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L’Ostéopathie

 
 

Renan Bain,
Eytan Beckmann,
Arthur Milley,
Frédéric Pariaud,
Jean-Jacques Vignaux
 
 
 
L’Ostéopathie pour les Nuls
 
« Pour les Nuls » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
« For Dummies » est une marque déposée de John Wiley & Sons, Inc.
 
© Éditions First, un département d’Édi8, 2016. Publié en accord avec John
Wiley & Sons, Inc.
 
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à
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Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à
titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie
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L 335-2 et
suivants du Code de la propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit
de
poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les
juridictions civiles
ou pénales.
 
ISBN : 978-2-7540-7738-5
ISBN Numérique : 9782754087186
Dépôt légal : février 2016
 
Préparation de copie : Christine Cameau
Correction : Florence Le Grand
 
Illustrations humoristiques : Sylvain Frécon
Illustrations techniques : Fabrice Del Rio Ruiz
 
Éditions First, un département d’Édi8
12, avenue d’Italie
75013 Paris – France
 
Tél. : 01-44-16- 09-00
 
Fax : 01-44-16-09-01
 
E-mail : firstinfo@efirst.com
 
Internet : www.pourlesnuls.fr
 

Ce livre numérique a été converti initialement au format EPUB par Isako


www.isako.com à partir de l'édition papier du même ouvrage.
À propos des auteurs
Renan Bain, ostéopathe DO, est passionné par les sciences
de
l’éducation et est titulaire du diplôme universitaire d’anatomie.
Polyglotte, il a vécu pendant des années en Finlande où
il a
exercé l’ostéopathie, puis, de retour en France, il enseigne
l’anatomie depuis 2007 à l’Institut Dauphine d’ostéopathie
(Paris). Avant de se tourner vers le grand public, Renan Bain a
participé à l’écriture et à la traduction de nombreux ouvrages
destinés aux étudiants et aux professionnels tout en menant
ses
travaux au laboratoire d’anatomie de Paris.
Renan est un voyageur infatigable, vous pourrez peut-être le
rencontrer dans l’un des soixante-dix pays qu’il a déjà visités !
Vous pouvez le contacter à l’adresse suivante :
renan.bain@monanatomie.fr

Eytan Beckmann, ostéopathe DO, est titulaire du diplôme


universitaire de myologie de Paris VI (UFR Pitié-Salpêtrière)
et
chargé de cours à l’Institut Dauphine d’ostéopathie (Paris).
Depuis toujours tourné vers les sciences biologiques, il est
régulièrement intervenu au Centre hospitalier universitaire
vaudois, en Suisse, et est coauteur d’articles dans des revues
spécialisées et d’ouvrages de référence.
Avec Jean-Jacques Vignaux, il a créé un cabinet d’ostéopathie
à
Paris. Tous deux sont les ostéopathes exclusifs du pôle
« escrime » du Stade français. Par ailleurs, ils s’investissent
en
tant que membres du bureau administratif du Federal
European
Register of Osteopaths.
Vous pouvez le contacter à l’adresse suivante :
contact@osteoparis13.com.
Arthur Milley est ostéopathe diplômé de l’Institut Dauphine
d’ostéopathie et ancien sportif de haut niveau d’escrime.
Après
ses études parisiennes, il a rejoint les Hautes-Pyrénées
où il
exerce dans deux cabinets. Souhaitant garder un contact
particulier avec le milieu sportif, il est l’ostéopathe du pôle
« Espoir sabre » de Tarbes.
Frédéric Pariaud, ostéopathe DO, est titulaire du diplôme
universitaire d’anatomie clinique et d’un master 1 d’ethique
à
Paris XI. Consultant expert, il fait partie de la direction de
l’Institut Dauphine d’ostéopathie (Paris). Par ailleurs, Frédéric
est coauteur de nombreux ouvrages spécialisés après avoir
été
l’un des premiers à initier une véritable pensée éthique du
soin
ostéopathique en France.
Vous pouvez le contacter à l’adresse suivante :
f.pariaud@institutdauphine.com.

Jean-Jacques Vignaux, ostéopathe DO et ancien vainqueur


d’une coupe du monde d’escrime, est chargé de cours à
l’Institut
Dauphine d’ostéopathie (Paris). Titulaire du diplôme
universitaire de myologie de Paris VI (UFR Pitié-Salpêtrière),
il
est le coauteur d’ouvrages de référence et d’articles dans
des
revues spécialisées.
Vous pouvez le contacter à l’adresse suivante :
contact@osteoparis13.com.
Remerciements
Les auteurs souhaitent remercier Benjamin Arranger
pour son
enthousiasme et ses précieux encouragements,
Marie-Anne Jost-
Kotik pour l’accueil chaleureux qu’elle a
réservé à cet ouvrage,
Sophie Rouanet et Raphaël Dupuy
pour leur disponibilité et
Christine Cameau pour sa précieuse
relecture. Grand merci à
Ève Beckmann, Delphine Vignaux
et Catherine Beckmann pour
leur soutien.
Avertissement
Les informations contenues dans ce livre sont délivrées sans
garantie.
Bien que toutes les précautions aient été prises dans la
préparation de ce livre, ni les auteurs ni l’éditeur ne prennent
aucune responsabilité envers toute personne ou entité à
l’égard
des pertes ou dommages causés ou supposés causés
directement
ou indirectement par les informations contenues
dans ce livre.
Introduction
« Abandonnez votre grec et votre
latin. »
Andrew Taylor Still

C e livre, écrit à dix mains, souhaite renouer avec l’héritage


laissé par le fondateur de l’ostéopathie, Andrew Taylor
Still,
lequel militait pour que les soignants fassent usage d’un
langage
simple et compréhensible par tous.
Formidablement moderne, bien qu’assez ancienne, l’ostéopathie
connaît aujourd’hui un succès populaire qui ne se dément
pas et
se double d’une récente reconnaissance législative dans
certains
pays comme la France.
Passant régulièrement pour un coach ou un sorcier, l’ostéopathe
est parfois encensé et parfois honni mais qu’on le
souhaite ou
non, il est devenu un acteur incontournable du
système de santé.
Paradoxalement, l’absence d’information claire sur cette
thérapeutique explique sans doute les retenues du patient à
avouer à son médecin sa visite chez l’ostéopathe. Ce dernier
est
souvent perçu comme un séduisant manipulateur, qui se
situe à
la frontière entre santé et bien-être. Il est donc temps
de mettre
de côté l’image de papier glacé qui montre la prise
en charge de
Ken le sportif et Barbie la jeune maman dans un
joli salon
parisien pour explorer (enfin) une ostéopathie au
service du soin
pour tous !
L’ostéopathie est une pratique visant à utiliser ses mains pour
soigner. L’ostéopathe se sert avec précision de ses connaissances
en anatomie et en physiologie humaine acquises
tout au long de
ses études (la physiologie étudie le rôle, le
fonctionnement et
l’organisation physique ou biochimique des
organismes vivants).
Bien comprise, l’ostéopathie constitue un modèle de soin
tout à
fait cohérent, permettant même de renouer avec une
vision
thérapeutique plus attentive au patient. Malgré la
confusion due
au mot « ostéopathie » signifiant « maladie de
l’os », cette
discipline ne s’adresse pas spécialement aux os
mais plutôt à
tous les composants du corps. Lors de ses tests
ostéopathiques,
l’ostéopathe investigue le système musculo-squelettique (les os,
articulations et muscles) mais aussi les
fascias (ou fasciae, tissus
de soutien du corps), les viscères,
les nerfs et les vaisseaux. Son
traitement cherche à équilibrer et harmoniser toutes ces
structures en optimisant leur
mobilité.
Considérée comme médecine douce, elle n’en demeure pas
moins efficace dans le dialogue avec la médecine
conventionnelle et offre des perspectives étonnantes. En
proposant
des solutions non médicamenteuses, elle complète
ainsi une
démarche de soin plus classique.
Ce livre tente d’éclaircir les enjeux du métier d’ostéopathe,
dont
la portée réelle demeure finalement assez méconnue.
À propos de ce livre
L’Ostéopathie pour les Nuls vous invite à vous imprégner d’une
philosophie originale et à cerner un drôle de métier toujours
plus
populaire mais encore mystérieux. Loin des idées reçues,
ce
livre vous donne les clés d’une discipline qui porte un autre
regard sur le corps souffrant.
L’histoire de la profession, la délimitation des champs de
compétences suivant le profil du patient, les étapes de la
consultation, les différentes parties de l’anatomie… les
auteurs
ont cherché à détricoter le raisonnement ostéopathique pour
vous offrir ici un guide complet.
Au fil des chapitres, des applications pratiques vous sont
proposées pour vous faire la main à votre tour : initiation à
un
concept, invitation à l’autopalpation, identification des
différentes structures composant votre corps, analyse de vos
douleurs et accompagnement pour tenter de les soulager.
Vous
allez ainsi développer votre capacité à ressentir et différencier ce
qui se passe à l’intérieur de votre corps au niveau
de vos
muscles, de vos articulations, de vos os, etc., et à être à
l’écoute
des messages que votre corps vous transmet.
Bon voyage au cœur de l’ostéopathie, depuis sa philosophie
jusqu’à sa pratique !
Comment ce livre est organisé
Ce livre est composé de cinq parties qui permettent d’explorer
l’ostéopathie en profondeur.
Après les bases historiques d’une discipline d’abord
marginalisée, vous découvrirez les champs de compétences de
l’ostéopathe moderne. Dans un second temps, vous apprendrez
les astuces et les clés de compréhension du corps
humain, étape
nécessaire à la consultation dont on suivra
ensuite le
déroulement. Puis, vous deviendrez acteur et serez
encouragé à
tester les exercices proposés.
Enfin, dans la dernière partie, la fameuse partie des Dix chère
à
la collection « Pour les Nuls », sont récapitulés les points
essentiels.

Première partie : L’ostéopathie pour tous


Cette partie retrace l’histoire de l’ostéopathie (chapitre 1) qui,
depuis toujours, s’adresse à tous, aux futures mamans et à
leurs
bébés (chapitre 2), aux adolescents, aux adultes comme
aux
personnes âgées (chapitre 3), aux personnes handicapées
(chapitre 4), aux sportifs et artistes en tous genres (chapitre 5)
mais aussi aux animaux (chapitre 6).

Deuxième partie : Comment ça marche ?


Cette partie décortique la palpation ostéopathique (chapitre 7),
qui est au cœur de la consultation, et propose un autre regard
sur
le corps et le soin (chapitre 8), permettant à tous de s’en
inspirer
au quotidien (chapitre 9).
Troisième partie : Pourquoi aller voir un
ostéopathe ?
Cette partie présente l’évolution progressive des champs de
compétences ostéopathiques (chapitre 10) et ses applications
directes sur les douleurs du quotidien (chapitre 11).

Quatrième partie : La consultation type


Dans cette partie sont regroupées les différentes étapes de
la
consultation ostéopathique : l’anamnèse (chapitre 12),
l’examen
clinique (chapitre 13), le traitement (chapitre 14),
le suivi de
consultation (chapitre 15) et un ensemble de
techniques à faire
chez soi (chapitre 16).

Cinquième partie : La partie des Dix


Enfin, sont exposés les dix critères qui vous permettent de
reconnaître un bon ostéopathe (chapitre 17), les dix idées
reçues
sur l’ostéopathie (chapitre 18), ainsi qu’un ensemble de
techniques sélectionnées parmi la vaste palette utilisée par les
ostéopathes (chapitre 19).
Les icônes utilisées dans ce livre
Au fil de votre lecture, des icônes en marge du texte vous
permettront d’aller à l’essentiel, et de repérer les informations,
les définitions ou les exercices pratiques que vous recherchez.
Cette icône délivre conseils et astuces pour vous rendre
le
quotidien plus léger, apprendre à ménager votre dos et
acquérir
les bons réflexes.
Comme dans tout métier de santé, les termes ostéopathiques
se
trouvent à la croisée de traditions perpétuées et de termes
scientifiques. Tout un jargon spécifique est défini à travers
cette
icône pour vous aider dans votre lecture.
Cette icône vous permet de découvrir des informations
insolites
ou d’ordre général qui vont nourrir votre culture
ostéopathique.

Cette icône vous implique directement. Elle vous permet de


découvrir votre corps grâce à de petits exercices pratiques.
Au fil
de votre lecture, vous allez petit à petit vous familiariser avec
des méthodes d’évaluation et d’autopalpation
ostéopathiques.
Beaucoup de personnes ont déjà fréquenté des cabinets
d’ostéopathie. Ils partagent ici leur témoignage. Vous lirez leur
retour de consultation en fonction des troubles qu’ils
présentaient et les bénéfices qu’ils ont obtenus.
Cette icône s’adresse aux passionnés d’histoire. Celle de
l’ostéopathie recèle bien des aventures, des péripéties et des
expériences insolites qui pourraient satisfaire la curiosité
même
des plus avertis !
Et maintenant, par où commencer ?
Comme la plupart des livres de la collection « Pour les Nuls »,
vous pouvez lire cet ouvrage au gré de vos envies ou de votre
curiosité. Ceci dit, il a été construit selon une certaine logique
qui permet d’appréhender la discipline, tout d’abord selon
son
histoire et ses champs de compétences, puis selon ses
principes
philosophiques et techniques, pour aboutir à une
approche
personnalisée vous aidant à devenir un acteur plus
averti de
votre santé.
Tout au long de l’ouvrage, vous serez guidé pour mieux
comprendre le fonctionnement de votre corps. C’est pourquoi
vous sont proposés des exercices d’autopalpation anatomique
ainsi que d’autotraitement pour lesquels nous vous guiderons
pas à pas. Pour les réaliser correctement, il est important
d’entraîner votre main à bien reconnaître les structures sur
lesquelles vous agirez. Si vous le souhaitez, n’hésitez pas à
ouvrir un livre d’anatomie pour compléter nos indications.
Première partie
L’ostéopathie pour tous
Dans cette partie…

V ous découvrirez les raisons de l’engouement pour


l’ostéopathie,
son histoire et ses champs de compétences.

En France, on constate qu’une personne consulte un


ostéopathe
environ toutes les 2 secondes. Sans surprise,
une récente étude
indique que les motifs de consultation
les plus fréquents sont les
rachialgies (douleurs du dos),
puis les plaintes du genou et de l’épaule,
les maux de tête,
et enfin, pour moins de 5 % des patients, les troubles
intestinaux. Si l’ostéopathie semble s’adresser à tous,
même aux
animaux, peut-elle tout soigner ? Si oui, dans
quelle mesure ?
Avons-nous affaire à une thérapeutique aussi globale
qu’elle le
prétend ? Quelles sont ses indications
particulières lorsqu’il s’agit
des patients les plus fragiles
comme les bébés, les personnes âgées
ou encore les
patients souffrant de handicap ? Autant de questions
auxquelles les chapitres 1 à 6 tentent de répondre. Bon
voyage en
ostéoland…
Chapitre 1
L’ostéopathie, quelle histoire !

Dans ce chapitre :
Les premières racines de l’ostéopathie

La naissance de l’ostéopathie

Il était une fois, l’ostéopathie de deux mains

« Rien ne naît de rien. »


Démocrite

D émocrite, cet esprit rieur, dénonce encore aujourd’hui


avec un
brin d’ironie toute la prétention à vouloir
donner une date de
naissance à une discipline dont l’outil,
aussi sophistiqué et banal
soit-il, la main, suit nécessairement
l’histoire de l’humanité. Les
récentes législations encadrant la
formation de l’ostéopathie
suggèrent une apparition tardive de
ce métier, alors même que
l’usage de la main pour guérir est
très ancien.
Néanmoins, il apparaît naturel de se demander d’où vient
l’ostéopathie, ce drôle de métier réclamant une virtuosité
technique et dont tout le monde s’accorde à dire qu’il représente
une solution thérapeutique non médicamenteuse.
S’il faut chercher la clé du succès populaire de l’ostéopathie,
on
peut puiser sans retenue parmi les arguments classiques :
rapidité d’action, techniques rarement dangereuses, absence
de
besoin technologique, temps accordé à l’écoute du patient,
etc.
D’autre part, parmi les patients les plus exposés aux
effets
secondaires médicamenteux, l’ostéopathie a trouvé des
ambassadeurs de choix, comme les femmes enceintes, les
bébés,
ou encore les sportifs de haut niveau se méfiant des
contrôles
antidopage. C’est ainsi que l’ostéopathie a rapidement assis sa
notoriété en devenant une thérapie pour tous
sans discrimination
d’âge ou encore de handicap. Certes,
l’ostéopathie s’adresse à
tous, mais peut-elle tout soigner ?
Pour le découvrir, observons
de plus près pour quels patients
l’ostéopathie a été bénéfique et
regardons attentivement
comment l’ostéopathie est devenue
« une science, un art et
une philosophie des soins de santé,
étayée par des connaissances scientifiques en évolution », selon
la définition donnée
en 1987 par une commission d’experts à
Bruxelles.

Les premières racines de l’ostéopathie


« L’art de la thérapeutique manuelle est ancien et je tiens en
haute estime ceux qui l’ont découvert, comme ceux qui, de
génération après génération, me succéderont, et dont les
travaux contribueront au développement de l’art manuel de
guérir. »
Hippocrate

L’ostéopathie sous la Grèce antique,


mythe ou réalité ?
Hippocrate (v. 460-385 avant notre ère) est un homme qui
a
marqué l’histoire, en particulier celle de la médecine, en
cherchant à la séparer des croyances et mythes de l’époque.
La
démarche d’Hippocrate, précurseur de la médecine
contemporaine, fut résolument moderne, et on note avec
intérêt
son usage des thérapies manuelles.
D’ailleurs, l’un des pionniers de l’ostéopathie faisait, dans ses
interventions, directement écho à sa philosophie du soin.
Dans les textes laissés à la postérité par Hippocrate et
son école
sont décrites des techniques articulaires sur le
squelette des
patients. Ainsi, dans son Traité des articulations,
Hippocrate
décrit de façon détaillée comment manipuler les
articulations
après une luxation, ou même comment réduire
une fracture
(processus de remise en place des os rompus).
Il y présente des
techniques nécessitant du matériel pour
assister le praticien,
mais aussi des gestes et procédés exclusivement manuels. Il
traite ainsi des troubles survenant sur les
os, les articulations
périphériques, la colonne vertébrale et le
crâne.
Ces textes réunis en corpus offrent une première approche
qui
pose les bases des thérapies manuelles… mais pas encore
celles
de l’ostéopathie !

Le Traité des articulations d’Hippocrate

Dans son Traité des articulations,


Hippocrate décrit, pour le
traitement de la scoliose, des techniques
de manipulation de la
colonne vertébrale à l’aide de la gravité. À cette
fin, le patient
doit être attaché par
les pieds à une échelle, puis retourné
pour
avoir la tête vers le bas. Il présente aussi une seconde
technique
nécessitant l’utilisation d’une table
avec diverses
courroies, des roues
et des essieux permettant de tracter
le
haut et le bas du dos, puis de réaliser
une poussée grâce à un
levier en bois
sur la vertèbre proéminente ou sur la
«  gibbosité  » (déformation en bosse)
pour la traiter.
Heureusement que les
techniques ont évolué !
L’ostéopathie au temps des Romains ?
Un peu plus tard, Claude Galien (v. 129-216), médecin de
l’empereur Marc Aurèle, influença durablement l’exercice de la
médecine, mais aussi de la thérapie manuelle.
Ses écrits et ses recherches tels que De locis affectis ou
De
anatomicis administrationibus définirent la pratique
médicale
telle qu’elle perdurera pendant des siècles.
Galien fut l’un des premiers médecins à s’intéresser à la
compréhension des mécanismes physiopathologiques
(dérèglements du fonctionnement du corps) à l’œuvre lors
d’une
maladie ou face à un symptôme.
Galien est souvent décrit comme l’un des fondateurs de la
médecine et de la pharmacie telles qu’on les connaît. Son
raisonnement clinique tout à fait pertinent le conduisit lui
aussi à
utiliser la thérapie manuelle. Lors de sa consultation
avec
l’historien Pausanias (voir encadré ci-dessous),
le diagnostic fut
clair, l’approche efficace et les résultats
convaincants.
La névralgie cervico-brachiale* vue par Galien

«  Je reçus un jour l’historien et géographe Pausanias en


consultation.
Pausanias souffrait d’un mal mystérieux qu’aucun
médecin de la ville
n’avait pu soigner. Sa main gauche
s’était
peu à peu engourdie et les
trois derniers doigts n’avaient déjà
plus de sensibilité. Le célèbre médecin s’assura d’abord que les
doigts ne
portaient aucune blessure et qu’aucun
agent
physique local n’était cause de
l’affection. Puis, il interrogea
minutieusement Pausanias et apprit que,
quelques mois plus
tôt, revenant d’Asie
Mineure, Pausanias avait été commotionné,
son char ayant versé sur
la route. J’en conclus que la première
paire de nerfs, immédiatement voisine
de la septième cervicale,
avait dû être
atteinte en quelque endroit dans cette
chute, et
que cela avait causé une
inflammation locale. Je compris cela
parce que l’anatomie nous enseigne
que les nerfs semblent
émerger de la
même source que les veines, chaque
paire de
nerfs suivant un cours semblable à celui des veines. Les nerfs,
nombreux à leur origine, comprimés
en faisceaux et
communiquant dans
des gaines communes, prennent leur
source dans les méninges, dont ils sont
des embranchements.

Parmi eux, le dernier des nerfs cervicaux, c’est-à-dire celui des


parties
inférieures, se rend directement aux
plus petits doigts
qu’il atteint en se distribuant dans la peau qui recouvre ses
doigts. Je prescrivis donc au malade
de cesser les compresses
appliquées
localement et traitais cette partie de
l’épine dorsale,
où le mal avait son
siège : les doigts affectés furent guéris
à la
suite du traitement de la colonne
vertébrale. »

* douleurs du cou qui irradient jusque


dans le bras.

Claude Galien, Les Locis affectis,


livre I, paragraphe 6
Près de deux mille ans plus tard, ce texte de Galien demeure
remarquable, puisqu’il est un bel exemple du raisonnement
hypothético-déductif fondé sur des connaissances anatomiques
et neurologiques. Aujourd’hui, même si les sciences
biologiques
ont largement évolué, la démarche est comparable
à celle d’un
ostéopathe.

La naissance de l’ostéopathie
L’ostéopathie est née d’une situation de crise humanitaire.
Elle
apparaît aux États-Unis d’Amérique en 1874, dans l’État
du
Missouri. Le pays est alors en pleine guerre de Sécession
et
souffre des affrontements entre esclavagistes et anti-
esclavagistes. Ce conflit est, avec la Seconde Guerre mondiale,
l’un des plus meurtriers qu’aient connus les États-Unis.
Durant
les quatre années de la guerre de Sécession, plus de
617 000 hommes (soit 2 % de la population de l’époque) sont
tués et largement autant sont blessés.

Au temps de la médecine héroïque


À cette époque, les succès de la médecine sont peu nombreux,
faute de moyens, et la médecine est souvent impuissante face
aux maladies, dues principalement au manque d’hygiène et à
l’absence d’antibiothérapie. Les antibiotiques ne seront
découverts que soixante-dix ans plus tard. L’espérance de vie est
d’environ quarante ans en 1870 !
Dès cette période, règne de la « médecine héroïque »,
l’ostéopathie apparaît comme une thérapie à contre-courant.
La
médecine héroïque consistait à pratiquer des traitements
souvent
très agressifs incluant des saignées, transpirations
et autres
vomissements pour purger l’estomac et les intestins. Ces
traitements, considérés comme efficaces, étaient
la plupart du
temps nocifs pour le patient. On commence
alors à réfléchir à
d’autres options thérapeutiques aux effets
moins délétères que
ceux des traitements médicamenteux de
l’époque.

Histoire de la thérapeutique, ou la
médecine au XIXe siècle
Au XIXe siècle, de nombreuses substances ont été utilisées
comme médicaments, dont certaines sont maintenant connues
pour être mortelles, telles que le mercure et le plomb. On
retrouvait parmi ces traitements des médicaments à base de
cocaïne pour les maux de dents des enfants ou d’opium pour
soulager les enfants ou les asthmatiques. Ces thérapeutiques
très
populaires étaient délivrées par tous les « pharmaciens »
et sans
ordonnance.
En effet, pendant des siècles, et jusqu’à la fin du XIXe siècle,
les
thérapeutiques proposées se résumaient à des saignées
comme
remèdes à presque tous les maux. Ces purges
aspiraient à
« nettoyer le corps des humeurs putrides ou
malsaines » qui
l’attaquaient en étant responsables de déséquilibres
physiologiques. D’autres procédés visaient aussi à
purifier le
corps pour en chasser la maladie, comme l’utilisation excessive
des purgatifs, des vomitifs et des drogues
provoquant une
hypersudation.
Médecin et alchimiste, Paracelse (1493-1541) proposa une
théorie selon laquelle le fonctionnement de l’organisme
s’expliquerait par un ensemble de réactions chimiques. Ainsi, les
maladies seraient provoquées par des désordres chimiques,
provenant d’organes spécifiques, à l’intérieur du corps, ne
pouvant donc être soignées que par des moyens chimiques.
À ce
titre, il introduisit notamment l’utilisation du mercure
pour le
traitement de la syphilis et d’autres pathologies,
provoquant un
évident intérêt chez les malades désespérés
de l’époque. Il
faudra attendre le milieu du XXe siècle et la
découverte des
antibiotiques pour que le mercure, toxique,
soit abandonné dans
le traitement de la syphilis !

Le style de Still
C’est dans ce contexte qu’Andrew Taylor Still, ancien médecin
et chirurgien aux armées, exerçait la médecine. À son retour
de
la guerre, insatisfait et même impuissant à soulager ses
semblables, il constate avec stupéfaction que, dans les régions
où les médecins sont devenus plus rares, la mortalité infantile
recule. Cette prise de conscience l’amène à reconsidérer les
connaissances de l’époque et son rôle en tant que médecin.

Andrew Taylor Still

Andrew Taylor Still est le fondateur de


l’ostéopathie. Son
éducation méthodiste et ses connaissances en génie
mécanique et hydraulique modifient sa
façon d’appréhender la
mécanique du
corps humain et lui permet tent d’envisager la
capacité d’autoguérison de
celui-ci. Il conçoit le corps comme
une
machine, comme un tout. Cette vision
globale est à la base
de celle des ostéopathes contemporains.
Si A.T. Still reconnaît
l’efficacité et
la nécessité de la chirurgie ainsi que
des
anesthésiques dans certains
cas, il considère en revanche
qu’ils
ne doivent être employés qu’en dernier recours. Il décrit
ainsi la trousse
du chirurgien « avec du calomel, de
la quinine,
du whisky, de l’opium, des
chiffons et un scalpel ».

En  1865, une épidémie de méningite cérébro-spinale emporte


quatre membres de sa famille, dont trois de ses enfants. Cette
terrible épreuve est un traumatisme pour A.T. Still, qui se
trouve
face à sa propre impuissance, en tant que médecin,
à sauver ses
enfants. Il oriente alors sa réflexion vers une
nouvelle vision du
corps, fondée sur l’anatomie (l’étude de
la structure et des
organes) et la physiologie (l’étude de leur
fonctionnement) afin
de soigner plus efficacement en ayant le
moins possible recours
à des drogues et autres médicaments.
Ces quelques préceptes
deviennent la base conceptuelle de
l’ostéopathie.
C’est le 22 juin 1874, en observant les os d’un crâne, que Still
prend conscience qu’il est en train de développer une nouvelle
approche médicale, qu’il appelle « ostéopathie ». A. T. Still
définit alors l’ostéopathie comme « un système de traitement
qui
s’adresse à la fois aux maladies internes et externes par
l’intermédiaire d’interventions manuelles et sans recours aux
drogues ».

Quel drôle de nom !


Le mot « ostéopathie » est formé d’osteon qui signifie os
(ostéo)
et de pathos qui veut dire maladie, souffrance (pathie).
Ainsi
sont définies en médecine les ostéopathies, soit la famille
des
maladies osseuses. Cela fait à peine cent cinquante ans
que la
définition s’est élargie et, aujourd’hui, ce terme sert
également à
désigner un métier à part entière. Mais d’un
point de vue
étymologique, comme se plaît à le rappeler avec
beaucoup
d’humour Alain Abehsera, célèbre ostéopathe, un
ostéopathe
serait un malade des os !
Une multitude de tentatives d’explications du mot
« ostéopathie » ont vu le jour. Parmi les plus connues, le mot
« ostéopathie » ferait référence :
À des peuplades amérindiennes bien connues d’A.T. Still,
qui auraient la particularité de rappeler la musicalité des
mots os et anatomie : les Osage et les Pottawattomie.
Au terme américain osteopath, formé des mots osteo
et
path, soit la représentation du thérapeute suivant
« le
chemin de la maladie à travers l’os ».

En conclusion, laissons le dernier mot à A. T. Still qui voyait


en
l’ostéopathie « un système d’ingénierie de tout le corps
humain », ou encore « une connaissance scientifique de
l’anatomie et de la physiologie qui, dans les mains d’une
personne
habile, pourra appliquer cette connaissance en vue
d’aider un
être humain malade ou blessé par l’effort, la tension,
les chocs,
les chutes, les dérangements mécaniques ou les
accidents de
toute autre sorte ».
Dès ses débuts, cette nouvelle méthode de soin est utilisée
pour
traiter des pathologies comme la dysenterie, l’asthme,
la grippe,
des douleurs rachidiennes (maux de dos) et des
troubles
fonctionnels (signes décrits lorsque la fonction d’un
organe est
altérée).
En 1892, A. T. Still fonde la première école d’ostéopathie,
l’American School of Osteopathy, à Kirksville, dans l’État du
Missouri. Les étudiants y terminant leurs études reçoivent
alors
le titre de DO (docteur en ostéopathie). Cent vingt ans
plus tard,
cet acronyme-titre est toujours donné aux étudiants
diplômés en
ostéopathie en France et signifie « diplômé en
ostéopathie ».
Vermont ostéopathe !

C’est dans le Missouri qu’Andrew


Taylor Still exerça
l’ostéopathie à
ses débuts et que la première école
d’ostéopathie vit le jour, à Kirksville.
Néanmoins, le premier État
qui légalisa la pratique de l’ostéopathie fut le
Vermont, en 1896.
C’est grâce à un étudiant ostéopathe de Kirksville, George
J.
Helmer, qui accompagna un de ses
riches patients dans sa
résidence d’été
dans le Vermont, que tout a commencé.
En
effet, fort de ses succès thérapeutiques, Helmer dut soigner
bon nombre
des notables de l’État, malgré quelques
oppositions du corps médical  ; la première victoire
ostéopathique était remportée. Les diplômés en ostéopathie de
l’école de Kirksville auront désormais
le droit de pratiquer leur
art en toute
légalité dans le Vermont.

Un métier à tisser
La pratique de l’ostéopathie à cette époque n’était pas chose
aisée. La profession médicale voyait en elle un danger, et
surtout
une remise en question non fondée des dogmes
médicaux en
vigueur. Néanmoins, les succès thérapeutiques
des premiers
ostéopathes furent nombreux et parfois même
surprenants. En
effet, les ostéopathes prenaient alors en
charge toute forme de
pathologie, soignant là où la médecine
classique échouait
souvent. En outre, ces nouveaux praticiens
développaient une
expertise dans le traitement de troubles
somatiques touchant le
corps à une époque et dans une région
du globe où rien n’existait
encore dans les domaines de la
médecine physique ou de la
rééducation. Ces progrès spectaculaires attirèrent d’ailleurs bon
nombre de personnalités,
comme Theodore Roosevelt et William
Taft, tous deux présidents des États-Unis, ou encore l’écrivain
Mark Twain, qui fut
l’un des fervents défenseurs de
l’ostéopathie à ses débuts.
L’ostéopathie, c’est l’Amérique !

Samuel Clemens (18  35-1910), mieux


connu sous le nom de
Mark Twain, a
vécu une histoire médicale personnelle et
familiale tourmentée. Étant
un enfant assez fragile, on l’obligea
à prendre les remèdes médicaux de
l’époque dont l’efficacité
était, selon
lui, plus que discutable ; bon nombre
étaient même
plus dangereux que le
mal lui-même.

À l’époque, A. T. Still pensait même


que 90 % des bénéfices de
l’ostéopathie résultaient de l’arrêt du traitement
allopathique, le
traitement médical
classique.

Sur ce point, Mark Twain partageait


la même idée que Still :

« Je n’aime pas les médicaments, et je


ne leur fais que très peu
confiance. Il
y a là un vieux patient de Denver avec
la vérole
(syphilis) qui est chargé
jusqu’aux yeux avec du mercure,
comme une carcasse empoisonnée.
Entre le mercure et la
vérole, que choisiriez-vous  ?  » (Lettre à Henry Roger,
3  août  1899)
En tant que mari et père de famille,
Mark Twain
vivra plus tard une succession de déceptions face à l’inefficacité
des traitements médicaux. Lorsqu’il
découvre l’ostéopathie,
Twain en fait
bénéficier rapidement toute sa famille.
Ainsi, en
janvier  1901, il raconte, parlant de sa deuxième fille  : «  Clara
est
entre les mains de l’ostéopathe, qui
“arracha” la bronchite
de son corps. »

Mark Twain pensait même que s’il


avait pu avoir accès à
l’ostéopathie
lorsque sa fille aînée était atteinte
d’une
méningite, elle aurait sans doute
pu être sauvée.

Il fut définitivement convaincu lorsque


la fréquence des crises
d’épilepsie de
sa fille Jean diminua considérablement
après sa
prise en charge, jusqu’à lui
autoriser une vie presque normale.
Pour Twain, l’ostéopathie réussissait
là où la médecine
échouait.

«  J’aime l’ostéopathie. C’est plus rapide


et vous n’avez pas
besoin de prendre
de médicaments  », explique-t-il encore
en 1901.

Face au rejet de cette nouvelle thérapeutique par les professions


médicales, d’illustres intellectuels (comme George
Bernard
Shaw) témoignèrent eux aussi des bienfaits de
l’ostéopathie pour
des pathologies comme l’épilepsie ou la
grippe : « Allez voir un
ostéopathe puis allez voir un médecin
classique… le moment où
l’ostéopathe pose ses mains sur
vous, vous savez que vous êtes
entre des mains techniquement compétentes. Vous n’avez pas ce
genre de sensation
lorsque vous allez voir le médecin ordinaire,
et il n’est pas
possible de se tromper. » (George Bernard Shaw,
1856-1950)
Dans son dernier ouvrage, Ostéopathie, recherche et pratique,
datant de 1910, A.T. Still présente les différents motifs de
consultation de l’époque. On y trouve la prise en charge
ostéopathique, uniquement manuelle et sans apport de
médicament, de patients souffrant de cataracte, de tuberculose,
d’asthme, de hoquet ou de goitre. Beaucoup d’autres
pathologies
ou troubles fonctionnels étaient également,
comme il le décrit
dans son ouvrage, pris en charge par
l’ostéopathe.

Quelques cas cliniques du XIXe siècle


Les traitements médicamenteux étant très peu développés,
l’ostéopathie apparaissait comme une nouvelle possibilité de
guérir certaines maladies qui décimaient la population. Parmi
elles, la méningite cérébro-spinale, une atteinte des méninges
(tissu enveloppant le cerveau et la moelle épinière), fit des
centaines, voire des milliers, de morts, notamment quatre
personnes de la famille de Still.
À cette époque, le traitement consistait à ponctionner une
grande
quantité de liquide cérébro-spinal (LCS) et à injecter
des
substances, comme des teintures, directement dans
l’espace
sous-arachnoïdien (espace situé dans les méninges).
Pour A. T. Still, la fermentation des fluides, provoquant
l’irritation des méninges, la contraction musculaire et les
spasmes,
entraînait la mort des malades. « Chaque structure
unissant
tête et cou subit un resserrement spasmodique qui
empêche
le sang de circuler vers le haut et vers le bas. » C’est
pourquoi
son traitement s’orientait autour de la libération des
conduits
artérioveineux, irriguant et drainant le cerveau en
dégageant
le complexe musculo-articulaire des épaules, du cou
et du
thorax.
Autre cas : celui des sciatiques, qui sont aujourd’hui l’un des
motifs de consultation les plus courants en ostéopathie. Cette
souffrance du nerf se soulageait dès le XIXe siècle en
ostéopathie par des manipulations sur le bassin et les lombaires,
comme le rapporte A. T. Still dans Ostéopathie, recherche et
pratique. Ce type de traitement est toujours pratiqué de nos
jours.
Un siècle et demi après sa création, l’ostéopathie est une
méthode de soin que l’on décrit encore comme nouvelle et
originale.

Il était une fois, l’ostéopathie de deux


mains
« Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous
verrez loin dans le futur. »
Winston Churchill (1874-1965)

On constate que l’émergence de l’ostéopathie à la fin du


XIXe
siècle est contemporaine des débuts de la psychologie
clinique.
Bien que les précurseurs de ces deux courants thérapeutiques ne
se soient pas fréquentés, leurs regards sur la
personne
convergent : tous deux prônent une compréhension
globale du
patient.
À l’aube d’un siècle qui laisse percevoir les futures prouesses
d’une médecine qui s’exercera toujours plus à démonter la
machine humaine, on a le sentiment que la société occidentale,
dans une réaction de défense, laissera s’exprimer des
disciplines
parallèles qui cherchent à conserver l’unité du
corps du patient.
Tandis que l’Europe, terre des intellectuels du début XXe, se
révélera être le terreau de la psychologie clinique qui aborde
le
patient à travers le prisme de la verbalisation, les États-Unis,
avec une tradition de pionnier défricheur des grandes plaines,
seront le berceau d’une nouvelle thérapeutique : l’ostéopathie.
Ce qui suit offre quelques étapes de l’histoire de l’ostéopathie
avec son contexte d’apparition et quelques grandes figures.

Une révolte, un philosophe


À la fin du XIXe siècle, l’ostéopathie est née d’une révolte :
un
père, A. T. Still, médecin et chirurgien de guerre, assiste
impuissant à la mort de trois de ses enfants, victimes de la
méningite. Leur décès brutal malgré tous les soins apportés
disponibles mit en échec le système médical de l’époque.
En
réaction, Still chercha d’autres solutions thérapeutiques.
Opposé
à une pharmacopée de pionnier américain et aux
dogmes de
médecins pour certains analphabètes, Still entreprend une
réflexion qui va l’amener à concevoir les premiers
fondements
de l’ostéopathie.
Ses premiers succès auprès d’un enfant proche de la mort
souffrant de dysenterie l’encouragèrent à poursuivre la voie de
l’os (osteo path en anglais).
Sensible aux écrits de philosophes comme Russel Wallace
(1823-1913) ou encore Herbert Spencer (1820-1903), Still se
fit
l’héritier de courants de pensée comme le vitalisme et le
iatromécanisme.

Iatromécanisme et vitalisme

Iatromécanisme  : il s’agit d’un courant


médical qui cherche à
réduire tous les
phénomènes vivants à des actions
mécaniques. S’agissant du corps
humain, il est assimilé à une
machine.

Vitalisme  : conception philosophique


qui considère que le
vivant n’est pas
réductible aux lois physico-chimiques.
La vie
serait de la matière animée d’une
force vitale.

L’homme est une machine qui peut


s’autoréparer !
Still suivit avec opiniâtreté une intuition, celle que l’homme
possède en lui tous les éléments concourant à sa bonne santé ;
le
rôle de l’ostéopathe étant de permettre mécaniquement au
corps
de faire circuler les éléments susceptibles de le soigner.
Sans vraiment en avoir conscience, Still marque l’histoire de la
pensée médicale en proposant par des techniques manuelles
un
remède concret réunissant deux courants de pensée a
priori
opposés. Il a réussi l’impensable : associer vitalisme et
iatromécanisme. Pour Still l’homme est une machine, mais une
machine qui peut s’autoréparer !
Il poursuit sa pensée en reliant les processus internes du
corps.
D’abord en associant la structure à sa fonction et ce
pour
l’ensemble des structures qui composent le corps, puis
en reliant
les structures les unes avec les autres par une
interrelation.

Quelques principes ostéopathiques historiques


Une vision globale du corps : l’ostéopathe considère
le corps comme un
tout et non comme un
«  patchwork  »
constitué de différentes parties
anatomiques.

L’interrelation entre la structure et


la fonction  :
toutes les structures
composant le corps communiquent
et interagissent. La modification d’une
structure peut
perturber la fonction
qu’elle héberge et inversement,
une
dysfonction est susceptible de modifier la structure.

La loi de l’artère, ou encore loi de la


circulation  :
une mauvaise circulation peut être à l’origine d’une
dysfonction. Le but de l’ostéopathe est
alors de lever
les blocages structurels susceptibles d’entraver la
bonne
circulation artérioveineuse.

L’autoguérison : le corps est capable


de s’autoguérir,
ce principe fait d’ailleurs écho à la pensée de Georges
Canguilhem (médecin et philosophe
français de la
seconde moitié du
XXe siècle)  : être en bonne santé,
c’est pouvoir tomber malade et s’en
remettre.

Littlejohn et la première école


d’ostéopathie
Élève de Still, John Martin Littlejohn est un intellectuel
écossais
qui, pour des raisons de santé, s’est trouvé être le
patient de Still.
Très vite, une proximité s’installe entre les
deux hommes et
Littlejohn intègre l’école d’ostéopathie de
Still. Avant même
d’être diplômé de l’école, il y enseigna.
Littlejohn a véritablement théorisé l’ostéopathie et s’est fait
le
défenseur de cette thérapeutique en l’exportant en Europe.
En 1917, il fonda la première école en Europe à Londres.
Cette
école existe toujours, il s’agit de la British School of
Osteopathy.
Voici un extrait d’un texte datant de 1900 :

«  Sans aucun doute, le Dr Still fut à l’origine un rebouteux,


mais il ne limita pas son travail au soulagement de la
dislocation et il établit le principe que la libre mobilité des
articulations du corps, caractéristique de toute articulation
du
corps, fournit une base pour les conditions de santé  –  ou
de
maladie. Autrement dit, le corps doit en fin de compte
être
considéré comme un mécanisme parfaitement articulé. »

Ce concept va donner naissance au TOG (traitement


ostéopathique général – voir chapitres 3 et 19). Un des élèves de
Littlejohn, John Wernham, défendra à son tour ce type de
traitement ; il est décédé en 2007.
Littlejohn (et Wernham) était connu pour avoir un caractère
fort
et peu enclin au compromis, ce qui a sans doute contribué
à le
brouiller avec Still qui, tout en reconnaissant l’apport de
Littlejohn, n’a peut-être pas apprécié qu’une idylle naisse entre
cet Écossais lettré et sa fille…

L’ostéopathie d’aujourd’hui
Au cours de la seconde moitié du XXe siècle, les ostéopathes
américains se sont progressivement désintéressés de la
pratique
manuelle, qu’ils ont plus ou moins abandonnée aux
chiropracteurs, physiothérapeutes et massothérapeutes.
L’intégration de l’ostéopathie à la médecine classique s’est
malheureusement traduite par une paupérisation des concepts
fondateurs de la discipline. Ainsi travestie, l’ostéopathie
américaine de la fin du XXe siècle était à la recherche de ses
origines
et depuis quelques années, on note un regain de
publications
faisant la part belle à l’originalité du concept.
Aux États-Unis, des regroupements professionnels ont cherché
à
redéfinir une ostéopathie en accord avec son environnement
et
tout à la fois fidèle à ses principes, sa terminologie et son
enseignement. Ils ont établi un glossaire de terminologie
ostéopathique en 1981, mis à jour régulièrement.
La définition de l’ostéopathie se précise donc comme :
« Concept de prise en charge de la santé soutenu par une
connaissance scientifique en constante expansion qui inclut
le
concept d’unité de la structure (anatomie) et de la fonction
(physiologie) d’un organisme vivant » :
L’être humain est une unité fonctionnelle dynamique ;
Le corps possède des mécanismes d’autorégulation qui
sont par nature autoguérisseurs ;
La structure et la fonction sont en relation intime à tous
les niveaux ;
Un traitement rationnel se fonde sur ces principes.
L’ostéopathie en Amérique, ce n’est pas le Pérou !

Bien que l’ostéopathie soit née aux


États-Unis, les ostéopathes
américains ont pour la plupart un exercice
professionnel qui se
rapproche plus
de la médecine générale que de l’ostéopathie
telle qu’elle est pratiquée en
Europe. L’intégration de
l’ostéopathie
à la médecine conventionnelle aux
États-Unis a
permis aux ostéopathes
de devenir prescripteurs et d’avoir des
responsabilités sensiblement identiques à celles d’un médecin.
Les DO
(Doctor of Osteopathy) américains sont
donc les
équivalents des MD (Medical
Doctor) même si certaines limites
existent dans leur pratique.

Ainsi, on constate que seuls 5 %


des jeunes DO pratiquent les
thérapies manuelles. Même si, en vieillissant, ils se tournent
peu à peu vers
le cœur du métier ostéopathique,
ils ne seront
qu’environ  20  % à faire
usage de l’ostéopathie, comme une
méthode manuelle de traitement, en
fin de carrière.

Mister Greenman
Dès la fin des années 1970 aux États-Unis, un ostéopathe,
Philip
E. Greenman, constatant le désintérêt croissant des DO
pour la
pratique ostéopathique, a souhaité sensibiliser ses
confrères aux
concepts ostéopathiques. C’est ainsi qu’il a posé
les bases d’une
compréhension plus moderne des concepts
de la profession en
proposant cinq modèles ostéopathiques
(biomécanique,
neurologique, métabolique, circulatoire et
comportemental) qui
illustrent cinq fonctions du corps et
qui, des années plus tard
(en 2007), seront repris par l’OMS
(Organisation mondiale de la
santé) dans les principes directeurs pour la formation en
ostéopathie.
Deux mains

« Que dire à propos de l’avenir ? Nous sommes nés pour


évoluer, le progrès scientifique diffère légèrement des
progrès
commerciaux et industriels. Quel que soit le
domaine du
progrès, nous devons satisfaire les besoins
de l’humanité et
servir les intérêts de la science. »
John Martin Littlejohn (1865-1947)

L’ostéopathie a encore une histoire à construire et possède de


beaux jours devant elle. Alors que la médecine se développe
indiscutablement en génétique, en robotique ou encore en
thérapie cellulaire, des sources de développement pour
l’ostéopathie pourraient profiter des grands héritiers des deux
hommes que l’on vient tout juste d’évoquer.
Les travaux de Louisa Burns (voir chapitre 6) ou ceux d’Irvin
Korr sur ce qu’on peut comprendre de la dysfonction
ostéopathique sont peut-être un peu dépassés, mais se révèlent
encore aujourd’hui une source inépuisable (et guère exploitée)
de recherche.
L’héritage anglo-saxon ouvre une voie de normalisation d’un
métier en cours de professionnalisation et donne à la pratique
ostéopathique de nouvelles perspectives thérapeutiques.
Dans une société où les dépenses de santé peuvent représenter
plus de 11 % du PIB et où un nouveau médicament
coûte plus
de 800 millions de dollars, on comprend que
les solutions non
pharmacologiques ont leur place dans la
réflexion de santé
publique.
Chapitre 2
Dès la naissance

Dans ce chapitre :
L’ostéopathie pour accompagner la naissance

Pour les futures mamans

Pour les bébés

E n tant que réponse non médicamenteuse à certaines


pathologies, l’ostéopathie a toute sa place dans le
parcours de
santé de la femme enceinte et en accompagnement du
développement du nourrisson et du jeune enfant.

Pour les futures mamans


L’ancien Premier ministre britannique Tony Blair ne manquait
pas d’humour lorsqu’il disait que le seul moment de sa vie où
une femme souhaite avoir un an de plus, c’est lorsqu’elle est
enceinte !
En effet, les femmes enceintes vont expérimenter de nombreux
changements physiologiques et structuraux durant leur
grossesse
afin d’accompagner le développement du fœtus.
Lors de la grossesse, la femme enceinte va produire un certain
nombre d’hormones, comme la relaxine, ou encore, plus
connue,
la progestérone. Ces deux hormones vont entraîner
des
changements de fonctionnement du corps de la mère,
et
potentialiser d’éventuelles contraintes mécaniques qui
s’exerceront sur ce corps. Par exemple, la relaxine, qui est
sécrétée vers la fin du troisième mois de grossesse, provoque
une souplesse plus importante des articulations, notamment
au
niveau du bassin. Une des fonctions de cette hormone,
combinée
à celle des œstrogènes sécrétés d’abord par les
ovaires puis par
le placenta à la fin du troisième mois, va être,
entre autres, de
favoriser un élargissement du bassin afin
d’accueillir le fœtus en
développement, puis de permettre son
passage lors de
l’accouchement. Ces modifications entraînent
le bassin vers
l’avant, ce qui a pour effet d’augmenter la
cambrure du bas du
dos (lordose lombaire). Des douleurs
peuvent alors apparaître et,
à mesure que le fœtus se développera, aller jusqu’à la sciatique
dans l’une et/ou l’autre des
cuisses.

La progestérone en action

La progestérone, hormone produite


par les ovaires, permet la
détente du
muscle utérin lors de la grossesse évitant ainsi
l’expulsion du bébé avant
terme. Malheureusement, la
progestérone agit également sur d’autres
muscles lisses,
comme ceux de la
paroi de l’intestin, ralentissant ainsi
le transit
intestinal, provoquant des
sensations de ballonnement ou
favorisant la constipation. Les muscles
lisses, présents dans la
paroi de nos
artères, vont aussi se détendre et
entraîner
normalement une baisse de
la tension artérielle, pouvant
provoquer
des étourdissements. Lors du second
semestre de la
grossesse, la progestérone favorisera un sentiment
d’épanouissement et de plénitude, mais
parfois aussi un
sentiment de mélancolie. Juste avant l’accouchement, le
taux
de progestérone va chuter brutalement et les contractions
utérines
vont alors commencer.
Pendant la grossesse
Les sections suivantes vous donneront des conseils à suivre
durant les neuf mois de votre grossesse.

Évitez de soulever des objets lourds !


Si vous devez absolument porter des charges lourdes, tenez-les
près de votre corps et soulevez-les avec les jambes. Dans le
cas
où vous auriez d’autres enfants, encouragez-les à monter
eux-
mêmes dans leur lit, dans la voiture ou sur une chaise,
tout en
vous tenant la main.

Portez des chaussures confortables…


N’hésitez pas à porter des chaussures sans talon haut lors de
votre grossesse pour éviter des contraintes supplémentaires
sur
votre dos.

Faites de l’exercice !
L’activité physique modérée peut avoir des avantages pour
vous
et votre bébé. De nombreuses études récentes démontrent
les
effets bénéfiques de la pratique d’une activité physique au
cours
de la grossesse, notamment sur le diabète gestationnel,
les
douleurs lombaires et les sciatalgies (souffrances du nerf
sciatique), la santé mentale et le bien-être, l’hypertension,
la
fatigue et la constipation. De plus, une activité physique
régulière au cours de la grossesse, associée à une alimentation
saine, peut vous aider à ne pas prendre trop de poids durant
celle-ci.
Mais vous pouvez aussi combiner deux activités physiques :
D’un côté en travaillant le système cardio-vasculaire
(le
cœur et les poumons) avec de la marche rapide, du
jogging, de la natation ou de la danse ;
De l’autre côté en renforçant vos muscles avec du yoga,
du pilates, du vélo d’appartement ou de la musculation
légère.

Commencez toujours doucement et progressivement pour


éviter
les blessures et n’hésitez pas à demander conseil à
votre
médecin. Une bonne activité physique de grossesse
peut être
réalisée régulièrement (généralement, on conseille
de la réaliser
un jour sur deux) et doit durer environ 30 à
45 minutes.
Attention, avant de faire de l’exercice durant sa grossesse, il
est
important de garder à l’esprit les points suivants :
L’accord de votre médecin vous autorisant à pratiquer
une
activité physique modérée est indispensable ;
Afin d’éviter les blessures, échauffez-vous avant
l’exercice
et laissez-vous du temps pour récupérer
ensuite ;
Une fois l’activité physique terminée, étirez-vous en
douceur ;
Buvez beaucoup d’eau pour limiter la déshydratation. Les
jours d’exercice, buvez 2 litres d’eau pour compenser les
pertes dues à la transpiration ;
Sachez vous arrêter : si vous ressentez des vertiges ou
manquez de souffle, interrompez immédiatement vos
exercices. Si vous saignez, éprouvez de la douleur ou des
contractions, consultez un médecin dans les plus brefs
délais.

Après l’accouchement, conserver une activité physique reste


essentiel et peut aider à :
Perdre du poids ;
Retrouver de l’énergie ;
Améliorer l’état de dépression postnatal ;
Renforcer les muscles du périnée (en association avec
un
travail de kinésithérapie) pour éviter les troubles
d’incontinence.

La reprise de l’activité sportive ne doit être ni trop précoce


ni
trop tardive, et est conseillée après le retour de couches
(environ 6 à 8 semaines après l’accouchement) et après avoir
retrouvé un tonus périnéal suffisant.

Ce que l’ostéopathe peut faire pour vous


En accord avec les principes ostéopathiques, dont un des
objectifs principaux est de préserver la santé des patients, il
paraît tout naturel que les femmes enceintes bénéficient
également d’une aide.
Principalement, l’ostéopathe aura recours à des techniques
visant à modifier quelque peu la physiologie de certains nerfs
qui font partie du système nerveux autonome, c’est-à-dire
sans
intervention de la conscience ni de la volonté. C’est
ce système
nerveux qui assure le fonctionnement inconscient de la totalité
des organes du thorax ou de l’abdomen
par exemple. C’est
également lui qui permet de réguler
parfois la circulation
sanguine dans les artères, entraînant
soit une augmentation, soit
une diminution du diamètre
des vaisseaux ayant pour effet de
modifier la pression
artérielle. L’ostéopathe cherchera, à l’aide
de techniques
douces (il n’utilise qu’exceptionnellement les
techniques
qui « font craquer » lorsqu’il prend en charge une
femme
enceinte), à permettre au corps de la femme de retrouver
un
fonctionnement normal de ce système nerveux.
Anna, 34 ans

«  Pendant ma dernière grossesse, j’ai


commencé à ressentir
une douleur
dans la fesse qui pouvait même descendre dans la
cuisse, jusqu’au pied.
J’ai consulté mon ostéopathe qui
m’a
expliqué que je souffrais d’une
sciatique due à la compression
d’un
nerf dans le bas de mon dos. Grâce à
des manipulations
douces, il a réussi
à soulager mes douleurs et à faciliter
la fin
de ma grossesse. »

De la même façon, pour les femmes souffrant de constipation, il


tentera de mobiliser et de permettre au système
nerveux présent
dans la région du bassin de fonctionner de
manière optimale.
L’augmentation de la cambrure du bas du
dos entraîne une
compensation de la courbure du haut du
dos dans le sens inverse
(on parle alors de cyphose) et cette
déformation temporaire de la
cage thoracique peut perturber
également le fonctionnement des
muscles de la respiration, en
tête desquels on retrouve le muscle
diaphragme (muscle en
forme de voile de parachute qui assure la
respiration et qui est
situé entre le thorax et l’abdomen – voir
chapitre 11).
Or, ce muscle diaphragme va également jouer un rôle de
pompe
vasculaire et un fonctionnement altéré perturbera le
retour
veineux vers le cœur, entraînant éventuellement des
nausées, des
maux de tête liés à une mauvaise oxygénation du
sang.
L’ostéopathe tentera alors de mobiliser ces structures
de la cage
thoracique afin de permettre au muscle diaphragme
de
fonctionner le mieux possible pour qu’il puisse remplir son
rôle.
Diane, 43 ans

«  J’étais enceinte de cinq mois lorsque


j’ai commencé à
ressentir des douleurs
à la hanche. Ayant un enfant d’un an, il
m’était difficile de renoncer à le porter
dans mes bras
quotidiennement. Mais
ces douleurs devenaient régulières et
j’ai décidé de me tourner vers un ostéopathe. Celui-ci a été très
précautionneux dans ses manipulations quant
à ma grossesse
et a su m’expliquer
précisément les raisons de ces douleurs.
Exactement comme il me l’a
indiqué, elles se sont fortement
accentuées quelques heures après la consultation, puis dans
les deux ou trois jours
suivants, je ne sentais plus rien. J’ai
craint que ces douleurs ne reviennent
avec la progression de la
grossesse,
mais cela n’a pas été le cas. »

Pour les bébés


« Naître, c’est recevoir tout un univers en cadeau », disait le
philosophe Jostein Gaarder. Même si, la plupart du temps,
ce
moment singulier de la naissance se déroule très bien, il
arrive
parfois qu’il soit à l’origine d’un certain nombre de
traumatismes. Et cet univers, reçu en cadeau, peut parfois être
compliqué à gérer pour le bébé en devenir.

Un ostéopathe à la naissance
Il est facile de comprendre que des accouchements qui se
prolongent, qui se compliquent d’une césarienne en urgence,
que
l’utilisation de forceps, de ventouses pour faciliter la
sortie du
bébé peuvent perturber un certain nombre de
fonctions du corps
du bébé. C’est le cas également des présentations inhabituelles,
par la face ou par le siège. Mais le simple
passage du bébé dans
le bassin maternel lors de la naissance,
les différentes contraintes
auxquelles il est soumis, écrasé,
vrillé avant d’atteindre le
monde extérieur peuvent elles aussi
perturber le développement
de l’enfant.

Attention à sa tête !
Lors de l’accouchement, le crâne du bébé est soumis à des
forces très importantes, de l’ordre de plusieurs kilos. En outre,
les différentes pièces osseuses qui forment ce crâne ne sont
pas
immobiles, il existe, entre elles, des bandelettes de tissu
souple
que l’on appelle fontanelles (petites fontaines). Après
avoir subi
ces contraintes mécaniques, ces pièces osseuses,
dont la mobilité
est nécessaire au passage de la tête du bébé
par les voies
naturelles, se repositionneront d’elles-mêmes,
mais il arrive
parfois que ce ne soit pas le cas. Les déformations, même peu
importantes, de ces différentes pièces
osseuses pourront affecter
les structures molles passant à
proximité ou à travers ces
différents os.
Des malpositions de ces os du crâne peuvent être responsables
de perturbations du fonctionnement de certains
muscles (parfois
à l’origine de torticolis), ou alors comprimer
certaines régions
cérébrales ou différents nerfs, responsables
alors de symptômes
souvent forts désagréables pour l’enfant.
Les ostéopathes, formés à la prise en charge des nouveau-nés et
des enfants, apprennent à reconnaître ces symptômes
et à les
traiter. Une des régions du crâne souvent atteinte
est la base, sur
laquelle repose le cerveau, et qui est percée
de nombreux trous
par lesquels vont passer des nerfs dits
crâniens. Ces nerfs sont,
entre autres, responsables de la
succion, dont on comprend
l’intérêt chez l’enfant qui ne peut
qu’utiliser ce moyen pour
s’alimenter. D’autres nerfs assurent
le fonctionnement des
muscles du cou, ou d’une partie du tube
digestif et du système
cardiaque et respiratoire du nouveau-né.
Là encore, on
comprend bien l’intérêt d’une bonne assimilation
des aliments
ingérés pour assurer le développement du bébé.
Sur le côté du crâne, un autre os, l’os temporal, peut lui aussi
être malmené, notamment lors de l’utilisation de forceps
durant
l’accouchement. Cet os est en rapport direct avec une
structure
importante, la trompe auditive, ou trompe d’Eustache
(anatomiste italien du XVIe siècle). Cette trompe est un
canal
qui fait communiquer une cavité contenue dans l’os
temporal,
l’oreille moyenne, avec la région du fond de la gorge
(pharynx).
Elle est bien connue de ceux qui prennent l’avion
ou qui font de
la montagne, ou encore de ceux qui font de la
plongée sous-
marine. C’est en effet grâce à elle que l’on peut
équilibrer les
pressions entre la cavité de l’oreille moyenne
et le milieu
extérieur. Chez le bébé, et plus tard chez l’enfant,
si l’os
temporal est mal positionné, cette trompe auditive ne
peut
remplir correctement son rôle et alors être responsable
d’infections de l’oreille, mieux connues sous le nom d’otites.
Les ostéopathes sont capables de percevoir les mouvements
subtils et les malpositions des différentes pièces osseuses
crâniennes. Et grâce à leur sens très aiguisé de la palpation,
ils
pourront relâcher ces tensions tout en douceur.

La consultation

Avertissement
Rappelons que la loi française interdit
la manipulation des nourrissons
avant
6  mois sans avis médical. Avant la
consultation, demandez à votre
médecin une attestation de non-contre-indication médicale à l’ostéopathie.

Pour commencer, l’ostéopathe interroge la jeune mère sur sa


grossesse et les circonstances de l’accouchement. Lorsqu’il
aura
recueilli les informations qui lui sont nécessaires, il
débutera
l’examen physique du nourrisson, souvent en le
prenant dans ses
bras afin d’initier une prise de contact
bienveillante avec le bébé
et de tester quelques régions du
corps en les mobilisant
doucement.
Il est important pour l’ostéopathe d’instaurer une relation
de
confiance avec l’enfant (et avec ses parents) fondée sur
le
respect, la reconnaissance mutuelle avec acceptation de
l’autre.
Il est fréquent que l’ostéopathe utilise un jouet afin
d’instaurer
une relation moins anxiogène avec le tout-petit.
Ces moments serviront également à l’ostéopathe à évaluer
l’intérêt, les réactions, les plaintes, les grimaces, la capacité
à
communiquer, les mouvements ou les postures prises par
le
bébé. Puis, s’il l’accepte, le bébé sera placé sur le dos – la
collaboration du parent est souvent requise auprès de l’enfant.
L’ostéopathe pourra alors mobiliser les pieds du bébé, puis
ses
chevilles, genoux, hanches, etc.
Ces manipulations, ainsi que les réactions du bébé,
renseigneront l’ostéopathe sur les éventuels blocages des
différentes
articulations du corps. Si des régions sont sensibles,
il n’est
pas rare que cela occasionne quelques pleurs, mais il
arrive
souvent aussi que le bébé se relaxe progressivement,
s’endormant parfois même entre les mains de l’ostéopathe.
Il est très probable que l’ostéopathe pose ses mains sur le
crâne
de l’enfant, à la recherche, là encore, de blocages ou de
malpositions de certains os. Si tel est le cas, l’inconfort évident
du bébé, qui est souvent le principal motif de consultation des
parents, pourra éventuellement se manifester par des pleurs
ou
des cris, des troubles du sommeil, de régurgitations, etc.
Mais,
une fois de plus, les mains de l’ostéopathe parviennent
souvent
assez rapidement à apaiser les tensions du bébé
jusqu’à son
endormissement.
Être bien nez !

Les bébés respirent principalement par


le nez, ce qui leur
permet de respirer
et de s’alimenter en même temps. Un
rhume
est donc potentiellement dangereux pour un nouveau-né.

Quand consulter ?
La plupart des ostéopathes prenant en charge des nouveau-nés
s’accordent à dire que chaque nouveau-né devrait
bénéficier
d’une consultation ostéopathique. Si ce n’est directement après
la naissance, tout du moins lors du premier mois
de vie. Puis, par
la suite, une à deux consultations par an sont
recommandées,
même en l’absence de symptômes particuliers. Face à un trouble
spécifique – torticolis, otite, asymétrie
du crâne, etc. –,
l’ostéopathe aura besoin généralement d’une
à trois séances pour
soulager les symptômes de l’enfant.
Comme on l’a vu précédemment, l’accouchement peut parfois
être traumatisant ou physiquement éprouvant pour le bébé. Il
arrive même que, lorsque ses épaules sont un peu trop larges,
son passage par le bassin maternel se complique et que des
traumatismes plus ou moins sérieux se produisent. On appelle
cela la dystocie des épaules.
La plupart de ces traumatismes font généralement l’objet
d’une
prise en charge médicale précoce, mais il arrive parfois
que des
troubles associés soient oubliés ou jugés moins
importants. C’est
à ce moment que l’ostéopathe, dont l’analyse est beaucoup plus
globale concernant le corps de l’enfant,
peut apporter un regard
nouveau sur certains troubles.
L’examen ostéopathique aidera à mettre en évidence certains
problèmes au niveau de la colonne cervicale, par exemple,
ou au
niveau thoracique, des côtes, de la clavicule, etc.
Parfois
également au niveau de certains muscles et, si cela est
possible,
l’ostéopathe proposera une prise en charge.

Communiquer avec le bébé


L’acquisition du langage articulé venant assez tardivement,
l’ostéopathe communique avec l’enfant par le toucher et est
attentif à chacune de ses réactions. Rappelons que le bébé
communique essentiellement par ses pleurs, dont le sens
peut
différer selon les situations. Les jeunes parents peuvent
parfois
être démunis face aux pleurs de leur enfant. Sa
souffrance est
souvent compliquée à reconnaître. La formation
des
professionnels de santé concernant les souffrances du
nourrisson
est encore aujourd’hui assez hétérogène.
Pendant longtemps, la médecine a pensé que les nourrissons
présentaient un système nerveux immature et qu’ils ne
ressentaient pas ou peu la douleur. Fort heureusement, ces
croyances ont changé et les professionnels de santé sont de
mieux en mieux formés à la prise en charge de la douleur du
nourrisson. Une observation attentive des attitudes physiques
ou
comportementales du nouveau-né renseigne efficacement
sur un
éventuel état de souffrance. Il est devenu également
nécessaire
d’abandonner un certain nombre de croyances sur
le sujet,
comme : « Ils sont petits, ils oublieront » ou encore :
« Ce n’est
rien du tout »… Effectivement, de nombreux actes
thérapeutiques semblent anodins aux adultes mais les
perceptions des nouveau-nés diffèrent et peuvent même
entraîner
plus tard des comportements phobiques à l’égard des
soins ou
des soignants.
Chaque thérapeute se doit d’être attentif à certains signes
évocateurs d’une douleur chez l’enfant, comme :
Grimaces, froncement du visage ;
Position particulière des bras, jambes ou du dos pour
éviter la douleur ;
Refus d’être touché sur la zone douloureuse ;
Raideurs du corps (rejet en arrière) ;
Pleurs, cris, agitation ;
Changements de teint (pâleur, rougeurs…) ;
Malaise ;
Modification du sommeil ;
Communication difficile avec l’enfant ;
Accélération du pouls et de la respiration.

La plupart des parents perçoivent de façon juste la douleur de


leur enfant et il n’est pas rare que les enfants expriment plus
facilement leurs émotions (par des pleurs, des plaintes…) en
présence de leurs parents – une situation qui se révèle parfois
difficile à gérer par les parents, et même par les soignants,
car
elle peut compliquer leur travail. Pourtant, ces pleurs
sont
normaux, voire souhaitables : c’est un des moyens, pour
l’enfant, de dépasser la difficulté de ce qu’il est en train de
vivre
et de l’exprimer.

