Vous êtes sur la page 1sur 14

Cyril DERMINEUR

Les errances du « bon chevalier »


Un fragment de gisant provenant des collections du musée de
Douai retrouvé dans les réserves du musée de Valenciennes

N on obstant la perte, sy se devoient-ils reconforter ; car tant que livres dureront, sa bonne
renommée et ses nobles et hauts faits reluiront sur terre1.

LA « MALE AVENTURE » DU « BON CHEVALIER »


Le 3 juillet 1453, disparaissait l’un des plus fameux représentants de la cour
du duc de Bourgogne, Jacques de Lallaing, seigneur de Bugnicourt, membre
de l’ordre de la Toison d’Or, dont les nombreux exploits tant dans la lice2
que sur le champ de bataille lui avaient valu le surnom de « bon chevalier ».
Difficile de nous représenter la renommée de cette figure aujourd’hui large-
ment méconnue du grand public. Pourtant la surenchère de termes élogieux
dont usèrent les chroniqueurs pour évoquer les vertus chevaleresques de ce
personnage peut nous donner un aperçu de sa notoriété : Et premièrement estoit
la fleur des chevaliers ; il estoit bel comme Pâris le Troyen ; il fut pieux comme Énée ;
il fut sage comme Ulysse le Grégeois. Quand il se trouvoit en bataille contre ses ennemis,
il avoit l’ire d’Hector le Troyen ; mais quand il se véoit ou sentoit estre au-dessus de ses
ennemis, jamais on ne trouva homme plus débonnaire, ne plus humble3.
© Koninklijke Bibliotheek National Library of the
Netherlands. « Dieu et nature à le former n’avoient rien oublié »4 affirmait-on. De telles
qualités morales ne pouvaient donc que prendre corps dans un physique de
jeune premier : Messire Jacques de Lalaing estoit ung chevalier de bien grant haulteur et
de belle et large croisure. Bras avoit merveilleusement longs et très fors ; belles longhes mains
fémenynes, mais de grant vertu ; jambes bien faites, longhes et droictes, menues vers le bas :
bonne sceure et arrestée marche de longs pas. Le taint avoit fémenin, visaige rond, blonde
barbe, yeuls de faucon, clercs et amiables, hault front plane et le nez bien trait. Belle avoit
la chevelure et dorée, le col long, mais bien massich5. À cet égard « les dehors moins
séduisants »6 qu’arbore notre chevalier sur une miniature des Statuts, ordonnance
et armorial de la Toison d’Or de Gilles Gobet7, comme sur un portrait gravé
inséré après la page de titre sur l’édition du Livre des Faits de Jacques de Lalaing
par Jules Chifflet8, ne sauraient contredire cette description9. L’exécution de
ces portraits respectivement plus de deux décennies et 181 années après la
mort du sujet ne devait pas en avoir facilité la réalisation.
https://archive.org/details/bub_gb_PWeF5gjSSUEC.
Mais la « perverse et mauvaise fortune » n’épargne personne, pas même des
enfants aussi bien nés. La glorieuse épopée du « bon chevalier », si abondam-
ment célébrée par les chroniques de son temps, devait s’achever de manière,
à défaut d’être tout à fait chevaleresque, du moins rocambolesque10.
Depuis 1451, l’armée ducale était alors mobilisée pour soumettre les
Gantois qui avaient, une fois de plus, pris les armes contre leur souverain.
Dans ce contexte, Jacques de Lallaing prit part au siège de Poucques, localité
située à mi-chemin entre Bruges et Gand, dont le château restait tenu par une
garnison d’insurgés. Blessé à la jambe, mais faisant fi des recommandations
de maître Jehan Caudet, chirurgien, comme de celles, répétées, de Thoison
d’Or11, il arpentait la ligne de siège dressée face à la forteresse des rebelles.
Il trouva Adolphe de Clèves, seigneur de Ravenstein, et Antoine, bâtard de
Bourgogne, occupés à observer le feu qu’une imposante bombarde nommée
« le bergière »12 faisait pleuvoir sur les défenses des assiégés. Il rejoignit ces

70 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

deux compagnons postés à couvert derrière les pavois


qui protégeaient sur les côtés la pièce d’artillerie. Mais
le projectile d’un veuglaire ennemi, c’est-à-dire une
pièce d’artillerie, s’abattit soudain sur le pavois derrière
lequel il s’était abrité et lui propulsa un éclat de bois
en pleine tête, du destre côté au-dessus de l’oreille et ce avec
une telle brutalité qu’il eut le coin de la teste emporté et partie
de la cervelle, et chut à la renverse tout estendu par terre, sans
que oncques il remuast pied, ni jambe. Le récit d’Olivier de
La Marche varie sur quelques détails. Selon ce dernier,
c’est le boulet lui-même qui, après avoir traversé les
deux pavois, infligea la terrible blessure au chevalier : Si
fut la fortune telle que la pierre rompit les deux pavais, et assena
le noble chevallier en la teste et luy emporta tout le front, depuis
le nez en sus, et cheut mort le chevallier à la terre. Une autre
lecture des évènements proposée par une chronique
flamande13 donne au mauvais hasard un moindre rôle et
laisse entendre que la haute stature du « bon chevalier »
l’aurait finalement trahi. La moitié de sa tête dépassant
de l’abri du pavois, l’issue funeste devait davantage à
l’imprudence de Jacques de Lallaing et à l’habileté du
couleuvrinier qu’à la mauvaise fortune14.
Toutes ces menues variations s’accordent néanmoins
sur un point : sous la violence du choc, c’en était fini
du teint de femme, du visage rond, de la barbe blonde,
du regard perçant et bienveillant, du front plat, du nez
régulier, de la chevelure dorée et abondante et du cou
long et massif jadis loués par les écrivains. Cercle du Maître de Charles V (Flamand,
actif entre 1505-1533). La Mort de
Jacques de Lallaing au siège du château
Un frère carme se précipita au chevet du « bon chevalier », mais rien n’y de Poucques, vers 1530-1540. The J.
fit. Ce dernier, si oppressé de la mort qu’il ne pouvoit former parole par manière qu’on Paul Getty Museum. Ms 114, f° 183 v°
le pust entendre, ne put se confesser, avant que l’âme partit du corps. Mais celle-ci, (2016.7.183 v°). © Digital image courtesy of the
Ghetty’s Open Content Program.
selon l’expression d’Olivier de La Marche, donne espoir de prendre le chemin de
paradis. En effet, le « bon chevalier » qui faisait conscience du feu qu’il avoit par
l’ordonnance du duc fait bouter en la forteresse de Audenove, s’était confessé le matin
même auprès du père Guy de Donzy, docteur de l’ordre des frères prêcheurs.
Au fur et à mesure que la nouvelle de son trépas se répandit, un silence
recueilli couvrit le vacarme de la bataille : pour l’amour du bon chevalier, il fut plus
d’une heure que tous ceux de l’ost furent sy acoisés, que de un tret d’arc arrière on n’eust
homme, ne femme oy, pour le deuil que un chacun en faisoit …15 Le duc16 lui-même en
perdit l’usage de la parole : gran deuil en fist, et si grant deuil que de ses yeux
en yssoient les grosses larmes, et avoit le cœur si estraint que un seul mot de
sa bouche ne pouvoit yssir17. Cette quiétude soudaine marquait la fin d’une
vie de tumulte et laissait présager que plus rien dorénavant ne troublerait le
repos éternel du « bon chevalier ».

