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Le sujet de cet hommage a été choisi en fonction du large spectre de
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compétences du Professeur Geneviève Causse qui a vu, avant beaucoup
d’autres, le rôle majeur des aspects non financiers de la performance des
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individus et des organisations3. Par ailleurs, qu’il s’agisse des aspects
financiers comme le rôle spécifique de la trésorerie et l’importance à venir
9.24
de la finance islamique, ou des aspects non financiers comme le rôle du
capital humain pour le développement des PME en Afrique, ou bien encore
.45.3
des aspects comptables ou d’audit dans les divers référentiels français,
anglo-saxons ou africains, l’ampleur du spectre couvert impliquait un choix
:129
forcément plus limité . C’est pourquoi le choix s’est porté sur un sujet certes
délicat et controversé mais oh ! combien actuel : celui des limites de la
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sphère financière pour altérer l’économie réelle ainsi que les équilibres
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1
Christian Hoarau, Professeur titulaire de la chaire de Comptabilité financière et audit du
Alge
- Causse G., (2012), La Finance islamique, Revue Banque éditions, Paris, 2e éd., 203 p.
- Gauthier N., Causse G., (1981), La Trésorerie dans l'entreprise. Techniques et pratique des
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- Causse G., (1999), "20 ans de normalisation comptable et de PCG - son influence dans le
pays d'Afrique francophone", Comptabilité, contrôle, audit, mai, pp 211-222.
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activités économico-financières avec l’ensemble des phénomènes
écologiques, environnementaux, climatiques, énergétiques, politiques sans,
toutefois, permettre une gouvernance planétaire.
De ce fait, toute crise financière devient très vite sociétale et
réciproquement tout dérèglement sociétal prend immédiatement un aspect
financier. L’exemple du nuage provoqué par l’irruption du volcan islandais
en est une parfaite illustration.
Cette situation tend à provoquer ce que l’on peut appeler une double
inversion de paradigme dans la mesure où l’on peut se demander si la crise
n’est pas devenue l’état naturel de l’économie entre deux situations de
rupture caractérisées par une perte complète des référents habituels utilisés
pour gérer la vie économique et sociale…
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Deux concepts majeurs pour la normalisation comptable sont
particulièrement impactés par ces bouleversements : l’hypothèse de
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continuité d’exploitation et la validité de la value relevance theory.
La répétition rapprochée des crises de toutes sortes met dangereusement
7:16
en péril le statut de l’hypothèse de continuité d’exploitation qui pourrait à
9.24
terme faire une place grandissante voire essentielle à l’hypothèse de
discontinuité d’exploitation. Cette évolution ne manquerait pas d’impacter.45.3
fortement les pratiques de reporting et d’audit que nous connaissons
actuellement ainsi que la nature des organisations et des relations sociales.
:129
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régulées, il n’en est plus de même lorsqu’il s’agit d’envisager une
gouvernance mondialisée chargée de réguler l’avenir de la planète.
Il est évident que dans un tel contexte, l’ensemble du cadre conceptuel lié
à la value relevance est à reconsidérer. En particulier, la prétendue
« supériorité » des normes de marché censées « évaluer » de façon optimale
l’efficacité des processus d’allocation de ressources n’est plus pertinente
lorsqu’il s’agit de mettre en place un processus de normalisation au niveau
de la valeur sociétale durable.
En fait, cette inversion de paradigme en induit une autre liée à la
gouvernance. Elle implique, en effet, un passage du paradigme de la mesure
de la gouvernance à celui de la gouvernance de la mesure. Autrement dit, il
ne s’agit plus seulement de vérifier que les critères supposés pertinents de
gouvernance sont satisfaits mais il faut reconsidérer les fondements de ce
concept et la façon dont on mesure les critères de performance.
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3. Passer du paradigme de la mesure de la gouvernance à celui de
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la gouvernance de la mesure : la mesure de la gouvernance et ses
limites
7:16
Dès le début des années 1980, le développement des pratiques
9.24
managériales liées au courant de la création de valeur issu de la value
relevance theory a produit un corps d’analyses théoriques que l’on peut .45.3
qualifier de mesure de la gouvernance. En paraphrasant Friedman, on peut
dire que la mesure de la gouvernance n’est qu’une application du courant de
:129
champ théorique, les travaux en management ont pour but de montrer que les
stratégies qui se rapprochent des canons du management par la valeur
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l’investisseur et le marché.
Ce « paradigme » de la mesure de la gouvernance a connu un succès
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Milton Friedman (1970) : « The Social Responsibility of Business is to Increase its Profits”
The New York Times Magazine, septembre.
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mondialisation. La plasticité et la réactivité des marchés financiers sont un
facteur indispensable du développement de l’innovation et il n’est pas
question de nier le rôle majeur des marchés dans le développement des
économies.
Toutefois, au vu des résultats actuels, il est permis de douter de la réalité
de l’efficience de ces marchés et surtout de l’efficacité des pratiques de
management par la valeur financière.
En effet, ces pratiques poussées à l’extrême ont abouti au développement
d’un management « asservi à la finance » qui s’est fait souvent au détriment
d’autres modèles managériaux complémentaires au modèle financier
(gestion des compétences, savoir-faire, avantage compétitif, valeur client,
gestion des stakeholders, pratiques volontaires de RSE...)
De nombreux modèles alternatifs remettent en cause la pertinence de la
seule shareholder value comme point focal du management et certains
auteurs (dont Mintzberg et Zingales) ont montré que l’excès de management
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par la valeur actionnariale peut s’avérer inefficace même pour l’actionnaire
en raison notamment de leur relative inefficacité face aux nouvelles formes
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d’organisations. Les limites du modèle de la mesure de la gouvernance et
l’intrusion des équilibres écologiques planétaires au sein de la réflexion sur
7:16
l’avenir des entreprises impliquent une révision sérieuse voire radicale du
paradigme actuel de la mesure de la gouvernance.
9.24
.45.3
4. Pour une gouvernance de la mesure fondée sur le concept de
:129
gouvernance.
Considérant que, même si la value relevance theory reste partiellement
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par nature puisqu’il est au cœur du problème d’intégration de la finance et
des aspects sociaux et sociétaux.
Ce problème d’intégration est un point clé pour la pérennité des
organisations telles que nous les connaissons aujourd’hui. L’accentuation
des problèmes environnementaux planétaires a, déjà, favorisé une certaine
institutionnalisation de la RSE. Elle pourrait maintenant provoquer des
changements dans la conception même de l’entreprise à un terme
relativement rapproché.
Ainsi Corinne Gendron note à propos du devenir possible des entreprises
que « certains indices permettent de constater que des transformations
institutionnelles sont bel et bien en train de voir le jour, qui modifieront
substantiellement l'entreprise et le système économique dont elle est
l'institution centrale ».5
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5. Pour un cadre conceptuel alternatif au niveau de la
gouvernance des entreprises
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Compte tenu des limites évoquées ci-dessus, une réflexion sur la
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pertinence du cadre actuel de la gouvernance semble nécessaire. Au regard
des recherches relatives aux cadres conceptuels des modèles alternatifs de
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gouvernance, on peut faire les observations suivantes :6
− Un cadre actionnarial fondé sur les théories contractuelles de la firme
.45.3
n’est compatible qu’avec un développement très limité de la valeur
sociétale. Il est donc peu propice au développement de la gouvernance
:129
5
Corinne Gendron (2010) : « La RSE comme symptôme d’une modernisation de
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− Un cadre institutionnalisé permet « d’éclaircir » l’émergence de la
responsabilité sociétale à partir des interactions qui interviennent entre
la société et l’entreprise qui se situe dans un processus permanent de
légitimité par rapport aux différentes pressions exercées par la société.
Ce cadre paraît donc indispensable pour la construction du cadre de la
gouvernance de la mesure.
− Si aucun cadre théorique ne permet de formaliser complétement cette
question de la gouvernance de la mesure, on peut noter qu’un cadre
partenarial et institutionnalisé pourrait permettre d’élaborer des bases
utiles pour le développement de ce concept. Un tel cadre impliquerait
une évolution importante des modes actuels de comptabilisation.
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Le statut actuel de la normalisation comptable internationale, caractérisée
notamment par la suprématie du socle comptable IFRS-US GAAP, a été
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prioritairement conçu dans le cadre d’une gouvernance actionnariale au
service des marchés financiers. Un tel statut paraît difficilement compatible
avec le modèle de gouvernance de la mesure que nous venons d’évoquer.
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Les normes IFRS, orientées en priorité vers les investisseurs boursiers,
9.24
sont sous-tendues par l’hypothèse d’efficience des marchés (HEM) et
véhiculent une représentation financiarisée de l’entreprise réduite à la .45.3
communauté des actionnaires. La notion déjà évoquée de fair value ou juste
valeur, est le plus souvent assimilée au prix de marché, autrement dit
:129
fondamentales ou aux justes prix des actifs, l’HEM est contredite par les
faits, en particulier les crises et bulles financières, les biais comportementaux
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à toute heure. Elle est également mise en défaut lorsque les acteurs de
marché s’asservissent à des indices ou à des programmes automatiques
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7
Christian Hoarau (2014), « Fair value et instruments financiers: de la convergence à la
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l’élaboration de celles-ci des américains sont membres de toutes les
instances de l’IASB alors que l’UE n’y est pas représentée à parité. En tant
que « premier client » de l’IASB, elle devrait l’être même davantage.
La situation actuelle est propice aux interrogations sur la légitimité et la
gouvernance de l’IASB et offre l’opportunité à l’UE d’aller plus loin dans le
sens d’une souveraineté affirmée en matière de normalisation comptable et
financière. La réforme de l’EFRAG est-elle suffisante ? On peut-en douter.
La constitution d’un véritable organisme de normalisation comptable
européen serait susceptible de faire évoluer les IFRS vers une plus grande
prise en compte des préoccupations environnementales et sociales et des
spécificités des économies européennes. À ces conditions les IFRS
pourraient rester le référentiel pertinent de l’UE.
Mais l’Europe a-t-elle aujourd’hui la volonté de faire, dans un contexte
nouveau, ce qu’elle n’a pas pu ou su faire dans les années 1990 ? Les
responsables politiques ne peuvent continuer de se plaindre de la dictature
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des marchés financiers s’ils n’agissent pas concrètement pour reprendre la
main sur la finance et, au-delà des discours, engager des politiques
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économiques fondées sur un développement durable. Cette voie favorable à
un capitalisme régulé et responsable suppose de redéfinir la conception des
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normes financières mais également celle de l’entreprise8.
En effet, un modèle de la « valeur durable » suppose une conception de
9.24
l’entreprise de type institutionnaliste et partenarial. Cette conception .45.3
juridique de l’entreprise – institution sociale qui était jusque-là dominante en
Europe - s’oppose à la conception anglo-saxonne des droits de propriété.
:129
produits par les entreprises ainsi qu’une prise en compte dans les résultats de
l’ensemble des passifs environnementaux, sociaux et sociétaux.
Alge
8
Christian Hoarau (2013) : « Changer les normes financières pour un capitalisme
responsable ? » Les Echos, du 7 octobre 2013, Le cercle Les Echos, Economie et société.
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ou pour les risques liés au réchauffement climatique qui ne sont internalisés,
actuellement, qu’à concurrence du coût de l’assurance9.
Un modèle de la valeur soutenable implique une normalisation des outils
et des normes de comptabilité sociétale [normalisation du bilan éthique et
social (stakeholders' report) et de la comptabilité environnementale]. Notons
à cet égard que le reproche fait à l’imprécision des mesures de la
performance globale n’est pas une raison suffisante pour renoncer à son
calcul.
Un modèle de la valeur soutenable implique la mise en place d’un
système de stake-options assis sur des indicateurs prenant en compte la
pérennité de l’organisation, le développement des salariés et des cadres, le
maintien de la valeur ajoutée économique, la satisfaction des clients, les
comportements responsables en matière d’achat et d’environnement etc. Un
tel mécanisme pourrait prendre place dans un « tableau de bord prospectif
élargi » servant de base au calcul des « bonus plans ». (C. Hoarau et R.
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Teller10)
Enfin, un modèle de la « valeur soutenable » suppose un passage de
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l’autorégulation par les marchés à une régulation par de nouvelles règles
publiques internationales. En effet, cette nouvelle approche de la
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gouvernance de la mesure ne peut se concevoir que dans le cadre d’une
convention internationale qui fixerait le mode de gouvernance d’une
9.24
« société des nations ». .45.3
Finalement, cette réflexion sur la gouvernance de la mesure de la « valeur
soutenable » permet de réfléchir à nouveau sur la relation entre l’entreprise
:129
place et au rôle des entreprises dans la société. Il est évident que, dans ce
contexte, le rôle que pourra jouer une normalisation comptable internationale
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plus ouverte sur les enjeux fondamentaux de la planète sera très important ne
serait-ce que parce qu’on ne gère bien que ce que l’on mesure
840:
limites de la mesure : « admettre que les chiffres ne sont pas vrais ne veut
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9
Voir par exemple de Plot Emmanuelle (2010) : L’information diffusée par l’exploitant sur le
risque nucléaire : quelle réponse aux attentes des parties prenantes ? Thèse de doctorat en
sciences de gestion, Université Paris Dauphine, décembre.
larvo
10
C. Hoarau et R.Teller (2001) : Création de valeur et management de l’entreprise, Vuibert
11
Macintosh et alii (2000) : “Why do official earnings matter?” AOS n° 25
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pas dire qu'ils sont faux ! La vraie question serait plutôt : peut-on leur faire
confiance ? ».12
Bibliographie
Causse G., (2012) : La Finance islamique, Revue Banque éditions, Paris,
2ème éd., 203 p.
Causse G., (2009) : "Développement et comptabilité", in Colasse B. (ed.),
Encyclopédie de comptabilité, contrôle de gestion et audit, Economica,
pp 689-703.
Causse G., (1999) : "20 ans de normalisation comptable et de PCG - son
influence dans le pays d'Afrique francophone", Comptabilité, contrôle,
audit, mai, pp 211-222.
Friedman M. (1970) : The Social Responsibility of Business is to Increase its
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Profits” The New York Times Magazine, septembre
Desrosières A. (2000) : La Politique des grands nombres, éd. La
Découverte..
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Gauthier N., Causse G., (1981), La Trésorerie dans l'entreprise. Techniques
et pratique des affaires, Éditions Publi-Union, Paris, 432 p.
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Gendron C. (2010) : La RSE comme symptôme d’une modernisation de
9.24
l’entreprise, L’Economie Politique, (1) 45, p 70-82.
Hoarau C. et Teller R. (2001) : Création de valeur et management de .45.3
l’entreprise, Vuibert,
Hoarau C. (2013) : « Changer les normes financières pour un capitalisme
:129
12
Alain Desrosières (2000) : La Politique des grands nombres, éd. La Découverte.. Voir
larvo
aussi : Sandra Moatti (2006) : La démocratie fait ses comptes, Alternatives économiques, n°
245 (03/2006)
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La pensée en action et la valeur oubliée
des travaux comptables
Jean-Guy Degos1
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Introduction
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Les professionnels de la comptabilité qui la pratiquent depuis longtemps
ont assisté, à peu près à chaque décennie suivant la 2nde guerre mondiale, à
des transformations décisives, pas toujours souhaitées, mais avec lesquelles
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il a fallu composer. Durant cette longue période, des métiers plutôt
9.24
classiques et représentatifs d'un travail de bureau peu mécanisé mais riche de
sens, se sont totalement transformés. En ces temps où triomphent les réseaux .45.3
sociaux qu'on veut nous faire croire indispensables, où on essaie de nous
couper de nos racines grecques et latines, où toute culture qui n'est pas
:129
d'autres le font mieux que nous - sur son avenir économique et financier.
