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sur des thématiques ciblées reconnues comme internationale sur les ferments et les produits
18
essentielles pour le secteur. fermentés ;
ĈĈ l'organisation d'un grand programme sur
Le premier comité stratégique de la filière alimen- les protéines du futur, dans un contexte où
taire (CSFA) a été installé au niveau national en la demande en protéines explose au niveau
février 2013. Le contrat de filière signé le 19 juin mondial ;
2013 rassemblait tous les maillons de la filière ĈĈ l’intégration du numérique dans les entreprises
L’innovation est une nécessité pour assurer sationnelle et marketing (52 % des IAA), 1. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
la compétitivité et le développement des représente la forme d’innovation la plus L’innovation dans les entreprises
industries agroalimentaires (IAA). Les IAA répandue dans les IAA, qui se distinguent agroalimentaires
innovent davantage que les autres secteurs ainsi des autres entreprises industrielles : 2. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
(69 % contre 60 % pour les autres industries l'innovation en marketing représente 37 % L’innovation dans les entreprises
manufacturières et 48 % pour l'ensemble des innovations contre 24 % dans le reste agroalimentaires - Graphique 2
des secteurs). Le taux d’innovation des IAA de l’industrie manufacturière, et l'innova- 3. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
a progressé, passant de 61 % sur la période tion organisationnelle 39 % contre 35 %. L’innovation dans les entreprises
2010-2012 à 69 % sur la période 2012- agroalimentaires - Tableau 4
2014, porté par les innovations technolo- L’innovation est souvent associée à la 4. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
giques. Les secteurs les plus innovants sont recherche et développement (R&D), mais L’innovation dans les entreprises
ceux des boissons, de la transformation ces deux concepts ne doivent pas être agroalimentaires
51 %
Com. gros prod. Alim. boisson hors tabac
10 %
50 %
Finance, assurance
12 %
48 %
Activités immobilières
7%
45 %
Hébergement, restauration
6%
45 %
Commerce
8%
40 %
Transport, entreposage
4%
40 %
Artisanat com.
2%
38 %
Industries extractives
7%
37 %
Services administratifs, soutien
4%
37 %
Construction
5%
Ensemble 48 %
12 %
Source : AGRESTE Les Dossiers n°42 - Avril 2018 - L’innovation dans les entreprises agroalimentaires
QU'ENTEND-ON PAR RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT
(R&D) ET PAR INNOVATION ?5
6. http://institut.inra.fr/Partenaires/ Des organismes de recherche finalisée En 2018, dans le cadre de son contrat
Entreprises-et-filieres/Tous-les-dossiers/
Domaines-d-innovation (INRA, Irstea, Cirad), des instituts techniques d’objectifs et de performance 2017-2021
7. Par exemple, pour en savoir plus
agricoles et agro-industriels, des écoles signé avec l’État, l’INRA met en œuvre un
l'innovation avec l'INRA sur les microbes : d’enseignement supérieur agricole et des plan d’action Innovation, qui fait la part
#MICROBINNOV (https://inra-dam-
front-resources-cdn.brainsonic.com/ universités au double métier formation / belle au développement de la transver-
22
ressources/afile/437317-30117-resource-
plaquette-dimo-web.pdf)
recherche, l'Agence nationale de sécurité salité, à l’accompagnement et la recon-
sanitaire de l'alimentation, de l'environne- naissance des collectifs, à l’approche par
8 . Un institut Carnot est une structure
de recherche qui s’engage à développer ment et du travail (Anses) : autant d’acteurs projet d’innovation collaborative, au déve-
une recherche partenariale de qualité.
Il est reconnu pour ses compétences
qui concourent à produire de la connais- loppement d’une culture commune, à la
scientifiques et technologiques sance et éclairer l’élaboration des politiques communication et à la montée collective
et sa capacité à répondre avec
professionnalisme aux besoins de publiques dans le domaine de l’agriculture, en compétences.
recherche et d’innovation des entreprises.
Les Tremplins présentent un fort potentiel
l’alimentation et l’agroalimentaire, à élaborer
sans toutefois remplir tous les critères des chemins d’innovation sur l’ensemble des Le Tremplin Carnot Agrifood Transition
d’un Institut. Les Tremplins Carnot
sélectionnés ont comme objectif d'obtenir chaînes de valeur, en interaction avec les
le label Institut Carnot à un horizon
de 3 ans
autres parties prenantes de l’écosystème : L’appel à candidatures Carnot3, sur finan-
entreprises, citoyens, associations, etc. cement du Programme d'Investissements
9 . http://www.agrifood-transition.fr/
d’Avenir (PIA), a permis de sélectionner
29 Instituts Carnot et 9 Tremplins Carnot8
Les acteurs de la recherche finalisée en 2016. Ils forment ensemble un réseau
national de recherche à fort ancrage terri-
La contribution de l'INRA à l'innovation, torial au plus près des entreprises.
levier de compétitivité majeur pour les
acteurs socio-économiques. Au cœur de la Bretagne et des Pays de la
Loire, premier territoire agricole et agroa-
En 2016, l'INRA a revisité sa stratégie et créé limentaire d’Europe, le Tremplin Carnot
une direction du partenariat et du transfert AgriFood Transition fédère 15 partenaires
pour l'innovation (DPTI) afin d’optimiser (centres techniques, unités de recherche
son impact et renouveler le dialogue que publique) et structure une offre de
l'institut entretient avec l’ensemble de ses recherche partenariale dans le domaine
partenaires, publics et privés. L’objectif est de l’alimentation durable, pour la santé
de diffuser et transférer les inventions de de l’homme et de son environnement. Sa
l'INRA plus rapidement, et de favoriser la gouvernance intègre les industriels et les
co‑conception des innovations grâce à des représentants professionnels (ACT Food
programmes de recherche collaborative. Bretagne, ABEA, Chambres d’Agricul-
Dans le domaine spécifique de l'alimenta- ture, Triballat Noyal, Triskalia, Prince de
tion, l'Institut Carnot Qualiment porté par Bretagne, etc.).
l'INRA a été renouvelé.
AgriFood Transition a organisé en février
Depuis 2017, l’institut déploie 17 domaines 2018 ses premières Rencontres à Plou-
d’innovation qui lui permettent de struc- fragan9. Quelques 70 personnes étaient
turer son offre de recherche-innovation, réunies pour échanger et construire les
dont certains touchent de près le secteur futurs projets du Tremplin : chercheurs,
agroalimentaire6 : alimentation sur mesure, acteurs socio-économiques tels que des
conception des qualités des aliments, proté- semenciers, des fournisseurs et entre-
ines pour l’alimentation de l’homme et de prises de l’agriculture, de l’aquaculture,
l’animal, agriculture et alimentation en ville, de l’agroalimentaire, de l’alimentation
et aussi micro-organismes pour l’alimenta- animale, du secteur vétérinaire, des distri-
tion et la santé de l’homme et de l’animal.7 buteurs, des pouvoirs publics, etc.
Les instituts techniques agro-industriels Ils collaborent à des projets de recherche 10. Les 15 ITAI sont :ACTALIA, ADIV, ADRIA,
AÉRIAL, BNIC, CÉVA, CTCPA, EXTRACTIS,
apportent des solutions aux PME nationaux et européens, mettant à dispo- IFBM, IFIP, IFPC, IFV, ITAB, ITERG, LNE
sition leurs expertises et leurs moyens 11. Les 5 instituts qui ont la double
Les instituts techniques agro-industriels généralistes ou spécialisés (laboratoires qualification ITA/ITAI sont : CÉVA, IFIP,
IFPC, IFV, ITAB
(ITAI) sont des organismes de recherche d’analyses microbiologiques et physi-
appliquée, d’expertise, d’assistance tech- co-chimiques, d’évaluation sensorielle, 12. http://www.actia-asso.eu/fiche/
rmt-76-nutriprevius_2_.html
nique, de veille technologique ou régle- ateliers de transformation agréés CEE,
mentaire, de démonstration, de formation halles de technologie avec des équipe-
et d’information, au service des entreprises ments pilotes, centres d’information,
et en particulier des PME. bases de données, chercheurs, ingénieurs
et techniciens qualifiés régulièrement
15 ITAI10 sont qualifiés par le ministère de
l’Agriculture pour la période 2018-2022,
ressourcés).
