaître de notre esprit et avec lui
disparaît alors également la motivation qui y était attachée.
Il est alors important de prendre le temps de remettre nos actions en
perspective non pas du seul but intermédiaire mais bien de l’objectif final,
retrouvant alors l’énergie et l’enthousiasme nécessaire à une démarche, un
mouvement agréables.
Une bonne nouvelle est que nous sommes tous motivés. Pourquoi chacun
d’entre nous s’est-il levé ce matin, alors que pour nombre de personnes rester
au lit aurait été beaucoup plus naturel ? De nombreux managers évoquent en
coaching le manque d’implication de leurs équipes, arguant que la majorité
des personnes n’ont pour seule motivation que le salaire (est-ce réellement
inacceptable ?) et qu’ils doivent dépenser une immense énergie pour pallier le
manque de motivation au travail de leurs équipes.
Au-delà de leur difficulté, souvent de leur incompétence à motiver les gens,
il y a une incapacité à accepter les leviers de motivation de l’autre et à
comprendre les leurs.
Pourquoi vous êtes-vous levé ce matin : pour aller travailler ? pour
accomplir votre destin ? pour contribuer à un projet qui vous tient à cœur ?
pour affirmer votre autorité sur votre équipe ? pour ne pas perdre votre travail,
car la vie deviendrait plus compliquée ? Pour financer votre retraite ? pour
faire ce que vous aimez ? Quelle que soit la raison, elle est le fondement
actuel de votre motivation, le socle sur lequel vous pourrez construire votre
vie. La condition : prendre conscience que nous n’avons pas le choix, même
pour les rares personnes qui sont à l’abri du besoin financier pour le reste de
leur vie.
Lors d’une séance de coaching une personne exprimait à Philippe sa
perplexité quant aux leviers d’action d’un membre de son équipe. Cet
individu, apparemment, n’était pas sensible aux arguments financiers, à la
pérennité de son poste, n’avait pas d’ambition identifiée.
Philippe lui posa la question : « Lui avez-vous déjà demandé ce qui le
motive ? » Cette question, peut-être la plus simple qui soit, fut un réel
détonateur pour ce monsieur, et fut pour lui la source d’une telle prise de
conscience qu’elle devint le fondement de son évolution.
Combien de nos responsables hiérarchiques nous ont-ils déjà posé cette
question ? Combien ont-ils réellement compris et intégré notre réponse ? Elle
est pourtant la pierre angulaire du développement personnel et du coaching.
Quel est le levier, notre levier personnel, qui nous ferait déplacer des
montagnes ou tout simplement bouger de notre statut quo ?
Comme le disait un enseignant en PNL : « Si vous ne savez pas quoi faire
avec une personne, faites n’importe quoi. Si elle bouge, c’est qu’elle est
toujours vivante. »
Une fois identifiée notre façon personnelle de nous motiver, nous pourrons
alors développer des stratégies dans le but de nous lancer dans l’action.
Nous en donnons ici quelques exemples, les meilleures stratégies étant bien
entendu celles qui fonctionnent pour une personne, le pragmatisme et la
créativité en étant les ingrédients principaux :
Tactiques de récompense
Tactiques ordaliques
Tactiques de visualisation
Conserver l’énergie
Quels que soient nos objectifs et nos stratégies, il est important de gérer
notre énergie, et que chaque journée, chaque semaine, nous apporte notre
ration de « ressourcement. »
Taibi Kahler, le créateur de la process communication introduite en France
par Gérard Colignon, a identifié six types d’énergie dans lesquels nous
sommes en situation de dépense ou de restauration, en fonction de notre
personnalité :
• Situations conviviales d’échange et de relations : échanger avec un
ami sur des sujets personnels, dîner avec son épouse ou ses proches,
câliner ses enfants, faire la fête, donner et recevoir des cadeaux…
• Situations de temps structuré et d’approche méthodique : travailler
méthodiquement, organiser son travail ou une tâche, définir des
objectifs, avancer d’un pas vers son rêve, acquérir une compétence,
organiser son temps…
• Situations de solitude : lire un livre, rêver, accomplir une marche
solitaire, méditer ou se relaxer, profiter du silence, prendre du
recul…
• Situations d’échange de convictions : exprimer ses valeurs et ses
convictions, avoir un débat contradictoire, afficher des principes,
être reconnu pour ses idées, convaincre…
• Situations de challenge et d’action vers un objectif ambitieux :
réaliser l’impossible, se dépasser, gagner une compétition,
manipuler les autres, négocier âprement…
• Situations d’interactions ludiques : jouer, provoquer, être en
opposition, rire et plaisanter, montrer sa différence, développer une
approche unique et créative, être « branché », utiliser de nouveaux
gadgets…
La majorité des personnes se trouvent en situation de dépense d’énergie
dans la moitié de ces situations, et en situation de ressourcement dans l’autre
moitié. Un de ces types de situation, à chaque extrême, est particulièrement
marqué en ce sens pour chacun d’entre nous.
Selon cette approche, chacune de nos journées doit contenir au moins une
situation de ressourcement. Par exemple, si nous trouvons notre énergie dans
le premier type de situation (convivialité et échange) et que notre travail ne
nous l’apporte pas (activité solitaire ou mauvaise ambiance au bureau), il sera
important, chaque jour, de se ménager des périodes de régénération de cette
nature.
Nous avons intérêt à veiller sur notre motivation, car c’est elle qui nous
donne une bonne partie de notre énergie. Ainsi, notre aptitude à rêver et, en
quelque sorte, à conserver notre âme d’enfant, fait partie des facteurs clés de
succès pour tout projet.
Entretenir notre motivation, de quelque façon que ce soit, est comme la
garantie de rester toujours dans un état d’esprit fertile et propice à la création
et à la perpétuelle réinvention.
Le fait de veiller à rester motivé revient à prendre soin de soi, car l’absence
de motivation au contraire mène obligatoirement à une vie désenchantée, vide
de sens et où le rêve n’a plus sa place.
Quelle que soit la nature d’un projet, la route qui y mène peut s’avérer
longue et semée d’embûches. Or, c’est bien notre force de motivation qui nous
permet de garder le cap et de nous maintenir en mouvement de façon agréable
et harmonieuse.
Nous pouvons observer avec quel sérieux jouent les enfants lorsqu’ils
s’inventent des histoires et qu’ils font vivre à leurs personnages imaginaires
toutes sortes d’aventures extraordinaires. Bien sûr ils jouent. En jouant, ils
développent leur imaginaire, leur capacité d’abstraction ; ils se font peur et
apprennent à être conscients de leurs émotions. Ils s’amusent et ils
apprennent, sans même se rendre compte qu’ils apprennent.
Voici sans doute l’une des plus belles promesses d’une motivation forte :
nous permettre en fin de compte de « travailler avec le sérieux d’un enfant qui
s’amuse », pour reprendre l’expression de l’écrivain argentin Jorge Luis
Borges.
D'où vient-elle ? Qui me l’a dit ? Où, quand aurais-je tiré ce genre de
conclusion ?
À quoi m’a servi dans le passé cette voix critique ? Que m’a-t-elle
permis d’éviter ? Notez des situations concrètes en prenant
conscience de l’utilité de ces critiques dans votre vie.
Phase 3 : Découvrir les limites de ces critiques internes
Posez-vous enfin les questions suivantes, pour chacune de ces critiques :
Ulysse évolue lors de son odyssée ; on peut même voir dans le mythe
homérique l’histoire de quelqu’un qui devient un homme, et qui s’accepte en
tant qu’homme. Ulysse, avant de quitter Calypso, a le choix : la déesse lui
propose d’être un Dieu et de rester alors avec elle sur son île en étant immortel
ou bien être un homme, un mortel, et retrouver pour le temps qui lui reste à
vivre, sa liberté.
Même si Calypso ne nous donne pas le choix, nous sommes comme Ulysse
dans son odyssée : nous voyageons dans la vie et modifions notre regard sur le
monde au gré des rencontres. À nous de bien choisir ceux qui nous entourent,
de communiquer avec eux au mieux afin que l’échange se passe, qu’il ait lieu,
comportant sa part d’alchimie et de surprise.
Alors après une rencontre, nous pouvons faire l’inventaire de ce qui a
bougé en nous, des transformations qui se sont opérées à notre insu. Une
rencontre avec l’autre est aussi une rencontre avec soi-même.
Les récurrences dans nos relations interpersonnelles sont souvent le reflet
de nos cordes sensibles, nous indiquant de façon subtile ce qui nous reste à
dépasser, intégrer, digérer ou sublimer pour être plus complet, plus nous-
même.
Aussi, pour « bien » communiquer avec les autres est-il important de « bien
» communiquer avec soi-même. Savoir écouter les différents aspects de notre
personnalité, être en conscience de nos conflits d’intérêt intérieurs, sont
souvent les premiers pas effectués vers le changement.
Nos antipathies, nos attirances et nos répulsions, nous donnent des
informations sur nous-mêmes. Si nous pouvons en prendre conscience, nos
sentiments d’attirance et de répulsion envers les autres peuvent se transformer
en ces questions : « Quelle partie de moi est-elle atteinte à travers cette
personne ? », « Qu’est-ce qui résonne en moi dans cette relation ? »
Être davantage à l’écoute de nos sentiments à l’égard des autres, en
s’interrogeant sur la facette de nous qui entre en conflit avec les autres parts
de nous-mêmes, va nous aider à intégrer toutes ces contradictions et à
construire une personnalité ouverte et capable d’apprendre et d’évoluer.
Cette capacité rare sera le signe que cette intégration de nos différentes
facettes a été menée à bien, et la réussite des autres ne fera plus résonner
négativement en nous ces facettes que nous refusions.
Avez-vous remarqué combien la majorité des gens ne semblent pas pouvoir
se réjouir sincèrement du succès d’autrui ? Qui prétend qu’un athlète a
remporté la compétition car « il n’y avait personne en face », qui déclare de
façon péremptoire que les voitures de sport sont faites pour les ploucs, alors
qu’il rêve secrètement d’en piloter une…
Le rapport que nous entretenons avec le succès d’autrui est éminemment
révélateur du rapport que nous entretenons avec notre propre succès ou même
l’idée que nous nous en faisons. Les personnes irritées par le succès des
autres, développant envie ou jalousie, voient souvent le succès d’autrui
comme se faisant aux dépens de leur propre succès.
Considérer les choses différemment, et commencer à envisager le succès
d’autrui comme quelque chose qui nous enrichit collectivement et
individuellement, ouvre à un état d’esprit beaucoup plus sain dans le rapport
même que nous entretenons avec le succès.
Comme nous l’avons vu dans le chapitre 2, le succès est parfois envisagé
comme source de culpabilité. En jalousant ou dénigrant le succès des autres,
nous nous interdisons nous-même, souvent inconsciemment, notre propre
réussite.
En coaching de managers, dans le cadre de son cabinet, il est souvent
nécessaire à Philippe d’aborder de front cet enjeu : de nombreux encadrants
ressentent – ou leurs collaborateurs le font à leur place ! – une difficulté à
valoriser sincèrement ou efficacement leur entourage :
• soit qu’ils aient des difficultés à exprimer leur satisfaction : dans ce
cas, le coaching comportemental est directement efficace pour y
parvenir. À titre d’anecdote extrême, le DRH d’une société
informatique se questionnait sur le fait que son entourage semblait
ne pas être très sensible à ses tentatives d’expression de sa
satisfaction. Perplexe, Philippe reconstitua avec lui le dernier
exemple qu’il avait vécu d’une telle situation, avec sa responsable
paye. Il s’exprima de la façon suivante : « Il n’y a rien à dire sur ton
travail. Tu n’as pas fait d’erreur, il n’y a pas eu à te relancer dix
fois, tu n’étais pas en retard.Vraiment non, en cherchant bien, je
n’ai rien à dire ! » Sans commentaire…
• soit que cet acte, pour diverses raisons qu’il peut être nécessaire
d’éclaircir avec les personnes, touche une croyance forte de nature
à détruire tout effort en ce sens, une croyance du type « si les gens
réussissent, alors je ne serai plus indispensable ». Cette croyance
n’est que très rarement consciente – un psychologue la qualifierait
de refoulée –, et une grande perspicacité est parfois nécessaire pour
parvenir à la découvrir.
Dans le cadre d’un groupe humain ordonné vers un objectif – entreprise,
équipe sportive – ou pour nous en tant qu’individus, cette nouvelle relation
aux autres va impliquer la remise en cause de très anciens paradigmes.
C'est en tout cas un principe valable dès que se construit une société
humaine ou animale. Dans le rapport aux autres entrent en conflit nos pulsions
les plus ancestrales. Paul Watzlawick, dans sa conclusion de Faites vous-
mêmes votre malheur, pose ainsi cette question : « La vie est-elle un jeu à
somme nulle ? »
Des carnivores concurrents se disputent une proie : chaque individu perd ce
qu’un autre dévore. « Je gagne ce que tu perds et je perds ce que tu gagnes »
en est la règle. C'est un jeu à somme nulle. Dès qu’une société humaine ou
animale commence à exister, le paradigme va alors changer. Par exemple, un
groupe de loups organise sa chasse en élaborant sa stratégie selon la règle : «
Nous gagnons ensemble ou nous perdons ensemble. » Au moment de la curée,
le « jeu à somme nulle » peut de nouveau prévaloir, générant peut-être
frustrations et rancœurs, de nature à compromettre plus tard la cohérence du
groupe ainsi que ses chances de survies futures.
Chaque individu, chaque groupe humain, doit déterminer pour lui-même un
équilibre dynamique et concilier à sa manière ces deux jeux dont les règles
sont en apparence opposées et inconciliables. De l’équilibre trouvé par un
individu ou un groupe dépendra sa perception de la vie et son rapport intime
au monde.
Dans l’entreprise, cet équilibre dans la valorisation des performances
individuelles et collectives représente souvent l’un des enjeux forts de la
réflexion des DRH à propos de la rémunération. Si nous considérons que les
autres constituent notre plus grande richesse, nous avons vu que plusieurs
postures existent, certaines plus propices à l’enrichissement que d’autres.
