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Présentation
Ainsi, les chimistes ont-ils essayé de donner une représentation des molécules qui y
traduise le mieux possible la répartition des électrons.
Si la quantique a permis une compréhension approfondie de la structure
électronique des atomes et molécules, des modèles simples et donnant des indications
importantes sont toujours utilisés par les chimistes : il s’agit de la théorie de Lewis, où
les représentations des molécules sont planes, et de la méthode VSEPR, prolongement
stéréochimique si l’on peut dire, de la théorie de Lewis. Toutes deux sont développées
dans ce chapitre.
Les électrons de cœur, très liés au noyau, ne participent pas à la formation des
liaisons chimiques : nous ne considérerons, dans la suite, que les seuls électrons de
valence des atomes, seuls responsables de la réactivité de l’atome et seuls mis en jeu
dans l’édifice polyatomique qu’est l’entité chimique. Enfin, notons qu’une entité
chimique est stable parce que l’énergie totale des atomes liés par des liaisons chimiques
est inférieure à celle de ces atomes séparés.
Objectifs de ce chapitre
Pour former une liaison, chacun des électrons apporte un électron ou l’un des deux
électrons apporte le doublet :
H Cl H Cl
C’est un seul atome qui apporte le doublet d’électrons pour constituer la liaison
covalente.
L’espèce qui apporte le doublet est le donneur : il est appelé base de Lewis
L’espèce qui accepte le doublet est l’accepteur : il est appelé acide de Lewis
Il y a formation d’un adduit de Lewis
La liaison covalente formée est appelée dans ce cas liaison de coordination.
H
Cl H Cl
H N + -
Al Cl H N Al Cl
H
Cl H Cl
base de Lewis acide de Lewis adduit de Lewis
Il y a déplacement d’un doublet d’électrons : flèche entière
Rem : les liaisons sont assurées par des paires d’électrons dites liantes, les atomes
peuvent porter des paires libres.
Le schéma de Lewis d’un atome ne fait apparaître que ses électrons de valence, disposés
autour du symbole chimique de l’atome. On y distingue les paires d’électrons figurées
par deux points ou un tiret, et les électrons seuls, figurés par un point.
H He
Li Be C N O F Ne
B
Eléments de transition :
Ex : cobalt : Z =27 : 1s2 2s2 2p6 3s2 3p6 4s2 3d7 : Co possède 2+7 = 9 électrons
de valence :
Un doublet électronique peut être représenté soit par deux points proches ou
bien par un tiret.
3. Règle de l’octet
a. énoncé
Cette règle fut introduite par le chimiste allemand Richard Abegg, dès 1904 :
Ecriture de quelques schémas de Lewis : il y a des doublets liants et des doublets non-
liants (libres).
édifice Schéma
HCl H : 1 électron de valence
Cl : 7 électrons de valence
Cl : Z=17 Cl : Z=17
1+7 = 8 8/2 = 4
Cl2
Cl : Z=17
N2
N : Z=7
NH4+
N : Z=7 H : Z=1
CO32-
C : Z=6 O : Z=8
PH3
P : Z=15 H : Z=1
AlCl3
Al : Z=13 Cl : Z=17
Définition :
S : Z=16 F : Z=9
PCl5
P : Z=15 Cl : Z=17
La règle de l’octet est bien vérifiée pour chacun des atomes de fluor, mais l’atome central
de soufre est lui entouré de 12 électrons, soit 6 doublets. Cette molécule existe
cependant bel et bien !
Conclusion : certains atomes peuvent être entouré de plus de 8 électrons : ce sont des
atomes dits « hypervalents ». Ils disposent d’OA nd susceptibles d’accueillir des
électrons.
Cette hypervalence est totalement exclue pour les atomes de la période n°2 :
C, N, O et F.
Attention, notons bien que cette règle n’est pas aussi uniformément suivie par les
éléments du bloc d que ne l’est la règle de l’octet pour les éléments des premières
périodes.
Elle possède une propriété magnétique particulière : elle est paramagnétique. (Elle est
détectée par spectroscopie R.P.E Résonance Paramagnétique Electronique).
NO
N : Z=7 O : Z=8
a. Définition et calcul
C’est la charge, que nous noterons Zf , que porte un atome dans un édifice en admettant
que les électrons des liaisons sont équitablement partagés entre les atomes liés.
b. exemples
ClO4-
Cl : Z=17 O : Z=8
NO3-
N : Z=7
O : Z=8
CO
C : Z=6 O : Z=8
L’énergie de liaison notée DAB de la liaison AB est l’énergie à fournir afin de dissocier la
molécules en les atomes A et B (ou les groupes d’atomes), en phase gazeuse.
