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Bulletin de la Société d'histoire

de la pharmacie

Des remèdes d'origine humaine et animale prescrits au temps


des romains en Europe (suite et fin)
Dr L. Reutter

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Reutter L. Des remèdes d'origine humaine et animale prescrits au temps des romains en Europe (suite et fin). In: Bulletin
de la Société d'histoire de la pharmacie, 4ᵉ année, n°13, 1916. pp. 201-204.

doi : 10.3406/pharm.1916.2296

http://www.persee.fr/doc/pharm_0995-838x_1916_num_4_13_2296

Document généré le 16/10/2015


N* 13 Janvier 1916

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Gloire de te Rue de Jouy. 7. PARIS

M. H. GAUTIER, 4, M. GUITARD, 7, rue de Jouy, M. TORAUDE, 23,


avenue de Paris, reçoit les ouvrages et la Grande-Rue, Asnières
l'Observatoire, Paris, reçoit les correspondance relative aux (Seine), reçoit les
dons d'objets d'art. séances et au bulletin- envois en espèces.

DES REMÈDES D'ORIGINE HUMAINE ET ANIMALE


prescrits AU TEMPS DES ROMAINS en Europe
Suite et fin
Les névralgies cèdent à l'amphisbène mort, attaché au cou du malade, à la
cendre de hibou prise en breuvage avec du vin miellé. Usez contre les
spasmes de la chair de hérisson ou de la dépouille des serpents en amulette. La
terre qui s'attache au limaçon, ou celui-ci dépouillé de sa coquille arrête le
sang nasal, tandis que la cervelle de coq, le sang de pigeon gardé et caillé,
arrêtent celui qui coule du cerveau.
La cendre des cuisses de mouton est un spécifique contre les fractures des
articulations; on obtient le môme effet avec les mâchoires calcinées, de la
corne de cerf fondue dans de la cire et du miel rosat. Les os fracturés se
consolident en 14 jours par l'emploi de la cervelle de chien.
On emploie la fiente blanche de poule, gardée dans une boîte de corne pleine
d'huile, le liel de hérisson, pour effacer les taches blanches de la peau et
guérir les cicatrices.
La gale cède à l'application de la cervelle de hibou e^t de la fleur de nitre,
mais surtout à celle du sang de chien.
Les flèches, les traits qu'il s'agit d'extraire du corps, sont attirés
extérieurement par l'application d'un rat, d'un lézard, coupés en deux. Les limaçons
qui s'attachent par groupes aux feuilles des arbres sont piles, ainsi que les
escargots avec leurs coquilles, et appliqués dans le même but sur la plaie.
On procure aux femmes souffrantes de grands soulagements en leur
appliquant sur le ventre, soit un placenta de brebis, soit des crottes d'agneau. Les
fumigations de sauterelles les guérissent de la strangurie. Les testicules de
coq, mangés immédiatement après la conception, donnent au ftus le sexe
mâle et la cendre du porc-épic prise en breuvage prévient les fausses-couches.
Le lait de chienne accélère l'accouchement ; son arrière-faix, pourvu qu'on le
mange sans qu'il touche terre, facilite la sortie de l'enfant. On dissipe le
gonflement des mamelles après l'accouchement en les frottant avec des crottes
de rat délayées dans de l'eau. On expulse l'arrière-i'aix en donnant des vers de
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terre macérés dans du vin cuit et on prévient l'avortement par des frictions
avec un liniment préparé avec de l'huile et des cendres de hérisson.
Les escargots en aliment accélèrent aussi les couches, et appliqués avec du
savon, ils aident à la conception, et mélangés à de l'amidon et à de la gomme
adragante, ils arrêtent les pertes blanches.
Ils rétablissent, incorporés à de la moelle de cerf, les renversements de la
matrice et dissipent, broyés dans leurs coquilles, le gonflement de l'utérus.
Toute femme grosse qui passe sur une vipère avortera, à moins qu'elle n'ait
dans une boite un amphistène vivant.
On parvient aussi à faciliter l'accouchement en attachant aux reins de la
femme enceinte la dépouille d'un serpent, mais on doit l'enlever à l'instant
de la crise.
Les cendres des troxalis, en liniment dans du miel, facilitent l'évacuation
périodique, ce qui a aussi lieu si l'on prend dans la main une araignée
descendant d'un lieu élevé en laissant échapper son fil, et qu'on l'approche de
la femme: au contraire, si on la prend à l'instant où elle remonte le long du
fil, les menstrues s'arrêtent.
L'actite, c'est-à-dire la pierre qu'on trouve dans le nidde l'aigle, préserve le
ftus, tandis que la liente d'épervier bue tlans du vin miellé provoque la
fécondité.
On sait que toute femme enceinte doit éviter de passer sur des ufs de
corbeau sous peine d'avorter par la bouche.
La graisse d'oie mélangée à de l'huile rosat et à des araignées rétablit le
sein de la femme après les couches.
Un ui de perdrix passé trois fois autour de la gorge maintient le sein
ferme et l'empêche de tomber. Pris comme aliment il remplit les mamelles de
lait. On résout les cercles, qui obstruent l'utérus, en appliquant comme
liniment des punaises écrasées.
Le sang de chauve-souris est un dépilatoire apprécié, surtout s'il est mélangé
à de la graisse de cygne, et le liniment de la graisse de chienne, qui porte
pour la première fois, prévient la croissance du poil et l'empêche de se
reproduire une fois arraché.
Les ufs de fourmis broyés avec des mouches noircissent les sourcils.
.

