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PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


DE LA VALEUR
CRÉER
LE COMITÉ STRATÉGIQUE DE LA FILIÈRE ALIMENTAIRE

Le 26 février 2018 le comité exécutif du Conseil ĈĈ prendre le leadership du froid durable ;


national de l'industrie a validé, après une série ĈĈ garantir la qualité et la sécurité des aliments et
d'audits, le comité stratégique de la filière des boissons.
agroalimentaire. Ce comité stratégique se veut
recentré sur le maillon industriel de la filière. Il 3 projets structurants sont déjà en cours :
va se doter d'une feuille de route opérationnelle ĈĈ la création d'un pôle de compétences à dimension

sur des thématiques ciblées reconnues comme internationale sur les ferments et les produits

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essentielles pour le secteur. fermentés ;
ĈĈ l'organisation d'un grand programme sur
Le premier comité stratégique de la filière alimen- les protéines du futur, dans un contexte où
taire (CSFA) a été installé au niveau national en la demande en protéines explose au niveau
février 2013. Le contrat de filière signé le 19 juin mondial ;
2013 rassemblait tous les maillons de la filière ĈĈ l’intégration du numérique dans les entreprises

alimentaire, de l’agriculture au commerce en alimentaires.


passant par les industries agroalimentaires, autour
des enjeux majeurs du secteur  : emploi, défi vert, Il est en effet essentiel d'accompagner la transfor-
innovation, exportation et relations commerciales. mation numérique des entreprises du secteur pour
Il a été décliné dans toutes les régions et départe- plus de flexibilité, plus de traçabilité, de qualité et de
ments d’outre-mer sur la base de contrats régionaux sécurité sanitaire, de réduire les coûts de produc-
de l’alimentation. tion et de développer le lien au consommateur.
Dans le cadre du projet structurant « numérique »,
En novembre 2017, le Premier ministre a voulu un des objectifs est la mise en place d'un référentiel
donner une nouvelle impulsion au Conseil national des données agroalimentaires. Il s'agit d'un projet
de l'industrie (CNI) et a souhaité renforcer le rôle de plateforme collaborative où un grand nombre
des filières industrielles. Dans ce cadre, un audit des d'informations sur l'origine et les modes de fabri-
comités stratégiques de filière (CSF) a été lancé. Le cation des produits pourront être assemblées et
26 février 2018 le comité exécutif du Conseil national partagées pour servir les besoins de la supply chain
de l'industrie a validé 10 comités stratégiques de et d’information au consommateur. L'objectif est à
filière, dont celui de la filière agroalimentaire. Le la fois une meilleure information du consommateur,
nouveau cahier des charges pour les CSF indique une meilleure traçabilité alimentaire, mais aussi de
que la contractualisation portera notamment sur : nouveaux modes de différenciation des produits
ĈĈ la transformation numérique et écologique des et de création de valeur en mettant plus efficace-
entreprises ; ment en relation les spécificités des produits et les
ĈĈ la R&D et l’innovation ; attentes des consommateurs.
ĈĈ l’emploi, les compétences et la formation ;

ĈĈ l’internationalisation. Le CSFA vise également à améliorer l’attractivité du


secteur et des métiers de l’alimentaire et dévelop-
Le comité stratégique de filière agroalimentaire pement des formations de la filière.
(CSFA), présidé par Richard Girardot (président de
l'ANIA) a été recentré sur le maillon industriel de la Enfin, le contrat comporte un volet pour accom-
filière agroalimentaire et se veut plus opérationnel pagner les PME alimentaires à l’international  et
avec un nombre limité de projets structurants. promouvoir le «  Modèle alimentaire français  » à
travers les produits, la gastronomie, et les savoir-
En terme d'innovation, le CSFA reprend les objectifs faire des entreprises 
de la solution « Alimentation intelligente », née de la
deuxième phase de la stratégie « la Nouvelle France Cet outil, qui devra connaître des déclinaisons
industrielle » en avril 2015 et qui s'articule autour de régionales pour valoriser la richesse et la diver-
5 défis prioritaires : sité des productions, représente un engagement
ĈĈ reconquérir la compétitivité des métiers de la de l'ensemble de la filière agroalimentaire à agir
viande ; collectivement pour avancer sur les théma-
ĈĈ ouvrir le marché de l’alimentation fonctionnelle ; tiques clés pour l'avenir du secteur.
ĈĈ s’imposer dans les emballages du futur ;
RECHERCHE, DÉVELOPPEMENT
ET INNOVATION DANS
LES INDUSTRIES AGROALIMENTAIRES
Les entreprises agroalimentaires sont innovantes, que ce soit en termes de produits,
de procédés, de technologies, d'emballage, de marketing, etc. Elles peuvent être
accompagnées par les pôles de compétitivité et par les instituts techniques agro-in-
dustriels. L’adoption de l’innovation a par ailleurs été identifiée comme étant le
principal défi de l’agriculture et de l’agroalimentaire français dans le cadre des
États généraux de l’alimentation (EGA).
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L’innovation, un ingrédient à haute valeur ajoutée

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dans le secteur de l’agroalimentaire

L’innovation est une nécessité pour assurer sationnelle et marketing (52 % des IAA), 1. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
la compétitivité et le développement des représente la forme d’innovation la plus L’innovation dans les entreprises
industries agroalimentaires (IAA). Les IAA répandue dans les IAA, qui se distinguent agroalimentaires

innovent davantage que les autres secteurs ainsi des autres entreprises industrielles  : 2. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
(69 % contre 60 % pour les autres industries l'innovation en marketing représente 37 % L’innovation dans les entreprises
manufacturières et 48 % pour l'ensemble des innovations contre 24 % dans le reste agroalimentaires - Graphique 2

des secteurs). Le taux d’innovation des IAA de l’industrie manufacturière, et l'innova- 3. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
a progressé, passant de 61 % sur la période tion organisationnelle 39 % contre 35 %. L’innovation dans les entreprises
2010-2012 à 69 % sur la période 2012- agroalimentaires - Tableau 4

2014, porté par les innovations technolo- L’innovation est souvent associée à la 4. Source : AGRESTE
Les Dossiers n°42 - Avril 2018 -
giques. Les secteurs les plus innovants sont recherche et développement (R&D), mais L’innovation dans les entreprises
ceux des boissons, de la transformation ces deux concepts ne doivent pas être agroalimentaires

et conservation de poissons, ou encore la confondus. L’innovation n’implique pas


fabrication d’autres produits alimentaires1. forcément de la R&D et la R&D n’aboutit
pas toujours à des innovations (voir encadré
Au cours des dernières années, avec l’appui page 24). L'innovation peut par exemple
des pouvoirs publics, notamment dans le résulter d'opérations techniques, marketing,
cadre du comité stratégique de filière et de organisationnelles, financières et commer-
la solution industrielle « Alimentation intelli- ciales novatrices, sans démarche de R&D.
gente », la filière alimentaire s’est fortement
mobilisée en faveur de l'innovation. Elle a En termes d’intensité, le taux d'innovation
engagé de nombreuses actions pour promou- (rapport des dépenses d'innovation sur le
voir la créativité sous toutes ses formes et chiffre d’affaires) est de 1,3 % en 2014 contre
faire émerger des projets innovants. 3,4 % dans l’industrie manufacturière3. Même
si les IAA innovent davantage que les autres
On rencontre tous les types d’innovation au industries manufacturières, la dépense d'in-
sein des entreprises agroalimentaires : créa- novations et de la R&D reste moins impor-
tion de nouveaux produits, de nouvelles tant que dans l’industrie manufacturière.
formulations, mise en œuvre de nouveaux
procédés de fabrication, de nouveaux Certains secteurs d’activités agroalimen-
modes de distribution ou de livraison. La taires se démarquent par leur intensité
proportion d'entreprises agroalimentaires d’innovation tels que le secteur de la trans-
déclarant avoir innové d'un point de vue formation et la conservation des poissons
technologique a crû, passant de 46 % sur et crustacés (5,7 %), le secteur de la fabri-
la période 2010-2012 à 51 % sur la période cation de boulangerie-pâtisserie et de
2012-20142. Ces innovations constituent un pâtes alimentaires (3,1 %), le secteur de la
enjeu particulièrement important pour les fabrication d'autres produits alimentaires
IAA, car directement liées à la production. (1,8 %) et le secteur du travail du grain et de
L’innovation non technologique, organi- la fabrication de produits amylacés (1,7 %)4.
�Graphique 1 - Les industries agroalimentaires, parmi les plus innovantes entre 2012 et 2014
En % 100 %
71 %
Information, communication
37 %
69 %
Industries agroalimentaires
21 %
60 %
Autres industries manufacturières
23 %
56 %
Gaz, électricité, vapeur, air conditionné
14 %
54 %
Eau, assainissement, déchets, dépollution
13 %

20 Autre commerce de gros


9%
54 %

51 %
Com. gros prod. Alim. boisson hors tabac
10 %
50 %
Finance, assurance
12 %
48 %
Activités immobilières
7%
45 %
Hébergement, restauration
6%
45 %
Commerce
8%
40 %
Transport, entreposage
4%
40 %
Artisanat com.
2%
38 %
Industries extractives
7%
37 %
Services administratifs, soutien
4%
37 %
Construction
5%

Ensemble 48 %
12 %

Innovation en produits nouveaux pour le marché Tous types d'innovations

�Graphique 2 - Dépenses d'innovation rapportées au chiffre d'affaires en 2014


En % 100 %
Industries agroalimentaires 1,3 %

Industries alimentaires 1,3 %

Trans. & conserv. Viande & prép. Viande 0,3 %

Trans. & conserv. Poisson, crust., etc. 5,7 %

Trans. & conserv. Fruits et légumes 0,7 %

Fab. Huile et graisse végétale & animale 0,6 %

Fab. Produits laitiers 0,9 %

Travail des grains & Fab prod. amylacés 1,7 %

Fab. Prod boulangerie-pâtisserie & pâtes 3,1 %

Fab. Autres produits alimentaires 1,8 %

Fab. Aliments pour animaux 1,4 %

Fabrication de boisson 1,1 %

Artisanat commercial 1,4 %

Source : AGRESTE Les Dossiers n°42 - Avril 2018 - L’innovation dans les entreprises agroalimentaires
QU'ENTEND-ON PAR RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT
(R&D) ET PAR INNOVATION ?5

La R&D englobe les travaux de création des fonctionnalités ou des usages


entrepris de façon systématique en ne constituent pas une innovation
vue d'accroître la somme des connais- produit.
sances, ainsi que l'utilisation de ces
connaissances pour de nouvelles appli- L'innovation de procédé se définit
cations. par l’introduction dans l’entreprise
de procédés de production, d’une 21
Une innovation est la mise en œuvre méthode de fourniture de services ou
d’un produit (bien ou service) ou d’un de livraison de produits, nouveaux ou
procédé (de production) nouveau ou nettement modifiés. Le résultat doit

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sensiblement amélioré, d’une nouvelle être significatif en ce qui concerne le
méthode de commercialisation ou niveau de production, la qualité des
d’une nouvelle méthode organisation- produits ou les coûts de production et
nelle dans les pratiques d’une entre- de distribution.
prise, l’organisation du lieu de travail ou
les relations extérieures. L'innovation L'innovation d'organisation concerne
désigne à la fois la démarche de créa- l’innovation tenant à la structure de
tion et le résultat de cette démarche. l’entreprise, à l’organisation du travail,
à la gestion des connaissances ou
L'innovation peut être technologique encore aux relations avec les parte-
(produits/process) ou non technolo- naires extérieurs.
gique (nouveaux modes d'organisation,
de production, de design, de marketing). L'innovation de marketing se définit par
la mise en œuvre de concepts ou de
L'innovation de produit correspond méthodes de ventes nouveaux ou signi-
à l’introduction sur le marché d'un ficativement améliorés, afin d’améliorer
produit (bien, service) nouveau ou les qualités d’appels des produits ou de
nettement amélioré par rapport aux l’offre des prestations ou afin d’entrer
produits précédemment élaborés sur de nouveaux marchés.
par l’entreprise. Les changements de
5. Sources : Manuel d'Oslo - AGRESTE Les Dossiers n°31-Janvier 2016-L’innovation
packaging ou de design qui ne s'ac- et l’utilisation des technologies de l’information dans les entreprises agroalimentaires
compagnent pas d'une modification - Service de la statistique et de la prospective
L'écosystème de la recherche & développement
et de l’innovation dans le secteur agroalimentaire :
des logiques structurantes à l’œuvre
pour accompagner les transitions

6. http://institut.inra.fr/Partenaires/ Des organismes de recherche finalisée En 2018, dans le cadre de son contrat
Entreprises-et-filieres/Tous-les-dossiers/
Domaines-d-innovation (INRA, Irstea, Cirad), des instituts techniques d’objectifs et de performance 2017-2021
7. Par exemple, pour en savoir plus
agricoles et agro-industriels, des écoles signé avec l’État, l’INRA met en œuvre un
l'innovation avec l'INRA sur les microbes : d’enseignement supérieur agricole et des plan d’action Innovation, qui fait la part
#MICROBINNOV (https://inra-dam-
front-resources-cdn.brainsonic.com/ universités au double métier formation / belle au développement de la transver-

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ressources/afile/437317-30117-resource-
plaquette-dimo-web.pdf)
recherche, l'Agence nationale de sécurité salité, à l’accompagnement et la recon-
sanitaire de l'alimentation, de l'environne- naissance des collectifs, à l’approche par
8 . Un institut Carnot est une structure
de recherche qui s’engage à développer ment et du travail (Anses) : autant d’acteurs projet d’innovation collaborative, au déve-
une recherche partenariale de qualité.
Il est reconnu pour ses compétences
qui concourent à produire de la connais- loppement d’une culture commune, à la
scientifiques et technologiques sance et éclairer l’élaboration des politiques communication et à la montée collective
et sa capacité à répondre avec
professionnalisme aux besoins de publiques dans le domaine de l’agriculture, en compétences.
recherche et d’innovation des entreprises.
Les Tremplins présentent un fort potentiel
l’alimentation et l’agroalimentaire, à élaborer
sans toutefois remplir tous les critères des chemins d’innovation sur l’ensemble des Le Tremplin Carnot Agrifood Transition
d’un Institut. Les Tremplins Carnot
sélectionnés ont comme objectif d'obtenir chaînes de valeur, en interaction avec les
le label Institut Carnot à un horizon
de 3 ans
autres parties prenantes de l’écosystème  : L’appel à candidatures Carnot3, sur finan-
entreprises, citoyens, associations, etc. cement du Programme d'Investissements
9 . http://www.agrifood-transition.fr/
d’Avenir (PIA), a permis de sélectionner
29 Instituts Carnot et 9 Tremplins Carnot8
Les acteurs de la recherche finalisée en 2016. Ils forment ensemble un réseau
national de recherche à fort ancrage terri-
La contribution de l'INRA à l'innovation, torial au plus près des entreprises.
levier de compétitivité majeur pour les
acteurs socio-économiques. Au cœur de la Bretagne et des Pays de la
Loire, premier territoire agricole et agroa-
En 2016, l'INRA a revisité sa stratégie et créé limentaire d’Europe, le Tremplin Carnot
une direction du partenariat et du transfert AgriFood Transition fédère 15 partenaires
pour l'innovation (DPTI) afin d’optimiser (centres techniques, unités de recherche
son impact et renouveler le dialogue que publique) et structure une offre de
l'institut entretient avec l’ensemble de ses recherche partenariale dans le domaine
partenaires, publics et privés. L’objectif est de l’alimentation durable, pour la santé
de diffuser et transférer les inventions de de l’homme et de son environnement. Sa
l'INRA plus rapidement, et de favoriser la gouvernance intègre les industriels et les
co‑conception des innovations grâce à des représentants professionnels (ACT Food
programmes de recherche collaborative. Bretagne, ABEA, Chambres d’Agricul-
Dans le domaine spécifique de l'alimenta- ture, Triballat Noyal, Triskalia, Prince de
tion, l'Institut Carnot Qualiment porté par Bretagne, etc.).
l'INRA a été renouvelé.
AgriFood Transition a organisé en février
Depuis 2017, l’institut déploie 17 domaines 2018 ses premières Rencontres à Plou-
d’innovation qui lui permettent de struc- fragan9. Quelques 70 personnes étaient
turer son offre de recherche-innovation, réunies pour échanger et construire les
dont certains touchent de près le secteur futurs projets du Tremplin  : chercheurs,
agroalimentaire6 : alimentation sur mesure, acteurs socio-économiques tels que des
conception des qualités des aliments, proté- semenciers, des fournisseurs et entre-
ines pour l’alimentation de l’homme et de prises de l’agriculture, de l’aquaculture,
l’animal, agriculture et alimentation en ville, de l’agroalimentaire, de l’alimentation
et aussi micro-organismes pour l’alimenta- animale, du secteur vétérinaire, des distri-
tion et la santé de l’homme et de l’animal.7 buteurs, des pouvoirs publics, etc.
Les instituts techniques agro-industriels Ils collaborent à des projets de recherche 10. Les 15 ITAI sont :ACTALIA, ADIV, ADRIA,
AÉRIAL, BNIC, CÉVA, CTCPA, EXTRACTIS,
apportent des solutions aux PME nationaux et européens, mettant à dispo- IFBM, IFIP, IFPC, IFV, ITAB, ITERG, LNE
sition leurs expertises et leurs moyens 11. Les 5 instituts qui ont la double
Les instituts techniques agro-industriels généralistes ou spécialisés (laboratoires qualification ITA/ITAI sont : CÉVA, IFIP,
IFPC, IFV, ITAB
(ITAI) sont des organismes de recherche d’analyses microbiologiques et physi-
appliquée, d’expertise, d’assistance tech- co-chimiques, d’évaluation sensorielle, 12. http://www.actia-asso.eu/fiche/
rmt-76-nutriprevius_2_.html
nique, de veille technologique ou régle- ateliers de transformation agréés CEE,
mentaire, de démonstration, de formation halles de technologie avec des équipe-
et d’information, au service des entreprises ments pilotes, centres d’information,
et en particulier des PME. bases de données, chercheurs, ingénieurs
et techniciens qualifiés régulièrement
15 ITAI10 sont qualifiés par le ministère de
l’Agriculture pour la période 2018-2022,
ressourcés).
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reconnaissant leur capacité à mener des Les ITAI participent à des Unités mixtes
missions d’intérêt général au profit des technologiques (UMT) et des Réseaux

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filières de transformation. Ils sont fédérés et mixtes technologiques (RMT), dont l’ACTIA
coordonnés au niveau national par l'Associa- assure une coordination globale. Les UMT
tion de coordination technique pour l'indus- et RMT ont été créés pour favoriser les
trie agroalimentaire (ACTIA), également quali- collaborations entre les acteurs du déve-
fiée par le ministère, qui est le réseau français loppement, de la recherche et de la forma-
des instituts techniques de l'agroalimentaire. tion sur des thèmes d’intérêt national et
constituer des groupements de compé-
Cinq d’entre eux ont obtenu la double tences visibles et reconnus.
qualification11 d’institut technique agricole,
pouvant ainsi accompagner les profession-
nels de l’amont et de l’aval des filières. Les régions, cheffes de file
du développement économique
Ce sont près de 1200 spécialistes (cher- et du soutien à l'innovation
cheurs, ingénieurs et techniciens), répartis dans les territoires
sur 80 sites au niveau national, qui innovent
et proposent une gamme de services, La loi NOTRe (nouvelle organisation terri-
le développement de produits ou de toriale de la République) du 7 août 2015
procédés, la mise au point de prototypes confie aux régions une compétence élargie
et d'outils d’aide à la décision, d’études et en matière de développement écono-
aussi de formations. mique, recherche et innovation13.

