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N° 4548 - SAM E D I 15 J U I L L E T 2023

Que la fête commence !


La 11e édition du Festival panafricain de musique
débute ce samedi 15 juillet dans l’enceinte du my-
thique stade Alphonse-Massamba-Débat. Le lance-
ment d’une semaine de festivités et d’animations
autour de la musique panafricaine et de son éco-
système. Retrouvez dans ce numéro spécial la pro-
grammation du Fespam et du Musaf, des portraits
et interviews des acteurs de la musique congolaise
et africaine.

Musaf, le mbongui de l’industrie Le Fespam, une histoire de femmes


musicale Page 3

Toute la programmation du festival


Pages 8, 9, 10 et 11

Éditorial

Bienvenue !
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2 | CULTURE S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 N°4548 - Samedi 15 juillet 2023

Éditorial Le Bassin du Congo, caisse de résonance de la rumba

Bienvenue !
Villes musicales et créatives, Brazzaville et Kinshasa sont le berceau
historique de la rumba élevée au rang de tradition et d’art de vivre.
C’est de Loango qu’est partie vers les

L
Amériques et les Caraïbes, dans les cales
es musiques africaines se sont donné rendez-vous à
Brazzaville, la capitale de la République du Congo, pour
des bateaux négriers, la Nkumba - danse du
célébrer la fête qui leur est dédiée, le Festival panafricain nombril en kikongo - pour devenir la rumba,
de musique (Fespam). Ainsi, du 15 au 22 juillet, les à Cuba, et finalement retourner dans les
délégations venues des quatre coins du continent mettront à grands ports africains dans les années 1930
profit ces retrouvailles pour montrer qu’à travers la musique
se construisent des passerelles du dialogue indispensable à la
pour redevenir la rumba congolaise.
consolidation des liens d’amitié qui unissent les peuples africains. Compagne des indépendances, jumelle de
la Sape, mère nourricière des musiques
Aux artistes foulant pour la première fois le sol de Brazzaville de
ne pas s’empêcher de descendre vers le fleuve Congo regarder en contemporaines que sont le soukouss, le
direction de Kinshasa, capitale de la République démocratique ndombolo, le coupé-décalé ou le tchatcho,
du Congo, et de noter dans leur calepin qu’ils viennent de visiter la rumba congolaise envoûte, séduit et
les terres d’ancrage de la rumba congolaise. Ce rythme dansant continue de conquérir le monde, contribuant
au menu duquel la 11e édition du Fespam a tiré son thème est au
confluent d’autres sonorités que les mélomanes découvriront le à l’essor de la culture africaine.
long de la semaine. Julia Ndeko et Camille Delourme

A côté de la rumba éternelle - ses dignes représentants à


Brazzaville et Kinshasa seront sur scène- d’autres affiches toutes
aussi alléchantes qu’entraînantes seront de la partie : slam,
salsa, afro, hip-hop, reggae, folk, gospel, tradi-moderne, urbain,
world, décalé, livrés par de jeunes Congolais. Comme le Sénégal
exhibera son mbalax, le Cameroun son balafon, on ne manquera
pas d’apprécier les déclinaisons musicales apportées du Tchad,
du Mali, de France, du Rwanda, de Guinée équatoriale, de Côte
d’Ivoire, du Maroc, de Mauritanie, d’Egypte, de Gambie, du
Nigéria et de Russie par des artistes et groupes de renom.

Brazzaville, capitale des musiques africaines, c’est ce qu’il faut


retenir de remarquable ce mois de juillet au plan des œuvres de
l’esprit. Les créateurs ont l’occasion de se faire valoir, les décideurs
et les managers l’opportunité de leur assurer l’accompagnement
dont ils ont besoin pour vivre de leur art. Gagner le pari de cet
événement après un long passage à vide ouvre la perspective
de conforter le Fespam afin qu’au même titre que d’autres
célébrations panafricaines impliquant la jeunesse il devienne un
revenez-y.

C’est à ce titre que Les Dépêches de Brazzaville ont façonné ce


numéro, la preuve d’un attachement à la diffusion des œuvres
porteuses d’idées positives. Bienvenue à toutes et à tous !
Gankama N’Siah

Les Dépêches de Brazzaville, Le Courrier de Rédacteur en chef délégué : Quentin Loubou Edgard Ibara, Jeff Tamaff
Kinshasa, Les Dépêches du Bassin du Durly Emilia Gankama (cheffe de service)
Congo sont des publications de l’Agence INTERNATIONAL INFORMATIQUE ET NOUVEAUX MEDIAS
d’Information d’Afrique centrale (ADIAC) RÉDACTION DE POINTE-NOIRE Direction : Bénédicte de Capèle Direction : Emmanuel Mbengué
Site Internet : www.brazzaville-adiac.com Chef d’agence : Victor Dosseh Adjoint à la direction : Christian Balende Assistante : Dina Dorcas Tsoumou
Rédacteur en chef : Faustin Akono Rédaction : Camille Delourme, Noël Ndong, Directeur adjoint : Abdoul Kader Kouyate
DIRECTION Lucie Prisca Condhet N’Zinga, Hervé Brice Marie-Alfred Ngoma, Narcisse Ofoulou Tsamaka (chef de service),
Directeur de la publication : Jean-Paul Pigasse Mampouya, Charlem Léa Legnoki, Prosper Bureau de Bruxelles : Dani Ndungidi, Adrienne Londole Darel Ongara, Myck Mienet Mehdi, Mbenguet
Secrétariat : Raïssa Angombo Mabonzo, Séverin Ibara Okandzé
Bureau de Pointe-Noire : Av. Germain ADMINISTRATION - FINANCES
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Direction des rédactions : Émile Gankama 06 963 31 34 Adjoint à la direction : Kiobi Abira Responsable : Émilie Moundako Éyala
Assistante : Leslie Kanga Bermely Ngayouli, Vesna Mangondza, Martial Eustel Chrispain Stevy Oba, Nely Carole
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Rédaction en chef : Guy-Gervais Kitina, Rédacteur en chef : Jules Tambwe Itagali PUBLICITÉ ET DIFFUSION
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Ngombé, Christian Brice Elion Rédaction : Laurent Essolomwa, Lucien Dianzenza, Moukenga Responsable : Maurin Jonathan Mobassi
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LES DÉPÊCHES DU BASSIN DU CONGO : Mesmin Boussa, Stanislas Okassou, Toussaint Siméon Ntsayouolo, Jean Bruno Ndokagna
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MUSAF
Le Mbongui des
professionnels de la musique
au Palais des congrès
De concert avec les festivités du Fespam, le Marché
de la musique africaine (Musaf) s’installe au Palais
des congrès du 15 au 22 juillet. L’occasion pour les
professionnels de se retrouver et d’échanger sur
l’écosystème de la musique africaine. La construction des stands du Village du Musaf, situé dans le jardin forestier du Palais des congrès (MICTAL)

