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1. Introduction
Les forces qui assurent la cohésion des atomes d’une molécule et des ions
d’un composé ionique solide sont appelées liaisons chimiques.
Les liaisons chimiques sont des forces électriques qui reflètent l’équilibre
existant entre les forces d’attraction et les forces de répulsion qu’exercent les
unes sur les autres les particules portant des charges électriques.
Une approche simple des liaisons chimiques, encore largement utilisée aujourd’hui, a
été élaborée par Gilbert Newton Lewis. Mais l’approche initiale de Lewis ne permet
pas de rendre compte de certaines observations expérimentales telles que : la
géométrie des molécules, le caractère polaire ou non de certaines molécules
comportant plus deux atomes, la formation de certaines liaisons covalentes et le
magnétisme lié aux molécules.
Trois approches basées sur la mécanique quantique sont utilisées à cet effet :
La notation de Lewis est une représentation d’un élément par son symbole
entouré de points qui représentent les électrons de valence.
Les liaisons ioniques se forment entre atomes ayant des électronégativités très
différentes, entre des atomes de métaux qui peuvent céder des électrons à des
atomes de non-métaux. Elles sont formées par attraction électrostatique entre ions
de signe contraire. Elles sont très fortes. De vraies liaisons ioniques se forment entre
éléments extrêmes du tableau périodique, notamment entre les métaux alcalins et
les halogènes. Examinons la formation du chlorure de sodium, entre les ions Na+ et
Cl−.
Les résultantes des forces électrostatiques d’attraction qui maintiennent les cations
et les anions ensemble sont appelées liaisons ioniques, et l’assemblage solide, très
structuré, d’ions est appelé cristal ionique. En général, un cristal est constitué, à
l’échelle microscopique, d’un arrangement distinctif de particules qui se répète, de
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Molécule de H2
Molécule de F2
Molécule de CH4
Molécule de NH3
Molécule de H2O
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- comment des atomes de métaux peuvent céder des électrons à des atomes
de non-métaux de manière à former des liaisons ioniques ;
- comment des atomes identiques (ou des atomes différents, essentiellement
ceux appartenant aux éléments de la deuxième période, se combinent en
partageant des doublets d’électrons au moyen de liaisons covalentes.
La question qui se pose est de savoir quelle sorte de liaisons on peut former entre
des atomes différents, mais pas assez dissemblables pour s’unir au moyen de
liaisons ioniques. Pour répondre à cette question, il faut d’abord étudier le concept
d’électronégativité.
a) L’électronégativité
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Plus l’électronégativité d’un atome est grande, plus cet atome attire
intensément les électrons d’une liaison dans une molécule.
A l’intérieur d’une période, l’électronégativité croît généralement de gauche à
droite.
A l’intérieur d’un groupe, l’électronégativité croît généralement de bas en haut.
b) La différence d’électronégativité des atomes et la nature de leurs
liaisons
La différence d’électronégativité (ΔEN) qui existe entre les atomes liés permet de
distinguer les liaisons covalentes non polaires de celles qui sont polaires.
Exercice 1:
La charge formelle (CF) d’un atome est égale à la différence entre le nombre
d’électrons de valence contenus dans un atome isolé et le nombre d’électrons
associés à ce même atome dans une structure de Lewis.
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Pour déterminer la charge formelle globale d’un édifice moléculaire, les règles
suivantes sont utiles :
Dans le cas d’une molécule neutre, la somme des charges formelles doit être
égale à zéro.
Dans le cas d’un cation, la somme des charges formelles doit être égale à la
charge positive de l’ion.
Dans le cas d’un anion, la somme des charges formelles doit être égale à la
charge négative de l’ion.
Ce sont les charges formelles qui permettent de choisir la structure de Lewis la plus
vraisemblable pour un composé donné. Les règles à suivre sont les suivantes :
Dans le cas d’une molécule neutre, une structure de Lewis qui ne comprend
aucune charge formelle est préférable à une autre qui en comprend.
