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Je Decouvre Le Corps Humain Pour Les Nuls Patrick GEPNER PDF
Je Decouvre Le Corps Humain Pour Les Nuls Patrick GEPNER PDF
Gepner
Je découvre le corps
humain
Je découvre le corps humain pour les Nuls
« Pour les Nuls » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
« For Dummies » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
© Éditions First, un département d’Édi8, Paris, 2021 publié en accord avec John
Wiley & Sons, Inc.
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage
privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit
ou onéreux, de tout ou partie de cette oeuvre est strictement interdite et constitue
une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la
propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à
ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales.
Le contenu de cet ouvrage a déjà été publié dans Le Corps humain pour les Nuls,
2009.
ISBN : 9782412071823
Dépôt légal : juin 2021
Illustrations : Fabrice Del Rio Riuz
Accompagnement éditorial : Hélène Boursin
Correction : Anne-Lise Martin et la machine à mots
Mise en pages : Stéphane Angot
Éditions First, un département d’Édi8
92, avenue de France
75013 Paris
France
Tél. : 01 44 16 09 00
Fax : 01 44 16 09 01
E-mail : firstinfo@efirst.com
Site Internet : www.editionsfirst.fr
Ce livre numérique a été converti initialement au format EPUB par Isako www.is
ako.com à partir de l'édition papier du même ouvrage.
À propos de l'auteur
Dr Patrick Gepner, ancien interne des Hôpitaux de Paris et ancien
chef de clinique à la faculté, est rhumatologue. Il est l’auteur de
plusieurs ouvrages scientifiques aux éditions Odile Jacob et de J’ai
mal au dos !, Le Corps humain pour les Nuls et La médecine pour les
Nuls publiés aux éditions First.
Introduction
M
algré les remarquables ouvrages de la collection « Pour les
Nuls », vous avez encore le droit (mais pas forcément le devoir)
d’être nul en cuisine, en informatique, en piano ou en chinois !
Mais, et ceci est un ordre, il vous est strictement interdit de le rester
pour le fonctionnement de votre corps. Vous avez donc fort bien fait
de vous procurer ce « modeste » ouvrage, au long duquel je serai
votre guide, avec patience mais détermination.
Certains logiciels vous permettent, en partant du globe terrestre, de
focaliser progressivement pour arriver finalement à visualiser la
plaque minéralogique de votre véhicule. Je vous propose un voyage
inverse : partant de l’infiniment petit, l’atome, nous atteindrons
l’infiniment grand, le corps humain, dont vous êtes à mille lieues de
vous imaginer l’incomparable complexité. L’organisation du corps
humain répond au « concept de l’oignon », dont les couches
successives correspondent à des niveaux d’organisation structurale de
plus en plus élaborés.
Le niveau le plus bas (ou la couche la plus interne de l’oignon) est
chimique : les atomes, plus petites particules de matière, se
combinent entre eux pour former des molécules, comme les
molécules d’eau qui, soit dit en passant, représentent près de 60 % du
corps.
Le niveau supérieur est cellulaire. La cellule est la plus petite unité
de matière vivante. Ce niveau est d’ailleurs le dernier pour les
organismes dits unicellulaires, capables de se reproduire de manière
autonome et d’assurer les fonctions essentielles de digestion,
d’excrétion et de déplacement, tels que bactéries, levures, planctons,
et même certains animaux, comme la paramécie, les amibes ou le
trypanosome (qui n’est pas un animal préhistorique, mais le parasite
responsable de la maladie du sommeil). Pour ceux qui en douteraient,
nous nous distinguons de la paramécie par le nombre considérable de
cellules dont notre corps est constitué (de l’ordre
de 100 000 milliards !). Ces cellules sont évidemment très variables
dans leur morphologie et surtout leur fonction.
En définitive, ce livre s’adresse à tous les lecteurs curieux,
« de 7 à 77 ans » (et bien au-delà). Plus précisément, il se destine :
• aux vrais nuls qui, le sachant, veulent « s’en sortir » ;
Cette icône attire votre attention sur des nuances pour éviter les
méprises.
Cette icône vous aide à retenir les points essentiels dont vous ne
pourrez pas faire l’économie.
Cette icône vous apportera une anecdote, souvent drôle, pour égayer
votre lecture.
Partie 1
De l’atome au corps humain
C
e voyage initiatique dans les profondeurs abyssales du corps
humain doit être précédé de quelques notions, sans lesquelles nul
vous êtes, et nul vous resterez. Vous ne partez pas visiter les
contrées lointaines sans avoir au préalable « dépiauté » quelques
guides touristiques ! Il en va de même pour l’exploration de votre
propre corps, qui nécessite de minutieux préparatifs.
L'anatomie et la physiologie
L’anatomie est l’étude de la structure des différentes parties du corps
et de leurs interrelations. L’anatomie macroscopique est l’étude des
organes visibles à l’œil nu, et l’anatomie microscopique est l’étude
des cellules ou des tissus au microscope optique.
La physiologie, quant à elle, est l’étude du fonctionnement du corps
humain. Ces deux disciplines sont liées : la fonction dépend de la
structure.
La pathologie enfin étudie les dysfonctionnements des structures
anatomiques et des mécanismes physiologiques, à l’origine des
innombrables maladies susceptibles d’altérer le bon fonctionnement
du corps humain, voire d’en compromettre la survie. Cet ouvrage
n’étant surtout pas un abrégé de pathologie médico-chirurgicale, les
maladies seront abordées de façon incidente, plus pour souligner
l’importance de comprendre les règles normales de fonctionnement,
avant d’essayer d’en connaître les éventuelles perturbations.
Les grandes fonctions vitales
Pour rester en vie, un être humain doit pouvoir bénéficier de
processus de communication, interne à son organisme et externe avec
son environnement, et de processus de protection, vis-à-vis
d’agressions internes et extérieures. Il doit aussi pouvoir respirer, se
nourrir et éliminer. Il doit enfin pouvoir se reproduire, ce qui s’avère
indispensable à sa perpétuation.
Le maintien de la vie dépend donc du bon fonctionnement synergique
de onze systèmes : digestif, cardiovasculaire, endocrinien, osseux,
tégumentaire, musculaire, respiratoire, nerveux, urinaire, lymphatique
et génital. Ces systèmes agissent en étroite collaboration pour assurer
les grandes fonctions vitales.
La communication interne
La communication interne est surtout dévolue aux systèmes nerveux,
endocrinien, cardiovasculaire (contenant le sang), et lymphatique.
Le système nerveux
Son fonctionnement fait appel à des signaux électriques, relayés par
des neurotransmetteurs chimiques. Il se décompose en trois parties :
• Système nerveux central : cerveau et moelle épinière.
Le système cardiovasculaire
Le cœur et les vaisseaux sanguins, ainsi que leur contenu (le sang),
doivent être considérés comme un système de transport, plutôt que
comme un système de communication interne à part entière.
Le sang est en effet constitué de plasma, qui amène aux cellules les
nutriments et les hormones, et se charge en retour des déchets
produits par les cellules. Dans le plasma circulent des cellules
(globules rouges, blancs et plaquettes) qui ont également une fonction
de transport.
Le contenant, c’est-à-dire le système cardiovasculaire, est constitué
du cœur et des vaisseaux sanguins. Le cœur peut être assimilé à une
double poche contractile, sa paroi étant constituée d’un tissu
musculaire : le myocarde. Le cœur « droit » récupère le sang veineux
provenant de la périphérie, par convention de couleur bleue, et
l’expédie dans la petite circulation pulmonaire où, au contact des
alvéoles pulmonaires, il se débarrasse de son gaz carbonique et
s’enrichit en oxygène, devenant, toujours par convention, du sang
rouge. Le cœur « gauche » récupère ce sang « neuf » et l’expédie
dans la grande circulation (ou circulation systémique), pour permettre
aux cellules de l’organisme de « respirer » et de poursuivre leurs
activités métaboliques.
Le système lymphatique
Il repose sur un réseau de vaisseaux lymphatiques, qui transportent la
lymphe, sorte de « voiture-balai » chargée de récupérer dans
l’organisme certains débris cellulaires et agents microbiens qui seront
détruits dans les ganglions lymphatiques. Ce système est aussi le lieu
de production des lymphocytes, cellules essentielles au bon
déroulement de la réaction immunitaire.
La communication avec
l’extérieur
La communication avec l’extérieur dépend principalement des
systèmes nerveux, osseux et musculaire. En réponse à divers stimuli,
le système nerveux envoie des informations aux muscles dits
« squelettiques », qui réagissent par une contraction (mouvement,
parole, cinq sens).
La respiration, la digestion, le
métabolisme et l'élimination
Le système respiratoire
Il est destiné à transporter de l’air, et surtout de l’oxygène (O2), du
milieu extérieur vers les poumons. Le trajet de l’air inspiré débute
dans la bouche et les fosses nasales, puis parcourt le pharynx, le
larynx, la trachée, les bronches et bronchioles, pour se terminer dans
les alvéoles pulmonaires, entourées de très nombreux capillaires
sanguins. C’est à travers la paroi de ces alvéoles, et plus précisément
de la membrane alvéolocapillaire, qu’ont lieu les échanges gazeux :
l’oxygène inspiré passe de la lumière alvéolaire vers le sang
intracapillaire, et le dioxyde de carbone (ou gaz carbonique, CO2),
produit de déchet du métabolisme cellulaire, suit le parcours inverse,
jusqu’à son expulsion dans l’air expiré. L’oxygène, qui
représente 21 % de l’air inspiré, est indispensable au métabolisme de
la cellule, intervenant dans les processus de production énergétique.
Le niveau d’élimination du dioxyde de carbone est, quant à lui, un
élément fondamental de la régulation du pH sanguin et cellulaire.
Le système digestif
Il est constitué du tube digestif proprement dit, étendu de la bouche à
l’anus, et d’organes aussi « annexes » qu’indispensables (glandes
salivaires, foie et pancréas).
Le processus de digestion des aliments ingérés consiste en une suite
de transformations chimiques, réalisant un « découpage » de ces
apports alimentaires en molécules simples : les nutriments. Ceux-ci
peuvent être alors absorbés par la muqueuse digestive, avant de
passer dans le sang et d’être distribués, via le système
cardiovasculaire, à l’ensemble des cellules de l’organisme. Ces
nutriments représentent « le carburant » des cellules, dont la
combustion, aboutissant à la production vitale d’énergie, n’est
possible qu’en présence d’oxygène.
Cela ne vous rappelle-t-il pas le moteur de votre véhicule à essence ?
Ce qui est ingéré, mais non digéré ni absorbé, autrement dit les
déchets de la digestion, est rejeté (plus ou moins facilement !) par le
système digestif sous forme de selles (ou fèces), au cours du
processus de défécation.
Le métabolisme
Le terme de « métabolisme » définit l’ensemble des réactions
chimiques ayant lieu au sein de la cellule. Ces réactions peuvent
aboutir à la synthèse de nouvelles molécules complexes à partir
d’éléments simples (anabolisme), ou à la dégradation de molécules
complexes en matériaux simples (catabolisme).
La protection de l’organisme
La protection revient au système lymphatique et aux mécanismes de
l’immunité non spécifique (système tégumentaire, dont la peau) et de
l’immunité spécifique. En effet, il suffit d’un rien pour mettre en péril
les fragiles mécanismes cités ci-dessus. D’où la nécessité de systèmes
de protection, dirigés contre les constantes agressions extérieures et
contre des ennemis de l’intérieur, tels que les cellules cancéreuses.
La reproduction et la
transmission génétique
La reproduction doit s’envisager à l’échelon de la cellule, dont la
multiplication est indispensable à la croissance et la réparation de
l’organisme, et à l’échelon de l’individu, afin d’assurer sa
perpétuation.
La multiplication cellulaire se fait par division, lors de la mitose. La
cellule mère engendre deux cellules filles, rigoureusement identiques
entre elles et avec la cellule mère dont elles sont issues, c’est-à-dire
possédant toutes le même patrimoine génétique. La multiplication des
cellules sexuelles ou gamètes (spermatozoïdes et ovules) obéit
également à un processus de division, la méiose. Mais ce processus
est beaucoup plus complexe, aboutissant, à partir d’une seule cellule
mère, à la génération de quatre cellules filles, toutes génétiquement
différentes, entre elles ainsi qu’avec la cellule d’origine. La méiose
permet de faire un « brassage » de gènes, fondement de la diversité
génétique d’une génération à l’autre et du caractère unique de chaque
être humain.
À l’échelon de l’individu, la reproduction est dévolue au système
génital de la femme et de l’homme. La fécondation, qui correspond à
la fusion d’un ovule, produit par les ovaires, et d’un spermatozoïde,
produit par les testicules, a lieu au sein de l’appareil génital féminin,
de même que la grossesse qui lui succède.
P
as de compréhension possible de la physiologie sans un passage
obligé vers l’infiniment petit (et infiniment abstrait, j’en
conviens). Le corps humain, tel qu’il a été ébauché plus haut, peut
être assimilé à un gigantesque alambic, au sein duquel mijotent
d’innombrables substances chimiques en interactions permanentes.
L’étude du fonctionnement de notre organisme impose donc quelques
rudiments de chimie (du grec khumeia : mélange de liquides) et de sa
discipline fille, la biochimie, qui se consacre aux réactions chimiques
au sein de la matière vivante.
Les lipides
Ils se répartissent en différents groupes : triglycérides (ou graisses
neutres), phospholipides, stéroïdes (dont le chef de file est le
cholestérol), vitamines dites liposolubles (A, D, E et K) et
eicosanoïdes.
Les protéines
Elles sont formées de chaînes d’acides aminés (au nombre de vingt)
réunis par des liaisons covalentes dites peptidiques. Les protéines ont
quatre niveaux d’organisation de complexité croissante et peuvent
être séparées en protéines structurales et fonctionnelles (dont les
enzymes).
L’homéostasie acido-basique
Le pH des liquides biologiques, en particulier le pH sanguin, varie
dans une fourchette de normalité très étroite, dont le franchissement
est rapidement cataclysmique pour le fonctionnement de nos cellules
(et singulièrement de leurs enzymes).
L’équilibre acido-basique fait donc l’objet d’une homéostasie
remarquable, dans laquelle interviennent de nombreux mécanismes
de régulation :
• Les poumons jouent dans cette régulation une partition
essentielle, par le niveau d’élimination du dioxyde de carbone
CO2 (voir chapitre 14).
L
es 100 000 milliards de cellules qui composent notre corps ont des
caractéristiques morphologiques et fonctionnelles très diverses,
alors même qu’elles proviennent toutes d’une même cellule mère
(ou zygote, résultant de la fusion d’un spermatozoïde et d’un ovule)
et contiennent toutes un patrimoine génétique rigoureusement
identique. Cependant, malgré leurs différences, toutes ces cellules ont
en commun leurs composants chimiques (dominés par le carbone,
l’oxygène, l’hydrogène et l’azote) et une organisation structurale
identique.
Quelle que soit sa spécialisation, la cellule peut en effet être
décomposée en trois secteurs :
• La membrane plasmique, qui l’isole de l’environnement et
joue un rôle crucial dans les phénomènes d’échanges avec le
secteur interstitiel.
La membrane plasmique
La membrane plasmique, qui sépare l’intérieur de la cellule du
secteur interstitiel environnant, est bien plus qu’une simple enveloppe
inerte, dont la seule fonction ne serait que protectrice. C’est au
contraire un élément fondamental de la vitalité cellulaire.
Le cholestérol
Il intervient dans la stabilité membranaire. Les molécules de
cholestérol, enchâssées au sein de la membrane plasmique, agissent
comme des stabilisateurs, limitant les mouvements de glissement
entre les deux couches de phospholipides : plus les molécules de
cholestérol sont nombreuses, moins la membrane est fluide.
Les glycolipides
Ils participent à la formation du glycocalyx, qui constitue un système
de reconnaissance intercellulaire. Ce sont des phospholipides couplés
à des glucides (glucose, galactose), toujours situés à la face externe
de la membrane plasmique, où ils participent, avec certaines
glycoprotéines (voir infra), à la formation du glycocalyx, qui est à la
cellule ce que la pellicule de chocolat est au M & M’s. C’est ce
glycocalyx, littéralement « couche de sucre », qui constitue le
système de reconnaissance intercellulaire.
Les protéines
Elles peuvent être :
Comment fonctionne la
membrane plasmique
Elle assure en effet des fonctions de transport, de transmission, de
liaison, mais aussi de pile électrique.
Le transport actif
Il repose sur l’activité de pompes à solutés ou se fait sur le mode
vésiculaire :
Le cytoplasme
Délimité par la membrane plasmique, il représente 50 à 80 % du
volume cellulaire et rassemble tout le matériel vivant entourant le
noyau. On distingue deux composants : le cytosol, partie aqueuse
contenant les protéines, ions et nutriments, et les organites, de
véritables ateliers spécialisés œuvrant à assurer, ensemble, la survie
cellulaire (mitochondries, ribosomes, réticulum endoplasmique,
appareil de Golgi, lysosomes et cytosquelette).
Les mitochondries
Figure 3.4 La structure d'une mitochondrie.
Les ribosomes
Ce sont des granules d’ARN ribosomal, formés de deux sous-unités
et intervenant dans la synthèse des protéines : ils assurent la lecture
(ou traduction) de la chaîne d’ARN messager produite dans le noyau.
Ces granules se trouvent soit à l’état libre dans le cytoplasme, soit
liés aux membranes du réticulum endoplasmique.
