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Chapitre I : INTRODUCTION A LA
COMPATIBILITE ELECTROMAGNETIQUE
I-1. INTRODUCTION
Le principe de la compatibilité électromagnétique (CEM) consiste à permettre le fonctionnement
correct et optimal de tout dispositif électrique en présence d’autres, chacun étant en fonctionnement
nominal. De cette définition découlent trois pôles d’intérêt : l’étude des sources de perturbations,
l’étude des couplages et, enfin, l’étude de l’impact des perturbations sur une « victime ». Les études
CEM ont pour but d’améliorer la cohabitation entre les éléments susceptibles d’émettre des
perturbations électromagnétiques et/ou d’y être sensibles. Ainsi nous allons dans un premier
temps définir ce qu’est exactement la CEM avec des exemples concrets. Ensuite nous verrons leurs
aspects fondamentaux et l’origine des perturbations. Enfin nous présenterons les activités liées à
la compatibilité électromagnétique.
Actuellement ce domaine est particulièrement important car les dispositifs électriques et
électroniques sont de plus en plus nombreux, complexes et stratégiques (électronique de bord
d'un avion par exemple) donc vulnérables à la pollution électromagnétique avec des
conséquences très importantes.
Émission
Auto perturbation
Système
électronique
Susceptibilité
Environnement électromagnétique
Fig. I-1. Représentation des trois composantes CEM
Quatre facteurs se conjuguent pour rendre sans cesse plus importants les problèmes de
perturbations électromagnétiques :
1) Les dispositifs de contrôle-commande et de mesure comprennent désormais des
composants électroniques travaillant à des niveaux de tension de plus en plus bas ; cela entraîne,
si aucune précaution particulière n’est prise, une plus grande sensibilité de ces équipements aux
perturbations auxquelles ils sont normalement soumis.
2) La multiplication des systèmes capables de couper brusquement des puissances
importantes (thyristors, triacs) engendre une prolifération d’impulsions à front raide susceptibles
d’influencer les matériels sensibles.
3) Les dispositifs perturbateurs et les matériels sensibles à ces perturbations sont de plus en
plus intégrés aux mêmes ensembles. Les perturbations sont transmises par conduction ou par
rayonnement avec une atténuation d’autant plus faible que les deux types d’éléments sont plus
rapprochés.
4) Une insensibilité très grande est exigée notamment pour les dispositifs de traitement de
l’information, en rapport avec les importantes conséquences économiques des défaillances de ces
systèmes.
Pour toutes ces raisons, il devient de plus en plus nécessaire de ne pas se contenter de définir
un cahier de charge plus ou moins efficace, mais plutôt de dégager, par une étude systématique,
une philosophie générale pour la maîtrise de l’ensemble des phénomènes [6].
I-2-5. Historique
On pourrait faire remonter l’histoire de la compatibilité électromagnétique au tout début des
transmissions radio (1901 : Marconi réalise la première transmission à travers l’Atlantique). Mais si
Avec l’avènement du transistor (1950), puis les circuits intégrés (1960), et la tendance à remplacer
le traitement analogique des signaux par un traitement numérique (dès 1970), les vitesses et donc
le domaine fréquentiel des perturbations n’ont fait que croître et les problèmes de compatibilité
s’empirent. Avec la multiplication des ordinateurs personnels, et l’augmentation des vitesses
d’horloge, le problème est devenu crucial, si bien que d’une base volontaire (recommandation), les
pays en sont arrivés à imposer des normes ( CENELEC (Comité Européen de Normalisation
électrotechnique) en Europe, FCC (federal communications commission) aux USA), toutes
basées sur les recommandations CEI, à quelques variations spécifiques près. Ces normes sont
destinées à limiter la « pollution » électromagnétique, et par conséquence, à concevoir des
équipements et des composants capables de travailler correctement en présence de ces niveaux, mais
seuls les essais d’émission sont exigés. Elles distinguent les applications à usage domestique (un PC
interfère avec le récepteur TV voisin) où les niveaux admis et les distances entre émetteur et
récepteur des perturbations sont les plus faibles, et les autres applications en milieu industriel [7, 8].
Si les perturbations reçues par ce dernier sont trop élevées et provoquent des interférences, on
parle alors de victime de ces perturbations.
Canal de perturbation
Victime
Victime Source Elément
Elément Perturbé par
Perturbé par Elément Conduction
Rayonnement Perturbateur où
Rayonnement
Couplage
par
rayonnement Couplage par
conduction
Conséquences :
a) Un conducteur de type « boucle » parcouru par un courant i variable (l’effet est nul en continu)
peut, via le champ magnétique B qu’il crée, perturber d’autres conducteurs placés à proximité (Fig. I-
4).
b) Un conducteur de type « brin » (antenne) alimenté par une source de tension variable (effet nul
en continu) génère un champ électromagnétique pouvant perturber les conducteurs placés à
proximité (Fig. I-5).
Loi de Biot et Savart
B Antenne =λ/4 EM
i dv/dt
→ i c=3*105 km/s
dB 0
dsr λ=c/f f : fréquence en Hertz
4 r 3 λ : longueur d’onde (m)
B E
i v
Une excitation magnétique variable perturbatrice H induira dans les boucles qu’elle traverse,
une tension parasite u telle que :
u = μ0.S.dH/dt. (I-2)
I-3-2-3. Loi d’Ampère (loi de Biot et Savart appliquée à une boucle fermée Γ
quelconque)
En régime quasi-permanent ou permanent (on considère comme négligeable le temps de
propagation des ondes électromagnétiques devant la période du signal), dans le vide, le théorème
d'Ampère énonce que la circulation le long d'un circuit fermé du champ magnétique engendré
par une distribution de courant est égale à la somme algébrique des courants qui traversent la
surface définie par le circuit orienté, multipliée par la perméabilité du vide μ0.