Certains nous promettent même sa disparition, une fois que les ordinateurs
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cookies, leur manière sournoise d'extraire nos données privées de nos vies
personnelles pour en faire de bas objets de commerce et la façon dont ils
Alge
1
Professeur émérite des universités, diplômé d'expertise comptable
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positives, que nous avons souhaité partager cette réflexion, non pas sur un
réseau social débile, mais pour une occasion plus sérieuse, tout en pensant
qu'un livre magnifique reste à écrire : "Éloge de la comptabilité en partie
double. Essai sur le sens et la valeur du travail des comptables".
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contraire de plonger ses ongles dans le cambouis et de fonder une petite
entreprise de réparation de motos, Shockoe Moto, qui lui a apporté de
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multiples expériences vécues et dûment analysées par le philosophe qu'il est
toujours, qu'il est resté. Il est aussi membre de l'Institut des hautes études de
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la culture à l'Université de Virginie. Le Sunday Times l'a considéré comme
"l'un des penseurs les plus influents de notre temps" et nous ne sommes pas
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loin de partager cette opinion. En effet, ce n'est pas un penseur à la française,
faisant l'exégèse des textes philosophiques grecs ou allemands, mais un .45.3
penseur qui se penche sur son vécu d'être humain, d'artisan et d'intellectuel
en prise directe sur le monde. En travaillant de ses mains à la réparation des
:129
motos, non pas les motos modernes où les seules réparations consistent à
changer des blocs d'électronique, mais les motos les plus anciennes où la
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même, que nous côtoyons tous les jours avec les gens qui passent leur temps
à se représenter en selfies, est en passe de devenir une grave maladie, non
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capitalisme. Il n'est pas question que tout le monde retourne à la terre,
redevienne artisan ou fabrique ses chaussures ou ses jupes, mais parfois,
nous devons réfléchir à ce que nous sommes en train de faire, de
consommer, de penser dans notre travail et nos loisirs.
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toujours suffisante : il faut parfois s'engager dans l'action, et se demander :
"comment et pourquoi ce que je suis en train de faire va me transformer et
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me permettre de comprendre cette transformation". Dans ce sens, Crawford,
n'a pas choisi d'avoir une action sans penser, il vit son action et la décrit pour
7:16
la contrôler. Il propose de réhabiliter le travail, manuel, ou de bureau, afin de
discerner si "il a du sens parce qu'il s'agit d'un travail vraiment utile". Son
9.24
idéal, à travers l'apologie du travail manuel est de recréer un vrai rapport
avec le monde matériel, qui a disparu dans les sentiers hypertextuels de .45.3
l'économie de l'information. Peut-on créer un rapport avec le monde matériel
en utilisant la comptabilité ? La comptabilité est-elle un métier manuel ?
:129
Entre les plaques à ergots, les carbones, les fiches perforées, les cavaliers en
plastique de couleur, les bacs roulants, j'avais, dans une certaine mesure les
Alge
documents et des états : tous les jours je recevais des centaines de souches
comptables des billets d'avions, par séries de 25, accompagnées d'un état
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vert, où je commençais par vérifier que le prix hors taxe du billet, augmenté
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de la taxe de 2,50 francs, donnait bien le montant du billet TTC. Une fois par
semaine, je récapitulais mes états verts sur un état blanc, plus général. Et
après ce travail, comme je devais surveiller l'émission des billets d'avions de
10 agences touristiques (dont La Baule, Lourdes, Biarritz), à l'aide d'une
grille de 100 cases, je contrôlais que lesdites agences émettaient bien les
billets dans l'ordre numérique naturel (au code 57, code IATA de la
compagnie Air France). Parfois aussi, j'allais à l'aéroport, prendre livraison
des bons de transports des rapatriés d'Algérie, qui partaient d'Alger avec
seulement leur chemise et leur carte d'identité et qui arrivaient à Bordeaux
dans le plus strict dénuement, et à l'Agence Air France, je contrôlais a
posteriori leur identité, reportée sur des bons de transport, avant qu'ils
accomplissent les formalités de crédit ou de paiement du billet d'un avion
qu'ils avaient pris sans bagage, dans l'urgence. Troisième expérience
intéressante, à la compagnie d'assurance La Nationale, ancêtre d'AXA, où je
recevais chaque jour 50 dossiers à examiner. Je n'avais pas à me prononcer
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sur le montant de l'assurance ou sur les torts respectifs des parties, mais sans
me poser de questions fondamentales, j'examinais simplement si les
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renseignements obligatoires qui figuraient sur ma grille ad hoc étaient bien
présents sur les dossiers des sinistrés. Je pourrais donner d'autres exemples,
7:16
tel celui de la seconde société française de répartition pharmaceutique, où je
devais contrôler les 100 000 écritures bancaires mensuelles, ou faire une des
9.24
toutes premières consolidations à la main, avec le crayon et la gomme .45.3
réglementaires. Tous ces types de travaux étaient pour moi des travaux
manuels, et ne m'apportaient aucune supériorité par rapport à des jeunes gens
:129
qu'elle sèche dans la nuit et qu'elle soit prête le lendemain matin. Je n'étais
pas Simone Weil, que je lisais à l'époque et que j'admirais déjà, normalienne
840:
peut-être pas aussi absurde que ça, et sans en avoir conscience, je vivais le
fait que "l'on fait de la comptabilité, mais la comptabilité vous fait aussi"
Alge
beaucoup perdu, sans doute au moins la joie d'être heureux, comme Sisyphe,
à la fin d'un mois, le jour de la paye. Je n'ai jamais été dans la peau d'un
jeune homme vivant exclusivement dans un univers abstrait. Par ma famille,
larvo
j'ai toujours été en relation avec la campagne profonde, ses grands travaux et
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ses petites joies millénaires. C'est pour cela que je crois comprendre
Crawford. Mais il ne faut pas généraliser. Tous les jeunes cherchant une vie
future authentique ne sont pas obligés de suivre un diplôme d'études
professionnelles appliquées. Crawford prône la nécessité de respecter les
dispositions et les inclinations individuelles. Ce qu'il faut surtout retenir de
son ouvrage, c'est la philosophie que lui inspire l'expérience du travail
manuel. "Abordez vos études universitaires dans un esprit artisanal, en vous
plongeant à fond dans l'univers des humanités ou des sciences naturelles". Et
plus tard, sans le connaître, je me suis aussi plongé dans l'ivresse des calculs
mathématiques et comptables, dans l'ivresse de la construction de modèles
que l'on pouvait valider sur les premiers réseaux de time-sharing d'IBM
(Call 360) ou de Bull (Mark II), mais avec une attitude d'artisan : les articles
publiés dans de belles revues sur papier couché, les livres qui sentent l'encre
quand ils sortent des presses, les thèses toutes neuves de nos étudiant, nos
rapports de commissaire ou d'expert-comptable sont un témoignage concret
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et matériel, et c'est ce témoignage concret et matériel qui peut donner la
fierté du travail bien fait et l'impression de ne jamais être autre chose qu'un
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modeste artisan.
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3. La suppression des niveaux d'expertise inutiles et de la fausse
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valeur ajoutée en retrouvant l'essentiel du monde réel .45.3
Crawford prend l'exemple d'une personne à qui on explique que sa voiture
est trop vieille pour être réparée (Crawford, 2010, p. 67). Il aurait pu prendre
:129
tondeuse à gazon. Dans tous les cas, chacun a vécu cette expérience, ce n'est pas
un réparateur qui affirme la vétusté de votre équipement, mais l'employé
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délocalisée à Marrakech ou à Bombay. Cet employé a été engagé parce que son
salaire était minimal, en faisant abstraction du fait que ses connaissances et son
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expérience étaient encore plus minimales que son salaire. Désormais, très
souvent, entre l'utilisateur et le problème à traiter, s'interposent une ou plusieurs
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de temps à consacrer à autre chose qu'à leur carrière, et en moyenne, ils resteront
à peine trois ans à leur poste actuel. Dans une autre vie, l'utilisateur courageux
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pour les ordinateurs ou les voitures : non seulement l'électronique est reine, mais
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encore elle est conçue par blocs qu'on ne peut pas démonter sans détruire
l'objet : la seule possibilité est d'accepter le remplacement de la partie
défectueuse intégrée à un ensemble que l'utilisateur va payer le prix fort.
L'utilisateur frustré mesure son important niveau de dépendance. Et ce que
pensent les économistes et les gestionnaires de sa situation ne le console pas.
"Un économiste vous invitera certainement à considérer les coûts d'opportunités
qu'implique la tentative de réparer votre voiture tout seul. Le temps c'est de
l'argent et cette affirmation est généralement associée à une méfiance à l'égard
des expressions de fierté mal placée (Thomas Hobbes considérait l'orgueil ou la
fierté comme une forme de fausse conscience). La notion de coût d'opportunité
repose sur l'hypothèse d'une totale homogénéité de l'expérience humaine : une
fois qu'elles sont réduites à une quantité abstraite de temps et de valeur
monétaire toutes nos activités sont censées être commensurables et
interchangeables" (Crawford, 2010, p. 68). Mais comme nous ne pouvons pas
être réduits, et nos comportements non plus, à de simples évaluations ou
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transactions équivalentes, les analyses des économistes deviennes inapplicables.
Même s'ils nous expliquent qu'une orange est équivalente à une pomme, ou
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qu'une pomme Golden est équivalente à une pomme Granny Smith, rien n'est
plus faux. Un aliment que nous avons choisi, ou tout autre produit (un livre)
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n'est pas absolument équivalent à un autre. L'économie et la gestion considèrent
souvent, superficiellement, que l'acquisition de l'expérience est une simple perte
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de temps. Les êtres humains, certains en tout cas, considèrent que c'est la chose.45.3
la plus importante de la vie, et que les relations qu'on entretient avec le monde
qui nous entoure, et notre propre transformations au fil des expériences dans le
:129
temps (ce que nous faisons nous fait aussi, disent les philosophes Zen, nous
l'avons rappelé plus haut) sont les deux éléments les plus essentiels de notre vie.
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L'agent économique frustré par le défaut de ses équipements, rend les armes, se
laisse infantiliser et se laisse aller à la facilité : appuyer simplement sur le bouton
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passive nous répètent sans cesse par médias interposés que c'est plus facile de
seulement consommer et que c'est le stade final de la liberté : pourquoi faire soi-
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même un ragoût, une purée, alors qu'on peut les acheter tout prêt et les cuire en
quelques minutes dans un four à micro-ondes (en état de marche). La
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habitudes. Cette prise de conscience suppose une morale ouverte, une capacité
d'attention aux choses qui nous entourent et une capacité de jugement. Celle-ci,
:ESC
selon Crawford, "exige que l'usager se mette en jeu, qu'il manifeste une forme
d'intérêt qui ne peut être suscité que par un engagement corporel, une
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confrontation avec une réalité qui peut faire mal, comme un retour de kick2".
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Le kick est la pièce en forme de levier qui permet de faire démarrer une motocyclette sans
l'aide d'un démarreur électrique.
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Pour exercer une action pertinente sur un monde que nous n'avons pas créé, "il
faut d'abord le percevoir clairement"? Beaucoup de corps de métiers, ont besoin
de cette perception, l'artisan réparateur, le médecin ou l'enseignant ne sont pas
différents du réparateur de motos. Les choses, les corps malades, les enfants en
devenir, font partie du réel, et en faire l'objet d'une profession permet de
développer "une forme avancée de jugement discriminant sur les objets de sa
pratique, quelque chose qui ressemble un peu à la capacité d'appréciation
esthétique".
1213
préfère de loin l'exemple du consultant en gestion, vibrionnant d'une tâche à
l'autre et fier de ne posséder aucune expertise spécifique. Tout comme le
6419
consommateur idéal, le consultant en gestion projette une image de liberté
triomphante au regard de laquelle les métiers manuels passent volontiers
7:16
pour misérables et étriqués. Imaginez à côté le plombier accroupi sous
l'évier…". Il montre que ce travail dit intellectuel, qui nous a permis d'entrer
9.24
de plain-pied dans la valorisante économie du savoir, est surtout d'une
grande pauvreté et nous prive de nombreuses occasions de prendre nos .45.3
responsabilités et d'en tirer des expériences uniques. Crawford raconte avec
minutie l'expérience de ceux qui, comme lui, fabriquent ou réparent des
:129
qui exigent d'être compris et situés dans un système pour que l'ensemble
fonctionne. Dans la réparation des objets concrets en général et des
9287
une existence propre. La civilisation nous a fait oublier que les poissons
n'étaient pas seulement des parallélépipèdes pannés, et que les vaches
:ESC
n'étaient pas seulement des galettes de viande sous vide, qu'un simple
marteau ou qu'un simple couteau étaient des miracles de civilisations
x.com
179
www
Dans la logique qui précède, Crawford considère que la dégradation
actuelle du travail a commencé avec Taylor, qui a instauré le chronométrage
des tâches et la chaîne de montage, et qui regrettait que les ouvriers de la
chaîne de montage en semaine, soient moins dynamiques que le dimanche
sur les terrains de base-ball. Ce qui a commencé avec les ouvriers a continué
avec les employés à col blanc, dont les systèmes experts ont permis dans un
premier temps d'extraire leur expertise, et dans un second temps de leur
imposer une expertise nouvelle essentiellement composée de procédures
standardisées, avant de les remplacer purement et simplement par un
logiciel.
Les travailleurs de bureau sont à la fois favorisés, car ils travaillent, sauf
exception dans un milieu qui n'est pas sale, ni pollué, ni dangereux et ils
n'ont pas de lourdes charges à porter ni les inconvénients de la vie de plein
air, froide, pluvieuse et humide l'hiver, chaude et étouffante l'été. Mais ils ne
produisent rien de vraiment concret : des textes, des commissions, des
1213
entretiens et ce manque de corps de leur travail rend celui-ci vulnérable et les
critères pour les évaluer sont à la fois ambigus et subjectifs. Comme on ne
6419
peut pas sérieusement évaluer la valeur ajoutée de leur travail, cette valeur
est évaluée à l'aide de critères vagues de qualités personnelles apportant un
7:16
rayonnement, et comme ils travaillent en équipe, il est parfaitement
impossible de savoir quel est leur mérite réel. Lorsqu'ils font des fautes, elles
9.24
leur sont attribuées en totalité, mais leurs brillants succès sont souvent .45.3
détournés par leurs supérieurs hiérarchiques. Paradoxalement, ce sont les
généraux qui gagnent les batailles, pas les simples soldats. Pour avoir une
:129
plus souvent imaginée par des ambitieux incultes. Comparé à ce petit enfer
relatif du travail intellectuel dégradé, "Les métiers manuels sont un refuge
8883
naturel pour les individus qui entendent exercer la plénitude de leurs facultés
et se libérer non seulement des pouvoirs mortifères de l'abstraction, mais des
840:
on ne peut pas les délocaliser, ni les faire venir, pour quelques minutes,
d'Hong-Kong, de Buenos-Aires, ni de Johannesburg.
