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Le kyste hydatique du foie reste encore un problème de santé publique dans les pays endémiques. Il
s’agit le plus souvent d’un kyste unique dans 70 % des cas dont les complications évolutives ne sont pas
rares. Une fois le diagnostic positif établi grâce à l’imagerie, il faut faire le bilan préthérapeutique qui est
essentiel dans le choix de la stratégie. Le traitement, très longtemps basé exclusivement sur la chirurgie,
s’est enrichi ces dernières années par l’apparition de nouvelles méthodes thérapeutiques représentées
d’une part par la ponction–aspiration–injection–réaspiration qui a un intérêt de plus en plus démontré
dans le traitement des kystes non compliqués et d’autre part par la chimiothérapie antiparasitaire. Celle-
ci était uniquement prescrite en cas de refus ou de contre-indication à la chirurgie et dans les kystes
disséminés. Actuellement, le traitement antiparasitaire occupe une place de plus en plus importante
comme traitement avant et après la procédure interventionnelle permettant de diminuer le taux de
récidive. Le traitement médical peut être prescrit comme unique traitement surtout dans les kystes de
types I et II de 3 à 5 cm de diamètre. En dehors de certains cas d’angiocholites hydatiques traitées par voie
endoscopique, la chirurgie par voie classique reste la principale méthode utilisée dans la prise en charge
des kystes compliqués. Si la chirurgie conservatrice reste la plus pratiquée dans les pays endémiques, la
chirurgie radicale garde sa place dans certaines situations. La multiplicité des méthodes thérapeutiques du
kyste hydatique du foie non compliqué fait que le choix doit tenir compte des conditions socioéconomiques
du pays et de l’endémicité de la maladie. Une meilleure connaissance de l’histoire naturelle de la maladie
a permis de proposer l’abstention face à des kystes dont la taille ne dépasse pas 3 cm. C’est l’attitude
wait and watch (attendre et observer).
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Plan Introduction
■ Introduction 1 L’hydatidose est une zoonose due au développement
■ Histoire naturelle du kyste hydatique du foie 2 chez l’homme de la forme larvaire du tænia du chien
Évolution 2 appelé Echinococcus granulosus. Initialement répandue dans
Mécanismes des complications 3 les pays en voie de développement et les zones d’élevage du
■
mouton, elle existe désormais dans tous les pays du monde en
Diagnostic 4
raison du flux migratoire des populations. L’hydatidose se localise
■ Bilan préthérapeutique 4 essentiellement au niveau du foie (60 à 70 %) [1] . Le kyste hyda-
Bilan du kyste 4 tique du foie (KHF) génère des lésions anatomopathologiques
Bilan de la maladie hydatique 4 variées responsables de tableaux cliniques polymorphes. Le
■ Traitement 4 diagnostic positif est devenu facile grâce au progrès de l’imagerie
Traitement médical 4 médicale représentée essentiellement par l’échographie et la
Traitement percutané 5 tomodensitométrie (TDM). Les examens morphologiques ont
Traitement endoscopique 6 également un rôle dans le choix de la méthode thérapeutique
Traitement chirurgical 6 appropriée. Le but du traitement est d’éliminer le parasite, de trai-
Choix thérapeutiques 11 ter les complications assez fréquentes et de prévenir les récidives
Résultats de la chirurgie 14 avec la moindre mortalité et morbidité. Le traitement du KHF
■ Conclusion 16 est en pleine mutation. Il était autrefois basé uniquement sur la
chirurgie ; actuellement, on assiste à l’apparition d’un traitement
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Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie 40-775
“ Point fort
Kyste jeune
• Le kyste jeune est univésiculaire à contenu clair et à
périkyste souple. Il ne pose pas de problème de cavité
résiduelle.
• Il peut, du fait de son volume important, exposer à des
problèmes de compression des organes de voisinage et
parfois des accidents de rupture, source de contamination
péritonéale.
Kyste évolué à périkyste épais
• Il est multivésiculaire, le plus souvent à contenu bilieux
ou biliopurulent.
• Après évacuation du parasite, il persiste toujours une
cavité résiduelle à périkyste épais, comportant des fistules
biliokystiques.
Figure 2. Vésicules filles d’un kyste hydatique multivésiculaire.
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cours de l’acte et de diminuer le taux de récidives dues aux exové- Un traitement médicamenteux par un antihelminthique
siculations [14, 22–24] . La durée du traitement est de six semaines à s’intègre actuellement dans une prise en charge encadrant la
trois mois. Celle-ci n’est pas consensuelle et dépend de plusieurs PAIR [3, 15–17] ; prescrit pour une durée variable selon les auteurs de
facteurs : l’âge du patient, la taille du kyste, sa topographie, sa quatre jours, trois semaines, quatre semaines et rarement deux
classification échographique (fertilité du kyste), la souplesse du mois avant la ponction, il est poursuivi le plus souvent deux mois
périkyste et la procédure à réaliser [14, 21] . après [2, 17] .
L’association ABZ et praziquantel paraît plus efficace pour tuer
les protoscolex que l’ABZ seul [25] . Toutefois, l’utilisation de cette Technique
bithérapie précédant la chirurgie ou la PAIR nécessite d’être vali-
La procédure est réalisée dans une salle de radiologie interven-
dée par d’autres essais cliniques.
tionnelle avec des conditions rigoureuses d’asepsie ; le malade
Actuellement, étant donné que le KHF est une maladie para-
est perfusé avec monitorage de ses constantes vitales. La pré-
sitaire, plusieurs axes de recherche, qui visent à rechercher la
sence d’un médecin anesthésiste-réanimateur et d’équipement
meilleure molécule thérapeutique, sont en cours d’évaluation
permettant de gérer un éventuel choc anaphylactique est obli-
chez l’animal, dont l’association flubendazole–ivermectine et
gatoire. La PAIR peut se faire sous anesthésie locale ou générale.
ABZ–lufénuron [26, 27] .
Au décours du geste, il faut prévoir une courte hospitalisation avec
surveillance pendant 24 heures.
