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Brazzaville

République du Congo

ville de musique
candidature auprès du Réseau UNESCO des villes créatives

Ville  de  Brazzaville


Brazzaville
République du Congo

ville de musique
candidature auprès du Réseau UNESCO des villes créatives

Ville  de  Brazzaville

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3
Sommaire
INTRODUCTION ......................................................................................................................................................5
LE MOT DU MAIRE ..................................................................................................................................................7
RÉSUMÉ ..............................................................................................................................................................8
LES ATOUTS CULTURELS DE LA VILLE.................................................................................................................8
PARTICIPER AU RÉSEAU DES VILLES CRÉATIVES : ENJEUX ET OBJECTIFS ....................................................................13

BRAZZAVILLE : PORTE DE L’AFRIQUE OUVERTE SUR LE MONDE....................................................................15


LE FLEUVE CONGO .....................................................................................................................................16
BRAZZAVILLE AU COEUR DE L’HISTOIRE INTERNATIONALE ......................................................................................17
UNE VILLE MULTICULTURELLE........................................................................................................................19
UNE VILLE JEUNE ET TOURNÉE VERS L’AVENIR ....................................................................................................20
CONVIVIALITÉ URBAINE ................................................................................................................................21
UN DÉFI : DÉVELOPPER LES FILIÈRES CRÉATIVES POUR DIVERSIFIER L’ÉCONOMIE ..........................................................22
LA STRATÉGIE DE LA VILLE POUR LE DÉVELOPPEMENT CULTUREL.............................................................................23
URBANISME ET INFRASTRUCTURES : LES GRANDS PROJETS ...................................................................................24

BRAZZAVILLE : LA MUSIQUE AU COEUR DE LA VIE URBAINE..........................................................................27


UNE AUTRE MANIÈRE DE VIVRE LA MUSIQUE DANS LA VILLE ....................................................................................28
BRAZZAVILLE, BERCEAU DE LA RUMBA CONGOLAISE ............................................................................................31
LA CRÉATION MUSICALE CONTEMPORAINE : APERCU............................................................................................34
L’ÉCONOMIE DE LA MUSIQUE ........................................................................................................................36
LES ÉLÉMENTS STRUCTURANTS : INFRASTRUCTURES, FORMATION, ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES, FESTIVALS, MÉDIAS…
............................................................................................................................................................41
LA MUSIQUE, DOMINANTE STRATÉGIQUE DE LA POLITIQUE CULTURELLE DE BRAZZAVILLE................................................52

BRAZZAVILLE À L’INTERNATIONAL: ENJEUX ET PERSPECTIVES ....................................................................55


LES AXES DE COOPÉRATION À L’INTERNATIONAL.................................................................................................56
PROPOSITIONS POUR DES COOPÉRATIONS AU SEIN DU RÉSEAU DES VILLES CRÉATIVES ..................................................58
LES MEMBRES DU COMITÉ DE GESTION DE LA CANDIDATURE.............................................................................................61
LETTRES DE SOUTIEN ............................................................................................................................................67
LETTRE DE SOUTIEN DE JEAN-CLAUDE GAKOSSO, MINISTRE DE LA CULTURE ET DES ARTS .........................................67
LETTRE DE SOUTIEN DE MFUMU FYLLA SAINT-EUDES, ÉCRIVAIN, JOURNALISTE ......................................................69
LETTRE DE SOUTIEN DE CASIMIR ZOBA, DIT « ZAO », ARTISTE MUSICIEN .................................................................70
LETTRE DE SOUTIEN D’ALAIN MABANCKOU, ÉCRIVAIN.......................................................................................71
POUR ALLER PLUS LOIN..........................................................................................................................................72
BIBLIOGRAPHIE .........................................................................................................................................72
WEBOGRAPHIE..........................................................................................................................................73
REMERCIEMENTS .................................................................................................................................................75
PHOTOGRAPHIES ET IMAGES....................................................................................................................................76

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Introduction

Le XXème siècle a vu naître de grandes villes africaines.


Devenues aujourd’hui de gigantesques métropoles,
celles-ci jouent un rôle de premier plan à l’échelle
internationale et dans le développement du continent.
Encore récentes, déjà immenses, les agglomérations
africaines se caractérisent par l’extrême jeunesse et
l’incroyable dynamisme de leurs populations. Véritables
laboratoires, elles sont des lieux de frottement où
s’interpénètrent les héritages culturels traditionnels
et les influences extérieures. Il en résulte des
mutations sociologiques et culturelles aussi inédites que
soudaines, considérablement amplifiées et accélérées par
la mondialisation et l’apparition très rapide des
technologies numériques. Ces évolutions se manifestent
par des bouleversements profonds, parfois
insuffisamment anticipés, mais aussi par une capacité
d’innovation et un dynamisme hors du commun.

Partout en Afrique, la musique constitue une fibre essentielle du patrimoine culturel


traditionnel et de la création artistique contemporaine. Bien plus qu’un mode
d’expression artistique, elle est l’élément constitutif clé des identités culturelles, du jeu
social et de la vie publique. En témoignent les apports, multiples et conséquents, des
musiques africaines à la genèse de nombreux courants musicaux au plan international.
A Brazzaville, peut-être plus que dans n’importe quelle autre ville africaine, la musique
a inscrit son empreinte en profondeur dans l’histoire de la ville et de son rapport au
reste du monde. Tous les Africains qui ont vécu l’âge d’or de la rumba congolaise
connaissent les apports considérables de cette musique aux esthétiques musicales
apparues sur le continent au cours des cinquante dernières années. Née de nombreux
métissages et de la proximité – géographique et culturelle – avec Kinshasa, la musique
congolaise dite « moderne » doit beaucoup à la dimension internationale de l’histoire
de Brazzaville.
Construite plusieurs siècles avant la colonisation aux abords du royaume Téké,
l’agglomération qui allait devenir plus tard Brazzaville, s’est développée à la faveur des
activités économiques induites par le commerce fluvial. Conscient de cette position
stratégique, l’explorateur Pierre Savorgnan de Brazza a choisi d’y implanter le siège de
l’administration coloniale qui deviendra la capitale de l’Afrique équatoriale française.
Pendant la Seconde guerre mondiale, Charles de Gaulle choisira à son tour Brazzaville
comme capitale de la France libre. Forte de ce rôle central dans l’histoire internationale
et enrichie des multiples apports culturels ainsi provoqués, « Brazza » devient vite l’un
des principaux foyers de la création artistique africaine.
L’agglomération brazzavilloise compte aujourd’hui plus de 1,5 millions d’habitants. La
jeunesse de sa population (la moitié des Brazzavillois ont moins de 17 ans), sa forte
croissance démographique et l’extension de sa superficie font de Brazzaville une ville
dynamique et tournée vers l’avenir. Conscient des défis liés à ces évolutions et de
5
l’importance du potentiel créatif de la ville et des jeunes générations, le Conseil
municipal et départemental de Brazzaville s’est doté d’une stratégie de développement
culturel qui vise à renforcer les dynamiques culturelles en tant que facteur
d’épanouissement identitaire, de cohésion sociale, et de développement économique.
En concertation avec la société civile, il a fait du développement de la musique une
priorité stratégique de sa politique culturelle. L’une des premières étapes de la mise en
œuvre de cette stratégie est d’inscrire Brazzaville dans un réseau international qui
permettrait aux artistes et aux entrepreneurs de la musique de contribuer au
renforcement et au rayonnement de la musique congolaise à travers des collaborations
avec d’autres villes du globe. Dans cette perspective, la possibilité d’intégrer le Réseau
UNESCO des villes créatives apparait comme une opportunité de premier plan. Cette
candidature est portée par un comité de gestion composé de personnalités marquantes
du monde culturel et musical de Brazzaville.

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Le mot du maire

Du petit village Mfoa d'hier à la ville moderne d'aujourd'hui,


Brazzaville est avant tout une ville de la diversité musicale. Cette
diversité tire ses origines dans la multitude des peuples et des
cultures qui y cohabitent en parfaite harmonie.
C'est de Brazzaville, capitale de la République du Congo, que
sont parties les sonorités qui ont fait rayonner la musique
congolaise à travers l'Afrique et dans le monde. Les Bantous de
la Capitale, Extra-Musica, Patrouille des Stars, Zao sont les
principaux représentants de la créativité musicale de la ville.
Le foisonnement des bars, des night-clubs et des orchestres
prouve la place centrale qu'occupe la musique dans la ville et
dans le mode de vie des Brazzavillois. La musique fait l'urbanité
et la convivialité de Brazzaville qui abrite les plus grands
événements musicaux d'Afrique : le Festival Panafricain de
Musique (FESPAM), le festival populaire et international des
musiques traditionnelles «  Feux de Brazza  » et le siège du
Conseil Africain de la Musique...
Forte de cette richesse, Brazzaville veut s'ouvrir au monde afin de renforcer sa
créativité.
La candidature de Brazzaville auprès du Réseau des villes créatives de l'UNESCO est
portée par les professionnels de la filière de la musique et résulte de la volonté du
Conseil départemental et municipal d'inscrire la musique dans les priorités du
développement de la ville de Brazzaville.

Hugues NGOUELONDELE
Député-Maire de la Ville de Brazzaville

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Résumé

Les atouts culturels de la ville

Brazzaville, ville d’histoire ouverte sur le monde


Située aux marges du royaume Téké sur la rive droite du puissant fleuve Congo, face à
sa sœur jumelle Kinshasa, Brazzaville est née plusieurs siècles avant la colonisation. A
cet endroit, le fleuve forme une vaste étendue d’eau qui marque la fin de la zone
navigable avant de poursuivre son chemin tumultueux vers le sud-ouest. Baptisée
«  Pool  » par l’explorateur britannique Stanley, cette partie du fleuve constitue un
carrefour commercial, une zone d’échange entre les deux rives, mais aussi entre
l’intérieur des terres et la voie de navigation offerte par le fleuve en amont. C’est à la
faveur des activités commerciales nées de cette position stratégique que se
développent plusieurs bourgs, formant une agglomération dénommée Nkuna (ou
Ncouna).
Brazzaville tient son nom de l’explorateur franco-italien Pierre Savorgnan de Brazza
avec qui le roi des Téké, Makoko de Mbé, signe en 1880 un traité par lequel il se place
sous la protection de la France et lui cède une portion de son territoire. De Brazza,
conscient du positionnement commercialement stratégique de Ncouna, y établit le
siège de l’implantation coloniale. Cette date marque la fin du Royaume de Makoko et la
naissance de Brazzaville qui deviendra le chef-lieu de l’Afrique équatoriale
française (AEF).
La colonisation structure durablement le visage de la ville. Devenue commune en
1911, Brazzaville est dotée d’un premier plan d’urbanisme en 1925. Apparaissent peu
à peu des quartiers aux fonctions très différenciées qui vont marquer durablement leur
identité. Ainsi s’opère une forte distinction entre le centre-ville qui abrite les colons et
les fonctions liées à l’administration coloniale, et la «  cité  » destinée à loger les
populations africaines. La « cité » est composée de quartiers populaires (d’abord Poto-
Poto et Bacongo puis plus tard Moungali, Talangaï, Ouenzé, Makélékélé…) qui,
chacun à leur manière, vont constituer le cœur de la création artistique foisonnante des
décennies à venir et jouer un rôle essentiel dans la construction de l’identité culturelle
de la ville.
Les identités des différents quartiers sont également marquées par la multiculturalité
de la population brazzavilloise qui s’enrichit au gré des immigrations successives.
Les Téké du royaume de Mbé sont rejoints par différents groupes ethniques venus du
Nord et du Sud du pays. Avec la colonisation arrivent de nombreux Français et autres
Européens mais aussi des ressortissants Ouest-africains (que les Congolais appellent
les Waras) parmi lesquels de nombreux Maliens et Sénégalais venus exercer leurs
talents en matière de commerce. Brazzaville compte également des Béninois et des
Togolais, appelés les Popos. Moins nombreux, les détaillants mauritaniens, ivoiriens,
guinéens, nigériens ou nigérians viennent renforcer le caractère cosmopolite des
quartiers populaires de la ville. Ainsi se côtoient de nombreux usages et coutumes
(langues, pratiques religieuses, pratiques socio-culturelles, créativit artistique,
pratiques culinaires, mode, habillement...) qui constituent une richesse à mettre en
valeur et à préserver dans une perspective de paix et de cohésion sociale, mais aussi
de respect des identités culturelles et d’enrichissement mutuel.
8
En 1940, le Général de Gaulle, qui cherche à rallier les colonies à la cause de la
Résistance, désigne Brazzaville comme capitale de la France libre. C’est donc à
Brazzaville qu’il crée le Conseil de Défense de l’Empire et qu’il fait ses premières
émissions radiodiffusées. C’est à Brazzaville également qu’il prononcera en 1944 son
célèbre discours en faveur des indépendances africaines.
Née du commerce fluvial aux confins du royaume Téké, chef-lieu de l’Afrique
équatoriale française, capitale de la France libre, Brazzaville a toujours été et est une
porte de l’Afrique centrale ouverte sur le monde. Elle est un lieu d’échange de
marchandises et de savoir-faire. Elle est un centre de commandement politique
maintes fois appelé à rayonner dans la sous-région. Elle est le bassin d’une
immigration qui lui confère une multiculturalité précieuse. Elle est un lieu de mémoire
où se sont déposées les différentes couches de l’histoire congolaise, selon une
stratification qui fonde son identité riche et singulière.

Brazzaville, épicentre de la création musicale africaine


Dans cette histoire, la création artistique en général et la musique en particulier ont
joué un rôle tout-à-fait central. Dès les années 1920, la rumba congolaise dite
traditionnelle fait son apparition. Elle donnera naissance à la rumba moderne dans les
années 1950. Brazzaville voit alors émerger des artistes comme Paulo Kamba, Edo
Ganga ou Jean-Serge Essous qui feront très tôt la renommée internationale de la
musique congolaise. Tandis que l’accession à l’indépendance en 1960 se traduit par
une dynamisation sans précédent de la création artistique dans tous les domaines
(littérature, peinture, arts plastiques…), les musiciens brazzavillois, en complicité avec
leurs homologues kinois, font rayonner la rumba congolaise sur l’ensemble du
continent africain et partout dans le monde. Ce succès international consacre la place
centrale de la musique dans la vie urbaine brazzavilloise. Partout dans la ville
fleurissent des bars-dancing qu’animent jour et nuit de nombreux orchestres. Le plus
mythique d’entre eux, Les Bantous de la Capitale, fondé en 1959, est toujours en
activité.
A l’image de Brazzaville, la rumba congolaise est née d’influences multiples et
s’enrichit en permanence d’apports extérieurs. Faisant la synthèse des rythmes
traditionnels d’Afrique centrale et des musiques afro-cubaines, elle a engendré de
nombreux autres genres comme le soukous, le ndombolo ou encore le coupé-décalé.
Ses déclinaisons et ses apports multiples aux musiques africaines font de Brazzaville
l’un des épicentres de la création musicale du continent.
Bien que temporairement affaiblie par les guerres des années 1990, la vitalité
musicale de Brazzaville fait toujours la fierté du Congo. Aux côtés de la rumba et de
ses déclinaisons, jouées par de nombreux orchestres (Patrouille des Stars, Extra-
Musica, Bana Poto-Poto…) qui animent quasi quotidiennement les bars-dancing, on
trouve une grande diversité de styles musicaux  (musiques et danses traditionnelles,
musiques religieuses, hip-hop, reggae) qui occupent chacun à leur manière une place
prédominante dans la vie des Brazzavillois.

Des festivals de grande ampleur


La centralité de la musique dans l’identité de la ville est célébrée au travers de grandes
manifestations. Ainsi, la capitale du Congo héberge le siège du Festival Panafricain
de Musique (Fespam) initié en 1996 sous l’égide de l’Organisation de l’union
africaine (OUA, actuelle Union africaine). Organisé tous les deux  ans à Brazzaville, le
9
Fespam est l’un des plus grands événements consacrés à la musique en Afrique. Il
célèbre, à travers la diversité des musiques africaines, la richesse et l’unité du
continent. Chaque édition rassemble des dizaines de milliers de spectateurs autour de
centaines d’artistes venus de tous les pays d’Afrique. Au-delà des concerts, le Fespam
abrite des symposiums qui réunissent chercheurs, musicologues et autres
professionnels autour de réflexions diverses sur les musiques africaines.
Brazzaville compte également de nombreuses initiatives privées ou associatives. Le
festival Feux de Brazza en est probablement l’exemple le plus
convaincant. Manifestation biennale dédiée aux musiques traditionnelles du Congo et
d’Afrique, Feux de Brazza se déplace dans la ville, chaque édition mettant en valeur
l’histoire et l’identité d’un quartier spécifique en associant pleinement les différentes
communautés brazzavilloises via différentes activités (expositions, concours, village
artisanal…). Le festival joue un rôle structurant dans le secteur de la musique en
proposant des ateliers de formation et des journées de réflexion qui donnent lieu à des
publications. Depuis sa création en 2005, le festival Feux de Brazza a acquis une
notoriété considérable ; avec près de 10 000 visiteurs lors de sa dernière édition, il est
aujourd’hui considéré comme l’un des plus importants de la sous-région.

La musique : une économie dans la ville


En dépit de la piraterie et de la crise du disque qui ont considérablement affaibli sa
rentabilité, la filière musicale brazzavilloise a su préserver une économie locale qui
génère emplois et revenus. L’inexistence de statistiques fiables et récentes limite la
possibilité de fournir ici des éléments chiffrés. Toutefois, une enquête menée en 2011
auprès des professionnels a permis d’identifier plus de 50 entreprises et près de 300
emplois (hors artistes), des chiffres qui ne prennent pas en compte l’économie
informelle.
Une part de ces activités est liée à la musique enregistrée et à sa diffusion dans divers
formats (disque, fichiers MP3, musiques d’attente des compagnies de téléphonie
mobile, publicité…). En dépit de l’étroitesse du marché, des maisons de production
établies depuis plus de 20 ans contribuent à stabiliser l’industrie discographique locale.
La plus reconnue est Dénidé Productions qui a produit et accompagne les plus
grands artistes de la scène congolaise (Patrouilles des Stars, Extra-Musica, Guy-Guy
Fall, la Chorale Sainte-Odile…). A  leurs côtés, de jeunes structures comme DM
Records ou Letiok Productions font leur apparition. Elles ont su tirer parti des
opportunités offertes par les technologies numériques et produisent des albums et des
vidéos clips de grande qualité, tirant vers le haut le professionnalisme du secteur et
mettant en valeur les artistes émergents (Nzete, Doucou Copa, Oupta…). Conscientes
du déclin du marché du disque, ces nouvelles entreprises visent davantage le marché
du numérique en proposant leurs contenus aux plateformes de téléchargement, aux
médias du web et de l’audiovisuel ou aux opérateurs de téléphonie mobile.
Au-delà du marché phonographique, il faut souligner l’existence des activités qui
concernent la musique live (portée par des organisateurs de spectacles et des
entreprises de location de matériel), mais aussi une importante économie liée à la vie
nocturne et aux multiples activités connexes  : concerts, bars-dancing, vente de
boissons, transports, habillement… Ces dynamiques, multiformes et difficiles à
mesurer, jouent un rôle capital dans la vie sociale et économique de la ville.
Brazzaville dispose d’une diversité d’infrastructures pouvant accueillir des
manifestations musicales d’envergure variable : le stade de la Révolution (60  000
places), le stade Félix  Eboué (15  000 places), le Palais des Congrès (1500 places),
10
l’Institut français du Congo (480 et 100 places), le CFRAD (Centre de formation et de
recherche en arts dramatiques – 400 places), le Cercle culturel Sony Labou Tansi (200
à 400 places)… Ces infrastructures, qui s’avèrent insuffisantes dans un contexte de
forte croissance démographique et d’extension de l’espace urbain, seront bientôt
complétées par la construction d’une Cité de la Culture dans le Nord de la ville, sous
la forme d’un grand complexe culturel qui comprendra entre autres plusieurs salles de
spectacles.