Alge
:ESC
Conclusion
Le livre de Matthew Crawford est à la fois original et perturbant. Ce n'est
x.com
180
www
misère du chômage et pour apaiser les consciences en délivrant des diplômes
aux noms ronflants, de plus en plus variés et de plus en plus mystérieux, qui
leur donnent à la fois une grande opacité et une incapacité à résoudre les
vrais problèmes qui se posent dans une perspective opérationnelle. Comme
dans le conte d’Andersen "Les habits neufs de l’empereur", où le roi qui n’a
d'autre souci que de paraître, aime par-dessus tout se montrer devant ses
sujets dans ses nouveaux habits, qui néglige toutes les affaires du royaume et
siège dans sa garde-robe, on nous impose des visions politiques optimistes
qui veulent nous montrer l'avenir du travail sous la forme valorisante d'une
société de la connaissance qui n'existera jamais, sans les efforts que les
anciens, travailleurs de force ou travailleurs intellectuels, considéraient
comme naturels. Implicitement, on insinue que les travailleurs manuels
n'auraient pas de connaissances et on nous montre les projecteurs sans nous
montrer le côté sombre, mais bien réel, du cambouis, nécessaire au
fonctionnement des projecteurs. Il est de bon ton de se gausser des hussards
1213
noirs de la République, sans qui nous ne serions pas ce que nous sommes.
Mais nous devons honnêtement nous poser la question : si nous devenons
6419
exclusivement des manipulateurs de symboles, si nous nous contentons d'un
vernis de scientificité juste suffisant pour nous permettre de nous déplacer
7:16
dans les espaces hypertextuels et d'extraire des moteurs de recherche des
informations peu pertinentes, n'aurons-nous pas perdu ce qui fait l'essentiel
9.24
de notre humanité, une vie sereine, fondée sur des valeurs vraies, sur des.45.3
actions légitimes et constructives, soutenues par une pensée parfois difficile
à formuler, mais en tout cas bien supérieure au prêt-à-porter intellectuel
:129
qu'on cherche à nous imposer tous les jours par des voies virtuelles
insidieuses ?
9759
8883
Bibliographie
Bourdieu P., Passeron J.-C., (1970), La reproduction, Paris, Éditions de
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Minuit.
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Epistemology. Humanities Press, Atlantic Highlands, New Jersey.
6419
7:16
9.24
.45.3
:129
9759
8883
840:
9287
r:210
Alge
:ESC
x.com
larvo
.scho
182
www
Enjeux et limites de l’application des normes IFRS
aux PME
1213
Introduction
6419
De nombreux auteurs se sont penchés depuis plusieurs années sur l’utilité
et l’impact des normes internationales IFRS dans différents pays (ou zones
économiques), pour des entreprises faisant appel public à l’épargne ou
7:16
encore pour des entités de différentes tailles et ont montré la supériorité des
9.24
normes IFRS sur les normes locales2. Dans la mesure où le référentiel
international a comme objectif principal la comparabilité de l’information .45.3
publiée et la pertinence de ces informations pour les investisseurs, il s’est
imposé en premier lieu aux sociétés cotées, notamment aux sociétés
:129
1
Professeurs associés à ESCP Europe.
larvo
2
Le lecteur intéressé pourra se référer à l’article « Les impacts des normes comptables
internationales dans les pays en développement » de Laulusa et al publié ci-après dans cet ouvrage.
.scho
www
encore la présentation des états financiers. Dans plusieurs pays, et
notamment en France, il existe d’autres obstacles à l’adoption des IFRS pour
les comptes individuels qui tiennent à la forte connexion entre droit et
comptabilité. Par exemple, le code civil français se réfère à la notion de
patrimoine, le droit pénal à celle de distribution de dividendes fictifs, notions
susceptibles d’être fortement modifiées en cas d’application des IFRS. Ces
obstacles ne seront pas abordés dans ce papier mais pourraient faire l’objet
d’autres recherches. Notre propos sera illustré par le témoignage de M.
Sana3, directeur financier d’une PME française qui applique les normes
IFRS (dans leur version intégrale).
1213
La norme IFRS pour les PME est destinée à être utilisée par les petites et
moyennes entités qui représentent 95% du total des entreprises selon les
6419
estimations de l’Organisation de coopération et de développement
économique (OCDE) (FocusIFRS.com). La demande concernant une version
7:16
spécifique des normes d’information financière pour les petites entreprises
était déjà soulignée par le Conseil sortant de l’International Accounting
9.24
Standards Committee (IASC) en décembre 2000, année de constitution de
l’International Accounting Standards Board (IASB). En 2003, le Conseil
.45.3
s’engage dans le projet IFRS pour les PME. Comme l’ont montré Ram et
Newberry (2013) dans leur analyse du due process (processus de
:129
Conseil et de son staff, les avis divergent sur le contenu et le statut de cette
norme. Certains souhaitent élaborer un référentiel spécifique pour les PME,
8883
3
Nous remercions chaleureusement Mr Sana, directeur financier de la société ATEME,
société française introduite en bourse en 2014. (Chiffre d’affaires : 25 millions d’euros et 165
collaborateurs au 31/12/2014).
larvo
4
Pour une liste exhaustive des principaux changements apportés à l’exposé-sondage voir
paragraphe BC 34 in IASB (2009b) Base des conclusions pour l’IFRS pour les PME, juillet.
.scho
184
www
références croisées aux IFRS complètes prévues dans l’exposé-sondage, une
simplification de la norme avec l’élimination de la plupart des choix
complexes, l’élimination des références aux positions officielles d’autres
organes normalisateurs ou encore l’élimination du choix de la consolidation
proportionnelle pour les participations dans des entités contrôlées
conjointement. La norme autorise aussi l’utilisation de plusieurs méthodes
comptables pour enregistrer, par exemple, différentes catégories de
participations dans des états financiers séparés, plutôt qu’une seule méthode
pour toutes les catégories de participations5. Ram et Newberry (2013)
soulignent cependant qu’un certain nombre de points soulevés par les
participants au processus de consultation formelle (due processs), tel que
l’amortissement du goodwill, n’ont pas été pris en compte par l’IASB dans la
version finale de la norme.
Au total, le processus d’élaboration de la norme a donc duré 5 ans
puisque la norme définitive fut publiée en 2009. Très récemment, des
1213
amendements à la norme IFRS pour PME ont été publiés (IASB, 2015a) qui
confirment la recherche de cohérence entre les méthodes appliquées à une
6419
PME et celles applicables aux sociétés cotées (IFRS complètes) (cf. §3.2).
7:16
1.2. Caractéristiques de la norme
9.24
La norme IFRS pour les PME propose une « définition négative » de la
PME (Colasse, 2009) : une PME est une entité qui n’a pas de
.45.3
« responsabilité publique », c’est-à-dire qui n’est pas cotée (ou en voie de
l’être) ou dont l’activité principale n’est pas de détenir des actifs à titre
:129
même de taille réduite, sont donc exclues du champ d’application des IFRS
pour PME. Cette définition n’indique pas de seuil (en terme de chiffre
8883
5
En particulier, un des arguments en faveur de l’introduction de choix parmi plusieurs
méthodes comptables relève de la possibilité, pour une PME, de réduire les écarts avec les
x.com
IFRS complètes (paragraphe BC68). Cette objectif souffre quelques exceptions (coûts
d’emprunt, impôts lorsque un taux d’impôt différent s’applique aux revenus distribués…).
6
À la norme proprement dite, il faut ajouter les 43 pages de la Base de conclusions ainsi que
larvo
les états financiers illustratifs et un modèle de contrôle des notes annexes, documents
téléchargeables sur le site de l’IASB.
.scho
185
www
contenus dans les IFRS complètes ont été simplifiés, notamment pour la
comptabilisation et l’évaluation des actifs, passifs, des produits et des
charges. Ainsi on observe une primauté du coût historique7. Quelques sujets
supposés ne pas concerner les PME ne sont pas inclus dans ce référentiel et
le volume des informations à communiquer dans les notes annexes a été
significativement réduit. Même si la norme est autonome, elle se réfère aux
IFRS complètes. Se pose donc la question, pas vraiment résolue à ce jour, de
la transposition dans la norme des évolutions des IFRS complètes. Prenons
par exemple le cas de la nouvelle norme IFRS 16 « Contrats de location »
(IASB, 2016), qui introduit une classification des contrats de location et un
nouveau mode de comptabilisation sensiblement différents de ceux de
l’ancienne norme IAS 17, dont les principes figurent dans la norme IFRS
pour les PME. Faut-il amender ou non la norme ? Une réponse positive
risquerait de générer une instabilité de la norme, véritable barrière à son
utilisation par des PME. Mais une réponse négative aurait pour conséquence
1213
une déconnection croissante entre les IFRS complètes et la norme IFRS pour
les PME, cette dernière pouvant alors perdre en crédibilité.
6419
7:16
2. Une norme soutenue par les bailleurs de fonds institutionnels et
privés
Selon l’IASB, la norme a pour objectif l’élaboration d’états financiers 9.24
.45.3
comparables et utilises aux investisseurs et créanciers de la PME, objectif
rarement rempli par les réglementations comptables nationales (ED, 2009).
:129
Elle faciliterait ainsi l’accès aux sources de financement. Sur les 130
juridictions8 imposant ou autorisant l’application du référentiel complet
9759
À ce sujet, M. Sana nous confirme l’intérêt pour une PME telle que la
sienne d’appliquer les IFRS : « L’application du référentiel full IFRS nous
840:
états financiers sont formatés et la société peut justifier des KPI [NDLR :
key performance indicateurs/chiffres-clés] avec les mêmes règles que ses
r:210
exercée par les bailleurs de fonds privés pour une application des IFRS.
x.com
7
Avec cependant quelques exceptions relatives à certains instruments financiers ou encore
aux immeubles de placement.
larvo
8
130 juridictions sur les 140 pour lesquelles la Fondation IFRS a pu obtenir des informations.
Il existe à ce jour 197 pays reconnus par l’ONU.
.scho
186
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Les pays en voie de développement, eux, sont fortement incités par les
bailleurs de fonds institutionnels, tels que le FMI et la Banque mondiale, à
adopter le référentiel IFRS, dans sa version complète ou dans sa version
PME. La Banque mondiale réalise ainsi régulièrement des revues des normes
comptables et d’audit (Rapports sur le respect des normes et codes,
RRNC/ROSC) dans les pays émergents, dans lesquelles les normes
nationales sont systématiquement comparées aux IFRS, devenues le
référentiel comptable universel. Pour les pays en voie de développement,
l’application du référentiel IFRS, le plus souvent dans sa version PME, ou la
convergence du système actuel vers les IFRS, sont souvent fortement
recommandées en conclusion du rapport. Par exemple, le rapport de 2011 sur
le Gabon recommande de « poursuivre avec la commission de normalisation
de l’OHADA la convergence du système comptable OHADA vers les IFRS
(…). Faire évoluer de manière progressive les normes comptables OHADA
vers les normes IFRS pour les entités d’intérêt public, vers l’IFRS pour les
1213
PME pour les autres entités, et vers des normes plus spécifiques et adaptées
pour les TPE ». Le 26 juin 2012, le conseil d’administration de la Banque
6419
mondiale a approuvé un projet d’amélioration du climat de l’investissement
dans les pays membres de l’OHADA, projet d’une enveloppe de 15 millions
7:16
de dollars. Une partie de ce budget doit être allouée à l’amélioration de
l’information financière des sociétés. Dans ce cadre, une commission a été
9.24
chargée d’étudier la possibilité d’une convergence des normes comptables .45.3
OHADA vers les IFRS (OHADA, 2012). On le voit, les pressions
institutionnelles pour l’adoption des IFRS sont très fortes dans les pays de
:129
l’espace OHADA.
Pourtant, des voix s’élèvent pour critiquer cette convergence à marche
9759
forcée vers les IFRS, notamment au sein des pays africains ayant adopté le
système comptable OHADA (Causse et al, 2012). La volumétrie des IFRS
8883
d’adopter les IFRS dans leur version intégrale. Les critiques à l’encontre
d’IFRS pour PME peuvent en revanche sembler plus surprenantes, cette
9287
Chand, 2015). Comment expliquer alors que cette norme soit boudée par de
nombreux pays ?
x.com
larvo
.scho
187
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3. Les raisons d’un « accueil réservé » à la norme IFRS pour les
PME
Des éléments de réponse sont à chercher dans les enjeux techniques de la
norme et dans la conception de l’information financière ou plus largement,
de la comptabilité, que l’on retrouve aussi bien dans le référentiel intégral
que dans la norme IFRS pour PME.
1213
de régulation, peuvent utiliser l’information financière, elle n’est pas conçue
pour leurs besoins (§ OB 10). La norme IFRS pour les PME, publiée
6419
antérieurement au cadre conceptuel révisé de 2010, est moins restrictive sur
les destinataires de l’information financière puisqu’elle précise que les états
7:16
financiers à usage général ont pour objectif de satisfaire les besoins
9.24
d’information communs à un grand éventail d’utilisateurs, tels que les
actionnaires, les créanciers, les membres du personnel et la collectivité .45.3
(IASB 2009, § P7). Mais il est ensuite mentionné que les états financiers à
usage général préparés selon la norme IFRS pour les PME risquent de ne pas
:129
sur les utilisateurs de l’information financière diffusée par les PME sont peu
nombreux et ne permettent pas réellement de conclure sur l’identité de ses
r:210
utilisateurs et sur leurs besoins (Perera et Chand, 2015), mais il apparaît qu’il
existe des disparités significatives entre les PME cotées et les non cotées. En
Alge
effet, dans de nombreux pays, pour des PME ne faisant pas appel public à
l’épargne, les états financiers sont essentiellement destinés à l’administration
:ESC
188
www
générerait des coûts disproportionnés par rapport à leur taille. Une
harmonisation fiscale internationale serait certes une solution à ce problème
mais nous en sommes aujourd’hui très loin. La déconnexion comptabilité-
fiscalité, dans l’approche retenue par les normes internationales, peut donc
constituer un véritable frein à l’adoption d’IFRS pour les PME (Causse et al,
2012).
1213
management serait ainsi en contradiction avec la fonction de reddition des
comptes traditionnellement assignée à la comptabilité dans de nombreux
6419
pays. Le résultat net comptable servant de base à la distribution de
dividendes, l’utilisation de la juste valeur pourrait conduire à la distribution
7:16
de bénéfices non encore réalisés. Dans le contexte français, cette idée semble
en parfaite contradiction avec la tradition comptable et juridique. L’étude
9.24
récente de Giordano-Spring et al. (2015) apporte une contribution
intéressante au débat juste valeur / coût historique en France. Les entretiens
.45.3
menés auprès de 31 professionnels du chiffre révèlent que la majorité des
acteurs interrogés serait favorable au modèle dynamique « revisité » c’est-à-
:129
dire en coût historique avec mention des justes valeurs en annexe, comme le
préconisaient plusieurs acteurs de la normalisation européenne dans les
9759
années 90.
