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Compatibilité Electromagnétique
Cours pour les électriciens
Auditeurs du Master ou Elèves Ingénieurs
B. DEMOULIN
Professeur à l'Université des Sciences et Technologies de Lille
Volume I
Les composants intégrés logiques apparus dans les années soixante dix contribuèrent
fortement à l’essor de la compatibilité électromagnétique. En effet, cette évolution
technologie caractérisée par l’usage de basses tensions se révélaient très sensibles à
des parasites électriques de toutes natures. Cette époque fut également marquée par
l’augmentation de la pollution électromagnétique introduite par le développement de
l’électronique de puissance. Ces circuits commutant des courants forts dans des laps
de temps très brefs eurent pour conséquence de propager des perturbations sur les
réseaux d’énergie. Plus près de nous, les téléphones portables produisent des champs
hautes fréquences en des lieux tout à fait imprévisibles, ils constituent également de
redoutables sources de perturbations !
Tous les appareils utilisateurs de l'énergie électrique sont donc soumis à des risques
d'interférences obligeant leurs concepteurs à tenir compte de ces critères de
compatibilité électromagnétique. Ils y parviennent par l'adoption de méthodes
d'analyse, par le recours à des techniques de protection et par le respect d'une
législation indiquant les tolérances de pollutions électromagnétiques ou d'insensibilité
aux parasites.
Le cours est complété par une annexe apportant des compléments sur la théorie des
lignes et plus spécialement sur la résolution des équations des télégraphistes. Dans
cette annexe figurent également les détails permettant de calculer l'impédance
d'entrée des lignes et leurs paramètres linéiques primaires. Les fondements de la
théorie modale y sont également rappelés. Pour conclure, nous décrivons les
méthodes permettant d’introduire les circuits équivalents aux lignes, les phénomènes
de propagation en diaphonie et les dissipations d'énergie.
Sommaire
2-3 Les couplages par les champs électromagnétiques sur une ligne parallèle à
un plan de masse (75)
2-4 Couplage des champs sur un conducteur assimilé à une antenne (86)
1 Câble blindé
2 Connecteurs
3 Châssis métallique et enceinte blindée
4 Les limiteurs d’amplitude
5 Les connexions à la terre
6 Les absorbants à ferrite
7 Les filtres secteurs
8 Les câbles filtrants
4-3 Protection par un câble blindé idéalement relié à la masse aux deux
extrémités (177)
4-6 Contact du blindage avec la piste de masse d’un circuit imprimé (186)
Chapitre 1
La CEM est apparue au début du vingtième siècle lorsque les communications par
voie hertzienne ont commencé à s’intensifier. L’utilisation anarchique de la
fréquence porteuse des émissions radioélectriques provoquait des interférences
nuisibles à l’efficacité de ce moyen moderne de communication. Une réglementation
internationale a donc été édifiée afin de répartir le spectre des fréquences en fonction
des utilisateurs potentiels. C’est ainsi que certaines bandes sont attribuées à la
radiodiffusion par exemple 87 MHz – 108 MHz pour la diffusion de la radio en
modulation de fréquence, 900 MHz pour les téléphones portables GSM etc….
Aujourd’hui, le spectre radioélectrique est tellement encombré qu’il faut préserver
certaines fréquences réservées à des usages scientifiques, c’est le cas de la raie de
l’atome d’hydrogène à 21 cm de longueur d’onde très utilisée par les radio
astronomes pour reconnaître la présence de matière interstellaire.
Les problèmes traités dans le cours sont cependant tout à fait étrangers à la gestion du
spectre radiofréquences, ils concernent principalement les inductions et le brouillage
électromagnétique occasionnés par le fonctionnement des appareils électriques ou
électroniques. Historiquement, ces phénomènes sont apparus dans les années vingt
lors des essais entrepris par les chemins de fer helvétiques en vue d’utiliser le courant
industriel de fréquence 50 Hz pour les besoins de la traction électrique.
Contrairement au courant continu délivré à cette époque par des convertisseurs
tournants, les courants alternatifs généraient des variations de champs magnétiques
coupables d’inductions de tensions sur les circuits téléphoniques longeant les voies
ferrées. De nos jours, les phénomènes perturbateurs ont été amplifiés par les
convertisseurs statiques de puissance et l’usage de circuits intégrés alimentés sous de
très basses tensions.
Une quatrième partie concerne la conduite d'un projet CEM et plus spécialement les
principales étapes qu'il convient de suivre pour évaluer la sensibilité d'un équipement.
Nous verrons à cette occasion le rôle important joué par l'analyse topologique,
notamment lorsqu'il s'agit d'identifier les liens de l'équipement avec le réseau de terre
d'une installation.
Industrie aéronautique
Les avions modernes comportent des instruments et des gouvernes commandés par
des calculateurs vulnérables aux rayonnements électromagnétiques. Les risques
majeurs proviennent de la foudre, s'il s’agit de l’impact direct d’un coup de foudre
sur l'aéronef des courants transitoires d’une intensité voisine de vingt milles Ampères
peuvent circuler sur la surface métallique de l'avion. S'il s'agit de phénomènes
indirects provenant de décharges déclenchées entre nuages, l'appareil peut être
exposé à d'intenses champs électromagnétiques transitoires. Il en résulte des
phénomènes d'induction d'une amplitude suffisante pour détruire des composants
électroniques ou engendrer leur dysfonctionnement.
Les avions sont également soumis aux champs intenses et de très hautes fréquences
émis par les faisceaux radars provenant des centres de contrôles aériens, ils sont
coupables d'autres phénomènes d'induction.
Dans un tout autre ordre de grandeur, les passagers utilisateurs de téléphones
portables ou d’appareils électroniques peuvent produire en cabine des champs
d’amplitude suffisante pour créer des interférences avec certaines liaisons
hertziennes.
Industrie spatiale
Les satellites artificiels évoluant sur orbite basse ou géostationnaire subissent les
agressions électromagnétiques provenant du cosmos. Il s’agit généralement de
rayonnements ionisants de très grande énergie capable d’altérer la matière active des
circuits électroniques ou de déposer des particules chargées sur la surface des
panneaux solaires. L’hétérogénéité du dépôt peut alors produire des différences de
potentiel pouvant engendrer des processus de décharge matérialisés par des courants
transitoire très intenses.
A ces phénomènes d’origine naturelle s’ajoute la cohabitation des antennes
émettrices puissantes et des circuits électroniques sensibles localisés dans un volume
restreint.
Industrie ferroviaire
Nous avons évoqué en introduction les inductions provoquées sur les câbles
téléphoniques riverains des voies ferrées, l’usage des transmissions par fibre optique
réduit ce risque mais d’autres problèmes surgissent. Notamment, le retour des
courants de traction par les rails est susceptible de générer des interférences avec la
télésignalisation transmise sur les voies.
Le rayonnement propre de la ligne électrifiée parcourue par des courants intenses
couvrant un large spectre de fréquences peut être également la cause d’autres sources
d’interférences.
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 4
L’industrie automobile
Les grands réseaux électriques à très haute tension constituent les cibles privilégiées
des impacts foudre. Les lignes doivent donc être équipées de parafoudres et
accompagnées de protocoles de commutations les rendant insensibles à ces
agressions violentes.
Les incidents d’exploitation des réseaux électriques avec les court circuits provoqués
sur les lignes aériennes lors des tempêtes ou les défauts d’isolement engendrés dans
les câbles souterrains sont également l’origine de parasites d’une amplitude suffisante
pour perturber les circuits de contrôle de ces installations.
D'autre part, la multiplication de charges à fonctionnement non linéaire engendre sur
le réseau électrique des courants très éloignés du modèle sinusoïdal. Ces courants à
spectre étendu provoquent des chutes de tensions amenant une distorsion de la
tension délivrée par le secteur. Un compromis doit donc être recherché entre les
tolérances de pollution et de sensibilité requises par le fonctionnement nominal d'un
appareil branché sur le réseau.
Les télécommunications
Les réseaux filaires de téléphonie sont soumis aux inductions dues à la foudre ainsi
qu’à la proximité de puissants émetteurs de radiodiffusion. Des protections adéquates
doivent être adoptées pour la sécurité des usagers et pour réduire les risques
d’interférences.
Bien que le codage des informations numériques traitées dans les téléphones
portables soit très efficace pour les protéger des parasites extérieurs, ils restent tout de
même sensibles à des interférences de très grande amplitude. D'autre part les stations
de base génèrent des champs haute fréquence dont l'amplitude peut dépasser
plusieurs Volts par mètre. Cette pollution inévitable de l'environnement proche de ces
émetteurs nécessite le recours à des protections adéquates, ainsi que le respect de la
réglementation en matière d'exposition de personnes aux champs électromagnétiques.
Les téléphones portables sont aussi générateurs de pollution électromagnétique,
notamment lorsqu'ils sont actionnés à proximité de circuits électroniques. Il peut en
résulter l'induction de tensions d'amplitude suffisante pour modifier des données
binaires.
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 5
Les faibles tensions rencontrées sur les circuits logiques des équipements
informatisés les exposent aux effets indésirables de perturbations d'origines diverses.
Les inductions produites par la foudre, les décharges électrostatiques, la pollution
engendrée par les convertisseurs d’énergie, la proximité de téléphones portables
constituent les risques les plus fréquents de dérangement.
Les circuits logiques très rapides adoptés dans les calculateurs introduisent des
sources de rayonnement électromagnétique couvrant des spectres atteignant ou
dépassant parfois le GHz. L'intensité du champ rencontré à quelques mètres de ces
équipements est alors suffisante pour interférer avec des transmissions hertziennes.
L’anti-compromission
Nous avons tous perçu lors de l’écoute des programmes radio les craquements
désagréables provoqués par des parasites dont ignorons bien souvent l’origine et
encore plus les modes de transmission ! Pour faciliter notre démarche nous nous
attarderons sur les craquements enregistrés lors des épisodes orageux.
Les impacts de foudre constituent une source particulièrement intense de parasites
électromagnétiques, pour simplifier, imaginons le scénario illustré sur la Figure (1-1).
Le récepteur comporte une antenne qui peut être sensible au champ électrique ou au
champ magnétique, il est alimenté par la ligne secteur 220V 50 Hz.
Les détails apportés dans le prochain paragraphe indiquent qu’un épisode orageux se
manifeste par des impacts aux sols matérialisés par d’intenses décharges électriques
s’écoulant de la base des nuages vers la surface du sol.
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Cumulonimbus
Antenne
réceptrice Rayonnement
transitoire
Alimentation Ei
i F (t )
Récepteur Impact
Hi foudre
Surface du i F (t )
sol
Surtension Lien avec
transitoire le sol
Figure (1-1)
+∞
I F ( f ) = TF [i F (t )] = ∫ i F (t ) e
− j 2π f t
dt (1-1)
−∞
Les graphes de la Figure (1-2) montrent les signatures typiques des phénomènes
électriques de la foudre étudiés plus attentivement au prochain paragraphe.
i F (t ) IF ( f )
-20 dB/décade
1A/Hz
20 kA
t f
100 ns 1,6 kHz
100 µs 1,6 MHz
Figure (1-2)
Nous associons au courant foudre un temps de montée voisin de 100 ns et une durée
estimée à 100 µs, en conséquence le lobe principal du spectre atteindra 1,6 kHz alors
que son encombrement se situe à une fréquence voisine de 1,6 MHz . Nous verrons
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 8
que ces paramètres sont déterminés par l’apparition des branches à – 20 dB/décade
puis – 40 dB/décade du gabarit spectral.
Lors de l’impact sur la surface du sol deux phénomènes perturbateurs se manifestent
simultanément. L’arc formé par l’éclair se comporte comme une antenne émettrice
verticale donnant naissance à un champ électromagnétique transitoire assimilable à
une onde cylindrique. En conséquence, l’antenne du récepteur perçoit un champ
transitoire comprenant une composante électrique E i et une composante magnétique
H i respectivement perpendiculaire et parallèle à la surface du sol. L’antenne sera
donc le siège de tensions transitoires induites par le champ incident, ces phénomènes
seront analysés au cours des chapitres deux et cinq du cours. Ce parasite est donc
amplifié puis détecté par le récepteur, il est accompagné d'une brève impulsion
sonore. Les bandes de radiodiffusion les plus sensibles à l’induction foudre sont
localisées vers les grandes ondes (GO) et petites ondes (PO) respectivement situées
entre 150 kHz-250 kHz et 550 kHz-1,8 MHz. Le spectre du courant évoluant dans ces
régions de manière inversement proportionnelle à la fréquence, nous en déduisons
que le récepteur sera moins sensible dans la gamme petites ondes. A fortiori pour la
bande FM située entre 87 MHz-108 MHz pour laquelle les parasites sont presque
imperceptibles.
Aux phénomènes induits par le rayonnement s’ajoutent d’autres perturbations venant
des lignes d’alimentations du récepteur. L’origine de ces surtension est assez difficile
à identifier, nous pouvons leur attribuer deux causes primaires : une induction directe
produite par le champ transitoire parvenant sur la ligne, une induction indirecte
engendrée par l’écoulement du courant foudre dans le sol. L’effet de ces tensions
induites sur les circuits internes du récepteur va donc principalement dépendre des
fuites occasionnées par les capacités parasites et du lien physique entre le récepteur et
le sol. L’analyse physique de ces modes de couplage électromagnétique sera détaillée
au second chapitre.
Par leurs dimensions importantes, les lignes transportant l’énergie électrique sous des
tensions de 220 kV ou 380 kV sont fréquemment soumises aux impacts de la foudre,
deux phénomènes nuisibles sont généralement enregistrés, le premier concerne la
génération de surtensions transitoires et le second l’écoulement par le sol de courants
intenses provenant de la source d’alimentation connectée aux lignes.
Le contexte pratique du premier phénomène est illustré sur la Figure (1-3), pour
simplifier nous avons limité la représentation à un seul conducteur de phase. La ligne
est connectée au transformateur de puissance protégé par un parafoudre et un
disjoncteur. Lorsque l'impact foudre tombe sur la ligne, une surtension transitoire de
plusieurs millions de Volts prend naissance entre le conducteur de phase et la terre,
nous verrons au second chapitre que ce phénomène s’apparente à un couplage par le
mode commun. Sans l’usage d’un parafoudre, l’isolement des bobinages du
transformateur serait sérieusement endommagé. Le parafoudre (limiteur d’amplitude)
entre en conduction afin d’absorber l’excès d’énergie engendrée par le choc
électrique. Cependant, cette conduction n’intervient que lorsque la surtension
dépasse un seuil d’amplitude voisin du double de la tension nominale phase-terre.
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 9
Impact
foudre Disjoncteur
Parafoudre
Surtension
Ligne THT
Sol
Transformateur
de puissance
Figure (1-3)
Pour une ligne de 380 kV entre phases, la tension homopolaire rapportée à la surface
du sol est donc de 220 kV, cela signifie qu’un transitoire d’une amplitude proche de
440 kV parviendra à l’entrée du transformateur. Ce choc d'amplitude réduite est
insuffisant pour endommager les bobinages, toutefois cette surtension résiduelle est
transportée vers les circuits situés en aval, elle cause d'autres surtensions de plus
faible amplitude sur les arborescences du réseau électrique.
Impact
Amorçage de foudre
l’isolateur Disjoncteur
Parafoudre
iG (t ) P1 P2
∆vG (t )
Figure (1-4)
D’autres phénomènes peuvent accompagner l’impact foudre sur la ligne, c’est le cas
du scénario illustré sur la Figure (1-4). Ici, la surtension provoque l'amorçage d'un arc
électrique sur l'isolateur, il en résulte un court circuit entre le conducteur de phase et
la terre à travers la masse métallique du pylône. L’excès d’énergie provoqué par
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 10
iG (t )
Crète due à
l’impact
Entretien
de l’arc
Ouverture du
disjoncteur
100 ms
Figure (1-5)
∆vG (t ) = RG iG (t ) (1-2)
Considérons deux pistes parallèles disposées sur le substrat d’un circuit imprimé, le
plan de masse adossé au substrat constitue la référence de potentiel du circuit. Une
source connectée à l’extrémité de la ligne notée 1 sur la Figure (1-6) transporte des
impulsions de forme trapézoïdale. La piste notée 2 est connectée à chacune de ses
extrémités sur une impédance qui peut être constituée par l’entée et la sortie d’un
circuit logique. Le courant i1 (t ) et la tension v1 (t ) appliqués sur la ligne 1 produisent
par influence sur la ligne 2 un champ magnétique et un champ électrique introduisant
un flux magnétique et des charges électriques.
Champ
Champ électrique
magnétique 2 Substrat
1
i1 (t )
v1 (t )
Plan de
masse
v 2 (t )
Figure (1-6)
Le flux a donc pour conséquence d’induire entre la piste 2 et le plan de masse une
fem proportionnelle à la dérivée du courant i1 (t ) , alors que les charges produisent
entre cette seconde piste et la masse un courant proportionnel à la dérivée de la
tension v1 (t ) , soit les conditions rassemblées dans les relations suivantes :
d i1
fem induite ⇒
dt
(1-3)
d v1
courant induit ⇒
dt
di dv
v 2 (t ) ⇒ Proportion elle 1 , 1 (1-4)
dt dt
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 12
En guise d'illustration la Figure (1-7) montre les signatures des signaux générateurs
de la perturbation et des signaux induits par diaphonie. Si nous attachons à i1 (t ) et
v1 (t ) le temps de montée τ r nous obtenons une tension induite v 2 (t ) dont
l’amplitude crête est inversement proportionnelle à τ r . En conséquence
l’accroissement de la rapidité des circuits logiques va réduire fortement leur temps de
commutation ce qui engendre des tensions de diaphonie d’amplitude suffisante pour
déranger les circuits riverains.
i1 (t ) , v1 (t ) v 2 (t )
1
Prop.
τ r
τr t t
τr
Figure (1-7)
~
ic (t )
u~c (t ) u0 (t )
Charge
Ligne d’alimentation
Convertisseur Résistance : R A
statique Inductance : L A
Figure (1-8)
ω = 2π f (1-7)
~
Dans la relation (1-6) figure le spectre I c ( f ) du courant, en conséquence, la
recherche de la transformée de Fourier inverse de cette expression fournit la signature
de la tension résultante u~c (t ) , soit :
~
~ d ic
u c (t ) = U m sin (2π f 0 t ) − R A ic (t ) + L A
~
(1-8)
dt
Application numérique
L’onde sinusoïdale u0 (t ) délivrée par le réseau est représentée Figure (1-9), elle a
pour amplitude efficace :U 0 = 220 V et pour fréquence : f 0 = 50 Hz
Le courant absorbé par le convertisseur se compose d’impulsions récurrentes de
polarités alternées et symétriques présentées Figure (1-10), la période est
rigoureusement égale à celle de la tension secteur, soit:T = 20 ms , Nous attribuons à
la ligne d’alimentation la résistance et l’inductance suivantes : R A = 100 mΩ ,
L A = 100 µH
La Figure (1-11) montre la tension distordue u~c (t ) déduite de la simulation
numérique.
Figure (1-9)
Figure (1-10)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 15
Figure (1-11)
rayonné à une distance de dix (ou trois mètres) de l'équipement et sur une bande de
fréquence allant de 30 MHz à 1 GHz .
Substrat L0
Id
RL
S l
Id
r
P Ëϕ
Figure (1-12)
120π 2 S 2
Eϕ = f Id (I-9)
c2 r
S = L0 l (1-10)
Application numérique
Nous recherchons aux fréquences extrêmes de la bande couverte par les mesures (30
MHz et 1 GHz) l’amplitude minimale I d min du courant qu’il faut produire sur les
pistes pour atteindre le seuil de pollution toléré par les normes soit :
Eϕ = 100 µV / m
Nous prenons pour paramètres géométriques :
L0 = 8 cm , l = 5 mm , r = 3 m
Nous attribuons à la résistance de charge la valeur : RL = 50 Ω
L’amplitude minimale de la sourceVS min pouvant produire le champ électrique
recherché est donc donnée par le produit :VS min = RL I d min
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 17
Le calcul indique :
Ainsi, cet exemple montre qu’aux fréquences s’approchant de 1 GHz une source de
quelques mV suffit pour engager le gabarit de la norme. Ce comportement s'explique
aisément par la loi de variation quadratique du champ avec la fréquence, nous en
concluons que les signaux à très large spectre transportés sur les pistes risquent de
créer des interférences avec les communications hertziennes. Ce phénomène apparaît
surtout avec l'usage des circuits numériques rapides rencontrés aussi bien sur les
calculateurs sophistiqués que sur d’autres applications à l'exemple de l’insertion de
l’informatique dans les équipements automobiles.
Bien sur, le calcul proposé dans cette démonstration est très simplifié puisqu’il n’est
pas tenu compte du contraste diélectrique engendré par le substrat et que les
phénomènes de résonances sur les pistes sont ignorés. Nous verrons au troisième
chapitre un développement approfondi montrant l’impact des résonances.
Nous avons considéré le cas d’une source idéalement flottante, en réalité les signaux
transmis sur les pistes proviennent bien souvent de sources éloignées reliées aux
circuits imprimés par des câbles blindés de dimension très supérieure à celle des
pistes. Sous ces hypothèses, la contribution des câbles sur l’intensité du rayonnement
peut devenir très significative, notamment aux fréquences les plus basses couvertes
par les mesures normalisées, c’est à dire au voisinage d’une trentaine de MHz.
Le schéma illustré sur la Figure (1-13) représente une configuration type génératrice
de rayonnements intenses.
Circuit imprimé
Lc
Câble blindé
Ic
S
r Ic
L0
Masse
P
Couplage
Eθ électromagnétique
local
Figure (1-13)
La source S est donc reliée au circuit imprimé par un cable coaxial dont la dimension
Lc est très supérieure à la dimension L0 des pistes, soit :
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 18
Lc >> L0 (1-11)
Par rapport à la situation précédente, il ne s’agit plus d’une source flottante mais
asymétrique dont l’un des poles est en contact avec le blindage du cable relié à la
terre de l'installation. Sous ces conditions, un couplage électromagnétique local
intervient dans la zone reliant le cable avec les pistes, ce couplage a pour effet
d’engendrer un courant de mode commun I c établi avec la convention donnée Figure
(1-3). Ce courant est généralement de très faible amplitude mais il peut intensément
contribuer au rayonnement. Si nous imaginons l’ensemble cable pistes éloigné de
toute infrastructure métallique l’observateur P situé à la verticale du cable et à la
distance r reçoit un champ résultant E r exprimé par la somme de trois trois termes
correspondant individuellement à une contribution physique différente.
E r = Eϕ + E c + Eθ (1-12)
60π Lc
Eθ = f Ic (1-13)
c r
Applications numériques
Nous recherchons l’amplitude minimale I c min du courant de mode commun capable
d’engendrer un champ voisin de la tolérance normative, soit : Eθ = 100 µV / m
Dimension du câble coaxial : Lc = 1 m
Le calcul donne :
f = 30 MHz → I c min = 16 µA
Il faut préciser que le calcul est assez pessimiste car il n’est pas tenu compte de
l’interaction avec les structures métalliques environnantes. Sous certaines
circonstances, ce chiffre élevé peut être atteint et même dépassé lorsque la face
extérieure du blindage entre en résonance et plus spécialement lorsqu'il s'agit d'un
résonateur quart d'onde :
λ
Lc = (1-14)
4
Dans cette formule λ représente la longueur d’onde en espace libre reliée à la
fréquence de la source par l’expression :
c
λ= (1-15)
f
Nous allons montrer dans la prochaine étape que l’aménagement des circuits
imprimés permet de réduire dans un rapport intéressant l’amplitude de ces émissions
indésirables.
Nous ferons usage des propriétés des images électriques exposées au second chapitre,
pour cela, adossons au substrat un plan métallique. La Figure (1-14) montre cette
nouvelle disposition dans laquelle h représente l’épaisseur du substrat ou plus
exactement la distance entre les pistes et le plan, cette distance est nécessairement
plus petite que les autres dimensions :
h << e , L0 (1-16)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 20
e Substrat
L0
Id
Pistes
Plan de masse
très conducteur
(cuivre)
Figure (1-14)
Hn
Pistes Id
2h
Eθ 2
− Id
r P
− Hn
Eθ 1
Boucle image
Figure (1-15)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 21
Eθ r = Eθ 1 + Eθ 2 (1-16)
Dans cette relation Eθ 1 et Eθ 2 représentent les champs lointains rayonnés par les
pistes et leurs images. Sachant que la distance r est très supérieure à l’espacement
des boucles et que les rayonnements ont des phases opposées, le champ résultant sera
atténué :
Cette raison explique en partie l’adoption des plans de masse adossés sur la plupart
des circuits imprimés. Dans le but de réduire la densité des pistes, le plan métallique
est également utilisé pour véhiculer le retour des courants, nous verrons un peu plus
loin que cet aménagement génère un bruit de masse.
Câble blindé
Ic
S
I c' Ic
Contact
Masse
Mise à la masse
générale du châssis
Figure (1-16)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 22
On a mentionné que les plans de masse servaient également au retour des courants
d’alimentation des circuits logiques. A partir d'une analyse qualitative on montre que
ces courants produisent un bruit de masse du au couplage par impédance commune
introduit par le plan. La Figure (1-17) représente un circuit imprimé à couches
multiples sur lequel cohabitent des circuits logiques et un amplificateur analogique.
La partie ombrée représente le substrat isolant, le contour en trait continu désigne le
périmètre du plan de masse adossé au substrat, les cercles pleins indiquent les
contacts au plan de masse et les cercles vides les ouvertures destinées aux passages
des communications entre couches.
Le bruit de masse se manifeste principalement lors de la commutation des circuits
logiques. En effet, durant leur changement d’état, un courant transitoire très intense
est demandé à l’alimentation, l’amplitude peut dépasser 100 mA sur une durée
souvent inférieure à une nanoseconde. Il s’agit donc d’impulsions couvrant un large
spectre de fréquences. Ce courant de retour écoulé sur le plan de masse produit une
chute de tension nuisible au fonctionnement des composants riverains, tel est le cas
de l’amplificateur implanté sur le circuit. La chute de tension a pour origines la
résistance de surface non infinie du plan de masse à laquelle s’ajoute une réactance
provoquée par le parcours sinueux du courant imposé par les voies de communication
inter couches.
