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FILA320a - Littératures orales des Philippines

TALAAN NG NILALAMAN

LA LANGUE DE L’ASWANG 2
L’HOMME GRAND SUR L’ARBRE 2
MARIA CACAO 3
L’ENFANT DIABLE 3
ANG TIKBALANG KUNG KABILUGAN NG BUWAN 4
ULALIM 5
HUDHUD 6
BINDIAN 7
BANTUGAN 8
LAM-ANG 8
HINILAWOD 9
IBALON 10
LES DEVINETTES 12
LES CHANSONS 13
Le Batelier 13
Katurog, Katurog 15
Brother To Baby 15
Angngiduddue 15
Ili, Ili, Tulog Anay 15
Muyin Paru Ñinu 16
Ang Dalagang Filipina 16
LES PROVERBES 17
LES POÈMES COURTS 18
Tanaga 18
Ambahan 18
LE CONTE DE L’ALIPIN 19
CODE NAME : BATHALA 26

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FILA320a - Littératures orales des Philippines

LA LANGUE DE L’ASWANG

Une fin d’après-midi, après avoir nourri ses cochons, Pinang vit un gros chien à la tête tombante
marcher furtivement derrière elle. Elle courut aussi vite que son corps lourd le lui permettait et elle
faillit tomber en sprintant dans les escaliers en bambou.

« Susmariosep ! » dit-elle à voix basse. Puis, de façon incohérente, elle appela son mari :
« Andoy ! Aswang… un gros chien ! »

Andoy courut en bas mais il ne vit aucun gros chien autour. Il se moqua, « Toi et ton
imagination ! »

Le mari et la femme mangèrent un repas calme. Ni l’un ni l’autre ne parlait. Pinang était sûre que
l’aswang rôdait toujours autour des lieux. Elle en voulait à son mari de ne pas sympathiser avec
elle. Après le souper, Andoy étendit la natte et bientôt il ronflait.

Pinang débarrassa la table basse et lava les assiettes et la marmite à la hâte. Posant la lampe à
huile de noix de coco sur le sol près de son mari endormi, elle se mit à coudre de petites choses pour
enfant. Une ombre flottait sur le tissu qu’elle cousait. Levant les yeux, elle vit un gros papillon de
nuit encerclant la lampe. Serait-ce encore l’aswang ?

Elle regarda le papillon voler par la fenêtre dans l’obscurité. Ses yeux se posèrent sur Andoy qui
ronflait. Bien que souvent bourru, on pouvait compter sur lui pour la protéger, se rassura-t-elle. Puis
ses yeux s’écarquillèrent. Était-ce un fil qu’elle vit pendre du toit ? Levant la lampe pour regarder
de plus près, elle vit que le fil était rouge ! Se signant, murmura-t-elle. « Susmariosep ! »

Saisissant ses ciseaux, Pinang coupa le fil. Elle pensait que le toit lui tombait sur la tête. Le bruit
sourd était si fort et lourd. Le bruit réveilla Andoy, et comme un fou, il se précipita hors de la
maison. Pinang le suivit avec la lampe. Que voyaient-ils étendu sur le sol sous leur fenêtre sinon
une énorme chauve-souris, sa longue langue rouge, fine comme du fil, couchée dans la poussière.

L’HOMME GRAND SUR L’ARBRE

Un petit garçon rentrant chez lui à travers un bois épais se trouva soudain devant un énorme
tronc d’arbre qui ressemblait à une jambe d’homme. Comme c’était la fin de l’après-midi et que la
nuit tombait, il regarda et plissa les yeux devant lui pour mieux voir. Alors que ses yeux remontaient
le tronc qui ressemblait à une jambe d’homme, il la vit soudain surmontée d’une grosse tête
d’homme. L’homme était noir comme du charbon et il fumait un rouleau de tabac gros comme un
tronc de banane d’où s’échappait une fumée épaisse comme d’une cheminée.

Le garçon courut aussi vite que ses jambes pouvaient le porter. En sécurité à la maison, il apprit
de sa mère qu’il avait vu un kapre. Car tel est le nom du grand homme noir qui vit dans l’arbre
balete.

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MARIA CACAO

Sur la plus haute montagne d’Argao, dans la grotte de Lantoy, vivait une très belle femme
appelée Maria Cacao. Selon les anciens, c’était une fée qui descendait parfois se montrer aux
habitants de la ville quand la lune était pleine.

Elle s’appelait Maria Cacao d’après son immense plantation de cacao sur la montagne. En fait,
elle voyageait parfois en Amérique pour vendre son cacao.

De ses voyages, Maria Cacao apportait généralement de nouveaux ustensiles, de l’argenterie et


de la porcelaine. Les habitants de la ville empruntaient ces objets pour les mariages, les baptêmes et
autres fêtes. On dit que quiconque souhaitait utiliser les affaires de Maria Cacao les demandait
simplement à l’entrée de la grotte. Le lendemain, sans faute, ces choses seraient livrées à leur porte.

Pour ses voyages, Maria Cacao utilisait un immense navire en or. En raison de sa taille, parfois
son mât s’accrochait sur le pont d’Argao, qui s’effondrait.

Alors que les Américains s’apprêtaient à construire un pont en béton à Argao, les gens se
disaient : « Le nouveau pont devra être très haut pour que le navire d’or de Maria Cacao ne puisse
pas y toucher. »

Un jour, un ingénieur se rendit dans la grotte de Maria Cacao et la supplia de ne pas passer par la
rivière Argao afin que le pont ne soit pas détruit.

Maria Cacao accepta. Ainsi, rien n’arriva au pont d’Argao.

Cependant, les gens ne peuvent plus emprunter d’ustensiles pour leurs festins. Ils n’ont pas non
plus vu Maria Cacao. On dit que Maria Cacao a appris une leçon. Certains citadins n’ont pas rendu
les choses qu’on lui avait empruntées ; ainsi, Maria Cacao n’apparaît plus aux citadins.

Parfois, lorsque les citadins entendent que le pont de Dalaguete, Manipis ou Mananga est détruit,
ils disent : « C’est peut-être à cause du navire en or de Maria Cacao. Maintenant, elle a
probablement déménagé ailleurs et doit passer par une autre rivière… »

L’ENFANT DIABLE

« Il y a beaucoup de créatures dans les champs et dans les bois, » dit le Voyageur au petit-fils de
Lakay Santos, « qui ne sont pas aussi nuisibles que les mangkukulam mais prennent plaisir à vexer
et à ennuyer les humains. Une telle créature est le tianak. »

« Parle-moi du tianak, » dit le petit-fils.

Le Voyageur raconte :

Un charpentier vivait ici qui était gentil de cœur et simple comme tout charpentier devrait
l’être. En rentrant du travail en fin d’après-midi, il traversa un champ solitaire et là, il
entendit un enfant crier Uha-ah ! Uha-ah !

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En regardant parmi les buissons, il découvrit un nouveau-né nu. Quel pauvre enfant, pensa
le charpentier. Quelle cruelle mère de laisser son bébé mourir dans ce champ solitaire ! Et
il ramassa la créature et la tint contre son corps sous sa chemise pour la garder au chaud.