Dans le sillage du Fespam, qui veut Musaf comme premier marché pour talents sur la scène internationale.
rendre à Brazzaville son rôle phare la promotion et le développement de Installé dans le jardin forestier du
au cœur de la musique africaine, la musique sur le continent: « Notre Palais des congrès, le village du Mu-
le Marché de la musique africaine, défi est immense, car nous avons saf se veut être un lieu culturel po-
dans sa version rénovée, se posi- pris l’engagement pour le Congo pulaire et ouvert à tous.
tionne comme étant le cadre optimal d’inscrire le Musaf parmi les Il sera articulé autour d’une scène
pour la promotion et l’innovation opérateurs majeurs de l’industrie principale, le site hébergera en son
en matière d’industrie culturelle et musicale», a-t-il déclaré. sein quatre quartiers repartis en
créative. L’objectif est de créer un puissant le- zones d’activités spécifiques : une
Ange Pongault, le nouveau direc- vier destiné à soutenir la profession- salle de conférences (destinée aux
teur, veut mettre en place une dy- nalisation des opérateurs africains et Workshops, Think tanks, Master
namique et asseoir la légitimité du favoriser l’émergence de nouveaux classes, ateliers), un espace de res-
tauration et des espaces récréatifs
destinés au public.
La vie du Village du Musaf sera ryth-
mée par une série d’ateliers axés sur
la découverte et l’initiation aux diffé-
rents métiers de l’industrie musicale,
de conférences, de master classes et
de prestations scéniques.
Avec en parallèle des activités quoti-
diennes et commerciales des stands

« Notre défi est partenaires minutieusement sélec- ces rencontres visent à susciter de
immense, car tionnés. nouvelles vocations en République
nous avons pris A travers ces différentes activités, le du Congo.
village se positionne en cadre de dé- Chaque exposant mettra à profit
l’engagement pour couverte et d’échanges dans chaque ses compétences professionnelles
le Congo d’inscrire zone d’activité entre les artistes, les pour offrir un développement har-
le Musaf parmi les professionnels, les institutions et le monieux et compétitif inscrit dans
opérateurs majeurs de grand public. le cadre des industries culturelles et
l’industrie musicale» Au-delà du caractère pédagogique créatives en Afrique.
et des transferts de connaissances, Camille Delourme

Alain Bidjeck : « Le Musaf sera le lieu de rencontre


entre professionnels congolais et visiteurs »
Expert dans les industries musicales et culturelles de la diaspora et
africaines et organisateur du Festival MOCA, Alain Bidjeck sera à
Brazzaville cette semaine pour participer au Fespam et aux rencontres du
MUSAF. Il nous explique pourquoi.
vités. En tant qu’organisateur de sibles pour l’industrie musi- nication qui a été faite autour de la
festival, le Moca (Movements of cale ? cérémonie de lancement du Fes-
creative africas) en l’occurrence, A.B : L’avenir le dira. Le Congo a pam à l’Unesco, on constate que
Alain Bidjeck et DOC TMC de Bisso na Bisso, c’est aussi l’occasion de faire du re- traversé une période compliquée c’est déjà le cas. J’étais à l’Unesco
lors du lancement du Fespam à l’Unesco, le 31 mai (CD/ADIAC)
pérage pour la programmation des économiquement, avec forcément et je peux vous dire, à l’instar de
Les Dépêches de Brazzaville l’African Music Forum, à Kinsha- futures éditions. des répercussions pour le monde nombreux professionnels, que
(L.D.B) : Quelles sont vos sa et Brazzaville, j’ai constaté qu’il LDB : Quels sont les atouts du culturel. Avec l’arrivée de la rum- nous avons été bluffés : on ne s’at-
attentes, en tant qu’acteur de manquait une plate-forme d’enver- Fespam ? ba au patrimoine immatériel de tendait pas à un tel lancement et à
l’industrie musicale, quant au gure à tous ces artistes. Il fallait une A.B : Au risque de me répéter, l’humanité, on a senti un coup de une communication si percutante.
Fespam dans son ensemble et interface de dimension internatio- l’Afrique centrale est le cœur de boost dans le paysage culturel. Le Ensuite, chacun a relayé sur ses
au Musaf en particulier ? nale pour permettre aux profes- la musique africaine et le Fespam Fespam doit s’appuyer sur cette propres réseaux sociaux, ce qui a
Alain Bidjeck (A.B) : Je vou- sionnels venus d’ailleurs de décou- doit en devenir le rendez-vous in- dynamique. J’ai vu le programme ajouté de l’ampleur à l’événement.
drais déjà dire que le retour du vrir les talents congolais. contournable au même titre que le et j’ai vraiment hâte d’y être. Entre Maintenant, il faut que cela conti-
Fespam est une excellente nou- LDB : Quel est l’apport du Fimua d’Abidjan, le Visa for Music le festival et le marché, Brazzaville nue sur le terrain durant le festival.
velle. L’Afrique centrale jouit d’une Musaf ? au Maroc, le Rema à Ouaga. Outre va retrouver des couleurs. Dans ce sens, il est important que
histoire musicale incroyable. Cette A.B : Dans la même logique de sa richesse musicale, le Fespam LDB : Huit ans après la la presse panafricaine et internatio-
richesse a besoin d’une scène et découverte, le Musaf sera le lieu bénéficie d’un calendrier favo- dernière édition, les réseaux nale relaie ce rendez-vous. En pa-
d’une plate-forme d’envergure de rencontre entre professionnels rable, car il n’est pas du tout dans la sociaux ont pris une ampleur rallèle de la dynamique du public,
pour rayonner. Et la rumba, mise congolais et visiteurs. Cela permet même temporalité que les autres. incroyable. Comment le dont je ne doute pas, il est primor-
à l’honneur cette année, est un ex- de voir qui fait quoi, quels sont les C’est bien réfléchi, car cela remet le Fespam peut s’inscrire dans dial que les médias participent à
cellent outil de communication. nouveaux acteurs de l’écosystème. Congo au centre de la carte et du ce nouveau mode de communi- l’écriture de cette belle histoire.
En travaillant sur des événements C’est aussi l’occasion de se faire calendrier. cation ?
comme le Midem, à Cannes, ou connaître, de valoriser nos acti- C.D.
LDB : Et quels impacts pos- A.B : Quand on regarde la commu-
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Femmes du Congo et du Fespam