Indications et contre-indications Ponction
L’ABZ seul est indiqué dans les formes inopérables du foie, pour Elle est faite sous contrôle échographique ou scanographique
les patients atteints de multiples kystes dans deux ou plusieurs en cas de localisation difficile. On utilise des aiguilles fines (19 à
organes, ainsi que dans l’hydatidose péritonéale disséminée [16] . Il 22 G) assez longues (20 cm). La ponction percutanée se fait chaque
peut aussi être la seule thérapeutique pour les petits kystes entre fois que possible par voie intercostale droite. Elle doit impéra-
3 et 5 cm de type I (CE1) et II (CE3a) qui répondent favorable- tivement traverser une épaisseur de parenchyme hépatique sain
ment au traitement antiparasitaire [3, 17] . En effet, dans les études et décomprimer rapidement le kyste de façon à réduire le risque
récentes, l’ABZ a montré de manière significative de meilleurs de dissémination, de prévenir les réactions anaphylactiques et la
résultats chez les sujets jeunes, pour les kystes de petite taille de récidive par la fuite de liquide hydatique [33] .
types I et II de Gharbi (CE1 et CE3a) [5] . La chimiothérapie peut
Aspiration
toutefois être moins efficace dans les kystes hydatiques de type III
(CE2) [19] . Les benzimidazolés sont peu efficaces pour les kystes de L’aspiration immédiate de 10 à 15 ml permet de juger l’aspect
taille supérieure à 10 cm car leurs effets sont extrêmement lents du liquide. Elle a pour but de décomprimer le kyste, de confir-
dans les kystes à gros volume de fluide. mer le diagnostic et de rechercher une fistule kystobiliaire qui
L’ABZ est contre-indiqué dans les situations suivantes : kystes imposerait l’arrêt de la procédure du fait du risque de cholan-
avec risque important de rupture, en cas d’hépatopathie chro- gite sclérosante, complication majeure pouvant se terminer par
nique, de dépression de la moelle osseuse, au cours du premier une transplantation hépatique. Le liquide d’aspiration doit avoir
trimestre de la grossesse et chez l’enfant âgé de moins de 2 ans. l’aspect « eau de roche ». La nature hydatique du kyste et sa viabi-
lité sont étudiées immédiatement par un examen parasitologique
avec recherche de protoscolex, ainsi que leur mobilité et leur affi-
Toxicité nité tinctoriale (éosine, bleu de méthylène). En cas de doute sur
Une surveillance toutes les deux semaines des enzymes hépa- l’existence d’une fistule biliaire (absence de pression, couleur jau-
tiques et de la numération-formule sanguine (NFS) doit être faite à nâtre du liquide), un dosage de la bilirubine est réalisé. Certains
la recherche d’une augmentation des transaminases et d’une leu- auteurs, en cas de doute, réalisent une kystographie afin de confir-
copénie [28] . Trois cas d’aplasie médullaire mortelle ont été imputés mer ou d’infirmer la présence de la fistule. La confirmation de la
à l’ABZ [29, 30] . nature hydatique, de la viabilité du kyste et de l’absence de fistule
biliaire autorise la poursuite de la procédure par l’aspiration du
liquide. L’aspiration est effectuée en proportions variables allant
de 35 à 100 % du volume théorique calculé [33–36] .
“ Point fort Injection
L’injection de l’agent scolicide permet de détruire la mem-
brane germinative et les vésicules filles. Le volume injecté est
Traitement médical variable selon les auteurs, allant du tiers aux deux tiers du liquide
• L’ABZ encadre de plus en plus le traitement chirurgical aspiré. Le scolicide est laissé dans la cavité kystique pendant
et percutané en dehors des kystes en prérupture. 5 à 20 minutes. L’agent scolicide le plus utilisé est le sérum salé
• Une surveillance étroite, surtout hépatique et hémato- hypertonique à 20 %. L’alcool absolu à 95 % est de plus en plus
logique, est nécessaire. utilisé dans les séries récentes du fait de son double effet sco-
• Lorsqu’il est prescrit comme unique thérapie, la durée licide et sclérosant [34, 35, 37, 38] . Une communication kystobiliaire
du traitement est de trois à six mois mais l’efficacité ne peut peut être mise en évidence par la diffusion de l’agent scolicide
être évaluée que neuf à 12 mois après la fin du traitement. sous contrôle échographique en temps réel (visualisation des
échos à l’intérieur des voies biliaires). Ceci implique l’arrêt de la
procédure [35] .
Réaspiration
Toute la solution scolicide doit être réaspirée. Certains recom-
mandent un examen au microscope optique afin de vérifier
Traitement percutané la destruction des scolex. À la fin de la procédure, une
injection de 2 ml de Lipiodol® ultrafluide peut être réalisée
La PAIR est une méthode peu invasive qui se fait classiquement
pour tatouer la cavité kystique permettant une surveillance
en quatre étapes successives comme sa dénomination l’indique
scanographique [39] .
(P : ponction, A : aspiration, I : injection, R : réaspiration). Cette
technique a pour but d’inactiver le parasite, détruire la membrane Variantes du traitement percutané
proligère, évacuer le contenu du kyste et obtenir l’oblitération La PAIRA consiste en l’injection d’alcool absolu à 95 % à la fin
de la cavité résiduelle. En 1986, Ben Amor et Gargouri ont rap- de la procédure et a pour but de compléter l’action scolicide mais
porté les premiers résultats très encourageants de la PAIR [31] . surtout de favoriser la rétraction de la cavité résiduelle [34, 37, 38] .
Cette même équipe tunisienne publiait la première série pros- La PAIR-drainage (PAIR-PD) consiste à insérer un cathéter dans
pective en 1990 [32] . La PAIR sera ensuite validée en 2001 par la cavité pour assurer un bon drainage externe [2] . Le drainage
l’OMS [7] . est laissé en place pendant 24 à 72 heures ; il est retiré quand la
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largement ouvert dans les voies biliaires et lorsqu’il existe des argu-
ments en faveur de la migration des vésicules filles dans la VBP
(ictère, cholestase, dilatation des voies biliaires à l’échographie,
découverte peropératoire de large fistule kystobiliaire). La cholan-
giographie est réalisée juste après l’évacuation du parasite. Sur le
Figure 7. Cholangiographie peropératoire : présence du matériel hyda- plan technique, celle-ci est pratiquée à travers le canal cystique
tique au niveau de la partie distale du cholédoque. après avoir réalisé une cholécystectomie. Pour l’identification de
la fistule biliaire, on peut s’aider, dans certains cas, d’une épreuve
au bleu de méthylène injecté à faible pression par un drain
introduites dans la cavité kystique. Plusieurs scolicides peuvent transcystique [45] .