23
reconnaissant leur capacité à mener des Les ITAI participent à des Unités mixtes
missions d’intérêt général au profit des technologiques (UMT) et des Réseaux
Ce RMT a démarré ses travaux en janvier 2014. Il fait suite au RMT du même nom
labellisé sur la période 2007-2013. Il est le fruit d'une collaboration entre ACTALIA,
ADIV, ADRIA, AÉRIAL, le CTCPA et l'ITERG, tous qualifiés ITAI. Il est coordonné par le
CRITT agroalimentaire de La Rochelle.
�Écosystème des pôles de compétitivité (fonds de capital-risque par exemple) des
projets d'investissements (en particulier
pour les TPE/PME) et des projets d'in-
frastructures.
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innovants
opérationnels du Partenariat européen
Croissance
et emploi pour l'innovation (PEI).
• Recherche
Centres universitaire Organismes
de formation de recherche
• Enseignants
chercheurs Les pôles de compétitivité
Végépolys CENTRE-
Vitagora
25
VAL DE LOIRE
BOURGOGNE-
GUYANE FRANCHE-COMTÉ
MARTINIQUE
Agri Sud-Ouest Parfums, arômes,
Qualitropic innovation Terralia senteurs, saveurs
PROVENCE-
OCCITANIE ALPES-CÔTE D’AZUR
Mer Méditerranée
CORSE
Pôles de compétitivité suivis par le MAA
Autres pôles de compétitivité avec des thématiques agricoles
Protéines France est le consortium français d’en- suffira pas. 4ème exportateur mondial, la France
treprises ayant pour ambition de fédérer et de dispose d’une excellence industrielle, ainsi que de
catalyser le développement des protéines végé- start-ups et d’une activité de recherche de premier
tales et nouvelles ressources. Créée en novembre plan.
2017, l'association réunit 18 acteurs français du
Protéines France a publié sa feuille de route
domaine des protéines issues des filières végétales
innovation début 2018. Celle-ci précise la vision
mais aussi des nouvelles ressources : entreprises,
de l’association et identifie les enjeux technolo-
coopératives, plateformes, centres de recherche…
giques pour la filière afin de faire de la France un
Les membres de Protéines France représentent leader du domaine à l’horizon 2030. Les principaux
l'ensemble de la chaîne de valeur : de la produc- challenges d'innovation portent sur (1) la produc-
tion des ressources (semences, grandes cultures, tion des ressources (sélection variétale, conduite
protéagineux, insectes, algues, levures...) à leur agronomique, etc.), (2) le fractionnement, l'extrac-
transformation en ingrédients et en produits finis tion, la concentration et la fonctionnalisation des
ainsi qu'à leur commercialisation. protéines et (3) la caractérisation et la formulation
pour des applications en alimentation humaine et
La demande en protéines animales et végé-
animale ainsi que biosourcées.14
tales devrait doubler d’ici 2050, les projections
démontrent que leur disponibilité actuelle ne 14. Pour en savoir plus : http://www.proteinesfrance.fr/
PRÉPARER L’AVENIR
L'ATELIER 14 DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L'ALIMENTATION
L'atelier 14 des États généraux de l'alimentation ĈĈ mutualiser les actions de veille sur les innova-
s'intitule « Préparer l’avenir : quels investissements, tions et assurer une large diffusion de l’infor-
quel accompagnement technique, quelle recherche mation associée tant au niveau de l’agriculture
pour une plus grande performance environnemen- que de l’agroalimentaire (enjeu majeur de telles
tale, sanitaire, sociale et économique ? ». Les tra- approches collectives pour aider les TPE/PME à
vaux se sont concentrés sur les questions d'inves- s’approprier les innovations) ;
26 tissement, de recherche / innovation et de conseil. ĈĈ veiller à l’articulation des acteurs à l’échelle terri-
toriale et sectorielle. Les pôles de compétitivité
L’adoption de l’innovation a été identifiée comme le jouent un rôle important dans le développe-
principal défi de l’agriculture et de l’agroalimentaire ment d’innovations de terrain dans un processus
français. Cela renvoie à la question de l’accompa- transversal et ascendant ;
gnement du collectif et aux enjeux de formation. ĈĈ mieux anticiper collectivement des questions
Les technologies numériques auront un rôle clé réglementaires pour accélérer le moment venu
dans le changement d'échelle et l’accélération de la diffusion des innovations ;
l'adoption des nouvelles pratiques. ĈĈ renforcer dans les secteurs agricoles et agroali-
mentaires, la formation initiale et continue qui
Le constat fait par l’atelier : occupe une place centrale dans les processus de
ĈĈ la segmentation des filières, des marchés et des diffusion des innovations.
entreprises est de plus en plus marquée ;
ĈĈ les sujets transversaux aux filières (biodiversité, L’atelier 14 a aussi rappelé la place centrale de l'agri-
bioéconomie, agro-écologie) occupent une place culteur / de l'entrepreneur, et plus largement des
croissante ; acteurs de terrain, dans les processus d'innovation.
ĈĈ les modalités de transfert évoluent très vite grâce
où toutes les parties prenantes sont connectées. la transformation des systèmes agricoles vers
l’agro-écologie et les alternatives aux produits
Les actions proposées en conséquence : phytosanitaires, l’alimentation humaine, la bioé-
ĈĈ renforcer la coordination entre les organismes conomie durable, le numérique et les données ;
de recherche, les établissements d’enseigne- ĈĈ structurer une recherche pluridisciplinaire à fina-
ment supérieur, les instituts techniques agri- lité directe d’aide à la décision publique dans le
coles et agroalimentaires (via notamment leurs champ de la prévention primaire en alimentation
têtes de réseau ACTA et ACTIA), et les structures et santé ;
d’accompagnement techniques (APCA, ONVAR…) ĈĈ élaborer une feuille de route numérique pour les
AGRESTE
L’innovation dans les entreprises agroalimentaires - Agreste les Dossiers n° 42 - avril 2018 :
http://agreste.agriculture.gouv.fr/enquetes/entreprises-agroalimentaires/innovation-entreprise-des-iaa/
LES RELATIONS COMMERCIALES
AU SEIN DE LA FILIÈRE
Les relations commerciales en France s'inscrivent cette année dans le contexte
des États généraux de l'alimentation lancés à l'été 2017, qui ont mis en lumière la
nécessité d'une meilleure répartition de la valeur au sein de la chaîne alimentaire
et d'une évolution des pratiques commerciales.
Le paysage de la grande distribution connaît aujourd'hui à la fois des mouvements
de concentration interne et des pressions extérieures qui poussent le secteur à se
transformer. L'action de la puissance publique, à travers notamment les missions
de la DGCCRF et des différentes médiations, reste incontournable pour réguler et
27
pacifier les relations commerciales.