Elles seront les représentantes féminines du 242 au Fespam. Elles s’appellent Oupta, Sheryl,
Etileine, Nestelia ou Spirita... Et, à ne pas manquer, Les Mamans du Congo !
Nul conflit de générations, nul années sans que leur musique ne
passage de témoins, elles ne prenne une seule ride.
font qu’une, une pour toutes et Des plus jeunes, telles Mwassi
toutes pour une ! Elles, ce sont Moyindo, à travers son slam,
les femmes du Fespam, mar- ou Louz Baby, dans un style
quées peut-être par une diffé- urbain diamétralement opposé,
rence d’âge mais unies par une viennent également grossir les
même passion. Difficile à les ci- rangs de ce Fespam façon « wo-
ter toutes. men » où la présence de Les
Entre celles qui auront marqué Mamans du Congo, collectif de
au Congo Brazzaville la dernière femmes congolaises, symbolise
décennie, comme les ô combien à lui seul le trait d’union des mu-
respectables Oupta ou Sheryl siques d’hier et d’aujourd’hui.
Gambo pour ne citer qu’elles Les Mamans du Congo, por-
- mais on pourrait aussi parler, tées par la voix lead et en lari
dans un autre genre musical, de de Gladys Samba, se veulent
Sœur Belle Agniélé ou Etileine détentrice du matrimoine des
Kinga, dont chacun se souvient comptines et berceuses bantou
du magnifique single « Je viens à d’un temps jadis, instruments
toi » - et celles qui marquent la faits maison et allant à la ren- Les Mamans du Congo, ici lors du festival Pass World, figurent au programme du Fespam. Prometteur (@lezardenscene.fr)
musique d’aujourd’hui - Nestelia contre des sons du beatmaker bel Jarring Effect, Les Mamans sortir, en mars 2023, un nouvel en Norvège. A ne pas manquer
Forest et Spirita Nanda - On se ré- français Rrobin. Savant mé- du Congo ont été acclamées par EP « Kikento » qui les conduira lors du Fespam, le 17 juillet au
jouit du constat qui nous rappelle lange. la presse internationale dès leur pour une nouvelle tournée de Palais des congrès !
que les femmes traversent les Signées sur le très renommé la- premier album et viennent de dix dates en France, mais aussi Philippe Édouard

