TENDANCE

1
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TENDANCE
Édito
Mohamadou DIALLO
Fondateur et Directeur Général de CIO Mag
H
iérarchiser des besoins prioritaires, c’est
le dilemme auquel la rédaction a été
confrontée au moment de choisir 5 priorités
parmi les 17 consignées dans le cadre des
Objectifs de développement durable (ODD). Certes,
nous nous sommes basés sur la fameuse pyramide de
Maslow, qui donne des grilles d’analyses essentielles
pour hiérarchiser les besoins.
Et nous avons tenté de les regrouper en fonction de leur
importance. Mais, la particularité de notre approche
réside dans l’impact du digital pour accélérer l’atteinte
des ODD. Nous avons, in fine, choisi d’explorer de
grands objectifs comme la santé (eSanté), l’éducation
(Edutech), l’énergie, l’agriculture (Agritech) et la finance
(Fintech). En y regardant de plus près, ces ODD forment
une boucle de valeur sans fin, tel un serpent qui se
mord la queue. Par exemple, l’atteinte de l’objectif
sur les énergies permet d’accroitre la lutte contre le
réchauffement climatique. Il en est de même pour
l’éducation. C’est un secteur au centre de toutes les
priorités.
En plein régime d’apartheid, Nelson Mandela enseignait
à son peuple que «  l’éducation est l’arme la plus puissante
que l’on puisse utiliser pour transformer le monde ». Cela
traduit aisément l’importance de la formation et de
l’accès au savoir pour mieux comprendre les enjeux
de la pauvreté, du sous-développement et surtout des
paradoxes existentiels qui les sous-tendent. L’ancien
Président de la République d’Afrique du Sud avait
compris que le savoir est le meilleur moyen de gagner
son émancipation. Une émancipation permettant
indirectement, à des millions de personnes, de
s’affranchir de la pauvreté, de promouvoir l‘égalité des
sexes et de gagner en autonomie.
2 3
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Comment hiérarchiser
des besoins quand
ils deviennent
prioritaires ?
Au-delà des enjeux sociaux et sociétaux, l’éducation
est un puissant levier d’inclusion dans un monde où
l’on assiste à l’ubérisation / la plateformisation des
économies. Pour effectuer une opération, aussi basique
qu’elle soit, de transfert ou de réception d’argent, un
minimum de connaissance est nécessaire.
L’économie des plateformes
Tantôt perçue comme une menace, tantôt comme une
opportunité, la plateformisation des économies n’est
plus une option, mais une nécessité pour la compétitivité
des entreprises et même des administrations. Il s’agit
d’une mutation économique profonde. Ce changement
bouleverse le fonctionnement classique des économies
basées sur un modèle linéaire. Un modèle qui reposait
sur un principe allant de l’extraction des ressources
à la consommation, en passant par les étapes de
transformation en produits, de conditionnement et
de distribution. La crise du Covid-19 a donné un
coup de frein à ce modèle sur lequel repose l’économie
traditionnelle et la mondialisation. Une nouvelle
redistribution des cartes est en cours.
Désormais, la création de valeur ne peut plus être
linéarisée, ni séquencée. Elle est plus que jamais
atomisée et partagée entre plusieurs acteurs, qui forment
des écosystèmes d’innovation. Dans ce contexte de
désintermédiation de l’économie, la segmentation des
clients change en conséquence, pour laisser la place à la
gestion personnalisée du client, qu’il soit professionnel
ou particulier.
Dans ce système, l’innovation et la pertinence des
données fournies augmentent les interactions, puis le
volume d’échanges. En cela, c’est une rupture par rapport
à l’économie linéaire. Au moment où l’Afrique théorise
un new deal, dans le cadre de la Zone de libre-échange
continentale africaine (ZLECA), la dimension de la
plateformisation des échanges devrait être au centre des
préoccupations. Faute de quoi, l’opérationnalisation de
ce dessein continental risque de pâtir d’insuffisances.
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 SOMMAIRE N°70 JUILLET - AOÛT - SEPTEMBRE 2021 p.14

L'AFRIQUE EN CHIFFRES BÉNIN CIO Mag est édité par SAFREM Sarl

06 La finance digitale s’inspire

des habitudes traditionnelles
39 Directeur de publication :
Mohamadou DIALLO Mohamadou.diallo@cio-mag.com
ILS ET ELLES ONT DIT TOGO
La technologie au service des énergies vertes 42 Ont contribué à ce numéro

07 HELIOS TOWERS
Mohamadou DIALLO :
Interview - ROGER ADOM Directeur de publication - Rédacteur en Chef.
TENDANCE « Le partage des infrastructures télécoms
permet une réduction des coûts » 48 « Je veux que l’économie numérique
soit dans notre ADN »
Coordination de rédaction
Camille Dubruelh (France)
ÉVÉNEMENT Rédaction :
ENVIRONNEMENT p.23
La RDC, porte-drapeau de l’Afrique
à Vivatech 08 Une technologie ivoirienne
51 Véronique Narame (France);
pour la gestion des ordures Anselme Akeko (Côte d’Ivoire); Aurore Bonny (Cameroun);
E-CONF CHALLENGE Michaël Tchokpodo (Bénin); Souleyman Tobias (Togo);
Formation et E-learning
en Afrique au programme
11 RDC
Les défis des plateformes 54 Zakaria Gallouch (Maroc); EnockBulonza(RDC)

d’EduTech à l’heure de la pandémie Représentations de CIO Mag :

Côte d’Ivoire : Anselme Akeko : anselme.Akeko @cio-mag.com
INTERVIEW EDUTECH
Les écoles internationales à l’assaut de l’Afrique 57 Tél: +225 08 56 47 26
Cameroun : Aurore BONNY : aurore@cio-mag.com
ROGER ADOM
« Je veux que l’économie numérique 14 HUAWEI Sénégal : Abdoulaye DIALLO : abdoulaye33@hotmail.com
soit dans notre ADN » « L'éduTech est un rempart
contre les inégalités d’accès à l’éducation » 60 Tél : +221 77 595 50 02
Togo : Souleyman TOBIAS : tobias.carlos@cio-mag.com
AGRITECH Tel : +228 90 26 38 54
DOSSIER ODD CAMEROUN Un levier stratégique dans la vision
FOCUS
La santé numérique 63 africaine du Maroc
Bénin : Michaël TCHOKPODO : michael@cio-mag.com

L’Afrique est-elle en passe d’adresser les ODD ? 17 au secours des populations Régie Publicitaire et Abonnements :
info@cio-mag.com
PAROLES D'EXPERTS p.42
AGRITECH www.cio-mag.com/sabonner
Un levier stratégique dans la vision africaine
du Maroc
23 IDATE
Experts :

CACAO IVOIRIEN
« L’Afrique digitale est un pilier du développement 67 Nat-Sy Missamou, Senior Vice-président d'Orange Energie –
Orange Middle East and Africa

A quoi ressemblera l’avenir à l’ère du digital ? 26 économique et social post-Covid »

Thierry Barbaut , Directeur des  écosystèmes innovants chez
TACTIS
ODD Jacques Moulin, Directeur général de l’IDATE
ÉTHIOPIE
Le digital au service de l’agriculture et des emplois 29 « Nous sommes tous acteurs
du développement »
70
VERA SONGWE
« L'Afrique a une opportunité de mieux progresser
grâce au numérique »
33 DIGITAL ET ÉNERGIE
« Un défi relevé par les opérateurs d’électricité 73 Direction artistique : CIO Mag
TOGO Impression : Rotimpres, Aiguviva Espagne
et des télécommunications »
SÉNÉGAL La technologie au service N° Commission paritaire 1110 T89651 N Dépôt légal Juin 2013

Des solutions pour la numérisation des salaires 36 des énergies vertes

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L'AFRIQUE EN CHIFFRES
L’AFRIQUE
EN CHIFFRES
320 000 dollars
La Banque africaine de développement a
alloué une subvention de 320 000 dollars pour
l’intégration du genre dans les opérations
financières numériques de la CEDEAO. La
subvention servira à réaliser une analyse des
écarts entre les sexes, qui figure dans plusieurs
stratégies de l’Agence monétaire de l’Afrique
de l’Ouest (AMAO), y compris celles relatives à
l’inclusion financière.
(BAD, Mars 2021)
1,5 milliard d’enfants
Plus de 1,5 milliard d’enfants, dans 188
pays, ont été touchés par les fermetures
d’écoles en raison de la pandémie. Nombreux
sont ceux qui ont dû recourir à une forme
d’apprentissage en ligne.
(Digital Financing TaskForce UN, Août 2020).
De 220 à 320 milliards
de dollars
Les pays en développement pourraient
gagner entre 220 et 320 milliards de dollars
en numérisant les paiements (contribuables,
électeurs, utilisateurs des services publics).
(Digital Financing TaskForce UN, Août 2020)
96,5 %
En 2019, on estimait que 96,5 % de la population mondiale était couverte par au moins un réseau
2G, dont 81,8 % par au moins un réseau d’évolution à long terme (LTE). La couverture par les réseaux
mobiles est aujourd’hui quasi universelle.
(ONU - Rapport sur les objectifs de développement durable 2020)
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87 contre 18
En 2019, près de 87 % des ménages en Europe
avaient accès à Internet à la maison, contre 18 %
des ménages en Afrique. La fracture numérique
se manifeste aussi par le taux de possession d’un
ordinateur. En 2019, 78 % des ménages en Europe
possédaient un ordinateur, contre 11 % en Afrique.
(ONU - Rapport sur les objectifs de développement
durable 2020)
100 000 jeunes formés
en ligne
Atingi, la plateforme d’apprentissage numérique
du ministère fédéral allemand de la Coopération
économique et du développement (BMZ) compte
près d’un million de jeunes africains en première
année. Elle a déjà permis à 100 000 d’entre eux
d’accéder gratuitement à des cours de formation
professionnelle. (GIZ, Janvier 2021)
5,3 à 7,3 kg
De 2010 à 2019, tous les ans, chaque habitant a
produit entre 5,3 et 7,3 kg de déchets électroniques.
Le recyclage écologique de ces déchets a connu une
hausse bien plus lente, de l’ordre de 0,8 à 1,3 kg par
habitant et par an.
(ONU - Rapport sur les objectifs de développement
durable 2020)
ILS ET ELLES ONT DIT
... Ils et elles ont dit ...
Le DataCenter offre une formidable opportunité de création d’emplois et de services à des coûts
abordables, en faveur du secteur privé. J’insiste particulièrement sur l’optimisation de cet investissement
majeur, puisqu’à travers le réseau fibre optique haut débit de l’ADIE, le Datacenter restera ouvert à
l’administration publique, aux collectivités territoriales, ainsi qu’aux universités et Instituts.
Macky Sall, Président du Sénégal, le 22 juin 2021, lors de l’inauguration du Datacenter du Sénégal à Diamniadio.
Les expériences d’autres pays nous ont convaincus que le numérique doit constituer aussi la solution
qui peut permettre à notre pays d’atteindre les objectifs de développement. Aussi, pour la première fois
dans notre pays, il a été institué un ministère du Numérique. Il doit notamment assurer la promotion
du numérique, mais aussi l’accompagnement de la digitalisation de l’administration publique
congolaise et de tous les services, les établissements et les entreprises publiques. L’objectif est d’en
faire un levier de la cohésion nationale, de l’inclusion et de la croissance, ainsi que du développement
économique et social .
Jean-Michel Sama Lukonde, Premier ministre de RDC, le 23 juin 2021, lors de du lancement d’un atelier sur la
réflexion numérique.
Nous sommes dans une période où il est possible d’être innovant. L’Afrique présente des opportunités. A
partir de la régulation, il va falloir introduire un certain nombre de pratiques qui permettent aux petites
compagnies et aux start-up d’accéder aux offres publiques. Le numérique va simplifier l’accès à certains
types de capitaux, notamment ceux de petites dimensions, qui sont très importants pour les PME. Que
ce soit par le crowdfunding , le mobile money ou par des paiements numérisés, ils vont permettre aux
entreprises commerciales d’augmenter leurs chiffres d’affaires et de gérer les petits capitaux dont elles
disposent.
Professeur Carlos Lopes, le 9 juin 2020, lors de la rencontre Etat/Secteur privé au Togo.
Les choix que les décideurs feront collectivement, au cours des prochaines décennies, définiront la
trajectoire de l'humanité pour les générations à venir. Compte-tenu de cela, Smart Africa Alliance
travaille avec les parties-prenantes concernées pour s’assurer que nos États membres - et l’Afrique dans
son ensemble - maximisent les avantages de la connectivité intelligente. Et pour qu’ils minimisent ou
éliminent les défis associés à la connectivité intelligente, tels que la cybersécurité et la protection des
données. L’Afrique doit embrasser le pouvoir de transformation de la technologie en temps opportun
afin de garantir le meilleur avenir possible pour ce continent jeune et en pleine croissance.
Lacina Koné, Directeur général de Smart Africa, dans une tribune sur Africa & the Middle East issue I, 2021.
Il ne fait aucun doute que les possibilités en matière d’apprentissage numérique recèlent un énorme
potentiel de transformation de l’éducation et de la formation. Elles sont d’une plus grande accessibilité,
leur pertinence est accrue et leurs coûts abordables. En outre, les modèles d’apprentissage hybride sont
essentiels pour garantir la qualité tout en palliant les insuffisances en la matière. Il en est de même
pour l’application des technologies modernes à d’autres aspects de l’éducation, au-delà des résultats
attendus.
Sarah Anyang Agbor, Commissaire de l’Union africaine chargée de l’Education, de la science, de la technologie et de
l’innovation, dans une tribune diffusée en juin 2021.
Lome Data centre, qui résulte d’un partenariat public-privé avec l’appui de la Banque mondiale,
est une infrastructure majeure d’importance stratégique. Elle est indispensable pour soutenir le
processus de transformation digitale de l’économie et faire du Togo un hub de services numériques.
Cette infrastructure moderne est à votre disposition pour stocker et sécuriser vos données numériques
et pour héberger vos serveurs.
Victoire Dogbé-Tomégah, Premier ministre du Togo, le 9 juin 2021, lors de la Rencontre Etat/secteur privé.
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 TENDANCE TENDANCE

et la préservation. La technologie, déjà implémentée « Il faut que ces start-up se fassent connaître. Nous

ÉVÉNEMENT auprès d’une application d’agritech au Kenya, se

concentre pour le moment sur le cheptel bovin. Mais,
voulons qu’elles aient une visibilité internationale, qu’elles
bénéficient d’un cadre d’échange, qu’elles développent leur

La RDC, porte-drapeau de l’Afrique à Vivatech son expansion continentale est d’ores et déjà à l’ordre
du jour. « Avec ce seul partenaire, nous avons un volume
de transactions d’images à authentifier qui se chiffre en
La 5ème édition de Viva Technology s’est tenue cette année, en version hybride, à Paris et online, millions. Le potentiel dans ce secteur est énorme et c’est
du 16 au 18 juin. L’Afrique était relativement absente de ce grand salon international dédié aux
la raison pour laquelle nous sommes ici aujourd’hui »,
nouvelles technologies et à l’innovation. La RDC, unique pays du continent représenté à cette
précise Cédric Meshia Oveneke, Cofondateur de Fit-For-
grand-messe de la technologie, avait pourtant vu grand pour l’occasion.
Camille Dubruelh Purpose Technologies.
Échanges et soutien
Ces innovations technologiques constituent de réelles
solutions pour les problématiques que rencontrent
non seulement la RDC, mais aussi le continent africain,
voire d’autres pays en développement. Les possibilités
dans les secteurs de l’agritech, de la FinTech ou encore
de l’e- santé sont inépuisables.
carnet d’adresses, mais qu’elles aient aussi accès à des
programmes de soutien et de mentorat », a souligné Désiré
Casimir Eberande Kolongele.
Augustin Kibassa Maliba, ministre congolais des
Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies
de l’Information et de la Communication, qui était
également présent à l’événement, a abondé dans ce
sens. « Un nombre conséquent de start-up a un génie
extraordinaire, mais elles doivent être accompagnées. Les
entrepreneurs ont besoin d’une meilleure formation et de
meilleurs équipements. Vivatech est une occasion rêvée
de venir échanger avec les partenaires afin de capitaliser
sur cette innovation et pour que l’écosystème, en plein
développement en RDC, puisse profiter de ce que les autres
font ».

Et les start-up peuvent directement contribuer, via
les nouvelles technologies, à accélérer l’atteinte des
Objectifs de développement durable (voir le dossier à
ce propos). Les plateformes d’échanges, comme Viva
Technology, représentent une belle opportunité pour
démontrer le potentiel d’innovation du continent.
Pour aller dans ce sens, le ministre du numérique
a d’ailleurs profité de l’événement pour annoncer
le lancement officiel de l’African Digital Story
#Plateforme. Cette plateforme d’open innovation en
ligne vise à connecter les challenges des grands groupes
et des institutions publiques à plus de 5000 leaders

« Nous sommes ici pour donner et recevoir, pour présenter
au monde les solutions numériques développées par la
RDC », a d’emblée affirmé Désiré Casimir Eberande
Kolongele, ministre de l’Economie numérique de la RDC,
lors de la 5e édition de Viva Technology. À la tête d’une
délégation de start-up réunies dans le seul pavillon
de tout le continent africain, le ministre congolais a
évoqué avec fierté l’innovation dans son pays, dans
des domaines aussi variés que la santé, la FinTech, le
transport ou encore l’éducation.
Plusieurs start-up congolaises prometteuses étaient
présentes à Vivatech, comme la FinTech Okapi. Elle
déploie des solutions via le mobile money pour résoudre
la problématique des non-bancarisés et favoriser
l’inclusion financière. Fit-For-Purpose Technologies,
une entreprise innovante belgo-congolaise
d’Intelligence artificielle, propose Halisi, son produit
phare. Cette solution d’authentification biométrique
pour les animaux entend notamment faciliter
Les deux ministres de la RDC présents à Viva Technology
l’assurance, la traçabilité, le commerce, les statistiques

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 TENDANCE
d’Afrique francophone. L’objectif
affiché est d’offrir une opportunité
pour les jeunes développeurs et
entrepreneurs de relever de gagner
en visibilité sur leurs innovations
et de réseauter avec les grands
groupes.
Affronter l’avenir
Cette année encore, pendant trois
jours, Viva Technology a réuni,
dans la capitale française et online,
les leaders de l’écosystème de
l’innovation du monde entier.
Parmi eux, des dirigeants de grands
groupes, des entrepreneurs ou
des représentants d’institutions
nationales et internationales. Il
s’agissait du premier grand salon
en partie en présentiel, en France,
depuis plus d’un an. Et, pour
l’occasion, Emmanuel Macron,
Président de la République française,
était présent. En raison des mesures
sanitaires, la jauge a été réduite. Au
total, quelque 5000 visiteurs ont
arpenté les stands du Palais des
expositions, à la découverte des
dernières innovations.
Taxis volants du futur de la start-
up chinoise Ehang , robots animaux
de compagnie, avion solaire,
cabines de télémédecine, solutions
de visioconférences innovantes…
Le futur et ses nouveaux usages se
sont exposés. Des grands noms de la
Tech ont participé à l’événement en
distanciel, comme Marc Zukerberg ,
patron de Facebook ou encore Tim
Cook, PDG d’Apple.
L’Asie a été particulièrement
représentée, avec des start-up et
de grosses entreprises chinoises et
via l’intervention remarquée, par
visioconférence, de Narendra Modi,
Premier ministre indien.
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« Je crois au pouvoir de la science
de l’innovation pour nous aider
à affronter l’avenir, qu’il s’agisse
des défis environnementaux ou
sanitaires », a-t-il assuré, dans
ce contexte encore marqué par
la pandémie du Covid-19 et
particulièrement en Inde.
L’Afrique trop timide
à Viva Technology
Côté Afrique, hormis la RDC, la
représentation était bien timide.
Dans les allées du salon, les start-
up africaines se sont comptées sur
les doigts d’une main. Côté panel,
seul l’Africa Tech a rassemblé
quelques personnalités, lors d’un
petit-déjeuner, au deuxième
jour de l’événement, mais sans
vraiment attirer les foules. Parmi
les invités, Wilfrid Lauriano do
Rego, Coordonnateur du Conseil
présidentiel français pour l’Afrique
(CPA). Il a profité de l’occasion pour
annoncer un partenariat avec le
fonds d’investissement Seedstars
Africa Ventures et lancé un appel
aux grandes entreprises pour
investir dans l’innovation africaine.
« Nous sommes là pour continuer
à promouvoir l’entrepreneuriat
de la diaspora, sous l’angle de la
technologie, car elle contribue à
l’accélération de ce mouvement de
création de richesse », a précisé le
coordonnateur du CPA.
« L’Afrique a une présence, même
si elle est timide. Compte tenu du
contexte, c’est déjà une bonne chose.
La RDC est un très bon représentant
de l’Afrique et de la capacité
d’innovation et d’agilité dont le
continent fait preuve. Sa présence
est un signal très fort », s’est réjoui
Wilfrid Lauriano do Rego.
TENDANCE
Etienne Tshisekedi , Président
congolais, a
misait beaucoup sur «
assuré
la RDC
qu’il
E-CONF CHALLENGE
numérique ». Sa politique dans Formation et E-learning en Afrique au programme
ce secteur fait montre d’ambition.
Elle pourrait redynamiser une Comment le digital transforme la formation en Afrique ? La réponse a été fournie le 17 juin, lors de
la dernière édition de l’E-conf Challenge sur «  L’e-learning et la formation en Afrique ». Un panel de
économie encore trop dépendante
spécialistes s’est exprimé sur le thème lors du rendez-vous virtuel autour des tendances du digital
des matières premières. Mais, sur le continent africain, organisé par CIO Mag.
Aurore Bonny
tout est encore à faire pour que
l’écosystème puisse éclore et
devenir compétitif à l’international.
Et pour que les start-up attirent les
financements nécessaires à leur
développement, tant en termes
d’accès aux infrastructures ou de
cadre réglementaire, que s’agissant
du climat des affaires.
« L’activité économique doit
aujourd’hui capitaliser sur le
développement technologique. Nous
accusons un retard, mais nous
pouvons tirer les enseignements des
L
essais et des erreurs d’autrui, et aller
a crise sanitaire mondiale liée au Covid-19 «  Avec la crise, le format du E-learning est passé d’un
beaucoup plus vite si on s’y met à
n’en finit pas et ses conséquences sont « Nice to have » à un « Must have », grâce auquel les
temps. Nous devons mieux contrôler
désastreuses, mais parfois aussi opportunes universités ont assuré la continuité pédagogique. La
nos ressources par le digital », a fait dans le domaine du digital. Ce qui n’était formation est en train de changer complètement. Elle a
remarquer le ministre Augustin alors que tendance a été amplifié et les réflexions profondément été touchée par la digitalisation et c’est du
Kibassa Maliba. sur les manières de les aborder se sont multipliées, jamais vu », a déclaré Salah Baïna.
voire améliorées. A commencer par le E-learning , une
L’Afrique sait à quel point le A plusieurs reprises, il a pris la parole pour expliquer
méthode convenant à la distanciation sociale et qui est
cette métamorphose et a reconnu que le digital offre
digital est primordial et la capacité requise dans le contexte de prévention sanitaire pour
une nouvelle façon d’étudier. De son point de vue, le
d’innovation du continent n’est plus assurer la continuité éducative.
présentiel sera bientôt réservé à l’expérience concrète
à prouver. A charge pour les acteurs
Sur le sujet du E-learning , une tribune d’experts a pris et au Networking. Pour le chercheur, le contenu
de cet écosystème d’affirmer leur la parole le 17 juin. Parmi eux, Abossé Akue-Kpakpo,
même de la formation a changé. Il a été revisité avec
présence sur ce secteur porteur. A Directeur de l’Economie numérique à la Commission
de nouveaux outils interactifs digitaux, comme le
commencer, peut-être, par une de l’UEMOA, Salah Baïna, Chercheur et Consultant en Learning by doing ou via de nouvelles applications.
meilleure représentation et une transformation numérique, Trésor Bapre, Cofondateur Salah Baïna estime que les besoins éducatifs des
meilleure visibilité sur la scène de Sewelo Africa Digital Training et Adnane Ben enseignants et des apprenants vont changer après la
internationale. Halima, Vice-président chargé des relations publiques crise. «  La formation traditionnelle n’a plus de sens.
de Huawei Northern Africa Region. La modération a été Elle ne sera pas restaurée. Apres avoir profité des
assurée par Mohamadou Diallo, Fondateur de CIO Mag. avantages de l ’apprentissage en ligne, les étudiants
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 TENDANCE
auront de nouvelles attentes sur le model éducationnel »,
a-t-il expliqué. «  Ce qui va se passer pour l’éducation
sera semblable à ce qui se produit au travail. Les gens
reviendront pour faire de nouvelles expériences, sinon,
ils iront chercher ailleurs. Tel est le nouveau challenge
du monde éducatif ».
Education et formation en Afrique
Trésor Bapre, Fondateur de Sewelo Africa Digital
Training , une start-up éducative du domaine, a
également constaté le changement des usages. Il dit du
micro learning que c’est «  une des meilleures solutions
pour intégrer l’innovation ». Pour autant, il constate
que les diverses initiatives et solutions employées
pour la formation, sur le continent, restent encore
traditionnelles. Elles sont soit ancrées dans des pratiques
antérieures, soit bloquées par les problèmes structurels
du terrain. Et sont donc tournées vers des besoins ou des
métiers correspondant aux nécessités antérieures. Pour
Trésor Bapre, l’engagement et l’implication des parties-
prenantes de l’éducation en Afrique va de pair avec
la transformation de la formation. «  Avec l’éducation
digitalisée, les universités africaines devront être au niveau
des universités internationales pour rester compétitives »,
prévient Salah Baïna.
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TENDANCE
réalisées par Huawei dans le domaine de la formation « Nous travaillons sur deux volets. D ’abord sur un
en ligne. programme d’assistance à l’enseignement supérieur, conçu
en six ans, qui a permis d’interconnecter une cinquantaine
« Plus de 94 000 ingénieurs font de la R&D chez Huawei
d’institutions d’enseignements supérieurs en les mettant
et 20 milliards dollars sont dépensés chaque année. Nous
en réseau. Ensuite, sur le projet d’appui au développement
croyons énormément à la recherche et à la formation.
des technologies de l’innovation, dans le cadre de la mise
Notre engagement a impacté positivement le système dans
en œuvre du format LMD dans les universités. Nous
lequel nous évoluons. Nous avons lancé un bon nombre avons dialogué avec les Etats et les opérateurs pour que
de projets éducatifs, lesquels sont à présent vulgarisés et le coût d’accès au haut débit soit plus compétitif pour les
devenus tendance. Notre vision est de préparer le terrain universités et les étudiants. Et avons négocié jusqu’à 30%
au profit de tous  ». Adnane Ben Halima a confirmé de réduction avec les Fournisseurs d’accès internet. »
que Huawei prenait très au sérieux sa « première
responsabilité de continuité et de qualité de services ». L'E- Conf Challenge sur « L’e-learning et la formation
en Afrique » a donné l ’occasion aux intervenants
Abossé Akue-Kpakpo, Directeur de l’Economie et aux participants de s’entretenir sur bon nombre
numérique à la Commission de l’UEMOA, s’est dit de sujets. Fetah Ouzzani ,  un professionnel de
préoccupé par l’accès des populations aux cours en l ’Industrie Electronique et Telecom sur le marché
ligne. Et par les moyens qui leur permettent d’y accéder. opérateurs et les grands comptes en Europe et
Il entrevoit d’ores et déjà le risque possible «  de creuser Maghreb, a pu apprécier le «  formidable outil » qu’est
davantage le fossé entre ceux qui auront les moyens de le digital pour la multiplication et la facilitation. Le
suivre des cours en ligne et ceux qui ne l’auront pas ». Ses public connecté a également répondu au sondage
diverses réactions ont également permis de découvrir traditionnel de CIO Mag. Sur 20 votants, 53%
« Pour survivre, il faut de nouvelles alliances. L’université la stratégie de l’UEMOA en faveur de l’apprentissage préfèrent la formation en ligne au présentiel et 95%
moderne doit avoir un partenaire digital et un partenaire en ligne et les actions y afférentes. ont déjà suivi des cours à distance.
télécom ». Pour le Cofondateur de Sewelo Africa Digital
Training , il faudra créer du contenu adapté aux
organismes de formation, car la conception pédagogique
ne s’improvise pas. « L’Afrique a besoin de solutions
éducatives digitales basées sur l’apprentissage mobile.
C’est ce que permet Sewelo. Les utilisateurs accèdent à des
microformats de formation téléchargeables sur mobile ».
Pour Huawei, représenté par Adnane Ben Halima,
la conception du développement de la formation en
ligne nécessite l’assurance d’un accès équitable pour
tous et l’implication des infrastructures pour cette
démocratisation. Pour accompagner cette transition
numérique et amorcer ce processus, il faudra un appui
politique très fort et clair dans plusieurs secteurs. « Pour
la transformation digitale d’un pays et pour empêcher les
gros clivages, tout doit se baser sur une stratégie claire.
L’appui politique est nécessaire pour préparer les pays et
rester compétitif sur le marché international ».
Recherche & Développement
Le responsable du groupe chinois, leader mondial
des technologies, a exposé les actions entreprises et
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 INTERVIEW INTERVIEW