La grande distribution, un secteur En 2016, les grandes surfaces d'alimenta- 15. Hypermarché :
fortement concentré et en pleine tion générale ont réalisé 64,4 % des parts de Surface de vente est supérieure ou égale
à 2 500 m² Supermarché : Surface
mutation marché du commerce de détail. Derrière, de vente est comprise entre 400
et 2 500 m²
l'alimentation spécialisée (boulangeries-pâ-
16. Source : Nielsen Total Store Read –
Le redressement de la grande tisseries, boucheries-charcuteries, autres Année 2017
consommation en grande distribution magasins) a réalisé 19,6 % de parts de
17. Source : Nielsen Scantrack – Cumul
marché. douze mois arrêté au 31 décembre 2017
En 2017, l'alimentaire a pesé 78,9 % du 18. Source : Drive Insights
chiffre d'affaires dans les hypermarchés15, Un environnement de la grande
19. Kantar Worldpanel, Année 2017
et 91,3 % dans les supermarchés16. distribution en pleine transformation
En %
2
1,6 %
1,5 %
0,9 %
0,6 %
0,5 %
0
-0,2 %
28 -0,5
2015 2016 2017
FORMES DE VENTE
1,4 % 1%
Autres ventes au détail Magasins non alimentaires spécialisées (y c. pharmacies)
6,3 % 0,1 %
Commerce hors magasin Grands magasins et autres magasins
non alimentaires non spécialisées
7,1 %
Petites surfaces d'alimentation générale
et magasins de produits surgelés
19,6 % 64,4 %
Alimentation spécialisée (1) Grandes surfaces d'alimentation générale
38 %
37 %
Autres magasins d'alimentation spécialisée
Boulangeries-pâtisseries
24 %
Boucheries-charcuteries
38 %
Éventaire et marché
39 %
Vente à distance
Le renforcement des alliances à l'achat Cette nouvelle alliance pourrait permettre 21. Nielsen ScanTrack, Année 2017,
PGC + frais LS
à ces deux acteurs de devenir le deuxième
Le marché de la grande distribution acheteur mondial derrière Walmart. En
en France se caractérise par une forte matière de parts de marché alimentaire, le
concentration. Les accords de coopéra- partenariat Auchan/Casino représenterait
tion à l'achat permettent aux enseignes alors un total de 32,6 % de parts de marché
de gagner des parts de marché. Le mouve- en France20. Dans le même temps, Inter-
ment a pris de l'ampleur à partir de marché et Casino ont mis fin à leur alliance
septembre 2014, lorsque Système U s'est à l'achat, INCA-Achats, qui avait été créée
allié avec le groupe Auchan à travers la en novembre 2014.
centrale Eurachan. Suite à cette alliance, la
tendance s'est poursuivie avec l'annonce le
8 octobre 2014 d'une alliance entre Casino
De la même façon Carrefour et le distri-
buteur britannique Tesco se sont lancés
29
et Intermarché, et le 22 décembre 2014 en juillet 2018 dans une alliance d'achat à
d'une alliance entre Cora et Carrefour. l'échelle européenne. En plus d'accroître le
30 + 1,5 %
Distribution généraliste
Animaleries Solderies
+5% +8%
Le dynamisme des marchés produits laitiers (13 %), la vente de pois- 22. La vente directe est la transaction
l'une des formes de commerce les plus Cette activité est fortement marquée par 23. « Le profil socio-économique
du commerce de détail alimentaire
anciennes et restent aujourd'hui incon- la saisonnalité des produits vendus pour sur marchés de plein vent » d'Obea,
tournables dans le paysage commercial environ un quart des entreprises vendant 19 septembre 2016
français. A la suite du déclin des marchés des fruits et légumes, qui connaissent trois
de plein air dans les années 1970-1980 mois de période basse en moyenne (le
en raison de la concurrence des grandes plus souvent en hiver, de janvier à mars),
surfaces, les pouvoirs publics ont voulu et trois mois et demi de période haute
les redynamiser. Le 1er avril 1994 une
convention est signée entre le gouverne-
(entre le début du printemps et la fin de
l'automne avec un pic en été).
31
ment, l'Association des maires de France
et les organisations professionnelles 12 % des commerçants disposent égale-
ĈĈ En 2001, la loi sur les nouvelles régulations ĈĈ En 2016, la loi relative à la transparence, à
économiques a créé la commission d'examen la lutte contre la corruption et à la moder-
des pratiques commerciales, qui a pour mission nisation de la vie économique, dite Sapin II,
de donner des avis sur des questions concer- renforce les missions de l'Observatoire de la
nant les pratiques en termes de relations formation des prix et des marges des produits
commerciales entre les différents partenaires alimentaires en permettant à son président de
économiques. Outre les représentants de l'ad- proposer au président du tribunal de commerce
ministration, elle est composée de membres d'adresser une injonction aux entreprises n'ayant 33
de juridictions administratives et judiciaires, de pas déposé leurs comptes. Les entreprises
personnalités qualifiées et d'un nombre égal de peuvent ainsi être contraintes de se soumettre
représentants des producteurs et de revendeurs. à cette obligation, sur décision du président
La médiation, quelle que soit son objet et institué la nouvelle entité. Selon ce décret, 25. Rapport d'activité 2017 du Médiateur
des entreprises
sa forme, est regroupée dans un cadre le médiateur des entreprises assure les
commun par la loi du 8 février 1995 rela- fonctions précédemment exercées par la
tive à l'organisation des juridictions et à la médiation interentreprises et la médiation
procédure civile, pénale et administrative, des marchés publics.
qui a par la suite été modifiée par l'or-
donnance du 16 novembre 2011 portant Depuis les débuts de la médiation, près
transposition de la directive sur certains de trois médiations sur quatre ont abouti
aspects de la médiation en matière civile et
commerciale. Les dispositions communes à
à une solution co‑construite et négociée
entre les deux parties, se concrétisant soit
35
la médiation se retrouvent dans le chapitre par un protocole d'accord signé, soit par
Ier du Titre II de la loi du 8 février 1995. un accord verbal25. Entre 2010 et 2017, le
Le label rouge est un signe français qui désigne des produits qui, par leurs conditions
particulières de production ou de fabrication, ont un niveau de qualité supérieure par
rapport aux autres produits courants similaires. 39
Environ 430 cahiers des charges label Rouge sont homologués en 2018 et concernent
différentes catégories de produits (volailles, charcuterie, saumon fumé...) dont plus de
L'indication géographique protégée (IGP) est un signe distinctif européen qui protège
un produit répondant à un cahier des charges précis et dont au moins une étape de fabri-
cation est réalisée dans une zone géographique définie. Au 24 mai 2018, 141 IGP sont
enregistrées en France dont plus de la moitié en produits carnés comme le « Jambon de
Bayonne ».
29. Dans le secteur vitivinicole, l'AOC constitue également une mention traditionnelle. Ces mentions sont reconnues et protégées au niveau européen (Règlement (CE) n° 479/2008
du Conseil du 29 avril 2008 portant organisation commune du marché vitivinicole).
Un chiffre d'affaires en progression pour certaines filières à plus de 90 % pour
la filière viticole (graphique 1). Toutefois,
29. INAO En 2016, le chiffre d'affaires à la première même dans les secteurs pour lesquels
30. INAO - CNAOL mise en marché des produits sous SIQO les produits sous SIQO sont relativement
hors bio est estimé à environ 25,8 Md€ peu représentés, les volumes et surtout
hors taxes, dont environ de 21 milliards les chiffres d'affaires sont conséquents.
pour les vins et eaux-de-vie sous SIQO, Ainsi, par exemple, dans le secteur des
soit une augmentation d'un peu plus de produits laitiers, les volumes sous SIQO,
3 milliards par rapport à 201629. très majoritairement les fromages sous
AOP, s'élevaient à près de 257 376 tonnes,
En 2016, la part des produits sous SIQO pour un chiffre d'affaires de 2,07 milliards
� Graphique 1 - Part en volume des SIQO (hors bio) dans la filière nationale en 2016
Source : Nielsen ScanTrack PGC-FLS CAM P13 2017. Hypermarchés, supermarchés, drive et proximité
En % 100 %
Fruits et légumes 1,4 %
Porc 2%
Bovins 2,6 %
Oeufs 3,8 %
Miels 7%
Ovins 9,4 %
Volailles 11,1 %
Fromages 11,5 %
Olives 29,4 %
Cidres 32,5 %
Palmipèdes gras 55 %
Vins 93,1 %
L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE
L'agriculture biologique occupe désormais plus de ventes sont réalisées pour 44 % dans les grandes
6,6 % de la surface agricole utile (SAU) française et moyennes surfaces alimentaires, pour 34 % dans
et concerne 8,3 % des exploitations. Ces filières les magasins spécialisés, pour 12 % en vente directe,
comptent plus de 54 044 opérateurs et repré- le reste s'effectue chez les artisans commerçants,
sentent plus de 134 000 emplois ETP. Cependant, en restauration collective et commerciale.