LE RÉSEAU MIXTE TECHNOLOGIQUE NUTRIPREVIUS

Par la mise en commun de compétences et de moyens techniques, le RMT ACTIA


NUTRIPREVIUS12 (2014-2018) apporte des réponses concrètes aux consommateurs,
aux entreprises et aux pouvoirs publics sur :
ĈĈ la détermination de la composition nutritionnelle des produits alimentaires ;

ĈĈ l’évaluation de leur qualité nutritionnelle ;

ĈĈ l’amélioration et la maîtrise de leur qualité nutritionnelle ;

ĈĈ le transfert des connaissances vers les transformateurs.

Ce RMT a démarré ses travaux en janvier 2014. Il fait suite au RMT du même nom
labellisé sur la période 2007-2013. Il est le fruit d'une collaboration entre ACTALIA,
ADIV, ADRIA, AÉRIAL, le CTCPA et l'ITERG, tous qualifiés ITAI. Il est coordonné par le
CRITT agroalimentaire de La Rochelle.
�Écosystème des pôles de compétitivité (fonds de capital-risque par exemple) des
projets d'investissements (en particulier
pour les TPE/PME) et des projets d'in-
frastructures.

Le FEADER (Fonds européen agricole de


Entreprises développement rural), instrument de
(PME, grandes entreprises)
financement du 2e pilier de la politique agri-
cole commune (PAC), permet de financer
• Formations • Valorisation notamment des projets de formation et
spécialisées Produits et recherche
• Gestion des et services contractuelle de coopération dans le cadre des groupes
compétences • Incubateurs

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innovants
opérationnels du Partenariat européen
Croissance
et emploi pour l'innovation (PEI).

• Recherche
Centres universitaire Organismes
de formation de recherche
• Enseignants
chercheurs Les pôles de compétitivité

Un pôle de compétitivité rassemble sur un


territoire bien identifié et sur une théma-
Fournisseurs
spécialisés Clients tique ciblée, des entreprises, des labora-
•Tests d’usage toires de recherche et des établissements
de formation, engagés dans une démarche
partenariale, destinée à dégager des syner-
terreau industriel, infrastructures, campus, plateformes
Territoires : collaboratives gies autour de projets innovants collabo-
ratifs en direction de marchés donnés, et
disposant d’une masse critique assurant sa
visibilité internationale.
Business Anges, capital-risque
Financements
Talents
Investissement privé Parmi les 66 pôles de compétitivité exis-
tants, 11 sont suivis directement par le
Idées Soutiens publics (état, collectivités, Union européenne)
ministère de l'Agriculture et de l'Alimenta-
tion. Depuis 2016, le Fonds unique inter-
ministériel (FUI), appel à projets dédié aux
13. Extrait de la loi NOTRe : Les régions sont les autorités de gestion projets labellisés par les pôles de compé-
« Le conseil régional a compétence pour
promouvoir le développement économique pour la mise en œuvre des fonds européens titivité, a soutenu 29 projets collaboratifs
(...) et scientifique de la région (...) ».
La région définit un schéma régional structurels et d'investissement, qui contri- innovants labellisés par ces pôles et rele-
de développement économique, buent au financement de la recherche et vant des secteurs suivis par le ministère
d’innovation et d’internationalisation
(SRDEII) dans lequel sont précisées développement et de l'innovation. de l'Agriculture et de l'Alimentation, dans
les orientations en matière d’aides
aux entreprises et d’aides à l’innovation. des domaines aussi variés que la robo-
Le FEDER (Fonds européen de développe- tique, l'alimentation fonctionnelle, les
ment régional) est orienté sur les domaines nouveaux types d'emballage, la traçabilité,
retenus dans le cadre des stratégies régio- le biocontrôle... Le budget total des projets
nales de spécialisation intelligentes (S3). Il atteint plus de 80 M€ (soit environ 2,7 M€ /
intervient sur les thématiques suivantes : projet) dont 35 M€ d'aides publiques (soit
ĈĈ investir dans la recherche, le développe- environ 1,2 M€ / projet), dont 52 % par l'État
ment technologique et l’innovation ; et 48 % par d'autres financeurs (collecti-
ĈĈ améliorer la compétitivité des PME ; vités territoriales, fonds européens, etc.).
ĈĈ favoriser le développement des techno-

logies de l’information et de la commu- A l'été 2018, l’État a lancé un nouvel appel


nication ; à candidatures pour labelliser des pôles de
ĈĈ soutenir la transition vers une économie compétitivité sur la période 2019-2022, dite
à faibles émissions de carbone. phase IV. Cette nouvelle phase de politique
des pôles met particulièrement l'accent sur
Il peut par exemple financer via des aides l'ambition européenne, en confiant aux
directes (subventions, avances rembour- pôles l'objectif de faire émerger davantage
sables) ou via des instruments financiers de projets collaboratifs européens.
Matikem
Nutrition
Aquimer Santé Longévité
Industries et
Agro-Ressources
Hippolia HAUTS-
DE-FRANCE
Mer Bretagne
Atlantique NORMANDIE
Fibres-
ILE-
BRETAGNE DE-FRANCE Energivie
GRAND EST
Valorial PAYS Cosmetic
GUADELOUPE DE LA LOIRE Valley

Végépolys CENTRE-
Vitagora
25
VAL DE LOIRE

BOURGOGNE-
GUYANE FRANCHE-COMTÉ

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


Céréales
NOUVELLE Vallée
AQUITAINE Plastipolis
MARTINIQUE Axelera
Xylofutur ViaMéca
AUVREGNE-
RHÔNE-ALPES

MARTINIQUE
Agri Sud-Ouest Parfums, arômes,
Qualitropic innovation Terralia senteurs, saveurs
PROVENCE-
OCCITANIE ALPES-CÔTE D’AZUR

Mer Méditerranée
CORSE
Pôles de compétitivité suivis par le MAA
Autres pôles de compétitivité avec des thématiques agricoles

LE CONSORTIUM PROTÉINES FRANCE

Protéines France est le consortium français d’en- suffira pas. 4ème exportateur mondial, la France
treprises ayant pour ambition de fédérer et de dispose d’une excellence industrielle, ainsi que de
catalyser le développement des protéines végé- start-ups et d’une activité de recherche de premier
tales et nouvelles ressources. Créée en novembre plan.
2017, l'association réunit 18 acteurs français du
Protéines France a publié sa feuille de route
domaine des protéines issues des filières végétales
innovation début 2018. Celle-ci précise la vision
mais aussi des nouvelles ressources : entreprises,
de l’association et identifie les enjeux technolo-
coopératives, plateformes, centres de recherche…
giques pour la filière afin de faire de la France un
Les membres de Protéines France représentent leader du domaine à l’horizon 2030. Les principaux
l'ensemble de la chaîne de valeur : de la produc- challenges d'innovation portent sur (1) la produc-
tion des ressources (semences, grandes cultures, tion des ressources (sélection variétale, conduite
protéagineux, insectes, algues, levures...) à leur agronomique, etc.), (2) le fractionnement, l'extrac-
transformation en ingrédients et en produits finis tion, la concentration et la fonctionnalisation des
ainsi qu'à leur commercialisation. protéines et (3) la caractérisation et la formulation
pour des applications en alimentation humaine et
La demande en protéines animales et végé-
animale ainsi que biosourcées.14
tales devrait doubler d’ici 2050, les projections
démontrent que leur disponibilité actuelle ne 14. Pour en savoir plus : http://www.proteinesfrance.fr/
PRÉPARER L’AVENIR
L'ATELIER 14 DES ÉTATS GÉNÉRAUX DE L'ALIMENTATION

L'atelier 14 des États généraux de l'alimentation ĈĈ mutualiser les actions de veille sur les innova-
s'intitule « Préparer l’avenir : quels investissements, tions et assurer une large diffusion de l’infor-
quel accompagnement technique, quelle recherche mation associée tant au niveau de l’agriculture
pour une plus grande performance environnemen- que de l’agroalimentaire (enjeu majeur de telles
tale, sanitaire, sociale et économique ? ». Les tra- approches collectives pour aider les TPE/PME à
vaux se sont concentrés sur les questions d'inves- s’approprier les innovations) ;
26 tissement, de recherche / innovation et de conseil. ĈĈ veiller à l’articulation des acteurs à l’échelle terri-
toriale et sectorielle. Les pôles de compétitivité
L’adoption de l’innovation a été identifiée comme le jouent un rôle important dans le développe-
principal défi de l’agriculture et de l’agroalimentaire ment d’innovations de terrain dans un processus
français. Cela renvoie à la question de l’accompa- transversal et ascendant ;
gnement du collectif et aux enjeux de formation. ĈĈ mieux anticiper collectivement des questions
Les technologies numériques auront un rôle clé réglementaires pour accélérer le moment venu
dans le changement d'échelle et l’accélération de la diffusion des innovations ;
l'adoption des nouvelles pratiques. ĈĈ renforcer dans les secteurs agricoles et agroali-
mentaires, la formation initiale et continue qui
Le constat fait par l’atelier : occupe une place centrale dans les processus de
ĈĈ la segmentation des filières, des marchés et des diffusion des innovations.
entreprises est de plus en plus marquée ;
ĈĈ les sujets transversaux aux filières (biodiversité, L’atelier 14 a aussi rappelé la place centrale de l'agri-
bioéconomie, agro-écologie) occupent une place culteur / de l'entrepreneur, et plus largement des
croissante ; acteurs de terrain, dans les processus d'innovation.
ĈĈ les modalités de transfert évoluent très vite grâce

aux technologies numériques ; Pour soutenir la recherche et l’innovation, les EGA


ĈĈ le paysage des politiques de recherche et innova- ont proposé de retenir les axes suivants :
tion change également avec la montée en puis- ĈĈ mettre en œuvre les volets recherche et innova-

sance des conseils régionaux ; tion des plans de filière ;


ĈĈ le chaînage de la R&D pour être plus rapide et ĈĈ mettre en œuvre le volet agricole du grand plan

décloisonné, doit passer d'une vision linéaire d’investissement ;


systématiquement descendante à un écosystème ĈĈ mobiliser la recherche publique en priorité sur

où toutes les parties prenantes sont connectées. la transformation des systèmes agricoles vers
l’agro-écologie et les alternatives aux produits
Les actions proposées en conséquence : phytosanitaires, l’alimentation humaine, la bioé-
ĈĈ renforcer la coordination entre les organismes conomie durable, le numérique et les données ;
de recherche, les établissements d’enseigne- ĈĈ structurer une recherche pluridisciplinaire à fina-

ment supérieur, les instituts techniques agri- lité directe d’aide à la décision publique dans le
coles et agroalimentaires (via notamment leurs champ de la prévention primaire en alimentation
têtes de réseau ACTA et ACTIA), et les structures et santé ;
d’accompagnement techniques (APCA, ONVAR…) ĈĈ élaborer une feuille de route numérique pour les

pour améliorer et accélérer le transfert de tech- secteurs agricoles et agroalimentaires.


nologies et l'adoption des innovations ;

Liens utiles pour en savoir plus


Les pôles de compétitivité : http://competitivite.gouv.fr/
Les instituts techniques agro-industriels : http://www.actia-asso.eu/accueil/index.html
Les RMT/UMT : http://agriculture.gouv.fr/reseaux-et-unites-mixtes

AGRESTE
L’innovation dans les entreprises agroalimentaires - Agreste les Dossiers n° 42 - avril 2018 :
http://agreste.agriculture.gouv.fr/enquetes/entreprises-agroalimentaires/innovation-entreprise-des-iaa/
LES RELATIONS COMMERCIALES
AU SEIN DE LA FILIÈRE
Les relations commerciales en France s'inscrivent cette année dans le contexte
des États généraux de l'alimentation lancés à l'été 2017, qui ont mis en lumière la
nécessité d'une meilleure répartition de la valeur au sein de la chaîne alimentaire
et d'une évolution des pratiques commerciales.
Le paysage de la grande distribution connaît aujourd'hui à la fois des mouvements
de concentration interne et des pressions extérieures qui poussent le secteur à se
transformer. L'action de la puissance publique, à travers notamment les missions
de la DGCCRF et des différentes médiations, reste incontournable pour réguler et
27
pacifier les relations commerciales.

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


La distribution alimentaire, entre concentration
et spécialisations

La grande distribution, un secteur En 2016, les grandes surfaces d'alimenta- 15. Hypermarché :
fortement concentré et en pleine tion générale ont réalisé 64,4 % des parts de Surface de vente est supérieure ou égale
à 2 500 m² Supermarché : Surface
mutation marché du commerce de détail. Derrière, de vente est comprise entre 400
et 2 500 m²
l'alimentation spécialisée (boulangeries-pâ-
16. Source : Nielsen Total Store Read –
Le redressement de la grande tisseries, boucheries-charcuteries, autres Année 2017
consommation en grande distribution magasins) a réalisé 19,6 % de parts de
17. Source : Nielsen Scantrack – Cumul
marché. douze mois arrêté au 31 décembre 2017
En 2017, l'alimentaire a pesé 78,9 % du 18. Source : Drive Insights
chiffre d'affaires dans les hypermarchés15, Un environnement de la grande
19. Kantar Worldpanel, Année 2017
et 91,3 % dans les supermarchés16. distribution en pleine transformation

2017 a été marqué par un redressement Si les consommateurs restent attachés


de la consommation en grande distribu- aux grandes enseignes pour leurs achats
tion, et une croissance tirée par le secteur alimentaires, on constate le développe-
alimentaire et consommation courante. ment de magasins spécialisés (points de
En 2017 la croissance du chiffre d'affaires vente bio, frais, surgelés, etc.) qui parti-
alimentaire a retrouvé son niveau de 2014, cipent à la croissance des marchés alimen-
à 1,5 %, après deux années en léger creux taires. Les consommateurs y font leurs
(+ 1 %). Toutefois l'évolution des ventes est courses de plus en plus souvent, multipliant
davantage imputable à l'effet prix qu'à une ainsi le nombre de circuits fréquentés.
croissance des volumes (progression de Face à cette mutation, les enseignes tradi-
0,5 % du nombre de produits vendus) en tionnelles testent de nouveaux types
particulier grâce à la montée en gamme de de magasins et de nouveaux modes de
la consommation. livraison.

A l'exception des produits surgelés salés, Le drive, système où le client commande


dont le chiffre d'affaires est stable, et de en ligne et se déplace pour récupérer sa
l'ultra frais, qui a un chiffre d'affaires en marchandise, est ainsi en forte augmen-
baisse, tous les rayons alimentaires en tation ces dernières années. Les drives
libre service ont connu une progression peuvent être des entrepôts isolés, dit
de leur chiffre d'affaires en 2017. Le rayon déportés, ou un service rattaché à une
produits frais hors produits laitiers est grande surface. La France comptait 2 903
celui qui a connu la plus forte progression drives en 2015, et le nombre a été porté
en valeur (+ 3,7 %), suivi du rayon boissons, à 4 343 en 201718. Parmi les enseignes,
alcoolisées ou non (+ 2,5 %), des rayons E.Leclerc Drive réalise la meilleure perfor-
crèmerie et épicerie (+ 1,5 % pour les mance avec un taux de 11,5 % de pénétra-
deux)17. tion du marché19.
� Graphique 1 - Produits de grande consommation : un rebonds des ventes en 2017
Source : Nielsen ScanTrack PGC-FLS CAM P13 2017. Hypermarchés, supermarchés, drive et proximité

En %
2

1,6 %
1,5 %

0,9 %
0,6 %
0,5 %

0
-0,2 %

28 -0,5
2015 2016 2017

Nombre de produits vendus Chiffre d'affaires

� Graphique 2 - Parts de marché du commerce de détail selon la forme de vente en 2016 :


produits alimentaires
Champ : France. Source : Insee, comptes du commerce – base 2010. p : données provisoires. (1) : y compris l'artisanat commercial

FORMES DE VENTE

1,4 % 1%
Autres ventes au détail Magasins non alimentaires spécialisées (y c. pharmacies)

6,3 % 0,1 %
Commerce hors magasin Grands magasins et autres magasins
non alimentaires non spécialisées
7,1 %
Petites surfaces d'alimentation générale
et magasins de produits surgelés

19,6 % 64,4 %
Alimentation spécialisée (1) Grandes surfaces d'alimentation générale

RÉPARTITION DE L'ALIMENTATION SPÉCIALISÉE

38 %
37 %
Autres magasins d'alimentation spécialisée
Boulangeries-pâtisseries

24 %
Boucheries-charcuteries

RÉPARTITION DU COMMERCE HORS MAGASIN


38 %
Autre formes

38 %
Éventaire et marché

39 %
Vente à distance
Le renforcement des alliances à l'achat Cette nouvelle alliance pourrait permettre 21. Nielsen ScanTrack, Année 2017,
PGC + frais LS
à ces deux acteurs de devenir le deuxième
Le marché de la grande distribution acheteur mondial derrière Walmart. En
en France se caractérise par une forte matière de parts de marché alimentaire, le
concentration. Les accords de coopéra- partenariat Auchan/Casino représenterait
tion à l'achat permettent aux enseignes alors un total de 32,6 % de parts de marché
de gagner des parts de marché. Le mouve- en France20. Dans le même temps, Inter-
ment a pris de l'ampleur à partir de marché et Casino ont mis fin à leur alliance
septembre 2014, lorsque Système U s'est à l'achat, INCA-Achats, qui avait été créée
allié avec le groupe Auchan à travers la en novembre 2014.
centrale Eurachan. Suite à cette alliance, la
tendance s'est poursuivie avec l'annonce le
8 octobre 2014 d'une alliance entre Casino
De la même façon Carrefour et le distri-
buteur britannique Tesco se sont lancés
29
et Intermarché, et le 22 décembre 2014 en juillet 2018 dans une alliance d'achat à
d'une alliance entre Cora et Carrefour. l'échelle européenne. En plus d'accroître le

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


poids des distributeurs dans les négocia-
La multiplication de ces accords a signifi- tions, ce partenariat stratégique engendre
cativement renforcé le degré de concentra- de nouveaux risques notamment celui de
tion et a abouti à la constitution d'une puis- la délocalisation des négociations commer-
sance d'achat significative des opérateurs ciales hors de France.
concernés, lesquels disposaient déjà d'un
poids significatif au stade de la distribution Le sujet des alliances à l'achat s'est invité
de détail. Les quatre grands acteurs (ITM/ dans le débat parlementaire à l'occasion
groupe Casino, Carrefour/Cora, Auchan/ des discussions sur le projet de loi portant
Système U et E.Leclerc) ayant conclu ces sur l'équilibre des relations commerciales,
accords représentaient ensemble plus de qui prévoit un renforcement de l'encadre-
90 % du marché. ment des centrales d'achat.