Comment allez-vous accélérer fracture numérique, la fracture territoriale

CÔTE D’IVOIRE la mise en place de toutes ces

réformes ?
se réduira d’elle-même. Où que l’on soit, on
doit pouvoir être un citoyen du pays, grâce

« Je veux que l’économie numérique R.A : Je compte me baser sur plusieurs axes
aux nouvelles technologies mises en place
par l’Etat.
soit dans notre ADN » majeurs, qui, je l’espère, seront déployés
dans les 18 mois à venir. Il s’agit avant En ce qui concerne la digitalisation
tout de mettre en œuvre une véritable des services publics, vous avez
A la tête du ministère ivoirien de l’Economie numérique, des télécommunications et de l’innovation stratégie numérique inclusive et d’assurer évoqué l’échéance de 2023.
depuis le mois d’avril, Roger Adom mesure l’ampleur des urgences qui l’attend. Entre déploiement une couverture totale du territoire en Est-ce réalisable ?
des infrastructures, digitalisation de l’administration et Start-up Act, les chantiers sont nombreux. Roger Adom termes de téléphonie mobile et d’Internet
Les objectifs affichés sont de faire du numérique un pilier stratégique pour le développement Ministre de l’Economie R.A : Beaucoup d’initiatives sont mises en
haut débit. Un autre axe de cette stratégie
économique. Interview. numérique, des place, mais ce qui nous manque encore, c’est
consiste à créer un réseau d’incubateurs
Télécommunications la coordination. Pour ce qui est du passeport
de types Technoparc pour accompagner
et de l’Innovation et de la carte d’identité, de l’extrait d’acte
le développement des start-up, depuis
CIO Mag : Monsieur Roger de naissance ou du casier judiciaire, nous
de Côte d'Ivoire la phase de la création avec des fonds
Adom, vous venez tout juste nous fixons le cap de 2023. Il s’agit aussi
d’amorçage, jusqu’aux étapes de levées de
d’être nommé ministre de de digitaliser ce qui se rapporte aux impôts,
fonds. Nous croyons énormément au génie
l’Economie numérique, des les remboursements avec le Trésor, etc.

I N T ERVI EW
créateur de notre jeunesse. Et enfin, toute
Télécommunications et de
notre stratégie sera orientée pour favoriser Vous avez récemment annoncé que
l'Innovation en Côte d’Ivoire.
Quelles sont vos priorités et vos l’inclusion des femmes et des hommes le taux de pénétration de l’Internet
méthodes pour atteindre grâce au numérique. dans le pays est supérieur à 65%.
vos objectifs ? Notre projet est d’inscrire l’économie Quels sont les projets en cours pour
numérique dans notre ADN. Quant à la que ce taux atteigne l’ensemble de la
Roger Adom : Ma priorité est déjà
méthode, je mise beaucoup sur le dialogue population ?
de comprendre ce qu’il se fait. La
politique sectorielle de l’économie et le partage d’expériences. Pour réussir, il R.A : Avec les opérateurs, nous sommes en
numérique a été définie par le faut travailler en équipe. Mais il faut aussi discussions. Installer le réseau 4G et 5G ne
président de la République et je fixer un cap et donner une ambition. Je doit pas se faire uniquement à Abidjan, mais
m’insère dans cette feuille de route. dirais, pour résumer, que je suis démocrate
sur tous les territoires. Le problème de la
Il s’agit de faire de l’économie dans la réflexion et militaire dans
rentabilité se pose, mais je crois que c’est un
numérique une priorité, car nous l’exécution.
faux problème. Il faut d’abord installer les
croyons qu’il s’agit d’un vecteur infrastructures et l’usage viendra ensuite.
Comment favoriser l’inclusion des
important de développement. Aujourd’hui, l’abonné se déplace. Et même
populations grâce au digital et faire
Notre ambition est claire : réussir la de ce secteur un véritable pilier de s’il vit à Abidjan, il peut aussi être ailleurs.
transformation numérique du pays développement ? S’il bénéficie d’une connectivité continue,
et faire de la Côte d’Ivoire un pays il utilisera le réseau et la rentabilité sera en
R.A : Il faut comprendre que nous ne conséquence optimale.
majeur en termes d’innovations.
faisons pas du digital pour faire du digital.
Notre objectif est de développer
Nous devons changer de paradigme en Aujourd’hui, les opérateurs sont des
plusieurs piliers comme les stratégies
utilisant le digital comme un accélérateur opérateurs globaux, fixe et internet mobile.
de réglementation, le déploiement
pour atteindre nos ambitions. Dans ce Au-delà de la couverture mobile, le fixe doit
des infrastructures technologiques,
sens, l’une des priorités est de mettre en être déployé dans les zones rurales, en très
l’appui aux services innovants et
place l’identité numérique. De mon point haut débit. Un appel d’offre est d’ailleurs en
la formation. Et pour harmoniser
Roger Adom le tout, il nous faut instaurer les
de vue, c’est la base d’une digitalisation
totale et globale. L’administration doit
cours pour 117 localités dans des régions
du pays. L’Etat et la Banque mondiale
Ministre de l’Economie numérique, des Télécommunications conditions d’une confiance dans
l’économie numérique. être numérisée, car il s’agit de services aux vont subventionner ce projet pour que les
et de l’Innovation de Côte d'Ivoire
populations. En ambitionnant de réduire la opérateurs investissent dans ces zones.

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 INTERVIEW DOSSIER ODD

Parmi les Objectifs de développement Le Ghana voisin attire les grandes

durables fixés par l’ONU, figure l’accès
à des emplois décents. Quelle place
peut occuper le secteur du digital dans
l’atteinte de cet objectif ?
Je vais prendre un exemple. Lorsque les
réseaux mobiles sont passés au prépayé, nous
avons assisté au phénomène des « cabinards ».
Beaucoup de jeunes sans emploi ont saisi cette
opportunité. Les opérateurs les ont combattus,
jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que, d’une
part, il s’agissait d’un facteur de développement
par l’emploi et d’autre part, cela leur permettait
de vendre plus, sans avoir à développer leur
réseau de vente. Alors, bien sûr, le digital crée
de l’emploi, mais aussi, de façon indirecte, il
véhicule de nouveaux usages ! Je crois que le
numérique n’est pas encore assez démocratisé
dans notre pays. On ne voit pas d’ordinateurs en
vente en supermarchés, par exemple. Pourtant,
en démocratisant la vente des outils numériques,
on crée des idées et des vocations.
L’esprit d’innovation est très présent en
Côte d’Ivoire. Mais les start-up ivoiriennes
doivent faire face à plusieurs difficultés,
notamment en ce qui concerne le cadre
réglementaire. Où en est-on du Start-up
Act ?
R.A : Il n’y a pas de blocage, mais il est vrai que
entreprises technologiques
internationales. Nous l’avons
vu récemment avec l’annonce de
l’installation du siège africain de
Twitter. Comment expliquez-vous que la
Côte d’Ivoire ne parvienne pas, pour le
moment, à attirer ces entreprises ? Que
faire pour y remédier ?
R.A : La difficulté est déjà culturelle, car un
grand nombre de ces grosses entreprises
sont américaines et vont donc vers des pays
anglophones. A nous de montrer l’attractivité
de la Côte d’Ivoire et d’avoir un marché
adéquat. Nous avons un parc technologique  :
le VITIB. Nous voulons qu’il devienne une
véritable technopole, où s’installeraient, dans
les prochaines années, ces grosses entreprises.
FOCUS
Elles sont déjà présentes en Côte d’Ivoire, mais
uniquement avec des équipes commerciales. L’Afrique est-elle
en passe d’adresser les ODD ?
Nous voulons qu’elles installent des pôles
opérationnels avec des développeurs, des
ingénieurs, des profils qui puissent faire monter
en compétence nos concitoyens. Il faut que nous
Au plan mondial, les Etats se sont engagés, depuis 2015, à prendre les mesures nécessaires pour
puissions en profiter.
que les populations puissent atteindre un niveau de vie décent d’ici à 2030. Pour parvenir à
Mais, pour pouvoir attirer ces entreprises, nous atteindre les Objectifs de développement durable, le numérique peut constituer un levier
devons aussi miser sur la formation. Aujourd’hui, primordial, notamment dans les secteurs de la santé, de l’agriculture et l’éducation.
l’Ecole supérieure africaine des Techniques de Camille Dubruelh
l’information et de la communication (ESATIC)

la période de pandémie, puis celle des élections
ont quelque peu ralenti les travaux. Nous avons
bon espoir de faire signer le Start-up Act avant la
fin de cette année. Nous devons aider les start-
up à accéder aux financements et les assister
dans la bonne gestion, tout en développant une
politique industrielle pour les aider à grossir.
Pour favoriser l’entrepreneuriat ivoirien, l’Etat
doit aussi favoriser la commande publique.
L’incitation de l’Etat existe d’ores et déjà. Plus
de 70% des marchés sont aujourd’hui remportés
par des entreprises ivoiriennes. Nous voulons
atteindre plus de 90%, mais, pour cela, il faut
une politique industrielle agressive, afin que
les entreprises atteignent la taille critique pour
remporter ces marchés.
est un centre d’excellence, d’où sortent 200
étudiants par an et ce n’est pas suffisant.
Une dernière question, quelle serait votre
mesure phare à implémenter, votre cheval
de bataille ?
R.A : Il y en a tellement ! Je dirais la généralisation
du très haut débit, la mise en place d’une vraie
stratégie numérique, l’interopérabilité sur le
mobile banking… Ou encore le déploiement
d'un data center de l’administration ivoirienne.
Nous voulons d’ailleurs le déployer d’ici à la fin
de l’année ou au premier semestre 2022. Les
chantiers sont nombreux. Nous voulons ouvrir
les champs des possibles, voire de l’impossible !
Propos recueillis par Camille Dubruel
N
euf ans. C’est le temps qu’il reste au
monde pour atteindre les 17 Objectifs de
développement durable (ODD). Climat,
inclusion, santé… les défis à relever sont
énormes pour que l’ensemble des populations parvienne
à vivre décemment, d’ici à 2030.
Les ODD, adoptés en 2015 par l’ensemble des Etats
membres des Nations unies, constituent un appel
universel à l’action pour éliminer la pauvreté et
protéger la planète. Et aussi pour améliorer le quotidien
de tous, aux quatre coins du monde, en ouvrant des
perspectives d’avenir. Des progrès ont d’ores et déjà été
réalisés dans de nombreux domaines. Mais, beaucoup
reste à faire, a fortiori dans un contexte marqué par la
crise économique provoquée par le Covid-19.
La pandémie a eu un impact fort sur les économies
mondiales. Et la forte croissance économique, affichée
par certains pays, est impactée par la crise à l’entame
des plans de relance post-Covid.
Bien que relativement épargnée, l’Afrique en subit
aussi les conséquences. Le continent reste celui qui
a le plus de chemin à parcourir pour atteindre ces
objectifs. Omar Ibn Abdillah, Economiste, Expert
consultant auprès de Roland Berger et de plusieurs
organisations internationales et d’Etats, est chargé,
depuis 2015, d’élaborer des stratégies de mise en
œuvre des ODD. Il participe aujourd’hui à leur
évaluation, notamment aux Comores et dans le reste
de l’Afrique.

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 DOSSIER ODD
« De mon point de vue, les ODD seront atteignables à
hauteur de 75% en Afrique, d’ici à 2030. Et ce sera déjà
une réussite », assure-t-il d’emblée. Depuis 2015, la
mise en œuvre des ODD est évaluée chaque année
et les tendances sont révélées par des indicateurs.
« Nous avons fait une priorisation de ces ODD. En
Afrique, il s’agit plutôt de se concentrer sur les
Objectifs qui correspondent au niveau de vie basique,
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L’entrepreneuriat innovant est l’autre secteur qui
connait une évolution rapide, avec un potentiel
impact positif fort. « C’est une nouvelle tendance, si
l’on compare aux décennies passées. Et c’est un point
fort », analyse Omar Ibn Abdillah.
« Mais, des efforts considérables restent à faire, à
d’autres niveaux, notamment en termes d’égalité
sociale, de genre, d’implication des jeunes et de
respect des droits de l’homme, même si ces questions
viennent après celles concernant les niveaux de vie
de base ».
La Tunisie, le pays qui s’en sort le mieux
Si la situation globale n’est pas dramatique, les
écarts restent criants selon les régions et les pays.
Pour y voir plus clair, l’organisation internationale
c’est à dire les ODD 1, 2, 3 et 4, qui sont relatifs à la
pauvreté, la faim, l’éducation et la santé. Ce sont les
besoins réels des communautés. La tendance actuelle,
en termes de développement et de croissance (si l’on
considère les chiffres avant la crise), nous permettra
d’atteindre les ODD de base », note-il. Il précise que,
de façon générale, le niveau de vie augmente sur
le continent avec l’émergence de nouvelles classes
sociales.
DOSSIER ODD
The Sustainable Development Goals Center for
Africa (SDGC/A) publie, chaque année, l’indice
des ODD pour l’Afrique.
Pour 2020, 52 pays africains sont classés sur
la base de 97 indicateurs, pour les 17 objectifs.
Certains Etats font ainsi figure de « bons élèves ».
Sur le continent, la Tunisie arrive en tête du
classement et est à 67% du chemin vers la réalisation
des ODD. Viennent ensuite l’Ile Maurice, le Maroc,
l’Algérie et le Cap Vert. D’autres pays sont bien loin
de la réalisation de ces objectifs, notamment les
États fragiles, qui enregistrent toujours des niveaux
élevés de pauvreté et de conflit sur leurs territoires.
Le Tchad, la République centrafricaine et le Soudan
du Sud ferment le classement des pays africains.
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 DOSSIER ODD
Dans l’ensemble, le score moyen, dans tous les
pays, est de 53,82, ce qui est légèrement supérieur
à la moyenne de 2019. D’autant que 76% des
pays étudiés s’améliorent modérément. Mais,
les chiffres parlent d’eux-mêmes : le continent,
dans son ensemble, n’est qu’à mi-chemin de la
réalisation des ODD.
Même les pays les plusperformants sont encore
à 35% de la réalisation des ODD et leurs scores
n’ont pas beaucoup progressé depuis 2015. Si
une majorité de pays enregistre des améliorations
modérées dans l’ODD 8 (travail décent), le 13
(climat) et le 1 (réduction de la pauvreté), en
revanche, l’ODD 9 (infrastructures) et le 16 (paix,
justice et institutions fortes) ont peu de chances
d’être atteints à la date fixée, car les tendances
stagnent pour les deux-tiers des pays.
D’après le rapport, l’objectif qui est confronté
aux plus grands défis reste l’ODD 3 (santé), avec
87 % des pays pour lesquels des défis majeurs
subsistent.
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« À la lumière de la pandémie du Covid-19, il est
probable que les gains sur l’ODD 1 seront perdus et
que d’autres défis pourront émerger dans des domaines
tels que la santé », est-il précisé dans l’étude.
Le rapport mondial produit par l’ONU en 2020
n’est guère plus encourageant, notamment suite à
la pandémie.
« Les projections de base, avant le Covid-19,
indiquaient que 6 % de la population mondiale
vivrait encore dans l’extrême pauvreté en 2030 et
que la cible d’élimination de la pauvreté ne serait
donc pas atteinte. En supposant que la pandémie
se maintienne aux niveaux actuellement prévus et
que l’activité soit relancée cette année, le taux de
pauvreté devrait atteindre 8,8 % en 2020. Ce serait
la première augmentation de la pauvreté mondiale
depuis 1998, avec un taux proche de celui de 2017.
L’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne devraient
connaître les plus fortes hausses de l’extrême pauvreté
avec, respectivement, 32 millions et 26 millions de
personnes supplémentaires sous le seuil international
de pauvreté à cause de la pandémie ».
Le digital, accélérateur pour l’atteinte
des ODD ?
La crise que nous traversons a mis encore plus
en lumière les situations d’extrême fragilité
de certaines populations et la situation de
pauvreté dans plusieurs pays en développement,
sur le continent africain comme ailleurs. Pour
autant, des initiatives fleurissent pour tenter de
répondre aux défis structurels, démographiques
et environnementaux auxquelles sont confrontées
les populations. Le digital est au cœur de ces
innovations dans de nombreux secteurs.
« Les applications numériques sont déjà à l’avant-
garde de la transformation socio-économique. Elles
renforcent l’efficacité de la production et de la
distribution des biens et des services, en offrant de
nouvelles opportunités de générer des revenus à des
millions de pauvres et en améliorant la connectivité
entre les personnes, les sociétés, les gouvernements et
les organisations », atteste Vera Songwe, Secrétaire
générale de la Communauté économique pour
l’Afrique.
Au moment d’aborder le mouvement de relance
Post-Covid, il nous semble donc propice de nous
interroger sur les opportunités offertes par le
digital pour booster l’atteinte de ces ODD.
« L’avantage du numérique est sa transversalité. C ’est
la solution qui permet d’accéder à tout, explique
Omar Ibn Abdillah. Si l’on considère l’ODD 2, par
exemple, pour lutter contre la faim, nous voyons
exploser les applications de base de e-commerce
et de vente en ligne. Ce sont de nouveaux modèles
économiques, qui évitent des charges de location et
d’employés. Et in fine, nous pourrons constater une
baisse des prix et un accès plus facile à l’alimentation
et à la distribution de nourriture dans des zones
reculées ».
Dans ce dossier, nous avons choisi de nous
concentrer sur cinq secteurs prioritaires, dans
lesquels le digital pourrait réellement changer la
donne.
DOSSIER ODD
Grâce aux FinTech, l’Afrique sera ainsi en mesure
d’accélérer l’inclusion financière des populations
pour contribuer à réduire les inégalités (ODD 10).
Les innovations dans le domaine de la e- santé
doivent, pour leur part, aider les pays du continent
à atteindre l’ODD 3.
L’agritech aura sans aucun doute des impacts
positifs dans l’atteinte des ODD 1 et 2 (lutte contre
la pauvreté et éradication de la faim).
L’édutech permettra, dans un contexte d’explosion
démographique, d’adresser l’ODD 4. Les nouvelles
technologies aideront aussi à développer les
énergies propres (ODD 7), afin de lutter contre le
réchauffement climatique, qui menace l’ensemble
du monde.
De Casablanca à Kinshasa, le digital dans
tous les secteurs
« Le numérique est un accélérateur de développement
vers chaque ODD. Il peut être la solution et il faut
investir dans ce secteur, assure Omar Ibn Abdillah.
Il faut financer l’inclusion numérique à travers le
monde et miser sur l’edutech. Tout ceci est aujourd’hui
dans la logique des partenaires et des bailleurs sur
le continent. Mais, nous ne devons pas oublier les
bases au détriment du numérique et nous devons
continuer à investir dans les infrastructures comme
l’alimentation, l’eau ou la santé. C’est essentiel ».
L’expert recommande d’investir « 60% dans les
services de base et 40% dans l’inclusion financière
et numérique », afin d’accéder à un équilibre
économique, sans sauter les étapes.
Tout comme les Etats et les organisations
internationales, qui investissent de plus en plus
dans l’économie numérique, les populations ont
elles aussi compris l’importance du digital et
la façon dont il pouvait être mis au service des
secteurs prioritaires.
Dans ce dossier, nous découvrirons plusieurs
start-up et entreprises qui ont choisi les nouvelles
technologies pour accélérer le développement en
Afrique, de Casablanca à Dakar, en passant par
Kinshasa ou Abidjan.
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 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

AGRITECH
Un levier stratégique dans la vision africaine
du Maroc
A l’heure où la transformation numérique prend un élan sans précédent dans tous les secteurs
économiques, l’activité agricole n’échappe pas à la tendance. Drones, imageries satellitaires, stations
météo connectées ou systèmes embarqués… L’Agri-tech, une fusion entre le digital et l’agriculture,
propose des solutions en perpétuelle évolution sur toute la chaîne de valeur agricole. Pour un pays
comme le Maroc, dont l’agriculture assure le développement du royaume et de ses relations avec le
reste du continent, ces technologies constituent un pilier essentiel pour l’essor de l’économie et de
la société.
Zakaria Gallouch

A
u Maroc, l’agriculture
constitue un pilier
indéniable de la vie
économique et sociale. Dans
le royaume, son taux de croissance
demeure fortement corrélé à celui de
la production agricole Le secteur est le
premier pourvoyeur d’emplois du pays,
avec près de 40% de parts en termes
Même si le taux de pénétration internet reste croissance du secteur s’annonce exponentielle d’emploi au niveau national et environ
très faible sur le continent, dans plusieurs pays et pourra définitivement contribuer à un 74% en milieu rural.
africains, l’économie numérique devient l'un des développement durable et une croissance inclusive.
L’agriculture fait l’objet d’un chantier
moteurs de la croissance, représentant plus de 5% Mais, tous les acteurs de l’écosystème, privés
national, dont le développement
du PIB. comme publics, ne doivent pas perdre de vue que
s’entame dans le cadre du Plan Maroc
l’innovation numérique doit rester au service des
Le digital en Afrique n’en est qu’à ses débuts. La Vert (PMV), mis en place en 2008.
populations.
La stratégie gouvernementale vise à
augmenter la part du secteur dans le
PIB national et à en faire un levier de
Chiffres clés
rayonnement continental et mondial.
17 Objectifs de développement durables à atteindre d’ici à 2030 Dix ans après le lancement de ce plan,
le Roi Mohamed VI a fixé, dans son
Le taux de pauvreté dans le monde atteint 8,8 % en 2020
discours de septembre 2018, trois
9 personnes sur 10 dans l’extrême pauvreté sont en Afrique grandes priorités pour les années
qui suivent : la jeunesse, l’emploi et
En 2020 , les pays africains ont atteint les ODD à hauteur de 53,82% l’émergence d’une classe moyenne
rurale. L’objectif est de répondre à un
La Tunisie est à 67% du chemin vers l’atteinte des ODD développement social et territorial plus
Dans 87% des pays africains, la santé reste un défi majeur inclusif dans le pays.