Pourquoi consulter ?
Les motifs de consultation sont nombreux, examinons
quelques-
uns des plus fréquemment rencontrés dans les
cabinets
d’ostéopathie.

Aïe, mon oreille !


L’otite est une infection souvent rencontrée chez l’enfant, avec
un pic de fréquence chez le bébé entre 6 et 24 mois. À l’âge
de 2 ans, il est estimé que trois enfants sur quatre auront fait
une
otite, et, chez 20 % d’entre eux, ces infections perdureront dans
le temps et deviendront chroniques. Il est rare que
l’ostéopathe
intervienne lors de l’épisode infectieux, qui se
manifeste
généralement par une irritabilité de l’enfant, des
douleurs de
l’oreille, des troubles du sommeil ou encore par
une fièvre plus
ou moins élevée. En revanche, on constate
qu’après l’épisode
infectieux et afin de prévenir une récidive,
le traitement
ostéopathique présente des résultats très significatifs, parfois
même surprenants d’efficacité.
Comme on l’a évoqué plus tôt, le bon fonctionnement de la
trompe auditive est primordial. De légères malpositions des
os
en lien avec cette trompe auditive peuvent être responsables de
la récurrence d’épisodes infectieux. L’ostéopathe
cherchera alors
à restaurer une bonne mobilité des os grâce à
des techniques
douces et à restaurer une circulation sanguine
et/ou lymphatique
de bonne qualité. Des muscles tendus
pourraient, en effet,
entraver la bonne circulation des fluides
nécessaires à une
guérison plus précoce.
Quelques conseils aux parents en cas d’otite
Lorsque l’enfant est capable de se
retourner seul,
vers 5-6 mois, il est
préférable de le coucher sur le côté
opposé à l’oreille qui est touchée.

L’usage de la sucette peut permettre


de stimuler les
muscles de la langue
et du palais et favoriser, lors de la
déglutition, l’ouverture de la trompe
auditive, facilitant
ainsi le drainage
du liquide infectieux présent dans
l’oreille.

Ne pas positionner l’enfant sur le dos


avec un biberon,
du liquide pourrait
couler jusqu’à son oreille. Préférer
une position avec la tête semi-inclinée lors de la prise
des repas.
Statistiquement, les enfants allaités
au sein
ont moins d’otites.

Ne pas exposer votre bébé au tabagisme passif afin de


diminuer le
risque d’infections.

Nettoyer son nez, en cas de rhume,


avec du sérum
physiologique et
penser à lui laver régulièrement les
mains, principaux vecteurs de transmissions de germes
pathogènes.

Il a encore vomi !
Les régurgitations de lait après la tétée ou au moment du rot
sont
tout à fait normales si leur volume n’est pas trop important.
Chez la moitié des bébés qui souffrent de régurgitations,
cela ne
pose aucun problème particulier de croissance ou de
développement.
Certains bébés qui régurgitent fréquemment peuvent parfois
avoir de légers vomissements entre les tétées. Les causes des
régurgitations sont nombreuses, parmi lesquelles on retrouve
une
prise trop abondante de lait, par mise au sein trop
fréquente ou
trop longue, une quantité de lait dans le biberon
trop importante,
ou encore un mauvais fonctionnement du
sphincter, situé à la
jonction entre l’œsophage et l’estomac.
Ces régurgitations ou
légers vomissements deviennent un
problème lorsque la quantité
de lait éjecté est trop importante.
Des vomissements en jet trop fréquents ou associés à d’autres
signes (fièvre, perte du tonus, présence de sang) doivent
amener
à consulter en urgence un médecin.

Le reflux gastro-œsophagien
Dans le cas où il s’agit d’un mauvais fonctionnement du
sphincter de l’œsophage, généralement lié à une immaturité
de
développement de ce dernier, les régurgitations peuvent
se
dérouler à distance de la prise alimentaire du bébé. Le
contenu
acide de l’estomac va alors irriter la muqueuse de
l’œsophage,
entraînant des sensations de brûlures et provoquant des pleurs
chez le bébé. On parlera alors de reflux
gastro-œsophagien.
Un médecin ou un ostéopathe formé à la prise en charge des
nourrissons pourra aider à déterminer la nature de ces
régurgitations. L’ostéopathe ne pourra en rien modifier la
structure
anatomique de cette jonction qui ne fonctionne pas
bien entre
l’œsophage et l’estomac. En revanche, le reste du tube
digestif
du bébé (et de l’adulte aussi), et en particulier le
fonctionnement de son estomac, sont dépendants d’un nerf, le
nerf
vague, qui traverse le crâne et qui innerve la quasi-totalité
du
tube digestif. Les sécrétions acides de l’estomac sont en
partie
dépendantes du bon fonctionnement de ce nerf vague.
Si le crâne du bébé a été quelque peu malmené lors de
l’accouchement, il arrive que ce nerf vague soit comprimé,
même légèrement, au niveau de son orifice de sortie du crâne,
perturbant par là sa physiologie, et provoquant les sécrétions
acides de l’estomac. L’ostéopathe partira à la recherche de ces
blocages et tentera d’aider ce nerf à fonctionner normalement.
En règle générale, il favorisera également la détente de la cage
thoracique, muscles, côtes et vertèbres de l’enfant, afin que
les
organes soient normalement mobilisés lors de chaque
mouvement respiratoire, permettant ainsi leur fonctionnement
optimal.

Que faire en cas de reflux ?

Il est nécessaire de surveiller attentivement la quantité de lait


ingéré par
l’enfant afin d’éviter la suralimentation. Les rots sont
très importants et il
ne faut pas hésiter, en plaçant l’enfant
verticalement contre son épaule pendant quelques minutes, à
patienter le
temps que l’enfant effectue un ou plusieurs rots.
Tout de suite après la prise alimentaire,
ne pas placer l’enfant
allongé sur le
dos dans le berceau. En accord avec
le pédiatre,
placer éventuellement un
petit oreiller sous le matelas du bébé
pour qu’il puisse dormir en position
légèrement inclinée. Les
reflux cessent
aussi spontanément avec le passage
à une
alimentation solide.

Bébé a la colique
Les coliques du nourrisson sont des douleurs très ennuyeuses
qui
se définissent par des cris et/ou pleurs du bébé au moins
trois
heures par jour, plus de trois jours par semaine pendant
au moins
une semaine sans trouble de la croissance. Elles
se manifestent
généralement lors du premier mois et se
poursuivent jusqu’au
troisième ou quatrième mois. Très difficile à vivre pour les
parents, elles perturbent fréquemment la
vie quotidienne !
En France, les coliques du nourrisson toucheraient
chaque année
jusqu’à 200 000 enfants, soit environ 25 %
des nourrissons. Le
ventre du bébé est gonflé, sensible et
vraisemblablement
douloureux, avec de fréquentes émissions
de gaz, le bébé est
irritable et pleure souvent.

Pleurs et pleurs

Un bébé qui pleure beaucoup n’est


pas nécessairement un
bébé qui a
des coliques. Même si les bébés qui
ont des
coliques pleurent beaucoup…
Les pleurs qui surviennent entre
18  heures et  22  heures sont généralement liés à la mise en
place du cycle
d’endormissement chez le nourrisson
et doivent
être respectés. Les pleurs
habituels qui se manifestent
plusieurs
fois par jour et qui sont le seul moyen
de
communiquer pour le bébé sont
assez faciles à stopper
contrairement
aux pleurs des coliques.

Les causes de ces coliques sont encore mal comprises. Des


hypothèses sont avancées concernant la colonisation de
l’intestin
de l’enfant par la flore microbienne, des troubles
de la motricité
de l’intestin ou encore certaines intolérances
alimentaires.

Sur les nerfs


La plupart du temps, ces coliques sont bénignes et transitoires.
On sait que le tube digestif reçoit une innervation
spécifique de
ce que l’on appelle le système nerveux autonome,
c’est-à-dire
fonctionnant indépendamment de notre volonté. Le
nerf vague
fait partie de ce système nerveux et son fonctionnement normal
peut être perturbé par une compression du nerf
au niveau de son
orifice de sortie du crâne.
Les nerfs, issus de la colonne vertébrale et à destination
du tube
digestif, peuvent également présenter un fonctionnement
anormal, s’ils sont comprimés par exemple. Bref,
autant de
raisons qui font que le processus de digestion peut
parfois être
perturbé, entraînant par là même des coliques.
L’ostéopathe
partira à la recherche de tels blocages et tentera,
toujours par des
techniques douces, de rétablir une bonne
mobilité des structures,
et donc d’assurer le meilleur fonctionnement possible de
l’intestin.

Que faire en cas de coliques ?


Ne pas hésiter à prendre l’enfant
dans les bras, cela
aura un effet apaisant et le rassurera.

Placer l’enfant dans un environnement calme. Si


l’enfant est apaisé,
alors les parents le seront aussi,
potentialisant un peu plus l’état de
détente de l’enfant.

Il n’est pas nécessaire, voire déconseillé, de masser le


ventre du bébé,
cela pourrait avoir l’effet inverse de
celui recherché.

Quelques conseils diététiques pour


la mère qui allaite :
l’oignon, l’ail, le
chou, le lait de vache ou encore le
chocolat sont en général déconseillés
car un certain
nombre de molécules
peuvent passer dans le lait
maternel
et favoriser les coliques.

La tête plate
La position de sommeil, chez le bébé, peut influencer la forme
de son crâne, et ces déformations éventuelles peuvent même
modifier son squelette. Ces contraintes de pression s’exercent
principalement au niveau de la partie arrière de son crâne.
Les bébés doivent être préférentiellement positionnés sur le
dos
pour dormir afin de prévenir la mort subite du nourrisson.
Ce
positionnement, absolument nécessaire, provoque parfois
un
aplatissement de la partie arrière du crâne appelé plagiocéphalie.
Ce léger trouble touche environ un tiers des bébés.
L’os occipital est en relation directe avec la colonne vertébrale,
car il s’articule avec la première vertèbre cervicale,
aussi
appelée atlas (qui est le nom de l’un des Titans dans la
mythologie grecque et qui signifie « le porteur »). On comprend
assez facilement que des déformations au niveau de cet os
occipital peuvent éventuellement modifier l’organisation de la
colonne vertébrale du jeune enfant.
Et d’une manière beaucoup plus générale, toutes les positions
asymétriques longtemps maintenues, comme lors de
l’allaitement maternel, le portage « kangourou », les sièges de
voiture,
le bébé porté dans le dos, etc., peuvent être à l’origine
de
tensions musculaires et d’asymétries de pression au niveau
de
certaines articulations qui pourront, parfois, perturber le
développement harmonieux de l’enfant.
Une règle simple pour prévenir ces tensions est de modifier
aussi souvent que possible les positions de l’enfant pour éviter
qu’il ne développe des troubles plus durables.
L’action des parents est importante. Par exemple, les
massages
de tout le corps en sortie de bain favorisent un bien-être
corporel, et par là permettent une bonne harmonie de
la
croissance osseuse. Le dépistage précoce est déterminant
dans la
prise en charge de la plagiocéphalie du fait de l’augmentation
rapide du périmètre crânien les six premiers mois.
Morgane, 36 ans

« Le crâne de mon petit garçon de


4 mois était plat et un peu
asymétrique, car il dormait souvent avec la
tête tournée du côté
droit. La pédiatre
nous a conseillé de redresser le matelas pour
rendre la position habituelle
inconfortable et forcer la tête vers
la
gauche… sans résultat. Après une
visite chez notre
ostéopathe, j’ai appris
qu’il souffrait d’un torticolis congénital.
C’est avec douceur que les quatre
séances se sont déroulées
pour notre
petit garçon. Aaron a  5  mois désormais
et il tourne
parfaitement la tête des
deux côtés.
Ayant remarqué que ses
yeux étaient
très encombrés par le canal lacrymal
bouché
depuis sa naissance, l’ostéopathe a procédé à un massage
délicat
sur les ailes de son nez. Dès le lendemain matin, ses
yeux étaient dégagés
et j’ai annulé son rendez-vous chez
l’ophtalmo, bien heureuse de lui éviter
le passage de la sonde
dans le conduit !
Notre ostéopathe nous accompagne au
fil du
temps dans une démarche préventive mais aussi pour soigner
divers
dysfonctionnements. C’est franchement un allié de santé
et de bien-être. »

De nombreuses autres causes d’asymétrie peuvent survenir


durant les premiers temps de l’enfance. L’allaitement au sein
ou
au biberon n’entraînera pas la contraction des mêmes
muscles de
la langue, de la mâchoire et même du cou. Plus
tard,
l’alimentation de l’enfant participera également au
développement des structures de sa tête et de son cou.
La
stimulation de la motricité de l’enfant en développement
joue,
elle aussi, un rôle prépondérant dans l’acquisition de son
schéma
corporel et dans le renforcement de sa musculature, et
donc de
sa croissance.
Comment porter bébé ?

Les porte-bébés constituent une bonne


stratégie pour porter
votre enfant sans
abîmer votre dos et ainsi éviter de nouvelles
séances chez l’ostéopathe.
Le porte-bébé à attacher sur la
hanche est une
alternative intéressante, mais il force le bébé à
maintenir seul sa tête. N’oubliez pas
d’alterner entre la
droite et la gauche
pour éviter de sursolliciter le même
côté.

Le porte-bébé ventral est parfait


pour ses premiers
mois. Cependant,
le poids du bébé vous tirant vers
l’avant, il vous oblige à contracter
les muscles du dos
pour le maintenir droit. Il peut être assez vite
problématique lors d’une marche prolongée.

L’écharpe à bébé, très à la mode, est


une autre façon
de porter votre bambin en avant mais aurait, sur le long
terme, les mêmes contraintes.

Le porte-bébé dorsal est préférable


pour un port de
longue durée pour
les enfants un peu plus âgés. Si
vous
en utilisez un, placez votre enfant
assez haut, bien
plaqué contre votre
dos pour diminuer les contraintes
s’exerçant sur votre dos, en veillant
à ce qu’il soit bien
protégé du soleil
et qu’il soit confortablement installé.

Tous ensemble, le cou, les dents et les yeux !


Cet écrasement de l’arrière du crâne peut même désorganiser
quelque peu l’agencement des autres pièces osseuses du
crâne, y
compris celles qui sont situées sur la partie avant, au
niveau du
visage. Une plagiocéphalie peut être présente dès la
naissance et
n’être que peu marquée. Le couchage sur le dos
de l’enfant,
associé à une rotation de sa tête du côté préférentiel, peut
aggraver cette asymétrie. Et il n’est pas rare que les
os qui
portent les dents, par exemple, pâtissent de cette
désorganisation, perturbant par là même la croissance dentaire et
l’agencement des dents.
En avant du crâne se trouve également l’os frontal qui, comme
son nom l’indique, forme la région du front. Cet os participe
à la
constitution de la cavité orbitaire qui contient l’œil, et au
niveau
duquel passe un muscle qui participe aux mouvements
de l’œil
(on l’appelle le muscle oblique supérieur de l’œil). Si
son
fonctionnement est perturbé, cela peut entraîner des
déviations
de la position de l’œil.

Il me fait tourner la tête, le torticolis


La plus grande partie des torticolis du nourrisson sont des
torticolis dits musculaires (environ 80 % d’entre eux). Ils se
manifestent principalement par la contraction du muscle
sterno-
cléido-mastoïdien (sterno = sternum ; cléido = clavicule
et
mastoïdien = base du crâne). La tête du bébé sera penchée
d’un
côté et le menton tourné de l’autre côté.
Avant d’envisager une prise en charge ostéopathique, il faut
s’assurer que des diagnostics d’éventuelles affections plus
sérieuses aient été éliminés. Les causes en sont probablement
multiples, et certaines sont déjà présentes dès la naissance,
souvent dues à une mauvaise position du fœtus in utero ou à
un
accouchement trop long, pendant lequel des instruments
ont été
utilisés (forceps, ventouse, etc.).
Si le torticolis n’est pas présent à la naissance mais que son
apparition est plus tardive, il est probable qu’il soit la
conséquence d’un mauvais positionnement de l’enfant et surtout
de
sa tête, dans son lit ou dans le siège auto. Il peut être la
conséquence d’un aplatissement de la tête de l’enfant lorsqu’il
est
couché sur le dos, la tête tournée de préférence d’un côté ou
de l’autre.
Une prise en charge précoce du bébé est indispensable car
d’autres déformations peuvent ensuite apparaître en l’absence
de
traitement. En effet, le crâne du bébé sera tourné d’un
côté et,
couché sur le dos, appuiera toujours sur la même
région,
entraînant un aplatissement du crâne. L’ostéopathe
va mobiliser
toutes ses connaissances anatomiques pour
prendre en charge ce
torticolis musculaire. Il tentera d’évaluer
les capacités de
l’enfant à tourner sa tête d’un côté puis de
l’autre, puis dans un
second temps évaluera le fonctionnement
des différentes
structures osseuses, musculaires et nerveuses
en rapport. Là
encore, il n’est pas rare que l’ostéopathe évalue
la mobilité du
crâne de l’enfant, car il arrive parfois que le
nerf responsable de
la contraction de ce muscle sterno-cléido-mastoïdien soit
perturbé dans son fonctionnement. Il s’agit du
nerf accessoire,
dont l’orifice de sortie du crâne est lui aussi
situé au niveau de la
base de la tête. On constate fréquemment
qu’en une séance
d’une quinzaine de minutes, l’ostéopathe
parvient à restaurer
une mobilité quasi normale du cou du
tout-petit.
Que faire en cas de torticolis ?

Il est possible d’effectuer des étirements passifs assez doux du


muscle
contracté. L’ostéopathe pourra vous
montrer comment
faire.

N’hésitez pas à stimuler l’attention


de l’enfant du côté contraire
à la rotation, afin de favoriser l’allongement du
muscle
raccourci. Il est possible de solliciter la rotation de la tête de
l’enfant
en plaçant une serviette roulée du côté
de la rotation de
la tête de l’enfant,
l’obligeant ainsi à doucement porter
sa tête
du côté opposé.

Pour résumer et pour faire en sorte que le bébé puisse se


développer harmonieusement dans cet univers reçu en cadeau
lors de sa naissance, on comprend bien l’intérêt d’une visite
à
intervalles réguliers chez l’ostéopathe, soit pour faire le
point et
prévenir d’éventuels troubles, soit pour accélérer ou
potentialiser
la rémission de certains symptômes que le bébé
pourrait
présenter.

Devant la table à langer


Pensez à garder votre dos droit !

Le bébé doit être allongé à la même


hauteur que les
coudes de l’adulte.

Choisissez une table à langer réglable


et ajustez sa
hauteur à celle de vos
coudes.
Chapitre 3
De 7 à 77 ans… et plus

Dans ce chapitre :
Pour les enfants

Pour les ados

Grand âge et ostéopathie

L’ ostéopathie s’adresse à tous sans discrimination d’âge.


Puisqu’il est capable de prévenir certains troubles de
l’enfance,
d’en accompagner d’autres, d’aider l’adolescent face
aux
changements importants que subit son corps, et enfin de
compenser, aider et, là encore, prévenir les troubles, douleurs
et
blessures du grand âge, l’ostéopathe devrait systématiquement
suivre les personnes à ces différents âges.

Pour les enfants


« As the twig is bent, so is the tree inclined », disait Alexander
Pope, poète anglais du XVIIIe siècle, que l’on pourrait traduire
par : « Comme la jeune pousse est courbée, l’arbre se penche. »
Cette citation illustre assez justement l’importance d’une prise
en charge précoce et régulière des enfants en ostéopathie.
Après
avoir subi le traumatisme de l’accouchement et les difficultés
des premières années de vie, l’enfant sera confronté à
de
nombreux autres traumatismes, pathologies, etc., tout au
long de
sa croissance. Autant de raisons qui devraient encourager les
parents à consulter régulièrement un ostéopathe.

Bébé grandit

Abaissez-vous en posant un genou à


terre, à la hauteur de
l’enfant, tout en
gardant votre dos bien droit. Plaquez
votre
enfant contre vous. Placez une
main dans son dos pour le
maintenir, et
une main sous ses fesses. Vous diminuerez ainsi
le bras de levier que le
poids de l’enfant va exercer sur votre
dos.

Pensez à alterner les côtés pour éviter de toujours solliciter à


outrance les
mêmes membres.

Votre enfant a grandi et vous l’aidez à


faire sa toilette ou à
s’habiller. Mettez-vous alors en position de chevalier servant,
de façon à garder votre dos droit.

L’enfance de l’art ostéopathique


À l’inverse des nourrissons, les enfants ont déjà un squelette
assez développé, parfois même complètement mature au
niveau
de certaines zones. Capable de se déplacer seul, il
marche sur ses
deux jambes, ce qui conduira l’ostéopathe à
l’examiner souvent
de la même manière qu’un adulte.
Les enfants présentent parfois des craintes à l’égard des soins
ou
des soignants, peut-être dues à des expériences passées
plus ou
moins traumatisantes avec d’autres soignants. Il est
important
que le parent le plus serein vis-à-vis des questions
de santé
accompagne ses enfants en consultation. Les ostéopathes formés
à la prise en charge des enfants et de leurs
douleurs utiliseront en
général bon nombre de moyens,
comme des jouets, et mettront
les parents à contribution pour
apaiser, le plus possible, la
relation qu’ils entretiendront avec
l’enfant.
Les enfants, s’ils l’acceptent et toujours en présence des
parents,
seront examinés en sous-vêtements pour que l’ostéopathe puisse
visualiser un certain nombre des troubles
éventuels de la posture
afin d’en comprendre l’origine.
L’ostéopathe envisagera et
évaluera le fonctionnement des
différentes régions de l’anatomie
de l’enfant.

Pourquoi consulter ?
Examinons quelques-unes des raisons pour lesquelles la prise
en
charge ostéopathique, par son approche spécifique de la
santé et
du corps, peut parfois très efficacement accompagner
certains
troubles de l’enfance.

Les petits traumatismes


Les chutes répétées des enfants sont souvent à l’origine de
contraintes mécaniques sur différentes articulations. Les
chutes
sur le dos, les chocs à la tête pourront entraîner des
troubles du
fonctionnement de certaines articulations ou au
niveau du crâne
de l’enfant. Il existe, en effet, selon les régions
du crâne, des
zones où les différentes pièces osseuses qui
le constituent
conservent une forme de souplesse, voire de
mobilité. Des
traumatismes, durant l’enfance, au niveau de
ces zones peuvent
perturber le fonctionnement des structures
musculaires,
vasculaires ou nerveuses qui sont en rapport. Par
exemple, des
chutes sur la face peuvent perturber le développement des os qui
portent les dents et obliger l’enfant à subir
des traitements
orthodontiques à l’adolescence.
Ces traumatismes peuvent également modifier le
fonctionnement des muscles qui permettent le mouvement des
yeux et
provoquer certaines formes de strabisme ; parfois, le
développement cognitif de l’enfant peut même aussi être
perturbé.
Les chutes sur les genoux, et d’une façon plus générale les
traumatismes des jambes des enfants, peuvent avoir un
impact
sur la relation entre leur bassin et leur sacrum (os situé
dans le
bas du dos et en haut des fesses qui se trouve entre
les vertèbres
lombaires et le coccyx). Les appuis au sol des
pieds de l’enfant
peuvent là encore être perturbés et/ou
asymétriques, ayant pour
conséquence ultime de modifier
l’organisation corporelle de
l’enfant en croissance.
Plus tard, le port du cartable de manière asymétrique, la
pratique
de certains sports, les attitudes corporelles néfastes
prises en
salle de classe (dos voûté, par exemple) sont
autant de causes à
la survenue et à l’installation de nouveaux
troubles du squelette
et des muscles de l’enfant.
Ce processus singulier de la croissance de l’enfant, puis de
l’adolescent, est un mécanisme assez lent et cette histoire
s’accompagne généralement de nombreux traumatismes et
pathologies qui se manifesteront, souvent, de manières très
différentes. L’ostéopathe cherchera, à travers l’histoire du
trouble de l’enfant ainsi qu’en examinant son corps, la ou les
causes qui l’ont amené à présenter telle ou telle pathologie.

Attention !

L’enfant n’est pas un adulte en miniature, les différentes étapes


de son
développement, de sa croissance sont
autant
d’éléments que l’ostéopathe
prendra en compte lors de son
analyse.

Maman, j’ai mal aux os !


Les mécanismes physiologiques, normaux, à l’œuvre lors
de la
croissance peuvent également être responsables de
douleurs. Il
s’agit des douleurs de croissance, ou poussées de
croissance. Ces
douleurs touchent principalement les enfants
entre 3 et 14 ans
environ. Les douleurs sont localisées souvent
en avant de la
jambe, parfois au niveau des cuisses ou en
arrière des genoux.
Les douleurs se manifestent principalement la nuit, durant
le
sommeil, et touchent les parties avant des deux jambes,
simultanément ou alternativement. Ces crises douloureuses
peuvent ne durer que quelques minutes jusqu’à une heure
dans
certains cas.
Ces douleurs passent en général d’elles-mêmes. Même si
leur
origine est encore mal comprise, il semblerait qu’elles
surviennent chez des enfants ayant une activité physique
irrégulière dont la masse musculaire et/ou osseuse semble
inadaptée à cette activité.
Un ostéopathe pourra éventuellement rechercher dans la
posture
de l’enfant quelques déséquilibres, s’il est voûté, trop
en appui
sur l’avant de ses pieds ou sur l’arrière, etc. L’objectif
sera de
soulager d’éventuelles contraintes s’exerçant sur le
squelette ou
sur les muscles de l’enfant qui participeraient à la
survenue de
ces douleurs de croissance.

Que faire en cas de douleurs de croissance ?

Rassurez l’enfant en lui précisant que


ces douleurs
disparaîtront lorsqu’il
terminera sa croissance, sans pour
autant
nier sa douleur. L’application
d’une bouillotte avec de l’eau
chaude
– mais pas trop ! – et un léger massage
relaxant avec
une crème ou de l’huile
de massage auront généralement un
effet relaxant sur l’enfant. Il pourra se
rendormir, et les parents
aussi !
Les enfants aussi peuvent avoir mal au dos !
Comme on l’a vu, les différentes étapes de l’acquisition
du
schéma corporel de l’enfant sont accompagnées de
nombreuses
chutes, traumatismes, activités physiques, etc. Il
n’est pas rare
non plus que des soucis digestifs se manifestent
par des douleurs
dans le bas du dos. Les plagiocéphalies
(voir chapitre 2)
perturberont la mobilité normale de la
colonne vertébrale de
l’enfant, surtout au niveau de son cou.
Ces plagiocéphalies
peuvent, en outre, être responsables de
troubles du sommeil,
digestifs, et même, un peu plus tard, des
otites dont souffrira
l’enfant. La perturbation de la mobilité
de la colonne cervicale
par ces déformations du crâne pourra
également être la cause de
la mise en place d’attitudes scoliotiques, voire de scolioses.

Vous avez dit scoliotique ?


La scoliose, dite « vraie » ou structurale, est une déformation
de
la colonne vertébrale dans les trois plans de l’espace
(frontal,
sagittal et horizontal) dont le diagnostic n’est confirmé
que
radiologiquement. Le côté de la convexité de la déviation
vertébrale définit la scoliose (scoliose droite : la convexité de
la
courbure est à droite). La scoliose peut avoir des causes
bien
définies, comme une maladie neuromusculaire (qui
perturbe le
fonctionnement des muscles), ou une anomalie
du
développement des vertèbres, mais bien souvent, elle est
qualifiée d’idiopathique, c’est-à-dire que l’on n’en connaît pas
la
cause.
L’attitude scoliotique correspond à une légère déviation de la
colonne vertébrale, mais dans un seul plan de l’espace qui est
le
plan frontal. Fréquemment, ces attitudes scoliotiques sont
dues à
une inégalité des membres inférieurs. Par conséquent,
le bassin
n’est plus tout à fait horizontal, et du coup la colonne
s’incline
pour compenser. La simple correction de l’inégalité
de longueur
de jambe, en portant une semelle par exemple,
suffit
généralement à faire disparaître la courbure.
En fonction de l’âge de l’enfant, l’ostéopathe évalue la mobilité
et les blocages des structures osseuses de la colonne vertébrale
et du thorax, ainsi que la mobilité des différentes pièces
osseuses
du crâne. Si l’enfant souffre d’une « vraie » scoliose,
l’ostéopathe ne peut modifier la réorganisation anatomique
qui
est propre à cette pathologie ; en revanche, il pourra peut-être
permettre d’en diminuer le degré et surtout prévenir
l’apparition
de douleurs qui pourraient y être associées. Par
ailleurs, il est
vraisemblable que l’ostéopathe vous donne
quelques conseils
pour mobiliser la cage thoracique touchée
par la scoliose, en
renforçant la musculature du dos et en
effectuant des exercices
de respiration (voir chapitre 11).

Étonnant mais instructif !

La scoliose ne touche pas les mammifères à quatre pattes,


autrement dit,
cette pathologie est liée à la bipédie. Par ailleurs,
on remarque que les
aveugles de naissance ne souffrent
pas
de scoliose. Parmi les premières
mesures à prendre lors de
l’apparition d’une petite scoliose, il est donc
nécessaire de
vérifier la correction
ophtalmique.

Otites, rhinites, sinusites…


Tout au long de la construction de leur système immunitaire,
les
enfants souffrent à intervalles plus ou moins réguliers
de
nombreuses infections. On a vu précédemment que les
otites
touchaient de nombreux enfants, surtout en bas âge,
mais ils sont
aussi vulnérables à d’autres affections, comme
les rhinites,
souvent qualifiées de rhumes, puis plus tard les
sinusites. En
effet, la plupart des sinus, qui sont des cavités
normalement
remplies d’air situées à l’intérieur des os du
visage sont
fréquemment infectés pendant l’enfance. Une fois
de plus,
l’ostéopathe ne prétend pas guérir ces troubles, mais
il traitera
l’enfant qui souffre de ces infections.
L’ostéopathe recherche chez l’enfant d’éventuelles asymétries
au
niveau du visage pouvant perturber le passage de l’air
dans le
nez, ou encore des tensions musculaires au niveau
du cou qui
pourraient gêner la circulation de la lymphe (qui
contient entre
autres les globules blancs) dans les vaisseaux
lymphatiques,
nécessaires à la mise en place des défenses
immunitaires de
l’enfant (c’est également vrai concernant
l’adulte). En
permettant une meilleure circulation de cette
lymphe,
l’ostéopathe accélère la guérison de l’infection.
Là encore, il utilise ses connaissances anatomiques des
nerfs,
artères, veines, vaisseaux lymphatiques, muscles, etc.,
en rapport
afin de restaurer, ou du moins de favoriser, un
fonctionnement
optimal de cette région.
Que faire en cas de sinusite ?
Mouchez une narine après l’autre afin
de protéger les
surpressions qui pourraient endommager l’oreille, et
surtout le tympan, en cas de mouchage
par les deux
narines.

Encouragez l’enfant à faire des exercices de respiration


nasale, lorsque
cela est possible, par la narine qui est
la moins bouchée.

Faites prendre conscience à votre


enfant de l’existence
et de l’importance de la respiration diaphragmatique, en
faisant se gonfler le
ventre lors de chaque inspiration
par exemple (voir chapitre 11).

Veillez à ce que l’enfant se mouche et


ne renifle pas, de
manière à accélérer le processus de guérison.

De l’asthme
L’asthme, qui est une pathologie touchant l’arbre respiratoire,
peut parfois voir certains de ses symptômes améliorés par une
prise en charge ostéopathique qui, comme souvent, vient en
complément de la prise en charge médicale, indispensable et
indiscutable.
Les troubles respiratoires lors d’une crise d’asthme sont
généralement accompagnés d’un certain nombre de
problèmes
de mobilité de la cage thoracique et des structures
qui y sont
associées. Parfois, même les structures de la région
du cou
comme les articulations ou les muscles peuvent également
fonctionner moins bien. L’ostéopathe tente de diminuer
l’impact
des blocages articulaires ou tensions musculaires qui
peuvent
survenir chez un enfant asthmatique.
Un autre objectif du traitement ostéopathique est de favoriser
l’expectoration des mucosités produites par les bronches et
de
permettre aux structures vasculaires qui assurent la nutrition des
poumons et surtout des bronches et des alvéoles de
fonctionner
de manière optimale. Des techniques très douces
sont utilisées
par l’ostéopathe pour « débloquer » les zones
dont la mobilité
est restreinte.
Tout en favorisant la détente de l’enfant lors du traitement
ostéopathique, il est possible que l’ostéopathe en profite pour
l’encourager à pratiquer certains exercices respiratoires, et
lui
montrer qu’il peut apprendre à contrôler certains de ces
muscles
permettant la respiration.

Que faire si votre enfant a de l’asthme ?


L’enfant peut apprendre le chant, qui
utilise de
nombreuses techniques de
contrôle de la respiration.

Le sport peut également être assez


favorable.

L’amélioration de la posture de l’enfant peut lui


permettre d’avoir une
attitude moins «  refermée  » sur
sa
cage thoracique.

Certains aliments sont recommandés et d’autres, à


l’inverse, potentialiseraient les crises d’asthme.
Ces
informations varient beaucoup
d’un praticien à l’autre,
demandez
des conseils à votre médecin pneumologue
pour plus d’informations à
ce sujet.

Lorsque les dents se chevauchent…


Comme nous l’avons évoqué précédemment, l’organisation des
pièces osseuses qui constituent le crâne peut être
perturbée. Il
existe de nombreuses causes à ces perturbations, qu’elles soient
héréditaires ou traumatiques, comme
lors de l’accouchement, ou
plus tard durant l’enfance comme
des chocs à la tête ou au
visage par exemple. Il existe également un certain nombre
d’autres causes au déplacement
des dents, comme l’utilisation
ou non d’une tétine, le fait de
sucer son pouce, l’allaitement au
biberon ou au sein. Tous ces
paramètres pourront éventuellement
entraîner des malpositions dentaires.
Les dents sont portées par trois os : les deux os maxillaires
pour
les dents du haut et la mandibule pour les dents du bas.
L’enfant,
dans un premier temps, a des dents déciduales (celles
qui vont
tomber), mieux connues sous le nom de dents de lait.
Ces dents
sont au nombre de vingt (dix en haut et dix en bas).
Cette poussée est un événement souvent douloureux pour
le
tout-petit, et un ostéopathe peut, grâce à une palpation
précise,
déterminer s’il existe des tensions qui pourraient
perturber cette
poussée dentaire. Souvent, l’enfant qui est vu
par un ostéopathe
durant cette période est beaucoup plus
serein et plus détendu. Là
encore, le plus tôt cette intervention a lieu, plus on diminue
l’apparition d’éventuelles tensions
associées, l’inconfort pour le
tout-petit, ses troubles du
sommeil et celui de ses parents !
En outre, d’éventuelles malpositions de l’os maxillaire (celui
qui
porte les dents du haut) auront pour conséquence de
perturber la
fermeture de la bouche de l’enfant, et parfois
de gêner les
mouvements de la langue, et donc aussi l’acquisition du langage
et tout le développement psychologique
de l’enfant. On
comprend bien alors l’intérêt d’une prise en
charge précoce pour
éviter tous ces troubles !
Langues étrangères

La langue joue un rôle fondamental lors


de la déglutition. Nous
déglutissons
plus de deux mille fois par jour (une à
deux fois
par minute), une mobilité perturbée de la langue va avoir des
conséquences importantes sur la disposition
des dents et des
mâchoires, comme
celles observées lors de la succion
du
pouce ou de la tétine par exemple.

Dans ce cas, la langue, au lieu de


prendre appui contre le
palais pour
chasser la salive et/ou les aliments
vers
l’œsophage, vient prendre appui
contre les dents, ce qui aura
évidemment des conséquences sur le développement dentaire.

L’ostéopathe cherche d’éventuels


troubles du fonctionnement
des structures musculaires et du squelette qui
pourraient
entraîner cette gestuelle
inappropriée de la langue.

Plus tard, si l’enfant n’est vu qu’après la perte des dents de


lait
et que des problèmes d’organisation des dents définitives
se
posent, la solution sera en général un traitement orthodontique
(pour redresser les dents), tant pour des raisons
esthétiques que
fonctionnelles.
Une désorganisation de l’alignement des dents perturbe
l’occlusion (la fermeture de la bouche) et peut poser un certain
nombre de problèmes par la suite. Le traitement orthodontique
et
la pose d’appareil dentaire (bagues) sont généralement
mis en
place le plus tôt possible pour profiter de la souplesse
relative
qui existe encore entre les différentes pièces osseuses
qui portent
les dents. Mais cela s’accompagne fréquemment
de tensions,
plus ou moins importantes, pouvant provoquer
des douleurs lors
de l’alimentation, ou même d’importants
maux de tête. C’est
dans ces situations qu’il est très utile de
consulter un ostéopathe,
qui tentera de relâcher les tensions
qui sont associées à la pose
d’appareil dentaire en orthodontie.

L’enfance n’est pas toujours un long fleuve


tranquille !
De nombreux autres troubles peuvent accompagner le
développement de l’enfant, et pour cette raison, une consultation
ostéopathique à intervalles réguliers permet de prévenir
ou
d’améliorer un certain nombre de symptômes. Face à des
problèmes qualifiés de troubles du développement
psychomoteur de l’enfant, il ne faut pas hésiter, en parallèle à
une
prise en charge médicale, psychologique ou orthophonique,
à
consulter un ostéopathe.
Les troubles du comportement comme l’hyperactivité ou la
colère, les troubles de l’apprentissage ou de la concentration,
les
troubles du langage comme la dyslexie ou le bégaiement
par
exemple, sont autant de problèmes qui peuvent avoir
une origine
et être maintenus par des blocages de certaines
structures du
corps de l’enfant. Ce sont ces blocages que
l’ostéopathe
recherche avec toute la précision de son geste
et tente de
soulager.

Pour les ados


Passage obligé de l’enfance à l’âge adulte, l’adolescence est un
moment de la vie parfois compliqué à gérer, pour l’adolescent
lui-même mais aussi pour les parents !
Les troubles psychologiques et les importantes modifications
de
comportement des adolescents sont assez largement
développés
et fréquemment évoqués dans de nombreux
médias. Les troubles
physiques de l’adolescent sont en
revanche rarement
mentionnés.
Pourtant, les troubles physiques et les douleurs existent chez
l’adolescent :
Importantes modifications physiques associées à la
puberté (chez les garçons comme chez les filles) ;
Activité sportive intense, avec toutes les blessures que
cela peut engendrer (entorses, fractures, etc.) ;
Position assise prolongée dans une salle de classe dont
l’ergonomie n’est que rarement appropriée ;
Le port de cartables souvent beaucoup trop lourds et
portés de manière asymétrique ;
Le stress associé à l’apprentissage scolaire.

Sans oublier qu’un certain nombre de pathologies, très


spécifiques à l’adolescence, dont les causes sont génétiques,
peuvent se mettre en place, notamment la maladie
d’Osgood-
Schlatter (affection du genou) ou encore la maladie
de
Scheuermann (atteinte du rachis – voir p. 60). En bref, les
ados
ont réellement mal au dos, mal au ventre ou encore mal
à la tête
et ne cherchent pas systématiquement à échapper à
leur ennui
dans les salles de classe !

Presque des adultes !


La prise en charge ostéopathique des adolescents sera différente
de celle des bébés et des enfants. Elle se rapproche de
celle des
adultes, mais l’ostéopathe sera vigilant quant à ses
propos et à sa
façon d’examiner l’adolescent, qui commence
à avoir le contrôle
de sa propre vie. La prise en charge ostéopathique des
adolescents, comme pour les adultes, est plus
efficace pour
soulager la ou les douleurs et améliorer la
fonction d’une
structure. Au fur et à mesure que l’adolescent
vieillit, il devient
de plus en plus difficile de modifier la
structure.
L’ostéopathe s’adressera donc directement à l’adolescent et
moins aux parents que lors d’une consultation avec un enfant
ou
un bébé. Il demandera à l’adolescent de se mettre en sous-
vêtements afin d’observer, comme chez l’adulte, ses structures
anatomiques. L’ostéopathe recherchera les éventuelles
asymétries ou les décalages, signifiant que des structures
peuvent
être bloquées. Il utilisera ensuite ces informations pour
choisir
le mode de prise en charge le plus approprié.

Scoliose, lordose, cyphose


Beaucoup de noms en – ose pour définir certaines des
courbures
de la colonne vertébrale. Nous avons déjà évoqué
la scoliose,
qui correspond à une courbure de la colonne dans
les trois plans
de l’espace.
Les deux autres, la cyphose et la lordose, correspondent à une
déviation de la colonne dans le plan sagittal et qui est tout à
fait
normale si elle n’est pas trop prononcée.
La déviation se fait vers l’arrière pour la cyphose, on parle
souvent de dos voûté. Physiologiquement, les vertèbres
thoraciques et les vertèbres sacrées suivent cette courbure.
La déviation part vers l’avant pour la lordose, elle concerne
physiologiquement les vertèbres cervicales et les vertèbres
lombaires, à ce niveau on parlera également de cambrure.
Il existe donc des courbures physiologiques de la colonne
vertébrale, inutile de répéter à longueur de temps « tiens-toi
droit » !
Sac à dos, cartable, sac à main…
les porter sans
avoir à les supporter

Mal porter un sac à dos peut engendrer des douleurs et des


blocages au
niveau des épaules et du dos  ; cela peut
aussi
avoir des répercussions sur les
lombaires.

Évidemment, les premières victimes à


consulter pour ces
problèmes sont les
enfants, souvent surchargés de livres de
classe. On pense souvent à tort que les
cartables trop lourds
peuvent engendrer
des scolioses (déviations de la colonne
vertébrale)… Ce n’est pas exact, un
port de charge trop élevé
peut entraîner des lombalgies qui, elles, pourront
pénaliser
votre enfant et nécessiter une
consultation ostéopathique.

Pour éviter cela, il existe des astuces


simples qui peuvent
améliorer cette
charge quotidienne d’histoire-géographie, de
français, d’algèbre et de
géométrie :
Privilégiez le sac à dos à la sacoche
en bandoulière  :
les bretelles du sac
à dos permettent de mieux répartir
le
poids qu’il contient sur les épaules.
Cette astuce
convient aussi aux
adultes. Si vous optez malgré tout
pour un sac en bandoulière, changez régulièrement de
côté pour éviter
de ne solliciter qu’une seule épaule.

Pensez aux cartables à roulettes qui


permettent d’éviter
le port du sac et
de son contenu. Le faire glisser permet
ainsi de soulager le dos de vos
enfants.

Idéalement, vous ne devriez pas porter une charge


supérieure à 10 %
de votre poids. Ainsi, si vous pesez

70  kilos, la charge de votre sac ne


devrait pas
excéder 7 kilos.
Videz votre sac ou le cartable de vos
enfants chaque
soir pour ne garder
que l’essentiel. Cette
recommandation est la plus importante. Pour éviter de
trop porter, soulagez votre sac
et n’y laissez que ce
dont vous avez
besoin pour le lendemain !

Encore une attitude scoliotique !


Nous l’avons évoqué à propos de l’attitude scoliotique, il
arrive
chez les adolescents que la pratique sportive ou la
survenue de
traumatismes, et parfois même l’absence d’activité physique,
soient à l’origine d’une inégalité de longueur
des membres
inférieurs, qui est un des principaux responsables de l’apparition
d’une attitude scoliotique. Si celle-ci est
liée à des blocages des
os du bassin survenus éventuellement
à la suite de traumatismes
sur la jambe, un simple traitement
ostéopathique peut corriger
partiellement ou totalement cette
inégalité, faisant disparaître,
par là même, l’attitude scoliotique. Les blocages des
articulations de cette région du bassin
ne sont pas
nécessairement douloureux, pour autant l’ostéopathe les
considérera avec la plus grande attention car il n’est
pas rare
qu’elles le deviennent dans un futur plus ou moins
éloigné.

Il a le dos voûté…
La pratique sportive, ou l’absence de sport, peut également
favoriser l’augmentation de l’angulation des courbures normales
de la colonne vertébrale. Typiquement, l’adolescent qui
passe
trop de temps derrière un écran d’ordinateur dans une
position
peu ergonomique, ou l’adolescent plus grand que ses
camarades
affaiblira un certain nombre des muscles supposés
porter sa tête
et il n’est pas rare qu’il développe une cyphose
prononcée de la
partie haute de son dos, d’où le dos voûté.
La maladie de Scheuermann
Il ne faut pas oublier non plus qu’à l’adolescence, un trouble
du
développement, appelé maladie de Scheuermann, peut
se mettre
en place. Il s’agit d’une inflammation d’une partie
des vertèbres
qui va en fragiliser la structure et entraîner un
écrasement de la
partie avant de ces vertèbres.
Holger Werfel Scheuermann (1877-1960), chirurgien
orthopédiste et radiologue danois, a décrit le premier, en 1921, la
cyphose des apprentis horlogers et a donné son nom à cette
affection.
Ce sont les garçons qui souffrent plus souvent de ce trouble
et
les vertèbres les plus touchées sont généralement celles
situées
dans le milieu du dos. Ce mécanisme régresse ensuite
progressivement et cesse de lui-même à la fin de la croissance.
Cette pathologie n’est pas dangereuse, elle suppose
néanmoins
de prendre certaines précautions, notamment
concernant la
pratique d’un sport, tant que les vertèbres
restent fragiles.
Un ostéopathe peut, lors d’un examen précis des différentes
courbures du dos et grâce à des tests de mobilité des
vertèbres et
parfois d’autres régions, non pas guérir cette
maladie de
Scheuermann ni modifier durablement la posture,
mais prévenir,
voire soulager un certain nombre de douleurs
qui peuvent y être
associées. En effet, il n’est pas rare que la
maladie de
Scheuermann soit génératrice de douleurs au fur
et à mesure de
son évolution. L’ostéopathe cherche alors à
diminuer les
éventuelles tensions qui pourraient s’ajouter aux
lésions déjà
existantes et ce, grâce à des techniques douces
utilisant la
détente musculaire ou la mobilisation de certaines
zones du
corps, comme au niveau du ventre par exemple, qui
pourraient
entraîner des tensions sur le dos.
Protégez le dos de votre ado
Adaptez le bureau pour éviter les postures courbées
sur la table ou devant
l’écran d’ordinateur. Il est
déconseillé
d’écrire sur une surface horizontale ;
si c’est
possible, il est préférable d’incliner la surface de travail
d’une vingtaine de degrés environ pour limiter
la flexion
en avant de la tête.

Il faudra également adapter les sports


pratiqués. En
général sont déconseillés les sports provoquant des
chocs,
des sauts, des coups ou des chutes.

Préférez la natation, l’aviron, la


marche rapide, ou des
exercices
de musculation encadrés par un
professionnel.

Il est important de respirer correctement en mobilisant à


la fois son abdomen et son thorax.

La pratique sportive, renforçant les


muscles du dos et
de l’abdomen, est
également importante.

Enfin, il est nécessaire d’être vigilant


à la posture que
l’on prend dans certaines situations de la vie
quotidienne,
en soulevant des charges, en travaillant à
son bureau, etc.

Dépister les affections de la colonne vertébrale


La scoliose n’est parfois diagnostiquée que tardivement et
peut
aussi perturber le développement de l’adolescent et
de
l’adolescente qui verra un de ses seins plus saillant que
l’autre.
Les jeunes peuvent dans certains cas souffrir de leur
image
corporelle à un âge si délicat.
Quoi qu’il en soit, une gibbosité (bosse) dans le dos est
observée
lors de la flexion du tronc en avant du côté de la
convexité de la
scoliose.
Il est essentiel de dépister ces affections de la colonne vertébrale
le plus tôt possible. Si l’affection est très importante, des
traitements orthopédiques permettent d’en limiter les
manifestations, et la prise en charge ostéopathique, même si elle
ne
modifie en rien la structure, peut en freiner la progression
et
soulager les symptômes douloureux qui y sont associés.
Précisons également que des exercices physiques correctement
menés aident à réduire les manifestations douloureuses.
L’ostéopathe cherchera des zones de blocage de certaines
articulations, sur toute la hauteur de la colonne vertébrale,
mais
aussi au niveau des côtes, et s’intéressera à d’éventuels
obstacles
au fonctionnement normal du muscle diaphragme
(muscle en
forme de voile de parachute qui assure la respiration et qui est
situé entre le thorax et l’abdomen).

Mal de ventre
Le principal motif de consultation rencontré en médecine
générale concernant les adolescents est le mal de ventre,
avant le
mal de dos. En ostéopathie, ces motifs sont inversés,
mais pour
les maux de ventre également, la prise en charge
ostéopathique
de l’adolescent peut accompagner efficacement
le traitement
médical. En outre, il n’est pas rare que mal de
ventre et mal de
dos soient associés.
Au cours d’une consultation, l’ostéopathe recherche quelles
pourraient être les causes de ces maux de ventre et, si
nécessaire,
vous proposera de consulter votre médecin
pour effectuer des
examens complémentaires. À l’aide de
techniques douces et de
conseils, l’ostéopathe est susceptible
de vous accompagner pour
vous aider à vous débarrasser de
ces douleurs parfois gênantes.
Le muscle diaphragme fait en général souvent l’objet d’une
attention toute particulière de la part de l’ostéopathe. En
effet, ce
muscle permet la respiration lors de sa contraction,
mais son
mouvement libre permet également de mobiliser
les organes
présents dans votre abdomen, favorisant ainsi
leur
fonctionnement normal. En cas de blocage ou de
mobilité
diminuée, il arrive parfois qu’il soit responsable d’un
fonctionnement altéré de ces mêmes organes, entraînant des
sensations d’inconfort ou des troubles digestifs associés.
Chez la jeune fille, les modifications que son corps va subir,
anatomiquement mais aussi physiologiquement, peuvent aussi
être à l’origine de douleurs qui lui seront bien spécifiques.
Le
développement des ovaires et l’apparition des premières
règles,
et par la suite la poursuite de ce cycle menstruel, sont
parfois
douloureux ou inconfortables. L’ostéopathe, grâce à
une analyse
détaillée des différentes composantes osseuses
et musculaires de
la région du bassin et à une connaissance
précise du
fonctionnement des nerfs à destination des différentes structures
de cette région (ovaires, trompes, utérus,
vessie, etc.), peut
permettre, parfois, un meilleur confort lors
de ces épisodes
menstruels.

Genou voit bien faire du sport


Le temps de l’adolescence, principalement chez le garçon qui
fait du sport à un niveau important, est également le temps

peuvent apparaître des douleurs au niveau du genou. La
maladie
d’Osgood-Schlatter est un trouble qui survient au
niveau de
l’insertion basse du tendon de la rotule sur un
relief osseux situé
en haut du tibia appelé la tubérosité tibiale
antérieure. La
plupart du temps, un seul genou est touché,
mais il arrive parfois
que les deux soient atteints.
Ce sont Robert Bayley Osgood (1873-1956), chirurgien
orthopédique américain, et Carl B. Schlatter (1864-1934),
chirurgien
suisse, qui ont décrit, indépendamment, cette
pathologie en
1903.
Chez l’adolescent, un développement important de son
muscle
quadriceps (le groupe musculaire situé à l’avant de
la cuisse)
entraîne une traction importante sur le tibia (son
lieu d’insertion)
et les microtraumatismes répétés liés à la
pratique sportive
peuvent provoquer un processus inflammatoire à l’origine de la
douleur. On observera à ce niveau une
position haute de la rotule
(aujourd’hui appelée patella). Afin
de prévenir la survenue d’un
tel trouble ou d’en accélérer
la rémission, l’ostéopathe examine
globalement les différents éléments musculaires et squelettiques
de la jambe,
de la cuisse ou encore du bassin. Si des
déséquilibres ou
des blocages sont présents, grâce à des
techniques visant
à redonner de la mobilité et à équilibrer les
charges sur les
deux jambes, il propose des étirements non
douloureux et
relativement doux et tente de relâcher les
éventuelles tensions
musculaires de la plupart des muscles de la
cuisse et de la
jambe.

Pour guérir votre genou

Le repos doit être maintenu au moins


jusqu’à la disparition de la
douleur.
Ensuite, la reprise sportive doit être
douce et
progressive, en veillant
particulièrement aux échauffements
et
étirements. Le port de genouillères
peut parfois soulager la
douleur.

Mes dents n’ont plus de place !


L’adolescence est également le temps qui verra la pousse
des
troisièmes dents molaires, plus connues sous le nom de
dents de
sagesse. Chez certaines personnes dont la mâchoire
est trop
étroite, il peut être nécessaire d’arracher ces dents,
parfois
seulement d’un côté, parfois des deux. Il n’est pas rare
que la
traction que le stomatologue (médecin spécialiste de
la cavité
buccale) exerce pour arracher ces dents soit assez
importante.
Les muscles et les articulations qui permettent
la mobilité de la
mandibule (la mâchoire du bas) peuvent
être fortement
malmenés lors de ces opérations. Un fonctionnement modifié de
cette mandibule peut être à l’origine
de nombreux autres
troubles car de nombreux muscles et
ligaments la mettent en
relation avec les structures voisines,
notamment les organes du
cou, et surtout les vertèbres
cervicales. Aller consulter un
ostéopathe après avoir subi
l’arrachement de ces dents de
sagesse serait sage !
En effet, un ostéopathe peut vous éviter d’éventuelles
cervicalgies (douleurs de la nuque) ou maux de tête qui
pourraient
survenir à cause de la mobilité perturbée de la
mandibule.
Cette perte de mobilité perturberait à son tour la
mobilité du
cou, et certains nerfs, dont l’origine est au niveau du
cou, si
leur fonctionnement n’est pas normal, peuvent
transmettre
des sensations douloureuses, comme des maux de
tête par
exemple.
Encore une fois, l’adolescent apprend à apprivoiser les
nombreuses modifications corporelles auxquelles il est
soumis,
et il est important de garder à l’esprit que des
sensations
corporelles douloureuses ou désagréables ne
facilitent pas la
découverte et l’appropriation de ce corps en
« mutation ». Sans
oublier, bien évidemment, que ces sensations douloureuses liées
aux postures longtemps maintenues,
au collège par exemple, ne
favorisent ni la concentration
ni l’apprentissage de manière
sereine. C’est la raison pour
laquelle, en cas de sensations
douloureuses, voire simplement
pour prévenir leur apparition, il
est utile de consulter régulièrement un ostéopathe qui vous
accompagnera durant cette
étape de votre vie.

Grand âge et ostéopathie


« La sénescence n’est pas une pente que chacun descend à
la
même vitesse. C’est une volée de marches irrégulières que
certains dégringolent plus vite que d’autres. »
(T. H. Howell, gérontologue américain cité par
Simone de
Beauvoir dans La Vieillesse, 1970)

La définition de ce qu’est une personne âgée reste aujourd’hui


assez floue et est dépendante de son environnement social
et
culturel. Il est néanmoins évoqué un certain nombre de
processus biologiques et physiologiques qui témoignent
du
vieillissement. Ce dernier, classiquement, s’accompagne
de la
perte de certaines fonctions, du processus de mort
progressive de
certaines cellules et, aujourd’hui encore, les
recherches vont bon
train pour comprendre ces mécanismes
afin de les prévenir ou de
les stopper.

Ça marche moins bien…


Avec l’âge, la taille des organes va quelque peu diminuer,
partiellement à cause de la mort cellulaire et d’une réduction
de
la vascularisation (apport de sang vers ces organes). Dès
lors, le
fonctionnement de ces différents organes s’en trouvera
altéré.
Certaines substances, sans rôle évident, vont également
progressivement s’accumuler au sein de différents tissus, le
cholestérol dans les artères, le calcium dans certains cartilages,
etc. La composition du corps change également : on
observe une
perte d’eau et la graisse va se déposer autour des
organes. On
sait aujourd’hui que les cellules nerveuses sont très
sensibles au
manque d’oxygène, par conséquent, la formation
de plaques
d’athérome au niveau des artères qui apportent le
sang au
cerveau (graisse qui se dépose au niveau de la paroi
des artères
et qui se calcifie) et la rigidification de ces mêmes
artères
réduiront l’apport sanguin, riche en oxygène, vers les
cellules
nerveuses du cerveau par exemple. Ce mécanisme
précipite par
là même la mort de ces cellules nerveuses.
Certaines substances
se déposent au niveau du cœur et
perturbent son fonctionnement
normal en modifiant la circulation sanguine. Cette circulation
sanguine altérée est responsable
de bon nombre des troubles
constatés à partir d’un certain âge.
La composition du cartilage évolue également et subit des
mécanismes dégénératifs, c’est-à-dire que des cellules
disparaissent ou alors n’assurent plus leur rôle. Ces processus
conduisant à l’arthrose sont à l’origine de la perte de mobilité
de
certaines personnes à partir d’un certain âge. La perte de
mobilité des structures de la colonne vertébrale et des côtes
réduit la capacité respiratoire par rigidification du thorax, et
donc la capacité à oxygéner le sang.

La fonte… des muscles


Au cours du vieillissement, les muscles peinent également à
fonctionner chez les personnes âgées, car le fonctionnement
des
nerfs permettant la contraction des muscles est altéré. On
observe alors fréquemment une fonte musculaire qui, par la
suite, modifiera également la posture des individus. La perte
du
tonus des muscles abdominaux et des muscles du dos,
associée
parfois à des fragilités des os (comme l’ostéoporose),
entraîne
généralement des postures assez voûtées, en flexion
vers l’avant.
Une des conséquences est que les genoux et les
hanches ne
peuvent plus atteindre l’extension complète et la
flexion de la
colonne lombaire est, elle aussi, diminuée. On
peut observer
classiquement un aplatissement de la cambrure
lombaire et une
accentuation de la courbure dorsale et/ou de
la courbure
cervicale.
L’ostéopathe tente alors de redonner de la souplesse à ces
articulations, et particulièrement aux articulations et muscles
de
la jambe pour permettre un pas plus assuré et plus
dynamique et
une démarche plus sûre.

De mal en pis !
Les troubles de fonctionnement des muscles lisses de la
paroi
des intestins peuvent parfois être responsables d’états
de
constipation chronique, eux-mêmes responsables d’une
augmentation de la pression intra-abdominale (à l’intérieur du
ventre) qui peut perturber le retour du sang veineux, en
provenance des jambes par exemple, vers le cœur. Sans compter
que cette surpression à l’intérieur des intestins peut également
conduire à une pathologie fréquemment rencontrée qui
est la
diverticulose (un diverticule est une petite poche de tissu
intestinal qui se forme vers l’extérieur au niveau du colon, ou
gros intestin, à la suite d’une pression importante exercée au
niveau d’une zone de faiblesse de la paroi).
La liste pourrait être plus longue concernant les modifications
qui se déroulent dans le corps avec l’âge. On comprend
facilement que l’équilibre entre les différents systèmes du corps
devient de plus en plus précaire et que le moindre déséquilibre
peut précipiter une cascade d’événements dont il est
souvent
difficile de s’extraire.
On sait aujourd’hui que l’activité physique est essentielle à la
préservation de certaines fonctions, physiques et mentales.

Que fait l’ostéo ?


La prise en charge de patients âgés diffère de la prise en
charge
classique de jeunes adultes. La perte de mobilité
des structures
corporelles des patients doit être traitée le
plus souvent possible
pour freiner ou stopper certains des
processus dégénératifs que
l’on a évoqués précédemment.

TOG : traitement ostéopathique général


L’ostéopathe utilise un certain nombre de techniques douces
pour mobiliser les différentes articulations du corps du patient
âgé. Cette prise en charge, appelée traitement ostéopathique
général ou TOG, outre le fait de permettre à certaines
articulations ou muscles de retrouver un meilleur
fonctionnement,
a également pour objectif de favoriser la
circulation sanguine,
la respiration ou encore la digestion qui
sont autant de
paramètres qui nécessitent souvent une prise en
charge. Bien
évidemment, si un certain nombre de fonctions sont
recouvrées, c’est autant de possibilités pour le patient de
reprendre
une activité physique ou intellectuelle qui participe à
retarder
d’autres mécanismes dégénératifs associés au
vieillissement.

De mieux en mieux !
La fonction respiratoire trouve un bénéfice dans la mobilisation
douce des structures de la cage thoracique ou du
diaphragme
(muscle en forme de voile de parachute retrouvé
entre le thorax
et l’abdomen et qui permet la respiration). Les
échanges gazeux
et l’oxygénation en seront forcément potentialisés et cela
permettra de prévenir l’apparition d’autres
troubles et/ou de
limiter les troubles associés à certaines
pathologies.
On comprend ainsi facilement que la prise en charge
ostéopathique, dont un des objectifs principaux est de redonner
de la
mobilité à des structures qui en ont perdu, est fondamentale
et
permet dans bien des cas de retrouver un mieux-être corporel
et de profiter le plus possible de ses belles années de sagesse !
Chapitre 4
Pour les personnes handicapées

Dans ce chapitre :
Comprendre le handicap

La motricité

La cognition

L’ écrivain et philosophe Alexandre Jollien, dans


Éloge de la
faiblesse, présente ainsi le handicap :

« Très vite, j’eus l’intuition qu’en fuyant le handicap, on


s’isole. Il est là, il faut l’accueillir comme un cinquième
membre, composer avec lui. Pour ce faire, la connaissance
de
ses faiblesses me semble primordiale. »

« Constitue un handicap toute limitation d’activité ou


restriction
de participation à la vie en société subie dans
son environnement
par une personne en raison d’une altération substantielle, durable
ou définitive d’une ou plusieurs
fonctions physiques,
sensorielles, mentales, cognitives ou
psychiques, d’un
polyhandicap ou d’un trouble de santé
invalidant. »
Forts de leurs connaissances anatomiques et physiologiques,
de
leur rapport très direct avec le corps de leurs patients,
les
ostéopathes peuvent apporter un regard nouveau sur le
handicap,
et surtout sur sa prise en charge.
Même si elle s’apparente en de nombreux points à la prise en
charge d’une personne valide, il existe un certain nombre de
spécificités à la prise en charge de la personne handicapée
(moteur et/ou mentale).
Une situation de handicap peut être causée par de nombreux
facteurs, maladies génétiques, traumatismes, maladies
neurologiques comme les accidents vasculaires-cérébraux,
sclérose
en plaques ou même maladie de Parkinson, etc.

Comprendre le handicap
Tout d’abord survient ou existe une lésion correspondant
à la
maladie ou au traumatisme. Cette lésion entraîne une
déficience,
c’est-à-dire une modification de la fonction
d’un organe ou
d’une structure anatomique. Cette ou ces
déficiences entraînent à
leur tour des incapacités et limiteront
les activités de la vie
quotidienne, partiellement ou totalement.
Enfin, déficiences et
incapacités auront un retentissement
social qui limitera
l’accomplissement d’un rôle normal (en
rapport avec l’âge, le
sexe, les facteurs sociaux et culturels de
l’individu), on parle
alors de restriction de participation ou de
handicap.

Trois catégories
Les handicaps sont classés en trois catégories : les handicaps
moteurs, cognitifs et sensoriels (perte de la vue ou de
l’audition).

Voyons à travers quelques exemples que des pathologies


bien
différentes peuvent conduire à une même situation de
handicap.
Par exemple :
Un homme de 40 ans qui souffre d’une lésion de la moelle
épinière (c’est par là que passent tous les nerfs) dans le
dos aura pour déficience une paraplégie (c’est-à-dire une
paralysie de ses deux jambes), il sera donc incapable
d’utiliser les escaliers, et par conséquent sera confiné à
son domicile et pourra souffrir d’isolement social ;
Un homme de 80 ans qui souffre d’une double arthrose
de
hanche. Cet homme aura pour déficience des hanches
enraidies, il sera incapable également d’utiliser les
escaliers, sera également confiné à domicile et pourra, lui
aussi, souffrir d’isolement social.

De la même façon, pour une pathologie identique, le handicap


peut être très différent. Par exemple :
Un homme de 35 ans, marié et informaticien, souffre
d’une lésion de la moelle épinière qui le rend
tétraplégique (paralysie des bras et des jambes) et
est
donc incapable de se mouvoir. Malgré cela, une
réinsertion familiale et professionnelle est possible ;
Un homme, agriculteur, veuf et retraité de 75 ans, aussi
tétraplégique et incapable de se mouvoir, voit son retour
à
domicile impossible, il se retrouvera alors dans une
situation d’isolement social.

La réflexion à mener sur cette question du handicap concerne


principalement la qualité de vie des individus.
Rappelons brièvement la définition qu’en donne l’Organisation
mondiale de la santé (OMS) : « La qualité de vie est un
sentiment subjectif de complet bien-être physique, moral et
social. »
Par conséquent, la qualité de vie n’est pas forcément liée
au
niveau de récupération ou à la sévérité du handicap, elle
semble
plutôt dépendante de la manière dont est appréhendée
la
nouvelle situation par le patient. C’est dans cette dynamique
et
avec cette compréhension du handicap que l’ostéopathe
proposera une prise en charge spécifique dont les objectifs
seront clairement définis avec le patient dès le début.

La motricité
Concernant le handicap moteur, en premier lieu, il convient
d’évaluer les capacités à la marche des individus.
La marche est une fonction essentielle et commune à tous. Des
troubles de la marche constituent donc un handicap moteur plus
ou moins sévère en fonction des limitations.

Une prise en charge globale


Pour la prise en charge d’un handicap moteur, il sera
nécessaire
d’évaluer le degré d’autonomie de l’individu, le
retentissement
professionnel du trouble, et enfin le retentissement psychique.
Tout cela permet d’appréhender
les répercussions sociales de la
maladie ou du trouble et
permettra au soignant de suivre les
bénéfices de la prise en
charge dans le temps. Il est possible que
l’ostéopathe évalue
avec vous, grâce à un certain nombre
d’outils, les bienfaits et
l’intérêt dans le temps de la prise en
charge spécifique.
Fréquemment, dans le système de soins des pays industrialisés,
la prise en charge de personnes en situation de handicap
moteur
est globale. Des masseurs-kinésithérapeutes, ergothérapeutes,
parfois des orthophonistes interviendront auprès de
ces
personnes.
C’est dans ce cadre, après avoir précisé les contours de ce que
l’on comprend par handicap, que l’on peut percevoir l’intérêt
de
l’ostéopathie. Un des principaux objectifs de cette prise
en
charge ne sera pas bien évidemment de traiter les lésions
éventuelles qui ont conduit à la situation de handicap, mais
d’améliorer la qualité de vie des individus. En outre, le suivi
ostéopathique s’ajoute à la prise en charge pluridisciplinaire
évoquée précédemment.