Nous vous invitons à expérimenter vous-mêmes ces différentes postures
d’ouverture à l’autre, et de trouver celles qui vous conviennent le mieux, de
déterminer votre équilibre personnel suivant les contextes et vos désirs.Vous
bénéficierez ainsi de toute la richesse que représente l'Autre, et nul doute que
vous saurez en bénéficier sans jamais en profiter comme un pique-assiette,
mais bien en adoptant le plus souvent, comme une attitude de vie, la posture
de contributeurs mutuels.
Nous n’entrerons pas dans la théorie des comportements collectifs qui nous
éloignerait trop du propos de cet ouvrage. Rappelons simplement que la
théorie détermine l’observation. Ainsi, si nous considérons les autres comme
une menace, un obstacle ou une source d’ennuis, nul doute que notre rapport à
eux sera marqué par le sceau du conflit et de la guerre. Au contraire, si nous
considérons les autres comme une richesse, une source de progression et de
développement, alors nous pourrons rencontrer sur notre route des personnes
qui nous élèveront, et que nous élèverons.
Très tôt dans l’histoire de l’humanité, de façon quasi instinctive, l’homme a
réalisé tout le bénéfice qu’il y a à vivre en groupe. Dans les tribus primitives,
la punition suprême était l’exil, le bannissement de la tribu.
Bien sûr, depuis trois cents ans, les paradigmes qui prévalent dans nos
sociétés post-modernes sont le matérialisme et l’individualisme. Il n’empêche,
notre aptitude à communiquer, à créer le rapport avec ceux qui croisent notre
chemin est un facteur clef de notre réussite, et ce quel que soit le domaine qui
nous intéresse.
Car c’est de la communication interpersonnelle que naissent
l'enrichissement mutuel et l'évolution. C'est en allant à la rencontre de l’Autre,
à la manière d’Ulysse dans son odyssée, que nous apprenons sur nous-même
et que nous pouvons enfin progresser.
Ainsi, à la manière d’Ulysse, qui commence son voyage avec tous ses
bateaux et ses hommes armés, et qui le termine nu, seul, échoué sur une plage,
nous apprenons en communiquant avec les autres à nous dépouiller de ce qui
n’est pas nous et à conserver l’essentiel.
Et si ce chapitre était en questions ?
Coopérer
Quels que soient nos sentiments ou nos impressions sur les intentions de
l’autre, nous devons aborder nos interlocuteurs en confiance et mus par la plus
complète confiance, quitte à prendre certains risques si leur loyauté n’était pas
plus tard avérée.
Agir réciproquement
Notre relation à l’autre est souvent fondée sur des principes viciés. Marshall
Rosenberg, le créateur de la « communication non violente » raconte ainsi
dans ses séminaires comment il a pris conscience des paradoxes de la
communication et développé son concept : il assistait à une dispute entre deux
enfants, et le plus âgé se mit à frapper le plus jeune. La mère survint qui gifla
violemment le coupable lui énonçant l’ordre suivant : « On ne frappe pas un
plus petit que soit ! » Rosenberg ajoute, dans son style et son humour
inimitables : « Il y a quand même quelque chose qui ne va pas chez nous… »
Sur un autre plan, voir chez les autres prioritairement les défauts, les
imperfections, les faiblesses, est un choix qui d’emblée nous prive de
l’enrichissement mutuel possible. Richard Bandler raconte cette anecdote
fameuse où il rencontre un jour dans un avion un homme se rendant à un
séminaire de PNL animé par lui-même. L'homme de l’avion ne reconnaît pas
Bandler et ce dernier se garde bien de lui dévoiler sa véritable identité : Il
prétend alors qu’il ne sait même pas ce qu’est la PNL !
Il explique qu’il a d’abord préféré écouter ce que l’homme de l’avion avait
retenu de la PNL, car, même pour un expert, il est toujours intéressant
d’écouter attentivement un autre point de vue, en envisageant cette écoute
comme l’occasion de réaliser quelque chose passée jusque-là inaperçue.
Un peu à la manière de l’aviateur du Petit Prince qui redécouvre le monde à
travers les yeux d’un enfant, nous avons toujours intérêt à envisager nos
rapports avec les autres dans l’esprit d’un chercheur d’or. Que fait un
chercheur d’or ? Même dans la plus sombre et la plus dégoûtante des boues, il
reste vigilant, car il sait que c’est dans cette boue que se cache peut-être une
pépite. S'il ne met pas les mains dans la boue, s’il ne va pas à sa « rencontre »,
alors il est certain, absolument certain de deux choses : il ne se salira pas les
mains ; et il ne trouvera jamais de pépite !
Les modélisateurs de la PNL, que nous évoquons régulièrement au cours de
ce livre, ont régulièrement confirmé l’élément suivant : les personnes qui
réussissent ont, plus que d’autres, développé la capacité de mettre à l’aise les
gens qui les entourent, à se soucier de leurs préoccupations, à comprendre leur
perception des choses.
DE LA SYMPATHIE À L'EMPATHIE
DE LA PERFORMANCE À L'EXCELLENCE
Cette formule peut choquer de prime abord, et pourtant elle pourrait bien
être le seul moyen de ne pas rentrer dans une communication à sens unique.
Mac Cormac, le grand coach et chef d’entreprise américain, ajoute même : «
Je ne sais pas ce que j’ai dit tant que je n’ai pas reçu la réaction de l'autre. »
Pour que nos relations soient épanouissantes et pour que les autres restent le
plus grand réservoir de ressources, d’émerveillement et de surprise possible, il
est extrêmement important de communiquer correctement.
La communication peut se décomposer, se projeter comme disent les
géomètres, suivant deux axes : l’information et la relation. On distingue alors
quatre cadrans principaux qui permettent de positionner ce qui se passe en
matière de communication (cf. figure 4).
Dans une relation donnée, qu’elle soit d’ordre personnelle, professionnelle
ou privée, il est important d’avoir une idée du cadran dans lequel la
communication se situe. La communication de qualité apparaît dès que les
deux axes « information » et « relation » sont pleinement satisfaits.
Si nous ne sommes pas satisfaits de l’effet obtenu, la première question à se
poser est « que puis-je modifier en moi, dans ma façon de communiquer, pour
obtenir la réponse que j’attends ? ».
Figure 4
– Pour une communication de qualité, qu’elle soit
professionnelle ou personnelle, vous devez vous positionner
de façon satisfaisante à l’intérieur des quatre cadrans
délimités par les axes Information et Relation.
Il est important de se poser cette question évoquée plus haut avant de
remettre l’autre en cause, en prétendant qu’il ou elle ne comprend absolument
rien à notre message. Cette question sera plus amplement abordée, sous
différents angles, au cours des chapitres 8 et 9.
Accepter la contribution de l’autre, quel que soit son statut ou l’état
présupposé de ses « connaissances », utiliser ce qu’il nous renvoie sur nous-
mêmes, sont certainement les plus fabuleux leviers de développement et de
progression.
Identifier les aides reçues dans notre vie, devenir capable d’exprimer de la
gratitude, peut ouvrir la porte à une nouvelle manière d’être, et bousculer de
nombreuses limites ou peurs personnelles en rapport avec la relation à l’autre.
Cet exercice peut grandement contribuer à cet objectif.
1 Identifiez les dix personnes qui ont vraiment contribué de manière la
plus importante à ce que vous êtes, à ce que vous avez pu accomplir
dans votre vie : parents, professeurs, entraîneur, amis, collègues,
anciennes amours… Ces personnes ont pu vous accompagner
plusieurs années ou vous ont plus simplement dit au bon moment
quelque chose qui s’est révélé déterminant pour vous. Vous pouvez
avoir conservé de bonnes relations avec elles ou avoir laissé
s’accumuler de la rancœur ou de l’incompréhension entre vous.
2 Identifiez clairement ce que ces personnes vous ont apporté ou ce
que vous auriez pu devenir sans leur aide, même si cette aide a été
inconsciente ou involontaire de leur part.
3 Les avez-vous formellement remerciées ? Si vous ne l’avez pas
encore fait, téléphonez-leur, prenez rendez-vous avec elles pour
leur exprimer votre gratitude et vos remerciements. N’ayez pas au
moment de la rencontre ou de l’appel téléphonique d’autre objectif
que cet acte.
Si vous ne pouvez pas le faire parce que vous pensez que votre émotion
rendrait impossible l’expression des mots, écrivez-leur une lettre manuscrite
en ce sens.
Si ces personnes sont décédées, prenez le temps de vous relaxer et de vous
imaginer face à eux : Regardez leur visage, entendez leur voix, sentez leur
présence, puis exprimez-leur votre reconnaissance en imagination. Il est
également possible de leur écrire une lettre que vous posterez à l’adresse –
poétique – de votre choix, à la manière des enfants avec le père Noël.
L'expérience suivante a été menée avec des rats : deux rats sont enfermés
chacun dans une cage dont le sol est électrifié. Un seul des deux rats dispose
d’un interrupteur, qui coupe l’électricité dans les deux cages. Le second rat ne
dispose pas de dispositif de coupure. De façon aléatoire, sur plusieurs
semaines, l’électricité est activée, et le premier rat s’empresse d’aller arrêter le
courant pour lui-même, et par conséquent pour son congénère. Au bout de
quelque temps, alors que la souffrance endurée par les deux animaux a été la
même en termes de durée et d’intensité, le premier rat est en pleine forme,
tandis que le second… est mort !
Le stress est lié au sentiment d’impuissance, à l’incapacité d’un individu à
pouvoir agir pour améliorer son sort.
Dans notre société que l’on dit malade du stress, dans un monde changeant,
dans nos entreprises soumises à la pression et à la concurrence, la question
fondamentale est peut-être la suivante : comment donner à chacun un pouvoir,
ou la sensation d’un pouvoir, d’agir sur son environnement ?
En entreprise, une partie de la réponse se situe au niveau des pratiques de
management ou, sous cet éclairage, dans la capacité des managers à favoriser
l’initiative et l’implication des équipes. L'autre partie de la réponse se situe
dans la capacité des individus à se prendre en main ici et maintenant, en
agissant pour leur bien-être, par eux-mêmes, même quand l’environnement
n’y est pas favorable.
Si cet enjeu est déterminant dans le domaine de l’amélioration continue des
processus industriels, il devient littéralement vital dans le domaine de la
sécurité. Pour Philippe, qui accompagne de nombreuses entreprises sur ces
enjeux, la piste principale se trouve quasiment toujours dans la gestion de ce
paradoxe : appropriation de la responsabilité à chaque niveau hiérarchique
pour développer l’initiative d’un côté, de l’autre coté strict respect des
principes édictés (process pour la sécurité, valeurs pour l’amélioration de la
performance)
Traduite dans notre vie personnelle, dans la perspective de notre projet,
cette approche du changement et de la maîtrise de nos peurs passe par les
conditions suivantes :
• Clarification du sens et du cadre de notre action : objectifs (cf. chap.
7), valeurs personnelles (cf. chap. 11)
• Prise en main de notre vie par la conscience de notre responsabilité,
response ability en anglais signifiant « capacité à répondre ».
• Action effective dans la direction que nous désirons pour y focaliser,
y cristalliser constructivement notre énergie.
Philippe a très souvent accompagné dans cet esprit, ces dernières années,
des cadres dans un moment particulier de leur carrière : les premiers mois qui
suivent une entrée en fonction suite à une promotion. Cette période, pourtant
positive et désirée, est pour de nombreuses personnes extraordinairement
stressante : enjeux forts tant pour eux-mêmes que pour leur entreprise, perte
de repères vis-à-vis de leur entourage et de leurs compétences reconnues,
volonté de s’adapter et de prouver leur valeur, sur-sollicitations... Tous ces
éléments contribuent à les placer dans une situation de stress intense et la
tâche pour le coach est alors de les aider à reprendre distance et contrôle, en se
réappropriant la capacité à décider des actions à mener vers leur
environnement, puis à les mettre en œuvre dans la réalité.
Cette formule peut amuser tant elle paraît simple et digne des meilleurs
truismes. Et pourtant, lorsque nous observons autour de nous, et que nous
écoutons les discours des uns et des autres, nous sommes souvent surpris par
le peu d’actions entreprises pour que les choses changent.
Demandez à un manager qui se plaint du manque de réactivité de ses
collaborateurs ou à quelqu’un se plaignant de son embonpoint, ce qu’il a
FAIT pour que ça change ? Vous serez surpris, soit par le blanc qui suivra –
soit parce qu’il n’a rien tenté, soit par le fait qu’il a agi de la même manière,
sans résultat, durant des années.
Nous avons souvent tendance à confondre le désir ou le discours avec ce
qui transforme la réalité : l’action. C’est l’action qui permet de perdre du
poids, d’instaurer une meilleure ambiance dans une équipe ou de faire le tour
du monde en bateau. Bien entendu, le savoir est important ; il permet de
cultiver son libre arbitre, de mieux comprendre le monde complexe qui nous
entoure, et de se préparer au mieux… à l’action !
Combien de personnes autour de nous se plaignent-elles de leur vie qui ne
correspond pas toujours à l’idée qu’elles s’en font ou qu’elles s’en faisaient
lorsqu’elles étaient plus jeunes ? La plainte n’est ni bonne ni mauvaise en soi.
La question est de se demander jusqu’où la plainte nous sert à bouger, décider,
entreprendre, changer, et à partir de quand la plainte nous paralyse, nous
enfermant dans un costume de victime qui ne décide de rien et qui reste
immobile.
Jean avait une cliente qui régulièrement se plaignait qu’elle n’avait pas eu
la chance d’avoir des parents assez aimant et que, surtout, sa mère ne lui avait
pas donné confiance en elle, et, au contraire, la dévalorisait sans cesse. Cette
personne, appelons-la Sandrine, était complètement immobile dans sa vie, et
passait son temps à se plaindre. Lorsqu’ils commencèrent leur travail,
Sandrine était au chômage, avait une très mauvaise opinion d’elle-même et ne
voyait rien de bon dans l’avenir. Elle passait ses journées à traîner chez elle –
ce sont ses propres termes – et n’avait goût à rien.
