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Chapitre I Introduction à la Compatibilité Electromagnétique C.E.

Chapitre I : INTRODUCTION A LA
COMPATIBILITE ELECTROMAGNETIQUE
I-1. INTRODUCTION
Le principe de la compatibilité électromagnétique (CEM) consiste à permettre le fonctionnement
correct et optimal de tout dispositif électrique en présence d’autres, chacun étant en fonctionnement
nominal. De cette définition découlent trois pôles d’intérêt : l’étude des sources de perturbations,
l’étude des couplages et, enfin, l’étude de l’impact des perturbations sur une « victime ». Les études
CEM ont pour but d’améliorer la cohabitation entre les éléments susceptibles d’émettre des
perturbations électromagnétiques et/ou d’y être sensibles. Ainsi nous allons dans un premier
temps définir ce qu’est exactement la CEM avec des exemples concrets. Ensuite nous verrons leurs
aspects fondamentaux et l’origine des perturbations. Enfin nous présenterons les activités liées à
la compatibilité électromagnétique.
Actuellement ce domaine est particulièrement important car les dispositifs électriques et
électroniques sont de plus en plus nombreux, complexes et stratégiques (électronique de bord
d'un avion par exemple) donc vulnérables à la pollution électromagnétique avec des
conséquences très importantes.

I-2. NOTIONS INTRODUCTIVES A LA COMPATIBILITE ELECTROMAGNETIQUE


I-2-1. Définition de la Compatibilité Electromagnétique CEM
La Compatibilité Electromagnétique CEM ou EMC electromagnetic compatibility (en
appellation anglaise) est la faculté qu'a un dispositif, un appareil ou un système à fonctionner de
façon satisfaisante dans son environnement électromagnétique, sans produire lui-même des
perturbations électromagnétiques intolérables pour quoi que ce soit dans cet environnement. La
compatibilité électromagnétique prend ainsi un triple aspect :
 Tout appareil fonctionne de façon satisfaisante dans son environnement électromagnétique.
Cela signifie que chaque appareil résiste aux agressions que constituent les perturbations
provenant du milieu, et donc qu’il est immunisé contre celles-ci : son niveau d’immunité est
suffisamment élevé ;
 aucun appareil ne doit produire lui-même de perturbations électromagnétiques intolérables pour
tout ce qui se trouve dans son environnement. On comprend que son niveau d’émission de
perturbations pour ledit environnement doit être suffisamment bas pour que tout ce qui
figure dans cet environnement lui soit insensible.
 Ne pas interférer avec lui-même (auto-compatibilité).
La définition de la CEM met donc en lumière les trois notions fondamentales (Fig. I-1) :
— le niveau d’émission, caractérisant quantitativement la production de perturbations par
l’appareil ;
— le niveau d’immunité, caractérisant la résistance de l’appareil aux agressions que constituent les
perturbations en provenance de son environnement ;

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— l’environnement électromagnétique [1, 2, 3].

Émission
Auto perturbation

Système
électronique

Susceptibilité

Environnement électromagnétique
Fig. I-1. Représentation des trois composantes CEM

I-2-2. Exemples de problèmes CEM


a- L'usage du téléphone portable peut nuire au bon fonctionnement de certains appareils, c’est
pourquoi il est strictement interdit (en Europe par exemple) dans les hôpitaux, les stations-service et
les avions.
b- Une automobile moderne contient plus d’un kilomètre de fils électriques, elle se comporte
donc comme une antenne qui émet et capte des ondes électromagnétiques. Le phénomène s’est
amplifié avec l’augmentation vertigineuse du nombre de composants électroniques embarqués et le
multiplexage.
I-2-3. Exemples de dysfonctionnements graves dus à la CEM
- En 1967 : destruction du porte avion Forrestal : un radar provoque la mise à feu d’une
roquette qui détruit un avion et par effet boule de neige tout le porte avion.
- En 1980 : les premiers allumages électroniques d’automobile sont perturbés par les Talky walky
de la police.
- En 1982 : destruction du croiseur Sheffield par un missile: le système de contre-mesures
était brouillé par les communications satellitaires.
- En 1990 : déclenchement de l’airbag lors de l’actionnement du klaxon (célèbres berlines
allemandes).
… sans compter tous les plus petits dysfonctionnements dans tous les systèmes électriques qui se
traduisent par des pertes de données, de temps et d’argent [5].
I-2-4. La compatibilité électromagnétique en trois
questions I-2-4-1. Quel est l’objectif de la CEM ?
La compatibilité électromagnétique (CEM) est la discipline qui a pour objet d'étudier les
problèmes de cohabitation électromagnétique, sa vocation est :
• D’étudier les transferts d'énergie non intentionnels entre systèmes électriques et/ou
électroniques ;
• De mettre au point des procédés permettant de limiter les perturbations électromagnétiques
émises et ainsi de satisfaire à la réglementation en vigueur ;
• De mettre au point des procédés permettant d'accroître l'immunité des systèmes aux
parasites dans des limites faisant également l'objet de réglementations.

