Vous êtes sur la page 1sur 68

Voici sous forme de mots et termes clés ce que nous traiterons tout au long

de ce cours :

Perturbations électromagnétiques, champ électromagnétique, résistance


électrique, inductance, capacité électrique, champ électrique (proche),
champ magnétique (proche), champ électromagnétique (lointain), couplage,
câbles, effet pelliculaire, effet d’antenne, blindage, terre, masse, effet
réducteur et normes de la CEM.

1
Contenu de la matière

1. Notions préliminaires
2. Les acteurs de la CEM
3. Perturbations électromagnétiques
4. Masse et blindage

2
1. Notions préliminaires
1.1 Introduction
1.2 Règlementations et normes de la CEM
1.3 Terminologie employée
1.4 Contexte de la CEM : Pourquoi la
CEM ?
1.5 Enjeux de la CEM : Marge de
compatibilité

3
1.1 Introduction
Les systèmes électriques ou électroniques ne fonctionnent pas de façon
isolée de leur environnement. Tous les courants et tensions électriques qui
sont présents dans chaque système induisent une multitude de champs
r r r r
(électrique E , magnétique B , ou électromagnétique E et B ) et de signaux
parasites qui ont pour résultats les bruits électromagnétiques et
radioélectriques pouvant affecter d’autres systèmes. Ces bruits sont les
supports d’une énergie électromagnétique parasite qui peut ainsi franchir
non intentionnellement les limites d’un système soit pour y pénétrer, soit
pour s’en échapper. Lorsque cette énergie parasite pénètre dans un système,
elle peut affecter son bon fonctionnement, et lorsqu’elle s’échappe du
système, elle peut aller pénétrer dans un système voisin et affecter le bon
fonctionnement de ce dernier : c’est une perturbation électromagnétique.

En tant qu’émetteur intentionnel ou non d’énergie électromagnétique, un


système électrique ou électronique constitue une source potentielle de
perturbations électromagnétiques.

Et en tant que récepteur non intentionnel d’énergie électromagnétique, un


système électrique ou électronique peut devenir victime de l’environnement
électromagnétique dans lequel il se trouve ; son fonctionnement sera alors
perturbé et cette perturbation peut aller du simple désagrément comme le
grésillement d’un récepteur radio ou d’un téléviseur, à la perte de
fonctionnalité momentanée ou permanente.

De ce fait, dans un environnement électromagnétique, en considérant les


acteurs en présence, on distingue les ″sources″″ et les ″victimes″″ de
perturbations électromagnétiques.

Tout système électrique ou électronique est à la fois ″source″ (aspect


émission) et ″victime″ de perturbations (aspect immunité ou susceptibilité).

4
Il émet à son environnement ou reçoit de ce dernier des perturbations par
trois voies possibles distinctes, comme le montre la figure 1.1 : conduction,
rayonnement ou ionisation.

Pour éviter ou réduire les perturbations


parasites, il est impératif, déjà lors de la
conception des systèmes électriques ou
électroniques, de se préoccuper des
signaux parasites qu’ils auront à émettre
(émission), et des moyens pour les Figure 1.1 :
combattre. En même temps, il est
également impératif de se préoccuper des signaux parasites que ces
systèmes pourraient subir, et d’améliorer leur capacité à résister à ces
perturbations (susceptibilité, immunité).

Une étude minutieuse des problèmes de cohabitation électromagnétique


entre des systèmes électriques ou électroniques est alors indispensable, afin
de dégager les mesures à mettre en œuvre lors de leur construction. Elle se
fait dans le cadre d’une discipline, la « Compatibilité ElectroMagnétique
(CEM) », en anglais « ElectroMagnetic Compatibility (EMC) ».

Les domaines d’intervention de la CEM sont nombreux, mais on peut


délimiter ses trois principaux centres d’intérêt, qui sont :
- Les sources de perturbations ;
- Les modes de propagation et de couplage des perturbations ;
- Les effets des perturbations électromagnétiques sur les "victimes".

Des règlementations et normes existent concernant chacun des ces trois


principaux centres d’intérêt.

5
1.2 Règlementations et normes de la CEM
Au plan international, la Commission Electrotechnique Internationale (CEI)
a créé un comité spécial, le Comité International Spécial des Perturbations
Radioélectriques (CISPR) chargé de formuler les normes CEM. Les
publications du CISPR sont généralement utilisées par différents pays
comme document de base pour l’établissement de leurs propres normes.

Ainsi, en Union Européenne (UE), la réglementation est élaborée par les


différents Comités Techniques du Comité Européen de Normalisation en
Electrotechnique (CENELEC). La Directive européenne n°89/336/CEE
entrée en application le 28 octobre 1992 stipule que dans tous les états
membres de l’UE, les appareils susceptibles de générer des perturbations
électromagnétiques ou dont le fonctionnement peut être affecté par des
perturbations ne peuvent être commercialisés dans les pays de l’UE que s’ils
sont conformes aux spécifications en matière de CEM. Le tableau ci-
dessous donne les références et les domaines d’applications des principales
normes internationales en matière d’émission, ainsi que leurs équivalents
Européens :

6
Ces normes définissent entre autres :
- les niveaux limites des perturbations rayonnées pour des distances
données pour des distances données de la source ;
- les limites de champ perturbateur rayonné dans une gamme de fréquence
donnée, à une distance donnée,
- les conditions d’appropriation du site d’essai,
- les niveaux limites des perturbations conduites,
- les caractéristiques des cordons d’alimentation électrique des appareils,
- comment doivent être effectuées les liaisons de masse,

1.3 Terminologie employée


Nous allons définir les termes couramment utilisés dans les cours de
« Compatibilité ÉlectroMagnétique » pour caractériser les perturbations
électromagnétiques, tels que : composant, appareils, système, dispositif,
équipements, installation, émission ou perturbation, immunité ou
susceptibilité, conduction, rayonnement, ionisation.

- Composant électronique ou électrique : Elément seul possédant une


fonction intrinsèque, destiné à être assemblé avec d’autres éléments pour
former un appareil électronique ou électrique.

- Appareil : Produit fini constitué d’un ensemble de composants et


possédant une fonction intrinsèque, destiné à une utilisation finale et/ou
à être installé dans un système.

- Système : Association de plusieurs appareils conçus pour fonctionner


ensemble et/ou pour être associés à une installation.

- Installation : Mise en place d’appareils ou de systèmes dans un lieu


donné.

7
- Dispositif électronique ou électrique : Ensemble de composants donc
d’appareils ou aussi un ensemble d’appareils donc de systèmes.

N.B. : Les textes français emploient le terme « système » alors que les
textes européens utilisent plutôt le terme « installation ».

- Emission : Production (génération) et propagation de signaux


électromagnétiques qui perturbent, ou perturbations. Autrement dit, les
émissions (normes aérospatiales) ou perturbations (normes
industrielles) désignent les signaux volontaires ou non dont la
propagation est de nature à nuire au bon fonctionnement des appareils ou
à la santé des êtres vivants situés au voisinage ; c’est le pouvoir
perturbateur d’un équipement électrique (EMI = ElectroMagnetic
Interference).

- Immunité : Fonctionnement d’un système électrique ou électronique, de


manière satisfaisante dans un environnement électromagnétique.
Autrement dit, l’immunité désigne le comportement d’un appareil en
réponse à une perturbation extérieure, jugée incompatible avec une
utilisation normale. L’immunité, aussi désignée par « susceptibilité »,
est la capacité d’un système électrique ou électronique à supporter les
perturbations (EMS = ElectroMagnetic Susceptibility).

- Rayonnement : Propagation ou transmission de perturbations


électromagnétiques dans l’air (perturbations rayonnées).

- Conduction : Propagation de perturbations électromagnétiques dans les


milieux conducteurs (câbles, tuyau de climatisation, tuyaux d’eau,
composants électriques et électroniques, etc.) sous la forme de courants
électriques (perturbations conduites).

- Ionisation (Electrostatique) : amorçage d’un isolant électrique,


consécutif à la mise en contact d’un matériau électriquement chargé et

8
un isolant. On distingue les ionisations par la chaleur (détecteur de
flamme, poste à souder, …) et par l’humidité (la foudre).

- Perturbation électromagnétique (PEM), en anglais Electromagnetic


Interference (EMI) : Phénomène électromagnétique susceptible de créer
des troubles de fonctionnement d’un dispositif, d’un appareil ou d’un
système, ou d’affecter défavorablement la matière vivante. Elle peut être
un bruit, un signal non désiré ou une modification du milieu de
propagation lui-même.

- Pollution électromagnétique : C’est le fait de générer et de transmettre


des champs électromagnétiques dans l’environnement. La plupart des
équipements électriques et électroniques génèrent des champs
électromagnétiques perceptibles dans leur environnement. L’ensemble
de ces champs crée une véritable pollution qui perturbe parfois le
fonctionnement d’autres équipements.

- Compatibilité ElectroMagnétique (CEM), en anglais Electromagnetic


Compatibility (EMC) : Aptitude d’un appareil ou d’un système à
fonctionner dans son environnement électromagnétique de façon
satisfaisante et sans produire lui-même des perturbations
électromagnétiques intolérables pour d’autres appareils ou systèmes qui
se trouvent dans cet environnement.

- Décharge Electrostatique : Conséquence de mise en contact de deux


matériaux électriquement chargés.

9
1.4 Contexte : Pourquoi la CEM ?
1.4.1 La CEM, une affaire de sécurité et de
réputation
Les dispositifs sensibles aux perturbations ne sont pas fiables, car ils vont
présenter un dysfonctionnement susceptible de provoquer des incidents plus
ou moins graves voire des pertes en vies humaines ; cela a pour
conséquence la mauvaise réputation du constructeur et des pertes d’argent
(baisse des ventes).

Par exemples :
- problème d’ABS ou de commande électrique sur des véhicules lors de
l’utilisation d’un GSM ou à proximité d’un émetteur de forte puissance ;

- interdiction d’utiliser des GSM, lecteurs de CD, ordinateurs portables


dans les avions civils, soit pendant les phases de décollage et
d’atterrissage, soit pendant toute la durée du vol (il est interdit d’utiliser
un téléphone portable dans un avion parce qu’il émet un champ
électromagnétique auxquels les systèmes radioélectriques d’aide au
pilotage (navigation, décollage / atterrissage) risquent d’être sensibles) ;

- interdiction d’utiliser des téléphones sans fil à l’intérieur des hôpitaux en


raison de la sensibilité des appareils électroniques médicaux (détecteurs
d’apnée, moniteurs de gaz anesthésique, etc.) ;

- sensibilité des prothèses auditives, des pacemakers ;


- etc.

