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Contestation et mondialisation | David Cameron, Janice

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Contestation et mondialisation - Chapitre 5. Communication et mondialis... https://books.openedition.org/pum/15011?lang=fr

Communication et
mondialisation : un
défi pour les
politiques
publiques
Marc Raboy
p. 133-168

Texte intégral
1 Dans la confusion et le chaos entourant les négociations
menées par l’Organisation mondiale du commerce à Seattle
en 1999, la représentante commerciale américaine, Charlene
Barshefsky, souligna que « la seule véritable menace au
système du commerce multilatéral était l’absence d’un
soutien public »1. Au Canada, l’absence d’un soutien public
pour le projet de l’OMC fut palpable. Le Comité permanent
des Affaires étrangères et du Commerce international de la
Chambre des communes révéla, dans un rapport datant du
mois de juin 1999, que les Canadiens considéraient la
protection de leur identité culturelle et de la diversité
culturelle comme étant une question prioritaire2.

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publicitaire canadien pour les magazines américains a été


réglé lorsque le Canada accepta de modifier une partie de sa
législation en échange du retrait des procédures judiciaires
entamées par les États-Unis auprès de l’OMC3.
3 Cette querelle, hautement médiatisée, n’est qu’une
illustration des nouvelles restrictions imposées à la
souveraineté nationale par la nouvelle économie mondiale. À
vrai dire, ces dernières mettent peu à peu en évidence
certains problèmes que plusieurs acteurs sociaux se sont
efforcés d’aborder. De son côté, le gouvernement canadien a
toujours défendu son droit de poursuivre des objectifs non
économiques dans ses politiques publiques, et cela malgré
son adhésion à des ententes commerciales internationales et
à de nouvelles structures de gouvernance telles que l’ALENA
et l’OMC. Mais la nature de ces nouvelles dispositions ou
structures, dans lesquelles le Canada est un participant actif
et auxquelles les négociateurs canadiens contribuent
énormément, ne permet pas de poursuivre facilement
certains objectifs sociaux et culturels. Cela soulève la
question de savoir comment on peut développer des
politiques publiques valables dans un contexte marqué par le
transfert des décisions nationales à un niveau transnational
ou mondial.
4 Au moment même où cet article est rédigé, un
environnement politique de facto pour la communication
mondiale a été mis en place4. Actuellement, cet
environnement évolue selon sa propre logique, ses propres
exigences, ses propres protocoles et règles, alors que
plusieurs intervenants cherchent à l’influencer le mieux

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envisager la mondialisation comme un défi politique plutôt


que comme une « fin des politiques », ainsi que le soutient le
discours néolibéral de la déréglementation, qui se sert de cet
argument comme d’un leitmotiv.

Pourquoi la communication ?
5 Les mass médias, les industries culturelles, ainsi que les
technologies de l’information et des communications, sont
devenus les principaux catalyseurs de l’activité culturelle, de
la consommation de masse et de la participation à la vie
publique. Ils constituent de plus en plus la base des
communications directes à travers l’espace et le temps. Dans
ces conditions, l’accès aux ressources de la communication
peut être envisagé comme un des éléments fondamentaux
pour édifier la citoyenneté. On est dès lors en présence d'un
phénomène qui soulève des questions politiques capitales
pour le développement de la société civile.
6 Les technologies de l’information et de la communication,
qui par elles-mêmes sont de peu d'intérêt, jouent un rôle
décisif dans les efforts d’intervention économique aussi bien
que dans la sphère culturelle. Les enjeux de ces politiques de
la communication relèvent de ceux qui feront usage de ces
technologies et détermineront les conditions dans lesquelles
elles seront utilisées, en vue de certains projets et dans la
défense de certains intérêts. D’un point de vue conceptuel, la
« communication » est une façon parmi d’autres de décrire
l’espace technologique qui se situe dans l’interface de la
mondialisation économique et de la mondialisation
culturelle. Cet article a pour objet d’examiner les
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mondialisation, les questions qui s’y rapportent ont des


répercussions importantes sur une grande quantité de
problèmes6. Le cadre de travail des politiques mondiales en
matière de communication devient donc une composante
structurelle clé du nouveau cadre de travail touchant la
gouvernance mondiale.
8 Afin de bien comprendre la réalité de ces phénomènes, nous
devons dissocier le mécanisme de la mondialisation et
l’idéologie néolibérale. Même s’il est vrai que nous nous
dirigeons vers une société globalisante, cela ne signifie pas
pour autant qu’il n’y a plus de place pour la loi et les
réglements. L’approche néolibérale en matière de
gouvernance mondiale est un choix politique, non logique :
le développement de la mondialisation économique, en effet,
n’évacue pas la nécessité d’une réglementation. À vrai dire,
l’approche pragmatique néolibérale reconnaît une nécessité
de cet ordre et cherche constamment des nouveaux
mécanismes de réglementation favorisant l’avancement de
son projet politique et les intérêts qui en dépendent. D’autre
part, en matière de politiques démocratiques, il faut
commencer à réfléchir à ce que signifie une « politique
publique mondiale » et aux moyens de délimiter et de définir
un intérêt public mondial7.
9 Par exemple, quels types de mécanismes transnationaux
doit-on mettre en place pour permettre aux autorités locales
(nationales) de réglementer les ressources en fonction de
l’intérêt public ? Que doit-on faire pour atteindre les objectifs
politiques historiques qui ont évolué jusqu’à maintenant au
niveau national ? Pour résoudre les différences culturelles

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favorisant l’expression de valeurs sociales et culturelles


particulières9.
10 Un des éléments clés de la mondialisation est l’intégration
systématique des industries privées transnationales dans les
processus décisionnels, et la mise à l’écart des forces de la
société civile. En ce sens, le nouveau système de gouvernance
mondiale défait les caractéristiques démocratiques mises en
place dans différentes sphères d’activités à l’intérieur de pays
comme le Canada, où il y a au moins une transparence, une
participation minimale et une possibilité de faire des gains10.
De plus en plus d’acteurs commencent à utiliser l’expression
société civile mondiale, même si bien peu d’individus ont
conscience des exigences politiques que requiert, au niveau
des communications, le système démocratique de
gouvernance mondiale qu’ils imaginent. Pour y parvenir,
nous pouvons nous inspirer de l’expérience des efforts
nationaux et historiques qui ont cherché à orienter les
communications vers des objectifs d’intérêt public.
11 Au point de départ, je suis d'accord avec Robin Higham pour
dire que les questions touchant la communication et les
politiques culturelles constituent un secteur de
« superposition horizontale des politiques, une politique des
politiques ». À mon avis, « ce sont là des objectifs dont il faut
tenir compte, de la même manière que nous tenons compte
aujourd’hui des questions environnementales, des droits de
l’homme et de la justice dans les prises de décisions des
gouvernements et de la société civile »11.
12 Selon Higham, « le conflit politique opposant le commercial
et le culturel est probablement, aux yeux de la population

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différentes factions politiques13. À l’échelle mondiale, la


contradiction entre culture et commerce apparaît comme un
des principaux clivages du XXIe siècle, comme un leitmotiv
de la mondialisation. Au Canada, nous avons constaté son
importance depuis longtemps ; c’est pourquoi nous sommes
sensibles à ses symptômes et avons acquis une vaste
expérience pour affronter les problèmes qui
14
l’accompagnent . À maints égards, pour le Canada, c’est une
question de survie, non « en tant que nation », mais plutôt
dans la façon dont nous définissons chacun à notre manière
ce qui nous distingue. La question des politiques
communicationnelles est directement liée à la politique
identitaire ; en ce sens, elle est liée aux inquiétudes portant
sur la cohésion sociale.
13 Les politiques en matière de communication doivent
également s’attaquer à tout un ensemble de questions
touchant le développement culturel. Dans une étude de 1993,
une équipe de recherches, comprenant l’auteur de cet article,
a défini le développement culturel comme étant « le
processus par lequel les êtres humains s’approprient les
ressources individuelles et collectives nécessaires à leur
participation à la vie publique »15. Durant notre période de
réflexion, nous avons remarqué que « la clé pour faire face
aux défis du développement culturel dans le nouveau
contexte mondial consiste à repenser le rôle de l'État et des
politiques publiques »16. Il y a quelques années, on
considérait comme novateur le fait de souligner la nécessité
pour le Canada de pratiquer des politiques nationales
culturelles et communicationnelles dans un contexte de

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s’avéraient fondamentaux pour le commerce mondial »17.


Cette tendance s’est poursuivie et s’est accentuée avec les
années. Dès lors, il est important de comprendre l’évolution
de ce phénomène, ses racines historiques, son apparition au
XIXe siècle en tant que régime de gouvernance
internationale, dans le domaine des technologies de
l’information et des communications. De voir aussi comment
se sont établies les institutions multilatérales réglementant
les relations internationales dans ces secteurs et de discerner
comment ont été définis les paramètres du nouvel
environnement mondial des communications.
15 Étant donné que les gouvernements nationaux sont toujours
des éléments clés de ce nouvel environnement, il est crucial
également de comprendre la montée et le déclin de
l'intervention politique nationale en matière de
communications, surtout si on considère que le Canada
fournit l’un des exemples historiques les plus intéressants.
L’expérience canadienne, en effet, nous permet d’apprécier
des approches politiques « mixtes » au sein des sphères
nationales et transnationales, tout en cherchant à encadrer le
terrain des politiques dans le domaine des communications
mondiales.
16 Cet article va donc esquisser brièvement l’arrière-plan
historique de l’apparition de la mondialisation des
communications, autant au Canada que sur le plan
international. Mais il est essentiel de procéder
immédiatement à quelques observations préliminaires.

La mondialisation et les communications


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pour décrire le processus qui commença en 1492, mais le


saut que leur conscience aurait eu à subir appelle une
comparaison. D’un point de vue théorique, la
« mondialisation » peut être vue comme un processus où
l’introduction d’éléments externes transforme le contexte
dans lequel une collectivité a toujours évolué.
18 Par-delà la notion d’horizon élargi, le terme
« mondialisation » renvoie également aux processus
d’intégration. Le colonialisme et le développement du
capitalisme marchand ont ajouté de nouveaux liens à
l’économie mondiale embryonnaire née du commerce de la
soie et des épices. Cette économie fut rendue possible par les
premières technologies de la communication et se développa
avec chaque nouveau progrès technologique. Du slogan « le
soleil ne se couche jamais sur l’empire britannique » on
passa à la notion de « guerre mondiale », puis au concept de
« village mondial », l'idée s’imposant d’un monde de plus en
plus petit et de plus en plus interconnecté. Il s’agit donc
d’une longue histoire vécue par la culture occidentale.
19 Mais peut-on dire alors qu’il y a quelque chose de nouveau
dans l’expression « mondialisation » que nous utilisons
aujourd’hui ? Indéniablement, ce terme a pris un nouveau
sens par rapport à celui qu’il avait auparavant19. De mon
point de vue, cette expression vise à décrire un certain
nombre de caractéristiques de notre monde actuel, chacune
de celles-ci soulevant un ensemble de questions spécifiques
concernant la communication, et plus particulièrement
concernant les politiques qui s’y rattachent.