Dans un autre contexte, le système OHADA, sorte de modèle
8883
valeur par rapport au coût historique, sa mise en place pose des problèmes
techniques et entraîne des coûts supplémentaires (Thauvron 2012) qui la
Alge
les actifs et passifs et reposent plutôt sur un modèle mixte coût historique et
juste valeur (seuls certains instruments financiers étant obligatoirement
x.com
mesurés à leur juste valeur). Dans sa version initiale, IFRS pour les PME
était plus restrictive que le référentiel complet quant à l’utilisation de la juste
larvo
.scho
189
www
valeur et interdisait ainsi de réévaluer les actifs corporels, considérant que
cette possibilité aurait constitué une difficulté technique inutile.
Cette option, qui figure dans le référentiel complet (IAS 16), a cependant
été introduite dans les amendements à la norme IFRS pour les PME de 2015
(IASB, 2015), suite aux réponses à la demande d’information (Request for
information) initiée par l’IASB en 2012. En effet, la réévaluation des actifs
corporels est une pratique courante dans plusieurs pays, notamment ceux
ayant connu de fortes périodes d’inflation (ACCA, 2012). Ce fait illustre les
difficultés à concevoir un référentiel comptable universel pour des PME de
pays aux traditions comptables diverses.
1213
l’une des caractéristiques qualitatives des états financiers en IFRS, avait
soulevé un vent de contestations, notamment en France. La prudence figure
6419
toujours cependant dans la norme IFRS pour PME. Après de nombreux
débats avec ses parties prenantes, l’IASB a finalement réintroduit la
7:16
prudence dans son projet de révision complète du cadre conceptuel (IASB,
2015c). Le concept de prudence est réintroduit dans son acception du degré
9.24
de précaution à exercer en matière d’évaluation afin de ne pas surévaluer les
actifs, ni de sous-évaluer les passifs. » (Graueur-Gaynor, 2015). .45.3
Cette réintroduction du concept de prudence devrait satisfaire un certain
nombre des détracteurs du cadre conceptuel de l’IASB. Cependant, comme le
:129
c’est bien cette conception de la prudence que retiennent les DAF français
interrogés par Giordano-Spring et al. (2015). En revanche, dans la logique
840:
anglo-saxonne, dans laquelle sont fortement ancrées les IFRS, « la prudence est
parfois vue comme une opportunité de lissage impropre à donner une image
9287
revue de 34 études menées sur le sujet et publiées pour la plupart entre 1997 et
2014. Ils constatent que les recherches antérieures n’apportent pas de conclusion
:ESC
« évidente » sur les effets positifs ou négatifs de la prudence comptable pour les
utilisateurs des états financiers. Le débat reste donc ouvert sur la validité du
x.com
principe de prudence même si l’IASB semble avoir fait son choix dans le dernier
exposé-sondage sur le cadre conceptuel. Cependant son interprétation par les
professionnels de la comptabilité risque toujours de varier d’un pays à l’autre
larvo
190
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3.4. Un format des états financiers peu contraignant
IFRS pour les PME, tout comme IAS 1, est peu prescriptive en ce qui
concerne le format de présentation des états financiers, notamment celui de l’état
de résultat global9. Le nombre d’informations devant figurer obligatoirement sur
cet état est très réduit, les entités étant libres de présenter certaines données en
annexe (le détail des charges opérationnelles par exemple) ou sur l’état de
résultat global et de faire apparaître des niveaux de résultat intermédiaires.
Enfin, un certain nombre d’informations, systématiquement divulguées dans
certaines réglementations nationales ne sont pas obligatoirement publiées (c’est
le cas par exemple des produits financiers). À ce jour, le résultat opérationnel
n’est toujours pas défini en IFRS, ce qui conduit les entreprises à utiliser
différents niveaux de résultat opérationnel en fonction de leurs besoins de com-
munication financière et de leur modèle économique, ce qui peut rendre
difficiles les comparaisons entre entreprises. En France, le normalisateur
1213
comptable a essayé de combler ce vide pour les entités appliquant le référentiel
IFRS en proposant deux formats de présentation pour l’état de résultat global,
6419
mais leur application reste facultative. Si les grands groupes se satisfont du
caractère peu prescriptif des IFRS sur le sujet, elle peut s’avérer problématique
pour des sociétés de plus petite taille qui trouvent plus simple de se référer à un
7:16
modèle précis. L’IASB a entrepris à différentes reprises au cours des 15 der-
9.24
nières années de réformer en profondeur la présentation des états financiers et
plus particulièrement de l’état de résultat global, sans succès jusqu’à présent, .45.3
l’un des problèmes majeurs résidant dans la définition du concept de
performance10.
:129
Dans leur étude sur les déterminants de l’application des IFRS, Zehri et
Chouaibi (2013) ont montré que le niveau de formation des professionnels
8883
était essentiel.
Pour une PME, une solution peut être de sous-traiter la préparation des états
840:
9
Tout comme IAS 1, IFRS pour les PME permet de présenter un état de résultat global
unique dans lequel le résultat net apparaît comme sous-total, ou un compte de résultat
« classique » et un état des autres éléments du résultat global.
larvo
10
L’IASB poursuit actuellement sa réflexion sur le sujet avec le projet de révision du cadre
conceptuel (exposé-sondage publié le 28 mai 2015) et le projet Primary Financial Statements.
.scho
191
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4. Conclusion
De nombreux auteurs, dont fait partie Geneviève Causse, militent en
faveur de normes comptables (nationales / régionales) adaptées au contexte
socio-économico-politique local, notamment pour des sociétés non cotées.
Mais dans le même temps, les bailleurs de fonds, notamment institutionnels,
poussent à l’application des IFRS dans leur version complète ou allégée avec
la norme IFRS pour les PME. À notre avis, le débat pour ou contre les IFRS
n’est plus de mise. Il paraît peu probable que des pays ayant adopté les IFRS
complètes pour les sociétés cotées reviennent en arrière. En revanche, la
question de l’utilité de la norme IFRS pour les PME reste posée. À ce sujet,
la remarque de M. Sana mérite réflexion : « La norme IFRS pour PME
trouvera des détracteurs considérant ce référentiel pour PME comme un
référentiel au rabais. Nous ne voulons pas de cette étiquette, montrant que
nous ne sommes pas comme les autres. La norme IFRS pour PME est pour
1213
nous un label négatif. L’application du full IFRS est un gage de confiance
pour les investissements, ne la perdons pas ».
6419
On peut se poser la question de l’avenir de la norme IFRS pour les PME
en tant que référentiel simplifié mais aussi adapté aux besoins des
7:16
utilisateurs. L’exemple du Royaume-Uni et de l’Irlande illustre le
positionnement délicat de cette norme : ces 2 pays autorisent l’utilisation
9.24
d’une version corrigée d’IFRS pour les PME incluant des options autorisées
par les IFRS complètes non autorisées dans la norme publiée par l’IASB. .45.3
Nul doute que le débat n’est pas clos et fera l’objet de futures recherches.
:129
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:129
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9287
193
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x.com
:ESC
Alge
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840:
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:129
.45.3
9.24
7:16
6419
1213
Le cadre conceptuel comptable,
son évolution depuis SFAC 1
Robert Obert1
1213
La notion de cadre conceptuel comptable est née aux Etats-Unis. Dès la
création de l'AICPA (American Institute of Certified Public Accountants) en
6419
1887, on sentait une pression sur les grandes sociétés pour une sorte
d'uniformité de la comptabilité qui permette les comparaisons. Naciri
7:16
(Naciri, 1986, p. 46) rapporte que Spragues en 1880, dans une série d'articles
intitulés « Algebra of accounts », essaya de classifier et de résumer les
9.24
théories comptables les plus discutées du moment en un cadre susceptible
d'être relié aux mathématiques et à l'économie. En 1922, Patton dans le .45.3
dernier chapitre de son « Accounting Theory », présente une série
d’hypothèses de base ou « postulats » qui sous-tendent la structure d’une
:129
1
Diplômé d’expertise comptable, agrégé de techniques économiques de gestion et docteur en
sciences de gestion
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www
of Financial Accounting Concepts) SFAC 1 relative aux objectifs des états
financiers dans les entreprises.
Six normes de concepts furent publiées entre 1978 et 1985.
1213
prêts ou du produit des ventes ;
− apporter des renseignements relatifs aux ressources économiques
6419
d'une entreprise et aux facteurs qui modifient sa solvabilité.
7:16
Le champ auquel s'était intéressé le FASB dépassait largement le cadre
des seuls états financiers puisqu'il intégrait également les informations
9.24
complémentaires non intégrées dans ces états.
La norme SFAC 2 (FASB, 1980) traitait des critères qui étaient .45.3
nécessaires pour rendre les informations financières utiles à la prise de
décision (parmi les critères identifiés apparaissent en premier la pertinence et
:129
les dix éléments suivants des états financiers : actif, passif, capitaux propres,
apports, distribution, résultat global (comprehensive income), produits,
840:
lucratif.
La norme SFAC 5 (FASB, 1984), résumait les pratiques en matière de
r:210
produit ou charge. Les éléments présentés dans les états financiers devaient
être évalués par différentes méthodes (coût historique, coût actuel ou de
:ESC
196
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Après la publication de la sixième norme, le FASB a interrompu ses
travaux en matière de concepts. Leur longueur, leur coût important comparés
à la relative faiblesse des résultats obtenus avaient fait l'objet de sévères
critiques et engendré une grande déception (Béthoux et Kemper, 1988, p.
60). Les différentes recommandations comportaient d'ailleurs certaines
ambiguïtés et contradictions, explicables pour partie en raison de la durée du
processus. Enfin, les normes du FASB émises après la publication des SFAC
n'en tenaient pas nécessairement compte. Finalement le cadre conceptuel du
FASB ne réalisa pas les espoirs qu’il avait suscités, « d’être une force
intellectuelle puissante pour l’amélioration des états financiers » (Zeff, 1995,
p. 68). Selon Bernheim (1997, p. 69), « force est de reconnaître que le cadre
a exercé une influence assez mineure dans l’élaboration des normes
actuelles, alors que l’on pouvait considérer que c’était le cas jusque dans les
années 1980 ».
Le cadre conceptuel américain constitue toutefois un modèle dans la
1213
mesure où il a été repris dans ses grandes lignes par nombre de
normalisateurs parmi lesquels le normalisateur international (Chantiri-
6419
Chaudemanche et Pochet, 2012, p. 152). Ainsi, malgré toutes les critiques
formulées à l'encontre de la formulation de ce cadre, l'IASC (International
7:16
Accounting Standards Committee) n'a pas hésité à mettre en chantier son
propre cadre (lequel a abouti en 1989).
9.24
.45.3
2. Le cadre conceptuel de l’IASC (1989)
:129
d'application par rapport aux projets initiaux, le limitant aux états financiers,
c'est-à-dire aux états de synthèse et aux notes jointes aux états de synthèse
9287
IAS 13, a été abrogée en 1997 et remplacée par une nouvelle norme IAS 1
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197
www
consacrée à la présentation des états financiers. Certaines dispositions,
intégrées dans le cadre conceptuel de 1989 n’ont pas été reprises dans la
nouvelle norme.
Le cadre 1989 traitait particulièrement de l'objectif des états financiers,
des caractéristiques qualitatives de ces états, des éléments les composant, de
la prise en compte et de l'évaluation de ces éléments, des systèmes de mesure
et du concept du capital. Il a été repris dans son intégralité par l’IASB
(International Accounting Standards Board) lors de la réforme des structures
en 2001.
1213
considère qu'une telle information est utile pour un très large éventail
d'utilisateurs potentiels qui ont à prendre des décisions « économiques ». Il
6419
présente sept catégories distinctes d'utilisateurs potentiels (investisseurs,
salariés, prêteurs, fournisseurs et autres créanciers, clients, gouvernement et
7:16
administrations, public) ainsi que leurs besoins d'information et spécifie que
les états financiers ne constituent pour ces utilisateurs qu'un élément parmi
9.24
d'autres de l'ensemble des informations susceptibles de répondre à leurs
besoins. Il précise (IASC 1989 § 10) que « comme les investisseurs sont les
.45.3
apporteurs de capitaux à risque de l’entreprise, la fourniture d’états
financiers qui répondent à leurs besoins satisfera également à la plupart des
:129
besoins des autres utilisateurs susceptibles d’être satisfaits par les états
financiers ». En aucun cas, le cadre conceptuel n'a envisagé que soient
9759
198
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qualitatives et des normes comptables pertinentes a normalement pour effet
que les états financiers donnent ce que l'on entend par une image fidèle ou
une représentation fidèle de l'information ».
1213
opérations ne suffit pas à l'enregistrement dans les états financiers (IASC
1989, § 83). Le concept de constatation est ensuite testé sur les différents
6419
éléments. Ainsi, un actif est pris en compte dans le bilan lorsqu'il est
probable que des avantages économiques futurs bénéficieront à l'entreprise et
7:16
que l'actif a un coût ou une valeur qui peut être mesuré de façon fiable
(IASC 1989, § 89).
199
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3. La norme SFAC 7 du FASB (2000)
SFAC 7 (FASB, 2000), présente la méthode des flux de trésorerie
actualisés et de la valeur actuelle pour l'évaluation des actifs et des passifs.
Deux types de problèmes sont posés :
− l'utilisation de la juste valeur comme principe d'évaluation ;
− l'utilisation de l'approche en flux de trésorerie attendus comme moyen
d’évaluation.
1213
4. La révision conjointe du cadre par l’IASB et le FASB (2010)
Dans le cadre de l’accord de Norwalk de septembre 2002, le FASB et
6419
l’IASB avaient convenu d’élaborer un cadre conceptuel commun aux deux
organisations. À la réunion de février 2005, ils avaient prévu de conduire le
7:16
projet en 8 étapes (Obert, 2013, p. 55). Seule, la phase A portant sur les
objectifs et les caractéristiques qualitatives a finalement abouti.
9.24
C’est ainsi que l’IASB et le FASB ont publié en même temps en
septembre 2010 deux textes semblables. Il s’agit pour le FASB du SFAC 8
.45.3
(FASB 2010) et pour l’IASB du cadre conceptuel 2010 pour l’information
financière (IASB 2010).
:129
9759
− 2. l’entité comptable ;
− 3. les caractéristiques qualitatives de l’information financière à usage
9287
général ;
− 4. le texte repris du cadre 1989 relatif à l’hypothèse de continuité
r:210
maintien du capital.
:ESC
200
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4.2. La norme SFAC 8 du FASB
Le texte qui y est présenté, y compris les bases de conclusions (FASB
2010) est en tout point semblable à celui du nouveau cadre conceptuel de
l’IASB. La nouvelle norme de concept américaine comprend trois chapitres
(Obert, 2011, p. 26) :
− les objectifs de l’information financière ;
− l’entité comptable (également laissé en blanc) ;
− les caractéristiques qualitatives de l’information financière à usage
général.
