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Cybergeo : European Journal of


Geography
Environnement, Nature, Paysage
2006
357

Apport de trois méthodes de détection des


surfaces brûlées par imagerie Landsat
ETM+ : application au contact forêt- savane
du Cameroun
Ce site
The contribution of three utilise
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of detection of burntet collecte
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using Landsat ETM+ imagery:personnelles
application to thevous concernant.
forest-savanna contact zone of
PourCameroon
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C E K J EE
https://doi.org/10.4000/cybergeo.2711
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/
Résumés
Français English
La plupart des savanes d’Afrique sont chaque année parcourues par des feux au bénéfice des activités cynégétiques et
agropastorales. L’objectif de cette contribution est d’évaluer l’apport de l’imagerie Landsat à la définition et à la discrétisation
des zones affectées par des feux saisonniers. La méthodologie utilisée porte sur trois modes de traitement, à savoir l’algorithme
de détection des surfaces brûlées élaboré par Eva et Lambin (1998), la classification non supervisée par isodata réalisée sur le
canal infrarouge thermique et la classification supervisée par maximum de vraisemblance réalisée sur des trichromies
optimisées combinant les canaux 6.1, 5 et 6.2. Les traitements ont permis de mettre en évidence les tâches affectées par les feux
récents et anciens, les forêts et les savanes non brûlées.
La méthode de seuillage Lambin et Eva et la classification supervisée donnent des résultats assez concordants aussi bien en
termes quantitatifs que de recouvrement spatial. Ces deux méthodes indiquent que des pourcentages respectifs de 28,25 et 27,9
de l’aire totale ont été affectés par les feux (anciens et récents). La classification automatique réduit la proportion du territoire
affectée par les feux à 18%. Cette sous-évaluation des feux est liée à l’inadaptation de cette dernière méthode à discriminer
efficacement les surfaces affectées par les feux relativement anciens ou peu virulents et souligne la nécessité d’une utilisation
conjointe des canaux 5 et 6 dans la discrétisation des superficies brûlées.
La répartition des superficies brûlées par type de végétation indique que 36% de savanes arbustives, 23% de savanes boisées, 7%
de forêts dégradées et 0,4% de forêts denses humides ont brûlé à cette période qui correspond juste au milieu de la saison sèche
pour la zone d’étude. Ces expériences doivent toutefois être reprises sur d’autres sites et à d’autres périodes de l’année en vue de
mieux apprécier l’apport du système Landsat dans l’étude des feux de végétation en territoire camerounais.

The majority of African savannas are traversed by fires each year for the benefit of hunting and agropastoral activities. The
objective of this paper is to evaluate the contribution of Landsat imagery to the definition and the discretization of the zones
affected by seasonal fires. The methodology used consists of three modes of treatment, namely the algorithm of detection of
burned surfaces worked out by Eva and Lambin (1998), the unsupervised isodata classification realized on the thermal infra-red
channel and the supervised classification by maximum likelihood carried out on optimized three-colour processes combining
channels 6.1, 5 and 6.2. The treatments made it possible to highlight the areas affected by recent and old fires, the unburned
forests and savannas. The method of thresholding of Lambin and Eva and the supervised classification give rather concordant
results in quantitative terms as well as space covered. These two methods indicate that respective percentages of 28,25 and 27,9
of the total surface were affected by fires (old and recent). Automatic classification reduced the proportion of the territory
affected by fires to 18%. This undervaluation of fires is related to the maladjustment of this last method to effectively
discriminate the surfaces affected by relatively old or not very virulent fires and underlines the need for a joint use of channels 5
and 6 in the discretization of the burned surfaces. The distribution of the surface areas by type of vegetation indicates that 36%
of shrub savannas, Ce23%site utilise
of tree des7%
savannas, cookies et collecte
of degraded des0,4%
forests and informations
of humid densepersonnelles vousatconcernant.
forests were burned this period
which corresponds just to the middle of the dry season in the study area. These experiments
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other sites and at other periods of the year to better appreciate the contribution of the Landsat system in the study of vegetation
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fires in the Cameroonian territory.

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Entrées d’index
/
Mots-clés : classification automatique, classifications supervisées, image Landsat ETM+, superficies brûlées
Keywords : automatic classification, burned areas, Landsat, supervised classification