Le regard de l’ostéo
Une fois de plus, concernant les personnes en situation de
handicap, le regard porté par l’ostéopathe sera global et se
posera sur la fonction des différentes régions anatomiques.
Dans
sa pratique, l’ostéopathe est confronté en permanence à
des
tissus, muscles, articulations, artères, veines ou nerfs dont
le
fonctionnement est perturbé pour diverses raisons. Lorsque
le
mouvement de certaines régions du corps est diminué
ou aboli,
lorsque la personne est atteinte de paraplégie par
exemple, la
mobilisation de ses jambes est évidemment
impossible, mais les
autres fonctions en rapport avec l’activité
musculaire des jambes
(comme la circulation sanguine par
exemple) est elle aussi pour
le moins perturbée.
En complément du traitement kinésithérapique, l’ostéopathe
tentera de mobiliser les articulations des régions touchées par
la
paralysie, un des objectifs principaux étant de limiter l’intensité
des contractures et de favoriser l’utilisation des muscles
des
régions non paralysées. L’installation en fauteuil roulant
s’accompagne parfois d’événements plus ou moins perturbants à
gérer pour l’individu. Des troubles ou des douleurs
peuvent
apparaître à la suite d’une sursollicitation des zones
actives (les
bras, le cou ou les épaules par exemple). Si des
troubles du
squelette ou de certains muscles affectent d’autres
systèmes du
corps, comme le système digestif ou génito-urinaire dont le
fonctionnement est généralement perturbé en
cas de paraplégie,
alors l’ostéopathe cherchera, toujours grâce
à ses connaissances
précises de l’anatomie, de l’innervation et
de la vascularisation,
à restaurer un fonctionnement optimal,
en fonction des lésions
préexistantes, de ces régions.
La cognition
Le handicap cognitif, souvent qualifié de handicap mental,
est
lui aussi responsable d’un isolement social plus ou moins
important. En fonction des déficiences des uns et des autres,
les
enfants ou adultes en situation de handicap peuvent être
hébergés dans des structures d’accueil ou au contraire rester
à
leur domicile. Il est impossible ici de lister les différentes
déficiences, pathologies ou lésions à l’origine de ces situations
de handicap, mais nous évoquerons certains des troubles
rencontrés dans les cabinets d’ostéopathie ou au sein de
structures associatives dont l’objectif est la prise en charge de
ces patients.
Tout d’abord, précisons à nouveau que l’ostéopathie ne traite
en
aucun cas les maladies graves pouvant être responsables
de ces
situations. Rappelons le paradigme ostéopathique qui
consiste à
prendre en charge quelqu’un (un patient) et non
pas quelque
chose (une maladie).
En outre, comme chaque fois lors de la prise en charge
ostéopathique, il convient de faire la distinction entre les
différents
troubles dont souffre la personne en situation de
handicap.
On distingue les troubles de la fonction d’un système
du
corps des troubles organiques de la structure elle-même. Sur
ce deuxième point, l’ostéopathie est inefficace. En revanche,
concernant les troubles fonctionnels, un ostéopathe peut,
grâce à
des techniques douces, traiter certains des problèmes
mécaniques à l’origine d’un ou plusieurs autres troubles.

Les enfants d’abord


Lors d’une prise en charge précoce de l’enfant handicapé,
l’ostéopathie offre de placer l’enfant dans les conditions
optimales pour son développement. On sait, en effet, que le
tissu
nerveux par exemple, le cerveau, la moelle épinière ou
les nerfs
sont des tissus dont le fonctionnement n’est encore
que
partiellement compris et il n’est pas rare d’assister à des
cas
spectaculaires d’enfants se développant quasiment normalement
malgré des lésions cérébrales très importantes.
En outre, face à certaines déficiences, les enfants peuvent
développer un certain nombre de compensations aux lésions
à
l’origine de leur trouble. C’est en favorisant la mise en place
de
ces compensations qu’un ostéopathe peut accompagner
l’enfant
en situation de handicap et lui permettre de potentialiser ses
ressources.

Mes mains ont la parole


L’enfant ou l’adulte en situation de handicap cognitif ou mental
présente parfois des difficultés, voire une absence de
communication avec son entourage. Parfois également, la
perception
de son propre schéma corporel est altérée. Ces
difficultés
ou cette absence de communication, verbale tout du
moins,
peuvent être à l’origine de nombreux retards de
diagnostic
pour de simples affections communes, comme des
angines,
des otites, des infections urinaires, des maux de dents,
etc.
Sans compter qu’un certain nombre de douleurs (mal au
dos,
à la tête, au ventre, etc.) peuvent également affecter ces
personnes non ou peu communicantes, comme c’est le cas
pour
la population générale. Ces douleurs peuvent être à l’origine de
réponses comportementales très diverses, souvent
peu ou mal
comprises par l’entourage, que ce soit la famille ou
encore le
personnel soignant. En outre, la plupart du temps,
ces patients
font l’objet de traitements médicamenteux assez
lourds
(antipsychotiques, antiépileptiques, neuroleptiques,
antidépresseurs, etc.) et on oublie souvent, à tort, qu’ils
peuvent
aussi souffrir d’affections banales. D’autres patients
souffrant de
maladies génétiques rares sont parfois même
quasiment
totalement exclus de la filière de soin car il n’existe
aucun
traitement à leur affection.
Un ostéopathe pourra devenir un intervenant de choix dans
l’accompagnement de la personne en situation de handicap
cognitif, qu’elle soit déjà prise en charge par la médecine
classique ou non. En effet, l’ostéopathe sera très attentif à
des
changements dans les attitudes des patients, qui peuvent
signaler
une pathologie et/ou une douleur. La palpation et
le toucher
bienveillants de l’ostéopathe sont nécessaires à
une prise en
charge globale et la plus large possible de ces
patients.
L’ostéopathie peut apporter un réel mieux-être dans
leur corps à
ces patients.
Certains troubles comme la trisomie 21, outre des difficultés à
communiquer avec l’entourage, sont associés à des
fonctionnements particuliers des articulations ou des muscles,
potentiellement générateurs de douleurs. L’acquisition du
schéma corporel chez les personnes atteintes de trisomie
est
également parfois perturbée et, là encore, on comprend
l’intérêt
d’une prise en charge ostéopathique qui, en soulageant
d’éventuelles douleurs ou simplement en mobilisant
certaines
parties du corps, leur permettra d’accéder à la
conscience de leur
propre corps.

Rendez-vous à l’assoc’
Des associations se sont développées autour de la prise en
charge de patients en situation de handicap. L’une des mieux
représentées en France est l’EHEO (Enfance Handicapée
Espoir
Ostéopathique).
Au sein des différentes antennes de cette association, des
ostéopathes bénévoles prennent en charge des enfants ou
des
adultes souffrant de différents troubles. Véritables lieux
d’échanges et de partage, ces associations rencontrent un
succès
très important aux quatre coins du pays.

Témoignage de l’EHEO

Claude, mère de Benoît, 26  ans,


autiste  : «  Nos enfants ne
s’expriment
pas ou ont du mal à le faire, et la plupart
des
médecins ne prennent pas le temps
de les écouter, ni même de
les toucher.
Les ostéopathes, eux, discutent avec
nous, il y a un
vrai échange, physique
mais aussi verbal. »

Pour plus d’informations :

www.uneheo.org
Chapitre 5
Pour les sportifs et les artistes

Dans ce chapitre :
Sport et ostéopathie

Grandir avec un sport, c’est aussi grandir par le sport

Du côté des musiciens


Comédien, certes, mais quand ça fait mal, ça fait mal

« L’ostéopathie est encore dans l’enfance, c’est une grande


mer inconnue venant d’être découverte, dont nous ne
connaissons aujourd’hui que l’étendue du rivage. »
A.T. Still

P armi les nombreux rivages qui délimitent l’ostéopathie,


arrêtons-nous un instant du côté des sportifs et des
artistes.
Sportifs, musiciens, comédiens appartiennent au
même
« rivage » : ils font tous usage de leur corps comme d’un
outil,
voire d’un outil professionnel lorsqu’il s’agit de leur
métier. Au
niveau amateur, le corps du sportif, comme celui
du musicien ou
encore celui du comédien, peut lui aussi être
soumis à rude
épreuve sur une courte période. Le patient
est souvent tenté
d’arrêter son activité fétiche lorsque les
ennuis de santé
commencent. L’ostéopathe a pour mission de
prévenir les
complications et d’assurer, en partenariat avec
le médecin
traitant, un suivi précis de ses patients. L’enjeu
est donc de
dépasser la simple recommandation d’arrêt, qui
n’est pas sans
poser de sérieuses difficultés au professionnel
comme à
l’amateur, alors même que l’activité en question est
souvent
synonyme de plaisir et d’équilibre pour le patient.
Depuis
quelques années, le regard que l’on porte sur ces
activités
évolue, ces dernières sont même recommandées
pour la bonne
santé des patients.

Sport et ostéopathie
Le sport est très difficile à définir : « Qu’est-ce qu’une activité
sportive ? » est une question qui semble appeler une réponse
évidente et pourtant on se trouve vite devant une multitude
de
réponses qui engagent l’interlocuteur vers des champs
totalement différents. En dehors même des frontières entre les
sportifs amateurs et professionnels, il peut être très difficile
de
comparer des activités aussi diverses que la gymnastique
suédoise et le snowboard freeride, l’ultra-trail et la voile, le
yoga
et le tennis. Si l’ostéopathie s’est vite imposée comme
une
opportunité non médicamenteuse de prise en charge de la
douleur, ce qui explique sa popularité chez les sportifs de haut
niveau contraints par les mesures antidopage, elle n’est pas
seulement un traitement de dépannage.
On note qu’en parallèle du développement de l’ostéopathie
en
France à partir des années 1980 et 1990 se sont développés
les
concepts de sport/santé. Autrefois confinés au bien-être,
ils
tendent à s’imposer comme de véritables remèdes. En
effet,
comment ne pas parler de santé lorsque l’on sait qu’il y
a 30 à 40 % de récidives de cancers du sein en moins chez des
femmes qui font de l’exercice physique ? Il s’agit bien là d’un
formidable remède préventif qui dépasse de loin le simple
loisir ; on est en présence d’une véritable question de santé
publique.
Permettre aux patients d’entreprendre une activité physique
ou
de reprendre leurs activités est donc crucial pour leur
santé et
pas seulement pour leur petit confort.

Benjamin, 28 ans

« À la suite de séances de sport, je


souffrais du genou, malgré
une bonne
préparation physique et de bons étirements après
chaque séance. J’ai
consulté un ostéopathe qui m’a inspiré
une
grande confiance de par ses gestes
sûrs, ses paroles
rassurantes et surtout
une réelle pédagogie. En effet, après
m’avoir ausculté, il a pris le temps de
m’expliquer en détail d’où
venaient mes
douleurs, pourquoi elles apparaissaient
et
comment m’en débarrasser. Je ne
le consulte aujourd’hui que
lorsque la
douleur apparaît.

Mon passage chez un ostéopathe m’a


apporté un vrai
soulagement de longue
durée. En effet, après avoir été
manipulé par le professionnel, ce dernier
m’a donné des
exercices personnalisés afin de continuer à travailler seul
sur
mes maux. Résultat  : une santé qui
s’améliore réellement en
très peu de
séances. »

Running, footing et course à pied


La prise en charge ostéopathique diffère selon l’activité
physique. Certains sports sollicitent des structures anatomiques
plus que d’autres. Prenons l’exemple des sports de
course à pied,
comme le footing, le sprint ou encore le demi-fond, pour
lesquels l’accompagnement ostéopathique est bien
différent d’un
sport de raquette où le buste est plus sollicité.
Un trouble fonctionnel est un trouble du fonctionnement d’une
structure (une articulation, un muscle, un organe, etc.). Ils
servent, lors de l’interrogatoire en début de séance, à indiquer
à
l’ostéopathe quelles structures sont perturbées.

La consultation
Au cours de l’anamnèse (entretien de début de consultation)
précédant le traitement, l’ostéopathe s’intéresse donc à :
La biomécanique spécifique du sport pratiqué ;
Le volume horaire de votre activité physique ;
Vos objectifs personnels à court, moyen et long termes ;
Vos moments de récupération ;
Les transitions sportives particulières (changement
d’environnement sportif, de coach, etc.).

Il évalue aussi d’autres facteurs, comme la qualité et l’usure


des
chaussures avec lesquelles vous pratiquez la course, le
type de
revêtement sur lequel vous courez (goudron, chemins
de terre,
sable, montagne, etc.), le moment de survenue de la
douleur
(lors de la levée du pied, de la pose du pied ; en début
ou fin de
course) ainsi que les modalités d’entraînement (avec
des notions
relatives à la vitesse, l’explosivité et l’endurance).
Toutes ces informations recueillies par votre échange avec
l’ostéopathe le guident pour définir les tests et le traitement
qu’il
pratiquera pendant la consultation.
L’ostéopathe intervient à différents niveaux, parmi lesquels on
distingue :
L’analyse et la restitution d’une biomécanique optimale
(mouvements normaux des articulations et des muscles) ;
L’analyse et la restitution des fonctions physiologiques
nécessaires à la pratique de votre sport. Si vous vous
exercez au sprint, l’ostéopathe prend en considération
l’activité musculaire anaérobique, c’est-à-dire sans
nécessité d’assimilation d’oxygène. Si vous vous exercez
pour un marathon, l’ostéopathe prend en considération
l’activité musculaire aérobique, autrement dit
l’oxygénation nécessaire à la production d’énergie pour
l’activité musculaire ;
L’analyse des troubles fonctionnels associés à une
pratique sportive spécifique ;
Une démarche préventive globale, en s’intéressant à
votre histoire de santé en cas de blessures récidivantes
afin de prévenir et limiter les conséquences d’un
surmenage lié à une activité physique trop intense ;
Une prise en charge pluridisciplinaire avec votre
médecin du sport et votre kinésithérapeute.

Lors de la course à pied, les mouvements se font principalement


autour de l’axe du corps (lorsque vous courez, vous
vous
déplacez de manière relativement linéaire vers l’avant et
vos
jambes ne se déplacent pas latéralement). C’est pourquoi
l’ostéopathe recherche d’éventuels blocages ou tensions
musculaires principalement sur vos cuisses et vos jambes.
Depuis peu, la pratique sportive a considérablement évolué.
L’approche scientifique de nombreuses disciplines a permis
d’augmenter les performances et de repousser les limites et les
records. Les moyens mis en place dans chacun de ces sports
évoluent rapidement. On apprécie aujourd’hui de nouveaux
outils de musculation, de nouvelles méthodes de relaxation ou
d’entraînement cardio-respiratoire, des conseils nutritionnels
adaptés au sport de plus en plus fins et l’apparition d’outils
connectés dans le domaine de la santé permettant d’évaluer
ses
paramètres physiques (comme sa tension artérielle, sa
fréquence
cardiaque et respiratoire, etc.) et ses performances
(nombre de
pas, distance parcourue, etc.). Tous ces éléments
participent à
optimiser la consultation d’ostéopathie.

Je ne suis pas foot, j’ai vraiment mal


Prenons maintenant l’exemple du football, dont le nombre
de
pratiquants est considérable dans le monde entier. Ce
sport
présente lui aussi une grande variété de traumatismes.
Certains
traumatismes discrets s’apparentent aux microtraumatismes : il
s’agit de traumatismes très légers souvent
imperceptibles qui,
s’ils sont répétés sur une longue période,
peuvent entraîner des
blessures plus ou moins handicapantes.
Parmi les microtraumatismes associés à la pratique du
football,
on identifie :
Des fractures de fatigue (il s’agit de fragilités de l’os
acquises lors de la pratique sportive qui causent des
lésions osseuses, allant de la simple fissure à la fracture
plus franche) ;
Des atteintes musculaires (crampes, fatigue musculaire,
élongation à répétition) ;
Des atteintes ligamentaires et articulaires souvent
retrouvées au niveau du bassin (responsables de douleurs
au niveau du pubis appelées pubalgies, de douleurs dans
les fesses nommées fessalgies et de douleurs lombaires),
mais aussi au niveau des pieds et des genoux.

Parmi les traumatismes plus directs, on identifie :


Des contusions (musculaires ou osseuses) ;
Des fractures osseuses après un choc direct ;
Des blessures musculaires (élongation, claquage,
déchirure, rupture tendineuse partielle ou totale, etc.) ;
Ou même d’autres traumatismes, plus rares, comme des
traumatismes crâniens ou des « coups du lapin », qui sont
en général le résultat d’une chute sur la tête.

Que fait l’ostéo ?


Toutes ces lésions prises en charge par le milieu médical
peuvent
nécessiter des périodes de réhabilitation plus ou
moins longues.
L’ostéopathe est susceptible d’aider à la
cicatrisation par des
techniques sans contre-indication particulière. Il est important,
pour ne pas ralentir la guérison, que
tous les acteurs de santé
soient coordonnés. N’hésitez donc
pas à demander à votre
ostéopathe de se mettre en contact
avec votre médecin traitant.
L’ostéopathe a la capacité d’intervenir à différents moments
pendant la période de remise en santé :
Soit à la suite de votre traumatisme, en limitant
l’apparition de douleurs associées qui pourraient
s’installer au fil du temps ;
Soit à distance de votre traumatisme. Une fois la
période
de rééducation passée et la reprise du sport
proche, il
peut être profitable de passer sur la table de
l’ostéopathe
afin de s’assurer que l’adaptation à la douleur
n’a pas
déséquilibré le reste du corps.

Grandir avec un sport, c’est aussi


grandir par le sport
La pratique d’une activité physique a un impact sur le
développement osseux, musculaire et articulaire. Les activités
physiques des enfants sont nombreuses : piscine, tennis,
danse,
etc., et influencent leur développement. Le corps
grandit en
mémorisant les gestes répétés lors des entraînements, les rendant
ainsi quasiment automatiques. Pour que
ces mouvements répétés
soient confortables et économiques
en énergie, l’anatomie se
développe et s’adapte en conséquence. Les modifications
anatomiques se situent aussi bien
au niveau osseux que
musculaire. Chez des joueurs de tennis
ou de volley ayant
commencé jeunes, les os de l’avant-bras
ne font
significativement pas la même taille d’un côté et de
l’autre ; on
remarque également que leur bassin osseux a une
mobilité
asymétrique.

Sport symétrique ou asymétrique ?


C’est à ce niveau que se constate la grande différence entre les
sports symétriques et les sports asymétriques. À quoi s’ajoute
la
biomécanique utilisée, sa fréquence et son intensité.
Parmi les sports symétriques les plus couramment exercés, on
identifie :
La course à pied ;
Le vélo ;
La natation ;
Le rameur ;
La danse ;
Le crossfit ;
Le body bump ;
Le yoga ;
La planche à voile ;
Le RPM (programme de cyclisme en salle) ;
… et les autres méthodes de musculation générale et
cardiaque.
Parmi les sports asymétriques, on discerne :
La boxe ;
La gymnastique ;
L’escrime ;
Le football ;
Le basket ;
Le tennis ;
Le surf ;
Le skate ;
… et bien d’autres, qu’on retrouve en grand nombre dans
les sports d’opposition (lorsque deux adversaires sont
face
à face).

Les sports symétriques se rapprochent du mouvement naturel


de
l’homme. En effet, ces mouvements se déroulent autour de
l’axe
central du corps et ne sont donc pas des mouvements
latéraux.
Les sports asymétriques sollicitent, quant à eux, des
mouvements de rotation ou de pivot, généralement plus d’un
côté
que de l’autre en fonction de la discipline. Si vous êtes
droitier,
vous favoriserez naturellement votre côté droit pour des
mouvements d’impulsion et de précision, lors d’un match de
tennis par exemple.
Ainsi, l’ostéopathe s’intéresse au type d’activité sportive
pratiquée (symétrique ou asymétrique) et prend en considération
l’âge auquel l’enfant a commencé (avant ou après la
croissance).

Les contraintes du sport


Le sport est parfois contraignant pour le corps. Les
contraintes
mécaniques qui s’exercent lors de la répétition
d’un geste sportif
varient en fonction du type d’activité.
Concernant les sports symétriques, les contraintes sur les
articulations lors de la course à pied sont supérieures à celles
d’une activité de cyclisme, elles-mêmes supérieures à celles
de
la natation. D’autre part, certains sports sont plus accidentogènes
que d’autres : les accidents de peloton ne sont pas
rares, même
chez les amateurs !
Les contraintes lors de la pratique des sports asymétriques
(comme l’escrime) se manifestent principalement sur les
articulations et les membres (jambes et bras) les plus sollicités.
Ces articulations, soumises à d’importantes contraintes,
peuvent
faire l’objet de syndromes douloureux. Souvent, les
régions
rachidiennes (cervicales, thoraciques et lombaires)
sont
également touchées.
C’est à ce moment que l’intervention de l’ostéopathe est
nécessaire. Il évalue, chez l’amateur comme chez le
professionnel, la nature des troubles liés à l’activité sportive et
propose un traitement personnalisé et adapté.

Les bienfaits du sport


Malgré les points évoqués dans ce chapitre, il est important
de
souligner l’importance et l’intérêt d’une activité physique.
La
pratique sportive est recommandée par l’Organisation
mondiale
de la santé. Elle participe à l’hygiène de vie et
permet
d’entretenir un bon état de santé. D’un point de vue
pratique :
Chez les enfants de 5 à 17 ans, l’OMS recommande une
heure de sport quotidienne ;

Chez les personnes de 18 à 64 ans sont recommandées


150 minutes d’activité physique hebdomadaire afin de
préserver une santé correcte, mais pour en tirer des
bénéfices, comptez 300 minutes, soit 5 heures, d’activité
par semaine ;
Au-delà de 65 ans, les capacités physiques diminuent,
mais il est toujours nécessaire de pratiquer une activité
physique hebdomadaire d’environ 150 minutes. Le choix
de cette activité physique est important. N’hésitez pas à
demander conseil aux professionnels de la santé.

Une pratique sportive régulière retarde de sept ans en


moyenne
l’entrée dans la dépendance due à l’âge et limite
considérablement les risques, entre autres, de maladies
cardio-
vasculaires.

Du côté des musiciens


Le corps des musiciens peut être confondu avec leur
instrument.
C’est pourquoi les contraintes peuvent être exceptionnelles. Ils
sont considérés par l’ostéopathe comme des
sportifs de haut
niveau.

Si j’étais chanteur
Chez les chanteurs, l’ostéopathe s’intéresse aux spécificités
de
leur anatomie en rapport avec leur tessiture pour mieux
prendre
en charge leurs différents troubles. Lors de la consultation, il
évalue les différents muscles et tissus en lien avec
les
résonateurs (muscles du visage pour les principaux) qui
peuvent
modifier l’état de tension des cordes vocales ou la
position
relative de l’os hyoïde. Un intérêt tout particulier est
également
porté au muscle diaphragme, muscle principal de
la respiration,
en forme de voile de parachute, situé entre le
thorax et
l’abdomen (voir chapitre 11). La mécanique de tout
le tronc est
analysée et soignée pour optimiser l’usage de la
colonne d’air.

L’os hyo-quoi ?

L’os hyoïde est un petit os situé dans le


cou sur lequel
s’insèrent de nombreux
muscles et ligaments (la plupart des
muscles de la langue par exemple).

Le souffle est une composante essentielle de la voix chantée.


Le
paradoxe de la voix est de toujours être tonique sans être
tendue.
La bonne maîtrise du souffle requiert l’ensemble des
structures
du corps. C’est là qu’est intéressante la globalité de
la prise en
charge ostéopathique.
Lors de son traitement, l’ostéopathe évalue la mobilité des
structures permettant la bonne compliance pulmonaire
(thorax),
le bon contrôle de la pression et du débit de l’air
(sangle
abdominale). L’air expulsé permet la vibration des
cordes
vocales situées au niveau du larynx. Ces dernières,
en vibrant,
produisent des sons, appelés sons laryngés
fondamentaux. Ces
sons vont ensuite résonner au niveau du
pharynx, de la bouche et
de la cavité nasale. Ils seront finalement modulés par les
mouvements de la langue et des muscles
du visage pour produire
un langage ou un chant articulé.
On comprend alors que de
nombreuses structures osseuses,
musculaires, cartilagineuses ou
articulaires, participent à la
production du chant et qu’en cas de
trouble du fonctionnement de l’une de ces structures, les
capacités du chanteur
puissent être diminuées.

Viens voir les musiciens


Les positions prises par les musiciens varient selon l’instrument
pratiqué. On remarque d’ailleurs que l’instrument
et ses
accessoires deviennent au fil du temps une extension
de leur
propre corps. Pour cette raison, il est conseillé, dans
la mesure
du possible, de se rendre chez l’ostéopathe avec
son instrument
ou de solliciter un ostéopathe susceptible de
connaître les
contraintes liées à la pratique de son instrument.
N’hésitez pas
non plus à évoquer avec lui votre répertoire
actuel. Certaines
œuvres nécessitent un engagement physique
très intense, et par
là réclament une préparation spécifique.
Les positions du corps, souvent peu orthodoxes et longtemps
maintenues, peuvent être à l’origine de troubles articulaires ou
musculaires responsables de douleurs.

Dis-moi de quel instrument tu joues…


Les instrumentistes à vent, en plus de postures asymétriques
comme pour le saxophone par exemple, doivent pouvoir
contrôler leur colonne d’air comme les chanteurs.
Les musiciens pratiquant un instrument à cordes peuvent
présenter des troubles liés à la tenue asymétrique de
l’instrument. Généralement, une main saisit l’instrument et le
maintient tandis que l’autre gratte (ou frotte) les cordes,
produisant un effort asymétrique.
Les musiciens pratiquant les instruments à percussion, dont
les
gestes répétés parfois à vive allure produisent une activité
physique soutenue, sont susceptibles de souffrir de
microtraumatismes répétés suivant leur répertoire musical.
Ces répétitions soutenues et ces chocs multiples peuvent
entraîner des douleurs nécessitant une consultation
ostéopathique. L’ostéopathe évalue le geste technique, les
muscles
et les articulations mis en jeu lors du mouvement et
teste les
pertes de mobilité pouvant être à l’origine de douleurs.
L’ostéo entre en jeu
Les motifs de consultation des musiciens concernent
généralement les bras, les épaules, le cou, le dos, mais aussi le
bassin.
Ces gênes et douleurs peuvent perturber l’activité
musicale.
Grâce à ses manipulations, l’ostéopathe permet ainsi
de
soulager les différentes tensions et blocages pour retrouver
des gestes harmonieux et non douloureux et optimiser les
performances musicales. Lors des master class, il n’est donc
pas
étonnant de voir le professeur modifier la posture du
musicien
pour améliorer la sonorité de son instrument.

Henri, 51 ans

«  Violoniste, j’ai commencé à ressentir


des douleurs dans
l’épaule droite il y a
cinq mois. Avec le temps, ces douleurs
ont
augmenté jusqu’à m’empêcher de
jouer. Après avoir passé une
radio et un
scanner, mon médecin m’a diagnostiqué une
tendinite au niveau de l’épaule
et m’a conseillé de consulter un
ostéopathe. Grâce à ses tests, l’ostéopathe
a réussi à découvrir
que ma tendinite
était liée à un trouble d’une articulation
de
l’épaule et l’a rapidement traitée.
Depuis, la douleur s’est
calmée et j’ai
pu reprendre le violon sans souffrir. »

Une fois en consultation, l’ostéopathe peut :


Analyser les gestes réalisés durant la pratique de
l’instrument et éventuellement les associer à l’apparition
de douleurs ;
Proposer des options thérapeutiques manuelles pour
soulager les éventuels troubles fonctionnels ;
Proposer des conseils et solutions lors des entraînements
pour limiter l’apparition de douleurs.
En résumé, il est important de consulter un ostéopathe,
idéalement instrumentiste, qui soit susceptible de comprendre
vos
contraintes liées à votre instrument et à votre répertoire.

Pour les petits musiciens

Chez un enfant, il est fréquent que le


choix de l’instrument soit
soumis à des
contraintes socio-environnementales
d’opportunité. De même que dans le
sport, certaines activités
musicales
sont incompatibles avec le corps et
la personnalité
de votre enfant.
Si la pratique d’un instrument devient
douloureuse chez un enfant, parlez-en
à son professeur pour
trouver une solution et n’hésitez pas, si vous consultez
un
ostéopathe, à accompagner votre
enfant muni de son
instrument.

Comédien, certes, mais quand ça fait


mal, ça fait mal
Un acteur qui souffre ne peut pas jouer la comédie
éternellement !
L’intensité physique des représentations sur une scène de
théâtre
ou lors d’un tournage met le corps des comédiens à
rude
épreuve. Incarner un rôle ou un personnage suppose
parfois
d’être capable de modifier son propre corps, les
tournages ou
représentations sont souvent longs et ce sont
des performances
physiques comparables, là encore, à celles
des sportifs de haut
niveau.
Le rôle de l’ostéopathe est d’analyser votre posture et la
manière
dont vous devez adopter une autre posture liée au
rôle et aux
costumes qui vous sont dévolus.
Il n’est pas rare que les sociétés de production engagent
coachs
sportifs, masseurs, voire ostéopathes. Certaines
comédies
musicales font ainsi appel à des ostéopathes pour
prendre soin
de leurs troupes avant le spectacle et même lors
de l’entracte.
Ceci dit, il peut être difficile de s’adapter à ces
partenaires de
santé dont l’objectif est dicté par les besoins
du tournage.
D’ailleurs, aux contraintes physiques imposées
très rapidement
selon des horaires très variables et un calendrier tout aussi
irrégulier, s’ajoute le stress lié à la prestation
artistique et au
statut souvent précaire des intermittents du
spectacle.
Au sein d’un métier où le corps est un véritable outil
professionnel, si ce n’est le principal, il est souvent mis de côté
devant la performance à accomplir. Cette situation explique
les
fréquentes médications d’urgence, comme les injections
de
corticoïdes dans les cordes vocales aphones une veille de
première, l’usage répété d’anxiolytiques ou autres.

L’ostéo entre en scène


L’objectif de l’ostéopathie est d’envisager, avec son patient,
une
réappropriation de son corps en collaboration avec des
partenaires de santé spécialisés dans l’accompagnement du
comédien.
Il étudie avec vous les différents gestes que vous répétez et
vous
aide à mieux récupérer après une représentation.

Et maintenant, à l’ostéopathe de jouer !


En conclusion, les professionnels sportifs, musiciens,
comédiens
ont recours à des compétences physiques et
mentales très
développées. Ils soumettent leur organisme à un
entraînement
quotidien, souvent intense, pour améliorer leur
technicité et leur
endurance, cherchant à potentialiser leurs :
Forces physiques ;
Endurance ;
Équilibre ;
Coordination motrice ;
Précision ;
Concentration… et forces mentales.

Les blessures sont naturellement assez fréquentes et


surviennent
en majeure partie lorsque la fatigue et le surmenage se font
ressentir. C’est le signe que le corps craque !
On comprend donc
bien que l’ostéopathe joue un rôle fondamental pour conseiller
athlètes et artistes sur leur santé, mais
aussi pour les aider à
poursuivre leur passion ou leur carrière
au plus haut niveau.
Chapitre 6
L’ostéopathie pour les animaux

Dans ce chapitre :
Ostéo pour les animaux, quésaco ?

Comment devient-on ostéopathe animalier ?

Quel ostéopathe choisir pour soigner son animal ?


Quelques précurseurs, indications et précautions

Des perspectives

« Est ostéopathe celui qui demande les symptômes au cheval


et pas au propriétaire, celui qui a appris à sentir comme on
apprend le braille, celui qui a compris que la bonne santé
est
de s’entendre avec soi-même, celui qui sait ne pas tout
manipuler (les conflits seulement). »
Dominique Giniaux, ostéopathe et vétérinaire

S’ intéresser à l’ostéopathie animale, c’est finalement


s’intéresser à l’ostéopathie tout court. Le but de ce
chapitre est
de se familiariser avec cette discipline vétérinaire
qui, depuis
une trentaine d’années, bouscule les idées reçues
sur les soins
apportés à nos chers compagnons à quatre
pattes.
On constate avec surprise que, si l’ostéopathie animale a
succédé à l’ostéopathie humaine, elle pourrait se révéler être
dans l’avenir un formidable terreau d’inventivité au service
de
l’homme. En tant que mammifère bipède, l’homme a sans
doute
plus à apprendre de ses cousins éloignés qu’il ne l’imagine…
Bienvenue dans le règne animal !

Ostéo pour les animaux, quésaco ?


Évidemment, l’homme a toujours cherché à soigner ses
animaux
de compagnie et de travail. La filiation historique
existant entre
les techniques de reboutement et l’ostéopathie
suggère que
l’usage de la main pour soigner les animaux ne
date pas de la
découverte de l’ostéopathie. Ceci dit, lorsqu’on
parle
d’ostéopathie animale, il est question d’user de la philosophie
originale de l’ostéopathie et de la diversité de ses types
de
techniques pour la santé de l’animal.

Une définition
La Revue de l’ordre vétérinaire publiait en 2005 une définition
de l’ostéopathie animale. Cette définition fait écho à celle
de
l’ostéopathie élaborée en 1987 lors de la Convention
européenne
d’ostéopathie.
« La médecine ostéopathique est une science, un art et une
philosophie des soins de santé, étayée par des connaissances
scientifiques en évolution. Sa philosophie englobe le concept
de
l’unité de la structure de l’organisme vivant et de ses
fonctions.
Sa spécificité consiste à utiliser un mode thérapeutique qui vise
à réharmoniser les rapports de mobilité
et de fluctuation des
structures anatomiques entre elles.
Son art consiste en
l’application de ses concepts à la pratique
médicale dans toutes
ses branches et spécialités. Sa science
comprend notamment les
connaissances comportementales,
chimiques, physiques et
biologiques relatives au rétablissement et à la préservation de la
santé, ainsi qu’à la prévention
de la maladie et au soulagement
du malade. Les concepts
ostéopathiques mettent en évidence les
principes suivants :
Le corps, par un système d’équilibre complexe, tend à
l’autorégulation et à l’autoguérison face aux processus
de
la maladie ;
Le corps humain est une entité dans laquelle la structure
et
la fonction sont mutuellement et réciproquement
interdépendantes ;
Un traitement rationnel est fondé sur cette philosophie
et
ses principes. Il favorise le concept structure/fonction
dans son approche diagnostique et thérapeutique par des
moyens manuels. »

Depuis quelques années, on remarque que les thèses de


doctorat
vétérinaire portant sur l’ostéopathie animalière se
multiplient et
font écho à un engouement qui ne se dément
pas. Parmi cette
documentation spécialisée, on constate que
l’approche
ostéopathique des animaux est identique à celle
des humains :
les techniques employées sont simplement
adaptées à la
morphologie de chaque animal soigné. En effet,
l’ostéopathie sur
les animaux reprend les principes ostéopathiques historiques de
globalité du corps, d’homéostasie
(autorégulation du corps) et
d’interrelation entre une structure
anatomique et sa fonction
(voir chapitre 1).
Cette discipline nécessite une connaissance spécifique de
l’anatomie et de la physiologie des animaux qui sont traités.
Tout comme les ostéopathes « classiques », les ostéopathes
pour
animaux utilisent leurs mains pour soigner ; ils évaluent
et
traitent les mêmes structures (les os, les muscles, les
ligaments,
les viscères et le crâne) que chez les hommes.
Même si, en principe, tous les êtres vivants peuvent avoir
recours à l’ostéopathie, seules les espèces domestiques,
et en
particulier les mammifères, semblent en bénéficier.
La très
grande proximité entre cavalier et cheval (et champs
de course !)
a favorisé l’essor de l’ostéopathie équine, mais
ces élégants
quadrupèdes ne sont pas les seuls. Après les
chevaux, parmi les
animaux les plus couramment traités,
on identifie :
Les chiens ;
Les chats ;
Les vaches ;
Et depuis peu les NAC (nouveaux animaux de
compagnie).

Le torticolis de la girafe ou quand les zoos craquent

L’ostéopathie est présente partout…


même dans les zoos ! En
effet, certains zoos, comme celui de Vincennes,
font appel à
des ostéopathes pour soigner les animaux dits «  exotiques  ».
Girafes et éléphants ont aussi droit à
leur séance d’ostéopathie,
comme en
témoigne Dominique Giniaux :

«  J’ai ainsi pu soigner avec succès au


zoo de Vincennes une
girafe ayant des
problèmes… de vertèbres cervicales
( !), ainsi
qu’une luxation du bassin sur
une éléphante qui pèse
maintenant
3 tonnes ! Mais elle n’était alors âgée
que de deux
jours et pesait seulement
100  kilos  ! Le seul gros problème a
été
de la séparer de sa mère pour la soigner, cette dernière
m’aurait bien manipulé elle-même ! »
Un bon cou !

Pour l’anecdote, les girafes possèdent,


comme l’homme, sept
vertèbres cervicales mais d’une taille bien supérieure
à celle
des autres mammifères, obligeant les ostéopathes qui les
traitent
à réaliser les manipulations sur… des
échelles  ! Les
lamantins et les paresseux sont les seuls mammifères à ne
pas
avoir sept vertèbres cervicales.
En effet, le lamantin en possède
six et
le paresseux entre six et dix pour lui
permettre de tourner
sa tête jusqu’à
un angle de  270  degrés, sans bouger de
sa
branche ! Une autre explication du
grand nombre de vertèbres
cervicales
du paresseux est que, grâce à cette
grande
amplitude de rotation de tête,
il peut ainsi se nourrir des
mousses
et petits insectes présents sur ses
poils… pour lui
éviter de se déplacer.

Dans les faits, on s’aperçoit que de nombreux ostéopathes


s’aventurent régulièrement à ausculter l’animal de compagnie de
leurs proches ou patients lorsque ceux-ci en font la
demande,
mais il existe des ostéopathes spécialisés dans la
prise en charge
des animaux. Bien sûr, certains ont une formation initiale en
médecine vétérinaire, d’autres non, alors quel
ostéopathe choisir
pour soigner son animal ?

Comment devient-on ostéopathe


animalier ?
Avant de choisir un ostéopathe pour son animal, il convient de
savoir comment on devient ostéopathe animalier. La grande
proximité entre l’ostéopathie humaine et l’ostéopathie animale
dépasse largement le cadre des pratiques. On remarque, en
effet,
que la construction du métier d’ostéopathe animalier
suit (et
subit) en parallèle toutes les longues étapes de la
reconnaissance
de l’ostéopathie humaine. Les aléas politiques,
les intérêts
contradictoires entre les différents regroupements
professionnels
ont ralenti le processus de reconnaissance d’un
métier à part
entière.
En France, depuis le 22 juillet 2011, l’ostéopathie vétérinaire
est
ouverte aux non-vétérinaires sans qu’il existe un diplôme
d’État
spécifique ou encore une liste d’écoles agréées comme
pour
l’ostéopathie humaine. Une récente ordonnance (2 août
2015)
stipule que l’ordre des vétérinaires devient l’instance
listant et
autorisant les ostéopathes non-vétérinaires d’exercer
l’ostéopathie animale. Cette ordonnance corrobore les
résultats
d’une récente enquête qui concluait que les propriétaires
d’animaux susceptibles de faire appel à un ostéopathe
spécialisé
étaient encore trop peu informés des possibilités
de
l’ostéopathie, même s’ils y étaient sensibles. Par ailleurs,
le
prescripteur choisi en priorité serait le vétérinaire traitant.
Des
décrets encadrant la formation et la profession sont donc
très
attendus.
En résumé, même si la situation est encore floue, on peut
retenir
que :
Tous les vétérinaires ont le droit d’exercer l’ostéopathie
mais tous n’ont pas nécessairement la compétence car
l’apprentissage de l’ostéopathie n’est pas inscrit dans
leur
cursus universitaire ;
Il existe de nombreuses formations d’ostéopathie animale
à l’université et dans le privé, mais à ce jour il n’y a pas
de standard de formation ;
Il n’est pas nécessaire aujourd’hui d’être vétérinaire pour
exercer l’ostéopathie animale ;
Les ostéopathes animaliers non-vétérinaires peuvent
avoir
fait, soit des études d’ostéopathie humaine
réglementées
par un diplôme dans une école agréée,
puis des études
spécialisées pour les animaux, soit
directement des études
d’ostéopathie animale après le
bac.

Pour plus d’informations, le site Internet


revue.osteo4pattes.fr
semble être le plus complet et ouvert
car il réunit divers
courants professionnels.

Comment trouver le bon ostéopathe ?


On serait tenté de dire avec les éléments précédents que la
recommandation la plus sage est de consulter un ostéopathe à
double cursus vétérinaire ostéopathe, ou encore un ostéopathe
DO qui se serait spécialisé pour animaux, car c’est l’assurance
d’avoir un professionnel ayant suivi une formation agréée par
l’État avec des exigences scientifiques équivalant au minimum
à
un master, voire à un doctorat pour les vétérinaires.
Mais il faut reconnaître que, dans le premier cas, on n’a pas
toujours l’assurance d’une formation de qualité en ostéopathie et
que, dans le second cas, on n’a pas toujours la garantie
d’une
bonne connaissance des spécifiés de l’animal. La formation
initiale pour ostéopathie animale serait alors idéale si
cette
formation était correctement réglementée et encadrée,
ce qui
n’est malheureusement pas le cas aujourd’hui.
Patrick Chêne, ostéopathe et vétérinaire, a rédigé un très
intéressant Guide de l’ostéopathie animale, disponible en
version numérique et papier que l’on vous recommande :
http://guide.usager.osteo-animalier.eu

Ci-après, quelques réflexions glanées sur le guide et ailleurs


qui
permettent d’orienter son choix :
Suivant les recommandations d’A. T. Still, un ostéopathe
animalier, comme tous les ostéopathes, doit être efficace
et non dangereux c’est-à-dire qu’un soin ostéopathique ne
doit pas en retarder un autre et doit être efficace sinon il
faut l’arrêter.
En respect de la loi, l’ostéopathe doit expliquer son geste
thérapeutique pour obtenir le consentement éclairé du
client et être « disponible pour le suivi du cas ou s’assurer
que quelqu’un peut suivre à sa place ».
L’ostéopathe animalier travaille en toute confraternité
sans systématiquement « dénigrer les autres façons de
soigner ».
Patrick Chêne nous alerte au sujet des ostéopathes
animaliers qui sortent du cadre thérapeutique et
orientent
avec insistance la consultation de l’animal vers
la vie
privée du client.
Le prix de la consultation doit être annoncé et cohérent
avec le déplacement et les tarifications habituelles
soumises à la TVA lorsqu’il s’agit des animaux et que le
thérapeute n’est pas sous un statut d’auto-entreprenariat.
Pour information, une consultation ostéopathique pour
un
chien peut aller de 30 à 70 euros en cabinet.
Un ostéopathe animalier professionnel doit avoir souscrit
une assurance responsabilité civile professionnelle (RCP)
susceptible de couvrir les dommages occasionnés à
l’animal, aux biens et personnes entrant dans le cadre
de
la consultation. Il est nécessaire d’être très prudent
si son
animal a une valeur dont le montant dépasse
la couverture
de la RCP du professionnel. Il est alors
nécessaire d’en
discuter avant le soin et de prévoir,
en lien avec
l’ostéopathe, une police d’assurance
complémentaire.
On pourrait être tenté de choisir un ostéopathe spécialisé
dans une espèce animale. Ce choix peut s’avérer bon
même si un ostéopathe plus polyvalent est probablement
capable d’une plus grande adaptation. Dominique
Giniaux,
cité plus haut, était connu pour soigner les
chevaux, mais
cela ne l’empêchait pas d’aller à Vincennes
manipuler
girafe ou éléphant !
Le bouche-à-oreille demeure encore aujourd’hui le
meilleur moyen de trouver le meilleur ostéopathe !

Quelques précurseurs, quelques


indications
S’il n’est pas toujours évident de s’orienter parmi les offres
d’ostéopathie vétérinaire, il faut reconnaître que cette discipline
doit beaucoup à quelques précurseurs forts connus.
La première thèse vétérinaire sur l’ostéopathie date de 1956 :
Premiers éléments d’ostéopathie vétérinaire, rédigée par le
Dr
Cabal ; cette thèse porte essentiellement sur l’ostéopathie
bovine.
D’autres auteurs s’accordent à dire que le livre du Dr Roger
sur
les coliques équines (1921) l’installe comme le véritable
pionnier de l’ostéopathie animale en France.
Ceci dit, des vétérinaires ont porté haut les couleurs de
l’ostéopathie, prenant le risque de se froisser avec les
instances
universitaires et ordinales vétérinaires. Très proche
de
l’acupuncture et de l’homéopathie également, ils étaient un
petit
groupe à la fin des années 1970 à promouvoir l’usage de
ces
drôles de médecines pour les animaux.
Parmi eux, Dominique Giniaux et Francis Lizon ont défriché
l’ostéopathie équine pour l’un et celle des carnivores
domestiques (chiens, chats) pour l’autre. À travers leurs travaux
précurseurs, des champs de compétences se sont dessinés.
Même si la consultation d’ostéopathie animale ne peut pas
remplacer la consultation vétérinaire classique, on note que
l’ostéopathie a obtenu de bons résultats sur les troubles de
l’appareil locomoteur de l’animal, communément appelés
« blocages », ou encore sur les « boiteries obscures », dites
« idiopathiques ». Comme chez l’homme, les maladies discales
de l’animal ont été analysées et traitées avec intérêt chez
certains
chiens.
Les problèmes liés à certains sports, tels que la course des
chiens
de traîneau, le parcours hippique, la course de lévriers,
peuvent
relever de l’ostéopathie.
Un chien ou cheval qui refuse le saut, l’incontinence urinaire
postopératoire chez la chienne ovariectomisée, etc., autant
de
problèmes qui peuvent être résolus avec l’ostéopathie.
Certains
troubles comportementaux seraient également bien
pris en
charge par l’ostéopathie.
Des précautions sont à prendre et ressemblent sensiblement à
celles indiquées pour les humains : repos de 72 heures après
le
traitement et respect des contre-indications lorsque la
structure
est lésée (fracture osseuse par exemple).
Quand consulter ?

Difficile pour un animal d’exprimer sa


gêne et sa souffrance. Il
existe certains signes indiquant que votre animal
souffre ou a
besoin d’une consultation
ostéopathique :
Les boiteries ;

Les traumatismes divers sans


fracture ;

Les mauvais positionnements de


membres, ou
dysplasie de hanche
par exemple ;

Les pertes d’appétit ;

Les troubles de croissance ;

Les difficultés de récupération après


un effort ;

Les mauvaises prises en bouche du


mors (pour les
chevaux) ;

La mauvaise acceptation de la selle


(pour les
chevaux) ;

Les coliques ;

La mauvaise lactation (de la génisse


par exemple).

Des perspectives
Aujourd’hui, s’il est assez banal de faire soigner son cheval
par
un ostéopathe spécialisé en ostéopathie équine, les
chevaux ne
furent sans doute pas les premiers animaux à
expérimenter
l’ostéopathie. Une ostéopathe américaine très
renommée, Louisa
Burns, a travaillé avec les animaux dès 1918.
Ses travaux sur les
lapins ont considérablement fait progresser
les concepts
ostéopathiques au XXe siècle.
Elle a ainsi détaillé le concept de dysfonction vertébrale et
douleurs associées. Même si ses études qui ont duré presque
vingt ans sont dépassées par bien des aspects, elles font
écho à
des recherches vétérinaires encore très récentes. Le
lapin, utilisé
en 2014 dans une thèse vétérinaire, mais aussi
le mouton, ont été
les cobayes de l’ostéopathie des trente
dernières années.
On peut raisonnablement penser que les avancées de
l’ostéopathie vétérinaire font progresser l’ostéopathie humaine,
et
inversement.
Des découvertes sur la palpation ostéopathique, si singulière,
permettront avec le temps d’optimiser les techniques et prises
en
charge des humains et de leurs fidèles amis !

Anatomie humaine et animale

En observant et en comparant les


anatomies animale et
humaine, on
constate qu’elles présentent de nombreuses
similitudes. L’ostéologie
(étude du système osseux) et la
myologie (étude des muscles) ont permis
de mettre en
évidence le fait que certaines structures anatomiques jouent
un
rôle identique chez l’homme et chez
l’animal. Chaque animal
présente
néanmoins une anatomie qui lui est
propre en rapport
avec le milieu dans
lequel il évolue et les contraintes de
ce
milieu. Les sabots du cheval se sont
adaptés à la position à
quatre pattes
et à la course, tandis que les pieds de
l’homme se
sont adaptés à la position
debout et à la marche et ses mains à
la manipulation fine pour lui permettre
de se nourrir et d’utiliser
des outils.
Deuxième partie
Comment ça marche ?
Dans cette partie…

V ous allez vous familiariser avec le fonctionnement de


votre corps.
En suivant les principes de l’ostéopathie, nous
vous proposons
d’adopter un regard différent sur le corps
et le soin. Un regard neuf
qui ne manque toutefois pas
d’affinités avec les sciences biomédicales
occidentales.
En effet, n’oubliez pas que l’ostéopathie propose de placer
le corps au
cœur du soin.
Chapitre 7
L’art de guérir avec ses mains

Dans ce chapitre :
La main, ou l’outil de l’ostéopathe

Au contact de la peau

Toucher, palper
La palpation, outil diagnostique

La palpation, outil thérapeutique

« Même un contact accidentel a un impact émotionnel


important. »
David Le Breton

A ussi surprenant et banal que cela puisse paraître,


« pour
toucher, il faut aussi être touché », comme le
rappelle le Dr
Didier Austry, spécialiste en pédagogie perceptive du
mouvement. On comprend par là que l’usage de la
main comme
outil de soin est incomparable avec les autres
traitements
médicaux classiques utilisant des outils intermédiaires entre le
thérapeute et le patient. Alors qu’aujourd’hui la
majorité des
traitements médicaux mettent à distance le corps
du patient tour
à tour médicamenté, infiltré, irradié, arthroscopé, opéré, etc.,
l’ostéopathie, en valorisant le retour à une
médecine du corps,
questionne l’usage de ce contact direct,
nécessairement
réciproque.

La main, ou l’outil de l’ostéopathe


Le patient et l’ostéopathe ont en commun le même type
d’organe, la peau, qui sert à la fois d’outil de perception pour
le
diagnostic et le traitement ostéopathique et qui sert d’instrument
d’évaluation pour le patient, afin de participer à la
consultation.
Car c’est bien par l’appréciation que le patient
a du contact
ostéopathique qu’il se détend ou au contraire
se contracte, voire
se défend. La consultation ostéopathique
devient alors très vite
une sorte de dialogue non verbal, mais
conscient, entre deux
contacts cutanés.
La main de l’ostéopathe devient le symbole de son métier,
car
s’il est vrai que l’ensemble du corps du praticien participe au
traitement pour placer son patient sur la table, pour
mobiliser
certaines de ses articulations, la main est l’extrémité
par laquelle
l’ostéopathe contacte le patient et réalise ses
techniques. L’outil
de l’outil selon Aristote est alors cet instrument de mesure
qualitatif mais auquel l’ostéopathe doit faire
confiance pour
ajuster son geste aux besoins d’une articulation, d’un muscle ou
encore d’un organe viscéral.
Organe non vital se révélant un outil de soin, la main a pris
beaucoup de place dans notre langage et suggère par là toute
l’importance qu’elle a en ostéopathie.

Au contact de la peau
« Ce qu’il y a de plus profond en l’homme, c’est sa peau. »
Paul Valéry
Cachée, exposée, maquillée, tatouée, percée, douce, fine,
rêche,
épaisse, vieillie, caressée, traumatisée, la peau est
un organe
vital. Située à la frontière définissant le « soi » du
« non-soi »,
elle protège des agressions extérieures et reflète
nos émotions et
notre hygiène de vie.
La peau a pour rôles principaux de :
Créer une barrière protectrice contre les attaques
extérieures ;
Maintenir constante la température du corps, grâce
notamment à la transpiration ;
Informer l’individu via des récepteurs sensibles à la
douleur, la température, la pression, l’étirement et les
vibrations. La quantité de ces récepteurs présents au
niveau de la pulpe des doigts, permet une analyse fine de
ce que l’on touche.

Elle est composée de trois couches, définies comme suit, de la


plus superficielle à la plus profonde :
L’épiderme où l’on trouve notamment les mélanocytes
(responsables de sa couleur) ;
Le derme qui assure sa souplesse ;
L’hypoderme qui contient une grande quantité de cellules
graisseuses (les adipocytes).

Ce que la peau nous apprend


Lors de la palpation, la peau se différencie facilement :
grâce à
son élasticité, elle peut « glisser » sur les structures
sous-
cutanées.
En palpant votre peau, soyez attentif à sa souplesse, son
élasticité, sa température, son épaisseur.
La présence d’un œdème (c’est-à-dire d’un gonflement lié à
un
excès de liquide que l’on peut repérer après une légère
pression,
en constatant l’existence de l’empreinte du doigt
persistante un
court moment après avoir retiré le doigt) peut
être significative.
Appréciez également les adhérences qui pourraient exister,
par
exemple au niveau de cicatrices.
Cette enveloppe corporelle nous permet de prendre
conscience
du monde qui nous entoure. En perpétuel contact
avec le monde
extérieur, elle nous informe constamment,
grâce à des capteurs
spécifiques, de la texture d’un objet, de
sa forme, de son poids,
de sa température et nous transmet
aussi les informations
douloureuses. C’est grâce à elle et à ses
différents capteurs,
appelés aussi récepteurs sensoriels, que
notre cerveau est
capable de percevoir ce qui nous entoure.
Ces récepteurs
sensoriels sont présents sur toute la surface de
la peau en
différentes quantités mais sont très abondants dans
celle de nos
mains. Ainsi, plus la densité de ces récepteurs est
importante sur
une région de notre peau, plus la sensibilité est
précise.
13 millionièmes de millimètre !
La perception du toucher, lorsque
l’on palpe, est un art qui
s’exerce et
s’affine avec l’expérience. Ainsi, le
toucher peut
nous aider à percevoir
des choses, même extrêmement fines,
sous nos doigts. En effet, une étude
suédoise a prouvé que
certaines personnes parvenaient à percevoir et à
décrire des
rugosités sous leurs doigts
jusqu’à 13 nanomètres.

Ces récepteurs permettent l’apparition d’un sens, le toucher. Ce


sens est
le premier chez l’embryon. Nos sens
sont plastiques,
c’est-à-dire qu’ils
s’adaptent et se complètent tout au
long de la
vie jusqu’à se renforcer
pour pallier l’absence ou la défaillance
d’autres sens. Ainsi, les personnes
malvoyantes affinent leur
toucher
pour lire le braille.

«  Avant  8  semaines, alors que l’embryon n’a encore


que 3 centimètres
de long, un léger coup sur la lèvre
supérieure
ou les ailes du nez lui fera
courber le cou et son corps
s’éloignera
du point de douleur. À ce niveau de
développement,
l’embryon n’a ni yeux
ni oreilles. Cependant sa peau est déjà
très élaborée, même si à ce stade elle
n’est pas comparable à
ce qu’elle sera
ultérieurement. »

Ashley Montagu, La Peau et le


Toucher, Le Seuil, 2014

Toucher, palper
La peau est un organe médiateur entre patient et ostéopathe.
Entre les deux, le toucher est un sens fondamental car il est
à la
base de la communication tissulaire entre les deux protagonistes
du soin ostéopathique. Souvent décrit comme un
langage
alternatif, le toucher est sans doute un des meilleurs
moyens de
transmettre ses émotions aux autres, lorsque les
mots deviennent
insuffisants. Cela permet à l’ostéopathe
d’établir une
communication avec des patients traditionnellement non
communicants, comme ceux se trouvant aux
limites de la vie :
les nouveau-nés, les vieillards dyscommunicants, ou encore les
personnes souffrant de forts handicaps
psychomoteurs.

L’art de l’ostéopathe
Le toucher de l’ostéopathe est particulier. Sa formation lui
permet de transformer son toucher en palpation. La palpation
ostéopathique est un toucher discriminant les informations
pour
ne retenir que celles entrant dans les champs de compétences de
l’ostéopathie. Il s’agit la plupart du temps pour
l’ostéopathe de
se concentrer sur l’état de santé des structures anatomiques qu’il
a pris soin de repérer.
Toucher la peau de quelqu’un entraîne une suite de réactions
et
provoque :
Des effets sur les terminaisons nerveuses ;
Une augmentation du débit des glandes sudoripares et du
coup de l’élimination d’eau ;
Une augmentation des sécrétions sébacées et des
rougeurs, ce qui peut améliorer la nutrition cellulaire ;
Une élévation du seuil de réponse aux stimuli tactiles et
un développement de la discrimination tactile ;
Une diminution du stress et de l’angoisse par la sécrétion
d’endorphines ;
Une stimulation du système immunitaire ;
Une augmentation de la pression et de la vitesse de
circulation artérioveineuse.

On comprend alors l’intérêt de la palpation dans la mise en


place
d’une relation avec un patient. La palpation permet ainsi
au
thérapeute d’entrer en contact avec la personne à soigner
pour
analyser la bonne mobilité des différentes structures
anatomiques du patient. Non dépourvue d’empathie, la palpation
nécessite d’informer son patient des différentes étapes de
la
consultation. À cette fin, le thérapeute doit mettre en place
une
relation de confiance avec le patient.

Initiation à l’autopalpation
« Autopalpation » signifie que vous allez développer votre
capacité à ressentir et différencier ce qui se passe à l’intérieur
de
votre corps au niveau de vos muscles, de vos articulations,
de
vos os, etc., et à être à l’écoute des messages que votre
corps
vous transmet.
L’art de l’ostéopathe consiste à choisir parmi le panel des
techniques existantes celle qui correspond le mieux au besoin
de
son patient. Pour cela, il fait appel au ressenti palpatoire,
son
outil diagnostique. En effet, le corps du patient va le guider
dans
le choix de la technique optimale, et la palpation, son
« écoute
tissulaire » va lui permettre de déterminer le déroulement du
traitement.
S’initier à l’autopalpation est essentiel pour apprendre à se
traiter soi-même. Mais, avant de s’autotraiter, il est fondamental
de prendre contact avec son corps, faire connaissance
avec la
zone douloureuse et comprendre son fonctionnement
en la
visualisant. Pour cela, n’hésitez pas à ouvrir un livre
d’anatomie
si besoin est.
La palpation

La palpation est un échange d’informations entre le corps de


l’individu
et les récepteurs situés à la surface
de nos mains, et
plus particulièrement
de nos doigts. Lorsque l’on palpe, on
ne
ressent pas uniquement avec nos
mains mais aussi avec notre
cerveau
c’est-à-dire avec les connaissances
que l’on a sur les
structures présentes
sous nos doigts. En effet, le cerveau
intègre les informations captées et
les analyse à travers le filtre
de nos
connaissances et nos expériences
passées pour nous
donner une image
mentale de ce que l’on palpe.

Il est intéressant avant toute palpation


de visualiser la région à
palper afin de
pouvoir noter toute information susceptible de se
voir à l’œil nu comme le
volume musculaire, un relief osseux,
la
« qualité de la peau », etc.

La médecine a toujours eu un rapport au corps particulier.


Aujourd’hui, le patient et son corps ont tendance à disparaître,
comme relégués au second plan. Le toucher médical
est
désormais remplacé par de fabuleux outils permettant de
voir à
travers le corps, comme les radiographies, scanners,
échographies ou IRM. Cependant, ces progrès technologiques
conduisent peu à peu, lors du soin médical, à oublier la
palpation. Cet abandon symbolique du corps du patient est sans
doute responsable, en partie, de la reconnaissance populaire
de
l’ostéopathie.

Un contrat moral entre le soignant et le


patient
L’ostéopathie a placé la palpation au cœur de sa pratique. Mais
il
est nécessaire de prendre en compte la dimension éthique
de
cette relation thérapeutique. Car palper des inconnus et
se faire
palper par un inconnu n’est pas naturel. Ces gestes
thérapeutiques ne manqueraient pas d’être qualifiés comme
une
atteinte à la personne si la relation ostéopathique n’était
« caractérisée par une motivation spécifique (…). Seule la
guérison recherchée permet en effet de considérer l’atteinte
à
l’intégrité corporelle comme licite : la motivation thérapeutique
de l’acte constitue donc une dépénalisation des atteintes
au corps
humain qui, à défaut de qualification, ne manquerait
pas de
justifier la condamnation pour coups et blessures
volontaire. »
Ici, Benjamin Pitcho, professeur de droit, nous
fait très
justement remarquer la singularité des métiers de
la santé. Une
consultation ostéopathique, avec ses diverses
manipulations
vertébrales et articulaires, nécessite donc l’établissement d’un
contrat moral entre le patient et le praticien.
C’est la condition
nécessaire à un rapport de confiance établi
autour du même
objectif : la santé du patient.

La palpation, outil diagnostique


Lors de la consultation, l’ostéopathe utilise la palpation
comme
un outil de mesure scientifique. Les premiers contacts
lui
permettent de recueillir des informations sur l’anatomie de
votre
corps au moment de la consultation. Puis, toujours grâce
à sa
palpation, il met en place votre traitement.
La palpation aide l’ostéopathe à percevoir ce qu’il se passe
sous
la peau. Elle lui permet de réaliser des tests afin de
définir son
traitement, de préciser les différentes régions de
votre corps pour
ajuster la position exacte de ses mains avant
la manipulation. La
palpation informe aussi sur la qualité
des tissus (comme lors de
fortes tensions musculaires ou de
souplesses trop importantes)
pour lui permettre d’optimiser
chacune de ses techniques.
Tout en restant en contact avec la peau, l’ostéopathe palpe
une
multitude de structures anatomiques : muscles, tendons,
ligaments, os, articulations, nerfs, mais aussi les viscères (foie,
colon, estomac, reins etc.).

À l’écoute des tissus

Peut-être serez vous surpris que votre


praticien fasse usage
d’une terminologie qui suggère qu’il puisse palper des
structures a priori impalpables. Parmi
les structures souvent
citées, on peut
évoquer la dure-mère et le liquide cérébro-spinal
(encore appelé céphalorachidien ou LCR). Il est évident que
ces
structures et substances ne sont pas
palpables directement
au travers de la
peau. En revanche, de nombreux praticiens,
par une palpation qualifiée
d’« écoute des tissus », concentrent
leur attention sur ces structures et
fluctuations liquidiennes. Un
peu à
l’instar d’un fin mécanicien qui est
susceptible, par de
légers tapotements au niveau du carter du moteur,
de
déterminer des pannes sur la bielle
ou la soupape, l’ostéopathe
perçoit,
par exemple, les tensions, la chaleur
générée par une
région anatomique,
ses mouvements liés à la circulation
vasculaire. Pour palper de cette
manière, l’ostéopathe a besoin,
comme
dans toute profession, d’entraînement
et de pratique.

À quelle vitesse se déplacer ?


Comme vu précédemment, la palpation relève d’un échange
de
données entre la main et le cerveau. Afin que le cerveau
puisse
analyser l’ensemble des informations qui lui sont transmises, il
est nécessaire que la palpation se fasse relativement
lentement.

Quelle force utiliser ?


La force à appliquer est également un élément important
du
processus de palpation. La pression doit en effet être en
adéquation avec la structure anatomique à palper. Il est vrai
que,
plus la structure anatomique visée est profonde, plus de
couches
de tissus différentes sont à traverser. Pour autant, une
palpation
excessive, en plus d’être potentiellement douloureuse, peut avoir
pour conséquence une sensibilité diminuée,
voire annihilée. À
l’inverse, une palpation de surface peut
empêcher de sentir les
structures sous-cutanées. L’objectif est
donc de trouver le juste
milieu, qui peut bien sûr être à tout
moment réévalué en fonction
de la structure visée.
Par exemple : palper une rotule, au niveau du genou, est
relativement simple puisque ce relief osseux est situé
directement sous la peau et donc en général bien visible à l’œil
nu. En revanche, palper la tête de l’humérus (articulation de
l’épaule) peut être bien plus difficile, car pour l’atteindre, il est
nécessaire de traverser différentes couches de tissus – peau,
muscles et tendons, fascias, ligaments, bourses.
Aussi devra-t-on dans un premier temps apprendre à différencier
les différents types de structures susceptibles d’être
rencontrés.
Mais avant cela, le petit exercice que nous vous proposons,
cher
aux étudiants de première année d’ostéopathie, est à
la fois une
introduction et une bonne initiation à l’art de la
palpation.
Améliorer sa capacité palpatoire

L’objectif de cet exercice est d’améliorer progressivement votre


sensibilité
palpatoire afin de mieux percevoir les
structures de
votre corps, que ce soit à
travers la peau ou les muscles.

Prenez une feuille de papier à la surface bien lisse et un de vos


cheveux
récupéré sur votre brosse.

Placez le cheveu sous la feuille sans


regarder où il se situe.
Puis passez

votre index sur la feuille à la recherche


de ce cheveu. Une fois
que vous pensez l’avoir localisé, retirez la feuille
pour vérifier
que vous ne vous êtes
pas trompé.

Vous pouvez ensuite augmenter le


nombre de feuilles et
reproduire
l’exercice.

La palpation, outil thérapeutique


En ostéopathie, comme dans d’autres thérapies manuelles, la
main tient un rôle particulier. Elle apporte confort et
soulagement aux tissus traités. Le développement de la
sensibilité de
la main est soumis, comme le goût et l’odorat, aux
mêmes lois
universelles de la répétition du geste, de la
compréhension
des phénomènes de palpation anatomique et de
la capacité à
investir une sensorialité tournée vers une écoute
bienveillante
des tissus du patient.
Si l’évaluation ostéopathique est réalisée par la palpation, le
traitement ostéopathique s’effectue, lui, à l’aide de
manipulations dont la première étape demeure une palpation
précise.
Une palette de techniques
Ces manipulations consistent en une palette de techniques
ostéopathiques visant à redonner de la mobilité aux tissus
qui en
sont privés afin de les soulager de leurs tensions. On
retrouve
ainsi de multiples techniques pouvant être soit
étendues à
l’ensemble du corps, soit spécifiques à une articulation
particulière. L’ostéopathe s’attache ainsi, lors de son
évaluation,
à rechercher les dysfonctions ostéopathiques (zones
en
restriction de mobilité) et, lors de son traitement, à leur
rendre
leur mouvement physiologique (ou naturel) grâce à ces
techniques manipulatives.

Ajustement articulaire

Les manipulations ostéopathiques


sont toujours fondées sur
une grande
connaissance de l’anatomie et de la
physiologie de
l’articulation traitée.
Réalisées dans l’optique de rendre
de la
mobilité à l’articulation, elles
ne dépassent jamais l’amplitude
physiologique de mouvement et ne
sont donc pas agressives
pour le
corps. Bien que le terme «  manipulation  » soit
aujourd’hui largement utilisé
pour décrire les techniques
ostéopathiques, il serait plus correct de les
appeler
« ajustement articulaire ».

