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Bulletin de la Société d'histoire de

la pharmacie

Fourcroy, conseiller d'Etat : G. Vauthier, in Revue histor. de la


Révol. Fr. et de l'Emp., 1914

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Fourcroy, conseiller d'Etat : G. Vauthier, in Revue histor. de la Révol. Fr. et de l'Emp., 1914. In: Bulletin de la Société d'histoire
de la pharmacie, 4ᵉ année, n°13, 1916. pp. 205-206.

http://www.persee.fr/doc/pharm_0995-838x_1916_num_4_13_2298_t1_0205_0000_1

Document généré le 29/09/2015


D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 205

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Lie Mouvement Historique

- REVUE DES REVUES =

Fourcroy, conseiller d'Etat.


De cette consciencieuse étude que M. Gabriel Yauthier vient de
donner à la Revue historique de la Révolution française et de
l'Empire, nous ne retiendrons que le Post-Scriptum, car, malgré
l'importance d'une carrière comme celle de Fourcroy pour l'histoire de la
chimie et pour l'histoire de la presse pharmaceutique, nous ne
pouvons ici suivre le grand homme dans les moindres péripéties de sa
vie politique.
Ce qui m'a donc frappé, c'est la note que M. Vauthier ajoute à son
article. N'y prouve-t-il pas, en produisant des documents irréfutables,
que Fourcroy, exactement comme devait le faire Courtois,
l'inventeur de l'iode, est mort en laissant sa veuve dans une situation
lamentable.
Voici quelques extraits d'une minute écrite de la main de cette
femme et destinée sans doute à solliciter un secours :
« M. Fourcroy, mort sans aucune espèce de fortune, laisse un fils
et une fille [ils étaient d'un premier lit], indépendamment de deux
surs veuves et d'une parente âgée dont il prenait soin... Madame
Fourcroy n'était point en communauté de biens avec son mari. Il lui
reste pour toute ressource : lo une maison à Paris, louée 2,500 fr.;
2° 1066 francs en rentes viagères... Elle a pour 20,000 francs de dettes.»
C'était la misère, si l'on songe que Fourcroy, conseiller d'Etat et
comte d'Empire, devait sur ses vieux jours mener un grand train de
maison. 11 est vrai qu'il était l'auteur de sa propre ruine ; sa veuve le
reconnaît formellement dans, une autre note : « M. Fourcroy et
M. Yauquelin, son élève et son ami, ont élevé en commun une
manufacture de produits chimiques. Ils n'ont point eu pour objet de
faire une spéculation, mais de créer un établissement qui manquait
à la France et de l'affranchir du tribut qu'elle payait à l'étranger.
On a étrangement abusé de leur bonne foi et du peu de connaissance
qu'ils avaient des opérations commerciales. Le résultat a été la perte
de leur fortune... »
La France ne fut pas ingrate. Le 15 janvier 1810, il était accordé
« à la dame Belleville, veuve du comte Fourcroy, membre de notre
206 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ
Conseil d'Etat, mort dans l'exercice de ses fonctions, une pension
annuelle et viagère de 6.000 francs». Trois ans après, son beau-fils étant
mort à la guerre, elle obtint en plus « une pension de 2,500 francs, sur
la dotation de 10,000 francs dont son mari a été titulaire. Cette
dotation avait été recueillie par le jeune Fourcroy, fils d'un premier
mariage du conseiller d'Etat, et elle fait retour au domaine
extraordinaire par le décès de ce fils, mort célibataire à la bataille de Lutzen,
le 2 mai dernier. »
(G. Vauthier, in Revue his tor. de la Révol. fr. et de
l'Emp , oct.-déc. 1914.)

Elixir qui guérit Louis XV.

Le 4 août 1744, Louis XV arrivait à Metz, conduisant une armée


contre les Autrichiens qui venaient d'envahir notre Alsace. Fatigué
par le voyage, par la chaleur, les préoccupations de la campagne et
plus encore par les réceptions et les fêtes incessantes auxquelles il
participait, il tomba malade au bout de huit jours au point
d'inquiéter ses médecin et chirurgien ordinaires, Ghicoyneau et La Peyronie.
Ceux-ci se livrèrent sur la personne du roi à une véritable débauche
de saignées, de lavements, de purgatifs et de vomitifs qui auraient
terrassé les plus valides. En même temps, ils ordonnaient le renvoi
immédiat de la duchesse de Châteauroux qui exerçait auprès de Sa
Majesté certaines fonctions quasi-officielles.
Il s'agissait, en réalité, d'un embarras gastrique peu grave, d'une
sorte de typhoïde abortive, qui disparut dès qu'on eut cessé les purges
et les saignées. Le mérite de la guérison fut attribué au praticien qui
venait de prendre en mains l'auguste malade, M. de Moncharv-aux.
Il semble bien, en effet, qu'il ait compris la nécessité de stimuler et
non de débiliter le patient.
Voici, les quantités étant traduites en grammes, la formule
de l'élixir qui opéra la cure :
Safran (1 gr. 27) ; ambre gris (7 gr. 6) ; musc fin (3 gr. 8); perle préparée,
girofle, canelle, macis, gingembre, trois-poivres (ensemble 45 gr. 9) ; muscades
(61 gr.) ; sucre fin (92 gr. ); graines de paradis, anis, coriandre et fenouil (ens.
30 gr. 6] ; genièvre (1 poignée) : graine de rave (30 gr. 6) ; graine d'hièble (15gr.3) ;
extrait d'angélique (30 gr. 6) : fleur d'oranger (61 gr.) ; feuilles d'or (120 f.) ;
vin d'Espagne (0 litre 931) ; esprit de vin (1.958 gr.) ; eau de mélisse (122 gr.)
Cette formule nous a été conservée par Louis-Martin Charlard,
apothicaire privilégié, qui avait fondé en 1765 une pharmacie toujours
existante à Paris, rue Basse-Porte- Saint-Denis (aujourd'hui, 12,
boulevard Bonne-Nouvelle) : il l'avait transcrite sur un cahier qu'il relia
à la suite de son exemplaire du Cours de Chimie, de Lemery, exem-

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