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Dynamique et détection des changements des unités d'occupation du sol du


Nord de l'estuaire du Saloum (Sénégal) de 1973 à 2014

Article · May 2020

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6 authors, including:

Dethié Ndiaye Dome Tine


Cheikh Anta Diop University, Dakar Cheikh Anta Diop University, Dakar
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Revue Marocaine de Géomorphologie. N°2. (2018 ) PP 79- 96. ISSN : 2508-9382
ISSN : 2508 -9382 . .96 - 79 ‫ ص‬.(2018 ) .2 ‫ ا دد‬. ‫و ر و‬ ‫ا ر‬ ‫ا‬
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Dynamique et détection des changements des unités d’occupation du


sol du Nord de l’estuaire du Saloum (Sénégal) de 1973 à 2014

Faye Bineta1, Dome Tine2, Diop Cheikh3, Ndiaye Dethié4, Ndiaye Aminata5, Faye Guilgane6,
1
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines, Département de Géographie, Laboratoire de Climatologie et Environnement (LCE),
(binetafayesane@gmail.com)
2
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, Sénégal, Institut des Sciences de la Terre, Laboratoire de Télédétection
Appliquée (LTA) (dometine85@gmail.com)
3
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines, Département de Géographie (LCE) (cheikh872@yahoo.fr)
4
Université Cheikh Anta DIOP de Dakar, Sénégal, Faculté des Sciences et Techniques, Département de Géologie,
Laboratoire de Sédimentologie et de Biostratigraphie (ndiayedethie@gmail.com)
5
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines, Département de Géographie Department de Géographie (Dakar, Sénégal) (amindiay2000@yahoo.fr)
6
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal, Faculté des Lettres et des Sciences
Humaines, Département de Géographie, Laboratoire de géomorphologie, Dakar, Sénégal (fayguilgane@yahoo.fr)

Résumé
Le milieu d’étude qui est compris entre la lagune de Joal-Fadiouth et la limite de la rive
droite de la ria du Saloum est un milieu fluviomarin très perturbé par la variabilité climatique et les
actions anthropiques. L’objectif de cet article est de caractériser la dynamique spatiotemporelle des
unités d’occupation du sol de 1973 à 2014. La démarche méthodologique adoptée est basée sur le
traitement des images satellitaires Landsats. Les résultats obtenus, entre 1973 et 2014, montrent
une réduction du réseau hydrographique (-5 866,3 ha), de la végétation de mangrove (-3 369,5 ha)
et de la végétation continentale (-8 080 ha) et une augmentation des terres salées (+5 206,3 ha) et
de l’espace agraire (+12 109 ha).
La diminution du réseau hydrographique est due aux déficits pluviométriques et aux fortes
évaporations observées ces dernières décennies. La baisse de la superficie des formations végétales
est due à l’extension des terres salées, de l’espace agraire, les feux de brousse et la coupe abusive
des arbres. L’avancée des terres salées est amplifiée par les déficits pluviométriques, les fortes
évaporations sous l’effet des températures, le vent à travers la déflation éolienne, les techniques
d’exploitation du sel et le stockage du sel dans les terres non salée.
Mots clés : Variabilité climatique, Terres salées, Unité d’occupation du sol, Estuaire du Saloum,
Dynamique ; Sénégal.

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Abstract
The study area between the Joal-Fadiouth lagoon and the right bank of the Saloum estuary
is a fluviomarin environment that is highly disturbed by climate variability and anthropogenic
actions. The objective of this article is to characterize the dynamics over time of the land-use units
from 1973 to 2014. The methodological approach adopted is based on the processing of Landsat
satellite images. The results obtained between 1973 and 2014 show a reduction of the hydrographic
network (-5,866.3 ha), mangrove vegetation (-3,369.5 ha) and continental vegetation (-8080 ha)
and an increase in saline lands (+5 206.3 ha) and land area (+12 109 ha).

The decrease of the hydrographic network is due to the rainfall deficits and the strong
evaporation observed in recent decades. The decline in plant formations is due to the extension of
saline lands, agrarian space, bush fires and the abusive cutting of trees. The advance of saline lands
is amplified by rainfall deficits, strong evaporation due to temperatures, wind through wind
deflation, salt mining techniques, and salt storage in non-salt land.
Key words: Climatic variability, soil salinity, land cover unit, Saloum estuary, Dynamic, Senegal.

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Introduction

La région d’étude, qui occupe le centre du littoral sénégalais, est comprise entre la lagune
de Joal-Fadiouth et la limite de la rive droite du fleuve Saloum. Elle est à cheval entre les régions
administratives de Thiès et Fatick (figure 1). Le milieu se localise entre les latitudes 13° 97’ et 14°
32’ N et les longitudes 16° 39’ et 16° 20’ W. Il couvre une superficie de 174 042,2 ha.