il y a une importante variation entre les cultures :
10 % du vignoble (en surface) contre seulement Les importations suite à un développement de la
3,4 % pour les grandes cultures. demande ont légèrement progressé en 2017 pour 41
atteindre 31 % de la valeur au stade de gros. Elles
L’année 2017 conserve un rythme important de concernent pour 60 % des produits exotiques non
conversion (près de 4 500 engagements) avec une produits en France, pour un cinquième de produits
8000
7000
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
1999 2005 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
*Achats hors taxes évalués par enquête auprès des fournisseurs et des acheteurs, depuis 2014 en restauration commerciale
et depuis 2009 en restauration collective
Les enjeux La politique en faveur des signes de qualité
permet de maintenir la diversité des
Les signes d’identification de la qualité et productions agricoles et par ce biais même
de l’origine permettent de créer de la valeur la biodiversité, la variété des paysages et les
ajoutée tout au long de la chaîne alimen- ressources naturelles. Elle préserve l'em-
taire et les filières deviennent moteurs ploi et le dynamisme des territoires ruraux
dans le développement de la diversité et notamment en rassemblant les produc-
la typicité des produits. Ils protègent les teurs locaux sur des projets communs et
bassins de production traditionnels, valo- en les mobilisant autour de démarches
risent le savoir-faire des entreprises et collectives de progrès. Les signes d'identi-
permettent aux producteurs de commer- fication de la qualité et de l'origine consti-
Commission
Ministère
du Codex
(agriculture, économie,
Alimentarius
environnement, etc.)
Autorités Commission (UN FAO+OMS)
réglementaires Agences et services européenne Organisation
publics
mondiale de la
(ANSES, SCL, INAO, santé animale
FranceAgrimer, etc)
(OIE)
Comités
Commission et sous-comités
Instances de Comités techniques
de normalisation techniques
normalisation européens CEN
Afnor internationaux
ISO
La normalisation au cœur
des sujets d’actualité LES INSTANCES DE NORMALISATION
EUROPÉENNES ET MONDIALES
Dans un contexte de suites à donner
aux États généraux de l’alimentation, un
certain nombre de thématiques pourraient Les référentiels normatifs sont développés au sein de l'Orga-
être soutenues par des actions de norma- nisation internationale de la normalisation « ISO », du Comité
lisation : européen de normalisation « CEN ». L'AFNOR coordonne l'ac-
Authenticité des produits alimentaires - tivité des commissions de normalisations nationales dites
Alimentation bio - E-commerce alimentaire « miroir » des comités européens et internationaux.
- Insectes pour la consommation humaine
AFNOR
11 rue Francis de Pressensé
93571 La Plaine Saint Denis cedex
Tél : +33 (0)1 41 62 80 00
www.normalisation.afnor.org
La normalisation dans l’agroalimentaire : norminfo.afnor.org (agro-alimentaire)
Au niveau européen : CEN/TC 275 : standards.cen.eu (technical bodies, puis CEN/TC 275)
Au niveau international : ISO/TC 34 : www.iso.org (participer/qui élabore les normes/comités techniques, puis ISO/TC 34)
ÉCHANGES COMMERCIAUX
ET INTERNATIONAUX
Malgré une année 2017 qui voit la France être déficitaire en produits agricoles pour
la première fois depuis 30 ans , le secteur agricole et agroalimentaire reste le 3ème
secteur contributeur au solde commercial français avec 5,7 Md€, loin derrière la
construction aéronautique (solde positif de 18 Md€) et l'industrie chimique, parfu-
merie, cosmétique (solde de 13 Md€). Cette année 2017 a ainsi été marquée par :
ĈĈ le déficit global en produits agricoles, qui s'explique par une érosion structurelle
exportations (+ 27 % depuis 2010 pour les importations contre + 19 % dans le
même temps pour les exportations.
Des profils d'échanges inversés entre 2000), due avant tout à un fort ralentisse-
les débouchés « Union européenne » ment des exportations alors même que
et « pays tiers » les importations continuent d’augmenter.
Avec les pays tiers le solde commercial
Alors que l'Union européenne représente est maintenu par la vitalité de nos expor-
70 % des importations françaises (et ce tations (principalement en boissons alcoo-
de manière stable depuis 2010), sa part lisées), en particulier vers la Chine et les
comme débouché des exportations baisse États-Unis.
au profit des pays tiers, passant de 70 %
en 2010 à 63 % en 2017. Dans ce contexte, Le graphique 4 précise les positions
les échanges de produits transformés sont commerciales de la France sur chacun
de plus en plus déficitaires avec l’UE alors des principaux pays avec lequel les flux
qu’ils sont excédentaires en produits bruts. d'échanges agricoles et agroalimentaires
A l’inverse, les échanges de produits trans- sont significatifs.
formés sont de plus en plus excédentaires
avec les pays tiers alors qu'ils sont de plus Plusieurs tendances se dégagent. Le
en plus déficitaires en produits bruts. graphique confirme d'abord la baisse de
la balance commerciale française avec les
Ainsi, la France importe structurellement pays de l'Union européenne. Ainsi, le déficit
des produits agricoles depuis les pays avec l'Espagne met en exergue des importa-
tiers (solde de - 3,5 Md€ en 2017), prin- tions croissantes de fruits et légumes (36 %
cipalement des oléagineux, des fruits et des importations françaises) et un déficit
des légumes et exporte vers ces pays des concernant les viandes. Le déficit avec les
produits des IAA (+ 8,8 Md€, principale- Pays-Bas reflète plus la situation concernant
ment des vins et spiritueux). La situation les filières viandes (déficit commercial de
est inverse en Union européenne, vis-à-vis 700 M€), produits laitiers (déficit de 580 M€)
de laquelle la France exporte structurelle- et en préparations à base de légumes
ment des produits bruts (+ 3 Md€ en 2017) (déficit de 670 M€). Premier fournisseur de
mais a une balance commerciale négative la France parmi les pays tiers, le Brésil est
pour les produits transformés (- 2,6 Md€). ainsi le premier fournisseur d'oléagineux
bruts et transformés.
L'évolution des exportations françaises
confirme une tendance constatée depuis L'analyse des excédents commerciaux de la
2000 à savoir, la baisse de l’excédent France montre la montée en puissance des
commercial avec les pays de l'UE (seule- pays consommateurs de vins et spiritueux
ment 374 M€ en 2017 contre 8,3 Md€ en français. Ainsi, États-Unis, Royaume-Uni et
� Graphique 1 - Évolution des importations, exportations et du solde des échanges
agroalimentaires
Champ : produits agricoles et agroalimentaires, hors tabac. Source : Douanes – Traitement SSP
En milliards d'euros
65 65
60 60
55 55
50 50
45 45
50 40 40
35 35
30 30
25 25
20 20
15 15
10 10
5 5
0 0
-5 -5
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
� Graphique 2 - Évolution des échanges avec les pays tiers et l'Union européenne
Champ : produits agricoles et agroalimentaires, hors tabac. Source : Douanes – Calculs Agreste
En 2017, les déficits des échanges en produits bruts avec les pays tiers et en produits transformés avec l’UE
se sont de nouveau creusé.