Circuit logique en
cours de commutation
+
Alimentation iG
Signal analogique de
faible amplitude ∆vG
Référence « 0 Volt »
Amplificateur
Figure (1-17)
parasites vont créer des interférences avec les signaux traités par l’amplificateur.
Nous pouvons exprimer la chute de tension par le produit de convolution du courant
iG (t ) de retour avec la réponse impulsionnelle du plan z G (t ) .
∆vG (t ) = z G (t ) * iG (t ) (1-18)
La formulation mathématique exacte de ces phénomènes est très difficile, seules des
mesures ou des simulations numériques permettent d'évaluer l'ordre de grandeur.
Au bruit de masse se superpose d’autres perturbations venant des variations de
tension dues à la source d'alimentation des circuits, elles sont dues au transit des
courants de commutation dans l'impédance interne du générateur de courant continu.
Ce parasite s'apparente d'ailleurs à un couplage par conduction de mode différentiel.
Pour atténuer ces phénomènes on utilise des capacités réservoir connectées aux
bornes de chaque circuit logique. La Figure (1-18) montre l’implantation d'une
capacité procurant le courant transitoire iG (t ) demandé lors de la commutation. Le
courant est alors circonscrit au petit périmètre reliant le condensateur au composant le
plus proche. Pour atteindre l'amplitude crête suffisante à la commutation, il faut des
capacités d'une valeur souvent voisine ou supérieure à 100 nF et possédant une très
faible inductance parasite. D'autre part, pour un filtrage efficace, la topologie
d'implantation exige des capacités possédant les connexions les plus courtes
possibles. Sous ces conditions, la source d'alimentation fournira le courant moyen ce
qui élimine également les parasites transmis par conduction différentielle.
Capacité
Circuit en cours de réservoir
commutation
iG
∆vG ≅ 0
Figure (1-18)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 24
E r = Ei + E d
(1-20)
r i d
H =H +H
Dans le cas général le champ secondaire est difficile à évaluer, moyennant les
approximations détaillées au second chapitre nous parvenons à des estimations
suffisamment précises.
Hi z
x dz h
Substrat B
A Champ résultant
B' Er , H r
A'
o
y
Plan de masse
Figure (1-19)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 25
A B + dE _ B
A
0
h
E xr
H yr dI 0
A’ dz B’ A' B'
Figure (1-20)
dS = h dz (1-21)
Sous cette hypothèse le champ magnétique entretient le flux magnétique élémentaire
dΦ donné par la relation:
dΦ = µ 0 H yr dS (1-22)
Vr = − E xr h (1-23)
dq = Vr dC (1-24)
Nous verrons au second chapitre que la piste parallèle au plan métallique forme une
ligne de transmission à laquelle s'associe une capacité linéique C, en conséquence,
nous transformons la relation (1-24) pour y faire apparaître l'élément dz.
dq = Vr C dz (1-25)
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 26
Si l'onde incidente transporte des champs transitoires exprimés avec des conventions
de lettres minuscules, il y a induction d'une tension de0 ( t ) et d'un courant di0 ( t ) que
nous exprimons:
dΦ dh yr
de0 = − = µ0 h dz (1-26)
dt dt
dq de xr
di0 = = h C dz (1-27)
dt dt
exr ( t ) = E xr e j ω t
(1-28)
jωt
hxr ( t )= H xr e
dE0 = j ω µ 0 H yr h dz (1-29)
dI 0 = j Cω E xr h dz (1-30)
Les sources disposées à la droite de la Figure (1-20) sont ensuite intégrées sur toute la
dimension L0 de la piste, elles produisent aux extrémités les tensions induites
résultantes. Nous verrons au second chapitre que sous certaines conditions appliquées
aux extrémités de ces lignes de propagation des résonances peuvent apparaître et
accroître l’amplitude de l’induction.
Malgré les simplifications adoptées, la démonstration prouve que des circuits
imprimés soumis à des ondes entretenues seront d'autant plus sensibles aux
interférences que la fréquence des champs inducteurs est élevée. Dans le troisième
chapitre nous ferons le lien entre ces interférences et les anomalies produites sur les
composants électroniques actifs.
Cette partie du premier chapitre est donc consacrée à l'analyse physique de leurs
phénomènes électromagnétiques
Sous les latitudes tempérées, les orages se manifestent généralement durant la saison
d'été, leur occurrence intervient lors de situations anticycloniques persistantes. Du
point de vue météorologique, il s'agit d’orages de beau temps ou de fronts orageux.
Cumulonimbus
Relief
Air chaud et humide
Surface du sol
Figure (1-21)
Une période de temps très chaud et anticyclonique est suivie de la progression d'un
front d'air froid transportant des basses pressions. Le contraste de densité d'air et de
température est alors tout à fait favorable à la formation de cumulonimbus porteurs
d’instabilités. Contrairement à l'épisode précédent, le développement maximum et
B DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - A 28
les précipitations peuvent survenir à tout moment de la journée et sur un front étendu
à plusieurs centaines de kilomètres, la Figure (1-22) illustre ce contexte.
Hautes pressions
Basses pressions
Cumulonimbus
Air froid
Air chaud et humide
Surface du sol
Progression
Figure (1-22)
Sous les latitudes de la France lorsque le front parvient du sud ouest, son passage est
en principe suivi par d'autres instabilités orageuses accompagnées de températures
modérées dans une atmosphère chargée d'humidité. Si le front vient de l'ouest ou du
nord ouest, il est suivi d'une baisse importante des températures liée à l'apparition de
vents forts agrémentés d'averses.
La formation de la foudre
sur la surface de la terre. Cela signifie que ce champ statique permanent compense le
courant électrique ascendant alimenté par les orages instantanés qui couvrent en
permanence la planète. La première manifestation d'un épisode orageux sera
l'accroissement du champ statique dont le scénario est illustré sur la Figure (1-23). En
conséquence, un observateur localisé sous un cumulonimbus chargé se trouve dans
un gigantesque condensateur dont l'armature supérieure correspond à la base du
nuage chargée négativement et l'armature inférieure constituée par la surface du sol
chargée positivement. Par un phénomène d'influence électrostatique les charges
positives concentrées sur le sol équilibrent les charges négatives d’altitude, il en
résulte un accroissement du champ statique, on estime que la probabilité d'apparition
de la foudre intervient dés que l'amplitude dépasse 15 kV/m. On assiste alors à des
phénomènes d’auto décharge intra nuage ainsi qu’à des décharges exogènes formant
d'intenses arcs électriques avec la surface du sol. Nous allons analyser la formation de
ce dernier phénomène physique dont nous devinons l'intérêt pour la compatibilité
électromagnétique. Nous signalons que dans certains cas la polarité des charges est
inversée, les charges positives sont situées à la base et les négatives au sommet. Cette
distribution se rencontre généralement sous les latitudes moyennes lors d'orages
formés en saison hivernale, les experts reconnaissent que les impacts peuvent alors
atteindre des intensités bien plus grandes qu'en polarisation usuelle, des amplitudes
crête de 100 kA ont été enregistrées.
+
Charges positives
Cumulonimbus
Surface du sol
_
Charges négatives
+
Concentration de charges positives
Figure (1-23)
Les mesures pratiquées durant les expériences réalisées par déclenchement artificiel
de la foudre ont apporté d'intéressantes données sur la génération de l'impact au sol,
nous allons brièvement expliquer les quatre séquences qui accompagnent ce
phénomène. Les schémas portés sur la Figure (1-24) montrent les phases successives
du déclenchement naturel.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 30
(a) (b)
(c) (d)
Figure (1-24)
Dès que le champ électrique statique dépasse 20 kV/m des arcs précurseurs vont
prendre naissance sous la base du nuage.
Ces effluves de faible intensité sont invisibles mais perceptibles par leur rayonnement
électromagnétique. Elles créent une ionisation locale de l'air formant un plasma
conducteur de l'électricité. Le plasma étant orienté vers le sol on observe un
accroissement du champ électrique surfacique, le déclenchement de la foudre est
alors imminent !
A la faveur d'un point élevé (arbre, pylône, immeuble..) mis en contact avec le sol, il
y a localement augmentation du champ statique par effet de pointe électrostatique.
Ce mécanisme désigne pratiquement le point d'impact, en effet, cette élévation du
champ ionise l'air environnant le sommet de l'objet, ce qui provoque le départ d'un
courant de charges positives dirigées vers la base du nuage. Dans un très bref laps de
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 31
temps, le leader rejoint les précurseurs. Ce phénomène établit un court circuit entre le
sol et le nuage qui donne lieu à l'arc en retour.
Il s'agit d'une décharge partielle du nuage au travers le canal ionisé préparé par le
leader positif. Le courant transitoire d'une très grande intensité transporte les charges
négatives vers le point d'impact, l'ionisation locale de l'air devient très importante,
elle constitue l'éclair. La température du canal est alors proche de 6 000 °C il en
s'ensuit une dilatation de l'air environnant qui provoque une onde de pression perçue
par la manifestation acoustique du tonnerre. Le phénomène le plus destructeur est
bien entendu le courant intense dirigé sur le point d'impact, il engendre des
dissipations thermiques pouvant amener la fusion des métaux. Au courant s'ajoute un
rayonnement électromagnétique transporté à la vitesse de la lumière, il couvre un
spectre très vaste allant des radiations ultra violettes jusqu'aux fréquences
radioélectriques, les effets optiques se manifestent par l'éblouissement des
observateurs, les effets électriques introduisent la destruction ou la perturbation des
installations voisines de l’impact. L'onde acoustique transmise à la vitesse du son de
340 m/s est évidemment moins nuisible, hormis qu'elle effraye les animaux !
D'autre part, l'écoulement du courant foudre dans la terre s'accompagne de la
génération d'une chute de tension sur la surface du sol, ce phénomène est nuisible à la
sécurité des personnes et des installations électriques.
−t −
t
τf τr
iF ( t ) = I 0 e
−e γ ( t ) (1-31)
Les paramètres qui entrent dans cette formule comportent un terme I 0 qui caractérise
l'amplitude du phénomène, sa causalité est rappelée par la fonction échelon γ (t ) ,
ensuite interviennent deux constantes de temps dont la plus petite τ r s'apparente au
temps de montée du courant (rise time) et la seconde τ f beaucoup plus grande qu'on
assimile au temps de descente (fall time). La disproportion entre temps de montée et
temps de descente est tellement grande que nous pouvons confondre l'amplitude
maximale du courant I p (peak) avec le terme I 0 figurant dans la formule (1-31).
τ f >> τ r → I p ≅ I0 (1-32)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 32
I 0 = 20 kA , τ r = 100 ns , τ f = 100 µs
Figure (1-25)
Le zoom porté sur la Figure (1-26) permet de mieux résoudre la montée du signal.
Figure (1-26)
I0 τ f (1-33)
IF ( f ) =
f 2 2
f
1 + 1 +
f1 f 2
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 33
1
f1 = (1-34)
2π τ r
1
f2 = (1-35)
2π τ f
Le spectre établi en fonction des paramètres physiques adoptés plus haut est
représenté Figure (1-27).
&I&& ( f )
F
- 20 dB/ décade
- 40 dB/ décade
f
f1 f2
Figure (1-27)
τ f >> τ r → I F (0 ) ≅ I 0 τ f (1-37)
Phase
impulsion
Phase
intermédiaire
Phase
20 kA persistante
à
200 kA
3 kA
300 A
100 A
50 ms
5 µs 300 ms
5 ms
100 µs
Figure (1-28)
Cette courbe extraite de données statistiques publiées dans les normes aéronautiques
montre que les effets électriques nuisibles se situent surtout dans la phase impulsion.
r
Ei
r
r
i F (t ) k
h r
P Hi
r
Eti
Figure (1-29)
Le contenu spectral du champ lointain rayonné par l'impact au sol est illustré par la
courbe de Pierce, il s'agit d'une collection de spectres recueillis sur des expériences
de foudre déclenchées par les principales stations internationales d'observations.
L'amplitude du champ électrique présentée sur l’échelle verticale du graphe de la
Figure (1-30) est normalisée pour un observateur P situé à dix kilomètres de l'impact
( r = 10 km ), la réception est également normalisée pour un récepteur sélectif de
bande passante de un kilohertz ( ∆f = 1 kHz ), la méthodologie de ces mesures est
détaillée au cours du chapitre cinq.
Courbe de
Pierce
GO-PO-OC FM-TV-GSM
Figure (1-30)
Sur le graphe sont superposées les bandes usuelles de radiodiffusion ainsi que celles
occupées par la modulation de fréquence, la télévision et les communications GSM.
Bien que le spectre du courant soit principalement localisé au-dessous de quelques
MHz, les émissions radioélectriques peuvent être perçues jusqu'au GHz. Cette
discordance provient de la dynamique importante couverte par la courbe de Pierce
120 dB pour cinq décades de fréquence ! De plus, les phénomènes précurseurs
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 36
précédant l'impact au sol sont très rapides, ils couvrent de ce fait un large spectre
englobé dans le graphe de la Figure (1-30).
Impact
foudre
Tige du
paratonnerre
Ligne de
descente
Bâtiment
Prise de protégé
terre
Sol
Figure (1-31)
Nous avons évoqué à plusieurs reprises que la plupart des données recueillies sur la
foudre étaient collectées par les déclenchements artificiels provenant d’installations
implantées dans des régions très exposées aux orages. Un des procédés de
déclenchement consiste à propulser vers la base du nuage une fusée tirant un fil
métallique mis en contact avec le sol. Le fil conducteur joue alors le rôle du leader
positif, il établit le court circuit d’écoulement de l'arc en retour. La localisation
précise du point d'impact permet de réaliser des mesures de courant et de champ
rayonné ainsi que des études spectroscopiques du canal ionisé. Une installation de ce
type aujourd'hui abandonnée était implantée en France dans le département de la
Haute Loire. D'autres installations subsistent encore sur le continent américain en
Afrique au Japon et en Russie. Cette diversité géographique permet d'élargir le
champ de données pour les corréler aux contextes météorologiques locaux.
Les effets indirects concernent les inductions engendrées par le champ transitoire
rayonné ainsi que les couplages par impédance commune produits par la circulation
du courant dans le sol. Les exemples illustrés au cours du paragraphe précédent ont
montré la pertinence de ces phénomènes.
Ces charges participent aux couplages introduits sur des objets placés dans un champ
électrique. Nous avons parlé lors de l'étude de la foudre du champ électrique de beau
temps qui règne à la surface de la terre, ce champ dont l'amplitude est voisine de 100
V/m peut induire des charges sur des lignes aériennes isolées du sol. La Figure (1-32)
montre le cas d'une ligne de dimension longitudinale L0 comprenant un conducteur
parallèle au sol et ouvert aux deux extrémités, il est situé à l’altitude h.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 38
L0
r
En
Diamètre
h V0 "d"
Figure (1-32)
Le phénomène de couplage par champ signalé au paragraphe précédent est donc tout
à fait transposable pour l'électrostatique. Cette fois, le phénomène d’influence
provient du champ électrique statique E n normal à la surface du sol et générateur
d’une différence de potentiel V0 développée entre le conducteur et la terre, nous la
relions au champ par l’expression :
r
E n = − Grad V0 (1-38)
V0 = − E n h (1-39)
2π ε 0
C0 = L0 (1-40)
4h
Log
d
q0 = C0 V0 (1-41)
Application numérique
La configuration précédente possède pour données géométriques:
h = 5 m , d = 5 mm , L0 = 20 km
La différence de potentiel prend donc pour amplitude:V0 = 500 V
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 39
1
Sachant que ε0 = 10 − 9 F / m , la capacité prend pour valeur: C0 = 132 nF
36 π
La quantité de charge contenue sur le conducteur prend pour valeur:
q0 = 6 ,6 10 −5 C
Le risque majeur est donc stimulé par le contact fortuit du conducteur avec le sol, la
décharge libère l’énergie électrique W0 emmagasinée sur le conducteur, soit :
1
W0 = C0 V02 (1-42)
2
Ce phénomène également appelé « triboélectricité » est connu depuis des temps très
reculés, cependant son mécanisme physique n’a été élucidé qu'après l'avènement de
la physique quantique. Nous avons tous réalisé l'expérience du frottement d'un stylo
en matière plastique afin d'attirer des petites particules de papier. Il s'agit d'un
transfert de charges mis en œuvre par le contact des surfaces de matériaux de
caractéristiques physiques différentes. La Figure (1-33) en illustre le principe,
initialement éloignés les matériaux A et B sont électriquement neutres, dés qu'ils sont
mis en contact des charges négatives transitent de A vers B par un mécanisme
quantique semblable à l'effet tunnel. Sous ces conditions le matériau B acquière des
charges négatives alors que le matériau A perd sa neutralité et devient porteur de
charges positives. L'efficacité du transit dépend de la nature physique des matériaux
mais également des anomalies structurales qui se manifestent aléatoirement sur les
surfaces de contact, ainsi on accroît les probabilités de transit par frottement.
Ces phénomènes se produisent notamment par contact avec les fluides et plus
spécialement l'air ambiant, en aéronautique le déplacement des avions provoque la
charge électrique de l'appareil, mais la manifestation la plus connue concerne la
charge électrique du corps humain. Pour réaliser les conditions favorables à ce
phénomène naturel, il faut être très isolé du sol afin d'éviter l'auto décharge du corps.
Des chaussures dotées de semelles très isolantes ou le déplacement sur un revêtement
de sol très isolant constituent les conditions indispensables à la conservation des
charges. A ces deux propriétés s'ajoute une très basse hygrométrie pour limiter l'auto
décharge par l'air humide rendu partiellement conducteur.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 40
Surface de contact
A B A B A B
Transfert
Etat initial Etat chargé
de charges
neutre
par contact
Figure (1-33)
Capacité
équivalente
C0 V0
V0
Figure (1-34)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 41
Application numérique
Nous supposons que les semelles forment un condensateur dont les armatures
occupent une surface de S = 500 cm 2 , la distance entre les armatures est estimée à
e = 5 mm , le matériau composant les semelles a pour permittivité électrique relative:
ε r = 3 , l'application de la formule du condensateur plan donne donc pour valeur de
C0 :
S
C0 = ε 0 ε r
= 260 pF
e
Nous en déduisons que sous la différence de potentiel de V0 = 25 kV , la charge
q0 accumulée par le corps humain prend pour quantité:
q0 = C0 V0 = 6 ,5 10 −6 C
Ainsi, la charge emmagasinée par la ligne portée sous le champ électrique de 100
V/m est donc dix fois supérieure aux charges accumulées naturellement par le corps
humain, par contre soumise au champ de 15 kV/m, elle devient mille cinq cents fois
plus grande !
t
−
q ( t ) = q0 e κγ (t ) (1-43)
τ = RL C0 (1-44)
Ce phénomène engendre un courant établi suivant une loi tout à fait homothétique à
la relation (1-43).
t
−
i ( t ) = I0 e κγ (t ) (1-45)
V0
I0 = (1-46)
RL
Si on néglige les pertes engendrées dans les conducteurs, l’énergie dissipée dans la
résistance RL est strictement identique à l'énergie électrostatique emmagasinée dans
la capacité C0 , soit:
∞
1
W0 = ∫ RL [i ( t )]2 dt = C0 V02 (1-47)
0
2
Si la résistance constitue l'entrée ou la sortie d'un circuit logique, les effets nuisibles
de la décharge seront l’amplitude excessive de la tension V0 capable d’engendrer le
« claquage » du semi conducteur, l'intensité crête I 0 du courant amenant une
destruction par accroissement de la densité de courant puis l'énergie W0 coupable de
dissipations thermiques.
Application numérique
Nous admettons que la résistance de contact du conducteur à la terre est celle du
corps humain estimée à: RL ≅ 300 Ω
Soumis au champ électrique ambiant de 100 V/m la crête enregistrée durant la
décharge prend pour amplitude: I 0 = 1,7 A
La constante de temps du phénomène prend pour valeur: τ ≅ 40 µs
L'énergie dissipée au cours de la décharge a pour ordre de
grandeur: W0 ≅ 1,6 10 −2 J
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 43
En réalité ce mécanisme est beaucoup plus complexe que la décharge d’une capacité
dans une résistance. En toute rigueur, il faut tenir compte des phénomènes de
propagation induits sur le conducteur, en effet, le conducteur se comporte comme une
ligne de transmission caractérisée par un temps de propagation θ donné par le
rapport liant la dimension de la ligne à la célérité, soit:
L0
θ= (1-48)
c
Le contexte d'apparition des charges par frottement nous amène à regarder deux
processus suivant qu'il s'agit d'une décharge rapide ou d'une décharge lente, les
premières s'effectuent sur des durées inférieures à la microseconde les secondes
peuvent s'étendre sur plusieurs minutes voire plusieurs heures.
La décharge rapide est tout à fait comparable au phénomène étudié précédemment, si
nous prenons l'exemple du corps humain la décharge s'effectue par un contact avec
un objet porté au potentiel de la masse comme indiqué sur la Figure (1-35). Le
schéma situé à droite de cette figure montre qu’une inductance LB a été ajoutée au
circuit équivalent.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 44
LB
id ( t )
V0 C0 RL
id ( t )
Sol conducteur
Figure (1-35)
Cette inductance caractérise l’auto-induction produite lors de l’écoulement du
courant id ( t ) . Sous ces conditions le courant devient solutions d'une équation
différentielle du second ordre restituant soit une expression oscillante amortie ou une
fonction pseudo amortie, nous leur faisons correspondre les relations suivantes :
id ( t ) = I 0 sin (ω 0 t + ϕ )γ ( t ) (1-49)
−t −
t
τf τr
id ( t ) = I 0 e
−e γ ( t ) (1-50)
I 0 = 10 A , τ r = 5 ns , τ f = 20 ns (1-51)
Figure (1-36)
Application numérique
Nous allons comparer les caractéristiques de cette signature avec le modèle
résistance capacité précédent.
La différence de potentiel du corps chargé est voisine de V0 = 25 kV , nous prenons
pour la résistance du corps humain RL = 300 Ω , dans ce cas le modèle de la
résistance capacité donne une amplitude crête I 0 ≅ 80 A et une constante de temps
τ ≅ 78 ns
L'inductance a donc pour effet de limiter l'amplitude du courant, elle a également
pour conséquence d'apporter un temps de montée non nul dont la valeur approchée
L
est reliée à l'inductance par la formule : τ r ≅ B , le temps de montée étant estimé à
RL
cinq nanosecondes nous voyons que l'inductance de la boucle du courant de
décharge est approximativement : LB ≅ 1,5 µH .
Si on néglige l'énergie dissipée dans le sol, le corps victime de la décharge reçoit
donc la totalité de l'énergie électrostatique emmagasinée, elle est donnée par la
relation (1-47): W0 = 80 mJ
Pour nous en tenir qu'aux seuls exemples traités dans ce paragraphe, la démarche
consiste, soit à éviter la formation de charges ou à limiter leurs effets.
L'accumulation de charges par frottement peut être évitée ou tout au moins limitée
par l'usage de matériaux appropriés, en particulier les textiles spécifiques signalés
plus haut. Pour les objets métalliques isolés du sol (avions), on facilite l’évacuation
des charges grâce aux propriétés électrostatiques des pointes en disposants de petits
conducteurs sur les bords de fuite de la voilure. Des protections contre les effets
directs des décharges sont souvent adoptées lors de la manipulation des composants
électroniques, l'opérateur est alors porté au potentiel de la terre par des bracelets
appropriés. Les circuits intégrés sont également pourvus sur leurs entrées de diodes
rapides destinées à absorber ces phénomènes.
Les charges par dépôts seront naturellement réduites par la recherche de matériaux ou
d'états de surface procurant des densités surfaciques uniformes. La recherche d'une
topologie adéquate des circuits de masse d'un appareil constitue également un moyen
réduisant efficacement les interférences électromagnétiques occasionnées par les
décharges de toute origine. L'illustration de la Figure (1-37) comporte deux exemples
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 47
Contact
Câble blindé
Décharge Piste de masse
Châssis id ( t ) id ( t )
métallique
Figure (1-37)
La décharge s'effectue sur le blindage du câble, nous voyons dans la configuration (a)
que les courants retournent à la terre en empruntant la piste de masse du circuit
imprimé. Il en résultera une chute de tension sur la piste et l’apparition d'un couplage
électromagnétique (par impédance commune) nuisible au fonctionnement des circuits
intégrés. Par contre dans la disposition (b), le blindage est mis en contact avec le
châssis métallique dès sa pénétration dans l'équipement. Cette topologie dérive le
courant de décharge vers la partie extérieure de l'équipement, éliminant de fait
l'interférence avec la piste de masse du circuit imprimé.
La question peut paraître triviale, mais il n'est pas rare de rencontrer des problèmes
de CEM lors d’études dont l'évaluation de l'environnement électromagnétique était
inexistante, voire incomplète. Les critères d'environnement peuvent provenir de
diverses sources d'informations. Les normes civiles ou militaires prescrivant des
seuils de tolérance ou des niveaux exceptionnels de champ électromagnétique
peuvent constituer le point de départ de cette évaluation. Par exemple, elles
définissent sur des bandes de fréquences bien spécifiées, le champ électrique de
référence dans lequel le fonctionnement d'un appareil ne doit pas être perturbé,
inversement elles recommandent le seuil maximal de champ électrique qu'un appareil
peut émettre lors de son utilisation. A titre d'exemple sur la bande de fréquence
comprise entre 30 MHz et 1 GHz, la première tolérance peut se situer vers 3 V/m et la
seconde vers 100 µV/m.
Des équipements peuvent bien entendu évoluer dans des environnements non
spécifiés dans les normes usuelles, on peut dans le pire cas rencontrer des champs
d’amplitude bien supérieure aux indications précédentes. A proximité des zones
aéroportuaires ou près des émetteurs de radiodiffusion, on trouve fréquemment des
champs d'une amplitude supérieure à 500 V/m. Ces sources ont par contre la propriété
d'être bien localisées aussi bien en fréquence d'émission qu’en position géographique.