L’importante place de la musique dans les médias


Le secteur des médias et de la communication audiovisuelle, porté par des groupes
comme MN  COM, DRTV ou TOP TV, constitue un maillon essentiel de la filière
musicale en termes de revenus et d’emplois mais aussi en termes de diffusion de la
création musicale locale. Aussi faut-il noter l’importance des contenus musicaux dans
les programmes des stations de radio et des chaînes de télévision locales. Le
magazine télévisé Tam tam, entièrement consacré aux musiques congolaises et
africaines, fêtera bientôt son vingtième anniversaire. Précurseur, il a ouvert la voix à
beaucoup d’autres programmes similaires à la radio et à la télévision.
Brazzaville dispose de deux grandes manifestations très médiatisées et dédiées à la
musique. Les Sanza de Mfoa, créées en 2003 par la société GPY et son fondateur
Henri Germain Yombo dit «  Beethoven  », attribuent des récompenses aux meilleurs
artistes congolais et africains dans de nombreux domaines (musique, littérature,
sculpture, peinture, cinéma, mode). Organisé chaque année, cet événement est l’un
des plus suivis sur le continent africain. L’autre grand rendez-vous, dénommé les Tam
tam d’Or, est plus spécifiquement consacré à la musique. Initié par le journaliste
chroniqueur Médard Milandou, il récompense chaque année les meilleures artistes de
la musique congolaise à travers 11 catégories. Depuis sa création en 2005, plus d’une
centaine d’artistes ont ainsi été primés.

Le rayonnement international de la musique congolaise


Longtemps après l’âge d’or de la rumba, la musique congolaise continue de rayonner à
l’échelle internationale en influençant nombre de créateurs en Afrique et en Europe.
Les standards de la rumba brazzavilloise résonnent encore dans les maquis de
Ouagadougou et il n’est pas rare de les retrouver dans les mix de certains DJs
parisiens ou lyonnais. Sur les dance-floors d’Abidjan, la rumba a donné naissance au
coupé-décalé, une musique désormais internationale qui influence indéniablement les
disc-jockeys et musiciens sur tous les continents, jusqu’en Asie. Illustration
convaincante de ce rayonnement, le projet Siestes électroniques est le fait de
plusieurs DJs français qui ont décidé d’aller à la rencontre de la vie nocturne
brazzavilloise pour redécouvrir les racines africaines de leur musique. Sur place, ils
sont allés au fin fond des boîtes de nuits des quartiers populaires pour partager leurs
mix avec les DJs congolais.
Dans un registre plus institutionnel, la diffusion internationale de la musique de
Brazzaville se fait aussi à travers les Nuits du Congo. Mis en place par le groupe GPY
en partenariat avec les autorités congolaises, ce concept consiste à organiser chaque
année dans un pays étranger une soirée dédiée à la musique congolaise. Depuis sa
création, il a permis aux artistes brazzavillois de s’exporter successivement à Paris,
Rome, Casablanca, Libreville, Alger, Le Caire, Johannesburg, Pékin et Addis-Abeba.

11
Brazzaville : une autre manière de vivre la musique
Comme mentionné plus haut, la musique occupe une place importante et tout-à-fait
centrale dans la vie des Congolais et des Brazzavillois. Elle est une composante
essentielle de toutes les étapes qui rythment la vie sociale  : baptême, mariage,
funérailles, rites à caractère initiatique, pratiques religieuses (très développées au
Congo). Les églises de quartier ont en leur sein des chorales auxquelles chacun peut
prendre part et qui animent l’ensemble des cérémonies. Ces chorales jouent le rôle de
véritables écoles musiques. Equipées d’instruments et de lieux adéquats, elles sont
des lieux d’apprentissage du solfège et du chant, de pratiques instrumentales et de
danse. Les enfants y apprennent dès leur plus jeune âge les rudiments de la musique
et du rythme. Tous les grands chanteurs et musiciens brazzavillois y ont fait leurs
armes.
Au-delà de la vie religieuse, la musique est une pratique systématique dans tous les
lieux de détente et de socialisation. Ainsi, à côté des deux stades et des salles de
spectacles qui accueillent les grandes manifestations, la ville regorge de bars-
dancing : La Détente, Les Diplomates, Bababoum, La Main bleue, pour ne citer que
les plus emblématiques. Conçus comme des bars-restaurants, ces lieux sont
généralement pourvus d’un espace extérieur et d’une scène en plein air où des
orchestres se produisent quasiment tous les soirs de la semaine, soit sous forme de
concerts payants, soit sous forme de répétitions ouvertes au public. A la nuit tombée,
les Brazzavillois-es aiment s’y retrouver pour boire une bière fraîche et esquisser
quelques pas de danse. On ne compte pas les boîtes de nuit et « VIP » (sorte de boîtes
nuit ouvertes dès 15h l’après-midi) où les clients dansent de manière quasi-continue
sous la lumière des stroboscopes au son des mix des DJs de coupé-décalé.
Il est une spécificité congolaise en matière de pratiques culturelles  : la «  sape  ».
Apparue après les indépendances à Kinshasa et à Brazzaville, la sape (comprenez
« société des ambianceurs et des personnes élégantes ») est une pratique curieuse qui
consiste à rivaliser d’élégance en portant des vêtements de luxe, le plus souvent venus
de Paris mais aussi dessinés ou cousus sur place. Les adeptes de la sape (les
« sapeurs ») se comptent par milliers et se réunissent fréquemment en fin d’après-midi
(notamment les dimanche) pour exhiber leurs tenues chic sous forme de défilés de
mode dansés qu’on appelle «  diatances  ». Derrière cette pratique originale, ils
défendent les valeurs de respect, de dignité, de paix. Ils revendiquent une culture
spécifiquement congolaise de l’habillement en réinterprétant ou en détournant les
codes européens au profit de règles réinventées localement. Les sapeurs sont
regroupés en associations dont les plus structurées jouent un rôle social de première
importance : certaines tiennent lieu de caisses d’assurance maladie qui, à partir des
cotisations des membres, prennent en charge les besoins médicaux ou sociaux de
ceux-ci. Il faut souligner aussi la large gamme d’activités économiques engendrées par
la sape  : design de vêtements, conseil en habillement, couture, pressing / laveries,
boutiques de luxe, salons de coiffure… Depuis toujours, musiciens et sapeurs
entretiennent des liens étroits : nombreux sont les chanteurs sapeurs qui arborent des
costumes griffés sur scène ; inversement, c’est toujours en musique que défilent les
sapeurs, dans la rue où à l’occasion de cérémonies diverses.
Pratiques religieuses, vie nocturne, sape  : la musique est partout dans la vie des
Brazzavillois-es et elle engendre des pratiques spécifiques qu’on ne retrouve nulle part
ailleurs. Plus qu’une discipline artistique, elle est le moyen naturel et spontané de
l’expression individuelle et collective, du vivre-ensemble, du jeu social. Elle est la
composante essentielle de l’identité culturelle brazzavilloise.

12
La musique, une priorité de développement local pour la mairie de
Brazzaville
Dans un contexte marqué, au plan national par le défi de la décentralisation, au plan
international par l’émergence des métropoles comme des centres de commandement
culturel, la mairie de Brazzaville fait preuve d’une forte volonté politique en matière de
développement culturel.
Dans le cadre du chantier qu’il a entrepris pour inscrire la culture comme une priorité
de sa politique de développement local, le Conseil départemental et municipal de
Brazzaville a décidé de faire de la musique une dominante stratégique. Ce choix a
été fait sur la base d’une réflexion approfondie menée en partenariat avec l’ONG
Culture et développement et qui a mis en lumière le dynamisme du secteur de la
musique ainsi que son potentiel en matière de cohésion sociale, d’épanouissement
culturel et de développement économique. La musique est donc au cœur de la
stratégie de développement culturel adoptée en 2012 par la mairie. Ce document
cadre stipule que 50% des ressources financières destinées à financer la politique
culturelle de la villeUNESCO seront investies dans le développement de la musique.
Selon les prévisions budgétaires pour 2013, cela représente une enveloppe annuelle
d’environ 100 millions de FCFA (soit 150 000 euros) sur un budget de 200 millions de
FCFA pour la culture.
La dominante stratégique de développement de la musique a pour objectif de valoriser
le patrimoine musical congolais, d’accompagner et de dynamiser la vie musicale de la
ville et ses activités connexes, de contribuer à la structuration et à la
professionnalisation de la filière de la musique, de développer l’économie du secteur et
sa capacité à générer des emplois, de renforcer le rayonnement de la ville et son
attractivité touristique par la musique. Cette politique prévoit notamment :
> la création d’un musée de la rumba congolaise,
> la construction de salles de répétition dans les différents quartiers de la ville,
> l’ouverture d’un fonds de soutien municipal à la création et à la formation des
professionnels,
> la mise en place d’un programme «  Tourisme, musique et élégance  » sous la
forme d’un cluster destiné à accompagner les activités économiques,
> la promotion des artistes congolais à l’étranger via les accords de coopération
décentralisée conclus par la ville.

Participer au Réseau des villes créatives : enjeux et objectifs

Comme expliqué ci-dessus, la mairie de Brazzaville est en train de mettre sur pied une
stratégie de développement local basée sur les potentialités culturelles de son
territoire. Au sein de cette stratégie, la musique constitue un domaine d’intervention
prioritaire. Elaborée en concertation avec les acteurs privés et de la société civile, cette
stratégie prévoit une mobilisation de l’ensemble des professionnels de la filière.
Tenant compte de cette dynamique, le comité de gestion de la candidature auprès du
Réseau UNESCO des villes créatives a identifié trois axes de travail qui pourraient faire
l’objet de coopérations bilatérales ou multilatérales dans le cadre du Réseau des villes
créatives.

13
1. Enrichir la stratégie locale de Brazzaville en matière de
développement de la musique
L’idée est notamment de permettre des échanges entre les villes membres du Réseau
(élus, agents, professionnels) quant à leurs stratégies de développement de la
musique  : politiques publiques, projets innovants, bonnes pratiques, partenariats
public-privé…

2. Développer le tourisme culturel pour mettre en valeur et partager le


patrimoine musical congolais
Il s’agirait notamment de :
> promouvoir les œuvres et les artistes qui font la grandeur de la musique
congolaise en les rendant plus visibles et plus accessibles
> bénéficier de l’expertise des autres villes pour élaborer une offre touristique
intelligente et attractive autour des ressources dont dispose la ville en termes de
musique
> dans une deuxième temps, bénéficier de l’appui des villes membres pour faire la
promotion de cette nouvelle offre touristique dans leur pays

3. Promouvoir la musique brazzavilloise à l’international


Il serait souhaitable que Brazzaville puisse bénéficier du Réseau des villes créatives
pour offrir à ses artistes une meilleure visibilité sur la scène internationale. Il s’agirait
notamment de :
> identifier les artistes congolais les plus prometteurs pour une diffusion à
l’international (artistes confirmés ou émergents)
> identifier dans les autres villes créatives les principales manifestations
susceptibles de programmer des artistes congolais
> organiser des échanges artistiques  entre musiciens congolais et musiciens des
autres villes créatives
> mobiliser le Réseau des villes créatives pour conduire une réflexion sur la mise en
place de nouveaux modèles économiques basés sur les technologies numériques,
dans un contexte où la piraterie invite à rechercher une rentabilité pour la musique
enregistrée ailleurs que sur le marché du disque

14
1 Brazzaville :
porte de
l’Afrique
ouverte sur le
monde
Son positionnement géographique aux
abords du grand fleuve Congo, sa
proximité avec sa soeur jumelle
Kinshasa, la dimension internationale
de son histoire, le cosmopolitisme et
la jeunesse de sa population font de
Brazzaville une ville tournée vers le
monde, ouverte et sensible aux
influences extérieures, hospitalière,
sachant accueillir les apports des
autres cultures tout en contribuant
au rayonnement de la créativité
congolaise et africaine.

15
Le fleuve Congo

Brazzaville s’est construite grâce au fleuve Congo et


aux activités commerciales qu’il génère. le rapport au
fleuve a fondé en profondeur l’identité d’une ville
d’échanges et d’ouverture sur le reste du monde.

Vue sur le fleuve Congo


et Kinshasa, depuis
Brazzaville
>

Brazzaville n’existerait sans doute pas sans le puissant et majestueux fleuve Congo qui
forme à cet endroit une large cuvette dénommée «  le Pool Malebo  ». Cette vaste
étendue d’eau qui marque la fin de la partie navigable est particulièrement propice au
transport fluvial et constitue une importante zone d’échanges avec le nord du Congo
mais aussi avec Kinshasa, capitale de la RDC1 établie sur l’autre rive du fleuve. C’est
au gré des nombreuses activités commerciales liées à ce positionnement stratégique
que s’est développée Brazzaville.
Ainsi, bien avant la colonisation apparaissent plusieurs bourgs qui forment peu à peu
une agglomération dénommée Nkuna (ou Ncouna), alors située aux marges du
royaume Téké dont la capitale est établie à Mbé, à 200 km au nord de Brazzaville.
Nkuna est administrée par les vassaux du roi des Tékés qui prélèvent une part
importante des revenus liés au commerce fluvial.
Conscient de l’intérêt stratégique qu’offre le Pool, l’explorateur franco-italien Pierre
Savorgnan de Brazza décide d’y établir le siège de l’implantation coloniale française en
1880. C’est ainsi que Nkuna prend le nom de Brazzaville et devient bientôt le chef-lieu
de l’Afrique équatoriale française (AEF).
Agissant avec une puissance à la mesure de ses dimensions, le grand fleuve Congo
occupe une place considérable dans l’imaginaire collectif des Brazzavillois et

1 République démocratique du Congo.


16
notamment des artistes. Voie de communication et d’échanges, il constitue un lien
entre la ville et le monde.

e Congo
Le fleuv

Le fleuve Congo est aussi une porte entre Brazzaville et Kinshasa. Ces deux villes
cousines, capitales de deux pays séparés par l’histoire coloniale, ont en commun une
culture, des langues, un patrimoine. Le fleuve les sépare autant qu’il les unit. Chaque
jour des milliers de personnes le traversent, assurant l’échange de nombreuses
denrées et marchandises et entretenant des liens identitaires forts entre les deux
métropoles. Les chaînes de télévisions, les radios, les artistes, les musiciens
notamment, sont autant de passeurs culturels entre les deux rives. Si le rapport entre
artistes de «  Brazza  » et de «  Kin  » prend parfois une dimension concurrentielle, il
célèbre en même temps un héritage culturel commun mutuellement et continuellement
enrichi.

Brazzaville au coeur de l’histoire internationale

Brazzaville a été appelée à jouer un rôle central dans


l’histoire de la colonisation et des indépendances, un
rôle qui participe de son rayonnement international.

Centre de commandement de l’Afrique équatoriale française, Brazzaville fut appelée à


jouer un rôle central dans l’histoire coloniale puis dans l’accession aux indépendances.
En 1940, elle est désignée capitale de la France libre par de Gaulle qui cherche à
rallier les colonies à la cause de la Résistance. Le Général y établit le siège du Conseil
de Défense de l’Empire et y fait ses premières émissions radiodiffusées. Plus tard, en
1944, il ouvre à Brazzaville une conférence consacrée à l'avenir des colonies ; dans un
discours désormais historique, il défend pour la première fois la capacité des peuples

17
de l’Empire à « participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires », faisant ainsi
un premier pas sur long chemin vers les indépendances africaines.
Dans cette page essentielle de l’histoire internationale, Brazzaville occupe une place
prépondérante dont elle porte aujourd’hui encore la mémoire, notamment à travers son
architecture exceptionnellement riche.
D’abord l’implantation coloniale façonne durablement le visage de la ville dès la fin du
XIXème siècle. Obtenant le statut de commune en 1911, Brazzaville est dotée de son
premier plan d’urbanisme en 1925. Apparaît un centre-ville habité par les colons et
abritant les différentes fonctions liées à la conquête et à l’administration du territoire :
le Plateau héberge le pouvoir politique dès les années 1880, la Plaine abrite les
factories2 , le Tchad correspond au quartier des casernes et des terrains militaires,
tandis que la mission catholique s’implante dans une zone appelée la Mission (futur
quartier de l’Aiglon). Autour de ce centre urbain sont construites deux grandes « cités »
destinées à loger les populations africaines : Poto-Poto, puis Bacongo. De nombreux
édifices de la fin du XIXème siècle témoignent encore de cette phase décisive de la
construction de Brazzaville : la cathédrale du Sacré Cœur, le Palais épiscopal, le Palais
du Peuple (ancien Palais des Gouverneurs qui abrite désormais la résidence officielle
du président de la République) ou la Case Tréchot (actuelle ambassade de Russie)
constituent un patrimoine architectural unique. L’histoire coloniale a profondément
structuré le tissu urbain en façonnant des quartiers qui, s’ils ont évolué, sont toujours
porteurs d’une identité forte et qui contribuent, chacun à leur manière, à la diversité
culturelle et créativité artistique de la ville.

De 1943 à 1960, la ville se transforme en un véritable laboratoire architectural sous


les effets conjugués de trois éléments concomitants : le rôle central joué par la capitale
congolaise dans la seconde guerre mondiale et dans la Résistance, l’arrivée d’une

2 Les factories étaient des comptoirs commerciaux.


18
nouvelle génération d’architectes novateurs et la mise à disposition des crédits du
FIDES3. Ainsi, aux premiers édifices hérités des débuts de la période coloniale (comme
le Palais du Peuple par exemple) viennent s’ajouter nombre de constructions qui sont
le fruit des expérimentations d’architectes précurseurs comme Chomette, Berruet,
Calsat, Hébrard et surtout Roger Erell. On doit à ce dernier de nombreux ouvrages
mariant les techniques occidentales au patrimoine culturel africain ; la basilique Sainte-
Anne du Congo, la façade du stade Félix Eboué ou la Case de Gaulle en sont les
exemples les plus significatifs.