Or la CEM est un concept plus large, celui des perturbations entrantes et


sortantes, des entrées et sorties et d’alimentation, de conduction et
rayonnement, de HF et BF.

10
Ces dernières années, plusieurs facteurs se sont conjugués pour augmenter
l’importance et la complexité de la CEM :
- les tensions et les courants sont de plus en plus forts,
- les circuits électroniques sont de plus en plus à niveau d’énergie faible
(microprocesseurs, petite électronique), donc de plus en plus sensibles,
- les distances entre les circuits sensibles (commande) et les circuits
perturbateurs (puissance) se réduisent de plus en plus dans les systèmes,
- les courants faibles et les courants forts se côtoiement étroitement dans
les appareils modernes (miniaturisation).

1.4.2 La CEM, une affaire d’argent


Quand faut-il faire intervenir la CEM ?

Figure 1.2 :

La compatibilité électromagnétique est un fait, mais aussi une


discipline :
Elle est le fait, pour des équipements ou systèmes électriques ou
électroniques, de supporter mutuellement les effets de leurs perturbations
électromagnétiques.

Elle est maintenant une discipline, qui a pour objet d’étudier les problèmes
de cohabitation électromagnétique entre des systèmes électriques ou

11
électroniques susceptibles d’émettre des perturbations électromagnétiques
et/ou d’y être sensibles, et d’améliorer cette cohabitation. Sa vocation est :
- d’étudier les transferts d’énergie électromagnétique non intentionnels
entre systèmes électriques et/ou électroniques ;
- de mettre au point des procédés permettant de limiter les perturbations
électromagnétiques émises et ainsi de satisfaire à la réglementation en
vigueur ;
- de mettre au point des procédés permettant d’accroître l’immunité des
systèmes aux énergies électromagnétiques parasites dans les limites
faisant également l’objet de réglementations.

1.5 Enjeux de la CEM : Marges de


compatibilité
Deux aspects définissant la CEM : L’aptitude d’un appareil à fonctionner
convenablement dans un environnement plus ou moins perturbé, et à ne pas
perturber lui-même l’environnement d’une manière excessive. La notion de
compatibilité naît de la confrontation entre ces deux aspects autour d’une
ligne de partage « niveau de compatibilité », comme le montre la figure 1.3.

Figure 1.3 :

12
Etre compatible signifie alors :
• ne pas perturber, c’est-à-dire ne pas émettre trop de perturbations.
• ne pas être perturbé, c’est-à-dire être capable de fonctionner
correctement, même lorsque qu’un ou plusieurs dispositif(s) génère (nt)
des perturbations à proximité.

Un système électromagnétique compatible satisfait donc les trois critères


suivants :
• il ne gène pas le fonctionnement d’autres systèmes,
• il n’est pas gêné par les perturbations émises par les autres systèmes en
fonctionnement,
• il ne cause pas d’interférences avec lui même.

Où agir pour améliorer la compatibilité ?


- à la source, pour réduire des émissions,
- au niveau de l’équipement sensible, pour augmenter sa susceptibilité,
- au niveau des porteurs de l’énergie électromagnétique, pour réduire les
couplages.

Qui est concerné par la CEM ?


La CEM concerne tous les secteurs de l’électronique et de l’électricité, et
elle est concernée par toutes les fréquences, du continu au GHz.

Le domaine d’action de la CEM il couvre :


- les phénomènes physiques (foudre, décharges électrostatiques,
rayonnements, courants conduits, etc.) ;
- les domaines d’application tels les télécommunications, les équipements
spatiaux et militaires, les équipements de contrôle commande,
l’instrumentation, les équipements d’électronique de puissance, etc.) ;
- les gammes de fréquence (de quelques Hz à quelques dizaines de GHz).

13
Pour vérifier la CEM d’un dispositif :
• on procède par des mesures des champs électrique et magnétique à une
certaine distance (perturbations rayonnées).
• on vérifie par des mesures, que le dispositif fonctionne correctement en
présence de perturbations.

14
2. Les acteurs de la CEM
2.1 Introduction
2.2 Sources de perturbations
2.2.1 Les sources naturelles
2.2.2 Les sources artificielles
2.3 Vecteurs de propagation et couplage des
perturbations
2.3.1 Les perturbations conduites
2.3.2 Les perturbations rayonnées
2.4 Victimes de perturbations

15
2.1 Introduction
La CEM concerne la génération, la transmission et la réception de l’énergie
électromagnétique. Une source génère un signal support d’une énergie,
qu’un canal matériel ou non transfère à un récepteur. Quand ce processus
est désirable, il s’agit d’un fonctionnement normal, mais quand au contraire
il est indésirable, il s’agit du problème de CEM ; le signal support d’une
énergie est alors une perturbation électromagnétique, et le récepteur est la
″victime″.

On ne devrait donc parler de CEM, que si les trois acteurs : Source, Canal
de transmission et Victime, sont présents et bien identifiés. Ils échangent
l’énergie électromagnétique comme le montre la figure 2.1.

Figure 2.1 :

De ce fait, la perturbation d’un système électrique ou électronique met en


jeu les trois les éléments suivants susceptibles d’être caractérisés :
 la source de perturbation, qui se caractérise par sa puissance, sa durée,
son spectre de fréquence, et les champs qu’elle génère,
 le vecteur de propagation, qui dans l’environnement est le milieu support
du signal de perturbation, dans lequel ce dernier se propage ;
 l’équipement ″victime″ de la perturbation.

Tout appareil électrique ou électronique est soumis à l’action de diverses


perturbations électromagnétiques (est influencé), et génère des perturbations

16
électromagnétiques (influence). Ces dernières sont générées de différentes
manières. Toutefois, à la base, leurs faits générateurs sont principalement
des variations brusques de grandeurs électriques (tensions et courants).

2.2 Sources de perturbations


En s’intéressant à l’environnement électromagnétique d’un système,
équipement ou installation, on distingue les sources de perturbations
électromagnétiques d’origine naturelle et les sources de perturbations
électromagnétiques d’origine artificielle qui tiennent de l’activité humaine.

2.2.1 Les sources naturelles


Ce sont : les phénomènes atmosphériques (la foudre qui est une décharge
électrostatique entre nuages ou entre un nuage et sol), le bruit galactique,
l’effet des rayons ionisants (rayonnements cosmiques et en particulier
solaires), le bruit thermique terrestre, les impulsions électromagnétiques
dues aux désintégrations nucléaires d’origine orageuse (NEMP), ...

2.2.2 Les sources artificielles


On distingue parmi les sources artificielles, celles qui sont créées
volontairement par l’homme et qui génèrent les perturbations (sources
artificielles intentionnelles) et celles qui proviennent de l’utilisation de
l’électricité, donc qui les génèrent de façon non intentionnelle ou
involontaire (sources artificielles non intentionnelles).

Les sources intentionnelles sont : les émetteurs radioélectriques et


télévision, les radars, les téléphones portables, les fours micro-ondes, les
fours à induction, les fours à arc, les appareils à soudure à l’arc, les lampes à
décharge, les cellules de commutations téléphoniques fixes et mobiles, ...

17
Les sources non intentionnelles sont : les systèmes d’allumage des
moteurs à explosion, tous les systèmes d’enclenchement et de coupure d’un
signal électrique, l’électronique de contrôle-commande, les convertisseurs
d’électronique de puissance, l’électronique de protection, l’appareillage de
puissance, les moteurs à collecteur puissants, le démarrage de tout type de
moteur électrique puissant, les lignes de transport d’électricité, les
alimentations des systèmes électroniques, l’éclairage fluorescent, les
décharges électrostatiques qui impliquent le corps humain (frottement sur
du textile) ou des matériaux mis en mouvement (friction) par l’homme, etc.

A côté des sources technologiques non intensionnelles, il y a également les


phénomènes électrochimiques et thermoélectriques dus en particulier à la
mise en présence de métaux différents en milieu humide (électrolyse) et
sous l’effet de différences de températures (effet de thermocouple), et les
phénomènes de décharge et d’ionisation électrostatiques.

Certaines sources ont un caractère permanent (fréquence fixe), et d’autres


ont un caractère transitoire (large bande de fréquence). Ainsi, on peut
distinguer les sources de perturbations suivant leurs fréquences, en sources
permanentes et sources transitoires :
- Sources permanentes (fréquence fixe) : émetteurs radio, radars, bruits
des moteurs électriques, communications fixes et mobiles, ordinateurs,
écrans, imprimantes, redresseurs, etc.
- Sources transitoires (large bande de fréquence) : foudre, impulsion
nucléaire d’origine orageuse (NEMP : Nuclear Electromagnetic Pulse),
défauts dans les lignes d’énergie, interruption de courant (disjoncteurs),
décharge électrostatique, etc.

L’impulsion électronucléaire évoque un rayonnement électromagnétique


ravageur qui serait provoqué par l’explosion en altitude d’une charge
nucléaire, et qui pourrait mettre hors d’usage une partie importante des
matériels électriques exposés.

18
2.3 Vecteurs et modes de transmission des
perturbations
Les perturbations électromagnétiques se propagent dans l’environnement,
entre la source et la ″victime″, par deux voies possibles distinctes (vecteurs
de la propagation) :
 les conducteurs électriques (conduction, perturbations conduites) ;
 l’atmosphère (rayonnement, perturbations rayonnées).

Ainsi, on a trois modes de propagation de la perturbation :


 La propagation par Conduction, qui se traduit par la circulation d’un
courant électrique perturbateur. Elle se fait par :
• une liaison directe (contact) perturbations directement conduites,
• une impédance commune, i.e à travers les câbles et les composants
reliant la source à la victime.

 La propagation par Rayonnement, qui se traduit par l’apparition d’un


r r
champ électrique E , ou un champ magnétique B ou un champ
r r
électromagnétique (E, B). On distingue :
• le rayonnement dans la zone de champ proche ;
• le rayonnement dans la zone de champ lointain.

 La propagation par Ionisation, qui se traduit par une décharge électrique


et la circulation d’un courant électrique constant. On distingue :
• l’ionisation d’un diélectrique (souvent l’air), due à la chaleur,
• l’ionisation de l’air, due à l’humidité (foudre).