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Pendant près de 300 ans, la souveraineté nationale fut une


notion prépondérante, la politique mondiale étant marquée
par les conflits entre les États souverains, entre les groupes
alliés d’États souverains ou entre les États impériaux et leurs
colonies. Au cours des cinquante dernières années du XXe
siècle, toutefois, le système Westphalie a été miné par de
nombreux facteurs, entre autres par l’instauration du
système des Nations Unies fondé en théorie sur la
participation égale des États souverains et l’émergence
parallèle de plus de cent États postcoloniaux. L’État national
demeure encore le mode principal d’organisation et de
représentation politiques, aussi bien sur le plan intérieur
qu’au niveau international, mais il doit de plus en plus
partager sa souveraineté avec d’autres acteurs. Un des
principaux défis pour la « mondialisation », en ce début du
XXIe siècle, est donc de repenser et d’actualiser notre
conception de la souveraineté ainsi que du rôle de l’État.
21 Alors qu’ils menaient autrefois des politiques de façon
autonome dans tous les domaines d’intérêt public, les États-
nations aujourd’hui négocient en tenant compte de leurs
électeurs dans les différents forums où les problèmes de
politique transnationale sont discutés et réglés. En matière
de communications, cela soulève des questions concernant la
réglementation, les fonds publics, l’équilibre entre les
services commerciaux et les services public, l’accès aux
communications, la liberté d’expression et la pertinence de
censurer des contenus dangereux, etc. On pourrait dresser
des listes de ce genre pour d’autres secteurs d’activités. Mais
ce qui caractérise les politiques communicationnelles, c’est

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difficultés à cerner. Par ailleurs, savoir dans quelle mesure


l’Internet demeure accessible à tous et reste relativement
non commercial est une question qui ne peut être réglée que
par des accords transnationaux. Pendant ce temps, le monde
des affaires va chercher des solutions sans se préoccuper de
l’intérêt public. Comme on le voit, les gouvernements
nationaux ne peuvent agir seuls pour aborder de telles
problématiques. En réalité, les communications sont
devenues un des champs de bataille où les États-nations
s’efforcent de récupérer ce qu’ils ont perdu de leur
souveraineté en matière de culture.

L'intégration accrue de l'économie mondiale


22 Une fois encore, ce processus remonte aux temps anciens. La
situation actuelle est toutefois sans précédent pour ce qui est
de la vitesse et de la portée du phénomène. C’est à la fois une
source sans précédent de stabilité et d’instabilité. D’une part,
on peut maintenant se procurer une copie unique d’un vase
de Murano du XVIIe siècle dans des endroits comme Paris,
Tokyo ou Montréal pour pratiquement le même prix. D’autre
part, des dizaines de compagnies respectables, comme, par
exemple, des fabricants de chaussures, ne sont plus viables
dans plusieurs parties du monde. Des régions entières sont
exclues de la participation à l’économie mondiale (c’est de
cette même façon que, à l’époque précédente, les nouvelles
classes sociales sont apparues, à la suite de la naissance de la
production industrielle). En même temps, l’économie
mondiale se caractérise par le rôle toujours plus grand des
entreprises transnationales et par une concentration

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changement important, car, contrairement à l’État, les


politiques démocratiques n’ont pas de prise sur le monde des
affaires.
23 L’intégration économique mondiale arrive chargée d’une
idéologie très séduisante qui se déploie largement dans la
sphère de la culture et de la communication. Les industries
culturelles mondiales mettent en marché non seulement un
ensemble de produits mais également une certaine
conception de la vie. Imposées à l’échelle mondiale, toutes
les productions culturelles industrielles se réduisent au
divertissement, leur valeur étant purement commerciale. À
l’intérieur de ce cadre, il n’y a pas de place pour les politiques
culturelles nationales, les médias de services publics et
communautaires, ni pour les autres formes de
communication, à moins qu’elles ne constituent des
« exceptions » aux règles du commerce. Dans le cadre de
l’ALENA, par exemple, le Canada a la possibilité de protéger
ses industries culturelles, mais il ne peut le faire qu’en
encourant des représailles des États-Unis dans d’autres
secteurs commerciaux. En revanche, il existe des solutions
embryonnaires qui méritent d'être signalées. En 1997,
l’Union européenne adopta une mesure reconnaissant le
droit aux États membres de continuer à subventionner les
services publics de radiodiffusion, malgré les conséquences
que de telles subventions pourraient avoir sur les avantages
concurrentiels des médias du secteur privé. La justification
de l’UE en faveur de cette mesure fut que l’importance de la
radiodiffusion publique en tant qu'instrument démocratique
est plus grande que les droits économiques des sociétés de

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Le rétrécissement technologique de l'espace et du


temps
24 Les nouvelles technologies de communication ont fortement
marqué chacune des étapes de la mondialisation. Dans la
phase actuelle, toutefois, de nouvelles technologies comme
l’Internet donnent l’impression de faire disparaître l’espace
et le temps. Des transactions financières importantes ont lieu
instantanément en appuyant sur la touche d’un clavier et
indépendamment de la distance. Les agents de change de
Hong-Kong peuvent désormais jouer au bridge en temps réel
avec des coiffeurs de Miami. Pour ce qui est des
caractéristiques que nous avons mentionnées
précédemment, les technologies de la communication ont
contribué à miner le pouvoir débridé des États-nations et à
favoriser l’intégration de l'économie mondiale. Mais elles ont
aussi donné plus de pouvoir aux nouveaux acteurs sociaux,
au point que ces derniers peuvent désormais accéder à ces
technologies. En périphérie de la nouvelle idéologie de la
société d’information, une nouvelle conception de la société
civile prend naissance. Les questions entourant le
développement et l’utilisation des technologies de
communication sont aujourd’hui — comme elles Font
toujours été — au centre des luttes sociales et politiques
contemporaines. Alors que les luttes précédentes se
concentraient sur la liberté d’expression face à l’autorité de
l’État, et plus tard entre les entreprises privées et les services
publics, les luttes actuelles ajoutent à ces nouvelles questions
des caractéristiques propres à la phase actuelle de la
mondialisation. L’Internet, par exemple, a soulevé des
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Microsoft ou l’Union européenne, cherchent à mettre en


place un régime de réglementation mondial régissant
l’utilisation et le développement futur de l’Internet.
25 Comme chacun le sait, les nouvelles technologies de
l'information et des communications s’accompagnent d’une
explosion sans précédent des canaux de communication.
Toutefois, ces technologies ne fournissent pas le contenu
permettant de remplir ces canaux. Savoir qui va s’approprier
ces canaux et comment, et avec quel contenu, sera en
définitive une source importante de conflit. Le monde des
affaires structure l’environnement des nouvelles
communications dans une optique expéditive, qui ne permet
pas à la majorité de disposer des produits haut de gamme.
Cette inaccessibilité crée un déficit démocratique et constitue
une faille dans l’idéologie, au demeurant puissante, de la
société de l’information : l’explosion des communications ne
sert à rien si on n’a pas les moyens d’en profiter. En fait, le
marché de l’information donne plus de pouvoir à ceux qui en
ont déjà et exclut les autres, créant ainsi un écart toujours
grandissant entre l'information des riches et celles des
pauvres. Malgré les nouvelles technologies, l’expansion
culturelle continue d’être déviée du centre vers les
périphéries, du Nord au Sud. D’Atlanta à Ouagadougou, les
produits culturels et informationnels voyagent toujours dans
une seule direction. Par ailleurs, il est difficile pour
quiconque ou pour un pays donné d’échapper à la culture
mondiale. Cette situation a des répercussions à la fois
positives et négatives. D'une part, les États autoritaires ne
jouissent plus du monopole de la connaissance en contrôlant

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La transmission des idées reçues sur l’identité


26 Les contradictions de la mondialisation à l’égard des
questions de politiques culturelles et identitaires sont plus
frappantes dans le domaine des communications. D’une
part, la mondialisation crée un seul environnement culturel
mondial dans lequel tout le monde a accès aux mêmes
messages, réalisés et disséminés à travers un réseau des
réseaux centralisé et contrôlé étroitement. D’autre part, la
mondialisation — en réponse à cet état de fait — encourage
une quête de l’individualité, de la distinction et de
l’affirmation des différences. L’affaiblissement de l’aspect
« national » en tant que première catégorie de référence
pour l’identité est reflété par le renforcement des catégories
qui traversent les frontières nationales, tels la religion,
l’origine ethnique, la langue, le sexe, les classes sociales et
l’orientation sexuelle. Ces changements ont suscité un débat
grandissant autour des nouvelles conceptions de la
citoyenneté, dans la mesure où la phase actuelle de la
mondialisation est marquée par l’émergence de nouvelles
« hybridations » culturelles et de communautés
diasporiques, ainsi que par une distinction entre les
questions culturelles et les territoires géographiques.
Certains, comme Samuel Huntington, du Département
d’État américain, voient dans ce phénomène les germes d’un
« choc des civilisations » géopolitique23.
27 Le phénomène politique des « nations sans États » et des
formes non nationales d’identification pose un problème
spécifique par rapport aux nouvelles formes de gouvernance.
Il n'est pas surprenant que ceci se manifeste tout d’abord
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que des questions qui touchent les États-nations (du moins


en théorie). Cependant, il va devenir de plus en plus difficile
de distinguer entre les deux, dans la mesure où la politique et
la culture s’interpénètrent. De nouvelles pressions vont
s'exercer sur les États-nations, de même que sur les corps
multilatéraux. Dans ces conditions, la convergence à sens
unique entre les médias nationaux et les États nationaux
devient également problématique. De nouveaux médias
transnationaux prennent vie, afin de s’ajuster aux nouvelles
exigences des électeurs dont ils cherchent à obtenir les
suffrages. Il convient d’ailleurs de signaler que les médias
nationaux traditionnels sont les premiers à souffrir de la
disparition des frontières nationales.