Inquiets de l'impact concurrentiel que ces


différents partenariats à l’achat pourraient Les MDD
entraîner, le ministre de l’Economie et la
Commission des affaires économiques du Créées au début des années 1980, les
Sénat ont saisi l’Autorité de la concurrence. marques de distributeur (MDD) ont depuis
Celle-ci a rendu un avis en avril 2015, souli- connu une forte évolution. La part de
gnant des risques d'effets pro-concurren- marché en valeur des MDD représentait
tiels notamment sur les niveaux de prix 27,1 % du chiffre d'affaires des enseignes
des produits de grande consommation, et en 2000, et a atteint 37,3 % en 2009. Mais
des risques concurrentiels sur les marchés le développement est aujourd’hui enrayé
amont et aval. et depuis quelques années les MDD ne
cessent de perdre des parts de marché
Plus récemment, en avril 2018, Auchan et face aux marques nationales et aux
Casino ont annoncé avoir entamé des négo- marques de PME. Le marché des MDD a
ciations exclusives pour mettre sur pied un stagné avant de diminuer pour atteindre
« partenariat stratégique mondial » pour en 2017 32,5 % du chiffre d'affaires21.
leurs achats. Ce partenariat, qui intègre
Système U, couvrirait à la fois les domaines Ces évolutions générales masquent des
alimentaires et non alimentaires, mais les évolutions différentes par segment.
deux groupes ont précisé qu'  « en parfaite Tandis que les chiffres d'affaires des MDD
cohérence avec les engagements pris […] standard et premiers prix ont diminué
dans le cadre des récents États généraux de voire stagné en 2017, les MDD bio ont
l'alimentation, il ne portera notamment pas vu leur chiffre d'affaires progresser de
sur les produits frais traditionnels agricoles ». + 16,7 %.
� Une croissance alternative à la distribution généraliste : dynamisme des circuits spécialisés
Evolution du chiffre d'affaires entre 2016 et 2017
Distribution généraliste : Hypermarchés, supermarchés, drive et proximité
Source : The Nielsen Company - 2018

30 + 1,5 %
Distribution généraliste

Spécialistes bio Spécialistes frais Surgelés


+ 16 % +7% +1%

Animaleries Solderies
+5% +8%
Le dynamisme des marchés produits laitiers (13 %), la vente de pois- 22. La vente directe est la transaction

de plein air et des ventes directes22 sons et coquillages (11 %), et l'activité de


qui se déroule sans intermédiaire entre
une personne à l'origine de l'existence
du produit ou de la transformation
traiteurs (6 %). d'un produit (le producteur
Les marchés de plein air constituent ou le transformateur) et l'acheteur final

l'une des formes de commerce les plus Cette activité est fortement marquée par 23. « Le profil socio-économique
du commerce de détail alimentaire
anciennes et restent aujourd'hui incon- la saisonnalité des produits vendus pour sur marchés de plein vent » d'Obea,
tournables dans le paysage commercial environ un quart des entreprises vendant 19 septembre 2016

français. A la suite du déclin des marchés des fruits et légumes, qui connaissent trois
de plein air dans les années 1970-1980 mois de période basse en moyenne (le
en raison de la concurrence des grandes plus souvent en hiver, de janvier à mars),
surfaces, les pouvoirs publics ont voulu et trois mois et demi de période haute
les redynamiser. Le 1er avril 1994 une
convention est signée entre le gouverne-
(entre le début du printemps et la fin de
l'automne avec un pic en été).
31
ment, l'Association des maires de France
et les organisations professionnelles 12 % des commerçants disposent égale-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


des commerçants non sédentaires pour ment d'un point de vente sédentaire.
reconnaître les marchés comme appar- Pour ces commerçants, qui déclarent
tenant au patrimoine économique et des revenus plus élevés que la moyenne,
culturel national et pour affirmer qu'ils l'activité sur les marchés représente la
doivent conserver leur place au sein du moitié de leur chiffre d'affaires, à part
secteur de la distribution française. Depuis égale avec les ventes en magasin. Ils ont
les années 2000, les marchés de plein air également su mieux résister au cours des
connaissent un nouveau dynamisme, dernières années : 34 % ont vu leur activité
porté par un regain d'intérêt des consom- progresser, contre 13 % pour les commer-
mateurs, de plus en plus à la recherche çants uniquement itinérants.
de produits frais et locaux et de relations
commerciales directes avec les produc- Estimés à 8 % du marché des produits
teurs. Les marchés assurent un rôle de alimentaires23, les circuits courts prennent
proximité, d'animation et de dynamisme des formes diverses  : vente directe à la
économique des territoires. ferme, sur un marché de producteurs
ou dans le cadre d’une association, tout
On estime aujourd'hui à 10 683 le nombre comme la vente indirecte à des revendeurs
de marchés alimentaires en France, dont ou via une plate-forme Internet, etc. Ils
8 101 marchés alimentaires de plein vent répondent à la volonté des producteurs
réguliers (hors halles et ayant lieu au de réduire les intermédiaires afin d’aug-
moins tous les 15 jours) soit 1,6 marché menter leur marge, mais aussi de créer du
par commune. Les marchés alimentaires lien avec le consommateur, à la recherche
ont lieu en moyenne 1,1 fois par semaine. de transparence et de relation directe avec
38 536 entreprises vendent des produits la personne responsable de la qualité de
alimentaires sur les marchés de plein vent ce qu’il consomme.
en France, et parmi elles, 22  658 entre-
prises sont sur le périmètre du commerce Le ministère de l'Agriculture a porté diffé-
de détail des fruits et légumes, épicerie rents programmes pour soutenir cette
et produits laitiers. Les activités les plus tendance, tel que le plan de soutien aux
représentées sur les marchés alimen- circuits courts en 2009, ou les projets
taires de plein vent sont la vente de fruits alimentaires territoriaux mis en place par
et légumes (35 %), la vente de produits la loi d'avenir pour l'agriculture, l'alimenta-
à base de viande (18 %), la vente de tion et la forêt en 2014.
L'encadrement législatif et réglementaire

Un encadrement législatif en évolution sements concernant l'équilibre et la trans-


parence des relations commerciales, notam-
24. Rapport 2017 de la DGCCRF : Avant la loi issue des États généraux de l'ali- ment dans les rapports entre les catégories
https://www.economie.gouv.fr/files/
files/directions_services/dgccrf/dgccrf/ mentation, la puissance publique a cherché d'opérateurs suivants24 :
rapports_activite/2017/resultats- à rééquilibrer le rapport des forces dans ĈĈ Entre fournisseurs et distributeurs (ex.
dgccrf-2017.pdf
les négociations commerciales et à remé- influence des accords de coopération à
dier aux pratiques commerciales déloyales, l'achat dans la grande distribution sur
nées de ce rapport de force déséquilibré, les négociations commerciales avec les

32 par différentes législations. Depuis une


quinzaine d'années, des mesures législa-
fournisseurs, demandes de compen-
sation de marges). Le 13 avril 2017 la
tives ont ainsi posé de nouvelles exigences DGCCRF a annoncé l'assignation des
en matière d'encadrement des relations sociétés INCA Achats, Intermarché et
commerciales et d'obligations des opéra- Casino devant le Tribunal de commerce
teurs, et ont objectivé, par la création de de Paris pour des pratiques commer-
nouvelles instances, les relations commer- ciales abusives.
ciales tout au long de la chaîne. ĈĈ Entre franchiseurs et franchisés (ex.
réseaux de distribution alimentaire).
Les actions de la DGCCRF ĈĈ Entre les places de marché sur internet

et les professionnels qui y proposent des


Au sein du ministère chargé de l'économie, biens et des services.
la Direction générale de la concurrence, de ĈĈ Entre donneurs d'ordres et sous-traitants.

la consommation et de la répression des


fraudes (DGCCRF), qui est une direction En 2018, la DGCCRF poursuivra ses inves-
d'enquête, veille à la bonne application de tigations dans le secteur de l'économie
la législation, sur les pratiques commer- numérique, sa surveillance du fonction-
ciales notamment. nement des marchés et des filières et son
action en vue de l'identification et de la
En 2017, ses agents ont effectué 15 552 maîtrise des risques émergents pour la
actions de contrôle auprès de 9 134 établis- santé et la sécurité des consommateurs.

Entreprise Bijou, spécialisée dans la fabrication de pâtisseries


traditionnelle. Chaîne de production.
RAPPEL DES ÉVOLUTIONS LÉGISLATIVES DEPUIS 2001

ĈĈ En 2001, la loi sur les nouvelles régulations ĈĈ En 2016, la loi relative à la transparence, à
économiques a créé la commission d'examen la lutte contre la corruption et à la moder-
des pratiques commerciales, qui a pour mission nisation de la vie économique, dite Sapin II,
de donner des avis sur des questions concer- renforce les missions de l'Observatoire de la
nant les pratiques en termes de relations formation des prix et des marges des produits
commerciales entre les différents partenaires alimentaires en permettant à son président de
économiques. Outre les représentants de l'ad- proposer au président du tribunal de commerce
ministration, elle est composée de membres d'adresser une injonction aux entreprises n'ayant 33
de juridictions administratives et judiciaires, de pas déposé leurs comptes. Les entreprises
personnalités qualifiées et d'un nombre égal de peuvent ainsi être contraintes de se soumettre
représentants des producteurs et de revendeurs. à cette obligation, sur décision du président

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


Elle est présidée par un député, Benoît Potterie. du tribunal de commerce, sous peine d'une
ĈĈ En 2005, la loi en faveur des petites et moyennes astreinte financière pouvant aller jusqu'à 2 % du
entreprises a imposé la rédaction d'un contrat chiffre d'affaires journalier en France.
annuel précisant les services rendus et les moda-
lités de leur exécution. La loi donne la possibilité aux industriels et à
ĈĈ En 2008, la loi de modernisation de l'économie la grande distribution de conclure des accords
assouplit la négociation des conditions de vente pluriannuels pour une période de trois ans, inté-
et des tarifs entre fournisseurs et distributeurs . grant une clause obligatoire de révision de prix.
En contrepartie, elle renforce la répression des Elle modifie le contenu obligatoire des condi-
comportements abusifs et sanctionne les situa- tions générales de vente relatives à des produits
tions de déséquilibre significatif. alimentaires comportant un ou plusieurs
ĈĈ En 2010, la loi de modernisation de l'agricul- produits agricoles non transformés soumis à la
ture et de la pêche visait à renforcer la compé- contractualisation. Celles-ci doivent préciser le
titivité des exploitations agricoles et a permis de prix prévisionnel moyen payé aux producteurs.
rendre obligatoires par décret ou par extension Dans les contrats prévus au L.631-24, les critères
d'accord interprofessionnel, la conclusion de et modalités de détermination du prix devront
contrats de vente écrits entre les producteurs et faire référence à un ou plusieurs indicateurs
leurs premiers acheteurs, ou entre les opérateurs publics d'évolution des coûts de production en
économiques propriétaires de la marchandise et agriculture et à un ou plusieurs indices publics
leurs acheteurs. Le dispositif a notamment été des prix des produits agricoles ou alimentaires.
mis en œuvre dans le secteur du lait de vache et
des fruits et légumes. La loi met en place un accord-cadre entre les
ĈĈ En 2014, la loi relative à la consommation a acheteurs et les organisations de producteurs
rendu obligatoire la présence d'une clause de ou associations de producteurs, pour les filières
renégociation dans tous les contrats supérieurs soumises à contractualisation écrite obligatoire.
à une durée de trois mois et portant sur la vente
de produits dont la liste est définie par décret. ĈĈ En 2018, le projet de loi pour l'équilibre des rela-
La même année, la loi d'avenir pour l'agricul- tions commerciales dans le secteur agricole
ture renforce la procédure de médiation en la et alimentaire et une alimentation saine et
rendant obligatoire, avant toute saisine du juge, durable rénove la contractualisation : le produc-
pour l'exécution de contrats portant sur la vente teur devient l'auteur de la proposition initiale du
de produits agricoles et alimentaires. contrat, ce qui permet d'inverser la construction
ĈĈ En 2015, la loi pour la croissance, l'activité du prix afin de mieux tenir compte des coûts de
et l'égalité des chances économiques prévoit production. Le projet de loi procède à une refonte
une convention unique simplifiée pour les des dispositions applicables du code de commerce
relations entre grossistes et fournisseurs, et pour en améliorer la visibilité. Par ailleurs, afin
oblige les centrales d'achat à notifier à l'Auto- d'accompagner la mise en place d'un cadre apaisé
rité de la concurrence tout accord entre elles des relations commerciales, le seuil de revente à
visant à négocier de manière groupée l'achat perte est relevé et les promotions font l'objet d'un
de produits ou de services aux fournisseurs. encadrement en valeur et en volume.
UNE ACTION MENÉE AU NIVEAU EUROPÉEN

Le rapport 2016 de la « Task force » règlements relatifs à la PAC : paiements directs,


marchés agricoles développement rural, organisation commune des
Après une dizaine de mois de travaux, la «  Task marchés et règlement horizontal. La possibilité de
force  » sur les marchés agricoles a rendu en négocier collectivement les modalités de partage
novembre 2016 un rapport à la Commission de la valeur dans les contrats sera étendue à des
européenne. Ce groupe de travail à haut niveau, secteurs autres que celui du sucre. En effet, les
composé de 12 experts représentant tous les mail- producteurs et les associations de producteurs et

34 lons de la chaîne d'approvisionnement alimen-


taire, avait été mandaté par la Commission pour
leur premier acheteur peuvent désormais s'en-
tendre sur des clauses de partage de la valeur, qui
présenter des propositions visant à améliorer la peuvent déterminer comment l'évolution des prix
position des agriculteurs au sein de la chaîne. sur les marchés sera répartie entre eux. Par ailleurs
le règlement introduit un droit à un contrat écrit :
Les conclusions du rapport recommandaient : le producteur, une organisation de producteurs
ĈĈ l'introduction d'un cadre européen harmonisé ou une association d'organisation de producteurs
en matière de pratiques commerciales déloyales peut exiger que toute livraison de ses produits à un
dans la chaîne d'approvisionnement alimentaire ; transformateur ou à un distributeur fasse l'objet
ĈĈ de clarifier les règles européennes de la concur- d'un contrat écrit entre les parties, ou d'une offre
rence pour permettre aux agriculteurs de s'orga- écrite de contrat par les premiers acheteurs.
niser ;
ĈĈ de prendre des mesures pour améliorer la trans- Proposition de directive
parence du marché afin de favoriser une concur- sur les pratiques commerciales déloyales
rence effective tout au long de la chaîne ; En avril 2018, à la demande du Parlement euro-
ĈĈ d'examiner la faisabilité et l'efficacité des méca- péen et du Conseil, et partant du constat que
nismes de partage ex ante de la valeur ajoutée plusieurs États membres n'avaient pas de mesures
créée ; spécifiques pour lutter contre les pratiques
ĈĈ de renforcer les mesures de gestion des risques commerciales déloyales, la Commission a publié
en rendant les outils d'assurance plus attractifs. une proposition de directive sur les pratiques
Ces préconisations ont été prises en compte commerciales déloyales dans la chaîne alimen-
pour partie, à travers le règlement Omnibus, et la taire. Elle propose d'établir une liste minimale de
proposition de directive portant sur les pratiques pratiques à interdire et d'autoriser sous condition
commerciales déloyales dans la chaîne d'approvi- d'autres pratiques qui seront mentionnées dans le
sionnement alimentaire. contrat. L'objectif est de créer au niveau européen
une protection de base pour les opérateurs de la
Règlement Omnibus chaîne d'approvisionnement alimentaire, grâce
Le 11 décembre 2017, le volet agricole du règlement à une harmonisation minimale des règles, à des
"Omnibus" a été adopté par le Conseil "Agriculture règles d'exécution communes et à la coordination
et pêche" à la suite de l'accord informel intervenu des efforts déployés en matière de contrôle, tout
le 12 octobre avec le Parlement européen. Le en permettant aux États membres d'aller au-delà
volet agricole concerne la modification des quatre des exigences de la directive.
L'action des médiateurs

La médiation, quelle que soit son objet et institué la nouvelle entité. Selon ce décret, 25. Rapport d'activité 2017 du Médiateur
des entreprises
sa forme, est regroupée dans un cadre le médiateur des entreprises assure les
commun par la loi du 8 février 1995 rela- fonctions précédemment exercées par la
tive à l'organisation des juridictions et à la médiation interentreprises et la médiation
procédure civile, pénale et administrative, des marchés publics.
qui a par la suite été modifiée par l'or-
donnance du 16 novembre 2011 portant Depuis les débuts de la médiation, près
transposition de la directive sur certains de trois médiations sur quatre ont abouti
aspects de la médiation en matière civile et
commerciale. Les dispositions communes à
à une solution co‑construite et négociée
entre les deux parties, se concrétisant soit
35
la médiation se retrouvent dans le chapitre par un protocole d'accord signé, soit par
Ier du Titre II de la loi du 8 février 1995. un accord verbal25. Entre 2010 et 2017, le