De ce fait, la CEM fait une première classification entre les vecteurs ou les
modes de propagation, en distinguant :
 les perturbations conduites, qui se propagent le long des câbles de
liaison, et en particulier des câbles d’alimentation, soit en mode
commun, ou en mode différentiel ;

19
 les perturbations rayonnées, qui n’empruntent pas de voie matérielle,
mais agissent par l’intermédiaire de champs électrique, magnétique ou
électromagnétique ;
 les perturbations issues d’une décharge électrostatique consécutive à la
mise en contact de conducteurs chargés électriquement ou à
l’« amorçage » par ionisation d’un isolant en contact avec un
conducteur chargé.

La transmission de la perturbation électromagnétique à la ″victime″ fait


intervenir un ou plusieurs phénomènes physiques désignés « couplages ».
Selon le phénomène, on distingue :
 le couplage direct et par impédance commune (phénomène de champ
électrocinétique),
 le couplage capacitif (phénomène de champ électrique proche),
 le couplage inductif (phénomène de champ magnétique proche),
 le couplage électromagnétique (phénomène de champ lointain).

2.3.1 La propagation par conduction


Les perturbations conduites utilisent comme vecteurs de propagation des
conducteurs, qu’ils soient destinés au transport de l’énergie électrique ou à
la transmission de l’information. Elles sont donc transmises par un câble
(lignes d’alimentation, bus de transmission de données, câbles de masses,
terre, capacités parasites, ...), sous la forme d’un courant électrique.

La figure 2.2 donne un aperçu des différents modes de transmission des


perturbations conduites. Dans cette figure on différencie trois types
d’éléments : l’équipement perturbateur dit "source", les équipements
susceptibles d’être perturbés dits "victimes", et le réseau qui les relie.

20
Figure 2.2 :

Dans les transmissions par conduction, on peut différencier les couplages


par liaison directe et les couplages par impédance commune.

2.3.1.1. Modes de couplage des perturbations aux « victimes »


a) Couplage par liaison directe
La liaison directe entre la "source" et la "victime", assurée par un canal de
transmission d’information ou
d’énergie, favorise le passage des
perturbations à la "victime" : c’est
le couplage direct.

Ces perturbations passent en mode


commun et en mode différentiel,
comme le montre la figure 2.3. Figure 2.3 :

b) Couplages par impédance commune


La "source" et la "victime" ne sont pas reliées entre eux directement pour
des raisons fonctionnelles, donc ils n’échangent théoriquement pas

21
d’information ou d’énergie. Leur liaison est indirecte, comme par exemple
leur connexion à un même réseau, comme le montre la figure 2.4.

Figure 2.4 :

Ce mode de transmission des perturbations est bien plus difficile à identifier


que la transmission par liaison directe. Toutefois, un couplage par
impédance commune se produit lorsque deux mailles ont en commun un
tronçon dont l’impédance ne peut être considérée comme négligeable.

On retrouve ce couplage dans les deux modes, en mode commun et en mode


différentiel. Les courants perturbateurs absorbés par la "source", c’est à dire
les courants dont la fréquence est telle que l’impédance réseau n’est plus
négligeable vis-à-vis de l’impédance d’entrée de la "victime", vont se
partager entre le réseau et la "victime" dans des proportions dépendant de
leurs impédances respectives. Ces courants provoquent des chutes de
tension sur le réseau.

22
2.3.1.2. Modes de circulation des perturbations conduites
Sur une liaison par conducteurs (deux conducteurs) entre source et victime
de perturbations, le signal perturbateur peut se déplacer de deux façons
(modes) différentes : mode commun et mode différentiel.

 Le mode commun ou asymétrique, qui utilise le réseau de masse ou de


terre comme potentiel de référence commun, comme le montre la figure
2.5a ;
 Le mode différentiel ou symétrique, qui utilise une liaison bifilaire en
aller et retour, comme le montre la figure 2.5b.

Figure 2.5 :

a) Le mode commun ou asymétrique


La propagation s’effectue en mode commun lorsque la perturbation est
transmise à l’ensemble des conducteurs actifs. Le courant de mode commun
se propage sur tous les conducteurs dans le même sens et revient par la
masse à travers les capacités parasites. Les courants peuvent être induits par
un champ externe dans la boucle formée par le câble, le plan de terre et les
impédances de connexion des équipements et la terre. Donc la circulation
du courant de mode commun fait intervenir la liaison bifilaire et la liaison
équipotentielle. Par définition, nous appelons courant de mode commun, le
courant qui circule dans la connexion équipotentielle.

23
Ce mode est très peu utilisé pour les signaux utiles, car il correspond
souvent à un mode parasite ; Il est aussi appelé mode « parallèle », mode
« longitudinal », ou mode « asymétrique ».

La tension de mode commun est définie comme étant égale à la valeur


moyenne de la d.d.p. entre les différents fils et la. masse. Le courant de
mode commun est égal au courant qui s’écoule à la masse. Ce courant se
partage entre les différents fils de liaison, dans le même sens sur chacun des
fils. C’est le cas le plus fréquent de transmission des perturbations, car le fil
de signal et le fil de retour sont proches et reçoivent la même perturbation.
Le mode commun utilise le réseau de masse ou de terre comme potentiel de
référence commun.

b) Le mode différentiel ou symétrique


La propagation s’effectue en mode différentiel lorsque la perturbation est
transmise à un seul des conducteurs actifs. Le courant de mode différentiel
se propage sur l’un des conducteurs, passe à travers l’équipement et revient
par un autre conducteur. Donc la circulation du courant de mode différentiel
ne fait intervenir que la liaison bifilaire entre les deux équipements ; le
courant de mode différentiel se boucle sur les 2 fils de liaison. Dans ce cas,
le courant dans le conducteur "aller" est égal au courant dans le conducteur
"retour", il circule en sens opposé sur chacun des fils. Le courant électrique
de mode différentiel se transmet par une liaison bifilaire en aller et retour.

Les signaux utiles sont généralement transmis en mode différentiel, appelé


aussi mode « série », mode « normal » ou mode « symétrique ». C’est le
mode normal de fonctionnement d’une liaison électrique. Il est difficile de
filtrer une perturbation en mode différentielle si le signal utile est aussi
rapide que la perturbation. Il faut donc éviter que ce mode de couplage
puisse se produire.

Dans le cas général, il y a superposition de ces deux modes de couplage ;


dans un circuit, la circulation des courants s’établit toujours par

24
l’intermédiaire de courants de mode commun et de mode différentiel. Les
définitions précédentes restent exactes, si nous définissons les courants dans
le système de la façon indiquée à la figure 2.5.

Figure 2.5 :

C’est le mode de fonctionnement de tous les signaux électroniques et des


alimentations.

2.3.2 La propagation par rayonnement


Les perturbations électromagnétiques peuvent également se propager sans
qu’il existe de conducteurs reliant "source" et "victime", donc sans
emprunter une voie matérielle. Si ″source″ et ″victime″ ne présentent pas de
liaison galvanique, la perturbation électromagnétique est transmise par une
onde électrique, magnétique ou électromagnétique : on parle de
perturbations rayonnées. Les phénomènes seront décrits à l’aide des outils
théoriques et expérimentaux de l’électromagnétisme que représentent la
théorie de Maxwell et les antennes de mesure.

Lorsque les circuits électriques sont soumis à des différences de potentiel ou


sont parcourus par des courants électriques, ils produisent dans l’espace des
champs électromagnétiques dont l’intensité dépend de la nature, de la
fréquence et de la distance par rapport à la source.

25
Très souvent, les perturbations rayonnées utilisent comme vecteur de
propagation l’atmosphère (air ou vide) environnant "source" et "victime".

2.3.2.1. Types de couplage des perturbations rayonnées


Le porteur d’énergie d’une perturbation rayonnée par une source peut être :
l’onde de champ électrique proche, de champ magnétique proche ou de
champ électromagnétique lointain.

Figure 2.6 :

Autour d’une source d’émission ou de rayonnement de perturbation, on


distingue trois zones :
 la zone de champ très proche (réactif, entourant immédiatement la
source) appelée encore zone d’évanescence ou de Rayleigh. L’onde
électromagnétique n’est pas encore formée, les champs électrique et
magnétique y sont indépendants.
 la zone de champ proche ou région de Fresnel, qui est située un peu plus
loin de la source, au-delà de la zone de Rayleigh, où le phénomène de
propagation commence à apparaître, mais l’onde électromagnétique
n’est pas encore formée, les champs électrique et magnétique y sont
toujours indépendants.
 la zone de champ lointain ou région de Fraunhofer, où les propriétés du
r r
champ électromagnétique sont bien établies. Les deux champs E et H
sont « couplés » (il n’est plus possible de déterminer le type d’émission).
Il y apparait le phénomène classique de propagation des ondes

26
électromagnétiques. Cette région se situe généralement à plusieurs
longueurs d’onde de la source avec un champ électromagnétique dont
l’amplitude diminue lorsque la distance à l’antenne augmente et s’annule
à l’infini.

Pour des distances à la source D inférieures à λ 2π nous considérerons que


nous sommes en champs proches, et pour des distances D supérieures à
λ 2π nous considérerons que nous sommes en champs lointains.

r
Dans la zone proche de la source (D < λ 2π) où les champs électrique E et
r
magnétique H sont indépendants, on mesure le rapport Z0 = E H appelé
impédance d’onde électromagnétique. Suivant le niveau de l’impédance
d’onde, on a l’émission :
r
• d’un champ électrique E produite par un circuit électrique haute
impédance (Z0 > 377 Ω ) soumis à une différence de potentiel u (t ) élevée,
comme le montre la figure 2.6a. Exemple : antenne filaire.
r
• d’un champ magnétique H engendrée par un circuit électrique basse
impédance (Z0 < 377 Ω ) parcouru par un courant électrique i(t ) , comme
le montre la figure 2.6b. Exemple : antenne boucle.
r r
Dans la zone lointaine de la source (D > λ 2π), les champs E et B couplés
sont perpendiculaires à la fois entre eux et à la direction de propagation.
Dans le vide (ou l’air), ils sont liés par la relation d’impédance d’onde Z0 .
r r
Le champ électromagnétique E, H engendré décroît en 1 r , a une impédance
Z0 = 377 Ω et possède les caractéristiques d’une onde plane. Les distances à
considérer son fondées sur la longueur d’onde du signal :

3 ⋅108 m s
λ= .
f

27
La description du champ électromagnétique créé par un système est souvent
difficile car chaque système contient en général plusieurs sources qui
contribuent au rayonnement :
 il peut y avoir un certain nombre de petites boucles de courant dont
chacun peut être assimilé à un dipôle magnétique.
 il peut y avoir une contribution importante des courants en mode
commun circulant dans les câbles de connexion. Ces derniers peuvent
être assimilés à des dipôles électriques.