La basilique Sainte-
Anne du Congo
>

L’autre grand témoin de la dimension internationale de l’histoire de la Brazzaville, c’est


le cosmopolitisme de sa population qui s’est enrichie au fil des diverses vagues
d’immigration.

Une ville multiculturelle

Brazzaville est le bassin d’une immigration sous-


régionale, africaine, européenne. il en résulte une
population cosmopolite qui fait la richesse culturelle de
la ville.

Le caractère cosmopolite de la population brazzavilloise est ancien. Aux Tékés du


royaume de Mbé se sont joints différents groupes ethniques venus du Sud et du Nord
du pays. Puis avec la colonisation arrivent des Français et autres Européens mais aussi
des Ouest-africains (surnommés les « waras » par les Congolais) parmi lesquels de
nombreux Maliens et Sénégalais venus exercer leurs talents en matière de commerce,

3 FIDES : Fonds d’intervention pour le développement économique et social

19
une activité souvent délaissée par les Congolais davantage attirés par les métiers de
l’administration et du tertiaire. Ainsi, l’avenue de la Paix à Poto-Poto devient le fief des
commerçants ouest-africains. Les Chinois ayant largement investi l’avenue, les waras
se sont repliés en partie sur les arrondissements de Ouenzé et de Moungali. Brazzaville
compte également des Béninois et des Togolais, appelés les « popos » et, dans une
moindre proportion, des Mauritaniens, des Ivoiriens, des Guinéens, des Nigériens ou
des Nigérians.
Cette variété des origines ethniques et géographiques confère à Brazzaville une
importante diversité culturelle qui se traduit de multiples manières. On la perçoit
d’abord à travers les signes visibles liés à la religion : en grande partie musulmans, les
Ouest-Africains ont construit des mosquées et importé des coutumes et des pratiques
culturelles liées à l’islam (habitudes culinaires, vestimentaires, cultuelles…). Elle se
traduit aussi par les activités commerciales dans lesquelles s’activent beaucoup de
ressortissants ouest-africains.
À ces derniers se sont ajoutés en 1997 de nombreux réfugiés rwandais venus se
reconstruire une nouvelle vie. Egalement très actifs dans le commerce, ils contribuent
aussi à enrichir la palette des expressions culturelles, notamment dans le domaine de
la musique. Citons par exemple le groupe Amahoro, très connu à Brazzaville et présent
dans de nombreuses manifestations et cérémonies.
On note également une très riche diversité linguistique. Aux langues et dialectes
congolais4 s’ajoutent le Français, langue officielle largement parlée par les
Brazzavillois, et beaucoup d’autres langues africaines parlées au sein des
communautés parmi lesquelles on peut citer le kinyarwanda 5 . La diversité des
langues, qui constituent les véritables « colonnes vertébrales des cultures »6, est une
richesse culturelle de première importance. A Brazzaville, comme dans de nombreuses
villes africaines, elle l’est encore davantage du fait que chaque personne parle
couramment entre 2 et 5 langues, parfois plus. Ce polyglottisme, qui favorise les
apports mutuels entre les langues, participe d’une véritable dynamique interculturelle
par laquelle la diversité devient une richesse valorisée et partagée.

Une ville jeune et tournée vers l’avenir

La jeunesse et la croissance rapide de la population


brazzavilloise sont des atouts majeurs qui contribuent
au dynamisme et à la créativité de la ville.

Le Congo est un pays fortement urbanisé. 62% des Congolais vivent en ville et
Brazzaville concentre à elle seule un tiers de la population congolaise. A l’instar de
nombreuses capitales africaines, la métropole de Brazzaville connaît une croissance
démographique fulgurante qui s’explique par les effets conjugués de l’exode rural et
d’une forte natalité. Sa population est ainsi passée de 585 000 habitants en 1984 à
plus de 1,5 millions d’habitants aujourd’hui. Cette explosion démographique

4 Les langues bantou occupent une place prépondérante. Le munukutuba et le lingala sont les deux grandes langues nationales reconnues par la constitution.

5 Langue bantou parlé par les ressortissants rwandais.

6 Termes empruntés à Jean Guibal, conservateur en chef du patrimoine et Directeur du Musée dauphinois.
20
s’accompagne d’un très fort rajeunissement de la population : un Congolais sur deux à
moins de 17 ans.
L’analyse de cette situation démographique permet de souligner deux éléments clés
pour comprendre les enjeux du développement de Brazzaville. D’abord,
l’accroissement démographique, qui entraîne une extension très rapide de la superficie
de la ville, constitue un défi inédit en matière d’aménagement du territoire,
d’infrastructures et de services aux populations (assainissement, voirie, transport,
santé, éducation…). Dans les réponses formulées pour relever ce défi, la prise en
compte de la dimension culturelle est un enjeu essentiel : le développement urbain doit
garantir aux populations de tous les quartiers les moyens et les conditions nécessaires
à la préservation et à l’épanouissement de leurs identités culturelles, de manière à
favoriser le bien-être de tous et la cohésion sociale dans un contexte apaisé.

Ensuite, la très forte jeunesse de la population brazzavilloise constitue un formidable


réservoir d’énergie créative, pourvu qu’on propose aux jeunes générations un
environnement culturel, social, économique, technique adéquat. Là encore, la prise en
compte des aspirations culturelles des jeunes constitue un élément déterminant pour
l’avenir de la ville.

Convivialité urbaine

Les activités commerciales qui sont à l’origine du développement de Brazzaville et les


multiples vagues d’immigration mettent la population brazzavilloise en contact avec de
nombreuses références culturelles venues du Nord du Congo, de Kinshasa, d’Afrique
de l’Ouest, d’Europe et finalement du monde entier. C’est ce brassage interculturel,
ouvert aux influences extérieures, qui a suscité l’apparition d’une convivialité
brazzavilloise qu’on ne retrouve nulle part ailleurs. Celle-ci se caractérise par
l’importance de la musique dans la ville (et notamment de la rumba congolaise, fruit
d’un métissage afro-cubain), par l’existence de nombreux bars-dancing où les gens
viennent se détendre et danser quotidiennement, par des pratiques liées à la mode et à

21
l’habillement (le phénomène de la sape est une spécificité congolaise issue d’un
syncrétisme culturel entre l’Afrique et l’Europe), ou encore par les nombreuses
cérémonies liées à la vie des communautés.

Avec les évolutions sociologiques liées à l’urbanisation  apparaissent de nouvelles


pratiques culturelles, notamment chez les jeunes. Les vidéoclubs (où l’on peut regarder
sur place et pour peu d’argent des films à la demande) ou des VIP (sorte de boîtes de
nuit ouvertes dès le début de l’après-midi), par exemple, sont des lieux de convivialité
dans lesquels se développent de nouveaux usages et de nouveaux métiers. Ceux-ci
contribuent à la cohésion sociale et à l’épanouissement des jeunes.

Un défi : développer les filières créatives pour diversifier


l’économie

Dans une économie nationale fortement dépendante des


ressources pétrolières, les filières culturelles à fort
potentiel économique méritent d’être structurées et
accompagnées.

L’économie du Congo et de sa capitale est en très grande partie liée à l’exploitation du


pétrole. La diversification des pôles de développement économique constitue une
priorité absolue pour l’avenir de la métropole brazzavilloise.
De nombreux exemples dans le développement des grandes villes montrent le rôle
prédominant que peut jouer le secteur créatif en termes de création d’emplois.
Evoluant souvent dans une économie informelle qui amoindrit leur visibilité, les
opérateurs culturels brazzavillois sont déjà nombreux et représentent un tissu
d’activités économiques non négligeable qui pourrait être développé. Mais faute de
dispositifs d’accompagnement adaptés aux spécificités des filières culturelles (cycles
de rentabilité courts et aléatoires, prédominance des microstructures fragiles, faible
lien avec le secteur bancaire et le monde des affaires), les entreprises de ce secteur
22
sont souvent condamnées à évoluer dans une vision à court terme sans réelles
perspectives de développement dans la durée.
Consciente du potentiel économique des filières créatives et des obstacles qui freinent
son développement, la mairie de Brazzaville s’est dotée en 2012 d’une stratégie de
développement culturel dont l’un des axes forts consiste à accompagner la création et
le développement des entreprises culturelles de la ville, notamment dans le secteur de
la musique et de la mode.

La stratégie de la ville pour le développement culturel

La ville de Brazzaville est tout à la fois un département et une commune. A ce titre, elle
est administrée par le Conseil départemental et municipal de Brazzaville, lequel est
présidé par le député-maire Hugues NGOUELONDELE. Conscient de la richesse
culturelle de la ville, le Conseil a commandé en 2011 à l’ONG Culture et
développement une étude destinée à définir les axes forts d’une politique culturelle
locale. Il a ainsi adopté en 2012 une politique de développement culturel visant à :
> renforcer la cohésion sociale par une meilleure connaissance de l’histoire de la
ville et de sa diversité culturelle
> faciliter l’accès de la population à des ressources culturelles adéquates
> favoriser la professionnalisation des acteurs culturels et la création d’emplois
> contribuer à l’émergence d’une culture du développement
> favoriser le rayonnement culturel international
> développer le tourisme culturel

Pour atteindre ces objectifs, le Conseil départemental et municipal a adopté une


stratégie à deux entrées qui consiste à intervenir d’une part de manière multisectorielle
sur l’ensemble des secteurs qui forme le champ culturel, d’autre part de manière
spécifique et prioritaire sur le secteur de la musique. Cette dominante stratégique,
intitulée «  Musique et développement  », va bénéficier de 50% des ressources
financières investies par la ville dans le domaine culturel. Son contenu est présenté
dans la seconde partie de ce dossier.
Afin de mettre en œuvre cette stratégie, la mairie a décidé de se doter d’une direction
du Développement culturel et du tourisme comportant :
> un service Histoire de la ville : diversité culturelle et cohésion sociale
> un service Arts et industries culturelles
> un service Tourisme culturel
> un service Lecture et multimédia
La mise en place de cette direction et de ses services, le recrutement et la formation
des agents sont en cours. Ce dispositif permettra de compléter l’action étatique mise
en œuvre par le Ministère de la Culture et des Arts. Cette dernière concerne
essentiellement  la construction et la gestion d’infrastructures (Cercle culturel Sony
Labou Tansi, salle du CFRAD, future Cité de la Culture), la direction des instituts de

23
formation (Centre de formation et de recherche en Arts dramatiques – CFRAD) et la
coordination du Fespam (Festival Panafricain de Musique).
Restructuré en janvier 2010, le Ministère de la Culture et des Arts joue, sous la
direction de son Excellence Jean-Claude Gakosso, un rôle important dans la vie
musicale du Congo. À travers sa direction générale des Arts et des lettres, il définit la
stratégie de développement national et international de la musique congolaise. Il
soutient très activement le Festival panafricain de la musique (Fespam) qui se tient tous
les deux ans et dont l’organisation est confiée à une équipe spécialisée et autonome.
Outre la réhabilitation d’infrastructures culturelles, il a engagé un processus qui devrait
aboutir à la construction de la Cité de la Culture qui regroupera sur un même site tous
les services du Ministère ainsi que toutes les facilités techniques nécessaires à la
création et à la diffusion artistique. La Cité de la Culture offrira notamment un
auditorium de grande qualité pour la diffusion de la musique.

Urbanisme et infrastructures : les grands projets

La forte croissance démographique entraîne une importante extension de la ville vers le


Nord. Cela se traduit par la densification de la population et l’apparition de nouveaux
quartiers dans le Nord de la ville, dans des zones très éloignées des infrastructures et
des équipements qui restent en grande partie implantés à proximité du centre-ville. Il
s’agit donc de repenser l’aménagement du territoire en corrigeant les inégalités en
termes d’accès aux équipements et aux services. En matière culturelle, plusieurs
projets sont en cours ou à l’étude en ce sens. Le quartier de Kintélé (au Nord de
Brazzaville) accueillera bientôt la Cité de la Culture, grand complexe culturel qui
abritera entre autres le siège du Ministère de la Culture, le siège du Fespam, le
nouveau Musée panafricain de la musique (rattaché au Fespam), ainsi que plusieurs
salles de spectacles et un hôtel.

24
La future Cité de la
Culture
>

La construction de la Maison de la Culture Letembet-Ambily est également en


cours. Implantée à Manianga dans le Nord de la ville, elle comprendra une salle de
spectacle, une médiathèque, une cinémathèque et une salle de conférence. Elle
contribuera à renforcer l’accès des populations des quartiers Nord à des ressources
culturelles de qualité.
Dans le même souci de réduction des inégalités territoriales engendrées par l’extension
de la ville, la mairie de Brazzaville mène actuellement une réflexion sur la manière dont
elle pourrait appuyer la construction de petites infrastructures culturelles au sein des
arrondissements les plus excentrés.
L’autre grand chantier urbanistique actuellement à l’étude est celui du réaménagement
de la route de la corniche qui longe le fleuve. Ce projet, porté par la Délégation
générale des Grands travaux, prévoit de construire une nouvelle voix de circulation le
long du fleuve afin désengorger le centre-ville mais aussi et surtout de repenser le
rapport entre la ville et le fleuve. Il s’agit de remettre en valeur les berges du Congo en
aménageant des espaces pour les loisirs, le sport, la promenade. La ville de Brazzaville
a suggéré qu’une place soit fait aux activités culturelles et a formulé quatre
propositions (encore à l’étude) d’aménagements culturels le long du fleuve :
> la place des Savoirs
Il s’agit de proposer, en lien avec le Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza, des activités
dédiées au livre, à la lecture et à la connaissance (exposition, librairie mobile, lectures,
conférences, connexion Internet).

25
> la place des Arts
L’idée proposée est de réaménager le belvédère qui surplombe le fleuve en un théâtre
de verdure pouvant accueillir des spectacles au bord de l’eau. Le lieu serait jouxté de
points de vente de biens culturels (livres, CD, DVD, vêtements, artisanat d’art…)
> le square de l’Élégance
Dédié à la sape et aux métiers de l’habillement et de l’élégance, ce square hébergerait
un dispositif pour accompagner le développement des activités économiques liées à la
mode : stylisme, couture, pressing, coiffure, conseil vestimentaire, défilés…
> l’allée de la mémoire hollandaise
Il s’agirait de mettre en valeur, en le rendant plus visible et plus accessible, le
Cimetière des Hollandais qui constitue l’un des éléments les plus anciens du
patrimoine bâti de l’histoire coloniale de la ville.

Projet de
réaménagement des
berges du fleuve Congo
>

26
2 Brazzaville : la
musique au
cOEur de la vie
urbaine

27
Une autre manière de vivre la musique dans la ville

Plus qu’une discipline artistique, la musique est une


composante omniprésente et essentielle de l’identité des
Brazzavillois-es, de leurs modes de vie, de leurs
croyances, de leur rapport au monde. Cela se traduit par
une manière spécifique de vivre la musique dans la ville   :
bars-dancing, danses, musiques religieuses, sape…

D’une certaine manière, on pourrait dire que la musique est aux Brazzavillois ce que la
gastronomie est aux Français  : un élément essentiel de leur identité culturelle, du
vivre-ensemble, de leur rapport au monde et aux grandes étapes de l’existence. Ainsi
depuis des siècles, la musique et la danse sont présentes dans toutes les sphères et
pour tous les événements de la vie sociale  : naissances, baptêmes, mariages,
funérailles, cérémonies religieuses en tous genres, rites initiatiques, célébrations à
caractère politique ou manifestations culturelles…

Répétition du groupe
Extra-Musica au bar-
dancing La Bonne
Humeur
>

Si ce positionnement spécifique de la musique dans l’identité collective est commun à


de nombreuses sociétés d’Afrique subsaharienne, il prend une dimension toute
particulière à Brazzaville. En effet, l’histoire unique de la capitale congolaise, dont les
grandes lignes ont été rappelées plus haut, a transformé Brazza en un carrefour
international ouvert à de multiples influences qui ont fait d’elle une véritable marmite
de la créativité musicale du continent entre la seconde guerre mondiale et le milieu des
années 1980. Ce rayonnement exceptionnel a eu des répercussions profondes sur
l’identité de la ville et la manière de vivre de ses habitants. Il en résulte une société
urbaine conviviale, accueillante, émaillée sur toutes ses facettes de pratiques liées à la
28
musique. Parmi ces pratiques, on peut en distinguer trois qui sont particulièrement
spécifiques à la vie culturelle brazzavilloise : les bars-dancing, les chorales religieuses,
le phénomène de la « sape ».

Les bars-dancing, lieux de convivialité


Brazzaville regorge de lieux que les Congolais nomment « bars-dancing » et qui comme
l’indique cette appellation sont conçus pour boire un verre et danser. Apparus avec la
rumba congolaise (voir plus bas), ces lieux de détente en plein air sont animés quasi-
quotidiennement par des orchestres qui y font leurs répétitions et y donnent des
concerts, devant un large dance-floor où les clients aiment à danser, seuls ou en
couple, dès le début de l’après-midi, parfois jusqu’à l’aube. Cette pratique qui a connu
son âge d’or après-guerre a toujours cours de nos jours, même si elle s’est peu à peu
diversifiée en donnant naissance à d’autres usages. Ainsi, l’arrivée des musiques
comme le ndombolo, le coupé-décalé ou le hip-hop (musiques dansées et jouées par
un DJ) ont favorisé l’apparition progressive de lieux appelés « VIP », sorte de boîtes de
nuit ouvertes dès le milieu de la journée et principalement dédiées à la danse et à la
fête. Leurs dance-floors sont entourées de miroirs dans lesquels les clients aiment se
regarder danser de préférence de manière démonstrative, spectaculaire voire
compétitive. VIP et bars-dancing, présents dans tous les quartiers de la ville, sont des
espaces populaires qui font la convivialité de la vie diurne et nocturne.
Enseigne du bar-
dancing «Chez
Faignond»
>

Parmi tous les lieux de musique de Brazzaville, «  Chez Faignond  » est sans aucun
doute le plus emblématique et le plus mythique. Créé en 1948 à Poto-Poto par Emile
Joachim Faignond, il fut le haut-lieu historique de la rumba congolaise à Brazzaville. Il
était l’épicentre de la vie associative des années 1940-1950 où se retrouvaient pour
leurs réjouissances et leurs créations des associations de jeunes, hommes et femmes.
Mais « Chez Faignond » était surtout le point de convergence des différents styles de la
rumba congolaise. Il a fortement contribué à la naissance de la rumba moderne et
urbaine. Venus de Kinshasa, de grands musiciens de l’autre rive tels que Joseph
Kabasele venaient y jouer avec leurs homologues de Brazzaville. Et c’est dans ses

29
locaux que le quinquagénaire et célèbre orchestre Les Bantous de la Capitale a
donné son premier concert.
L’influence du bar-dancing «  Chez Faignond  » ne se limitait pas à la musique. Elle
concernait l’ensemble de la vie culturelle de Brazzaville à travers l’organisation de
concours de danse ou d’élégance. «  Chez Faignond  » a favorisé le développement
technologique et économique de la musique grâce à la qualité acoustique de son
équipement et à l’implantation au fil des décennies suivantes d’une dizaine
succursales dans différents secteurs de la ville : le Nganda Faigond, le Kilomètre 100,
l’Ile Faignond (à Kintélé) qui sont devenus autant de lieux emblématiques de la rumba
congolaise moderne.
Aujourd’hui, le bar-dancing originel a été délaissé au profit de night-clubs modernes
mais des orchestres y tiennent encore régulièrement des séances de répétition. Les
amoureux de la rumba congolaise qui le considèrent comme un sanctuaire souhaitent
en faire un musée de la rumba.