Figure 1 : Localisation du milieu d’étude

Au point de vue climatique, le milieu appartient à la zone soudanienne caractérisée par une
grande variation spatiotemporelle de la pluviométrie. Elle augmente du Nord vers le Sud. Les
moyennes pluviométriques de 1951 à 2014 des stations du Nord sont de 547,9 mm à Thiadiaye et
616,1 mm à Fatick. Celles des stations du Sud sont de 654,5 mm à Joal et 675,4 mm à Foundiougne.
Sur le plan pédologique, le milieu présente une diversité caractéristique du milieu tropical. Il s’agit
des sols ferrugineux tropicaux, des sols hydromorphes, des sols calcimorphes, des sols peu évolués
d’apport, des sols minéraux bruts et des sols halomorphes. Le couvert végétal est composé de
mangrove, de prairie marécageuse, de savane arborée et boisée et de forêts classées. Pour les
aspects démographiques, entre 2002 et 2013 la population des communes du Nord de l’estuaire du
Saloum a affiché une très forte augmentation. Elle a enregistré des surplus compris entre 17 et
60 %. Les densités ont suivi ce même rythme. Les densités ont relevé des augmentations variant
entre 17 et 40 %. Les principaux moyens de subsistance des populations sont l’agriculture,
l’élevage, la pêche et l’exploitation du sel.

1. Données et méthodes
1.1. Données

Les images satellitaires Landsats utilisées dans cet article proviennent des capteurs Multi
Spectral Scanner (MSS) pour l’image 1973, Thematic Mapper (TM) pour les images 1984 et 1994,
ETM+ pour l’image 2006 et Operational Land Imager (OLI) pour l’image 2014 (tableau 1). Ces

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données sont acquises à la même période, au mois de mai.


Satellite Capteurs Date Résolution (m)
Landsat 1 MSS 16/05/1972 57
Landsat 4 TM 03/05/1984 30
Landsat 4 TM 06/05/1994 30
Landsat 7 ETM+ 12/05/2006 30
Landsat 8 OLI et TIRS 15/05/2014 30
Tableau 1 : Les données satellitaires

1.2. Méthodes
1.2.1. Prétraitement des images
Une correction géométrique est effectuée dans le but de minimiser l’erreur moyenne
quadratique (RMS). L’image Landsat de 1973 qui est correctement projetée dans le système UTM
zone 28N et de datum WGS84 est utilisée comme une image de référence. Le RMS des quatre
points de chaque image est inférieur à 0,15. Ce qui signifie que les images sont bien calées. La
composition colorée utilisée et qui semble être la mieux adaptée pour l’étude est les compositions
colorée en vraie couleur 321 pour l’image satellitaire Landsat MSS (1973) et 543 pour les images
TM. L’image résultante correspond exactement à ce qu’un observateur pourrait voir sur le terrain.
1.2.2. Définition des classes thématiques
L’objectif de notre classification est de mettre en exergue la dynamique de la superficie des
terres salées de 1973 à 2014. C’est pourquoi les différentes unités (savane arborée et boisée, savane
arbustif clairsemée, mangrove, bolongs, mares, tanne nu, tanne herbacé, tanne arbustif, tanne
arboré, champs de culture et l’habitat) rencontrées dans le Nord de l’estuaire du Saloum sont
regroupées en 5 classes thématiques que sont la végétation de mangrove, la végétation continentale,
le réseau hydrographique, les terres salées et l’espace agraire (tableau 2). La classe végétation
continentale renferme la savane arborée et boisée et la savane arbustive clairsemée. La classe
réseau hydrographique comprend les bolongs et les mares. La classe terres salées inclut le tanne
nu, le tanne herbacé, le tanne arbustif et le tanne arboré. Puisque, l’adjectif agraire s’applique à tout
ce qui est campagne et champs (Brunet et al., 1992), nous avons regroupé les champs de cultures
et l’habitat dans la classe espace agraire.
Unités d’occupation du sol rencontrées dans le milieu d'étude Classes thématiques
Mangrove Végétation de Mangrove
Savane arborée et boisée
Végétation continentale
Savane arbustive clairsemée
Bolongs
Réseau hydrographique
Mares
Tanne nu
Tanne herbacé
Terre salée
Tanne arbustif
Tanne arboré
Champs de culture
Espace agraire
L’habitat
Tableau 2 : Les classes thématiques retenues pour l’étude

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1.2.3. Classification et validation des images