REQUIESCANT IN PACE18
Le corps du « bon chevalier » fut transporté en grande pompe jusqu’à
la seigneurie paternelle et éponyme de Lallaing. À en croire Olivier de La
Marche, ce convoi funèbre prit des allures de véritable défilé militaire :
escorté par les hommes de sa compagnie, toutes bannières déployées, le
défunt chevalier parut une dernière fois à la tête de ses troupes : Et fut
le corps emporté en une eglise, et ensevely, et mis sur ung chariot le mieulx et le plus
honnorablement que l’on le peult faire,et l’accompaignerent les nobles hommes de sa
compaignie, et chevauchoient après le corps à cornette desployée, comme s’ilz fussent par
luy conduietz et menez en bataille19.
Après son exposition dans la grande salle du château familial, la dépouille
du chevalier fut inhumée dans la chapelle consacrée à Notre-Dame-de-

Gauheria / mai 2017 / n°  100


71
Les errances du « bon chevalier »

Sainghin en l’église Sainte-Aldegonde : Le corps du vaillant chevalier fut mis jus


de la litière et porté en la grande salle de Lalaing, où il fut posé et mis jusques à ce
qu’il fust porté en l’église où sa sépulture estoit eslue pour l’ensevelir. Vigiles et oraisons
furent celle nuit chantées et dites moult dévotement puis le lendemain, le service divin
accompli, ainsy comme au corps appartenoit, fut à grandes pleurs et lamentations mis en
terre20. Une fois les funérailles achevées, 340 années d’un sommeil paisible ne
furent qu’à peine dérangées par les réaménagements successifs de l’église21.
Un dessin à la plume, provenant du fonds Chiflet et daté du XVIIe siècle22,
nous livre une représentation très précise de ce que fut ce havre serein. Dans
un enfeu aménagé dans la paroi du fond de la chapelle23, se détache sur un
fond de pierre noire l’effigie funéraire du « bon chevalier », taillée en ronde-
bosse dans un bloc de pierre blanche. Reprenant la formule habituelle du
gisant, le défunt est représenté le corps allongé de tout son long, les mains
Armoires de la famille de Lalaing.
jointes en prière. En attendant de paraître devant son créateur, Jacques de
Lallaing a conservé son armure et arbore sa cote d’armes reprenant le motif
losangé de l’héraldique familiale.

La tête coiffée d’une couronne perlée repose délicatement sur un coussin


brodé protégé par un dais. Tandis que les pieds, garnis d’éperons, sont posés
sur la représentation d’une petite pièce d’artillerie, qui rappelle la canonnade
funeste. Cette disposition traditionnelle, comme le soubassement occupé
par huit pleurants, n’est pas sans évoquer le rituel de l’exposition du défunt
précédant celui de l’inhumation, tel qu’il nous est décrit dans les chroniques.
Au-dessus du gisant, on peut apercevoir sur le mur du fond, au centre, les
armoiries personnelles du « bon chevalier »24. De part et d’autre sur les parois
du fond et des petits côtés sont disposés en pied 32 hérauts portant autant
de bannières armoriées des quartiers du défunt, c’est-à-dire des armes de ses
ascendants25. La majesté de ce tombeau, désigné à plusieurs reprises comme
« mausolée », n’a pas manqué de retenir l’attention des contemporains, à l’instar
d’Olivier de La Marche qui affirme l’avoir observé par lui-même et le qualifie
de solennel26. Mais la description la plus intéressante nous vient de Jean Le
Fèvre de Saint-Remy : […] Et au dessus du corps fut fait un moult notable sepulcre
et riche, où estoient richement empreintes et entaillées les trente-deux bannières et enseignes
Plan de l’église de Lallaing, en 1769. de tous ses costés, et dont il estoit issu […]27.
Arch. comm. Douai, Fonds de Lalaing, Cette précieuse illustration ne nous permet pas de repérer la première
B 82. La lettre M, à gauche du chœur, épitaphe associée à ce monument, pourtant bien signalée à plusieurs reprises
indique la chapelle abritant le mausolée
de Jacques de Lallaing. par les épigraphistes depuis le XVIe siècle28. À défaut de connaître son empla-
cement, en voici la teneur : Chy gist le bon chevalier messire Jacques de Lalaing,
aisné fils de hault et noble Monsieur Guillaume, seigneur de Lalaing, qui trespassa au
siège devant Pouckes, le IIIe jour dit mois de juillet l’an MCCC et LIII. Priez pour
son âme29. On sait par ailleurs qu’une seconde et très longue épitaphe ornait
le monument. L’auteur du Livre des faits de Jacques de Lalaing la décrit comme
« escrite et entaillée en pierre »30 et en retranscrit intégralement les 16 quatrains.
Le dernier vers, « Car meilleur fut que nul escrit de George », appuie l’attri-
bution, généralement admise, à Georges Chastellain. Où prenait place cette
interminable inscription ? Probablement dans l’espace laissé libre au centre du
mur du fond, sous l’écu armorié, dans l’espèce de cartel que semblent tenir
de part et d’autre deux hommes d’armes. C’est ce qu’indiquerait d’ailleurs la
confrontation du dessin de Chifflet à cette précision que l’on doit à l’épita-
phier de Jacques Le Boucq : « En hault est ung homme tenant une table de
pier où est cest escripture »31.

Les seigneurs de Lallaing et leurs successeurs veillèrent scrupuleusement


Plan actuel de l’église de Lallaing
après les destructions de la période à entretenir la sérénité de ce sanctuaire. Il serait particulièrement fastidieux
révolutionnaire. L’ancien chœur a été de dresser ici la liste exhaustive des petits travaux de maçonnerie, de vitrerie
démoli, de même que ses deux anciennes ou de couverture, intégrées annuellement dans les dépenses de la seigneurie32.
chapelles collatérales. Le nouveau chœur
a été formé en rapprochant l’ancienne Limitons-nous ici à observer que la comptabilité du domaine, minutieusement
croisée du transept. tenue par les baillis de la seigneurie de Lallaing, témoigne d’une attention

72 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

toute particulière portée à la conservation de l’église paroissiale. Ce soin ne


se cantonne pas au seul écrin que constitue l’édifice et les « mausolées » qui
y sont abrités ne sont pas négligés. Ainsi le Douaisien Joseph Fourmaulx,
maître sculpteur en pierre, est payé 48 livres de France, le 26 août 1764, […]
pour avoir regraté et regravé, l’épitaphe en vers gaulois, de Messire Jacques de Lalaing
[…]33. De même, en 1776, le peintre et doreur douaisien Joseph Embrecq
est rémunéré 462 livres de France, notamment […] pour avoir peint à neuf, en
or, argent, et couleur le grand écusson de Lalaing, avec son casque et lamberques avec les
trente-deux bannières et quartiers du mausolée de Messire Jacques qui estoient tout en blanc
; avoir mis sa représentation en couleurs naturelles, et peint les paroies et la voûte du même
mausolée […]34. Cette mention nous rappelle, au passage, que le monument
funéraire de Jacques de Lallaing était bien polychrome !
Ces dispositions matérielles se doublaient également d’une démarche
spirituelle, qui frappe par sa continuité. En effet, Guillaume, seigneur de
Lallaing, père de notre « bon chevalier », et son épouse Jeanne de Créquy
eurent à cœur de prendre en main la destinée des âmes de leurs trois fils,
tragiquement disparus avant eux35. Par lettre datée du 4 septembre 1473, ils
fondèrent ainsi, pour leur fils aîné, Jacques, un obit – c’est-à-dire une messe
célébrée annuellement pour le salut d’un défunt – en la chapelle Notre-Dame-
de-Sainghin où reposait ce dernier : […] pour l’ame audit deffunt messire Jacques
de Lallaing notre filz aisné lequel gist en le chappelle de notre Dame de Sainghin scitué
en ladite église de Lallain et aussi pour les ames de nous de
notre Dame compaigne et de nos bienfaiteurs, lequel obyt se fera
chacun an au troiziesme jour de juillet36.
Cette quête du chemin céleste prenait cependant
des voies bien plus terre à terre. Et c’est donc par
l’échange, bien tangible, d’espèces sonnantes et tré-
buchantes qu’on garde la trace des efforts continus
consentis par la famille de Lallaing et leurs héritiers
pour œuvrer à la rédemption du « bon chevalier ».
Ainsi, entre 1729 et 1791, on retrouve systémati-
quement dans les comptes paroissiaux conservés
la mention suivante : pour l’obit de missire Jacque de
Lallaing, gisant dans la chapelle des arbal[estriers] au curé
20 s. aux chap[elains] 6 s. au clercq 10 s. au marguillié 2
s. VI d. Total : XXXVIII s. VI d37. Ces informations
confirment ce que les comptes de la seigneurie nous
laissaient supposer : cette pieuse fondation semble avoir
été honorée jusqu’en 1791.
Ni les ravages commis par les soldats de Louis XI en
1477, ni la fureur des iconoclastes protestants en 1566,
ni encore le départ bruyant des troupes de Louis XIV
en 1677, ni même l’incendie de 1770 ne troublèrent
l’imperturbable torpeur du « bon chevalier ». Mais un
souffle révolutionnaire bien plus menaçant, porté par
d’autres que les Gantois, qui n’auraient cependant pas
moins mérité le qualificatif d’« ennemis et rebelles »,
allait faire voler en éclats cette stase immuable et tout
ce que le « bon chevalier » avait bien pu connaître.
Ms. Chiflet 64, f° 100. Avec l’aimable
PURGATOIRE autorisation de la Bibliothèque municipale de
Besançon ©.
Les hostilités commencèrent de manière presque banale par un relevé
minutieux de toutes les richesses abritées dans cette église. Rien n’échappa à
l’œil calculateur des officiers municipaux qui dressèrent, le 1er mai 1791, une
liste très détaillée des possessions de valeurs conservées dans l’église38. Aucun
objet précieux ne fut laissé de côté, pas même le linge liturgique. Mais au-delà
de l’impressionnante garde-robe à l’usage des officiants, ce sont principalement
les objets d’orfèvrerie qui suscitèrent les convoitises.