On distingue deux types de


couplage des perturbations
rayonnées : le couplage en
champ proche et le couplage
en champ lointain, comme le
montre la figure 2.7.
Figure 2.7 :

2.3.2.2. Modes de couplage des perturbations rayonnées aux


« victimes »
La perturbation passe à la ″victime″ par deux mécanismes : le diaphonie
(champ proche), et « effet d’antenne » (champ lointain).

a) Couplage en champ proche ou « diaphonie »


Si ″source″ et ″victime″ sont voisines sans liaison galvanique, le couplage
est dit « en champ proche ». Les champs électrique et magnétique s’ils y
sont présents simultanément sont indépendants.

Le couplage des perturbations rayonnées à la ″victime″ en champ proche est


désigné par « diaphonie ». Le couplage en champ électrique proche peut
être de nature capacitive et représenté par des capacités, et le couplage en
champ magnétique proche peut être de nature inductive et représenté par des
mutuelles inductances, comme les montre la figure 2.8. Lorsque ces
phénomènes de couplage interviennent sur des lignes électriques, les

28
phénomènes perturbateurs sont les variations rapides de tensions ou de
courants (du dt ou di dt ) ; on parle alors de couplages câble-câble ou de
phénomènes de diaphonie capacitive ou de diaphonie inductive.

En général, les outils d’analyse des couplages en champ proche font appel à
des modèles de types réseau électrique où ces couplages sont représentés
par des capacités ou/et des mutuelles inductances.

Figure 2.8 :

a.1) Diaphonie capacitive


C’est le couplage par effet capacitif. Il existe toujours une capacité non
nulle entre deux éléments conducteurs. Toute différence de potentiel entre
ces deux éléments va générer la circulation d’un courant électrique au
travers de cette capacité parasite. Ce courant parasite sera d’autant plus
élevé que la tension et la fréquence de ce courant sont élevées.

a.2) Diaphonie inductive


C’est le couplage par effet inductif. Une variation de courant dans un
conducteur crée un champ magnétique qui rayonne autour de ce conducteur.
Un circuit voisin peut alors voir apparaître en son sein une tension induite
perturbatrice si la variation de courant est importante.

29
b) Couplage en champ lointain ou par « effet d’antenne »
Dans le couplage en champ lointain, nous supposerons que les courants et
tensions induits dans la "victime" ne provoquent pas de modification des
caractéristiques d’émission de la source de perturbation. Ceci est vérifié si
le couplage entre les deux systèmes est faible. Ce couplage n’a donc, dans la
majorité des cas une importance significative que si les longueurs et
surfaces mises en jeu sont grandes. C’est pourquoi ils interviennent de façon
significative dans les connexions. On parle alors de couplage champ-câble.
r
Ce couplage est soit un couplage en champ électrique E (figure 2.9c) soit
r
un couplage en champ magnétique B (figure 2.9a,b) et peut s’effectuer en
mode commun ou en mode différentiel.

Figure 2.9 :

Effets d’antenne d’un conducteur :


Dans une installation, si un conducteur a une longueur lc supérieure au
trentième de la longueur d’onde λ du signal électromagnétique (lc > λ 30)
qui le parcourt, alors :
 l’impédance du conducteur devient infinie,
 l’installation se comporte comme s’il n’y avait plus de conducteur.

Les antennes de transmissions radio en sont un parfait exemple.

30
2.4 Les victimes des perturbations
Dans la trilogie source/couplage/victime, la victime représente tout matériel
ou système électrique ou électronique susceptible d’être perturbé. Il s’agit
généralement d’un équipement comportant une partie électronique, qui
présente un dysfonctionnement dû à la présence de perturbations
électromagnétiques généralement d’origine extérieure à l’équipement.

2.4.1 Effets des perturbations sur les victimes


Dans la ″victime″, la perturbation électromagnétique se traduit par
l’apparition d’un signal électrique indésirable qui se superpose au signal
utile, ce qui engendre des phénomènes indésirables tels que :
- le brouillage des ondes radio ;
- les interférences des émissions radioélectriques dans les systèmes de
contrôle-commande,
- l’introduction des erreurs dans les résultats de l’imagerie des hôpitaux,
- la gêne du décollage et de l’atterrissage des avions.
- etc.

Les phénomènes indésirables peuvent avoir différentes propriétés. Ainsi, ils


peuvent être :
- permanents et mesurables,
- aléatoires non répétitifs survenant lors de l’apparition des perturbations,
- aléatoires non répétitifs persistant après l’apparition des perturbations,
- des défauts permanents subis par l’équipement (destruction de
composants).

2.4.2 Amélioration de la CEM


L’amélioration de la CEM est obtenue par différents types d’actions :
 tenter de supprimer la production de l’énergie perturbatrice à la source ;
 rendre le canal de transmission aussi inefficace que possible ;

31
 rendre le récepteur le moins sensible possible aux perturbations.

L’amélioration de la CEM agit du côté des sources en tentant de réduire les


perturbations qu’elles émettent, et du côté des victimes en les protégeant des
influences extérieures. Bien qu’il s’agisse à première vue de deux approches
différentes, on met en œuvre, dans la pratique, des techniques apparentées.
Sachant qu’une source de perturbations atteint sa victime par le biais d’un
couplage, c’est à ce niveau qu’il faut agir ; on a recours pour cela à des
dispositifs de « découplage ».

32
3. Perturbations électromagnétiques
3.1 Types de perturbations
3.1.1 Les harmoniques
3.1.2 Variations et fluctuation de tension
3.1.3 Creux de tension et coupure brèves
3.1.4 Surtensions et chocs de foudre
3.1.5 Décharges électrostatiques
3.1.6 Variation de fréquence
3.1.7 Signaux transmis sur le réseau électrique
3.1.8 Composante continue du courant sur le
réseau
3.1.9 Déséquilibre de phases
3.2 Notions d’électromagnétisme
3.2.1 Les champs électrique, magnétique et
électromagnétique
3.2.2 Grandeurs du champ électromagnétique
3.2.3 Les lois de l’électromagnétisme
3.2.4 Continuité du champ électromagnétique
traversant deux milieux différents
3.2.5 Généralisation des lois de
l’électromagnétisme
3.3 Réduction des perturbations

33
3.1 Types de perturbations et leurs origines
Les perturbations électromagnétiques susceptibles d’affecter le bon
fonctionnement des équipements et des procédés industriels sont en général
rangées en trois classes : les perturbations basse fréquence (< 9 kHz ), les
perturbations haute fréquence (≥ 9 kHz ) , et les décharges électrostatiques.

3.1.1 Les harmoniques


Les harmoniques sont des tensions ou des courants sinusoïdaux dont les
fréquences sont multiples entiers de la fréquence du réseau électrique. Ils
proviennent des récepteurs non-linéaires dont le courant qu’ils absorbent n’a
pas la même forme que la(les) tension(s) qui les alimente(nt). Ce courant,
déformé par rapport à la tension qui est quasi-sinusoïdale, est riche en
composantes harmoniques dont le spectre est fonction du type de charge.
Ces courants harmoniques circulant à travers les impédances du réseau
créent des tensions harmoniques qui peuvent perturber le fonctionnement
des autres récepteurs ou des installations électriques des autres utilisateurs,
raccordés à la même source de tension, ce qui a pour conséquence la
distorsion de la tension. L’impédance de la source pour les différentes
fréquences harmoniques a donc un rôle fondamental dans la sévérité de la
distorsion de la tension ; si elle est faible, la distorsion est faible.

Les sources d’harmoniques sont principalement :


• les machines électriques à noyau magnétique : inductances saturées,
transformateurs à vide, machines tournantes. Leur circuit magnétique est
à l’origine d’harmoniques impairs (en particulier de rang multiple de 3) ;
• alimentation d’ordinateurs, de photocopieurs, et d’imprimantes ;
• lampes à décharge, ballast de lampes, téléviseurs, fours à micro-ondes ;
• convertisseurs électroniques et alimentations à découpage à l’origine
d’harmoniques variables selon la technologie de réalisation ;
• fours à arc qui créent un spectre continu de perturbations ;
• machines à souder.

34
3.1.2 Variations et fluctuation de tension
Une variation de tension est une
variation de la valeur efficace ou
de la valeur crête inférieure à 10 %
de la tension nominale.

Les variations lentes de tension Figure 3.1 :


sont causées par la variation lente
des charges connectées au réseau. Les variations de tensions comme le
montre la figure 3.1 sont inévitables, en raison des variations de charge. Les
variations brusques de charge ont des répercussions sur la tension :
- une augmentation brusque et importante de la charge se traduit par un
appel de courant important suivi d’une baisse de tension importante.
- une diminution brusque et importante de la charge a pour conséquence
une augmentation de la tension, car la chute de tension a fortement
diminué du fait de la baisse de l’intensité appelée (creux de tension…).

Les fluctuations de tension sont une suite de variations de tension ou des


variations cycliques ou aléatoires de l’enveloppe d’une tension. Elles sont
provoquées essentiellement par les charges industrielles rapidement
variables comme les machines à souder, les fours à arc, les laminoirs.

3.1.3 Creux de tension et coupures brèves


Un creux de tension est une baisse
brutale de la tension à une valeur
comprise entre 90 % et 10 % d’une
tension de référence U réf , suivie d’un
rétablissement après un court laps de
temps compris entre la demi-période
fondamentale du réseau (10 ms à 50 Hz )
et 1 min. à 50 Hz , comme le montre la
Figure 3.2 :
35
figure 3.2. La tension de référence est généralement la tension nominale
pour les réseaux BT.

Les creux de tension sont provoqués par la mise sous tension de gros
récepteurs ayant une intensité de démarrage de 20 I N et de condensateurs,
par la proximité d’un court-circuit sur un circuit voisin, par la coupure
associée au ré-enclenchement automatique d’un dispositif de protection.

Les conséquences possibles des creux de tension sont l’initialisation des


systèmes automatiques, la perte d’informations ou la destruction de
programmes.

3.1.4 Surtensions et chocs de foudre


Une surtension est toute tension entre un conducteur de phase et la terre, ou
entre conducteurs de phase, dont la valeur de crête dépasse la valeur de
crête correspondant à la tension la plus élevée pour le matériel, définie par
la norme CEI 71-1, comme le montre la figure 3.3.

On a une surtension de mode différentiel qui apparaît entre conducteurs de


phase ou entre circuits différents, et une surtension de mode commun qui
apparaît entre un conducteur de phase et la masse ou la terre.