Au bout d’un moment, les gémissements s’arrêtèrent et il commença alors à sentir le bébé
lui gratter le sein. Pour un si petit bébé, il a des ongles pointus, pensa le brave homme. Plus
loin, le grattage devenait plus net. Aray ! s’exclama le charpentier, ce bébé a des ongles très
longs ! Et il regarda la chose sous sa chemise. Dieu, aide-moi, s’écria le charpentier en
laissant tomber précipitamment la chose à terre. C’est un tianak ! Un vieux nain hideux
avec de longues dents pointues que le charpentier avait confondues avec des clous. Le
tianak rit ha-ha-ha. Je t’ai trompé. Je t’ai trompé. Et disparu dans l’herbe.

ANG TIKBALANG KUNG KABILUGAN NG BUWAN

Kung gabi at kabilugan ang buwan mauupo


ang tikbalang sa punong kalumpang, at
maghahanap ng kalaro sa patintero o taguan.
Gagayahin ang kapreng mabisyo sa paghithit
ng matapang na abano. Hanggang maubo siya,
mahilo, at lumabas ang usok sa ulo.

Malungkot dahil walang kalaro, mauupo sa


punso ng masungit na nuno. Hanggang ang
tumbong niya at maluto.

Gagayahin ang mahabang dila ng aswang sa


pagnanakaw ng sanggol na atay. Hanggang
ang dila niya ay maputol ng sundang.

Lalaruin ang anak ng taksil na tiyanak.


Hanggang ang leeg niya ang makagat.

Kaya't malungkot siyang nagpalundag-


lundag, nag-iisang nagluluksong-tinik sa bituin
at ulap. Hanggang may makabangga siya na
isa ring palundag-lundag na tikbalang. At kaya
kung kabilugan ng buwan, masaya ang
tikbalang pag may kalarong tikbalang sa tabi
ng punong kalumpang.

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ULALIM

L’histoire commence lorsque les fiancés Dulaw de Kagayan et Ya-u rencontrent une noix d’arec
qui les invite à une fête à Madogyaya. Là-bas, Dulaw attire l’attention de Dulliyaw de Dulawon.
Décidé de séduire Dulaw, Dulliyaw enivre Ya-u avec de l’alcool de canne à sucre. Pendant le
sommeil de ce dernier, Dulliyaw - par ruse - arrive à faire chiquer du bétel à Dulaw, après quoi il lui
déclare qu’en ayant accepté et chiqué la noix d’arec, elle a, par ce geste, accepté sa proposition de
mariage. Dulliyaw ajoute qu’il sera chez elle la deuxième nuit.

Chose dite, chose faite. La deuxième nuit, Dulliyaw arrive chez Dulaw, chique du bétel avec elle
et lui dit qu’il est venu l’emmener chez lui à Dulawon. A ce moment-là, un coq chante. Les
villageois se réveillent. Dulliyaw quitte la maison de Dulaw, mais rencontre un homme avec une
hache qu’il tue aussitôt. Les hommes du village se resserrent autour de lui, mais Dulliyaw monte à
un arbre. Puisque personne ne veut attaquer Dulliyaw, Ya-u décide d’appeler les soldats espagnols
de Sakbawan (à la frontière est).

Guwela, le commandant espagnol de la garnison grimpe dans les hauteurs de Kalinga et ordonne
de capturer Dulliyaw, toujours assis sur une branche d’arbre. Voyant qu’il n’y peut rien, Dulliyaw
n’offre aucune résistance et se laisse mettre des menottes. La jeune fille Dulaw est également
arrêtée, et les prisonniers sont emmenés à Sakbawan.

Trois ans s’écoulent. Dulaw demande à Dulliyaw un peu de bétel à chiquer. Ce dernier prend de
son sac la dernière noix et commence à la couper en lamelles, mais avant qu’il ne put en offrir à la
jeune fille, la « noix coupée » disparaît.

A ce point, le narrateur brusquement change de scène : on est transporté au village de Magobya


où Dinanaw, une riche jeune fille prend un bain dans la rivière. Celle-ci aperçoit le morceau de
noix, le prend et le chique.

Sans que le narrateur en parle, on est censé savoir que c’est le même morceau de noix qui a
disparu lorsque Dulliyaw voulait la donner à Dulaw et, qu’en la chiquant, Dinanaw a conçu puis
accouché d’un fils nommé Banna.

Trois ans plus tard, le petit Banna joue avec les autres garçons de Magobya (les agtá) qui lui
disent que s’il est vraiment Banna, il est le fils de Dulliyaw emprisonné à Sakbawan par les
Espagnols. Banna raconte tout cela à sa mère qui lui dit que c’est faux.

En un instant, le petit Banna devient un jeune homme vigoureux, qui crie vengeance. Une force
singulière le transporte, avec ses compagnons, dans les plaines de Sakbawan. Banna tue Dulaw. Un
de ses compagnons retrouve Dulliyaw et lui annonce que Banna est son fils.

Tout le monde monte sur un rayon de lumière rouge et se retrouve aussitôt au village de
Magobya. Banna informe sa mère que le bel homme qu’il emmène est son père et son mari à elle.
Dulliyaw offre à Dinanaw une noix d’arec et du bétel que cette dernière accepte en souriant. Ils se
réjouissent, chiquent, mangent et dorment.

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Le lendemain, une force singulière transporte le village entier de Magobya à Dulawon ; le festin
commence aussitôt et continue jour après jour.

HUDHUD

Ang lahat ng tao ay magkakapatid sa kabila


ng pagkakaiba sa wika, sa ugali, at sa
pananampalataya.

Sa mga hinagdang taniman sa


bulubundukin naninirahan si Aliguyon, isang
mandirigmang Ipugaw na mabilis at magaling
sa paghawak ng sibat. Anak siya ni Antalan,
isa ring mandirigma. Maagang natuto ng
pakikipaglaban si Aliguyon sa tulong ng
kanyang ama. Ang unang larangan ng digma ni
Aliguyon ay ang matitigas na lupa sa tabi ng
kanilang tahanan. Ang unang sandata niya ay
ang trumpo at ang mga unang kalaban niya sa
larong ito ay ang mga bata rin sa kanilang
pook. Kapag pinawalan ni Aliguyon ang
kanyang trumpo, matining na matining na iikot
ito sa lupa o kapag inilaban niya ito sa ibang
trumpo, tiyak na babagsak na biyak ang laruan
ng kanyang kalaban.

Tinuruan din siya ng kanyang ama ng iba’t-


ibang karunungan: umawit ng buhay ng
matapang na mandirigma, manalangin sa
Bathala ng mga mandirigmang ito at
matutuhan ang mga makapangyarihang salita
sa inusal ng mga pari noong unang panahon.

Ikinintal ni Amtalan sa isip at damdamin ng


anak ang katapangan at kagitingan ng loob.
Talagang inihanda ng ama si Aliguyon upang
maipaghiganti siya ng anak sa matagal na
niyang kaaway, kay Pangaiwan ng kabilang
nayon. Nang handang-handa na si Aliguyon,
nagsama siya ng iba pang mandirigma ng
kanilang nayon at hinanap nila ang kalaban ni
Antalan. Subalit hindi si Pangaiwan ang
natagpuan kundi si Dinoyagan, ang anak na
lalaki nito. Mahusay din siyang mandirigma,
tulad ni Aliguyon, inihanda rin siya ng

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kanyang ama sa pakikipaglaban upang


maipaghiganti siya ng anak sa kalaban niyang
si Antalan.

Kaya anak sa anak ang nagtagpo. Kapwa


sila matatapang, kapwa magagaling sa
pakikipaglaban lalo na sa paghawak ng sibat.

Itataas ni Aliguyon ang kanyang sibat.