MARIUSCA SÉQUENCE SOUVENIRS


Moukengué : « Le slam est une Abeti Masikini, une grande voix congolaise
maladie textuellement transmissible » Grâce à ses nombreux tubes tels que : Likayabo, Yamba Yamba,
Kiliki Bamba, Naliku Penda, Ngoyaye Bella Bellow, Abeti Masikini
Mariusca est la digne représentante de la gent féminine et fait partie des chanteurs les plus populaires des deux Congo.
incarne la nouvelle génération d’artistes d’appartenance au Née Elisabeth Finant, devenue sous l’em-
rang du « sexe faible » supposé et à tort ; en vérité une force prise de la politique de l’authenticité de
l’ancien Zaïre Abeti Masikini, elle a vécu
sur laquelle le Fespam s’appuie pour illustrer sa renaissance une série de « premières fois ». Première
après de longues années d’absence. fois où une fille pieuse, issue d’une famille
En dépit de la belle affiche de la cérémonie aisée, opte de se lancer dans une carrière
d’ouverture du Fespam 2023 au stade Al- artistique.
phonse-Massambat- Débat - Les Bantous Première kinoise a été prise en main par
de la Capitale, orchestre hautement sym- le manager et producteur Gérard Akue-
bolique et intergénérationnel du Congo son en lui permettant de commencer ses
Brazzaville, Diesel Gucci, Sidiki Diabaté, premières productions publiques loin de
Ferré Gola, Tidiane Mario et enfin Roga son pays. Après plusieurs prestations à
Roga - certains esprits retords n’ont pu Quatre ans après le passage de Miriam travers le monde et la production d’une
que s’étonner, voire s’attrister, de l’absence Makeba à l’Olympia, le 25 mars 1969, et quinzaine de 33 tours à son actif, elle
d’interprètes féminines au lancement de cette trois ans après celui de Tabu Ley Roche- fut la première Congolaise à obtenir un
11e édition tant attendue. reau, le 12 décembre 1970, sur la scène disque d’or.
Ce n’est pas que l’on soit forcément fémi- de la salle mythique parisienne, la chan- Dans cette série des « premières fois »,
niste, mais quand même. Alors, toutes ou- teuse Abeti Masikini fut la troisième per- lors de son premier séjour à Paris, ré-
bliées pour ce grand jour ? Presque. Mais, sonnalité africaine à s’y produire pour une pondant à la presse, elle confiait que la
entre l’allocution de la directrice générale prestation qui avait affiché complet. chanson avait toujours fait partie de son
de l’Unesco, la remise des décorations et Sa carrière, ponctuée d’un nombre im- univers. A 19 ans, elle s’était promise d’en
l’allocution du président de la République, pressionnant de succès, a été souvent faire sa profession en tant qu’artiste de
un petit bout de femme, grande par le caractérisée par l’audace de « la première variété. « C’est très difficile de faire une
Mariusca Moukengué,
talent, aura le droit à son intermède. Elle, slameuse talentueuse et engagée (DR) fois » en imposant son style au point de carrière dans le monde de la chanson…
ce petit bout de femme, c’est Mariusca la Tunisie au Sénégal, de la RDC et d’ail- réjouir les mélomanes. Parce qu’en Afrique, on ne considère pas
Moukengué, slameuse, poète, comé- leurs. Avec plus de 50 000 abonnés sur ce métier au sérieux …Et puis le public
dienne... tous ses réseaux sociaux confondus, la ne sait pas encore ce que c’est qu’un réci-
Juriste de formation, Mariusca, 28 ans, jeune femme est aussi « influenceuse » ; Un livre paru chez l’Harmattan lui a été tal…Il faut voyager, sortir du pays pour
incarne avec brio la jeune génération du sans langue de bois pour influer de façon consacré par l’écrivain Bertrand Nguyen s’imposer dans le milieu…C’est plus dif-
positive une jeunesse en mal de repères Matoko, alias Bébé Matoko, ancien ficile pour nous, les femmes, par rapport
242. Jeune femme engagée et inspirée,
dans la société. Celle qui est aussi direc- danseur d’Abeti Masikini. Elle a légué aux hommes ».
entre autres, par Michelle Obama, Angé- un héritage culturel considérable auprès
lique Kidjo ou encore Kimpa Vita, Marius- trice du fameux Festival international L’artiste à la voix d’or composait elle-
d’un bon nombre d’artistes talentueux
ca se plait à lutter contre les injustices so- de poésie urbaine « Slamouv », qui aura même ses chansons qu’elle soumettait
passés par sa vision musicale. Parmi
ciales subies par la gent féminine. connu sa seconde édition en avril dernier, eux, Mbilia Bel (choriste de 1976 à 1981), parfois à un imprésario pour les arran-
La native de Sibiti ne compte plus les sera également à l’honneur de ce Fespam, Lokua Kanza (guitariste, 1980-81), Abby ger. Celles-ci étaient mises par la suite en
distinctions, à commencer par « Le prix le 18 juillet, au Palais des congrès de Braz- Surya (danseuse, 1984-1986), Malage musique par son orchestre les Ecureuils,
d’excellence de la meilleure slameuse de zaville. De Lugendo (choriste-chanteur), Tshala avec son frère Jean Abumba à la guitare.
l’année » en 2018, année où elle sort son Ce sera là, l’occasion de prêter oreille at- Muana (danseuse durant trois mois entre Partie trop tôt en septembre 1994, à l’âge
tentive à ses derniers singles « Vers cas- 1978-79, ancienne de M’Pongo Love), de 40 ans, Abeti fut la grande absente de
premier maxi single 4 titres « Slamou-
sés » ou « Ekosimba ». Attention : « Le Yondo Sister (danseuse 1986, ancienne la première édition du Fespam en 1996.
rail », à finir par « Le prix Prince Claus de Tabu Ley), Lambio Lambio (danseur),
Fund » en octobre 2022 aux Pays-Bas. slam est une maladie textuellement Aujourd’hui encore, l’œuvre de l’artiste
Komba Bellow (percussionniste),
Il faut dire que le slam de Mariusca transmissible », a prévenu Mariusca la continue à faire des émules auprès des
Richard Shomari (choriste), Joëlle Esso
aime à dépasser les frontières, celles qui slameuse. (danseuse). mélomanes africains.
P.E. Marie Alfred Ngoma
conduisent du Cameroun au Tchad, de
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Claude Blanchard Ngokoudi: « Le Fespam doit révéler


des talents, ça serait une belle signature»
Le producteur congolais, Claude Blanchard Ngokoudi, a récemment travaillé comme directeur
artistique sur l’album « L’immortel - The 60’s Rumba revolution in Congo » qui retrace le parcours
musical de Franklin Boukaka. C’est en acteur avisé qu’il aborde pour Les Dépêches de Brazzaville la
rumba et le marché musical africain. La sortie de l’album, un travail d’historien et de passionné