L’appareil de Golgi
Il est formé d’un empilement de sacs membraneux aplatis, dans
lesquels les protéines provenant du RE rugueux subissent diverses
« retouches ». Ces protéines modifiées sont emballées dans des
vésicules, qui sont « exportées » hors de la cellule ou forment des
lysosomes.
Chaque complexe golgien peut être divisé en trois régions
fonctionnelles différentes : la face cis, où se présentent les « matières
premières » à traiter, la partie médiane, où ont lieu les
transformations, et la face trans, d’où est expédié le « produit
manufacturé ». Ce produit est récupéré par des vésicules de sécrétion
qui se dirigent vers la membrane plasmique avec laquelle elles
fusionnent, déversant leur contenu dans le milieu interstitiel, ou
restent dans la cellule pour devenir des lysosomes.
Les lysosomes
Ce sont des vésicules d’origine golgienne, qui par leur richesse en
protéines enzymatiques assurent une fonction de digestion et de
nettoyage.
Le cytosquelette
Il est fait d’un ensemble de filaments protéiques, constituant
l’armature et l’organe du mouvement de la cellule. On en distingue
trois types :
Le noyau
C’est le « chef d’orchestre » de la cellule, car, dépositaire du matériel
génétique, il dirige la majeure partie du « ballet » métabolique.
Certaines cellules, dont l’activité métabolique est particulièrement
intense, en contiennent plusieurs (ce sont les cellules multinucléées :
cellules musculaires, certaines cellules du foie).
Limité par une enveloppe nucléaire creusée de pores permettant le
passage de grosses molécules du noyau vers le cytoplasme et
inversement, il contient le nucléoplasme, substance gélatineuse, dans
lequel se trouvent :
• Les nucléoles, lieu de synthèse de l’ARN ribosomal. Au
nombre de deux par noyau, ce sont de petites sphères.
L
e corps humain est un organisme multicellulaire, dont le
fonctionnement harmonieux tient à la spécialisation de ses
milliards de cellules constitutives. Une cellule musculaire possède
ainsi des propriétés caractéristiques, qui n’ont rien à voir avec celles
d’une cellule de la paroi de l’estomac.
Le tissu épithélial
Il recouvre le corps et tapisse cavités, organes creux et conduits. Les
nombreuses variétés de tissus épithéliaux partagent plusieurs
caractéristiques, dont une abondance cellulaire, l’existence de
jonctions intercellulaires serrées rendant difficile le passage de
liquides et de particules entre deux cellules, et une capacité de
régénération très rapide.
Chaque épithélium est défini par deux adjectifs : le premier (simple
ou stratifié) indique le nombre de couches de cellules, le second
renseigne sur la forme de ces cellules.
Le tissu conjonctif
Il est le tissu primaire le plus abondant du corps humain ; on en
distingue quatre types principaux : le tissu conjonctif proprement dit,
le cartilage, le tissu osseux, le sang (tissu conjonctif fluide). Les
tissus conjonctifs partagent ces caractéristiques :
• une origine embryonnaire commune ;
La substance fondamentale
Elle peut être assimilée à un gel visqueux et amorphe, enrobant les
cellules et les fibres. Elle est constituée de liquide interstitiel et de
protéoglycanes, longues chaînes de disaccharides associés à du
soufre.
Les fibres
Elles peuvent être :
Les cellules
Les cellules des tissus conjonctifs sont natives (indigènes) ou
importées. Le tissu leur doit la production, voire la réparation si
besoin, de sa substance fondamentale et de ses fibres. La nature de
ces cellules varie avec le type de tissu conjonctif.
Les cellules indigènes sont, selon le type de tissu, les fibroblastes
(réserve protéique), les adipocytes (réserve énergétique), les
chondroblastes (qui produisent la matrice cartilagineuse), les
ostéoblastes (qui produisent la matrice de l’os) et les cellules-souches
hématopoïétiques (à l’origine des éléments figurés du sang).
Les cellules importées, en provenance du sang, « colonisent » la
matrice des tissus conjonctifs, et y subissent éventuellement des
transformations. Ce sont les globules blancs, les macrophages, les
plasmocytes et les mastocytes.
Substance fondamentale et fibres constituent la matrice
extracellulaire.
Le cartilage
Il est constitué d’un tissu conjonctif très original dont les fibres sont
principalement collagènes, et dont la substance fondamentale est
particulièrement riche en glycosaminoglycanes (GAG). Ces
composants lui apportent la résistance aux pressions et aux chocs,
ainsi qu’une souplesse indispensable à ses fonctions mécaniques.
On distingue trois types de cartilage :
• Hyalin, dans les articulations et les voies respiratoires.
Le tissu osseux
C’est le tissu le plus dur, le plus rigide et le plus résistant du corps
humain. Le squelette représente un soutien corporel, un moyen de
protection pour certains organes sensibles, le point d’attache des
tendons, une réserve en calcium et l’organe de production des cellules
sanguines dans la moelle osseuse.
Il est spongieux, au centre des pièces osseuses, et compact en
périphérie.
Le sang
Il se distingue par une substance fondamentale liquide, le plasma.
Contrairement aux autres tissus conjonctifs, il n’a pas de fonction
structurante, mais joue un rôle irremplaçable dans la communication
et le transport.
Le tissu musculaire
Il se caractérise par sa capacité à se contracter et à se relâcher,
assurant ainsi la mobilité du corps dans l’espace ambiant, mais aussi
la motricité de divers organes à l’intérieur du corps). Le bon
fonctionnement du tissu musculaire suppose une vascularisation
performante (apports d’oxygène et de nutriments, sorties du CO2 et
des déchets métaboliques) et une innervation apportant la commande
neurologique.
On en distingue trois types :
• Le tissu musculaire squelettique est le constituant des
muscles volontaires, dont la contraction est sous la dépendance
d’ordres volontaires venant du cerveau.
Le tissu nerveux
Réparti dans tout l’organisme, le tissu nerveux est le constituant du
système nerveux, subdivisé en deux parties : le système nerveux
central et le système nerveux périphérique. Le système nerveux
central comprend l’encéphale, logé dans la boîte crânienne, et la
moelle épinière, située dans le canal rachidien de la colonne
vertébrale. Le système nerveux périphérique correspond aux nerfs
reliant les différents organes au système nerveux central.
Il comprend deux types cellulaires : les neurones, cellules excitables
capables de recevoir et de transmettre des informations, et les cellules
gliales, qui les soutiennent et les protègent.
Les membranes
Constituées d’une association de tissu épithélial et de tissu conjonctif,
elles assurent une fonction de revêtement pour l’ensemble des
organes. On en distingue quatre types :
• La peau.
DANS CE CHAPITRE
Les directions et les plans de coupe
•
La partie axiale du corps (tête et tronc)
•
La partie appendiculaire du corps (les quatre membres)
Chapitre 5
Une couche de vernis
anatomique
I
l n’est pas question ici de vous découper un corps humain par
tranches de quelques millimètres (comme est capable de le faire
l’imagerie par scanner ou par résonance magnétique). L’anatomie
des divers organes qui nous composent sera détaillée dans les
chapitres qui leur seront consacrés. Je veux plutôt vous fournir ici
quelques rudiments du « jargon anatomique », qui vous permettront
de vous déplacer dans le corps humain aussi aisément qu’une bactérie
intelligente et avide de connaissances !
La table d’orientation
La position anatomique
Elle est utilisée en anatomie comme en imagerie. C’est la position de
référence, qui transforme l’individu en bon petit soldat au garde-à-
vous, c’est-à-dire en position debout de face, la tête droite regardant
devant, les paumes des mains tournées vers l’avant (petits doigts sur
la couture du pantalon) et les pieds joints.
Le poteau indicateur
directionnel
Les termes directionnels (antérieur, superficiel, médial, etc.)
permettent de préciser la localisation d’une partie du corps par
rapport à une autre.
Les trois plans de coupe, utilisés en imagerie radiologique, sont tous
perpendiculaires entre eux. Le plan sagittal divise le corps dans le
sens de la hauteur (en deux moitiés symétriques, ou en coupe
parasagittale). Le plan frontal divise aussi le corps en deux parties
dans un plan vertical, avec une partie antérieure et une partie
postérieure. Le plan de coupe transversal divise le corps dans un plan
horizontal, avec une partie supérieure et une partie inférieure.
Le vol de repérage
Le corps humain peut être considéré comme un ensemble de deux
composants : une partie dite axiale (tête et tronc) et une partie dite
appendiculaire (les quatre membres).
La partie axiale peut être considérée comme une suite de quatre
grandes cavités fermées :
C
onsidéré depuis l’Antiquité comme le « principe vital » par
excellence, le sang est un tissu conjonctif liquide, constitué,
comme tout tissu conjonctif digne de ce nom, de cellules, les
éléments figurés du sang, d’une substance fondamentale, le plasma,
et de fibres, en l’occurrence diverses protéines solubles, susceptibles
de devenir insolubles lors du processus de coagulation.
Mais avant de faire plus ample connaissance avec votre sang, il vous
fait un « cadeau » : n’ayant pas de caractéristiques anatomiques
propres (du fait de son état liquide), il adopte celles de son contenant,
le système cardiovasculaire.
D’un point de vue fonctionnel, le sang est un système de
communication et de transport, établissant une mise en relation entre
les divers composants du milieu intérieur d’une part, et entre le
milieu intérieur et l’environnement extérieur d’autre part. Mais que
transporte-t-il exactement ?
La composition du sang
La centrifugation sépare le sang total en trois composants : le plasma
(55 % du volume total du sang), les globules blancs et les plaquettes
(moins de 1 %), et les globules rouges (45 %). La proportion de ces
derniers dans le sang définit le taux d’hématocrite (autour de 47 %
pour l’homme et de 42 % pour la femme).
Le pH du sang oscille légèrement autour de 7,40, et sa température
est d’environ 38 oC. Le volume sanguin (ou volémie)
constitue 7 à 8 % du poids corporel, soit 5 à 6 litres chez l’homme
et 4 à 5 litres chez la femme.
Le plasma
Le plasma est composé d’eau pour 90 % et de solutés en suspension
pour le reste :
• Des protéines : surtout l’albumine (indispensable pour
maintenir la pression oncotique, qui empêche l’eau de passer en
excès du secteur vasculaire vers le secteur interstitiel, et donc
de former des œdèmes), les globulines et les facteurs de la
coagulation.
• Des gaz respiratoires, venant des poumons (O2), ou s’y
rendant (CO2), à l’état dissous.
Les cellules
Les cellules sanguines sont de trois types : les globules rouges
(cellules sans noyau, 98 %), les globules blancs (1 %) et les
plaquettes (fragments cellulaires, 1 %). Ces cellules proviennent de la
moelle osseuse où elles parviennent à maturité au cours du processus
d’hématopoïèse.
L’hématopoïèse a lieu dans la moelle osseuse rouge, à partir d’une
même cellule-souche dite « pluripotente », l’hémocytoblaste, à
l’origine de tous les éléments figurés du sang. La moelle osseuse
rouge siège dans les os plats (voûte du crâne, sternum, côtes, ailes
iliaques du bassin) et dans les extrémités (épiphyses) proximales de
l’humérus et du fémur (voir chapitre 13). L’hématopoïèse est un
processus continu, la moelle osseuse libérant dans la circulation
sanguine quelque 100 milliards de nouvelles cellules chaque jour,
venant en remplacement d’un nombre équivalent de « vieilles »
cellules promises à la destruction.
Chaque lignée cellulaire connaît son propre processus de maturation,
à partir de la cellule-souche.
Figure 6.1 L'hématopoïèse, la maturation des éléments figurés du sang.
Le couple hémoglobine-O2
L’oxygène présent dans l’air inspiré se retrouve dans l’alvéole
pulmonaire, puis traverse la membrane alvéolocapillaire et se
retrouve dans le plasma. Il traverse alors la membrane plasmique du
GR et se lie de façon réversible à l’atome de fer de l’hème. Cette
liaison entraîne un changement de conformation de la molécule
d’hémoglobine, qui devient l’oxyhémoglobine, de couleur rouge vif.
Au niveau tissulaire, c’est le processus inverse : l’oxyhémoglobine
libère son O2 (devenant alors de la désoxyhémoglobine de couleur
rouge foncé), qui passe dans le plasma, puis dans le liquide
interstitiel, puis traverse la membrane plasmique des cellules, à
l’intérieur desquelles elle s’avère indispensable à la production d’ATP
(voir chapitre 15).
Après s’être débarrassée de son oxygène en périphérie,
l’hémoglobine peut se charger d’une partie du CO2 produit par le
métabolisme cellulaire (devenant alors de la carboxyhémoglobine),
qu’elle va acheminer jusqu’aux poumons où il sera éliminé.
Figure 6.3 La structure d'une molécule d'hémoglobine
L’érythropoïèse
L’érythropoïèse assure le renouvellement constant des GR, dont la
durée de vie, une fois qu’ils sont libérés dans le plasma, est
de 120 jours. Ce processus dure en moyenne sept jours pendant
lesquels la moelle osseuse produit environ trois milliards de GR !
La régulation de l’érythropoïèse
Le nombre de GR circulants est constant, ce qui ne peut être que le
fruit d’un contrôle de type homéostatique. La régulation de
l’érythropoïèse dépend d’une hormone d’origine rénale,
l’érythropoïétine, produite en réponse à une hypoxie, c’est-à-dire à la
baisse anormale des GR (anémie) et/ou à une diminution d’O2 au
niveau tissulaire (hypoxie tissulaire).
Le système ABO
Dans ce système, les GR d’un individu français peuvent porter les
antigènes du groupe A (45 % de la population, le plus fréquent), du
groupe B (9 %), voire des deux groupes A et B (3 %), ou aucun
antigène de ce système (groupe O, 43 % des cas). Ces pourcentages
sont variables selon les populations (par exemple, le groupe O est
retrouvé chez 95 % des Indiens d’Amérique).
Fait très important, un individu donné possède, de façon obligatoire,
des anticorps (dits naturels, car présents dès la naissance) dirigés
contre les antigènes des groupes sanguins qu’il ne possède pas. La
transfusion de GR provenant d’un donneur incompatible, c’est-à-dire
ne possédant pas les mêmes antigènes de groupes sanguins que le
receveur, se traduit immédiatement par leur agglutination par les
anticorps naturels de ce receveur (d’où le nom d’agglutinines donné
aux anticorps naturels) et leur destruction par hémolyse. C’est pour
éviter ces dramatiques accidents transfusionnels qu’une
détermination des groupes sanguins est obligatoirement réalisée sur le
sang du donneur et du receveur, afin d’en vérifier la compatibilité
avant toute transfusion.
Les polynucléaires
Ils sont de trois types, selon les caractéristiques de leurs granulations
intracytoplasmiques :
La leucopoïèse
La leucopoïèse, processus de maturation des GB, débute et se termine
dans la moelle osseuse pour les polynucléaires et les lymphocytes B.
Elle débute aussi dans la moelle osseuse, mais se termine dans le
thymus pour les lymphocytes T, et dans le tissu lymphoïde pour les
monocytes. La cellule-souche pluripotente engendre deux cellules-
souches : la cellule-souche myéloïde (pour les polynucléaires et les
monocytes), et la cellule-souche lymphoïde (pour les lymphocytes).
Les plaquettes
Ce sont des fragments qui ont l’aspect de petits disques sans noyau,
mais qui sont bourrés de granulations intracytoplasmiques. Ils se sont
détachés d’une énorme cellule de la moelle osseuse, le
mégacaryocyte, dont la maturation (thrombopoïèse) est très originale.
En effet, cette cellule va effectuer plusieurs cycles de division
cellulaire, avec doublement de la quantité d’ADN à chaque cycle,
sans division effective. Le mégacaryocyte qui en résulte est une
cellule littéralement monstrueuse, dotée d’un énorme noyau et d’un
abondant cytoplasme, particulièrement riche en granulations.
Après évacuation de son encombrant noyau, le mégacaryocyte va
progressivement se déliter dans les capillaires sillonnant la moelle
osseuse, les fragments qui en résultent constituant autant de
plaquettes sanguines. Un seul mégacaryocyte peut ainsi fournir
plusieurs milliers de plaquettes.
Leur maturation, la thrombopoïèse, est régulée par la thrombopoïétine
(ou TPO), dont la structure est proche de celle de l’érythropoïétine
(EPO).
Les plaquettes ont une durée de vie limitée, entre six et dix jours. Les
plaquettes non consommées au cours de l’hémostase sont détruites,
principalement par phagocytose dans la rate.
L’hémostase
L’hémostase définit le processus permettant la réparation d’une lésion
vasculaire et l’arrêt du saignement. C’est la « rustine » venant
colmater la fuite d’une chambre à air. Les plaquettes participent à ce
processus, qui se déroule en quatre étapes.
La vasoconstriction
Ce terme définit la contraction quasi immédiate du vaisseau lésé (on
parle de spasme vasculaire), visant à limiter les pertes sanguines à
travers la brèche de la paroi.
• La voie extrinsèque est une voie rapide, mise en jeu dans les
secondes suivant la survenue d’une blessure vasculaire sévère.
Elle est déclenchée par la libération, par les cellules lésées
adjacentes au vaisseau abîmé, d’une protéine tissulaire, la
thromboplastine. Cette voie extrinsèque utilise peu de facteurs
de la coagulation et arrive donc très rapidement à l’activateur de
la prothrombine.
