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AIDE-MEMOIRE

EVOLUTION
CONSTITUTIONNELLE
DE LA REPUBLIQUE
DEMOCRATIQUE DU
CONGO
MICHEL NONGA TETE
AIDE-MEMOIRE DE L’EVOLUTION CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCTATIQUE
DU CONGO

1
Michel Nonga TETE
AIDE-MEMOIRE DE L’EVOLUTION CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCTATIQUE
DU CONGO

EPIGRAPHE

« Le monde a l’habitude de faire de la place à l’homme dont les paroles et


les actions montrent qu’il sait où il va »

NAPOLEON HILL

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Michel Nonga TETE
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DU CONGO

DEDICACE

A mes collègues étudiants de L2 LMD, à l’Académie Juridique, ma famille scientifique, que le nom
de Jésus-Christ guide toutes nos activités académiques, car, à mon sens, une vie sans la présence de
Jésus-Christ est inenvisageable.

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Michel Nonga TETE
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AVANT-PROPOS

Lorsque l’idée m’est venue de fournir à mes camarades étudiants un aide-mémoire de


l’évolution constitutionnelle de la République Démocratique du Congo, j’ai tout de
même réfléchi de la valeur que présenterait un tel document. Il a été rédigé par leur
camarade, avec qui ils ont participé aux séances des cours, mais je me suis demandé si en
tant qu’étudiant en L2 LMD, j’avais les qualifications nécessaires pour le produire.Tant
mieux, le dictionnaire LAROUSSE m’a donné les ailles d’un aigle qui me permettent de
prendre de la hauteur, car voit-il dans l’aide-mémoire, « un abrégé donnant l’essentiel d’une
matière, d’un programme, en particulier en vue d’un examen », il ne s’agit donc ni d’un traité, ni
d’un précis, mais plutôt d’un document qui n’a pour ambition que de traiter de manière
succincte et brève le sujet, objet du présent travail. Par ailleurs, il convient de signaler que
les idées exprimées par l’auteur (qui, d’ailleurs, sont en minorité puisque la majorité est
référencée en bas de pages) présentent une valeur scientifique relative. Il n’est donc pas
conseillé de citer le présent document dans le cadre d’un travail de recherche scientifique.
De plus, ce document constitue pour l’auteur un exercice du cours de méthodologie
juridique, qu’il a récemment suivi.

Michel Nonga TETE

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Michel Nonga TETE
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LISTE DE PRINCIPALES ABREVIATIONS

E.I.C : Etat Indépendant du Congo (1885-1908).


L-F : Loi fondamentale du 19 mai relative aux libertés et celle relative aux libertés
publiques du 17 juin 1960.
R.D.C : République Démocratique Du Congo.
Art : Article
Al : Alinéa
Op, cit : Auteur déjà cité
Idem : Même auteur
Ibidem : Même auteur, même ouvrage
D.L.C : Décret-loi-constitutionnel
D.L : Décret-loi
Ord : Ordonnance
O-L : Ordonnance-loi
P : Page
Pp : De x à y page

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PRESENTATION ET METHODOLIE DU TRAVAIL

A. Présentation du travail : Sous la colonisation, l’actuelle RDC était régit par la


charte coloniale. Le Congo-Belge est le nom que portait notre pays entre le 15
novembre 1908, fin de l’Etat indépendant du Congo, possession personnelle
pendant 23 ans du roi des belges, Léopold II, et l’accession à l’indépendance
congolaise, effective le 30 juin 1960. Le roi Léopold II a céder son patrimoine à la
Belgique. Au sujet de la cession du territoire congolais par le roi à la Belgique,
deux thèses s’affrontent pour donner la nature de l’acte ayant fondé cette volonté
de l’ancien propriétaire de l’EIC : certains soutiennent que la cession est
testamentaire, d’autres avancent la thèse de la donation1 . Désormais partie
intégrante du Royaume de Belgique, avec laquelle elle forme une union réelle,
ayant une personnalité distincte de la métropole, le Congo belge aurait dû relever
de la Constitution belge en vertu de laquelle la Charte coloniale édictée pour le
régir avait été prise, mais la colonie possède sa propre législation et sa population
n’est pas soumise aux lois belges. Il faut retenir que c’est à l’époque de la Charte
coloniale que le Congo est organisé, que les limites des provinces, des districts, des
territoires, des chefferies et des secteurs sont tracées. L’administration territoriale
congolaise est en grande partie tributaire de l’héritage colonial.
Le travail comprend cinq chapitres, analysant respectivement, la loi fondamentale de
1960 (chap. I), la constitution de 1964(chap. II), la constitution du 24 juin 1967 (chap.
III), les constitutions de la transition (chap. IV) ainsi que la constitution du 18 février
2006(chap. V)

B. Méthodologie du travail : A côté de la méthode juridique essentiellement


normative consistant à étudier les différentes règles constitutionnelles, nous allons
recourir à l’approche diachronique qui nous permettra de remonter à travers
l’histoire, puis à la méthode génétique qui nous sera d’un grand apport en ce
qu’elle nous permettra de comprendre les faits ou les contextes de la naissance des
différents textes constitutionnels.

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VUNDUAWE-te-PEMAKO F., Traité de droit administratif, Bruxelles, Afrique éditions
et Larcier, 2007
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Table des matières

CHAP I : LA LOI
FONDAMENTALE………………………………………………………………………...............4

Première section : la révocation de Lumumba……………………………… ..................4

Section 3: Régime politique de la loi fondamentale…………………………………..…..6

CHAP II : LA CONSTITUTION DE LULUABOURG DE


1964……………………………………………………………….………………………….………..7

Section 1 : Contexte politique d’élaboration………………………………….. …............8

Section 2 : Organisation des pouvoirs…………………………………………….…….…8

CHAP III : LA CONSTITUTION REVOLUTIONNAIRE DU 24 JUIN


1967…………………………………………………………………………………………….…….10

Section 1 : Contexte général d’élaboration………………………………………………..10

Section 2 : Organisation des pouvoirs………………………………………………....….11

CHAP IV : LES CONSTITUTIONS DE LA


TRANSITION……………………………………………………………....................................12

La loi n° 002/090 du 5 juillet 1990 portant révision de certains articles de la constitution


du 24 juin 1967…………………………………………………………….......................13

Loi n° 90-008 du 25 novembre 1990 portant révision d’une disposition de la constitution


………………………………………………………………………………......................13

L’acte portant disposition portant dispositions constitutionnelles relatives à la période de


la transition……………………………………………………………………………….…13

L’acte constitutionnel de la transition du 9 avril 1994 …………………………………..14

Le Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice


du pouvoir en République démocratique du Congo……………………………………..14

La Constitution de la transition du 4 avril 2003………………………………………….15

CHAP V : LA CONSTITUTION DU 18 FEVRIER


2006………………………………………………………………................................................15

Section 1 : Contexte général d’élaboration…………………………………………………………17

Section 2 : Organisation des pouvoirs…………………………………….………………………..18

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CHAP 1er : LES LOIS FONDAMENTALES DE 1960

Apres un moment de tension, de crise entre les hommes politiques congolais et la


Belgique, l’autorité coloniale fut obligée de convoquer une conférence dite « table
ronde ». Deux conférences eurent lieu, la table ronde politique et la table ronde
économique. La première, la table ronde politique a donné lieu à 16 résolutions, ces
résolutions ont permis l’élaboration de deux lois fondamentales, en réalité la table ronde
est la source de la loi fondamentale du 19 mai 1960 relatives aux structures du Congo et
celle du 17 juin 1960 relative aux libertés publiques.