Les chorales religieuses, de véritables écoles de musique


Tous les grands musiciens congolais ont fait leurs armes au sein des chorales de leur
quartier, soit en tant que chanteur soit comme musicien (orgue, guitare, basse,
batterie…). Aux contacts de leurs ainés, ils y ont appris le solfège, les motifs
rythmiques du patrimoine musical africain, les standards de la chanson congolaise et
la pratique de multiples instruments. En un mot, ils y ont appris ce que l’on apprend
dans une école de musique et c’est forts de cet enseignement qu’ils sont ensuite
devenus de véritables créateurs, auteurs, compositeurs ou interprètes.
Plus que de strictes espaces de culte ou des centres de formation informels, les
chorales religieuses sont des lieux de transmission du patrimoine culturel et de
l’imaginaire collectif brazzavillois. La musique est le langage, le vecteur privilégié de ce
processus de transmission.

Sape et musique : spécificité culturelle brazzavilloise


Apparue à Brazzaville et à Kinshasa au moment des indépendances, la sape (sigle qui
signifie «  société des ambianceurs et personnes élégantes) est un phénomène
typiquement congolais qui consiste en une compétition d’élégance ou encore en une
version moderne et africaine du dandysme. Les sapeurs, hommes et femmes, arborent
des vêtements de luxe, le plus souvent importés de Paris, parfois dessinés et cousus
sur place (comme les fameux costumes en raffia). Ils se rassemblent fréquemment sur
l’espace public pour exécuter ce que l’on appelle des diatances qui consistent à défiler
en musique en esquissant quelques pas de danse voués à exhiber le chic de son
accoutrement et de ses accessoires.
Contrairement à ce qu’avancent ses détracteurs, la sape n’est pas dénuée de sens.
Cette pratique populaire correspond à la revendication d’une dignité de la personne
dans un environnement où les conditions de vie sont parfois difficiles. Elle est une
réinterprétation et un détournement des codes d’habillement européens et permet
l’affirmation d’une identité culturelle riche et ouverte, capable d’absorber les influences
extérieures en les transformant. Les sapeurs ont élaboré un discours qui met en avant
les valeurs de respect, de tolérance et de paix : une personne qui sait s’habiller est une
personne digne qui se respecte et qui veut montrer aux autres le meilleur d’elle-même.
Souvent regroupés en associations, les adeptes de la sape jouent un rôle social de
première importance au sein des quartiers populaires  : certaines associations
30
fonctionnent comme des mutuelles en prélevant des cotisations qui permettent de
prendre en charge les besoins de leurs membres en cas de maladie, de naissance ou
de décès.
La sape et la musique vont de paire. Les plus grands sapeurs sont les stars de la
musique congolaise qui arborent ostensiblement leurs tenues sur les scènes de bars-
dancing. A l’inverse, la musique est l’élément omniprésent qui accompagne les défilés
des sapeurs dans les rues de Brazzaville.
Soulignons également la large palettes d’activités économiques engendrées par la
sape  : stylistes, conseillers vestimentaires, couturiers, blanchisseurs, coiffeurs,
vendeurs, spécialistes en import-export, sont autant de métiers qui se sont développés
à la faveur de cette pratique unique et qui contribuent à l’économie de la ville.

>> En savoir pluS SUR LA SAPE:


Document vidéo disponible en ligne en
cliquant ici   : Reportage réalisé par
William Japhet, pendant le festival
Etonnants Voyageurs 2013 au Congo
(Brazzaville)

Brazzaville, berceau de la rumba congolaise

Le succès international de la rumba congolaise fait de


Brazzaville l’un des principaux épicentres de la
créativité musicale africaine et un haut-lieu du
patrimoine culturel du continent.

31
La naissance de la rumba congolaise
Brazzaville se situe au cœur d’une page décisive de l’histoire de la musique africaine.
Elle est en effet la porte par laquelle s’est effectué un aller-retour culturel entre
l’Afrique et les Amériques, aller-retour qui a donné naissance à la rumba, puis à la
rumba congolaise. Les musicologues estiment que pour comprendre les origines de la
rumba, il faut remonter entre le XIIIème et le XVIème siècle dans le bassin du Congo.
C’est là que s’est développée une danse rituelle très populaire dénommée n’kumba,
également appelée « danse du nombril ». Cette danse correspond à un motif rythmique
composé très spécifique et associé à un système harmonique dit « modal ». Au cours
de la traite négrière, les esclaves emmenés de force en Amérique latine (et plus
précisément à Cuba) emportent avec eux cette danse et ces motifs rythmiques. A
Cuba, au contact des autres cultures, les rythmes africains vont s’enrichir en intégrant
notamment les apports des musiques européennes importées par les Espagnols. Les
musiciens cubains marient alors le rythme de la nkumba avec les instruments
européens comme le piano ou la guitare. Ils transforment ainsi la nkumba en une
musique tonale, c’est-à-dire qui obéit à un système harmonique comportant des
accords. C’est ainsi, au terme de ce premier voyage depuis l’Afrique jusqu’aux
Caraïbes que naît la rumba cubaine, le mot rumba résultant de la déformation du mot
nkumba.
Et ce voyage aller est suivi d’un voyage retour. Dans les années 1920, les disques de
musique cubaine, à la faveur du commerce maritime, finissent par traverser les océans
et par arriver dans les ports des grandes villes africaines. A Brazzaville, alors capitale
de l’Afrique équatoriale française (AEF), séjournent et se croisent de nombreux
fonctionnaires internationaux qui sont autant de passeurs culturels. C’est ainsi que
Paul Kamba, jeune fonctionnaire congolais, découvre la rumba cubaine et décide
d’apprendre à jouer de la guitare et de la réinterpréter. Les Congolais reconnaissent
tout de suite les motifs rythmiques issus de leur propre patrimoine musical. Le succès
est immédiat et apparaissent dans le sillage de Paul  Kamba de nombreux artistes
parmi lesquels Wendo Kolosoy, considéré comme le véritable précurseur et la première
grande star de la rumba congolaise traditionnelle.

Brazzaville, épicentre de la musique africaine


A l’approche des indépendances africaines qui seront obtenues en 1960, on assiste à
une dynamisation sans précédent de la création artistique dans tous les domaines
(littérature, peinture, arts plastiques…). Les années 1950 et 1960 marquent l’âge
d’or de la rumba congolaise. Les orchestres se multiplient, les studios et les maisons
de production (appartenant pour la plupart à des Grecs) se développent et pressent des
disques par milliers puis par millions, donnant naissance à une importante industrie
musicale qui contribue au développement économique de la ville. Les bars-dancing, de
plus en plus nombreux, deviennent de véritables temples de la rumba  ; chaque
orchestre a son bar-dancing attitré où il se produit quasi quotidiennement. Comme
expliqué plus haut, «  Chez Faignond  », quartier général du groupe mythique Les
Bantous de la Capitale7 (toujours en activité aujourd’hui) est considéré comme le lieu le
plus emblématique de cette époque.
Au cours de cette période, tous les orchestres traversent régulièrement le fleuve, les
collaborations transfrontalières sont quotidiennes et la vie musicale de Brazzaville et de
Kinshasa est indissociable. Trois grands orchestres se distinguent alors par leur succès

7 A écouter ici : http://www.mondomix.com/fr/e/bantous_de_la_capitale


32
au plan local et international : African Jazz (avec Grand Kallé, Tabouley Rochereau et
Dr Nico) ; Ok Jazz (avec Franco) ; Les Bantous de la Capitale (avec Nino Malapet,
Jean-Serge Essous et Edo Ganga). En 1960, Grand Kallé et Dr Nico composent leur
plus gros tube, Indépendance Cha cha, qui devient l’hymne de l’indépendance de tous
les pays d’Afrique francophone. La musique congolaise doit aussi ce succès
international à la puissance de l’émetteur de Radio-Brazzaville que le Général de
Gaulle avait fait installé en 1943 pour rallier l’ensemble des colonies françaises à la
cause de la Résistance et qui permet de diffuser dans toute l’Afrique.
Sur le plan strictement musical, la rumba congolaise se modernise avec l’introduction
de la batterie, de la guitare électrique et de l’orgue. C’est une période extrêmement
riche où les influences des musiques africaines, européennes, afro-cubaines et afro-
américaines se croisent sans cesse pour s’enrichir mutuellement  : polka, jazz, rock,
high-life ghanéen, musiques antillaises se succèdent tous azimut sur les ondes radio
des grandes capitales africaines. Dans cette grande marmite musicale africaine et
mondiale, Brazzaville et Kinshasa jouent un rôle de premier plan. La musique,
omniprésente dans la ville, devient la composante centrale de l’identité culturelle des
Brazzavillois. Les chansons qui sont composées alors par les musiciens congolais de
part et d’autre du fleuve vont s’inscrire durablement dans l’imaginaire collectif de
plusieurs générations sur l’ensemble du continent. Le plus souvent écrites en lingala,
elles parlent d’amour, de vie quotidienne, de liberté, d’indépendance  ; mais c’est
surtout le rythme de la rumba qui fait danser et vibrer les Africains, même s’ils ne
comprennent pas toujours le sens des textes.

>> En savoir plus   : Document vidéo


disponible en ligne en cliquant ici   :
Emission télévisée de la chaîne
Télésud consacrée à l’histoire de la
rumba congolaise, en présence de
Jeff Louna, musicien et musicologue
congolais.

Après l’effervescence des années 50-60, la rumba poursuit son évolution en donnant
naissance à d’autres genres musicaux comme le soukous, le ndombolo ou encore le
coupé-décalé. Egalement très populaires, ces nouveaux courants ont une résonance
dans l’ensemble du continent africain et même en Europe où ils influenceront plus tard
les musiques électroniques. Très dansantes, ces musiques suscitent la convivialité et
la fête partagée. Apparaissent de nouvelles générations d’artistes qui marquent les
années 1970 et 1980 de part et d’autre du grand fleuve Congo  : Pamelo Mounka,
Master Mwana Congo, Koffi Olomidé, Werrason, Papa Wemba…
En 1970, l’Etat congolais, conscient du potentiel économique de la musique
brazzavilloise, crée la SOCODI, Société congolaise du disque. Ceci a pour effet de
renforcer l’économie du secteur et permet à des orchestres comme Les Bantous de la
Capitale de conforter leur assise internationale. Les Bantous et leurs musiciens
prestigieux deviennent une référence pour beaucoup de jeunes congolais et suscitent
des vocations un peu partout en Afrique. En 1983, la SOCODI est remplacée par l’IAD
(Industrie africaine du disque) qui se dote d’un studio d’enregistrement 24 pistes et
d’une usine de pressage. Elle assure la production, l’édition, le pressage et la
distribution des musiques congolaises. La qualité des productions s’améliore
nettement et on voit apparaître des ingénieurs du son et des producteurs de renom. Le

33
musicien, journaliste et producteur Freddy Kebano, qui a introduit de nombreuses
innovations dans la musique congolaise, est l’un des principaux artisans du renouveau
de la scène musicale de Brazzaville dans les années 70-80.
Les années 1980 sont marquées par la montée en puissance du soukous parisien,
musique dansante, rapide et populaire à Paris comme à Brazzaville. Apparaissent alors
une multitude d’artistes parmi lesquels Alain Nkounou, Géo Bilongo, Dany Ebongo, Mav
Cacharel ou Pierre Moutouari. L’arrivée de la cassette et des opportunités qu’elle offre
(possibilité de diffuser de la musique enregistrée dans les voitures, ou de recopier
facilement les albums) facilite grandement la circulation des œuvres musicales.
Les troubles politiques des années 1990 n’ont pas empêché l’émergence d’une
nouvelle génération d’artistes qui continuent aujourd’hui de faire danser les
Brazzavillois nuit et jour sur les rythmes d’une rumba revisitée et de ses
déclinaisons  :  Roga-Roga, Doudou Copa, les orchestres Extra-Musica ou Bana Poto-
Poto.

La création musicale contemporaine : apercu

Au-delà de la rumba et de ses déclinaisons, le paysage


musical congolais comporte de nombreux autres styles,
des musiques traditionnelles au hip-hop en passant par
les musiques religieuses, le reggae, la salsa ou le coupé-
décalé.

La création musicale en chiffres


Brazzaville compte actuellement :
> plus de 200 troupes de musiques et danses traditionnelles
> près de 250 groupes de musique moderne
> soit près de 5000 musicien(ne)s et danseurs/ses tous courants musicaux
confondus

34
> Le tableau ci-dessous liste de manière non exhaustive les artistes plus significatifs des différents
courants musicaux existants :

COURANTS  MUSICAUX ORCHESTRES INDIVIDUALITES


Musiques  tradiAonnelles Moukoukoulou  Na)onal
Tchikoumbi
Temo  Kongo
Vocal  Bantou
Etouri-­‐Kanga
Ovouniki  Mbe)
Musiques  tradi-­‐modernes  (ou   Kingoli  Authen)que
d’inspiraAon  tradiAonnelle) Amaya
TH-­‐Musica
Bana  Batéké
Les  Tambours  de  Brazza
Musiques  religieuses Fanfare  Kimbanguiste Papa  Roy
Chorale  Sainte-­‐Odile
Les  Piroguiers
Chœur  la  Grâce
Rumba  congolaise Les  Bantous  de  la  Capitale Zao
et  ses  variantes  :  soukous,  ndombolo Extra-­‐Musica Nzongo  Soul  (duo  avec  Bernard  
Patrouille  des  Stars Lavillier)
Universal  Zangul Roga-­‐Roga
Bana  Poto-­‐Poto
Salsa SOS  Salsa
Les  Salseros
Coupé-­‐décalé Nzete  Oussama
DJ  Rama
DJ  Otondo
Hip-­‐hop Fal
Sekta  15
Boogi  Black
New  Bantou
Reggae Les  Fils  de  l’Aigle
Kizma  Connec)on
Jah  Man

35
L’économie de la musique

Malgré la crise du disque, Brazzaville compte plusieurs


dizaines d’entreprises qui créent emplois et revenus. La
musique live est au centre de la vie sociale et nocturne
et génère de nombreux flux économiques dans la ville.

Une enquête conduite en 20118 a permis d’identifier près de 50 structures opérant


dans le secteur de la musique et du spectacle vivant à Brazzaville, soit près de 300
emplois ; ces chiffres ne prennent pas en compte les artistes et les orchestres, mais
seulement les maillons de la filière en aval de la création (édition, production,
duplication, distribution, organisation de spectacles, communication).
Certes, comme partout dans le monde, la crise du disque et la piraterie (très
développée sur l’ensemble du continent africain) ont considérablement affaibli la filière
de la musique enregistrée. L’IAD elle-même ne résiste pas à l’affaissement du marché
du disque. Pourtant, en dépit de ces difficultés, plusieurs maisons de production
parviennent à maintenir une activité suffisante pour entretenir la vitalité de la création
en trouvant de nouveaux débouchés. Parmi les plus anciennes et les plus reconnues,
Dénidé Productions fait figure de référence. Cette entreprise produit et accompagne
depuis près de 20 ans les plus grands artistes congolais : Patrouille des Stars, Extra-
Musica, Guy-Guy Fall, la Chorale Sainte-Odile…

8 Profil culturel national de la République du Congo - Programme d’identification du champ des industries culturelles, Étude
réalisée par Culture et développement pour le compte de l’Organisation internationale de la Francophonie, 2011.
36
La chanteuse Oupta,
produite par la maison
de disques Letiok
Productions
>

Depuis le début des années 2000, de jeunes structures de production, comme


Letiok Productions, font progressivement leur apparition. Tirant parti des possibilités
offertes par les nouvelles technologies numériques, elles contribuent à renforcer le
professionnalisme du secteur et produisent des albums et des vidéoclips de très
grande qualité. Tournées vers les marchés internationaux (France, Afrique du Sud...),
elles font la promotion des artistes congolais émergents et innovants (Oupta, Doudou
Copa, Nzete...). Pour contourner l’étroitesse du marché du disque, ces nouvelles
entreprises ciblent également le marché numérique en proposant leurs produits en
ligne sur les plateformes de téléchargement légal ou en les vendant aux médias et aux
publicitaires du web ou encore aux opérateurs téléphoniques.
Il s’agit là d’un élément intéressant et novateur dans le paysage de l’industrie musicale
congolaise : les opérateurs téléphoniques, conscients de la passion de leurs clients
pour la musique locale, leur proposent différents services musicaux. Ainsi, lorsqu’un
abonné lance un appel, il entend en lieu et place de la sonnerie habituelle une musique
qu’il peut, s’il le souhaite, télécharger sur son mobile moyennant un prélèvement
supplémentaire sur sa carte prépayée. Il pourra alors écouter cette musique à tout
instant à partir de son téléphone portable et l’utiliser à son tour comme musique
d’attente. Ce procédé permet de proposer aux Congolais une offre alternative aux
produits piratés et relativement abordable puisqu’elle ne concerne qu’un seul titre. Il
ouvre aussi un nouveau débouché à la filière de la musique enregistrée selon un
modèle qui permet de tracer les œuvres ainsi vendues et donc de sécuriser le
reversement des royalties et des droits liés à chaque œuvre.
Le secteur économique de la musique ne concerne pas uniquement la filière du disque
mais aussi de nombreuses activités commerciales liées, directement ou indirectement
à la musique live. Parce qu’elles sont diverses, éparses et souvent informelles, il est
difficile de les identifier de façon exhaustive et de mesurer leur poids économique.
Pourtant, ces activités représentent de nombreux revenus et emplois. En effet,
l’organisation de concerts (ou de répétition ouvertes au public et parfois payantes) dans
les bars-dancing, outre les recettes générées par la billetterie, engendre de multiples
activités économiques connexes : la rémunération des musiciens et des techniciens qui
assurent la sonorisation et l’éclairage du spectacle, le transport du public qui se rend
au concert, la vente de boissons, la restauration, l’habillement et la coiffure (les
Congolais aiment à se « saper » pour sortir), les marchands ambulants qui proposent
aux clients des bars-dancing cartes de téléphones, CD ou DVD… Les festivals,
relativement nombreux à Brazza, induisent d’autres activités liées au transport

37
international, à l’hébergement et à l’accueil des festivaliers. Sachant qu’il existe dans
tous les quartiers de nombreux bars-dancing qui accueillent tout au long de la semaine
des concerts, des répétitions ou des défilés de sapeurs, le soir ou en journée, il est
indéniable que la musique et la vie sociale qui se développe autour d’elle contribuent
pour une large part à l’économie urbaine, diurne et nocturne.
Brazzaville concentre la plus grande partie de l’économie nationale liée à la musique
dont le chiffre d’affaire est estimé à 3,8 milliards de francs CFA. Une part importante
de ce chiffre est imputable aux festivals de grande envergure. Parmi eux, le Fespam
(Festival Panafricain de Musique) est de loin de plus important.

