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Histoire de la Belgique contemporaine : Les ruptures du XIXème


siècle.
La révolution belge (de 1830 – 1831).

Une rupture est un changement majeur et brutal, impactant fortement l'évolution d'une ou de
plusieurs variables d'un système, voire le système tout entier.
1. Les antécédents (au début)
De 1794 à 1814.
Etant donné que les révolutionnaires français ont gagné à Jemappes (en 1792) et à Fleurus (en
1794), les anciens Pays-Bas autrichiens, la Principauté de Liège, la principauté de Stavelot-
Malmedy et le duché de Bouillon (qui sont tous rattachés à la France) connaissent le même
régime politique c’est-à-dire celui de la Révolution française.
De nombreux changements vont ainsi s’opérer dans de nombreux domaines comme dans par
exemple :
 Dans le domaine social (avec la suppression des privilèges) ;
 Dans le domaine judiciaire (le code Napoléon, l’organisation des cours et tribunaux) ;
 Dans le domaine administratif (divisions territoriales) ;
 Dans le domaine religieux ;
 Dans le domaine économique.
Après la chute de Napoléon 1er, l’Europe prérévolutionnaire va être restauré suite au
Congrès de Vienne (1814-1815)
Les Provinces-Unies et les régions du sud seront réunies pour former le Royaume des Pays-
Bas (qui sera confié à Guillaume d’Orange).
Le Royaume des Pays-Bas doit jouer un rôle stratégique pour contenir la France (afin qu’elle
ne puisse pas se développer).
Des oppositions vont naître.
Les intérêts économiques des 2 régions (Royaume des Pays-Bas et les régions du sud
rattachées) et ont longtemps été divergents : la crise économique des années 1820 et la perte
des marchés de l’Empire ne vont pas être compensés malgré les efforts du Roi dans ce
domaine (la création de canaux, de routes...).
Les belges n’acceptent pas d’être également représentés aux Etats généraux alors qu’ils sont
plus nombreux que les néerlandais.
Les catholiques ne sont pas contents du régime qui prône l’égalité des religions et souhaite
soumettre l’Eglise à l’État.
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La question linguistique irrite le Sud car plusieurs langues y sont parlées : il y l’allemand, le
français, le néerlandais, le frison, brabançon flamand et des dialectiques.
La réalisation d’un basculement linguistique à Bruxelles ne sera toutefois effective qu’après
1830.
La politique linguistique du roi des Pays-Bas s’articule en trois temps.
La liberté des langues (1814-1823).
En juillet 1814, le gouverneur général de la Belgique (le baron Vincent) avait pris un arrêté
pour permettre que les actes notariés soient rédigés en flamand, en français ou en tout en autre
langue selon la volonté des parties.
En octobre 1814, Guillaume d’Orange va faire publier un arrêté royal afin de rétablir l’usage
du flamand dans toutes les parties du pays, sauf dans quelques parties de la
Belgique où la langue flamande n’est pas utilisée.
Les actes rédigés en flamand n’auront pas besoin de traduction française et les actes de civil
seront quant à eux rédigés dans la langue de la commune concernée.
La politique de néerlandisassions (1823-1830).
Un arrêté royal datant de 1819 va modifier cette situation et va disposer que, à partir du 1er
janvier 1823, seule la langue nationale c’est-à-dire le néerlandais sera reconnu pour les
affaires publiques dans les provinces de Limbourg, de la Flandre-Orientale, de la Flandre
occidentale et à Anvers.
Cependant, le roi Guillaume d’Orange garde le droit d’imposer le néerlandais dans le
Brabant méridional ainsi que dans d’autres provinces où le néerlandais est utilisé.
Il y a donc un effort du roi de « néerlandiser » les provinces du nord de la Belgique, ainsi qu’à
la demande de certaines communes du sud.
Plus tard, l’arrêté royal complétera l’arrêté royal de 1819 en imposant l’usage du néerlandais
aux arrondissements de Bruxelles et de Louvain.
Au niveau de l’enseignement qui est dirigé par le gouvernement, le néerlandais sera imposé
du primaire aux universités, en passant par les athénées et l’École normale.
Cependant, comme il est difficile de mettre en œuvre cette politique pour des raisons
pratiques, une circulaire va être mise en place : le néerlandais sera imposé pour les provinces
flamandes ainsi que dans les arrondissements de Bruxelles et Louvain.
Le retour à la liberté des langues (juin 1830).
De nombreuses personnes sont inquiète et lancent des pétitions contre le gouvernement dont il
critique leur politique de contrainte.
En juin 1830, le roi va changer d’avis (législation) et va autoriser que les parties à choisissent
la langue dans laquelle tous les actes vont être rédigés. Un nouvel arrêté royal de 1830 va
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maintenir la langue française dans les provinces wallonnes dans les affaires administratives,
financières et judiciaires (cet usage sera maintenu jusqu’à la veille de la révolution), mais
aussi la langue allemande et française dans le grand-duché de Luxembourg.
Toutefois, il est important de souligner que le mot Wallonie n’existait pas en 1830.
On utiliser le terme « provinces wallonnes » et on se réfère aux langues puisqu’il n’y a pas de
frontière à l’époque.

