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PSYCHOLIE
&
CERVEAU
SAMUEL MENZIE
TABLE DES MATIÈRES
Langage et intelligence
2. .Le langage est-il l'apanage de l'homme ? Apprentissage des langues chez les
anthropoïdes
9. Pourquoi les tests d'intelligence ont-ils été inventés ? Mesure de l'intelligence et tests
psychométriques
11. Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils plus bêtes… ou plus intelligents ? L'effet Flynn
32. Alcool, tabac, drogues… Pourquoi notre psychisme est-il si dépendant de certaines
substances ?
37. Pourquoi la répétition est-elle fondamentale… alors qu'elle est considérée comme «
stupide » au pays de Descartes ?
39. Pourquoi ne pasne doit-on jamais remettre au lendemain ce que l'on peut faire le
jour même ?
59. Pourquoi votre enfant a-t-il tant de mal à trouver des œufs de Pâques ?
77. Pourquoi les vendeurs de certains magasins se précipitent-ils pour vous aider (et pas
dans d'autres) ?
80. Le dicton « le ventre vide n'a pas d'oreille » est-il correct ?
88. Est-il vrai qu'un grand malheur peut vous rendre malade ?
89. Bossy JF recherche JH timide… Qu'est-ce que la personnalité ?
Langage et intelligence
1. Qu'est-ce que l'intelligence ? La multiplicité des aptitudes intellectuelles
« Mon chien est intelligent… il m'a ramené mon journal dans sa bouche » ;
mais si je ramène mon magazine préféré entre mes dents, elle me dira que je
suis stupide. Alors ! Qu'est-ce donc que ce terme d'intelligence qui n'a pas
le même sens selon qu'il s'applique aux animaux ou aux humains ? De
même avec les humains, il ne nous viendrait pas à l'esprit de douter de
l'intelligence d'un écrivain qui a remporté un prix littéraire, même s'il est
nul en mathématiques ou de penser que les élèves (j'en connais) ne sont pas
intelligents car ils font beaucoup de fautes d'orthographe alors qu'ils sont
par ailleurs très bons.Qu'est-ce donc que cette intelligence insaisissable ?
Quand il s'agit de mémoire ou de langage, de vision des couleurs ou
d'émotions, à peu près tout le monde voit ce que c'est et les spécialistes
n'ont pas beaucoup de dilemme sur les définitions générales. Mais ce n'est
pas le cas du mot intelligence qui a plusieurs sens. Parmi les philosophes,
par exemple, l'intelligence était appelée pensée et était souvent considérée
comme un langage intérieur. Certains esprits religieux croyaient aussi que le
langage était caractéristique de l'âme humaine. Cela posait un sérieux
problème d'assis- miler langage à l'âme humaine à cause des sourds-muets.
Ainsi, un jeune garçon, Victor de l'Aveyron, découvert dans les bois au
temps de Napoléon, posa des problèmes philosophiques aux savants et
philosophes de cette époque, car il ne parlait pas.
Cette imprécision du terme intelligence a conduit les scientifiques, depuis
la fin du XIXe siècle, à s'orienter vers des voies de recherche parfois très
divergentes. Résumant un siècle de recherche, nous pouvons dire
aujourd'hui que l'intelligence est utilisée (par les scientifiques) dans trois
sens principaux. Le sens le plus commun est le sens des capacités mentales
générales. Ces capacités sont très étendues ; elles couvrent notamment le
langage, mais aussi le raisonnement, la perception, la mémoire et les
habiletés sensorielles et motrices. C'est d'ailleurs cette définition qui est
utilisée dans les tests les plus courants et un jeune enfant sera considéré
comme normalement intelligent s'il est capable de tracer un cercle ou de
dire son prénom, alors qu'il n'y a pas tant de lien entre ces différentes
aptitudes. C'est dans ce sens général que le terme intelligence est utilisé à
travers les espèces animales. Si on dit qu'une fourmi est intelligente, c'est
parce que, en comparaison avec d'autres insectes, papillon ou coccinelle,
l'organisation sociale et professionnelle de la fourmi est étonnante. De
même, si l'abeille est considérée comme intelligente, c'est parce qu'elle est
capable d'un langage primitif qui permet d'indiquer aux autres la direction
par rapport au soleil et la distance au butin à récolter dans les fleurs.
Le second sens a été principalement découvert par les psychologues, bien
que déjà anticipé par certains scientifiques des siècles passés comme
Descartes, c'est le sens du raisonnement. Être intelligent, c'est avoir la
capacité de raisonner, c'est-à-dire d'arriver à un but basé sur des éléments
primaires. Un cas concret est la résolution de problèmes. Attention, vous
pourriez penser aux maths
En pensant problème alors que pour le psychologue, le terme de « problème
» est très général ; le plombier résout un problème quand il répare une fuite,
l'organisation d'un mariage est un problème (et les mariages de forts en
mathématiques ne sont pas forcément les plus réussis…), utiliser une
machine à coudre en est une autre. De plus, ne pensez pas nécessairement à
quelque chose d'ennuyeux lorsque vous parlez de problème car beaucoup de
jeux, du puzzle chinois aux échecs, et maintenant les jeux vidéo sont des
problèmes.
Enfin, il y a un troisième sens du mot intelligence, et c'est la culture. Être
intelligent, c'est être cultivé. La culture, c'est la langue (en particulier la
richesse du vocabulaire) et l'ensemble des connaissances. La culture n'est
pas héréditaire et est basée sur la mémoire et l'apprentissage. Pour une
théorie américaine, le behaviorisme (de behavior = "behavior"),
prédominant des années 1920 aux années 1960, tout s'apprend. Le mot «
intelligence » avait d'ailleurs été banni car il évoquait une capacité innée et
il avait été remplacé par le terme
" résolution de problèmes ". Et vous ne résolvez pas un problème avec un
éclair de génie, vous apprenez à le résoudre. Le menuisier ne réussit pas du
jour au lendemain un cadre complexe, tout comme une couturière ne réussit
pas du premier coup des costumes élégants. Cette idée que l'intelligence
résulte d'un apprentissage complexe revient à la mode en prenant le modèle
de l'ordinateur avec l'idée que l'intelligence est en grande partie… de la
mémoire !
Le paradoxe de l'intelligence a été largement résolu lorsque, vers 1900, le
psychologue anglais Charles Spearman a trouvé une analyse mathématique
qui a permis d'analyser l'intelligence en plusieurs « compétences » ou
« facteurs ». L'un de ses plus brillants successeurs, le chercheur américain
Thurstone a identifié cinq capacités principales (mais il y en a d'autres) et a
fabriqué de nombreux tests pour les différencier. Sans aucun ordre de
prééminence (puisque tous sont « égaux » dans cette conception de
l'intelligence), la capacité verbale est un facteur de sens verbal et
correspond à des tests de compréhension d'idées exprimées par des mots.
Les compétences spatiales consistent à visualiser des objets en deux ou trois
dimensions. On retrouve également une aptitude au raisonnement,
correspondant à l'aptitude à résoudre des problèmes.problèmes logiques,
faire des prévisions, un plan. Les compétences numériques caractérisent le
bon maniement des nombres et la résolution de problèmes quantitatifs que
l'on trouve typiquement chez les mathématiciens. Et enfin la fluidité verbale
correspond à la rapidité et à l'aisance dans le maniement des mots (un
individu intelligent peut être éloquent ou pas du tout…).
Corrélations entre les cinq compétences principales de Thurstone et les
différentes activités
(selon le manuel de test PMA de Thurstone)
Compétences
V S R NE W
PAS
Tests
scolaires
Biologique.
Franc.
Math.
Lang.
chem.
Phys-
sport
Mus.
Hist-
En résumé, la
De.
géo
lecture du tableau
Histoire
montre deux
géographie 1 .61 .66 .63 .54 .58 .46 -.01 .24
résultats
principaux :États.
Mathématiques 1 .83 .67 .41 .54 .38 .03 .22
D'une part,
Physique-
certaines matières
chimie 1 .71 .42 .62 .46 .02 .22
sont bien
La biologie 1 .46 .52 .40 .06 .15 corrélées entre
français 1 .44 .21 - .04 .00 elles (en blanc
Langues 1 .38 - .05 .13 dans le tableau),
Musique 1 .01 .19 de .42 à .71 : ce
Concevoir 1 - .01 sont l'histoire-
sport 1
géographie, les
mathématiques, la
physique-chimie, la biologie, le français et les langues. En revanche, ces
matières « fondamentales » sont peu ou moyennement corrélées à la
musique (de .21 à .46) et pas du tout corrélées au dessin ou au sport. Par
exemple, il existe une corrélation nulle (.00) entre les scores en français et
en sport (les corrélations inférieures à .25 sont considérées comme
négligeables). Des sujets comme le sport et le dessin apparaissent donc
comme des compétences sensorimotrices plutôt que comme des sujets
représentant des capacités intellectuelles.
Conclusion
Donc sois prudent ! Une corrélation nulle ne signifie pas que tousles forts en
lettres sont des mauviettes comme dans le stéréotype du faible scientifique
mais cela veut dire que c'est le hasard. On retrouvera donc autant d'athlètes
parmi les forts en matière que parmi les faibles en littérature et de même
pour les autres matières, histoire-géographie ou mathématiques...
7. Votre intelligence se lit-elle dans votre écriture ? Graphologie et intelligence
S'il y a un préjugé bien ancré en France (moins aux Etats-Unis, cf. chap. 5),
c'est parce que l'écriture révèle l'intelligence. Comme pour les visages, ou
les caractéristiques de la main, Alfred Binet, pionnier de la psychologie
expérimentale, avait étudié les relations entre écriture et intelligence dès la
fin du XIXe siècle. Il a même eu l'opportunité d'obtenir la collaboration du
fondateur de la graphologie en France, Crépieux-Jamin. Mais le célèbre
graphologue n'a pas pu expliquer les raisons de ses jugements, de sorte que
Binet s'est tourné vers une autre méthode, ce qui l'a amené à inventer le
premier test d'intelligence. Dans les études comparant les tests d'intelligence
et les mesures de la motricité, du temps de réaction motrice ou de la vitesse
d'écriture, les corrélations sont très faibles ou nulles (de 0 à 0,25).
Recherchescomparé la nature prédictive de l'écriture pour l'aptitude d'une
personne à un emploi par com- paraisond'autres indicateurs tels que le
jugement des collègues ou les tests d'intelligence.
Dans une synthèse faite par des chercheurs américains sur un grand nombre
d'études, ce sont des tests d'aptitude (par exemple des tests mathématiques
ou informatiques pour un emploi en informatique) ou un échantillon de
travail, qui prédisent le mieux l'intelligence les tests (composites) ont une
prédiction moyenne. Mais la nature prédictive de la graphologie est nulle.
Validité des méthodes de recrutement (adapté de Robertson et Smith, 1989 :
cit. Huteau, 2004)
Méthodes Corrélation
Échantillon de travail 0,38 à 0,54
Tests d'aptitude .53
Examen par les pairs et
.43
supérieurs
Tests d'intelligence générale .25 à .45
Graphologie .00
Conclusion
De plus, la véracité de la graphologie est difficile à étudier en raison du
manque de critères objectifs utilisés par les graphologues qui, comme les
astrologues, disent tous que les autres ont tort et qu'eux-mêmes ont raison.
Une enquête de l'Institut national de la consommation 1 a comparé le
jugement de six graphologues de la région parisienne sur l'écriture de
personnalités connues (journaliste Jean-Claude Bourret, académicien Jean
d'Ormesson, etc.). Par exemple, le mannequin Inès de la Fressange est
1. 50 millions de consommateurs, novembre 1989.
Qualifié de "réaliste" par un graphologueet « intuitif » par un autre, «
analytique » par un tiers et
"Instinctif" par un quatrième. Le journaliste Jean-Claude Bourret, dont les
travaux sur les ovnis permettent à tout le moins de le doter d'imagination,
comme le déclare un graphologue, mais à la différence d'un autre qui juge
que son écriture dénote « peu d'imagination ». Il en va de même pour
Philippe Bouvart , dont on connaît la puissance créatrice, étant à la fois
journaliste et animateur de radio et de télévision, mais qui est déclaré "peu
créatif" par un graphologue. Jean d'Ormesson est décrit comme "rigoureux
et cartésien" et à la fois plusieurs graphologues dire de son écriture qu'il
"manque de perspective". Quant à Paul-Loup Sulitzer, connu pour ses
romans avec l'argent et l'économie en toile de fond, certains disent qu'il est
"clair et précis" ou "trop intellectuel" tandis que d'autres disent sa pensée"
pas très clair,
A quel saint graphologue pouvons-nous faire confiance ?
8. D'où vient l'expression « Avoir un talent pour les maths » ?
Mesure du crâne et intelligence
Au XIXe siècle, les idées du médecin allemand Franz Josef Gall (1758-
1828) font fureur. Selon cette théorie, appelée « phrénologie » (de phreno
qui signifie
« Esprit » en latin), les fonctions psychologiques sont localisées dans le
cerveau. Bonne idée de principe ! Ainsi le neurologue français Pierre-Paul
Broca a montré le cas d'un homme incapable de parler (aphasie) et dont le
cerveau s'est révélé après sa mort atrophié dans une partie bien définie
(partie temporale gauche du cerveau), le centre de la langue parlée. .
Mais Franz Gall va plus loin et estime que le développement d'une
compétence détermine un élargissement de la zone correspondante du
cerveau tel qu'il provoque une déformation du crâne dans cette région.
L'idée devient très populaire sous le nom de la théorie des bosses dont les
expressions "avoir la bosse des maths" "avoir la bosse du métier"..., en sont
une survivance. Naturellement, celui qui a un grand développement de
toutes les fonctions psychologiques devrait avoir… une « grosse tête », et
l'expression existe encore aujourd'hui comme synonyme de grande
intelligence ou de génie…
Alfred Binet, ce grand pionnier de la psychologie scientifique, s'est attaqué
à cette théorie populaire et, avec son ami le docteur Théodore Simon (qui
dirige un institut pour déficients mentaux), il mesurera des centaines de
têtes. Le problème n'est pas si simple et il faut prendre beaucoup de
mesures compliquées du haut du nez au bas de l'occiput, d'un côté du crâne
à l'autre en partant des oreilles. De plus, des erreurs de mesure sont révélées
et, comparant ses mesures à celles du docteur Simon, il constate qu'elles ne
coïncident pas toujours. Bref, ce n'est pas facile, mais Binet va publier
plusieurs articles sur cette recherche et finalement abandonner. Tout au plus,
il constate que les arriérés mentaux sont caractérisés par des extrêmes plus
grands, des têtes plus petites mais aussi des têtes plus grosses. Des résultats
récents montrent en effet que les anomalies chromosomiques (par exemple,
trois chromosomes X chez les filles au lieu de deux, ou les garçons avec des
chromosomes XXY au lieu de XY) correspondent à un périmètre crânien
inférieur à la taille de la tête. Moyenne. Inversement, dans une condition
appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide céphalo-
rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du crâne qui
fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très large et un
hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même est
comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale. Ou les garçons qui ont
des chromosomes XXY au lieu de XY) ont un tour de tête inférieur à la
moyenne. Inversement, dans une condition appelée hydrocéphalie, le
cerveau sécrète un excès de liquide céphalo-rachidien dans les vésicules
internes provoquant une distension du crâne qui fait ressembler ces enfants
à des extraterrestres avec un front très large et un hypercrâne. Développé.
Malheureusement, le cerveau lui-même est comprimé, ce qui entraîne une
déficience mentale. Ou les garçons qui ont des chromosomes XXY au lieu
de XY) ont un tour de tête inférieur à la moyenne. Inversement, dans une
condition appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide
céphalo-rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du
crâne qui fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très
large et un hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même
est comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale. ce qui entraîne une
déficience mentale. Ou les garçons qui ont des chromosomes XXY au lieu
de XY) ont un tour de tête inférieur à la moyenne. Inversement, dans une
condition appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide
céphalo-rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du
crâne qui fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très
large et un hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même
est comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale. ce qui entraîne une
déficience mentale. Ou les garçons qui ont des chromosomes XXY au lieu
de XY) ont un tour de tête inférieur à la moyenne. Inversement, dans une
condition appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide
céphalo-rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du
crâne qui fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très
large et un hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même
est comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale.
Conclusion
La recherche moderne utilisant des méthodes statistiques (corrélation)
montre des résultats variés, allant d'un manque de relation entre
l'intelligence et la circonférence du crâne à certaines études montrant une
légère relation (0,30 au maximum). De plus, les filles sont en moyenne plus
petites, et ont donc une tête plus petite que les garçons, même si les études
ne montrent pas de différences intellectuelles. La faible corrélation entre les
paramètres physiques et l'intelligence, le périmètre crânien mais aussi la
stature, indiquerait plutôt que l'intelligence et la stature sont toutes deux
liées à un bon développement biologique, grâce notamment à une bonne
alimentation et à l'absence de maladies (non traitées).
De plus, le bon fonctionnement du cerveau présuppose un bon
fonctionnement biochimique, en particulier des échanges complexes entre
des neurones qui ont des tailles de l'ordre du millionième de mètre et des
molécules qui ont des tailles de l'ordre du milliardième de mètre. … C'est
donc trop petit pour déformer les os du crâne !
9. Pourquoi les tests d'intelligence ont-ils été inventés ? Mesure de l'intelligence et tests psychométriques
Alfred Binet (1857-1911) est considéré comme l'inventeur du premier test
ayant une certaine valeur prédictive (sur la réussite scolaire). Pendant qu'il
mesurait les têtes, il entreprit, avec son ami le Dr Simon, des études sur
l'intelligence des enfants, en étudiant leurs capacités.
Capacités à résoudre des situations du quotidien, culture générale, mémoire
de phrases, calcul, vocabulaire… Une circonstance officielle a été un
déclencheur. Le ministère de l'Instruction publique (à l'époque l'Éducation
nationale) a mis en place une commission de filtrage des impayés qui a
soumis à Binet la problématique des critères de ce filtrage.
Utilisant tout son savoir-faire, il a eu l'idée de constituer une série
d'épreuves variées, dont chacune est caractéristique d'une époque et
correspond en quelque sorte aux échelons d'une échelle. Par exemple, à
cette époque, discerner les aliments est une activité dont l'enfant moyen
d'un an est capable.capable de faire. A cinq ans, deux tests réalisables par
l'enfant moyen de cet âge sont de comparer deux cases et d'indiquer la plus
lourde ; copier un carré… Les tests caractéristiques de huit ans sont de lire
et garder deux mémoires, de nommer quatre couleurs et d'écrire sous
dictée… Il y a donc des tests caractéristiques de l'âge de 1 an, des tests à
partir de l'âge de deux ans, et ainsi de suite jusqu'à quinze. Chaque groupe
de tests caractérisant un âge représente une échelle et c'est ce que Binet a
appelé son test l'échelle métrique de l'intelligence. La première version de
l'échelle psychométrique, à laquelle il associe le nom de son ami le docteur
Simon, apparaît en 1905, suivie d'une seconde version en 1908. Comment
repérer le retard d'un enfant dans la pratique ? Imaginez un enfant de douze
ans qui ne réussit que les tests de dix ans. On dira que cet enfant a un âge
mental de dix ans pour un âge chronologique de douze. C'est la notion d'âge
mental. Notons, ce qui sera le cas pour tous les tests par la suite, que la
notion d'intelligence se mesure par rapport à la moyenne d'un échantillon
d'enfants d'un âge donné. Ce n'est donc pas une mesure absolue mais
relative ; cela se verra notamment dans l'adaptation américaine où les
enfants américains sont plus en avance sur certaines activités. Bref, pour
Binet, que la notion d'intelligence se mesure par rapport à la moyenne d'un
échantillon d'enfants d'un âge donné. Ce n'est donc pas une mesure absolue
mais relative ; cela se verra notamment dans l'adaptation américaine où les
enfants américains sont plus en avance sur certaines activités. Bref, pour
Binet, que la notion d'intelligence se mesure par rapport à la moyenne d'un
échantillon d'enfants d'un âge donné. Ce n'est donc pas une mesure absolue
mais relative ; cela se verra notamment dans l'adaptation américaine où les
enfants américains sont plus en avance sur certaines activités. Bref, pour
Binet, avoir une intelligence moyenne chez un enfant, c'est réussir les tests
passés par l'enfant moyen de cet âge. Par la suite, l'échelle psychométrique
sera utilisée pour diagnostiquer la déficience en utilisant la notion d'âge
mental.
Conclusion
L'échelle psychométrique, bientôt appelée le Binet-Simon, connaît
rapidement un vif succès aux États-Unis. C'est là que le Binet-Simon a pris
le nom de "test". Ses applications sont apparues dans différents domaines,
scolaire, psychiatrique, judiciaire, etc. Cette utilisation massive a cependant
révélé le besoin d'améliorations qui ont été principalement entreprises par
Lewis Terman de l'université de Stanford, sous le nom de test de Stanford-
Binet.
10. Qu'est-ce que le QI ?
Mesure du niveau intellectuel et de la réussite scolaire ou professionnel
Sous le nom de Stanford-Binet, en l'honneur de son inventeur français
Alfred Binet, la révision de Lewis Terman, professeur à l'université de
Stanford (Los Angeles), est parue en 1916. Cette adaptation américaine
n'est pas une simple traduction et comprend de nombreuses améliorations et
corrections. Le nombre total d'items (questions ou exercices) est passé de
60 à 90, ce qui améliore la fiabilité du test. En effet, il ne faut pas perdre de
vue que le test de type Binet est un échantillon d'activités intellectuelles ;
par exemple, on peut décider de mesurer le vocabulaire d'un enfant en lui
présentant cinq mots, dix mots ou cent mots. Si le test ne repose que sur la
connaissance de cinq mots seulement, on risque de tomber sur un mot qui
vient d'être mis en avant culturellement ; par exemple le mot "ozone"
Mais la pollution a rendu le mot familier, signifiant « couche d'ozone ».
Pour que les enfants, à quelques années d'intervalle, connaissent tous ce
mot, et soient crédités d'une intelligence évaluée à 20 % (un mot sur cinq =
20 %). Ainsi, dans la dernière version de Terman, le test de vocabulaire
contient 45 mots. Un bon test doit donc nécessairement être vérifié, comme
un thermomètre, une montre ou une balance.
Enfin, la révision américaine intègre une nouvelle notion proposée par un
autre psychologue et qui fera couler beaucoup d'encre, le « quotient
intellectuel », le fameux QI. En effet, la notion d'âge mental est très
pratique, en particulier pour les petits enfants, mais un retard n'a
évidemment pas le même sens selon l'âge réel (chronologique) ; par
exemple, un délai de deux ans n'a pas la même signification que l'enfant ait
quatre ou quatorze ans. Dans le premier cas, l'intelligence est
proportionnellement de moitié, tandis qu'un retard de deux ans à quatorze
ans équivaut à un retard mental beaucoup moins important (un septième).
Le QI établit cette proportion en calculant le rapport multiplié par 100 entre
l'âge mental et l'âge réel :
Ainsi, dans notre exemple, un retard de deux ans à l'âge de quatre ans
correspond à un âge mental de deux ans et un QI de 50 tandis que le même
retard à quatorze ans donne un âge mental de douze ans, soit un QI de 85
(douze ans d'âge mental divisé par 14 et multiplié par 100).
Depuis Binet et Terman, les chercheurs ont montré une bonne corrélation
entre le niveau intellectuel mesuré par les testsintelligence générale et
niveau scolaire. Par exemple, dans l'adaptation française de Terman-Merrill
(appelée par les Américains le Stanford-Binet), on voit que dans les années
1950, un QI supérieur à 100 (la moyenne par construction) était nécessaire
pour avoir un taux de réussite significatif en le certificat d'études (examen
important dans ces années).
Prédictivité du QI mesurée par le Terman-Merrill (d'après Cesselin, 1959)
QI Pourcentage de réussite au
certificat d'études Depuis lors, des
55-85 0% quantités de tests ont
été construites. Parmi
85-1005 35%
les plus célèbres, celle
105-135 78% de l'AméricainDavid
Supérieur à 135 100% Wechsler s'exprime
comme la moyenne d'une dizaine de sous-tests variés, allant des tests de
vocabulaire ou d'information (comme le Trivial Pursuit au raisonnement ou
aux énigmes)…
Les tests d'intelligence générale (bien construits) restent de bons prédicteurs
de la réussite scolaire en général, comme dans cette étude où le niveau
intellectuel mesuré par des tests s'exprime, non pas en QI, mais en score sur
20 comme à l'école.
Prédictivité du niveau intellectuel mesurée par des tests sur la réussite
du baccalauréat Kouteynikoff
(1967 ; cit. Bernaud, 1999)
Niveau aux testsen troisième
Pourcentage de réussitesau bac
année
0 à 4,4 0%
4,5 à 8,5 7%
8,6 à 12,5 24%
12,6 à 16,5 44%
16,6 à 20 79%
Conclusion
Cependant, les tests d'intelligence générale sont moins prédictifs
d'adéquation à un métier qui demande des compétences très spécifiques
(artisan) ou des connaissances très spécifiques (informatique), parfois
même des traits de personnalité (extraverti pour être animateur ou vendeur).
On voit aussi que les tests d'aptitudes sont plus prédictifs.
Meilleur pouvoir prédictif des tests d'aptitude que de l'intelligence générale
en adaptation à une profession (adapté de Robertson et Smith, 1989 ; cit.
Huteau, 2006)
Méthodes Corrélation
Échantillon de travail 0,38 à 0,54
Tests d'aptitude .53
Examen par les pairs et .43
supérieurs
Tests d'intelligence générale .25 à .45
11. Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils plus bêtes… ou plus intelligents ? L'effet Flynn
Ah ! de mon temps, savions-nous plus de choses ? On ne peut pas dire ça
depuis les études de Flynn. Pas Erroll Flynn, le Robin des Bois du célèbre
film technicolor, mais James Flynn qui vient aussi de la même région du
sud, la Nouvelle-Zélande.
Ce chercheur a patiemment collecté les scores obtenus, entests
d'intelligence, par différentes générations dans 35 pays. Les tests sont les
grands classiques pour lesquels des données sont disponibles depuis leur
création, parfois sur trente ans. Les résultats sont spectaculaires car, en
général, les enfants et les adolescents sont plus intelligents qu'avant. En
Hollande, les jeunes de 18 ans en 1952 obtenaient un QI moyen de 100 au
test de la matrice Raven (QI = 100 en moyenne par construction) tandis que
la génération des 18 ans, trente ans plus tard, obtenait un QI. Sur 121, un
gain de 21 points de QI. Les gains sont variables d'un pays à l'autre mais
relativement importants. Cependant, grâce à ces comparaisons
systématiques, Flynn constate que les gains sont plus élevés pour les tests
de raisonnement que pour les tests de connaissances (souvent verbaux et
mathématiques). Par exemple en France, de 1949 à 1974 chez les recrues de
l'armée (18 à 22 ans), le gain au test de Raven est de 25 (Girod et Allaume,
1976, cit. Flynn), 9 points sur un test. Verbal et 9,6 sur un test de
mathématiques.
Le test de Wechsler permet cette comparaison en raison de sadouble
fonction, test verbal et test de performance. En général, l'échelle de
performance permet, comme le test de Raven, les plus grandes différences
de QI (sur
30 ans) avec près d'un point de QI gagné chaque année. En revanche,
l'échelle verbale est moins sensible aux effetsgénération avec des écarts de
3 pour la France, mais jusqu'à 20 points pour l'Autriche et le Japon.
Gain de points de QI pour différents tests sur des périodes de 30 ans (ou
plus) dans certains pays (d'après Flynn, 1987)
WechslerVerbal Performances de WechslerLe total
Wechsler Globalement,on ne
La France 3 19 11 peut que se satisfaire
de tels résultats, les
États Unis 8 dix 9
enfants et les
Allemagne 12 28 22 adolescents sont de
Japon 20 22 25
plus en plus
intelligents. Sur le
L'Autriche 20 28 25
plan pratique de la
psychométrie, ces résultats doivent inciter à la plus grande prudence car
c'est par convention que le QIde 100 est le score moyen pour un groupe
d'âge. Si le test n'est pas révisé, un enfant apparaîtra plus intelligent qu'il ne
l'est réellement (par rapport à sa génération). En raison de cette
augmentation générationnelle, l'utilisation d'une version plus ancienne d'un
test peut faire croire à de nombreux parents que leur enfant est un génie ; en
effet, sur le plan pratique, Lewis Terman avait sélectionné pour l'étude, les
2% des enfants les plus intelligents, ce qui correspondait à un QI de 130.
Au Japon ou en Autriche, un enfant pourrait ainsi être considéré comme un
génie (QI de 125) lorsqu'il est moyen et un test correctement révisé lui
donnerait un QI d'environ 100 !
Quelle est la raison de cette amélioration de l'intelligence générale ? Le gain
est sans doute dû à diverses causes comme une meilleure santé et nutrition
(protéines, vitamines) comme on le voit dans l'augmentation de la taille (le
cerveau en profite également). Mais sans doute ce phénomène doit-il encore
plus à une culture plus complète, grâce à une scolarisation précoce et
généralisée. André Flieller de l'Université de Nancy, qui a observé l'effet
Flynn sur des tests inspirés de la théorie de Piaget (1987), note que les
inscriptions au collège sont passées de 60 % en 1967 à 90 % en 1993.
Cependant, comme l'amélioration est plus importante dans le problème- des
tests de résolution (appelés aussi « tests de raisonnement ») que dans les
tests de connaissances et de vocabulaire,
Ce qui influence peut-être le plus l'amélioration des tests de résolution de
problèmes (tests de raisonnement ou de performance) sont les jeux vidéo.
Par exemple, un jeu vidéo simple comme Tetris (faire tourner des blocs qui
tombent pour les insérer dans des emplacements vides) nécessite une
vitesse de détection, des rotations mentales et une vitesse deréaction, qui
sont nécessaires dans différents tests, par exemple, les puzzles, les cubes de
Kohs… De plus, les tests de raisonnement/performance sont souvent
chronométrés. Ainsi Okagaki et Frensch (1996, cit. Greenfield, 1998)
montrent une augmentation des performances sur ce type de test après 6
heures de formation sur Tetris. De même Patricia Greenfield (1998) trouve
des améliorations grâce à divers jeux vidéo qui, selon elle, améliorent le
traitement de l'information picturale et les rotations mentales. On pourrait y
ajouter des jeux éducatifs, des magazines pour enfants (Mickey Games,
etc.) qui incluent des jeux directement inspirés des épreuves, comme les
rébus, le jeu des différents, des labyrinthes, des énigmes, etc.
Conclusion
Enfin, il faut noter l'élargissement du champ culturel produit par le
développement extraordinaire des médias, de la télévision, du livre...
Autrefois, les programmes scolaires correspondaient à la culture d'un pays,
les départements français, Louis XIV et Napoléon, Molière et Albert
Camus. Mais depuis les années 1960, on assiste à une mondialisation de la
culture si bien que des œuvres étrangères, comme Harry Potter ou Le
Seigneur des anneaux, sont davantage lues que Les Précieuses ridicules ou
Les Misérables ; le phénomène est encore plus flagrant dans le domaine du
cinéma, des séries télévisées et de la musique. A tel point que les jeunes ont
certainement une culture qui va au-delà de ce qui est évalué selon les
programmes scolaires.
Les anciens ne peuvent plus dire : « A notre époque, on était mieux ! "
12. Que sont lesessais de magazines ?
Tests d'intelligence et prédiction
Un test, au sens scientifique du terme, requiert de nombreuses qualités et
précautions constructives pour être scientifique. Un test est avant tout un
outil statistique dont la fiabilité dépend de la valeur de ses échantillons.
D'abord des échantillons d'activités intellectuelles et d'autre part des
échantillons de plusieurs centaines de sujets pour établir des références. A
priori, on pourrait prendre de nombreuses activités intellectuelles pour faire
un test, des mots croisés, des labyrinthes, des puzzles chinois, des puzzles
ou des énigmes. C'est aussi ainsi que le
Les psychologues et il y a quelque cinq mille tests d'intelligence. Il existe
des tests basés sur des labyrinthes, des figures, trouver des figures cachées,
des puzzles, mettre de l'ordre dans une bande dessinée, trouver la partie
manquante d'un dessin, faire du calcul mental, construire une figure avec
des cubes colorés… De plus, de nombreux jeux ou magazines pour enfants
ont été inspiré par ces épreuves.
