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PSYCHOLIE
&
CERVEAU

Pour mieux comprendre comment ça


marche : vraie discussion sur la mémoire,
le QI et les émotions

 
 
SAMUEL MENZIE
TABLE DES MATIÈRES
Langage et intelligence

1. Qu'est-ce que l'intelligence ? La multiplicité des aptitudes intellectuelles

2. .Le langage est-il l'apanage de l'homme ? Apprentissage des langues chez les
anthropoïdes

3. Combien de mots connaissons-nous ?


4. TV, restaurant, vélo… Pourquoi raccourcissons-nous les mots ? La loi du moindre
effort

5. Comment la langue peut-elle se perdre ?

6. Les forts en thème zéro dans le sport ?

7. Votre intelligence se lit-elle dans votre écriture ? Graphologie et intelligence

8. D'où vient l'expression « Avoir un talent pour les maths » ?

9. Pourquoi les tests d'intelligence ont-ils été inventés ? Mesure de l'intelligence et tests
psychométriques

dix. Qu'est-ce que le QI ?

11. Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils plus bêtes… ou plus intelligents ? L'effet Flynn

12. Que sont lesessais de magazines ?

13. Sommes-nous vraiment logiques ?

14. Votre enfant est doué ? … Et faut-il le mettre à part ?

15. Mon poisson rouge est-il intelligent ?

16. L'intelligence est-elle héréditaire ?

17. Les jumeaux ont-ils la même intelligence ?

18. Où est le gène de l'intelligence ?

19. L'homme préhistorique était-il intelligent ?

20. Doit-on faire faire de la gymnastique au cerveau ?

21. Stimulez vos neurones… oui, mais comment ?

22. Votre enfant doit-il plutôt lire ou regarder la télévision ?

23. Le contenu de votre assiette fera-t-il de vous un prix Nobel ?


Mémoire

24. " Souvenirs souvenirs… "


25. Pourquoi se souvient-on mieux des souvenirs liés aux émotions ?

26. Vos souvenirs sont-ils toujours vrais ?

27. Votre corps a-t-il une mémoire ?

28. Pourquoi le cyclisme n'est-il jamais oublié ?

29. La mémoire de votre enfant

30. C'est mieux que le tien ?

31. Pourquoi l'alcool et le tabac sont-ils mauvais pour la mémoire ?

32. Alcool, tabac, drogues… Pourquoi notre psychisme est-il si dépendant de certaines
substances ?

33. « Moi, je suis un visuel ! "

34. Mince ! Comment s'appelle-t-il déjà ?

35. " sur le bout de la langue "…

36. Pourquoi apprend-on mieux en lisant qu'en écoutant ?

37. Pourquoi la répétition est-elle fondamentale… alors qu'elle est considérée comme «
stupide » au pays de Descartes ?

38. Pourquoi est-il bon de vocaliser en apprenant... bien que

39. Pourquoi ne pasne doit-on jamais remettre au lendemain ce que l'on peut faire le
jour même ?

40. Votre mémoire est-elle rangée ?

41. "Je mange avec une fourchette..." !

42. Comment expliquer l'oubli ?

43. Est-ce qu'on divague vraiment avec l'âge ?

44. Quel est le secret


la perception
45. "Ça te démange

46. Pourquoi les milliardaires peuvent-ils perdre un million au jeu ?

47. Pourquoi la nourriture est-elle insipide quand on a un rhume ?

48. Pourquoi mon chien a-t-il un meilleur odorat que moi ?

49. Le parfum qui vous fait tomber amoureux existe-t-il ?

50. Pourquoi certains sons

51. Et d'autres totalement discordants ?

52. Pourquoi la musique donne-t-elle envie de danser ?

53. Pourquoi est-il dangereux d'écouter de la musique à fond ?

54. Pourquoi avons-nous le vertige ?

55. Qu'est-ce que la lumière ?

56. Savez-vous qu'il faut voir à l'envers ?

57. Pourquoi voit-on la vie en rose ?

58. Les yeux : deux caméras de 130 millions de pixels !

59. Pourquoi votre enfant a-t-il tant de mal à trouver des œufs de Pâques ?

60. Pourquoi lire

61. Où est passée... la 25ème image ?

62. Un ticket pour l'espace ?

63. La télépathie, télékinésie ... Avez-vous des pouvoirs paranormaux ?


Le temps de la conscience

64. D'où vient le décalage horaire ?

65. Savez-vous que le sommeil comporte plusieurs phases ?

66. Est-il vrai qu'on apprend mieux en dormant ?


67. Vive la sieste ! Sommes-nous aussi vigilants toute la journée ?

68. Pourquoi conduire

69. Et l'alcool ne fait-il pas bon ménage ?

70. Comment pouvons-nous y arriver

71. Où est ton subconscient ?

72. « L'œil était dans la tombe… » Qu'est-ce que la conscience ?


Motivations, émotionset personnalité

73. Faim, soif, attirance sexuelle… d'où viennent vos instincts ?

74. Comment expliquer le mystère des migrations d'oiseaux ?

75. Qu'est-ce qui déclenche vos motivations ?

76. Savez-vous que vous avez un troisième œil ?

77. Pourquoi les vendeurs de certains magasins se précipitent-ils pour vous aider (et pas
dans d'autres) ?

78. "Enervé, coincé, frustré, dégoûté ?" "

79. Pourquoi voulons-nous toujours plus ?

80. Le dicton « le ventre vide n'a pas d'oreille » est-il correct ?

81. Pourquoi ressentez-vous des émotions ?

82. Saviez-vous qu'un cerveau rit et l'autre pleure ?

83. Qu'est-ce qui te rend heureux ou « salope » ?

84. De quoi avez-vous peur ou pleurez-vous ?

85. Vos émotions sont-elles instinctives ?

86. Qui déclenche l'autre :

87. Sentiment ou réaction physiologique ?

88. Est-il vrai qu'un grand malheur peut vous rendre malade ?
89. Bossy JF recherche JH timide… Qu'est-ce que la personnalité ?

90. Sentimental, chaleureux, discipliné... Comment expliquer la variété

91. La graphologie est-elle un bon test de recrutement ?

92. Pouvez-vous lire votre personnage dans votre écriture ?

93. Les signes du zodiaque peuvent-ils prédire votre caractère ?


 
 
 
 

Langage et intelligence
 
1.           Qu'est-ce que l'intelligence ? La multiplicité des aptitudes intellectuelles
 
« Mon chien est intelligent… il m'a ramené mon journal dans sa bouche » ;
mais si je ramène mon magazine préféré entre mes dents, elle me dira que je
suis stupide. Alors ! Qu'est-ce donc que ce terme d'intelligence qui n'a pas
le même sens selon qu'il s'applique aux animaux ou aux humains ? De
même avec les humains, il ne nous viendrait pas à l'esprit de douter de
l'intelligence d'un écrivain qui a remporté un prix littéraire, même s'il est
nul en mathématiques ou de penser que les élèves (j'en connais) ne sont pas
intelligents car ils font beaucoup de fautes d'orthographe alors qu'ils sont
par ailleurs très bons.Qu'est-ce donc que cette intelligence insaisissable ?
Quand il s'agit de mémoire ou de langage, de vision des couleurs ou
d'émotions, à peu près tout le monde voit ce que c'est et les spécialistes
n'ont pas beaucoup de dilemme sur les définitions générales. Mais ce n'est
pas le cas du mot intelligence qui a plusieurs sens. Parmi les philosophes,
par exemple, l'intelligence était appelée pensée et était souvent considérée
comme un langage intérieur. Certains esprits religieux croyaient aussi que le
langage était caractéristique de l'âme humaine. Cela posait un sérieux
problème d'assis- miler langage à l'âme humaine à cause des sourds-muets.
Ainsi, un jeune garçon, Victor de l'Aveyron, découvert dans les bois au
temps de Napoléon, posa des problèmes philosophiques aux savants et
philosophes de cette époque, car il ne parlait pas.
Cette imprécision du terme intelligence a conduit les scientifiques, depuis
la fin du XIXe siècle, à s'orienter vers des voies de recherche parfois très
divergentes. Résumant un siècle de recherche, nous pouvons dire
aujourd'hui que l'intelligence est utilisée (par les scientifiques) dans trois
sens principaux. Le sens le plus commun est le sens des capacités mentales
générales. Ces capacités sont très étendues ; elles couvrent notamment le
langage, mais aussi le raisonnement, la perception, la mémoire et les
habiletés sensorielles et motrices. C'est d'ailleurs cette définition qui est
utilisée dans les tests les plus courants et un jeune enfant sera considéré
comme normalement intelligent s'il est capable de tracer un cercle ou de
dire son prénom, alors qu'il n'y a pas tant de lien entre ces différentes
aptitudes. C'est dans ce sens général que le terme intelligence est utilisé à
travers les espèces animales. Si on dit qu'une fourmi est intelligente, c'est
parce que, en comparaison avec d'autres insectes, papillon ou coccinelle,
l'organisation sociale et professionnelle de la fourmi est étonnante. De
même, si l'abeille est considérée comme intelligente, c'est parce qu'elle est
capable d'un langage primitif qui permet d'indiquer aux autres la direction
par rapport au soleil et la distance au butin à récolter dans les fleurs.
Le second sens a été principalement découvert par les psychologues, bien
que déjà anticipé par certains scientifiques des siècles passés comme
Descartes, c'est le sens du raisonnement. Être intelligent, c'est avoir la
capacité de raisonner, c'est-à-dire d'arriver à un but basé sur des éléments
primaires. Un cas concret est la résolution de problèmes. Attention, vous
pourriez penser aux maths
 
En pensant problème alors que pour le psychologue, le terme de « problème
» est très général ; le plombier résout un problème quand il répare une fuite,
l'organisation d'un mariage est un problème (et les mariages de forts en
mathématiques ne sont pas forcément les plus réussis…), utiliser une
machine à coudre en est une autre. De plus, ne pensez pas nécessairement à
quelque chose d'ennuyeux lorsque vous parlez de problème car beaucoup de
jeux, du puzzle chinois aux échecs, et maintenant les jeux vidéo sont des
problèmes.
Enfin, il y a un troisième sens du mot intelligence, et c'est la culture. Être
intelligent, c'est être cultivé. La culture, c'est la langue (en particulier la
richesse du vocabulaire) et l'ensemble des connaissances. La culture n'est
pas héréditaire et est basée sur la mémoire et l'apprentissage. Pour une
théorie américaine, le behaviorisme (de behavior = "behavior"),
prédominant des années 1920 aux années 1960, tout s'apprend. Le mot «
intelligence » avait d'ailleurs été banni car il évoquait une capacité innée et
il avait été remplacé par le terme
" résolution de problèmes ". Et vous ne résolvez pas un problème avec un
éclair de génie, vous apprenez à le résoudre. Le menuisier ne réussit pas du
jour au lendemain un cadre complexe, tout comme une couturière ne réussit
pas du premier coup des costumes élégants. Cette idée que l'intelligence
résulte d'un apprentissage complexe revient à la mode en prenant le modèle
de l'ordinateur avec l'idée que l'intelligence est en grande partie… de la
mémoire !
 
Le paradoxe de l'intelligence a été largement résolu lorsque, vers 1900, le
psychologue anglais Charles Spearman a trouvé une analyse mathématique
qui a permis d'analyser l'intelligence en plusieurs «  compétences  » ou
« facteurs ». L'un de ses plus brillants successeurs, le chercheur américain
 
Thurstone a identifié cinq capacités principales (mais il y en a d'autres) et a
fabriqué de nombreux tests pour les différencier. Sans aucun ordre de
prééminence (puisque tous sont « égaux » dans cette conception de
l'intelligence), la capacité verbale est un facteur de sens verbal et
correspond à des tests de compréhension d'idées exprimées par des mots.
Les compétences spatiales consistent à visualiser des objets en deux ou trois
dimensions. On retrouve également une aptitude au raisonnement,
correspondant à l'aptitude à résoudre des problèmes.problèmes logiques,
faire des prévisions, un plan. Les compétences numériques caractérisent le
bon maniement des nombres et la résolution de problèmes quantitatifs que
l'on trouve typiquement chez les mathématiciens. Et enfin la fluidité verbale
correspond à la rapidité et à l'aisance dans le maniement des mots (un
individu intelligent peut être éloquent ou pas du tout…).
 
Corrélations entre les cinq compétences principales de Thurstone et les
différentes activités
(selon le manuel de test PMA de Thurstone)
 
  Compétences
V S R NE W
PAS
Tests
scolaires

Problèmes .53 .40 .50 .47 .26


d'arithmétique
Textes littéraires .65 .16 .37 .09 .16
Sciences .60 .23 .35 .13 .13
naturelles
sensorimoteurs

Essai dans .28 .51 .36 .05 .08


l'espace
Tests

Assemblées .dix .13 .16 .dix .13


           
Placer les .09 .09 .06 .dix .dix
goujons
Pour plus de clarté, les corrélations supérieures à 0,25 sont en gras. (V =
verbal ; S = spatial ; R = raisonnement ; N = numérique ; W = aisance
verbale)
 
Les études menées pour la construction du test de Thurstone ont montré que
le facteur verbal (compréhension) et le facteur raisonnement sont les
compétences qui prédisent le mieux laréussite à divers tests scolaires,
vocabulaire, problèmes de calcul, textes littéraires ou notes en sciences
naturelles et sociales.
Le facteur numérique et le facteur spatial semblent très spécifiques, le
facteur numérique n'étant corrélé qu'aux problèmes arithmétiques et le
facteur spatial aux preuves.spatial (type de conception industrielle). A
l'inverse, on constate que divers tests sensorimoteurs, assemblage,
placement rapide de chevilles dans des trous, comparaison d'outils, sont
décorrélés ou faiblement de ces cinq grandes compétences.
 
Conclusion
Cette conception d'une intelligence recouvrant des réalités différentes a été
poussée à l'extrême dans la théorie des
« Intelligences multiples » de Howard Garner (1993) en proposant sept
formes d'intelligence, linguistique, logico-mathématique, spatiale, musicale,
kinesthésique (danseurs et athlètes), interpersonnelle (sens des relations
sociales) et intrapersonnelle (représentation de soi). Mais cette conception
est une telle extension du concept d'intelligence qu'elle devient synonyme
de toute compétence. Si on dit qu'un athlète est intelligent parce qu'il court
vite ou qu'il est rapide au ping-pong, qu'en est-il du guépard ou de l'aigle ?
Mieux vaut restreindre l'intelligence à des formes de pensée abstraites
comme l'ont montré les recherches en psychologie tout en valorisant les
compétences sensorimotrices et d'autres aspects de la personnalité.
 
2.           .Le langage est-il l'apanage de l'homme ? Apprentissage des langues chez les anthropoïdes
L'évêque de Cantorbéry aurait dit en voyant le premier orang-outan au zoo
de Londres : "tout ce dont il a besoin, c'est de la parole pour que je le
baptise". Le langage a toujours été considéré en effet comme l'ultime
frontière entre l'animal et l'homme ; et encore ...
 
La démonstration de l'acquisition d'une langue réelle revient à Allen et
Beatrice Gardner (1969) (suivis par d'autres, Ann et David Premack (1972)
etc.). Leur idée géniale était de penser que l'incapacité d'apprendre une
langue chez le chimpanzé vient peut-être d'une limite des organes
articulatoires (ce qui a été confirmé plus tard, leur larynx ne permettant pas
la variété de nos sons) et non d'une limite intellectuelle. Maintenant, le
chimpanzé est très habile de ses mains. Jane Goodal (Lawick-Goodal,
1970) qui vivait parmi les chimpanzés dans la forêt, par exemple, les a vus
attraper des termites en plongeant une tige d'herbe dans les trous d'une
termitière. Allen et Beatrice Gardner ont donc eu l'idée d'utiliser une langue
sourde aux États-Unis, l'American Sign Language (ameslan).
L'expérience a commencé sur le campus de l'Université du Nevada en juin
1966 avec une jeune femelle chimpanzé d'environ 10 mois (le chimpanzé
est adulte vers 14 ans et peut vivre, en captivité, jusqu'à 40 ans) qu'ils ont
appelé
"Washoe" du nom d'un comté du Nevada. Washoe est constamment entouré
de compagnons humains qui connaissent et prennent soin d'Ameslan, jouent
et lui montrent de l'affection. Dans ces conditions, elle imite facilement ses
modèles humains (d'autres expérimentateurs ayant élevé
 
un chimpanzé en milieu humain, Yerkes ou les Hayes, a noté une très
grande capacité d'imitation à condition que les stimuli soient visuels) : elle
se brosse les dents.dents tous les jours, jouerpoupée dès le deuxième mois
de l'expérience, et le dixième mois, Washoe lave une de ses poupées
exactement comme on la lave dans un bain, en la séchant avec une serviette
et en la savonnant parfois… Le développement de son langage est assez
rapide : 4 signes apparaissent au cours des sept premiers mois, 9 nouveaux
signes au cours des sept mois suivants, et à nouveau 21 au cours des sept
autres mois. A l'âge de 4 ans et demi, Washoe acquiert un vocabulaire de
112 signes, désignant les actions "venir", "aller".
" manger " ; objets « brosse à dents », « fleur » et personnes, elle-même et
ses compagnons ; elle s'est même montrée capable de faire des "phrases"
combinant deuxpanneaux "play-ball" ...
 
Conclusion
D'autres expériences ont confirmé que les anthropoïdes, les chimpanzés, les
gorilles, sont capables d'apprendre une langue avec divers signes, formes
plastiques, etc. La performance de Washoe a même été largement dépassée
par un singe d'une espèce récemment découverte, le bonobo. Ressemblant à
un chimpanzé nain, certains le trouvent encore plus près de nous car il se
tient naturellement debout. Son squelette ressemble beaucoup à celui de
l'Australophitecus, l'homme le plus âgé (3 millions d'années).
Des recherches approfondies ont été entreprises au Language Center de
l'Université d'Atlanta en Géorgie par Sue Savage-Rumbaugh (1993) et
montrent les capacités étonnantes d'un bonobo appelé Kanzi et élevé dès
son plus jeune âge. L'équipe avait construit un lexigramme d'environ 250
symboles visuels pour étudier le langage des primates. Comme les primates
ne peuvent pas parler, le lexigramme est une tablette informatique
permettant de synthétiser la parole
 
en appuyant sur un signe (cet appareil est utilisé pour certains handicapés
cérébraux). L'apprentissage systématique lui permet d'associer des mots
entendus à des photos d'objets ou de personnes. Kanzi est ainsi capable de
comprendre mille mots : objets, clé, porte ; fruit, banane, pomme;
nourriture, jus, bonbons; les gens, Sue et le reste de l'équipe, sa famille;
autres animaux, mulots, serpents, etc.
Spontanément, il est ainsi capable de comprendre des phrases en faisant
l'action correspondante, laver une pomme de terre, allumer un feu avec un
briquet, et inversement s'exprimer grâce au lexigramme. Il est capable
d'effectuer des actions correspondant à six cents phrases (donc
probablement plus), comme mettre une clé dans le réfrigérateur, dénouer les
lacets et enlever la chaussure.
 
 
3.           Combien de mots connaissons-nous ?
Intelligence et vocabulaire
 
Si nos cousins ​les grands singes savent parler, le langage humain est
tellement énorme qu'il défie toute mesure. Il ne s'agit plus de cent ou mille
mots comme chez le chimpanzé mais de dizaines de milliers. Comment
faire ?
L'inventaire le plus complet a probablement été fait par les Américains
William Nagy et Richard Anderson (1984) à partir d'une collection
informatique de plus de cinq millions de mots provenant d'un millier de
textes, d'écoles, de magazines, etc., allant du CE1 environ (3e année) au fin
du collège (9e année aux États-Unis) (Carroll, Davies et Richman, 1971;
cit. Nagy et Anderson). Les auteurs ont analysé en détail les occurrences
d'un échantillon de sept mille deux cent soixante mots afin d'éliminer les
 
mots répétés (mêmes sens mais orthographe ou syntaxe différente comme
«  Maison, MAISON  »  ; soulever ou soulever). Ils identifient ainsi des
familles sémantiques de mots dérivés et, transférant leur estimation à
l'ensemble du corpus, ils estiment à 88 500 mots distincts présents dans les
livres à tous les niveaux (de la maternelle à l'adulte).
Mais combien de ces mots sont acquis, notamment par rapport aux niveaux
scolaires ? La recherche la plus complète est celle du laboratoire de
psychologie de Poitiers (Ehrlich, Bramaud du Boucheron et Florin, 1978 ;
Florin, 1993). Compte tenu de l'énormité du vocabulaire de référence, une
premièreétape consistait à constituer un échantillon de référence extrait d'un
dictionnaire selon différents critères, notamment en retenant les mots
représentatifs de chaque grande catégorie sémantique. Dans un deuxième
temps, les mots sont répartis aléatoirement dans des listes afin que les
élèves estiment le niveau de connaissance. Les mots connus estimés ne sont
retenus qu'à titre d'échantillon de référence et correspondent à un total de 13
500 mots.
Ce nombre étant encore trop élevé, un extrait représentatif de 2 700 mots
est composé et soumis aux enfants pour un test de définition et un jugement
sur une échelle en cinq points, de « je ne l'ai jamais entendu » à « je l'ai ». le
connaissent très bien et l'utilisent très souvent ». Les enfants travaillent par
écrit, à raison de plusieurs séances de vingt-cinq minutes parsemaine, inclus
dans le travail en classe. Chacun juge trente mots et en définit six.
L'ensemble des deux mille sept cents mots a été divisé en différentes listes
afin que chaque enfant traite environ quatre cent cinquante mots pour le
jugement et quatre-vingt-dix pour la définition. Au total, 2500 enfants, du
CE1 au CM2, ont contribué à l'expérience, issus de cent quinze classes du
primaire. Le pourcentage de réponses, ramené à l'échantillon de référence
(13 500 mots), permet d'estimer que les mots « moyennement connus » par
les étudiants seraient
 
environ trois mille en CE1 et six mille en CM2, soit un totalneuf mille pour
tout le cycle primaire.
 
Conclusion
Nos études (Lieury et al, cf. Lieury, 1997) au collège, indiquent
l'acquisition, en plus de ce vocabulaire du primaire, de 2 500 mots
nouveaux en sixième à 17 000 en troisième. Si on ajoute les 9 000 mots de
primaire à ces estimations, on se retrouve avec 26 000 en troisième, ce qui
représente un doublement du vocabulaire tous les deux ans.
Ces estimations correspondent à des sens différents (mémoire
sémantique) mais si l'on prend en compte, comme certains auteurs, les
dérivées lexicales (être, am, sommes, été, être, etc.), le vocabulaire couvre
des dizaines de milliers. L'adulte cultivé aurait donc un immense
vocabulaire de plusieurs dizaines de milliers de mots, ce qui est infiniment
plus complexe que les règles syntaxiques qui seraient de l'ordre de trois
cents. C'est pour cette raison que l'étendue du vocabulaire semble être l'un
des meilleurs tests d'intelligence. Il peut représenter la capacité de notre
"disque dur" personnel...
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
4.           TV, restaurant, vélo… Pourquoi raccourcissons-nous les mots ? La loi du moindre effort
 
Les meilleures blagues sont les plus courtes, donc les mots les plus
fréquents sont les plus courts.
George Zipf s'est spécialisé dans l'étude des statistiques linguistiques, au
niveau des mots, des lettres, des phonèmes (1974). Un résultat très général
est la découverte d'une relation inverseentre la fréquence et la longueur.
Zipf cite par exemple un décompte de Kaeding sur un total de onze millions
de mots de textes en allemand qui montre qu'un mot sur deux est un mot
d'une syllabe (et, ou...) alors qu'il y a moins de 5 % de mots plus longs que
quatre syllabes.
Relation inverse entre la fréquence et la longueur du mot
(Kaeding, cité par Zipf, 1974)
 
Nombre de La fréquence
syllabesdans (=%
le mot d'occurrence)
1 50%
2 29%
3 13%
4 6%
5 2%
6 0,5%
De même, dans les études de fréquence des mots dans la langue française
parlée, on constate également que les mots les plus fréquents sont très
courts. Ainsi, le verbe auxiliaire
« Être » est souvent monosyllabique, dans sa forme conjuguée « est » ; et il
est difficilement possible de l'avoir plus court que le verbe "avoir" dans sa
forme conjuguée la plus fréquente
" À " ; de même, les autres mots les plus fréquents sont des mots de liaison
très courts, "le, de, il, et", ou le célèbre
« Nous » détestions les professeurs de littérature. Ce phénomène, appelée
loi de Zipf, s'appelait à elle seule « la loi du moindre effort » et correspond
à une recherche de moindre surcharge de mémoire et d'attention.
 
Conclusion
Cette loi du moindre effort s'observe aussi dans le phénomène très courant
de raccourcir des mots longs très courants : on regarde "la télé", on va à
"Restaurant", les sportifs font du "vélo" et pour le loisir on va au "cinéma".
Les étudiants ne sont bien sûr pas en reste et se rendent au « RU » (cantine
universitaire), à ​la
« Bibli » et nous disons toujours « université » bien que le terme officiel
soit « université » depuis de nombreuses années. Le phénomène est bien sûr
international et les Américains font même des raccourcis plus marquants,
"LA" pour "Los Angeles", et tout le monde connaît le fameux "JR" de la
série télévisée Dallas... Avec le téléphone portable, son petit écran et le
difficulté Le SMS (Short Message System) a été inventé, qui consiste à
taper les premières lettres et la bibliothèque de mots sur l'ordinateur du
téléphone est remplie des mots les plus fréquents (ou les plus récemment
utilisés). Les mots deviennent plus courts que courts...
 
 
5.           Comment la langue peut-elle se perdre ?
Spécialisation langue, image et hémisphérique
 
Le cerveau est constitué de deux hémisphères cérébraux reliés entre eux par
d'énormes réseaux de « câbles », le corps calleux, les commissures
antérieure et postérieure et le chiasma (pour les parties les plus visibles
anatomiquement ; Sperry, 1964). Le câblage des voies nerveuses est unique
aux voies controlatérales.
(Aller dans l'hémisphère opposé) sont dominants sur les voies ipsilatérales
(en restant du même côté) donc tout est inversé : ce qui est présenté dans le
champ visuel droit est traité par l'hémisphère gauche qui contrôle également
les membres droits. A l'inverse, l'hémisphère droit gère tout ce qui se passe
à gauche. Pour la majorité des gens, les droitiers, l'hémisphère gauche est
dominant, ce qui se traduit par une meilleure habileté de la main droite et
aussi que le langage articulé est commandé dans cet hémisphère gauche.
Dès le XIXe siècle, le neurologue Pierre-Paul Broca démontra, par
l'autopsie d'un patient qui ne pouvait pas parler, que le centre du langage
articulé se trouvait dans cet hémisphère gauche ; Il a appelé
« Aphasie » cette incapacité à parler suite à une telle lésion (1865).
 
 
 
Les idéogrammes asiatiques présentent une alternative au cas oùatteinte
neurologique de l'hémisphère gauche. Ainsi, les japonais ont deux systèmes
linguistiques, le kanji et le kana : la langue kanji ou idéographique est basée
sur un grand nombre de caractères, au moins mille huit cents (dans la liste
officielle) puisque des centaines de concepts sont des complexes de kanjis
de base ; par exemple le kanji de "psychologie expérimentale" est formé de
deux kanjis
«  Mesure  » ​et «  esprit  »  ; tandis que le kana, qui est une écriture
alphabétique comme notre écriture, est basé sur quarante-six unités sonores,
soixante et onze si l'on compteles syllabes.
Deux neuropsychologuesde Tokyo, Sumiko Sasanuma et Osamu Fujimura
(1971), ont montré que les patients présentant des troubles du langage
aphasiques et apraxiques retiennent largement le languagekanji, comme on
peut le voir dans un extrait de leurs résultats expérimentaux. taux. En
revanche, ce type d'expérience ne permet pas de savoir si l'hémisphère
gauche est également capable de traiter les kanjis (équivalence des
hémisphères pour les images) ou si le langage idéographique est une
spécialité de l'hémisphèreà droite.
 
 
Pourcentage d'erreurs selon le type de langage pour les aphasiques ou les
patients
qui n'ont pas de problèmes de langage (Sasanuma et Fujimura, 1971)
 
Pourcentaged'erreurs Kanji Kana
Les personnes
Aphasique 45% 96% aphasiques échouent
Les contrôles 16% 0%
totalement à écrire
sous la dictée (96 %
d'erreurs) en langage phonétique (kana), tandis que le nombre d'erreurs est
réduit en utilisant des idéogrammes (kanji) ; inkanji, le nombre d'erreurs est
également important dans le groupe témoin, car le kanji est une
languecomplexe comprenant des milliers de dessins.
 
Conclusion
Le mode de fonctionnement des hémisphères cérébraux, la compensation
des langues, la phonétique et l'idéographie, etc., apparaissent déjà comme
des thèmes essentiels de réflexion en psychologie et posent la grande
question de savoir si l'on a pleinement exploité les ressources du cerveau. .
 
6.           Les forts en thème zéro dans le sport ?
Mesure de l'intelligence
et coefficients de
corrélation
 
L'intelligence est une capacité mentale qui ne peut être mesurée
qu'indirectement par certaines performances : résoudre un problème,
répondre à des questions, écrire un roman, etc. Mais comment trancher
entre performance supérieure et performance inférieure ? Par exemple,
avoir une bonne écriture ou une bonne audition est-il le signe d'une bonne
intelligence ? Pour mesurer le degré de ressemblance entre deux
performances, les chercheurs en intelligence utilisent très souvent une
mesure statistique : le coefficient de corrélation. Il a été inventé par l'un des
pionniers de l'étude de l'intelligence, l'Anglais Spearman.
 
Le coefficient de corrélation est une mesure statistique qui exprime
classiquement la ressemblance entre deux choses sous la forme d'un nombre
compris entre 0 et 1 (ou 0 et - 1 si la relation est inverse comme entre les
succès et les erreurs), tout comme la température mesure classiquement
lechauffer entre 0 et 100 degrés. Par exemple, si dans une classe Tiffany est
première en géographie et première en histoire, Alexander est deuxième
dans les deux matières et ainsi de suite jusqu'à la dernière, la corrélation
entre géographie et histoire sera de 1 Bien sûr, vous ne trouverez jamais un
classement aussi parfait . Par exemple, la corrélation la plus élevée que je
connaisse est le degré de ressemblance entre les empreintes digitales de
vrais jumeaux : il est de 0,97. Selon l'usage américain en statistique, le point
remplace la virgule et on enlève le zéro :
 
On dit donc .97 (on prononce "point 97"). Attention, une corrélation n'est
pas un pourcentage, il serait tout aussi faux de dire 97% que de lire une
température en centimètres. DansEn pratique, les corrélations de 0,70 à 0,90
expriment une forte ressemblance et les corrélations inférieures à 0,30
n'expriment qu'une très faible ressemblance comme nous le verrons dans
diverses questions.
Arrêtons-nous un instant sur la corrélation nulle (cor-relation de zéro ou
proche de zéro) qui est souvent comprise comme une relation négative
(corrélation de - 1). Une corrélation négative exprime aussi une forte
ressemblance, mais l'inverse ; par exemple, il existe une corrélation
négative entre l'âge et l'acuité visuelle : plus on est âgé, plus l'acuité est
mauvaise. Au contraire, la corrélation zéro exprime une absence de
ressemblance, c'est le hasard, tout est mélangé en quelque sorte.
Dans cette expérience sur huit classes d'un grand collège (cent soixante-
treize élèves), on calcule les corrélations entre les matières (moyenne
annuelle des élèves) prises deux à deux. Par exemple, la corrélation entre
histoire-géographie et mathématiques est de 0,61, c'est-à-dire que les élèves
bons en histoire-géographie sont en moyenne bons en mathématiques ; que
ceux qui sont moyens en histoire-géographie sont souvent moyens en
mathématiques et que ceux qui sont faibles en histoire-géographie sont
aussi généralement faibles en mathématiques. Puis on calcule la corrélation
entre histoire-géographie et physique-chimie, et ainsi de suite pour toutes
les matières. On met ces corrélations sur une seule ligne et on recommence
pour les corrélations de toutes les matières avec les mathématiques pour les
mettre sur la deuxième ligne du tableau. Vous remarquerez qu'il n'est pas
nécessaire de remettre en cause la corrélation entre les mathématiques et
l'histoire-géographie (.61) puisque c'est la même chose qu'entre l'histoire-
géographie et les mathématiques. Par conséquent, le tableau reste vide en
dessous de la diagonale, par souci de simplicité.
 
Corrélations entre matières scolaires au collège de 3e (8 classes de 3e : 173
élèves)
(D'après Lieury, Van Acker et Durand, 1995)
 

Biologique.
Franc.
Math.

Lang.
chem.
Phys-

sport
Mus.
Hist-
En résumé, la

De.
  géo
lecture du tableau
Histoire                  
montre deux
géographie 1 .61 .66 .63 .54 .58 .46 -.01 .24
résultats
principaux :États.
Mathématiques   1 .83 .67 .41 .54 .38 .03 .22
D'une part,
Physique-              
    certaines matières
chimie 1 .71 .42 .62 .46 .02 .22
sont bien
La biologie       1 .46 .52 .40 .06 .15 corrélées entre
français         1 .44 .21 - .04 .00 elles (en blanc
Langues           1 .38 - .05 .13 dans le tableau),
Musique             1 .01 .19 de .42 à .71 : ce
Concevoir               1 - .01 sont l'histoire-
sport                 1
géographie, les
mathématiques, la
physique-chimie, la biologie, le français et les langues. En revanche, ces
matières « fondamentales » sont peu ou moyennement corrélées à la
musique (de .21 à .46) et pas du tout corrélées au dessin ou au sport. Par
exemple, il existe une corrélation nulle (.00) entre les scores en français et
en sport (les corrélations inférieures à .25 sont considérées comme
négligeables). Des sujets comme le sport et le dessin apparaissent donc
comme des compétences sensorimotrices plutôt que comme des sujets
représentant des capacités intellectuelles.
 
Conclusion
Donc sois prudent ! Une corrélation nulle ne signifie pas que tousles forts en
lettres sont des mauviettes comme dans le stéréotype du faible scientifique
mais cela veut dire que c'est le hasard. On retrouvera donc autant d'athlètes
parmi les forts en matière que parmi les faibles en littérature et de même
pour les autres matières, histoire-géographie ou mathématiques...
 
 
7.           Votre intelligence se lit-elle dans votre écriture ? Graphologie et intelligence
 
S'il y a un préjugé bien ancré en France (moins aux Etats-Unis, cf. chap. 5),
c'est parce que l'écriture révèle l'intelligence. Comme pour les visages, ou
les caractéristiques de la main, Alfred Binet, pionnier de la psychologie
expérimentale, avait étudié les relations entre écriture et intelligence dès la
fin du XIXe siècle. Il a même eu l'opportunité d'obtenir la collaboration du
fondateur de la graphologie en France, Crépieux-Jamin. Mais le célèbre
graphologue n'a pas pu expliquer les raisons de ses jugements, de sorte que
Binet s'est tourné vers une autre méthode, ce qui l'a amené à inventer le
premier test d'intelligence. Dans les études comparant les tests d'intelligence
et les mesures de la motricité, du temps de réaction motrice ou de la vitesse
d'écriture, les corrélations sont très faibles ou nulles (de 0 à 0,25).
 
Recherchescomparé la nature prédictive de l'écriture pour l'aptitude d'une
personne à un emploi par com- paraisond'autres indicateurs tels que le
jugement des collègues ou les tests d'intelligence.
 
Dans une synthèse faite par des chercheurs américains sur un grand nombre
d'études, ce sont des tests d'aptitude (par exemple des tests mathématiques
ou informatiques pour un emploi en informatique) ou un échantillon de
travail, qui prédisent le mieux l'intelligence les tests (composites) ont une
prédiction moyenne. Mais la nature prédictive de la graphologie est nulle.
 