Texte intégral

Introduction
1 L’Afrique est souvent considérée comme le « continent de feu » en raison de la grande fréquence des feux de
végétation qui l’affectent sur de grandes superficies. En effet, les biomes de savanes du continent sont chaque
année parcourues dans leur quasi-totalité par des feux. La susceptibilité des savanes africaines aux feux de
végétation s’explique dans une large mesure par l’irrégularité saisonnière des précipitations qui induit une saison
de pluies et une saison sèche au cours de laquelle les plantes deviennent séniles.
2 Les feux de végétation ont un impact important dans les changements globaux, notamment en termes
d’émissions atmosphériques de gaz à effet de serre (Liousse, 1993). Ils sont aussi présentés comme ayant un impact
significatif sur l’ordonnancement et la dynamique des peuplements végétaux (Monnier, 1968, 1981 ; Mertens et
Lambin, 1997 ; Eva et al, 2003 ; Achard et al., 2002), occasionnant périodiquement des dégâts matériels
importants, voire des pertes en vies humaines. Ce qui justifie l’intérêt croissant des Communautés internationale et
nationale pour l’étude des feux de végétation. Plus de 150 Etats signataires de la convention des Nations Unies sur
les changements climatiques (UNEP/WMO, 1995) à l’instar du Cameroun, sont astreints à produire
périodiquement un inventaire national des gaz à effet de serre. Si d’importants efforts ont été réalisés dans les pays
développés, très peu d’actions concrètes ont été à l’inverse engagées dans les pays sous-développés. Ceci s’explique
notamment par l’insuffisance des moyens financiers, matériels et humains mobilisés. Aujourd’hui, la télédétection
apparaît comme un outil précieux et peu onéreux d’observation des écosystèmes terrestres. Elle peut être utilisée,
dans le cas du Cameroun, pour tester les méthodes de suivi des feux de végétation qui fournissent l’essentiel des
émissions de gaz à effet de serre dans le territoire national.
3 L’objectif principal de cet article est donc d’évaluer les apports de quelques méthodes habituellement utilisées
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pour la détection des surfaces brûlées par imagerie Landsat dans le cas particulier du contact forêt savane du centre
PourCameroun.
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4 La présente contributionEnest
poursuivant
structurée envotre
quatrenavigation, vous
grandes parties. Laacceptez
première l'utilisation
partie présentedes cookies. le
succinctement
contexte de l’étude. La deuxième partie, relative à la méthodologie, décrit les principes physiques d’identification
des surfaces brûlées ainsi que leur application à travers trois modes de traitement d’une image Landsat ETM. La
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troisième partie et la quatrième présentent respectivement les résultats obtenus et leur interprétation.
/
Contexte de l'étude

Zone d’étude
5 La zone faisant l’objet d’étude est située dans le contact entre les forêts denses humides au sud et les savanes
arbustives et arborées au nord. Elle s’étend grossièrement au sud, entre la confluence Lom-Pangar-Mékié le cours
inférieur de la Kadéi, et au nord entre la localité de Ngaoundal et la ville frontalière de Garoua Boulaï. Dans
l’ensemble, la distribution de la végétation se calque moins sur les moyennes annuelles des précipitations que sur la
répartition annuelle de celles-ci.
6 Autour de la vallée inférieure de la Sanaga au sud-Ouest de la zone d’étude, la saison sèche s’étend sur 2 à 3 mois
avec des moyennes annuelles de pluies qui varient entre 1400 et 1800 mm (Suchel, 1988). Le couvert dominant est
la forêt dense humide semi-décidue à Sterculiacées et Ulmacées (Letouzey, 1968). Cette forêt progresse sur ses
marges - à la faveur de recrûs forestiers - au détriment des savanes péri-forestières non brûlées (Youta Happi,
1998) même si des actions anthropiques créent en son sein un « paysage domestiqué » où s’entremêlent les grands
arbres caractéristiques, les cultures et les recrûs broussailleux, communément appelés forêts dégradées.
7 Sur les franges septentrionales de cette forêt s’étend une zone de mosaïque où forêts et savanes s’interpénètrent à
l’infini. Ces savanes péri-forestières faiblement arbustives, présentent localement des faciès herbeux
essentiellement constitués d’Imperata, de Pennisetum purpereum et d’Andropogon. Les conditions climatiques
actuelles ne sont pas différentes de celles qui prévalent dans les forêts semi-décidues. L’existence d’un climat sec
passé justifie probablement la présence des savanes péri-forestières1 ainsi que les conditions écologiques locales
(mauvais drainage, cuirassement de surface) et dans une moindre mesure les techniques actuelles de mise en
valeur (Letouzey, 1968).
8 Au-delà de la forêt et de ses franges, se trouve le domaine des savanes arbustives ou arborées à Daniella oliveri et
Lophira lanceolata du plateau de l’Adamaoua. La moyenne annuelle des précipitations varie ici entre 1400 et 1600
mm comme dans le domaine du contact forêt-savane, mais la saison sèche se prolonge sur 4 à 5 mois.
9 Faute d’une carte récente sur la végétation de la zone d’étude, la carte des principales formations végétales de la
zone d’étude (Fig.Ce 1) asite
été extraite de lacookies
utilise des carte de la
etvégétation de l’Afrique
collecte des centralepersonnelles
informations au 1/5 000 000,vous
réalisée dans le
concernant.
Pourcadre
plusdu deprojet « TREES » (Mayaux et al, 2002) à partir de l’imagerie NOAA. Toutefois, si le découpage de la zone
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forestière, réalisé à partir des données à 1 km de résolution, a été maintenu, celui des savanes, effectué à partir des
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données re-échantillonnées à 4 km de résolution a été remplacé par le découpage de la carte écologique du
Cameroun, élaborée par l’ONADEF en 1984 à partir des images LANDSAT.

Figure 1 : Principales formations végétales de la zone d’étude


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/
10 Les superficies calculées des différents types de couvert végétal sont contenues dans le tableau 1.

Tableau 1 : Superficies calculées des différents types de couvert végétal.