L'émergence locale de nouveaux réseaux


mondiaux
28 La contradiction la plus frappante de la mondialisation telle
que nous la connaissons est que tous les phénomènes
évoqués ci-dessus ont donné naissance à une capacité
extraordinaire de travail en réseau parmi les individus et les
groupes de la société civile qui ne voyageaient pas
habituellement ou ne communiquaient pas au niveau
international. Dans tous les secteurs de la vie sociale, les
gens sont maintenant connectés. Certaines de ces
connexions ont favorisé l’apparition d’influences
transnationales autosuffisantes, d’efforts de recherche et de
groupes de pression. La mobilisation internationale contre
l’AMI, rendue possible grâce à l’Internet, est un cas parmi
d’autres. La question qui se pose dorénavant est celle de

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cadre mondial de gouvernance qui prend naissance au


niveau politique (avec les États-nations et les
multinationales).
29 Dans ce contexte, « le droit de communiquer » est devenu
une métaphore à la fois de ce qui est possible et de ce qui est
problématique en matière de mondialisation. Du reste,
certains soutiennent que les problèmes internationaux en
matière de communication vont remplacer ceux de
l’environnement en tant que focalisation des inquiétudes
mondiales et du militantisme de base. Une fois encore, le
paradoxe que nous avons souligné plus tôt entre en jeu : la
communication devient à la fois l’objet et le moyen des luttes
politiques. Les nouveaux réseaux mondiaux de
communication se sont constitués autour de groupes de
travailleurs dans les radios communautaires, au moyen de la
vidéo et des ordinateurs. En fait, ils se concentrent de plus en
plus sur les questions politiques mondiales dans la mesure
où ils reconnaissent le lien entre la politique qui détermine la
nature de la sphère publique mondiale et les activités qu’ils
cherchent à entreprendre afin d’y participer. D’une façon
générale, on peut affirmer que les militants des réseaux
communautaires médiatiques constituent un lien important
dans les débats politiques et les pratiques qui redéfinissent la
communication24.

Un nouveau cadre de gouvernance mondiale


30 Les regroupements régionaux des États, les systèmes
multilatéraux, les accords internationaux, les sites de
délibération mondiale et de réglementation se multiplient à

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plus particulièrement lors des grandes périodes de


changement. C’est un sophisme de prétendre que la
mondialisation signifie la fin de l’intervention politique en
faveur d’un projet social collectif. C’est plutôt la nature de la
collectivité qui doit être repensée et de nouveaux
mécanismes qui doivent être inventés. La mondialisation
facilite ce processus en mettant de l'avant les nouvelles
façons de concevoir l’État et le marché, et en rendant
disponibles les moyens techniques qui favorisent de
nouveaux modes d’organisation sociale. La nouvelle culture
de la communication favorisée par la mondialisation est
également un facteur positif.
31 Des accords politiques et économiques impliquant divers
groupes d’États, comme l’ALENA, l’Union européenne et le G8
créent de nouveaux régimes supranationaux de
réglementation pour régir un ensemble d’activités incluant
les communications. Ces regroupements fonctionnent tous
d’une façon différente, tous selon leur propre raison d'être.
Dans le cas de l’ALENA, l’accent est mis sur les relations
commerciales. L’Europe, de son côté, cherche à développer
une économie d’intégration régionale menée selon un même
ensemble de règles. (À vrai dire, si les directives d’une
« télévision sans frontières », émises par l’UE, visent à
protéger l’espace audiovisuel européen et les entreprises
culturelles européennes, elles ne protègent pas les États
membres les uns des autres.) Le G8, quant à lui, opère en
tant que chambre de compensation pour les projets qui vont
dans le sens de l’intérêt commun des nations
économiquement les plus puissantes. (Il n’est donc pas

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politiques communicationnelles. La Déclaration des droits


de l’homme des Nations Unies fournit des balises pour les
questions concernant le droit à la communication ; à cela
s’ajoute le fait que l’ONU doit s’occuper régulièrement de
problèmes reliés aux médias dans le cadre de solutions à des
conflits et du développement humanitaire. Un travail plus
concret se fait dans les agences spécialisées telles que l’Union
internationale des télécommunications (UIT) et l’UNESCO. Ici
encore, les États-nations constituent la base délibérative et
décisionnelle, mais les multilatérales et les ONG sont de plus
en plus présentes. La réforme attendue de ces agences
multilatérales annonce le nouveau système de gouvernance
mondiale. Pendant ce temps, les traités internationaux
discutés dans le cadre de ces organisations deviennent les
fondements législatifs du nouveau système. C’est le cas
notamment de l’OMC, dont l’accord de 1997 sur les
télécommunications a ouvert aux investissements étrangers
le marché des télécommunications de quatre-vingt-dix pays.
À cet égard, il faut noter que les négociations concernant
l’AMI ont été menées au sein de l’OCDE, organisation bien plus
sélecte, qui regroupe les trente pays les plus riches du
monde.
33 En résumé, l’apparition d’un système de gouvernance
mondiale soulève des questions importantes quant aux
possibilités des interventions politiques futures au niveau
mondial. Nous en examinerons quelques-unes dans la
dernière section de cet article.

Les politiques canadiennes en matière de


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restent les mêmes. Il est par conséquent important


d’examiner le contexte dans lequel les politiques sont
élaborées, du moins si on désire comprendre les défis
politiques que pose à ces pays, et au Canada, la
mondialisation en matière de communication.
35 Les politiques en matière de communication furent un des
thèmes dominants du discours social canadien dès les débuts
de la radio. La communication fut perçue très tôt, au Canada,
comme un moyen de renforcement de l’unité nationale, tout
autant que comme un véhicule du développement social et
un instrument d’affirmation culturelle. En même temps, les
initiatives politiques ont cherché à promouvoir le
développement économique des industries canadiennes des
communications. Ce qui représentait un singulier paradoxe.
Cela provoqua des tensions en sens divers entre les
préoccupations économiques et la culture, beaucoup plus
qu'en Europe ou qu’aux États-Unis où l’un des deux pôles a
traditionnellement prévalu.
36 Pour illustrer ce que nous venons de dire, considérons les
étapes importantes de l’histoire de la communication au
Canada. En 1932, le gouvernement fédéral introduisit une
législation à la suite du rapport de la Commission royale Aird
sur la radiodiffusion. Un des intervenants clés à l’audience
du comité parlementaire sur la Loi canadienne sur la
radiodiffusion fut la Canadian Radio League, l’un des
groupes de pression d’intérêt public les plus remarquables de
l’histoire du Canada (une vaste coalition englobant les
différences de langues, de classes et de régions). Cette
League avait entrepris une campagne vigoureuse afin que le

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communication peut avoir pour des objectifs nationaux très


larges, elle devrait appartenir au peuple, être administrée par
lui et ne pas être adaptée aux messages publicitaires et à la
propagande des compagnies irresponsables qui ne sont
soumises à aucune réglementation ni à aucun contrôle26.

37 Le Canada avait besoin d’une politique et d'un programme


pour le développement de la diffusion, soutenait Spry. Le
rapport Aird fournissait un cadre pour un tel programme,
proposant la création d’un système de radio-diffusion à
grande échelle appartenant au public. Spry et la CRL
appuyèrent cette proposition, en insistant sur l’urgence
d’une telle initiative.
38 Cette urgence était motivée par la tenue d’une convention
internationale sur la radio qui devait avoir lieu à Madrid en
septembre 1932, réunion au cours de laquelle on attribuerait
des fréquences radio aux nations participantes, qui les
redistribueraient chez elles selon les politiques nationales
mises en place. L’intérêt national du Canada était en jeu,
soutenait la CRL, dans la mesure où les groupes commerciaux
américains comme RCA considéraient le Canada comme une
partie de leur territoire. (De leur côté, les gouvernements
européens avaient constitué des monopoles nationaux
chargés d’occuper les ondes.) Qu’arrivera-t-il au Canada,
demanda Spry, s’il ne fait rien, coincé comme il l’est entre les
groupes compétitifs des nations européennes et un groupe
dominant américain ? Sans programme, sans politiques,
comment le Canada pourra-t-il réclamer sa part27 ? Le
Canada avait un choix, qui était clair, comme le fît remarque
Spry au comité parlementaire : « C’est un choix entre les

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pressions internes et externes de la fragmentation et face au


contexte de la mondialisation29. Pour le Canada, chercher à
se distinguer des États-Unis est moins un réflexe de repli
qu’une tentative pour s’ouvrir au reste du monde à ses
propres conditions.

Les services publics face au marché


40 Un bref aperçu historique des efforts canadiens en matière
de politiques communicationnelles et culturelles révèle les
contradictions de la mondialisation telles qu’elles sont
apparues dès les premières interventions de l’État canadien.
Le Canada adopta la Loi de la radiotélégraphie en 1905, deux
ans après la première conférence internationale sur la
réglementation de la télégraphie sans fil, qui eut lieu à
Berlin. Laquelle fut suivie d’une autre Loi de la
radiotélégraphie englobant la radiotéléphonie, en 1913.
L'entrée de l’État canadien dans la sphère de la
radiodiffusion fut ralentie par un conflit avec certaines
provinces, plus particulièrement avec le Québec, qui
réclamait une compétence exclusive dans ce domaine.
41 Les premiers développements de la radiodiffusion
canadienne furent fortement influencés par les deux modèles
dominants de l’époque, à savoir le modèle commercial
américain et le modèle britannique des services publics. La
radiodiffusion au Canada se développa comme un
compromis entre les deux. Toutefois, si le Canada fut
interventionniste et innovateur quant à la protection et à la
promotion du contenu canadien, il le fut plus en théorie
qu’en pratique. Malgré tout, de nombreuses initiatives

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Radio-Canada et l’Office national du film.


42 Une nouvelle stratégie canadienne pour le déploiement des
fonds publics et des politiques vit le jour durant les années
1980. Elle visait non pas tant le développement des services
publics que l'expansion industrielle. La création en 1993 de
Téléfilm Canada en est un bon exemple. Cette société,
constituée comme un secteur de production indépendant,
qui visait non seulement le marché intérieur mais peu à peu
les marchés internationaux, reçut des fonds qui, jusque-là,
étaient réservés à la SRC. L’industrie du câble fut ciblée
comme étant le meilleur véhicule de la radiodiffusion
canadienne, un grand nombre de chaînes canadiennes
payantes et de services spécialisés étant accrédités dans cette
optique. Depuis lors, quoi qu’en dise la rhétorique
nationaliste, les politiques culturelles canadiennes ont
cherché à donner aux entreprises culturelles de ce pays des
avantages concurrentiels sur le marché mondial. Cela a fait
du Canada un partenaire tourné vers la libéralisation des
marchés, la déréglementation et la concentration
industrielle, au grand dépit des négociateurs commerciaux
américains qui voient « l’exception » culturelle insérée dans
l’ALENA comme une forme de protectionnisme peu subtile
qui n’a rien à voir avec la culture.
43 Ce bref aperçu révèle aussi le fait que les politiques sont le
résultat de l’interaction entre des intérêts particuliers,
représentés par les organisations de la structure politique
(l’État, les partis politiques, les bureaucraties, etc.),
l’économie (les secteurs privés et publics et leurs institutions
respectives) et la société civile (des groupes organisés ou non

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initiatives de développement politique particulières30, dans


le lobbying et dans les campagnes de relations publiques,
dans les discours des représentants de l’État, dans les
déclarations ministérielles, dans les représentations au G8, à
l’OMC, dans les négociations au sein de 1'ALENA et dans
d’autres forums. Nous avons observé plusieurs intérêts en
jeu à l'intérieur même du Canada, dans les relations
bilatérales entre le Canada et d'autres pays sur la scène
mondiale, et au niveau géopolitique où le Canada (son élite
mais également ses citoyens) participe de concert avec les
grandes puissances de ce monde à la création et à
l’exploitation du nouvel environnement mondial des
communications.
45 Mais ceci ne doit pas camoufler le fait que, durant la mise en
place d’une tradition d’intervention politique pour les
objectifs socioculturels en matière de culture et de
communication, le Canada a bâti un ensemble important de
pratiques institutionnelles dans ce domaine. Parmi celles-ci
se trouve le principe selon lequel les infrastructures en
matière de communication constituent une pierre angulaire
de l’héritage culturel canadien. Celui-ci, qui est l’instrument
principal pour élaborer des politiques dans les domaines de
la culture et des communications correspond à un système
mixte d’industries privées et publiques, la participation des
groupes sociaux étant une partie centrale du processus
décisionnel politique. À cet égard, le Canada fournit un
modèle de processus pour l’élaboration des politiques de la
communication, qui est imité dans plusieurs parties du
monde.