Validité des méthodes de recrutement (adapté de Robertson et Smith, 1989 :
cit. Huteau, 2004)
 
Méthodes Corrélation
Échantillon de travail 0,38 à 0,54
Tests d'aptitude .53
Examen par les pairs et
.43
supérieurs
Tests d'intelligence générale .25 à .45
Graphologie .00
 
Conclusion
De plus, la véracité de la graphologie est difficile à étudier en raison du
manque de critères objectifs utilisés par les graphologues qui, comme les
astrologues, disent tous que les autres ont tort et qu'eux-mêmes ont raison.
Une enquête de l'Institut national de la consommation 1 a comparé le
jugement de six graphologues de la région parisienne sur l'écriture de
personnalités connues (journaliste Jean-Claude Bourret, académicien Jean
d'Ormesson, etc.). Par exemple, le mannequin Inès de la Fressange est
 
 
 
1. 50 millions de consommateurs, novembre 1989.
Qualifié de "réaliste" par un graphologueet « intuitif » par un autre, «
analytique » par un tiers et
"Instinctif" par un quatrième. Le journaliste Jean-Claude Bourret, dont les
travaux sur les ovnis permettent à tout le moins de le doter d'imagination,
comme le déclare un graphologue, mais à la différence d'un autre qui juge
que son écriture dénote « peu d'imagination ». Il en va de même pour
Philippe Bouvart , dont on connaît la puissance créatrice, étant à la fois
journaliste et animateur de radio et de télévision, mais qui est déclaré "peu
créatif" par un graphologue. Jean d'Ormesson est décrit comme "rigoureux
et cartésien" et à la fois plusieurs graphologues dire de son écriture qu'il
"manque de perspective". Quant à Paul-Loup Sulitzer, connu pour ses
romans avec l'argent et l'économie en toile de fond, certains disent qu'il est
"clair et précis" ou "trop ​intellectuel" tandis que d'autres disent sa pensée"
pas très clair,
A quel saint graphologue pouvons-nous faire confiance ?
 
 
8.           D'où vient l'expression « Avoir un talent pour les maths » ?
Mesure du crâne et intelligence
 
Au XIXe siècle, les idées du médecin allemand Franz Josef Gall (1758-
1828) font fureur. Selon cette théorie, appelée « phrénologie » (de phreno
qui signifie
« Esprit » en latin), les fonctions psychologiques sont localisées dans le
cerveau. Bonne idée de principe ! Ainsi le neurologue français Pierre-Paul
Broca a montré le cas d'un homme incapable de parler (aphasie) et dont le
cerveau s'est révélé après sa mort atrophié dans une partie bien définie
(partie temporale gauche du cerveau), le centre de la langue parlée. .
 
Mais Franz Gall va plus loin et estime que le développement d'une
compétence détermine un élargissement de la zone correspondante du
cerveau tel qu'il provoque une déformation du crâne dans cette région.
L'idée devient très populaire sous le nom de la théorie des bosses dont les
expressions "avoir la bosse des maths" "avoir la bosse du métier"..., en sont
une survivance. Naturellement, celui qui a un grand développement de
toutes les fonctions psychologiques devrait avoir… une « grosse tête », et
l'expression existe encore aujourd'hui comme synonyme de grande
intelligence ou de génie…
 
Alfred Binet, ce grand pionnier de la psychologie scientifique, s'est attaqué
à cette théorie populaire et, avec son ami le docteur Théodore Simon (qui
dirige un institut pour déficients mentaux), il mesurera des centaines de
têtes. Le problème n'est pas si simple et il faut prendre beaucoup de
mesures compliquées du haut du nez au bas de l'occiput, d'un côté du crâne
à l'autre en partant des oreilles. De plus, des erreurs de mesure sont révélées
et, comparant ses mesures à celles du docteur Simon, il constate qu'elles ne
coïncident pas toujours. Bref, ce n'est pas facile, mais Binet va publier
plusieurs articles sur cette recherche et finalement abandonner. Tout au plus,
il constate que les arriérés mentaux sont caractérisés par des extrêmes plus
grands, des têtes plus petites mais aussi des têtes plus grosses. Des résultats
récents montrent en effet que les anomalies chromosomiques (par exemple,
trois chromosomes X chez les filles au lieu de deux, ou les garçons avec des
chromosomes XXY au lieu de XY) correspondent à un périmètre crânien
inférieur à la taille de la tête. Moyenne. Inversement, dans une condition
appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide céphalo-
rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du crâne qui
fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très large et un
hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même est
comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale. Ou les garçons qui ont
des chromosomes XXY au lieu de XY) ont un tour de tête inférieur à la
moyenne. Inversement, dans une condition appelée hydrocéphalie, le
cerveau sécrète un excès de liquide céphalo-rachidien dans les vésicules
internes provoquant une distension du crâne qui fait ressembler ces enfants
à des extraterrestres avec un front très large et un hypercrâne. Développé.
Malheureusement, le cerveau lui-même est comprimé, ce qui entraîne une
déficience mentale. Ou les garçons qui ont des chromosomes XXY au lieu
de XY) ont un tour de tête inférieur à la moyenne. Inversement, dans une
condition appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide
céphalo-rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du
crâne qui fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très
large et un hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même
est comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale. ce qui entraîne une
déficience mentale. Ou les garçons qui ont des chromosomes XXY au lieu
de XY) ont un tour de tête inférieur à la moyenne. Inversement, dans une
condition appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide
céphalo-rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du
crâne qui fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très
large et un hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même
est comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale. ce qui entraîne une
déficience mentale. Ou les garçons qui ont des chromosomes XXY au lieu
de XY) ont un tour de tête inférieur à la moyenne. Inversement, dans une
condition appelée hydrocéphalie, le cerveau sécrète un excès de liquide
céphalo-rachidien dans les vésicules internes provoquant une distension du
crâne qui fait ressembler ces enfants à des extraterrestres avec un front très
large et un hypercrâne. Développé. Malheureusement, le cerveau lui-même
est comprimé, ce qui entraîne une déficience mentale.
 
Conclusion
La recherche moderne utilisant des méthodes statistiques (corrélation)
montre des résultats variés, allant d'un manque de relation entre
l'intelligence et la circonférence du crâne à certaines études montrant une
légère relation (0,30 au maximum). De plus, les filles sont en moyenne plus
petites, et ont donc une tête plus petite que les garçons, même si les études
ne montrent pas de différences intellectuelles. La faible corrélation entre les
paramètres physiques et l'intelligence, le périmètre crânien mais aussi la
stature, indiquerait plutôt que l'intelligence et la stature sont toutes deux
liées à un bon développement biologique, grâce notamment à une bonne
alimentation et à l'absence de maladies (non traitées).
De plus, le bon fonctionnement du cerveau présuppose un bon
fonctionnement biochimique, en particulier des échanges complexes entre
des neurones qui ont des tailles de l'ordre du millionième de mètre et des
molécules qui ont des tailles de l'ordre du milliardième de mètre. … C'est
donc trop petit pour déformer les os du crâne !
 
 
9.           Pourquoi les tests d'intelligence ont-ils été inventés ? Mesure de l'intelligence et tests psychométriques
 
Alfred Binet (1857-1911) est considéré comme l'inventeur du premier test
ayant une certaine valeur prédictive (sur la réussite scolaire). Pendant qu'il
mesurait les têtes, il entreprit, avec son ami le Dr Simon, des études sur
l'intelligence des enfants, en étudiant leurs capacités.
 
Capacités à résoudre des situations du quotidien, culture générale, mémoire
de phrases, calcul, vocabulaire… Une circonstance officielle a été un
déclencheur. Le ministère de l'Instruction publique (à l'époque l'Éducation
nationale) a mis en place une commission de filtrage des impayés qui a
soumis à Binet la problématique des critères de ce filtrage.
 
Utilisant tout son savoir-faire, il a eu l'idée de constituer une série
d'épreuves variées, dont chacune est caractéristique d'une époque et
correspond en quelque sorte aux échelons d'une échelle. Par exemple, à
cette époque, discerner les aliments est une activité dont l'enfant moyen
d'un an est capable.capable de faire. A cinq ans, deux tests réalisables par
l'enfant moyen de cet âge sont de comparer deux cases et d'indiquer la plus
lourde ; copier un carré… Les tests caractéristiques de huit ans sont de lire
et garder deux mémoires, de nommer quatre couleurs et d'écrire sous
dictée… Il y a donc des tests caractéristiques de l'âge de 1 an, des tests à
partir de l'âge de deux ans, et ainsi de suite jusqu'à quinze. Chaque groupe
de tests caractérisant un âge représente une échelle et c'est ce que Binet a
appelé son test l'échelle métrique de l'intelligence. La première version de
l'échelle psychométrique, à laquelle il associe le nom de son ami le docteur
Simon, apparaît en 1905, suivie d'une seconde version en 1908. Comment
repérer le retard d'un enfant dans la pratique ? Imaginez un enfant de douze
ans qui ne réussit que les tests de dix ans. On dira que cet enfant a un âge
mental de dix ans pour un âge chronologique de douze. C'est la notion d'âge
mental. Notons, ce qui sera le cas pour tous les tests par la suite, que la
notion d'intelligence se mesure par rapport à la moyenne d'un échantillon
d'enfants d'un âge donné. Ce n'est donc pas une mesure absolue mais
relative ; cela se verra notamment dans l'adaptation américaine où les
enfants américains sont plus en avance sur certaines activités. Bref, pour
Binet, que la notion d'intelligence se mesure par rapport à la moyenne d'un
échantillon d'enfants d'un âge donné. Ce n'est donc pas une mesure absolue
mais relative ; cela se verra notamment dans l'adaptation américaine où les
enfants américains sont plus en avance sur certaines activités. Bref, pour
Binet, que la notion d'intelligence se mesure par rapport à la moyenne d'un
échantillon d'enfants d'un âge donné. Ce n'est donc pas une mesure absolue
mais relative ; cela se verra notamment dans l'adaptation américaine où les
enfants américains sont plus en avance sur certaines activités. Bref, pour
Binet, avoir une intelligence moyenne chez un enfant, c'est réussir les tests
passés par l'enfant moyen de cet âge. Par la suite, l'échelle psychométrique
sera utilisée pour diagnostiquer la déficience en utilisant la notion d'âge
mental.
 
 
Conclusion
L'échelle psychométrique, bientôt appelée le Binet-Simon, connaît
rapidement un vif succès aux États-Unis. C'est là que le Binet-Simon a pris
le nom de "test". Ses applications sont apparues dans différents domaines,
scolaire, psychiatrique, judiciaire, etc. Cette utilisation massive a cependant
révélé le besoin d'améliorations qui ont été principalement entreprises par
Lewis Terman de l'université de Stanford, sous le nom de test de Stanford-
Binet.
 
 
10.       Qu'est-ce que le QI ?
Mesure du niveau intellectuel et de la réussite scolaire ou professionnel
 
Sous le nom de Stanford-Binet, en l'honneur de son inventeur français
Alfred Binet, la révision de Lewis Terman, professeur à l'université de
Stanford (Los Angeles), est parue en 1916. Cette adaptation américaine
n'est pas une simple traduction et comprend de nombreuses améliorations et
corrections. Le nombre total d'items (questions ou exercices) est passé de
60 à 90, ce qui améliore la fiabilité du test. En effet, il ne faut pas perdre de
vue que le test de type Binet est un échantillon d'activités intellectuelles ;
par exemple, on peut décider de mesurer le vocabulaire d'un enfant en lui
présentant cinq mots, dix mots ou cent mots. Si le test ne repose que sur la
connaissance de cinq mots seulement, on risque de tomber sur un mot qui
vient d'être mis en avant culturellement ; par exemple le mot "ozone"
 
Mais la pollution a rendu le mot familier, signifiant « couche d'ozone ».
Pour que les enfants, à quelques années d'intervalle, connaissent tous ce
mot, et soient crédités d'une intelligence évaluée à 20 % (un mot sur cinq =
20 %). Ainsi, dans la dernière version de Terman, le test de vocabulaire
contient 45 mots. Un bon test doit donc nécessairement être vérifié, comme
un thermomètre, une montre ou une balance.
Enfin, la révision américaine intègre une nouvelle notion proposée par un
autre psychologue et qui fera couler beaucoup d'encre, le « quotient
intellectuel », le fameux QI. En effet, la notion d'âge mental est très
pratique, en particulier pour les petits enfants, mais un retard n'a
évidemment pas le même sens selon l'âge réel (chronologique) ; par
exemple, un délai de deux ans n'a pas la même signification que l'enfant ait
quatre ou quatorze ans. Dans le premier cas, l'intelligence est
proportionnellement de moitié, tandis qu'un retard de deux ans à quatorze
ans équivaut à un retard mental beaucoup moins important (un septième).
Le QI établit cette proportion en calculant le rapport multiplié par 100 entre
l'âge mental et l'âge réel :
 

 
 
Ainsi, dans notre exemple, un retard de deux ans à l'âge de quatre ans
correspond à un âge mental de deux ans et un QI de 50 tandis que le même
retard à quatorze ans donne un âge mental de douze ans, soit un QI de 85
(douze ans d'âge mental divisé par 14 et multiplié par 100).
 
Depuis Binet et Terman, les chercheurs ont montré une bonne corrélation
entre le niveau intellectuel mesuré par les testsintelligence générale et
niveau scolaire. Par exemple, dans l'adaptation française de Terman-Merrill
(appelée par les Américains le Stanford-Binet), on voit que dans les années
1950, un QI supérieur à 100 (la moyenne par construction) était nécessaire
pour avoir un taux de réussite significatif en le certificat d'études (examen
important dans ces années).
 
Prédictivité du QI mesurée par le Terman-Merrill (d'après Cesselin, 1959)
QI Pourcentage de réussite au  
certificat d'études Depuis lors, des
55-85 0% quantités de tests ont
été construites. Parmi
85-1005 35%
les plus célèbres, celle
105-135 78% de l'AméricainDavid
Supérieur à 135 100% Wechsler s'exprime
comme la moyenne d'une dizaine de sous-tests variés, allant des tests de
vocabulaire ou d'information (comme le Trivial Pursuit au raisonnement ou
aux énigmes)…
Les tests d'intelligence générale (bien construits) restent de bons prédicteurs
de la réussite scolaire en général, comme dans cette étude où le niveau
intellectuel mesuré par des tests s'exprime, non pas en QI, mais en score sur
20 comme à l'école.
 
Prédictivité du niveau intellectuel mesurée par des tests sur la réussite
du baccalauréat Kouteynikoff
(1967 ; cit. Bernaud, 1999)
 
Niveau aux testsen troisième
Pourcentage de réussitesau bac
année
0 à 4,4 0%
4,5 à 8,5 7%
8,6 à 12,5 24%
12,6 à 16,5 44%
16,6 à 20 79%
 
Conclusion
Cependant, les tests d'intelligence générale sont moins prédictifs
d'adéquation à un métier qui demande des compétences très spécifiques
(artisan) ou des connaissances très spécifiques (informatique), parfois
même des traits de personnalité (extraverti pour être animateur ou vendeur).
On voit aussi que les tests d'aptitudes sont plus prédictifs.
 
Meilleur pouvoir prédictif des tests d'aptitude que de l'intelligence générale
en adaptation à une profession (adapté de Robertson et Smith, 1989 ; cit.
Huteau, 2006)
 
Méthodes Corrélation
Échantillon de travail 0,38 à 0,54
Tests d'aptitude .53
Examen par les pairs et .43
supérieurs
Tests d'intelligence générale .25 à .45
 
11.       Les jeunes d'aujourd'hui sont-ils plus bêtes… ou plus intelligents ? L'effet Flynn
 
Ah ! de mon temps, savions-nous plus de choses ? On ne peut pas dire ça
depuis les études de Flynn. Pas Erroll Flynn, le Robin des Bois du célèbre
film technicolor, mais James Flynn qui vient aussi de la même région du
sud, la Nouvelle-Zélande.
 
Ce chercheur a patiemment collecté les scores obtenus, entests
d'intelligence, par différentes générations dans 35 pays. Les tests sont les
grands classiques pour lesquels des données sont disponibles depuis leur
création, parfois sur trente ans. Les résultats sont spectaculaires car, en
général, les enfants et les adolescents sont plus intelligents qu'avant. En
Hollande, les jeunes de 18 ans en 1952 obtenaient un QI moyen de 100 au
test de la matrice Raven (QI = 100 en moyenne par construction) tandis que
la génération des 18 ans, trente ans plus tard, obtenait un QI. Sur 121, un
gain de 21 points de QI. Les gains sont variables d'un pays à l'autre mais
relativement importants. Cependant, grâce à ces comparaisons
systématiques, Flynn constate que les gains sont plus élevés pour les tests
de raisonnement que pour les tests de connaissances (souvent verbaux et
mathématiques). Par exemple en France, de 1949 à 1974 chez les recrues de
l'armée (18 à 22 ans), le gain au test de Raven est de 25 (Girod et Allaume,
1976, cit. Flynn), 9 points sur un test. Verbal et 9,6 sur un test de
mathématiques.
Le test de Wechsler permet cette comparaison en raison de sadouble
fonction, test verbal et test de performance. En général, l'échelle de
performance permet, comme le test de Raven, les plus grandes différences
de QI (sur
 
30 ans) avec près d'un point de QI gagné chaque année. En revanche,
l'échelle verbale est moins sensible aux effetsgénération avec des écarts de
3 pour la France, mais jusqu'à 20 points pour l'Autriche et le Japon.
 
Gain de points de QI pour différents tests sur des périodes de 30 ans (ou
plus) dans certains pays (d'après Flynn, 1987)
  WechslerVerbal Performances de WechslerLe total  
Wechsler Globalement,on ne
La France 3 19 11 peut que se satisfaire
de tels résultats, les
États Unis 8 dix 9
enfants et les
Allemagne 12 28 22 adolescents sont de
Japon 20 22 25
plus en plus
intelligents. Sur le
L'Autriche 20 28 25
plan pratique de la
psychométrie, ces résultats doivent inciter à la plus grande prudence car
c'est par convention que le QIde 100 est le score moyen pour un groupe
d'âge. Si le test n'est pas révisé, un enfant apparaîtra plus intelligent qu'il ne
l'est réellement (par rapport à sa génération). En raison de cette
augmentation générationnelle, l'utilisation d'une version plus ancienne d'un
test peut faire croire à de nombreux parents que leur enfant est un génie ; en
effet, sur le plan pratique, Lewis Terman avait sélectionné pour l'étude, les
2% des enfants les plus intelligents, ce qui correspondait à un QI de 130.
 
 
 
 
Au Japon ou en Autriche, un enfant pourrait ainsi être considéré comme un
génie (QI de 125) lorsqu'il est moyen et un test correctement révisé lui
donnerait un QI d'environ 100 !
Quelle est la raison de cette amélioration de l'intelligence générale ? Le gain
est sans doute dû à diverses causes comme une meilleure santé et nutrition
(protéines, vitamines) comme on le voit dans l'augmentation de la taille (le
cerveau en profite également). Mais sans doute ce phénomène doit-il encore
plus à une culture plus complète, grâce à une scolarisation précoce et
généralisée. André Flieller de l'Université de Nancy, qui a observé l'effet
Flynn sur des tests inspirés de la théorie de Piaget (1987), note que les
inscriptions au collège sont passées de 60 % en 1967 à 90 % en 1993.
Cependant, comme l'amélioration est plus importante dans le problème- des
tests de résolution (appelés aussi « tests de raisonnement ») que dans les
tests de connaissances et de vocabulaire,
Ce qui influence peut-être le plus l'amélioration des tests de résolution de
problèmes (tests de raisonnement ou de performance) sont les jeux vidéo.
Par exemple, un jeu vidéo simple comme Tetris (faire tourner des blocs qui
tombent pour les insérer dans des emplacements vides) nécessite une
vitesse de détection, des rotations mentales et une vitesse deréaction, qui
sont nécessaires dans différents tests, par exemple, les puzzles, les cubes de
Kohs… De plus, les tests de raisonnement/performance sont souvent
chronométrés. Ainsi Okagaki et Frensch (1996, cit. Greenfield, 1998)
montrent une augmentation des performances sur ce type de test après 6
heures de formation sur Tetris. De même Patricia Greenfield (1998) trouve
des améliorations grâce à divers jeux vidéo qui, selon elle, améliorent le
traitement de l'information picturale et les rotations mentales. On pourrait y
ajouter des jeux éducatifs, des magazines pour enfants (Mickey Games,
etc.) qui incluent des jeux directement inspirés des épreuves, comme les
rébus, le jeu des différents, des labyrinthes, des énigmes, etc.
 
Conclusion
Enfin, il faut noter l'élargissement du champ culturel produit par le
développement extraordinaire des médias, de la télévision, du livre...
Autrefois, les programmes scolaires correspondaient à la culture d'un pays,
les départements français, Louis XIV et Napoléon, Molière et Albert
Camus. Mais depuis les années 1960, on assiste à une mondialisation de la
culture si bien que des œuvres étrangères, comme Harry Potter ou Le
Seigneur des anneaux, sont davantage lues que Les Précieuses ridicules ou
Les Misérables ; le phénomène est encore plus flagrant dans le domaine du
cinéma, des séries télévisées et de la musique. A tel point que les jeunes ont
certainement une culture qui va au-delà de ce qui est évalué selon les
programmes scolaires.
Les anciens ne peuvent plus dire : « A notre époque, on était mieux ! "
 
 
12.       Que sont lesessais de magazines ?
Tests d'intelligence et prédiction
 
Un test, au sens scientifique du terme, requiert de nombreuses qualités et
précautions constructives pour être scientifique. Un test est avant tout un
outil statistique dont la fiabilité dépend de la valeur de ses échantillons.
D'abord des échantillons d'activités intellectuelles et d'autre part des
échantillons de plusieurs centaines de sujets pour établir des références. A
priori, on pourrait prendre de nombreuses activités intellectuelles pour faire
un test, des mots croisés, des labyrinthes, des puzzles chinois, des puzzles
ou des énigmes. C'est aussi ainsi que le
 
Les psychologues et il y a quelque cinq mille tests d'intelligence. Il existe
des tests basés sur des labyrinthes, des figures, trouver des figures cachées,
des puzzles, mettre de l'ordre dans une bande dessinée, trouver la partie
manquante d'un dessin, faire du calcul mental, construire une figure avec
des cubes colorés… De plus, de nombreux jeux ou magazines pour enfants
ont été inspiré par ces épreuves.
 
Mais des recherches ont montré que certaines activités ne sont pas toujours
fiables et que leur réussite ne correspond pas à un âge précis. Ainsi, lors de
la construction des tests, certains tests tels que les labyrinthes (trouvés dans
de nombreux magazines pour enfants) se sont avérés être de mauvais
éléments critiques, c'est-à-dire qu'ils ne l'ont pas été. Ne caractérisent pas
bien un âge mental, étant parfois réussi par des enfants d'âges très différents
; un autre exercice tel que l'établissement de cinq poids du moins lourd au
plus lourd n'a pas été retenu dans les tests modernes car il a parfois été
échoué par des groupes d'enfants plus âgés…
C'est pour accroître cette fiabilité que David Wechsler, quiconstruit le test le
plus utilisé et le plus traduit, a choisi de mesurer l'intelligence sur la somme
de dix sous-tests. Après de longues études au grand hôpital Bellevue de
New York, il a écarté de nombreux tests. Néanmoins, parmi les tests
retenus, on voit dans le tableau de corrélation de chaque test avec le total du
test, que certains tests représentent bien l'ensemble (forte corrélation)
comme le test de similitudes ou de cubes. En revanche, on constate que le
test du puzzle est faiblement corrélé, ce qui montre qu'il est moins bon que
les autres pour évaluer les différences d'intelligence entre les personnes.
 
Tous les tests ne prédisent pas aussi l'intelligence (corrélations établies sur
355 cas âgés de 20 à 34 ans) (d'après Wechsler, 1961 ; tab. 43, annexe III)
 
  Corrélation avec
les tests totaux
Similitudes .73
Cubes .71
codé .67
Informations .67
Entente .66
Arithmétique .62
plein de photos .60
Disposition des images .51
Les figures .51
Puzzle .41
 
Conclusion
Pourtant, les exercices proposés par les magazines sont faits par des gens
ingénieux et créatifs, mais leurs échelles sont fantaisistes… ce ne sont donc
que des jeux. Une autre caractéristique de nombreux tests est le contrôle du
temps. En fait, de nombreux problèmes sont résolus en prenant du temps,
c'est pourquoi de nombreux exercices de test doivent être effectués dans un
délai imparti. Faute de standardisation et de délais, les magazines «
psychotests » sont des jeux. Voici un exemple : placer des allumettes pour
faire l'inégalité suivante : IV + I = IX + V.
 
 
 
 
En l'état, cela fait 4 + 1 = 9 + 5, ce qui est faux ; il faut donc corriger cette
inégalité mais en déplaçant un seul match 1. Bonne chance, mais rassurez-
vous si vous ne le trouvez pas, car ce jeu n'a pas été calibré et le temps n'est
pas limité, on ne sait donc pas si son succès nécessite une intelligence
moyenne ou supérieure. Mais on peut toujours rêver et c'est le but des
magazines, car les échelles données par les journaux sont fantaisistes et ils
ne prendront pas le risque de traiter leurs acheteurs potentiels de sous-
doués…
 
 
13.       Sommes-nous vraiment logiques ?
De l'illogisme naturel aux méthodes scientifiques
 
Si les phénomènes paranormaux sont souvent des tromperies ou des
croyances infondées (mais aussi parfois des fonctionnements mentaux :
hallucinations, épilepsie), comment expliquer la popularité de nombreuses
croyances ? Dans leur excellent livre Devenez sorciers, devenez
scientifiques, les physiciens Georges Charpak et Henri Broch s'étonnent que
l'essor de la culture ne s'accompagne pas d'un scepticisme équivalent. Ils
citent une étude de sociologie montrant que, contrairement à ce que l'on
pourrait penser, les personnes les plus cultivées ne sont pas les plus
sceptiques, les enseignants étant, par exemple, ceux qui sont les plus captifs
de divers phénomènes.
 
1. Ce problème est difficile car on pense plus à supprimer une
correspondance constituant un nombre et non à la supprimer du signe
plus. La bonne réponse consiste à déplacer l'allumette du second + pour
faire un moins et le mettre devant le V, ce qui donne IX - IV (9 - 4) et on
en a 5 des deux côtés.
 
Mais contrairement à l'opinion de Descartes, le bon sens n'est pas la
chose la plus largement partagée au monde, ce serait plutôt la crédulité...
Car les croyances sont assez universelles et pas spécifiquement
françaises. Les pays nord-américains croient davantage aux religions issues
du christianisme. Par exemple, la croyance en Dieu, au Diable ou aux anges
est bien plus élevée qu'en Europe (anges, 78% aux Etats-Unis contre 26%
en Grande-Bretagne). De même, le spiritisme est plus « nord-américain »
tout comme la croyance aux ovnis d'origine extraterrestre. Bref, les Français
ne sont pas, loin de là, le peuple le plus irrationnel.
 
Comparaison des croyances (en %) dans certains pays occidentaux
(Moyenne de 59 enquêtes dans les années 2000) (d'après Jean Quellette, Le
palmarès des croyances, Site Libre pensée)
 
  ÉtatsUni Canada Grande- La France
Bretagne

Dieu 86 81 56 56

Sourciers - -   63

Guérisseurs - - 40 54

La télépathie 51 66   42

anges 78 61 26 32

diable 69 48 25 27

Astrologie 31 45 - 35

Voyance 32 51 34 20

OVNI / Extraterrestres 48 - - 18

Fantôme 51 38 38 13

Spiritisme 28 27 - 18

Réincarnation 26 29 33 14

Moyenne 50% 49% 36% 32%

 
(Pour mieux voir les différences, les pourcentages supérieurs à 50 % sont en
gras.)
 
De plus, contrairement à une idée répandue d'une montée de l'ésotérisme
et des croyances dans notre société hautement technologique, les sondages
montrent une diminution de l'irrationalité. Les croyances passent de 10 % à
20 % entre une enquête réalisée par l'institut CSA pour Le Monde et La vie
en 2003 par rapport à une enquête de 1994 1.
Diminution des croyances en une décennie (pourcentage de personnes).
Comparaison de deux enquêtes : 1994 et 2003
  1994 2003  
Origine surnaturelle des     1. A quoi est due cette
influences extérieuressur 44 29 amélioration ?
notre vie Probablement pas
Contact avec un 35 26 avec l'évolution des
phénomènesurnaturel études, puisque le
Les prières sont 54 46 pourcentage de la
parfoisrépondu tranche d'âge qui a
Réalité des miracles 57 42 le baccalauréat n'a
pas changé entre
Fiez-vous à l'astrologie 60 37
1995 (63%) et 2000
Faites confiance aux 46 23 (62%) 2. Peut-être
voyantes grâce à l'influence
Croire à la sorcellerie 41 21 des médias (cf.
Moyenne 48% 32% programmes de
démystification, livres et revues...) et probablement plus explosif Revue
de l'AFIS Science et pseudo-sciences, n° 259, octobre 2003.
2. On entend souvent le chiffre d'environ 80 % de réussite au bac, mais
attention au taux de réussite des élèves inscrits, mais ils ne représentent
pas l'ensemble de la tranche d'âge ; le taux de réussite pour l'ensemble de
la tranche d'âge est d'environ 40 % pour le baccalauréat général et 60 %
si l'on ajoute le baccalauréat professionnel (source : education.gouv.fr).
 
Technologies et médias, Nous savons depuis la guerre du Golfe que les
ovnis étaient sans aucun doute des tests top-secrets de missiles de croisière
ou d'avions futuristes comme les furtifs. Grâce aux retransmissions
télévisées, on sait que la téléportation n'existe pas mais que le numéro des
magiciens utilise des jumeaux et que les jeunes trouvent plus sûr de se
rencontrer grâce à leur dernier cri portable que par télépathie !
 
Mais pourquoi devrait-on être logique sans formation spécifique ? Déjà le
grand psychologue et logicien Jean Piaget avait montré qu'il faut atteindre
un certain âge pour être capable de logique dans la compréhension du
monde physique.
Dans de multiples expériences, Piaget et ses collègues ont étudié l'évolution
de la compréhension des situations logiques,par exemple sériation,
oscillations d'un pendule, inclusion logique. L'exemple type est celui de la
sérialisation. Le problème est exposé sous forme de 10 baguettes de 10 à
16,5 centimètres que l'enfant doit ranger du plus petit au plus grand (comme
faire un escalier, pour les plus petits). Les expérimentateurs (notamment
Inhelder et Vinh-Bang) observent quatre stratégies ou façons de faire, tout
d'abord une incapacité totale à réaliser une sériation, l'enfant manipulant au
hasard. Dans la seconde stratégie, l'enfant initie un classement mais il est
incomplet, produisant soit des petits paquets, les petites baguettes ensemble
et les grandes à côté, soit des mini-séries. Piaget qualifie cette période d'«
infra-logique ». Une troisième stratégie correspond bien à une sériation,
mais elle se fait par essais et erreurs, par essais et erreurs. Finalement, dans
la stratégie logique (dite « opératoire »), l'enfant pose la plus petite des
baguettes, puis la plus petite des baguettes restantes et ainsi de suite jusqu'à
la dernière comme s'il avait un modèle mental. Les expérimentateurs
proposent également un test de vérification consistant à ce que l'enfant
insère sans erreur une 11ème tige de taille intermédiaire.
 
Répartition en pourcentage des enfants d'un âge donné selon leurs
stratégies dans un problème logique de sérialisation (d'après Ving-Bang et
Inhelder ; cit. Piaget et Inhelder, 1963)
Pourcentage Âge de l'enfant  
d'enfants En passantce test sur
4 5 6 7 8 des enfants de
parstratégie
Non- 53 18 7 0 0 plusieurs tranches
sérialisation d'âge, on constate que
Forfaits / séries 47 61 34 22 0 les enfants de 4 ans ne
font aucune tentative
Essai par essai 0 12 25 15 5 de sériation ou
opèrent en petites
Série logique 0 9 34 63 95 séries (ou paquets) ce
que font la majorité
des enfants de 5 ans ; l'âge de 6 ans semble être de transition et aucune
stratégie ne domine alors qu'à partir de 7 ans, les enfants deviennent pour la
plupart logiques. Mais les études de Piaget montrent que cette évolution
n'est pas terminée car cette logique ne concerne que des problèmes dont les
dimensions sont visibles (taille, forme, couleur) et il faut attendre 12 ou 14
ans pour raisonner sur des dimensions abstraites.
Mais même passé l'âge de raison, sommes-nous tout à fait logiques ? Des
recherches récentes induisent un doute sur la logique humaine ! L'un des
événements les plus étudiés sidées dans la recherche sur le raisonnement
humain est le paradigme de sélection de Wason. Le sujet est représenté par
une collection de cartes avec un numéro d'un côté et une lettre de l'autre ;
puis on les cache en ne laissant sur la table que deux cartes avec une lettre
et deux avec un chiffre comme
 
dans l'exemple suivant. L'expérimentateur demande alors ausoumettre la
(ou les) cartes qu'il faut retourner pour décider si la règle suivante est vraie
(ou fausse) :
Règle : si un A est d'un côté alors il y a un 3 de l'autre côté

 
Le choix le plus courant est de retourner :
–  Tout seul ;
–  A et carte 3.
En fait la logique voudraitque l'on retourne A et 7. En effet, la carte A doit
avoir un 3 pour respecter la règle mais à l'inverse, la règle ne précise pas
que toute carte 3 doit avoir un A : un 3 peut donc inclure un B ou un F. Sur
par contre, si la carte 7 a un A au dos, ce A n'aurait donc pas de 3 et la règle
semblerait fausse. Dans ce raisonnement dit
« Conditionnel » de la forme « si A alors… », seuls 10 % des sujets adultes
choisissent les bonnes cartes, ce qui signifie que 90 % des sujets ne sont pas
logiques. Ce faible résultat ne dépend pas du niveau d'études puisque le
même score est atteint par les professionnels titulaires d'un doctorat ; seules
les matières expertes en mathématiques ou en sciences techniques
atteignent un niveau de 50 %, ce qui n'est pas encore très élevé.
 
 
 
Conclusion
L'homme n'est donc pas naturellement logique, ce qui explique les
croyances irrationnelles. Le cortex, siège de l'apprentissage, est constitué de
neurones qui s'interconnectent sur demande ; ils peuvent apprendre Mozart
ou rap, une croyance ou une autre... On retrouvera l'irrationalité en matière
de jeux d'argent (loto, etc.) mais aussi par rapport à la personnalité, les
croyances en graphologie et en astrologie. Pour les contredire, il faut des
protocoles expérimentaux et l'utilisation de statistiques, qui sont loin d'être
innées et qui peuvent s'apprendre (condition de contrôle, appariement,
corrélation, etc.). Dans le programme de psychologie de l'université, par
exemple, de nombreux cours sont consacrés à l'apprentissage des méthodes
scientifiques et statistiques, qui ont mis plus d'un siècle à se développer.
 
14.       Votre enfant est doué ? … Et faut-il le mettre à part ?
Test d'intelligence et de précocité
 
Pour les mères, leurs bébés sont les plus beaux, et naturellement beaucoup
de parents ont tendance à penser que leur enfant est doué s'il a des facilités à
l'école. Beaucoup déchantent quand l'enfant, toujours premier dans une
petite école de campagne, se retrouve dans la bonne moyenne dans un lycée
d'une grande agglomération. C'est dans ce type de situation que le test
d'intelligence est utile comme outil de référence : il permet de situer un
enfant par rapport à la moyenne.
Lewis Terman (qui a adapté le premier test d'intelligence aux États-Unis)
s'intéressait aux enfants brillants ou surdoués et il définissait statistiquement
l'intelligence brillante. Rappelons, en effet, que les tests psychologiques
sont des instruments statistiques : nous sommes intelligents lorsque nous
sommes capables de réaliser les activités intellectuelles réussies par la
personne moyenne. Ceci définit une courbe en cloche.
 
Les psychométriciens sont habitués à mesurer la base de la courbe en
cloche en unités de quinze points de QI. Dans une courbe en cloche
standard, il y a 70% de personnes entre le QI de 85 et 115 alors qu'il n'y a
que 4% de personnes aux bords extrêmes de la courbe en cloche. Ainsi, il
n'y a que 2% de personnes dont le QI est inférieur à 70 et 2% également
vers la tranche supérieure, c'est-à-dire au-dessus d'un QI de 130. C'est ainsi,
depuis Terman, que les 2% d'enfants ayant les QI les plus élevés, en
pratique au-dessus de 130, se démarquent vraiment et peuvent être qualifiés
de brillants ou de surdoués. Leur suivi sur deux générations de chercheurs a
montré que ces étudiants se sont avérés être de bons élèves par la suite, ont
obtenu en moyenne des professions de haut niveau et étaient toujours actifs
après leur retraite, de sorte qu'un chercheur a intitulé son article « Les petits
génies font les nobles vieux Hommes !" ".