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


nombre de saisines a été multiplié par dix.
L'ordonnance de 2011 définit la médiation En 2016, la médiation a reçu 1 070 saisines
comme tout processus par lequel deux et 970 médiations ont été menées. Au
ou plusieurs parties tentent de parvenir à première semestre 2017, la hausse s'est
un accord en vue de la résolution amiable poursuivie pour arriver jusqu'à 1 100
de leurs différends, avec l'aide d'un tiers. saisines à la fin de l'année.
Les médiations partagent des garanties
communes : Le Médiateur des entreprises a également
ĈĈ exigence d'impartialité et de compé- pour mission de faire évoluer positivement
tence ; et durablement les comportements, notam-
ĈĈ confidentialité ; ment grâce à la charte et au label Relations
ĈĈ possibilité pour les juridictions de rendre fournisseurs et achats responsables, en
exécutoires les accords issus des média- partenariat avec le Conseil national des
tions. achats. La charte vise à inciter les ache-
teurs à adopter des pratiques respon-
Depuis 2015, il n'est plus possible d'intro- sables vis-à-vis de leurs fournisseurs, par
duire une instance judiciaire sans justi- le biais d’engagements pragmatiques. Le
fier d'une tentative de résolution amiable label, qui a été mis en place en 2012, a
du différend. À défaut de justification de été renouvelé en 2017 pour prendre en
cette tentative, le juge pourra désigner un compte la nouvelle norme internationale
médiateur ou un conciliateur (décret 2015- achats responsables ISO20400. Il distingue
282 du 11 mars 2015). les entreprises ou entités publiques ayant
fait la preuve de relations durables et équi-
Le médiateur des entreprises librées avec leurs fournisseurs. À ce jour,
seuls deux entreprises dans le secteur
La médiation des relations interentre- agroalimentaire ont été labellisées.
prises industrielles et de la sous traitance
a été créée par décret du président de la Le médiateur des relations commerciales
République en avril 2010, suite aux conclu- agricoles
sions des États généraux de l'industrie qui
avaient mis en évidence les effets néfastes Le médiateur des relations commerciales
d'un déséquilibre existant dans les rela- agricoles (MRCA) s'est substitué au média-
tions entre clients et fournisseurs, et à teur des contrats avec le décret du 18 mai
un rapport parlementaire qui mettait en 2015, pris en application de la loi d'avenir
exergue les difficultés rencontrées par les de 2014. Initialement cantonné à la possi-
PME face à leurs clients grands groupes. bilité pour les parties de saisir le média-
Fin 2012, le dispositif est élargi à l'en- teur de tout litige relatif à la conclusion ou
semble des acteurs économiques privés. à l'exécution d'un contrat ayant pour objet
la vente ou la livraison de produits agri-
En 2016, la médiation interentreprises coles et de produits alimentaires destinés
et la médiation des marchés publics ont à la revente ou à la transformation, tous
fusionné, et un décret du 14 janvier 2016 a secteurs confondus, il peut désormais être
26. Pour plus d'informations, également saisi des litiges liés à la renégo- Le médiateur des entreprises et le MRCA
se référer au dépliant sur les deux
médiateurs : ciation du prix prévue à l'article L. 441-8 du peuvent tous les deux intervenir dans le
https://www.economie.gouv.fr/files/ code de commerce et peut prendre toute domaine agroalimentaire, mais le média-
files/directions_services/mediateur-des-
entreprises/IMAGES/Mediateurs_MDE- initiative de nature à favoriser la résolution teur des relations commerciales agricoles
et-MRCA.pdf
amiable du litige entre parties. De plus le est le plus compétent pour les litiges
MRCA peut émettre des recommandations relatifs aux conditions de cession des
sur l'évolution de la réglementation rela- produits agricoles tout au long des filières
tive aux relations contractuelles, et un avis agricoles26.
sur toute question transversale relative
aux relations contractuelles, à la demande
d'une organisation interprofessionnelle L'observatoire de la formation
des prix et des marges
36 ou d'une organisation professionnelle
ou syndicale. Sur demande conjointe des
ministres chargés de l'économie et de L'observatoire de la formation des prix
l'agriculture, il peut émettre des recom- et des marges (OfPM) a été créé par la loi
mandations sur les modalités de partage de modernisation de l'agriculture et de la
équitable de la valeur ajoutée entre les pêche en 2010. Ses missions sont définies
étapes de production, de transformation, par le code rural et de la pêche maritime.
de commercialisation et de distribution des L'observatoire a notamment pour vocation
produits agricoles et alimentaires. Enfin, il d'éclairer les acteurs économiques et les
peut saisir la commission d'examen des pouvoirs publics sur la formation des prix
pratiques commerciales (CEPC). et des marges des produits alimentaires et
d'étudier les coûts de la production agri-
Depuis sa création en 2010, le médiateur cole, de la transformation et de la distri-
a traité plus de 1 500 situations de rela- bution dans l'ensemble de la chaîne de
tions économiques conflictuelles, soit une commercialisation. Chaque année, l'OfPM
moyenne annuelle de 214 situations. Sur remet un rapport au Parlement, avec l'ob-
les 1 500 situations litigieuses, 200 avaient jectif de faire apparaître la répartition de
pour origine des saisines individuelles, la valeur ajoutée entre les différents mail-
relatives à des litiges portant sur la renégo- lons. L'OfPM s'appuie sur les services de
ciation du prix, l'application des clauses de FranceAgriMer, qui assure son secrétariat
pénalités, ou les conditions de sortie d'un général.
contrat lorsque le producteur cessait son
activité ou qu'il souhaitait s'engager avec L'OfPM est placé auprès des ministres
une autre partie. 60 d’entre elles étaient chargés de l'Agriculture et de l’Économie.
relatives aux relations entre fournisseurs Ses travaux s'organisent autour de
et distributeurs. 95 % des médiations groupes de travail, spécialisés par filières,
conduites pour ces saisines individuelles et de comités de pilotage. Le comité de
ont abouti à un accord entre les parties. pilotage regroupe, outre le président et le
La majeure partie des dossiers adressés secrétaire général de l'OfPM, des repré-
au médiateur des relations commerciales sentants de l’État, des organisations syndi-
agricoles faisaient suite à des saisines cales d'exploitants agricoles, des industries
collectives portant principalement sur de la transformation, du commerce et de la
la conclusion d'accords-cadres dans le distribution, des associations de consom-
secteur du lait de vache. mateurs, des personnalités qualifiées et,
depuis 2017, deux parlementaires et deux
Le projet de loi pour l'équilibre des rela- sénateurs. Cette diversité d'acteurs permet
tions commerciales dans le secteur agri- à l'OfPM de livrer une information docu-
cole vise à renforcer l'efficacité du MRCA mentée, objective et partagée. Un dialogue
en rendant obligatoire le recours à celui-ci, régulier et constructif entre les différents
préalablement à la saisine d'un juge, pour maillons de la chaîne alimentaire est établi.
tout conflit portant sur l'exécution d'un Depuis 2011 et sa première édition,
contrat ou pour tout différend portant sur le rapport s'est enrichi. Tout d'abord,
la renégociation du prix en cas de fluctua- le nombre de filières étudiées a forte-
tion des prix des matières premières agri- ment augmenté. En 2011, l'OfPM étudiait
coles et alimentaires affectant significative- cinq filières  : les fruits et les légumes, les
ment les prix à la production. produits laitiers de lait de vache, la viande
bovine, la viande porcine et la viande de
LES CONCLUSIONS volaille. Se sont ajoutés depuis les produits
DU RAPPORT 2018 laitiers de lait de chèvre, la viande ovine, la
DE L'OFPM27 viande de lapin, le pain, les pâtes alimen-
taires et les produits de la pêche et de
l'aquaculture.
Dans le rapport 2018, les produits ovins et les fromages de
chèvre ont de nouveau été étudiés, après avoir été absents Depuis 2012, l'OfPM travaille à décom-
du dernier rapport. poser les marges de la grande distribution,
à cerner les différentes charges d'exploita-
Le rapport indique que l'année 2017 a été caractérisée par tion des enseignes. Des écarts importants
une amélioration des prix à la production agricole consi- existent entre les rayons.
37
dérée dans son ensemble, avec une hausse moyenne de
3 % par rapport à 2016, après les fortes baisses de 2014 Enfin, l'Observatoire étudie « l'euro alimen-
et 2015 et une stagnation en 2016. Les prix des produits taire » avec pour objectif d'évaluer comment

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


des industries alimentaires ont également globalement se répartit un euro de dépense alimentaire
progressé (+1,4 %) après trois ans de baisse. Les prix à du consommateur entre les différentes
la consommation alimentaire, en baisse en 2014, quasi branches de l'économie  : l'agriculture, les
stables en 2015, enregistrent en 2017 une nouvelle hausse industries agroalimentaires, le commerce,
d'un peu plus de 1 %, comme en 2016, et légèrement supé- mais également les transports, les services
rieure à l'inflation générale. et les autres industries. Il s'agit d'analyser
comment la dépense alimentaire contribue
Ces évolutions sont toutefois contrastées selon les filières et à rémunérer tous les maillons de la chaîne.
les produits.
Les États généraux de l'alimentation ont
fait apparaître le besoin de renforcer
l'OfPM dans son rôle d'éclairage sur la
27. FranceAgriMer – rapport 2018 de l'Ofpm : construction des marges et d'appui aux
http://www.franceagrimer.fr/index.php/Stockage-Actualites/Rapport-2018-de-l-Observatoire-de-la-formation-des-prix-et-des-
marges-des-prod différentes parties prenantes. Le projet de
loi sur l'équilibre des relations commer-
ciales s'est fait l'écho de ces demandes.

Transfomation et conditionnement de poissons.


Cheick Saidou@agriculture.gouv.fr
LA DIFFÉRENCIATION DES PRODUITS
AGROALIMENTAIRES
La différenciation des produits agroalimentaires est un enjeux fort pour la filière
française, elle permet de mettre en valeur des types de productions et d'insister sur
la qualité et les caractéristiques des produits. En signalant une valeur particulière
qui peut être liée aux modes de production ou traditions locales, la filière peut se
démarquer vis-à-vis de la concurrence. En protégeant les savoir-faire des terroirs
français et les exigences de qualité que les exploitants du secteur s'imposent, ce

38 sont de nombreux producteurs et transformateurs de la filière qui bénéficient de


la différenciation du produit dans le but de répondre aux attentes des consomma-
teurs tant sur le marché national qu'international.

Les modes officiels de valorisation

« De quoi parle-t-on ? « Quels sont les enjeux ? »


Que garantit l'État » ?
Ces différents modes de valorisation
28. Pour plus d'informations Les modes officiels de valorisation des permettent la promotion de la diversité
sur les Certification de Conformité
des produits : http://agriculture.gouv.fr/ produits agricoles et alimentaires prévus des produits et l’identification de leurs
signes-de-qualite-0#acc2 par le code rural et de la pêche maritime, caractéristiques, ainsi que leur mode de
comprennent les signes d’identification production ou leur origine. Ils renforcent
de la qualité et de l’origine (SIQO), les le développement des secteurs agricoles
mentions valorisantes et la démarche de et agroalimentaires par une stratégie de
certification de conformité des produits différenciation claire sur la qualité et l'ori-
crée en 1988 (CCP)28. gine des produits. En effet, la protection
des savoir-faire permet le maintien d'une
Les signes d'identification de la qualité et de activité économique dans les territoires et
l’origine sont garantis, reconnus et contrôlés notamment dans les zones rurales défa-
par l’État. Ils sont facilement reconnaissables vorisées. L'utilisation de ces éléments de
par les logos nationaux et/ou européens. Ils valorisation permet aussi la promotion
permettent aux consommateurs de choisir d'une agriculture qui se veut plus respec-
leurs produits en connaissance de cause. En tueuse de l'environnement, de la biodiver-
ne considérant pas les produits bio, ce sont sité et du bien-être animal.
plus de 1000 produits qui sont concernés.

Saucisses de Morteau, label rouge et IGP.


Les signes d’identification de la qualité et de l’origine (SIQO)

LES LOGOS, LA DÉFINITION DE CHACUN DES SIQO

Les différents signes d’identification de la qualité et de l’origine :

Le label rouge est un signe français qui désigne des produits qui, par leurs conditions
particulières de production ou de fabrication, ont un niveau de qualité supérieure par
rapport aux autres produits courants similaires. 39
Environ 430 cahiers des charges label Rouge sont homologués en 2018 et concernent
différentes catégories de produits (volailles, charcuterie, saumon fumé...) dont plus de

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


300 dans les filières viandes, charcuteries et salaisons

L'appellation d'origine protégée (AOP) protège un produit, répondant à un cahier


des charges précis et dont toutes les étapes de fabrication (la production, la transfor-
mation et l'élaboration) sont réalisées dans une même zone géographique. Ces facteurs
naturels et humains spécifiques confèrent au produit ses caractéristiques. C'est un signe
européen qui protège le nom du produit dans toute l'Union européenne. On compte au
24 mai 2018, 103 AOP dont 50 AOP laitières et 53 AOP agroalimentaires, on peut notam-
ment mentionner le « Saint-Nectaire » ou « l'Oignon de Roscoff »

L’appellation d’origine contrôlée désigne des produits répondant aux critères de


l’AOP. Elle constitue une étape vers l’AOP et permet une protection de la dénomination
sur le territoire français, en attendant son enregistrement et sa protection au niveau
européen29.

L'indication géographique protégée (IGP) est un signe distinctif européen qui protège
un produit répondant à un cahier des charges précis et dont au moins une étape de fabri-
cation est réalisée dans une zone géographique définie. Au 24 mai 2018, 141 IGP sont
enregistrées en France dont plus de la moitié en produits carnés comme le « Jambon de
Bayonne ».

L'indication géographique (IG) s'appliquent aux boissons spiritueuses lorsque la


qualité, la réputation ou une autre caractéristique déterminée du produit peut être attri-
buée essentiellement à l'origine géographique. Il existe en France environ 50 indications
géographiques (Cognac, Calvados…)

La spécialité traditionnelle garantie (STG) protège une recette traditionnelle au


niveau de l'Union européenne. Sa qualité est liée à une pratique traditionnelle d'un mode
de production, de transformation ou à l'utilisation de matières premières ou ingrédients
traditionnellement utilisés dans l'élaboration d'une denrée alimentaire. En France les
Moules de buchot bénéficie de cette distinction.

L'agriculture biologique (AB) garantit que le mode de production est respectueux de


l'environnement et du bien-être animal. Les règles qui encadrent le mode de production
biologique sont les mêmes dans toute l’Union européenne, et les produits importés sont
soumis à des exigences équivalentes.

29. Dans le secteur vitivinicole, l'AOC constitue également une mention traditionnelle. Ces mentions sont reconnues et protégées au niveau européen (Règlement (CE) n° 479/2008
du Conseil du 29 avril 2008 portant organisation commune du marché vitivinicole).
Un chiffre d'affaires en progression pour certaines filières à plus de 90 % pour
la filière viticole (graphique 1). Toutefois,
29. INAO En 2016, le chiffre d'affaires à la première même dans les secteurs pour lesquels
30. INAO - CNAOL mise en marché des produits sous SIQO les produits sous SIQO sont relativement
hors bio est estimé à environ 25,8 Md€ peu représentés, les volumes et surtout
hors taxes, dont environ de 21 milliards les chiffres d'affaires sont conséquents.
pour les vins et eaux-de-vie sous SIQO, Ainsi, par exemple, dans le secteur des
soit une augmentation d'un peu plus de produits laitiers, les volumes sous SIQO,
3 milliards par rapport à 201629. très majoritairement les fromages sous
AOP, s'élevaient à près de 257 376 tonnes,
En 2016, la part des produits sous SIQO pour un chiffre d'affaires de 2,07 milliards

40 (hors bio) varie de quelques pourcents d'euros30.

� Graphique 1 - Part en volume des SIQO (hors bio) dans la filière nationale en 2016
Source : Nielsen ScanTrack PGC-FLS CAM P13 2017. Hypermarchés, supermarchés, drive et proximité

En % 100 %
Fruits et légumes 1,4 %

Porc 2%

Céréales, farines pains et viennoiseries 2%

Bovins 2,6 %

Produits laitiers (total) 2,9 %

Charcuteries salaisons 2,5 %

Oeufs 3,8 %

Crème et beurre 4,8 %

Miels 7%

Ovins 9,4 %

Volailles 11,1 %

Fromages 11,5 %

Olives 29,4 %

Cidres 32,5 %

Huiles d'olive 32,8 %

Produits de la pêche et de l'aquaculture 36,3 %

Palmipèdes gras 55 %

Vins 93,1 %
L'AGRICULTURE BIOLOGIQUE

L'agriculture biologique occupe désormais plus de ventes sont réalisées pour 44 % dans les grandes
6,6 % de la surface agricole utile (SAU) française et moyennes surfaces alimentaires, pour 34 % dans
et concerne 8,3 % des exploitations. Ces filières les magasins spécialisés, pour 12 % en vente directe,
comptent plus de 54 044 opérateurs et repré- le reste s'effectue chez les artisans commerçants,
sentent plus de 134 000 emplois ETP. Cependant, en restauration collective et commerciale.
il y a une importante variation entre les cultures  :
10 % du vignoble (en surface) contre seulement Les importations suite à un développement de la
3,4 % pour les grandes cultures. demande ont légèrement progressé en 2017 pour 41
atteindre 31 % de la valeur au stade de gros. Elles
L’année 2017 conserve un rythme important de concernent pour 60 % des produits exotiques non
conversion (près de 4 500 engagements) avec une produits en France, pour un cinquième de produits

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


dynamique plus forte en viticulture et en maraî- encore peu disponibles en France mais avec des
chage. L'agriculture bio représente en 2017 un perspectives de développement. Les exportations
marché estimé à plus de 8,37 Md€ (consommation de produits biologiques ont progressé de 12 % en
à domicile et restauration hors domicile ), soit près 2017 par rapport à 2016, pour atteindre 707 M€. Il
de 4,4 % du marché alimentaire. Il est à nouveau s’agit essentiellement de vins bio (pour 60 %).
en hausse de près de 17 % par rapport à 2016. Les

� Graphique 2 - Évolution du chiffre d’affaires bio par circuit de distribution


Source : Agence BIO/AND-i 2018

En millions d’euros TTC


9000

8000

7000

6000

5000

4000

3000

2000

1000

0
1999 2005 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Restauration commerciale* Restauration collective* Vente Directe


Artisants-Commerçants Distribution spécialisée Bio Grandes et moyennes surfaces

*Achats hors taxes évalués par enquête auprès des fournisseurs et des acheteurs, depuis 2014 en restauration commerciale
et depuis 2009 en restauration collective
Les enjeux La politique en faveur des signes de qualité
permet de maintenir la diversité des
Les signes d’identification de la qualité et productions agricoles et par ce biais même
de l’origine permettent de créer de la valeur la biodiversité, la variété des paysages et les
ajoutée tout au long de la chaîne alimen- ressources naturelles. Elle préserve l'em-
taire et les filières deviennent moteurs ploi et le dynamisme des territoires ruraux
dans le développement de la diversité et notamment en rassemblant les produc-
la typicité des produits. Ils protègent les teurs locaux sur des projets communs et
bassins de production traditionnels, valo- en les mobilisant autour de démarches
risent le savoir-faire des entreprises et collectives de progrès. Les signes d'identi-
permettent aux producteurs de commer- fication de la qualité et de l'origine consti-

42 cialiser des produits différenciés ayant


des caractéristiques spécifiques claire-
tuent ainsi des outils essentiels de la poli-
tique agricole mais aussi des politiques
ment identifiables. Ils constituent donc un publiques en faveur des territoires et de la
excellent instrument favorisant l'accès au pérennisation du tissu économique rural.
marché, notamment pour les entreprises En matière d'emploi, par exemple, selon le
de taille modeste. Les produits concernés, Comité national des appellations d'origine
qui bénéficient de la garantie du respect laitières (Cnaol), les fromages au lait de
d'un cahier des charges, accèdent plus vache sous appellation engendrent trois
facilement à la grande distribution et aux fois plus d'emplois par litre de lait que la
marchés d'exportation. moyenne des laiteries françaises.