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infrastructures de l’information et de la convergence des


technologies de communication et de radiodiffusion. Mais y
a-t-il vraiment quelque chose de nouveau dans la manière
dont le débat est engagé ? En un certain sens, tout cela
renvoie aux annés 1960 et à la création du ministère fédéral
des Communications, au lancement d'un programme
national de satellites relais et à la décision d’élaborer des
politiques de la communication dans une perspective à la fois
culturelle et économique. Le développement national et le
développement industriel devaient constituer les deux pôles
des politiques de la communication après 1969. La pierre
angulaire des politiques culturelles canadiennes était le
système de radiodiffusion, administré comme un modèle
mixte du secteur privé et public. Ce système était réglementé
par une agence indépendante, le CRTC, dans le but d’assurer à
la fois une présence canadienne à la radio ou à la télévision et
un développement des industries nationales de production et
de distribution. Au même moment, certaines politiques ont
cherché à mettre en place des infrastructures de
communication, à l’aide notamment de satellites, s’efforçant
d’exporter au nord du 49e parallèle les problèmes du
développement national, dans la sphère... plus confortable
de l’espace intergalactique !
47 En février 1969, Eric Kierans, prenant la parole à la Chambre
des communes à l’occasion d’un débat sur la loi créant le
ministère des Communications, affirma, dans le jargon du
temps, que le nouveau ministère serait concerné « par le
médium et non par le message »31. Ceci s’est avéré juste
jusqu’à ce jour, mais comme tous les spécialistes le savent,

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Confédération avait été édifiée sur des kilomètres de rails à


travers le pays », la Confédération allait être renouvelée par
« un système de communication répondant aux besoins de
tous les Canadiens »32. Le point de vue du ministre reflétait
une confiance aveugle ; nous savons aujourd’hui que les
choses ne se sont pas vraiment passées ainsi. En fait, nous
attendons toujours ces fameuses politiques33.
49 En 1993, on assiste à la fermeture du ministère des
Communications et au regroupement de ses activités au sein
du nouveau ministère du Patrimoine canadien et au sein du
ministère de l’Industrie. C’était la fin d’un processus qui
avait duré vingt-cinq ans en vue de consolider la nation par
l’élaboration d’une politique des communications. Les
vieilles légendes décrivant le Canada comme une société de
l’information devaient dorénavant être revues et corrigées.
Après des décennies de débâcles organisationnelles,
d’échauffourées ministérielles et de priorités politiques
abandonnées, le projet canadien de « l’autoroute de
l’information » fut mis en branle. La seule raison de cette
initiative fut la concurrence des États-Unis et l’avènement de
la mondialisation ; par là, on voulait démontrer que la force
principale de la version 1990 de la société de l’information
reposait, comme aux États-Unis, sur « les affaires et
seulement les affaires ». Lorsque le processus fut relancé, ce
fut dans un nouveau contexte politique où les décisions
concernant les politiques des communications, des
télécommunications et des infrastructures étaient
dorénavant prises à l’intérieur de l’industrie, les secteurs
mous du développement culturel, comme la radiodiffusion,

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industrialisées de fournir de l’aide pour l’édification d’une


infrastructure informationnelle mondiale, les libéraux
annoncèrent en 1994 la mise sur pied d’une autoroute
canadienne de l’information35 Dans le débat qui s’ensuivit,
une nouvelle conception de la communication fut élaborée.

L'accès à la communication
51 Au Canada comme ailleurs, la notion d'intérêt public sert à
légitimer l’intervention de l’État face aux initiatives des
entreprises commerciales. Terme vague et polysémique,
l’intérêt public est défini différemment selon les cadres de
travail et selon celui qui contrôle la définition. Dans le
domaine des politiques traditionnelles en matière de
radiodiffusion et de télécommunication, l’intérêt public fut
conceptualisé autour de deux modèles distincts de
communication et, plus particulièrement, autour de deux
conceptions séparées de l’accès public. Dans le modèle de la
radio-diffusion, l’accent est mis sur le destinataire actif et sur
le libre choix, l’accès renvoyant à l’ensemble des produits
offerts. Dans le modèle des télécommunications, l’accent est
mis sur l’envoyeur et sur la capacité à transmettre un
message, l’accès renvoyant aux moyens de communication.
L’autoroute de l’information propose de faire converger ces
modèles et de travailler dans le sens d’une unification du
cadre de travail pour l'action communicationnelle,
combinant les modèles de la radiodiffusion et des
télécommunications afin que chacune des conceptions de
l'intérêt public soit intégrée au projet. Les politiques qui sont
actuellement en vigueur détermineront la forme et la

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télécommunications, il y a une question plus fondamentale


qui concerne l’accès aux politiques canadiennes des
communications, à savoir la question de l’accès au processus
politique lui-même. Si le rôle des politiques est d’intervenir
sur la manière dont la société est organisée, alors l’accès aux
interventions politiques est un moyen pour les citoyens
d’influencer les arrangements institutionnels et
organisationnels qui structurent la vie de tous les jours. C’est
une des pierres angulaires de la démocratie. Au Canada, ce
principe a constitué une partie importante de l’élaboration
des politiques depuis la Commission Aird : les audiences
publiques sont toujours une exigence légale dans les
procédures du CRTC, fournissant une voie d’accès importante
aux négociations politiques pour ceux qui ne jouissent pas du
privilège d’avoir une position de premier plan en raison des
groupes de pression industriels ou patronaux36. En fait,
l’érosion des consultations publiques est un des aspects les
plus frappants de la phase actuelle de la mondialisation. Elle
prend des proportions dramatiques si on replace ce
phénomène dans le contexte de l'apparition du cadre
politique mondial, où les citoyens du monde n’ont aucun
accès direct à la mécanique politique. Paradoxalement, les
nouvelles technologies des communications pourraient
faciliter la participation démocratique à l’élaboration des
politiques à une échelle sans précédent, si la volonté
politique de l’organiser était présente. Dans cette perspective
de réflexion sur la gouvernance démocratique mondiale, les
politiques en matière de communication deviennent un lieu
décisif de lutte politique.

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considère la mondialisation comme un phénomène récent, il


est possible de retracer une évolution sur un siècle et demi,
plusieurs des premières questions étant toujours débattues
aujourd’hui37.
54 On peut dire que la question des politiques en matière de
communication commence à Paris en 1863 à l'occasion de la
conférence préparatoire à la fondation de l’Union postale
universelle. Pendant les 130 années qui suivirent, les
relations internationales dans le domaine des
communications se limitèrent essentiellement à la gestion
des ressources de la communication utilisées au niveau
national, selon les objectifs et les capacités des États-nations,
les problèmes transfrontaliers étant réduits à la portion
congrue. Des questions telles que l’harmonisation des
standards techniques, l’élaboration d’un système tarifaire
unifié, l’allocation des fréquences radio et les positions des
satellites géostationnaires furent abordées avec le
présupposé que la communication était une affaire nationale
exigeant un minimum de coordination internationale.
55 Entre-temps, une première organisation
intergouvemementale mondiale, l’Union internationale des
télécommunications, fut mise sur pied en 1865 pour fournir
un cadre de développement aux services internationaux de
télégraphie et de télégrammes38. Le traité de Berne en 1875
donna naissance à l’Union postale universelle ; il fut suivi
quelques années plus tard (1886), toujours à Berne, d’une
convention internationale sur les droits d’auteur. Au début
du XXe siècle, on assista à l’apparition de nouvelles
technologies de communications rendant possibles les

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se tint à Madrid en 1932, où fut reconnue la nécessité d’une


convergence des technologies radio et télégraphiques par la
création de l’UIT, aujourd’hui connue sous le nom d’Union
internationale des télécommunications39.

Un monde divisé
56 Les conférences de Madrid et de Washington répartirent le
monde en une série de régions et attribuèrent un ensemble
de fréquences radio à chacune d’elles. Par la suite, une série
de conférences régionales distribuèrent ces fréquences,
chaque État assurant la surveillance de l’utilisation de celles-
ci. Par conséquent, plusieurs modèles de radiodiffusion
virent le jour dans différentes parties du monde durant les
années 1930. Cependant, un modèle de base fut établi, qui
subsiste encore aujourd’hui, à savoir une distribution initiale
des ressources et l’établissement de mécanismes minimaux
de coordination au niveau mondial, la souveraineté passant
avant les conditions d'utilisation de ces ressources au niveau
national. Partout dans le monde, les autorités nationales ont
établi une forme de système qui réglemente l'utilisation des
ondes radio sur leur territoire.
57 Une nouvelle ère dans les communications internationales
débuta à la fin de la Seconde Guerre. L’article 19 de la
Déclaration universelle des droits de l’homme souligna le
droit à l’information. L’UNESCO, créée en 1946, entreprit une
série d’activités qui s’avérèrent décisives pour la
compréhension des liens entre la communication et la
culture, et pour le développement de l’être humain. De
nouveaux corps régionaux, comme le Conseil de l’Europe,

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des accords de Bretton Woods et de la création d’institutions


comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire
international. Le premier Accord général sur les tarifs et le
commerce [en anglais General Agreement on Tariffs and
Trade (GATT)], en 1947, fut l’occasion d’un débat vigoureux
qui aboutit, malgré la philosophie de libéralisme sous-
jacente à l’Accord, à l’acceptation de quotas d’importation
des films étrangers. Depuis lors, les négociations
commerciales multilatérales et régionales ont toujours pris
en considération le fait que les « produits » culturels
constituent un type spécifique de biens et de services
exigeant leur propre ensemble de règles commerciales
internationales.