Gauheria / mai 2017 / n°  100


73
Les errances du « bon chevalier »

Le gisant de Jacques de Lallaing relevé par Dubois- Dernier fragment subsistant du gisant du « bon chevalier », conservé aujourd’hui au Musée
Druelle vers 1845. BM Douai, Fonds Robaut, boîte des Beaux-Arts de Valenciennes (Inv. A.87.2), mais appartenant pourtant aux collections du
19, n° 445. Avec l’aimable autorisation de la Bibliothèque Musée de la Chartreuse (Inv. A.1152). Avec l’aimable autorisation du musée des Beaux-Arts de Valenciennes ©.
Marceline-Desbordes-Valmore de Douai ©.

L’éloignement des gardiens naturels de ce sanctuaire devait faciliter la suite


des opérations : le sieur Lucas, ancien curé de Lallaing et prêtre réfractaire,
fut regardé comme émigré par l’administration dès le 24 mars 1792, date à
laquelle ses biens furent placés sous séquestre39. Vraisemblablement revenu
dans la région, il fut par la suite inquiété par la justice pour avoir continué
d’exercer le culte malgré sa révocation40. Il fut alors assigné à résidence à
Douai. Mais, considéré par les autorités comme responsable de quelques
troubles advenus à Lallaing en 179641, il fut par la suite incarcéré « aux écos-
sais »42 puis finalement exilé à Rochefort43. Le prince d’Arenberg, héritier de la
seigneurie de Lallaing, fut en procès contre la municipalité dès 1791. Partagé
entre ses nombreuses possessions seigneuriales disséminées aussi bien dans
les Pays-Bas autrichiens qu’en France ou dans l’Empire, le « duc aveugle » ne
résidait guère à Lallaing et émigra définitivement le 6 février 1792. Son bailli,
Ferdinand-Joseph Lefebvre de Lassuze, véritable gestionnaire du domaine de
Lallaing, fut en état d’arrestation le 29 brumaire an II (19 novembre 1793)44.
En l’absence de tout protecteur, les autorités locales eurent complètement le
champ libre pour s’emparer des biens répertoriés auparavant.
Le 29 brumaire an II (13 novembre 1793), le conseil du district de Douai
enjoignait à la commune de Lallaing de se conformer à la loi et réitérait
l’ordre « de faire descendre toutes les cloches renfermées dans le clocher
de leur église, une seule exceptée »45. Les Lallinois finirent par céder et deux
cloches pesant en tout 3 340 livres furent livrées le 3 frimaire (23 novembre)
à la fonderie de canons de Douai46. Le lendemain, excédé par les velléités
de résistance des administrés, le commandant temporaire de la place, un
dénommé Fréjason, fit d’abord arrêter le nouveau curé, Jean-Baptiste Debay,
pourtant prêtre constitutionnel47. Il se fit ensuite ouvrir les portes de l’église
à grand renfort de menaces de mort. Un nouvel inventaire y fut établi, qui,
cette fois, inclut également les objets en cuivre et aboutit le 14 frimaire an II
(4 décembre 1793) à la saisie de ces biens. Cette mainmise considérable rap-
portait à l’administration du district l’équivalent de 13 kg d’argent, et environ
233 kg de cuivre48.
Après sa libération Debay tenta tant bien que mal de maintenir un sem-
blant de culte sous l’étroite surveillance des autorités. Mais, en l’absence de
tout objet sacré et avec l’interdiction de faire sonner la cloche subsistante49,
la liturgie s’accomplit dorénavant sans nul faste.

74 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

L’acharnement révolutionnaire ne se limita pas à réduire à néant les multi-


ples précautions prises et maintenues siècle après siècle par les représentants
successifs de la famille de Lallaing et leurs successeurs pour s’assurer de la
sauvegarde de leurs âmes. Le 26 août 1791, l’intendant Ferdinand-Louis Joseph
Lefebvre de Lassuze saisissait la justice à propos de dégradations constatées
sur le mausolée de Charles II également abrité dans l’église paroissiale50.
Sa plainte, qui déboucha sur l’ouverture d’une information judiciaire, nous
apprend que dans les derniers jours de juillet dernier ou les premiers du mois d’août,
ont été dérobées quatre bannières portées par quatre lions de marbre placées aux
quatre coins de sa tombe de manière amovible. De plus, les mêmes voleurs et malveil-
lants ont encore abattu l’écusson de Lalaing, en marbre supporté par deux griffons de
la même matière, placé au frontispice du même monument, et les ont déplacé et couché
sur ladite tombe, heureusement sans les casser. Peu importent les motivations des
auteurs de ces méfaits, larcin ou iconoclasme. L’essentiel ici est que la jus-
tice révolutionnaire, par l’intermédiaire de son accusateur public, ait donné
raison au plaignant, en ordonnant la poursuite d’une enquête. Suite à cette
première alerte, les autorités départementales parurent même soucieuses de
la protection des tombeaux de Lallaing. Ainsi une délibération du conseil du
département en date du 1er décembre 1791 demandait à la municipalité de
Lallaing de veiller avec soin à la conservation des monuments qui existent dans leur paroisse
et qui sont connus sous le nom de tombeaux de Lalaing51. Les menaces qui pesaient
toutefois sur ces derniers ont dû convaincre Lefebvre de Lassuze de prendre
ses propres précautions. Chargé le 1er fructidor an I (18 août 1793) par le
conseil du district de Douai d’enquêter sur la disparition du monument de
Charles II, le citoyen Legrand découvrit ce dernier enfoui avec deux canons
dans le parc du château de Lallaing, également résidence de l’intendant de la
famille d’Arenberg52. Le mausolée était transporté à Douai dès le lendemain
et déposé en la « maison des enfans jumelles53 ».
Les agissements risqués de Lefebvre de Lassuze, qui se défiait avec raison
des autorités, montrent à quel point le climat général s’était dégradé. Le 26
germinal an II (15 avril 1794), c’est le commandant de la place, Fréjason,
cautionné par l’administration municipale qui constata de nouvelles profa-
nations. Quelques cavaliers sous ses ordres, en garnison à Lallaing, vinrent
présenter à la hussarde leurs hommages à leur illustre prédécesseur. À la
recherche de matière première pour la fabrication de munitions, les hussards
de Fréjason poussèrent le zèle jusqu’à exhumer « neuf grands cercueils et
deux petit cercueils de plomb »54. Les 1 273 livres de plomb ainsi obtenues
et transférées à la fonderie nationale poussèrent même l’administration du
district de Douai à récompenser de 15 livres les efforts des braves hussards55.
Peu de chances que le gisant de notre « bon chevalier » ait résisté à cet acte de
vandalisme. Mais, « à la guerre comme à la guerre », un homme d’arme de la
trempe de Jacques de Lallaing ne pouvait que comprendre le mal nécessaire de
ce sacrilège. Que sont devenus les restes de notre infortuné héros ? Comme
le signale Brassart : « Rien n’indique que personne ait songé à recueillir les
ossements du bon chevalier »56.
L’église elle-même, devenue bien national par décret du 2 novembre 1789,
fut fermée au culte. Un moment utilisée comme écurie par les hussards en
garnison dans le bourg, elle servit, après leur départ, aux assemblées com-
munales. Les cierges votifs, depuis longtemps absents de l’édifice, furent
finalement remplacés par les chandelles des enchères, lorsque le 7 germinal
an VII (27 mars 1799) fut ordonnée la mise en adjudication de l’édifice. Le
21 germinal (10 avril 1799), après que 161 chandelles se furent consumées,
le citoyen Quéant remporta les enchères pour la somme considérable de
66 000 francs57. Par un rapport du maire de Lallaing du 15 germinal an XI
(5 avril 1803) on apprend que l’acquéreur et ses associés après avoir démoli le
cœur, deux chapelles, et enlever la totalité du plomb qu’il servait tant à la toiture de l’Eglise,
qu’aux goutieres ainsi que le fer ; auraient revendu au citoyen Martin Wacquez, prêtre à
Lalaing pour la somme de 650 francs le corps de la dite église58.

