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Bulletin de la Société d'histoire de

la pharmacie

Les Historiens du jour : II. Léon Guignard, président d'honneur de la


Société d'Histoire de la Pharmacie
Eugène-Humbert Guitard

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Guitard Eugène-Humbert. Les Historiens du jour : II. Léon Guignard, président d'honneur de la Société d'Histoire de la
Pharmacie. In: Bulletin de la Société d'histoire de la pharmacie, 5ᵉ année, n°17, 1917. pp. 310-312.

doi : 10.3406/pharm.1917.1302

http://www.persee.fr/doc/pharm_0995-838x_1917_num_5_17_1302

Document généré le 29/09/2015


310 BULLETIN DE LA SOCIETE
forme et teneur, aux charges de l'arrêt de ce jour à Paris en
parlement, le vingt huitième may mil six cent cinquante huit.

Les apothicaires de Pontoise étaient assez mal vus par leurs


confrères parisiens, parce qu'ils se permettaient de recevoir à la
maîtrise d'ignorants épiciers désireux d'exercer la pharmacie à
-Paris en qualité de « titulaires ». M. Guitard en abouché un
mot dans son savant mémoire sur les Apothicaires privilégiés de
Paris sous l'ancien régime (1), et M. Mallet y a fait allusion dans
ie passage suivant :

« Un exploit d'huissier du 27 novembre 1782 nous révèle que les


Prévost et adjoints du Collège de Pharmacie de Paris font défense aux
maîtres apothicaires de Pontoise de faire passer les examens à
aucun particulier pour être reçu maître apothicaire, à moins de
prendre établissement dans cette ville, protestant de nullité contre tout
ce qui serait fait au mépris de leur opposition (2). »

Il serait curieux de connaître le contenu de cet exploit


d'huissier, dont il n'y a pas trace dans les archives des maîtres
apothicaires -de Paris.
P. Dorveaux.

LES HISTORIENS DU JOUR

Léon GUIGNARD
Président d'honneur de la Société d'Histoire de la Pharmacie

Je suis presque certain d'ennuyer mes lecteurs perspective


navrante en leur traçant la biographie du professeur Guignard :
d'abord parce que presque tous la connaissent, ensuite parce que
M. Guignard possède tellement de titres à l'attention et à la
reconnaissance des hommes, qu'il va m'obliger à une enumeration quasi
fastidieuse.
Je me hâte de dire qu'il n'a cherché pour lui-même aucun de ces
« titres ». Pour peu que vous connaissiez l'homme, vous devinez

(1) Ce mémoire a paru dans la Revue internationale du Commerce, de l'Industrie


et de la Banque, année 1916, pp. 163-211 (les « pontoisiens » y sont mentionnés
p. 199), et dans les Mémoires et documents pour servir à l'histoire du Commerce et
de l'Industrie en France, publiés sous la direction de Julien Hayem, \' série, pp. 271-
319, Paris, 1910 (voir p. 307).
(2) Mali.et. Une note sur l'ancienne communauté des maîtres apothicaires de
Pontoise, p. 4.
D'HISTOIRE DE LA PHARMACIE 311
qu'il n'a jamais couru les honneurs :< ce sont les honneurs qui
s'accrochent à lui sans qu'il y prenne garde. Il n'a jamais eu qu'une
ambition depuis sa jeunesse, faire avancer par son travail une
science utile, c'est-à-dire, suivant }e mot de Voltaire, cultiver son
jardin. Ce jardin est, vous le savez, un jardin botanique.

M. Guignard nous est venu du Jura, où il naquit en 1852 dans


la commune de Mont-spus-Vaudrey. Il fut, à partir de 1876, interne
en pharmacie des hôpitaux de Paris, aide de clinique, puis chef dé
laboratoire à la Faculté de Médecine, préparateur puis
aide-naturaliste au Muséum. En 1883, il est nommé professeur de' botanique à
la Faculté des Sciences de Lyon, et;en 1884 directeur des serres de
la Tête-d'Or dans la même ville. ÎJr rentre à Paris, en 1887, comme
professeur de botanique générale à> l'Ecole de Pharmacie, dont il a
été directeur de 1900 à 1910.
A l'Ecole on lui sait un gré tout particulier d'avoir, comme
directeur, organisé les travaux pratiques de bactériologie, réinstalllé
plusieurs laboratoires et notablement agrandi la bibliothèque. Comme
professeur, il ignore les « chahuts5*»; il faut s'en féliciter, car il
serait peut-être incapable de les réprimer. Son affabilité et sa
serviabilité sont naturelles : et (s'ils ne craignaient de jouer
irrévérencieusement sur les mots) ses élèves pourraient dire de lui : on nous l'a
donné pour maître, et ' il s'est fait volontairement notre serviteur.
C'est pendant son directorat qu^chut le prernier centenaire de
l'Ecole de Pharmacie de Paris. Cet événement fut commémoré par la
publication d'un beau volume in4°, consacré à l'histoire de
l'enseignement de la pharmacie à Paris, depuis Nicolas' Houel jusqu'à
l'année 1903. M. Guignard s'y révéla comme un historien de premier
ordre; non seulement il rédigea les premiers chapitres du volume du
Centenaire, mais encore il dirigea magistralement toute la
publication, faite en collaboration avec les professeurs et le bibliothécaire
de l'Ecole.