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I-2-4-2. Qui est concerné ?


- Le fabricant ou / et l’importateur,
- La personne qui commercialise le produit,
- L’utilisateur.
Les fabricants de matériels ont été les premiers à être concernés par la CEM. Depuis 1996,
seuls les produits qui sont conformes à la réglementation en vigueur sur la CEM et portant le
marquage CE peuvent être commercialisés en France et dans l’Union Européenne par exemple.
I-2-4-3. Pourquoi faut-il se préoccuper de la C.E.M. ?
L’utilisation d’équipements électroniques se multiplie dans tous les domaines d’activités, qu’ils
soient grands publics, industriels ou militaire.
Les technologies employées dans la conception et le développement des matériels
électroniques reposent sur les trois paramètres suivants :
 la rapidité de commutation (vitesse des microprocesseurs),
 les faibles énergies mises en œuvre pour basculer d’un état à un autre,
 le haut niveau d’intégration des composants.

Quatre facteurs se conjuguent pour rendre sans cesse plus importants les problèmes de
perturbations électromagnétiques :
1) Les dispositifs de contrôle-commande et de mesure comprennent désormais des
composants électroniques travaillant à des niveaux de tension de plus en plus bas ; cela entraîne,
si aucune précaution particulière n’est prise, une plus grande sensibilité de ces équipements aux
perturbations auxquelles ils sont normalement soumis.
2) La multiplication des systèmes capables de couper brusquement des puissances
importantes (thyristors, triacs) engendre une prolifération d’impulsions à front raide susceptibles
d’influencer les matériels sensibles.
3) Les dispositifs perturbateurs et les matériels sensibles à ces perturbations sont de plus en
plus intégrés aux mêmes ensembles. Les perturbations sont transmises par conduction ou par
rayonnement avec une atténuation d’autant plus faible que les deux types d’éléments sont plus
rapprochés.
4) Une insensibilité très grande est exigée notamment pour les dispositifs de traitement de
l’information, en rapport avec les importantes conséquences économiques des défaillances de ces
systèmes.
Pour toutes ces raisons, il devient de plus en plus nécessaire de ne pas se contenter de définir
un cahier de charge plus ou moins efficace, mais plutôt de dégager, par une étude systématique,
une philosophie générale pour la maîtrise de l’ensemble des phénomènes [6].
I-2-5. Historique
On pourrait faire remonter l’histoire de la compatibilité électromagnétique au tout début des
transmissions radio (1901 : Marconi réalise la première transmission à travers l’Atlantique). Mais si

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l’on constatait déjà la présence d’interférences, il suffisait à cette époque de changer de


fréquence d’émission pour résoudre le problème. Avec la multiplication des émetteurs, les
problèmes sont devenus plus sensibles, et en 1933 la Commission Electrotechnique
Internationale C.E.I) a recommandé la création d’un comité spécial sur les interférences radio
comité international spécial de perturbations radioélectriques (CISPR). Ce dernier a établi
les méthodes de mesures et de recommandations sur les limites de niveaux d’émissions
admissibles.