Nangingintab ito lalo na kung tinatamaan ng
sikat ng araw. Paiikutin ang sibat sa itaas saka
mabilis ang kamay ng binatang kalaban.
Aabangan ng matipunong kanan ang sibat na
balak itimo sa kanyang dibdib.

Tila kidlat na paroo’t-parito ang sibat.


Maririnig na lamang ang haging nito at
nagmistulang awit sa hangin.

Nanonood ang mga dalagang taga-nayon at


sinusundan ng mga mata ang humahanging
sibat. “Saksakin mo siya, Dinoyagan!”

Sasawayin sila ng binata, “Kasinggaling ko


siya sa labanang ito.”

Araw-araw ay nagpatuloy ang kanilang


laban hanggang sa ito’y inabot ng linggo, ng
buwan. Kung saan-saan sila nakarating.
Nagpalipat-lipat ng pook, palundag-lundag,
patalun-talon sa mga taniman.

Namumunga na ang mga palay na


nagsisimula pa lamang sumibol nang simulan
nila ang labanan. Inabot ng taon hanggang sa
sila’y lubusang huminto ng pakuluan ng sibat.
Walang nasugatan sa kanila. Walang natalo.

BINDIAN

Le héros (Bindian) a été décapité dans une grande bataille par le dieu du monde céleste
(Kabuniyan) car Bindian a tenté de sauver la déesse Bugan du dieu cruel Kabuniyan. La déesse
rendit la vie au héros en demandant à ce dernier de la (Bugan) frapper avec sa lame. Bugan se
transforme alors en cascade. Le héros épouse une femme-serpent mais aspire au retour de Bugan, la
déesse.

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BANTUGAN

Pour avoir courtisé une femme de l’extérieur de la ville, le héros (Bantugan) a été condamné à
l’ostracisme par le roi, son frère. Le héros meurt d’un cœur brisé mais revient à la vie parce qu’une
« âme en bouteille » a été obtenue du monde céleste par deux vaillants guerriers (Mabanine et
Madali). De nouveau vivant, le héros s’engage dans de nombreuses aventures et combats héroïques.

LAM-ANG

Lam-ang est le fils de Don Juan Panganiban et de Namongan, appartenant à une famille aisée de
la ville de Nalbuan, située dans la vallée de la rivière Naguilian (province de La Union). Née d’une
prouesse physique inouïe et déjà dotée de la faculté de parler, l’homme-enfant suggère à ses parents
de le nommer Lam-ang. Il grandit si vite qu’à neuf mois, il atteint la taille d’un homme adulte ; très
agile et bien musclé, il suscite la peur et le respect de sa communauté.

Lam-ang part à la recherche de son père qui est allé chasser dans le pays Igorot avant sa
naissance. Se munissant de plusieurs pierres efficaces et accompagné d’animaux domestiques dotés
de dons singuliers, il s’envole au-dessus des hauteurs de la Cordillera, où il s’arrête pour manger,
dormir et rêver de ce qu’il va rencontrer en pays Igorot.

Une fois là-bas, Lam-ang voit son père décapité. Le seul moyen de lui redonner vie est la
vengeance. Lam-ang tue, un à un, tous les guerriers Igorot : personne ne résiste à la prouesse du
héros, sauf un qui, réduit à la difformité, témoigne de la vengeance de Lam-ang à son peuple. Entre-
temps, le héros rentre en son pays afin de raconter ses aventures aux siens. En chemin, il rencontre
un crocodile dans une rivière et le tue.

Puis il tombe amoureux, et se dirige, avec son chien et sa volaille, vers Calunitian où habite
Doña Ines Cannoyan, une femme à la beauté réputée.

Lam-ang voulait une compagne qui ne soit pas de son village, contrairement aux volontés de sa
mère. Sur le chemin, il rencontre un amant découragé qu’il tue. Il arrive enfin à Calunitian où de
nombreux soupirants s’exhibent en prouesses surhumaines afin d’attirer l’attention d’Ines. Lam-ang
gagne, aidé par ses dons surhumains et par ses animaux singuliers.

De l’or, des domaines et d’autres objets de valeur sont donnés en dote. Les noces sont célébrées
avec splendeurs. Pourtant, Lam-ang n’est pas à l’aise : la tradition de la communauté de sa femme
veut qu’il pêche un poisson très rare, le rarang ; s’il ne s’y appliquait pas, il perdrait la face.

Avant de s’embarquer en mer, Lam-ang a la prémonition d’une malchance. Il sait que dans les
profondeurs de la mer, il rencontrera un requin, le berkaran, et qu’Ines saura exactement l’heure de
cette malchance lorsqu’elle verra danser l’échelle de la maison et la marmite se casser en deux.

Contraint de partir, il plonge dans les profondeurs et est avalé par un requin, comme avait prévu
la prémonition. Ines, de son côté, voit l’échelle de la maison danser et la marmite se casser en deux,
puis elle se lamente.

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Le coq, la poule et le chien consolent Ines et lui disent que si les os de Lam-ang sont récupérés,
on pourra le ressusciter. Tous se dirigent vers la plage, dont le plongeur Marcos, afin de récupérer
les restes de Lam-ang.

Marcos plonge et réussit à ramasser tous les os ; le coq les restitue à leur forme humaine et
demande à Ines de couvrir cette forme avec son tablier puis de lui tourner le dos. Sur ce, le coq
chante, la poule bat des ailes et le chien aboie deux fois, tout en tapotant avec ses pattes les os
assemblés.

La vie entre alors de nouveau dans Lam-ang, et il regagne sa forme humaine, en chair et en os.
Comme quelqu’un qui se réveille d’un long sommeil, il embrasse sa femme ; celle-ci lui raconte
l’accomplissement des prémonitions et sa grande tristesse. Sur ce, Lam-ang et Ines, accompagnés
de leurs animaux rentrent chez eux et ont vécu heureux.

HINILAWOD

Première partie. Alusina, « divinité » des mers de l’Est épouse Paubari, un humain. Ce mariage
provoque le mécontentement des « divinités », notamment de Maklium-sa-t’wan, « divinité » des
vallées et des plaines, qui complote une vengeance avec d’autres « divinités ».

Pendant sept lunes, le royaume d’Alusina et de Paubari subit tempêtes et inondations ; il aurait
été impossible d’échapper à une mort certaine sans l’aide de Suklang Malayon, gardien des foyers
heureux, qui leur conseille de se refugier sur le Mont Madyaas. Le déluge terminé, ils descendent
dans les plaines, vivent en paix et ont des enfants. Alusina a des triplés : Labaw Dingin,
Humadapnin, Dumalapdap, trois géants dotés de force surhumain.

Deuxième partie (aventures de Labaw Dingin). L’aîné part le premier à la recherche de celle qui
sera sa femme. Il la trouve en la personne de Anggoy Ginbitinan (sa première épouse), pour qui il
doit d’abord vaincre le monstre, Manaluntad. Pour sa deuxième épouse, Abyang Diriinin, il devait
tuer une hydre nommée Sikay Padalogdog. Pour sa troisième épouse, Nagmalitung Yawa
Sinagmaling Diwata, il doit combattre Saragnayan, seigneur de l’obscurité. Mais, vaincu, Labaw
Dingin est emprisonné durant de longues années. Il fut libéré par ses fils qui, comme lui, peuvent
accomplir des actes extraordinaires. Le cadet, Asu Mangga, celui qui a le cordon ombilical non
coupé, le libère en tuant la « divinité » de l’obscurité.