La classification supervisée basée sur les règles du maximum de vraisemblance est utilisée.
Lors de l’utilisation de cette méthode, nous avons identifié des échantillons assez homogènes et
représentatifs des différentes unités d’occupation du sol. La sélection de ces informations est
fondée sur une connaissance du milieu grâce à la collecte de vérité terrain qui a servi à la validation
des classifications et à la génération des matrices de confusions. Les précisons globales obtenues
sont de 98,2 % pour l’image 1973 et de 100 % pour les images 1984, 1994, 2006 et 2014. C’est sur
la base de ces classifications que nous avons décelé la dynamique de la salinisation des terres de
1973 à 2014.
Les résultats des classifications sont intégrés dans un système d’information géographique.
Ce traitement a été effectué par le logiciel Arc gis 10.2 pour faire le traitement, l’habillage des
cartes, la reclassification, la conversion en format Shapefile et l’habillage des cartes. Les entités
ayant les mêmes combinaisons de valeurs pour les champs spécifiés sont agrégées dans une entité
unique. Ensuite, les codes des champs de fusion sont renseignés avec le nom de chaque unité
correspondante. Le taux de croissance de chaque unité est déterminé selon la formule :

− ∗ 100

SAa= Superficie de l’année d’arrivée


SAd= Superficie de l’année de départ
1.3. La détection des changements
Les vecteurs issus de la classification sont combinés deux à deux pour obtenir une matrice
de changement. Les valeurs de la matrice de changement proviennent de la superposition des deux
cartes grâce au logiciel Arc Gis à partir de Tabulate Area dans l’extension Spatiale Analys Tools.
La matrice de changement correspond à une matrice carrée décrivant de manière condensée, les
changements d’état d’un système pendant une période donnée (Schlaepfer, 2002). Les colonnes
de la matrice représentent la superficie de chaque classe de l’année la plus récente alors que les
lignes représentent celle de l’année la plus ancienne. Les cellules de la matrice contiennent la valeur
d’une variable ayant passé d’une classe initiale à une classe finale pendant la période allant de
l’année 0 à l’année 1. Les valeurs des colonnes et des lignes représentent des proportions des aires
occupées par chaque classe d’occupation du sol au temps correspondant (Bamba et al., 2008). Par
ailleurs, pour faire ressortir les changements temporels, une combinaison est réalisée entre les
classes des unités d’occupations du sol des différentes années. Trois cas sont distingués :
- stabilité (sans changement) : se rapporte à l’ensemble des classes qui sont restées dans la même
classe entre les deux dates de l’étude, c’est-à-dire n’ayant été affectées ni par les modifications, ni
par les conversions ;
- modification : le mode d’occupation de l’espace a changé d’une classe à l’autre, mais en restant
dans la même catégorie (exemple : végétation continentale qui devient végétation de mangrove) ;
- conversion : le mode d’occupation de l’espace d’une classe est passé à une autre classe dans une
catégorie différente (exemple : végétation de mangrove qui devient terres salées).

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2. Résultats et discussion
2.1. Dynamique des unités d’occupation du sol de 1973 à 2014

Les changements notés dans le paysage se traduisent par des variations de l’occupation du
sol. En effet, l’espace agraire, la végétation continentale, la végétation de mangrove, le réseau
hydrographique et les terres salées affichent une dynamique qui est perceptible de 1973 à 2014. La
dynamique des unités d’occupation du sol se manifeste par une augmentation ou une diminution
au cours de la période 1973 à 2014 (figure 2 et 3).

105
Ecart (%) des superficies des unités

70
35
0
-35
-70
-105

Séquences
Réseau hydrographique Végétation de mangrove Terres salées
Espace agraire Végétation continentale

Figure 2 : Evolution des unités de paysage entre 1973 et 2014

Figure 3 : Evolution des unités de paysage entre 1973 et 2014

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2.1.1. Etat des unités d’occupation du sol en 1973


En 1973, le territoire est caractérisé par la forte prédominance de l’espace agraire sur les
autres unités (tableau 3). Il représente une superficie de plus de 60 172,1 ha, soit près de 35 % de
la superficie du milieu. La deuxième unité la plus importante est celle des terres salées. Ces sols
couverts de sel occupent une superficie de plus de 50 964 ha, soit 29,3 %. Ils se localisent au Sud-
ouest du milieu d’étude (figure 4). La végétation continentale couvre 33 617, 6 ha, soit 19,3 %. Le
réseau hydrographique a une superficie de 22 010 ha, soit 12,6 %. La végétation de mangrove
constitue l’unité la plus faible par ordre d’importance. Cette végétation qui sert d’habitat à certaines
espèces de la faune aquatique a seulement une extension de 7 278,6 ha, soit 4,2 % de la superficie
du milieu.
Unités d’occupation du sol Superficie en ha Pourcentages
Réseau hydrographique 22010 12,6
Végétation de mangrove 7278 4,1
Espace agraire 60172,1 34,6
Terres salées 50964,5 29,2
Végétation continentale 33617,6 19,3
Total 174042,2 100
Tableau 3 : Superficies des unités d’occupation du sol en 1973