Dans un premier temps, ils ont œuvré ensemble sur la notion de
responsabilité : s’approprier son destin passe par prendre la responsabilité de
ce que nous avons traversé ou tout du moins, comme le dit Jacques Salomé,
un célèbre thérapeute, d’accepter l’idée que nous sommes partie prenante dans
ce qui nous arrive. Après un premier travail mobilisant fortement sa créativité
consciente et inconsciente, Sandrine avait quitté son cabinet, plutôt mieux en
partant qu’en arrivant.
Lors du deuxième rendez-vous, ils commencèrent par faire le bilan de ce
qui avait changé pour elle depuis la première séance. Elle semblait bien
embêtée, ne trouvant rien de particulier… Et puis, Sandrine finit par dire : «
Ah ! Si, c’est vrai, depuis la dernière fois, je me lève tous les jours à 8 h 30 ;
ça faisait très longtemps que je n’y arrivais pas ! » Dès qu’elle se fut
réapproprié quelques événements de sa vie, Sandrine fut alors dans l’état
d’esprit favorable au changement. Trois semaines plus tard, Sandrine avait
décroché un job et préparait le concours d’entrée d’une prestigieuse école,
auquel elle n’avait fait que rêver jusqu’ici.
Un tel changement peut sembler incroyable par sa rapidité et la fluidité avec
laquelle il a lieu. Pourtant, l’exemple de Sandrine est révélateur de la
puissance de l’action. Tant qu’elle était dans le discours, commentant par
avance des échecs dont elle était alors certaine qu’ils seraient au bout de ses
tentatives, Sandrine ne faisait que s’amoindrir mentalement et renforcer son
sentiment d’échec et de frustration.
Dès qu’elle eut changé quelque chose de concret dans sa vie, dès lors
qu’elle se mit à agir – son lever matinal déclencha une réaction en chaîne :
envoi de CV, reprise d’une activité sportive et de créations artistiques qu’elle
avait depuis longtemps abandonnées – Sandrine transforma le cercle vicieux,
dans lequel elle s’épuisait jusqu’alors, en un cercle vertueux qui lui permit de
mieux vivre sa vie, en augmentant son estime d’elle-même et en développant
de nouveaux comportements de vie plus adaptés à sa personnalité profonde.
Dès lors, ses rêves, ses ambitions, redevenaient accessibles.
Quelle que soit la nature de la plainte ou de l’intention, quel que soit le sujet
concerné, c’est en agissant que nous obtenons le carburant indispensable au
changement : l'expérience.
C'est l’action qui nourrit véritablement le cerveau et qui ramène dans un
principe de réalité un avenir qui jusque-là ne pouvait être que fantasmé. Qui
parmi nous n’a jamais dit d’un projet : « Ça va être dur » avant même d’avoir
essayé ? Qui, encore, lancé dans ce projet, n’a jamais été surpris par la facilité
inattendue rencontrée sur le chemin ? Qui, encore, n’a jamais été
profondément déçu par la réalité rencontrée, si différente de ce qui jusque-là
avait été rêvé ?
Le héros proustien de la recherche du temps perdu en est un parfait
exemple. Le premier opus de la recherche, Du côté de chez Swann, se termine
par cette partie intitulée « Nom de pays : le nom. »
Le héros rêve alors de différentes contrées fantasmées, remplissant son
imaginaire. Parmi elles, Balbek, aux accents orientaux, nourrit l’imaginaire du
héros et augmente son désir de voir un jour cette contrée « en vrai ».
Cette partie fait écho au deuxième tome des Jeunes Filles en fleur : « Nom
de pays : le pays », où le héros réalise non sans déception à quel point la
réalité est différente de ce qu’il avait imaginé. Pourtant, c’est grâce à cette
irruption du réel, et à l’aptitude à l’accueil qu’elle crée chez le héros, que la
rencontre de « la petite bande » de jeunes filles, et notamment d’Albertine,
sera possible. C'est également grâce à cette dichotomie entre fantasme et
réalité que le jeune personnage proustien rencontrera le peintre Elstir, et avec
lui, une autre vision de l’art, puis du monde.
Nos expériences sont constitutives de notre rapport au monde, et ce n’est
pas dans les livres que l’on apprend à marcher – n’est-ce pas, cher ami
lecteur ?
C'est grâce aux actions que nous entreprenons que nous rendons réels nos
projets et nos rêves, que nous leur donnons une chance de voir le jour, et que
nous obtenons l’expérience nécessaire pour qu’ils évoluent et changent en
même temps que nous changeons.
Souvent, un simple premier pas, une impulsion donnée pour la première
fois dans la réalité, seront suffisants pour atteindre l’objectif. Jay Haley,
l’élève de Milton Erickson, prétend que plus de 50 % des patients sont déjà
guéris en arrivant au premier rendez-vous : la somme des petites peurs
vaincues une par une par une action concrète, à chaque étape nécessaire pour
parvenir dans son cabinet, aura été suffisante. Haley explique que le rôle du
thérapeute n’est souvent que d’entériner le changement et d’aider le patient à
prendre conscience, progressivement, que son but a été atteint à la première
seconde où il s’est pris en main… en agissant ! La vertu thérapeutique de
l’action est telle que Haley pose parfois cette question à ses patients, lors du
premier rendez-vous : « De nombreuses personnes me témoignent qu’entre la
prise de rendez-vous et notre entretien, certaines choses ont commencé à
évoluer positivement dans leur vie. Et vous, qu’avez-vous constaté dans votre
cas ? » Ces premiers changements constatés ouvrent ensuite la porte à une
orientation positive vers l’avenir.
Souvent – pour ne pas dire tout le temps – un projet comporte une étape où
il est important d’intéresser quelqu’un : des clients, ses enfants, un entraîneur
sportif, un recruteur ou un partenaire potentiel.
Nous vous proposons alors deux croyances, deux a priori à la fois
parfaitement irrationnels et utiles, qui peuvent favoriser le passage à l’action
et vous aider à mener à bien votre projet :
• Si vous avez un désir, sincère et profond, et que ce désir est bien
clair pour vous et en accord avec vos principes et valeurs (cf. chap.
7 sur les objectifs et chap. 11 consacré aux valeurs), alors il y a
quelque part des gens que votre projet intéresse.
• Il est trop risqué d’espérer que les personnes concernées par
votre projet viennent vous chercher ou vous solliciter. Souvent,
elles ne savent pas que vous existez, encore moins que vous
proposez quelque chose d’essentiel pour elles.
C'est uniquement par des actes – même dérisoires – que nous montrerons au
monde, et à nous-mêmes, ce que nous avons à offrir, à proposer, et que notre
projet s’animera, c’est-à-dire – littéralement – deviendra vivant.
Il y a quelques années, Jean eut le plaisir de travailler avec un camarade de
promotion sur son changement de projet professionnel. À l’époque, Gilles
était ingénieur commercial dans une très grande compagnie industrielle
française. Il souhaitait se réorienter afin de devenir journaliste de presse écrite
et audiovisuelle. Ils ont bien sûr étudié toutes les croyances de Gilles quant
aux difficultés de « faire son trou » dans un milieu professionnel réputé pour
être très fermé et fonctionner beaucoup par « copinage ».
Gilles a organisé son changement d’activité en posant différentes actions,
parmi lesquelles démissionner de son job, suivre une formation de directeur de
production et activer son réseau relationnel pour trouver des portes d’entrée.
Chacune de ces actions a été mûrement réfléchie et, surtout, chacune de ces
actions a été exécutée !
Bien sûr, dans un tel projet, chaque action est importante et construit une
alchimie impossible à décortiquer de façon linéaire. Toutefois, Jean, de sa
fenêtre, identifia une action qui d’après lui a vraiment ouvert à Gilles les
portes de son nouveau travail : un jour, alors que celui-ci rencontrait par
hasard – nous reviendrons sur cette notion dans le chapitre 12- l’attachée de
presse d’un grand sportif, cette dernière lui expliqua sa difficulté à trouver un
journaliste pour faire un portrait du sportif en question. Sans hésiter, Gilles lui
proposa ses services gracieux pour réaliser un sujet de quelques minutes.
Ravie, l’attachée de presse a accepté la proposition avec joie. Gilles a pris
sa caméra sous le bras – une action intermédiaire fût l’achat d’une caméra DV
– et est parti plusieurs jours faire une chose qu’il n’avait encore jamais faite.
Nous vous passons les péripéties et les difficultés qu’il rencontra pour
finalement aboutir à un vrai sujet de 5 minutes, de qualité professionnelle.
Alors, dès ce moment-là, Gilles fit le tour des rédactions de chaînes de télé et
de boîtes de production afin de montrer ce qu’il avait fait.
Le sujet de Gilles n’a pas été acheté. Il n’a donc pas non plus été diffusé sur
une chaîne de télé. Quelques jours après l’avoir présenté pour la première fois,
une grande maison de production lui proposait son premier sujet, qu’il accepta
aussitôt, qu’il réalisa, et que la chaîne – hertzienne – diffusa quelques
semaines plus tard.
Aujourd’hui, Gilles est journaliste, travaille pour différents magazines de
presse écrite et est rédacteur en chef de plusieurs émissions de télévision
hertzienne.
À 55 ans, Ram Baba avait élevé ses enfants et embrassé ses premiers petits-
enfants. Conformément à la tradition, il pouvait alors se lancer dans la
dernière phase de son existence, abandonner les illusions du monde, quitter les
siens et entamer l’ultime quête de sa vie. Après plusieurs mois de méditation,
au cours desquels il était repassé par ses rêves successifs depuis sa naissance,
après d’innombrables entretiens avec les anciens et les sages de son village,
après le diagnostique qu’avait émis l’astrologue à propos de son dernier
karma, cette quête avait pris progressivement forme. Tout d’abord aussi
fragile et fugace qu’une vague intuition, une certitude s’était peu à peu, au fil
du temps, matérialisée dans son esprit. Il devait trouver le Shintamani, l’arbre
mythique légendaire, improbable. Cet arbre avait le pouvoir de satisfaire tous
les désirs de celui qui s’abritait sous ses branches. On disait qu’au-delà des
richesses matérielles, derrière ce pouvoir se cachait le secret ultime de
l’existence, que des générations d’ascètes avaient cherché, souvent en vain,
pendant d’innombrables vies. Ram Baba avait mené la vie de moine errant
pendant dix ans maintenant. Combien de villages avait-il traversé, combien de
montagnes avait-il franchies ? Souvent, il avait été tenté de s’arrêter et de se
fixer. Après quelques semaines, parfois des mois, il avait toujours repris son
chemin et sa quête. Il touchait maintenant à la fin du voyage. Désormais sans
eau, il avait achevé ses dernières réserves de nourri-ture depuis trois jours.
Sous le ciel de ce désert, les oiseaux charognards commençaient à se
rassembler, dans l’attente de se disputer les restes du vieil homme.
Rassemblant ses dernières forces, il put atteindre pour leur échapper un coin
ombragé, et s’y écroula en attendant la délivrance de son dieu. Avant de
perdre conscience, il pensa, malgré la certitude de sa fin imminente, combien
il aimerait boire de l’eau fraîche. À peine avait-il émis cette pensée, qu’il
entendit le gazouillement d’une source à son côté, suivi d’une sensation de
fraîcheur à ses pieds. Convaincu d’être victime d’une hallucination, Ram Baba
leva les yeux : au-dessus de lui s’étendaient les branches noueuses d’un arbre
étrange. Il comprit aussitôt. Il avait réussi.
Si nous trouvions cet arbre magique sans nous y attendre, quels seraient
nos désirs ?
Le vieil homme, au bout de son chemin, voulut d’abord des choses
simples : eau, fruits, riz parfumé, une brise légère. Ensuite, il désira des mets
plus élaborés, un lit confortable, des serviteurs pour l’éventer et le masser.
Rassasié et tiré d’affaire, il s’abandonna à son confort. Alors, une pensée lui
traversa l’esprit : Pourvu qu’il n’y ait pas de bêtes sauvages dans ce lieu, car il
ferait une proie bien facile ! Ram Baba hurla de terreur quand, dans un éclair
lumineux, se matérialisèrent les tigres affamés.
Source : sagesse traditionnelle indienne.
La tradition indienne explique que chacun d’entre nous a déjà trouvé cet
arbre Shintamani : il est la vie. Tous nos plus grands désirs, ainsi que nos plus
grandes craintes, sont déjà exaucés pour nous, maintenant.
Que voulez-vous ?
Cet objectif doit être formulé en termes positifs, de direction (« aller vers »)
et dépendre de nous. Robert Dilts, peut-être l’élève le plus brillant de Bandler
et Grinder, ajoute : « Si vous n’avez pas d’objectif, c’est que vous n’avez pas
de problème. » Une question utile a été inventée par Spencer Johnson dans le
célèbre livre Qui a piqué mon fromage ? Cette question est la suivante : « Que
feriez-vous si vous n’aviez pas peur ? »
Bien sûr, pour qu’un objectif soit acceptable, il est essentiel que cet objectif
ne dépende que de nous. Ainsi, l’objectif « gagner au loto » est difficilement
acceptable dans la mesure où seul le fait de jouer au loto nous appartient.
De la même façon, un objectif à très court terme – qui pourrait, pourquoi
pas, être une première étape de notre objectif à long terme – du type « je veux
que tante Germaine arrête de m’énerver en faisant du bruit avec sa bouche –
c’est insupportable » n’est pas non plus acceptable. La démarche en
l’occurrence consistera d’abord à comprendre que lorsque tante Germaine fait
du bruit avec sa bouche, c’est moi, et moi seul, qui m’énerve. M’étant
réapproprié ma responsabilité dans cette histoire de concert masticatoire, je
pourrais alors efficacement travailler sur ma demande « cesser de m’énerver
lorsque j’entends le bruit que fait la bouche de tante Germaine ». L'atteinte de
ce premier objectif pourra ensuite ouvrir la porte à d’autres objectifs plus
ambitieux.
Il reste encore un point essentiel à rectifier dans la formulation de cette
demande : rappelons-nous que nous avons insisté sur l’importance de formuler
un objectif positivement. Or nous rencontrons ici une question classique dans
toute démarche de changement, pouvant se résumer à la question suivante :
comment faire quand le but est de ne pas le faire ?