Troisième partie (aventures du second fils). Humadapnin, le deuxième fils d’Alusina, s’en va
dans le but de venger son frère ainé. Sur le chemin, il rencontre une mauvaise femme Pinganun-
Pinungganum qui le séduit par sa beauté. Mais son compagnon de route, Buyong Matan-ayon,
réussit à rompre le sortilège et ils s’échappent. Au cours de ce périple, Humadapnin rencontre un
gros bloc de pierre au cœur même du pays d’Umban Pinaumbaw. Aidé par sa cape [tissu]
« magique », il soulève le rocher comme une plume. Pour cet exploit, une princesse lui est donnée.
La troisième aventure consiste à faire disparaître l’avarice de la mauvaise femme, Burigadang Pada
Sinaklang Bulawan.

Quatrième partie (aventures du benjamin). Dumalapdap est le troisième fils d’Alusina. Sa


première aventure consiste à gagner le cœur de Lubay-mubyok Hanginin si Mahuyok-huyokan,

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« divinité » de la brise du soir. Mais celle-ci est gardée par des monstres féroces. Il lui faut d’abord
combattre Balanakon, monstre à deux têtes, gardien de la crête qui mène au palais. Il réussit avec
l’aide d’un duwende. Il doit ensuite combattre Ayutang, une énorme chauve-souris ; la bataille est
longue et intense, mais Dumalapdap réussit en infligeant une blessure fatale à l’aisselle du monstre,
seule partie vulnérable de son corps. Le monstre, grogne de douleur et halète. Soudain, la terre sous
ses pieds tremble et la crête se coupe en deux. Les rochers tombent dans la mer, mais ré-émergent,
devenant les îles de Panay et de Negros. Après ces batailles, le héros rentre chez lui en emmenant sa
« divinité » de la brise du soir. N’ayant plus de mondes à conquérir, les îles de Panay et de Negros
sont partagées entre les trois frères. Labaw Dingin devint le chef de Irong-Irong (Iloilo),
Humadapnin celui de Hantik (Antique), et Dumalapdap celui de la région d’Aklan.

IBALON

L’histoire raconte les exploits de Baltog, guerrier puissant de Batavara, découvrit par hasard la
région d’Ibalon, belle et luxuriante qui a une superficie étendue, un sol fertile, et est à l’abri des
typhons. Baltog décida d’y établir son royaume. Au cours du temps, le royaume devient prospère et
paisible. Mais un jour la paix de la région est perturbée par un gigantesque sanglier anthropophage
qui détruit les récoltes et dévore les hommes. Ibalon devient une terre inculte et de nombreux
habitants meurent ou sont mutilés.

Baltog décide d’affronter l’ennemi. Il va aux champs sous couvert de l’obscurité de la nuit et
attend longtemps sous les bosquets. Lorsque le sanglier arrive près de sa cachette, il bondit. Homme
et bête se battent au corps à corps jusqu’à ce que la bête soit vaincue. Puis la paix revient dans la
région.

Cette paix ne dure pas. Un jour d’énormes buffles (karabaw) viennent suivis par des requins ailés
et des crocodiles géants. Les hommes (humains) sont affolés ; la destruction et la mort s’ensuivent.
Baltog, vieux et faible, ne peut défendre son royaume.

Toutefois, Handiong, un puissant guerrier du royaume voisin, vient offrir son secours. Toute la
journée, Handiong et ses soldats combattent les monstres et au crépuscule, tout est terminé. Les
monstres sont vaincus, excepté Oriol le serpent qui se transforme en une femme. Mais Handiong
repousse les avances du serpent-femme et conclue un pacte avec lui : délivrer les montagnes de tous
les mauvais esprits (salimaw) ; ce qui est fait.

Cette victoire met fin à la deuxième menace qui pesait sur la paisible région d’Ibalon.

Sous le règne de Handiong, Ibalon devient encore plus prospère et Rabut – monstre redoutable -
veut s’en emparer ; il a le pouvoir de changer les hommes (humains) en pierre.

Ibalon a encore de la chance ; un jeune guerrier, Bantong, lui vient en aide. Avec une poignée
d’hommes, il va dans l’antre de la bête qui fait la sieste. Bantong inflige des coups fatals au
monstre. Grognant d’agonie et suffoquant, le monstre fait trembler la terre que la mer engloutit
aussitôt.

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A partir de ce moment-là, Ibalon change d’aspect. De nouvelles îles émergent, la rivière Inarinan
change son cours et un lac remplace la montagne à Bato. Une très haute montagne avec un cône
parfait émerge et domine les plaines : c’est le volcan Mayon.


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LES DEVINETTES

1. Dalá mo, dalá ka 9. Dalawang batong itim

Dalá ka pa ng iyóng dalá. malayo ang nararating

2. Hindî tao, hindî harì 10. Ako ay may kaibigan

nagsúsuót ng sari-sari. kasama ko kahit saan

3. Eto na si Lélong 11. Limang puno ng niyog,

búbulóng bulóng isa’y matayog

4. Bumbóng kung liwánag 12. Malambot na parang ulap

Kung gabí ay dagat kasama mo sa pangarap

5. Kinain na’t naúbos 13. Isang balong malalim

nabubuô pang lubos punong-puno ng patalim

6. Isáng bugtóng na batà 14. Mataas kung nakaupo

dî mabilang ang diwà mababa kung nakatayo

7. May isang prinsesa 15. Buto’t balat

nakaupo sa tasa. lumilipad


8. Kung kailan mo pinatay

saka humaba ang buhay

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LES CHANSONS

Le Batelier

Quand Manille n'était qu'une jeune ville,


Fondé et créé par les autorités,
Il y avait quelques écoles qu'ils ont établies
Où les sages et les savants étudiaient.

Ces écoles, elles étaient en trois groupes :


Celui de Sto. Tomas et San Juan de Letran ;
Sta. Teresita était aussi une université
Où les étudiants ont aiguisé leur esprit.

Après l'année scolaire où les cours étaient terminés,


Tous les étudiants sont rentrés chez eux ;
Dans leurs propres villes, ils ont ramené à la maison
Toutes leurs connaissances, leurs honneurs et leurs louanges.

C'est l'un d'entre eux qui est allé traverser


Les larges eaux de la rivière Calumpit ;
Il appela un batelier pour le faire traverser,
En disant : « Je paierai quand je serai de l’autre côté. »

À ce moment-là l'étudiant s'est embarqué ;


Assis confortablement sur la chaise,
Étend son mouchoir, puis dit :
« Écoutez, Batelier, ce que je vais dire. »

Alors qu'il pagayait au milieu de la rivière,


L'étudiant a dit : « Écoutez, Batelier :
Au Ciel, combien y a-t-il de chœurs d'anges,
Combien y a-t-il de groupes de saints ? »

Le jeune batelier était déconcerté ;


À l'étudiant il fit ainsi répondre :
« Veuillez excuser ma réponse, Monsieur,
Car c'est le meilleur que je puisse donner.

« Puisque je n'ai jamais été au paradis, Monsieur,


Je n'ai jamais compté les chœurs ;
J'en saurais beaucoup moins sur les saints,
Je ne suis qu'un pauvre homme élevé loin du rivage.