Des techniques personnalisées


Les techniques réalisées par l’ostéopathe sont guidées par
le
terrain sur lequel il travaille, c’est-à-dire par le corps du
patient.
En effet, le corps a un caractère unique, qui demande
nécessairement à l’ostéopathe de s’y adapter, la qualité des
tissus
et des tensions variant d’une personne à une autre. Par
conséquent, une même technique exécutée chez deux patients
différents sera obligatoirement réalisée de manière différente
mais conduira au même résultat : un retour à la mobilité.
Lors d’une consultation, plusieurs techniques sont alors
employées selon un raisonnement logique qui s’attache à
travailler les différents systèmes du corps afin de les rééquilibrer.
Cet enchaînement de techniques permet ainsi de soulager
le
corps de ses contraintes physiques et grâce aux bénéfices du
toucher, aura nécessairement un impact sur l’état émotionnel.
Comme un artisan du soin, l’ostéopathe se caractérise par
l’usage exclusif de ses mains pour soigner. Partie immergée
de
l’iceberg, les mains de l’ostéopathe symbolisent un engagement
corporel global au service de la santé qui ne manque pas
de
poser quelques questions, à commencer par : Comment
fonctionne le corps ?
Chapitre 8
Un autre regard sur le corps,
sur le soin

Dans ce chapitre :
Un système de soin global

Le prisme du système musculo-squelettique


Les cinq modèles ostéopathiques

« Nous n’avons aucun lien avec les nécromanciens, les


hypnotiseurs, etc., des siècles passés. Nous ne détenons
aucun
secret, aucun pouvoir marginal ou supranormal ;
notre
pouvoir est humain et ne peut être exercé qu’en
relation avec
les processus et fonctions corporels. »
John Martin Littlejohn

L e regard que porte l’ostéopathe sur le corps et le soin


peut
apparaître paradoxal. En effet, l’ostéopathie est à la
fois ancrée
dans une tradition occidentale des sciences biologiques – par
l’usage constant et unanime de l’anatomie par
exemple –, et
dans le même temps, elle résiste aux concepts
de la médecine
conventionnelle qui tend à séquencer le corps.

Un système de soin global


Inscrite comme la médecine occidentale dans la filiation de
l’anatomie, de la physiologie et des sciences cliniques,
l’ostéopathie s’est néanmoins attachée à ne pas couper le corps
en morceaux prédestinés aux futurs spécialistes des centres
hospitaliers. Dès ses débuts, l’ostéopathie est un système
de soin
dit global, qui considère qu’une partie de l’homme
ne peut être
isolée et que la santé d’un organe ne peut être
restaurée qu’en
lien avec tous les autres.
Cette discipline ouvre la voie à une nouvelle compréhension
de
la santé. Très souvent désincarné, segmenté, le corps
humain
tout entier disparaît peu à peu derrière une technologie qui le
rend transparent, au sens propre comme au sens
figuré. À
l’heure du développement de nouveaux outils de
communication, d’information, les patients souhaitent être,
de
plus en plus et de mieux en mieux, renseignés concernant les
troubles dont ils souffrent. Une conscience nouvelle
est en train
de naître quant au rôle qu’ils peuvent jouer
pour contrôler et
maîtriser leur santé. Le corps n’est plus
que l’objet d’étude des
médecins, nombreux sont ceux qui
souhaitent aujourd’hui
activement se le réapproprier. En
ostéopathie, le corps est
réincarné et est au centre des explications qui vous sont données
sur de nombreux sujets.
Ainsi, en réponse à une médecine de plus en plus dépendante
de
la technologie et des laboratoires de chimie, l’ostéopathie a
conservé contre vents et marées un artisanat que l’on pourrait
qualifier de primitif avec l’usage exclusif de la main. Il s’agit ici
de décortiquer les concepts ostéopathiques dans leur
appréciation la plus consensuelle.

Une lecture du corps à travers le prisme


du système musculo-squelettique
Le système musculo-squelettique est au cœur de l’approche
novatrice proposée par Greenman (voir chapitre 1). En effet,
un
ostéopathe est en contact avec la peau du patient (voir
chapitre 7), puis avec les organes directement sous-cutanés,
c’est-à-dire en très grande majorité les éléments musculaires,
articulaires mais aussi osseux. Ce sont les seules véritables
structures anatomiques accessibles à la palpation. Un foie,
une
rate, un colon ou encore un nerf ou une artère sont des
structures
généralement très protégées par des structures
musculo-
squelettiques.
Par ailleurs, le système musculo-squelettique est un élément
essentiel unissant les fonctions corporelles. Une observation
attentive et une palpation entraînée de ce système
permettent
l’évaluation et la prise en charge des patients, car
il est souvent
également le lieu d’expression de nombreuses
souffrances. Par
exemple, un patient souffrant de son intestin
pourra
possiblement se tenir penché vers l’avant, manifestant
une
contraction des muscles abdominaux.
Chacun des modèles décrits ci-dessous est une représentation de
la relation entre la structure, c’est-à-dire le système
musculo-
squelettique, et un ensemble de fonctions.
Le modèle américain d’une ostéopathie intégrée au système
de
santé recèle, malgré ses revers, une force de proposition
susceptible de faire évoluer notre approche musculo-squelettique
de l’ostéopathie et d’élargir les champs de compétence
de la
profession.
Il s’agit de perspectives à travers lesquelles on peut entrevoir
le
patient.

Les cinq modèles ostéopathiques


Cette nouvelle façon d’envisager le patient et son corps offre
de
nombreuses perspectives pour préciser l’évaluation et
surtout la
prise en charge ostéopathique.
Afin d’en comprendre l’idée générale, il est possible d’imaginer
que l’on observe un patient à travers un microscope. En
modifiant la distance focale de la lentille du microscope,
différents aspects de ce patient peuvent être observés, et par là
même, plusieurs propositions thérapeutiques ostéopathiques
peuvent être évoquées.
Les cinq modèles sont simplement l’expression des fonctions
physiologiques assurant le maintien de la santé.
Ces modèles sont un guide pour interpréter les dysfonctions
somatiques, viscérales ou crâniennes lors de l’analyse des
informations objectives et subjectives du patient.
Cinq fonctions corporelles sont devenues cinq modèles de
compréhension des patients :
Le modèle biomécanique ;
Le modèle respiratoire et circulatoire ;
Le modèle neurologique ;
Le modèle métabolico-énergétique ;
Le modèle comportemental.

Examinons-les maintenant plus en détail.

Le modèle biomécanique
Le modèle biomécanique intéresse la structure et la
mécanique
du patient. Des troubles de la posture, du mouvement ou de
l’élasticité de certains tissus, quelles que soient
leurs causes,
perturbent souvent les fonctions vasculaire,
lymphatique et
neurologique.
L’aspect biomécanique du trouble conduit l’ostéopathe à
rechercher des dysfonctions ostéopathiques structurelles et
à les
prendre en charge. Prenons l’exemple de l’entorse de
cheville :
le traumatisme d’un ligament entraîne une perturbation du
fonctionnement, non seulement de la cheville, mais
aussi parfois
des articulations de la jambe.

Le modèle respiratoire et circulatoire


Le modèle respiratoire et circulatoire concerne l’interaction
dynamique entre les fonctions respiratoire et circulatoire. Il
s’intéresse au transport de l’oxygène et des nutriments par le
sang et à l’élimination des déchets produits par les cellules. Une
tension tissulaire interférant avec le flux ou la circulation de
n’importe quel fluide corporel peut affecter la santé de ce tissu.
Le traitement ostéopathique dans le cadre de ce modèle
s’occupe
des dysfonctions influençant la mécanique respiratoire ou
circulatoire, et du flux des fluides corporels.
Par exemple, une perturbation du fonctionnement du muscle
diaphragme est susceptible de provoquer une mauvaise
digestion.

Le modèle neurologique
Le modèle neurologique s’intéresse aux troubles du
fonctionnement de certains composants du système nerveux.
Des
déficiences ou des fonctionnements anormaux de ce
système
peuvent perturber les fonctions biomécanique,
respiratoire et
circulatoire, ou encore les fonctions métaboliques.
L’aspect neurologique du trouble conduit l’ostéopathe à
envisager des techniques afin de normaliser ces
dysfonctionnements du système nerveux.
Par exemple, la compression d’un nerf sortant de la moelle
épinière peut entraîner des troubles de la sensibilité ou du
fonctionnement d’un muscle.

Le modèle métabolico-énergétique
Le modèle métabolico-énergétique considère les différentes
fonctions métaboliques du patient, par exemple la digestion ou
encore le stockage du glucose (sucre) par le foie.
Physiologiquement, le corps cherche à conserver un équilibre
entre production, répartition et dépense d’énergie.
Cette perspective conduit l’ostéopathe à rechercher des
dysfonctions ostéopathiques de certains viscères (foie par
exemple) susceptibles de perturber certaines fonctions
métaboliques digestive, immunitaire, hormonale ou
endocrinienne.

Le modèle comportemental
Le modèle comportemental reconnaît que l’évaluation de la
santé d’un patient nécessite l’évaluation de son état mental,
psychique et émotionnel.
L’ostéopathe considère que le système musculo-squelettique
exprime les sentiments et les émotions de l’individu et que le
stress se manifeste par une augmentation de la tension
neuromusculaire. Prenons l’exemple d’un patient stressé : il est
fort
probable que son muscle trapèze soit tendu.
Chapitre 9
Mieux comprendre son corps

Dans ce chapitre :
Une petite histoire des sciences biomédicales

L’anatomie disséquée

À la découverte de l’appareil locomoteur


Notre corps, quelle finalité ?

L a compréhension du corps humain a été une quête à


toutes les
époques et pourrait se résumer à un long jeu
de piste encore
inachevé. Les sciences du vivant, par leur
méthodologie acquise
progressivement au fil des siècles,
permettent d’approcher une
certaine réalité dépourvue de
croyance et de mythologie. Pour
comprendre le corps humain,
les sciences biologiques sont
incontournables ; ce chapitre
vise à en acquérir quelques
éléments clés.

Une petite histoire des sciences


biomédicales
Petite coïncidence de l’histoire, en 1543, deux livres sont
publiés
et placent l’homme dans un nouveau paradoxe.
Tandis que
Copernic, l’astrophysicien, mène sa révolution
des corps
célestes et couche sur le papier une nouvelle cosmographie où la
Terre n’est plus le centre du monde, Vésale,
l’anatomiste, nous
fait comprendre qu’on ne peut découvrir
l’homme que par
l’homme, en démontant la fabrique humaine
par la dissection et
en la reconstruisant par la pensée et l’art
graphique. Les célèbres
planches d’anatomie magnifient alors
un homme démonté telle
une machine intégrée à son environnement professionnel. On y
voit des écorchés résumés par un
système complet (squelette
entier par exemple), actionnant
les outils communs de la ruralité
(faux, cheval, etc.) avec, en
arrière-plan, les paysages toscans,
nouvelle Mecque du savoir
européen.
Les sciences biologiques sont héritières de la Renaissance
et
partagent leurs domaines de recherche entre les sciences
descriptives (anatomie) et les sciences expérimentales
(physiologie). Bien évidemment, l’un ne va pas sans
l’autre mais
l’on peut tout de même distinguer les sciences
morphologiques,
spécialisées dans la forme, des sciences
expérimentales, où l’on
cherche plutôt à reproduire un
processus biologique à l’aide de
la chimie ou de la biomécanique par exemple.
S’agissant de mieux comprendre son corps, on admet qu’il
faut
alterner les points de vue pour confirmer un modèle explicatif.
Classiquement, pour comprendre une fonction du corps,
le
scientifique et le soignant se trouvent face à un problème
d’ingénierie de résolution de problème.
Science ou pas ?

L’habituelle question de philo au bac !


Une science ne doit pas
être confondue avec tout autre type de savoir.
On attribue
généralement le terme de
«  science  » aux domaines d’études
susceptibles d’être démontrés rigoureusement, comme les
mathématiques,
ou expérimentés, comme la chimie,
de
manière à être universellement
reconnus comme vrai. En
revanche,
les «  sciences humaines  », comme
l’histoire ou la
philosophie, tiennent
leur vérité de l’argumentation du
spécialiste.

Concernant les sciences biomédicales,


il s’agit d’adapter les
recherches des
sciences de la vie à des objectifs de
soins. La
médecine, élargie à toutes
les pratiques  –  qu’elles soient
scientifiques, traditionnelles ou alternatives  –, peut bénéficier
des avancées
de la biologie et de ses dérivés. En
revanche, sa
pratique ne peut être
qu’au carrefour des sciences appliquées,
sans pour autant prétendre y
appartenir du fait de l’impossibilité
actuelle de modéliser la complexité
de l’être humain.

Tout est lié


Chaque niveau d’organisation du corps est susceptible d’être
décrit et analysé. Cela va des atomes réunis en molécules
formant les cellules, elles-mêmes à la base des tissus cellulaires,
qui, en se regroupant, forment des organes appartenant
à des
systèmes réunis en un corps. Plus globalement, on
s’aperçoit que
les individus forment eux aussi des groupes
en interaction avec
d’autres espèces et la Terre, elle-même
interagissant avec son
satellite (la Lune, provoquant ainsi les
marées) et les autres
planètes gravitant autour du Soleil.
Ainsi, on comprend que l’analyse d’un niveau d’organisation
ne
peut s’exonérer des interrelations entre chaque partie
du même
niveau mais aussi avec les autres niveaux d’organisation. La
santé de l’homme est donc dépendante de la
bonne santé des
différents niveaux d’organisation. Prenons
pour exemple un
individu souffrant d’asthme : l’importance
accordée à son
système cardio-pulmonaire est dépendante
de la bonne santé de
ses organes, ses poumons et du tissu
pulmonaire mais aussi du
bon environnement terrestre car la
pollution joue un rôle non
négligeable dans l’apparition de ses
symptômes.

À chaque niveau d’organisation, une science !


L’étude des systèmes et organes est classiquement du domaine
de l’anatomie. L’étude des tissus (osseux, cartilagineux etc.)
se
nomme histologie. L’analyse du vivant au niveau cellulaire
et
moléculaire entre dans la case biologie cellulaire et moléculaire.
A contrario, l’étude d’un groupe d’individus s’analyse en
sociologie et la santé d’une nation s’étudie en santé publique.

L’anatomie disséquée
L’anatomie descriptive est la première étape de ce processus
de
découverte, permettant de décrire les structures macroscopiques,
c’est-à-dire visibles à l’œil nu sans nécessiter
d’instrument
supplémentaire comme un microscope. À partir
de la forme, on
peut élaborer des hypothèses fonctionnelles.
Mais cela ne suffit
pas toujours. Par exemple, le poignet
demeure encore
aujourd’hui un complexe articulaire dont les
structures
ligamentaires ne font pas consensus. Jusque dans
les
années 1980, on pensait qu’il y avait un ligament de chaque
côté
pour retenir la main, puis, peu à peu, avec les données
issues de
l’arthroscopie (microcaméra placée dans l’articulation), la
présence de ces ligaments ne s’est pas confirmée.
Différencier ses tissus : les ligaments
Les ligaments relient les os d’une articulation. Ils limitent ou
empêchent l’articulation de faire certains mouvements.

Leur élongation ou rupture a pour conséquence une instabilité


de
l’articulation.
À la palpation, ils peuvent ressembler à une petite cordelette.
Ils
sont généralement difficiles à palper au premier abord, c’est
pourquoi une bonne connaissance anatomique de l’articulation
est préalablement requise.
Pour différencier un ligament d’un tendon, contractez le
muscle
sans mobiliser l’articulation. Le ligament ne pouvant se
contracter, si la structure sous vos doigts reste immobile, c’est
bien un ligament !

L’anatomie, marqueur social ?

On remarque que les planches anatomiques ont aussi évolué


en fonction
du contexte socioculturel. Au Siècle
des lumières,
l’homme et la femme
étaient dessinés comme deux
mammifères vraiment différents, comme s’il
fallait trouver une
justification scientifique au fait que les femmes demeurent
des
citoyens de seconde zone devant
attendre la moitié du XXe
siècle et
les sacrifices des résistantes pour
conquérir le droit de
vote.

Une autre branche de l’anatomie formule ses hypothèses à


partir
de la comparaison entre espèces : l’anatomie comparée.

encore, cela ne suffit pas toujours : l’utérus de la femme
a
longtemps été connu comme bifide (en deux parties),
puisque
Galien l’avait décrit à partir d’une lapine ; les muscles
paravertébraux ont longtemps été décrits à partir des muscles
du
dos du bovin.
Si la description et la comparaison ne suffisent pas toujours
à
déterminer la fonction d’une structure, on peut faire appel
à
d’autres procédés. L’anatomie fonctionnelle et l’anatomie
clinique permettent de compléter un regard descriptif.
L’anatomie fonctionnelle est au carrefour de l’anatomie et de
la
physiologie. À chaque forme correspond une fonction qui
est
évaluée par des mesures précises, alors que l’anatomie
clinique
cherche à comprendre les déformations structurelles
dues à la
maladie et aux traumatismes : on ne comprend
jamais mieux
l’intérêt d’une cheville que lorsqu’on souffre
d’une entorse !

Le muscle de Popeye ?
Grâce à l’anatomie descriptive et fonctionnelle, on peut
imaginer
qu’une partie du muscle biceps brachial (le fameux
muscle de
Popeye), passant en pont au niveau de l’articulation
de l’épaule,
permette d’augmenter la congruence articulaire,
autrement dit de
plaquer l’humérus (os du bras) contre l’omoplate. L’anatomie
clinique nous apprend que l’absence de
cette partie du muscle ne
fragilise pas l’articulation et que sa
fonction de plaquage doit
être remise en cause.
La suite de ce chapitre vise à découvrir les grands types de
structures du système musculo-squelettique, cible principale
des
attentions de l’ostéopathe (voir le chapitre 8 sur les cinq
modèles).

À la découverte de l’appareil locomoteur


Le système musculo-squelettique encore appelé appareil
locomoteur peut se résumer à trois caractéristiques : une
grande
instabilité, une motorisation d’envergure et un contrôle
fin et
sophistiqué.

L’appareil locomoteur, un avion de


chasse ?
Dans ses cours, le professeur d’anatomie Olivier Gagey illustre
les trois caractéristiques de l’appareil locomoteur en comparant
le planeur à l’avion de chasse. En effet, un planeur n’a
pas de
moteur, est actionné par un système de commande
rudimentaire
mais, en contrepartie, il est très stable dans
les airs du fait de la
portance de ses ailes. À l’inverse du
planeur, l’avion de chasse
en panne moteur tombe comme
une pierre, ses ailes étant très
petites en comparaison. C’est
donc un avion très instable mais
capable, par l’intermédiaire
d’un système de commande très
sophistiqué, de maîtriser
finement des trajectoires complexes,
comme en témoigne la
Patrouille de France. De la même
manière, on constate que
l’appareil locomoteur est puissamment
motorisé et habilement
commandé, ce qui lui permet toutes
sortes de performances
et de prouesses, comme nous le prouvent
si bien les marathoniens et les danseurs étoiles.

Une grande instabilité


Dans le langage courant, ce qui est instable est généralement
envisagé comme peu fiable. Un dispositif instable est donc
souvent considéré comme quelque chose dont il faudrait
s’éloigner. En ce qui concerne les structures musculo-
squelettiques de l’homme, c’est au contraire une preuve de
vitalité
et de bonne santé. On pourrait évoquer une instabilité
physiologique de l’appareil locomoteur. L’instabilité dont on
parle
signifie mobilité et en l’occurrence la mobilité de
l’individu
rime avec autonomie et bonne santé. L’instabilité
articulaire
contrôlée par l’individu lui-même est donc une
condition à
sa mobilité. En l’absence de contrôle, une instabilité
articulaire peut révéler une lésion anatomique des structures
ligamentaires, osseuses ou encore musculaires. De même, une
mobilité non contrôlée peut signifier des troubles
neurologiques : les tremblements du patient atteint de la maladie
de
Parkinson par exemple.
Nous allons explorer un peu plus en avant cette question
d’instabilité et voir comment l’ensemble des structures du corps
génère cette mobilité nécessaire.

Oscar, le locataire démantibulé !

Le fameux squelette des salles


de cours de biologie ne peut
tenir
debout seul sans l’aide d’astucieux
montages d’élastiques
et de fil de fer.
C’est en quelque sorte une preuve
relative de
l’instabilité du système
locomoteur. Les ligaments, les
aponévroses, les muscles, les nerfs, les
vaisseaux et bien sûr
la peau participent à la congruence des articulations. Les nerfs,
à ce propos, jouent
aussi un rôle de congruence articulaire. Les
régicides, tel Ravaillac,
l’assassin d’Henri IV, étaient écartelés.
Une fois leurs articulations
luxées, les nerfs extrêmement
solides
à l’étirement retenaient les chaires.
Paradoxalement, les
mêmes nerfs sont
très sensibles au moindre écrasement,
ce qui
explique les nombreuses névralgies par conflit, dont le plus
connu est
sans aucun doute la sciatique.

Comme un jeu de construction !


Le squelette humain est naturellement instable. On ne
peut
l’assembler comme un Lego ; les plus de 200 os qui le
constituent doivent faire appel à de complexes structures
articulaires pour maintenir les surfaces articulaires les unes en
face des autres.
Plusieurs éléments soutiennent une instabilité physiologique :
La bipédie ;
La répartition des masses dans le corps ;
L’orientation naturelle de la station debout.

Vous avez dit bipédie ?


La bipédie force à un ajustement constant de la posture, c’est-à-
dire la position debout. La station debout, en l’absence
de
mouvement comme un garde de Buckingham, n’est pas
naturelle : elle engendre d’ailleurs des pathologies de circulation
sanguine. De nombreux professionnels contraints au
piétinement
et aux stations debout prolongées souffrent
fréquemment de
troubles du retour veineux qu’illustrent les
varices. Un trépied
(trois pieds) est stable quelle que soit
la régularité du sol, la
bipédie, avec aussi peu de surface en
contact avec le sol, oblige
donc l’homme à bouger.

Quelle est votre latéralité ?


La latéralité est le fait d’employer préférentiellement un côté
du
corps.

Dans un premier temps, vous pouvez découvrir votre latéralité


œil, main, pied :
Pour connaître votre œil directeur, il suffit, en gardant les
deux yeux ouverts, de pointer avec votre pouce un objet
situé à plusieurs mètres devant vous. Commencez par
fermer l’œil droit, si votre pouce se déplace par rapport à
l’objet, c’est que votre œil directeur est le droit. Vérifiez
en fermant l’œil gauche, vous devez avoir le pouce aligné
sur l’objet et le masquant quelque peu.
Votre main directrice est plus simple à déterminer, c’est
celle en général avec laquelle vous écrivez, faites du sport
et distribuez les cartes. Sinon, applaudissez ! La main qui
est au-dessus de l’autre est votre main directrice.
Votre pied moteur est celui avec lequel vous aurez
tendance à shooter dans un ballon. Sinon, mettez-vous
debout à l’arrêt et commencez à marcher, le pied qui se
lève en premier est le pied moteur, l’autre pied étant donc
le pied d’appui. Autrement, placez un ballon devant vous
et tentez de tirer une frappe !

Cette étape est indispensable, car connaître sa latéralité


permet
d’expliquer quelques asymétries que vous pourriez
trouver mais
qui sont normales. L’ostéopathe appelle cela
des asymétries
posturales physiologiques, car elles répondent
harmonieusement
à la physiologie de votre corps.
Voici une petite explication pour faire simple : votre cerveau
va
en permanence ajuster la contraction de vos muscles afin
de
vous permettre de vous tenir debout en équilibre, avec ou
sans
mouvement et ce de manière économique. Il s’agit d’un
« courant électrique » qui réside au sein de vos muscles. On
parle aussi de tonus postural (présent dans les postures du
quotidien).
En prenant en considération la latéralité, la distribution de ce
tonus peut être légèrement inégale, entraînant une asymétrie.
Voici quelques raccourcis :
La tête va naturellement s’incliner du côté de votre œil
directeur. Si votre œil directeur est le droit, votre tête
sera
inclinée en direction de votre épaule droite (en
théorie
cette inclinaison ne doit pas dépasser 4 degrés).
Pour faciliter les gestes fins et précis, tel que la
préhension (le fait de saisir une fourchette par exemple),
votre main motrice va impliquer votre épaule. Cette
dernière va venir s’enrouler vers l’avant pour libérer
votre
bras. L’épaule va ainsi apparaître basse et en avant
par
rapport à l’épaule opposée.
Quant à votre pied moteur, il doit diriger majoritairement
l’orientation que vous prenez lorsque vous marchez. Pour
votre confort, il va s’ouvrir davantage et présenter une
rotation externe (la rotation externe du pied droit signifie
que le pied tourne vers la droite).

La répartition des masses dans le corps, le


coup du balai !
Si on observe un individu debout, on peut être surpris de la
répartition des masses. Le bas des jambes, les chevilles et les
pieds sont relativement peu fournis en chair musculaire à la
différence de la cuisse et du bassin dont les reliefs marquent
la
présence de muscles puissants comme les fessiers. Cette
observation rapide permet de comprendre que la masse
principale est située vers le haut du corps, ce qui va à
l’encontre
de la stabilité. Pour plus de stabilité, il serait préférable d’avoir
une masse plus importante au plus près du sol,
un peu comme
une pyramide. Or, le corps humain ressemble
plutôt à un
pendule inversé, sorte de tour Eiffel à l’envers.
Cet éloignement
relatif de la masse vers le milieu du corps
engendre de fait une
plus grande instabilité. Cette instabilité
se traduit par une
recherche constante de l’équilibre et le
déploiement de forces
musculaires importantes. Il est toujours
plus difficile de tenir un
balai tête en l’air que tête vers le bas !
Quelques chiffres

Les deux membres supérieurs


(épaules, bras, avant-bras,
main)
d’un individu de 60 kilos font 12 kilos,
ses deux membres
inférieurs (hanche,
cuisse, jambe et pied) 24 kilos et son
tronc
environ 20 kilos.

Ainsi, si l’on considère un individu debout, son centre de


gravité
est haut placé, environ à 1 mètre, grosso modo au
niveau du
nombril. Cette caractéristique oblige les pieds à
s’écarter l’un de
l’autre pour créer une surface dite de sustentation. Il s’agit de la
projection du centre de gravité au sol. Plus
l’oscillation est
grande, plus cette surface doit être grande, un
peu comme les
passagers d’un train en marche qui, se déplaçant d’un wagon à
un autre, le feront volontiers les jambes
plus écartées l’une de
l’autre que dans la rue. De même,
un jeune adulte sans handicap,
ni traumatisme, marche les
pieds plus rapprochés qu’un vieillard
aux articulations moins
mobiles.

Debout tout le monde ! L’orientation naturelle


Si on observe un homme debout de profil, on peut remarquer
que son corps est naturellement penché vers l’avant d’environ
5 degrés. Cette caractéristique posturale typiquement
humaine, à
la différence des grands singes par exemple, nous
oblige au
déplacement en état de veille, c’est-à-dire lorsque
l’on est
debout. Le maintien de la station debout exige donc de
l’individu de solides muscles postérieurs pour contenir cette
attitude posturale. Les muscles fessiers, du dos et de la nuque
jouent le rôle de contrôleurs de la station debout et sont dotés
de
très nombreuses fibres musculaires charnues.

Une motorisation d’envergure


En comparaison avec le système osseux extrêmement léger et
représentant environ 4 kilogrammes chez l’homme (15 % de
la
masse), soit approximativement la masse de la tête pleine,
le
système musculaire (35 % de la masse d’un individu) est
beaucoup plus lourd et diversifié : environ 600 muscles
structurent le corps humain et pèsent environ 30 kilos pour un
homme de 70 kilos.

Différencier ses tissus : l’os


206 os forment la structure rigide du squelette humain. Ils
assurent soutien (squelette), protection (crâne), stockage (ils
renferment 99 % des réserves de calcium et de phosphore
de
l’organisme) ainsi que la formation des globules rouges et
blancs
dans la moelle osseuse.
À la palpation, l’os est généralement facilement reconnaissable
par sa densité vis-à-vis des autres structures. Sous vos doigts,
il
apparaît bien plus dur que ne l’est un tendon ou un ligament
et il
est donc facile à palper.
Parfois, lorsque l’os se trouve profondément enfoui, une
palpation précise permet de percevoir à travers les différentes
couches de tissus (peau, graisse, muscle, fascia, viscères…).

Tout en muscles !
Les muscles jouent bien évidemment un rôle moteur. Plus
concrètement, un muscle est susceptible de se raccourcir
jusqu’au tiers de sa longueur totale. Ainsi, certains mouvements
réclament de fait l’action de plusieurs muscles, aller
chercher un
pot de confiture au fond du placard haut de la
cuisine par
exemple…
Le muscle, une petite souris ?

L’ét ymologie du mot muscle est assez


amusante : muscle vient
du latin musculus qui signifie petit rat ou petite souris un peu
comme si les Anciens avaient
voulu illustrer le travail des
muscles par
de petites souris en train de s’activer
sous la peau.

D’une manière générale, tout mouvement réclame l’association


de plusieurs muscles. Certains sont agonistes, c’est-à-dire
qu’ils
sont directement responsables de la réalisation du
mouvement.
Ces muscles travaillent en synergie avec d’autres
appelés
antagonistes, autrement dit opposés au mouvement
de manière à
en contrôler le bon déroulement.

Différencier ses tissus : les muscles


Éléments moteurs du mouvement, ils sont de trois types :
Squelettiques (sous contrôle de la volonté) qui
mobilisent
le squelette de l’individu),
Lisses (indépendants de la volonté) qui sont situés dans
les viscères, les vaisseaux et la peau,
Mixtes (indépendants de la volonté) comme le muscle
cardiaque.

Intéressons-nous aux muscles squelettiques. On en compte


plus
de 600 – représentant 35 à 50 % du poids du corps – qui
permettent la station debout et les grands mouvements.
Le corps charnu du muscle est composé de fibres musculaires
capables de se contracter et de se relâcher. Les tendons qui
relient la partie charnue à un os, à chacune de ses extrémités,
servent de point d’ancrage et de courroie de transmission du
mouvement engendré par le muscle.
Lorsque vous palpez un muscle, la manière la plus simple
de
vérifier si vous êtes bien sur ce muscle est de le faire se
contracter. Il est alors possible, en répétant des contractions
et
relâchements, de suivre le muscle de son insertion à sa
terminaison.

Chacun ses muscles !


On s’aperçoit rapidement que, suivant la morphologie et la
posture développée par le patient, les muscles suivront des
stratégies différentes d’un individu à l’autre pour produire le
même mouvement. En effet, suivant l’âge, le sexe, l’hérédité,
l’histoire de vie d’un patient avec sa profession, ses loisirs,
ses
traumatismes, ses chirurgies et ses chocs émotionnels, sa
posture
évolue, créant ainsi des contraintes musculo-squelettiques
différentes d’un individu à l’autre.
Ces contraintes vont favoriser certains types de musculatures
à
d’autres et dès lors modifier la manière dont les muscles
travaillent. À la base de ces processus, il existe une plasticité
neuromusculaire qui permet d’adapter les structures
à la
fonction. Le muscle n’est pas seulement le moteur du
mouvement mais c’est donc aussi une structure de contrôle
qui
suppose un va-et-vient d’informations entre le système
nerveux
et les structures musculaires. Le muscle, et plus
spécialement ses
tendons, peuvent être considérés comme
des antennes
sensorielles indiquant l’état d’étirement du
muscle et donc notre
position relative dans l’espace de
chacune de nos parties du
corps.

Type de contraction
Les différents types de contractions musculaires sont :
Contraction concentrique : elle correspond à une
contraction musculaire associée à un raccourcissement
du
muscle. Par exemple, si vous portez un objet à
la bouche,
le muscle biceps va se contracter et se
raccourcir.
Contraction excentrique : cette fois c’est l’inverse, la
contraction musculaire est associée à un étirement du
muscle. Par exemple, si vous reposez l’objet que vous
avez porté à la bouche, vous allez étendre le bras, donc le
biceps va se contracter tout en s’étirant.
Contraction isométrique : elle correspond à une
contraction musculaire qui n’est associée à aucun
mouvement. Par exemple, si vous portez un carton avec
les bras fléchis, les biceps vont se contracter mais il n’y
aura pas de mouvements.
Contraction isocinétique : ce type de contraction est plus
difficile à réaliser. Elle se fait à une vitesse régulière afin
que la force développée par le muscle reste constante
tout
au long du mouvement.

Un système de commande sophistiqué


La commande de notre appareil locomoteur dépend de notre
capacité à avoir conscience de notre corps dans l’espace,
autrement dit de voir notre corps de manière volumétrique.
C’est grâce à cette faculté dite proprioceptive que l’on peut
marcher la nuit ou les yeux fermés. En l’absence de l’image
de
notre corps dans l’espace, on sait comment se placent
nos
articulations les unes par rapport aux autres. Il s’agit
d’une
conscience non verbalisée, une conscience corporelle.
Nous
sommes tous inégaux face à cette faculté, mais tous,
nous
pouvons l’exercer et l’optimiser. Certaines professions
requièrent une conscience corporelle très développée, par
exemple pour les danseurs ou encore les sportifs de haut
niveau.
Naturellement, les non-voyants font plus appel à leurs
capacités
proprioceptives pour compenser leur cécité.

Le 6e sens ?

Il est classique de décrire cinq sens :


l’odorat, la vue, l’ouïe, le
goût et le
toucher. On constate rapidement
que chacun d’entre
eux correspond
à un organe spécifique : le nez, l’œil,
l’oreille, la
langue et la peau. Parmi
eux, quatre sont situés dans la tête
exclusivement. D’autre part, l’ouïe est
dépendante d’un organe
complexe susceptible aussi de fournir des indications
d’orientation, la fameuse oreille
interne qui ne manque pas de
poser des
problèmes à ceux qui souffrent du mal
des
transports. Dans ce cas précis, il
s’agit la plupart du temps
d’une mauvaise gestion d’informations a priori
contraires entre
la vue et l’oreille
interne. C’est d’ailleurs le seul organe
à
maturation adulte lorsque l’enfant
naît. C’est très important pour
le développement du système locomoteur de
l’enfant qui
cherche à conserver l’horizontalité du regard. Assez vite, il va
avoir suffisamment de force pour tenir
et mobiliser sa tête, et
donc orienter
plus finement ses organes des sens
(vue, ouïe,
etc.).

Le  6e sens, soit, très schématiquement,


avoir conscience de
l’orientation de
chacune de ses articulations, serait en
quelque
sorte le sens premier parce
qu’il conditionne l’orientation de la
tête
et donc d’au moins quatre organes sensoriels ! Ce 6e sens,
complexe, dépend
d’une foultitude de capteurs situés
dans les
ligaments, les tendons, la
peau, les viscères, etc.

Perte de sens ?
D’une manière générale, nos sens permettent de contrôler
notre
posture et nos mouvements. En l’absence d’un sens
ou en cas de
détérioration d’un de nos organes sensoriels, la
plasticité
neuronale de l’individu réinvestit d’autres sources
d’informations sensorielles. C’est pourquoi il est si important
pour les personnes âgées dont les organes des sens vieillissent
(voir chapitre 3) de stimuler par les thérapies manuelles et
les
exercices de gymnastique douce les capteurs cutanés et
articulaires susceptibles d’offrir une source d’informations
neurologiques permettant le bon contrôle de l’appareil
locomoteur, et par là éviter la chute si dangereuse passé un
certain âge.
Au cours de la vie, les modifications liées à la croissance du
corps de l’adolescent remettent constamment en question ses
repères, ce qui explique en partie la maladresse typique de
nos
jeunes en pleine croissance.
Concernant les patients, il en est de même. Une mauvaise
interprétation interne de la position de telle ou telle articulation
du corps occasionne une dépense énergétique importante
pour
« récupérer » sa posture ce qui favorise l’apparition de
douleurs
de type contracture musculaire par exemple.

Que fait l’ostéo ?


On peut décrire plus de 200 articulations composant notre
dos et
notre thorax. On comprend alors que le travail de
l’ostéopathe
vise à permettre la bonne circulation d’informations entre nos
organes neurologiques et nos structures
cutanées (la peau),
musculaires, tendineuses, ligamentaires
et squelettiques.
Pour simplifier, loin de « débloquer » une vertèbre, l’ostéopathe,
par la mobilisation des structures ostéo-articulaires,
« réinforme »
notre corps de la possibilité d’amplitudes
articulaires perdues.
Il serait donc bien réducteur d’assimiler le contenu de la boîte
crânienne à un ordinateur commandant au reste du corps :
toutes
les structures, et en particulier les structures de l’appareil
locomoteur, interagissent formant ainsi un système de
commande très sophistiqué.

Notre corps, quelle finalité ?


Après ce rapide tour d’horizon des caractéristiques de l’appareil
locomoteur demeure une question : à quoi sert ce système
musculo-squelettique ?
En guise de conclusion à cette deuxième partie, nous allons
quelque peu affiner les traditionnelles réponses à cette
question.
En effet, pour la plupart des ouvrages, le système musculo-
squelettique a deux fonctions : la station debout et la marche
avec toutes ses déclinaisons : course, saut etc.

Debout !
La station debout n’est pas physiologique et ne peut donc, de
notre point de vue, être considérée comme une fonction de
l’appareil locomoteur.
La station debout ne peut raisonnablement n’être que le
point de
départ de la marche. Les longues stations debout ne
peuvent
servir le retour veineux des jambes. Le passage de
la station
allongée à debout provoque de brusques changements de
pressions veineuses dans les jambes. Si on considère
qu’allongé,
l’individu a une pression sanguine dans les veines
identique dans
tout le corps, une fois debout, la pression
monte brusquement
dans les jambes pour atteindre l’équivalent d’une pression d’un
mètre d’eau. Il faut moins d’une
dizaine de pas pour réduire
cette pression à environ 30 cm
d’eau, pression que l’on peut
considérer comme physiologique
pour une personne debout. On
considère qu’une pression
veineuse ne se réduisant pas avec la
marche est le signe d’une
pathologie de retour veineux
susceptible d’entraîner des
modifications des veines.
En conséquence, l’appareil locomoteur a pour fonction la
marche, dont la première étape transitoire serait la
verticalisation, soit le passage de la position allongée à debout.

En avant, marche !
La seconde remarque concerne les études sur la marche
qui nous
amènent à approfondir les conséquences de ce
mouvement.
La marche est le seul mouvement biologique que chaque être
humain est susceptible de reproduire à la milliseconde près.
Nous sommes dans l’incapacité de contrôler aussi finement
notre respiration ou la pulsation de notre cœur. En revanche,
le
rythme de nos pas apparaît comme un marqueur de notre
identité
biologique, un peu comme le serait une empreinte
digitale.
L’analyse de nos pas permet d’ailleurs de diagnostiquer des
pathologies (boiterie, maladies neurodégénératives,
etc.).
La marche nécessite et entretient non seulement l’appareil
locomoteur mais également l’ensemble des fonctions vitales :
cardio-vasculaires, pulmonaires, viscérales.
D’un point de vue anthropologique, il est étonnant de voir
comment les civilisations anciennes la tenaient pour
primordiale : les fameux péripatéticiens qui réfléchissaient à des
problèmes philosophiques en marchant ! Les textes sacrés
à la
base des trois grandes religions monothéistes ont par
l’histoire
d’Abraham montré la nécessité d’être nomade pour
espérer
prospérer et accroître sa descendance.
Aujourd’hui, on constate un intérêt toujours plus croissant
pour
le sport dans nos sociétés très (trop) sédentarisées.
Ainsi, cela
démontre le besoin physiologique de bouger de
l’être humain.
La question du mouvement, qu’il soit macroscopique comme
la
marche ou plus fin entre les différents tissus du corps, est
au
cœur de la réflexion ostéopathique.
Troisième partie
Pourquoi aller chez l’ostéopathe ?
Dans cette partie…

S i le principal motif de consultation est la douleur, le


champ
d’application de l’ostéopathie s’étend à de
nombreux troubles
fonctionnels et de nombreuses autres
raisons peuvent vous amener à
consulter. L’ostéopathe
évalue votre santé et adapte sa prise en charge
afin de
soulager la douleur ou le trouble.
Cette partie vous invite à mieux comprendre les
mécanismes
d’apparition de vos maux. Les troubles les
plus fréquemment
rencontrés, de la tête aux pieds, ainsi
que les problèmes de santé
liés au travail y sont abordés.
L’essentiel des régions composant le
corps est passé en
revue et expliqué en détail. Dans la plupart des
situations
évoquées, une compréhension anatomique et
physiologique
vous est proposée et laisse entrevoir les
possibilités et les domaines
de compétences de
l’ostéopathie. Des douleurs du dos aux troubles
digestifs,
vous êtes convié à observer votre corps à travers le prisme
d’un ostéopathe et devenir ainsi un acteur de votre santé.
Chapitre 10
Les douleurs
musculo-squelettiques

Dans ce chapitre :
J’ai mal au cou

J’ai mal entre les omoplates


J’ai mal au thorax

J’ai mal aux « reins »

J’ai mal au bras

J’ai mal aux jambes

Je n’ai mal nulle part mais je prends soin de moi !

L’ ostéopathie s’adresse à tous ; la principale raison pour


aller
consulter est la dysfonction d’une ou de plusieurs
régions du
corps qui apparaît lorsque les capacités d’adaptation de
l’organisme aux diverses contraintes de la vie sont
perturbées,
voire dépassées.

J’ai mal au cou


Le mal de cou est une douleur parfois isolée, parfois associée
à
d’autres maux de dos. Pour l’évoquer, on utilise généralement le
terme cervicalgie (du latin cervix, le cou, et du grec
algos, pour
la douleur).
Tordons le cou à la douleur !
Les mécanismes à l’origine des cervicalgies sont nombreux
(faux mouvement, port de charge, antécédent de coup du
lapin,
etc.). En outre, ces douleurs apparaissent en général
sur une
colonne cervicale déjà fragilisée par des contraintes
mécaniques
anormales.
Le cou se situe à la jonction du thorax et de la tête. À ce
niveau,
on retrouve le passage de nombreuses artères ou
veines, des
nerfs, des muscles, et plusieurs autres organes
occupent
également cette région (la glande thyroïde, les
glandes
parathyroïdes, le larynx, l’œsophage, etc.).
Et surtout, en arrière du cou, se trouve l’ensemble des
vertèbres
cervicales qui participent à la constitution de la
colonne
vertébrale. Les vertèbres cervicales permettent les
mouvements
de la tête dans l’espace, en rotation (tête qui
tourne sur le côté),
d’inclinaison (tête qui se penche sur un
côté), de flexion (tête qui
se penche vers l’avant) et d’extension de la tête (tête qui se
penche vers l’arrière).
Ces mouvements sont permis par des groupes de muscles
situés
de chaque côté afin d’orienter la tête. Précisons également
qu’entre chacune des vertèbres cervicales passent de
gros nerfs
qui vont transmettre des informations nerveuses à
destination ou
en provenance de la tête ou des bras.
En résumé, la région du cou joue de nombreux rôles. Elle
participe au regard en orientant la tête, à la respiration, au
langage
mais aussi à la mobilité de votre mâchoire, de vos
épaules et
de vos bras, de votre cœur et de vos poumons. On
retrouve
également à ce niveau le passage des informations
nerveuses
provenant de votre corps vers votre cerveau (par la
moelle
épinière) et aussi le passage du sang artériel et veineux à
destination et en provenance de votre cerveau.
Cervicalgie commune : un cou à prendre !
La cervicalgie mécanique se manifeste à des moments
particuliers de la journée. Elle est de nature progressive : plus
importante le soir, calmée par le repos, elle augmente lors
du
maintien prolongé de certaines positions (assis devant un
bureau
par exemple). Généralement, elle apparaît comme une
tension
musculaire et donne envie de s’étirer ou de se masser
soi-même.
En règle générale, lorsque l’on change de position, que l’on se
repose ou que l’on mobilise cette région cervicale, la sensation
douloureuse diminue. C’est bon signe !

Aiguë ou chronique ?
Par ailleurs, il est important de noter qu’il existe des douleurs
d’apparition récente, que l’on qualifie d’aiguës, et d’autres
plus
anciennes qui durent et que l’on qualifie de chroniques.
La douleur aiguë est une expérience nouvelle pour
l’organisme, à laquelle il n’est pas habitué.
La douleur chronique est, en général, associée à des
facteurs qui fragilisent la colonne du cou, innés ou acquis.

De nombreuses structures anatomiques qui constituent le


cou
peuvent potentiellement être à l’origine d’une sensation
douloureuse, ainsi aucune cervicalgie ne ressemble à une
autre.
Des douleurs peuvent se manifester en tournant la tête,
en
penchant la tête, en étant allongé, en s’étirant vers le haut,
en
appuyant à l’endroit douloureux avec son doigt, en profondeur,
en superficie ou encore être associée à une gêne qui
craque, qui
grince, qui nous bloque dans nos mouvements ou
qu’on
appréhende…

Que fait l’ostéo ?


Concernant la cervicalgie mécanique, même si les horaires
de
survenue de la douleur sont spécifiques, elle peut se
manifester
de nombreuses manières. Il est important de
la reconnaître, de
comprendre quel(s) mouvement(s)
soulage (nt), et quel(s)
mouvement(s) déclenche (nt) la
douleur.
C’est cette enquête que mène l’ostéopathe si son patient le
consulte pour des douleurs du cou. Il mobilise ses connaissances
du fonctionnement et de l’anatomie de cette région afin
de
comprendre la situation et proposer une prise en charge.
Après
avoir évalué l’intensité de la douleur et l’avoir localisée,
il est
possible que l’ostéopathe recherche le mouvement qui
les
déclenche.
Pour ce qui concerne les douleurs chroniques de la région
du
cou, l’ostéopathe tente de comprendre les mécanismes
à
l’origine de la récurrence de ces douleurs. Quand
apparaissent-
elles ? Comment apparaissent-elles ? Pourquoi
surviennent-elles
fréquemment ?
Un certain nombre de troubles ou malformations sont souvent
évoqués comme étant à l’origine de plusieurs types de
douleurs :
la scoliose, l’arthrose, la raideur cervicale ou encore
les
accidents de la voie publique, le coup du lapin, les chutes
sur la
tête, une mauvaise ergonomie au travail, etc.
L’ostéopathe part à la recherche de toutes ces circonstances
dans
le passé de son patient. Elles peuvent parfois être très
anciennes
et dater de l’enfance, c’est la raison pour laquelle il
est possible
que l’ostéopathe vous interroge à ce sujet.
Éric, 37 ans

«  Après mon accident de voiture, mon


ostéopathe a réussi,
grâce à ses mains,
à libérer les tensions présentes dans
ma
nuque et à soulager mon dos. Il a
posé ses mains sur mon
crâne et sur
mon dos et j’ai ressenti tout de suite
un bien-être.
Dès la fin de la première
séance, je me sentais déjà mieux ! »

Cervicalgie « nerveuse » : un cou bien


énervant !
Ces douleurs, liées à des phénomènes irritatifs sur le trajet
d’un
nerf, peuvent être causées par des mécanismes différents. Parmi
ces cervicalgies, on distingue les névralgies
cervico-brachiales
(qui se manifestent par des douleurs ou
des fourmillements dans
le bras), les douleurs référées (des
douleurs apparaissant à un
endroit différent de la zone où
l’irritation du nerf à lieu), les
troubles du système nerveux
autonome (système nerveux qui
fonctionne indépendamment
de la volonté), etc.

La névralgie cervico-brachiale
Au niveau des vertèbres cervicales, les racines des nerfs sont
issues de la moelle épinière et passent par un espace situé
entre
deux vertèbres adjacentes nommé foramen intervertébral
autrefois appelé trou de conjugaison. Ensuite, elles passent
dans
le cou, s’associent avec d’autres racines nerveuses
pour former
des troncs, ces troncs deviennent des nerfs qui
assurent
l’essentiel de la motricité et de la sensibilité des bras
et des
épaules. L’ensemble de ces racines, troncs et nerfs va
former un
plexus (réseau de filets nerveux), passant sous la
clavicule et
prenant le nom de plexus brachial (plexus étendu
vers le bras).
Lors de leurs trajets vers le bras, ces racines,
troncs et nerfs vont
traverser des muscles, passer à proximité
d’articulations, de
ligaments, d’os et tout un ensemble d’autres
tissus. Chacune de
ces structures anatomiques est mobilisée
naturellement lors des
mouvements, et, en cas, de « faux-mouvements », de
sursollicitations, de perte de mouvements,
elles peuvent être
irritées et provoquer une douleur.
Lorsque le fonctionnement du plexus brachial est perturbé, le
trouble est nommé névralgie cervico-brachiale (NCB) et
correspond à l’irritation d’un ou de plusieurs nerfs situés au
niveau
du cou et pouvant se manifester au niveau de l’épaule et
du
bras.

Que fait l’ostéo ?


La névralgie cervico-brachiale se manifeste souvent par
l’augmentation de la douleur lorsque la tête est mobilisée, ou
encore, moins souvent, en position allongée ou lors de la toux.
Les sensations sont décrites comme des enraidissements,
des
contractures ou des limitations des mouvements de tête.
Parfois,
la douleur survient lors d’un mouvement en particulier et
conduit à une sensation douloureuse qui suit le trajet du
nerf
(vers l’épaule ou le bras).
Dans certains cas, il est possible que survienne une diminution
de la force dans le bras, ou une sensibilité différente de
la peau
d’un bras à l’autre. Si c’est le cas, il est nécessaire
de consulter
d’abord un médecin et de faire des examens
complémentaires.
Lorsque d’éventuels critères de gravité de l’atteinte ont été
considérés par le praticien, il évalue en général le
fonctionnement global et spécifique de la région. Parmi les
éléments que
le praticien évalue, on distingue :
L’analyse de la posture (port de tête inadapté, position
antalgique causée par une autre souffrance, etc.) ;
L’analyse des structures anatomiques (malformation(s)
cervicale(s), scoliose, fusion de vertèbres entre elles,
arthrose, ostéoporose, etc.) ;
L’analyse du passé traumatique (coup du lapin, entorse
cervicale, ancienne hernie discale traumatique, choc sur
la
tête ou sur le cou, etc.) ;
L’analyse de troubles musculo-squelettiques associés
(dérangement intervertébral mineur, troubles des
articulations entre les vertèbres, etc.).
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de la
clavicule

La clavicule est un os de la partie


supérieure du thorax, placée
entre
la pointe supérieure du sternum et le
dessus de l’épaule.
Sa fracture est fréquente (environ  5  % des consultations
aux
urgences hospitalières), principalement causée par des chutes
sur le
bras ou directement sur l’épaule.

Pour la palper, placez vos index et


majeur au niveau de la
partie supérieure du sternum et déplacez-les légèrement vers
l’épaule (respectivement à
droite puis à gauche). Il est possible,
à
ce niveau, de percevoir la contraction
d’une partie du muscle
sterno-cléido-mastoïdien (voir chapitre  2) en tournant
la tête à
gauche et en l’inclinant sur la
droite, puis en effectuant le
mouvement de l’autre côté pour percevoir la
contraction du
muscle situé de l’autre
côté.

Poursuivez ensuite la palpation de


la clavicule avec la pulpe de
l’index
au-dessus et celle du majeur en dessous en se
déplaçant lentement vers
l’épaule et en suivant le relief osseux.

Vous pouvez ainsi palper sur la partie


inférieure de la clavicule
et à ce niveau
le muscle grand pectoral. Pour cela, il
suffit
d’élever, à droite, votre bras droit
vers l’avant et vers la gauche.

Cervicalgie « musculaire » et torticolis : le


nœud du cou !
La cervicalgie musculaire est aussi une cervicalgie mécanique.
En revanche, ce ne sont plus les nerfs qui sont directement
responsables de la douleur mais les muscles. Ces douleurs
d’origine musculaire sont parfois qualifiées de tendinopathies
(pathologie du muscle ou du tendon) de la région cervicale.
La
plus célèbre d’entre elles, celle dont presque tout le monde
a
déjà entendu parler, est le torticolis.

J’ai un torticolis !
Le torticolis est une contracture réflexe d’un ou de plusieurs
muscles situés entre la tête et le haut du thorax. Le torticolis
se
manifeste par une douleur de la région cervicale, le plus
souvent
le long du trajet d’un muscle. Plusieurs muscles sont
régulièrement contractés ; parmi eux, on distingue :
Le muscle sterno- (sternum) cléido- (clavicule) occipito-
(occiput, au niveau du crâne) mastoïdien (mastoïde
qui est
une expansion osseuse de l’os temporal située
sur le côté
du crâne). Ce muscle sterno-cléido-occipito-mastoïdien,
ou SCOM, forme un relief à l’avant du cou ;
Le muscle trapèze qui dessine en partie le galbe du haut
des épaules ;
Le muscle élévateur de la scapula (qui s’étend des
vertèbres cervicales jusqu’à l’omoplate, qu’on appelle
aujourd’hui la scapula).

Comme pour la cervicalgie nerveuse, parmi les facteurs


favorisant les tensions musculaires, on distingue :
Des troubles posturaux (lorsque le corps recherche son
équilibre) ;
Des troubles structuraux (une malformation de
naissance) ;
Des pathologies dégénératives (de l’arthrose par
exemple) ;
Des antécédents de traumatisme(s) (un coup du lapin) ;
Des troubles musculo-squelettiques locaux (un trouble
articulaire local entre deux vertèbres par exemple).

Lors d’une contracture réflexe d’un des muscles responsables,


la
mobilisation du cou est douloureuse, voire impossible,
ces états
apparaissent souvent au réveil, le matin. Lorsqu’il
palpe son cou,
le patient perçoit d’importantes tensions
musculaires. Seul le
repos et l’immobilisation permettent un
soulagement.

Du chaud !

Afin de favoriser la détente du muscle


contracté, vous pouvez
très rapidement appliquer quelque chose de
chaud (mais pas
brûlant), une serviette
trempée dans de l’eau chaude par
exemple, sur la zone douloureuse de
la tension musculaire.

Que fait l’ostéo ?


L’évaluation de ces douleurs par l’ostéopathe est assez
spécifique pour identifier le muscle atteint et la nature du
trouble.
Les possibilités d’étirement et de contraction du muscle
ainsi
que la sensibilité lors de la palpation orientent le praticien
vers le type de prise en charge.

J’ai mal au dos, entre les omoplates


Lorsque cette région est douloureuse, le terme de scapulalgie
ou
douleur scapulaire sera utilisé. Ces douleurs scapulaires
peuvent
être localisées au niveau même de la scapula (os de
forme
triangulaire), ou entre les deux scapulas, dans une zone
anatomique appelée zone interscapulaire.
L’os de l’omoplate, étymologiquement, est tiré du grec
omoplaté, que l’on pourrait traduire par « os plat de
l’épaule ».
Ce nom est aujourd’hui désuet et, pour le
remplacer, on utilise le
mot scapula (du latin scapulae qui
signifie « épaule »).

Les douleurs scapulaires et interscapulaires peuvent se


manifester lors du mouvement (douleur mécanique) ou bien
être
la conséquence d’un processus inflammatoire (douleur
inflammatoire). Les douleurs mécaniques peuvent être
causées
par une atteinte des articulations, des muscles, des
ligaments ou
encore des nerfs situés dans cette région. Le long
de la colonne
vertébrale, entre les deux scapulae, se trouvent
des muscles
profonds appelés muscles paravertébraux
(de part et d’autre des
vertèbres). Ces muscles permettent
certains mouvements de la
colonne vertébrale. La contracture
de ces muscles peut parfois
être douloureuse entre les deux
scapulae.

La douleur mécanique interscapulaire : le


mal de l’omoplate !
Lorsque la douleur se situe entre les deux scapulae (région
délimitée en haut par les épaules et en bas par le sommet
inférieur du triangle formé par les pointes des scapulae), on
parle
alors d’interscapulalgie.
Cette douleur est principalement causée par l’état de tension
d’un ou de plusieurs muscles ou par certaines articulations
(au
niveau des vertèbres thoraciques entre elles ou entre les
vertèbres et les côtes).
La douleur peut être punctiforme (un point douloureux) ou
plutôt diffuse. Elle peut être lancinante, pulsatile, comme
une
décharge électrique, ou se présenter simplement comme
une
gêne douloureuse. Elle peut être située au centre d’une
ligne
tracée entre les deux scapulae, être déportée d’un côté
ou des
deux côtés en même temps. Elle peut suivre le trajet
d’un muscle
ou se manifester lorsque le muscle en question
est mobilisé dans
des mouvements du dos ou des bras par
exemple (mettre son
manteau, ranger son porte-monnaie,
accrocher son soutien-
gorge, faire du jardinage, accrocher une
ampoule, peindre, etc.).

Alexandre, 48 ans

« À force de garder une position statique au travail (je travaille


devant un
ordinateur toute la journée), j’ai commencé à
ressentir des douleurs au
niveau du cou et dans le dos, entre
les omoplates. Je me suis renseigné
auprès de mon entourage
pour trouver
un bon ostéopathe et je le consulte
maintenant
trois fois par an pour ces
problèmes. Il m’a aussi expliqué
comment adapter ma posture au travail et
m’a proposé des
exercices pour soulager les douleurs dès leur apparition. »

Que fait l’ostéo ?


La démarche de l’ostéopathe est la suivante : comprendre
votre
douleur par des questions, puis l’évaluer par des tests
cliniques.
Il tire ainsi un bilan du terrain favorisant et du
facteur
déclenchant.

Étirez-vous et respirez !

Vous pouvez, vous-même, utiliser


quelques astuces pour vous
soulager :
Des étirements, que vous retrouverez dans le
chapitre 16.

Des exercices respiratoires  ; en


inspirant et expirant
profondément,
cela permet de mobiliser les côtes
et de
relâcher certaines structures
musculaires.
J’ai mal à la cage thoracique
La cage thoracique est une structure formée par de
nombreuses
structures osseuses et articulaires, et de
nombreux muscles.

La cage et ses barreaux !


Étymologiquement, le mot thorax vient du grec ancien et
signifie « cuirasse ». La définition a été modifiée par Hippocrate
pour évoquer le « torse », puis le « poitrail » ou la « poitrine ».
Tout comme une cuirasse qui protégerait un soldat au combat,
le
thorax protège tout ce qu’il contient, en particulier les structures
anatomiques essentielles à la vie, que sont le cœur et les
poumons. Une des fonctions principales du thorax est donc
d’assurer ce rôle de protection. Parmi les mouvements qui
s’exercent à ce niveau un des plus importants est celui de la
respiration.
La cage thoracique est formée par douze vertèbres en arrière,
douze paires de côtes sur les côtés et par le sternum en avant.

Mieux connaître son anatomie :


autopalpation du
rebord costal

Pour palper le rebord costal, commencez par repérer l’ombilic


(le nombril)
puis remontez jusqu’à sentir de l’os,
il s’agit du
sternum. Une fois l’extrémité inférieure du sternum repérée,
déplacez vos mains de chaque côté et
longez le rebord costal
qui s’oriente
latéralement vers le bas et l’arrière.

Attention aux sacs trop lourds !


Le fait de porter un sac à main trop lourd ou de manière
prolongée peut aussi être « traumatisant » pour le corps. En
maintenant votre sac, que ce soit sur l’épaule, sur le bras ou
à la
main, vous luttez contre son poids par votre force musculaire.
Observez-vous dans une glace… Vous soulevez l’épaule
et
inclinez légèrement la tête du même côté, fermant ainsi la
zone
située entre le cou et l’épaule. Vous contractez ainsi,
inconsciemment bien sûr, des muscles qui ne sont pas forcément
destinés à produire un effort de longue durée, et qui en
réaction
finissent par se spasmer. Des troubles locaux, comme
des
tendinopathies, et parfois même des réactions à distance,
comme
des douleurs cervicales ou des maux de tête, peuvent
en
découler.
Voici quelques astuces pour éviter l’apparition de tels
troubles :
Ne soyez pas un escargot : trimbaler votre maison avec
vous ne vous rend pas service… Allégez donc votre sac
au maximum en ne gardant que les objets indispensables.
Et n’oubliez pas de le vider le soir. Demain est un autre
jour.
Idéalement, un sac à main ne devrait pas peser plus de
2 kilos. S’il est plus lourd, privilégiez un second sac pour
mieux répartir le poids… ou passez au sac à dos !
Changez d’épaule toutes les 15 minutes pour équilibrer
les
tensions des 2 côtés.
Plutôt que de porter un sac à main ou une sacoche à bout
de bras, portez-les en bandoulière en plaçant la lanière
sur
l’épaule opposée au sac.
Lorsque vous faites vos courses, répartissez la charge de
manière égale des deux côtés du corps, plutôt que de tout
porter du même côté.
Les douleurs derrière le thorax : j’en ai
plein le dos !
Sur un plan osseux et articulaire, le thorax en arrière est
constitué des parties postérieures des arcs costaux (la côte
forme
un arc entre le sternum en avant et les vertèbres en
arrière) et les
vertèbres thoraciques.
Les douleurs les plus communes se situent dans la région
interscapulaire. Ces douleurs typiques sont décrites plus haut
(voir « La douleur mécanique interscapulaire : le mal de
l’omoplate ! » p.151).
Le reste des douleurs ressenties peut apparaître sous la forme
d’un point électif ou de rachialgies (douleur du rachis) diffuses
s’étendant verticalement ou horizontalement comme des
barres.
Elles peuvent s’installer comme des points de tension
douloureux répartis de la région cervicale à la région lombaire
en passant par le thorax. Les muscles paravertébraux, dont
on
retrouve le relief marqué dans le dos de part et d’autre des
vertèbres, jouent un rôle de tuteur musculaire pour le rachis
afin
de maintenir le dos droit.
Ainsi, lorsqu’un ostéopathe prend en charge votre douleur
ressentie à l’arrière de votre thorax, il cherche à mettre en
évidence un type mécanique en premier lieu. Puis, il recherche
un terrain fragilisant et des facteurs déclenchant. La procédure
ostéopathique s’apparente à celle mise en place au
niveau de la
région cervicale, en complément de laquelle, il
intègre les pistes
de réflexion énoncées pour des douleurs en
avant du thorax.

Mais pourquoi j’ai mal ?


Les douleurs en arrière du thorax présentent la particularité
d’être souvent liées à une mauvaise posture. Plus d’une
fois,
vous avez ressenti un trouble qui s’accentuait en fin de
journée,
ou à la suite de postures que vous auriez maintenues
pendant une
certaine durée. Chaque jour, vous recherchez des
solutions pour
affiner votre ergonomie au travail, améliorer
votre posture et
lutter contre ces troubles. Vous vous dites :
« Ce n’est pas
normal », « Pourtant, j’ai changé ma façon de
m’asseoir »,
« Alors, je crois qu’il m’a dit de m’asseoir sur les
ischions et
plus en avant sur ma chaise ». Des remarques et
conseils souvent
bons et pourtant qui peuvent être insuffisants pour vous soulager.
La réadaptation fonctionnelle
posturale basée sur le
renforcement et l’adoption de postures
correctrices peuvent
améliorer une symptomatologie, mais la
symptomatologie peut
malgré tout faire de la résistance.

Des contrôles moteurs ?


En effet, les muscles extenseurs du rachis remplissent un rôle
anti-gravitaire (luttent contre la gravité) pour nous maintenir
debout correctement. Ces muscles sont soumis à un grand
nombre de contrôles moteurs, car la position debout est vitale
pour un homme. On distingue : un contrôle moteur au niveau
de
la moelle épinière (la moelle s’étend de votre cerveau
jusqu’à la
moitié de vos vertèbres lombaires), un contrôle au
niveau d’une
structure appelée tronc cérébral (qui appartient
au cerveau), un
autre au niveau du cortex (ce qu’on visualise
lorsqu’on imagine
un cerveau) et encore un autre au niveau du
cervelet (petit
cerveau fortement impliqué dans le contrôle de
votre posture
situé en arrière du cerveau principal).
Chacune de ces structures représente un musicien qui, avec
d’autres musiciens, deviennent un orchestre. L’objectif de cet
orchestre est de fournir une composition harmonieuse. Cette
mélodie est celle du contrôle moteur commun de vos muscles
extenseurs du rachis.
Maintenant, grâce à vos nouvelles compétences
neuroscientifiques, vous imaginez bien qu’il vous faudra
réfléchir plus
globalement. Vos muscles extenseurs du dos sont
liés à vos
nerfs. Cette jonction se nomme jonction
neuromusculaire
(entre le nerf et le muscle). Lorsqu’elle est
défaillante, votre
muscle va se débattre pour à nouveau assurer
une contraction
correcte sous l’égide du contrôle moteur décrit
ci-dessus.
Le muscle peut devenir douloureux pour l’ensemble de ces
raisons. Si on récapitule : il peut y avoir un trouble au niveau,
du
nerf, du muscle, de la jonction neuromusculaire et du
contrôle
fourni par votre cerveau, votre moelle épinière ou
votre cervelet.

La faute au cerveau !
Si votre cerveau reçoit une mauvaise information de votre
environnement, il va transmettre un message à vos muscles
extenseurs du dos afin de les corriger. Il reçoit son information
de tout un tas de régions anatomiques comme : l’œil (l’œil est
chargé d’assurer un regard strictement horizontal), le pied
(le
pied donne l’information de vos appuis étant debout, par
ce
qu’on appelle un polygone de sustentation), l’oreille interne
(l’oreille interne est, entre autres, chargée de votre équilibre),
la
peau (votre peau est sensible aux vibrations, aux pressions
d’une
manière très fine), l’occlusion, qui est permise par l’articulation
temporo-mandibulaire (il s’agit d’une articulation au
niveau de
votre tête qui permet d’ouvrir et de fermer votre
bouche).
Bien d’autres structures de votre anatomie renseignent votre
cerveau, comme vos ligaments, vos muscles, vos articulations
(certaines plus que d’autres), mais aussi certains de vos
viscères
et organes. Le but étant d’assurer un travail musculaire adapté
des muscles extenseurs du rachis.
Que fait l’ostéo ?
Lorsqu’une douleur liée à une mauvaise posture se manifeste
en
arrière de votre thorax, il n’est pas toujours aisé d’en
comprendre la cause. En présence d’un thorax qui bouge
peu,
cette piste est fondamentale afin de comprendre au
mieux des
douleurs musculaires survenant au niveau de
votre thorax.
L’ostéopathe va puiser dans ses connaissances
en matière de
dysfonctionnement vertébral thoracique pour
en comprendre la
cause : articulaire, musculaire, nerveux,
vasculaire, viscéral
(cardio-pulmonaire ou digestif), postural
(ergonomie ou contrôle
moteur), respiratoire ou associée à
une pathologie.