L’ambition de la monarchie chérifienne

est de créer plus de richesses en

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 DOSSIER ODD
zones rurales, de booster la culture entrepreneuriale
des agriculteurs et des artisans, et d’attirer des
investissements dans ces territoires en sous-
développement. Des enjeux de taille, qui mettent
l’innovation au centre de la stratégie de développement
de ce secteur vital. Ils consistent à combiner l’agriculture
et la technologie pour développer des solutions durables,
qui couvriraient tous les maillons de la chaîne de valeur
agricole. Drones, imageries satellitaires, stations météo
connectées ou systèmes embarqués…
Le Plan Maroc vert a consacré une bonne part des
mesures d’accompagnement à l’équipement des
exploitations pour que les services digitaux tirent le
meilleur de ces technologies, de sorte à intensifier
durablement la productivité. Ce levier est important
pour le Maroc. Il lui permet de consolider sa position
sur la carte agricole africaine et mondiale, à travers des
procédés agricoles plus efficaces, plus performants et
plus écologiques.
OCP, vecteur de l’ancrage africain
La vision stratégique du Maroc repose sur l’Office
chérifien des phosphates (OCP), qui est un véritable
champion national et l’acteur mondial historique des
solutions de fertilisation des sols.
Le groupe détient exclusivement plus de 70% des
réserves mondiales de phosphate. Cet agent stratégique
sert la vision agricole du Royaume tant au plan du
développement socio-économique du Maroc, que pour
la promotion des activités à l’export.
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En Afrique, la filiale OCP Africa a développé un réseau
diversifié de partenaires - gouvernements, ONGs
et entreprises - dans 18 pays, à travers 12 filiales et
compte 17 nationalités différentes. Cette structure
multiculturelle travaille sur des solutions adaptées
aux conditions locales et aux besoins des différentes
cultures sur le continent.
Le groupe se développe dans le cadre d’une vision
transverse, laquelle vise à consolider un écosystème
national et continental favorable à l’innovation dans les
métiers agricoles. A son actif, le projet de l’université
Mohamed VI polytechnique, lancé par la Fondation OCP,
pour relever les défis de la recherche, de l’innovation et
de la formation au Maroc, et plus largement en Afrique.
Son intérêt se porte sur diverses thématiques telles
que la sécurité alimentaire, le développement durable,
l’industrialisation, la mine digitale, les sciences
humaines…
Université UM6P : espace d’innovation
de classe mondiale
A proximité immédiate de la ville de Marrakech,
l’université UM6P, située à Benguerir, compte, parmi
ses centres de formation, le Laboratoire d’Innovation
et d’Entrepreneuriat (I&E Lab), ainsi que l’École
d’agriculture de fertilisation et des Sciences de
l’environnement (ESAFE).
L’université participe au projet AgriEngage, au sein du
consortium d’universités africaines et européennes.
L’ambition est de renforcer la capacité des
établissements d’enseignement supérieur à proposer
des programmes de formation liés à l’entrepreneuriat
agricole et à l’engagement communautaire en Afrique
de l’Est, de l’Ouest et du Nord.
African Supercomputing Center :
supercalculateur le plus puissant d’Afrique
L’université a inauguré, en avril, son Data Center avec le
plus puissant supercalculateur en Afrique. La capacité
de l’African Supercomputing Center, qui s’établit
à 3 millions de milliards d’opérations par seconde,
élargit les horizons de la recherche scientifique et de
l’innovation pour l’UM6P, le Maroc et l’Afrique.
De nouveaux projets de modélisation, innovants et
majeurs, peuvent éclore dans des domaines aussi
vastes et variés que le génome des plantes africaines
à protéger ou les données satellitaires, pour optimiser
la valorisation et la gestion des terres agricoles. Ou
encore les données météorologiques, pour intégrer
plus efficacement les énergies renouvelables dans les
réseaux électriques.
Programme Impulse : accélération
et financement d’Agritech
S’agissant de d’accélération des start-up, l’université a
DOSSIER ODD
lancé, en 2019, le programme Impulse. Il a été développé
avec le soutien du groupe OCP et de sa filiale OCP
Africa, en partenariat avec l’accélérateur international
MassChallenge. Le programme a été conçu pour répondre
à trois objectifs : renforcer les capacités d’innovation
du groupe OCP dans les domaines liés à sa chaîne de
valeur ; soutenir l’écosystème d’entrepreneuriat et
d’innovation et apporter des solutions aux fermiers et
aux petits exploitants agricoles en Afrique.
Le programme a enregistré plus de 350 candidatures
provenant d’une quarantaine de pays. Sur le nombre,
16 start-up ont été retenues pour prendre part au
programme d’accélération. Les lauréats ont bénéficié
d’un soutien financier de 10 000 à 50 000 dollars, pour
les aider à développer leurs entreprises et à surmonter
l’impact du Covid-19.
En dépit des enjeux environnementaux, technologiques
et organisationnels de taille auxquels le Maroc fait
face, le dynamisme de l’Agritech reflète, une fois de
plus, l’engagement du royaume pour la digitalisation
des secteurs stratégiques de son économie. Et à la clé,
l’ambition d’être le hub économique et technologique
africain. Un rêve africain Sud-Sud, qui fait partie
intégrante du modèle de développement durable du
Maroc.
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 DOSSIER ODD
CACAO IVOIRIEN
A quoi ressemblera l’avenir à l’ère du digital ?
En intégrant davantage de technologies numériques pour soutenir la production et les chaînes
d’approvisionnement durables, la certification du cacao ivoirien poursuit sa progression.
Utilisation d’un drone dans le cadre d’une inspection interne à Necaayo
N
ecaayo est un groupe de producteurs de
cacao de Soubré, une région forestière
équatoriale dont les cours d’eau se jettent
dans le fleuve Sassandra, au sud-ouest de la
Côte d’Ivoire. Ses 1017 membres sont regroupés en 12
sections, au sein d’une coopérative qui exploite 3984,26
hectares de zone de production cacaoyère.
Autrefois, pour inspecter une exploitation agricole, les
informations étaient collectées avec des formulaires
papier. Figuraient les membres du ménage de l’exploitant
(hommes, femmes, enfants), le nom de la parcelle,
son emplacement, sa superficie, sa productivité, ainsi
que les informations sur la conformité aux exigences
de la certification. Tout le travail d’audit était basé
sur une inspection visuelle, sur les vérifications de la
documentation et sur des entretiens. Dans certains cas,
les données collectées manuellement étaient reportées
sur une feuille de calcul Excel. Et seules les données
les plus importantes pour Rainforest Alliance étaient
analysées et examinées.
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Anselme Akeko
Les inspections internes étaient effectuées une fois par
an et ce processus aboutissait à l’archivage de grandes
quantités de papier entassées dans les bureaux de la
coopérative.
Collecte numérisée
Depuis 2016, la collecte d’informations s’est numérisée.
Dans le cadre du programme First Mile, les données
sont collectées avec des Smartphones. Elles sont
combinées à d’autres bases de données (notamment
géospatiales) et leur utilisation permet de réaliser un
audit à distance, au cours duquel tous les aspects de
l’exploitation agricole - cours d’eau, limites du champ,
arbres tombés… – sont présentés par vidéoprojecteur.
L’auditeur peut savoir si un champ est trop proche de
la frontière d’un parc national ou si la déforestation
peut se produire. « Depuis la salle, l’auditeur a un œil
sur toute la plantation. Le système de mapping fournit
une cartographie personnalisée de la structure. L’analyse
permet d’identifier, à travers des points rouges, les zones en
Profilage, à l’aide d’un Smartphone, des membres du ménage d’un producteur agricole de la coopérative Necaayo
non-conformité avec les exigences du standard Rainforest
Alliance. Cela nous facilite la tâche », explique Jean-Marc
Gouda, ex-responsable certification et durabilité de la
coopérative Necaayo-COOP-CA, aujourd’hui employé
de Rainforest Alliance. En un clic, il a accès à toutes les
données sur une plantation, alors que par le passé, il
fallait chercher dans un tas de papiers pour retrouver
des dossiers utiles. « A présent, avec mon téléphone, j’ai
toutes ces informations avec moi. »
Ces données peuvent ensuite être utilisées pour
fournir des conseils ou une formation plus ciblée sur le
terrain et la coopérative peut ainsi s’améliorer sur les
questions de durabilité. Elles permettent, par exemple,
de conseiller les agriculteurs dans leurs choix. Comme
celui d’investir dans certains types d’engrais dans une
zone à faible productivité à cause de la dégradation
des sols. Ou d’émettre des avertissements si certains
ravageurs ou des maladies sont susceptibles de se
déclarer dans une zone de production.
Grâce aux données indirectes collectées, on peut
identifier les zones où le travail des enfants est à plus
haut risque. Ce type de cartographie des risques pourrait
aider les entreprises à identifier les fournisseurs
potentiels qui utilisent le travail forcé et permettre
d’aborder le problème avec eux. Des informations
détaillées sur les performances peuvent également être
collectées et être utilisées pour améliorer l’efficacité et
la précision des audits externes.
DOSSIER ODD
Les défis du « First Mile »
En Côte d’Ivoire, Soubré est l’une des plus grandes
régions productrices de cacao. Le pays est le premier
producteur mondial de cette matière première, avec
plus de 2 millions de tonnes de fèves en 2020, soit
plus de 40% du marché. Cependant, les pratiques
agricoles de la cacaoculture appellent de nombreux
commentaires. Déforestation, travail des enfants,
changement climatique… Tels sont les principaux défis
auxquels sont confrontés les producteurs individuels et
la coopérative. Ceux-là même qui composent la première
partie de la chaîne d’approvisionnement agricole, que
Rainforest Alliance appelle le « First Mile ». Et qui a donné
son nom au programme d’innovation. Le projet First
Mile, créé en 2016, prône un système de certification
beaucoup plus technologique et qui repose davantage
sur des approches numériques de collecte de données,
en collaboration avec des groupes de producteurs.
« C'est un programme dans lequel nous explorons à quoi
pourrait ressembler, à l'avenir, la certification et où nous
testons et essayons quelque chose qui, selon nous, a un
fort potentiel dans le domaine. Il s'agit essentiellement de
données », commente Henk Van Rikxoort, Responsable
du renseignement agricole à Rainforest Alliance. Selon
lui, l’organisation de la certification veut faire évoluer
son processus car de nombreux flux d’informations
manquent toujours d’efficacité.
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Juillet - Août - Septembre 2021​​N° 70 www.cio-mag.com
 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

« Dans plus de cinq ans, déclare Henk, nous serons en

mesure d’appliquer cette nouvelle technologie en parallèle
du système de certification et également aux applications
ÉTHIOPIE
agricoles. » Le digital au service de l’agriculture et des emplois
A l’avenir, Rainforest Alliance devra trouver comment
utiliser intelligemment ces informations pour offrir plus En Ethiopie, le numérique commence à être intégré dans les secteurs les plus prisés du pays. Mais,
de valeur à ses partenaires. Les leçons tirées des années les entrepreneurs locaux estiment que l’apport digital ne comble pas encore les besoins et qu’il
d’expérience de travail, avec des groupes de producteurs faudra attendre quelques années avant de voir des changements. Aurore Bonny
et des partenaires, dans le cadre du programme First
Mile, ont permis de lancer une nouvelle application. Il
s’agit de l’application Farm Intelligence exécutée lors du
programme de certification 2020. Elle est disponible en
version mobile et en version web.

La version mobile est conçue pour les inspections

internes sur le terrain et la version web a pour vocation
d’aider les gestionnaires des groupes d’exploitations
agricoles dans leur administration.

Calcul de la superficie dans un champ de cacao

exploité par la coopérative Necaayo

Le temps de collecte des données est élevé et la qualité

des données n’est pas toujours très bonne.
Efficacité et durabilité
A l’instar de la Côte d’Ivoire, les équipes de Rainforest
Alliance – parmi lesquelles figurent des experts en
télédétection et en géospatiale - ont pu exécuter le
projet First Mile dans neuf pays africains. Elles se
servent de plusieurs outils numériques simples, tels que
des applications mobiles utilisables hors ligne, dans des
zones reculées.
Les avantages de ces applications vont finalement
s’étendre à toute la chaîne d’approvisionnement.
L’objectif est d’améliorer la prestation de services
pour les petits exploitants, de générer un financement
institutionnel et de lier plus fortement la certification
aux programmes paysagers et communautaires.
Inspection interne d’une plantation
avec plan d’actions
F
arm Africa est une organisation caritative
innovante, qui réduit la pauvreté en libérant
les capacités des agriculteurs africains, de
sorte à accroitre leurs revenus d’une manière
écologiquement durable. De leur point de vue, l’Ethiopie
compte environ 80 à 85% de citoyens engagés dans
l’agriculture et principalement dans l’agriculture de
subsistance et pluviale.
« L’agriculture reste la principale source de revenus pour de
nombreuses personnes, mais environ 35% de la population
n’ont pas assez d’aliments nutritifs à consommer »,
rapporte l’organisation. Ce paradoxe est révélateur des
difficultés dans le secteur. Plusieurs études évoquent
la sècheresse, le manque de formation et d’accès aux
marchés, l’absence d’équipements et bien d’autres
difficultés. Et plusieurs entreprises essaient de les
résoudre avec le numérique. «  L’actuel gouvernement
éthiopien accorde plus d’attention aux TIC et c’est un bon
début », estime Jermia Bayisa, un jeune entrepreneur
du secteur de l’agriculture numérique. Il a fondé Debo
Engineering , la première start-up Agritech basée sur
des technologies émergentes telles que l’intelligence
artificielle, l’apprentissage automatique, l’internet des
objets (IOT) et plus encore.
Cette jeune pousse offre un service d’application web et
mobile de détection précoce, de suivi et de prévention
des maladies des végétaux. Elle développe également
des drones, qui dépistent les maladies des végétaux
dans les grandes exploitations agricoles. La solution
détient plus de 71 000 photos dans sa base de données
et ses fonctionnalités sont accessibles dans quatre
langues locales.

