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Revue d'économie du

développement

L'intégration dans l'économie mondiale peut-elle se substituer à une


stratégie de développement ?
Can Integration into the World Economy Substitute for a Development
Strategy ?
Dani Rodrik

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Rodrik Dani. L'intégration dans l'économie mondiale peut-elle se substituer à une stratégie de développement ?. In: Revue
d'économie du développement, 9e année N°1-2, 2001. Penser le développement au tournant du millénaire. Sélection des
Actes. Conférence ABCDE – Europe. Paris, 26-28 juin 2000. pp. 233-243;

doi : https://doi.org/10.3406/recod.2001.1059

https://www.persee.fr/doc/recod_1245-4060_2001_num_9_1_1059

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L'intégration

dans l'économie mondiale

peut-elle se substituer

à une stratégie

the
forde
World
aCan
Development
développement?
Integration
Economy Strategy
Substitute
into ?

Dani Rodrik1

Selon le Wall Street Journal, un haut fonctionnaire du Trésor amé¬


ricain a récemment « exhorté le gouvernement mexicain à faire davan¬
tage d'efforts pour réduire le nombre des crimes avec violence, le taux
élevé de criminalité du pays étant susceptible de faire fuir les inves¬
tisseurs étrangers » (15 mai 2000, p. A25). C'était peut-être là une
remarque improvisée. Mais elle illustre parfaitement le fait que le com¬
merce extérieur et l'investissement étranger sont de plus en plus souvent
234 Dani Rodrik

population locale et que le bien-être de celle-ci devrait être l'objectif


prioritaire de la politique. Il est révélateur que non seulement les décla¬
rations de cette sorte soient considérées comme acceptables mais aussi
qu'elles constituent souvent la seule manière d'être pris au sérieux par
les responsables politiques.
La déclaration du haut fonctionnaire du Trésor souligne une cer¬
taine tendance à considérer le développement (ainsi que les réformes
institutionnelles nécessaires pour le déclencher et le soutenir) unique¬
ment dans la perspective de l'intégration dans l'économie mondiale.
Cette tendance est elle-même fondée sur l'opinion largement partagée
que l'ouverture au commerce est le moyen le plus sûr que l'homme
connaisse pour atteindre la croissance économique. Pour reprendre les
mots de Stanley Fischer (2000) « S'intégrer dans l'économie mondiale
est le meilleur moyen pour un pays de connaître la croissance ». Peu
d'économistes et de décideurs politiques répondraient par l'affirmative
à la question posée dans le titre du présent article. Mais dans la pra¬
tique, stratégie de développement est de plus en plus souvent synonyme
d'intégration mondiale.
Il est désormais bien compris que l'intégration dans l'économie
mondiale implique le respect de conditions très exigeantes au niveau
des institutions. Je soutiens toutefois qu'investir de façon prioritaire
dans ces prérequis dans la perspective du développement ferme non
seulement définitivement la voie à des solutions de développement
alternatives, mais peut aussi empêcher de s'attaquer à des priorités plus
urgentes en détournant des ressources humaines et des compétences
administratives et politiques qui auraient pu être affectées à d'autres
missions. On pourrait s'en réjouir si le résultat de l'intégration écono¬
mique internationale était significatif : si l'ouverture était effectivement
la clé de la croissance. Malheureusement, nous avons constaté que la
relation entre les barrières commerciales dressées par un pays et son
taux de croissance économique est faible, dans le meilleur des cas (au
moins pour certains niveaux de restrictions des échanges observés pen¬
dant les vingt dernières années). Tout simplement, il n'existe pas
d'élément concluant nous permettant de tenir pour hautement probable
qu'une croissance
barrières au commerce
soutenue
et à et
l'investissement.
significative suivrait
Tout ceci
l'abaissement
me conduitdesà

conclure que l'ouverture ne saurait se substituer de manière adéquate à


une stratégie de développement. Les décideurs politiques doivent éva¬
luer la mondialisation en termes de besoins de développement et non
pas l'inverse.
Intégration dans l'économie mondiale 235

L'intégration est coûteuse

pays
visible
rable
manœuvre
les
Dans
naître
le
surveillance
gouvernance
soient
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financiers
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jour.
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coû¬
Fin¬
tout
spé¬
cer¬
une
fait
sur
ces
ses
les
au
de
la
et
236 Dani Rodrik