Examinée et adoptée selon une procédure d’urgence, la loi fondamentale du 19 mai


apparut comme la première constitution appelée à régir le nouvel Etat indépendant ; elle
sera un mois plus tard suivie d’une autre, prise le 17 juin 1960 relative aux libertés
publiques.

La loi fondamentale est une loi d’origine belge, votée par le parlement belge, sanctionnée
et promulguée par le roi des belges le 19 mai.

Une partie de la doctrine qualifie cette constitution d'intérimaire2 ou tout simplement


d’une constitution octroyée3

Première section : la révocation de Lumumba

Comme le fait savoir Jean-Claude William, le 5 septembre à 20h 15, la radio nationale
congolaise interrompit brusquement ses émissions pour faire entendre un message spécial
du président de la république. D’une voix mal assurée, KASA-VUBU annonça la
révocation du premier ministre que l’émotion du moment, il l’appela, « Premier
bourgmestre »…Apres ce message qu’il est venu lire en personne, entouré de Vital
Moanda, vice-président de l’Abako et quelques gardes du corps, la radio reprend le cours
normal de ses émissions4. Après seulement 1h soit à 21h, LUMUMBA se rend à la même
radio pour prononcer à son tour la déchéance du chef de l’Etat.

En vertu de l’article 22 de la loi fondamentale, le président KASA-VUBU était fondé de


révoquer le premier ministre, cet article était libellé comme suit : « Le chef de l’Etat
nomme et révoque le premier ministre et les ministres ». Certes, cette révocation avait un
fondement juridique mais elle a violée l’esprit du texte étant donné que LUMUMBA
était majoritaire au parlement. KASA-VUBU remplace LUMUMBA par ILEO pourtant
minoritaire au parlement, il s’en suivra une crise politique 5 qui va donner lieu à des textes

2 VUNDUAWE-te-PEMAKO F., Traité de droit administratif, Bruxelles, Afrique


éditions et Larcier, 2007, Pp189
3 Jean-Louis Esambo Kangashe, Traite de droit constitutionnel, Paris,
L’Harmattan,2017
4Cairn.info’’https://www.cairn.info/patrice-lumumba-9782865372706.htm

(consulté, le 28 Novembre 2023)


5 Apres la révocation du premier ministre, il va s’en suivre une crise, d’emblée

signalons que le chef de l’Etat va envoyer le parlement en congé sine die. Réagissant
a cette crise, le colonel Mobutu va neutraliser le président de la république et le
8
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inconstitutionnels.6 Quant à la révocation du Chef de l’Etat par le premier ministre, la loi


fondamentale n’en a aucunement fait mention, point n’est besoin de rappeler qu’elle n’a
pas de base juridique.

Section 3: Régime politique de la loi fondamentale7

Aux termes de l’article 8 de la loi fondamentale, les institutions centrales sont : Le chef
de l’Etat, le gouvernement dirigé par un premier ministre, la chambre des représentants et
le sénat. Le président de la république était irresponsable devant le parlement8, désigné
par un corps électoral restreint composé de deux chambres du parlement9, il confère des
grades aux forces armés et la gendarmerie, il nomme aux emplois d’administration
générale sauf les exceptions établies par les lois10.

Le gouvernement était composé du premier ministres et des ministres, et devrait


comprendre au moins un membre de chaque province, il en découle de la lecture de ce
texte que le pouvoir exécutif était exercé par le chef de l’Etat et le gouvernement, le
pouvoir législatif par un parlement composé du Senat et de la chambre des représentants,
les deux chambres du parlement exerçaient des pouvoirs identiques, c’est ce qui ressort
de l’article 50 de la loi fondamentale, il s’agit en terme technique d’un bicaméralisme
égalitaire et le pouvoir judiciaire par les cours et tribunaux, dans chaque province, il fut
institué un gouvernement provincial dont les membres sont élus par une assemblée
provinciale, au niveau local il fut institué des circonscriptions urbaines et rurales dont les
organes sont élus au suffrage universel direct.

S’agissant de la forme d’Etat, il faut avouer que la doctrine a des interprétations


antithétiques conduisant à des conceptions diamétralement opposées, en effet, une
certaine doctrine estime que cette loi organise un pseudo-fédéralisme ou un fédéralisme

premier ministre en instituant le « conseil des commissaires généraux » crée par le


décret-loi constitutionnel du 29 septembre 1960 relatif à l’exercice du pouvoir à
l’échelon national, ce conseil composé dans sa majorité par les jeunes universitaires
finalistes, a joué un double rôle : celui de gouvernement et celui de parlement. En
tant que parlement, il a légiféré par voie de décret-loi délibérés en conseil,
sanctionnés et promulgués par le chef de l’Etat.
6 Le président KASA-VUBU va prendre deux textes inconstitutionnels : Le décret-loi

constitutionnel du 7 février 1961 relatif au pouvoir judiciaire qui lui permettra de


s’attribuer le pouvoir de procéder à des mutations des magistrats de siège, à des
révocations ou des suspensions.
Le décret-loi constitutionnel du 9 février 1961 relatif à l’exercice des pouvoirs
législatif et exécutif a mis en place un nouveau gouvernement dirigé par Iléo ayant
les mêmes pouvoirs que ceux du conseil des commissaires généraux.
7 La L-F. organisait un exécutif bicéphale, un parlement bicaméral, un régime

parlementaire moniste.
8Loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux structures du Congo, art 20
9 Article 12, Idem
10 Article 23, Ibidem

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composite ou encore implicite11, une autre affirme cependant que la loi fondamentale
institue un régionalisme politique12 ou tout simplement un Etat unitaire fortement
décentralisé. La loi fondamentale institue à la fois des mécanismes fédéralistes et des
mécanismes de sauvegarde unitaristes.

L’article 8 de la loi fondamentale dispose que l’Etat du Congo comprend les


institutions centrales, provinciales et locales :
 Les institutions centrales sont : le chef de l’Etat, le gouvernement, la
chambre des représentants et le Senat.

 Les institutions locales sont : le gouvernement provincial et l’assemblée


provinciale.

L’article 160 dispose qu’une constitution provinciale organisant la structure


administrative et politique de chaque province dans le cadre des mesures générales
fixées par la présente loi sera élaborée par chaque assemblée dans le plus bref
délai.

La lecture combinée de ces articles a fait croire à la majorité des doctrinaires congolais
que la loi fondamentale organisait un Etat fédérale.