Type de couvert végétal Superficie (en ha) Pourcentage par rapport à la superficie totale

Forêts denses humides 423 000 12, 52 %

Forêts dégradées et recrûs forestiers 144 100 4,27 %

Mosaïque forêt-savane 75 330 2,23 %

Savanes arborées soudaniennes 463 000 13,71 %

Savanes arbustives soudaniennes 2 268 963 67,19 %

Savanes herbeuses 2 607 0,08%

TOTAL 3 377 000 100 %

Source : Estimation des superficies dans un logiciel SIG


11 Les modes de mise en valeur sont pour l’essentiel calqués sur les types de paysages végétaux. Les savanes
soudaniennes connaissent une longue tradition d’élevage qui suit un système de vaine pâture, utilisant les feux
pour l’entretien et le renouvellement des pâturages de bovins et de caprins. C’est aussi le domaine d’une agriculture
sur brûlis produisant essentiellement du manioc et quelques céréales. La zone forestière par contre est
essentiellement le domaine des plantations de cacao ainsi que d’une polyculture vivrière associant les tubercules
(manioc, macabo et patate) à la banane plantain.
12 Toute la zone est parcourue par des feux saisonniers, planifiés ou accidentels. Les feux planifiés sont les plus
fréquents. Ils sont utilisés notamment pour renouveler les pâturages, traquer le gibier, défricher les terrains
agricoles et même pour nettoyer les savanes dans le but de limiter la prolifération de la faune prédatrice.
13 Avec 4 à 8 habitants/km², cette zone fait partie des secteurs très peu peuplés du Cameroun, la moyenne
nationale étant d’environ
Ce site38 habitants/km²
utilise (2ème
des cookies etRecensement
collecte desGénéral de la Population
informations et de l’Habitat,
personnelles 1987). Par
vous concernant.
Pourailleurs,
plus del’essentiel de la population est concentré dans les principaux centres administratifs que sont Bétaré Oya,
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Garoua Boulaï, Ngaoundal et Dir, laissant l’arrière-pays pratiquement vide d’hommes.
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Apport de la télédétection à l’étude des surfaces brûlées


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/
14 Face aux contraintes opérationnelles liées à l’évaluation objective des feux de végétation par la communauté
scientifique précisément dans les pays pauvres, certains rapports soulignent l’urgence de la mise sur pied d’un
système permanent de suivi des combustions de biomasse utilisant un satellite permanent (Malingreau, 1994 ; Hao
et Liu, 1994).
15 D’importants progrès ont été réalisés au cours de la dernière décennie dans les résolutions spatiale et spectrale
des capteurs embarqués à bord des satellites d’observation de la terre d’une part, et dans les développements
algorithmiques pour la détection des feux de végétation d’autre part. Parallèlement, des données issues de divers
satellites couvrant une partie ou la totalité du globe ont été produites et sont mises à contribution. De nombreux
auteurs se sont consacrés à l’étude des combustions végétales par télédétection. Des exemples existent aux niveaux
régional (Eva et Lambin, 1998 ; Eva et al., 2003), continental (Cahoon et al., 1992 ; Koffi et al., 1995) et plus
récemment à l’échelle globale (Boschetti et al., 2002 ; Piccolini et Arino, 2000 ; Tansey et al., 2002). L’intérêt de
ces études réside dans l’évaluation des émissions atmosphériques et de la dynamique des peuplements végétaux
induites par les feux. La plupart de ces études se sont appuyées sur des enregistrements issus des satellites de faible
résolution spatiale (NOAA- AVHRR, ATSR, MODIS, SPOT VEGETATION, TRMM) présentant un double
avantage : la grande fréquence de passage et la couverture de superficies importantes. Rapportés à l’étude des feux
actifs à un niveau local, ces enregistrements présentent des limites au rang desquelles l’omission des feux dont la
température ou l’extension spatiale est insuffisante pour marquer la radiométrie du pixel. Rapportés à la
cartographie des superficies brûlées, ces données ne permettent pas de discrétiser efficacement les surfaces
affectées par les feux. Leur validation dès lors, nécessite des mesures au sol ou l’exploitation de l’imagerie haute
résolution spatiale (LANDSAT TM ou ETM, SPOT 4 ou 5, IKONOS).
16 Dans cette optique, le système Landsat est l’un des plus adaptés en raison de sa haute résolution spatiale (27 à
120 m) et multispectrale (4 à 7 canaux d’observation). Mais là aussi, les méthodes varient d’un auteur à l’autre en
raison de la diversité des types de feux, elle-même liée à la diversité des milieux écologiques. Certains auteurs
privilégient la classification automatique du canal infrarouge thermique (Ball et Hall, 1965 ; Scholes, 1995) ;
d’autres procèdent par des classifications supervisées à partir des compositions colorées combinant divers canaux
(Arino et Rosaz, 1999 ; Isichei et al, 1995, Youta Happi, 1998), ou par seuillage dans un ou plusieurs canaux (Eva et
Lambin, 1998, ). On peut se demander quel est l’apport spécifique de chacune de ces méthodes dans l’identification
et la caractérisation des surfaces brûlées.
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Image Landsat utilisée /
17 L’image Landsat utilisée dont les caractéristiques sont présentées au tableau 2 a été obtenue à partir du site de
« Global Land Cover Facility » (GLCF) de l’Université de Maryland aux Etats-Unis. Elle est de bonne qualité et
dépourvue de signaux perturbateurs comme des couverts nuageux. Elle couvre la zone forestière au Sud, les
savanes guinéennes ou périforestières au centre et les savanes guinéennes arbustives et arborées au Nord.