Vers un nouvel ordre mondial


59 La question de la souveraineté nationale en matière de
communication prit une nouvelle dimension dans le contexte
politique et technologique des années 1960 et 1970, avec
l’apparition d’une douzaine de nouveaux États postcoloniaux
et la mise au point de technologies par satellites rendant
possible la transmission d’images et de sons par-dessus les
frontières nationales. La quantité inégale de contenu
informatif du Nord vers le Sud et l’importance accrue des
ressources techniques conduisit, d’un point de vue
conceptuel, à la formulation de la thèse de l’« impérialisme
culturel », et politiquement, aux efforts visant à créer un
« nouvel ordre mondial de l’information et des
communications »41. Ces questions furent soulignées par la
publication en 1980 du rapport de la commission de

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des ressources techniques dans le domaine de la


communication mondiale43.
60 L’UNESCO a depuis adopté une stratégie de communication
plus discrète, mettant l’accent sur la nécessité de former des
professionnels de la communication et de développer des
institutions médiatiques dans les États « transitionnels » de
l’Europe centrale, de l’Afrique et de l’Asie44. Toutefois, en
1995, une commission mondiale sur la culture et le
développement de l'ONU/UNESCO publia un important
rapport qui remit à l’ordre du jour plusieurs des débats
précédents45. Un des résultats concrets de ce rapport fut la
Conférence intergouvemementale sur les politiques
culturelles pour le développement tenue à Stockholm en
199846.
61 La chute du mur de Berlin fut l'occasion de concevoir un
système mondial de communications sous l'égide de
l’alliance occidentale. À partir de ce moment, les biens et
services culturels furent de plus en plus intégrés aux accords
commerciaux internationaux des années 1990, malgré la
résistance d’un petit nombre de pays, dont le Canada. Sous
les auspices de l’OMC, un marché mondial des
télécommunications a commencé à se former. Situation
paradoxale, alors que le marché se développe, les fusions se
multiplient et le nombre d’intervenants diminue47. La
propriété étrangère et la réglementation des contenus sont
de plus en plus attaquées et menacées de disparition par des
projets comme celui de l’AMI. Des questions refont surface
qui ne pourront être traitées qu’au niveau mondial.

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mondiale » (Global Information Infrastructure (GII)),


adopté par le G7 lors de cette rencontre, représentait un
triomphe impérialiste sans précédent. En effet, il imposait
une vision, un programme et un cadre politique uniques aux
technologies de la communication, concevant celles-ci
comme un moyen d’atteindre une société mondiale idéale
conduite par les forces du marché des capitaux
transnationaux. L’aspect caricatural de ce prétendu projet,
soutenu par les nations les plus puissantes, échappa à la
plupart des observateurs, chose d’autant plus étonnante que,
pour la première fois, les représentants des ONG avaient été
admis à la rencontre du G7.
63 Un an plus tôt (1994), ce projet avait déjà été proposé par le
vice-président américain Al Gore à l’assemblée de l’UIT à
Buenos Aires. En fait, il s’agissait du projet Agenda for
action concocté par l’administration Clinton, en vue de créer
une nouvelle infrastructure informationnelle nationale
(National Information Infrastructure (NII)) définie comme
« le regroupement national des réseaux, des ordinateurs, des
logiciels, des ressources informationnelles, des
programmeurs et des producteurs »48. Le NII fut l’objet de
débats vigoureux aux États-Unis, durant lesquels furent
soulignées les contradictions existant entre le
développement de l’intérêt public et celui de la vocation
commerciale49. Toutefois, au niveau mondial, ce projet fut
présenté comme un plan innocemment non problématique
pour la mise en place d’une utopie communicationnelle et
informationnelle.
64 Comme les Américains le firent remarquer, le projet GII

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avancés sous leur leadership. Ayant proposé et obtenu une


rencontre des ministres du G7 à Bruxelles, les États-Unis
s'efforcèrent ensuite de gagner des appuis aux cinq principes
de base annoncés dans le plan du GII : les investissements
privés, la concurrence, une réglementation flexible, un accès
ouvert et universel, une définition claire des « actions
politiques » permettant la mise en application de ces
principes.
65 À Bruxelles s’est établie une dynamique politique plus
complexe, reflétant la gamme des intérêts spécifiques
importants des différents membres du G7. Le besoin de
parvenir à un positionnement favorable pour leurs propres
représentants nationaux à la table des capitaux
internationaux, ainsi que d’aller dans le même sens que les
politiques nationales (et dès lors aller dans le sens de
l’opinion publique intérieure) exigeait la négociation d’un
programme modifié. La version américaine des cinq points
du premier GII fut donc élargie par des références à l’accès
équitable, à la diversité des contenus et à la coopération
internationale. Le nouveau GII de huit points indiquait une
plus grande attention aux questions potentiellement
explosives, comme la menace à la diversité culturelle et
linguistique, la justice sociale, et l’écart entre les nations
riches et pauvres50.
66 Le rôle de médiateur joué par le Canada mérite d’être
mentionné, tant les attitudes de celui-ci furent
contradictoires, les représentants du ministère du
Patrimoine et ceux de l’Industrie ayant présenté des points
de vue sur les politiques communicationnelles

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l’autoroute de l’information. La scission fut emblématique de


l’ambiguïté historico-politique du Canada en matière de
commerce et de culture, essayant de ménager les approches
politiques américaines et européennes, aussi bien que les
contradictions inhérentes aux efforts séculaires du Canada
pour les concilier.
67 En matière de gouvernance mondiale, la rencontre de
Bruxelles représenta un changement majeur : pour la
première fois sous les auspices du G7, les entreprises
multinationales se rencontrèrent autour de leur propre table,
avec un statut officiel51. Pendant ce temps, des groupes
représentant la société civile étaient relégués au rang
d’observateurs, rappelant étrangement le sort des masses qui
se trouvaient dans la rue de la cité médiévale et bien peu le
partenariat social qui aurait pu être imaginé par une lecture
naïve du texte du projet GII52.
68 Le cadre de l’accord auquel on parvint à Bruxelles s'inscrivait
directement dans la ligne des politiques américaines de la
communication concoctées depuis les cinquante dernières
années, dont la rhétorique était de mettre l’accent moins sur
le libre mouvement de l’information que sur le libre échange
des biens et des services. À tous égards, l’infrastructure
informationnelle mondiale est un signe avant-coureur d’un
certain système de réglementation mondiale et d’un futur
système de gouvernance mondiale. C’est un projet
impérialiste qui a d’énormes conséquences pour l’avenir de
la démocratie et des droits de l’homme, dans la mesure où il
repose sur des décisions politiques prises à un niveau où il
n’y a aucun compte à rendre, où il y a autonomie des

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soi. En tant que défi, il représente une occasion unique


d’imaginer un rôle différent pour la communication dans la
société mondiale et de créer politiquement un cadre dans
lequel une telle mesure peut être accomplie.

Conséquences et recommandations
politiques : vers un espace public mondial
69 Comme nous l’avons vu dans cet article, le Canada joue un
rôle important, mais ambivalent, dans l’évolution du
nouveau système de gouvernance mondiale, en ceci qu’il
essaie de minimiser les coûts et de maximiser les bénéfices
de la mondialisation, défendant des valeurs autres que celles
du marché et cherchant en même temps à promouvoir les
intérêts de ses industries53. Cette contradiction évidente
révèle la nécessité qu’il y a de situer plus clairement les
dimensions culturelles et sociales de la communication dans
le cadre du développement politique mondial. Faute de quoi,
toute intervention en faveur des politiques culturelles sera
dénoncée comme une forme de protectionnisme économique
reposant sur une rhétorique nationaliste.
70 Le multilatéralisme est sans aucun doute une des tendances
principales de la gouvernance mondiale, mais, les différents
intervenants ayant des intérêts contradictoires, cela requiert
une nouvelle stratégie d’intervention face à un système
politique fondé sur des relations multilatérales. Selon Sylvia
Ostry (1999), le Canada fut très engagé dans la création de
l’OMC durant l’Uruguay Round de 1993-1994. Sylvia Ostry
souligne que des pays de taille moyenne comme le Canada
sont favorables à un nouveau système en matière de
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différemment au sein du système multilatéral, leur


préférence étant d'asseoir leur pouvoir et d'affirmer leur
prépondérance immédiate sur leurs partenaires.
71 Toutefois, même les grandes puissances reconnaissent la
nécessité d'une coordination et d’une réglementation
mondiales afin de créer un certain ordre qui favorise leurs
intérêts. Ainsi, l’Union européenne et les États-Unis ont
chacun proposé un cadre formel de réglementation pour
régir les communications mondiales55. Le problème surgit
lorsqu’il est question de déterminer la nature de ce cadre,
comme cela s’est produit avec l’infrastructure
informationnelle mondiale. D’un point de vue démocratique,
aucun programme de réglementation mondiale des
communications ne vaut la peine d’être mis sur pied si le
processus n’est pas élargi pour y inclure la participation de la
société civile. C’est incontestablement le défi le plus
important du nouvel environnement : ouvrir les espaces à la
participation de la société civile. De tels espaces n'existent
pas encore.
72 Il est indispensable d’en prendre conscience, car le Canada
continue de lutter contre la situation engendrée par le
régime de l’OMC, qui est incompatible avec la position
consensuelle historique visant à protéger le développement
culturel des caprices du marché56. Il est, par conséquent,
important de souligner le rôle joué par le Canada dans la
création d’un « nouvel instrument international » pour
compenser les initiatives de l’OMC dans le domaine des
politiques culturelles. C’est ce qu’a proposé un comité
constitué par le ministère des Affaires étrangères et du

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international visant à encourager l’expression culturelle


autochtone et s’assurer par des mesures législatives la
promotion de la diversité culturelle et linguistique ; il
servirait, en outre, de modèle pour la diversité culturelle et le
rôle de la culture dans un environnement mondial ; il
soulignerait enfin l’importance de la souveraineté culturelle.
73 Cette proposition correspond aux prises de position du
ministère du Patrimoine canadien depuis la Conférence
intergouvemementale sur la culture et le développement
organisée par l’UNESCO à Stockholm en 1998. La conférence
adopta un « plan d’action pour les politiques culturelles du
développement » et recommanda une série d’objectifs
politiques aux États membres de l’UNESCO, en maintenant la
position philosophique selon laquelle les ressources
communicationnelles constituent une part du « patrimoine
mondial »58. Reconnaissant que « dans un cadre
démocratique, la société civile prendra une place de plus en
plus grande dans le domaine de la culture », la conférence
entérina une douzaine de principes comprenant le droit
fondamental à la vie culturelle, ainsi que le droit politique
d’établir des structures culturelles et de maintenir les
ressources nécessaires « à la création d’un environnement
propice à l’épanouissement humain »59.
74 Depuis cette conférence, le Canada a exercé un leadership
indéniable, en favorisant la création du Réseau international
sur la politique culturelle (RIPC) dont le but est d’« attirer
l’attention et d’accroître l’appui à la diversité culturelle en
cette époque de mondialisation et de changements
technologiques [...] ; de promouvoir la culture en tant que