Gauheria / mai 2017 / n°  100


75
Les errances du « bon chevalier »

Qu’est-il advenu des vestiges de ces précieux tombeaux sans abri ? Nous
savons que Parmentier, intendant des domaines du prince d’Arenberg, en
recueillit les débris et les mit à l’abri dans le parc du château, avant 184559.
Cela correspond d’ailleurs à ce qu’observait Brassart en 1847 : Quelques débris
ou vestiges des anciens tombeaux se trouvent encore aujourd’hui dans le jardin dépendant
de l’ancien château, et il serait bien à désirer que l’administration municipale de la ville de
Douai fit auprès de M. le prince d’Arenberg les démarches nécessaires pour en obtenir le
dépôt dans la salle des antiques de notre Musée, où ils viendraient prendre place à côté des
tombeaux de Charles Ier et de Charles II qu’on possède déjà60. Les prières de Brassart
furent entendues et, dès l’année suivante, des démarches furent entreprises
auprès du prince d’Arenberg pour faire entrer les précieux gisants de la famille
de Lallaing dans les collections du musée de Douai61. Mais où exposer ces
pièces imposantes dans un musée où le manque de place posait déjà problème ?
Transporter ces sépulcres hors du parc du château de Lallaing, où ils dormaient
jusque-là, paraissait inopportun lorsque l’on sait que l’exiguïté des espaces du
musée condamnait déjà une partie des objets lapidaires à être « abandonnés
dans le jardin à l’inclémence des saisons »62. La statue sépulcrale de Charles II,
qui en 1833 avait déjà rejoint le musée de Douai, était présentée, faute de
mieux, dans la salle des animaux parmi plusieurs œuvres de Théophile Bra et
quelques moulages antiques63. La commission du musée souhaita remédier à
ce problème en entreprenant alors la transformation des caves du bâtiment
en musée souterrain et prévit dans l’article V de son budget prévisionnel une
somme de 950 F, pour la conversion des caves en crypte pour en former une galerie
supplémentaire du musée contenant les pierres tumulaires et fragments d’architecture64.
Auguste Cahier, chargé d’établir le rapport explicatif de ce budget lista les
objets qui y seraient descendus : Les deux grandes pierres tombales très encombrantes
[…], les deux bornes en grès, l’énorme instrument de torture, qui envahissent une partie
de cette salle,[…] d’autres fragments intéressants qu’on a lieu d’espérer d’obtenir de la
commune de Lalaing, etc. […]65. Jacques de Lallaing, ou du moins les vestiges de
son gisant, aurait quitté l’enfeu de l’église seigneuriale, baignée de la lumière
filtrée par les verrières, pour gagner l’obscurité d’une crypte66 ? La sélection
opérée par la commission le 10 mars 1849 ne semble pas avoir retenu le « bon
chevalier » parmi les « statues mutilées qui auraient gagné à être vues dans
une demi-obscurité »67 ; en effet, en 1851, Auguste Cahier décrivit l’ensemble
des monuments abrités autrefois en l’église Sainte-Aldegonde, dont celui de
Charles II, et réunis pour la première fois, dans la salle des antiquités, avec le
mausolée de Charles Ier qui provenait de l’ancienne abbaye des Prés68.

Les gisants des seigneurs de Lallaing


alignés dans la salle des antiquités de
l’ancien musée de Douai entre 1848
et 1886.

76 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

Dans quel état les actes de vandalisme, puis les rigueurs du climat avaient-ils
laissé notre sculpture, lorsqu’elle entra finalement au musée ? Malheureusement
la face est maintenant complètement mutilée, et il faut dire, avec regrets, que cette mutilation
n’est pas ancienne ; en 1842, la tête était encore entière, et elle a pu être dessinée dans
son intégrité par M. Dubois-Druelle qui l’a donnée dans son Douai pittoresque, […],
constate Auguste Cahier. Une comparaison entre le dessin ci-dessus mentionné
et un cliché plus récent de la tête laisse penser que l’artiste a pu idéaliser
quelque peu les traits du « bon chevalier » ; certes, les cassures, notamment
celles entre la tête et le tronc, ou encore la brisure des jambes semblent soi-
gneusement représentées. Cependant, l’imprécision de certains détails, comme
la chevelure traitée par Dubois-Druelle de manière bien plus simpliste que
les élégantes boucles soigneusement individualisées par le sculpteur, mettent
en relief le caractère subjectif de ce relevé. Il n’est donc pas certain que ces
tristes dégradations soient le résultat du vandalisme révolutionnaire. Quoi
qu’il en soit, le visage sculpté du gisant de Jacques de Lallaing porte doréna-
vant de manière très troublante des stigmates comparables aux blessures qui
furent fatales au « bon chevalier ». Il ne reste de ce tombeau monumental que
le corps estropié du gisant, la tête défigurée et visiblement séparée du corps.

À cette étape de notre propos, on pourrait s’imaginer que c’en était fini du
désastreux périple de ces gisants. Certes, il y eut bien quelques remaniements
effectués à la faveur des agrandissements successifs du musée, mais rien qui
trouble davantage les mânes du bon chevalier. Ainsi la série des gisants de
Lallaing, de même que le reste des collections archéologiques, quitta l’ancienne
salle d’archéologie, qui accueillait dorénavant l’ethnologie, et fut installée dans
l’ancienne galerie de sculpture. Dans cette dernière, aménagée dans l’annexe
érigée entre 1858 et 1863, les gisants de Charles Ier et Charles II, surtout, occu-
paient une place centrale. Les effigies plus anciennes des seigneurs de Lallaing
semblent, elles, avoir été repoussées contre les murs de la salle, comme le
suggèrent quelques clichés réalisés avant la fin de la première guerre mondiale.

Comme en témoignent les photographies d’Augustin Boutique publiées dans Les gisants plus anciens des seigneurs de Lallaing sont relégués
Douai et ses monuments en 1893, les mausolées de Charles Ier et Charles contre les parois de la salle. Cliché vraisemblablement effectué entre
II sont particulièrement mis en valeur dans la muséographie de la nouvelle 1886 et 1918, publié dans la traduction de l’ouvrage de Christian
salle d’archéologie à partir de 1886. Musée de la Chartreuse, photothèque Rauch parue dans le Bulletin des Amis de Douai, t. V, nos 4-10,
Augustin Boutique-Grard, Inv. PH 4392 et PH 4393. 1972-1973.