Tableau 2 : Caractéristiques de l’image utilisée

Type Image orthorectifiée LANDSAT E.T.M

Date d’acquisition 05/02/2000

Path/Row 184/056

Centre de l’image 5,7892748° N ; 13,8858345°E

Nombre de canaux (bandes) 9 (B1, B2, B3, B4, B5, B6.1, B6.2, B7 et B8)

Taille du pixel (en m) 28,5 (57 pour B6.1 et B6.2)

Système de projection UTM, Zone 33

Hauteur du soleil 52.0013626

Azimut 125.5782693

Principes de sélection des pixels des feux


18 Les algorithmes de détection des surfaces brûlées s’appuient généralement sur deux variations physiques
observables sur le couvert végétal après le passage des flammes (Arino et Rosaz, 1999 ; Eva et Lambin, 1998),
comme l’indique la figure 2 :
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la diminution substantielle de la réflectance TOA2 dans le moyen infrarouge (1,55- 1,75µm). Les surfaces
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brûlées présentent une réflectance plus faible que la végétation saine dans le moyen infrarouge, en raison de
En poursuivant
l’absorption des radiations votre navigation,
par les cendres (Brustel & al,vous
1991)acceptez l'utilisation des
; ceci indépendamment descookies.
écosystèmes,
même si le signal est plus persistant en savane qu’en forêt. Toutefois, cette réflectance des surfaces brûlées
dans le moyen infrarouge est voisine de celles des surfaces
Fermertrès humides et rend les confusions possibles.
Ceci justifie la prise en compte d’un deuxième discriminant plus sévère ;
/
l’augmentation des températures de surface dans les zones brûlées pendant la journée en raison de la forte
absorption des radiations solaires et de l’absence de l’évapotranspiration qui dans les conditions normales,
assure le transfert de l’énergie dans l’atmosphère sous forme de chaleur latente, à travers la vapeur d’eau. De
plus, la présence des cendres et du charbon décroît l’albédo de surface et en augmente la température
d’environ 7 à 8° Kelvin.

Figure 2 : Représentation schématique du profil spectral des savanes tropicales (Eva & Lambin, 1998)

Mise en œuvre des différentes


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19 Trois méthodes de traitement ont été appliquées à l’image. Il s’agit notamment de la méthode par seuillage mise
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au point par Eva et Lambin (1998), de la classification non supervisée par isodata (Ball et Hall, 1965 ; Scholes,
1995) et de la classification supervisée à partir d’une composition colorée.
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/
Algorithme d’Eva et Lambin (1998)
20 C’est une méthode de seuillage qui comporte quatre étapes dont trois relatives à la conversion des comptes
numériques en réflectance et en température de surface et une quatrième relative à l’application effective des
seuils. Les quatre étapes sont succinctement présentées ci-dessous :

la conversion des comptes numériques en radiance Lλ par la formule de Markham et Barker (1987) : Lλ =
Lmin + (DN) [(Lmax- Lmin)/255] où DN désigne le Digital number ou compte numérique, Lmax= 2.719 mW
cm-2 sr-1 µm-1 et Lmin= -0.037 mW cm-2sr-1µm-1
Conversion des radiances en reflectance TOA (ρ) par la formule de Markham et Barker (1987) : ρ = π Lλ
d² / cosθ Esun en prenant Esun= 2493 mW cm-2µm-1
Conversion des comptes numériques du canal 6.1 en radiance, puis en température de surface par la
formule de Mansor et al. (1994) :
L6.1 + 0.00563225 (DN) + 0.1238 mW cm-2sr-1µm-1
T6.1 = K2 / [ln (K1/L6.1 +1)]
K1 = 60.776 mW cm-2sr-1 µm-1 et K2= 1260.56 K
Application des seuils, déterminés à partir des signatures spectrales des différentes unités spatiales : feux
récents, anciens feux, savanes non brûlées, forêts denses humides (cf. tableau 3).

Tableau 3 : Signatures spectrales des différentes formes identifiées sur Landsat TM.