Dans ce cas, des mesures pratiquées sur site apporteront les informations les plus
objectives sur leur nature et leur intensité.
Les phénomènes transitoires violents tels que les courants ou les champs causés par
la foudre appartiennent à une autre classe de perturbateurs dont il est envisageable de
recueillir les caractéristiques dans certaines normes. Leur amplitude variant
énormément avec la localisation du point d'impact, il faut recourir à des estimations
statistiques qui ne doivent pas les exagérer, seule l'expérience des experts du domaine
apportera des données réalistes sur ces risques.
Cette recherche ne peut se faire sans une description préalable du schéma fonctionnel
de la future installation. Pour comprendre l’enjeu de cette question, considérons
l'exemple d'un capteur relié à un amplificateur par l'intermédiaire d'une ligne bifilaire.
La Figure (1-38) montre cette ligne reliée à deux boites matérialisant le capteur et
l'amplificateur.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 49
Capteur Amplificateur
Ligne de
transmission
Figure (1-38)
En tout premier lieu, nous devons faire figurer sur le schéma les sources provoquant
les perturbations. Pour l’exemple concerné, l’investigation indique deux voies de
couplage. La première provient d’un champ électromagnétique ambiant, la seconde
d'une différence de potentiel distribuée entre des prises de terre respectivement
localisées sous le capteur et sous l'amplificateur. La Figure (1-39) apporte ces
précisions, ∆VG correspond à la différence de potentiel entre les terres T1 et T2 ,
E r et H r le champ électromagnétique ambiant que nous assimilons pour plus de
simplicité à une onde haute fréquence entretenue.
Capteur Amplificateur
Er
∆VG Hr T2
T1
Figure (1-39)
L'évaluation du risque supporté par l'équipement dépend tout d’abord des liens avec
la terre, ils sont réalisés soit par des connexions fonctionnelles ou des capacités
parasites. Dans la plupart des cas les connexions fonctionnelles seront imposées par
les règles de sécurité électrique, elles recommandent le contact des objets métalliques
avec la terre. Ce lien est également réalisé au travers les circuits d'alimentation qui
possèdent bien souvent leur propre ligne de masse. Au paragraphe 4-17 du quatrième
chapitre le lecteur trouvera quelques détails sur l’installation des réseaux de terre. En
conséquence, la description topologique complète de l'équipement est donc tributaire
de ces connexions passives. Pour l'exemple considéré, nous supposons que le capteur
possède une alimentation autonome et qu'il est revêtu d'une enveloppe métallique.
Par contre, l'amplificateur est alimenté sous la tension secteur au moyen d'une ligne
d’énergie comprenant le conducteur de phase, le neutre et le fil de terre.
L'amplificateur est contenu dans un container métallique, dans ce cas, plusieurs
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 50
Alimentation
Terre locale
Terre secteur
Capteur Amplificateur
Ir ∆I G Er
C2 ∆V1 ∆V2 C1
∆VG Hr T2
T1
Figure (1-40)
Cette disposition est compatible avec les règles de sécurité électrique de la basse
tension, elle ne l'ait pas forcément face à des perturbations transitoires de grande
amplitude. En effet nous ignorons le lien entre la terre secteur et les prises de terre
T1 et T2 , sous cette configuration, les tensions ∆V1 et ∆V2 provenant de la différence
de potentiel ∆V peuvent surgir entre les boîtiers métalliques et le sol. Cette
disposition n'est donc pas sécurisante vis-à-vis de couplages indirects provenant de la
foudre. Une alternative consiste à relier l'enveloppe métallique de l'amplificateur à la
prise de terre T1 au moyen de la connexion C1 , cette topologie conforte la sécurité
de l'amplificateur, mais elle reporte le potentiel ∆V entre le boîtier du capteur et la
terre T2 , l'équipement contenant le capteur est donc soumis à une contrainte très
élevée. Le respect des règles de sécurité demande donc la mise en place d’une
seconde connexion C2 entre le boîtier du capteur et la terre T2 . Cette troisième
disposition a pour conséquence d'engendrer un courant transitoire ∆I G de grande
amplitude dans la ligne de terre locale ajoutée au bifilaire, il en va de même pour le
champ électromagnétique qui donne naissance à un courant induit I r .
Diverses méthodes sont envisageables, dans une première approche, les formulations
analytiques offrent généralement les ordres de grandeurs des parasites induits. Il ne
faut pas oublier que l’amplitude des perturbations rencontrées sur les installations
électriques couvre une très grande dynamique, elle peut dans certains cas dépasser
une centaine de dB. L'intérêt de la simulation n'est donc pas de fournir une donnée
précise, mais une donnée objective. Pour illustrer cette problématique, nous dirons
que la prédiction d’un phénomène obtenue avec une précision de 5 % , mais située 40
dB sous le risque réel n'offre évidemment aucun intérêt ! il est donc préférable
d’opter pour une précision moins rigoureuse, mais situant le parasite dans le bon
intervalle d’amplitude, notamment avoir la certitude qu’il entre dans l'intervalle 100
V - 1 000 V, alors qu’une estimation erronée le localiserait entre 1 V et 10 V !
Une analyse plus poussée peut être réalisée avec des logiciels spécialement conçus
pour l'étude des couplages, l'industrie aéronautique et l'industrie automobile explorent
souvent cette voie. Cette méthodologie incite à la prudence, car il ne faut pas sous
estimer les incertitudes accumulées par la gestion d’une grande quantité de
paramètres entachés d’une marge d’incertitude parfois importante, notamment les
valeurs qu'il faut attribuer aux impédances trouvées aux extrémités des câbles.
L'estimation du risque
Les risques se manifestent soit par une destruction ou une défaillance réversible du
composants (ou de la fonction électronique) victime du parasite. Pour l'exemple
retenu, la tension transitoire provoquée par ∆V peut être suffisante pour détruire
l'étage d'entrée de l'amplificateur, dans ce cas une protection appropriée doit être
recherchée. A l'inverse, le champ ambiant va induire des parasites permanents
susceptibles de produire des dysfonctionnements sur les circuits intégrés, ces
phénomènes seront étudiés sommairement dans le troisième chapitre. Les protections
adoptées vont donc dépendre de la nature du risque supporté par l’équipement. Leur
évaluation est étroitement dépendante de l’intensité et des caractéristiques spectrales
du perturbateur. En effet, le rapport liant les dimensions de l'équipement à la
longueur d'onde détermine les amplitudes crêtes collectées par les circuits. En
conséquence, il faut surtout rechercher sans les surestimer les parasites émergeant
lors de la mise en résonance des câbles ou des pistes de circuits imprimés.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 52
L'immunité est l'aptitude d'un appareil à ne pas être perturbé durant son
fonctionnement nominal lorsqu'il est soumis à des conditions d'environnement
génériques prescrites par les normes.
bande disposée dans son proche environnement. L’antenne est connectée à une
source puissante de signaux sinusoïdaux pouvant ou non être modulés en amplitude.
Ce type d’essai doit être impérativement pratiqué dans une chambre blindée pour
éviter la pollution hertzienne, de plus, cette chambre doit être revêtue intérieurement
de matériaux absorbant les ondes électromagnétiques pour s’approcher des conditions
de propagation rencontrées en espace libre.
Nous avons signalé lors des essais d’émission qu’il doit être tenu compte des
conditions d’usage de l’appareil, il en va de même pour les tests d’immunité. Suivant
que l'appareil est installé dans un environnement résidentiel (habitation) ou en
ambiance industrielle (usine), les critères seront différents. Par exemple, la contrainte
en champ électrique sera réduite à 3V/m en résidentiel mais portée à 10V/m en
industrie. Par contre, pour l'émission, la norme est moins tolérante en milieu
résidentiel qu'en milieu industriel. La norme générique présente les conditions
maximales de sévérité, nous verrons que la norme produit permet d’adapter ces
chiffres en fonction de la nature de l’appareil. Par exemple, la tolérance en immunité
est peu exigeante pour les jouets et plus sévère pour les équipements de bureautique.
Ces documents décrivent avec force de détails les essais à pratiquer afin de vérifier la
conformité de l'appareil. Les textes indiquent la disposition des appareils soumis au
test ainsi que les conditions de réglage des sources de rayonnement indispensables
aux essais d'immunité, le réglage des récepteurs sélectifs utilisés mesure d'émission.
large bande sont également spécifiés dans cette norme. Certains équipements de
mesures font l'objet d'une description détaillée, notamment, les réseaux stabilisateurs
d'impédance de ligne (R.S.I.L.) installés sur les appareils en vue de la mesure des
spectres de tension transmis par conduction par le réseau d'alimentation en énergie.
Le RSIL est constitué d'un filtre passe bas comprenant des capacités et des
inductances respectant des valeurs et des critères d'implantation décrit dans la norme
fondamentale. N’oublions pas qu’un essai normalisé doit procurer de bonnes
conditions de reproductibilité, afin que des mesures réalisées par des laboratoires
différents puissent le mieux possible concorder. Les antennes à large bande de
fréquence recommandées pour l'émission en test d'immunité ou la réception des
champs rayonnés doivent également respecter les critères décrits dans les normes
fondamentales. Ajoutons qu’on trouve sur le marché des instruments de mesures
propres aux essais CEM. Les analyseurs de spectre modernes mémorisent des
réglage répondant aux prescriptions des normes, nous pensons l’asservissement de la
bande de résolution du filtre et à l’affichage du gabarit définissant le seuil de
tolérance.
Les normes "produits" sont constituées de listes définissant des familles d'appareil
aux quels s'applique la procédure d'auto certification décrite dans le prochain sous
paragraphe Les rubriques rencontrées dans les normes produits sont adressées aux
différents équipements électroniques mis sur le marché tels que les appareils de
traitement de l'information, les appareils pour l'électroménager, les jouets, les
appareils d'éclairage etc……..). A chaque classe d’appareil correspondent des
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - B 55
Il faut signaler que les câbles et les composants électroniques actifs (circuits intégrés)
ou passifs (résistances, capacités, inductances) échappent aux directives CEM.
Autrement dit, ces directives ne concernent que les fonctions électroniques ou les
câbles en état de véhiculer des signaux.
régentent cette réglementation sont disponibles auprès des agences nationales telles
que l’ANFR (Agence Nationale des Fréquences) pour la France. Une autorisation
démission doit donc être formulée auprès de ces organismes en précisant la fréquence
porteuse, le mode de modulation et l'encombrement spectral du signal ainsi que la
puissance de la source. Pour de très faibles puissances d'émission situées au-dessous
d'un seuil défini par les normes, cette démarche administrative n'est pas
indispensable.
Les sources d'émission doivent aussi respecter des normes relatives à la compatibilité
électromagnétique, il faut justifier par des mesures que le spectre réellement occupé
par la transmission correspond bien aux caractéristiques nominales de l’émetteur.
Ces mesures doivent également évaluer les pollutions produites par les harmoniques
de l’onde porteuse pour les situer par rapport au seuil de tolérance.
Les sources puissantes doivent en plus respecter certains critères d'environnement
reliés aux effets biologiques qu'elles peuvent engendrer, notamment face à une
exposition fortuite ou prolongée du corps humain. La proximité des radars lors des
phases d’essai ou durant leur exploitation exige la description d’un périmètre de
sécurité protégeant l’accès des personnels non habilités, le seuil du champ électrique
définissant le périmètre est établi sur la base de normes exprimant les doses de
densité de puissance maximales admises par la législation.
Les sources micro ondes émettant au-dessus d'une dizaine de GHz sont également
assujetties à cette réglementation. Il faut préciser que l'exposition ne vient pas
uniquement de la proximité des antennes d'émission, les fuites de champ rencontrées
au voisinage des étages de puissance d'un émetteur englobent également ce risque.
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 57
Chapitre 2
Nous examinons dans le premier paragraphe les parasites transmis par conduction
directe sur les lignes d'énergie ou de transport de signaux communiquant avec le
circuit. Nous regardons ensuite les couplages indirects provoqués par la circulation de
courants dans les réseaux de masse et plus spécialement sur les plans conducteurs
adossés aux pistes.
Le second paragraphe est dédié au couplage par diaphonie, à l'instar de deux pistes
proches et parallèles, l'une transporte un signal perturbateur, l'autre collecte des
parasites par le couplage avec le champ électrique et le champ magnétique provoqués
par la première. Nous verrons que le traitement de ce problème relève de la théorie
des lignes couplée basée sur l'hypothèse de la propagation transverse
électromagnétique (TEM).
assimilons à une boucle réceptrice. Nous verrons que les théories développées
précédemment mettent en évidence deux modes de couplage. Le mode différentiel est
calculé par la théorie des lignes couplées, le mode commun est déduit des propriétés
des antennes réceptrices. Le sixième paragraphe vient conclure le second chapitre, il
regarde les phénomènes de rayonnement provoqués par les pistes d’un circuit
imprimé. Après avoir rappelé les propriétés du dipôle électrique et du dipôle
magnétique, nous consacrons ce paragraphe à des applications numériques. Le but
consiste à évaluer la contribution des pistes par rapport à leurs connexions disposées
perpendiculairement au plan de masse des circuits. Nous ferons le lien entre ces deux
phénomènes de rayonnement et les conditions imposées par les charges disposées aux
extrémités.
A' Impédance
Source B'
de charge
Perturbation
transmise par
conduction
Figure (2-1)
Support
physique
A Id B
Vd
A' Id
B'
Mode
différentiel
Figure (2-2)
A B
Id
Poste de Convertisseur
U
distribution statique
Vd
Id
A'
Récepteur
sensible
B'
Figure (2-3)
A' Ic / 2
B'
Vc Vc
Figure (2-4)
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 61
Ligne de terre
Figure (2-5)
Ce schéma très simplifié indique qu'une capacité de fuite installée entre les circuits
internes du convertisseur et son container métallique relié à la terre peut générer un
courant de mode commun I c . Le courant ne concerne qu'un des éléments du support
physique puisque le neutre est généralement mis au potentiel local de terre.
L'écoulement du courant I c dans cette ligne de terre peut être la cause de
perturbations par impédance commune dont nous analysons tout de suite les
propriétés.
Impédance d’entrée
Vd pour le mode commun
IG
VG
Figure (2-6)
VG = Z G I G (2-2)
Bifilaire transportant
le mode commun Impédance d’entrée vue
Capacité de fuite du mode commun
C0 Z ec
Ve c
+ -
Source de tension VG
Figure (2-7)
Le schéma relaté sur la Figure (2-8) illustre la description d’un système de lignes
parallèles à un plan de masse. La ligne portant l’indice 1 se trouve connectée sur une
extrémité à une source productrice de perturbation, puis à l’autre extrémité sur une
impédance de charge dont la valeur joue un grand rôle dans les phénomènes de
couplage mis en jeu. La ligne affectée de l’indice 2 est connectée aux deux extrémités
sur des impédances qui collectent les tensions induites lors du couplage.
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 64
1 Z1L V2 L
h1 2 Z2L
I 10
d12
L0
V1 0
V2 0 h2
Z 20
Plan de référence de masse
Figure (2-8)
Nous n’entrerons pas dans les justificatifs théoriques précis qui gouvernent
l’application de la théorie des lignes, il faut rappeler que les dimensions transversales
doivent être très inférieures à la dimension longitudinale, conditions que nous
résumons :
h1 , h2 , d 1 2 << L0 (2-3)
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 65
λ >> h1 , h2 , d 1 2 (2-4)
c
λ= (2-5)
f
λ >> L0 (2-6)
En pratique, pour déterminer les couplages par diaphonie nous avons besoin de
calculer ou de mesurer les paramètres qui caractérisent ces lignes couplées. Ils se
présentent sous la forme de matrices comportant des coefficients désignés par la suite
"inductances linéiques" ou "capacités linéiques", la matrice inductance s’exprime :
L1 1 L1 2
(L ) = (2-7)
L2 1 L2 2
Les indices figurant sur les coefficients se rapportent aux conventions établies sur la
Figure (2-8). D’un point de vue physique L1 1 et L2 2 représentent respectivement les
inductances linéiques des lignes 1 et 2 , L1 2 et L2 1 les inductances linéiques
caractérisant le couplage magnétique introduit entre les lignes 1 et 2 . La réciprocité
physique implique la symétrie de ces coefficients soit :
L1 2 = L2 1 (2-8)
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 66
µ0 4h µ0 4h
L1 1 = Log 1 L2 2 = Log 2 (2-9)
2π d1 2π d2
µ0 D12
L12 = Log (2-10)
2π d 12
(C ) = µ0 ε0 (L )−1 (2-12)
Il faut mentionner que cette formulation assigne des valeurs négatives aux
coefficients extra diagonaux ( C12 et C 21 ) de la matrice (C ) , de plus lorsque le
couplage n'est pas trop important, on peut établir les conditions suivantes:
2π ε 0 2π ε 0
C11 ≅ C22 ≅ (2-14)
4h 4h
Log 1 Log 2
d1 d2
D12
Log
d 12
C 12 = C 2 1 ≅ − 2π ε 0 (2-15)
4h 4h
Log 1 Log 2
d1 d2
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 67
Il faut également préciser que l’application de ces relations suppose des dimensions
transversales au moins deux à trois fois supérieures aux diamètres des conducteurs
( h1 , h2 , d 12 >> d 1 , d 2 ), cette limite provient du fait que le calcul des inductances
néglige les effets de proximité. Lorsque les conducteurs comportent une gaine
diélectrique les expressions (2-14) et (2-15) ne sont plus valables, dans ce cas il faut
déterminer les coefficients au moyen de méthodes numériques ou les évaluer
expérimentalement.
Les impédances connectées à l’extrémité de la ligne émettrice influencent la nature
du couplage électromagnétique alors que celles connectées sur les extrémités de la
ligne réceptrice ont un impact important sur l’amplitude et le comportement des
tensions induites. En pratique ces phénomènes jouent un rôle majeur, cet argument
incite donc à détailler les bases de l’analyse physique des modèles théoriques, nous
considérons successivement le couplage magnétique, le couplage électrique et le
couplage hybride associant couplage magnétique et couplage électrique avec des
contributions équivalentes. Pour la simplicité des démonstrations, nous supposons la
ligne réceptrice connectée sur charges adaptées, soit :
Z 20 = Z 2 L = Z c 2 (2-16)
L2 2
Z c2 = (2-17)
C22
Le couplage magnétique
+ E0 -
V20 Z c2 Z c2 V2 L
Figure (2-9)
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 68
E0 = j L12ω I 10 L0 (2-18)
1 1
V20 = E0 V2 L = − E0 (2-19)
2 2
Pour justifier ces relations nous observons que le champ magnétique produit par le
courant I 10 engendre un flux entre le conducteur récepteur et le plan de masse, ce
courant variant dans le temps avec une loi sinusoïdale il en résulte une fem induite
E0 donnant naissance sur la ligne réceptrice à un courant induit (non représenté sur la
Figure (2-9)). Le courant induit opposant son propre effet au flux inducteur nous
devons adopter pour E0 la convention de signe présentée Figure (2-9).
Le couplage électrique
V20 Z c2 I0 Z c2 V2 L
Figure (2-10)
1
V20 = V2 L = Z c2 I 0 (2-21)
2
L’interprétation des formules indique que la source de courant provient des charges
électriques induites sur la ligne réceptrice, les charges se manifestent par une
différence de potentiel développée entre ce conducteur et le plan de masse. la ddp
induite s'opposant à la cause qui lui donne naissance, cette propriété détermine
l'orientation de la source I 0 . Toutefois, la valeur négative de la capacité linéique de
couplage imposée après inversion de la matrice inductance (2-12) justifiée
l’orientation de I 0 adoptée sur la Figure (2-10).
Le couplage hybride
La ligne émettrice est adaptée en extrémité, c’est à dire connectée sur sa propre
impédance caractéristique, soit :
Z 1L = Z c1 (2-22)
L’impédance caractéristique Z c1 se calcule par la relation :
L11
Z c1 = (2-23)
C11
Sous ces conditions, le courant et la tension à l’entrée de la ligne ont pour lien ce
paramètre remarquable, en effet, la théorie des lignes aboutit à l’expression:
V10 = Z c1 I 10 (2-24)
+ E0 -
V20 Z c2 I0 Z c2 V2 L
Figure (2-11)
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 70
L’usage des relations (2-18), (2-20) et (2-24) amène ensuite à deux expressions
distinctes des tensions de diaphonie qu’il est commode d’écrire sous la forme :
V20 =
1
2
( )
jω L12 − Z c1 Z c 2 C12 I 10 L0 (2-25)
V2 L = −
1
2
( )
jω L12 + Z c1 Z c 2 C12 I 10 L0 (2-26)
Pour cette situation particulière, nous montrons grâce à la relation (2-12) que la
tension de télédiaphonie est identiquement nulle. En effet, l’expression (2-12) peut
s’écrire sous une forme faisant directement apparaître la matrice unité, soit :
Applications numériques
Nous limiterons les applications au seul cas du couplage magnétique sur un système
de lignes ayant pour paramètres géométriques :
1
µ0 = 4 π 10 −7 ( H / m) ε0 = 10 −9 ( F / m)
36 π
L'application des relations (2-9) , (2-10), (2-14), (2-15) donne donc pour paramètres:
L11 = L2 2 = 730 nH / m
L12 = 14,6 nH / m
C11 = C 2 2 = 15 pF / m
C12 = − 0,29 pF / m
La ligne émettrice est connectée en entrée sur une source de tension d’impédance
interne nulle de fem : E = 10 V
o A B L
L2 2 L0 / 2 L2 2 L0 / 2
+ E0 -
C 2 2 L0 / 2 I0 C 2 2 L0 / 2
V20 Z 20 Z 2L V2 L
o’ A’ B’ L’
Figure (2-12)
Cela implique que les inductances du schéma de la Figure (2-12) peuvent être
éliminées.
Application numérique
En adoptant les paramètres de l’application précédente, nous allons étudier deux cas
de figure suivant que les impédances connectées à la ligne sont symétriques et très
grandes ou fortement dissymétriques. Pour chaque exemple nous supposons que la
ligne émettrice est adaptée ce qui veut dire qu’elle réalise le couplage hybride. Dans
ce cas V10 et I 10 prennent pour valeurs : V10 = E = 10 V , I 10 = E / Z c1 = 45 mA . Les
sources induites prennent alors pour amplitudes : E0 = 40 mV et I 0 = 182 µA
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 74
Nous prenons aux extrémités de la ligne réceptrice deux résistances identiques ayant
pour valeurs : R20 = R2 L = 1 MΩ , sachant que Z c 2 = 220 Ω la condition (2-30) est
amplement satisfaite.
A la fréquence d’étude de 100 MHz, nous calculons les impédances présentées par
les termes inductif et capacitif du schéma de la Figure (2-12).
j L2 2ω L0 / 2 = 22 Ω , 2 / j C 22ω L0 = 2,1 kΩ , l’inductance peut donc s’éliminer du
schéma.
Dans ces conditions la contribution du couplage magnétique donne une tension de
paradiaphonie dont l’amplitude prend pour valeur : V20 = E0 / 2 = 20 mV
Le couplage électrique apporte une tension dont la valeur s’exprime :
V20 = Z eq I 0 / 2
Dans cette relation Z eq représente l’impédance équivalente donnée par la connexion
parallèle de chaque résistance d’extrémité et de la capacité C 2 2 L0 / 2 du tronçon.
Pour cet exemple nous obtenons: Z eq ≅ 1 / 2 C2 2ω L0 = 2 ,1 kΩ , soit une contribution
d’amplitude : V20 = 191 mV . La participation du couplage magnétique est donc dix
fois plus faible que le couplage électrique.
+ E0 -
L2 2 L0 / 2
C 2 2 L0 / 2 I0
V20 R20 R2 L V2 L
o’ A’ B’ L’
Figure (2-13)
B. DEMOULIN, Initiation à la Comptabilité Electromagnétique - C 75
2-3 Les couplages par les champs électromagnétiques sur une ligne
parallèle à un plan de masse
E x0
o
Pz 0 z
H y0
y
Figure (2-14)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 76
E x = E x0 e − γ z (2-32)
Dans cette relation figure la constante de propagation γ de l’onde que nous pouvons
relier au nombre d’onde k:
γ = jk (2-33)
ω 2π
k= = (2-34)
c λ
Ex µ0
= = Zw (2-35)
Hy ε0
Pour cela, reprenons le dispositif de la Figure (2-8) limité pour l’occasion à un seul
conducteur. La Figure (2-15) indique les paramètres géométriques aux quels se
superpose le système orthonormé oxyz indispensable à la caractérisation de l’onde
incidente.
Source
électromagnétique
x V2 L
2 Z2L
z
L0
V2 0 h2
y Z 20
Figure (2-15)
Tableau (2-1)
Pour relier plus facilement le couplage aux tensions parasites induites, nous adoptons
l’hypothèse d’une ligne électriquement petite ( λ >> L0 ). Cette simplification permet
d'appliquer les concepts de circuit équivalent introduits lors des phénomènes de
diaphonie. Nous procédons en deux temps, tout d'abord l'étude préalable de
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 78
Z 20 = Z 2 L = Z c 2 (2-37)
Couplage magnétique
( )
H yr = 1 + e − 2γ x0 H yi (2-38)
( )
E zr = 1 − e − 2γ x0 E zi (2-39)
H yr ≅ 2 H yi (2-40)
Par cette démonstration, nous montrons que le champ magnétique est invariant sur la
surface captant le flux, en supposant que l’onde suit des variations sinusoïdales nous
aboutissons aux relations suivantes :
φ = µ 0 H yr L0 h ⇒ E0 = j ω µ 0 H yr L0 h (2-41)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 79
+ E0 -
V20 Z c2 Z c2 V2 L
Figure (2-16)
La polarité de la source de tension est choisie de telle manière que le courant généré
dans la ligne réceptrice entraîne un champ magnétique de réaction dont l’orientation
s’oppose au champ résultant. Ensuite, la démarche est tout à fait semblable à celle
utilisée pour l’étude de la diaphonie.