Mais des recherches ont montré que certaines activités ne sont pas toujours
fiables et que leur réussite ne correspond pas à un âge précis. Ainsi, lors de
la construction des tests, certains tests tels que les labyrinthes (trouvés dans
de nombreux magazines pour enfants) se sont avérés être de mauvais
éléments critiques, c'est-à-dire qu'ils ne l'ont pas été. Ne caractérisent pas
bien un âge mental, étant parfois réussi par des enfants d'âges très différents
; un autre exercice tel que l'établissement de cinq poids du moins lourd au
plus lourd n'a pas été retenu dans les tests modernes car il a parfois été
échoué par des groupes d'enfants plus âgés…
C'est pour accroître cette fiabilité que David Wechsler, quiconstruit le test le
plus utilisé et le plus traduit, a choisi de mesurer l'intelligence sur la somme
de dix sous-tests. Après de longues études au grand hôpital Bellevue de
New York, il a écarté de nombreux tests. Néanmoins, parmi les tests
retenus, on voit dans le tableau de corrélation de chaque test avec le total du
test, que certains tests représentent bien l'ensemble (forte corrélation)
comme le test de similitudes ou de cubes. En revanche, on constate que le
test du puzzle est faiblement corrélé, ce qui montre qu'il est moins bon que
les autres pour évaluer les différences d'intelligence entre les personnes.
Tous les tests ne prédisent pas aussi l'intelligence (corrélations établies sur
355 cas âgés de 20 à 34 ans) (d'après Wechsler, 1961 ; tab. 43, annexe III)
Corrélation avec
les tests totaux
Similitudes .73
Cubes .71
codé .67
Informations .67
Entente .66
Arithmétique .62
plein de photos .60
Disposition des images .51
Les figures .51
Puzzle .41
Conclusion
Pourtant, les exercices proposés par les magazines sont faits par des gens
ingénieux et créatifs, mais leurs échelles sont fantaisistes… ce ne sont donc
que des jeux. Une autre caractéristique de nombreux tests est le contrôle du
temps. En fait, de nombreux problèmes sont résolus en prenant du temps,
c'est pourquoi de nombreux exercices de test doivent être effectués dans un
délai imparti. Faute de standardisation et de délais, les magazines «
psychotests » sont des jeux. Voici un exemple : placer des allumettes pour
faire l'inégalité suivante : IV + I = IX + V.
En l'état, cela fait 4 + 1 = 9 + 5, ce qui est faux ; il faut donc corriger cette
inégalité mais en déplaçant un seul match 1. Bonne chance, mais rassurez-
vous si vous ne le trouvez pas, car ce jeu n'a pas été calibré et le temps n'est
pas limité, on ne sait donc pas si son succès nécessite une intelligence
moyenne ou supérieure. Mais on peut toujours rêver et c'est le but des
magazines, car les échelles données par les journaux sont fantaisistes et ils
ne prendront pas le risque de traiter leurs acheteurs potentiels de sous-
doués…
13. Sommes-nous vraiment logiques ?
De l'illogisme naturel aux méthodes scientifiques
Si les phénomènes paranormaux sont souvent des tromperies ou des
croyances infondées (mais aussi parfois des fonctionnements mentaux :
hallucinations, épilepsie), comment expliquer la popularité de nombreuses
croyances ? Dans leur excellent livre Devenez sorciers, devenez
scientifiques, les physiciens Georges Charpak et Henri Broch s'étonnent que
l'essor de la culture ne s'accompagne pas d'un scepticisme équivalent. Ils
citent une étude de sociologie montrant que, contrairement à ce que l'on
pourrait penser, les personnes les plus cultivées ne sont pas les plus
sceptiques, les enseignants étant, par exemple, ceux qui sont les plus captifs
de divers phénomènes.
1. Ce problème est difficile car on pense plus à supprimer une
correspondance constituant un nombre et non à la supprimer du signe
plus. La bonne réponse consiste à déplacer l'allumette du second + pour
faire un moins et le mettre devant le V, ce qui donne IX - IV (9 - 4) et on
en a 5 des deux côtés.
Mais contrairement à l'opinion de Descartes, le bon sens n'est pas la
chose la plus largement partagée au monde, ce serait plutôt la crédulité...
Car les croyances sont assez universelles et pas spécifiquement
françaises. Les pays nord-américains croient davantage aux religions issues
du christianisme. Par exemple, la croyance en Dieu, au Diable ou aux anges
est bien plus élevée qu'en Europe (anges, 78% aux Etats-Unis contre 26%
en Grande-Bretagne). De même, le spiritisme est plus « nord-américain »
tout comme la croyance aux ovnis d'origine extraterrestre. Bref, les Français
ne sont pas, loin de là, le peuple le plus irrationnel.
Comparaison des croyances (en %) dans certains pays occidentaux
(Moyenne de 59 enquêtes dans les années 2000) (d'après Jean Quellette, Le
palmarès des croyances, Site Libre pensée)
ÉtatsUni Canada Grande- La France
Bretagne
Dieu 86 81 56 56
Sourciers - - 63
Guérisseurs - - 40 54
La télépathie 51 66 42
anges 78 61 26 32
diable 69 48 25 27
Astrologie 31 45 - 35
Voyance 32 51 34 20
OVNI / Extraterrestres 48 - - 18
Fantôme 51 38 38 13
Spiritisme 28 27 - 18
Réincarnation 26 29 33 14
(Pour mieux voir les différences, les pourcentages supérieurs à 50 % sont en
gras.)
De plus, contrairement à une idée répandue d'une montée de l'ésotérisme
et des croyances dans notre société hautement technologique, les sondages
montrent une diminution de l'irrationalité. Les croyances passent de 10 % à
20 % entre une enquête réalisée par l'institut CSA pour Le Monde et La vie
en 2003 par rapport à une enquête de 1994 1.
Diminution des croyances en une décennie (pourcentage de personnes).
Comparaison de deux enquêtes : 1994 et 2003
1994 2003
Origine surnaturelle des 1. A quoi est due cette
influences extérieuressur 44 29 amélioration ?
notre vie Probablement pas
Contact avec un 35 26 avec l'évolution des
phénomènesurnaturel études, puisque le
Les prières sont 54 46 pourcentage de la
parfoisrépondu tranche d'âge qui a
Réalité des miracles 57 42 le baccalauréat n'a
pas changé entre
Fiez-vous à l'astrologie 60 37
1995 (63%) et 2000
Faites confiance aux 46 23 (62%) 2. Peut-être
voyantes grâce à l'influence
Croire à la sorcellerie 41 21 des médias (cf.
Moyenne 48% 32% programmes de
démystification, livres et revues...) et probablement plus explosif Revue
de l'AFIS Science et pseudo-sciences, n° 259, octobre 2003.
2. On entend souvent le chiffre d'environ 80 % de réussite au bac, mais
attention au taux de réussite des élèves inscrits, mais ils ne représentent
pas l'ensemble de la tranche d'âge ; le taux de réussite pour l'ensemble de
la tranche d'âge est d'environ 40 % pour le baccalauréat général et 60 %
si l'on ajoute le baccalauréat professionnel (source : education.gouv.fr).
Technologies et médias, Nous savons depuis la guerre du Golfe que les
ovnis étaient sans aucun doute des tests top-secrets de missiles de croisière
ou d'avions futuristes comme les furtifs. Grâce aux retransmissions
télévisées, on sait que la téléportation n'existe pas mais que le numéro des
magiciens utilise des jumeaux et que les jeunes trouvent plus sûr de se
rencontrer grâce à leur dernier cri portable que par télépathie !
Mais pourquoi devrait-on être logique sans formation spécifique ? Déjà le
grand psychologue et logicien Jean Piaget avait montré qu'il faut atteindre
un certain âge pour être capable de logique dans la compréhension du
monde physique.
Dans de multiples expériences, Piaget et ses collègues ont étudié l'évolution
de la compréhension des situations logiques,par exemple sériation,
oscillations d'un pendule, inclusion logique. L'exemple type est celui de la
sérialisation. Le problème est exposé sous forme de 10 baguettes de 10 à
16,5 centimètres que l'enfant doit ranger du plus petit au plus grand (comme
faire un escalier, pour les plus petits). Les expérimentateurs (notamment
Inhelder et Vinh-Bang) observent quatre stratégies ou façons de faire, tout
d'abord une incapacité totale à réaliser une sériation, l'enfant manipulant au
hasard. Dans la seconde stratégie, l'enfant initie un classement mais il est
incomplet, produisant soit des petits paquets, les petites baguettes ensemble
et les grandes à côté, soit des mini-séries. Piaget qualifie cette période d'«
infra-logique ». Une troisième stratégie correspond bien à une sériation,
mais elle se fait par essais et erreurs, par essais et erreurs. Finalement, dans
la stratégie logique (dite « opératoire »), l'enfant pose la plus petite des
baguettes, puis la plus petite des baguettes restantes et ainsi de suite jusqu'à
la dernière comme s'il avait un modèle mental. Les expérimentateurs
proposent également un test de vérification consistant à ce que l'enfant
insère sans erreur une 11ème tige de taille intermédiaire.
Répartition en pourcentage des enfants d'un âge donné selon leurs
stratégies dans un problème logique de sérialisation (d'après Ving-Bang et
Inhelder ; cit. Piaget et Inhelder, 1963)
Pourcentage Âge de l'enfant
d'enfants En passantce test sur
4 5 6 7 8 des enfants de
parstratégie
Non- 53 18 7 0 0 plusieurs tranches
sérialisation d'âge, on constate que
Forfaits / séries 47 61 34 22 0 les enfants de 4 ans ne
font aucune tentative
Essai par essai 0 12 25 15 5 de sériation ou
opèrent en petites
Série logique 0 9 34 63 95 séries (ou paquets) ce
que font la majorité
des enfants de 5 ans ; l'âge de 6 ans semble être de transition et aucune
stratégie ne domine alors qu'à partir de 7 ans, les enfants deviennent pour la
plupart logiques. Mais les études de Piaget montrent que cette évolution
n'est pas terminée car cette logique ne concerne que des problèmes dont les
dimensions sont visibles (taille, forme, couleur) et il faut attendre 12 ou 14
ans pour raisonner sur des dimensions abstraites.
Mais même passé l'âge de raison, sommes-nous tout à fait logiques ? Des
recherches récentes induisent un doute sur la logique humaine ! L'un des
événements les plus étudiés sidées dans la recherche sur le raisonnement
humain est le paradigme de sélection de Wason. Le sujet est représenté par
une collection de cartes avec un numéro d'un côté et une lettre de l'autre ;
puis on les cache en ne laissant sur la table que deux cartes avec une lettre
et deux avec un chiffre comme
dans l'exemple suivant. L'expérimentateur demande alors ausoumettre la
(ou les) cartes qu'il faut retourner pour décider si la règle suivante est vraie
(ou fausse) :
Règle : si un A est d'un côté alors il y a un 3 de l'autre côté
Le choix le plus courant est de retourner :
– Tout seul ;
– A et carte 3.
En fait la logique voudraitque l'on retourne A et 7. En effet, la carte A doit
avoir un 3 pour respecter la règle mais à l'inverse, la règle ne précise pas
que toute carte 3 doit avoir un A : un 3 peut donc inclure un B ou un F. Sur
par contre, si la carte 7 a un A au dos, ce A n'aurait donc pas de 3 et la règle
semblerait fausse. Dans ce raisonnement dit
« Conditionnel » de la forme « si A alors… », seuls 10 % des sujets adultes
choisissent les bonnes cartes, ce qui signifie que 90 % des sujets ne sont pas
logiques. Ce faible résultat ne dépend pas du niveau d'études puisque le
même score est atteint par les professionnels titulaires d'un doctorat ; seules
les matières expertes en mathématiques ou en sciences techniques
atteignent un niveau de 50 %, ce qui n'est pas encore très élevé.
Conclusion
L'homme n'est donc pas naturellement logique, ce qui explique les
croyances irrationnelles. Le cortex, siège de l'apprentissage, est constitué de
neurones qui s'interconnectent sur demande ; ils peuvent apprendre Mozart
ou rap, une croyance ou une autre... On retrouvera l'irrationalité en matière
de jeux d'argent (loto, etc.) mais aussi par rapport à la personnalité, les
croyances en graphologie et en astrologie. Pour les contredire, il faut des
protocoles expérimentaux et l'utilisation de statistiques, qui sont loin d'être
innées et qui peuvent s'apprendre (condition de contrôle, appariement,
corrélation, etc.). Dans le programme de psychologie de l'université, par
exemple, de nombreux cours sont consacrés à l'apprentissage des méthodes
scientifiques et statistiques, qui ont mis plus d'un siècle à se développer.
14. Votre enfant est doué ? … Et faut-il le mettre à part ?
Test d'intelligence et de précocité
Pour les mères, leurs bébés sont les plus beaux, et naturellement beaucoup
de parents ont tendance à penser que leur enfant est doué s'il a des facilités à
l'école. Beaucoup déchantent quand l'enfant, toujours premier dans une
petite école de campagne, se retrouve dans la bonne moyenne dans un lycée
d'une grande agglomération. C'est dans ce type de situation que le test
d'intelligence est utile comme outil de référence : il permet de situer un
enfant par rapport à la moyenne.
Lewis Terman (qui a adapté le premier test d'intelligence aux États-Unis)
s'intéressait aux enfants brillants ou surdoués et il définissait statistiquement
l'intelligence brillante. Rappelons, en effet, que les tests psychologiques
sont des instruments statistiques : nous sommes intelligents lorsque nous
sommes capables de réaliser les activités intellectuelles réussies par la
personne moyenne. Ceci définit une courbe en cloche.
Les psychométriciens sont habitués à mesurer la base de la courbe en
cloche en unités de quinze points de QI. Dans une courbe en cloche
standard, il y a 70% de personnes entre le QI de 85 et 115 alors qu'il n'y a
que 4% de personnes aux bords extrêmes de la courbe en cloche. Ainsi, il
n'y a que 2% de personnes dont le QI est inférieur à 70 et 2% également
vers la tranche supérieure, c'est-à-dire au-dessus d'un QI de 130. C'est ainsi,
depuis Terman, que les 2% d'enfants ayant les QI les plus élevés, en
pratique au-dessus de 130, se démarquent vraiment et peuvent être qualifiés
de brillants ou de surdoués. Leur suivi sur deux générations de chercheurs a
montré que ces étudiants se sont avérés être de bons élèves par la suite, ont
obtenu en moyenne des professions de haut niveau et étaient toujours actifs
après leur retraite, de sorte qu'un chercheur a intitulé son article « Les petits
génies font les nobles vieux Hommes !" ".
30
25
20
15
dix
5
0
50 60 70 8090 100 110
120 130 140 150
Exemple de distribution de QI pour un échantillon d'enfants de douze ans
Pourtant, on peut légitimement se demander si les enfants très brillants, les
surdoués, n'ont pas besoin d'une éducation spéciale. Il y a des supporters
dans les deux camps. Certains auteurs défendent cette idée avec l'argument
qu'ils s'ennuient dans un système classique et pensent qu'il faut mettre les
enfants surdoués dans des écoles spécialisées ou plus simplement (car ils ne
sont pas nombreux, 2% d'une classe d'âge) les reprendre une classe.
D'autres, en revanche, pensent que mettre des enfants brillants avec des
enfants plus âgés peut les affecter émotionnellement et les isoler. Une
grande recherche a été menée aux États-Unis sur une centaine d'enfants
brillants (définis comme les meilleurs 1% de leur groupe d'âge dans les tests
de mathématiques).sont comparés à une centaine d'élèves moyens
présentant les mêmes caractéristiques pris comme groupe témoin, et n'ayant
pas sauté de cours. Ces deux cents étudiants ont ainsi été suivis par deux
chercheurs, pendant dix ans en étudiant de nombreuses caractéristiques,
intellectuelles et psycho-sociales.
Les résultats sont impressionnants dans deux directions différentes. D'une
part, les élèves « accélérés » ont conservé leurun an à l'avance, leur niveau
moyen d'éducation est donc légèrement supérieur. Mais d'un autre côté,
toutes les caractéristiques intellectuelles et psycho-sociales ne présentent
pas de différences. Ils restent tous des étudiants surdoués, « accélérés » et «
non accélérés » puisque 98% d'entre eux entrent à l'université, 28% ont
remporté des prix dans les deux groupes, 60% ont été premiers de la
promotion. De même, et c'est plutôt contre les tenants de la non-
accélération, les étudiants
Les "accélérés" ne souffrent pas émotionnellement et socialement de leur
accélération et se montrent aussi bien intégrés et à l'aise dans leur peau que
les élèves surdoués qui sont restés à leur niveau scolaire normal, ils aiment
autant le collège, participent autant aux activités périscolaires et avoir la
même bonne estimed'eux-mêmes.
Bref comme conclureles deux auteurs de cette étude, sauter ou ne pas sauter
les cours, n'a aucun effet et vous pouvez choisir le mode d'enseignement
que vous souhaitez, pourvu qu'il soitpas contre le choix de l'enfant...
Conclusion
C'est pourquoi, depuis Terman, les enfants sont appelés
« Brillant » s'il obtient un QI de 130 ou plus lors d'un test sérieux. 2 %, c'est
peu, mais ça représente quand même 2 millions de personnes sur une
population de cent millions, soit plus d'un million dans la population
française, soit deux mille pour chaque grande ville de cent mille habitants.
Le phénomène n'est donc pas rare. Cependant, il faut se rappeler que les
enfants sont plus intelligents au fil des générations (effet Flynn) de sorte
que si les tests ne sont pas révisés, de nombreux enfants se verront attribuer
un QI supérieur à leurs capacités réelles (par rapport à l'enfant moyen).
Les médias en France utilisent volontiers le qualificatif « surdoué » et
donc je l'utilise. Pourtant, cette surenchère, qui au sens strict signifie « plus
surdoué que surdoué », fait sourire lorsqu'elle évoque le fameux pastiche de
Coluche « Plus blanc que blanc » tiré d'une publicité publicitaire. Les
Américains gardent le qualificatif surdoué et c'est déjà bien. Restons
modestes, c'est déjà une chance considérable d'être doué, inutile d'en
rajouter (autre annonce)….
15. Mon poisson rouge est-il intelligent ?
Intelligence animal
et évolution du
cerveau
Nous ne sommes pas de purs esprits et l'intelligence, au sens général de
capacité mentale, dépend évidemment du cerveau, en particulier de la
proportion entre le poids du cerveau et le poids du corps. En général, avec
le développement des vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères - et enfin
des primates à l'homme, on observe une augmentation du poids du cerveau
par rapport au poids total. L'homme a en moyenne un cerveau d'environ
1400 grammes pour un poids moyen de 70 kilos ce qui lui donne un poids
cérébral relatif bien supérieur en comparaison d'animaux de poids voisins
comme le lion ou l'autruche mais qui ont des cerveaux dix à vingt fois plus
légers. Le cerveau du chimpanzé pèse 400 grammes, à peine moins que les
450 grammes de notre premier ancêtre, l'australopithèque.
Malgré les énormes différences entre les espèces animales,des
comparaisons sont parfois possibles si bien que certains chercheurs
(Bitterman, 1965 ; Harlow, 1949) ont utilisé le même problème pour
comparer l'intelligence de différents animaux. Pour chaque problème,
l'animal doit choisir entre deux objets (par exemple une croix et un cercle)
pour recevoir une récompense, mais à chaque fois les deux objets sont
différents. Un homme adulte apprend en une ou deux tentatives ce genre de
problème : si la récompense n'est pas sous la croix, c'est qu'elle est sous le
cercle. L'homme trouve la solution
En deux tentatives au maximum : soit on soulève l'objet (sous lequel est
cachée la récompense) par hasard (c'est bienlors de la première tentative) ou
l'autre est levé, et l'objet correct est levé lors de la deuxième tentative, ce
qui donne un maximum de deux tentatives. Mais pour y parvenir, un
chimpanzé a besoin de 200 entraînements aux problèmes (sur plusieurs
mois). Un pigeon ne réussit qu'à 80% après 500 problèmes. Un chat ne
réussit que 60% après un entraînement de 600 problèmes, tandis qu'un rat
réussit à peine au-dessus du hasard après le même entraînement.
Essayons un problème plus simple. Un animal doit choisir une cible (par
exemple cercle brillant) plutôt qu'une autre stimulation (cercle noir), et est
alors récompensé ; des graines pour un pigeon et… un délicieux petit ver
pour nos poissons rouges. Puis lorsqu'il réussit plusieurs fois (à raison de 40
essais par jour), il est inversé et c'est le cercle noir qui est récompensé et
ainsi de suite. Le rat, cette fois, parvient à changer plusieurs fois et malgré
les changements de cible récompensée, ne commet en moyenne que deux
erreurs. L'intelligence du pigeon est moins flexible et il fait jusqu'à 50
erreurs avant d'apprendre à changer de cible, mais finit par bien apprendre
après 20 jours. Ce n'est pas le cas de la tortue qui fait encore 40 erreurs par
jour après 20 jours d'entraînement. Et notre petit poisson rouge ? Bien,
Conclusion
Outre les différences quantitatives dans la taille du cerveau (par rapport au
corps), il existe également de nombreuses différences « qualitatives » dans
la constitution du cerveau. Par exemple, comparé à un vertébré primitif de
taille équivalente, le cortex frontal (qui permet le ment) du chimpanzé est
60 fois plus gros alors que celui de l'homme est 150 fois plus gros.
L'hippocampe (indispensable à la mémorisation) est une fois et demie plus
gros chez le chimpanzé et quatre fois plus gros chez l'homme. A l'inverse,
le bulbe olfactif qui sert à l'odorat a la même taille.
Le chat et son compagnon le rat ne sont pas aussi intelligents que La
Fontaine nous les a décrits ! Quant à notre petit poisson rouge… ce n'est pas
Nemo qui veut !
16. L'intelligence est-elle héréditaire ?
Impact du patrimoine génétique sur l'intelligence
La sélection en élevage et en agriculture est pratiquée depuis des siècles et
fait actuellement l'objet de procédures scientifiquement contrôlées ; on sait
que de nombreux facteurs dépendent de facteurs génétiques, allant de la
résistance des céréales au froid à la production laitière. Pourquoi alors les
gènes des chromosomes seraient-ils responsables de la morphologie et de la
physiologie des animaux et ne seraient-ils pas responsables du
comportement. L'idée que l'intelligence est aussi héréditaire a été
développée vers la fin du XIXe siècle par l'Anglais Francis Galton qui s'est
intéressé, dans un livre sur l'hérédité des génies, à retracer les filiations
familiales des génies comme on le fait avec le pedigree des chevaux de
course. .
La première expérience d'élevage d'animaux sur les caractéristiques
comportementales a été réalisée par l'américain Tryonde 1927 à 1940 chez
le rat, animal familier du laboratoire.
La sélection est basée sur la rapidité avec laquelle vous apprenez à sortir
d'un labyrinthe complexe, composé de dix-sept carrefours. Chaque animal
est soumis à dix-neuf tests et leurs performances sont mesurées par le total
des erreurs (entrées dans des impasses) ; les rats qui commettent le moins
d'erreurs sont appelés « brillants » (brillants) et ceux qui commettent le plus
d'erreurs sont les « cancres » (émoussés). Ces deux premiers groupes
définissent donc les parents, il y a les parents brillants et les parents cancres.
C'est à partir de ce moment que commence la sélection, ainsi que pour les
fleurs dont on aimerait séparer les rouges des blancs. Dans l'exemple des
fleurs, on ne croiserait pour la reproduction que les fleurs les plus rouges
entre elles et seulement les fleurs les plus blanches entre elles, et ainsi de
suite sur plusieurs générations pour avoir des fleurs très rouges ou très
blanches. Ici, Tryon et son équipe élèvent des rats brillants d'une part et des
rats cancres de l'autre. Les rats issus de ces croisements forment la première
génération, G1 ; après avoir appris les rats G1, une nouvelle sélection est
faite en croisant les nouveaux brillants entre eux et les nouveaux cancres
entre eux et ainsi de suite jusqu'à la dix-huitième génération. A noter que
cette expérience a duré onze ans. Les résultats indiquent qu'une
différenciation nette entre deux variétés de rats n'intervient qu'à partir de la
génération n°7. Certains laboratoires d'élevage poursuivent cette sélection,
entre autres, et les chercheurs peuvent acheter des souches de rats luisants
ou cancres. une nouvelle sélection se fait en croisant les nouveaux brillants
entre eux et les nouveaux cancres entre eux et ainsi de suite jusqu'à la dix-
huitième génération. A noter que cette expérience a duré onze ans. Les
résultats indiquent qu'une différenciation nette entre deux variétés de rats
n'intervient qu'à partir de la génération n°7. Certains laboratoires d'élevage
poursuivent cette sélection, entre autres, et les chercheurs peuvent acheter
des souches de rats luisants ou cancres. une nouvelle sélection se fait en
croisant les nouveaux brillants entre eux et les nouveaux cancres entre eux
et ainsi de suite jusqu'à la dix-huitième génération. A noter que cette
expérience a duré onze ans. Les résultats indiquent qu'une différenciation
nette entre deux variétés de rats n'intervient qu'à partir de la génération n°7.
Certains laboratoires d'élevage poursuivent cette sélection, entre autres, et
les chercheurs peuvent acheter des souches de rats luisants ou cancres.
Et l'homme ? L'intelligence est-elle aussi héréditaire ? Pour l'étudier, nous
calculons la corrélation (voir question 6 de ce chapitre) entre le QI de
personnes de degré croissant de parenté génétique, allant de la corrélation
entre deux personnes non apparentées à des jumeaux identiques, qui ont les
mêmes chromosomes. Plus d'une centaine d'études ont été menées dans ce
domaine, les résultats apportant ainsitotal sur plusieurs milliers d'individus.
On constate que la corrélation moyenne, sur cette centaine d'études, varie
fortement selon le degré de parenté. Comme prévu, la corrélation est nulle
entre les QI des couples non apparentés (couplés au hasard). Les cousinsont
entre eux une corrélation de 0,15. La corrélation entre frères et sœurs ou
entre parents et enfants est la même, autour de 0,50. Et enfin les vrais
jumeaux ont une intelligence très similaire, puisque la corrélation entre leur
QI est de 0,85, ce qui est très élevé.
Conclusion
L'intelligence est en effet héréditaire et plus les gens partagent le même
patrimoine génétique, plus leur intelligence est similaire. Cependant, une
erreur courante en énonçant cette conclusion est de comprendre
« Seule l'intelligence est héréditaire », ce qui n'est pas le cas car les
conditions de développement et d'éducation ont également un rôle crucial
(voir ci-dessous). Dire qu'il y a du blanc dans l'œuf ne veut pas dire que le
jaune est inexistant !
17. Les jumeaux ont-ils la même intelligence ?
Intelligence et degré de parenté
Les jumeaux fascinent par leur ressemblance depuis l'Antiquité. Tout le
monde sait qu'il existe deux sortes de jumeaux, vrais et faux. Le petit bébé
est issu d'un embryon lui-même issu d'un ovule (appelé zygote en biologie),
issu de la fécondation de l'ovule de la mère et du sperme du père, donnant
ainsi 23 chromosomes maternels et 23 chromosomes paternels, ce qui fait
46 chromosomes habituels d'êtres humains normaux. L'œuf peut parfois se
scinder en deux, donnant deux œufs identiques avec les mêmes
chromosomes et donc deux êtres similaires, appelés « clones » en biologie.
Les jumeaux identiques (ou monozygotes ou jumeaux MZ) sont donc
parfaitement similaires car ils résultent du doublement d'un même ovule.
Inversement, deux ovules peuvent être fécondés en même temps par deux
spermatozoïdes différents, et deux bébés peuvent naître en même temps.
Puisqu'ils proviennent de deux ovules et spermatozoïdes différents, ils
seront en partie similaires car ils proviennent des mêmes parents. Par
exemple, l'ovule peut contenir le brin A (il y a deux brins par chromosome
mais un seul dans l'ovule ou le spermatozoïde) du chromosome 1, qui
provient du grand-père maternel, alors qu'un autre œuf peut contenir le brin
B (qui vient de la grand-mère maternelle), c'est la raison pour laquelle les
enfants ont parfois des traits similaires à ceux des grands-parents ou des
oncles et tantes. Bref, dans le cas des jumeaux fraternels (ou dizygotes ou
DZ), c'est la grande loterie des chromosomes et ils se ressemblent comme
de simples frères et sœurs mais sans plus.
De nombreuses études ont été menées sur des jumeaux, véritables clones
naturels, et ces études montrent que les vrais jumeaux ont une intelligence
très similaire, puisque la corrélation entre leur QI est de 0,85, ce qui est très
élevé.
Mais parmi toutes ces recherches, celle de la faculté de médecine de
l'Université de Louisville est extraordinaire. Lancé par Falkner en 1957, un
programme systématique d'étude des jumeaux de la région comprend des
visites et des tests à intervalles réguliers dès la naissance. Ce programme,
poursuivi par Vandenberg, puis Ronald Wilson (1983), concerne environ
500 couples de jumeaux âgés de 3 mois à 15 ans. Les jumeaux sont testés
tous les 3 mois
Première année, chaque année jusqu'à l'âge de 9 ans et un examen final est
passé à l'âge de 15 ans. Les jumeaux sont identifiéscomme MZ et DZ sur la
base de 22 antigènes sanguins, sauf bien sûr lorsque les jumeaux sont de
sexe différent, ce qui prouve qu'ils sont DZ.
100
E. Cérébral C. Académie Papier-Crayon
Contrôler
Progression (ou diminution) des scores aux tests (%) selon les deux
méthodes sur les jeux vidéo, le jeu papier-crayon ou le groupe contrôle
(d'après Lorant-Royer, Spiess, Goncalvez & Lieury, 2008)
Pour la mémoire des nombres, le programme Kawashima prend sa revanche
avec une progression de 20% grâce à sa méthode, comprenant beaucoup de
calculs arithmétiques classiques (les tables de multiplication) et un autre
exercice (Go and Come) qui demande de la mémorisation. Les entrées et
sorties de peules gars. C'est positif, mais ça ne va pas mieux quejeux de
papier et crayon.
nous attendions aussiavec grand intérêt les résultats du test des symboles
qui est un test d'attention visuelle. Ins-piratant de tels tests, Kawashima
propose plusieurs jeux d'attention, également très bien adaptés à la petite
console, comme le fameux test de Stroop et un exercice de nombres mal
appelé (mais très sympa) où le joueur doit compter le nombre de chiffres
correspondant à un paramètre, par exemple, le nombre de chiffres jaunes,
qui tournent ou qui bougent. En effet, le Brain Training est efficace avec
une progression de 20% mais pas plus que le groupe contrôle qui fait aussi
bien en se tournant les pouces. Bref, insuffisant pour rajeunir notre cerveau
comme annoncé !
En conclusion, les programmes de jeux vidéo ne sont que des jeux et rien de
plus. Ils ne sont pas prêts de remplacer les programmes scolaires qui, par
leur variété et leur durée, offrent une véritable stimulation cérébrale à nos
chers bambins !
Conclusion
Pourquoi les méthodes « tout en un » ne sont-elles pas efficaces ? Ces
méthodes reposent sur le principe du transfert : une formation préalable
peut faciliter l'apprentissage. Mais des études sur cette question ont montré
qu'il n'y a de bénéfice que si les deux apprentissages se ressemblent ; ainsi
l'apprentissage des syllabes ne facilite pas la mémorisation des poèmes ou
du latin. L'explication est la complexité du cerveau avec ses 200 milliards
de neurones : construire une autoroute entre Limoges et Cahors n'améliore
pas le trafic entre Manhattan et Brooklyn !