Mais le spectre persistant de la guerre allait à nouveau hanter la tranquil-


lité de notre preux chevalier. L’occupant allemand, à travers le service du
Kunstschutz69, s’était certes préoccupé de protéger les trésors du musée contre
les aléas de la guerre. La publication en 1917 de l’ouvrage Études de civilisation
et d’histoire de l’art, dans le Nord de la France70 par Christian Rauch, professeur
de l’université de Giessen alors en garnison dans la cité de Gayant, montre
d’ailleurs tout l’intérêt que portaient les autorités allemandes à l’étude de ce
patrimoine. À partir du printemps 1917, le rapprochement de la ligne de

Gauheria / mai 2017 / n°  100


77
Les errances du « bon chevalier »

front contraignait le commandement allemand à ordonner l’évacuation des


œuvres les plus précieuses des collections du musée de Douai vers celui de
Valenciennes71. Par lettre de la kommandantur du 23 avril 1917, qui précisait
l’organisation de cette opération, Theodor Demmler, à la tête du Kunstschutz
en France occupée, fut chargé de sélectionner les pièces retenues72. Le 3 mai
1917, le maire de Douai, Charles Bertin, se résolut finalement, contre l’avis
du conservateur du musée Paul Bellette, au transfert de 23 caisses conte-
nant aussi bien des œuvres d’art que des manuscrits73. Aucun des gisants de
Lallaing n’est mentionné dans la liste qui accompagne l’expédition de ces
caisses. Il faut cependant la considérer comme incomplète, puisqu’elle ne
détaille le contenu que de 15 des caisses transportées par voie de chemin
de fer jusqu’à Valenciennes74. Un second convoi concernant essentiellement
des collections ethnographiques fit suite le 30 août 191775. L’accélération du
conflit pendant l’été 1918, débouchant sur la déroute de l’armée allemande,
bouscula quelque peu l’organisation du Kunstschutz et précipita les opérations
d’évacuation. C’est dans une ville vidée de ses habitants qu’intervint alors
l’évacuation en urgence des milliers d’objets demeurés au musée. Selon Paul
Bellette, qui a été contraint de quitter Douai après avoir remis les clés du
musée, « neufs camions automobiles »76 furent déchargés à Valenciennes à
partir du 14 septembre 1918, sans que des listes des œuvres transportées ne
soient cette fois établies. Mais cette intervention trop tardive, et sans grands
moyens, était loin de permettre de sauver l’ensemble des objets demeurés
dans les salles ou les caves du musée. Et ce qui n’avait pu être transporté fut
abandonné au pillage des troupes allemandes ! Les risques de destruction ou
de pillage se faisant plus tangibles, même à Valenciennes, les responsables
douaisiens s’accordèrent avec les Allemands pour faire mettre à l’abri une
partie des œuvres évacuées jusqu’à Bruxelles.
Il est certain que notre gisant faisait bien partie des œuvres évacuées,
même s’il est pour l’heure impossible de déterminer à quelle date et dans
quelles conditions cette sculpture a été acheminée jusqu’à Valenciennes. En
revanche, on peut être sûr que notre « bon chevalier » n’avait pas retrouvé
sa place habituelle dans la salle d’archéologie le 13 juin 1920, au moment
de la réouverture du musée. Pourtant l’œuvre est absente de la liste des
œuvres disparues établies rétrospectivement par Bellette77. S’il ne faisait pas
partie des convois de retour affrétés les 23, 24 et 26 mars 191978, c’est que
le gisant avait été oublié dans les réserves du musée de Valenciennes ! En
effet, Jacques-Maximilien de Lallaing (1889-1969), en pèlerinage à Douai et
Lallaing sur les traces de ses aïeux, regretta l’absence du gisant lors de sa
visite au musée, effectuée le dernier week-end d’août 192579. Correspondant
l’année suivante avec le nouveau conservateur du musée, Stéphane Leroy, il
l’encouragea à consacrer une salle spéciale aux tombeaux de la famille et ajouta : j’es-
père qu’on retrouve les restes de celui du Bon Chevalier (Jacques + 1453) que le gardien
m’a dit avoir disparu pendant la guerre80. Après enquête Leroy découvrit que deux
pierres tombales provenant des tombeaux des comtes de Lallaing enlevées pendant l’occu-
pation devaient se trouver au Musée de Valenciennes, et après avoir correspondu avec le
conservateur dudit musée, [il s’est] rendu dans cette ville, et [il a] en effet, trouvé dans les
caves de cet établissement municipal, les deux caisses renfermant ces pierres81. Selon les
vœux du maire, l’affaire est traitée en toute discrétion, de manière à épargner à
l’administration douaisienne des formalités toujours longues et ennuyeuses pour parvenir
à une restitution par les soins du séquestre des biens enlevés par l’Armée Allemande82.
Donc, pas de retour triomphal au musée pour notre sépulcre, qui regagne
incognito les salles du musée en juillet 1926. D’autant plus subrepticement,
que, comble de malchance, le malheureux chevalier a perdu sa tête pendant
son séjour à Valenciennes. La commission du musée rend compte de la mis-
sion de sauvetage de Leroy de cette manière : Le conservateur fait connaître qu’il
vient de rapporter de Valenciennes deux pierres tombales se rapportant aux seigneurs de
Lallaing, enlevées par les allemands, et restées en souffrance à Valenciennes. L’une des
pierres représentant Jacques de Lallaing, fort amoindrie, la tête ayant été cassée, et n’ayant

78 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

pu être retrouvée83. Aussi lorsque Stéphane Leroy et Maurice Wagon publièrent,


en 1937, leur catalogue des collections archéologiques du musée de Douai,
ne purent-ils que déplorer l’état extrêmement lacunaire de la sculpture84, et
ce malgré les restaurations consenties en 1933 pour redonner à cet ensemble
son éclat d’antan85. Ces efforts entraient dans le cadre d’un réaménagement
complet des salles, qui répondait à la volonté de Leroy de rendre son musée plus
accueillant par une présentation qui réponde mieux au goût du jour86. Madeleine Cha-
rageat qui commentait en 1934 la nouvelle présentation des œuvres dans ce
qu’il faut dorénavant dénommer « La grande galerie d’Archéologie »87, saluait
ainsi « la verticalité de vitrines et de quelques statues bien choisies », venant
« rompre la monotonie des lignes horizontales des célèbres tombeaux. »88. On
ignore cependant la place exacte qu’occupait le gisant désormais acéphale de
Jacques de Lallaing dans cette muséographie.

C’est donc sans sa tête que notre « bon chevalier » s’apprêtait à affronter
les tourments de la seconde guerre mondiale. Les autorités françaises, fortes
de leur expérience, avaient cette fois anticipé le risque sur les collections et le
plan d’évacuation conçu par Jacques Jaujard à partir de 1938 fut mis en œuvre
à Douai dès le début du conflit. Si les collections les plus sensibles furent
évacuées de manière préventive vers les dépôts constitués notamment par les
châteaux du Dézert89 dans la Manche et de l’Orfrasière90 en Indre-et-Loire, il
ne semble pas que ce fût le cas de nos gisants. Le désastre que l’on craignait
pour le musée au moment du déclenchement des hostilités n’intervint que
bien plus tard. Le 11 août 1944, un bombardement allié ravageait l’ancien
musée de Douai, installé alors rue Fortier. L’ensemble Musée-Bibliothèque avait
péri dans les flammes : le second étage abritant plusieurs milliers de spécimens naturalisés
s’écroula en flammes sur le premier étage d’où plus de 20 000 ouvrages de la bibliothèque
municipale tombèrent sur le rez-de-chaussée, anéantissant également la totalité des collec-
tions ethnographiques et archéologiques du Musée91. Bien qu’absent de l’inventaire
des éléments lapidaires retrouvés en 1946, le gisant de Jacques de Lallaing ne
figure pourtant pas non plus sur la liste des dommages de guerre de la section
archéologie, alors que l’ensemble des six autres tombeaux de Lallaing y sont
mentionnés. S’agit-il d’une omission ou doit-on espérer que le « bon cheva-
lier » ressurgisse tôt ou tard de nos réserves ? C’est peu probable, lorsqu’on
considère la relation que fait Jacques Guillouet de la destruction de la statue
de Charles Ier : Le monument de Charles de Lalaing n’avait, en raison de sa masse,
pu qu’être protégé sur place sous un abri de sacs de sable. Certes ceux-ci constituaient une
excellente parade contre les éclats d’obus ou de bombes, mais ils furent inopérants contre
l’incendie […]. Lorsque furent dégagés les sacs de sable, les témoins crurent quelques
instants que le mausolée était intact, mais au contact de l’air, les pierres se pulvérisèrent :
sous la chaleur intense, l’abri s’était comporté comme un véritable four à chaux ! Le gisant
en était réduit en poussière […]92.