Les douleurs « nerveuses » du thorax :


quand le dos a les nerfs !
Les douleurs nerveuses du thorax sont appelées névralgies
intercostales. La sensation d’irradiation nerveuse se produit
sous
le trajet d’une côte en suivant son arc. L’irradiation
démarre au
niveau de l’émergence nerveuse située entre
deux vertèbres. Le
nerf émergent va suivre un trajet dans une
gouttière osseuse
formée au-dessous des côtes pour venir
suivre le même arc. De
ce fait, lorsqu’un nerf est comprimé,
la douleur nerveuse suit le
même trajet que la côte. Elle peut
s’étendre jusqu’au sternum en
faisant le tour de votre thorax.
Elle est ressentie comme un filet
nerveux douloureux, pouvant
s’associer à des contractures
réflexes des muscles intercostaux
et donc se présenter avec des
douleurs augmentées par la respiration ou par des pertes
d’amplitude du mouvement des côtes
ou des vertèbres
thoraciques.
Ce type de douleur nerveuse n’est possible que dans le
segment
des vertèbres thoraciques. Au niveau des segments
lombaire et
cervical, les racines nerveuses plongent vers le
bas pour former
des plexus nerveux : plexus brachial, plexus
lombaire. À ce
niveau, il n’y a pas de côtes.

Que fait l’ostéo ?


La mise en évidence d’une névralgie intercostale n’est pas
très
compliquée. Cela dépend de son modèle d’apparition,
si le trajet
douloureux suit l’ensemble du nerf ou seulement
une petite
partie, mais aussi ce qui est à l’origine du trajet
névralgique.
Toute la réflexion de l’ostéopathe est portée sur la mise
en
évidence de cette origine. Elle peut être causée par de
nombreuses affections : des antécédents de fracture de côte
ou
vertébrale, la présence de malformations congénitales
(scoliose,
hypercyphose et autres formes de malformations
vertébrales ou
costales), des antécédents d’infection au
niveau des disques
intervertébraux (situés entre les vertèbres
thoraciques) ou au
niveau pulmonaire. Plus classiquement,
des pathologies
dégénératives comme l’arthrose vertébrale ou
costo-vertébrale
(entre les vertèbres elles-mêmes ou entre les
vertèbres et les
côtes) peuvent impliquer la racine nerveuse
émergente et créer
l’irradiation nerveuse sous la côte.
La stratégie thérapeutique principale va être de restaurer
les
amplitudes normales du mouvement afin de libérer les
racines
nerveuses intercostales et de diminuer les contraintes
mécaniques.

Les douleurs venues d’ailleurs…


Lorsqu’on évoque les douleurs « non-mécaniques » de la
région
thoracique, on parle d’une douleur référée, transportée
par un
mauvais message nerveux provenant d’une structure
plus
lointaine. Les plus connues sont les douleurs ressenties
au
niveau de la mandibule et du bras gauche lors d’affections
cardiaques graves. Un autre exemple est celui de la
pyélonéphrite, infection qui affecte le rein. Dans cette
pathologie,
la souffrance se place sur la cage thoracique
inférieure de
chaque côté, vive et aiguë sur le trajet du muscle
oblique
externe qui fait partie des muscles abdominaux.

Mais pourquoi j’ai mal ?


Vous avez déjà ressenti des douleurs abdominales qui
apparaissent, comme leur nom l’indique, au niveau de
l’abdomen. Il en est de même pour certaines souffrances
viscérales, sauf qu’elles apparaissent au niveau du thorax. La
majeure partie du temps, les souffrances sont vécues à proximité
de l’émergence du nerf qui se dirige de la moelle épinière
vers le
viscère. La douleur se propage comme un message
nerveux qui
remonte, depuis le viscère, le long de ce nerf et
cause des
sensations désagréables sur son chemin. Il s’agit de
cette douleur
référée.
Par exemple, les nerfs se dirigeant vers l’estomac proviennent
de
la région des vertèbres thoraciques moyennes, soit entre
les
scapulas. Il s’agit d’un nerf splanchnique (nerf du système
nerveux autonome innervant les viscères de l’abdomen et du
pelvis) qui contrôle l’activité du viscère et informe le cerveau
de
cette activité. En cas de souffrance, l’information sera la
douleur.
C’est de cette manière qu’une sensation désagréable
ressentie
entre les deux scapulas peut s’apparenter à une
souffrance de
l’estomac. Il est donc inutile pour l’ostéopathe
de se focaliser sur
une souffrance musculaire ou articulaire de
la région, car c’est
bien le viscère qui est en cause.

J’ai mal aux « reins »


« J’ai mal aux reins ! », « Mes reins me font souffrir ! », « J’ai
mal dans la chute des reins ! », voici des expressions bien
approximatives qui ne sont pas totalement dénuées de sens
mais
qui décrivent cette région en bas de votre dos de manière
incorrecte.
Il s’agit en réalité de votre région lombaire qui s’étale
du thorax
au bassin. La région lombaire donne en avant
l’abdomen et en
arrière une courbure lordotique (la lordose
lombaire).

Le mal du siècle

Les douleurs ressenties au niveau des


reins, ou douleurs
lombaires ou encore
lombalgies (signifiant une douleur des
«  lombes  »), sont de loin les douleurs
les plus fréquentes de
l’organisme.
Elles représentent à elles toutes
seules un
accident de travail sur cinq,
une maladie professionnelle sur
vingt,
une consultation généraliste sur vingt
et la moitié des
séances d’ostéopathie
et de kinésithérapie. La lombalgie est
très variable, elle peut être très épisodique ou continue dans
une journée,
peu intense jusqu’à handicapante. Elle
évolue au
gré des mobilisations et des
postures prolongées car elle
implique
les muscles et les articulations du dos.
Lorsqu’elle se
prolonge dans le temps,
elle peut rendre toute activité difficile.
Elle est souvent bénigne et évolue positivement avec le repos.
Lorsqu’elle
est aiguë et qu’elle ne présente pas
de critères de
gravité inflammatoire
ou tumorale, l’ostéopathie apporte du
soulagement avec une prise en charge
adaptée. Lorsqu’elle est
chronique et
sans inflammation, l’apport de l’ostéopathie va être
multiple : aussi bien dans
le traitement que dans les conseils de
fin de séance.

Au cœur des lombes…


Les lombes représentent la partie basse de votre colonne
vertébrale. Dans la région lombaire, les muscles sont puissants
et
très nombreux afin d’assurer résistance et mobilité. La
résistance
musculaire est nécessaire pour maintenir une
cohésion dans la
cavité abdominale. Cette cohésion est prévue
pour que la
pression qui règne dans la cavité abdominale
soit suffisamment
importante pour contenir tous les viscères
et organes. La
musculature abdominale ou ceinture abdominale est tout aussi
nécessaire pour limiter les conséquences
des mécanismes de
compression et de cisaillement qui se
produisent sur vos
vertèbres lombaires.
La région lombaire est aussi le point d’ancrage de vos
membres
inférieurs, elle est fortement sollicitée lors des
activités
impliquant vos cuisses et vos jambes (marche,
course, station
debout) par un ensemble de muscles attachés
à la colonne
lombaire qui, elle, va diriger vos membres
inférieurs comme un
marionnettiste.

Les lombalgies mécaniques communes :


lumbago à gogo !
Lorsque les lombaires sont trop sollicitées, le système
articulaire
qui relie une vertèbre lombaire à une autre peut
développer des
troubles. Comme au niveau cervical, ce système
articulaire est
composé de trois articulations, deux en arrière
appelées
articulations zygapophysaires et une devant appelée
disque
intervertébral. Chacune de ces structures associe deux
vertèbres
et peut créer des conflits articulaires donnant lieu à
une douleur.
Ainsi, la vertèbre peut se retrouver désaxée par
rapport à celle
située au-dessus et celle en dessous. On parle
alors de
dysfonctionnement vertébral, d’instabilité rachidienne.

Mais pourquoi j’ai mal ?


L’explication est simple : le disque intervertébral joue un
rôle
d’amortisseur pneumatique, il absorbe et répartit les
forces tout
le long de l’axe des disques intervertébraux entre
chacune des
vertèbres. Il permet d’assurer une cohésion de
l’axe rachidien et
de limiter en partie la mobilité.
Lorsque vous bougez, marchez, courez et mobilisez votre région
lombaire, vous exercez des contraintes sur l’ensemble des
ligaments, des muscles de vos vertèbres. Ces mouvements
vertébraux sollicitent, entre autres, les articulations
zygapophysaires
(aussi appelées articulaires postérieures). Plus
la mobilisation
est importante (fréquence, intensité, etc.), plus
les structures
anatomiques peuvent être sollicitées et
endommagées.

Figure 10-1 :
Le disque
intervertébral
en charge et
en décharge.

Au fil du temps, vous mobilisez régulièrement vos vertèbres.


Ces contraintes, souvent en compression et en cisaillement
répétés, sont à l’origine des principales douleurs survenant
au
niveau de vos vertèbres, et particulièrement celles du bas
du dos.
En effet, tout le complexe vertébral va s’adapter. Les
articulations, les muscles et les ligaments vont compenser
les
troubles musculo-squelettiques sous le contrôle de nerfs.
Eux
aussi peuvent, à la longue, déclarer des troubles et des
douleurs
face à des contraintes.

Figure 10-2 :
Flexion-Extension
de la colonne
vertébrale.

Au final, la douleur lombaire peut être de différentes origines :


Articulaire : par exemple à la suite d’une dysfonction
ostéopathique des articulations apophysaires
postérieures
(situées à l’arrière des vertèbres), ou en
lien avec de
l’arthrose entraînant une dégénérescence
du cartilage
entourant l’os ;
Musculaire : par exemple après une contracture des
muscles psoas, carré des lombaires ou paravertébraux ;
Ligamentaire ou discal : par atteinte ligamentaire lors
d’un traumatisme, comme après un accident de voiture,
ou par une déformation discale entraînant un syndrome
inflammatoire local et un spasme musculaire régional ;
Nerveuse : en raison d’une compression nerveuse lors
d’un syndrome radiculaire (par compression de la racine)
ou tronculaire (par compression du tronc nerveux) ;
Viscérale : à la suite de la souffrance du tissu viscéral qui,
consécutivement à son inflammation, peut entraîner des
douleurs référées ou des tensions musculaires.

Que fait l’ostéo ?


Les douleurs lombaires sont difficiles à entreprendre
thérapeutiquement. Les thérapeutiques paraissent souvent
limitées
tant l’origine de la douleur peut être multiple. D’où la
nécessité
d’une prise en charge pluridisciplinaire. Toutefois, en
dehors
des signes et symptômes évoquant un aspect
inflammatoire
ou d’autres critères de gravité, l’action d’un
ostéopathe est
efficace. Il va suivre une démarche similaire aux
douleurs
mécaniques du rachis : anamnèse, examen clinique et
traitement (sur les étapes de la consultation, voir la quatrième
partie).
Cependant, dans le cadre de lombalgies, il est important
d’introduire en priorité le lien entre les membres inférieurs
et les
vertèbres lombaires, notamment dans le fait que les
lombaires
appartiennent, en partie, à la ceinture pelvienne
(structure
osseuse dans laquelle est contenu l’ensemble des
viscères et
organes du petit bassin) qui intervient dans les
mécanismes de la
marche et de la station debout.
Votre histoire, d’hier…
En présence d’une douleur lombaire, l’ostéopathe va
fréquemment explorer les membres inférieurs. Il cherchera à
comprendre de quelle façon vous avez grandi et si votre
croissance s’est bien passée.
La croissance des membres inférieurs et celle de votre rachis
sont sensibles à beaucoup de facteurs :
Le sport que vous pratiquez ou que vous avez pratiqué
pendant votre croissance ;
Votre hygiène de vie pendant votre croissance ;
Vos caractéristiques génétiques (votre patrimoine
génétique possède des caractéristiques qui contribueront
à
construire votre morphologie musculo-squelettique) ;
Vos antécédents médicaux (un jeune asthmatique
peut
développer des déformations thoraciques ou
rachidiennes) ;
Vos antécédents traumatiques (des luxations, des
fractures
ou encore des entorses de cheville ou de genou
par
exemple, des accidents de la voie publique avec
des
mécanismes de coup du lapin sont susceptibles de
conduire à des compensations porteuses de troubles
musculo-squelettiques pendant votre croissance).

… à aujourd’hui
Tous ces éléments vont faire varier vos caractéristiques
morphologiques. Ils peuvent conduire à des déformations
mineures ou majeures de votre rachis vertébral et faciliter
l’apparition de désordre musculo-articulaire au niveau de vos
vertèbres. Les dysfonctionnements ostéopathiques peuvent être
plus réguliers et exiger davantage de séances d’ostéopathie.
Par la suite, toutes les atteintes affectant de près ou de loin
la
statique rachidienne, la ceinture pelvienne ou la musculature du
rachis deviennent un terrain favorisant. Il suffit
d’un élément
déclencheur pour amorcer un trouble musculo-squelettique de la
région lombosacrée (entre les vertèbres
lombaires et le sacrum
appartenant à la ceinture pelvienne).

Ça dégénère !
Les plus connus de ces éléments déclencheurs appartiennent
à la
famille des discopathies (pathologies du disque intervertébral).
On en retrouve sous deux formes principales : les
discopathies
dégénératives dues à une dégénérescence des
tissus et les
discopathies traumatiques.

Vous avez dit discopathie ?

La discopathie est la pathologie d’un


disque intervertébral
pouvant survenir
à n’importe quel âge. Elle est généralement
causée par une perte de souplesse et de l’élasticité des
disques,
qui perdent alors leurs capacités d’absorption des
chocs. Certains ligaments
entourant les disques peuvent eux
aussi être atteints.

Parmi les pathologies dégénératives qui touchent le disque


intervertébral, on peut citer :
La discarthrose (dégénérescence du disque
intervertébral) ;
L’ostéoporose (perte de la résistance des os, qui les
fragilisent) ;
Les ostéophytes (excroissance osseuse entourant une
articulation) ;
Tandis que parmi les discopathies traumatiques, on trouve
principalement la hernie discale (saillie d’une portion du
disque
intervertébral).
La souffrance articulaire discale ou facettaire est à l’origine de
la
majorité des lombalgies.

Mise en place d’un trouble lombaire


L’affection touche la plupart du temps le complexe tri-articulaire
vertébral (disque intervertébral en avant et les
articulations
zygapophysaire en arrière). Les blocages ou
perturbations de la
mobilité entrainent souvent une adaptation des autres vertèbres.
Ces dernières peuvent, à leur tour,
être bloquées dans certains
mouvements et être le siège de
douleurs. On obtient ainsi un
trouble généralisé au niveau des
lombaires, désordre qui entraine
l’adaptation de la ceinture
pelvienne au-dessous et le reste du
rachis au-dessus, pour
toujours répondre aux lois biomécaniques
(équilibre, répartition du poids du corps, confort et mobilité).
Pour s’adapter, elle utilise les articulations aux alentours ainsi
que le système musculaire pouvant, grâce à des stratégies de
contraction, décharger les lombaires de contraintes.
Un nombre important de muscles intervient afin de limiter les
contraintes mécaniques sur les lombaires :
Le muscle psoas (permet la flexion de hanche) ;
Le muscle carré des lombes (permet l’inclinaison du
tronc) ;
Le muscle diaphragme (muscle inspirateur principal) ;
Le muscle grand droit de l’abdomen (permet la flexion du
tronc) ;
Les muscles obliques (permettent notamment la flexion
du tronc) ;
Les muscles paravertébraux (jouent un rôle dans la lutte
contre la gravité).

Philippe, 54 ans

«  Je souffre depuis l’enfance de problèmes musculaires


récurrents au dos
et à la hanche, parfois douloureux à
la
marche. Après consultation, mon
médecin m’a envoyé faire
quelques
radios sur lesquelles il ne voyait pas
de problème et
m’a donné des antidouleurs pour me soulager. En complément
de ce traitement, j’ai décidé
de consulter un ostéopathe pour
avoir
son avis. Suite à un bilan, il a su m’indiquer pour quelles
raisons je souffrais
de ces problèmes et a réalisé un traitement
qui s’est vite avéré efficace.
Il m’a aussi proposé de consulter
un
podologue pour éviter que les douleurs
ne reviennent. »

Que fait l’ostéo ?


Pour faciliter l’analyse de ces muscles, votre praticien cherche
à
localiser la structure qui souffre.
Il identifie ainsi la région douloureuse, en lombalgie haute,
moyenne ou basse. Lorsqu’il s’agit d’une lombalgie basse, la
réflexion de l’ostéopathe va se porter préférentiellement sur
votre ceinture pelvienne. La ceinture pelvienne est formée sur
les deux côtés des os iliaques, à l’arrière l’os sacrum et à l’avant
le pubis qui unit les deux iliaques l’un à l’autre en avant.
Lorsque la douleur est ressentie comme une barre horizontale
très basse, ou encore comme des points douloureux localisés
dans vos fesses, ou de manière centrée sur votre rachis, le
travail
ostéopathique présentera des différences avec celui
effectué dans
le cadre d’une lombalgie haute.
Il existe tout autour du sacrum des articulations capitales
pour la
stabilité de votre colonne vertébrale :
Les articulations sacro-iliaques ;
L’articulation lombosacrée.

Ces articulations sont chargées d’un double rôle : celui de


transférer les forces provenant des membres inférieurs vers la
colonne vertébrale, ainsi que celui de répartir la charge
pondérale appliquée sur la colonne vertébrale vers les membres
inférieurs. En parallèle de quoi ces articulations doivent
assurer
une liberté biomécanique pour équilibrer constamment
votre
corps aux postures que vous adoptez toute la journée.

Des terrains propices


En reprenant ces principes de force, les terrains qui exercent
des
contraintes sur votre ceinture pelvienne et vos lombaires
basses
peuvent être répertoriées en plusieurs catégories :
Asymétrie des membres inférieurs qui modifie les zones
de contraintes articulaires et provoque des stratégies
adaptatives pour permettre à la tête de garder un regard
droit ;
Inclinaison pelvienne qui perturbe les forces provenant
du
rachis et risque de conduire à des troubles articulaires
ou
musculaires ;
Malformations congénitales comme les dysplasies
de
hanches touchant vraisemblablement les Bretons
et
certaines populations des États-Unis du fait d’une
prédisposition génétique ;
Usure progressive des articulations, comme l’arthrose,
qui
provoque des douleurs et qui peut perturber le
système
nerveux à proximité, créant ainsi des syndromes
bien
connus (par exemple : canal lombaire étroit ou
radiculalgie) ;
Traumatismes survenant sur les membres inférieurs ou
sur
la ceinture pelvienne qui perturbent les mouvements
des
articulations et peuvent entraîner des douleurs ;
Traumatismes impliquant votre colonne vertébrale,
comme des coups du lapin ;
Pathologies affectant votre colonne vertébrale, comme
des
pathologies auto-immunes (la spondylarthrite
ankylosante
est une pathologie auto-immune qui
développe une
inflammation au niveau des articulations
sacro-iliaques et
des vertèbres lombaires).

Il suffit d’un faux mouvement, d’un port de charge ou d’une


activité physique intense mal contrôlée pour déclencher une
lombalgie nécessitant une suite thérapeutique.

Les bons gestes du quotidien

Se baisser…
Bien ramasser un objet à terre s’apprend… Rapprochez-vous
de
l’objet en question, faites-lui face pour ne pas avoir à vous
incliner ou à tourner, puis pliez les genoux et inclinez le tronc
vers l’avant.
Si vous avez des douleurs de genoux, utilisez la position
dite
« du balancier » : prenez appui sur une jambe et baissez-vous,
jambe tendue, en levant l’autre jambe en arrière pour
maintenir
votre équilibre.
Ne pliez jamais le dos : c’est souvent le geste de trop qui
déclenche les lumbagos.
Saisir un objet lourd au sol…
Rapprochez-vous au maximum de l’objet en plaçant, si
possible,
vos pieds de part et d’autre. Puis pliez les genoux en
penchant le
corps vers l’avant.
Si la position vous est douloureuse, posez un genou au sol,
mais
évitez de vous accroupir car, si l’objet est vraiment lourd,
vous
aurez du mal à vous relever.

… et le soulever
Utilisez la force des cuisses et des jambes pour vous redresser.
Si nécessaire, faites reposer l’objet sur vos genoux, puis
sur
votre ventre, et si besoin sur votre poitrine, vos bras ou
avant-
bras.

L’objet est en hauteur ?


Commencez par vous mettre à la hauteur de l’objet (grâce à un
escabeau), puis plaquez-le contre vous pour éviter de cambrer
le
dos.

Denis, 42 ans

«  En tant que déménageur, mon dos est


essentiel à la bonne
conduite de mon
métier. Porter des charges souvent
très
lourdes n’est possible qu’avec un
dos en pleine forme et sans
blocages.
Je consulte donc régulièrement mon
ostéopathe pour
qu’il traite et corrige
les blocages et tensions afin d’éviter
les
lumbagos et pouvoir exercer sans
problème. »
Les lombalgies neurologiques ou les
lombo-sciatalgies : quand le courant
passe mal !
Lorsque le nerf est comprimé ou lésé, il déclenche une douleur
ressentie comme un courant électrique pouvant descendre
des
lombaires au pied. On parle ainsi d’une irradiation
nerveuse.
Généralement, les compressions du nerf sciatique peuvent être
causées :
Soit de l’arthrose située sur les articulations
zygapophysaires ;
Soit par une discopathie qui entraine une compression
de
la racine nerf lors de sa sortie de la moelle épinière
(on
parle de radiculalgie) ;
Soit par un système musculaire et aponévrotique trop
contraint perturbant le passage du nerf (on parle alors de
névralgie tronquée ou de neuropathie tronculaire).

Il existe bien entendu d’autres raisons mais ces trois points


sont
ceux qui sont le plus souvent rencontrés dans les
cabinets
d’ostéopathie.
Radiculalgie et neuropathie tronculaire
La radiculalgie est la douleur issue
de la compression
d’une racine nerveuse. Cette compression peut être
due à de l’arthrose vertébrale, à une
hernie discale
créant un conflit discoradiculaire ou même à des
affections
d’origine inflammatoire, infectieuse
ou
tumorale.

La neuropathie tronculaire est une


souffrance
nerveuse provenant de la
compression d’un nerf sur
son trajet.
Elle peut être la conséquence d’une
pathologie organique se développant à proximité du
nerf ou de lésions
traumatiques, voire
microtraumatiques. Parmi ces compressions,
on
retrouve des compressions nerveuses. Ce trouble est
fréquent et on
parle alors de syndrome canalaire
(dont
les plus connus sont le canal
carpien pour le nerf
médian, le syndrome du piriforme pour le nerf sciatique
et le syndrome de la traversée
cervico-thoraco-
brachiale).
Figure 10-3 :
La radiculalgie.

Que fait l’ostéo ?


Pour s’aider à mieux les différencier, l’ostéopathe utilise les
informations provenant de l’interrogatoire et affine ainsi son
étiologie.
Si la douleur, aiguë, est apparue brutalement, à la suite
d’un
traumatisme ou d’un effort de port de charge important (comme
un déménagement), il suspectera d’abord une
discopathie ou une
compression musculaire. A contrario,
si la douleur, chronique,
est apparue progressivement, sans
facteurs déclenchant, a une
évolution lente et est accompagnée d’un dérouillage matinal
(temps nécessaire au réveil pour
« dérouiller » des articulations
« enraidies »), il suspectera
plutôt un phénomène arthrosique.
Attention, l’étiologie et la compréhension du phénomène
douloureux ne sont pas nécessairement si évidentes et
peuvent
parfois être mixtes ou trompeuses.
L’ostéopathe part alors à la recherche de critères de gravité
lui
indiquant que la prise en charge ostéopathique peut-être
déconseillée. Pour cela, il réalise un examen des fonctions
neurologique afin d’évaluer la force de vos membres
inférieurs,
leurs sensibilités ainsi que leurs réflexes. Lorsque
cet examen
neurologique s’avère négatif (signe que l’ostéopathe n’a pas
trouvé de critères de gravité et qu’il peut
effectuer son
traitement), sa conduite va être de mettre en
évidence la région
où le nerf sciatique est comprimé.
En cas de doute, il n’hésite pas à renvoyer le patient chez son
médecin afin qu’il lui prescrive des examens complémentaires.
S’il suspecte que la compression est due à de l’arthrose,
l’ostéopathe veillera à soulager les contraintes
mécaniques qui ont pu entraîner ou aggraver le
phénomène arthrosique avec le temps et ainsi participer
à
drainer l’inflammation locale qui irrite le nerf.
S’il suspecte que la compression est due à une
discopathie : il prendra en charge les dysfonctions
ostéopathiques et ainsi diminuera les contraintes
s’exerçant sur le disque abîmé.
S’il estime que la compression est réalisée par un système
musculaire trop contracté, il travaillera sur les régions
dysfonctionnelles en rapport avec ce muscle et le libérera
de ses contraintes mécaniques.
Marie, 41 ans

«  Pendant ma dernière grossesse, j’ai


commencé à ressentir
une douleur
dans la fesse qui pouvait même descendre dans la
cuisse, jusqu’au pied.
J’ai consulté mon ostéopathe qui
m’a
expliqué que je souffrais d’une
sciatique due à la compression
d’un
nerf dans le bas de mon dos. Grâce à
des manipulations
douces, il a réussi
à soulager mes douleurs et à faciliter
la fin
de ma grossesse. »

J’ai mal aux bras


Le bras doit remplir plusieurs fonctions, parmi elles :
Précision ;
Force ;
Coordination.

C’est autour de ces trois fonctions principales que la


biomécanique du membre supérieur se construit.

La douleur musculaire de l’épaule


Un grand nombre de muscles prennent insertion sur la scapula
(autre nom de l’omoplate). Ils se disposent en direction de
l’épaule et du bras, des cervicales, de la clavicule, des côtes,
des
vertèbres à proximité, et vont même en direction du
bassin pour
certains.
Ils interviennent dans les mouvements du bras et de la
colonne
vertébrale. Lorsque vous sollicitez trop la musculature de votre
épaule ou de votre dos, vous pouvez développer
des troubles
musculo-squelettiques aux environs des os de la
scapula et des
muscles correspondants.
Les muscles impliqués dans les mouvements du bras se
dirigent
vers votre épaule et votre bras rendant ainsi possibles
les
mouvements de l’épaule. Ils forment ensemble la coiffe
des
rotateurs. Cette dernière participe aux mouvements de
rotation
de l’humérus (os principal du bras). Elle se compose
des
muscles supra-épineux, infra-épineux, petit rond et sous-
scapulaire. Avec les muscles deltoïdes, grand rond, grand
pectoral et grand dorsal, elle participe aux mobilisations très
intriquées de l’épaule dans les trois plans de l’espace.
Chacun de ces muscles, en cas de forte sollicitation, peut
développer un trouble de sa contraction, et par la suite une
pathologie tendineuse, appelée tendinopathie.

Tendinopathies

Parmi les tendinopathies, il existe  : la


bursite (inflammation
d’une bourse
permettant le glissement du tendon
musculaire –
  la bourse est une petite
pochette contenant du lubrifiant
permettant de limiter les frictions de
structures anatomiques
voisines),
le conflit tendinopathique lui-même
(que l’on appelle
aussi syndrome
d’accrochage, préféré au terme tendinite, car il
existe peu d’inflammation dans le tendon directement), la
rupture du tendon (pouvant être partielle, complète ou massive)
et les
calcifications tendineuses qui sont,
en règle générale, la
conséquence
d’une cicatrisation tendineuse après
une
tendinopathie.

Identifier les zones douloureuses


L’architecture de l’épaule est tellement complexe qu’il est
difficile d’analyser simplement une douleur. Toutefois, il
est
intéressant, dans votre démarche, de prendre note des
mouvements qui révèlent la douleur, aussi bien lors d’une
contraction que lors d’un étirement. Vous pouvez aussi tenter
d’identifier une zone douloureuse à la palpation.
La plupart du temps, une tendinopathie de l’épaule nécessite
du
repos dans les premiers jours. Dans la mesure où vous
percevez
une douleur moins importante, vous pouvez réaliser
des
exercices de renforcement de votre épaule, conseillés par
votre
kinésithérapeute ou votre ostéopathe.
Dans un deuxième temps, quand les symptômes ont disparu,
la
démarche pluridisciplinaire est la plus efficace : en accord
avec
vos médecin, kinésithérapeute et ostéopathe. Il convient
de
récupérer rapidement les amplitudes articulaires des
différentes
articulations de votre épaule. Dans cette étape, un
ostéopathe est
essentiel.
Pour finir, il faut reconditionner votre organisme. Afin de
diminuer le risque de récidive, le renforcement musculaire,
les
exercices cardio-respiratoires et les conseils en ergonomie
sont
tout indiqués.

Que fait l’ostéo ?


L’ostéopathe vous accompagne dans votre rémission :
Pendant la consultation, en réalisant un examen
clinique
précis pour mettre en évidence l’origine
locale de la
symptomatologie ainsi que les terrains qui
favorisent
l’inflammation. Sa démarche va être d’isoler
les fragilités
de votre organisme pouvant conduire
à une douleur
d’épaule. Par exemple : les douleurs
cervicales
chroniques, des antécédents de tendinopathie,
antécédents
de capsulite, antécédents d’arthrose, mais
aussi des
troubles viscéraux et organiques favorisant
l’inflammation. L’ostéopathe analyse tous les
mouvements
responsables de la douleur.
Après la consultation, en vous communiquant une
batterie d’exercices qui pérennisent votre soulagement,
limitent les récidives et les adaptations de votre corps.
Les
conseils sont hygiéno-diététiques, ergonomiques, à
vocation articulaire, à vocation musculaire et d’autres
à
vocation proprioceptive (notion de votre corps dans
l’espace) pour limiter l’attitude instable de votre épaule
dans vos mouvements.

Le but de cette analyse est de trouver toutes les solutions


pour
soulager la douleur en faisant intervenir votre organisme
comme
principal acteur de votre soulagement.

La douleur articulaire de l’épaule


Chaque articulation du complexe de l’épaule est sollicité pour
permettre le mouvement. Chacune de ces articulations est
susceptible d’être perturbée dans son amplitude et de causer
un
dysfonctionnement en engageant tout l’appareil musculo-
articulaire associé.
Les dysfonctions articulaires sont aussi bien des causes de
pathologies chroniques que des conséquences. Une restriction
ou
un effort trop soutenu sont deux mécanismes engageant
l’appareil musculo-articulaire dans un mécanisme d’adaptation
jusqu’à déclarer une incapacité de compenser et donc une
douleur. C’est précisément le cas sur le complexe de l’épaule.

Les affections classiques


L’arthrose, les tendinopathies, les antécédents de luxation,
de
fracture de clavicule, d’entorse acromio-claviculaire, les
instabilités de l’épaule, les hernies du bourrelet glénoïdien
(projection de la capsule articulaire en dehors de l’articulation),
mais aussi l’ostéoporose, les capsulites, les atteintes
auto-
immunes telles que la polyarthrite rhumatoïde, la
pseudo-
polyarthrite rhizomyélique (atteinte auto-immune
des ceintures)
ou encore la périarthrite scapulo-humérale
sont autant
d’affections pouvant atteindre l’épaule et causer
des
dysfonctions ostéopathiques et ainsi des désordres
biomécaniques.
C’est à ce moment que l’ostéopathe va analyser l’ensemble de
ces événements afin de proposer un traitement ostéopathique
et
de prendre en charge votre douleur.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de
l’humérus

La tête de l’humérus, située au niveau


de l’épaule, s’articule
avec l’omoplate.
Lieu de nombreuses insertions musculo-
ligamentaires dont la fonction est
de maintenir l’articulation et
d’empêcher les mouvements de trop grande
amplitude, elle est
souvent sursollicitée  –  lors de pratiques sportives
(comme les
sports de lancer), au travail
(répétitions des mouvements et
microtraumatismes répétés) ou dans la vie
de tous les jours
(par exemple lorsque
l’on repeint une pièce ou un plafond).
Cette activité excessive de l’épaule
peut avoir comme
conséquences une
inflammation de certains muscles ainsi
qu’une position anormale de la tête de
l’humérus. C’est
pourquoi vous pouvez
parfois sentir des petits craquements
au
niveau de l’épaule lors de mouvements. Ces craquements ne
sont pas
graves mais peuvent faire apparaître,
à la longue, des
douleurs.

Heureusement, quelques petits exercices simples peuvent


permettre
d’éviter des douleurs parfois handicapantes, en
complément d’un traitement ostéopathique.

Avant toute chose, il vous faut localiser cette articulation. Pour


cela,
vous allez repérer la tête de l’humérus  : tâtez votre
clavicule depuis la
base du cou avec la main opposée.
Faites
glisser latéralement vos doigts
vers l’épaule jusqu’au bout de la
clavicule. En articulant votre bras de bas
en haut, vous
percevez le mouvement
de la tête humérale sous vos doigts.
Saisissez-la entre le pouce et l’index
(ou le majeur). Faites des
mouvements
de rotation (amenez votre poing, coude
fléchi,
vers votre ventre) et ressentez
la tête de l’humérus glisser sous
vos
doigts.
Maintenant que vous visualisez mieux
comment bouge cette
articulation,
vous allez pouvoir amorcer une technique
d’autotraitement dans le but de
recentrer la tête de l’humérus
dans son
articulation avec l’omoplate en suivant
les exercices
adaptés à l’épaule présents dans l’ostéobox (chapitre 16).

Autres affections
Plus à distance, des dépôts toxiques issus des produits
de
dégradation de l’activité digestive et métabolique et
circulant
dans les liquides du corps tels que le sang ou la
lymphe peuvent
affecter la musculature scapulaire par des
dépôts en amas au sein
des fibres musculaires. Tout ce qui
altère la relation entre le
muscle et le nerf, des cervicales
jusqu’au muscle cible, va
favoriser et maintenir une affection
musculaire.
Il est communément admis que la plupart des troubles
affectant
l’épaule prennent aussi source dans des troubles
psychosociaux,
certains surviennent par exemple en préopératoire ou
postopératoire, ou sont consécutifs d’un traumatisme
physique
(dans la région de l’épaule ou ailleurs) ou d’un
traumatisme
psychique, souvent complexe à interpréter.
Beaucoup des
réactions consécutives à un traumatisme
seraient à
prédominance neurovégétative (il s’agit du système
nerveux
inconscient de notre organisme chargé de la motricité
vasculaire
et digestive par exemple).
Tout le travail de l’ostéopathe va être un travail de
reconnaissance, afin de trier l’ensemble de vos mésaventures. Ce
n’est pas chose aisée et cela nécessite expérience et remise
en
question de l’analyse de l’ostéopathe en cas d’échec d’une
première consultation.

Les douleurs du coude et du poignet


Les douleurs dues aux troubles musculo-squelettiques survenant
au niveau du bras sont causées par des gestes répétés et
des
actions musculaires soutenues.
L’ensemble du membre supérieur constitue une biomécanique
très précise qui permet de réaliser des mouvements
coordonnés
d’une haute précision. Épaule, coude, poignet et
doigts
s’associent par des liens articulaires et musculaires afin
de
fournir un geste commun. Dès lors qu’un mouvement est
perturbé, l’ostéopathe évalue l’ensemble de ces associations
afin
de mettre en évidence la région lésée et restreinte.
Tout l’objet de sa démarche : déterminer une correspondance
entre les jeux musculo-squelettiques contraints et la douleur
que
vous ressentez. En effet, si vous ressentez une douleur au
niveau
de votre bras, où se trouve votre biceps, votre praticien
pense
aux articulations et os pouvant être mis en cause. Pour
votre
biceps, il s’agit de l’os radial, un des deux os de votre
avant-bras
et la région articulaire entre votre humérus et votre
scapula.
Ainsi de suite.
Les douleurs ressenties au niveau du membre supérieur
peuvent
être typiquement musculaires (myalgies), articulaires
(arthralgies) ou aponévrotico-ligamentaires.

Mieux connaître son anatomie : autopalpation du


coude

Le coude est composé de trois os


et de trois articulations  :
l’humérus
qui constitue le squelette du bras, le
radius et le
cubitus (ulna) qui constituent l’avant-bras. À l’articulation entre
humérus et radius, on repère aisément,
coude à  90  degrés,
l’épicondyle latéral, petite protubérance osseuse au-dessus de
l’articulation où s’insèrent
muscles, ligaments et tendons.
Tennis elbow
Beaucoup d’entre vous ont pu ressentir une douleur sur le
côté
du coude après avoir pratiqué du tennis. Ce syndrome
fréquemment retrouvé dans la littérature médicale correspond
au
tennis elbow, elbow signifiant coude en anglais. Il s’agit
d’une
inflammation douloureuse survenant au niveau d’une
saillie du
coude où s’attache en grand nombre des muscles
de l’avant-bras
intervenant dans l’extension du poignet en
particulier.
Cette douleur peut apparaître violemment lors de mouvements
communs du coude et du poignet, comme le fait de visser.
Ces
douleurs survenant dans le creux du coude peuvent être
augmentées par des mouvements de rotation de l’avant-bras
contrariés par une force opposée. En effet, elle apparaît lors
de la
contraction des muscles de l’avant-bras qui s’attachent
sur la
saillie osseuse extérieure du coude. Contrairement au
golf
elbow, qui, lui, survient sur la saillie osseuse intérieure
du coude
orientée vers le thorax notamment après la pratique
importante
du golf.
Mieux connaître son anatomie : autopalpation du
radius

Pour repérer la tête radiale, coude


toujours plié, après avoir
perçu l’épicondyle, légèrement en arrière du
coude, faites des
mouvements de
rotation de main vers le haut ou le bas
(comme
si vous vouliez tourner une clé
dans une serrure). La pièce
osseuse
qui vient rouler sous les doigts est la
tête radiale tandis
que la partie fixe
au-dessus est l’épicondyle latéral de
l’humérus.

Revenez sur l’épicondyle latéral et


faites successivement des
mouvements d’extension de la main (rapprochez le dos de la
main de l’avant-bras)
afin de ressentir la contraction des
muscles épicondyliens latéraux.

Figure 10-4 :
Autopalpation
de la tête radiale.
Entorse et fracture du poignet
D’autres mécanismes sont fréquents et interviennent dans les
chutes où vous vous réceptionnez sur les mains.
Il s’agit des entorses et fractures traumatiques dont les
conséquences peuvent être douloureuses et gênantes à long
terme. Les entorses de poignet se produisent lorsque vous
tombez sur votre main vers l’intérieur ou vers l’extérieur. Il est
nécessaire d’avoir une approche médicale immédiate, voire
chirurgicale, afin de préserver l’ensemble des structures,
surtout
lors de l’apparition d’une douleur vive. La fracture
survient
lorsqu’un os vient à être lésé. Dans ces deux cas, il est
essentiel
d’être accompagné médicalement, aussi bien pour la
réparation,
l’immobilisation, la contention et la rééducation.

Que fait l’ostéo ?


Après la résorption osseuse et ligamentaire, un ostéopathe
peut
intervenir afin de restituer une biomécanique harmonieuse de
votre poignet, mais aussi de corriger l’ensemble des
conséquences du traumatisme sur votre membre supérieur.
Dans ces deux cas, l’utilisation de techniques ostéopathiques
peut être conseillée. Elles sont indiquées en l’absence de
poussées inflammatoires importantes et à distance de
traumatismes directs comme les entorses et les fractures du
poignet.
L’ostéopathe, tout comme pour les troubles musculo-
squelettiques du corps, va libérer les contraintes articulaires et
musculaires en présence afin de restituer une biomécanique
harmonieuse et non douloureuse. Les techniques utilisées
peuvent être à prédominance structurelle ou fonctionnelle,
l’objectif étant le soulagement des douleurs et la restitution de
l’ensemble des gestes physiologiques du membre supérieur.
Les autres sensations désagréables du
bras (engourdissement, fourmillement,
enraidissement)
D’autres douleurs, plus sourdes et diffuses, dans vos bras
peuvent conduire l’ostéopathe à effectuer une prise en
charge
différente. En effet, certaines douleurs ne sont pas
associées
directement à des désordres musculo-squelettiques
du membre
supérieur. Elles peuvent provenir de troubles
fonctionnels
neurologiques et vasculaires.
Il vous est peut-être déjà arrivé de dormir sur l’un de
vos bras.
Au matin, vous sentez des fourmillements et
engourdissements
sur une grande partie du bras. La douleur
est ici provoquée par
une contrainte vasculaire.
Vous avez peut-être déjà été victime d’une névralgie cervico-
brachiale (NCB). Cette dernière se manifeste généralement
par
des douleurs cervicales associées à une douleur ou des
douleurs
le long d’un trajet d’un nerf du bras, de l’avant-bras
et du
poignet. Il s’agit ici d’une douleur liée à une contrainte
nerveuse.
Bien entendu, ces douleurs font l’objet d’une investigation
toute
particulière qui nécessitera, d’une part, l’évaluation
des critères
de gravité de votre douleur, et d’autre part,
l’évaluation des
contraintes mécaniques pouvant s’exercer
sur les vaisseaux et
les nerfs.
Cindy, 23 ans

«  J’étais en pleine préparation d’examens, après avoir arrêté


mes études
pendant quelques années. La reprise
de l’écriture
manuelle a été pour moi
difficile et j’ai peu à peu ressenti des
douleurs au poignet qui m’ont inquiétée
pour des épreuves de
plusieurs heures
d’écriture. Une séance d’ostéopathie
m’a suffi
et mon poignet ne m’a plus
jamais lâchée depuis. Je ne
pensais
pas qu’en si peu de temps il était possible de soigner
ce problème, qui aurait
pu me condamner à renoncer à mes
études. »

J’ai mal aux jambes


Les membres inférieurs sont en relation étroite avec le bassin.
Sans arrêt, ils entrent en interaction avec le sol pour informer
le
cerveau de la position du corps dans l’espace.
Les membres inférieurs ont plusieurs fonctions, parmi elles :
Équilibre postural et répartition du poids du corps ;
Support du poids du corps ;
Coordination motrice et locomotion ;
Force.

Quand les jambes ne marchent plus


Les douleurs des membres inférieurs peuvent être ressenties
sur
chaque muscle, ligament, articulation, os et aponévroses.
La
biomécanique et la survenue des douleurs musculo-squelettiques
sont dépendantes des fonctions des membres
inférieurs. La
biomécanique des membres inférieurs est
organisée autour de
ces rôles. Toute atteinte de la biomécanique peut mettre en cause
chacun de ses rôles.
Les muscles et articulations réalisent un travail en synergie
afin
de remplir pleinement chacune des fonctions des
membres
inférieurs.
Dès que cette synergie biomécanique est perturbée, elle donne
lieu à des mécanismes de compensation. Ce sont ces derniers
qui
sont à l’origine d’une grande partie des manifestations
douloureuses. Elles peuvent se présenter comme des douleurs
musculaires (myalgies) et articulaires (arthralgies).

Que fait l’ostéo ?


L’ostéopathe va prendre en considération tous les troubles
musculo-squelettiques, douloureux ou pas, afin de restituer
une
biomécanique conforme aux rôles des membres inférieurs.
En
premier lieu, il va décortiquer les mécanismes responsables
de
votre douleur, puis, en second lieu, va analyser le
fonctionnement des différentes structures anatomiques de
chacun des
membres inférieurs. Il va ainsi pouvoir réaliser un
traitement
global et prévenir les récidives musculo-squelettiques
adaptatrices. L’objectif est de restaurer une physiologie optimale
des
membres inférieurs ainsi que de la colonne lombaire, dont le
rôle est de maintenir la posture mais aussi de permettre la
locomotion.
Ainsi, tout antécédent médical survenant au niveau du
système
musculo-squelettique des membres inférieurs ou au
niveau du
bassin peut causer des altérations de la biomécanique des
membres inférieurs et, par la suite, des sensations
douloureuses.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du
bassin

L’os coxal, ou os iliaque, est l’os de


l’articulation de la hanche
sur lequel
s’attachent les muscles fessiers et
iliaques. Il
comprend trois parties :
l’os iliaque, l’ischion et le pubis.

Son bord supérieur, ou crête iliaque,


s’étend de l’épine iliaque
antéro-supérieure (EIAS) à l’avant à l’épine iliaque
postéro-
supérieure (EIPS) à l’arrière.

Son bord supéro-antérieur est limité


par l’EIAS, assez
facilement repérable.
Posez vos mains à hauteur de la taille
jusqu’à toucher, vers le bas, le relief
osseux. Vous êtes sur la
crête iliaque.
Déplacez vos mains vers l’avant jusqu’à
la saillie
osseuse proéminente. Vous
avez atteint l’EIAS sur laquelle
s’insèrent des muscles importants à la
mobilité de la hanche.

Le bord inférieur est limité à l’arrière


par l’ischion (tubérosité
ischiatique)
qui sert de zone d’insertion de nombreux muscles
(dont les ischio-jambiers). Posez vos doigts au milieu du
pli
sous fessier. L’ischion est la partie
osseuse que vous percevez.

Le bord inférieur est limité à l’avant


par le pubis. La symphyse
pubienne
relie les deux branches de l’iliaque
(voir exercices du
chapitre 16).

L’entorse de cheville
En tête de liste des traumatismes du membre inférieur, on
retrouve l’entorse de cheville.
L’entorse est un traumatisme qui se caractérise par une
élongation ou une déchirure ligamentaire. La gravité de
l’atteinte
ligamentaire est dépendante de l’intégrité du
ligament après le
traumatisme. Dès lors, il existe des entorses
bénignes et d’autres
plus graves. Une entorse bénigne est
aussi appelée foulure. Au
niveau de la cheville, elle se caractérise par une distension des
ligaments latéraux (sur la malléole,
du côté des petits orteils) ou
médiaux (malléole, du côté des
gros orteils). Elle ne présente pas
de rupture ni d’arrachement
ligamentaire mais reste tout de
même douloureuse au niveau
de l’articulation de la cheville.
L’entorse peut donner lieu à un
œdème mais n’empêche pas
forcément les mobilités.
À ce niveau, un ostéopathe peut intervenir et prendre en
charge
les conséquences à court, moyen ou long terme de
votre entorse
de cheville. Cette dernière peut conduire, au
fil du temps et de la
laxité de la cheville, à des adaptations
biomécaniques du genou,
du bassin puis des lombaires. Il est
donc essentiel d’aller voir un
ostéopathe afin de limiter les
conséquences du mécanisme de
compensation.

La rupture du ligament croisé antérieur de


genou
La rupture du ligament croisé antérieur de genou est
fréquemment vécue lors de la pratique d’une activité physique à
risque comme le rugby, le football, et les sports sollicitant
les
membres inférieurs comme le ski, le skate, etc. Au départ,
il
s’agit d’une entorse qui résulte d’une torsion de l’articulation du
genou. En règle générale, le pied reste bloqué au
sol et la force
exercée sur le genou va entraîner une traction
brutale des
ligaments. Lorsque le ligament croisé antérieur ne
parvient pas à
résister aux forces exercées, il peut rompre. Sa
rupture provoque
une instabilité du genou, qui cherche ses
repères. Comme les
entorses graves et fractures, cela nécessite une prise en charge et
un suivi médical sur une durée
définie par votre médecin.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du
grand trochanter

Le grand trochanter est la saillie


osseuse du fémur, l’os de la
jambe.
Il est le lieu d’attache de nombreux
muscles du bassin,
dont le piriforme.
Pour palper le grand trochanter, positionnez-
vous face à un miroir et mettez
les doigts au milieu du pli sous
fessier. Vous pouvez y sentir une partie
osseuse appelée
« tubérosité ischiatique ». Une fois perçue, déplacez les
doigts
latéralement vers la cuisse pour
rechercher un relief osseux
assez facilement palpable (il peut se trouver parfois quelques
centimètres plus haut).
Vérifiez votre bon positionnement en
élevant la jambe puis en la reposant au
sol. Vous devez sentir
l’os se déplacer
sous vos doigts. Vous êtes sur le grand
trochanter.

Un ostéopathe pourra intervenir pendant et après la rééducation


au sein d’un traitement pluridisciplinaire avec le médecin
et le
kinésithérapeute. Il intervient afin de libérer les structures
anatomiques en cause des douleurs et les structures
anatomiques
qui compensent.

Essuie-glace, aponévrosite et syndromes


musculaires
Le syndrome de l’essuie-glace appartient à la famille des
tendinopathies du membre inférieur. Beaucoup d’entre vous,
passionnés de course à pied, ont pu un jour ressentir ces
douleurs typiques au niveau de l’extérieur du genou. Lors de
la
marche ou bien de la course, le tendon du muscle tenseur
du
fascia lata (ou TFL) vient se déplacer d’avant en arrière
en
fonction des sollicitations biomécaniques sur une saillie
osseuse
du fémur. Cette mobilisation répétée vient compromettre
l’intégrité du TFL et déclenche une inflammation locale
qui peut
s’étendre progressivement.
Ce syndrome est fréquent dans les cabinets d’ostéopathie
puisque les amateurs de course à pied sont fortement
demandeurs de soins ostéopathiques.
Ce syndrome montre bien que le conflit mécanique d’un
tendon
musculaire peut entraîner une inflammation douloureuse. Il est
possible donc d’obtenir une multitude de
pathologies du tendon
au niveau du membre inférieur en
raison de la sollicitation
quotidienne, plus ou moins soutenue,
de la marche. Que ce soit
entre une bourse (petite pochette
contenant du lubrifiant
permettant de limiter les frictions de
structures anatomiques
voisines) et un tendon, un os et un
tendon, un cartilage et un
tendon, chaque fois qu’un mouvement sollicite une zone
conflictuelle, il y a la possibilité de
développer une
tendinopathie.
Un autre exemple est celui de l’aponévrose plantaire, située
au
niveau de la plante du pied, qui, dans des poses de pied
répétées,
peut venir s’enflammer et déclencher un type de
tendinopathie :
l’aponévrosite.

Attention aux talons d’Achille…


Marcher avec des chaussures à talons est un art… qui a un
prix !

Les troubles qui en découlent sont multiples. Douleurs


cervicales, tensions dans trapèzes ou entre les omoplates,
lombalgies, arthrose de genou, entorses de chevilles, oignons,
cors et durillons aux pieds, aponévrosites plantaires et parfois
même des maux de tête en sont les principaux maux.
Pourquoi ? Le port de talons modifie l’appuie plantaire et
l’équilibre du corps. En temps normal, votre poids est réparti
sur
toute la surface du pied, mais lorsque vous portez des
talons,
l’essentiel du poids du corps repose exclusivement sur
l’avant du
pied. Pour résister à cette nouvelle répartition du
poids, le corps
va adapter sa posture en inclinant légèrement
le bassin et la
colonne vertébrale vers l’avant.
Cette inclinaison conduira à une hyperlordose lombaire
(exagération de la courbure située au niveau des cinq
vertèbres
lombaires), tant appréciée esthétiquement, responsable de la
souffrance de cette région : la lombalgie. En effet,
les facettes
articulaires des vertèbres lombaires subiront un
phénomène
d’hyperpression souvent douloureux et pourront
conduire à
d’autres troubles comme des spasmes musculaires
(des muscles
ilio-psoas et carrés des lombes, situés dans la
région lombaire et
des muscles situés au niveau des fesses
comme le piriforme ou
les fessiers) ou des douleurs d’origine
nerveuse comme des
sciatiques.
Il va sans dire que plus les talons seront hauts, plus le poids
sera
concentré sur l’avant du pied et votre corps pourra plus
facilement déclarer ces différents problèmes.
N’oubliez pas vos jolies chaussures à talon pour autant !
Pendant
vos soirées, pour éviter de rester debout trop
longtemps et/ou de
marcher sur de longues distances, prenez
avec vous de petites
chaussures plates et changez-les discrètement une fois arrivée
sur place.

Comment soulager la douleur ?


Glace et repos sont évidemment de rigueur dans la prise en
charge médicale et paramédicale des tendinopathies. D’autres
méthodes médicales et paramédicales pourront être sollicitées
en
fonction de la gravité de la tendinopathie et de la capacité
naturelle du corps à cicatriser.
Les conflits mécaniques s’accompagnent régulièrement de
pertes de mobilité fonctionnelle des articulations ainsi que
d’une
perte d’élasticité musculaire. L’ostéopathe va venir les
entreprendre, les évaluer et les corriger, pour contribuer à
vous
soulager de vos douleurs après une période de repos.

Mieux connaître son anatomie :


autopalpation de la
cheville

La cheville est constituée des deux


malléoles, saillies osseuses
situées
de part et d’autre de la cheville (extrémité des os de la
jambe, du tibia  –  malléole interne, et du péroné  –  malléole
externe) et d’un troisième os appelé
astragale. Descendez le
long de la
jambe en suivant du doigt les «  coutures
de
pantalons » interne puis externe,
jusqu’à ces saillies osseuses.
Une fois les malléoles repérées, faites
des mouvements de
flexion/extension
de la cheville afin de sentir se contracter sous
vos doigts les tendons des
muscles de la jambe passant en
avant
et surtout en arrière des malléoles.

Arthrose, syndrome fémoro-patellaire et


syndromes articulaires
Les articulations du membre inférieur sont soumises à la
gravité
et à la charge pondérale de tout un chacun. Les forces
s’exerçant
sur elles sont intenses et soutenues pendant une
grande partie de
la journée. La qualité des articulations est
étroitement liée à
votre âge et votre histoire de santé.
La plus courante des affections articulaires survenant avec
le
temps est l’arthrose. Elle touche le plus souvent les articulations
en charge, comme la colonne vertébrale, les hanches,
les genoux
et les chevilles. Elle peut se développer aussi au
niveau des
extrémités des membres dans les doigts et orteils.
L’arthrose est
très fréquente après 65 ans.

Mesures à prendre en cas d’arthrose


La perte de poids peut être bénéfique,
notamment pour
les articulations en
charge.

La pratique d’une activité physique


régulière (voir
chapitre 5), en dehors
des poussées inflammatoires.

Adapter son environnement avec des


moyens
ergonomiques au quotidien
et se servir au maximum du
poids du
corps pour soulever des objets lourds.

Demander conseil à votre podologue


pour la mise en
place de semelles
orthopédiques.

Certaines structures présentes dans les membres inférieurs


permettent de diminuer, grâce à une force de résistance
élastique, l’impact de la charge pondérale sur les articulations.
Par ailleurs, la sollicitation biomécanique intense de la
musculature des membres inférieurs en lutte contre la charge
pondérale peut s’enflammer et créer tout autant des
tendinopathies associées à des conflits articulaires. C’est le cas
du
syndrome fémoro-patellaire où la patella (rotule) guide
l’appareil extenseur du genou en centralisant les forces des
quatre
chefs du quadriceps vers le tendon commun. Si
l’articulation
entre le fémur et la patella est perturbée, alors elle
peut causer
une tendinopathie du muscle quadriceps. Les forces
s’exerçant sur la patella peuvent énormément varier d’une
activité
physique à une autre. Le simple fait de monter les
escaliers
multiplie par trois le poids du corps. L’articulation
entre le
fémur et la patella (rotule) est, comme toutes les
articulations, stabilisée par des ligaments et des muscles. Parmi
eux,
au niveau de l’articulation fémoro-patellaire, on peut isoler
le muscle quadriceps. Si ce dernier est perturbé dans son
fonctionnement, il peut conduire à un épisode inflammatoire
de
la région et donc une douleur.
Chaque complexe articulaire possède des stabilisateurs
statiques
(capsule articulaire, ligaments, aponévroses) et
des stabilisateurs
dynamiques (muscles, tendons.). Si un
composant du complexe
est altéré par une histoire de santé
le compromettant, alors
l’ensemble du complexe cherchera
à compenser pouvant donner
lieu ainsi à des manifestations
articulaires et musculaires.
À long terme, ces souffrances non traitées peuvent contribuer à
l’apparition de douleurs articulaires avancées.
L’ostéopathe
possède les connaissances anatomiques du
système musculo-
articulaire pour appréhender ces différents
complexes
articulaires. Il évalue les troubles fonctionnels
et, en dehors de
poussées inflammatoires douloureuses, les
corrige pour soulager
et prévenir l’apparition de troubles
musculo-articulaires.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du
tubercule du naviculaire

À partir de la malléole interne, dirigez-vous en oblique vers la


voûte plantaire
jusqu’à un nouveau petit relief osseux
– appelé
tubercule naviculaire – qui
sert de point d’insertion de tendons
et ligaments importants au maintien
de la voûte plantaire.

Figure 10-5 :
Autopalpation
du tubercule du
naviculaire.

Les autres sensations désagréables de la


jambe
Au même titre que les douleurs nerveuses et vasculaires
du
membre supérieur, des douleurs similaires peuvent être
ressenties dans vos membres inférieurs.
Pour ce qui est du modèle d’apparition des douleurs
nerveuses,
l’exemple le plus concret est celui de la sciatique,
qui se
présente comme un filet nerveux douloureux allant de
la fesse au
pied. Sur le plan vasculaire, vous avez pu ressentir
des
engourdissements dans votre jambe après une position
assise
maintenue comme au cinéma. Dès que vous croisez et
décroisez
vos jambes, vous ressentez parfois des sensations
de
fourmillement dans votre jambe.
L’ostéopathe localise les zones exerçant des contraintes sur
vos
vaisseaux et nerfs et tente de les corriger afin de limiter
les
sensations désagréables vasculaires ou nerveuses éprouvées au
niveau de vos membres inférieurs.

Mieux connaître son anatomie :


autopalpation de la
trochlée fibulaire

À partir de la malléole externe, dirigez-vous vers le bas pour


trouver la trochlée fibulaire et amenez le pied vers
l’extérieur
pour ressentir la contraction
de deux muscles qui participent à
la
stabilisation de la cheville en externe :
le court fibulaire et le
long fibulaire.

Figure 10-6 :
Autopalpation
de la trochlée
fibulaire.

J’ai mal au boulot


Le maintien prolongé de postures de travail peut parfois être
nocif pour le corps.
Ces postures peuvent générer des contraintes physiques
locales
(assis devant un ordinateur, lors du maintien prolongé
d’une
posture accroupie ou le dos penché en avant, par
exemple…) et
globales (comme dans le cas d’une station
statique prolongée).
Ces contraintes ont alors des répercussions sur tous les tissus du
corps et sont bien souvent la cause
de consultation chez
l’ostéopathe.
Elles débutent généralement par de l’inconfort, de la fatigue et
conduisent à l’apparition de troubles musculo-squelettiques
(TMS), perturbant ainsi l’équilibre du corps et conduisant plus
tardivement à des douleurs.

Troubles musculo-squelettiques
Les TMS sont un ensemble de troubles touchant les
tissus
présents autour des articulations. Ils sont liés à des
contraintes
mécaniques qui se combinent (comme la force,
la répétitivité, les
trop fortes amplitudes de mouvements, le
maintien en position
statique prolongé) et sont aggravés par
d’autres facteurs comme
les températures extrêmes (chaud
et froid), les vibrations… ou
même par le stress. Ils peuvent
toucher aussi bien l’épaule (où
l’on retrouve des tendinopathies de la coiffe des rotateurs et des
capsulites rétractiles…),
le coude et le poignet (avec des
atteintes de type tennis elbow,
syndrome du canal carpien…), les
genoux (avec des tendinopathies de la patte d’oie, des
syndromes fémoro-patellaires…),
le pied (pouvant donner des
aponévrosites et des tendinopathies achilléennes…) que le rachis
(dont les cervicalgies et le
lumbago sont les dignes
représentants).
Un ostéopathe pourra, pour mieux évaluer l’origine de vos
douleurs, rechercher certains de ces facteurs et identifier les
contraintes pour adapter son traitement.
Pour éviter ces douleurs, rien de tel que la prévention ! En
adaptant au mieux votre position de travail, en fonction de
la
durée, de la répétitivité des postures et du type de travail
réalisé,
vous échapperez à bien des désagréments ! Une visite
une à
deux fois par an chez un ostéopathe, dans une optique
préventive, aura aussi pour but de traiter et de corriger les
troubles et dysfonctions installées dans votre corps, évitant
ainsi
l’apparition de la douleur.

La bonne posture ?
À présent, voyons ensemble comment améliorer votre
posture.
Vous cherchez le secret d’une bonne posture ? Désolés de
vous
décevoir, mais il n’y en a pas… car la posture parfaite
n’existe
pas ! Elle est dépendante de chacun et surtout du
type d’activité
réalisée. Selon que vous travailliez à une caisse
de grande
surface, que vous soyez déménageur, ingénieur ou
même
photographe, chacun aura ses astuces pour éviter de
trop forcer
en maintenant sa posture. Une enquête montre
que 27,2 % des
travailleurs français travaillent debout plus de
20 heures par
semaine. Et ce chiffre grimpe jusqu’à 49 % chez
les ouvriers.

Un travail pour tous


Pour identifier les facteurs prédictifs de situations à risque,
l’ostéopathe analyse votre activité professionnelle. Pour
faciliter
sa compréhension de vos symptômes et son évaluation clinique,
il se pose quelques questions :
Est-ce que vous sollicitez vos bras dans votre quotidien ?
Si oui, est-ce sur un plan de travail ou en dehors d’un plan
de travail ?
Votre travail exige-t-il l’utilisation d’une force particulière
pour déplacer des objets lourds ? Exige-t-il une répétition
importante d’un mouvement en particulier ? À quelle
fréquence ?
Est-ce que vos jambes jouissent d’un espace de confort
suffisant ?
Le travail s’effectue assis, semi-assis, debout ?
Quelles sont les conditions ergonomiques du travail,
siège, hauteur où s’effectue le travail ?
Quelles sont les conditions de santé du patient ?
Quelles sont les conditions environnementales du
travail ?
Quels en sont les risques biologiques ? Quels en
sont les
risques psychosociaux ?
Finalement, quels sont les troubles musculo-squelettiques
ressentis et quelle est la solution ostéopathique adaptée ?

De cette façon, il est possible de se faire une idée de vos


conditions de travail, de comprendre les mécanismes en cause de
vos douleurs et de trouver une solution adaptée et préventive
pour limiter vos TMS.
La prise en charge des troubles musculo-squelettiques par
l’analyse des sollicitations biomécaniques.

Sédentarité
La sédentarité est un problème de santé publique, qu’elle soit
marquée par l’absence notoire d’activité physique
hebdomadaire, ou le résultat d’une position statique en milieu
professionnel (transport routier, travail sur ordinateur, etc.).
Avant de détailler chacune des positions statiques de travail,
il
doit être admis qu’en plus d’être à l’origine de TMS, les
postures statiques participent également à l’apparition de
troubles circulatoires.
C’est particulièrement le cas dans la posture debout
prolongée, qui développe rapidement des sensations de
jambes lourdes associées à des maux de dos. Par ailleurs,
elle permet un champ d’action biomécanique plus large et
donne la possibilité de se servir du poids du corps dans
les
ports de charge lourde.
La posture assise est la posture typique de bureautique.
Elle permet de réaliser un ensemble de tâches manuelles
sollicitant tout le membre supérieur : de l’épaule aux
doigts. Cette coordination est nécessaire pour effectuer
des gestes précis comme taper sur un clavier ou utiliser
la
souris. Les champs d’action des membres supérieurs
sont
relativement restreints, ce qui limite les forces
exercées au
quotidien. Le dos se fatigue moins vite,
mais il se fatigue
tout de même. Par ailleurs, l’utilisation
intense des doigts
et des mains contribue à développer
des TMS gênants à ce
niveau.
Gérer au mieux sa posture devant un ordinateur
La tête doit être maintenue droite au-dessus des
épaules.

Le regard doit se porter légèrement vers le bas sans


incliner le cou
(30 degrés).

Le dos doit être soutenu par le dossier


du fauteuil, de
manière à favoriser la
courbure naturelle du bas du dos.

Les poignets doivent être en position


neutre (droits).

Les coudes doivent être fléchis à un


angle
de  90  degrés  ; les avant-bras
sont en position
horizontale. Les
épaules doivent être détendues, mais
non affaissées.

Les cuisses sont en position horizontale à un angle


de 90 à 110 degrés par
rapport aux hanches.

Les pieds sont complètement appuyés


et posés à plat
sur le sol. Si ce n’est
pas possible, ils doivent être
posés
sur un repose-pieds.

La posture assise en hauteur, elle, compromet


davantage
les libertés des membres supérieurs, région
dans laquelle
elle peut créer des conflits musculo-
squelettiques.
Le confort est comparable à celui de la
posture assise.
La posture semi-debout, elle permet de limiter les
enraidissements du dos propre aux changements de
position après une posture assise ou une posture debout.
Elle compromet, dans une moindre mesure que la posture
assise en hauteur, le champ d’action des membres
supérieurs. Le centre de gravité vient se placer en regard
du bassin et met en jeu la musculature postérieure des
cuisses dans laquelle pourra être retrouvée, au même
titre
que la posture debout, des troubles circulatoires et en
particulier veineux.
Les postures statiques ne sont pas physiologiques.
C’est-
à-dire qu’elles ne sont pas ce pour quoi le corps est
fait.
Pour limiter les contraintes musculo-squelettiques
des
postures statiques, il suffit d’adopter des postures
dynamiques. L’utilisation des cuisses, la hauteur du
siège,
le temps de repos, les temps de posture statique,
les
exercices à faire au travail sont tous des éléments
qu’il est
possible de faire varier pour garder une liberté
biomécanique, du dos comme des membres supérieurs.

Suractivité
La suractivité est liée à des sollicitations biomécaniques trop
rapides compte tenu de la physiologie du corps. Elles peuvent
conduire à des TMS particulièrement musculaires par une
sursollicitation musculaire. Les temps de repos sont essentiels
pour prévenir de ce genre d’atteintes. Pour mettre au clair la
cause de l’apparition douloureuse, l’ostéopathe décortique le
mouvement répété avec excès.

Mauvaise activité
La mauvaise activité constitue une biomécanique qui ne
répond
pas à une physiologie effectuée par le corps humain.
Il s’agit de
sollicitations biomécaniques qui sont perturbées
dans leur
parcours ou dans leur objectif. Par exemple, un
membre
supérieur qui ne parvient pas correctement à saisir
une souris car
la hauteur du bureau est trop importante. Si la
réalisation du
mouvement au cours d’une posture d’inconfort
est perturbée
alors, lorsque le mouvement est répété, les TMS
apparaissent.
L’ajustement des conditions de travail doit être un travail
supplémentaire de tous les jours. Le moyen d’assise, le
matériel
de bureautique, l’utilisation de matériel de protection
et la mise
en place de mesures de protection contre des conditions
environnementales doivent faire partie d’un tout. Le tout
est de
préserver votre santé.
L’enjeu ostéopathique est double :
Analyser vos sollicitations biomécaniques dans
un
environnement de travail, de comprendre les
mécanismes
en cause dans vos TMS et relâcher les zones
de
contraintes anatomiques contribuant à leur apparition
et
leur maintien ;
Vous fournir une vision d’ensemble de vos conditions de
travail et vous donner des solutions pour prévenir vos
TMS.