30
 
25
 
20
 
15
 
dix
 
5
 

0
50 60 70 8090 100 110
 
120 130 140 150
Exemple de distribution de QI pour un échantillon d'enfants de douze ans
Pourtant, on peut légitimement se demander si les enfants très brillants, les
surdoués, n'ont pas besoin d'une éducation spéciale. Il y a des supporters
dans les deux camps. Certains auteurs défendent cette idée avec l'argument
qu'ils s'ennuient dans un système classique et pensent qu'il faut mettre les
enfants surdoués dans des écoles spécialisées ou plus simplement (car ils ne
sont pas nombreux, 2% d'une classe d'âge) les reprendre une classe.
D'autres, en revanche, pensent que mettre des enfants brillants avec des
enfants plus âgés peut les affecter émotionnellement et les isoler. Une
grande recherche a été menée aux États-Unis sur une centaine d'enfants
brillants (définis comme les meilleurs 1% de leur groupe d'âge dans les tests
de mathématiques).sont comparés à une centaine d'élèves moyens
présentant les mêmes caractéristiques pris comme groupe témoin, et n'ayant
pas sauté de cours. Ces deux cents étudiants ont ainsi été suivis par deux
chercheurs, pendant dix ans en étudiant de nombreuses caractéristiques,
intellectuelles et psycho-sociales.
Les résultats sont impressionnants dans deux directions différentes. D'une
part, les élèves « accélérés » ont conservé leurun an à l'avance, leur niveau
moyen d'éducation est donc légèrement supérieur. Mais d'un autre côté,
toutes les caractéristiques intellectuelles et psycho-sociales ne présentent
pas de différences. Ils restent tous des étudiants surdoués, « accélérés » et «
non accélérés » puisque 98% d'entre eux entrent à l'université, 28% ont
remporté des prix dans les deux groupes, 60% ont été premiers de la
promotion. De même, et c'est plutôt contre les tenants de la non-
accélération, les étudiants
Les "accélérés" ne souffrent pas émotionnellement et socialement de leur
accélération et se montrent aussi bien intégrés et à l'aise dans leur peau que
les élèves surdoués qui sont restés à leur niveau scolaire normal, ils aiment
autant le collège, participent autant aux activités périscolaires et avoir la
même bonne estimed'eux-mêmes.
 
Bref comme conclureles deux auteurs de cette étude, sauter ou ne pas sauter
les cours, n'a aucun effet et vous pouvez choisir le mode d'enseignement
que vous souhaitez, pourvu qu'il soitpas contre le choix de l'enfant...
 
Conclusion
C'est pourquoi, depuis Terman, les enfants sont appelés
« Brillant » s'il obtient un QI de 130 ou plus lors d'un test sérieux. 2 %, c'est
peu, mais ça représente quand même 2 millions de personnes sur une
population de cent millions, soit plus d'un million dans la population
française, soit deux mille pour chaque grande ville de cent mille habitants.
Le phénomène n'est donc pas rare. Cependant, il faut se rappeler que les
enfants sont plus intelligents au fil des générations (effet Flynn) de sorte
que si les tests ne sont pas révisés, de nombreux enfants se verront attribuer
un QI supérieur à leurs capacités réelles (par rapport à l'enfant moyen).
Les médias en France utilisent volontiers le qualificatif « surdoué » et
donc je l'utilise. Pourtant, cette surenchère, qui au sens strict signifie « plus
surdoué que surdoué », fait sourire lorsqu'elle évoque le fameux pastiche de
Coluche « Plus blanc que blanc » tiré d'une publicité publicitaire. Les
Américains gardent le qualificatif surdoué et c'est déjà bien. Restons
modestes, c'est déjà une chance considérable d'être doué, inutile d'en
rajouter (autre annonce)….
 
15.       Mon poisson rouge est-il intelligent ?
Intelligence animal
et évolution du
cerveau
 
Nous ne sommes pas de purs esprits et l'intelligence, au sens général de
capacité mentale, dépend évidemment du cerveau, en particulier de la
proportion entre le poids du cerveau et le poids du corps. En général, avec
le développement des vertébrés - poissons, oiseaux, mammifères - et enfin
des primates à l'homme, on observe une augmentation du poids du cerveau
par rapport au poids total. L'homme a en moyenne un cerveau d'environ
1400 grammes pour un poids moyen de 70 kilos ce qui lui donne un poids
cérébral relatif bien supérieur en comparaison d'animaux de poids voisins
comme le lion ou l'autruche mais qui ont des cerveaux dix à vingt fois plus
légers. Le cerveau du chimpanzé pèse 400 grammes, à peine moins que les
450 grammes de notre premier ancêtre, l'australopithèque.
 
Malgré les énormes différences entre les espèces animales,des
comparaisons sont parfois possibles si bien que certains chercheurs
(Bitterman, 1965 ; Harlow, 1949) ont utilisé le même problème pour
comparer l'intelligence de différents animaux. Pour chaque problème,
l'animal doit choisir entre deux objets (par exemple une croix et un cercle)
pour recevoir une récompense, mais à chaque fois les deux objets sont
différents. Un homme adulte apprend en une ou deux tentatives ce genre de
problème : si la récompense n'est pas sous la croix, c'est qu'elle est sous le
cercle. L'homme trouve la solution
 
En deux tentatives au maximum : soit on soulève l'objet (sous lequel est
cachée la récompense) par hasard (c'est bienlors de la première tentative) ou
l'autre est levé, et l'objet correct est levé lors de la deuxième tentative, ce
qui donne un maximum de deux tentatives. Mais pour y parvenir, un
chimpanzé a besoin de 200 entraînements aux problèmes (sur plusieurs
mois). Un pigeon ne réussit qu'à 80% après 500 problèmes. Un chat ne
réussit que 60% après un entraînement de 600 problèmes, tandis qu'un rat
réussit à peine au-dessus du hasard après le même entraînement.
 
Essayons un problème plus simple. Un animal doit choisir une cible (par
exemple cercle brillant) plutôt qu'une autre stimulation (cercle noir), et est
alors récompensé ; des graines pour un pigeon et… un délicieux petit ver
pour nos poissons rouges. Puis lorsqu'il réussit plusieurs fois (à raison de 40
essais par jour), il est inversé et c'est le cercle noir qui est récompensé et
ainsi de suite. Le rat, cette fois, parvient à changer plusieurs fois et malgré
les changements de cible récompensée, ne commet en moyenne que deux
erreurs. L'intelligence du pigeon est moins flexible et il fait jusqu'à 50
erreurs avant d'apprendre à changer de cible, mais finit par bien apprendre
après 20 jours. Ce n'est pas le cas de la tortue qui fait encore 40 erreurs par
jour après 20 jours d'entraînement. Et notre petit poisson rouge ? Bien,
 
Conclusion
Outre les différences quantitatives dans la taille du cerveau (par rapport au
corps), il existe également de nombreuses différences « qualitatives » dans
la constitution du cerveau. Par exemple, comparé à un vertébré primitif de
taille équivalente, le cortex frontal (qui permet le ment) du chimpanzé est
60 fois plus gros alors que celui de l'homme est 150 fois plus gros.
 
L'hippocampe (indispensable à la mémorisation) est une fois et demie plus
gros chez le chimpanzé et quatre fois plus gros chez l'homme. A l'inverse,
le bulbe olfactif qui sert à l'odorat a la même taille.
Le chat et son compagnon le rat ne sont pas aussi intelligents que La
Fontaine nous les a décrits ! Quant à notre petit poisson rouge… ce n'est pas
Nemo qui veut !
 
 
16.       L'intelligence est-elle héréditaire ?
Impact du patrimoine génétique sur l'intelligence
 
La sélection en élevage et en agriculture est pratiquée depuis des siècles et
fait actuellement l'objet de procédures scientifiquement contrôlées ; on sait
que de nombreux facteurs dépendent de facteurs génétiques, allant de la
résistance des céréales au froid à la production laitière. Pourquoi alors les
gènes des chromosomes seraient-ils responsables de la morphologie et de la
physiologie des animaux et ne seraient-ils pas responsables du
comportement. L'idée que l'intelligence est aussi héréditaire a été
développée vers la fin du XIXe siècle par l'Anglais Francis Galton qui s'est
intéressé, dans un livre sur l'hérédité des génies, à retracer les filiations
familiales des génies comme on le fait avec le pedigree des chevaux de
course. .
 
La première expérience d'élevage d'animaux sur les caractéristiques
comportementales a été réalisée par l'américain Tryonde 1927 à 1940 chez
le rat, animal familier du laboratoire.
 
La sélection est basée sur la rapidité avec laquelle vous apprenez à sortir
d'un labyrinthe complexe, composé de dix-sept carrefours. Chaque animal
est soumis à dix-neuf tests et leurs performances sont mesurées par le total
des erreurs (entrées dans des impasses) ; les rats qui commettent le moins
d'erreurs sont appelés « brillants » (brillants) et ceux qui commettent le plus
d'erreurs sont les « cancres » (émoussés). Ces deux premiers groupes
définissent donc les parents, il y a les parents brillants et les parents cancres.
C'est à partir de ce moment que commence la sélection, ainsi que pour les
fleurs dont on aimerait séparer les rouges des blancs. Dans l'exemple des
fleurs, on ne croiserait pour la reproduction que les fleurs les plus rouges
entre elles et seulement les fleurs les plus blanches entre elles, et ainsi de
suite sur plusieurs générations pour avoir des fleurs très rouges ou très
blanches. Ici, Tryon et son équipe élèvent des rats brillants d'une part et des
rats cancres de l'autre. Les rats issus de ces croisements forment la première
génération, G1 ; après avoir appris les rats G1, une nouvelle sélection est
faite en croisant les nouveaux brillants entre eux et les nouveaux cancres
entre eux et ainsi de suite jusqu'à la dix-huitième génération. A noter que
cette expérience a duré onze ans. Les résultats indiquent qu'une
différenciation nette entre deux variétés de rats n'intervient qu'à partir de la
génération n°7. Certains laboratoires d'élevage poursuivent cette sélection,
entre autres, et les chercheurs peuvent acheter des souches de rats luisants
ou cancres. une nouvelle sélection se fait en croisant les nouveaux brillants
entre eux et les nouveaux cancres entre eux et ainsi de suite jusqu'à la dix-
huitième génération. A noter que cette expérience a duré onze ans. Les
résultats indiquent qu'une différenciation nette entre deux variétés de rats
n'intervient qu'à partir de la génération n°7. Certains laboratoires d'élevage
poursuivent cette sélection, entre autres, et les chercheurs peuvent acheter
des souches de rats luisants ou cancres. une nouvelle sélection se fait en
croisant les nouveaux brillants entre eux et les nouveaux cancres entre eux
et ainsi de suite jusqu'à la dix-huitième génération. A noter que cette
expérience a duré onze ans. Les résultats indiquent qu'une différenciation
nette entre deux variétés de rats n'intervient qu'à partir de la génération n°7.
Certains laboratoires d'élevage poursuivent cette sélection, entre autres, et
les chercheurs peuvent acheter des souches de rats luisants ou cancres.
Et l'homme ? L'intelligence est-elle aussi héréditaire ? Pour l'étudier, nous
calculons la corrélation (voir question 6 de ce chapitre) entre le QI de
personnes de degré croissant de parenté génétique, allant de la corrélation
entre deux personnes non apparentées à des jumeaux identiques, qui ont les
mêmes chromosomes. Plus d'une centaine d'études ont été menées dans ce
domaine, les résultats apportant ainsitotal sur plusieurs milliers d'individus.
 
On constate que la corrélation moyenne, sur cette centaine d'études, varie
fortement selon le degré de parenté. Comme prévu, la corrélation est nulle
entre les QI des couples non apparentés (couplés au hasard). Les cousinsont
entre eux une corrélation de 0,15. La corrélation entre frères et sœurs ou
entre parents et enfants est la même, autour de 0,50. Et enfin les vrais
jumeaux ont une intelligence très similaire, puisque la corrélation entre leur
QI est de 0,85, ce qui est très élevé.
 
Conclusion
L'intelligence est en effet héréditaire et plus les gens partagent le même
patrimoine génétique, plus leur intelligence est similaire. Cependant, une
erreur courante en énonçant cette conclusion est de comprendre
« Seule l'intelligence est héréditaire », ce qui n'est pas le cas car les
conditions de développement et d'éducation ont également un rôle crucial
(voir ci-dessous). Dire qu'il y a du blanc dans l'œuf ne veut pas dire que le
jaune est inexistant !
 
 
17.       Les jumeaux ont-ils la même intelligence ?
Intelligence et degré de parenté
 
Les jumeaux fascinent par leur ressemblance depuis l'Antiquité. Tout le
monde sait qu'il existe deux sortes de jumeaux, vrais et faux. Le petit bébé
est issu d'un embryon lui-même issu d'un ovule (appelé zygote en biologie),
issu de la fécondation de l'ovule de la mère et du sperme du père, donnant
ainsi 23 chromosomes maternels et 23 chromosomes paternels, ce qui fait
 
46 chromosomes habituels d'êtres humains normaux. L'œuf peut parfois se
scinder en deux, donnant deux œufs identiques avec les mêmes
chromosomes et donc deux êtres similaires, appelés « clones » en biologie.
Les jumeaux identiques (ou monozygotes ou jumeaux MZ) sont donc
parfaitement similaires car ils résultent du doublement d'un même ovule.
Inversement, deux ovules peuvent être fécondés en même temps par deux
spermatozoïdes différents, et deux bébés peuvent naître en même temps.
Puisqu'ils proviennent de deux ovules et spermatozoïdes différents, ils
seront en partie similaires car ils proviennent des mêmes parents. Par
exemple, l'ovule peut contenir le brin A (il y a deux brins par chromosome
mais un seul dans l'ovule ou le spermatozoïde) du chromosome 1, qui
provient du grand-père maternel, alors qu'un autre œuf peut contenir le brin
B (qui vient de la grand-mère maternelle), c'est la raison pour laquelle les
enfants ont parfois des traits similaires à ceux des grands-parents ou des
oncles et tantes. Bref, dans le cas des jumeaux fraternels (ou dizygotes ou
DZ), c'est la grande loterie des chromosomes et ils se ressemblent comme
de simples frères et sœurs mais sans plus.
De nombreuses études ont été menées sur des jumeaux, véritables clones
naturels, et ces études montrent que les vrais jumeaux ont une intelligence
très similaire, puisque la corrélation entre leur QI est de 0,85, ce qui est très
élevé.
 
Mais parmi toutes ces recherches, celle de la faculté de médecine de
l'Université de Louisville est extraordinaire. Lancé par Falkner en 1957, un
programme systématique d'étude des jumeaux de la région comprend des
visites et des tests à intervalles réguliers dès la naissance. Ce programme,
poursuivi par Vandenberg, puis Ronald Wilson (1983), concerne environ
500 couples de jumeaux âgés de 3 mois à 15 ans. Les jumeaux sont testés
tous les 3 mois
 
Première année, chaque année jusqu'à l'âge de 9 ans et un examen final est
passé à l'âge de 15 ans. Les jumeaux sont identifiéscomme MZ et DZ sur la
base de 22 antigènes sanguins, sauf bien sûr lorsque les jumeaux sont de
sexe différent, ce qui prouve qu'ils sont DZ.

Corrélations (max = 1)1


 
 
 
 
 
0,8
 
 
 
 
0,6
 
 
 
 
 
0,4
 
 
 
 
0,2
3 mois 6 mois 4 années 9 années              15 années
Âge
Evolution des corrélations en fonction de l'âge et du degré de parenté
(Simplifié de Wilson, 1983)
Les résultats sont spectaculaires pour MZ puisque les corrélations ne
cessent d'augmenter de 0,66 à 3 mois à 0,88 à 15 ans. Les jumeaux DZ
offrent une peinture
 
Nettement différent puisque les corrélations sont également fortes àtrois
mois, mais baisse jusqu'à la corrélation d'environ 0,50 entre frères et sœurs
à 15 ans. La forte ressemblance entre tous les jumeaux (vrais ou faux) au
début de la vie est donc due à l'environnement, utérin et à la naissance, qui
n'est pas le cas pour les frères et sœurs, nés à des dates différentes. Ton.
Mais le développement des jumeaux suit des chemins différents, les MZ se
ressemblant de plus en plus à mesure que les corrélations entre les DZ
convergent vers les corrélations entre frères et sœurs. Les généticiens y
voient l'effet de
"Pression génétique", les gènes exerçant leur rôle de contrôle dans la
fabrication des molécules qui entreront dans la fabrication des constituants
élémentaires du cerveau (protéines, neurotransmetteurs...), un peu comme
deux maisons qui seraient construites à partir d'une photocopie d'un plan ;
les artisans, ne travaillant pas à la même vitesse, les maisons se
ressembleront de plus en plus au fur et à mesure qu'elles sontconstruction.
 
Conclusion
Si l'hérédité est cruciale, l'environnement l'est aussi. Ainsi, des recherches
approfondies sur des jumeaux séparés peu après la naissance montrent que
si la ressemblance des empreintes digitales est la même (0,97), la
ressemblance pour l'intelligence verbale est un peu plus faible chez les
jumeaux séparés que chez les jumeaux élevés ensemble. (0,64 contre 0,88)
tout comme la taille et le poids. L'intelligence verbale (culture) est donc à la
fois déterminée par l'hérédité et l'environnement.
 
18.       Où est le gène de l'intelligence ?
Anomalies génétiques et déficiences mentales
 
Le fait que l'intelligence soit héritée est souvent interprété par l'idée qu'il
existe un gène de l'intelligence. Mais, paradoxalement, l'hérédité de
l'intelligence ne signifie pas nécessairement l'existence d'un ou de quelques
gènes de l'intelligence. Le phénomène des anomalies génétiques le montre
clairement. La maladie génétique la plus connue dans le domaine du retard
mental est le mongolisme ou syndrome de Down. Des études biologiques
ont montré que le mongolisme est associé à un nombre anormal de
chromosomes, quarante-sept au lieu de quarante-six. C'est la paire n 21 (les
chromosomes vont par paires et sont numérotés de 1 à 23 du plus grand au
plus petit) qui comprend cette fois trois chromosomes. En raison de cette
particularité, cette déficience est également appelée trisomie-
21. En plus des déficits physiologiques, la déficience mentale est
généralement très grave puisque le QI moyen dans une étude de quatre cent
soixante-quatorze sujets trisomiques est de 60 à trois ans et de 35 à quinze
ans.
 
La recherche neurobiologique aide à comprendre certains des mécanismes
déficitaires. Un chromosome est constitué de séquences chimiques d'ADN,
séquences qui sont les modèles de fabrication de certaines molécules ; ces
séquences sont appelées sous-bandes et sont également numérotées. Ainsi,
la sous-bande numérotée 21-22 du chromosome 21 contient les gènes qui
fabriquent une enzyme impliquée dans le métabolisme de l'oxygène ; mais
un excès de ces dérivés oxygénés est très dangereux car ils se fixent
n'importe où, ce
sont les "radicaux libres", connus des magazines féminins, car ils
provoquent le vieillissement des cellules et entred'autres, les cellules de la
peau. Cependant, les enfants trisomiques vieillissent terriblement vite et
certains chercheurs ont noté des similitudes entre ce vieillissement accéléré
et la maladie d'Alzheimer. D'autres recherches indiquent que les pistes 21-
22 contiennent également un gène dupliquant le précurseur d'une protéine
(appelée A4), jouant un rôle dans la régénération des membranes
cellulaires. Or, cette protéine est en excès dans le cerveau des personnes
trisomiques et atteintes de démence de type Alzheimer, et ce débordement «
obstrue » les espaces entre les neurones empêchant leur transmission.
 
Conclusion
Un deuxième cas de carence est connu sous le nom d'oligophrénie
phénylpyruvique (ou phénylcétonurique), oligophrénie signifiant « petit
esprit ». Un seul gène est ici responsable d'une déficience mentale profonde.
Ce gène modifie la production d'une enzyme qui transforme un acide
aminé, la phénylalanine, en un autre acide aminé, la tyrosine ; les acides
aminés, au nombre de vingt, sont les constituants élémentaires des protéines
qui sont les briques constitutives des os, des muscles, du système nerveux,
etc. Cependant, la tyrosine est le précurseur de deux neurotransmetteurs
cérébraux essentiels, la dopamine et la noradrénaline. Le cerveau ne peut
donc plus fonctionner normalement, un peu comme couper l'électricité dans
une maison. On voit donc comment l'intelligence est déterminée par
l'hérédité, mais pourquoi il n'y a pas de gène de l'intelligence en soi. En
effet, les gènes ne fabriquent que des constituants élémentaires. Mais
certains constituants élémentaires, comme l'électricité dans une maison,
participent à tant de choses que la privation d'un seul constituant peut
conduire à un dysfonctionnement général.
 
19.       L'homme préhistorique était-il intelligent ?
Environnement développement culturel et de l'intelligence
 
Les hommes préhistoriques étaient-ils intelligents ? Dans la blague de
Binet, le créateur du premier test, "l'intelligence est ce que mesure mon
test", la réponse serait non. Le premier Homo sapiens, il y a quelque 50 000
ans, avait la même capacité crânienne que la nôtre, ce qui montre que la
performance intellectuelle de l'individu actuel n'est due qu'à
l'environnement 1. Le langage, la lecture, les mathématiques, etc.
l'apprentissage au fil des millénaires, transmis par la famille, l'école,
l'éducation sociale...
Un psychologue américain, Harold Skeels du Child Protection Research
Institute de l'Iowa, a démontré l'influence essentielle d'un environnement
favorable. Son étude est partie du constat que le QI des enfants laissés dans
les orphelinats à l'âge de 16 mois a tragiquement diminué de 90 à 60 à l'âge
de 4 ans. Suspendant le rôle défavorable de l'environnement dans
l'orphelinat, il a formé un groupe expérimental d'enfants, abandonnés et
déficients dont le QI moyen était de 65 au même âge de 16 mois. Le groupe
de contrôle du QI
 
1. Par rapport à mes travaux antérieurs, j'ai abandonné le thème des enfants
loups, preuve de la nécessité d'un environnement riche, depuis les
contacts avec le Dr Serge Aroles, qui montrait dans son livre L'Énigme
des enfants loups, qu'il était le plus souvent une déception dramatique,
avec des enfants abandonnés que des escrocs obligent à marcher à quatre
pattes, avec des bâtons, pour extorquer de l'argent aux touristes, comme
les tristement célèbres Amala et Kamala.
 
La moyenne (90 à 16 mois) a donc été laissée à l'orphelinat tandis que les
enfants du groupe expérimental ont été envoyés dans une école spécialisée
pour enfants handicapés avec un personnel qualifié. Le niveau intellectuel
de ces enfants a donc progressé très rapidement, atteignant à l'âge de 3 ans
un QI presque normal de 93. Mais en même temps, le QI des enfants laissés
à l'orphelinat est tombé à 60 à l'âge de 4 ans. et l'environnement social est
donc déterminant.
 
L'environnement façonne-t-il les capacités de l'individu à vivre ? Pour le
savoir, ce même psychologue, s'est lancé à la recherche d'enfants... vingt
ans plus tard. Comme il le dit lui-même, les vertus d'une étude longitudinale
sont la flexibilité et la ténacité. Dans un style qui n'est pas loin d'un roman
policier, il raconte sa recherche d'enfants : « Le 20 octobre 1961, je m'arrête
à Bradshaw (les noms des personnes et des villes ont été changés) trois cent
cinquante-cinq habitants, pour essayer de retrouver la famille Ted Mitchell.
Leur fille, Ruth, est l'une des treize enfants du groupe expérimental et le
dernier contact remonte à 1941… » Il s'est rendu à la poste ; l'employé ne
connaît pas l'adresse mais pense que le dentiste se souvient peut-être de
cette famille... Le dentiste le réfère à des fermiers près des Mitchell ; l'un
des fermiers du quartier lui dit que les Mitchell ont divorcé mais que Ruth
est restée en contact avec une Mme Marshall. La fille de ce dernier était
l'amie d'une des sœurs de Ruth qui épousa un certain Ralph Strand résidant
à Des Moines. Il est localisé par l'annuaire et donc la recherche est plus
facile... Les résultats montrent sans ambiguïté que les conséquences d'une
éducation déficiente sont catastrophiques et définitives. Les enfants élevés
dans le centre spécialisé (à l'orphelinat, ils étaient déficients) ont finalement
un niveau d'éducation normal, sont intégrés socialement, mariés avec une
profession et un salaire correspondant. La fille de ce dernier était l'amie
d'une des sœurs de Ruth qui épousa un certain Ralph Strand résidant à Des
Moines. Il est localisé par l'annuaire et donc la recherche est plus facile...
Les résultats montrent sans ambiguïté que les conséquences d'une éducation
déficiente sont catastrophiques et définitives. Les enfants élevés dans le
centre spécialisé (à l'orphelinat, ils étaient déficients) ont finalement un
niveau d'éducation normal, sont intégrés socialement, mariés avec une
profession et un salaire correspondant. La fille de ce dernier était l'amie
d'une des sœurs de Ruth qui épousa un certain Ralph Strand résidant à Des
Moines. Il est localisé par l'annuaire et donc la recherche est plus facile...
Les résultats montrent sans ambiguïté que les conséquences d'une éducation
déficiente sont catastrophiques et définitives. Les enfants élevés dans le
centre spécialisé (à l'orphelinat, ils étaient déficients) ont finalement un
niveau d'éducation normal, sont intégrés socialement, mariés avec une
profession et un salaire correspondant.
 
Dant à la moyenne de cet état. A l'inverse, de jeunes enfants, laissés à
l'orphelinat, puisqu'ils avaient un niveau intellectuel normal au départ, sont
devenus par la suite des inadaptés sociaux avec un niveau d'éducation très
bas, un métier non qualifiant (dont trois sont simples. - laveurs de vaisselle),
célibataires et avec des salaires misérables ; un seul a réussi à avoir une
bonne situation (imprimante). Les conditions d'éducation déterminent donc
définitivement le statut intellectuel et social de l'individu...
 
Conclusion
L'influence de l'environnement (ou du milieu) sur l'intelligence est très
variée. Il existe des facteurs biologiques comme l'alimentation (voir
question 23) mais aussi des facteurs psychologiques concernant les
stimulations sensorimotrices, linguistiques, affectives et sociales. Dans le
développement de la petite enfance, le rôle des attitudes parentales, du
niveau socio-économique, des cultures sociales et ethniques, du contexte
cognitif et culturel, est essentiel. La qualité des soins est évidemment
essentielle. Un psychologue cite le cas de l'empoisonnement d'un bébé dont
la tétine percée avait été "réparée" avec de la colle pour pneu de vélo...
L'environnement culturel est certainement constitué en très grande partie
par la famille et l'école, la famille jouant un rôle déterminant pour l'éveil
précoce et l'acquisition du langage, l'école étant le lieu privilégié des
acquisitions intellectuelles, de la lecture, des matières scolaires. André
Flieller interprète ainsi l'amélioration des performances des jeunes aux tests
(effet Flynn) par des effectifs massifs, les effectifs collégiaux étant passés
de 60 % en 1967 à 90 % en 1993… Quant au bachelier, le pourcentage
d'une tranche d'âge obtenant le diplôme passe de 3 % en 1936 à 60 % 1 à
partir de l'an 2000.
 
 
 
20.       Doit-on faire faire de la gymnastique au cerveau ?
Stimulation et développement du cerveau
 
Maria Montessori (1870-1952), médecin, soupçonnée dès la fin du XIXe
siècle que les enfants des quartiers pauvres étaient
"Stupide" par manque de stimulation. Elle a créé une école d'orthophrénie
et a développé des maisons d'enfants dans des quartiers insalubres où elle a
mis en place une éducation par la stimulation multisensorielle, avec des
formes, des objets, des couleurs et des sens variés. L'expérimentation
animale a permis d'analyser ces phénomènes et notamment de montrer que
les stimuli ont un rôle décisif dans le développement à certaines périodes,
c'est la notion de période critique. Chez les chats, dont le système perceptif
est physiologiquement similaire au nôtre, la privation sensorielle totale
(paupières cousues) entraîne une dégénérescence nerveuse irréversible, les
chats restent aveugles.
 
 
1. Et pas 80 % comme on l'entend souvent ; le 80% correspond au
pourcentage de recettes parmi les étudiants qui se présentent, qui n'est pas
l'ensemble d'une tranche d'âge(www.education.gouv.fr/). réaction cérébrale
aux horizontales). La période critique pour la vision se situe entre la
troisième semaine et le troisième mois. La recherche biochimique a permis
de découvrir qu'une grosse protéine est impliquée. Les chercheurs l'ont
appelée « MAP » (map) : synthétisée dans la rétine par l'effet de
stimulations lumineuses. MAP se déplace à travers les câbles nerveux
optiques pour transmettre des messages de renforcement des nerfs.
 
Dans cette lignée, d'autres recherches sur la biologie du cerveau montrent
que des changements profonds ont lieu en fonction de stimulations
précoces, comme des travaux sur l'environnement enrichi et
l'environnement appauvri.
 
Mark Rosenzweig de l'Université de Californie raconte l'origine de cette
découverte : dans les années 1950, des chercheurs de son laboratoire
tentaient d'établir une corrélation entre les différences individuelles des rats
dans la résolution de problèmes et une enzyme dans le cerveau,
l'acétylcholinestérase, une enzyme régulatrice. qui détruit l'excès
d'acétylcholine, un neurotransmetteur très important. Cependant, les
mesures ont indiqué que l'activité de l'enzyme était plus importante dans le
cerveau, en particulier dans le cortex occipital (visuel), pour les rats qui
avaient été utilisés dans les expériences de résolution de problèmes. Cette
découverte a conduit Rosenzweig et ses collègues à mettre en place
différents environnements pour les rats reproducteurs. Sachant que
l'environnement d'élevage standard est une petite cage avec une bouteille
d'eau pour trois rats, un environnement appauvri est créé en élevant un rat
seul dans ce type de cage et un environnement enrichi d'une grande cage
avec 12 rats, différents objets (échelle, roue, etc.) changés chaque jour ; la
nourriture et l'eau sont fournies à tout moment. Les rats élevés pendant 4 à
10 semaines dans cet environnement enrichi ont des cerveaux différents de
ceux des rats élevés dans un environnement appauvri : le cortex cérébral.
 
est plus lourde et plus épaisse, l'activité des enzymes est plus grande
(cholinestérase et acétylcholinestérase), les cellules gliales (cellules
nourricières des neurones) sont plus nombreuses. Toutes ces recherches
attestent de l'extrême importance de la stimulation précoce.
 
Conclusion
Depuis ces études, les environnements des institutions pour enfants se sont
enrichis en termes de formes et de couleurs. Tableaux lumineux et variés,
affiches, jouets, ornent désormais crèches et hôpitaux pour enfants... Plus
tard, l'environnement familial et surtout l'école sont les meilleures sources
de stimulation cérébrale. Quant aux exercices proposés dans les livres de
"gymnastique" du cerveau, ils ne sont pas supérieurs aux jeux des
magazines pour enfants ou aux jeux classiques, des mots croisés au Trivial
Pursuit !
 
 
21.       Stimulez vos neurones… oui, mais comment ?
Les programmes d'entraînement cérébral sont-ils efficaces ?
 
Stimuler ses neurones pour améliorer le cerveau est donc essentiel, cela ne
fait aucun doute. Oui mais comment ? Surfant sur la peur du vieillissement
et de la maladie d'Alzheimer, de nombreuses méthodes promettent de
construire, développer ou rajeunir le cerveau. Avec la popularité des jeux
vidéo, le Dr Kawashima propose des exercices pour stimuler le cerveau
avec la prétention d'obtenir un cerveau de 20 ans. Conçu sur le modèle
marketing de l'anti-crème
 
rides, le battage publicitaire contribue à sa diffusion : spots télévisés,
doubles pages dans les magazines féminins. Mais pour de nombreuses
méthodes, les exercices restent très classiques : calcul élémentaire, figures
géométriques à mémoriser… ou parfois adaptations de tests
psychologiques. De telles méthodes sont-elles efficaces ?
 
Une recherche a été initiée pour évaluer la méthode Kawashima et la Big
Brain Academy (Big Brain Academy) sur la console de jeux vidéo
Nintendo DS, contre de simples jeux papier-crayon de magazines pour
enfants (Mic-key Games) et un contrôle de groupe qui ne n'utiliser aucune
méthode (Sonia Lorant-Royer, Véronika Spiess, Julien Goncalvez et Alain
Lieury, 2008). L'expérience compare quatre groupes d'élèves de CM1
(environ 10 ans). Les deux premiers groupes bénéficient d'une formation de
7 semaines. Un pré-test et un post-test sont utilisés avec trois tests de type
scolaire : les tests de Sciences de la Vie et de la Terre, de Géographie et de
Calcul. Et pour mesurer si de tels programmes vous rendent plus intelligent,
trois sous-tests d'un test célèbre et récent ont été utilisés (WISC-IV, 2005) :
En général, les modalités de formation ne sont pas assez spécifiques pour
un passage aux tests de type école : les résultats sont nuls (- 3 %) pour les
Sciences de la Vie et de la Terre ou négatifs (- 17 %) pour la Géographie ou
faibles (+ 19 %) pour calcul et les groupes papier-crayon et témoin font de
même (19 % et 18 %). Au total donc,peu d'efficacité. N'oublions pas qu'une
progression, même de 30% est faible ; en effet, dans un apprentissage de
liste de mots simple, quand on passe de 6 mots rappelés au premier essai à
24 mots au douzième essai, cela fait un progrès de 300 % (24 - 6 = 18
divisé par 6 = 3 x 100
= 300%). Dans cet exemple, une augmentation de 33 % serait
 
passer d'un rappel de 6 mots à 8 mots à la douzième tentative ; là on voit
qu'il est très faible.
Voilà pour les tests de type scolaire. Mais les jeux vidéo de Stimulation
Cognitive vous rendent-ils plus intelligent sur du contenu non-académique ?
Tout d'abord, le test des Matrices a une valeur de référence pour la méthode
de Kawashima qui prétend rajeunir le cerveau, puisque les Matrices sont un
très bon test de raisonnement. Cependant, il n'y a pas de progression pour
l'entraînement cérébral (0,6%) (voir ci-dessous).
 
 

100
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
E. Cérébral C. Académie Papier-Crayon                         
Contrôler
Progression (ou diminution) des scores aux tests (%) selon les deux
méthodes sur les jeux vidéo, le jeu papier-crayon ou le groupe contrôle
(d'après Lorant-Royer, Spiess, Goncalvez & Lieury, 2008)
 
 
Pour la mémoire des nombres, le programme Kawashima prend sa revanche
avec une progression de 20% grâce à sa méthode, comprenant beaucoup de
calculs arithmétiques classiques (les tables de multiplication) et un autre
exercice (Go and Come) qui demande de la mémorisation. Les entrées et
sorties de peules gars. C'est positif, mais ça ne va pas mieux quejeux de
papier et crayon.
 
nous attendions aussiavec grand intérêt les résultats du test des symboles
qui est un test d'attention visuelle. Ins-piratant de tels tests, Kawashima
propose plusieurs jeux d'attention, également très bien adaptés à la petite
console, comme le fameux test de Stroop et un exercice de nombres mal
appelé (mais très sympa) où le joueur doit compter le nombre de chiffres
correspondant à un paramètre, par exemple, le nombre de chiffres jaunes,
qui tournent ou qui bougent. En effet, le Brain Training est efficace avec
une progression de 20% mais pas plus que le groupe contrôle qui fait aussi
bien en se tournant les pouces. Bref, insuffisant pour rajeunir notre cerveau
comme annoncé !
En conclusion, les programmes de jeux vidéo ne sont que des jeux et rien de
plus. Ils ne sont pas prêts de remplacer les programmes scolaires qui, par
leur variété et leur durée, offrent une véritable stimulation cérébrale à nos
chers bambins !
 
Conclusion
Pourquoi les méthodes « tout en un » ne sont-elles pas efficaces ? Ces
méthodes reposent sur le principe du transfert : une formation préalable
peut faciliter l'apprentissage. Mais des études sur cette question ont montré
qu'il n'y a de bénéfice que si les deux apprentissages se ressemblent ; ainsi
l'apprentissage des syllabes ne facilite pas la mémorisation des poèmes ou
du latin. L'explication est la complexité du cerveau avec ses 200 milliards
de neurones : construire une autoroute entre Limoges et Cahors n'améliore
pas le trafic entre Manhattan et Brooklyn !
 
22.       Votre enfant doit-il plutôt lire ou regarder la télévision ?
Influence des formats de présentation
 
Le vocabulaire et la culture sont fondamentaux pour l'intelligence et sont les
meilleurs prédicteurs de l'intelligence générale. Des études françaises
montrent que le vocabulaire moyen à la fin du primaire est de neuf mille
mots connus et ce vocabulaire passe de deux mille cinq cents mots à la fin
de la sixième à dix-sept mille mots à la fin de la troisième. . Cela montre,
comme deux chercheurs américains, à quel point les étudiants sont baignés
dans un océan de mots. Pour de nombreux chercheurs, le principal moyen
d'apprentissage de ces mots est la lecture. Par exemple, imaginez un livre de
cent pages chacune avec dix lignes de dix mots, ce livre représente dix
mille mots. Bien entendu, ces dix mille mots ne sont pas tous nouveaux et
justement, on pense que les nouveaux mots se comprennent par déduction
des autres mots de la phrase et "
 
Cependant, l'effet de ces différents médias n'est pas le même selon l'âge.
Chez l'enfant et lorsque le document est descriptif ou narratif (une histoire
d'ours par exemple), lela télévision est plus efficace pour apprendre que la
lecture. Mais quand les enfants sont plus grands (douze ans) et chez les
adultes, la lecture permet d'apprendre mieux que la télévision.
 