Lorsque la première définition d’un objectif, disons la plus naturelle, est de
le définir négativement, comme « ne pas s’énerver quand cela n’en vaut pas la
peine » ou encore « perdre du poids » ou « arrêter de fumer », l’enjeu est de
trouver quoi faire, quand il s’agit justement de « ne pas » faire.
Là dessus, souvenons-nous que la nature a horreur du vide, et qu’une des
premières questions à se poser est « qu’est-ce que ce comportement
m’apporte ? ». Dans le cas de la cigarette par exemple, ce qui est le plus
souvent cité est que « ça me calme quand je suis stressé » ou encore « c’est un
plaisir quand je me détends ».
Dès lors que vous avez clairement identifié vos réponses à ces questions,
demandez-vous alors ce que vous pouvez faire pour obtenir le même résultat.
Ainsi vous êtes passé de l’impasse « que faire pour ne pas le faire » à la
démarche créative et amusante « comment obtenir la même chose de manière
différente ? » Le changement peut dans ces cas-là être perçu comme un
processus d’amélioration : quitte à obtenir la même chose différemment,
autant améliorer le résultat obtenu !
En ce qui concerne mes rapports avec tante Germaine, je peux selon les cas
souhaiter « me souvenir en toutes circonstances de mes sentiments pour elle »,
« rester calme lorsque je la vois » ou bien encore « veiller à maintenir un
maximum de distance entre sa bouche et mes oreilles ! »
Nous touchons ici aux critères de mesure de l’atteinte de notre objectif. Ces
critères sont utiles à deux titres :
• Mesurer nos avancées par la claire mesure et la validation des étapes
intermédiaires que nous aurons atteintes.
• Prendre conscience de l’atteinte finale de nos buts. Un véritable
changement se fait en totale harmonie, et touche les profondeurs de
la personne. Aussi surprenant que cela puisse paraître, il arrive
souvent qu’elle ne soit pas consciente du fait d’avoir réalisé son
objectif initial. Avoir défini des critères objectifs en début d’action
va aider la personne à prendre conscience des changements réalisés.
Parfois, en thérapie, il n’est pas souhaitable que ce changement soit
validé de façon consciente. Jean a reçu dans son cabinet une dame
dépressive dont il constatait l’amélioration de l’état à chacune de
leurs séances. Toutefois, la plainte était manifestement une chose
importante pour cette dame. Il a alors choisi de laisser cette dame se
plaindre, tout en continuant à progresser avec elle sur les profonds
changements qui intervenaient dans sa vie (réconciliation avec
certains membres de sa famille, retour dans le monde du travail,
reprise d’une activité artistique épanouissante laissée en friche
depuis des années).
Pour illustrer cette étape, Richard Bandler aime déclarer qu’à l’issue de ce
troisième point, l’objectif doit « tenir dans une brouette ». Ainsi, les demandes
du genre « améliorer ma confiance en moi », « être plus heureux dans la vie »
ou encore « m’épanouir dans mon travail » seront explicitées au cours de cette
étape.
Pour un objectif similaire, des personnes différentes pourront, suivant leur
sensibilité et leur style, être attachées à des indicateurs tout à fait différents.
Par exemple, dans le cadre d’un objectif sportif, certains seront satisfaits dès
qu’ils verront le temps adéquat sur leur chronomètre (« courir le semi-
marathon en moins d’une heure trente »), alors que d’autres seront
spontanément tournés vers leur rang de classement (« être dans les deux cents
premiers ») ou, tout simplement, par le fait d’avoir terminé la course.
Trois questions complémentaires sont souvent utiles :
• Qui se rendra compte en premier de ce changement ?
• Quel genre de remarques souhaitez-vous entendre ?
• Quels sont les indicateurs objectifs qui valideront qu’un changement
est en train de se produire ?
Cette définition des critères permet parfois, en coaching stratégique, de
changer la focalisation de l’objectif, en « lâchant la proie pour l’ombre »,
volontairement. Par exemple, pour un cadre souhaitant améliorer sa gestion du
temps pour passer plus de temps avec ses enfants, il est possible de se
focaliser uniquement sur la deuxième partie et ses relations avec ceux-ci. Si le
coach a eu une intuition juste, la partie gestion du temps va connaître une
amélioration notable sans qu’elle soit directement abordée. Cet exemple est lié
également à la question suivante :
Où, quand, comment, avec qui serez-vous quand vous aurez atteint votre
objectif ?
• Quels sont les rêves de votre vie auxquels vous pensiez avoir
renoncé ?
• Que feriez-vous si vous n’aviez pas peur de l’échec ?
• Quel est votre plus grand rêve personnel ? Que souhaitez-vous
avoir accompli de ce rêve dans dix ans ?
• Quelles étapes de ce rêve vous semblent-elles les plus
motivantes ?
• Pour atteindre cet objectif, à quoi êtes-vous prêts à renoncer ?
• Quel sera pour vous le signal le plus fort que votre objectif est
atteint ?
• Qui à part vous se rendra compte le plus tôt de votre
changement ?
• Quels pourraient être les avantages de ne pas atteindre votre
objectif ?
• Qu’est-ce qui changera le plus autour de vous quand vous aurez
atteint votre objectif ?
• Quelles excuses les plus créatives pouvez-vous parvenir à
imaginer pour ne pas avoir déjà atteint votre objectif ?
• À quelles solutions pour l’atteinte de votre objectif êtes-vous
certain de ne jamais penser ?
En reprenant point par point les obstacles de l’étape 6, notez pour chacun
d’eux une parade, une décision, un évitement possible. Comment, par le passé,
avez-vous déjà dépassé un tel problème ? Quels nouveaux moyens allez-vous
mettre en œuvre ? Que devrait-il s’être passé avant l’apparition de l’obstacle
pour qu’il soit déjà neutralisé au moment de son arrivée ?
Voici deux exemples de l’état d’esprit avec lequel nous pouvons aborder
ces questions :
• Obstaccle 1 : j’ai tendance à me décourager sur le long terme, et
mon objectif final ne me paraît plus si motivant. Moyen : si cela
arrive, je décide d’oublier pour quelque temps l’objectif final, et
d’accomplir chaque jour une étape, même symbolique, dans la
bonne direction.
• Obstacle 2 : à telle étape de mon projet, dans deux ans, on risque de
me reprocher mon manque d’expérience dans le domaine Z.
Comment, peut-être d’une manière différente de ce que l’on
attendra de moi, puis-je acquérir cette expérience minimum d’ici
là ?
À la fin de l’étape 7, il est possible d’établir un plan d’action. Si le projet
est à dix ans, il sera découpé en étapes intermédiaires : d’abord à mi-chemin
(cinq ans), puis à deux ans, enfin pour l’année à venir, et éventuellement mois
par mois. Penser au but à dix ans est à la fois enthousiasmant et démotivant,
car paraissant à première vue inaccessible.
Chaque étape mensuelle, hebdomadaire ou quotidienne est facilement
réalisable et peut manquer de sens si l’on ne la rattache pas à l’objectif ultime.
Toutes ces étapes, proches et lointaines, nous serviront à maintenir notre
motivation sur le chemin. Chaque étape intermédiaire, souvent annuelle, sera
repassée au crible des sept points précédents de la détermination d’objectif.
Quelles ont été les étapes importantes que j’ai vécues pour réaliser
mon rêve ?
Durée indicative : 1 h 30
1. Reprenez les éléments principaux de votre projet et vérifiez qu’ils
répondent aux sept critères évoqués dans le chapitre.
Si nécessaire, procédez aux décisions adéquates ou aménagements utiles de
l’objectif final.
2. Remplissez la grille suivante, en commençant par remplir les cases
correspondant au but ultime (l’exemple est ici donné à dix ans), puis celles de
la situation actuelle, enfin les colonnes à 5 ans, 2 ans, et à un an.
Exercice 19 :Valider les étapes
1 Eleanor Roosevelt.
8
Notre flexibilité mentale par rapport à ce projet sera son principal atout, et il
tirera son énergie vitale de celle-ci.
Voici quelques questions efficaces pour notre remise en cause, tout au long
du chemin. Ces questions, que nous commenterons, nous seront également
utiles pour favoriser la créativité des autres si nous sommes – parents,
managers, coachs – en situation de contribuer au développement de projets de
personnes :
Si mon objectif était dix fois plus élevé, que changerais-je ? Comment me
poserais-je différemment certaines questions ? Quel nouveau plan d’action
mettrais-je en œuvre ?
Il s’agit ici de briser les peurs ou les limites que peut élever un objectif qui
nous paraît difficile à atteindre. De nombreux managers commerciaux nous
ont évoqué tous les bénéfices qu’ils ont retirés à poser cette question à des
commerciaux tétanisés par l’appréhension de ce que leur entreprise attendait
d’eux.
Cette démarche amène en plus le questionnement de l’objectif même, et
peut amener à le considérer avec un regard neuf, en levant peut-être certaines
inhibitions.
Si j’avais deux fois moins de temps pour réaliser mon projet ou cette étape du
projet, que modifierais-je ?
Face à une difficulté, nous pouvons avoir tendance à tirer des conclusions et
une analyse trop rapide des causes et des effets.
Cette question, très utilisée également par les coachs, a pour effet d’aider la
personne qui (se) la pose à développer la flexibilité de son analyse et de son
jugement. Ensuite, la pluralité des analyses possibles sera de nature à doter la
personne de différentes stratégies d’action.
Dans toute démarche de changement, en coaching comme en thérapie, la
question du rapport à soi et au monde est d’une grande importance : comment
nous percevons-nous, et comment percevons-nous le monde qui nous entoure,
conditionne à plus d’un titre ce que nous pouvons appeler notre « champ des
possibles ».
Par « champ des possibles », comprenons l’ensemble des autorisations à
changer ou à entreprendre, que nous nous allouons plus ou moins
consciemment.
Le changement de référentiel qu’implique cette démarche consistant à
adopter systématiquement plusieurs points de vue différents, à chausser
plusieurs paires de lunettes successives et à percevoir le monde comme
quelque chose de plus vaste, plus riche et, peut-être, plus merveilleux que
nous ne le faisions auparavant, est un important levier de changement
individuel. Nous ne l’appliquerons pas qu’à nos objectifs.
Après avoir challengé nos échecs et difficultés, il peut être utile de se poser
des questions comparables au sujet de nos réussites.
Selon Richard Bandler, notre réussite peut avoir pour conséquence de
cristalliser notre manière de faire, en réduisant nos choix d’action à une seule
possibilité d’action, celle qui a apporté des résultats positifs par le passé. Dans
cette optique, Bandler affirme qu’« une des conditions à l’excellence humaine
est d’augmenter le nombre de choix disponibles pour nous, à chaque
circonstance de la vie ».
La notion de choix multiples est même le principe essentiel des thérapies
dites brèves : dans ce champ de pratiques, exploré et théorisé par les
chercheurs de l’école de Palo Alto, un comportement, une attitude néfaste à
l’épanouissement d’un individu sont considérés comme une réponse
inconsciente à une situation donnée.
Même si ce comportement est indésirable dès le départ, le fait est qu’au
moment même de son développement inconscient, l’individu qui l’a adopté
n’est pas parvenu à trouver « mieux », selon ses capacités et son contexte du
moment.
Adoptant et répétant ce comportement sur une longue période, une habitude
s’installe, et le cerveau, dont le but est d’automatiser un maximum d’actions,
n’utilise plus sa créativité sur ce comportement indésirable. Alors une gêne,
parfois pathologique, s’installe et demeure.
La démarche thérapeutique consiste alors à réactiver la créativité de
l’individu concerné, afin qu’il développe, qu’il invente, de nouvelles stratégies
comportementales. L'utilisation des exercices de visualisation concentrée est
alors précieuse, une particularité de cet état étant qu’il permet d’accéder à une
créativité souvent restée en sommeil pendant longtemps.
C'est donc en questionnant l’existant, en remettant en cause les choix
conscients et inconscients que nous faisons à longueur de temps, que nous
ouvrons de nouvelles perspectives de réalisation et d’action.
Nous pouvons agir de même avec nos croyances : si la croyance « je suis
responsable de la situation présente » peut souvent nous être utile pour
conduire un projet ou comme philosophie générale de vie, elle peut être
particulièrement néfaste dans certaines circonstances particulières, comme par
exemple pour consoler un ami. En outre, elle peut parfois favoriser notre
culpabilisation suite à un échec.
Souvenons-nous : même les croyances utiles (nous en avons listé plusieurs
dans le chapitre 3) peuvent être inutiles, voire néfastes dans certaines
situations ! Souvent en coaching, la difficulté principale est de faire sortir la
personne ou l’organisation d’une stratégie ou d’un processus qui a porté ses
fruits par le passé. La prise de conscience, si elle est parfois aisée en situation
d’échec, peut être très ardue quand l’individu ou le groupe connaissent encore
une forte réussite !
Dans ce cas, nous pouvons reprendre à notre profit certaines techniques de
coaching, en listant d’abord des situations dans lesquelles cette stratégie porte
efficacement ses fruits, avant de lister les situations (toutes les autres !) dans
lesquelles envisager une autre stratégie nous serait peut-être profitable.
Cette attitude, cette philosophie, est souvent adoptée par les gens qui
obtiennent de grandes réussites.
L'échec n’est qu’une information sur la nécessité de modifier un élément
dans notre action. Si nous pouvons le percevoir d’une telle manière, alors
notre être profond se sentira préservé, et nous aurons moins à subir nos
propres réactions négatives en cas de critique et d’échec, ces réactions étant
difficilement contrôlables car le plus souvent entièrement inconscientes. À
cette condition, nous pourrons alors adapter, changer nos réactions.
D’autre part, notre réussite, comme nous l’avons vu, peut cristalliser, figer
nos stratégies et nos comportements. Nous devons inventer en permanence de
nouvelles manières de faire, de peur de nous figer dans des pratiques qu’il
nous sera difficile de modifier si elles se révèlent un jour, peut-être
brutalement, inadaptées.