2. Le processus révolutionnaire
Plusieurs facteurs (l’opposition catholiques et libéraux, la révolution en France et les
difficultés économiques et la présence du nationalisme dans la presse) provoqueront des
émeutes à Bruxelles (menées par des gens de la ville et d’autres provinces) et dans plusieurs
villes du Royaume des Pays-Bas.
L’inefficacité des autorités obligera les gardes bourgeoises à arrêter eux-mêmes les émeutes.
Les notables réclament une même couronne entre le nord et le sud du royaume, mais le roi
refusera tout compromis.
Les révolutionnaires bâteront les troupes royales (hollandais) et un gouvernement provisoire,
accepté par tous, dirigera le pays. Tout cela marquera la rupture avec la Hollande...

3. La naissance de l’État à Bruxelles


En septembre 1830, le Gouvernement provisoire reçoit 3,8 millions de florins et une nouvelle
avance de 200 000 florins. Il va créer en son sein le Comité central c’est-à dire le pouvoir
exécutif.
Ils vont tous les deux satisfaire la volonté des révolutionnaires c’est-à-dire proclamer
l’indépendance (4 octobre 1830), libérer le territoire (Anvers, Luxembourg et Maastricht),
rétablir la confiance économique et emprunts (Rothschild) et organiser la garde civique, de
l’armée et de la justice.
En octobre, un corps électoral composé d’hommes est convoqué pour élire une assemblée
Constituante c’est-à-dire le Congrès national. Ce Congrès se réunira en novembre pour
déterminer la forme de l’État belge. Ils délibèreront jusqu’au 7 février 1831 et approuveront
ce jour-là la Constitution. Érasme Surlet de Chokier, le président du Congrès national, dirige
le pays.

4. Les accords diplomatiques

 1er traité : en novembre 1830, les grandes puissances se réunissent à la Conférence de


Londres (la Russie, l’Autriche, la Prusse, la France et l’Angleterre) pour régler la
séparation qui est survenue entre les deux parties du Royaume des Pays-Bas.
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Un accord (Traité des 18 Articles) a été ratifié par le Congrès de Vienne en 1831 et
celui-ci détermine aussi le choix du roi qui sera Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha. Ce
premier traité est favorable à la Belgique.
Mais Guillaume d’Orange n’est pas d’accord avec ce compromis et ramène ses soldats
en Belgique. L’armée belge sera battue mais l’armée française et la flotte anglaise
interviennent contre la Hollande.
 2ème traité : la Conférence de Londres impose le Traité des 24 Articles, ratifié par
Guillaume d’Orange en 1839, qui sera moins favorable à la Belgique :
Elle perdra la partie allemande du Luxembourg.
Elle perdra la rive droite de la Meuse dans le Limbourg (Maastricht).
Un péage est instauré sur l’Escaut.

5. La Constitution et la forme de l’État


Dispositif de rédaction de la Constitution belge du 7 février 1831.
La Constituante compte 14 membres (désignés par le Gouvernement provisoire) et il est
présidé par le baron Etienne de Gerlache.
Le texte de la Constitution a été élaboré surtout par Jean-Baptiste Nothomb et Paul Devaux.
Les discussions au Congrès national concernant ce texte ont duré un peu plus de 2 mois
(jusqu’au 7 février 1831).
Sources de la Constitution de 1831.
Les membres du Congrès national se sont basés sur ces textes pour élaborer la Constitution :
 La Loi fondamentale du Royaume des Pays-Bas ;
 La Charte française de 1830 ;
 La Charte française constitutionnelle de 1814 ;
 La Constitution française de 1791 ;
 Des éléments de droit de l’Ancien Régime et du droit public anglais ;
 Des parties inédites relatives au mode de désignation des sénateurs, à la liberté
d’enseignement, à la liberté d’association, aux rapports entre l’Église et l’État, etc.
Le régime politique de la Belgique de 1831.
Nous sommes dans un régime parlementaire représenté par un gouvernement. Les lois sont
adoptées par le roi, la Chambre des Représentants et le Sénat.
Les députés et les sénateurs sont élus par un corps électoral (1% de la population) capacitaire
(hommes âgés de 25 ans) et censitaire (le cens (entre 20 et 100 florins) c’est-à-dire un impôt
que les hommes devaient payer pour pouvoir voter qui est fixé en fonction de quatre choses :
 L’impôt foncier ;
 L’impôt de débit ;
 L’impôt personnel ;
 La patente (impôt annuel).
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Celui qui souhaite être élu au Sénat (devenir sénateur) doit payer 1000 florins.
Les juges sont nommés à vie et ils ne peuvent pas être déplacés sans leur accord.
Le régime linguistique.
Un arrêté prévoit la liberté du langage qui permet à chacun de choisir sa langue en fonction de
ses intérêts et ses habitudes.
Malgré cela, le gouvernement provisoire va publier un « Bulletin officiel des lois » qui ne sera
rédigé qu’en français suite à un grand nombre de variantes locales des langues flamande et
allemande.
Cependant, Charles Liedts (député d’Audenarde et membre du Congrès national) n’est pas
d’accord avec cela car l’entièreté de la population doit pouvoir comprendre l’entièreté des lois
données par le gouvernement. Sa volonté finira par être satisfaite... Le pouvoir exécutif
traduira (suite à la décision du Congrès national) l’ensemble des lois du « Bulletin officiel des
lois » (le français restera tout de même la langue officielle puisque c’est la langue qui été
parlé lors la 1ère réunion des États généraux en 1465 et car c’est dans cette langue que
Charles Quint avait prononcé l’acte de son abdication).

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