• La voie intrinsèque se met en branle plus tardivement, après
quelques minutes, et se déroule plus lentement, mettant en jeu
la plupart des facteurs de la coagulation. Elle est déclenchée par
la mise à nu des fibres collagènes de la paroi du vaisseau lésé et
par le clou plaquettaire. Elle réalise une suite de réactions en
cascade : chaque facteur de la coagulation est activé par le
précédent et fonctionne comme une enzyme pour activer le
suivant (principe des dominos).
Les deux voies se rejoignent lors de la formation d’une substance
enzymatique essentielle, l’activateur de la prothrombine. Cet
activateur convertit une protéine plasmatique en enzyme (la
thrombine), qui est ensuite responsable d’un processus de
transformation aboutissant à la formation de filaments de fibrine. Ces
derniers s’arriment aux plaquettes et forment une sorte de filet,
piégeant les éléments figurés du sang se trouvant à proximité. Cette
construction cohérente et solide correspond au caillot, dont la
formation dure de quelques secondes (voie extrinsèque) à quelques
minutes (voie intrinsèque).
Une fois le caillot constitué, il se rétracte sous l’effet de protéines
contractiles (actine et myosine) libérées par les plaquettes. Cette
rétraction a pour effet de rapprocher les berges de la plaie vasculaire,
amorçant le processus de cicatrisation. La formation du caillot est en
effet une réponse immédiate et salutaire, mais provisoire, l’objectif
final étant la réparation du vaisseau.
La fibrinolyse
Elle correspond à la dissolution progressive du caillot et se
déclenche sous l’effet d’une enzyme, la plasmine, capable de
dégrader les filaments de fibrine.
En même temps que le caillot se dissout, la réparation de la paroi
vasculaire se précise. Le facteur de croissance dérivé des plaquettes
(ou PDGF) stimule la croissance des fibroblastes présents dans la
paroi, tandis que le facteur de croissance endothélial (ou VEGF)
stimule celle des cellules endothéliales tapissant la face interne du
vaisseau.
À terme, la blessure vasculaire a disparu et le vaisseau a retrouvé son
aspect initial.
Le contrôle de l’hémostase
Cette cascade de réactions peut devenir, si elle n’est pas sévèrement
contrôlée, une arme à double tranchant. L’hémostase fait donc l’objet
d’une régulation particulièrement étroite, dans laquelle interviennent
de très nombreux systèmes inhibiteurs. Tous les éléments figurés du
sang peuvent faire l’objet de dérèglements pathologiques, soit de leur
nombre, soit de leur fonction. Le déroulement de la coagulation peut
également faire l’objet de multiples anomalies.
DANS CE CHAPITRE
Les quatre cavités du cœur
•
Le rythme cardiaque
•
Le débit cardiaque
Chapitre 7
Le cœur
P
assons maintenant à ce bel organe, longtemps considéré comme le
centre de toutes les émotions : le courage (avoir du cœur au
ventre, à cœur vaillant rien d’impossible), la générosité (avoir le
cœur sur la main), la franchise (parler à cœur ouvert), la mémoire
(apprendre par cœur), etc. sans oublier l’amour bien sûr, dont les
expressions cardiaques pourraient remplir les pages d’un gros
annuaire. C’est au XVIIIe siècle seulement que le cœur s’est vu
déposséder de son titre de centre des émotions au profit du cerveau,
tout en restant… au cœur des préoccupations humaines !
La structure du cœur
Le péricarde
Le péricarde est l’enveloppe du cœur, constituée de deux parois :
• Le péricarde fibreux superficiel, peu extensible, qui amarre
le cœur au diaphragme, au sternum et aux gros vaisseaux de la
base. Il limite également la distension excessive du cœur.
• Le péricarde séreux profond, lui-même constitué d’un
feuillet pariétal (qui tapisse la face interne du péricarde fibreux)
et d’un feuillet viscéral (ou épicarde, qui recouvre le cœur).
Le myocarde
Le myocarde est le muscle cardiaque proprement dit, qui constitue
l’essentiel de la masse du cœur. Il est composé de fibres musculaires
striées, n’obéissant pas à un contrôle volontaire et dont la structure
ramifiée permet l’établissement de connexions intercellulaires. Ces
connexions assurent la propagation des potentiels d’action électriques
de cellule à cellule sur l’ensemble du myocarde, à l’origine de la
contraction du cœur.
L’endocarde
L’endocarde est la tunique interne du cœur, dont elle tapisse les
cavités et les valves. C’est un endothélium vasculaire, fin et
parfaitement lisse, qui limite la friction du sang sur les parois
cardiaques.
Figure 7.1 Les cavités cardiaques, les valves et les gros vaisseaux.
Les cavités
Les cavités sont les deux oreillettes (droite et gauche) et les deux
ventricules (droit et gauche) :
Les valves
Les valves assurent le flux unidirectionnel du sang dans sa traversée
intracardiaque. Elles sont composées de tissu fibreux recouvert
d’endocarde, et leurs mouvements d’ouverture et de fermeture sont
liés à des différences de pression du sang entre les cavités cardiaques
au cours du cycle.
La physiologie du cœur
La fonction du cœur est donc de propulser le sang, dans la petite
circulation pulmonaire pour le cœur droit, et dans la grande
circulation systémique pour le cœur gauche. Cette propulsion repose
sur la contraction myocardique, elle-même dépendante du système de
conduction cardiaque. Autrement dit, la physiologie cardiaque est une
« simple » histoire de tuyauterie et d’électricité.
La révolution cardiaque
La révolution cardiaque (ou cycle cardiaque), d’une durée
de 0,8 seconde, comprend trois temps : systole auriculaire (0,1 s),
puis systole ventriculaire (0,3 s), puis diastole (0,4 s). La diastole est
la phase de récupération du myocarde qui se prépare à entamer une
nouvelle contraction. C’est pendant cette phase que les oreillettes se
remplissent passivement de sang, qui s’écoule tout aussi passivement
dans les ventricules : cet écoulement passif assure 70 % du
remplissage ventriculaire, les 30 % restants étant assurés par la
systole auriculaire, qui succède à la diastole.
L’auscultation cardiaque retrouve deux bruits successifs : le premier
correspond au claquement de fermeture des valves
auriculoventriculaires (début de la systole ventriculaire), le second à
la fermeture des valves sigmoïdes (début de la diastole).
L’électrocardiogramme (ECG) visualise les modifications électriques
générant le cycle cardiaque :
Le débit cardiaque
Le débit cardiaque (DC) définit la quantité de sang éjectée par chaque
ventricule en une minute. Il dépend de la fréquence cardiaque (FC,
environ 75 battements/min) et du volume systolique (VS), qui
correspond au volume sanguin éjecté par un ventricule à chaque
battement (environ 70 ml), selon la formule simple : DC = FC × VS.
Il est d’environ 5 litres par minute au repos, mais peut s’élever très
vite à l’effort et peut atteindre 25 litres par minute.
L’insuffisance cardiaque traduit la chute du débit cardiaque, dont les
causes sont multiples :
• L’insuffisance cardiaque droite traduit l’incompétence du
ventricule droit à propulser normalement le sang qu’il contient
vers l’artère pulmonaire et les poumons. Le sang s’accumule
alors dans le système veineux, à l’origine d’œdèmes des
membres inférieurs et d’un excès de liquide dans la cavité
péritonéale.
• L’insuffisance cardiaque gauche traduit l’incompétence du
ventricule gauche à propulser normalement le sang qu’il
contient vers l’aorte et la circulation systémique, avec
stagnation du sang en amont dans les poumons (œdème
pulmonaire), qui se manifeste par un essoufflement (ou
dyspnée).
Dans tous les cas, le cœur « s’essouffle » et ne peut plus assumer son
rôle de pompe.
DANS CE CHAPITRE
Le secteur artériel
•
Le secteur capillaire
•
Le secteur veineux
Chapitre 8
Le système vasculaire
T
ous les chemins mènent à Rome (et en repartent). De même, les
vaisseaux sanguins forment un réseau de communication
complexe, dont le cœur est tout à la fois le point de départ et
d’arrivée.
Le réseau artériel
Plus le calibre diminue, plus la média s’enrichit en tissu musculaire et
s’appauvrit en tissu élastique.
• Les artères ont une média très élastique, permettant de
« régulariser » le flux sanguin tout au long du cycle cardiaque.
En effet, lors de la systole ventriculaire, le sang est éjecté dans
l’aorte avec une grande violence, à laquelle les artères
répondent par une dilatation, liée à la distension des fibres
élastiques. Lors de la diastole, la pression intravasculaire
diminue et les fibres élastiques retrouvent leur tension de base.
Cette rétraction favorise la progression du sang, qui n’est alors
plus propulsé par la pompe cardiaque.
• Les artérioles ont une média très riche en cellules musculaires
lisses, dont la contraction, d’origine sympathique, fait varier le
calibre vasculaire et donc le débit d’écoulement du sang.
• Les capillaires relient les plus petites artérioles aux plus
petites veinules. Ils forment un entrelacs de vaisseaux reliés
entre eux, appelé lit capillaire, propice aux échanges de
substance entre le sang et le liquide interstitiel. Leur paroi se
limite à l’intima endothéliale, et le flux sanguin local est régulé
par des sphincters précapillaires, régis par le système
sympathique et les conditions chimiques locales.
Le réseau veineux
Il est formé de veinules (à une seule couche endothéliale), puis de
veines dont la paroi comporte trois couches, mais la média est fine, ce
qui donne aux veines une forte capacité de distension. La quantité
réduite de tissu musculaire dans la média pose un problème pour le
retour du sang vers le cœur, problème en partie résolu par l’existence
de valvules, disposées à intervalles réguliers le long du vaisseau. Leur
remplissage par le sang circulant en assure la fermeture, empêchant le
reflux sanguin. Plus le sang est loin du cœur, plus les veines sont
riches en valvules.
Devenez plombier !
À chaque secteur vasculaire sa fonction propre : le secteur artériel, en
relais de la pompe cardiaque, est celui de la régulation de la pression
sanguine, le secteur capillaire est celui des échanges sang-cellules, et
le secteur veineux est celui du réservoir, autrement dit de la « banque
interne du sang ».
La pression artérielle
C’est la force que le sang exerce sur la paroi d’une artère. Elle permet
la propulsion du sang tout au long du système vasculaire. Elle est
classiquement mesurée par un brassard à tension enroulé autour du
bras, et elle s’exprime en millimètres de mercure (mmHg). La
pression artérielle (PA) systolique, la pression enregistrée pendant la
systole ventriculaire gauche, est d’environ 130 mmHg. La PA
diastolique, pression enregistrée pendant la diastole cardiaque, est
d’environ 80 mmHg.
La pression artérielle dépend du débit cardiaque et de la résistance
périphérique, selon la formule : PA = débit cardiaque × résistance
périphérique.
La résistance périphérique est la force s’opposant à l’écoulement du
sang, dépendante du calibre des artérioles. En effet, si le cœur est le
robinet d’alimentation et le système artériel le tuyau d’arrosage, c’est
au niveau des artérioles que se situe la vanne de sortie du tuyau. La
richesse de leur média en fibres musculaires lisses permet de subtiles
variations de leur calibre, en réponse à diverses stimulations
neurologiques et chimiques : la vasoconstriction élève la PA, et la
vasodilatation la diminue.
Le retour veineux
Le secteur veineux ne sert en fait pas à grand-chose, si ce n’est à
ramener le sang au cœur. C’est tout le problème du retour veineux,
pas si simple dans un secteur où la pression sanguine est très faible.
Le retour veineux est facilité par la présence des valvules, par la
pompe musculaire, et enfin par la pompe respiratoire. Ce dernier
phénomène se déroule ainsi : à l’inspiration, la contraction du
diaphragme augmente la pression intra-abdominale, qui chasse le
sang vers le thorax. Pendant cette même inspiration, la pression
diminue dans le thorax, facilitant la remontée du sang veineux dans le
cœur droit.
Atlas-routier.com
Les voies de la grande circulation
systémique
Le réseau artériel
Au cours de son trajet intrathoracique puis intra-abdominal, l’aorte
distribue des branches pour les membres supérieurs et la tête, puis
pour les viscères occupant les cavités du thorax et de l’abdomen.
Dans la cavité pelvienne, elle se divise en deux artères iliaques, pour
les viscères intrapelviens et les membres inférieurs.
Le réseau veineux
Il est assez superposable au précédent, faisant parcourir au sang le
trajet inverse, depuis la périphérie jusqu’au cœur.
Figure 8.3 Les voies du retour veineux.
A
uprès du système cardiovasculaire, le système lymphatique fait un
peu figure de parent pauvre et il est grand temps de lui redonner
ici ses lettres de noblesse. Sans lui, votre longévité serait à peu
près celle d’une étoile filante. En résumé, le système lymphatique
possède en effet une double fonction : la « gestion » des liquides
interstitiels et la protection du corps humain contre les agressions
infectieuses.
Le système lymphatique peut être artificiellement subdivisé en deux
constituants :
• Le réseau des vaisseaux lymphatiques, qui véhicule la
lymphe.
La lymphe
La lymphe est un liquide jaunâtre dont la composition biochimique
est analogue à celle du liquide interstitiel. Sa production quotidienne
(environ trois litres) correspond au volume liquidien interstitiel non
récupéré par le réseau capillaire. Sans cette « récupération », les
tissus deviendraient rapidement de véritables éponges imbibées
d’eau, et le réseau vasculaire serait asséché en à peine 24 heures !
Mais l’existence de la lymphe n’a pas seulement une utilité
« hydraulique ». Elle joue également un rôle essentiel dans la défense
anti-infectieuse du corps humain, en véhiculant les cellules de
l’immunité et en récupérant diverses particules « indésirables »,
filtrées tout au long de son trajet par les organes du tissu lymphatique.
Le tissu lymphatique
Constituant l’élément structurel de base des organes lymphatiques,
c’est un tissu conjonctif réticulaire dont les fibres sont disposées en
réseau, au sein duquel circulent les cellules « immunitaires », qui font
son originalité :
• Les lymphocytes (B et T) ;
Entourée d’une capsule, elle est constituée d’une pulpe rouge riche en
macrophages, site de destruction des vieux éléments figurés du sang
(globules rouges et plaquettes), et d’une pulpe blanche, sous forme de
petits îlots disséminés dans la pulpe rouge, riche en cellules de
l’immunité. De ce fait, la rate possède une double fonction
d’épuration :
Le thymus
Situé à la partie supérieure du médiastin, le thymus est constitué de
deux lobes entourés d’une capsule. Il procure leur
immunocompétence aux lymphocytes T immatures en provenance de
la moelle osseuse, en sélectionnant des clones capables de reconnaître
spécifiquement tous les antigènes étrangers à l’organisme que
l’individu est susceptible de rencontrer au cours de son existence. Le
thymus est également le lieu de la destruction des clones autoréactifs
(dirigés contre le « soi »).
T
ous les actes volontaires que vous effectuez au quotidien (lire,
poser un objet, le reprendre, éteindre la lumière) sont sous la seule
dépendance de votre système nerveux, qui représente de loin le
système de communication le plus complexe.
Les nerfs moteurs du SNP transmettent donc les ordres délivrés par le
SNC. Cette activité motrice est double :
Le tissu nerveux
Composant le système nerveux, le tissu nerveux est constitué de deux
types de cellules :
Les neurones
Les neurones sont les cellules support de la communication, de la
pensée et de l’intelligence. Ils sont constitués d’un corps cellulaire,
dans lequel est « fabriqué » l’influx nerveux, et de prolongements, les
dendrites et l’axone, qui en sont les câbles de conduction.
Figure 10.2 L'axone myélinisé (à gauche) et l'amyélinique (à droite).
Le cortex
Le cortex, qui représente le « chef d’orchestre » du système nerveux,
réunit l’ensemble des fonctions dites supérieures : l’initiation et le
contrôle du mouvement volontaire, les perceptions sensorielles, les
activités mentales telles que la mémorisation, le langage, la
compréhension et l’apprentissage, etc.
Vu de l’extérieur, le cortex ressemble à un cerneau de noix, avec des
reliefs, et de profonds sillons qui « divisent » le cortex cérébral en
cinq lobes, affublés du nom de l’os de la boîte crânienne sous lequel
ils se trouvent.
Figure 10.7 Les lobes du cerveau (vu de profil).
Le diencéphale
Le diencéphale, recouvert par les hémisphères cérébraux, comporte
trois parties : le thalamus, l’hypothalamus et la glande pinéale.
Le tronc cérébral
Le bulbe rachidien
Le bulbe contient les centres vitaux que sont :
La formation réticulaire
La formation réticulaire est un système fonctionnel regroupant des
neurones étendus sur toute la hauteur du tronc cérébral. Cette
formation intervient à la fois comme « un filtre » à informations
sensitives et sensorielles et comme un « excitateur » permanent du
cerveau.
Le cervelet
Le cervelet, « branché en dérivation » sur le tronc cérébral, est
impliqué dans la coordination et la précision des mouvements
volontaires, ainsi que dans le maintien des postures et de l’équilibre.
Le cervelet est en effet le « pilote automatique » de nos mouvements,
selon le schéma suivant :
La vascularisation artérielle
La vascularisation artérielle du cerveau provient de deux systèmes :
les artères carotides et les artères vertébrales. Les artères carotides
communes droite et gauche se divisent chacune en une artère carotide
externe, destinée à la vascularisation des tissus superficiels de la tête
et du cou, et une artère carotide interne, destinée à la vascularisation
cérébrale.