L'INTÉGRATION DES PRINCIPES DE L'AGRO-ÉCOLOGIE


DANS LES SIQO

Une démarche de renforcement de ĈĈ recourir à une génétique


l'approche agro-écologique au sein des plus adaptée.
SIQO a été initiée en 2016 au sein de
l'Institut national de l'origine et de la Cette déclinaison a, par exemple, d'ores
qualité (INAO) afin de répondre à la forte et déjà été réalisée dans la filière viticole
attente sociétale en matière de respect et a abouti à la publication d'un « Guide
de l'environnement. Les professionnels l'agro-écologie en viticulture ». Ce guide
qui le souhaitent peuvent décider d'in- permet aux organismes de défense
troduire dans leurs cahiers des charges et de gestion (ODG) de disposer d'un
des mesures agro-environnementales outil capable de les aider à mettre en
ou de compléter celles déjà existantes. place des mesures-types adaptées aux
Six thématiques ont été identifiées pour spécificités de leurs terroirs. En ce qui
être déclinées en mesures-types : concerne les autres filières, les travaux
ĈĈ préserver et développer se poursuivent au sein de l'INAO, afin
la biodiversité ; de définir également des mesures
ĈĈ maîtriser et réduire la fertilisation ; agro-environnementales types desti-
ĈĈ limiter l'usage des pesticides ; nées aux ODG soucieux de disposer
ĈĈ favoriser une meilleure gestion rapidement d'un outil capable de les
de l'eau ; aider à faire évoluer, à leur rythme, les
ĈĈ adapter les modes d'élevage méthodes de production.
aux ressources locales ;
Dans le contexte de demande toujours ments peuvent faire l'objet de cahiers des
plus forte du consommateur d’une infor- charges nationaux à l'initiative des profes-
mation claire et sûre sur les produits qu’il sionnels.
consomme, l'implication de l’État apporte
une garantie au consommateur sur des Des organismes de contrôle, organismes
aliments de qualité, typiques ou élaborés tiers, impartiaux et indépendants, assurent
dans le respect de l'environnement et le contrôle du respect des cahiers des
du bien-être animal. La présence de charges spécifiques ou de la réglementa-
logos nationaux et/ou européens contri- tion s'agissant de l'agriculture biologique.
buent également à éclairer le choix des Par ailleurs, en matière de produits sous
consommateurs. De plus, les dénomina- signes de qualité et de l'origine, la Direc-
tions enregistrées sont protégées contre
les usurpations et les détournements de
tion générale de la concurrence, de la
consommation et de la répression des
43
notoriétés. fraudes (DGCCRF) exerce un contrôle de
ces produits sur le marché pour en véri-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


fier la conformité et vérifie la loyauté de la
Les actions des professionnels communication réalisée.
et des pouvoirs publics : un système
d'identification de la qualité L'INAO assure la défense des différentes
et de l'origine encadré appellations et veille, tant en France qu'au
plan international, à prévenir les usurpa-
Le système des signes d'identification de tions. L'INAO opère ainsi une surveillance
la qualité et de l'origine s'appuie sur l'en- des dépôts de marques et intervient dès
gagement conjoint de l’État et des profes- qu’il a connaissance d’un dépôt de marque
sionnels (agriculteurs, transformateurs, comportant une dénomination d'une AOC,
distributeurs, etc.) de façon à garantir aux AOP ou IGP, soit auprès de l’office de la
consommateurs des aliments de qualité propriété intellectuelle compétent, soit
répondant à leurs attentes et éclairer leur directement auprès du déposant. Il inter-
choix. Le dispositif repose sur l'engage- vient également dès lors qu’il y a un détour-
ment volontaire des professionnels dans nement de notoriété ou un risque de bana-
la mise en place et le suivi d'une démarche lisation du nom de l’appellation d'origine
qualité, soit individuellement (agriculture que ce soit en France ou à l'étranger.
biologique), soit collectivement (les autres
signes).
Une illustration concrète
L'élaboration de cahiers des charges (AOP/
IGP/STG et label rouge) nécessite une Entre le 1er mai 2016 et le 1er mai 2018,16
organisation collective des producteurs dénominations de produits (hors vins et
et de leurs partenaires de l'aval en ce qui spiritueux) ont été enregistrées dont 5
concerne la définition même du produit, appellations d'origine protégées comme
de ses qualités et de ses processus de « Lucques du Languedoc » ou « Ail violet de
production. Cette capacité d’organisation Cadours » et 11 indications géographiques
collective contribue à une répartition équi- protégées telles que le « Thym de Provence »
librée de la valeur générée entre les diffé- ou le « Charolais de Bourgogne ». Sur cette
rents maillons des filières. même période, 17 nouveaux cahiers des
charges de label rouge ont été homologués.
Le cahier des charges qui garantit la qualité Cela concerne différentes catégories de
du produit est examiné par l'INAO et validé produits  : des produits végétaux comme
par les pouvoirs publics. Ce cahier des le Piment doux (n° LA 04/16 ), des produits
charges est transmis à la Commission de la mer transformés ou non comme
européenne pour examen en vue de son les Rillettes de saumon (n° LA 07/16), ou
approbation permettant l'enregistrement encore des viandes ou produits à base de
au niveau européen de la dénomination viande (n° LA 06/17 Véritable merguez par
concernée. Dans le cadre de l'agriculture exemple). Le dynamisme du label rouge
biologique, le mode de production est témoigne de l'attrait des opérateurs pour
encadré par des règlements européens. ce signe officiel qui permet de répondre
Les secteurs non couverts par ces règle- efficacement aux attentes du marché.
LE PROGRAMME AMBITION BIO 2022
PLAN D'ACTIONS DES ACTEURS DE L'AGRICULTURE
ET DE L'ALIMENTATION EN FRANCE

La production biologique connaît, sous tion et de distribution pour répondre à


l’impulsion d’une demande très dyna- la demande, permettre une valorisation
mique, un essor jamais connu, tant à optimale des productions biologiques,
l’échelle nationale, européenne que et garantir une répartition de la valeur
mondiale. Elle est le marqueur d'un équilibrée entre les différents acteurs.
44 nouveau mode de consommation Les outils du volet agricole du Grand
répondant aux attentes sociétales. plan d’investissement accompagneront
cette transformation.
Cette demande s'est largement expri­-
mée dans le cadre des États généraux Le marché des produits alimentaires
de l'alimentation (EGA) et a été reprise biologiques a atteint en fin d'année
dans la feuille de route 2018-2022 de la 2017 plus de 8,3 Md€. Sa croissance
politique de l'alimentation du gouver- est à deux chiffres et son succès ne se
nement, notamment en se donnant dément pas. Cette transition vers l’agri-
des objectifs ambitieux que ce soit en culture biologique en forte accélération,
termes de surfaces agricoles ou dans le porteuse d'innovation et d'emplois doit
domaine de la restauration collective. pouvoir s'appuyer sur des produits au
plus près de nos territoires et de nos
Le programme ambition bio 2022 régions. Elle doit également contribuer
porte ainsi pleinement les objectifs de à faire rayonner le savoir-faire français
la feuille de route visant à promouvoir à l'exportation.
des modes de production respectueux
de l'environnement, à garantir des Le programme ambition bio 2022 porte
normes élevées de bien-être animal et à 7 axes permettant de répondre à l'en-
préserver la biodiversité. Il porte notam- semble de ces enjeux. Il est le fruit d'une
ment l'ambition de parvenir à 15 % de la large concertation avec l'ensemble des
surface agricole utile française conduite acteurs concernés par la production
en agriculture biologique en 2022 et se biologique et fera l'objet d'un suivi selon
dote des moyens pour y parvenir. le même mode opératoire :
ĈĈ développer la production ;

Un enjeu fort de ce programme sera ĈĈ structurer les filières ;

de faire se rejoindre offre et demande ĈĈ développer la consommation ;

de manière équilibrée et ce, tant sur ĈĈ renforcer la recherche ;

le territoire métropolitain que dans ĈĈ former les acteurs ;

les outre-mer. Pour cela, il est néces- ĈĈ adapter la réglementation ;

saire d’encourager la structuration des ĈĈ Impulser une dynamique de conver-

filières de production, de transforma- sion dans les outre-mer.

Consulter le programme détaillé : http://agriculture.gouv.fr/programme-


ambition-bio-2022-plan-dactions-des-acteurs-de-lagriculture-et-de-lalimentation
Les mentions valorisantes La mention « issu d'une exploitation de haute
valeur environnementale » est réservée aux
Les différentes mentions valorisantes produits, transformés ou non, issus d'ex-
ploitations ayant obtenu le plus haut niveau
Les mentions valorisantes concernent des du dispositif de certification environnemen-
produits agricoles et agroalimentaires pour tale des exploitations agricoles  : la haute
lesquels un qualificatif spécifique est mis valeur environnementale (HVE). A l'instar
en avant. Diverses mentions valorisantes des signes de qualité, la DGCCRF s’assure
existent et font l'objet d'un étiquetage également que l’emploi des mentions valo-
particulier. L'usage de ces mentions est risantes n’est pas de nature à induire en
volontaire. erreur le consommateur.

Les mentions valorisantes définies dans Les enjeux


45
la réglementation sont variées. Les déno-
minations « montagne » et « produit de les mentions valorisantes permettent d'ap-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


montagne » conditionnent la production porter au consommateur une garantie
et la transformation à une zone géogra- par rapport à une provenance particulière
phique précise. La mention « produit de ou une caractéristique du produit. Elles
montagne » est encadrée par la réglemen- peuvent également permettre un dévelop-
tation européenne. pement des territoires en maintenant l'ac-
tivité économique dans des zones spéci-
Les mentions « fermier », « produit de la fiques, soumises parfois à des handicaps
ferme », « produit à la ferme », ne sont pas naturels. Par l’obligation de réaliser toutes
définies de manière générale mais par les étapes de fabrication du produit en zone
catégorie de produits (volailles, fromages, de montagne, les mentions «  montagne  »
etc.) afin de tenir compte de leurs spéci- ou « produit de montagne » se posent ainsi
ficités. La mention « produits pays » comme un outil de développement des
concerne les départements et les collecti- territoires de montagne. Cette mention
vités d'outre-mer. est notamment utilisée pour valoriser les
miels ou les produits laitiers de montagne.

LA HAUTE VALEUR ENVIRONNEMENTALE

Le logo HVE accompagne la mention valorisante « issu d'une exploitation de


haute valeur environnementale ». Il peut être apposé sur les produits bruts
et sur les produits transformés si ces derniers contiennent au moins 95 %
de matières premières issues d'exploitations de haute valeur environne-
mentale. La présence du logo sur les produits permet de valoriser auprès,
des consommateurs de plus en plus exigeants, les efforts des exploitations
engagées dans le dispositif.

Cette démarche volontaire vise à identifier et valoriser des pratiques respec-


tueuses de l'environnement. Au 1er janvier 2018, 841 exploitations agricoles
étaient certifiées de haute valeur environnementale, en grande majorité des
exploitations de la filière viticole.
La normalisation volontaire : un outil
de compétitivité des entreprises agroalimentaires
en France et à l’international

Les bénéfices de la normalisation


volontaire LA NORMALISATION
SELON LE DÉCRET
La normalisation volontaire crée la
N°2009-697
confiance pour les entreprises, les filières,
DU 16 JUIN 2009
les collaborateurs, les consommateurs et

46 les pouvoirs publics. Elle permet aux entre-


prises et leurs filières :
ĈĈ de disposer d'un support de dialogue La normalisation a pour objet d'éla-
avec les pouvoirs publics ; borer des documents de référence
ĈĈ d'harmoniser les définitions de produits, de manière consensuelle par toutes
les méthodes d'analyse mais également les parties intéressées, contenant
les référentiels de management de sécu- des règles, des caractéristiques, des
rité sanitaire, pour clarifier le produit aux recommandations ou des exemples
yeux des consommateurs, faciliter les de bonnes pratiques relatives à
échanges et réduire les coûts de contrôle des produits, à des services, à des
et d'audits ; méthodes, à des processus ou à
ĈĈ de promouvoir et faire valoir les posi- des organisations. Instrument stra-
tions françaises, et développer un tégique synonyme de performance,
réseau d'influence et d'alliances au plan de compétitivité, de qualité et d'inno-
européen et international, comme c'est vation, une étude a démontré que la
le cas pour les produits alimentaires, les normalisation permettait une crois-
oléagineux, les produits de la ruche, la sance de l'ordre de 20  % du chiffre
microbiologie ; d'affaires des entreprises s'y investis-
ĈĈ de satisfaire les nouvelles attentes socié- sant et l'appliquant.
tales  : bien-être animal, durabilité des
productions, responsabilité sociétale des
organisations du secteur agroalimentaire.

AFNOR ET LA STRATÉGIE FRANÇAISE DE NORMALISATION

AFNOR, association loi 1901, oriente et lisation de la société et l'économie numé-


coordonne l'élaboration des normes et rique d'une part, le climat et l'environne-
réalise la publication des normes. L'éla- ment d'autre part. Elle se décline en huit
boration des normes nationales (NF), thématiques transverses  : Transition
européennes (EN) et internationales énergétique, Silver économie, Économie
(ISO) est réalisée par  AFNOR et par des circulaire, Économie numérique, Villes
bureaux de normalisation sectoriels durables et intelligentes, Usine du futur,
agréés (ex : BN FERTI). Économie collaborative et économie du
partage, et Services. Parmi les théma-
La stratégie actuelle définie par AFNOR tiques spécifiques figurent l'Alimenta-
repose sur deux grands enjeux : la digita- tion sûre, saine et durable et les Drones.
Des normes pour développer
l'alimentation de demain L'ACCÈS GRATUIT
AUX TRAVAUX
De nouveaux axes de réflexion sont déve- DE NORMALISATION
loppés : ET AUX NORMES
ĈĈ usine du futur  : réponse à la transition D'APPLICATION
énergétique, écologique, numérique, OBLIGATOIRE POUR
organisationnelle et sociétale ; LES PME INDÉPENDANTES
ĈĈ alimentation sûre, saine et durable, par

l'harmonisation des méthodes d'ana-


lyse et de leur fiabilité, afin de favoriser Le décret N°2009-697 du 16 juin
la fluidité des échanges commerciaux,
lutter contre les entraves à l'importation
2009 instaure l'accès gratuit :
ĈĈ aux
47
travaux de normalisation
et limiter les risques associés ; pour les PME indépendantes : « il
ĈĈ nouveaux produits ou mode de produc-
ne peut être demandé de parti-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


tion : insectes, algues, biostimulants, cacao cipation aux frais d'élaboration
durable,… d'une norme (…) aux petites et
moyennes entreprises de moins
de 250 salariés ne dépendant pas
à plus de 25 % d'un groupe de
plus de 250 salariés... » (art.14) ;
ĈĈ aux normes rendues d'application

obligatoire par un texte réglemen-


taire (art.17).

NORMALISATION, CERTIFICATION, RÉGLEMENTATION 

La normalisation établit des documents de référence appliqués sur une base


volontaire. La certification atteste la conformité d’un produit ou service à un cahier
des charges, normalisé ou non. La réglementation fixe quant à elle des exigences
obligatoires.
Des liens étroits sont établis entre les instances de normalisation et les autorités
réglementaires correspondantes.

France Europe International

Commission
Ministère
du Codex
(agriculture, économie,
Alimentarius
environnement, etc.)
Autorités Commission (UN FAO+OMS)
réglementaires Agences et services européenne Organisation
publics
mondiale de la
(ANSES, SCL, INAO, santé animale
FranceAgrimer, etc)
(OIE)

Comités
Commission et sous-comités
Instances de Comités techniques
de normalisation techniques
normalisation européens CEN
Afnor internationaux
ISO
La normalisation au cœur
des sujets d’actualité LES INSTANCES DE NORMALISATION
EUROPÉENNES ET MONDIALES
Dans un contexte de suites à donner
aux États généraux de l’alimentation, un
certain nombre de thématiques pourraient Les référentiels normatifs sont développés au sein de l'Orga-
être soutenues par des actions de norma- nisation internationale de la normalisation « ISO », du Comité
lisation  : européen de normalisation « CEN ». L'AFNOR coordonne l'ac-
Authenticité des produits alimentaires - tivité des commissions de normalisations nationales dites
Alimentation bio - E-commerce alimentaire « miroir » des comités européens et internationaux.
- Insectes pour la consommation humaine

48 - Nanotechnologies - Aliments ultra trans- Au niveau international, le comité technique ISO/TC34


formés - Spécifications de produits locaux Produits alimentaires est présidé par la France, qui en est
- Valorisation des sous-produits des IAA également le secrétaire avec le Brésil. 138 pays en sont
(économie circulaire) - Protéines végétales - membres. Il traite notamment de la terminologie, de l’échan-
Conciliation des enjeux environnementaux tillonnage, des méthodes d'essais et d'analyse, des spécifica-
et nutritionnels - Food défense - Gaspillage tions de produits, du management de la sécurité des aliments,
alimentaire - Agriculture urbaine - Numé- du management de la qualité, comme des exigences relatives
rique dans la chaîne de valeur alimentaire à l'emballage, à l'entreposage ou au transport des produits
- Affichage environnemental des produits destinés à l'alimentation humaine et animale.
alimentaires.

Liens utiles pour en savoir plus


Liste complète des produits sous signe officiel de qualité et d’origine sur : www.inao.gouv.fr
Liste des dénominations enregistrées en AOP/IGP/STG : http://ec.europa.eu/agriculture/quality/door/list.html
Liste complète des certifications de conformité de produits enregistrées : http://agriculture.gouv.fr/certifications-enregistrees
Politique de valorisation des produits agricoles ou alimentaires et informations relatives aux signes de qualité :
http://agriculture.gouv.fr/signes-de-qualite-0
Réglementation européenne concernant l’information du consommateur sur les denrées alimentaires :
http://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/ALL/?uri=CELEX%3A32011R1169
L'agriculture biologique sur le site MAAF : http://agriculture.gouv.fr/lagriculture-biologique-1
Promotion de l'agriculture biologique et structuration des filières : www.agencebio.org
La certification environnementale des exploitations agricoles et la Haute valeur environnementale :
http://agriculture.gouv.fr/certification-environnementale-mode-demploi-pour-les-exploitations
Guide l'agro-écologie en viticulture : http://www.vignevin.com/outils-en-ligne/aide-a-la-decision/agroecologie/agroecologie/guide-agroecologique.html

AFNOR
11 rue Francis de Pressensé
93571 La Plaine Saint Denis cedex
Tél : +33 (0)1 41 62 80 00
www.normalisation.afnor.org
La normalisation dans l’agroalimentaire : norminfo.afnor.org (agro-alimentaire)
Au niveau européen : CEN/TC 275 : standards.cen.eu (technical bodies, puis CEN/TC 275)
Au niveau international : ISO/TC 34 : www.iso.org (participer/qui élabore les normes/comités techniques, puis ISO/TC 34)
ÉCHANGES COMMERCIAUX
ET INTERNATIONAUX
Malgré une année 2017 qui voit la France être déficitaire en produits agricoles pour
la première fois depuis 30 ans , le secteur agricole et agroalimentaire reste le 3ème
secteur contributeur au solde commercial français avec 5,7 Md€, loin derrière la
construction aéronautique (solde positif de 18 Md€) et l'industrie chimique, parfu-
merie, cosmétique (solde de 13 Md€). Cette année 2017 a ainsi été marquée par :
ĈĈ le déficit global en produits agricoles, qui s'explique par une érosion structurelle

depuis 2010 accentuée par la baisse conjoncturelle de l'excédent commercial en


céréales (-35  % entre 2015 et 2017, à 4,4 Md€) en raison de la mauvaise récolte
49
nationale de 2016 ;
ĈĈ la forte dépendance du solde global au secteur des vins et spiritueux : 2017 s’ins-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


crit dans la continuité d’une tendance forte (le solde commercial de ce secteur
s'est apprécié de 40 % en 10 ans) ;
ĈĈ l'augmentation structurelle des importations qui est plus rapide que celle des

exportations (+ 27 % depuis 2010 pour les importations contre + 19 % dans le
même temps pour les exportations.