« A l’origine je voulais ressortir Cela m’a pris plus de neuf ans en l’occurrence, du ministère
l’album «Le Bûcheron». J’ai ef- et demi, dont huit ans avec la de la Culture. On doit agir
fectué des recherches, assez maison Frémeaux. Il m’a fallu pour préserver ce patrimoine,
longues, auprès des maisons contacter les collectionneurs, ça ne se fera pas tout seul »
d’édition et du Bureau congo- acheter ou louer des vinyles.
lais des droits d’auteurs pour Un vrai travail de fourmi » Fespam : révéler des ta-
pour rencontrer les ayants La préservation du patrimoine lents pour s’élever
droit afin d’avoir des autorisa- rumba, un partenariat pu- « Jusqu’à ce jour, le Fespam
tions juridiques de réédition blic-privé n’a jamais révélé un artiste
de l’œuvre. J’ai fini par établir « Il y a un an et demi, j’ai sorti d’envergure. Pour cela, il est
le contact avec la sœur de le coffret avec livret retraçant nécessaire d’effectuer un tra-
Franklin Boukaka qui m’a pré- tout le parcours de Nganga vail de fond, avec un accom-
senté le fils et ayant droit de Edo, au Negro Band, Ok Jazz, pagnement complet jusqu’à la
ce dernier, Malcom. Avec lui, Les Bantous de la capitale, production, à l’image du Prix
nous avons trouvé l’accord de Cepakos et les Nzoi. Ce travail découverte de RFI. Je pense
la sortie d’un coffret. d’archivage et de numérisa- que ce serait une belle signa-
Il n’avait malheureusement tion, que j’ai ensuite fait pour ture pour le Fespam, afin de
pas le catalogue de son père. Boukaka, je l’aifait seul, sur créer un engouement supplé-
Cela a été le début d’une Claude Blanchard Ngokoudi en discussion avec Roga Roga lors
fonds propres. Mais il est vrai mentaire auprès du public in-
longue quête pour restituer du lancement du Fespam à l’Unesco (CD/Adiac) que ces démarches privées ternational, des producteurs
la discographie de Franklin doivent être couplées d’un et des tourneurs ».
ciation des amis de Franklin Il fallait donc trouver les sup-
Boukaka, avec l’aide de l’asso- soutien étatique, dont celui, Propos recueillis
Boukaka, basée à Brazzaville. ports. par Camille Delourme

Trois questions à Afouz Olongo, François Ondai Akiéra


organisateur d’événements culturels décrypte «Parafifi» de Kallé Jeff
Fondateur du concept du Melting Crew, rendez-vous des cultures Avec «Parafifi «, chanson dédiée à Félicité Safouesse, Joseph
afro-urbaines ayant déjà accueilli sur scène, entre autres, KeBlack, Kabasele, alias Kallé Jeff, est indiscutablement l’auteur de l’une des
Naza, Fally Ipupa ou Roga Roga à Fontenay-sous-Bois, Val-de-Marne, meilleures chansons de l’histoire de la musique des deux Congo. Le
en France, Afouz Olongo salue depuis Paris les festivaliers de la journaliste François Ondai Akiéra décrypte ce chef-d’œuvre.
onzième édition du Fespam.
« Pour moi, sans conteste «Parafifi» dont le succès mondial n’a ja-
Les Dépêches de Brazzaville l’ensemble des festivaliers. mais pris de rides demeure l’une des compostions de Joseph Kaba-
(L.D.B.) : Comment vi- L.D.B. : Quelle est la clef de sele qui traversera les générations.
vrez-vous la onzième édition la réussite de cette édition ? Composée en 1953, cette chanson avait été dédiée à deux tour-
du Fespam ? tereaux : son ami Paraiso de nationalité dahoméenne (béninoise)
A.O. : Se révèle déjà être un signe
Afouz Olongo (A.O.) : Certes, de réussite, le retour de cet évè- et Félicité Safou-Safouesse, institutrice de formation, première
cela crée en moi une certaine nement culturel permettant que concept du Melting Crew femme congolaise speakerine à la Radio de l’AEF à partir du 8 fé-
frustration de ne pas être sur les spectacles aient lieu et que les qui fait honneur à la culture vrier 1952.
place à Brazzaville lors des fes- organisateurs puissent accueillir afro-urbaine depuis la Après avoir passé avec succès
tivités du Fespam. Mais, en tant le public «vivant» dans les meil- France. Envisagez-vous une un concours de recrutement,
que Congolais de l’étranger, après leures conditions possibles ; que édition ailleurs ? celle-ci devint une star de la
avoir vécu l’ouverture du bal à Pa- les artistes expriment leur créati- A.O. : Oui, bien évidemment ! radio et connut par la suite
ris, ce rendez-vous culturel inter- vité en toute liberté d’expression En 2015, lors des Jeux africains, un énorme succès. Elle s’était
national est également le nôtre. en usant des moyens techniques nous avions organisé une édition retrouvée à la Radio Inter
De nos jours, il se trouve que mis en œuvre pour mettre en du Melting Crew Tour à l’IFC, ex Equatoriale avant d’atterrir
les évènements de ce genre se lumière leur scénographie ; que CCF de Brazzaville. La program- à la nouvelle Radio Congo,
vivent à la fois en distanciel et en de nouveaux talents africains mation avait fait place à tous les média incontournable écou-
présentiel. Du 15 au 22 juillet, je éclosent. En quelques mots, que talents des quartiers de Braz- té du grand public pour une
vibrerai au rythme des différents cette édition redonne une âme zaville. Biz Ice et Bana A6 étaient telle vedette où elle relayait
sons émis depuis la rive droite du à la créativité des artistes mu- nos invités d’honneur. Nous pré- les artistes tels que Antoine
majestueux fleuve Congo. C’est siciens au point de justifier la voyons à nouveau une édition Moundanda, Jean- Serge Es-
l’occasion pour moi de soutenir conjugaison des efforts entre eux, au Congo aux fins de réunir les sous, Adou Elenga, Wendo et
les efforts du chef de l’État De- les institutions et les mélomanes. talents congolais. naturellement Kallé Jeff.
nis Sassou N’Guesso quant à la L’auteur-compositeur à la
L.D.B. : Revenons à votre Propos recueillis
voix séduisante, Grand Kallé,
reprise du Fespam et de saluer par Marie Alfred Ngoma
avait eu l’inspiration de don-
Peggy Hossié parmi les maîtres de cérémonie ner à cette chanson un titre
issu de la contraction de Pa-
Bien connue dans le monde culturel, la journaliste Peggy Hossié s’est préparée depuis Paris pour raiso en «Para», et de Félici-
officier comme présentatrice à la onzième édition du Fespam. té en «Fifi». Ce qui a donné «
La journaliste Peggy Hossié a l’honneur En revanche, en tant que présentatrice Parafifi » enregistré aux éditions Opika en format 78 tours, sous la
de compter parmi les treize présenta- de TV Pointe-Noire, elle a déjà couvert référence 1179.
teurs sélectionnés pour cet évènement toutes les éditions du Fespam avec Quant aux paroles en lingala, «Félicité, mwana mwasi suka bo-
international de musique. Elle aura à son émission « Fespam aux couleurs tembe, oy’a lelo obebisi mokili awa. Na mopanzi, tala elenge ya Pa-
ses côtés des journalistes tels que Flo- d’Azur » au cours de laquelle elle rece- raiso, amipesi nyonso se na yo », elles pourraient être traduites
relle Manda, Claudy Siar ou Bienvenu vait les artistes et les festivaliers, avant,
en français en ces termes : « Félicité, une jeune fille extrêmement
Boudimbou. durant et après le Fespam.
Ses performances dans le cadre de Dans le même cadre de présentation ravissante, en ce jour ta beauté a causé d’énormes dégâts dans ce
l’animation et de la présentation événe- et d’animation, Peggy Hossié a déjà monde. A tes côtés on peut voir le jeune Paraiso qui s’est donné
mentielle sont déjà connues du public. présenté les festivités du Festival de tout à toi ».
« En ce qui concerne la présentation musique traditionnelle et internationale Au moment où le monde musical se retrouve à Brazzaville aux festi-
du Fespam, ce sera ma première fois « Feux de Brazza ». vités du Fespam, comment ne pas se souvenir de cette lyre immor-
en tenant le rôle de maîtresse de cé- M.A.N. telle qui marqua à jamais son temps ?
rémonie », reconnaît-elle. M.A.N.
6 | CULTURE S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 N°4548 - Samedi 15 juillet 2023