Les valeurs du PIR expriment la reflectance TOA (mW cm-2µm-1) et celles de l’IRT, les températures de surface (en Kelvin)

Ce
Source : Eva et Lambin siteetutilise
(1998) des
calculs des cookies
et collecte des informations personnelles vous concernant.
auteurs

Les signatures
Pour plus
21 spectrales
de précisions, nousmoyennes ci-dessus
vous invitons ont été calculées
à consulter sur la base des
notre politique de relevés de terrain réalisés
confidentialité (miseenà jour le 25 juin 2018).
Centrafrique, dans des contextes bioclimatiques similaires à celui de la région d’étude qui est d’ailleurs frontalière
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entre le Cameroun et la République Centrafricaine. Il faut par ailleurs souligner que ce sont non pas les types de
peuplements végétaux, mais plutôt les cendres qui marquent la radiométrie des surfaces brûlées, en relevant la
Fermer ces mesures peuvent être valides pour la
radiation absorbée et en diminuant la radiation refléchie. Par conséquent,
/
présente étude. Cependant, pour minimiser la marge d’erreur, des valeurs seuils appliquées pour la présente étude
ont été déterminées dans l’intervalle Moyenne Ecart-type (Tableau 3, 3ème ligne)

Classification non supervisée du canal infrarouge thermique


22 La deuxième méthode appliquée consiste en une classification non supervisée du canal infrarouge thermique par
isodata. Elle regroupe automatiquement les pixels dont les radiométries sont proches les unes des autres, selon des
critères ne faisant pas appel à une référence a priori. Le nombre de classes retenues a été fixé dans l’intervalle 3 et
10; chaque classe ayant pour amplitude minimale 5 et pour écart-type maximal 1.

Classification supervisée à partir des canaux combinés 6.1- 5- 6.2.


23 Une classification supervisée a été opérée sur une composition colorée combinant les canaux 6.1, 5 et 6.2. Le
choix de ces trois canaux a été guidé par l’analyse du profil spectral des savanes tropicales (cf. fig.2). Dans les
images Landsat ETM, la sensibilité du canal 6 est considérablement améliorée par la possibilité d’enregistrement
en deux modes à partir de la "Mission Operation Center (MOC)" : le "low gain" pour la bande 6.1 et "high
gain"pour la bande 6.2. La taille du pixel dans les bandes 6.1 et 6.2 est de 58 m, contre 27.5 m dans la bande 5. La
superposition a été rendue possible par un re-échantillonnage des bandes 6.1 et 6.2. La composition a permis de
distinguer 4 principales classes :

le violet pour les feux récents,


le jaune pâle pour les feux anciens,
le gris foncé pour la forêt non brûlée,
le vert pour les savanes non brûlées.

24 Des « parcelles d’entraînement » ont été définies pour chacune d’elles. A la suite de la classification supervisée
par maximum de vraisemblance et de la vectorisation automatique, quatre couches géométriques ont été exportées
Ce site
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la superposition descouches
informations personnelles
vectorielles vouscours
(centres urbains, concernant.
d’eau)
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plus des
de cartes
précisions, nous
existantes vous
d’une partinvitons à consulter
et le calcul notre
des superficies politique
d’autre part. de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018).
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Résultats obtenus Fermer


/
25 Les résultats obtenus portent sur l’estimation des surfaces brûlées et leur répartition suivant les différentes
formations végétales de la zone.

Estimation des superficies brûlées


26 L’algorithme d’Eva et Lambin a permis de détecter les surfaces affectées par les feux récents, les feux anciens de
quelques semaines ainsi que les savanes et les forêts non brûlées. Les surfaces touchées par les feux récents
couvrent une superficie de 569800.86 ha, soit 16.87% de l’aire de l’image. Les surfaces affectées par les feux
anciens quant à elles, touchent 384244.42 ha soit un pourcentage de 11,38. La superficie totale brûlée est donc
évaluée à 954045.28 ha, soit 28.25% de la superficie totale étudiée. Les forêts et savanes non brûlées occupent
respectivement 673 820 et 1 749 134 ha.
27 La classification supervisée, avec une matrice de confusion de 98,3162 % et un coefficient de Kappa de 0,9822,
donnent des résultats similaires, avec cependant une légère diminution de la superficie totale des feux (cf. fig.3).
Cette diminution (d’environ 869.914 ha) est essentiellement imputable aux feux anciens dans le domaine des
savanes.

Figure 3 : Similarités entre les résultats de la classification supervisée par composition colorée et ceux de l’algorithme
d’Eva et Lambin, (1998).

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28 Le décompte du nombre de taches brûlées laisse pourtant Fermer


apparaître que le nombre de feux anciens reste
légèrement plus élevé dans la classification par composition colorée que dans celle obtenue par l’algorithme d’Eva /
et Lambin (cf. fig. 4)
29
Figure 4 : Nombre de taches de feux obtenus pour les 2 classifications

30 Il ressort de la classification non supervisée que les superficies brûlées couvrent seulement 607 877,67 ha, soit
18% de l’aire totale de l’étude sans qu’il soit possible de discriminer les feux anciens des feux récents. Dans
l’ensemble, on note leur recouvrement quasi parfait avec les superficies récemment brûlées estimées à travers
l’algorithme de seuillage (Eva et Lambin, 1998) d’une part et la composition colorée d’autre part (cf. fig.5).