De même la loi fondamentale consacrait des mécanismes importants d’une


organisation unitaire. On peut citer à titre d’lustration :
 La terminologie foncièrement unitariste : Province au lieu d’Etat Fédéré,
 L’indivisibilité du pouvoir judiciaire,
 Le fait que sur proposition du président du gouvernement provincial ou du
commissaire d’Etat, le Senat peut procéder à la majorité de deux tiers de
membres qui le composent et seulement en cas d’urgence ou de nécessité,
qu’une matière exclusivement attribuée au pouvoir provincial, soit réglée
notamment par la loi (article 213),
 la loi fondamentale institue que le commissaire d’Etat représente le
pouvoir central (section III, article 180). Le commissaire d’Etat dirige les
services diriges les services de l’Etat existant dans la province et assure les
relations qu’appelle la coordination entre les institutions provinciales et
centrales (Article 184)

11 Djelo Empenge Osako cité par NDJOLI ES’ENGEKELI J., Droit constitutionnel.
L’expérience congolaise (RDC), Paris, L’Harmattan, Coll. COMPTE RENDU, 2013.
Pp80
12 Kabange cité par NDJOLI ES’ENGEKELI J., Droit constitutionnel. L’expérience

congolaise (RDC), op cit


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Chap. 2 : La constitution de Luluabourg du 1er aout 1964

Section 1 : Contexte politique d’élaboration

Point n’est besoin de rappeler que la loi fondamentale était un texte provisoire, après
l’indépendance, le Congo s’est plongé dans un contexte de crise politique permanant,
comme le relève le doyen J-L Esambo, Le processus de la mise en place d’un nouvel ordre
constitutionnel a été retardé par un contexte sociopolitique très agité dont, le point de mire reste la
crise politique et institutionnelle créée, le 5 septembre 1960, par la révocation du premier ministre
Patrice Emery Lumumba et sa mort le 17 janvier 1961127.
Sont, également, signalées dans cet épisode, la sécession du Katanga le 6 août 1960, celle du Sud-
Kasaï, le 8 août 1960, les rebellions au Kwilu et dans le Kivu, mais également les guerres civiles qui
conduisirent à la partition du pays et l’effondrement de l’autorité de l’État. En vue de parvenir à
l’unification du territoire et la réinstauration de l’autorité de l’État, plusieurs rencontres politiques
furent initiées et organisées, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur du pays, notamment, la Conférence de
Léopoldville, les assises d’Antananarivo, de Brazzaville, de Coquilhatville et le conclave de
Lovanium.13 Le problème de la constitution définitive devrait être résolu dans les formes
prévues par la loi fondamentale14 ce texte reconnaissait au chef de l’Etat et aux deux
chambres du parlement, le pouvoir constituant, c’est-à-dire, le pouvoir d’élaborer une
constitution, qui devra remplacée la loi fondamentale15.

En vue d’aboutir à la mise en place d’une nouvelle constitution, le chef de l’Etat


demanda au parlement de siéger en tant qu’assemblée constituante pour élaborer le texte
constitutionnel, un délai de 100 jours leur fut imparti en vue de la réalisation de ce projet.
Toutefois face à l’impossibilité pour le parlement de mettre en place le « mot magique et
caractéristique d’un Etat de droit »16 le président de la république décida de mettre l’envoyer
en congé le 29 septembre 1963
Le 27 décembre de la même année, par l’ordonnance numéros 278 du 27 novembre 1963
le chef de l’Etat va mettre en place une commission chargée d’élaborer la constitution.

Section 2 : Organisation des pouvoirs

La constitution du premier Aout 1964 est parmi celle élaborée selon les modes
démocratiques d’élaboration d’une constitution17 . Sur la forme de l’Etat congolais, l’héritage

13 Jean-Louis Esambo Kangashe, Traite de droit constitutionnel, op cit Pp56


14 Jacques Njoli Eseng’ekeli, Droit constitutionnel (l’expérience congolaise),
L’Harmattan, op cit p99
15 L’article 3 de la loi fondamentale relative aux structures du Congo était libellé

comme suit : Le chef de l’Etat et les deux chambres composent le pouvoir


constituant.
16 En ce sens lire, J. GICQUEL et J.-E. GICQUEL, Droit constitutionnel, L.G.D.J.,

Paris, 2017-
2018, p. 228
17 Dans son traité de droit constitutionnel congolais, Jean-Louis Esambo renseigne

qu’en droit constitutionnel, on distingue trois techniques d’élaboration des


Constitutions, se déclinant en mécanismes autoritaires, démocratiques et mixtes.
S’agissant des modes démocratiques, l’auteur poursuit qu’ils comprennent le
plébiscite constituant, la convention et le référendum constituant. Le plébiscite
constituant confie l’élaboration du texte constitutionnel à un corps électoral
désigné, mais ne disposant pas d’une pleine liberté de choix des options politiques
11
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du compromis de la Loi fondamentale entre les fédéralistes et les unitaristes n’a pas cessé
de hanter la Constitution définitive du Congo18 . le constituant de 1964 avait
officiellement opté, compte tenu de l’expérience politique caractérisée par des sécessions,
guerres civiles et rebellions de diverses natures, pour une forme prudente de l’État
composé de vingt et une provinces autonomes19 , ainsi, cette constitution s’est inscrite
dans une logique purement fédéraliste20 Sans organiser l’État unitaire décentralisé, le
constituant s’est, également, réservé d’opter pour un État fédéral classique, les
divergences conceptuelles entre les deux formes d’État ayant amené la Commission
constitutionnelle à prévoir, avant le référendum, deux projets de Constitution dont, l’un
de nature fédérale, et l’autre favorable à un État unitaire. C’est ce dernier qui a été
finalement adopté au référendum, l’autre ayant été conservé dans une annexe à la
Constitution officiellement promulguée, sa mise en application devant intervenir plus
tard,21 au début de la troisième législature, soit au plus tôt dans dix ans22.

Quant à la forme du gouvernement, l’article 53 de ladite constitution prend en charge la


question, au terme de cette disposition, les institutions nationales sont : le président de la
république, le gouvernement dirigé par un premier ministre, le parlement composé de
deux chambres et les cours et tribunaux. En outre l’article 54 de ce texte règlemente la
question du président de la république, la question du mandat quand a elle est réglée par
l’article 55 de ce texte, « le président de la république est élu pour un mandat de 5 ans par un
corps électoral composé des membres du parlement et des délégués de la ville de Léopoldville qui
votent dans la capitale ainsi que des membres des assemblées provinciales qui votent chacun dans les
chefs-lieux de la province qu’ils représentent », il pouvait conformément a cette constitution,
mettre fin aux fonctions du premier ministre, d’un ou des plusieurs membres du gouvernement
central notamment lorsqu’un conflit l’oppose à eux. Le gouvernement comme sus-indiqué était
dirigé par un Premier ministre et comprenait des ministres dont le nombre ne pouvait pas
dépasser quinze, le Premier ministre et les ministres sont nommés par le président de la
république, le premier, est issu de la majorité parlementaire, les seconds entaient nommés
sur proposition du premier.

Au terme de l’article 69, « les membres du gouvernement central ne sont responsables que devant
le président de la république » aussi, « le contreseing qu’ils apposent aux actes du président de la
république est un engagement à exécuter ces actes », dommage que ce texte n’aïet pas organisé
la responsabilité du gouvernement devant le parlement, ayant pour mission de combler
les lacunes de la loi fondamentale, élaboré selon une procédure irrégulière, c’est-à-dire

qu’il renferme. La convention attribue l’élaboration de la Constitution à une


assemblée souveraine, spécialement élue à cette fin, le texte constitutionnel ainsi
adopté devient exécutoire et opposable à tous, l’intervention ultérieure du peuple
n’étant plus, en raison de l’identité de vues avec ses élus, nécessaire. Le référendum
reconnait à l’assemblée constituante le pouvoir d’élaborer le projet de Constitution
qui ne sera effectif qu’après son approbation par le peuple ; la technique opérant
une simultanéité dans l’élection de la constituante et la consultation populaire pour
entériner ou non le projet de Constitution.
18 KAMUKUNY MUKINAYI A., Droit constitutionnel congolais, Louvain-la-Neuve,