être utilisés. Il s’agit surtout du chlorure du sodium (NaCl) à 20 %
et du peroxyde d’hydrogène à 10 % (eau oxygénée) [50] . La surve-
Méthodes conservatrices
nue de cholangite sclérosante grave a fait abandonner l’utilisation
de formol [46] . L’utilisation de l’eau oxygénée peut être gênée par Résection du dôme saillant (RDS) ou intervention de
l’importance de la mousse générée dans le champ opératoire. Il n’y Lagrot [52]
a pas de consensus sur le choix du scolicide. Le chlorure de sodium Le principe de la RDS est de réséquer la partie à développement
hypertonique à 20 % semble le produit le plus employé actuelle- extrahépatique saillante du périkyste (Fig. 8) après avoir évacué le
ment. Cependant, cette solution doit être utilisée avec prudence contenu kystique. Cette résection est réalisée à l’aide du bistouri
et en quantité raisonnable du fait du risque de troubles hydro- électrique en laissant une petite calotte du périkyste afin de ne pas
électrolytiques sévères à type d’hypernatrémie [10, 51] . D’autre part, pénétrer dans le foie lors de la réalisation du surjet hémostatique.
il a été suggéré que chez l’animal, le sérum hypertonique avait Certains auteurs [45] ont utilisé pour la RDS le bistouri à ultrasons
la même toxicité pour l’épithélium biliaire que le formol. Il est (Ultraciseur® ) qui permet d’assurer une meilleure hémostase des
alors déconseillé de l’injecter sous pression dans un kyste non berges évitant ainsi le recours à la suture hémostatique.
évacué et susceptible d’avoir une communication biliaire [16] . La D’autre part, cette RDS permet une bonne exploration de
mise en évidence des fistules biliaires peut se faire en examinant l’intérieur du périkyste à la recherche notamment de fistules bilio-
les parois du périkyste à la recherche de petits orifices de dimen- kystiques qui peuvent être cliniquement latentes. En cas de petites
sions variables faisant sourdre de la bile. Cela est toutefois difficile fistules, celles-ci sont suturées par du fil résorbable. Dans tous les
en cas de surface irrégulière et anfractueuse du kyste. La fistule cas, la RDS ne doit être entreprise qu’après avoir vérifié le bilan
biliokystique peut être mise en évidence grâce à la cholangio- lésionnel du kyste. En effet, en cas de localisation centrale du
graphie peropératoire qui peut en plus montrer la présence du kyste ou proche de la convergence avec un contenu franchement
matériel dans la VBP (Fig. 7). Celle-ci est indiquée en cas de KHF bilieux, il est indispensable de réaliser, avant toute procédure, une
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Figure 10. Déconnexion kystobiliaire par une suture d’une fistule ter-
Figure 9. Épiplooplastie : la cavité résiduelle est comblée par l’épiploon minale après une périkystectomie périorificielle. Drainage au contact par
et drainée par un drain de Redon aspiratif. un Redon aspiratif. Drainage biliaire par un drain de Kehr.
“ Point fort
RDS
• Elle consiste à réséquer la partie du périkyste saillant en
laissant une calotte périkystique qui surplombe la surface
du foie afin de pouvoir faire un surjet hémostatique en
sécurité sans rentrer dans le parenchyme hépatique.
• Elle laisse une cavité résiduelle qu’il faut savoir combler,
surtout en cas de cavité suspendue à périkyste épais.
“ Point fort tase [49] . Un ou plusieurs petits drains souples de type Redon sont
utilisés en évitant les gros drains [21] .
Déconnexion kystobiliaire par suture de la fistule (Fig. 10).
Épiplooplastie Elle consiste à réaliser une suture de la fistule à l’aide d’un fil à
• Elle doit être pédiculisée le plus souvent sur l’artère gas- résorption lente. Elle est associée à un artifice de comblement
consistant en une épiplooplastie. La cavité résiduelle est drainée
troépiploïque droite après un décollement coloépiploïque. par un drain aspiratif de type Redon. Cette procédure suppose que
• Elle trouve sa meilleure indication dans les kystes à cavité la fistule soit terminale et qu’elle soit suturée en tissu souple après
suspendue et à périkyste épais. une périkystectomie localisée périfistulaire. Elle peut s’associer à
• Elle diminue significativement les complications sep- une désobstruction de la VBP avec un drainage de celle-ci par un
tiques en rapport avec la cavité résiduelle avec un niveau drain de Kehr. Cette procédure est contre-indiquée en cas de fis-
de preuve II. tule profonde ou proche de la convergence et en cas de périkyste
épais difficile à assouplir.
Déconnexion kystobiliaire par cholédocostomie transpa-
riétohépatique selon Perdromo [54] (Fig. 11). Il s’agit d’une
Périkystectomie intralamellaire. Elle s’adresse aux cavités méthode rarement utilisée qui consiste à réaliser une fistulisation
résiduelles ayant un périkyste épais. Elle consiste à assouplir la dirigée d’une large fistule périphérique. Après RDS, une intuba-
cavité kystique par l’ablation des couches les plus internes du péri- tion de la fistule est réalisée à l’aide d’une sonde poussée 3 à
kyste. Pour cela on réalise un curetage du périkyste à la curette [16] . 4 cm dans les voies biliaires et extériorisée à la peau avec un court
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A
Figure 13. Plan de la périkystectomie.
A. Le plan de la périkystectomie correspondant à la ligne en pointillés. La capsule de Glisson est incisée au bistouri électrique au contact du périkyste.