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 DOSSIER ODD
Les malentendants peuvent également y avoir accès
grâce à une assistance vocale. «  Depuis sa création,
en 2019, Debo Engineering a réalisé une transformation
spectaculaire en Éthiopie et au-delà », a déclaré son co-
fondateur. Cette entreprise, qu’il a cofondée avec
Boaz Berhanu, a reçu de multiples reconnaissances
et des prix à l’échelle nationale et internationale. Son
service numérique a notamment remporté le prix de
l’innovation verte et l’Agritech Slam 2019 d’Ethiopie.
Le choix communautaire du MEST Africa Challenge
2020 lui est également revenu, tout comme le Coffee
Innovation Fund 2021. Debo Engineering a également
été sélectionné comme «  le meilleur et le plus innovant
numérique » du pays, lors du Worlds Summit Award,
cette année. Le travail effectué par le duo d’ingénieurs
a aussi bénéficié de la reconnaissance des autorités
locales.
Sur le terrain, la start-up a sensibilisé et éduqué les
communautés éthiopiennes sur les technologies
émergentes et leur apport dans le secteur agricole. Elle
se déploie également dans le domaine de la santé. Jermia
Bayisa considère que tous ces secteurs sont prioritaires.
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Juillet - Août - Septembre 2021 ​​N° 70 www.cio-mag.com
En collaboration avec le Centre de recherche sur les
maladies infectieuses tropicales de l’Université de
Jimma, Debo Engineering a développé un système de
surveillance et de contrôle des vecteurs du paludisme,
basé sur l’IA. Il sera lancé en septembre prochain.
« En ce qui concerne le Coronavirus, nous avons aussi
développé un test automatique du Covid-19, basé sur
l’intelligence artificielle et l’apprentissage profond, à partir
d’une image de scanner. Il a été sélectionné lors du premier
sommet national de recherche sur le Covid-19. Nous
travaillons également avec l’hôpital général de Jimma sur
la prédiction du virus, le système expert et la modélisation
mathématique de la propagation du virus dans le sud-ouest
de l’Ethiopie », a indiqué le promoteur à CIO Mag.
Obstacle du financement
Jermia Bayisa confirme que ceux qui les ont rencontrés
ont apprécié leur idée, ainsi que leur approche pour
résoudre les problèmes agricoles les plus difficiles.
«  Au début, certains de nos clients ne croyaient pas que
nos services étaient réels car il n’y avait jamais rien eu de
tel précédemment. Ils nous ont alors mis au défi ». Un défi
que le duo a pu relever, comme le confirme Iceaddis, le
premier centre d’innovation et incubateur de start-up
technologiques d’Éthiopie, qui les a rejoints au cours de
cette année. Ce succès n’a néanmoins pas été obtenu
sans peine. L’entrepreneur confie que la start-up a
manqué de financement pour développer les stratégies
techniques et commerciales.
« Comme nous travaillons principalement sur des
technologies émergentes, il faut les comprendre, les
adopter, les concevoir et les développer. Et il faut aussi des
infrastructures comme des ordinateurs à haute performance,
que nous ne pouvons pas nous permettre d’acquérir.
L’IA, le Big Data et le Data Mining sont des technologies
émergentes sur lesquelles Debo Engineering travaille. Elles
nécessitent des données qui sont très coûteuses à collecter
et à organiser ».
Il ajoute que les données collectées par les organisations
gouvernementales ne sont pas publiques. Et quand
elles le sont, elles ne sont, la plupart du temps, pas
structurées, ce qui est un autre casse-tête.
D’autres entrepreneurs franchissent néanmoins le pas.
C’est le cas d’Awesome Africa.
DOSSIER ODD
Cette solution de permaculture est développée par la
jeune entrepreneure Mearaf Tadewos. L’application
permet de former les agriculteurs et les producteurs,
tout en les aidant à obtenir des rendements et en
augmentant leurs revenus. Avec Mesafint Alebel
Technology Manufacturing , les déchets électroniques
permettent de combiner l’énergie solaire à la technologie
d’irrigation automatisée, pour puiser les eaux utiles à
l’irrigation des petites exploitations agricoles.
GebeyaNet Technologies a également développé une
plateforme web et mobile. L’entreprise de Cristian
Tesfaye connecte les agriculteurs, les acheteurs et les
transporteurs. Ce modèle populaire est mis en place par
de nombreuses start-up en Ethiopie. Pour toutes ces
jeunes pousses, le numérique est une solution.
« L'écosystème de l'e-agriculture n'est toujours pas à la hauteur
des besoins d’une communauté dont plus de 80% base sa vie
sur l’agriculture », regrette Jermia Bayisa. «  Nous croyons
que l’agriculture pour l’Afrique est vitale et même si nous
pouvons dégager plus de bénéfices avec d’autres secteurs,
nous travaillons dur pour rendre l’agriculture intelligente
et pour que les conditions d’existence de notre communauté
31
Juillet - Août - Septembre 2021​​N° 70 www.cio-mag.com
 DOSSIER ODD
soient plus intelligentes, plus simples,
plus efficaces et effectives  ». Il pense
que le numérique facilite le travail
quotidien des agriculteurs et
qu’il leur permet d’utiliser leurs
ressources de manière efficace
et efficiente. Il leur fournit des
informations rapides et pertinentes
et augmente leur productivité.
«  Notre service innovant de détection
précoce, de suivi et de prévention
des maladies des végétaux intervient
avant une baisse de productivité
ou de contamination des cultures.
Les résultats sont communiqués en
temps utile à la personne concernée
et des contre-mesures appropriées
sont recommandées pour gérer ces
maladies ». L’Ethiopie a, de son
point de vue, encore besoin «  d’un
environnement d’investissement plus
propice afin que les start-up et les
entrepreneurs disposent du capital
nécessaire pour développer leurs
activités ».
Un capital humain à exploiter
Pour l’informaticien Amadou
Daffe, l’un des plus grands
obstacles auxquels les start-up
sont confrontées est le manque de
capitaux pour financer leurs idées.
Le but de ce chasseur de talents
en Ethiopie, qui se dit passionné
d’Afrique et de technologie, est de
faire sa part pour que le continent
soit plus compétitif au niveau
mondial. Comment ? En tirant parti
de l’effet de vitesse dans l’adoption
de la technologie. Il a cofondé
Gebeya, une start-up panafricaine
alimentée par les talents du
numérique et supportée par une
équipe d’expert africains.
« Nous constituons la meilleure
réserve de talents absolus en Afrique.
32
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Elle est dotée des compétences, de
l'état d'esprit, de l'attitude et de
l'intégrité appropriés. En retour, nous
donnons aux entreprises les moyens
de fournir les meilleurs services et
produits à leurs clients. Nous offrons
des opportunités d'emploi à des
centaines de personnes en Éthiopie et
en Afrique », a-t-il expliqué. Gebeya
aide les indépendants à décrocher
des projets lucratifs. Et les start-up
et les entrepreneurs à trouver et à
être mis en relation avec les bons
talents, à des tarifs compétitifs.
Amadou Daffe considère que le
plus grand atout pour l’avenir de
l’Afrique est son capital humain.
En exploitant cet atout et en le
faisant travailler dans un monde
numérique en constante évolution,
le continent peut être «  plus brillant,
plus fort et plus respecté ».
Et en Ethiopie, ce potentiel
numérique se déploie davantage
dans les secteurs de l’éducation,
de l’énergie, dans les services
financiers, l’aviation et la téléphonie
mobile.
« La pandémie du Covid-19 a
pratiquement tout accéléré en
Éthiopie. Par exemple, le secteur de
l’éducation a dû très rapidement
accélérer ses activités et trouver un
moyen de continuer à fournir des
services à des millions d’étudiants. De
même, la nécessité d’aller rapidement
vers une société sans argent liquide
a accéléré la création de Telebirr
(argent mobile). Tous les secteurs
doivent réévaluer leur façon de faire
des affaires en utilisant le numérique
comme moteur », a-t-il confié à
CIO Mag. D’après lui, les start-
up commencent tout juste à être
considérées comme des véhicules
de développement économique.
Et malgré cela, le développement
numérique s’effectue de manière
fulgurante et en temps réel dans le
pays.
« Certains programmes commencent
à relever les défis de l’agriculture
en s’appuyant sur la technologie
numérique. Nous devons attendre
encore quelques années avant de voir
des transformations dans le secteur ».
Le cofondateur de Gebeya réfère à
de nombreuses start-up, qui, en plus
de solutionner les problèmes des
communautés, offrent des emplois
aux Ethiopiens.
«  Des start-up telles que Ride, le Uber
éthiopien, ont créé 35 000 emplois
en 3 ans. Ces chauffeurs gagnent des
revenus nettement supérieurs à ceux
des autres secteurs d’activités du pays,
soit en moyenne jusqu’à 1 000 ETB
par jour, ce qui équivaut à peu près
à 30 dollars ». Pour Amadou Daff,
l’industrie du transport a connu
d’énormes améliorations grâce aux
dizaines d’entreprises Ride, qui
ont été créées, il y a moins d’un an.
Dans d’autres secteurs, des start-
up comme Gebeya et Taskmobi ont
également contribué de manière
significative à la création d’emplois
pour les travailleurs indépendants
en Éthiopie.
Au cours des deux dernières années,
plus de 100 start-up ont été créés.
L’informaticien est convaincu que
chacune d’entre elles créera des
opportunités d’emplois directs et
indirects. Et assurera la prospérité à
ses fondateurs, dans un pays où le
salaire moyen d’un chirurgien est
de 50 000 ETB, ce qui équivaut à
environ 1 000 dollars par mois.
DOSSIER ODD
ODD
« L'Afrique a une opportunité de mieux progresser
grâce au numérique »
La Commission économique pour l’Afrique (CEA), qui fait partie intégrante du paysage institutionnel
régional d’Afrique, a valeur d’organisme régional des Nations-Unies. A ce titre, elle produit des
statistiques actualisées et utiles pour la formulation de politiques visant à la transformation de
l’Afrique. Mais, comment contribue-t-elle à l’atteinte des Objectifs de développement durable
(ODD) sur le continent ? La réponse dans cette interview de Vera Songwe, Secrétaire exécutive de
la CEA.
CIO Mag : Selon le dernier rapport sur
les Objectifs de développement durable
2020, le continent africain est loin d’avoir
adressé les ODD et il semble peu probable
que l’on y arrive d’ici à 2030. Comment
rester optimiste malgré tout ? Quels sont
les ODD qui ont le plus de chances d’être
atteints à échéance ?
Vera Songwe : En 2020, en ce qui concerne la
progression de la mise œuvre des ODD, dans
l’ensemble des pays africains, les tendances les
plus fréquemment observées ont été la stagnation
ou une amélioration modérée.
La seule exception est l’ODD 13, sur l’action
climatique, un objectif pour lequel la majorité
des pays africains est sur la bonne voie. Sur
les 169 cibles des ODD, l’Afrique n’en réalisera
probablement que 9, au rythme actuel de
progression.
Le Covid-19 risque aussi de compromettre les
avancées. La pandémie devrait plonger 60 millions
d’Africains supplémentaires dans la pauvreté et
l’insécurité alimentaire devrait presque doubler.
L’activité économique a ralenti de 2 à 5,4 % en 2020
et le déficit budgétaire total de l’Afrique a presque
doublé, passant de 4,7 % du PIB en 2019 à 8,7 % en
2020. Le continent est également l’une des régions
Vera Songwe les plus touchées par le changement climatique.
Pour les réponses climatiques, il dépense plus de
Secrétaire exécutive de la Commission économique pour
5 %, en moyenne, de son Produit intérieur brut,
l'Afrique.
lequel s’élève à 335 milliards de dollars par an.
33
Juillet - Août - Septembre 2021​​N° 70 www.cio-mag.com
 DOSSIER ODD
L’Afrique a cependant une opportunité
pour mieux progresser grâce au numérique.
Le Covid-19 a accéléré la numérisation
sur le continent. Pour preuve, 61% d’un
échantillon d’entreprises interrogées
lors d’une enquête menée par la CEA, en
2020, ont signalé une augmentation de
leurs ventes en ligne, depuis le début du
Covid-19. Dans une autre enquête de la
CEA, 75% des entreprises du secteur des
Vera Songwe
biens et 61% des micro-entreprises ont
Secrétaire exécutive
identifié la vente en ligne comme une
de la Commission
nouvelle opportunité majeure en réaction
économique pour
à la crise.
l'Afrique
Quel est le rôle de la CEA pour aider
à l’atteinte des ODD ? Agit-elle dans
I N T E RV I EW
certains domaines en particulier ?
V. S : L’un des domaines où la CEA a joué
un rôle important est le renforcement des
capacités des États membres pour aligner
leurs plans de développement nationaux
sur les ODD et sur les objectifs de l’Agenda
2063 de l’Union africaine. Ce soutien
est fourni à travers le déploiement de la
boîte  à  outils  de  planification intégrée  et
de l’établissement de rapports de la CEA.
C’est un logiciel financé par la Commission
économique pour l’Afrique.
Il est développé pour répondre aux
besoins des pays africains. Il s’agit, pour
ces derniers, d’adopter simultanément le
Programme de développement durable,
à l’horizon 2030 et l’Agenda 2063. Et
ensuite de les intégrer dans leurs plans
de développement nationaux et d’être
en mesure de rendre compte des progrès
accomplis de manière harmonisée.
La CEA, avec la Commission de l’Union
africaine (CUA) et le reste du système
des Nations-Unies, organisent par
ailleurs le Forum régional africain sur le
développement durable.
Le dernier, en mars 2021, a cherché
à identifier et à articuler des options
politiques, ainsi que d’autres mesures
34
Juillet - Août - Septembre 2021 ​​N° 70 www.cio-mag.com
pour assurer une reprise verte et inclusive
après la  pandémie du Covid-19. Et, dans
le même temps, pour accélérer la mise en
œuvre intégrée du Programme 2030 et de
l’Agenda 2063.
La CEA a également lancé l’Initiative
ODD7. Le but est de mobiliser des
investissements pour le développement
des infrastructures énergétiques de sorte à
combler le large déficit énergétique de la
région. Au total, 53 actions d’accélération
des ODD en Afrique ont été publiées, en
décembre 2020. La majorité d’entre elles
aborde plusieurs ODD en tirant parti des
interconnexions, tandis que 15% des
initiatives se concentrent sur un ODD.
Sur les 53 actions enregistrées, l’ODD 1 a
mobilisé le plus grand nombre, suivi des
ODD 4, 13, 17, 2 et 5. L’Afrique de l’Ouest a
enregistré le plus grand nombre d’actions
d’accélération en fonction de la situation
géographique (29%), suivie de l’Afrique
de l’Est (25%), de l’Afrique australe (21%),
de l’Afrique du Nord (19%) et de l’Afrique
centrale (6%).
La FinTech est-elle un véritable
levier pour favoriser l’inclusion
financière des populations ?
V. S : Les Petites et moyennes entreprises
(PME) africaines considèrent l’accès au
financement comme leur principal défi,
ce qui a également des implications
sur l’égalité des sexes. En effet, les PME
appartenant à des femmes sont encore
plus limitées dans l’accès au crédit. Et
on estime que 90% des petits exploitants
agricoles en Afrique n’ont pas accès au
crédit formel des institutions financières.
La FinTech peut aider à surmonter les
obstacles à l’information et à stimuler
la concurrence. Elle peut également
améliorer le volume de données de sorte à
étendre les prêts et les options financières
aux personnes et aux entreprises qui n’ont
pas accès au financement.
Si l’on prend en compte la
question démographique
sur le continent et le besoin
de fournir une éducation
de qualité à des millions de
jeunes, l’Edutech est-elle la
solution ?
V. S : L’Edutech est une solution,
mais il doit s’attaquer de front aux
spécificités du marché africain.
Notamment en tenant compte
du fait qu’environ 800  millions
de personnes, en Afrique, n’ont
pas accès à Internet et que dans
de nombreux pays, Internet reste
cher. Le système éducatif doit
préparer les jeunes aux métiers de
l’économie numérique. L’Afrique
doit dépasser le stade de simple
consommateur pour devenir un
créateur de valeur numérique
compétitif. Dans ce contexte, les
compétences sont fondamentales
et un support d’apprentissage plus
avancé est nécessaire pour créer des
compétences capables de gérer la
conception et le développement de
produits numériques.
La crise du Covid-19 a- t-
elle permis d’accélérer
le processus en ce qui
concerne le développement
de l’E- santé ? Les efforts
enregistrés vont-ils se
poursuivre au-delà
de la crise ?
V. S : De manière générale, le
Covid-19 a mis en évidence les
faiblesses des infrastructures de
santé en Afrique. Dans la plupart
des pays, nous avons, en moyenne,
seulement un hôpital pour un
million de personnes et un médecin
pour 10 000 personnes. Au niveau
panafricain, la Plateforme africaine
de fournitures médicales a créé un
véhicule qui permet aux pays du
continent de regrouper leurs achats
pour garantir un accès équitable
aux équipements de santé liés au
Covid-19, tels que les équipements
de protection individuelle (EPI).
Quant à la santé électronique, elle
n’en est qu’à ses balbutiements en
Afrique, mais elle s’est développée
avec quelques points positifs. Pour
l’heure, seuls 40% des Africains ont
accès à une pièce d’identité officielle.
L’identification numérique peut
aider à débloquer l’utilisation des
données de santé pour améliorer les
prestations.
Comment l’Agritech peut-
elle aider à adresser les ODD
1 et 2 en Afrique ? Est-ce
que certains pays font figure
d’exemples dans ce domaine ?
V. S : En Afrique, plus de 70%
de la population dépendent de
l’agriculture pour leur subsistance.
L’Agritech peut aider à réduire la
perte de moyens de subsistance
et à soutenir la transformation
économique inclusive. L’adoption
de l’Agritech en Afrique dépend de
trois éléments :
le coût des produits ou des actifs
agro-technologiques,
la complexité des informations et
des connaissances intégrées,
les capacités tel que le niveau
de compétence requis par un
utilisateur pour apprendre à utiliser
l’Agritech.
En 2019, une étude du Centre
technique de coopération agricole
et rurale a été réalisée à partir d’un
échantillon de 50 points de données
d’études d’impact. Et il a été constaté
que les solutions de technologie
numérique augmentaient les
rendements agricoles moyens
d’environ 20% grâce aux services de
Juillet - Août - Septembre 2021​​N° 70 www.cio-mag.com
DOSSIER ODD
conseil, 70% par rapport au marché
des services de liaison et 40% des
services financiers numériques.
Elles peuvent également contribuer
à la résilience climatique, en
concevant et diffusant mieux les
produits d’assurance-récolte et en
améliorant les rendements.
L’Afrique est-elle sur la bonne
voie en ce qui concerne l’accès
aux énergies propres ?
V. S : L’Afrique a un potentiel
considérable pour l’énergie
propre. Le potentiel des énergies
renouvelables, sur le continent,
est estimé à 350GW pour
l’hydroélectrique, 110GW pour
l’éolien, 15GW pour la géothermie
et 1 000GW pour le solaire. Soit 8,8
fois la capacité de production totale
de l’Afrique installée en 2016.
Le mix énergétique africain évolue
progressivement des centrales
hydroélectriques et thermiques
traditionnelles vers de nouvelles
solutions, notamment éoliennes et
solaires. Les prévisions de l’Agence
internationale pour les énergies
renouvelables indiquent que
l’Afrique pourrait couvrir jusqu’à
67% de ses besoins énergétiques
d’ici à 2030.
Les moteurs de l'énergie propre,
en Afrique, comprennent le
développement à grande échelle de
panneaux solaires photovoltaïques.
Des pays tels que le Maroc, le
Kenya, le Sénégal et la Zambie
ont abouti à produire certains des
meilleurs tarifs de l’énergie solaire
photovoltaïque au monde.
Propos recueillis par Camille
Dubruelh et Michaël Tchokpodo
35
 DOSSIER ODD
SÉNÉGAL
Des solutions pour la numérisation des salaires
Inclusion numérique, sécurité des transactions, amélioration des conditions de vie et de travail des
travailleurs… Face aux avantages qu’il présente, le e-paiement des salaires pourrait progressivement
concerner tous les secteurs d’activités au Sénégal.
D
ans un contexte marqué par la relance
économique post-Covid-19, la Banque
mondiale, l’Alliance Better Than Cash et
l’Agence nationale de la statistique et de la
démographie (ANSD) du Sénégal ont publié, en avril,
le rapport «  Numérisation du paiement des travailleurs
pour la relance économique et le travail décent  : exemple
du Sénégal. » Selon cette étude, les coûts de gestion du
paiement des salaires en espèces représentent entre 2
et 7% de la masse salariale totale. En 2018, moins de
20% des salaires ont été payés par voie électronique.
Et pourtant, selon les conclusions du rapport, la
numérisation de 50% des paiements des travailleurs du
privé protègerait les plus précaires et injecterait, chaque
année, 45 milliards FCFA additionnels (82,4 millions
USD) à l’économie sénégalaise.
«  Des preuves rigoureuses confirment que les paiements
numériques améliorent plus de dix Objectifs du
développement durable. Parmi ces ODD, la réduction de
la pauvreté, l’autonomisation des femmes, mais aussi le
36
Juillet - Août - Septembre 2021 ​​N° 70 www.cio-mag.com
Michaël Tchokpodo
travail décent et la croissance économique », confirme
Macky Sall, Président de la République du Sénégal.
Les enquêtes ont permis de questionner différentes
sources. D’un côté, 17% des grandes entreprises
interrogées ont reconnu un problème d’insécurité lié
à la manipulation de l’argent liquide. Et 58% de celles
qui ont adopté le digital affirment avoir non seulement
atteint leurs objectifs de transparence et de sécurité,
mais elles estiment avoir gagné en productivité et
optimisé leurs coûts opérationnels.
Par ailleurs, 82% des travailleurs confient être plus en
sécurité parce qu’ils ne transportent plus de cash et
57% notent un accès plus facile aux services bancaires
grâce à la numérisation de leurs salaires. Autre aspect
important : 77% des travailleurs interrogés ont déclaré
être prêts à recevoir leurs paiements par voie numérique
s’ils étaient associés à la Couverture maladie
universelle. Or, au Sénégal, 96,4% des travailleurs actifs
occupent un emploi informel.
«  Paiement Pro » d’Orange Money
Au pays de la Téranga, les entreprises utilisent
différents types de solutions numériques pour payer
leurs travailleurs. Historiquement adopté, le paiement
en espèces vient naturellement en tête. Il est suivi
des paiements par virement bancaire, le chèque et
plus récemment le mobile money. Seules les grandes
entreprises et celles à la maturité digitale avancée en
font usage. « Le paiement de salaires, via mobile money,
reste un levier fort. Il permet aux salaires de bénéficier
d’un circuit transparent et fiable pour réceptionner leurs
revenus salariaux et pour accéder facilement aux services
financiers numériques. Cet accès est décisif pour la
réduction des disparités et la promotion de l’égalité des
chances. Le paiement de salaires, via mobile money, offre
aussi aux entreprises la possibilité de se doter d’un système
traçable et rapide pour distribuer les salaires de leurs
employés. Grâce à cette traçabilité, ils sont plus facilement
éligibles aux services financiers de 3ème génération, comme
les prêts, l’épargne rémunérée ou encore l’assurance  »,
commente Rama Diallo Shagaya, Directrice générale de
Orange Finances Mobiles au Sénégal.
DOSSIER ODD
Avec 53% de part de marché, Orange est le leader
sur le marché sénégalais des télécommunications.
Depuis huit ans, l’opérateur expérimente, avec ses
collaborateurs, la numérisation des salaires. Au sein
du groupe Sonatel, il avait introduit le paiement d’une
partie des salaires via Orange money, un service de
transfert d’argent et de paiement mobile disponible
depuis 2010.
Pour les entreprises, les organisations et les Etats, il
propose sa solution «  Paiement Pro », laquelle consiste
à payer les salaires, les per diem, les dotations, etc. Et
aussi pour encaisser des flux de transactions et pour
collecter des fonds, en toute sécurité. L’offre assure
aux Petites et moyennes entreprises, ainsi qu’à celles
qui emploient des salariés journaliers ou saisonniers,
«  la formalisation, la traçabilité, la transparence et la
rapidité dans la distribution des salaires. » Quant aux
travailleurs, ils bénéficient d’une meilleure traçabilité
de leurs revenus et l’approvisionnement de leur
compte gagne en simplicité. Ils peuvent avoir accès, à
partir de leur Kalpé [porte-monnaie électronique en
Wolof ], à des services financiers numériques d’envoi
et de réception d’argent au Sénégal ou à l’étranger.
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 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

Ou peuvent également payer leurs factures, procéder à
l’’achat de biens et de services ou thésauriser des gains.
La Directrice en charge des services financiers mobiles
au sein du Groupe Sonatel fait remarquer qu’Orange
Money a également inclus, dans sa stratégie, le
développement de nouveaux partenariats avec des
agrégateurs accessibles et agiles, pour accélérer
l’inclusion financière au Sénégal. « Nous sommes
convaincus que seul un écosystème fort, dynamique et
innovant permettra d’accélérer la mise en place de cette
économie cashless », explique-t-elle.
Après KalPay, quid de la volonté politique ?
La diversification des canaux de paiement reste un
véritable enjeu pour l’inclusion financière basée sur
la numérisation des salaires. Le taux de pénétration
du téléphone mobile augmente les usages du mobile
money. A contrario, le système bancaire, bureaucratique
et formaliste, perd du terrain.
en deux dimensions, dont l’agencement des points
définit l’information que contient le code.
Il offre l’avantage de l’accessibilité des tarifs, du gain de
temps et d’argent. «  Dès que le client arrive, il va scanner
le QR Code. Son téléphone lui montre ensuite le nom et la
photo du marchand. Il peut alors procéder au paiement »,
expliquait cet expert en santé public à Digital Business
Africa. Pour l’heure, KalPay compte 15 000 utilisateurs
actifs et enregistre plus de 3 milliards de volume de
transactions par mois. La start-up propose aussi KalPay
Business, une solution destinée aux commerçants,
qui peuvent désormais accepter tous les moyens de
paiement disponibles et peuvent avoir accès à cet argent
en temps réel. KalPay Payrol est la troisième option et
traite du paiement des salaires : «  Elle dispose d’une liste
Excel, qui donne la possibilité de payer chaque employé
avec KalPay via Orange, Free ou par carte bancaire. On
y ajoute la liste de ses employés, on vérifie le montant des
paiements et on l’effectue automatiquement. Après, on fait
une vérification. Il est possible de programmer d’avance un
BÉNIN
La finance digitale s’inspire des habitudes
traditionnelles
Des start-up béninoises donnent un nouvel écho à des pratiques historiquement traditionnelles.
Pour impulser l’inclusion financière, elles digitalisent la tontine collaborative, l’épargne version
Systèmes financiers décentralisés (SFD), ainsi que les moyens de paiement.
Michaël Tchokpodo
money et une application mobile. Elle alimente un
porte-monnaie commun, lequel sert à reverser la mise
totale des participants au titulaire de la levée rotative,
le moment venu. A l’instar du système traditionnel, le
modèle économique reste le même.
Le gestionnaire de la tontine prélève un pourcentage et,
dans son cas, le banquier ambulant prend une part sur
30 jours de cotisation.

Avec sa start-up KalPay, Ibrahima Kane, diplômé en
Business & Administration, propose une approche
en trois volets. Un wallet interopérable transfère
de l’argent entre KalPay et les autres porte-monnaie
électroniques disponibles dans le pays. Cette solution
est en phase pilote auprès de cinq entreprises et le
déploiement va démarrer en juillet. Au Sénégal, la start-
up se revendique pionnière du QR Code, un code-barres
règlement. Cela se fait automatiquement et l’ordonnateur
Au Bénin, « la tontine a historiquement été un moyen
reçoit un SMS notifiant que le paiement des salaires est
d’épargne collaboratif. Elle fonctionne comme un filet social
effectif. »
pour les populations », fait remarquer Gilles Kounou,
Entre le virement bancaire, le paiement mobile money fondateur d’Open SI, une compagnie béninoise qui
via Orange Money, KalPay ou les autres moyens de accompagne les entreprises et les institutions dans leur
paiement disponibles, il ne manque que la volonté transformation digitale.
politique pour généraliser la numérisation des salaires
L’entreprise a remis la tontine au goût du jour grâce au
au Sénégal.
numérique.

Et ce système d’épargne collective pare aux vulnérabilités

sociales auxquelles sont exposés les conducteurs de
taxi-motos (ils sont estimés à plus de 250 000 au Bénin)

J
uché sur sa moto, Kossi A. slalome entre véhicules
et engins à deux roues, dans un faubourg de
Cotonou, la capitale économique du Bénin. Son
taxi-moto n’effectue pas une course, mais il rejoint
le centre de santé le plus proche.
La température de sa fille de trois ans est supérieure à
38 °C.
« J’ai de la chance, dit-il, j’ai pris ma levée de 20 000 FCFA
aujourd’hui. Même si je n’arrive plus à l’utiliser pour payer
mes dettes, je pourrai au moins soigner mon enfant. » Sa
chance, Kossi l’a provoquée en souscrivant à Tonti+,
une tontine digitale, qui utilise un portefeuille mobile
et les artisans (évalués à 240 000, selon le recensement
national de 2019 des artisans béninois).
« Notre challenge consiste à maintenir l’usage de la tontine
familiale et de la tontine accumulative à travers les usages
mobiles. La technologie permet d’alimenter le portefeuille
virtuel et d’accéder à ces fonds lorsque la période de levée
est échue. Nous apportons des solutions pour sécuriser
les fonds et éliminer les tracasseries tout en gardant les
usages », assure Gilles Kounou.
Lancée en 2019, la phase pilote du projet arrive à son
terme. La plateforme est en cours d’implémentation
et son ambition est d’adresser 50  000 taxis-motos la
première année.