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FILA320a - Littératures orales des Philippines

« Mais si à la place vous m’avez demandé


sur les parties de ce bateau sur lesquelles vous vous trouvez,
sur la pagaie et le longeron,
Ce sont les choses que je connais, les choses avec lesquelles j'ai grandi. »

« Aussi petit que soit mon apprentissage,


Sage philosophe, puis-je demander à mon tour
D'ici au point d'atterrissage,
Combien de coups de rame faudra-t-il ? »

« Quand des bulles apparaissent au jet d'eau,


Combien y aura-t-il de milliers ?
Vous me dites ceci, pour que je sache,
Puisque vous êtes un sage astucieux. »

L'étudiant fut frappé de surprise,


Incapable de répondre à la question du batelier ;
Il retourna les choses dans sa tête et souhaita
Qu'il n'avait pas du tout testé ce batelier.

« Si les simples coups de ma pagaie, Monsieur,


Vous ne pouvez ni chiffrer ni dire avec certitude,
Comment devriez-vous connaître les anges ci-dessus?
Pas plus que moi vous n'avez été au paradis. »

« Je vous conseille maintenant, faux philosophe,


Souvenez-vous de ceci et n'oubliez jamais :
Si quelqu'un n'est pas avec vous à l'école,
Ne lui posez jamais de questions abstraites. »

« Alors maintenant, Monsieur, vous devez descendre tout de suite,


La question du paiement, vous pouvez oublier,
À l'avenir, ne jamais
parler avec vantardise de choses abstraites. »

« Regardez Lucifer dans les jours d'autrefois,


Il était comme une lampe contemplée au ciel ;
Ce qu'il a fait était d'être trop fier
N'est-il pas tombé dans les feux de l'enfer ? »

Vous qui écoutez, ne soyez pas comme


Cet étudiant-là très arrogant,
Après avoir étudié un peu et être allé à Manille,
Il parlait castillan à son retour.

14
FILA320a - Littératures orales des Philippines

Katurog, Katurog
Dors maintenant, dors,
Un faucon t'arrachera,
Où va-t-il te laisser tomber ?
Au milieu d'une cocoteraie.

Je te couvrirai
Avec les feuilles de l'ugog
Je vais te réveiller
Quand il est temps de planter du riz.

Brother To Baby
Où est allée ta mère ?
Elle est allée à la sagsagada ;
Elle est allée chercher des bananes
Pour toi à manger demain matin.

Angngiduddue
Aru, aru, va dormir, mon garçon
Ta mère est allée au ruisseau,
Elle est allée attraper du poisson
Pour qu’elle puisse avoir du poisson
à cuisiner pour ses enfants.

Ili, Ili, Tulog Anay


Dors maintenant, mon enfant,
Ta mère n'est pas là,
Elle est allée au magasin
acheter du pain,
Dors maintenant, dors.

15
FILA320a - Littératures orales des Philippines

Muyin Paru Ñinu


Quel visage je contemple

Quel visage je contemple, ici reflété ?


sur l'eau que j'ai fait bouillir pour boire ?
Je n'ose pas boire pour pouvoir prolonger la vision.
Si je meurs, ne m'enterre pas
à la Croix de San Félix ; Enterre-moi
sous tes ongles, afin que je puisse
être mangé avec chaque aliment que tu manges,
que je puisse être bu avec chaque tasse
d'eau que tu bois.

Ang Dalagang Filipina

Ang dalagang Pilipina


Pupunta sa bantilan
Daladala’y palupalo
Papaluin ang basahan.

Ang tapi niyang dinampol


Ang baro niyang kundiman
Ang buhok niyang mahaba
Laging nakalugay.

Kung ibig mong makasapit


Sa bahay nilang dampa
Hagdanan ay salamin
Ang sahig ay parang sutla.

Ang haligi ay kulay ginto


Ang ilaw ay parang tala
Ang bubong ay kulay langit
Alapaap ang bintana.

16
FILA320a - Littératures orales des Philippines

LES PROVERBES

1. May tainga ang lupà


May pakpák ang balità.

2. Malakás ang loób


Ngunit mahinà ang túhod.

3. Aanhin pa ang damó


kung patáy na ang kabayò

4. Lumilipas ang kagandahan


ngunit hindî ang kabaitan.

5. Pagwalâ ang pusà


magulo ang dagâ

6. Kung ano ang kabataan,


siya rin ang katandaan.

7. Ang kata-katayak
sukat makapagkati ng dagat.

8. Natutuwâ kung pasalop


kung singil’y napopoót

9. Walang mahirap na gisingin


Na gaya ng nagtutulog-tulogan.

10. Hanggang maiksi ang kumot, magtiis na mamaluktot ;


Kung humaba na’t lumapad, saka na naman umunat.

17
FILA320a - Littératures orales des Philippines

LES POÈMES COURTS

Tanaga
Ang tubig ma’y malalim
malilirip kung libdin
itong budhing magalíng
maliwag pag hanapin

Mataas man ang pahò


malamba ang pagtubò
ang duso rin ang lalo’t
hangin’y dî maubo.

Katitibay, Ka Tulos,
sakaling datnang agos
ako’y mumunting lumot
sa iyó’y pupulupot

Ambahan

May tao nagsabi raw


Lumakad ng lumalakad
Malapit sa mga bundok ng Agdanan
Habang lumilingon siya
Lugar na malayo na sa likod niya
Tinitingnan niya kung saan pumupunta
Lugar na malayo pa sa harapan niya
Tumitingin sa himpapawid
Sa mga bituin sa likod ng mga ulap
At sa madilim na buwan
Bakit ganoon ?
Dapat akong maghanap ng kanlungan
Sa mga malalapit na bahay doon
Sa nayong iyon
Kahit na pinipigil ako ng gabi
Ipapatuloy ko ang aking paglalakbay
Bukas sa pagsikat ng araw.


18
FILA320a - Littératures orales des Philippines

LE CONTE DE L’ALIPIN

Les datus et les rajahs, qui ont interdit que cette histoire soit racontée, ont proclamé que la mort
viendrait au conteur de cette histoire. Écoutez attentivement pendant que je la murmure.

Écoutez : vous connaissez l’histoire de la façon dont le grand Lapu-Lapu a sauvé notre monde
des Kastila, les hommes à la peau plus pâle que la chair de n’importe quel poisson-lait. Le jour de
cette grande bataille, les eaux autour de Mactan sont devenues rouges du sang de Kastila (car
bien que leur peau soit d’une couleur différente, leur sang était rouge comme le nôtre). Ce jour-là,
les datus et les rajahs ont remercié les bathalas, car les Kastila ont été repoussés vers leurs
navires et notre monde a été restauré comme il l’avait toujours été.

On s’occupa ensuite de l’usurpateur et parvenu, Humabon. N’ayant pas ses amis Kastila, il était


impuissant lorsque les datus et les rajahs revinrent pour récupérer Cebu. La statue magique que le
prêtre Kastila lui a donnée a perdu son pouvoir, et Humabon et sa femme se sont enfuis sur un
bangka en pleine mer, où une vague les a engloutis. Car les bathalas étaient en colère contre
Humabon pour son apostasie, pour avoir détourné son visage d’eux pour adorer le bathala du
Kastila.

Vous connaissez déjà cette histoire ou des parties de celle-ci, mais connaissez-vous le reste ?
Savez-vous que moins d’une pleine lune après ce jour glorieux, Lapu-Lapu a fait ce qu’aucun
Kastila ne pourrait jamais faire, et a détruit notre monde pour toujours ?

Je le sais car j’étais là, car n’étais-je pas l’alipin dévoué de Lapu-Lapu, loyal et fiable et toujours
aux côtés de son maître ? J’étais là à côté de lui le jour de la bataille. Mais plus important encore,
j’étais là à ses côtés la nuit avant la bataille.