B. La pince fenêtrée maintient la berge du périkyste tendue exposant ainsi les éléments vasculobiliaires qui se tendent progressivement et qui vont être
ligaturés ou coagulés.
soigneuse de l’hémostase et de la bilistase est réalisée. La périkys- offre certes une morbidité postopératoire moindre avec un taux
tectomie est totale lorsque la totalité du périkyste est clivée du de récidive très faible, mais elle n’est pas dénuée de risque hémor-
parenchyme hépatique. Elle est partielle ou subtotale lorsqu’elle ragique [58] . Ainsi, elle reste habituellement réservée à certaines
laisse une place au périkyste contre les éléments vasculaires ou équipes habituées à ce type de chirurgie et qui disposent d’un
biliaires dont le clivage est dangereux [16] . Castaing et al. ont décrit environnement chirurgical performant [16, 58, 59] .
une périkystectomie totale associée à la suture d’une large fis-
tule biliaire sur un drain tuteur poussé dans le canal biliaire et Traitement laparoscopique
extériorisé à travers un court trajet intraparenchymateux [45] . Au
cours de la périkystectomie, l’usage de la coagulation bipolaire,
voire de la thermofusion ou surtout du bistouri à ultrasons peut Les avantages de la cœlioscopie en matière de confort postopé-
être utile [45, 49] . Certains auteurs ont utilisé également la radiofré- ratoire et de réduction du séjour hospitalier ont fait que plusieurs
quence appliquée sur le pourtour des kystes périphériques loin du séries de traitement cœliochirurgical du KHF ont été publiées et
hile et facilitant ainsi le temps de la périkystectomie [57] . ont intéressé des kystes accessibles (antérieurs et superficiels) et
non compliqués, de type I ou II, avec un traitement antiparasi-
taire associé en pré- et en postopératoire [46–48] . En revanche, les
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en termes d’épidémiologie, de niveau socioéconomique et donc son évolution au cours de la surveillance. L’abstention thé-
de l’infrastructure où est pris en charge le patient. L’indication rapeutique pendant la grossesse est retenue si on ne note
dépend de la taille du kyste, de sa topographie et de son aspect pas d’augmentation de la taille du kyste et ceci d’autant
échographique et donc de sa fertilité. plus que sa localisation n’expose pas à un risque de rupture,
Actuellement, il y a des indications bien codifiées : notamment lors du travail, par augmentation de la pression
• pour les KHF disséminés ; en cas d’échinococcose péritonéale intra-abdominale. Si une indication opératoire est retenue, la
disséminée et en cas de contre-indication à la chirurgie, le trai- voie d’abord classique doit être recommandée. L’ABZ est contre-
tement ne peut être que médical, basé sur les benzimidazolés indiqué au cours du premier trimestre de la grossesse à cause
seuls pendant une durée de trois à six mois ; de ses effets tératogènes démontrés chez l’animal. Au cours
• pour les KHF superficiels sous-capsulaires, exposant au risque de du deuxième et troisième trimestre, l’innocuité de l’ABZ est
rupture, le traitement est chirurgical et est réalisé le plus sou- encore non démontrée [63] . Nous pensons alors qu’il ne faut pas
vent par voie classique en sachant que l’abord cœlioscopique, l’utiliser.
associé obligatoirement à un traitement antiparasitaire, pour-
En cas de KHF compliqué
rait constituer une alternative. La PAIR est contre-indiquée en
raison de l’inexistence de parenchyme hépatique sain de sécu- Il s’agit dans ce cas d’une indication chirurgicale de nécessité,
rité, exposant ainsi au risque de contamination péritonéale ; même si certains cas rares d’angiocholites hydatiques sont traités
• pour les KHF volumineux (> 10 cm) : le traitement reste le par voie endoscopique, notamment en cas de risque opératoire
plus souvent chirurgical. La voie d’abord classique est recom- élevé ou en cas de kyste centrohépatique largement ouvert dans
mandée. La chirurgie gagne à être encadrée par un traitement les voies biliaires.
médical, même si les benzimidazolés sont peu efficaces en pré-
opératoire face à ces volumineux kystes. La PAIR associée au Choix de la méthode chirurgicale
traitement médical a très peu de place à cause de ses mauvais En cas de KHF non compliqué (Fig. 14)
résultats dans ce type de kyste ; Lorsqu’une indication chirurgicale est retenue, le choix de la
• pour les kystes de types VI et V (CE4 et CE5), l’abstention thé- méthode dépend des aspects anatomocliniques du kyste (siège,
rapeutique est justifiée en dehors d’une complication évolutive type, volume et rapports anatomiques du kyste), de l’expérience
possible mais rare [13, 45] . La série de Hosch et al. [61] a montré que du chirurgien et du plateau technique disponible, surtout dans
tous les kystes calcifiés ne sont pas inactifs et peuvent avoir un les pays endémiques où le kyste constitue un problème de santé
potentiel évolutif. Le meilleur facteur prédictif d’inactivité est publique, en sachant qu’il est possible de découvrir en peropé-
la stabilité échographique du contenu kystique dans le temps et ratoire une complication latente du kyste qui va ainsi modifier
non son type échographique. La spectro-RM pourrait à l’avenir la stratégie chirurgicale [13, 16, 49] . La chirurgie est réalisée à froid
nous permettre une meilleure appréciation de la viabilité du après une consultation préanesthésique. La voie d’abord le plus
kyste [3] ; souvent utilisée est une voie sous-costale plus ou moins élar-
• les kystes de taille entre 5 et 10 cm et de type I (CE1) ou II gie à gauche [16] . La cholécystectomie n’est indiquée dans ces cas
(CE3a) sont traités soit par chirurgie, soit par une PAIR, enca- que par nécessité lorsque le périkyste saillant est adhérent à la
drées par un traitement médical. Le choix prend en compte la vésicule.
disponibilité et les contre-indications de la PAIR. Pour les kystes Schématiquement, le choix de la méthode thérapeutique
de même taille mais de type III (CEII), la chirurgie associée à un dépend des facteurs anatomopathologiques du kyste.
traitement médical garde une place privilégiée par rapport à la Pour une cavité résiduelle qui regarde en haut avec un périkyste
PAIR ; épais, une RDS associée à une épiplooplastie est réalisée [22, 49, 53] .
• pour les kystes entre 3 et 5 cm, le traitement médical peut être Une périkystectomie intralamellaire peut être associée à la
privilégié en tenant compte de sa topographie en sachant que RDS. La découverte peropératoire des petites fistules biliokystiques
les meilleurs résultats sont constatés pour les kystes de type I amène à les suturer. La cavité est drainée par un drainage aspiratif
(CE1) ou II (CE3a) ; de type Redon placé sous l’épiploon. Si le kyste est jeune avec un
• les kystes asymptomatiques, qui sont le plus souvent de petite périkyste souple, une RDS associée à un drainage de la cavité sans
taille (de moins de 3 cm), constituent, à l’instar de la lithiase épiplooplastie donne des résultats très satisfaisants.
vésiculaire asymptomatique, une nouvelle entité clinique de À l’opposé, pour une cavité déclive, une RDS plus ou moins
plus en plus fréquente. Ces kystes restent asymptomatiques associée à la suture d’éventuelles petites fistules biliaires et à un
pendant plusieurs années avec un faible taux de complications. drainage aspiratif par un drain de Redon est pratiquée.