22. Votre enfant doit-il plutôt lire ou regarder la télévision ?
Influence des formats de présentation
Le vocabulaire et la culture sont fondamentaux pour l'intelligence et sont les
meilleurs prédicteurs de l'intelligence générale. Des études françaises
montrent que le vocabulaire moyen à la fin du primaire est de neuf mille
mots connus et ce vocabulaire passe de deux mille cinq cents mots à la fin
de la sixième à dix-sept mille mots à la fin de la troisième. . Cela montre,
comme deux chercheurs américains, à quel point les étudiants sont baignés
dans un océan de mots. Pour de nombreux chercheurs, le principal moyen
d'apprentissage de ces mots est la lecture. Par exemple, imaginez un livre de
cent pages chacune avec dix lignes de dix mots, ce livre représente dix
mille mots. Bien entendu, ces dix mille mots ne sont pas tous nouveaux et
justement, on pense que les nouveaux mots se comprennent par déduction
des autres mots de la phrase et "
Cependant, l'effet de ces différents médias n'est pas le même selon l'âge.
Chez l'enfant et lorsque le document est descriptif ou narratif (une histoire
d'ours par exemple), lela télévision est plus efficace pour apprendre que la
lecture. Mais quand les enfants sont plus grands (douze ans) et chez les
adultes, la lecture permet d'apprendre mieux que la télévision.
La raison principale en est que le lecteur dispose d'une vitesse de prise
d'informations qui est totalement régulée en fonction de la connaissance des
mots. Si les mots sont familiers, la lecture se fait très rapidement, tandis que
si les mots sont nouveaux ou importants, les yeux se révulsent ou se posent
plusieurs fois, ce qui les rend plus faciles à retenir. La télévision ne le
permet pas. C'est ainsi que pour les documents scientifiques (E = M6), nous
avons constaté que l'apprentissageétait trois fois plus efficace à la lecture
qu'à la télévision. Or, la télévision est un concurrent sérieux pour la lecture,
puisqu'un enfant regarde en moyenne deux heures de télévision pour vingt
minutes de lecture, dont la moitié est consacrée aux manuels. Il s'agit d'une
véritable concurrence car certaines études montrent une légère corrélation
inverse entre le temps passé devant la télévision et les compétences en
lecture. Cependant, ce résultat n'est vrai que dans le cas des programmes de
loisirs et il n'y a pas d'effet négatif de la télévision sur les capacités de
lecture lorsque la télévision concerne l'actualité. Qu'en est-il des retombées
sur l'intelligence, c'est encore un peu tôt pour le dire et il faut faire quelques
études. Dans l'une de nos recherches, Nous avons trouvé une corrélation
positive entre la connaissance des programmes de télévision et les résultats
en sixième année, c'est-à-dire ceux qui se souvenaient le mieux des noms
des programmes ou des hôtes étaient les meilleurs étudiants. Mais tout a
basculé pour les élèves de troisième, qui étaient en moyenne les plus
mauvais en classe parmi les
« junkies » de la télévision ; une analyse des programmes préférés ont
indiqué que ces élèves regardaient principalement les sports.
Conclusion
Différents formats de présentation, de lecture, de télévision, de CD-ROM
ont leurs avantages et inconvénients respectifs. L'un des inconvénients de la
télévision est qu'elle ne présente pas visuellement des mots complexes, ce
qui rend impossible le déchiffrement de leur orthographe. Comment deviner
l'orthographe de Sarah Bernhardt ou Queen Hatshepsu pour les figures et
mycellium ou arum pour les plantes ? Après avoir utilisé les documents E =
M6 pour cette recherche, il m'a semblé utile de les informer de ces résultats
et de conseiller d'ajouter les mots techniques en sous-titres dans leurs
documentaires ; mais je n'ai jamais eu de réponse… D'autres programmes
(Ushuaia) le font de manière élégante (le mot tombe comme une goutte
d'eau) pour les sites géographiques. Il ne faut donc pas, sous prétexte de
modernité, ranger les livres au grenier pas plus qu'il ne faut interdire la
télévision ou l'ordinateur. C'est avant tout le contenu qui est important dans
le développement des connaissances et donc de l'intelligence.
23. Le contenu de votre assiette fera-t-il de vous un prix Nobel ?
Nutrition et fonction cérébrale
Les nombreux facteurs physiologiques, nutrition, vitamines, hygiène,
alcoolisme et tabagisme de la mère pendant la grossesse, etc., sont
évidemment déterminants pour le développement intra-utérin. De
nombreuses recherches ont été menées sur les effets de la malnutrition chez
les animaux, notamment chez le rat, et montrent un mauvais développement
cérébral, des neurones plus petits, moins de ramifications vers d'autres
neurones… Si certains effets peuvent être compensés par une meilleure
nutrition par la suite, les dommages semblent persister, notamment chez les
l'hippocampe (structure cérébrale essentielle à la mémorisation).
En Afrique, la malnutrition produit des maladies spécifiques qui
ralentissent fortement le développement intellectuel. Un certain nombre
d'études ont été menées avec des organisations internationales en Amérique
centrale.
Un très grand projet a été mené dans quatre villages du Guatemala par
l'INCAP (Institut de Nutrition d'Amérique centrale et du Panama) sur six
cent trente-six enfants avec suivi scolaire et tests divers après huit ans (de
1969 à 1977). Deux types de rations complémentaires ont été testées, toutes
deux contenant des vitamines et des minéraux, mais l'une riche en protéines,
l'Atole (ressemblant à une boisson chocolatée) et l'autre Fresco
(ressemblant à une boisson fraîche) ne contenant pas de protéines. Les
résultats indiquent un effet du supplément protéique (Atole) sur divers tests,
test de raisonnement (matrices Raven), tests d'arithmétique et de
connaissances, l'effet le plus marquant étant sur le vocabulaire. Selon le
niveau socio-économique, les effets nutritionnels n'agissent que sur les
enfants de catégories défavorisées ou moyennes, ce qui s'interprète par le
fait qu'il n'y a pas d'effet de la malnutrition dans les classes supérieures. Par
ailleurs, on constate que les effets d'une meilleure nutrition sont d'autant
plus efficaces que le niveau scolaire augmente (école primaire). Sachant
aussi que les acides aminés (issus des protéines) sont les précurseurs des
neurotransmetteurs (la tyrosine est le précurseur de la dopamine et de la
noradrénaline et le tryptophane est le précurseur de la sérotonine…), on en
comprend les effets négatifs. Tives de la malnutrition sur le développement
intellectuel. Ce problème ne concerne évidemment pas que les pays moins
développés, Sachant aussi que les acides aminés (issus des protéines) sont
les précurseurs des neurotransmetteurs (la tyrosine est le précurseur de la
dopamine et de la noradrénaline et le tryptophane est le précurseur de la
sérotonine…), on en comprend les effets négatifs. Tives de la malnutrition
sur le développement intellectuel. Ce problème ne concerne évidemment
pas que les pays moins développés, Sachant aussi que les acides aminés
(issus des protéines) sont les précurseurs des neurotransmetteurs (la tyrosine
est le précurseur de la dopamine et de la noradrénaline et le tryptophane est
le précurseur de la sérotonine…), on en comprend les effets négatifs. Tives
de la malnutrition sur le développement intellectuel. Ce problème ne
concerne évidemment pas que les pays moins développés,
Les lipides (graisses) sont également nécessaires et assurent l'étanchéité des
cellules et l'isolation électrique des neurones ; bien sur dans nos pays riches
c'est l'excès qui nuit
Plutôt que de manquer mais méfiez-vous des jeunes filles, qui, pour
ressembler à des modèles de brindilles, seraient tentées par des régimes
draconiens. Même remarque pour les glucides (sucres) : l'excès est plus la
norme dans nos pays, mais le glucose étant le carburant du cerveau (comme
les muscles) attention aux régimes trop sévères. On fait moins attention aux
vitamines qui sont absolument nécessaires au bon fonctionnement de notre
organisme et sans s'en gaver, comme dans certains pays, il est bon de
surveiller son alimentation, voire de prendre, sous le contrôle d'un médecin,
une vitamine supplément. Ainsi, l'un des principaux troubles de la mémoire
provoqués par l'alcool est dû au dérèglement des mécanismes de la vitamine
B1, indispensable à l'hippocampe. En Australie, c'est le comble : vu la forte
consommation de bière des jeunes Australiens, certains médecins
envisagent sérieusement de compléter la bière avec de la vitamine B1.
Conclusion
Quant aux médicaments qui feraient du bien, ils ne sont pas encore connus.
Des publicités sont faites pour des substances qui ne sont pas classées
comme médicaments et qui sont vendues dans les supermarchés ou même
dans les pharmacies. Mais il faut savoir que les entreprises manufacturières
ont l'obligation de prouver l'efficacité des substances à une agence
ministérielle, uniquement pour les produits dits médicaments, pas les autres.
Par exemple, certains produits présentés dans les rayons diététiques
contiennent des lécithines censées améliorer la mémoire mais qui sont
naturellement contenues dans les œufs et le chocolat. D'autres produits sont
stimulants et peuvent présenter des dangers pour l'organisme, par exemple
un produit couramment utilisé par les étudiants contient une forte
concentration de caféine ; ques, etc.
D'autres, comme les somnifères, provoquent une perte de mémoire ou
d'attention. Dans l'ensemble, vous ne devez rien prendre qui ne soit pas
dans le régime alimentaire ordinaire sans l'avis de votre médecin. Car
certaines substances peuvent empoisonner l'intelligence. Ainsi, un examen
psychologique très complet (voici aussi à quoi servent les tests) a révélé des
scores inférieurs aux tests chez des enfants de quatre à six ans qui ont été
empoisonnés au plomb pour avoir mangé du poisson du lac Michigan (près
de nombreuses usines). Les sociétés avancées peuvent aussi empoisonner
l'intelligence...
Mémoire
24. " Souvenirs souvenirs… "
D'abord souvenirs et souvenirs d'enfance
« Memories, memory », comme le chantait Johnny Halliday dans l'une de
ses premières chansons… Ce qui n'évoque pas, avec une certaine nostalgie,
ses souvenirs de jeunesse, voire, plus loin encore, ses souvenirs d'enfance.
Mais très souvent, plus on remonte dans son enfance, plus les souvenirs se
font rares, pour arriver à un véritable black-out avant l'âge de trois ans. En
moyenne, les souvenirs les plus anciens des adultes (y compris les plus
jeunes) sont datés, lorsqu'ils peuvent être vérifiés, entre trois et quatre ans.
S'appuyant sur la première enquête faite sur les souvenirs d'enfance par
Victor et Catherine Henri (1896), Freud croyait que cette perte de mémoire
était due à un refoulement de la sexualité infantile,
L'enquête a été menée auprès de 124 étudiants des deux sexes àce qui avait
été demandé pour évoquer leurs souvenirs d'enfance jusqu'à 8 ans, leur âge
au moment du souvenir,
ainsi que l'évaluation du caractère "agréable ou désagréable" du souvenir.
Au total, 6 500 souvenirs ont été rapportés soiten moyenne 52,3 par sujet
quel que soit le sexe. L'âge moyen du premier souvenir est compris entre 3
et 4 ans, ce qui confirme les enquêtes précédemment citées.
20
18
16
14
12
dix
8
6
4
2
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Age en années
Le vocabulaire maximum est de 2 400 mots ; le maximum pour le rappel
d'histoire est de 45 éléments rappelés.
Évocation de souvenirs d'enfance (simplifié d'après Waldfogel, 1948)
Waldfogel a comparé l'évolution des souvenirs d'enfance avec l'évolution du
nombre de mots connus par l'enfant (vocabulaire) et aussi avec le
développement de la mémoire d'histoire dans un test qui consiste à raconter
une situation complexe de mémoire (non précisée par l'auteur). On constate
que l'évolution des souvenirs est parallèle à la mémoire du conte dès l'âge
de quatre ans et strictement parallèle à l'évolution du vocabulaire de 1 à 7
ans.
Conclusion
Ces résultats confirment que l'évolution des souvenirs est fonction du
développement général de l'enfant et en particulier que l'amnésie infantile
survient à une période où l'enfant ne dispose pas d'éléments de
représentation linguistique. Pour raconter un souvenir, il faut les mots pour
le décrire. Parlant aux enfants de la guerre de Troie, l'un d'eux m'a demandé
ce qu'est le « talon de la Chine » pour le talon d'Achille ! Une autre
anecdote avec Mina, une de mes petites-filles, le montre. En regardant la
Belle au bois dormant de Walt Disney, elle m'a dit quand le roi avait
ordonné de brûler tous les rouets du royaume : "Dis, pourquoi brûlent-ils
tous les vélos !" Si je ne lui avais pas expliqué le mot "roue tournante",
qu'aurait-elle enregistré dans sa mémoire ? Peut-être des images de vélos en
flammes !
25. Pourquoi se souvient-on mieux des souvenirs liés aux émotions ?
Mémoires flash et mémoire
Les souvenirs accompagnés d'une émotion forte sont souvent mieux
conservés que les souvenirs d'épisodes plus banals ; on se souvenait mieux
des « premières », premier amour, remise de prix ou de médailles, jeu,
voyage à l'étranger. Il en va de même des événements sociaux choquants
susceptibles de bouleverser la vie des individus, appelés « mémoires flash »
par Roger Brown et James Kulik (1977), de l'université Harvard. Leur idée
est que tout comme le flash met en valeur la scène photographiée, un
événement public exceptionnel sublime un événement personnel.
Leur recherche s'inspire de l'enquête d'un journal (type Paris Match)
demandant à des personnalités ce qu'elles faisaient et où elles se trouvaient
lorsqu'elles ont appris l'assassinat du président Kennedy. Les souvenirs sont
généralement trèsprécise : « Julia était dans la cuisine et mangeait de la
soupe… », « Billy… était au golf », « Philippe faisait une course de rallye
», etc. Le phénomène avait déjà été remarqué par Charles Blondel (1934)
qui se souvenait d'avoir composé au concours général un lundi, Sadi Carnot
ayant été assassiné un dimanche.
Les mémoires flash sont donc le souvenir des circonstances qui coïncident
avec l'annonce d'un événement public important.tellement de. Ainsi dans
l'enquête de Brown et Kulik, trente-neuf blancs (sur quarante) et quarante
noirs (sur quarante) ont une mémoire flash de l'assassinat de John Kennedy.
Mais on voit l'importance politique de l'événement selon le groupe social
dans le fait que les noirs ont plus souvent une mémoire flash pour
l'assassinat de Luther King ou de Malcom X, dirigeants noirs, et à l'inverse
pour la tentative d'assassinat de Gérald Ford (président américain ) ou la
mort du général fasciste espagnol Franco.
Nombre de mémoires flash selon l'événement et la classe sociale (américain
noir ou blanc) (simplifié de Brown et Kulik, 1977)
Les sujets blanc Sujets noirs (40)
(40)
John Kennedy White 39 40
/ assassinat
Martin Luther King 13 30
Noir / assassinat
Malcom X Black / 1 14
assassinat
Gerald Ford White /
tentative d'assassinat 23 16
De plus, la longueur de l'histoire est fortement corrélée (0,80 à
.90) avec l'importance que l'événement public avait pour le sujet (mesurée
sur une échelle de notation). Brown et Kulik déduisent de leurs résultats que
l'événement public n'engendre une mémoire flash que s'il déclenche un
niveau émotionnel élevé chez le sujet.
Conclusion
Des neurobiologistes (Ledoux, 1994) ont montréque dans le cerveau, près
de l'hippocampe qui permet l'enregistrement de choses nouvelles, une autre
structure est attachée à l'amygdale (à ne pas confondre avec les amygdales
qui sont dans la bouche). La fonction de l'amygdale est de dire au cerveau si
l'événement est bon (positif) ou mauvais (négatif). Lorsque l'événement
suscite une émotion forte (comme la colère ou la peur…), des molécules
spéciales sont envoyées vers l'hippocampe, qui enregistre mieux. Ainsi, des
expériences sur des animaux de laboratoire (souris, rats) montrent que
l'apprentissage associé à des chocs électriques douloureux est plus rapide
que l'apprentissage positif (nourriture) et la mémoire est également plus
durable.
Sans en connaître la raison, c'est ce que le père de Sacha Guitry a
appliqué. Ce dernier a déclaré qu'après avoir rencontré Sarah Bernhardt à la
fin de la pièce, son père lui a donné une grosse gifle, dès sa sortie de la loge
de la célèbre comédienne : "C'est pour que tu te souviennes, mon fils, que tu
as rencontré le grande Sarah Bernhardt ”…
26. Vos souvenirs sont-ils toujours vrais ?
Faux souvenirs et
mémoire
On a souvent tendance à faire confiance à ses propres souvenirs mais les
problèmes commencent déjà lorsque l'on évoque, soit en couple, soit entre
amis, des souvenirs concernant des événements que chacun a vécus ; les
avis divergent très souvent. Et quand il s'agit d'enfants, ce n'est évidemment
pas mieux, contrairement à l'adage selon lequel « la vérité sort de la bouche
des enfants ». A l'initiative d'une chercheuse américaine, Elizabeth Loftus,
de nombreuses recherches ont été menées pour tenter de comprendre
l'origine des faux souvenirs mis en évidence lors d'essais très médiatisés.
Plusieurs affaires ont ainsi défrayé la chronique. Beth Rutherford, Missouri,
se souvient avoir été violée par son père pasteur et en avoir été enceinte
deux fois.
Mais alors que le père a dû démissionner de sa charge sous le poids des
accusations, les examens médicaux ont révélé que la jeune femme n'avait
jamais été enceinte puisqu'elle était encore vierge... Elizabeth Loftus décrit
ainsi plusieurs cas de patientes, dont des fausses. . Des souvenirs ont
inculpé des innocents. Par exemple, encore, cette jeune aide-soignante a
convaincu, sous hypnose par son thérapeute, qu'elle avait été recrutée dans
une secte satanique qui la poussait à manger des bébés...
Ce chercheur avait déjà montré que les souvenirs pouvaient être fortement
déformés par des événements ultérieurs et notamment par des questions
ultérieures. Ainsi, montrant des diapositives relatant un accident de la
circulation, une voiture verte apparaît, renversant un cycliste pour éviter un
poids lourd. Si des questions sont comme :
"Pourquoi la voiture bleue a-t-elle écrasé le cycliste ?" » Et que plus tard,
on demande la couleur de la voiture, plusieurs
Des "témoins" disent qu'il était bleu, alors qu'il était vert. L'une des raisons
de ces faux souvenirs est que nous n'avons paspas de mémoire
photographique et que les mémoires sont construites à partir d'éléments
picturaux et surtout d'éléments verbaux qui peuvent eux-mêmes être
transformés en images ; cette construction évolue dans le temps et peut être
transformée en reconstituant des éléments manquants selon une meilleure
logique du récit, ou en agrégeant des éléments qui proviennent d'autres
événements, comme dans les questions posées par un enquêteur. Ou un
thérapeute.
Conclusion
Par exemple, d'autres chercheurs ont présenté aux sujets des histoires sur
leur enfance racontées par leurs parents ; mais à ces événements réels s'en
ajoutaient de faux, par exemple la venue d'un clown pour leur anniversaire.
Lors d'un premier entretien, aucun sujet ne se souvient de cet événement
ajouté mais plus tard, lors d'un deuxième entretien, 20% des sujets se
souviennent de cet événement et ajoutent des détails, même s'il s'agit d'un
faux souvenir. Enfin, d'autres expériences montrent que si l'on demande
d'imaginer la (fausse) scène ajoutée, l'impression de certitude augmente
encore. Cependant, comme nous le savons, les parents ont tendance à
raconter des événements aux enfants, et pour de nombreux souvenirs, nous
pouvons avoir, dans notre mémoire, plutôt le souvenir de nos parents que de
vrais souvenirs de notre enfance...
27. Votre corps a-t-il une mémoire ?
Conditionnement et apprentissage sensorimoteur...
Fréquemment, il arrive qu'en faisant nos trajets habituels pour aller au
travail (ou faire des courses dans un magasin habituel), nous nous
retrouvions au point d'arrivée sans le souvenir d'avoir conduit la route. On
se dit que notre corps connaissait la route.
Quand les psychologues étudiaient l'apprentissage de la findu XIXe siècle
au début du XXe siècle, ce fut moins pour des préoccupations théoriques
que pratiques (cf. taylorisme). La recherche, à visée professionnelle ou
éducative, était basée sur des situations de la vie quotidienne, de conduite,
de frappe, etc. Mais les résultats étaient souvent les mêmes, et la courbe
d'apprentissage chez l'homme était toujours la même forme, une montée
rapide et une plateau définissant les limites biologiques.
Face à la régularité de cette courbe, les chercheurs se sont attachés à
expliquer cette courbe d'apprentissage. Afin de
étudier les caractéristiques, ils ont inventé des dispositifs d'étude qui étaient
faciles à répéter pour la vérification (ce qui n'est pas leconduire ou taper).
Un dispositif à la mode a été le labyrinthe du petit rat de laboratoire, qui est
facile à élever et à manipuler. Ainsi, placés dans un labyrinthe avec une
vingtaine de carrefours et avec une récompense au but (nourriture), les rats
mettent une vingtaine de tentatives pour apprendre à se diriger vers le but
presque sans erreurs. A droite, à gauche, tout droit, à gauche, etc. Mais
comment l'expliquer ?
300
250
200
150
100
50
0
0 1 3 5 7 9 11 13 15 17
Essai
Courbe d'apprentissage typique d'un labyrinthe par des rats de laboratoire
(Simplifié d'après Tolman et Honzik, 1930)
Afin d'expliquer le mécanisme d'apprentissage, Hull développera
l'hypothèse de la chaîne réflexe de Watson selon où l'apprentissage final est
une chaîne de conditions correspondant à des parties du comportement
total.
Dans un labyrinthe, la réponse de chaque carrefour (par exemple, tourner à
droite ou à gauche) sera considérée comme associée au stimulus résultant
de la réponse précédente (sensations kinesthésiques des mouvements pour
tourner à gauche ou à droite) : à chaque carrefour, il y a conditionnement
d'une fraction du parcours du labyrinthe, ce sont les réponses à but partagé.
Conclusion
Par la suite, les neurobiologistes ont découvert que l'automatisation de
l'apprentissagese fait au niveau du cervelet. Des neurones spéciaux (les
fibres moussues qui ressemblent un peu au lierre) établissent des
connexions entre les voies sensorielles et motrices. Ce sont ces connexions
qui produisent les réponses fractionnées de tourner automatiquement, à
droite, puis à gauche, puis tout droit, selon des repères particuliers, un
panneau, une fenêtre, un bâtiment… Le cervelet, étant un cerveau
auxiliaire, soulage ainsi le cerveau principal qui peut penser, au travail que
l'on va accomplir dans la journée, à la liste de courses, etc. C'est en quelque
sorte notre pilote automatique. Mais comme elles sont automatiques, elles
sont sujettes à des erreurs ; si la chaîne comportementale est déclenchée par
un signal, elle se déploie entièrement. Un ami m'a raconté l'anecdote
suivante. Un matin, en entendant le réveil, il se lave, déjeune et prend son
véhicule pour se rendre au travail. Mais arrivé devant la barrière de sa
compagnie, il s'étonne de ne trouver personne et regarde alors sa montre, il
était deux heures du matin. Ayant cru entendre son réveil, son pilote
automatique avait déclenché tous les « rituels » du lever !
C'est ainsi que le corps a une mémoire, liant les sensations aux réponses
motrices. Cependant, il faut noter que cet apprentissage sensorimoteur
prend du temps.
Des heures considérables, parfois des milliers ; c'est le cas pour conduire
une voiture, jouer d'un instrument de musique et faire du sport.
28. Pourquoi le cyclisme n'est-il jamais oublié ?
Mémoire procédurale et automatismes
Il est vrai que, pour la plupart, les apprentissages sensorimoteurs, comme le
vélo, la natation, la conduite automobile, ne sont jamais oubliés car ils
dépendent d'un système de mémoire différent de celui qui traite des
connaissances, des mots. Ou des images.
Cette découverte est issue de l'étude de jeunes patients présentant des
lésions de l'hippocampe (blessures de guerre, etc.).L'hippocampe est une
structure du cerveau nécessaire à l'enregistrement de toutes les nouvelles
informations de connaissances, mots, images, visages. Ces patients, privés
de leur hippocampe, sont donc amnésiques et ne se souviennent plus du
contenu du journal lu une heure auparavant, ni des personnes qui sont
venues leur rendre visite. Cependant, ces patients conservent des souvenirs
de leur blessure ou de leur maladie. Des chercheurs ont découvert que ces
patients pouvaient néanmoins mémoriser des apprentissages moteurs, mais
sans s'en rendre compte consciemment.
Conclusion
Un chercheur californien, Larry Squire, a donc fait une distinction entre
deux grands systèmes de mémoire, la mémoire déclarative, qui est la
mémoire consciente des mots, des images et des visages et, de plus, le
processus de mémoire.
Durale qui concerne la mémoire des habitudes motrices. Faire du vélo,
conduire une voiture, nager… font donc partie de cette mémoire
procédurale rendue possible par d'autres systèmes cérébraux (corps striés) et
notamment le cervelet qui est le siège d'automatismes ; ces automatismes,
bien consolidés par des milliers de répétitions, sont très solides et presque
jamais oubliés.
Cependant, il ne faut pas exagérer et si l'on n'oublie pas comment faire du
vélo ou comment nager, les performances chutent fortement avec le manque
d'entraînement, comme on le voit avec des entraînements plus sophistiqués
comme le piano.
29. La mémoire de votre enfant
30. C'est mieux que le tien ?
Mémoire, entraînement et âge
La plupart des gens pensent que la mémoire des enfants est meilleure que
celle des adultes, et de nombreuses observations soutiennent cette idée. Une
mère de famille raconte avoir été battue par sa fille de dix ans dans un jeu
de mémoire qui consiste à retourner deux paires de cartes (deux girafes ou
deux épingles…). Ces observations de la vie quotidienne sont vraies mais
on oublie un facteur déterminant... la formation. Les enfants passent un
grand nombre d'heures à jouer à leurs jeux préférés, parfois plusieurs heures
par jour, et la répétition, autrement dit l'entraînement, est l'un des
mécanismes les plus fondamentaux de l'apprentissage et de la mémoire. Du
fait que dans la vie quotidienne plusieurs mécanismes incontrôlés sont
impliqués, notamment le degré de formation préalable,
Des facteurs différents pour ne pas commettre d'erreurs (ou le moins
possible) d'interprétation.
En effet, des expériences de laboratoire ou d'école ont toutes montré, depuis
un siècle, que plus l'enfant vieillit, meilleure est sa mémoire.les plus
importants sont touchés par les adolescents et les jeunes adultes, entre 15 et
25 ans. Par exemple, une expérience, de notre laboratoire, réalisée à l'école
sur la mémoire des menus de cantine, montre que le vendredi, les
adolescents se souviennent du menu du lundi avec une moyenne de 25 %,
tandis que les enfants de 6 à 8 ans ne se souviennent de rien.
Pourcentage de rappels de menus des jours précédents pour les enfants en
fin de semaine
De 6 à 18 ans (le rappel se faisant le vendredi après-midi)
(Lieury, Pyron et Tanguy, cit. Lieury 1992)
vendrediJ 0 Jeudi J - Mardi J - Lundi J -
1 3 4
6-8 ans 71 5 0 0
9-11 ans 93 64 19 1
12-14 ans 95 71 20 5
15-17 ans 83 65 22 25
L'âge décisif semble se situer entre 9 et 11 ans car les écarts à partir de cet
âge et des adolescents sont minimes (5 % àdix%).
Conclusion
Les psychologues ont montré ce résultat à la fin du
XIXe siècle. Plus nous grandissons, meilleure est la capacité de
Mémorisez des mots ou des images, la performance maximale étant
généralement atteinte entre 15 et 25 ans.
Cependant, il peut y avoir quelques exceptions dues à la multiplicité des
mémoires ; par exemple, la mémoire procédurale (habitudes
sensorimotrices) peut être meilleure chez les jeunes. Par exemple, faire du
vélo ou apprendre la prononciation d'une langue étrangère semble plus
facile quand on est jeune...
31. Pourquoi l'alcool et le tabac sont-ils mauvais pour la mémoire ?
Substances mémoire nocive et vieillissement
Sans développer ce sujet, qui relève de la responsabilité du médecin ou du
neuropharmacologue, il est utile de donner quelques indications. Il faut
avant tout mettre en garde les jeunes contre l'ennemi numéro 1 de la
mémoire, l'alcool. Ce fléau est connu depuis plus d'un siècle lorsqu'un
neurologue russe a observé que les patients alcooliques chroniques ne
pouvaient plus enregistrer de nouvelles choses, provoquant une amnésie
sévère. On sait maintenant que l'alcool, qui tue les cellules, tue d'abord
l'hippocampe, une structure du cerveau qui est un peu l'archiviste de la
mémoire en recensant de nouvelles informations en mémoire comme un
bibliothécaire le ferait de nouveaux livres. Cette amnésie n'est pas totale,
puisque les souvenirs d'avant la mort de l'hippocampe subsistent, mais
quelle tragédie ! les relations étaient nouvelles ; ses parents ayant
déménagé, il se rend à son ancienne adresse, quand il se perd en ville...
Certes, une consommation modeste n'est pas dangereuse mais il faut être
très vigilant, chez les jeunes, notamment concernant certaines habitudes,
comme faire des soirées arrosées, qui peuvent conduire à l'alcoolisme banal.
Une étude menée avec mes collègues médecins a révélé queDes alcooliques
de 40 ans (admis à l'hôpital pour traitement médicamenteux) ont effectué
comme des personnes de 70 ans des tests de mémoire. A notre époque, où
beaucoup de jeunes seront centenaires, il faut apprendre à être prudent et
peut-être commencer à parler d'une « écologie » du cerveau.
100
Vieillissement
80
Normal
60
Quotient mémoire
40
20 Alc.
0
Parc Alz Amn
Pathologique
10 20 30 40 50 60 70 80 90
Âge
On constate que les patients alcooliques de 40 ans ont une diminution de 40
%, soit une performance mémorielle équivalente aux personnes de 70 ans.
Pour faciliter la comparaison, le quotient de mémoire est de 100 pour ceux
qui ont les meilleures performances, les 20 ans.
(Alc. = Alcooliques ; Park. = Maladie de Parkinson ; Alz. = Maladie
d'Alzheimer ; Amn = Amnésies diveses)
Quotient mnésique sur plusieurs tests de mémoire selon vieillissement
normal ou pathologique
(Lieury et al. 1990, 1991 ; cit. Lieury, 2005)
Conclusion
Parmi les produits courants, le tabac est également nocif pour diverses
raisons. Son effet addictif est lié à la nicotine car elle ressemble à une
molécule naturelle du cerveau qui permet la communication entre les
neurones (neurotransmetteurs). C'est pourquoi la nicotine stimule le
cerveau, mais une consommation régulière produit un état de dépendance,
nocif à la fois pour l'organisme et pour le porte-monnaie. De plus, c'est une
pratique dangereuse dans la mesure où la nicotine ainsi que d'autres
substances contenues dans les cigarettes réduisent le flux sanguin dans le
cerveau (en réduisant le volume des vaisseaux sanguins) et donc la «
puissance intellectuelle » en réduisant l'apport d'oxygène et de nutriments.
Bref, rien ne vaut le bon air pur à la stimulation éphémère !
32. Alcool, tabac, drogues… Pourquoi notre psychisme est-il si dépendant de certaines substances ?
Influx nerveux
et
neurotransmetteurs
Par une nuit sans lune de 1951 (comme le rapporteraitPierre Bellemare) dans
un petit village près de Nîmes, Pont-Saint-Esprit, deux cent cinquante
habitants furent la proie de
rêves et cauchemars époustouflants. A l'époque du Moyen Âge, ces
hallucinations étaient attribuées au diable, d'où leur nom de feu de Saint
Antoine en référence à la célèbre tentation de Saint Antoine à qui le diable
serait apparu sous la forme de belles filles nues. Mais nous sommes au
vingtième siècle et une enquête médicale a permis d'identifier le démon en
question. On avait mangé du pain de seigle du même boulanger, dont la
farine contenait un champignon parasite, l'ergot de seigle. C'est à partir de
ce champignon qu'a été synthétisé le LSD (acide lysergique) bien connu des
courants psychédéliques hippies comme produisant une exagération de
couleurs et de contrastes, voire dans certaines, des hallucinations
artistiques, érotiques ou religieuses comme le feu de saint Antoine.