Couplage électrique
L'interaction de l'onde parvenant sur le plan sous incidence rasante produit un champ
résultant dont l'amplitude est deux fois plus grande que l’onde incidente, soit:
H zr = 2 H zi (2-42)
E xr = 2 E xi (2-43)
Pour analyser l’effet inducteur, on raisonne sur une ligne ouverte aux extrémités,
dans ce cas, Vr induit des charges q dans la capacité présentée par la ligne réceptrice:
q = C 2 2 L0 Vr (2-45)
I 0 = j ω C 2 2 E xr L0 h (2-46)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 80
Nous pouvons donc associer le circuit équivalent de la Figure (2-17), pour établir ce
schéma, les impédances adaptées d'extrémités ont été réintroduites ainsi qu'une
source de courant d'amplitude I 0 d'orientation déterminée par les conventions de
représentation du champ électrique.
V20 Z c2 I0 Z c2 V2 L
Figure (2-17)
Couplage hybride
H yr = 2 H yi (2-47)
E xr = 2 E xi (2-48)
+ E0 -
V20 Z c2 I0 Z c2 V2 L
Figure (2-18)
V2 L = −
1
2
( )
jω µ0 H yr − C 2 2 E xr Z c 2 L0 h (2-49)
En combinant les relations (2-9), (2-14), (2-17) et (2-35) on parvient à montrer que
les termes contenus dans les parenthèses de l'expression (2-49) sont strictement
identiques. S'agissant de la tension de paradiaphonie V20 , l'amplitude est deux fois
plus importante que les tensions induites sous couplages électriques ou magnétiques.
Nous en concluons que l'énergie dissipée dans les impédances d'extrémité est la
même pour les trois modes de couplage.
Sous ces conditions, les propriétés de la propagation TEM sont toujours respectées, il
est donc légitime de maintenir les raisonnements de la théorie des lignes. Pour plus
de simplicité, nous admettons que cette ligne est adaptée aux extrémités, dans le cas
contraire il faut procéder à un développement plus complexe figurant aux chapitre
trois et en annexe. Nous ferons la démonstration pour le couplage magnétique, le
lecteur peut ensuite sans difficultés retrouver les relations mentionnées pour le
couplage électrique et le couplage hybride.
Couplage magnétique
A B
Z c2 V20 V2 L Z c2
A' B'
o L0 z
dz
Figure (2-19)
+ dE _
0
Z c2 dV AA' dV BB ' Z c2
dz
Figure (2-20)
Le champ magnétique induit un flux dans la zone hachurée, l'induction se traduit par
la source de fem élémentaire dE0 dont il est facile de trouver l'expression:
dE0 = j ω µ0 H yr h dz (2-51)
La ligne étant adaptée aux deux extrémités, les impédances rapportées dans les plans
AA' et BB' situés à gauche puis à droite de la source ne sont autres que l'impédance
caractéristique, les tensions élémentaires dV AA' et dV BB ' positionnées sur chaque
plan s'expriment alors:
1 1
dV AA' = dE0 et dV BB ' = − dE0 (2-52)
2 2
La ligne étant adaptée, les tensions élémentaires transportées aux extrémités seront
totalement absorbées, aux extrémités ces tensions notées avec les conventions
dV20 et dV2 L maintiennent donc leur amplitude, mais elles parviennent avec un
retard tributaire de la constante de propagation γ 2 de l’onde TEM induite et de la
dimension de la ligne, soit :
Les tensions totales V20 et V2 L perçues aux deux extrémités s'expriment donc par
l’intégrale des relations précédentes, soit :
1 1 − e − γ2 L0
V20 = j ω µ0 H yr h
(2-55)
2 γ2
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 83
1 1 − e − γ2 L0
V2 L = − j ω µ0 H yr h
(2-56)
2 γ2
Il faut noter que lorsque la ligne est dépourvue de gaine diélectrique, le coefficient
γ 2 est rigoureusement égal à la constante de propagation de l'onde incidente:
γ2 = γ (2-57)
Couplage électrique
1 1 − e − γ2 L0
V 20 = V 2 L = j ω C 2 2 Z c 2 E xr h
(2-58)
2 γ2
Couplage hybride
1 − e −(γ2 + γ ) L0
V20 =
1
2
(
jω µ0 H yr + C 2 2 Z c 2 E xr h ) (2-59)
γ2 + γ
1 − e −(γ − γ2 ) L0 − γ2 L0
V2 L = −
1
2
(
jω µ0 H yr − C 2 2 Z c 2 E xr h ) γ − γ2
e (2-60)
Nous sommes dans l'hypothèse des grandes longueurs d'onde, cela signifie que
l'exposant contenu dans les termes exponentiels est très inférieur à l'unité, l'usage
d'un développement limité amène aux formes approchées:
1
V 20 = V 2 L ≅ j ω C 2 2 Z c 2 E xr h L0 (2-62)
2
Ce résultat est alors tout à fait similaire à la tension calculée avec le circuit équivalent
établi dans la Figure (2-17). En conséquence, aux fréquences basses, la tension
induite évolue proportionnellement à la fréquence de l'onde incidente.
Interférences destructives
2n + 1 v 2
fn = ⇒ V20 = V2 L = 0 (2-63)
2 L0
Dans cette relation v 2 représente la vitesse de propagation de l'onde TEM sur la ligne,
reliée à la constante γ 2 par l'expression:
ω
γ2 = j (2-64)
v2
Lorsque le conducteur est dépourvu de gaine diélectrique, cette vitesse est très proche
de la célérité. La variable entière n supérieure à l'unité indique l'ordre de l'anti-
résonance.
Interférences constructives
v2
e − γ2 L0 = − 1 ⇒ fp = p (2-65)
L0
La variable entière p caractérise alors l'ordre des fréquences procurant les amplitudes
maximales suivantes:
f = fp ⇒ V20 = V2 L = C 2 2 Z c 2 E xr h v 2 (2-66)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 85
Pour un conducteur sans gaine diélectrique, nous utilisons les relations (2-9), (2-14),
(2-17), en prenant pour expression de la célérité c = 1 / µ0 ε 0 nous parvenons au
résultat remarquable :
V20 = V2 L = E xr h (2-67)
Cette relation n'est autre que la ddp due aux charges induites sur le conducteur, nous
en concluons que sous charges adaptées la tension induite ne peut dépasser
l'amplitude donnée par (2-67), s'il n'est pas tenu compte de la résistance des
conducteurs, cette tension est indépendante de la fréquence et de la dimension
longitudinale de la ligne.
Bien entendu lorsque les impédances d'extrémités ne sont plus adaptées, il faut
réviser cette conclusion, les phénomènes de résonance calculés en annexe
apparaissent.
Application numérique
Caractéristiques géométriques: h2 = 1 cm L0 = 10 cm
Capacité linéique: C 2 2 = 15 pF / m
Impédance caractéristique: Z c 2 = 220 Ω
Amplitude du champ électrique résultant: E xr = 10 V / m
Fréquence de la source: f = 100 MHz
Polarisation provoquant le couplage électrique
Amplitude de la source de courant induit: I 0 = 94 µA
Tensions maximales induites sur la ligne adaptée aux deux extrémités:
V20 = V2 L = 10 mV
La Figure (2-21) représente l'évolution de ces tensions en fonction de la fréquence de
la source. L'axe horizontal correspond aux fréquences représentées en échelle
logarithmique dans l’intervalle (10 MHz - 10 GHz). L'axe vertical est gradué en
dBmV, c'est à dire la tension rapportée à une amplitude de 1mV.
Sur cette figure apparaît le point calculé à la fréquence de 100 MHz ainsi que les
fréquences donnant le premier zéro (n = 0) et le premier maximum d'amplitude (p =
1) établies conformément aux relations (2-63) et (2-65), nous voyons que l'amplitude
maximale de 100 mV est bien identique au résultat démontré par l'expression (2-67).
Figure (2-21)
C 2 2 L0 / 2 I0 C 2 2 L0 / 2
V20 Z 20 Z 2L V2 L
Figure (2-22)
E zi
I c (z )
L0
H iy
Figure (2-23)
L0 2z
z< → I c ( z ) = I c0
2 L0
λ >> L0 ⇒ (2-68)
L z
z> 0 → I c ( z ) = 2 I c0 1 −
2 L0
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 88
Le monopole électrique
z
d
E zr
L0
I c ( z)
I c (0)
Z0
H yr
+
o
E0 ZL Vc
Vc Z L _
Figure (2-24)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 89
sin [k (L0 − z )]
Ic( z ) = Ic ( 0 ) (2-71)
sin (k L0 )
L0
I c ( z) r
E0 = ∫I (0 )
E z dz (2-72)
0 c
j 2π ε 0
Z0 = − → C0 ≅ L0 (2-73)
C0ω 4L
Log 0
d
λ
L0 = (2-74)
4
Z 0 = Rr = 37 Ω (2-75)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 90
Application numérique
Nous calculons la tension induite sur une charge de valeur réelle Z L = 50 Ω lorsque
le monopole est soumis à une onde plane de fréquence 100 MHz donnant un champ
électrique résultant d’amplitude E zr = 10 V / m le monopole a pour dimension:
L0 = 10 cm , il est composé d’un conducteur de diamètre d = 3 mm .
Des relations (2-71) et (2-72) nous déduisons: E0 ≅ 0,5 E zr L0 = 500 mV
Des relations (2-72) et (2-73) nous obtenons: C0 = 1,1 pF ⇒ Z 0 = 1,4 kΩ
Du schéma équivalent de la Figure (2-24) nous calculons: Vc ≅ E0 Z L / Z 0 = 18 mV
L0 L0
Trace du plan de
masse
Vc Vc
ZL ZL
ZL
Vc
L0 Monopole
image
Figure (2-25)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - D 91
Comme exposé au début du chapitre cinq, le dipôle symétrique est assimilable à une
ligne de transmission ouverte en extrémité. Ainsi, pour un observateur situé
parallèlement au conducteur et repéré par la coordonnée z prenant son origine sur le
plan, nous déduisons une distribution de courant dont la forme générale s'exprime:
I c ( z ) = A e− j k z + B e j k z (2-76)
Nous pouvons également présenter cette expression sous la forme (2-71) donnée plus
haut dans le texte. Moyennant l'adoption du circuit équivalent de la Figure (2-24) la
fem induite prend pour expression:
1 − cos (k L0 )
L
E zr
[( )]
0
E0 = ∫
sin (k L0 ) 0
sin k L0 − z dz = E zr
k sin (k L0 )
(2-78)
1 j
Z0 = − (2-79)
2 Z c tg (k L0 )
λ
= L0 ⇒ tg (k L0 ) → ∞ ⇒ Z0 = 0 (2-80)
4
1 j
Z0 = Rr − (2-81)
2 Z c tg (k L0 )
A l'instar des pistes déposées sur les circuits imprimés de nombreux dispositifs
soumis à des couplages électromagnétiques comportent des boucles. Pour ces raisons
l'étude des mécanismes d'induction à travers deux conducteurs disposés parallèlement
revêt une grande importance. Deux situations sont envisagées suivant que la boucle
est totalement isolée dans l'espace ou connectée à un plan de masse perpendiculaire à
sa dimension longitudinale. Les développements suivant indiquent qu'une boucle
soumise à une onde plane subit l'induction simultanée du courant de mode
différentiel et du courant de mode commun. Le premier peut être déterminé par une
méthode tout à fait analogue à la théorie des lignes couplées exposée au paragraphe
2-3, le second nécessite l'usage de la théorie des antennes réceptrices dont les
rudiments ont été donnés au cours du paragraphe précédent. Ces phénomènes de
couplage sont généralement accompagnés de résonances dont la contribution
caractérise l'estimation des inductions maximales recueillies sur ces boucles. Pour
simplifier les démonstrations, nous faisons l'hypothèse qu’il s’agit d'une ligne de
transmission bifilaire adaptée aux extrémités.
ZL
E zi I (z )
L0
l
H iy o
Z0
x
V0
Figure (2-26)
λ >> L0 et Z 0 = Z L = Z c (2-82)
E0 = j ω µ 0 H iy L0 l (2-83)
V0 Zc Zc
Figure (2-27)
E zi (0 ) = E z 0 et E zi (l ) = E z 0 e − γ l (2-84)
I ( z)
+
E0' -
V0 Zc Zc
+ -
El'
Figure (2-28)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 95
Si nous faisons usage d'un développement limité justifié par la condition des grandes
longueurs d'ondes, nous obtenons l’expression approchée de V0 :
1 Ei
λ >> l ⇒ e − γ l ≅ 1 − γl K ⇒ V0 ≅ j ω z L0 l (2-86)
2 c
Dans cette relation c représente la célérité que nous avons avantage à exprimer
directement en fonction de la perméabilité magnétique et de la permittivité absolue,
soit: c = 1 / µ0 ε0 . De cette manière, nous faisons intervenir l'impédance de l'onde
plane (2-35) liant le champ électrique et le champ magnétique et montrons aisément
que la relation (2-86) est rigoureusement identique à l'expression (2-83). La
démonstration prouve que les calculs effectués par la théorie des lignes couplées ou
par la théorie des antennes réceptrices aboutissent au même résultat.
Afin d'extraire les inductions liées respectivement aux courants de mode différentiel
et de mode commun, nous exprimerons les champs électriques collectés par chaque
conducteur à l'aide de variables auxiliaires E1 et E2 définies par les conventions
suivantes:
E zi (0 ) = E0' = E1 + E 2
(2-87)
E zi (l ) = El' = E1 − E 2
E1 =
1
2
( )
E z0 1 + e −γl ≅ E z0 (2-88)
E2 =
1
2
( )
E z 0 1 − e − γ l ≅ γl E z 0 (2-89)
E0' = Ec + Ed
(2-90)
El' = Ec − Ed
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 96
Ic
_ _
+ Ec + Ed
Id
Zc V0 Zc
Id
_ _
+ Ec Ed +
Ic
Figure (2-29)
Les sources Ed ayant des polarités opposées génèrent donc le courant de mode
différentiel I d qui n'est autre que la solution donnée par la théorie des lignes, I d et
Ed s'expriment alors:
L0
E
Id = 0
2Zc
→ Ed = ∫ E2 dz (2-91)
0
Le courant de mode commun I c ignoré par la théorie des lignes couplées ne peut
être évalué que par la théorie des antennes réceptrices inspirée des développements
du paragraphe 2-4. L’usage de la distribution de courant donnée par les relations (2-
68) et (2-69) permet de calculer la fem de mode commun Ec induite sur chaque
conducteur, soit:
L0
I c ( z)
Ec = ∫I E1 dz (2-92)
0 c (0 )
Sous cette configuration la boucle est située verticalement au-dessus d'un plan de
masse assimilé à une surface de dimensions et de conductivité électrique infinies, la
Figure (2-29) indique la disposition adoptée. Les caractéristiques géométriques
correspondent aux critères de la Figure (2-26). Cependant nous devons attribuer au
champ électromagnétique les composantes résultantes de l'interaction de l'onde avec
le plan illuminé sous incidence rasante. Le champ résultant prend donc une amplitude
deux fois supérieure au champ incident.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 97
Zc
E zr
I ( z)
H yr
x
o
Zc
V0
Figure (2-29)
La Figure (2-30) représente le circuit équivalent modifié pour faire apparaître les
courants dirigés vers le contact avec le plan de masse situé à l'origine du repère oz.
Ic
_ _
+ Ec + Ed
Id
Zc V0 Zc
Id
_ _
+ Ec Ed +
2 I c (0) Ic
Figure (2-30)
On admet l'hypothèse que les courants induits sur chaque conducteur possèdent une
amplitude quasi identique.
Par rapport à la boucle flottante, la dissymétrie géométrique due au contact avec le
plan de masse engendre une tension V0 englobant la contribution du mode commun
et du mode différentiel, on l'exprime :
V0 = Vc + Vd (2-93)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 98
1
Vd = j ω µ0 H yi L0 l (2-94)
2
Quant au terme Vc il provient du courant de mode commun I c (0 ) dérivé vers
l'impédance de charge connectée au plan. L’estimation de cette tension peut se faire
par analogie avec la monopole électrique, il suffit de nous reporter au circuit de la
Figure (2-24) pour attribuer à Vc l’expression suivante:
Zc
Vc = Ec (2-95)
Z c + Z0
Bien entendu la relation (2-95) a été transposée avec les notations du schéma de la
Figure (2-30).
Application numérique
La boucle de la Figure (2-29) a pour paramètres géométriques:
L0 = 10 cm , d = 3 mm , l = 1 cm
Impédance caractéristique de la boucle : Z c = 440 Ω
Fréquence du champ perturbateur: f = 100 MHz
Amplitude du champ résultant au-dessus du plan: E zr = 10 V / m
A l'aide de l'impédance d'onde nous déduisons une composante magnétique
d'amplitude: H yr = 26 mA / m
De la relation (2-94) nous tirons la valeur de la tension différentielle: Vd = 10 mV
Sachant que la capacité du monopole donnée par la relation (2-73) a pour valeur:
C0 = 1,1 pF , soit pour la fréquence de 100 MHz l'impédance: Z 0 = 1,4 kΩ
L0 << LS (2-96)
E zi
L0
H iy
E zd ( z )
Champ difracté I S ( z)
par le blindage
du câble
H yd ( z )
LS
o
Equipement
extérieur
Figure (2-31)
Autrement dit, à distance conséquente du câble, le champ difracté est sans effet alors
que dans le voisinage du circuit imprimé il exerce un couplage significatif. Dans ces
conditions, le champ résultant E zr ( z ), H yr ( z ) générateur des parasites induits sur les
pistes s'exprime:
E zr ( z ) = E zi + E zd ( z )
(2-97)
H yr ( z ) = H yi + H yd ( z )
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 100
λ
LS = (2-98)
4
Problématique du rayonnement
Considérons une source de signaux connectée à un circuit formant une grande boucle,
la Figure (2-32) montre la disposition de l'observateur repérée par la distance r0
rapportée à une origine située sur la source. Le générateur produit un courant dont
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 101
I (l )
Source de
Dipôle électrique
signaux
élémentaire
dl
r
o r0 r dE
r
dH
Figure (2-32)
r >> ∆l (2-100)
Sous ces hypothèses, les solutions des équations de Maxwell aboutissent à deux
composantes de champ électrique orthogonales, l’une notée E r orientée suivant la
direction radiale r, la seconde Eθ orientée suivant la direction polaire θ. Au champ
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 102
I ∆L sin θ
Hφ = 2
(1 + γ r ) e − γ r (2-101)
4π r
I ∆L 2 cos θ
Er = (1 + γ r ) e − γ r (2-102)
4 π jω ε 0 r 3
Eθ =
I ∆L sin θ
4 π jω ε 0 r 3
[
1 + γ r + (γ r )2 e − γ r ] (2-103)
Eθ
Hφ
P
Er
θ
r
I o
∆L
P'
φ
Figure (2-33)
Il faut mentionner que ces relations sont établies pour une source sinusoïdale
entretenue de pulsation ω, elles font aussi apparaître la constante de propagation γ des
ondes électromagnétiques dans l’air que nous pouvons écrire sous les trois formes
usuelles :
ω 2π
γ = jk = j = j (2-104)
c λ
p sin θ
Er =
4 π ε0 r 3
(2-106)
p 2 cos θ
Eθ =
4 π ε0 r 3
p sin θ
H φ = jω (2-107)
4π r 2
I ∆L
p= = q ∆L (2-108)
jω
Si nous examinons d'abord le cas d’une source de fréquence nulle, nous sommes en
présence d’un phénomène électrostatique, seules les deux composantes électriques
subsistent. En effet, une singularité mathématique se manifeste lorsque le moment
dipolaire devient infini ! Nous devons donc attribuer au courant une amplitude nulle,
ce qui veut dire que le moment dipolaire électrostatique est équivalent à des charges
ponctuelles q de polarités opposées éloignées de la distance ∆L . Cette
transformation permet d’associer au champ de proximité le comportement observé
près de charges électriques statiques. Le courant étant d’amplitude nulle, il en va de
même pour le champ magnétique, les variations du champ électrique dans l’espace
suivent alors une loi inversement proportionnelle au cube de l'éloignement r. Dès que
la source n'est plus statique, le dipôle génère une composante magnétique
d’amplitude proportionnelle à la fréquence. Sous ces conditions, le courant I prend
une amplitude non nulle, nous passons d’un problème électrostatique à un problème
de rayonnement électromagnétique. D’autre part, l'évolution de l'intensité du champ
magnétique avec l'éloignement r suit une loi différente du champ électrique, cette
propriété procure à l'onde un caractère hétérogène.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 104
I ∆L e − γ r
Eθ ≅ j ωµ0 sin θ (2-110)
4π r
I ∆L e − γ r
H φ ≅ j ωµ0 sin θ (2-111)
4π Z w r
L'impédance d'onde
Ainsi résumée l’impédance d’onde du champ lointain est donc purement réelle et
indépendante de la fréquence et des paramètres géométrique décrivant la position de
l'observateur, nous l'exprimons:
Eθ µ0
= Zw = (2-112)
Hφ ε0
E = E r2 + Eθ2 (2-113)
2
E c 1 1 + 3 cos θ
≅ − j Zw (2-114)
Hφ ωr sin θ
2
E λ 1 + 3 cos θ
≅ − j Zw (2-115)
Hφ r 2π sin θ
Cette expression montre que le champ de proximité engendre une impédance d’onde
supérieure à l'impédance de l'onde plane.
L0
h
o z
Plan de masse
Câble coaxial
Source
Figure (2-34)
Deux positions de l'observateur seront envisagées, l'une se situe dans le plan, l'autre
est à la verticale du plan juste à l'aplomb de la piste.
Nous ferons l'hypothèse qu'une source de signaux harmoniques possédant une fem
E0 injecte au point d'origine de la piste un courant dont l'amplitude s'exprime:
I 0 = j C0 ω E0 (2-117)
Dipôle initial h 2h
Image
électrique
Figure (2-35)
Le champ électrique est donc déterminé par les formules (2-110) en attribuant à
l'angle polaire et à la dimension du dipôle les valeurs suivantes :
π
∆L = 2 h θ≅ (2-118)
2
2 I0 h 1
Eθ ≅ ωµ0 (2-119)
4π r
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 107
Puisque la piste ouverte en extrémité, il faut tenir compte du caractère non uniforme
de la distribution du courant injecté sur le conducteur. Pour mener le calcul,
considérons un élément dz de piste suffisamment petit pour satisfaire l'hypothèse d'un
courant uniforme, la Figure (2-36) montre la localisation de l'élément et son image
électrique parcourus par des courants d'orientations opposées.
I ( z) I ( z)
o o
z z
Piste image
Dipôles de dimensions
infinitésimales dz
Figure (2-36)
Pour l’observateur lointain situé à la verticale, chaque dipôle élémentaire produit une
composante électrique dEθ dont nous calculons l'amplitude approchée en affectant à
la relation (2-110) les variables suivantes:
π
∆L = dz I = I ( z) θ≅ r ⇒ invariante (2-120)
2
I ( z ) dz e − γ r
dEθ ≅ j ωµ 0
4π r
(
1 − e − 2γ h ) (2-121)
Toutefois, pour aboutir à un champ résultant non nul, il faut tenir compte du
déphasage des champs respectivement émis par l'élément initial et par l'image
électrique, ce déphasage s'exprime par le produit 2 γ h figurant dans la relation (2-
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 108
121). L’espacement 2h étant très petit par rapport à la longueur d’onde, il peut être
fait usage d’un développement limité amenant à la relation approchée suivante :
2h 2ω µ 0 γ h e − γ r
2γ h = 2π << 1 → dEθ ≅ j I ( z ) dz (2-122)
λ 4π r
z
λTEM >> L0 → I ( z ) ≅ I 0 1 − (2-123)
L0
µ0 1
Eθ ≅ ω 2 I 0 L0 h (2-124)
4π c r
Application numérique
Nous posons pour paramètres géométriques : L0 = 10 cm , h = 3 mm
Capacité de la piste : C0 = 10 pF
fem de la source : E0 = 10 V , soit le courant I 0 = 62 mA
Fréquence de la source : f = 100 MHz
Eloignement de l’observateur : r = 3 m
Le champ perçu par l’observateur disposé sur le plan a donc pour amplitude :
Eθ ≅ 8 mV / m
Pour l’observateur situé à la verticale des pistes nous obtenons : Eθ ≅ 0,8 mV / m
Ce calcul montre que pour une piste ouverte en extrémité le petit conducteur
traversant le substrat apporte une pollution électromagnétique 20 dB supérieure aux
rayonnement de la piste imprimée !
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 109
Hθ
Eφ P
Hr
∆S θ
r
P'
o
φ
I
Figure (2-37)
Le calcul du champ électromagnétique produit par ce petit circuit peut être mené en
l’assimilant à une suite de dipôles électriques de dimension infinitésimale. Lorsque la
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 110
Sous l'hypothèse simplificatrice des grandes longueurs d'onde, les champs prennent
les expressions suivantes:
m 2 cos θ
Hr ≅ (2-125)
4π r3
m sin θ
r << λ Hθ = (2-126)
4π r 3
m = I ∆S (2-127)
m µ 0 sin θ
Eφ ≅ jω (2-128)
4π r 2
H = H r2 + H θ2 (2-129)
Eϕ ω sin θ
≅ j Zw r (2-130)
H c 1 + 3 cos 2 θ
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - E 111
Eϕ r 2π sin θ
≅ j Zw (2-131)
H λ 1 + 3 cos 2 θ
Nous observons que l’onde possède un caractère inductif, que l’impédance est réduite
à un court circuit lorsque la boucle est alimentée par du courant continu et qu’elle est
inférieure à l’impédance de l’onde plane. L'onde de proximité du dipôle magnétique
est également hétérogène car elle dépend de la fréquence et de la position de
l'observateur.