Avec l’avènement du transistor (1950), puis les circuits intégrés (1960), et la tendance à remplacer
le traitement analogique des signaux par un traitement numérique (dès 1970), les vitesses et donc
le domaine fréquentiel des perturbations n’ont fait que croître et les problèmes de compatibilité
s’empirent. Avec la multiplication des ordinateurs personnels, et l’augmentation des vitesses
d’horloge, le problème est devenu crucial, si bien que d’une base volontaire (recommandation), les
pays en sont arrivés à imposer des normes ( CENELEC (Comité Européen de Normalisation
électrotechnique) en Europe, FCC (federal communications commission) aux USA), toutes
basées sur les recommandations CEI, à quelques variations spécifiques près. Ces normes sont
destinées à limiter la « pollution » électromagnétique, et par conséquence, à concevoir des
équipements et des composants capables de travailler correctement en présence de ces niveaux, mais
seuls les essais d’émission sont exigés. Elles distinguent les applications à usage domestique (un PC
interfère avec le récepteur TV voisin) où les niveaux admis et les distances entre émetteur et
récepteur des perturbations sont les plus faibles, et les autres applications en milieu industriel [7, 8].

I-3. ASPECTS FONDAMENTAUX DE LA CEM


I-3-1. Schéma CEM « source/chemin de propagation /victime »
Lors de l’analyse d’une perturbation électromagnétique, on constate que le problème englobe
trois éléments : une source de perturbation qui émet de l’énergie électromagnétique, un canal de
couplage au travers duquel l’énergie de ces perturbations se propage et enfin un récepteur qui
capte cette énergie, la traite et la superpose à sa fonction normale (Fig. I-2).

Si les perturbations reçues par ce dernier sont trop élevées et provoquent des interférences, on
parle alors de victime de ces perturbations.

L’amélioration de la CEM est obtenue par différents types d’actions :

1. Diminution des sources externes :


Par exemple, nous pouvons réduire les perturbations dues aux décharges électrostatiques en
augmentant l’humidité des locaux, en utilisant un sol antistatique, etc...
2. Augmentation de la susceptibilité :
Un système électronique peut être durci en choisissant les composants les moins sensibles aux
perturbations (différentes familles technologiques : TTL, CMOS etc…).
3. Réduction des couplages :
Pour une source externe déterminée, le niveau de perturbations reçues par un appareillage
dépend des couplages, c’est à dire du chemin de propagation entre la source et la victime [3].

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Canal de perturbation

Victime
Victime Source Elément
Elément Perturbé par
Perturbé par Elément Conduction
Rayonnement Perturbateur où
Rayonnement
Couplage
par
rayonnement Couplage par
conduction

Fig. I-2. Transmission des perturbations électromagnétiques [1, 2]

Le tableau I-1 représente quelques exemples de sources de perturbations et leurs victimes.

Tableau. I-1. Exemple de sources de perturbations et leurs victimes [15]


SOURCES VICTIMES
Émetteurs radio-fréquence Électronique analogique bas niveau
Récepteur radio-fréquence
Lampes à arc Électronique analogique et numérique
Soudage HF Électronique analogique et numérique
Allumage automobile Récepteurs radio-fréquences, toutes les
électroniques
Relais, contacteurs Toutes les électroniques
Électronique numérique, alim. à Électronique analogique
découpage,…

I-3-2. Lois générales utilisés en CEM


Bien que d’aspect complexe, la CEM respecte les lois de la physique connues de l’électricité.
Nous donnons ci-dessous les lois les plus utilisées.
I-3-2-1. Loi de Biot et Savart
Un élément «dl» d’un circuit filiforme parcouru par un courant d’intensité I génère en un point M
distant de r un champ magnétique dB (Fig. I-3), défini par la relation suivante :

dB(M )  0 →
→ Idl  uPM (I-1)
4 PM 2

Dans laquelle I est en ampère, r et l en mètres et B en Tesla (à Paris le champ magnétique


terrestre vaut 0,5 Gauss (1 Tesla = 10 000 Gauss)) et μ0 est la perméabilité du vide(μ0=4π.10-7 H.m-1).
(C)
I M
+

dl
P
Fig. I-3. Génération d’un champ magnétique B
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Conséquences :
a) Un conducteur de type « boucle » parcouru par un courant i variable (l’effet est nul en continu)
peut, via le champ magnétique B qu’il crée, perturber d’autres conducteurs placés à proximité (Fig. I-
4).
b) Un conducteur de type « brin » (antenne) alimenté par une source de tension variable (effet nul
en continu) génère un champ électromagnétique pouvant perturber les conducteurs placés à
proximité (Fig. I-5).
Loi de Biot et Savart
B Antenne =λ/4 EM

i dv/dt

→  i c=3*105 km/s
dB  0
dsr λ=c/f f : fréquence en Hertz
4 r 3 λ : longueur d’onde (m)