38
> Les principales entreprises de la filière musicale à Brazzaville
DATE  DE   COMMENTAIRES
NOM ACTIVITE(S) RESPONSABLE
CREATION
Congo  Square Salle  de  répéBBon Clotaire  Kimbolo 2000
DM  Records Studio  d’enregistrement Arrangements,  enregistrement,  
mixage,  mastering,  réalisaBon  de  
vidéoclips
Réalise  une  douzaine  d’albums  
par  an
ArBstes  :  Koffi  Olomidé,  Papa  
Wemba,  Roga-­‐Roga,  Lokua  Kanza
Bla  Nia  Records Studio  d’enregistrement Clotaire  Kimbolo 2010 Assure  aussi  la  réalisaBon  de  
vidéoclips
DRTV   Studio  d’enregistrement Chris)an  Ingani 2002 ApparBent  au  groupe  audiovisuel  
ProducAons privé  DRTV
Eben  Ezer Studio  d’enregistrement Roger  Ngossaki 2001 Enregistrement,  mixage,  
mastering
Greenhills  Studio Studio  d’enregistrement Freddy  Kebano 1981 Freddy  Kebano  est  considéré  
comme  l’un  des  meilleurs  
ingénieurs  du  son  et  arrangeur  
du  Congo
Mackie  Studio Studio  d’enregistrement Teddy  Ndele 2008
Patmos  Records Studio  d’enregistrement Francis  Ossombo 2004 Assure  aussi  la  réalisaBon  de  
vidéo  clips
Studio  Espe Studio  d’enregistrement Espérance  Mouanda 2005 Assure  aussi  la  réalisaBon  de  
vidéoclips
Studio  Jeven   Studio  d’enregistrement Jean-­‐Yves  Ikonga 2009
Music
Studio  Loïs   Studio  d’enregistrement Antoine  Dimi 2002 Assure  aussi  la  réalisaBon  de  
Magher vidéoclips
Studio  L’Or Studio  d’enregistrement Raymond  Ombara 2010
Dénidé   Maison  de  producBon Denis  Nguesso 1993 Produit  des  disques  et  des  
ProducAons vidéoclips
ArBstes  :  Patrouille  des  stars,  
Extra-­‐Musica,  Guy-­‐Guy  Fall,  
Chorale  Sainte-­‐Odile
LeAok   Maison  de  producBon Loe))a  Gambolo-­‐ 2010 ArBstes  :  Papa  Wemba,  Oupta,  
ProducAons Okouna Doudou  Copa,  Nzete
Deux  Rives   Maison  de  producBon Blanchard  Ngokoudi 2002 Produit  des  disques  et  des  
ProducAons vidéoclips
ArBstes  :  Zao,  Luciana  et  Balou  
Canta
Dimi  ProducAons Maison  de  producBon Antoine  Dimi 2004 ArBstes  :  Frère  Dimi,  Renouvelé,  
Frère  Abdou
DRTV   Maison  de  producBon Chris)an  Ingani 2002 ApparBent  au  groupe  audiovisuel  
ProducAons privé  DRTV
Produit  des  disques  et  des  
vidéoclips
ArBstes  :  Eric  Tutsi,  Ferré  Gola,  
Tabuley,  Hélène  Zoulou  Jolino,  
Extra-­‐Musica,  Youlou  Mabiala,  
SOS  Salsa
EdiAons  Oboros Maison  de  producBon Okine  Oboropossa 1992 Produit  des  disques  et  des  
vidéoclips
Spécialisé  dans  les  musiques  
tradiBonnelles
ArBstes  :  Amaya,  Epongo,  Vocal  
Bantou

39
Fred  Music Maison  de  producBon Jean-­‐René  Nkouka 1999 Produit  des  disques  et  des  
vidéoclips
ArBstes  :  Jean-­‐Claude  Tandou,  
Jean  Banzouzi,  Borel  Ntari
Global  Music Maison  de  producBon Idriss  Koné 2000 Produit  des  disques  et  des  
vidéoclips
ArBstes  :  Fally  Ipupa,  Madilu  
Système,  Mbilia  Bel
Maître  Onas Maison  de  producBon Philippe   2005 Produit  des  disques  et  des  
Onangandzessi vidéoclips
ArBstes  :  Elondo  Mbombo,  Ezito  
Loninguissa  NaBonal,  
Loubakoussou,  Elembe,  Lekoli  
Universel
Fula  Nge-­‐Nge   Maison  de  producBon Alain  Ndolo 2007 Assure  aussi  le  management  
Business d’arBstes
Koud-­‐Express Maison  de  producBon Zephyrin  Ngalouo Produit  des  vidéoclips
Gan  (Groupe   Unité  de  duplicaBon  de  supports   Jean-­‐François  A)po   1980
Anytha  Ngapi) audio  et  vidéo  (CD,  DVD,  cassedes) Ngapi
Digi  BouAque Distributeur  de  disques  et  produits   Guy  Hervé   2004
audiovisuels Massamouna
DRTV   Distributeur  de  disques  et  produits   Chris)an  Ingani 2002 ApparBent  au  groupe  audiovisuel  
DistribuAon audiovisuels privé  DRTV
EdiAons  Oboros Distributeur  de  disques  et  produits   Okiné  Oboropossa 1992 Spécialisé  dans  les  musiques  
audiovisuels tradiBonnelles
Global  Music Distributeur  de  disques  et  produits   Idriss  Koné 2000
audiovisuels
ND  ProducAons Distributeur  de  disques  et  produits   Amadou  Ndiaye 1999
audiovisuels
Arrêt  753 Point  de  vente  au  détail  de  disques   Frédéric  Mboungou   2001
et  produits  audiovisuels Ibara
Chez  Disker Point  de  vente  au  détail  de  disques   Weder  Abira 2006
et  produits  audiovisuels
Didas  Music Point  de  vente  au  détail  de  disques   Didas  Lepeni 1988
et  produits  audiovisuels
Dieu  Sait  Tout Point  de  vente  au  détail  de  disques   Aimé  Bobia 2009
et  produits  audiovisuels
Disco  Mabélé Point  de  vente  au  détail  de  disques   André  Mina 1980
et  produits  audiovisuels
Le  Jourdain Point  de  vente  au  détail  de  disques   Jean  De  Dieu  Balebo 2010
et  produits  audiovisuels
Massiya Point  de  vente  au  détail  de  disques   Jérôme  Nkouka 2000
et  produits  audiovisuels
Vidéo  Monde Point  de  vente  au  détail  de  disques   Nga]é  Hiero 2010
et  produits  audiovisuels
Deux  Rives   Tourneur  et  producteur  de   Blanchard  Ngokoudi  2002 Vente  de  spectacles  en  Europe  
ProducAons spectacles (Les  Bantous  de  la  Capitale  à  
l’Olympia)
Groupe  Pella   Producteur  et  organisateur  de   Henri  Germain   1982 Travaille  beaucoup  à  
Yombo  (GPY) spectacles Yombo  (dit   l’internaBonal
«  Beethoven  ») ArBstes  :  La  Fouine,  Oumou  
Sangaré,  Papa  Wemba,  Zao,  
Extra-­‐Musica,  Koffi  Olomidé,  
Kingoli
Praudif Manageur  et  producteur  de   Audifax  Moumpossa 1995 Opère  au  Congo  et  à  
spectacles l’internaBonal
Prodiscom Producteur  et  organisateur  de   Herman  Bangi  Bayo 2002
spectacles

40
Les éléments structurants : infrastructures, formation,
organisations professionnelles, festivals, médias…

Le secteur de la musique est porté par une diversité


d’acteurs publics et privés qui structurent les
différents maillons de la filière. en voici quelques
exemples.

Infrastructures dédiées à la musique

Les lieux de concerts


Le faible nombre de salles de concerts de grande taille à Brazzaville est, certes, un fait
significatif de l’insuffisance générale d’infrastructures. Mais il est aussi – et surtout –
la conséquence de facteurs climatiques et culturels. D’abord, le Congo est un pays
chaud où la construction de salles de spectacles fermées implique des dispositifs
lourds et coûteux pour assurer la ventilation et la climatisation. Il est donc plus
commode d’organiser des concerts dans des espaces extérieurs (stades ou scènes
temporaires) qui permettent de profiter des températures douces en soirée, ou alors de
privilégier des espaces fermés plus petits et donc plus faciles à climatisés.

Ensuite, le paysage des infrastructures musicales à Brazzaville s’explique par les


habitudes culturelles des Brazzavillois et leur manière spécifique de vivre la musique
dans la ville. En effet, les habitants se livrent quotidiennement à diverses pratiques
liées à la musique  : assister à des concerts mais aussi à des répétitions publiques,
danser sur les terrasses des bars-dancing ou sur les dance-floors des night-clubs et
des « VIP » (équivalents des boîtes de nuit mais qui ouvrent dès 15h jusqu’en début de
soirée), assister aux défilés des sapeurs sur le rythme de la rumba, prendre part à
différentes cérémonies religieuses dans lesquelles les chants et les danses sont
omniprésents…
En conséquence, les infrastructures qui conviennent à ces pratiques sont moins de
grandes salles de concert que de multiples lieux de convivialité qui offrent aux
habitants une relation de proximité quotidienne avec la musique. Ainsi, les différents
quartiers de la ville, bien que porteurs d’identités culturelles très variées, sont tous
maillés de nombreux lieux qui sont autant d’espaces où la musique se crée, se joue,
s’écoute, se danse dans un climat de convivialité, contribuant ainsi au vivre-ensemble,
à la cohésion sociale et à l’épanouissement des individus et des communautés.

41
> Les principaux lieux de musique dans la ville
TUTELLE  /  
NOM JAUGE COMMENTAIRES
GESTION
Stade  de  la   60  000  places Etat Accueille  environ  6  concerts  par  an,  notamment  à  
RévoluAon l’occasion  des  grands  fesBvals
Stade  Félix  Eboué 15  000  places Etat Accueille  une  douzaine  de  concerts  par  an,  
notamment  à  l’occasion  des  grands  fesBvals
Palais  des  Congrès   1500  places  assises Etat Salle  fermée,  climaBsée  et  équipée
(ou  Palais  du   +  1000  places  debout Usages  polyvalents  (conférences,  spectacles)
Parlement) Accueille  environ  50  concerts  par  an
InsAtut  français  du   1  salle  de  480  places  assises Coopéra)on   38  spectacles  musicaux  organisés  en  2012
Congo 1  salle  de  100  places  assises française 1  à  2  concerts  par  mois  dans  la  grande  salle
Concerts  jeunes  arBstes  tous  les  mois  dans  le  jardin  de  
la  cafétéria
Danse  contemporaine
Partenaire  de  nombreux  événements  musicaux  
(Fespam,  Ici  C  l’Afrik,  Fête  de  la  musique…)
Autres  :  théâtre,  exposiBons,  projecBons  de  films,  
cinéma  iBnérant…
Cercle  culturel  Sony   Environ  400  places  assises   Etat  (Ministère  de  Accueille  essenBellement  des  résidences  de  créaBon  
Labou  Tansi ou  600  places  debout la  Culture  et  des   et  les  spectacles  organisés  dans  le  cadre  des  fesBvals
+  scène  extérieure  2000   Arts)
places  debout
CFRAD  (Centre  de   400  places  assises Etat  (Ministère  de  Equipement  dédié  au  théâtre  mais  qui  accueille  
formaAon  et  de   la  Culture  et  des   régulièrement  des  concerts  ou  des  spectacles  de  
recherche  en  arts   Arts) danse
dramaAques)
Maison  commune  de   300  places  assises Mairie  de   Espace  polyvalent  qui  accueille  une  dizaine  de  
Poto-­‐Poto ou  400  places  debout Brazzaville spectacles  ou  concerts  par  an
Chez  Faignond 200  places  environ Privé Lieu  mythique  de  la  rumba  congolaise,  fief  de  
l’orchestre  Les  Bantous  de  la  Capitale
La  Détente 200  places  environ Privé
Les  Diplomates 200  places  environ Privé L’orchestre  Patrouille  des  Stars  y  répète  et  s’y  produit    
régulièrement
Bababoum 300  places  environ Privé
La  Main  bleue 600  places  environ Privé Ce  lieu  est  réputé  pour  être  le  fief  des  sapeurs
La  Congolaise 400  places  environ Privé Accueille  essenBellement  des  fêtes  et  événements  
privés
Louami  Bar 400  places  environ Privé
Le  Music  Hall 300  places  environ Privé
La  Bonne  humeur 200  places  environ Privé Le  célèbre  chanteur  Roga-­‐Roga  s’y  produit  et  y  répète  
régulièrement
Les  Rapides 400  places Privé
Espace  Elonda 1500  places Privé Grand  complexe  comportant  de  nombreux  espaces  
(restaurants,  terrasses,  piscine,  boîte  de  nuit…)  et  
accueillant  régulièrement  des  concerts
Centre  culturel   500  places  environ Coopéra)on  
américain américaine

42
Conscient des besoins culturels croissants liés à l’accroissement démographique et à
l’extension de la surface urbaine, le Ministère de la Culture et des Arts s’apprête à faire
construire dans le Nord de l’agglomération brazzavilloise (à Kintélé) un grand complexe
culturel appelé « Cité de la Culture » qui hébergera plusieurs salles de spectacles, le
siège du Fespam, le Musée panafricain de la musique (rattaché au Fespam), ainsi que
des espaces de convivialité et un hôtel. En plus de l’accueil de spectacles et de
festivals, cet équipement à vocation interdisciplinaire accueillera des résidences de
création et des formations pour les créateurs et les professionnels de la culture, ainsi
que des outils pour contribuer à la promotion des artistes congolais.
La future Cité de la
Culture
>

43
Les studios d’enregistrement
Suite au vide laissé par la fermeture de l’IAD se sont développés de nombreux studios
privés dont certains se sont progressivement équipés et qui offrent aujourd’hui des
prestations de très bonne qualité. Parmi les plus en vogue actuellement, on recense
une dizaine de studios professionnels.

>> Voir la liste des principaux


studios d’enregistrement p. 39

Lieux de répétition
Voici une autre spécificité congolaise  : la plupart des orchestres sont rattachés à un
bar-dancing qui accueille leurs répétitions de manière régulière. Il n’est pas rare que
ces répétitions soient ouvertes au public, voire payantes. Ceci permet aux groupes de
travailler systématiquement dans une configuration scénique. Cette manière de faire
favorise aussi la formation de jeunes musiciens qui sont présents aux répétitions et qui
apprennent peu à peu au contact des orchestres professionnels.

Le Musée panafricain de la musique


Le Festival Panafricain de Musique (Fespam) s’est donné pour mission d’appuyer la
recherche musicologique et ethnographique sur le patrimoine musical africain. Il s’est
doté pour cela d’une direction scientifique qui, en marge du festival, organise des
symposiums et dirige des publications destinées à rassembler, enrichir et partager les
connaissances sur les musiques africaines. Afin de rendre cette dimension scientifique
plus vivante et plus accessible au grand public, le Fespam a créé en 2008 le Musée
panafricain de la musique avec le soutien de l’UNESCO et le concours de nombreux
pays africains et partenaires internationaux. Provisoirement installé dans l’enceinte de
l’Ecole nationale des Beaux arts (ENBA), le musée investira bientôt ses locaux définitifs
au sein de la future Cité de la Culture. Dans cette perspective, il préfigure ses missions
en organisant des expositions dans divers lieux de la ville (Palais des Congrès, Hôtel de
Ville, Institut français du Congo…).

Organisations professionnelles
Les acteurs de la filière musicale congolaise se sont dotés de deux organisations
professionnelles dont les missions sont complémentaires.

L’Union des musiciens congolais


Ayant longtemps fonctionné comme une union catégorielle au sein de la fédération de
l’UNEAC (Union des artistes et écrivains congolais), l’Union des musiciens congolais
(UMC) s’est peu à peu autonomisée avant de connaître diverses mutations et d’être
refondée en tant d’organisation non gouvernementale en 2012. Elle a pour mission de
représenter et de défendre les intérêts des musiciens et acteurs de la filière de la
musique au Congo. Elle a actuellement pour président par le musicien Pandzou
Auguste Fall et pour vice-président le célèbre musicien, arrangeur et producteur
Freddy Kebano. Elle compte environ 300 membres.

44
Le Conseil congolais de la musique
Créé en 2005, le Conseil congolais de la musique est une association qui s’est donnée
pour mission de promouvoir la musique sous toutes ses formes, de contribuer à
l’éducation musicale des jeunes, de favoriser l’amélioration des conditions de travail
des acteurs de la filière à travers un rôle d’encadrement et de plaidoyer. Elle est
présidée par Gervais Hugues Ondaye et compte aujourd’hui 105 membres.

Le Conseil africain de la musique


Brazzaville abrite le siège du Conseil africain de la musique (CAM) qui est la
représentation du Conseil international de la musique (CIM) en Afrique. Créée en 2007,
cette plateforme régionale coordonne l’action des conseils nationaux de la musique et
les organisations œuvrant sur le continent africain à la formation, à la sauvegarde et à
la promotion de la musique et de son industrie.
Après une première implantation à Maputo, le Conseil africain de la musique vient de
s’installer à Brazzaville dans des locaux attribués par le Ministère congolais de la
Culture. En s’installant à Brazzaville qui est une ville dotée d’un environnement musical
favorable, le Conseil africain de la musique entend donner un nouvel élan à son action.
Dans cette perspective, il se donne pour mission de :
> renforcer la mise en réseau des personnes, des associations et des institutions
musicales africaines pour des échanges productifs ;
> de créer un cadre d’appui au renforcement des compétences professionnelles à
tous les niveaux
> de coordonner la participation de l’Afrique au CIM et de contribuer au
fonctionnement de celui-ci.