L’arrivée des Kastila avait bouleversé les datus et les rajahs. La facilité avec laquelle les Kastila
avaient vaincu le légitime rajah de Cebu et remis Humabon à sa place les terrifiait. Lors de
l’époque oubliée où notre peuple a pris ces îles pour la première fois du petit peuple noir des
montagnes, les datus et les rajahs avaient fait un pacte avec les bathalas de la terre. En échange
du culte de notre peuple, les bathalas ont promis aux datus et aux rajahs qu’eux et leurs
descendants régneraient pour toujours. Il en avait été ainsi, jusqu’à ce que Humabon arrive.

J’ai entendu dire que Humabon était un homme de petite réputation, un fermier dont les récoltes
suffisaient à peine à fournir un tribut suffisant au rajah de Cebu. J’ai entendu même dire que
Humabon était un alipin du rajah qui a vu sa chance quand le Kastila a tué son maître. Quelle que
soit la vérité, les Kastila ont élevé Humabon en tant que nouveau rajah de Cebu.

Le pacte avait été rompu. Le règne des datus et des rajahs n’était plus éternel. Peut-être,
murmuraient-ils, le nouveau bathala des Kastila était-il plus fort que les bathalas de la terre.

Pour mettre fin aux rumeurs, les bathalas ordonnèrent à Lapu-Lapu de préparer ses guerriers au
combat. Les Kastila venaient à Mactan, dirent les bathalas, Lapu-Lapu les battrait.

Dans sa peur, Lapu-Lapu cacha son visage dans la terre.

« Comment puis-je combattre les Kastila ! » demanda Lapu-Lapu à la terre. « Ils portent leur
bathala avec eux. Je serai tué comme le rajah de Cebu, et un alipin sans nom régnera à ma
place. »

19
FILA320a - Littératures orales des Philippines

« N’ayez pas peur, » dirent les bathalas. « Nous frapperons le Kastila la veille de la bataille.
Nous les saignerons et les affaiblirons. Vous et vos guerriers porterez le coup mortel. »

A ces mots plaisants, Lapu-Lapu leva son visage couvert de saleté et fit l’éloge des bathalas. Il


ordonna que les récoltes et les porcs soient brûlés et sacrifiés à eux.         

Mais la veille de la bataille, Lapu-Lapu veillait sur le petit campement que les Kastila avaient
construit à côté de leurs navires. Il voulait s’assurer que les bathalas tiendraient leur promesse.

Ce n’était pas un imbécile, mon maître, mais il n’avait pas assez peur.

Il craignait les bathalas, que ce soit ceux de la terre ou du Kastila, et il craignait ses compagnons
datus et rajahs, mais rien d’autre.

Même après la montée de Humabon, il ne voyait aucun danger à amener un alipin avec lui.

•••

Aux heures les plus sombres de la nuit, les Kastila ont été visités par les esprits de la terre. Mais
ce ne sont pas les hommes-esprits, les bathalas aux voix de tonnerre, qui apparaissent. Mais ce
sont les femmes-esprits de la terre, les diwatas avec leurs voix et rires doux, qui ont fait tomber le
Kastila.

Les diwatas se déplaçaient sans crainte parmi les Kastila, à la fois endormis et éveillés. Ils ne
craignaient aucune arme, car aucune arme ne serait levée contre eux sauf une, et celle-là sur
laquelle les diwatas exerçaient un pouvoir absolu. Leur peau brune exerçait une fascination
infinie sur la pâle Kastila, dont les yeux s’écarquillaient. Ces yeux suivaient le mouvement des
corps nus des diwatas, se balançant côte à côte avec les girations des hanches bien rondes, se
déplaçant de haut en bas avec la montée et la descente des seins montagneux. Les Kastila qui
étaient éveillés tombèrent à genoux et embrassèrent les genoux des diwatas, sanglotant de
gratitude. Les Kastila endormis levèrent les bras et des diwatas riantes tombèrent sur eux, faisant
de leurs rêves une réalité.

J’ai ri à haute voix, car j’ai compris le plan des diwatas. Après une nuit de plaisir surnaturel, le
sKastila serait faible et épuisé à l’aube. Mon maître et ses guerriers les massacreraient comme
des cochons.

Le bruit de mon rire attira l’attention d’une des diwatas, qui se tourna vers nous.

Mon maître s’était retourné pour me frapper pour avoir dévoilé notre position, mais les yeux de la
diwata le retenaient. Contre son gré, il la dévisagea. Souriante, elle se mit à danser.

Bientôt mon maître perdit toute idée de me punir. Puis il perdit complètement toute pensée.

J’étais reconnaissant à la diwata pour son intervention. Elle m’avait sauvé de ce qui aurait été une
raclée douloureuse — mon maître a peu de patience pour les erreurs d’un alipin.         

Mais je me suis étonné de ses actions, car avant que mes propres yeux ne soient capturés par la
danse de la diwata, avant que mes propres pensées ne s’envolent alors que je regardais les
mouvements de ses seins et de ses hanches, j’ai compris deux choses :

20
FILA320a - Littératures orales des Philippines

L’une, cette diwata, dont le visage brillait même au milieu de tant de beauté, ne pouvait être autre
que Maria Makiling, la plus grande des diwatas, la déesse de la montagne de la grande île de
Luçon au nord.

Deuxièmement, ce n’était pas pour Lapu-Lapu qu’elle dansait ; c’était pour moi.

•••

Sept jours après la grande bataille de Mactan, mon maître fut mourant.

Lapu-Lapu avait vaincu les Kastila, mais un autre ennemi l’avait conquis.

Il était allongé sur sa natte et tremblait, son corps brûlant, mais il n’avait pas la fièvre du sang qui
vient souvent des blessures de combat. Aucune arme des Kastila ne l’avait touché ; il avait dirigé
ses guerriers et tué lui-même neuf ennemis dans la bataille, si l’on pouvait appeler cela ainsi. Un
Kastila avait une expression si rêveuse et heureuse sur son visage mort que sa tête avait été jetée
au lieu d’être transformée en trophée.

« Mangez de la bouillie de riz, mon maître, » dis-je.

Il gifla le bol en bois de ma main.

« Je n’ai faim que d’une chose », a-t-il répondu. Il tourna la tête vers le mur et gémit comme une
bête blessée.

Il était clair pour tous qu’il mourrait bientôt si quelque chose n’était pas fait. Ainsi, personne n’a
pensé que c’était suspect lorsque j’ai exprimé ma suggestion, aussi désespérés qu’ils soient de
sauver la vie de mon maître.

« La nuit de la pleine lune à venir, les bathalas organiseront un festin pour célébrer la défaite des
Kastila », dis-je à Lapu-Lapu.

« Je sais où se tiendra la fête. Je vous y conduirai, mon maître. Demandez aux bathalas une
récompense pour avoir vaincu les Kastila. Demandez-leur de vous laisser faire ce que vous
voulez avec Maria Makiling. »

En entendant mes paroles, Lapu-Lapu se rétablit immédiatement et prit de la nourriture pour la


première fois depuis des jours. Mon maître vit la sagesse dans mes paroles, car tandis que les
bathalas étaient au-dessus des datus et des rajahs, les diwatas — comme toutes les femmes —
étaient au-dessous d’eux.

Si une diwata pouvait être capturée, elle appartiendrait au datu qui l’avait conquise.

