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Histoire de la Belgique contemporaine : Les grandes évolutions du


XXème siècle.
La démocratisation des institutions.

Une évolution est un mouvement qui affecte une partie ou l'ensemble d'un système.

1. Rétroactes 1831-1918
La Constitution de 1831 avait fondé un régime parlementaire censitaire (riche) où les
électeurs capacitaires, qui avaient pourtant contribué à élire le Congrès national, avaient
finalement été exclus.
Cependant, après les évènements parisiens de 1848 et la création d'un programme libéral en
1846, le ministre Charles Rogier va mettre en place une loi afin de porter le cens à son
minimum constitutionnel de 20 florins. Le nombre a ainsi pu augmenter assez fortement.
Malgré plusieurs réclamations par les associations démocratiques, le suffrage universel ne
verra le jour qu'au 19ième siècle. Au niveau des élections communales, le cens sera baissé à
10 francs et le droit de vote sera étendu jusqu'au personnes capacitaires ayant un diplôme
d'enseignement primaire en 1883.
Néanmoins, les libéraux doctrinaires et le Parti catholique s'opposent formellement au
suffrage universel pour les élections législatives alors que les libéraux radicaux, les socialistes
et les démocrates-chrétiens le revendiquent.
Suite à la révision constitutionnelle de 1893-94, et en s'inspirant de John Stuart-Mill, un
système de suffrage masculin à 25 ans avec un vote plural est instauré : certaines personnes
peuvent voter trois fois en fonction de leur qualité de locataire ou de propriétaire d’un
immeuble ou de leur diplôme. Ce système permet de multiplier par 10 le nombre d'électeurs.
De plus, sous l'initiative du ministre catholique A. Beernaert, le vote est obligatoire avec cette
réforme. En conséquence, le parti ouvrier belge (POB) entre au parlement avec les élections
de 1894.
2. L’obtention du suffrage universel masculin pur et simple
Dans le contexte de l'agitation révolutionnaire qui touche l'armée allemande à la libération,
des entretiens se tiennent à Loppem. Ils réunissent autour du roi Albert Ier des personnalités
de la Belgique occupée et de l’extérieur (11 novembre 1918), tout en écartant les catholiques
conservateurs. Le Gouvernement d'Union nationale du catholique Léon Delacroix1 est alors
constitué (6 catholiques, 3 libéraux et 3 socialistes), et chargé de la reconstruction du pays.
Le gouvernement fait alors voter une loi électorale sans révision de la Constitution afin
d'appliquer le suffrage universel pour tous les citoyens masculins d'au moins 21 ans. Ainsi, les

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Catholique et Premier ministre.
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élections législatives de 1919 mettront en place des chambres constituantes afin de permettre
la révision constitutionnelle.
Face aux réticences libérales, le Parlement ne put trouver un accord sur le vote des femmes
qui sera limité aux veuves et héroïnes de guerre, puis aux élections communales et
provinciales. Toutefois, un article de la Constitution du 7 février 1921 autorise l'extension
future du suffrage universel aux femmes pour les élections législatives par une simple loi qui
devra être votée à la majorité des deux tiers2
Sauf en 1950, le cumul du suffrage universel et de la représentation proportionnelle
nécessitera la mise en place de gouvernements de coalition.
3. Le fascisme et les mises en cause de la démocratie
Loin d'être une simple « extrême droite », l'idéologie fasciste s'est développée en Europe à la
fin du 19ème siècle en particulier à cause de l'affaire Dreyfus. Son origine vient d'un
rapprochement entre les tenants d'une nouvelle révision du marxisme et dans un mouvement
nationaliste (appartenance nationale, pour le pays). Le national-socialisme prend donc la
forme d'une révolution nationale qui permet de recruter dans des milieux sociologiques qui
soutiennent traditionnellement la droite (les capitalistes, l'armée et certaines classes
moyennes) et la gauche (classe ouvrière). Les thèmes principaux du fascisme sont :
 La mise en avant de l'irrationnel ;
 L’intuition et les instincts de l'homme qui lui permettraient de se surpasser ;
 Le darwinisme social et l'idée de la survivance du plus apte ;
 La critique de la démocratie au nom de la bêtises des foules ;
 L’école italienne de sociologie politique.
L'influence du fascisme va se faire sentir en Belgique durant l’Entre-deux Guerre :
 En 1925, publication du livre « Epreuve du feu » préfacé par C. Maurras et B. Mussolini,
qui propose de remplacer la Chambre et le Sénat par 6 chambres corporatistes composés de
délégués des professions mais aussi de supprimer la responsabilité ministérielle au profit
d'une souveraineté royale ;
En 1927, un nouveau livre est publié : « Réforme de l’Etat, puis en 1935 Corporatisme ou
parlementarisme réformé ? ». L'auteur y accorde une importance ou une prééminence aux
techniciens par rapport aux mécanismes parlementaires ;
Au Vlaamsche Nationaal Verbond (VNV) fondé par Staf De Clercq en 1934 sur les bases
de l’ancien Frontpartij ;
Au Verdinaso (Verbond van Dietsch-Nationaal Solidaristen) fondé en 1931 par l’ancien
député frontiste Joris Van Severen ;
Au parti rexiste créé par Léon Degrelle en 1935, qui obtient 21 sièges aux élections de
1936. Le mouvement basculera dans la collaboration après sa défaite de 1937 face à Paul Van
Zeeland à Bruxelles ;
2
Attention, Monsieur Destatte pose très souvent une question en rapport avec cet élément du cours lors de
l'examen !
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Certaines personnalités socialistes (exemple : Henrik De Man) recherchent un renforcement