Comment faire ? En établissant un processus permanent de feed-back et de
remise en cause, par exemple en se posant à la fin de chaque journée, la
question : « Qu’ai-je appris, qu’est-ce que je change demain ? »
Il est également important de solliciter et de rechercher les conseils de ceux
qui peuvent nous aider sur le chemin. Ces personnes, simples proches, amis,
spécialistes dans un domaine d’activité représentant un élément important de
notre réussite, vont également nous donner ce regard extérieur, les atouts qui
seront déterminants pour notre succès. Une fois le retour d’opinion obtenu et
écouté, nous pourrons nous poser la question suivante à son propos :
« Qu’est-ce que j’accepte, qu’est-ce que je refuse dans ce conseil ? »
ÉLARGISSEZ VOTRE BULLE
Quelles sont les conditions et les critères d’une remise en cause efficace au
contact d’autres environnements et manières de penser ? Comment accueillir
de façon juste les critiques, les encouragements ou simplement des points de
vue différents du nôtre ?
Il nous faut être « une éponge molle à noyau dur », c’est-à-dire flexible,
souple, harmonieux, conciliant à la périphérie, dans notre relation avec les
autres, et solide, inflexible, fort, concernant nos valeurs, ce qui est important
pour nous, l’essence de notre projet (figure 5, illustration 1) :
Figure 5
– Saurez-vous dire quelle est la meilleure éponge ?
Réponse à l’intérieur de la page !
Dans l’illustration 2 (figure 5), cette personne a un noyau trop gros, sans
marge de flexibilité autour. Elle est perçue comme rigide, impulsive, à fleur
de peau. Son être semble attaqué quand elle reçoit la moindre remarque ou
critique.
Elle peut avoir intérêt à définir son « noyau dur », l’essence de sa personne
et de son projet. Établir ses valeurs personnelles (voir chapitre 11), définir ses
croyances de vie, ce qui en elle, dans son projet, ne sera jamais négociable,
sera très utile pour elle. À cette condition, la personne pourra acquérir de la
flexibilité sur les éléments secondaires.
Attention : Tout ce qui n’est pas non négociable sera négociable !
Dans l’illustration 3, Cette personne a peu ou pas de noyau. Elle est perçue
sans véritable personnalité et son opinion change au gré de ses rencontres.
Cette personne doit définir un certain nombre de valeurs fortes, établir un
projet de vie, afin de se construire un véritable noyau. Elle doit acquérir une
rigidité, consciente, de tout ce qui est sa réelle essence, pour pouvoir continuer
à exercer sa souplesse sur tout le reste, dans les échanges humains et dans la
périphérie de son projet.
Figure 6
– Après l’éponge, l’eau : voici un problème de vannes
illustrant l’avantage de la flexibilité pour contrôler le
système !
Appliqué aux systèmes humains, ce principe de systémique provient à
l’origine du domaine de la thérapie familiale (Virginia Satir). Dans une
famille ou un groupe humain donné, la personne qui disposera du plus de
choix, de flexibilité pour ses actions, va tendre à prendre le contrôle, formel
ou effectif, de ce groupe humain dont les autres membres sont davantage figés
dans leurs réactions et stratégies, souvent automatiques.
C'est un des objectifs du coaching comportemental : Quelqu’un qui a
travaillé son comportement et sa flexibilité, qui a développé des options et des
choix à l’intérieur de ceux-ci, va pouvoir, par rapport à un entourage qui n’a
pas effectué ce travail, l’influencer fortement dans le sens qu’il désire. Si cette
personne a en outre travaillé sur ses objectifs et la direction qu’il souhaite
donner à ses actions, cette influence va devenir décisive.
« Ceux qui ont des objectifs dirigent ceux qui n’en ont pas. » Dans le cas du
coaching de dirigeant, il importe également, avant ou après ce travail sur soi-
même, d’aider la personne coachée à donner un sens positif à ses actions, dans
le sens du bien commun, du développement et de l’autonomie des équipes,
afin d’assurer la pérennité de la structure qu’il dirige. Dans le cas où cette
réflexion n’a pas été menée, l'individu prend le risque d’être perçu comme un
redoutable manipulateur, et son action d’être neutralisée par les réactions de
défense que ce jugement va générer.
Souvent, nous pouvons penser à tort qu’il faut beaucoup de volonté pour
changer et atteindre nos plus grands rêves. En fait, la volonté est présente en
chacun de nous, et si nous devions la comparer à une denrée, celle-ci existerait
en abondance.
Dès lors que nous avons identifié nos véritables leviers de motivation (cf.
chapitre 4), la volonté n’est plus un enjeu majeur. La bonne volonté peut
pourtant parfois nous manquer. Par bonne volonté, comprenons la simple
posture qui consiste à accepter de remettre en cause ce que nous prenions la
veille pour des certitudes gravées dans le marbre.
Jean travaille très souvent avec des fumeurs qui souhaitent en finir avec la
cigarette. Ce domaine est extrêmement complexe, et la question de la volonté
et de sa représentation dans l’esprit de chacun est le lieu de tous les fantasmes.
La bonne volonté est alors essentielle pour changer non pas de comportement
mais bien de représentation personnelle.
Accepter l’idée que nous pouvons changer simplement et plutôt facilement,
et accepter que ce genre de changement soit possible pour les autres, mais
également pour soi-même, est le point de départ d’une réaction en chaîne qui
produit alors des résultats étonnants. Accepter de poser un regard neuf sur soi-
même, sur les autres et sur le monde ne demande pas de volonté particulière,
juste un peu de bonne volonté. Nous avons vu aux chapitres 2 et 3 quel est le
pouvoir de ce que l’on croit et quels peuvent être les effets désastreux de
vieux programmes que nous entretenons inconsciemment. Nous avons vu
alors comment amender nos filtres les plus profonds afin de changer de regard
sur le monde.
Il est désormais possible de développer et de cultiver l’habitude de la
flexibilité, pour toujours entrevoir des possibilités de sens qui nous auraient
échappées, afin d’atteindre finalement une attitude permettant de faire une
chose si difficile, pourtant en apparence si simple : davantage percevoir les
potentialités du visible.
Robert Dilts, dans Tools for the Future, explique avoir analysé, puis
modélisé, les pratiques des êtres les plus créatifs, dont le célèbre Walt Disney.
Selon Dilts, il importe de diviser une démarche créative en trois étapes
successives :
1. Rêver
C'est la phase connue dans les entreprises sous le nom de remue-méninges.
Énoncer les idées les plus folles.
S'abstenir de toute critique : tout est possible en rêve !
Multiplier les idées : en émettre au minimum de cinquante à cent. Un
nombre important d’idées à émettre nous aide à dépasser notre esprit critique.
2. Réaliser
Il s’agit de se poser la question « comment mettre en œuvre ces idées ? » en
excluant toute réflexion ou critique sur la pertinence de l’idée. C'est une
découverte majeure de Dilts : la question de la réalisation, du comment faire,
prime sur la question de la pertinence chez les esprits humains les plus créatifs
qu’il a pu observer.
3. Critiquer et décider
Ce n’est qu’une fois l’étape précédente réalisée qu’il est efficace, en termes
de créativité, d’analyser les pistes développées sous notre œil critique et de
prendre les décisions finales concernant nos idées.
Application 1 :
1 Allan Watts.
2 Richard Bandler.
3 Palo Alto.
9
Dans le film Titanic, Leonardo di Caprio hurle cette phrase, debout sur le
bastingage, à la proue du navire.
Un changement d’attitude, une ambition, une évolution de nos croyances
personnelles, se réalisent d’abord en nous à travers un changement
neurologique, une énergie particulière.
Il est absolument nécessaire pour nous de sortir de soi, d’explorer dans
notre façon d’être de nouvelles manières d’exister et d’interagir avec le
monde. Au besoin, afin de créer de nouvelles connexions, il est utile, comme
dans l’exemple cité ci-dessus, d’exagérer, voire de caricaturer ces nouvelles
attitudes : le sportif à l’entraînement peut viser une performance supérieure à
celle qui sera nécessaire lors de la compétition afin d’y évoluer dans une
relative zone de confort.
Pour cette raison, de nombreuses personnes ayant réussi des changements
importants ou accomplis de grands projets ont tiré bénéfice à prendre des
cours de théâtre. Elles l’avouent souvent assez difficilement, car cela
représente souvent une partie intime de leur transformation personnelle.
Le théâtre permet d’acquérir et de développer une grande flexibilité
consciente dans nos manières d’être qui se sont peut-être rigidifiées avec les
années. Comment pouvons-nous changer, en nous-même et dans notre relation
aux autres, en faisant l’économie de ce travail ?
En coaching, une part importante des sessions peut-être consacrée à
dépasser les limites, parfois exagérément, de notre façon d’être, par exemple :
• Si les salutations (le bonjour en début de session au coach) ou
l’entrée de la personne ne nous paraissent pas en phase avec ses
objectifs, « rejouer » l’entrée en matière plusieurs fois, avec
davantage de dynamisme à chaque fois.
• Faire hurler de façon volontairement caricaturale : « Bienvenue à
notre réunion mensuelle ! » à un manager qui a du mal à dynamiser
ses équipes. Comment peut-il espérer parvenir à son objectif s’il
refuse lui-même de modifier ses attitudes ?
• Coacher une personne qui manque de confiance en soi à se tenir
droit, à respirer profondément, à regarder son interlocuteur dans les
yeux, etc.
votre respiration,
réaction à la critique ;
rappel conscient des éléments (un seul à la fois) quand vous vous
surprenez à ne pas les mettre en œuvre spontanément.
Note : le lecteur concerné pourra utilement se référer à l’ouvrage de Daniel
Eppling et Laurent Magnien Quel manager êtes-vous ? Étalonnez vos
pratiques : les auteurs ont cartographié, suite à l’observation de milliers de
personnes en entreprise, les pratiques comportementales les plus efficaces
pour le management.
Exercice 25 : Créer une boucle vertueuse grâce au feed-back
La rigueur dans l’action est essentielle car c’est elle qui offre les plus
grandes transformations, tant sur le plan physique que mental. C'est pourquoi
il est extrêmement important de découper notre parcours en autant d’étapes
intermédiaires que nécessaires, et de les respecter chaque jour.
En effet, si la tâche nous semble trop inaccessible au départ, nous risquons
de nous décourager et d’abandonner. Chacun d’entre nous serait capable de
dévorer un éléphant, à la condition de le découper en petits morceaux et
d’accepter de prendre le temps nécessaire.
Un enfant qui commence le piano ne fait pas ses premiers pas sur du
Rachmaninov ou du Gershwin. Il apprend d’abord à faire des gammes encore
et encore. Lorsqu’il joue son premier morceau en entier, une étude très simple
parfois composée par un inconnu, il remporte sur lui et sur l’instrument un
succès énorme.
Si son objectif n’avait pas intelligemment été découpé par son professeur, et
si cet enfant n’attendait que de faire une improvisation digne des plus fameux
jazzmen, nul doute qu’il se découragerait très vite.
Ce sont les succès intermédiaires qui, en plus de donner du baume au cœur,
permettent de continuer sereinement sur sa propre route.
Les succès intermédiaires apportés par le découpage du parcours en étapes
permettent de maintenir notre attention et notre effort.
Ainsi, tel un sportif en quête de son second souffle, nous développons
l’endurance nécessaire à toute réussite : c’est sur la durée que les
transformations se développent et s’installent.
Un premier succès, même infime, marque souvent à long terme notre
mémoire.
Le cerveau encode l’information en attribuant des équivalences en plaisir et
en douleur, et retient alors le souvenir d’un premier succès, pour mobiliser
ensuite toutes les ressources possibles et viser un succès nouveau, plus
important, avec davantage de force et de ressources.
Notre cerveau cherche à revivre des expériences et des sensations qui lui
ont apporté du plaisir.
Ce mécanisme, mal canalisé, peut d’ailleurs conduire à une conduite
addictive.
Souvenons-nous à ce titre du héros de Stefen Zweig qui raconte dans Vingt-
quatre heures de la vie d’une femme, comment il sombra dans la passion
dévorante du jeu.
Jeune et richissime héritier d’une fortune suffisante pour qu’il passât sa vie
entière à l’abri du besoin, il joua un jour aux courses, par hasard.
Il raconte alors que, pour le plus grand de ses malheurs, il gagna.
Il n’eut alors de cesse, sa vie durant, de rechercher à tous crins le frisson
que procure le jeu à celui qui sait qu’il peut gagner.
Sa fièvre était telle qu’elle finit par le rendre incapable de trancher entre les
cases rouges et noires de la roulette et l’amour d’une femme.
L'APPRENTISSAGE
Prenons le cas du ski. Au-delà de l’aspect extrêmement ludique de tout
sport de glisse, toute personne s’étant déjà essayée au ski a forcément de ses
débuts plus souvent, le souvenir de quelques heures difficiles passées les
fesses dans la neige que la descente majestueuse de la piste immaculée.
La question n’est pas d’entretenir l’idée limitante que tout succès, tout
plaisir, doit obligatoirement s’obtenir au terme d’efforts difficiles. Un plaisir
immédiat, peut-être même inattendu, est la plupart du temps le bienvenu.
Gardons-nous simplement de favoriser l’idée dangereuse que le succès
s’obtient sans effort, sans rigueur.
Il n’y a qu’un endroit où le succès vient avant le travail, c’est le
dictionnaire.
Apprenons plutôt à réconcilier les mots effort, rigueur et plaisir :
l’antinomie est bien plus souvent le fruit de nos représentations que le résultat
d’une réalité concrète.
L'apprentissage, s'il peut – doit ? – s’accomplir dans le plaisir, bénéficie de
moteurs extrêmement puissants quand nous lui appliquons efforts et rigueur.
Souvenez-vous de l’époque où vous étiez étudiant. Les élèves pouvaient se
répartir en deux catégories majeures : ceux qui travaillaient régulièrement,
juste un peu chaque jour. Ils relisaient leurs notes, revoyaient rapidement
quelques exercices types, illustrant le cours encore tout frais dans leur esprit.
Lorsqu’il s’agissait de cours de langues, par exemple, ils apprenaient
quelques mots de vocabulaire par jour, une ou deux règles de grammaire dans
la semaine. D’autres, au contraire, travaillaient beaucoup moins
régulièrement. Sachant l’heure de l’évaluation encore lointaine, ils
consacraient leur temps à d’autres activités. À la veille des évaluations, les
étudiants de la première catégorie n’avaient pas à déployer de gros efforts : ils
étaient prêts, les révisions en étaient vraiment, ils revenaient sur des concepts
connus, des méthodes maîtrisées. Les seconds, en revanche, vivaient la
période des examens comme un calvaire synonyme de vie monacale pendant
toute la période des révisions.