L'intégration pose aussi d'autres conditions institutionnelles, encore


plus subtiles. L'ouverture implique une exposition renforcée aux risques
extérieurs et en conséquence une demande accrue de protection sociale1.
L'augmentation de la couverture sociale semble être un facteur essen¬
tiel, sous-jacent au phénomène régulièrement constaté qui veut que les
gouvernements tendent à avoir d'autant plus de poids que les échanges
représentent une part plus importante du pib dans les économies
(Rodrik 1998). L'ouverture accroît davantage l'importance des institu¬
tions chargées de la gestion des conflits (Rodrik 1999).
Aussi, dans la réalité, l'ouverture ne consiste pas simplement à sup¬
primer les barrières. Il faut également s'assurer que les règles internatio¬
nales du droit de propriété sont respectées, que des mesures de protec¬
tion permettent de couvrir les risques de faiblesses qui s'ensuivent au
niveau national et qu'il existe des parades à ces risques.
On oublie facilement que les pays qui à une époque antérieure se
sont le mieux intégrés dans la mondialisation (les « tigres » asiatiques)
ont eu peu de contraintes à respecter au niveau international et peu de
coûts d'intégration à assumer pendant leur « période de formation » en
matière de croissance (dans les années 1960 et 1970). Les règles du
commerce mondial leur ont essentiellement donné la possibilité de
bénéficier d'avantages sans contrepartie, alors que la mobilité des capi¬
taux ne posait pas réellement de problème. C'est la raison pour laquelle
ces pays ne peuvent pas tout à fait être donnés en exemple à l'heure
actuelle pour la mondialisation, quoi qu'en disent les tenants de la
mondialisation. La Corée du Sud, Taiwan et les autres pays d'Asie de
l'Est ont eu la liberté d'agir à leur gré, ce dont ils ne se sont pas privés.
Ils ont allié la confiance dans le commerce à des politiques peu ortho¬
doxes (subventions à l'exportation, exigences relatives au contenu local,
couplage importation-exportation, atteintes aux droits de propriété
intellectuelle et industrielle, limitations de la circulation des capitaux, y
compris les investissements étrangers directs, crédit dirigé, etc.) qui sont
interdites par les règles en vigueur de nos jours ou tout du moins très
mal considérées. Aujourd'hui, les circonstances sont complètement dif¬
mondiale.
férentes pour les pays qui entreprennent de s'intégrer dans l'économie

Aucune des réformes institutionnelles nécessaires à l'intégration


dans l'économie mondiale n'est mauvaise en soi, et de fait, beaucoup

ser, mais
1. Endans
principe,
la pratique
une réduction
il ne semble
de l'exposition
pas que ceaux
soitsources
le cas. Voir
de risque
Rodrikintérieures
(1998). peut compen¬
Intégration dans l'économie mondiale 237

d'entre elles peuvent être souhaitables, à titre individuel. Pour


prendre un exemple important, un gouvernement qui est forcé de
protéger les droits des investisseurs étrangers devient peut-être plus
enclin à protéger aussi les droits élémentaires de ses propres citoyens.
Cet argument
Unis sur l'établissement
a pesé lourd
avec
dans
la Chine
le débat
de mené
relations
récemment
commerciales
aux Etats-
nor¬

males permanentes. Toutefois, ce type d'argument doit être tenu pour


ce qu'il vaut : une réforme institutionnelle ayant des effets de retom¬
bées. Les réformes peuvent (ou non) avoir des effets de retombées ; et
même dans ce cas, elles constituent rarement la façon la plus efficace de
cibler les objectifs poursuivis (qu'il s'agisse de réformer la loi,
d'améliorer le respect des droits de l'homme ou de lutter contre la

corruption).
Les réformes institutionnelles sont coûteuses et nécessitent la mobi¬
lisation de ressources humaines, de compétences administratives et poli¬
tiques qui sont rares. Les priorités liées à l'intégration mondiale ne
coïncideront pas toujours avec les priorités d'un programme d'action
davantage orienté vers le développement. Citons pour exemple certains