Une structure de Lewis qui comprend des charges formelles élevées (+2, +3,
et/ou −2, −3, etc) est moins plausible qu’une autre dans laquelle ces charges
sont plus petites.
Si les structures de Lewis ont une distribution similaire de charges formelles,
la plus plausible est celle dans laquelle les charges formelles négatives sont
placées sur les atomes les plus électronégatifs.
La structure de Lewis des molécules dont les atomes constitutifs sont ceux
d’éléments provenant des groupes principaux respecte généralement la règle de
l’octet. Il existe des exceptions, que l’on peut classer en trois catégories en fonction
de caractéristiques structurales.
Si on considère une liaison entre deux atomes donnés, plus il y a d’électrons qui
prennent part à la liaison, plus les atomes sont unis fortement. Plus la densité de
charge électronique est grande dans une liaison, plus les noyaux peuvent
s’approcher l’un de l’autre.
5. La géométrie moléculaire
Elle repose sur le fait que les doublets d’électrons de valence d’un atome lié se
repoussent mutuellement. Ainsi les doublets d’électrons sont aussi éloignés que
possible les uns des autres. Il en résulte que l’énergie de répulsion est minimale, ce
qui correspond au niveau d’énergie le plus faible de la molécule ou de l’ion
polyatomique. La géométrie des atomes périphériques par rapport à l’atome central
auquel ils sont liés dépend du nombre de doublets d’électrons de valence et de leur
nature (doublets liants ou libres). L’orientation des doublets libres ou liants détermine
la forme distinctive de la molécule ou de l’ion polyatomique.
La géométrie de répulsion
La géométrie moléculaire décrit la disposition d’atomes liés autour d’un même atome
central. On désigne l’atome central de la structure par A, les atomes périphériques
par X, et les doublets libres par E.
HCN
Exercice 4 : après avoir traité les molécules CH4 et H2O selon la méthode
RPEV, résumez les étapes d’application de la méthode en quatre étapes.
Lorsque des atomes unis par une liaison covalente n’ont pas la même
électronégativité, les extrémités de la liaison acquièrent une petite charge électrique,
ce qui est représenté par les symboles 𝛿 + et 𝛿 − dans la structure de Lewis. La
liaison est dite covalente polaire.
On appelle molécule polaire, une molécule dans laquelle les densités de charges
positive (𝛿 +) et négative (𝛿 −) sont séparées : 𝛿 est le symbole d’une charge
partielle. C’est le comportement des molécules en présence d’un champ électrique
externe qui est à l’origine de cette notion de charges partielles. Dans un champ
électrique, les molécules de HF orientent leurs régions positives vers la plaque
négative, et leurs régions négatives vers la plaque positive. Cet alignement des
molécules se mesure expérimentalement.
µ = 𝜹 × 𝒅
𝛿 est coulomb et d est en mètres, d’où µ est en coulomb-mètre (C.m). Pour des
raisons pratiques, on utilise le debye pour exprimer le moment dipolaire. Un debye
(D) est égal à 3,34 × 10−30 C.m. Donc une molécule est polaire si son moment
dipolaire n’est pas nul, et elle non polaire si µ = 0.
Le dipôle de liaison et le dipôle moléculaire
Il ne faut pas confondre le dipôle d’une liaison et le dipôle d’une molécule. Un dipôle
de liaison, présent dans toute liaison covalente polaire, résulte de la séparation des
charges positive et négative dans une liaison donnée. Un dipôle moléculaire résulte
de la séparation des charges d’une molécule considérée comme un tout, et
l’ensemble des liaisons doit être étudié. En d’autres termes, c’est la combinaison
(non nulle) des dipôles de liaison qui produit un moment dipolaire dans une
molécule.
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Une méthode en trois étapes permet de déterminer si une molécule est polaire ou
non.