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 DOSSIER ODD
Dématérialiser la tontine
L’épargne cumulative est généralement un processus
ubiquitaire, qui se matérialise sur des cartes ou des
livrets d’épargne. C’est le cas de la Caisse nationale
d’épargne (CNE) de la Poste du Bénin. Depuis novembre
2020, elle a procédé à la dématérialisation de ses
comptes. Et a mis au point la tontine digitale Zédaga,
un nouveau produit visant à rapprocher les populations
de ses services de collecte d’épargne, notamment dans
les marchés.
Cette solution a été développée par Benin Fintech
(filiale de BFT Group), une start-up qui accompagne
les institutions financières dans leur transformation
digitale. Nadine Worou, Responsable des services
financiers digitaux à la Poste du Bénin S.A, explique.
« La solution de Benin Fintech répond à la nécessité de
redynamiser la collecte de la tontine. Elle allie les nouvelles
technologies à la convivialité, la flexibilité, la fiabilité,
la sécurité et l’accessibilité à moindre coût, pour l’unique
satisfaction de la clientèle. Elle repositionne La Poste dans
son rôle séculaire et régalien. Et propose ainsi une collecte
sécurisée, dans un contexte marqué par la spoliation de la
population béninoise par des tontiniers ambulants ».
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Juillet- -Mai
Avril Août - Septembre
- Juin 2021
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Malgré la crise du Covid-19, cet opérateur séculaire
est arrivé à maintenir le taux de collecte d’épargne à
un niveau satisfaisant, en renforçant le portefeuille
client par une nouvelle cible clientèle. Après six mois
d’une phase pilote concluante, la généralisation de
la solution à l’ensemble du réseau postal est en cours
d’implémentation, ainsi que l’avance sur tontine.
La FinTech est également présente aux côtés de la
Faîtière des caisses d’épargne et de crédit agricole mutuel
(FECECAM), qui est la plus grande institution de micro
finance  du Bénin. Son but ? Digitaliser les processus
d’épargne et de collecte grâce à des terminaux mobiles
tels que les TPE, les Smartphones ou les tablettes.
La FECECAM totalise 136 points de service, 2 millions
de clients et 60% de part de marché des institutions
de microfinance au Bénin. En partenariat avec le
Réseau, Benin Fintech propose une solution digitale
qui synchronise le terminal mobile avec le système
d’information et de gestion (SIG) de l’institution.
L’agent sur site peut offrir exactement le même
service de dépôt, d’épargne, de tontine et de demande
de crédit qu’en agence. La start-up enregistre plus de
60 000 utilisateurs au Bénin, pour un volume mensuel
d’épargne traité d’environ 2 milliards et un volume total
de demande de crédit équivalent à 60 milliards.
Agréger les moyens de paiement
L’Afrique reste confrontée à l’un des plus bas taux
de bancarisation. Il est estimé à près de 10%. Le
développement des systèmes financiers décentralisés et
du mobile money a permis une croissance au-delà de
50%.
Mais, un gap reste à combler. Amos Avocè, Directeur
général de BFT Bénin Fintech, propose des services
financiers numériques recourant à la monnaie
électronique. « Nous aidons également les institutions
qui le désirent à constituer leurs dossiers de demande
d’agréments et à émettre et distribuer de la monnaie
électronique à travers notre plateforme smart money. »
Dans cet écosystème de la finance digitale en pleine
transformation, Open SI a également développé KkiaPay,
une infrastructure de services financiers. Elle facilite les
transactions financières en provenance et à destination
de tous les portefeuilles électroniques présents sur le
marché local : mobile money, comptes bancaires, cartes
bancaires, etc.
La plateforme s’étend aussi aux portefeuilles
disponibles dans les pays de la sous-région. Elle
permet d’effectuer son règlement dans tout type de
commerce détenteur d’un KkiaPay dans sa solution de
e-commerce et de vente ou qui l’utiliserait en boutique.
Pour Gilles Kounou, évangéliste de la finance digitale,
«  le challenge de KkiaPay est d’être une infrastructure de
paiement transfrontalière pour le commerce inter-état et
le e-commerce, à l’échelle de la sous-région ouest-africaine
francophone. Mais, le challenge du paiement est de fournir
des usages simples à partir des technologies dont nous
masquons la complexité aux clients. »
Sa plateforme dispose de solutions d’intégration pour
des plateformes d’e-commerce et d’e- service à distance.
Et également des solutions de point de vente utilisées
par plus de 350 commerçants et plus de 2 000 autres en
e-commerce.
Pour la sécurité des transactions qui passent sur sa
plateforme, KkiaPay souscrit à la norme PCIDSS niveau
2. Ce corpus de règles est de classe internationale en
matière de transactions avec l’écosystème bancaire.
Avril - Mai Juillet
DOSSIER ODD
KkiaPay, qui sera bientôt PCIDSS niveau 1, bénéficie
d’ores et déjà de la confiance des autorités béninoises.
Sa solution est utilisée pour payer près de 40 services
publics repartis sur différentes plateformes, dont la
délivrance du casier judiciaire, le registre de commerce,
l’attestation de non faillite.
Avec 300 commerçants réguliers, l’agrégateur de moyens
de paiements de la société de paiement électronique
FedaPay fait également de la sécurité des transactions
une exigence technique. Il est certifié PCIDSS niveau
2 et agrège six moyens de paiement entre le Bénin, la
Côte d’Ivoire et le Togo. Les systèmes d’information,
web, mobile ou USSD peuvent intégrer la plateforme et
recevoir des paiements de leurs produits et services. Cet
agrégateur est le produit phare de FedaPay, qui travaille
à proposer un pseudo-wallet adossé à une carte de
crédit.
«  Nous allons démystifier les cartes de crédit pour aller
vers un taux de bancarisation un peu plus élevé, promet
Hermann Aguessy, Président de FedaPay. Avec nous,
les cartes vont devenir un outil très transparent pour le
suivi des frais et des dépenses. Ces cartes constituent des
portefeuilles. Nous allons embarquer les cartes dans une
application pour que le portefeuille ambulant soit aussi
disponible sur une application mobile. » Sur ce projet,
FedaPay bénéficie de l’accompagnement de deux
banques locales.
L’écosystème de la FinTech est clairement en
effervescence au Bénin. Pour le soutenir, l’Etat s’est
doté, dès octobre 2020, de la Plateforme nationale
de paiement électronique (PNPE) pour faciliter
l’interopérabilité des paiements.
Cependant, elle soulève bien de polémiques dans le
microcosme des start-up. Des inquiétudes que l’Etat,
sans en avoir aujourd’hui clairement défini le périmètre,
entend lever en facilitant le paiement de services
de base (eau, électricité) et en supervisant, voire en
centralisant, l’ensemble des paiements que les citoyens
effectuent à son endroit.
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 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

TOGO
La technologie au service des énergies vertes
Le Togo a clairement défini sa stratégie de développement énergétique en misant sur les innovations
technologiques. Et la stratégie d’électrification nationale du pays intègre des projets innovants. Que ce
soit pour la multiplication des projets mini-grid ou l’implémentation de grands projets de production
et d’exploitation énergétique, la part de la technologie augmente dans les projets d’électrification. Le
pays a ainsi fait le choix d’un développement énergétique respectueux de l’environnement.
Souleyman Tobias

soutien à la croissance comme l’énergie, le transport, les
TICs, etc. Pour rester en conformité avec les Objectifs de
développement durable (ODD), les pouvoirs publics ont
décidé de prendre en compte des scénarios climatiques
dans la conception et le dimensionnement des ouvrages
et des infrastructures, notamment au plan énergétique.
Une option qui devra assurer à ces infrastructures leur
durabilité et leur résilience face au climat et aux risques
de catastrophes.
En octobre 2020, lors de la présentation de la feuille
de route du nouveau gouvernement, Victoire Dogbé-
Tomégah, Cheffe de gouvernement togolais, a clairement
mis l’accent sur les ambitions du pays dans le secteur
de l’énergie. «   Les progrès réalisés seront intensifiés afin
d’atteindre un taux de desserte de 75% en matière d’accès
à l’électricité, avec des technologies respectueuses de
l’environnement », a déclaré le Premier ministre.
sur 400 hectares, c’est la plus grande du genre. Et elle
devrait rapidement atteindre 1 000 hectares. Pour le
déploiement de ces projets d’envergure, qui ont vocation
à booster le développement, la disponibilité de l’énergie
reste une des garanties pour attirer les investisseurs.
A l’instar de l’accord signé mi-avril 2020, avec Sunna
Design, le Togo a déployé, ces dix dernières années,
d’importants projets pour renforcer sa capacité de
production et tendre à l’indépendance énergétique. Qu’il
s’agisse de la construction des centrales photovoltaïques
ou du déploiement de projets d’extension hors réseau,
l’objectif reste donc le même  : il consiste à desservir
tous les Togolais sur le territoire national, où qu’ils
soient, d’ici à 2030.
Un des acteurs-clés de cette politique nationale est la
Compagnie énergie électrique du Togo (CEET). Elle a
lancé, en mars, le Projet de réformes et d’investissement

A
Paris, en avril, lors de la visite officielle
du Président de la République togolaise,
le gouvernement a signé un contrat
d’installation de 50 000 lampadaires
solaires avec Sunna Design, un leader français du
secteur de l’éclairage public solaire. Cet accord de
26,2 milliards FCFA (40 millions Euros) est le dernier
accord d’envergure en date signé par le gouvernement
togolais dans le secteur de l’énergie électrique. A terme,
Sunna Design devra éclairer 12 000 localités rurales au
Togo. Au total, ce sont plus de 550 000 ménages qui
bénéficieront de l’éclairage public.
Engagement politique
Dans le Plan national de développement (PND 2018-
2022), l’énergie a été identifiée comme un des facteurs
du développement du système productif du Togo. La
définition d’une politique d’investissement public a
pu être recommandée dans le cadre de ce diagnostic,
notamment dans les domaines des infrastructures de
En réalité, le pays a fait le pari d’atteindre, en 2030, un
taux d’accès à l’électricité de sa population de 100%.
Une stratégie nationale d’électrification est élaborée
et financée à hauteur de 1000 milliards. La moitié de
l’investissement est attendue du secteur privé.
Accélération des grands projets
Pour les autorités togolaises, «  il n’y a pas de
développement sans l’énergie ». Or, le pays accélère son
industrialisation. Le 7 juin, le Togo a inauguré la
plateforme industrielle d’Adétikopé (PIA). Installée
dans le secteur de l’énergie au Togo (PRISET). Le PRISET
a pour but «  d’améliorer le rendement du réseau électrique
dans la capitale togolaise et d’augmenter le taux d’accès à
l’électricité d’ici à fin 2022 », a précisé la CEET. Environ 20
milliards FCFA ont été financé par la Banque mondiale.
Le projet contient trois grands volets. Dans un
premier temps, la Compagnie devra réhabiliter trois
postes sources de 71km de réseaux Moyenne Tension
souterrains, dans le Grand Lomé. Sont aussi concernés
41 autres postes de distribution Moyenne et Basse
tensions et 10 Postes cabines. Au volet 2, il est prévu le

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 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

renforcement de réseaux Moyenne et Basse tensions, La part active du secteur privé La construction de la centrale se multiplient. Ces acteurs, fer de d’apporter l’électricité directement dans
avec 38,2km de réseau Moyenne Tension (MT) souterrain. solaire photovoltaïque de Blitta lance de l’innovation togolaise dans les ménages ruraux. Pour les besoins
Sur les 1 000 milliards FCFA de dépenses prévues dans
A cela, s’ajoutera 46km de réseaux MT aériens. Des est un autre projet d’envergure. le secteur de l’énergie, prennent communautaires, on peut compter
la stratégie nationale d’électrification au Togo, la moitié
batteries de condensateurs seront installées, ainsi que Inaugurée le 22 juin 2021, elle est une part active dans la réalisation sur des projets de constructions de
est attendue du secteur privé. La logique des pouvoirs
80 postes MT/BT adaptés à la téléconduite, 2 postes installée à plus de 260 km au nord du pari des pouvoir publics au mini-centrales et pour les besoins
publics est de leur faire prendre une part active dans
de réflexion construits  et l’acquisition de 5 postes de la capitale et est financée par un Togo, lequel consiste à atteindre industriels, sur des grandes centrales
tous les projets de développement du pays, en accord
mobiles et des pièces de rechange. Le troisième volet conglomérat de bailleurs, dont l’Etat une couverture en électricité de la plus puissantes », fait remarquer le
avec le Plan nationale de développement. C’est ce qui
du projet se consacrera à l’extension du réseau par la et l’émirati AMEA Power (25%). population togolaise de 100%. Sur professeur Azoumah.
explique l’intérêt de grands acteurs, tant nationaux
construction de 3 km de réseaux MT aériens, 5 postes de ce segment, les acteurs togolais se Dans cette stratégie nationale de
qu’internationaux, pour le secteur de l’énergie, ces La centrale produira 50MW
type préfabriqué, 225 km de réseaux BT et l’acquisition positionnent sur la formation, la couverture énergétique, KYA-Energy
dernières années. d’électricité. Elle alimentera près
de 20 000 kits de branchements. maintenance... Group se positionne sur plusieurs
26 avril 2021, à la veille de la fête nationale de de 200 villages et ses environs de
Ces explications techniques, fournies par Laré Diog- la préfecture, soit environ 600 000 Ces acteurs locaux interviennent segments. Pour l’installation et la
l’indépendance, le pays a mis en marche la première
foyers et 700 PME. tant dans la fourniture d’énergie maintenance des équipements,
Bath Santiégou, Directeur général de la CEET, attestent turbine d’une de ses plus grandes centrales électriques.
aux ménages qu’aux entreprises, le groupe a formé environ 3 000
de l’envergure du Projet de réformes et d’investissement Inaugurée par le Président de la République, Kékéli Le financement a été assuré via
pour atteindre les objectifs fixés techniciens pour accompagner,
dans le secteur de l’énergie au Togo. La multiplication Efficient Power est une infrastructure qui dotera le le Fonds d’Abu Dhabi pour le
par les pouvoirs publics à l’horizon par exemple, le projet CIZO.
des campagnes de branchements des particuliers et Togo de 65MW d’électricité, lorsqu’elle tournera à plein développement (avec 15 millions
2030. «  Les renforcements de capacités
des PME/PMI est également à l’ordre du jour. Et les régime. Avec sa turbine à gaz, la centrale fournit, dans dollars) et la BOAD (7 milliards sont indispensables pour atteindre
conditions de branchement à destination des grosses un premier temps, 47MW. Fin 2021, un cycle à vapeur FCFA). L’institution bancaire s’est Croire au solaire…
les objectifs (100% de couverture
entreprises seront de plus en plus incitatives. Ces devrait lui permettre de produire les 18 MW restant. réjouie du lancement d’un projet la recommandation de KYA-
en électricité au Togo). Il faut
différentes stratégies de l’opérateur public d’électricité Au total, la centrale Kékéli Efficient Power devrait «  dont la réalisation s’accompagne Energy Group
savoir installer les kits solaires, les
ont vocation à attirer plus d’investisseurs. Ils seront desservir 250 000 ménages, soit près de 20% de la de l’augmentation, de manière A Lomé, une entreprise fait parler lampadaires solaires, les systèmes de
incités à investir du fait de la disponibilité de l’énergie population togolaise. Pour réaliser l’ouvrage, l’Etat significative, de la part des énergies d’elle depuis 2015. Positionnée pompage à base du solaire et surtout
électrique en conformité avec la politique nationale de togolais a fait appel au groupe Eranove. renouvelables dans le mix énergétique, comme un acteur majeur dans le les maintenir », insiste le professeur
développement. tout en réduisant le coût de production secteur de l’énergie solaire, KYA- Azoumah.
Avec le groupe Orabank, la Banque Ouest-africaine de
Mais, les autorités togolaises ne se leurrent pas. au Togo » Energy Group est fondée et dirigée
développement (BOAD) et d’autres partenaires, ils ont Son entreprise assure le rôle
L’atteinte de l’objectif 2030 ne peut se réaliser qu’avec financé à hauteur de 75% les 85 milliards FCFA que Pour l’Agence togolaise par le professeur Yao Azoumah.
d’ingénieur-conseil dans la
l’implication active des acteurs privés du secteur de nécessitait le projet. Le quart restant a été pris en charge d’électrification rurale et des Cet enseignant-chercheur en
construction de la centrale solaire de
l’énergie. par l’Etat togolais. énergies renouvelables (AT2ER), génie énergétique est spécialiste Blitta. Aussi, l’entreprise développe
la construction de cette centrale en énergie solaire et en efficacité ses propres produits, notamment
devait porter la capacité du pays énergétique. Pour le Président pour les utilisations productives (la
à produire de l’énergie propre Directeur Général de KYA-Energy transformation agroalimentaire, les
à 264 MW. Le chantier, retardé Group, «   ceux qui ne croient pas moulins solaires, etc.).
par la crise sanitaire, a pu au solaire ont tort ». Pour preuve,
le développement scientifique et « KYA-Energy Group accompagne très
sensiblement avancer en un an.
technologique, incarné et promu bien le gouvernement dans l’atteinte
Son inauguration devrait encore
sur place, va faire encore davantage de ses objectifs à l’horizon 2030 », se
davantage renforcer les capacités
chuter le prix du solaire et le réjouit le PDG de l’entreprise.
énergétiques du pays, notamment
dans le domaine solaire. Outre rendra encore plus accessible aux La recherche au service
ces centrales, d’autres mini-projets populations. des énergies propres
sont annoncés pour la construction A KYA-Energy Group, l’on croit Outre son positionnement comme
d’autres sources d’énergie verte, que le Togo est sur la bonne voie acteur clé dans l’accompagnement
dans d’autres préfectures, comme dans l’atteinte de l’objectif 2030. de la stratégie nationale
dans la région centrale du «  Le pays a pris la bonne option. d’électrification au Togo, KYA-
pays. Au-delà des investisseurs Les différentes stratégies répondent Energy Group est un laboratoire
étrangers, les initiatives privés et aux besoins à tous les niveaux. Les d’énergie verte. Présente au Bénin,
technologiques d’entreprises locales kits solaires, par exemple, permettent au Burkina Faso, au Ghana et au

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 DOSSIER ODD
Mali, l’entreprise ambitionne d’être championne des
énergies vertes en Afrique. D’ailleurs, elle «  pratique
ce qu’elle prêche  », soutiennent ses responsables.
«  Nous recyclons ce que nous produisons, en contractant
avec deux entreprises de la place. A notre siège, nous
fonctionnons exclusivement à partir du solaire, avec une
production de 40kwa crête  », précise le PDG du groupe.
En effet, KYA-Energy Group fonctionne 24h/24 et 7/7
de manière autonome, en produisant de l’électricité
pour son équipe, laquelle est constituée d’environ une
quarantaine de personnes. Electricité, climatisation,
matériels informatiques… Tout fonctionne à base du
solaire au siège de la société à Lomé.
Cette expérience, KYA-Energy Group la partage
avec d’autres utilisateurs du solaire - particuliers
ou entreprises. Dans le déploiement de ses projets,
l’entreprise met l’accent sur l’efficacité, de sorte que les
utilisateurs atteignent le meilleure ratio investissement/
efficacité. Sur ce plan, le produit phare de l’entreprise
est KYA-SolDesign. Ce logiciel de dimensionnement,
développé par l’unité R&D du groupe et lancé en 2019,
offre le meilleur compromis entre la fiabilité technique
et l’accessibilité économique des systèmes solaires
autonomes. « Il s’appuie sur la méthode KEG. Elle offre
un meilleur dimensionnement des systèmes énergétiques
à base d’énergie fluctuante et prend en compte les aspects
quantitatifs et qualitatifs des besoins énergétiques exprimés
au regard de la disponibilité de la ressource », explique-t-
on à KYA-Energie Group.
Au cabinet d’expertise en développement économique et
social en Afrique - CEDS-Afrique, la facture d’électricité
est ainsi passée de 130 000 FCFA avec la CEET à 17/19 000
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DOSSIER ODD
FCFA avec l’adoption du solaire, constate le responsable
du cabinet Komla Kuassi Agbové. A l’instar de l’Etat,
qui répond aux besoins à tous les niveaux, KYA-Energy
Group s’est elle aussi inscrite dans cette dynamique.
C
«  L’objectif est d’accompagner la politique verte globale »,
M
atteste le PDG Azoumah. Et, en sus de la production, du
Y
déploiement, du suivi et de la maintenance, les activités
CM
du groupe se démarquent par la recherche. «  C’est l’ADN
du groupe », soutient le professeur.
MY
CY
KYA-Energy Group peut se targuer d’être un des acteurs
CMY
de premier rang de l’innovation au Togo. En 2018,
K
KYA-SoP a remporté le premier prix de l’innovation
de la BOAD. Ce produit, destiné à l’électrification
des centres de santé, des écoles, des PME/PMI et des
ménages ruraux/urbains, est composé d’unités solaires
de transformation. Ces « groupes électrosolaires » sont
des systèmes solaires compacts, autonomes, hybrides,
mobiles, modulaires et multiservices.
Avec la pandémie du Covid-19, l’entreprise a mis
sur le marché le KYA-SolWasherkit, un lave-mains
automatique qui fonctionne au solaire et sans contact.
Un autre produit du groupe, le KYA-FlexyControl permet
de gérer l’énergie en améliorant la fiabilité technique et
l’utilisation efficiente de la production de tout système
solaire. KYA-Energy Group, qui assemble localement des
lampadaires solaires, a également conçu KYA-Retrofitkit
pour la réparation et la gestion des lampadaires solaires
non fonctionnels. Cette synchronisation Etat- secteur
privé mène le pays à son objectif 2030, avec la promesse
de desservir l’ensemble de sa population en électricité,
tout en réduisant l’impact environnemental grâce aux
énergies renouvelables vertes.
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 DOSSIER ODD
CIO Mag : Helios Towers concentre
TÉLÉCOMS son activité sur la gestion et la
construction de tours télécoms,
« Le partage des infrastructures permet une une activité relativement nouvelle
en Afrique. Pouvez-vous nous
réduction des coûts » expliquer en quoi cela consiste ?
Tom Greenwood : Notre activité
Helios Towers, entreprise majeure œuvrant dans les tours de télécommunication en Afrique, depuis
consiste à gérer des tours télécoms. Nous
2010, et plus récemment au Moyen-Orient, vient tout juste d’annoncer une levée de fonds de 160
millions de dollars pour renforcer sa position sur le continent. Par son activité, l’entreprise veut faisons l’acquisition de tours existantes
Tom auprès d’opérateurs mobile et nous en
œuvrer au développement de la connectivité partout en Afrique et ainsi favoriser le développement
durable via la digitalisation. Tom Greenwood, Chief Operating Officer de la compagnie et Marlène Greenwood construisons de nouvelles. Depuis peu, les
Chief Operating Officer opérateurs télécoms cèdent en effet leurs
Kiniffo, CEO de la région Afrique de l'Ouest et centrale, répondent aux questions de CIO Mag.
d’Helios Towers infrastructures télécoms pour financer
leur développement en Afrique.
Nous sommes au service des principaux
opérateurs mobiles en Afrique : Vodacom,
Orange, MTN et d’autres. Nous leur
I N T ERVI EW
fournissons un accès à nos tours,
avec l’objectif de favoriser le partage
d’infrastructures. Et ceci offre des
bénéfices aussi bien pour les opérateurs
que pour les utilisateurs.
Les opérateurs font ainsi des économies.
Ils peuvent renforcer leurs investissements
dans de nouvelles zones. Nous
garantissons une très haute disponibilité
de connectivité, ce qui peut constituer
un challenge en Afrique. Nous pouvons
offrir aux consommateurs une grande
disponibilité en termes de connectivité.
Avec ce modèle, nous avons petit à petit
étendu nos activités et nous sommes
aujourd’hui présents sur 11 marchés, dont
10 en Afrique. Nous assurons la gestion de
15 000 tours et cela va de la sécurité des
sites au management des terrains jusqu’à
la distribution de l’énergie. Les opérateurs
peuvent alors se concentrer sur leur cœur
de métier et proposer une meilleure
qualité de service. Aussi, ce partage
d’infrastructures permet une réduction
des coûts financiers et environnementaux.
Marlene Kiniffo-Zounon : Nous avons
Tom Greenwood Marlene Kiniffo-Zounon développé plusieurs marchés sur le
continent. En Afrique centrale, nous
Chief Operating Officer d’Helios Towers CEO d’Helios Afrique de l’Ouest et centrale
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DOSSIER ODD
opérons en RDC et au Congo-Brazzaville
depuis plusieurs années. Et nous sommes
ravis d’avoir récemment annoncé de
nouveaux accords pour renforcer notre
présence en Afrique centrale, au Tchad et
au Gabon. Nos acquisitions font germer
l’espoir que d’autres opérateurs vont
investir dans ces pays. C’est une très belle
perspective.
Comment la mise en place de
tours télécoms peut-elle aider
les pays du continent à atteindre
plus rapidement les Objectifs de
développement durable (ODD) ? Est-
ce un moyen de favoriser l’inclusion
des populations ?
M.K.Z : Au-delà de l’aspect environnemental,
notre activité consiste à offrir une bonne
connectivité aux consommateurs. C’est
une opportunité unique pour soutenir les
communautés en Afrique et pour répondre
aux 17 ODD.
Aujourd’hui, le digital démocratise de
nombreux usages, que ce soit les services
financiers, l’accès aux systèmes de santé...
La croissance économique et la réduction
de la pauvreté vont passer par ces
nouvelles pratiques et garantiront l’accès
aux activités mobiles, qui constituent une
priorité. Nous favorisons l’accès à la 3G et à
la 4G. Ce sont des facteurs d’inclusion des
populations, qui permettront de renforcer
la puissance des villes dans les pays
d'A frique, pour répondre aux Objectifs de
développement durable.
Vous avez récemment conclu un
contrat d’envergure au Sénégal.
Pouvez-vous nous en dire plus sur
ce projet ?
T.G : Le Sénégal est un très beau marché,
que nous scrutions depuis longtemps.
Nous avons récemment fait l’acquisition
de 1200 tours à Free Sénégal et nous
projetons d’en construire 400 autres, dans
les cinq prochaines années.
49
 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