Nous ne porterons pas de jugement sur ces deux façons de gérer l’effort de
la course de fond à laquelle peuvent s’assimiler certains cursus. Remarquons
simplement que les élèves de la première catégorie bénéficient pleinement de
la puissance de temps dont nous avons déjà parlé au premier chapitre. Telle
une rivière qui creuse son lit, l’action systématique creuse avec le temps le
sillon de notre réussite. Et c’est lorsque nous agissons systématiquement que
nous développons notre talent tout en conservant toute notre énergie pour la
suite.
• Quelle personne moins douée que vous est-elle arrivée plus loin
que vous ne l’auriez jamais imaginé ?
• Quelle personne plus douée que vous est-elle arrivée moins loin
que vous le pensiez ?
• Selon quels éléments factuels estimez-vous que quelqu’un est
rigoureux et tenace ?
• Comment savez-vous que vous êtes rigoureux ? Comment
savez-vous que vous n’êtes pas rigoureux ?
• Quelles organisations, personnes ou expériences vous ont-elles
appris la rigueur et la persévérance au cours de votre vie ?
Quelles sont les principales leçons que vous avez tirées de cet
apprentissage ?
• Sur quoi avez-vous travaillé avec le plus de rigueur jusqu’à
maintenant ?
• Que tenez-vous difficilement sur la durée ?
• Comment par le passé avez-vous réussi à dépasser ce type
d’obstacle ?
• Quelle prochaine étape ou action vous permettrait-elle
d’entraîner votre persévérance ?
• Qu’avez-vous appris de votre dernière action dans le sens de
votre objectif ? Qu’allez-vous changer pour la prochaine ?
Figure 7
– TénaciTote, un schéma bénéfique dont les ingrédient
sont : Tester + Agir + Tester + Sortir
Dans le modèle TOTE, chaque étape est importante. D’abord, les
conditions de la sortie doivent être claires dans notre esprit (cf. chap. 7). Les
façons de tester l’atteinte de cet objectif sont nombreuses, et peuvent
grandement influencer toute notre démarche, comme nous l’avons abordé
précédemment.
Prenons par exemple le cas d’un homme recherchant du travail. Quel sera le
test qu’il décidera de mettre en place ? Selon qu’il décide de mesurer l’atteinte
de l’objectif à la signature de son contrat de travail, au premier jour travaillé
ou à la fin de sa période d'essai, l'ensemble du projet pourra être différent.
Ensuite, cette approche doit bien entendu être combinée à notre ténacité, à
notre capacité à soutenir l’effort dans le temps. Sans ténacité, Star Wars
n’aurait jamais vu le jour, Alexander Fleming n’aurait jamais inventé la
pénicilline, et Marcel Proust n’aurait jamais écrit À la recherche du temps
perdu.
Il est pour nous essentiel de trouver notre équilibre entre créativité,
flexibilité et ténacité, afin de toujours être tenace sans devenir obstinés. (À
titre de clin d’œil, Philippe vient d’effectuer dix fois de suite une manœuvre
avec son traitement de texte pour inclure le dessin de la figure 8dans ce
paragraphe, sans succès. Il a enfin changé de stratégie – on dit qu’un singe,
quand il ne parvient pas au résultat souhaité deux fois de suite, adapte son
comportement à la troisième tentative ! – et est enfin parvenu au résultat !
Combien ce phénomène est-il présent dans les différents domaines de notre
vie ?)
Figure 8
- Ne renoncez jamais !
L'une des choses essentielles que nous avons validée au cours du chapitre 7,
afin de mettre toutes les chances de notre côté pour la réalisation de nos
objectifs, est de définir clairement ce que nous désirons. Qu’est-ce qu’une
définition claire ? C'est une définition qui emploie le langage de la précision,
c’est-à-dire qui est le moins possible soumise à une interprétation subjective.
La question à nous poser, à chacune des étapes de l’entonnoir qui nous
permettra d’y voir plus clair, est « Qu’est-ce que cela veut dire ? ».
Tony Robbins, un coach américain qui anime des séminaires à grand spectacle, aime bien
raconter cette anecdote : à l’époque où les participants à ses séminaires n’étaient pas trop
nombreux, il demandait aux personnes présentes ce qu’elles voulaient dans la vie. Un jour,
un des participants lui dit « Je veux plus d’argent ! Oui, voilà, c’est ça, je sais ce que je veux
dans la vie, je veux plus d’argent ! ».
Alors Tony raconte qu’il fouille ses poches et en ressort une pièce de 50 cents ; il la donne
au participant, qui reste un peu coi. Il lui dit alors : « Et bien voilà, c’est chose faite, vous
avez atteint votre but : vous désiriez plus d’argent, et vous avez maintenant effectivement 50
cents de plus que tout à l’heure ! »
L'homme se reprend et explique qu’il désire encore plus d’argent mais qu’il s’était
compris…
Lisez des livres de qualité pour enrichir votre culture générale et notez les
mots inconnus ou que vous n’auriez pas utilisés spontanément
Vous pouvez les noter sur un carnet et vous entraîner à créer des phrases les
incluant, par écrit ou dans la conversation. Dans ce domaine également, ce
n’est pas parce que nous comprenons parfaitement un mot que nous l’utilisons
dans notre conversation.
Développez un vocabulaire particulièrement riche sur votre domaine de
prédilection.
Approchez-vous des meilleurs auxquels vous pouvez avoir accès dans votre
situation présente
Surveillez votre nourriture, votre repos, votre hygiène. Ils sont le fondement
de votre transformation.
LA PUISSANCE DE L'HABITUDE
Comme il a déjà été dit plus haut, l’énergie se gaspille et fond comme neige
au soleil lorsque nous sommes soumis à un conflit de volonté ou que nous
cédons à certaines compromissions. Une partie de nous-même souhaiterait
faire une chose tandis qu’une autre désirerait le contraire. Ces atermoiements,
ces négociations et compromis sans fin avec nous-même sont, en plus d’être
épuisants, complètement stériles.
Un moyen de sortir de ces conflits récurrents et sans fin est d’utiliser à notre
avantage la puissance de l'habitude. Même si cela peut parfois sembler
difficile, il est possible de modifier des habitudes existantes et d’en créer de
nouvelles.
Au début, le chemin de l’habitude n’existe pas, et c’est à la machette que
vous devez vous frayer un passage, même si un chemin parallèle – celui de
l’ancienne habitude – existe et a été si souvent emprunté par votre cerveau
qu’il est devenu aussi large et dégagé qu’un boulevard. Dès lors que vous avez
emprunté le chemin de la nouvelle habitude, il vous appartient de le pratiquer
systématiquement en abandonnant complètement le précédent passage. Au fil
du temps, l’ancienne route va progressivement s’estomper, tandis que vos
passages répétés sur le nouvel itinéraire vont creuser et rendre plus aisée la
pratique de l’habitude fraîchement installée.
Pour ceux d’entre vous qui avez votre permis de conduire, rappelez-vous
combien l’apprentissage de la conduite automobile peut sembler complexe au
départ : le passage des vitesses, la coordination des pieds et des mains,
pendant que les yeux contrôlent devant, derrière et sur les côtés. Certains ont
peut-être eu alors l’impression qu’ils n’y arriveraient jamais !
Et pourtant, lorsque l’on regarde la plupart des conducteurs après quelques
années, même quelques mois seulement de PRATIQUE de la conduite, on
observe des individus fonctionnant de façon complètement automatisée,
disposant ainsi de toute leur attention pour observer des panneaux de direction
ou soutenir une conversation.
D’un autre coté, si l’on observe au volant quelqu’un qui a obtenu le petit
papier rose puis a continué de se déplacer à vélo, on voit quelqu’un qui n’a
pas encore automatisé son action et qui peine encore à enchaîner les
mouvements nécessaires à une conduite fluide et posée.
Les informations que vous allez récolter, pendant que vous menez une
action et à l’issue de celle-ci, sont essentielles à l’atteinte de votre objectif.
Comme nous l’avons abordé précédemment, c’est l’aspect factuel de l’analyse
qui lui donne sa valeur : c’est en étant factuel dans votre analyse que vous
vous débarrassez de vos éventuelles peurs, de vos angoisses et de tout élément
irrationnel qui vous empêche d’agir, de progresser et de changer.
1. Identifiez un challenge simple et ludique, qui vous semble difficile à
réaliser. Par exemple, vous faire prêter 10 euros par quelqu’un que vous ne
connaissez pas, obtenir un rendez-vous avec une personne que vous rêvez de
rencontrer, courir plus longtemps ou plus vite que vous ne l’avez jamais fait…
Il est très important que ce challenge vous semble difficile, que l’envie de le
réussir soit importante, et qu’un échec partiel ne vous pénalise pas dans votre
vie personnelle ou professionnelle. Évitez de vous brouiller avec votre belle-
famille, votre boss ou vos enfants !
2. Agissez à l’instinct, pour obtenir ce que vous avez défini à l’étape 1
3. Modifiez systématiquement, et un à un, tous les paramètres de votre
action jusqu’à ce que l’objectif soit atteint. À chaque échec, analysez votre
précédente tentative. Voici quelques exemples de questions à se poser :
Identifiez une tâche importante pour vous, dont vous savez que sa
réalisation vous apportera sans doute d’importants bénéfices :
bien-être, argent, culture, joie… Chaque jour – pendant dix
jours de suite – réalisez-la sans réfléchir.
Lorsque vous accomplissez quelque chose de difficile sans limite
de temps, prolongez systématiquement cette tâche de dix
minutes dès que vous avez l’idée de la cesser.
Modifiez légèrement vos habitudes alimentaires dans le bon sens
et conservez ce nouveau régime pendant dix jours de suite,
sans vous poser aucune question. Dressez le bilan de votre
ressenti avant, pendant, et après chaque repas.
1 Oracle du Yi King.
11
OÙ SITUEZ-VOUS L'ESSENTIEL ?
Quand elles sont satisfaites, nos valeurs nous apportent une énergie qui
nous rend capables de déplacer des montagnes. Si notre projet est bien
déterminé, il doit être gorgé, imbibé à chaque étape de nos valeurs et son
accomplissement nous apportera une satisfaction complète.
Quand elles sont frustrées, quand nous ne vivons pas ce que nous voulons
vivre, ces valeurs provoquent colère, abattement, absence totale d’énergie.
Parfois en coaching, les questions suivantes – que nous avons déjà
évoquées dans le chapitre 4consacré à la motivation – permettent d’aider un
individu à prendre progressivement conscience de ses valeurs :
• Qu’est-ce qui vous donne de l’énergie ?
• Qu’est ce qui vous retire de l’énergie ?
Certaines personnes, qui ont accompli un travail en ce sens, pilotent leur
vie, prennent leurs décisions les plus importantes selon ce principe : « Vas où
est l’énergie ! »
Nous avons vu précédemment que notre cerveau agit selon le principe «
recherche du plaisir/évitement de la douleur ». Nos valeurs correspondent à ce
genre d’encodage dans notre cerveau.
S'éloigner souvent et régulièrement de l’une de nos valeurs est l’assurance
de générer non seulement de la douleur à long terme, mais aussi une perte de
notre énergie vitale.
Nos valeurs sont des croyances qui nous sont vitales pour supporter la vie
Si nous vivons selon ce que nous croyons être le plus important pour nous,
si nos valeurs sont majoritairement présentes dans nos journées et notre
existence, alors nous sommes heureux. Pourquoi parfois ne le sommes-nous
pas ?
• Il est possible qu’un travail personnel en profondeur soit nécessaire.
Certaines personnes, par exemple, auront pu trouver inacceptables
certains préceptes de ce livre, et l’auront définitivement refermé
lors du chapitre 3consacré aux croyances. La démarche que nous
proposons n’est pas la plus adaptée pour ces personnes, et nos
propos leur paraîtront, à juste titre, inacceptables. Leurs croyances
sur elles-mêmes et la vie représentent pour elles une barrière
nécessaire, une protection de leur être qu’elles ne peuvent remettre
en cause pour le moment.
• Une autre explication est possible : nous avons vécu une vie
dominée par des valeurs qui ne sont pas les nôtres. Influencés par
notre milieu – notre famille, nos collègues, l’univers dans lequel
nous évoluons –, nous avons pris pour nôtres des objectifs, un style
de vie, qui sont en réalité extérieurs à nous-mêmes. De plus en plus
souvent, Philippe accompagne en coaching des cadres supérieurs,
âgés de 35 à 45 ans. Derrière les premiers objectifs qui ont motivé
l’action, qui sont rapidement atteints, il est de plus en plus courant
de découvrir d’autres enjeux d’une nature davantage existentielle :
quel sens veux-je donner à ma vie ? Ces personnes sont souvent
entrées jeunes, entre 18 et 25 ans, dans un tourbillon de réussite,
dans une profonde valorisation d’un parcours qui n’était pas le leur,
jusqu’à parvenir à une crise profonde, à un questionnement de leurs
certitudes. Le travail sur leurs valeurs peut souvent les aider à
clarifier la réelle nature de leur crise (dont l’étymologie grecque
signifie « je décide »), et à procéder aux ajustements, de surface ou
plus radicaux, qui leur permettront de reprendre leur route.
• Il arrive que certaines de nos valeurs nous donnent l’impression
d’être en contradiction, en conflit les unes avec les autres. Il est
alors extrêmement important de recourir à la fois à notre esprit
rationnel et à notre créativité pour les gérer.
Comme nous l’avons vu jusqu’à maintenant, nos valeurs s’expriment
généralement à l’aide de substantifs. Rappelons qu’en français, un substantif
s’obtient à partir d’un verbe d’action, en extrayant la « substance » de ce
verbe. Ainsi, le verbe aimer – ou être aimé – donnera le substantif « Amour »,
alors que le verbe agir donnera l’« action ».
Les PNListes utilisent le terme de « nominalisation » pour désigner ces
concepts qui, s’ils dirigent nos vies, n’en demeurent pas moins délicats à
mesurer. Bonheur, amour, liberté et authenticité ou encore sexe, drogue et
rock’n roll, sont autant de concepts dont la présence dans notre vie dépend
d’une évaluation très personnelle.