Le champ lointain
I ∆S e − γ r
Hθ ≅ ω 2 sin θ
4π c 2 r
λ << r (2-132)
Z w I ∆S e −γ r
Eϕ ≅ ω 2 sin θ
4π c 2 r
On retrouve la dualité avec le dipôle électrique, de plus, ces formules montrent que
l’amplitude du champ lointain évolue de manière proportionnelle au carré de la
fréquence. Cette propriété indique que la pollution risque d’être plus intense aux
fréquences élevées. L’appui d’un exemple numérique permettra d’apprécier les
amplitudes relatives des émissions lointaines provenant du dipôle électrique ou du
dipôle magnétique.
v0
λ >> L0 où λ= (2-133)
f
De cette façon, le courant distribué sur la piste sera uniforme, en appliquant la théorie
des images, on montre aisément que la piste court-circuitée est équivalente au dipôle
magnétique illustré Figure (2-39). Dans la partie gauche du schéma, la piste reliée au
plan par les deux petits dipôles de dimension h parcourus par des courants de même
amplitude mais de polarités opposées. Pour un observateur situé à une distance r très
supérieure à la dimension de la piste soit ( r >> L0 ), on peut donc calculer le champ
rayonné par les formules données plus haut.
L0
h
o z
Plan de masse
Court-circuit
Câble coaxial
Source
Figure (2-38)
∆S = 2h L0 (2-134)
D’après les propriétés du dipôle magnétique, il résulte que le champ lointain reçu par
l’observateur se déplaçant sur un cercle centré sur la boucle fictive perçoit deux
comportements différents suivant qu’il est situé à la verticale de la piste ou sur le
plan.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 113
Dans le premier cas le champ rayonné est à symétrie de révolution puisque qu’il faut
donner à l’angle polaire la valeur particulière ( θ = π / 2 ), le champ électrique prendra
l’amplitude absolue calculée par la relation :
µ 0 h L0 1
Eϕ ≅ ω 2 I0 (2-135)
c 2π r
Dipôle
magnétique
équivalent
L0 L0
h 2h
I0
Images
électriques
Figure (2-39)
Application numérique
Nous réutilisons les paramètres géométriques : L0 = 10 cm , h = 3 mm
Fréquence de la source : f = 100 MHz
Amplitude du courant injecté sur la piste : I 0 = 62 mA
Pour les besoins de la comparaison ce courant est identique à celui injecté dans la
piste ouverte de l’application précédente.
Eloignement de l’observateur : r = 3 m
Nous déduisons de la relation (I-135) : Eϕ ≅ 1,6 mV / m
Nous rappelons que la piste ouverte donnait dans le pire cas un champ de 8 mV/m
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 114
Le champ rayonné par la piste court-circuitée peut être trouvé autrement, pour
faciliter cette seconde démonstration, nous faisons l’hypothèse que l’observateur est
situé sur le plan et dans le prolongement de la piste. Sous cette orientation
particulière, le champ émis au point P provient du rayonnement de deux monopoles
électriques identiques espacés de L0 et parcourus par des courants I 0 en opposition
de phase. Le champ se calcule alors à l’aide de la formule du dipôle électrique en
donnant aux paramètres ∆ L et θ les valeurs particulières suivantes : θ = π / 2 ,
∆L = 2h . La Figure (2-40) précise le schéma dans lequel il est tenu compte de la
contribution des images électriques. L’éloignement r de l’observateur prend pour
référence le dipôle 1.
L0
Eϕ r
P
I0
2h
1 2 r
Figure (2-40)
Eϕ r = Eϕ 1 + Eϕ 2 (2-136)
I 0 h e − γ ( L0 + r )
Eϕ 1 ≅ j ωµ 0 (2-137)
2π L0 + r
I 0 h e −γ r
Eϕ 2 ≅ − j ωµ 0 (2-138)
2π r
Compte tenu des hypothèses envisagées sur l’espacement des dipôles par rapport à la
longueur d’onde et sur l’éloignement de l’observateur, nous ferons usage des
développements limités suivants :
1
L0 << r → ≅r (2-139)
L0 + r
D’un point de vue physique, les simplifications signifient que les dispersions du
champ de chaque dipôle sont tout à fait comparables, cependant, pour obtenir un
résultat non nul, il faut tenir compte de la différence de marche des ondes figurant
dans le développement (2-140). On déduit du calcul un champ résultant strictement
identique à l'expression (2-135) du dipôle magnétique. Une démonstration analogue
pratiquée pour un observateur situé à la verticale de la piste aboutit à un résultat
identique et à fortiori pour une position quelconque décrivant un demi cercle
contenant la piste et les connexions verticales.
Conditions
de frontière
P
Mailles du calcul
numérique Substrat
diélectrique
Source de
signaux
Plan de masse
Container métallique
Figure (2-41)
Chapitre 3
Pistes
Source de Composants
signaux de charge
Rayonnement
Figure (3-1)
+ Z0
E0 I0 Y0
_
Figure (3-2)
Les paramètres contenant les caractéristiques physiques des sources englobent leur
signature temporelle et leur spectre, nous les présentons par les notations:
e0 (t ), i0 (t ), E0 (ω ), I 0 (ω ). Les signaux les plus couramment rencontrés en sortie des
circuits logiques forment des impulsions trapézoïdales. S’il s’agit d’une fem, elle
possède une amplitude E0 p , une durée τ ainsi et des fronts de montée τ r et de
descente τ f généralement symétriques ( τ r = τ f ) très inférieurs à la durée de
l’impulsion ( τ r , τ f << τ ). Ces hypothèses simplificatrices permettent d'exprimer le
spectre sous la forme approchée donnée par la relation suivante :
Sur la Figure (3-3) sont représentées la signature de l’impulsion ainsi que l’épure du
gabarit spectral borné par une fréquence maximale définie par la naissance de la
branche asymptotique à – 40 dB/ décade.
e0 (t )
E0 (ω ) d B
- 20 dB/dec
τr τf
E0 p E0 (ω → 0) d B
- 40 dB/dec
τ t 2π 2π log ω
τ τr
Figure (3-3)
Il faut préciser que l’adoption des circuits équivalents de la Figure (3-2) n’est pas
systématique à cause des difficultés inhérentes à la recherche d’une impédance ou
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 120
u (t ) z (t )
L0
Figure (3-4)
L L0
i (t )
u (t 0 ) C L0 v = f [i (t )]
Figure (3-5)
Le courant i (t ) engendré sur les pistes est donc solution de l'équation différentielle
non linéaire suivante:
d 2 f [i (t )] di
u (t 0 ) = CL0 2
+ LL0 + f [i (t )] (3-2)
dt dt
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 121
En général, ces équations ne peuvent être résolues que par des méthodes numériques
appropriées. Ainsi, dès que la courant est estimé, on assimile les pistes au
rayonnement d'une succession de dipôles électriques élémentaires ou à l'émission
d'une boucle magnétique.
Application numérique
Nous calculons le rayonnement provoqué par deux pistes parallèles connectées à une
extrémité à une source de fem pure ( Z 0 = 0 ) représentée Figure (3-2), l'extrémité
opposée des pistes est connectée sur une impédance de charge linéaire Z L dont nous
rechercherons l'influence sur le rayonnement. La Figure (3-6) précise cette
disposition notamment la dimension L0 des pistes et leur espacement l. Nous
calculons successivement le spectre du courant I ( z ) injecté sur les pistes, le champ
rayonné en ignorant puis en tenant compte des phénomènes de propagation
engendrés sur les pistes. Le résultat de ce calcul permettra d’établir quelques
remarques sur la caractérisation de l’encombrement spectral du signal générateur.
I ( z)
Source l ZL
V ( z)
o
L0 z
Figure (3-6)
Nous admettons que la source délivre des signaux de forme trapézoïdale répondant
individuellement aux critères portés sur la Figure (3-3), il s'agit de signaux
récurrents de période T0 , soit:
Les théories du traitement du signal indiquent que nous pouvons adjoindre à tout
~
signal harmonique ~e0 (t ) le spectre E0 (ω) donné par la relation:
+∞
~ 1
E0 (ω) =
T0
∑ E0 (ω) δ (ω − nω0 ) (3-3)
n = −∞
La variable entière n définit l'ordre des raies spectrales. Dans la plupart des
applications, seule l’amplitude absolue du spectre sera considérée, en conséquence
les relations (3-1) et (3-3) amènent à l'expression suivante:
~ E~0 ( f )
E0 ( f ) = 20 log (3-6)
dB 10 −6
La région hachurée indique la partie du spectre pour laquelle nous devons évaluer
l'intensité du rayonnement. La recherche des amplitudes maximales tirées de la
relation (3-5) montre qu'au voisinage des fréquences de 30 MHz et 1 GHz nous
pouvons adopter les critères suivants :
~ 1
f ≅ 30 MHz → E0 p ( f ) ≅ E0 p (3-8)
4π n
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 123
~ T 1
f ≅ 1 GHz → E0 p ( f ) ≅ E 0 p 0 2 2
(3-9)
τ r 8π n
~ ~
f ≅ 30 MHz → n ≅ 3 10 5 → E0 p ≅ 50 µV → E0 p ≅ 34 dB µV
dB
(3-10)
7 ~ ~
f ≅ 1 GHz → n ≅ 10 → E0 p ≅ 25 nV → E0 p ≅ − 32 dB µV
dB
~
E0 p ( f )
dB
~
E0 p = 80 dB µV
max i
30 MHz 1 GHz
Raies
spectrales
F0 = 100 Hz
log ( f )
f 1 = 1 MHz
f 2 = 100 MHz
Figure (3-7)
(
V ( z ) = Z c A e − γl z − B e γl z ) (3-12)
L
Zc = (3-13)
C
~
V (0) = E0 p (ω) (3-15)
V ( L0 ) = R L I ( L0 ) (3-16)
~
E0 p (ω) e − γl z − ρ e γl ( z − 2 L0 )
I ( z , ω) = L
(3-17)
Zc 1 + ρ L e −2 γl L0
Z L − Zc
ρL = (3-18)
Z L + Zc
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 125
2π
γl = j = j ω LC (3-19)
λl
~
E (ω)
λl >> L0 et R L << Z c → I ( z , ω) ≅ (3-20)
R L + j Lω L0
Zc
L= (3-21)
vl
Pour compléter les données numériques, ajoutons les paramètres physiques suivants:
IMPORTANT
Nous attirons l'attention sur le fait qu'à la fréquence de 1 GHz ( λ = 30 cm ) les
conditions requises pour l'application de la relation approchée (3-20) ne sont pas
satisfaites puisque la dimension de la piste est supérieure à λ / 4 . Nous verrons plus
loin que cela provoque l'émergence de résonances dont il faut impérativement tenir
compte.
Observateur situé dans le plan des pistes et à une distance de trois mètres: r = 3 m
Espacement des pistes: l = 1 cm
γ r = 1,88 (3-23)
Il peut être montré que cet ordre de grandeur satisfait amplement le critère de validité
du champ lointain, nous l’exprimons :
Z w l L0 I (0, ω)
Eφ ≅ ω2 (3-24)
4π c 2 r
La relation (3-24) extrapolée par les données numériques (3-22) donne à la fréquence
de 1 GHz un champ électrique d’amplitude :
Bien que le courant ait une amplitude plus de soixante milles fois inférieure à celle
calculée à 30 MHz, le champ rayonné à 1 GHz n’est que cinq milles fois plus faible.
Ce comportement s'explique par la variation quadratique de la fréquence bien visible
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 127
~
E (ω)
Z 0 = 0 → I (0 ) ≅ (3-27)
Z e ( L0 , ω)
R L + jZ c tg (k l L0 )
Z e ( L0 , ω) = Z c (3-28)
Z c + jR L tg (k l L0 )
ω 2π
kl = = (3-29)
vl λl
Nous recherchons les singularités de I (0) données par les fréquences où apparaissent
des minima ou des maxima d'amplitude.
Minimum d'amplitude
Sous l'hypothèse que R L est inférieure à Z c , cette condition est réalisée dans la
relation (3-28) pour les arguments k l L0 attribuant une tangente infinie, soit les
nombres d'ondes et les pulsations ω p vérifiant les relations:
π 2 p + 1 vl
k l L0 = (2 p + 1) → ωp = π (3-30)
2 2 L0
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 128
2 p + 1 vl Z2
RL < Z c → fp = → Z e ( L0 , ω P ) = c (3-31)
4 L0 RL
Maximum d'amplitude
m vl
k l L0 = mπ → fm = (3-32)
2 L0
RL < Z c → Z e ( L0 , ωm ) = RL (3-33)
1 vl
p=0 → f0 = (3-34)
4 L0
~
E0 p (ω0 )
ω = ω0 → I ( z , ω0 ) ≅ [RL cos (k l z ) − jZ c sin (k l z )] (3-35)
Z c2
Il faut préciser que le nombre d'onde k l figurant dans cette relation (3-35) est calculé
pour la résonance fondamentale.
Sachant que la résistance de charge de la piste et son impédance caractéristique ont
pour valeurs respectives: R L = 1 Ω , Z c = 200 Ω , nous obtenons en extrémités les
amplitudes suivantes:
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 129
~
~ R E0 p (ω0 )
I (0, ω0 ) = E0 p (ω0 ) L2 ≅ 0 I ( L0 , ω0 ) ≅ − j (3-36)
Zc Zc
I ( z , ω0 )
L0
I ( L0 , ω0 )
I (0, ω0 ) e
z
1
2
3
4 dz
Figure (3-8)
I ( L0 , ω0 ) l
E12 = ωµ0 (3-37)
4π L
r− 0
2
L'éloignement r étant très supérieur à la dimension L0 des pistes, nous ferons usage
de la relation approchée:
I ( L0 , ω0 ) l
r >> L0 → E12 ≅ ωµ0 (3-38)
4π r
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 130
P2
e/2
P1
o'
e/2
L0 / 2 L0 / 2
Figure (3-9)
Pour calculer le champ rayonné par les dipôles 3 et 4, nous procédons par intégration
du rayonnement des dipôles de dimension infinitésimale dz parcouru par le courant
ponctuellement uniforme I ( z , ω0 ) . La position r de l'observateur étant très supérieure
à la dimension L0 , il peut être montré que le champ lointain résultant est voisin du
champ donné par un dipôle électrique de dimension ∆L = L0 parcouru par un courant
uniforme I ayant une amplitude approximative égale à la valeur moyenne de
I ( z , ω0 ) , soit:
L0
1
I =
L0 ∫ I ( z, ω0 ) dz (3-39)
0
~
E0 p (ω0 ) 2
I ≅− j (3-40)
Zc π
I L0 e − γ r γ l
r >> L0 → E3 4 ≅ j ωµ0 sh (3-41)
2π r 2
L'espacement des pistes étant très petit devant la longueur d'onde, nous utilisons
l'approximation:
I L0 e − γ r
e << λ → E 3 4 ≅ j ωµ0 γl (3-42)
4π r
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 131
Z w l L0 I
E3 4 = ω02 (3-43)
4π c 2 r
En fonction des valeurs numériques fixées plus haut, nous trouvons: f 0 = 675 MHz
D'après les développements précédents nous attribuons à la fem et aux courants
d'extrémités les valeurs approchées:
~
f ≅ 675 MHz → n ≅ 7 10 6 → E 0 p (ω0 ) ≅ − 23 dBµV
C'est à dire un champ comparable à celui perçu par P1 , nous en concluons que pour
la résonance fondamentale la prise en compte des phénomènes de propagation a pour
effet de réduire l'amplitude du champ rayonné.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 132
1 vl
m=0 → f1 = (3-44)
2 L0
Pour les paramètres physiques concernés nous trouvons: f 1 = 1,35 GHz , dans ces
conditions la loi de distribution de courant extraite de la relation générale (3-17)
s'exprime:
~
E0 p (ω1 )
I ( z , ω1 ) = [Z c cos (k l z ) − jR L sin (k l z )] (3-45)
Z c RL
Nous obtenons aux deux extrémités des pistes des courants d'amplitudes absolues
identiques mais de signes opposés :
~ ~
E0 p (ω1 ) E0 p (ω1 )
I (0, ω1 ) ≅ I ( L0 , ω1 ) ≅ − (3-46)
RL RL
~
E0 p (ω1 )
R L << Z c → I ( z , ω1 ) ≅ cos (k l z ) (3-47)
RL
Le calcul de l'intégrale (3-39) aboutit à une valeur moyenne proche de zéro, le champ
reçu par P2 est donc négligeable.
I ≅0 → E34 ≅ 0 (3-48)
r >> L0 → E12 ≅ ω1 µ0
I (0, ω1 ) e − γ r
4π r
(
1 + e − γ L0 ) (3-49)
I (0, ω1 ) 1
E12 ≅ ω1 µ0 1 + e −γ L0 (3-50)
4π r
~
f ≅ 1,35 GHz → n ≅ 14 10 6 → E0 p (ω1 ) ≅ − 35 dBµV
I (0, ω1 ) ≅ − I ( L0 , ω1 ) ≅ 17 nA = − 35 dBµA
Résistance de charge: R L = 1 MΩ
L'évaluation du rayonnement aux grandes longueurs d'ondes se fait par l'application
de la méthode décrite au second chapitre, nous regardons plus spécialement les
résonances engendrées lors de l'apparition d'un maximum de courant à l'entrée des
pistes. Ce phénomène intervient lorsque l'impédance d'entrée de la ligne donnée par
la relation (3-28) passe par un minimum, soit:
Z c2
tg (k l L0 ) → ∞ ⇒ Z e ( L0 , ωq ) = (3-51)
RL
2 q + 1 vl
ωq = π (3-52)
2 L0
Relation dans laquelle q représente une variable entière, nous remarquons que ces
résonances se manifestent aux fréquences strictement identiques aux phénomènes
d'ordre p relevés avec les pistes connectées sur basse impédance.
L'amplitude du courant à l'origine de la piste peut donc s'exprimer:
~
E 0 p ( ωq )
I (0, ωq ) ≅ RL (3-53)
Z c2
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 134
~
f ≅ 675 MHz → E0 p (ω0 ) ≅ − 23 dBµV → I (0, ω0 ) = 1,8 µA = 5 dBµA
Les raies spectrales de courant sont situées 80 dB au-dessus des amplitudes engagées
lors des résonances avec les pistes sur basse impédance. Cette amplitude exagérément
élevée provient de l'hypothèse de la source de fem pure, lorsque l'impédance interne
R0 passe à 1 Ω le courant est atténué de 28 dB !
R0 = 1 Ω → I (0, ω0 ) = 70 nA = − 23 dBµA
I (0, ω0 ) 1
E1 ≅ ω0 µ0 (3-54)
4π r
Pour les deux hypothèses retenues pour l'impédance interne de la source, le champ
prend respectivement pour amplitudes:
R0 = 0 → E1 = 0,25 mV / m = 48 dBµV / m
R0 = 1 Ω → E1 = 10 µV / m = 20 dBµV / m
2
I = I (0, ω0 ) (3-56)
π
R0 = 1 Ω → E 3 4 = 82 nV / m = − 21 dBµV / m
Tableau (3-1)
Tableau (3-2)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - F 136
Les équipements électroniques constitués de circuits intégrés connectés sur les pistes
de circuits imprimés ou aux extrémités des câbles forment les cibles privilégiées des
perturbations électromagnétiques de toutes natures. Ces tensions (ou courants)
parasites pénètrent par les voies de communications des composants. Lorsque
l'amplitude des perturbations est située au-dessous du seuil de sensibilité, l'action du
parasite n'est pas accompagnée d'effets nuisibles. Autrement, les phénomènes non
linéaires engendrés par le perturbateur provoquent des anomalies de fonctionnement
des circuits.
Le circuit logique inverseur illustré Figure (3-10) permet d'identifier les principales
voies de communication d'un composant actif.
Sur le schéma figurent les lignes d'alimentation, les points d'entrée et de sortie des
signaux logiques sous la tension nominale de 5 V.
+5 V
Vcc
ve (t ) v s (t )
+5
+5
ve (t ) v s (t )
0 0
t t
Figure (3-10)
L'alimentation du circuit est réalisée sous une tension continue Vcc de cinq Volts,
l'exemple illustre le traitement d'un signal d'horloge périodique dont l'amplitude
évolue cycliquement entre 0 V et 5 V.
Vcc
Vp
+5
Vcc v s (t )
0
ve (t ) t Vp
θ
+5
+5
ve (t ) v s (t )
0 0
t t
Figure (3-11)
Vcc
+5
Vcc
0 v s (t )
ve (t ) t
θ
+5 +5
ve (t ) v s (t )
0 0 t
t
Figure (3-12)
Nous ferons l'hypothèse que la perturbation transitoire provient d'un couplage par
impédance commune instituée par le plan de masse du circuit imprimé. Le schéma de
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 138
Z0
+
e H (t )
ve (t ) v s (t )
_ _
+ vG (t )
Figure (3-13)
Les diagrammes portés dans la Figure (3-14) montrent les signaux aux différents
points du circuit.
e H (t ) v g (t ) ve (t ) v s (t )
V p2
V th( H )
V p1
t t t t
Figure (5-14)
Sur le graphe de la tension d'entrée ve (t ) est superposé de seuil haut Vth( H ) provoquant
le changement d'état logique du composant. Ainsi, pour la configuration d'amplitude
V p1 du parasite inférieure au seuil, l'état en sortie reste haut. Par contre, lorsque
l'impulsion prend l'amplitude V p 2 il y a intolérance du circuit accompagnée d'un
changement d'état logique en sortie. Dans le cas où la durée du parasite est inférieure
au temps de réponse du composant, le parasite est inoffensif. Il faut préciser que le
temps de réponse du composant est similaire au temps de propagation τ d plus connu
sous le terme anglophone "delay time" . Plus le circuit est rapide plus ce paramètre
diminue, en fonction de la technologie il peut évoluer entre 50 ns et 100 ps.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 139
e H (t ) v g (t ) ve (t ) v s (t )
V th( L )
t − V p1 t t t
− V p2
Figure (3-15)
Sur la tension d'entrée est superposé le seuil bas Vth( L ) qui met la sortie du circuit à
l'état haut. Par dualité avec l'exemple précédent, nous voyons q'un parasite
d'amplitude négative suffisante peut engendrer un changement temporaire à l'état
haut.
Stimulé dans l'état bas ou l'état haut, l'impédance de sortie du composant adopte une
très faible valeur. Par conséquent, cette propriété rend le circuit moins sensible aux
perturbations transitoires d'amplitude modeste.
Z0
+
e H (t ) E xr ZL v L (t )
ve (t ) H yr
_
Figure (3-16)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 140
C0 C0
Ys 2 2 ZL v L (t )
i A (t ) i0 (t )
Figure (3-17)
Z0
+
e H (t ) E zr
H yr ve (t ) v s (t )
_
Figure (3-18)
1
f0 = (3-58)
T
Vcc
D2
D1
ve (t )
Figure (3-19)
e H (t ) = 0 (3-59)
Sous cette polarisation, la diode D2 est bloquée, sa contribution peut donc être
négligée. Dans ces circonstances, le dispositif soumis à la fem induite e0 (t ) possède
le circuit équivalent de la Figure (3-20).
_
e0 (t ) +
Z0 D1
ve (t )
Figure (3-20)
ve (t ) ve (t ) ve (t )
Vth( H ) Vth( H ) Vth( H )
Figure (3-21)
Ces conditions sont pratiquement contenues dans les limites physiques suivantes:
( a ) → E0 m ≤ Vth( D )
( c ) → E0 m > Vth( H )
Les graphes portés dans la Figure (3-22) illustrent la forme du signal en sortie du
circuit.
v s (t ) v s (t ) v s (t )
+5 +5 +5
0 t 0 t 0 t
Figure (3-22)
t t
(d) (e)
Figure (3-23)
La période du signal perturbateur est bien sur très inférieure au temps de propagation
du circuit, soit:
( d ) et ( e ) → T << τ d (3-61)
Tant que l'amplitude moyenne du perturbateur est au-dessous du seuil logique haut, la
sortie demeure à l"état haut. Dès qu'elle dépasse le seuil, la sortie change d'état et
passe à zéro Volt. La Figure (3-24) montre les deux configurations du signal de
sortie.
v s (t ) v s (t )
+5 +5
0 t 0 t
(d) (e)
Figure (3-24)
complété par l'addition des principaux éléments parasites filtrant ces phénomènes, on
trouve la capacité C d de jonction de la diode, la capacité Cb présentée par le boîtier
contenant le circuit intégré et l'inductance Lb des conducteurs reliant la frontière
physique du circuit au matériau semi conducteur, également appelés sous le terme
anglophone "bonding".
Lb
Cb C d
D1
ve (t )
Figure (5-25)
Z0 ZL dV ( L0 )
h
o
L0 z
dz
Figure (3-26)
Une section infinitésimale dz de la piste est donc le siège d'une fem induite
élémentaire notée dE0 sur le schéma, nous l’exprimons:
dE0 = j ω µ0 H yr h dz (3-62)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 145
∞
dV ( L0 ) =
1
2
( )
j ω µ0 H yr h (1 + ρ L ) e − γ L0 ∑ ( ρ0 ρ L )n e − 2 n γ L0 e γ z − ρ0 e − γ z dz (3-63)
n = 0
Z0 − Z c Z L − Zc
ρ0 = ρL = (3-64)
Z0 + Zc Z L + Zc
V ( L0 ) = ∫ dV ( L0 ) (3-65)
L0
Une solution alternative consiste à réduire la série (3-63) à une forme analytique,
dans ce cas l'intégrale devient:
∫ (e )
L0
1 1 + ρL
V ( L0 ) = j ω µ0 H yr h − 2 γ L0
e − γ L0 γz
− ρ0 e −γ z dz (3-66)
2 1 − ρ0 ρ L e 0
1 1 + ρL e γ L0 + ρ0 e − γ L0 − (1 + ρ0 ) − γ L0
V ( L0 ) = j ω µ0 H yr h L0 e (3-67)
2 1 − ρ0 ρ L e −2 γ L0 γ L0
1) Z 0 = 1 Ω ZL →∞
2) Z 0 = 10 Ω ZL →∞
Figure (3-27)
Figure (3-28)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 147
Cet exemple illustre bien le rôle imparti aux mécanismes de résonance, puisque des
tensions d'une amplitude proches de quelques Volts peuvent être induites par des
champs d'amplitude raisonnable. Dès que ces tensions élevées surgissent, les diodes
entrent en fonctionnement non linéaire. Il faut alors réviser la calcul pour connaître
l'état de fonctionnement réel du composant.