Différents types de surtension peuvent


apparaître dans les réseaux industriels. Il faut
donc installer des dispositifs permettant de
diminuer leur amplitude et choisir le niveau
d’isolement des équipements afin de réduire les
risques de défaut à un niveau acceptable.

Selon leur origine, on distingue les surtensions


d’origine interne et les surtensions d’origine Figure 3.3 :
externe à l’installation :

36
a) Surtensions d’origine interne ou industrielle :
 Coupure du courant magnétisant d’un transformateur : surtensions de
manœuvre. Les manœuvres en Haute-Tension et la fusion des fusibles
BT donnent lieu à des surtensions assez énergétiques.
 Défauts directs HT/BT : la réalisation des prises de terre des masses
du poste HT/BT appropriées en limite la valeur.

b) Surtensions d’origine externe :


 Surtensions provoquées par la foudre : Les chocs de foudre sont des
perturbations brusques et très importantes. Les surtensions dues à des
coups de foudre de proximité (surtensions d’origine atmosphérique)
affectent principalement les installations directement reliées au réseau
public. Leur fréquence est liée principalement au niveau kéraunique de
la région (nombre de jours par an où l’on entend le tonnerre).
 Surtensions issues de la propagation d’une surtension provenant du
réseau HT à travers un transformateur vers un réseau interne d’usine.

La norme CEI 71-1 donne la classification des surtensions selon leur durée
et leur forme. Selon la durée, on distingue les surtensions temporaires et les
surtensions transitoires :
a) Surtensions temporaires : surtensions à fréquence industrielle de durée
relativement longue (de quelques périodes). Elles ont pour origines un
défaut d’isolement, la ferro-résonance, la rupture du conducteur de
neutre, les défauts du régulateur d’un alternateur ou d’un régleur en
charge de transformateur, la surcompensation d’énergie réactive, le
délestage de charge.

b) Surtensions transitoires : surtensions de courte durée ne dépassant pas


quelques millisecondes, oscillatoires ou non, généralement fortement
amorties. Ce sont généralement des surtensions de manœuvre
provoquées par des modifications rapides de la structure du réseau
(ouverture d’organes de protection…), et des surtensions atmosphériques
(coups de foudre directs sur une ligne ou sur une installation, ou les
effets indirects d’un coup de foudre). Les surtensions transitoires sont
divisées en :
 surtension à front lent
 surtension à front rapide

37
 surtension à front très rapide.

Les surtensions dans les réseaux électriques provoquent une dégradation du


matériel, une baisse de la continuité de service et représentent un danger
pour la sécurité des personnes. Les conséquences peuvent être très diverses
suivant la nature des surtensions, leur amplitude et leur durée. Elles sont
résumées comme suit :
- claquage éventuel du diélectrique isolant des équipements ;
- dégradation du matériel par vieillissement causé par des surtensions non
destructives mais répétées ;
- perturbation des circuits de contrôle-commande et de communication à
courants faibles par conduction ou rayonnement électromagnétique ;
- contraintes électrodynamiques (destruction ou déformation de matériel) et
contraintes thermiques (fusion d’éléments, incendie, explosion), causées
essentiellement par les chocs de foudre ;

Les matériels de traitement de l’information ou électroniques (risque de


destruction de leurs composants électroniques) sont relativement sensibles
aux surtensions et peuvent nécessiter une protection spécifique.

3.1.5 Décharges électrostatiques


- Elles sont caractérisées par un très faible temps de montée de 1 ns , mais
avec une décharge de 60 ns , une tension très élevée (2 à 15 kV ) et un très
large spectre (jusqu’à 1GHz ).
- Elles surviennent lorsqu’un élément a emmagasiné une charge
électrostatique et se décharge brusquement en entrant en contact avec un
autre élément relié à la masse ou présentant une différence de potentiel.
- Les conséquences des décharges électrostatiques sont le plus souvent
liées au claquage diélectrique des composants. Ce type de perturbation
est une préoccupation importante des fabricants de matériel car le
problème du claquage d’un composant ne se révèle que lors de la mise
en service du matériel.

38
3.1.6 Variation de fréquence
Ce type de perturbation est extrêmement rare. Il peut s’observer lorsque la
puissance de court circuit est faible.

3.1.7 Signaux transmis sur le réseau électrique


C’est essentiellement la transmission de courants porteurs utilisés par :
- Les distributeurs d’énergie pour véhiculer les ordres tarifaires,
- Les composants de commande à distance (CAD),
- Les systèmes de communication interne de type inter-phone sur le
réseau,
- Tous ces signaux peuvent perturber certains composants très sensibles
notamment aux harmoniques.

3.1.8 Composante continue du courant sur le


réseau
La présence de redresseurs en montage simple alternance peut engendrer
une composante continue du courant sur le réseau de distribution électrique.

3.1.9 Déséquilibre de phases


Si la puissance des charges monophasées est mal répartie, il y a un risque de
déséquilibre de tension entre les phases. Ce déséquilibre engendre des
composantes inverses de courant qui provoquent des couples de freinage et
des échauffements dans les moteurs à courant alternatif.

Un système triphasé de tensions est


déséquilibré lorsque, bien que les trois
tensions soient de même fréquence et
soient déphasées les unes par rapport
aux autres de ± 120° , elles ne sont pas
égales en amplitude, comme le montre la Figure 3.4 :

39
figure 3.4. Le degré de déséquilibre est défini, en utilisant les composantes
symétriques (de Fortescue), par le rapport de la composante inverse U 1i (ou
homopolaire U 10 ) du fondamental et de la composante directe U 1d du
fondamental :

U1i U10
∆U i = ou ∆U 0 =
U1d U1d

3.2 Notions d’électromagnétisme


3.2.1 Naissance des champs électrique,
magnétique et électromagnétique
Considérons dans l’environnement un corps de volume V situé en un point
P et renfermant une charge électrique variable dans le temps. Si à un instant
t ′ , cette charge restant confinée dans le volume V, présente une distribution
volumique ρ(P, t ′) , alors en un point d’observation M de l’environnement et
à un instant ultérieur t > t ' , il apparaît un champ électrique défini par :

 r
ρ P , t −  dV
r 1  c  r r
E(M, t ) = ∫∫∫ ⋅u, avec r = PM
4π ε0 V r2

Au cas où le corps de volume V est conducteur électrique, alors la charge


qu’il contient est mobile ; elle peut être en outre décrite par un champ de
r
densité de courant électrique J . Si à l’instant t′ , la densité de courant
r
électrique au point P est J (P, t ′) , alors au point d’observation M il apparaît à
un instant ultérieur t > t ' un champ d’induction magnétique défini par :

40
r r r
r J  P , t − ∧ r
µ0  c  dV , r
B(M, t ) = ∫∫∫ avec r = PM
4π V 3
r

r
On constate, que ce qui détermine les champs électrique E(M, t ) et
r
magnétique B(M, t ) au point M et à l’instant t, ce ne sont pas les densités de
r
charge électrique ρ(P, t ) et de courant électrique J (P, t ) respectivement à cet
r r
instant, mais celles ρ(P, t ′) et J (P, t ′) à un instant antérieur t ′ = t − qui
c
dépend de la distance r entre le corps source considéré en P et le point
r
d’observation M. Comme ces densités sont décalées dans le temps de τ = ,
c
r r
les champs électrique E(M, t ) et magnétique B(M, t ) à l’instant t sont dits
« retardés de τ ».

Ce qui distingue les champs variables des champs statiques (Électrostatique


et Magnétostatique), c’est l’intervention de retards : il se produit un
phénomène de propagation. Aux régimes variables, les champs électrique
r r
E(M, t ) et magnétique B(M, t ) se propagent à partir des sources, non pas de
manière instantanée mais à la vitesse finie de la lumière c : les sources
rayonnent les champs dans l’environnement, qui se propagent avec un retard
τ qui est le temps nécessaire pour que la variation temporelle des densités au
point P se propage et modifie l’état électrique ou magnétique de
l’environnement au point M.
r
Bien qu’en régimes variables les expressions des champs électrique E(M, t )
r
et magnétique B(M, t ) établies ci-dessus soient simples, et la description très
intuitive du retard de propagation des phénomènes sur l’état électrique ou
magnétique de l’environnement soit possible, les calculs qui permettent de
r r
s’assurer de la validité des expressions de E(M, t ) et B(M, t ) présentent de
sérieuses complications quand on abandonne les régimes statiques.

41
En effet, considérons deux circuits électriques C1 et
C2 comme illustrés dans la figure 3.5. Si à l’instant t
l’intensité du courant électrique en P sur la portion
infinitésimale dL1 du circuit C1 vaut i1(t ) , alors
d’après la loi de Biot-et-Savart :
r r
r µ dL ∧ r
B1(t ) = 0 ∫ i1(t ) 1
4π C
1
r3

et en prenant en compte le temps de propagation, la Figure 3.5


contribution de cette portion infinitésimale de circuit à l’induction
magnétique en M est :
r r
r µ0 dL1 ∧ r r
dB1(M, t + τ ) = ⋅ i1(t ) , avec r = PM
4π 3
r

En changeant l’origine des temps, on obtient :


r r
r µ0 dL1 ∧ r
dB1(M, t ) = ⋅ i1 (t − τ )
4π r3

L’induction magnétique créée par le circuit C1 en M dans le circuit C2,


obtenue en intégrant sur le circuit C1, est :
r r
r µ0 dL1 ∧ r
B1(M, t ) = ∫ i1(t − τ) 3
4π C r
1

Dans cette expression, i1 (t − τ) ne peut pas sortir de l’intégrale : on peut


alors conclure qu’en régime variable, l’induction magnétique B n’est plus
proportionnelle à sa cause i(t ) , et que la loi de Biot-et-Savart du champ

42
magnétique n’est plus valable. Il est alors indispensable d’introduire une
description de l’Électromagnétisme mieux adaptée aux régimes variables.