L’abstention thérapeutique (« observer et attendre ») est justifiée Certains auteurs [49] ont proposé, pour les kystes périphériques,
avec un suivi échographique tous les six mois pendant les deux à distance des pédicules vasculobiliaires importants avec un péri-
premières années [62] ; kyste épais, une périkystectomie totale ou subtotale qui offre
• pour le KHF chez l’enfant, il s’agit presque toujours d’un kyste l’avantage d’avoir une morbidité moindre, diminue la récidive,
non compliqué. La PAIR et les benzimidazolés sont contre- mais qui n’est pas dénuée de risque hémorragique. Celle-ci n’est
indiqués avant l’âge de 3 ans. En cas d’indication opératoire, pas habituellement associée à un traitement antiparasitaire en
la chirurgie conservatrice occupe une place de choix ; postopératoire, surtout si une périkystectomie totale est réalisée.
• chez la femme enceinte, la PAIR n’est pas contre-indiquée [16] . Les volumineux kystes du lobe gauche sont préférentiellement
En cas d’indication opératoire, le KHF non compliqué chez la traités pour certains par une lobectomie de réalisation relative-
femme enceinte pose essentiellement la question du moment ment aisée et qui a l’avantage de faciliter les suites opératoires en
de l’intervention chirurgicale [63] . Au cours de la grossesse, réduisant la morbidité [13] .
la diminution de l’immunité à médiation cellulaire entraîne Pour les kystes multiples mais non disséminés, une échographie
une croissance plus rapide du kyste qui peut aboutir à des peropératoire est recommandée pour dénombrer et situer les dif-
complications graves mettant en jeu le pronostic mater- férents kystes. Les kystes multiples peuvent relever de multiples
nofœtal [50, 63] . D’autre part, le risque de rupture de certaines RDS ou pour certains d’une résection hépatique s’ils sont groupés
localisations de kyste augmente notamment lors du tra- dans un seul secteur ou lobe [16] .
vail par augmentation de la pression intra-abdominale [50] .
L’accouchement par césarienne peut alors s’avérer nécessaire En cas de KHF compliqué (Fig. 15)
pour ces kystes à risque de rupture. Pour ces raisons, et pour La chirurgie est pratiquée dans ces cas par voie classique. Elle
certains [63] , la découverte d’un KHF chez une femme enceinte est réalisée soit en urgence vraie en cas d’ouverture aiguë dans
peut inciter à intervenir avant l’accouchement. Le meilleur le péritoine ou dans la plèvre, soit en urgence différée en cas
moment pour opérer est le deuxième trimestre où il y a moins d’angiocholite par ouverture d’un kyste dans les voies biliaires.
de risque d’avortement et d’accouchement prématuré [63] . Nous Traitement du kyste hydatique largement ouvert dans les
ne partageons pas cette idée et pensons qu’en dehors des KHF voies biliaires (KHOVB). Le traitement de cette complication
compliqués, l’indication opératoire doit être mûrement réflé- repose presque toujours sur la chirurgie. Le traitement endosco-
chie et dépend de la taille du kyste, de sa localisation et de pique peut être une alternative et peut constituer le premier temps
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Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie 40-775
C D
Figure 14. Choix de la méthode chirurgicale en cas de kyste non compliqué.
A. Kyste de la face inférieure du foie droit : une résection du dôme saillant laissant une cavité déclive associée à un drainage est une bonne indication. Une
périkystectomie emportant un kyste à périkyste épais est une option qui met le malade à l’abri d’une récidive.
B. Kyste du dôme du foie. La résection du dôme saillant laisse une cavité suspendue qu’il faut savoir combler par une épiplooplastie, surtout s’il s’agit d’un
kyste à périkyste épais. Un drainage de la cavité résiduelle est associé.
C. Volumineux kyste du lobe gauche. Une large RDS est réalisée. Une lobectomie gauche anatomique est une autre option thérapeutique.
D. Volumineux kyste du dôme proche des structures vasculaires. Une prudente RDS est réalisée associée à une épiplooplastie de comblement et un drainage
de la cavité résiduelle. Une périkystectomie est proscrite dans ce cas à cause du risque de blessure veineuse.
du traitement pour dépasser un cap aigu en cas d’angiocholite [12] . périkystorésection est plutôt proposée avec une suture de la fistule
Il peut être définitif en cas d’ouverture d’un kyste central dans biliaire en tissu sain. Celle-ci permet de régulariser une lobectomie
les voies biliaires avec évacuation totale du contenu kystique à déjà réalisée fonctionnellement par le kyste [55] .
travers cette large fistule biliokystique. Ce traitement doit être au Les kystes intraparenchymateux sans dôme saillant et lar-
mieux associé à un traitement antiparasitaire après la procédure gement ouverts dans les voies biliaires soulèvent la question
endoscopique. du choix de la méthode thérapeutique. Leur traitement chi-
Le choix de la méthode chirurgicale dépend surtout du siège du rurgical est délicat du fait de l’inexistence d’un dôme saillant
kyste et de sa taille [16, 55] . Nous pensons qu’il y a une place assez permettant d’accéder au kyste. Il ne peut se faire que par
limitée de la chirurgie radicale dans le traitement du KHOVB. une résection hépatique ou par un abord direct à travers une
Tous les KHOVB dont le volume ne dépasse pas les 15 cm de hépatotomie non dénuée de risque et qui doit être réalisée
diamètre peuvent être traités par un DITFO. En dehors de cette sous contrôle échographique [55] . Certains auteurs ont réalisé un
limite, ni la situation du kyste ni l’absence de déclivité de la fis- drainage transfistulo-oddien à kyste fermé à travers une choledo-
tule biliaire ne s’oppose à la réalisation de ce geste. Il s’agit de la cotomie. La vidange de la cavité kystique se fait grâce à des lavages
méthode la plus utilisée et la plus efficace dans la série de la Société répétés par une sonde de Nélaton introduite par la cholédoco-
tunisienne de chirurgie (STC) [11] . Si le périkyste est épais, on peut tomie jusqu’à la cavité kystique dont l’évacuation est contrôlée
associer au DITFO une périkystectomie intralamellaire. par une cholédocoscopie souple peropératoire [65] . Le traitement
Pour les volumineux kystes périphériques (> 15 cm), à large endoscopique (cholangiopancréatographie rétrograde perendo-
dôme saillant et à périkyste épais avec une fistule supposée être scopique) avec « ramonage » de la cavité kystique associé à une
terminale, la RDS garde sa place dans cette situation et doit être prothèse biliaire poussée à travers la fistule et/ou à un drainage
associée à une périkystectomie périfistulaire, une suture de la fis- nasobiliaire peut constituer une alternative thérapeutique [44, 55] .