Figure 5 : Comparaison des résultats obtenus par classification non supervisée et par seuillage

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/
Répartition des surfaces brûlées par types de peuplements
végétaux
31 L’analyse de la répartition des surfaces brûlées en fonction des différents paysages végétaux (cf. fig.6) laisse
apparaître une plus grande occurrence des feux dans les paysages de savane. En effet, suivant l’algorithme d’Eva et
Lambin, les superficies affectées par les feux représentent 36,51% de la superficie des savanes arbustives et 23,63%
de celle des savanes arborées. On peut d’ailleurs observer l’important relèvement de toutes les courbes dans ces
deux classes. Dans les forêts dégradées et les recrûs forestiers, les superficies affectées par les feux ne représentent
qu’environ 7,64%Cede site
la superficie totale.
utilise des Dans et
cookies lescollecte
forêts denses humides, elles personnelles
des informations sont insignifiantes
vous(0,42% de la
concernant.
superficie).
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Figure 6 : Répartition des superficies votre
brûlées en navigation,
fonction vousetacceptez
des méthodes l'utilisation
des peuplements des cookies.
végétaux.

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/
32 Le rapport entre les superficies anciennement brûlées et celles récemment brûlées est plus faible dans les forêts
denses humides, les recrûs forestiers et les mosaïques forêt- savane (environ ½) que dans les savanes boisées et
arbustives où il se situe entre 0,93 et 0,65 (Tableau 4). Dans les savanes herbeuses, il est même supérieur à 1 et
souligne de ce fait l’importance des feux anciens par rapport aux feux récents.

Tableau 4 : Répartition des superficies brûlées en fonction des différents paysages végétaux.

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Source : Estimation automatique des superficies dans un logiciel S.I.G. Fermer


/
33 Les superficies brûlées obtenues par la classification non supervisée et par la classification supervisée
représentent respectivement 64 et 96% de celles obtenues par l’algorithme d’Eva et Lambin. Ces rapports varient
cependant en fonction des peuplements végétaux. Pour les savanes arbustives et herbeuses, les superficies totales
des surfaces brûlées dans la classification non supervisée représentent entre 65 et 77% de celles obtenues par les
autres méthodes. Dans les forêts et les mosaïques forêt- savane, elles ne se situent plus qu’autour de 53 et 58%. La
classification supervisée et la méthode seuillage donnent quant à elles des superficies totales brûlées sensiblement
égales dans les savanes boisées et les savanes herbeuses (99%), et très proches dans les autres formations végétales
(88 à 96%).
34 Dans les forêts et les recrûs forestiers, les superficies brûlées obtenues par la classification non supervisée sont
sensiblement équivalentes à celles des feux récents obtenus par les autres méthodes. Dans les mosaïques forêt-
savane, même si les superficies totales touchées par les feux sont sensiblement égales pour les deux classifications
supervisées, on peut remarquer toutefois que la méthode par composition colorée surévalue légèrement la
superficie touchée par les feux récents au détriment des surfaces anciennement brûlées par rapport à la méthode
Eva et Lambin. Dans les savanes boisées, les deux classifications supervisées donnent des résultats similaires, aussi
bien pour les surfaces anciennement brûlées que pour celles récemment parcourues par les flammes. Pour les
savanes herbeuses enfin, la classification par composition colorée surévalue la superficie des feux récents et sous-
évalue celle des feux anciens par rapport à la méthode d’Eva et Lambin.