La raison principale en est que le lecteur dispose d'une vitesse de prise
d'informations qui est totalement régulée en fonction de la connaissance des
mots. Si les mots sont familiers, la lecture se fait très rapidement, tandis que
si les mots sont nouveaux ou importants, les yeux se révulsent ou se posent
plusieurs fois, ce qui les rend plus faciles à retenir. La télévision ne le
permet pas. C'est ainsi que pour les documents scientifiques (E = M6), nous
avons constaté que l'apprentissageétait trois fois plus efficace à la lecture
qu'à la télévision. Or, la télévision est un concurrent sérieux pour la lecture,
puisqu'un enfant regarde en moyenne deux heures de télévision pour vingt
minutes de lecture, dont la moitié est consacrée aux manuels. Il s'agit d'une
véritable concurrence car certaines études montrent une légère corrélation
inverse entre le temps passé devant la télévision et les compétences en
lecture. Cependant, ce résultat n'est vrai que dans le cas des programmes de
loisirs et il n'y a pas d'effet négatif de la télévision sur les capacités de
lecture lorsque la télévision concerne l'actualité. Qu'en est-il des retombées
sur l'intelligence, c'est encore un peu tôt pour le dire et il faut faire quelques
études. Dans l'une de nos recherches, Nous avons trouvé une corrélation
positive entre la connaissance des programmes de télévision et les résultats
en sixième année, c'est-à-dire ceux qui se souvenaient le mieux des noms
des programmes ou des hôtes étaient les meilleurs étudiants. Mais tout a
basculé pour les élèves de troisième, qui étaient en moyenne les plus
mauvais en classe parmi les
«  junkies  » de la télévision  ; une analyse des programmes préférés ont
indiqué que ces élèves regardaient principalement les sports.
 
Conclusion
Différents formats de présentation, de lecture, de télévision, de CD-ROM
ont leurs avantages et inconvénients respectifs. L'un des inconvénients de la
télévision est qu'elle ne présente pas visuellement des mots complexes, ce
qui rend impossible le déchiffrement de leur orthographe. Comment deviner
 
l'orthographe de Sarah Bernhardt ou Queen Hatshepsu pour les figures et
mycellium ou arum pour les plantes ? Après avoir utilisé les documents E =
M6 pour cette recherche, il m'a semblé utile de les informer de ces résultats
et de conseiller d'ajouter les mots techniques en sous-titres dans leurs
documentaires ; mais je n'ai jamais eu de réponse… D'autres programmes
(Ushuaia) le font de manière élégante (le mot tombe comme une goutte
d'eau) pour les sites géographiques. Il ne faut donc pas, sous prétexte de
modernité, ranger les livres au grenier pas plus qu'il ne faut interdire la
télévision ou l'ordinateur. C'est avant tout le contenu qui est important dans
le développement des connaissances et donc de l'intelligence.
 
 
23.       Le contenu de votre assiette fera-t-il de vous un prix Nobel ?
Nutrition et fonction cérébrale
 
Les nombreux facteurs physiologiques, nutrition, vitamines, hygiène,
alcoolisme et tabagisme de la mère pendant la grossesse, etc., sont
évidemment déterminants pour le développement intra-utérin. De
nombreuses recherches ont été menées sur les effets de la malnutrition chez
les animaux, notamment chez le rat, et montrent un mauvais développement
cérébral, des neurones plus petits, moins de ramifications vers d'autres
neurones… Si certains effets peuvent être compensés par une meilleure
nutrition par la suite, les dommages semblent persister, notamment chez les
l'hippocampe (structure cérébrale essentielle à la mémorisation).
 
En Afrique, la malnutrition produit des maladies spécifiques qui
ralentissent fortement le développement intellectuel. Un certain nombre
d'études ont été menées avec des organisations internationales en Amérique
centrale.
 
Un très grand projet a été mené dans quatre villages du Guatemala par
l'INCAP (Institut de Nutrition d'Amérique centrale et du Panama) sur six
cent trente-six enfants avec suivi scolaire et tests divers après huit ans (de
1969 à 1977). Deux types de rations complémentaires ont été testées, toutes
deux contenant des vitamines et des minéraux, mais l'une riche en protéines,
l'Atole (ressemblant à une boisson chocolatée) et l'autre Fresco
(ressemblant à une boisson fraîche) ne contenant pas de protéines. Les
résultats indiquent un effet du supplément protéique (Atole) sur divers tests,
test de raisonnement (matrices Raven), tests d'arithmétique et de
connaissances, l'effet le plus marquant étant sur le vocabulaire. Selon le
niveau socio-économique, les effets nutritionnels n'agissent que sur les
enfants de catégories défavorisées ou moyennes, ce qui s'interprète par le
fait qu'il n'y a pas d'effet de la malnutrition dans les classes supérieures. Par
ailleurs, on constate que les effets d'une meilleure nutrition sont d'autant
plus efficaces que le niveau scolaire augmente (école primaire). Sachant
aussi que les acides aminés (issus des protéines) sont les précurseurs des
neurotransmetteurs (la tyrosine est le précurseur de la dopamine et de la
noradrénaline et le tryptophane est le précurseur de la sérotonine…), on en
comprend les effets négatifs. Tives de la malnutrition sur le développement
intellectuel. Ce problème ne concerne évidemment pas que les pays moins
développés, Sachant aussi que les acides aminés (issus des protéines) sont
les précurseurs des neurotransmetteurs (la tyrosine est le précurseur de la
dopamine et de la noradrénaline et le tryptophane est le précurseur de la
sérotonine…), on en comprend les effets négatifs. Tives de la malnutrition
sur le développement intellectuel. Ce problème ne concerne évidemment
pas que les pays moins développés, Sachant aussi que les acides aminés
(issus des protéines) sont les précurseurs des neurotransmetteurs (la tyrosine
est le précurseur de la dopamine et de la noradrénaline et le tryptophane est
le précurseur de la sérotonine…), on en comprend les effets négatifs. Tives
de la malnutrition sur le développement intellectuel. Ce problème ne
concerne évidemment pas que les pays moins développés,
Les lipides (graisses) sont également nécessaires et assurent l'étanchéité des
cellules et l'isolation électrique des neurones ; bien sur dans nos pays riches
c'est l'excès qui nuit
 
Plutôt que de manquer mais méfiez-vous des jeunes filles, qui, pour
ressembler à des modèles de brindilles, seraient tentées par des régimes
draconiens. Même remarque pour les glucides (sucres) : l'excès est plus la
norme dans nos pays, mais le glucose étant le carburant du cerveau (comme
les muscles) attention aux régimes trop sévères. On fait moins attention aux
vitamines qui sont absolument nécessaires au bon fonctionnement de notre
organisme et sans s'en gaver, comme dans certains pays, il est bon de
surveiller son alimentation, voire de prendre, sous le contrôle d'un médecin,
une vitamine supplément. Ainsi, l'un des principaux troubles de la mémoire
provoqués par l'alcool est dû au dérèglement des mécanismes de la vitamine
B1, indispensable à l'hippocampe. En Australie, c'est le comble : vu la forte
consommation de bière des jeunes Australiens, certains médecins
envisagent sérieusement de compléter la bière avec de la vitamine B1.
 
Conclusion
Quant aux médicaments qui feraient du bien, ils ne sont pas encore connus.
Des publicités sont faites pour des substances qui ne sont pas classées
comme médicaments et qui sont vendues dans les supermarchés ou même
dans les pharmacies. Mais il faut savoir que les entreprises manufacturières
ont l'obligation de prouver l'efficacité des substances à une agence
ministérielle, uniquement pour les produits dits médicaments, pas les autres.
Par exemple, certains produits présentés dans les rayons diététiques
contiennent des lécithines censées améliorer la mémoire mais qui sont
naturellement contenues dans les œufs et le chocolat. D'autres produits sont
stimulants et peuvent présenter des dangers pour l'organisme, par exemple
un produit couramment utilisé par les étudiants contient une forte
concentration de caféine ; ques, etc.
 
D'autres, comme les somnifères, provoquent une perte de mémoire ou
d'attention. Dans l'ensemble, vous ne devez rien prendre qui ne soit pas
dans le régime alimentaire ordinaire sans l'avis de votre médecin. Car
certaines substances peuvent empoisonner l'intelligence. Ainsi, un examen
psychologique très complet (voici aussi à quoi servent les tests) a révélé des
scores inférieurs aux tests chez des enfants de quatre à six ans qui ont été
empoisonnés au plomb pour avoir mangé du poisson du lac Michigan (près
de nombreuses usines). Les sociétés avancées peuvent aussi empoisonner
l'intelligence...
 
 
 
 
 
 

 
 
 

Mémoire
 
 
 
24.       " Souvenirs souvenirs… "
D'abord souvenirs et souvenirs d'enfance
 
« Memories, memory », comme le chantait Johnny Halliday dans l'une de
ses premières chansons… Ce qui n'évoque pas, avec une certaine nostalgie,
ses souvenirs de jeunesse, voire, plus loin encore, ses souvenirs d'enfance.
Mais très souvent, plus on remonte dans son enfance, plus les souvenirs se
font rares, pour arriver à un véritable black-out avant l'âge de trois ans. En
moyenne, les souvenirs les plus anciens des adultes (y compris les plus
jeunes) sont datés, lorsqu'ils peuvent être vérifiés, entre trois et quatre ans.
S'appuyant sur la première enquête faite sur les souvenirs d'enfance par
Victor et Catherine Henri (1896), Freud croyait que cette perte de mémoire
était due à un refoulement de la sexualité infantile,
 
L'enquête a été menée auprès de 124 étudiants des deux sexes àce qui avait
été demandé pour évoquer leurs souvenirs d'enfance jusqu'à 8 ans, leur âge
au moment du souvenir,
 
ainsi que l'évaluation du caractère "agréable ou désagréable" du souvenir.
Au total, 6 500 souvenirs ont été rapportés soiten moyenne 52,3 par sujet
quel que soit le sexe. L'âge moyen du premier souvenir est compris entre 3
et 4 ans, ce qui confirme les enquêtes précédemment citées.
 

20

18
16
14
12
dix
8
6
4
2
0
0 1 2 3 4 5 6 7 8
Age en années
 
Le vocabulaire maximum est de 2 400 mots ; le maximum pour le rappel
d'histoire est de 45 éléments rappelés.
Évocation de souvenirs d'enfance (simplifié d'après Waldfogel, 1948)
Waldfogel a comparé l'évolution des souvenirs d'enfance avec l'évolution du
nombre de mots connus par l'enfant (vocabulaire) et aussi avec le
développement de la mémoire d'histoire dans un test qui consiste à raconter
une situation complexe de mémoire (non précisée par l'auteur). On constate
que l'évolution des souvenirs est parallèle à la mémoire du conte dès l'âge
de quatre ans et strictement parallèle à l'évolution du vocabulaire de 1 à 7
ans.
 
Conclusion
Ces résultats confirment que l'évolution des souvenirs est fonction du
développement général de l'enfant et en particulier que l'amnésie infantile
survient à une période où l'enfant ne dispose pas d'éléments de
représentation linguistique. Pour raconter un souvenir, il faut les mots pour
le décrire. Parlant aux enfants de la guerre de Troie, l'un d'eux m'a demandé
ce qu'est le « talon de la Chine » pour le talon d'Achille ! Une autre
anecdote avec Mina, une de mes petites-filles, le montre. En regardant la
Belle au bois dormant de Walt Disney, elle m'a dit quand le roi avait
ordonné de brûler tous les rouets du royaume : "Dis, pourquoi brûlent-ils
tous les vélos !" Si je ne lui avais pas expliqué le mot "roue tournante",
qu'aurait-elle enregistré dans sa mémoire ? Peut-être des images de vélos en
flammes !
 
 
25.       Pourquoi se souvient-on mieux des souvenirs liés aux émotions ?
Mémoires flash et mémoire
 
Les souvenirs accompagnés d'une émotion forte sont souvent mieux
conservés que les souvenirs d'épisodes plus banals ; on se souvenait mieux
des « premières », premier amour, remise de prix ou de médailles, jeu,
voyage à l'étranger. Il en va de même des événements sociaux choquants
susceptibles de bouleverser la vie des individus, appelés « mémoires flash »
par Roger Brown et James Kulik (1977), de l'université Harvard. Leur idée
est que tout comme le flash met en valeur la scène photographiée, un
événement public exceptionnel sublime un événement personnel.
 
Leur recherche s'inspire de l'enquête d'un journal (type Paris Match)
demandant à des personnalités ce qu'elles faisaient et où elles se trouvaient
lorsqu'elles ont appris l'assassinat du président Kennedy. Les souvenirs sont
généralement trèsprécise : « Julia était dans la cuisine et mangeait de la
soupe… », « Billy… était au golf », « Philippe faisait une course de rallye
», etc. Le phénomène avait déjà été remarqué par Charles Blondel (1934)
qui se souvenait d'avoir composé au concours général un lundi, Sadi Carnot
ayant été assassiné un dimanche.
Les mémoires flash sont donc le souvenir des circonstances qui coïncident
avec l'annonce d'un événement public important.tellement de. Ainsi dans
l'enquête de Brown et Kulik, trente-neuf blancs (sur quarante) et quarante
noirs (sur quarante) ont une mémoire flash de l'assassinat de John Kennedy.
Mais on voit l'importance politique de l'événement selon le groupe social
dans le fait que les noirs ont plus souvent une mémoire flash pour
l'assassinat de Luther King ou de Malcom X, dirigeants noirs, et à l'inverse
pour la tentative d'assassinat de Gérald Ford (président américain ) ou la
mort du général fasciste espagnol Franco.
 
Nombre de mémoires flash selon l'événement et la classe sociale (américain
noir ou blanc) (simplifié de Brown et Kulik, 1977)
 
  Les sujets blanc Sujets noirs (40)
(40)
John Kennedy White 39 40
/ assassinat
Martin Luther King 13 30
Noir / assassinat
Malcom X Black / 1 14
assassinat
Gerald Ford White /    
tentative d'assassinat 23 16

Général Franco Blanc /    


mort naturelle 17 13

 
De plus, la longueur de l'histoire est fortement corrélée (0,80 à
.90) avec l'importance que l'événement public avait pour le sujet (mesurée
sur une échelle de notation). Brown et Kulik déduisent de leurs résultats que
l'événement public n'engendre une mémoire flash que s'il déclenche un
niveau émotionnel élevé chez le sujet.
 
Conclusion
Des neurobiologistes (Ledoux, 1994) ont montréque dans le cerveau, près
de l'hippocampe qui permet l'enregistrement de choses nouvelles, une autre
structure est attachée à l'amygdale (à ne pas confondre avec les amygdales
qui sont dans la bouche). La fonction de l'amygdale est de dire au cerveau si
 
l'événement est bon (positif) ou mauvais (négatif). Lorsque l'événement
suscite une émotion forte (comme la colère ou la peur…), des molécules
spéciales sont envoyées vers l'hippocampe, qui enregistre mieux. Ainsi, des
expériences sur des animaux de laboratoire (souris, rats) montrent que
l'apprentissage associé à des chocs électriques douloureux est plus rapide
que l'apprentissage positif (nourriture) et la mémoire est également plus
durable.
Sans en connaître la raison, c'est ce que le père de Sacha Guitry a
appliqué. Ce dernier a déclaré qu'après avoir rencontré Sarah Bernhardt à la
fin de la pièce, son père lui a donné une grosse gifle, dès sa sortie de la loge
de la célèbre comédienne : "C'est pour que tu te souviennes, mon fils, que tu
as rencontré le grande Sarah Bernhardt ”…
 
 
26.       Vos souvenirs sont-ils toujours vrais ?
Faux souvenirs et
mémoire
 
On a souvent tendance à faire confiance à ses propres souvenirs mais les
problèmes commencent déjà lorsque l'on évoque, soit en couple, soit entre
amis, des souvenirs concernant des événements que chacun a vécus ; les
avis divergent très souvent. Et quand il s'agit d'enfants, ce n'est évidemment
pas mieux, contrairement à l'adage selon lequel « la vérité sort de la bouche
des enfants ». A l'initiative d'une chercheuse américaine, Elizabeth Loftus,
de nombreuses recherches ont été menées pour tenter de comprendre
l'origine des faux souvenirs mis en évidence lors d'essais très médiatisés.
Plusieurs affaires ont ainsi défrayé la chronique. Beth Rutherford, Missouri,
se souvient avoir été violée par son père pasteur et en avoir été enceinte
deux fois.
 
Mais alors que le père a dû démissionner de sa charge sous le poids des
accusations, les examens médicaux ont révélé que la jeune femme n'avait
jamais été enceinte puisqu'elle était encore vierge... Elizabeth Loftus décrit
ainsi plusieurs cas de patientes, dont des fausses. . Des souvenirs ont
inculpé des innocents. Par exemple, encore, cette jeune aide-soignante a
convaincu, sous hypnose par son thérapeute, qu'elle avait été recrutée dans
une secte satanique qui la poussait à manger des bébés...
 
Ce chercheur avait déjà montré que les souvenirs pouvaient être fortement
déformés par des événements ultérieurs et notamment par des questions
ultérieures. Ainsi, montrant des diapositives relatant un accident de la
circulation, une voiture verte apparaît, renversant un cycliste pour éviter un
poids lourd. Si des questions sont comme :
"Pourquoi la voiture bleue a-t-elle écrasé le cycliste ?" » Et que plus tard,
on demande la couleur de la voiture, plusieurs
Des "témoins" disent qu'il était bleu, alors qu'il était vert. L'une des raisons
de ces faux souvenirs est que nous n'avons paspas de mémoire
photographique et que les mémoires sont construites à partir d'éléments
picturaux et surtout d'éléments verbaux qui peuvent eux-mêmes être
transformés en images ; cette construction évolue dans le temps et peut être
transformée en reconstituant des éléments manquants selon une meilleure
logique du récit, ou en agrégeant des éléments qui proviennent d'autres
événements, comme dans les questions posées par un enquêteur. Ou un
thérapeute.
 
 
 
 
 
 
 
 
Conclusion
Par exemple, d'autres chercheurs ont présenté aux sujets des histoires sur
leur enfance racontées par leurs parents ; mais à ces événements réels s'en
ajoutaient de faux, par exemple la venue d'un clown pour leur anniversaire.
Lors d'un premier entretien, aucun sujet ne se souvient de cet événement
ajouté mais plus tard, lors d'un deuxième entretien, 20% des sujets se
souviennent de cet événement et ajoutent des détails, même s'il s'agit d'un
faux souvenir. Enfin, d'autres expériences montrent que si l'on demande
d'imaginer la (fausse) scène ajoutée, l'impression de certitude augmente
encore. Cependant, comme nous le savons, les parents ont tendance à
raconter des événements aux enfants, et pour de nombreux souvenirs, nous
pouvons avoir, dans notre mémoire, plutôt le souvenir de nos parents que de
vrais souvenirs de notre enfance...
 
 
 
27.       Votre corps a-t-il une mémoire ?
Conditionnement et apprentissage sensorimoteur...
 
Fréquemment, il arrive qu'en faisant nos trajets habituels pour aller au
travail (ou faire des courses dans un magasin habituel), nous nous
retrouvions au point d'arrivée sans le souvenir d'avoir conduit la route. On
se dit que notre corps connaissait la route.
 
Quand les psychologues étudiaient l'apprentissage de la findu XIXe siècle
au début du XXe siècle, ce fut moins pour des préoccupations théoriques
que pratiques (cf. taylorisme). La recherche, à visée professionnelle ou
éducative, était basée sur des situations de la vie quotidienne, de conduite,
de frappe, etc. Mais les résultats étaient souvent les mêmes, et la courbe
d'apprentissage chez l'homme était toujours la même forme, une montée
rapide et une plateau définissant les limites biologiques.
Face à la régularité de cette courbe, les chercheurs se sont attachés à
expliquer cette courbe d'apprentissage. Afin de
 
étudier les caractéristiques, ils ont inventé des dispositifs d'étude qui étaient
faciles à répéter pour la vérification (ce qui n'est pas leconduire ou taper).
Un dispositif à la mode a été le labyrinthe du petit rat de laboratoire, qui est
facile à élever et à manipuler. Ainsi, placés dans un labyrinthe avec une
vingtaine de carrefours et avec une récompense au but (nourriture), les rats
mettent une vingtaine de tentatives pour apprendre à se diriger vers le but
presque sans erreurs. A droite, à gauche, tout droit, à gauche, etc. Mais
comment l'expliquer ?
 
 

300
 
250
 
200
 

150
 
100
 
50
 
0
0 1 3 5 7 9 11 13 15 17
Essai
 
 
Courbe d'apprentissage typique d'un labyrinthe par des rats de laboratoire
(Simplifié d'après Tolman et Honzik, 1930)
 
Afin d'expliquer le mécanisme d'apprentissage, Hull développera
l'hypothèse de la chaîne réflexe de Watson selon où l'apprentissage final est
une chaîne de conditions correspondant à des parties du comportement
total.
 
Dans un labyrinthe, la réponse de chaque carrefour (par exemple, tourner à
droite ou à gauche) sera considérée comme associée au stimulus résultant
de la réponse précédente (sensations kinesthésiques des mouvements pour
tourner à gauche ou à droite) : à chaque carrefour, il y a conditionnement
d'une fraction du parcours du labyrinthe, ce sont les réponses à but partagé.
 
Conclusion
Par la suite, les neurobiologistes ont découvert que l'automatisation de
l'apprentissagese fait au niveau du cervelet. Des neurones spéciaux (les
fibres moussues qui ressemblent un peu au lierre) établissent des
connexions entre les voies sensorielles et motrices. Ce sont ces connexions
qui produisent les réponses fractionnées de tourner automatiquement, à
droite, puis à gauche, puis tout droit, selon des repères particuliers, un
panneau, une fenêtre, un bâtiment… Le cervelet, étant un cerveau
auxiliaire, soulage ainsi le cerveau principal qui peut penser, au travail que
l'on va accomplir dans la journée, à la liste de courses, etc. C'est en quelque
sorte notre pilote automatique. Mais comme elles sont automatiques, elles
sont sujettes à des erreurs ; si la chaîne comportementale est déclenchée par
un signal, elle se déploie entièrement. Un ami m'a raconté l'anecdote
suivante. Un matin, en entendant le réveil, il se lave, déjeune et prend son
véhicule pour se rendre au travail. Mais arrivé devant la barrière de sa
compagnie, il s'étonne de ne trouver personne et regarde alors sa montre, il
était deux heures du matin. Ayant cru entendre son réveil, son pilote
automatique avait déclenché tous les « rituels » du lever !
C'est ainsi que le corps a une mémoire, liant les sensations aux réponses
motrices. Cependant, il faut noter que cet apprentissage sensorimoteur
prend du temps.
Des heures considérables, parfois des milliers ; c'est le cas pour conduire
une voiture, jouer d'un instrument de musique et faire du sport.
 
 
28.       Pourquoi le cyclisme n'est-il jamais oublié ?
Mémoire procédurale et automatismes
Il est vrai que, pour la plupart, les apprentissages sensorimoteurs, comme le
vélo, la natation, la conduite automobile, ne sont jamais oubliés car ils
dépendent d'un système de mémoire différent de celui qui traite des
connaissances, des mots. Ou des images.
 
Cette découverte est issue de l'étude de jeunes patients présentant des
lésions de l'hippocampe (blessures de guerre, etc.).L'hippocampe est une
structure du cerveau nécessaire à l'enregistrement de toutes les nouvelles
informations de connaissances, mots, images, visages. Ces patients, privés
de leur hippocampe, sont donc amnésiques et ne se souviennent plus du
contenu du journal lu une heure auparavant, ni des personnes qui sont
venues leur rendre visite. Cependant, ces patients conservent des souvenirs
de leur blessure ou de leur maladie. Des chercheurs ont découvert que ces
patients pouvaient néanmoins mémoriser des apprentissages moteurs, mais
sans s'en rendre compte consciemment.
 
Conclusion
Un chercheur californien, Larry Squire, a donc fait une distinction entre
deux grands systèmes de mémoire, la mémoire déclarative, qui est la
mémoire consciente des mots, des images et des visages et, de plus, le
processus de mémoire.
 
Durale qui concerne la mémoire des habitudes motrices. Faire du vélo,
conduire une voiture, nager… font donc partie de cette mémoire
procédurale rendue possible par d'autres systèmes cérébraux (corps striés) et
notamment le cervelet qui est le siège d'automatismes ; ces automatismes,
bien consolidés par des milliers de répétitions, sont très solides et presque
jamais oubliés.
Cependant, il ne faut pas exagérer et si l'on n'oublie pas comment faire du
vélo ou comment nager, les performances chutent fortement avec le manque
d'entraînement, comme on le voit avec des entraînements plus sophistiqués
comme le piano.
 
29.       La mémoire de votre enfant
30.       C'est mieux que le tien ?
Mémoire, entraînement et âge
La plupart des gens pensent que la mémoire des enfants est meilleure que
celle des adultes, et de nombreuses observations soutiennent cette idée. Une
mère de famille raconte avoir été battue par sa fille de dix ans dans un jeu
de mémoire qui consiste à retourner deux paires de cartes (deux girafes ou
deux épingles…). Ces observations de la vie quotidienne sont vraies mais
on oublie un facteur déterminant... la formation. Les enfants passent un
grand nombre d'heures à jouer à leurs jeux préférés, parfois plusieurs heures
par jour, et la répétition, autrement dit l'entraînement, est l'un des
mécanismes les plus fondamentaux de l'apprentissage et de la mémoire. Du
fait que dans la vie quotidienne plusieurs mécanismes incontrôlés sont
impliqués, notamment le degré de formation préalable,
 
Des facteurs différents pour ne pas commettre d'erreurs (ou le moins
possible) d'interprétation.
 
En effet, des expériences de laboratoire ou d'école ont toutes montré, depuis
un siècle, que plus l'enfant vieillit, meilleure est sa mémoire.les plus
importants sont touchés par les adolescents et les jeunes adultes, entre 15 et
25 ans. Par exemple, une expérience, de notre laboratoire, réalisée à l'école
sur la mémoire des menus de cantine, montre que le vendredi, les
adolescents se souviennent du menu du lundi avec une moyenne de 25 %,
tandis que les enfants de 6 à 8 ans ne se souviennent de rien.
Pourcentage de rappels de menus des jours précédents pour les enfants en
fin de semaine
De 6 à 18 ans (le rappel se faisant le vendredi après-midi)
(Lieury, Pyron et Tanguy, cit. Lieury 1992)
 
  vendrediJ 0 Jeudi J - Mardi J - Lundi J -
1 3 4
6-8 ans 71 5 0 0
9-11 ans 93 64 19 1
12-14 ans 95 71 20 5
15-17 ans 83 65 22 25
L'âge décisif semble se situer entre 9 et 11 ans car les écarts à partir de cet
âge et des adolescents sont minimes (5 % àdix%).
 
Conclusion
Les psychologues ont montré ce résultat à la fin du
XIXe siècle. Plus nous grandissons, meilleure est la capacité de
 
Mémorisez des mots ou des images, la performance maximale étant
généralement atteinte entre 15 et 25 ans.
Cependant, il peut y avoir quelques exceptions dues à la multiplicité des
mémoires ; par exemple, la mémoire procédurale (habitudes
sensorimotrices) peut être meilleure chez les jeunes. Par exemple, faire du
vélo ou apprendre la prononciation d'une langue étrangère semble plus
facile quand on est jeune...
 
 
31.       Pourquoi l'alcool et le tabac sont-ils mauvais pour la mémoire ?
Substances mémoire nocive et vieillissement
 
Sans développer ce sujet, qui relève de la responsabilité du médecin ou du
neuropharmacologue, il est utile de donner quelques indications. Il faut
avant tout mettre en garde les jeunes contre l'ennemi numéro 1 de la
mémoire, l'alcool. Ce fléau est connu depuis plus d'un siècle lorsqu'un
neurologue russe a observé que les patients alcooliques chroniques ne
pouvaient plus enregistrer de nouvelles choses, provoquant une amnésie
sévère. On sait maintenant que l'alcool, qui tue les cellules, tue d'abord
l'hippocampe, une structure du cerveau qui est un peu l'archiviste de la
mémoire en recensant de nouvelles informations en mémoire comme un
bibliothécaire le ferait de nouveaux livres. Cette amnésie n'est pas totale,
puisque les souvenirs d'avant la mort de l'hippocampe subsistent, mais
quelle tragédie ! les relations étaient nouvelles ; ses parents ayant
déménagé, il se rend à son ancienne adresse, quand il se perd en ville...
Certes, une consommation modeste n'est pas dangereuse mais il faut être
très vigilant, chez les jeunes, notamment concernant certaines habitudes,
comme faire des soirées arrosées, qui peuvent conduire à l'alcoolisme banal.
Une étude menée avec mes collègues médecins a révélé queDes alcooliques
de 40 ans (admis à l'hôpital pour traitement médicamenteux) ont effectué
comme des personnes de 70 ans des tests de mémoire. A notre époque, où
beaucoup de jeunes seront centenaires, il faut apprendre à être prudent et
peut-être commencer à parler d'une « écologie » du cerveau.
100
 

Vieillissement

 
80
Normal
 
60
Quotient mémoire
40
20 Alc.
 
0
 
Parc Alz Amn
 
Pathologique

10 20 30 40 50 60 70 80 90
Âge
 
 
On constate que les patients alcooliques de 40 ans ont une diminution de 40
%, soit une performance mémorielle équivalente aux personnes de 70 ans.
Pour faciliter la comparaison, le quotient de mémoire est de 100 pour ceux
qui ont les meilleures performances, les 20 ans.
 
 
(Alc. = Alcooliques ; Park. = Maladie de Parkinson ; Alz. = Maladie
d'Alzheimer ; Amn = Amnésies diveses)
 
Quotient mnésique sur plusieurs tests de mémoire selon vieillissement
normal ou pathologique
(Lieury et al. 1990, 1991 ; cit. Lieury, 2005)
 
Conclusion
Parmi les produits courants, le tabac est également nocif pour diverses
raisons. Son effet addictif est lié à la nicotine car elle ressemble à une
molécule naturelle du cerveau qui permet la communication entre les
neurones (neurotransmetteurs). C'est pourquoi la nicotine stimule le
cerveau, mais une consommation régulière produit un état de dépendance,
nocif à la fois pour l'organisme et pour le porte-monnaie. De plus, c'est une
pratique dangereuse dans la mesure où la nicotine ainsi que d'autres
substances contenues dans les cigarettes réduisent le flux sanguin dans le
cerveau (en réduisant le volume des vaisseaux sanguins) et donc la «
puissance intellectuelle » en réduisant l'apport d'oxygène et de nutriments.
Bref, rien ne vaut le bon air pur à la stimulation éphémère !
 
 
32.       Alcool, tabac, drogues… Pourquoi notre psychisme est-il si dépendant de certaines substances ?
Influx nerveux
et
neurotransmetteurs
 
Par une nuit sans lune de 1951 (comme le rapporteraitPierre Bellemare) dans
un petit village près de Nîmes, Pont-Saint-Esprit, deux cent cinquante
habitants furent la proie de
 
rêves et cauchemars époustouflants. A l'époque du Moyen Âge, ces
hallucinations étaient attribuées au diable, d'où leur nom de feu de Saint
Antoine en référence à la célèbre tentation de Saint Antoine à qui le diable
serait apparu sous la forme de belles filles nues. Mais nous sommes au
vingtième siècle et une enquête médicale a permis d'identifier le démon en
question. On avait mangé du pain de seigle du même boulanger, dont la
farine contenait un champignon parasite, l'ergot de seigle. C'est à partir de
ce champignon qu'a été synthétisé le LSD (acide lysergique) bien connu des
courants psychédéliques hippies comme produisant une exagération de
couleurs et de contrastes, voire dans certaines, des hallucinations
artistiques, érotiques ou religieuses comme le feu de saint Antoine.
Pendant des millénaires, les gens ont mangé, mâché oufumer des
substances végétales qui produisent certains effets sur leur esprit. L'opium
est connu depuis longtemps pour ses effets analgésiques en Chine. En
Amérique centrale et du Sud, certaines substances étaient prises pour entrer
en transe et deviner l'avenir, comme chez les Aztèques. Le chanvre indien
est consommé dans les pays arabes pour apporter la tranquillité d'esprit, et
la synthèse chimique du LSD a conduit à un engouement social comme le
mouvement hippie psychédélique dans les années 1970. Les techniques
modernes, la chimie biologique, la microscopie électronique, ont permis de
comprendre en partie ces effets en montrant que ces médicaments agissent à
la place des produits chimiques naturels dans le cerveau, les
neurotransmetteurs.
Les techniques modernes, la chimie biologique, la microscopie
électronique, ont permis d'élucider bon nombre de mécanismes du
fonctionnement des neurones. Ainsi, l'influx nerveux n'apparaît plus comme
un courant électrique (électrons) se propageant le long de l'axone (=
extension de la sortie du neurone), mais comme un échange d'ions (= atome
ou mol- Electrifié) : la « pompe à sodium ». Schématiquement, l'excitation
du neurone provoque l'ouverture de valves
répartis sur la membrane de l'axone, ce sont les canaux ioniques (= grosses
protéines qui s'ouvrent et se ferment). Tout d'abord, les valves sodium
s'ouvrent permettant à un flux d'ions sodium (Na+ car chargés
positivement) de passer à l'intérieur de l'axone. Afin de compenser ce
changement électrique (flux d'ions positifs), les canaux potassium (K +)
s'ouvrent, permettant aux ions potassium de s'échapper. Mais ce flux
provoque l'ouverture des canaux sodiques suivants, et ainsi de suite en
cascade. Si on place une électrode à l'emplacement de la valve sodium, il y
a une dépolarisation (la surface devient un peu plus négative car des ions
positifs tombent à l'intérieur), qui se propage ainsi pas à pas le long du
neurone. Mais ce n'est pas un influx nerveux négatif qui longe l'axone, mais
une cascade d'échanges de molécules électrifiées.
 

 
 

Terminaison axonale
et bouton synaptique
Espacer
Neurone inter-synaptique
destinataire

 
Mécanismes ioniques de l'influx nerveux (pompe à sodium) et action des
neurotransmetteurs
 
À l'extrémité de l'axone, une éruption contient (vu au microscope
électronique) des vésicules qui semblent éclater à travers lemembrane dans
l'espace intersynaptique. Des analyses chimiques et pharmacologiques ont
montré que ces vésicules libèrent de petites molécules qui, comme des clés,
se fixent sur des sites récepteurs (= grosses protéines servant de
«  Serrures  ») sur le prochain neurone, démarrant ainsi un nouveau signal
bio-électrique (pompe à sodium). Ces molécules spécifiques ont été
appelées neurotransmetteurs.
 