Pour préciser certains comportements observés sur les courbes des Figures (3-27) et
(3-28), nous rechercherons les expressions particulières des tensions induites
calculées aux fréquences de résonances.
1 r
λ >> L0 → V ( L0 ) ≅ j ω E z h L0 (3-69)
c
ρ0 ρ L < 0 → e −2 γ L0 = − 1 (3-70)
ρ0 ρ L > 0 → e −2 γ L0 = + 1 (3-71)
2 p + 1 v0
fp = (3-72)
4 L0
La résonance fondamentale donnant la fréquence la plus basse est donc obtenue pour
p = 0 , soit: f 0 = 1 GHz
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 148
Z c − j Z0
V (L0 ) f p = µ0 H yr v0 h (3-73)
Z0
Zc v Z
Z 0 << Z c → V (L0 ) f p ≅ µ0 H yr v0 h = E zr h 0 c (3-74)
Z0 c Z0
o
z
L0
Signaux 1
Plan de masse
Figure (3-29)
Sur la piste rectiligne notée 1 circulent des signaux d'horloge générés par deux
composants intégrés. La piste coudée notée 2 est connectée sur deux composants
perturbés par la diaphonie exercée par la ligne émettrice 1. Ce couplage se manifeste
principalement dans la région où les pistes suivent le parcours parallèle L0 . Dans la
région couplée, nous avons deux lignes de propagation rattachées au repère
longitudinal oz . Chaque ligne est rapportée au potentiel du plan de masse, nous
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - G 149
pouvons donc appliquer les théories exposées au chapitre deux à l'aide des
conventions de notation portées Figure (3-30).
1
i1 (0, t ) i1 ( z , t )
v1 ( z , t )
v 2 (0, t ) RL 2 v 2 ( L0 , t )
R02
2
o L0 z
Figure (3-30)
v1 ( z , t ) = Z c1 i1 ( z , t ) (3-75)
R02 = R L 2 = Z c 2 (3-76)
i1 (0, t )
I 10
t
τr τ τf
Figure (3-31)
1 t − τr
γ τ r (t ) = γ (t ) − γ (t − τ r ) (3-77)
τr τr
t < 0 → γ (t ) = 0
(3-78)
t ≥ 0 → γ (t ) = 1
[
τ r = τ f << τ → i1 (0, t ) = I 10 γ τ r (t ) − γ τ r (t − τ ) ] (3-79)
1 1 − e − (γ1 + γ2 ) L0
V2 (0, ω) = j ω (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) (3-80)
2 γ1 + γ 2
1 1 − e − (γ1 − γ2 ) L0 −γ2 L0
V2 ( L0 , ω) = − j ω (L12 − Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) e (3-81)
2 γ1 − γ 2
ω
γ1 = j (3-82)
v1
ω
γ2 = j (3-83)
v2
v1 ≅ v 2 = v (3-84)
i1 (0, t ) = I 10 γ τ r (t ) (3-86)
sin (π f τ r )
I 1 (0, f ) = − j I 10 e − j π f τr (3-87)
2 (π f τ r ) 2
En transposant les résultats du paragraphe précédent, nous dirons que le spectre est
borné par la fréquence maximale Fmaxi égale à l'inverse du temps de montée, soit:
1
Fmaxi = (3-88)
τr
On doit alors distinguer l'induction produite par les signaux lents ou les signaux
rapides vérifiant les propriétés suivantes:
(γ1 + γ 2 ) L0 F maxi
<< 1 (3-89)
L0 L0
τ r >> θ1 + θ 2 avec θ1 = et θ 2 = (3-90)
v1 v2
1
V2 (0, ω) ≅ j ω (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) L0 (3-91)
2
τ r >> θ1 + θ 2 →
1
V2 ( L0 , ω) ≅ − j ω (L12 − Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) L0 (3-92)
2
1
V2 (0, ω) = (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) p I 1 (0, p) L0 (3-94)
2
1
V2 ( L0 , ω) = − (L12 − Z c1 Z c 2 C12 ) p I 1 (0, p) L0 (3-94)
2
v 2 (0, t ) =
1
(L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) di1 L0 (3-95)
2 dt
v 2 ( L0 , t ) = −
1
(L12 − Z c1 Z c 2 C12 ) di1 L0 (3-96)
2 dt
La théorie des lignes couplées montre qu'en présence de vitesses de propagation très
proches, les paramètres contenus dans (3-95) et (3-96) vérifient les propriétés
suivantes :
v 2 (0, t ) =
1
(L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 10 L0 [γ (t ) − γ (t − τ r )] (3-99)
2 τd
Cette expression donne une impulsion de durée τ r ayant pour amplitude la valeur
suivante:
1 L12 + Z c1 Z c 2 C12
V2 p = I 10 L0 (3-100)
2 τr
Le spectre de fréquence très étendu des signaux rapides fait intervenir les
phénomènes de propagation, on traduit cette propriété par les relations suivantes:
(γ1 + γ 2 ) L0 F maxi
>> 1 et τ r << θ1 + θ 2 (3-101)
−(θ1 + θ2 ) p
V2 (0, p) =
1
(L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, p) 1 − e L0 (3-102)
2 θ1 + θ 2
Relation dont nous calculons très facilement la transformée de Laplace inverse, soit:
1 L12 + Z c1 Z c 2 C12
v 2 (0, t ) = TL-1 [V2 (0, t )] = [i1 (0, t ) − i1 (0, t − τ r )] (3-103)
2 1 1
+
v1 v 2
V1 h V2
Figure (3-32)
La théorie des lignes couplées permet d'établir les systèmes différentiels suivants:
dV
− = j ω( L )( I ) (3-105)
dz
dI
− = j ω( C )( V ) (3-106)
dz
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 154
Pour des lignes de dimensions infinies, seules les ondes progressives coexistent, les
vecteurs courant et tension deviennent:
( I ) = (I 0 ) ( 1 ) e − j k z et ( V ) = (V0 ) ( 1 ) e − j k z (3-107)
L'entrée de ces relations dans les systèmes différentiels aboutit aux équations
remarquable liant matrice inductance et matrice capacité, soit:
2
( L )( C ) = ( C )( L ) = ( 1 ) k 2 (3-108)
ω
Nous pouvons donc déduire les coefficients de la matrice capacité par inversion de la
matrice inductance.
( C ) = µ 0 ε 0 ( L ) −1 (3-109)
L11 L12
∆= = L11 L22 − L212 (3-111)
L12 L22
L11 L22
Z c1 = et Z c 2 = (3-112)
C11 C 22
En réalité les pistes sont posées sur un substrat diélectrique, dans ce cas, les
propriétés exprimées par (3-107) ne sont plus rigoureusement vérifiées, il en va de
même pour la relation (3-109). Seules les mesures ou des calculs numériques
permettent d'établir l'expression des coefficients de la matrice capacité.
Calcul des coefficients des matrices (L ) et (C ) au moyen des relations (2-9) à (2-15)
du chapitre précédent:
L11 = L22 = 600 nH / m L12 = 240 nH / m
C11 = C 22 = 18,5 pF / m C12 = 7 ,4 pF / m
i1 (0, t )
i1 (0, t )
100 mA 100 mA
2 ns t 50 ps t
v 2 (0, t ) v 2 (0, t )
1,2 V 3,6 V
t 660 ns t
Figure (3-33)
Cet exemple prouve que la diaphonie crée sur les pistes un bruit capable d'engendrer
des tensions transitoires de plusieurs Volts.
Nous avons raisonné sur des lignes adaptées, dans le cas contraire, il faut envisager
des phénomènes de réflexions multiples. Traitons le cas d'une ligne réceptrice
connectée sur deux impédances quelconques, transposée dans le domaine spectral
nous lui associons le circuit équivalent de la Figure (3-34).
_
+ dE0
o
L0 z
dz
Figure (3-34)
1
dV AA' = j ω (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) e −γ1 z dz (3-117)
2
1
dV BB ' = − j ω (L12 − Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) e −γ1 z dz (3-118)
2
Pour les raisons invoquées plus haut la tension dVBB ' est nulle.
dV BB ' ≅ 0 (3-119)
∞
dV2 ( L0 , ω) = (1 + ρ L ) ∑ ( ρ0 ρ L )n e −2 n γ2 L0 e −γ2 ( L0 − z ) dV AA' (3-120)
n =0
Les coefficients de réflexion seront calculés par la relation (3-64), après intégration
nous obtenons le spectre de la tension de télédiaphonie, soit:
∞
V2 ( L0 , ω) = ρ0 (1 + ρ L ) ∑ ( ρ0 ρ L )n e − 2 n γ2 L0 V20 (ω) (3-121)
n=0
1 1 − e −(γ1 + γ2 ) L0 −γ2 L0
V20 (ω) = j ω (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) e (3-122)
2 γ1 + γ 2
Pour la facilité des démonstrations, nous allégeons cette écriture par les conventions
suivantes:
1 1 − e −(γ1 + γ2 ) L0
V0 (ω) = j ω (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) (3-124)
2 γ1 + γ 2
∞
V2 ( L0 , p) = ρ0 (1 + ρ L ) ∑ ( ρ0 ρ L )n e − 2 n p θ2 V20 ( p) (3-125)
n=0
V20 ( p ) = V0 ( p ) e − p θ2 (3-126)
1 1 − e −(θ1 + θ2 ) p
V0 ( p) = (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, p ) L0 (3-127)
2 θ1 + θ 2
∞
v 2 ( L0 , t ) = TL-1 [V2 ( L0 , t )] = ρ0 (1 + ρ L ) ∑ ( ρ0 ρ L )n v0 [t − (2 n + 1) θ 2 ] (3-128)
n=0
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 158
1 L12 + Z c1 Z c 2 C12
v0 (t ) =
1 1
[i1 (0, t ) − i1 (t − θ1 − θ 2 )] (3-129)
2
+
v1 v 2
Le premier cas concerne des signaux lents, il n'est donc pas utile d'utiliser la formule
complète (3-128). Pour les signaux lents dont le temps de montée est très inférieur au
temps de propagation en ligne, il est préférable d'exprimer la relation (3-121) sous la
forme analytique compacte suivante:
ρ0 (1 + ρ L )
V2 ( L0 , ω) = V20 (ω) (3-130)
1 − ρ0 ρ L e −2 γ2 L0
ρ0 (1 + ρ L )
2 γ 2 L0 << 1 → V2 ( L0 , ω) ≅ V20 (ω) (3-132)
1 − ρ0 ρ L
1
(γ1 + γ 2 ) L0 << 1 → V0 (ω) ≅ j ω (L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) I 1 (0, ω) L0 (3-134)
2
2 ρ0
ρ L = 1 → V2 ( L0 , ω) ≅ V0 (ω) (3-135)
1 − ρ0
v 2 ( L0 , t ) ≅ −
1
(L12 + Z c1 Z c 2 C12 ) di1 L0 (3-137)
2 dt
Nous retrouvons avec inversion de polarité le graphe situé à gauche de la Figure (3-
33).
∞
ρ L = 1 , R02 << Z c 2 → v 2 ( L0 , t ) ≅ − 2 ∑ ρ0n v0 [t − (2n + 1) θ 2 ] (3-138)
n=0
τ r << θ1 , θ 2 et θ1 ≅ θ 2 (3-139)
v0 (t )
V0 p
τr t
θ 1 + θ 2 ≅ 2θ 2
v 2 ( L0 , t )
V2(2p )
θ2
≅ 3θ 2 t
V2(3p)
V2(1p)
Figure (3-35)
Nous procédons maintenant au calcul de l'amplitude des paramètres portés sur ces
graphes.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 160
1 L12 + Z c1 Z c 2 C12
v0 (t ) = = 3,6 V (3-140)
2 1 1
+
v1 v 2
V2(1p) = − 2V0 p = − 7 ,2 V
V2( 2p ) = − 2 ρ0 V0 p = 6 ,7 V (3-141)
Une amplitude proche de 7 Volts est donc capable de produire des changements
fugitifs des états logiques des circuits rapides. De plus, la répétition du signal a pour
conséquence d'accroître la probabilité de défaillance des fonctions numériques.
Source HF
Signaux 1
Figure (3-36)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 161
_ _
+ e0d + e0c
Figure (3-37)
L12
e0d (t ) = I 10 L0 wτ r (t ) = E0d wτ r (t ) (3-142)
τr
C12
i0d (t ) = Z c1 I 10 L0 wτ r (t ) = I 0d wτ r (t ) (3-143)
τr
t < 0 ou t > τ r → wτ r (t ) = 0
(3-144)
0 ≤ t ≤ τr → wτ r (t ) = 1
Le champ extérieur rappelé par l'indice c provoque des sources sinusoïdales ayant
pour amplitudes maximales E0c et I 0c :
L'indice m porté sur les champs indique qu'il s'agit des amplitudes maximales, h
correspond à la hauteur de la piste au-dessus du plan de masse, L0 à la dimension
longitudinale et ω0 la pulsation de l'onde harmonique perturbatrice.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 162
Z c1 = Z c 2 = 180 Ω
v1 = v 2 = v0 = c = 3. 10 8 m / s
I 10 = 100 mA
τ r = 2 ns
Caractéristiques de la perturbation extérieure:
f 0 = 250 MHz
E xr m = 500 V / m H yd m = 1,3 A / m
Calcul des sources:
E0d = 1,2 V I 0d = 6 ,6 mA
E0c = 1,3 V I 0c = 7 ,2 mA
Contribution de la diaphonie:
V2dp = 1,2 V
Contribution du champ extérieur:
V2dp = 1,3 V
Cette tension est donc suffisante pour amener un changement d'état logique du
composant.
Les composants analogiques intégrés les plus communs sont sans nul doute
représentés par les amplificateurs opérationnels. Les perturbations parvenant sur leurs
voies de communication produisent généralement des effets perceptibles sur le signal
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 163
On regarde tout d'abord des signaux perturbateurs dont l'occupation spectrale entre
dans la bande passante du circuit. Ensuite, on examine les effets spécifiques
introduits par des signaux harmoniques de fréquence très supérieure à la coupure du
composant.
G0
G0 = − (3-147)
f
1+ j
f0
Généralement, G0 possède une valeur très élevée voisine de cent milles, alors que la
fréquence de coupure f 0 se situe à une centaine de Hertz, soit:
G0 dB
≅ 100 dB f 0 ≅ 100 Hz (3-148)
R2
R1
_
Ve +
Vs
Figure (3-38)
R2 G0
G0 = f0 = f0 (3-150)
R1 G0
Application numérique
En adoptant les paramètres en boucle ouverte (3-148), on calcule le gain et la
fréquence de coupure pour des résistances de contre réaction prenant pour valeurs:
R1 = 1 kΩ R2 = 100 kΩ
Sous ces conditions particulières, la Figure (3-39) montre la simulation des fonctions
(3-147) et (3-149) représentées par leur valeur absolue. Les traits verticaux
indiquent les postions des fréquences de coupure f 0 et f 0 .
Figure (3-39)
R2
Sortie
Entrée
R1
Figure (3-40)
On propose examiner les effets induits par des interférences dues au couplage d'un
champ sur la piste connectant la source du signal bas niveau vers l'entrée du
composant, la Figure (3-41) illustre cette disposition.
Signaux
Emission HF
bas niveau
Amplificateur
Piste
Substrat
Contact
Câble
coaxial
Plan de masse
Figure (3-41)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 166
_
e0 +
+
Z0
es ve (t ) Ze
_
o
L0 z
Figure (3-42)
Par la suite, trois modes perturbateurs seront considérés suivant que le signal
indésirable entre dans la bande passante de l'amplificateur, qu'il dépasse largement la
fréquence de compression de 10 MHz ou qu'il se compose de deux signaux
sinusoïdaux de fréquences proches mais très élevées.
Le perturbateur provient d'un signal sinusoïdal dont la fréquence porteuse est très
supérieure à la fréquence de compression localisée ici à 10 MHz. L'intervention de
fréquences aussi élevées demande une analyse plus attentive du schéma interne de la
Figure (3-40). En effet, au-dessus d'une centaine de MHz, l'étage à grand gain est
bien au-dessus de la coupure, l'atténuation du signal est considérable, la contre
réaction ne joue plus! Ce fonctionnement exotique entraîne une distorsion très
importante du signal traité par l'étage d'entrée dont le schéma de principe est rappelé
Figure (3-43).
Cet amplificateur différentiel est donc constitué de deux transistors symétriques, dont
les points d'entrée E1 et E 2 constituent les voies d'accès du signal différentiel. La
configuration ( a ) montre le schéma complété par un troisième transistor assimilable
à une source de courant. Sous le fonctionnement nominal, cette source est presque
idéale, les signaux trouvés en sortie sont alors rigoureusement symétriques et de fait
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 167
+ Vcc + Vcc
E1 S1 S2 E2 E1 S1 S2 E2
Capacité
∆I parasite ∆I
− Vcc − Vcc
(a) (b)
Figure (3-43)
Cette composante continue est amplifiée par l'étage à grand gain, puis, transportée
vers la sortie du composant. L'émergence de cette tension va donc caractériser le
phénomène perceptible, elle peut sérieusement altérer le fonctionnement des
asservissements contrôlés par l'amplificateur. En effet, l'addition d'un signal continu à
la chaîne de traitement modifie l"amplitude des tensions de consignes, il peut en
résulter des instabilités. Le fonctionnement dissymétrique de l'étage d'entrée a
également pour conséquence de démoduler les signaux perturbateurs entrant dans
l'amplificateur. Les usagers d'amplificateur audiofréquences ont parfois intercepté
grâce à ce phénomène les communications échangées entre des radiotéléphones !
Ces circonstances expliquent en partie pourquoi les normes suggèrent effectuer les
tests d'immunité sous signaux HF modulés.
Il faut ajouter que soumis à des longueurs d'ondes comparables aux dimensions des
pistes, les mises en résonance deviennent hautement probables. Ces conditions sont
alors favorables à l'induction de tensions d'une amplitude capable d'engendrer des
phénomènes non linéaires de cette ampleur.
L'entrée de plusieurs signaux sinusoïdaux de très hautes fréquences peut générer des
phénomènes d'intermodulation dus aux distorsions engendrées par l'étage d'entrée
privé du signal de contre réaction. Le signal résultant v s (t ) en sortie de l'étage
différentiel peut donc s'écrire:
v s (t ) = A0 [v1 (t ) + v 2 (t )] 2 (3-151)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - H 168
Vs ( f ) = TF -1 [v s (t )] (3-153)
f d = f1 − f 2 f s = f1 + f 2 (3-155)
Fréquence de coupure
de l'amplificateur
f
0
fd f0 2 f2 fs 2 f1
Figure (3-44)
f1
f2
Plan de
masse i1 (t ) + i2 (t )
Jonction
vG (t ) mécanique
Figure (3-45)
vG (t ) = K 0 [i1 (t ) + i2 (t )] 2 (3-156)
Chapitre 4
Les protections électromagnétiques ont pour but d'atténuer les parasites produits par
des phénomènes perturbateurs provenant principalement des couplages étudiés au
second chapitre. L'adoption des protections adéquates nécessite une analyse
fonctionnelle de l'installation protégée ainsi qu'une étude attentive des couplages
générateurs de parasites. Dans ce but, le paragraphe introductif propose l'exemple
d'une installation comprenant une ligne de transmission bifilaire véhiculant des
signaux échangés entre un transformateur et un amplificateur situés aux deux
extrémités de la ligne. Cette topologie très simple permet de positionner les
principaux composants rencontrés dans la chaîne de protection CEM et d'en faire une
brève description.
Au cours des paragraphes six, sept et huit nous regarderons quelques anomalies de
topologie capables d'engendrer une réduction de l'efficacité apportée par le blindage
du câble. Notamment, nous évaluons la dégradation provoquée par la connexion du
blindage sur la piste de masse des circuits imprimés, nous analyserons l'influence de
connexions de masse inductives et proposons ensuite de chiffrer les conséquences
d’une coupure du blindage.
suivant que leur impédance de transfert se rapproche de celle des câbles blindés
conventionnels ou qu'il s'agit de basses impédances de transfert comparables aux
caractéristiques des câbles à haute immunité électromagnétique.
Le onzième paragraphe aborde les règles de la connexion des blindages avec la masse
(ou la terre). Nous analyserons successivement le cas des câbles connectés à la masse
en deux points, puis le cas de câbles dont l'extrémité du blindage n'est connectée à la
masse qu'en un seul point. Cet exemple très simple permettra d'établir le lien entre
ces règles de connexions et l'apparition de résonances provoquées par les
phénomènes de propagation.
Les paragraphes quinze et seize sont consacrés à l'atténuation apportée par des filtres
installés sur les voies de communication de l'équipement. Il s’agit principalement de
filtres passe bas composés d'association d'inductances et de capacités, nous
indiquerons surtout les effets induits par des charges éloignées de la condition
d'adaptation. Nous étudions ensuite les propriétés des filtres répartis composés de
câbles associant une gaine diélectrique et une gaine ferromagnétique.
Nous prenons pour exemple une ligne bifilaire connectée à l’une de ses extrémités à
un transformateur (balun), l’autre extrémité est reliée à l’entrée d’un amplificateur.
La Figure (4-1) montre le dispositif ainsi que l’ensemble des composants de
protection dont nous décrirons tout d'abord brièvement la fonction.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 173
1 Câble blindé
2 Connecteurs
Alimentation
Entrée signal bas niveau
Ligne de terre
Transformateur
8
8 7
Amplificateur 2
Ligne de
transmission
4
2 1
2
3 6
5 5
Plan de sol
Figure (4-1)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 174
Les connexions à la terre sont dans la plupart des cas imposées par la
réglementation de la sécurité électrique. Cela signifie que deux équipements
qui échangent des signaux comporteront des câbles blindés reliés à la masse
aux deux extrémités. Dans certains cas, une extrémité peut être flottante, nous
verrons que cette disposition est surtout favorable à l’atténuation des parasites
provenant de basses fréquences.
Les filtres introduits sur l’alimentation en énergie des équipements ont pour
but d’atténuer les parasites transmis sur le réseau par conduction d’un mode
commun ou d’un mode différentiel. Leur structure interne est constituée
d’inductances et capacités formant un quadripôle passif passe bas. Les filtres
comportent également un blindage destiné à réduire l’impédance de la liaison
avec la terre.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 175
A l’aide de l’exemple illustré Figure (4-1) nous allons entreprendre une description
plus approfondie apportant quelques détails sur le fonctionnement physique de
chaque composant. Cette partie permettra également d’examiner leur organisation
topologique, en effet, il faut rappeler que les protections électromagnétiques ont un
impact parfois important sur le coût d’une étude et sur le coût de fabrication d’un
circuit électronique. Ces raisons incitent donc à harmoniser leur action, nous verrons
qu’une modification de la topologie des blindages peut sérieusement altérer leur
efficacité globale.
Source
perturbatrice
L0
Figure (4-2)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 176
Pour simplifier, nous ferons abstraction des phénomènes de propagation, ce qui veut
dire que la longueur d’onde λ des signaux perturbateurs sera très supérieure à la
distance L0 entre les équipements, soit :
λ >> L0 (4-1)
C0 Z ce ∆V E
_
+
∆V
Figure (4-3)
j Z c e C0ω
∆V E = ∆V (4-2)
1 + j Z c e C0ω
La Figure (4-4) représente le dispositif précédent protégé par un câble blindé dont les
deux extrémités se trouvent connectées à la masse au moyen de liaisons idéales. Nous
entendons par liaisons idéales, des connecteurs parfaits ne produisant aucun couplage
électromagnétique parasite. Par rapport à la situation du dispositif non protégé
l’insertion du blindage modifie l'impédance du circuit relié à la source perturbatrice
∆V .
Action de l'impédance de
Tension parasite
transfert du câble blindé
résiduelle
IB ∆V E'
h _
T1 + ∆V T2
Figure (4-4)
Il s'agit cette fois d'une basse impédance comportant le blindage connecté au plan de
masse à chacune de ses extrémités. Ce changement de topologie permet de distinguer
les phénomènes extérieurs puis intérieurs au blindage. Pour faciliter le calcul du
courant I B produit par ∆V , nous introduirons un circuit équivalent à la face
extérieure du blindage. Un second circuit équivalent au schéma intérieur intégrera
l’imperfection du blindage génératrice de la tension parasite résiduelle ∆V E' sur
l’entrée du composant sensible. Pour un blindage de bonne qualité et connecté avec
une topologie adéquate, la tension résiduelle doit être très inférieure à ∆V E :
h→0 ⇒ LB → 0 (4-6)
LB
IB
RT1 RT2
_
+
∆V
Figure (4-5)
∆V
IB = (4-7)
RT 1 + RT 2 + j LBω
Pour des raisons qui apparaîtront plus clairement lors du calcul, nous avons ajouté au
schéma la contribution de la capacité intérieure du câble blindé, elle est notée C B sur
la Figure (4-6), la division en deux éléments symétriques situés de part et d’autre de
∆V B résulte des propriétés des lignes de transmission connectées sur hautes
impédances.
j Z c' e C0' ω
∆V E' = ∆V B (4-9)
1 + j Z c' e C0' ω
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 179
CB CB
C0
2 2
Z ec ∆VE'
_
+
∆VB
Figure (4-6)
CB
C0' = C0 + (4-10)
2
Zce
Z c' e = (4-11)
CB
1 + jZ c e ω
2
∆V B = Z t I B L0 (4-12)
∆V B = R0 I B L0 (4-13)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 180
IB Conducteur
Blindage du câble intérieur
∆V B Chute de tension
longitudinale
Figure (4-7)
La plupart des câbles blindés comportent des tresses réalisées par l’entrecroisement
de conducteurs filiformes de petite section assemblés en fuseaux. Compte tenu de
l'imperfection naturelle du recouvrement des tresses, il en résulte une multitude de
petites ouvertures uniformément réparties sur leur surface latérale. Par des
mécanismes physiques qui seront exposés plus loin dans le cours, ces ouvertures
engendrent des fuites magnétiques générant une tension induite entre le conducteur
intérieur du câble et le blindage. Ces phénomènes obéissent à la loi de Lenz, ainsi,
leur amplitude est proportionnelle à la fréquence du courant inducteur I B . En guise
d’illustration nous présentons sur la Figure (4-8) le câble court-circuité à l’une de ses
extrémités. La fem induite ∆V B s’exprime par la relation (4-14) dans laquelle figure
l’inductance de transfert Lt , ce paramètre caractérise l’imperfection de la tresse
provoquée par les fuites magnétiques.