Interprétation
35 La répartition des surfaces brûlées souligne l’importance et l’étalement des feux de végétation dans les savanes.
Cette importance s’explique par le stress hydrique précoce et prolongé, conjugué aux pratiques d’élevage
extensives. En effet, la saison sèche qui débute entre octobre et novembre participe à un assèchement plus ou
moins important des fourrés d’Andropogonés et de la strate herbacée en général (Cymbopogon giganteus,
Diheteropogon hegerupii, Andropogon gayanus, Elymandra androphila, Thelepogon Hyparrhenia rufa et
Loudetia spp). Ces tapis sont par conséquent parfaitement combustibles dès le mois de décembre.
36 Dans cette zone où les pratiques d’élevage restent extensives pour l’essentiel, les éleveurs allument des feux dès
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décembre pour débarrasser les terres de parcours du bétail de leurs tiques et y favoriser la repousse de l’herbe. La
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intégré dans le système de régulation et de stabilisation des savanes pâturées. Autrement dit, « la suppression
totale des feux ferait évoluer les savanes vers des milieux plus fermés en termes de couverture arborée et
Fermer
modifierait la physionomie et la composition de la végétation et l’équilibre de l’écosystème dans son ensemble ».
/
37 Début février, période à laquelle l’image a été enregistrée, il n’est évidemment pas possible d’identifier toutes les
surfaces brûlées au mois de décembre, en raison du caractère éphémère des manifestations physiques des feux en
savane. Toutefois, les superficies anciennement brûlées (fin décembre, mi-janvier) soulignent une importante
rémanence des feux de savane. Par ailleurs, les superficies récemment brûlées sont tout aussi importantes et
attestent du caractère inadapté ou, du moins, de la difficulté à appliquer la réglementation camerounaise en
matière d’environnement, qui n’autorise que les feux précoces (décembre et début janvier pour le cas précis de la
zone d’étude).
38 Dans le domaine forestier, l’hygrométrie élevée et le rapport pluviométrie-évaporation réelle, positif en faveur de
l’humidité pendant la majeure partie de l’année (10 mois) limitent l’intensité et l’ampleur spatiale des combustions
végétales. Seules les zones de forêts dégradées ainsi que les recrûs forestiers montrent une relative susceptibilité
aux feux. Ceci s’explique par les travaux champêtres et la présence d’importants tapis d’herbacées facilement
inflammables au-dessous des strates ligneuses devenues discontinues ou ouvertes.
39 Dans l’ensemble, les superficies brûlées obtenues ne couvrent qu’une période très limitée de la saison sèche
(environ un mois et demi sur les trois à cinq que dure la saison sèche dans la zone d’étude). De plus cette période
n’intègre pas entièrement les feux précoces fréquemment allumés sur les hautes terres d’élevage de l’Adamaoua,
pour des impératifs liés au renouvellement des pâturages. Elle ne couvre pas non plus la période de fin de saison
sèche pendant laquelle l’extrême sénescence des savanes péri-forestières conjuguée aux défrichements agricoles et
aux pratiques de chasse, participe à une grande occurrence des feux sur les marges de la forêt.
40 Des études sur la distribution des feux de végétation faites en République Centrafricaine (Eva et Lambin, 1998)
révèlent que 28% de savanes soudaniennes et 52% des savanes guinéennes brûlent chaque année et que les
incendies de forêt sont plutôt peu importants (13,5% de la superficie des forêts denses semi-décidues). Il faut
cependant se garder de toute transposition car à l’opposé des climats camerounais qui bénéficient largement des
influences adoucissantes des flux océaniques et des hauts reliefs, les climats centrafricains sont fortement marqués
par la continentalité et la monotonie du relief. Ceci pourrait favoriser un stress hydrique plus important et prolongé
des peuplements végétaux et, par ricochet, leur plus grande susceptibilité aux feux.
41 L’analyse comparative des résultats obtenus par les différentes méthodes laisse apparaître une superposition
quasi parfaite des superficies brûlées. La classification automatique isodata, basée uniquement sur le principe
d’augmentation des températures de surface est bien adaptée pour l’identification des surfaces récemment brûlées,
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contre, les feux, à cette période de l’année, sont
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la végétation est encore active. C’est ce qui explique sans doute la sous-estimation des superficies récemment
brûlées obtenues par la classification non supervisée. Par ailleurs, l’utilisation conjointe des canaux 5 et 6 dans
l’optique d’un renforcement du contraste de réflectance entre laFermer
végétation non encore brûlée et les surfaces brûlées
apparaît comme une condition essentielle à l’identification des superficies anciennement brûlées. /
42 La classification supervisée donne des résultats quasi-identiques que le seuillage par l’algorithme d’Eva et
Lambin si on prend en compte la superficie totale des terrains brûlés. Les légères différences observées peuvent
être imputées au caractère manuel de la délimitation « des terrains d’entraînement ». Mais, si on prend
séparément les superficies récemment brûlées et celles anciennement brûlées, des distorsions peuvent s’avérer plus
importantes et plus précisément en zone de savane. Cela tient à la complexité des situations associées à la notion de
feu ancien ou de superficie anciennement brûlée. Le seuil entre les feux récents et les feux anciens n’est pas
toujours clairement défini. La présence d’une couverture continue de cendres est utilisée comme indice de
classification, mais en réalité, cette méthode ne s’affranchit pas de la variabilité des types de feux (feux de fauche,
feux de feuillage, feux de cime), qui conditionne dans une large mesure la reprise de la végétation.
43 Les feux de fauche, agissant à la manière d’une tondeuse sur un matériau herbacé et très désséché, produisent
d’importantes quantités de cendres. La reprise de la végétation est d’autant plus rapide (une semaine après) que la
surface du sol est dégagée et que les plantes, en réaction au stress, mettent abondamment à profit leurs réserves
racinaires (César, 1974). Les feux de feuillage ou de cimes par contre ne consument qu’une partie de la végétation,
laissant des chaumes et des troncs nus sur pied. La reprise dans ce cas devient plus lente.
44 Il faut aussi relever qu’à la suite des feux, la reprise de la végétation est variable en fonction des types biologiques
et des types de végétation. Suivant la strate herbacée, les savanes à Imperata cylindrica verdissent en premier lieu,
souvent quinze jours seulement après le passage des feux. Le long rhizome d’Imperata lui permet en effet de capter
les réserves nutritives du sol, jusqu’à des profondeurs et des rayons latéraux dépassant le mètre. Les savanes à
Hyparrhenia et Andropogon, démarrent par contre plus lentement (20 à 25 jours après les feux). Les chaumes
laissées sur pied par les feux, l’organisation en touffes des espèces herbacées dominantes et leur système racinaire
essentiellement superficiel sont des facteurs favorables à cette lente reprise.
45 Annona senegalensis et Bridelia ferruginea sont des espèces de la strate haute dont le long système racinaire en
fait des plantes pyrorésistantes. Ce sont des espèces qui connaissent aussi une reprise rapide de l’activité
photosynthétique contrairement aux jeunes Albizia qui sont pour la plupart complètement calcinés par les feux. Au
regard de toutes ces considérations, il n’est pas exclu que des feux de même âge aient des signatures spectrales
différentes.