1213
Après la publication de 2010, le FASB et l’IASB décidèrent de suspendre
6419
leurs travaux. Toutefois, en 2012, à la suite de la consultation relative à
l’agenda de l’IASB, du fait que de nombreux répondants avaient considéré
7:16
que la révision du cadre conceptuel devait être un projet prioritaire pour
l’IASB, ce dernier décida de reprendre seul le projet de révision. En juillet
9.24
2013, l’IASB publia d’abord un document de discussion relatif à la révision
du cadre conceptuel. Puis, en mai 2015, il publiait un exposé-sondage (IASB.45.3
2015) présentant ses propositions sur la révision du cadre conceptuel.
Le nouveau cadre conceptuel devrait se composer, selon l’exposé-
:129
flux de trésorerie et l'état des variations des capitaux propres n’étant pas
cités. Ce chapitre traite également de la définition d'une entité comptable
x.com
(reporting entity) et de sa limite. Une entité comptable est une entité qui
choisit (ou qui est tenue) de préparer des états financiers à usage général.
larvo
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201
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Le chapitre sur les éléments des états financiers fournit des définitions sur
les divers éléments des états financiers (actifs, passifs, capitaux propres,
produits et charges). Un actif y est défini comme une ressource économique
actuelle contrôlée par l'entité à la suite d’événements passés.
Le chapitre sur la comptabilisation et la décomptabilisation définit ces
deux notions. La comptabilisation d’un élément doit respecter trois critères :
fournir aux utilisateurs des états financiers des informations pertinentes,
fournir une représentation fidèle de l'actif, du passif, de tout produit, charge
ou variation des capitaux propres et l'information doit se traduire par des
avantages dépassant son coût d’obtention.
Le chapitre sur l’évaluation est consacré à la description des différentes
bases d’évaluation, les informations qu'elles fournissent, leurs avantages et
inconvénients. On y distingue le coût historique et la valeur actuelle.
L’évaluation à la valeur actuelle inclut la juste valeur et la valeur d’utilité
pour les actifs ou la valeur de réalisation pour les passifs.
1213
Dans le chapitre relatif à la présentation et aux informations à fournir,
sont présentés les concepts qui déterminent quelles informations doivent être
6419
incluses dans les états financiers et comment cette information doit être
présentée et communiquée.
7:16
Enfin, les propositions contenues dans le chapitre relatif aux concepts de
capital et de maintien du capital sont tirées du cadre conceptuel existant avec
9.24
des changements mineurs pour la cohérence de la terminologie. .45.3
:129
6.1. Le Royaume-Uni
Avant 1999, le Royaume-Uni n’avait pas bâti de cadre conceptuel qui lui
Alge
soit propre en considérant que celui de l'IASB, qui avait été adopté, était
compatible avec ses propres principes comptables fondamentaux. En
:ESC
202
www
comptabilisation dans les états financiers, l’évaluation dans les états
financiers, la présentation de l'information financière, la comptabilisation des
participations dans d'autres entités.
6.2. Le Canada
Depuis 2011, les entreprises ayant une obligation d’information du public
sont, au Canada, dans l’obligation de présenter leurs états financiers
conformément aux normes IFRS. Elles se réfèrent, dans ce cas, au cadre
conceptuel de l’IASB. Par contre (CNC, 2015) les entreprises à capital
fermé, les organismes à but non lucratif, les régimes de retraite ont des
référentiels propres élaborés par le Conseil des normes comptables (CNC),
lesquels font l’objet d’une publication dans le Manuel des CPA Canada -
Comptabilité. Le chapitre consacré aux « Fondements conceptuels des états
financiers » est convergent dans son ensemble avec le Cadre conceptuel de
1213
l’IASB et IAS 1 (les divergences portant sur les organismes à but non
lucratif que ne traite pas l’IASB et les notions de maintien de capital
6419
financier).
7:16
6.3. L’Australie
9.24
L’Australian Accounting Standards Board (AASB, 2009, p. 5) avait
publié en juillet 2004 un premier cadre conceptuel, fortement inspiré par .45.3
celui du FASB. Ce cadre a été révisé en septembre et décembre 2007 et en
décembre 2013. Le cadre actuel intègre le cadre de l’IASB. Un certain
:129
Conclusion
Aujourd’hui, des informations toujours plus nombreuses, notamment
840:
d’ordre non financier, sont demandées aux entités. D’autre part, un certain
9287
Bibliographie
x.com
Board, 35 p.
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:129
9759
8883
840:
9287
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9.24
7:16
6419
1213
Un acteur français méconnu de la réduction
de l'asymétrie d'information :
l'expert-comptable du comité d’entreprise
1213
Introduction
6419
Bien avant que Jensen et Meckling (1976) aient théorisé et formalisé le
7:16
rôle de l’asymétrie d’information, les acteurs économiques et politiques en
avaient une pleine conscience.
9.24
L’exposé des motifs de l’ordonnance du 22 février 1945 qui institua les
comités d’entreprises peut être considéré comme un modèle de la perception .45.3
de l’effet néfaste de cette asymétrie : « Dans la résistance clandestine
comme à Londres, autour du général de Gaulle, des projets de
:129
rendement. Et il n'est pas douteux, comme l'ont montré les expériences faites
depuis quatre ans en Grande-Bretagne, aux États-Unis et au Canada, que la
participation du personnel à des comités de ce genre peut avoir à cet égard
r:210
1
Professeur à ESCP Europe, commissaire aux comptes
2
Professeur émérite à ESCP Europe
larvo
3
Les auteurs remercient Henri-José Legrand pour sa relecture, ses conseils et ses précieux
apports documentaires.
.scho
www
Ce souci de réduction de l’asymétrie perdura mais le droit tant du travail
que des sociétés connut des évolutions qui conduisent à distinguer trois
grandes périodes : de la fin de la guerre aux années soixante, de celles-ci aux
lois « Auroux » (1982) et enfin de cette période à nos jours.
1213
Pour ce qui concerne le commissaire aux comptes, son statut résultait,
pour l’essentiel, de la loi sur les sociétés par actions du 24 juillet 1867 4. Les
6419
principales caractéristiques en étaient :
7:16
1.1.1. Non immixtion dans la gestion
9.24
L'interdiction de s'immiscer dans la gestion, plus ou moins ambiguë
depuis la naissance de l'audit légal en France par la loi du 23 mai 1863 5, est,
.45.3
depuis le décret-loi du 8 août 1935 6 très claire : le commissaire n'a pas le
droit de participer à la gestion de la société (par exemple en donnant des
:129
234).
840:
secret professionnel pour les faits, actes et renseignements dont ils ont pu
avoir connaissance à raison de leurs fonctions". L'obligation au secret figure
:ESC
4
Loi qui crée les sociétés anonymes et qui impose un commissaire aux comptes dans chaque
SA.
larvo
5
Loi sur les SARL qui sera abrogée 4 ans plus tard et remplacée par la loi du 24 juillet 1867.
6
On dit ordonnance depuis la 5ème République.
.scho
208
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contrôle légal : "Les États membres veillent à ce que toutes les informations
et tous les documents auxquels un contrôleur légal des comptes ou un
cabinet d'audit accède lors de l'exécution du contrôle légal des comptes
soient protégés par des règles appropriées en matière de confidentialité et de
secret professionnel" (article 23-1 7).
1213
les faits un rôle le plus souvent réduit à la gestion des œuvres sociales
6419
Les comités d’entreprise sont le produit d’une longue histoire, au
croisement des intentions de contrôle ouvrier et des politiques d’intégration
7:16
des travailleurs, que Maurice Cohen (1998, p. 37) fait débuter à la naissance
du capitalisme au milieu du 19ème siècle.
9.24
Dans son programme, arrêté le 15 mars 1944, le Conseil national de la
Résistance 8 (CNR), sans aller jusqu’à prôner la cogestion, prévoit tout de .45.3
même une gestion économique moins imprégnée d’absolutisme patronal
qu’elle ne l’était avant-guerre : « L’instauration d’une véritable démocratie
:129
1946 (dont il faut noter qu’il est considéré comme partie intégrante de celle
de 1958 et donc encore en vigueur) : « Tout travailleur participe, par
9287
7
Article non modifié par la directive du 16 avril 2014.
:ESC
8
Organe qui dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance intérieure
française, toutes tendances politiques comprises, à partir de la mi-1943. Son premier président
x.com
l'Assemblée constituante (octobre 1945) puis un an plus tard par les nouvelles institutions de
la 4ème République.
.scho
209
www
relatifs à l’assistance d’un expert-comptable pour le CE qui eurent lieu en
deux temps : lors des séances du 13 décembre 1944 (préparatoires à
l’ordonnance du 22 février 1945 qui donnera naissance au CE) puis de celle
du 24 avril 1946 (préparatoire à la loi du 16 mai 1946 qui établira le CE dans
des prérogatives élargies).
Dès la préparation de l’ordonnance, l’opposition politique droite / gauche
est claire. Le gouvernement, par la voix d’A. Parodi 10, propose que le CE
puisse se faire assister par un EC : « Ce que nous voulons (…) c’est que les
délégués du personnel soient éclairés sur le véritable sens des comptes qui
leur seront présentés, que la méfiance instinctive, qu’il sera naturel qu’ils
éprouvent, soit dissipée…. ». On ne saurait mieux définir l’asymétrie
d’information ! Mais la « Délégation patronale » (qui deviendra le CNPF 11
le 12 juin 1946) n’est pas du tout dans cet esprit et émet, le 22 novembre
1944, des « observations » sur ce projet d’ordonnance. On y remarque
notamment les propos suivants :
1213
− « Il n’est pas exact, dans l’esprit de l’institution prévue (le CE),
d’évoquer « la nécessité d’associer les travailleurs à la gestion de
6419
l’entreprise » ;
− « les employeurs insistent vivement pour que soit supprimée
7:16
l’assistance d’experts-comptables ».
9.24
La position est sans ambiguïté : chacun à sa place. Le patronat obtiendra .45.3
gain de cause en obtenant à la fois la suppression de l’expert-comptable et du
rôle consultatif du CE sur la marche générale de l’entreprise. Le CE dispose
:129
ainsi d’un vague droit d’information mais n’a, pour autant, pas le droit à la
parole. Les conditions d’un bon dialogue social sont mal établies ! Par
9759
enthousiaste ».
:ESC
10
Alexandre Parodi fut un résistant gaulliste. Il fut d’abord l’intermédiaire entre le CNR et
x.com
12
Créée en 1905 la SFIO deviendra le parti socialiste en 1969 ; François Mitterrand en sera le
Premier Secrétaire en 1971.
.scho
210
www
Inversement, André Baud13, cherche tous les arguments pour s’opposer à
ce droit : « Supposons que, dans l’entreprise la direction et l’administration
soient opposées au conseil d’entreprise (le CE). Vous avez déjà un arbitrage
résultant des opérations des commissaires aux comptes. Si à ces derniers
vous opposez un expert-comptable présenté par le CE et qu’il y ait
contestations, il faudra un super arbitre, et si le conflit se produit, comment
le résoudrez-vous ?».
Le 24 avril 1946, après l’ordonnance sur les CE (22 février 1945), sur le
projet de ce qui allait être la loi du 16 mai 1946, les débats reprennent sur
l’expert-comptable du CE. Pour sa part le nouveau gouvernement reprend la
position que le Gouvernement Provisoire avait défendue devant l’Assemblée
Consultative Provisoire ; en revanche la droite revient à la charge par la voix
de M. Patrice Bougrain-Dubourg 14 qui cherche à conserver coûte que coûte,
le deuxième commissaire aux comptes, élu par l’assemblée générale des
actionnaires sur une liste de trois noms proposés par le CE. Finalement son
1213
projet d’amendement sera retiré et la loi votée, sur cet aspect, conformément
au projet qui reprenait sur ce point les termes de l’avant-projet de
6419
l’ordonnance.
Il a donc fallu attendre l’ordonnance du 22 février 1945 pour que les
7:16
comités d’entreprise apparaissent dans la législation française. Quinze mois
après, la loi du 16 mai 1946 en modifie plusieurs articles et établit des règles
9.24
qui existent encore aujourd'hui : .45.3
− le CE, obligatoire dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés, est
composé de salariés élus par le personnel ;
:129
de Noël ;
:ESC
13
Ancien Résistant et représentant d’une droite que l’on qualifierait aujourd’hui de musclée.
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14
Ancien Résistant ; il a été en 1945 le plus jeune député de l’Assemblée Nationale
Constituante.
15
Il faudra attendre près d'un demi-siècle pour que la loi n° 2014-288 du 5 mars 2014
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211
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− la marche de l’entreprise : le CE est obligatoirement informé et
consulté. Le droit a régulièrement étendu les attributions du CE
entrant dans ce champ. Dans ce cadre, et cela est un point fondamental
pour notre propos, la loi de 1946 accorde au comité d'entreprise la
possibilité d’être assisté par un expert-comptable rémunéré par
l’employeur. Mais, toujours dans le souci d’assurer une certaine
symétrie capital-actionnaires / travail-salariés, ce droit est réservé aux
seules sociétés anonymes (dont on rappelle qu’elles seules doivent, à
cette époque, nommer obligatoirement un commissaire aux comptes).
1213
responsabilité. D’ailleurs aucune restriction (par exemple de compétence)
n’existait à l’exercice de la fonction. Dans la quasi-totalité des cas, son rôle
6419
était donc essentiellement honorifique et de portée des plus réduites.
Pour ce qui concerne le CE les débats en son sein sur la marche et la
7:16
gestion de l’entreprise ont, à notre connaissance, constitué l’exception
pendant cette période. Deux principales causes à cela : d’une part la bonne
9.24
marche générale de l’économie de cette période des Trente Glorieuses privait
de contenu ce type de débats, et d’autre part une évolution des systèmes de
.45.3
pensée qui, après la grande unité de la Résistance, sont revenus à des
confrontations plus classiques du type syndicat / patronat avec les salaires
:129
d’inflation élevée.
9287
r:210
période, développer des pratiques nouvelles mieux adaptées aux besoins des
CE.
larvo
16
À l'époque "compte d'exploitation générale" et "compte de perte et profits".
.scho
212
www
2.1. La définition d’une véritable fonction au commissaire aux
comptes
Promulguée exactement 99 ans après la précédente grande loi sur les
sociétés par actions, celle du 24 juillet 1966 compile toutes les mesures
adoptées pendant cette période et réforme en profondeur aussi bien la
fonction de commissaire aux comptes que l’organisation de sa profession. La
loi de 1966 s’inspire très largement, pour ce dernier aspect, de l’audit
pratiqué dans les pays anglo-saxons et va faire du commissaire aux comptes
un labellisateur de l’information délivrée par les instances de direction des
sociétés anonymes. Il ne diffuse pas lui-même une information mais s’assure
de la sincérité et de la régularité de celle diffusée non seulement aux
actionnaires mais à toute partie prenante ; il engage ainsi sa responsabilité
civile, pénale et disciplinaire dans l’exercice de sa mission.