Un coup d’envoi mémorable à l’Unesco


Le coup d’envoi de la 11e édition du Fespam, qui sera consacrée à la rumba congolaise, a été donné, au niveau international, au siège de l’Unesco
par le Premier ministre Anatole Collinet Makosso. Une cérémonie qui a porté haut les couleurs du Congo devant un public impressionné.
Retour en quelques images

Henri Lopes au micro de Claudy Siar, aux côtés de son épouse et de Jean-Paul Pigasse,
Sur la tribune, Anatole Collinet Makosso, entouré de Lydie Pongault, ministre de l’Industrie culturelle, touris- le directeur de la publication des Dépêches de Brazzaville (CD/ADIAC)
tique, artistique et des Loisirs, d’Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Unesco, et de Hugues Ondaye, le
commissaire général du Fespam pour le lancement officiel du Fespam 2023 (Camille Delourme/ADIAC)

Balou Canta et Quentin Moyascko ont enflammé le public de l’Unesco, parmi lesquels de nombreux membres Les femmes font partie intégrante de la rumba congolaise, à l’image du trio Pepetue, Faya Tess
des délégations du monde entier (CD/ADIAC) et Nina Wateko (CD/ADIAC)

Après les discours d’usage, place à la musique et à la danse : ainsi le Premier ministre Anatole Collinet et la Après une prestation très appréciée, Afara Tsena prend la pose avec la ministre Lydie Pongault
ministre Lydie Pongault entament un pas de rumba congolaise à l’Unesco (CD/ADIAC) (CD/ADIAC)

Lors de son discours, l’ambassadeur Henri Ossebi a rendu


L’ambassadeur Henri Ossebi en discussion avec Valérie Valérie Dedisse, hommage à feu Mfumu, qui a œuvré durant toute sa carrière pour la
directrice de création et Bénédicte de Capèle, chargée de mission au ministère de culture congolaise en général et pour la musique en particulier. Ici,
Fordha Blow au saxo et Ange Pongault, opérateur culturel, aux percussions. L’am-
l’Industrie culturelle, touristique, artistique et des Loisirs (Chelton-Roual Gatsé) un membre de sa famille exhibe son portrait (CD/ADIAC)
biance était survoltée à l’Unesco
N°4548 - Samedi 15 juillet 2023 S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 CULTURE I 7