Tous les raisonnements menés sur des champs électriques ou magnétiques


statiques peuvent être appliqués aisément à des champs variables dans le
temps, à condition que cette variation s’effectue sur une échelle des temps
(par exemple la période T) longue par rapport aux retards de propagation τ
observés ; les retards τ sont très petits voire négligeables devant la période
(τ << T ) : on parle de champs lentement variables. Les phénomènes dus à
ces champs se propagent rapidement dans l’environnement. On peut donc
supposer qu’en tous points de l’environnement où ces champs sévissent,
toutes les grandeurs de champs varient en même temps et suivant les mêmes
lois. De ce fait, on peut faire des approximations qui vont permettre de
négliger certains termes des équations de Maxwell : on parle alors
« d’approximations du régime quasi-stationnaire », en abrégé ARQS. Les
phénomènes y associés sont dits « quasi-stationnaires ». L’ARQS néglige
les phénomènes de propagation ; si l’on note λ = c ⋅ T la longueur d’onde du
phénomène dans le vide, on a alors :

r λ
τ = <<
c c
r
L’ARQS décrit convenablement le champ électrique E(M, t ) d’une
distribution de charge électrique en tout point de l’environnement dont la
distance r = PM à la source est faible devant la longueur d’onde λ . D’autre
part, bien que la densité de courant soit variable dans le temps, dans
r
l’ARQS, la création d’un champ d’induction magnétique B(M, t ) obéira à la
loi de Biot-et-Savart. Dans l’ARQS, les deux champs sont indépendants.

L’ARQS qui permet d’étudier les phénomènes lentement variables est


également applicable aux phénomènes transitoires.

43
N.B. : En cas de variations lentes (phénomènes quasi-stationnaires), les
courants de déplacement peuvent être négligés. De ce fait, si les réseaux
électriques comportent des condensateurs, alors seuls les courants
électriques dans les conducteurs sont considérés, les courants de
déplacement dans les isolants des condensateurs étant négligés.

Pour des problèmes de propagation par rayonnement sur des distances r de


l’ordre de grandeur de la longueur d’onde r ≈ λ ou plus grandes que la
longueur d’onde r >> λ , en
télécommunications par exemple,
les champs électrique et
magnétique sont « couplés », ils
sont indissociables : c’est le champ Figure 3.6 :
électromagnétique. Pour son étude,
on utilise le modèle de l’onde électromagnétique (OEM), comme le
montre la figure 3.6 pour une onde plane.

Pour de grandes vitesses de variation du champ électromagnétique, on ne


peut plus négliger l’effet électrodynamique du courant de déplacement.
Avec l’accroissement de la fréquence, le phénomène se déplace de plus en
plus du conducteur vers l’environnement non conducteur (diélectrique) qui
l’entoure, donc il n’est plus lié au matériau.

La base pour la description d’un champ électromagnétique rapidement


variable est constituée par les équations de Maxwell, dans lesquelles les
courants de conduction et de déplacement apparaissent en même temps : le
courant électrique résulte de la conduction et du déplacement dans le
matériau ou l’environnement concerné. Le vecteur densité de courant total
qui entre dans les équations de Maxwell est alors :
r
r r ∂D
J t = Jc +
∂t

44
La densité de courant devient importante pour des phénomènes transitoires
rapides.

3.2.2 Grandeurs du champ électromagnétique


3.2.3.1 Les grandeurs des champs électrique et magnétique
Dans tous les problèmes qui nécessitent la détermination du champ
électromagnétique qui règne à chaque instant aux divers points d’un
système matériel, en particulier les problèmes relatifs à la propagation des
ondes électromagnétiques, on a à utiliser les équations de Maxwell et
trouver les grandeurs locales suivantes :
r r
 un système de champs vectoriels électrique E et magnétique H ;
r
 un champ vectoriel densité de courant électrique J ;
 un champ scalaire charge électrique d’espace ou volumique ρ ;
r
 un système de champs vectoriels d’induction électrique D et magnétique
v
B.

3.2.3.2 Relation entres grandeurs vectorielles dans un milieu


Les grandeurs des champs vectoriels dépendent des propriétés du milieu où
ils règnent. Pour compléter la description électromagnétique, il faut ajouter
aux équations précédentes les équations de comportement des milieux.

Un milieu physique peut présenter l’une des quatre propriétés suivantes :


conducteur, isolant, magnétique, et électrique.
r r
a) Milieux conducteurs (loi d’Ohm locale) : J = κ ⋅ E

r
b) Milieux isolants (κ = 0 ) : J = 0

r r r
c) Milieux magnétiques : B = µ ⋅ H = µ r ⋅ µ0 ⋅ H
- Matériaux diamagnétiques (argent, cuivre, eau, or, plomb, zinc...) et
paramagnétiques (air, aluminium, magnésium, platine) : µ r ≅ 1.

45
- Matériaux ferromagnétiques (cobalt, fer, métal, nickel...) : µ r > 1. Ces
matériaux sont hautement perméables et concentrent les lignes de
champ magnétique voisines.
r r r
d) Milieux diélectriques : D = ε ⋅ E = ε r ⋅ ε0 ⋅ E

3.2.3 Les lois de l’électromagnétisme


La loi de Faraday, le théorème d’Ampère et le théorème de Gauss ont été
réunis par James Clerk Maxwell (1831-1879) qui a donné les formules les
plus complètes de l’électromagnétisme liant les grandeurs électriques et
magnétiques dans quatre équations aux dérivées partielles.

3.2.3.1 Loi de Maxwell-Gauss


Nous partons du théorème de Gauss :
r r
∫∫ ⋅ dA = Q = ∫∫∫ ρ ⋅ dV
D
A V

où ρ est la densité volumique de charge.

r r
Avec D = ε ⋅ E , on a :

r r Q
∫∫ ⋅ dA = ε
E
A
r r r
En utilisant la formule de Green-Ostrogradsky : ∫∫ E ⋅ dA = ∫∫∫ (div E )⋅ dV , on
A V
obtient :

r r r Q 1 ρ
∫∫ E ⋅ dA = (
∫∫∫ div E )
⋅ dV = = ∫∫∫ ρ ⋅ dV = ∫∫∫ ⋅ dV
ε εV ε
A V V

46
D’où la loi de Maxwell-Gauss :

r ρ
div E =
ε

Ceci traduit le fait que le champ électrique est créé par les charges
électriques (qui sont sources du champ électrique). Les lignes de champs
débutent par les charges positives et finissent par les charges négatives.

3.2.3.2 Loi de Maxwell-Ampère


Nous partons de la loi d’Ampère :
r v
∫ ⋅ d s = ic + i D
H
S

r r
où i c = ∫∫ J ⋅ dA est le courant de conduction résultant du déplacement des
A
r
r r ∂D r
charges électriques, et i D = ∫∫ J D ⋅ dA = ∫∫ ⋅ dA le courant de déplacement
A A
∂t
résultant de la variation temporelle du champ électrique. ce dernier est à
l’origine de l’effet de propagation dans l’air. En utilisant la formule de
r r r r
Stockes : ∫ H ⋅ d s = ∫∫ (rot H )⋅ dA , on obtient :
S A

r
r r r r  r ∂D  r
( )
∫ H ⋅ d s = ∫∫ rot H ⋅ dA = ∫∫  J + ∂t  ⋅ dA
S A A 

D’où la loi de Maxwell-Ampère :


r
r r ∂D
rot H = J +
∂t

47
La divergence de l’équation de Maxwell-Ampère donne :
r r
(
r
)
r  ∂D 
div rot H = div J + div 
(
 = div J +
)
r ∂ div D
=0
 ∂t  ∂t

r ρ r
Avec div E = , soit div D = ρ , on obtient :
ε

r ∂ρ
div J + =0
∂t

r r
En introduisant les équations de comportement des milieux : D = ε ⋅ E et
r r
B = µ ⋅ H dans l’équation de Maxwell-Ampère, on obtient l’autre forme de
cette équation :

r
r r ∂E 
rot B = µ ⋅  J + ε ⋅ 
 ∂t 

3.2.3.3 Loi de conservation du flux magnétique


La loi de conservation du flux magnétique stipulant que le flux magnétique
à travers une surface fermée est nul, on a :
r r
∫∫ B ⋅ dA = 0
A

r r r
En utilisant la formule de Green-Ostrogradsky : ∫∫ B ⋅ dA = ∫∫∫ (div B)⋅ dV , on
A V
obtient :
r
div B = 0

Elle exprime :

48
 qu’il n’existe pas de charges magnétiques ;
 que les lignes de champ magnétique n’ont ni début ni fin.

3.2.3.4 Loi de Maxwell-Faraday


On part de la loi de Faraday de l’induction magnétique :
r
v r ∂Φ ∂ r r ∂B r
∫ E ⋅ d s = − ∂t = − ∂t ∫∫ B ⋅ dA = − ∫∫ ∂t ⋅ dA
S A A

r r
où Φ = ∫∫ B ⋅ dA .
A

r r r r
En utilisant la formule de Stockes : ∫ E ⋅ d s = ∫∫ (rot E )⋅ dA , on obtient
S A
l’équation de Maxwell-Faraday :

r
r ∂B
rot E = −
∂t

3.2.3.5 Notions de potentiels scalaire et vecteur


r
La divergence du rotationnel étant toujours nulle, d’après div B = 0 , il existe
r
un vecteur A désigné potentiel magnétique vecteur, tel que :
r r
B = rot A

r
On dit que l’induction magnétique B dérive d’un potentiel magnétique
r
vecteur A .
r
Avec le potentiel magnétique vecteur A , l’équation de Maxwell-Faraday
devient :

49
r r
r ∂B ∂ r  ∂A 
rot E = −
∂t ∂t
( )
= − rot A = − rot 
∂t

 

Soit :

r r
r  ∂A   r ∂A 
rot E + rot   = rot  E +  = 0
 ∂t   ∂t 

Ceci implique qu’il existe un champ électrique potentiel scalaire V, tel que :
r
r ∂A
E+ = −grad V
∂t

car rot (grad ) = 0 .

D’où on tire :

r
r ∂A
E = −grad V −
∂t
r
On dit que le champ électrique E dérive d’un potentiel électrique scalaire
V.

3.2.4 Passage du champ électrique ou


magnétique dans deux milieux différents
Les lignes de champ sont réfractées lorsqu’elles traversent une surface
séparant deux milieux électriques ou magnétiques. Nous voulons déterminer
les conditions de passage d’une grandeur de champ d’un milieu à un autre.

50
3.2.4.1 Conservation des grandeurs de champs
Conservation de la composante tangentielle du champ électrique :
r r r r
(E 2 − E1 ) ∧ nr = 0 = E 2t − E1t
d’où :

E 2 t = E1t

Conservation de la composante normale de l’induction magnétique :


r r r r
(B2 − B1 )⋅ nr = 0 = B2n − B1n
d’où :

B2n = B1n

r
où n est le vecteur normal à la surface de séparation dirigé du milieu 1 vers
le milieu 2.