L’ostéopathe cherche à réunir des éléments qui concourent


à
l’apparition de vos douleurs pour optimiser sa solution de
traitement. En revanche, il ne peut pas intervenir au sein de
votre
environnement de travail ni en changer les conditions.
Il est
donc à votre charge d’aménager votre lieu de travail
suivant les
conseils de vos professionnels de santé.

Les risques environnementaux


L’environnement a une place essentielle au sein des conditions
de travail. Parmi les risques environnementaux, on considère :
Les risques biologiques et chimiques (allergies, gaz et
matériaux toxiques…) ;
Les risques physiques (bruits, vibrations, ondes…) ;
Les pratiques addictives (l’ostéopathie peut améliorer
les conséquences somatiques d’un stress professionnel,
mais certaines pratiques addictives sont du domaine
de
l’addictologie) ;
Les risques psychosociaux (au même titre que les
pratiques addictives, l’ostéopathie peut agir sur les
conséquences d’un stress. En revanche, les causes
nécessitent une prise en charge médicale).

Ces différents risques environnementaux sont considérés


par
votre ostéopathe. Malgré tout, l’ostéopathe possède des
compétences limitées pour les prendre en charge de façon
appropriée. Il est préférable de consulter votre médecin
personnel ou celui du travail.

Soyez préventif !
Il existe cependant quelques règles générales communes qui
permettent de prévenir les TMS :
Il est important d’avoir assez d’espace pour vous
déplacer
et changer de position. Privilégiez les tables
de travail et
les sièges réglables, adaptez-les à la tâche
à effectuer et à
votre taille. Bien régler votre espace de
travail vous
permettra d’exécuter vos tâches dans des
positions moins
contraignantes et pénibles pour le corps.
Les appui-pieds fixes ou amovibles peuvent vous
permettre de transférer le poids du corps d’une jambe à
une autre.
Un soutien du coude pour le travail de précision aide à
réduire la tension dans les bras et le cou et la partie haute
du dos. N’hésitez pas à utiliser des chaises ayant des
appuis-bras et réglez-les à hauteur du coude.
L’organisation spatiale du plan de travail doit permettre
d’éviter tout mouvement de torsion, de flexion ou
d’extension du tronc et des avant-bras.
Adaptez votre poste de travail. Si vous en avez, mettez
les
manettes de commande, outils et autres éléments
nécessaires à la tâche directement à votre portée.
Organisez des rotations de postes pour ne pas vous
ankyloser dans une posture prolongée.
Réduisez la durée des postures statiques, et si c’est
impossible, variez les postures à votre poste de travail :
alternez entre la position debout, assise et assise-debout
(cette dernière est la plus adaptée à un travail physique
et
nécessite une chaise adaptée).
Faites de courtes pauses pour marcher un peu et profitez-
en pour faire des petits étirements.
Figure 10-7 :
Étirements
à faire au
bureau.
Je n’ai mal nulle part… mais je prends
soin de moi !
Beaucoup d’entre vous ont déjà entendu leur praticien dire :
« Même si vous n’avez pas mal, il est tout de même intéressant
de faire un bilan ! »
En effet, l’usure du corps est silencieuse et peut ne pas être
démonstrative. Pour cette simple raison, il est intéressant de
passer sous le « scan » de la main d’un ostéopathe.

Il est venu le temps… de faire le bilan !


L’ostéopathe va enquêter et déceler des signes avant-coureurs
d’une atteinte ou d’un trouble fonctionnel. Son attitude va être
sensiblement la même que celle qu’il adopterait si vous aviez
une douleur : prendre le corps dans son ensemble, déceler des
pertes de mobilités ou des trop-pleins de mobilité, déceler des
muscles qui, ici et là, sont spasmés, tendus, contracturés, ou
qui
ne remplissent pas leur fonction comme ils le devraient.
Tout
simplement, comprendre les dysfonctionnements du corps
dans
sa globalité ! Les outils utilisés restent les mêmes, aussi
bien
l’anamnèse, l’évaluation clinique que le traitement (voir la
quatrième partie sur le déroulement d’une consultation).

Le silence des organes


D’après René Leriche, physiologiste et chirurgien vasculaire
du
début du XXe siècle : « La santé est la vie dans le silence des
organes. » Le silence n’est pas uniquement une douleur qui se
tairait, c’est aussi le silence d’une physiologie qui se produirait
correctement et confortablement. De ce fait, examiner
une
douleur est une chose, mais examiner un organisme pour
comprendre sa physiologie en est une autre. C’est ainsi que
l’ostéopathe va mettre à profit toutes ses compétences pour
comprendre votre corps et lui redonner, au mieux, ses propres
capacités afin qu’il s’adapte quotidiennement aux contraintes
exercées par l’environnement.
Le bilan est une consultation ostéopathique à visée préventive.
En moyenne, il est conseillé de faire un ou deux bilans par an.
Chapitre 11
Les autres douleurs

Dans ce chapitre :
J’ai mal à la tête

J’ai mal au ventre

Je suis stressé

D ans ce chapitre sont illustrés les mécanismes de


certains
troubles non musculo-squelettiques pouvant
faire l’objet d’une
prise en charge ostéopathique. Ces derniers
touchent des régions
anatomiques qui entretiennent d’étroits
liens avec la charpente
du corps.

J’ai mal à la tête


Les maux de tête (ou céphalées) se classent en deux grandes
catégories :
Les migraines, qui sont des maux de tête connus pour
leur symptômes spécifiques et parfois surprenants ;
Les maux de tête qui ne sont pas des migraines.

Le mot « céphalée » vient du latin cephalaea et signifie « mal de


tête ».

Des douleurs qui n’en font qu’à leur tête !


Les céphalées représentent l’un des nombreux motifs de
consultation dans les cabinets d’ostéopathie. Très diverses,
les
céphalées peuvent se manifester au niveau de toutes les
« régions du crâne ». Elles durent de quelques secondes
seulement à plusieurs jours, elles apparaissent de façon
épisodique
ou à fréquence régulière, elles peuvent être
permanentes ou
intermittentes, elles évoluent par poussées
douloureuses ou
de manière progressive. Les céphalées se
présentent sous
différentes formes : pesanteur, lancinante,
chaleur, froideur,
picotements, fourmillements ou encore
sensation d’avoir la
tête prise dans un étau.
Les causes des céphalées sont tout aussi nombreuses,
principalement en raison de la complexité de l’anatomie du
crâne.
Elles peuvent être le résultat d’une intolérance
alimentaire, de
la compression d’un nerf, d’un trouble vasculaire
artériel ou
veineux, d’un trouble musculaire ou encore d’un
trouble ORL
(oto-rhino-laryngologique).
Les céphalées peuvent être classées de plusieurs manières :
Les céphalées de tension ;
Les céphalées névralgiques (à cause des nerfs) ;
Les céphalées liées à une atteinte de structures du crâne
(œil, bouche, oreille…).

Que fait l’ostéo ?


Pour l’ensemble de ces céphalées, l’ostéopathe va évaluer le
caractère de gravité de ces maux de tête. Dans certains cas,
les
céphalées nécessitent une prise en charge médicale et non
ostéopathique. À l’inverse, s’il n’y a aucun signe de gravité
ni
contre-indication spécifique à leur prise en charge, bon
nombre
d’entre elles peuvent être soulagées par une prise en
charge
ostéopathique.
L’ostéopathe procède à leur :
Identification. Identification des signes et symptômes
caractérisant la céphalée ;
Évaluation. Évaluation de ces signes par des questions
et
des tests pour isoler l’origine de la douleur (cervicale,
vasculaire, neurologique, de tension ou associée à une
migraine ou une autre affection du crâne) ;
Prise en charge. La prise en charge se réalise en fonction
des résultats obtenus lors des questions posées et des
tests
effectués par l’ostéopathe en première partie de
consultation.

Les solutions osthéopatiques aux maux de tête existent. Dans


ce
chapitre, nous vous les présenterons.

Priscilla, 29 ans

« Sujette aux maux de tête, j’ai consulté


un neurologue qui m’a
proposé un traitement médicamenteux assez lourd.
Après
quelques mois et sans amélioration, on m’a recommandé d’aller
voir
un ostéopathe. J’ai voulu tester et j’ai
vite été très satisfaite.
Non seulement
mes maux de tête ont été soulagés,
mais
l’ostéopathe a détecté en plus des
tensions liées à mes
angoisses, qu’il
a dénouées. Je me suis rapidement
sentie en
meilleure forme physique. »

Migraines !
Les migraines sont des céphalées qui ne touchent qu’une
moitié
du crâne et dont la douleur, pulsatile, survient par
accès
intermittents sous forme de crises.
Elles sont très fréquentes (retrouvées chez près de 10 % de la
population) et affectent plus fréquemment les femmes que les
hommes.
Généralement, elles apparaissent vers la puberté et les
symptômes diminuent, voire disparaissent, chez la femme,
vers
la ménopause.

Pourquoi j’ai mal ?


Certains facteurs peuvent déclencher les crises migraineuses.
Parmi eux, on trouve l’alimentation (l’alcool ou certaines
allergies alimentaires), l’état psychologique (conflits,
dépression, anxiété, et même les périodes de relaxation, au début
des vacances ou lors du week-end après une semaine très
chargée). Les hormones, chez la femme, peuvent également
déclencher une crise migraineuse (juste avant ou après les
cycles
menstruels notamment). Ces douleurs peuvent parfois
être
associées à d’autres symptômes, comme un état nauséeux
ou une
majoration des douleurs à la lumière ou au bruit.
Par ailleurs, il existe parfois des signes annonciateurs de la
crise
migraineuse, appelés auras. Les plus connues sont les
auras
dites ophtalmiques (associées à des troubles visuels).
Les vaisseaux sanguins se dirigeant vers la tête vascularisent,
entre autres, le cuir chevelu et le cerveau. Il est vraisemblable
que la plupart des migraines surviennent lorsque certains
de ces
vaisseaux se dilatent, puis se contractent, entraînant
un
élargissement des vaisseaux puis un rétrécissement
rapide.
Ainsi, les fibres nerveuses contenues dans la paroi
des vaisseaux
vont transmettre un nombre important d’informations au cerveau
et ce phénomène serait à l’origine de la
perception douloureuse.

Que fait l’ostéo ?


La première hypothèse évoquée comme origine des migraines
serait les variations du débit sanguin (dépendant de la
pression
artérielle). C’est la raison pour laquelle l’ostéopathe
propose une
prise en charge des structures qui peuvent jouer
un rôle lors de la
régulation de ce débit sanguin.
Parmi ces structures, on distingue :
Le système cardio-pulmonaire dans son ensemble (cœur
et poumons) ;
Les veines et artères (et les structures musculo-
articulaires
susceptibles d’être traversées par les veines et
artères) ;
Les nerfs du cou (des ramifications des nerfs du cou se
dirigent vers les vaisseaux de la tête et du cou, mais aussi
vers le système cardio-pulmonaire) ;
La région du rein (la loge rénale contient le rein ainsi
qu’une glande appelée glande surrénale qui joue un rôle
dans le débit sanguin de l’ensemble du corps) ;
Les nerfs de la base du cou (au niveau de la base du
cou,
des nerfs qui sortent du crâne vont se diriger vers
le
système cardio-pulmonaire pour assurer une partie de
son
fonctionnement) ;
Le tube digestif (le tube digestif régule en partie
l’excrétion et l’absorption de l’eau de l’organisme et
participe donc à la régulation du volume sanguin total).

Ces structures font l’objet d’une évaluation attentive qui


détermine ensuite la méthode utilisée par le praticien.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de la
mastoïde

La mastoïde est une saillie conique


sur laquelle s’insèrent de
nombreux
muscles dont le sterno-cléido-mastoïdien. Elle est
située sous le crâne
et en haut du cou, légèrement en dessous
et en arrière de l’oreille. Elle est
une partie d’un os appelé
temporal.
Pour la palper, positionnez votre index
en arrière du
lobe de l’oreille et faites
rouler votre doigt d’avant en arrière sur
ce relief osseux. Les muscles retrouvés à ce niveau, en cas de
tension trop
importante, peuvent parfois être responsables de
cervicalgie (douleur du
cou) et/ou de maux de tête (céphalée
et
migraine).

Figure 11-1 :
Autopalpation de
la mastoïde.

Vous avez des pouls ?


Le pouls permet de mesurer la fréquence cardiaque et
renseigne
sur le fonctionnement du cœur.
Le rythme cardiaque moyen au repos est de 70 pulsations par
minute. À l’effort, selon les personnes et selon leur âge, il peut
atteindre et dépasser les 150 pulsations par minute.
Lorsque le rythme cardiaque au repos est trop élevé (supérieur
à 100 pulsations par minute), on parle de tachycardie et
lorsqu’il
est trop faible (inférieur à 50 pulsations par minute),
on parle de
bradycardie.
Ces chiffres sont variables d’un individu à l’autre et sont
donnés
à titre indicatif car chez certaines personnes pratiquant des sports
d’endurance par exemple, il est courant de
retrouver une
fréquence cardiaque inférieure à 50 pulsations
par minute tandis
que chez les personnes stressées, elle peut
varier autour
de 90 pulsations par minute.
Normalement, le rythme cardiaque est régulier tout au long
de la
prise du pouls. Si ce n’est pas le cas et que le rythme
cardiaque
est irrégulier, il est nécessaire de se rapprocher de
son médecin
pour en comprendre la cause.

À la recherche du pouls
Pour ressentir votre pouls ou celui de quelqu’un d’autre, il
est
préférable d’utiliser l’index et le majeur. Si vous souhaitez
évaluer le pouls d’une autre personne avec le pouce, vous
risquez de percevoir à la fois le pouls de cette personne mais
aussi les pulsations de votre propre pouce, il sera difficile de
faire la différence entre les deux.
Ce pouls est perceptible à de nombreux endroits. En voici trois
aux quatre coins de votre corps :
Le pouls carotidien, qui est situé au niveau de votre
cou.
Pour le trouver, positionnez vos index et majeur
sur la
trachée et déportez-les sur le côté. Lorsque vous
ressentez
une butée musculaire, rentrez délicatement
les doigts en
profondeur à la recherche d’une pulsation.
Attention à ne
pas effectuer ce geste des deux côtés en
même temps,
vous risqueriez de diminuer l’afflux de sang
vers le
crâne !
Le pouls fémoral, qui est situé au niveau du pli de
l’aine.
Cette fois, placez l’index et le majeur au niveau
de la
région de l’aine. Recherchez de droite à gauche la
pulsation de l’artère qui est plutôt située vers le pubis.
Le pouls radial est perceptible au niveau de la partie
externe du poignet. Lorsque votre paume de main est
tournée vers le haut, posez vos doigts sur la partie du
poignet située juste avant votre pouce.

Une fois tous ces pouls repérés, vous pouvez en choisir


un et
compter le nombre de pulsations que vous percevez
en une
minute (il est possible de compter sur 30 secondes
par exemple
et de multiplier par deux le résultat pour les
champions des
mathématiques).
Vous pouvez aussi palper les pouls pédieux (sur les pieds)
droit
et gauche en même temps et vérifier s’ils battent simultanément.
Faites la même chose avec le pouls fémoral.
Pour les experts, cherchez à palper le pouls radial droit et
gauche
en même temps, à vous de trouver comment procéder !

Céphalées sous haute tension !


Les céphalées dites de tension sont relativement fréquentes,
désagréables mais sans gravité. Elles surviennent, en général,
le
soir et le week-end et sont souvent liées à l’activité
professionnelle et particulièrement à des situations stressantes.
Elles
affectent principalement les femmes.
Ces céphalées ne s’accompagnent que de peu de symptômes,
et
c’est tant mieux ! Malgré tout, elles bénéficient souvent
avec
succès de la prise en charge ostéopathique. Les tensions
musculaires, qui en sont à l’origine, se manifestent généralement
à la jonction entre la tête et les vertèbres cervicales,
mais aussi
au niveau de la mâchoire et au niveau des grands
muscles qui
descendent vers les épaules, comme le muscle
trapèze par
exemple.
En règle générale, ces céphalées touchent les deux côtés du
crâne, comme si un étau serrait la tête, on évoque l’aspect
constrictif de la douleur. Elles peuvent parfois être associées,
voire déclencher, une crise migraineuse.

Que fait l’ostéo ?


La prise en charge du symptôme douloureux est assez simple,
l’objectif est de relâcher les tensions musculaires des muscles
du
cou jusqu’aux épaules et de redonner de la mobilité aux
articulations du cou qui en auraient perdu. Et cette prise en
charge est généralement complétée en tentant d’identifier
le
facteur ayant déclenché l’apparition de ces céphalées
de tension.
Un regard beaucoup plus global sera porté sur
le corps. Ainsi,
l’ostéopathe évalue souvent d’éventuels
désordres fonctionnels :
Troubles visuels ;
Troubles lors de la mastication ;
Troubles de la posture ;
Faiblesses musculaires ;
Troubles de la respiration ;
Stress.
Céphalée névralgique : la guerre des
nerfs !
Les céphalées névralgiques sont des céphalées liées à un
trouble
mécanique irritant une racine nerveuse (issue de la
partie haute
de la colonne cervicale) ou directement d’un
trouble de la racine
nerveuse, elle-même. D’un point de vue
étymologique,
« névralgie » provient du grec ancien neuron,
le nerf, et algos, sa
souffrance. La présence de nombreux
nerfs au niveau du crâne
explique la complexité des douleurs
nerveuses de cette région,
tant pour en comprendre la nature
que pour proposer une prise
en charge efficace.

Douleurs du visage
Le nerf trijumeau, aussi appelé cinquième nerf crânien, assure
la
sensibilité de l’ensemble du visage et est subdivisé en trois
branches. La fonction de ces trois nerfs peut être altérée pour
diverses raisons et entraîner une fois de plus des perceptions
douloureuses au niveau de la mâchoire du bas (qu’on appelle
aussi la mandibule), au niveau de la joue ou encore tout autour
de l’œil.
Ces souffrances nerveuses, que l’on nomme des névralgies,
sont
parfois déclenchées lors de la mobilisation du visage.
Lorsque
l’on mange, que l’on se lave ou que l’on se rase par
exemple.
Ces douleurs sont plus fréquentes lorsqu’il existe
des troubles de
la mastication, dans le cas où les muscles qui
permettent de
mâcher sont plus contractés d’un côté que de
l’autre par
exemple. Associés à ces douleurs, il n’est pas rare
également
que le patient souffre de bruxisme (grincer des
dents pendant le
sommeil). L’ostéopathe tente de relâcher les
tensions
musculaires des muscles masticateurs, ou de certains
muscles du
visage. Il mobilise également les articulations de
la mâchoire et
l’os hyoïde (petit os en avant du cou sur lequel
s’insèrent de
nombreux muscles). Il intervient également sur
les tensions
s’exerçant sur les structures crâniennes afin d’y
libérer certaines
contraintes mécaniques.
Ces douleurs liées à l’irritation de racines nerveuses sont
présentes dans d’autres affections plus fréquentes au niveau
des
membres inférieurs (cuisse et jambe) par exemple ou des
membres supérieurs (bras et avant-bras). En effet, les racines
nerveuses issues des vertèbres lombaires peuvent être à l’origine
de douleurs sciatiques, ou sciatalgies (voir chapitre 9).

Céphalée cervicogène : du cou à la tête !


La céphalée cervicogène (CCG) peut se définir comme une
douleur survenant à la tête, généralement plus d’un côté que
de
l’autre à la suite de tensions musculaires ou de blocages
articulaires qui irriteraient une racine nerveuse au niveau
du cou.
Classiquement, elle est aggravée par le mouvement
et améliorée
par le repos. La palpation des muscles de cette
région est
sensible, sensibilité qui peut être causée par une
inflammation
autour des articulations des vertèbres cervicales
(en particulier la
première et la deuxième vertèbre cervicale).
La prise en charge
symptomatique consiste à relâcher les
muscles contractés et
sensibles et à restaurer la mobilité des
articulations vertébrales
afin de diminuer l’inflammation.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation de la
mandibule

La branche montante de la mandibule


(mâchoire inférieure) est
située au-dessous et en avant de votre oreille.
Elle est aussi
une région où s’insèrent
de nombreux muscles permettant la
mastication.

Afin de la palper, placez vos doigts en


avant du lobe de l’oreille.
Lorsque vous
ouvrez la bouche, vous pouvez percevoir la
mobilisation de cette région.

Les muscles s’insérant à ce niveau sont


susceptibles, en cas
de tension trop
importante, de déclencher des maux
de tête,
des douleurs lors de la mastication, etc. À ce niveau se palpe
un
muscle puissant, appelé «  masséter  »,
en posant l’index
dans la partie basse
de cette branche de la mandibule et
en
serrant des dents. Posez les index
de vos deux mains de
chaque côté et
serrez les dents, il est possible parfois
de
percevoir des différences du niveau
de tension musculaire d’un
côté par
rapport à l’autre.

Le muscle temporal est un autre


muscle s’insérant sur la partie
latérale du crâne. Palpez-le en positionnant vos doigts au-
dessus et en avant
des oreilles et comme pour le masséter
et
serrez les dents pour percevoir sa
contraction.
Figure 11-2 :
Autopalpation
de la mandibule.

Névralgie d’Arnold : le Schwarzenegger des


maux de tête !
La névralgie d’Arnold est causée généralement par l’irritation
d’un nerf qui passe entre les premières vertèbres cervicales
et
qui traverse ensuite des muscles trop tendus au niveau de
la
jonction entre le cou et la tête. Cette région anatomique
est
soumise à de nombreuses contraintes mécaniques et
ces
névralgies se manifestent, en général, par des douleurs
irradiantes de l’arrière vers l’avant d’une moitié de crâne
en
passant au-dessus du contour de l’oreille. Ces douleurs
peuvent
être associées à une difficulté à supporter la lumière
artificielle.
Si le fait de pincer entre le pouce et l’index le
sourcil du côté de
la douleur est sensible, il y a de grandes
chances pour qu’il
s’agisse d’une névralgie d’Arnold. Il n’est
pas rare également
que les muscles situés en haut du cou
soient tendus et sensibles.
L’ostéopathe recherche les contraintes mécaniques qui
peuvent
irriter la racine nerveuse concernée et tente de les
faire
disparaître ou tout du moins d’en diminuer l’importance. Il
s’intéresse également au mécanisme responsable
de leur
apparition afin de le prendre en charge. Il utilise des
techniques
musculaires et articulaires sur l’ensemble des
structures capables
de contraindre cette racine nerveuse :
les muscles situés sous le crâne ;
les jonctions entre le crâne et les premières vertèbres
cervicales ;
les fascias qui régionalisent les différentes couches de
l’arrière du crâne et du cou.

Les céphalées venant des structures du


crâne et céphalées référées
On retrouve, au niveau de la tête, l’ensemble des cinq sens.
Les
organes permettant cette perception des sens sont situés
parfois
au sein de cavités creusées dans le crâne afin de les
protéger :
l’œil, le nez, la bouche et les oreilles…
Parmi les troubles retrouvés à ce niveau, mentionnons les
sinusites, otites, conjonctivites, gingivites ou encore la
myopie,
la déviation de la cloison nasale, les bouchons de
cérumen, etc.
Tous ces troubles ou pathologies affectent les
organes des sens
dont les fonctions pour interagir avec l’environnement sont
pourtant essentielles.
Il est fréquent que les troubles du fonctionnement de ces
organes
des sens soient à l’origine de perceptions douloureuses, comme
des céphalées par exemple.
En cas d’infection, de traumatismes récents ou d’antécédents
majeurs affectant le crâne, un suivi médical est nécessaire. En
dehors des épisodes infectieux, si l’inflammation de ces tissus
perdure, alors, en complément de la prise en charge médicale,
il
est possible d’envisager une consultation ostéopathique.
Une
compréhension précise des mécanismes responsables
de ces
phénomènes inflammatoires, de l’anatomie et du
fonctionnement
de ces structures peut permettre de proposer
des solutions pour
interrompre le cercle vicieux de l’inflammation chronique (en
règle générale, une douleur qui persiste
au-delà de trois mois).

J’ai mal au ventre


L’abdomen est une région singulière de l’organisme, tant
pour la
variété des symptômes qu’on y retrouve que pour ses
particularités anatomiques. Il n’y a pas, à ce niveau, d’armature
squelettique comme au niveau du thorax. L’essentiel des
tissus
qui protègent le contenu abdominal est constitué des
muscles et
des membranes. En arrière, les vertèbres lombaires
ferment
l’abdomen en font le lien entre les vertèbres thoraciques et le
sacrum (os situé en bas du dos et en haut des
fesses).
L’ensemble de la région abdominale et lombaire doit remplir
un
nombre très important de fonctions :
Les vertèbres lombaires doivent être mobiles,
notamment lorsque l’on se penche vers l’avant ou vers
l’arrière, mais aussi lorsque l’on se tourne (lorsque l’on
saisit la ceinture de sécurité dans la voiture) ou encore
lorsque l’on s’incline sur le côté.
Les viscères et organes contenus dans l’abdomen
doivent
assurer l’ensemble des fonctions digestives
(absorption,
excrétion, détoxification, protection
immunitaire, etc.).
Ashley, 26 ans

«  Je souffrais depuis quelques mois de


constipations et de
spasmes digestifs,
sans raison bien définie. En discutant
au
début de la séance, l’ostéopathe a
réussi à relier le début de
ces troubles
avec une chute sur le dos ayant perturbé la
régulation nerveuse de mon
système intestinal, m’a-t-il dit. Il a
alors
massé mon ventre avec des techniques
douces puis mon
dos pour soulager les
tensions qui s’y trouvaient et après
deux
rendez-vous… je n’ai plus souffert de ces problèmes. Mon
ventre peut
désormais revivre ! »

J’ai la boule au ventre !


La fonction des viscères contenus dans l’abdomen peut être
perturbée par des troubles de la structure, et réciproquement.
L’ostéopathe interroge son patient attentivement pour
comprendre la nature des troubles dont il souffre. Puis il teste
tout aussi précisément les structures abdominales et palpe les
différentes régions de l’abdomen.

Examen de ses tensions abdominales


Le ventre est souvent présenté comme notre deuxième
cerveau… et pour cause ! Il ne contient pas moins de deux
cent
millions de neurones qui gèrent notre digestion et
échangent des
informations avec notre tête. Il est très souvent
la cause de bien
des maux.
En effet, ses fonctions peuvent être perturbées en cas :
D’adhérences cicatricielles (rétraction des tissus après
une
opération chirurgicale par exemple).
De déplacement de l’organe vers le bas du ventre,
généralement dû à un relâchement des moyens
d’immobilisation ou de suspension de cet organe.
De spasme musculaire ou viscéro-spasme (contracture
des
fibres musculaires constituant en partie le viscère).

Palper votre abdomen vous aidera à détecter des douleurs


ou des
tensions qui pourraient être à l’origine de nombreuses
autres
douleurs, par exemple au niveau du dos.
La palpation doit se faire de manière délicate, avec l’aide de la
respiration. En effet, pour mieux ressentir les différentes
structures, il est conseillé de palper son abdomen durant les
phases
d’expiration, pendant lesquelles les muscles situés en
avant de
l’abdomen sont détendus.
L’abdomen est virtuellement décomposé en 9 régions
(ou
quadrants abdominaux) :
La région épigastrique, au-dessus de l’ombilic (nombril),
avec de chaque côté les hypochondres droit et gauche.
La région ombilicale, au milieu du ventre, avec de chaque
côté les flancs droit et gauche.
La région hypogastrique, en dessous de l’ombilic, avec
de
chaque côté les fosses iliaques droite et gauche.

Posez votre main sur le ventre et palpez-en lentement toutes


ses
régions, à la recherche de douleurs et de parties plus
fermes ou
plus sensibles que d’autres. Attention, après
le repas, le système
digestif en plein travail, évitez donc
d’effectuer cette palpation à
ce moment-là !

Votre ventre s’en souvient ! Les suites


d’une gastro-entérite aiguë
Les antécédents d’affections communes du tube digestif,
comme
les gastro-entérites, seraient un facteur qui fragiliserait
l’intestin
et conduirait à des troubles fonctionnels intestinaux.
Les troubles fonctionnels intestinaux sont également favorisés
par les facteurs qui ralentissent la guérison d’une gastroentérite :
stress, tabac, dépression, hypocondrie, etc.

Une altération de la flore intestinale


Certaines bactéries colonisant l’intestin seraient à l’origine de
certains troubles fonctionnels intestinaux. Ces bactéries ne
seraient pas les mêmes que celles retrouvées normalement
dans
le tube digestif. Aujourd’hui, il est difficile de savoir si ces
différents changements sont la cause ou le résultat de la
constipation et de la diarrhée qui y sont régulièrement associées.

Un peu d’anatomie…
Le tube digestif s’étend de la bouche à l’anus. Il comprend
la
bouche, l’œsophage, l’estomac, l’intestin grêle et le gros
intestin. Il traverse un ensemble de cavités : crânienne,
thoracique et abdomino-pelvienne, avec lesquelles il entretient
des
rapports anatomiques.
Les parois de l’ensemble du tube digestif sont constituées de
différentes couches concentriques parmi lesquelles on isole
des
muqueuses, des sous-muqueuses, des musculeuses et des
séreuses. Ces multiples couches participent aux fonctions du
tube digestif. Par exemple, la couche musculeuse, formée de
fibres musculaires spéciales, participe à faire progresser les
aliments ingérés par des mouvements de contraction-relaxation
successifs.
Les muqueuses des différentes parties du tube digestif ont
toutes
différentes fonctions. Certaines préparent le contenu
à la
digestion (estomac, duodénum…) tandis que d’autres
assurent
l’absorption des aliments (intestin grêle, côlon).
Grâce à un ensemble de glandes annexées à ce tube digestif,
les
aliments vont subir différentes modifications au fur et à
mesure
de leur absorption et les résidus forment les fèces.
Voici le trajet effectué par le contenu alimentaire dans le tube
digestif :
Bouche – œsophage – estomac – duodénum (partie initiale
de
l’intestin grêle) – jéjunum (partie moyenne de l’intestin grêle)

 iléum (partie terminale de l’intestin grêle) – côlon ascendant
(partie droite du gros intestin ou côlon) – côlon transverse
(partie centrale du côlon) – côlon descendant (partie gauche
côlon) – côlon sigmoïde (partie finale du côlon) – rectum – anus.
L’ensemble du tube digestif a une taille variable mais mesure
environ 10 mètres de long chez l’adulte. La plus grande partie
est formée par l’intestin grêle qui, avec ses 8 mètres de long,
est
le plus grand « tuyau » du système digestif. La nourriture
y
progresse à la vitesse de 2,5 cm par minute.

Troubles du transit
Diarrhées et constipations sont le reflet d’une perturbation du
transit. Le transit correspond à l’avancée du bol alimentaire
dans
le tube digestif.

Syndrome de l’intestin irritable


Ce syndrome est qualifié de trouble fonctionnel intestinal (TFI).
Les raisons de la survenue de ce syndrome ne sont pas
comprises précisément. Le syndrome de l’intestin irritable
serait
le résultat d’un trouble de motricité survenant au niveau
de la
partie haute du tube digestif, à savoir, l’estomac et
l’intestin
grêle. Les signes retrouvés lors de ce syndrome sont
des
ballonnements, des douleurs abdominales ainsi que des
troubles
du transit.
Les femmes de plus de 30 ans sont les plus fréquemment
touchées. Les syndromes de l’intestin irritable sont souvent
associés à des allergies et ou des intolérances alimentaires
qui
déclencheraient un ensemble de réactions immunitaires
au
niveau des intestins. Ces intolérances alimentaires sont
nombreuses, les plus connues et sans doute les plus fréquentes
sont les intolérances au gluten, qu’on retrouve en quantité
importante dans la farine de blé, et au lactose, contenu en
grande
quantité dans le lait de vache.
Les douleurs abdominales associées au syndrome de l’intestin
irritable sont souvent rythmées par les prises alimentaires
et
surviennent, pour l’essentiel d’entre elles, à distance des
repas,
souvent le matin au réveil.
Il n’est pas rare que ces troubles de l’intestin grêle se
propagent
dans un second temps au gros intestin provoquant
ainsi des
troubles fonctionnels coliques similaires à ceux
retrouvés lors
d’une colopathie fonctionnelle.

Colopathie fonctionnelle
La colopathie fonctionnelle est le fourre-tout des troubles
fonctionnels du côlon en l’absence de pathologie organique
de
nature inflammatoire ou infectieuse. Autrement dit, elle est
évoquée lorsqu’un ensemble de symptômes et de signes sont
réunis sans qu’aucune pathologie spécifique ait pu être
identifiée. Il semblerait qu’une partie importante de la
population
soit touchée par ce trouble.
La colopathie fonctionnelle se manifeste par des spasmes
douloureux sur le trajet du côlon. La perception de spasmes
douloureux lors de la palpation du colon est un signe en faveur
de la colopathie fonctionnelle.
Des troubles du transit sont fréquemment associés (alternance
de
diarrhées et de constipations). Des ballonnements abdominaux le
long du colon peuvent être retrouvés.

Que fait l’ostéo ?


La prise en charge ostéopathique de ces colopathies
fonctionnelles permet d’obtenir des résultats encourageants.
Les
objectifs sont de restaurer la mobilité des organes
digestifs qui
seraient restreints, de diminuer les tensions
musculaires de la
région abdominale, de restaurer la mobilité
des vertèbres de la
colonne lombaire et thoracique, de potentialiser le
fonctionnement du système nerveux autonome
(qui assure le
fonctionnement des viscères indépendamment
de notre volonté)
et de favoriser la perméabilité intestinale
ainsi que sa bonne
motricité. Les techniques employées
sur les viscères et les
organes favorisent les mécanismes de
contrôle chimiques et
hormonaux liés à l’alimentation, mais
elles contribuent
également à la circulation des fluides dans la
cavité abdominale :
lymphe, sang veineux, etc.
Si un amaigrissement, une perte d’appétit, une fatigue
importante ou de la fièvre sont associés, il est nécessaire
de
consulter son médecin traitant.

Je suis stressé
En 2001, l’OMS définissait le stress comme suit : « Le stress
apparaît chez une personne dont les ressources et stratégies
de
gestion personnelles sont dépassées par les exigences qui
lui
sont imposées. »
L’OMS prédit également que « d’ici à 2020, les troubles liés au
stress, tels que les troubles cardiaques et la dépression seront
les
deux causes principales d’incapacité chez les adultes ».

Le stress et les conséquences sur


l’organisme
Le stress est une « réponse de l’organisme aux facteurs
d’agression physiologiques et psychologiques ainsi qu’aux
émotions qui nécessitent une adaptation ». Il concerne toutes
les
populations et peut atteindre indistinctement hommes
et
femmes, à tout âge, quel que soit leur milieu socioprofessionnel.
Il peut survenir épisodiquement ou parfois
quotidiennement, et
devenir alors un véritable handicap
qui isole les gens
socialement.

Distress !

Dans son Dictionnaire culturel de la


langue française, Alain Rey
présente le
stress comme un emprunt à l’anglais, qui
a d’abord
signifié «  effort, tension  », puis
«  contrainte, surmenage  » et
«  agression  ». Le mot est tiré de l’anglais distress qui signifie
«  affliction  », lui-même
emprunté à l’ancien français destrece
(détresse) ou estrece «  oppression  »,
dérivé du mot latin
stringere, «  serrer,
étreindre  ». Il apparaît dans la littérature
anglaise dès le XVIIe siècle, avec pour
sens des «  états de
détresse générés
par l’adversité ou la dureté de la vie ».

Suit la définition qu’il propose :


« Réponse de l’organisme aux
facteurs d’agression physiologiques ou
psychologiques ainsi
qu’aux émotions
qui nécessitent une adaptation ».

Fuir ou combattre, telle est la question…


Face à un stress, le corps met en place un certain nombre de
stratégies, comme le syndrome général d’adaptation (ou SGA),
qui est défini comme le processus par lequel le corps fait face
à
un « stress » ou à des « agents nocifs ». Ce processus suit
trois
phases distinctes :
Une réaction d’alarme par laquelle le corps se prépare
pour « combattre ou fuir » ;
Puis la mise en place d’un système d’adaptation et de
résistance à la contrainte ;
Enfin, le corps entre dans une phase d’épuisement « due à
l’usure et aux larmes » si le stress est suffisamment long.

Dans les secondes qui suivent la survenue du facteur stressant, le


système nerveux autonome s’active par augmentation
de
l’adrénaline (qui est une hormone) dans la circulation
sanguine.
Cette hormone agit sur de nombreux organes :
le cœur pour
élever le rythme cardiaque, les vaisseaux
sanguins pour
augmenter la pression artérielle, les poumons
pour dilater les
bronches et élever le rythme respiratoire, le
foie pour activer la
libération de glucose à partir des stocks
énergétiques…
Le cerveau sera dans un état de vigilance accrue. Toutes ces
réactions rapides n’ont qu’un but : préparer l’organisme à
affronter un événement stressant et soudain. Fight or fly, fuir
ou
combattre, voilà comment nous pourrions résumer cette
activation du système nerveux autonome.

Mauvais stress !
Bien qu’il s’agisse d’une notion assez floue, voici une liste des
symptômes qui sont associés au stress de l’organisme :
Irritabilité ;
Troubles du sommeil ;
Troubles de la concentration ;
Inquiétude ;
Sensations de fatigue générale ;
Modifications de l’appétit ;
Tensions et crispations ;
Tensions musculaires et troubles musculo-squelettiques ;
Troubles physiques (céphalées, migraines, palpitations,
troubles digestifs, urinaires, gynécologiques, cutanés et
visuels).

Le stress a donc de nombreux effets délétères sur le corps.


Les tensions musculaires (tensions, douleurs et fatigue
musculaires) et les troubles musculo-squelettiques (TMS) sont,
en général, des manifestations du stress chronique.
La prise en charge bienveillante de l’ostéopathe a généralement
un effet apaisant sur le corps de la personne stressée.
Elle permet
de diminuer les tensions musculaires, les douleurs
ou les
blocages de certaines articulations, de contrôler, en
partie, le
fonctionnement du système nerveux autonome ou
encore
favoriser les mouvements de la cage thoracique pour
que la
respiration soit optimale

Respirer : un réflexe essentiel à la vie


La fonction respiratoire est en partie automatique et inconsciente
(réflexe vital) mais on peut tout de même la contrôler
consciemment. Cette fonction de la respiration peut être
altérée
pour de nombreuses raisons (la posture, l’environnement, l’état
psychoaffectif, etc.). La respiration est également
un moyen
d’expression de certaines émotions. Aussi, lorsque
le stress ou
l’anxiété perturbe notre souffle, nous pouvons
consciemment
tenter de contrôler cette respiration et
chercher à en utiliser les
vertus relaxantes.
Le muscle diaphragme (muscle en forme de voile de parachute
situé entre le thorax et l’abdomen) permet les mouvements
inspiratoires qui se déroulent en deux temps :
Une phase abdominale, par une « descente » du
muscle
diaphragme lors de la contraction de ses
fibres
musculaires (qui crée une dépression au niveau
thoracique
et un appel d’air vers les poumons). Ce
mouvement du
diaphragme a pour conséquence de
repousser les viscères
abdominaux vers le bas et, si la
ceinture abdominale est
normalement souple, il provoque
le « gonflement » du
ventre (terme impropre, car il n’y a
pas d’air qui entre
dans l’espace abdominal !).
Une phase thoracique durant laquelle les fibres
musculaires poursuivent leur contraction, entraîne
l’élévation des côtes basses, permettant l’ouverture
en
largeur de la partie inférieure du thorax. Le relais
est
ensuite pris jusqu’à l’élévation finale des côtes
supérieures.

En période de stress, le muscle diaphragme ne fonctionne plus


de manière optimale limitant ainsi l’apport d’oxygène vers les
poumons.
Mieux connaître son anatomie :
autopalpation du
diaphragme

Pour palper le diaphragme, positionnez


les doigts de la main au
centre sous le
rebord des côtes et tentez de glisser
vos doigts
sous la cage thoracique.
Puis, faites lentement plusieurs cycles
respiratoires en tentant de faire pénétrer vos doigts en
profondeur au cours
de l’expiration. Afin de faciliter cette
palpation, il est nécessaire d’être dans
une position où les
muscles abdominaux sont détendus. Les jambes doivent
être
fléchies à angle droit par rapport
au tronc qui doit être penché
en avant.
Afin d’apprécier l’augmentation de
volume du thorax
durant l’inspiration
caractérisant la phase de pénétration de l’air
à l’intérieur des poumons
vous pouvez positionner les paumes
des mains de part et d’autre des côtes
basses au-dessus du
rebord costal à
droite et à gauche. Puis inspirez et
expirez
profondément afin d’évaluer
s’il existe une différence
d’amplitude
entre les deux côtés.

Et vous, comment respirez-vous ?


Pour savoir si vous respirez préférentiellement à l’aide de
votre
thorax ou de votre abdomen, en position allongée,
posez une
main sur la poitrine et l’autre main sur le ventre,
au-dessous du
nombril. Prenez une inspiration : si votre
poitrine se gonfle en
premier, vous respirez par le thorax. Dans
le cas contraire, vous
respirez en utilisant votre abdomen.
La respiration par le thorax ne permet pas d’utiliser l’intégralité
de nos capacités respiratoires. La fatigabilité à l’effort
ou
simplement lors de l’accomplissement des tâches de la
vie
quotidienne est ressentie plus rapidement. Il faut donc
apprendre
à respirer par le ventre.
Respirez par le ventre !
Pour étirer ce muscle diaphragme, mettez-vous position
assise,
le haut du corps légèrement penché vers l’avant.
Faites une
expiration lente et profonde en vidant le plus
d’air possible des
poumons. L’inspiration se fera par réflexe.
Répétez l’opération

Figure 11-3 :
Respirer avec
le ventre
pour étirer
le muscle
diaphragme.

Vous pouvez réapprendre à respirer avec le ventre quelle


que soit
votre position (debout, assis, allongé). Le principe,
toujours le
même, consiste simplement à poser une main sur
le thorax et
une autre main sur le ventre. Inspirez profondément en
cherchant à gonfler votre ventre comme un ballon.
Puis expirez
à fond en creusant le ventre au maximum, comme
si vous
vouliez amener votre nombril le plus proche possible
de votre
dos. Répétez ces cycles inspiration/expiration
jusqu’à ce que le
mouvement devienne naturel. Il vous faudra
sûrement quelque
temps pour que vous adoptiez cette respiration abdominale dans
la vie de tous les jours.
Dès que vous sentez le stress monter en vous, ce petit
exercice
peut vous permettre de faire tomber la pression. Il est
plus
simple de réaliser cet exercice en situation de confort et
de
détente, en particulier le matin et le soir. Dans la journée,
l’organisme est éveillé, tout le travail de respiration abdominale
prendra davantage de temps.

Nina, 34 ans

« Danseuse dans une troupe, je


consulte un ostéopathe depuis
l’enfance. L’ostéopathie a toujours pu
trouver des solutions à
mes problèmes et, aujourd’hui, je vais voir
mon ostéopathe dès
que je ressens
un coup de mou, une gêne dans mes
mouvements à la danse ou un excès
de tensions musculaires
avant une
représentation… à cause du stress ! »
Quatrième partie
La consultation ostéopathique
Dans cette partie…

T oute consultation ostéopathique commence par un


dialogue plus
ou moins long, où le corps du patient et son
histoire occupent une
place primordiale.
Ensuite, l’ostéopathe se livre généralement à une
observation attentive
du corps du patient afin de déceler
d’éventuelles causes aux troubles
présentés. En l’absence
de contre-indications et fort de toutes les
informations
recueillies, l’ostéopathe entreprend alors la prise en
charge
manuelle, visant à soulager les troubles de son patient.
À la fin de sa manipulation, il se doit d’assurer la
pérennité des effets
bénéfiques de la séance grâce à des
conseils avisés et personnalisés
que le patient pourra
mettre en place dans son quotidien.
Chapitre 12
Le temps du dialogue

Dans ce chapitre :
Le temps de la rencontre

Motif de la consultation ?

Faites-moi signe !
Les antécédents ou le temps des souvenirs

Globalement psychosocial

L ors de la première visite chez un ostéopathe, une part


importante du temps de la consultation est consacrée
à un
échange verbal qui guidera le praticien vers une méthodologie
de prise en charge de la douleur ou du trouble. En
premier lieu,
l’ostéopathe porte un intérêt tout particulier à
la raison qui
pousse le patient à consulter. Puis il recherche
d’éventuels
troubles ou symptômes associés. En effet, le
paradigme
ostéopathique consiste à relier, parfois, certains
troubles à
d’autres. Cela n’est possible qu’avec une connaissance très
poussée de l’anatomie et de la physiologie du corps
humain.
Ensuite vient le temps du souvenir, l’histoire de santé du
patient
est analysée précisément afin d’entrevoir dans celle-ci
une cause
potentielle au déclenchement du ou des troubles.
Enfin, il n’est
pas rare que l’ostéopathe recherche également
dans les habitudes
de vie de son patient des causes ou des
facteurs favorisants au
trouble ou à la douleur présentés lors
de la consultation.
Racontez-moi tout…
Après s’être présenté et avoir recueilli des informations sur
l’état
civil de son patient, une première consultation débute
donc
toujours par une anamnèse, synonyme d’histoire de vie
du
patient.

Qu’est-ce que l’anamnèse ?

L’anamnèse est synonyme d’interrogatoire médical.


L’étymologie du mot
vient du grec ancien anamnesis signifiant
«  le souvenir  ». Cet te étape place
le patient dans un rôle de
biographe, il
plonge dans ses souvenirs et dresse,
avec le
praticien, le récit de sa santé.

Bien souvent, le praticien écoutera le patient, tout en le


guidant,
par quelques questions, sur la localisation, la période
de
survenue ou encore la nature du trouble qui l’a amené à
consulter. Puis, à la manière d’un historien et parfois d’un
enquêteur, l’ostéopathe pose de nombreuses questions qui
peuvent sembler parfois totalement décalées par rapport au
motif
de consultation. L’objectif est de dresser un bilan de
l’état du
corps du patient au moment de la consultation et
d’identifier ce
qui, dans son passé, a pu déclencher ou seulement favoriser la
survenue du trouble. L’ostéopathe vient à la
rencontre de son
patient afin de mieux le comprendre.

Et vos grands-parents…
Dès lors, ne soyez pas surpris si votre ostéopathe vous pose
des
questions sur l’état de santé de vos grands-parents ou
qu’il
recherche dans votre histoire des entorses anciennes
mal
soignées, alors que vous le consultez pour des maux de
tête ! Le
praticien, avec votre collaboration, va remonter dans
le temps,
d’aujourd’hui à votre naissance, en 15 à 20 minutes !
L’anamnèse est ce moment où, accompagné du praticien, le
patient fait cet effort de mémoire. La démarche est introspective,
il s’agit d’une véritable enquête afin de remonter le cours
de la
santé et de souligner avec le patient les éléments potentiellement
responsables du motif de consultation le jour de la
visite. C’est à
ce moment qu’il est possible de comprendre et
d’émettre des
hypothèses sur l’état de santé du patient.
Cette première étape de la consultation suit une structure bien
définie, les questions sont posées dans un ordre précis.
Un ostéopathe respecte le secret professionnel, les réponses
ainsi
collectées lors d’une consultation demeurent bien
évidemment
confidentielles.

Motif de la consultation ?
La première question posée concerne la raison de la visite.
L’objectif ultime de ce temps d’échange et de rencontre est
d’établir l’origine et la cause du motif de consultation.
Parmi toutes les raisons qui conduisent un patient chez un
ostéopathe, trois motifs très généraux sont principalement
identifiés :
La douleur est le motif de consultation principal.
L’ostéopathe recherche alors avec précision la
localisation, l’horaire et le contexte d’apparition de cette
douleur ;
La gêne, comme un craquement, un blocage, une
difficulté ressentie au mouvement, une instabilité ou
encore des enraidissements avec ou sans douleur ;
Le bilan qui peut avoir été conseillé par un autre
praticien
en prévention des gênes et des douleurs.
En effet, il est
évidemment préférable de prévenir plutôt
que de guérir !

En dehors de toute douleur ou gêne, il est recommandé de


consulter votre ostéopathe deux fois par an.

Cet échange verbal, orienté par le praticien pour comprendre


l’origine et la nature du trouble, temps singulier de l’anamnèse,
permet à l’ostéopathe de savoir rapidement si la nature du
trouble peut bénéficier d’une prise en charge ostéopathique.
Dans le cas contraire, si le trouble doit faire l’objet d’un autre
type de prise en charge, l’ostéopathe, véritable acteur du
système
de santé, est en mesure de diriger son patient vers le
spécialiste
ou thérapeute le plus compétent. Dans ce contexte,
il évoque une
contre-indication à la prise en charge ostéopathique de son
patient.

Contre-indication à la prise en charge


ostéopathique

Il s’agit d’une situation clinique (trouble


ou pathologie) qui
indique qu’un traitement ostéopathique nuirait à la santé
du
patient ou retarderait la rémission
de ses symptômes ou la mise
place
d’un traitement plus approprié.

Dites-m’en un peu plus…


Si ce motif de consultation peut bénéficier d’une prise en
charge
ostéopathique, alors votre praticien oriente ses
questions afin de
préciser avec vous certaines des caractéristiques de votre
trouble. Et, tel un historien, il va tenter de
retracer avec vous
l’histoire de ce trouble ou de la maladie.
Il vous demandera de
préciser :
La date d’apparition (récent ou ancien) ;
Les circonstances d’apparition (brutalement,
progressivement, etc.) ;
Les facteurs déclenchants (un effort, une mauvaise
position, un traumatisme, etc.) ;
Les facteurs calmants (certaines positions, la prise
de
médicaments, le repos, le sommeil, les changements
de
température, etc.) ;
Les facteurs aggravants (certaines positions, certains
efforts, le repos, etc.) ;
L’évolution (diminution, augmentation, modifications,
etc.) ;
Le traitement éventuel déjà commencé
(prise
d’antidouleurs, d’anti-inflammatoires, etc.).

Ces précisions sont indispensables à la consultation. Elles


servent de base au praticien pour évaluer soigneusement
l’origine de votre trouble.

Faites-moi signe !
La démarche de réflexion du praticien est entreprise par
l’analyse de signes variés qui orienteront sa ou ses prises de
décisions.
Les signes sont les manifestations de la maladie ou d’un
trouble.
Ils peuvent être évalués même si le patient ne les
ressent pas
nécessairement. L’étude des signes est appelée
sémiologie.
Les symptômes sont les signes cliniques décrits par le malade.
Il
peut les ressentir ou s’en plaindre, mais il est généralement
peu
aisé de les évaluer.
L’ostéopathe poursuit son enquête en recherchant ces signes
qui
pourraient être en rapport avec le motif de consultation.
Parmi ceux-ci, on distingue :
Les signes cliniques, eux-mêmes regroupés en deux
catégories, les signes généraux (qui traduisent un
retentissement de la maladie sur le métabolisme comme
la
fièvre ou les démangeaisons par exemple) et les signes
fonctionnels (qui traduisent une altération de la fonction
d’une structure du corps). L’ostéopathe porte un intérêt
tout particulier à ces signes fonctionnels car il est vrai
qu’ils sont souvent laissés de côté, considérés comme
trop
subjectifs ;
Les signes biologiques qui sont mis en évidence
par des
examens spécifiques (analyse du sang ou de
l’urine par
exemple). Ils précèdent souvent les signes
cliniques ;
Les signes d’imagerie, eux aussi, sont mis en évidence
par des examens spécifiques (radiographie, scanner, IRM,
etc.) ;
Les signes pathognomoniques, nom savant pour définir
les signes rares et spécifiques d’une maladie. Par
exemple,
le signe de Köplik, qui se manifeste par de
petites taches
blanches à l’intérieur de la bouche, à
proximité de la
première dent molaire, est le signe
pathognomonique de
la rougeole qui se déclarera peu de
temps après cette
observation.
Apportez vos radios !

Les examens biologiques récents, analyse de sang, d’urine,


etc., sont aussi
très utiles à l’ostéopathe, tout comme
les
examens d’imagerie radio, scanner,
IRM, etc.

Aussi, n’hésitez pas, lors de votre première consultation, à vous


munir des
résultats de ces examens.

Tous ces signes permettent à l’ostéopathe de préciser sa


compréhension du trouble ou de la pathologie dont souffre
son
patient, mais il portera un intérêt tout particulier à l’étude
des
signes fonctionnels.

L’ostéo mène l’enquête


Parfois oubliés, les signes fonctionnels permettent souvent
d’établir des liens logiques entre les altérations fonctionnelles
du
corps et certaines régions anatomiques en rapport.
Les troubles fonctionnels sont parfois silencieux. Aucune
sensation douloureuse ou gênante au quotidien n’est présente.

Ils sont la marque d’une altération de la relation entre une


structure anatomique et sa fonction. Non traitée, la sommation
de ces altérations fonctionnelles conduit parfois à la survenue
de
la douleur ressentie par le patient lors de sa visite au
cabinet de
l’ostéopathe. Ainsi, celui-ci poursuit son enquête
et prend en
note l’ensemble de ces signes fonctionnels. Cela
lui permet
d’établir des liens encore plus précis entre le motif
de
consultation et le fonctionnement général du reste de
l’organisme.
En règle générale, l’enquête ostéopathique se fait suivant les
régions anatomiques ou suivant les grands systèmes du corps
humain (comme le système digestif, respiratoire ou encore
génito-urinaire, etc.).
Parmi ceux-ci, on distingue les signes fonctionnels :
Musculo-squelettiques : les troubles de la fonction
de
certains muscles ou de certaines articulations. Par
exemple, durant l’activité professionnelle, la sollicitation
répétée de certaines régions anatomiques peut être
génératrice de perturbations de la fonction et à terme
de
douleurs.
Crâniens : les troubles du fonctionnement des
organes
des sens contenus dans les cavités du crâne,
et
principalement du visage. Les voies aériennes
supérieures
(nez, bouche, pharynx et larynx), l’audition,
l’olfaction, le
goût, la phonation ou encore la vue peuvent
être perturbés
dans leur fonctionnement.
Thoraciques : les troubles des fonctions cardiaques ou
pulmonaires, potentiellement liées à des blocages au
niveau des côtes ou des vertèbres ou encore à un mauvais
fonctionnement du muscle diaphragme par exemple.
Abdominaux : les troubles de la fonction digestive et/ou
métabolique associée à un mauvais fonctionnement des
glandes annexées au tube digestif (comme le foie ou le
pancréas par exemple). Là encore, des blocages au niveau
des côtes, des vertèbres ou du bassin peuvent perturber
ces fonctions.
Pelviens : les troubles de la fonction urinaire et/ou
génitale. Des blocages au niveau du bassin, des tensions
musculaires à ce niveau peuvent perturber la fonction
des
organes pelviens comme la vessie, la prostate chez
l’homme, l’utérus et les ovaires chez la femme, etc.
Circulatoires : les troubles associés à la circulation
des
fluides de l’organisme, principalement le sang, la
lymphe
ou encore le liquide cérébro-spinal (aussi appelé
parfois
céphalorachidien). Certains blocages ou tensions
musculaires peuvent entraver cette libre circulation
des
fluides et perturber par là même les fonctions des
structures directement en rapport.

Liquide cérébro… quoi ?

Le liquide cérébro-spinal ou céphalorachidien est fabriqué par


certaines
structures situées au niveau de cavités creusées
dans le cerveau appelées
ventricules cérébraux. Tout le
système
nerveux central  –  cerveau et moelle
épinière  –  va
baigner dans ce liquide,
qui joue un rôle de «  coussin  »
hydraulique pour le protéger des chocs ou
traumatismes
éventuels.

Ces signes fonctionnels sont généralement riches d’informations


pour l’ostéopathe mais l’enquête n’est pas terminée pour
autant.
Il est nécessaire de déterminer ce qui, dans le passé
du patient, a
pu jouer un rôle dans la survenue du trouble
présenté le jour de
la consultation. L’ostéopathe part alors à la
recherche des
antécédents.

Les antécédents ou le temps des


souvenirs
Le troisième temps de cet échange verbal est celui du
souvenir.
La démarche d’historien du corps entreprise par
l’ostéopathe se
poursuit. Il va rechercher dans le passé de
ce corps un certain
nombre d’éléments qui pourraient être
responsables du trouble.
Ainsi, l’ostéopathe interrogera ce passé à la recherche
d’antécédents de plusieurs sortes. Il s’intéresse tout
particulièrement aux antécédents :
Traumatiques : les anciennes fractures, entorses,
luxations ou encore les accidents de la voie publique.
Chirurgicaux : d’anciennes opérations chirurgicales
(orthopédiques, viscérales, ORL, etc.), comme la pose
d’une prothèse de hanche ou encore l’appendicectomie
(lorsque l’on souffre d’appendicite), les tonsillectomies
(lorsque l’on enlève les amygdales), les chirurgies
dentaires, la chirurgie réfractive (pour corriger des
troubles de la vue comme la myopie par exemple).
Médicaux : les hospitalisations, les pathologies
diagnostiquées, les traitements médicamenteux au long
cours, etc.
Familiaux : la survenue de cancers, d’hypertension
artérielle, de diabète ou d’autres maladies héréditaires au
sein de la famille.

Le corps a une mémoire


Les corps des patients réagissent et s’adaptent souvent
différemment aux événements traumatiques, chirurgicaux,
médicaux ou familiaux qui rythment la vie de chacun. Chez
certains patients, ils n’auront absolument aucun effet tandis
que
chez d’autres, ils peuvent provoquer une cascade de
conséquences plus ou moins délétères ou durables.
Le corps garde en mémoire la trace de tous les événements
de la
vie et tente de limiter les conséquences des différentes
blessures
ou traumatismes. À ce propos, les ostéopathes
parlent de
mémoire des tissus ou mémoire tissulaire.
L’entorse de cheville est un exemple qui rend bien compte de
l’impact que peut avoir un traumatisme même ancien.

L’exemple de l’entorse de cheville


L’entorse de cheville est un mécanisme lésionnel qui fragilise
et
peut perturber la stabilité de cette articulation qui supporte
quotidiennement le poids du corps. Cette instabilité, si elle
est
insuffisamment traitée (pas ou peu de rééducation
kinésithérapique), est susceptible d’entraîner des compensations
(adaptations de l’organisme), d’abord au niveau du genou
puis
au niveau de la hanche et perturber la mobilité normale
du
bassin et pourquoi pas de toute la colonne vertébrale. Une
métaphore souvent utilisée pour illustrer cette interrelation
des
structures anatomiques du corps est celle des poulies
et des
cordes. Les articulations sont représentées comme
des poulies et
les muscles comme des cordes. Si la mobilité
de l’une ou l’autre
de ces structures est perturbée (et cette
perturbation peut être
ancienne), alors tout le reste peut l’être
également. Cet exemple
est souvent utilisé par les ostéopathes
afin d’illustrer
l’importance de l’histoire du corps du patient.

Globalement psychosocial
Cette anamnèse ne serait pas complète si l’ostéopathe ne
s’intéressait pas à l’environnement professionnel, social ou
personnel et aux habitudes de vie de son patient.
En effet, pour un même problème ou trouble, les habitudes de
vie de chacun peuvent en aggraver ou au contraire en alléger
les
conséquences.

Vous faites quoi dans la vie ?


C’est pour cette raison que l’ostéopathe interroge également
le
patient à propos de :
L’activité professionnelle. Par exemple, un travail
sollicitant préférentiellement les bras, le haut du dos, le
bas du dos, les cuisses et jambes, l’intensité, la fréquence
et la variété des efforts à fournir ou encore le stress
lors de
l’activité professionnelle jouent un rôle dans la
survenue
ou le maintien de certains troubles.
L’activité physique. Le sport pratiqué, l’intensité
et la
fréquence de l’activité physique, le stress de la
compétition et même le passé sportif du patient sont
importants à prendre en compte.
L’alimentation et l’hygiène de vie. Une alimentation
équilibrée ou non, de mauvaises habitudes alimentaires,
un sommeil peu récupérateur, les difficultés
d’endormissement ou de réveil sont autant de paramètres
à considérer également pour comprendre plus
précisément
le trouble du patient.
Les différentes étapes ou épreuves de la vie. La perte
d’un emploi, un déménagement, la récente parentalité,
une rupture ou un divorce, etc. Là encore doivent être
pris
en considération pour comprendre la vie du patient
et aller
à sa rencontre.

L’objet de ces questions n’est en aucun cas de se substituer à une


prise en charge psychologique des problèmes du
patient, ni de
modifier son environnement social. Mais elles
sont nécessaires
afin de préciser avec lui les possibilités du
traitement
ostéopathique. En outre, il n’est pas rare qu’un
certain nombre
de troubles fonctionnels aient une origine
psychosomatique, et
de la même façon, il existe également des
troubles
somatopsychiques qui peuvent bénéficier d’un traitement
ostéopathique.
Le cas échéant, l’ostéopathe est à même d’orienter son patient
vers un thérapeute dont les compétences répondent mieux à
ses
besoins.

Psychosomatique ou somatopsychique

L’origine de ces mots vient du grec


ancien, psyché, qui signifie
l’esprit,
et soma qui signifie le corps. Le
terme
«  psychosomatique  » désigne
la manifestation physique,
affectant
éventuellement la santé du patient,
d’un trouble
psychique. À l’inverse, le
terme « somatopsychique » renvoie à
la
manifestation psychique d’un trouble
dont l’origine est
physique au niveau
du corps. Il est facile d’imaginer qu’une
douleur chronique qui dure depuis
longtemps affecte plus ou
moins durablement la santé mentale d’un individu.

Hypothèses hypothèses…
À l’issue de l’anamnèse, l’ostéopathe est en mesure d’évoquer
un certain nombre d’hypothèses concernant l’origine du
trouble
de son patient.
Deux cas de figure sont alors rencontrés :
Soit la prise en charge n’est pas possible. Par exemple,
si la consultation chez l’ostéopathe fait suite à un
traumatisme très récent, que la douleur est intense et
gêne
les activités de la vie quotidienne, sans avis médical,
il y a
de fortes chances pour que l’ostéopathe adresse, au
préalable, son patient à un médecin pour effectuer des
examens complémentaires (radiographie par exemple).
Certains motifs de consultation doivent faire l’objet
d’une
médicalisation urgente. Il s’agit d’un des objectifs
principaux de l’anamnèse qui est de savoir si oui ou non
le patient peut bénéficier d’un traitement ostéopathique.
En revanche, si une pathologie, même sérieuse, a été
identifiée et diagnostiquée médicalement et fait l’objet
d’une prise en charge spécifique, l’ostéopathe peut alors
proposer d’accompagner son patient vers une guérison
plus rapide ou plus confortable, en favorisant le bon
fonctionnement des régions du corps qui pourraient être
touchées.
Soit la prise en charge est possible. L’évaluation de
l’ostéopathe et la compréhension du corps de son
patient
diffèrent parfois de l’évaluation médicale. Son
objectif
n’est pas de poser un diagnostic comme le
ferait un
médecin mais de reconnaître la structure
anatomique
responsable de la douleur et de comprendre
le mécanisme
de survenue de cette douleur. Les outils
qu’il a à sa
disposition sont ses connaissances en sciences
fondamentales (anatomie, physiologie, sémiologie…)
et
ses mains qui, grâce à la palpation des structures,
le
renseigneront sur l’état des articulations, muscles
viscères, etc.

Une relation de confiance


Les informations, précieuses, recueillies au cours de cet
échange
guident l’ostéopathe vers les tests qu’il doit effectuer
sur son
patient afin de confirmer ou d’infirmer ses hypothèses
et le
mettent en garde sur les techniques qu’il peut ou non
employer
lorsqu’il débute le traitement.
Ce temps particulier de l’anamnèse, même s’il est raccourci
lors
des consultations ultérieures, permet de créer une
relation de
confiance entre le soignant et le soigné. Au fur et à
mesure des
rencontres, cette relation s’enrichit de nouvelles
informations et
permet chaque fois à l’ostéopathe de préciser
et personnaliser la
prise en charge. Ces premiers chapitres
de rencontre et
d’échange permettent d’ouvrir le livre de la
consultation, mais
même s’ils représentent une part importante, le reste de l’histoire
est encore à écrire et, après avoir
écouté et pris en note les récits
de son patient, le praticien
poursuit son investigation par
l’observation et l’évaluation
de son corps.
Chapitre 13
Le temps de l’observation
et des tests

Dans ce chapitre :
Le temps de l’observation

Primum non nocere : Tout d’abord, ne pas nuire


Le mouv’ ostéopathique

Enquête de traitement

L orsque la relation de confiance est établie entre l’ostéopathe et


son patient grâce à l’échange verbal permis par
l’anamnèse,
alors débute l’examen du corps du patient.
Tout d’abord, une phase d’observation permet à l’ostéopathe
de
poursuivre plus avant son enquête de l’état du corps de
son
patient. Grâce à une observation précise de l’anatomie
du corps,
de la tête aux pieds, le praticien notera tous les
éléments qui
peuvent contribuer à une meilleure compréhension du cas de son
patient.
L’ostéopathe demande souvent, mais pas systématiquement,
à
son patient de se mettre en sous-vêtement. En effet, si cela
permet une observation détaillée du corps entier, être en
sous-
vêtements facilite également la réalisation des tests pour
évaluer
le fonctionnement de différentes régions du corps.
Durant cette phase de tests, le praticien réalise, en général, un
examen global afin d’identifier et de comprendre les éléments
qui perturbent le bon fonctionnement de l’organisme et qui
sont
à l’origine des symptômes présentés par le patient. Cette
phase
se déroule en deux temps. Le premier temps, plutôt
médical,
consiste à mobiliser certaines régions de votre corps
et à
confirmer ou non la possibilité d’une prise en charge
ostéopathique. Ces tests sont identiques à ceux pratiqués
par les
médecins ou les chirurgiens pour évaluer la nature et
l’importance d’une lésion (d’un muscle, d’un ligament, d’un
cartilage, etc.). Le second temps, plus ostéopathique, consiste
à
évaluer la mobilité des zones anatomiques dont le
fonctionnement peut être perturbé.
Enfin, en complément des informations recueillies lors de
l’anamnèse et à l’issue de l’observation et des tests effectués,
l’ostéopathe est en mesure de formuler une hypothèse sur la
nature du trouble et, sans contre-indications, de le prendre en
charge.