David-Pierre Fila : « La rumba congolaise a montré


à quel point l’Afrique peut être inspirante »
Enfant des indépendances, élevé au rythme de la rumba, le réalisateur David-Pierre Fila a rendu hommage à cet art de vivre
dans son film « Sur les chemins de la rumba ». Un voyage dans le temps et dans le monde. Entretien.
Les Dépêches de Brazzaville femme pour remercier les fétiches de qu’on a présenté le film, il y avait 1500 temps et passée par l’une des ler chercher d’autres partenaires, en
(L.D.B.) : On imagine que le périodes les plus tragiques de complément de l’Etat congolais qui
réalisateur du film « Sur les che- l’Histoire, la traite négrière, la ne peut supporter seul le poids d’un
mins de la rumba » est enchanté rumba n’est-elle pas devenue tel événement. Il faut que des grands
de voir la rumba consacrée à l’une des plus belles réussites du opérateurs privés jouent le jeu pour
l’occasion du prochain Festival mélange de l’humanité ? aider au rayonnement de la musique
panafricain de musique (Fes- D-P.F.: Bien sûr, parce que c’est ça africaine.
pam). le métissage. On peut, d’ailleurs, Avec le Fespaco, les Burkinabés
David-Pierre Fila (D.P.F.) : Evi- dire la même chose de la capoeira, n’ont pas oublié le sens panafricain,
demment. Le film « Sur les chemins qui vient du royaume Kongo. Il y a la dimension africaine. Je crois que
de la rumba » a fait le tour du monde, eu un film magnifique du réalisateur nous devons nous en inspirer pour le
il a été présenté à Cuba, à Porto Rico, angolais, Dom Pedro, et du pianiste Fespam, retrouver cette vision initia-
au Japon, en Colombie, à New York, argentin, Juan Carlos Caceres, «Tan- lement donnée par l’Union africaine
à Esmeraldas en Equateur. C’est im- go Negro», qui retrace le même che- lors de la création du Fespam.
portant que la rumba, qui est recon- min, de l’Afrique vers l’Argentine. Il Par ailleurs, je pense qu’il faut utiliser
nue dans le monde entier, soit entrée démontre également à quel point la tous les atouts de notre pays, décen-
au patrimoine. Car plus qu’une danse culture africaine a conquis le monde. traliser l’événement en utilisant le
et qu’une musique, la rumba est une Par exemple, dans le film « Sur les train et le fleuve.
façon d’être, une façon de vivre. traces de la rumba », on entend ré- Il me semble aussi que le Fespam doit
Nous, qui sommes nés avant les in- gulièrement le mot « quilombo », qui être une vision à long terme en créant
dépendances, avons grandi avec des vient du kimbundu « kilombo ». Dans une industrie congolaise et africaine
mélodies, des textes et surtout des toute l’Amérique du Sud, il a existé forte. Créons une sonothèque du
grands groupes qui nous ont portés. ces lieux de résistance où des es- Fespam, créons une radio du Fespam
Cette danse a conquis l’Afrique, puis claves évadés et des Indiens ont créé pour que l’événement ne s’arrête pas
le monde entier. des républiques. Dans ces lieux d’au- le dernier jour, qu’il se poursuive
Des décennies plus tard, c’est togestion, la rumba, comme musique entre deux éditions.
presque inexplicable que cette danse, et comme danse, a été un vecteur de
Cela doit être davantage que des mu-
venue de la nuit des temps, bien partage et de résistance.
siciens qui viennent jouer pendant
avant la colonisation, soit toujours là, Bien plus tard, cette même rumba dix jours tous les deux ans. Il faut des
dans notre environnement. La rumba a inspiré le coupé-décalé ivoirien, le
l’avoir aidée à procréer. C’est devenu jeunes dans l’amphithéâtre. C’était collaborations, des enregistrements
a une place importante dans nos vies, zouk et la biguine antillaises, et tant
une symbolique que les Africains ont impressionnant de voir l’engouement et des échanges avec les jeunes
c’est louable que le Fespam lui fasse d’autres danses et musiques dans le
emportée outre-Atlantique. A Cuba, autour de cette musique, de sentir à congolais et africains. On doit mon-
cet honneur. monde.
lorsque l’on va faire la fête, on dit quel point l’Afrique manque à cette trer à nos artistes que le paradis n’est
L.D.B. : Pour la réalisation du « Allons faire la rumba ». Il y a des partie du monde, trop souvent ou- L.D.B. : Vous avez participé à pas ailleurs.
film, vous êtes allé dans les groupes qui s’appellent rumbaya. A bliée. plusieurs reprises au Fespaco, Cela passe peut-être par un travail
Caraïbes et Amérique du Sud Porto-Rico, le pays de la salsa, lors- la référence continentale du
L.D.B. : Venue de la nuit des de fond dans l’éducation musicale
: avez-vous senti une totale cinéma. A votre avis, que faut-il à l’école, un baccalauréat musical.
reconnaissance de la rumba au Fespam pour devenir son Il faut changer de paradigme, il faut
congolaise ? Le Fespam doit être une vision à long terme en créant une pendant musical ? voir grand, avec deux pays voisins,
D-P.F : La rumba congolaise est to- industrie congolaise et africaine forte D-P.F. : Je crois que les deux pi- liés par la culture, au sein d’un conti-
talement reconnue comme telle. Le David-Pierre Fila, né à Brazzaville en 1954, est un scéna- liers sont la régularité et le choix nent riche et dynamique.
mot rumba est le mot espagnol qui riste, réalisateur, photographe, critique de cinéma et des hommes. On doit savoir choisir La rumba a montré à quel point
vient de nkumba, le frottement de anthropologue. des personnes qui ont l’habitude de l’Afrique peut être inspirante.
deux nombrils. Au départ, c’est sim- Il est notamment connu pour les films «Le dernier des gérer des événements de dimension Comme elle, le Fespam doit parler au
plement un rituel de fécondité. Je Babingas» (1991), «Zao» (2009) et «Sur les chemins de la internationale, même si elles ne sont monde entier.
resitue le rythme qui est au départ rumba» (2015). pas congolaises. De la même ma- Propos recueillis
un rite. C’est une danse que faisait la nière, leFespam devra peut-être al- par Camille Delourme

Barnabé Matsiona, créateur d’instruments de musique


En France depuis 2003, année de la quatrième édition du Fespam, Barnabé Matsiona, artiste
autodidacte, est installé en France, à Varennes-sur-Allier.
Il avait commencé sa carrière musi- de rien. Ou presque.
cale dans les années 1980, aux cô- Sous ses mains habiles, les cornes
tés de l’artiste congolais Zao. Après d’animaux deviennent des flûtes
plusieurs tournées en France et en et des cors. Quelques lames de
Europe, il se consacre aujourd’hui bambou se transforment en saxo-
au partage de son savoir-faire dans phones. Un tuyau en plastique ou
la création d’instruments à partir une pompe à vélo changent de vie,
et sonnent juste. Même les coquil-
lages produisent des sons mélo-
« Je ne me dieux.
considère pas « Je ne me considère pas comme
un créateur. Aujourd’hui on
comme un créateur. n’invente plus, on ne fait que dé-
Aujourd’hui on couvrir. On améliore ce que nos
ancêtres ont déjà imaginé. »
n’invente plus, on ne À l’occasion de la onzième édition
fait que découvrir. du Fespam, son souhait est de voir
perdurer l’existence des instru-
On améliore ce que ments traditionnels à l’heure où
nos ancêtres ont déjà la démocratisation du digital s’ins-
talle dans les créations musicales.
imaginé. »
Marie Alfred Ngoma
8 | DERNIÈRE HEURE S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 .. N°4548 - Samedi 15 juillet 2023