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75 Le rôle avoué du réseau est « de s’assurer que la culture est


présente dans les forums internationaux, directement ou
indirectement, afin que les ministres 1) puissent faire
prendre conscience de l’importance de la diversité
culturelle ; 2) puissent s’assurer que les questions culturelles
sont prises en considération lors des négociations
internationales ; 3) et de montrer le lien entre les objectifs
culturels nationaux et le développement international »61.
76 Cette expérience peut être considérée comme un modèle
embryonnaire servant à établir de nouvelles bases pour une
politique mondiale de la communication. Si un mécanisme
approprié pouvait être mis en place, une approche politique
mondiale publique en cette matière serait donc en mesure
d'aborder un ensemble de questions qui ne trouvent
actuellement aucun forum pour s’exprimer. Ainsi, cela
permettrait :

d’établir une réglementation des activités commerciales


dans un intérêt public, afin de garantir un accès
équitable et les services de base ;
d’assurer un appui financier et institutionnel à la
création et au maintien des services publics et des autres
médias ;
de poser des limites au contrôle des entreprises
résultant de la concentration transnationale de la
propriété dans les nouveaux et les anciens médias, ainsi
que dans les télécommunications ;
de garantir un accès aux canaux médiatiques
disponibles en prenant en considération l’intérêt
public ;
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communication ;
d’introduire des clauses sur les espaces publiques de
communication pour la résolution des conflits et le
dialogue démocratique sur les questions d’ordre
mondial.

77 Pour illustrer ce que nous venons de dire, considérons une


seule question importante, à savoir celle de la
réglementation de l’Internet. Cette puissante technologie
remet à l’ordre du jour d’anciens problèmes liés aux
politiques communicationnelles nationales et en introduit de
nouvelles sur le plan mondial. Paradoxalement, les
réglementations nationales vont dans le sens d’un abandon
de toute forme de réglementation de l’Internet, alors que les
questions mondiales qu’il soulève appellent désespérément
une sorte d’intervention supranationale dans la
réglementation62. Ces questions ont été longuement
développées dans un article de deux chercheurs de
l’Université de New York, John R. Mathiason et Charles C.
Kuhlman. Cette analyse énumère une liste de problèmes 31
résultant des caractéristiques technologiques de l’Internet
qui, selon eux, montrent que cette technologique « a atteint
aujourd’hui un niveau politique important où une forme de
gouvernance est désormais nécessaire ». Le problème,
comme ils le montrent bien, est « de déterminer de quelle
politique tel ou tel aspect de l’Internet sera l’objet »63.
78 Mathiason et Kuhlman indiquent trois approches possibles
de réglementation de l’Internet : un marché autorégulateur,
une réglementation nationale, un régime international.
D’une manière générale, chacun de ces modèles a de
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limites. La tendance actuelle dans tous les secteurs de la


communication est celle d’un protocole international ;
toutefois, il faudrait parvenir à une représentation qui
dépasse le cadre actuel des institutions multilatérales,
inspirées essentiellement, comme nous l’avons vu plus haut,
par les États membres et les grandes entreprises.
79 Ces auteurs proposent une « convention-cadre
internationale » prévoyant des normes de gouvernance de
l’Internet et établissant un mécanisme de surveillance de
celles-ci en même temps qu’une possibilité d'effectuer des
changements ultérieurs. Cette convention-cadre serait
différente d'un régime basé sur un traité comme celui qui se
rapporte au commerce sous les auspices de l’OMC. Sa tâche
serait de délimiter les rôles et les responsabilités des
différents acteurs nationaux, internationaux et privés
impliqués dans la mise au point de cette « technologie
mondiale ». Cette convention devrait être négociée, selon les
auteurs, en partant du fait que l’Internet fait partie du
patrimoine mondial64.
80 Ce type de proposition dépend largement d’un vaste
consensus sur la nature de la communication et présuppose
que les technologies des communications seront reconnues
comme un bien public. Autrement dit, le point de vue
normatif que l’on peut adopter concernant l'Internet est plus
important dans la détermination des limites et des
possibilités des politiques que si on se réfère à la nature de la
technologie ou à la capacité politique de l’État. Les débats
entourant la définition normative des technologies des
communications sont, par conséquent, une condition

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mondiales65. La prochaine étape sera désormais de créer un


forum démocratique permanent pour l’élaboration des
politiques appropriées.
82 L’urgence d’un tel projet se manifeste presque chaque
semaine par de nombreuses initiatives. Au mois de
septembre 1999, les PDG des entreprises de communication
les plus importantes au monde se rencontrèrent à Paris afin
de discuter de la réglementation mondiale du commerce
électronique. Si on s’en tient au communiqué de presse qui
suivit la rencontre, un consensus fut atteint. Le Global
Business Dialogue on Electronic Commerce (GBDe) « invita
les gouvernements et les organisations internationales » à les
rejoindre afin de développer le potentiel extraordinaire du
commerce en ligne : « un médium mondial comme l’Internet
nécessite une approche politique mondiale », affirma le
président du GBDe, Thomas Middlehoff, également président
et PDG d’une des plus grandes maisons d’édition,
Bertelsmann AG. Selon ce dernier, « la position consensuelle
du GBDe rappelle qu’une réglementation nationale
temporaire conflictuelle privera les consommateurs des
avantages économiques d’un marché innovateur et sera une
source d’insécurité pour eux ». Le GBDe presse donc les
gouvernements et les organisations internationales de
coordonner leurs efforts pour réglementer le commerce
électronique66.
83 Il n’est pas exagéré de dire que pas une seule semaine ne se
passe sans qu’une histoire comme celle-ci ne fasse la une des
magazines d’affaires, sans parler de tout ce qui se passe en
coulisses. Ce regroupement n’est qu’un exemple de

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84 J’ai tenté de montrer que cette situation représente un défi


important pour la réflexion sur les politiques de la
communication et, d’une façon générale, sur les politiques
publiques. Nous devons être préoccupés par les politiques de
la communication en raison du rôle décisif joué par le nouvel
environnement communicationnel dans la structuration d’à
peu près tous les autres secteurs des politiques publiques
dont l’État s’occupait traditionnellement. Par ailleurs, il est
absolument faux de soutenir — l’exemple du GBDe le montre
bien — que la mondialisation de la communication signifie la
fin des politiques. Ce sont plutôt les sites politiques qui ont
changé, verticalement, du national au supranational, et,
horizontalement, de l’État aux municipalités. L’influence du
cadre mondial dans lequel la communication évolue doit
donc être traitée comme un objectif stratégique crucial pour
la communauté politique.
85 On devra également accorder plus de crédit à l’idée selon
laquelle l’environnement mondial de la communication, des
ondes radio traditionnelles à l’espace, est une ressource
publique qui doit être organisée, administrée et réglementée
dans l’intérêt public mondial. Un accès élargi exigera des
mécanismes de réglementations transnationaux appropriés,
de même que des mécanismes de distribution équitable des
bénéfices commerciaux mondiaux. Il faut également qu’ait
lieu une appropriation internationale d’une partie de l’air et
de l’espace extraterrestre, pour que soit distribuée en dehors
du pays d’origine les produits créatifs viables qui n’ont
actuellement aucun accès à la nouvelle agora mondiale,
laquelle pourtant figure en bonne place dans tous les

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communication. Il s’agit là d’un projet politique global. Si la


mondialisation signifie que les États-nations doivent
redéfinir leur manière de procéder et que les capitaux
transnationaux doivent être contrôlés au fur et à mesure
qu’ils deviennent une force déterminante, cela signifie aussi
que les agents démocratiques de la société civile devront
s’organiser et se mobiliser par-delà les frontières, selon de
nouveaux axes identitaires, des buts communs et en faisant
appel à la solidarité. Cela a déjà commencé un peu partout
dans le monde, notamment dans les réseaux
communautaires et chez les praticiens et utilisateurs des
nouveaux médias67.
87 Les politiques de la communication menées par les
entreprises ont été en tous points « mondialisées », mais
celles-ci cherchent désormais une base légitime qu’elles ne
peuvent recevoir que des États-nations, des organisations
internationales et, en ultime instance, de la société civile.
Autrement dit, il y a actuellement un espace politique dans
lequel les politiques communicationnelles sont débattues par
plusieurs intervenants. De nouvelles règles s'écrivent chaque
jour. La question clé devient donc : de quelle manière la
participation à ce nouvel environnement politique peut-elle
être élargie ?
88 La reconnaissance de l’importance de la communication
pour le développement humain met l’accent sur l’importance
d’un régime de gouvernance mondiale en matière de
communication. À vrai dire, l’objet de cette discussion doit
être vu essentiellement comme une question politique,
faisant partie des efforts de démocratisation du nouveau

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en matière de communication sur le plan mondial, sans quoi


il sera bientôt impossible de promouvoir l’intérêt public au
moyen d’interventions politiques dans n’importe quel
secteur influencé par la communication.
90 Actuellement, il existe quatre modèles (au moins) de
réglementation de l’accès aux communications :

1. Modèle libertaire, qui refuse toute réglementation. C’est


l’approche dominante adoptée par la plupart des
législations nationales (y compris le CRTC canadien —
l’Australie étant une importante exception) concernant
les technologies numériques comme l’Internet. La
raison en est que ces pays ne savent pas quoi faire ou
comment le faire. Cette approche est également
encouragée par les militants qui bénéficient grandement
de ce système de communication ouvert. Mais l’histoire
des technologies de la communication montre que, sans
réglementation, ces moyens ne seront pas viables. Le
modèle libertaire de gouvernance de l’Internet mènera
finalement à des portes closes, à des accès restreints et à
une communication limitée.
2. L'autoréglementation. C’est généralement l’approche la
plus favorisée par les magnats de l’industrie et la plus
encouragée par la réglementation nationale. Elle est
actuellement proposée comme une solution aux
contenus abusifs et à la protection des droits, en se
fondant sur l’argument que les consommateurs
réagiront s’ils ne sont pas satisfaits. Mais comme nous
l’avons vu avec l’exemple de la GBDe, même les partisans
de l’autoréglementation reconnaissent le besoin d’un
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organisations telles que l’OCDE, le G8 ou l’OMC ; elle est


également présente dans certaines institutions issues du
monde des entreprises, à la suite du vacuum causé par
le retrait des gouvernements à propos de la
réglementation. Une de ces organisations, dont nous
entendrons parler dans l’avenir, est l’Internet
Corporation for Assigned Names and Numbers (ICANN),
créée à l’initiative du gouvernement américain en 1998
dans le but de diriger le trafic sur Internet.
4. La longue marche à travers les institutions. Ce
processus est lié au très vaste projet de démocratisation
de la gouvernance mondiale, que l’on retrouve dans
certaines des initiatives de la réforme des Nations Unies
et dans les notions de « démocratie cosmopolite ».
L’accès aux négociations politiques mondiales est
encouragé de la même manière par d'importantes
initiatives provenant d’agences multilatérales telles que
l’UNESCO et l’UIT, qui ont manifesté une certaine
ouverture face aux préoccupations de la société civile et
à l’inclusion de représentants des ONG dans leurs
activités.