10000
En milliards d'euros
8000
6000
4000
2000
-2000
-4000
-6000
UE Pays tiers UE Pays tiers UE Pays tiers
2015 2016 2017
40
Impo
35 Impo
30
Expor
25
52 20
Expor
15
10
0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Exportations UE Importations UE
Exportations pays tiers Importations pays tiers
En milliards d’euros
Espagne -2,03
Pays-Bas -1,92
Brésil -1,09
Pologne -0,54
Norvège -0,50
Maroc -0,46
Côte-d'Ivoire -0,42
Irlande -0,41
Inde -0,38
Equateur -0,36
Arabie saoudite 0,57
Hong Kong 0,69
Singapour 0,92
Japon 1,08
Allemagne 1,10
Algérie 1,20
Italie 1,55
Chine 1,70
Royaume-Uni 2,73
Etats-Unis 2,93
-2,5 -2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0
c'est la croissance plus importante de nos salariés, avec un chiffre d'affaires réalisé
importations qui a marqué l'année 2017, à l'export qui représente 16 % du chiffre
passant de 52,8 à 55,5 Md€ en un an. d'affaires total de cette catégorie.
ĈĈ 56 % des entreprises de 10 à 249 sala-
Toute une variété de secteur est concernée : riés, avec un chiffre d'affaires à l'export
les produits transformés à base de céréales, qui représente 20 % du chiffre d'affaires
de cacao et les préparations alimentaires total.
diverses (importations en hausse de 7 % à ĈĈ 90 % des entreprises de plus de 250 sala-
8,5 Md€), les viandes et produits de l'abat- riés exportent, mais leur part du chiffre
tage (+6 % à 5,5 Md€), les fruits (+ de 5 % à d'affaires à l'export reste du même ordre
4,4 Md€) ainsi que les produits transformés que pour les autres catégories (18 %).
89 %
56 %
28 %
22 % 20 % 19 %
16 % 18 %
De 0 à 9 salariés en ETP De 10 à 249 salariés en ETP 250 salariés et plus en ETP Ensemble
Boissons
IMPORTATIONS
EXPORTATIONS
Produits des IAA
Produits bruts hors boissons
Excédent commercial
5,0 Déficit commercial
5,2
0,9 0,8
54 1,5
Exportations
Importations
40,9
40,1
Europe occidentale + PECO RUSSIE + EX-CEI
3,5
5,3 6,6
6,3
2,7
PAYS-BAS
ALLEMAGNE
ROYAUME-UNI
BELGIQUE
0,9 1,3
0,4 0,7
IRLANDE
POLOGNE
7,2
1,7 1,8
5,0
SUISSE
5,7
4,2
ESPAGNE
0,8 0,5
PORTUGAL ITALIE
Agroalimentaire et négociations
commerciales internationales
56
BREXIT
Le Royaume-Uni constitue un partenaire commer- L'UE a publié le 23 mars 2018 ses orientations pour
cial important pour la France. Dans le secteur la négociation du cadre de la future relation avec
agroalimentaire, il est le 3ème client européen de le Royaume-Uni, qui devrait prendre la forme d'une
la France à l'exportation et son 6ème fournisseur déclaration politique jointe à l'accord de retrait. Le
européen à l'importation. Le commerce agroali- Royaume-Uni a publié quant à lui le 12 juillet 2018
mentaire français est excédentaire à hauteur de un livre blanc sur la future relation qu'il envisage
2,9 Mds€, dont 1,2 Mds€ pour le secteur des vins avec l'UE. Les négociations se concentrent sur les
et spiritueux. Il y a donc un fort enjeu à poursuivre compromis possibles entre ces deux visions de cette
leur développement sans coût d'entrée supplé- future relation, dans laquelle seront essentiels du
mentaire dans le cadre du Brexit. Certaines filières point de vue de l'agroalimentaire français le statut
sont actuellement déficitaires (produits de la mer, de la frontière irlandaise, impactant notamment les
certaines productions animales comme les ovins et contrôles sanitaires et phytosanitaires, le régime
les bovins). douanier régissant les échanges entre les deux
parties, l'accès aux zones de pêche et aux stocks
Conformément au principe de négociation séquen- halieutiques revendiqués par le Royaume-Uni, le
tielle (retrait, puis future relation) adopté par les maintien sur la durée de conditions de concurrence
27, l'accent a été mis prioritairement sur l'accord équitable, tant dans la relation bilatérale qu'en-
de retrait, dont l'UE a publié un projet le 20 mars vers les tiers, ainsi que la coopération en matière
2018, et dont les chapitres relatifs aux droits des de recherche. En effet, si, sous réserve de la ratifi-
citoyens, à la facture de sortie, à la période de transi- cation de l'accord de retrait, la totalité de l'acquis
tion (dont le terme est fixé à fin 2020) ont fait l'objet de l'UE s'appliquera au Royaume-Uni jusqu'à la fin
d'un accord. Sur le plan financier, le Royaume-Uni, de la période de transition (à l'exception des textes
contributeur net au budget de l'UE de 10 à 13 Md€ qui cadrent sa participation aux instances euro-
selon les années, s'est engagé à contribuer au péennes), et si le Royaume-Uni continuera d'être
budget de l'UE jusqu'à la fin de la période de transi- lié par les accords internationaux signés par l'UE, il
tion, puis à solder le reste à liquider au 31 décembre peut d'ores et déjà de son côté négocier, signer et
2020. En revanche, la question de la frontière irlan- ratifier des accords internationaux mais qui n'entre-
daise reste, à la fin août 2018, le principal point ront en vigueur que si l'UE l'y autorise.
d'achoppement des négociations. La protection
des indications géographiques après le Brexit n'a En l'état actuel des négociations, il est nécessaire
pas encore été abordée. Afin d'entrer en applica- de se préparer à toutes les hypothèses, dont celle
tion le 29 mars 2019, l'accord de retrait doit être d'une sortie sans accord du Royaume-Uni, qui réta-
rédigé dans sa version finale pour octobre 2018. blirait des droits de douane et des contrôles sani-
Une négociation a par ailleurs été ouverte au sein taires et phytosanitaires aux frontières. Le Minis-
de l'OMC pour déconsolider, selon la part respec- tère de l'agriculture et de l'alimentation travaille
tive des 27 et du Royaume-Uni, les contingents sur toutes les options, et intervient au service des
agricoles concédés par l'UE aux pays tiers. acteurs de la filière.
Avec le Mexique La conclusion des négociations initialement
envisagée pour le début de l'année 2018, est
La modernisation de l'accord d'association désormais envisagée pour l'été 2018, avant
UE – Mexique, entré en vigueur en 2000 l'ouverture de périodes électorales au Brésil
mais concernant peu les filières agricoles a (automne 2018) et en Europe (2019).
abouti à un accord de principe en mai 2018,
à l'issue de 2 ans de négociations, certains La modernisation de l'accord d'association
points, notamment relatifs à la protection UE-Chili de 2003, entré en vigueur en 2014,
des indications géographiques restant a débuté en 2018. Un équilibre devra être
alors encore à résoudre. L'accord prévoit trouvé entre les intérêts offensifs et défen-
d'importantes libéralisations tarifaires en sifs agricoles et agroalimentaires, compte
matière de viande porcine et de volaille,
préparations alimentaires et produits
tenu notamment de la petite taille de ce
marché, de son environnement commer-
57
pour l'alimentation animale, ainsi que cial (justifiant une attention particulière en
l'ouverture de contingents en matière de matière de règles d'origine, de risques de
En 2017, le régime d’aide européen aux programmes simple sur le marché intérieur, à 80 % pour les
d’information et de promotion des produits agri- programmes multiples et les programmes simples
coles établi par le règlement (UE) n°1144/2014 a en pays tiers. Le budget disponible en 2017 pour
très largement bénéficié à la France. Parmi les 52 soutenir financièrement ces programmes était de
projets retenus pour un cofinancement en réponse 111 M€, les demandes des États membres repré-
à l'appel à propositions lancé par la Commission sentaient 253 M€.