Académia-L’Harmattan, 2011, p76


19 Jean-Louis Esambo Kangashe, Traite de droit constitutionnel, op cit p56
20 Jacques Njoli Eseng’ekeli, op cit, p100
21 Jean-Louis Esambo Kangashe, op cit, p58
22KAMUKUNY MUKINAYI A., Droit constitutionnel congolais, Louvain-la-Neuve, op

cit, p77
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autre que celle prévue par la loi fondamentale, ce texte a le mérite d’avoir consacré ce que
Jacques Ndjoli qualifie de « régime présidentiel avec un glissement présidentialiste » cette
opinion est partagée par la majorité de la doctrine, comme le soulève le même auteur,
plus savant que moi-même, le professeur Jacques Ndjoli, les mécanismes institués par le
constituant à savoir, la question orale ou écrite, l’interpellation, l’audition par
commissions, commission d’enquête semblent être des mécanismes d’information que de
contrôle, dont les sanctions sont simplement l’avertissement ou la remontrance23, dans
son abrégé de droit administratif congolais, Jean-Marie Mboko différencie le contrôle
sanctionnateur et le contrôle informatif24

Chap. 3 : La constitution du 24 juin 1967


Section 1 : Contexte général d’élaboration

Intervenu dans un contexte de crise particulière, plus lâche que ses devancières25, la
constitution du 24 juin 1967 consacre une sorte de prééminence présidentielle(…)
caractérisée par la dévolution totale du gouvernement envers le Chef de l’État et
l’absence des moyens de contrôle du parlement26. A l’approche des élections
présidentielles, un climat malsain s’installa au sommet de l’Etat et offrit au général
Mobutu l’opportunité de planifier la prise du pouvoir27. A la base de cette crise se situe le
conflit de leadership entre le président Kasa-Vubu et le premier ministre Tshombe.28Le 13
octobre 1960 lors de son discours d’ouverture de la session parlementaire, fort de la
teneur de l’article 62 et suivants, le président de la république destitue le premier ministre
et annonce la désignation d’un formateur en la personne d’Evariste Kimba29.

Le 18 octobre 1964 le parlement refuse de donner son approbation, de ce fait le


gouvernement Kimba était réputé démissionnaire. Le président de la république se voit
dans l’obligation de designer un autre premier ministre et de composer ainsi un nouveau
gouvernement.30Le 15 Novembre 1964, le président de la république désigne de nouveau
Evariste Kimba comme premier ministre et provoque intentionnellement une crise qui
conduit l’armée à prendre le pouvoir, vidant ainsi la constitution de toute sa substance31.
C’est donc dans ce contexte de tension que le général Mobutu accéde au pouvoir en date
du 24 Novembre 1964 par voie de coup d’Etat vu comme un « acte d’une autorité
constituée portant une atteinte illégale et brutale à l’ordre qui la constitue, pour s’emparer
du pouvoir ou s’y maintenir »32.

23 Jacques Njoli Eseng’ekeli, op cit, p107


24 Jean-Marie Mboko , Abegé de droit administratif
25La Constitution du 24 juin 1967 organise un système de révision sans

dispositions intangibles. Tout ou partie de la Constitution pouvait être modifiée en


dehors de tout référendum, dont la convocation relevait de la volonté
discrétionnaire du président de la République. En ce sens lire l’article 28 de la
Constitution du 24 juin 1967
26 Jean-Louis Esambo Kangashe, op cit, p60
27 Jacques Njdoli Eseng’ekeli, op cit, p123
28 Idem
29 ibidem
30 ibidem
31 ibidem
32 En ce sens lire, Pierre Avril, Jean Gicquel, Lexique de droit constitutionnel, Presses

Universitaires de France-P.U.F, Paris, 2020


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Michel Nonga TETE
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Le 25 Novembre, il précise qu’il prend le pouvoir pour 5 ans et les élections


présidentielles prévues n’auront pas lieu. Apres ce coup d’Etat, le régime s’est vite résolu
de doter le pays d’une constitution. Avant d’y parvenir, le régime va procéder a ce que
Jacques Ndjoli qualifie de « constitutionnalisation des inconstitutionnalités » la constitution va
devenir une coquille vide qui servira d’alibi pour asseoir le nouveau pouvoir, certains
auteurs estiment que Mobutu a le mérite d’avoir instituer (…) un régime qui enleva tout
crédit à l’étude du droit public et plus spécialement à l’étude du droit constitutionnel
(congolais ) Réfléchissant sur la question, GHAI et MCAUSLAN s’interrogeaient s’il y
avait des raisons d’écrire des ouvrages sur le droit public, particulièrement sur le droit
constitutionnel d’un Etat africain…Les constitutionnalistes constataient au moment
même où ils tendaient à conclure leurs études, que les Constitutions qu’ils étudiaient
avaient cessé d’exister33. Sans aucun fondement juridique, dès le 30 Novembre 1967 le
président Mobutu disposait déjà du pouvoir de prendre des mesures législatives par
ordonnance-loi34. Le 7 Mars 1966, il retira officiellement le pouvoir législatif aux
chambres35 , le rôle du premier ministre supprimé par l’ordonnance N° 66-611 du 26
Octobre 1966, le nombre des provinces était ramené de 21 à 8. Ce qui va conduire à une
sorte de concentration du pouvoir entre les mains d’un seul individu. La procédure de la
naissance de la Constitution du 24 juin 1967 ne résulta pas non plus de l’application du
texte fondamental antérieur. En effet, la Constitution du 1er août 1964 prévoyait une
procédure de modification de la norme fondamentale très complexe36,pour aboutir à
l’élaboration d’une nouvelle constitution le président Mobutu va procéder à la mise en
place d’une Commission d’experts Composée notamment de KAMANDA Wa
KAMANDA Gérard, LIHAU Antoine Marcel, NSINGA UDJU Joseph et
TSHISEKEDI Étienne.

Avant d’analyser l’organisation des pouvoirs, disons quelque chose sur le gouvernement
de fait. Lorsqu’une situation de trouble survient et que l’ordre public est perturbé, l’Etat
subsiste. C’est ainsi que les auteurs modernes qui ne se limitent pas seulement à l’aspect
exégétique, estiment que la révolution n’est pas nécessairement anti-juridique.

Tout en bouleversant l’ordre juridique existant, le coup d’Etat s’appuie sur la théorie
selon laquelle « nécessité fait loi » et sur le principe de la « continuité de l’Etat »37. André
Mahiou voit dans les coups d’Etat intervenu après les indépendances, une manifestation
authentique de la démocratie africaine ou du constitutionalisme africain, comme si le
continent méritait une démocratie et un constitutionnalisme de seconde zone38.

33 GHAI, Y.P. & McAUSLAN, J.P.W.B.,cité par KAMUKUNY MUKINAYI A.,


Contribution à l’étude de la fraude en droit constitutionnel congolais, Kinshasa, EUA,
Coll. Droit et Société, 2011.
34 Ordonnance-loi N°7 du 30 Novembre accordant des pouvoirs spéciaux au chef de

l’Etat
35 Ordonnance N° 66/92 bis du 7 Mars attribuant le pouvoir législatif aux chambres
36 L’initiative de révision, la procédure d’adoption, soumise à une stricte condition

de majorité, et celle d’approbation sont prescrites par les dispositions des articles
175 à 177 de la Constitution du 1er août 1964.
37 Felix Vunduawe te Pemako, op cit,p193
38 MAHIOU, A., L’avènement du parti unique en Afrique noire: l’expérience des Etats

d’expression française, Paris, LGDJ, 1969.