3.2.4.2 Discontinuité des grandeurs de champs


Discontinuité de la composante normale de l’induction électrique due aux
charges surfaciques Qs si elles existent :

r r
(D2 − D1 )⋅ nr = Qs
d’où :

Qs
D 2n − D1n = Qs ou E 2 n − E1n =
ε

51
Discontinuité de la composante tangentielle du champ magnétique due aux
courants surfaciques de densité σ s’ils existent :
r r r
(H 2 − H1 ) ∧ nr = σ = Hv 2t − H1t
d’où :

H 2 t − H1t = σ

3.2.5 Types de propagation et ondes électrique,


magnétique et électromagnétique
3.2.5.1 Champ proche - Régime quasi-stationnaire
En basses fréquences et/ou dans un milieu conducteur électrique, l’aspect
propagation du champ électromagnétique est négligé : c’est l’approximation
des états quasi-stationnaires ou des régimes lentement variables ou champs
proches.
 Les dimensions de la zone où règne le champ sont petites devant la
longueur d’onde (λ = c f ) où c représente la célérité de la lumière).
 Pour une fréquence de l’ordre de 1 MHz , la longueur d’onde est 300 m ;
ce qui justifie parfaitement l’emploi de cette approximation dans l’étude
des dispositifs de dimensions usuelles.
 Les caractéristiques électriques du matériau permettent à leur tour de
négliger les effets capacitifs des conducteurs.

L’utilisation de cette approximation, revient à négliger :


 le courant de déplacement Id devant le courant de conduction Ic . Pour
un matériau conducteur, cette condition est largement remplie. Pour s’en
rendre compte, il suffit de calculer, dans le cas d’une excitation
sinusoïdale le rapport Id Ic = 2πf ⋅ ε κ qui sera très faible.

52
 la charge d’espace ρ dans les conducteurs. Il peut toutefois exister des
charges électriques sur le pourtour du conducteur mais alors, celles-ci
sont statiques et ne contribuent pas au phénomène d’induction.

3.2.5.2 Champ lointain – Régime rapidement variable


En électrostatique, sans charges électriques, il n’y aura pas de champ
électrique. En présence de charges électriques statiques (dont la quantité ne
r
change pas au cours du temps), il y a un champ électrique statique E . En
magnétostatique, sans courant électrique, il n’y aura pas de champ
magnétique. En présence d’un courant électrique statique (dont l’intensité
r
ne change pas au cours du temps), il y a un champ magnétique statique B .

Dans les régimes dynamiques (les charges électriques ou/et les courants
électriques varient au cours du temps), les phénomènes sont tout autres, une
r
onde peut être créée soit à partir des charges électriques créant E qui induit
r r r
B , soit à partir des courants électriques créant B qui induit E , comme le
montre la figure 3.7

Figure 3.7 :

r r
r r ∂E  r ∂E
Dans rot B = µ ⋅  J + ε ⋅  = µ ⋅ J + µ ⋅ ε ⋅ , le terme de couplage électrique
 ∂t  ∂t
r r r
∂E r ∂B ∂B
est µ ⋅ ε ⋅ , et dans rot E = − , le terme de couplage magnétique est − .
∂t ∂t ∂t

53
a) Onde électromagnétique – Charge électrique comme source
A partir de la charge électrique et d’après la loi de Maxwell-Gauss, un
champ électrique est créé. Ce dernier s’il est variable, va créer un champ
magnétique sous la loi de Maxwell-Ampère, malgré l’absence de courant
électrique. Il crée à son tour, d’après la loi de Maxwell-Faraday, un champ
électrique variable, et ainsi de suite…, comme le montre la figure 3.8.

Figure 3.8 :

b) Onde électromagnétique – Courant électrique comme source


D’après la loi de Maxwell-Ampère, un courant électrique variable dans le
temps, génère un champ magnétique variable. Ce champ magnétique crée à
son tour, d’après la loi de Maxwell-Faraday, un champ électrique variable,
malgré l’absence de charge électrique. Il crée à son tour un champ
magnétique variable, et ainsi de suite…, comme le montre la figure 3.9.

Figure 3.9 :

54
c) Onde Electromagnétique – Charge électrique et courant
électrique comme sources
Le champ électromagnétique acquiert une existence indépendante des
charges et des courants électriques. Initialement, il est nécessaire d’avoir
des charges ou des courants électriques pour créer une onde
électromagnétique, comme le montre la figure 3.10. A partir du moment où
l’onde est émise, son existence ne dépend plus des sources.

Figure 3.10 :

3.3 Réduction des perturbations


électromagnétiques
Pour améliorer la CEM, il faut réduire les perturbations électromagnétiques.
Pour ce faire, il n’est pas toujours possible d’agir à l’extérieur des appareils.

La puissance en jeu des perturbateurs (sources) est élevée et les coûts


d’amélioration des perturbateurs et des victimes sont également élevés
(pertes de rendement). D’autre part, au niveau de la victime, il est difficile
de distinguer les signaux utiles des signaux perturbateurs. De ce fait, pour
réduire les perturbations, il faut agir au niveau des couplages.

55
Il existe quatre moyens possibles de réduire le couplage :
- Bonne interconnexion des masses et mise à terre ;
- Disposition et connexion adéquates des câbles et des composants ;
- Blindage électromagnétique ;
- Suppression des pointes de tension (écrêtage), filtrage, …

56
4. Masse et blindage électromagnétique
4.1 Notion de masse
4.1.1 Mise à la terre des masses
4.1.2 Plan et réseau de masse
4.2 Blindage électromagnétique
4.2.1 Niveaux de blindage
4.2.2 Efficacité d’un blindage
4.2.3 Ouverture dans les blindages
4.2.4 Mise à la terre des blindages
4.2.5 Blindage d’autres systèmes

57
4.1 Notion de masse
La masse est l’enveloppe, le bâti ou le châssis métallique de tout appareil ou
équipement d’une installation électrique, comme le montre la figure 4.1.

Exemples de masses :
Goulottes métalliques, armoires
métalliques, chemins de câbles,
plaques de fond d’armoire non
peintes, tables perforées, structure
métallique du bâtiment (charpente,
Figure 4.1 :
huisseries, tuyauterie ...), bâti et
support de machines, châssis de transformateur, carcasse de moteur, boîtier
métallique d’ordinateurs personnels et d’automates, …

4.1.1 Mise à la terre des masses


4.1.1.1 La prise de terre des masses
Les masses doivent être reliées à la terre par des conducteurs de « de
protection » de désignation « PE ». La terre ici désigne la « prise de terre ».
Le conducteur de protection est identifié par sa coloration « vert-jaune »,
qui est réservée exclusivement à la fonction de protection des personnes
contre les contacts indirects ou défauts de masse.

Dans une installation, la prise de terre des masses doit être unique. Si
l’installation est étendue, il est pratique de réaliser plusieurs prises de terre,
mais toutes ces prises de terre doivent être interconnectées, sinon :
- la résistance très variable du sol du site de l’installation entraînerait en
cas de coup de foudre des différences de potentiel extrêmement élevées
et destructrices entre les différentes prises de terre.
- dans une installation en fonctionnement normal, des courants de fuite ou
de défaut, etc ... entraîneraient des perturbations inacceptables.

58
4.1.1.2 Importance de la mise à la terre des masses
Avec la mise à la terre des masses d’utilisation :
- Les courants de défaut élevés sont éliminés (sécurité des biens).
- Aucune tension dangereuse ne peut apparaître entre deux masses d’une
installation, ou entre masse et sol ou structure métallique (sécurité des
personnes).

4.1.1.3 Protection assurée par la mise à la terre des masses


Pour tout courant de défaut ou toute apparition d’une tension dangereuse, un
disjoncteur différentiel relié à la terre des masses est prévu pour déconnecter
l’appareil ou l’installation de son alimentation, en un temps spécifié en
fonction de la tension du réseau électrique.

4.1.2 Plan et réseau de masse


4.1.2.1 Masses d’utilisation en étoile
Les masses d’utilisation sont
reliées individuellement à un rail
ou une barre d’équipotentialité qui
en constitue le nœud de l’étoile,
comme le montre la figure 4.2.

Cette configuration est totalement


suffisante pour la protection des
personnes et des biens, dans le
domaine des basses fréquences
(f < 100 Hz ), mais elle est inutile
sur le plan de la CEM.

Les conducteurs peuvent être longs


(impédance très grande en HF) et Figure 4.2 :
les courants qui vont y circuler

59
peuvent produire du rayonnement électromagnétique.

4.1.2.2 Masses d’utilisation en grille ou plan de masse


Une alternative à la masse en étoile consiste à réaliser un maximum
d’interconnexions complémentaires
en plus des conducteurs de
protection PE, comme le montre la
figure 4.3. On constitue ainsi un
réseau équipotentiel de masse de
mailles fines ou « plan de masse »,
répondant aux exigences de CEM.

Le plan de masse équipotentiel est


réalisé comme suit : Figure 4.3 :
- Réaliser un plan de masse et une
ceinture de masse à chaque étage d’un immeuble à niveaux en utilisant
les treillis de fer à béton coulés dans les dalles ;
- Interconnecter toutes les structures métalliques (charpentes, tuyaux et
conduites, …) ;
- Dans les zones destinées à
recevoir du matériel sensible
(mesures, informatique, …), un
plan de masse avec des mailles
plus serrées comme dans la
figure 4.4 peut être nécessaire.

La masse d’un site équipotentiel est Figure 4.4 :


réalisée comme suit :
- Interconnecter toutes les structures métalliques, les bâtis des machines,
les armoires métalliques, les goulottes et canalisations métalliques, … ;
- les conducteurs non utilisés d’un câble doivent être mis à la masse aux
deux extrémités ;

60
- Raccorder ce réseau de masse local au réseau de masse du site.

4.1.3 Le potentiel de référence 0 Volt


Il existe trois références 0 Volt différentes : terre, masse et commun.

Terre : Volume de terre (sol de notre planète) bon conducteur électrique


dont le potentiel électrique en chaque point est considéré comme égal à
zéro, dans lequel est implantée une borne conductrice avec un bon contact
électrique à la terre. Cette « terre » est communément désignée par « prise
de terre ». Le symbole de la référence ″terre″ donné dans le schéma de la
figure 4.5.

La conductivité électrique de la « terre » est très variable suivant la nature


des sols qui doivent véhiculer des courants électriques de défaut.

La connexion de terre n’est pas indispensable au fonctionnement électrique


d’un système (par exemple le circuit électrique de l’avion).

Figure 4.5 :

Masse : C’est la carcasse métallique d’un système électrique ou


électronique. En général, c’est toute partie conductrice accessible au toucher
d’un appareil ou d’une installation électrique qui n’est pas sous tension en
fonctionnement normal, mais qui peut le devenir en cas de défaut
d’isolation. Le symbole de la référence ″masse″ est donné dans le schéma de
la figure 4.5.