Le temps de l’observation
L’observation du corps du patient est un temps important car,
bien souvent, elle permet d’orienter plus précisément les tests
à
effectuer par la suite. Cette observation s’effectue dans un
premier temps patient debout, le praticien l’observe alors de
profil, de face et de dos.
Parmi les différents éléments que l’ostéopathe observe,
notons
par exemple :

La peau
La couleur ou la texture de la peau est très riche d’informations
pour l’ostéopathe (une peau pâle, bleue, rouge,
présentant des
décolorations, des plaques rouges, des
boutons, etc., peut
renseigner le praticien sur d’éventuels
troubles). Les cicatrices,
la présence de grains de beauté et
leur aspect, des œdèmes
(gonflements), des desquamations
de certaines régions, toutes
ces affections peuvent parfois
être associées à des troubles,
musculaires, articulaires ou
encore osseux, et ce sont autant
d’informations supplémentaires qui permettent à l’ostéopathe de
mieux comprendre la
nature des troubles présentés le jour de la
consultation.

La posture (position du corps dans


l’espace)
L’ostéopathe observe globalement la façon dont se tient son
patient.
Cette observation de la posture permet d’identifier d’éventuelles
contraintes mécaniques qui pourraient s’exercer sur
différentes
régions de l’anatomie du patient. Ces contraintes
peuvent, à leur
tour, entraîner des blocages ou de mauvais
fonctionnement des
articulations ou des tensions au niveau de
certains muscles.
L’observation et l’analyse de la posture peuvent fournir des
informations sur l’état de fatigue, l’anxiété ou le stress du
patient
au moment de la consultation. Elles peuvent également mettre
en évidence certaines pathologies ou syndromes.
La maladie de
Scheuermann durant l’adolescence laisse,
en général, quelques
traces observables sur la posture des
individus (voir chapitre 3).
Les patients souffrant ou ayant
souffert d’asthme présentent une
posture particulière, notamment marquée au niveau de la cage
thoracique et causée par
les difficultés respiratoires.

Les différentes régions du corps


L’observation se poursuit par celle, plus détaillée, des différentes
parties du corps. Par exemple, lorsque le patient est
debout,
l’ostéopathe observe si la tête est penchée en avant,
les épaules
enroulées vers l’avant, s’il y a une épaule ou une
hanche plus
haute que l’autre, si la voûte plantaire est creusée
ou affaissée,
etc.
Autant de signes qui peuvent, là encore, renseigner
l’ostéopathe
sur des blocages articulaires ou des tensions
musculaires et qui
sont parfois la manifestation d’une adaptation du corps à ces
blocages ou tensions.
Cette observation très générale et globale dans un premier
temps
devient beaucoup plus détaillée et spécifique dans
un second
temps. Elle permet au praticien, en général, de
confirmer
certaines hypothèses qu’il aurait pu formuler lors
de l’anamnèse
(voir chapitre 12). Elle lui permet également
assez rapidement
d’identifier les zones à tester plus spécifiquement lors de la
phase suivante.
C’est à ce moment précis que l’ostéopathe va poser ses
mains
sur son patient. Ce dialogue entre le soignant et le
soigné, initié
lors de l’anamnèse, se poursuit par la rencontre
physique que
permet le toucher.
L’art de la pratique ostéopathique prend alors une autre
dimension. La main experte du praticien poursuit l’enquête
commencée plus tôt et part à la recherche de perturbations de
la
fonction et de la mobilité de certaines régions du corps.

Maintenant à vous de jouer !


Il peut être intéressant de prendre quelques instants pour
s’observer soi-même.
Pour cela, positionnez-vous debout face à un miroir. Soyez
relâché et naturel, personne d’autre que vous ne vous regarde !
Observez chaque partie de votre corps, face au miroir, pour le
voir en totalité et recherchez des différences (tout comme le
jeu
des 7 différences) :

Tête et cou
Ma tête penche-t-elle à droite ou à gauche ?
Ma tête est-elle plutôt tournée vers la droite ou vers la
gauche ?
Mon menton est-il rentré ou plutôt déporté vers l’avant ?
Ma musculature au niveau de mon cou semble-t-elle
identique à droite et à gauche ?

Épaules
Mes épaules sont-elles à la même hauteur ?
Sont-elles enroulées vers l’avant ou déportées en arrière ?
Ont-elles tendance à tourner vers la droite ou vers la
gauche ?
Existe-t-il une différence de musculature entre l’épaule
gauche et droite ?

Bras
L’espace entre mon bras et mon tronc (abdomen/thorax)
est-il le même à droite et à gauche ?
La position de ma main est-elle identique des deux côtés ?
Existe-t-il une différence de musculature entre mon bras
droit et mon bras gauche ?
Des articulations paraissent-elles plus gonflées que les
autres ?

Thorax
Certaines côtes sont-elles plus apparentes d’un côté ?
Lorsque j’inspire et expire, mon thorax bouge-t-il de la
même manière à droite et à gauche ?
Existe-t-il des différences de musculature de mes
pectoraux à droite ou à gauche ?
Un des mamelons (tétons) est-il plus bas d’un côté ?

Jambe
Mes rotules sont-elles tournées plutôt vers l’extérieur ou
vers l’intérieur ?
Mes genoux sont-ils plutôt arqués ou en X ? Quand je
joins mes pieds, mes genoux se touchent-ils ou sont-ils
loin l’un de l’autre ?
Existe-t-il une différence de musculature entre la droite et
la gauche ?
Certaines articulations sont-elles plus gonflées que les
autres ?

Pied
Est-il plus tourné vers l’extérieur que l’autre ?
A-t-il tendance à s’appuyer davantage sur l’extérieur ? Sur
l’intérieur ?
Ai-je une boule sur la partie interne de mon gros orteil ?
Mes doigts de pieds sont-ils recroquevillés ?
Est-ce que je me sens instable en position statique ?

De profil, c’est plus dur, mais vous pouvez observer :

Tête et cou
Ma tête est-elle projetée en avant ou en arrière ?

Courbures du dos
Sont-elles très marquées ou peu présentes ?

Genoux
Y en a-t-il un plus fléchi ou plus tendu que l’autre ?

Primum non nocere : Tout d’abord, ne


pas nuire
Voilà un des objectifs principaux de la plupart des soignants.
Cette formule est, bien entendu, au centre des préoccupations
des ostéopathes. L’entretien verbal au début de la consultation,
ou anamnèse, est une première étape pour comprendre
le trouble
du patient afin de savoir s’il peut bénéficier ou non
d’un
traitement ostéopathique. Mais dans certaines situations, le
patient n’est pas toujours à même de répondre aux
questions
posées par le praticien. C’est la raison pour laquelle
ce dernier
va préciser un certain nombre d’informations
recueillies au
cours de l’anamnèse en testant spécifiquement
son patient.
Quelques tests
La plupart des tests utilisés sont identiques à ceux pratiqués
par
les médecins cliniciens. Généralement à mi-chemin entre
les
tests réalisés en rhumatologie et en orthopédie, ces tests
ont pour
fonction d’identifier des lésions de la structure
osseuse,
musculaire, ligamentaire, vasculaire ou nerveuse de
certaines
régions du corps. Ces informations sont précieuses
pour
l’ostéopathe, qui affinera ainsi sa compréhension du cas
de son
patient. Il adaptera éventuellement les techniques qu’il
utilise
lors du traitement et parfois adressera son patient vers
un autre
soignant, plus compétent pour prendre en charge le
trouble dont
il souffre.

Rhumatologie et orthopédie

La rhumatologie est une spécialité


médicale qui traite les
maladies de l’appareil locomoteur, c’est-à-dire les articulations,
les muscles, les ligaments,
les os, etc.

L’orthopédie ou chirurgie orthopédique, est une spécialité


chirurgicale
qui prend en charge également les
affections de
l’appareil locomoteur
comme les traumatismes, fractures,
luxations, pose de prothèse, etc.

Certaines atteintes osseuses, cartilagineuses ou ligamentaires


se
manifestent uniquement par une douleur, sans impotence
fonctionnelle (incapacité à remplir sa fonction pour une région
anatomique donnée de l’appareil locomoteur, bras, jambes
et
tronc), ni œdème (gonflement qui s’observe lorsqu’une
structure
anatomique s’enflamme après un traumatisme par
exemple).
C’est la raison pour laquelle l’ostéopathe utilise une
procédure
standardisée de tests pour préciser, autant que
possible, la nature
de l’atteinte provoquant la douleur.
Les tests utilisés ont été choisis, en général, pour leur sensibilité
et pour leur spécificité.

Sensibilité et spécificité d’un test

Ces deux termes sont utilisés par les


statisticiens. La sensibilité
mesure la
capacité d’un test à être positif quand
l’hypothèse de
départ est vérifiée.
Cela permet au soignant de dire qu’il
est
vraisemblable que le patient soit
atteint de tel ou tel autre
trouble si le
test est sensible.

À l’inverse, la spécificité mesure la


capacité d’un test à être
négatif quand
l’hypothèse de départ n’est pas vérifiée. Cela
permet au soignant de dire
qu’il est vraisemblable que le patient
ne soit pas atteint de tel ou tel autre
trouble si le test est
spécifique.

Que recherche l’ostéo ?


Lors de ces tests, le soignant évalue de nombreux paramètres,
comme l’intégrité d’une structure anatomique ou encore la
mobilité trop importante ou trop limitée d’une articulation.
Très
attentif à la douleur possiblement provoquée par ses
gestes,
l’ostéopathe requiert la collaboration du patient pour
évaluer
avec précision la nature de l’atteinte.
Parmi les structures anatomiques régulièrement évaluées par
l’ostéopathe, on distingue :
Les os et les cartilages articulaires, à la recherche de
déformations éventuelles ou de douleurs très spécifiques
lors de certains mouvements par exemple.
Les tendons et les muscles, à la recherche de douleurs
spécifiques au niveau des tendons par exemple ou de
ruptures de fibres musculaires en cas de déchirure.
Les vaisseaux sanguins et les nerfs, à la recherche de
zones où des vaisseaux ou des nerfs pourraient être
comprimés, perturbant ainsi leur fonctionnement.
Typiquement, citons la douleur sciatique (souvent
liée à
une compression du nerf à différents endroits),
qui se
manifeste derrière la cuisse et souvent plus bas
également.
Il n’est pas rare qu’en plus de la douleur, la
sensibilité de
cette région soit également perturbée, et
l’ostéopathe
évalue soigneusement ces éventuelles pertes
de
sensibilité.

Macro et micromouvements
Enfin, une part importante est réservée à l’évaluation de la
mobilité de différentes régions anatomiques. Le mouvement
est
permis par de nombreuses structures. Même s’il est
courant de
dire que ce dernier est dépendant de l’activité
musculaire, de
nombreuses autres structures y participent
(os, articulations,
ligaments, nerfs, fascias, etc.).
Les mouvements évalués lors de ces tests sont qualifiés de
macromouvements, c’est-à-dire qu’ils sont visibles.
La seconde phase de tests pratiqués par l’ostéopathe a pour
objectif d’évaluer les micromouvements (des articulations
principalement), qui sont invisibles mais perceptibles lors de
la
palpation.

Le mouv’ ostéopathique
Commence à présent l’évaluation manuelle spécifique à
l’ostéopathie. Les mains expertes de l’ostéopathe partent à la
recherche d’informations pour répondre à certaines questions
qu’il a pu se poser lors de l’anamnèse ou encore lors de
l’observation. L’enquête continue.
Les différents éléments que la palpation ostéopathique
va
analyser sont nombreux, parmi ceux-ci :
la température de la peau ;
la texture, la densité et la forme des structures
anatomiques ;
les mobilités.

Chaud ou froid ?
La température cutanée (de la peau) est une des premières
informations que l’ostéopathe reçoit lorsqu’il vient au contact
du
corps de son patient. Cette température peut refléter
l’état du
tissu situé juste en dessous (muscles, articulations,
organes, etc.).
Si vous présentez une rougeur cutanée, comme lors d’une
inflammation, et que vous passez votre main dessus, vous
allez
sentir une zone plus chaude. Autre exemple, lorsque
vous venez
d’ingérer des aliments, la température de la région
de l’estomac
va augmenter car ce dernier est en activité pour
assurer son rôle
dans la digestion. Lorsque vous commencez
une activité
physique où vos membres inférieurs (cuisses et
jambes) sont
sollicités, la température mesurée à la surface
de la peau va
progressivement augmenter à cause de l’activité
musculaire.
Ainsi, la température cutanée peut renseigner sur l’activité
normale ou anormale d’une région anatomique, et donc
informer
l’ostéopathe d’un éventuel fonctionnement anormal.
Avoir le sens chaud

Cette capacité d’analyse de la température est appelée


thermoréception ou
La main humaine contient de  1  à
5  points
sensibles au froid et 0,4 point
au chaud par centimètre carré de
peau.
La peau du visage contient, quant à elle,
thermoception.
Il s’agit de la sensation non douloureuse de la température
grâce à des récepteurs cutanés
spécialisés appelés
thermorécepteurs.
Chez l’homme, la perception de la
température se fait grâce à des points d’environ  1  mm de
diamètre, situés dans
les couches superficielles de la peau
(épiderme et derme).
16  à  19  points au froid par centimètre
carré. Ces thermorécepteurs peuvent
détecter des variations
de  0,01  oC.
D’autres cellules appelées thermonocicepteurs
vous alertent lorsque la température cutanée monte au-dessus
de
4 3 oC ou descend au-dessous de 17 oC.

Ça prend forme
La texture, la densité et la forme des structures anatomiques
sont
appréciées par la palpation ostéopathique. L’ostéopathe
va se
créer une représentation mentale des structures superficielles ou
plus profondes qui constituent votre corps grâce à
cette
palpation.
J’ai la pression

Vous constaterez que votre ostéopathe, de temps en temps,


contracte
ses doigts, les écarte, appuie davantage, relâche la
pression, tourne la
main… La finalité est d’appliquer la
juste
pression afin d’apprécier la «  qualité  » d’une structure
anatomique. Il fait
donc varier les appuis de ses mains et
ses
doigts pour entrer en contact avec
un tissu plus ou moins
profond.

La texture de la surface de la peau est régie par la présence de


glandes cutanées de deux types : les glandes sudoripares et les
glandes sébacées. Les glandes sudoripares sécrètent la sueur
qui
permet de réguler en partie la température corporelle à la
surface
de la peau. Les glandes sébacées sécrètent le sébum
qui permet,
entre autres, de lubrifier le poil (follicule pileux) et
d’éviter le
dessèchement de la peau. Les différences de texture
de la peau
renseignent l’ostéopathe à plusieurs niveaux, mais
principalement sur le fonctionnement du système nerveux
autonome qui régule les sécrétions de ces glandes cutanées.
La densité et la forme de différentes structures anatomiques
sont
évaluées par la palpation ostéopathique. Grâce à des
connaissances anatomiques et un entraînement régulier de
son
sens du toucher, l’ostéopathe est capable d’apprécier des
variations, même infimes, de la densité ou de l’architecture
tridimensionnelles de certaines régions anatomiques.

La palpation ostéopathique
Pour illustrer la technique de palpation utilisée par l’ostéopathe,
il existe un exercice amusant. Placez une bille à
l’intérieur d’une
boule de pâte à modeler et, progressivement,
partez à la
recherche de cette bille en tentant d’apprécier les
différences de
densité des deux structures.

Ça bouge ?
La mobilité fera ensuite l’objet d’une attention toute particulière.
Les micromouvements des articulations ou d’autres
structures
seront ainsi étudiés.
L’ostéopathe part à la recherche de perturbations de cette
mobilité, lesquelles lui permettront d’aboutir dans son
enquête.
Il qualifiera ces perturbations de dysfonctions
ostéopathiques.
Des restrictions de la mobilité, pouvant même conduire au
blocage de certaines structures, ou à l’inverse une mobilité
trop
importante sont autant de paramètres qui aideront à
définir la
dysfonction ostéopathique.

La dysfonction ostéopathique
On l’appelle parfois également dysfonction somatique, soma
faisant référence au corps. Il s’agit d’un trouble (dys – ) d’une
fonction du corps. En d’autres termes, il s’agit d’une
perturbation du rôle que doit jouer une structure anatomique
dans l’ensemble du corps. Chaque élément doit jouer un ou
plusieurs rôles dont dépend l’organisme tout entier. Il existe
donc une relation étroite entre structure et fonction. Cette
relation est mutuelle et réciproque, c’est-à-dire que la structure
influence la fonction et la fonction influence la structure.
Comprendre comment ces structures fonctionnent et
interagissent entre elles est l’objectif principal de l’ostéopathe.
Le philosophe français Alain disait : « Savoir, c’est comprendre
comment la moindre chose est liée au tout. » Si nous lisons
cette
citation à travers le prisme du paradigme ostéopathique, elle
permet d’illustrer l’importance que l’ostéopathe
accorde aux
dysfonctionnements, même mineurs (« la moindre
chose »), et
dont les répercussions se manifestent parfois dans
tout le corps
(« liée au tout »). L’identification et la compréhension des
dysfonctions ostéopathiques sont les fondements de
la quête et
de l’enquête du praticien pour assurer le mieux-être
de son
patient.
Ces dysfonctions sont nommées en relation avec le
mouvement
facilité. Si une vertèbre, par exemple, tourne
correctement vers
la gauche mais qu’elle est bloquée
pour tourner à droite, alors
l’ostéopathe dira qu’elle est
en dysfonction de rotation gauche.

Du côté des articulations


Le mouvement des structures ostéo-articulaires est évalué
en
mobilisant très précisément et finement l’amplitude du
mouvement de chaque articulation testée et comparés aux
mouvements de la même structure de l’autre côté du corps.
Par exemple, si le genou gauche est douloureux, l’ostéopathe
évalue, en général, la mobilité du genou droit dans un premier
temps, puis celle du genou gauche. Lorsque les structures
testées
sont situées au niveau de l’axe du corps, comme les
vertèbres,
elles sont mobilisées d’un côté puis de l’autre.
La vertèbre est
mobilisée en la tournant vers la gauche,
puis vers la droite, etc.
Évaluer sa mobilité articulaire

Placez-vous assis avec les bras allongés devant vous. Faites


en sorte que
vos paumes de main soient orientées
vers le haut
puis tendez votre coude.
Si vous présentez un coude qui se
tend plus loin que l’autre, il est possible que ce coude soit en
dysfonction
d’extension ou bien que l’autre soit en
dysfonction
de flexion.
De la même façon, si vous tournez votre
tête vers la
droite, puis vers la gauche.
Si vous constatez que vous tournez
mieux du côté gauche par exemple, il
est possible qu’une
vertèbre cervicale
tourne trop à gauche. Il est dit alors
qu’elle
est en dysfonction de rotation
gauche.

Du côté des muscles


Le mouvement des structures musculaires est évalué en
éloignant les points d’insertion osseuse du muscle (étirement)
ou
au contraire en les rapprochant (contraction). Des muscles
tendus ou contractés perturbent le mouvement des articulations
qu’ils mobilisent.
La plupart des muscles sont fixés à des pièces osseuses
différentes et dont ils permettent le mouvement au niveau
de
l’articulation qui les sépare. Par ailleurs, tous les muscles
sont
entourés d’une fine couche de tissu appelée fascia.
Les fascias, ou aponévroses, sont des tissus de soutien de
l’organisme qui délimitent des espaces au sein de l’organisme.
Ils recouvrent et enveloppent certains tissus, comme le tissu
musculaire, un peu à la manière d’un film alimentaire. Ces
fascias forment une unité de structure et sont reliés entre eux
au
sein de l’organisme.

Comprendre les mouvements des fascias


Pour comprendre à quoi ressemblent ces tests des mouvements
des structures fasciales, voici un autre exercice
amusant. Prenez
une serviette de bain que vous étalez sur
le sol. Placez un objet
lourd sur la serviette, peu importe
l’endroit. Enfin, placez-vous
au niveau de l’un des bords de
la serviette et, tout en fermant les
yeux, tractez doucement
vers vous le bord de la serviette que
vous tenez en main. En
étant très attentif à ce que vous
ressentez, vous pourrez alors
évaluer plus ou moins précisément
la position de l’objet sur la
serviette.
Au sein de l’organisme, l’objet lourd est une zone où le fascia
est fixé, pour différentes raisons, et c’est précisément ce que
recherche la main experte de votre ostéopathe.

La tête et le ventre
Le mouvement des structures crâniennes et viscérales peut
être
évalué de plusieurs manières. L’objectif de ces différentes
méthodes d’évaluation reste néanmoins le même : mettre
en
évidence des restrictions de mobilité de ces structures,
altérant
par là même leur fonction.

Du côté de la tête
Le crâne d’un enfant en bas âge est composé de différentes
pièces qui ne sont pas encore reliées entre elles par du tissu
osseux (voir chapitre 2). Ainsi, les positions anormales de
certaines de ces pièces osseuses, à la suite d’un accouchement
difficile par exemple, peuvent être appréciées par
l’ostéopathe
qui, à l’aide de techniques très douces, tente de
corriger ces
malpositions.
Le crâne d’un adulte est, en général, totalement rigide, les
différents os qui le constituent sont solidement reliés les uns
aux
autres par du tissu osseux. Néanmoins, les ostéopathes
pratiquant l’ostéopathie crânienne vont tenter d’évaluer la
micromobilité de certaines de ces structures. Au niveau du
crâne
d’un adulte persistent, entre les différents os des séparations
appelées sutures crâniennes.

D’où vient l’ostéopathie crânienne ?

Journaliste de formation, William


Garner Sutherland (1873-
1954) se
forme, à la fin du XIXe siècle, à l’ostéopathie auprès
d’Andrew Taylor
Still, fondateur de l’ostéopathie (voir
chapitre 1). Passionné d’anatomie,
Sutherland observe un jour
le modèle
anatomique d’un crâne dont toutes les
pièces
osseuses ont été séparées les
unes des autres et organisées
sur un
socle. Ce crâne «  éclaté  » l’amène à
se poser de
nombreuses questions. La
première d’entre elles étant pourquoi
les os du crâne sont-ils toujours, à l’âge
adulte, séparés les uns
des autres par
des sutures  ? C’est alors qu’il postule
que ces
sutures permettent de maintenir une forme de mobilité, même
minime, entre ces différents os. Et
donc, en accord avec les
principes
ostéopathiques  –  maintenir ou restaurer le
mouvement des structures
du corps  –, il va poser les bases
d’une
nouvelle approche pour mobiliser les
os du crâne.
L’ostéopathie crânienne
était née.

Du côté du ventre
Les viscères sont maintenus et protégés, à l’intérieur de
l’abdomen par de nombreux éléments anatomiques. Des os,
des
muscles, des fascias, contribuent à maintenir ces organes
à leur
place, afin qu’ils puissent remplir leurs rôles.
L’abdomen est limité en haut par le muscle diaphragme, en
forme de voile de parachute, qui sépare l’abdomen du thorax.
Ce
muscle joue un rôle fondamental lors de la respiration.
À chaque
mouvement respiratoire, les viscères contenus dans
l’abdomen
(comme ceux contenus dans le thorax) effectuent
des
mouvements de va-et-vient réguliers dus à la montée
et à la
descente du diaphragme (voir chapitre 11). Il arrive
parfois que
de mauvais fonctionnements d’un viscère, pour
diverses raisons,
d’anciennes maladies par exemple, freinent
ou empêchent le
mouvement normal de ce viscère lors des
mouvements
respiratoires. Et si ce viscère ne peut plus se
mobiliser
normalement, alors, il arrive que son fonctionnement puisse être
perturbé. L’ostéopathe cherche donc
à évaluer ces pertes de
mobilité afin d’éventuellement les
prendre en charge par la suite.

Organes et viscères

Un organe est un ensemble de tissus


qui participent à une
même fonction
physiologique. On parle par exemple
d’organe
digestif ou on dit aussi que
la voix est l’organe de la phonation.

Un viscère, quant à lui, est un organe


que l’on trouve à
l’intérieur d’une
cavité du corps comme le crâne, la
cage
thoracique ou l’abdomen. Le
cerveau est un viscère, tout
comme
le foie par exemple.

Enquête de traitement
À l’issue de tous ces tests, le dénouement approche.
L’enquête
se termine et le ou les coupables sont identifiés. Toutes les
informations reçues au cours de l’échange
durant l’anamnèse et
celles qu’ont apportées les différents
tests permettent à
l’ostéopathe d’avoir une idée globale et
en même temps précise
de la stratégie thérapeutique qu’il
doit mettre en œuvre. Globale
car le raisonnement ostéopathique ne concerne pas uniquement
la zone douloureuse ou
gênante, mais l’ensemble du corps et
l’interrelation des différentes structures. Et précise car, grâce à
ses connaissances
anatomiques et physiologiques, il a déduit de
toutes les informations la manière dont les dysfonctions
ostéopathiques se
sont mises en place et les éventuelles
compensations que le
corps a utilisées pour s’adapter. Ce qui
finalement guidera la
manière dont il peut les prendre en charge.

Un exemple pour comprendre


Vous consultez car votre médecin a diagnostiqué chez vous,
grâce à un examen radiologique, une hernie discale au niveau
lombaire (déchirure du disque situé entre les vertèbres
accompagnées d’une sortie du matériel contenu dans ce disque).
Et cette pathologie vous fait souffrir de douleurs dans le bas
du
dos. C’est assez normal de souffrir dans ce genre de situation !
Les anti-inflammatoires prescrits par votre médecin vous
soulagent moyennement. À la question « Est-ce qu’un
ostéopathe peut me guérir de ma hernie discale ? », la réponse
est
non ! En revanche, dans certains cas, si le problème est
ancien
et qu’il n’y a aucun critère de gravité, l’ostéopathe
recherche
dans votre passé, lors de l’anamnèse, des événements
qui
auraient pu favoriser la survenue de cette hernie (des chutes,
des entorses, des chirurgies, etc.).
Ensuite, l’ostéopathe effectue un certain nombre de tests,
d’abord pour évaluer la gravité éventuelle de votre trouble
puis
pour confirmer ou infirmer les hypothèses de compréhension du
mécanisme à l’origine de la hernie. Il est possible,
par exemple,
qu’une entorse de cheville mal rééduquée cause
un trouble de la
posture générale de votre corps. La mobilité
générale de vos
genoux, hanches, bassin et également des
vertèbres lombaires
peut être perturbée. Des contraintes
mécaniques trop importantes
s’exercent alors sur la région
lombaire et un simple effort, lors
d’un soulevé de charge par
exemple, peut favoriser la déchirure
du disque cartilagineux
situé entre les vertèbres et donc la hernie
discale.
Votre ostéopathe vous proposera alors de prendre en charge
les
dysfonctions liées à l’entorse mal rééduquée et corriger
ainsi la
posture générale de votre corps. Cela permet de
diminuer par là
même les contraintes mécaniques s’exerçant sur la colonne
lombaire et peut favoriser la rémission
de la hernie ou soulager
certaines des douleurs qui y sont
associées.
Il est maintenant temps de comprendre comment se déroule
la
prise en charge ostéopathique. Abordons ensemble les
dernières
étapes de la consultation.
Chapitre 14
Le temps de la manipulation

Dans ce chapitre :
Une prise en charge globale

La santé est en nous !

Concrètement, lors d’une consultation que se passe-t-il ?


Les trois approches : mécaniste, fluidique, biodynamique

Alors, combien de séances ?

L a consultation ostéopathique se termine. L’enquête a


abouti.
Une hypothèse a été formulée concernant le ou
les responsables
du trouble présenté par le patient le jour
de la consultation. La
prise en charge thérapeutique va alors
commencer.
L’ostéopathie, vous l’aurez compris, ne se résume pas au seul
traitement, elle devrait être considérée davantage comme
une
philosophie du soin à part entière, et sur certains points,
différente de la philosophie médicale. La recherche des causes
et
la compréhension d’un trouble sont les fondements de
cette
pratique. La prise en charge qui en découle n’en est que
l’aboutissement. Pour comparer, on ne résume pas la pratique
médicale au simple fait de prescrire des médicaments ! Afin
de
comprendre le raisonnement de l’ostéopathe lors de la
prise en
charge, il est nécessaire de convoquer la philosophie
et les
principes ostéopathiques qui en illustrent les différents
enjeux.
Une prise en charge globale
La prise en charge thérapeutique est, généralement, la raison
principale qui conduit un patient chez son ostéopathe. Les
temps
de l’anamnèse, de l’observation, de la palpation n’ont
d’intérêt
que pour proposer une prise en charge au patient. En
admettant
que la prise en charge ostéopathique est possible et
qu’il n’y a
pas de contre-indication absolue à la mise en place
d’un
protocole de traitement, l’ostéopathe va alors mettre en
application son art du soin.

Le mouvement, c’est la santé !


Cette prise en charge, comme le disait John Martin Littlejohn,
élève d’A. T. Still (voir chapitre 1), est une méthode
systématisée de soin, non pas une série de principes, mais un
unique
principe, à savoir l’ajustement, l’équilibration ou
l’harmonisation du corps.
Ces ajustements, ou « rééquilibrations », n’ont d’autres
fonctions
que celles de rétablir le mouvement naturel de
structures du
corps, et par là même l’état de santé. Cette idée de
restaurer le
mouvement est assez ancienne, car Hippocrate déjà
évoquait
l’importance de la libre circulation des humeurs pour
maintenir
la santé. Le mouvement et la circulation des fluides du
corps
(le sang, la bile, etc.) étaient les conditions essentielles à la
santé. Le mouvement, c’était la santé et c’était donc aussi la
vie.
Et même si cette théorie paraît aujourd’hui un peu désuète,
à la
lumière des progrès scientifiques de la médecine depuis
cette
époque, cette idée du dynamisme et du mouvement
permettant la
santé reste au cœur des préoccupations des
ostéopathes
lorsqu’ils initient la prise en charge de leur patient.

Globalement positif
L’idée de globalité de l’individu, si fréquemment retrouvée
dans
un certain nombre de thérapies alternatives, est au
centre des
préoccupations ostéopathiques. Le corps est considéré comme
un système au sein duquel l’ensemble des parties
le constituant
sont en relation les unes avec les autres et ne
sont pas étudiées
de manière isolée (voir chapitre 8).

Restaurer l’harmonie du corps


À l’instar du corps médical, A.T. Still utilisait aussi la
métaphore
du corps-machine. En revanche, cette représentation n’avait
aucunement pour objectif de séparer toutes
les parties du corps
mais simplement de le considérer
comme un « tout » et de
montrer l’interdépendance des
structures et de leurs fonctions
qui, lorsque la santé n’est
pas altérée, fonctionnent en harmonie.
En cas de troubles ou
de problèmes, l’ostéopathe n’intervient
que pour restaurer
cette harmonie. Un peu comme un
mécanicien qui ajusterait certains réglages pour que le moteur
dont il s’occupe
fonctionne de manière optimale.
L’objectif pour l’ostéopathe lors de la prise en charge de son
patient est de toujours garder à l’esprit l’interrelation qui
existe
entre la structure et la fonction de la région anatomique
sur
laquelle il porte son intérêt.

La santé est en nous !


À propos de la médecine moderne, John Martin Littlejohn
disait
qu’elle oubliait parfois le pouvoir natif du corps de
combattre la
maladie. Il ajoutait : « Et pourtant, ce principe est
aussi vieux
que la guérison elle-même, vis medicatrix naturae
(pouvoir de
guérison de la nature), c’est-à-dire que le corps
possède en lui-
même les moyens essentiels pour sa propre
défense. »
Pour illustrer cette idée, il est aisé de comprendre que si la
cicatrisation était impossible après une opération chirurgicale,
alors aucune chirurgie ne serait possible.
Par ailleurs, A. T. Still énonçait déjà que « trouver la santé
devrait être l’objectif du docteur ».
Le choix philosophique de l’ostéopathe est aussi de s’appuyer
sur les ressources du corps plutôt que de l’assister en
permanence en partant du principe qu’il est une machine
défaillante.

Le corps capable d’autoguérison


Durant l’Antiquité, Hippocrate disait déjà : « Tout est vain
quand on veut forcer la nature », c’est finalement cette idée
que
les ostéopathes mettent en application lors de leurs prises
en
charge. Ils accompagnent le corps sur le chemin de sa
propre
guérison mais rien de plus.
Digne héritière de l’essentiel de la médecine hippocratique,
lors
de la prise en charge des patients, l’ostéopathie propose
sa
conception de la « nature médicatrice » et des capacités
d’autoguérison du corps. En son temps, Hippocrate proposait
une approche empirique, bien plus rationnelle que
l’approche
magique et/ou religieuse des « médecins » de son
époque. Il
invitait les médecins au lit des patients, afin de les
ausculter et
d’encourager l’examen clinique (étymologiquement rappelons
d’ailleurs que ce mot vient du grec ancien
klinè qui signifie le
lit), l’utilisation de la main comme outil
diagnostique et
thérapeutique, instrument de connaissance et
de traitement. La
démarche d’A. T. Still était également de faire
confiance au
corps et à ses capacités d’autoguérison. Et même
si l’efficacité
des médicaments et de la chirurgie aujourd’hui
est bien plus
importante qu’à l’époque de Still, ce principe
d’autoguérison
n’en est pas pour autant caduc.
La chorégraphie ostéopathique
«  La technique la plus parfaite est celle
qu’on ne remarque pas  » (Pablo
Casals)

Ce qui ne signifie pas pour autant que


la technique n’est pas importante.
Que ce soit pour un musicien ou un
ostéopathe, un entraînement rigoureux
et régulier est nécessaire à la
pratique de son art. John Wernham
(1907-
2007), ostéopathe anglais et
élève de Littlejohn, disait à ce sujet
que : « Le
meilleur de la performance
n’émerge que de l’application d’une
technique
longuement acquise, dont
l’application est devenue inconsciente
et où la
spontanéité du geste ne trahit
en rien les moyens par lesquels un tel
niveau
a été atteint. »

Concrètement, lors d’une consultation


que se passe-t-il ?
Plusieurs types de prise en charge peuvent aujourd’hui être
rencontrés lors d’une consultation.
Certains ostéopathes ont une approche exclusivement
mécaniste
de leur patient tandis que d’autres auront une
approche
fluidique, d’autres encore une approche plus spirituelle, dite
biodynamique. Quel que soit le type d’approche,
tous les
ostéopathes gardent à l’esprit le principe unique de
prise en
charge qui est l’ajustement ou « rééquilibration » du
corps du
patient. Nombreux sont également les ostéopathes
qui utilisent
deux ou même les trois approches différentes en
fonction des
situations.
L’éventail de techniques dont dispose l’ostéopathe est large,
chacune ayant pour objectif de restaurer le mouvement qui
aurait
été perdu par certaines structures anatomiques, comme
les
articulations, les muscles, les fascias, les viscères ou
encore les
articulations des os du crâne. Ainsi, les techniques
utilisées sont
choisies en fonction de la situation du patient et
de la nature du
trouble qu’il rencontre, en fonction des tests
pratiqués au
préalable par l’ostéopathe (voir chapitre 13), en
fonction des
informations recueillies lors de l’anamnèse (voir
chapitre 12) et
aussi, et surtout, en fonction des préférences
du praticien pour
telle ou telle autre approche du soin.

Une approche mécaniste


Cette approche intéresse quasiment exclusivement le système
musculo-squelettique (voir chapitre 10). Elle illustre le plus
souvent la conception populaire de l’ostéopathie.
Après avoir testé la mobilité d’une articulation, en cas de
restriction, l’ostéopathe peut utiliser tout un éventail de
techniques pour restaurer la mobilité perdue. Malgré la
spécificité apparente de ces techniques, l’ostéopathe les
réalise
toujours en gardant à l’esprit que l’articulation dont la
mobilité
est restreinte est une partie d’un ensemble plus large
qu’est le
corps humain. Le concept de globalité de l’individu
est toujours
présent à l’esprit de l’ostéopathe. En outre, cette
approche
mécaniste nécessite, afin d’expliquer la ou les
dysfonctions
ostéopathiques prises en charge, la connaissance
de nombreuses
notions de physiologie du système nerveux.
La neurophysiologie permet de comprendre les raisons qui
conduisent un ostéopathe à utiliser une technique sur une
région
anatomique précise alors que les effets recherchés
peuvent se
manifester à distance. Par exemple, des spasmes
musculaires,
responsables de la perte de mouvement d’une
articulation,
peuvent être provoqués par une perturbation
des informations
nerveuses à destination des muscles atteints.
Il est donc
nécessaire de comprendre l’origine nerveuse de
ces spasmes (la
contraction musculaire est permise par les
nerfs), et de tenter de
la prendre en charge. Le cas échéant,
si le mouvement de
l’articulation est rétabli simplement par
une technique forçant la
mobilité, c’est-à-dire par un travail
sur l’articulation elle-même
et non pas sur la cause, qui est
la perturbation nerveuse, il y a de
fortes chances pour que
le problème se manifeste à nouveau.

Les techniques structurelles


Mon ostéopathe m’a fait craquer le dos ! Tout d’abord,
précisons
que le bruit articulaire parfois entendu lors d’une
manipulation
n’est pour rien dans l’efficacité du traitement.
C’est bien plus la
mobilisation précise de l’articulation dont
la mobilité est
restreinte qui importe. En outre, même si les
restrictions de
mobilité des vertèbres sont souvent prises en
compte par les
ostéopathes, c’est la totalité du corps que le
praticien va prendre
en charge (voir chapitre 19).
Classiquement, ces techniques structurelles ont pour objectif
de
rendre une fonction optimale à une structure donnée de
l’organisme.
Le terme couramment employé pour évoquer ces techniques
est
la manipulation.
La manipulation

Étymologiquement, manipulation
est l’action de manipuler et
signifie
«  conduire par la main  ». Même si,
aujourd’hui,
plusieurs définitions sont
données à ce mot, vous entendrez
souvent ce terme lorsque l’on évoque l’ostéopathie ou la
médecine manuelle. La
manipulation serait donc utilisée dès
que l’ostéopathe utilise ses mains pour
tester ou traiter un
patient.

En fait, la définition a évolué. Même


s’il n’existe pas de
consensus fort sur
la définition à donner à ce mot, elle
est
considérée aujourd’hui comme
le geste qui mobilise rapidement
une
articulation mais avec une amplitude
de mouvement très
limitée. Un petit
mouvement mais très rapide qui parfois
peut
produire un bruit, le «  crac articulaire  ». En ostéopathie, elles
représentent seulement une technique parmi
beaucoup
d’autres dont l’objectif est de
restaurer la mobilité d’une
articulation
restreinte.

Les manipulations de la structure effectuées par les ostéopathes,


également appelées thrust (qu’on pourrait traduire par
impulsion), ne forcent jamais le mouvement d’une articulation
au-delà des limites mécaniques de celle-ci. Ces techniques
sont
précédées d’un positionnement particulier de l’articulation,
appelé mise en tension. Ensuite, le mouvement rapide et
précis
de « l’impulsion » provoque un étirement bref des structures
situées autour de l’articulation, provoquant ainsi, par
action
réflexe, une détente de ces mêmes tissus. Cette détente
permet
ainsi de restaurer la mobilité de l’articulation. Il est
nécessaire de
préciser que ces techniques ne sont pas dangereuses si elles sont
appliquées à bon escient et nécessitent
toute l’expérience
acquise au cours de la longue formation des
ostéopathes.
La formation des ostéopathes

En France, la formation en ostéopathie


est organisée
en  4  860  heures de cours,
répartis en cinq ou six années. En
plus
d’une formation théorique complète,
les ostéopathes
reçoivent une formation pratique dès la première année.

Les techniques articulaires


Les techniques articulaires utilisées en ostéopathie trouvent
leur
origine au début du XXe siècle sous l’impulsion de John
Martin
Littlejohn, qui a posé les bases du traitement ostéopathique
général (voir chapitres 3 et 19). Ses travaux ont ensuite
été
poursuivis et développé par l’ostéopathe anglais, John
Wernham
(1907-2007), son élève.
Comme son nom l’indique, le traitement ostéopathique général
est une séquence de techniques s’adressant au corps entier.
L’objectif est d’améliorer la mobilité articulaire des principales
articulations du corps en plus de relâcher certaines tensions
musculaires et de favoriser les échanges liquidiens du sang
ou de
la lymphe par exemple. Les articulations sont mobilisées
principalement selon des mouvements de rotation, et à
chaque
cycle, l’ostéopathe tente d’améliorer l’amplitude du
mouvement
(voir chapitre 19).
Ces techniques sont particulièrement indiquées pour les
personnes dont le squelette est fragile, les personnes âgées
souffrant d’ostéoporose par exemple. Elles sont également
très
utiles afin de préparer aux techniques structurelles car
elles
permettent une détente globale de tout le corps.

Les techniques musculaires


Les techniques musculaires ou d’énergie musculaire nécessitent
la coopération du patient. En effet, si un muscle est
contracté et
que cette contraction perturbe le mouvement
d’une articulation,
alors l’ostéopathe place ce muscle dans
une position précise et
demande à son patient de contracter
le muscle tout en résistant à
cette contraction. Grâce au
contrôle nerveux, à une phase de
contraction musculaire
succède toujours une phase de
relâchement qui permet
souvent de diminuer les tensions
musculaires autour d’une
articulation, et ainsi de favoriser une
mobilité plus importante
(voir chapitre 19).

Les techniques viscérales


Les techniques viscérales ont pour objectif de restaurer la
mobilité optimale des différents viscères. Par des pressions,
tractions et en utilisant les mouvements respiratoires de son
patient, l’ostéopathe utilise ses connaissances précises de
l’anatomie et surtout de la topographie des viscères pour les
mobiliser (voir chapitre 19).

Une approche fluidique


La mise en application de la règle de l’artère, soit de la libre
circulation des fluides à l’intérieur du corps, est une des
approches utilisées par certains ostéopathes pour comprendre
le
corps de leur patient et les troubles dont il souffre. Cette
approche théorise en effet que les fluides du corps, le sang
par
exemple, mais aussi et surtout le liquide cérébro-spinal ou
céphalorachidien, synthétisé au niveau de cavités creusées
dans
le cerveau appelées ventricules cérébraux, doivent
circuler
librement afin d’assurer le bon fonctionnement du
système
musculo-squelettique et d’être en bonne santé.
Ça coule de source
Parmi les principes ostéopathiques
proposés par A. T. Still, la «  règle de
l’artère  » tient une place toute particulière. En accord avec les principes
hippocratiques de la libre circulation
des humeurs pour atteindre la santé,
Still postulait en effet que, pour que la
fonction d’une structure anatomique
puisse s’exercer dans des conditions
optimales, il était nécessaire que
l’apport sanguin à destination de cette
structure le soit également. Les
artères
sont bien évidemment les «  tuyaux  »
qui acheminent le sang
oxygéné vers
toutes les structures du corps. Et pour
des raisons diverses,
si ce flux artériel est perturbé, alors la fonction de
la structure recevant ce
sang le sera
également. Cette conception fluidique
est à l’origine d’un
courant de pensée
en ostéopathie que suivent de nombreux thérapeutes.

Le souffle de vie
Cette approche, plus spirituelle, postule que ces liquides, dont
la
circulation doit être libre, permettent la vie et que ce sont
eux
qui animent l’organisme. Cette théorie, dont Still a posé
les
bases, a été largement reprise et développée par William
Garner
Sutherland, élève de Still (voir chapitre 13). Sutherland
évoquait
la possibilité de perception de ces flux liquidiens
(qu’il appelait
d’ailleurs parfois « souffle de vie ») au contact
du corps du
patient, et principalement au niveau de son crâne.
Cette
conception est d’ailleurs très proche des courants
vitalistes
(tradition philosophique pour laquelle le vivant
n’est pas
réductible aux lois physico-chimiques).

L’ostéo en action
Les techniques crânio-sacrées sont utilisées par certains
ostéopathes afin de restaurer une mobilité normale des os du
crâne et du sacrum (os situé en bas du dos, juste au-dessus
des
fesses). Le crâne et le sacrum sont séparés l’un de l’autre
par la
quasi-totalité de la colonne vertébrale mais sont reliés
par un
manchon de tissu assez résistant qui entoure la moelle
épinière
et que l’on appelle la dure-mère. L’ostéopathe pose
ses mains
sur le crâne de son patient et, grâce à des pressions
très précises
sur certaines zones, restaure la mobilité des
structures
restreintes. Sa démarche est identique lorsqu’il
évalue la
mobilité du sacrum. Il place généralement sa main
sous les
fesses de son patient qui est allongé sur le dos pour
contacter cet
os et lui redonner une mobilité optimale.

Se creuser les méninges

Les méninges (du grec meninx qui


signifie membrane) sont une
série de
trois enveloppes concentriques qui,
en plus du crâne et
des vertèbres,
participent à protéger le cerveau et
la moelle
épinière. La plus profonde,
directement en contact avec le tissu
nerveux est très fine, il s’agit de la pie-mère (la méninge molle).
La méninge
intermédiaire émet de petits filaments
qui la font
ressembler à une toile
d’araignée et se nomme pour cette
raison arachnoïde. C’est entre la pie-mère
et l’arachnoïde que
circule le liquide
cérébro-spinal. Enfin, la méninge la
plus
superficielle, directement plaquée
au contact des structures
osseuses (à
l’intérieur du crâne et du canal vertébral où passe
la moelle épinière) se
nomme dure-mère (la méninge dure).
Cet
te dure-mère est fixée à l’intérieur
du crâne et au niveau du
sacrum.

Une approche biodynamique


Aux États-Unis, durant la seconde moitié du XXe siècle, certains
élèves de Sutherland ont poursuivi ses travaux et ont orienté
son
approche vitaliste de l’ostéopathie crânienne vers une
dimension
non plus seulement fluidique mais aussi énergétique et
franchement spirituelle. Ils perçoivent le mouvement
rythmique
de la vie et les flux d’énergie qui relient le corps du
patient à son
environnement et à sa spiritualité. Ils prennent
en charge leurs
patients en contactant ces flux d’énergie et en
cherchant à
devenir un point d’appui pour que les perturbations (tensions,
blocages, etc.) du corps de ce patient puissent
se rééquilibrer.
Pour illustrer cette idée, imaginez le fil en spirale d’un ancien
téléphone (même s’il n’en existe plus beaucoup aujourd’hui !) ;
lorsque ce fil s’emmêle, le meilleur moyen pour le démêler
est
de le prendre à une des extrémités, de laisser pendre
le combiné
et de le laisser tourner dans un sens puis dans
l’autre jusqu’à ce
que le mouvement s’arrête. Un mécanisme
identique est à
l’œuvre lors de l’approche biodynamique de la
prise en charge
des patients.

Alors, combien de séances ?


L’expérience de la consultation ostéopathique peut parfois être
bien singulière, voire surprenante. Il arrive que des douleurs
soient soulagées en une seule séance. Il est néanmoins
possible
que, si le problème est ancien, deux, voire trois
consultations
soient nécessaires pour en être débarrassé.
Quel que soit le type de prise en charge, il est indispensable
de
préciser que l’adaptation de votre corps aux ajustements
ou
« nouveaux réglages » qu’a effectué l’ostéopathe peut
prendre
quelques jours, souvent deux ou trois. Il n’est pas rare
également
que ces « nouveaux réglages » du corps entraînent
l’apparition
de nouvelles sensations de type courbatures au
niveau de
certains muscles, elles disparaissent généralement
assez
rapidement. Enfin, une fatigue est souvent ressentie
après la
consultation, le corps est sur la piste de la guérison !
Il s’agit d’un retour vers la physiologie. L’ostéopathe est ni
plus
ni moins qu’un médiateur de votre propre guérison. C’est
essentiellement la réponse de votre organisme au traitement
qui
va être curatif.
La consultation ostéopathique touchant à sa fin, c’est maintenant
au patient de devenir l’acteur principal de sa santé. Les
capacités
d’autoguérison du corps ont été initiées grâce à la
prise en
charge ostéopathique. Pour en assurer l’efficacité et
la pérennité,
l’ostéopathe guidera son patient vers le maintien
de sa santé en
lui donnant des conseils en fin de consultation.
Il lui faut à
présent prendre les commandes de son propre
corps !
Chapitre 15
Le temps du conseil

Dans ce chapitre :
La santé, ça s’apprend !

Les bénéfices de l’ostéopathie se préservent

Bien récupérer après la séance


Sportivement vôtre

V oici enfin venu le temps du conseil. En effet, une fois la


prise
en charge terminée, l’ostéopathe va guider son
patient vers le
maintien d’une santé durable. Ces conseils, qui
font souvent
appel au bon sens de chacun, peuvent paraître
anodins mais ils
sont pourtant indispensables à respecter.

La santé, ça s’apprend !
« J’informerai les patients des décisions envisagées, de leurs
raisons et de leurs conséquences. »
« Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai
pas le
pouvoir hérité des circonstances pour forcer les
consciences. »
Ces deux phrases sont tirées du serment d’Hippocrate prêté
par
les médecins à la fin de leurs études. Et même si les ostéopathes
ne sont pas soumis à ce « rite de passage », ces deux
phrases
sont quotidiennement mises en application par tous
les praticiens
lors de l’exercice de leur profession.
L’ostéopathe, à l’issue de la rencontre avec son patient, a
entamé
une relation privilégiée basée sur la confiance et un
respect
mutuel.

L’ostéo vous informe


Il est du devoir de chaque professionnel du soin d’informer
et de
répondre aux questions que chacun pourrait se poser
à la fin de
la prise en charge. En outre, apprendre à mieux
comprendre son
corps ouvre souvent la voie à une meilleure
santé. À cette fin,
l’ostéopathe propose aussi souvent des
conseils à mettre en
application au quotidien. D’abord pour
rendre pérenne les
bénéfices de la prise en charge qui vient de
se terminer, mais
aussi pour prévenir, et parfois même pour
prendre en charge
vous-même certaines de vos douleurs.
Des conseils ergonomiques pour éviter que des
contraintes mécaniques liées à la répétition d’un geste, au
travail par exemple, ne déclenchent un nouveau trouble.
Des conseils biomécaniques pour préserver la fonction
de certaines régions du corps.
Des conseils en nutrition pour préserver le
fonctionnement de l’appareil digestif.
Des conseils en gestion du stress et de l’anxiété pour
préserver certaines fonctions du corps, comme la
fonction
cardiovasculaire par exemple.

La bonne posture

Assis
Une position assise idéale durable n’existe pas. Certaines
positions, néanmoins, sont préférables à d’autres. Être « bien »
assis signifie éviter de mettre votre dos en tension.
Pour cela, choisissez un fauteuil confortable, légèrement
incliné
vers l’arrière, le dossier soutenant votre dos jusqu’à
la nuque. La
posture sera encore plus confortable si vos bras
reposent sur des
accoudoirs.
Évitez les sièges trop mous dans lesquels on s’enfonce !

Pour regarder vos programmes de télévision préférés,


installez-
vous face à l’écran de façon à ne pas avoir à tourner
ou à
incliner la tête…

Debout
Lors de la station debout prolongée, vous pouvez écarter
légèrement les jambes et ouvrir les pieds vers l’extérieur
pour
répartir de manière égale le poids du corps sur les deux
jambes.
Cela permettra de soulager le dos et d’éviter certaines
douleurs.

Couché
Dormir est si simple et si naturel… Et pourtant, bien dormir
tout
en préservant son dos n’est pas chose facile. Comment
s’allonger sur son lit ? Dormir sur le dos, sur le ventre ou sur le
côté ? Combien de temps ? Existerait-il une meilleure position
pour un meilleur sommeil ?
Les positions de couchage sont souvent responsables de
douleurs cervicales, dorsales ou lombaires qui peuvent
amener le
patient à consulter son ostéopathe. Pour éviter
ces problèmes,
voici trois positions de couchage à envisager,
chacune avec ses
avantages et ses inconvénients. À vous de
choisir celle qui vous
convient le mieux.
Sur le dos. C’est souvent la position conseillée. Elle
permet de soulager la nuque et le dos, et la colonne
vertébrale est alignée. Attention, cette position peut
favoriser les reflux gastriques acides et risque d’aggraver
les ronflements.
Sur le côté. Dormir sur le côté est bénéfique pour les
patients souffrant d’apnée obstructive du sommeil ou
sujets au ronflement. Cette position est aussi conseillée
à
tous ceux qui souffrent de douleurs cervicales. Enfin,
dormir sur le côté gauche, parce que cela favorise la
circulation sanguine, est également recommandé pour
les
femmes enceintes. Cette position peut en revanche
provoquer des douleurs d’épaule ou de hanche.

L’apnée du sommeil

Le syndrome d’apnées obstructives


du sommeil (SAOS) touche
environ
4 % des hommes et 2 % des femmes
d’âge moyen. Ce
trouble du sommeil
est caractérisé par une interruption
temporaire du flux respiratoire
(apnée) ou par une diminution de
ce
flux (hypopnée).

Sur le ventre. Dormir sur le ventre est très rarement


conseillé. En effet, cette position est très contraignante
pour les courbures naturelles de votre colonne vertébrale
et conduit à des pressions sur les articulations et les
muscles favorisant douleurs, engourdissements et
picotements. Elle doit être évitée si vous souffrez du cou
ou du dos. Cette position semble néanmoins diminuer
les
ronflements en maintenant les voies aériennes
supérieures
ouvertes.
Enfin, pour vous coucher ou vous lever, utilisez aussi
les jambes et les bras et pas uniquement le dos. Évitez les
mouvements brusques ou trop rapides !

Les bénéfices de l’ostéopathie se


préservent !
Lors de la consultation, l’ostéopathe peut interroger son
patient
sur les stratégies qu’il utilise au quotidien pour gérer
sa douleur
ou son trouble, ou sur ses habitudes de vie. Cela
lui permet de
dresser un bilan et d’envisager les stratégies les
plus adaptées au
cas spécifique de son patient et de l’encourager sur cette voie de
contrôle de sa santé.
Il aide son patient à :
Identifier des mauvaises habitudes de vie et définir avec
lui les modifications ou améliorations possibles.
Connaître et comprendre le fonctionnement de son
corps ;
l’ostéopathe prend le temps d’expliquer à
son patient le
fonctionnement de différentes régions
anatomiques afin
d’éveiller ou de stimuler une conscience
plus aiguë de son
propre corps.
Tous pour un

N’hésitez pas à demander conseil à


tous les professionnels de
santé que
vous consultez. Votre médecin, kinésithérapeute,
podologue, etc., ou
même votre coach sportif auront de
nombreux conseils, parfois différents,
parfois identiques, à vous
donner. Tous
contribueront à vous aider à prendre
les rênes de
votre santé !

Bien récupérer après la séance

Respectez des règles hygiéno-diététiques


Alimentation équilibrée et activité physique régulière sont
sans
doute les règles fondamentales les plus connues mais pas
toujours respectées ! Ces règles d’hygiène et de diététique,
considérées par la Haute Autorité de santé (HAS) comme des
prescriptions de thérapeutiques non médicamenteuses, sont
fondamentales pour le bien-être de chacun.
En fonction des troubles dont vous souffrez, votre ostéopathe
pourra, en général, vous conseiller sur :
Les activités physiques et sportives à pratiquer. En
effet, il est connu que l’activité physique est efficace pour
prévenir des maladies sérieuses comme les cancers, les
maladies cardio-vasculaires, le diabète, etc. Certaines
activités sportives sont également connues pour prévenir
des troubles comme le mal de dos ou le stress… Alors,
pourquoi s’en priver ?
Le contrôle de votre poids. Le surpoids est souvent
un
facteur favorisant de certaines douleurs et accélère
l’apparition de l’arthrose, principalement au niveau des
articulations des jambes mais aussi au niveau de celles
du
dos. Votre ostéopathe pourra vous donner quelques
conseils nutritionnels ou vous proposer de consulter un
diététicien.
L’arrêt du tabac. Outre les risques connus de développer
un cancer, on sait, aujourd’hui, que le tabagisme perturbe
la circulation sanguine dans les capillaires sanguins
(petites artères ou veines du diamètre d’un cheveu).
Ces
troubles de la vascularisation perturbent également
l’apport sanguin vers les structures articulaires et
peuvent
également potentialiser les douleurs.
La gestion des cycles de sommeil et du stress est
également fondamentale et votre ostéopathe pourra
également vous donner quelques trucs et astuces pour y
parvenir !

Trop dormir ou pas assez ?


Un manque de sommeil régulier peut parfois être à l’origine
de
certains problèmes de santé comme l’obésité, certaines
maladies
cardiaques ou même le diabète. Pour autant, les
besoins de
sommeil varient en fonction de chacun.
Il est cependant recommandé, pour la plupart des adultes en
bonne santé, de dormir entre sept heures et demie et neuf
heures
par nuit.

Reposez-vous !
Après la consultation, il est important de prendre son temps et
de
bien se reposer. Votre corps a besoin de toute son énergie
pour
« intégrer » les modifications liées à la prise en charge. Le
repos
est nécessaire pour combattre l’inflammation des articulations,
responsable de la survenue de la douleur, et causée par
le ou les
blocages des articulations. Se reposer signifie également de ne
pas solliciter excessivement son corps et respecter
ainsi la devise
de Winston Churchill : « Pas de sport ! »… seulement
pendant 2 ou 3 jours ou selon la recommandation de
votre
ostéopathe. Une fois ce délai passé, reprenez doucement
et
progressivement votre activité sportive de façon à éviter des
blessures causées par une reprise trop brutale.
Enfin, évitez aussi les travaux physiques trop importants
comme
porter des charges lourdes ou déménager dans les
jours suivant
la séance.
Si vous en avez la possibilité, prenez donc votre journée et
reposez-vous. Enfin une autorisation pour ne rien faire !

Articulez-vous !
Il s’agit là d’utiliser, peut-être un peu plus souvent qu’à votre
habitude, les articulations de votre corps. Un corps qui ne
bouge
pas assez est un corps qui va souffrir ou qui souffre
déjà.
Lorsqu’une articulation et les muscles qui l’entourent
ne
bougent pas assez, alors leur fonction, outre le fait de
permettre
le mouvement, n’est pas correctement remplie. En
effet, les
mouvements articulaires et les contractions musculaires
participent aussi aux mouvements de la circulation
du sang ou
de la lymphe (qui contient les globules blancs
assurant les
défenses immunitaires). Ces mouvements contribuent à
l’élimination des déchets produits par l’organisme
par les
systèmes veineux et lymphatique. Vous retrouvez au
chapitre 16 un ensemble de techniques qui vous guideront
pour
mobiliser une grande partie de vos articulations !
En voiture
Lors de longs trajets, faites des
pauses toutes les
heures et demie et
profitez-en pour vous dégourdir les
jambes en marchant, en vous étirant
et en vous
relaxant.

Quand vous entrez ou sortez de votre


voiture, faites
pivoter votre bassin et
évitez les mouvements de
torsion de
votre dos.

Utilisez un appui-tête pour reposer


la nuque. Il est
conçu pour éviter le
« coup du lapin » en cas de choc
ou
de freinage brutal.

Si vous êtes passager, accentuez


l’inclinaison vers
l’arrière du dossier
pour vous asseoir et utilisez un
appui-nuque gonflable pour les longs trajets.

Étirez-vous !
Même si la pratique des étirements ne fait pas aujourd’hui
l’objet d’un consensus auprès de tous les praticiens (certains
les
encouragent et d’autres non), les récentes études sur
le sujet
suggèrent qu’ils procurent à celui ou celle qui les
pratique une
sensation de mieux-être.
Les bienfaits des étirements sont nombreux mais ils peuvent
parfois contribuer à fragiliser certains muscles. Une règle
importante à respecter est de les effectuer sans provoquer une
douleur. Il est bon également de s’étirer assez fréquemment
pour
en retirer des bénéfices. Ils doivent être réalisés lentement et
progressivement, sans à-coup. Il n’y a pas de règle,
en revanche,
sur le temps à y passer, l’important à nouveau
est de ne surtout
pas forcer un mouvement. Si vous ressentez
le besoin de vous
étirer avant la pratique d’une activité
physique, pour améliorer
vos performances par exemple, il
est préférable de le faire assez
longtemps avant cette activité.
Après un effort, il est conseillé de
patienter quelques minutes
que vos muscles se relâchent et se
détendent naturellement
avant de pratiquer des étirements.
Les étirements permettent également de diminuer la fatigue
musculaire et participent donc à prévenir la survenue de
troubles
ou de douleurs du système musculo-squelettique.
Vous retrouvez
un ensemble de techniques d’étirements dans
l’ostéobox du
chapitre 16.

Buvez de l’eau !
Le corps humain est en grande partie constitué d’eau. Cette
eau
représente 60 % de notre masse corporelle. Un homme
adulte
de 70 kilos contient donc environ 40 litres d’eau !
Pour un bon fonctionnement de notre organisme, il est
nécessaire de boire régulièrement tout au long de la journée. En
effet, les liquides de notre organisme sont constitués parfois à
99 % d’eau. Le sang, la lymphe, le liquide cérébro-spinal (dans
lequel baigne notre cerveau), la salive, les larmes, l’urine, le
mucus produit par diverses glandes (à l’intérieur du nez par
exemple), tous ces liquides jouent un rôle fondamental dans
notre organisme. C’est la raison pour laquelle, la déshydratation,
même peu importante, peut avoir des conséquences sur
le
fonctionnement de l’organisme en général.
Après une consultation chez l’ostéopathe, la mobilisation
parfois
importante de certains muscles, les contractions,
les étirements
et les adaptations que le corps va mettre en
place peuvent
entraîner des modifications du métabolisme
musculaire et
provoquer des sensations de courbature le
lendemain. Boire de
l’eau permet de diminuer ces sensations.
Boire un litre d’eau par jour est vivement recommandé, il suffit
pour ça de toujours avoir sur soi une petite bouteille d’eau
pour
rester bien hydraté.

Sportivement vôtre !
Même pratiquées à petite dose, certaines activités physiques
protègent et renforcent les muscles du dos. D’autres peuvent
même soulager certaines douleurs. Évidemment, la réalisation
du geste et la posture du corps sont des paramètres essentiels
à
prendre en compte.
En revanche, il n’est pas toujours facile de débuter la pratique
d’une nouvelle activité et, bien souvent, on ne sait jamais
laquelle choisir.
Voici quelques conseils concernant la pratique sportive qui
vous
guideront peut-être…

Comme un poisson dans l’eau


La natation est sans doute le sport le plus bénéfique pour les
personnes souffrant de douleurs du dos. Libérés du poids du
corps et des contraintes qu’il impose à la colonne vertébrale, les
efforts produits permettent un exercice de musculation
renforçant leur rôle de soutien des structures osseuses
vertébrales.
Quelques précautions néanmoins sont à prendre. En effet, tous
les types de nage ne sont pas nécessairement recommandés
en
cas de douleurs au dos. Les nages symétriques sont, en
général,
à éviter (la brasse, ou encore la nage papillon augmentent la
cambrure du dos).
En revanche, les nages asymétriques comme la nage sur le
dos
ou le crawl sont beaucoup moins contraignantes pour la
colonne
vertébrale.
La gym aquatique est également souvent bénéfique pour les
femmes enceintes, les personnes qui ont quelques kilos en
trop
ou pour les personnes âgées.

Maître Yoga et maître Pilates


Vous avez le choix entre plusieurs sortes de gymnastiques
douces. Êtes-vous plutôt yoga, pilates ou stretching
musculaire ?
Il existe différents types de yoga. Dans sa forme la plus
« classique » (hatha yoga), cette activité est assez complète et
peu traumatisante. La pratique du yoga permet de se muscler,
d’étirer ses muscles et se relaxer en même temps. Le yoga aide
à
la maîtrise du stress et de la respiration. Il permet également
de
mobiliser certaines régions du corps qui peuvent être
bloquées,
au niveau de la colonne vertébrale par exemple.
Les techniques Pilates sollicitent, un peu à la manière du yoga,
de nombreux muscles, principalement les muscles abdominaux,
les dorsaux et les fessiers. Ces techniques permettent de
développer, d’assouplir et de renforcer les muscles essentiels
au
maintien d’une bonne posture. Cette mobilisation globale
de la
colonne vertébrale permet souvent aussi de soulager
certaines
douleurs dorsales.
Le stretching musculaire permet d’intervenir directement
sur les
muscles dont l’état de tension peut être générateur
de douleurs.
Bien évidemment, ces étirements peuvent être
effectués sur les
muscles du dos. Ces séances d’étirements ont
une durée qui
varie entre 30 et 60 minutes. La régularité de la
pratique est
indispensable pour en tirer des bénéfices.

En avant, marche !
La marche est un sport complet. Elle permet de renforcer les
muscles du dos et des hanches.
Privilégiez, du moins au début, la marche sur un terrain plat
et
commencez progressivement. De bonnes chaussures de
marche
sont essentielles pour éviter les blessures.
Les petits pas diminuent les mouvements de torsion de la
colonne et diminuent les tensions s’exerçant sur le dos ! Évitez
les grandes enjambées !
La marche nordique (avec des bâtons) mobilise tout le
corps et,
contrairement à une marche plus classique, elle
participe
également à diminuer les contraintes sur les jambes
puisqu’elle
autorise quatre appuis (jambes et bâtons) et non
plus seulement
deux !

Le Tour de France ?
Faire du vélo est possible lorsque vous avez mal au dos,
à
condition d’éviter une pratique prolongée et en terrain
accidenté.
Sur de courtes distances, soyez attentif à votre position et
n’arrondissez pas le dos, adaptez le cadre à votre morphologie
et
réglez la hauteur du guidon et de la selle, afin que vos pieds
touchent à peine le sol.
Si les douleurs augmentent lors de la pratique de ces activités,
il
est recommandé de les arrêter immédiatement et
d’éventuellement consulter un médecin pour en comprendre la
raison.
Les tâches ménagères

Repasser. Il est préférable d’utiliser


une table à repasser dont
la hauteur
est réglable et de l’installer à environ  15  cm au-
dessus du niveau des
coudes. Privilégiez autant que possible la
position debout, permettant
de mieux déplacer le fer à repasser.
Et surtout… Faites des pauses !

Laver la vaisselle. Lorsque vous faites


la vaisselle, approchez-
vous au maximum de l’évier, appuyez votre bassin
contre le
plan de travail tout en écartant
légèrement les jambes et
tournez les
pieds vers l’extérieur pour répartir de
manière égale
le poids du corps sur les
deux jambes. Vous pouvez aussi vous
asseoir sur un tabouret haut et appuyer
vos avant-bras sur le
bord de l’évier.

Faire le ménage. Privilégiez les brosses


ou les balais au
manche suffisamment
long pour faire le ménage. Évitez de
cambrer le dos et utilisez un escabeau
si vous nettoyez les
vitres et les étagères hautes.

Faire la cuisine. Lorsque vous faites la


cuisine, si vous
souhaitez être debout,
appuyez votre bassin contre le plan de
travail ou asseyez-vous sur un tabouret haut.