européenne le 12 janvier 2017, 17 programmes
simples français, et 5 programmes multi pays En 2018, le nouvel appel à propositions lancé en
coordonnés par la France, ont été sélectionnés. janvier prévoit davantage de financement: 179 M€
Ce résultat place la France au premier rang des dont 100 M€ pour les programmes simples, 79
bénéficiaires de ce dispositif d'aide, avec plus de 45 M€ pour les programmes multi pays. Les priorités
M€ d'aides versées à des programmes de promo- sont la promotion des systèmes de qualité de l'UE,
tion. Les projets bénéficient de soutiens finan- la filière ovine et caprine, les fruits et légumes, et
ciers élevés, qui vont de 70 % des coûts éligibles deux zones géographiques: Chine/Asie du Sud Est
des programmes, dans le cas d’un programme et États-Unis/Canada/ Mexique.
LES NÉGOCIATIONS SANITAIRES ET PHYTOSANITAIRES
Les négociations multilatérales dans Les négociations bilatérales Missions rattachées au BEPT
le cadre de l'OMC Au-delà des négociations multilatérales, Les ouvertures de marché passent le
Les négociations sanitaires et phytosani- des négociations doivent donc être plus souvent par l’accueil de missions
taires reposent dans un premier temps menées avec les pays-tiers, soit pilotées d’inspection réalisées par les auto-
sur la participation active aux travaux par la Commission européenne (notam- rités des pays tiers. Il s'agit soit d'audit
des organisations internationales ment dans le cadre des accords de libre « système » qui visent la reconnaissance
normatives, ainsi qu’au comité SPS de échange, avec un suivi par la partie fran- de l'équivalence de système sanitaire
58 l’OMC. La DGAL (direction générale de çaise en fonction de nos intérêts), soit par et l'acceptation de nos pratiques, soit
l'alimentation) y participe largement. les autorités françaises. Ces négociations d'audit « agrément » pour valider les
Avec la baisse historique des barrières sanitaires permettent de fixer les condi- autorisations d'export des établisse-
douanières, les réglementations sani- tions sanitaires et phytosanitaires d’ex- ments. En 2017, le BEPT a organisé l'ac-
taires et phytosanitaires adoptées portation des produits agricoles et agroa- cueil de 25 missions pays tiers pour un
par les pays importateurs afin de se limentaires. total de 146 jours.
prémunir contre l'introduction de mala- Pour les négociations pilotées par la En plus du suivi des audits et de l'éla-
dies animales, d'organismes nuisibles Commission, la France porte ses inté- boration des instructions à l'intention
aux végétaux et d'aliments impropres à rêts à l'export via différents groupes des services déconcentrés, le BEPT est
la consommation humaine ou animale à Bruxelles, entre autres les groupes partie prenante des cycles de formation
constituent de plus en plus les princi- Conseil du Potsdam (animal) et du à l’attention des exportateurs et/ou des
pales barrières aux échanges commer- Roosendaal (végétal). services officiels afin de les familiariser
ciaux. Certes, l'accord sur l'application Au sein de la DGAL, c'est le bureau aux procédures export.
des mesures sanitaires et phytosani- export pays tiers (BEPT) de la sous-direc- L’État a également engagé la moderni-
taires (accord « SPS ») définit les règles tion des affaires sanitaires européennes sation de la base de données sanitaires
auxquelles les gouvernements des pays et internationales (SDASEI) qui encadre à l’exportation, « Exp@don ». Ce projet,
membres de l’OMC doivent se conformer ces négociations. dénommé Expadon 2 est co-piloté par la
afin de limiter les entraves injustifiées En 2017, les négociations France-Pays DGAL et FranceAgriMer. A terme, il four-
au commerce international, tout en tiers ont par exemple permis dans le nira un service en ligne permettant aux
leur permettant d’adopter des mesures domaine animal d'ouvrir 18 nouveaux services de l’Etat et aux exportateurs de
propres à assurer la protection de leurs marchés, de rouvrir 14 marchés soumis à produits agroalimentaires, mais aussi
populations (humaines, animales et embargo et dans le domaine végétal d'ou- d’animaux et de végétaux, de gérer, de
végétales) à un niveau qu’il leur appar- vrir 4 nouveaux marchés et en rouvrir 1. manière totalement dématérialisée,
tient de fixer. Certes, cet accord encou- les procédures sanitaires et phytosa-
rage les gouvernements à établir au La priorisation des négociations bila- nitaires (SPS) liées aux exportations.
niveau national des mesures sanitaires térales avec les professionnels via les Au 1er juin 2018, seule la partie « agré-
et phytosanitaires compatibles avec les comités export SPS FranceAgriMer ment » des établissements est gérée par
normes, directives et recommandations Le ministère de l’Agriculture et de l'Ali- Expadon 2. La partie « certificats » sera
internationales élaborées par les trois mentation a mis en place avec Fran- progressivement déployée entre 2019
organisations normatives que sont la ceAgriMer pour chaque famille d'expor- et 2020. Cette plateforme permettra
commission du Codex alimentarius, l’Or- tateurs (deux sections végétales, trois également une circulation plus rapide,
ganisation mondiale de la santé animale sections animales) un comité export SPS mieux partagée, et mieux ciblée des
(OIE, anciennement Office international qui permet deux fois par an de fixer les informations notamment en cas de
des épizooties) ou la Convention interna- négociations prioritaires (pays/produits) crise sanitaire, dans le cadre du traite-
tionale pour la protection des végétaux et de faire les points des négociations ment des notifications SPS de l’Organi-
(CIPV). Certes, les membres de l'OMC, en cours. Le comité établit ainsi une sation Mondiale du Commerce (OMC),
lorsqu'ils établissent leurs propres « feuille de route » des négociations. ou encore pour le suivi des priorités de
normes, doivent les fonder sur la base Fin 2013 un comité visant à prioriser négociation SPS.
d'une évaluation scientifique des risques les négociations relatives aux obstacles Expadon 2 a également vocation à
pour qu'elles n'entraînent pas de discri- techniques au commerce (OTC) asso- reprendre l’outil Impadon qui permet de
minations injustifiables entre les pays ciant la DG Trésor et la DGCCRF s'est mettre à disposition du grand public des
où existent des conditions sanitaires ou construit sur le même modèle. informations relatives aux conditions
phytosanitaires similaires. Au 1er juin 2018, la feuille de route d'importation des marchandises sani-
Mais malgré ce cadre facilitant, il reste comprend un peu plus de 200 couples taires et phytosanitaires sur le territoire
indispensable de mener des négocia- pays/produit. de l'Union européenne.
tions au niveau bilatéral.