Bien sûr une telle mutation ne se fit pas du jour au lendemain et il fallut
1213
organiser cette nouvelle profession. Mais on le voit, l’objectif était bien de
réduire l’asymétrie d’information existant entre les instances de direction et
6419
les actionnaires (actuels ou potentiels), mais plus généralement tous les tiers
(banquier, fournisseur, client…) qui à un titre ou à un autre estiment avoir
besoin d’une opinion sur la santé économique de l’entreprise. Pour autant,
7:16
dans cette loi, ni le commissaire aux comptes ni aucun autre professionnel
9.24
n’est chargé de porter un avis sur l’entreprise, sa santé financière, ses
perspectives… Cela ne viendra que plus tard, et de façon très encadrée, avec
.45.3
la procédure d’alerte créé par loi du 1er mars 1984 sur la prévention des
difficultés des entreprises.
:129
9759
On l’a vu plus haut, la loi du 16 mai 1946 sur les comités d’entreprise
donnait à ceux-ci le droit de se faire assister par un expert-comptable. Mais
840:
moyens très limités, en fait assez similaires à la fonction très honorifique des
commissaires aux comptes d'avant la loi de 1966.
:ESC
À cette époque, ce n’est pas du législateur que des évolutions vont venir
mais de quelques individus. Des jeunes experts-comptables, notamment
x.com
213
www
analyse du compte d’exploitation par des soldes intermédiaires de gestion,
correction des séries monétaires longues de l’inflation (à l’époque élevée),
analyse de l’environnement économique sectoriel de l’entreprise concernée,
analyse volume / prix lorsqu’ils peuvent accéder à des données le
permettant… Ils ne parlent pas de comptabilité (mais se servent, entre autres,
des informations fournies par celle-ci) aux représentants des salariés mais de
la situation financière, économique, commerciale, de production… Bref, ils
réduisent effectivement l’asymétrie de l’information en permettant aux
membres du CE de comprendre les principales évolutions de leur entreprise
et ses grands enjeux.
En 1970 ces différents professionnels se groupent en constituant le
cabinet d’expertise comptable SYNDEX qui connaîtra un développement
rapide sur la base de ces nouvelles pratiques. Parallèlement, des entreprises
de plus en plus nombreuses vivront des difficultés (LIP en 197317, la
sidérurgie à partir de 1974, le textile…), phénomène qui accentuera la
1213
demande d’une véritable expertise indépendante mais destinée aux besoins
spécifiques des salariés et de leurs représentants.
6419
Mais ce développement n’était pas du goût d’une petite fraction très
rétrograde du patronat qui conduisit, sans que cela puisse résulter du hasard,
7:16
17 entreprises à déposer simultanément des plaintes contre SYNDEX en
1979 auprès de l’Ordre des experts-comptables18. Les griefs invoqués sont
9.24
variés mais le plus souvent affligeants ; ainsi il est affirmé que le fait de .45.3
calculer la valeur ajoutée dans le cadre d’une analyse par les soldes
intermédiaires de gestion relève « d’une analyse marxiste de l’entreprise » !
:129
souvent un combat.
840:
17
L'usine Lip a été le théâtre d'une grève qui a eu un retentissement considérable.
18
À l'époque Ordre des experts-comptables et des comptables agréés.
.scho
214
www
3.1. Accentuation et élargissement du rôle du commissaire aux
comptes
Toute la décennie des années quatre-vingt est marquée par un
développement mondialisé des marchés financiers. Si une seule date et un
seul lieu devaient être donnés ce seraient le 27 octobre 1986 à Londres pour
le « big bang » du marché financier. On a résumé cet événement par les
« trois D » : déréglementation, dérégulation, désintermédiation, auquel il
faudrait rajouter celui de la mondialisation. Retenons seulement ici que dans
un tel marché livré à lui-même, il faut au moins que les investisseurs
disposent d’informations et puissent avoir un minimum de confiance en
celles-ci. Il en résultera d’une part une normalisation importante de la
fonction de commissaire aux comptes et d’autre part un accroissement du
nombre de ses missions.
La mission générale du commissaire aux comptes français est fixée par le
1213
code de commerce : il mène, comme tout auditeur relevant des règles de
l'IFAC (International Federation of Accountants), une mission d'audit dans
6419
le but de donner une opinion sur l'image fidèle des comptes (article L. 823-9
du code de commerce). Ces règles (en France les normes d’exercice
professionnel, très proches des International Standards on Auditing de
7:16
l'IFAC) sont très précises et contraignantes ; elles représentent des centaines
9.24
de pages décrivant précisément les diligences que doit mettre en œuvre tout
commissaire aux comptes ; à défaut ses responsabilités civile, pénale et .45.3
disciplinaire peuvent être engagées. De plus, les commissaires aux comptes
sont régulièrement contrôlés par un superviseur public rendu obligatoire par
:129
− fusion ;
− distribution d’acomptes sur dividende ;
r:210
19
www.h3c.org
.scho
215
www
justice 20 et un réducteur de l’asymétrie d’information entre les dirigeants et
les investisseurs. Pour autant ces derniers comprennent souvent mal le rôle
réel que la loi fixe au commissaire aux comptes : c’est ce que l’on désigne
couramment sous le terme d’audit expectation gap (cf. § 3.2. ci-dessous).
1213
Le public attend des analyses des comptes et des avis sur la gestion alors
que le commissaire aux comptes a l'interdiction d'en donner et est obligé de
6419
se limiter, par exemple en ce qui concerne son opinion sur les comptes
annuels, à un rapport d'une page dont le contenu est strictement normé.
7:16
L'audit expectation gap ne conduit pas à une critique de la compétence du
commissaire aux comptes, mais il conduit à une critique du résultat le plus
9.24
visible de sa mission car les actionnaires attendent beaucoup plus du
commissaire qu'un simple rapport normé dans lequel il donne son opinion
.45.3
sur les comptes ; en fait un simple label.
:129
point de vue des syndicats, il convenait d’adopter une ligne politique sur la
gestion des entreprises, qu’elles soient nationalisées ou non. Le principe de
9287
l’autogestion qui avait fait florès en mai 1968 fut rapidement abandonné. De
même le principe de la cogestion à l’allemande ne sembla pas correspondre à
r:210
20
La Compagnie nationale "est instituée auprès du garde des sceaux" (article L. 821-6 du
code de commerce) et devenir commissaire aux comptes nécessite d'être inscrit par une
commission régionale d'inscription qui dépend étroitement d'une cour d'appel (L. 822-2).
larvo
21
Loi de nationalisation du 13 février 1982. Les premières privatisations ont commencé
quatre ans plus tard sous le gouvernement Jacques Chirac.
.scho
216
www
est l’esprit de la loi du 28 octobre 1982 relative au développement des
institutions représentatives du personnel, dite « loi Auroux »22.
Nous n’en retiendrons ici que les principaux aspects utiles à notre
propos :
− Toutes les entreprises (et non plus les seules sociétés anonymes)
disposant d’un CE peuvent dorénavant se faire assister par un expert-
comptable. On doit remarquer que, parallèlement, dans la prolongation
d'un mouvement législatif commencé en 1966, la loi étendra
l’obligation d’un commissaire aux comptes à un nombre sans cesse
croissant d'entités (associations, mutuelles…).
− La mission de l’expert-comptable qui assiste le CE bénéficie
d'objectifs clairs et d'un champ très large : elle « porte sur tous les
éléments d’ordre économique, financier ou social nécessaires à
l’intelligence des comptes et à l’appréciation de la situation de
l’entreprise » (article L. 2325-35 du code du travail).
1213
− Les moyens d’investigation, dont on rappelle que la loi les limitait par
un accès très réduit à l’information (le journal et l’inventaire), sont
6419
dorénavant aussi étendus que ceux du commissaire aux comptes :
« Pour opérer toute vérification ou tout contrôle qui entre dans
7:16
l’exercice de ces missions, l’expert-comptable a accès aux mêmes
documents que le commissaire aux comptes ». Comme l’on sait qu’il
9.24
n’existe pas de limite à l’accès à l’information du commissaire aux .45.3
comptes dès lors que cela est nécessité par sa mission cela s’étend
mutatis mutandis à l’expert-comptable du CE.
:129
commercial (par exemple dans le cadre de la loi du 1er mars 1984 sur la
prévention des difficultés des entreprises), le droit du travail prévoira de
840:
choix :
1° En vue de l'examen annuel des comptes prévu aux articles L. 2323-
Alge
8 et L. 2323-9 ;
1° bis En vue de l'examen des orientations stratégiques de l'entreprise
:ESC
22
Du nom du ministre du travail du gouvernement Pierre Mauroy, Jean Auroux ; il y eut au
total quatre lois Auroux.
23
Cet article est régulièrement modifié. Le texte cité ici, dont tous les paragraphes ne
larvo
remontent pas à 1984, est celui en vigueur depuis la loi du 29 mars 2014, mais il a déjà été
modifié par la loi du 17 août 2015 qui entre en application en 2016.
.scho
217
www
2° En vue de l'examen des documents mentionnés à l'article L. 2323-10,
dans la limite de deux fois par exercice ;
3° Dans les conditions prévues à l'article L. 2323-20, relatif aux
opérations de concentration ;
4° Dans les conditions prévues aux articles L. 2323-78 et suivants,
relatifs à l'exercice du droit d'alerte économique ;
5° Lorsque la procédure de consultation pour licenciement économique
d'au moins dix salariés dans une même période de trente jours, prévue à
l'article L. 1233-30, est mise en œuvre.
6° Dans les conditions prévues aux articles L. 2323-21 à L. 2323-26-1 A,
relatifs aux offres publiques d'acquisition.
II. ― Le comité peut également mandater un expert-comptable afin qu'il
apporte toute analyse utile aux organisations syndicales pour préparer les
négociations prévues aux articles L. 5125-1 et L. 1233-24-1.
Par ailleurs, conformément aux règles usuelles dans la profession, la
1213
pratique d’une lettre de mission établie entre le CE et l’expert-comptable
qu’il a choisi, permet de préciser les orientations spécifiques de la mission
6419
compte tenu des préoccupations particulières du CE lorsqu’il procède à la
désignation d’un expert-comptable pour l’assister. On ne peut prétendre qu’il
7:16
n’existe pas d’expectation gap entre l’attente des différents élus au CE et le
compte rendu de sa mission que peut en faire l’expert-comptable du CE,
9.24
pour autant force est de reconnaître que les éléments du droit français en la
.45.3
matière ont tout fait pour le réduire.
:129
Conclusion
9759
noyer le destinataire ;
− partiale, car l’auteur de l’information ne peut se soustraire à ses avis ni
9287
complexes.
:ESC
certifier certaines parties et lire les autres "en exerçant son esprit critique"
(NEP 9510-15), ne réduisent pas l’asymétrie d’information entre les
dirigeants et les parties prenantes de l’entité. Partiels, ils nous informent par
larvo
.scho
218
www
exemple très mal sur les externalités négatives de l’entité (par exemple la
pollution engendrée). Partiaux et subjectifs, ils sont essentiellement destinés
aux investisseurs qu’ils veulent rassurer.
Très concernés par la situation de l’entreprise et son avenir, les salariés et
leurs représentants ne disposent pas non plus de toutes les informations qui
seraient utiles à une parfaite anticipation leur permettant de prendre les
meilleures décisions qui sont de leur ressort.
L’asymétrie d’information est une réalité qu’il faut accepter même si une
société démocratique et efficace sur les plans économiques et sociaux se doit
de mettre en œuvre tous les moyens pour la réduire.
En France le droit du travail et la pratique de la mission d’assistance d’un
expert-comptable auprès du CE constituent un bon exemple de mesures
agissant concrètement dans le sens d'une réduction de l'asymétrie
d'information entre dirigeants et salariés.
1213
Bibliographie
6419
Cohen, M. (1998), Le droit des comités d'entreprise et des comités de
groupe, LGDJ, Paris, 5ème édition, 1100 p. (régulièrement réédité).
7:16
CNCC (2003), L’information des actionnaires, CNCC éd., Etudes juridiques,
9.24
82 p.
Collectif (2015), Dossier spécial comités d’entreprise, Revue Française de .45.3
Comptabilité n° 491, octobre, pp. 23-53.
Jensen, M.C. and Meckling, W. (1976), Theory of the Firm: Managerial
:129
Solus H., La réforme du droit des sociétés, Sirey, Paris, 1938, 524 p.
9287
r:210
Alge
:ESC
x.com
larvo
.scho
219
www
www
.scho
larvo
x.com
:ESC
Alge
r:210
9287
840:
8883
9759
:129
.45.3
9.24
7:16
6419
1213
Pourquoi autant de cash dans la trésorerie
des entreprises en 2015 ?
1213
Geneviève Causse a consacré sa thèse de doctorat en sciences de gestion
à la « gestion de la trésorerie au jour le jour » à l’université de Paris 1 –
6419
Panthéon Sorbonne en 1980. À cette époque, les entreprises avaient comme
on dit pudiquement des « problèmes de trésorerie » et la question essentielle
7:16
pour les trésoriers des grandes entreprises comme des plus petites était :
comment finir le mois ? Avec son côté très pragmatique qui caractérise les
9.24
travaux de Geneviève, elle pointait du doigt dans sa thèse que cette gestion
de la trésorerie naviguait entre le rationalisme et l’empirisme. Elle a .45.3
contribué entre 1975 et 1983 au développement des méthodes de maîtrise de
l’information, d’analyse, de prévision et de décision en matière de gestion de
:129
trésorerie (Causse, 1975, 1979, 1981) afin de rendre cette dernière plus
rationnelle. Il est vraisemblable que ses propositions et ses conclusions
9759
1
Professeur de finance à Grenoble École de Management et professeur émérite à l’Université
larvo
Grenoble Alpes
2
Professeur à ESCP Europe
.scho
www
Dans une première partie, nous dressons la situation des grandes
entreprises française en matière de détention de cash. Nous exposons ensuite
les principales théories qui permettent d’expliquer pourquoi les entreprises
détiennent des montants de cash aussi importants et dans une dernière partie
nous faisons un état de l’art des résultats empiriques concernant ce
comportement que nous complétons par la présentation des résultats d’une
série d’entretiens.