Conclusion
Ainsi, le rôle des médicaments est devenu moins mystérieux depuis que la
ressemblance entre la structure chimique des neurotransmetteurs et celle de
certains médicaments a été démontrée. Ces médicaments servent en quelque
sorte de fausse clé pour déclencher les mécanismes du cerveau. La
mescaline a le même noyau chimique que la dopamine et le LSD a le noyau
de la sérotonine (Barron et al., 1964).
L'acétylcholine est la plus connue car son absence provoque une nécrose
de l'hippocampe et par conséquent une amnésie de type Korsakoff, avant
que les patients ne glissent lentement vers la démence, qui est la tristesse.
La fameuse maladie d'Alzheimer. L'acétylcholine possède deux « verrous »
possibles sur la membrane du neurone, les récepteurs muscariniques et les
récepteurs nicotiniques. Vous avez bien lu, la nicotine comme la nicotine ;
la nicotine contenue dans les cigarettes doit donc ses effets stimulants au
fait qu'elle est une fausse clé pour les récepteurs de l'acétylcholine. La
norépinéphrine et la dopamine sont de puissants stimulants qui rendent actif
et de bonne humeur, c'est pourquoi certains ont recherché une stimulation
artificielle auprès des amphétamines qui interviennent sur ces récepteurs.
Les neurotransmetteurs sont fabriqués par de petites usines neuronales dans
le cerveau, de sorte que leur destruction entraîne une maladie grave. Alors
la maladie
 
La maladie de Parkinson, qui apparaît à la suite d'une détérioration de la
motricité volontaire, est due à un manque de dopamine.
La sérotonine est un neurotransmetteur qui, entre autres, semble agir sur
les perceptions. La mescaline, du cactus peyotl, ou la psylocybine, d'un
champignon, ont une structure chimique qui ressemble à la sérotonine. C'est
ce qui explique le pouvoir hallucinogène recherché par les peuples
d'Amérique centrale et du Sud. L'opium doit ses propriétés analgésiques au
fait que sa molécule ressemble à des neurotransmetteurs naturels agissant
dans les centres de la douleur, les endorphines et enfin le GABA (acide
gamma-amino-butyrique) est un neurotransmetteur qui calme le jeu dans les
synapses ; les pharmacologues ont synthétisé de fausses clés qui servent
ainsi de tranquillisants, le plus connu étant le valium.
Plus récemment, il a été découvert que de nombreuses drogues comme la
marijuana, le cannabis, le chanvre indien, le haschich, etc., ont une
molécule commune appelée tétrahydro-cannabinol (ou THC) qui agit sur
des verrous spéciaux, les récepteurs cannabinoïdes. Ces récepteurs
interfèrent avec les récepteurs GABA, ce qui explique l'action
tranquillisante de la marijuana. A l'inverse, son abstinence provoque des
états anxieux et irritables. La marijuana est considérée par de nombreux
jeunes comme une drogue douce inoffensive mais des travaux récents
(Hampson,
 
33.       « Moi, je suis un visuel ! "
Mémoire mémoire iconique et picturale
 
« Moi, je suis un visuel ! Je photographie mon texte et quand je suis sur
scène je tourne les pages dans ma tête ! C'est en substance ce à quoi répond
le grand comédien Philippe Noiret lorsque Bernard Pivot lui demande
comment il apprend ses textes de théâtre.
En effet, si l'on en croit l'idée populaire, nos souvenirs sont sensoriels.
L'un est visuel car il a l'impression de voir les pages dans sa tête, un autre
est auditif car il entend une petite voix dans sa tête, un autre est olfactif, etc.
Cette croyance, parfois relayée par des éducateurs peu familiarisés avec les
développements scientifiques, est un vestige fossile de la théorie des
mémoires partielles de la fin du siècle dernier, défendue notamment par le
grand neurologue Charcot. Selon cette théorie, il y aurait une mémoire
associée à nos sens, de sorte qu'il y aurait une mémoire visuelle, une
mémoire auditive, une mémoire olfactive, etc. Naturellement, on pensait
que les musiciens étaient auditifs, oubliant que Beethoven est devenu sourd
de la composition de 4e Symphonie et bien sûr,
 
Déjà à la fin du XIXe siècle, Alfred Binet, le pionnier de la psychologie
expérimentale en France, montrait que les joueurs les joueurs d'échecs ont
retrouvé des capacités ordinaires lorsqu'il s'agissait de mémoriser des objets
du quotidien. Plus récemment, d'autres chercheurs ont montré encore plus
précisément que la mémoire prodigieuse des grands joueurs est liée à un
entraînement… phénoménal.
 
Dans l'une de ces expériences, les joueurs d'échecs sont sélectionnés en
fonction de leur classement dans la fédération américaine.

Nombre de pièces 24
Rappelé
(24) 20
 
16
 
12
 
8
 
4
 
0
Novice Moyenne Expert t
Niveau de classement aux échecs
 
Performances mémorielles en fonction de la disposition stratégique ou
aléatoire des pièces d'échecs (simplifiée d'après Frey et Adesman, 1976)
 
Pour les pièces placées au hasard, les experts, champions de la fédération,
n'ont pas de scores supérieurs à la moyenne des joueurs voire des novices,
lors de la mémorisation d'un échiquier (pendant huit secondes). D'autre part,
les performances des milieux de terrain dépendent de la force du joueur.
Cependant, les champions ont une performance vraiment exceptionnelle
lorsqu'ils ont pu voir chaque mouvement des pièces. Ainsi, lorsque l'on
présente les vingt-deux premiers mouvements de vrais jeux de tournoi et
que l'on demande la dernière position des pièces (cependant présentées
seulement pendant deux secondes), les experts ont un rappel moyen d'une
vingtaine de pièces, soit 80 % des l'échiquier tandis que les novices ne
rappellent que le dixième dans la bonne position.
 
Conclusion
Des études en laboratoire ont montré qu'il existe une mémoire visuelle,
mais elle a deux caractéristiques que les chercheurs ne veulent pas appeler
«  Photographique  » mais plutôt de mémoire iconique (voire de mémoire
sensorielle visuelle). La première caractéristique de cette mémoire est
qu'elle est éphémère ; des calculs plus précis montrent que cette mémoire
sensorielle visuelle dure environ un quart de seconde. D'autre part, les
particularités de notre vision (la fovéa, cf. infra, perception visuelle) font
que ce qui est vu avec une bonne acuité ne couvre que quatre ou cinq
lettres. Il est donc impossible de mémoriser une page entière d'un texte
quelconque !
Pourtant, on a l'impression de voir cette page. En fait, nous avons une
autre mémoire, la mémoire imagée, qui stocke une simplification des
images. Mais cette image n'est pas une "photographie", elle est très
incomplète. Faites-en l'expérience vous-même. Regardez la page suivante
du livre pendant cinq secondes. Puis en la fermant, essayez de visualiser
cette page pour vous-même : comptez la dixième ligne en partant du haut :
vous y êtes... maintenant, comptez le septième mot en partant de la gauche.
Vous verrez ainsi, par vous-même, que vous êtes incapable de "lire" cette
image mentale, et qu'elle n'est... qu'une belle image virtuelle...
 
34.       Mince ! Comment s'appelle-t-il déjà ?
j'ai son nom
35.       " sur le bout de la langue "…
Mémoire sémantique et mémoire lexicale
 
Putain, comment s'appelle-t-il ? On est en train de raconter un film et quand
il s'agit de nommer l'actrice ou l'acteur, c'est le trou noir ! Ce nom pourtant,
on le sait, d'ailleurs il revient subitement sans crier gare quelques minutes
ou une heure plus tard. On sent qu'on le connaît, qu'il est prêt à sortir, on dit
qu'il est « sur le bout de la langue »... A quoi est dû ce phénomène très
étrange, inexplicable si on n'en suppose qu'un ? et mémoire unique ?
D'autre part, le mystère est éclairci dans la théorie moderne fondée sur
l'idée que la mémoire se subdivise en plusieurs systèmes, notamment une
mémoire lexicale et une mémoire sémantique. La recherche identifie en fait
une mémoire lexicale qui est une belle bibliothèque mais très curieuse car
elle contient le corps des mots mais pas leur sens, un peu comme une
voiture sans moteur.
 
Le phénomène du mot « sur le bout de la langue » a étéétudié par Brown et
McNeill (1966) (et d'autres après eux) en présentant des définitions de mots
rares (par exemple, bathyscaphe, sextant). Lorsque le phénomène de
«  Mot sur le bout de la langue  » se produit, les sujets sontdemandé de
donner la première syllabe ou la rime à laquelle ils pensent, etc. Dans bon
nombre de cas, il s'avère que ces fragments phonétiques sont corrects. Par
exemple, la lettre initiale devinée est correcte dans 57%. Alors dans la vie
de tous les jours comme dans les expériences, le mot ou le nom peut revenir
ce qui prouve que ce mot était bien en mémoire.
 
Conclusion
La capacité à décrire le sens du mot, ou le rôle d'un acteur (sémantique),
prouve aussi que l'information est bien disponible à partir de la mémoire
sémantique. Il y a donc un blocage de la mémoire sémantique vers la
mémoire lexicale, ce qui indique leur indépendance. Ce phénomène se
produit de manière plus persistante dans un trouble neuropsychologique,
l'aphasie nominale : le patient peut comprendre à quoi sert un objet sans
pouvoir le nommer, montrant encore une fois la distinction entre une
mémoire lexicale et une mémoire sémantique.
 
Pas pratique, me direz-vous d'avoir la carrosserie et le sens dans deux
mémoires différentes ? Ben oui, et très économique en tout cas, car une
même carrosserie lexicale servira à porter plusieurs sens. Prenez le mot
"disque" par exemple, il est, à son tour, utilisé pour désigner un disque de
musique, un disque de stationnement, un cercle plein en mathématiques, le
disque solaire des Égyptiens dans l'histoire, le disque dur de test.
L'athlétisme, le disque entre les vertèbres dans l'anatomie, et quoi d'autre...
La mémoire lexicale fait donc gagner de la place...
 
Enfin, voici une petite astuce (pas infaillible bien sûr) à utiliser quand on
est victime du « mot sur le bout de la langue », bien pratique par exemple
quand on oublie le prénom de quelqu'un après les vacances ; faites
l'alphabet, a, b, c, d… (sans oublier le ch qui n'est pas dans l'alphabet) et
souvent, le prénom revient en mémoire !
 
36.       Pourquoi apprend-on mieux en lisant qu'en écoutant ?
Lecture et stockage
 
Beaucoup de gens annoncent comme s'ils étaient des cas particuliers qu'ils
apprennent mieux en lisant qu'en écoutant. En réalité, c'est la règle. On a vu
que c'était plus compliqué puisqu'en réalité la page du livre n'est pas
enregistrée dans une mémoire photographique mais seulement des
transitions dans une mémoire iconique de sorte que les séquences de lettres
se transforment rapidement en mots (mémoire lexicale). Et en concepts
(mémoire sémantique). Cependant le constat qu'on apprend mieux en lisant
est tout à fait juste comme le montrent différentes expériences.
 
Ainsi, dans une étude auprès d'élèves de sixième et cinquième année, où
nous avons comparé différents modes de présentation d'un documentaire, la
lecture a donné de bien meilleurs résultats.Résultats à un questionnaire,
presque le double, que le cours oral (basé sur le même texte). La raison
principale est liée aux mouvements oculaires en lecture.
Efficacité des sept présentations d'un documentaire (élèves de 6e et 5e)
(Lieury, Badoul et Belzic, 1996)
  Verbal Photo Photo  
+ verbale
Visuel En train de Manuel Télévision
lire 31% silencieuse0%
38%
Auditif Cours Télévision  
oral21% 11%
Audio- Cours oral Télévision  
visuel + + sous-
tableau27% titres20%
 
Ainsi, lorsque la lecture d'un document ne se fait pas sur unlivre mais sur un
écran d'ordinateur, les mots défilent à vitesse régulière et on ne peut plus
revenir en arrière ou s'arrêter sur des mots difficiles ; on se rend alors
compte que la lecture est ici inefficace. En effet, la lecture n'est pas, comme
nous l'avons vu, une photographie, mais s'apparente plus à une recherche du
sens d'un graphisme que l'œil photographie. Si l'œil, comme un appareil
photo, photographie par exemple « le lion saute du buisson pour manger
l'antilope… », ces caractères sont très vite identifiés en mémoire comme
des mots et le sens de ces mots si familiers est très vite disponible. Mais si
l'œil lit une phrase comme
"Le tyrannosaure sort des ptéridophytes arborescents pour dévorer un
tricératops", plusieurs mots mettront plus de temps à s'identifier et à
chercher du sens. ParPar exemple, si le regard dure environ un quart de
seconde sur un mot familier (animal), il peut être deux fois plus long (une
demi-seconde) pour un mot complexe ou peu connu comme « tyrannosaure
». Si le mot est inconnu comme
"Ptéridophytes" (= fougères) …, c'est l'arrêt complet pour chercher dans le
dictionnaire ou pour demander à papa ou maman !
 
Conclusion
De même, dans d'autres expériences, l'enregistrement des yeux par caméra
montre que l'œil recule (ce sont des régressions). Eh bien, le nombre de
régressions double aussi lorsque les mots sont rares ou difficiles. Ces
mécanismes de regard allongé ou de retour en arrière ne peuvent
évidemment pas avoir lieu lors de l'écoute d'un oral ou de l'écoute d'une
émission radio. C'est pourquoi la lecture est supérieure à un cours oral (ou
radio). Dans un environnement familier, la lecture est un moyen
extraordinaire de "pêcher" l'information, car elle permet de s'autoréguler en
fonction de la difficulté.
 
Culte du texte. On ne lit pas à la même vitesse un article sur les virus ou les
déboires sentimentaux de Britney Spears (quoique…).
 
 
37.       Pourquoi la répétition est-elle fondamentale… alors qu'elle est considérée comme « stupide » au pays de
Descartes ?

Répétition et
apprentissage
 
Après avoir été vanté dans les anciennes pratiques pédagogiques, la
répétition n'est plus vraiment à la mode et on la qualifie volontiers
d'apprentissage stupide. Et pourtant, la répétition est le mécanisme de base
du cerveau. Puisque la mémoire repose en fin de compte sur la connectivité
entre les neurones, la répétition est le mécanisme qui assure le nombre et la
force de ces connexions. Par exemple, dans le fameux conditionnement de
Pavlov, il faut répéter le son du métronome au moins cinquante fois avec la
récompense pour que le chien saliver lorsqu'il entendra le son. Même si la
mémoire humaine est beaucoup plus sophistiquée que celle des animaux, la
répétition reste une loi fondamentale. Par exemple, conduire une voiture,
jouer à des jeux vidéo,
 
Il y a eu des milliers d'expériences sur la répétition dans l'apprentissage.
Mais un bon exemple, montrant que cela prend parfois plusieurs mois, est
donné dans l'apprentissage de la télégraphie avec l'alphabet Morse, qui
nécessite quarante semaines, soit près de dix mois. Les résultats indiquent
une courbe d'apprentissage classique avec une forte montéeperformance
rapide suivie d'un plateau interprété comme les limites biologiques.
 
 
 

Des lettres / 1mn


1
 
1
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
0 4 8 12 16 20 24 28 32 36 40
 
Semaines d'exercice
 
Apprendre la télégraphie (envoyer des lettres ou des phrases liées)
(D'après Bryan et Harter, cit. Munn, 1956)
 
Comme les mots se devinent plus facilement avec le début delettres, la
vitesse de décodage est plus rapide (courbe
"Phrases" dans la figure) uniquement lorsque l'opérateur doit déchiffrerfrère
lettres séparées. Mais dans les deux cas, on voit qu'il ne suffit pas de «
comprendre » la correspondance entre le code Morse et les lettres, mais
qu'il faut apprendre. L'apprentissage et la formation sont valorisés chez les
anglo-saxons qui sont bercés par une philosophie (philosophie empiriste)
qui considérait l'apprentissage comme la source du savoir. Alors qu'au pays
de Descartes, il est courant d'entendre qu'il suffit de comprendre, et nous
faisons
 
Volontairement «  réfléchir  » les élèves sur des documents tels ques'ils
étaient intuitivement experts !
 
Conclusion
La répétition prend aussi des formes très variées. Distinguons, pour
simplifier, la répétition lexicale, par répétition par cœur et sémantique, du
sens. La rotation est la répétition de la mémoire lexicale tandis que la
répétition sémantique est plus subtile et se fait en répétant des épisodes.
Prenons l'exemple de Sherlock Holmes ; en une page, vous lirez (et ainsi
vous enregistrerez) qu'il a un ami, le Dr Watson ; dans un autre paragraphe,
qu'il est détective privé, puis plus loin qu'il aime réfléchir en fumant dans
son fauteuil, etc. Bref, au fil des pages, différents épisodes viendront
rajouter un peu d'informations pour enrichir le personnage et après lecture
d'un ou plus d'histoires, dans la mémoire sémantique, un réseau
d'informations va progressivement enrichir le « sens » du personnage.
Cependant, vous n'aurez pas eu l'impression de ressasser car cette fois c'est
une répétition d'épisodes qui ne se ressemblent pas et qui ajoutent chacun
un grain de sens. J'ai qualifié cette méthode d'apprentissage « multi-
épisodique » (Lieury et Forest, 1994 ; Lieury, 1997). Pour certains
chercheurs, la lecture est considérée comme une méthode de choix pour
enrichir la mémoire sémantique car les mots apparaissent naturellement
dans divers contextes (Nagy et Anderson, 1984). Mais par le même
mécanisme, les documentaires télévisés ramènent des informations à la
mémoire. On répète mais sans s'en rendre compte ! Pour certains
chercheurs, la lecture est considérée comme une méthode de choix pour
enrichir la mémoire sémantique car les mots apparaissent naturellement
dans divers contextes (Nagy et Anderson, 1984). Mais par le même
mécanisme, les documentaires télévisés ramènent des informations à la
mémoire. On répète mais sans s'en rendre compte ! Pour certains
chercheurs, la lecture est considérée comme une méthode de choix pour
enrichir la mémoire sémantique parce que les mots apparaissent
naturellement dans divers contextes (Nagy et Anderson, 1984). Mais par le
même mécanisme, les documentaires télévisés ramènent des informations à
la mémoire. On répète mais sans s'en rendre compte !
 
38.       Pourquoi est-il bon de vocaliser en apprenant... bien que
Nous ne sommes pas des perroquets !
Efficacité de la
vocalisation et de la mémorisation
 
Que n'avons-nous pas dit de la répétition âpre, de la répétition par cœur…
comme un perroquet. En effet, un constat courant concernant les écoliers
semble discréditer cette pratique. Un élève lit un texte à haute voix, il le lit
parfaitement, mais si on l'interroge par la suite, on se rend compte qu'il n'a
rien compris… il lisait comme un perroquet. De même, on observe
fréquemment que les enfants bougent leurs lèvres en lisant ; cette
vocalisation silencieuse, les chercheurs l'appellent « subvocalisation » et
nous avons remarqué qu'elle était permanente soit en lecture, soit lors de la
mémorisation. L'adulte, sans toujours s'en rendre compte, fait de même,
mais la subvocalisation est si bien intériorisée que le mouvement des lèvres
est à peine visible. A quoi sert cette subvocalisation ? Est-ce le vestige
d'une vieille habitude de lire à haute voix à l'école et donc plus utile,
A côté d'expériences compliquées nécessitant des appareils physiologiques,
la Canadienne Betty Ann Levy a montré la diminution de la mémorisation
lorsque la vocalisation est empêchée par une simple technique de
compétition vocale : le sujet est amené à répéter à haute voix pendant le
pré-visuel (lecture) ou auditif (audition) sensation, une séquence vocale
répétitive, par exemple hi-ya (Levy, 1971 ; 1975) nombres de 1 à 9
(Peterson et Johnson, 1971), orthe, the, the (Lieury et Choukroun, 1985) …,
etc. Mémoire.
 
Diminution de l'efficacité de la mémorisation lorsque la vocalisation est
supprimée (d'après Betty Ann Levy, 1971)
  Rappeler Reconnaissance  
Ainsi, dans l'une des
Contrôler 26% 73%
recherches menées par
Effacement 15% 59% Levy, le rappel etla
reconnaissance de
listes de mots (ou de phrases) est moins efficace lorsque la subvocalisation
a été supprimée en phase de mémorisation (les sujets devaient répéter sans
s'arrêterhi-ya…). La perte de mémoire causée par la suppression de la sous-
vocalisation est d'environ 20 % (reconnaissance) à 40 % (rappel).
 
Conclusion
Par la suite, certaines recherches ont montré que la subvocalisation a au
moins deux rôles bénéfiques. La première est de constituer une véritable
mémoire auxiliaire ; sans s'en rendre compte, c'est ce « rappel » que vous
utilisez lorsqu'on vous donne un numéro de téléphone ou une date pour un
rendez-vous… vous le répétez encore et encore pendant que vous trouvez
de quoi écrire. Mais cette répétition a aussi le rôle essentiel de faciliter la
compréhension. Par exemple, si je lis : "La pêche est vraiment bonne, bien
que moins sucrée par rapport à celle que j'ai mangée hier", il faut avancer
dans la phrase pour comprendre par les mots.
"Doux" et "mangé" que la pêche en question est le fruit et non la pêche à la
ligne. Or, la mémoire visuelle ou auditive est si courte (trois secondes pour
la mémoire auditive) qu'il faut répéter le début de la phrase pour s'en
souvenir lorsque l'on atteint le milieu ou la fin. La répétition permet donc de
garder plus longtemps
 
Temps en mémoire certains mots clés d'une phrase ou d'un texte. De plus,
on s'est rendu compte que la subvocalisation est d'autant plus utile que le
texte est complexe. La subvocalisation est donc très utile et c'est une bonne
habitude dont il ne faut pas chercher à se débarrasser. Au contraire, il est
nécessaire chez les jeunes enfants de favoriser cette pratique de la lecture à
haute voix qui conduira à un apprentissage de la subvocalisation intériorisée
de l'adulte.
Et d'ailleurs qui a dit que les perroquets sont stupides, des recherches
récentes ont montré qu'ils sont très intelligents, et certains savent même très
bien compter !
 
 
39.       Pourquoi ne pasNe doit-on jamais remettre au lendemain ce que l'on peut faire le jour même ?
Mémoire à court terme et mémoire à long terme
Rien ne va bien ! Vous entrez dans une pièce pour chercher un livre ou une
facture... Le téléphone sonne, vous répondez.dez et… putain, tu sais pas
pourquoi tu es venu dans cette pièce ! Pas de panique, vous n'avez pas la
maladie d'Alzheimer et ce petit désagrément arrive à tout âge, c'est un
problème de mémoire à court terme. Sachant que l'on s'intéresse à la
mémoire depuis l'Antiquité, c'est une découverte assez récente (les années
1960) d'avoir démontré l'existence de deux mémoires, l'une à long terme (la
bibliothèque). Bibliothèque de mots, d'images et de souvenirs) et une
mémoire à court terme, qui ne dure que quelques secondes...
 
L'existence de la mémoire à court terme est caractérisée parl'apparition d'un
oubli massif et très rapide mais il faut des techniques suffisamment précises
pour le mettre en valeur.
 
L'Anglais Brown en 1958 et les Américains Margaret et Loyd Peterson en
1959 ont démontré pour la première fois, par des techniques similaires,
qu'une information simple s'oublie en quelques secondes. Par exemple, dans
l'expérience de Peterson, une courte séquence de trois consonnes (par
exemple, HBX) est présentée au rythme d'une consonne toutes les demi-
secondes et cette séquence est suivie, au même rythme, d'un nombre. Trois
chiffres. Le sujet doit compter à rebours, à voix haute, de 3 à 3 au rythme
d'un métronome toutes les demi-secondes, par exemple 357, 354, 351, etc.
Cette tâche concurrente (souvent appelée « tâche de Peterson ») est destinée
pour éviter l'auto-répétition, une activité spontanée qui consiste à répéter
des informations verbales à voix basse.
 

100
 
 
80
 
 
Rappel moyen 60
% 40
 
 
20
 
 
0
0 3 6 9 12 15 18
Temps de rappel (s)
 
Oubli à court terme (d'après Peterson et Peterson, 1959)
 
L'expérience des Peterson a montré un oubli spectaculairement rapide
puisque le rappel passe de 100 % en rappel immédiat à l'oubli total après
dix-huit secondes.
 
Conclusion
Dans la vie de tous les jours, l'oubli à court terme se manifeste
fréquemment ; par exemple, on oublie un numéro de téléphone qu'on vient
de lire si quelqu'un nous parle, on oublie une idée dans une conversation
quand quelqu'un d'autre parle, etc. C'est la raison pour laquelle il faut faire
des choses quand on y pense, à défaut oublier très vite. L'adage populaire
l'exprime à bon escient : « Il ne faut jamais remettre à demain, ce que l'on
peut faire le jour même… »
 
 
40.       Votre mémoire est-elle rangée ?
Mémoire sémantique et classification
 
Oui, quand il s'agit de mémoire sémantique, la mémoire des sens semble
bien rangée comme une bibliothèque. Mais c'est une bibliothèque
sophistiquée car deux classifications sont disponibles, l'une thématique
(Collins et Quillian, 1969) et l'autre par associations (Rossi, 2005). Le
premier classement est thématique par grands thèmes, animaux, végétaux,
vêtements.
 
On peut facilement mesurer cette classification en posantà un groupe, par
exemple une centaine de personnes, pour donner tous les mots auxquels ils
peuvent penser par catégorie. Puis on note ces mots en les classant par ordre
décroissant de
 
citations (Postal et Lieury, 1994). Quand on présente la catégorie « Animal
à quatre pattes », on constate que la plupart pensent chien, chat, cheval,
vache ; à la catégorie
"Fleur", les personnes interrogées pensent d'abord à
"Rose, tulipe", alors que les écrivains les plus classiquescités sont Zola,
Balzac et Hugo. Quant aux bandes dessinées, les plus fréquentes sont
Tintin, Astérix, Lucky Luke et Billy et Buddy comme hit parade des
chansons pour enfants, Au clair de lune, Jacques Frères, et Une souris
verte... Des études montrent que la vitesse de prononciation d'un mot d'une
catégorie tulipe pour Fleur est d'autant plus grande que cette catégorie a été
apprise dès l'enfance. Cela signifie que la classification des « étagères » de
la mémoire a commencé dans l'enfance et plus elle a commencé tôt, plus la
classification est forte. C'est un peu comme être chez soi, quand on a trouvé
un classement, il est généralement conservé très longtemps, même s'il ne
convient plus. Ainsi, nous trouvons des erreurs de classification dans les
réponses des personnes. Dans la catégorie "Chanteur d'opéra", certains
donnent le
"Castafiore", bien qu'elle soit chanteuse (il y avait unsection pour les
chanteurs d'opéra) et qui plus est, la bande dessinée. A "Constellation", les
réponses exactes sont "Grande Ourse, Orion", mais certains donnent
« Étoile » ou « voie lactée », par erreur, puisque l'on est unétoile et l'autre
une galaxie. Le fait que la classification de la mémoire (sémantique) date de
notre enfance explique ce genre d'erreurs ; ainsi, certains classent encore la
baleine et le dauphin dans les poissons alors que ce sont des mammifères.
 
Conclusion
Il existe une autre classification, apparemment plus brouillonne, moins
logique mais très astucieuse puisqu'elle correspond à des mots qui sont
souvent ensemble dans la langue, comme « table et manger » ou des
opposés comme
" chaud ou froid ". Par exemple, quand je dis "abeille", la plupart des gens
pensent à "miel" ; "Chien et souris"
 
sont évoqués pour le chat  ; et bien sur depuis La Fontaine, on pense
"agneau" quand on parle de
" Loup ". Ce phénomène est connu depuis longtemps et le grand savant de
l'Antiquité Aristote l'avait déjà remarqué. Au XIXe siècle, ce phénomène
s'appelait « associations d'idées », d'où des expressions restées dans le
langage comme « perdre le fil de ses idées ». En effet, la mémoire peut
s'imaginer comme un vaste filet de pêche, où les nœuds sont des mots et les
fils relient certains mots entre eux. On pense même que l'influx nerveux se
propage d'un endroit à l'autre à partir d'un mot et prépare ainsi la
conversation en pré-activant les mots voisins. Si je discute avec des amis
abeilles, des mots comme « miel, graine, fleur, essaim… » seront préparés
en mémoire.
A l'inverse, cette pré-activation peut nous faire dire des bêtises, comme
les enfants aiment provoquer dans certains jeux. Le jeu est bien connu, il
faut répéter à toute vitesse : blanc, blanc, blanc, blanc... et on se pose la
question :
"Qu'est-ce que la vache boit ?" « ; la plupart du temps, le camarade se fait
piéger en disant "lait" pendant que la vache boit de l'eau. L'erreur vient du
fait que donner les mots "blanc" et
« Vache » a un « lait » pré-activé qui est comme un coureur prêt à bondir ;
hé j'ai failli dire prêt à... bouillir !
 
 
41.       "Je mange avec une fourchette..." !
D'où viennent les dérapages ?
Mémoire lexicale et classification phonétique
 
Les slips ont été popularisés par Freud (1973, édition 1D) dans son
excellent livre Psychopathology of Daily Life, 1901). Mais dans le contexte
de la libération sexuelle
 
Dans les années 68, beaucoup pensaient que les dérapages étaient liés à la
sexualité refoulée. Cela peut arriver mais c'est loin d'être le cas général.
C'est souvent un mot plus fréquent ou plus récent qui vient à la place d'un
autre, qui lui est phonétiquement similaire. Car si la mémoire sémantique
est classée comme une bibliothèque, notamment par grands thèmes, on a vu
que les mots sont aussi classés pour leur corps dans une mémoire spéciale,
la mémoire lexicale. Cette mémoire est organisée phonétiquement ; un peu
comme le fichier bibliothèque par ordre alphabétique mais de manière plus
souple, en gros, par la première syllabe et par la rime.
 
Ainsi dans les recherches sur le phénomène du « mot sur le bout de la
langue », il faut trouver des définitions correspondant à des mots peu
fréquents ; par exemple, quel est le nom de l'appareil utilisé par les
navigateurs pour se localiser avec les étoiles (le sextant). À chaque foisle
sujet de l'expérience ne trouve pas le mot juste, on lui demande s'il sait dire
la première syllabe ou la rime du mot, et on voit qu'une bonne proportion
des individus avaient en tête la bonne syllabe et la bonne rime. De plus,
bien souvent le mot sur le bout de la langue est produit par compétition
avec un autre mot qui lui ressemble. Les glissades ou les erreurs de mots
présentent précisément ces erreurs phonétiques entre les mots. Le cas
général est la confusion avec un mot phonétiquement proche et plus
fréquent, donc plus fort dans la mémoire de la personne ou de l'enfant. Ces
ressemblances phonétiques provoquent des déboires aux élèves qui font
ainsi de grosses confusions comme appeler « dénominateur » le
dénominateur en le confondant avec le titre du film. Terminator, ou penser
que
"Regicide" est un insecticide...
 
Conclusion
Ces phénomènes montrent que la classification de la mémoire lexicale est
phonétique : les mots semblent être classés par la première syllabe, et
secondairement par la rime. C'est aussi la raison pour laquelle la poésie,
avant la vulgarisation des livres, était en rime, pour apprendre les textes
plus facilement. La phonétique est la base des jeux de mots, des jeux de
mots, et dans ce cas nous faisons travailler la mémoire lexicale. Hormis
cette différence de classement avec la mémoire sémantique, classée par
thème, la mémoire lexicale peut aussi être vue comme un vaste réseau, où
les mots sont liés par des mailles avec des mots qui ont les mêmes syllabes
ou rimes, d'où les mêmes phénomènes de préactivation. Juste s'il y a une
pré-activation sémantique (cf. blanc pour « qu'est-ce que la vache boit ? »,
Cf. ci-dessus), il y a une pré-activation lexicale (Quaireau, 1995). Comme
dans le jeu qui consiste à répéter à toute vitesse « tas, tas, tas... " pour poser
la question : " Avec quoi manges-tu ta soupe ? "Et l'interlocuteur de
répondre le plus souvent" avec une fourchette "au lieu d'une cuillère...
Verlan, c'est-à-dire mettre les syllabes des mots à l'envers, les
anagrammes, le scrabble sont autant d'exercices pour exercer la mémoire
lexicale.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
42.       Comment expliquer l'oubli ?
Indices de mémoire et de récupération
 
L'oubli est l'envers de la mémoire et ses mécanismes sont divers. Tout
d'abord, il faut rappeler que la mémoire n'est pas la faculté d'un esprit pur
mais repose sur le fonctionnement du cerveau. La première mesure d'oubli
date des expériences de l'Ebbinghaus allemand en 1885. Ebbinghaus lui-
même apprit des listes de syllabes, puis mettant chaque liste dans une
enveloppe, il les réapprit à une date donnée, c'est-à-dire une heure plus tard,
un jour , une semaine et ainsi jusqu'à un mois plus tard. A partir de ces
études, reproduites plus loin, nous avons remarqué que l'oubli était très
rapide, de 50 % au bout d'une heure à 80 % au bout d'un mois. Affreux ! Et
pourtant, cela reflète bien ce qui se passe dans la vie de tous les jours, les
personnages et les dates de l'histoire, les formules de la chimie ou de la
trigonométrie, tout cela s'envole très vite !
Heureusement, la comparaison des mécanismes de la mémoire avec celui
de l'ordinateur fournit une explication rassurante. On n'oublie pas tout.
D'ailleurs, le fonctionnement de la bibliothèque est le même et je prendrai
plutôt cet exemple connu de tous. Bien tenir une bibliothèque consiste à
ranger les livres à un endroit numéroté sur une étagère donnée, par exemple
un livre sur les abeilles est classé au numéro 7 du département M. Le
lecteur intéressé par les abeilles, recherche dans un fichier avec le thème
abeille, à moins qu'il connaît le nom de l'auteur et regarde par ordre
alphabétique. Dans les deux cas, fiche par thème ou fiche par ordre
alphabétique, il trouvera dans notre bibliothèque de modèles, la fiche qui lui
indiquera que le livre sur les abeilles est au rayon M au numéro sept.
 
Eh bien, notre mémoire fonctionne comme une bibliothèque avec un bon
archiviste et les équivalents de
Les «  adresses  » des livres sont appelées indices de récupération (ou de
rappel). Les signes de reprise sont nombreux. Les noms de catégories, les
titres d'un livre ou d'un cours sont des indices sémantiques. Les initiales ou
les premières syllabes, ou les rimes sont des indices pour la mémoire
lexicale. Et les images et les photos sont d'excellents indices comme le
montre l'expérience suivante.
Harry Bahrick avec Phyllis Bahrick et Wittlinger (1975) a eu l'idée très
originale d'utiliser les archives d'un collège et de retrouver les étudiants de
ce collège, jusqu'à quarante-huit ans plus tard, afin de sonder leur mémoire
sur les noms et les photos. de leurs camarades diplômés. Bien que la
mémorisation du nom soit faible, les photographies sont des indices très
puissants de rétablissement, sauf après de très nombreuses années. La
reconnaissance est très forte, la reconnaissance des photographies (parmi
les photos pièges) restant étonnamment stable même après 35 ans. La
reconnaissance presque équivalente des noms et des photographies
s'explique bien par la théorie du nœud d'identité personnelle, selon laquelle
nom et visage sont stockés ensemble dans la mémoire.
 
 
Pourcentage de rappel et de reconnaissance des noms et des photos d'amis
d'université après des délais de 3 mois à 48 ans
(Simplifié de H. et P. Bahrick et Wittlinger, 1975)
  3 mois 15 35 48  
années années années
Rappel gratuit noms 15 13 12 7

Rappel indexé avec 67 37 33 18


photos
Reconnaissancenoms 91 87 82 69

ReconnaissanceDes 90 91 90 71
photos
 
Notre mémoire n'oublie pas grand-chose, mais comme une immense
bibliothèque, elle a besoin de bons indices, de bonnes adresses du passé...
Ainsi l'album de famille ou les photos de voyage nous permettent
généralement de se souvenir des invités de tel ou tel. Telle célébration ou
pour nous rappeler les épisodes d'un voyage.
Le rôle des émotions et des sentiments peut également être vu très
clairement dans cette expérience. Le rappel gratuit est faible, ouiinclus
après seulement trois mois de sortie du collège, pour de simples camarades
ou connaissances (15 %) jusqu'à 10 % de rappel après quarante-huit ans. En
revanche, le souvenir des relations amoureuses est très présent dans la
mémoire, mais seulement au bout de trois mois (60%), l'oubli est alors très
rapide pour rejoindre la mémoire des camarades simples tandis que le
souvenir des bons amis reste très vivace, de 40%. à 50 % de rappel, même
cinquante ans plus tard.

 
% derappel
Libérer

 
100
 
80

 
60
 
40
 
20
 
 
 
 
0
25 ans 3 mois 48 ans
 
Pourcentage de rappel basé sur la relation après des délais de 3 mois à 48
ans
(D'après H. et P. Bahricket Wittlinger, 1975)
Conclusion
Contrairement à l'image romantique des amours de jeunesse, les relations
amoureuses s'usent plus vite que les relations entre amis, avait dit Brassens,
"les amis d'abord"...
 
43.       Est-ce qu'on divague vraiment avec l'âge ?
Mémoire épisodique et souvenirs
 
"Ah ma grand-mère divague, elle raconte tout le temps ses souvenirs
d'enfance mais ne se souvient pas du film qu'elle a vu la veille… « C'est le
genre d'histoire qu'on entend couramment et qui reproduit stéréotypée la loi
de
La « régression des mémoires » de Ribot. Dans son livre Les Maladies de la
Mémoire, Théodule Ribot (1881) développe une théorie du vieillissement
symétrique de la théorie de l'évolution de Darwin. Selon Ribot, la mémoire
suit, avec le vieillissement du cerveau, un chemin d'évolution inverse, c'est
l'involution ou la régression. Cette loi de régression des souvenirs, devenue
populaire (notamment dans le monde médical où elle est appelée « loi de
Ribot »), explique pourquoi la mémoire vieillissante se dégrade à partir des
souvenirs récents pour ne conserver que les souvenirs d'enfance.
Parallèlement, Galton (1879 ; cit. Crovitz et Schiffman, 1974) a voulu
compter ses souvenirs en les évoquant avec des mots évocateurs tels que «
église, mère, poupée, école, tambour »…. Galton avait constaté, alors âgé
de presque soixante ans, que 39 % des souvenirs évoqués étaient avant l'âge
de vingt-deux ans, 46 % des souvenirs concernaient l'âge adulte et
seulement 15 %.
 