tule en tissu sain et une épiplooplastie assurant ainsi une véritable Les kystes des segments IV et V largement ouverts dans les
déconnexion kystobiliaire [16, 64] . Certains auteurs proposent une voies biliaires et détruisant la confluence biliaire supérieure sont
déconnexion kystobiliaire par une cholédocostomie transpariéto- explorés par une cholangiographie peropératoire première et sont
hépatique selon Perdromo. traités généralement par un DITFO [66] . En postopératoire, la cavité
Pour les gros kystes de lobe gauche dont la RDS peut compro- kystique va progressivement se flétrir avec une reconstitution
mettre la viabilité d’une portion du parenchyme hépatique, une de la convergence. La reconnaissance en préopératoire de ce
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40-775 Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie
C D
Figure 15. Choix de la méthode chirurgicale en cas de kyste compliqué.
A. Kyste du dôme avec une large fistule biliokystique. Le drainage interne transfistulo-oddien (DITFO) constitue une très bonne indication thérapeutique
permettant d’assurer un drainage naturel dans les voies biliaires de la fistule.
B. Volumineux kyste périphérique ouvert dans les voies biliaires avec une large fistule terminale. Le traitement repose sur une résection du dôme saillant
associée à une déconnexion kystobiliaire par suture directe de l’orifice fistuleux après une périkystectomie périorificielle et une désobstruction de la voie
biliaire principale avec drainage de celle-ci. Une périkystectomie totale associée à une suture de la fistule en tissu sain est une autre option thérapeutique.
C. Kyste du segment IV largement ouvert dans la confluence biliaire supérieure. Le DITFO trouve ici son indication.
D. Un petit kyste centroparenchymateux ouvert dans un large canal biliaire est traité endoscopiquement par une sphinctérotomie endoscopique plus ou
moins associée à une endoprothèse maintenant le trajet fistuleux perméable.
type de lésions sévères, grâce à une bilio-IRM, permettrait ainsi libération du diaphragme avec une déconnexion kystodiaphrag-
d’avoir un bilan lésionnel précis avant le traitement chirurgical ou matique, un traitement du kyste très souvent compliqué de
d’envisager une alternative à la chirurgie représentée par le trai- large fistule biliaire, une fermeture de la brèche diaphragma-
tement endoscopique (sphinctérotomie et mise en place à travers tique avec un drainage interhépatodiaphragmatique [16, 68] . Les
le trajet fistuleux d’une endoprothèse) [11] . lésions pleuropulmonaires parfois macroscopiquement impres-
Traitement du KHF infecté. Le KHF infecté constitue une sionnantes peuvent être réversibles après le temps abdominal. Le
indication à la chirurgie en urgence différée. Cependant, il n’est malade est alors suivi et contrôlé par une TDM postopératoire.
pas rare de découvrir l’infection en peropératoire. Sur le plan chi- Le plus souvent, cette laparotomie permet de guérir le malade.
rurgical, il s’agit le plus souvent d’une RDS associée à un drainage Une voie d’abord thoracique devient indispensable pour réaliser
de la cavité résiduelle qui est comblée par l’épiploon. Le contenu une exérèse pulmonaire limitée en cas de lésions irréversibles avec
peut être biliopurulent, incitant ainsi à rechercher et traiter en un parenchyme pulmonaire hépatisé et nécrosé avec une caverne
même temps les fistules biliokystiques associées. hydatique [16, 67, 68] .
Traitement des autres complications. Traitement du KHF En cas d’ouverture aiguë du kyste dans la plèvre, situation plus
rompu dans la cavité péritonéale. Il nécessite une prise en rare mais nécessitant une prise en charge urgente, une thoracoto-
charge urgente avec une réanimation d’un éventuel état de mie première est réalisée permettant l’évacuation et la stérilisation
choc anaphylactique, une toilette péritonéale prudente au sérum du contenu pleural et le traitement du kyste à travers une phré-
hypertonique à 20 %, qu’il faut aspirer rapidement par crainte notomie assurant une RDS associée à un drainage de la cavité
d’avoir des troubles hydroélectrolytiques, et un traitement chi- résiduelle.
rurgical du KHF. L’abord chirurgical de cette complication se fait Une sphinctérotomie endoscopique peut être proposée en post-
par une voie médiane ou par une sous-costale selon la localisa- opératoire en cas d’ouverture concomitante du KHF dans les voies
tion du kyste. Un traitement antiparasitaire postopératoire de trois biliaires [16] .
mois est utile pour limiter le risque d’une sévère échinococcose
péritonéale ultérieure [16] . Résultats de la chirurgie
Traitement du KHF ouvert dans le thorax. L’ouverture du
KHF dans le thorax est une complication actuellement devenue Mortalité
très rare mais qui reste grave [67] . En cas de fistule kysto- La plupart des auteurs rapportent un taux de mortalité de 0 à
bronchique, la voie sous-costale droite permet de réaliser une 5 % [16, 69] . Elle concerne surtout les KHF compliqués [16] . En effet,
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Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie 40-775
dans l’étude multicentrique tunisienne réalisée il y a 18 ans, la meilleurs résultats ont concerné les méthodes radicales qui per-
mortalité des formes non compliquées était inférieure à 1 % [11] ; mettent de régler définitivement le problème du parasite et le
alors qu’elle atteignait 4,5 % dans les formes compliquées. Depuis, problème de la fistule biliokystique en éliminant les inconvé-
elle a beaucoup diminué et ne dépasse pas 2 % pour les kystes nients de la cavité résiduelle, nous pensons qu’il faut savoir
compliqués [1, 70] . Le décès est habituellement lié au problème de accepter dans ces situations, particulièrement dans des centres où
sepsis, de fistules biliaires et dans certains cas à des problèmes on ne dispose pas de moyens ou d’expérience de la chirurgie hépa-
d’hémorragie ou de choc anaphylactique [11, 69, 71, 72] . La mortalité tique majeure, une morbidité un peu élevée plutôt que d’avoir une
varie aussi avec le type de chirurgie proposé [62] . Certains auteurs mortalité non négligeable.