arbitrages
• Education.
: Quelles doivent être les priorités des gouvernements
dans le budget de l'éducation ? Faut-il former davantage de vérifica¬
teurs bancaires et de comptables, au détriment du nombre d'ensei¬
gnants du second degré ?
• Corruption. Comment le gouvernement doit-il cibler sa stratégie
de lutte contre la corruption ? Doit-il viser la « grande » corruption
dont les investisseurs étrangers se plaignent ou bien la « petite » corrup¬
tion qui affecte davantage les simples citoyens ?
• Réforme du système juridique. Le gouvernement doit-il concentrer
son énergie sur « l'importation » de normes et de codes juridiques ou
sur l'amélioration des dispositifs juridiques existant au niveau natio¬
nal ? (L'été dernier en Turquie, un gouvernement de coalition menacé a
passé le plus clair de son temps à rechercher un soutien politique pour
une loi destinée à garantir aux investisseurs étrangers la protection d'un
arbitrage international. La réforme du système juridique existant dans
l'intérêt des investisseurs étrangers et nationaux aurait constitué une
meilleure stratégie à long terme.)
• Santé publique. Le gouvernement doit-il appliquer des politiques
sévères en matière de licences obligatoires et/ou d'importations parallè¬
les de médicaments de base, même s'il se place ainsi en contradiction
avec les règles de I'omc en vigueur ?
238 Dani Rodrik

• Stratégie industrielle. Le gouvernement doit-il se contenter


d'ouvrir son économie et de pratiquer le saupoudrage au petit bonheur
la chance, ou doit-il suivre l'exemple des pays d'Asie de l'Est en matière
de politique industrielle et recourir à des subventions à l'exportation,
au crédit dirigé et à une protection sélective ?
• Protection sociale et filets de sécurité. À quelle hauteur un gou¬

vernement
regard
ché
étrangères
l'économie
ves
sente
affectés
pauvreté
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favorables
requises
au Dans
Les développement,
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coûts
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elles.
plus
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d'opportunité qu'implique une stratégie de la mondialisation à tout


prix.

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fait
crois¬
coûts
Tou¬
clas¬
des
un
à
Intégration dans l'économie mondiale 239

Francisco Rodriguez et moi-même avons récemment passé en revue


l'abondante littérature qui traite de la relation entre politique commer¬
ciale et croissance (Rodriguez et Rodrik, à paraître). Nous sommes parve¬
nus à la conclusion qu'il existe un décalage significatif entre le message
perçu par le lecteur et les « faits » que cette littérature a objectivement
démontrés. L'écart provient d'un certain nombre de facteurs. Dans de
nombreux cas, les indicateurs d' « ouverture » utilisés par les chercheurs
tent
sont une
contestables
corrélation
pour
élevée
mesurer
avec d'autres
les barrières
causes
commerciales
de la faiblesse
ou des
bienrésultats
présen¬

économiques. Dans d'autres cas, les raisonnements empiriques utilisés


pour établir le lien entre la politique commerciale et la croissance présen¬
tent de sérieuses lacunes qui, une fois éliminées, permettent d'obtenir des
résultats nettement plus faibles1. Des phénomènes macroéconomiques
(devises surévaluées ou macro-instabilité) ou des déterminants géographi¬
ques (par exemple, localisation en zone tropicale) ont fréquemment été
attribués à tort à certains aspects propres aux politiques commerciales.
Une fois les corrections apportées, il est rare de trouver une relation sta¬
tistiquement significative entre le niveau des barrières tarifaires et non
tarifaires et la croissance économique dans les différents pays.
On a quelques raisons de mettre en doute l'existence d'une relation
générale, non ambiguë, entre l'ouverture au commerce et la croissance.
Cette relation est vraisemblablement de nature contingente, en fonction
d'un grand nombre de caractéristiques extérieures et propres aux pays.
Le fait que
d'abord fondépratiquement
leur croissance
tous sur
les les
pays
barrières
aujourd'hui
tarifaires
avancés
et n'aient
aient

abaissé les protections que plus tard, peut certainement expliquer en


partie les résultats. De plus, la théorie moderne de la croissance endo¬
gène fournit une réponse ambiguë à la question de savoir si la libérali¬
sation du commerce favorise ou non la croissance. La réponse varie
selon que le poids de l'avantage comparatif pousse les ressources de
l'économie vers les activités qui engendrent la croissance à long terme
(par le biais des externalités en matière de recherche et développement,
en élargissant la variété des produits, en améliorant la qualité des pro¬
duits, etc.) ou qu'il les en détourne.
Aucun pays ne s'est développé avec succès en tournant le dos au
commerce international et aux flux de capitaux à long terme. Très peu
de pays ont enregistré de longues périodes de croissance sans que la

ce domaine
Romer1 . (1999).
Notre: Dollar
analyse(1992),
détaillée
Sachs
couvre
et Warner
les cinq
(1995),
articles
Ben-David
qui sont (1993),
probablement
Edwardsles(1998)
plus connus
et Frankel
dans
et
240 Dani Rodrik

part du commerce extérieur dans leur produit national n'augmente.