Étaient des souvenirs d'événements assez récents. Bien que les souvenirs de
l'âge adulte soient les plus importants, les souvenirs récents semblaient très
pauvres...
 
Cependant, ce résultat ne m'a pas convaincu car les mots évocateurs de
Galton comme "église, mère, poupée, école, tambour" sont acquis dès
l'enfance et pour cette raison, ils pourraient se rappeler préférentiellement
des souvenirs de l'enfance. Nous avons donc répété une expérience (Lieury,
Aune et Ropars, 1980, cit. Lieury, 2005) en sélectionnant à la fois des mots
« anciens », « rue, train, tempête, chaise, bébé, montagne, église, fleur, etc.
» Mais aussi des mots culturellement plus récents comme « télévision,
fusée, téléphone, énergie, pollution, parking… ». De plus, pour égaliser les
chances d'avoir autant de souvenirs, on découpe « l'âge » des souvenirs par
période chronologique (dix ans, sauf de zéro à quinze ans pour la période
d'enfance)… Il faut situer ces souvenirs temporellement en donnant l'âge
(approximatif) qu'ils avaient au moment de l'événement. Par exemple, une
personne évoque le mot « montagne » un séjour à la montagne alors qu'elle
avait 32 ans. Nous situons ce souvenir dans la période des « 30 ans » de la
vie. Afin d'égaliser les chances d'avoir autant de souvenirs dans la dernière
période de la vie, que les gens aient par exemple 72 ans ou 78 ans, les
souvenirs de la dernière décennie sont comptés pour chacun.
L'expérimentation concerne des sujets « adultes » entre 40 et 50 ans, des
personnes de 70 ans vivant à domicile et des sujets du même âge mais
vivant en institution.
Les séries temporelles des souvenirs sont très différentes, voire inversées,
selon les mots évocateurs. Chez les personnes de 50 ans, les mots anciens
sont plus souvent utilisés commenirs de la jeunesse comme Galton l'avait
observé. A l'inverse, les mots évocateurs récents rappellent de plus en plus
des souvenirs récents. La série temporelle est presque la même chez les 70
ans en bonne santé, avec des souvenirs diminués ; Les 70 ans se
souviennent
Ralentir même les souvenirs de leurs dix dernières années avec les vieux
mots. Chez les personnes en institution, il y a une grande pauvreté de
mémoire quelle que soit l'époque etle type de mots évocateurs.
 
3 Vieux mots évocateurs
 
 
 

2
 
 
 
1
 
 
 
0
dix 20 30 40 50 60 70 80
Périodes de vie (décennies)
 
Mots évocateurs récents

4
 

3
 
2
 
1
 
0
dix 20 30 40 50 60 70 80
Périodes de vie (décennies)
 
Séries temporelles de souvenirs selon des mots évocateurs anciens ou
récents et l'âge des personnes (d'après Lieury, Aune et Ropartz ; cit. Lieury,
2005)
 
Conclusion
La « loi » de régression des souvenirs chez les personnes âgées est donc
fausse et dans la technique « Galton », le grand nombre de souvenirs
anciens était dû à des mots anciens, évoquant plus l'enfance que les
événements récents. Pour les personnes âgées (80 ans) et en institution
(ayant donc des pathologies diverses), le rappel des souvenirs est pauvre
quelle que soit la période. En utilisant une technique similaire de
décomposition des souvenirs par période de la vie, Pascale Piolino,
chercheuse à Caen, a récemment confirmé (2003) le fait que la loi de Ribot
ne s'observe que dans l'amnésie pathologique : il n'y a pas de diminution
des souvenirs de la dernière année chez les les personnes âgées tandis que
les patients, bien identifiés comme Alzheimer sur le plan neurologique,
évoquent environ deux fois moins de souvenirs récents (l'année dernière)
que de souvenirs d'enfance (0-17 ans). Ce cas, qui correspond apparemment
à la loi de régression, est due à l'amnésie hippocampique (l'hippocampe est
la structure du cerveau qui permet l'enregistrement de nouveaux
événements.) : L'enregistrement des événements récents n'a pas lieu. En
faisant plus, seuls les anciens événements survivent...
 
 
44.       Quel est le secret
Des souvenirs prodigieux ? Mémoire, dispositions biologiques et
entraînement
 
Il est largement admis que les personnes autistes ont des souvenirs
extraordinaires. Malheureusement, ce n'est pas le cas et les enfants
handicapés mentaux ont tendance à avoir un pire
 
La mémoire, un langage peu développé… Pourtant, il est vrai que certains
enfants autistes (5 % des autistes) ont des capacités extraordinaires mais
pour une capacité unique. Un tel enfant, par exemple, a une mémoire «
photographique » et est capable de redessiner les façades des bâtiments de
mémoire avec un réalisme étonnant, sans oublier n'importe quelle fenêtre ou
colonne. Un autre joue de mémoire les airs qu'il vient d'entendre (mais sans
harmonisation). Théodule Ribot, le père de la psychologie scientifique en
France, citait le cas d'un oligophrène (profonde crétin) qui avait retenu
pendant trente-cinq ans les dates de toutes les sépultures de sa paroisse, le
nom et l'âge du défunt et les noms de tous ceux qui ont assisté à la
cérémonie. Mais une très bonne mémoire caractérise plutôt les génies.
Ainsi, Alors que la mort a surpris Borodine avant qu'il n'ait pu écrire tout
son opéra Prince Igor, Glazounoff a pu reconstituer de mémoire l'ouverture
et les détails importants de l'œuvre que le compositeur avait jouée au piano
devant lui. De même, pensez à des chefs d'orchestre exceptionnels, tels que
Toscanini ou Karajan, qui se souviennent des partitions de symphonies ou
d'opéras entiers, de même pour les scientifiques, les historiens, les maîtres
d'échecs ou les maîtres d'échecs. Champions de bridge…
 
Arrêtons-nous sur le cas de Veniamin, célèbre mnémoniste professionnel
russe dont le geste consistait à apprendre chaque soir sur une scène de
music-hall des tableaux de chiffres, des listes vides de sens, une liste de
cent mots ! Ce cas est très connu grâce au psychologue russeAlexander
Luria qui a suivi ce sujet extraordinaire pendant trente ans (1970). Veniamin
lui-même n'était pas au courant de ses aptitudes particulières et ce n'est que
sur l'avis d'un employeur qu'il est venu consulter Luria. Ses aptitudes étaient
cependant exceptionnelles : à partir d'un tableau de cinquante chiffres, en
quatre colonnes, il est capable d'en faire le total.
 
lité des chiffres, les chiffres diagonaux, de chaque partie carrée du tableau
(quatre rangées de quatre colonnes), les chiffresfres des bords de la table.
En présence de l'académicien Orbelin, Veniamin a mémorisé un tableau de
vingt-cinq lignes de sept lettres de l'alphabet, pour un total de cent soixante-
quinze éléments répartis aléatoirement. Il peut mémoriser puis reproduire
trente, cinquante, soixante-dix mots sans erreur, dans l'ordre d'origine, dans
l'ordre inverse et peut réciter au bout de quinze ans des listes entières de
mots ou d'éléments sans signification.
Lorsqu'on lui demande comment il mémorise, Veniamin répond qu'il "voit"
le tableau des nombres ou des lettres.Cela explique la facilité avec laquelle
il peut rappeler les éléments d'un tableau à partir de divers points de départ
et directions. Cette «  photographie  » (que Neisser a appelée plus tard
«  mémoire eidétique  ») est si précise que Veniamin peut être victime
d'erreurs de «  relecture  » ​lorsque le chiffre ou la lettre est mal écrit.
Lorsqu'après quinze ans, Luria lui demande sans préparation de rappeler
une liste, Veniamin déclare après quelques instants de réflexion :
"Oui c'est bien, c'était dans ton ancien appartement, tu étais assis devant la
table et j'étais dans un rocking chair.Tu portais un costume gris et tu me
regardais comme ça. C'est ce que tu me disais..."
A l'inverse, la mémoire sémantique n'était pas son point fort. Un autre
psychologue russe Vygotsky lui avait remis une liste de mots contenant,
entre autres, plusieurs noms d'oiseaux. Quelques années plus tard, un autre
psychologue, Leontiev, lui a remis une liste contenant plusieurs noms de
liquides. Ensuite, il lui a été demandé de ne rappeler que les noms des
oiseaux de la première liste et les noms des liquides de la seconde.
Veniamin a été incapable de reconstruire ces deux catégories, contrairement
à la plupart des personnes qui catégorisent spontanément. En référence aux
théories contemporaines, on pourrait dire que chez Veniamin, les mémoires
« visuelles », imagées et visuospatiales étaient hypertrophiées au détriment
de la mémoire sémantique.
 
Quand les capacités sont extraordinaires, sans éducationspécial, on peut
supposer que les zones du cerveau sont plus développées. Le cas connu du
syndrome de Williams le montre clairement.
De nombreuses légendes mentionnent de jolies petites personnesdes cloches
à couper le souffle avec un sourire marqué et de petites oreilles pointues,
sous divers noms tels que elfes et lutins. Cette description n'est pas si
légendaire et le cardiologue néo-zélandais Williams a décrit des enfants
avec cette physionomie mais aussi des déficiences du système vasculaire,
notamment cardiaque, et leur vieillissement est prématuré. Dans ce cortège
de personnages appelé 'syndrome de Williams', les capacités cognitives
générales sont très faibles, comme chez les enfants trisomiques (par
exemple, le QI moyen est de 60) mais ces personnes sont très souvent
douées pour la musique (Lenhoffet al., 1998) . Une anomalie génétique a
été identifiée en 1993 et ​semble provenir du chromosome 7 qui est
endommagé dans la bande qui produit l'élastine, entraînant des rides et un
vieillissement prématuré ainsi que des malformations vasculaires (la "peau"
des vaisseaux et des organes).
 
Conclusion
Les talents particuliers sont donc susceptibles d'avoir une origine
biologique. Cependant, la formation conduit également à des modifications
considérables. Une étude (Pantev et al., 1998), utilisant l'imagerie cérébrale,
a comparé des pianistes et des non-musiciens. La zone auditive
correspondant aux sons musicaux montre une augmentation allant jusqu'à
25 %. De plus, cette augmentation dépend du nombre d'années de pratique
alors qu'au contraire, la zone des tons purs n'est pas modifiée. Ces résultats
montrent que l'entraînement joue également un rôle clé dans les « dons » de
mémoire. Le génie pourrait venir de l'ajout d'une disposition biologique et
d'un entraînement.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 

la perception
 
 
 
On dit communément qu'il y a cinq sens, ou on parle, ce qui revient au
même, d'un soi-disant sixième sens. Mais ce bilan est loin du compte car
notre corps est entouré d'appareils de détection, de récepteurs de pression
artérielle, de récepteurs de glycémie, de récepteurs musculaires et
tendineux, etc. : par exemple, le sinus carotidien est un endroit de l'artère
carotide rempli de pression artérielle. récepteurs ; il est connu depuis des
millénaires dans les arts martiaux (Karaté) comme un point vital car un
coup porté à cet endroit provoque une syncope (le cerveau l'interprète
comme un excès de tension artérielle). Et si nous avons faim à l'approche de
midi, c'est parce que les récepteurs du glucose situés au centre du cerveau
détectent une baisse du taux de glucose dans le sang. Enfin,
Il existe donc une grande variété de récepteurs. Néanmoins, la plupart
semblent jouer leur rôle dans des systèmes automatiques et ne suscitent de
sensations descriptives qu'à des niveaux de stimulation très intenses qui
peuvent être vus fonctionnellement comme une alerte, un étirement des
tendons, des douleurs au ventre, etc. Autres modalités de la réception de
l'information détermine des sensations descriptibles et pour cette raison
entrez dans le domaine de la psychologie, ce sont les cinq sens
traditionnels, le toucher, le goût, l'odorat, l'ouïe et la vision. Ce ne sont pas
eux-mêmes des modalités uniques (l'équilibre est différent mais proche des
centres auditifs) mais des catégories de plusieurs modalités sensorielles qui
correspondent à une unité anatomique, la peau, la bouche, le nez, l'oreille et
l'œil.
 
45.       "Ça te démange
Ou ça te chatouille ? "
Densité des points sensibles selon les régions du corps
 
Les sensibilités tactiles illustrent bien les deux faces des sensations, la face
subjective et la face objective. Le côté subjectif est lié aux descriptions
variées mais souvent imprécises dont nous sommes capables : tout le monde
se souvient de la fameuse distinction du Dr Knock de Jules Romains entre
"chatouiller" et "démangeaison".
Les recherches débutent au milieu du XIXe siècle avec une technique
originale inventée par Max von Frey (1852-1932) qui consiste à explorer la
peau avec des aiguilles de poids gradués, de 1 à 10 grammes et émoussées
pour ne pas blesser. … Celui-ci a voulu vérifier si, comme on le croyait à
l'époque, la douleur provient d'une stimulation trop intense dans une
sensation donnée ; pour le voir, il se mit à explorer la peau avec ses
aiguilles « tactiles » et il découvrit l'existence de points sensibles
spécifiques, inégalement répartis à la surface de la peau. Certains points
stimulés provoquent une sensation de tact (toucher) alors que pour d'autres
les gens ne ressentent rien (ils ont les yeux bandés).
 
Enfin, certains points ne provoquent que des sensations de douleur mais
les stimulations doivent être fortes (10 à 30 grammes). Plus tard, des
chercheurs américains ont étendu ce genre de technique avec des
stimulateurs thermiques contenant un liquide chaud ou froid. Cette
recherche met en évidence quatre catégories bien distinctes de sensations
tactiles, le toucher ou contact, la douleur, le chaud et le froid, inégalement
réparties sur la peau selon les zones du corps.
 
Les récepteurs sont très inégalement répartis sur la peau desainsi le cerveau
est bien informé de ce qui se passe dans certaines zones et beaucoup moins
dans d'autres, un peu comme un centre de surveillance plaçant davantage de
caméras ou de capteurs dans les zones à haut risque.
Densité de points sensibles par cm2 de peau selon les régions du corps
(D'après Skramlik ; cit. Woodworth, 1949)
  La Tact Froid Chaud  
douleur En caricaturant, on
Front 184 50 8 0,6 peut dire que le front
renseigne sur la
Le bout du 44 100 13 0,5
douleur (protection du
nez
cerveau), le nez sur le
Le dos de la 188 14 7 0,5 froid, la main sur le
main toucher (le tableau
indique le dos de la main, mais la réceptionles chiffres sont autour de 200 à
portée de main) …
 
Conclusion
Anatomistes et physiologistesont décrit plusieurs récepteurs cutanés
correspondant à ces quatre catégories. La douleur est liée à l'excitation des
terminaisons nerveuses libres, le froid à la stimulation des bulbes de Krause
et la chaleur aux autres terminaisons nerveuses libres. Si les quatre
sensations sont bien individualisées, c'est qu'elles passent par quatre voies
nerveuses distinctes (Rosenzweig et al., 1998). Mais le toucher possède
plusieurs récepteurs, d'où la variété des sensations (chatouillement,
pression, toucher léger, etc.) : les disques de Merkel et les corpuscules de
Meissner et de Golgi-Mazzoni sont responsables de la douceur du toucher
et sont très présents dans le corps. Du bout des doigts, dans les lèvres et les
zones érogènes.
Les sensations de vibrations et de pression proviennent des corpuscules de
Pacini dont la compression dilate les pores dela membrane axonique, laissant
entrer les ions sodium, déclenchant ainsi le signal nerveux (Loewenstein,
1971, cit. Rosenzweig et al., 1998) tandis que les corpuscules de Ruffinite
semblent être responsables des sensations d'étirement.
Voilà ce qui, de l'amour au rugby, nous promet plein de sensations !
 
 

 
Récepteurs de sensibilités tactiles
 
Grosse comme une serviette de plage (2 m2), la peau contient 5 millions de
récepteurs. Certaines nous procurent des sensations de toucher léger,
d'étirement et de pression, de chaud et de froid et enfin de douleur (d'après
Lieury, 2008).
 
46.       Pourquoi les milliardaires peuvent-ils perdre un million au jeu ?
Stimulation physique et sensations psychologiques
 
Il est toujours étonnant de voir à la télévision des reportages sur les conflits
armés, des enfants qui jouent, rient, parmi les décombres. Le contraste est
d'autant plus saisissant par rapport à certains enfants gâtés à l'air triste
lorsqu'ils bénéficient de tout le confort de la modernité. L'explication
particulièrement édifiante de ce phénomène vient d'un domaine de la
psychophysique apparemment lointain et souvent rebutant.
L'objectif de la psychophysique est de rechercher les relations (souvent
mathématiques) entre les stimuli physiques et les sensations qu'ils déclenchent
sur le plan subjectif.
 
A la fin du siècle dernier, le physiologiste Ernst Weber (1795-1878) a
montré un fait curieux : nous ne sommes pas sensibles aux différences
absolues mais relatives (Piéron, 1967). Ainsi, dans une expérience typique
de sensation de poids, si un poids standard de 100 grammes est utilisé, un
sujet, les yeux bandés, aura besoin, par exemple, d'un poids de 110
grammes pour réaliser la différence de poids. Poids. On pourrait supposer
que pour ce sujet, la différence significative est de 10 grammes mais on se
rend compte qu'avec un poids standard de 200 grammes,cette fois, il faudra
placer un poids de 220 grammes dans l'autre main pour qu'un même sujet
puisse sentir la différence ; et ainsi de suite, seul un écart de 30 grammes
sera perceptible par rapport à un poids standard de 300 grammes, 40
grammes pour un poids de 400 grammes… Weber a ainsi montré que l'on
n'est pas sensible à l'écart absolu mais à l'écart différentiel par rapport à une
quantité de référence, en
 

Notre exemple, le ratio différentiel,


appelé ratio de Weber est de 10 %.
 
Ce ratio, que j'ai réduit à 10 % pour simplifier l'exemple ci-dessus, est en
réalité plutôt de 2,5 % pour les poids mais pour la plupart, le même principe
se retrouve dans la plupart des modalités perceptives, très diverses, allant de
la vision à l'audition. Par exemple dans les modalités gustatives, il est de 20
% pour le sucre, 25 % pour l'amer, 15 % pour le salé et 21 % pour l'acide.
Si cette loi psychophysique estgénéral, c'est qu'il correspond à un
fonctionnement du cerveau. Les neurones sont souvent organisés
verticalement et certains neurones d'association ne s'activent que si un
neurone cible a une activité supérieure à celle des neurones de contexte.
Bref, on ne perçoit pas dans l'absolu mais par rapport à un contexte.
Ce phénomène avait déjà été remarqué par les Grecs pour qui le rire se
déclenchait d'autant plus qu'il est apparu après un événement dramatique,
c'est la tragi-comédie. C'est un procédé littéraire courant de valoriser le
héros en l'habillant d'un complice distrait ou stupide, comme les valets des
Trois Mousquetaires ou d'accabler le héros des pires malheurs, son bonheur
n'étant que plus grand par la suite ; la brusquerie du coup de théâtre
accentue encore l'effet de
 
Contraste. De même dans la perception de l'humeur : la len-Les lendemains
sont souvent déprimants.
Bien avant Weber et Fechner, le mathématicien Daniel Bernouilli, au XVIIIe
siècle, avait déjà remarqué que l'avantage moral ne grandit qu'avec
l'augmentation relative de la fortune physique, ce qui en langage moderne
représente le constat de Weber : l'avantage subjectif de l'argent est relatif à la
richesse de l'individu. Cette observation capture les sommes énormes que les
milliardaires peuvent perdre en jouant.
En effet, supposons que le ratio de Weber soit de 10 %pour de l'argent. Un
étudiant avec un budget mensuel de 200 euros ne considérera pas comme
catastrophique toute perte supérieure à 20 euros ; mais pour qu'un
milliardaire vive des sensations fortes, il devra miser des sommes de l'ordre
du million. A l'inverse (rappelez-vous qu'une division par zéro donne
l'infini) un grand plaisir doit être obtenu par une légère augmentation si la
référence est très basse. Par exemple, pour les générations d'après-guerre,
une simple orange ou un ours en peluche en crin de cheval était un
merveilleux cadeau. De même, on comprend mieux le sourire de l'enfant
des terres déshonorées qui fabrique un instrument de musique avec une
boîte en fer trouvée dans une décharge alors que dans un pays riche, le
besoin de consommation ne cesse d'augmenter.
 
Conclusion
Tolstoï l'a observé avec perspicacité dans Guerre et Paix. Après la bataille
fatale de Borodino, le prince Pierre fut attiré en captivité lors de la retraite
de l'armée napoléonienne. Après des semaines de famine et de froid glacial,
« Il a compris qu'il y a une limite à la souffrance et une limite à la liberté et
que ces limites se touchent ; que l'homme qui souffre parce que, sur son lit
de roses, un pétale s'était penché, souffrait tout comme lui en ce moment,
qui dormait sur la terre humide et nue, son corps gelé d'un côté et réchauffé
de là 'de l'autre ; qu'avec les escarpins trop étroits qu'il portait autrefois pour
aller le soir, il souffrait autant que maintenant de marcher sans chaussures
(les siennes étaient hors d'usage depuis longtemps), sur ses pieds nus
couverts de plaies ”.
 
47.       Pourquoi la nourriture est-elle insipide quand on a un rhume ?
Goût et sensations gastronomiques
 
Dans le célèbre film comique L'Aile ou la Cuisse de Claude Zidi avec Louis
de Funès et Coluche, de Funès dirige un guide gastronomique mais il est au
comble du désespoir lorsqu'il se rend compte qu'il souffre d'agueusie, c'est-
à-dire de perte de goût. Et pourtant, c'est ce qui nous arrive couramment à
chaque fois que nous avons un gros rhume. En effet, le goût, tel qu'on
l'entend dans la vie de tous les jours et chez les gourmets, est en fait un
complexe de plusieurs modalités sensorielles dont l'odorat est la
composante principale.
 
En effet, l'odeur des aliments et des liquides enrichit considérablement le
goût et fait l'arôme des fruits ou le bouquet d'un vin ; notamment par le
passage des molécules odorantes derrière le pharynx, c'est la rétro-olfaction.
A l'inverse, quand on a un rhume, il ne reste plus grand-chose de "goût".
Une autre composante du goût de la vie quotidienne est la sensibilité tactile
car la peau de la langue et de la bouche contient les mêmes récepteurs
tactiles que la peau de la main ou du dos. Les récepteurs tactiles de la
langue et de la paroi buccale déterminent ainsi des sensations de chaud, de
froid, de toucher, que l'on retrouve dans le vocabulaire des gastronomes
notamment des dégustateurs, chambré (chaleur), rugueux (astringent pour
les œnologues), soyeux, velouté (tactile). La langue et les muqueuses de la
bouche contiennent plus de récepteurs tactiles par centimètre carré que le
bout des doigts. Par exemple, vous ne sentez pas l'électricité d'une pile de
lampe de poche (4,5 volts) lorsque vous la sentez avec le bout de la langue.
 
Mais alors qu'est-ce que le goût ? Le goût, au sens strict, estactivé par
l'excitation des papilles gustatives contenant des chimiorécepteurs
(neurones spécialisés). Mais ces papilles gustatives sont elles-mêmes bien
cachées. Quand on tire la langue, on voit des sortes de boutons : ce sont les
papilles qui contiennent ces papilles. Les papilles gustatives se présentent
sous différentes formes et tailles (Fitzpatrick, in Purves andal., 2005 et
diverses sources). Les papilles fongiformes (elles sont en forme de
champignon) sont les plus nombreuses. Au revers, il n'y a que deux papilles
foliées de chaque côté, mais la vingtaine de feuilles superposées contient
600 bourgeons. Enfin, neuf grandes papilles caliciformes (en forme de
calice) sont disposées en forme de V à l'envers, comme des chevaliers prêts
à faire barrière aux aliments dangereux, à l'entrée de l'œsophage ; les
gobelets ont la forme de mûres, et leurs parois
 
Contient 250 papilles, soit plus de 2000. Au total, la langue a 4000 papilles
gustatives, enfermées dans des centaines de papilles gustatives. La
stimulation à l'aide d'un petit poil (comme une brosse à dents avec un seul
poil) imbibé d'une solution et les méthodes de stimulation électrique (fine)
montrent qu'il n'y a que cinq sensations gustatives. Et il en est de même
chez la plupart des animaux, ce qui montre assez clairement que ces quatre
sensibilités ont une utilité adaptative (par sélection naturelle ; Le Magnen,
1951).
Sans aucun ordre de primauté, le premier goût est salé : dont prototype est
le sel de cuisine (NaCl). Elle correspond à l'élément vital dès l'origine de la
vie, l'eau salée de l'eau de mer ; chez les animaux terrestres, il est connu que
le sang (et autres éléments liquides, lymphe, etc.) est un milieu aquatique
interne. Le besoin de sel est si essentiel qu'il était considéré dans les pays
chauds comme un élément précieux (voir l'importance des caravanes de
sel). La transpiration provoque une perte de sel qu'il est vital de remplacer.
Le sodium contenu dans le sel est par exemple l'une des molécules clés de
la transmission nerveuse. Le deuxième goût est sucré : le glucose est
l'aliment qui fournit l'énergie aux muscles et au cerveau ; pour le goût, le
prototype du bonbon est le saccharose (sucre ordinaire) qui est composé de
deux molécules de glucose ; l'amidon (farine, pomme de terre, etc.) est une
chaîne de molécules de glucose. La salive contient une enzyme qui
décompose l'amidon en molécules de glucose ; il est donc souhaitable de
prendre son temps pour manger. Le troisième goût détecte l'acide dont le
prototype est l'acide chlorhydrique, HCl. Les acides détruisent les tissus, il
est donc nécessaire d'avoir une sensibilité élevée à la teneur en acide afin de
préserver les tissus. La quatrième saveur est amère, dont le prototype, la
quinine, semble correspondre à une protection acquise par nos ancêtres
animaux car de nombreux poisons, par exemple dans les champignons, sont
des alcaloïdes avec ce goût amer. Enfin, longtemps controversé, umami
(prononcer Le troisième goût détecte l'acide, dont le prototype est l'acide
chlorhydrique, HCl. Les acides détruisent les tissus donc il faut une grande
sensibilité à la teneur en acide afin de préserver les tissus. Le quatrième
goût est amer , dont le prototype, la quinine, semble correspondre à une
protection acquise par nos ancêtres animaux car de nombreux poisons, par
exemple dans les champignons, sont des alcaloïdes avec ce goût amer.
Enfin, longtemps controversé, umami (prononcer Le troisième goût détecte
l'acide, dont le prototype est l'acide chlorhydrique, HCl. Les acides
détruisent les tissus donc il faut une grande sensibilité à la teneur en acide
afin de préserver les tissus. Le quatrième goût est amer , dont le prototype,
la quinine, semble correspondre à une protection acquise par nos ancêtres
animaux car de nombreux poisons, par exemple dans les champignons, sont
des alcaloïdes avec ce goût amer. Enfin, longtemps controversé, l'umami
(prononcer semble correspondre à une protection acquise par nos ancêtres
animaux car de nombreux poisons, par exemple dans les champignons, sont
des alcaloïdes avec ce goût amer.Enfin, longtemps controversé,
 
« Ouh mamy ») est la cinquième saveur reconnue par les scientifiques. En
1908, le japonais Kiunae Ikeda a détecté ungoût non réductible aux quatre
goûts classiques, il le baptisa "Umami" de "umaï" et "mi", "délicieux" et
"Essence" en japonais. Il correspond à la perception des acides aminés
(constituants des protéines végétales et animales)mâles) dont le glutamate
est l'arôme prototype. En découvrant en 2000 un récepteur gustatif
spécifique du glutamate (et d'autres acides aminés), des chercheurs de
l'Université de Miami ont ainsi confirmé l'existence de ce cinquième goût.
 
Conclusion
Mais comment le cerveau distingue-t-il les cinq saveurs gustatives ? On a
longtemps pensé que les papilles étaient spécialisées selon les papilles
gustatives sur la base de différents seuils gustatifs découverts par Deiter
Hanig en 1901. L'avant de la langue est plus sensible au sucré, les bords à
l'acide et l'arrière (le Gobelet " soldats") à l'amer. Ainsi on retrouve dans de
nombreux livres une carte du langage mais il ne s'agit que de différences de
seuils gustatifs car il est bien établi maintenant que toutes les papilles «
sentent » les 5 saveurs.
Alors comment font ces petits bourgeons ? Elles sont certes petites (50 µ
de diamètre) mais contiennent 50 à 150 cellules olfactives. Des découvertes
très récentes, combinant des techniques comportementales, génétiques et
micro-électrophysiologiques, résolvent le mystère du codage des 5 sens.
Avec ce genre de technique sophistiquée, Jayaram Chandrashekar et ses
collègues (2006) semblent avoir résolu le mystère. En effet, les cellules
gustatives de chaque bourgeon ne sont pas n'importe lesquelles mais
spécialisées pour chacun des 5 sens. Chaque papille gustative contient donc
5 types de cellules gustatives spécifiques, dont les microvillosités captent
les molécules d'un même goût. Chaque cellule gustative
 
est relayée par un neurone spécialisé qui envoie le message par « ligne
directe » au cerveau, permettant de sentir cinq saveurs uniques.
Il existe d'énormes différences de sensibilités à la fois dans le règne
animal, par exemple le papillon monarque a une sensibilité au sucré estimée
mille fois supérieure à celle de l'homme, mais aussi entre les substances
puisque, chez l'homme, certains sels semblent plus salés que d'autres. dans
des proportions parfois énormes (jusqu'à quatre cent mille fois), d'où les
goûts et les dégoûts.
 
 
48.       Pourquoi mon chien a-t-il un meilleur odorat que moi ?
Odeur et chimiorécepteurs
 
Contrairement au goût, qui se réduit à quatre catégories sensorielles,
l'odorat produit des sensations pour des milliers de substances chimiques en
suspension dans l'air (homme et animaux terrestres) ou dans l'eau (animaux
aquatiques). Chez l'homme, une dizaine de milliers d'odeurs seraient
discriminables, de sorte que pour certains, l'habileté du parfumeur à
distinguer et à combiner différentes odeurs relève plus de l'art que de la
science (Labows et Wysocki, 1984). Plusieurs ont tenté de les classer, en
vue d'applications industrielles (industries alimentaires, cosmétiques). Voici
un classement assez complet en dix types d'arômes proposés dans un guide
des vins.
 
Exemples d'odeurs
(SelonDe l'artdu Vin, Gilbert et Gaillard, 1999)
 
Type de saveur Exemples
Odeurs fruitéesPomme, poire, raisin, framboise,
citron,pamplemousse…
Parfums floraux Violette, œillet, rose, tilleul,
verveine,aubépine,
jasmin...
Odeurs Baume (arbre à la résine très
balsamiques parfumée), pin, cire, encens...
Odeurs de brûlé Toast, tabac, café, cacao...
Odeurs épicéesPoivre, cannelle, clous de girofle,
vanille, laurier,Noix
de muscade ...
Odeurs animales Cuir, chevreuil, fourrure,
musc...
Odeurs végétales Herbe, foin coupé, chicorée,
artichaut,mousse, feuille
morte...
Odeurs boisées Bois, vieux bois, cèdre, santal...
Odeurs Argile, schiste, silex, craie...
minérales
Odeurs éthéréeset Acétone, savon, levure, alcool,
produits pétrole,métal, soufre, oeuf
chimiques pourri
 
Mais il est difficile de se mettre d'accord sur des catégories simples tant
la diversité des odeurs est grande. Par exemple, un ouvrage de référence sur
les parfums et odeurs chimiques (Arctander) présente près de deux mille
cinq cents substances pures décrites en deux cent cinquante mots
(Chastrette, Elmouaffek, Zakarya, 1986).
 
L'odorat commence lorsque les molécules odorantes, inhalées par l'air de la
respiration, se fixent à l'épithélium (= peau)olfactif situé au plafond des
fosses nasales et séparé du cerveau par une seule couche d'os percé de petits
canaux. L'épithélium olfactif contient dix millions de neurorécepteurs qui,
contrairement aux neurones du cerveau, se régénèrent dès leur mort ; les
neurorécepteurs contiennent des cils qui retiennent les molécules odorantes
par des capteurs. Ces capteurs (sortes de serrures) ne retiennent que des
molécules olfactives spécifiques, tout comme les serrures ne s'adaptent qu'à
certaines clés. La fixation d'une molécule odorante sur un site de réception
déclenche alors un signal bio-électrique qui est communiqué au bulbe
olfactif puis au cortex olfactif pour la reconnaissance des odeurs en tant que
« formes » d'objets.
Richard Axel et Linda Buck (Axel, 1995) ont remporté le prix Nobel en
2005 pour leur découverte identifiant les gènes des chimiorécepteurs, les «
verrous » des odeurs. Ils ont découvert que sur les trente mille gènes
humains, il y en avait mille qui codent pour des chimiorécepteurs, ce qui est
énorme mais se comprend si l'on se souvient que chez les animaux, les
odeurs sont utilisées pour des fonctions vitales, l'élevage. Par exemple, les
abeilles dans une ruche reçoivent leurs ordres de la reine qui émet certaines
odeurs qui servent de signal. Mille capteurs, c'est impressionnant, mais déjà
ce grand nombre ne couvre pas les dix mille odeurs discernables par
l'homme ; il faut donc supposer qu'une odeur correspond à l'excitation de
plusieurs sites récepteurs. Le cerveau, en cartographiant les glomérules
activés dans le bulbe,
 
 
Conclusion
Comme pour le goût, les sensibilités varient énormément entre les individus
et surtout entre certaines espèces. Les systèmes récepteurs de la muqueuse
olfactive possèdent déjà un nombre très variable de cellules réceptrices (Le
Magnen, 1969), dix millions chez l'homme et deux cents millions chez le
berger allemand. Ces différences, peut-être même multipliées au niveau du
cerveau (bulbe olfactif), expliquent les performances extraordinaires de
certaines espèces. Le chien de berger a une sensibilité un million de fois
supérieure à celle des humains. C'est pourquoi il sent l'arrivée de son maître
avant même de voir la voiture au bout de la rue. Ce n'est pas un sixième
sens, c'est l'odorat. Cet extraordinaire odorat de certains chiens est utilisé
pour rechercher des personnes disparues ou pour détecter des drogues ou
des explosifs. Cependant, le record est détenu par les poissons migrateurs.
« Chimiquement » la rivière de leur enfance.
 
 
 
49.       Le parfum qui vous fait tomber amoureux existe-t-il ?
Phéromonessexualité et attirance
 
Dans l'un de ses célèbres Souvenirs entomologiques, Jean-Henri Fabre
raconte qu'ayant capturé une femelle bombyx, un gros papillon assez rare, il
l'avait mise dans un appentis sous une volière. Quelle ne fut pas sa surprise
le matin, de voir plusieurs bombyx mâles (bien qu'il n'y en ait qu'un par
kilomètre carré) planer autour de la cage. Cette fois, mettant la femelle
bombyx sous une cloche de verre, les mâles sont partis. Fabre a
correctement déduit que le bombyx a repéré les émissions de molécules
sexuellement attirantes à plusieurs kilomètres de distance. Ces odeurs, qui
déclenchent spécifiquement un comportement (pas seulement sexuel, par
exemple, la peur) ont été appelées phéromones.
Chez les mammifères, les odeurs sexuelles (phéromones) sont détectées
par un système spécial, l'organe voméronasal du plancher de la cavité
nasale ; quand cela
 
L'organe est détruit chez les souris, elles ne s'accouplent plus. Chez les
vertébrés, cette phéromone correspondrait à une famille de composés
chimiques (Amoore et al., 1977), principalement le musc (chez l'animal) et
chez l'homme l'androsténol et l'androsténone (de andros qui signifie «
homme » en grec) ; ainsi, la truie refuse de s'accoupler si cette odeur n'est
pas présente. Une catégorie d'odeur sexuelle est contenue dans l'urine et la
sueur et une autre catégorie se trouve dans le musc. Certains animaux (rat
musqué, baleine) produisent par une glande spéciale une grande quantité
d'une substance connue pour être un aphrodisiaque, du musc ou de l'ambre
gris, utilisé pour cette raison dans les parfums ; le musc n'existe pas chez
l'homme mais des odeurs apparentées existent dans le sébum. Les odeurs
Les "sexuels" sont sécrétés par une glande liée aux poils de la peau, les
glandes apocrines, qui sont plus grosses chez l'homme, notamment sous les
aisselles, et certains pensent que c'est la raison pour laquelle les femmes de
nos cultures se rasent (Doty, 1981) .
 