soulignent que celle-ci est d’autant plus importante qu’une La morbidité est dominée par la fistule biliaire externe qui
chirurgie radicale est réalisée à cause du risque d’hémorragie pério- concerne surtout les kystes largement ouverts dans les voies
pératoire [12, 71, 73] ; d’autres [59] ne constatant aucune différence biliaires. Son taux est variable selon les séries : de 3,5 à 26 % [59, 72] .
entre ces deux modalités à condition de respecter les indications Elle était de 6 % dans la série tunisienne [77] . Celle-ci se caractérise
de chaque méthode et de disposer d’une bonne expérience en chi- par un écoulement anormal de bile qui persiste plusieurs jours,
rurgie hépatobiliaire si on opte pour une chirurgie radicale. Pour voire plusieurs semaines, et nécessite ainsi la prolongation du drai-
notre part, nous pensons qu’une chirurgie conservatrice correcte- nage sous siphonage. Dans la période postopératoire immédiate,
ment indiquée et bien faite offre une mortalité très faible. le flux biliaire s’inverse et s’évacue préférentiellement de façon
ascendante vers la cavité résiduelle (Fig. 16). Dans un deuxième
Morbidité temps, la VBP va peu à peu prendre le pas sur l’écoulement fis-
Incidents peropératoires tuleux qui va progressivement se tarir [72] . La liberté de la VBP
est nécessaire pour obtenir un tarissement spontané et plus au
Les accidents peropératoires sont essentiellement de types ana-
moins rapide de la fistule. Quelquefois, ces fistules peuvent être
phylactique, cardiovasculaire ou hémorragique. Les accidents
anormalement productives, prolongées dans le temps et nécessi-
anaphylactiques sont dus à des fuites ou à des ruptures acci-
tant dans ces cas une sphinctérotomie endoscopique permettant
dentelles peropératoires des KHF à l’origine d’une réabsorption
le traitement de la fistule au bout d’une dizaine de jours [16, 23, 78] .
systémique du liquide hydatique [46, 74, 75] . Il s’agit d’un accident
La prévention de ces fistules repose sur le respect d’une bonne
rare se manifestant par un bronchospasme ou par un état de choc
indication de la technique qui est réalisée avec rigueur tout en
inexpliqué. La prévention de cet accident repose sur une bonne
insistant sur l’importance de l’épiplooplastie de comblement si
protection du champ opératoire afin de lutter contre toute fuite
on décide de réaliser une technique autre que le DITFO face à une
de liquide hydatique pouvant être résorbé par le péritoine, par la
large fistule kystobiliaire.
décompression préalable du kyste avant son ouverture et enfin
La suppuration de la cavité résiduelle correspond à une infec-
par une manipulation précautionneuse du kyste avant son ouver-
tion de celle-ci avec un drainage en place. Elle se traduit par un
ture. L’incidence des complications hémorragiques dépend de la
état fébrile et un liquide de drainage purulent. Son traitement
nature du geste et surtout du siège du kyste par rapport aux axes
repose sur une antibiothérapie adaptée au germe isolé dans le pré-
vasculaires [46] . Elles concernent essentiellement les cas de péri-
lèvement, associée à une prolongation du drainage ou parfois,
kystectomie [10] . De très rares cas d’ouverture de kyste dans un
en cas d’inefficacité de celui-ci, par un drainage percutané [16] . La
vaisseau ont été décrits. En effet, il s’agit d’une complication grave,
rétention purulente de la cavité résiduelle correspond à une sup-
particulièrement en cas d’ouverture d’un kyste du dôme dans une
puration survenant après ablation de drainage. Elle concerne le
veine sus-hépatique [76] . Cette complication peut parfois se révéler
plus souvent les cavités résiduelles suspendues et mal drainées [13] .
en peropératoire lors de la décompression du kyste, entraînant un
Elle est traitée par un drainage percutané associé à une antibio-
décollement de la membrane hydatique qui colmatait la brèche
thérapie adaptée [46] . Ces infections de la cavité résiduelle sont
kystovasculaire [46] .
au mieux prévenues par une périkystectomie intralamellaire, un
Complications spécifiques nettoyage complet de la cavité restante enlevant tous les débris
En dehors de la surveillance habituelle de tout opéré de hydatiques, une épiplooplastie et un bon drainage de cette cavité
l’abdomen, il faudrait s’enquérir de l’évolution des drainages. Le par de petits drains aspiratifs.
drain interhépatodiaphragmatique est enlevé en premier au bout Les facteurs qui influencent la survenue des complications
de 24 heures en dehors d’un écoulement anormal. spécifiques postopératoires sont les kystes compliqués, les kystes
Le drainage de la cavité résiduelle qui est réalisé par un drain de multiples, la présence de fistules biliaires et les kystes siégeant dans
Redon de petit calibre laissé sous vide pendant 24 à 48 heures puis le dôme hépatique [16, 70] .
mis en siphonage évacue des sérosités et il est enlevé en général
au bout de trois à quatre jours en dehors d’une fistule biliaire.
