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Regard sur la Syrie

Syrie, une dynastie au sein d'une république

Depuis l'arrivée d'Afez El Assad au pouvoir en 1970, suite à un coup


d'état, s'est mise en place en Syrie, progressivement, une dictature
pure et dure. Assad a mobilisé consciemment, mais pas ouvertement,
la communauté alaouite minoritaire dont sa famille est issue, pour
renforcer son pouvoir. Principalement originaire des campagnes de
l'ouest du pays, elle a été incitée à rejoindre les centres urbains. Les
postes clés de certaines administrations du pays lui furent offerts, 
notamment les services de sécurité et de renseignements (qui
surveillent tous les domaines de la vie publique), l'armée et la police.
Des postes qui ont représenté pendant 30 ans des appuis solides pour
renforcer la position du président ; des postes qui révélaient sa volonté
de se maintenir au pouvoir, et de le transférer à l'un de ses fils.
Le parti Baas, pré-existant à son arrivée au pouvoir, fut réorganisé - en
soutenant théoriquement le projet d'unification des pays arabes – afin
de promouvoir sa politique intérieure dictatoriale. Une politique qui
supprima toute la pluralité politique qui existait avant 1970.
Par ailleurs, une bourgeoisie économique, sous contrôle, fut
entretenue, en même temps qu'une politique, de type « socialiste » fut
développée pour permettre au reste de la population de ne pas mourir
de faim, sans toutefois la mettre à l'abri des besoins de première
nécessité. De plus, une politique éducative fut mise en place : comme
dans toute bonne dictature, elle vise à faire des petits syriens soumis,
obéissants au culte de la personnalité du dirigeant (manuels avec
l'effigie d'Assad, cérémonies quotidiennes de dévotion au régime).
Et toujours dans l'objectif de diriger sans partage, d'autres moyens tels
que des outils de propagande, apparurent au travers d'une presse écrite
et audiovisuelle inféodée au pouvoir: du plus grossier comme
l'affichage du portrait du raïs à tous les carrefours au plus sophistiqué
comme la surveillance informatique (avec l'aide de sociétés
étrangères). La mise en œuvre de tous ces rouages coercitifs pendant
près d'un demi-siècle a façonné une chape de plomb sur ce pays et ses
habitants.
L'écrasement brutal de toute opposition -comme en 1982 à Hama où
on a pu déplorer plus de 20 000 morts dans cette ville dévastée,
comme, de manière ininterrompue, les condamnations à l'exil, les
enlèvements, les emprisonnements, les tortures et les assassinats (sans
distinction d'âge ou de sexe) de ceux ou celles qui ont osé relever la
tête au nom de la démocratie perdue - a produit un peuple silencieux et
sans espoir. Et plus récemment, grâce à la manipulation de la
Constitution avec l'aval de certains pays, la dynastie « Assad » a vu le
jour en la personne de son fils, non moins autocrate : Bachar.
Le seul domaine non contrôlé totalement par ce régime, en particulier
à partir des années 2000, fut la religion : c’est ainsi que la majorité des
Syriens a redécouvert dans les lieux de culte un espace d'expression.

Vinrent les révolutions et les soulèvements des peuples tunisien,


égyptien et libyen et avec eux, l'apparition du mot « Liberté », liberté
de penser, de s'exprimer, de choisir..... Et le peuple syrien s'est relevé !
Depuis les espaces étroits qu'offraient les multitudes de mosquées à
travers tout le pays,( et aussi avec l'aide des nouvelles technologies de
communication ) les syriens réapprirent à espérer, à s'exprimer, à
s'organiser et à manifester leur soif de liberté, et ce : pacifiquement.
Les manifestations sur des grandes places, comme en Tunisie ou en
Égypte, leur étant interdites, une multitude de petites manifestations –
parfois convergentes – alimentées par les deuils des jours précédents,
naissait.

L'unique réponse du régime fut, et reste : toujours plus de répression


avec son lot, sans cesse accru, d'arrestations, de tortures et
d'assassinats. Dans de telles conditions, le peuple syrien est
exemplaire d'abnégation et de sang-froid. La liberté a un prix, le
peuple le connaît et le paye.

L'aveuglement de Bachar El Assad a fini par lasser les plus pacifistes,


et l'heure de la révolte armée est arrivée. Un point de non retour est
atteint. Le régime tombera.
Hamal Wonos, Berthelot Roland
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publié originalement

Le Ptitgrain n° 204
Mardi 28 août  2012
 
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