Figure 4 : Les unités d’occupation du sol en 1973

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2.1.2. Etat des unités d’occupation du sol en 1984

L’évolution des superficies des unités d’occupation du sol de 1984 se résume en termes de
diminution par rapport à la période précédente (tableau 4). Toutefois, leur distribution est pareille
à celle de 1973. C'est-à-dire une prédominance de l’espace agraire et des terres salées. L’espace
agraire occupe une superficie de 58 261,5 ha, soit 33,5 % de la superficie du milieu. Il a connu une
diminution de sa superficie chiffrée à plus de 1 910,6 ha, soit un taux de variation de –3,2 %
comparé à l’année 1973. Les terres salées représentent plus de 27 % de la superficie du milieu, soit
47 126,6 ha. Ils ont connu une diminution de leur superficie par rapport en 1973. Les terres salées
sont passés de 50 964,6 ha à 47 126,6 ha, soit une régression de 3 838 ha avec un taux
d’accroissement de -7,5 %. Cette baisse est justifiée par les actions de lutte contre la salinisation
des terres menées par le Projet de Reboisement Communautaire du Bassin Arachidier (PRECOBA)
à partir de 1983 (figure 5). La végétation continentale occupe une place plus importante par rapport
à 1973. Elle est passée de 33 617,6 à 43 261,3 ha, soit un taux de variation de +22,3 %. En 11 ans
la végétation continentale a gagné une superficie de 9 643,7 ha. Cette augmentation de la végétation
continentale au détriment des terres salées est due aux campagnes de reboisement réalisées par le
PECOBA sur les tannes herbacées et arbustives. Les superficies occupées par le réseau
hydrographique a considérablement fléchi à cause du déficit pluviométrique qui a commencé dans
le Nord de l’estuaire du Saloum à la fin des années 1960 et au début des années 1970 (Faye, 2018).
Le réseau hydrographique est passé de 22 010 à 20 132,8 ha, soit un taux de variation de -8,5 %.
La végétation de mangrove a affiché également une diminution de 2 018,6 ha, soit un taux de
variation de -27,7 %. Elle représente seulement 3 % de la superficie du milieu. La baisse de cette
formation végétale est due aux facteurs naturels (déficit pluviométrique, salinisation) et anthropiques
(coupe abusive) (Chauvin, 2013).

Unités d’occupation du Superficie Superficie Taux de variation


Pourcentage
sol (ha) en 1984 (ha) en 1973 (1973-1984)
Réseau hydrographique 20132,8 11,6 22010 -8,5
Végétation de mangrove 5260 3,0 7278 -27,7
Terres salées 47126,6 27,1 50964,5 -7,5
Espace agraire 58261,5 33,5 60172,1 -3,2
Végétation continentale 43261,3 24,9 33617,6 28,7
Total 174042,2 100 174042,2

Tableau 4 : Superficies des unités d’occupation du sol en 1984

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Figure 5 : Les unités d’occupation du sol en 1984

2.1.3. Etat des unités d’occupation du sol en 1994

L’occupation du sol en 1994 est dominée par la végétation continentale et l’espace agraire
(tableau 5, figure 6). La superficie occupée par l’espace agraire est de 73 570,8 ha, soit plus de
42 % de la superficie du milieu d’étude. L’espace agraire constituait ainsi la première unité
d’occupation du sol. Il a connu une nette évolution, occasionnant une diminution de la végétation
continentale. L’espace agraire a relevé une augmentation de 14 777,9 ha entre 1984 et 1994, soit
un taux de variation de 25,4 %. Tandis que, la végétation continentale a reculé de 2 984,5 ha, soit
un taux de variation de -6,9 %, comparé en 1984. La superficie occupait par la végétation de
mangrove était de 10 695,3 ha, soit plus de 6 % de la superficie du milieu. Elle a doublé par rapport
à 1984 ; alors qu’elle avait tendance à régresser de 1973 à 1984. Cette évolution laisse dans un
premier temps supposer que le climat joue un rôle important dans les dynamiques de ces paysages
végétaux (Andrieu et Mering, 2009). Les mangroves particulièrement réactives aux variations du
climat et, en particulier, son impact sur la salinité des eaux (Sadio, 1991 ; Marius, 1985, Viellefons,
1977 cité dans Andrieu et Mering, 2009), ont connu une régression pendant la période de fort déficit
pluviométrique (dans les années 1970 et 1980) puis une régénération dans les années 1990 où on
a assisté à un début d’une reprise de la pluviométrie en Afrique de l’Ouest (Ndiaye et Sané, 2010).
Cette reprise semble donc suffisamment significative pour expliquer la progression de la mangrove.
L’évolution des surfaces en mangrove apparaîtrait ainsi très sensible aux fluctuations de la
pluviosité (Andrieu, Catherine Mering, 2009). Elle a enregistré une augmentation de 5 435,4 ha,
soit un taux de variation de plus de 50 %. La superficie occupée par le réseau hydrographique
affiche une baisse très remarquable entre 1984 et 1994. Elle est passée de près de 20133
à 14769,2 ha. Ce qui donne une diminution de plus de 5 363 ha. Les terres salées ont fortement