Nous avons déjà entamé nos opérations
et nous commençons à construire les
sites. L’objectif est de participer à la
digitalisation de ce pays économiquement
et politiquement stable, et en pleine
croissance.
M.K.Z : Ce qui est intéressant dans ce
marché sénégalais, c’est que nous avons
commencé à travailler avec l’opérateur
Marlene Free. Mais, depuis l’annonce de notre
Kiniffo-Zounon arrivée dans le pays, les lignes bougent.
CEO d’Helios Afrique Aujourd’hui, ce n’est plus seulement un
de l’Ouest et centrale opérateur qui souhaite travailler avec
nous, mais plusieurs.
Ceci permettra de partager les
infrastructures dans une logique de
réduction de la pollution environnementale
I N T ERVI EW
dollars pour renforcer vos marchés
et en développer d’autres. Quels
sont les prochains pays ciblés en
ENVIRONNEMENT
Afrique ? Une technologie ivoirienne
T.G : Effectivement, nous avons récemment
mené à terme une levée d’environ 160
pour la gestion des ordures
millions dollars, à travers une émission
Chez Digital Smart Trash, les ordures sont des matières premières pour les usines de
d’actions et une offre d’obligations
transformation. En triant à la base et en acheminant ces déchets vers les centres dédiés, un pas
convertibles. Ces fonds vont nous
permettre d’étendre nos acquisitions de
de plus est accompli en direction du développement durable.
Anselme Akéko
tours dans les marchés existants et d’aller
vers d’autres marchés. Nous regardons
toutes les régions du continent, du Nord au
Sud, de l’Ouest à l’Est. La crise du Covid-19
a provoqué un bond de la consommation
de mobiles dans de nombreux pays et une
explosion des services de mobile money.

et les opérateurs pourront s’étendre dans Un grand nombre de jeunes a développé

les zones rurales, à l’intérieur du pays.
Nous avons de belles perspectives car le
marché du mobile est en pleine expansion,
notamment grâce à l’explosion des services
financiers mobiles.
Vous venez tout juste d’obtenir une
levée de fonds de 160 millions de
de nouvelles solutions dans ce secteur.
Ainsi, les besoins en connectivité sont
partout. Les populations ont confiance en
la technologie mobile et cela ne va faire
qu’augmenter. Nous devons donc être là
pour soutenir les opérateurs.
Propos recueillis par Camille Dubruelh

P
ar un matin ensoleillé, Tenon Coulibaly et
son équipe visitent ZoroDech, une usine de
recyclage de déchets papier, située à Yopougon,
dans le district d’Abidjan. L’entrepreneur
ivoirien, co-fondateur de Digital Smart Trash, tient à
s’assurer de la bonne destruction des archives livrées à
cette société et de la transformation qui en sera faite.
Cette visite fait partie du cahier des charges du service
de traçabilité des déchets de la start-up Digital Smart
Trash. Elle les achemine ensuite vers des centres de
transformation et de recyclage, après les avoir collectés
auprès de quelques entreprises privées, où sont installés
leurs dispositifs de tri sélectif.
Les déchets sont collectés dans des poubelles connectées
de 50 litres et dans des conteneurs de 40 pieds. Leur
fonction consiste à dissocier le contenu des déchets
d’entreprise (papiers, canettes, plastiques) et des
ordures ménagères (plastiques, canettes, résiduel, petit
électronique, papiers, médicaments). Ces poubelles
sont géolocalisées et sont dotées d’une technologie de
détection, laquelle fournit aux collecteurs un aperçu de
leurs niveaux de remplissage et de leurs emplacements.
Ils peuvent définir à l’avance l’itinéraire de ramassage.
L’empreinte carbone des services de ramassage s’en
trouve réduite et les ordures ne débordent plus des
poubelles pour former des tas d’immondices sur

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 DOSSIER ODD
la voirie. En l’état actuel des choses, les éboueurs
respectent des itinéraires préétablis, quel que soit le
niveau de remplissage des bacs à ordures installés dans
leurs périmètres.
Moutar Kouadio, Directeur général de ZoroDech, confie
son témoignage à CIO Mag. «  J’ai rencontré Digital Smart
Trash il y a quelques mois. Lors de nos premiers échanges,
nous avons compris que nous partageons les mêmes
valeurs. Nous sommes aujourd’hui un partenaire privilégié
et recueillons le papier de tout type issu de leur processus
de tri. Grâce à leur dispositif, nous sommes informés des
points de collecte et sommes assurés de la bonne qualité du
papier que nous recevons. Nous leur garantissons en retour
une confidentialité des documents et une transformation
intégrale de leurs déchets papier en alvéoles, papiers
mouchoirs et bien d’autres produits. »
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DOSSIER ODD
A l’instar de ZoroDech, Digital Smart Trash collabore Unité de montage en Côte d’Ivoire
«  essentiellement avec de grands groupes privés », révèle
le jeune ivoirien. Le co-fondateur de Digital Smart Trash fait remarquer
que la start-up a «  énormément dépensé » en Recherche
Poubelle connectée & développement, ce qui explique « le coût relativement
élevé des capteurs » et influe sur le prix de revient d’une
Dans les locaux de la start-up, situés dans la commune
de Cocody, avenue Jean Mermoz, l’entrepreneur nous poubelle. Pour remédier à cela, la construction d’une
montre des poubelles avec des inscriptions « Stop unité de montage en Côte d’Ivoire est à l’ordre du jour.
Covid-19 » et « Ne jette pas ton cache-nez dans la rue ». La société, en phase d’amorçage, recherche aujourd’hui
«  Cette poubelle reçoit tout ce qui est matière recyclable, tels un financement de l’ordre de 135 millions FCFA, soit
que les pots de gels hydroalcooliques et de savon liquide. Et un peu plus de 200 000 euros. «  C’est sur cette base que
ici, les mouchoirs, masques et autres déchets infectieux.  » nous procéderons à une levée de fonds de série A », laquelle
Le créateur de la start-up explique qu’il s’agit d’une est généralement comprise entre 1 et 5 millions d’euros.
collection visant à freiner la propagation du virus.
Pour son déploiement, la société a bénéficié
La proposition a rencontré l’adhésion de nombreux
de l’accompagnement de l’Agence française de
organismes nationaux intervenant dans la lutte contre
développement (AFD), de l’Ambassade des Pays-Bas
le Covid, mais le projet n’a pas fait long feu.
via le projet Orange Corner, d’Orange Côte d’Ivoire, de
Durement touchée par la pandémie, la PME préfère Seedstars, du ministère de l’Economie numérique et de
cibler les déchets d’entreprise «  beaucoup plus facile à l’Agence emploi jeune. Sur les cinq prochaines années,
adresser », contrairement aux déchets ménagers «  qui la start-up envisage l’installation de bacs connectés
demandent une logistique et une grande sensibilisation », dans les rues d’Abidjan.
qu’ils ne peuvent, à l’heure actuelle, assurer.
Elle s’attaquera ensuite aux villes de l’arrière-pays,
Tenon Coulibaly révèle comment un ensemble de telles Gagnoa, Bouaké et Korhogo. «  Notre vision est de
frustrations a fait germer en lui cette idée. «  Lors de garantir aux générations futures un cadre de vie sain. On
mes déplacements dans des pays africains, j’ai vu la façon parle beaucoup de développement durable, mais il faut
dont des entreprises - petites, moyennes ou grandes - mener une grande sensibilisation pour faire comprendre
s’organisent pour mieux gérer leurs déchets. J’ai été fasciné des déchets. Les usines de recyclage ne perdent plus de aux ménages que ce que nous appelons ordures sont en
par la propreté du Rwanda, mais le déclic est venu de mon temps en allant affiner le tri au niveau des décharges réalité de la matière première. Et qu’elles peuvent être des
dernier voyage au Maroc. » De retour en Côte d’Ivoire,
d’ordures avant de les transporter dans leurs usines. » sources de revenus pour eux », affirme Tenon Coulibaly.
l’ingénieur en Génie logiciel s’engage alors à faire de son
mieux pour moderniser la collecte des déchets auprès
des ménages et des entreprises. De là a germé l’idée
de la poubelle connectée de tri sélectif. Avec un ami
doctorant en Sciences environnementales, il co-fonde
la start-up Digital Smart Trash «   afin d’apporter une
solution technologique » à la gestion des ordures.
Le projet débute à la fin de l’année 2018. Et la pénétration
du marché commence au premier trimestre 2020.
L’objectif principal est de fournir une matière première
de qualité aux usines de recyclage. L’entrepreneur s’en
explique.
«  Si nous développons une solution pour trier et acheminer
les déchets vers ces centres, nous leur fournissons de
la matière première de qualité et leur permettons de se
concentrer sur leur cœur de métier, qui est la revalorisation
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 DOSSIER ODD DOSSIER ODD

des plateformes qui nécessitaient la connexion internet ».
Moboti, étudiant en deuxième année de Master en
RDC Informatique à l’Université Catholique du Congo (UCC),
affirme que les plateformes d’EduTech ont dû faire
La mise en place du programme d’enseignement, à
travers les plateformes d’EduTech, n’a pas été effective
dans les zones rurales.

Les défis des plateformes

Défis liés à l’adaptation aux TIC
face au problème d’accès à internet. « De nombreuses
plateformes proposaient des contenus pédagogiques Des développeurs affirment que des plateformes

d’EduTech à l’heure pendant l’arrêt des activités académiques. Mais, rares sont
les étudiants et les élèves qui ont pu accéder régulièrement à
d’EduTech, développées pendant la pandémie, offrent
la possibilité d’accéder à des contenussans même avoir

de la pandémie ces contenus ». L’UCC a été l’une des rares institutions

à proposer des cours en ligne pendant la période de
confinement.
Selon Kibassa Maliba, ministre des Postes et
télécommunications et des Nouvelles technologies
de l’information et de la communication (PTNTIC),
en République démocratique du Congo, plus de 50%
de Congolais n’ont pas de téléphone et seulement
12 à 15 % sont connectés à  internet. Si l’accès aux
plateformes d’enseignement en ligne n’a pas posé
de sérieux problème dans des grandes villes comme
Kinshasa, la capitale du pays, ou encore à Lubumbashi,
Goma, Bukavu et Kisangani, en revanche, dans les zones
enclavées, l’accès à ces plateformes a été quasiment
impossible. En cause, l’insécurité, la précarité et le
manque de compétence en termes d’utilisation de
l’outil informatique.
accès à internet. C’est notamment le cas de Schoolap
et EduCo (voir encadré), deux plateformes de diffusion
de contenus pédagogiques, de gestion administrative
et d’enseignement à distance pour les élèves, les
enseignants, les professeurs, les écoles, les centres de
formation professionnelle et les universités. Ces deux
plateformes offrent aux utilisateurs la possibilité
d’accéder gratuitement, en mode online ou offline, à
certains contenus, tels que des livres ou quelques cours.
Malheureusement, dans les zones rurales, au-delà de la
précarité, l’adaptation aux Nouvelles technologies de
l’information et de la communication demeure un défi
majeur.
D’après Abdallah Ngezi, enseignant dans une
institution supérieure d’Uvira, une ville située sur
la façade Est- sud en RDC, les plateformes d’EduTech

La pandémie du Coronavirus a perturbé le programme d’enseignement en République démocratique

du Congo, notamment à la suite des mesures impliquant l’arrêt des activités scolaires pour limiter la
propagation du Covid-19. Dans ce contexte, les ministères de l’Enseignement primaire et secondaire
(EPST) et de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) ont tenté d’assurer la continuité des
apprentissages par le biais de l’enseignement à distance. Et via la mise en place de programmes
radiotélévisés et de plateformes d’enseignement en ligne (EduTech).
Enock Bulonza

L
e recours à cette nouvelle méthode, consistant
en la mise en place des plateformes
numériques et des outils technologiques
dédiés à l’éducation, a galvanisé le génie des
jeunes. Ces plateformes ont néanmoins dû fait face
à de nombreux défis. Parmi ces défis, l’utilisation
des outils des technologies de l’information et de
la communication, l’accès à internet, le manque de
motivation des apprenants et la précarité.
Accès à internet
Les heures perdues au cours de la pandémie ont
permis à de nombreux entrepreneurs Tech et à des
start-up de se lancer dans dans le développement des
plateformes en ligne. Gaspard Marhegane, père de trois
enfants habitant à Kinshasa, a suivi les programmes
d’enseignement en ligne. Il atteste que de «  nombreuses
institutions qui organisaient ces programmes proposaient