Des profils d'échanges inversés entre 2000), due avant tout à un fort ralentisse-
les débouchés « Union européenne » ment des exportations alors même que
et « pays tiers » les importations continuent d’augmenter.
Avec les pays tiers le solde commercial
Alors que l'Union européenne représente est maintenu par la vitalité de nos expor-
70 % des importations françaises (et ce tations (principalement en boissons alcoo-
de manière stable depuis 2010), sa part lisées), en particulier vers la Chine et les
comme débouché des exportations baisse États-Unis.
au profit des pays tiers, passant de 70 %
en 2010 à 63 % en 2017. Dans ce contexte, Le graphique 4 précise les positions
les échanges de produits transformés sont commerciales de la France sur chacun
de plus en plus déficitaires avec l’UE alors des principaux pays avec lequel les flux
qu’ils sont excédentaires en produits bruts. d'échanges agricoles et agroalimentaires
A l’inverse, les échanges de produits trans- sont significatifs.
formés sont de plus en plus excédentaires
avec les pays tiers alors qu'ils sont de plus Plusieurs tendances se dégagent. Le
en plus déficitaires en produits bruts. graphique confirme d'abord la baisse de
la balance commerciale française avec les
Ainsi, la France importe structurellement pays de l'Union européenne. Ainsi, le déficit
des produits agricoles depuis les pays avec l'Espagne met en exergue des importa-
tiers (solde de - 3,5 Md€ en 2017), prin- tions croissantes de fruits et légumes (36 %
cipalement des oléagineux, des fruits et des importations françaises) et un déficit
des légumes et exporte vers ces pays des concernant les viandes. Le déficit avec les
produits des IAA (+ 8,8 Md€, principale- Pays-Bas reflète plus la situation concernant
ment des vins et spiritueux). La situation les filières viandes (déficit commercial de
est inverse en Union européenne, vis-à-vis 700 M€), produits laitiers (déficit de 580 M€)
de laquelle la France exporte structurelle- et en préparations à base de légumes
ment des produits bruts (+ 3 Md€ en 2017) (déficit de 670 M€). Premier fournisseur de
mais a une balance commerciale négative la France parmi les pays tiers, le Brésil est
pour les produits transformés (- 2,6 Md€). ainsi le premier fournisseur d'oléagineux
bruts et transformés.
L'évolution des exportations françaises
confirme une tendance constatée depuis L'analyse des excédents commerciaux de la
2000 à savoir, la baisse de l’excédent France montre la montée en puissance des
commercial avec les pays de l'UE (seule- pays consommateurs de vins et spiritueux
ment 374 M€ en 2017 contre 8,3 Md€ en français. Ainsi, États-Unis, Royaume-Uni et
� Graphique 1 - Évolution des importations, exportations et du solde des échanges
agroalimentaires
Champ : produits agricoles et agroalimentaires, hors tabac. Source : Douanes – Traitement SSP

En milliards d'euros
65 65

60 60

55 55

50 50

45 45

50 40 40

35 35

30 30

25 25

20 20

15 15

10 10

5 5

0 0

-5 -5
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Exportation produits agricoles Exportation produits des IAA Solde global


Solde (produits des IAA)
Importation produits agricoles Importation produits des IAA Solde (produits agricoles)

� Graphique 2 - Évolution des échanges avec les pays tiers et l'Union européenne
Champ : produits agricoles et agroalimentaires, hors tabac. Source : Douanes – Calculs Agreste

En 2017, les déficits des échanges en produits bruts avec les pays tiers et en produits transformés avec l’UE
se sont de nouveau creusé.

10000
En milliards d'euros

8000

6000

4000

2000

-2000

-4000

-6000
UE Pays tiers UE Pays tiers UE Pays tiers
2015 2016 2017

Produits agricoles Produits des IAA


Chine sont, dans cet ordre, les principaux les produits à base de céréales notamment),
clients en matières de boissons (secteur qui le Brésil (quintuplement des exportations,
représente respectivement 98, 75 et 35 % avec l'explosion des exportations d'oléagi-
des excédents commerciaux avec ces pays). neux (multiplié par 10) et de viandes (multi-
Ce dynamisme polarisé sur un secteur a plié par 6), la Chine (multiplié par 4 depuis
ainsi permis aux États-Unis de détrôner le 2000, avec poissons et crustacés, légumes,
Royaume-Uni (vers lequel la France exporte préparations de viandes).
également 610 M€ de produits laitiers, meil-
leur excédent commercial pour ce secteur,
et des préparations alimentaires à base de Une polarisation des excédents
céréales, premier client de la France) au commerciaux autour de certaines
filières
classement des pays avec lesquels notre
excédent commercial est le plus élevé.
51
La situation se dégrade néanmoins avec Le principal secteur exportateur français
l'Italie (4ème excédent commercial et 5ème reste en premier lieu les boissons (double-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


client) et, dans une moindre mesure, avec ment depuis 2000 à 15,8 Md€ en 2017).
l'Allemagne (6ème excédent commercial, Puis viennent les produits laitiers (6,3 Md€,
mais 2ème client juste derrière la Belgique). en hausse de 60 %, à relier avec une forte
La situation italienne reflète également le augmentation des prix en 2017), les céréales
rééquilibrage du solde français en matière (4,9 Md€ en 2017, soit une hausse de seule-
de produits laitiers (pourtant secteur histo- ment 20 % par rapport à 2000, à pondérer
riquement excédentaire), de viande et l’ag- cependant par la crise de production de
gravation du solde hexagonal concernant l'été 2016 qui a affecté les exportations
les fruits. La baisse du solde commercial 2016 et 2017 : ces exportations s'élevaient
avec l'Allemagne s'explique par la baisse à 7,4 Md€ en moyenne sur la période 2013
des exportations de boissons (-7 % en – 2015), les préparation à base de céréales
valeur par rapport à 2013, alors que ce pays (multiplié par 3 depuis 2000  : 4,2 Md€), et
est notre 4ème client), de produits laitiers les produits carnés, dont les exportations
(-5 % en valeur par rapport à 2013 alors ont baissé de 2 % depuis 2000.
que l'Allemagne est notre premier client,
et de préparations à base de cacao (-7 %). Les résultats du commerce extérieur fran-
Si elle n'apparaît pas dans le graphique en çais mettent ainsi en valeur avant tout l'ex-
raison d'une balance commerciale équili- cellente performance des exportations de
brée avec la France en matière agricole et vins et spiritueux (en hausse de 1 Md€ en
agroalimentaire, la Belgique est devenue 2017, atteignant 15,8 Md€), en particulier
en 2017 le premier client de la France (de sur les pays tiers (États-Unis et Chine), dont
peu devant l'Allemagne). le secteur (composés pour les deux tiers
d'exportations de vins et de Champagne et
Cette performance de la France inter- d'un tiers de spiritueux) représente désor-
vient dans un contexte de triplement des mais le quart de la valeur des exportations
échanges agricoles et agroalimentaires agricoles et agroalimentaires de la France.
(tabac inclus) depuis 2000, passant de 457 Cette performance sur le marché « haut de
Md€ à 1 350 Md€ en 2017. Les exportations gamme » (illustrée par le fait que la France
françaises (+63 %) ont progressé moins vite exporte 50 % de vins de moins que l'Espagne
que celles des pays concurrents, au premier -1er exportateur- en volume, mais exporte
rang desquels figurent les États-Unis 3 fois plus que l'Espagne en valeur), ainsi
(+127 % dans le même temps, sur tous les que la bonne tenue des exportations de
produits, en particulier pour les oléagineux, produits laitiers (exportations en hausse de
dont les exportations ont été stimulées par 6 %) et, dans une moindre mesure, de sucre
la demande chinoise), les Pays-Bas (+122 %, (dans le contexte de la fin des quotas et de
avec en particulier un quadruplement des la libéralisation des quantités exportées),
exportations de fruits et un doublement ne doit cependant pas masquer la difficulté
des exportations de produits laitiers, de pour les produits français sur le position-
viandes et de légumes), l'Allemagne (+176 % nement de la première et de la seconde
depuis 2000, avec en particulier + 100 % sur transformation, comme en témoigne la
les produits laitiers, +250 % sur les viandes, balance commerciale négative en produits
+ 300 % pour les produits à base de cacao et transformés avec les pays de l'Union euro-
� Graphique 3 - Échanges par zones de produits agricoles et issus des IAA (hors tabac)
Source : Douanes – Traitement SSP

En millions d’euros TTC


45

40
Impo

35 Impo
30
Expor
25

52 20
Expor
15

10

0
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Exportations UE Importations UE
Exportations pays tiers Importations pays tiers

� Graphique 4 - Les principaux excédents et déficits de la France


Champ : produits agricoles et agroalimentaires, hors tabac. Source : Douanes – Traitement SSP

En milliards d’euros
Espagne -2,03
Pays-Bas -1,92
Brésil -1,09
Pologne -0,54
Norvège -0,50
Maroc -0,46
Côte-d'Ivoire -0,42
Irlande -0,41
Inde -0,38
Equateur -0,36
Arabie saoudite 0,57
Hong Kong 0,69
Singapour 0,92
Japon 1,08
Allemagne 1,10
Algérie 1,20
Italie 1,55
Chine 1,70
Royaume-Uni 2,73
Etats-Unis 2,93

-2,5 -2,0 -1,5 -1,0 -0,5 0 0,5 1,0 1,5 2,0 2,5 3,0

Moyenne 2015-2017 Moyenne 2008-2010


péenne, l'aggravation du déficit commer- à base de fruits et légumes (+4 % à 5 Md€).
cial concernant les viandes ainsi que la Par ailleurs, c'est le secteur des produits
baisse des exportations d'huiles. laitiers qui subit la plus forte hausse des
importations, avec une augmentation de
Par ailleurs, la contraction importante des 25 % sur un an pour atteindre 3,9 Md€, en
exportations françaises de céréales (dimi- raison de la conjoncture exceptionnelle
nution de moitié des volumes exportés ayant conduit à l'augmentation du prix du
sur le premier semestre 2017 par rapport beurre, dont la France est un importateur
au premier semestre 2016) jusqu'en structurel  : la hausse de 4 % des importa-
août 2017, conséquence de la mauvaise tions en volume se traduisant ainsi par une
récolte de l'été 2016 dans un contexte hausse de 53 % en valeur).
d'abondance de l'offre au niveau mondial,
constitue le facteur central concernant la
53
performance commerciale hexagonale en Structure des entreprises
produits bruts. La diminution des expor- exportatrices

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


tations concerne surtout les pays tiers
(principalement vers le Maroc (-70 %, notre Le tissu des entreprises agroalimentaires
10ème client en 2017), la Chine (-65 %, 17ème se caractérise de façon générale par une
client), l'Egypte (-60 %, 16ème client), et les équivalence entre le nombre d'entreprises
pays d'Afrique centrale (- 35 % vers la Côte agroalimentaires (18  365 en 2015) et le
d'Ivoire, 12ème client, - 40  % vers le Came- nombre d'entreprises de commerce de
roun, -50 % vers le Mali, -25 %). gros agroalimentaire (22 855).

Dans un paysage largement dominé par


La croissance des importations les entreprises de moins de 10 salariés en
fragilise l'ensemble des secteurs équivalent temps plein, 28  % des entre-
productifs prises du secteur ont une activité à l'export
en 2015, et plus précisément :
Plus que la croissance des exportations, ĈĈ 22 % des entreprises de moins de 10

c'est la croissance plus importante de nos salariés, avec un chiffre d'affaires réalisé
importations qui a marqué l'année 2017, à l'export qui représente 16 % du chiffre
passant de 52,8 à 55,5 Md€ en un an. d'affaires total de cette catégorie.
ĈĈ 56 % des entreprises de 10 à 249 sala-

Toute une variété de secteur est concernée : riés, avec un chiffre d'affaires à l'export
les produits transformés à base de céréales, qui représente 20 % du chiffre d'affaires
de cacao et les préparations alimentaires total.
diverses (importations en hausse de 7 % à ĈĈ 90 % des entreprises de plus de 250 sala-

8,5 Md€), les viandes et produits de l'abat- riés exportent, mais leur part du chiffre
tage (+6 % à 5,5 Md€), les fruits (+ de 5 % à d'affaires à l'export reste du même ordre
4,4 Md€) ainsi que les produits transformés que pour les autres catégories (18 %).

Part du chiffre d'affaires à l'export et part des entreprises exportatrices


� �Graphique 5 -
selon la taille des entreprises
Champs : Industries et commerce de gros agroalimentaires, hors artisanat commercial. Source : Données INSEE – Traitement SSP
En % 100 %

89 %

56 %

28 %
22 % 20 % 19 %
16 % 18 %

De 0 à 9 salariés en ETP De 10 à 249 salariés en ETP 250 salariés et plus en ETP Ensemble

Part du CA à l'export par taille d'entreprise Part des entreprises exportatrices


� Exportations et importations de produits agricoles et agroalimentaires de la France
dans le monde (en milliards d'euros)
Champ : produits agricoles et agroalimentaires, hors tabac, année 2017. Source : Douanes – Traitement SSP

Boissons

IMPORTATIONS
EXPORTATIONS
Produits des IAA
Produits bruts hors boissons
Excédent commercial
5,0 Déficit commercial

5,2
0,9 0,8
54 1,5
Exportations
Importations
40,9
40,1
Europe occidentale + PECO RUSSIE + EX-CEI

0,4 0,2 0,9


AMÉRIQUE 2,0
DU NORD 1,3 PROCHE- 0,7
ORIENT 0,2 ASIE DU NORD
1,3
0,6 ASIE
0,5 AFRIQUE DU SUD-OUEST
1,5 1,7 0,1 1,8
2,7 DU NORD
AMÉRIQUE MOYEN- 1,3
CENTRALE ORIENT
AFRIQUE
0,3 SUB-SAHARIENNE ASIE DU SUD-EST
AMÉRIQUE 0,9
DU SUD 0,4 0,5 0,5
AFRIQUE 5,6
OCÉANIE
5,8 AUSTRALE 6,6

3,5
5,3 6,6
6,3

2,7
PAYS-BAS
ALLEMAGNE

ROYAUME-UNI

BELGIQUE
0,9 1,3
0,4 0,7
IRLANDE
POLOGNE
7,2

1,7 1,8
5,0

SUISSE
5,7

4,2

ESPAGNE

0,8 0,5

PORTUGAL ITALIE
Agroalimentaire et négociations
commerciales internationales

L'Organisation mondiale Plusieurs accords importants


du commerce sous tensions en voie d'application

L'Union européenne promeut un com­ - Avec le Canada


merce multilatéral fondé sur des règles et
s'appuyant sur l'Organisation mondiale du L'« Accord économique et commercial
commerce (OMC). Elle est engagée dans global » (AECG ou CETA en anglais) conclu en
un important agenda de négociations d'ac-
cords commerciaux qu'elle souhaite équi-
2014 entre l'UE et le Canada a été approuvé
par le Parlement européen en février 2017,
55
librés et mutuellement bénéfiques, et que et est entré en application provisoire le 21
la Commission européenne mène pour le septembre 2017. Conformément à l'en-

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


compte de l'UE. En 2017, la Cour de justice gagement du Président de la République,
de l'Union européenne a confirmé sa une commission d'experts indépendants a
compétence exclusive pour l'ensemble des examiné en 2017 son impact sur l'environne-
dimensions commerciales « classiques » ment, le climat et la santé, et a été suivie d'une
de ces accords (réduction des droits de large consultation des parties prenantes,
douane, levée de barrières non tarifaires, débouchant sur l'adoption par le gouver-
y compris sanitaires et phytosanitaires, nement d'un plan d'action pour la mise en
protection d'une liste d'indications géogra- œuvre du CETA, dont l'axe 3 comporte un
phiques, coopération réglementaire), ensemble de mesures visant à améliorer
certains aspects relatifs à l'investissement la prise en compte des enjeux sanitaires et
restant toutefois de compétence partagée de développement durable, notamment en
avec les États membres. matière agricole, dans les accords commer-
ciaux. Pour pouvoir passer d'une application
La 11ème conférence ministérielle de l'OMC provisoire à définitive, le CETA sera soumis
(décembre 2017, Buenos Aires) n'a pas pu au parlement français en 2018 ainsi qu'aux
aboutir sur des décisions et déclarations parlements des 28 États membres de l'Union
communes. Cet échec a mis en exergue européenne nécessaire à sa ratification.
la crise que traverse l'organisation du fait
du blocage par les États-Unis du renouvel- Avec le Japon
lement des juges de l'organe d'appel de
l'Organe de règlement des différends de La négociation engagée avec le Japon en
l'OMC, et de la difficulté à avancer dans un 2013 pour un accord de partenariat écono-
cycle de négociation consacré au dévelop- mique a finalement profité de la sortie
pement face à l'émergence économique des États-Unis de l'accord de TransPacific
de pays se revendiquant toutefois encore Partnership. Elle a abouti en juillet 2017 à un
du statut de PED. Il a ouvert une phase de accord politique, et à la conclusion des négo-
débats et réflexions sur l'adéquation du ciations en décembre 2017, dans une pers-
fonctionnement et de l'agenda de négo- pective de ratification et d'entrée en vigueur
ciation de l'OMC avec ses objectifs initiaux, au premier semestre 2019. En raison d'avan-
et avec les besoins actuels du commerce tages tarifaires et non tarifaires, cet accord
international. offrira d'importants débouchés aux secteurs
français de l'agroalimentaire, notamment en
Dans le même temps, l'OMC reste solli- fromages, beurre et lait en poudre, viandes
citée, notamment par l'UE, pour contri- porcine et bovine, préparations alimentaires,
buer à résoudre les tensions commer- vins et spiritueux. Le Japon s'engage en parti-
ciales découlant des pratiques chinoises culier à approuver 35 additifs et auxiliaires
en matière de surcapacités industrielles technologiques jusque là non autorisés, et
chinoises et de protection de la propriété protégera 205 indications géographiques,
intellectuelle  et des mesures unilatérales dont 43 françaises ; les vins passeront d'un
prises sur cette base à partir du printemps droit de douane à 15 % actuellement à zéro
2018 par les États-Unis. le jour de la mise en œuvre de l'accord.
Avec Singapour lement sur la libéralisation tarifaire : du fait
de sa position de « hub » commercial, Singa-
L'accord conclu entre l'UE et Singapour pour applique en effet déjà des droits de
en 2014 sur ses aspects commerciaux, et douane très réduits ou nuls. Par contre, la
en 2017 sur ses aspects investissement, protection d’une liste restreinte de 196 indi-
devrait être signé et entrer en application cations géographiques européennes, dont
provisoire au premier semestre 2019, sous 37 françaises nécessite encore un engage-
réserve d'un résultat satisfaisant en matière ment accru de Singapour pour parvenir à
d'indications géographiques. En effet, un niveau de protection équivalent à celui
l’enjeu de cet accord ne portait pas principa- des autres accords conclus par l'UE.