1213
des sociétés financières. Les « équivalents de trésorerie » sont des
placements très liquides, facilement convertibles à court terme, dont la
6419
valeur ne risque pas de changer de façon significative et qui sont détenus
dans le but de faire face aux engagements de trésorerie à court terme et non à
7:16
des fins de placement ou à d'autres fins. Afin de montrer l’importance du
cash détenu par ces entreprises industrielles et commerciales, nous avons
9.24
rapporté le montant du cash détenu fin 2014 à la capitalisation boursière (au
24/11/2015). Le tableau 1 récapitule ces données. .45.3
222
www
Kering 1 419 1 090 20 342 5,4%
L'Oréal 2 607 1 917 91 877 2,1%
Lafarge Holcim 1 831 1 753 30 491 5,7%
Legrand 606 729 14 198 5,1%
LVMH 3 221 4 091 78 708 5,2%
Michelin 1 563 1 167 17 242 6,8%
Orange 5 916 6 758 42 594 15,9%
Pernod Ricard 477 545 28 201 1,9%
Peugeot 7 755 9 959 12 980 76,7%
Publicis 1 442 3 158 12 482 25,3%
Renault 11 661 12 497 27 183 46,0%
Safran 1 672 1 633 27 945 5,8%
1213
Saint Gobain 4 391 3 493 22 663 15,4%
Sanofi 8 257 7 341 106 245 6,9%
6419
Schneider
5 528 2 650 33 616 7,9%
Electric
7:16
Solvay 1 932 1 251 8 690 14,4%
9.24
Technip 3 241 2 685 5 615 47,8%
Total 14 647 18 292 112 077 .45.3 16,3%
Valeo 1 510 1 497 11 184 13,4%
Veolia
:129
223
www
Tableau 2 : Statistiques sur la trésorerie des grandes entreprises françaises
(en millions d’euros)
Cash 2013 Cash 2014 Capitalisation Cash/Capi
Total 143 576 146 393 1 056 725 13,9%
Moyenne 4 102 4 183 30 192 19,2%
Médiane 3 241 3 113 22 663 15,4%
Ecart-type 3 320 3 723 26 937 16,5%
Max 14 647 18 292 112 077 76,7%
Min 477 545 5 615 1,9%
On observe que le total de cash détenu par ces entreprises fin 2014
s’élève à 146 milliards d’euros, un chiffre proche de celui de 2013 (143
milliards d’euros). En moyenne ces 35 entreprises détiennent 4,1 milliards
d’euros de cash, soit 19,2 % de leur capitalisation boursière. La médiane
1213
s’établit à 3,1 milliards de cash fin 2014. Ces chiffres témoignent de niveaux
de trésorerie très élevés. La question se pose donc bien de savoir pourquoi
6419
ces entreprises industrielles et commerciales détiennent autant de cash. À
noter que ce comportement n’est pas spécifique à la France puisqu’on
7:16
constate le même phénomène un peu partout dans le monde. D’où les
nombreuses études théoriques et empiriques cherchant à expliquer ce
9.24
comportement, car après tout la mission d’une entreprise industrielle ou .45.3
commerciale n’est pas d’accumuler du cash mais plutôt d’investir, de se
développer et ainsi de créer de la valeur.
:129
9759
d’actifs financiers pour faire face aux paiements que la firme doit effectuer.
L’idée principale est que le cash ne rapportant rien (ou pas grand-chose), il
larvo
224
www
d’actifs financiers (titres de placement) pour limiter les coûts de transaction.
Le cash est ici considéré comme un stock, qu’il convient de minimiser,
comme tout autre stock (matière première, produits en cours et finis). Du fait
de l’existence d’économies d’échelle liées aux coûts de transaction, la
littérature en déduit que les grandes firmes devraient – tout au moins
relativement à leur taille – détenir moins de cash que les petites firmes.
L’existence d’économies d’échelle a notamment été mise en évidence par
Mulligan (1997).
Si cette approche permet de comprendre la détention de liquidités (cash)
par la firme, elle est cependant insuffisante pour expliquer les niveaux de
trésorerie détenus par les entreprises dès lors que par trésorerie nous
entendons la somme des liquidités et des actifs financiers facilement
mobilisables et considérés comme des « équivalents de trésorerie ». Or, c’est
bien ces montants de « trésorerie et d’équivalents de trésorerie » qu’il
convient d’expliquer et non seulement le niveau des liquidités. En effet,
1213
pourquoi détenir de tels actifs financiers qui sont censés rapporter moins que
les actifs industriels ou commerciaux ?
6419
7:16
2.2. Le motif de précaution
Avec ce motif, nous entrons davantage dans le débat sur les raisons qui
9.24
peuvent expliquer la détention de trésorerie positive (cash + cash
equivalent) par les entreprises. L’idée est que pour faire face à des chocs
.45.3
économiques néfastes, les entreprises constitueraient un matelas de sécurité
afin de survivre. Bien sûr, l’existence d’un marché de capitaux devrait
:129
financiers de sécurité. Ainsi, Almeida et al. (2004) montrent que les firmes
9287
225
www
2.3. Le rôle de la fiscalité
Aujourd’hui, les grandes entreprises sont mondialisées et ont des filiales
un peu partout dans le monde. Nombreuses sont celles qui cherchent à
optimiser leur fiscalité en logeant directement ou indirectement (via des prix
de transfert) leurs profits dans des pays à faible taux d’imposition. Cela est
notamment le cas des entreprises américaines, voire européennes, qui
préfèrent laisser leurs bénéfices dans des filiales étrangères plutôt que de les
rapatrier et payer l’impôt sur les sociétés. Foley et al. (2007) montrent que
les firmes américaines dont les conséquences fiscales, suite au rapatriement
de leurs bénéfices, seraient préjudiciables ont tendance à détenir davantage
de trésorerie dans leurs comptes consolidés que les autres.
L’exemple d’Apple illustre parfaitement cette problématique fiscale liée à
la détention de cash. Cette entreprise qui dispose d’une des plus grosses
réserves de cash jamais détenues par une entreprise privée (145 milliards de
1213
dollars en 2012) a emprunté 17 milliards de dollars pour verser des
dividendes à ses actionnaires. Pourquoi ? L’explication est simple : si Apple
6419
rapatriait du cash de ses filiales, il fallait qu’elle paye des impôts aux États-
Unis. En d’autres termes, pour verser 17 milliards à ses actionnaires elle
aurait dû payer 9 milliards d’impôts et donc rapatrier 26 milliards de cash.
7:16
Du coup, la firme californienne a préféré emprunter sur les marchés
9.24
financiers (coût : 310 millions par an) d’autant plus qu’elle pourra bénéficier
de déductions fiscales sur les intérêts. .45.3
davantage leurs propres intérêts que ceux des actionnaires. D’où le conflit
d’intérêt et la nécessité de mettre en place des mécanismes d’incitation pour
9287
226
www
2.5. La recherche de flexibilité financière
Dans un monde incertain et face à la nécessité pour les dirigeants de saisir
des opportunités d’investissement comme par exemple des acquisitions, on
peut comprendre la volonté des dirigeants d’avoir des trésoreries positives et
conséquentes. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la valeur actuelle
nette des actifs de trésorerie n’est pas forcément négative (le cash rapportant
moins que le coût du capital) si on prend en compte la valeur de l’option que
comporte la détention de cash. Selon Michel Levasseur (1998), la trésorerie
est un actif présentant une valeur stratégique car elle peut permettre de saisir
des opportunités d’investissement intéressantes qui se présentent
aléatoirement à l'entreprise. Ainsi, on peut penser que des dirigeants
opportunistes soient tentés de conserver beaucoup de cash. Par ailleurs,
devant l’incertitude économique liée aux différentes crises financières,
comme celle des subprimes en 2007-2008, avoir un matelas de cash peut
1213
rassurer des dirigeants averses au risque. Gamba et Triantis (2008) montrent
que la valeur de la flexibilité financière dépend du coût des financements
6419
externes et du niveau d’imposition des sociétés. Falkender et Wang (2006)
étudient empiriquement la valeur marginale de la trésorerie pour des firmes
en rationnement de capital. Ils trouvent que la valeur marginale des liquidités
7:16
est plus élevée pour les firmes ayant de faibles niveaux de trésorerie, de
9.24
fortes opportunités d’investissement et des contraintes de financement
externe élevées. .45.3
valeur. Par exemple, Harford (1999) montre que les firmes ayant des niveaux
de trésorerie élevés ont tendance à surpayer leurs acquisitions. Mikkelson et
9287
constat à savoir que l’excès de cash tend à favoriser des décisions conduisant
à des pertes de valeur pour les actionnaires. Ils trouvent, lorsque la
Alge
227
www
3. Les apports des études empiriques concernant le comportement
des entreprises en matière de trésorerie
Les études empiriques concernant les entreprises sont partielles et peu
comparables. Nous en présentons ci-dessous un aperçu pour quelques pays
développés et aussi quelques pays émergents en Asie. Cette mise en valeur
des facteurs explicatifs essentiels est une introduction à la présentation des
résultats d’une série d’entretiens semi-directifs effectués au dernier trimestre
2015 auprès de quinze entreprises françaises cotées.
1213
basés sur la théorie de l’agence (Amarjit, G. et Charul, S. 2002,
Amess, K., Banerji, S. et Lampousis, A. 2015, Gao, H., Harford, J. et
6419
Li, K.2013) ;
− l’impact des crises financières (Chang, Y., Benson, K. et Faff,
7:16
R.2014) ;
9.24
− l’impact des systèmes fiscaux et de leurs spécificités (Flipse, 2012) ;
− les facteurs financiers caractéristiques des entreprises (Amarjit, G. et
.45.3
Charul, S. 2002, Ferreira, M. et Vilela, A. 2004) ;
− les facteurs de qualité de la gouvernance de l’entreprise (Ozkan, A.et
:129
Villela, A. 2004) ;
− International : Malaisie et Singapour (Kusnadi, 2011), plusieurs
continents (Pinkowitz, L., Stulz, R. et Williamson, R. 2006,
larvo
228
www
3.2. Les entretiens avec des directeurs financiers et des trésoriers
Les entretiens semi directifs réalisés auprès des responsables financiers
de quinze entreprises françaises de taille importante, toutes cotées en Bourse,
ont permis de mettre en valeur des relations entre le niveau du cash
accumulé, sa volatilité et d’autres facteurs économiques, financiers ou de
gouvernance. Les différents éléments recueillis sont présentés ci-dessous.
1213
des autres. Les acteurs que nous avons interrogés ont tous des
fonctions de direction financière au sein de groupes cotés en Bourse et
6419
excédentaires en cash.
− Un de nos interlocuteurs a souligné la situation paradoxale dans
7:16
laquelle les entreprises évoluent aujourd’hui, les ménages présentant
un taux d’épargne historiquement élevé, des petites entreprises
9.24
souvent à la recherche de concours bancaires, des banques en situation
.45.3
de sur liquidité et en capacité de mobiliser de nouvelles ressources
auprès de la Banque Centrale et à la recherche de clients, des grands
:129
groupes sert donc à financer en partie les besoins des PME/TPE mais
surtout ceux de l’État, des collectivités locales et de la Sécurité
840:
Sociale.
− Les différents acteurs ajustent leur niveau de cash en fonction
9287
back) ; plus les actifs accumulés sont peu liquides et les pay back des
investissements réalisés longs, plus le niveau de cash est élevé ; ce
Alge
229
www
nos interlocuteurs soulignent l’importance du facteur fiscal (Foley et
al., 2007, Flipse, 2012)
1213
que traduisent les niveaux de volatilité constatés aujourd’hui comparés
à ceux de la période antérieure à 2007 et la réduction très forte du ratio
6419
Market value/Book value des entreprises financières.
− L’apprentissage des décideurs en application du principe de
7:16
précaution implique une augmentation du niveau de cash disponible
pour faire face à des situations difficiles et imprévues ; ce constat peut
9.24
être illustré au niveau de pays (cas de l’Algérie confrontée à des
revendications sociales récurrentes et aux variations du prix du pétrole
.45.3
et du gaz sur le marché international ainsi que du taux de change
Euro/US Dollars) mais aussi au niveau de groupes industriels,
:129
(Arcelor).
840:
Mulligan, 1997)).
− Certaines entreprises ont quasiment uniquement des activités dans des
:ESC
230
www
Les niveaux de cash consolidés détenus augmentent de manière plus
que proportionnelle en fonction des contraintes rencontrées.
− Les groupes étudiés ont adopté des organisations de la gestion du cash
et des risques associés (risques de taux, de change et de prix) plus ou
moins centralisés avec des reportings de nature pyramidales plus ou
moins fréquents ; les groupes intégrés avec une centrale de trésorerie
unique détiennent moins de cash que les groupes dans lesquels la
gestion de trésorerie est, par exemple, centralisée par zone
géographique ou par métier.
− L’homogénéité ou la diversité des devises utilisées est aussi un
élément de différenciation des niveaux de cash accumulés et de la
diversité de leurs composants ; par exemple, certaines entreprises
effectuent l’essentiel de leurs opérations (achats, coûts de production,
ventes) et la publication de leurs comptes consolidés dans la même
devise, d’autres réalisent une faible partie de leurs opérations dans la
1213
devise de publications des comptes consolidés ; ces dernières
accumulent des matelas de cash libellés dans différentes devises
6419
relativement importants et ont aussi des risques de change plus
complexes et plus coûteux à gérer en particulier pour les entreprises
7:16
capitalistiques avec des pay back longs pour leurs investissements
(Lafarge Holcim offre un excellent exemple de cette situation).
9.24
.45.3
3.2.4. Les facteurs de gouvernance
Les entretiens que nous avons menés ont permis de mettre en valeur des
:129
231
www
− Des actionnaires individuels faisant l’objet d’une politique de
communication de qualité correspondent aussi à des niveaux de cash
faibles comme le montrent les cas de l’Air Liquide, de Danone et de
l’Oréal.
− En revanche, le résultat de la littérature suivant lequel les entreprises
ayant des dirigeants enracinés (Dittmar et Mahrt-Smith, 2007,
Harford, Mansi et Maxwell, 2008, Boubaker, 2015) présentent des
niveaux de cash élevés n’est pas validé par nos entretiens et l’examen
des données présentées ci-dessus (cas de l’Air Liquide, de Danone ou
encore la stabilité du niveau de cash de Sanofi après le départ de son
dirigeant historique).
1213
préfinancement d’opérations d’acquisitions ont une influence sur le niveau
de cash accumulé au moins à certaines périodes. Les niveaux de cash
6419
constatés dépendent non seulement de l’importance et du caractère plus ou
moins récurrent des cash flows (Han et Qiu, 2007, Agkuc, 2013 et Ozkan,
7:16
2004) mais aussi des choix de politiques effectuées et du niveau de
flexibilité désiré par le management. Ainsi :
9.24
− Danone présente un niveau de cash faible par rapport à la moyenne
des entreprises du CAC 40, une forte régularité des cash flows, un
.45.3
taux d’endettement le plus souvent proche de 25 à 30% du montant
des fonds propres mais a sécurisé sa capacité d’endettement à travers
:129
accessible à cette date à des taux très faibles pour constituer une ligne
9287
232
www
directes et indirectes des institutions financières dans leur structure de
capital le démontre.
1213
− Alcatel en restructuration depuis plusieurs années a cédé de nombreux
actifs et offre un niveau de cash très élevé qui aurait pu permettre de
6419
nouveaux investissements et a finalement facilité son intégration au
groupe Nokia.