Celle-ci peut se déclarer soit immédiatement (suture inadéquate
ou petite fistule non perçue en peropératoire), soit le plus souvent
Récidive hydatique
secondairement vers le troisième à quatrième jour. Le drainage La récidive hydatique est très variable selon les séries. Elle est
biliaire est retiré dans les délais habituels après avoir permis de estimée entre 0 et 25 % [73] . Elle est d’autant plus élevée qu’il
contrôler la VBP et de constater le tarissement d’un éventuelle s’agit d’une chirurgie conservatrice (6–25 %) par rapport à une
fistule kystobiliaire. chirurgie radicale (0–6,4 %) [73] . D’autre part, le traitement médical
Les complications spécifiques constituent le problème fonda- antiparasitaire administré avant l’intervention et pendant deux à
mental des KHF, notamment dans les pays endémiques où on trois mois après semble minimiser le risque de récidive [59, 71] . La
traite souvent par des méthodes conservatrices. La morbidité récidive hydatique pose un problème nosologique [16, 69] . Il s’agit
variait de 20 à 30 % dans les séries anciennes [13, 46, 69] et elle fait d’une entité qui peut être attribuée à plusieurs mécanismes. Il
prolonger le séjour hospitalier. Actuellement, celle-ci ne devrait peut s’agir d’une récidive sur une exovésiculation après un trai-
plus dépasser 5 à 10 % si on respecte les bonnes indications tement conservateur, d’une inoculation peropératoire du liquide
du traitement conservateur, une bonne hémostase, la réalisation hydatique et enfin d’un kyste méconnu en peropératoire, d’où
d’une épiplooplastie, notamment dans les cavités résiduelles non l’intérêt de réaliser presque systématiquement, notamment dans
déclives, et le drainage de la cavité kystique par Redon aspi- les kystes multiples, une TDM préopératoire et une échographie
ratif [22, 53, 55] . L’épiplooplastie diminue de manière significative peropératoire [16, 69] .
les complications postopératoires spécifiques avec un niveau de La récidive, le plus souvent asymptomatique, pose un problème
preuve II [22] . de diagnostic. En imagerie, il n’est pas toujours facile de diffé-
Pour les kystes largement ouverts dans les voies biliaires, le rencier une récidive d’une cavité résiduelle, particulièrement si
DITFO constitue le geste conservateur le plus performant, don- une épiplooplastie est réalisée [16] . L’image échographique de la
nant le moins de complications spécifiques [65] . Reste le problème cavité résiduelle est en général de taille inférieure à celle du kyste
des volumineux kystes compliqués qu’il faut savoir réduire par opéré avec une densité voisine de celle de la graisse [69] . La récidive
une périkystectomie intralamellaire et combler par l’épiploon. hydatique pose également un problème d’ordre thérapeutique et
Finalement, bien que pour certains auteurs [16, 55, 70, 72, 73] de la discussion reste ouverte entre une reprise chirurgicale, souvent
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40-775 Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie
A B
Figure 16. Évolution du flux biliaire en cas de fistule biliaire postopératoire.
A. Pendant la période postopératoire immédiate, le flux biliaire s’écoule essen-
tiellement vers la cavité résiduelle (inversion du flux).
B, C. Progressivement, la décompression par le drain biliaire devient active,
l’écoulement biliaire va petit à petit reprendre son sens normal et la fistule va
se tarir.
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Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie 40-775
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40-775 Traitement chirurgical des kystes hydatiques du foie
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Noomen F, Mahmoudi A, Fodha Md, Boudokhane M, Hamdi A, Fodha M. Traitement chirurgical des
kystes hydatiques du foie. EMC - Techniques chirurgicales - Appareil digestif 2013;8(2):1-18 [Article 40-775].
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Étude parasitologique et anatomie pathologique du kyste hydatique du foie.
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Échographie objectivant un kyste hydatique du foie.
a. Type I.
b. Type II.
c. Type III.
d. Type IV.
e. Type V.
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Correspondance entre la classification de Gharbi et celle de la World Health Organization-Informal Working Group on
Echinococcosis (WHO-IWGE).
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Contenu mastic d'un kyste hydatique de type IV (vue opératoire).
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Tomodensitométrie montrant un volumineux kyste hydatique du foie gauche associé à une dilatation des voies biliaires
intrahépatiques.
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Tomodensitométrie montrant un kyste hydatique ouvert dans la cavité péritonéale.
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Échographie abdominale montrant un kyste hydatique du foie du segment IV de type III qui s'adosse à la convergence biliaire
supérieure avec dilatation des voies biliaires intra- et extrahépatiques.
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a. Tomodensitométrie (TDM) abdominale montrant un kyste hydatique du foie des segments VIII et I à paroi partiellement calcifiée
et ouvert dans les voies biliaires.
b. TDM abdominale montrant une voie biliaire principale dilatée renfermant du matériel hydatique.
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Tomodensitométrie abdominale montrant un volumineux kyste du foie gauche au contact du pancréas.
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Kyste hydatique adjacent au diaphragme (vue opératoire).
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Kyste hydatique du foie gauche adhérent au pancréas et à l'estomac.
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Iconosup 26
Ponction évacuatrice d'un kyste à contenu purulent (vue opératoire).
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Fistule kystobiliaire identifiée par une épreuve au bleu de méthylène (vue opératoire).
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Drainage d'une cavité résiduelle d'un kyste hydatique du foie par un Redon (vue opératoire).
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Suture directe d'une fistule kystobiliaire (déconnexion kystobiliaire) (vue opératoire).
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Video 1
Après une incision sous-costale droite, le premier temps est une exploration de la cavité péritonéale ; protection du champ
opératoire par des champs imbibés d'une solution scolicide (sérum hypertonique) ; ouverture du dôme saillant et détersion du kyste
hydatique du foie ; cholangiographie peropératoire ; cholédocotomie ; évacuation de débris membraneux flétris de la voie biliaire
principale ; lavage de la voie biliaire principale.
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Video 2
Fermeture de la cholédocotomie sur un drain de Kehr ; fermeture étanche de la cavité kystique après réduction de sa taille et
amincissement de son périkyste en respectant la fistule.
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Video 3
Traitement laparoscopique d'un kyste hydatique du foie : après création du pneumopéritoine, le premier temps est une exploration
de la cavité péritonéale ; protection du champ opératoire par des compresses imbibées d'une solution scolicide (sérum
hypertonique) ; ponction-décompression du kyste ; stérilisation du contenu kystique ; ouverture du dôme saillant et ablation de la
membrane proligère ; résection du dôme saillant ; drainage de la cavité résiduelle.
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Iconosup 31
Kyste hydatique accolé à la vésicule biliaire et nécessitant une cholécystectomie (vue opératoire).
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Vue opératoire montrant une grosse cavité résiduelle suspendue à périkyste épais.
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Iconosup 33
Cholangiographie postopératoire montrant l'opacification d'une cavité résiduelle témoin d'une fistule biliaire.
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