« Partons maintenant », déclara Lapu-Lapu, pelletant du riz dans sa bouche avec ses doigts. Il
mangeait voracement, mais ne prenait aucun plaisir à sa nourriture.

  « La pleine lune est encore loin, dis-je, et il y a beaucoup à faire si nous voulons nous inviter au
festin des bathalas. »

21
FILA320a - Littératures orales des Philippines

Sur mes conseils, mon maître envoya ses serviteurs dans la forêt pour abattre tous les bambous
qu’ils pouvaient trouver. Pendant ce temps, mon maître assouvit sa convoitise sur ses femmes et
ses servantes, bien que son désir pour Maria Makiling fasse encore trembler son corps.

Quand tout fut prêt, mon maître et moi partîmes pour notre voyage. Nous n’avions pas beaucoup
à parcourir : les bathalas et les diwatas n’habitaient pas dans notre monde, mais il y a beaucoup
d’endroits dans notre monde qui touchent leur terre, et trouver ces endroits n’est pas difficile. La
difficulté est que personne ne passe dans le monde des bathalas sans dépasser le gardien, le
dernier de la race géante, le higante Bernardo Carpio.

Il faudrait une ruse pour passer outre un gardien aussi craintif, mais j’avais bien préparé mon
maître.

« Bernardo Carpio », cria-t-il au géant. « Je suis Lapu-Lapu, datu de Mactan et vainqueur des
pâles Kastila. C’est grâce à mes actes de bravoure que les bathalas se régalent ce jour-là. Il est
tout à fait normal que je sois autorisé à les rejoindre. »

Le géant secoua la tête.

« Je vois la justesse de votre demande, Lapu-Lapu, mais ni les bathalas ni les datus ne sont
connus pour leur justice. Mes maîtres me battront durement si je vous accorde l’entrée. »

« Alors, partageons un verre avant que je parte, afin que nous puissions nous séparer en amis.
Laissez-moi boire votre vin de riz et je vous laisserai boire le mien, le meilleur vin de riz produit
par mon peuple. »

Bernardo Carpio accepta volontiers, car les bathalas lui laissaient toujours le pire vin de riz pour
sa boisson. Il avait envie de goûter le bon vin de riz apprécié des datus et des rajahs. Il a échangé
son récipient géant en bambou avec celui beaucoup plus petit de Lapu-Lapu, et le géant et le datu
ont commencé à boire.

Je les ai laissés boire pendant la moitié de la nuit, avant de réveiller mon maître. L’alcool de riz
de Bernardo Carpio était d’un goût infect et d’une odeur encore plus fétide, mais il y en avait
beaucoup, trop pour mon pauvre maître, qui chancelait maintenant en marchant et serait tombé
sans mon soutien. 

Il n’a même pas remarqué le cadeau que j’ai glissé autour de son cou.

Quant à Bernardo Carpio, il a continué à boire dans le récipient en bambou de Lapu-Lapu, sans se
rendre compte que l’extrémité de celui-ci était attachée à une autre tige de bambou puis une autre,
et une autre, s’étendant jusqu’à la mer. Bernardo Carpio essayait de boire la mer — une tâche
impossible — mais son désir de bon vin de riz était si grand qu’il refusa de s’arrêter. 

Passant devant le géant préoccupé, mon maître et moi arrivâmes enfin au grand festin. Comme
prévu, la fête touchait à sa fin lorsque notre arrivée fut annoncée. À ce moment-là, les bathalas
s’étaient beaucoup régalés et étaient d’humeur assez indulgente pour écouter la pétition de Lapu-
Lapu.

« Mes maîtres, dis-je, je parle au nom de Lapu-Lapu, le grand datu de Mactan qui se tient et
chancelle derrière moi. »

Le rire appréciateur des bathalas accueillit mes paroles.

« Il a porté le coup fatal aux Kastila et vous demande maintenant une récompense. »

22
FILA320a - Littératures orales des Philippines

« Que veut votre maître ? » demanda l’un des bathalas.

Avant que je puisse continuer, mon maître exprima son désir.

« Maria Makiliiiiing, » chantonnait-il la chanson de tous les amoureux ivres.   « Maria


Makiliiiiing », cria-t-il, comme un chien hurlant à la lune.

Il y eut quelques rires des bathalas les plus ivres, mais les autres froncèrent les sourcils.

« Ce n’est pas pour avoir tué cent Kastila que nous vous laisserons nous enlever Maria Makiling,
» dit le bathala qui avait parlé plus tôt. ‘Pas pour mille !’

« Mes maîtres, suppliai-je, Lapu-Lapu ne souhaite pas vous enlever Maria Makiling. Il souhaite
seulement faire ce qu’il veut avec elle. Alors sa convoitise pour elle sera épuisée, et il pourra
vivre sa vie en paix. »

A cette explication, les bathalas furent apaisés.

« Ah, c’est différent’, a déclaré le premier bathala, ‘Bien sûr que nous accorderons une demande
aussi raisonnable. »

Beaucoup de bathalas battaient des mains à l’idée du divertissement à venir.

« Appelle Maria Makiling ! » ils ont crié. « Nous aurons du beau sport à la fin de notre festin. »
Mais les diwatas inclinèrent la tête et se retirèrent du festin par honte pour leur sœur.

•••

Les bathalas formaient un cercle bruyant et vigoureux, et Maria Makiling apparut au milieu. J’ai
senti une rage remplir mon cœur à la pensée de sa violation, mais Maria a préparé mon cœur et
m’a regardé. Dans ses yeux, j’ai vu un avertissement : pas encore.

Lapu-Lapu tituba dans le cercle, acclamé par les bathalas. Il se trouva devant Maria Makiling,
qui se débarrassa de ses vêtements et se coucha sur l’herbe devant lui. Elle écarta les jambes, ses
seins montaient et descendaient à chaque respiration.

Lapu-Lapu baissa les yeux sur cette vision de la beauté. Il baissa son pagne prêt à la prendre.

Rien ne s’est passé. Lapu-Lapu avait bu trop de vin.

Tandis que Lapu-Lapu se regardait avec tristesse et chagrin, les bathalas se mirent à rire. La vue
du datu déçu était trop pour même les bathalas les plus sobres ; oublieux de la honte de leur
invité, ils se joignirent aux rires et à la gaieté. Bientôt, beaucoup de bathalas riaient si fort qu’ils
se roulèrent sur le sol, impuissants et aveugles à leur danger.

Car la folie du vin et l’humiliation avaient submergé les sens de Lapu-Lapu. Il tira son kris alors
même qu’il remontait ses sous-vêtements, et sans réflexion ni préméditation, il frappa l’un des
bathalas couchés d’un coup fatal.

Un acte aussi téméraire aurait dû être sa perte, car aucun homme, pas même un datu ou un rajah,
ne peut frapper un bathala et vivre.

23
FILA320a - Littératures orales des Philippines

Mais Lapu-Lapu n’est pas mort.

Au lieu de cela, lui et les autres bathalas regardèrent avec étonnement le kris trancher la tête du
bathala allongé. La tête tomba au sol et roula jusqu’aux pieds de Lapu-Lapu, un air de surprise et
d’émerveillement toujours sur elle.

Une nouvelle folie s’empara de Lapu-Lapu à ce moment-là ; une nouvelle convoitise illumina ses
yeux. Poussé par ce nouveau désir, Lapu-Lapu attaqua les bathalas.