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Michel Nonga TETE
AIDE-MEMOIRE DE L’EVOLUTION CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCTATIQUE
DU CONGO

Section 2 : Organisation des pouvoirs

L’article 19 de cette constitution, instituait les institutions suivantes : le président de la


république, l’assemblé nationale, le gouvernement, la cour constitutionnelle, les cours et
tribunaux. Cette constitution organisait un exécutif monocéphale de sorte que le
président de la république et le gouvernement dont il était le chef constituaient le pouvoir
exécutif.

Avant de devenir l’incarnation du MPR et le détenteur de la plénitude de l’exercice du


pouvoir dès la révision constitution de 1974, le général Mobutu était déjà un homme seul
qui dirigeait le Congo-Zaïre d’une main de fer. Elu pour un mandat de sept ans, le chef
de l’Etat apparaissait comme la clef de voûte de tout l’édifice politique national, unique
source de dynamisme, de pouvoir et de ressource39. Les membres du gouvernement sont
nommés et révoquer par le président de la république40 qui en est le chef41 . Une autre
innovation de la loi fondamentale par rapport à ses devancières est l’institution d’un
parlement monocaméral, doté d’une seule chambre dénommée « assemblé nationale »
investie du pouvoir législatif42, il disposait également d’un pouvoir de contrôle dont le
plus important est la mise en accusation du président de la république et des ministres.
Cette constitution consacrait un régime présidentiel. S’agissant de la forme de l’État, on
note que le besoin de lutter contre les velléités séparatistes et d’assurer l’unité nationale a
justifié l’option en faveur d’une organisation politique et administrative fortement
centralisée, en témoigne la référence, dans toutes les administrations publiques, au
principe de l’unité de commandement.43 La Constitution du 24 juin 1967 se prononce
sans tergiverser pour la forme unitaire de l’Etat44. La constitution du 24 juin 1967 a
connu plusieurs révisions45, la plus importante est celle de la loi constitutionnelle n° 74-
020 du 15 août 1974 qu’une opinion présente comme une simple modification de la
Constitution du 24 juin 1967, on admet qu’elle a opéré le changement de Constitution
dans un régime existant, la réforme ayant atteint l’esprit du texte qu’elle prétendait
réformer.46

39 KAMUKUNY MUKINAYI A., Droit constitutionnel congolais, Louvain-la-Neuve, op


cit,Pp,110
40 Article 29 de la constitution du 24 juin 1967
41 Article 30, idem
42 Article 45 Ibidem
43 J.-L. Esambo, op cit, p66
44 KAMUKUNY MUKINAYI A., Droit constitutionnel congolais, Louvain-la-Neuve, op

cit, PP78
45 Elle a connu au moins 17 révisions dont la loi n° 70-025 du 17 avril 1970, les Loi

n° 70-001 du 23 décembre 1970, Loi n° 71-006 du 29 octobre 1971, Loi n° 71-007


du 19 novembre 1971, Loi n° 71-008 du 31 décembre 1971, Loi n° 72-003 du 5
janvier 1972, Loi n° 72-008 du 3 juillet 1972, Loi n° 73-014 du 5 janvier 1973, Loi
n° 74-020 du 15 août 1974, Loi n° 78-010 du 15 février 1978, Loi n° 80-007 du 19
février 1980, Loi n°80-012 du 5 novembre 1980, Loi n° 82-004 du 31 décembre
1982, Loi n° 88-004 du 27 janvier 1988, Loi n°88-009 du 27 juin 1988, Loi n° 90-
002 du 5 juillet 1990 et Loi n° 90-008 du 25 novembre 1990, l’équivalent d’une
révision chaque année
46 Jean-Louis Esambo Kangashe, op cit, p66

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Michel Nonga TETE
AIDE-MEMOIRE DE L’EVOLUTION CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCTATIQUE
DU CONGO

Aussi, pour avoir fait intervenir le pouvoir constituant dérivé dans le domaine du pouvoir
constituant originaire, la révision constitutionnelle du 15 août 1974 traduit-elle l’idée de
la fraude à la Constitution47.

Chap. IV : Les constitutions de la transition

Il nous parait tout d’abord nécessaire de cerner le concept « transition » avant de faire un
examen sur le fond du chapitre, en effet la transition peut être définit comme un
changement de gouvernement, de régime politique. Ou encore un processus de
transformation qui fait passer un système autocratique vers une gouvernance
démocratique48. En janvier 1990, le président Mobutu initie une série de consultation, la
population dénonce dans 6 128 mémorandums, la forte concentration du pouvoir, la
dictature, le népotisme, la corruption généralisée, le détournement des derniers publics, la
mauvaise gouvernance. Le 24 avril de la même année, il va prononcer un discours à
Nsele à l’occasion duquel il annonce l’instauration d’un multipartisme à trois partis et le
pluralisme syndical. Chronologiquement, le droit constitutionnel de la transition
commence de 1990 et prend fin en 2006. Au cours de cette période de transition sept
textes ayant valeurs constitutionnelles ont été prises, ces textes font donc l’objet de l’étude
du présent chapitre.

A. La loi n° 002/090 du 5 juillet 1990 portant révision de certains articles de la


constitution du 24 juin 1967

Cette loi est la 16em révisions de la constitution de juin 1967, elle est la conséquence
logique, mieux la matérialisation du discours du président Mobutu prononcé le 24 Avril
à Nsele, cette loi a mis en place un exécutif bicéphale composé d’un président, chef de
l’Etat et d’un gouvernement dirigé par un premier ministre. Un parlement monocéphale
composé d’un assemblé national. Dans son exposé des motifs, cette loi précise que
« (…) cette révision introduit le multipartisme à trois et le pluralisme syndical(…) ». Les
partis politiques vont refuser d’adhérer à ce schéma unilatéral d’une démocratie octroyée
et imposée avec un multipartisme limité arbitrairement à trois partis(…),49 suite à ces
contestations, un premier pas de recherche de compromis se manifeste par l’acceptation
du principe du multipartisme intégral50.

B. Loi n° 90-008 du 25 novembre 1990 portant révision d’une disposition de la


constitution

Cette loi a modifié la constitution en y introduisant au niveau de l’article 8, le


multipartisme intégral, que la loi qui vient d’être analysée, la loi du 5 juillet limitait à
trois, mais malgré cette « ouverture », l’approche sera contestée par la classe politique,
plus particulièrement par l’opposition et la société civile.51 Elles exigèrent la convocation
de la conférence nationale. Le pouvoir propose d’abord une conférence constitutionnelle
qui n’a pas abouti, l’opposition exige pour sa part la tenue d’une conférence nationale
souveraine, cette dernière, sera convoquée par ordonnance présidentielle le 11 avril 1991

47 Idem
48 Ndjoli, op cit p112
49 Ndjoli, op cit p148
50 Idem
51 Ibidem
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et va s’ouvrir le sept aout de la même année. Du 13 au 16 septembre 1991, les militaires


accompagnés de milliers des civils pillèrent commerces et domiciles privés à travers la
république. Face à la gravité de la situation, les négociations sont enclenchées et
aboutiront aux accords de palais des Marbres I, aux termes desquelles par l’ordonnance
N° 91/0241 Etienne Tshisekesi leader de l’opposition est nommé Premier ministre après
une première tentative avorté le 22 juillet 1991.52 Il sera limogé le 21 Octobre, le 23
octobre, Bernadin Mungul Diaka est nommé Premier ministre mais la crise persiste.