56

BREXIT 

Le Royaume-Uni constitue un partenaire commer- L'UE a publié le 23 mars 2018 ses orientations pour
cial important pour la France. Dans le secteur la négociation du cadre de la future relation avec
agroalimentaire, il est le 3ème client européen de le Royaume-Uni, qui devrait prendre la forme d'une
la France à l'exportation et son 6ème fournisseur déclaration politique jointe à l'accord de retrait. Le
européen à l'importation. Le commerce agroali- Royaume-Uni a publié quant à lui le 12 juillet 2018
mentaire français est excédentaire à hauteur de un livre blanc sur la future relation qu'il envisage
2,9  Mds€, dont 1,2  Mds€ pour le secteur des vins avec l'UE. Les négociations se concentrent sur les
et spiritueux. Il y a donc un fort enjeu à poursuivre compromis possibles entre ces deux visions de cette
leur développement sans coût d'entrée supplé- future relation, dans laquelle seront essentiels du
mentaire dans le cadre du Brexit. Certaines filières point de vue de l'agroalimentaire français le statut
sont actuellement déficitaires (produits de la mer, de la frontière irlandaise, impactant notamment les
certaines productions animales comme les ovins et contrôles sanitaires et phytosanitaires, le régime
les bovins). douanier régissant les échanges entre les deux
parties, l'accès aux zones de pêche et aux stocks
Conformément au principe de négociation séquen- halieutiques revendiqués par le Royaume-Uni, le
tielle (retrait, puis future relation) adopté par les maintien sur la durée de conditions de concurrence
27, l'accent a été mis prioritairement sur l'accord équitable, tant dans la relation bilatérale qu'en-
de retrait, dont l'UE a publié un projet le 20 mars vers les tiers, ainsi que la coopération en matière
2018, et dont les chapitres relatifs aux droits des de recherche. En effet, si, sous réserve de la ratifi-
citoyens, à la facture de sortie, à la période de transi- cation de l'accord de retrait, la totalité de l'acquis
tion (dont le terme est fixé à fin 2020) ont fait l'objet de l'UE s'appliquera au Royaume-Uni jusqu'à la fin
d'un accord. Sur le plan financier, le Royaume-Uni, de la période de transition (à l'exception des textes
contributeur net au budget de l'UE de 10 à 13 Md€ qui cadrent sa participation aux instances euro-
selon les années, s'est engagé à contribuer au péennes), et si le Royaume-Uni continuera d'être
budget de l'UE jusqu'à la fin de la période de transi- lié par les accords internationaux signés par l'UE, il
tion, puis à solder le reste à liquider au 31 décembre peut d'ores et déjà de son côté négocier, signer et
2020. En revanche, la question de la frontière irlan- ratifier des accords internationaux mais qui n'entre-
daise reste, à la fin août 2018, le principal point ront en vigueur que si l'UE l'y autorise.
d'achoppement des négociations. La protection
des indications géographiques après le Brexit n'a En l'état actuel des négociations, il est nécessaire
pas encore été abordée. Afin d'entrer en applica- de se préparer à toutes les hypothèses, dont celle
tion le 29 mars 2019, l'accord de retrait doit être d'une sortie sans accord du Royaume-Uni, qui réta-
rédigé dans sa version finale pour octobre 2018. blirait des droits de douane et des contrôles sani-
Une négociation a par ailleurs été ouverte au sein taires et phytosanitaires aux frontières. Le Minis-
de l'OMC pour déconsolider, selon la part respec- tère de l'agriculture et de l'alimentation travaille
tive des 27 et du Royaume-Uni, les contingents sur toutes les options, et intervient au service des
agricoles concédés par l'UE aux pays tiers. acteurs de la filière.
Avec le Mexique La conclusion des négociations initialement
envisagée pour le début de l'année 2018, est
La modernisation de l'accord d'association désormais envisagée pour l'été 2018, avant
UE – Mexique, entré en vigueur en 2000 l'ouverture de périodes électorales au Brésil
mais concernant peu les filières agricoles a (automne 2018) et en Europe (2019).
abouti à un accord de principe en mai 2018,
à l'issue de 2 ans de négociations, certains La modernisation de l'accord d'association
points, notamment relatifs à la protection UE-Chili de 2003, entré en vigueur en 2014,
des indications géographiques restant a débuté en 2018. Un équilibre devra être
alors encore à résoudre. L'accord prévoit trouvé entre les intérêts offensifs et défen-
d'importantes libéralisations tarifaires en sifs agricoles et agroalimentaires, compte
matière de viande porcine et de volaille,
préparations alimentaires et produits
tenu notamment de la petite taille de ce
marché, de son environnement commer-
57
pour l'alimentation animale, ainsi que cial (justifiant une attention particulière en
l'ouverture de contingents en matière de matière de règles d'origine, de risques de

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


produits laitiers. En contrepartie, l'UE ouvre détournements de flux en provenance de
au Mexique des contingents de viande pays voisins, de protection des indications
bovine, sucre, éthanol, rhum. Le résultat en géographiques), et de l'impact cumulé des
matière sanitaire et phytosanitaire est très concessions déjà octroyées par l'UE sur ses
satisfaisant. La mise en œuvre provisoire filières sensibles, bœuf, sucre et éthanol
de l'accord n'interviendra pas avant 2019. notamment.

Ces éléments seront également parti-


D'importantes négociations culièrement importants dans les négo-
encore en cours ciations qui s'ouvrent en été 2018 avec
l'Australie et avec la Nouvelle-Zélande, du
La négociation avec les pays du Mercosur fait de la sensibilité des filières de viande
(Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay), bovine, de produits laitiers et de viande
débutée en 1999, suspendue en 2004, a ovine. Compte-tenu du volume des flux
repris depuis mai 2016. Cette négociation commerciaux existants entre ces pays et
suscite une grande attention des secteurs le Royaume-Uni, qui est notamment le
agricoles et agroalimentaires concernés premier, et de loin, importateur de l'UE en
(bœuf, sucre et éthanol notamment) et a viande ovine néo-zélandaise, l'incertitude
fait l'objet d'interventions très fermes du entourant la négociation du Brexit fonde
Président de la République sur les conditions les demandes de prudence de la part des
d'acceptabilité pour la France de cet accord. secteurs concernés.

LES AIDES EUROPÉENNES À LA PROMOTION 

En 2017, le régime d’aide européen aux programmes simple sur le marché intérieur, à 80  % pour les
d’information et de promotion des produits agri- programmes multiples et les programmes simples
coles établi par le règlement (UE) n°1144/2014 a en pays tiers. Le budget disponible en 2017 pour
très largement bénéficié à la France. Parmi les 52 soutenir financièrement ces programmes était de
projets retenus pour un cofinancement en réponse 111 M€, les demandes des États membres repré-
à l'appel à propositions lancé par la Commission sentaient 253 M€.
européenne le 12 janvier 2017, 17 programmes
simples français, et 5 programmes multi pays En 2018, le nouvel appel à propositions lancé en
coordonnés par la France, ont été sélectionnés. janvier prévoit davantage de financement: 179 M€
Ce résultat place la France au premier rang des dont 100 M€ pour les programmes simples, 79
bénéficiaires de ce dispositif d'aide, avec plus de 45 M€ pour les programmes multi pays. Les priorités
M€ d'aides versées à des programmes de promo- sont la promotion des systèmes de qualité de l'UE,
tion. Les projets bénéficient de soutiens finan- la filière ovine et caprine, les fruits et légumes, et
ciers élevés, qui vont de 70  % des coûts éligibles deux zones géographiques: Chine/Asie du Sud Est
des programmes, dans le cas d’un programme et États-Unis/Canada/ Mexique.
LES NÉGOCIATIONS SANITAIRES ET PHYTOSANITAIRES 

Les négociations multilatérales dans Les négociations bilatérales Missions rattachées au BEPT
le cadre de l'OMC Au-delà des négociations multilatérales, Les ouvertures de marché passent le
Les négociations sanitaires et phytosani- des négociations doivent donc être plus souvent par l’accueil de missions
taires reposent dans un premier temps menées avec les pays-tiers, soit pilotées d’inspection réalisées par les auto-
sur la participation active aux travaux par la Commission européenne (notam- rités des pays tiers. Il s'agit soit d'audit
des organisations internationales ment dans le cadre des accords de libre « système » qui visent la reconnaissance
normatives, ainsi qu’au comité SPS de échange, avec un suivi par la partie fran- de l'équivalence de système sanitaire
58 l’OMC. La DGAL (direction générale de çaise en fonction de nos intérêts), soit par et l'acceptation de nos pratiques, soit
l'alimentation) y participe largement. les autorités françaises. Ces négociations d'audit «  agrément  » pour valider les
Avec la baisse historique des barrières sanitaires permettent de fixer les condi- autorisations d'export des établisse-
douanières, les réglementations sani- tions sanitaires et phytosanitaires d’ex- ments. En 2017, le BEPT a organisé l'ac-
taires et phytosanitaires adoptées portation des produits agricoles et agroa- cueil de 25 missions pays tiers pour un
par les pays importateurs afin de se limentaires. total de 146 jours.
prémunir contre l'introduction de mala- Pour les négociations pilotées par la En plus du suivi des audits et de l'éla-
dies animales, d'organismes nuisibles Commission, la France porte ses inté- boration des instructions à l'intention
aux végétaux et d'aliments impropres à rêts à l'export via différents groupes des services déconcentrés, le BEPT est
la consommation humaine ou animale à Bruxelles, entre autres les groupes partie prenante des cycles de formation
constituent de plus en plus les princi- Conseil du Potsdam (animal) et du à l’attention des exportateurs et/ou des
pales barrières aux échanges commer- Roosendaal (végétal). services officiels afin de les familiariser
ciaux. Certes, l'accord sur l'application Au sein de la DGAL, c'est le bureau aux procédures export.
des mesures sanitaires et phytosani- export pays tiers (BEPT) de la sous-direc- L’État a également engagé la moderni-
taires (accord «  SPS  ») définit les règles tion des affaires sanitaires européennes sation de la base de données sanitaires
auxquelles les gouvernements des pays et internationales (SDASEI) qui encadre à l’exportation, « Exp@don ». Ce projet,
membres de l’OMC doivent se conformer ces négociations. dénommé Expadon 2 est co-piloté par la
afin de limiter les entraves injustifiées En 2017, les négociations France-Pays DGAL et FranceAgriMer. A terme, il four-
au commerce international, tout en tiers ont par exemple permis dans le nira un service en ligne permettant aux
leur permettant d’adopter des mesures domaine animal d'ouvrir 18 nouveaux services de l’Etat et aux exportateurs de
propres à assurer la protection de leurs marchés, de rouvrir 14 marchés soumis à produits agroalimentaires, mais aussi
populations (humaines, animales et embargo et dans le domaine végétal d'ou- d’animaux et de végétaux, de gérer, de
végétales) à un niveau qu’il leur appar- vrir 4 nouveaux marchés et en rouvrir 1. manière totalement dématérialisée,
tient de fixer. Certes, cet accord encou- les procédures sanitaires et phytosa-
rage les gouvernements à établir au La priorisation des négociations bila- nitaires (SPS) liées aux exportations.
niveau national des mesures sanitaires térales avec les professionnels via les Au 1er juin 2018, seule la partie «  agré-
et phytosanitaires compatibles avec les comités export SPS FranceAgriMer ment » des établissements est gérée par
normes, directives et recommandations Le ministère de l’Agriculture et de l'Ali- Expadon 2. La partie « certificats » sera
internationales élaborées par les trois mentation a mis en place avec Fran- progressivement déployée entre 2019
organisations normatives que sont la ceAgriMer pour chaque famille d'expor- et 2020. Cette plateforme permettra
commission du Codex alimentarius, l’Or- tateurs (deux sections végétales, trois également une circulation plus rapide,
ganisation mondiale de la santé animale sections animales) un comité export SPS mieux partagée, et mieux ciblée des
(OIE, anciennement Office international qui permet deux fois par an de fixer les informations notamment en cas de
des épizooties) ou la Convention interna- négociations prioritaires (pays/produits) crise sanitaire, dans le cadre du traite-
tionale pour la protection des végétaux et de faire les points des négociations ment des notifications SPS de l’Organi-
(CIPV). Certes, les membres de l'OMC, en cours. Le comité établit ainsi une sation Mondiale du Commerce (OMC),
lorsqu'ils établissent leurs propres « feuille de route » des négociations. ou encore pour le suivi des priorités de
normes, doivent les fonder sur la base Fin 2013 un comité visant à prioriser négociation SPS.
d'une évaluation scientifique des risques les négociations relatives aux obstacles Expadon 2 a également vocation à
pour qu'elles n'entraînent pas de discri- techniques au commerce (OTC) asso- reprendre l’outil Impadon qui permet de
minations injustifiables entre les pays ciant la DG Trésor et la DGCCRF s'est mettre à disposition du grand public des
où existent des conditions sanitaires ou construit sur le même modèle. informations relatives aux conditions
phytosanitaires similaires. Au 1er juin 2018, la feuille de route d'importation des marchandises sani-
Mais malgré ce cadre facilitant, il reste comprend un peu plus de 200 couples taires et phytosanitaires sur le territoire
indispensable de mener des négocia- pays/produit. de l'Union européenne.
tions au niveau bilatéral.
COMPÉTITIVITÉ INTERNATIONALE DES ENTREPRISES AGROALIMENTAIRES
FRANÇAISES, QUELQUES ÉCLAIRAGES RÉCENTS 

Carl Gaigné, Karine Latouche


Chercheurs INRA, UMR SMART-LERECO

Le secteur agroalimentaire français parmi les entreprises exportatrices, très Outre les réseaux mobilisés par l’entre-
affiche toujours un solde commercial peu sont en mesure d’exporter plus prise, les travaux de l'INRA montrent aussi
positif et est l’un des secteurs ayant le de trois années consécutives (environ l’importance de l’adoption de démarches
plus contribué à la reprise des exporta- 25 %). Si de nombreux facteurs de volontaires, publiques ou privées, dans
tions françaises en 20171. De nombreux compétitivité ont été identifiés (comme la compétitivité des entreprises fran- 59
défis demeurent cependant à relever. la productivité des facteurs de produc- çaises agroalimentaires. Par exemple, les
La France continue à perdre des parts tion, la taille des entreprises, la qualité indications géographiques et leur inté-
de marché par rapport à ses principaux des produits), un éclairage est néces- gration dans les accords internationaux

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR


pays rivaux. L’embargo russe sur les saire sur deux ressorts importants, mais permettent aux entreprises d’accéder à
produits alimentaires a été un évène- méconnus, de la performance à l’expor- de nouveaux marchés. Cette question a
ment éclairant pour apprécier la perte tation des entreprises : les relations avec été abordée en s’intéressant à l’impact
relative de compétitivité de certaines les acteurs se situant à l’aval des filières, des Appellations d’Origine Protégée
filières françaises par rapport à ses d’une part, et les démarches volontaires, (AOP) sur la compétitivité des entreprises
concurrentes européennes. L’évaluation publiques ou privées, d’autre part. de l’industrie fromagère5. Même si la part
des effets directs et indirects de l’em- des fromages bénéficiant de l’appellation
bargo sur les exportations françaises et Même si les relations avec les enseignes AOP dans les exportations françaises de
européennes n’est cependant pas simple de la grande distribution sont présen- fromage demeure faible (environ 5 %),
à quantifier car il faut être en mesure tées comme conflictuelles, ces dernières le label AOP facilite l’activité d’exporta-
d’isoler son effet des autres évène- peuvent avoir un effet moteur sur l’ac- tion pour les entreprises impliquées et
ments ayant eu lieu en même temps tivité internationale des entreprises permet des prix moyens des produits
comme les baisses du prix du pétrole agroalimentaires. En effet, l’internatio- exportés plus élevés tout en demeurant
et de la valeur du Rouble2. L’embargo nalisation croissante de la grande distri- compétitif. Les résultats suggèrent par
russe expliquerait, selon les estimations bution favorise les exportations alimen- ailleurs que les produits AOP sont perçus
de l'INRA, seulement 45% de la baisse taires des pays d’origine des enseignes3. comme des produits de qualité par les
des exportations de produits visés par Selon les estimations de l'INRA, un consommateurs étrangers qu’ils soient
l’embargo de l’UE-28 vers la Russie (une doublement des ventes de la grande européens ou non.
perte d’environ 125 millions d’euros par distribution d’un pays donné dans un
mois en moyenne). Cependant, si l’Alle- pays hôte entraînerait, en moyenne, une Les certifications privées peuvent aussi
magne et la Pologne ont compensé leurs augmentation de 18,6 % des exporta- constituer un levier à l'export pour les
importantes pertes sur le marché russe tions agroalimentaires du pays d’origine entreprises agroalimentaires. Les travaux
par une forte augmentation des exporta- vers le pays hôte. L’internationalisation de l'INRA montrent que les entreprises
tions vers d’autres partenaires commer- de la grande distribution nationale serait ayant adopté le référentiel privé IFS
ciaux (principalement intra-UE), cela s’est donc un atout non négligeable pour les (International food standard), sont celles
fait au détriment d’autres pays de l’UE, exportateurs de produits alimentaires. qui bénéficient le plus de la présence des
tels que la France. La nature des relations avec les inter- distributeurs français à l’étranger6. La
médiaires (grossistes et détaillants) certification entraîne, en moyenne, un
Un des leviers d’action pour améliorer constitue également une variable stra- supplément d’exportation de l’ordre de
les exportations des entreprises agroa- tégique pour l’entreprise agroalimen- 15 % dans les pays où la grande distribu-
limentaires françaises est de permettre taire pour réussir à l’export. L’acquisition tion française est installée.
à un plus grand nombre d’entreprises d’intermédiaire par prise de participa-
de vendre leurs produits à l’étranger. En tion financière (contrôle d’une minorité
effet, seule une minorité d’entreprises de blocage, rachat d’actions) permet
1. Voir chapitre 1.4 : Échanges commerciaux internationaux - L'agroalimentaire, pilier
tire profit de l’expansion des marchés aux entreprises agroalimentaires, d’une de notre commerce extérieur
étrangers. Quelques chiffres sont néces- part, de gérer le problème de double 2. Cheptea A., Gaigné C., 2018. The trade cost of Russian food embargo. Working
Paper SMART - LERECO, N°18-05
saires pour mesurer l’ampleur des inéga- marginalisation se traduisant par des 3. Cheptea A., Latouche K., Emlinger C., 2014. Multinational retailers and home
country food exports. American Journal of Agricultural Economics, 97 (1): 159-179
lités de revenus liés à l’exportation : plus prix significativement plus faibles et, 4. Gaigné C., Latouche K., Turolla S., 2017. Vertical Ownership and Export
de 80 % des chiffres d’affaires d’exporta- d’autre part, de réduire les coûts de Performance: Firm-Level Evidence from the Food Industry. American Journal of
Agricultural Economics, 100(1), 46-72.
tion sont réalisées par moins de 10 % des distribution des produits pour atteindre 5. Duvaleix-Tréguer S., Emlinger C., Gaigné C., Latouche K., 2018. Quality and export
performance: Evidence from the French cheese industry. Working paper CEPII, à
entreprises françaises ; trois entreprises les clients étrangers4. Selon les estima- paraitre
agroalimentaires sur quatre ne vendent tions la maîtrise des réseaux de distribu- 6. Cheptea A., Emlinger C., Latouche K., 2015. Do exporting firms benefit from retail
internationalization? Evidence from France. IAW Discussion Papers, 121; Working
pas au-delà des frontières nationales  ; tion dope les exportations. Paper SMART - LERECO, N°15-13.
Liens utiles pour en savoir plus
SITES INSTITUTIONNELS
Le Ministère de l'agriculture et de l'alimentation : http://agriculture.gouv.fr/exporter-des-produits-agricoles-et-agroalimentaires
Le service de la statistique et de la prospective du MAA : http://agreste.agriculture.gouv.fr/
Les actions collectives soutenues par le MAA : https://www.franceagroalimentaire.com/

DISPOSITIFS DE FINANCEMENT
Dispositifs publics d'appui à l'exportation : https://www.bpifrance.fr/#location-3402
Aides européennes à la promotion : https://ec.europa.eu/info/promotion-eu-farm-products_en et http://ec.europa.eu/chafea

LES OPÉRATEURS À L'INTERNATIONAL

60 France Agri Mer : http://www.franceagrimer.fr/International/Exportations/Appui-aux-exportateurs


Business France : https://www.businessfrance.fr/
Adepta : http://www.adepta.com/
61

PANORAMA DES IAA 2018 CRÉER DE LA VALEUR

Usine Blédina à Steenvoorde (59).