Quand c’est plus l’âge du plaquage…


Tous les sports qui provoquent des microtraumatismes
sont, en
général, déconseillés. Certains, comme le rugby, le
football ou le
handball, exigent des changements de direction fréquents et
contraignent mécaniquement les jambes,
les bras et les épaules
mais surtout le dos de manière
excessive. D’autres sports
potentiellement traumatisants
sont déconseillés lorsque l’on
souffre du dos. Parmi eux, on
retrouve le judo, la lutte,
l’équitation ou encore ceux dont les
efforts à fournir sont
asymétriques comme le tennis, le golf,
le badminton, etc.
Vous l’aurez compris ce dernier chapitre de la consultation
ne
peut être totalement exhaustif ! Il ne remplace en rien les
conseils personnalisés que vous donne l’ostéopathe qui vous
a
pris en charge.
Vous êtes maintenant aux commandes de votre corps !
Chapitre 16
Ostéobox

Dans ce chapitre :
Guide pratique illustré pour restaurer une mobilité restreinte

Exercices pour le cou

Exercices pour le dos


Exercices pour les bras

Exercices pour les jambes

P our favoriser et entretenir la mobilité et la souplesse de


zones
sensibles, voire légèrement douloureuses, vous
trouverez dans
les pages qui suivent, regroupées dans notre
« Ostéobox », des
techniques simples et efficaces pour rendre
la mobilité à des
zones où elle est restreinte. Vous pouvez
pratiquer tous ces
exercices seul, à tout moment et sans
matériel particulier. Ils
sont conçus pour vous.
Ils visent uniquement, en ciblant le muscle ou le groupe
musculaire responsable de la gêne, à diminuer les tensions par
la
détente et l’assouplissement.
N’hésitez pas à recourir à ces exercices dès l’apparition d’une
gêne, entre deux séances d’ostéopathie, suivant les conseils de
votre praticien, afin de prévenir et d’empêcher la réapparition
des douleurs.
Attention, si ces exercices génèrent des douleurs, interrompez-
les sans attendre.
En cas de douleur brutale ou récente, consultez votre ostéopathe
ou votre professionnel de santé.

Aïe ! J’ai mal !

On estime qu’aujourd’hui, plus de  80  %


de la population se
plaint d’avoir mal
au dos. Les causes en sont multiples,
notre
dos étant perpétuellement sollicité. Contractures musculaires,
haut
du dos, bas du dos, torticolis ou lumbago, le plus souvent,
le problème est
de nature mécanique, le résultat d’une
mauvaise posture, de mouvements
répétitifs ou suite au port
d’une charge
mal effectué. Les techniques décrites
ci-après
peuvent vous aider à entretenir votre « arbre de vie ».

Exercices pour le cou


Si certains mouvements (ceux qui sont mal réalisés) ou
postures
peuvent être dangereux pour les cervicales, l’ennemi
numéro un
de notre cou, c’est l’inactivité. Quels que soient
votre sensibilité
et vos antécédents, la région du cou s’entretient régulièrement,
elle s’assouplit et se tonifie. Autrement
dit, il ne faut pas hésiter
à la faire travailler, au contraire, mais
à condition de réaliser les
bons mouvements dans de bonnes
conditions.

Décontracter sa nuque
À quatre pattes sur un tapis, genoux et coudes écartés et
alignés.
Gardez la tête bien maintenue dans l’axe du corps.
Pliez
lentement les coudes et approchez le menton le plus
près
possible des mains. Focalisez votre attention sur les
mouvements
de votre cou. Ramenez doucement le menton
vers le thorax tout
en expirant (votre nuque se raidit). Une
fois le maximum atteint,
inspirez. Puis expirez en ramenant
lentement le menton vers vos
mains (votre nuque se creuse).
Répétez l’exercice 5 fois de
chaque côté. Cet exercice peut être
réalisé quotidiennement.

Figure 16-1 :
Décontracter
sa nuque.

Détente du haut du cou (muscles sous


occipitaux)
Allongez-vous sur le dos. Placez sous la nuque (le plus haut
possible) une chaussette dans laquelle vous aurez glissé deux
balles de tennis (nouez au préalable la chaussette de façon à
ce
que les balles ne bougent pas). Faites glisser la chaussette
jusqu’à ce que la position soit confortable. Restez allongé avec
ces deux points d’appui sous la tête pendant 5 minutes.
Figure 16-2 :
Détente du
haut du cou
(muscles
sous-occipitaux) .

Étirement spécifique du haut du cou


(muscles sous occipitaux)
Assis bien droit, rentrez le menton en l’approchant au
maximum
de votre thorax en vous aidant de la main, sans
fléchir la tête.
Une fois dans la position maximale, poussez
légèrement le
menton vers l’avant contre votre main qui
résiste à la poussée (le
menton ne doit pas bouger). Comptez
de 6 à 8 secondes. Puis,
essayez de ramener le menton encore
plus loin vers l’arrière et
maintenez 30 secondes. Répétez
l’exercice 2 fois.
Figure 16-3 :
Étirement
spécifique
du haut du
cou (muscles
sous-occipitaux)
.

Relâchement des muscles de la nuque


Assis face à une table, bien droit. Baissez la tête en avant.
Croisez les doigts derrière la nuque et posez les coudes sur
la
table. Poussez délicatement de la tête contre les mains
qui
résistent à la poussée, sans bouger la tête. Comptez 6 à
8 secondes. Détendez-vous et renouvelez l’exercice 2 fois.
Figure 16-4 :
Relâchement
des muscles
de la nuque.

Amélioration de la rotation du cou


Assis bien droit, le menton perpendiculaire à la poitrine.
Tournez
lentement la tête d’un côté, en essayant d’amener
le menton à
hauteur de l’épaule, sans déclencher de douleur.
Une fois en
position, tournez les yeux vers le côté opposé.
Conservez la
position 6 à 8 secondes. Puis fermez les yeux
et essayez de
tourner encore un peu plus la tête vers l’épaule.
Répétez
l’exercice 2 fois. Répétez dans la direction opposée.
Cet exercice
doit être réalisé progressivement et ne doit pas
être douloureux.
Figure 16-5 :
Amélioration
de la rotation
du cou.

Amélioration de l’inclinaison du cou


Assis bien droit, posez un coude sur une table. Puis posez la
paume de la main sur le côté de la tête, au niveau de votre
joue,
juste devant votre oreille. Poussez délicatement la tête
contre la
main qui résiste à la poussée, sans bouger la tête.
Comptez
de 6 à 8 secondes. Relâchez et étirez la tête vers
le côté opposé
tout en poussant la tête avec votre main.
Maintenez 30 secondes.
Répétez l’exercice 2 fois et levez
de plus en plus le coude pour
améliorer l’étirement. Puis
recommencez de l’autre côté.
Figure 16-6 :
Amélioration
de l’inclinaison du cou.

Étirement global des épaules et du cou


(muscle trapèze)
Pour étirer le muscle du côté droit, allongez-vous sur le dos
sur
un lit et abaissez l’épaule droite en tendant le plus possible
la
main droite vers le pied. Le buste et la tête ne bougent pas.
Bloquez la position en agrippant le rebord du matelas. Tournez
la tête le plus possible du côté gauche, en vous aidant de votre
autre main. Contractez légèrement le muscle entre le cou et
l’épaule à droite, sans les bouger pour autant. Maintenez la
position pendant 10 secondes. Relâchez. Tournez et inclinez
un
peu plus la tête à l’aide de votre autre main afin de garder
la
musculature au repos. Essayez de tendre un peu plus le bras
le
long du matelas. Maintenez la position pendant 30 secondes.
Répétez l’exercice 2 fois. Puis changez de côté.
Figure 16-7 :
Étirement
global des
épaules et du
cou (muscle
trapèze) .

Étirement spécifique des épaules et du


cou (muscle angulaire de l’omoplate)
Pour étirer le muscle élévateur de l’épaule du côté droit,
allongez-vous, un coussin sous la tête. Abaissez l’épaule du
côté
droit et tendez le plus possible la main droite vers le
pied. Le
buste et la tête ne bougent pas. Bloquez la position
en agrippant
le rebord du matelas. Tournez la tête le plus
possible du côté
gauche, en vous aidant de la main. Contractez
légèrement le
muscle entre le cou et l’épaule (côté droit),
en poussant la tête
vers l’arrière contre la main qui résiste
au mouvement.
Maintenez la position pendant 10 secondes.
Relâchez. Amenez
le cou et la tête un peu plus en avant à l’aide
de votre main.
Tournez la tête un peu plus sur le côté. Tendez
un peu plus le
bras le long du matelas. Maintenez la position
pendant 30 secondes. Répétez l’exercice 2 fois. Puis changez
de
côté.
Figure 16-8 :
Étirement
spécifique des
épaules et du
cou (muscle
angulaire
de
l’omoplate).

Étirement des côtés du cou (muscle


scalène)
Pour étirer le muscle du côté droit, allongez-vous sur le dos,
une
serviette pliée sous les épaules (pour amener une légère
extension de tête) et tournez la tête complètement à gauche.
Placez la main gauche sur la tête ou sur le visage. Soulevez
légèrement la tête et tournez-la du côté droit, en résistant
au
mouvement avec la main. Maintenez la position pendant
6 à 8 secondes. Relâchez. Laissez la tête reposer en étirant
légèrement le côté droit du cou avec votre main pendant
30 secondes. L’étirement peut être réalisé lors d’une expiration
progressive. Répétez l’exercice 2 fois et changez de côté.
Figure 16-9 :
Étirement
des côtés du
cou (muscle
scalène).

Étirement de la partie avant du cou


(muscle sterno-cléido-mastoïdien)
Pour étirer le muscle du côté droit, allongez-vous sur le dos,
une
serviette pliée sous les épaules avec la tête complètement
tournée à gauche. Levez légèrement la tête (d’environ 5 cm).
Maintenez la position pendant 6 à 8 secondes. Laissez la tête
reposer pendant 30 secondes. Répétez l’exercice une fois. Puis
changez de côté.
Figure 16-10 :
Étirement
de la partie
avant du
cou (muscle
sterno-cléido-
mastoïdien).

Soulager les muscles de la mâchoire


(muscles temporal et masséter)
Étirez-les tout simplement en ouvrant la bouche, puis posez
votre index et majeur sur les dents de la mâchoire inférieure
et
appuyez légèrement vers le bas. Ne tractez pas trop fort.
Vous
pouvez exercer une légère pression avec la mâchoire
vers le haut
contre vos doigts (sans pour autant les déplacer).
Cette action a
pour but de contribuer à la relaxation de votre
musculature
manducatrice.
Figure 16-11 :
Soulager les
muscles de
la mâchoire
(muscles
temporal et
masséter).

Exercices pour le dos


Avoir le dos large, avoir bon dos, mais aussi courber le dos,
se
casser le dos ou encore en avoir plein le dos, notre dos
est
souvent décrit comme le réceptacle de nos souffrances…
Les
douleurs les plus fréquentes touchent le bas du dos :
les
vertèbres lombaires. Elles sont appelées lombalgies
(voir
chapitre 10).

Relâchement de la région lombaire en


flexion
Allongez-vous sur le dos, sans coussin. Repliez les jambes,
genoux légèrement écartés. Placez une main sur chaque
genou et
ramenez sans forcer les genoux vers les épaules
(pas vers la
poitrine). Inspirez profondément. Puis, durant
l’expiration,
rapprochez les genoux un peu plus près des
épaules. Maintenez
la position 30 secondes. Répétez l’exercice
plusieurs fois.
Exercice à pratiquer quotidiennement.
Figure 16-12 :
Relâchement
de la région
lombaire en
flexion.

Étirement du dos ou la position du chat


À genoux sur un tapis. Coudes (ou mains) au sol écartés,
genoux
écartés de la largeur de vos épaules. Inspirez lentement en
arrondissant le dos et en rentrant la tête. Maintenez
la position
pendant 10 secondes. Puis inspirez en creusant
lentement le dos
et en relevant la tête. Maintenez à nouveau
la position
pendant 10 secondes. Répétez l’exercice 5 fois de
suite,
quotidiennement.
Figure 16-13 :
La position du
chat.

Travailler sa respiration (muscle


diaphragme)
Allongé sur un lit, avec un coussin sous la tête, jambes fléchies.
Placez une main sur le thorax et l’autre sur l’abdomen. Lors de
l’inspiration, gonflez le ventre et observez votre main monter
vers le plafond sans que celle sur le thorax ne bouge. Maintenez
l’air pendant 3 secondes puis expirez doucement en dégonflant
le ventre jusqu’au bout. Exercice à répéter 30 fois par jour.
Figure 16-14 :
Travailler sa
respiration
(muscle
diaphragme).

Étirement du dos en rotation


Allongé sur le côté droit à une quinzaine de centimètres du
bord
d’un lit. Amenez le bras gauche vers l’arrière, et tendez
le bras
droit, sur le côté, vers les pieds. Tournez lentement la
tête vers la
gauche, sans bouger le bassin. Pliez légèrement
la jambe droite,
le genou reposant au bord du lit. Étendez la
jambe gauche au-
dessus de la jambe droite et laissez la pendre
au-delà du lit.
Soulevez votre jambe gauche d’environ 5 cm.
Maintenez la
position pendant 6 à 8 secondes, puis relâchez
doucement.
Gardez la position 30 secondes, puis recommencez. Tournez-
vous sur le côté gauche et répétez l’exercice.
Figure 16-15 :
Étirement
du dos en
rotation.

Améliorer la flexion de hanche (muscle


ilio-psoas)
Pied droit posé en avant, cuisse droite parallèle au sol. Genou
gauche à terre en arrière de votre bassin, le tibia repose au sol.
Gardez le dos droit, en prenant appui sur la jambe avant avec
vos bras. Allongez le corps vers l’avant et abaissez la hanche
comme si on appuyait sur le bassin. Vous allez percevoir un
étirement du muscle ilio-psoas, du moyen fessier, ainsi que
des
muscles situés à l’avant de la cuisse. Si vous percevez une
sensation d’étirement, maintenez la position, sinon avancez
votre corps pour étirer davantage (cela dépend de votre
souplesse). Maintenez la position pendant 6 à 8 secondes.
Répétez l’exercice 2 fois puis changez de côté.

Figure 16-16 :
Améliorer
la flexion
de hanche
(muscle
ilio-psoas).

Étirement des flancs (muscle carré des


lombes)
Côté gauche. Debout, les pieds écartés de la largeur des épaules.
Inclinez-vous latéralement sur la droite (étirement du côté
gauche) en laissant tomber la main droite le long de la cuisse
en
direction du genou. Maintenez la position maximale atteinte,
sans forcer, pendant 6 à 8 secondes. Essayez de vous incliner un
peu plus et maintenez pendant 30 secondes. Relâchez
progressivement. Répétez l’exercice 2 fois puis changez de côté.

Figure 16-17 :
Étirement des
flancs (muscle
carré des
lombes).

Étirement spécifique de la région fessière


(muscle piriforme)
Côté gauche. Allongé sur le ventre sur un tapis. Pliez le genou
gauche et laissez la jambe retomber, sans forcer, vers l’extérieur.
Le genou gauche regarde vers la jambe droite. Maintenez
la
position 10 secondes. Ramenez lentement le pied gauche
vers la
droite et gardez la position pendant 30 secondes.
Répétez
l’exercice 2 fois puis changez de jambe.

Figure 16-18 :
Étirement
spécifique de
la région fessière (muscle
piriforme).

Étirement de la partie latérale du corps


(muscle grand dorsal)
Côté droit. Allongé sur le côté gauche, un oreiller placé sous
la
tête, un autre sous la taille. Pliez le genou gauche pour bien
vous
stabiliser. La jambe droite est lentement amenée vers
l’arrière
jusqu’à sentir une tension dans la cuisse. Étirez le
bras droit au-
dessus de la tête, bras collé sur le côté du visage.
Soulevez
légèrement (de 5 cm environ) la jambe et le bras
droits.
Maintenez la position pendant 10 secondes. Relâchez
en laissant
tomber le bras et la jambe pendant 30 secondes.
Répétez
l’exercice 2 fois. Changez de côté.
Figure 16-19 :
Étirement de
la partie latérale du corps
(muscle grand
dorsal).

Exercices pour les bras


Les douleurs de l’épaule sont essentiellement d’origine
articulaire, tendineuse, ou nerveuse. Avant d’affirmer que la
douleur
vient bien de l’épaule, il faut s’assurer qu’elle n’est pas
due à la
compression d’un nerf cervical.
Lorsque les mouvements de l’épaule ou certains gestes
comme
mettre une veste réveillent la douleur ou ne sont plus
possibles
en totalité, la douleur concerne bien l’articulation de
l’épaule.
Une douleur liée au rachis cervical se manifestera volontiers
dans d’autres conditions : conduite de sa voiture, position
pour
dormir ou pour travailler.

Améliorer la rotation de l’épaule


Debout, prenez appui sur une chaise. Laissez pendre un bras
et
balancez-le doucement d’avant en arrière dans un mouvement
circulaire. Répétez le mouvement environ 5 fois, 2 à 3 fois
par
jour. Exercice à réaliser du côté douloureux.
Figure 16-20 :
Rotation de
l’articulation
de l’épaule.

Soulager la partie avant des épaules


(muscles pectoraux)
Debout dans l’embrasure d’une porte. Posez les mains, bras
tendus, sur le mur au-dessus de votre tête. Penchez-vous
lentement vers l’avant jusqu’à ce que vous sentiez un étirement
à l’avant de vos épaules. Maintenez la position pendant
15-
30 secondes et répétez 3 fois. Attention ! Cet exercice ne
convient pas si vous avez souffert dans le passé d’une luxation
de l’épaule.
Figure 16-21 :
Soulager la
partie avant
des épaules
(muscles
pectoraux) .

Étirement spécifique des muscles de


l’épaule (muscles postérieurs de l’épaule)
Côté gauche. Debout. Placez la main gauche sur l’épaule
droite.
Empaumez votre coude avec la main droite et tractez-le au
maximum vers le côté opposé, jusqu’à sentir l’étirement
à
l’arrière du bras et de l’épaule. Poussez votre coude, sur
l’inspiration, contre la résistance de la main pendant 6 à
8 secondes. Vous pouvez placer votre main derrière votre dos
pour travailler d’autres muscles
Relâchez doucement pendant l’expiration, puis tractez de
nouveau votre coude encore un peu plus loin. Une fois
l’étirement maximal atteint, maintenez 30 secondes. Répétez
l’exercice. Changez de côté.

Figure 16-22 :
Étirement
spécifique
des muscles
de l’épaule
(muscles
postérieurs
de l’épaule).
Étirement spécifique des muscles de
l’épaule (muscle antérieurs de l’épaule)
Allongé sur le dos sur le bord d’un lit. Haut du bras étendu
sur le
côté, coude plié, avant-bras parallèle au tronc, paume
tournée
vers le sol. Veillez à bien garder la partie arrière
de l’épaule en
contact avec le lit à l’aide de l’autre main.
Remontez l’avant-
bras vers le plafond. Maintenez pendant
10 secondes. Relâchez
et laissez lentement retomber la main
et l’avant-bras vers le sol.
Maintenez la position pendant
45 secondes. Répétez
l’exercice 2 fois. Changez de côté.

Figure 16-23 :
Étirement
spécifique
des muscles
de l’épaule
(muscle
antérieurs
de l’épaule).

Étirement des muscles extenseurs du


poignet
Pour étirer les muscles du côté gauche. Assis, posez le coude
sur
une table, paume de main orientée vers la table. Saisissez
le dos
de votre main avec la main opposée. Poussez lentement vers le
bas au maximum. Contractez les muscles de
l’avant-bras en
essayant de remonter la main gauche, tout
en continuant à
opposer une résistance avec l’autre main.
La main gauche ne
doit pas bouger. Maintenez la position
pendant 6 à 8 secondes.
Relâchez la pression et étirez doucement la main qui a travaillé.
Répétez l’exercice 2 fois. Changez
de côté.

Figure 16-24 :
Étirement
des muscles
extenseurs du
poignet.

Étirement des muscles fléchisseurs du


poignet
Côté gauche. Assis, posez le coude sur une table, paume de
main
orientée vers le plafond. Étirez vos doigts en les abaissant
doucement et progressivement à l’aide de l’autre main,
vers la
table, jusqu’à l’étirement maximum. Contractez les
doigts,
comme pour les fléchir. L’autre main opposant une
résistance en
sens inverse, les doigts ne doivent pas bouger.
Maintenez la
position pendant 6 à 8 secondes. Relâchez la
pression et étirez
doucement la main qui a travaillé. Répétez
l’exercice 2 fois.
Changez de côté.

Figure 16-25 :
Étirement
des muscles
fléchisseurs
du poignet.

Exercices pour les jambes


Les membres inférieurs sont porteurs, donc soumis à des
contraintes de compression parfois traumatiques ou
dégénératives (favorisant l’arthrose). C’est pourquoi les douleurs
de
cette région sont souvent traumatiques ou liées à l’arthrose.
Les étirements et les mobilisations visent à redonner de la
souplesse aux articulations et à soulager certaines douleurs
associées.

Soulager le pubis
Allongez-vous sur le dos, jambes pliées et pieds au sol.
Positionnez un petit coussin sous la partie inférieure des fesses
afin de diminuer la cambrure du bas du dos ainsi qu’un autre
coussin (ou un vêtement en boule) entre vos genoux et cherchez
à l’écraser. Vous ressentirez une contraction à l’intérieur des
cuisses et parfois un petit « claquement » au niveau du pubis
(voir chapitre 10, encadré « Soulager un bassin douloureux »).

Étirement de la partie latérale de la cuisse


(muscle tenseur du fascia lata)
Pour étirer le muscle du côté gauche. Allongez-vous sur le côté
droit, les fesses près de l’extrémité du lit. Pliez la jambe et le
genou droits pour assurer la stabilité de la position. Laissez
la
jambe gauche pendre, puis remontez-la de 5 cm pendant
10 secondes. Relâchez, et laissez pendre la jambe à nouveau,
favorisez ainsi l’étirement des muscles latéraux de la hanche
et
de la cuisse. Maintenez la position pendant 30 secondes.
Répétez
l’exercice. Changez de côté.
Figure 16-26 :
Étirement
de la partie
latérale de
la cuisse
(muscle tenseur du
fascia
lata).

Détendre la partie avant du bassin et de la


cuisse (muscles psoas et quadriceps)
Côté droit. Debout, face à un mur ou à une porte. Posez la
main
gauche contre le mur afin de rester stable. Pliez le genou
droit en
tenant la cheville avec la main droite. Étirez le muscle
antérieur
de la cuisse en ramenant lentement votre pied vers
la fesse, sans
bouger le reste du corps, sans vous pencher en
avant. Rabaissez
doucement le pied vers le bas tout en résistant
de la main
porteuse. Le pied ne doit pas bouger. Maintenez la
position
pendant 10 secondes. Essayez d’étirer un peu plus
la cuisse en
rapprochant votre pied des fesses. Maintenez
la position
pendant 30 secondes. Répétez l’exercice 2 fois.
Changez de
côté. Pour étirer plus spécifiquement les muscles
de la cuisse,
vous pouvez orienter légèrement votre talon vers
l’intérieur ou
vers l’extérieur.
Figure 16-27 :
Détendre la
partie avant
du bassin et
de la cuisse
(muscles
psoas et
quadriceps).

Renforcer les muscles de la cuisse


(muscles quadriceps et ischio-jambiers)
Assis sur une chaise ou sur le bord de votre lit. Croisez les
pieds.
Dans un premier temps, poussez vos jambes l’une
contre l’autre,
en amenant la jambe arrière vers l’avant et la
jambe avant vers
l’arrière sans que vos pieds ne bougent.
Vous devez sentir la
tension dans les muscles de vos cuisses
augmenter. Maintenez la
position pendant 10 secondes.
Relâchez. Décroisez vos pieds et
recroisez-les en sens inverse
pied dessus dessous et dessous
dessus. Répétez l’exercice
complet 4 fois.
Dans un second temps et toujours dans cette position,
mobilisez
l’articulation des genoux en effectuant un léger
mouvement de
balancier afin de soulager les tensions.

Figure 16-28 :
Renforcer
les muscles
de la cuisse
(muscles
quadriceps
et
ischio-jambiers).

Étirement des muscles en arrière de la


cuisse (muscle ischio-jambier)
Côté gauche. Debout. Placez le talon gauche sur un tabouret,
jambe tendue, genou droit. Essayez de garder la colonne
vertébrale et le bassin alignés. Inclinez-vous légèrement vers
l’avant, jusqu’à sentir l’étirement à l’arrière de la cuisse.
Maintenez la position pendant 6 à 8 secondes. Relâchez,
inspirez
et expirez. Sur l’expiration suivante, étirez à nouveau
les
muscles ischio-jambiers en vous inclinant un petit peu
plus vers
l’avant. Maintenez la position pendant 30 secondes.
Relâchez le pied sur le tabouret et contractez à nouveau.
Répétez l’exercice. Passez à l’autre jambe.
Selon la partie à étirer, vous pouvez réaliser cet exercice avec
le
pied légèrement tourné vers l’intérieur ou vers l’extérieur
avant
de commencer l’étirement.
Figure 16-29 :
Étirement
des muscles
en arrière
de la cuisse
(muscle
ischio-
jambier) .

Étirement global du mollet (muscles


gastrocnémien ou jumeaux)
Côté droit. Debout face au mur. Placez les paumes des mains
à
hauteur des épaules contre le mur, tout en veillant à garder
pieds
et épaules dans le même alignement. Amenez la jambe
droite
vers l’arrière, pied droit à plat sur le sol. Genou droit
tendu. Pour
augmenter l’étirement derrière le genou, reculez
le pied de la
jambe gauche, en fléchissant légèrement l’autre
jambe.
L’étirement peut être accentué en avançant le bassin un
peu plus
en avant. Attention à ne pas décoller le talon du sol
tout au long
de l’exercice. Appuyez votre pied droit contre le
sol et
maintenez la position 6 à 8 secondes. Relâchez.
Une fois la pression relâchée et la jambe détendue, amenez le
talon encore plus loin vers l’arrière en amenant votre bassin
encore un peu plus vers l’avant pour étirer le jumeau sur la
droite. Maintenez la position pendant 30 secondes. Répétez
l’exercice. Changez de côté. Selon la partie du mollet à étirer,
vous pouvez tourner légèrement le talon vers l’intérieur ou
vers
l’extérieur.
Figure 16-30 :
Étirement
global du mollet (muscles
gastrocnémien ou
jumeaux).

Étirement spécifique du mollet (muscle


soléaire)
Côté droit. Assis, pied gauche au sol, mollet droit posé
sur la
cuisse opposée. Attrapez la cheville avec la main
opposée pour
la stabiliser. La main gauche saisit la jambe
droite au-dessus de
la cheville pour la stabiliser. La main
droite étire les orteils et le
pied vers le haut de la cheville,
jusqu’à sentir un étirement à
l’arrière du mollet. Une fois
l’étirement maximum atteint, sans
douleur, redressez le pied
contre la résistance inflexible de la
main (votre pied ne doit
pas bouger). Maintenez la position
pendant 6 à 8 secondes.
Relâchez. Essayez à nouveau d’étirer un
peu plus le pied et
provoquez un étirement supplémentaire du
mollet. Maintenez
la position pendant 30 secondes. Répétez
l’exercice. Changez
de côté.

Figure 16-31 :
Étirement
spécifique
du mollet
(muscle
soléaire).

Mobiliser la cheville
Pour rétablir une bonne mobilité entre les os du pied : assis
confortablement, posez votre pied sur le genou et, avec vos
pouces et index des deux mains, venez englober votre cheville
en avant et en arrière de sorte que vos pouces et index
soient
face à face. Vous devez être positionné en dessous des
malléoles
externe et interne.
Le principe va être maintenant de légèrement décoapter
(tracter
vers l’extérieur) le pied. Pour plus de facilité, prenez
appui avec
vos coudes sur la partie antérieure de la cuisse
pour le bras du
côté opposé à la cheville à mobiliser et sur la
partie interne du
mollet pour l’autre bras.
Une fois que la cheville est légèrement décoaptée, mobilisez-la
en décrivant des circonvolutions ou des « mouvements en 8 »
de
manière à libérer le talus (ou astragale) de la pince que
forment
les deux os des jambes. Durant la technique, il est
possible que
vous ressentiez ou entendiez certains bruits ou
craquements
articulaires physiologiques.

Figure 16-32 :
Mobiliser la
cheville.

Soulager les muscles extenseurs des


orteils
Côté gauche. Assis, la jambe gauche croisée repose sur la
cuisse
droite. La main droite saisit les orteils et le dos du
pied droit.
Étirez le muscle de la jambe (avant du tibia, voir la
figure) par
flexion plantaire maximale. Redressez doucement
le pied tout en
maintenant la pression avec la main. Maintenez
la position
pendant 6 à 8 secondes, puis relâchez. Tirez
ensuite un peu plus
pour augmenter l’étirement. Maintenez
la position 30 secondes.
Répétez l’exercice 2 fois. Changez de
côté.

Figure 16-33 :
Soulager
les muscles
extenseurs
des orteils.
Cinquième partie
La partie des Dix
Dans cette partie…

C ette traditionnelle partie des Dix clôture notre


Ostéopathie pour
les Nuls avec une sélection des dix
critères pour choisir votre
ostéopathe, puis un ensemble de
dix idées reçues sur l’ostéopathie et,
enfin, une ultime
sélection de dix techniques manuelles utilisables en
cabinet.
Chapitre 17
Les dix critères pour reconnaître
un bon ostéopathe

Dans ce chapitre :
Qu’est-ce que le DO ?

L’importance de la proximité
L’expérience de terrain

À la recherche d’un artisan rigoureux

A vec la démocratisation de cette thérapie, l’ostéopathie


est
devenue un réel phénomène de mode… et pourrait
bien être
victime de son succès ! Le nombre d’ostéopathes est
aujourd’hui
plus élevé que jamais et ne cesse de croître, il est
donc important
de savoir comment sélectionner son praticien.
Voici les dix
règles pour choisir le « bon » praticien.

Bouche-à-oreille… mais pas que ça


Il existe aujourd’hui différents moyens pour trouver votre futur
praticien. Les plus répandus sont les moteurs de recherche
et les
sites de référencement professionnel (comme les pages
jaunes) ;
ils proposent des praticiens en fonction de vos
critères.
De plus en plus d’ostéopathes ont leur propre site Internet
avec
leur contact, mais aussi des renseignements sur leur
cursus et
leur pratique. N’hésitez pas à les consulter pour
mieux choisir.
Sur Internet toujours, vous pourrez aussi trouver des avis
postés
par des patients, sur les qualités et les défauts des
praticiens
recherchés. Cependant, rien ne vaut le bouche-à-oreille ! Prenez
conseil auprès de vos amis et n’hésitez pas à
poser la question au
pharmacien de votre quartier. Avec une
recommandation, vous
serez plus détendu et serein lors de la
consultation.

Titulaire d’un diplôme agréé : DO,


quésaco ?
Vous avez certainement dû voir cette abréviation sur plusieurs
plaques de praticien. Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir
dire ? Cet acronyme peut prendre plusieurs significations
suivant
le pays où il est employé : aux États-Unis, par exemple,
cela
signifie Doctor of Osteopathy ; en France, il veut dire
diplômé
en ostéopathie.
Pendant longtemps, le diplôme d’ostéopathe recouvrait divers
curriculums : la formation allait de quelques week-ends à
plusieurs années en formation continue ou initiale. Avant de
consulter, mieux vaut donc être vigilant quant à la formation
du
praticien choisi.
Depuis 2002, le titre d’ostéopathe est protégé par le ministère
de
la Santé. Mais attention titre et DO ne se recoupent pas
nécessairement.
Les formations ne se valaient pas toutes jusqu’à ce que les
décrets ministériels de 2007 commencent à encadrer la
formation et à légiférer sur l’usage du titre. Depuis 2007, seuls
les
praticiens ayant un numéro ADELI correspondant au titre
d’ostéopathe peuvent exercer en tant qu’ostéopathe.
ADELI
D’après le ministère de la Santé, ADELI
signifie automatisation des listes.
C’est
un système d’information national sur
les professionnels relevant du
Code
de la santé publique, du Code de l’action sociale et des familles et
des personnes autorisées à faire usage du titre
d’ostéopathe. Un numéro
ADELI est
attribué à tous les praticiens salariés
ou libéraux et leur sert de
numéro de
référence. Chaque diplômé doit enregistrer son diplôme à
l’Agence régionale de santé du département de
l’adresse professionnelle.

Depuis décembre 2014, le ministère de la Santé a entrepris de


réglementer plus précisément les formations en agréant des
établissements susceptibles de pouvoir donner un diplôme
enregistrable à l’ARS. Cette distinction est donc importante à
faire lors du choix de futur praticien. Se renseigner sur son lieu
de formation peut vous aider à sélectionner un professionnel
correctement formé. Vous pouvez retrouver les écoles agréées
sur le site du ministère de la Santé :
http://www.sante.gouv.fr.

Ce diplôme, délivré après cinq ans d’études et la soutenance


d’un mémoire, atteste la formation complète des praticiens.
N’hésitez pas à demander à votre ostéopathe, dès que vous
l’avez au téléphone, s’il est autorisé à faire usage du titre
d’ostéopathe et s’il possède par ailleurs un DO.

30 minutes de consultation minimum


Généralement, le temps d’une consultation varie entre
45 minutes et 1 heure. Cependant, certains motifs de
consultation ne nécessitent pas une prise en charge aussi longue,
surtout lorsqu’il s’agit d’un suivi de consultation. L’ostéopathe
peut aussi décider, en fonction de vos besoins, de rallonger
le
temps de votre consultation. Si le praticien vous propose
d’emblée une consultation d’une durée inférieure à 30 minutes,
sans même vous avoir vu, c’est plutôt mauvais signe…
Privilégiez les ostéopathes dont la durée de consultation reste
dans les « normes ». Dans la même idée, fuyez les ostéopathes
vous proposant, de manière automatique, un nombre
incalculable de suivis. L’approche de l’ostéopathie s’appuie sur
un retour vers la santé ; si certains l’oublient et préfèrent un
retour sur investissement, évitez-les !

Loin des yeux, loin du dos


L’ostéopathe dont tout le monde vous parle mais ne consultant
qu’à Marseille alors que vous vivez à Paris ne vous sera pas
d’une grande aide. Choisissez votre praticien en fonction de
sa
proximité et de votre rythme de vie. Certaines personnes
préfèrent consulter lors de leur pause déjeuner et iront alors
voir
l’ostéopathe proche de leur travail tandis que d’autres
préféreront consulter près de leur domicile. L’essentiel reste de
ne pas avoir à traverser la ville. En effet, si vous devez consulter
un ostéopathe pour un lumbago douloureux, il est préférable
qu’il soit à proximité pour éviter de souffrir lors du trajet !

Le temps d’attente pour un rendez-vous


Certains ostéopathes installés depuis longtemps ont une
patientèle déjà bien constituée et « tournent à fond ». Prendre
un
nouveau rendez-vous avec eux est parfois difficile et nécessite
beaucoup de patience. Si vous consultez pour un bilan
ou pour
une gêne chronique, l’attente vous sera certainement
supportable, mais si vous souffrez d’une douleur vive,
attendre
l’entrevue n’est pas nécessairement la meilleure
chose à faire.
Dans ce cas, prenez rendez-vous ailleurs. Comme
le dit un
proverbe ostéopathique : « La réussite thérapeutique d’un
ostéopathe ne se juge pas à la longueur de sa salle
d’attente. »
Une réussite thérapeutique
Le meilleur moyen de choisir un ostéopathe est parfois de
l’essayer. L’essentiel dans la consultation est avant tout le
résultat. Comment vous sentez-vous après la consultation et
dans
les jours qui suivent ? Le praticien vous a-t-il donné des
conseils
pour éviter les récidives ? Ces questions sont fondamentales
pour juger de la qualité d’un ostéopathe. Attention,
il est parfois
nécessaire de consulter plusieurs fois pour
aller mieux. Lorsque
la réussite thérapeutique n’est pas au
rendez-vous, un bon
ostéopathe est attentif à votre retour et
cherchera avec vous une
stratégie thérapeutique efficace ; ne
soyez pas surpris s’il vous
adresse à l’un de ses collègues ou
tout autre professionnel de
santé.

Une écoute particulière


L’une des qualités premières d’un bon thérapeute est son
sens de
l’écoute et de l’empathie (« compréhension » des
sentiments de
l’autre). De même, un bon ostéopathe est formé
pour écouter son
patient et, avec sa main, il analyse finement
les différentes
structures anatomiques, on parle même d’une
écoute tissulaire
avec la main.
Si, lors de la consultation, vous ressentez l’envie de parler, de
partager certaines choses avec votre ostéopathe, n’hésitez
pas !
C’est bien souvent utile à l’établissement d’une relation
thérapeutique de confiance.

Une déontologie
La déontologie, ou science du devoir, suppose une organisation
professionnelle. La construction d’une déontologie
ostéopathique suggère donc la construction de groupements
professionnels reconnus à vocation ordinale.
À ce jour, il n’existe pas d’« ordre des ostéopathes » que vous
pourriez solliciter en cas de question, de problème ou d’abus.
En
revanche, dans les faits, bien que n’y étant pas inscrits, les
ostéopathes sont soumis au Code de la santé. Dès lors, ils ont
un
devoir d’information auprès de leurs patients et doivent
respecter le secret professionnel.
Par ailleurs, de nombreux ostéopathes sont membres
d’associations socioprofessionnelles et l’indiquent sur leur
plaque,
leur carte de visite ou dans leur salle d’attente. Leur
affiliation à ces associations impose le respect d’une charte de
déontologie et offre généralement la garantie d’une possibilité
de
médiation en cas de litige. N’hésitez pas à interroger le
praticien
et à consulter le site Internet de l’association
socioprofessionnelle à laquelle il est affilié.

Une poursuite de formation(s)


Les ostéopathes ont accès, après leur cursus initial, à un panel
de
formations leur permettant d’actualiser leurs connaissances sur
les nouveautés techniques et théoriques. Chacune
de ces
formations vient enrichir les traitements et permet à
l’ostéopathe
d’améliorer sa pratique.
Certains ostéopathes se forment ainsi dans des domaines
biens
particuliers, allant parfois jusqu’à se spécialiser (comme
dans la
prise en charge des sportifs ou des bébés). Si vous
avez un
besoin particulier, vous pouvez rechercher l’ostéopathe qui vous
convient en lui demandant s’il a suivi des
formations dans le
domaine qui vous intéresse.

L’expérience
Si le dentiste ne peut pas travailler sans sa fraise, le médecin
généraliste sans son stéthoscope et l’acupuncteur sans
ses
aiguilles, l’ostéopathe, lui, n’a aucun outil « externe ».
Sa main
est son seul outil. C’est évidemment un outil qui
évolue avec la
pratique… et avec le temps ! Ainsi, avec
l’expérience, sa
palpation s’affine, le rendant plus sensible
aux troubles parfois
difficiles à percevoir. Un praticien plus
jeune aura d’autres
qualités indéniables : une formation plus
récente, des
connaissances plus actualisées et une technique
parfois moins
routinière.
Chapitre 18
Les dix idées reçues
en ostéopathie

Dans ce chapitre :
L’ostéopathie, c’est pour faire craquer, non ?

L’ostéopathie, c’est vraiment de la magie !


L’ostéopathie, c’est toujours cher !

J’ai plus mal après qu’avant

M agie ou placebo, l’ostéopathie ? Attention aux idées


reçues
que vous pouvez entendre à propos de cette
discipline ! Voici les
plus courantes, à ne pas faire circuler !

L’ostéopathie, c’est pour faire craquer,


non ?
« Mon ostéopathe m’a fait craquer »… Il existe différentes
techniques en ostéopathie. L’une des plus connue et plus
caricaturée consiste à manipuler une articulation qui, lors
du
mouvement, peut produire un son souvent perçu comme
un
« crac ». Encore mal compris, ce bruit articulaire ne serait
rien
de plus qu’une petite rupture d’adhérence située dans
l’articulation, ou un phénomène de cavitation libérant du gaz
susceptible de rendre de meilleures amplitudes de mouvements à
l’articulation concernée.
Pas d’inquiétude ! Plusieurs études réalisées sur les articulations
des mains et des genoux prouvent que les craquements
réguliers
ne conduisent pas nécessairement à des lésions
articulaires de
type arthrose. De plus, l’ostéopathe a dans sa
caisse à outils de
nombreuses autres techniques ne produisant
pas ce bruit
articulaire. N’hésitez pas à lui en parler avant la
séance, si vous
n’êtes pas encore prêts à ce type de manipulation. Certains
patients souhaitent ainsi voir des ostéopathes
« qui ne font pas
craquer » tandis que d’autres considèrent
qu’une séance sans
« crac » n’aura pas d’effet sur eux… Sachez
qu’avec ou sans
crac, votre ostéopathe sera toujours un
« crack ».

Ma vertèbre s’est déplacée


La fameuse image de la « vertèbre déplacée » ! Elle est
une
cause courante de consultation. Cette représentation
populaire de
la dysfonction ostéopathique a la vie dure. Elle
est même parfois
utilisée par certains professionnels de
santé pour aider le patient
à mieux comprendre la cause de
sa douleur. Rassurez-vous : une
vertèbre ne se « déplace » pas
comme une assiette qui sortirait
de sa pile, et si cela arrivait,
les douleurs et troubles engendrés
nécessiteraient une prise
en charge chirurgicale.
Cette formulation exprime en réalité un processus
inflammatoire
local douloureux, souvent lié à une contracture musculaire ou à
une dysfonction articulaire, sans
déplacement.
Ainsi, l’ostéopathe ne « replace » pas une vertèbre, mais ajuste
les différents tissus articulaires et périarticulaires pouvant
être
responsables de la plainte.

Mon bassin est tordu ?


Le bassin est un carrefour osseux formé des os iliaques, du
sacrum et du coccyx. Il fait le lien entre la colonne vertébrale,
qu’il supporte, et les jambes, intervient dans le processus de
la
marche, maintient les organes du petit bassin (comme la
vessie,
l’utérus, et les ovaires…) et offre un lieu d’insertion
à des
groupements musculaires parmi les plus puissants du
corps,
comme les muscles fessiers.
À ce niveau siégeront souvent des dysfonctions ostéopathiques.
Lieu privilégié d’adaptation de la posture, les
blocages
articulaires du bassin peuvent être responsables
d’attitudes
scoliotiques ou d’inégalité de longueur des
membres inférieurs.
Ainsi, si une jambe est plus courte que
l’autre, le bassin peut
s’incliner ou se vriller légèrement pour
permettre une meilleure
mobilité de la colonne vertébrale,
donnant cette impression de
« bassin tordu ». Il arrive parfois
que ces déséquilibres se
traduisent par des jupes « qui
tournent » ou encore des ourlets de
pantalon asymétriques.

L’ostéopathie, c’est comme la


kinésithérapie ou la chiropractie, non ?
Même si ces trois thérapies ont pour outil principal la main,
seule la kinésithérapie est aujourd’hui reconnue comme une
profession de santé en France. Cette situation est d’ailleurs en
cours d’évolution.
Par ailleurs, de nombreuses confusions persistent, car les
premiers ostéopathes formés en France étaient pour la grande
majorité d’abord kinésithérapeutes.
Cette confusion n’est pas sans rappeler celle des boulangers/
pâtissiers : deux professions différentes aux formations
différentes mais souvent réunies, et du coup souvent
confondues !
Pour mieux comprendre les différences entre ces trois
spécialités, intéressons-nous à leur approche.
La kinésithérapie est un partenaire de santé de l’ostéopathie.
Cette spécialité paramédicale permet à un professionnel de
santé
de travailler sur différentes formes de rééducation,
de
renforcement musculaire, ainsi que sur la mobilité et
l’endurance
d’un patient. Elle est très utilisée à la suite d’une
blessure, d’une
intervention chirurgicale ou d’un événement
traumatisant pour le
corps humain.
Alors que les prises en charge ostéopathiques et chiropratiques
sont généralement assez courtes (1 à 3 séances, parfois
plus en
chiropractie), les soins kinésithérapiques nécessitent
souvent une
prise en charge plus régulière : il n’est pas rare de
voir des
prescriptions de 10 à 15 séances, voire plus.
Si la kinésithérapie est la cousine de l’ostéopathie, la
chiropractie en est la sœur !
Pour distinguer l’ostéopathie de sa sœur la chiropractie, il
est
intéressant de noter que la plupart des chiropracteurs
manipulent
essentiellement la colonne vertébrale par des
techniques qui font
craquer et souvent à l’aide de tables
assez sophistiquées (munies
de coussins à rebond entre
autres choses), tandis que
l’ostéopathe utilise des techniques
réputées plus douces et de
plus faible amplitude sur
l’ensemble du corps.
En résumé, ces trois thérapies diffèrent sur plusieurs points
mais
en particulier sur leur pratique. L’ostéopathie et la chiropractie
sont des pratiques de première intention (les patients
vont
consulter sans avoir besoin de voir un médecin avant),
tandis
que la kinésithérapie est une pratique avec un diplôme
d’État
pour laquelle il est préférable d’avoir une prescription
médicale
(et ainsi être mieux remboursé).
L’ostéopathie, c’est vraiment de la
magie !
Arriver chez l’ostéopathe « bloqué », ou même « plié »,
et en
repartir en bon état est parfois assez impressionnant !
Les
résultats thérapeutiques à la fin de séance diffèrent en
fonction
du motif de consultation et peuvent parfois être
surprenants et
immédiats. Le retour à la mobilité, la diminution des douleurs ou
même l’équilibrage du corps – après une
entrée dans le cabinet
avec une épaule plus haute que l’autre
ou une inclinaison de tête
involontaire – sont souvent les
résultats visibles d’une
consultation. Pour autant, ils n’ont rien
de magique.
L’ostéopathe ne fait que redonner de la mobilité
aux structures
du corps qui, grâce à des manipulations, sont
soulagées de leurs
contraintes et permettent au corps de
retrouver son
fonctionnement optimal.

De toute façon, l’ostéopathie c’est du


placebo…
Différentes études cherchent aujourd’hui à évaluer l’impact
d’un
traitement ostéopathique sur les troubles qu’il soulage.
Cependant, l’ostéopathie, comme la médecine, n’est pas une
science exacte.
Néanmoins, certaines études ont prouvé qu’un traitement
ostéopathique pouvait avoir un effet sur les lumbagos et
permettait de diminuer les douleurs. Ainsi, le meilleur moyen
pour l’évaluer demeure la reconnaissance des patients. Il est
important de noter que, dans toute forme de thérapie, il existe
environ 30 % de placebo dans la réussite thérapeutique et
que
l’ostéopathie n’échappe pas à cette règle. Cependant, le
nombre
de consultations par an, en constante augmentation,
prouve
l’intérêt et la satisfaction des patients.
Petite astuce pour évaluer l’efficacité de votre traitement :
une
lombalgie commune (douleur en bas du dos) guérit d’elle-même
en trois semaines dans la plupart des cas…

L’ostéopathe ? Seulement quand j’ai


mal…
L’ostéopathie joue effectivement un rôle important pour
diminuer et traiter certains syndromes douloureux.
Elle prend cependant une place importante dans la prévention de
celles-ci en équilibrant et soulageant les troubles
parfois
silencieux du corps. Ces dysfonctions ostéopathiques
silencieuses, présentes au quotidien, peuvent, à la suite d’un
facteur déclenchant parfois anecdotique (se baisser pour
brancher une prise ou ramasser un stylo, se tourner pour
attraper
une assiette…) conduire au syndrome de la « goutte
d’eau ». Cet
excès de contraintes (liées à des dysfonctions
silencieuses
articulaires, musculaires, viscérales…) empêche
le corps de
s’adapter à ce nouveau geste anodin et déclenche
un système de
réaction de verrouillage de la zone sursollicitée,
qui devient tout
à coup douloureuse.
Faire un bilan avec son ostéopathe deux fois par an alors que
tout va bien permet ainsi de prévenir l’excès de dysfonctions
ostéopathiques « silencieuses » et par là d’éviter ce syndrome
de
la « goutte d’eau ».

L’ostéopathie, c’est toujours cher !


L’ostéopathie n’est pas historiquement une « médecine de
riches ». Le temps consacré à chaque consultation explique le
tarif qui peut paraître élevé.
Bien entendu, les prix des consultations diffèrent aussi du
lieu
d’installation de votre ostéopathe. En effet, le loyer des
cabinets
d’ostéopathie peut varier du simple au double, selon
que
l’ostéopathe soit installé en milieu urbain ou non. Ces
écarts de
loyer sont à la base de la plupart des différences de
prix
constatées entre praticiens.
On constate que le prix de la consultation oscille en France
entre 40 et 100 euros. Pour indication, aux États-Unis, le prix
de
la consultation peut facilement atteindre les 200 dollars.
Dans la plupart des cas, l’approche ostéopathique ne nécessite
pas de séances hebdomadaires. Les frais engagés sont
donc
ponctuels.
En dépit de l’absence d’affiliation au régime de la Sécurité
sociale, certaines astuces vous permettront d’accéder à des
soins
ostéopathiques à moindre coût. Par exemple, certaines
mutuelles
garantissent des remboursements plus ou moins
importants sur
les frais avancés pour des consultations ostéopathiques. Il est
conseillé de contacter votre mutuelle afin de
connaître ses
modalités de remboursement.
D’autre part, les nouvelles réglementations du cadre
pédagogique des écoles d’ostéopathie les obligent à mettre à
disposition des cliniques ostéopathiques ouvertes au grand
public, vous permettant ainsi de largement réduire les coûts
engagés. Ces consultations, entre 10 et 20 euros, sont réalisées
par des étudiants de deuxième cycle et sont encadrées par des
ostéopathes professionnels. Il suffit de prévoir un peu plus de
temps et d’accepter d’être examiné par deux à trois praticiens,
un peu comme dans un centre hospitalier universitaire.

Avec l’ostéopathie, plus besoin de


médoc
Que ce soit lors d’un bilan préventif ou à la suite d’une
blessure,
l’ostéopathie permet de libérer le corps de certaines
contraintes
et d’encourager son processus d’autoguérison
pour diminuer les
douleurs. Ce soulagement des maux et des
troubles peut
permettre de diminuer l’utilisation d’antidouleur
ou d’anti-
inflammatoires. Attention, malgré son large champ
d’action et
ses résultats thérapeutiques, l’ostéopathie ne
traite pas tout et ne
remplace absolument pas un traitement
médical. Elle peut
cependant parfois l’accompagner pour le
compléter et
l’améliorer, en faisant diminuer sa posologie par
exemple.
Ne soyez donc pas surpris que votre ostéopathe cherche à
contacter votre médecin traitant pour ajuster sa stratégie de
soin.

J’ai plus mal après qu’avant


Un traitement ostéopathique permet d’ajuster et de rééquilibrer
les contraintes s’exerçant sur le corps, en corrigeant
les
dysfonctions qui le perturbent. Ce travail active ses
capacités
d’autoguérison, d’où la fatigue parfois ressentie
après la séance.
Si vous avez mal encore quelques jours après
(généralement 2 ou 3 jours), c’est que votre corps a besoin
de
temps pour s’adapter au traitement. Parfois, plusieurs
consultations peuvent être nécessaires pour le débarrasser
de
toutes ses contraintes. Par conséquent, pas d’inquiétudes
si,
lorsque vous terminez une séance, les troubles persistent
quelque
temps, mais n’hésitez surtout pas à contacter votre
ostéopathe si
les douleurs durent trop longtemps. Votre retour
par téléphone
ou email est très important pour le suivi de
traitement.
Chapitre 19
Les dix types de traitement
en ostéopathie

Dans ce chapitre :
Qu’est-ce que le TOG ?

Les techniques douces


Les techniques qui font « crac »

Les techniques qui réclament une participation active du patient

L a trousse à outils de l’ostéopathe est composée de


différents
types de manipulations, que votre praticien
sélectionne en
fonction des dysfonctions ostéopathiques
détectées, de leurs
manifestations et de ses affinités. En effet,
certains ostéopathes
pratiquent plus régulièrement avec :
Des techniques directes qui mobilisent la structure dans
le sens opposé au blocage, parmi lesquelles on identifie
les techniques de haute vélocité / basse amplitude,
les
techniques myotensives et certaines techniques
crâniennes
et viscérales ;
Des techniques indirectes encore appelées techniques
fonctionnelles qui mobilisent les tissus dans le sens de la
dysfonction par des manœuvres de détente généralement
douces, parmi lesquelles on identifie les techniques
fasciales, les techniques trigger et certaines techniques
crâniennes et viscérales.

La grande majorité des ostéopathes utilisent cependant ces


deux
grandes classes de techniques en fonction des besoins
de votre
corps. Ci-après, vous trouverez un échantillon des
types de
techniques les plus pratiquées par les ostéopathes.

Le traitement ostéopathique général ou


TOG
Les techniques ostéopathiques générales ont pour objectif de
mobiliser toute la colonne vertébrale avec usage de longs leviers
mécaniques. C’est pour cette raison que votre ostéopathe utilise
votre jambe ou votre bras pour mobiliser la colonne.
Elles sont basées sur la règle des trois « R » : routine, rythme et
rotation.
Routine car c’est une suite normalisée de mobilisations
globales et d’étirements qui peuvent prendre jusqu’à une
petite heure ;
Rythme car les techniques s’approchent des techniques
harmoniques fondées sur la répétition d’un geste. Ce
rythme est adapté à la morphologie, à l’âge du patient et
à
l’objectif thérapeutique ;
Rotation car chaque geste cherche à utiliser le
mouvement elliptique permit par l’articulation manipulée.

D’apparences banales, ces techniques réclament des années


d’expérience pour une bonne maîtrise.
Sans véritables contre-indications et indolores, ces techniques
sont souvent privilégiées pour la prise en charge du patient
très
âgé.
Les techniques fasciales
Les fascias sont des membranes fibro-élastiques qui
enveloppent
et supportent toutes les structures du corps
(os, muscles, organes,
glandes, etc.). En forme de réseau interconnecté, ils sont
présents partout : du haut du crâne jusqu’au
bout des orteils.
Les différents tissus du corps peuvent subir des modifications
lorsqu’ils sont soumis à des traumatismes ou des blessures.
Ces
modifications peuvent perturber la mécanique des fascias
et
ainsi dérégler le fonctionnement de tissus et d’organes,
même
situés à distance.
L’ostéopathe qui emploie les techniques de fascias réalise
généralement des mouvements extrêmement lents qui peuvent
d’ailleurs surprendre le patient.
La relative douceur du geste ne doit pas faire oublier les effets
secondaires potentiellement puissants et dérangeants pour le
patient qui n’en serait pas informé.
Techniques sans véritables contre-indications, elles sont
employées quels que soient l’âge et le problème du patient.

L’ostéopathie tissulaire
L’ostéopathie tissulaire dérive des techniques de fascias. Elle
est
fondée sur une approche innovante et pousse l’ostéopathe
à
entrer plus profondément en contact avec la structure à
traiter
jusqu’à lui permettre de « communiquer » avec les
cellules qui
la composent. Pour y parvenir, il utilise certains
paramètres
communs aux techniques de fascias instaurant
ainsi une
véritable communication entre le thérapeute et le
corps de son
patient.
Pierre Tricot, célèbre ostéopathe français, explique que « les
techniques tissulaires travaillent selon le concept que toute
structure vivante est consciente et mettent en application ce
principe pour aider les tissus vivants en difficulté ».
D’un point de vue pratique, l’ostéopathe cherche, grâce à ses
mains, à appliquer une pression sur la zone à traiter. Au cours
de
la séance, les zones traitées sont susceptibles d’être plus
souples
et plus mobiles.
Sans véritables contre-indications, ces techniques sont
employées à tout âge et quel que soit le motif de consultation.

Les techniques crâniennes


L’ostéopathie crânienne est basée sur des manipulations très
douces du crâne, qui permettent à l’ostéopathe d’évaluer et
de
traiter le crâne et les structures qui le composent. En effet,
l’ostéopathie crânienne considère, entre autres, qu’il existe
une
mobilité au niveau des articulations entre les différents os
du
crâne et une fluctuation de liquide entraînant un mouvement
rythmé des structures crâniennes. Cette fluctuation du
liquide
intracrânien ou cérébro-spinal (LCS) est aussi appelée
mécanisme respiratoire primaire (MRP). Lors de ses
manipulations, l’ostéopathe mobilise ces différentes structures,
les
harmonise et libère les tensions.
Ces techniques sont fréquemment utilisées chez les
jeunes
enfants afin d’équilibrer les tensions provenant des
contraintes
subies par leur crâne lors de l’accouchement.

Les techniques de counterstrain


Le principe de traitement des techniques de counterstrain est
basé sur la mise en évidence de points de tension douloureux
situés au niveau des muscles. Pour les trouver, votre ostéopathe
palpe les tissus et recherche des zones musculaires
denses,
perçues comme des « nœuds musculaires douloureux ».
Pour les
traiter, il place le muscle et/ou l’articulation dans
une position
dite de « confort », ou antalgique, permettant
au muscle de se
relâcher et de se détendre.
Cette technique dure généralement 90 secondes et est très
intéressante lorsque la mobilisation directe est douloureuse
voire
impossible.

Les techniques de haute vélocité et


basse amplitude (HvBa)
Ces techniques, aussi appelées thrust (ou impulsion), s’appuient
sur des manipulations de haute vélocité et basse amplitude
(HvBa). Elles sont réalisées par une mise en tension des tissus
dans le sens de la limitation articulaire. Grâce à une impulsion
rapide mais de faible amplitude, les structures « bloquées »
sont
ainsi plus mobiles. Elles peuvent parfois déclencher un
petit
bruit articulaire souvent perçu comme un « crac ». Elles
agissent
également sur le système nerveux lorsqu’elles sont
réalisées sur
la colonne vertébrale. Pour mieux comprendre,
imaginez-vous
en train de monter la fermeture Éclair de votre
manteau qui reste
bloquée à mi-hauteur. Pour l’ouvrir, vous la
tirez rapidement et
d’un coup sec vers le haut pour « forcer » le
blocage et libérer la
fermeture. Cette analogie permet de mieux
comprendre le
concept des techniques d’HvBa.
Ces techniques réclament un entraînement rigoureux
préalable et
s’adressent à des patients dont les structures
osseuses sont
matures et ne présentent pas de faiblesse
particulière.

Les techniques de paramètres mineurs


Ces techniques, parfois appelées techniques de levier
minimum,
sont également des techniques de haute vélocité
et basse
amplitude. À la frontière des techniques directes et
fonctionnelles, elles ressemblent, dans leurs applications,
à des
techniques d’HvBa mais nécessitent une détente des
tissus situés
autour de l’articulation à manipuler. À cette fin,
l’ostéopathe
place l’articulation dans une position de plus
grand confort lui
permettant d’effectuer le geste thérapeutique
plus facilement en
utilisant des leviers mécaniques très courts.
Ces techniques réclament un entraînement rigoureux préalable
et
s’adressent à des patients dont les structures osseuses sont
matures et ne présentent pas de faiblesse particulière.

Les techniques myotensives


Ces techniques réclament une participation active du patient.
Elles sont fondées sur des principes de contraction-relaxation
des muscles.
Pour les réaliser, votre ostéopathe vous demande de contracter
certains muscles avec des mouvements bien précis tout
en
opposant une résistance à votre effort. À la suite d’une
contraction musculaire intervient nécessairement une période
de
relâchement durant laquelle l’ostéopathe étire le muscle,
permettant de l’assouplir et de diminuer les tensions que ce
muscle exerce sur les articulations. Lors de ces techniques, le
patient est entièrement actif. Il existe diverses possibilités pour
les réaliser, que votre ostéopathe sélectionnera avec soin.
Ces
techniques, sans contre-indication particulière, s’adressent
à tous
les patients communicants, et principalement à ceux qui
présentent une fragilité osseuse (ostéoporose).

Les techniques viscérales


Ces techniques sont utilisées par l’ostéopathe afin de tester et
de
traiter les dysfonctions ostéopathiques situées au niveau
des
viscères. Les viscères sont les organes situés à l’intérieur
d’une
cavité comme l’abdomen, le thorax ou encore le pelvis.
Les
viscères sont connectés avec le reste du corps par différentes
structures : ligaments, fascia, aponévroses, nerfs, etc.
Si leur
mobilité est restreinte, alors cela peut perturber celle
d’éléments
situés à distance.
Lorsque la souplesse d’un viscère est diminuée, sa fonction
peut
être perturbée et provoquer certains symptômes, comme
des
constipations, des diarrhées, des ballonnements ou autres.
Le tissu viscéral peut être affecté par différents types de
troubles, parmi les plus connus, on distingue les adhérences
(pertes de mobilité) dues à des cicatrices post-chirurgicales
ou
dues à des infections (comme après une atteinte virale de
type
gastroentérite).
Ces techniques s’adressent à tous, avec quelques précautions
chez la femme enceinte, les patients à risques et ceux ayant
subi
une récente intervention chirurgicale.

Les techniques posturales


Un nouveau champ de compétence de l’ostéopathie émerge
depuis quelques années. Il s’agit de la posturologie appliquée
à
l’ostéopathie. Ces techniques, exclusivement utilisées lors
de la
phase de test, permettent de déterminer si des zones
anatomiques
perturbent la station debout.
La posture du corps humain est contrôlée par différents
capteurs
pouvant être situés au sein de l’oreille interne, de
l’œil, dans la
plante des pieds ou au cœur des articulations.
Ces différents
capteurs renseignent constamment notre
cerveau sur la position
de notre corps et de ses différentes
parties dans l’espace. Si un
de ces capteurs fonctionne mal, les
informations perçues peuvent
alors être faussées, influençant
ainsi notre posture. Des tensions
musculaires et des blocages
articulaires peuvent apparaître et
s’aggraver avec le temps.
Une fois ces capteurs défaillants
identifiés, votre ostéopathe
pourra, après son traitement, vous
adresser au spécialiste
idoine (un podologue pour un port de
semelle, un ophtalmologiste pour changer de lunettes ou un
dentiste pour harmoniser
le contact dentaire).
Ces tests sont utiles en cas de douleurs chroniques résistantes
aux traitements.
Annexe
Planches Anatomiques
Sommaire

Couverture
L'Ostéopathie pour les Nuls
Copyright
À propos des auteurs
Remerciements
Avertissement
Introduction
À propos de ce livre
Comment ce livre est organisé

Les icônes utilisées dans ce livre


Et maintenant, par où commencer ?

Première partie - L’ostéopathie pour tous


Chapitre 1 - L’ostéopathie, quelle histoire !
Les premières racines de l’ostéopathie

La naissance de l’ostéopathie

Il était une fois, l’ostéopathie de deux mains

Chapitre 2 - Dès la naissance


Pour les futures mamans
Pour les bébés

Chapitre 3 - De 7 à 77 ans… et plus


Pour les enfants

Pour les ados

Grand âge et ostéopathie

Chapitre 4 - Pour les personnes handicapées


Comprendre le handicap

La motricité

La cognition

Chapitre 5 - Pour les sportifs et les artistes


Sport et ostéopathie

Grandir avec un sport, c’est aussi grandir par le sport

Du côté des musiciens

Comédien, certes, mais quand ça fait mal, ça fait mal

Chapitre 6 - L’ostéopathie pour les animaux


Ostéo pour les animaux, quésaco ?

Comment devient-on ostéopathe animalier ?

Comment trouver le bon ostéopathe ?

Quelques précurseurs, quelques indications

Des perspectives

Deuxième partie - Comment ça marche ?


Chapitre 7 - L’art de guérir avec ses mains
La main, ou l’outil de l’ostéopathe
Au contact de la peau

Toucher, palper

La palpation, outil diagnostique

La palpation, outil thérapeutique

Chapitre 8 - Un autre regard sur le corps, sur le soin


Un système de soin global

Une lecture du corps à travers le prisme du système musculo-


squelettique

Les cinq modèles ostéopathiques

Chapitre 9 - Mieux comprendre son corps


Une petite histoire des sciences biomédicales

L’anatomie disséquée

À la découverte de l’appareil locomoteur

Notre corps, quelle finalité ?

Troisième partie - Pourquoi aller chez l’ostéopathe ?


Chapitre 10 - Les douleurs musculo-squelettiques
J’ai mal au cou

J’ai mal au dos, entre les omoplates

J’ai mal à la cage thoracique

J’ai mal aux « reins »

J’ai mal aux bras

J’ai mal aux jambes

J’ai mal au boulot

Je n’ai mal nulle part… mais je prends soin de moi !


Chapitre 11 - Les autres douleurs
J’ai mal à la tête

J’ai mal au ventre

Je suis stressé

Quatrième partie - La consultation ostéopathique


Chapitre 12 - Le temps du dialogue
Racontez-moi tout…

Motif de la consultation ?

Faites-moi signe !

Les antécédents ou le temps des souvenirs

Globalement psychosocial

Chapitre 13 - Le temps de l’observation et des tests


Le temps de l’observation

Primum non nocere : Tout d’abord, ne pas nuire

Le mouv’ ostéopathique

Enquête de traitement

Chapitre 14 - Le temps de la manipulation


Une prise en charge globale

La santé est en nous !

Concrètement, lors d’une consultation que se passe-t-il ?

Alors, combien de séances ?

Chapitre 15 - Le temps du conseil


La santé, ça s’apprend !
Les bénéfices de l’ostéopathie se préservent !

Bien récupérer après la séance

Sportivement vôtre !

Chapitre 16 - Ostéobox
Exercices pour le cou

Exercices pour le dos

Exercices pour les bras

Exercices pour les jambes

Cinquième partie - La partie des Dix


Chapitre 17 - Les dix critères pour reconnaître un bon ostéopathe
Bouche-à-oreille… mais pas que ça

Titulaire d’un diplôme agréé : DO, quésaco ?

30 minutes de consultation minimum

Loin des yeux, loin du dos

Le temps d’attente pour un rendez-vous

Une réussite thérapeutique

Une écoute particulière

Une déontologie

Une poursuite de formation(s)

L’expérience

Chapitre 18 - Les dix idées reçues en ostéopathie


L’ostéopathie, c’est pour faire craquer, non ?

Ma vertèbre s’est déplacée


Mon bassin est tordu ?

L’ostéopathie, c’est comme la kinésithérapie ou la chiropractie, non ?

L’ostéopathie, c’est vraiment de la magie !

De toute façon, l’ostéopathie c’est du placebo…

L’ostéopathe ? Seulement quand j’ai mal…

L’ostéopathie, c’est toujours cher !

Avec l’ostéopathie, plus besoin de médoc

J’ai plus mal après qu’avant

Chapitre 19 - Les dix types de traitement en ostéopathie


Le traitement ostéopathique général ou TOG

Les techniques fasciales

L’ostéopathie tissulaire

Les techniques crâniennes

Les techniques de counterstrain

Les techniques de haute vélocité et basse amplitude (HvBa)

Les techniques de paramètres mineurs

Les techniques myotensives

Les techniques viscérales

Les techniques posturales

Annexe - Planches Anatomiques

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