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régressé durant cette période. L’année 1994 a enregistré un recul de plus de 11 865 ha, soit un taux
de variation de -25,2 % par rapport à 1984.

Unité d'occupation du Superficie (ha) en Superficie (ha) en Taux de


Pourcentage
sol 1994 1984 variation
Végétation
40276,8 23,1 43261,3 -6,9
continentale
Végétation de
10695,3 6,1 5260 103,3
mangrove
Terres salées 35261,5 20,3 47126,6 -25,2
Réseau hydrographique 14769,2 8,5 20132,8 -26,6
Espace agraire 73039,4 42,0 58261,5 25,4
Total 174042,2 100 174042,2
Tableau 5 : Superficies des unités d’occupation du sol en 1994

Figure 6 : Superficie des unités d’occupation du sol en 1994

2.1.4. Etat des unités d’occupation du sol en 2006


L’année 2006 est marquée par une augmentation des superficies occupées par le réseau
hydrographique, la végétation de mangrove et une forte avancée des terres salées à l’intérieur du
milieu. Ce qui explique par conséquent, la régression de la végétation continentale et l’espace
agraire (tableau 6). Les surfaces occupées par la végétation de mangrove et le réseau
hydrographique ont augmenté. La végétation de mangrove est passée de 10 695,3 ha en 1994
à 18 675,6 ha en 2006, soit un taux de variation de 74,6 %. Elle occupait ainsi 10,7 % de la
superficie totale du milieu. En ce qui concerne le réseau hydrographique, sa superficie a gagné plus

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de 1976 ha, soit un taux de variation de 13,4 %. Cette augmentation est due à une légère
amélioration de la pluviométrie vers les années 2000. Cependant, les superficies occupaient par
l’espace agraire et la végétation continentale a subi des fléchissements, comparés à l’année 1994.
L’espace agraire a subi une réduction de près de 2 754,6 ha, soit un taux de variation de -3,8 %. La
végétation continentale a connu une réduction de sa superficie estimée à plus de 12 226 ha. Elle
a enregistré un taux de variation de -30,4 %. Cette régression de ces deux unités morphologiques
est à mettre en rapport avec l’avancée des terres salées au cours de cette période. Elles ont gagné
une superficie de plus de 5 034 ha, soit un taux de variation de 14,3 % (figure 7).

Unité d'occupation Superficie (ha) en Pourcent Superficie (ha) en Taux de variation


du sol 2006 age 1994 (1994-2006)
Réseau
16745,5 9,6 14769,2 13,4
hydrographique
Végétation de
18675,6 10,7 10695,3 74,6
mangrove
Espace agraire 70274,8 40,4 73039,4 -3,8
Terres salées 40296,3 23,2 35261,5 14,3
Végétation
28050 16,1 40276,8 -30,4
continentale
Total 174042,2 100 174042,2
Tableau 6 : Superficies des unités d’occupation du sol en 2006

Figure 7 : Les unités d’occupation du sol en 2006

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2.1.5. Etat des unités d’occupation du sol en 2014

En 2014, les superficies occupées par le réseau hydrographique, la végétation de mangrove


et la végétation continentale ont fortement régressé, tandis que, celles occupées par l’espace agraire
et les terres salées se sont accrues par rapport à 2006 (tableau 7). Le réseau hydrographique occupe
16143,7 ha, soit plus de 9 % de la superficie totale. Elle a perdu près 602 ha de sa superficie en
2006, soit un taux de variation de près de -3,6 %. La végétation de mangrove est passée de
18675,6 ha en 2006 à 3 908,5 ha en 2014. Elle a perdu 14 767 ha, plus du quart de sa superficie,
soit un taux de variation de -79,1 %. Elle représente seulement 2,2 % de la superficie du milieu. La
superficie occupée par la végétation continentale a connu une diminution par rapport à l’année
2006. Elle est passée de 28 050 ha à 25 537,6 ha. Plus de 2 512 ha de végétation continentale ont
disparu. Ce fléchissement de ces trois unités est dû à l’avancée des terres salées. Par exemple, plus
de la moitié de la superficie de la végétation de mangrove, qui se trouvait au sud du milieu d’étude
en 2006, est remplacée par les tannes en 2014 (figure 8). La superficie de ces terres salées est passée
de 40 296,3 à 56 171,3 ha. Ces sols salés ont enregistré une hausse de 15 875 ha, soit un taux de
variation de 39,4 %. Ils ont recouvert la quasi-totalité de la partie australe. Pour ce qui est de
l’espace agraire, il a enregistré une extension de 2 006,3 ha, soit un taux de variation de 2,9 %.