B dl 0 (I-3)
I traversant
Où :
Les dérivées sont partielles, les grandeurs physiques mises en jeu étant dépendantes de l'espace et
du temps.
Conséquences :
En considérant un même milieu homogène, ces équations admettent des solutions qui régissent la
propagation des champs électrique et magnétique. Les champs E et B s'entretiennent mutuellement,
mais l'équilibre énergétique entre eux ne s'opère qu'à une certaine distance de la source (qui peut être
un champ électrique ou magnétique). On distingue alors deux zones :
- La zone dite de « champ proche » ;
- La zone dite de « champ lointain ».
La zone de champ proche correspond aux phénomènes cités dans le deuxième chapitre et est
prépondérante dans l’étude des couplages par diaphonie capacitive et inductive. La zone de
champ lointain est prépondérante dans l’étude des couplages de type « champ à fil » et champ à
boucle » [15].
I-3-3. Unités utilisées en CEM
Le décibel (dB) est une unité de grandeur sans dimension définie comme dix fois le
logarithme décimal du rapport entre deux puissances.
Le dBm :
Le dBm exprime le rapport entre la puissance Px du signal x considéré et le milliwatt (mW)
qui est la référence :
X (dBm) = 10 log10 (Px/ 10-3) (I-9)
Ainsi un signal de puissance 1 W vaudra 30 dBm et 1 μW correspondra à -30 dBm.
Le dBμV :
Il exprime le rapport entre la ddp Vx d’un signal x chargé par une résistance de 50 Ω et le μV
qui sert de référence :
X (dBμV) = 20 log10 (Vx/ 10-6) (I-10)
Téléphone
Emissions conduites par l’équipement : mesure des perturbations injectées dans le réseau
(Fig. I-10).
Niveau d’immunité
Limite d’immunité
Marge d’immunité Marge de
Niveau de compatibilité
compatibilité
Marge d’émission
Limité d’émission
Niveau d’émission
Variable impédance
Fig. I-12. Niveaux de perturbation en CEM
A cela s’ajoutent toutes les activités juridiques inhérentes à l’application de la réglementation et au traitement des
situations particulières des assujettis vis à vis de la réglementation.
Compte tenu des incertitudes de mesure, on impose des MJK > X dB et non pas simplement MJK
> 0 dB. Si cette condition n’est pas remplie, l’analyse doit être poursuivie par :
- La prise en compte du facteur temps : il est possible que le système k n’ait pas à fonctionner en
même temps que le système j responsable du terme MJK < X.
- La mise en place de dispositifs de protection permettant de modifier les valeurs des paramètres AJK,
PJ ou IK.
- L’acceptation d’un fonctionnement erroné du système k pendant un certain temps, égal ou
supérieur à la durée de la perturbation ;
- L’acceptation de la destruction d’une partie du système k à condition que la partie détruite soit
facilement remplaçable.
Un aspect probabiliste peut éventuellement intervenir dans chacune des directions évoquées
ci- dessus. Mis à part le cas où une analyse fine montre que la compatibilité est bonne dans
toutes les situations, la solution à adopter résulte d’un compromis technico-économique liée soit
aux modifications de l’installation soit aux défaillances des systèmes et à leurs conséquences [06].
I-7-3. Procédure de l’analyse de la CEM
Nous venons de voir comment on peut arriver, dans une situation complexe, à formaliser une
procédure quantitative d’évaluation de valeurs numériques MJK, exprimant les marges de
compatibilité d’un ensemble de systèmes interagissant les uns sur les autres du point de vue
électromagnétique (Fig. I-13).
Marges de
compatibilité MJK
Toutes les MJK sont positifs Toutes les MJK sont négatifs
et>XdB et<XdB
MJK(tf,)
Les marges de compatibilité supposent la connaissance d’un certain nombre de données qui sont:
— les niveaux de perturbations provoqués par ces systèmes ;
— leurs niveaux d’immunité ;
— les valeurs d’affaiblissements caractéristiques de chaque mode de couplage entre systèmes.
Ce sont ces différentes données qui seront nécessaires pour évaluer la compatibilité
électromagnétique des matériels, systèmes et installations [06].
I-8. CONCLUSION
A travers ce chapitre nous avons pu décrire et définir les aspects fondamentaux de la
compatibilité électromagnétique (CEM), déterminer ces phénomènes et classer les perturbations. On
peut dire que la CEM est une notion de paix qui agit pour la coexistence entre les systèmes ou
équipements, donc la CEM est un objectif fonctionnel.
En résumé, il faut : respecter les normes obligatoires ; admettre que la CEM est synonyme de
qualité, sécurité et de fiabilité, donc il faut prendre en compte la CEM dès le début d’un projet.
C’est ainsi que l’on fabriquera des produits qui ne seront pas ou très peu perturbés par les
interférences électromagnétiques (IEM).
Aux courant de ce chapitre, nous avons vu que pour une compréhension claire des
phénomènes de la CEM, le canal de propagation porte une grande importance sur le sujet, pour
cette raison, ce premier chapitre est suivi par une étude détaillée sur les couplages
électromagnétiques, sujet du deuxième chapitre.