Les artères carotides et les artères vertébrales entrent dans la
constitution du polygone de Willis, système anastomotique situé à la
base de l’encéphale.
Ce polygone de Willis est un système de suppléance vasculaire,
permettant au cerveau de recevoir du sang même si une de ses
grandes artères se bouche. En revanche, au-delà de cette structure, il
n’y a plus de suppléance vasculaire possible : une artère bouchée
signifie la survenue d’un infarctus cérébral en aval (accident
vasculaire cérébral ou AVC).
La vascularisation veineuse
La vascularisation veineuse est plus simple : les veines superficielles
se rejoignent pour former des veines jugulaires externes droite et
gauche au cou, qui se jettent dans les veines sous-clavières
correspondantes. Le sang veineux provenant du cerveau est collecté
dans les sinus veineux, qui se rejoignent pour former les veines
jugulaires internes droite et gauche. À la base du cou, chaque veine
jugulaire interne s’unit à la veine sous-clavière correspondante pour
former les veines brachiocéphaliques droite et gauche. Celles-ci se
rejoignent ensuite pour constituer la veine cave supérieure.
Le système sympathique
Figure 10.15 La constitution du système nerveux sympathique et viscères
concernés.
Le système parasympathique
Figure 10.16 La constitution du système nerveux parasympathique et viscères
concernés.
Le système sympathique
Ce système est surtout sollicité dans les situations de tension
nerveuse, d’effort physique et d’urgence. L’activation du système
sympathique provoque en effet :
• une tachycardie (augmentation de la fréquence cardiaque) et
une augmentation de la contractilité du myocarde ;
Le système parasympathique
À l’inverse du précédent, l’activité du système parasympathique
prédomine au repos (et pendant la digestion). Les principaux effets de
l’activation parasympathique sont :
• une bronchoconstriction ;
• un myosis ;
L
es sens sont au nombre de quatre : la vue, l’ouïe, l’odorat et le
goût, qui font intervenir des récepteurs sensoriels très spécifiques.
Il faut y ajouter le toucher, qui met en œuvre des récepteurs assez
peu élaborés, terminaisons à la peau de neurones sensitifs afférents
(voir chapitres 10 et 18). Reste le sens de l’équilibre, qui dépend
d’organes situés dans l’oreille interne (mais également du cervelet) et
qui sera donc entrevu dans cette partie.
L’œil
La vue est sans conteste le sens le plus élaboré chez l’homme : plus
de 70 % des récepteurs sensoriels du corps humain sont retrouvés
dans les yeux, et plus de la moitié du cortex cérébral participe peu ou
prou au traitement de l’information visuelle. L’œil est une sphère
de 2,5 cm de diamètre, dont seul est visible le cinquième antérieur. Le
reste du globe oculaire occupe la cavité orbitaire, « creusée » dans le
massif facial.
La cornée écornée !
La cornée est un tissu hors du commun. Outre sa transparence
absolue, elle se distingue par :
La couche moyenne
La couche moyenne (ou uvée), tunique vasculaire de l’œil,
comporte :
La rétine
La rétine, tunique très fragile, est faite de deux couches : la couche
externe, ou pigmentaire, et la couche interne, ou nerveuse, qui est
celle des cellules sensibles à la lumière. La rétine tapisse toute la face
interne du globe oculaire jusqu’au corps ciliaire.
La couche nerveuse est celle des cellules sensorielles réceptrices
(neurones photorécepteurs : bâtonnets et cônes), qui contiennent des
pigments photosensibles capables de convertir la lumière en influx
nerveux à destination du cerveau.
Bâtonnets et cônes se connectent à des interneurones, dont les axones
convergent tous vers un point précis de la rétine : la tache aveugle,
ainsi nommée parce que dépourvue de neurones photorécepteurs. De
celle-ci part le nerf optique, qui se dirige ensuite vers les aires
visuelles du lobe occipital (voir chapitre 10). La proportion de cônes
et bâtonnets varie dans les différentes zones de la rétine : les cônes
prédominent au centre de la rétine et, au fur et à mesure que l’on
s’éloigne de la macula, la densité des cônes diminue et celle des
bâtonnets augmente.
Le cristallin
Le cristallin est une lentille biconvexe transparente, dont l’épaisseur
modifiable, sous l’effet des contractions du muscle ciliaire, permet le
processus d’accommodation (plus l’objet à regarder est proche, plus
le cristallin bombe afin de focaliser précisément l’image sur le plan
de la rétine).
Le nerf optique
Il est constitué d’axones de neurones rétiniens, relayant l’information
visuelle captée par les cônes et les bâtonnets. Il traverse la choroïde et
la sclère, à la face postérieure du globe, se dirige vers le fond de la
cavité orbitaire, qu’il traverse pour pénétrer à l’intérieur de la boîte
crânienne. Là, les deux nerfs optiques fusionnent, juste en avant de la
glande pituitaire (ou hypophyse, voir chapitre 12), formant le
chiasma optique, d’où partent les tractus optiques. Le chiasma
optique, ce croisement de nerfs, permet d’envoyer à chaque aire
visuelle occipitale des informations en provenance des deux yeux.
Figure 11.2 Le chiasma optique et les voies visuelles.
La physiologie de la vision
La lumière
La lumière est composée de particules d’énergie nommées photons,
qui se déplacent sous forme d’ondes de longueur variable. Le spectre
de la lumière visible comprend sept couleurs : rouge, orange, jaune,
vert, bleu, indigo et violet, dont la combinaison forme la lumière
blanche. La couleur d’un objet dépend, au sein de ce spectre, des
longueurs d’onde réfléchies et absorbées.
La focalisation de la lumière
La production d’une image nette suppose la focalisation (ou
convergence) au centre de la rétine de la lumière réfléchie par les
objets situés dans votre champ visuel. Lorsque vous fixez votre
attention sur un objet proche (moins de 6 m), cette focalisation
nécessite plusieurs processus bien coordonnés :
La formation de l’image
Elle repose sur la dégradation de pigments visuels, présents dans les
cônes et les bâtonnets, causée par la lumière qui arrive sur la rétine.
Cette dégradation déclenche la transduction, c’est-à-dire la formation
de potentiels d’action véhiculés par le nerf optique.
L’oreille
C’est avant tout l’organe de l’audition. Mais l’oreille participe
également au maintien de la posture et de l’équilibre, en association
avec d’autres structures, dont le cervelet.
L’audition…
Vous croyez avoir deux oreilles, et vous en avez six ! En effet, chaque
oreille comporte trois régions distinctes.
L’oreille externe
Elle comprend :
L’oreille moyenne
L’oreille moyenne, caisse du tympan, est une petite cavité de forme
irrégulière, remplie d’air et tapissée d’une muqueuse, creusée dans
l’os temporal. Elle contient les trois plus petits os du corps humain,
reliés entre eux par de petites articulations soutenues par de fins
ligaments : le marteau, l’enclume et l’étrier. Cette chaîne d’osselets
transmet les vibrations provenant du tympan aux liquides de l’oreille
interne.
L’oreille interne
Elle comporte deux parties : le labyrinthe osseux, qui est « le
contenant », et le labyrinthe membraneux, qui en est « le contenu ».
Le son
La faculté d’entendre suppose la transmission du son à travers
différents milieux, depuis l’air ambiant jusqu’au cortex temporal. Le
son, défini par sa hauteur (sons aigus ou graves) et son amplitude
(sons faibles ou forts), se déplace sous forme d’ondes. Ces ondes,
récupérées par l’oreille externe, font vibrer la membrane tympanique,
qui les transmet à la chaîne des osselets de l’oreille moyenne. Les
vibrations de l’étrier génèrent, dans les liquides de l’oreille interne, la
formation d’ondes liquidiennes, qui stimulent les cellules sensorielles
ciliées de l’organe spiral. Cette stimulation déclenche des influx
nerveux (transduction du stimulus sonore), transmis aux neurofibres
du nerf cochléaire puis au cerveau.
La hauteur du son correspond à sa fréquence, c’est-à-dire au nombre
d’ondes sonores en une seconde, mesurée en Hertz (Hz). L’oreille
humaine est réceptive à des fréquences comprises en 50 et 20 000 Hz,
et surtout aux fréquences comprises entre 1 500 et 4 500 Hz. Plus la
fréquence est élevée, plus le son est aigu ; plus elle est basse, plus il
est grave. Les sons de différentes fréquences stimulent la membrane
basilaire en différents endroits de sa surface.
L’amplitude du son définit la hauteur des ondes sonores, mesurée en
décibels (dB). Plus l’amplitude est élevée, plus la stimulation des
cellules ciliées est importante et plus le son est perçu comme fort, et
inversement. Un son trop fort et prolongé est délétère pour l’organe
spiral, dont la limite de tolérance se situe en dessous de 100 dB.
… et l’équilibre
Le « sens » de l’équilibre repose sur le traitement d’influx nés dans
l’oreille interne, mais également d’influx en provenance des yeux et
des propriorécepteurs des tendons, muscles et articulations.
L’appareil vestibulaire regroupe les organes de l’oreille interne
participant au maintien de l’équilibre et de la posture :
• Les deux macules (situées l’une dans l’utricule et l’autre dans
le saccule) sont constituées de cellules sensorielles ciliées,
stimulées par les mouvements horizontaux (pour la macule de
l’utricule) et verticaux (pour la macule du saccule) de la tête.
Leur courbure a pour conséquence la production de potentiels
d’action, transmis aux neurofibres afférents du nerf vestibulaire
entourant la partie basale des cellules sensorielles ciliées.
L’odorat
Les cellules olfactives, chémorécepteurs spécialisés dans la
perception des odeurs, sont situées dans la partie haute des fosses
nasales. Ces cellules olfactives sont des neurones dont la partie
apicale est hérissée de multiples cils, augmentant la surface de
perception olfactive. Ces cils olfactifs baignent dans un fin tapis de
mucus, produit par des cellules de soutien, dans lequel se dissolvent
les molécules de substances odorantes. Sans cette dissolution, les
molécules volatiles transportées dans l’air inhalé ne peuvent être
perçues par les chémorécepteurs de l’odorat. Les axones des cellules
olfactives se regroupent pour former le nerf olfactif (premier nerf
crânien), qui traverse la base du crâne et fait synapse avec un second
neurone (nommé cellule mitrale) dans le bulbe olfactif. Les axones
des cellules mitrales rejoignent l’aire corticale olfactive homolatérale
située à la face profonde du lobe temporal.
L’odorat humain serait capable de distinguer près de 10 000 odeurs
différentes. Pour autant, il n’y a certainement pas 10 000 types
différents de chémorécepteurs. Cette perception suppose donc
l’existence de différents sous-groupes de cellules olfactives, chaque
sous-groupe étant susceptible de reconnaître une « catégorie » de
substances odorantes, et chaque substance pouvant être reconnue par
plusieurs sous-groupes de cellules olfactives.
Il existe de nombreuses connexions entre la voie olfactive, étendue
des chémorécepteurs à l’aire corticale olfactive, et le reste du système
nerveux. Certaines subtilités suggèrent en effet ces interrelations : des
odeurs vous « ouvrent » l’appétit et vous font saliver, tandis que
d’autres vous donnent la nausée, provoquent un éternuement ou vous
font fuir parce qu’elles sont associées à la notion de danger (odeurs
de gaz ou de fumée). Il existe également une « mémoire » olfactive,
des bonnes comme des mauvaises odeurs.
L’adaptation olfactive est un phénomène complexe permettant
« l’extinction » de la perception d’une odeur donnée lorsque
l’individu y est soumis de façon prolongée. Cette inhibition sélective
permet, par exemple, aux égoutiers et aux éboueurs de poursuivre
sereinement leurs activités, comme aux pâtissiers de ne pas devenir
fous !
Le goût
De la même façon que l’odorat, le goût est un sens qui met en jeu des
chémorécepteurs sensibles à des stimuli. C’est surtout au niveau de la
langue que se situent les quelque 10 000 bourgeons du goût, appelés
calicules gustatifs. Ces petits corpuscules sensoriels contiennent les
cellules gustatives (chémorécepteurs du goût), et sont localisés sur les
papilles de la muqueuse de la face dorsale de la langue :
• Papilles filiformes, très nombreuses et disséminées sur toute
la surface de la langue ;
• Papilles fongiformes, prédominantes à la pointe et sur les
bords de la langue ;
• Papilles caliciformes, au nombre d’une dizaine, cantonnées à
la partie postérieure de la langue.
Les substances chimiques présentes dans les aliments doivent se
trouver dissoutes en solution aqueuse (salive) pour être perçues par
les cellules gustatives, dont la stimulation génère des potentiels
d’action, transmis aux neurofibres afférentes du nerf facial (pour les
influx nés dans les deux tiers antérieurs de la langue) et du nerf
glosso-pharyngien (pour les influx nés dans le tiers postérieur). Ces
neurofibres font synapse dans le bulbe rachidien, d’où repartent des
fibres à destination de l’aire gustative, située à la partie inférieure de
l’aire somesthésique primaire du lobe pariétal.
La perception gustative porte sur le mélange de quatre saveurs
fondamentales : le sucré, le salé, l’acide et l’amer.
Comme pour l’odorat, la voie gustative, qui véhicule l’influx nerveux
des bourgeons du goût jusqu’à l’aire gustative, interagit avec de
nombreuses structures du système nerveux. Ces interactions
expliquent, par exemple, la survenue de nausées à l’ingestion
d’aliments au goût infâme, l’augmentation de la production de salives
et de suc gastrique préparant à la digestion des aliments ingérés, la
mémorisation de certains faits gustatifs marquants (comme la
madeleine de Proust !), etc.
DANS CE CHAPITRE
Les hormones et leurs cellules cibles
•
L’axe hypothalamohypophysaire
•
Le rétrocontrôle négatif
Chapitre 12
Le système endocrinien
C
ontrairement au système nerveux, le système endocrinien utilise
des signaux chimiques, les hormones, et les modifications qu’il
induit, plus lentes à se manifester, sont également plus durables.
L’axe hypothalamohypophysaire
L’axe hypothalamohypophysaire contrôle l’activité de la plupart des
autres glandes endocrines.
L’hypophyse est constituée de deux parties :
• La posthypophyse, constituée de tissu nerveux, une
émanation de l’hypothalamus auquel elle reste reliée par le
faisceau hypothalamohypophysaire, est un site de stockage pour
deux neurohormones (ocytocine et hormone antidiurétique),
fabriquées dans l’hypothalamus.
Les hormones de
l’antéhypophyse
Les hormones de l’antéhypophyse sont toutes protéiques :
Les hormones de la
posthypophyse
• L’ocytocine a deux tissus cibles : les fibres musculaires lisses
de l’utérus pendant l’accouchement et du sein pendant
l’allaitement, et sa libération obéit à un rétrocontrôle positif
(plus il y a d’ocytocine dans le sang, plus les contractions
utérines s’intensifient, plus l’étirement du col utérin augmente
avec l’engagement de la tête du fœtus, et plus l’hypothalamus,
en réponse à cet étirement, produit d’ocytocine et stimule la
posthypophyse à en libérer dans la circulation).
Figure 12.2 La régulation de la production d'ocytocine par rétroaction positive.
La corticosurrénale
Elle produit trois types d’hormones stéroïdes (appelées
corticostéroïdes), synthétisées à partir du cholestérol :
• Les glucocorticoïdes, dont le plus important est le cortisol,
permettent l’adaptation du métabolisme cellulaire aux
agressions : en période de stress, le taux sanguin de cortisol
s’élève brutalement et intensément pour permettre l’adaptation
de l’organisme aux changements de situation. Les effets
métaboliques du cortisol sont nombreux, les principaux étant :
• La néoglucogenèse (production de glucose) à partir de
lipides et de protéines, et l’augmentation de la
glycémie ;
• La lipolyse, la dégradation des acides gras du tissu
adipeux, qui sont utilisés à des fins énergétiques ;
• La dégradation des protéines, dont les acides aminés
sont récupérés pour fabriquer de nouvelles protéines,
plus « utiles » en période de stress.
La médullosurrénale
Partie intégrante du système nerveux sympathique, elle produit et
libère les catécholamines : noradrénaline et adrénaline, qui
intensifient et prolongent les effets de la stimulation du système
sympathique (qui a pour mission de préparer l’organisme à l’action
dans les situations d’urgence).
En résumé, les surrénales produisent tout « l’attirail hormonal
antistress » :
• Les catécholamines, qui potentialisent les effets du système
nerveux sympathique, sont chargées de de la « parade urgente »
et des actions brèves : mobiliser instantanément l’organisme et
le préparer à l’action, c’est-à-dire au combat… ou à la fuite !
Le pancréas
Cet organe possède une fonction exocrine, la production du suc
pancréatique, et une fonction endocrine, assurée par les îlots de
Langerhans, qui possèdent deux types cellulaires, secrétant chacun
une hormone : les cellules alpha produisent le glucagon, et les
cellules bêta l’insuline. Ces hormones agissent de façon antagoniste
sur la glycémie :
Les gonades
Testicules et ovaires produisent d’une part les gamètes
(spermatozoïdes et ovules), et d’autre part les hormones sexuelles :
• Les testicules produisent la testostérone, qui est indispensable
à la maturation des organes génitaux, à l’apparition des
caractères sexuels secondaires masculins et à la production des
spermatozoïdes.
L’
appareil locomoteur, ou système musculosquelettique, est
constitué d’une charpente, le squelette, sur laquelle se fixent des
muscles permettant de mobiliser les différentes pièces osseuses,
séparées par les articulations. Tout un univers, dont vous imaginez à
peine les belles surprises qu’il vous réserve.