Pendant des millénaires, les gens ont mangé, mâché oufumer des
substances végétales qui produisent certains effets sur leur esprit. L'opium
est connu depuis longtemps pour ses effets analgésiques en Chine. En
Amérique centrale et du Sud, certaines substances étaient prises pour entrer
en transe et deviner l'avenir, comme chez les Aztèques. Le chanvre indien
est consommé dans les pays arabes pour apporter la tranquillité d'esprit, et
la synthèse chimique du LSD a conduit à un engouement social comme le
mouvement hippie psychédélique dans les années 1970. Les techniques
modernes, la chimie biologique, la microscopie électronique, ont permis de
comprendre en partie ces effets en montrant que ces médicaments agissent à
la place des produits chimiques naturels dans le cerveau, les
neurotransmetteurs.
Les techniques modernes, la chimie biologique, la microscopie
électronique, ont permis d'élucider bon nombre de mécanismes du
fonctionnement des neurones. Ainsi, l'influx nerveux n'apparaît plus comme
un courant électrique (électrons) se propageant le long de l'axone (=
extension de la sortie du neurone), mais comme un échange d'ions (= atome
ou mol- Electrifié) : la « pompe à sodium ». Schématiquement, l'excitation
du neurone provoque l'ouverture de valves
répartis sur la membrane de l'axone, ce sont les canaux ioniques (= grosses
protéines qui s'ouvrent et se ferment). Tout d'abord, les valves sodium
s'ouvrent permettant à un flux d'ions sodium (Na+ car chargés
positivement) de passer à l'intérieur de l'axone. Afin de compenser ce
changement électrique (flux d'ions positifs), les canaux potassium (K +)
s'ouvrent, permettant aux ions potassium de s'échapper. Mais ce flux
provoque l'ouverture des canaux sodiques suivants, et ainsi de suite en
cascade. Si on place une électrode à l'emplacement de la valve sodium, il y
a une dépolarisation (la surface devient un peu plus négative car des ions
positifs tombent à l'intérieur), qui se propage ainsi pas à pas le long du
neurone. Mais ce n'est pas un influx nerveux négatif qui longe l'axone, mais
une cascade d'échanges de molécules électrifiées.
Terminaison axonale
et bouton synaptique
Espacer
Neurone inter-synaptique
destinataire
Mécanismes ioniques de l'influx nerveux (pompe à sodium) et action des
neurotransmetteurs
À l'extrémité de l'axone, une éruption contient (vu au microscope
électronique) des vésicules qui semblent éclater à travers lemembrane dans
l'espace intersynaptique. Des analyses chimiques et pharmacologiques ont
montré que ces vésicules libèrent de petites molécules qui, comme des clés,
se fixent sur des sites récepteurs (= grosses protéines servant de
« Serrures ») sur le prochain neurone, démarrant ainsi un nouveau signal
bio-électrique (pompe à sodium). Ces molécules spécifiques ont été
appelées neurotransmetteurs.
Conclusion
Ainsi, le rôle des médicaments est devenu moins mystérieux depuis que la
ressemblance entre la structure chimique des neurotransmetteurs et celle de
certains médicaments a été démontrée. Ces médicaments servent en quelque
sorte de fausse clé pour déclencher les mécanismes du cerveau. La
mescaline a le même noyau chimique que la dopamine et le LSD a le noyau
de la sérotonine (Barron et al., 1964).
L'acétylcholine est la plus connue car son absence provoque une nécrose
de l'hippocampe et par conséquent une amnésie de type Korsakoff, avant
que les patients ne glissent lentement vers la démence, qui est la tristesse.
La fameuse maladie d'Alzheimer. L'acétylcholine possède deux « verrous »
possibles sur la membrane du neurone, les récepteurs muscariniques et les
récepteurs nicotiniques. Vous avez bien lu, la nicotine comme la nicotine ;
la nicotine contenue dans les cigarettes doit donc ses effets stimulants au
fait qu'elle est une fausse clé pour les récepteurs de l'acétylcholine. La
norépinéphrine et la dopamine sont de puissants stimulants qui rendent actif
et de bonne humeur, c'est pourquoi certains ont recherché une stimulation
artificielle auprès des amphétamines qui interviennent sur ces récepteurs.
Les neurotransmetteurs sont fabriqués par de petites usines neuronales dans
le cerveau, de sorte que leur destruction entraîne une maladie grave. Alors
la maladie
La maladie de Parkinson, qui apparaît à la suite d'une détérioration de la
motricité volontaire, est due à un manque de dopamine.
La sérotonine est un neurotransmetteur qui, entre autres, semble agir sur
les perceptions. La mescaline, du cactus peyotl, ou la psylocybine, d'un
champignon, ont une structure chimique qui ressemble à la sérotonine. C'est
ce qui explique le pouvoir hallucinogène recherché par les peuples
d'Amérique centrale et du Sud. L'opium doit ses propriétés analgésiques au
fait que sa molécule ressemble à des neurotransmetteurs naturels agissant
dans les centres de la douleur, les endorphines et enfin le GABA (acide
gamma-amino-butyrique) est un neurotransmetteur qui calme le jeu dans les
synapses ; les pharmacologues ont synthétisé de fausses clés qui servent
ainsi de tranquillisants, le plus connu étant le valium.
Plus récemment, il a été découvert que de nombreuses drogues comme la
marijuana, le cannabis, le chanvre indien, le haschich, etc., ont une
molécule commune appelée tétrahydro-cannabinol (ou THC) qui agit sur
des verrous spéciaux, les récepteurs cannabinoïdes. Ces récepteurs
interfèrent avec les récepteurs GABA, ce qui explique l'action
tranquillisante de la marijuana. A l'inverse, son abstinence provoque des
états anxieux et irritables. La marijuana est considérée par de nombreux
jeunes comme une drogue douce inoffensive mais des travaux récents
(Hampson,
33. « Moi, je suis un visuel ! "
Mémoire mémoire iconique et picturale
« Moi, je suis un visuel ! Je photographie mon texte et quand je suis sur
scène je tourne les pages dans ma tête ! C'est en substance ce à quoi répond
le grand comédien Philippe Noiret lorsque Bernard Pivot lui demande
comment il apprend ses textes de théâtre.
En effet, si l'on en croit l'idée populaire, nos souvenirs sont sensoriels.
L'un est visuel car il a l'impression de voir les pages dans sa tête, un autre
est auditif car il entend une petite voix dans sa tête, un autre est olfactif, etc.
Cette croyance, parfois relayée par des éducateurs peu familiarisés avec les
développements scientifiques, est un vestige fossile de la théorie des
mémoires partielles de la fin du siècle dernier, défendue notamment par le
grand neurologue Charcot. Selon cette théorie, il y aurait une mémoire
associée à nos sens, de sorte qu'il y aurait une mémoire visuelle, une
mémoire auditive, une mémoire olfactive, etc. Naturellement, on pensait
que les musiciens étaient auditifs, oubliant que Beethoven est devenu sourd
de la composition de 4e Symphonie et bien sûr,
Déjà à la fin du XIXe siècle, Alfred Binet, le pionnier de la psychologie
expérimentale en France, montrait que les joueurs les joueurs d'échecs ont
retrouvé des capacités ordinaires lorsqu'il s'agissait de mémoriser des objets
du quotidien. Plus récemment, d'autres chercheurs ont montré encore plus
précisément que la mémoire prodigieuse des grands joueurs est liée à un
entraînement… phénoménal.
Dans l'une de ces expériences, les joueurs d'échecs sont sélectionnés en
fonction de leur classement dans la fédération américaine.
Nombre de pièces 24
Rappelé
(24) 20
16
12
8
4
0
Novice Moyenne Expert t
Niveau de classement aux échecs
Performances mémorielles en fonction de la disposition stratégique ou
aléatoire des pièces d'échecs (simplifiée d'après Frey et Adesman, 1976)
Pour les pièces placées au hasard, les experts, champions de la fédération,
n'ont pas de scores supérieurs à la moyenne des joueurs voire des novices,
lors de la mémorisation d'un échiquier (pendant huit secondes). D'autre part,
les performances des milieux de terrain dépendent de la force du joueur.
Cependant, les champions ont une performance vraiment exceptionnelle
lorsqu'ils ont pu voir chaque mouvement des pièces. Ainsi, lorsque l'on
présente les vingt-deux premiers mouvements de vrais jeux de tournoi et
que l'on demande la dernière position des pièces (cependant présentées
seulement pendant deux secondes), les experts ont un rappel moyen d'une
vingtaine de pièces, soit 80 % des l'échiquier tandis que les novices ne
rappellent que le dixième dans la bonne position.
Conclusion
Des études en laboratoire ont montré qu'il existe une mémoire visuelle,
mais elle a deux caractéristiques que les chercheurs ne veulent pas appeler
« Photographique » mais plutôt de mémoire iconique (voire de mémoire
sensorielle visuelle). La première caractéristique de cette mémoire est
qu'elle est éphémère ; des calculs plus précis montrent que cette mémoire
sensorielle visuelle dure environ un quart de seconde. D'autre part, les
particularités de notre vision (la fovéa, cf. infra, perception visuelle) font
que ce qui est vu avec une bonne acuité ne couvre que quatre ou cinq
lettres. Il est donc impossible de mémoriser une page entière d'un texte
quelconque !
Pourtant, on a l'impression de voir cette page. En fait, nous avons une
autre mémoire, la mémoire imagée, qui stocke une simplification des
images. Mais cette image n'est pas une "photographie", elle est très
incomplète. Faites-en l'expérience vous-même. Regardez la page suivante
du livre pendant cinq secondes. Puis en la fermant, essayez de visualiser
cette page pour vous-même : comptez la dixième ligne en partant du haut :
vous y êtes... maintenant, comptez le septième mot en partant de la gauche.
Vous verrez ainsi, par vous-même, que vous êtes incapable de "lire" cette
image mentale, et qu'elle n'est... qu'une belle image virtuelle...
34. Mince ! Comment s'appelle-t-il déjà ?
j'ai son nom
35. " sur le bout de la langue "…
Mémoire sémantique et mémoire lexicale
Putain, comment s'appelle-t-il ? On est en train de raconter un film et quand
il s'agit de nommer l'actrice ou l'acteur, c'est le trou noir ! Ce nom pourtant,
on le sait, d'ailleurs il revient subitement sans crier gare quelques minutes
ou une heure plus tard. On sent qu'on le connaît, qu'il est prêt à sortir, on dit
qu'il est « sur le bout de la langue »... A quoi est dû ce phénomène très
étrange, inexplicable si on n'en suppose qu'un ? et mémoire unique ?
D'autre part, le mystère est éclairci dans la théorie moderne fondée sur
l'idée que la mémoire se subdivise en plusieurs systèmes, notamment une
mémoire lexicale et une mémoire sémantique. La recherche identifie en fait
une mémoire lexicale qui est une belle bibliothèque mais très curieuse car
elle contient le corps des mots mais pas leur sens, un peu comme une
voiture sans moteur.
Le phénomène du mot « sur le bout de la langue » a étéétudié par Brown et
McNeill (1966) (et d'autres après eux) en présentant des définitions de mots
rares (par exemple, bathyscaphe, sextant). Lorsque le phénomène de
« Mot sur le bout de la langue » se produit, les sujets sontdemandé de
donner la première syllabe ou la rime à laquelle ils pensent, etc. Dans bon
nombre de cas, il s'avère que ces fragments phonétiques sont corrects. Par
exemple, la lettre initiale devinée est correcte dans 57%. Alors dans la vie
de tous les jours comme dans les expériences, le mot ou le nom peut revenir
ce qui prouve que ce mot était bien en mémoire.
Conclusion
La capacité à décrire le sens du mot, ou le rôle d'un acteur (sémantique),
prouve aussi que l'information est bien disponible à partir de la mémoire
sémantique. Il y a donc un blocage de la mémoire sémantique vers la
mémoire lexicale, ce qui indique leur indépendance. Ce phénomène se
produit de manière plus persistante dans un trouble neuropsychologique,
l'aphasie nominale : le patient peut comprendre à quoi sert un objet sans
pouvoir le nommer, montrant encore une fois la distinction entre une
mémoire lexicale et une mémoire sémantique.
Pas pratique, me direz-vous d'avoir la carrosserie et le sens dans deux
mémoires différentes ? Ben oui, et très économique en tout cas, car une
même carrosserie lexicale servira à porter plusieurs sens. Prenez le mot
"disque" par exemple, il est, à son tour, utilisé pour désigner un disque de
musique, un disque de stationnement, un cercle plein en mathématiques, le
disque solaire des Égyptiens dans l'histoire, le disque dur de test.
L'athlétisme, le disque entre les vertèbres dans l'anatomie, et quoi d'autre...
La mémoire lexicale fait donc gagner de la place...
Enfin, voici une petite astuce (pas infaillible bien sûr) à utiliser quand on
est victime du « mot sur le bout de la langue », bien pratique par exemple
quand on oublie le prénom de quelqu'un après les vacances ; faites
l'alphabet, a, b, c, d… (sans oublier le ch qui n'est pas dans l'alphabet) et
souvent, le prénom revient en mémoire !
36. Pourquoi apprend-on mieux en lisant qu'en écoutant ?
Lecture et stockage
Beaucoup de gens annoncent comme s'ils étaient des cas particuliers qu'ils
apprennent mieux en lisant qu'en écoutant. En réalité, c'est la règle. On a vu
que c'était plus compliqué puisqu'en réalité la page du livre n'est pas
enregistrée dans une mémoire photographique mais seulement des
transitions dans une mémoire iconique de sorte que les séquences de lettres
se transforment rapidement en mots (mémoire lexicale). Et en concepts
(mémoire sémantique). Cependant le constat qu'on apprend mieux en lisant
est tout à fait juste comme le montrent différentes expériences.
Ainsi, dans une étude auprès d'élèves de sixième et cinquième année, où
nous avons comparé différents modes de présentation d'un documentaire, la
lecture a donné de bien meilleurs résultats.Résultats à un questionnaire,
presque le double, que le cours oral (basé sur le même texte). La raison
principale est liée aux mouvements oculaires en lecture.
Efficacité des sept présentations d'un documentaire (élèves de 6e et 5e)
(Lieury, Badoul et Belzic, 1996)
Verbal Photo Photo
+ verbale
Visuel En train de Manuel Télévision
lire 31% silencieuse0%
38%
Auditif Cours Télévision
oral21% 11%
Audio- Cours oral Télévision
visuel + + sous-
tableau27% titres20%
Ainsi, lorsque la lecture d'un document ne se fait pas sur unlivre mais sur un
écran d'ordinateur, les mots défilent à vitesse régulière et on ne peut plus
revenir en arrière ou s'arrêter sur des mots difficiles ; on se rend alors
compte que la lecture est ici inefficace. En effet, la lecture n'est pas, comme
nous l'avons vu, une photographie, mais s'apparente plus à une recherche du
sens d'un graphisme que l'œil photographie. Si l'œil, comme un appareil
photo, photographie par exemple « le lion saute du buisson pour manger
l'antilope… », ces caractères sont très vite identifiés en mémoire comme
des mots et le sens de ces mots si familiers est très vite disponible. Mais si
l'œil lit une phrase comme
"Le tyrannosaure sort des ptéridophytes arborescents pour dévorer un
tricératops", plusieurs mots mettront plus de temps à s'identifier et à
chercher du sens. ParPar exemple, si le regard dure environ un quart de
seconde sur un mot familier (animal), il peut être deux fois plus long (une
demi-seconde) pour un mot complexe ou peu connu comme « tyrannosaure
». Si le mot est inconnu comme
"Ptéridophytes" (= fougères) …, c'est l'arrêt complet pour chercher dans le
dictionnaire ou pour demander à papa ou maman !
Conclusion
De même, dans d'autres expériences, l'enregistrement des yeux par caméra
montre que l'œil recule (ce sont des régressions). Eh bien, le nombre de
régressions double aussi lorsque les mots sont rares ou difficiles. Ces
mécanismes de regard allongé ou de retour en arrière ne peuvent
évidemment pas avoir lieu lors de l'écoute d'un oral ou de l'écoute d'une
émission radio. C'est pourquoi la lecture est supérieure à un cours oral (ou
radio). Dans un environnement familier, la lecture est un moyen
extraordinaire de "pêcher" l'information, car elle permet de s'autoréguler en
fonction de la difficulté.
Culte du texte. On ne lit pas à la même vitesse un article sur les virus ou les
déboires sentimentaux de Britney Spears (quoique…).
37. Pourquoi la répétition est-elle fondamentale… alors qu'elle est considérée comme « stupide » au pays de
Descartes ?
Répétition et
apprentissage
Après avoir été vanté dans les anciennes pratiques pédagogiques, la
répétition n'est plus vraiment à la mode et on la qualifie volontiers
d'apprentissage stupide. Et pourtant, la répétition est le mécanisme de base
du cerveau. Puisque la mémoire repose en fin de compte sur la connectivité
entre les neurones, la répétition est le mécanisme qui assure le nombre et la
force de ces connexions. Par exemple, dans le fameux conditionnement de
Pavlov, il faut répéter le son du métronome au moins cinquante fois avec la
récompense pour que le chien saliver lorsqu'il entendra le son. Même si la
mémoire humaine est beaucoup plus sophistiquée que celle des animaux, la
répétition reste une loi fondamentale. Par exemple, conduire une voiture,
jouer à des jeux vidéo,
Il y a eu des milliers d'expériences sur la répétition dans l'apprentissage.
Mais un bon exemple, montrant que cela prend parfois plusieurs mois, est
donné dans l'apprentissage de la télégraphie avec l'alphabet Morse, qui
nécessite quarante semaines, soit près de dix mois. Les résultats indiquent
une courbe d'apprentissage classique avec une forte montéeperformance
rapide suivie d'un plateau interprété comme les limites biologiques.
100
80
Rappel moyen 60
% 40
20
0
0 3 6 9 12 15 18
Temps de rappel (s)
Oubli à court terme (d'après Peterson et Peterson, 1959)
L'expérience des Peterson a montré un oubli spectaculairement rapide
puisque le rappel passe de 100 % en rappel immédiat à l'oubli total après
dix-huit secondes.
Conclusion
Dans la vie de tous les jours, l'oubli à court terme se manifeste
fréquemment ; par exemple, on oublie un numéro de téléphone qu'on vient
de lire si quelqu'un nous parle, on oublie une idée dans une conversation
quand quelqu'un d'autre parle, etc. C'est la raison pour laquelle il faut faire
des choses quand on y pense, à défaut oublier très vite. L'adage populaire
l'exprime à bon escient : « Il ne faut jamais remettre à demain, ce que l'on
peut faire le jour même… »
40. Votre mémoire est-elle rangée ?
Mémoire sémantique et classification
Oui, quand il s'agit de mémoire sémantique, la mémoire des sens semble
bien rangée comme une bibliothèque. Mais c'est une bibliothèque
sophistiquée car deux classifications sont disponibles, l'une thématique
(Collins et Quillian, 1969) et l'autre par associations (Rossi, 2005). Le
premier classement est thématique par grands thèmes, animaux, végétaux,
vêtements.
On peut facilement mesurer cette classification en posantà un groupe, par
exemple une centaine de personnes, pour donner tous les mots auxquels ils
peuvent penser par catégorie. Puis on note ces mots en les classant par ordre
décroissant de
citations (Postal et Lieury, 1994). Quand on présente la catégorie « Animal
à quatre pattes », on constate que la plupart pensent chien, chat, cheval,
vache ; à la catégorie
"Fleur", les personnes interrogées pensent d'abord à
"Rose, tulipe", alors que les écrivains les plus classiquescités sont Zola,
Balzac et Hugo. Quant aux bandes dessinées, les plus fréquentes sont
Tintin, Astérix, Lucky Luke et Billy et Buddy comme hit parade des
chansons pour enfants, Au clair de lune, Jacques Frères, et Une souris
verte... Des études montrent que la vitesse de prononciation d'un mot d'une
catégorie tulipe pour Fleur est d'autant plus grande que cette catégorie a été
apprise dès l'enfance. Cela signifie que la classification des « étagères » de
la mémoire a commencé dans l'enfance et plus elle a commencé tôt, plus la
classification est forte. C'est un peu comme être chez soi, quand on a trouvé
un classement, il est généralement conservé très longtemps, même s'il ne
convient plus. Ainsi, nous trouvons des erreurs de classification dans les
réponses des personnes. Dans la catégorie "Chanteur d'opéra", certains
donnent le
"Castafiore", bien qu'elle soit chanteuse (il y avait unsection pour les
chanteurs d'opéra) et qui plus est, la bande dessinée. A "Constellation", les
réponses exactes sont "Grande Ourse, Orion", mais certains donnent
« Étoile » ou « voie lactée », par erreur, puisque l'on est unétoile et l'autre
une galaxie. Le fait que la classification de la mémoire (sémantique) date de
notre enfance explique ce genre d'erreurs ; ainsi, certains classent encore la
baleine et le dauphin dans les poissons alors que ce sont des mammifères.
Conclusion
Il existe une autre classification, apparemment plus brouillonne, moins
logique mais très astucieuse puisqu'elle correspond à des mots qui sont
souvent ensemble dans la langue, comme « table et manger » ou des
opposés comme
" chaud ou froid ". Par exemple, quand je dis "abeille", la plupart des gens
pensent à "miel" ; "Chien et souris"
sont évoqués pour le chat ; et bien sur depuis La Fontaine, on pense
"agneau" quand on parle de
" Loup ". Ce phénomène est connu depuis longtemps et le grand savant de
l'Antiquité Aristote l'avait déjà remarqué. Au XIXe siècle, ce phénomène
s'appelait « associations d'idées », d'où des expressions restées dans le
langage comme « perdre le fil de ses idées ». En effet, la mémoire peut
s'imaginer comme un vaste filet de pêche, où les nœuds sont des mots et les
fils relient certains mots entre eux. On pense même que l'influx nerveux se
propage d'un endroit à l'autre à partir d'un mot et prépare ainsi la
conversation en pré-activant les mots voisins. Si je discute avec des amis
abeilles, des mots comme « miel, graine, fleur, essaim… » seront préparés
en mémoire.
A l'inverse, cette pré-activation peut nous faire dire des bêtises, comme
les enfants aiment provoquer dans certains jeux. Le jeu est bien connu, il
faut répéter à toute vitesse : blanc, blanc, blanc, blanc... et on se pose la
question :
"Qu'est-ce que la vache boit ?" « ; la plupart du temps, le camarade se fait
piéger en disant "lait" pendant que la vache boit de l'eau. L'erreur vient du
fait que donner les mots "blanc" et
« Vache » a un « lait » pré-activé qui est comme un coureur prêt à bondir ;
hé j'ai failli dire prêt à... bouillir !
41. "Je mange avec une fourchette..." !
D'où viennent les dérapages ?
Mémoire lexicale et classification phonétique
Les slips ont été popularisés par Freud (1973, édition 1D) dans son
excellent livre Psychopathology of Daily Life, 1901). Mais dans le contexte
de la libération sexuelle
Dans les années 68, beaucoup pensaient que les dérapages étaient liés à la
sexualité refoulée. Cela peut arriver mais c'est loin d'être le cas général.
C'est souvent un mot plus fréquent ou plus récent qui vient à la place d'un
autre, qui lui est phonétiquement similaire. Car si la mémoire sémantique
est classée comme une bibliothèque, notamment par grands thèmes, on a vu
que les mots sont aussi classés pour leur corps dans une mémoire spéciale,
la mémoire lexicale. Cette mémoire est organisée phonétiquement ; un peu
comme le fichier bibliothèque par ordre alphabétique mais de manière plus
souple, en gros, par la première syllabe et par la rime.
Ainsi dans les recherches sur le phénomène du « mot sur le bout de la
langue », il faut trouver des définitions correspondant à des mots peu
fréquents ; par exemple, quel est le nom de l'appareil utilisé par les
navigateurs pour se localiser avec les étoiles (le sextant). À chaque foisle
sujet de l'expérience ne trouve pas le mot juste, on lui demande s'il sait dire
la première syllabe ou la rime du mot, et on voit qu'une bonne proportion
des individus avaient en tête la bonne syllabe et la bonne rime. De plus,
bien souvent le mot sur le bout de la langue est produit par compétition
avec un autre mot qui lui ressemble. Les glissades ou les erreurs de mots
présentent précisément ces erreurs phonétiques entre les mots. Le cas
général est la confusion avec un mot phonétiquement proche et plus
fréquent, donc plus fort dans la mémoire de la personne ou de l'enfant. Ces
ressemblances phonétiques provoquent des déboires aux élèves qui font
ainsi de grosses confusions comme appeler « dénominateur » le
dénominateur en le confondant avec le titre du film. Terminator, ou penser
que
"Regicide" est un insecticide...
Conclusion
Ces phénomènes montrent que la classification de la mémoire lexicale est
phonétique : les mots semblent être classés par la première syllabe, et
secondairement par la rime. C'est aussi la raison pour laquelle la poésie,
avant la vulgarisation des livres, était en rime, pour apprendre les textes
plus facilement. La phonétique est la base des jeux de mots, des jeux de
mots, et dans ce cas nous faisons travailler la mémoire lexicale. Hormis
cette différence de classement avec la mémoire sémantique, classée par
thème, la mémoire lexicale peut aussi être vue comme un vaste réseau, où
les mots sont liés par des mailles avec des mots qui ont les mêmes syllabes
ou rimes, d'où les mêmes phénomènes de préactivation. Juste s'il y a une
pré-activation sémantique (cf. blanc pour « qu'est-ce que la vache boit ? »,
Cf. ci-dessus), il y a une pré-activation lexicale (Quaireau, 1995). Comme
dans le jeu qui consiste à répéter à toute vitesse « tas, tas, tas... " pour poser
la question : " Avec quoi manges-tu ta soupe ? "Et l'interlocuteur de
répondre le plus souvent" avec une fourchette "au lieu d'une cuillère...
Verlan, c'est-à-dire mettre les syllabes des mots à l'envers, les
anagrammes, le scrabble sont autant d'exercices pour exercer la mémoire
lexicale.
42. Comment expliquer l'oubli ?
Indices de mémoire et de récupération
L'oubli est l'envers de la mémoire et ses mécanismes sont divers. Tout
d'abord, il faut rappeler que la mémoire n'est pas la faculté d'un esprit pur
mais repose sur le fonctionnement du cerveau. La première mesure d'oubli
date des expériences de l'Ebbinghaus allemand en 1885. Ebbinghaus lui-
même apprit des listes de syllabes, puis mettant chaque liste dans une
enveloppe, il les réapprit à une date donnée, c'est-à-dire une heure plus tard,
un jour , une semaine et ainsi jusqu'à un mois plus tard. A partir de ces
études, reproduites plus loin, nous avons remarqué que l'oubli était très
rapide, de 50 % au bout d'une heure à 80 % au bout d'un mois. Affreux ! Et
pourtant, cela reflète bien ce qui se passe dans la vie de tous les jours, les
personnages et les dates de l'histoire, les formules de la chimie ou de la
trigonométrie, tout cela s'envole très vite !
Heureusement, la comparaison des mécanismes de la mémoire avec celui
de l'ordinateur fournit une explication rassurante. On n'oublie pas tout.
D'ailleurs, le fonctionnement de la bibliothèque est le même et je prendrai
plutôt cet exemple connu de tous. Bien tenir une bibliothèque consiste à
ranger les livres à un endroit numéroté sur une étagère donnée, par exemple
un livre sur les abeilles est classé au numéro 7 du département M. Le
lecteur intéressé par les abeilles, recherche dans un fichier avec le thème
abeille, à moins qu'il connaît le nom de l'auteur et regarde par ordre
alphabétique. Dans les deux cas, fiche par thème ou fiche par ordre
alphabétique, il trouvera dans notre bibliothèque de modèles, la fiche qui lui
indiquera que le livre sur les abeilles est au rayon M au numéro sept.
Eh bien, notre mémoire fonctionne comme une bibliothèque avec un bon
archiviste et les équivalents de
Les « adresses » des livres sont appelées indices de récupération (ou de
rappel). Les signes de reprise sont nombreux. Les noms de catégories, les
titres d'un livre ou d'un cours sont des indices sémantiques. Les initiales ou
les premières syllabes, ou les rimes sont des indices pour la mémoire
lexicale. Et les images et les photos sont d'excellents indices comme le
montre l'expérience suivante.
Harry Bahrick avec Phyllis Bahrick et Wittlinger (1975) a eu l'idée très
originale d'utiliser les archives d'un collège et de retrouver les étudiants de
ce collège, jusqu'à quarante-huit ans plus tard, afin de sonder leur mémoire
sur les noms et les photos. de leurs camarades diplômés. Bien que la
mémorisation du nom soit faible, les photographies sont des indices très
puissants de rétablissement, sauf après de très nombreuses années. La
reconnaissance est très forte, la reconnaissance des photographies (parmi
les photos pièges) restant étonnamment stable même après 35 ans. La
reconnaissance presque équivalente des noms et des photographies
s'explique bien par la théorie du nœud d'identité personnelle, selon laquelle
nom et visage sont stockés ensemble dans la mémoire.
Pourcentage de rappel et de reconnaissance des noms et des photos d'amis
d'université après des délais de 3 mois à 48 ans
(Simplifié de H. et P. Bahrick et Wittlinger, 1975)
3 mois 15 35 48
années années années
Rappel gratuit noms 15 13 12 7
ReconnaissanceDes 90 91 90 71
photos
Notre mémoire n'oublie pas grand-chose, mais comme une immense
bibliothèque, elle a besoin de bons indices, de bonnes adresses du passé...
Ainsi l'album de famille ou les photos de voyage nous permettent
généralement de se souvenir des invités de tel ou tel. Telle célébration ou
pour nous rappeler les épisodes d'un voyage.
Le rôle des émotions et des sentiments peut également être vu très
clairement dans cette expérience. Le rappel gratuit est faible, ouiinclus
après seulement trois mois de sortie du collège, pour de simples camarades
ou connaissances (15 %) jusqu'à 10 % de rappel après quarante-huit ans. En
revanche, le souvenir des relations amoureuses est très présent dans la
mémoire, mais seulement au bout de trois mois (60%), l'oubli est alors très
rapide pour rejoindre la mémoire des camarades simples tandis que le
souvenir des bons amis reste très vivace, de 40%. à 50 % de rappel, même
cinquante ans plus tard.
% derappel
Libérer
100
80
60
40
20
0
25 ans 3 mois 48 ans
Pourcentage de rappel basé sur la relation après des délais de 3 mois à 48
ans
(D'après H. et P. Bahricket Wittlinger, 1975)
Conclusion
Contrairement à l'image romantique des amours de jeunesse, les relations
amoureuses s'usent plus vite que les relations entre amis, avait dit Brassens,
"les amis d'abord"...
43. Est-ce qu'on divague vraiment avec l'âge ?
Mémoire épisodique et souvenirs
"Ah ma grand-mère divague, elle raconte tout le temps ses souvenirs
d'enfance mais ne se souvient pas du film qu'elle a vu la veille… « C'est le
genre d'histoire qu'on entend couramment et qui reproduit stéréotypée la loi
de
La « régression des mémoires » de Ribot. Dans son livre Les Maladies de la
Mémoire, Théodule Ribot (1881) développe une théorie du vieillissement
symétrique de la théorie de l'évolution de Darwin. Selon Ribot, la mémoire
suit, avec le vieillissement du cerveau, un chemin d'évolution inverse, c'est
l'involution ou la régression. Cette loi de régression des souvenirs, devenue
populaire (notamment dans le monde médical où elle est appelée « loi de
Ribot »), explique pourquoi la mémoire vieillissante se dégrade à partir des
souvenirs récents pour ne conserver que les souvenirs d'enfance.