Veut-on que l'enfant naisse avec des yeux noirs ? la future mère doit
manger une souris.
Les enfants malades pour avoir tété du lait grumeleux, sont guéris avec
de la présure d'agneau.
On remédie à leurs hernies en les faisant mordre un lézard vert, puis on
attache l'animal à un roseau et on le suspend au dessus de la fumée : à
l'instant où il meurt, l'enfant guérit.
La bave ties limaçons régularise les poils des paupières des enfants, et
les petites cornes de cet animal facilitent la dentition ; l'incontinence d'urine
se guérit en faisant manger aux enfants des rats bouillis.
Pline mentionnant ces prescriptions, s'écrie : il en est que l'on ne peut
transcrire sans rire, mais on ne peut les omettre puisqu'elles ont été
recommandées.
On prétend qu'un lézard mort dans l'urine d'un homme frappe son
meurtrier d'impuissance, le lézard étant aphrodisiaque: il en est de même de la
fiente de limaçon ou de pigeon mêlée à de l'huile et au vin. Le poumon droit
du vautour porté en amulette dans une peau de grue produit l'effet
contraire.
Mais l'homme qui urine au-dessus de l'urine d'un chien devient froid.
La salive de l'homme à jeun est un spécifique contre le venin des
serpents, mais il faut cracher dessus pour se préserver de l'épilepsie, et pour
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repousser les sortilèges. C'est aussi un préservatif contre les sortilèges, que
de cracher dans la chaussure du pied droit avant de la mettre. On prescrit
contre la morsure des hommes, qui est la plus dangereuse, la cire des oreilles ;
cette substance guérit aussi la piqûre des scorpions. La plus efficace est
celle qui provient des oreilles d'un blessé. Les premiers cheveux que l'on
coupe aux enfants calment les douleurs de la goutte ; attachés ou appliqués
aux parties malades, les cheveux des adultes trempés dans du vinaigre
remédient à la morsure des chiens et macérés dans de l'huile ou dans du vin, ils
guérissent les blessures de la tête. Quelques-uns croient que ceux des pendus
dissipent la fièvre quarte. Les ulcères chancreux cèdent aux cheveux brûlés.
On accélère, dit-on, la délivrance d'une femme, si son propre époux,
déliant sa ceinture, la lui met et l'ôte ensuite en ajoutant : je l'ai liée, je
\& délierai, et je me retire. Archelaùs et Orphée rapportent que l'on guérit
l'esquinancie en frottant la gorge du malade avec du sang humain tiré de
quelque endroit que ce soit, que ceux qui tombent du haut mal, se relèvent dès
qu'on leur en frotte le visage : d'autres disent que pour obtenir cet effet il faut
leur en piquer les orteils. Les écrouelles, lés parotides, les maux de gorge
cèdent, dit-on, au simple contact de la main d'un enfant mort en bas âge. La
terre qui recouvre cet enfant est un épilatoire pour les paupières. Les Grecs,
qui font argent de tout, ont mis dans leurs palestres, au rang des remèdes les
plus puissants, les excrétions humaines, telles les raclures du corps des
athlètes mélangées de sueurs et d'huile, car elles sont émollientes et réchauffantes,
elles résolvent les tumeurs et réparent les pertes. On les prescrit aux femmes
contre les inflammations de la matrice.
Elles sont en outre emménagogues, et réduisent les luxations et les nuds
de la goutte.
On remédie à la stérilité des femmes en leur appliquant, sur l'utérus
même, le premier excrément que rendent les enfants au sortir du ventre de
leur mère et qu'on dénomme meconium.
L'urine humaine est regardée comme importante par les médecins. On l'a
classée en diverses espèces. Celle des eunuques est bonne, dit-on, pour
rendre les femmes fécondes ; l'urine des enfants impubères se prescrit contre
la bave du ptyas (aspic), contre les taies, les brouillards des yeux, les petits
ulcères de la cornée, les maladies des paupières. Réduite à moitié dans un
pot de terre neuf avec une tête de poireau, elle expulse le pus et les petits
vers des oreilles. La vapeur de cette décoction est emménagogue. Salpe veut
qu'on s'en étuve les yeux pour raffermir la vue.