Unité d’occupation Superficie (ha) en Pourcenta Superficie (ha) en Taux de


du sol 2014 ge 2006 variation
Réseau
16143,7 9,3 16745,5 -3,6
hydrographique
Végétation de
3908,5 2,2 18675,6 -79,1
mangrove
Espace agraire 72281,1 41,8 70274,8 2,9
Terres salées 56171,3 32 40296,3 39,4
Végétation
25537,6 14,7 28050 -9
continentale
Total 174042,2 100 174042,2
Tableau 7 : Superficies des unités d’occupation du sol en 2014

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Figure 8 : Les unités d’occupation du sol en 2014

2.2. Changements spatio-temporels des unités d’occupation du sol entre les séquences
1973-1984, 1984-1894, 1994-2006 et 2006 et 2014.
La combinaison des cartes des unités d’occupation du sol a mis en exergue les changements
spatiotemporels des unités d’occupation du sol dans le Nord de l’estuaire du Saloum entre 1973-
1984, 1984-1994, 1994-2006 et 2006-2014. Les changements se traduisent par des modifications,
des conversions et des stabilités. L’analyse s’est focalisée sur les changements qui sont intervenus
dans la dynamique spatiotemporelle des terres salées au cours des séquences 1973-1984, 1984-
1994, 1994-2006 et 2006-2014.
La matrice de changement des unités d’occupation du sol de 1973-1984 est marquée par une
diminution des terres salées. 3 951, soit 2,3 % de terres salées sont convertis en végétation naturelle.
En détail, 366,2 ha de terres salées sont passés en végétation de mangrove et 3 584,8 ha sont
transformés en végétation continentale (tableau 8). 8 032,2 ha soit 4,6 % sont transformés en espace
agraire. 1 672,4 ha, soit 1 % sont convertis en réseau hydrographique. Par ailleurs, 1 720,4 ha, soit
1 % de végétation naturelle sont convertis en terres salées. 2 754,7 ha, soit 1,6 % de l’espace agraire
sont transformés en terres salées. 5 342,6 ha, soit 3,1 % du réseau hydrographique sont convertis
en terres salées. 37 308,9 ha, soit 21,4 % sont restés stables.

Unité d'occupation Réseau Végétation de Espace Terres Végétation


du sol hydrographique mangrove agraire salées continentale Total
Réseau
15710,4 867,4 40,7 5342,6 48,8 22010
hydrographique
Végétation de
2718,1 3957,2 8,1 512,7 81,9 7278
mangrove
Espace agraire 16,6 40007,9 2754,7 17392,8 60172,1
Terres salées 1672,4 366,2 8032,2 37308,9 3584,8 50964,5
Végétation
15,3 69,2 10172,5 1207,7 22152,9 33617,6
continentale
Total 20132,8 5260 58261,5 47126,6 43261,3 174042,2
Tableau 8 : Matrice de changement des unités d’occupation du sol entre 1973 et 1984

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Stabilité
Modification dans la végétation naturelle
Conversion de la végétation naturelle en eau
Conversion de la végétation naturelle en terres salées
Conversion de la végétation naturelle en espace agraire
Conversion des surfaces en eau en végétation naturelle
Conversion des surfaces en eau en espace agraire
Conversion des surfaces en eau en terres salées
Conversion des terres salées en végétation naturelle
Conversion des terres salées en surface en eau
Conversion des terres salées en espace agraire
Conversion des espaces agraires en végétation naturelle
Conversion des espaces agraires en surface en eau
Conversion des espaces agraires en terres salées
Le changement le plus marquant entre 1984 et 1994 est le recul de la superficie des terres
salées au profit d’autres unités d’occupation du sol (réseau hydrographique, végétation de
mangrove, végétation continentale, espace agraire). 7 128,3 ha, soit 4 % de terres salées sont
convertis en végétation naturelle. 8 893,7 ha soit 5 % des terres salées sont transformés en espace
agraire. 5 % (4 553,6 ha) de terres salées sont convertis en réseau hydrographique (tableau 9).
Unité d'occupation Réseau Végétation Espace Terres Végétation
du sol hydrographique de mangrove agraire salées continentale Total
Réseau
9340,8 4439,7 553,4 5469,2 329,6 20132,8
hydrographique
Végétation de
553,4 3818,1 66,5 699,9 122,1 5260
mangrove
Espace agraire 142,4 24,4 39293,9 1485,3 17315,4 58261,5
Terres salées 4553,6 2319,5 8899,7 26544,9 4808,8 47126,6
Végétation
178,9 93,6 24225,8 1062,1 17700,9 43261,3
continentale
Total 14769,2 10695,3 73039,4 35261,5 40276,8 174042,2
Tableau 9 : Matrice de changement des unités d’occupation du sol entre 1984 et 1994