Cette approche est basée sur la mécanique quantique. Elle considère toujours les
atomes d’une molécule du point de vue de leurs orbitales atomiques, et on
s’intéresse plus particulièrement aux orbitales qui jouent un rôle dans la formation
d’une liaison covalente. C’est une théorie descriptive de la liaison chimique qui eut,
et a encore, un grand succès en chimie organique, car elle rend assez bien compte
de faits expérimentaux, absolument incompréhensibles par la théorie de LEWIS, tels
que l’existence de liaisons σ et π. C’est également une théorie qui a ses limites.
pris dans son état fondamental, le numéro atomique Z du carbone étant égal à 6:
1s22s22p2.
C’est la façon qui minimise au maximum les répulsions inter électroniques entre
quatre charges ponctuelles de même nature dans l’espace. On retrouve les
résultats de la méthode RPEV qui classent les molécules comme CH 4 dans la
classe AX4. La géométrie imposée, pour la future molécule de méthane, sera
alors la géométrie tétraédrique.
Une fois les quatre orbitales atomiques hybrides "sp 3" construites, on terminera la
construction de la molécule de méthane en unissant chaque orbitale atomique
hybride sp3 à une orbitale 1s, provenant d’un atome d’hydrogène, porteur d’un
électron célibataire.
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L’exemple sera illustré par la molécule d’éthylène (éthène, très officiellement) C 2H4.
On travaillera sur l’un des deux atomes de la molécule. Par symétrie, on traitera alors
le second atome de carbone. En écrivant la structure électronique de l’atome de
carbone, pris dans son état fondamental, on ne comprend toujours pas, comme pour
l'exemple du méthane précédemment, la tétravalence du carbone dans la molécule
C2H4. Ainsi on imagine la structure électronique 1s22s12p3 pour l’atome de
carbone, au lieu de 1s22s22p2. A partir de là on hybride les orbitales atomiques
suivantes de l’atome de carbone: 2s, 2px et 2py. On laisse volontairement, et
arbitrairement, l’orbitale 2pz non hybridée.
On réalise alors la combinaison suivante pour les trois orbitales atomiques, d’énergie
voisine, de l’atome de carbone:
Entre les deux orbitales atomiques hybrides sp2, provenant chacune d’un
atome de carbone différent, entrant en fusion axiale on crée ce que l’on appelle
une liaison σ.
Entre les deux orbitales atomiques non hybridées 2pz, provenant chacune d’un
atome de carbone différent, possédant chacune un électron, on crée ce qu’on
appelle une "liaison π". La fusion entre ces deux orbitales atomiques 2p z est une
fusion latérale.
c) Cas de l’hybridation sp
On écrira donc:
1. Une fusion axiale de deux orbitales hybrides "sp", provenant chacune d'un
atome de carbone différent. On obtient ainsi une orbitale moléculaire de type
σ entre les deux atomes de carbone.
2. Une fusion latérale de deux orbitales non hybridées, 2px, provenant chacune
de deux atomes de carbone différents. On obtient ainsi une orbitale
moléculaire de type π entre les deux atomes de carbone.
3. Une seconde fusion latérale entre les deux orbitales atomiques non hybridées
2pz, provenant là aussi des deux atomes de carbone différents. On obtient
ainsi une seconde orbitale moléculaire de type π entre les deux atomes de
carbone. Bien entendu, à chaque fois, le principe d’exclusion de PAULI
s’appliquera.
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Voilà une molécule qui, au contraire des trois précédentes, n’existe pas si l’on s’en
tient au modèle de LEWIS: la règle de l’octet n’est pas satisfaite puisque le
phosphore est entouré de 10 électrons de valence, et non pas de huit (cf "octet").
On aura alors :
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Il faut, ici, tâcher d’expliquer la création de six liaisons chimiques autour de l’atome
de phosphore.
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Afin de répartir dans l’espace de la façon qui minimise au maximum les répulsions
interélectroniques entre les six électrons contenus dans chacune de ces orbitales
atomiques hybrides, on crée une figure appelée octaèdre, qui correspond à deux
pyramides d’Egypte (à cinq faces en tout: les quatre faces externes et... la base) qui
seraient collées par la base. On se retrouve alors avec une figure géométrique à huit
faces, bref, un octaèdre.