Le tissu associatif
Le secteur de la musique compte de nombreuses associations aux objets variés qui
servent le plus souvent de support à l’organisation de petites manifestations, concerts,
défilés de sapeurs… D’autres poursuivent un objectif structuré sur le long terme, à
l’image de l’association de la Maison culturelle Biso na Biso. Créée en 2004 par de
jeunes congolais passionnés de musique, la Maison Biso na Biso s’est donnée pour
mission de préserver et de promouvoir le patrimoine musical congolais en collectant et
en archivant des dizaines de milliers de disques produits au Congo depuis les années
1940, et en organisant des activités pour mettre en valeur la richesse de sa collection.
Avec un fond de plus de 800  000  disques qui correspond à plus 50 années de
l’histoire de la musique congolaise et africaine, l’association détient l’une des plus
grandes collections de références musicales en Afrique. Soutenue par la Mairie de
Brazzaville qui a mis à sa disposition un équipement informatique pour faciliter
l’archivage et la numérisation de son catalogue, la Maison Biso na Biso est un
partenaire essentiel pour la sauvegarde et la valorisation de l’immense patrimoine
musical et culturel de Brazzaville.
Le tissu associatif tend également à se développer dans le domaine de l’éducation
musicale. En témoignent de petites structures comme l’association Eseh Music and
Projects qui propose depuis 2009, dans les maisons de quartier, diverses activités
d’éducation musicale à destination des jeunes.

45
La musique dans la vie événementielle et les médias

Les festivals
Le Festival panafricain de la musique (Fespam) est sans aucun doute l’une des
plus importantes manifestations dédiées à la musique sur le continent. Il a été initié en
1996 sous l’égide de l’Organisation de l’union africaine (OUA) et se tient tous les deux
ans en partenariat avec le Centre international des civilisations Bantous (CICIBA), le
Conseil international de la musique (CIM) et l’UNESCO. Doté d’un budget de 4 milliards
de  FCFA, il accueille durant une semaine plusieurs centaines d’artistes venus des
quatre coins d’Afrique pour illustrer la richesse et la diversité des musiques du
continent devant près de 20 000 spectateurs par soirée. A côté de la programmation
artistique, le Fespam abrite des symposiums réunissant chercheurs et spécialistes du
monde entier dans le but de contribuer à la recherche scientifique sur les musiques
africaines. Les actes des symposiums donnent lieu à des publications.
S’il est parfois critiqué pour la lourdeur de son budget et son caractère institutionnel, le
Fespam permet toutefois une importante émulation au sein de la vie musicale
brazzavilloise, et contribue incontestablement au développement économique du
secteur culturel en même temps qu’il favorise le rayonnement international de
Brazzaville dans les réseaux de la musique et de la culture.
Le festival Feux de Brazza est une manifestation biennale consacrée aux musiques
traditionnelles du Congo et d’Afrique. Fruit d’une initiative privée, il constitue, de par
son rayonnement international et sa qualité artistique, l’un des événements phares de
la vie musicale de la ville. En dépit de son budget limité (120 millions par édition), les
Feux de Brazza réunissent tous les deux ans plusieurs dizaines d’artistes et près de
10 000 spectateurs sur trois jours. Très appréciés de la population brazzavilloise, les
Feux de Brazza se déplacent de quartier en quartier. Chaque édition est ainsi
l’occasion de raconter et de mettre en valeur l’histoire et l’identité culturelle d’une
partie de la ville, au travers de nombreuses actions impliquant les habitants
(expositions, concours, villages artisanaux…). De cette manière, le festival permet aux
Brazzavillois d’avoir une meilleure connaissance de leurs propres identités culturelles
dans leur diversité et contribue ainsi à la cohésion sociale, à la transmission du
patrimoine culturel aux jeunes générations et à l’épanouissement des différentes
communautés.
Plus qu’une simple manifestation, le festival Feux de Brazza se veut un véritable relais
d’identification, de documentation, de conservation et de promotion des musiques
traditionnelles du Congo et d’Afrique. Il organise en ce sens des colloques sur les
musiques traditionnelles africaines, avec le concours du Centre international de
recherche et de documentation sur les traditions et les langues africaines (Cerdotola).
Ces rencontres, qui rassemblent universitaires, chercheurs, musiciens et
professionnels de la musique, permettent de mettre en perspective les apports des
musiques traditionnelles africaines dans la construction de l’Afrique contemporaine.
Elles donnent lieu à des publications éditées et diffusées par le Cerdotola.
Egalement tourné vers les préoccupations des professionnels de la musique, le festival
propose des ateliers de formation aux métiers des arts de la scène.

46
Spectacles de danse
traditionnelle lors du
festival Feux de Brazza
>

On peut également citer le festival Music’Ambiance, initié en 2004 par le chanteur


congolais Zao (Casimir Zoba de son vrai nom). Organisé chaque année sur quatre
jours, ce festival est consacré à la musique congolaise dite « moderne » et notamment
à la rumba et à ses différentes déclinaisons. La programmation fait la part belle à la
diversité et à la richesse de la scène brazzavilloise  : SOS Salsa, Nzete Oussama,
Africa-Wala, Les Anges… Le festival est organisé en partenariat avec l’Espace Zao,
petit centre culturel à travers lequel Casimir Zoba met des instruments de musique à la
disposition des jeunes artistes.
Brazzaville compte de nombreux autres festivals dédiés à d’autres disciplines (théâtre,
littérature, mode…) mais qui, eut égard à la prédominance de la musique dans la
47
culture locale, consacrent souvent une place aux concerts, offrant ainsi une visibilité
non négligeable à la créativité musicale locale. En voici une courte liste.

> Les festivals hors du champ de la musique

NOM DISCIPLINE
Mantsina  sur  scène Théâtre
Tuseo Humour
FesAval  des  7  quarAers Cinéma
Congo  Images Cinéma
SAMA Salon  de  la  mode  et  de  l’ar)sanat
Molato  na  Brazza Mode
Le  Meilleur  des  meilleurs Concours  scolaire

Les prix
Outre les festivals, la musique congolaise bénéficie de deux temps d’exposition
majeurs que sont les Tam tam d’Or et les Sanza de Mfoa, deux cérémonies qui
récompensent les artistes congolais et africains.
Créés en 2005 par le journaliste chroniqueur Médard Milandou, les Tamtams d’or
récompensent chaque année les meilleurs artistes musiciens du Congo et d’Afrique
dans 11 catégories  : meilleure chanson  ; meilleur album  ; meilleur clip  ; meilleur
spectacle ; meilleur artiste de la diaspora congolaise  ; découverte  ; meilleur groupe,
chorale ou individualité de musique chrétienne ; meilleur clip de musique chrétienne ;
meilleure chanson étrangère ; révélation ; musique métisse ; musique traditionnelle ;
prix pour la reconnaissance des anciennes gloires de la musique congolaise. Le jury
est composé de personnalités du monde culturel et de la télévision. Depuis 2005, près
de 500 artistes ont ainsi été nominés et plus de 100 ont reçu un prix.
Plus généralistes, les Sanza de Mfoa ont été créées en 2003 par Henri Germain Pella
Yombo (dit « Beethoven »). Elles décernent des récompenses aux meilleurs créateurs
dans de multiples domaines : musique, littérature, sculpture, peinture, cinéma, mode,
«  clin d’œil  ». Après neuf éditions, cet événement est devenu un rendez-vous
incontournable pour l’ensemble des artistes congolais, notamment dans le domaine
musical. Il est apprécié par les acteurs culturels pour son caractère sérieux et
professionnel et pour la qualité de sa politique artistique.

La musique dans les médias


La musique, omniprésente dans toutes les sphères de la vie congolaise, est sans
surprise omniprésente dans les médias de Brazzaville, à la télévision comme à la radio.
En Afrique, où l’oralité joue un rôle prédominant, les stations de radio sont nombreuses
et très écoutées par la population. Aux côtés de la radio publique (Radio Congo et
Radio Brazzaville), on compte nombre de stations privées dont beaucoup appartiennent
à des communautés religieuses. Toutes consacrent une place de premier plan à la
musique.
La télévision publique congolaise (Télé Congo) produit et diffuse plusieurs programmes
dédiés à la musique. Le plus ancien d’entre eux, le magazine hebdomadaire Tam Tam
48
a été créé en 1993 par le journaliste chroniqueur Médard Milandou. En 2009, le
journaliste Jean-Patrice Passi a initié l’émission Congo Vibes qui se déroule en direct
et en public à l’Institut français une fois par mois. Chaque enregistrement, dont l’entrée
est libre et gratuite, constitue un événement très apprécié du public et des
téléspectateurs.
Le paysage médiatique audiovisuel, qui a connu un essor important au cours des
années 2000, compte désormais de nombreuses chaînes privées appartenant à de
grands groupes qui investissent par ailleurs dans le secteur de la culture et du
divertissement. Ainsi, les principaux groupes que sont DRTV, MNCOM et TOP TV, qui
possèdent les principales chaînes de télé privées, sont tous impliqués par ailleurs dans
la production de disques et de vidéoclips ; une part importante de leurs programmes
est dédiée à la musique, notamment à traves la diffusion de vidéoclips. A leurs côtés
de nombreuses petites chaînes (Equateur Service TV, Canal Bénédiction Plus…)
proposent également des contenus musicaux.
Le secteur des médias et de la communication audiovisuelle constitue un maillon
essentiel de la filière de la musique, aussi bien en termes de revenus et d’emplois
qu’en termes de diffusion et de promotion de la création musicale.

Éducation, formation et recherche

La musique à l’école
De la 6ème à 3ème, l’ensemble des élèves des collèges publics et privés de Brazzaville
bénéficient d’un programme d’éducation musicale. C’est l’occasion pour eux de
s’initier au solfège, au chant et à certaines pratiques instrumentales (flûte, piano,
percussions…). Au Congo, cet enseignement ne fait que compléter une éducation
musicale qui est déjà assurée par ailleurs d’une part à travers un héritage culturel dans
lequel la musique occupe une place importante, d’autre part par l’intermédiaire des
activités musicales qui ont cours au sein des communautés religieuses.

Le rôle des chorales religieuses dans la formation musicale


Au Congo, comme dans de nombreux pays africains, la religion joue un rôle central
dans la vie sociale et culturelle des populations. Dans leur grande majorité, les
Brazzavillois observent quotidiennement et tout au long de leur vie des pratiques
religieuses qui sont systématiquement accompagnées de musique. Baptêmes,
mariages, funérailles, fêtes religieuses ou simples messes sont toujours célébrées par
des chants et des danses auxquels tous les membres de la communauté prennent
part, les hommes comme les femmes, les anciens comme les plus jeunes. Pour
assurer ces célébrations, chaque communauté religieuse est dotée de sa propre
chorale et de ses musiciens (claviéristes mais aussi guitaristes et parfois bassistes et
batteurs).
Les quartiers de la ville sont ainsi émaillés de chorales et d’orchestres qui sont autant
de véritables écoles de musique. Tous les grands chanteurs et musiciens congolais ont
tous été formés au sein des orchestres religieux. Très diversifiées, les musiques
religieuses congolaises recouvrent de nombreuses esthétiques  : psaumes, rumba,
musique classique européenne, musiques traditionnelles… Les musiciens qui se
forment à leur contact disposent donc d’une large palette de références rythmiques et
harmoniques.

49
Les dispositifs de formation aux métiers liés à la musique
Brazzaville compte plusieurs institutions de l’enseignement supérieur, publiques ou
privées, qui forment aux métiers des arts et de la culture. La musique occupe une
place de premier plan dans les enseignements qui y sont dispensés  : formation de
professeurs de musique, musicologie, pratiques instrumentales, gestion d’entreprises
culturelles…

> Liste des institutions d’enseignement des métiers liés à la musique


NOM ENSEIGNEMENT DIPLOMES  DELIVRES
Ecole  naAonale  des  Beaux-­‐Arts  (ENBA) Forma)on  des  professeurs  de  musique Diplôme  de  Professeur  technique  adjoint  
(public) Autres  forma)ons  ar)s)ques (PTA)
161  étudiants
35  diplômés  par  an
Académie  des  Beaux-­‐Arts  de  Brazzaville Musique BTS
(privé) Musicologie Master
Ecriture  musicale Doctorat
Peinture,  sculpture 380  étudiants
Architecture
Infographie,  mul)média,  audiovisuel
Ges)on  d'entreprises  culturelles
InsAtut  naAonal  de  la  Jeunesse  et  des   Anima)on  culturelle Animateurs  culturels
sports Jeunesse  et  sport
(public)
InsAtut  de  management  de  Brazzaville Forma)ons  généralistes  en  management  BTS
(privé) d’organisa)ons  et  d’entreprises Licence  Pro
Master
FormaBon  conBnue

Professeurs et spécialistes reconnus dans le domaine de la musique


Linguiste, Paul Nzete est connu pour le remarquable travail qu’il a mené sur la
musique congolaise à travers une thèse sur Le Lingala de la chanson zaïro-congolaise
de variété. Publié en 1991 à Paris, ce travail demeure une référence. Aujourd’hui
professeur à l’université de Brazzaville, il est également Directeur scientifique du
Fespam. A ce titre il coordonne les symposiums sur les musiques africaines organisés
à l’occasion du festival. Il est membre du comité de gestion de la candidature de
Brazzaville au Réseau des villes créatives de l’UNESCO.
Journaliste, écrivain et éditeur, Mfumu Fylla Saint-Eudes est notamment l’auteur de
plusieurs ouvrages de référence sur l’histoire de la musique congolaise Son livre La
Musique congolaise du XXème siècle lui a valu le prix Pool Malebo du Trophée
d’excellence Mwana Mboka. Il est également membre du comité de gestion de la
présente candidature.
Jean-Luc Aka-Evy est l’un des professeurs les mieux informés de l'histoire de la
musique congolaise et de l'analyse des textes des chansons. Docteur es lettres et
sciences humaines de la Sorbonne, philosophe, Jean-Luc Aka-Evy est, entre autres,
spécialisé en esthétique, en histoire de l’art et en sémiologie des arts et des
littératures. Professeur à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville et à l’Université
Paris 8, il est actuellement Directeur général des Arts et des lettres au Ministère de la
Culture et des Arts. Auteur de nombreux articles et études, il a été commissaire de
plusieurs expositions artistiques au Congo et dans d’autres pays d’Afrique.

50
> Publications de référence sur la musique à Brazzaville et au Congo
REFERENCES THEMATIQUES  ABORDEES
Paul  Nzete,  Le  Lingala  de  la  chanson  zaïro-­‐Congolaise  de  variété  :  
cas  de  la  chanson  de  Luambo  Makiadi  (alias  Franco),  Thèse  pour  le  
doctorat  d’Etat  ès  Ledres,  Université  Paris  V,  1991.
Mfumu  Fylla  Saint-­‐Eudes,  La  Musique  congolaise  du  XXème  siècle,  
Brazzaville,  Beau’D  Pro,  2006.
Mfumu  Fylla  Saint-­‐Eudes,  Œuvres  intemporelles  de  la  chanson  
congolaise  (1949-­‐1959),  Beau’D  Pro,  2008.
Mfumu  Fylla  Saint-­‐Eudes,  Indépendance  Cha  Cha,  Beau’D  Pro,  2013. Musique  congolaise  :  histoire,  linguisBque,  portée  
poliBque,  enjeux  sociétaux  et  culturels
Sylvain  Bemba,  50  ans  de  musique  du  Congo-­‐Zaïre  (1920-­‐1970)  -­‐  De  
Paul  Kamba  à  Tabu-­‐Ley,  Présence  africaine,  Dakar,  1984.
Clément  Ossidonde,  Les  Bantous  de  la  Capitale  –  Les  rois  de  la  
rumba  africaine  –  Chronologie  de  48  ans  d‘existence,  EdiBons  
Cyriaque  Bassoka,  2008.
Florent  Mazzoleni,  Afro  Pop  –  L’Age  d’or  des  grands  orchestres  
africains,  Castor  Music,  Bègles,  2011.
Théophile  Obenga,  Histoire  générale  du  Congo  à  nos  jours,  
L’Harmadan,  2011.
Philippe  Moukoko,  Dic)onnaire  général  du  Congo-­‐Brazzaville,  
Histoire  du  Congo  et  contexte  géopoliBque
L’Harmadan,  1999.
Jean-­‐Lucien  Ewange  (sous  la  direcBon  de),  Enjeux  géopoli)ques  en  
Afrique  centrale,  L’Harmadan,  2009.
I)néraires  et  convergences  des  musiques  tradi)onnelles  et  
modernes  d’Afrique,  Textes  réunis  par  Mukala  Kadima-­‐Nzuji  et  
Alpha  Noël  Malonga,  CoédiBon  Fespam  –  L’Harmadan,  2005.
Musiques  d’émancipa)on  et  mouvements  de  libéra)on  en  Afrique  
et  dans  la  diaspora,  Textes  réunis  par  Honoré  Mobonda,  EdiBons  
Fespam,  2007.
Les  musiques  africaines  à  la  croisée  des  chemins  de  la  
mondialisa)on,  Textes  réunis  par  Honoré  Mobonda  et  Jean-­‐Pierre   Actes  de  colloques
Ngole,  EdiBons  Fespam,  2009.
Héritage  de  la  musique  africaine  dans  les  Amériques  et  les  Caraïbes,  
Textes  réunis  par  Alpha  NoëlMalonga  et  Mukala  Kadima-­‐Nzuji,  
CoédiBons  Fespam  –  L’Harmadan,  2007.
Musique(s)  tradi)onnelle(s)  d’Afrique  –  Liens  entre  les  généra)ons,  
Actes  du  colloque  de  Brazzaville  (République  du  Congo),  EdiBons  du  
Cerdotola,  2010.

51
La musique, dominante stratégique de la politique culturelle
de Brazzaville

La musique est au coeur de la stratégie de développement


culturel portée par la mairie qui, consciente de sont fort
potentiel économique, de son rôle de cohésion sociale, de
sa place déterminante dans le patrimoine culturel, de sa
capacité à rayonner à l’international, a décidé d’en faire
une priorité pour le développement de la ville.

Principes d’intervention municipale en matière culturelle


La politique culturelle adoptée par le Conseil départemental et municipal a été définie
selon les principes d’intervention suivants :
> La mairie joue un rôle de stratège, de facilitateur et d’accompagnateur de
l’initiative privée mais ne s’y substitue pas.
> L’intervention municipale garantie la transversalité de l’action en organisant une
prise en compte cohérente des enjeux liés à l’éducation, à la cohésion sociale, à
l’urbanisme, à l’économie et au tourisme.
> Elle favorise les partenariats avec les opérateurs privés.
> Elle cherche à réduire les inégalités territoriales nées de la croissance rapide de la
ville et de l’apparition de quartiers excentrés.
> Elle contribue à améliorer l’accès aux connaissances et aux opportunités offertes
par les technologies numériques.
> Elle contribue à faire connaître les initiatives innovantes en communiquant
largement.