En était-ce définitivement fini du « bon chevalier » ? C’était sans compter


l’âme de guerrier de cet homme. La tête du gisant, perdue à Valenciennes
entre 1918 et 1926, fit alors sa réapparition en 1987, pendant la préparation
de l’exposition Richesse des anciennes églises de Valenciennes. On doit alors à
Ludovic Nys l’identification de cette tête comme celle du gisant de Jacques
de Lallaing, notamment par rapprochement avec la lithographie publiée par
Dubois-Druelle en 184593. Considérée alors comme provenant des collections
de la Société d’Agriculture de Valenciennes94, elle est inscrite de bonne foi
sur le registre d’inventaire des collections archéologiques avec le numéro
Inv.87.2.A. L’hypothèse du chercheur, partagée alors par le conservateur de
Douai, est que les deux fragments principaux du gisant auraient été séparés
dès 1848. La partie correspondant au tronc arrivant au musée de Douai en
1848, tandis que celle correspondant à la tête intégrait la Galerie historique
valenciennoise avant 1858. À la lumière des nouveaux éléments exhumés
dans cet article, cette version ne tient plus. D’autant plus qu’elle repose sur

Gauheria / mai 2017 / n°  100


79
Les errances du « bon chevalier »

une confusion entre notre tête et une statuette en plâtre, que l’on doit au
talent de Louis Potiez et qui date de 185395. On en conclut donc que c’est
parce que la tête a été égarée dans les réserves du musée de Valenciennes
entre les deux guerres qu’elle a été épargnée par les ravages catastrophiques
du bombardement de 1944 !
Lorsqu’on considère l’ensemble des péripéties de cette incontestable épo-
pée, on ne peut que souhaiter que notre « bon chevalier », dernier représentant
de l’ensemble prestigieux que constituaient les tombeaux de Lallaing, véritable
miraculé, réintègre son musée d’origine et retrouve une place méritée dans la
galerie du petit cloître parmi les collections lapidaires exposées, où un exemple
de sculpture funéraire du XVe siècle fait cruellement défaut.

Cyril DERMINEUR,
assistant de conservation
Musée de la Chartreuse de Douai.

NOTES
1. L’auteur du Livre des faits de Jacques de Lalaing propose cette formule de consolation aux proches du « bon chevalier ». On retrouve dans la chronique
de Georges Chastellain peu ou prou la même idée : « Un resconfort y a pour eux, c’est que tant que les livres dureront, sa bonne renommée ne faulra ».
2. Loïs Forster, « Les pas d’armes et emprises d’armes dans la formation chevaleresque au XVe siècle : l’exemple de Jacques de Lalaing », dans
Benjamin Deruelle et Arnaud Guinier (dir.), Cultures et identités combattantes de la guerre de Cent Ans à l’entre-deux-guerres, Guerre et paix 2,
Publications de la Sorbonne, à paraître en 2017.
3. Livre des faits de messire Jacques de Lallaing, chap. CIX. Cette biographie romancée, datée de 1468-1470 et aujourd’hui attribuée à Jean Lefebvre
de Saint-Remy, a longtemps été considérée comme de la plume de Georges Chastellain. Pour cet article j’ai utilisé principalement l’édition de Kervyn
de Lettenhove, Œuvres de Georges Chastellain, Bruxelles, Heussner, 1863-1866, t. 8.

4. Kervyn de Lettenhove, op. cit., p. 9, et p. 48.


5. Cette description physique provient de l’exemplaire du Livre des Faits de Jacques de Lalaing appartenant à la bibliothèque des comtes de Lalaing,
copié en 1518 par Jossequin de Latre, receveur de la seigneurie de Lallaing, cité dans Kervyn de Lettenhove, op. cit., p. 253.
6. Ibid.,. p. 253.
7. La Haye, Konijnklike Bibliotheek, KW 76 E 10 (ancienne cote Ms. 1301), f° 64r°.
8. Jules Chifflet (éd.), Histoire du bon chevalier, messire Jacques de Lalain, frere et compagnon de l’ordre de la Toison d’or, Bruxelles, Veuve Hubert
Anthoine Velpius, 1634.
9. Selon Félix Brassart : Personnage aux traits grossiers, cheveux longs, coupés sur le front, coiffés d’une toque, le cou découvert, avec le collier de
la toison d’or, vêtu d’un justaucorps et par-dessus d’une robe ouverte, riche et ornée d’une bande de fourrures, Arch. comm. Douai, 22 S 141, f° 18.
10. L’auteur du Livre des faits de Jacques de Lalaing, est plus sévère que moi : Cy devise comment messire Jacque de Lalain […] alla devers le Duc
au siège de Poucques ou piteusement il fina ses jours par le get d’un canon, BNF, Ms. Français 16830, f° 202, titre du chap. CIX.
11. Héraut du duc. Il s’agit en fait de Jean Lefèvre de Saint-Remy, qui n’est autre que l’auteur supposé du Livre des Faits de Jacques de Lalaing.
12. Mémoires d’Olivier de La Marche, maître d’hôtel et capitaine des gardes de Charles le Téméraire publiés pour la Société de l’histoire de France
par Henri Beaune et J. d’Arbaumont, Paris, Renouard, 1883-1888, livre II, t. II, chap. XXVIII.
13. Kronijk van Vlaenderen van 580 tot 1467, t. 2, Gand, 1840, p. 187-188. Cette chronique mentionne la présence parmi les protagonistes du comte
de Charolais, futur Charles le Téméraire.
14. Version également retenue par l’auteur du 3e livre apocryphe des chroniques d’Enguerrand de Monstrelet. J.-A. Buchon, Chroniques d’Enguerrand
de Monstrelet, Paris, Tuillard, 1826, Coll. des chroniques nationales françaises, t. XI. chap. LXXXII, p. 54-55.
15. Pour l’amour du bon chevalier, pendant plus d’une heure, toute l’armée fut si silencieuse que, sur une distance d’un trait d’arc aux alentours, on
n’entendit ni homme ni femme, en raison du deuil que chacun portait.
16. Philippe III le Bon.
17. porta le deuil, tant que de ces yeux coulaient de grosses larmes, et il avait le cœur si meurtri qu’aucun mot ne pouvait sortir de sa bouche.
18. Modeste B rassart , « Notices historiques et généalogiques sur l’illustre famille des seigneurs et comtes nom de Lallaing »,
Mémoire de la Société royale et centrale d’Agriculture, Sciences et Arts du département dU Nord séant à Douai, t. XII, 1847, Douai, 1847. p. 282 : l’épitaphe
du « bon chevalier » s’achèverait selon l’auteur par cette formule « Requiescant in Pace », c’est-à-dire « qu’ils reposent en paix ». Néanmoins je ne
trouve cette formule reprise nulle part ailleurs dans le corpus abondant des épigraphistes qui ont relevé cette épitaphe. La formule est-elle à ce point
convenue que même les épigraphistes finissent par s’en affranchir ? C’est ce que semble indiquer le « etc. » qui ponctue le relevé de cette épitaphe par
Hippolyte Duthillœul, Galerie Douaisienne ou Biographie des hommes remarquables de la ville de Douai, Douai, 1844, p. 200. Cependant l’emploi
ici du pluriel rend l’indication d’autant plus suspecte.