Parallèlement, Galton (1879 ; cit. Crovitz et Schiffman, 1974) a voulu
compter ses souvenirs en les évoquant avec des mots évocateurs tels que «
église, mère, poupée, école, tambour »…. Galton avait constaté, alors âgé
de presque soixante ans, que 39 % des souvenirs évoqués étaient avant l'âge
de vingt-deux ans, 46 % des souvenirs concernaient l'âge adulte et
seulement 15 %.
Étaient des souvenirs d'événements assez récents. Bien que les souvenirs de
l'âge adulte soient les plus importants, les souvenirs récents semblaient très
pauvres...
Cependant, ce résultat ne m'a pas convaincu car les mots évocateurs de
Galton comme "église, mère, poupée, école, tambour" sont acquis dès
l'enfance et pour cette raison, ils pourraient se rappeler préférentiellement
des souvenirs de l'enfance. Nous avons donc répété une expérience (Lieury,
Aune et Ropars, 1980, cit. Lieury, 2005) en sélectionnant à la fois des mots
« anciens », « rue, train, tempête, chaise, bébé, montagne, église, fleur, etc.
» Mais aussi des mots culturellement plus récents comme « télévision,
fusée, téléphone, énergie, pollution, parking… ». De plus, pour égaliser les
chances d'avoir autant de souvenirs, on découpe « l'âge » des souvenirs par
période chronologique (dix ans, sauf de zéro à quinze ans pour la période
d'enfance)… Il faut situer ces souvenirs temporellement en donnant l'âge
(approximatif) qu'ils avaient au moment de l'événement. Par exemple, une
personne évoque le mot « montagne » un séjour à la montagne alors qu'elle
avait 32 ans. Nous situons ce souvenir dans la période des « 30 ans » de la
vie. Afin d'égaliser les chances d'avoir autant de souvenirs dans la dernière
période de la vie, que les gens aient par exemple 72 ans ou 78 ans, les
souvenirs de la dernière décennie sont comptés pour chacun.
L'expérimentation concerne des sujets « adultes » entre 40 et 50 ans, des
personnes de 70 ans vivant à domicile et des sujets du même âge mais
vivant en institution.
Les séries temporelles des souvenirs sont très différentes, voire inversées,
selon les mots évocateurs. Chez les personnes de 50 ans, les mots anciens
sont plus souvent utilisés commenirs de la jeunesse comme Galton l'avait
observé. A l'inverse, les mots évocateurs récents rappellent de plus en plus
des souvenirs récents. La série temporelle est presque la même chez les 70
ans en bonne santé, avec des souvenirs diminués ; Les 70 ans se
souviennent
Ralentir même les souvenirs de leurs dix dernières années avec les vieux
mots. Chez les personnes en institution, il y a une grande pauvreté de
mémoire quelle que soit l'époque etle type de mots évocateurs.
3 Vieux mots évocateurs
2
1
0
dix 20 30 40 50 60 70 80
Périodes de vie (décennies)
Mots évocateurs récents
4
3
2
1
0
dix 20 30 40 50 60 70 80
Périodes de vie (décennies)
Séries temporelles de souvenirs selon des mots évocateurs anciens ou
récents et l'âge des personnes (d'après Lieury, Aune et Ropartz ; cit. Lieury,
2005)
Conclusion
La « loi » de régression des souvenirs chez les personnes âgées est donc
fausse et dans la technique « Galton », le grand nombre de souvenirs
anciens était dû à des mots anciens, évoquant plus l'enfance que les
événements récents. Pour les personnes âgées (80 ans) et en institution
(ayant donc des pathologies diverses), le rappel des souvenirs est pauvre
quelle que soit la période. En utilisant une technique similaire de
décomposition des souvenirs par période de la vie, Pascale Piolino,
chercheuse à Caen, a récemment confirmé (2003) le fait que la loi de Ribot
ne s'observe que dans l'amnésie pathologique : il n'y a pas de diminution
des souvenirs de la dernière année chez les les personnes âgées tandis que
les patients, bien identifiés comme Alzheimer sur le plan neurologique,
évoquent environ deux fois moins de souvenirs récents (l'année dernière)
que de souvenirs d'enfance (0-17 ans). Ce cas, qui correspond apparemment
à la loi de régression, est due à l'amnésie hippocampique (l'hippocampe est
la structure du cerveau qui permet l'enregistrement de nouveaux
événements.) : L'enregistrement des événements récents n'a pas lieu. En
faisant plus, seuls les anciens événements survivent...
44. Quel est le secret
Des souvenirs prodigieux ? Mémoire, dispositions biologiques et
entraînement
Il est largement admis que les personnes autistes ont des souvenirs
extraordinaires. Malheureusement, ce n'est pas le cas et les enfants
handicapés mentaux ont tendance à avoir un pire
La mémoire, un langage peu développé… Pourtant, il est vrai que certains
enfants autistes (5 % des autistes) ont des capacités extraordinaires mais
pour une capacité unique. Un tel enfant, par exemple, a une mémoire «
photographique » et est capable de redessiner les façades des bâtiments de
mémoire avec un réalisme étonnant, sans oublier n'importe quelle fenêtre ou
colonne. Un autre joue de mémoire les airs qu'il vient d'entendre (mais sans
harmonisation). Théodule Ribot, le père de la psychologie scientifique en
France, citait le cas d'un oligophrène (profonde crétin) qui avait retenu
pendant trente-cinq ans les dates de toutes les sépultures de sa paroisse, le
nom et l'âge du défunt et les noms de tous ceux qui ont assisté à la
cérémonie. Mais une très bonne mémoire caractérise plutôt les génies.
Ainsi, Alors que la mort a surpris Borodine avant qu'il n'ait pu écrire tout
son opéra Prince Igor, Glazounoff a pu reconstituer de mémoire l'ouverture
et les détails importants de l'œuvre que le compositeur avait jouée au piano
devant lui. De même, pensez à des chefs d'orchestre exceptionnels, tels que
Toscanini ou Karajan, qui se souviennent des partitions de symphonies ou
d'opéras entiers, de même pour les scientifiques, les historiens, les maîtres
d'échecs ou les maîtres d'échecs. Champions de bridge…
Arrêtons-nous sur le cas de Veniamin, célèbre mnémoniste professionnel
russe dont le geste consistait à apprendre chaque soir sur une scène de
music-hall des tableaux de chiffres, des listes vides de sens, une liste de
cent mots ! Ce cas est très connu grâce au psychologue russeAlexander
Luria qui a suivi ce sujet extraordinaire pendant trente ans (1970). Veniamin
lui-même n'était pas au courant de ses aptitudes particulières et ce n'est que
sur l'avis d'un employeur qu'il est venu consulter Luria. Ses aptitudes étaient
cependant exceptionnelles : à partir d'un tableau de cinquante chiffres, en
quatre colonnes, il est capable d'en faire le total.
lité des chiffres, les chiffres diagonaux, de chaque partie carrée du tableau
(quatre rangées de quatre colonnes), les chiffresfres des bords de la table.
En présence de l'académicien Orbelin, Veniamin a mémorisé un tableau de
vingt-cinq lignes de sept lettres de l'alphabet, pour un total de cent soixante-
quinze éléments répartis aléatoirement. Il peut mémoriser puis reproduire
trente, cinquante, soixante-dix mots sans erreur, dans l'ordre d'origine, dans
l'ordre inverse et peut réciter au bout de quinze ans des listes entières de
mots ou d'éléments sans signification.
Lorsqu'on lui demande comment il mémorise, Veniamin répond qu'il "voit"
le tableau des nombres ou des lettres.Cela explique la facilité avec laquelle
il peut rappeler les éléments d'un tableau à partir de divers points de départ
et directions. Cette « photographie » (que Neisser a appelée plus tard
« mémoire eidétique ») est si précise que Veniamin peut être victime
d'erreurs de « relecture » lorsque le chiffre ou la lettre est mal écrit.
Lorsqu'après quinze ans, Luria lui demande sans préparation de rappeler
une liste, Veniamin déclare après quelques instants de réflexion :
"Oui c'est bien, c'était dans ton ancien appartement, tu étais assis devant la
table et j'étais dans un rocking chair.Tu portais un costume gris et tu me
regardais comme ça. C'est ce que tu me disais..."
A l'inverse, la mémoire sémantique n'était pas son point fort. Un autre
psychologue russe Vygotsky lui avait remis une liste de mots contenant,
entre autres, plusieurs noms d'oiseaux. Quelques années plus tard, un autre
psychologue, Leontiev, lui a remis une liste contenant plusieurs noms de
liquides. Ensuite, il lui a été demandé de ne rappeler que les noms des
oiseaux de la première liste et les noms des liquides de la seconde.
Veniamin a été incapable de reconstruire ces deux catégories, contrairement
à la plupart des personnes qui catégorisent spontanément. En référence aux
théories contemporaines, on pourrait dire que chez Veniamin, les mémoires
« visuelles », imagées et visuospatiales étaient hypertrophiées au détriment
de la mémoire sémantique.
Quand les capacités sont extraordinaires, sans éducationspécial, on peut
supposer que les zones du cerveau sont plus développées. Le cas connu du
syndrome de Williams le montre clairement.
De nombreuses légendes mentionnent de jolies petites personnesdes cloches
à couper le souffle avec un sourire marqué et de petites oreilles pointues,
sous divers noms tels que elfes et lutins. Cette description n'est pas si
légendaire et le cardiologue néo-zélandais Williams a décrit des enfants
avec cette physionomie mais aussi des déficiences du système vasculaire,
notamment cardiaque, et leur vieillissement est prématuré. Dans ce cortège
de personnages appelé 'syndrome de Williams', les capacités cognitives
générales sont très faibles, comme chez les enfants trisomiques (par
exemple, le QI moyen est de 60) mais ces personnes sont très souvent
douées pour la musique (Lenhoffet al., 1998) . Une anomalie génétique a
été identifiée en 1993 et semble provenir du chromosome 7 qui est
endommagé dans la bande qui produit l'élastine, entraînant des rides et un
vieillissement prématuré ainsi que des malformations vasculaires (la "peau"
des vaisseaux et des organes).
Conclusion
Les talents particuliers sont donc susceptibles d'avoir une origine
biologique. Cependant, la formation conduit également à des modifications
considérables. Une étude (Pantev et al., 1998), utilisant l'imagerie cérébrale,
a comparé des pianistes et des non-musiciens. La zone auditive
correspondant aux sons musicaux montre une augmentation allant jusqu'à
25 %. De plus, cette augmentation dépend du nombre d'années de pratique
alors qu'au contraire, la zone des tons purs n'est pas modifiée. Ces résultats
montrent que l'entraînement joue également un rôle clé dans les « dons » de
mémoire. Le génie pourrait venir de l'ajout d'une disposition biologique et
d'un entraînement.
la perception
On dit communément qu'il y a cinq sens, ou on parle, ce qui revient au
même, d'un soi-disant sixième sens. Mais ce bilan est loin du compte car
notre corps est entouré d'appareils de détection, de récepteurs de pression
artérielle, de récepteurs de glycémie, de récepteurs musculaires et
tendineux, etc. : par exemple, le sinus carotidien est un endroit de l'artère
carotide rempli de pression artérielle. récepteurs ; il est connu depuis des
millénaires dans les arts martiaux (Karaté) comme un point vital car un
coup porté à cet endroit provoque une syncope (le cerveau l'interprète
comme un excès de tension artérielle). Et si nous avons faim à l'approche de
midi, c'est parce que les récepteurs du glucose situés au centre du cerveau
détectent une baisse du taux de glucose dans le sang. Enfin,
Il existe donc une grande variété de récepteurs. Néanmoins, la plupart
semblent jouer leur rôle dans des systèmes automatiques et ne suscitent de
sensations descriptives qu'à des niveaux de stimulation très intenses qui
peuvent être vus fonctionnellement comme une alerte, un étirement des
tendons, des douleurs au ventre, etc. Autres modalités de la réception de
l'information détermine des sensations descriptibles et pour cette raison
entrez dans le domaine de la psychologie, ce sont les cinq sens
traditionnels, le toucher, le goût, l'odorat, l'ouïe et la vision. Ce ne sont pas
eux-mêmes des modalités uniques (l'équilibre est différent mais proche des
centres auditifs) mais des catégories de plusieurs modalités sensorielles qui
correspondent à une unité anatomique, la peau, la bouche, le nez, l'oreille et
l'œil.
45. "Ça te démange
Ou ça te chatouille ? "
Densité des points sensibles selon les régions du corps
Les sensibilités tactiles illustrent bien les deux faces des sensations, la face
subjective et la face objective. Le côté subjectif est lié aux descriptions
variées mais souvent imprécises dont nous sommes capables : tout le monde
se souvient de la fameuse distinction du Dr Knock de Jules Romains entre
"chatouiller" et "démangeaison".
Les recherches débutent au milieu du XIXe siècle avec une technique
originale inventée par Max von Frey (1852-1932) qui consiste à explorer la
peau avec des aiguilles de poids gradués, de 1 à 10 grammes et émoussées
pour ne pas blesser. … Celui-ci a voulu vérifier si, comme on le croyait à
l'époque, la douleur provient d'une stimulation trop intense dans une
sensation donnée ; pour le voir, il se mit à explorer la peau avec ses
aiguilles « tactiles » et il découvrit l'existence de points sensibles
spécifiques, inégalement répartis à la surface de la peau. Certains points
stimulés provoquent une sensation de tact (toucher) alors que pour d'autres
les gens ne ressentent rien (ils ont les yeux bandés).
Enfin, certains points ne provoquent que des sensations de douleur mais
les stimulations doivent être fortes (10 à 30 grammes). Plus tard, des
chercheurs américains ont étendu ce genre de technique avec des
stimulateurs thermiques contenant un liquide chaud ou froid. Cette
recherche met en évidence quatre catégories bien distinctes de sensations
tactiles, le toucher ou contact, la douleur, le chaud et le froid, inégalement
réparties sur la peau selon les zones du corps.
Les récepteurs sont très inégalement répartis sur la peau desainsi le cerveau
est bien informé de ce qui se passe dans certaines zones et beaucoup moins
dans d'autres, un peu comme un centre de surveillance plaçant davantage de
caméras ou de capteurs dans les zones à haut risque.
Densité de points sensibles par cm2 de peau selon les régions du corps
(D'après Skramlik ; cit. Woodworth, 1949)
La Tact Froid Chaud
douleur En caricaturant, on
Front 184 50 8 0,6 peut dire que le front
renseigne sur la
Le bout du 44 100 13 0,5
douleur (protection du
nez
cerveau), le nez sur le
Le dos de la 188 14 7 0,5 froid, la main sur le
main toucher (le tableau
indique le dos de la main, mais la réceptionles chiffres sont autour de 200 à
portée de main) …
Conclusion
Anatomistes et physiologistesont décrit plusieurs récepteurs cutanés
correspondant à ces quatre catégories. La douleur est liée à l'excitation des
terminaisons nerveuses libres, le froid à la stimulation des bulbes de Krause
et la chaleur aux autres terminaisons nerveuses libres. Si les quatre
sensations sont bien individualisées, c'est qu'elles passent par quatre voies
nerveuses distinctes (Rosenzweig et al., 1998). Mais le toucher possède
plusieurs récepteurs, d'où la variété des sensations (chatouillement,
pression, toucher léger, etc.) : les disques de Merkel et les corpuscules de
Meissner et de Golgi-Mazzoni sont responsables de la douceur du toucher
et sont très présents dans le corps. Du bout des doigts, dans les lèvres et les
zones érogènes.
Les sensations de vibrations et de pression proviennent des corpuscules de
Pacini dont la compression dilate les pores dela membrane axonique, laissant
entrer les ions sodium, déclenchant ainsi le signal nerveux (Loewenstein,
1971, cit. Rosenzweig et al., 1998) tandis que les corpuscules de Ruffinite
semblent être responsables des sensations d'étirement.
Voilà ce qui, de l'amour au rugby, nous promet plein de sensations !
Récepteurs de sensibilités tactiles
Grosse comme une serviette de plage (2 m2), la peau contient 5 millions de
récepteurs. Certaines nous procurent des sensations de toucher léger,
d'étirement et de pression, de chaud et de froid et enfin de douleur (d'après
Lieury, 2008).
46. Pourquoi les milliardaires peuvent-ils perdre un million au jeu ?
Stimulation physique et sensations psychologiques
Il est toujours étonnant de voir à la télévision des reportages sur les conflits
armés, des enfants qui jouent, rient, parmi les décombres. Le contraste est
d'autant plus saisissant par rapport à certains enfants gâtés à l'air triste
lorsqu'ils bénéficient de tout le confort de la modernité. L'explication
particulièrement édifiante de ce phénomène vient d'un domaine de la
psychophysique apparemment lointain et souvent rebutant.
L'objectif de la psychophysique est de rechercher les relations (souvent
mathématiques) entre les stimuli physiques et les sensations qu'ils déclenchent
sur le plan subjectif.
A la fin du siècle dernier, le physiologiste Ernst Weber (1795-1878) a
montré un fait curieux : nous ne sommes pas sensibles aux différences
absolues mais relatives (Piéron, 1967). Ainsi, dans une expérience typique
de sensation de poids, si un poids standard de 100 grammes est utilisé, un
sujet, les yeux bandés, aura besoin, par exemple, d'un poids de 110
grammes pour réaliser la différence de poids. Poids. On pourrait supposer
que pour ce sujet, la différence significative est de 10 grammes mais on se
rend compte qu'avec un poids standard de 200 grammes,cette fois, il faudra
placer un poids de 220 grammes dans l'autre main pour qu'un même sujet
puisse sentir la différence ; et ainsi de suite, seul un écart de 30 grammes
sera perceptible par rapport à un poids standard de 300 grammes, 40
grammes pour un poids de 400 grammes… Weber a ainsi montré que l'on
n'est pas sensible à l'écart absolu mais à l'écart différentiel par rapport à une
quantité de référence, en
1 périodeou faire du vélo
L'onde sonore est comme une onde complexe qui s'analyse en « ondes »
élémentaires,
Fondamentaux et harmoniques
Les limites moyennes perceptibles sont d'environ 20 hertz (hertz = nombre
de vibrations par seconde), les sonstrès grave de l'orgue, à 20 000 hertz, les
sons les plus aigus ; en voici quelques exemples : les voix d'hommes vont
de 100 à 200 hertz ; les femmes de 150 hertz à 300 hertz et celles des
enfants sont plus aiguës, de 200 à 400 hertz. Cependant, tout dépend des
voyelles, theo est à environ 150 Hz alors que i monte jusqu'à 2500 hertz.
Les instruments de musique couvrent une gamme de sons plus large, le
piano de 27 hertz à 4 150 hertz tandis que l'orgue couvre toute la gamme
audible de l'homme, de 16 hertz à 4 150 hertz. Sons les plus bas (tuyaux les
plus bas) jusqu'à 16 700 hertz, ce qui est le ton le plus élevé pour la plupart
des gens. En effet, la sensation aiguë arrive très vite puisqu'un chanteur
d'opéra peut chanter jusqu'à 1150 hertz et une flûte très aiguë "monte"
jusqu'à 4550 hertz. En fait, les sons les plus aigus font souvent partie des
harmoniques.
Conclusion
Chez nos amis les animaux, nos performances sont excellentes, mais nous
sommes surpassés par certains, par exemple les chauves-souris entendent,
selon leur espèce jusqu'à 50 et 100 kHz (100 000 hertz) quant au dauphin, il
perçoit des sons jusqu'à 150 kHz : si il aimait l'opéra, il trouverait que les
sopranos ont des voix très graves…
52. Pourquoi la musique donne-t-elle envie de danser ?
Oreille interne et
les mouvements des vagues
C'est l'oreille qui transforme le choc des molécules en signaux bio-
électriques entraînant la création de l'univers sonore par le cerveau. L'oreille
est composée de trois parties dont la plus visible est… la moins nécessaire !
En effet, l'oreille externe (le pavillon) fait converger les ondes sonores au
niveau du tympan, à la manière d'un entonnoir ; de plus le fennec, un petit
renard du désert, où les chauves-souris ont des oreilles énormes. Mais le
dauphin n'en a pas (cela le ralentirait dans l'eau) ce qui montre que le
drapeau n'est pas nécessaire pour entendre. Le conduit auditif se termine par
le tympan, une membrane qui vibre en fonction de la pression des
molécules dans l'air, tout comme la peau d'un tambour. L'oreille moyenne
est composée de trois petits os, marteau, enclume et étrier,
L'oreille est composée de trois parties : l'oreille externe (le pavillon)
canalise les ondes sonores qui font vibrer le tympan ; l'oreille moyenne est
constituée de 3 petits osselets qui amplifient les vibrations et les
communiquent à une membrane
(Fenêtre ovale) au début de la cochlée (ou escargot). C'est dans la cochlée
que les vibrations sont analysées.
L'oreille interne est constituée d'un os creux appelé escargot en
raison de sa forme de coquille d'escargot et qui contient l'organe nerveux
responsable des sensations auditives, la cochlée (on prononce
"Coclé"). La cochlée est constituée d'une membrane qui tapisse l'intérieur
de la cochlée et d'une membrane qui flotte dans le liquide interstitiel (une
sorte d'eau de mer) comme les algues dans les vagues. Au fur et à mesure
qu'elle ondule, la membrane frotte les cils de neurones spécialisés intégrés à
la base. Ces stimulations suivant les ondes dans l'escargot déclenchent des
potentiels bioélectriques, début du signal auditif. Les neurones envoient
leurs axones, qui se réunissent pour former le nerf auditif. Celui-ci
transporte l'information vers différents centres du cerveau, qui selon leur
spécialité, interpréteront le signal comme du bruit, de la musique ou des
mots...
C'est un physiologiste hongrois Georg von Bekesy (prix Nobel de médecine
en 1961) qui fut le premier à observer les ondulations sur de vrais escargots
animaux, percés de petites fenêtres. Un escargot étant minuscule, il a fait
tout son possible pour obtenir l'escargot d'un éléphant dont il avait appris
qu'il était mort au zoo. Après de patientes recherches, il montra que le
sommet des ondulations se situe à l'entrée de l'escargot pour les hautes
fréquences (hautes tonalités) et de plus en plus vers le haut de l'escargot
pour les basses fréquences (basses fréquences). Cette particularité explique
pourquoi la surdité débute par les aigus, où, à l'entrée de l'escargot, les sons
sont les plus forts.
Conclusion
Certains paramètres sonores sont liés à des phénomènes de pression,
l'impact de molécules contre le tympan, ce qui provoque parfois sa rupture.
Mais le son se transforme dans l'oreille interne en ondulations et c'est
probablement l'origine de la danse, c'est-à-dire de notre tendance écrasante
à associer les mouvements ondulatoires aux sons.
53. Pourquoi est-il dangereux d'écouter de la musique à fond ?
Les effets
physiologiques du bruit
Les ingénieurs du son mesurent l'intensité sonore en décibels. Le seuil de
douleur, c'est-à-dire lorsque des molécules entrent en collision avec le tympan
provoquent une douleur, est de cent décibels. Dans la vie de tous les jours,
beaucoup de bruits sont très intenses, voici quelques exemples avec des
bruitsd'intensités différentes, sous la forme d'un « thermomètre » de bruit :
100
80
60
40
20
0
15 30 60 120250500 1 000 2 000 4 000 8 000 16 000
Fréquence en Hertz
Audiogramme : il faut mettre plus fort pour entendre des sons extrêmes,
graves (15 à 100 Hertz) ou aigus (8 000 ou 16 000 Hertz)
En effet, l'intensité provient du choc des molécules dans l'air, de sorte
qu'une intensité excessive peut détruire les éléments fragiles de la cochlée ;
des expériences montrent que Les cobayes soumis à des sons de 130
décibels pendant vingt minutes subissent une détérioration permanente de la
cochlée : les membranes de cette dernière entrent en collision et détruisent
les neurorécepteurs ciliés de l'organe de Corti, entraînant une surdité
permanente.
Conclusion
Des sondages dans différents pays révèlent que de plus en plus de jeunes
sont sourds en raison des habitudes d'écoute modernes à haute intensité, des
baladeurs (80 à 110 décibels), des concerts de rock (100 à 115 décibels),
etc. ; la mesure de l'audiogramme des recrues en Norvège a montré que le
pourcentage de jeunes malentendants pour les aigus est passé de 18 % à 35
% de 1981 à 1987 (Rabi- nowitz, 1992) : les aigus correspondent en effet
aux stimuli de départ de la cochlée, là où le son est le plus fort (puisque
l'énergie s'écoulera le long de la cochlée). Des recherches françaises sur
plus de deux mille lycéens en 1994 ont montré un déficit moyen de 10
décibels dans les aigus 1. Réaliser un audiogramme est donc une nécessité
pour ceux qui sont professionnellement soumis à des sons intenses, du bruit
ou de la musique,
54. Pourquoi avons-nous le vertige ?
Oreille interne et
équilibre
Le sixième sens existe, c'est l'équilibre. Enfin, c'est une façon de parler
puisque nous avons bien plus que cinq sens (les sensations automatiques,
les quatre sens de
1. Source : MGEN, octobre 1995.
tactile, etc.). Elle est souvent oubliée car elle se situe aussi dansl'oreille
interne. Son fonctionnement est similaire puisqu'il est lié à l'excitation des
cellules ciliées dans des cavités situées dans l'os de l'escargot : l'utricule et
le saccule pour un système statique et trois canaux semi-circulaires pour les
sensations de déplacement (sensation de tournoyer dans la valse, etc. ).
De nombreuses
expériences révèlent que le saccule et l'utricule contiennent des cellules
ciliées dont les cils sont coincés dans une gélatine contenant à sa surface les
otolithes, petitscristaux de calcaire.
L'équilibre est permis par le système vestibulaire : l'équilibre statique est
permis par 2 petits "sacs",
le saccule et l'utricule contiennent des grains de calcaire (otolithes) qui
excitent les cils des cellules ciliées.
L'équilibre dynamique est produit par les canaux semi-circulaires dont le
fluide interne se déplace cellules ciliées contenues dans le bulbe, à chaque
base (d'après Lieury, 2008).
Le poids des otolithes, lorsque nous inclinons la tête ou lorsque notre corps
est accéléré (voiture, avion par exemple), fait bouger les cils des cellules
ciliées, ce qui déclenche un signal bioélectronique.Trique. La taille des cils
des cellules ciliées est telle que certains chercheurs l'ont comparée à la Tour
Eiffel qui se déplace sur sa base en exerçant une force énorme ; un petit
mouvement crée donc une sensation de mouvement et c'est pourquoi de
nombreuses personnes souffrent du mal des transports ou ne peuvent pas
monter dans un manège.
Conclusion
Pour certains chercheurs, la sensation de vertige, voire de mal des transports,
proviendrait d'un conflit d'interprétation entre notre sens dominant, la vue, qui
ne renseigne pas.Des mouvements, par exemple en voiture ou en avion,
alors que le cerveau reçoit des informations sur les mouvements parfois
violents des organes d'équilibre. D'ailleurs, on remarque, en voiture, qu'il
suffit de bien regarder la route pour atténuer ce mal des transports, qui
n'existe généralement plus lorsque l'on est aux commandes de la voiture.
55. Qu'est-ce que la lumière ?
Spectre lumineux
et vision
La vision est la réception et l'interprétation par le cerveau d'une très petite
partie des ondes électromagnétiques qui émettent des photons et ont des
propriétés ondulatoires. Ces ondes, qui se propagent à une vitesse de trois
cent mille kilomètres/seconde (dans le vide) vont des rayons cosmiques aux
ondes radio selon leur longueur d'onde. Par exemple, les émissions de radio
qui émettent dans les "grosses ondes" comme France Inter ou Europe 1
Ont des ondes de l'ordre du kilomètre tandis que les rayons X ont une
longueur d'onde inférieure au milliardième de mètre (= nanomètres).
La partie visible de ces ondes, appelée spectre lumineux ou spectre
visible, est comprise entre 400 et 700 nanomètres, c'est-à-dire juste en
dessous du micron (1000 nanomètres = 1 micron). La plupart des animaux
perçoivent le même spectre, mais il y a des exceptions : l'abeille voit une
partie des rayons ultraviolets tandis que les mites voient les rayons
infrarouges.
Les unités de mesure de luminance sont complexes car nombreuses, pas
toujours équivalentes (bougie, nit, lumen…) ou dérivées d'une unité
arbitraire, la candela (qui vient du mot « bougie »). Mieux vaut prendre une
mesure qui correspond aux références actuelles, le lux, utilisées par les
architectes. L'éclairage d'une lampe de 75 watts située à un mètre au-dessus
de nous donne 100 lux. Voici quelques chiffres par rapport à cette « norme
» pratique :
Plein soleil 100 000 lux
Temps nuageux 10 000 lux
Près d'une fenêtre par 5 000 lux
temps clair
Éclairage pour la lecture 300 lux
Salle à manger 200 lux
Couloirs 100 lux
Illuminé par la lune 1 lux
Cependant, l'acuité le visuel n'est bon qu'avec une bonne lumière (à partir
de 100 lux) ; cette acuité diminue de moitié sous une faible luminosité (1
lux)...
Conclusion
Donc, si vous ne voulez pas fatiguer votre vue, lisez toujours sous un bon
éclairage. Par contre, n'ayez pas peur d'étendre votre linge à la pleine lune,
ce n'est pas cela qui va décolorer vos couleurs (1 lux) mais le soleil du jour
(100 000 lux) car il est rare de traîner les la lessive le soir pour la rentrer le
matin !
56. Savez-vous qu'il faut voir à l'envers ?
Imagerie du globe
oculaire et de la rétine
L'œil peut être comparé à un appareil photo ou à un appareil
photographique : sa fonction est de « produire » une image sur le fond de
l'œil. Les premiers à comprendre que l'œil est un système optique (la
caméra n'existait pas) sont Léonard de Vinci et Descartes.
L'œil contient des couches transparentes incurvées qui courbent les rayons
lumineux réfléchis (= renvoyés) par les objets ; ces rayons réfléchis forment
de petites images au fond de la rétine, comme la projection d'une
diapositive sur un écran. L'une des couches est la membrane transparente
devant l'œil : la cornée. Derrière elle se trouve une sorte de petit « œuf »
transparent, l'objectif qui joue le rôle d'un zoom ; en effet cette "lentille"
convergente qu'est le cristal-Lin est plus ou moins contracté ou étiré sous
l'action des muscles ciliaires, afin de faire varier la convergence (=
accommodation). Par exemple, si l'objet est proche, le cristal se gonflera
pour faire une image plus petite.
Formation d'images du globe oculaire et de la rétine (d'après Lieury, 2008)
Devant l'objectif se trouve un "diaphragme" composé demuscles circulaires,
l'iris qui donne la couleur des yeux. Le trou formé par l'iris est la pupille ; il
apparaît noir alors qu'en fait ce n'est qu'un trou ; la pupille se rétrécit
lorsque la lumière est trop forte pour ne pas brûler la rétine et s'agrandit
dans l'obscurité.
Conclusion
Un grand nombre de phénomènes comme la myopie, provoquée par une
trop grande convergence de l'œil, dépendent déjà de la structure du globe
oculaire.
Si vous n'avez pas utilisé d'optique pendant vos études, lisez la question
59. La propagation des rayons lumineux en ligne droite à travers l'objectif
fait que l'image
L'objet est inversé sur un écran (dans l'œil sur la rétine). Et pourtant nous
voyons à l'endroit... c'est le cerveau qui restitue l'image dans le bon sens.
57. Pourquoi voit-on la vie en rose ?
Vision des couleurs
On a l'habitude de voir en couleur et c'est étonnant de rencontrer parfois
quelqu'un qui voit en noir et blanc. Cependant, le noir et blanc est plutôt la
règle chez la plupart de nos ancêtres animaux. Si nous voyons, c'est grâce à
une couche de neurones spécialisés, la rétine, qui sert de « film » à notre
appareil photo, l'œil. Cette rétine est notamment constituée de deux cellules
principales qui transforment la lumière en signal électrique, des cônes et des
bâtonnets (c'est facile à retenir, c'est comme une glace !). Cependant, les
bâtonnets voient en noir et blanc tandis que les cônes voient en couleur,
comme établi par de nombreuses expériences. Mais tout a commencé grâce
à un physicien anglais Thomas Young, qui a sans le savoir eu une
expérience de psychologie...