52
Les axes de la politique de la mairie en matière de musique
Le Conseil départemental et municipal a décidé de faire de la musique la dominante
stratégique de sa politique de développement culturel. Cette dominante stratégique
s’articule autour des axes suivants :
> Valoriser l’histoire de la musique congolaise et le patrimoine musical de la ville
> Accompagner et dynamiser la vie musicale de la ville et les activités connexes
> Structurer et professionnaliser la filière musicale
> Développer l’économie du secteur en favorisant la création d’emplois
> Renforcer le rayonnement de la ville et son attractivité touristique à travers la
musique

Les actions envisagées pour mettre en œuvre cette stratégie ont été définies comme
suit :
> Création d’un musée de la rumba congolaise
> Ouverture de salles de répétitions et de concerts au sein des quartiers les plus
excentrés
> Mise en place d’un fonds de soutien pour appuyer les créateurs et les associations
œuvrant dans le domaine musical
> Programme pilote « Tourisme, musique et élégance » pour améliorer la mise en
valeur de la vitalité musicale de la ville et de la créativité locale en matière de
mode et d’habillement dans le cadre de circuits touristiques, dans une double
perspective de dynamisation du patrimoine culturel et de développement
économique
> Opérations de promotion des artistes brazzavillois à l’international, au travers
d’accords de coopération avec des villes partenaires

Ressources financières prévisionnelles


Le budget prévisionnel consacré par la Mairie à sa politique de développement culturel
au titre de l’année 2013 est de 200 millions de FCFA soit un peu plus de 300 000
euros (investissement et fonctionnement confondus). A titre indicatif, le budget global
de la mairie en 2012 était de 32 milliards de FCFA.
La musique étant la dominante stratégique de la politique culturelle de la mairie, le
Conseil départemental et municipal de Brazzaville a prévu d’y consacrer la moitié du
budget prévu en matière de culturel, soit 100 millions de FCFA (150 000 euros).

Partenariats existants et à développer


Pour abonder les moyens dont elle dispose et garantir la cohérence de son
intervention, la mairie de Brazzaville a développé et souhaite développer des
partenariats avec  des autorités étatiques, des entités privées, des organisations
internationales ou des villes partenaires à l’étranger.

53
Avec les Ministères
Dans un contexte administratif marqué par le processus de décentralisation et le
transfert – encore non achevé – de compétences aux collectivités locales, un accord
pilote de coopération entre Brazzaville et les autorités de l’Etat est à l’étude. Il pourrait
aboutir prochainement à la mise en place d’un dispositif de concertation ville – Etat
impliquant les Ministères suivants et les autorités déconcentrées qui en dépendent  :
Ministère de la Culture et des Arts, Ministère de l’Industrie touristique et des loisirs, le
Ministère des PME et de l’artisanat.

Avec les opérateurs privés


Plusieurs expériences ont déjà été menées en ce sens. En voici quelques exemples :
> partenariat avec l’Académie des Beaux-Arts de Brazzaville (école privée) pour
former les agents de l’Etat et de la mairie aux métiers de la culture
> partenariat avec le festival Feux de Brazza (initiative privée) pour organiser un
échange artistique avec le festival Ribidion (Sénégal) qui a permis au groupe
Patrouille des Stars d’aller jouer à Dakar, ville avec laquelle Brazzaville est jumelée
Il convient désormais de reproduire ces initiatives à plus grande échelle et de les élargir
à de nouveaux champs d’intervention. Plusieurs coopérations sont envisagées avec les
opérateurs de téléphonie mobile, les hôteliers, les banques et les fondations.

Avec des villes à l’étranger


Le choix de Brazzaville de proposer sa candidature pour intégrer le Réseau des villes
créatives s’inscrit dans une vision plus large visant à conforter l’assise internationale
de la ville et à relier celle-ci à sa stratégie de développement local par la culture et la
musique. Les contours et les contenus de cette ambition sont exposés dans la 3ème et
dernière partie du présent dossier.

54
3 Brazzaville à
l’international:
enjeux et
perspectives

55
Les axes de coopération à l’international

Brazzaville a conclu des accords de coopération


décentralisée avec plusieurs villes dans le monde (La
Havane, Dakar, Washington…). Dans ce cadre, plusieurs
actions liées au développement de la musique sont en
cours. Les acteurs de la société civile sont également
porteurs de multiples initiatives de coopération.

Jumelages et coopération décentralisée


La ville de Brazzaville a conclu de nombreux jumelages et accords de coopération avec
ses homologues à l’étranger : Kinshasa, Dakar, Reims, Washington, la Havane… Elle
entend désormais réactiver ou renforcer certains d’entre eux en faisant du champ
culturel et de la musique une priorité de coopération.
Dans le cadre de sa stratégie de développement culturel, la mairie prépare
actuellement un projet de coopération culturelle avec la Havane qui permettrait de
valoriser un héritage musical commun et de mobiliser l’expertise cubaine en matière
de préservation et de mise en valeur du patrimoine musical : formation d’agents, mise
en place d’un bureau d’histoire, élaboration d’un projet de musée de la rumba.
Il est également envisagé de renforcer le volet culturel de la coopération culturelle
avec la ville de Dakar, notamment en matière de musique, en organisant de
nouveaux échanges artistiques entre les festivals des deux villes.

Diplomatie culturelle
En tant que capitale de la République du Congo, Brazzaville abrite le siège de
nombreuses ambassades dont certaines déploient des moyens conséquents dans le
domaine de la coopération culturelle. La coopération française notamment, à travers
l’Institut français du Congo, est fortement impliquée dans les dynamiques de
développement culturel qui sont à l’œuvre à Brazzaville. Pour ne citer qu’un exemple
récent, les événements hip-hop, organisés par l’Institut français à l’occasion de la
venue à Brazza du festival Etonnants voyageurs, ont eu un écho considérable au sein
des jeunes du quartier populaire Bacongo, venus par centaines pour assister à la
performance des jeunes rappeurs congolais au sortir d’une résidence animée par leurs
ainés maliens, néo-calédoniens et français. A travers des initiatives de ce type, il
apparaît clairement que les espaces de coopération internationale offrent de
nombreuses opportunités  : ils sont des caisses de résonnance qui permettent de
stimuler la créativité locale et de mettre la population en contact avec des références
culturelles plus diversifiées, plus larges et plus riches.

>> En savoir plus en cliquant ici   :


«   Sur les pas de la génération hip-
hop   », article de Anne Bocandé paru
sur le site Africultures

56
Coopération et société civile
Les acteurs de la société civile sont à l’origine de nombreux projets de coopération
internationale à dimension culturelle. Nous avons choisi de citer ici un exemple : c’est
celui du projet Siestes électroniques. Ce festival itinérant français de musiques
électroniques a effectué par deux fois un détour par Brazzaville avec un triple objectif :
aller à la (re)découverte de l’héritage musical congolais qui a indirectement influencé
les DJ européens via des musiques comme le soukous ou le coupé-décalé  ; faire
découvrir au public congolais les musiques électroniques françaises  ; explorer les
passerelles entre musiques africaines et musiques électroniques via des ateliers
organisés avec le concours de l’Institut français, associant DJ français et DJ
brazzavillois.

>> En savoir plus sur les Siestes


électroniques en cliquant ici:
reportage vidéo

Autre exemple : les Nuits du Congo organisées depuis 2006 par le groupe congolais
GPY et son fondateur Henri Germain Pella Yombo. Cet événement consiste à faire la
promotion de la culture congolaise à l’étranger à travers une manifestation itinérante
qui se déroule chaque année dans un pays partenaire. Les Nuits du Congo se sont
successivement déroulées à Paris, à Casablanca, à Alger, au Caire, à Johannesburg,
en Chine. Si la programmation de ce festival itinérant est pluridisciplinaire, la musique
et la danse sont toujours à l’honneur, offrant une visibilité internationale à des dizaines
de stars et orchestres de la musique congolaise, traditionnelle et moderne.

La diaspora, lien avec le monde


Du fait de la dimension internationale de son histoire, la République du Congo a des
ressortissants implantés dans de nombreux pays, en France mais aussi au Canada,
aux Etats-Unis, en Afrique du Sud et dans beaucoup d’autres pays africains. Cette
diaspora, restée très attachée à ses origines, permet un lien culturel étroit avec les
pays où elle s’est implantée. Elle constitue une caisse de résonnance qui favorise le
rayonnement de la créativité artistique du Congo et qui, au contact d’autres références
culturelles, contribue aussi à l’enrichissement de celle-ci. Ainsi, de grandes figures de
la culture congolaise sont établies à l’étranger : Passi, Alain Mabanckou, Henri Lopes,
Dieudonné Niangouna… Il en résulte une créativité artistique congolaise «  hors
Congo » dans beaucoup de domaines (musique, littérature, cinéma…).

57
Les ressortissants congolais qui sont à l’étranger sont bien souvent porteurs
d’initiatives qui visent au développement et à la promotion de la culture congolaise,
entre autres dans le domaine musical. On peut notamment citer l’exemple récent de la
production musicale Black Bazar, initiée par Alain Mabanckou. Ce projet qui reprend
le titre d’un célèbre roman de l’écrivain congolais a réuni des musiciens de Brazzaville
et de la diaspora pour aboutir à l’enregistrement d’un album qui revisite les origines et
la richesse de la rumba congolaise, de la sape et de la culture brazzavilloise. Après la
sortie du disque en 2012, le projet fait actuellement l’objet d’une tournée et il donnera
bientôt naissance à un film qui est en cours de réalisation.
Le groupe Black Bazar
sur scène
>

>> En savoir plus en cliquant ici   : le


site et les vidéos du projet Black
Bazar

Propositions pour des coopérations au sein du Réseau des villes


créatives

La participation de Brazzaville au Réseau des villes


créatives peut être envisagée autour des axes suivants   :
enrichir la stratégie locale de Brazzaville en matière de
développement de la musique, développer le tourisme
culturel pour mettre en valeur et partager le
patrimoine musical congolais, promouvoir la musique
brazzavilloise à l’international.

Les apports de Brazzaville au sein du Réseau


La centralité de la musique dans la ville est une spécificité congolaise qui pourra être
mise en avant dans le cadre des collaborations futures au sein du Réseau des villes
créatives.
Brazzaville pourrait jouer un rôle important à l’échelle du continent africain à travers
son assise institutionnelle (siège du Fespam, siège du Conseil Africain de la Musique).
Son insertion dans le réseau UNESCO des villes créatives pourrait permettre d’assumer
pleinement ce rôle en accueillant diverses initiatives régionales africaines.

58
Perspectives de collaborations avec les villes membres du réseau
Suite à une concertation associant les professionnels de la musique à Brazzaville, le
comité de gestion de la candidature a formulé trois axes de coopération possibles à
explorer au sein du réseau des villes créatives de l’UNESCO.

Axe 1 : Enrichir la stratégie locale de Brazzaville en matière de développement de la musique


Il s’agit de permettre des échanges entre les villes membres du Réseau (élus, agents,
professionnels) quant à leurs stratégies de développement de la musique : politiques
publiques, projets innovants, bonnes pratiques, partenariats public-privé… Ces
échanges seraient très utiles à Brazzaville qui conduit actuellement une réflexion de
fond sur les manière de mettre en œuvre sa stratégie de développement culturel par la
musique. En retour, elle pourrait ainsi faire bénéficier les autres villes de musique de
son expérience et de son approche. Voici quelques idées quant à l’organisation de tels
échanges.

Actions envisagées
Nous envisageons d’inviter, à l’occasion du festival Feux de Brazza, des représentants
des autres villes du Réseau (élus, agents territoriaux, opérateurs privés ou associatifs,
professionnels du tourisme…). Il leur serait alors proposer de :
> Découvrir la créativité musicale locale et voir comment le festival s’efforce de la
mettre en valeur, en lien avec les populations, dans une perspective de cohésion
sociale apaisée et renforcée
> Prendre part à des ateliers de réflexion / action qui seraient organisés autour de
thématiques à définir et connectés à des actions de terrain concrètes. Chaque
thématique pourra alors être discutée à la lumière des objectifs et des résultats de
l’action mise en œuvre.

> Proposition de thématiques pour des ateliers de réflexion / action


THEMATIQUES  DES  ATELIERS  DE  REFLEXION ACTIONS  CORRESPONDANTES
L’éducaAon  arAsAque Faire  venir  une  équipe  ar)s)que  issue  d’une  ville  partenaire  
pour  animer  une  série  d’interven)on  dans  les  écoles  de  
Brazzaville
La  formaAon  des  professionnels Me]re  en  place  un  duo  d’experts  (un  intervenant  issu  d’une  
ville  partenaire  +  un  intervenant  brazzavillois)  pour  mener  une  
enquête  et  définir  les  besoins  de  forma)on  des  professionnels  
de  la  musique  à  Brazzaville  et  proposer  un  disposi)f  de  
forma)on  adéquat
Quelles  infrastructures  de  musique  pour  les  quarAers  ? Solliciter  l’exper)se  d’une  ville  partenaire  pour  imaginer  et  
construire  une  scène  mobile  qui  pourrait  être  testée  et  
améliorée  à  l’occasion  d’une  série  de  concerts  dans  les  
quar)ers  de  la  ville
Quelle  offre  tourisAque  autour  de  la  musique  ? Inviter  des  professionnels  du  tourisme  culturel  issus  d’une  ville  
partenaire  pour  imaginer  et  tester  avec  eux  des  circuits  
touris)ques  autour  de  la  musique  à  Brazzaville
Quels  nouveaux  modèles  économiques  grâce  aux  nouvelles   Inviter  des  spécialistes  issus  d’une  ville  partenaire  pour  
technologies  pour  la  distribuAon  de  la  musique  enregistrée  ? Iden)fier  et  analyser  les  ini)a)ves  déjà  portées  dans  ce  
domaine  au  sein  du  Réseau  des  villes  créa)ves

59
Axe 2 : Développer le tourisme culturel pour mettre en valeur et partager le patrimoine musical
congolais
Il s’agirait notamment de promouvoir les œuvres et les artistes qui font la grandeur de
la musique congolaise en les rendant plus visibles et plus accessibles, mais aussi de
bénéficier de l’expertise des autres villes pour élaborer une offre touristique intelligente
et attractive autour des ressources dont dispose la ville en termes de musique.

Actions envisagées
> Identification et promotion des compilations, ouvrages, expositions susceptibles de
valoriser la musique congolaise, à diffuser auprès des réseaux professionnels des
villes partenaires (stations de radio et autres médias, festivals, salles de
concerts…)
> Identifier au sein du Réseau des villes créatives des initiatives innovantes en
matière de tourisme culturel pour s’en inspirer
> Solliciter l’appui des villes membres pour faire la promotion de cette nouvelle offre
touristique dans leur pays  ; mise en place de circuits touristiques intégrant une
dimension culturelle et musicale (festivals, concerts, défilés de sapeurs, stages…)
en lien avec les tours opérateurs établis dans les autres villes créatives du Réseau

Axe 3 : Promouvoir la musique brazzavilloise à l’international


Il serait souhaitable que Brazzaville puisse bénéficier du Réseau des villes créatives
pour offrir à ses artistes une meilleure visibilité sur la scène internationale. Il s’agirait
notamment d’identifier les artistes congolais les plus prometteurs pour une diffusion à
l’international (artistes confirmés ou émergents), d’identifier dans les autres villes
créatives les principales manifestations susceptibles de programmer des artistes
congolais, d’organiser des échanges artistiques  entre musiciens congolais et
musiciens des autres villes créatives.
Brazzaville souhaiterait aussi mobiliser le Réseau des villes créatives pour conduire une
réflexion sur la mise en place de nouveaux modèles économiques basés sur les
technologies numériques, dans un contexte où la piraterie et la crise du disque invitent
à rechercher une rentabilité pour la musique enregistrée ailleurs que sur le marché du
disque.

Actions envisagées
> Inviter des professionnels des autres villes membres du Réseau à venir repérer les
talents locaux en vue de leur exportation
> Appuyer la circulation des artistes congolais dans les autres villes créatives du
Réseau (programmation croisée)
> Organiser des workshops, masterclass pour les musiciens des autres villes du
Réseau désireux de s’initier à la musique congolaise
> Mettre en place des résidences croisées organisées en amont des festivals
brazzavillois afin que le résultat puisse être montré sur scène aux festivaliers
> Organiser des ateliers de réflexion / action sur les nouveaux modèles économiques
de distribution de la musique enregistrée (voir axe 1)

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Les membres du comité de gestion
de la candidature
Président
Cyriaque Anicet MALONGA
Deuxième adjoint au Maire, chargé des Affaires culturelles

Diplômé de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (ENAM), Cyriaque Anicet MALONGA a été Directeur
de la Réglementation du travail, Directeur de cabinet du Ministre du Contrôle d’Etat, Directeur de cabinet du Ministre
à la Présidence. Aujourd’hui deuxième adjoint au maire de Brazzaville en charge des Affaires culturelles, il assure
avec dynamisme le pilotage de la stratégie de développement culturel adoptée par le Conseil départemental de
Brazzaville.

Superviseur
Gervais Hugues ONDAYE
Conseiller socioculturel du Maire, membre du Bureau exécutif du Conseil international de la musique

Hugues ONDAYE est à plusieurs titres une personnalité centrale dans le paysage musical et culturel de
Brazzaville. Conseiller socioculturel du Maire, il est également le fondateur et le Directeur général du
festival Feux de Brazza. Créée en 2005, cette manifestation biennale consacrée aux musiques
traditionnelles congolaises et africaines est l’un des événements culturels les plus importants du Congo.
Hugues ONDAYE est également membre du Bureau exécutif du Conseil international de la Musique (CIM)
depuis 2011, membre du réseau U40 Afrique et U40 Monde, vice-président de la Coalition pour la
diversité culturelle du Congo (UNESCO). Il est aussi le point focal de l’Observatoire des politiques
culturelles en Afrique (OPCA) pour le Congo.
61
Rapporteur
Mfumu FYLLA SAINT-EUDES
Ecrivain, journaliste

Docteur en sciences de l’information, M. Mfumu FYLLA SAINT-EUDES est journaliste, producteur-


réalisateur de radio et de télévision et Directeur éditorial du magazine congolais Vision pour demain.
Ancien expert à la Direction générale Culture et communication de l’ACCT (actuelle Organisation
internationale de la Francophonie – OIF) et chargé de cours à l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville, il
s’est également illustré comme producteur de musique et de spectacle vivant. Depuis 2006, Mfumu est
l’auteur de plusieurs ouvrages de référence sur la musique congolaise. Son livre La Musique congolaise du
XXème siècle a reçu en 2008 le prix Pool Malebo du Trophée d’excellence Mwana Mboka.

Casimir ZOBA, dit « Zao »


Artiste musicien, chanteur

Plus souvent appelé « Zao », Casimir ZOBA est l’un des chanteurs congolais les plus reconnus en Afrique
et au plan international. Révélé au grand public par le prix RFI en 1982, il a durablement marqué les
esprits avec sa version désormais célèbre de la chanson Ancien combattant, reprise entre autres par le
chanteur français Philippe Léotard. Apprécié pour ses textes engagés et humoristiques, Zao est un artiste
profondément ancré dans son époque.
Parallèlement à sa carrière internationale de musicien, il est devenu producteur et a ouvert un espace
culturel qu’il met à la disposition d’artistes émergents. Zao a également été le Directeur artistique du
Festival Panafricain de Musique (Fespam).