AU STADE ALPHONSE MASSAMBA-DÉBAT Mardi 19 juillet, à partir de 14h


Samedi 15 juillet, cérémonie d’ouverture à partir de 17h30

Dimanche 16 juillet, à partir de 14h

Mercredi 20 juillet, à partir de 14h

Dimanche 17 juillet, à partir de 14h

Jeudi 21 juillet, à partir de 14h

Lundi 18 juillet, à partir de 14h

Vendredi 22, cérémonie de clôture, à partir de 17h30


N°4548 - Samedi 15 juillet 2023 S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 CULTURE | 9

PALAIS DE S CONGRÈS
Dimanche 16, à partir de 14h Mercredi 19 juillet, à partir de 14 h

Jeudi 20 juillet, à partir de 14h

Lundi 17 juillet, à partir de 14h

Vendredi 21 juillet, à partir de 14h

Mardi 18 juillet, à partir de 14h

Focus sur… Bana Poto-Poto


Cet ensemble musical est emblématique de
l’arrondissement éponyme dont il est originaire.
Si les informations varient quant à sa création, son essor
date du début des années 2000, sous l’impulsion de Bienve-
nu Faignond, alors maire de l’arrondissement de Poto-Poto.
Le fils de Jean-Claude Faignond, créateur de l’Espace Fai-
gnond, n’était pas seulement l’édile de ce quartier cosmo-
polite : mélomane, il a donné son essor au Bana Poto-Poto,
avec la célèbre chanson « matiti mabe » ou encore le titre
« Ma Gaby ».
Malgré la disparition soudaine de son leader en 2004, l’en-
semble musical a traversé deux décennies et devrait ravir le
public du Fespam lors de ses apparitions. A retrouver, dès
dimanche, sur la scène du Palais des congrès.
10 | CULTURE S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 N°4548 - Samedi 15 juillet 2023

SITE DE KINTÉLÉ
Dimanche 16 juillet, à partir de 14h Mercredi 19 juillet, à partir de 14h

Jeudi 20 juillet, à partir de 14 h

Lundi 17 juillet, à partir de 14 h

Vendredi 21 juillet, à partir de 14h

Mardi 18 juillet, à partir de 14 h


N°4548 - Samedi 15 juillet 2023 S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 CULTURE | 11

SITE DE MAYANGA (TE RRAIN ASECNA À MADIBOU)


Dimanche 16 juillet, à partir de 14h Mercredi 19 juillet, à partir de 14h

Jeudi 20 juillet, à partir de 14h

Lundi 17 juillet, à partir de 14h

Vendredi 21 juillet, à partir de 14h

Mardi 18 juillet, à partir de 14h


12 | CULTURE S P É C I A L F E S PA M 2 0 2 3 N°4548 - Samedi 15 juillet 2023

Quatre sites pour honorer la musique panafricaine


Le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, a visité le 11 juillet, en compagnie de quelques
membres du gouvernement, deux des quatre sites des festivités de la 11e édition du Festival
panafricain de musique (Fespam), prévue du 15 au 22 juillet à Brazzaville.

La délégation gouvernementale au stade Alphonse-Massamba-Débat/ Primature

Treize ans après la 10e tous genres, mais, contrai- En revanche, là c’est dif- du patrimoine de l’huma- fessionnels qui puissent
édition, en 2015, le Festi- rement aux éditions pré- férent…En plus, il n’y nité ». Elle se tient une an- venir apprendre à cer-
val panafricain de musique cédentes, il n’y aura pas aura pas de concours née après l’inscription de tains et à d’autres com-
ouvre à nouveau ses ri- l’élection de « miss Fes- de miss Fespam cette la Rumba congolaise sur ment vendre la musique,
deaux en proposant quatre pam ». « Avant, l’on pou- année… », affirme Dodo la liste représentative du comment faire en sorte
lieux d’activités musicales, vait compter plus d’un Desh, l’attaché à la com- patrimoine culturel imma- qu’elle puisse contri-
notamment le stade Al- site, c’est vrai. Mais munication près du Com- tériel de l’humanité. « Le buer au PIB national…
phonse-Massamba-Débat, il n’y avait qu’un seul missariat général du Fes- département dont j’ai la Presque tous les pays
le Palais des congrès, Kin- grand site où les activi- pam. charge s’appelle «Indus- africains nous ont of-
télé aux 1000 logements tés étaient concentrées. L’édition de relance du trie culturelle», donc nous fert des instruments de
et le terrain d’Asecna de Les autres étaient des Fespam est placée sur le voulons industrialiser ce musique pour le futur
Mayanga. petits sites qui abri- thème « La rumba congo- secteur. Et pour le faire, musée panafricain des
Les sites abriteront des taient les prestations des laise : envol de la base il va falloir que nous instruments », a rappelé
concerts de musique en groupes traditionnels. identitaire vers les vertices puissions avoir des pro- Lydie Pongault, la ministre
de l’Industrie culturelle,
touristique, artistique et
« Le département des Loisirs, Lydie Pon-
dont j’ai la charge gault, qui a accompagné le
s’appelle «Industrie Premier ministre.
culturelle», donc nous Les ministres Jean
voulons industrialiser Jacques Bouya, Gilbert
ce secteur. Et pour le Mokoki, Thierry Moungala
faire, il va falloir que et Hugues Ngouélondélé
ont également participé à
nous puissions avoir
cette visite.
des professionnels
Outre les prestations mu-
qui puissent venir sicales, une exposition
apprendre à certains sera proposée au grand
et à d’autres comment public dans les locaux du
vendre la musique, Palais des congrès : plus
comment faire en sorte de deux cents instruments
qu’elle puisse contribuer traditionnels y seront ex-
au PIB national… posés. « Presque tous les
pays africains nous ont
Presque tous les pays
offert des instruments de
africains nous ont offert
musique pour le futur
des instruments de musée panafricain des
musique pour le futur instruments », a précisé
musée panafricain des Lydie Pongault lors de la
instruments », présentation des lieux.
Visite de l’exposition d’instruments de musique traditionnelle par la délégation gouvernementale/Primature La rédaction

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