Parmi les distinctions et les grades qu'il a obtenus, citons les


médailles d'argent et d'or de l'internat, le diplôme supérieur de
pharmacien, le doctorat ès-sciences-naturelles, le prix Bordin de
l'Institut, le prix Buignet de l'Académie de Médecine, la présidence de la
Société Botanique de France et la vice-présidence de la Société
de Biologie, la présidence d'honneur de la Société d'Histoire de la
Pharmacie et de l'Association des Etudiants en Pharmacie de France.
En outre, M. Guignard est membre de V Académie des Sciences, ,de
l'Académie de Médecine et de l'Académie nationale d'Agriculture de
France, officier de la Légion d'honneur; il fait partie du Conseil
supérieur de l'Instruction publique, du Conseil de l'Université de
Paris, de la Commission d'Hygiène de la Préfecture de Police et de
bien d'autres comités.

Quand M. Guignard n'est pas retenu au dehors par les devoirs que
lui imposent toutes ces nobles charges, vous le trouverez à coup
sûr l'il penché sur un microscope dans son laboratoire de l'Ecole,
au fond du jardin. C'est là qu'il a effectué ou complété ses
meilleures découvertes.
Le premier il a décrit l'important phénomène de la karyokinèse ou
division du noyau cellulaire. Il a montré que, chez les plantes, le
mode de bipartition «les chromosomes ou éléments figurés du noyau
312 . BULLETIN DE^L Aï ÉÔCiMÉ^
était tout différent de celui - que Porî*favait -admis- avant ses
observations. Il a -établi, en outre; 'que le ^mécanisme, par lequel est' assurée
la division égale de chacun^des. éléments nucléaires est
essentiellement le même' chez lés animaux et les végè^àvrx\ -'- - ,.-

¦
Les zoologistes et les botanistes se trouvaient d'ailleurs "en'-fdésac-
cord absolu sur cette question, dont l'intérêt s'augmentait du fait
que le noyau joue un rôle fondamental dansée phé&omène de la
fécondation et la transmission des propriétés .ibéréd^taires. .
M. Guignard étudia ensuite -dans de nombreux* mémoires/ la
formation du sac embryonnaire, puis les phénomènes de la
fécondation. Jusqu'en 1899, on croyait que la fécondation, 'chez les végétaux
angiospermes, consiste uhiqdérnent'dans la f ormation«d*un emb»yon,

¦
par suite de la copulation de 'l'un des deux noyaux mâles1 contenus
dans le tube pollinique avec un noyau femelle renfermé dans le
sac embryonnaire de l'ovule. On était loin de soupçonner que cette
copulation ne représente en quelque sortes -que la 'moitié du
'phénomène; en effet, l'autre noyau mâle; s'unit toujours en même temps à
un noyau spécial du sac embryonnaire' -pour donner, naissance,- à
l'albumen destiné à nourrir l'embryon produit par la première
-copulation. Cette découverte capitale de »:la double fécondation fut faite
en même temps, et d'une façon indépendante, -par M..- Guignard et
par un savant russe; mais c'est M. Guignard qui, le premier,* en
donna des figures. Du même coup se trouvaient .expliqués plusieurs
faits restés jusque-là incompréhensibles. ',
Sans insister sur d'autres travaux1 importants pour la biologie
générale, je dois tout au moins mentionner quelques-uns de ceux
qui intéressent plus spécialement la pharmacie; Par 'exemple, M.
Guignard a fait connaître la localisation, dans les divers organes de la
plante, des principes actifs, diastases et -gludosides,, ; qui fournissent
l'acide cyanhydrique chez diverses, plantes,' et. les essences propres
aux Crucifères et à d'autres familles. Il à signalé de nombreux
exemples de végétaux à acide cyanhydrique. On lui doit- également
la connaissance du curieux système sécréteur à mucilage qui existe
dans les Laminaires et de celui que donne les oléo-résines du Copai-
fera et d'autres Légumineuses, ainsi que des études très précises sur
l'origine et la;Structure du tégument des graines dans un grand
nombre de familles végétales. Et la liste n'est pas close, car l'activité du
savant n'a pas diminué.
.¦''-. E.-H. G.

Le Gérant *.'! E;-H.- Guit*re>.s

*%v «4-

Toulouse.' IMpRîMËiVrE^-RécrfeNAtÈ, rue <Mftti:t\?4%.-j.r :


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