Stabilité
Modification dans la végétation naturelle
Conversion de la végétation naturelle en eau
Conversion de la végétation naturelle en terres salées
Conversion de la végétation naturelle en espace agraire
Conversion des surfaces en eau en végétation naturelle
Conversion des surfaces en eau en espace agraire
Conversion des surfaces en eau en terres salées
Conversion des terres salées en végétation naturelle
Conversion des terres salées en surface en eau
Conversion des terres salées en espace agraire
Conversion des espaces agraires en végétation naturelle
Conversion des espaces agraires en surface en eau
Conversion des espaces agraires en terres salées

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La conversion importante des terres salées en végétation naturelle entre les séquences 1973-
1984 et 1984-1984 peut s’expliquer par la reforestation des terres salées de Fatick effectuée par les
ONGs et les instituts de développement à partir des années 1980. Le Projet de Reboisement
Communautaire du Bassin Arachidier (PRECOBA) a réalisé des reboisements à partir de 1983.
Les espèces Eucalyptus sp, Melaleuca sp et Acacias australiens étaient reboisées (Tamba, 2012).
Des actions de reboisement ont également été menées entre 1993 et 1996 par l’Institut Sénégalais
de Recherches Agricoles (ISRA) et les ONG OSDIL et SENAGROSOL dans les Communes de
Loul Sessène et Djilasse, dans le cadre du projet NRBAR (Natural Resource Based Agricultural
Research). La séquence 1994-2006 est caractérisée par une forte avancée des terres salées. 10 012,3
ha d’espace agraire, soit 5,8 % sont convertis en terres salées. 6 395,5 ha de végétation naturelle,
soit 3,8 % sont transformés en terres salées. 2 485,8 ha du réseau hydrographique sont transformés
en terres salées (tableau 10). Cette forte extension des terres salées entraine une diminution des
terres de culture et par conséquent un déboisement de nouvelles espaces par la population pour en
faire des champs de culture. En effet, 22 194,4 ha de végétation naturelle, soit plus de 12 % sont
transformés en espace agraire.

Unité
d'occupation du Réseau Végétation de Espace Terres Végétation
sol hydrographique mangrove agraire salées continentale Total
Réseau
9511,9 2652,6 2485,8 118,9 14769,2
hydrographique
Végétation de
2424,7 7585,1 4,1 553,3 128,1 10695,3
mangrove
Espace agraire 354 565,5 47136,5 10012,3 14971,1 73039,4
Terres salées 4223 7457,4 1009 21402,6 1169,5 35261,5
Végétation
231,9 415 22125,3 5842,2 11662,4 40276,8
continentale
Total 16745,5 18675,6 70274,8 40296,3 28050 174042,2
Tableau 10 : Matrice de changement des unités d’occupation du sol entre 1994 et 2006

Stabilité
Modification dans la végétation naturelle
Conversion de la végétation naturelle en eau
Conversion de la végétation naturelle en terres salées
Conversion de la végétation naturelle en espace agraire
Conversion des surfaces en eau en végétation naturelle
Conversion des surfaces en eau en terres salées
Conversion des terres salées en végétation naturelle
Conversion des terres salées en surface en eau
Conversion des terres salées en espace agraire
Conversion des espaces agraires en végétation naturelle
Conversion des espaces agraires en surface en eau
Conversion des espaces agraires en terres salées

La matrice de changement de 2006 et 2014 (tableau 11) montre une forte conversion des terres
salées en végétation naturelle, en eau et en espace agraire. Le fait le plus marquant est la forte
transformation de la végétation de mangrove en terres salées. En effet, 11 533,4 ha de végétation de