Dans la pratique, le mécanisme qui lie de la manière la plus impérieuse
le commerce à la croissance dans les pays en développement est le fait
que les biens d'équipement importés y sont généralement beaucoup
moins chers que ceux qui sont fabriqués dans le pays. Les politiques
qui restreignent les importations de biens d'équipement, relèvent les
prix des biens d'équipement à l'intérieur du pays et, par conséquent,
font baisser le niveau réel d'investissement, doivent être considérées
a priori comme indésirables. Les exportations, quant à elles, sont
essentielles puiqu'elles permettent d'acheter des biens d'équipement
importés.
contentant
Mais, il d'ouvrir
est également
ses frontières
vrai qu'aucun
au commerce
pays neets'est
aux développé
investissements
en se

étrangers. La clé du succès a consisté à combiner les opportunités offer¬


tes par les marchés mondiaux avec un investissement intérieur et une
stratégie de renforcement des institutions visant à stimuler le dyna¬
misme des entrepreneurs nationaux. Presque tous les exemples remar¬
quables (Asie de l'Est, Chine, Inde, depuis le début des années 1980)
font apparaître une ouverture partielle et progressive aux importations
et aux investissements étrangers.
Il ne convient toutefois pas d'en conclure qu'en règle générale la
protection du commerce est préférable à sa libéralisation. Il n'est pas
prouvé, si l'on se réfère aux cinquante dernières années, que la protec¬
tion du commerce est systématiquement associée à une croissance plus
élevée. Simplement, il ne convient pas de trop mettre en avant les avan¬
tages de l'ouverture du commerce. Alors que d'autres objectifs de poli¬
tique tout aussi dignes d'intérêt sont en concurrence pour l'affectation
de moyens administratifs et politiques rares, une libéralisation profonde
du commerce ne mérite pas nécessairement la priorité élevée qui lui est
généralement donnée dans les stratégies de développement. Cette leçon
est particulièrement importante pour les pays qui, à l'instar des pays
africains, en sont aux premiers stades de la réforme.
Il est encore plus difficile de démontrer les avantages que l'on peut
tirer de la libéralisation des mouvements de capitaux. Sur le papier,
l'intérêt que présente la mobilité des capitaux est évidente. En l'absence
d'imperfections du marché, la liberté du commerce renforce l'efficacité,
et cela est aussi vrai pour les valeurs « papier » que pour les opérations
portant sur les produits. Mais les marchés financiers souffrent de syn¬
dromes variés - asymétries dans le domaine de l'information, problè¬
mes de représentation, prévisions autoréalisatrices, bulles (rationnelles
Intégration dans l'économie mondiale 241

et autres) et myopie - au point que leur analyse économique est en soi


une analyse de second rang. Aucun degré de remaniement des institu¬
tions n'est susceptible de changer cet état de fait.
La question de savoir si les nations en développement devraient être
incitées à libéraliser leurs mouvements de capitaux (de manière
« ordonnée et progressive » comme le recommande aujourd'hui le fmi)
ne peut être résolue en dernier ressort que sur la base de données empi¬
riques. Alors qu'il existe de nombreux faits démontrant qu'une crise
financière suit souvent la libéralisation financière (cf. Williamson et
Mahar, 1998, pour une revue de la littérature), nous possédons très peu
d'éléments qui donnent à penser que la libéralisation des mouvements
de capitaux est suivie de taux élevés de croissance économique. Quinn
(1997) établit un lien positif entre la libéralisation des mouvements de
capitaux et la croissance à long terme, alors que Grilli et Miles-Ferretti
(1995), Rodrik (1998) et Kraay (1998) (ce dernier utilisant l'indicateur
de limitation du compte de capital de Quinn lui-même (1997))
n'établissent aucun lien. Klein et Olivei (1999) font état d'un lien posi¬
tif, un lien largement établi à partir de l'expérience des pays développés
qui figurent dans leur échantillon. Ce champ d'investigation demeure
largement inexploré et il reste certainement encore beaucoup à
apprendre. Tout ce que l'on peut affirmer à ce stade, c'est que les avan¬
tages de la libéralisation des mouvements de capitaux restent encore à
démontrer.