COMPÉTITIVITÉ INTERNATIONALE DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES
FRANÇAISES, QUELQUES ÉCLAIRAGES RÉCENTS
Le secteur agroalimentaire français parmi les entreprises exportatrices, très Outre les réseaux mobilisés par l’entre-
affiche toujours un solde commercial peu sont en mesure d’exporter plus prise, les travaux de l'INRA montrent aussi
positif et est l’un des secteurs ayant le de trois années consécutives (environ l’importance de l’adoption de démarches
plus contribué à la reprise des exporta- 25 %). Si de nombreux facteurs de volontaires, publiques ou privées, dans
tions françaises en 20171. De nombreux compétitivité ont été identifiés (comme la compétitivité des entreprises fran- 59
défis demeurent cependant à relever. la productivité des facteurs de produc- çaises agroalimentaires. Par exemple, les
La France continue à perdre des parts tion, la taille des entreprises, la qualité indications géographiques et leur inté-
de marché par rapport à ses principaux des produits), un éclairage est néces- gration dans les accords internationaux
DISPOSITIFS DE FINANCEMENT
Dispositifs publics d'appui à l'exportation : https://www.bpifrance.fr/#location-3402
Aides européennes à la promotion : https://ec.europa.eu/info/promotion-eu-farm-products_en et http://ec.europa.eu/chafea
8,5 % 8,3 %
Monoparental Monoparental
5,1 % 2,4 %
Ménage Ménage
de plusieurs de plusieurs
personnes personnes
sans famille sans famille
52,1 % 45,6 %
Couple 2012 2025
Couple
43,7 %
34,3 % Personne seule
Personne seule
Les 16 fiches pour mieux appréhender les comportements alimentaires de 20251 (les fiches 5, 6, 8 et 11, sont
développées ci-après) :
63
1 alimentation durable ;
2 alimentations particulières et communautés ;
PANORAMA DES IAA 2018 LES ENJEUX LIÉS AUX NOUVELLES TENDANCES DE CONSOMMATION
3 alimentation santé - bien-être ;
4 baisse de la consommation de protéines animales ;
5 consommateur stratège ;
6 digital et alimentation ;
7 faire soi-même ;
8 individualisation ;
9 moins de gaspillage alimentaire ;
10 nostalgie et authenticité ;
11 nouvelles expériences liées à la mondialisation ;
12 proximité ;
13 plus de transparence ;
14 prêt à manger ;
15 recherche de naturalité ;
16 recherche de nouvelles occasions de consommation
En parallèle de la mise à disposition de ces fiches tendances, une étude : portrait de la France en 2025 a été
réalisée, sur la base de projections démographiques, de revenus, de modes de vie, complétées par des projec-
tions concernant les circuits de distribution commerciale alimentaire et la consommation des ménages (dépense
alimentaire globale et par catégorie de produits)2.
1. http://agriculture.gouv.fr/16-fiches-pour-mieux-apprehender-les-comportements-alimentaires-de-2025
2. http://agriculture.gouv.fr/comportements-alimentaires-la-france-en-2025
DIGITAL ET ALIMENTATION
LE SUCCÈS DES DRIVES ET LE POTENTIEL DES VENTES ALIMENTAIRES
PAR INTERNET D'ICI 2025
Le commerce alimentaire en ligne, malgré un score alimentaire digital pourrait prendre d'autres formes
encore faible, ne cesse de progresser : il représentait à horizon 2025. Celles-ci dépendront également de
4,3 % des achats alimentaires de produits de grande l'offre proposée par les distributeurs : essaimage de
consommation et frais libre-service en 20143 et pour- nouveaux points et lieu de collecte de ces achats, (re)
rait atteindre 10 % d’ici 10 ans. La vitesse de développe- développement de la livraison à domicile en centre
ment de ce circuit, notamment via le e-commerce, lui urbain, mais aussi en milieu rural face à la disparition
confère progressivement une place significative dans de commerces alimentaires.
le paysage commercial national. La vente à distance
avec livraison séduit notamment des catégories de Au-delà du commerce, dans lequel le digital a déjà
population pour lesquelles le fardeau des courses est commencé à s'ancrer, des perspectives se dessinent
particulièrement lourd en raison d’une activité profes- quant à son intégration dans l'alimentation quoti-
sionnelle surchargée ou de difficultés de déplacement. dienne. L'alimentation connectée pourrait répondre à
de fortes attentes des consommateurs en leur permet-
Les achats en ligne permettent aux consommateurs tant, à titre d'exemple, d'améliorer le stockage des
d'optimiser leur temps libre. Si on se projette à 2025, produits et de lutter contre le gaspillage alimentaire et
leur développement devrait donc augmenter par effet les déchets (emballages connectés, informations sur la
64 de génération. Grâce au numérique, le consommateur
est potentiellement mieux informé et plus exigeant. La
durée de vie, etc.).
période entre l'envie et l'acte d'achat se réduit considé- Enfin, les réseaux sociaux et les sites prescripteurs ont
rablement, c'est l'ère du click&buy, avec de nouvelles une influence grandissante dans les choix de consom-
attentes de services. mation. Alors que dans le domaine de la restauration,
de puissants sites prescripteurs se sont imposés, le
Pour s'exonérer partiellement ou totalement de même phénomène pourrait se développer pour l'ali-
l'achat sur place, plusieurs solutions sont utilisées par mentaire.
les consommateurs. Le click&collect consiste à
commander sur internet son panier de courses, pour Face à ces nouveaux enjeux, les acteurs de la chaîne
aller le chercher plus tard soit en magasin, soit dans alimentaire doivent repenser les stratégies marke-
les points de retrait spécifiques. La forme la plus ting pour les produits sensibles aux achats d'impul-
représentée du click&collect, et spécifique à la France, sion et pour le lancement des nouveaux produits,
est le click&drive. Toutefois, alors que l'utilisation des avec des délais de mises en marchés accélérés. Ils
formules 'drive' commence à afficher une certaine doivent appréhender des politiques spécifiques
maturité, le click&collect continue à se développer au digital, comme la e‑réputation, avec des coûts
sous différentes formes. de développement parfois importants et des outils
puissants réservés aux plus grands opérateurs (valo-
Le premier drive français a ouvert en 2000, mais le risation du big data et marketing ciblé). Les marques
déploiement réel des drives date de 2007-2008, au utilisent les réseaux sociaux pour renforcer la fidé-
moment où le haut débit arrive dans les foyers. Cette lisation et la communication individuelle et person-
tendance s'est peu à peu diffusée chez l'ensemble des nalisée auprès des consommateurs. L'exploitation
consommateurs, mais avec une prédominance chez des données individuelles par différents groupes
les jeunes actifs avec enfants. d'acteurs pour analyser les comportements des
consommateurs sera de plus en plus confrontée à
Au moment où l'essor des pratiques liées au drive une tendance inverse, celle des consommateurs
semble ralentir et que ce segment arrive à matu- exigeant de plus en plus la sécurisation de leurs
rité, le développement des usages liés au commerce données personnelles.
Le consommateur porte une très grande attention à ĈĈ il recherche également la praticité et le gain de
son budget alimentaire, et avec le développement de temps en matière d'alimentation. Le temps consacré
l'offre et la concurrence des distributeurs, il est incité au déjeuner a ainsi considérablement diminué sur
à comparer les produits et les services qui lui sont les vingt dernières années. Cette tendance devrait
proposés. Il développe des stratégies pour bénéficier se poursuivre en 2025 en raison du développement
de certains avantages et services, d'un large choix, de d'un mode de vie urbain qui implique des temps de
produits de qualité, ou encore pour gagner du temps. déplacement importants, et la nécessité d'articuler
temps de travail et temps de loisirs ;
Le consommateur se sent également concerné par les ĈĈ il n'hésite plus à chercher et publier des avis sur
conditions de production (impact environnemental, internet concernant les enseignes et les produits. Le
risques industriels…), et les conditions de travail consommateur cherche à avoir accès aux bons plans
des salariés. Cette tendance devrait se renforcer et ses attentes sont plus fortes vis à vis des réseaux
au cours des prochaines années dans un contexte de distributeurs, des industriels et des producteurs.
de forte implication en faveur d'une consommation
responsable et engagée. En effet, les consommateurs Enfin, on constate que la valeur plaisir est de nouveau
veulent disposer d'une information complète sur les au cœur des attentes des consommateurs, alors
implications de leur alimentation, en termes de santé qu’elle était moins importante que la valeur santé au
notamment. cours des années 2000-2010. Le plaisir ne se trouve
PANORAMA DES IAA 2018 LES ENJEUX LIÉS AUX NOUVELLES TENDANCES DE CONSOMMATION
autant de facteurs qui portent cette tendance. certain confort.