Ligne de conditionnement de briques de lait.
LES ENJEUX LIÉS
AUX NOUVELLES TENDANCES
DE CONSOMMATION
Dans le cadre du Contrat de la filière alimentaire le des secteurs d’activité (membres du partenariat) et les
ministère de l’Agriculture et ses partenaires (ANIA, centres de ressources à disposition des entreprises
CGAD, CGI, Coop de France, FCD et FranceAgriMer) (pôles de compétitivité, pôles d’innovation).
ont souhaité une étude visant à mieux comprendre
et anticiper l’évolution des pratiques alimentaires L’analyse de tendances s’est appuyée sur cinq catégo-
des consommateurs français. ries de facteurs de changement.

L’étude réalisée a permis d’identifier 16 tendances, ĈĈ Démographie et modes de vie : vieillissement de

62 elle se présente comme un outil d’aide à la décision


et propose un cadre de réflexion aux différents
la population, diminution de la taille des ménages,
augmentation du nombre de personnes vivant
acteurs de la filière alimentaire, notamment les seules, contraction des temps alimentaires, métro-
petites entreprises (TPE/PME). Elle est destinée à polisation des emplois et concentration grandis-
les aider à adapter leurs visions stratégiques. sante du pouvoir d’achat dans les métropoles.

ĈĈ Économie : depuis la crise financière de 2008, les


Présentation de la méthode contraintes économiques restent fortes pour une
appliquée à l’étude partie des consommateurs pour lesquels le budget
alimentaire est une variable d’ajustement.
Les changements sociétaux sont de plus en plus
rapides et les comportements des consommateurs ĈĈ Culture et valeurs : recherche de réalisation de soi,
évoluent pour plusieurs raisons : urbanisation, indivi- souhait d’une plus grande participation (« consom-
dualisation, accélération des rythmes de vie, dévelop- mateurs-acteurs ») et de nouvelles expériences,
pement de nouveaux rapports à la nature, plus grande attrait pour plus de partage, recherche d’éléments
volatilité des préférences, digitalisation. Il est difficile de réassurance et consommation plus engagée.
pour les entreprises de l’agroalimentaire de les repérer
mais aussi d’y répondre. La veille et une analyse néces- ĈĈ Technologie : développement d’Internet et essor des
sitent du temps et un investissement ; or les petites technologies de l’information notamment.
entreprises n’ont que peu de moyens à y allouer.
Réglementation et normes : l’alimentation fait l’objet
d’un encadrement réglementaire (national, européen,
Besoins des entreprises etc.) sur divers aspects (sécurité sanitaire, information
du consommateur, etc.), ainsi que de différents disposi-
Afin de mieux connaître les pratiques et les besoins des tifs de normalisation, publics et privés.
entreprises de l’industrie agroalimentaire, la démarche
a été de conduire une quarantaine d’entretiens avec Les 16 thématiques identifiées montrent des tendances
des dirigeants d’entreprises et en parallèle de mener qui peuvent paraître antagonistes. Elles révèlent une
une enquête en ligne.  Cela  a permis de récupérer 463 diversité de profils de consommateurs auxquelles les
retours d’entreprises. Des éléments complémentaires entreprises doivent répondre par une adaptation de
ont aussi été fournis par les représentants nationaux leur offre.
� Structure des ménages en 2012 et projection de la structure des ménages en 2025
Source : Crédoc, à partir des données Insee

8,5 % 8,3 %
Monoparental Monoparental

5,1 % 2,4 %
Ménage Ménage
de plusieurs de plusieurs
personnes personnes
sans famille sans famille
52,1 % 45,6 %
Couple 2012 2025
Couple

43,7 %
34,3 % Personne seule
Personne seule

Les 16 fiches pour mieux appréhender les comportements alimentaires de 20251 (les fiches 5, 6, 8 et 11, sont
développées ci-après) :
63
1 alimentation durable ;
2 alimentations particulières et communautés ;

PANORAMA DES IAA 2018 LES ENJEUX LIÉS AUX NOUVELLES TENDANCES DE CONSOMMATION
3 alimentation santé - bien-être ;
4 baisse de la consommation de protéines animales ;
5 consommateur stratège ;
6 digital et alimentation ;
7 faire soi-même ;
8 individualisation ;
9 moins de gaspillage alimentaire ;
10 nostalgie et authenticité ;
11 nouvelles expériences liées à la mondialisation ;
12 proximité ;
13 plus de transparence ;
14 prêt à manger ;
15 recherche de naturalité ;
16 recherche de nouvelles occasions de consommation

En parallèle de la mise à disposition de ces fiches tendances, une étude  : portrait de la France en 2025 a été
réalisée, sur la base de projections démographiques, de revenus, de modes de vie, complétées par des projec-
tions concernant les circuits de distribution commerciale alimentaire et la consommation des ménages (dépense
alimentaire globale et par catégorie de produits)2.

1. http://agriculture.gouv.fr/16-fiches-pour-mieux-apprehender-les-comportements-alimentaires-de-2025
2. http://agriculture.gouv.fr/comportements-alimentaires-la-france-en-2025
DIGITAL ET ALIMENTATION
LE SUCCÈS DES DRIVES ET LE POTENTIEL DES VENTES ALIMENTAIRES
PAR INTERNET D'ICI 2025 

Le commerce alimentaire en ligne, malgré un score alimentaire digital pourrait prendre d'autres formes
encore faible, ne cesse de progresser : il représentait à horizon 2025. Celles-ci dépendront également de
4,3 % des achats alimentaires de produits de grande l'offre proposée par les distributeurs  : essaimage de
consommation et frais libre-service en 20143 et pour- nouveaux points et lieu de collecte de ces achats, (re)
rait atteindre 10 % d’ici 10 ans. La vitesse de développe- développement de la livraison à domicile en centre
ment de ce circuit, notamment via le e-commerce, lui urbain, mais aussi en milieu rural face à la disparition
confère progressivement une place significative dans de commerces alimentaires.
le paysage commercial national. La vente à distance
avec livraison séduit notamment des catégories de Au-delà du commerce, dans lequel le digital a déjà
population pour lesquelles le fardeau des courses est commencé à s'ancrer, des perspectives se dessinent
particulièrement lourd en raison d’une activité profes- quant à son intégration dans l'alimentation quoti-
sionnelle surchargée ou de difficultés de déplacement. dienne. L'alimentation connectée pourrait répondre à
de fortes attentes des consommateurs en leur permet-
Les achats en ligne permettent aux consommateurs tant, à titre d'exemple, d'améliorer le stockage des
d'optimiser leur temps libre. Si on se projette à 2025, produits et de lutter contre le gaspillage alimentaire et
leur développement devrait donc augmenter par effet les déchets (emballages connectés, informations sur la
64 de génération. Grâce au numérique, le consommateur
est potentiellement mieux informé et plus exigeant. La
durée de vie, etc.).

période entre l'envie et l'acte d'achat se réduit considé- Enfin, les réseaux sociaux et les sites prescripteurs ont
rablement, c'est l'ère du click&buy, avec de nouvelles une influence grandissante dans les choix de consom-
attentes de services. mation. Alors que dans le domaine de la restauration,
de puissants sites prescripteurs se sont imposés, le
Pour s'exonérer partiellement ou totalement de même phénomène pourrait se développer pour l'ali-
l'achat sur place, plusieurs solutions sont utilisées  par mentaire.
les consommateurs. Le click&collect consiste à
commander sur internet son panier de courses, pour Face à ces nouveaux enjeux, les acteurs de la chaîne
aller le chercher plus tard soit en magasin, soit dans alimentaire doivent repenser les stratégies marke-
les points de retrait spécifiques. La forme la plus ting pour les produits sensibles aux achats d'impul-
représentée du click&collect, et spécifique à la France, sion et pour le lancement des nouveaux produits,
est le click&drive. Toutefois, alors que l'utilisation des avec des délais de mises en marchés accélérés. Ils
formules 'drive' commence à afficher une certaine doivent appréhender des politiques spécifiques
maturité, le click&collect continue à se développer au digital, comme la e‑réputation, avec des coûts
sous différentes formes. de développement parfois importants et des outils
puissants réservés aux plus grands opérateurs (valo-
Le premier drive français a ouvert en 2000, mais le risation du big data et marketing ciblé). Les marques
déploiement réel des drives date de 2007-2008, au utilisent les réseaux sociaux pour renforcer la fidé-
moment où le haut débit arrive dans les foyers. Cette lisation et la communication individuelle et person-
tendance s'est peu à peu diffusée chez l'ensemble des nalisée auprès des consommateurs. L'exploitation
consommateurs, mais avec une prédominance chez des données individuelles par différents groupes
les jeunes actifs avec enfants. d'acteurs pour analyser les comportements des
consommateurs sera de plus en plus confrontée à
Au moment où l'essor des pratiques liées au drive une tendance inverse, celle des consommateurs
semble ralentir et que ce segment arrive à matu- exigeant de plus en plus la sécurisation de leurs
rité, le développement des usages liés au commerce données personnelles.

3. + 12 % en un an selon l’institut Kantar Worldpanel


UN CONSOMMATEUR STRATÈGE 

Le consommateur porte une très grande attention à ĈĈ il recherche également la praticité et le gain de
son budget alimentaire, et avec le développement de temps en matière d'alimentation. Le temps consacré
l'offre et la concurrence des distributeurs, il est incité au déjeuner a ainsi considérablement diminué sur
à comparer les produits et les services qui lui sont les vingt dernières années. Cette tendance devrait
proposés. Il développe des stratégies pour bénéficier se poursuivre en 2025 en raison du développement
de certains avantages et services, d'un large choix, de d'un mode de vie urbain qui implique des temps de
produits de qualité, ou encore pour gagner du temps. déplacement importants, et la nécessité d'articuler
temps de travail et temps de loisirs ;
Le consommateur se sent également concerné par les ĈĈ il n'hésite plus à chercher et publier des avis sur
conditions de production (impact environnemental, internet concernant les enseignes et les produits. Le
risques industriels…), et les conditions de travail consommateur cherche à avoir accès aux bons plans
des salariés. Cette tendance devrait se renforcer et ses attentes sont plus fortes vis à vis des réseaux
au cours des prochaines années dans un contexte de distributeurs, des industriels et des producteurs.
de forte implication en faveur d'une consommation
responsable et engagée. En effet, les consommateurs Enfin, on constate que la valeur plaisir est de nouveau
veulent disposer d'une information complète sur les au cœur des attentes des consommateurs, alors
implications de leur alimentation, en termes de santé qu’elle était moins importante que la valeur santé au
notamment. cours des années 2000-2010. Le plaisir ne se trouve

Le renforcement de l'utilisation des réseaux sociaux, la


plus uniquement dans le produit en lui-même, mais
dans l'acte d'achat : le consommateur va choisir de se
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médiatisation des scandales et crises alimentaires et le faire plaisir en utilisant des services complémentaires,
développement de l'alimentation santé/bien-être sont comme la livraison à domicile, qui vont lui apporter un

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autant de facteurs qui portent cette tendance. certain confort.

Le consommateur stratège adopte les comportements La recherche d'un produit bon et sain, et le meil-
suivants : leur rapport qualité-prix aura pour conséquence, de
ĈĈ il tente d’obtenir à la fois des prix bas, de la qualité manière peut-être paradoxale, le développement
et du service. Pour y répondre, le modèle du de produits haut de gamme, une accélération de la
hard-discount se réinvente. Lidl opère depuis 2012 premiumisation des marques de distributeurs, néces-
une montée en gamme  : nouveau positionnement, sitant de nouvelles stratégies de différenciation et de
investissements pour rénover et moderniser ses codéveloppement, et un affaiblissement important de
points de vente, campagne de communication, etc. ; la vente d'aliments peu qualitatifs.
TENDANCE INDIVIDUALISATION  

L’évolution des structures familiales impacte les du digital favorise l’amélioration de la connaissance
comportements alimentaires. La part de personnes des entreprises sur les goûts et les habitudes des
vivant seules est passée de 27 % à 34 % de l’ensemble consommateurs.
des ménages entre 1990 et 2012, et devrait passer à
44 % des ménages à l’horizon 2025. Cette augmenta- Toute la chaîne est impactée par la montée de de l’in-
tion relève du fait du vieillissement de la population, dividualisation. L’attente de produits individualisés par
du célibat et des divorces plus répandus. Les attentes le consommateur a des impacts sur :
des personnes vivant seules sont différentes en termes ĈĈ la communication et le marketing et l’emballage ;

de produit ou de quantité. Ces attentes se retrouvent ĈĈ la restauration et les formules/formats plats qu’elle

aussi au sein des familles, les modes et rythmes de vie propose ;


impliquent que chacun des membres puisse adapter ĈĈ l’artisanat qui a élargi son offre en proposant des

ses repas. Les repas pris en commun sont plus rares, formats individuels ;
et la composition d’un repas n’est pas forcément la ĈĈ les circuits de distribution qui ont multiplié le nombre

même pour une famille. L’apparition de formats indi- de leurs références avec des gammes plus adaptées ;
vidualisés, portions et emballages permet de choisir ĈĈ la logistique et les grossistes avec une augmenta-

un produit préféré. Cette individualisation répond tion de la manutention et aussi des volumes liée à la
aussi à un besoin de mobilité accru, les horaires et les réduction des formats ;
lieux des prises de repas favorisent l’augmentation du ĈĈ la transformation qui adapte sa gamme avec des

66 nombre de produits de formats individuels. portions plus petites et qui doit aussi prendre en
compte l’impact néfaste sur l’environnement de la
Les profils des consommateurs les plus concernés, multiplication des emballages ;
sont essentiellement urbains, ont moins de 60 ans ĈĈ la production agricole qui modifie ses pratiques en

(actifs, jeunes et familles) et ont un niveau d’éducation sélectionnant des espèces végétales plus petites et
élevé. pour répondre à de nouveaux standards imposés
par les industriels.
La montée de l’individualisme se traduit aussi par
la volonté de chacun de s’affirmer au travers de sa L’impact général lié à cette tendance à l’individualisa-
consommation, la tendance à s’identifier à des produits, tion et aux petits formats porte sur l’augmentation des
et à choisir ses aliments. La restauration permet d’of- emballages des portions et de leur coût. Leur compo-
frir au consommateur le choix des ingrédients ou des sition fait l’objet de travaux de recherche afin de dimi-
accompagnements. La technologie permet aussi aux nuer leur effet néfaste sur l’environnement (rempla-
industriels de répondre à une attente de personnalisa- cement des matières par des produits biosourcés,
tion en termes de marketing produit, avec la possibilité emballages compostables). Des instituts techniques
de personnaliser l’étiquette par exemple. L’utilisation agro-industriels contribuent à ces travaux.
NOUVELLES TENDANCES LIÉES À LA MONDIALISATION 

Les Français sont attachés à leur patrimoine gastrono- Outre les nouveaux produits, ce sont aussi de nouveaux
mique mais ne ratent pas une occasion de profiter du concepts de restauration commerciale qui ont été
meilleur des autres cultures culinaires. importés sur le territoire comme le food truck. Selon
l’association « Street Food en Mouvement », il existerait
Les moteurs de la tendance sont liés à : près de 500 food trucks (chiffres datant de 2015) dans
ĈĈ la démographie, l’immigration apportant ses tradi- l’hexagone, dont une grande part dans la capitale.
tions culinaires et favorisant le brassage des popu-
lations et des cultures ; D’autres impacts apparaissent aussi sur la communica-
ĈĈ aux valeurs culturelles, à la découverte de nouvelles tion et le marketing avec le développement de packaging
cultures, au tourisme gastronomique, qui attirent reprenant les codes des différentes cuisines du monde
aussi les jeunes générations ; ou proposant des éditions limitées permettant de tester
ĈĈ aux modes de vie par l’augmentation des échanges de nouveaux concepts. On assiste au développement de
dans un monde globalisé. labels qui prennent en compte les préoccupations des
consommateurs sur les aspects éthiques des modes
Les consommateurs sont également préoccupés par de production. Concernant l’artisanat les opportunités
l’impact social de leur consommation, d’autant plus résident dans l’innovation avec la possibilité de créer
que les produits et matières premières proviennent de nouvelles gammes avec de nouveaux ingrédients et
de l’autre bout de la planète. Aussi, la recherche aussi la recherche de nouveaux terroirs/territoires. Pour
de nouveaux goûts et la croissance des échanges
mondiaux en matière alimentaire ne s’opèrent-elles
les canaux de distribution, les ventes en ligne permettent
aux distributeurs, artisans et industriels d’envoyer direc-
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pas sans le désir de produits respectueux de ceux qui tement des produits. Les circuits traditionnels de distri-
les ont élaborés, en accord avec les valeurs éthiques bution et de grossistes portent une attention plus accrue

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auxquelles les consommateurs sont attachés. sur les conditions de production. Le secteur de la produc-
tion agricole peut produire certains nouveaux produits
Les jeunes générations habituées à voyager aiment en tenant compte des conditions pédoclimatiques, en
retrouver cette mixité culturelle dans leur alimenta- sélectionnant l’espèce ou la race la plus appropriée et
tion. Des concepts de restauration porteurs et inno- l’opportunité d’une diversification.
vants, plébiscités par les citadins, bénéficient aussi de
ce phénomène de mondialisation. L’engouement pour une ouverture vers d’autres
cultures culinaires peut être considéré comme un
La cuisine asiatique est prédominante depuis plusieurs phénomène de mode, toutefois cette tendance permet
décennies, suivie par la cuisine mexicaine et enfin par aux consommateurs d’avoir une veille éthique sur les
la cuisine méditerranéenne. Sur ce marché, cela repré- conditions de productions des produits étrangers.
sente +5 % en 2013 de produits exotiques en grandes
surfaces, représentant 330 millions d’euros4. Malgré un coût des produits pour le consommateur
dans le secteur du commerce équitable, celui-ci devrait
Les restaurants traditionnels ont été un des moteurs continuer à se développer, (+ 72 % de croissance du
de cette ouverture en introduisant des produits étran- commerce équitable en France entre 2012 et 2015).
gers dans leur cuisine. En France, le secteur du commerce équitable est resté
dynamique face à la crise. En 2015 le commerce équi-
Les consommateurs cherchent à allier plaisirs alimen- table a généré un chiffre d’affaires de plus de 660
taires et gain de temps dans la préparation, aussi les millions d’euros (contre 94 millions d'euros en 2004),
kits culinaires pour cuisiner chez soi sont très prisés. ce qui représente cependant moins de 0,5 % du chiffre
d’affaire lié aux dépenses alimentaires en GMS5.

4. Étude Xerfi – octobre 2012


5. Plate-Forme pour le Commerce Équitable, 2015

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