80 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

19. Mémoires d’Olivier de La Marche, op. cit., p. 310-311.


20. KErvyn de Lettenhove, op. cit., p. 256.
21. Concernant les transformations successives de l’église paroissiale de Lallaing, José Barbieux, Solange et Jean-Michel Bastien, « L’église de
Lallaing (Nord)», Revue du Nord, t. 63, n° 251, oct.-déc. 1981, p. 975-995 et Étienne Louis, Fouilles de l’église de Lallaing (novembre 1992), brochure
éditée par le Service archéologique du musée de Douai et par la Société historique de Lallaing.
22. BM Besançon, Ms. Chiflet 64, f° 104.
23. Il s’agit de la chapelle collatérale jouxtant à gauche le chœur, consacrée à Notre-Dame-de-Sainghin. On la retrouve aussi parfois sous le vocable
de Notre-Dame des Arbalétriers, car il s’agit également du lieu de culte privilégié de la confrérie des arbalétriers de Lalaing. Voir le plan dans Arch.
comm. Douai, Fonds Lalaing, B 82.
24. Elles reprennent celles de la famille de Lallaing, de gueules, à dix losanges aboutés d’argent, 3, 3 & 1, mais sont ici brisées d’un lambel à trois
pièces. L’écu, entouré du collier de l’ordre de la Toison d’or, est également timbré d’un heaume, avec couronne, cimier, et lambrequin.
25. Décrites dès le XVIe siècle dans BNF, Ms. Français 5229, f° 125v°-f° 126r° (ca 1519), retranscrit par Brassart, Arch. comm. Douai, 22 S 141, f° 66.
26. Mémoires d’Olivier de La Marche, op. cit., p. 311 : « Fut enterré en l’église de Lalain où depuis j’ay veu sa sepulture, moult solenpnelle ».
27. Kervyn de lettenhove, op. cit., p. 256. La description précise de cet élément du monument de Jacques de Lalaing, par Lefebvre de Saint-Remy
décédé en 1468, semble confirmer qu’il est achevé avant cette date.
28. Épitaphier de Jacques Le Boucq. BNF, Ms. Français 8236, f°70, ca 1570 ; Jules Chifflet, Histoire du bon chevalier..., op. cit. ; Recueil des anciens
tombeaux, épitaphes et sépultures de la plupart des églises des provinces d’Artois, de Flandres, Haynaut, par messire Ferdinand-Ignace Malotau,
chevalier, seigneur de Villerode, BM Douai, Ms. 967, p. 223-224, 1740 ; Épigraphie douaisienne, ou recueil des inscriptions monumentales et funéraires
de la ville de Douai et de son arrondissement […]. Par le cher William de Sars, XIXe siècle, BM Douai, Ms. 1364-II, p. 43.
29. Épitaphier de Jacques Le Boucq. Cette première épitaphe était probablement inscrite tout autour de la dalle funéraire en pierre noire qui servait
de support au gisant..
30. Kervyn de Lettenhove, op. cit., p. 256-258.
31. Retranscription de Brassart d’après le Ms. Français 8236 de la BNF, Arch. comm. Douai, 22 S 141, f° 70v°. Un autre exemplaire que je n’ai pas
pu consulter à la Bibliothèque Royale de Bruxelles, Fonds M 34.
32. Néanmoins l’inventaire du fonds d’archives de la seigneurie de Lalaing déposé aux Archives communales de Douai, dressé par Maurice Wagon
et coté 4 B 49, permet de se faire une idée plus précise de cette attention portée à l’église paroissiale. Le sondage que j’ai fait montre que le même
type de dépenses se retrouve presque chaque année.
33. Arch. comm. Douai, Fonds Lalaing, L 1763, n° 141, f° 79, et pièce justificative. Il s’agit très vraisemblablement de la seconde épitaphe en vers de
16 quatrains que l’on doit à Georges Chastellain.
34. Travaux exécutés entre juin et août 1776. Ibid., L 1776, n° 105 et pièce justificative.
35. Et à plus forte raison celle de Jacques, disparu avant de s’être marié. Après Jacques, Philippe meurt au service du duc à la bataille de Montlhéry
en 1465 et Antoine périt en 1470. Seul survivant, Jean, le 2e fils, succède à son père à partir de 1475.
36. Cité par Brassart, « Notices historiques.. », art. cit. : pièce justificative n° V, p. 367-369 ; inventaire manuscrit des archives de la commune de
Lallaing dressé par Brassart en 1847, Arch. comm. Douai, 22 S 197, n° 94, p. 10-11. Je n’ai pas retrouvé le document original qui doit pourtant avoir
été déposé aux Arch. départ. du Nord avec le reste du fonds de la commune de Lallaing.
37. Comptes de la paroisse de Lallaing pour l’année 1729, Arch. départ. du Nord, E 2989/3292, f° 22v° ; on retrouve la même mention et les mêmes
tarifs aux années 1732 (E 2989/3294), 1739 (E 2989/3296), 1756 (E 2989/3299), 1767 (E 2989/3302), 1768 (E 2989/3303), 1780 (E 2989/3306, f°
31) et 1791 (E 2989/3337).
38. Ibid., E 2989/3328, inventaire en 29 points dressé le 1er mai 1791 par L. J. Lucas.
39. Ibid., E 2989/3334, 24 mars 1792.
40. Ibid., L 10.761, mai 1792.
41. Ibid., L 4997, information ouverte le 15 germinal an IV (4 avril 1796).
42. Louis Dechristé, Douai pendant la Révolution 1789-1802, Douai, 1880, p. 222. À la création de l’université de Douai (lettres patenets de 1562)
fut liée l’implantation de collèges, dont celui des Écossais ; la « maison de Écossais » fut transformée, sous la Révolution, en prison pour les détenus
politiques et les prêtres.
43. Théodore Leuridan « Le Clergé de la Flandre Wallonne pendant la Révolution française », Mémoires de la Société d’émulation de Cambrai, 1889,
vol. 12, p. 202-203.
44. Arch. départ. du Nord, E 2986/3036 : acte de restitution à la veuve Ferody de linge et hardes par elle déposées chez le Sieur Ferdinand Lefebvre
de Lassuze, ancien bailli de Lallaing, en état d’arrestation, 29 brumaire an II.
45. Ibid., E 2989/3338 : 23 brumaire an II.
46. Ibid., E 2989 /3344 : 3 frimaire an II et E 2978/2573, f° 136v°- f° 137.
47. Ibid., E 2978 / 2573, f° 137- f° 138.