62
Maxime FOUTOU
Directeur du Bureau congolais du droit d’auteur

Après avoir été successivement disquaire, distributeur de disques, producteur puis éditeur de musique,
Maxime  FOUTOU devient le président de l’Association congolaise de lutte contre la piraterie et la
contrefaçon des œuvres de l’esprit. Parallèlement à ses activités de documentariste et de musicologue, il
développe une expertise reconnue en matière de droit d’auteur et de protection de la propriété
intellectuelle. Conseiller auprès du Ministre de la Culture et des Arts, il est aujourd’hui Directeur du Bureau
congolais du droit d’auteur.

Médard Milandou
Journaliste, chroniqueur
Manager des Tam tam d’Or

Médard MILANDOU est journaliste chroniqueur depuis 1977 à la télévision congolaise. En 1993, il a créé
le magazine musical télévisé Tam tam qui fêtera bientôt ses 20 ans. En 2005, il initie les Tam tam d’Or
qui récompensent chaque année les meilleurs artistes de la musique congolaise. Devenue une référence
incontournable dans le paysage musical africain, cette manifestation a primé aujourd’hui plus d’une
centaine d’artistes, contribuant ainsi à leur promotion au plan national et international.
Médard MILANDOU a également été personne-ressource pour le MASA (Marché des arts du spectacle
africain), chargé de communication du Fespam et Conseiller en communication auprès du Ministre de la
Culture.

63
Dieudonné MOYONGO
Commissaire général du Festival Panafricain de Musique (Fespam)

Dieudonné MOYONGO a été successivement Directeur de la Bibliothèque nationale du Congo, Directeur de


la Banque internationale d’information des Etats francophones (BIEF), Directeur général de la Culture et
des arts, coordinateur national du Centre international des civilisations Bantou, puis Conseiller du Ministre
de la Culture et des Arts. Il est aujourd’hui le commissaire général du Fespam.

Paul NZETE
Enseignant - chercheur
Directeur scientifique du Festival Panafricain de Musique (Fespam)

Professeur en linguistique à l’Université de Brazzaville, Paul NZETE consacre une partie de ses travaux aux
musiques africaines ; il est l’auteur d’une thèse sur la musique congolaise. Il est aujourd’hui le Directeur
scientifique du Fespam. A ce titre, il coordonne les différents symposiums organisés dans ce cadre autour
des musiques africaines.

64
Loetitia Gambolo – Okouna Modzanga
Directrice générale de la société Letiok Productions

Loetitia GAMBOLO-OKOUNA est la Directrice générale de la société Letiok Productions. Créée en 2010
sous l’impulsion de plusieurs artistes congolais, cette maison de production phonographique et
audiovisuelle est l’une des plus dynamiques de la place. Particulièrement attentive à la qualité artistique de
ses produits, Letiok a à son catalogue les plus grands musiciens de la scène congolaise actuelle
(Roga-Roga, Papa Wemba…) mais s’attelle aussi à mettre en avant des artistes émergents et prometteurs
en éditant notamment des compilations de jeunes talents. Letiok a ouvert sa propre boutique de vente de
CD et DVD.

Félicité BOSSIBIAKA
Directrice artistique du festival Feux de Brazza

Administratrice culturelle de formation, Félicité BOSSIBIAKA est Déléguée à la Culture du 5ème


arrondissement de Brazzaville. Directrice artistique du festival Feux de Brazza, elle est membre du jury de
la Tribune des musiques africaines et membre du Conseil congolais de la musique.

65
Patrick OVU
Attaché socioculturel au Maire de Brazzaville

Juriste de formation, Patrick OVU a été Chef de section au service de la Dépense à la direction des
Finances municipales, puis assistant du Directeur de cabinet du maire de Brazzaville. Aujourd’hui attaché
socioculturel, il assiste le Conseiller socioculturel du Maire dans la mise en place de la politique culturelle
de la ville et de sa stratégie en matière de développement de la musique.

66
Lettres de soutien

Lettre de soutien de Jean-Claude GAKOSSO, Ministre de la


Culture et des Arts

C'est un honneur pour moi de soutenir la candidature de la ville de Brazzaville au réseau des villes
créatives de l'UNESCO avec la dominante « Musique ». Ce soutien naturel et indéfectible du Ministère de
la Culture et des Arts dont j'ai la charge, se justifie par une multitude de raisons évidentes.
En effet, Brazzaville, notre ville capitale, a donné naissance à la rumba devenue musique moderne du
Congo français, du Congo belge et du Congo portugais dans les années 20. En 1969 est créée à
Brazzaville la Société Congolaise du Disque (SOCODIS) dont les cendres donneront naissance à l'Industrie
Africaine du Disque (IAD) qui a accueilli tous les orchestres d'Afrique et de sa diaspora dans les
années 80.
Il faut noter sur la place de Brazzaville le foisonnement de groupes vocaux, folkloriques, religieux et
d'orchestres modernes parmi lesquels Les Bantous de la Capitale dont les membres évoluent ensemble
depuis plus de 50 ans avec à leur actif nombre de décorations et la participation à plusieurs festivals à
travers le monde. A ce titre, Les Bantous comptent parmi les orchestres les plus vieux de notre continent
et peut-être même de la planète.
Avec la naissance du Festival Panafricain de Musique (FESPAM) en 1996, Brazzaville accueille une fois
tous les deux ans les artistes, chercheurs et acteurs culturels pour le plus grand et prestigieux rendez-
vous musical d'Afrique et de sa diaspora.

67
Ancienne capitale de l'Afrique Equatoriale Française (AEF), ancienne capitale de la France libre, Brazzaville
a accueilli sur son sol toutes les nationalités de l'Afrique et d'ailleurs. Ville cosmopolite, Brazzaville a connu
un grand brassage des cultures qui a donné naissance à des cultures de métissage, source d'inspiration
et de fertilité créative. Habitée par plus d'un million d'âmes, sa proximité avec Kinshasa qui compte plus
de dix millions d'habitants est un gage d'éclosion de talents.
Les atouts naturels et touristiques qu'offre le fleuve Congo inspirent et stimulent les vocations qui
participent à l'augmentation des capacités de création tous azimuts. La position géographique et la
stabilité monétaire de la zone CFA offre au Congo le statut de pays de transit qui fait de Brazzaville une
ville très fréquentée et ouverte au reste du monde.
Son tissu économique culturel, qui brasse plus d'un milliard de francs CFA de chiffre d'affaires, peut être
encore amélioré. La mutualisation de ses savoir-faire avec ceux d'autres villes aura pour corollaire
l'augmentation de la créativité et de la production des biens et services culturels dont la consommation est
d'abord et avant tout l’affaire des jeunes, lesquels constituent la plus grande partie de la population.
En rejoignant le réseau des villes créatives de l’UNESCO, Brazzaville va non seulement continuer à donner
comme elle l'a déjà fait avec la rumba, le soukous, le coupé-décalé et autres, mais profitera aussi du
partage, des échanges et dialogues culturels, qui généreront à coup sûr d'autres courants et genres
musicaux.
Récemment encore, sans attendre la signature de l'accord de siège, le Ministère de la Culture a mis des
bureaux équipés à la disposition du Conseil Africain de la musique (CAM).
Autant d'atouts pour justifier cette candidature dont je me réjouis. Enfin, mon espoir est de voir cette
candidature déboucher sur l'acceptation de Brazzaville comme membre du réseau des villes créatives de
l’UNESCO.

Jean-Claude GAKOSSO
Ministre de la Culture et des Arts

68
Lettre de soutien de Mfumu FYLLA SAINT-EUDES, écrivain,
journaliste

De longue tradition musicale, Brazzaville est le berceau de la musique congolaise. Les musiciens
congolais, Paul Kamba, Dadet Damongo, Guy Léon-Fylla, Albert Moundanda, Diaboua Lièvre, Essous,
Nino, Célestin Kouka, Pandi, Delalune, Pamelo Youlou, Zao, Kimbolo, Jacques Loubelo, pour ne citer que
les plus emblématiques, ont donné à la musique congolaise, moderne en particulier, ses lettres de
noblesse.
Longtemps et aujourd'hui encore, l'Afrique a dansé et danse au rythme du Congo. La danse des Bouchers
et le Soukous, marques de fabrique de cette musique ont inondé l'Afrique et le monde. Aujourd'hui, Extra-
Musica, les Tambours de Brazzaville et d'autres groupes de la néo musique congolaise en portent haut
l'étendard. Ces quelques rappels, pour éviter toute redondance argumentative, permettent de conforter la
candidature de Brazzaville au réseau des villes créatives. Elle a mon soutien total.

Mfumu FYLLA SAINT-EUDES

69
Lettre de soutien de Casimir ZOBA, dit « Zao », artiste musicien

Terre d'origine de la rumba, Brazzaville est une ville de diversité musicale grâce à sa population
multiculturelle et à son ouverture sur tous les genres musicaux.
La musique est au centre de la vie quotidienne des Brazzavillois. Elle les accompagne de la
naissance à la mort. Les peines, les joies, les angoisses, les passions et les aspirations des Brazzavillois
s'expriment à travers la musique.
Grâce à cet environnement favorable, Brazzaville a vu naître des grands musiciens et a accueilli et
continue d'accueillir des artistes musiciens de renommée mondiale. Brazzaville dispose d'un héritage et
d’un potentiel musical extrêmement riche qui ne demande qu'à être entretenu et valorisé. L'ambition des
autorités municipales de Brazzaville d'inscrire notre ville dans le réseau des villes créatives de l'UNESCO
contribuera à coup sûr à atteindre cet objectif.
En effet, à l'ère de la mondialisation, il est suicidaire de vivre en vase clos. L'ouverture au monde est un
gage d'enrichissement mutuel et de valorisation de la musique. Mon expérience personnelle le démontre à
suffisance.
La candidature de Brazzaville au réseau des villes créatives de l'UNESCO représente pour nous les
musiciens une grande opportunité de reconnaissance et de partage et elle bénéficie de notre soutien total.

Zao

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Lettre de soutien d’Alain MABANCKOU, écrivain

Ville d'histoire et de culture, Brazzaville est sans aucun doute l'une des métropoles les plus créatives du
continent africain. Ancienne capitale de la France libre, elle a joué un rôle de premier plan dans le
mouvement des indépendances. Elle a vu l'émergence et l'affirmation de nombreux courants artistiques
qui font référence partout en Afrique et qui contribuent au rayonnement des cultures africaines dans le
monde.
Ainsi, aux côtés des grands noms de la littérature congolaise (Tchicaya U'Tam'si, Henri Lopès, Sony Labou
Tansi), les musiciens de Brazzaville sont les plus grands ambassadeurs de notre culture. Au même titre
que la littérature et les arts plastiques, la musique brazzavilloise constitue le cœur d'un patrimoine
immensément riche. Berceau de la rumba congolaise avec sa sœur jumelle Kinshasa, Brazzaville a vu
naître de nombreux orchestres auxquels on doit les plus grandes œuvres de la création musicale africaine.
De nos jours, le flambeau est tenu par les jeunes artistes qui font vivre cet héritage avec une créativité
sans cesse renouvelée.
Omniprésente dans la vie quotidienne des Brazzavillois, notre musique occupe une place essentielle dans
notre manière de vivre la ville. Elle fait notre identité, notre fierté, elle dit notre histoire et porte nos espoirs.
Elle nous rassemble.
C'est donc avec beaucoup d'espoir et d'enthousiasme que j'apporte mon soutien à la candidature de
Brazzaville au Réseau UNESCO des villes créatives en tant que « Ville de musique ». Cette opportunité
apporterait une reconnaissance utile et méritée à l'ensemble des créateurs et acteurs qui font la grandeur
culturelle de la capitale de la République du Congo.

Alain MABANCKOU

71
Pour aller plus loin

Bibliographie

Musique congolaise : histoire, linguistique, portée politique, enjeux


sociétaux et culturels
Paul Nzete, Le Lingala de la chanson zaïro-Congolaise de variété : cas de la chanson de Luambo Makiadi
(alias Franco), Thèse pour le doctorat d’Etat ès Lettres, Université Paris V, 1991.
Mfumu Fylla Saint-Eudes, La Musique congolaise du XXème siècle, Brazzaville, Beau’D Pro, 2006.
Mfumu Fylla Saint-Eudes, Œuvres intemporelles de la chanson congolaise (1949-1959), Beau’D Pro,
2008.
Mfumu Fylla Saint-Eudes, Indépendance Cha Cha, Beau’D Pro, 2013.
Sylvain Bemba, 50 ans de musique du Congo-Zaïre (1920-1970) - De Paul Kamba à Tabu-Ley, Présence
africaine, Dakar, 1984.
Clément Ossidonde, Les Bantous de la Capitale – Les rois de la rumba africaine – Chronologie de 48 ans
d‘existence, Editions Cyriaque Bassoka, 2008.
Florent Mazzoleni, Afro Pop – L’Age d’or des grands orchestres africains, Castor Music, Bègles, 2011.

Histoire du Congo et contexte géopolitique


Théophile Obenga, Histoire générale du Congo à nos jours, L’Harmattan, 2011.
Philippe Moukoko, Dictionnaire général du Congo-Brazzaville, L’Harmattan, 1999.
Jean-Lucien Ewange (sous la direction de), Enjeux géopolitiques en Afrique centrale, L’Harmattan, 2009.

Actes de colloques
Itinéraires et convergences des musiques traditionnelles et modernes d’Afrique, Textes réunis par Mukala
Kadima-Nzuji et Alpha Noël Malonga, Coédition Fespam – L’Harmattan, 2005.
Musiques d’émancipation et mouvements de libération en Afrique et dans la diaspora, Textes réunis par
Honoré Mobonda, Editions Fespam, 2007.
Les musiques africaines à la croisée des chemins de la mondialisation, Textes réunis par Honoré Mobonda
et Jean-Pierre Ngole, Editions Fespam, 2009.
Héritage de la musique africaine dans les Amériques et les Caraïbes, Textes réunis par Alpha NoëlMalonga
et Mukala Kadima-Nzuji, Coéditions Fespam – L’Harmattan, 2007.
Musique(s) traditionnelle(s) d’Afrique – Liens entre les générations, Actes du colloque de Brazzaville
(République du Congo), Editions du Cerdotola, 2010.

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Webographie

> Afrisson – le portail des musiques d’Afrique et de l’Océan indien


www.afrisson.com
> Mondomix - le magazine des musiques et cultures dans le monde
www.mondomix.com
> Le Fespam
http://fespam-congo.org
> Musée panafricain de la musique
www.facebook.com/musee.fespam
> Festival Les Feux de Brazza
http://lesfeuxdebrazza.free.fr
> Africultures – le site et la revue de référence des cultures africaines
www.africultures.com
> Black Bazar (projet musical initié par Alain Mabanckou)
www.blackbazarmusic.com

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Ce dossier de candidature a été élaboré par le comité de gestion

sous la présidence de Cyriaque Anicet MALONGA


Deuxième adjoint au Maire, chargé des Affaires culturelles

sous la supervision de Gervais Hugues ONDAYE


Conseiller socioculturel du Maire

avec la participation de Mfumu FYLLA SAINT-EUDES


Ecrivain, journaliste
Casimir ZOBA, dit « Zao »
Artiste musicien, chanteur
Maxime FOUTOU
Directeur du Bureau congolais du droit d’auteur
Médard Milandou
Journaliste, chroniqueur, manager des Tam tam d’Or
Dieudonné MOYONGO
Commissaire général du Fespam
Paul NZETE
Enseignant - chercheur Directeur scientifique du Fespam
Laetitia Gambolo – Okouna Modzanga
Directrice générale de la société Letiok Productions
Félicité BOSSIBIAKA
Directrice artistique du festival Feux de Brazza
Patrick OVU
Attaché socioculturel au Maire de Brazzaville

avec le soutien de Jean-Claude GAKOSSO


Ministre de la Culture et des Arts
Alain Mabanckou
Ecrivain

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Remerciements
Le comité de gestion remercie vivement les artistes et musiciens congolais, les opérateurs culturels de
Brazzaville ainsi que l’ensemble des personnes et des structures qui ont contribué à l’élaboration de cette
candidature.

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Photographies et images
> Couverture : photo extraite du clip de la chanson Oh Mame / Oupta / Letiok Productions

> Page 7 : photo du Député-Maire de Brazzaville : Thothy / Mairie de Brazzaville (photo_


thothy@yahoo.fr)

> Pages 15 et 55 : carte de l’Afrique extraite de Open Street Map / www.openstreetmap.org

> Page 16 : photo du fleuve Congo : Baptiste Fuchs

> Page 17 : carte de Brazzaville extrait de Open Street Map

> Page 18 : carte de Brazzaville extrait de Open Street Map

> Page 19 : photo de la basilique Saint-Anne du Congo : Thothy / Mairie de Brazzaville

> Page 21 : photo des enfants : Henri Hovi / Creative Commons / Flickr

> Page 22 : photo des sapeurs : Hugues Ondaye / Festival Feux de Brazza

> Pages 25, 26 et 43 : images de la Cité de Culture / Délégation des Grands Travaux / République du
Congo

> Pages 27, 28 et 34 : photos d’une répétition de Extra-Musica à la Bonne Humeur : Baptiste Fuchs

> Page 29 : photo de l’enseigne de «Chez Faignond» : Baptiste Fuchs

> Page 30 : photo du sapeur 1 : Baptiste Fuchs

> Page 30 : photos des sapeurs 2 et 3 : auteur inconnu

> Page 31 : photo du sapeur : Héctor Mediavilla / Masasam / Picturetank

> Pages 36 et 52 : photos des Tambours de Brazza / Michele Car / Creative Commons / Flickr

> Page 37 : photo extraite du clip de la chanson Bilo Bilo / Oupta / Letiok Productions

> Page 41 : photo du public / Fespam / République du Congo

> Page 44 : photos du studio DM Records : Baptiste Fuchs

> Page 45 : photos de la collection de disques de la Maison culturelle Biso na Biso : Jean-Basile
Massamba / Maison culturelle Biso na Biso

> Page 46 et 47 : photos de danseurs traditionnels : Hugues Ondaye / Feux de Brazza

> Page 49 : photos de l’émission télévisée Congo Vibes : Jean-Patrice Passi / Congo Vibes

> Page 50 : photos de Paul Nzete et Mfumu : Thothy / Mairie de Brazzaville

> Page 50 : photo de Jean-Luc Aka-Evy : auteur inconnu

> Page 58 : photo de Black Bazar : Alain Mabanckou / Caroline Blache

> Pages 61 à 66 : photos des membres du comité de pilotage : Thothy / Mairie de Brazzaville (sauf
photos de Cyriaque Anicet Malonga, Dieudonné Moyongo et Félicité Bossibiaka : auteurs inconnus)

> Page 67 : photo du Ministre de la Culture et des Arts : auteur inconnu

> Page 71 : photo d’Alain Mabanckou : Georges Seguin / Creative Commons

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