La structure des os
L’os macroscopique
Un os long est constitué d’une diaphyse tubulaire, faite d’os compact
en périphérie et d’une cavité médullaire centrale, remplie de moelle
osseuse jaune. À chaque extrémité de la diaphyse se trouve une
épiphyse, recouverte de cartilage articulaire. La jonction diaphyse-
épiphyse est constituée de cartilage épiphysaire (ou cartilage de
conjugaison), permettant la croissance de l’os en longueur. Ce
cartilage disparaît à l’âge adulte.
L’os est recouvert sur toute sa surface externe d’une membrane
fibreuse, le périoste, riche en fibres nerveuses et en vaisseaux
sanguins, point d’ancrage des tendons et des capsules articulaires. À
sa face profonde, le périoste est riche en cellules osseuses assurant le
remodelage permanent de l’os. Le périoste est également riche en
fibres nerveuses et en vaisseaux sanguins, qui forment les artères
nourricières de l’os sous-jacent.
Les autres types d’os, quant à eux, ne présentent ni diaphyse ni
épiphyse, mais deux fines couches d’os compact enfermant une
épaisseur d’os spongieux, contenant la moelle osseuse rouge
hématopoïétique.
L’os microscopique
Les cellules osseuses, que l’on trouve à la face profonde du périoste,
sont :
L’os chimique
L’os est un tissu conjonctif, dont la matrice extracellulaire est faite
d’une partie organique, la substance ostéoïde (collagène de type 1), et
d’une partie minérale (cristaux d’hydroxyapatite), qui se dépose sur
les fibres collagènes de la matrice et confère à l’os ses qualités
évidentes de dureté, de résistance… et de longévité.
L’alimentation
• Le calcium, surtout apporté par les produits laitiers et
certaines eaux minérales, est indispensable au processus de
minéralisation de la substance ostéoïde, c’est-à-dire à la fixation
des cristaux d’hydroxyapatite sur les fibres collagènes.
L’activité physique
• La traction des tendons sur le périoste, induite par les
contractions musculaires, stimule l’activité des ostéoblastes et
favorise donc la croissance des os en épaisseur (qui se poursuit
toute la vie, contrairement à la croissance en longueur).
Le squelette
Il comporte 206 os et représente environ 20 % de la masse corporelle.
Figure 13.2 Le squelette.
Les articulations
Ce sont les structures où deux os (ou plus) entrent en contact (on
parle de jointures), permettant le mouvement. On distingue trois
types d’articulations, définies selon leur structure :
• Les articulations fibreuses : non mobiles, ne comportant ni
cartilage ni cavité articulaire. Les extrémités osseuses qui les
composent sont reliées par un matériel fibreux dense et non
extensible. Appartiennent à ce groupe : les sutures séparant les
os du crâne et les articulations alvéolodentaires.
La mobilité
La mobilité des articulations synoviales peut se faire, selon
l’articulation, en flexion/ extension, abduction/adduction,
circumduction (combinaison des quatre mouvements précédents),
rotation ; voire, pour certaines articulations, en pronation/supination
(paume tournée vers le bas / vers le haut) et inversion/éversion
(plante du pied tournée vers le plan médian / vers l’extérieur).
Pour une articulation synoviale donnée, l’éventail des mouvements
possibles est fort logiquement lié à la forme des surfaces qui la
composent, permettant d’en distinguer six catégories :
Le muscle macroscopique
Un muscle squelettique est constitué principalement de cellules
musculaires, mais il comporte également :
• Des gaines, enveloppes de tissu conjonctif, que l’on retrouve à
différents niveaux du muscle. L’épimysium est la plus externe,
elle engaine l’ensemble du muscle. Le périmysium enferme
plusieurs fibres musculaires, regroupées en faisceaux, et
l’endomysium, une fine gaine enveloppant chaque fibre
musculaire au sein de son faisceau.
Ces gaines de tissu conjonctif parcourent toute la longueur du
muscle et se réunissent à chacune de ses extrémités pour former
les tendons, qui permettent la fixation des os. Elles jouent
également un rôle essentiel dans la transmission de la force de
contraction des fibres musculaires jusqu’aux tendons. Elles
constituent enfin les voies de passage des vaisseaux et
neurofibres.
Le muscle microscopique
La partie « active » du tissu musculaire est représentée par des
cellules (ou fibres) musculaires, parallèles entre elles et parcourues de
stries transversales (muscles squelettiques ou striés).
Chaque fibre musculaire possède une membrane plasmique
(sarcolemme), entourant le cytoplasme (ou sarcoplasme), qui
contient, entre autres, des myofibrilles contractiles. L’alternance de
bandes sombres et de bandes claires sur la longueur d’une fibrille
donne à la cellule musculaire son aspect strié. Les stries sombres
correspondent aux filaments épais de myosine, des protéines
contractiles, qui en occupent toute la longueur. La strie claire
correspond aux filaments fins d’actine, qui entourent les filaments de
myosine.
Le muscle chimique
La jonction neuromusculaire
La transmission de l’influx nerveux à la cellule musculaire se fait à la
jonction neuromusculaire, qui est une synapse dont on distingue deux
parties :
La contraction musculaire
La contraction d’un muscle peut être modulée de deux façons : soit
par la fréquence des stimuli (sommation temporelle), soit par leur
intensité (sommation spatiale). La puissance et la durée d’une
contraction musculaire dépendent de plusieurs paramètres.
La sommation temporelle (succession
des stimulations)
Une fibre musculaire isolée répond à un stimulus selon la loi du tout
ou rien : soit elle est stimulée et elle se contracte, soit elle ne l’est pas
et ne se contracte pas.
Cependant, la contraction d’une fibre n’est pas un phénomène
instantané, de sorte qu’une stimulation brève conduira à une
contraction de faible intensité, puisque la fibre n’aura pas le temps de
se contracter complètement avant la fin de la stimulation. Mais une
succession de stimulations brèves (ou une stimulation prolongée)
conduit à la contraction maximale de la fibre musculaire (tout en
respectant la période réfractaire). C’est la notion de sommation
temporelle des contractions, qui s’ajoutent les unes aux autres pour
augmenter la force de contraction des fibres, et donc du muscle.
L’entraînement
L’entraînement augmente la force maximale que peut développer un
muscle, non par augmentation du nombre de fibres, mais par
augmentation de leur volume, et donc de la force individuelle que
chaque fibre peut développer.
Le tonus musculaire
Même au repos le plus complet, un muscle reste légèrement
contracté : c’est le phénomène du tonus musculaire, indépendant de
la volonté. Ce phénomène fait intervenir les propriorécepteurs
présents dans les muscles et tendons. Cette « minicontraction »
permanente est due à la mise en fonction de certaines unités motrices,
relayées ensuite par d’autres tandis que les premières « se reposent ».
Le tonus musculaire ne produit aucun mouvement, mais maintient le
muscle « en état d’éveil », prêt à répondre à toute stimulation. Il
participe en outre à la stabilité articulaire et au maintien postural :
c’est le tonus musculaire qui vous permet de garder la tête droite,
sans que vous y pensiez.
La fatigue musculaire
Succédant à un effort prolongé ou excessif, elle définit une incapacité
du muscle à se contracter, malgré la poursuite de la stimulation. Elle
est liée à un épuisement des réserves d’ATP, carburant nécessaire au
fonctionnement musculaire.
La récupération musculaire
Après l’effort musculaire, le muscle doit récupérer, c’est-à-dire
reconstituer ses stocks de glycogène, d’O2, d’ATP, et métaboliser
l’acide lactique en excès. Pendant cette période de récupération,
l’organisme a une dette d’oxygène, la quantité d’O2 qui doit être
consommée pour rétablir la situation initiale. Cette dette est
« remboursée » principalement par la respiration rapide et profonde
qui lui succède (l’essoufflement).
L
e système respiratoire a pour fonction essentielle de fournir l’O2 de
l’air ambiant à l’organisme et, simultanément, de le débarrasser du
CO2.
Le pharynx
C’est un conduit en forme d’entonnoir, long
d’environ 13 centimètres, descendant de la base du crâne jusqu’au
niveau de la 6e vertèbre cervicale, reliant les cavités nasales au larynx
et la cavité buccale à l’œsophage. Le pharynx intervient dans le
transit de l’air et des aliments, le réchauffement, l’humidification et la
purification de l’air inspiré, la phonation, l’audition et le goût. Il est
divisé en trois portions :
• Le nasopharynx, situé à l’arrière des cavités nasales et au-
dessus du niveau du voile du palais, ne conduit que de l’air. Il
communique avec les oreilles moyennes par les trompes
auditives et contient les amygdales pharyngiennes. Lors de la
déglutition, l’élévation du palais mou et de son prolongement
médian bloque le passage des aliments vers le nasopharynx et
les cavités nasales.
Le larynx
En résumé, c’est ce que vous appelez la gorge. C’est une structure
d’environ 5 centimètres de long, descendant de la base de la langue
jusqu’à la trachée. Il se situe devant le laryngopharynx, avec lequel il
communique en haut, et s’ouvre dans la trachée en bas. Il est fait d’un
assemblage de neuf cartilages, reliés entre eux par des ligaments et
des membranes, et dont la face interne est tapissée d’une muqueuse :
• Le cartilage thyroïde, en forme de bouclier, forme l’essentiel
des parois latérales et antérieure du larynx. Il est fait de deux
lames plates, réunies en avant pour former la proéminence
laryngée, ou pomme d’Adam, dont le développement pubertaire
est manifeste chez le garçon.
• Le cartilage cricoïde se situe sous le précédent et encercle
complètement la partie basse du larynx.
• Trois paires de cartilages (aryténoïdes, cunéiformes et
corniculés) forment une partie des parois latérales et postérieure
du larynx. Les cartilages aryténoïdes constituent les points
d’ancrage des cordes vocales.
Figure 14.2 Les cordes vocales (vue de dessus) en position ouverte (à gauche)
et fermée (à droite).
La trachée
Elle fait suite au larynx. D’abord située dans le cou, elle descend
ensuite dans le thorax et se termine dans la cavité médiastinale, où
elle se divise en deux bronches souches.
Sa paroi est composée de trois couches :
• La muqueuse, en contact avec l’air, riche en cellules ciliées et
caliciformes. Les cils font remonter le mucus vers le larynx, où
il est expectoré ou dégluti.
Le diaphragme
C’est un muscle en forme de coupole, innervé par les nerfs
phréniques et séparant la cavité thoracique de la cavité abdominale.
En se contractant, le diaphragme s’abaisse, d’où un allongement en
hauteur de la cavité thoracique et une diminution de la pression
intrathoracique.
Le processus de la respiration
Les quatre étapes
La respiration est la succession de quatre épisodes : la ventilation
pulmonaire, la respiration externe, le transport des gaz respiratoires et
la respiration interne.
La ventilation pulmonaire
Elle définit le mouvement des gaz respiratoires (O2 et CO2) dans les
poumons. Chaque respiration comporte trois phases : l’inspiration,
l’expiration, suivie d’une pause.
La respiration externe
Elle définit les échanges gazeux entre poumons et sang. Ces échanges
se font par diffusion selon un gradient de pression : les gaz traversent
la membrane alvéolocapillaire en allant du secteur où leur pression
partielle est la plus forte vers celui où elle est la plus faible, afin
d’obtenir un équilibre. Cela explique la concordance des
concentrations gazeuses entre air alvéolaire et sang réoxygéné
quittant les poumons.
La respiration interne
La respiration interne définit les échanges gazeux entre sang et
cellules. Elle procède des mêmes mécanismes que la respiration
externe : diffusion des gaz à travers des membranes selon leur
gradient de pression, mais en sens inverse.
L
e contenu de votre assiette est étroitement corrélé à votre état de
santé, aux tâches que vous êtes capable d’accomplir, à vos
capacités de résistance et d’endurance. En résumé, il faut manger
pour vivre (et non l’inverse !).
Les lipides
Les lipides les plus abondants dans l’alimentation sont les
triglycérides (ou graisses neutres). Les graisses neutres saturées sont
d’origine animale (produits laitiers, beurre, lait, œufs, viandes et
poissons gras) et les graisses neutres mono- ou polyinsaturées
d’origine végétale (huiles, noix, graines).
Le foie est capable de transformer les acides gras au gré des besoins
de l’organisme, mais il se heurte à deux obstacles : l’acide linoléique
et l’acide linolénique. Ce sont des acides gras polyinsaturés dits
« essentiels », car ils doivent être apportés par l’alimentation (huiles
végétales), le foie ne pouvant en assurer la synthèse.
Le cholestérol est à la fois produit par le foie et apporté par
l’alimentation. Les lipides fournissent 30 % de l’apport énergétique
quotidien : leur AQR doit être de 80 à 100 grammes. Dans « la
ration » lipidique quotidienne, la part des graisses insaturées ne doit
pas excéder 15 %, et l’apport de cholestérol doit rester inférieur
à 300 milligrammes.
Les graisses neutres interviennent dans la fourniture et le stockage
d’énergie, ainsi que dans la protection de certains organes (reins,
yeux), l’absorption digestive et le stockage des vitamines liposolubles
(A, D, E et K).
Les protéines
Huit des vingt acides aminés disponibles sont dits essentiels (car ils
sont uniquement d’origine alimentaire). Les protéines dites
complètes, apportant tous les acides aminés, sont uniquement
d’origine animale. Certains végétaux, tels que les céréales, les noix et
les légumineuses (pois et haricots), sont très riches en protéines dites
incomplètes, car elles n’apportent qu’une partie des acides aminés
essentiels (et/ou en trop petites quantités).
L’AQR des protéines est très variable (selon l’âge, la taille et le poids,
le métabolisme), mais doit toujours assurer un apport optimal en
acides aminés essentiels. La ration protéique moyenne doit être
de 0,8 à 1 gramme par kilo de poids par jour. Les protéines n’assurent
que 10 % de l’apport énergétique quotidien.
Les acides aminés servent à la synthèse permanente des protéines
structurales et fonctionnelles, et ont une contribution énergétique
modeste.
Les vitamines
Par définition, ce sont des substances non élaborées par l’organisme
et donc obligatoirement apportées par l’alimentation (mais les
exceptions sont nombreuses), indispensables à l’utilisation normale
des grands nutriments organiques.
Les vitamines se partagent en deux groupes : les vitamines
liposolubles (A, D, E et K) et les vitamines hydrosolubles (C et
vitamines du groupe B).
La vitamine C
La vitamine C est un antioxydant et intervient dans la synthèse des
fibres de collagène des tissus conjonctifs. Elle est surtout apportée
par les fruits frais (principalement les agrumes) et les légumes verts
(AQR = 0,7 à 1 g/j, et un peu plus chez les fumeurs).
Le métabolisme
Ce terme définit les innombrables réactions biochimiques,
anaboliques et cataboliques, que subissent les nutriments après leur
arrivée dans les cellules de l’organisme. Ils peuvent suivre deux
destinées :
L’oxydation du glucose
L’oxydation du glucose est une réaction chimique complexe, dont le
résultat est la fourniture d’énergie, nécessaire au bon fonctionnement
cellulaire. Elle nécessite :
• Un carburant, le glucose ;
Le stockage du glycogène
L’ATP ne peut être emmagasiné en quantité excessive dans la cellule.
Lorsque la quantité de glucose apportée à la cellule excède ses
besoins énergétiques, le surplus est stocké sous forme de longues
chaînes de glycogène, grâce à l’insuline : c’est le processus de
glycogenèse.
La glycogénolyse, stimulée par le glucagon, correspond au
catabolisme du glycogène, en cas d’augmentation des besoins en
glucose.
La néoglucogenèse correspond à la synthèse de glucose (dans le foie)
à partir de certains acides aminés et du glycérol (provenant des
triglycérides), en cas d’épuisement des stocks de glycogène.
La thermorégulation
Le métabolisme cellulaire dégage de la chaleur, reflétée par notre
température corporelle, comprise entre 36,8 oC et 37,2 oC. Le
maintien de cette température dépend d’un équilibre constant entre la
production de chaleur et son élimination.
La production de chaleur
La production de chaleur, accompagnant la production d’énergie
(synthèse d’ATP), a surtout lieu dans les organes dont l’activité
métabolique est intense :
L’évacuation de la chaleur
L’évacuation de la chaleur se fait surtout à la peau, seul niveau où un
contrôle de la déperdition de chaleur peut s’exercer (voir
chapitre 18). Les échanges de chaleur entre la peau et le milieu
ambiant suivent un gradient de concentration : la chaleur a
naturellement tendance à aller du milieu le plus chaud au milieu le
plus froid. Ces échanges se font selon quatre processus physiques :
rayonnement, convection (l’air chauffé au contact des parties
découvertes du corps s’élève, remplacé par de l’air froid), conduction
(transfert de chaleur d’un objet chaud en contact avec un objet froid)
et évaporation de la sueur (élimination de chaleur lors de la
conversion de l’eau en vapeur d’eau).
Le thermostat
Le thermostat, élément central de la thermorégulation, se situe dans
l’hypothalamus, (contenant des thermorécepteurs). Renseigné en
permanence sur notre température centrale par le sang qui l’irrigue,
l’hypothalamus peut augmenter la production de sueur par les
glandes sudoripares, via l’activation du système sympathique qui en
commande l’activité sécrétoire.