61
Commun : C’est la référence 0 Volt d’un circuit électronique. Différent de
la masse dans les circuits flottants (sans liaison avec la terre), il est souvent
désigné à tort par « masse » lorsqu’il est relié à la terre. Sur le plan de la
CEM, le commun et la masse d’un circuit doivent être réalisés séparément,
même s’ils sont reliés en un point. Le symbole de la référence ″commun″
est donné dans le schéma de la figure 4.5.

4.2 Blindage électromagnétique


4.2.1 Définition et types de blindage
Le blindage électromagnétique est constitué d’une enveloppe conductrice
que l’on met en place autour de composants électriques ou électroniques
pour constituer une barrière vis-à-vis des influences électrostatiques,
magnétiques ou électromagnétiques. Il maintient en dehors des composants
les perturbations externes, et à l’intérieur les signaux internes, et procure
aux perturbations un chemin de diversion à basse impédance. Le plan de
masse fait également office de blindage.

On distingue deux types de blindage : le blindage magnétique et le blindage


amagnétique.

Le blindage magnétique est


constitué d’un matériau capable
d’offrir un chemin de réluctance
relativement faible aux ″lignes de
r
force″ du champ magnétique H
issu d’une source de champ
magnétique, et d’en préserver les
zones à protéger, comme le montre Figure 4.6 :
la figure 4.6.

62
Le blindage amagnétique est constitué d’un matériau bon conducteur,
cuivre ou aluminium. Il agit de plusieurs manières :
r
 Vis-à-vis des champs électriques E à la manière de la cage de Faraday.
Il se comporte comme un écran électrostatique et évite le couplage
capacitif entre les conducteurs situés de part et d’autre.
r
 Vis-à-vis des champs magnétiques H , selon le principe représenté dans
r
la figure 4.6. Les ″lignes de force″ d’un champ H variable indésirable
qui tentent de le franchir induisent dans le blindage un courant
tourbillonnaire dont le champ magnétique s’oppose à celui qui lui a
donné naissance (loi de Lenz). Le courant résultant a tendance à circuler
à la périphérie des zones exposées au champ. On blinde de cette manière
les transformateurs de moyenne fréquence (quelques centaines de kHz),
ou de haute fréquence (des MHz). En basse fréquence ( 50 Hz par
exemple), il est peu efficace vis-à-vis du fondamental, mais il devient
efficace vis-à-vis des harmoniques de rangs élevés.

4.2.2 Fonctionnement des blindages


Un champ électromagnétique consiste en un champ électrique et un champ
magnétique variables et couplés. Le champ électrique produit une force sur
les porteurs de charge électrique des matériaux conducteurs (les électrons).
Aussitôt qu’un champ électrique est appliqué à la surface d’un conducteur
parfait, il produit un courant électrique. Le déplacement de charge au sein
du matériau diminue le champ électromagnétique à l’intérieur du matériau.

De la même façon, des champs magnétiques variables génèrent des courants


électriques tourbillonnaires qui agissent de façon à annuler le champ
magnétique.

Un conducteur électrique qui ne serait pas ferromagnétique laisse librement


passer le champ magnétique. Le rayonnement électromagnétique est réfléchi
à l’interface d’un conducteur et d’un isolant. Ainsi, les champs
électromagnétiques existant à l’intérieur du conducteur n’en sortent pas et
les champs électromagnétiques externes n’y entrent pas.

63
4.2.3 Niveaux de blindage
Le blindage doit se faire à deux niveaux :
- les circuits sensibles sont regroupés dans une enveloppe qui est ensuite
blindée ;
- les circuits perturbateurs également sont mis à l’abri dans une autre
enveloppe blindée ;
- Les circuits non critiques sont regroupé mais sans enveloppe ;
- Tous ces groupes sont placés à l’intérieur d’une enveloppe blindée
extérieure.

4.2.4 Efficacité du blindage


L’efficacité d’un blindage est défini par :

Intensité du champ côté source


E=
Intensité du champ côté victime

L’efficacité peut se mesurer aussi en décibel :

 Intensité du champ côté source 


E dB = 20 Log 
 Intensité du champ côté victime 

L’efficacité d’un blindage dépend fortement de la fréquence :


- En basse fréquence, même une feuille d’acier de 0,5 mm n’atténue
presque rien. Il faut augmenter l’épaisseur ou choisir des matériaux à
haute perméabilité µ r .
- En haute fréquence, un blindage en cuivre même très mince, est
largement suffisant.

64
4.2.5 Limitation de l’efficacité des blindages
Plusieurs facteurs limitent l’efficacité d’un blindage électromagnétique réel.

En raison de la résistance électrique du conducteur, le champ créé au sein


du matériau n’annule pas complètement le champ extérieur. D’autre part, la
plupart des conducteurs ne peuvent atténuer les champs magnétiques de
faible fréquence.

Les rayonnements électromagnétiques sont


d’autant mieux arrêtés par un plan métallique
que la fréquence est élevée. Pour évaluer
l’efficacité d’un blindage, on calcule
l’épaisseur de peau (voir effet de peau). Le
blindage sera d’autant plus efficace que son
épaisseur sera grande devant l’épaisseur de
peau. On s’aperçoit que pour les fréquences de
plusieurs dizaines de MHz, quelques dizaines
de microns d’épaisseur de métal sont souvent
suffisantes. Cependant, à ces fréquences Figure 4.7 :
élevées, un autre phénomène peut réduire à
néant l’efficacité d’un blindage : il s’agit des trous et des fentes sur ce
blindage comme le montre la figure 4.7.

D’une façon générale, il faudra considérer le périmètre des ouvertures, pour


savoir si celles-ci nuisent ou non au blindage. Des petits trous, même
nombreux, conserveront la qualité du blindage. C’est ainsi que l’on peut
remplacer une surface métallique par une grille. Il suffira que le périmètre
des trous soit très petit par rapport à la longueur d’onde.

Au contraire, une fente, constituée par un couvercle plaqué sur un coffret,


pourra réduire fortement l’efficacité du blindage. Une fente dont le
périmètre est proche de la longueur d’onde sera même une véritable
antenne ! Pour réduire ces effets des fentes, on s’assurera que le périmètre
des fentes (soit donc deux fois la longueur) est petit par rapport à la
longueur d’onde la plus petite qui pourrait être rayonnée. C’est pour cette
raison que l’on trouve parfois des couvercles fixés par un grand nombre de

65
vis, ou exempts de peinture sur la face interne. On réduit ainsi le périmètre
de chaque fente (en assurant un contact au plus près de la deuxième
surface). On pourra également équiper les couvercles de languettes assurant
un contact électrique entre les parties métalliques constituant le boîtier de
l’appareil.

Enfin, il ne servirait à rien de garantir des dizaines de dB d’atténuation par


un blindage si on ne s’assurait pas que les câbles entrant dans l’appareil ne
créent un passage aux courants de haute fréquence.

L’efficacité d’un blindage est fortement dégradée par les ouvertures,


particulièrement les ouvertures en forme de fente. Toutefois, ce n’est qu’en
haute fréquence qu’une fente dans un blindage influence ce dernier.

L’influence de la fente sur l’efficacité d’un blindage dépend de la longueur


de cette fente, et de la longueur d’onde considérée. Ainsi, pour une fente de
longueur L comme le montre la figure 4.8, on a :

 2⋅L 
E dB = 20 Log 
 λ 
Figure 4.8 :
Conseils :
- Il faut réaliser plusieurs trous ronds plutôt qu’une fente ;
- Même la petite fente entre deux tôles est critique ;
- Le plus économique : épaulements sur le bord des tôles (pas de contact
visuel direct) ;
- Le plus cher : joint en gomme conductrice ou ressort conducteur.

4.2.6 Mise à la terre du blindage de câbles


Les câbles blindés sont entre autres les câbles coaxiaux utilisés et les câbles
de paires torsadées blindés (en anglais Shielded Twisted Pairs), utilisés en
télécommunications et en informatique.

66
Le blindage électromagnétique ne joue son rôle, que s’il est relié à une
bonne prise de terre. Toutefois, au cas où les circuits à protéger n’ont
aucune liaison électrique avec l’extérieur, alors le blindage n’a pas besoin
d’être mis à terre pour être efficace. Mais un blindage « flottant » induirait
des perturbations dans le circuit à potentiel fixe.

4.2.6.1 Avantages de la mise à la terre du blindage d’un câble


Une bonne mise à la terre du blindage présente les avantages suivants :

- les courants perturbateurs intérieurs ne sortent pas à l’extérieur.


- les courants perturbateurs extérieurs doivent être « forcés » de passer par
la face externe du blindage pour aller à la terre.
- cette mise à la terre assure également une protection en cas de défaut
d’isolation.

4.2.6.2 Procédure de mise à la terre du blindage d’un câble


Le blindage d’un câble est mis à la terre en réalisant un contact avec un
élément conducteur reliée avec la terre, sur tout le pourtour du blindage.

Les bonnes pratiques de mise à


la terre d’un blindage de câble
sont montrées schématiquement
su la figure 4.9.

Un blindage de câble relié à une


seule extrémité à la masse
Figure 4.9 :
présente un danger mortel de
surtension à l’extrémité non reliée, car une tension élevée peut apparaître à
l’extrémité non reliée à la terre. La mise à la terre du blindage est également
un moyen de protéger les personnes contre les contacts directs.

67
4.2.7 Blindage d’autres systèmes
4.2.7.1 Blindage de fenêtres transparentes
Les affichages en verre tels que l’écran des moniteurs de PC, les portières
de fours micro-ondes, … exigent de grandes ouvertures transparentes.
Leur blindage consiste :
- soit en un réseau de fils très fins (4 à 60 conducteurs par cm) disposés
en 2 couches croisées ;
- soit en un réseau de couches de carbone ;
- soit en une couche fine d’or.

4.2.7.2 Blindage de boîtiers plastiques d’appareils


Pour assurer le blindage des boîtiers isolant des appareils, on procède
comme suit :
- soit on recouvre la face interne du boîtier d’une très mince couche
conductrice ;
- soit on moule le plastique autour d’une feuille ou d’une structure
conductrice ;
- soit on utiliser un adjuvant rendant la masse du plastique conductrice.

Ces blindages suffisent pour assurer la protection contre les décharges


électrostatiques, mais ils ne protègent pas assez contre les rayonnements
électromagnétiques.

68

Vous aimerez peut-être aussi