Le consommateur stratège adopte les comportements La recherche d'un produit bon et sain, et le meil-
suivants : leur rapport qualité-prix aura pour conséquence, de
ĈĈ il tente d’obtenir à la fois des prix bas, de la qualité manière peut-être paradoxale, le développement
et du service. Pour y répondre, le modèle du de produits haut de gamme, une accélération de la
hard-discount se réinvente. Lidl opère depuis 2012 premiumisation des marques de distributeurs, néces-
une montée en gamme : nouveau positionnement, sitant de nouvelles stratégies de différenciation et de
investissements pour rénover et moderniser ses codéveloppement, et un affaiblissement important de
points de vente, campagne de communication, etc. ; la vente d'aliments peu qualitatifs.
TENDANCE INDIVIDUALISATION
L’évolution des structures familiales impacte les du digital favorise l’amélioration de la connaissance
comportements alimentaires. La part de personnes des entreprises sur les goûts et les habitudes des
vivant seules est passée de 27 % à 34 % de l’ensemble consommateurs.
des ménages entre 1990 et 2012, et devrait passer à
44 % des ménages à l’horizon 2025. Cette augmenta- Toute la chaîne est impactée par la montée de de l’in-
tion relève du fait du vieillissement de la population, dividualisation. L’attente de produits individualisés par
du célibat et des divorces plus répandus. Les attentes le consommateur a des impacts sur :
des personnes vivant seules sont différentes en termes ĈĈ la communication et le marketing et l’emballage ;
de produit ou de quantité. Ces attentes se retrouvent ĈĈ la restauration et les formules/formats plats qu’elle
ses repas. Les repas pris en commun sont plus rares, formats individuels ;
et la composition d’un repas n’est pas forcément la ĈĈ les circuits de distribution qui ont multiplié le nombre
même pour une famille. L’apparition de formats indi- de leurs références avec des gammes plus adaptées ;
vidualisés, portions et emballages permet de choisir ĈĈ la logistique et les grossistes avec une augmenta-
un produit préféré. Cette individualisation répond tion de la manutention et aussi des volumes liée à la
aussi à un besoin de mobilité accru, les horaires et les réduction des formats ;
lieux des prises de repas favorisent l’augmentation du ĈĈ la transformation qui adapte sa gamme avec des
66 nombre de produits de formats individuels. portions plus petites et qui doit aussi prendre en
compte l’impact néfaste sur l’environnement de la
Les profils des consommateurs les plus concernés, multiplication des emballages ;
sont essentiellement urbains, ont moins de 60 ans ĈĈ la production agricole qui modifie ses pratiques en
(actifs, jeunes et familles) et ont un niveau d’éducation sélectionnant des espèces végétales plus petites et
élevé. pour répondre à de nouveaux standards imposés
par les industriels.
La montée de l’individualisme se traduit aussi par
la volonté de chacun de s’affirmer au travers de sa L’impact général lié à cette tendance à l’individualisa-
consommation, la tendance à s’identifier à des produits, tion et aux petits formats porte sur l’augmentation des
et à choisir ses aliments. La restauration permet d’of- emballages des portions et de leur coût. Leur compo-
frir au consommateur le choix des ingrédients ou des sition fait l’objet de travaux de recherche afin de dimi-
accompagnements. La technologie permet aussi aux nuer leur effet néfaste sur l’environnement (rempla-
industriels de répondre à une attente de personnalisa- cement des matières par des produits biosourcés,
tion en termes de marketing produit, avec la possibilité emballages compostables). Des instituts techniques
de personnaliser l’étiquette par exemple. L’utilisation agro-industriels contribuent à ces travaux.
NOUVELLES TENDANCES LIÉES À LA MONDIALISATION
Les Français sont attachés à leur patrimoine gastrono- Outre les nouveaux produits, ce sont aussi de nouveaux
mique mais ne ratent pas une occasion de profiter du concepts de restauration commerciale qui ont été
meilleur des autres cultures culinaires. importés sur le territoire comme le food truck. Selon
l’association « Street Food en Mouvement », il existerait
Les moteurs de la tendance sont liés à : près de 500 food trucks (chiffres datant de 2015) dans
ĈĈ la démographie, l’immigration apportant ses tradi- l’hexagone, dont une grande part dans la capitale.
tions culinaires et favorisant le brassage des popu-
lations et des cultures ; D’autres impacts apparaissent aussi sur la communica-
ĈĈ aux valeurs culturelles, à la découverte de nouvelles tion et le marketing avec le développement de packaging
cultures, au tourisme gastronomique, qui attirent reprenant les codes des différentes cuisines du monde
aussi les jeunes générations ; ou proposant des éditions limitées permettant de tester
ĈĈ aux modes de vie par l’augmentation des échanges de nouveaux concepts. On assiste au développement de
dans un monde globalisé. labels qui prennent en compte les préoccupations des
consommateurs sur les aspects éthiques des modes
Les consommateurs sont également préoccupés par de production. Concernant l’artisanat les opportunités
l’impact social de leur consommation, d’autant plus résident dans l’innovation avec la possibilité de créer
que les produits et matières premières proviennent de nouvelles gammes avec de nouveaux ingrédients et
de l’autre bout de la planète. Aussi, la recherche aussi la recherche de nouveaux terroirs/territoires. Pour
de nouveaux goûts et la croissance des échanges
mondiaux en matière alimentaire ne s’opèrent-elles
les canaux de distribution, les ventes en ligne permettent
aux distributeurs, artisans et industriels d’envoyer direc-
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pas sans le désir de produits respectueux de ceux qui tement des produits. Les circuits traditionnels de distri-
les ont élaborés, en accord avec les valeurs éthiques bution et de grossistes portent une attention plus accrue
PANORAMA DES IAA 2018 LES ENJEUX LIÉS AUX NOUVELLES TENDANCES DE CONSOMMATION
auxquelles les consommateurs sont attachés. sur les conditions de production. Le secteur de la produc-
tion agricole peut produire certains nouveaux produits
Les jeunes générations habituées à voyager aiment en tenant compte des conditions pédoclimatiques, en
retrouver cette mixité culturelle dans leur alimenta- sélectionnant l’espèce ou la race la plus appropriée et
tion. Des concepts de restauration porteurs et inno- l’opportunité d’une diversification.
vants, plébiscités par les citadins, bénéficient aussi de
ce phénomène de mondialisation. L’engouement pour une ouverture vers d’autres
cultures culinaires peut être considéré comme un
La cuisine asiatique est prédominante depuis plusieurs phénomène de mode, toutefois cette tendance permet
décennies, suivie par la cuisine mexicaine et enfin par aux consommateurs d’avoir une veille éthique sur les
la cuisine méditerranéenne. Sur ce marché, cela repré- conditions de productions des produits étrangers.
sente +5 % en 2013 de produits exotiques en grandes
surfaces, représentant 330 millions d’euros4. Malgré un coût des produits pour le consommateur
dans le secteur du commerce équitable, celui-ci devrait
Les restaurants traditionnels ont été un des moteurs continuer à se développer, (+ 72 % de croissance du
de cette ouverture en introduisant des produits étran- commerce équitable en France entre 2012 et 2015).
gers dans leur cuisine. En France, le secteur du commerce équitable est resté
dynamique face à la crise. En 2015 le commerce équi-
Les consommateurs cherchent à allier plaisirs alimen- table a généré un chiffre d’affaires de plus de 660
taires et gain de temps dans la préparation, aussi les millions d’euros (contre 94 millions d'euros en 2004),
kits culinaires pour cuisiner chez soi sont très prisés. ce qui représente cependant moins de 0,5 % du chiffre
d’affaire lié aux dépenses alimentaires en GMS5.