Certains ont essayé de le combattre, mais le feu et la foudre qu’ils ont provoquées n’ont même
pas touché le datu. En revanche, il semblait que chaque égratignure ou coupure infligée par la
lame du datu se transformait en une blessure mortelle. Un bathala hurla de douleur alors que la
légère entaille sur son coude se remplissait d’une flamme blanche qui consuma d’abord son bras,
puis le reste de lui.

D’autres firent appel à Bernardo Carpio pour les sauver mais le géant était incapable de bouger,
l’estomac lourd d’avoir essayé de boire la mer. Avec leurs derniers souffles, les bathalas le
maudissaient amèrement.

Alors que Lapu-Lapu continuait à tuer, j’ai attrapé Maria Makiling par la main et ensemble nous
avons fui ce lieu de massacre.

•••

À l’aube, nous sommes sortis de notre cachette pour retrouver tous les bathalas morts. Mon
ancien maître gisait parmi eux, couvert de sang mais mort-vivant.

Je suis allé à Lapu-Lapu et j’ai retiré le talisman que j’avais glissé sur son cou après avoir quitté
Bernardo Carpio. C’était une chose étrange, le talisman en argent : au bout de sa chaîne se
trouvait une petite croix semblable à la grande en bois que portait les Kastila. J’avais pris le
talisman sur l’un des Kastila tombés au combat. Je n’ai pas compris sa puissance.

Mais Maria Makiling comprit : elle m’était apparue la nuit après la bataille, et m’avait ordonné de
la récupérer. Elle comprit que les bathalas avaient peur du bathala des Kastila, peur que le
pouvoir de ce nouveau bathala puisse les blesser, voire les détruire.

Alors, pour se protéger, nos braves bathalas avaient envoyé les diwatas combattre à leur place.

Leur plan a fonctionné, mais c’est durant ce moment de lâcheté que Maria Makiling se tourna
contre eux.

« J’en ai assez des bathalas pour amants, » dit-elle, lisant dans mes pensées. « Et je n’aurai rien à
voir avec les datus et les rajahs non plus. »

« À partir de maintenant, tous mes amants seront comme toi. Même quand tu ne seras que
poussière, en l’honneur de ta mémoire je ne prendrai que des amants qui me rappellent de toi. »

Sa main caressa ma joue : « Les hommes tranquilles et humbles de la terre, fidèles et dévoués et
sincères. »

J’ai regardé avec admiration les bathalas tombés.


24
FILA320a - Littératures orales des Philippines

« Que se passe-t-il maintenant   ? Je lui ai demandé. ‘J’ai fait tout ce que tu as commandé,
conduisant Lapu-Lapu ici et tendant le piège pour Bernardo Carpio. Mais qu’est-ce que cela
signifie pour notre monde ? »

« Cela signifie que notre monde va enfin changer, » a-t-elle déclaré. « Est-ce que ça te dérange ?»

« Étant donné que je suis alipin dans ce monde, je ne pleurerai pas de le voir disparaître,» dis-je.

Mais je n’ai pas pu m’empêcher de demander : « Qu’est-ce qui va prendre sa place ? »

« Le pacte conclu par les datus et les rajahs était avec les bathalas, pas les diwatas. Mes sœurs et
moi n’avons aucune obligation envers les premiers, et grâce à toi nous sommes désormais libérés
des seconds. Au retour des Kastila, il n’y aura plus de bathalas pour protéger les datus et les
rajahs. Les Kastila les écraseront. »

« Alors nous n’aurons échangé qu’un maître cruel contre un autre, » dis-je.

« Quant aux Kastila, dit Maria Makiling, leurs prêtres sont aussi des datus et des rajahs, mais ce
nouveau bathala, ce HesuKristo, était un alipin comme vous. Son esprit viendra à votre secours
contre les datus et les rajahs. »

« Et même s’il ne le fait pas, souvenez-vous de ce qui s’est passé ici. Datus et rajahs que vous
aurez toujours avec vous’, a déclaré Maria Makiling, ‘qu’ils soient de peau claire ou brune. Les
bathalas ont disparu, mais les diwatas restent. Appelez-nous, et ensemble nous créerons un
monde où les datus, les rajahs et même les bathalas pourront tomber. »

Elle sourit.

« Peut-être même un monde où les femmes règnent sur les hommes. »

Elle rit à l’expression de mon visage, me poussa à terre, puis tomba sur moi.

« Ce ne sera pas si mal, » dit-elle.

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CODE NAME : BATHALA

26
26
SANDATA NG HAVEN FILA320a - Littératures orales des Philippines
BODEGA NO.17
3 TAON NA ANG
NAKAKARAAN

NAKAKATUWA NA NAAALALA
KO PA, YUNG ARAW NA
NAGING HIGIT PA SA TAO.

Sigurado ka
ba dito,
Ruso?

Hindi. Pero
Wala pang sigurado ako na
nabubuhay mamamatay
x siya
matapos isuot kung hindi natin
ang baluting ito. ito gagawin.

Dapat tayong
magmadali. Baka
mahanap nila
tayo.

YUNG IBA PINANGANAK NG MAY


KAPANGYARIHAN AT MGA
KAKAYAHAN. AT YUNG IBA PA,
ISANG KAKAIBANG KAPALARAN,
ISANG AKSIDENTE NG KALIKASAN.
PARA SA ILAN, ITO AY ISANG
MALAKING TRAHEDYA, ISANG
MALAKING KAWALAN.

PARA SA AKIN, ITO AY ANG


PAGKASIRA NG AKING MATAGAL NANG
PANGARAP. HABANG-BUHAY AKONG
NAKASADSAD. PERO NOONG ARAW NA
IYON, TULOD NG ISANG PINIKS, AKO
AY ISINILANG NA MULI.

Activating
x
Bathala
protocols.

Initiate combat
x
armor synthesis.

Kung ano man


ang dapat gawin,
x
gawin niyo na.
Wala ng oras.

Hindi na
yatax ako
tatagal pa.
Masama ang
x ko…
kutob

27
27
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BATHALA
Tinatanggal ko
SYNTHESIS Anong
INITIATED. x ang Galatea
programx mula sa
BIOSPHERE
ginagawa
RESTRUCTION IN mo?
PROGREESS
interface.

Ito ang
bagong
operating
x
system para
sa baluti. Gamit ito,
makokontrol ni
Michael ang
x walang
baluti. At
makaka-hack sa
system.

Katulad ito ni
Siri o ni Alexa.

Para naman may


makausap si
Michael
paminsan.

WALANG
 Wala ka ng
KIKILOS! matatakbuhan,
Ruso!

Ibigay mo na
ang gusto
namin!

BATHALA ALL 28
SYSTEMS ONLINE
28
LINTIK NA!
HINDI PA FILA320a - Littératures orales des Philippines
DAPAT
GUMAGANA AT TULAD NG IBON SA
ANG ROBOT NA ALAMAT, AKO AY
ITO! BUMANGON MULI MULA
SA ABO NG AKING MGA
PANGARAP. ANG MAYROON NA NAMANG
KALANGITAN AY MAAARI LAYUNIN ANG AKING
BARILIN KO NA NAMANG BUHAY AT MAYROON
NINYO MALUPIG. AKONG PARAAN PARA
ITO! MAABOT ITO. SA
TULONG NG PUWERSA
NG HANGIN AT NG
KIDLAT.

SA PAGLITAW NI
BATHALA, AKO AY BUO
NA NAMANG MULI.

29
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