Génère un Génère une onde


champ électromagnétique
magnétique
Fig. I-4. Génération d’un champ magnétique B Fig. I-5. Phénomène d’antenne

c) Un conducteur placé dans un champ magnétique B ou électrique E variables devient


respectivement le siège d’un courant i ou d’une ddp v induits (Fig. I-6).
Couplage magnétique Couplage électrique

B E
i v

Génère un courant Génère une tension

Fig. I-6. Phénomènes de couplage

I-3-2-2. Loi de Faraday/ Loi de Lenz


Quand le flux Φ du champ magnétique à travers un circuit conducteur fermé varie dans le temps,
il apparaît dans le circuit une f.e.m d’induction e telle que (Fig. I-7) :
Boucle
de fil
𝑑Φ
𝑒=− Aimant
𝑑𝑡 N
G
Galvanomètre
Fig. I-7. Illustration de la loi de
Conséquences : Lenz

Une excitation magnétique variable perturbatrice H induira dans les boucles qu’elle traverse,
une tension parasite u telle que :
u = μ0.S.dH/dt. (I-2)

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Où S est la surface de la boucle.

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I-3-2-3. Loi d’Ampère (loi de Biot et Savart appliquée à une boucle fermée Γ
quelconque)
En régime quasi-permanent ou permanent (on considère comme négligeable le temps de
propagation des ondes électromagnétiques devant la période du signal), dans le vide, le théorème
d'Ampère énonce que la circulation le long d'un circuit fermé du champ magnétique engendré
par une distribution de courant est égale à la somme algébrique des courants qui traversent la
surface définie par le circuit orienté, multipliée par la perméabilité du vide μ0.

 B  dl   0 (I-3)
I traversant

Où :

 : représente l'intégrale curviligne sur le contour fermé τ,


B : est l'induction magnétique,


𝑑𝑙⃗ : est l'élément infinitésimal de déplacement le long du contour τ,
𝜇0 : est la perméabilité du vide,
∑ 𝐼𝑡𝑟𝑎𝑣𝑒𝑟𝑠𝑎𝑛𝑡 : est la somme algébrique des intensités des courants enlacés par le contour τ.
I-3-2-4. Théorème de Gauss
Le flux Φ du champ électrique E à travers une surface fermée S est proportionnel à la somme des
charges Qint qui sont à l'intérieur de cette surface divisée par la permittivité du vide ε 0 (la perméabilité
du vide μ0 et la permittivité du vide ε0 sont reliés par la relation μ0ε0c²=1 où c est la vitesse de la
lumière).
Qint
   E  ndS 
 (I-4)
0

I-3-2-5. Equations de Maxwell


Les résultats précédents obtenus initialement en régime stationnaire, c'est-à-dire indépendant
du temps, ont été généralisés en 1861 par Maxwell au cas des régimes variables (dépendants du
temps). Ces équations permettent de décrire les évolutions spatio-temporelles des composantes
(Ex, Ey, Ez) du champ électrique et les composantes (Bx, By, Bz) du champ magnétique dans un
milieu isotrope parfait du point de vue électrique et magnétique en les reliant à leurs sources :
densité de charge ρ et densité de courant de conduction j.
div E = ρ / εo (I-5)
rot E = -dB/dt (I-6)
div B = 0. (I-7)
rot B =μo*j+μo*εo*dE/dt (I-8)
Où : (I-5) : théorème de Gauss,
(I-6) : relation de Maxwell-Faraday,
(I-7) : conservation du flux magnétique,
(I-8) : relation de Maxwell-Ampère.
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Les dérivées sont partielles, les grandeurs physiques mises en jeu étant dépendantes de l'espace et
du temps.
Conséquences :
En considérant un même milieu homogène, ces équations admettent des solutions qui régissent la
propagation des champs électrique et magnétique. Les champs E et B s'entretiennent mutuellement,
mais l'équilibre énergétique entre eux ne s'opère qu'à une certaine distance de la source (qui peut être
un champ électrique ou magnétique). On distingue alors deux zones :
- La zone dite de « champ proche » ;
- La zone dite de « champ lointain ».
La zone de champ proche correspond aux phénomènes cités dans le deuxième chapitre et est
prépondérante dans l’étude des couplages par diaphonie capacitive et inductive. La zone de
champ lointain est prépondérante dans l’étude des couplages de type « champ à fil » et champ à
boucle » [15].
I-3-3. Unités utilisées en CEM
Le décibel (dB) est une unité de grandeur sans dimension définie comme dix fois le
logarithme décimal du rapport entre deux puissances.
Le dBm :
Le dBm exprime le rapport entre la puissance Px du signal x considéré et le milliwatt (mW)
qui est la référence :
X (dBm) = 10 log10 (Px/ 10-3) (I-9)
Ainsi un signal de puissance 1 W vaudra 30 dBm et 1 μW correspondra à -30 dBm.
Le dBμV :
Il exprime le rapport entre la ddp Vx d’un signal x chargé par une résistance de 50 Ω et le μV
qui sert de référence :
X (dBμV) = 20 log10 (Vx/ 10-6) (I-10)