Gauheria / mai 2017 / n°  100


81
Les errances du « bon chevalier »

48. Ibid., E 2989/3339, inventaire dressé le 4 frimaire an II (24 nov 1793) et signé par le maire Vilain. Annotation signée par Deregnaucourt, qui
confirme la saisie le 15 frimaire an II (5 décembre 1793. Autre mention d’un inventaire conservé aux archives municipales de Lallaing dans Inventaire
des Archives Municipales de la Ville de Lallaing établi par la société historique de Lallaing, en juin 1996, p. 119 : M/200 - 2 : Pièces afférentes à l’église :
- 1 – 30/11/1792 Inventaire de l’église.
49. Ibid., E 2989/3346 : 4 ventôse an IV, interdiction rappelée aux officiers communaux le 23 février 1796.
50. Ibid., L 10739.
51. Ibid., L 106, F° 181v°.
52. Ibid., L 6999, F° 376.
53. Peut-être s’agit-il de la maison, rue Saint-Nicolas à Douai, des enfants du marquis de Jumelles arrêtés en 1792 ?
54. Ibid., E 2778 / 2574, séance du 27 germinal an II. Cité par BRASSART, « Notices historiques etc. », op. cit., p. 259.
55. Ibid., L 7008, F° 146.
56. Kervyn de lettenhove, op. cit., p. 257.
57. Arch. départ. du Nord, 1 Q 964 : procès-verbal du 7 germinal an VII. Les enchères ont commencé à 2 000 francs, ce qui correspond à l’estimation
du commissaire Albert Bailly. C’est dire si le feu des enchères a pris !
58. Ibid., E 2989/3353.
59. Date à laquelle Dubois-Druelle en publie le relevé. Dubois-Druelle, Douai pittoresque ou Description des monuments et objets que renferment
cette ville et son arrondissement, avec notes historiques d’après les manuscrits, légendes, chroniques, traditions locales et documents divers. Douai,
Douai, 1845, 88 p.
60. Brassart, « Notices historiques.. », art. cit., p. 262.
61. Archives comm. Douai, 2 II 36 : Objets acquis au Musée d’Archéologie et de Peinture depuis le mois de Juillet 1848 : […] 5. Statues des comtes
de Lalaing, fragments sculptés, grande plaque de bronze portant inscription. Donnés par le Prince d’Arenberg par l’entremise de Mr Parmentier, avocat.
[…] Lu dans la séance de la commission générale le 16 novembre 1848. Le secrétaire de la Commission du Musée (Section des Beaux-Arts). Émile
Dupont. L’œuvre est inventorié une première fois dans le registre d’inventaire des Beaux-Arts ouvert en 1882 par E. Delplanque, sous le n° 837, qui
reprend en fait la numérotation du catalogue du musée publié en 1878 : Musée de Douai. Supplément du catalogue des Beaux-Arts, Douai, 1878, p.
43. Mais notre gisant est également inscrit sur le registre d’inventaire de l’archéologie ou vert en 1877 avec le n° A.1152.
62. Fonds documentaire du musée : PV de la Commission générale du musée, Section d’Archéologie et des Beaux-Arts, séance du 27 juillet 1848.
63. Lucien de Rosny, Visite au musée de Douai, précédée d’une visite au jardin botanique de cette ville, Douai, 1833. p. 46.
64. Fonds documentaire du musée : PV de la Commission générale du musée, Section d’Archéologie et des Beaux-Arts, séance du 20 juillet 1848.
65. Ibid. : annexe au PV de la Commission générale du musée, Section d’Archéologie et des Beaux-Arts, séance du 27 juillet 1848.
66. Ibid. : PV de la Commission générale du musée, Section d’Archéologie et des Beaux-Arts, séance du 10 mars 1849.
67. Ibid. : PV de la Commission générale du Musée, Section d’Archéologie et des Beaux-Arts, séance du 26 avril 1849.
68. Auguste Cahier, « Coup d’œil sur quelques parties du Musée de Douai », Mémoires de la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Douai, 1851,
p. 235-237. Seul manque le monument d’Antoine de Lalaing, longtemps demeuré dans le parc du château, finalement acquis avant 1926 par l’un de
ses descendantss et transporté dans le parc du château de Zandbergen.
69. Service de protection des œuvres d’art au service des armées. Sur cette question, voir Christina Kott, « Protéger, confisquer, déplacer. Le
Kunstschutz allemand », Sauve qui veut, Des archéologues et des musées mobilisés : 1914-1918, Musée de Douai et Musée archéologique de Bavay,
2014, p. 83-108. Voir aussi, dans ce même numéro, l’article d’Anne Labourdette.
70. Christian Rauch, Douai Kultur und Kunstgeschischtliche Studien in Nordfrankreich von Chr. Rauch Professor in Giessen, Heidelberg, Korpsver-
lagsbuchhandlung des XIV Reservekorps, 1917. Traduction en français par Anne-Marie Durutte publiée dans les pages du Bulletin des Amis de Douai,
t. V, nos 4-10, 1972-1973.
71. Christina Kott, « Les évacuations de Lille, Douai, et Cambrai à Valenciennes », Sauve qui veut.., op. cit., p. 109-126.
72. Archives comm. Douai, 2 R 288: lettre de la « Commandanture » au maire de Douai du 23 avril 1917.
73. Charenton-le-Pont, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, 80/3/32. Sauve qui veut..., op. cit., cat. D.88, p. 225. Une copie conservée
dans le fonds documentaire du musée.
74. Archives comm. Douai, 2 R 288 : liste dactylographiée contenant 72 items répartis dans 15 caisses. Version manuscrite et incomplète dans le
fonds documentaire du musée.
75. Paul Bellette, Rapport du Conservateur du Musée de Douai pour les années 1914-1915-1916-1917-1918, p. 19 : Le 30 août, 17 caisses conte-
nant 758 pièces d’ethnographie, plus deux caisses contenant, l’une quatre tableaux, l’autre le Trypique de Jean Bellegambe, appartenant à l’Église
Notre-Dame quittaient le Musée pour être transportées à Valenciennes. Arch. comm. Douai, 556 W 112.
76. Ibid., p. 26.
77. Arch. comm. Douai, 2R 288 : Liste des œuvres non susceptibles de reproduction enlevées par les allemands au musée de Douai et Liste des
œuvres disparues pendant la durée de l’évacuation de Septembre Octobre 1918.
78. Fonds documentaire du musée : ordres de transport de Valenciennes à Douai, émis par la Société des chemins de fer du Nord.

82 Gauheria / mai 2017 / n°  100


> Cyril DERMINEUR

79. Fonds documentaire du musée : lettre du comte de Lallaing au conservateur du musée de Douai, Stéphane Leroy, 22 août 1925.
80. Arch. comm. Douai, 2 II 100 : lettre du comte de Lalaing, 27 avril 1926.
81. Ibid., 2 R 314 : lettre de S. Leroy au maire de Douai, 21 juin 1926.
82. Ibid. : lettre du maire de Douai au maire de Valenciennes, 25 juin 1926.
83. Fonds documentaire du musée : PV de la Commission générale du musée, Section d’Ethnologie, séance du 3 juillet 1926.
84. Stéphane Leroy, Maurice Wagon, Catalogue du Musée de Douai (Section d’Archéologie), Douai-Leuven, 1937, n° 133, p. 21 : « Statue sépulcrale
mutilée de Jacques de Lalaing, dit « le bon chevalier » ; pierre blanche. Emportée par les allemands en 1918 ; retrouvée à Valenciennes ; la tête a
disparu […] ». Information aussi confirmée par la mention suivante ajoutée a posteriori sur le registre d’inventaire : « mutilée de nouveau guerre 1914-
1918 – tête manque ».
85. Fonds documentaire du musée : Mémoire forfaitaire des travaux de maçonnerie exécutés pour le compte du Musée de Douai par la Maison A.
Lemoüé, 1933 : « Travaux de transport et de restauration superficielle du gisant de Charles Ier de Lallaing ainsi que de 5 autres gisants».
86. Madeleine Charageat, « Musée de Douai. Remaniements et projets », Bulletin des Musées de France, juin 1934, n° 6, p. 116-117.
87. Stéphane Leroy, Promenade-Guide dans le Musée de Douai, Douai, Syndicat d’initiative, 1934, p. 35.
88. Ce dispositif ne semble pas si éloigné de celui documenté par les clichés d’Augustin Boutique publiés en 1893 : Augustin Boutique, Douai et ses
Monuments,1893, pl. 87 et 88 correspondant aux plaques PH 4392 et PH 4393 conservées à la photothèque Augustin Boutique-Grard. Charageat
cite ainsi parmi ces sculptures « bien choisies » le quatuor formé par la Madeleine d’Anchin provenant de la collection Escallier (Inv. A. 1449), exposée
dès 1862 à proximité des gisants, la Vierge de l’Annonciation achetée en 1876 (Inv. A.2388), la Vierge à l’enfant de Moncheaux, don de M. Foucart
en 1883 (Inv. A.2360) et enfin la sainte Barbe de Waziers.
89. Archives des Musées Nationaux, R 30, Le Dézert, carton n°1.
90. Ibid., L’Orfrasière, carton n°1.
91. Jacques Guillouet, « 1944… », Bulletin des Amis de Douai, t. IX, n° 5, janvier-février-mars 1984, p. 66.
92. Jacques Guillouet, « Dans l’Europe de la Renaissance, Jean Monne, artiste de l’Empereur », Bulletin des Amis de Douai, t. X, n° 5, janvier-fé-
vrier-mars 1987, p. 67.
93. Richesses des anciennes églises de Valenciennes. Exposition au Musée des Beaux-Arts de Valenciennes du 28 novembre 1987 au 28 février
1988, Valenciennes, Société des Amis du Musée de Valenciennes, 1987, n° 25, p. 64.
94. Collections constituées par la Société d’Agriculture, Sciences et Arts de Valenciennes pour la Galerie historique valenciennoise à partir de 1847
et déposées au musée de Valenciennes en 1924.
95. « Galerie Historique Valenciennoise fondée par la Société Impériale d’Agriculture Sciences et Arts. Catalogue. », Revue Agricole Industrielle et
Littéraire, t. X, 1858, n° 59, p. 31 : « Lallaing (Jacques, comte de), dit le Bon Chevalier, né à Valenciennes en 1421, mort en 1453 59. – Statuette en
plâtre par M. Potier, de Douai. (Concours de 1853) » ; Inventaire manuscrit de la collection de la Société d’agriculture dressé en 1922, n° 259. Musée
des Beaux-Arts de Valenciennes, Inv. 2002.1.4

Gauheria / mai 2017 / n°  100


83

Vous aimerez peut-être aussi