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mangrove sont convertis en terres salées. La conversion de la végétation de mangrove en terres salées
peut être expliquée par les variations hydro-climatiques, les modifications morpho-pédologiques
marquées par une forte salinisation et une acidification des sols (Dieye, 2011), et les coupes de bois. La
végétation de mangrove demeure le principal bois de chauffe utilisé sous différentes formes par les
populations. Bien que le ramassage et la coupe du bois pour la cuisine soient essentiellement réservés aux
femmes, certains hommes le coupent clandestinement pour la transformation des produits halieutiques
notamment à Diamniadio, Djirnda et Joal-Fadiouth (Dieye, 2013). Des essais de quantification du bois
de chauffe utilisé pour la cuisine ont été effectués par Benga (2000) dans le village de Bassoul. Il a abouti
à une estimation de la consommation journalière de 0,55 kg par personne, soit une consommation totale
annuelle de 301 tonnes de bois de feu dont 292 tonnes concernent le bois de mangrove.
Environ 1 429,1 ha de végétation continentale, herbacée et ligneuse, est remplacés par les
terres salées. Les espèces végétales comme Manguifera indica, Detarium senegalensis, Vachellia
seyal, Eucalyptus sp, Faidherbia albida, Tamarindus indica, Anacardium occidentale, Ceiba
pentandra, Parinari macrophylla, Ficus gnaphalocarpa, Cocos nucifera, Guiera senegalensis et
Ziziphus mauritiana ont complètement disparu dans certains endroits du Nord de l’estuaire du
Saloum (Faye, 2018). Par contre, 1 772,9 ha de terres salées sont transformés en végétation
continentale. Cette régénération de la végétation continentale sur les tannes est expliquée par les
reboisements massifs et les mises en défens effectués par le Projet de Gestion et de Restauration
des Terres dégradées du bassin arachidier (PROGERT) entre 2007 et 2011. Les terres salées
avancent sur l’espace agraire. En effet, 2 351,2 ha, soit 1,2 % de l’espace agraire est convertis en
terres salées contre 1 301,3 ha de terres salées transformés en espace agraire. 3 683,5 ha, soit 2,1 %
du réseau hydrographique sont remplacés par les terres salées. Cette conversion peut être attribuée
aux intenses évaporations enregistrées dans le milieu avec un cumul annuel de 2 326 mm entre
1991 et 2014, dans la station de Fatick sous l’effet des fortes températures avec une moyenne
annuelle de 28,6°C. 37 174,7 ha, soit 21,4 % des terres salées sont stables.

Unité d'occupation du Réseau Végétation Espace Terres Végétation


sol hydrographique de mangrove agraire salées continentale Total
Réseau hydrographique 13062 3683,5 16745,5
Végétation de mangrove 2969,9 3880,1 11533,4 292,2 18675,6
Espace agraire 59211,8 2351,2 8711,8 70274,8
Terres salées 47,9 1301,3 37174,2 1772,9 40296,3
Végétation continentale 63,9 28,4 11767,9 1429,1 14760,7 28050
Total 16143,7 3908,5 72281,1 56171,3 25537,6 174042,2
Tableau 11 : Matrice de changement des unités d’occupation du sol entre 2006 et 2014

Stabilité
Modification dans la végétation naturelle
Conversion de la végétation naturelle en eau
Conversion de la végétation naturelle en terres salées
Conversion de la végétation naturelle en espace agraire
Conversion des terres salées en végétation naturelle
Conversion des terres salées en surface en eau
Conversion des terres salées en espace agraire
Conversion des espaces agraires en végétation naturelle
Conversion des espaces agraires en terres salées

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Conclusion
L’analyse des cartes diachroniques montre une dynamique très marquée des unités
d’occupation du sol entre 1973 et 2014.
De 1973 à 1984, la dynamique se manifeste par une diminution du réseau hydrographique de
8,5 %, de la végétation de mangrove de 27,7 %, des terres salées de 7,5 %, de l’espace agraire de
3,2 % et une augmentation de la végétation continentale de 28,7 %.
De 1984 à 1994, la végétation continentale, les terres salées et le réseau hydrographique ont
affiché des baisses respectives de 6,9, 25, et 26,6 % de leur superficie. Par contre, la végétation de
mangrove et l’espace agraire ont connu des progressions respectives de 103,3 et 25,4 %.
De 1994 à 2006, la végétation de mangrove, le réseau hydrographique et les terres salées ont
gagné respectivement 74,6, 13,4 et 14,3 %. Tandis que, la végétation continentale et l’espace
agraire ont enregistré des baisses respectives de 30,4 et 13,4 %.
De 2006 à 2014, l’évolution des unités d’occupation du sol se distingue par le recul du réseau
hydrographique de 3,6 %, de la végétation de mangrove de 79,1 % de la végétation continentale de
9 % et une avancée de la superficie de l’espace agraire de 2,9 % et des terres salées de 39,4 %.

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