Tableau I-2. Valeurs de référence en CEM [15]

Grandeur Unité Valeur de référence


Tension dBμV μV
Courant dBμA μV
Puissance dBm mW
Champ E dBμV/m μV/m
Champ B dBμA/m μA/m

I-4. MODE DE TRANSMISSION DES PERTURBATIONS


La constatation que le couplage des perturbations peut se faire tant directement par
rayonnement que par conduction dans les connectiques, et d’autre part que tout équipement peut
être, selon les
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circonstances, émetteur ou récepteur (victime) de perturbations, conduit à décomposer les essais et


analyses en quatre catégories, que l’on retrouve dans les normes de compatibilité [8, 14].
 Emission rayonnée : mesure des champs E.M rayonnés par l’équipement sous test (Fig. I-8).

Ce type de perturbation est principalement


généré par la commutation simultanée des portes
élémentaires du composant (activité interne).

Fig. I-8. Emission rayonnée [14]

 Susceptibilité aux rayonnements : problème de capacité de fonctionner en présence de


champs E.M donnés (Fig. I-9).

Les circuits électroniques sont très


sensibles aux interférences RF

Téléphone

Fig. I-9. Susceptibilité aux rayonnements E.M [14]

 Emissions conduites par l’équipement : mesure des perturbations injectées dans le réseau
(Fig. I-10).

L’émission conduite sera d’autant plus élevée


que la tension et la fréquence sont élevées.
Elles sont dues essentiellement au couplage
des broches d’alimentation.
Fig. I-10. Emission E.M conduite [14]

 Susceptibilité à la conduction : problème de capacité de fonctionnement en présence de


perturbations conduites (Fig. I-11).

Les composants sont susceptibles aux


boucles de courant parasite généré par
couplage électromagnétique

Fig. I-11. Susceptibilité conduite [14]

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I-5. NIVEAUX DE COMPATIBILITE


La relation fondamentale qui existe entre niveau de perturbation et niveau d’immunité. Dans
le même esprit, on définit conventionnellement un niveau de compatibilité comme la valeur maximale
spécifiée du niveau de perturbation susceptible d’être appliqué à un appareil, équipement ou système
opérant dans des conditions données.
Le niveau de perturbation est sujet à distribution statistique. Dans la pratique, il est très
difficile, voire impossible, de déterminer le niveau réel le plus élevé de perturbation, qui apparaît
très rarement. De même, il ne serait généralement pas économique de définir le niveau de
compatibilité pour cette valeur la plus élevée à laquelle la majorité des dispositifs ne seraient pas
exposés la plupart du temps [06].
I-5-1. Immunité
Le sigle Susceptibilité Electromagnétique (E.M.S) caractérise l’immunité au rayonnement
électromagnétique, donc tout appareil doit fonctionner de façon satisfaisante dans son
environnement électromagnétique. Cela signifie que chaque appareil résiste aux agressions que
constituent les perturbations provenant du milieu, et donc qu’il est immunisé contre celles-ci :
son niveau d’immunité est suffisamment élevé. Lorsque le niveau de perturbation dépasse le
niveau d’immunité il y a alors dysfonctionnement, on a atteint le seuil de susceptibilité de
l’équipement.
On peut définir la susceptibilité électromagnétique, comme un manque d’immunité. La
relation entre perturbation, compatibilité, immunité (essais), niveaux de susceptibilité (en prenant
en compte la distribution de deux de ces valeurs).
I-5-2. Emission
Le sigle Interférence électromagnétique (E.M.I) caractérise les émissions parasites produites par
un appareil électrique ou électronique qui risquent, en fonction de leur intensité, de perturber
d’autres équipements. Cela signifie qu’aucun appareil ne doit produire lui-même de perturbations
électromagnétiques intolérables pour tout ce qui se trouve dans son environnement.
Pour assurer la CEM, différents niveaux et différentes marges ont été définis (Fig. I-12)
Niveau de
perturbation