DAB est donc associée à la réaction :
La longueur de la liaison AB dAB est égale à la distance entre les noyaux des atomes A et
B à l’équilibre.
H H
H H
H H
0
distance internuclÈaire
- 436 kJ.mol-1
74,14 pm
Initialement, les deux atomes sont suffisamment éloignés pour qu’il n’y ait pas
d’interaction entre eux ; on considère que l’énergie du système est nulle lorsque les atomes
sont infiniment éloignés l’un de l’autre.
Au fur et à mesure qu’ils se rapprochent l’un de l’autre, l’énergie diminue jusqu’à la
distance dHH = 74,14 pm : c’est la distance à l’équilibre, elle est appelée longueur de
liaison ; ensuite, l’énergie augmente au fur et à mesure que l’on rapproche les deux
atomes, à cause de la répulsion entre les noyaux.
D’après la courbe, la valeur minimale de l’énergie est – 436 kJ.mol-1 ; par conséquent
l’énergie à fournir pour rompre la liaison (plus exactement ici, une mole de liaison) est
égale à 436 kJ.mol-1 : c’est l’énergie de la liaison HH : DHH = 436 kJ.mol-1.
• On remarque qu’une liaison est d’autant plus courte qu’elle est forte. Une liaison
multiple est plus forte qu’une liaison simple entre les mêmes atomes.
L’ion nitrite a pour formule chimique NO2-, c’est un conservateur utilisé dans l’industrie
agro-alimentaire (nitrite de sodium).
On y lit :
Si le seul schéma de gauche – ou celui de droite – suffisait, cela signifierait qu’il y a deux
longueurs de liaisons différentes dans l’ion nitrite. Or, ce n’est pas le cas
expérimentalement puisqu’on ne mesure qu’une seule longueur NO, qui vaut 120 pm.
Chacun des édifices précédents est donc mieux décrit par un ensemble de deux schémas
de Lewis. Chacun des schémas aidant à la description de l’édifice réel est appelé
une forme mésomère.
Des formes mésomères, ou formes limites, sont des schémas de Lewis aidant à la
représentation d’une molécule réelle possédant des électrons de liaison délocalisés. Dans
ces formes mésomères hypothétiques, tous les électrons sont localisés. La molécule réelle
est un intermédiaire entre ces différentes formes limites.
Aucune forme mésomère n’existe réellement. Ce ne sont que des schémas de Lewis sur
le papier, qui permettent de décrire l’édifice réel. Celui-ci est un hydride de résonance
des différentes formes mésomères le décrivant.
Deux formes mésomères sont liées entre elles par la double flèche et uniquement
par cette double flèche :
double
crochet flèche crochet
Attention : cette double flèche ne traduit aucun équilibre puisque des formes mésomères
n’existent pas !
Parmi les formes mésomères que l’on peut écrire pour décrire une molécule (ou un ion)
réelle, certaines ont une contribution forte, et d’autres ont « un poids » très faible.
Les exemples où l’on doit décrire un édifice réel en utilisant plusieurs formes
mésomères sont nombreux et variés, ils seront aussi souvent empruntés à la chimie
organique où la mésomérie intervient fréquemment pour justifier la stabilité d’une
molécule ou d’un intermédiaire réactionnel.
Des espèces pouvant être décrites par plusieurs formes mésomères sont en effet
particulièrement stables.
b. Exemples
α -dans la nature
Commençons par identifier peut-être des systèmes conjugués dans les molécules
suivantes :
astaxanthine
carotène
Constitué de 8 unités terpéniques, cet hydrocarbure est responsable
Protéine
de la couleur de la mangue et du kaki, il est aussi présent bien sûr dans
Une protéine dénaturée :
la carotte.
masque la couleur
Dans les feuilles, la couleur jaune orangé demeure masquée jusqu’à
couleur rose orange
l’automne par la chlorophylle.
cuisson
Le flamand rose n’est pas en reste : sa nourriture est faite de crevettes et petits crustacés
qui contiennent du β-carotène, entr’autres, qui colore superbement son plumage !
béta-carotène
carotène
Constitué deβ8-dans
unitésleterpéniques,
laboratoirecetdehydrocarbure
chimie est responsable
de la couleur de la mangue et du kaki, il est aussi présent bien sûr dans
Exemple 1 la carotte.
Dans les feuilles, la couleur jaune orangé demeure masquée jusqu’à
La molécule de buta-1,3-diène est plane et représentée par la formule semi-
l’automne par la chlorophylle.
développée suivante :
CH2 CH CH CH2
La liaison centrale possède un caractère de double liaison CC, ce dont ne rend pas
compte bien entendu ce schéma de Lewis. Cette constatation peut s’expliquer par
l’écriture de plusieurs formes mésomères. La molécule réelle a une structure
« intermédiaire » entre les trois. L’on utilise le plus souvent la forme qui est neutre.
