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16/05/2013 |
Sionisme
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A la fois idéologie politique, programme politique et mouvement global à l'intérieur du judaïsme, le sionisme a
pour objectif de concrétiser, tant politiquement que culturellement, le droit du peuple juif à son
autodétermination et à son installation en Palestine (Eretz Israël). En tant que manifestation politique et

culturelle induite par le nationalisme moderne, il se développa au XIXe s., lorsque les juifs, en dépit de
l'émancipation et de l'assimilation, se trouvèrent en butte à un antisémitisme grandissant et à des
persécutions. Il était également porté par l'espoir d'un retour à Sion (Jérusalem) et de la renaissance d'une
communauté juive en Palestine, espoir qui animait la diaspora juive et remontait à la première déportation
des Hébreux et à la captivité à Babylone (586-538 av. J.-C.), et à l'exil qui suivit la destruction du second
temple de Jérusalem par les Romains (70 apr. J.-C.).

Représentant de la composante culturelle du mouvement, Nathan Birnbaum forgea le concept de sionisme


vers 1890, mais ce fut le journaliste viennois Theodor Herzl qui en devint la figure centrale. Choqué par
l'antisémitisme révélé lors de l'affaire Dreyfus, il publia en 1896 Der Judenstaat ("L'Etat des juifs"), qui portait
comme sous-titre "tentative de solution moderne de la question juive"; il entreprit peu après de mettre sur
pied une organisation politique propre à mettre en œuvre cette "solution". La convocation d'une conférence
en Allemagne ayant été refusée tant par les rabbins réformés que par les orthodoxes, c'est à Bâle que se tint,
présidé par Herzl, le premier congrès sioniste (28-31 août 1897). La Suisse joua un rôle important dans le
développement du mouvement, puisque quatorze des vingt-deux congrès sionistes se déroulèrent sur son
territoire jusqu'à la création de l'Etat d'Israël en 1948: neuf à Bâle (1897, 1898, 1899, 1901, 1903, 1905,
1911, 1927, 1946), trois à Zurich (1929, 1931, 1937), un à Lucerne (1935) et un à Genève (1939). La stabilité
politique et la neutralité du pays, ainsi que sa situation centrale, furent déterminantes avant comme après la
Première Guerre mondiale.

En Suisse comme dans d'autres pays, la majorité des juifs se montrèrent d'abord sceptiques à l'égard du
sionisme. Ils n'avaient obtenu l'égalité sur le plan fédéral qu'en 1866 et craignaient pour leur récente
intégration, et bien des juifs orthodoxes jugeaient répréhensible de restaurer un Etat d'Israël avant la venue
du Messie. Dès le début, le mouvement trouva cependant en Suisse des partisans qui, comme au sein du
sionisme international, s'associèrent en groupements d'orientations politiques diverses et déléguèrent des
représentants aux congrès. Au cours des années 1920, il y eut même des mouvements de jeunesse sioniste.
Hechaluz, leur organisation faîtière, mit sur pied pendant la Deuxième Guerre mondiale, à partir de Genève,
des actions de sauvetage pour les juifs persécutés. Excepté l'hostilité déclarée des frontistes dans les années
1930, le mouvement sioniste et ses congrès en Suisse purent compter sur un accueil bienveillant de la part
des autorités et de la population. Le conseiller national socialiste David Farbstein et le journaliste Veit Wyler
notamment jouèrent le rôle d'intermédiaires. Pour une large frange de la population et pour des politiciens
influents, le combat du petit peuple juif pour son Etat offrait quelque similitude avec le combat des
Confédérés d'autrefois pour leur indépendance.

La proclamation de l'Etat d'Israël en 1948 marqua la réalisation du but du sionisme. Celui-ci devint l'idéologie
de l'Etat, à laquelle les principales forces sociales du pays furent dès lors tenues de souscrire. Des leaders
juifs suisses ne virent aucune contradiction entre l'adhésion au sionisme et l'attachement au patriotisme
suisse. Les tentatives de rompre le lien entre sionisme et l'Etat d'Israël, et de justifier l'autonomie de ce
dernier indépendamment de la diaspora, ne furent le fait que de cercles intellectuels restreints.

URL: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F11387.php
© 1998-2019 DHS: tous les droits d'auteur de cette publication sont réservés au Dictionnaire historique de la Suisse, Berne. Les textes sur
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Bibliographie
– G. Shimoni, The Zionist Ideology, 1995
– H. Haumann, éd., Der erste Zionistenkongress von 1897, 1997
– A. Rubinstein, Geschichte des Zionismus, 2001

– M. Brenner, Geschichte des Zionismus, 32008


– R.U. Kaufmann, «Die jüdische Welt trifft sich in Luzern», in JHGL, 26, 2008, 29-44

Auteur(e): Ralph Weingarten / DVU

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