Notre esprit rationnel peut s’investir d’abord dans la découverte du conflit
existant apparemment entre deux de nos valeurs. Par exemple, une personne
pour qui la fidélité et la séduction sont deux valeurs fortes, pourra peut-être
avoir l’impression que ses deux valeurs ne peuvent cohabiter, et que la
satisfaction de l’une se fait systématiquement aux dépens de l’autre.
Il convient alors de déterminer la manière de mesurer les valeurs
concernées par le conflit. Dans le cadre de notre exemple, le conflit peut venir
du fait que la personne mesure la satisfaction de sa valeur Séduction au
nombre de personnes nouvelles qu’elle a séduites dans la semaine, ce qui peut
créer un conflit avec la valeur fidélité.
La créativité personnelle peut alors s’investir dans la découverte de
nouveaux moyens de réaliser une valeur particulière, en préservant la
satisfaction des autres.
Ces nouveaux moyens d’exprimer nos valeurs représentent alors une voie
de changement profondément écologique, génératrice de nouveaux
comportements, davantage en accord avec notre nature profonde.
Un tel conflit peut faire l’objet d’un travail personnel accompagné : deux
valeurs s’opposant l’une l’autre peuvent être à la source de terribles conflits
intérieurs, et sembler irréconciliables à première vue. Parfois, la réconciliation
est si simple et tellement évidente qu’elle en devient difficile à percevoir pour
l’individu, à la manière de ces solutions d’énigmes qui, une fois résolues,
semblent tellement évidentes que notre esprit devient alors incapable de se
remémorer le temps où nous ne connaissions pas la solution.
Paradoxalement, plus nous serons fermes sur nos valeurs, plus nous aurons
acquis une rigidité consciente sur ce qui les touche, plus nous pourrons
développer de tolérance pour les valeurs des autres et développer la flexibilité
de la partie molle de l’éponge.
Le fanatique, l’être rigide, le « donneur de leçon », l’écorché vif, tous
considèrent la moindre différence entre le monde idéal qu’ils ont à l’esprit et
la réalité du quotidien comme une attaque violente contre leur être intime,
contre leur « véritable personnalité. »
En définissant nos valeurs, en en explicitant le sens et les applications au
quotidien, nous clarifions le centre de notre être, nous réduisons notre
circonférence au réel centre de nous-mêmes. Ensuite, tout ce qui ne relève pas
du non-négociable devient alors négociable, et nous pouvons seulement nous
ouvrir au monde, à la vie et au changement, sans craindre de nous perdre dans
l’aventure.
Avez-vous déjà rencontré un grand champion d’arts martiaux ? Ce sont
souvent les êtres les plus doux et les plus pacifiques qui soient. Certains de
leur force, ils sont réellement ouverts aux autres, ils ont abandonné les « oui
mais », les petites défenses, les auto-justifications qui sont le lot de la plupart
des êtres humains.
Quand le centre d’eux-mêmes est menacé, quand les valeurs les plus
profondes sont attaquées, alors ils sont capables, calmement et en paix, de dire
non, simplement, d’une manière qui, selon les maîtres d’Aïkido « fait
abandonner immédiatement le combat à l’adversaire avant que celui-ci n’ait
même commencé. »
Il est évident que chacun d’entre nous possède une échelle de valeur
personnelle, résultat de ses choix, de son éducation, de ses expériences et de
sa nature profonde.
Il n’est pas question ici de proposer une liste de valeurs idéales ou
d’imposer quoi que ce soit en termes de priorité. Le changement, l’évolution
personnelle ou professionnelle prennent leur sens lorsqu’on les met en
perspective de ce qui a pour nous le plus de sens, le plus d’importance. C'est
en suivant notre chemin personnel que nous donnons le meilleur de nous-
même, et que nous nous réalisons pleinement.
etc.
Exemples de valeurs : apprendre, progresser, énergie, se dépasser, fun,
harmonie, résoudre des problèmes, amour, ouverture aux autres,
persévérance, liberté, honnêteté, sagesse, faire la révolution,joie, courage, etc.
Deuxième étape : découvrir ses valeurs dans sa vie
1. Veuillez lister les cinq situations ou événements de votre vie qui, avec le
recul, vous ont apporté le plus de joie. Listez également les cinq situations qui
vous ont le plus frustrées.
2. Pour chacune de ces dix situations, découvrez la valeur, vécue
positivement ou négativement, qui la sous-tend en vous posant les questions
suivantes (à répéter jusqu’à trouver une valeur positive) :
¬ Situation heureuse : pourquoi était-ce important pour moi ? Qu’est-
ce que cela m’apportait de si important ? Pourquoi… ? Exemple :
ma réussite inespérée au baccalauréat → réussir alors que je ne
l’avais pas mérité → la foi en ma bonne étoile → croire en la magie
de la vie → « émerveillement ».
¬ Situation frustrante : qu’aurais-je voulu à la place ? Pourquoi aurait-
ce été important pour moi ? Qu’est-ce que cela m’aurait apporté de
si important ? Pourquoi… ? Exemple (pour une autre personne) :
ma réussite non méritée au baccalauréat → j’aurais voulu mériter
cet examen → c’est par le travail qu’on réussit dans la vie →
travail.
Note : le lecteur aura constaté qu’une même situation (réussir un examen)
peut générer satisfaction ou frustration pour deux individus avec des valeurs
différentes.
Troisième étape : réexaminer sa liste de valeurs
Que constatez-vous en comparant vos deux listes ? Quels sont les points
communs et les différences entre elles ? Quelles conclusions en tirez-vous ?
Après avoir mené ces réflexions, veuillez établir de nouveau votre liste de
valeurs en les hiérarchisant par ordre d’importance pour vous.
Durée indicative : 1 h 30
Dans cet exercice, nous allons comparer toutes vos valeurs deux par deux,
pour établir ou confirmer, leur ordre d’importance pour vous. Nous prendrons
à chaque étape un exemple simplifié à trois valeurs.
Étape 1 : qualifiez vos valeurs
Pour chacune de vos valeurs, veuillez les qualifier en une phrase simple
commençant par « un monde dans lequel… ». Cette phrase doit contenir votre
définition personnelle de votre valeur.
Exemple :
Valeur 1 « Amour » (V1) : « Un monde dans lequel les gens ont des
relations d’amour profond les uns pour les autres »
Valeur 2 « Courage » (V2) : « Un monde dans lequel les gens assument
leurs choix et pratiquent ce qu’ils disent »
Valeur 3 « Fun » (V3) : « Un monde dans lequel tout n’est que fête et
intensité de la vie »
Étape 2 : comparer toutes ces valeurs deux par deux
Exemple pour les deux premières valeurs de notre exemple ci-dessus :
Que préférerais-je : (V1) « Un monde dans lequel les gens ont des
relations d’amour profond les uns pour les autres » mais dans lequel
(inverse V2) « les gens n’assument jamais leur choix et pratiquent
l’inverse de ce qu’ils disent » ou (V2) « Un monde dans lequel les
gens assument leurs choix et pratiquent ce qu’ils disent » mais dans
lequel (inverse V1) « aucun amour n’est présent et où les gens
n’aiment qu’eux-mêmes » ?
Quelles sont les trois valeurs, dans l’ordre, réellement les plus
importantes pour vous ?
En quoi ces trois valeurs sont-elles déjà présentes dans votre vie ?
1 La liste de Schindler.
12
Ainsi va la vie
« C'est avec l’intuition que nous trouvons, et c’est avec la logique que
nous prouvons. »
Henri Poincaré
Accepter ou créer un tel sens supérieur pour dépasser notre état, accéder à
une forme de spiritualité, quel qu’en soit le nom, passe par trois éléments
indispensables : il nous faut posséder des héros, des mythes, et des lieux.
Ces éléments prennent place dans notre panthéon personnel. Souvent nous
en possédons un, sans forcément le nommer ou sans établir de liens entre les
éléments qui le composent. Il peut arriver également que ce panthéon existe à
l’état d’embryon et mérite alors d’être étoffé.
Les héros
Nos héros sont des êtres imaginaires, de légendes ou des personnes bien
réelles nous ayant précédés. Ils nous démontrent par leur exemple qu’il nous
est possible de suivre leurs traces et de réaliser nos rêves. Ils sont l’incarnation
totale ou partielle de ceux-ci. Martin Luther King déclarait, à la mort de
Gandhi, qui était d’ailleurs son héros : « Les générations suivantes auront du
mal à croire qu’un tel être a pu vivre sur la terre. »
Le culte des héros, et la sensibilité à ce que l’on pourrait appeler un «
panthéon personnel », ne doit pas se changer en une idolâtrie stérile et
castratrice. Au contraire le héros incarne la démonstration que nous pouvons
tous, à notre manière, développer des aptitudes et des talents extraordinaires.
Dans les mythologies grecques et romaines, les héros sont ces hommes qui se
sont hissés au rang de demi-dieux : ils montrent aux autres hommes un
exemple, que chacun peut comprendre, interpréter et utiliser à sa manière. Ils
nous permettent de toujours nous souvenir que nous avons en nous des talents
que nous ne soupçonnons pas, et nous indiquent un chemin d’espoir et de
développement.
Il s’agit d’être attentif à une certaine façon de percevoir les choses plus
qu’aux choses elles-mêmes. Aldous Huxley disait que l’essentiel dans la vie
n’est pas tant ce qui nous arrive que ce que nous faisons de ce qui nous arrive.
En ce qui concerne les héros, c’est bien ce que nous décidons d’en faire, la «
paire de lunettes » que nous choisissons de chausser pour les regarder qui a de
l’importance.
Une manière de découvrir le récit des « exploits » d’un héros est de se dire
que ce n’est possible pour personne d’autre, que ce n’est qu’une légende ou
bien encore se dire quelque chose du genre « je ne lui arriverai jamais à la
cheville ! ».
Une autre manière de voir les choses est de se rappeler que chacun est doté
de la même « machine », et que les héros sont des exemples d’utilisation de
cette machine particulièrement innovante, originale et riche d’apprentissage.
Même lorsque ces héros sont des personnages de légende, même s’ils sont
dotés de pouvoirs « surnaturels », ils peuvent être perçus comme autant de
canaux de développement de notre créativité personnelle.
Lorsque nous nous concentrons, quand nous « invoquons la puissance »
d’un personnage de notre mythologie intérieure, nous redéfinissons sans nous
en rendre compte notre carte du monde, nous nous autorisons à inventer,
imaginer et rêver. Nous nous connectons à la partie intime de nous-même
jumelle de celle du personnage invoqué.
Dans son livre Secrets, etc.,Yannick Noah explique à quel point Arthur
Ashes a été important pour lui dans sa vie. Et il insiste sur le fait que jamais il
n’a tenté de lui ressembler et rappelle à propos de ce grand champion : « Il
m’a montré une direction et m’a encouragé à être tout simplement moi-même.
»
Les héros de notre panthéon personnel peuvent être vus comme des guides
intimes qui nous mettent tout simplement sur le chemin. C'est en cultivant
notre libre arbitre, notre esprit critique et notre singularité que nous nous
ouvrons de la manière la plus bénéfique au culte fertile de nos héros.
À la manière d’un enfant qui affiche sur les murs de sa chambre les posters
de ceux et celles qui incarnent à ses yeux des destins exemplaires, et qui le
soir s’endort en formulant secrètement une « prière magique », nous pouvons
utilement décorer les murs de notre « chambre des rêves » imaginaire, et à
notre façon retrouver notre aptitude perdue au rêve et à l’émerveillement.
Tout groupe humain, qui poursuit un objectif et des valeurs partagées
entretien un panthéon : communauté religieuse, mouvements philosophiques
et politiques, famille, régiment, pays ou minorité structurée.
Les héros sont alors les figures emblématiques qui bien souvent incarnent
les valeurs fortes que ce groupe promeut.
Deal et Kennedy, dans leur best-seller Corporate Cultures, ont montré que
les entreprises américaines, au travers des profils et des individus qu’elles
mettent en avant, établissent de facto un culte des héros. Ils conseillent même
aux dirigeants de déterminer et de promouvoir ceux-ci consciemment, en
fonction de leur stratégie.
Dans la perspective de notre projet, nous pouvons, en toute lucidité,
identifier un certain nombre de personnages clés, des figures emblématiques
qui, par un processus de modélisation subtile, contribueront à notre profonde
transformation :
• Êtres qui ont réalisé une synthèse dynamique de qualités
fondamentales et sont parvenus, à divers niveaux, à réaliser une
destinée.
• Êtres qui possèdent des pièces utiles à l’assemblage de notre propre
puzzle : expression de valeurs fortes, de qualités ou de compétences
utiles pour nous.
• Êtres pour lesquels nous ressentons une attirance personnelle, intime
et intuitive, en lien avec notre réalité intérieure.
Les mythes
Les mythes sont souvent attachés à la vie des héros. Qu’ils soient perçus
littéralement ou sous forme symbolique, ils illustrent la résolution des
obstacles intérieurs et extérieurs qui se lèveront inévitablement sur le chemin.
Les mythes touchent notre inconscient, comme les métaphores le font en
hypnose éricksonienne, et y activent des processus à ce niveau.
Carl Gustav Jung, dans « un mythe moderne », remarque ceci : les
apparitions d’OVNI ont commencé à la fin du XIXe siècle, pour se multiplier
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans un graphique éloquent, il
superpose dans le temps deux courbes, celles des « observations » de
soucoupes volantes et celle des apparitions de nature religieuse dans le monde
occidental : les premières semblent succéder aux secondes. Il émet
l’hypothèse suivante : notre inconscient collectif construit ces apparitions car,
par leur nature même, elles sont absolument nécessaires à notre équilibre
psychique, une forme remplaçant l’autre en s’adaptant à ce qui peut être
compatible avec nos croyances collectives. Chaque époque doit avoir sa forme
de transcendance, conforme à ses postulats et à ses croyances majoritaires. Le
fait que des milliers de personnes « témoignent » d’un événement n’est pas
incompatible avec la subjectivité de celui-ci, notre cerveau ayant la capacité
de créer des hallucinations en fonction de ses croyances.