Par ailleurs, l’étude des longueurs de liaison fournit les résultats suivants : 137-147-137
pm. On note que la liaison centrale a un caractère principalement de liaison simple, mais
quand même un petit caractère de liaison double aussi.
Exemple 2
La molécule de benzène a une structure aujourd’hui parfaitement décrite, mais elle fut
très longtemps intrigante et très difficile à décrire.
Ainsi :
! A
est l’atome central
! X
est un atome connecté à A : il y en a p
! E
est un doublet libre porté par A (peut-être un électron seul dans
quelques cas) : il y a en a q.
Dans ces conditions, l'arrangement qui minimise la répulsion des doublets dépend
seulement de leur nombre : p + q. Cela correspond aux figures géométriques suivantes
en se limitant à la coordination six (comme le stipule le programme).
3
Triangle
4
Tétraèdre
Bi-pyramide à base
5
triangulaire
6 Octaèdre
Nous prendrons des exemples de molécules avec des liaisons simples et des molécules
avec des liaisons multiples.
d(C-O) = 0,116
Linéaire
nm
α = 180 ° α = 180°
AX2E0
d(H-C) = 0,107
nm
d(C-N) = 0,116
nm
α = 180 °
p + q =3
d(B-F) = 0,130
nm
α = 120 °
Valeurs
suivantes en
phase
gazeuse : Plane
d(S-O) = 0,143 triangulaire
AX3E0 nm
α = 120 °
α = 120°
d(C-Cl) = 0,174
nm
d(C-O) = 0,117
nm
α = 113,2 °
d(Sn- Cl) =
0,242 nm
α = 95 ° Coudée
AX2E1
d(O-O) = 0,128 α < 120°
nm
α = 117,47°
d(C-H) =
0,1094 nm
α = 109,5 ° Tétraédrique
α = 109°28’
AX4E0
d(S-O) = 0,150
nm
α = 109 °
d(N-H) = 0,102
nm Pyramidale à
α = 107,8°
base
AX3E1 triangulaire
d(P-I) = 0,243
nm α < 109°28’
α = 102 °
d(O-H) = 0,096
nm
Coudée
α = 104,5°
AX2E2
d(N-H) = 0,103 α<<109°28’
nm
α = 104 °
p + q =5
d(P-Cléq) = Bi-pyramidale
0,202 nm
d(P-Clax) = à base
0,214 nm triangulaire
AX5E0
α(ClPCl) =
90 ° ; α (ClPCl)
= 120 ° α = 90°
et
p + q =6
d(S-F) = 0,1564
nm
α = 90°
Octaèdre
AX6E0 d(I-O) = 0,19 α = 90°
nm (valeur
estimée)
d(I-F) = 0,20
nm (valeur
estimée)
a - Influence de la nature des doublets sur les angles entre les liaisons
Les doublets non liants, qui sont moins confinés dans l'espace internucléaire que les
doublets liants, occupent un volume moyen plus élevé. On interprète ainsi la diminution
progressive de l'angle entre les liaisons quand on passe de CH4 à NH3 puis H2O.
Les liaisons multiples ayant une expansion spatiale plus grande, leur présence a
tendance à ouvrir davantage l’angle entre elles et les autres liaisons et donc une liaison
multiple entraîne une fermeture de l’angle qui lui est opposé.
Si plusieurs liaisons sont polarisées dans une molécule, le moment dipolaire total est
la somme vectorielle de ces moments dipolaires.
A-B µ/D d / pm δe = µ / d %I
H-F 1,82 92 6,59.10-20 41
H-Cl 1,08 127 2,83.10-20 18
H-Br 0,79 142 1,85.10-20 12
H-I 0,38 161 7,86.10-20 5
Plus la différence d’électronégativité est grande entre les deux atomes, plus la liaison est
polarisée. Cette liaison a un caractère ionique de plus en plus marqué.
µ
Remarque : expression du pourcentage ionique d’une liaison : %ionique = .100
e.d
Rem : on peut cuire ou réchauffer facilement des aliments grâce aux fours micro-ondes.
Un rayonnement électromagnétique de fréquence 2,45.109 Hz oblige les molécules d’eau
des aliments à s’orienter suivant le champ électrique du rayonnement. Mais le champ
oscillant, les molécules d’eau se réorientent donc en permanence et ce sont ces
mouvements incessants et ultrarapides d’alignements qui échauffent l’ensemble du
système.