L’hypothalamus intervient également dans la thermorégulation par
l’intermédiaire du centre vasomoteur bulbaire, qui régule, via le
système sympathique, le calibre des artérioles du derme.
DANS CE CHAPITRE
Le tube digestif et les organes annexes
•
La chaîne de démontage des aliments
•
L’absorption des nutriments
Chapitre 16
Le système digestif
L
e système digestif reçoit la nourriture, puis la digère, autrement dit
la dégrade en molécules de nutriments, qu’il absorbe puis transfère
dans la circulation sanguine et lymphatique. Moins glorieux (en
apparence), il assure aussi l’élimination des résidus non digestibles et
non absorbés.
Le palais
Il est osseux en avant (os maxillaire et palatin) et mou en arrière
(voile du palais). Le palais osseux est une surface rigide, contre
laquelle la langue écrase les aliments. Le palais mou et la luette (qui
le prolonge en arrière) ferment le nasopharynx lors la déglutition,
pour bloquer le passage de l’air.
La langue
Elle est faite de dix-sept muscles, permettant sa mobilité dans
diverses directions et des changements de forme, selon les besoins de
l’élocution et de la mastication. Elle est reliée au plancher buccal par
le frein de la langue. Elle intervient dans la phonation, la mastication,
la déglutition et la perception du goût, dont elle est l’organe principal
grâce aux récepteurs sensoriels situés dans les papilles.
Les dents
Les dents, au nombre de trente-deux chez l’adulte, participent à la
digestion mécanique. Elles sont composées d’une couronne,
émergeant de la gencive et recouverte d’émail, et d’une racine,
enchâssée dans son alvéole osseuse. La cavité pulpaire s’étend au
centre de la dent, et contient la pulpe, harmonieux mélange de nerfs
et de vaisseaux sanguins. Ce contenu vasculo-nerveux pénètre dans la
dent par un petit orifice creusé à la pointe de chaque racine.
Figure 16.1 La coupe d'une molaire.
Selon leur position et leur forme, les dents ont une fonction
différente : les incisives, à bords aiguisés, et les canines, pointues,
servent à couper, perforer et déchirer les aliments. Les prémolaires et
les molaires, à large surface plate, servent à les broyer.
Le pharynx
Il reçoit le bol alimentaire en provenance de la bouche. C’est à son
niveau que la déglutition devient un acte automatique, avec fermeture
de l’épiglotte et du nasopharynx.
L’œsophage
Il est fermé (en dehors des repas) par les sphincters œsophagiens
supérieur et inférieur. Le sphincter supérieur ne s’ouvre qu’à
l’occasion des déglutitions, et le sphincter inférieur à l’arrivée des
aliments à son niveau. L’œsophage débouche dans l’estomac par
l’orifice du cardia.
L’estomac
Il se trouve dans la partie supérieure gauche de la cavité abdominale,
où il est entouré par le foie et le duodénum à droite, la rate à gauche,
le diaphragme au-dessus, l’intestin grêle et le côlon transverse en
dessous, le pancréas et le rein gauche en arrière, et la paroi
abdominale antérieure en avant.
Il est divisé en trois régions : le fundus en haut, le corps au milieu et
l’antre en bas, qui se termine au pylore. Sa paroi garde la structure de
base à quatre tuniques, mais la musculeuse comporte trois couches de
fibres musculaires lisses et la membrane muqueuse est riche en
glandes gastriques, associant des cellules sécrétoires, produisant le
suc gastrique, et des cellules endocrines, productrices de gastrine.
L’intestin grêle
S’étendant du pylore en haut au côlon en bas, l’intestin grêle est la
partie où se termine la digestion et où se déroule l’absorption des
nutriments. Il comporte trois parties : le duodénum (25 cm de long),
qui reçoit les sécrétions biliaires et pancréatiques, le jéjunum (2 m de
long) et l’iléon (3 m de long). Le processus d’absorption des
nutriments se fait principalement au niveau du duodénum.
Tout est fait pour offrir aux nutriments une surface maximale
d’absorption. De fait, la muqueuse du grêle présente trois
« stratagèmes » lui permettant d’augmenter sa surface et de jouer à
plein sa fonction d’absorption :
La digestion chimique
La digestion chimique est le processus qui achève la dénaturation des
multiples composants de notre repas, aboutissant à la formation des
nutriments simples, prêts à être absorbés. Elle repose sur l’action
combinée du suc intestinal, du suc pancréatique, de la bile et des
multiples enzymes liées aux membranes des microvillosités et
présentes dans les entérocytes :
• La bile contient les sels biliaires, qui assurent l’émulsification
(dissolution) des graisses ingérées et permettent l’absorption
des acides gras, du cholestérol et des vitamines liposolubles en
les rendant solubles dans l’eau. La vidange biliaire est
déclenchée par la cholécystokinine. La production de bile est
l’unique contribution du foie au processus de digestion. La bile
est stockée dans la vésicule biliaire, qui se contracte à l’arrivée
du chyme dans le duodénum, expédiant la bile dans une suite de
canaux, jusqu’au sphincter hépatopancréatique qui s’ouvre,
permettant le passage de la bile dans la lumière duodénale.
Le gros intestin
S’étendant de la valve iléo-cœcale à l’anus, le gros intestin se divise
en plusieurs segments :
La défécation
La défécation est enclenchée par le réflexe d’évacuation, qui
provoque la contraction du rectum et le relâchement des sphincters
anaux.
De quoi sont composées les selles ?
• De l’eau, qui constitue environ 50 % du poids total.
Le foie
Entouré par une capsule et divisé en quatre lobes, le foie présente à sa
face inférieure le hile hépatique où arrivent la veine porte, l’artère
hépatique et des fibres nerveuses du système nerveux autonome, et
d’où partent les canaux biliaires hépatiques.
• La formation de la bile.
• La production de chaleur : la formation d’ATP, dont le foie
est la principale usine de production, s’accompagne de la
production de chaleur qui participe au maintien de la
température corporelle aux environs de 37,2 oC.
Le pancréas
Il a une activité mixte : exocrine avec la sécrétion du suc
pancréatique, et endocrine avec la production de l’insuline et du
glucagon (voir chapitre 12). Il se divise en trois portions (tête, corps
et queue). Le pancréas exocrine est composé de multiples petits sacs,
appelés les acini pancréatiques, dans lesquels est produit le suc
pancréatique, déversé dans des canaux intercalaires, puis dans le
canal pancréatique, qui aboutit au duodénum.
DANS CE CHAPITRE
Le néphron, unité structurale
•
La formation de l’urine
•
La régulation du pH
Chapitre 17
Le système urinaire
E
n bref, le système urinaire est constitué de deux reins qui
fabriquent l’urine, de deux uretères qui l’acheminent des reins vers
la vessie, en attendant son excrétion (par la miction), et enfin de
l’urètre, par lequel l’urine est éliminée de la vessie vers l’extérieur.
Les reins
Ce sont deux organes en forme de haricot, de 12 centimètres de long
pour 6 centimètres de large, pesant environ 150 grammes et entourés
d’une enveloppe fibreuse, la capsule rénale, elle-même entourée
d’une couche de graisse. Ils sont plaqués contre la paroi abdominale
postérieure, en arrière du péritoine pariétal (les reins sont donc
rétropéritonéaux).
Pour chaque rein, la partie convexe du haricot est tournée vers
l’extérieur et la partie concave vers l’intérieur. Dans cette partie se
trouve le hile rénal, lieu de passage des vaisseaux sanguins et
lymphatiques, des nerfs et de l’uretère.
Le rein compte trois régions :
• Le cortex périphérique, recouvert par la capsule.
La formation de l’urine
Elle résulte de trois processus : la filtration du plasma, apanage du
glomérule, puis les étapes de réabsorption et de sécrétion, qui ont lieu
dans le tubule rénal.
Figure 17.1 Les éléments constitutifs d'un néphron et la formation de l'urine.
La filtration
La membrane de filtration du glomérule est perméable à tout ce que
contient le plasma sauf les molécules les plus volumineuses, à savoir
les protéines plasmiques (principalement l’albumine).
La filtration résulte d’une compétition entre trois pressions :
• La pression hydrostatique du plasma, qui « chasse » l’eau et
les solutés hors des vaisseaux.
• La pression osmotique du plasma, qui tend à « ramener »
l’eau et les solutés à l’intérieur des capillaires.
La réabsorption tubulaire
Elle permet de ramener, dans le sang circulant dans les capillaires
péritubulaires, la plus grande partie de ce qui compose l’urine
primitive (eau et électrolytes surtout), dans laquelle ne subsistent, in
fine, que des déchets du métabolisme, des produits toxiques et des
substances inutiles. Sans la réabsorption, le plasma serait entièrement
transformé en urine en moins d’une heure !
Les ions Na+ font l’objet d’une réabsorption par transport actif
(pompes à solutés), régulée par diverses hormones (aldostérone,
facteur natriurétique auriculaire). Pour les autres électrolytes et l’eau,
la réabsorption est le plus souvent passive, suivant un gradient
électrique ou osmotique établi par la réabsorption active du sodium.
L’hormone antidiurétique (ADH) module les transferts d’eau libre.
La sécrétion tubulaire
Elle est le processus inverse de la réabsorption : les mouvements de
substances se font du sang des capillaires péritubulaires vers l’urine
en formation dans la lumière du tubule.
L’équilibre de l’eau
Il correspond aux processus d’adaptation des sorties aux entrées
(constituées par l’eau « alimentaire ») :
• Les sorties d’eau « obligatoires » correspondent à l’excrétion
de l’eau par les poumons, les fèces, la transpiration cutanée,
auxquelles s’ajoute une diurèse minimale de 500 millilitres par
jour.
L’équilibre du pH
Il repose sur la ventilation pulmonaire (excrétion de CO2), les
systèmes tampons présents dans le sang (système acide
carbonique/bicarbonates) et les reins, dont la capacité à sécréter des
ions H+ dans l’urine en formation varie en fonction du pH sanguin.
Les uretères
Elles conduisent l’urine définitive du pelvis rénal à la vessie. La paroi
des uretères est faite de trois couches : une adventice externe (fait de
tissu conjonctif), une musculeuse intermédiaire (faite de fibres
musculaires lisses), et une muqueuse interne (recouverte d’un
épithélium transitionnel qui se poursuit dans la vessie).
L’urine ne « descend » pas dans les uretères sous l’effet de la
pesanteur. Elle est propulsée par une succession d’ondes
péristaltiques produites par la musculeuse et déclenchées par l’arrivée
de l’urine dans le pelvis rénal.
La vessie
Abritant provisoirement l’urine avant son élimination, elle s’ouvre
dans l’urètre au niveau du col vésical. Sa capacité peut s’élever
jusqu’à 1 000 millilitres, mais le besoin d’uriner apparaît au-delà
de 300 millilitres d’urine.
L’urètre
Il mène l’urine du col de la vessie vers l’extérieur, sur lequel il
s’ouvre par le méat urinaire. Il mesure 4 centimètres chez les
femmes, et le méat se situe entre l’orifice vaginal et le clitoris. Chez
les hommes, il mesure 20 centimètres et assure une double fonction,
le transport de l’urine et celui du sperme, et s’ouvre à l’extrémité du
pénis.
La vidange vésicale est sous la dépendance de deux sphincters : le
sphincter urétral interne, sous la dépendance du système nerveux
autonome, et le sphincter urétral externe, dont l’ouverture s’effectue
sous le contrôle de la volonté.
La miction
Elle est un acte volontaire qui commence involontairement, lorsque
l’accumulation d’urine dans la vessie excède 300 millilitres. Des
mécanorécepteurs sensibles à l’étirement et présents dans la paroi
vésicale transmettent un « message de distension » à la moelle
épinière et au cerveau. La stimulation réflexe du système
parasympathique se traduit par une contraction du muscle détrusor,
coïncidant avec une ouverture du sphincter urétral interne. Mais le
dernier mot revient au cerveau, qui commande l’ouverture volontaire
du sphincter urétral externe, si les conditions sont réunies pour une
miction « sereine ». L’évacuation urinaire peut alors être accélérée
par la contraction du diaphragme et des muscles de la paroi
abdominale, qui augmentent la pression dans la cavité pelvienne
(manœuvre de Valsalva).
Lorsqu’elle est inopportune, la miction peut être retenue (mais pas
indéfiniment !) par un maintien conscient de la fermeture du
sphincter urétral externe et la contraction volontaire des muscles du
plancher pelvien (muscle releveur de l’anus). Chez le nourrisson,
l’immaturité du système nerveux fait que la miction ne dépend que de
la boucle réflexe médullaire, le contrôle conscient n’apparaissant que
vers 2-3 ans.
Partie 4
Les systèmes de protection et
de défense
L’
immunité non spécifique correspond aux mécanismes innés de
défense, ce qui veut dire qu’elle est opérationnelle dès notre
venue au monde. Ces mécanismes innés sont de deux types :
L’épiderme
Couche la plus superficielle, l’épiderme est constitué par un
épithélium stratifié squameux kératinisé, fait de plusieurs strates de
cellules de formes différentes : cylindriques dans les couches
profondes, elles ont tendance à s’aplatir au fur et à mesure qu’elles se
rapprochent de la surface. L’épiderme n’est pas vascularisé, mais il
est « nourri » par les vaisseaux sanguins du derme sous-jacent. Il est
traversé par les poils et les canaux excréteurs des glandes sudoripares
et sébacées.
Cet épiderme contient quatre types cellulaires différents :
Le derme
Il est constitué d’un tissu conjonctif riche en fibres de collagène,
d’élastine et de réticuline. Séparé des structures sous-jacentes par
l’hypoderme, une couche de tissu graisseux sous-cutané, il est fait de
deux couches :
Les ongles
Dérivés de l’épiderme, ils sont constitués d’une plaque de kératine
dure et translucide. L’épiderme situé sous la plaque unguéale forme le
lit de l’ongle, de couleur rosée, car ils laissent transparaître les
nombreux capillaires du derme sous-jacent (sauf au niveau de la
lunule, ce croissant blanc situé près de la racine de l’ongle et surtout
visible au pouce). La partie proximale, ou racine de l’ongle, est
cachée sous la peau. Les ongles sont formés à partir de la matrice
unguéale, et servent à protéger les extrémités fragiles des doigts et
des orteils, à saisir des objets fins, à se gratter.
Les poils
Produits par les follicules pileux (invaginations de l’épiderme dans le
derme), les poils sont des amas de kératinocytes morts et chargés en
kératine dure. La racine est enchâssée dans le derme et traverse
l’épiderme, la tige s’élève au-dessus de la peau. La base du follicule
pileux s’élargit pour former le bulbe pileux, qui contient les cellules
kératinocytes, dont la multiplication mitotique permet la croissance
du poil. À chaque follicule pileux est affecté un muscle arrecteur du
poil, dont la contraction entraîne une horripilation (« chair de
poule »). Le poil est omniprésent, recouvrant l’ensemble de notre
surface cutanée, à l’exception de certaines régions telles que les
plantes des pieds et paumes des mains, les lèvres, ou, plus
confidentiel, le gland du pénis et les mamelons.
Fonctions de la peau
La protection est la fonction la plus importante, la peau constituant :
• Une barrière de défense physique, contre la pénétration de
microbes et de produits chimiques, protégeant également de la
déshydratation.
Les muqueuses
Tapissant la face interne des organes ouverts sur l’extérieur, elles
opposent aux intrusions microbiennes une barrière physique mais
surtout chimique, grâce à plusieurs substances :
Les cellules NK
Ces cellules tueuses naturelles attaquent les cellules infectées par un
virus et les cellules tumorales de rencontre. Elles libèrent, au contact
de la cellule à détruire, une enzyme, la perforine, qui creuse des trous
dans la membrane de l’indésirable. Par ces orifices, elles « injectent »
diverses enzymes mortelles pour la cellule cible.
Les interférons
Ce sont des protéines produites par des cellules infectées par un virus.
En bref, un virus se résume à un acide nucléique entouré d’une
membrane plasmique. Pour survivre et se multiplier, il doit infecter
une cellule afin de détourner à son profit les activités métaboliques de
cette cellule hôte. Celle-ci est incapable de se défendre contre cette
intrusion, mais peut produire des interférons, susceptibles de protéger
d’autres cellules contre la pénétration et la prolifération virale.
Le complément
Il s’agit d’un groupe de protéines produites par le foie et circulant
dans le plasma sous forme inactive. Leur activation se fait en cascade
selon deux voies (classique et alterne), avec plusieurs conséquences :
La réaction inflammatoire
Mode de réponse des tissus à de multiples formes d’agressions
(microbiennes, physiques ou chimiques), elle se définit en fonction
de sa durée : on parle d’inflammation aiguë ou chronique. La réaction
inflammatoire aiguë se manifeste par l’association de quatre signes
cardinaux (douleur, rougeur, gonflement et chaleur), et se déroule en
plusieurs étapes successives :
À
l’inverse du système immunitaire inné, finalement assez basique
(mais « rapide à l’allumage »), le système immunitaire spécifique
ou adaptatif fournit une défense admirablement sophistiquée
contre tout ce qui est reconnu comme le « non-soi ».
Les lymphocytes B
Les lymphocytes B sont les cellules effectrices de l’immunité
humorale. Ils mûrissent et acquièrent leur immunocompétence dans
la moelle osseuse. Leur immunocompétence se matérialise par
l’apparition, à la surface de leur membrane plasmique, d’un récepteur
spécifique d’un seul antigène. Autrement dit, la moelle osseuse
produit, avant tout contact antigénique, tous les clones de
lymphocytes B contre tous les antigènes potentiels, qui se chiffrent
par milliards.