de l'exécutif et des pouvoirs législatifs pour assurer une direction efficace de l'économie. En
1940, Henri De Man (président du POB) dissoudra le parti socialiste et appellera à la
collaboration avec les Allemands.
4. Les ouvertures démocratiques de l’Après-Guerre
La libération et l'Après-guerre voient à nouveau avancer l'idée de démocratisation tant au
niveau du monde que de l'Europe. La Déclaration universelle des Droits de l’Homme donne
un cadre nouveau à la démocratisation des institutions. La loi à majorité des deux tiers prévus
par le constituant de 1921 pour admettre le vote des femmes aux élections législatives est
adoptée en 1948 à la Chambre et au Sénat. Cette réforme augmente de nouveau le nombre
d'électeurs qui passent de 32% à 66% de la population. Dans le même temps, les résultats du
scrutin de 1949 n'ont pas montré de véritables changements de voix entre la droite et la
gauche.
Près de 20 ans après le rapport de Fernand Dehousse sur l'élection de l'Assemblée
parlementaire européenne au suffrage universel direct, le conseil européen, réuni à Bruxelles
en 1976, décide malgré les réticences des anglais et des français, de faire un pas (faible mais
symbolique) dans la démocratisation de l'Europe. Cet événement s'est produit en juin 1979.
En Belgique, les jeunes de 18 ans y votent pour la première fois. En 1981, le droit de vote est
accordé aux jeunes de plus de 18 ans pour les élections législatives. Le droit de vote pour les
étrangers est alors mis au centre du débat citoyen même si une directive européenne de 1988,
accordant à tous les ressortissants de l’Union européenne le droit de vote aux élections
communales, génère dans sa transposition tardive en droit belge une nouvelle problématique
de nature communautaire.
Le Traité de Maastricht (7 février 1992) change la donne en créant une citoyenneté
européenne et en instaurant les droits de vote et éligibilité aux élections européennes ainsi
qu'aux élections municipales dans l'Etat membre de résidence pour toutes les personnes
venant d'un état membre de l'UE, dans les mêmes conditions que les personnes venant de cet
état.
La transposition en droit belge de la directive européenne de 1994 sur les élections
municipales devait être réalisée pour le premier janvier 1996. Cependant, la directive ne sera
transposée qu'en janvier 1999, ce qui valut à la Belgique d'être condamnée le
27 janvier 1998 par la Cour de Justice européenne pour manquement à ses obligations.
Les réticences politiques à cette transposition étaient uniquement flamandes. Des ouvertures
ont pourtant été réalisées après l’affaire de la petite Loubna Ben Aïssa, enlevée et assassinée
en 1992, et dont le dossier n’a été réellement pris en considération qu’en 1997, dans le cadre
de l’affaire Dutroux. La loi du 19 mars 2004 reconnaît le droit de vote pour les élections
communales aux étrangers non-européens qui résident depuis cinq ans de manière
ininterrompue dans la commune, se sont inscrits sur les listes électorales et se sont engagés à
respecter la Constitution belge. Ils participent pour la première fois aux élections communales
2006.

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