L'effet sexuel de ce parfum est controversé. Certains pensentqu'elle est
active car cette odeur stimule les fantasmes sexuels chez des personnes
qu'on a fait attendre sous prétexte, dans une pièce où cette phéromone est
diffusée. Mais d'autres chercheurs ne trouvent pas ces résultats. Cela n'a pas
empêché la libération d'une phéromone sexuelle dans l'hôtel britannique où
avait lieu le lancement d'un disque de Madonna. Des différences de
sensibilités pourraient en être la cause ; ainsi certains individus ont une
sensibilité telle qu'ils détectent des concentrations de l'ordre de la dizaine de
parties pour un trillion de volume d'air (un millionième de millionième de
millionième) si bien qu'une concentration plus élevée leur apparaît comme
une odeur répulsive d'urine ; les femmes ont des seuils trois fois plus bas
que les hommes, notamment pendant les règles. Pour ceux qui sont
sensibles à cette odeur,
 
Des doses infinitésimales qui seraient excitantes. Au-delà d'une très faible
quantité, ces odeurs provoquent des réactions de rejet (odeur de
transpiration dans les ascenseurs oudans la foule) plutôt qu'attrayant.
 
Conclusion
Pour faire plaisir donc, pas besoin de forcer le parfum mais évitez le dîner
aux chandelles juste après le jogging...
 
 
50.       Pourquoi certains sons
Vous semblent-ils harmonieux
51.       Et d'autres totalement discordants ?
Ondes sonores et audition
 
Le son est une sensation complexe. Sur le plan physique, l'onde sonore
correspond à des molécules entrant en collision comme des personnes dans
une foule ou des dominos alignés tombant dans une chaîne. Le son
commence par un choc, un coup sur un corps, une pression d'air soudaine
dans un tuyau. Ce choc bouleverse les molécules d'air qui frappent leurs
voisines et ainsi de suite jusqu'à la perte d'énergie, provoquant une onde
sonore comme une onde. Dans l'air (le cas le plus courant pour l'homme),
l'onde sonore se propage à une vitesse de 340 mètres par seconde, soit 1200
km/heure le fameux mur du son.
 
Physiquement, le son est analysé comme une onde périodique complexe
(qui se reproduit avec la même forme) ; lorsque l'onde n'est pas régulière,
périodique, elle est perçue comme du bruit. Cette onde complexe peut être
analysée selon trois paramètres physiques qui correspondent à trois
catégories de sensa- audience.
 
La force du son (pression), ou intensité, correspond par exemple au volume
de votre poste de radio ou de télévision. L'intensité sonore est mesurée en
décibels en l'honneur de Graham Bell, l'un des inventeurs américains du
téléphone. La fréquence est le nombre de vibrations (ondes) par seconde et
est perçue comme la hauteur. Lorsque les vibrations sont très nombreuses
(pleines de petites ondes), nous percevons le son comme aigu et lorsque les
vibrations sont peu nombreuses et larges (comme de grosses ondes), le son
nous paraît grave. La fréquence est mesurée en hertz en hommage à un
physicien allemand qui a travaillé sur les phénomènes vibratoires.
Il existe un troisième paramètre qui correspond à la complexité de l'onde, le
timbre. En effet, une onde sonore (visualisée sur un écran vidéo comme sur
le schéma) est le produit de plusieurs ondes sinusoïdales simples qu'on
appelle en musique la fondamentale pour l'onde la plus forte (celle qui
détermine la note musicale) et des harmoniques. Le nombre et la spécificité
des harmoniques rendent le
"Personnalité" d'un instrument de musique et nous faire percevoir
différemment une note identique jouée sur un piano ouun saxophone, ou par
la voix humaine.
Ce phénomène La fréquence permet d'appréhender deux notions majeures
en musique, l'octave et les accords. L'octave correspond à peu près au
doublement de la fréquence dans chaque octave, par exemple, les Cs
correspondent à 16, 32, 64, 128 hertz jusqu'à plus de 16 000 hertz.
Concernant l'accord, on voit que le premier harmonique est la fréquence de
la douzième au-dessus de la note du fondamental et le deuxième
harmonique est la dix-septième au-dessus : par exemple pour un do, la
douzième est un sol et la dix-septième est un E, les trois notes jouées
ensemble font un son agréable, c'est le principe de l'accord parfait.

 
1 périodeou faire du vélo

L'onde sonore est comme une onde complexe qui s'analyse en « ondes »
élémentaires,
Fondamentaux et harmoniques
 
 
Les limites moyennes perceptibles sont d'environ 20 hertz (hertz = nombre
de vibrations par seconde), les sonstrès grave de l'orgue, à 20 000 hertz, les
sons les plus aigus ; en voici quelques exemples : les voix d'hommes vont
de 100 à 200 hertz ; les femmes de 150 hertz à 300 hertz et celles des
enfants sont plus aiguës, de 200 à 400 hertz. Cependant, tout dépend des
voyelles, theo est à environ 150 Hz alors que i monte jusqu'à 2500 hertz.
Les instruments de musique couvrent une gamme de sons plus large, le
piano de 27 hertz à 4 150 hertz tandis que l'orgue couvre toute la gamme
audible de l'homme, de 16 hertz à 4 150 hertz. Sons les plus bas (tuyaux les
plus bas) jusqu'à 16 700 hertz, ce qui est le ton le plus élevé pour la plupart
des gens. En effet, la sensation aiguë arrive très vite puisqu'un chanteur
d'opéra peut chanter jusqu'à 1150 hertz et une flûte très aiguë "monte"
jusqu'à 4550 hertz. En fait, les sons les plus aigus font souvent partie des
harmoniques.
 
Conclusion
Chez nos amis les animaux, nos performances sont excellentes, mais nous
sommes surpassés par certains, par exemple les chauves-souris entendent,
selon leur espèce jusqu'à 50 et 100 kHz (100 000 hertz) quant au dauphin, il
perçoit des sons jusqu'à 150 kHz : si il aimait l'opéra, il trouverait que les
sopranos ont des voix très graves…
 
 
52.       Pourquoi la musique donne-t-elle envie de danser ?
Oreille interne et
les mouvements des vagues
 
C'est l'oreille qui transforme le choc des molécules en signaux bio-
électriques entraînant la création de l'univers sonore par le cerveau. L'oreille
est composée de trois parties dont la plus visible est… la moins nécessaire !
En effet, l'oreille externe (le pavillon) fait converger les ondes sonores au
niveau du tympan, à la manière d'un entonnoir ; de plus le fennec, un petit
renard du désert, où les chauves-souris ont des oreilles énormes. Mais le
dauphin n'en a pas (cela le ralentirait dans l'eau) ce qui montre que le
drapeau n'est pas nécessaire pour entendre. Le conduit auditif se termine par
le tympan, une membrane qui vibre en fonction de la pression des
molécules dans l'air, tout comme la peau d'un tambour. L'oreille moyenne
est composée de trois petits os, marteau, enclume et étrier,
 
 
 
L'oreille est composée de trois parties : l'oreille externe (le pavillon)
canalise les ondes sonores qui font vibrer le tympan ; l'oreille moyenne est
constituée de 3 petits osselets qui amplifient les vibrations et les
communiquent à une membrane
(Fenêtre ovale) au début de la cochlée (ou escargot). C'est dans la cochlée
que les vibrations sont analysées.
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
L'oreille interne est constituée d'un os creux appelé escargot en
raison de sa forme de coquille d'escargot et qui contient l'organe nerveux
responsable des sensations auditives, la cochlée (on prononce
"Coclé"). La cochlée est constituée d'une membrane qui tapisse l'intérieur
de la cochlée et d'une membrane qui flotte dans le liquide interstitiel (une
sorte d'eau de mer) comme les algues dans les vagues. Au fur et à mesure
qu'elle ondule, la membrane frotte les cils de neurones spécialisés intégrés à
la base. Ces stimulations suivant les ondes dans l'escargot déclenchent des
potentiels bioélectriques, début du signal auditif. Les neurones envoient
leurs axones, qui se réunissent pour former le nerf auditif. Celui-ci
transporte l'information vers différents centres du cerveau, qui selon leur
spécialité, interpréteront le signal comme du bruit, de la musique ou des
mots...
 
 
C'est un physiologiste hongrois Georg von Bekesy (prix Nobel de médecine
en 1961) qui fut le premier à observer les ondulations sur de vrais escargots
animaux, percés de petites fenêtres. Un escargot étant minuscule, il a fait
tout son possible pour obtenir l'escargot d'un éléphant dont il avait appris
qu'il était mort au zoo. Après de patientes recherches, il montra que le
sommet des ondulations se situe à l'entrée de l'escargot pour les hautes
fréquences (hautes tonalités) et de plus en plus vers le haut de l'escargot
pour les basses fréquences (basses fréquences). Cette particularité explique
pourquoi la surdité débute par les aigus, où, à l'entrée de l'escargot, les sons
sont les plus forts.
 
Conclusion
Certains paramètres sonores sont liés à des phénomènes de pression,
l'impact de molécules contre le tympan, ce qui provoque parfois sa rupture.
Mais le son se transforme dans l'oreille interne en ondulations et c'est
probablement l'origine de la danse, c'est-à-dire de notre tendance écrasante
à associer les mouvements ondulatoires aux sons.
 
53.       Pourquoi est-il dangereux d'écouter de la musique à fond ?
Les effets
physiologiques du bruit
 
Les ingénieurs du son mesurent l'intensité sonore en décibels. Le seuil de
douleur, c'est-à-dire lorsque des molécules entrent en collision avec le tympan
provoquent une douleur, est de cent décibels. Dans la vie de tous les jours,
beaucoup de bruits sont très intenses, voici quelques exemples avec des
bruitsd'intensités différentes, sous la forme d'un « thermomètre » de bruit :

L'échelle des décibels


 
Les sons jusqu'à 50 dB (une machine à laver silencieuse) sont faibles mais
à partir de 80 dB deviennent fatigants ou ennuyeux
(rue bruyante ou restaurant). C'est le signe d'une trop forte pression sur les
organes auditifs qui risquent d'être endommagés au-delà de 100 dB.
 
Cependant, la perception des sons en fonction de leur fréquence dépend
aussi de l'intensité sonore. Ainsi, comme on peut le voir sur un
audiogramme, le seuil d'audition (la plus petite intensité perceptible) n'est
que de quelques décibels pour les fréquences moyennes, comme la voix
humaine, alors que le son doit être très fort, proche de la centaine de
décibels, pour entendre fréquences extrêmes, très basses (20 hertz) ou très
hautes (plus de 4000 hertz). C'est à cause de cette caractéristique de notre
audition que nous écoutons de la musique à un volume très élevé (concert,
clubbing, baladeurs, etc.) afin de bien entendre les hauts et les bas, mais
c'est une pratique. Dangereux.
 
 

100
 
 
80
 
60
 
 
40
 
 
20
 
 
0
15 30 60 120250500 1 000 2 000 4 000 8 000 16 000
Fréquence en Hertz
Audiogramme : il faut mettre plus fort pour entendre des sons extrêmes,
graves (15 à 100 Hertz) ou aigus (8 000 ou 16 000 Hertz)
 
En effet, l'intensité provient du choc des molécules dans l'air, de sorte
qu'une intensité excessive peut détruire les éléments fragiles de la cochlée ;
des expériences montrent que Les cobayes soumis à des sons de 130
décibels pendant vingt minutes subissent une détérioration permanente de la
cochlée : les membranes de cette dernière entrent en collision et détruisent
les neurorécepteurs ciliés de l'organe de Corti, entraînant une surdité
permanente.
 
Conclusion
Des sondages dans différents pays révèlent que de plus en plus de jeunes
sont sourds en raison des habitudes d'écoute modernes à haute intensité, des
baladeurs (80 à 110 décibels), des concerts de rock (100 à 115 décibels),
etc. ; la mesure de l'audiogramme des recrues en Norvège a montré que le
pourcentage de jeunes malentendants pour les aigus est passé de 18 % à 35
% de 1981 à 1987 (Rabi- nowitz, 1992) : les aigus correspondent en effet
aux stimuli de départ de la cochlée, là où le son est le plus fort (puisque
l'énergie s'écoulera le long de la cochlée). Des recherches françaises sur
plus de deux mille lycéens en 1994 ont montré un déficit moyen de 10
décibels dans les aigus 1. Réaliser un audiogramme est donc une nécessité
pour ceux qui sont professionnellement soumis à des sons intenses, du bruit
ou de la musique,
 
 
54.       Pourquoi avons-nous le vertige ?
Oreille interne et
équilibre
 
Le sixième sens existe, c'est l'équilibre. Enfin, c'est une façon de parler
puisque nous avons bien plus que cinq sens (les sensations automatiques,
les quatre sens de
 
 
1. Source : MGEN, octobre 1995.
 
tactile, etc.). Elle est souvent oubliée car elle se situe aussi dansl'oreille
interne. Son fonctionnement est similaire puisqu'il est lié à l'excitation des
cellules ciliées dans des cavités situées dans l'os de l'escargot : l'utricule et
le saccule pour un système statique et trois canaux semi-circulaires pour les
sensations de déplacement (sensation de tournoyer dans la valse, etc. ).
 

De nombreuses
expériences révèlent que le saccule et l'utricule contiennent des cellules
ciliées dont les cils sont coincés dans une gélatine contenant à sa surface les
otolithes, petitscristaux de calcaire.
 
L'équilibre est permis par le système vestibulaire : l'équilibre statique est
permis par 2 petits "sacs",
le saccule et l'utricule contiennent des grains de calcaire (otolithes) qui
excitent les cils des cellules ciliées.
L'équilibre dynamique est produit par les canaux semi-circulaires dont le
fluide interne se déplace cellules ciliées contenues dans le bulbe, à chaque
base (d'après Lieury, 2008).
 
Le poids des otolithes, lorsque nous inclinons la tête ou lorsque notre corps
est accéléré (voiture, avion par exemple), fait bouger les cils des cellules
ciliées, ce qui déclenche un signal bioélectronique.Trique. La taille des cils
des cellules ciliées est telle que certains chercheurs l'ont comparée à la Tour
Eiffel qui se déplace sur sa base en exerçant une force énorme ; un petit
mouvement crée donc une sensation de mouvement et c'est pourquoi de
nombreuses personnes souffrent du mal des transports ou ne peuvent pas
monter dans un manège.
 
Conclusion
Pour certains chercheurs, la sensation de vertige, voire de mal des transports,
proviendrait d'un conflit d'interprétation entre notre sens dominant, la vue, qui
ne renseigne pas.Des mouvements, par exemple en voiture ou en avion,
alors que le cerveau reçoit des informations sur les mouvements parfois
violents des organes d'équilibre. D'ailleurs, on remarque, en voiture, qu'il
suffit de bien regarder la route pour atténuer ce mal des transports, qui
n'existe généralement plus lorsque l'on est aux commandes de la voiture.
 
 
55.       Qu'est-ce que la lumière ?
Spectre lumineux
et vision
 
La vision est la réception et l'interprétation par le cerveau d'une très petite
partie des ondes électromagnétiques qui émettent des photons et ont des
propriétés ondulatoires. Ces ondes, qui se propagent à une vitesse de trois
cent mille kilomètres/seconde (dans le vide) vont des rayons cosmiques aux
ondes radio selon leur longueur d'onde. Par exemple, les émissions de radio
qui émettent dans les "grosses ondes" comme France Inter ou Europe 1
 
Ont des ondes de l'ordre du kilomètre tandis que les rayons X ont une
longueur d'onde inférieure au milliardième de mètre (= nanomètres).
La partie visible de ces ondes, appelée spectre lumineux ou spectre
visible, est comprise entre 400 et 700 nanomètres, c'est-à-dire juste en
dessous du micron (1000 nanomètres = 1 micron). La plupart des animaux
perçoivent le même spectre, mais il y a des exceptions : l'abeille voit une
partie des rayons ultraviolets tandis que les mites voient les rayons
infrarouges.
 
Les unités de mesure de luminance sont complexes car nombreuses, pas
toujours équivalentes (bougie, nit, lumen…) ou dérivées d'une unité
arbitraire, la candela (qui vient du mot « bougie »). Mieux vaut prendre une
mesure qui correspond aux références actuelles, le lux, utilisées par les
architectes. L'éclairage d'une lampe de 75 watts située à un mètre au-dessus
de nous donne 100 lux. Voici quelques chiffres par rapport à cette « norme
» pratique :
 
Plein soleil 100 000 lux
Temps nuageux 10 000 lux
Près d'une fenêtre par 5 000 lux
temps clair
Éclairage pour la lecture 300 lux
Salle à manger 200 lux
Couloirs 100 lux
Illuminé par la lune 1 lux
 
 
 
 
 
Cependant, l'acuité le visuel n'est bon qu'avec une bonne lumière (à partir
de 100 lux) ; cette acuité diminue de moitié sous une faible luminosité (1
lux)...
Conclusion
Donc, si vous ne voulez pas fatiguer votre vue, lisez toujours sous un bon
éclairage. Par contre, n'ayez pas peur d'étendre votre linge à la pleine lune,
ce n'est pas cela qui va décolorer vos couleurs (1 lux) mais le soleil du jour
(100 000 lux) car il est rare de traîner les la lessive le soir pour la rentrer le
matin !
 
 
 
56.       Savez-vous qu'il faut voir à l'envers ?
Imagerie du globe
oculaire et de la rétine
 
L'œil peut être comparé à un appareil photo ou à un appareil
photographique : sa fonction est de « produire » une image sur le fond de
l'œil. Les premiers à comprendre que l'œil est un système optique (la
caméra n'existait pas) sont Léonard de Vinci et Descartes.
 
L'œil contient des couches transparentes incurvées qui courbent les rayons
lumineux réfléchis (= renvoyés) par les objets ; ces rayons réfléchis forment
de petites images au fond de la rétine, comme la projection d'une
diapositive sur un écran. L'une des couches est la membrane transparente
devant l'œil : la cornée. Derrière elle se trouve une sorte de petit « œuf »
transparent, l'objectif qui joue le rôle d'un zoom ; en effet cette "lentille"
convergente qu'est le cristal-Lin est plus ou moins contracté ou étiré sous
l'action des muscles ciliaires, afin de faire varier la convergence (=
accommodation). Par exemple, si l'objet est proche, le cristal se gonflera
pour faire une image plus petite.
 
 
 

 
Formation d'images du globe oculaire et de la rétine (d'après Lieury, 2008)
 
Devant l'objectif se trouve un "diaphragme" composé demuscles circulaires,
l'iris qui donne la couleur des yeux. Le trou formé par l'iris est la pupille ; il
apparaît noir alors qu'en fait ce n'est qu'un trou ; la pupille se rétrécit
lorsque la lumière est trop forte pour ne pas brûler la rétine et s'agrandit
dans l'obscurité.
 
Conclusion
Un grand nombre de phénomènes comme la myopie, provoquée par une
trop grande convergence de l'œil, dépendent déjà de la structure du globe
oculaire.
Si vous n'avez pas utilisé d'optique pendant vos études, lisez la question
59. La propagation des rayons lumineux en ligne droite à travers l'objectif
fait que l'image
 
L'objet est inversé sur un écran (dans l'œil sur la rétine). Et pourtant nous
voyons à l'endroit... c'est le cerveau qui restitue l'image dans le bon sens.
 
 
57.       Pourquoi voit-on la vie en rose ?
Vision des couleurs
 
On a l'habitude de voir en couleur et c'est étonnant de rencontrer parfois
quelqu'un qui voit en noir et blanc. Cependant, le noir et blanc est plutôt la
règle chez la plupart de nos ancêtres animaux. Si nous voyons, c'est grâce à
une couche de neurones spécialisés, la rétine, qui sert de « film » à notre
appareil photo, l'œil. Cette rétine est notamment constituée de deux cellules
principales qui transforment la lumière en signal électrique, des cônes et des
bâtonnets (c'est facile à retenir, c'est comme une glace !). Cependant, les
bâtonnets voient en noir et blanc tandis que les cônes voient en couleur,
comme établi par de nombreuses expériences. Mais tout a commencé grâce
à un physicien anglais Thomas Young, qui a sans le savoir eu une
expérience de psychologie...
 
La lumière visible nous paraît blanche, mais elle est physique-mentalement
complexe ; il est composé de différentes longueurs d'onderentes qui se
décomposent dans un prisme pour donner les couleurs de l'arc-en-ciel (dans
l'arc-en-ciel, les gouttes de l'eau fonctionnent comme des prismes). Seule la
lumière de même longueur d'onde, dite monochromatique, produit une
couleur pure aussi dite spectrale ; la recherche sur la vision des couleurs se
concentre sur ces couleurs pures ; les couleurs actuelles correspondent aux
longueurs d'onde approximatives suivantes (en nanomètres, c'est-à-dire en
milliardièmes de mètre).
 
Violet 450  
Bleu 500 Thomas Young,
Vert 530 physicien anglais
(1801), s'est inspiré de
Jaune 580
Newton qui ne pouvait
Orange 600 concevoir qu'une
rouge 700 multitude de récepteurs
soient à l'origine de notre perception des teintes colorées (en moyenne, nous
percevons cent vingt-huit nuances de couleurs). Young a réalisé des
expériences de mélange de couleurs pures et a démontré la possibilité de
produire pratiquement n'importe quelle couleur à partir de trois couleurs,
c'est la théorie trichromatique. Mais comme plusieurs couleurs de base
peuvent être utilisées avec des résultats similaires, c'est lui le grand
physiologiste allemand Hermann von Helmoltz (1821-1894) qui a
découvert par des expériences "psychologiques" (à l'époque on disait
"physiologiques") que les meilleures couleurs fondamentales sont rouges,
verts et bleus.
La recherche moderne a confirmé que la vision des couleurs est rendue
possible par trois types de cônes qui contiennent soit un pigment rouge, un
pigment vert ou un pigment bleu. Alors pourquoi voit-on du jaune ?
Contrairementdans les couleurs du peintre, le jaune n'existe pas comme
couleur primaire (pas de cône ni de pigment de jaune) mais il nous apparaît
lorsque les cônes rouge et vert sont stimulés en même temps.
De nombreux vertébrés diurnes ont des rétines mixtes composées de cônes
et de bâtonnets et distinguent les couleurs, comme les singes, les oiseaux
diurnes, y compris les poulets. Mais la plupart des autres animaux, chien,
cheval, vache, etc., ont des rétines constituées majoritairement de bâtonnets,
 
pas sensible à la couleur. Sa majesté le chat lui-même ne semble pas
distinguer les couleurs (Bonaventure 1965).
Chez l'homme, les trois gènes déterminant la fabrication des trois pigments
de la vision des couleurs ont été découverts(Nathans, 1989). Le gène du
pigment bleu se trouve sur le chromosome n° 7, les gènes du vert et du
rouge sont à l'extrémité du chromosome sexuel X (n° 23) (pas sur le
chromosome Y, auquel il manque une "jambe"). Lors de la duplication
chromosomique dans la division cellulaire, un chromosome peut perdre le
gène vert ou même les gènes vert et rouge. Ce déficit est appelé daltonisme,
cécité au rouge et au vert, du nom du chimiste anglais John Dalton qui avait
remarqué cette cécité sur lui-même.
 
Conclusion
Une grande application de la théorie trichromatique est la télévision couleur
(ou plasma ou LCD). L'écran est composé d'une multitude de petits
rectangles, les pixels. Chaque pixel est composé de deux séries de petits
carrés contenant un pigment rouge, un pigment vert et un bleu. Cette
technologie est appelée le système RVB (rouge, vert, bleu). Si les brevets
avaient existé, Young et Helmoltz seraient milliardaires !
 
 
58.       Les yeux : deux caméras de 130 millions de pixels !
Fovéa et acuité visuelle
 
L'œil est comme un appareil photo : sans pellicule, il ne peut rien.
L'équivalent du film est la rétine, un tissu nerveux complexe. Il contient
principalement 127 millions de photorécepteurs, ce qui est énorme quand
on sait qu'un
 
Un appareil photo numérique courant a 4 à 8 millions de pixels et qu'un
appareil photo argentique (classique) en équivaut à 16 millions. La vision
commence par des cellules nerveuses spéciales qui contiennent des
pigments ; lorsque les photons frappent le pigment, il se décompose en
produisant un signal bioélectrique (influx nerveux) qui est transmis par des
câbles, les nerfs optiques, au cerveau. Il existe deux sortes de
photorécepteurs, les bâtonnets (dont tous les animaux ont) au nombre de
120 millions et qui permettent une vision en noir et blanc et 7 millions de
cônes (dont les humains et certains animaux ont) ; ce sont les cônes qui
nous permettent de voir en couleur.
Mais, ce qui est extraordinaire, c'est que la rétine n'est pas homogène car
elle contient une zone centrale, la fovéa ; tout le reste s'appelle la périphérie
; un peu comme le centre-ville et la périphérie. La fovéa est très petite…
Elle n'a qu'un tout petit diamètre d'environ 0,4 mm. Néanmoins, c'est une
structure extraordinaire car chaque cône est relié au cerveau par un «
câblage » individualisé. A tel point que deux petits signaux lumineux
séparés seulement d'un soixantième de degré, sont perçus comme distincts
par le cerveau. C'est cette particularité extraordinaire, que la plupart des
animaux n'ont pas, qui fait l'acuité visuelle. Au contraire,
Chez l'homme, l'acuité est de 1 minute 1 angle (= 1/60ème de degré) ce
qui est une très bonne performance dans le
 
 
1. Pour le lecteur qui n'a pas fait de physique, l'unité de mesure
"Minute" est commun au temps et aux angles. On doit cette ressemblance
aux astronomes babyloniens (on disait alors « astrologues ») qui avaient un
système numérique basé sur 60 subdivisions et non 10 comme dans notre
système décimal.
 
Règne animal car l'acuité n'est que de sept minutes chez le bœuf, de 18 chez
le poisson, de 1 degré chez l'abeille ; nos amis les animaux voient le plus
souvent, il en est de même avec les chats, les chiens, les vaches. Et si les
zèbres sont rayés c'est peut-être parce que les lions, myopes, ne voient que
des rayures en mouvement sans distinguer un animal précis lorsque les
zèbres courent en groupe. A l'inverse, les rapaces nous dépassent ; ainsi
l'aigle a une densité de cônes cinq fois supérieure à celle de l'homme et la
tuyère a deux fovéas, l'une pour voir de loin, l'autre pour voir à fort
grossissement.
 
En général, pour les mots (Overton et Wiener, 1966) ou pour les détails des
dessins (Nelson et Loftus, 1980), la vision n'est efficace qu'avec une bonne
acuité (environ 50 %) à un angle de 2 degrés (1 degré de chaque côté de le
centre de fixation) ; c'est très petit, pratiquement, c'est à peu près la
longueur d'un mot. Faites-en l'expérience par vous-même...
Prenez un ami et demandez-lui de regarder votre index ; puis lui présenter
sur le côté un livre. Demandez-lui de lire le titre sans déplacer son regard de
votre index, rapprochez le livre de votre index et vous constaterez que votre
ami ne peut pasne lisez le titre que lorsque le livre est devant son regard (au
lieu de votre index)… Hormis la vision fovéale, la vision périphérique est
très floue, et c'est ainsi que la plupart des animaux la voient.
 
Conclusion
La prise en compte de cette étroitesse d'acuité visuelle a des applications.
Ainsi, en conduisant une voiture, vous avez remarqué qu'il est difficile de
regarder à la fois la route et le tableau de bord ; sur certains véhicules
récents, les signaux de vitesse ou d'avertissement (voyants d'huile)
apparaissent en arrière-plan sur le pare-brise. Un autre phénomène que l'on
peut comprendre grâce à l'étroitesse de la
 
La vision fovéale, c'est ce que les spécialistes des témoins oculaires
appellent « l'effet de l'arme » : des chercheurs ont en effet remarqué que lors
d'une agression avec une arme, le témoin reconnaît moins bien l'agresseur
car il a davantage regardé l'« armé ». Enfin dans la vente et le commerce, on
est dupe car les produits à valoriser sont placés devant les yeux ; les
produits les moins chers sont souvent en dessous des genoux. Dur, dur
d'être myope !
 
 
59.       Pourquoi votre enfant a-t-il tant de mal à trouver des œufs de Pâques ?
Exploration visuelle
et construction de
formes
 
A l'époque de Christophe Colomb et de Magellan, les navigateurs
exploraient des terres lointaines en prenant des repères (boussole, position
du soleil, etc.) qui permettaient aux cartographes de dessiner le monde. La
perception ne procède pas autrement, le cerveau est le cartographe et les
yeux sont les explorateurs du monde visuel.
L'œil ne voit avec l'acuité de 10/10 que dans un angle si petit (la vision
fovéale est de deux degrés, cf. question précédente) que le cerveau ne peut
reconstituer un panorama que par la mobilité de l'œil. Essayez donc de
remuer le nez ou les oreilles ! Au contraire, l'œil, mis en mouvement par six
muscles, peut se déplacer à grande vitesse et capter des informations dans
de nombreuses directions. Ainsi, la perception des formes, qui ne peut être
assurée par un seul des systèmes de vision (fovéa ou périphérie), est en fait
assurée par la coordination.
 
de la vision fovéale et de la vision périphérique dans les stratégies
d'exploration réelles, les saccades et les fixations.
Alors que nous avons subjectivement l'impression d'une vue panoramique,
tout se passe comme au temps des grands explorateurs. Ils notent dans leur
journal de bord les coordonnées des îles et des côtes qu'ils explorent, et de
retour à terre, les cartographes tracent les continents…
Deux chercheurs de l'Université de Berkeley en Californie, David Norton et
Lawrence Stark, ont utilisé une technique d'étude très raffinée : un mince
faisceau infrarouge (donc invisible pour le sujet) est réfléchi de son œil vers
le personnage observé de sorte qu'une caméra infrarouge peut enregistrer, à
la manière d'un point rouge, chaque fixation de l'œil sur une partie de la
figure. Cependant, les auteurs ont remarqué que si l'expérience est réalisée
plusieurs fois, les trajets oculaires ont tendance à se ressembler, ce qui
montre une mémorisation du trajet oculaire. De plus, lorsque le sujet doit
par la suite reconnaître une figure vue parmi de nouvelles, on constate que
le trajet oculaire de la figure reconnue reste similaire aux trajets en fin de
période d'apprentissage. Il y aurait donc une mémorisation des trajets
oculaires, un peu comme notre explorateur se souviendrait de ses
principaux voyages le long d'une côte. Sur la base de ces résultats, Noton et
Stark suggèrent que l'exploration d'une figure détermine le stockage de
deux catégories d'informations : des informations sensorielles extraites à
chaque fixation (obliques, verticales, couleurs, etc.) correspondant à ce qui
est vu par la fovéa à chaque fixation et informations motrices concernant le
mouvement des yeux. On ne voit donc pas une figure, une affiche, une
personne, une rue, dans son ensemble mais par petites portions et le cerveau
reconstitue l'ensemble. Ainsi, tout n'est pas parfait et il y a des ratés. Par
exemple, les témoignages oculaires sont incomplets ou faux et certaines
affiches détournent habilement notre regard au risque de ne pas voir un feu
rouge... Noton et Stark suggèrent que l'exploration d'une figure détermine le
stockage de deux catégories d'informations : les informations sensorielles
extraites à chaque fixation (obliques, verticales, couleurs, etc.)
correspondant à ce qui est vu par la fovéa à chaque fixation et les
informations motrices concernant mouvement des yeux. On ne voit donc
pas une figure, une affiche, une personne, une rue, dans son ensemble mais
par petites portions et le cerveau reconstitue l'ensemble. Ainsi, tout n'est pas
parfait et il y a des ratés. Par exemple, les témoignages oculaires sont
incomplets ou faux et certaines affiches détournent habilement notre regard
au risque de ne pas voir un feu rouge... Noton et Stark suggèrent que
l'exploration d'une figure détermine le stockage de deux catégories
d'informations : les informations sensorielles extraites à chaque fixation
(obliques, verticales, couleurs, etc.) correspondant à ce qui est vu par la
fovéa à chaque fixation et les informations motrices concernant mouvement
des yeux. On ne voit donc pas une figure, une affiche, une personne, une
rue, dans son ensemble mais par petites portions et le cerveau reconstitue
l'ensemble. Ainsi, tout n'est pas parfait et il y a des ratés. Par exemple, les
témoignages oculaires sont incomplets ou faux et certaines affiches
détournent habilement notre regard au risque de ne pas voir un feu rouge...
On ne voit donc pas une figure, une affiche, une personne, une rue, dans son
ensemble mais par petites portions et le cerveau reconstitue l'ensemble.
Ainsi, tout n'est pas parfait et il y a des ratés. Par exemple, les témoignages
oculaires sont incomplets ou faux et certaines affiches détournent
habilement notre regard au risque de ne pas voir un feu rouge... On ne voit
donc pas une figure, une affiche, une personne, une rue, dans son ensemble
mais par petites portions et le cerveau reconstitue l'ensemble. Ainsi, tout
n'est pas parfait et il y a des ratés. Par exemple, les témoignages oculaires
sont incomplets ou faux et certaines affiches détournent habilement notre
regard au risque de ne pas voir un feu rouge...
 
La recherche sur l'exploration oculaire chez les enfants montre clairement
que l'exploration visuelle est très approximative etqu'elle ne devient
systématique que pendant de longues années d'apprentissage.

 
Technique d'étude de l'exploration oculaire chez l'enfant (adapté de
Vurpillot, 1974)
 
L'enfant doit comparer les fenêtres de deux façades de la maison. Des
sons.Une caméra placée au centre enregistre le reflet, sur l'œil, de la fenêtre
fixée par l'enfant. Les résultats indiquent une augmentation des balayages
horizontaux (fenêtre à fenêtre), de 50 % à 70 % entre cinq ans et neuf ans
(Vurpillot, 1974). Jusqu'à l'âge de cinq ans, donc, les yeux de l'enfant jouent
"Leapfrog" au hasard et ne peut pas repérer les fenêtres identiques. Ce n'est
que vers neuf heures que les yeuxfaire des scans systématiques, comme
chez l'adulte, en fixant tour à tour les vitrages homologues (même position)
dans les deux façades ; et ce n'est qu'ainsi que l'enfant peut repérer si les
fenêtres sont identiques ou différentes dans les deux maisons. Car une
fenêtre doit être « pleine » dans l'angle fovéal pour être vue avec une bonne
acuité ; sinon, il est tout simplement absent pour le cerveau.
 
Conclusion
C'est pourquoi les enfants ont tant de mal à repérer les œufs de Pâques !
 
 
60.       Pourquoi lire
ne peut-il pas être mondial ?
Yeux saccadés et lecture
 
La vision fovéale est la seule qui permette de différencier des détails aussi
petits qu'un petit trait, par exemple entre
"O", "p", "d", ou la présence ou non d'une fermeture qui fait la différence
entre "o" et "c". Or cette vision fovéale ne « voit » qu'une toute petite partie,
deux degrés d'angle, c'est-à-dire un mot de quatre lettres dans un livre à
cinquante centimètres. A l'inverse, la périphérie se voit floue mais sur plus
de 180° d'angle. C'est pourquoi les yeux bougent tout le temps, surtout lors
de la lecture.
 
La lecture est un excellent exemple d'étude des mouvements oculaires.
Quand on lit, notre vue n'est pas du tout panoramique et les yeux ne
s'égarent pas régulièrementdans le sens du texte comme on pourrait le
croire. Les enregistrements (sur film ou vidéo) des yeux montrent que la
lecture est faite de sauts et de pauses : les saccades et les fixations oculaires
(O'Reagan et Lévy-Schoen, 1978).
 

Cette
 
Chaque cercle représente une reliure.
Exemples de saccades et de fixations en lecture (d'après O'Reagan et Levy-
Schoen, 1978)
 
Les saccades sont les sauts qui ont pour fonction d'amener le centre du
regard (la fovéa) devant la cible (un mot) ; les saccades sont très courtes de
l'ordre de 20 millisecondes entre chaque mot et 80 millisecondes pour un
changement de ligne. Les liaisons sont les pauses pendant lesquelles les
informations à communiquer au cer-veau.
Les fixations durent en moyenne 250 millisecondes (un quart de seconde)
chez l'adulte et un peu plus longtemps, 300 millisecondes chez l'enfant.
Donc en une seconde il y a environ trois fixations ; ce procédé étant général
et non seulement lié à la lecture, il fait un nombre fantastique d'environ dix
mille "coups" par heure. L'œil envoie donc des « photocopies » partielles de
ce qu'il voit en mémoire. Si la mémoire ne comprend pas ou si elle
considère qu'il y a une erreur, elle commande un retour en arrière, comme
dans la figure précédente, où l'œil envoie deux fois l'information « depuis
dix ans » qui trompe la mémoire. Mémoire. Contrairement à ce que
suggèrent certains promoteurs de méthodes de lecture rapide, la vitesse de
lecture ne dépend pas de la vitesse des yeux mais de la connaissance du
vocabulaire. Des expériences montrent que lorsqu'un texte contient des
mots difficiles ou rares, il y a plus de fixations et de flashbacks. C'est
particulièrement le cas pour les enfants qui lisent plus lentement que les
adultes lorsque leurs muscles oculaires sont neufs.
 