Après contact avec son antigène spécifique, le lymphocyte B se
transforme en plasmocyte, capable de produire, en très grande
quantité, l’anticorps exactement complémentaire de l’antigène.
Dans l’immunité humorale, point n’est besoin de cellule présentatrice
de l’antigène, le contact se faisant directement entre le lymphocyte B
et son antigène correspondant.
Les lymphocytes T
Ce sont les cellules effectrices de l’immunité cellulaire. Leur
maturation dans le thymus correspond à une double discrimination, à
laquelle ne survivent que les lymphocytes T capables de reconnaître
le soi (matérialisé par les protéines du CMH), mais pas uniquement le
soi (la destruction des lymphocytes T autoréactifs, c’est-à-dire
présentant trop d’affinité avec les protéines du CMH, détermine
l’autotolérance). Les récepteurs d’un lymphocyte T « rescapé » de
cette discrimination sont tous identiques, et spécifiques d’un seul
antigène (présenté par une cellule présentatrice, en association avec
une molécule du CMH).
L’immunité humorale
Elle est donc le fait des lymphocytes B, dont la stimulation
antigénique a lieu surtout dans la rate et les nœuds lymphatiques (voir
chapitre 9).
Quand le lymphocyte B
rencontre son antigène
Le premier contact d’un lymphocyte B avec son antigène spécifique
déclenche l’expansion clonale : le lymphocyte B fixe l’antigène sur
son récepteur de surface. Ce complexe antigène-récepteur est ensuite
internalisé par endocytose, et cette internalisation déclenche la
multiplication du lymphocyte B, à l’origine de clones de lymphocytes
B, tous identiques et spécifiques du même antigène.
La majeure partie des cellules B clonées se transforment ensuite en
plasmocytes, capables de produire des anticorps spécifiquement
dirigés contre l’antigène. Ces anticorps sont expédiés dans la
circulation sanguine et « attrapent » tous les antigènes X qu’ils
rencontrent sur leur passage. Les complexes antigène-anticorps
subissent divers destins, qui aboutissent tous à leur éradication.
L’immunité cellulaire
Elle est donc le fait des lymphocytes T, devenus immunocompétents
après leur séjour intrathymique et qui, contrairement aux
lymphocytes B, tapis dans les organes lymphoïdes, circulent dans
l’ensemble du corps.
L’immunité humorale produit des anticorps reconnaissant (sans les
détruire directement) des agents étrangers présents à l’état « libre »
dans les liquides extracellulaires. À l’inverse, les effecteurs de
l’immunité cellulaire reconnaissent des agents modifiés, après
traitement dans les cellules présentatrices, et exercent leurs effets
destructeurs sur ces cibles cellulaires : cellules infectées, cellules
tumorales ou cellules de tissus greffés.
La coopération cellulaire
Les quatre types de lymphocytes T fonctionnent en étroite
collaboration :
A
lors que vous êtes presque arrivé à la fin de cet ouvrage, vont vous
être dévoilés les secrets de la génétique, dont la synthèse des
protéines et la réplication de l’ADN constituent les plus beaux
fleurons. La compréhension de ces épouvantails pour apprentis
médecins demande, entre autres qualités, certains rudiments de
secrétariat, comme vous allez le comprendre rapidement, et a valu
quelques prix Nobel de médecine à leurs illustres découvreurs (dont
le trio français Monod, Jacob et Lwoff…).
L’ADN
La structure de l’ADN
L’ADN (acide désoxyribonucléique), principal constituant des
chromosomes, contient le patrimoine génétique (génome).
L’information génétique portée par l’ADN est découpée en gènes,
dont le décodage va permettre la synthèse des protéines (au premier
rang desquelles les enzymes, indispensables à la synthèse de toutes
les autres molécules).
L’ADN est une macromolécule, formée de deux chaînes de
nucléotides enroulées l’une autour de l’autre et formant une double
hélice. Chaque nucléotide, unité de base de l’ADN, est formé de trois
sous-unités : un sucre (désoxyribose), un groupement phosphate et
une base (adénine, thymine, guanine ou cytosine). La double hélice
d’ADN est en fait une échelle tordue sur elle-même. Ses « montants »
verticaux sont constitués par la répétition de séquences « sucre-
phosphate » et ses « barreaux » horizontaux sont faits de la réunion
des bases provenant de chaque montant. La liaison (ou appariement)
des bases entre elles n’est pas aléatoire : A se lie toujours à T (bases
complémentaires), et C à G.
Le code génétique
« L’alphabet génétique », réduit à quatre lettres (A, T, C et G), semble
assez minable et, à première vue, incapable de fournir les directives
nécessaires à la production des protéines. En réalité, si l’ADN est un
livre, dont les gènes sont des chapitres, ses mots résultent de
l’assemblage de trois lettres parmi les quatre. Le nombre de triplets
possibles est donc 64. Chaque triplet de nucléotides code pour un
acide aminé donné (une protéine étant une chaîne d’acides aminés).
Le code génétique définit la correspondance entre triplets de bases et
acides aminés : 64 triplets pour 20 acides aminés possibles, cela
suppose qu’un même acide aminé (AA) puisse être produit à partir de
triplets différents.
Gènes et chromosomes
Un gène est constitué d’une suite bien définie de triplets, et code pour
une protéine spécifique. Le génome humain compte près
de 30 000 gènes, répartis le long des chromosomes.
Toutes les cellules nucléées de l’organisme
contiennent 46 chromosomes dans leur noyau, répartis en 23 paires,
22 paires d’autosomes et une paire de chromosomes sexuels, ou
gonosomes. Chaque paire d’autosomes est logiquement constituée
d’un chromosome provenant du père et de son homologue
parfaitement identique provenant de la mère. Ce qui n’est vrai qu’une
fois sur deux pour la 23e paire, celle des chromosomes sexuels : cette
fameuse 23e paire est composée d’un chromosome X, associé soit à
un autre chromosome X chez l’individu de sexe féminin, soit à un
chromosome Y, plus petit par la taille que le X, chez l’individu de
sexe masculin. Autrement dit, la 23e paire chromosomique est
toujours XX chez la femme et XY chez l’homme. La détermination
du sexe d’un enfant dépend donc uniquement du type (X ou Y) du
23e exemplaire chromosomique contenu dans le spermatozoïde
fécondant l’ovule (qui, lui, est toujours X).
Les chromosomes portent toujours la même information génétique,
identique d’une cellule à l’autre chez un même individu. Deux
exceptions à cette règle :
• Les globules rouges qui n’ont pas de noyaux ;
La transcription
L’ARNm est formé lors de la transcription (recopiage de
l’information portée par un gène), qui a lieu dans le noyau.
La double hélice d’ADN est un univers clos. Le décodage d’un gène,
bien enfoui au sein de la molécule d’ADN, suppose une première
opération : l’ouverture de la double hélice, sur une portion bien
limitée (la portion correspondant au gène à transcrire). Sur le brin
d’ADN « matrice », c’est-à-dire le moule qui va servir à la formation
de l’ARNm, une petite séquence de bases, appelée promoteur,
précède le point de départ du gène à transcrire.
La traduction
L’ARNr et l’ARNt interviennent dans la traduction de l’information
portée par l’ARNm, dans le cytoplasme.
L’ARNm, dont les « mots » sont des triplets de bases, va être traduit
en un autre texte, la protéine, dont les « mots » sont des acides
aminés. Pour ce faire, il « s’accouple » à la petite sous-unité du
ribosome (voir chapitre 3), qui se comporte comme une « tête de
lecture » et défile le long de la chaîne d’ARNm. Il en déchiffre les
codons successifs, correspondant chacun, selon le code génétique
décrit plus haut, à un des vingt acides aminés disponibles.
Dans le même temps, la grande sous-unité du ribosome assure la
formation des liaisons peptidiques entre les acides aminés successifs,
apportés par les ARN de transfert (ARNt). Chaque acide aminé,
prélevé dans un « vivier » d’AA barbotant dans le cytoplasme, est en
effet amené au ribosome par une petite molécule d’ARN en forme de
trèfle, spécifique de l’AA en question, appelée ARN de transfert ou
ARNt (voir chapitre 3).
Et la protéine s’allonge, comme un collier sur lequel on enfile des
perles une à une. Le signal de début de la synthèse protéique est
donné par un codon dit initiateur (codon AUG) et le signal de fin par
un codon d’arrêt, dont il existe trois spécimens (UAA, UGA ou
UAG). Lorsqu’un codon d’arrêt passe devant la tête de lecture du
ribosome, la synthèse s’interrompt et la protéine se détache du
ribosome. Elle peut soit rester au sein de la cellule où elle a été
produite, soit être exportée pour répondre à des fonctions « à
distance », comme c’est le cas pour une protéine hormonale ou un
anticorps par exemple.
Le cycle cellulaire
Sous ce terme se cache une multitude de processus complexes,
permettant à tout être vivant de croître, de se réparer et de se
reproduire. La plupart des cellules de l’organisme ont la capacité de
se diviser, par un processus appelé mitose, au cours duquel une
cellule « mère » contenant dans son noyau 23 paires de chromosomes
se divise, donnant « naissance » à deux cellules « filles », identiques
entre elles et fidèles répliques de leur cellule mère. La production des
cellules sexuelles, dont la fusion est la première étape du processus
de reproduction, obéit à une forme différente de division cellulaire :
la méiose.
Le cycle cellulaire comporte deux périodes : l’interphase, ou phase de
repos entre deux divisions cellulaires, et la phase de division
proprement dite, ou mitose.
L’interphase
Cette phase de « repos » est bien mal nommée : c’est précisément
durant l’interphase que se déroulent la plupart des activités
métaboliques de la cellule, dont la réplication de son ADN et la
préparation de sa division à venir.
L’interphase est subdivisée en trois sous-phases : Gl, S et G2. La
réplication de l’ADN a lieu durant la sous-phase S, fournissant à
terme deux copies rigoureusement identiques de l’ADN originel.
Cette réplication débute par le déroulement de la double hélice et son
ouverture, comme dans le processus de transcription, par
l’intervention d’une enzyme, fort opportunément nommée hélicase.
À terme, la molécule d’ADN est séparée en deux brins de nucléotides
exposant leurs bases et servant chacun de matrice pour la fabrication
d’une chaîne de nucléotides complémentaires (A s’associant toujours
à T et C à G).
Figure 20.2 La réplication de l'ADN.
La mitose
La mitose (ou phase M), définissant la suite d’événements permettant
de répartir l’ADN répliqué de la cellule mère vers les deux cellules
filles, est un processus continu divisé en quatre phases : la prophase,
la métaphase, l’anaphase et la télophase.
La prophase
Durant la prophase, les chromatides sœurs, toujours reliées par le
centromère, se condensent et deviennent visibles au microscope.
Simultanément se constitue l’appareil mitotique, fait d’un réseau de
microtubules, tendus entre deux organites intracytoplasmiques (les
centrioles), qui migrent chacun à un pôle opposé de la cellule. Dans
le même temps, la membrane du noyau se fragmente et disparaît,
libérant les chromatides dans le cytoplasme.
La métaphase
Au cours de la métaphase, les chromatides se regroupent au milieu de
la cellule et s’alignent au centre du fuseau mitotique, à mi-chemin des
deux pôles cellulaires, sur un plan fictif logiquement nommé équateur
(ou plaque équatoriale). À ce stade, les chromatides s’arriment au
fuseau par leurs centromères.
L’anaphase
Lors de l’anaphase, le centromère reliant les chromatides sœurs se
scinde, libérant les deux chromosomes identiques. Les chromosomes
issus de cette scission migrent chacun vers un pôle de la cellule, par
l’effet d’une rétraction des microtubules sur lesquels ils sont arrimés
par leur centromère. Durant cette phase, particulièrement brève, les
chromosomes sont très compacts et adoptent une forme en V, pointe
(en l’occurrence le centromère) tournée vers le pôle.
La télophase
Enfin, la télophase, qui est la phase inverse de la prophase : les
chromosomes sont amassés, en deux jeux identiques, à chaque pôle
de la cellule. Ils se déroulent et perdent progressivement leur
visibilité au microscope. Simultanément, une nouvelle membrane
nucléaire se referme petit à petit autour des amas opposés de
chromosomes, le fuseau mitotique se désintègre et la cellule mère,
brièvement propriétaire de deux noyaux distincts, se déforme en
sablier avant de se séparer en deux cellules filles, strictement
identiques entre elles et entrant, à leur tour, en interphase.
La méiose I
La méiose I est précédée, comme pour la mitose, d’une réplication de
l’ADN. Mais, à la différence de la mitose, les chromosomes
dupliqués (ou chromatides) se rapprochent puis s’accolent à leurs
chromosomes homologues sur toute leur longueur. Ce processus
d’accolement, nommé synapsis, aboutit à la formation de tétrades,
ainsi nommées puisqu’elles sont constituées de quatre chromosomes
étroitement emmêlés.
La première division méiotique succède à cet étrange
« accouplement » chromosomique, et suit les étapes classiques de la
division mitotique (prophase, métaphase, anaphase et télophase), à
quelques distinguos près. Au cours de la métaphase de la méiose I, ce
sont les tétrades qui s’alignent sur la plaque équatoriale, et lors de
l’anaphase, les centromères ne se scindent pas. Ainsi, les deux
chromatides sœurs restent unies et migrent en bloc vers un pôle de la
cellule. Finalement, ce sont donc les chromosomes homologues
(chacun constitué de deux chromatides sœurs toujours réunies par
leur centromère), qui migrent vers les deux pôles de la cellule.
À la fin de la méiose I, la cellule mère a bien engendré deux cellules
filles, contenant un nombre haploïde de chromosomes quelque peu
« trafiqués » (du fait du crossing-over), mais une quantité diploïde
d’ADN, les chromatides sœurs (chromosomes dupliqués) n’ayant pas
été séparées lors de l’anaphase. Rien à voir donc, sur le plan
génomique, entre cellule mère et cellules filles, et entre les cellules
filles entre elles.
Figure 20.4 Les phases de la méiose.
La méiose II
La méiose II suit également les phases habituelles de la division
cellulaire, et chaque cellule fille de la méiose I produit elle-même
deux cellules filles qui, cette fois, sont haploïdes en nombre de
chromosomes et en quantité d’ADN.
Les quatre « petites-filles » n’ont évidemment rien de commun avec
leur grand-mère, contenant chacune 23 chromosomes « hybrides »
(ou recombinés), porteurs de gènes parentaux mélangés. La fusion
d’une de ces cellules haploïdes provenant du père avec une cellule
tout aussi haploïde d’origine maternelle va créer une première cellule
diploïde (à 23 paires de chromosomes), nommée zygote, qui, à la
faveur de millions de mitoses successives, aboutit à la création d’un
nouvel être humain. Celui-ci, du fait du brassage des gènes survenu
au cours de la première division méiotique, aura certes des
ressemblances avec ses géniteurs et les membres éventuels de sa
fratrie, mais restera un individu original, unique et à nul autre pareil.
L’hérédité autosomique
Dans l’hérédité autosomique, l’échange se fait selon le mode
dominant/récessif.
Prenons un exemple ! La 3e paire de chromosomes, présente dans
toutes les cellules nucléées de votre organisme, est faite, comme
l’indique son nom, de deux chromosomes : l’un provenant de votre
père, l’autre de votre mère. Entre autres gènes, chacun de ces
chromosomes porte le gène « couleur des yeux », situé au même
endroit (ou locus) de vos deux chromosomes 3. Ces deux gènes
homologues, codant chacun pour le caractère « couleur des yeux » et
situés sur des locus symétriques, sont appelés allèles.
Si ces allèles sont identiques, c’est-à-dire que les gènes codent pour
la même couleur, vous êtes homozygote. Si les gènes codent pour des
couleurs différentes, l’allèle « dominant » supprime l’expression de
l’allèle « récessif ». Les gènes récessifs ne peuvent donc s’exprimer
que chez les individus homozygotes.
En réalité, la couleur des yeux dépend de l’expression de plusieurs
gènes. C’est le cas pour la plupart des caractéristiques phénotypiques.
On parle alors d’hérédité polygénique. Cependant, quelques
phénotypes sont déterminés par une transmission autosomique
simple, c’est-à-dire dépendants d’un seul couple d’allèles, qui
peuvent être dominants ou récessifs.
L
e système génital est le seul, de tous les systèmes vus jusqu’à
présent, dont l’ablation ne compromet pas la vie de son (ex)
propriétaire, au sens physiologique du terme. Il est totalement
différent chez l’homme et la femme mais « complémentaire » entre
les deux sexes. Il reste « en hibernation » jusqu’à la puberté, au-delà
de laquelle il devient fonctionnel.
L’orifice vaginal
L’orifice vaginal s’ouvre dans le vestibule, et il est partiellement
fermé, chez la « vraie jeune fille », par l’hymen. Cette fine membrane
très vascularisée (avec les conséquences que l’on sait, chères à
certaines ethnies lors de la défloration !) est incomplète, permettant
l’évacuation du sang menstruel.
Le clitoris
Le clitoris se situe en avant du vestibule, à l’union des petites lèvres.