91 Compte tenu de l’analyse globale de cette étude, il semble


que la dernière voie soit la plus indiquée. L’expérience
canadienne en la matière est fondée sur la transparence et la
participation publique, certaines des plus importantes
réalisations au Canada étant le produit d’initiatives de la
société civile. Ce sont là des valeurs qu’il faut pouvoir
promouvoir sur le plan international.
L'accent mis sur le rôle social et culturel des communications
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93 Finalement, une approche politique globale selon cette ligne


conductrice permettrait de redéfinir le rôle de l’État en
matière de communication, autant sur le plan intérieur que
transnational, tout en mettant davantage l’accent sur des
questions spécifiques qui ne sont pas vraiment au
programme actuellement.
94 Dans le contexte présent de la mondialisation, la
communication peut être la locomotive du développement
humain ou n’être simplement qu’une autre technologie de
pouvoir et de domination. Ce qu’elle sera n’est pas encore
déterminé. C’est pourquoi les enjeux des débats politiques
actuels sont si grands.

Notes
1. Cité dans « Free Trade under Fire », in Financial Times, 11 octobre
1999, 1.
2. Voir Canada, Chambres des communes, Le Canada et l'avenir de
l'Organisation mondiale du commerce. Pour un programme du
millénaire qui sert l’intérêt public, Rapport du Comité permanent des
Affaires étrangères et du Commerce international, Ottawa, Services du
gouvernement du Canada, 1999.
3. Patrimoine Canada, Projet de loi C-55 : le rappel historique,
Communiqué : « Le Canada et les États-Unis signent l’entente sur les
périodiques », Ottawa, le 4 juin 1999. Disponible sur Internet (17
décembre 2001) : <www.nlc-bnc.ca/6/24/S24-1011-f.html>
4. Une « liste brève » des secteurs problématiques et des sites qui
définissent les politiques mondiales de la communication est incluse
dans l’Appendice B.
5. Voir M. Raboy, « Communication Policy and Globalization as a Social
Project », in A. Calabrese et J.-C. Burgelman (dir.), Communication,
Citizenship, and Social Policy : Rethinking the Limits of the Welfare
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gouvernance de la communication sont des questions de


« métagouvemance », c’est-à-dire des questions dont le résultat a des
conséquences non seulement sur le secteur en question mais également
sur d’autres secteurs.
7. Voir W. H. Reinicke, Global Public Policy : Governing without
Government ?, Washington (DC), Brookings Institution Press, 1998.
8. Pour un tableau du problème et la manière dont il touche les
politiques canadiennes, voir I. Bernier et R. Collins, « Politiques
culturelles, intégration régionale et mondialisation », in Cahier-Médias,
Québec, Centre d’Études sur les médias, 7 (juillet 1998).
9. Voir W. H. Reinicke, Global Public Policy, sur les stratégies de mise en
place d’un mécanisme de « retrait » national dans le développement des
politiques mondiales.
10. Pour une étude du déroulement de ce processus dans les politiques
de diffusion canadiennes, voir M. Raboy, « Influencing Public Policy on
Canadian Broadcasting », in Canadian Public Administration 38, 3
(1995), p. 411-432 ; et M. Raboy, « The Role of Public Consultation in
Shaping the Canadian Broadcasting System », in Canadian Journal of
Political Science, 28, 3 (1995), p. 455-477.
11. K. R. Higham, « The Politics of Culture in Canada : Creating an
Environment for Maximising Human Development », article présenté à
la rencontre du Canadian Cultural Research Network, Ottawa, 4 juin
1998, 8.
12. Ibid., p. 9.
13. Ce secteur est couvert par R. Deibert dans le chapitre 4 du présent
ouvrage.
14. Dans les années 1960, le guru des communications, M. McLuhan —
véritable apport canadien en matière de mondialisation s’il en fut —,
parodia l’utilisation de technologies des communications par la défense
militaire dans le nord canadien, en déclarant que le Canada était un
système d’avertissement à distance, avant-coureur des tendances sociales
et culturelles mondiales. Voir M. McLuhan et B. R. Powers, The Global

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M. Raboy, I. Bernier, F. Sauvageau et D. Atkinson, Développement


culturel et mondialisation de l'économie : un enjeu démocratique,
Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 1994.
16. M. Raboy, I. Bernier, F. Sauvageau et D. Atkinson, « Cultural
Development and the Open Economy : A Democratic Issue and a
Challenge to Public Policy », in Canadian Journal of Communication,
19, 3/4 (1994), p. 291-315.
17. Ibidem.
18. Les différentes références pour cette section sont : A. Appadurai,
« Disjuncture and Difference in the Global Cultural Economy », in M.
Featherstone (dir.), Global Culture : Nationalism, Globalization and
Modernity, Londres, Sage Publications, 1993 ; D. Archibugi et D. Held,
Cosmopolitan Democracy : An Agenda for a New World Order,
Cambridge, Polity Press, 1995 ; M. Castells, La société en réseaux, Paris,
Fayard, 2001 ; N. Chomsky, Year 501 : The Conquest Continues,
Montréal, Black Rose Books, 1993 ; R. Falk, On Human Governance :
Toward a New Global Politics, Cambridge, Polity Press, 1995 ; M.
Featherstone (dir.), Global Culture : Nationalism, Globalization and
Modernity, Londres, Sage Publications, 1993 ; H. H. Frederick, Global
Communication and International Relations, Belmont, Wadsworth,
1993 ; J. Nederveen Pieterse, « Globalisation as Hybridisation », in
International Sociology, 9, 2 (1994), p. 161-184 ; R. Robertson,
Globalization : Social Theory and Global Culture, Londres, Sage
Publications, 1992 ; I. Wallerstein, Geopolitics and Geoculture : Essays
on the ChangingWorld-System, Cambridge, Cambridge University Press,
1991.
19. Une recherche effectuée sur le terme « mondialisation » ou
« mondial » pour la période 1971-1995 par l’économiste de la Banque
mondiale et auteur, Wolfgang H. Reinicke, n’a donné aucun résultat ; en
1995, Reinicke a produit 1200 occurrences. Voir Reinicke, Global Public
Policy.
20. Ces statistiques proviennent d’un article de l'Economist de 1998. Les
sept entreprises étaient Time-Warner (É.-U.), Disney (É.-U.), Viacom

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sur le système de radiodiffusion publique dans les États membres,


Bruxelles. Disponible sur Internet (17 décembre 2001) :
<www.europa.eu.int/eur-lex/en>
22. Voir B. Barber, Jihad vs. McWorld : mondialisation et intégrisme
contre la démocratie, Desclée de Brouwer, 1996.
23. Samuel P. Huntington, Le choc des civilisations, Paris, Éditions Odile
Jacob, 2000. Ces observations ont pris un nouveau sens, plus urgent,
après les événements du 11 septembre 2001.
24. Voir, par exemple, la Conférence virtuelle « Le droit à communiquer
et la communication des droits », présidée par Videazimut, 11 mai au 26
juin 1998. Disponible sur Internet (17 décembre 2001) :
<http://commposite.uqam.ca/videaz>
25. À moins d’indication contraire, les détails de cette section sont tirés
de M. Raboy, Occasions ratées : Histoire de la politique canadienne de
radiodiffusion, Montréal/Québec, Liber/Presses de l’Université Laval,
1996.
26. Ibid., p. 39.
27. Ibidem.
28. M. Raboy, Occasions ratées, p. 40.
29. Le cas des magazines à tirage dédoublé auquel on se référait au début
du chapitre n’est qu’un exemple récent de ce phénomène.
30. Voir, par exemple, la littérature abondante sur le débat canadien
autour des « politiques sur l’autoroute de l’information ». Quelques
années après le lancement officiel de ce débat par le gouvernement,
beaucoup de choses ont été dites ; il reste beaucoup de choses à lire, mais
le Canada fonctionne toujours dans un vacuum politique quant aux
objectifs et quant à l'orientation du développement de l’infrastructure en
matière de communication.
31. Cité dans M. Raboy, Occasions ratées, 193.
32. Ibidem.
33 Le plus près auquel nous soyons parvenus pour le moment est la

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faire sur une base ad hoc, souvent en réponse à une crise ou à des besoins
conjecturaux. Voir Industrie Canada, La société canadienne à l'ère de
l’information. Pour entrer de plain-pied dans le XXIe siècle, Ottawa,
Ministère des Approvisionnements et des Services, 1996 ; Conseil
consultatif sur l’autoroute de l’information, Rapport final du comité
consultatif sur l’autoroute de l'information, Ottawa, Ministère des
Approvisionnements et des Services, 1995 ; Conseil consultatif sur
l'autoroute de l’information, Preparing Canada for a Digital World,
Ottawa, Industrie Canada, 1997.
34. M. Raboy, « Cultural Sovereignty, Public Participation and
Democratization of the Public Sphere : The Canadian Debate on the New
Information Infrastructure », in Communications et stratégies, 21
(1996), p. 51-76 ; B. D. Abramson et M. Raboy, « Policy Globalization and
the “Information Society” : A View from Canada », in
Telecommunications Policy, 23, 10/11 (1999), p. 775-791.
35. A. Gore, « The Global Information Infrastructure : Forging a New
Athenian Age of Democracy », in InterMedia, 22, 2 (1994), p. 4-6.
36. M. Raboy, « Influencing Public Policy on Canadian Broadcasting »,
in Canadian Public Administration, 38, 3 (1995), p. 411-432 ; M. Raboy,
« The Role of Public Consultation in Shaping the Canadian Broadcasting
System », in Canadian Journal of Political Science, 28, 3 (1995),
p. 455-477.
37. Les détails de cette section sont tirés de C. J. Hamelink, The Politics
of World Communication, Londres, Sage Publications, 1994 ; A.
Mattelart, La mondialisation de la communication, Paris, Presses
Universitaires de France, 1996.
38. Une clause fut élaborée pour la participation du secteur privé à la
seconde conférence de l’organisation à Vienne en 1868 ; les membres non
gouvernementaux, représentant les entreprises, furent admis dès 1871.
39. L’UIT est composée actuellement de 184 pays participants et de 375
membres appartenant au secteur privé. Selon l’ancien directeur général,
Pekka Tarjanne, le rôle du secteur privé dans l’UIT est peut-être la seule
question stratégique importante à laquelle elle doit faire face. Voir P.