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 DOSSIER ODD
n’ont pas joué un rôle de première ligne dans la
continuité des apprentissages. « Les élèves et étudiants
d’Uvira, de Baraka et Fizi, deux territoires situés dans cette
partie du pays, sont en proie à des problèmes financiers
et à des difficultés liées à l’adaptation aux exigences des
Technologies de l’information et de la communication ».
Le témoignage de cet enseignant reflète le quotidien
et le niveau d’instruction de nombreux congolais, qui
vivent dans la précarité. Dans des zones rurales, l’échec
des plateformes d’EduTech est général. Toussaint M., un
jeune assistant social, intervenant dans un orphelinat à
Mitwaba, une banlieue située dans la province du Haut-
Katanga, dans l’Est du pays, témoigne.
«  Pendant le confinement, les écoles et les autorités locales
n’ont pas recouru aux plateformes d’EduTech. Elles ont
davantage privilégié les enseignements à travers les
programmes radiophoniques et les télévisions. D ’ailleurs, les
élèves et les enseignants ne disposent pas des connaissances
EduCo, l’application mobile de diffusion des contenus pédagogiques
EduCo est une application en ligne, qui diffuse
des contenus pédagogiques. Ils sont constitués
de cours en ligne sous format vidéo, audio,
PDF et photos. Développée par quatre jeunes
informaticiens congolais membres de la start-
up Nazzaps, EduCo fonctionne sur le principe
de la diffusion en direct de cours. Ils sont
programmés et mis à jour en collaboration avec
des professeurs engagés dans la révolution du
secteur éducatif. Grâce à la technologie de
streaming intégré, EduCo diffuse en direct
des contenus vidéo destinés aux élèves et aux
étudiants dotés de l’application après son
téléchargement sur la plateforme Play store.
EduCo se présente comme un dispositif pour
la recherche scientifique. Il dispose d’une
bibliothèque numérique de plus de 10 000 livres
et d’autres documents essentiels. L’application
mobile propose aux élèves finalistes et aux
enseignants la possibilité de mener leurs
recherches en toute assurance. L’application
fournit aussi du matériel didactique constitué
essentiellement de cartes géographiques de
56
Juillet - Août - Septembre 2021 ​​N° 70 www.cio-mag.com
suffisantes pour maitriser suffisamment les TIC ».
Malgré les défis qui entravent l’élan du secteur
numérique, les autorités congolaises et les entrepreneurs
Tech consentent à d’énormes efforts dans la mise en place
de stratégies pour la transformation du numérique.
Lorsque les activités scolaires et académiques ont été
suspendues, au cours de la crise sanitaire, des jeunes
se sont lancés dans le développement des plateformes
en ligne pour assurer la continuité de l’enseignement
à distance. Entre temps, le gouvernent congolais, via
son ministère de l’Enseignement primaire, secondaire
et technique, a mis en place le programme « Ecole à
distance », pour suppléer les plateformes d’EduTech dans
la transmission des enseignements. A l’instar desdites
plateformes, ce vaste programme d’enseignement,
diffusé sur les chaines des radios à l’échelle du territoire
national, a fait face aux défis qui ont, en partie, constitué
son échec.
la République démocratique du Congo, de
sa faune et sa flore. Avec une politique de
fonctionnement axée sur la diffusion des cours
en ligne, EduCo peut faire valoir sa capacité à
limiter les inégalités entre les utilisateurs des
zones urbaines et du monde rural.
« Au cours du développement de l’application,
nous avons songé à l’inégalité face à l’utilisation
de cet outil et avons fait en sorte que chacun puisse
tirer parti des ressources disponibles en ligne
et s’adapter à la plateforme », explique André
Mazi, l’un des développeurs de l’application.
DOSSIER ODD
EDUTECH
Les écoles internationales à l’assaut de l’Afrique
Bien consciente que l’Afrique est la prochaine terre promise du E-learning , les grandes écoles
internationales et les entreprises spécialisées dans l’edutech partent à l’assaut du continent.
L’objectif : faire monter en compétence des populations jeunes, qui arrivent en masse sur le
marché de l’emploi et assurer la formation continue des cadres pour miser sur le potentiel des
compétences locales. Camille Dubruelh
I
l y a eu un avant et un après Covid. Si cette académique de l’Innovation & Entrepreneurship Center
affirmation est vraie dans bien des secteurs, de HEC. Cette école, qui figure parmi les meilleures au
l’éducation est peut-être celui qui a subi les plus monde, a définitivement choisi de s’investir en Afrique,
gros bouleversements. Lors de cette pandémie, notamment par le biais du e-learning.
pour répondre aux mesures sanitaires, les écoles, les
Pour « adapter ses programmes de formation aux besoins et
universités et les organismes de formation ont dû
aux enjeux auxquels le continent fait face et pour anticiper
s’adapter. Déjà en marche avant la crise sanitaire, le
ceux à venir », HEC Paris propose plusieurs programmes.
e-learning est en passe de devenir la norme. Les systèmes
A Abidjan, l’Executive Mastère Spécialisé MUST
traditionnels d’éducation ont eu plus ou moins de mal
à s’adapter à ces nouveaux usages, mais les grandes (Management d’une Unité Stratégique) est destiné à
écoles et organismes de formation misent désormais former et à accompagner les actuels ou futurs dirigeants
sur l’éducation en ligne. d’une Business Unit. Le dernier en date, l’Executive
Certificat Leadership et Entrepreneuriat, a été lancé
« Nous n’avons pas attendu la crise pour déployer, sur le
en 2020. Grâce à la digitalisation des enseignements,
continent, une offre en mode blended (présentiel et en ligne)
d’autres programmes sont amenés à voir le jour, comme
ou 100 % en ligne. Cette expertise sur ces deux formats,
Challenge +, qui sera dispensé pour la première fois en
que nous détenions depuis plusieurs années, nous a permis
Afrique à partir d’octobre 2021. Il aura vocation à aider
d’accélérer la transition et d’assurer la continuité de tous les
les créateurs de projets innovants dans l’élaboration
enseignements pendant la crise sanitaire. Nous avons fait
de leur business plan et à les accompagner dans leur
preuve d’agilité et de flexibilité sans que la qualité de notre
enseignement n’en pâtisse », assure Julien Levy, Directeur développement.
57
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 DOSSIER ODD
« La contribution à la formation des
leaders et des entrepreneurs africains est
une priorité stratégique pour HEC Paris.
Aujourd’hui, 15 % de nos participants
proviennent d’Afrique sub-saharienne
et jusqu’à 30 % dans les Executive
Masters. Notre objectif est d’inscrire
15 % d’Africains dans l’ensemble de nos
programmes diplômants », explique le
responsable.
Pour HEC Paris, le e-learning est
une voie rêvée pour développer sa
stratégie africaine.
« La digitalisation de nos formations
représente une opportunité pour
les futurs et actuels décideurs et
entrepreneurs du continent, qui
désirent se former sans contraintes.
Les retours que nous avons eus nous
donnent confiance pour la mise en
place de ces programmes. Ils peuvent
désormais être délivrés en présentiel
ou en ligne, à condition de contourner
les dernières contraintes structurelles,
comme l’équipement ou encore l’accès
à internet », détaille Julien Levy.
De la Silicon Valley à Tunis
Au-delà des grandes écoles, les
startups de l'Edtech se tournent
elles aussi vers le continent. C’est
le cas de Holberton School, une
école fondée dans la Silicon Valley
en 2015, qui forme les étudiants
aux métiers de la Tech. Elle propose
une formation sur ses campus en
physique, et online, notamment en
temps de pandémie.
Certains jours, les étudiants doivent
obligatoirement être sur place,
d’autres jours ils peuvent travailler
d'où ils veulent.
« Dans la plupart des écoles Holberton
School, les étudiants ne paient rien,
ni avant, ni pendant la formation,
mais seulement une fois - et seulement
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si - ils trouvent un job. Certains pays
n’autorisent pas ce moyen de paiement,
et dans ces cas-là, d’autres moyens
de paiement sont mis à disposition
des étudiants pour faire en sorte que
tous aient accès à cette éducation
de qualité. L’autre particularité est
qu’il s’agit d’une formation sans
professeurs, basée sur du peer learning
et sur un logiciel qui utilise les suites
logiques et d’analyses, pour corriger
de façon profonde et personnalisée
les projets », détaille Julien Barbier,
cofondateur d’Holberton School. Et
les résultats sont là.
« On a renversé le système éducatif
actuel. En moins d’un an, nos
étudiants ont trouvé des boulots dans
les meilleures entreprises de la Silicon
Valley, telles que la NASA, Amazon,
LinkedIn, Facebook ou encore Tesla »,
se réjouit le cofondateur.
Après avoir conquis les Etats-Unis et
l’Amérique latine, Holberton School
regarde aujourd’hui vers l’Afrique
pour implanter, sur le continent, ce
concept novateur.
Présente en Tunisie depuis 2019,
l’entreprise propose aussi des cursus
à Madagascar, où elle a choisi de
nouer un partenariat avec la start-
up locale SAYNA, une plateforme
d'Edtech et micro job IT en ligne.
Holberton School vient par ailleurs
d’annoncer son arrivée en Egypte et
elle poursuit des discussions avec
des gouvernements d’Afrique de
l’Ouest et de l’Est pour s’implanter
sur d’autres territoires.
Elle a récemment levé 20 millions
de dollars pour étendre ses activités,
principalement sur le continent, et
pour atteindre son objectif d’offrir
sa formation à 500 000 Africains,
d’ici à 2030.
DOSSIER ODD
Nouveaux usages, travailler sur du mobile learning », explique le fondateur avec l’ambition de contribuer à un nouvel essor » , assure
spécificités africaines de la start-up d’Edtech Sewelo. Pour l’heure, ses contenus le responsable de HEC Paris. Une étude sur la mobilité
sont accessibles en téléchargement sur Smartphone. intra-africaine, publiée par Fed Africa, en 2020, montrait
La démarche de démocratisation
d’ailleurs que parmi les candidats locaux ou issus de la
de l’enseignement répond à un Pour atteindre l’ensemble des populations, des
solutions innovantes proposent du contenu accessible diaspora, la grande majorité (97%) se dit prête à changer
mouvement global. A l’échelle
offline, tandis que d’autres misent sur des formations de pays pour une opportunité professionnelle.
planétaire, les Etats ont fait de
via les ondes de radio. Cette hybridation des formats
l’éducation une priorité. L’Objectif Pour Julien Levy, si des compétences techniques sont
pédagogiques permet de contourner les problèmes de
de développement durable n°3 toujours nécessaires sur le continent, les instituts
connectivité du continent.
consiste à apporter une éducation doivent miser avant tout sur la formation des cadres.
de qualité à toutes les populations. Africanisation des cadres « Je suis convaincu que les premières compétences sont
L’intention finale étant de garantir
« Il y a un potentiel énorme. L'éducation est le premier managériales. Au-delà des compétences techniques expertes,
des emplois décents à tous. Les
outil sur lequel les gouvernements doivent miser. La on a besoin de managers «digital savvy», comme diraient
universités et les écoles en ligne
crise du Covid-19 a mis en lumière des nouveaux usages, les anglo-saxons. Des managers qui savent «parler digital»,
peuvent être un moyen efficace
comme la formation en ligne et le travail en remote. Dans qui savent intégrer cette démarche et ces outils dans leur
d’atteindre ces objectifs en facilitant
les prochaines années, les entreprises vont embaucher là politique et leur activité ». « Avec ce mouvement de travail
l’accès à la formation partout et
où sont les talents. Nous allons assister à la fin du Brain à distance, les entreprises internationales vont petit à petit
pour tous. Selon l’UNESCO, plus
Drain, et c’est une opportunité incroyable pour l’Afrique. recourir à des employés en dehors de leurs territoires. Elles
de 30 millions d’apprenants dans
Mais il faut que les gouvernements investissent dans les vont chercher les talents là où ils sont. Et si l’on donne aux
le monde sont Africains et parmi
équipements de très haute qualité ! », note Julien Barbier. jeunes l’opportunité d’accéder à des formations de haut
eux, 15,6 millions sont dans
niveau, ils seront en compétition avec les Européens et
l’enseignement supérieur. Pour que A fortiori dans un contexte où de plus en plus de
auront de bonnes chances de remporter le match », assure,
le e-learning entre définitivement multinationales choisissent désormais d’installer des
de son côté, le cofondateur d’Holberton.
dans les usages sur le continent, antennes opérationnelles en Afrique. A l’instar de
un problème de taille subsiste : Twitter, qui a récemment choisi d’implanter un siège Qu’il s’agisse de compétences techniques ou
l’accès à Internet. « Avec un taux africain à Accra, la capitale ghanéenne. managériales, une chose est sûre, l’ed-tech permettra
d’accès de seulement près de 25 %, de former un grand nombre de nouveaux talents à
Aujourd’hui, les grandes entreprises n’hésitent plus
l’Afrique a la plus faible connexion
à embaucher des talents locaux ou provenant de la travers le continent. A charge pour les pays africains
du monde. Et pour la majorité de la
diaspora. « Nous observons qu’un nombre grandissant de consolider, grâce à la formation, la base d’un
population, l’enseignement en ligne,
d’étudiants africains souhaite retourner sur le continent, développement durable.
sur le modèle des pays de l’OCDE,
n’est pas possible », est-il noté dans
le rapport de 2020 de l’organisation
The Sustainable Development Goals
Center for Africa.
Pour tenter de répondre à ces
défis, des plateformes proposent
des formats nouveaux, adaptés
aux spécificités africaines. Dans
un continent où la pénétration du
mobile va exploser ces prochaines
années - on comptera 600 à 630
millions d’abonnés en téléphonie
mobile d’ici à 2025 -, les instituts de
formation ont tout intérêt à miser
sur ce canal. « L’Afrique n’a plus
seulement besoin d’e-learning , mais
elle a besoin d’une solution qui va
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FORMATION
« L’EduTech est un rempart contre les inégalités
d’accès à l’éducation »
Huawei, en Afrique, c’est 18 bureaux, 2 OpenLabs, et 9 000 employés, dont 76% recrutés
localement. L’expansion du géant chinois est renforcée par sa présence depuis plusieurs décennies.
Et par son engagement affiché pour l’éducation et la formation aux TIC des jeunes africains. Dans
cette interview, Adnane Ben Halima, Vice-président chargé des relations publiques de la région
Méditerranée de Huawei Northern Africa décline la politique du groupe dans le secteur.
CIO Mag : Pourquoi l’éducation et la
formation, qui sont le point n°4 des
Objectifs de développement durable
(ODD), sont au cœur de vos actions
en Afrique ?
Adnane Ben Halima : Actuellement, 800 millions
d’Africains ont moins de 25 ans, avec un âge
médian de 19 ans. L’enjeu démographique en
Afrique est énorme, car la population doublera
d’ici à 2050.
Si cet accroissement peut être un atout
considérable pour le continent, il faut d’ores et
déjà prévoir des politiques publiques en faveur de
l’inclusion, à la société, de ces futures générations.
Dans dix ans, 30 millions de jeunes entreront
chaque année sur le marché du travail.
L’objectif 4 des ODD, fixé par les Nations Unies
pour 2030, vise à apporter une éducation de
qualité pour tous.
Chez Huawei, l’employabilité des jeunes est au
cœur de nos préoccupations. Nous en discutons
régulièrement avec les gouvernements et les
institutions publiques. Il est essentiel d’orienter
les jeunes vers des formations aux métiers des TIC,
qui sont pourvoyeurs d’emplois.
Infrastructures, 5G… Quelle part
Adnane Ben Halima représente l’EduTech dans votre politique
Vice-président chargé des relations publiques de la région de transformation digitale en Afrique ?
Méditerranée de Huawei Northern Africa
A.B.H : Le e-learning et les MOOC sont une
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chance pour se former à distance, en
s’affranchissant des frontières.
étudiants peuvent suivre les cours d’autres
pays sans avoir à se déplacer, sans qu’il n’y
ait de contraintes financière ou logistique.
Grâce à ses solutions digitalisées, qui sont
de véritables alternatives, Huawei propose
des cours en ligne : les MOOC.
L’EduTech apparaît alors comme
Adnane Ben
rempart idéal contre les inégalités d’accès
Halima à l’éducation. Pour que cette opportunité
Vice-président
se réalise, il faut investir dans des
chargé des relations
infrastructures solides. Notre expertise
publiques de la région
en la matière nous permet de cerner les
Méditerranée de
besoins des États africains, en partenariat
Huawei Northern Africa
avec les gouvernements locaux,
opérateurs et la société civile.
I N T ERVI EW
Les technologies de l’éducation
davantage un prolongement de nos activités
qu’une transformation de notre groupe. Le
développement de la 5G est concomitant à
l’essor de la digitalisation des plateformes
d’enseignement. De meilleurs
assureront une fluidification des usages.
La fracture numérique
et les difficultés d’accès à l’énergie
entravent l’inclusion numérique
sur le continent. Comment abordez-
vous ces questions ?
A.B.H : Combler le déficit infrastructurel
de l’Afrique nécessiterait de 130 à 170
milliards dollars par an, selon la Banque
Mondiale et la Banque africaine
développement. En effet, un Africain sur
trois n’a pas accès à l’électricité. Dans son
« Agenda pour 2030 », l’ONU a adopté,
en septembre 2015, 17 Objectifs pour le
développement durable de la planète, qui
doivent être atteints en 2030.
Le septième concerne l’énergie : « Garantir
l’accès à tous des services énergétiques
adaptés, fiables, durables et modernes, à un
coût abordable ».
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Pour connecter l’Afrique, il faut d’abord
Les l’électrifier. C’est pourquoi Huawei propose
des solutions connectées et intelligentes
comme SmartGrids et PowerCube
1000. Elles permettent un accès local à
l’électricité, avec des rendements optimisés
grâce à l’intelligence artificielle. Nous
proposons aussi RuralStar, une solution
pour connecter les zones reculées non
le
reliées au réseau en construisant 230 000
km de fibre optique.
Tech4All, ICT Academy, Seeds
for the future et Huawei ICT
Competition… Quel est le niveau
d’opérationnalisation et d’impact de
ces programmes sur le continent et
les
sa jeunesse ?
A.B.H : Huawei investit dans l’éducation via
sont
ses programmes Learn ON. Le programme
ICT Academy est une certification
professionnelle pour les ingénieurs. Il
garantit une reconnaissance de leurs
compétences sur le marché du travail.
débits
Le programme Seeds for the Future a été
lancé en 2014. Il a vocation à mettre en
lumière et soutenir les nouveaux talents
du numérique.
S’agissant de l’initiative TECH4ALL, elle
doit mettre en avant les opportunités de
l’innovation digitale. Elle est conçue autour
de trois piliers : la promotion de l’inclusion
numérique en Afrique, le renforcement
de l’accès aux nouvelles technologies
de pour les populations marginalisées et
l’essor de la croissance économique et du
développement durable en Afrique.
Ces efforts paient. Le programme ICT
Academy est déjà présent dans 400
universités et collèges. Quelque 50 000
talents du numérique ont bénéficié d’une
formation et 20 000 personnes ont reçu des
certifications techniques. Au total, nous
avons formé plus de 80 000 ingénieurs
africains.
61
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Le programme Huawei ICT Academy
Development Incentive Fund (ADIF) a été
financé à hauteur de 5 millions dollars pour
répondre aux conséquences du Covid-19 sur
l’éducation en Afrique. Quel en est le bilan ?
A.B.H : La pandémie a impacté tous les secteurs et
en particulier l’éducation. Le programme de don
de 5 millions de dollars au Huawei ICT Academy
Development Incentive Fund a été le prolongement
logique de notre engagement historique pour la
formation des jeunes en Afrique. Pour assurer la
continuité pédagogique, des cours, des formations
et des partages d’expériences en ligne ont pu être
financés.
Nos équipes ont développé une plateforme en ligne
autour du programme ICT Academy. Nous avons déployé
130 ressources MOOC sur l’intelligence artificielle, les
big data, la 5G et l’Internet des objets (IOT).
Huawei a contribué à la formation de 50 000 étudiants
grâce à l’auto apprentissage, en collaboration avec près
de 300 universités et académies au Maroc, en Égypte,
au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.
Quelles sont vos prochaines actions sur le
continent et comment envisagez-vous la
formation continue des ressources humaines ?
A.B.H : Nous poursuivons nos engagements en faveur
de l’éducation, du désenclavement et de l’inclusion
numérique. Quant à nos prochaines innovations,
elles comprennent notamment le développement
de l’internet des objets. Nous avons développé
HarmonyOS, notre propre système d’exploitation. Il
est progressivement déployé sur nos appareils. Notre
ambition est de produire 300 millions d’appareils
fonctionnant sous ce logiciel pour harmoniser
l’interactivité de nos produits.
Nous n’oublions pas notre cœur de métier  : les
infrastructures. À travers le continent, nous multiplions
les projets de centres de données, dont ceux du Maroc
et du Sénégal, qui ont déjà été inaugurés. L’objectif est
de garantir la souveraineté numérique des États, ce qui
constitue un rempart contre les menaces croissantes en
cybersécurité. A notre actif, plus de 3 000 ingénieurs
pleinement dédiés aux TIC.
Propos recueillis par Michaël Tchokpodo
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DOSSIER ODD
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur en
informatique, Adnane Ben Halima
CAMEROUN
a débuté sa carrière professionnelle La santé numérique au secours des populations
en tant qu’ingénieur en Recherche et
Développement chez ST-Microelectronics. Depuis plusieurs années et encore plus aujourd’hui, des jeunes pousses camerounaises proposent
Il a rejoint Huawei en 2005 et a occupé des solutions sanitaires aux populations. Elles profitent des avantages du numérique dans un
plusieurs postes à responsabilité, dont contexte difficile.
Aurore Bonny
celui de Directeur régional du Wireless
Department au Maroc et de Directeur
général adjoint, en charge des ventes et de
la stratégie, pour la Tunisie et la Libye.
Adnane Ben Halima a notamment contribué
à la conception et à la mise en œuvre de
plusieurs projets pour le renforcement
de l’infrastructure de communication au
Sénégal, au Tchad, au Mali, en Algérie, au
Maroc et en Mauritanie. Ces initiatives
ont permis d’offrir divers services, tels que
l’accès au haut débit fixe et mobile.
Adnane Ben Halima a également piloté
le lancement de nouveaux réseaux fixes
3G, 4G, THD et de plateformes Cloud dans
plusieurs pays. Il a assisté au lancement de
nouveaux opérateurs télécoms.
En avril 2020, Adnane Ben Halima
est nommé Vice-président en charge
des relations publiques de la région
D
Méditerranée de Huawei Northern Africa,
un poste qu’il occupe jusqu’à ce jour. epuis le début de la pandémie du Cette version évolue selon le souhait du promoteur,
Coronavirus, les jeunes innovateurs se lequel peut envisager d’y rajouter d’autres
sont ingéniés à faciliter et à protéger les fonctionnalités, comme un capteur de température
populations au cours de cette période et un détecteur de métaux. La troisième version est,
éprouvante, voire meurtrière. Dans plusieurs villes du comme son nom l’indique, une sorte de tunnel où
Cameroun, les solutions développées par Armel Ndidjou, plusieurs personnes peuvent passer en même temps.
fondateur de l’Agence universitaire pour l’innovation Ce modèle est adapté aux agences de voyages.
(AUI-Techno), sont presque incontournables. Ses
portiques désinfectants «  intelligents » sont installés Les projets de cet entrepreneur camerounais, dans le
secteur de la santé, sont multiples. Il a plusieurs fois
dans les entrées des divers lieux d’affluence. Ils changent
été primé sur le plan national africain et sur la scène
du simple nettoyage de main par gel hydroalcoolique.
internationale. Sa couveuse néonatale connectée et
Ce dispositif électronique est déployé sous trois modes :
brevetée lui a valu sa plus grande reconnaissance. Cet
standard, confort et tunnel. La première version, moins
électronique que les autres, fonctionne à l’énergie innovateur contribue fortement à réduire la pénurie
électrique et solaire. La seconde renseigne sur le de couveuses - et la mortalité - dans un pays où elles
nombre d’usagers et émet des alertes lorsque l’appareil font cruellement défaut. La couveuse intelligente est
ne dispose plus de désinfectant. autonome et peut fonctionner sans électricité, ce qui
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n’est pas négligeable au vu des
régulières coupures électriques au
Cameroun. Elle est si performante
que les hôpitaux camerounais
n’hésitent pas à s’en servir, à
commencer par l’hôpital régional
de la ville de Bafoussam. Dans ce
Centre médico-chirurgical SOS
Ouest Santé, Joséphine Fokam
Mandu, la directrice, a déclaré
a déclaré, lors d’une visite du
fournisseur : «  Nous avons eu le
temps de l’expérimenter et en tirons
une grande satisfaction. Nous avons
également constaté qu’en dépit des
baisses de tensions, la couveuse
continue d’opérer. Elle est stable et ses
données ne sont pas perturbées par les
désagréments de l’électricité ». Selon
elle, l’application installée sur son
téléphone lui permet de surveiller
l’appareil à distance et d’être alertée
en cas de soucis.
Couveuse intelligente
Joséphine Fokam Mandu s’est inté-
ressée à cette couveuse atypique,
qui « couvre une vraie demande »,
dans un contexte de pénurie et de
difficultés d’approvisionnement
dans d’autres centres hospitaliers.
Et du fait du manque de médecins
spécialisés en néonatologie. Le
promoteur de l’Agence universi-
taire pour l’Innovation (AUI) s’en
explique. « La couveuse intelligence
est un équipement qui fonctionne et
que nous pouvons dépanner car nous
en sommes les fabricants. Nous pou-
vons l’utiliser sous système androïd.
Et nous pouvons l’améliorer à notre
guise parce que c’est une fabrication
locale. C’est l’avantage de produire lo-
calement. Nous avons la maitrise du
dispositif ».
La solution est également appréciée
dans d’autres centres. Le personnel
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de santé salue la possibilité de dis-
poser des couveuses sur place, sans
avoir à se rendre au centre régio-
nal où elles ne sont pas légion. Et
en se dispensant d’un trajet risqué
et mortel pour les bébés prématu-
rés. Selon Armel Ndidjou, le taux
de mortalité néonatal est catastro-
phique en Afrique et au Cameroun,
et constitue «  une préoccupation
sociale terrible. «  Plusieurs cou-
veuses importées ou peu disponibles
sont en panne, sans qu’il ne soit pos-
sible de les réparer, car elles ont été
fabriquées avec une technologie non
maitrisée sur le plan local ».
Avec sa couveuse Mouboua 1404,
Stéphane Tabeu entend lutter contre
la mortalité infantile et réduire la
pénurie de cet équipement dans
son pays. Il revendique l’aspect
intelligent de son appareil, qu’il
est possible de contrôler depuis
un Smartphone. S’il en est encore
au stade du prototype, il travaille
néanmoins à l’améliorer avec ses
fonds propres et via des prêts
bancaires. Pour l’heure, Stéphane
Tabeu a confié à CIO Mag qu’il
attendait 200 millions FCFA de
subventions promis par l’Etat
camerounais pour développer son
projet.
Biotech a, pour sa part, conçu une
couveuse néonatale solaire, avec
module de photothérapie, pour
le traitement de la jaunisse des
nouveau-nés. Son fabriquant,
l’ingénieur biomédical Mouafo
Foguieng Stephen, assure que
l’équipement intelligent peut
fonctionner en autonomie durant
16 heures grâce à l’énergie solaire.
Arthur Zang , ingénieur et promoteur
de l’entreprise Himore Medical, a de
son côté inventé le Cardiopad. Une
belle opportunité dans le domaine
DOSSIER ODD
de l’appareil médical connecté et
du suivi à distance, dans ce pays
d’Afrique centrale où il y a moins
de 50 cardiologues pour plus de 22
millions d’habitants. Le Cardiopad
est une tablette médicale tactile
permettant d’enregistrer l’activité
cardiaque. «  Les données sont
ensuite transmises, via le réseau
de téléphonie mobile sans fil, à des
spécialistes travaillant dans de
grands centres urbains, à plusieurs
dizaines de kilomètres de là. Elles sont
interprétées avant qu’un diagnostic
ne soit posé et qu’un traitement soit
prescrit », explique l’Organisation
mondiale de la propriété
intellectuelle (OMPI). Selon son
inventeur, cet «  électrocardiographe
numérique aux fonctions multiples
et étendues » a été conçu pour
«   réduire le taux de mortalité due
aux maladies cardiovasculaires dans Télémédecine La patientèle peut, depuis son domicile, bénéficier
le tiers-monde ». Au cours de son d’une consultation en ligne. «  Seul le médecin décide,
développement, l’invention, primée S’agissant de la télémédecine, on peut citer en exemple
selon le cas, s’il y a besoin de se rendre à l ’hôpital.
à l’échelle internationale, a reçu une l’entrepreneur Emmanuel Assom. Sa plateforme de santé Cette mesure répond aussi aux consignes des gestes
subvention de l’Etat camerounais en ligne «  OuiCare » permet un accès facile, sécurisé barrières. En second plan, nous avons élaboré, dans
de 30 000 Euros. et rapide au personnel médical ou aux informations notre plateforme, un autre module pour lutter contre
médicales, et oriente vers les services médicaux la paranoïa essentiellement due à la désinformation
Dans le contexte de la crise sanitaire,
compétents. «  L’application mobile OuiCare prend des sur le sujet du Covid. Il s’agit du décompte officiel des
le Covid-19 a augmenté le besoin
rendez-vous en ligne, conserve l’historique médical et sert cas sur le territoire et dans le monde. Les utilisateurs
d’approvisionnement en oxygène
aussi de carnet de santé digital. L’utilisateur a accès aux et notre communauté sont régulièrement informés sur
dans les centres médicaux du pays.
différents médecins spécialistes, ce qui diminue le temps la pandémie et sur les moyens de s’en prémunir via
Et la pénurie de ce comburant,
d’attente. Un carnet digital conserve les informations les réseaux sociaux ». Depuis son lancement, en juin
aussi rare et cher que les couveuses
médicales du patient et facilite sa prise en charge par le 2015, Oui Care totalise presque 20 000 utilisateurs,
néonatales, cause le désarroi des
service compétent », confie Assom à CIO Mag. L’objectif plus de 2 000 clients, un réseau de 18 médecins et 2
patients.
est d’assurer un accès aux soins de qualités et aux infirmiers. Le dispositif assure une présence dans trois
Attentif à cette situation, Arthur médecins. Comment ? Avec une prise en charge rapide, villes (Douala, Yaoundé, Bafoussam). Pour accroitre son
Zang a développé l’Oxynet, une un suivi médical efficace, la sécurisation des données expansion à travers le pays, la start-up escompte plus de
sorte de station de production médicales et la démocratisation de la prise en charge. ressources.
d’oxygène médical, avec un débit
continu d’oxygène pur à 95%. Le gaz Emmanuel Assom se décrit comme «  l’un des acteurs Avec Hospisoft, l’ingénieur informatique Aymard
est produit à partir de l’air ambiant, majeurs de l’e-santé au Cameroun et le précurseur du Djadchin s’emploie aussi à la sécurisation des dossiers
qui est constitué d’environ 21% de carnet de santé digital ». Grâce à des idées innovantes médicaux, au sein de sa start-up Universal Software.
dioxygène et de 79% de diazote. et avant-gardistes, il contribue à la lutte contre le Son dispositif autonomise le processus de gestion d’un
Le tout est alimenté par un réseau coronavirus, qui a paralysé les activités sanitaires. Il s’est centre de santé. Il permet également aux patients d’avoir
électrique. Oxynet produit environ engagé à assurer la continuité des services médicaux en des dossiers médicaux numérisés en place et lieu des
60 litres d’oxygène par minute. concevant un module de téléconsultation. versions papiers.
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Il améliore substantiellement la gestion des
informations de la patientèle et évite les erreurs de
traitements médicaux.
Ecosystème de santé en effervescence
Suivre les patients à distance pendant la pandémie
du Coronavirus, c’est également le credo d’E- santé
Cameroun. L’entreprise fondée et dirigée par le docteur
Philippe Ohandja Ayina a vocation à améliorer l’offre
sanitaire par les nouvelles technologies de l’information
et de la communication. «   Lors du confinement, les
patients pouvaient difficilement se rendre dans les
hôpitaux. Un nombre important a alors été suivi à
domicile. Nous avons développé une application de
télémédecine pour que nos patients puissent se faire
consulter en ligne par un médecin exerçant au Cameroun
ou à l’étranger ». E- santé Cameroun est à l’origine de
ClinicHome, une plateforme de médecine à domicile en
ligne. Son but ? Résoudre plusieurs problèmes majeurs
tels que l’inaccessibilité ou le manque de médecins,
mais également l’amélioration de la qualité des soins.
Les praticiens recrutés sont «  rigoureusement formés sur
des normes internationales ».
E- santé Cameroun collabore avec des assurances privées
et mise sur l’esprit d’innovation et le dynamisme d’une
équipe jeune. Son dirigeant promet un service de qualité
en constante amélioration. La plateforme de son groupe
totalise plus de 200 médecins à travers le Cameroun
et enregistre plus de 8 500 dossiers numériques et
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plus de 3 200 rendez-vous en ligne. De nombreux
obstacles sont néanmoins à surmonter. Parmi ces
obstacles, une population qui hésite encore à améliorer
les conditions de prise en charge sanitaire, le manque
d’infrastructures technologiques et un réseau internet
de moindre qualité pour la télémédecine. En sus, un
accompagnement limité des institutions publiques et
des organismes de financement privés. Ces difficultés
interrogent l’écosystème de la santé numérique au
Cameroun. Dans ce domaine, fait remarquer le docteur
Ayina, le Cameroun «  en est encore à ses fondations » à
cause du manque d’infrastructures nécessaires à la mise
en place d’un véritable réseau d’e- santé ».
Pour Emmanuel Assom, l’écosystème de la santé est
en pleine effervescence. «  Pour l’instant, il y a très peu
d’acteur sur ce segment, mais nous remarquons qu’il y a de
plus en plus de nouveaux arrivants. C’est ce qui contribue au
développement de ce secteur. Mais, pour l’heure, ce qui pose
problème, c’est l’accès aux soins de santé, la difficulté de
rencontrer un médecin et la lenteur de la prise en charge ».
Il pense que le développement du numérique peut
contribuer à la réduction de ces problèmes en apportant
des outils supplémentaires aux différents acteurs du
secteur et en améliorant leur rendement. Serge Armel
Ndidjou considère que « le numérique est un boulevard
d’opportunités ». Il facilite l’activité médicale et le
travail collaboratif dans le développement des solutions
médicales, au profit des populations.
Jacques Moulin
Directeur général de l’IDATE
PAROLES D'EXPERTS
ANALYSE
« L’Afrique digitale est un pilier du développement
économique et social post-Covid »
Chaque année, l’IDATE Digiworld publie son Observatoire de l’économie numérique en Afrique. Le
DigiWorld Yearbook Afrique recense et analyse, dans une approche multisectorielle, les impacts
des nouvelles technologiques sur le continent. Jacques Moulin, Directeur général de l’IDATE, dresse
pour CIO Mag les principales observations pour l’année 2020 de cette publication de référence,
plus d’un an après le début de la crise du Covid-19, qui a accéléré l’émergence de nouveaux usages
et apprentissages numériques. Interview.
CIO Mag - En cette période
particulière de pandémie, quelles
sont vos observations sur l’avenir du
numérique en Afrique ? Quelle est la
principale conclusion de votre étude ?
Jacques Moulin : En cette année si
particulière, nous analysons les données de
l’économie numérique en Afrique au travers
du prisme de l’inclusion digitale. Au-delà du
« saut de grenouille » tant attendu pour le
continent, la pandémie et les confinements
ont prouvé que la rapidité d’adoption des
usages numériques constituait un élément
différenciant clé pour les nations qui peuvent
intégrer la compétition internationale, mais
aussi s’inscrire dans un développement
durable et responsable.
Nous devons comprendre qu’il y a une
différence entre la société africaine pré-
Covid et post-Covid. Ces dernières années,
la croissance du PIB sur le continent africain
a été relativement solide et elle aurait dû
s’accélérer en 2020. L’arrêt des échanges
internationaux et la baisse des prix des
matières premières ont porté un coup rude
à la croissance.
Aujourd’hui, l’Afrique doit faire face à
plusieurs défis, dont, bien sûr, le choc
économique induit par la pandémie, mais
aussi l’effondrement du prix du pétrole.
67
Juillet - Août - Septembre 2021​​N° 70 www.cio-mag.com
 PAROLES D'EXPERTS PAROLES D'EXPERTS