7:16
− Accor présentait fin 2014 un niveau de cash très élevé à la suite de
plusieurs opérations de désengagement d’actifs en Amérique du Nord,
9.24
de cessions dans des métiers connexes a son core business (Edenred)
et aussi de refinancement d’hôtels par des techniques de ventes
.45.3
assorties de contrats adaptés ou de lease back ;ces montants se
trouvaient alors disponibles dans l’attente de nouveaux projets
:129
Les recherches effectuées sur ce thème ont démontré que les actionnaires
accordent à l’unité monétaire disponible en cash dans une entreprise une
9287
valeur inférieure à cette même unité monétaire (Autukaite, 2014). Ainsi, des
montants de cash élevés accumulés engendrent une destruction de valeur au
r:210
233
www
3.2.8. L’insuffisance des opportunités d’investissements rentables
Les entretiens que nous avons menés, au-delà des hypothèses et
conclusions mentionnés ci-dessus, convergent vers un diagnostic simple ;
l’augmentation du niveau moyen de cash à la sortie de la crise est nettement
plus élevé qu’avant le début de la crise ce qui s’explique aussi (en plus de
l’explication par le principe de précaution) par la disponibilité réduite
d’investissements potentiels présentant un couple rentabilité- risque
acceptable et au moins égal à celui du portefeuille d’investissements pré-
existant (Tsung-Han Kuang, 2012 et Ozkan, 2004).Cette situation est liée à
la faiblesse de la croissance non seulement en Europe mais aussi dans les
principaux pays émergents et au cycle déjà très avancé de l’économie en
Amérique du Nord. De rares opportunités apparaissent et sont
immédiatement saisies par les entreprises capables de financer ces opérations
(Accor, l’Air Liquide) indépendamment des montants de cash accumulés. La
1213
valeur de ces transactions est donc souvent surévaluée. Une situation de
surliquidité prolongée et des taux d’intérêt trop faibles associés à un
6419
phénomène de rareté des opportunités d’investissement entraîne toujours,
pour toutes les classes d’actifs, au moins un début de formation de bulle
(Harford, 1999 et Kalcheva et Lins, 2007).
7:16
Conclusion 9.24
.45.3
Le monde dans lequel Geneviève Causse a écrit sa thèse n’est plus. En
France, les entreprises de taille importante, surtout si elles ont accès aux
:129
de se financer à des coûts très faibles non seulement à court terme mais aussi
dans certains cas sur des maturités très longues. Seuls, les ménages et les
Alge
234
www
élevé de cash de précaution et de flexibilité dans un monde incertain et
volatile, la nécessité de satisfaire les actionnaires et de leur apporter à court
et long terme l’augmentation de valeur exigée.
L’utilisation des modèles classiques basés sur les principes de gestion de
stocks (Baumol, 1952 et Miller et Orr, 2009) et d’obtention d’une trésorerie
zéro -ceux qui étaient enseignés et appliqués au cours de la période pendant
laquelle Geneviève a écrit sa thèse- ne méritent plus seuls l’attention du
monde académique et des praticiens de la finance. D’autres approches
privilégiant l’efficacité de la gestion de trésorerie dans des environnements
financiers complexes, la flexibilité et les outils optionnels, la réduction des
coûts d’agence, le choix de structures juridiques et d’actionnariat adaptés, la
qualité de la communication financière sont aujourd’hui mis en avant
(Amess, 2015). Mais si la maîtrise de ces éléments constituent des conditions
nécessaires, la clé du dispositif c'est-à-dire la condition suffisante pour
résoudre le problème rencontré, réaliser une bonne gestion de trésorerie,
1213
c'est-à-dire une gestion qui crée de la valeur pour l’entreprise, ses
actionnaires mais aussi l’ensemble de ses stakeholders se trouve dans la
6419
politique d’investissement mise en œuvre ; il ne s’agit pas de discuter une
fois encore de critères de choix mais d’identifier en amont de la phase
7:16
calculatoire de nouveaux projets d’investissements organiques ou par
croissance externe présentant des couples rentabilité-risque satisfaisants et
9.24
permettant une bonne utilisation de la trésorerie excédentaire .45.3
(Ferreira,2004,Tsung-Han Kuan, 2012 et Sher, G.,2014). Cet objectif est
plus facile à atteindre aujourd’hui par acquisition que par croissance
:129
Bibliographie
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8883
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9287
r:210
Alge
:ESC
x.com
larvo
.scho
238
www
Gouvernement d’entreprise :
rôle du conseil d’administration dans les institutions
de micro-finance (IMF) au Togo
1213
La pérennité des institutions de micro-finance (IMF) suppose un
6419
management efficace et efficient de ces organisations. La nécessité de
protéger les intérêts des parties prenantes doit amener à réfléchir sur les
7:16
meilleurs mécanismes de gouvernance. Selon Labie et Périlleux (2009), la
question de la bonne gouvernance est essentielle pour les IMF. Malgré la
9.24
croissance rapide du secteur (Tchakoute Tchuigoua, 2010), on peut
remarquer que ces institutions ne sont pas épargnées par des difficultés
.45.3
conduisant parfois à leur disparition. Face à l’augmentation du nombre de
celles mises sous administration provisoire au Togo, il apparaît opportun
:129
1
Chef du Département des sciences de gestion à la Faculté des sciences économiques et de
gestion de l’Université de Lomé.
2
Enseignant-chercheur à l’Université de Lomé, Faculté des sciences économiques et de
larvo
1213
Au sens strict, la gouvernance d’entreprise désigne l’ensemble des
dispositions prises pour contrôler les décisions des dirigeants dans le but
prioritaire de satisfaire les actionnaires (Charreaux, 1998). Les théories de
6419
l’agence et des droits de propriété sont les fondements théoriques de cette
conception de la gouvernance d’entreprise. Selon la théorie de l’agence telle
7:16
qu’elle est conceptualisée par Jensen et Meckling (1976), il existe un conflit
9.24
d’agence entre les dirigeants des entreprises et les actionnaires. Elle propose
soit des contrats prévoyant la rémunération de l’agent sur la base de son .45.3
résultat, soit l’investissement dans des systèmes d’information permettant de
suivre les activités des dirigeants (Eisenhard, 1989). Selon la théorie des
:129
entre les actionnaires et dirigeants. Ceci conduit à étudier les relations entre
l’entreprise et certaines de ses parties prenantes, celles détenant une créance
9287
dispersion de l’actionnariat.
C’est ainsi que Gomez (2003) distingue trois contenus juridiques du
x.com
240
www
absolu et du secret. Le pouvoir souverain est caractérisé par des décisions
motivées mais pas contrôlées. Enfin, le pouvoir est contrôlé dans le cas où
les décisions sont à la fois motivées et contrôlées.
Plusieurs mécanismes sont alors utilisés pour assurer le contrôle des
entreprises. Charreaux (1997) distingue des mécanismes internes et externes.
Les mécanismes internes sont essentiellement : le contrôle direct des
actionnaires, le conseil d’administration, la structure formelle ou informelle,
la surveillance mutuelle, la culture d’entreprise et la réputation interne. Pour
ce qui concerne les mécanismes externes, l’auteur distingue :
l’environnement légal et réglementaire, les marchés des biens et services
financiers, du travail, l’environnement politique, le capital relationnel,
l’intermédiation financière et l’environnement sociétal médiatique. Parmi
ces mécanismes, le conseil d’administration semble le plus visible.
Les objectifs de la gouvernance varient suivant les approches théoriques
retenues (Charreaux, 2000). Au départ, la gouvernance doit éviter que les
1213
objectifs personnels ne conduisent à une plus faible création de valeur
actionnariale. Selon l’approche contractuelle de la gouvernance, le conseil
6419
d’administration est un instrument de discipline des dirigeants au service des
actionnaires, qui incite les dirigeants à être performant en utilisant soit les
7:16
systèmes de rémunération ou en menaçant de les évincer. Cette vision
correspond aux sociétés dites managériales, dans lesquelles le capital est
9.24
dispersé, aucun actionnaire ne pouvant exercer le contrôle. Selon l’approche
.45.3
partenariale, le rôle du conseil d’administration ne se limite plus à surveiller
les dirigeants au profit des actionnaires mais aussi à protéger l’ensemble des
:129
241
www
La question de la gouvernance des IMF est très importante et mérite une
attention particulière pour plusieurs raisons, parmi lesquelles la croissance
du secteur, mesurée en fonction des services proposés, du nombre de clients,
du montant des actifs…, et le nombre important de changements
institutionnels (Labie et Mersland, 2009 ; Wele, 2009). Labie et Mersland
(2009) insistent sur la particularité de la gouvernance des IMF, définie
comme un ensemble de mécanismes par lesquels une organisation est dirigée
et contrôlée afin de réaliser sa mission et ses objectifs.
Le nombre des études sur la gouvernance des IMF est relativement faible
(Tchakoute Tchuigoua, 2010). Les études existantes sont axées sur les liens
entre gouvernance et performance des IMF. Sur la base d’une étude portant
sur 64 institutions africaines, cet auteur a révélé l’absence de relation
significative entre les mécanismes de gouvernance internes et la performance
des IMF. Seule la supervision (un mécanisme externe) influence
significativement la rentabilité et la viabilité des IMF. Les résultats montrent
1213
aussi que le conseil d’administration est l’organe de gouvernance dominant
car visible dans plus de 90 % des IMF étudiées. Pour Wele (2009), le conseil
6419
d’administration est essentiel dans les IMF car il constitue le tampon entre
les dirigeants-gestionnaires et les intérêts extérieurs. Selon lui, la qualité de
7:16
la gouvernance varie suivant le statut des IMF. Les institutions de crédit
direct disposent d’un système de gouvernance plus efficace que les
9.24
institutions mutualistes ou coopératives et les organisations non .45.3
gouvernementales.
Dans le cadre de cette contribution, une attention particulière sera portée
:129
Dans cette partie, nous présenterons les résultats que nous analyserons à
la lumière de la littérature existante. Cependant, afin de faciliter la lisibilité
Alge
242
www
dirigeant d’une coopérative. Les entretiens ont porté sur les sujets que nous
considérons comme importants pour la gouvernance, d’une part ceux
concernant le recrutement, la rémunération et le licenciement des dirigeants,
d’autre part, ceux relatifs aux décisions de gestion du crédit, d’affectation
des résultats et aux décisions stratégiques (expansion, financement,
investissement). Les trois personnes interrogées sont issues de trois
institutions différentes de microfinance. Il s’agit d’un choix par convenance
dans le but de montrer le fonctionnement limité du conseil d’administration
dans ces institutions. Sur une population d’une centaine d’institutions de
microfinance, ces trois institutions permettent de révéler les difficultés
actuelles de gouvernance que connaît le secteur.
Cas 1 : C’est une institution de microfinance exerçant ses activités au
sein d’une ONG dont l’objectif principal est l’assistance aux groupements
féminins. Il s’agit d’encourager les femmes à s’organiser en groupements
afin de mener des activités créatrices de revenu. L’assistance apportée par
1213
cet organisme est à la fois en termes de conseil et d’appui financier. Ainsi
l’ONG a progressivement mis en place une institution de micro-finance
6419
gérée par les mêmes responsables de l’ONG. Les organes suivants ont été
mis en place : un comité de crédit, un conseil de surveillance et un conseil
7:16
d’administration.
Le conseil d’administration est composé de trois membres élus par les
9.24
adhérents lors de l’assemblée générale : un trésorier, un secrétaire et un.45.3
président. Le conseil se réunit une fois l’an. Le président du conseil
d’administration est âgé d’une soixantaine d’année et son niveau
:129
place par une ONG internationale dont l’objectif est de soutenir les femmes
entrepreneurs qui ont démontré une forte potentialité d’expansion de leurs
840:
243
www
stratégiques ou de gestion. Le répondant dans ce cas est le directeur de la
faîtière.
1213
derniers ont l’obligation de communiquer leur rémunération au conseil.
Le deuxième entretien confirme le pouvoir du CA en matière de
6419
nomination ou de révocation des dirigeants de l’institution. Le fait d’être
coopté n’influence en rien le rôle de contrôle confié au conseil
7:16
d’administration dans cette deuxième institution. De plus, le CA a un droit
effectif de regard sur la rémunération des dirigeants et a la possibilité de
9.24
réduire le salaire du dirigeant s’il est jugé excessif.
Dans le dernier cas, le pouvoir du CA est réel en matière de rémunération
.45.3
et de licenciement des dirigeants au niveau de la faîtière. Il faut néanmoins
souligner que c’est un bras de fer qui s’engage lorsqu’il y a lieu de revoir la
:129
d’ailleurs pas son rôle. Cependant le conseil intervient pour ce qui concerne
les décisions stratégiques. À ce niveau, le conseil d’administration
larvo
244
www
d’arguments pour des discussions approfondies sur les propositions des
dirigeants. Ce constat est bien visible dans le cas 3. Ce cas est intéressant car
il s’agit d’une organisation faîtière qui regroupe plusieurs coopératives
dotées d’un organe de direction. L’organe de direction est chargé de planifier
les activités stratégiques dans le long terme et de définir les orientations de
l’IMF. Ainsi, les orientations stratégiques sont élaborées par les directeurs
dans chaque coopérative et soumises au CA pour appréciation. Ceci
s’explique par deux raisons essentielles. D’abord, le manque de compétences
des administrateurs favorise cette situation dans les IMF. En effet, la plupart
des membres n’ont pas un niveau de formation académique leur permettant
d’élaborer un plan stratégique, ou ils manquent de moyens pour se former
aux outils de planification stratégique. De plus, les administrateurs ne
maîtrisent pas le fonctionnement de leurs structures et n’ont pas
d’informations sur l’évolution des activités. Ceci s’explique par le fait que
les administrateurs s’impliquent peu dans la gestion de l’IMF. En effet, la
1213
fonction des administrateurs n’est pas rémunérée dans les IMF, ce qui
conduit les membres du conseil d’administration à limiter leur l’implication.
6419
7:16
3. Discussion des résultats
9.24
Ces dysfonctionnements constatés dans les institutions de micro-finance
tiennent au fait que ces organisations prennent essentiellement la forme .45.3
juridique de coopérative ou d’association. En conséquence, tous les membres
sont égaux car ils apportent une part sociale de même montant. De plus, les
:129
d’un travail bénévole et que leur mode de désignation ne leur donne aucun
pouvoir sinon celui de défendre l’intérêt des dirigeants, c'est-à-dire de ceux
Alge
245
www
décisions prises lors de l’assemblée plénière permettent également l’exercice
d’une discipline des dirigeants.
En conclusion, l’efficacité du conseil d’administration dans les
institutions de microfinance dépendra de la qualité et des compétences des
membres choisis, ainsi que des mécanismes d’incitation mis en place. On
constate que la faiblesse des compétences des membres du conseil
d’administration ne constitue pas un handicap dans l’exercice du rôle
disciplinaire. Mais pour ce qui est de la contribution à l’amélioration de la
gestion à travers des questionnements et des propositions, le CA est presque
inexistant car ses membres n’ont pas les compétences attendues du fait qu’ils
sont généralement choisis parmi les membres des coopératives constituées
essentiellement des populations à faible niveau d’éducation. Il apparaît alors
important pour rendre opérationnel les CA dans les institutions de
microfinance, d’insister sur les qualifications et compétences dans le choix
des administrateurs.
1213
6419
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1213
PARTIE 4.
1213
La comptabilité est une techno-science située : située dans une
civilisation, dans les contraintes économiques, sociales et politiques du
6419
moment, dans une communauté de professionnels, d’utilisateurs, de
normalisateurs et de chercheurs.
7:16
De ce fait, la première question qui vient à l’esprit est de se demander si
la comptabilité peut avoir un statut de science ou si elle est l’un des modes
9.24
d’expression d’une idéologie.
Par définition, la normalisation internationale des pratiques de la
.45.3
comptabilité et de l’audit ignore les contingences locales. Ce conflit entre
mondial et local s’observe notamment en Afrique du fait de la moindre
:129
cabinets internationaux.
9287