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communications de masse, Prague, 7-8 décembre 1994, MCM-CDMM (94)


3 prov. 1, Strasbourg, Conseil de l’Europe, 1994.
41. Voir J. Tomlinson, Cultural Imperialism : A Critical Introduction,
Baltimore, Johns Hopkins University Press, 1991 ; J. Galtung et R. C.
Vincent, Global Glasnost : Toward a New World Information and
Communication Order?, Cresskill (NJ), Hampton Press, 1993.
42. UNESCO, Voix multiples, un seul monde, rapport de la Commission
internationale d’étude sur les problèmes de la communication, présidée
par Sean MacBride, Londres, Kogan Page, 1980.
43. Voir UIT/UNESCO, The Right to Communicate : At What Price?
Economic Constraints to the Effective Use of Telecommunications in
Education, Science, Culture and in the Circulation of Information, Paris,
ITU/UNESCO, 1995. Cette étude mixte se demande dans quelle mesure les
objectifs de société peuvent rejoindre les interventions commerciales sur
le plan des télécommunications. Le rapport de l'agence représente un
effort louable pour réduire l'écart entre les aspects techniques et
socioculturels des politiques communicationnelles internationales.
44. UNESCO, « Nouvelle Stratégie des communications », adoptée par la
conférence générale à sa 25e session, Paris, 1989. Disponible sur Internet
(17 décembre 2001) : <www.unesco.org>
45. UNESCO/ONU, « Notre diversité culturelle créative », Rapport de la
Commission mondiale pour la Culture et le Développement, présidée par
Javier Pérez de Cuéllar, 1995.
46. UNESCO, « Action Plan for Cultural Policies for Development »,
adopté à la Conférence intergouvemementale sur les politiques
culturelles pour le développement, Stockholm, 30 mars-2 avril 1998.
Disponible sur Internet (17 décembre 2001) : <www.unesco-
sweden.org/conference>
47. En 1999, les fusions et acquisitions dans le domaine des
télécommunications incluaient Deutsche Telekom/Telecom Italia
(Europe), Bell Atlantic/GTE (USA), AT&T/TCI (USA), Ameritech/Bell
Canada (US-Canada), AT&T Canada/Metronet (Canada), BCTel/Telus
(Canada), et les quatre compagnies de l’Atlantique (Canada).
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Infrastructure : The Promise of a New World Information Order,


Washington (DC), USIA Pamphlet Series, 1995.
49. Voir P. Aufderheide, Communications Policy and the Public
Interest : The Telecommunications Act of 1996, New York, Guilford
Press, 1999 ; W. Drake (dir.), The New Information Infrastructure :
Strategies for U.S. Policy, New York, Twentieth Century Fund Press,
1995.
50. Conclusions de la conférence ministérielle des pays du G7, réunis les
26 et 27 février 1995 à Bruxelles. Disponible sur Internet (17 décembre
2001) :
<http://www5conf.inria.fr/fich_html/slides/panels/Panel8
/cadoux.html> et <http://www.internet.gouv.fr/txt/international
/sommaire.html>
51. Les compagnies transnationales principales qui s'occupent des
technologies de l'information et des communications ont, depuis, fondé
la Global Information Infrastructure Commission (GIIC) (unilingue
anglaise), afin de poursuivre leurs intérêts communs dans ce secteur.
Parmi ces compagnies, on retrouve Mitsubishi, Motorola, Viacom, Time-
Warner, Olivetti, Sprint, AT&T, Nokia, Oracle, NEC, Alcatel Alsthom,
Teleglobe Canada, Nippon Telegraph and Telephone. Voir M. Venne,
« Le secteur privé s’interroge : où mènent les inforoutes ? », in Le Devoir
(Montréal), 12 février 1995.
52. Les organisations de la société civile ont toutefois joué un rôle de
surveillance crucial envers le IIM, assistant de manière périphérique aux
rencontres comme celles de Bruxelles, faisant circuler de l’information et
cherchant à se manifester par n’importe quel medium disponible. Voir,
par exemple, Alain His (dir.), Communication and Multimedia for
People : Moving into Social Empowerment over the Information
Highway, Paris, Transversales Science Culture, 1996.
53. Cette impression est renforcée par la tendance à l’égard du
développement du secteur privé dans le domaine des politiques
culturelles. La plus récente avalanche de décisions du CRTC concernant la
télévision, publiées au mois de mai-juin 1999, confirme de manière

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européennes, Martin Bangemann, auteur d’un modèle réputé pour la


libéralisation de la communication, qui porte d’ailleurs son nom,
demanda une « Charte internationale » en vue d’édifier un nouvel ordre
mondial de gouvernance en matière de communications. En quelques
jours, ces remarques furent adoptées par le conseiller de la Maison-
Blanche, Ira Magaziner, qui affirma que les États-Unis croyaient à la
nécessité d’un accord international sur la question des politiques
informationnelles, « dont certaines doivent être des accords formels,
d’autres des accords informels et des approches communes ». Cf.
Suzanne Perry, « U.S. May Back Internet Charter, Not Formal Body »,
ZDNet News Channel (Reuters), 2 octobre 1997. Disponible sur Internet
(17 décembre 2001) : <www.zdnet.com>
Ce projet, qui conduira peut-être à un accord mondial sur la gouvernance
en matière de communication, s'est développé lentement mais sûrement,
et toujours derrière des portes closes. Nous avons là un autre exemple du
besoin de transparence politique et de mécanismes démocratiques.
56. L’appui de l’opinion publique canadienne à cette prise de position fut
confirmé en juin 1999 par le rapport du comité des Affaires étrangères de
la Chambre des communes, auquel on s’est référé au début de ce
chapitre. Cf. Canada, Chambre des communes, Le Canada et l'avenir de
l'Organisation mondiale du commerce. Pour un programme du
millénaire qui sert l'intérêt public, Rapport du comité permanent des
Affaires étrangères et du Commerce international, Ottawa, Travaux
publics et services gouvernementaux Canada, 1999.
57. GCSCE (Groupe de consultations sectorielles sur le commerce
extérieur), La culture canadienne dans le contexte de la mondialisation,
Ottawa, février 1999. Disponible sur Internet (17 décembre 2001) :
<www.dfait-maeci.gc.ca/tna-nac/canculture-f.asp>
58. Les propositions présentées à la conférence de Stockholm
s’appuyèrent en grande partie sur le rapport remis en 1995 par la
Commission mondiale de la culture et du développement. UNESCO/ONU,
« Notre diversité culturelle créative », Rapport de la Commission
mondiale pour la Culture et le Développement présidée par Javier Pérez
de Cuéllar, 1995 ; et UNESCO, Plan d'action sur les politiques culturelles

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Réseau international sur la politique culturelle, « Bienvenue au RIPC ».


Disponible sur Internet (29 janvier 2002) : <http://64.26.177.19
/index_f.shtml>
61. Ibidem.
62. Incluant le Canada. Voir CRTC, Radiodiffusion CRTC 1999-84/Télécom
CRTC 99-14 du 17 mai 1999 intitulé Rapport sur les nouveaux médias.
Dans cet avis public, le législateur canadien en matière de
communication proclamait fièrement qu’il ne légiférerait pas sur les
nouvelles activités médiatiques d’Internet.
63. Incluant, entre autres, le problème de la préservation des cultures
nationale, régionale et locale. Mathiason et Kuhlman citent la question
de l’assignation des noms de domaines comme se situant « entre les
questions techniques de la gestion de l’Internet et les questions
économiques et sociales qui en découlent ». John R. Mathiason et
Charles C. Kuhlman, « An International Communication Policy : The
Internet, International Regulation and New Policy Structures » (inédit,
New York University, 1999), 12.
64. Ibidem.
65. Javnost/The Public, M. Raboy, « Global Media Policy : A Symposium
on Issues and Strategies », 5, 4 (1998).
66. PR Newswire, « GBDe Paris Meeting World Business Leaders for the
First Time Agreed on the Fundamental Principles of Global Electronic
Commerce », 13 septembre 1999. Disponible sur Internet (15 septembre
1999) : <www.prnewswire.com>
67. Des exemples de tels réseaux sont : l’Association for Progressive
Communication, qui réunit les militants de l’Internet ; Videazimut, une
ONG internationale de ceux qui pratiquent la vidéo ; et AMARC, la World
Association of Community-Oriented Radio Broadcasters. La People’s
Communication Charter, pour prendre un autre exemple, a enregistré
des milliers de membres depuis son lancement en 1993
(www.pccharter.net). En 1999, une nouvelle initiative mondiale fut
lancée, ayant pour objectif de construire ce que son slogan appelait « A
Global Movement for People’s Voices in Media and Communication in
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Marc Raboy enseigne au


département des communications
de l’Université de Montréal, où il
dirige le Laboratoire de recherche
sur les politiques des
communications depuis 1993. Il
est l’auteur d’une douzaine de
livres consacrés aux médias,
parmi lesquels on peut citer
Missed Opportunities : The Story
of Canada’s Broadcasting Policy
(Montréal, McGill-Queen’s
University Press, 1990) et Public
Broadcasting for the Twenty-first
Century (Luton (G.-B.), University
of Luton Press, 1996). Il est aussi
chercheur associé au Programme
d’études comparées sur le droit et
les politiques relatifs aux médias
de l’Université d’Oxford. Ancien
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Commission mondiale sur la


culture et le développement de
l’UNESCO, de l’Institut européen
pour les médias et de la Japan
Broadcasting Corporation, ainsi
qu’auprès d’organisations des
secteurs public et privé au Canada.
Son dernier livre, Global Media
Policy for the New Millennium
(Luton, University of Luton Press)
est paru en 2002.
© Presses de l’Université de Montréal, 2003

Conditions d’utilisation : http://www.openedition.org/6540

Cette publication numérique est issue d’un traitement automatique par


reconnaissance optique de caractères.

Référence électronique du chapitre


RABOY, Marc. Chapitre 5. Communication et mondialisation : un défi
pour les politiques publiques In : Contestation et mondialisation :
Repenser la culture et la communication [en ligne]. Montréal : Presses
de l’Université de Montréal, 2003 (généré le 04 juillet 2021). Disponible
sur Internet : <http://books.openedition.org/pum/15011>. ISBN :
9791036513732. DOI : https://doi.org/10.4000/books.pum.15011.

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DOI : https://doi.org/10.4000/books.pum.14996.
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