Plus prosaïquement, nous pouvons chercher à nous relier à nos mythes
selon les manières suivantes :
• En recherchant de l’information sur la vie de nos « héros » : lecture
de biographies, observation et modélisation de ceux-ci selon la
possibilité que nous avons de les approcher.
• En se posant la question, dans nos situations de challenge quotidien :
comment telle personne réagirait-elle ? Comment percevrait-elle
différemment la situation ?
• En imaginant, en entendant et ressentant les messages de soutien ou
d’inspiration de nos héros pour entretenir ou régénérer notre
motivation en cas de difficulté ou de doute. Josiane de Saint-Paul,
dans Derrière la magie, présente un excellent exercice créé par
Robert Dilts : la technique des mentors grâce à laquelle nous
pouvons grandement améliorer notre sensation de lien avec ceux-ci.
La puissance du mythe réside dans le fait qu’il ne fait pas – ou très peu –
intervenir notre intelligence rationnelle. En écoutant et en se remémorant un
mythe, nos émotions et notre intelligence intuitive, inconsciente, sont mises à
contribution. D’une certaine façon, on pourrait dire que le mythe utilise dans
le bon sens les mêmes chemins que nos pires angoisses et dragons intérieurs.
Souvent, les mythes regorgent implicitement de croyances dynamisantes
sur la vie et sur le champ de ses possibles. Ces croyances, si elles devaient être
filtrées par notre esprit critique, auraient de grandes chances de ne pas être
assimilées. En étant présentes à l’intérieur même de l'histoire, elles sont
profondément intégrées et digérées, un peu à la manière d’un antibiotique que
l’on aurait préalablement mélangé à de la mie de pain pour en faciliter
l’assimilation.
Même ce que nous intégrons inconsciemment, nous le filtrons. Mais nous
ne le soumettons pas aux filtres de l’esprit rationnel, souvent empreint de
croyances limitantes et peu enclin à l’essai de nouvelles façons de voir les
choses. Le filtre inconscient est celui de ce l’on peut appeler « l’écologie
personnelle ».
Lorsque nous sommes en contact avec le mythe, notre for intérieur
nous indique, inconsciemment, ce qui a du sens et présente une utilité
pour nous. Si quelque chose est inutile ou même dangereux pour notre
équilibre personnel, notre esprit le plus profond, par une espèce de souci du
moindre effort et d’autoprotection toute naturelle, n’intègre pas ce qui est
inutile à notre développement.
Aussi le mythe est-il une voie importante vers le développement de soi,
s’adaptant toujours à qui nous sommes lorsque nous l’étudions. Il est
d’ailleurs fréquent qu’une même histoire, nous ayant profondément marqué
plusieurs années auparavant, nous marque à nouveau, tout à fait différemment
cette fois-ci, plusieurs années plus tard. Il peut même nous arriver d’avoir
l’impression que tout a changé dans cette histoire, jusqu’à nous faire penser :
« décidément, à l'époque, je n’avais rien compris ! »
Bien sûr nous avions compris, juste ce qu’il fallait à ce moment là, et bien
sûr nous nous sommes depuis préparés à notre insu à la découverte d’une
nouvelle étape de notre développement personnel.
Les lieux
Les lieux sont les endroits matériels dans lesquels nous pouvons connecter
notre réalité quotidienne – le monde « réel » – et notre réalité intérieure, celle
de notre monde psychique.
La nécessité de notre connexion à notre monde intérieur par des lieux
matériels se retrouve exprimée par les pèlerinages des religions, la « recherche
des origines » des exilés (par exemple nos cousins québécois qui visitent nos
villages dans lequel a vécu, il y a plusieurs siècles, leur ancêtre), le tourisme
de masse vers les pays à civilisation : Égypte, Grèce, Mexique…
Pour les avoir observés à la lumière de notre connaissance des états
modifiés de conscience, les « pèlerins » se trouvent souvent dans un état altéré
dans lequel des ponts subtils sont lancés entre les deux réalités, intérieure et
extérieure. Ces nouvelles connexions garantissent une meilleure
correspondance entre ces deux mondes et contribuent à notre équilibre
intérieur. Par opposition, l’être qui est perçu dans notre société comme aliéné,
vit une séparation parfois complète entre son univers intérieur et la « réalité
consensuelle », pour reprendre le terme de Bandler, des autres êtres humains.
Tous les lieux qui régénèrent notre énergie, où nous retrouvons nos sources,
sont utiles à cet effet :
• Lieux de notre enfance, du pays ou de la région de provenance de
nos ancêtres.
• Lieux avec lesquels nous ressentons un lien intuitif et irrationnel.
• Lieux connectés à notre religion ou à notre forme particulière de
spiritualité, en fonction de notre foi éventuelle ou de notre
philosophie de vie.
• Lieux qui illustrent la vie réelle ou imaginaire de nos héros.
Chaque groupe, chaque génération possède des lieux forts de sens et
d’identification. À l’heure d’une redéfinition du groupe et du lien social à
l’échelle globale de la planète, ces lieux deviennent de plus en plus vite
adoptés par des ensembles humains de plus en plus vastes.
Les commentaires journalistiques, lors de la naissance d’un lieu de
concentration de telle ou telle « tribu » moderne, empruntent alors volontiers
au champ lexical de la religion – qui puise d’ailleurs ses origines dans le latin
religare, « relier » – ou de la spiritualité, en évoquant volontiers « la nouvelle
La Mecque » de tels ou tels fans de musique ou du « pèlerinage » annuel des
amateurs de ceci ou cela.
Il est important de mettre l’accent sur l’importance de la démarche
consistant à inclure des lieux dans son panthéon personnel, en toute
suspension de jugement. La valeur d’un lieu particulier, dans notre panthéon,
n’est attachée ni à ce lieu particulier ni à nous-même, mais bien justement
dans l’alchimie, la relation qui existe entre nous et ce lieu.
Quel lieu dans le monde représente-t-il votre « centre du monde » intime,
personnel, mythique ?
Ce lieu, ces lieux, combinés à d’autres facteurs et attitudes que nous avons
abordés précédemment, pourront alors, « si nous y croyons », nous donner
accès à la chance.
Les coïncidences, même les plus minimes, sont l’expression de notre destinée
« Dieu ne joue pas aux dés » déclarait Einstein. Chaque coïncidence revêt
pour l’auteur la valeur de l’intrusion d’un ordre supérieur dans notre vie,
d’une pièce importante d’un jeu de piste cosmique. Nous pouvons décoder ces
hasards quotidiens qui chercheraient à nous orienter dans une certaine
direction. Dès qu’un phénomène de cette nature est identifié, les questions à
nous poser seraient les suivantes :
• Quel message ma destinée m’envoie-elle ? Quel encouragement ou
avertissement dois-je percevoir ?
• Que dois-je apprendre ou changer pour m’adapter ?
• Dans quel but ce hasard attire-t-il mon attention ? Par exemple, si un
hasard provoque la rencontre d’une personne, nous devons nous
questionner sur le message que cette personne cherche
inconsciemment à nous délivrer.
Redfield décrit les relations humaines comme une « guerre pour l’énergie »
entre les hommes, chacun cherchant à prendre de l’énergie à l’autre en lui en
donnant le moins possible. Il existe des « vampires », personnages négatifs qui
ne peuvent survivre qu’en nous déprimant – en nous laissant vides – et en
nous volant notre énergie.
À l’inverse, certains êtres positifs, parce qu’ils sont en contact intime avec
leur destin, sont tellement emplis de cette énergie qu’ils nous connectent à «
notre légende personnelle » par son don gratuit. Nous devons rechercher leur
contact.
En complément, notre responsabilité consiste, une fois connecté nous-
mêmes à notre chemin et empli du sens de nos vies, à aider les autres à se
relier à leur destin personnel en leur transmettant cette énergie. Ce sera l’objet
du dernier chapitre.
Chaque matin ou après une sieste, notez sur un carnet les rêves dont vous
pouvez vous souvenir, ainsi que le plus de détails les concernant.
Important : notez-les dès votre réveil, si possible avant de vous lever. Le
calepin doit se trouver à proximité de votre lit.
Celui – positif – de votre projet : dans l’état d’esprit d’un joueur de loto qui
analyserait les tirages passés pour inventer une martingale, efforcez-vous de
déterminer (de créer !) une logique positive dans la perspective de votre projet
et/ou de votre mission. Quel sens, quelle direction générale percevez-vous
dans cette suite de coïncidences ?
3. Prenez également l’habitude, chaque jour, de prêter attention aux petites
coïncidences – positives ou négatives – de la vie, sans forcément leur chercher
un sens. Leur multiplication, selon l’attitude que propose Redfield, sera
l’indicateur de votre niveau d’énergie par rapport à votre projet.
Lisez des biographies sur eux ou tachez, s’ils sont encore vivants, de
vous rapprocher d’eux : lectures, articles, recherche Internet,
idéalement entrevue ou coopération avec ces personnes.
1 Léon Tolstoï.
13
• Quelles sont les personnes qui, selon vous, ont le plus réussi
leur vie ?
• Qui a le plus contribué positivement à ce que vous êtes
aujourd’hui ? Qui pourrait citer votre nom si on lui posait cette
question ?
• Lors de vos funérailles, quel éloge aimeriez-vous entendre de la
bouche de vos proches ?
• En quoi êtes-vous unique ?
• Que manquerait-il au monde si vous n’étiez pas là ?
• Quel travail pourriez-vous effectuer sans avoir l’impression de
travailler ?
• Si vous étiez dégagé de toute contingence matérielle, que feriez-
vous de votre vie ?
• Dans quel domaine, même modeste, pourriez-vous ambitionner
d’être un jour le meilleur du monde ?
• À quel projet dépassant votre individualité souhaiteriez-vous
contribuer ?
LE DÉNOMINATEUR COMMUN
En nous retournant sur notre vie, nous pouvons distinguer des récurrences,
de grands thèmes qui semblent marquer, colorer notre existence.
Cette teinte peut être interprétée comme l’indice de la nature de notre
mission : les dizaines de choix que nous faisons à notre insu, des études que
nous suivons aux relations que nous entretenons et à nos centres d’intérêts de
toujours, en passant par les causes que nous épousons ou dépassons, toutes ces
étapes peuvent être vues comme les expressions de cette force qui nous anime
sans que nous en ayons toujours conscience.
Aussi la mission peut-elle être appréhendée comme le plus petit – ou le
plus grand – dénominateur commun de notre existence, au-delà des
péripéties et des détails.
Jean avait récemment un client dont la demande était de changer de travail.
Avocat à la tête d’un important cabinet, il était lassé de son travail qui, à ce
moment-là, ne le satisfaisait plus.
C'est en travaillant sur la mission de Paul – appelons-le ainsi – qu’ils ont
identifié que ce qui comptait le plus pour lui était de comprendre ce que les
autres ne comprennent pas. Sa mission était de donner du sens et des
explications là où d’autres ne comprenaient pas grand-chose. C'est sans doute
ce désir qui l’avait conduit à épouser la carrière d’avocat fiscaliste, car il
adorait dans son métier décortiquer des dossiers qui étaient incompréhensibles
pour la plupart de ceux entre les mains desquels ils étaient passés. À cet
instant de son évolution professionnelle, la plupart des affaires de son cabinet
étaient traitées par des collaborateurs plus jeunes qu’il avait pour rôle
d’encadrer, et les affaires vraiment complexes devenaient de plus en plus
rares.
C'est en alignant ses décisions et son projet professionnel sur sa mission que
Paul a entamé une nouvelle activité de conseiller fiscal, activité qui
aujourd’hui le comble à tous niveaux. La découverte de sa mission par Paul,
loin d’être un aboutissement, constitue pour lui l’ouverture d’un nouveau
champ d’exploration.
La mission de l’innocent
L'orphelin et sa mission
La mission du martyr
Le guerrier et sa mission
Le guerrier est mené par l’idée de terrasser le dragon.Tourné vers les autres
comme le martyr, et souhaitant aussi sauver la collectivité, ce n’est pas en se
sacrifiant, mais bien en se battant, que le guerrier mène sa vie.
La mission du guerrier est donc davantage vécue comme une croisade que
comme un sacerdoce, et, pour conserver une iconographie religieuse, le
guerrier est plus proche de saint Georges terrassant le Dragon que de sainte
Blandine cernée par les lions dans les arènes de Fourvière.
La mission du guerrier, même si elle est personnelle dans le sens qu’elle
touche le guerrier au plus profond de lui-même et relève ainsi de l’intime, est
vécue au sein de la collectivité : lorsqu’il se bat, le guerrier le fait au moins
autant pour les autres que pour lui-même, et la place du guerrier est
définitivement dans la cité, au milieu des hommes, ce qui n’est pas le cas du
vagabond.
Le vagabond et sa mission
La mission du Magicien
Qu'est-ce qui vous a fait plaisir dans leur éloge ? Qu’est-ce qui vous a
chagriné ? Qu’auriez-vous aimé entendre de plus ?
1 Théodore Mitchell.
2 D’après John Grinder.
Conclusion
RÉFLEXION
Coaching
Changement
CULTURE D’ENTREPRISE
COLLINS J., PORRAS J., Bâties pour durer, Paris, First, 1996.
COLLINS J., De la performance à l’excellence, Paris, Village mondial,
2003.
DEAL et KENNEDY, Corporate Cultures, New York, Perseus Books,
2000.
ROMANS ET CONTES
COEHLO P., L'Alchimiste, Paris, Anne Carrière, 1995.
DESHIMARU T., Le Bol et le Bâton : 120 contes zen, Paris, Albin Michel
1986.
FAULIOT F., Contes des arts martiaux, Paris, Albin Michel 1984.
LÉVY M., Et si c’était vrai ?, Paris, Robert Laffont, 2000.
NABOKOV V., Le Guetteur, Paris, Gallimard, 1969.
PROUST M., À la recherche du temps perdu, Paris, Gallimard, 1987-1989.
REDFIELD J., La Prophétie des Andes, Paris, Robert Laffont, 1995.
ZWEIG S., Vingt-quatre heures de la vie dune femme, Paris, Le Livre de
Poche, 2003.