∆V B = j Lt ω I B L0 (4-14)
Z t = R0 + j Lt ω (4-15)
IB Conducteur
Blindage du câble intérieur
∆V B
fem induite
Ouvertures Court circuit
Figure (4-8)
2
δ = (4-18)
ω µ0 µ r σ
Face extérieure
Eext du blindage
IB
e
Eint
Face intérieure
du blindage
Figure (4-9)
∆V B = Eint L0 = Z t I B L0 (4-20)
A partir des propriétés des ondes cylindriques, Schelkunoff a établi en 1940 une
formule rigoureuse de l’impédance de transfert du conducteur tubulaire. Une
représentation approchée de cette formule applicable à la plupart des cas pratiques
prend pour forme :
(1 + j ) e
Z t = R0 δ (4-21)
e
sh (1 + j )
δ
Cette relation fait donc intervenir la résistance linéique (pour le courant continu) du
blindage ainsi que son épaisseur e et la profondeur de pénétration δ rappelée par
l’expression (4-18).
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 183
Application numérique
Blindage tressé : R0 = 10 mΩ / m , Lt = 1 nH / m
ft → R0 = Lt ω (4-22)
La seconde plus floue observée sur le blindage tubulaire est située vers f c = 17 kHz ,
elle apparaît lorsque la profondeur de pénétration s’identifie à l’épaisseur du
blindage, soit la condition :
fc → δ =e (4-23)
Figure (4-10)
Ces deux exemples montrent que les courbes d’impédance de transfert d’un câble
apportent des informations quantitatives sur la qualité du blindage, ainsi, nous
constatons que les performances d’un blindage tubulaire s’améliorent lorsque la
fréquence du courant perturbateur s’accroît. Par contre, c’est tout à fait l’inverse pour
le blindage tressé. Les premiers s’apparentent à des filtres passe bas, les seconds à
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 184
des filtres passe haut. Bien entendu, pour procurer aux câbles une souplesse
mécanique, les tresses sont plus souvent adoptées par les concepteurs d’équipements
électroniques. Il faut mentionner que l’étude approfondie des phénomènes de fuites
électromagnétiques à travers les tresses montre que certains comportements
s’éloignent du modèle proposé par la relation (4-15). Pour les faibles angles de
tressage déterminés par l’inclinaison des fuseaux par rapport à l’axe du câble, il
apparaît que l'impédance de transfert peut suivre une loi proportionnelle à la racine
carrée de la fréquence. Le lecteur trouvera sur ces questions des détails dans le
paragraphe 4-14 de ce chapitre lors de l'étude de la polarisabilité des ouvertures, puis,
dans la paragraphe 5-8 du chapitre suivant consacré aux mesures de l'impédance de
transfert. Nous verrons qu'à l'impédance de transfert s'ajoute une admittance de
transfert responsable de phénomènes de couplage électrique à travers les ouvertures
du blindage du câble. Pour les câbles dotés d'un bon recouvrement optique, cette
admittance de transfert a généralement une contribution négligeable.
Au cours des prochains paragraphes nous verrons que l’efficacité de blindage peut
varier dans de grandes proportions, elle dépend des conditions d’installation de
l’équipement. Pour étayer les commentaires nous prendrons pour base une
application numérique rapportée à une source ∆V sinusoïdale de fréquences
respectivement égales à 50 Hz et10 MHz, pour la commodité de l’exposé nous les
appelons; perturbateur 1 et perturbateur 2 .
Application numérique
Perturbateur 1 : f 1 = 50 Hz , ∆V1 = 10 V
Dimension du câble : L0 = 2 m
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 185
Cet exemple simple démontre que la définition du cahier des charges d’un câble
blindé doit être très précise et qu'elle nécessite la recherche d'une référence
représentative de l'atténuation recherchée. Cependant, pour simplifier l’exposé, nous
maintenons par la suite le critère initialement défini par l’expression (4-24).
Au cours des prochains paragraphes nous regarderons l’incidence d’autres
imperfections, notamment, les dégradations occasionnées par le contact du blindage
avec la piste de masse d’un circuit imprimé ou l’insertion de connexions inductives,
voire, dans le pire cas la coupure du blindage.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 186
Lors de l’installation des câbles blindés certaines règles doivent être respectées afin
d’éviter la pénétration des courants parasites vers les parties internes d’un
équipement électronique. La Figure (4-11) illustre le cas d’une connexion de blindage
réalisée sur la piste de référence de masse d’un circuit imprimé, cette disposition a
pour conséquence de dégrader l'atténuation apportée par le blindage.
Couplage
additionnel
Piste de circuit
IB imprimé
_
T1 + ∆V T2
Figure (4-11)
Flux magnétique de
Blindage Flux magnétique de mode différentiel
du câble mode commun
IB
LG
Figure (4-12)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 187
Z t G = R0 G + j Lt Gω (4-25)
∆V B = (Z t L0 + Z t G LG ) I B (4-26)
Application numérique
Sur la base de l’exemple proposé précédemment, nous considérons une piste ayant
pour caractéristiques :
Dimension de la piste: LG = 5 cm
Il s’agit de valeurs typiques qui peuvent cependant évoluer avec la section du dépôt
imprimé et de son éloignement par rapport aux pistes victimes du couplage.
L’efficacité reste inchangée à 50 Hz car la fréquence est trop basse pour que la
contribution de l’inductance de transfert de la piste intervienne. D’autre part, la
résistance additionnelle de 5 mΩ apportée par la piste restant inférieure à celle du
blindage son influence est pratiquement transparente. Par contre, à 10 MHz
l’efficacité de blindage s’est dégradée dans un rapport de15 dB , elle apporte ainsi la
preuve de l’effet nuisible produit par la pénétration du courant à l'intérieur de
l'équipement. Nous verrons que l’usage de connecteurs appropriés restitue une
impédance de transfert de faible valeur.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 188
Connexion
IB inductive
_ « pigtail »
T1 + ∆V T2
Figure (4-18)
La circulation du courant I B dérivé par cette connexion produit une chute de tension
additionnelle ∆V E'' portée sur le zoom de la Figure (4-14).
Blindage
du câble
∆V E''
IB Masse locale
Connexion
Châssis
métallique Prise de terre
Figure (4-14)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 189
∆V B = (Z t L0 + Z t P ) I B (4-28)
Application numérique
Nous prenons pour référence l’impédance typique trouvée sur une connexion formant
un petit solénoïde de quelques centimètres de long.
Nous trouvons une analogie avec l'imperfection due à la pénétration sur la piste,
l'effet additionnel imperceptible sur le perturbateur de fréquence 50 Hz dégrade
l’efficacité de blindage d’un facteur proche de 40 dB lorsque la fréquence passe à 10
MHz.
Blindage
inefficace
Coupure du
IB = 0 blindage
_
T1 + ∆V T2
Figure (4-15)
Sous ces conditions, la tension interférant avec l'amplificateur doit être calculée par le
schéma initial du système non protégé, par rapport à la configuration d’origine tracée
Figure (4-3), on doit ajouter la capacité C B du câble blindé. L'aménagement du
circuit équivalent de la Figure (4-16) permet alors d'établir la nouvelle expression de
∆V E' :
j Z c e (C0 + C B )ω
∆V E' = ∆V (4-29)
1 + j Z c e (C0 + C B )ω
C0 CB Z ec ∆VE'
_
+
∆V
Figure (4-16)
Application numérique
Les calculs précédents transposés à ce cas de figure donnent pour efficacités de
blindage:
Limiteurs
d’amplitudes
IB
_
T1 + ∆V T2
Figure (4-17)
limiteur est connecté sur les voies les plus vulnérables de l'équipement protégé.
Ainsi, sous les conditions de fonctionnement nominal de l’installation, l’impédance
de l'éclateur est infinie, une surtension provoquera l'amorçage d’un arc électrique
accompagné d’une chute très importante de l’impédance du composant. L’excès
d’énergie engendré par le perturbateur transitoire est dissipé dans l’ionisation du gaz.
L'extinction du parasite engendre la coupure de l’arc électrique et le retour à l’état
haute impédance. La Figure (4-18) montre un bref descriptif de l’éclateur et la
caractéristique courant tension correspondante. Sur ce graphe, Va représente la
tension déclanchant la conduction (amorçage), Ve la tension minimale d'entretien de
l'arc électrique. Pour obtenir un fonctionnement optimal, les caractéristiques du
limiteur doivent présenter une tension d'amorçage inférieure au seuil de destruction
de l'équipement et une tension d’entretien supérieure à l'amplitude requise par le
fonctionnement nominal.
I
I
Gaz interne
sous faible pression
V
Electrodes Ve Va
Figure (4-18)
Pour l’exemple présenté Figure (4-17) nous savons que la contrainte maximale
supportée par le composant provient de la tension de mode commun. Afin d’obtenir
une protection optimale il faut installer deux éclateurs identiques connectés entre
chaque entrée et une référence de masse la plus proche possible de l'amplificateur.
Pour situer les critères d'installations, la Figure (4-19) montre deux topologies
d’efficacités inégales. Dans la disposition située à gauche, les électrodes de retour du
courant de décharge I d sont reliées à la masse locale par une piste de circuit imprimé
présentant une basse impédance. Pour la disposition située à droite, la liaison est
matérialisée par une connexion réactive, sous cette configuration, l’écoulement du
courant de décharge engendre une tension résiduelle dont l’amplitude peut atteindre
le seuil de destruction du circuit ou amener un dysfonctionnement transitoire. La
topologie d’implantation des limiteurs d’amplitude a donc une grande importance, il
faut adopter des connexions peu inductives et plus spécialement lorsque le
perturbateur couvre un large spectre de fréquences.
Un limiteur d’amplitude possède un temps de réponse propre figurant dans les
caractéristiques nominales du composant. En conséquence, un temps de réponse
supérieur au front de montée du perturbateur transitoire rend le limiteur inefficace.
Autrement dit, un limiteur protégeant efficacement contre un résiduel provenant d’un
coup de foudre est transparent face au transitoire issu de l'impulsion
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - I 193
Id
IB Id IB Vd
Prise de terre
Figure (4-25)
Les connecteurs assurent le transfert des signaux fonctionnels ainsi que l’écoulement
du courant I B collecté sur les câbles blindés. La qualité de blindage d'un connecteur
peut être évaluée par l'impédance de transfert déterminée par le rapport entre la
tension résiduelle recueillie sur les broches et le courant perturbateur collecté par le
composant. En conséquence, pour lui attribuer une impédance de transfert, le
connecteur doit posséder une voie d’écoulement dédiée au courant perturbateur, cette
condition amène à regarder deux technologies. Les connecteurs usuels réalisent
majoritairement cette fonction sans toutefois procurer une basse impédance de
transfert, puis, les connecteurs à haute immunité pourvus d’un blindage spécifique
abaissant fortement leur impédance de transfert. Nous décrivons toutes ces propriétés
en indiquant les facteurs qui influencent le plus l'efficacité de blindage
Connecteurs usuels
Borne de
continuité de masse Fixations
Contact à
Zone de couplage faible
électromagnétique impédance
IB
Blindage
du câble Enveloppe
isolante
Joint d’étanchéité
aux fluides Prise de terre
Figure (4-26)
Z t C = R0 C + j Lt C ω (4-29)
L’indice C rappelle qu’il s’agit d’un connecteur, les valeurs typiques des paramètres
contenus dans la relation (4-29) se situent dans les limites suivantes :
1 mΩ < R0 C < 10 mΩ
(4-30)
1 nH < Lt C < 10 nH
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 195
Connecteurs blindés
Enveloppe métallique
homogène
IB
Figure (4-27)
(1 + j ) e
Z t C = R0 C δ + j Lt C ω (4-31)
e
sh (1 + j )
δ
Les données figurant dans cette la relation se situent généralement dans les limites
suivantes :
La Figure (4-28) représente un câble coaxial connecté sur des charges adaptées en
extrémités. Deux schémas d'implantation des connexions reliant le blindage à la
masse seront discutés, pour le second, une seule extrémité réalise ce contact. Pour
apprécier l'impact sur l'efficacité de blindage, on calcule l'amplitude des tensions
résiduelles recueillies sur les charges d’extrémités du câble. On fait l’hypothèse que
le perturbateur provient d’un couplage par impédance commune apporté par une
source ponctuelle ∆V localisée dans la partie médiane du câble. De plus, on admet
que les connexions à la masse se comportent comme des courts circuits parfaits (sans
résistance ni inductance). La démonstration concernera successivement les basses
fréquences pour lesquelles s’appliquent les concepts de circuits équivalents, puis, les
fréquences plus élevées où interviennent les phénomènes de propagation.
λ >> L0 (4-33)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 197
Nous établissons tout d’abord les circuits équivalents aux parties extérieures du
blindage, certaines propriétés des lignes de transmission seront utilisées. En effet,
nous pouvons faire correspondre au montage symétrique le schéma donné sur la
Figure (4-29) dans lequel LB représente l’inductance de la ligne formée du blindage
parallèle au plan de masse. Cette inductance peut s’exprimer à l’aide de l’inductance
linéique L de cette ligne par la relation :
LB = L L0 (4-34)
Charges adaptées
I B ( z) _
+
∆V
o L0 z
Connexion de masse
symétrique
Figure (4-28-a)
Charges adaptées
I B ( z) _
+
∆V
o L0 z
Connexion de masse
asymétrique
Figure (4-28-b)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 198
IB
_
+
∆V
Figure (4-29)
∆V
IB = (4-35)
j LBω
Zc Zc
∆V0
_
+
∆V B
Figure (4-30)
∆VB
∆V0 = (4-36)
2
∆V B = Z t I B L0 (4-37)
1 Zt
∆V0 = ∆V (4-38)
2 j Lω
S’il s’agit d’une seule connexion (asymétrique), nous adoptons le circuit équivalent
de la Figure (4-31). De part et d’autre de la source nous trouvons un tronçon de ligne
ouvert en extrémité et un tronçon court-circuité de dimensions rigoureusement égales
à L0 / 2 . Sur le tronçon situé près de l’extrémité ouverte prend place la demi-capacité
CG / 2 établie à l’aide de la capacité linéique C de cette ligne de transmission, soit :
CG = C L0 (4-39)
I B ( z) LB / 2
CG / 2 I L0
_
+
∆V
Figure (4-31)
Sous ces conditions, la théorie des lignes de transmission indique que la distribution
du courant évolue en fonction de la variable longitudinale z, suivant une loi linéaire :
z
I B ( z ) ≅ I L0 (4-40)
L0
2 ∆V j CGω
I L0 = ≅ ∆V (4-41)
4 2
j L Bω +
j CGω
∆V B ≅ Z t I B moy L0 (4-42)
L0
1 j CGω
I B moy =
L0 ∫ I B ( z ) dz ≅ 4
∆V (4-43)
0
∆V0 ≅
1
8
2
j Cω Z t L0 ∆V( ) (4-44)
ZcG
Z A A' = (4-45)
kL
j tg 0
2
kL
Z B B ' = j Z c G tg 0 (4-46)
2
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 201
L
ZcG = (4-47)
C
ω 2π
k = ω LC = = (4-48)
c λ
IB
A B
IB
Z A A' Z B B'
∆V ∆V
L0 / 2 L0 / 2
A’ B’
Figure (4-32)
kL
j tg 0
∆V 2
IB = 2
(4-49)
ZcG kL
1 − tg 0
2
kL ∆V j
Z A A' = Z B B ' = j Z c G tg 0 → I B = − (4-50)
2 ZcG kL
2 tg 0
2
Connexion asymétrique
kL c
tg 0 = ± 1 → f n = (2 n + 1) (4-51)
2 4 L0
Connexion symétrique
kL c
tg 0 = 0 → fp = p (4-52)
2 L0
n=0 → λ = 4 L0 (4-53)
p=1 → λ = L0 (4-54)
I B ( z ) = 2 I B0 sin (k z ) (4-55)
I B (z )
_
+
∆V
o L0 z
Figure (4-33)
Sur la Figure (4-34) un anneau composé de ferrite a été positionné sur la face
extérieure du blindage. Le ferrite a pour but d'engendrer une dissipation d'énergie
provoquée par la composante de champ magnétique due au courant induit sur le
blindage.
Ferrite
I B (z )
_
+
∆V
o L0 z
Figure (4-34)
Pour parvenir à l'amortissement optimal, le matériau doit être localisé dans la zone où
le champ magnétique prend l'amplitude maximale, c'est-à-dire aux ventres du courant
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 204
I B , pour la résonance fondamentale quart d'onde illustrée Figure (4-34), cette région
est confondue avec le contact à la masse du blindage. L'intervention de la dissipation
d'énergie est donc équivalente à l'insertion d'une résistance virtuelle sur la ligne de
transmission constituée du blindage parallèle au plan de masse. Cette résistance
produit l'amortissement attendu de la résonance, le courant I B se trouve alors atténué
dans un rapport proche d'une vingtaine de dB. Toutefois, les propriétés magnétiques
habituelles du matériau ferrite limitent l'exploitation du phénomène absorbant qu'aux
fréquences supérieures à une dizaine de MHz.
Au même titre que les limiteurs d'amplitudes, les absorbants à ferrite réalisent des
protections complémentaires, ils ne peuvent en aucun cas se substituer aux blindages.
Ruban ferromagnétique
Tresse en cuivre
IB
Isolant primaire
_
+
∆V
RT 1 RT 2
Figure (4-35)
∆V
IB = (4-56)
RT 1 + RT 2 + j LBω + Z S
∆V
f ≅ 50 Hz → I B ≅ (4-57)
RT 1 + RT 2
∆V
f ≅ 50 Hz → I B ≅ (4-58)
RT 1 + RT 2 + Z S
Certains câbles comportent sur la face extérieure du blindage une gaine en ferrite
uniformément répartie. Bien que la perméabilité magnétique relative du ferrite ait une
valeur généralement inférieure aux ferromagnétiques, elle demeure heureusement
presque invariante avec la fréquence.
Les enceintes blindées généralement assimilées aux châssis métalliques contenant les
équipements électroniques possèdent cependant des fonctions physiques très
différentes. Nous avions signalé au cours des paragraphes précédents que les châssis
métalliques permettent d'écouler vers la terre les courants induit ou collectés sur le
blindage des câbles. Cependant, les châssis peuvent être presque ou totalement
transparents aux champs électromagnétiques agissant dans leur environnement. Pour
préciser ce contexte, revenons sur l’équipement type dont le câble et les enceintes
sont simultanément exposés à une onde électromagnétique. La Figure (4-36) montre
l'installation au-dessus du plan de masse et l’onde plane résultante repérée dans le
système oxyz présenté en cartouche. Sous cette configuration, nous assistons à la
conjugaison de trois phénomènes de couplage d’importances inégales. Tout d’abord,
l’onde résultante au-dessus du plan de masse induit un courant sur la ligne de
propagation formée du blindage parallèle au plan. Ce courant crée sur le blindage du
câble une chute de tension reliée à l’impédance de transfert. A cette première
imperfection, se superpose une pénétration directe du champ dans le câble, il peut
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 206
Nous regarderons successivement les effets engendrés par les deux couplages
majeurs.
x
Enceinte métallique
8 z
y
Câble blindé Onde résultante
E xr
IB
h
H yr
L0
Figure (4-36)
Nous prenons l’hypothèse que la longueur d’onde du champ perturbateur est très
supérieure à la dimension L0 du câble. En généralisant les concepts établis dans le
paragraphe 2-3, le mécanisme d’induction sur le câble s'associe au circuit équivalent
présenté Figure (4-37), les sources figurant dans ce schéma prennent alors pour
expressions :
∆E0 = j ω µ 0 H yr L0 h (4-59)
∆I 0 = j Cω E xr L0 h (4-60)
∆E0
IB ≅ (4-61)
RT 1 + RT 2 + j LBω
Le courant I B a donc pour effet d’introduire aux extrémités du câble des tensions
résiduelles directement reliées à l’impédance de transfert.
LB / 2 LB / 2
_
+
∆E0
RT 1 RT 2
∆I 0
Figure (4-37)
∆E S = j ω µ 0 H yr ∆S (4-62)
∆E S
∆I S = (4-62)
R S + j LS ω
∆I S
∆I S
E xr ∆I S ∆H yS
H yr
∆I S
Figure (4-38)
Par réaction à la cause qui lui donne naissance, le courant ∆I S provoque un champ
magnétique antagoniste ∆H S , nous l’exprimons:
∆H S = K S ∆ I S (4-63)
Le coefficient K S figurant dans cette formule est bien entendu fonction des critères
géométriques de la spire et de la position de l’observateur. Ce raisonnement étendu à
toute la surface latérale de l’enceinte montre intuitivement qu’il subsiste dans sa
partie interne un champ magnétique résultant H yR prenant pour forme générale:
H yR = H yr − ∆H S (4-64)
L’induction des courants a donc pour effet d’atténuer le champ magnétique perçu par
l’observateur situé dans l’enceinte. En revanche, la circulation des courants sur les
parois génère un champ électrique tangentiel assimilable à une dégradation de
l’atténuation du champ électrique, ces phénomènes imposent donc de distinguer les
atténuations offertes par les champs magnétique et champ électriques, nous les
représentons S H et S E à l’aide des relations suivantes :
H yr
S H = 20 log (4-65)
H yR
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 209
E xr
S E = 20 log (4-66)
E xR
Atténuation de
l’enceinte
SE
Fonctionnement
surdimensionné
SH
f
ft
Figure (4-39)
1
δ ≤e → ft = (4-67)
π µ 0σ e 2
Les défauts d'étanchéité peuvent provenir des voies de ventilation des équipements
abrités dans les enceintes blindées ou être engendrées involontairement lors de
contraintes extérieures. Il s'agit dans la plupart des cas d'ouvertures pratiquées dans
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 210
Accroissement de la densité
Paroi homogène de courant introduction de
fuites magnétiques
Figure (4-40)
cages de Faraday accueillant des personnels techniques, ici, les ouvertures peuvent
atteindre une vingtaines de centimètres, cela signifie qu'elles deviennent totalement
transparente au-dessus de 70 MHz. Pour concilier la convection d'air et l'atténuation
des ondes, on installe des nids d'abeilles. La Figure (4-41) montre la description de
ces dispositifs composés d'un assemblage de tubes de section hexagonale ou
octogonale, leur dimension transversale est très inférieure à la plus petite longueur
requise par le cahier des charges d'atténuation. Sous ces conditions, l'onde parvenant
sur la face extérieure de l'enceinte est très fortement atténuée, en effet, chaque tube se
comporte comme un guide d'onde fonctionnant au dessous de la fréquence de
coupure. Le champ résiduel trouvé sur la face intérieure du nid d'abeille a donc pour
source une onde évanescente dont l'amplitude s’atténue avec la dimension
longitudinale des tubes est deux à trois fois supérieure à leur dimension transversale.
Les enceintes à haute immunité électromagnétique sont conçues pour atteindre des
atténuations voisines ou supérieures à 100 dB , cela sur une large bande de fréquence
allant de quelques MHz à plusieurs GHz.
Leur usage est surtout justifié pour protéger les circuits électroniques de l’exposition
à des champs intenses dépassant 100 V / m . Sous des champs de plus faible amplitude
1 à 10 V / m l'atténuation évite des inductions trop intenses sur les pistes des circuits
imprimés. En effet, dés que les longueurs d'ondes deviennent comparables aux
dimensions des pistes des risques de résonance peuvent surgir, en conséquence, c'est
pour des longueurs d'ondes généralement inférieures aux dimensions des enceintes
qu'il faut rechercher une grande étanchéité.
<< λ
N tubes
Figure (4-41)
Nous nous limitons ici à l’analyse des câbles coaxiaux, le lecteur trouvera dans le
chapitre cinq l'extension de ces concepts au cas des câbles multifilaires blindés.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 212
H θS
IS
H xr
E zr
H zS
E xr x z
IS
H zr o y
(a) (b)
Figure (4-42)
Pour l’exemple (a) présenté à gauche de la figure, le champ est polarisé pour que le
vecteur champ magnétique prenne une orientation parallèle à la direction axiale du
tube, alors que le champ électrique est contenu dans un plan perpendiculaire à cet
axe. L’interaction avec le matériau très conducteur engendre deux phénomènes. Le
champ magnétique reste orienté parallèlement à l’axe, il produit un flux magnétique
générateur de courants circulaires notés I S , ces courants distribués le long du tube
produisent un champ axial H zS opposé au champ initial. Le phénomène est tout à fait
équivalent au couplage intervenant sur la spire de la Figure (4-38). Le champ
résultant intérieur au tube a donc une amplitude très inférieure au champ incident.
Contrairement au champ magnétique, l’orientation du champ électrique est
profondément modifiée. En effet, à cause de la surface de grande conductivité, les
lignes de champ sont tellement déformées qu’elles se ferment normalement à la
surface latérale du tube, nous sommes en présence d'un écran électrostatique parfait.
En conséquence, le seul champ électrique retrouvé à l’intérieur du blindage se
manifeste par une composante angulaire (non représentée sur la figure) produite par
la circulation de I S .
L’exemple (b) porté à droite correspond la situation duale de la précédente où le
vecteur champ électrique est dirigé parallèlement à l’axe du tube, la face latérale du
conducteur cylindrique se comporte alors comme une antenne réceptrice. Le courant
induit I S est orienté parallèlement au tube, il donne naissance à un champ électrique
longitudinal (absent de la figure) dont l'intensité est fonction de la résistance linéique
du blindage. En revanche, l’orientation du champ magnétique est fortement modifiée
par la condition aux limites imposée sur la surface latérale du matériau très
conducteur. La distorsion subie par le champ magnétique engendre une composante
angulaire H θS reliée par le théorème d'Ampère au courant induit sur le blindage.