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Conclusion
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46 Les images Landsat ETM En poursuivant votre
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des feux des Elles
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peuvent
permettre d’une part d’identifier et d’évaluer la superficie des terrains affectés par les feux, d’autre part de suivre
leur évolution à travers le temps dans un territoire où le suivi des feux de végétation dépasse le simple cadre des
Fermer
recommandations internationales pour devenir une nécessité de protection civile et de gestion durable des
/
écosystèmes. Les grandes tendances déterminées à l’échelle planétaire grâce à l’imagerie faible résolution (NOAA-
AVHRR, TRMM, SPOT VEGETATION) sont incertaines à l’échelle locale en raison de la taille inappropriée du pixel
et de l’inadaptation des algorithmes utilisés à la variabilité des écosystèmes. Les images de moyenne résolution
comme Landsat peuvent dès lors être d’un apport significatif dans la validation locale des tendances globales. Les
trois méthodes utilisées pour évaluer le potentiel de imagerie Landsat ETM dans la discrétisation des surfaces
brûlées, sont basées sur la diminution de la réflectance dans le Moyen infrarouge (canal 5) et/ou sur
l’augmentation des températures de surface observable dans l’infrarouge thermique (canal 6). Les résultats obtenus
par classification non supervisée du canal 6 concordent relativement bien avec ceux obtenus des classifications et
seuillage utilisant les canaux 5 et 6. Toutefois, la première méthode ne permet d’identifier que les superficies
récemment brûlées et comportant encore un important tapis de cendres. Les superficies plus anciennement
brûlées, où la reprise de la végétation masque les cendres, n’ont été détectées de façon exhaustive que par les deux
dernières méthodes. Ces hypothèses, doivent toutefois être vérifiées sur d’autres sites et à d’autres périodes de
l’année en raison de la diversité des types de feux et du caractère peu précis des notions de « feux récents » et
d'« anciens feux ».

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Notes
1 D’après les études récentes, elles résultent d’une phase climatique sèche passée qui s’est manifestée entre 3 000 et 2 000 ans
BP. (Schwartz, 1991 ; Giresse et al., 1994 ; Guillet et al., 2001). Dans les conditions climatiques humides actuelles, elles sont en
voie d’absorption lente par la forêt, envahissement dont la vitesse varie localement surtout en fonction de la fréquence des feux
de brousse (Youta Happi, 1998).
2 Top- Of- Atmosphere

Table des illustrations


Titre Figure 1 : Principales formations végétales de la zone d’étude
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-1.jpg
Fichier image/jpeg, 344k
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Titre
Figure 2 : Représentation schématique du profil spectral des savanes tropicales (Eva & Lambin, 1998)
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Titre Tableau 3 : Signatures spectrales des différentes formes identifiées sur Landsat TM.
Fermer -2 -1
Légende Les valeurs du PIR expriment la reflectance TOA (mW cm µm ) et celles de l’IRT, les températures
de surface (en Kelvin)
/
Crédits Source : Eva et Lambin (1998) et calculs des auteurs
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-3.png
Fichier image/png, 22k
Titre Figure 3 : Similarités entre les résultats de la classification supervisée par composition colorée et ceux
de l’algorithme d’Eva et Lambin, (1998).
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-4.png
Fichier image/png, 20k
Titre Figure 4 : Nombre de taches de feux obtenus pour les 2 classifications
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-5.png
Fichier image/png, 17k
Titre Figure 5 : Comparaison des résultats obtenus par classification non supervisée et par seuillage
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-6.png
Fichier image/png, 334k
Titre Figure 6 : Répartition des superficies brûlées en fonction des méthodes et des peuplements végétaux.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-7.png
Fichier image/png, 31k
Titre Tableau 4 : Répartition des superficies brûlées en fonction des différents paysages végétaux.
Crédits Source : Estimation automatique des superficies dans un logiciel S.I.G.
URL http://journals.openedition.org/cybergeo/docannexe/image/2711/img-8.png
Fichier image/png, 56k

Pour citer cet article


Référence électronique
Collins Etienne Kana et Joachim E Etouna, « Apport de trois méthodes de détection des surfaces brûlées par imagerie Landsat
ETM+ : application au contact forêt- savane du Cameroun », Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne],
Ce site
Environnement, Nature, utilise
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en collecte
ligne le 20 des informations
octobre 2006, consultépersonnelles vous
le 21 octobre 2020. URLconcernant.
:
http://journals.openedition.org/cybergeo/2711 ; DOI : https://doi.org/10.4000/cybergeo.2711
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Cet article est cité par


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/
Favier, Charly. Aleman, Julie. Bremond, Laurent. Dubois, Marc A.. Freycon, Vincent. Yangakola, Jean-
Michel. (2012) Abrupt shifts in African savanna tree cover along a climatic gradient. Global Ecology and
Biogeography, 21. DOI: 10.1111/j.1466-8238.2011.00725.x

Auteurs
Collins Etienne Kana
Institut National de Cartographie- Cameroun, Tel : (237) 766 93 24 ou (237) 732 70 58, B.P. 157, Yaoundé, Cameroon
ckana71@yahoo.fr

Joachim E Etouna
Institut National de Cartographie- Cameroun, Tel : (237) 766 93 24 ou (237) 732 70 58, B.P. 157, Yaoundé, Cameroon
jetouna36@yahoo.fr

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