Niveau d’immunité
Limite d’immunité
Marge d’immunité Marge de
Niveau de compatibilité
compatibilité
Marge d’émission
Limité d’émission

Niveau d’émission

Variable impédance
Fig. I-12. Niveaux de perturbation en CEM

 Niveau d’immunité : Il s'agit du niveau à partir duquel il y a dysfonctionnement d'un


matériel ou d'un système.
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 Niveau de compatibilité : c'est le niveau maximal de perturbation auquel on peut s'attendre


dans un environnement donné.
 Niveau d'émission : c'est le niveau maximal d'émission de perturbation que ne doit pas
dépasser un matériel.
 Marge d'immunité : c'est la marge qui existe entre le niveau de compatibilité et le niveau
de limite d'immunité.
 Marge d'émission : c'est la marge qui existe entre le niveau de compatibilité et le niveau de
limite d'émission.
Le niveau de compatibilité ne doit pas être considéré comme un niveau de perturbation défini,
mais comme une valeur de référence conventionnelle, sur laquelle on se basera pour la coordination
entre le niveau de perturbation et le niveau d’immunité (essais).

I-6. ACTIVITES LIEES A LA COMPATIBILITE ELECTROMAGNETIQUE


La réglementation CEM, dont le signe lisible pour le consommateur est le marquage CE, est donc
loin d’être une seule discipline technologique. C’est le concours d’un certain nombre de secteurs
d’activité à un dispositif international complexe, toujours en mouvance. On peut en donner
succinctement la liste :
I-6-1. Activités de recherche et développement
Les activités de recherche et développement menées en milieu universitaire et industriel
portent en particulier sur :
- la proposition de modèles théoriques
- le développement de techniques moins polluantes ;
- le perfectionnement des méthodes d’évaluation et des systèmes de métrologie.
I-6-2. Activités liées à l’évaluation du comportement des appareils
- mesures de CEM en phase de développement des produits : il s’agit surtout d’unités spécialisées au
sein des fabricants de matériels et qui effectuent l’essentiel des tests pour les besoins de leurs
services de recherche et développement ;
- mesures de CEM en phase de qualification : ce sont en particulier les laboratoires spécialisés
qui agissent pour le compte des entreprises préparant la mise sur le marché de leurs produits.
I-6-3. Activités de réglementation et de surveillance, activités juridiques
En relation avec de nombreux partenaires issus des instances publiques, des milieux
professionnels (par exemple des groupements interprofessionnels de constructeurs), des experts… il
s’agit :
- d’ériger et de maintenir les structures de concertation ad hoc,
- de proposer de nouvelles dispositions aux organismes de normalisation,
- de faciliter l’adaptation et l’harmonisation des textes réglementaires.

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 A cela s’ajoutent toutes les activités juridiques inhérentes à l’application de la réglementation et au traitement des
situations particulières des assujettis vis à vis de la réglementation.

 Activités liées à la formation et à l’enseignement. [5]

I-7. ANALYSE DE COMPATIBILITE ELECTROMAGNETIQUE


I-7-1. But de l’analyse
Le but de l’analyse est d’estimer d’une manière quantitative la CEM d’une installation composée
d’un ensemble de systèmes : on réalise alors une analyse inter-systèmes. Il s’agit de déterminer la
marge de compatibilité de chaque système de l’installation et de vérifier qu’elle est supérieure à une
valeur positive en fonction de la sécurité recherchée. Elle ne saurait être inférieure à 10 dB et
plus généralement à 20 dB (soit un rapport de 3 à 10). Cette notion n’est généralement pas
utilisée pour les phénomènes liés à la fréquence industrielle. Dans la pratique, la démarche peut
être complexe et nécessite plusieurs étapes successives comme sera indiqué au paragraphe suivant
(Fig. I-13).
On notera qu’un système peut lui-même être décomposé en plusieurs sous-systèmes auxquels on
applique la même analyse : on réalise alors une analyse intra système. Il importe donc avant l’analyse
de bien identifier et délimiter les différents systèmes et sous-systèmes.
I-7-2. Procédure
Après avoir identifié et délimité tous les systèmes de l’installation, on définit pour chaque système
les paramètres suivants :
- Les niveaux de perturbations émises par les systèmes j se comportant comme des sources de
perturbations ; on les désignera par PJ.
- Les niveaux d’immunité de chaque système K notés IK.
- Les affaiblissements dus aux différents couplages. Ils traduisent pour chaque système K l’action des
perturbants J. On les appellera AJK.
- Les marges de compatibilité de chaque système K vis-à-vis des systèmes J sont définies par la
relation suivante:
M
jk
dB  Ik  Ajk  Pj (I-11)