Parmi les arguments qui militent en faveur de la mobilité internatio¬


nale des capitaux, le plus convaincant est peut-être que cette mobilité
exerce une fonction en matière de discipline pour les politiques des gou¬
vernements. Les gouvernements, qui doivent prêter attention aux inves¬
tisseurs, ne peuvent pas gaspiller leurs ressources nationales si facile¬
ment. L'idée est séduisante, mais une fois de plus, on doit se demander
si elle est vraiment corroborée par les faits. Lorsque les créanciers
étrangers sont touchés par les syndromes évoqués plus haut, un gouver¬
nement fermement résolu à engager des dépenses irresponsables trouve
plus facilement le moyen de financer ses dépenses lorsque lui-même (ou
d'autres résidents nationaux) peut emprunter à l'étranger. De plus,
lorsque le comportement des investisseurs est influencé par des données
fondamentales qui ne sont pas facilement observables, l'équilibre qui en
résulte peut présenter toutes sortes de caractéristiques indésirables. En
particulier, les gouvernements peuvent se voir contraints d'adopter des
politiques non souhaitables afin de « se conformer » aux préférences
des investisseurs (Mukand, 1998).
242 Dani Rodrik

Remarques de conclusion

je
commerce
remettre
gains
tes,
extravagants
limite
nistratives
effets
développement
l'attention
produire
pas
nal
au m'efforcer
originale,
seront
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réforme
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gouvernance,
ou
l'accroissement
développement.
loppement.
commerce.
Tout
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En
et
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nécessairement
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de
des
probablement
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d'autres
l'échange,
soutenu
des
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retombées.
économiste
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largement
des
àflux
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et
de
au
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cause
investissements
la
pâle
institutions
et
politiques.
ces
le
de
développement,
En
révision
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de
(comme
termes,
non
maximum
développement
ne
que,
questions.
copie
de
clarifier
réalité,
ici,
qui
capitaux
le
saurait
Elles
fondés
acceptée,
qui
pas
risque
la
ce
dans
fait
l'utilisation
des
très
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Si
n'est
qui
semblerait
plus
pauvreté)
cette
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satisfaites1.
ne
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beaucoup
codes
en
concernant
n'est
la
Les
surfaite
juste
étrangers.
d'être
visent
mobilise
pas
parce
elles
mauvaise
aucun
importants,
réalité,
flux
du
réformes
qu'un
tarifaires
titre
labanni
pas
;potentiel
stratégique
led'échanges
la
remettre
qui
qu'elle
version
parfois
cas
de
ma
sont
économique,
des
l'ouverture
l'orgueil
directement
plus
élément
les
Elle
est
copie
réformes
de
institutionnelles
s'y
position.
ressources
essentiellement
conséquences
etmais
àl'élite
soulève
industriel
classique
en
nécessite
efficace
substituer.
àmême,
l'origine
met
du
de
et
la
des
cause
commerce
elles
suppression
institutionnelles
de
pensante,
en
au
la
l'amélioration
des
économistes
des
Cefinancières,
stratégie
danger
capitaux
elles
les
de
commerce
et
d'argumentaires
une
objectifs
que
attentes
ne
de
technologique
la
avantages
orientées
grâce
favoriser
importante
théorie
l'ouverture
détournent
constituent
aussi
internatio¬
j'ai
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des
peuvent
version
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qui
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voulu
admi¬
ne
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de
vais-
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obs¬
sont
vers
des
du
ne
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se
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tions
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beaucoup
ses
commerciale
1 déraisonnables
les
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Ledangers
contribué
débat
quelques
bilatérale.
lors sur
de
quiàl'effondrement
I'alena
économistes
faites
découlent
ternir sur
qui
la réputation
s'est
d'une
lespartisans
conséquences
dudéroulé
trop
Peso
dugrande
de
mexicain
libre-échange
auxl'ouverture
États-Unis
importance
positives
et dudes
aux
renversement
il sur
yaccordée
échanges
États-Unis
a l'emploi
quelques
auau
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decommerce.
cours
sont
position
la mise
revenues
de
illustre
de
ce
enLes
débat
laplace
parfaite¬
balance
prédic¬
hanter
ont
de
Intégration dans l'économie mondiale 243

BIBLIOGRAPHIE

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