La lumière visible nous paraît blanche, mais elle est physique-mentalement
complexe ; il est composé de différentes longueurs d'onderentes qui se
décomposent dans un prisme pour donner les couleurs de l'arc-en-ciel (dans
l'arc-en-ciel, les gouttes de l'eau fonctionnent comme des prismes). Seule la
lumière de même longueur d'onde, dite monochromatique, produit une
couleur pure aussi dite spectrale ; la recherche sur la vision des couleurs se
concentre sur ces couleurs pures ; les couleurs actuelles correspondent aux
longueurs d'onde approximatives suivantes (en nanomètres, c'est-à-dire en
milliardièmes de mètre).
Violet 450
Bleu 500 Thomas Young,
Vert 530 physicien anglais
(1801), s'est inspiré de
Jaune 580
Newton qui ne pouvait
Orange 600 concevoir qu'une
rouge 700 multitude de récepteurs
soient à l'origine de notre perception des teintes colorées (en moyenne, nous
percevons cent vingt-huit nuances de couleurs). Young a réalisé des
expériences de mélange de couleurs pures et a démontré la possibilité de
produire pratiquement n'importe quelle couleur à partir de trois couleurs,
c'est la théorie trichromatique. Mais comme plusieurs couleurs de base
peuvent être utilisées avec des résultats similaires, c'est lui le grand
physiologiste allemand Hermann von Helmoltz (1821-1894) qui a
découvert par des expériences "psychologiques" (à l'époque on disait
"physiologiques") que les meilleures couleurs fondamentales sont rouges,
verts et bleus.
La recherche moderne a confirmé que la vision des couleurs est rendue
possible par trois types de cônes qui contiennent soit un pigment rouge, un
pigment vert ou un pigment bleu. Alors pourquoi voit-on du jaune ?
Contrairementdans les couleurs du peintre, le jaune n'existe pas comme
couleur primaire (pas de cône ni de pigment de jaune) mais il nous apparaît
lorsque les cônes rouge et vert sont stimulés en même temps.
De nombreux vertébrés diurnes ont des rétines mixtes composées de cônes
et de bâtonnets et distinguent les couleurs, comme les singes, les oiseaux
diurnes, y compris les poulets. Mais la plupart des autres animaux, chien,
cheval, vache, etc., ont des rétines constituées majoritairement de bâtonnets,
pas sensible à la couleur. Sa majesté le chat lui-même ne semble pas
distinguer les couleurs (Bonaventure 1965).
Chez l'homme, les trois gènes déterminant la fabrication des trois pigments
de la vision des couleurs ont été découverts(Nathans, 1989). Le gène du
pigment bleu se trouve sur le chromosome n° 7, les gènes du vert et du
rouge sont à l'extrémité du chromosome sexuel X (n° 23) (pas sur le
chromosome Y, auquel il manque une "jambe"). Lors de la duplication
chromosomique dans la division cellulaire, un chromosome peut perdre le
gène vert ou même les gènes vert et rouge. Ce déficit est appelé daltonisme,
cécité au rouge et au vert, du nom du chimiste anglais John Dalton qui avait
remarqué cette cécité sur lui-même.
Conclusion
Une grande application de la théorie trichromatique est la télévision couleur
(ou plasma ou LCD). L'écran est composé d'une multitude de petits
rectangles, les pixels. Chaque pixel est composé de deux séries de petits
carrés contenant un pigment rouge, un pigment vert et un bleu. Cette
technologie est appelée le système RVB (rouge, vert, bleu). Si les brevets
avaient existé, Young et Helmoltz seraient milliardaires !
58. Les yeux : deux caméras de 130 millions de pixels !
Fovéa et acuité visuelle
L'œil est comme un appareil photo : sans pellicule, il ne peut rien.
L'équivalent du film est la rétine, un tissu nerveux complexe. Il contient
principalement 127 millions de photorécepteurs, ce qui est énorme quand
on sait qu'un
Un appareil photo numérique courant a 4 à 8 millions de pixels et qu'un
appareil photo argentique (classique) en équivaut à 16 millions. La vision
commence par des cellules nerveuses spéciales qui contiennent des
pigments ; lorsque les photons frappent le pigment, il se décompose en
produisant un signal bioélectrique (influx nerveux) qui est transmis par des
câbles, les nerfs optiques, au cerveau. Il existe deux sortes de
photorécepteurs, les bâtonnets (dont tous les animaux ont) au nombre de
120 millions et qui permettent une vision en noir et blanc et 7 millions de
cônes (dont les humains et certains animaux ont) ; ce sont les cônes qui
nous permettent de voir en couleur.
Mais, ce qui est extraordinaire, c'est que la rétine n'est pas homogène car
elle contient une zone centrale, la fovéa ; tout le reste s'appelle la périphérie
; un peu comme le centre-ville et la périphérie. La fovéa est très petite…
Elle n'a qu'un tout petit diamètre d'environ 0,4 mm. Néanmoins, c'est une
structure extraordinaire car chaque cône est relié au cerveau par un «
câblage » individualisé. A tel point que deux petits signaux lumineux
séparés seulement d'un soixantième de degré, sont perçus comme distincts
par le cerveau. C'est cette particularité extraordinaire, que la plupart des
animaux n'ont pas, qui fait l'acuité visuelle. Au contraire,
Chez l'homme, l'acuité est de 1 minute 1 angle (= 1/60ème de degré) ce
qui est une très bonne performance dans le
1. Pour le lecteur qui n'a pas fait de physique, l'unité de mesure
"Minute" est commun au temps et aux angles. On doit cette ressemblance
aux astronomes babyloniens (on disait alors « astrologues ») qui avaient un
système numérique basé sur 60 subdivisions et non 10 comme dans notre
système décimal.
Règne animal car l'acuité n'est que de sept minutes chez le bœuf, de 18 chez
le poisson, de 1 degré chez l'abeille ; nos amis les animaux voient le plus
souvent, il en est de même avec les chats, les chiens, les vaches. Et si les
zèbres sont rayés c'est peut-être parce que les lions, myopes, ne voient que
des rayures en mouvement sans distinguer un animal précis lorsque les
zèbres courent en groupe. A l'inverse, les rapaces nous dépassent ; ainsi
l'aigle a une densité de cônes cinq fois supérieure à celle de l'homme et la
tuyère a deux fovéas, l'une pour voir de loin, l'autre pour voir à fort
grossissement.
En général, pour les mots (Overton et Wiener, 1966) ou pour les détails des
dessins (Nelson et Loftus, 1980), la vision n'est efficace qu'avec une bonne
acuité (environ 50 %) à un angle de 2 degrés (1 degré de chaque côté de le
centre de fixation) ; c'est très petit, pratiquement, c'est à peu près la
longueur d'un mot. Faites-en l'expérience par vous-même...
Prenez un ami et demandez-lui de regarder votre index ; puis lui présenter
sur le côté un livre. Demandez-lui de lire le titre sans déplacer son regard de
votre index, rapprochez le livre de votre index et vous constaterez que votre
ami ne peut pasne lisez le titre que lorsque le livre est devant son regard (au
lieu de votre index)… Hormis la vision fovéale, la vision périphérique est
très floue, et c'est ainsi que la plupart des animaux la voient.
Conclusion
La prise en compte de cette étroitesse d'acuité visuelle a des applications.
Ainsi, en conduisant une voiture, vous avez remarqué qu'il est difficile de
regarder à la fois la route et le tableau de bord ; sur certains véhicules
récents, les signaux de vitesse ou d'avertissement (voyants d'huile)
apparaissent en arrière-plan sur le pare-brise. Un autre phénomène que l'on
peut comprendre grâce à l'étroitesse de la
La vision fovéale, c'est ce que les spécialistes des témoins oculaires
appellent « l'effet de l'arme » : des chercheurs ont en effet remarqué que lors
d'une agression avec une arme, le témoin reconnaît moins bien l'agresseur
car il a davantage regardé l'« armé ». Enfin dans la vente et le commerce, on
est dupe car les produits à valoriser sont placés devant les yeux ; les
produits les moins chers sont souvent en dessous des genoux. Dur, dur
d'être myope !
59. Pourquoi votre enfant a-t-il tant de mal à trouver des œufs de Pâques ?
Exploration visuelle
et construction de
formes
A l'époque de Christophe Colomb et de Magellan, les navigateurs
exploraient des terres lointaines en prenant des repères (boussole, position
du soleil, etc.) qui permettaient aux cartographes de dessiner le monde. La
perception ne procède pas autrement, le cerveau est le cartographe et les
yeux sont les explorateurs du monde visuel.
L'œil ne voit avec l'acuité de 10/10 que dans un angle si petit (la vision
fovéale est de deux degrés, cf. question précédente) que le cerveau ne peut
reconstituer un panorama que par la mobilité de l'œil. Essayez donc de
remuer le nez ou les oreilles ! Au contraire, l'œil, mis en mouvement par six
muscles, peut se déplacer à grande vitesse et capter des informations dans
de nombreuses directions. Ainsi, la perception des formes, qui ne peut être
assurée par un seul des systèmes de vision (fovéa ou périphérie), est en fait
assurée par la coordination.
de la vision fovéale et de la vision périphérique dans les stratégies
d'exploration réelles, les saccades et les fixations.
Alors que nous avons subjectivement l'impression d'une vue panoramique,
tout se passe comme au temps des grands explorateurs. Ils notent dans leur
journal de bord les coordonnées des îles et des côtes qu'ils explorent, et de
retour à terre, les cartographes tracent les continents…
Deux chercheurs de l'Université de Berkeley en Californie, David Norton et
Lawrence Stark, ont utilisé une technique d'étude très raffinée : un mince
faisceau infrarouge (donc invisible pour le sujet) est réfléchi de son œil vers
le personnage observé de sorte qu'une caméra infrarouge peut enregistrer, à
la manière d'un point rouge, chaque fixation de l'œil sur une partie de la
figure. Cependant, les auteurs ont remarqué que si l'expérience est réalisée
plusieurs fois, les trajets oculaires ont tendance à se ressembler, ce qui
montre une mémorisation du trajet oculaire. De plus, lorsque le sujet doit
par la suite reconnaître une figure vue parmi de nouvelles, on constate que
le trajet oculaire de la figure reconnue reste similaire aux trajets en fin de
période d'apprentissage. Il y aurait donc une mémorisation des trajets
oculaires, un peu comme notre explorateur se souviendrait de ses
principaux voyages le long d'une côte. Sur la base de ces résultats, Noton et
Stark suggèrent que l'exploration d'une figure détermine le stockage de
deux catégories d'informations : des informations sensorielles extraites à
chaque fixation (obliques, verticales, couleurs, etc.) correspondant à ce qui
est vu par la fovéa à chaque fixation et informations motrices concernant le
mouvement des yeux. On ne voit donc pas une figure, une affiche, une
personne, une rue, dans son ensemble mais par petites portions et le cerveau
reconstitue l'ensemble. Ainsi, tout n'est pas parfait et il y a des ratés. Par
exemple, les témoignages oculaires sont incomplets ou faux et certaines
affiches détournent habilement notre regard au risque de ne pas voir un feu
rouge... Noton et Stark suggèrent que l'exploration d'une figure détermine le
stockage de deux catégories d'informations : les informations sensorielles
extraites à chaque fixation (obliques, verticales, couleurs, etc.)
correspondant à ce qui est vu par la fovéa à chaque fixation et les
informations motrices concernant mouvement des yeux. On ne voit donc
pas une figure, une affiche, une personne, une rue, dans son ensemble mais
par petites portions et le cerveau reconstitue l'ensemble. Ainsi, tout n'est pas
parfait et il y a des ratés. Par exemple, les témoignages oculaires sont
incomplets ou faux et certaines affiches détournent habilement notre regard
au risque de ne pas voir un feu rouge... Noton et Stark suggèrent que
l'exploration d'une figure détermine le stockage de deux catégories
d'informations : les informations sensorielles extraites à chaque fixation
(obliques, verticales, couleurs, etc.) correspondant à ce qui est vu par la
fovéa à chaque fixation et les informations motrices concernant mouvement
des yeux. On ne voit donc pas une figure, une affiche, une personne, une
rue, dans son ensemble mais par petites portions et le cerveau reconstitue
l'ensemble. Ainsi, tout n'est pas parfait et il y a des ratés. Par exemple, les
témoignages oculaires sont incomplets ou faux et certaines affiches
détournent habilement notre regard au risque de ne pas voir un feu rouge...
On ne voit donc pas une figure, une affiche, une personne, une rue, dans son
ensemble mais par petites portions et le cerveau reconstitue l'ensemble.
Ainsi, tout n'est pas parfait et il y a des ratés. Par exemple, les témoignages
oculaires sont incomplets ou faux et certaines affiches détournent
habilement notre regard au risque de ne pas voir un feu rouge... On ne voit
donc pas une figure, une affiche, une personne, une rue, dans son ensemble
mais par petites portions et le cerveau reconstitue l'ensemble. Ainsi, tout
n'est pas parfait et il y a des ratés. Par exemple, les témoignages oculaires
sont incomplets ou faux et certaines affiches détournent habilement notre
regard au risque de ne pas voir un feu rouge...
La recherche sur l'exploration oculaire chez les enfants montre clairement
que l'exploration visuelle est très approximative etqu'elle ne devient
systématique que pendant de longues années d'apprentissage.
Technique d'étude de l'exploration oculaire chez l'enfant (adapté de
Vurpillot, 1974)
L'enfant doit comparer les fenêtres de deux façades de la maison. Des
sons.Une caméra placée au centre enregistre le reflet, sur l'œil, de la fenêtre
fixée par l'enfant. Les résultats indiquent une augmentation des balayages
horizontaux (fenêtre à fenêtre), de 50 % à 70 % entre cinq ans et neuf ans
(Vurpillot, 1974). Jusqu'à l'âge de cinq ans, donc, les yeux de l'enfant jouent
"Leapfrog" au hasard et ne peut pas repérer les fenêtres identiques. Ce n'est
que vers neuf heures que les yeuxfaire des scans systématiques, comme
chez l'adulte, en fixant tour à tour les vitrages homologues (même position)
dans les deux façades ; et ce n'est qu'ainsi que l'enfant peut repérer si les
fenêtres sont identiques ou différentes dans les deux maisons. Car une
fenêtre doit être « pleine » dans l'angle fovéal pour être vue avec une bonne
acuité ; sinon, il est tout simplement absent pour le cerveau.
Conclusion
C'est pourquoi les enfants ont tant de mal à repérer les œufs de Pâques !
60. Pourquoi lire
ne peut-il pas être mondial ?
Yeux saccadés et lecture
La vision fovéale est la seule qui permette de différencier des détails aussi
petits qu'un petit trait, par exemple entre
"O", "p", "d", ou la présence ou non d'une fermeture qui fait la différence
entre "o" et "c". Or cette vision fovéale ne « voit » qu'une toute petite partie,
deux degrés d'angle, c'est-à-dire un mot de quatre lettres dans un livre à
cinquante centimètres. A l'inverse, la périphérie se voit floue mais sur plus
de 180° d'angle. C'est pourquoi les yeux bougent tout le temps, surtout lors
de la lecture.
La lecture est un excellent exemple d'étude des mouvements oculaires.
Quand on lit, notre vue n'est pas du tout panoramique et les yeux ne
s'égarent pas régulièrementdans le sens du texte comme on pourrait le
croire. Les enregistrements (sur film ou vidéo) des yeux montrent que la
lecture est faite de sauts et de pauses : les saccades et les fixations oculaires
(O'Reagan et Lévy-Schoen, 1978).
Cette
Chaque cercle représente une reliure.
Exemples de saccades et de fixations en lecture (d'après O'Reagan et Levy-
Schoen, 1978)
Les saccades sont les sauts qui ont pour fonction d'amener le centre du
regard (la fovéa) devant la cible (un mot) ; les saccades sont très courtes de
l'ordre de 20 millisecondes entre chaque mot et 80 millisecondes pour un
changement de ligne. Les liaisons sont les pauses pendant lesquelles les
informations à communiquer au cer-veau.
Les fixations durent en moyenne 250 millisecondes (un quart de seconde)
chez l'adulte et un peu plus longtemps, 300 millisecondes chez l'enfant.
Donc en une seconde il y a environ trois fixations ; ce procédé étant général
et non seulement lié à la lecture, il fait un nombre fantastique d'environ dix
mille "coups" par heure. L'œil envoie donc des « photocopies » partielles de
ce qu'il voit en mémoire. Si la mémoire ne comprend pas ou si elle
considère qu'il y a une erreur, elle commande un retour en arrière, comme
dans la figure précédente, où l'œil envoie deux fois l'information « depuis
dix ans » qui trompe la mémoire. Mémoire. Contrairement à ce que
suggèrent certains promoteurs de méthodes de lecture rapide, la vitesse de
lecture ne dépend pas de la vitesse des yeux mais de la connaissance du
vocabulaire. Des expériences montrent que lorsqu'un texte contient des
mots difficiles ou rares, il y a plus de fixations et de flashbacks. C'est
particulièrement le cas pour les enfants qui lisent plus lentement que les
adultes lorsque leurs muscles oculaires sont neufs.
Conclusion
Les méthodes de lecture rapide sont donc un inconvénient commercial ;
notamment celles qui promettent par apprentissage de « photographier »
une page entière (la fovéa ne voit qu'un mot) ou d'élargir le champ fovéal (il
est impossible de modifier le câblage des photorécepteurs de la rétine).
Vous ne pouvez lire rapidement que si vous connaissez déjà le sujet.
Dans les méthodes utilisées à l'école, il faut insister sur la décomposition
des lettres et des syllabes car l'œil saute de temps en temps
(échantillonnage) et ne fait naturellement pas une analyse systématique,
lettre par lettre. Une méthode strictement globale 1 serait donc préjudiciable
à l'apprentissage de l'orthographe car la mémoire devine alors les mots avec
seulement quelques lettres. C'est ce que les enseignants appellent la «
lecture d'énigmes ».
61. Où est passée... la 25ème image ?
Perception et
influence subliminales
Pour percevoir, il faut du temps, temps de photosensibilisation des pigments
de la rétine, temps de transmission dans le nerf optique, temps de
construction de l'image dans le cerveau. Et cette fois, les psychologues le
mesurent par le seuil. Le seuil perceptif est la plus petite valeur physique
qui permet une sensation psychologique. Dans le cas de la vision des
formes, c'est par exemple le temps le plus court qui permet d'identifier une
forme, une lettre, un mot. Lorsque la valeur est inférieure au seuil
(statistiquement non ou difficilement détectable), il s'agit d'une valeur
subliminale (= inférieure) ; ci-dessus, la valeur est toujours détectable.
Les seuils varient selon les individus (plus on est jeune, mieux on voit), la
luminosité (dans la fovéa, il faut beaucoup de lumière)... En moyenne, chez
les sujets jeunes ayant une bonne vision, un minimum de 10 est requis. À
1. Les méthodes strictement mondiales ne semblent plus être largement
utilisées et ont été officiellement interdites par le ministère de l'Éducation
en 2006.
20 millisecondes pour identifier des choses simples, un mot, une forme
géométrique ou un dessin (Fraisse, 1992).
Mais le problème se complique lorsque plusieurs informations se succèdent
(cas du cinéma). Plusieurs combinaisons ont été testées en laboratoire selon
les durées respectives de stimulation no. 1 (on dit S1) et la stimulation no. 2
(S2). Les résultats sont assez simples :
Lorsque S1 + S2 est inférieur ou égal à 100 millisecondes,il y a
intégration, fusion, c'est-à-dire que le sujet ne voit qu'une stimulation. Au-
delà, il y a une perception d'une succession, c'est le seuil de succession. Par
exemple, dans une expérience assez spectaculaire de Fraisse (1968), deux
mots sont présentés successivement, par exemple FER et LUI, mais de telle
manière que les lettres de ces mots sont spatialement interverties : le L est
placé dans l'espace entre F et R, lettres qui viennent de disparaître. La
différence de gris dans l'exemple ci-dessous symbolise le décalage dans le
temps.
FLESEURje
Lorsque la somme des temps (durée des mots et inter-mots) ne
dépasse pas 100 millisecondes, les sujets voient FLEUR et non les mots
séparés qui étaient physiquement présentés dans le temps FER et LU I. Des
phénomènes complexes appelés « masquage » se produisent(Rossi, 1975)
où le mot (ou chiffre) dont la durée est plus longue efface tout ou partie de
l'autre. Ces phénomènes s'expliquent par le temps nécessaire au traitement
des informations visuelles ; tant que les canaux visuels traitent une image,
les autres ne sont pas pris en compte (comme lorsque vous téléphonez à un
correspondant déjà en ligne).
Le successif est donc perçu comme simultané dans l'intervalle de 100
millisecondes. Ce fait fondamental avait étédécouverte empiriquement par
les pionniers du cinéma. Au cinéma, les images se succèdent au rythme de
24 par seconde (25 à la télévision ou en vidéo) ce qui représente un temps
d'environ 40 millisecondes par image, deux images successives font 80
millisecondes, ce qui est inférieur au temps. Critique 100 millisecondes. Le
phénomène est relativement robuste mais au détriment de la sensation de
mouvement. Ainsi, les dessins animés de Walt Disney et Tex Avery qui ont
24 images par seconde nous donnent l'illusion d'un mouvement souple et
lâche alors que l'on perçoit de manière sacrée d'autres dessins animés qui
n'ont que 8 dessins animés. Par seconde (ainsi que certains DivX).
Conclusion
En 1956, une polémique éclate à propos d'une publicité indiquant que les
cinéphiles avaient afflué vers du Coca-Cola et du pop-corn à la suite de
sublimes slogans projetés pendant le film. En fait, il s'agissait d'une arnaque
d'un agent de marketing au chômage qui a fait une fausse publicité avec la
complicité d'un animateur radio ; il s'enfuit après avoir empoché des
contrats d'agence de publicité (Rogers, 1993, cit. Myers, 1997).
L'image subliminale est l'insertion d'une image (= 40 ms)un slogan
publicitaire (ou politique) parmi les 24 ; il est censé ne pas être vu
consciemment mais agir inconsciemment. On appelle aussi ce phénomène «
25ème image » mais à tort au cinéma car c'est l'une des 24 que l'on enlève.
Ce phénomène est illusoire à cause du phénomène de masquage : une
image, présentée seulement pendant 40 ms, est effacée par les images
précédentes et suivantes. Dans l'expérience de Fraisse, si le premier mot «
fer » dure plus longtemps que le second (« lui »), le sujet ne voit pas
que "fer", le second étant effacé. De plus, une phrase nécessite un temps de
codage (plusieurs saccades oculaires) largement supérieur à 40 ms (environ
250 ms par mot), ce qui rend impossible la présentation subliminale (40 ms)
d'un slogan tel que « Votez pour le Parti ». Hors Taxes » ou « Buvez de
l'eau de Kisoignetou ».
La Société Radio-Canada a expérimenté l'inclusion du message «
APPELEZ MAINTENANT » 352 fois dans une émission très populaire du
dimanche soir (une heure de télévision équivaut à quatre-vingt-dix mille
images). Aucune des 500 personnes contactées n'avait reçu ce message (cit.
Myers, 1997) !
En France, le 13 mai 1988, Le Quotidien de Paris dévoilait l'affaire du «
générique Mitterrand » (Droulers, 1996). Entre septembre 1987 et mai
1988, une cinquantaine d'images défilent dans le logo d'Antenne 2
(actuellement France 2) lors du journal télévisé et l'image de François
Mitterrand apparaît dix fois parmi d'autres images (Gorbatchev, le TGV,
etc.). La CNCL (Commission nationale de la communication et des libertés)
constate que le générique ayant été diffusé 2 949 fois, le visage de
Mitterrand est donc apparu 29 490 fois. Et pourtant, aucun spectateur n'a
rien remarqué. Le directeur de l'information de la chaîne a déclaré : "Même
avec le matériel le plus sophistiqué, j'ai eu beaucoup de mal à localiser cette
image" (cit. Droulers, 1996, p. 323).
Remarque : Certaines personnes confondent publicité subliminale et
publicité indirecte. Lors d'un prix de Formule 1 ou d'un match de football,
de nombreuses marques sont affichées, elles ne sont pas subliminales et le
spectateur peut à loisir regarder ces affiches plutôt que les voitures ou les
joueurs.
Pourquoi les objets distants vous semblent plus petits ? Loi optique de
la perspective...
Pendant la Renaissance en Italie, les peintres de décors de théâtre et plus
tard les architectes ont pris conscience de la perspective, c'est-à-dire du fait
que l'on voit les objets devenir de plus en plus petits au fur et à mesure
qu'ils avancent. 'ils s'éloignent. Léonard de Vinci (1452-1519), peintre,
ingénieur et érudit, a décrit ce phénomène avec une grande précision dans
son traité sur L'art de la peinture. C'est probablement l'analogie avec les
premières lentilles (verre poli) pour fabriquer des lunettes, que ces artistes
ou scientifiques ont pris conscience de ce phénomène qui n'est pas présent
par exemple dans les peintures anciennes, comme celles des Egyptiens. ou
dans l'art chinois. D'ailleurs, un siècle plus tard, Descartes (1596-1650),
philosophe, mathématicien et physicien utilise explicitement la
ressemblance entre l'œil et une lentille dans son Traité d'optique.
En effet un objet vu à travers une lentille convergente donneune image qui
devient de plus en plus petite à mesure qu'elle s'éloigne de la lentille (en
optique, une lentille convergente est symbolisée par une ligne verticale avec
des flèches vers l'intérieur). Pour construire l'image sur l'écran, il faut
considérer deux rayons lumineux. Le rayon parallèle à l'axe optique est
déformé par la lentille et se réfracte pour traverser l'axe au foyer optique.
En revanche, le rayon qui traverse le centre optique ne subit aucune
déformation. L'image est nette à l'intersection du rayon parallèle réfracté et
du rayon passant par le centre. Ce qui détermine la taille de l'image est en
fait l'angle sous lequel le rayon traverse le centre optique, ce que les
spécialistes de la vision appellent-
Ralentir la loi de l'angle visuel. Plus l'objet est éloigné, plus l'angle visuel
est petit et donc plus son image est petite.
Rayon parallèle
Lentilles convergentes
Mise au point optique
0°
Centre optique
Le temps de la conscience
64. D'où vient le décalage horaire ?
L'horloge biologique
Depuis des milliers d'années, l'homme est dépendant des rythmes temporels
astronomiques, notamment le rythme jour/nuit (ou rythme nycthémère 1) et
les saisons. La succession du jour et de la nuit s'impose à nous, mais c'est
probablement pour prédire la succession des saisons que l'astronomie est
née dans les grandes civilisations agricoles, la Mésopotamie (Irak) et
l'Egypte. Les premiers astronomes ou astrologues, il y a trois mille ans, ont
découvert douze constellations qui ont disparu au cours de l'année à
l'endroit de l'horizon où le soleil s'est levé (montée héliaque d'hélios, «
soleil ») ; c'était la découverte des douze constellations du zodiaque.
L'importance du temps est telle pour les Grecs qu'ils en firent un dieu,
Chronos,
Même sans montre, l'homme pouvait s'adapter au rythme jour/nuit, mais
comment estimer l'heure privée de
1. Du grec nuktos, « nuit » et hemera, « jour », Larousse encyclopédique,
Larousse-Bordas, 1997.
Une marque chronologique ? Paul Fraisse, l'un des pionniers de la
psychologie du temps, a organisé plusieurs expériences avec des
spéléologues qui ont accepté de vivre longtemps, seuls et sans montre, au
fond d'une grotte.
La tentative la plus longue a été faite avec le spéléologue Jean-Pierre Mairetet
qui a passé 174 jours, soit près de six mois sous terre (Fraisseet al., 1968).
Privéde repères chronologiques, l'homme fait de grosses erreurs. Ainsi,
Mairetet estimeson séjour à 86 jours selon ses cycles circadiens1, c'est-à-dire
selon l'alternance veille-sommeil qu'il a constatée. Ce sous-Une énorme
évaluation du temps confirme des études antérieures : le spéléologue
Michel Siffre avait estimé son séjour à 33 jours, qui dura en réalité 58, et
Fraisse rapporte qu'en 1906 des mineurs piégés dans une galerie pendant
trois semaines croyaient n'avoir passé que quatre cinq jours à le fond de la
mine.
80
60
40
20
0
dix 20 30 40
Durée (heures)
Durée de la veillée en fonction des cycles d'un spéléologue lors d'un séjour
de six mois dans une grotte
(adapté de Fraisseet al., 1968)
1. Du latin circa, « environ » et dies, « jour », Larousse encyclopédique,
Larousse-Bordas, 1997.
Cependant, l'étude détaillée de l'activité du spéléologue a montré des
paradoxes. Afin d'identifier ses cycles veille-sommeil, il a été convenu que
le spéléologue enfile des vêtements de nuit pour identifier la phase de
sommeil. Or, il s'est avéré (voir la figure) que si la plupart des cycles
avaient une période de veille de dix à vingt heures, un nombre assez
important de cycles (une trentaine au total) sont très longs, couvrant trente à
quarante heures. Maireret avait-il commencé à hiberner comme des ours ?
Non, pensant qu'il faisait une sieste, il passait une longue nuit.
Dans l'ensemble, il semble qu'il y ait un décalage entre le tempstemps
psychologique (sous-évalué) et physiologique. Le corps s'endort tout seul,
et si les siestes sont faites comme des nuits, le cycle « biologique » est
d'environ 25 heures. Afin d'expliquer cette régulation temporelle sans
repères externes, certains chercheurs ont pensé que nous disposions d'une «
horloge biologique ».
Cela expliquerait les décalages horaires lors des longs trajets en avion. Les
recherches neurobiologiques (Denis, 1992 ; Jouvet, 1995) localisent cette
horloge dans une partie du cerveau qui régit notre vie végétative,
l'hypothalamus ; en particulier au niveau d'un petit noyau (=groupes de
neurones) dit « suprachiasmatique » car il se situe juste au dessus du
croisement des deux nerfs optiques (= chiasma optique : prononcez «
kiasma »). Ce noyau reçoit des informations lumineuses de la rétine à
travers un millier d'axones de cellules ganglionnaires (un pour mille). Les
neurones agissent également via des neurotransmetteurs, l'arginine pour
l'éveil et le VIP (peptide intestinal vasoactif) pour l'endormissement.
Conclusion
Sans les informations fournies par les photons (par exemple l'isolement au
fond d'une grotte), l'horloge biologique a toujours un rythme interne généré
probablement par les activités métaboliques. Quand nous sommes sans
montre
on se base sur la durée de certaines activités habituelles : on dit aussi
communément « l'heure de manger », « l'heure de se préparer », « l'heure
d'aller faire les courses »… Certains pensent que le rythme est donné par le
temps de certains métabolismes car la durée d'un cycle complet de sommeil
est variable selon la taille des animaux (dix minutes chez la souris, vingt-
quatre chez le chat, quatre-vingt-dix chez l'homme et... cent vingt minutes
chez l'éléphant). Ainsi, le glucose (principal carburant du cerveau)
augmente pendant l'éveil et diminue pendant le sommeil pour se
transformer en réserve (glycogène) dans les astrocytes (cellules nourricières
en forme d'étoile). Ce cycle, comme celui de l'oxygène, pourrait servir de «
sablier » pour déterminer le rythme de notre horloge biologique.
65. Savez-vous que le sommeil comporte plusieurs phases ?
Neurobiologie du sommeil
Dans la mythologie grecque, Hypnos, le dieu du sommeil donne le sommeil
aux mortels en les touchant avec la fleur de pavot tandis que son fils
Morphée, le dieu des rêves, prodigue le rêve aux mortels endormis (Valatx,
1998). Cette légende indique que l'observation actuelle nous a appris,
depuis des milliers d'années, le cycle de la veille (ou vigilance) et du
sommeil, souvent accompagné de rêves. Une connaissance plus
approfondie des mécanismes est apportée par les neurosciences.