C. L’acte portant disposition portant dispositions constitutionnelles relatives à la


période de la transition

Ce texte n’avait pas été promulgué par le chef de l’Etat, il est donc considéré comme un
texte inexistant53. La loi n° 93-001 du 2 avril 1993 portant acte constitutionnel harmonise
relatif à la période de la transition, intervenu dans un contexte de crise, cette constitution
n’a pas été reconnu par le pouvoir en place, le pays va donc être régit par deux
constitution à la fois, l’une reconnu par le pouvoir de Mobutu ( la constitution du 24 juin
1967, révisée par la loi du 25 Novembre 1990), l’autre ( l’acte portant acte constitutionnel
harmonisé relatif à la période de la transition de CNS) reconnu par les formations de
l’opposition radicale, il va s’en suivre un dédoublement fonctionnel. Il y eut, en effet,
deux gouvernements dirigés l’un par Etienne Tshisekedi et l’autre par Faustin Birindwa,
deux anciens coreligionnaires de l’UDPS, le premier avec le haut conseil de la
République et le second avec l’assemblée nationale, composée de membres du MPR,
anciens commissaires du peuple de l’ancien conseil législatif, en guise de parlements. 54 Le
blocage du fonctionnement de l’Etat appela logiquement à d’autres négociations
politiques. Du compromis compromettant qui sortit de nouveaux conciliabules tenus
entre les forces en présence au dernier semestre de 1993 au Palais du peuple de Kinshasa
sortit l’Acte constitutionnel de la transition du 9 avril 1994 chargé de régir la transition
démocratique vers la troisième République55

D. L’acte constitutionnel de la transition du 9 avril 1994

Ce dernier texte découle d’un protocole d’accord conclu à la suite des concertations
politiques du Palais du peuple entre les forces politiques dites du « Conclave » et les
forces politiques dites de changement, l’Union sacrée de l’opposition radicale et alliées »
(USORAL), en vue de supprimer le dédoublement institutionnel153 consécutif à
l’aboutissement malheureux de la Conférence nationale souveraine. 56
La nouveauté de ce texte réside dans une combinaison indigeste entre les deux
parlements accouchant d’un parlement unique dénommé Haut Conseil de la
République/Parlement de transition, HCR/PT et d’un nouveau gouvernement qui écarte
tous les anciens protagonistes et aligne un outsider, Léon Kengo wa Dondo, à la tête
d’une composition qui récupère les plus habiles politiquement.57

52 Ibidem
53 Il est important de consulter la doctrine imminente en la matière pour plus
d’information.
54 Kamukuny, op cit p52
55 Idem
56 Ibidem
57 Ibidem

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E. Le Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997 relatif à l’organisation et à


l’exercice du pouvoir en République démocratique du Congo

Lorsque Laurent Désiré Kabila et son AFDL, appuyés par les forces gouvernementales
rwandaises, burundaises et ougandaises prennent Kinshasa le 17 mai 1997, ils décident
d’asseoir leur révolution sur la suspension de « tous les actes pseudo constitutionnels
existants ainsi que les institutions qu’ils organisent ». Ils promettent de convoquer « une
Assemblée constituante dans un délai de 60 jours en vue d’élaborer une Constitution
provisoire devant régir la période de transition ».58 En l’absence de toute concertation
avec les acteurs politiques et sociaux, Laurent Désiré Kabila prit, le 27 mai 1997, un texte
constitutionnel59 qui organisait son pouvoir avant son investiture par la Cour suprême de
justice, à l’issue d’une audience publique foraine organisée, deux jours plus tard, au stade
des martyrs. Ce texte qui ne comptait, au total, que 15 articles, confère au président de la
République la totalité des pouvoirs législatif60 et exécutif, ce texte de quinze articles,
n’ayant bénéficié d’aucun consensus, (…) apparu comme un simple fait de prince imposé
à l’ensemble du peuple congolais par Laurent Désiré Kabila et ses rebelles au point de ne
pas donner les gages d’une quelconque légitimité ni au plan national, ni au plan
international .61 Fait certainement pour régenter une situation exceptionnellement
anormale, le décret-loi constitutionnel n° 003 n’en prévoit ni procédure de révision ni
aucune possibilité de compétition, ni dévolution du pouvoir. De là à voir dans ce décret-
loi constitutionnel un instrument de domination aux mains de putschistes venus de l’Est,
il n’y a qu’un pas, très vite franchi.62 Aux termes du décret-loi constitutionnel sous
examen, les institutions de la République sont constituées du président de la République,
du gouvernement et des cours et tribunaux. Exerçant le pouvoir règlementaire dans sa
plénitude, le chef de l’État cumulait les prérogatives de président de la République, chef
de l’exécutif et du pouvoir législatif63 ; les membres du gouvernement étant politiquement
responsables devant lui.

F. La Constitution de la transition du 4 avril 2003

La guerre imposée au Congo par ses voisins et la disparition brutale de Laurent Désiré
Kabila, qui parut en être une malheureuse conséquence, constituèrent l’occasion de
nouvelles concertations.64Cette constitution est le fruit d’un accord politique signé le 17
décembre 2002, à Sun City entre les acteurs intégrés dans le processus de démocratisation
de la RDC, l’Accord global et inclusif servira (…), de fondement à la Constitution de la
transition du 4 avril 200365.

58 Kamukuny, op cit p39


59 Il s’agit du Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997 relatif à
l’organisation et à l’exercice du pouvoir en République démocratique du Congo
60 Aux termes de l’alinéa 1er de l’article 5 du Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27

mai
1997, le président de la République exerce le pouvoir législatif par décrets lois,
délibérés en Conseil des ministres.
61 Kamukuny, op cit, p44
62 Idem
63 Art. 5 du Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997.
64 Kamukuny, op cit
65 J.-L, Esambo op ci,tp53

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§1 : Organisations des pouvoirs

Au terme de l’article 64 de cette constitution, Les institutions politiques de la transition


sont : Le Président de la République, le Gouvernement, l'Assemblée nationale, le Sénat,
les Cours et tribunaux.
Le pouvoir exécutif était composé du président de la république, de la présidence de la
république, les vice-présidents, ainsi que du gouvernement.
Le Président de la République est le Chef de l'Etat. Il représente la Nation. Il veille au
respect de la Constitution de la transition. Il est le garant de l'indépendance nationale, de
l'intégrité du territoire national et de la souveraineté nationale.66 Il convoque et préside le
Conseil des Ministres au moins une fois tous les quinze jours.67Il est le Commandant
suprême des Forces armées. Il préside le Conseil supérieur de la défense. Il nomme,
relève de leurs fonctions et, le cas échéant, révoque les officiers de l'armée et de la police,
après délibération du Conseil supérieur de la défense68.
La Présidence de la République est quand a elle composée du Président de la République
et de quatre Vice-Présidents69. L’article 83 précise qu’il est créé quatre postes de Vice-
président de la République.
Les Vice-Présidents sont issus respectivement des Composantes Gouvernement de la
République Démocratique du Congo, le Rassemblement Congolais pour la Démocratie
(le RCD), le Mouvement de Libération du Congo (MLC) et l'Opposition politique.
Essentiellement fondé e sur l’accord global et inclusif, l’article 86 dispose que (…) chaque
Vice-président est en charge d'une des quatre Commissions gouvernementales, ci-dessous
instituées :
1. Commission politique, défense et sécurité, présidée par la Composante RCD,
2. Commission économique et financière, présidée par la Composante MLC,
3. Commission pour la reconstruction et le développement, présidée par la
Composante Gouvernement,
4. Commission sociale et culturelle, présidée par la Composante Opposition politique.