Compte tenu des incertitudes de mesure, on impose des MJK > X dB et non pas simplement MJK
> 0 dB. Si cette condition n’est pas remplie, l’analyse doit être poursuivie par :
- La prise en compte du facteur temps : il est possible que le système k n’ait pas à fonctionner en
même temps que le système j responsable du terme MJK < X.
- La mise en place de dispositifs de protection permettant de modifier les valeurs des paramètres AJK,
PJ ou IK.
- L’acceptation d’un fonctionnement erroné du système k pendant un certain temps, égal ou
supérieur à la durée de la perturbation ;
- L’acceptation de la destruction d’une partie du système k à condition que la partie détruite soit
facilement remplaçable.

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Un aspect probabiliste peut éventuellement intervenir dans chacune des directions évoquées
ci- dessus. Mis à part le cas où une analyse fine montre que la compatibilité est bonne dans
toutes les situations, la solution à adopter résulte d’un compromis technico-économique liée soit
aux modifications de l’installation soit aux défaillances des systèmes et à leurs conséquences [06].
I-7-3. Procédure de l’analyse de la CEM
Nous venons de voir comment on peut arriver, dans une situation complexe, à formaliser une
procédure quantitative d’évaluation de valeurs numériques MJK, exprimant les marges de
compatibilité d’un ensemble de systèmes interagissant les uns sur les autres du point de vue
électromagnétique (Fig. I-13).

Niveaux de Coefficients de Niveau d’immunité


perturbation PJ couplage AJK IK

Marges de
compatibilité MJK

Toutes les MJK sont positifs Toutes les MJK sont négatifs
et>XdB et<XdB

Toutes les MJK sont négatifs Coefficients de pondération,


et<XdB Périodes de fonctionnement tf
Occurrence des perturbations

MJK(tf,)

MJK deviennent positifs MJK deviennent négatifs

Compatibilité assurée pour des périodes Détermination des risques encourus


considérées

Fig. I-13. Analyse des marges de la compatibilité électromagnétique

Les marges de compatibilité supposent la connaissance d’un certain nombre de données qui sont:
— les niveaux de perturbations provoqués par ces systèmes ;
— leurs niveaux d’immunité ;
— les valeurs d’affaiblissements caractéristiques de chaque mode de couplage entre systèmes.
Ce sont ces différentes données qui seront nécessaires pour évaluer la compatibilité
électromagnétique des matériels, systèmes et installations [06].

I-8. CONCLUSION
A travers ce chapitre nous avons pu décrire et définir les aspects fondamentaux de la
compatibilité électromagnétique (CEM), déterminer ces phénomènes et classer les perturbations. On

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peut dire que la CEM est une notion de paix qui agit pour la coexistence entre les systèmes ou
équipements, donc la CEM est un objectif fonctionnel.
En résumé, il faut : respecter les normes obligatoires ; admettre que la CEM est synonyme de
qualité, sécurité et de fiabilité, donc il faut prendre en compte la CEM dès le début d’un projet.
C’est ainsi que l’on fabriquera des produits qui ne seront pas ou très peu perturbés par les
interférences électromagnétiques (IEM).
Aux courant de ce chapitre, nous avons vu que pour une compréhension claire des
phénomènes de la CEM, le canal de propagation porte une grande importance sur le sujet, pour
cette raison, ce premier chapitre est suivi par une étude détaillée sur les couplages
électromagnétiques, sujet du deuxième chapitre.

15 Dr. Y.Z HAMRI Compatibilité Electromagnétique CEM

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