L'urine d'un homme fait est bonne pour la goutte. Cette urine gardée
quelque temps et additionnée de cendres d'huîtres calcinées guérit la gourme
des enfants et tous les ulcères suppurants ; en liniment, elle est bonne pour les
brûlures, les chairs rouges, les maux d'anus.
Au dire des sages-femmes, il n'est point de spécifique plus puissant pour
combattre les démangeaisons du corps, car, additionnée de nitre, elle guérit
les ulcères de la tête, les teignes.
Chacun peut trouver dans son urine, fraîchement appliquée à l'aide d'une
compresse de laine, un remède éprouvé contre la morsure des hérissons, et
pétrie avec de la cendre, elle empêche l'effet de la morsure des chiens
enragés et des serpents. De plus, on tire de l'urine les pronostics de la santé.
Si elle est blanche, puis jaune le matin, elle indique que la digestion se fait
normalement ; si elle est rouge, c'est un triste pronostic ; si elle est noire,
c'est pis encore; si elle forme des bulles et qu'elle soit chargée, c'est un
mauvais signe.
Quand elle dépose un sédiment blanc, on est menacé de quelque mal dans
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le voisinage des viscères ; si elle est verte, elle annonce une maladie
intestinale : si elle est rouge, une altération du sang.
Les effets que produisent les substances tirées de la femme tiennent du
prodige, sans parler des avortements subordonnés à des opérations
criminelles, du sang menstruel employé à mille attentats et de tant d'autres
infamies révélées soit par des sages-femmes, soit par des courtisanes.
L'odeur des cheveux de femme brûlés met en fuite les serpents et rend la
respiration aux femmes en proie aux suffocations hystériques. La cendre de
ces cheveux mêlée à du miel et à de l'encens est bonne pour guérir les plaies
ulcéreuses, les humeurs, la goutte.
Leur lait est d'un grand avantage dans les fièvres lentes et les gastrites.
On se trouve encore très bien de son usage dans les faiblesses et toutes les
fièvres.
Appliqué avec de l'encens, il guérit les engorgements des mamelles, il
calme la douleur et guérit, tombant sur un il blessé, l'inflammation. C'est
aussi un spécifique contre la bave que le crapaud fait jaillir dans les yeux.
.Dans le cas où l'on aurait été mordu, il faut boire du lait de femme et en
baigner la plaie. Il est l'antidote des venins, il guérit le délire que cause le
suc de jusquiame.
Rabirius dit que le lait de femme arrête les crises de ventre et facilite
les menstrues. Le meilleur de tous est celui de la femme qui a mis au monde
un enfant de son sexe.
La salive de la femme à jeun est un remède puissant contre les taches de
sang elles inflammations des yeux, si l'on mouille de temps en temps le coin
de chaque il où le mal se fait sentir.
Le feu, qui détruit tout, ne peut dompter le sang menstruel. La cendre,
imprégnée de ce sang, puis répandue sur les étoffes qu'on lave en altère la
pourpre et ternit les autres couleurs.
Lais et Elephantis ont écrit sur les avortements d'une manière bien
opposée. Les racines de choux, de myrte, de tamarin, réduites en charbon et
éteintes dans le sang menstruel, sont un moyen sûr de se le procurer.
Les ânesses sont, dit-on, stériles autant d'années qu'elles ont mangé des
grainsd'orge trempés dans ce sang. Plineajoute qu'il est préférable de ne pas y
croire, mais que les morsures de chien enragé, les fièvres tierces et quartes
se guérissent, selon Lais et Salpe, avec de la laine de bélier noir imbibée de
cette façon.
Nous voyons par là que nos pères vivant au moyen-âge et au temps de la
Renaissance n'avaient rien inventé. eL que leurs remèdes d'origine humaine et
animale leur avaient été transmis à travers les siècles par les Anciens ! 1.
Combien de braves et bonnes gens croient encore en notre vingtième siècle
à leur efficacité !
Dr Reutter, Me Af privat-docent à l'Université de Genève.

(1) Dr Reutter : Des remèdes d'origine humaine et animale prescrits au Moyen-


Age et au temps de la Renaissance. (France Médicale, 1913.)

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