Le neurobiologiste français Michel Jouvet de l'Université de Lyon a été un
pionnier de la recherche sur le sommeil etillustré notamment par la
découverte du sommeil qu'il qualifie de "paradoxal". On distingue trois
phases
ParEEG (EEG = électroencéphalogramme). Au réveil,l'activité électrique
(EEG) est rapide et de faible amplitude. Lors de l'endormissement, l'activité
électrique est plus lente avec les fuseaux (grande amplitude) alors que le
corps estdétendu avant de sombrer dans un sommeil profond. Ce sommeil
profond est « paradoxal » car si les muscles sont complètement détendus et
si l'organisme ne perçoit plus de sensations, à l'inverse l'activité du cerveau
produit des ondes rapides de faible amplitude comme au réveil ; les globes
oculaires font des mouvements rapides (REM = Rapid Eye Movements) ;
l'homme éveillé à ce point est dans un rêve.
Après l'épidémie de grippe espagnole en 1918, le médecin viennois
Constantin von Economo a observé que chez les personnes décédées, celles
qui souffraient d'insomnie présentaient des lésions de l'hypothalamus
(cerveau végétatif) antérieur et celles qui avaient souffert de léthargie. Avait
des lésions de l'hypothalamus postérieur. De cette observation est née l'idée
que l'éveil est déclenché par l'hypothalamus postérieur (puisque la lésion
provoque une léthargie) et le sommeil par l'hypothalamus antérieur. Des
recherches plus poussées (Jouvet, 1995 ; Valatx, 1998) montrent l'existence
de réseaux de neurones excités ou inhibés par de nombreux
neurotransmetteurs.
En termes simples, le centre d'éveil excite le cerveau par des réseaux de
neurones fonctionnant principalement avec deux neurotransmetteurs, la
dopamine, d'où l'éveil par les amphétamines (qui stimulent la dopamine) et
l'histamine (raison pour laquelle les personnes allergiques qui prennent des
antihistaminiques ont des réveils difficiles et sont à risque de s'endormir).
Ces circuits prolongent l'excitation du cerveau par des réseaux (formation
réticulée) de neurones situés dans le pont de Varole et le bulbe rachidien
pour passer, à travers la moelle épinière (faisceaux de câbles), en activer
toutes les parties. Sensorielle et motrice du corps.
A l'inverse, le centre du sommeil semble utiliser principalement le principal
neurotransmetteur inhibiteur pour ses circuits.
GABA (acide gamma-amino-butyrique) ; en particulier, c'est par inhibition
du thalamus (cerveau perceptif) que la réception des sensations est bloquée
pendant le sommeil.
Conclusion
C'est pourquoi la plupart des somnifères (ou hypnotiques), les
benzodiazépines, agissent sur les récepteurs GABA ; le cannabinol
(cannabis, marijuana) agit également sur ces sites GABA, d'où son effet
tranquillisant, voire somnolence.
66. Est-il vrai qu'on apprend mieux en dormant ?
Chronopsychologie
et apprentissage
Faux ! Apprendre en dormant a cependant suscité un certain engouement à
une époque et a été proposé comme une "fausse" méthode d'enseignement
sous le nom d'hypnopédie (de hypno qui signifie en grec "sommeil" et pedia
qui renvoie à l'école).
Des expériences ont montré qu'une liste de numéros distribués aux
dormeurs ne laisse aucun souvenir à leur réveil. Au contraire, on apprend
d'autant mieux qu'on est bien éveillé. La recherche concerne, sous le nom
de chronopsychologie, la variation des performances selon les moments de
la journée, le moment de la sieste étant, comme chacunsait, le pire moment
pour apprendre...
En revanche, le sommeil est bon pour consolider les apprentissages de la
journée. Des expériences sur différents animaux montrent que pendant
certaines périodes de sommeil, lorsque le cerveau est complètement fermé
aux informations de l'extérieur, il y a une forte activité cérébrale.Ce qui
permet aux mécanismes biochimiques et biologiques de consolider les
mémoires : probablement en construisant de nouveaux contacts entre
neurones. Cette phase de sommeil, dite paradoxale en raison de l'intense
activité du cerveau, est également très longue chez le bébé et dans l'enfance
; elle est réduite, en proportion, chez les personnes âgées. Le sommeil
paradoxal est d'autant plus nécessaire que les nouveaux apprentissages sont
nombreux.
Conclusion
Il faut donc préserver le sommeil chez les jeunes alors que certains, lors du
« bachotage » font le contraire.
Apprendre en dormant n'est pas une bonne méthode, mais bien dormir après
une journée bien remplie en est une !
67. Vive la sieste ! Sommes-nous aussi vigilants toute la journée ?
Vigilance et
rythmes scolaires
S'il faut être éveillé pour apprendre, la vigilance n'est pas non plus
maximale tout au long de la journée. Un spécialiste français, François Testu,
a longuement étudié ces variations de situation scolaire (1989).
Dans une de ses études, la plus complète du point de vue des moments de la
journée, les élèves doivent faire de courtes activités à différents moments de
la journée : trois fois le matin : à l'arrivée en classe (8h40) ,puis en milieu
de matinée (9h50), en fin de matinée (11h20) ; et trois fois l'après-midi :
après le repas (13h40), en milieu (14h30) et en fin d'après-midi (17h30).
Avec des époques plus nombreuses et des âges différents, les résultats
confirment ceux d'autres recherches selon une loi « générale » (Testu, 1989
p. 76).
Après un démarrage difficile, les performances augmentent pour atteindre
un pic entre 10 et 10 heures ; l'après-midi estclassique aussi avec une baisse
lors de la digestion (période post-sprandiale pour les biologistes) et une
remontée jusqu'en fin d'après-midi. Les deux « creux » observés sont
déterminés par des causes biologiques, la réactivation après le sommeil le
matin et la digestion l'après-midi.
Ajouts
Où 9
Nombres
8
7
6
5
8h40
9h50 11h20 13h40 14h30 17h30
Moment de la journée
(Le test est un barrage de nombres pour les CP.)
Performances de calcul pendant la journée pour trois niveaux scolaires
(Simplifié d'après Testu, 1989)
Conclusion
Le remède de l'après-midi est connu depuis longtemps pour être même une
institution dans certains pays méditerranéens : c'est… la sieste.
68. Pourquoi conduire
69. Et l'alcool ne fait-il pas bon ménage ?
Effets des psychotropes sur la vigilance
Contrairement au sommeil, le cerveau est éveillé, mais il faut une certaine
intensité d'éveil pour être efficace. Les physiologistes et
psychopharmacologues utilisent le terme « vigilance » pour désigner ce
degré d'éveil. Par exemple, le degré de vigilance est mesuré par le temps de
réaction dans des tests de laboratoire. Mais étant donné l'importance de la
conduite, de plus en plus de personnes essaient d'étudier la vigilance dans
une situation de conduite.
L'équipe de Willumeit et Ott du laboratoire de psycho-pharmacologie de
Berlin a réalisé de nombreuses études sur simulateur pour tester la baisse de
vigilance (somnolence) provoquée par certains psychotropes.
25
20
15
dix
5
0
0,6 0,7
0,8 Lor
Dia
100Canal attendu Chaîne inattendue
80 par catégorie
60
40
20 à l'oreille
0
1 2 3 4 * 1 2 3 4
Position série
Technique d'écoute dichotique, à l'oreille ou par catégorie (d'après Knight
et Parkinson, 1975)
Conclusion
D'ailleurs, vous l'avez souvent remarqué. Même si nous sommes absorbés
dans un magazine ou une émission de télévision, nous « tendons » les
oreilles dès que l'on parle de nous ou que l'on dit un mot d'un sujet qui nous
intéresse. C'est l'histoire du meunier qui se réveille sans plus entendre les
lames de son moulin. Une autre maman qui s'endort profondément en
regardant Desperate Housewifes
(on s'endort avec une telle série ?) mais se réveille en entendant son bébé !
Augmentation du temps de réaction lors de l'écoute de messages audio
(Lieury, Robert et Castell, 1990)
Les résultats sont édifiants puisqu'en condition contrôlée,silence, le temps
de réaction est de 650 ms. La réaction prend environ 800 ms pour des
messages simples (niveaux 1 et 2) alors que le temps de réaction est presque
le double, avec 1100 et 1180 ms, lors de l'écoute de messages audio
complexes. En effet, bien que les sujets se croient très concentrés et
attentifs, différents systèmes psychologiques du cerveau, attention, langage,
mémoire, sont occupés à la fois pour l'activité motrice et pour le traitement
des messages sonores. Nous soupçonnons qu'en conduite automobile, qui
implique une coordination sensorimotrice multiple, cette compétition
cognitive serait probablement encore plus forte. Quoi qu'il en soit, à 90
km/heure, notre voiture roulait à 25 mètres par seconde. Une augmentation
de 500 ms, soit une demi-seconde, entraînera donc un retard de freinage de
12,5 mètres, soit la longueur de deux voitures. A 130 km/heure, la voiture
parcourt 36 mètres.
Temps parcouru en fonction de la vitesse en fonction du temps de réaction
en état silencieux ou à l'écoute des messages (niveau 4)
En réalité, il faut compter le temps de freinage de la voiture elle-même, qui
par son poids glisse sur ses pneus, sur 55 mètres à 90 km/heure et sur 114
mètres, selon la sécurité routière, à 130 km. /temps. A tel point que lorsque
les véhicules sont lancés à grande vitesse et coincés à quelques mètres les
uns des autres, comme c'est le cas à chaque retour de week-end, les
empilements semblent inévitables.
De plus, l'utilisation du téléphone portable ajoute à l'audition et à la
compréhension du message, d'autres tâches simultanées, la numérotation
(qui implique le système visuel), éventuellement des émotions pour
certaines conversations... L'expérience du Michigan Transportation
Research Institute a été programmée pour étudier les effets de l'utilisation
du téléphone dans les voitures, en comparant une situation de conduite
réelle avec une situation sur simulateur (Reed et al.Vert, 1999). La conduite
s'effectue sur un tronçon d'autoroute d'une vingtaine de kilomètres à une
heure de circulation et à la vitesse autorisée (60 miles/heure = 90
km/heure). Par haut-parleur, la consigne est de composer certains numéros
d'une seule main sur le téléphone mobile, tandis que de nombreux
Des capteurs mesurent divers paramètres du tuyau. Lesles résultats de la
conduite réelle sont similaires à ceux du simulateur et montrent une
dégradation plus ou moins élevée des performances par rapport aux
conditions de contrôle (conduite sans compétition cognitive) : + 23% dans
les écarts du pied sur l'accélérateur, + 38% dans variations de rotation du
volant et de vitesse latérale et jusqu'à 118 % (plus du double) de variation
de vitesse. La conclusion nous est donnée par les divers faits.
Conclusion
Le 10 octobre 1998 à Paris, une voiture a fauché deux piétons, le
conducteur était au téléphone alors qu'il roulait à grande vitesse...
59 "Moi,
j'apprends en écoutant la télé... ça m'aide à me
concentrer"L'attention partagée à l'école
Une pensée commune des jeunes est qu'apprendre leur leçon ou leur classe
en écoutant des chansons les aide à se concentrer. Ce n'est pas vraiment le
cas, bien au contraire et cette réflexion est un bon exemple de ce qu'il faut,
comme dans d'autres sciences, faire des expériences, car en psychologie on
ne peut pas prendre pour argent comptant ce que les gens se disent, encore
moins les enfants , contrairement à l'adage : "Tout ce qui sort de la bouche
des enfants est vérité".
Les enfants ont déjà du mal à se concentrer sur une activité, mais que
faire s'il y a des distractions en plus ? Cette situation où nous devons faire
au moins
Deux choses à la fois correspondent à une attention divisée ou partagée.
Chez l'adulte, on constate généralement une réduction de 20 à 60 % dans
une tâche principale en fonction de la complexité d'une tâche secondaire à
effectuer, par exemple conduire en écoutant la radio ou au téléphone. Les
effets sont également dramatiques chez les enfants.
Dans une recherche de Boujon et son équipe, les élèves de CM2 (10-11 ans)
doivent lire une histoire,Pascal et Poly embarquent pour Bréhat,dans une
condition de lecture silencieuse (attention sélective) et dans trois conditions
d'attentionpartagé. Dans l'une, les élèves entendent de la musique classique
en lisant, dans l'autre, ils entendent (sans voir) un clip vidéo, et dans la
troisième condition, ils voient et entendent le clip vidéo sur un téléviseur.
50
40
30
20
dix
0
Silence ClassiqueAgrafe
Clip vidéo
Tâche simultanée
Pourcentage de baisse du score en lecture dans une situation partagéepar
rapport à la situation attentive (lecture silencieuse) (d'après Boujon,
Gillard, Mareau et Pichon ; cit. Boujon et Quaireau, 1997)
Si l'on calcule le pourcentage de baisse du score de lecture, en situation
partagée, par rapport à la lecture silencieuse, on constate que la musique
classique n'interfère pas (elle n'interfère pas avec les processus
phonologiques de la lecture). . D'un autre côté, entendre la parole entraîne
une baisse de 25 % alors que regarder le clip vidéo en même temps entraîne
une baisse de 40 %. Les résultats sont donc édifiants quand on pense à la
façon dont les critiques sont parfois faites à la maison, en regardant des
clips musicaux ou la série préférée à la télévision.
Conclusion
L'attention divisée semble particulièrement difficile chez les enfants
hyperactifs. Par exemple, les enfants doivent mémoriser quinze images et
les reconnaître parmi trente (Boujon et Jan, cit. Boujon et Quaireau, 1997).
Il y a peu de différence (- 5%) entre une classe témoin et une classe
d'enfants hyperactifs. En revanche, si la détection d'images doit se faire en
faisant des calculs (simples additions présentées de manière audible), les
enfants hyperactifs présentent une diminution de 25 % par rapport à la
classe témoin.
71. Où est ton subconscient ?
Cerveau droit et
cerveau gauche
Après que Freud ait popularisé l'inconscient, la première distinction
neuropsychologique entre conscient et inconscient a pu être faite à partir de
la découverte de Roger
W. Sperry et Myers Un fonctionnement séparé des deux cerveaux. En effet,
le cerveau, qui est souvent désigné comme une entité unique, est composé
de deux hémisphères cérébraux reliés entre eux par d'énormes réseaux de
« câbles », le corps calleux, les commissures antérieure et postérieure et le
chiasma optique.
Le câblage des voies nerveuses est particulier chez les vertébrés car tout est
inversé entre le cerveau et le corps : cequi est présenté dans le champ visuel
droit est traité par l'hémisphère gauche qui contrôle aussi les membres
droits et vice versa pour l'hémisphère droit qui gère tout ce qui se passe à
gauche. Les expériences de Sperry et Myers sur le chat à cerveau divisé
(par section du
« Câblage ») a montré que chaque cerveau peut apprendredre
indépendamment de l'autre. Ainsi, un chat peut être conditionné à appuyer
avec la patte droite sur un levier de nourriture lorsqu'un cercle est présenté
dans le champ visuel droit et peut également être conditionné à appuyer
avec la patte gauche lorsqu'un carré est présenté dans le champ visuel
gauche. : c'est un chat Dr Jekyll et Mr Hide !
Chez l'homme, une nouvelle dimension apparaît, la spécialisationsation des
deux cerveaux. Le plus souvent, l'hémisphère gauche est dominant (il
commande) chez les sujets droitiers qui sont donc plus habiles avec la main
droite (righten latin, « habile »). De plus, le cerveau gauche est le siège du
traitement du langage articulé. Cette différence fondamentale est sans doute
responsable d'un niveau de science, la capacité à décrire ce qui nous arrive
ou ce que nous faisons (vous connaissez la petite voix dans notre tête).
Michael Gazzaniga (1970) a observé des situations inquiétantes de
dissociation de la conscience chez des sujets à double cerveau (opérations
pour épilepsie ou tumeur). Chez un patient, la présentation de diapositives
d'objets communs dans l'hémisphère visuel gauche n'a suscité aucune
réponse (l'hémisphère droit ne parle pas) mais la photo d'une femme nue a
déclenché un sourire sans qu'elle puisse en expliquer la raison. Raison. Une
autre patiente, devant choisir une robe, vit un jour un conflit entre ses deux
cerveaux. sa main droite
(cerveau gauche) a attrapé une robe chaude dans le placard (il faisait froid)
alors que sa main gauche ne voulait pas lâcher une robe d'été; dans ce cas,
l'hémisphère gauche esttrait raisonnable alors que l'hémisphère droit a opté
« Inconsciemment » pour l'élégance.
Conclusion
Cette dissociation (qui fait penser à certaines observations de Freud) montre
qu'au moins en partie, la conscience est la capacité, permise par le cerveau
gauche, de décrire verbalement ce que nous percevons ou faisons. A
l'inverse, l'inconscient correspond aux parties du cerveau qui ne « parlent
pas ». Notamment l'hémisphère droit mais aussi d'autres parties comme
l'hypothalamus qui est notre cerveau végétatif (qui contrôle la faim, le sexe,
le sommeil, etc.) et le cervelet qui contrôle nos actes automatisés.
L'inconscient, popularisé par Freud, existe, mais il apparaît multiple.
72. « L'œil était dans la tombe… » Qu'est-ce que la conscience ?
Conscience historique et conscience exécutive
La conscience a toujours été un sujet difficile à appréhender tant elle semble
correspondre à plusieurs facettes. Certains philosophes distinguent jusqu'à
sept définitions différentes (Foulquié, 1914). Deux sens sont considérés
comme fondamentaux en philosophie. Au sens étymologique, la conscience
vient de conscientia donc de scientia qui désigne le
« Connaissance » : c'est la conscience sensible, c'est-à-dire
de ce qui est perçu. Mais, c'est plutôt le second sens, qui correspond au sens
courant d'une conscience morale. C'est une conscience réfléchie, comme si
nous étions dans notre corps (ou cerveau) nous regardant penser ou agir.
Cette conscience a souvent été personnalisée par les poètes, par un œil chez
Victor Hugo dans son poème « La Conscience », « l'œil était dans la tombe
et regardait Caïn », ou Jiminy la sauterelle dans Pinocchio.
Endel Tulving et Daniel Schacter (Tulving, 1985) ont fait des observations
minutieuses et des tests de mémoire sur unpatient hippocampique NN, c'est-
à-dire présentant une lésion au niveau de l'hippocampe, archiviste de notre
mémoire. Ce patient a une capacité de mémoire à court terme de 8 mais a
un score de zéro sur un test de reconnaissance d'images (le score habituel
est de 90 %). NN a le langage et les connaissances générales intacts
(événements historiques…) mais contrairement aux patients
hippocampiques habituels (incapacité à mémoriser de nouvelles choses
mais vieux souvenirs préservés), NN n'a pas de souvenirs personnels, tout
reste impersonnel. Enfin, bien qu'il connaisse les notions de temps, il est
incapable de se situer dans le passé ou de projeter son activité dans le futur.
Interrogé à ce sujet, il répond par des expressions telles que "J'ai un gros
'trou'" (blanc en anglais) ou "c'est comme si j'étais dans une pièce vide et
que quelqu'un me demande de trouver une chaise" ou "c'est comme si je ' je
nage au milieu d'un lac ». Tulving interprète les problèmes de NN comme
un manque de ce qu'il appelle la conscience
"Autonoétique", ou la conscience de situer les événements
Mémorisé dans un contexte temporel, que d'autres auteursplus simplement
appeler conscience historique.
Conclusion
Cependant, la conscience apparaît multiple et à côté de la conscience «
verbale » liée à une différence des hémisphères cérébraux (question
précédente) et de la conscience historique, d'autres chercheurs pensent que
l'attention focalisée représente aussi une forme de conscience. Par exemple,
je conduis automatiquement mais je peux me concentrer sur cette conduite
pour que ma vision de la route et mes actions deviennent conscientes. Cela
montre une attention sélective « orientable ». Un spécialiste de l'attention,
Michael Posner (1990), a même parlé de « projecteur visuel », qui n'est pas
sans rappeler « l'œil » de Victor Hugo. Cette conscience exécutive donne
l'impression subjective d'éclairer une activité particulière par un projecteur
et étend le concept de conscience réflexive des philosophes, en donnant
l'impression à certains d'être contrôlés par une âme ou un esprit séparé du
corps. "L'œil était dans la tombe et regardait Caïn"...
250
200
Petite faim
150
100
Faim
50
0
0 1 3 5 7 9 11 13 15 17
Essai
Double effet de besoin et de récompense chez les rats dans un labyrinthe
(simplifié d'après Tolman et Honzik, 1930)
Les résultats montrent que le sous-groupe qui apprend le plus rapidement
(forte diminution des erreurs) est le sous-grouperats affamés et rats
récompensés.
De telles expériencesa incité Hull à proposer une formule célèbre
(visiblement inspirée de la formule de Newton pour les forces physiques, F
= MassAcceleration) où la motivation est déterminée par le besoin et le
renforcement (terme technique pour récompense). : Motivation = Besoin
xRenforcement.
Conclusion
Cette loi, appelée « loi de Hull » ou « loi de renforcement », a été appliquée
dans le système des primes marketing : le vendeur n'est que faiblement payé
pour créer un besoin (équivalent chez le rat au besoin alimentaire), puis est
boosté par une prime (équivalent à la boule de nourriture) à chaque fois qu'il a
vendu un appareil ou atteint un objectif (équivalent au but du labyrinthe). A
l'inverse, les renforcements négatifs fontmoins de comportements
indésirables.
C'est le principe de la carotte et du bâton !
78. "Enervé, coincé, frustré, dégoûté ?" "
Démission acquise
"Enervé, coincé, frustré, dégoûté ?" Non, il ne s'agit pas d'école ou de
travail, c'est un jeu vidéo. Ainsi titrait la revue de jeu vidéo Player Station 1
après la sortie de Tomb Raider III. Pourtant, de nombreux élèves aimeraient
avoir la belle Lara Croft comme professeur ! Oui
1. Numéro L8295.
Mais maintenant, le jeu est trop dur. Comme l'écrit le chroniqueur :
"Arrêter ! Aider ! Face à une difficulté plus que supportable, nous avons
jugé bon pour vous, qui avez investi dans ce cauchemar, de vous faciliter la
vie avec une soluce… » En effet, à certains niveaux, Lara Croft doit ramper
ou nager dans les égouts de Londres , où les crocodiles errent et la torche ne
reste allumée que quelques secondes... Lara se fait manger à chaque fois...
C'est un courant de recherche, initié chez l'animal, qui a permis de faire
des progrès significatifs dans ce domaine aux conséquences parfois
dramatiques.
Tout a commencé par des expériences sous la direction de Martin Seligman
de l'Université de Pennsylvanie. Dans une expérience, trois groupes sont
formés avec des chiens qui, individuellement, sont attachés dans un harnais.
Dans le premier groupe appelé « évitement », les chiens reçoivent 64
décharges électriques douloureuses espacées (une à deux minutes). Si le
chien appuie sur un panneau placé juste devant son museau lors du choc,
alors ce dernier s'arrête, sinon il continue pendant trente secondes. Vingt-
quatre heures plus tard, les chiens sont placés dans une boîte à navettes
(shuttle box) ; cette navette a été inventée par d'autres chercheurs pour
étudier le stress et elle est couramment utilisée chez le rat pour étudier
l'effet des médicaments anti-stress, tranquillisants, antidépresseurs… La
navette est composée de deux compartiments séparés par une barrière, un
peu comme une miniature court de tennis. Mais c'est là que s'arrête la
comparaison car un signal sonore retentit annonçant (dix secondes plus
tard) l'arrivée d'un choc électrique dans le compartiment où se trouve le
chien. Dans ce dispositif, également appelé « conditionnement d'évitement
», le chien est prévenu afin que, s'il saute la barrière pour se rendre dans
l'autre compartiment dès que le signal est donné, il évite complètement le
choc électrique ; sinon 10 secondes après le signal, il reçoit un choc
électrique. Un deuxième groupe appelé "contrôle" ne passe pas il évite
complètement le choc électrique ; sinon 10 secondes après le signal, il
reçoit un choc électrique. Un deuxième groupe appelé "contrôle" ne passe
pas il évite complètement le choc électrique ; sinon 10 secondes après le
signal, il reçoit un choc électrique. Un deuxième groupe appelé "contrôle"
ne passe pas
La période pré-expérimentale dans le harnais, mais seulement la seconde
dans la boîte à navettes. Enfin, le troisième groupe est assez particulier
puisqu'il reçoit un entraînement pré-expérimental au harnais mais l'appui de
la muselière sur le panneau ne permet pas d'arrêter le choc. Vingt-quatre
heures plus tard, ce troisième groupe est placé dans la caisse des navettes
dans les mêmes conditions que les premier et deuxième groupes.
50
40
Temps 30 pour réagir
(en s)
20
dix
0
EÉvitement Contrôler Résigné Conditions
d'expérience
Ralentissement du temps pour éviter un choc électrique pour le groupe de
chiens résignés par rapport à deux autres groupes (d'après Maier et
Seligman, 1967)
Les résultats sont frappants puisqu'on voit que si lele temps passé (en
moyenne) dans l'autre compartiment, dépourvu de choc, est d'environ vingt-
sept secondes dans le groupe « évitement » ou dans le groupe témoin, le
troisième groupe met en moyenne près du double du temps pour s'échapper
(quarante- huit secondes). Sachant que le choc
Arrivé dix secondes après le signal, plus de 75 % des chiens de ce troisième
groupe n'en évitent pas au moins neufdes chocs sur dix lorsqu'aucun chien
du groupe d'évitement n'atteint jamais une telle fin. Les chiens sont passifs
et pour cette raison Seligman les a appelés « résignés » : c'est le désormais
célèbre phénomène de « résignation savante ».
Conclusion
De nombreuses expériences ont confirmé ce phénomène aussi bien chez
l'animal que chez l'homme (Overmier et Blancheteau, 1987), par exemple
avec un bruit strident (Hiroto, 1974). De même, diverses situations
d'apprentissage très difficiles voire impossibles conduisent à la résignation
ou au découragement des élèves (Dweck et Leggett, 1988 ; Ehrlich et
Florin, 1989 ; Lieury et Fenouillet, 1996).
Bref, sur le plan psychologique, la résignation survient lorsque
l'organisme (animal ou homme) ne perçoit plus de rapport entre ce qu'il fait
et les résultats de son action tel que nous allons le passer en revue. Sur le
plan neurobiologique et neurochimique, il semble que ce stress stimule les
systèmes antalgiques du cerveau avec la sécrétion de substances appelées «
endorphines » car elles ressemblent chimiquement à la morphine, d'où les
effets analgésiques de ces dérivés de la morphine. l'opium, avec tous les
phénomènes psychologiques qui y sont associés, perte d'appétit, passivité,
bref, perte de motivation…
79. Pourquoi voulons-nous toujours plus ?
Anticipation et
auto-efficacité
De nombreux joueurs continuent à jouer, parfois toute leur vie, sans jamais
gagner (ou des sommes minimes) : c'est le « paradoxe du joueur » (Rachlin,
1990).
• En moyenne,
– le joueur paie plus qu'il ne gagne
– car une grande partie de l'argent va ailleurs
28%
58%
Redistribution des gains à la Française des Jeux
En moyenne, le joueur paie plus souvent qu'il ne gagne puisqu'une grande
partie des gains, environ 40 %, est redistribuée ailleurs, par la Française des
Jeux. Certains jeux sont pires comme Banco puisque les joueurs
n'obtiennent qu'un tiers de leur mise.
Comment alors expliquer cette extraordinaire persistance,signe d'une forte
motivation. Ce comportement mystérieux est au contraire très bien expliqué
dans la théorie d'Albert Bandura, chercheur à l'université de Stanford en
Californie, de l'anticipation symbolique du renforcement. Le joueur n'a pas
besoin de gagner réellement, il gagne dans sa « tête » ce que Jean de la
Fontaine avait parfaitement anticipé dans sa fable « Perrette et le pot au lait
»…
Dans le prolongement de sa théorie, la motivation est principalement régie
par l'auto-efficacité perçue (Bandura et Schunk, 1981 ; Bandura et Cervone,
1983). De par ses capacités de représentation mentale, l'individu est capable
d'anticiper
Par satisfactions venant de ses succès ou de ses échecs. Le ressort de la
motivation serait donc de se fixer des objectifs par rapport à des normes
personnelles. Cet intervalle àle remplissage déclencherait la motivation et le
but permettrait d'anticiper les satisfactions (renforts internes) : c'est le
sentiment d'auto-efficacité.
Dans l'une des nombreuses expériences de Bandura et de son équipe, les
étudiants doivent s'exercer à soulever des poids,sous prétexte de développer
des exercices d'aérobie. Trois conditions sont prévues : dans une première
condition
« Objectif seul », les étudiants doivent soulever 40 % de plus à chaque
session que lors de leur tentative précédente. Par exemple, pour un étudiant
qui soulevé À le sien premier essai 100 kilos (= étalon personnel), on
lui dit qu'il doit viser à atteindre 140 kilos. Dans la deuxième condition
« Feedback uniquement », nous informons chaque élève qu'il a réalisé tel ou
tel score en kilos ; en fait ce chiffre est fictif mais correspond pour
l'ensemble des participants à une augmentation fictive de 24% ; par
exemple, si la norme d'un élève était de 100 kilos, on lui dit qu'il a soulevé
124 kilos (résultat fictif). Enfin, dans le troisième groupe, "Objectif +
Feedback", nous donnons l'objectif (40%) et leretour d'information.
% 60
Performance
50
40
30
20
dix
0
Effet de la conjonction But + Feedback (d'après Bandura et Cervone, 1983)
Les résultats montrent que par rapport à un groupe témoin (qui s'entraîne
sans consigne) seul le groupe qui a le but et le feedback progresse. Et cela
progresse de manière fulgurante, puisque les étudiants de ce groupe
augmentent de 60 % leurs performances initiales (au départ ce sont des
étudiants généralistes). Spécialistes de ce sport).
Conclusion
Au risque de perdre la vie, les alpinistes cherchent à gravir des sommets de
plus en plus hauts, les navigateurs à faire le tour de la terre de plus en plus
vite… mais aussi de tels collectionneurs recherchent passionnément le
cachet ultime qu'il n'a pas, ou qu'une telle équipe veut fabriquer un
assemblage de dominos encore plus grand. Pourquoi, l'homme en veut-il
toujours plus ? La théorie de l'auto-efficacité perçue d'Albert Bandura
l'interprète bien. Dès qu'un individu a gravi un sommet, par exemple le
Mont Blanc, cette performance n'est plus pour lui un exploit, mais son
nouveau standard personnel si bien que pour trouver une « motivation », il
est obligé de se fixer un objectif. Supérieur. Par sa grande simplicité, la
théorie de Bandura s'applique donc à des domaines variés et explique
l'infinie diversité des « passions » et des loisirs qui ne peuvent s'expliquer
par autant de besoins. L'alpiniste qui se lance le défi de gravir des sommets
toujours plus hauts ; le collectionneur de timbres, insectes, voitures, motos,
est toujours à la recherche du
" pièce unique ; le surfeur à la recherche de " la vague ", etc. D'ailleurs,
cette recherche d'un objectif toujours plus haut est aujourd'hui devenue une
véritable institution, le livre des records...
60 Dis-moi à quoi tu joues et je te dirai qui tu es... Besoin d'estime
et
l'autodétermination
Aussi loin que l'on remonte dans l'histoire, le jeu a toujours été une forme
d'activité importante, les osselets, le jeu de l'oie, les échecs et puis, valorisé
par les grands films de spectacle, les jeux de cirque... Les empereurs
romains croyaient que donner du pain et des jeux suffisaient à la paix
sociale.
Mais les gens jouent pour diverses raisons. Dans une étude exploratoire
dans notre laboratoire, nous avons réalisé une étude factorielle (analyse
statistique permettant de regrouper des éléments en catégories
fondamentales) sur une cinquantaine de jeux très variés ; jeux de société :
baby-foot, jeu de l'oie, échecs, Trivial Pursuit, belote ; jeux vidéo : Tomb
Raider, V-Rally ; jeux d'argent : loterie, machine à sous ; sports : tennis,
football, etc.