Le Gouvernement est composé du Président de la République, des Vice-présidents,


des Ministres et Vice-Ministres.70 Les Ministres sont responsables des départements
ministériels qui leur sont confiés.
Ils appliquent, par voie d'arrêtés, le programme fixé et les décisions prises par le
Gouvernement.71 Le Gouvernement est pleinement responsable de la gestion de l'Etat et
en répond devant l'Assemblée nationale72, Mais pendant toute la durée de la transition,
l'Assemblée nationale ne peut renverser le Gouvernement ni par le rejet d'une question de
confiance, ni par l'adoption d'une motion de censure. Le Pouvoir législatif est exercé par
l'Assemblée nationale et le Sénat. L’Assemblée nationale : vote les lois; contrôle le
Gouvernement, les entreprises publiques, les établissements et services publics; contrôle
l'exécution des Résolutions du Dialogue inter-congolais; adopte le projet de Constitution
à soumettre à référendum.73 Le Sénat exerce une mission de médiation des conflits
politiques entre les institutions. Il est chargé d'élaborer l'avant-projet de Constitution à

66 Constitution de la transition du 4 avril 2003,article . 68


67Constitution de la transition du 4 avril 2003, article 69
68Constitution de la transition du 4 avril 2003, article 72
69 Constitution de la transition du 4 avril 2003, article 80
70Constitution de la transition du 4 avril 2003, article 89
71Constitution de la transition du 4 avril 2003, article 91
72idem95
73Ibidem, art 99

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Michel Nonga TETE
AIDE-MEMOIRE DE L’EVOLUTION CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCTATIQUE
DU CONGO

soumettre au référendum. Il examine concurremment avec l'Assemblée nationale les


propositions ou projets de lois relatifs : à la nationalité; à la décentralisation; aux
finances publiques; au processus électoral; aux Institutions d'appui à la démocratie.74
Le Pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif75Le
pouvoir judiciaire est exercé par la Cour suprême de justice, les Cours d'appel et les cours
et tribunaux civils et militaires ainsi que les Parquets.76

Chap.5 : La constitution du 18 février 2006

Section 1 : Contexte général d’élaboration

la Constitution de la transition du 4 avril 2003 a chargé le Sénat d’élaborer l’avant-projet


de Constitution et l’Assemblée nationale, le projet de Constitution à soumettre au
référendum populaire ;( voir infra), certains auteurs, à cause de la présence des experts de
l’université de Liège, qualifie ce texte de « constitution de liège »77 Léon de Saint Moulin
opine en ce sens « il est frappant que la rédaction de la constitution a bénéficié de la
contribution des nombreux experts étrangers internationaux (…) Mais peu d’expertise
nationale semble avoir été mobilisée pour la prise en compte des réalités nationales. Un
grand nombre d’articles sont rédigés comme s’il s’agissait d’un exercice académique dans
un pays indéterminé. Il n’est nulle fait référence à l’identité bantou de la majorité des
habitants, ni à des valeurs et à ses modèles de perception de la vie sociale. » 78 Alors que
Mukadi Bonyi y voit une copie à refaire79

Avant d’entamer le processus d’élaboration proprement dite de l’avant-projet de


Constitution, le Sénat s’était résolu de constituer, conformément à la Constitution de la
transition et à son règlement intérieur, ses Commissions permanentes. Elle a, ensuite,
décidé, au cours de la séance du 23 décembre 2003, d’organiser une consultation des
forces politiques et sociales en vue de recueillir leurs avis159 sur certaines options à faire
figurer dans le texte de l’avant-projet de Constitution. Lancée, en avril 2003, la campagne
en faveur de la consultation nationale a été suivie de l’organisation, à intervalle d’un
mois, de deux séminaires à l’intention, d’une part, des membres de la Commission
constitutionnelle et, d’autre part, de l’ensemble de sénateurs sur les perspectives de la
future Constitution de la République démocratique du Congo. Cette démarche
exceptionnelle à la procédure habituelle de rédaction démocratique de Constitution
permit à la population de se prononcer, en amont, sur certaines options qui lui étaient
proposées et ne visait, nullement, pas à escamoter le référendum80 Organisé du 18 au 19
décembre 2005 par la Commission électorale indépendante, le référendum déboucha sur

74 Ibidem, art, 104


75 Ibidem, art, 147
76 ibidem1, art, 48
77Mampuya Kanunk’aTshiabo, Espoir et déception de la quête constitutionnelle

congolaise, Clés pour comprendre le processus constitutionnelle du Congo-Kinshasa,


Nancy, Kinshasa, AMA-éd, 2005, p30
78 Léon de Saint Moulin, « Le projet de la constitution de la RDC, III, Dimension

sociale », In Congo-Afrique, 337, numéro spécial, sept. 2005 ? PP87


79 MUKADI BONYI, Projet de Constitution de la République Démocratique du Congo.

Plaidoyer pour une relecture, Kinshasa, CRDS, 2005, pp. 7-35.


80 J-Esambo Kangashe, op cit p65

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l’adoption, avec 83 % des suffrages exprimés, de la Constitution qui fut promulguée,


après le règlement juridictionnel du contentieux y relatif, le 18 février 2006.81

Section 2 : Organisation des pouvoirs

La rédaction du texte constitutionnel de 2006 s’est certainement inspiré de l’héritage


immédiat de l’Accord global et inclusif pour garantir la paix et la stabilité indispensables
à l’organisation des élections apaisées.82 Au terme de l’article 69 de cette constitution, Les
institutions de la République sont :
1. le Président de la République ;
2. le Parlement ;
3. le Gouvernement ;
4. les Cours et Tribunaux.

Elle organise un pouvoir exécutif bicéphale, présidé par le chef de l’Etat à côté d’un
premier ministre, chef d’un gouvernement responsable devant l’assemblée nationale,
détient en outre, en commun avec le parlement,, en commun avec le parlement,
l’initiative législative83 et même de révision constitutionnelle84. Le gouvernement, avoir
défini, en concertation avec le président la République, la politique de la nation, en
assume seul la responsabilité et la conduit en tenant compte des domaines de
collaboration avec le chef de l’Etat que sont la défense, la sécurité et les affaires
étrangères85
Le pouvoir législatif est exercé par un Parlement composé de deux Chambres :
l’Assemblée nationale et le Sénat.86 Les deux chambres sont dotés du pouvoir de voter
lois, contrôler le Gouvernement, les entreprises publiques ainsi que les établissements et
les services publics.
Le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif,
Montesquieu nous enseigne que « que tout homme qui a le pouvoir est toujours porté à
en abuser il faut que par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » la
séparation des pouvoirs un attribut du constitutionnalisme vise, de nos jours,
l’indépendance du juge. C’est le sens même de l’alinéa 2 de l’article 150 de la
constitution, au terme duquel « Les juges ne sont soumis dans l’exercice de leur fonction
qu’à l’autorité de la loi », en effet ce pouvoir judiciaire est dévolu aux cours et tribunaux
qui sont : la Cour constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’Etat, la Haute
Cour militaire ainsi que les cours et tribunaux civils et militaires87.
S’agissant de la forme de l’Etat, les tendances unitaristes et les tendances fédéralistes
n’ont pas manqué de s’opposer à nouveau. Aux uns et aux autres, le constituant semble
avoir apporté des solutions à travers le compromis du silence destiné à donner à chacune
l’impression d’avoir été satisfait. La constitution actuelle organise un système à mi-
chemin entre l’Etat unitaire décentralisé et l’Etat fédéral, il s’agit du régionalisme
constitutionnel ou politique, en effet, ce type d’Etat se caractérise par la reconnaissance
d’une réelle autonomie politique reconnue au profit des entités régionales et notamment