A ces deux éléments s’ajoutent des
défis structurels, un taux de croissance
démographique qui reste très élevé, une
industrie encore balbutiante et une
inclusion territoriale et de genre encore
trop timide.
Au sein de la communauté IDATE, il
nous semble que la crise du Covid-19
a mis en évidence deux principaux
Jacques aspects sur lesquels il faut agir vite.
Moulin Le premier concerne les plans relatifs
Directeur général au développement des infrastructures
de l’IDATE essentielles à l’arrimage à une économie
durable responsable. Quant au second, il
s’agit de l’éducation et de la formation.
Ce sont les préalables pour accompagner
les emplois de demain en Afrique et pour
I N T ERVI EW
soutenu le développement des activités
traditionnelles. L’impact de la crise sur les
marchés numériques en Afrique, qui ont
atteint 98 milliards d’Euros en 2019, n'a
pas été aussi marqué que pour les secteurs
de l’économie traditionnelle.
Dans notre étude, nous montrons que
l’impact de la crise sur les marchés
numériques en Afrique - qui ont atteint
98 milliards Euros en 2019 - n ›a pas été
aussi marqué que pour les secteurs de
l’économie traditionnelle.
La Banque africaine de développement
(BAD) avait prévu, en 2019, un retrait de
5 points dans la croissance économique en
Afrique. L’économie numérique enregistre
seulement 2 points de retrait. Dans le
forte croissance des investissements chinois dans
les infrastructures TICs en Afrique avec, en 2018,
un montant record de 60 milliards de dollars
consacrés au développement de l’Afrique. Ceci
interroge l’Europe et les Etats-Unis. Au sein de la
communauté IDATE, avec nos 80 membres, dont
la majorité a des implantations, des partenaires
ou des clients en Afrique, nous militons pour
que l’Europe se saisisse aussi de cette question.
Nous ne pouvons, en effet, prendre en compte
l’évolution de l’économie mondiale sans prendre
en compte l’économie africaine. Et cette question
est une nécessité, tout comme une opportunité.
Et non seulement pour l’Afrique, mais aussi pour
le reste du monde.
Peut-on concilier la transformation
numérique avec les Objectifs
Grâce à la Recherche et Développement, les
nouvelles technologies, qui sont nativement
« green by design », permettent de réduire
l’empreinte carbone et la consommation
énergétique. La reconstruction d’un nouvel ordre
économique, politique et social post-Covid est un
enjeu qui concerne tous les acteurs économiques
et politiques. Et les actions structurent les
nouvelles dynamiques sociétales. Le digital peut
ainsi permettre d’accélérer l’atteinte des Objectifs
de développement durable dans tous les secteurs :
agriculture, e- santé, éducation…
Pour la formation, il est essentiel de préparer
les étudiants, mais aussi les collaborateurs
des organisations privées et publiques, à une
culture générale sur le numérique et sur les
enjeux technologiques. Dans le même cadre, les

profiter de la croissance démographique du développement durable, notamment la

particulièrement forte.
Cela implique notamment de poser une
évaluation sur les grands projets relatifs
au haut-débit. Et sur la capacité à imaginer
des nouveaux dispositifs d’éducation plus
inclusifs et plus « modernes », au sens de
la préparation aux besoins de l’économie
4.0. Si l’Afrique traîne à s’organiser dans le
processus de son industrialisation et de sa
transformation numérique, il sera difficile,
pour elle, de faire face à la concurrence au
niveau international.
Dans des contextes très variés, il
s’agit d’un enjeu commun pour le
continent africain : bâtir les conditions
d’infrastructures et penser les modalités
de formation pour faciliter l’émergence
d’une société « numérique », de progrès,
durable et responsable.
Le secteur numérique a-t-il été
relativement été épargné par la crise
économique et sanitaire ?
J. M : Il y a des indicateurs positifs.
La reprise post-Covid est effective en
Afrique, même si elle reste inégale entre
les Etats. Le numérique tire cette reprise.
Le secteur du digital a notamment
secteur de l’économie numérique. D’où la gouvernements africains doivent capitaliser sur
lutte contre le changement climatique ?
nécessité, pour l’Afrique, de poursuivre les « success stories », dont recèle le continent.
sa transformation et sa mutation vers J. M : Nous sommes de ceux qui pensent que Ils doivent accélérer leurs investissements
le numérique et de mettre en place le numérique permet de limiter les besoins dans les industries du futur et les programmes
les infrastructures nécessaires pour en énergie et en électricité. Tout dépend bien d’éducation initiale et permanente, et le soutien à
embarquer le levier du digital comme sûr des engagements pris par les États, les l’entrepreneuriat numérique.
facteur d’inclusion. industriels et les acteurs économiques, qui
façonnent et « designent » cette transformation Propos recueillis par Camille Dubruelh
Le développement
numérique. et Enock Bulonza
des infrastructures est en
effet nécessaire pour garantir
l’inclusion numérique de toutes les
populations. Afin de lutter contre
la fracture numérique, faut-il miser
sur l’internet fixe ou mobile ?
J. M : Le travail doit aussi se poursuivre sur
la mise en place des infrastructures fixes
et les pays connaissent des évolutions très
disparates. L’ile Maurice et l’Afrique du Sud
ont, par exemple, fait le choix de fibrer
leurs territoires. Dans d’autres pays, les
efforts restent trop faibles et nécessiteraient
beaucoup plus d'investissements. Ce choix
d’investissement ne peut être uniquement
le fruit des opérateurs. Les bailleurs de
fonds et les financements privés doivent
intervenir.
La Chine s’est d’ailleurs saisie de cette
opportunité et nous observons une très

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 PAROLES D'EXPERTS
ODD
« Nous sommes tous acteurs du développement »
2020 et 2021 nous le prouve, nous sommes désormais tous acteurs du développement. Entreprises,
fondations, Etats, associations et collectivités… Quel que soit le statut sous lequel nous œuvrons,
nous sommes aussi et avant tout des citoyens. Et nous devons faire en sorte que nos actions
soient menées en suivant des priorités, afin que ce monde soit durable. Il me semble clair que
les ODD et les indicateurs associés sont d’excellents repères pour prioriser nos actions pour les
dix prochaines années. En 2030, il faudra tirer les leçons et faire un bilan afin de réajuster les
indicateurs des ODD.
sur les projets ou programmes de développement en
Afrique. Et particulièrement dans toutes les grandes
thématiques du développement que sont l’éducation,
l’énergie, l’agriculture, l’eau, l’entrepreneuriat, la
protection de l’environnement et la mobilité. Les
GAFA s’emparent des données et des plateformes, et
l’intelligence artificielle, la blockchain ou les monnaies
électroniques sont déjà là.
Compréhension des enjeux, anticipation
et agilité pour créer de la croissance
Une grande partie des acteurs s’accordent sur le fait que
le numérique est un allié précieux, mais, nous accusons
aussi un retard car deux freins majeurs persistent. Ce
sont :
Le manque d’agilité sur les technologies dans les
usages déployés. Ces technologies utilisées évoluent
sans cesse et très rapidement. Bien souvent, entre
l’étude, la conception, le déploiement, les formations et
les mises à jour, des mois, voire des années, passent et
l’obsolescence devient la norme. Il faut donc accroître
Thierry BARBAUT l’agilité de ceux qui portent ces projets sur l’usage de
Directeur des écosystèmes innovants chez TACTIS ces technologies et mettre l’anticipation et la vision des
développements au cœur des stratégies.
Se projeter avec des technologies durables
La mise à niveau de l’ensemble de la chaîne des usa-
En vingt ans, les technologies se sont imposées dans
gers impliqués dans les projets. Non seulement la for-
nos modes de travail. Nous sommes en majorité équipés
mation fait souvent défaut, mais comme dans le pre-
d’ordinateurs et surtout de Smartphones, qui sont mier point, les technologies évoluent et il faut faire évo-
devenus de véritables couteaux suisses des technologies. luer, en parallèle, la prise en main des technologies. Et
Les perspectives qu’ils offrent ne sont plus à démontrer. ajouter, également, le sujet crucial de l’emploi, lequel
Bien sûr, le numérique, de manière générale, est doit être le véritable enjeu et cheval de bataille des 54
indubitablement un levier et un accélérateur puissant Etats du continent africain.
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Le but est que la jeunesse puisse
s’emparer du numérique pour réus-
sir à développer des compétences
porteuses d’emplois. Dans le cas
contraire, cela produirait un effet
boomerang avec un développement
des projets, mais une pénurie de
compétences… C’est déjà le cas dans
de nombreux pays en Afrique, mais
pas seulement.
Tiers lieux et Hub pour
fédérer les acteurs
Il faut accroître, avec agilité, les
soutiens aux programmes de
formations. C’est complexe mais
indispensable. Edtech, codage,
nocode, campus technologique,
inclusion du numérique… Ce
sont des solutions dans les cursus
scolaires. Et l’intégration de la
compréhension des ODD serait un
atout supplémentaire.
Bien souvent, je vois que des
formations ou des technologies sont
mises en œuvre en Afrique, mais
qu’elles sont inadaptées localement,
car elles sont incompatibles
avec l’écosystème culturel ou
économique local. Ajoutez à cela
des applications ou des systèmes
dont les mises à jour refondent
littéralement les interfaces et
vous avez la recette d’un échec
redoutable. La solution viendra,
en partie, de l’essor des Hub du
numérique. Ils étaient 60 en 2017
et 750 en 2021.
Les ODD sont interconnectés.
Prenons l’ODD 9 « Industrie
innovation et infrastructure ».
« Accroître nettement l’accès aux
technologies de l’information et de
la communication et faire en sorte
que tous les habitants des pays les
moins avancés aient accès à Internet,
à un coût abordable, d’ici à 2020
». Il est donc indispensable de
développer de la transversalité
entre les actions et surtout de
s’aligner sur une logique commune
de développement. Il m’est souvent
demandé, sur les programmes
utilisant des nouvelles technologies
en Afrique, pourquoi tel ou tel
projet ne s’inspire pas de ce qui est
fait ailleurs. Eh bien, c’est justement
à cause de ce non alignement. Les
développements de programmes
agissent en dispersion, sans
respecter les indicateurs présents.
Des échelles pour agir en
passerelles sur les projets,
avec des ODD compris
par les acteurs
Les ODD permettent donc d’anticiper
et d’avoir une vision plus claire sur
les stratégies à adopter, mais aussi
sur les axes de développement. Ils
permettent également de définir
des piliers dans les tailles de
projets. Les nanos, qui sont les plus
petits ; les intermédiaires - micros
et mésos - et enfin, les macros, qui
définissent souvent les projets
d’infrastructures. Ils se distinguent
par trois indicateurs clés : le coût, la
vitesse de déploiement et l’impact.
Des ODD dans les projets
entre citoyens et politique
publique : exemple avec
l’application citoyenne de la
ville de Kigali
La société Tactis, qui œuvre en
France et en Afrique dans le conseil
en infrastructures et en services, a
porté, avec un financement français
et la mairie de Kigali, un projet de
déploiement d’une application de
signalement pour les citoyens de la
ville, ainsi qu’un système intelligent
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PAROLES D'EXPERTS
de capteurs de pollution fixe et
mobile. Cet ambitieux projet a été
mis en exergue lors de la visite
historique du Président Emmanuel
Macron, au Rwanda, en mai 2021.
Il a vocation à permettre aux
citoyens, via une application
intuitive et gratuite, de signaler
un dysfonctionnement comme
un éclairage défaillant, une
intervention sur la voirie, un
accident, un danger, une pollution...
Une liste de cas propose au
citoyen de signaler, en décrivant
avec du texte dans l’application,
et d’y ajouter une géolocalisation
et une photo. Cette innovation
va permettre aux agents de la
mairie de répondre au citoyen,
avec leurs terminaux mobiles et la
mise en place d’une plateforme de
centralisation des data. Et in fine,
de programmer une intervention et
de rendre compte, avec une photo et
une description, de ce qui a été fait
ou de ce qui est prévu, dans quelles
conditions et dans quels délais.
Il en est de même pour le système de
pollution. Des capteurs vont définir
les endroits les plus impactés, avec
des algorithmes d’analyse d’heures
de trafic, de niveau. Ils vont
permettre de réagencer les quartiers,
la circulation, l’emplacement des
marchés de sorte à, par exemple,
moins les soumettre à la pollution
et à de nombreux autres usages.
Deux points fondamentaux sur ce
projet innovant et ambitieux :
1. C’est une vision portée collabora-
tivement et donc une anticipation
d’interactions entre les citoyens et
les politiques publiques. L’objec-
tif est partagé entre les différents
acteurs pour améliorer les interac-
71
 PAROLES D'EXPERTS PAROLES D'EXPERTS

tions, avec le numérique et l’humain, de sorte à être Dans les solutions, il me semble évident que savoir

DIGITAL ET ÉNERGIE
dans une réelle stratégie de ville intelligente ou ville fédérer des sociétés - et donc des Etats - est plus
durable (Smart city). que jamais nécessaire. Il faut une vision commune,

2. Ce ne sont pas moins de 4 ODD phares qui sont mis

un monde durable bâti dans le cadre de cette
troisième révolution industrielle, celle des nouvelles
en avant sur ce projet : ODD 9 « Industrie innovation
et infrastructure », ODD 11 « Villes et communautés
technologies.
durables », ODD 16 « Paix, justice et institutions effi-
caces » et surtout l’ODD 17 « Partenariat pour la réalisa-
tion des objectifs ».
Avec la prise en compte - et donc de conscience - de
l’ODD 17, nous sommes, avec ce projet, sur de nombreux
indicateurs comme le 17.19 « Construction d’indicateurs
de développement durable ». Et d’ici à 2030, il sera
possible de tirer parti des initiatives existantes pour
établir des indicateurs de progrès en matière de
développement durable, lesquels viendraient compléter
le produit intérieur brut et appuyer le renforcement des
capacités statistiques des pays en développement.
Les sociétés sont bouleversées par les crises
économiques et sanitaires. L’impact est réel tant
pour les pays industrialisés que ceux en voie de
développement. De nombreux experts des civilisations
ou de l’environnement évoquent régulièrement les défis
auxquels nous allons de plus en plus être confrontés.
Thierry Barbaut est Directeur des écosystèmes
innovants chez Tactis. Observateur engagé
de l’écosystème numérique, avec un focus
Afrique depuis 25 ans, il est expert en pilotage
de projets de développement alliant impact et
innovation, et agissant en levier sur les Objectifs
de développement durable : santé, éducation,
eau, énergie, agriculture, entrepreneuriat et
protection de l’environnement.
Thierry Barbaut est également fondateur et
auteur, depuis 2008, du blog Info Afrique. Il
fédère plus de 80 correspondants, dans 12 pays,
avec l’objectif de valoriser les projets portés par
de nombreux acteurs qualifiés d’« Acteurs du
Développement ». Et dans l’optique de dévoiler
une vision prometteuse du continent africain
avec deux axes : l’économie et le numérique.
Nat-Sy Missamou
Senior Vice-président d'Orange Energie –
Orange Middle East and Africa
« Un défi relevé par les opérateurs d’électricité et
des télécommunications »
Les besoins basiques de plusieurs centaines de millions de personnes, sur le continent africain,
ne sont pas correctement satisfaits. Une partie encore trop importante de la population des
zones rurales est non desservie par l’électricité nationale. Et n’a pas les moyens de s’équiper
d’infrastructures dites « modernes » pour s’éclairer, cuire et conserver ses denrées alimentaires ou
recharger son téléphone portable.
fixe comme 7 ème objectif à atteindre de « garantir l’accès
de tous à des services énergétiques fiables, durables et
modernes, à un coût abordable ».
Cette ambition mondiale vient confirmer le lien étroit
qui existe entre l’accès à l’énergie et le développement
d’une société. L’équation à résoudre est donc la suivante :
comment réduire les barrières de l’accès à l’électricité
pour offrir une solution efficace et abordable aux
ménages dits « hors réseau », sur le continent africain ?
Les gouvernements, les producteurs d’énergie, les
entreprises et les opérateurs télécoms ont aujourd’hui
une partie de la réponse. Et il est indispensable de créer
des synergies pour concevoir une réponse conjointe et
adaptée aux réalités des consommateurs africains.
Une de mes convictions profondes est que l’innovation
digitale doit démocratiser l’accès à l’énergie en offrant
accessibilité, flexibilité, autonomie et sécurité. Pour
l’heure, en matière d’inclusion financière, elle a
notamment permis les paiements via téléphone
mobile, avec le mobile money, pour des personnes non
bancarisées.

P
our avoir de l’énergie, elle se rabat sur les lampes
à pétrole, les bougies, les piles, le bois et autres
combustibles fossiles, rejetant des quantités
importantes de CO2 dans l’atmosphère.
Ces alternatives, plus abordables parce que peu
coûteuses au quotidien, représentent néanmoins
une dépense significative à long terme. Elles ne sont
pas durables et mettent en danger la santé de leurs
consommateurs. Le facteur financier est souvent cité
comme la principale raison qui justifie le choix de ces
ménages. La charte des Objectifs du développement
durable (ODD) des Nations Unies, adoptée en 2015,
La solution que nous avons imaginée est le fruit de notre
propre expérience. Comme pour les particuliers, Orange
a dû faire face au coût élevé de son approvisionnement
en énergie.
Nos sites et nos tours de télécommunication, qui
sont situées en zone hors réseau d’électricité, étaient
principalement alimentés par des groupes électrogènes
fonctionnant au gasoil.
Cette solution était en effet plus abordable. Elle
était presque trois fois moins chère à l’achat que les
solutions modernes hybrides avec panneaux solaires.
Mais, en réalité, les solutions vertes à base de solaire
deviennent moins chères sur la durée, dès la sixième

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 PAROLES D'EXPERTS
année d’utilisation, malgré leur prix d’achat élevé.
Nous ne souhaitions pas immobiliser un investissement
initial si conséquent dans ces solutions et restions
donc au gasoil et aux générateurs. Pour en sortir, il
nous fallait pouvoir lisser l’achat de ces équipements
sur la durée, avec un prix mensuel comparable à nos
dépenses courantes en gasoil. C’est ainsi qu’est né notre
programme ESCO - Energy Service Company.
Il consiste à signer des contrats d’approvisionnement
en énergie, comme un service, avec des partenaires
spécialisés dans l’énergie verte. Nous procédons à des
paiements par mensualités pendant quelques années.
Ce programme est un véritable succès. Il permet à
Orange de réduire considérablement son empreinte
environnementale tout en disposant d’une énergie
garantie à un prix moins élevé.
Le Groupe Orange se positionne dans plusieurs pays
comme chef de file dans le déploiement de panneaux
solaires. Le taux d’utilisation d’énergie renouvelable
pour Orange Guinée s’élève déjà à plus de 50% et à 41%
pour Orange Madagascar. Il pointe à 40% pour Orange
Sierra Leone.
Nous sommes fiers d’être la première entreprise par le
nombre de panneaux solaires dans cinq pays d’Afrique
et du Moyen-Orient. Dans son plan stratégique Engage
2025, Orange a inscrit l’objectif de satisfaire 50% de ses
besoins en électricité à partir de sources renouvelables
en 2025. En tant qu’acteur de la transition énergétique,
nous visons le net zéro carbone d’ici à 2040.
Afin de faire profiter des avantages de ce modèle
économique au plus grand nombre, Orange Energie
a conçu et développé une plateforme digitale, qui
permet la réplication de ce modèle pour les ménages.
Depuis 2017, dans neuf pays africains, les habitants
en zone rurale, qui n’ont pas accès à l’électricité et
dont les revenus sont faibles et/ou irréguliers, peuvent
se procurer un kit solaire sans en immobiliser le prix
d’achat, souvent trop élevé.
En quoi consiste ce modèle ? Orange Energie fournit
à chaque client la possibilité de payer son énergie en
rechargeant son kit solaire au jour le jour, via Orange
Money. Et d’ainsi mieux maitriser son budget. Ces petits
paiements réguliers permettent au client de devenir
entièrement propriétaire du kit solaire au bout de deux
ou trois années d’utilisation.
C’est ce qu’on appelle le « pay-as-you-go ».
Les avantages de cette solution sont nombreux. Elle
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démocratise l’accès à une énergie verte et contribue
La référence IT au services des managers africains
considérablement à l’inclusion énergétique des foyers,
Oui, je souhaite m’abonner
qui sont aujourd’hui « déconnectés ». Fournir cet usage
a des impacts positifs directs.
Les enfants peuvent faire leurs devoirs sans s’abîmer
les yeux. Une famille peut recharger son téléphone et
rester joignable. Ou appeler en cas d’urgence. Une mère
de famille peut développer une activité génératrice de
revenus.
Dans le chemin vers la réduction des inégalités d’accès
à l’électricité, les opérateurs télécoms peuvent jouer un
rôle essentiel en tant que partenaires des producteurs
d’énergie, qu’il s’agisse des électriciens nationaux ou
des opérateurs de réseaux électriques décentralisés.
L’autre solution digitale d’Orange est l’utilisation de
compteurs intelligents connectés pour le prépaiement
de l’électricité. Les clients grand public peuvent disposer
d’un parcours amélioré s’appuyant sur le mobile money
et d’une maîtrise transparente de leurs dépenses en
électricité.
Quant aux opérateurs d’électricité, avec cette solution,
ils économisent en coûts opérationnels, réduisent les
fraudes et améliorent leurs recouvrements. Et au final,
ils disposent de plus de ressources pour investir dans
l’entretien et le développement de leur réseau électrique.
Afrique subsaharienne Europe et Maghreb Dom-Tom et reste du monde
La décennie à venir va être cruciale. Et nous avons
aujourd’hui moins de dix ans pour atteindre les 1 an 47 500 FCFA /73 € 1 an 42 500 FCFA /65 € 1 an 50 000 FCFA /77 €
Objectifs de développement durables de l’ONU, qui 2 ans 95 000FCFA /145 € 2 ans 85 000FCFA /130 € 2 ans 100 000 FCFA /154 €
mèneront nos sociétés vers plus d’équité. Il est de la 3 ans 142 500 FCFA /217 € 3 ans 127 500 FCFA /195 € 3 ans 150 500 FCFA /231 €
responsabilité de tous les opérateurs économiques de
mettre leur expertise au service du bien commun. *Frais de port inclus dans le prix
Nom ................................................................................................................................................................................................................................. Prénom .................................................................................................................................................................................................................................................
Nat-Sy Missamou a rejoint le groupe Orange
Société ................................................................................................................................................................................................................................ Fonction .......................................................................................................................................................................................................................................
en tant que Directeur de la transformation en
2009. Ingénieur, diplômé de Télécom Bretagne Adresse de livraison ....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
en 1994, il dispose également d’un MBA de la Boîte postale ......................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Sorbonne Business School, obtenu en 2008. Code postal .................................................................................................... Ville ............................................................................................................................. Pays ......................................................................................................................................................................................................
Tél. Fax
Au cours de ses onze années au sein du ......................................................................................................................................................................................................................................... ................................................................................................................................................................................................................................................................
groupe Orange, il a occupé plusieurs postes E-mail
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
à responsabilités et a construit des projets
Je règle la somme de ..................................................................................................................... €
durables dans différentes régions.
Chèque de banque à l’ordre de SAFREM Sarl Date et signature
Depuis 2019, Nat-Sy Missamou est Directeur
d’Orange Energie et pilote la stratégie de Transfert bancaire (BNP Paribas Paris.
développement de l ’activité sur la zone Afrique IBAN : FR76 3000 4029 3300 0100 3689 160 - BIC : BNPAFRPPPCE
et Moyen- Orient. Bulletin d’Abonnement à retourner à :
SAFREM Sarl - 23 Rue Colbert 78180
Saint-Quentin en Yvelines France
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 ∑���∞�±±∑�π�∏�200x280mm.pdf 1 2019/11/4 下午4:52

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