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Quel Brentano ?
1Traiter de manière adéquate le triangle Brentano-Aristote-
Heidegger signifie d’abord éviter tout anachronisme. D’où la
question préalable : quel est le rapport de Brentano à
l’aristotélisme ? Autrement dit, et plus précisément : peut-on
qualifier sa pensée d’aristotélicienne ? Et en quelle mesure ?
1 Psychologie vom empirischen Standpunkt (Leipzig, Duncker &
Humblot, 1874) ; Hamburg, Meiner, 1973 [ (...)
3. La doctrine de la polysémie
de l’être et les catégories
23Quant à la doctrine de l’être, il faut distinguer entre la
reconstruction brentanienne de la doctrine d’Aristote, d’une part,
et le projet brentanien d’une ontologie ou doctrine des catégories,
qui se base largement sur Aristote, mais qui ouvre une
perspective tout à fait autonome.
18 La valeur de cet ouvrage est témoignée par les traductions qu’on
en a fait dans les derniers temps (...)
4. La « déduction »
brentanienne des significations
de l’être
22 Immanuel Kant, Kritik der reinen Vernunft, A 81, B 107.
Telle chose est dite un étant parce qu’elle est une substance, telle autre
parce qu’elle est une propriété de la substance, telle autre encore parce
qu’elle est un acheminement vers la substance, ou une corruption de la
substance, ou une privation des formes substantielles, ou une qualité
de la substance, ou bien parce qu’elle est une cause efficiente ou
génératrice soit d’une substance soit de ce qui est nommé relativement
à une substance, ou enfin parce qu’elle est une négation de quelqu’une
des qualités d’une substance, ou de la substance même. C’est
pourquoi nous disons que même le non-être est, il est non-être.29
que l’être, l’être possible, l’être réel avaient été reconnus comme étant
des catégories. C’est donc une opinion très répandue que la doctrine
aristotélicienne de l’être est une ‘doctrine de la substance’.36
9 Je renvois sur ce point à ce que j’ai écrit dans « Il problema della
coscienza del tempo in Brentano », dans : Vittorio Benussi nella storia
della psicologia italiana, éd. G. Mucciarelli, Bologna, Pitagora, 1987,
p. 65-104 ; « The Experience of Temporal Objects and the Constitution
of Time-Consciousness by Brentano », dans : The Objects and its
Identity, Dordrecht, Kluwer, 1989, p. 127-39 ; « Coscienza del tempo e
temporalità della coscienza da Brentano a Husserl », dans : Magazzino
di filosofia, 2, 2001, n. 4, p. 45-71.
18 La valeur de cet ouvrage est témoignée par les traductions qu’on en
a fait dans les derniers temps : On the Several Senses of Being in
Aristotle, ed. and transl. Rolf George, Berkeley, University of California
Press, 1976 ; Les significations de l’être, trad. de Pascal David, Paris,
Vrin, 1992 ; Sui molteplici significati dell’essere secondo
Aristotele, trad. it. di Stefano Tognoli, a cura di Giovanni Reale, Milano,
Vita e Pensiero, 1995.
19 Voir les études fondamentales de Jean-François Courtine, Les
catégories de l’être. Études de philosophie ancienne et
médiévale, Paris, PUF, 2003.
32 « Es gibt so viele Kategorien, als es Weisen gibt, in denen die Dinge
in ihrem Subjekte existieren », Ibid. ; trad. P. David, p. 113.
36 « Man hat aus dem obigen Satz von Met. E 1 Anf. schon im
Mittelalter geschlossen, die erste leitende Grundbedeutung des Seins
überhaupt – auch für die vier Weisen zusammen, nicht nur für die eine
und deren Mannigfaltigkeit – sei die ousia, was man mit “Substanz” zu
übersetzen pflegt. Als müßte auch das Möglichsein und Wirklichsein
und Wahrsein auf das Sein im Sinne von Substanz zurückgeleitet
werden. Im 19. Jahrhundert hat man (vor allem Brentano) dazu um so
mehr geneigt, als inzwischen Sein, Möglichsein, Wirklichsein als
Kategorien erkannt worden waren. Es ist daher eine landläufige
Meinung, die Aristotelische Lehre vom Sein sei eine “Substanzlehre” »,
M. Heidegger, Aristoteles, Metaphysik IX, 1-3, Von Wesen und
Wirklichkeit der Kraft, Gesamtausgabe vol. 33, Frankfurt a. M.,
Klostermann, 1990, p. 45.