81 Idem
82 Kamukuny, op cit, p81
83 Art. 130, al. 1 et 2, de la Constitution du 18 février 2006
84 Art. 218, al. 1, point 1 et 2, de la Constitution du 18 février 2006
85 Art. 91, al. 1 et 2 de la Constitution du 18 février 2006
86 Art. 100, idem
87 Art. 149, idem
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Michel Nonga TETE
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d’un pouvoir normatif autonome. Ainsi, le régionalisme constitutionnel implique


nécessairement le régionalisme politique en ce sens que les provinces, bénéficiant
constitutionnellement d’une autonomie politique, disposant d’un gouvernement
(provincial) et d’une assemblé (provinciale).88

Royer-Collard opine que les constitutions ne sont pas des textes dressés pour le sommeil,
elles subissent l'usure du temps, comme toutes les choses humaines.89 Élaborée par le
pouvoir constituant originaire, la Constitution n’est pas faite pour l’éternité ; elle est
appelée à s’adapter à l’évolution, sans cesse changeante, de la société. La révision vise,
donc, la conformité de la Constitution à l’évolution de la société, mieux à celle du
temps90. En RDC, L’initiative de la révision constitutionnelle appartient concurremment :
au Président de la République; au Gouvernement après délibération en Conseil des
ministres; à chacune des Chambres du Parlement à l’initiative de la moitié de ses
membres ; à une fraction du peuple congolais, en l’occurrence 100.000 personnes,
s’exprimant par une pétition adressée à l’une des deux Chambres.(Art. 218), la révision
constitutionnelle est l’œuvre du pouvoir constituant dérivé, depuis sa promulgation le 18
février 2006, la constitution de la RDC n’a connu qu’une révision, il s’agit de la Loi n°
11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la Constitution de la République
Démocratique du Congo.

CONCLUSION GENERALE : L’histoire constitutionnelle de la république


démocratique du Congo est marquée par la constance des crises politiques qui rendent
difficiles l’application des différentes constitutions mais aussi par une inflation des textes
constitutionnels, cela est une preuve suffisante de l’affirmation de Jacques Ndjoli d’après
laquelle, le Congo est un grand producteur et consommateur des constitutions. À travers l’histoire
nous avons vus comment les constitutions sont rédigées et publiées comme s’il s’agissait
des articles de presses.

88 Vunduawe te Pemako, Traité de droit administratif, op cit, pp 405-508


89 Cité par J. GICQUEL et J.-E. GICQUEL, Droit constitutionnel
et institutions politiques, Montchrestien, Paris, 2017-2018.p236
90 ESAMBO KANGASHE J.-L, Le droit constitutionnel, Louvain-la-Neuve,

Academia-L’Harmattan, 2013.pp98-99
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DU CONGO

BIBLIOGRAPGIE SELECTIVE

DOCTRINE

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Mampuya Kanunk’aTshiabo, Espoir et déception de la quête constitutionnelle congolaise, Clés


pour comprendre le processus constitutionnelle du Congo-Kinshasa, Nancy, Kinshasa, AMA-éd,
2005

MUKADI BONYI, Projet de Constitution de la République Démocratique du Congo. Plaidoyer


pour une relecture, Kinshasa, CRDS, 2005
N
NDJOLI ES’ENGEKELI J., Droit constitutionnel. L’expérience congolaise (RDC), Paris,
L’Harmattan, Coll. COMPTE RENDU, 2013
P
Pierre Avril, Jean Gicquel, Lexique de droit constitutionnel, Presses Universitaires de France-
P.U.F, Paris, 2020
V
VUNDUAWE-te-PEMAKO F., Traité de droit administratif, Bruxelles, Afrique éditions et
Larcier, 2007

TEXTES CONSTITUTIONNELS

Loi n° 11/002 du 20 janvier 2011 portant révision de certains articles de la


Constitution de la République démocratique du Congo du 18 février 2006.
Constitution de la République démocratique du Congo du 18 février 2006.
Constitution de la transition du 4 avril 2003.
Décret-loi constitutionnel n° 074 du 25 mai 1998 portant modification du chapitre 2 du
Décret-loi constitutionnel n° 003 du 27 mai 1997 relatif à l’organisation et à l’exercice du
pouvoir en République démocratique du Congo.

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Michel Nonga TETE
AIDE-MEMOIRE DE L’EVOLUTION CONSTITUTIONNELLE DE LA REPUBLIQUE DEMOCTATIQUE
DU CONGO

Décret-loi constitutionnel n° 002 du 24 mai 1997 modifiant et complétant le Décret-loi


constitutionnel n° 001 du 20 mai 1997 portant nomination du Gouvernement de Salut
public.
Décret-loi constitutionnel n° 001 du 20 mai 1997 portant nomination du Gouvernement
de Salut public.
Acte constitutionnel de la transition du 9 avril 1994.
Acte constitutionnel harmonisé relatif à la période de la transition du 2 avril 1993.
Acte n° 002 du 4 août 1992 portant dispositions constitutionnelles relatives à la période
de transition.
Loi n° 90-008 du 25 novembre 1990 portant révision d’une disposition de la Constitution.
Loi n° 90-002 du 5 juillet 1990 portant révision de certaines dispositions de la
Constitution.
Loi n° 88-009 du 27 juin 1988 portant révision de l’article 2 de la Constitution.
Loi n° 88-004 du 27 janvier 1988 portant révision de certaines dispositions de la
Constitution.
Loi n° 82-004 du 31 décembre 1982 portant modification de certaines dispositions de la
Constitution.
Loi n° 80-012 du 15 novembre 1980 modifiant et complétant quelques dispositions de la
Constitution.
Loi n° 80-007 du 19 février 1980 modifiant et complétant quelques dispositions de la
Constitution.
Loi n° 78-010 du 15 février 1978 portant révision de la Constitution.
Loi n° 74-002 du 15 août 1974 portant révision de la Constitution du 24 juin 1967.
Loi n° 73-014 du 5 janvier 1973 portant harmonisation de la Constitution ainsi que celle
de tous les textes législatifs et réglementaires en rapport avec les nouvelles appellations
intervenues dans les structures politico-administratives du pays et modifiant l’article 46
de la Constitution.
Loi n° 72-003 du 5 janvier 1972 portant révision de la Constitution.
Loi n° 71-008 du 31 décembre 1971 portant révision de la Constitution.
Loi n° 71-007 du 19 novembre1971 portant révision de la Constitution.
Loi n° 71-006 du 29 octobre 1971 portant révision de la Constitution.
Loi n° 70-001 du 23 décembre 1970 portant révision de la Constitution.
Constitution du 24 juin 1967.
Constitution du 1er août 1964.
Décret-loi constitutionnel du 9 septembre 1961 relatif à l’exercice des pouvoirs législatif
et exécutif à l’échelon central.
Décret-loi constitutionnel du 7 janvier 1961 relatif au pouvoir judiciaire.
Décret-loi constitutionnel du 29 septembre 1960 relatif à l’exercice des pouvoirs législatif
et exécutif à l’échelon central.
Décret-loi constitutionnel du 29 septembre 1960 portant ajournement des chambres
parlementaires.
Loi fondamentale du 17 juin 1960 relative aux libertés publiques.
Loi fondamentale du 19 mai 1960 relative aux structures du Congo.

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Michel Nonga TETE

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