L’exemple (a) offre peut d’intérêt puisque le champ magnétique résiduel est orienté
parallèlement à l’axe, donc sans effet sur le conducteur intérieur coaxial.
Inversement, la composante magnétique angulaire H θS en présence d’ouvertures sur
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 213
Répartition périphérique du
courant uniforme Ouverture
Répartition non
uniforme du courant
H θS = 0
Fuite de champ
magnétique
H θS ≠ 0
Figure (4-43)
La pénétration des ondes hertziennes dans les ouvertures est semblable aux
phénomènes de diffraction rencontrés en optique. Les propriétés physiques de la
diffraction dépendent étroitement de la fréquence et plus spécialement du rapport
liant les dimensions de l’ouverture à la longueur d’onde, trois phénomènes sont
généralement observés.
Dans les Figures (4-45) et (4-46) apparaissent les orientations relatives du champ
r r
électrique normal E nr et du champ magnétique tangentiel H tr respectivement associés
r r
au dipôle électrique p et au dipôle magnétique m . Le vecteur champ électrique et le
moment électrique sont liés par le scalaire α e , il s'agit de la polarisabilité électrique.
Le champ magnétique et le moment magnétique sont reliés par la dyade α m : (tenseur
bidimensionnel) représentant la polarisabilité magnétique. L'usage d'un tenseur
r r
signifie qu'en général m et H tr ne sont pas colinéaires, la polarisabilité magnétique
comporte donc deux composantes α m x et α m y alors que l'expression du moment
électrique fait intervenir la permittivité électrique absolue ε0 , soit:
r r r
p = ε0 α e E nr = ε0 α e E nr u z (4-68)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 215
r r
( r r r
m = − α m : H tr = − α m x H trx u x + α m y H try u y ) (4-69)
r r
αm : = αm x u x + αm y u y (4-70)
z
v
Ei
y
r
Hi
Onde
incidente
o
x
Plan conducteur de
dimensions infinies
d
Figure (4-44)
y
z
r r
E nr H tr
o
o x
Figure (4-45)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 216
y
z
r r
p m
o
o x
d
Figure (4-46)
d3 d3
αe = αm x = αm y = αm = (4-71)
12 6
Nous rappelons que ces expressions ne sont valables que pour un plan infiniment
mince, dans le cas contraire, il faut adopter une correction tenant compte de la
propagation évanescente de l'onde pénétrant dans l'ouverture.
Champ
incident
z
H xi
Champ
résultant
d H xr
o
m x
θ
r
H θd
Champ
P
diffracté E φd
H rd
Figure (4-47)
Revenons vers la Figure (4-43) montrant le blindage du câble coaxial comportant une
ouverture, le courant dérivé par le blindage produit un champ magnétique azimutal
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 218
Application numérique
Pour établir l'ordre de grandeur de l'inductance de transfert, on utilisera des
paramètres géométriques représentatifs d'un blindage tressé usuel.
Diamètre du blindage: D = 7 mm
Nombre d'ouvertures par mètre: ν = 2000
Diamètre des ouvertures circulaires: d = 0,4 mm
Les filtres secteurs généralement installés sur la voie d'alimentation d’un équipement
électronique ont pour fonction d’atténuer les parasites transportés sur les lignes de
puissance. On rencontre également ce type de filtre sur les équipements électroniques
générateurs de parasites intenses transmis par conduction comme c’est fréquemment
le cas sur les locomotives électriques.
Le schéma de l'installation de la Figure (4-1) présentée en début de chapitre
positionne le filtre au point d'entrée de la ligne d'alimentation. Le circuit répond au
critères d'une fonction de transfert de type passe bas dont la Figure (4-48) apporte
quelques détails internes. Dans ce schéma on reconnaît des quadripôles constitués
d'association d'inductances et capacités, une ligne de terre et un blindage dont les
contributions respectives dépendent de la nature et du spectre des perturbateurs
pénétrant dans le filtres. Nous procéderons à une description de leur fonctionnement
en commençant par les modes de transmission des perturbations.
Alimentation
équipement
Châssis métallique de
l’équipement
IG
Ligne de terre du
Inductances et réseau
capacités de filtrage
Courant de
Prise de terre terre
équipement
Figure (4-48)
V E V t t V
= (T ) S = 11 12 S (4-68)
IE I S t 21 t 22 I S
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - J 220
t 11 = 1 − L C ω 2
t 12 = j Lω
(
t 21 = j C ω 2 − L C ω 2 ) (4-74)
t 22 = 1 − L C ω 2
IE IS
L
VE C C VS
Figure (4-49)
V E t 11 Z L + t 12
ZE = = (4-75)
I E t 21 Z L + t 22
t 12
Zc = (4-77)
t 21
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 221
1
−
L 2 2
Zc = 2 − ω (4-78)
C ω02
1
ω0 = (4-79)
LC
L'atténuation engendrée par le filtre est exprimée par deux fonctions de transfert
H i ou H v établissant les rapports des paramètres trouvés en sortie et en entrée, on
distingue alors les fonctions de transfert en courant et en tension données par les
formules suivantes:
IS VS
Hi = Hv = (4-80)
IE VE
Lorsque le filtre est connecté sur une impédance quelconque, ces rapports prennent
pour expressions générales:
(
H i = t 21 Z L + t 2 2 )−1 (4-81)
−1
t 12
H v = t 11 + (4-82)
Z L
1
−
L 2 2
Z L = Zc = 2 − ω (4-83)
C ω02
1
Hi = 1
(4-84)
2 2 2
1 − ω + j ω 2 − ω
ω02 ω0 ω02
1
ω1 = 2 ω0 ⇒ f1 = (4-85)
π LC
Bande passante
ω2
ω ≤ ω1 → 2− ≥0 (4-86)
ω02
Hi = 1 (4-87)
Bande atténuée
1 1
ω2 ω2 2 ω2 2
ω > ω1 → 2 − 2 < 0 → 2 − 2 = j 2 − 2 (4-88)
ω0 ω0 ω0
1
Hi = (4-89)
1
ω2 ω ω 2 2
1− − − 2
ω02 ω0 ω02
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 223
La fonction de transfert nominale est obtenue pour une filtre connecté sur une
résistance Rc prenant pour valeur singulière:
L
Z L = Rc = (4-90)
2C
1
Hi = 1
(4-91)
ω
4
1 ω
62
1 + − +
ω0 2 ω0
Lors de l'utilisation des filtres et plus spécialement dans les applications rencontrées
en CEM, l'impédance de charge peut être quelconque. Les défauts d'adaptation
provoquent une distorsion des fonctions de transfert, ces phénomènes sont d'autant
plus accentués que Z L s'éloigne de la charge nominale déterminée par (4-90). S'il
s'agit d'une résistance R L de valeur quelconque, H i s'exprime:
1
Hi = 1
(4-92)
1 ω2 2
2
R
2
ω2
22
2 − ω L + 1 − 2
2 ω02
ω02 Rc
ω0
Pour une charge réduite à un court-circuit, la fonction se simplifie, elle prend pour
forme:
1
RL = 0 ⇒ Hi = (4-93)
ω2
1− 2
ω0
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 224
Application numérique
Les deux courbes rassemblées sur la Figure (4-50) ont été successivement simulées
pour le filtre idéalement adapté donné par la fonction (4-84) puis connecté sur la
résistance caractéristique Rc , les paramètres physiques du calcul sont les suivants:
Figure (4-50)
Ces distorsions ne feront que croître avec la désadaptation, ces phénomènes sont
d'ailleurs tout à fait bien confirmés par les courbes de la Figure (4-51) respectivement
tracées pour des impédances de charge très inférieure ou très supérieure à
l'impédance caractéristique.
Figure (4-51)
Généralement, les filtres secteurs sont parcourus par les courants intenses absorbés ou
produits par les équipements. C'est le cas en traction ferroviaire électrique où
l'intensité au démarrage d'une locomotive peut atteindre plus de quatre milles
Ampères. Dans un tel contexte l'inductance de filtrage doit être composée d'un
bobinage réalisé par un conducteur de forte section, cette contrainte technologique
contribue donc à augmenter le volume de ce composant passif. On peut faire une
remarque analogue pour les capacités, pour reprendre l'exemple des chemins de fer
électrifiés, les tensions que supportera les composants peuvent atteindre vingt cinq
milles Volts, de tels chiffres exigent de sévères critères d'isolement contribuant à une
augmentation du volume. Les inductances et capacités volumineuses peuvent donc
adopter aux fréquences supérieures au MHz des comportements physiques tout à fait
opposés aux caractéristiques nominales attendues! En effet, la capacité parasite
C p du bobinage donne une réactance négative prépondérante, inversement,
l'inductance L p parasite de la capacité attribue une réactance positive. La fonction
de transfert du filtre mesurée aux fréquences très élevées s'en trouve profondément
modifiée. Le comportement exotique affirmé par les éléments parasites est illustré par
le circuit équivalent de la Figure (4-52).
IE IS
Cp
VE Lp Lp
VS
Figure (4-52)
Le filtre adopte alors une réponse fréquentielle de type passe haut! De plus, connecté
en sortie sur une impédance proche d'un court circuit, la fonction de transfert en
courant H i manifeste une fréquence de résonance f p établie par la relation suivante:
1
R L << Rc → fp ≅ (4-94)
2π L p C p
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 227
Sous ces conditions le courant prélevé en aval du filtre peut dépasser l'amplitude du
courant entrant! Ces phénomènes indésirables se manifestent principalement sur la
fréquence de résonance parasite.
En conséquence, l'allure générale de la fonction de transfert du filtre est proche du
gabarit illustré Figure (4-53). Les droites en trait continu représentent la fonction de
transfert nominale avec pour charge Rc , les zones ombrées indiquent les défauts
d'adaptation engendrés par les fluctuations des charges connectées en sortie, f 1
représente la fréquence de coupure établie par la relation (4-85), f p indique la
position de la résonance parasite décrite par le schéma exotique haute fréquence de la
Figure (4-92).
0 dB
Incertitudes
f
f1 fp
Caractéristique
Fréquence Fréquence de
nominale
de coupure résonance
parasite
Figure (4-53)
D'autre part, dès que la longueur d'onde des perturbations filtrées s'approche de la
dimension du conducteur composant le bobinage de l'inductance, les phénomènes de
propagation se manifestent et donnent lieu à des résonances exotiques localisées
périodiquement.
Phase Ligne de
Blindage ou terre
du filtre neutre
Tension de mode
commun V
G
Piste
IG
Plan de masse du
circuit imprimé Connexion Source de champ
Courant électromagnétique
Terre locale induit HF
Figure (4-54)
.
Joint électromagnétique
très étanche
Châssis métallique de
l’équipement
IG
Figure (4-55)
Principe physique
Les filtres répartis également appelés « câbles filtrants » utilisent certaines propriétés
de la propagation des ondes TEM appliquées aux lignes de transmission. Ces filtres
justifient généralement leur champ d’application aux fréquences élevées, domaines
pour lesquels les filtres classiques entrent dans un comportement exotique. Le
schéma de la Figure (4-56) représente les composants d'un filtre réparti blindé.
Blindage
Isolant
primaire
Conducteur
intérieur
Hθ
Ic
Gaine de
ferrite
o
Figure (4-56)
Il s’agit d'un câble coaxial conventionnel auquel est ajoutée une gaine absorbante
déposée sur le conducteur intérieur. Le composite absorbant contenant généralement
une poudre ferrite a pour effet d’introduire une dissipation d’énergie induite par la
composante azimutale de champ magnétique H θ engendrée par la circulation du
courant I c sur le conducteur intérieur. Dans ces circonstances, la dissipation
d’énergie est assimilable à une résistance virtuelle superposée à la résistance naturelle
des conducteurs composant le câble. Ainsi, le circuit équivalent d'une section
infinitésimale dz du filtre englobe les éléments portés sur la Figure (4-57). A gauche
du rectangle marqué en traits pointillés figurent les paramètres linéiques naturels L,
R, C, à l’intérieur du rectangle prennent place les paramètres additionnels
∆L, ∆C , ∆R apportés par la gaine absorbante. Leur contribution se traduit par un
accroissement de l’inductance linéique et de la capacité linéique, mais le facteur le
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 230
plus pertinent est l’instauration d’une résistance virtuelle ∆R devant se situer très au-
dessus de la résistance R linéique des conducteurs.
Sachant que l’absorption d’énergie dans le matériau augmente avec la fréquence,
l’effet de ∆R ne sera perceptible qu’au-dessus d’une fréquence maximale f maxi
résultant d’un compromis entre les propriétés physiques du matériaux et des
propriétés de la propagation observées dans le câble. En conséquence, pour limiter la
distorsion des signaux fonctionnels transmis dans le câble, leur gabarit spectral devra
se situer au-dessous de f maxi . L’illustration portée dans la Figure (4-58) indique les
positions relatives du gabarit spectral des signaux, de la fréquence de coupure du
câble filtrant f maxi et d’un perturbateur harmonique de fréquence f p entrant dans la
bande atténuée.
L R ∆L ∆R
C ∆C
dz
Figure (4-57)
Le lien entre la fréquence de coupure du filtre réparti et les résistance contenues dans
le circuit équivalent de la Figure (4-57) se résume aux relations suivantes:
f ≤ f max i → ∆R << R
(4-95)
f > f max i → ∆R >> R
f
Borne du f max i fp
spectre utile
Figure (4-58)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 231
L g = L + ∆L
C g = C + ∆C (4-96)
R g = R + ∆R
Zc
V p (0 ) V p ( z) V p ( L0 )
o L0 z
Figure (4-59)
I p ( z ) = I p (0 ) e −γ c z
(4-97)
V p ( z ) = V p (0 ) e −γ c z
R g + j Lg ω
V p (0) = Z c I c (0 ) avec Z c = (4-98)
Cg
Nous verrons que les propriétés de filtrage sont étroitement reliées à la constante de
propagation γ c des ondes TEM dans le câble que nous convenons écrire:
γc = (Rg + j Lg ω ) j C g ω (4-99)
Ce raisonnement suppose bien entendu que la pulsation ω figurant dans les relations
(4-99) est en relation directe avec la fréquence f p du signal parasite:
ω = 2π f p (4-100)
L g ω >> R g → γ =α + jβ (4-101)
Rg
α≅ (4-102)
2 Zc
ω 1
β= j avec vc ≅ (4-103)
vc Lg C g
Lg
L g ω >> R g → Zc ≅ (4-104)
Cg
I p ( L0 ) V p ( L0 )
Hi = = Hv = = e − (α + j β ) L0 (4-105)
I p (0 ) V p (0 )
Hi dB
= Hv dB
= − 8,69...α L0 (4-106)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 233
Application numérique
I p (0 ) 1
Hi = = (4-107)
I p ( L0 ) ch [(α + j β ) L0 ]
I p (0) I p ( L0 )
o L0 z
Figure (4-60)
Nous envisagerons deux situations extrêmes suivant que l’atténuation engendrée par
le filtre est très faible ou au contraire très importante.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 234
Considérons tout d'abord une résistance de trop petite valeur donnant au produit α L0
une contribution négligeable transcrite par les développements limités figurant ci-
dessous:
α L0 << 1 → ch (α L 0 ) ≅ 1 , sh (α L0 ) ≅ α L0 (4-109)
La formule (4-108) se simplifie, H i prend alors pour forme complexe et pour module
les relations approchées suivantes :
1
Hi ≅ (4-110)
cos ( β L0 ) + j α L0 sin ( β L0 )
1
Hi ≅ (4-111)
(α L0 )2 + [cos (β L0 )]2
Les résonances se manifestent lorsque la fonction contenant le cosinus passe par zéro:
vc
cos ( β L0 ) = 0 → f n = (2 n + 1) (4-112)
4 L0
1
Hi ≅ (4-113)
(α L0 ) f
f = fn
= fn
Nous obtenons une atténuation supérieure à l'unité, la démonstration prouve que sous
ces conditions de charge, le filtre adopte un comportement exotique.
Si nous envisageons maintenant une résistance linéique suffisamment grande pour
procurer une atténuation importante avant l’apparition de la première
résonance n = 0 , nous ferons usage des formes asymptotiques de l’expression (4-
103), soit:
1 α L0
α L0 >> 1 → ch (α L0 ) ≅ sh (α L0 ) ≅ e (4-114)
2
e − α L0 1 −α L0
Hi ≅ → Hi ≅ e (4-115)
2[cos ( β L0 ) + j sin ( β L0 )] 2
f
∆R = R0 (4-116)
fc
Figure (4-61)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 236
La Figure (4-62) illustre le calcul précédent pour un filtre réparti d'une dimension de
dix mètres ( L0 = 10 m ), ces courbes produites en trait continu sont comparées à la
réponse du filtre initial rappelée en traits pointillés.
Figure (4-62)
La simulation numérique a montré que les filtres répartis ne sont réellement efficaces
que pour atténuer des parasites situés dans la réponse spectrale exempte de
résonances. Cette propriété peut être résumée par le diagramme de la Figure (4-63).
Fonction de transfert
Fréquence
Figure (4-63)
Blindage Ferrite
Equipement
protégé Pénétration proche Pénétration lointaine
"propagation "propagation
peu atténuée" très atténuée
Figure (4-64)
Gaines
« ferrite »
Gaine
diélectrique
Conducteurs
bifilaires
Figure (4-65)
Pour le mode commun, le retour du courant dépend du lien physique avec la terre.
S’il s’agit d’un équipement dépourvu de ligne de terre spécifique, le retour se fait par
des voies indéterminées procurant à la ligne de transmission une impédance
caractéristique très supérieure très supérieure à celle trouvée sur le mode différentiel.
Nous savons grâce à la relation (4-102) que l’atténuation du câble est inversement
proportionnelle à l’impédance caractéristique, elle sera donc plus faible qu’en
propagation différentielle. Pour améliorer l’efficacité du filtre, il est donc
recommandé de réduire l’impédance caractéristique de mode commun par l’insertion
d’un conducteur de terre ou mieux encore en recouvrant extérieurement l’isolant par
une enveloppe métallique.
Appareil producteur
de parasites large
bande
I c Parasite de mode
commun Id
Parasite
Lien avec de mode 220 V
la terre différentiel 50 Hz
Figure (4-66)
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 239
Une application typique concerne les conducteurs haute tension connectés aux
bougies des moteurs à combustion interne. Les courants transitoires intenses
provoqués lors de l’allumage génèrent un rayonnement à large spectre
particulièrement nuisible pour la réception des ondes VHF ou UHF. L’usage d’une
gaine absorbante a pour effet d’amortir les auto oscillations du courant transitoire et
par voie de conséquence de réduire leur effet perturbateur.
Les équipements électriques sont généralement alimentés par les réseaux provenant
des centres de production d’énergie électrique. Le système monophasé de loin le plus
répandu comporte dans la plupart des installations un conducteur de phase, un
conducteur neutre et un conducteur de terre, tous interviennent sur la sécurité des
usagers menacés par des défauts d’isolement ou par des phénomènes
électromagnétiques transitoires violents. Nous procéderons à une description
sommaire des réseaux monophasés afin d’établir leur lien avec les couplages
électromagnétiques examinés dans le cours. L’analyse des couplages ne peut être
correctement comprise qu’après une brève description topologique du poste de
distribution basse tension.
Primaire Secondaire
Conducteur
380 V de
phase
25 kV
Points
neutres
220 V
Conducteur 220 V
neutre
Dispositif
de mise à la terre Terre Surface du
du neutre locale sol
Figure (4-67)
Cette protection est toutefois faillible, notamment, s’il se produit suite à une
contrainte mécanique ou à une oxydation une coupure du contact avec la terre locale.
Dans ce cas, un usager touchant l’appareil reçoit la tension phase terre de 220 V !
Pour supprimer ce risque, on rencontre aujourd’hui des appareils équipés d’un double
isolement qui évite le recours systématique au contact avec la prise de terre. Certains
appareils électroménagers, audio visuel ou d’informatique grand public adoptent
généralement cette disposition sécurisante.
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 241
Phase
Disjoncteur
Neutre différentiel
Ligne de terre
Terre
locale
Poste de Equipement
transformation
Figure (4-68)
∆vG (t ) = z G (t ) * i F (t ) (4-117)
Cette relation n’est autre que le produit de convolution liant la signature du courant
foudre à la réponse impulsionnelle z G (t ) de la prise de terre déterminée par la
transformée de Fourier inverse de l’impédance Z G (ω ) , soit :
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 242
z G (t ) = TF -1 [Z G (ω )] (4-118)
Courant
foudre
Paratonnerre
Phase
Parasite
Neutre transitoire
∆vG (t )
i F (t ) Poste de
transformation
Equipement ∆vG (t )
Prise de terre
foudre
Protection Local contenant
métallique l’installation
Figure (4-69)
Le courant foudre pouvant atteindre une amplitude crête de vingt à cent mille
Ampères, la tension transitoire provoquée par ce couplage par impédance commune
peut être suffisante pour détruire l’équipement ou menacer les usagers qui entreraient
fortuitement en contact avec le neutre. Un calcul très simplifié de la résistance de
prise de terre va permettre de saisir l’ordre de grandeur de ces perturbations.
Nous ferons le calcul d’une prise de terre composée d’une tige cylindrique de
dimension hT , de diamètre D terminée en partie inférieure par une calotte
hémisphérique. La Figure (4-70) illustre en partie gauche la position de ces
paramètres géométriques et en partie droite le repère utilisé pour mener le calcul.
Nous limitons le raisonnement au cas du courant continu, ce qui équivaut à négliger
les phénomènes de propagation établis sur la tige métallique et dans le sol. Une
seconde approximation suppose que la densité de courant dispersée dans le sol est
invariante sur des surfaces de rayon r homothétiques de l’enveloppe latérale de la
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 243
dr
dRT = ρ (4-119)
ST
Dans cette expression ρ représente la résistivité électrique du sol, S T la surface
d’égale densité de courant définie plus haut, nous l’exprimons :
S T = 2π r hT + 2π r 2 (4-120)
+∞
ρ dr ρ 2h + D
RT =
2π ∫ h r + r 2
=
2π hT
Log T
D
(4-121)
D/2 T
D Axe du repère
ρ dr
hT r
dRT
Surfaces de répartition
uniforme du courant
Figure (4-70)
Application numérique
Dimension du conducteur: hT = 2 m
Diamètre du conducteur : D = 1 cm
Résistivité électrique du sol (terrain sédimentaire) : ρ = 100 Ω m
Le schéma de la Figure (4-71) représente les conditions d’un impact foudre déterminé
par l’injection sur une prise de terre d’un courant i F (t ) dont l’amplitude crête
avoisine I P = 20 kA . Deux équipements riverains situés dans des locaux distants de
L0 sont respectivement connectés aux prises de terre P1 et P2 alignées sur le point
d’impact.
i F (t )
∆vG (t )
P1 P2
L0
r2
o
r
Figure (4-71)
Sachant que la prise de terre la plus proche de l’impact est située à la distance r1 , le
calcul mené avec les hypothèses du régime statique montre que la différence de
potentiel ∆vG (t ) apparaissant entre P1 et P2 est déterminée par l’intégrale :
ρ r1 + L0
dr
∆vG (t ) =
2π
∫ i F (t ) (4-122)
r hT + r 2
r1
ρ r + L0 r1 + hT
∆vG (t ) = Log 1 i F (t ) (4-123)
2π hT r1 r1 + hT + L0
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 245
Application numérique
Une prise de terre d’une dimension de deux mètres donnerait une tension crête
voisine de trente kiloVolts.
Défauts d'équipotentielle
la sécurité des personnes. En effet, si l’une des extrémités du blindage est isolée de la
terre, une personne touchant cette extrémité du blindage sera soumise à ∆V , lors de
transitoires intenses générés lors de certains incidents d’exploitation (courts circuits),
∆V peut dépasser plusieurs milliers de Volts.
Caténaire
T1 ∆V T2
Retour du courant
Prise de terre dans le sol Défaut d'équipotentielle
longitudinal
Figure (4-72)
Caténaire
Terre locale
Figure (4-73)
L'isolement des rails a toutefois pour effet de créer à distance des sources
d'alimentation un défaut d'équipotentielle exprimé par une tension ∆V transversale
apparaissant entre le rail et une prise de terre locale. Cette tension ∆V provient
principalement de la chute de tension due au retour du courant dans le rail, sous le
régime de fonctionnement nominal des trains, ∆V peut atteindre une centaine de
B. DEMOULIN, Initiation à la Compatibilité Electromagnétique - K 247
Caténaire
Rails
h Er
Lignes de champ
magnétique
P
Hr 2h
Sol
Lignes de champ
électrique
Image
électrique de
la caténaire
Figure (4-74)
Les lignes à très haute tension et les lignes ferroviaires électrifiées comportent
généralement un conducteur de garde localisé pour les premières au sommet des
pylônes et pour les secondes latéralement aux poteaux métalliques supports de
caténaire. La Figure (4-75) montre pour chacun de ces exemples la position occupée
par ces conducteurs.
Conducteurs Isolateur
de garde
Isolateurs
Conducteurs de Caténaire
phase Poteau
métallique
Pylône
métallique
Emprises au sol
Figure (4-75)
Les conducteurs de garde sont en contact électrique avec la masse métallique des
pylônes eux mêmes reliés à la terre par les emprises de maçonnerie. Ils ont pour
fonctions principales de recueillir les impacts foudre et de protéger les riverains des
défauts d'isolement. En effet, lors de l'amorçage d’un arc électrique à travers un
isolateur, un courant de défaut très intense va être dérivé vers le sol et réparti sur N
prises de terre constituées par N pylônes connectés aux conducteurs de garde. Cette
disposition a pour effet de réduire la résistance globale de terre et d’abaisser ainsi la
chute de tension apparaissant entre les pylônes et la terre.