Bien que sa première description écrite remonte au 16ème siècle, son
anatomie exacte n’est connue que depuis quelques années, ce qui en
fait l’un des organes du corps humain le plus longtemps méconnu et
(volontairement ?) ignoré…
Cette anatomie repose sur le principe de l’iceberg ! La partie émergée
est représentée par le gland du clitoris, d’environ 5 mm de long,
recouvert par le capuchon clitoridien, ou prépuce, formé par la
convergence des petites lèvres. Ce petit « bouton de rose », cher au
poète, se prolonge à l’intérieur du corps par diverses structures de
tissu érectile, d’une longueur totale de 10 à 12 cm : les piliers du
clitoris, les corps caverneux du clitoris et les bulbes du vestibule. Ces
structures, en forme de V, entourent les parois du vagin et de l’urètre,
puis convergent vers le corps du clitoris.
Figure 21.2 L’anatomie complète du clitoris.
Le périnée
Le périnée est la région allant du vestibule en avant à l’anus en
arrière, dans laquelle s’insèrent la plupart des muscles formant le
plancher pelvien.
L’utérus
L’utérus, situé dans la cavité pelvienne, entre la vessie en avant et le
rectum en arrière, est un organe creux à paroi épaisse, dont la forme
et la taille sont à peu près celles d’une poire renversée. Le plus
souvent, l’utérus est en antéversion, c’est-à-dire fléchi vers l’avant et
recouvrant la vessie. Il se présente en trois parties :
Les ovaires
Les ovaires sont les deux gonades féminines, situées de part et
d’autre de l’utérus, auquel elles sont reliées par les ligaments larges.
Chaque ovaire, emballé dans une membrane fibreuse (l’albuginée),
est constitué de deux régions :
Les seins
Les seins sont des glandes exocrines. Ce sont des organes présents
chez les deux sexes, mais fonctionnels uniquement chez les femmes
pendant la période de lactation (sous l’effet de la prolactine et de
l’ocytocine).
Ils sont recouverts de peau présentant une zone centrale pigmentée,
l’aréole, elle-même centrée par le mamelon. La surface irrégulière de
l’aréole est liée à sa richesse en glandes sébacées, dont les sécrétions
préviennent les lésions mamelonnaires au cours de l’allaitement.
Les glandes mammaires sont des glandes exocrines, apparentées aux
glandes sudoripares de la peau, et faisant, à ce titre, partie du système
tégumentaire. Chaque sein se compose d’une vingtaine de lobes,
irradiant à partir du mamelon. Chaque lobe est lui-même constitué de
plusieurs lobules, qui contiennent les alvéoles glandulaires produisant
le lait. Les lobules déversent leur production dans des conduits
lactifères (ou canaux galactophores), qui se dirigent tous vers le
mamelon, où ils s’ouvrent sur l’extérieur.
Les lobes de la glande mammaire sont séparés les uns des autres par
de la graisse et du tissu conjonctif, ce dernier formant les ligaments
suspenseurs du sein (une sorte de « soutien-gorge interne »), tendus
entre le derme superficiel et les muscles profonds.
Figure 21.3 La structure du sein.
La puberté
La puberté correspond à l’apparition des premières règles (ou
ménarche), qui précède de quelques mois à quelques années la
période de fécondité, puis des caractères sexuels secondaires, sous
l’influence de la production d’œstrogènes par les ovaires. On y
compte le développement des seins, l’apparition de la pilosité
axillaire et pubienne, la concentration de la graisse sous-cutanée sur
les hanches et les seins, l’élargissement du bassin, la maturation des
organes génitaux externes et internes.
Le cycle menstruel
Le cycle menstruel dure en moyenne 28 jours, et correspond à une
succession d’événements morphologiques et fonctionnels, répondant
à une « cascade » de sécrétions hormonales.
Si l’on part du principe que l’ovulation se produit toujours au 14e
jour, le cycle menstruel comporte les phases suivantes.
L’ovulation à Jl4
L’ovulation consiste en l’expulsion de l’ovule par le follicule
ovarique arrivé à complète maturité. Ce processus bref est déclenché
par la sécrétion brutale de LH (pic ovulatoire).
La ménopause
Elle marque la fin de la période de fertilité et traduit la perte
progressive de la capacité des ovaires à produire les œstrogènes. Les
cycles deviennent irréguliers, puis les règles s’arrêtent. D’autres
symptômes trahissent l’arrêt de la sécrétion d’œstrogènes : bouffées
de chaleur, sécheresse vaginale, perte de la pilosité pubienne et
axillaire, atrophie de la peau, des seins et des organes génitaux
externes et internes, irritabilité, voire dépression, diminution de la
masse osseuse, etc.
Le plaisir
Chez l’homme, l’excitation sexuelle se résume, à peu de chose près, à
l’érection. Chez la femme, les manifestations de l’excitation sexuelle
sont certes moins « proéminentes », mais beaucoup plus diffuses :
gonflement des seins, érection des mamelons et du clitoris,
lubrification vaginale à partir des glandes vestibulaires, engorgement
sanguin des petites lèvres et de la muqueuse vaginale, etc.
Chez les femmes, l’orgasme est la phase ultime (mais facultative) de
la réponse sexuelle. Il ne se traduit pas par une éjaculation (et n’a
donc aucun rôle direct dans la procréation), mais par divers
« symptômes » : augmentation des fréquences cardiaque et
respiratoire, contractions utérines, contractions musculaires diffuses,
etc.
Les testicules
Les testicules sont les gonades mâles productrices des
spermatozoïdes.
Chaque testicule est entouré par deux couches tissulaires :
Le pénis
Il est constitué d’une racine fixe, cachée dans le périnée, et d’un
corps mobile, terminé par le gland du pénis, recouvert (dans le cas
d’un pénis non circoncis) d’une peau lâche et rétractable, le prépuce.
Sa mobilité est due aux trois cylindres de tissu érectile, étendus sur
toute sa longueur : les deux corps caverneux (de part et d’autre de la
ligne médiane, sur la face dorsale du pénis) et le corps spongieux. Le
tissu érectile est un réseau de tissu conjonctif, dont la texture n’est
pas sans rappeler celle d’une éponge. Ce tissu est donc fait de cavités,
plutôt vides « au repos », mais qui ne demandent qu’à se remplir de
sang « si nécessaire ».
La puberté
Elle débute avec la sécrétion de testostérone (stimulée par la LH), à
l’origine du déclenchement de la production des spermatozoïdes et de
l’apparition des caractères sexuels secondaires : poussée de
croissance osseuse et musculaire, apparition de la pilosité masculine,
augmentation du volume des organes génitaux externes et de la
prostate, développement du larynx et des cordes vocales, provoquant
la mue de la voix, épaississement de la peau et développement des
glandes sudoripares et sébacées.
La spermatogenèse
Elle dure environ trois mois et se déroule, à partir des cellules
germinales, dans les tubes séminifères contournés des lobules
testiculaires. Elle est stimulée par la production de FSH. Ce processus
aboutit à la formation des spermatozoïdes.
Un spermatozoïde comporte une tête, contenant le noyau haploïde
à 23 chromosomes et l’acrosome (un lysosome spécialisé contenant
les enzymes), une pièce intermédiaire, riche en mitochondries, et une
queue, constituée par le flagelle.
La réponse sexuelle
La réponse sexuelle de l’homme comprend l’érection et
l’éjaculation :
• L’érection est due au remplissage sanguin des corps
caverneux, répondant à une activation du système
parasympathique. L’excitation sexuelle est en effet obtenue par
diverses stimulations à caractère érotique, par le toucher, mais
aussi par les autres sens, ce qui entraîne une activation du
système nerveux parasympathique, qui ouvre les vannes des
artérioles irriguant les corps caverneux.
C
et ultime chapitre, qui aurait d’ailleurs pu être le premier, est le
compte rendu d’un processus absolument époustouflant : de la
fusion de deux gamètes, le spermatozoïde et l’ovule, va se
constituer un être humain complet, c’est-à-dire pourvu de tous les
systèmes mentionnés tout au long de cet ouvrage !
La fécondation
Elle correspond à la fusion d’un spermatozoïde et d’un ovule,
possible trois jours avant et un jour après l’ovulation. En effet,
l’ovule survit moins de 24 heures après son expulsion ovarienne, et
les spermatozoïdes ne conservent leur pouvoir fécondant que 48 à
72 heures après éjaculation.
Sur les 400 millions de spermatozoïdes « lâchés » dans le vagin de la
partenaire, seuls quelques milliers arrivent dans les trompes utérines.
Pendant leur migration dans les voies génitales féminines, les
spermatozoïdes subissent une destruction méthodique par l’acidité
vaginale, la glaire cervicale et d’autres macrophages présents dans
l’endomètre utérin. À la suite de quoi ils traversent l’ultime épreuve :
la capacitation, qui correspond à la fragilisation progressive de leur
membrane permettant, à l’arrivée au contact de l’ovule, la libération
des enzymes contenues dans l’acrosome (voir chapitre 21).
Un seul spermatozoïde est fécondant, et sa fusion avec l’ovule, dans
une trompe utérine, forme un « œuf » diploïde à 23 paires de
chromosomes : le zygote. Cette fusion réussie bloque immédiatement,
par un phénomène de dépolarisation membranaire (voir chapitre 3),
toute nouvelle tentative de pénétration ovulaire par un autre
spermatozoïde.
La phase préembryonnaire
Elle comporte deux phénomènes importants : la formation du
blastocyste, puis son implantation (ou nidation) dans la muqueuse
utérine.
Dans sa première semaine d’existence, le zygote diploïde « flotte »
dans la lumière utérine et n’a pour seule fonction que de se diviser
par mitoses successives. À sept jours de la fécondation, il est devenu
blastocyste.
La formation du blastocyste
La formation du blastocyste succède aux mitoses successives du
zygote. Ses cellules les plus périphériques (cellules trophoblastiques)
forment sa paroi et ses cellules les plus internes forment
l’embryoblaste.
Figure 22.1 L'embryon au stade de blastocyste.
L’implantation du blastocyste
L’implantation du blastocyste est due aux cellules trophoblastiques,
qui adhèrent à la muqueuse utérine puis l’érodent, y creusant une
véritable niche dans laquelle le blastocyste s’enfouit progressivement.
Vers le 14e jour postfécondation, le blastocyste est entièrement
recouvert par la muqueuse. La couche de cellules trophoblastiques se
divise en deux : une couche interne, le cytotrophoblaste, et une
couche externe très proliférante, le syncytiotrophoblaste, qui
« creuse » la muqueuse utérine.
L’hormone chorionique gonadotrope (hCG), produite par le
syncytiotrophoblaste, stimule le corps jaune dans sa production
hormonale (et court-circuite l’axe hypothalamohypophysaire,
empêchant la menstruation).
La phase embryonnaire
Durant six semaines environ, elle correspond à la mise en place de
tous les tissus et systèmes, dont la phase fœtale ne fera qu’assurer
ultérieurement la croissance et la spécialisation.
L’embryon didermique et la
cavité amniotique
Pendant son implantation, l’embryoblaste (l’amas de cellules
internes) se divise d’abord en deux couches : l’épiblaste au-dessus,
dont dériveront tous les tissus et les organes futurs, et l’hypoblaste en
dessous, à l’origine du sac vitellin. Ce vitellus n’a pas de fonction
nutritive chez l’embryon humain, nourri à partir du placenta. Il est
néanmoins essentiel, car il participe à la formation du tube digestif,
des premières cellules et vaisseaux sanguins, et des futures gonades.
Entre épiblaste et cytotrophoblaste se creuse la cavité amniotique (ou
amnios), remplie de liquide amniotique qui protège l’embryon des
chocs et variations thermiques tout en lui assurant une certaine
« liberté de mouvement ». L’amnios persiste jusqu’à
l’accouchement : c’est la « poche des eaux », dont la rupture annonce
l’imminence de l’accouchement. D’abord dérivé du plasma maternel,
ce liquide provient ensuite en grande partie de l’urine du fœtus.
L’embryon tridermique
Il se constitue lors du processus de gastrulation. Tout commence
lorsque apparaît, au milieu de l’épiblaste, une dépression nommée
ligne primitive, qui établit l’axe longitudinal de l’embryon, autour
duquel il va se construire de façon symétrique. Ensuite, des vagues
successives de migrations cellulaires, qui s’engouffrent dans cette
ligne primitive, vont créer, à partir de l’épiblaste, les trois feuillets
embryonnaires primitifs : l’endoderme, le mésoderme et l’ectoderme.
L’organogenèse
De ces trois feuillets embryonnaires primitifs vont dériver, par des
processus de migration et de spécialisation cellulaires, tous les tissus
et organes :
• De l’ectoderme dérivent principalement la peau et ses
annexes, le système nerveux, une partie de l’œil, l’émail des
dents, certains os du crâne et du massif facial.
• Du mésoderme proviennent les systèmes génital et urinaire,
tous les tissus musculaires, les systèmes sanguin, vasculaire et
lymphatique, les cartilages, les os et les divers tissus conjonctifs
de l’organisme.
La placentation
Tous les processus décrits plus haut ne se font pas sans apports de
nutriments en quantité impressionnante. Ces apports, d’origine
maternelle, arrivent à l’embryon par l’intermédiaire du placenta.
Le placenta est constitué à partir de deux organismes différents, celui
de la mère (couche fonctionnelle de l’endomètre utérin) et celui de
l’embryon (villosités chorioniques, formées à partir de la couche
pluricellulaire qui entoure l’amnios, le sac vitellin et l’embryon), et
assure les apports de nutriments et d’O2 à l’embryon et l’évacuation
de ses déchets métaboliques. Les deux circuits sanguins ne sont
jamais en contact direct, mais séparés par la barrière hémato-
placentaire à travers laquelle ont lieu les échanges mère-fœtus.
Traversent cette barrière gaz, nutriments et déchets, mais également,
malheureusement, les substances toxiques, les toxines microbiennes,
les virus et les parasites. Le placenta est un organe transitoire, qui
devient inutile après l’accouchement.
C’est aussi une glande endocrine provisoire, produisant l’hCG, qui
stimule le corps jaune, puis les œstrogènes et la progestérone. Le
placenta produit également, entre autres, la relaxine, une hormone qui
assouplit la symphyse pubienne et les ligaments pelviens, facilitant
l’accouchement.
La circulation sanguine embryofœtale repose sur la veine et les deux
artères ombilicales, principaux constituants du cordon ombilical
reliant le fœtus au placenta. Cette circulation « shunte » les poumons
fœtaux, non fonctionnels jusqu’à l’accouchement.
La phase fœtale
Elle s’étend de la 9e semaine de grossesse à l’accouchement et se
caractérise par la croissance et la spécialisation des tissus et des
organes, ébauchés pendant la phase embryonnaire. D’un embryon
mesurant 4,5 centimètres et pesant 5 grammes à la fin de la 8e
semaine, la phase fœtale va produire un « petit d’homme » mesurant
environ 55 centimètres et pesant 3,5 kg en moyenne (alors que la
prise de poids maternelle oscille autour de 14 kg en fin de grossesse).
L’accouchement
Il regroupe tous les événements menant à l’expulsion du fœtus à
l’extérieur de l’utérus maternel, vers la 40e semaine d’aménorrhée :
La lactation
Elle se prépare durant la grossesse, sous l’influence des œstrogènes et
de la progestérone (produits par le corps jaune puis le placenta), et de
l’hormone placentaire lactogène. L’effondrement de ces sécrétions
hormonales après la délivrance libère la production de prolactine, qui
enclenche le processus de lactation. La pérennisation de ce processus
est liée aux stimulations sensitives du mamelon lors de la succion, qui
permettent le maintien des sécrétions de prolactine et d’ocytocine.
La production continue de prolactine pendant la lactation inhibe le
rétablissement du cycle hypothalamohypophyso-ovarien et empêche
donc le retour des règles. Cependant, cette inhibition est plus que
faible, et les ovulations reprennent habituellement avant le sevrage,
ouvrant la possibilité à de nouvelles fécondations.
Le lait maternel (colostrum puis lait mature) est l’aliment le plus
adapté à la croissance et à la protection du nourrisson. Avant la
production du lait dit mature (ou « montée de lait »), trois à quatre
jours après l’accouchement, les glandes mammaires produisent un
lait « allégé », le colostrum. Celui-ci est en effet presque dépourvu de
matières grasses, mais contient beaucoup de protéines, de glucides,
de sels minéraux, de vitamines et les fameuses IgA sécrétoires (voir c
hapitre 19), qui protègent le tube digestif du nourrisson des infections
bactériennes.
L’apparition des lipides correspond à la production du lait maternel
mature, qui contient, outre les IgA sécrétoires, de nombreuses
substances protectrices pour le bébé (dont le système immunitaire est
encore immature), telles que le lysozyme et les protéines du
complément.
Sommaire
Couverture
Je découvre le corps humain pour les Nuls, grand
format
Copyright
À propos de l'auteur
Introduction
Les icônes utilisées dans ce livre
Le tissu conjonctif
Le tissu musculaire
Le tissu nerveux
Les membranes
Le vol de repérage
Chapitre 7. Le cœur
Ouvrez votre cœur !
La physiologie du cœur
Devenez plombier !
Atlas-routier.com
Le tissu lymphatique
L’oreille
L’odorat
Le goût
L’axe hypothalamohypophysaire
Le pancréas
Les gonades
Les articulations
Le processus de la respiration
Le métabolisme
Les uretères
La vessie
L’urètre
La miction
L’immunité humorale
L’immunité cellulaire
Partie 5. La génétique et la reproduction
Chapitre 20. Les principes de génétique
L’ADN
Le cycle cellulaire
La phase préembryonnaire
La phase embryonnaire
La phase fœtale
L’accouchement
La lactation