Un questionnaire de quatre-vingts questions a été posé à quarante sujets
d'âges et de catégories socioprofessionnelles.Très varié. Ces questions ont
porté sur des jeux spécifiques (belote, football) ou des catégories de jeux
(jeu de découverte, compétition, etc.) afin d'identifier les différentes
motivations explicites. Par exemple :
– Êtes-vous attiré par le football ?
– Vous êtes attiré par les cartes à gratter (Banco, Morpions…) ?
– Êtes-vous attiré par les jeux où il y a de la compétition ?
– Êtes-vous attiré par les jeux où la découverte est la clé ?
– Êtes-vous attiré par les jeux où la chance est le seul facteur ?
Et les sujets devaient cocher une case parmi cinq choix : nondu tout, peu, ne
peut pas être dit, assez, beaucoup.
Les motivations des jeux (Lieury, Le Gall et Fenouillet, 1999, cit. Lieury et
Fenouillet, 2006)
Catégories deJeux Découverte Concurrence De l'argent
Question76 :terrain .68
Question61 :progression
intellectuelle .71
Question50 :Esprit de
compétition .83
Question.55 : .74
affrontement
Question14 :Gain .84
Les quatre grands circuits des émotions (d'après Panksepp, 1982)
Chaque système est génétiquement préprogrammé et répond à un nombre
réduit de déclencheurs naturels qui déclenchent des réactions instinctives
spécifiques.
Panksepp préfère parler de « désir » plutôt que de plaisir car il correspond à
ce que les physiologistes appellent les motivations appétitives, la recherche
de nourriture, d'un partenaire sexuel, etc. L'auteur rappelle qu'il y a plaisir
lorsque la peur ou la colère cesse et pour cette raison distingue entre plaisir
et désir ; mais cet argument est discutable et nous pouvonsdemandez s'il y a
un réel plaisir lorsque la douleur, la colère ou la peur s'arrêtent. On peut
donc penser en « trahissant » Panksepp, que d'une manière générale le désir
correspond chez l'homme aux besoins hédonistes des philosophes, la
recherche des plaisirs.
Le système de colère (rage, agressivité, etc.) a été le premiermier découvert.
L'ablation du cortex chez le chat (Magoun, 1954, cit. Magoun, 1960), du
bulbe olfactif chez le rat ou la stimulation électrique de certaines régions du
système limbique déclenchent chez l'animal un état de colère d'une violence
intense, appelées rage, qui se traduit par la mort de congénères à proximité,
sont les fameux rats « tueurs » (Karli, 1971). A l'état normal, les
instigateurs naturels sont l'irritation (blessure, douleur) et la frustration. Les
réactions correspondantes sont l'attaque et la lutte avec notamment chez
l'animal des morsures. Le cortex, comme certains stimuli (olfactifs chez le
rat, certainement visuels chez l'homme) modulent et inhibent les réactions
de rage paroxystique pour produire de la colère ou ce qu'on appelle
l'agressivité.
Conclusion
Le cortex, siège de l'apprentissage social et de la moralité, est désinhibé par
certaines substances, comme l'alcool. D'autre part, la personnalité
individuelle est minimisée, voire abolie dans un groupe. Cet ajout de
mécanismes de désinhibition explique pourquoi la violence
Peut apparaître autrement bien
« Bien rangé » comme les supporters de matchs ou en temps de guerre…
84. De quoi avez-vous peur ou pleurez-vous ?
Neurobiologie et
biochimie des émotions...
Le système de contrôle de la peur (anxiété, anxiété, etc.) peut également
être déclenché par une stimulation intracérébrale et faire naître la peur d'une
souris chez un chat. Les instigateurs naturels semblent être la douleur et le
danger de destruction. Les réactions déclenchées sont soit la fuite lorsque
cela est possible, soit l'immobilité ; on connaît les diverses expressions
utilisées pour désigner cet état chez l'homme, jambes de coton ou jambes
bancales. Le but biologique du vol est évident, il permet à un prédateur de
s'échapper, mais on peut se demander quel est le but de l'immobilité
(l'autruche politique). Mais oui, l'immobilité peut sauver la vie et si vous
êtes fan de documentaires animaliers, vous savez que beaucoup d'animaux
ont des couleurs qui leur permettent de se fondre dans leur environnement,
c'est le mécanisme de l'homochromie (même couleur). Par exemple,
certains papillons ou chenilles se confondent avec l'écorce des arbres,
l'herbe ou le sable ; les plus impressionnants de ces stratèges de l'immobilité
sont le phasme, qui ressemble à une brindille, ou le caméléon qui prend les
couleurs de son support. Ces réactions sont sans doute l'origine lointaine du
fait de se cacher quand on a peur, de « se faire tout petit »… Les études
psychologiques ont toujours montré que la peur est une émotion très forte.
Les plus impressionnants de ces stratèges de l'immobilité sont le phasme,
qui ressemble à une brindille, ou le caméléon qui prend les couleurs de son
support. Ces réactions sont sans doute l'origine lointaine du fait de se cacher
quand on a peur, de « se faire tout petit »… Les études psychologiques ont
toujours montré que la peur est une émotion très forte. Le plus
impressionnant de ces stratèges de l'immobilité est le phasme, qui ressemble
à une brindille, ou le caméléon qui prend les couleurs de son support. Ces
réactions sont sans doute l'origine lointaine du fait de se cacher quand on a
peur, de « se faire tout petit »… Les études psychologiques ont toujours
montré que la peur est une émotion très forte. (plus fort que le désir). Ceci
est probablement dû à la sélection naturelle : un animal qui n'est pas timide
a toutes les chances d'être mangé et n'a pas le temps de transmettre ses
gènes. C'est sans doute pour cette raison que la peur, ou sa forme la plus
chronique chez l'homme, l'angoisse, l'anxiété, est certainement un système
très puissant et générateur de nombreux troubles comportementaux ou
mentaux ; selon les psychologues cliniciens, indépendamment de l'école ou
de la théorie, l'anxiété semble être le dénominateur commun de la maladie
mentale. un animal qui n'est pas timide a toutes les chances d'être mangé et
n'a pas le temps de transmettre ses gènes. C'est sans doute pour cette raison
que la peur, ou sa forme la plus chronique chez l'homme, l'angoisse,
l'anxiété, est certainement un système très puissant et générateur de
nombreux troubles comportementaux ou mentaux ; selon les psychologues
cliniciens, indépendamment de l'école ou de la théorie, l'anxiété semble être
le dénominateur commun de la maladie mentale. un animal qui n'est pas
timide a toutes les chances d'être mangé et n'a pas le temps de transmettre
ses gènes. C'est sans doute pour cette raison que la peur, ou sa forme la plus
chronique chez l'homme, l'angoisse, l'anxiété, est certainement un système
très puissant et générateur de nombreux troubles comportementaux ou
mentaux ; selon les psychologues cliniciens, indépendamment de l'école ou
de la théorie, l'anxiété semble être le dénominateur commun de la maladie
mentale.
Enfin, le quatrième circuit est le système de détresse (tristesse) et est plus
observé chez les singes et les humains. Le bon fonctionnement de ce
système correspond à des activités sociales, dont le fameux toilettage chez
les singes (toiletter les uns les autres) et le contact chez l'homme, des
poignées de main ou des tapes sur l'épaule aux caresses d'amour..
Biochimiquement, diverses hormones issues de l'hypophyse se propager
dans tout le cerveau et créer divers états émotionnels ; par exemple, la
vasopressine pourrait être l'hormone du désir sexuel (chez les mâles castrés,
les moitiés de la vasopressine dans le cerveau) tandis que l'ocytocine serait
l'hormone de l'instinct maternel (et du comportement nourricier chez les
mâles) et du plaisir sexuel.
A l'inverse, la détresse sociale est causée par le manque de contact social
(chaud et doux) et déclenche des pleurs,plaintes, panique et, chez l'homme,
angoisse existentielle. Ce système correspond également à des sites nerveux
car la stimulation intracérébrale chez le cobaye provoque des appels de
détresse. Panksepp, qui a travaillé avec des collègues sur ces émotions,
pense que
Conclusion
Ceci expliquerait la ressemblance comportementale entre dépendance
affective et dépendance aux opiacés, perte d'appétit, tristesse, bien connue à
chaque rentrée scolaire.
Cours de comportement des enfants à l'école et de comportement amoureux.
Comme le disait frère Laurent à Roméo, « l'amour des jeunes, en vérité,
n'est pas dans leur cœur mais dans leurs yeux… combien d'eau salée versée
en vain pour assaisonner l'amour qui ne le garde pas. goût ! » (Shakespeare,
Roméo et Juliette).
85. Vos émotions sont-elles instinctives ?
Modèles sociaux
de réponses
Mis à part les modèles de réponse génétiquement programmés (par
exemple, le bruit de la peur), l'apprentissage, au sein de la famille ou à
l'école, fournit ce que la psychologie sociale appelle des modèles de
réponse.
Une expérience célèbre a bien montré le rôle initiateur de ces
Des « modèles » cognitifs de réponse grâce aux complices (Schachter et
Singer, 1962). Les sujets reçoivent une injectionmontée d'adrénaline mais
sont placés individuellement entre amis (personnes jouant un rôle selon les
instructions de l'expérimentateur). Les complices simulent soit la colère,
soit la gaieté. Les sujets, interrogés plus tard sur ce qu'ils ressentent,
attribuent leur état physiologique à l'atmosphère spécifique qu'ils viennent
de rencontrer : l'émotion qu'ils ressentent est en fait celle de leurs amis.
Bien que cette expérience soit limitée par les réactions physiologiques
qu'elles déclenchent (uniquement les effets du système nerveux
sympathique), les auteurs montrent ainsi l'importance des modèles cognitifs
qui modulent ou déterminent l'interprétation de ces réactions
physiologiques.
Conclusion
Le psychologue Lazare précise l'idée que la variété des sentiments apparaît
par diversification d'une émotion selon le contexte psychologique.
Premièrement, l'événement est ou n'est pas pertinent pour l'individu. Selon
les modèles appris, l'émotion est positive ou négative ; par exemple,
l'araignée est souvent un objet de répulsion mais elle représente une
attraction pour l'entomologiste.
Volume de 12l'hippocampe
(En ml) dix
8
6
4
2
0
0 dix 20 30 40
Mois de combat
Atrophie hippocampique en fonction du stress (mois de combat) (simplifié
selon Bremneret al., 1995)
Conclusion
Ces faits confirment l'observation populaire qu'un grand malheur rend
malade ou même cause la mort, par exemple la perte d'un conjoint. Des
études médicales ont ainsi produit une échelle de stress, dont voici quelques
exemples dans le tableau ci-dessous.
Exemples d'échelle de stress dans une enquête américaine (d'après Dixon,
1990)
Événement Placer dans
l'échelle
Décès du conjoint 1Dsquare
Divorcé 2ecarré
Maladie grave ou 7ecarré
accident
Perte d'emploi 9ecarré
Disputes avec un conjoint 16ecarré
Décès d'un ami proche 17ecarré
Départ d'un enfant 22ecarré
L'ennui avec un 26ecarré
superviseur au travail
Vacances 41esquare
On peut donc prévoir que le stress, au travail ou à l'école et même dans
certaines activités a priori « ludiques » comme le sport, peut être dangereux.
Plusieurs rapports montrent la face cachée de la compétition au travail ou
dans le sport où l'élitisme exacerbé entraîne une série de maladies, dont les
maladies cardiovasculaires. Comme le dit la chanson d'Henri Salvador, « le
travail c'est la santé, ne rien faire… c'est le garder… ! "
61. " Le
cœur a ses raisons que la raison ignore… " L'émotion et la raison
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Cette fameuse formule
de Pascal a donné l'impression de
Des générations où la raison et l'émotion étaient indépendantes et que l'idéal
de l'homme intelligent serait celui d'un individu froid, dépourvu d'émotions.
Mais l'observation de cas cliniques par les neurologues Antonio et Hanna
Damasio (Damasio, 1995) montre leur interaction, qui va dans le sens des
théories cognitives. Le point de départ de la théorie de Damasio est
l'observation d'un jeune homme "Elliot" qui, suite à une lésion du cortex
frontal, n'a ressenti aucune émotion, était froid et détaché même si on le lui
demandait. Affaires personnelles. Alors que son intelligence apparaissait
normale dans les tests et pleinement au courant de l'actualité, sa vie fut un
désastre, une faillite et un divorce, en raison de ses mauvais choix et de ses
réactions.
Cependant, cette observation clinique faisait penser à un cas célèbreen
neurologie, le cas de Phinéas Gage. Travaillant à la construction d'une ligne
de chemin de fer, une barre de mine de six pieds lui transperça le crâne en
1848. Il se remet de ce terrible accident, mais devient extrêmement grossier,
perdant tout sens moral. La reconstruction par imagerie cérébrale de son
cerveau, à partir de son crâne préservé, a révélé que la lésion occupait à peu
près la même région frontale que chez Elliot, la région ventrale et médiane
du cortex frontal.
Conclusion
Damasio conclut que cette zone du cortex frontal intègre des valeurs
émotionnelles à la connaissance et permet une prise de risque, une
responsabilité, ce qui est en phase avec le surmoi de Freud et les valeurs de
l'apprentissage social.
89. Bossy JF recherche JH timide… Qu'est-ce que la personnalité ?
Les cinq grands
facteurs de personnalité
La personnalité dans son acception la plus générale désigne l'ensemble de
toutes les caractéristiques de l'individu : sensorimotrices, par exemple,
aptitudes sportives ou artistiques ; cognitif : aptitudes ou intérêts
intellectuels ; émotionnel : tempérament anxieux (craineux) ou colérique…,
et enfin les attitudes et valeurs sociales qui dépendent de la société. Dans un
sens plus restrictif, la personnalité ne décrit que les aspects affectifs
(motivations et émotions) et sociaux, c'est le tempérament ou le caractère,
avec l'idée que les individus ont un comportement assez stable dans les
situations sociales.
Tenter d'expliquer la personnalité (ou le caractère) date de l'Antiquité.
Ainsi le personnage chez le médecin grec Hippocrate (Ve siècle av. J.-C.) et
repris par Galien (médecin grec du IIe siècle après J. nez) ou des mucosités
et de la bile atrabile ou noire. Ces quatre humeurs donnent aux personnages
sanguins, colériques, flegmatiques et mélancoliques, toujours présents dans
le vocabulaire, « être de mauvaise humeur », « avoir de la mauvaise humeur
», ou avoir de la mauvaise humeur.
"Biliousness"...
Gentil, méchant, gentil, froid, altruiste, têtu, bohème... Face à l'extrême
diversité des mots désignant le personnage, les chercheurs contemporains
procèdent comme dans un jeu de sept familles, et tentent de regrouper des
mots qui signifient la même chose, sympa, sympa... Technique-
Une analyse statistique largement utilisée est appelée analyse factorielle, et
les familles qu'elle identifie sont appelées fac-tors de la personnalité. Ce
courant est basé sur une méthode des années trente (Allport), fondée sur
l'idée que les multiples facettes de notre personnalité sont bien représentées
dans un vocabulaire construit au fil des siècles : gentil, sérieux, sentimental,
agressif… En supprimant les synonymes et instable ou des états vagues,
quelques centaines de mots sont retenus (environ quatre cents), à partir
desquels sont construits des questionnaires, par exemple :
– Je me réveille d'un rêve à l'autre (pour le trait « fantasme »);
– Parfois j'avais l'impression de venir d'ailleurs (dépression) ;
– Je suis une personne très sensible (sentimentale) ;
– Je suis quelqu'un d'ouvert (chaud).
Afin de se prémunir contre la subjectivité (et le manque de sincérité) des
sujets, les questionnaires sont également complétés par descamarades pour
vérifier si les individus répondent de manière suffisamment objective.
Dans cette recherche, dont les Américains Costa et Mc Crae ont été les
pionniers, cinq facteurs majeurs ont été retrouvés : l'extraversion ou le
bouillonnement (facteur I), agréable (facteur II), consciencieux (III), la
stabilité émotionnelle (IV) et l'ouverture d'esprit ( V). D'autre part (facteur
négatif), le facteur dénote le caractère opposé, par exemple le névrosisme
opposé à la stabilitéémotionnel, introversion opposé à l'extraversion. Voici
des exemples d'adjectifs de vocabulaire courants correspondant à ces
facteurs.
Le « jeu des sept familles » de la personnalité : les cinq principaux facteurs
de personnalité
Personnage Pôle positif Pôle négatif et les principaux adjectifs qui
leur correspondent (synthèse
Extraverti Extraverti Introverti
d'après John, 1990, cit.
Chaleureux Calmer
Huteau, 2006) (Johnson,
Social réserve
1994 ; Borkenau et
actif Ostendorf, 1989, cit. Lieury,
Bavard 2008)
Assuré
Agréable Agréable Désagréable
Amical Méfiant
Type Froid
Apprécié Hostile
Digne de confiance
Fidèle
Altruiste
Modeste
Tendre
Organisé Insouciant
Méticuleux Désordonné
Efficace Irresponsable
Compétent
Commandé
Conclusion
Comme dans les théories modernes de la personnalité, ces cinq grands
facteurs de personnalité sont conçus comme des dimensions avec un pôle
positif et un pôle négatif opposé, l'individu pouvant se situer plus ou moins
loin le long de cette dimension. Par exemple, le facteur IV est la stabilité
émotionnelle lorsqu'il est positif et correspond au névrosisme (=
émotionnellement instable et très anxieux) pour les individus qui ont un
caractère opposé (facteur IV-). Un individu peut ainsi être très anxieux,
moyennement anxieux ou très peu anxieux… Aux tests, il y a une note sur
dix. La plupart des gens sont notés 5/10, c'est-à-dire qu'ils sont modérément
stables et émotifs. Le facteur d'extraversion (ou bouillonnement) I avait déjà
été découvert par le psychiatre anglais Hans Eysenck, qui s'est inspiré d'un
psychanalyste,
Mais dans ces derniers, extravertis et introvertis correspondaient à des types
purs : l'extraverti typique étant sociable, insouciant, décomplexé, tandis que
l'introverti typique est calme, réservé et préfère l'intimité. De même,
Eysenck avait trouvé, dans ses analyses en milieu psychiatrique, un facteur
de névrosisme ou d'instabilité émotionnelle, très corrélé à l'anxiété, à
l'irritabilité, et à la tendance à avoir des symptômes somatiques. Un
mécanisme neurobiologique de ce trait psychologique pourrait bien être un
dysfonctionnement ou une insuffisance des mécanismes du
neurotransmetteur GABA (acide gamma-amino-butyrique) qui est très
abondant chez les vertébrés (45% des synapses du cerveau seraient de ce
type) car ce neurotransmetteur est un agent calmant naturel. De plus, les
tranquillisants ou les hypnotiques,
90. Sentimental, chaleureux, discipliné... Comment expliquer la variété
Facettes de la personnalité ? Les cinq principaux facteurs de
personnalité et leurs interactions
Historiquement, les littéraires comme les psychologues ont commencé par
décrire des types, c'est-à-dire des profils de personnalité très caractérisés,
l'avare chez Molière, le jaloux chez Shakespeare, le paranoïaque ou
l'hystérique du psychiatre ou du psychanalyste. Or, dans la recherche
contemporaine, il apparaît que les jaloux ou le parfait avare sont rares et
que les individus ont une pluralité de facettes, que l'on essaie de différencier
par l'analyse factorielle, du « jeu des sept familles » des chercheurs
(question précédente).
Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a que cinq composants majeurs de notre
personnalité que les personnages sont simples. Rappelez-vous (chap. «
Perception ») que nous voyons toutes les couleurs lorsque nous n'avons que
trois récepteurs, rouge, bleu et vert. Car certaines facettes de notre
personnalité correspondent parfois à des facteurs purs mais le plus souvent
à des combinaisons de facteurs. Par exemple, l'anxiété, tempérament très
fréquent dans la pathologie et les états limites, correspond au facteur pur car
elle est statistiquement fortement corrélée au facteur d'instabilité
émotionnelle (ou névrosisme). De même, esthète ou idéaliste correspond
purement au facteur d'ouverture (V). Mais d'autres traits de caractère
apparaissent comme des combinaisons : être chaleureux, tendre ou altruiste.
Une représentation schématique des cinq facteurs majeurs, sous forme
d'étoile, permet à la fois de représenter quelques facettes pures de la
personnalité et d'autres qui correspondent à un mélange de deux facteurs.
L'étoile extérieure (gris clair) représente le pôle positif des facteurs et
l'étoile intérieure (gris foncé) représente les pôles négatifs. La symbolique
du schéma en forme d'étoile est naturellement arbitraire, j'aurais pu choisir
le pentagone, mais n'est-ce pas une meilleure étoile pour prédire la
personnalité qu'un horoscope !
On imagine le nombre de combinaisons que ce modèle peut produire, ce
qui illustre l'extrême variété de notre personnalité. Ainsi, chaque trait de
caractère est noté de 1 à 10 dans les tests. Un tel artiste, par exemple,
pourrait être extraverti (7/10), mi-agréable (5/10), bohème (8/10), très
émotif (7/10) et très imaginatif (9/10). Un tel homme politique pourrait être
introverti (3/10 en extraversion), antipathique (2/10 pour le personnage
agréable), très ordonné (8/10), peu émotif (10/10) et peu ouvert (4/10) . 1.
Chaque ligne peut être graduée de 1 à 10, cela représente 100 000
combinaisons (10 10 10 10 10), bien plus que les horoscopes de
votre voyante préférée !
91. La graphologie est-elle un bon test de recrutement ?
La validité de la graphologie comme test de recrutement
Au pays de Proust et Colette, la graphologie est reine, un peu moins au pays
de la Bande Dessinée, comme au pays de
1. Comme on dit dans les films, toute ressemblance avec une personnalité
existante est purement fortuite...
Cinéma hollywoodien, la lecture de personnage par écrit n'est pas très
réussie.
Voici quelques exemples de pays utilisant la graphologie dans le
recrutement de personnel, selon une synthèse très documentée réalisée par
Michel Huteau, spécialiste français de la personnalité :
Pourcentage
Pays Taille de l'enquête utilisant la Usage de la
graphologie graphologie dans le
La France 42 grandes 93% monde : synthèse
entreprises (d'après diverses
et 60 armoires sources citées par
Suisse 800 responsables du 41 à 77% Huteau, 2004, p. 30-
personnel 33) Comme le note
Huteau (2004, p. 32),
la 64 entreprises et 25 36%
l'utilisation de la
Belgique entreprises
graphologie est
Israël Tous les responsables 25% entravée aux États-
du Unis en raison d'une
personneldu législation qui exige la
pays preuve de l'efficacité
Angleterre 158 entreprises 3% d'une méthode (ce
Hollande 744 entreprises 3% qu'on appelle « validité
Norvège 61 entreprises 3% empirique » en
États Unis enquête de 1980 2,8% psychométrie).
enquête de 1997 Rare Cependant, les
Allemagne 88 entreprises 2% recherches, depuis le
début du 20ème siècle,
se sont accumulées pour démontrer que la graphologie prédit à
Chance (corrélation de 0) adaptation au travail : voici une synthèse faite par
des chercheurs américains sur un grand nombre d'études. Aurait-on l'idée de
recruter un médecin sur la base de son écriture ?
Méthodes Corrélation
Échantillon de travail 0,38 à 0,54
Tests d'aptitude .53
Examen par les pairs et .43
supérieurs
Tests d'intelligence générale .25 à .45
Les références 0,17 à 0,26
Maintenance .14 à .23
Questionnaire de personnalité .15
Intérêts .dix
Auto-évaluation .15
Graphologie .00
Validité des méthodes de recrutement (adapté de Robertson et Smith, 1989,
cit. Huteau, 2004)
Notons au passage que les questionnaires de personnalité et d'intérêt ne
prédisent pas mieux (une corrélation inférieure à 0,25 est négligeable)
l'adéquation du profil d'une personne à un emploi. Essentiellement, les
compétences intellectuelles sont les meilleurs prédicteurs de la réussite
professionnelle. Peu importe qu'un architecte ou un ingénieur soit timide ou
extraverti, s'il est brillant dans son art. D'ailleurs, on est souvent déçu en
lisant les biographies de célébrités dont le caractère quotidien n'apparaît pas
à la hauteur de leurs productions artistiques !
92. Pouvez-vous lire votre personnage dans votre écriture ?
Corrélation entreécriture et personnalité
Dis-moi comment tu écris et je te dirai qui tu es ! L'écriture ne présage pas
du succès au travail, mais peut-être qu'écrire révélerait simplement le
caractère ? A l'image de l'analyse de Michel Huteau, les relations entre
graphisme et personnage ne sont pas établies scientifiquement par des
graphistes mais sont symboliques et analogiques. Huteau relève ainsi dans
le manuel de graphologie de Jacqueline Peugeot des analogies purement
intuitives entre la qualité perçue de l'écriture et le caractère.
Exemples de correspondances analogiques entre écriture etpersonnage
(d'après J. Peugeot, cit. Huteau, 2004, p. 117)
L'écriture Personnage
Écriture "Affectivité ouverte...
veloutée sensibilité"
Belle écriture « Discrétion… attitude
accueillante…avertir
... "
Ligne floue "Image d'une personnalité
incertaine"
L'écriture "Passion... excès..."
emportée
Etc.
Dans ce type de présentation, le caractère correspond sémantiquement au
qualificatif attribué à l'entrée. Si l'écriture est fine, la personne est discrète,
l'écriture s'emporte et le personnage l'est aussi... C'est un pur jeu de
synonymes.
Cependant, dès 1919, des recherches ont été menées pour examiner la
relation entre l'écriture et le caractère.
Dans l'étude de Hull et Montgomery (1919, cit. Huteau, 2004, p. 175), qui
selon Huteau a grandement contribué à discréditer la graphologie, une série
de traits de caractère est corrélée à dix aspects de l'écriture., la corrélation
moyenne est nulle. (- .16). Les mêmes résultats se sont accumulés dans
différentes recherches jusqu'à nos jours. Ainsi, dans une synthèse de Dean
ne retenant que les études satisfaisant à certains critères (calcul d'une
corrélation ; contenu neutre de la lettre), la corrélation moyenne sur onze
études est encore nulle (.08) (Dean, 1992, cit. Huteau, p. .183).
L'écriture n'indique rien de procédés supérieurs, ni intelligence, ni
caractère... Par la naïveté de ses principes, la graphologie ne fait que révéler
le manque de formation scientifique de ceux qui l'emploient. Huteau note
(p. 25) que la durée totale de la formation d'un graphologue est de 180
heures, contre environ 2 500 pour la formation de psychologue à l'université
(master professionnel = bac + 5).
93. Les signes du zodiaque peuvent-ils prédire votre caractère ?
Corrélations entre vrais jumeaux et jumeaux fraternels
Si, selon un sondage1, peu de personnes croient que les astres déterminent
notre avenir (29% des interrogés y croient contre 68% qui n'y croient pas),
en revanche, près de la moitié des interrogés (46%) pensent que les
caractères s'expliquent par les signes astrologiques (contre 49%), et 58%
pensent que l'astrologie est une science !
1. SOFRES pour Le Figaro-Magazine, 1993.
Quelles étoiles prédisent le personnage ? Très peu, puisque parmi les
milliards d'objets célestes, galaxies, quasars, nébuleuses, trous noirs, etc., ce
ne sont que les douze constellations du zodiaque (peut-être quelques
planètes et la lune chez les astrologues professionnels) qui influenceraient
le personnage. Pourquoi ces constellations et pourquoi pas la Grande Ourse,
la Petite Ourse, Cassiopée et le Dragon qui, dans notre hémisphère, sont
toujours au dessus de nos têtes quelle que soit la saison et l'heure ?
Les astronomes égyptiens avaient découvert l'écliptique, ou cercle
apparent de la course du soleil dans le ciel au cours de l'année. Douze
constellations se trouvent sur cette écliptique, les fameux signes du
zodiaque. D'ailleurs, les astronomes notent qu'il y en a en réalité treize, le
treizième étant Ophiucus, dont les astrologues ne tiennent toujours pas
compte (Broch, 2005). Les constellations du zodiaque sont situées à la
hauteur de l'équateur et par conséquent sont peu visibles dès que l'on
remonte vers le pôle Nord 1. Si le Scorpion est très visible dans les pays
méditerranéens (Mésopotamie, d'où viennent les astrologues , est l'Irak
actuel) comme en Grèce et bien visible dans le sud de la France, cette
constellation est quasiment invisible au dessus de la Loire tant qu'il y a des
immeubles ou des arbres à l'horizon.
De plus, ces formes approximatives (la Grande Ourse ressemble plus à
une casserole), n'existent que vues de la terre car les étoiles d'une
constellation sont parfois très éloignées les unes des autres. Donc pour
prendre l'exemple de la constellation du Scorpion, Alpha (Antarès) est à
520
1. Remerciements à Jean-Noël Conan, ancien navigateur et professeur de
navigation maritime pour son cours d'astronomie à l'Ecole marchande de
Saint-Malo.
Des années-lumière tandis que l'étoile Beta est à 600 années-lumière et
l'étoile Nu (= lettre grecque) est à 400 années-lumière. Par comparaison,
cent années-lumière, c'est dix millions de fois plus loin que la distance
Terre-Soleil. Vu d'un vaisseau spatial venant d'une autre direction, nos
constellations n'existeraient plus...
A ceux qui ne sont pas sensibles aux arguments astronomiquesc, la méthode
psychologique des jumeaux est plus spécifiqueque. Par définition, les
jumeaux sont des enfants nés à la même date, donc sous le même signe du
zodiaque, des jumeaux identiques (monozygotes : de « zygote » qui signifie
« œuf » en biologie) mais aussi des jumeaux fraternels (dizygotes). Et
pourtant les vrais jumeaux se ressemblent parfaitement biologiquement, très
fortement en termes d'intelligence, alors que les frères jumeaux ne se
ressemblent pas (en moyenne) plus que de simples frères et sœurs nés sous
des signes différents.
En termes de caractère, des études, portant parfois surdes milliers de paires
de jumeaux, ont établi la ressemblance (corrélations) des deux jumeaux
entre eux, pour les cinq facteurs majeurs du caractère.
Corrélations entre jumeaux identiques et fraternels pour les cinq
principaux facteurs de personnalité (selon Plominet al., 1990, cit. Huteau,
2006)
Jumeaux Jumeaux
monozygotes dizygotes
Extraversion .51 .18
Névrosisme .48 .20
Ouverture .51 .14
La .41 .23
conscience
Caractère .47 .11
agréable
Les résultats montrent que les jumeaux identiques se ressemblent
(environ 0,50) et que les jumeaux fraternels ne se ressemblent pas (les
corrélations inférieures à 0,25 sont négligeables). Bien que nés sous les
mêmes étoiles, les jumeaux fraternels n'ont pas du tout le même caractère
(en moyenne 1) !
Conclusion
Pour éviter que l'humanité ne retombe dans ces croyances, les astronomes
du XIXe siècle ont donné quelques noms d'objets aux constellations de
l'hémisphère sud, comme la croix austral, l'échelle, l'octant, la boussole…
C'était sans compter sur la force de irrationalité humaine; ainsi les natifs de
l'île de la Réunion (territoire français proche de Madagascar), qui sont nés
sous le Toucan ou la Croix-du-Sud, regarderont encore leur horoscope dans
les magazines de la métropole en fonction de leur date de naissance.
Naissance alors que les signes du zodiaque sont soit invisibles (hémisphère
nord) soit apparaissent avec un décalage de six mois (par exemple, si le
Scorpion apparaît en juillet dans l'hémisphère nord, il est invisible à cette
période dans l'hémisphère sud) tout comme c'est l'été à Noël.
En conclusion, sur le plan astronomique, rien ne permet d'établir une
quelconque relation entre les constellations du zodiaque et le personnage.
Ce ne sont pas les étoiles qui déterminent la personnalité, mais l'hérédité et
l'éducation.