Conclusion
Les méthodes de lecture rapide sont donc un inconvénient commercial ;
notamment celles qui promettent par apprentissage de « photographier »
une page entière (la fovéa ne voit qu'un mot) ou d'élargir le champ fovéal (il
est impossible de modifier le câblage des photorécepteurs de la rétine).
Vous ne pouvez lire rapidement que si vous connaissez déjà le sujet.
 
Dans les méthodes utilisées à l'école, il faut insister sur la décomposition
des lettres et des syllabes car l'œil saute de temps en temps
(échantillonnage) et ne fait naturellement pas une analyse systématique,
lettre par lettre. Une méthode strictement globale 1 serait donc préjudiciable
à l'apprentissage de l'orthographe car la mémoire devine alors les mots avec
seulement quelques lettres. C'est ce que les enseignants appellent la «
lecture d'énigmes ».
 
 
61.       Où est passée... la 25ème image ?
Perception et
influence subliminales
 
Pour percevoir, il faut du temps, temps de photosensibilisation des pigments
de la rétine, temps de transmission dans le nerf optique, temps de
construction de l'image dans le cerveau. Et cette fois, les psychologues le
mesurent par le seuil. Le seuil perceptif est la plus petite valeur physique
qui permet une sensation psychologique. Dans le cas de la vision des
formes, c'est par exemple le temps le plus court qui permet d'identifier une
forme, une lettre, un mot. Lorsque la valeur est inférieure au seuil
(statistiquement non ou difficilement détectable), il s'agit d'une valeur
subliminale (= inférieure) ; ci-dessus, la valeur est toujours détectable.
Les seuils varient selon les individus (plus on est jeune, mieux on voit), la
luminosité (dans la fovéa, il faut beaucoup de lumière)... En moyenne, chez
les sujets jeunes ayant une bonne vision, un minimum de 10 est requis. À
 
1. Les méthodes strictement mondiales ne semblent plus être largement
utilisées et ont été officiellement interdites par le ministère de l'Éducation
en 2006.
 
20 millisecondes pour identifier des choses simples, un mot, une forme
géométrique ou un dessin (Fraisse, 1992).
 
Mais le problème se complique lorsque plusieurs informations se succèdent
(cas du cinéma). Plusieurs combinaisons ont été testées en laboratoire selon
les durées respectives de stimulation no. 1 (on dit S1) et la stimulation no. 2
(S2). Les résultats sont assez simples :
                          Lorsque S1 + S2 est inférieur ou égal à 100 millisecondes,il y a
intégration, fusion, c'est-à-dire que le sujet ne voit qu'une stimulation. Au-
delà, il y a une perception d'une succession, c'est le seuil de succession. Par
exemple, dans une expérience assez spectaculaire de Fraisse (1968), deux
mots sont présentés successivement, par exemple FER et LUI, mais de telle
manière que les lettres de ces mots sont spatialement interverties : le L est
placé dans l'espace entre F et R, lettres qui viennent de disparaître. La
différence de gris dans l'exemple ci-dessous symbolise le décalage dans le
temps.
 
FLESEURje
 
                          Lorsque la somme des temps (durée des mots et inter-mots) ne
dépasse pas 100 millisecondes, les sujets voient FLEUR et non les mots
séparés qui étaient physiquement présentés dans le temps FER et LU I. Des
phénomènes complexes appelés « masquage » se produisent(Rossi, 1975)
où le mot (ou chiffre) dont la durée est plus longue efface tout ou partie de
l'autre. Ces phénomènes s'expliquent par le temps nécessaire au traitement
des informations visuelles ; tant que les canaux visuels traitent une image,
les autres ne sont pas pris en compte (comme lorsque vous téléphonez à un
correspondant déjà en ligne).
 
Le successif est donc perçu comme simultané dans l'intervalle de 100
millisecondes. Ce fait fondamental avait étédécouverte empiriquement par
les pionniers du cinéma. Au cinéma, les images se succèdent au rythme de
24 par seconde (25 à la télévision ou en vidéo) ce qui représente un temps
d'environ 40 millisecondes par image, deux images successives font 80
millisecondes, ce qui est inférieur au temps. Critique 100 millisecondes. Le
phénomène est relativement robuste mais au détriment de la sensation de
mouvement. Ainsi, les dessins animés de Walt Disney et Tex Avery qui ont
24 images par seconde nous donnent l'illusion d'un mouvement souple et
lâche alors que l'on perçoit de manière sacrée d'autres dessins animés qui
n'ont que 8 dessins animés. Par seconde (ainsi que certains DivX).
 
Conclusion
En 1956, une polémique éclate à propos d'une publicité indiquant que les
cinéphiles avaient afflué vers du Coca-Cola et du pop-corn à la suite de
sublimes slogans projetés pendant le film. En fait, il s'agissait d'une arnaque
d'un agent de marketing au chômage qui a fait une fausse publicité avec la
complicité d'un animateur radio ; il s'enfuit après avoir empoché des
contrats d'agence de publicité (Rogers, 1993, cit. Myers, 1997).
L'image subliminale est l'insertion d'une image (= 40 ms)un slogan
publicitaire (ou politique) parmi les 24 ; il est censé ne pas être vu
consciemment mais agir inconsciemment. On appelle aussi ce phénomène «
25ème image » mais à tort au cinéma car c'est l'une des 24 que l'on enlève.
Ce phénomène est illusoire à cause du phénomène de masquage : une
image, présentée seulement pendant 40 ms, est effacée par les images
précédentes et suivantes. Dans l'expérience de Fraisse, si le premier mot «
fer » dure plus longtemps que le second (« lui »), le sujet ne voit pas
 
que "fer", le second étant effacé. De plus, une phrase nécessite un temps de
codage (plusieurs saccades oculaires) largement supérieur à 40 ms (environ
250 ms par mot), ce qui rend impossible la présentation subliminale (40 ms)
d'un slogan tel que « Votez pour le Parti ». Hors Taxes » ou « Buvez de
l'eau de Kisoignetou ».
La Société Radio-Canada a expérimenté l'inclusion du message «
APPELEZ MAINTENANT » 352 fois dans une émission très populaire du
dimanche soir (une heure de télévision équivaut à quatre-vingt-dix mille
images). Aucune des 500 personnes contactées n'avait reçu ce message (cit.
Myers, 1997) !
En France, le 13 mai 1988, Le Quotidien de Paris dévoilait l'affaire du «
générique Mitterrand » (Droulers, 1996). Entre septembre 1987 et mai
1988, une cinquantaine d'images défilent dans le logo d'Antenne 2
(actuellement France 2) lors du journal télévisé et l'image de François
Mitterrand apparaît dix fois parmi d'autres images (Gorbatchev, le TGV,
etc.). La CNCL (Commission nationale de la communication et des libertés)
constate que le générique ayant été diffusé 2 949 fois, le visage de
Mitterrand est donc apparu 29 490 fois. Et pourtant, aucun spectateur n'a
rien remarqué. Le directeur de l'information de la chaîne a déclaré : "Même
avec le matériel le plus sophistiqué, j'ai eu beaucoup de mal à localiser cette
image" (cit. Droulers, 1996, p. 323).
Remarque : Certaines personnes confondent publicité subliminale et
publicité indirecte. Lors d'un prix de Formule 1 ou d'un match de football,
de nombreuses marques sont affichées, elles ne sont pas subliminales et le
spectateur peut à loisir regarder ces affiches plutôt que les voitures ou les
joueurs.
 
Pourquoi les objets distants vous semblent plus petits ? Loi optique de
la perspective...
 
Pendant la Renaissance en Italie, les peintres de décors de théâtre et plus
tard les architectes ont pris conscience de la perspective, c'est-à-dire du fait
que l'on voit les objets devenir de plus en plus petits au fur et à mesure
qu'ils avancent. 'ils s'éloignent. Léonard de Vinci (1452-1519), peintre,
ingénieur et érudit, a décrit ce phénomène avec une grande précision dans
son traité sur L'art de la peinture. C'est probablement l'analogie avec les
premières lentilles (verre poli) pour fabriquer des lunettes, que ces artistes
ou scientifiques ont pris conscience de ce phénomène qui n'est pas présent
par exemple dans les peintures anciennes, comme celles des Egyptiens. ou
dans l'art chinois. D'ailleurs, un siècle plus tard, Descartes (1596-1650),
philosophe, mathématicien et physicien utilise explicitement la
ressemblance entre l'œil et une lentille dans son Traité d'optique.
 
En effet un objet vu à travers une lentille convergente donneune image qui
devient de plus en plus petite à mesure qu'elle s'éloigne de la lentille (en
optique, une lentille convergente est symbolisée par une ligne verticale avec
des flèches vers l'intérieur). Pour construire l'image sur l'écran, il faut
considérer deux rayons lumineux. Le rayon parallèle à l'axe optique est
déformé par la lentille et se réfracte pour traverser l'axe au foyer optique.
En revanche, le rayon qui traverse le centre optique ne subit aucune
déformation. L'image est nette à l'intersection du rayon parallèle réfracté et
du rayon passant par le centre. Ce qui détermine la taille de l'image est en
fait l'angle sous lequel le rayon traverse le centre optique, ce que les
spécialistes de la vision appellent-
 
Ralentir la loi de l'angle visuel. Plus l'objet est éloigné, plus l'angle visuel
est petit et donc plus son image est petite.
 

 
Rayon parallèle

Lentilles convergentes

 
Mise au point optique

Centre optique
 
 
 

Loi optique de la perspective : plus l'objet est éloigné de l'objectif, plus


son image est petite.
 
A l'oeil, comme Descartes le démontra le premier,c'est l'organite ovoïde, le
cristallin, ainsi que la courbure de la cornée de l'œil qui la fait converger.
Bref, il est tout à fait exact qu'un objet placé de plus en plus loin de notre
œil forme une image de plus en plus petite sur la rétine. A noter d'ailleurs
qu'une lentille convergente donne une image inversée, ce qui est aussi le cas
sur notre rétine, c'est donc le cerveau qui remet notre monde à l'envers !
 
Ainsi, nous voyons les voies ferrées se rapprocher de plus en plus et se
toucher au loin et, de même, nous percevons des voitures et des personnes
en miniature lorsque nous
 
Sont au sommet d'un grand bâtiment. Ainsi, par une coïncidence
astronomique, la lune nous semble avoir le même diamètre que le soleil car
elle est sous-tendue par le même angle visuel. Il peut donc cacher
complètement le soleil, c'est l'éclipse. Mais la lune s'éloigne de la terre à la
vitesse de 3,8 centimètres par an et il viendra un moment où elle apparaîtra
plus petite que le soleil ; mais serons-nous toujours là ?
La perspective s'applique à tous les paramètres des objets, àla largeur (les
traverses des rails), mais aussi la longueur (l'espace entre les traverses),
pour que les traverses paraissent plus courtes, mais aussi plus rapprochées.
Et Léonard de Vinci a bien vu que la perspective s'appliquait aussi à la
lumière, qui semble moins brillante et aux couleurs, qui semblent moins
saturées. C'est pourquoi il est considéré comme le peintre des ombres et des
lumières.
 
Conclusion
Mais à l'inverse, la perspective ne s'applique pas à l'intérieur d'un espace de
quelques dizaines de mètres. Pourquoi ? C'est parce que le cerveau, comme
un ordinateur, prend en compte d'autres indices d'éloignement pour corriger
le raccourcissement dû à la perspective. Léonard de Vinci avait déjà
découvert de nombreux indices : par exemple, il pensait que les signes de
distance permettaient de corriger notre impression de petitesse, que les
ombres indiquaient le relief et les positions des objets entre eux, etc. Les
chercheurs modernes ont confirmé ces premières observations de Léonard
de Vinci et découvre d'autres mécanismes, notamment celui qui va nous
donner la clé de la vision 3D, la vision binoculaire, c'est-à-dire à deux yeux.
 
62.       Un ticket pour l'espace ?
Perception 3D...
 
La vision tridimensionnelle (3D), c'est-à-dire la vision en relief et
l'impression de profondeur, nous est si naturelle qu'il faut la difficulté de la
reproduire au cinéma ou à la télévision pour nous faire croire que ce
mécanisme est loin de trivial.
Plein d'animaux, ça ne vous a pas échappé, poissons, grenouilles,
serpents et mammifères ont deux yeux. Ce n'est pas le cas de tous les
animaux, par exemple les araignées qui en ont huit. Alors pourquoi deux
yeux ? Les premiers expérimentateurs, notamment Benjam Bourdon dans
son livre Perception of Space (1902), ont clairement démontré que la vision
monoculaire (sans indices extérieurs) ne permet pas une estimation correcte
de la profondeur. Mais ce n'est que récemment que des études en micro-
électrophysiologie ont permis d'en comprendre le mécanisme exact. Pour le
comprendre, il faut suivre le parcours des deux nerfs optiques à travers le
cerveau.
 
Ce câblage des voies visuelles est compliqué puisque les deux nerfs
optiques se croisent avant d'atteindre le cerveau (chiasma optique). Les
fibres optiques provenant de la moitié temporale (côté de la tempe) de
chaque œil vont dans l'hémisphère cérébral du même côté (par exemple
dans l'hémisphère cérébral gauche pour l'œil gauche) tandis que les fibres
du nerf optique qui viennent sur le côté du nez croiser pour aller dans
l'hémisphère opposé. La fonction de cette anatomie complexe a longtemps
été un mystère et correspond en fait à un objectif simple. En effet, imaginez
que vous regardez devant vous et qu'une lampe est placée sur le côté droit.
L'image de cette lampe sera projetée sur le côté temporal de l'œil gauche et
donc l'opti-
 
qu'est-ce qui va transporter cette information dans l'hémisphèrela gauche.
Mais pour l'œil droit, c'est plus compliqué, car les rayons lumineux vont en
ligne droite ; l'image de la lampe sera donc projetée du côté nasal (côté du
nez) de l'œil droit (et non du côté temporal). Mais la nature fait bien les
choses, et le croisement des deux nerfs optiques fait que les informations
concernant le champ visuel droit (la lampe) sont projetées dans
l'hémisphère gauche, quel que soit l'œil, gauche ou droit.
Lorsque nous regardons un objet, les deux yeux envoient donc deux images
du même objet vers le même hémisphère. Mais ces images se chevauchent
en partie selon la distance, c'est la disparité binoculaire. Pour vous en
convaincre, regardez à nouveau cette lampe, mais en cachant tour à tour
chaque œil, vous constaterez que l'œil droit voit plus à droite et l'œil gauche
plus à gauche. Alors on voit
« Doubler » en permanence mais sans s'en rendre compte car le cerveau
intègre et corrige ces images. Les chercheurs ontspectacleque la disparité
entre les deux images est analysée par des neurones spéciaux du cerveau et
ce sont eux qui donnent l'impression d'espace et de relief. Au loin (30 à 40
mètres), les deux images se superposent et le cerveau n'a plus d'indices pour
percevoir la profondeur ; il n'a que la taille de l'image rétinienne, qui
diminue avec la distance… c'est la perspective.
 
Conclusion
Géographes et cartographes ont utilisé le principe de disparité pour donner
l'impression d'espace ; le procédé consiste à prendre deux photos aériennes
à travers des objectifs séparés et à visualiser ces photos avec un dispositif
optique qui permet de superposer les images. La généralisation de ce
principe a été tentée au cinéma dans les années 1950 à l'aide de caméras
spéciales équipées de deux objectifs et de deux filtres colorés. La scène a
été tournée en
 
rouge par une caméra et vert par une autre (qui simule l'autre œil). Les
spectateurs devaient apporter des verres spéciaux fournis dans les cinémas
dont un verre était rouge et l'autre vert ; ces verres servaient de filtres pour
permettre la fusion des images, enfin vues en noir et blanc. Je me souviens
quand j'étais enfant d'avoir vu de tels films. Et peut-être avez-vous vu à la
télévision Le Monstre du lac vert, filmé avec ce procédé. Le résultat n'a pas
été spectaculaire et s'est fait au détriment de la couleur, ce qui a conduit à la
disparition du procédé. Mais avec l'avènement du cinéma haute définition,
comme au Futuroscope de Poitiers, le procédé a été repris avec plus de
subtilité. Le cinéma normal est basé sur une projection de 24 images par
seconde (25 à la télévision) tandis que le cinéma haute définition a le
double soit 48 images par seconde. Dans le processus du cinéma en relief,
une caméra spéciale filme les scènes avec deux objectifs, étalés comme nos
deux yeux. Mais une lentille est équipée d'un filtre polarisant vertical (ne
laissant passer, comme un peigne, que les photons émis dans une tranche
verticale) et l'autre lentille est équipée d'un filtre polarisant horizontal. Il
faut alors mélanger les images pour qu'une image sur deux (ce qui donne 25
par seconde) ait une polarité verticale et l'autre une polarité horizontale. Le
spectateur est équipé de lunettes polarisées, une lentille ne reçoit qu'une
lumière polarisante verticale, et l'autre une lumière horizontale, ce qui
signifie que le cerveau croit recevoir de la scène filmée deux images aussi
disparates que si les deux yeux avaient réellement vu la scène. L'effet est si
spectaculaire cette fois que les spectateurs tendent la main pour toucher les
objets ou les personnages, si grande est l'illusion de l'espace. Je me souviens
avoir vu un film d'aviation, dans lequel on avait l'impression de voir l'avion
« sortir » de l'écran et se situer comme une image virtuelle entre l'écran et
soi. Impressionnant ? La technologie a réussi à tromper l'endroit où l'on
avait la sensation de voir l'avion « sortir » de l'écran et se situer comme une
image virtuelle entre l'écran et soi. Impressionnant ? La technologie a réussi
à tromper l'endroit où l'on avait la sensation de voir l'avion « sortir » de
l'écran et se situer comme une image virtuelle entre l'écran et soi.
Impressionnant ? La technologie a réussi à tromper les dans laquelle vous
aviez la sensation de voir l'avion « sortir » de l'écran et vous situer comme
une image virtuelle entre l'écran et vous-même. Impressionnant ? La
technologie a réussi à tromper l'endroit où l'on avait la sensation de voir
l'avion « sortir » de l'écran et se situer comme une image virtuelle entre
l'écran et soi. Impressionnant ? La technologie a réussi à tromper l'endroit
où l'on avait la sensation de voir l'avion « sortir » de l'écran et se situer
comme une image virtuelle entre l'écran et soi. Impressionnant ? La
technologie a réussi à tromper les dans laquelle vous aviez la sensation de
voir l'avion « sortir » de l'écran et vous situer comme une image virtuelle
entre l'écran et vous-même. Impressionnant ? La technologie a réussi à
tromper l'endroit où l'on avait la sensation de voir l'avion « sortir » de
l'écran et se situer comme une image virtuelle entre l'écran et soi.
Impressionnant ? La technologie a réussi à tromper l'endroit où l'on avait la
sensation de voir l'avion « sortir » de l'écran et se situer comme une image
virtuelle entre l'écran et soi. Impressionnant ? La technologie a réussi à
tromper les Impressionnant ? La technologie a réussi à tromper l'endroit où
l'on avait la sensation de voir l'avion « sortir » de l'écran et se situer comme
une image virtuelle entre l'écran et soi. Impressionnant ? La technologie a
réussi à tromper les Impressionnant ? La technologie a réussi à tromper
l'endroit où l'on avait la sensation de voir l'avion « sortir » de l'écran et se
situer comme une image virtuelle entre l'écran et soi. Impressionnant ? La
technologie a réussi à tromper les
 
cerveau, mais pour notre plus grand plaisir… En dehors du cinéma, les
applications sont nombreuses, dans le domaine militaire bien sûr, mais aussi
dans les véhicules sous-marins utilisés pour la recherche sous-marine. Dans
le film Titanic de James Cameron, grand fan, comme son frère, de
technologie sous-marine, on voit une scène où le robot est guidé par un
opérateur équipé d'un casque spécial ; il s'agit de cette technologie de
lumière polarisante qui permet de voir en relief et d'estimer les distances…
On peut imaginer ce que la compréhension de ces mécanismes peut
apporter comme avantage dans le maniement fin d'un robot, dans des
environnements dangereux pour l'homme, en appréciant avec la plus grande
précision possible le relief et la distance entre les objets. Avec des DVD
haute définition (blu-ray), cette technologie sera théoriquement accessible
dans notre fauteuil devant l'écran de télévision (mais en haute définition
aussi). Pourtant, le tournage de tels films est très complexe à cause des
appareils photo à objectifs polarisants. Quand Jurassic Park sortira-t-il en
3D ?
 
 
63.       La télépathie, télékinésie ... Avez-vous des pouvoirs paranormaux ?
Psychologie scientifiqueet parapsychologie
Un soir d'orage de l'année 1848, dans leur petite maison (pas dans la prairie)
de l'état de New York, deux jeunes sœurs, les Foxes (comme Fox Mulder, le
héros des X-Files), entendent des craquements inexplicables. Voyant en cela
un désir de communication de l'esprit d'un ancêtre familial, l'équivalent du
fantôme écossais, le
 
les jeunes filles inventent un système de communication, basé sur des
claquements de doigts, « l'alphabet du rap... qui n'est pas sans rappeler celui
que Morse a développé récemment (1845) et que les journalistes
appelleront ironiquement le télégraphe spirituel » (cit. Parot, p. 422) ; c'est
l'ancêtre des coups sous la platine. L'affaire s'étend et le nombre de
followers, réunis dans les cercles des médiums, sera de trois millions aux
Etats-Unis 1.
Le spiritisme se répand aussi en Europe si bien qu'au premier congrès de
la Société de psychologie, le secrétaire général, Charles Richet,
physiologiste de grande renommée (prix Nobel) et défenseur du spiritisme,
laisse une large place aux thèmes spiritualistes. , comme la télépathie, la
télékinésie (transport d'objets par la pensée), les rêves prémonitoires… Il
aura fallu un retentissant scandale dans les magazines people de l'époque
pour que le spiritisme soit discrédité et dissocié de la psychologie.
En tant que président de la London Psychic Research Society (Bergson
en sera le président en 1913), Charles Richet fait un voyage à Alger avec un
ami qui l'emmène à la Villa Carmen afin de rencontrer une médium, le
général Carmencita. Noël. Elle est persuadée d'être en communication avec
un esprit, "Bien Boâ". Ancien prêtre de l'Hindoustan, il y a trois cents ans,
c'est un amant glacé de la belle Carmencita, qui consomme de la morphine
pour mieux communiquer avec l'au-delà ; c'est un peu le 3615 "Spirit are
you there" de l'époque. Depuis 1904, la Générale est secondée par une
célèbre médium européenne Marthe Béraud. Sous son nom d'artiste « Éva
Carrière », elle performe en dévoilant son ecto-
 
1. Une des sœurs Fox a avoué la tromperie quand elle était vieille (cf.
G. Charpak et H. Broch, Devenez sorciers, devenez savants, Paris, Odile
Jacob, 2002).
 
plasma Phygie. Au cours d'une de ces rencontres nocturnes, Richet
rencontre « Phygie, prêtresse du temple d'Héliopolis et une de ses anciennes
épouses pharaoniques (les convictions de Richet concernant la
métempsycose ne semblent laisser aucun doute), une beauté toute nue qui
lui offrit une mèche de son des cheveux en échange de quelques bagues »
(Parot, p. 439) (la métempsycose est la croyance qu'on renaît sous la forme
d'autres vies) ; mais selon un paparazzi de l'époque, Richet et son ami
auraient eu un souper romantique avec Phygie et son médium. Le «
vaudeville » fera grand bruit dans la presse parisienne et européenne,
sonnant le glas du spiritisme qui sera donc exclu de la psychologie
scientifique officielle, à l'instar de l'astronomie en ce qui concerne
l'astrologie.
 
L'enthousiasme spirituel permettra la création de l'Institut Psychique
International, pour l'étude scientifique des phénomènes.des hommes
paranormaux dont je me souviens avoir lu des annales ; tous les médiums
prétendant avoir des pouvoirs y étaient reçus, mais ce qu'ils ne savaient pas
c'est que les physiciens et physiologistes de l'époque étaient capables de les
photographier à leur insu, avec des films infrarouges et avaient ainsi détecté
leurs tours du monde. magiciens. Ce fut le cas, par exemple, de la
télékinésie ou du transport à distance d'objets, qui se faisait en réalité par
des fils presque invisibles. Un thème à la mode était celui des ectoplasmes,
qui n'évoquent pour nous qu'une malédiction du capitaine Haddock. Les
ectoplasmes étaient des formes émises par des médiums en transe et
considérées comme une matérialisation des esprits. Mais l'observation
infrarouge a révélé que l'ectoplasme était du coton humide ou similaire...
Les médiums ont demandé d'opérer dans une pièce sombre, voire
totalement obscure, qui se prête à toutes les super-chéris possibles comme le
montre le rapport d'une commission tenue par des "contrôleurs" dont le
physicien
 
l'atomiste Langevin et le psychologue Meyerson1. Le médium Jean Guzik
prétend qu'un esprit peut déplacer des objets ou frapper des objets ou des
personnes lorsqu'il est en transe. Selon son « imprésario » Monsieur de
Jelski, il peut parfois émettre « du brouillard et des points lumineux
mobiles, se déplaçant dans la pièce et autour des assistants ». Selon M. de
Jelski, ces phénomènes ont déjà été attestés par des « personnalités
qualifiées ». Naturellement, le médium demande l'obscurité totale pour que
les contrôleurs mettent quelques bandes phosphorescentes (pour écrire)
devant leur table et conviennent qu'on touche la jambe droite du médium
avec la sienne.jambe et une autre reste en contact avec la jambe gauche.
M. de Jelski prévient les contrôleurs "qu'il seraitexposer le médium aux plus
grands dangers que d'allumer brusquement la lumière… », si bien que les
contrôleurs s'engagent à s'abstenir de toute intervention de ce type. Malgré
la (trop) grande bienveillance des contrôleurs, ils ont observé qu'"en aucune
séance, contrairement à ce qui nous avait été annoncé, des phénomènes
lumineux de quelque nature que ce soit ne se produisaient". Par contre, ils
entendent le mouvement des objets et certains sont touchés voire heurtés.
Observant une trace sur le tapis du mouvement de la chaise, ils soupçonnent
que d'une manière ou d'une autre le médium se tord pour pousser la chaise
ou heurter certains d'entre eux derrière la table. Dans les séances ultérieures,
ils ont mis des bandes fluorescentes autour des chevilles, des poignets, des
cravates, etc. Mais à partir de là « aucun phénomène n'est apparu,
« L'expérience a donc été concluante. Contrôle automatique
fait disparaître toutes les manifestations « médiaminiques ». "
Parfois, cependant, les mécanismes sont psychologiques mais dans le
domaine de la normalité : certains tours de magie utilisent
 
1. Merci à Stéphane Laurens de m'avoir fait connaître ce rapport.
 
illusions perceptives (une boîte apparaît rectangulaire alors qu'elle est
trapézoïdale et contient un double fond). lesle physicien HenriBroch, de
l'Université de Nice, spécialisé dans la démystification des phénomènes
paranormaux, estime que deux soi-disant frères télépathes communiquaient
par des sons très aigus que la plupart des gens n'entendent pas (Broch,
2005). Mais le plus souvent, la parapsychologie est du domaine de la magie
ou de l'escroquerie. En matière de tromperie, les meilleurs démystificateurs
du paranormal de nos jours sont des prestidigitateurs comme l'Américain
James Randi, qui travaille comme expert pour des revues scientifiques
(Science Where Nature). En France, le prestidigitateur Gérard Majax a aidé
à montrer les déceptions des ruses d'Uri Geller (qui prétendait tordre des
objets métalliques à distance) avant qu'on ne découvre que ce soi-disant
médium était lui-même un prestidigitateur. Même les universitaires, nous
sommes facilement dupés par les professionnels, et nous avons besoin de
spécialistes pour pouvoir démystifier les tromperies. Des journalistes
américains ont découvert grâce à un récepteur radio qu'un prédicateur «
écoutait » simplement des informations familiales sur les disciples qui se
présentaient ; grâce à un capteur discrètement placé dans l'oreille, le
médium présumé a écouté les informations dictées par un complice.
N'oublions pas qu'avec les technologies actuelles, certains vont jusqu'à se
faire implanter des dispositifs électroniques pour détecter des cartes
marquées réfléchissant la lumière ultraviolette. L'escroc qui prétend gagner
à la loterie (ou au tiercé gagnant) grâce à sa médaille miraculeuse, a en effet
acheté des tickets gagnants (plus chers) à plusieurs joueurs et peut ainsi
faire vérifier par huissier qu'il dispose de plusieurs tickets gagnants. grâce à
un capteur discrètement placé dans l'oreille, le médium présumé a écouté
les informations dictées par un complice. N'oublions pas qu'avec les
technologies actuelles, certains vont jusqu'à se faire implanter des
dispositifs électroniques pour détecter des cartes marquées réfléchissant la
lumière ultraviolette. L'escroc qui prétend gagner à la loterie (ou au tiercé
gagnant) grâce à sa médaille miraculeuse, a en effet acheté des tickets
gagnants (plus chers) à plusieurs joueurs et peut ainsi faire vérifier par
huissier qu'il dispose de plusieurs tickets gagnants. grâce à un capteur
discrètement placé dans l'oreille, le médium présumé a écouté les
informations dictées par un complice. N'oublions pas qu'avec les
technologies actuelles, certains vont jusqu'à se faire implanter des
dispositifs électroniques pour détecter des cartes marquées réfléchissant la
lumière ultraviolette. L'escroc qui prétend gagner à la loterie (ou au tiercé
gagnant) grâce à sa médaille miraculeuse, a en effet acheté des tickets
gagnants (plus chers) à plusieurs joueurs et peut ainsi faire vérifier par
huissier qu'il dispose de plusieurs tickets gagnants.
Pour ma part, je trouve les tours de magie plus impressionnants, où l'on sait
que le tour est dû à une adresse (manipulation de cartes) ou à un tour
incroyable (nécessitant parfois du matériel important). Quant à la
téléportation (comme dans Star trek) de la jolie assistante depuis une place
sur la scène
 
à l'autre, celle qui réapparaît n'est que la sœur jumelle dele premier…
Là encore « la vérité est ailleurs », comme ledites aux héros de la série X-
Files...
 
Conclusion
Harry Potter, Buffy et les vampires, Charmed, X-Files…, des séries
(surtout américaines) montrent l'engouement intemporel pour les pouvoirs
mystérieux. Mais ces pouvoirs sont fictifs comme ceux de Superman et
Spiderman, et ne font plus partie de la psychologie scientifique. La
parapsychologie, nom actuel du spiritisme, n'a rien à voir avec la
psychologie sauf lorsqu'il s'agit de psychopathologie ou de psychiatrie
(hallucinations).
 
 
 
 
 
 
 

Le temps de la conscience
 
 
64.       D'où vient le décalage horaire ?
L'horloge biologique
 
Depuis des milliers d'années, l'homme est dépendant des rythmes temporels
astronomiques, notamment le rythme jour/nuit (ou rythme nycthémère 1) et
les saisons. La succession du jour et de la nuit s'impose à nous, mais c'est
probablement pour prédire la succession des saisons que l'astronomie est
née dans les grandes civilisations agricoles, la Mésopotamie (Irak) et
l'Egypte. Les premiers astronomes ou astrologues, il y a trois mille ans, ont
découvert douze constellations qui ont disparu au cours de l'année à
l'endroit de l'horizon où le soleil s'est levé (montée héliaque d'hélios, «
soleil ») ; c'était la découverte des douze constellations du zodiaque.
L'importance du temps est telle pour les Grecs qu'ils en firent un dieu,
Chronos,
Même sans montre, l'homme pouvait s'adapter au rythme jour/nuit, mais
comment estimer l'heure privée de
 
1. Du grec nuktos, « nuit » et hemera, « jour », Larousse encyclopédique,
Larousse-Bordas, 1997.
 
Une marque chronologique ? Paul Fraisse, l'un des pionniers de la
psychologie du temps, a organisé plusieurs expériences avec des
spéléologues qui ont accepté de vivre longtemps, seuls et sans montre, au
fond d'une grotte.
 
La tentative la plus longue a été faite avec le spéléologue Jean-Pierre Mairetet
qui a passé 174 jours, soit près de six mois sous terre (Fraisseet al., 1968).
Privéde repères chronologiques, l'homme fait de grosses erreurs. Ainsi,
Mairetet estimeson séjour à 86 jours selon ses cycles circadiens1, c'est-à-dire
selon l'alternance veille-sommeil qu'il a constatée. Ce sous-Une énorme
évaluation du temps confirme des études antérieures : le spéléologue
Michel Siffre avait estimé son séjour à 33 jours, qui dura en réalité 58, et
Fraisse rapporte qu'en 1906 des mineurs piégés dans une galerie pendant
trois semaines croyaient n'avoir passé que quatre cinq jours à le fond de la
mine.
 

80
 
 
60
 
 
40
 
 
20
 
 
0
dix 20 30 40
Durée (heures)
 
 
Durée de la veillée en fonction des cycles d'un spéléologue lors d'un séjour
de six mois dans une grotte
(adapté de Fraisseet al., 1968)
 
1. Du latin circa, « environ » et dies, « jour », Larousse encyclopédique,
Larousse-Bordas, 1997.
Cependant, l'étude détaillée de l'activité du spéléologue a montré des
paradoxes. Afin d'identifier ses cycles veille-sommeil, il a été convenu que
le spéléologue enfile des vêtements de nuit pour identifier la phase de
sommeil. Or, il s'est avéré (voir la figure) que si la plupart des cycles
avaient une période de veille de dix à vingt heures, un nombre assez
important de cycles (une trentaine au total) sont très longs, couvrant trente à
quarante heures. Maireret avait-il commencé à hiberner comme des ours ?
Non, pensant qu'il faisait une sieste, il passait une longue nuit.
 
Dans l'ensemble, il semble qu'il y ait un décalage entre le tempstemps
psychologique (sous-évalué) et physiologique. Le corps s'endort tout seul,
et si les siestes sont faites comme des nuits, le cycle « biologique » est
d'environ 25 heures. Afin d'expliquer cette régulation temporelle sans
repères externes, certains chercheurs ont pensé que nous disposions d'une «
horloge biologique ».
Cela expliquerait les décalages horaires lors des longs trajets en avion. Les
recherches neurobiologiques (Denis, 1992 ; Jouvet, 1995) localisent cette
horloge dans une partie du cerveau qui régit notre vie végétative,
l'hypothalamus ; en particulier au niveau d'un petit noyau (=groupes de
neurones) dit « suprachiasmatique » car il se situe juste au dessus du
croisement des deux nerfs optiques (= chiasma optique : prononcez «
kiasma »). Ce noyau reçoit des informations lumineuses de la rétine à
travers un millier d'axones de cellules ganglionnaires (un pour mille). Les
neurones agissent également via des neurotransmetteurs, l'arginine pour
l'éveil et le VIP (peptide intestinal vasoactif) pour l'endormissement.
 
Conclusion
Sans les informations fournies par les photons (par exemple l'isolement au
fond d'une grotte), l'horloge biologique a toujours un rythme interne généré
probablement par les activités métaboliques. Quand nous sommes sans
montre
 
on se base sur la durée de certaines activités habituelles : on dit aussi
communément « l'heure de manger », « l'heure de se préparer », « l'heure
d'aller faire les courses »… Certains pensent que le rythme est donné par le
temps de certains métabolismes car la durée d'un cycle complet de sommeil
est variable selon la taille des animaux (dix minutes chez la souris, vingt-
quatre chez le chat, quatre-vingt-dix chez l'homme et... cent vingt minutes
chez l'éléphant). Ainsi, le glucose (principal carburant du cerveau)
augmente pendant l'éveil et diminue pendant le sommeil pour se
transformer en réserve (glycogène) dans les astrocytes (cellules nourricières
en forme d'étoile). Ce cycle, comme celui de l'oxygène, pourrait servir de «
sablier » pour déterminer le rythme de notre horloge biologique.
 
 
65.       Savez-vous que le sommeil comporte plusieurs phases ?
Neurobiologie du sommeil
 
Dans la mythologie grecque, Hypnos, le dieu du sommeil donne le sommeil
aux mortels en les touchant avec la fleur de pavot tandis que son fils
Morphée, le dieu des rêves, prodigue le rêve aux mortels endormis (Valatx,
1998). Cette légende indique que l'observation actuelle nous a appris,
depuis des milliers d'années, le cycle de la veille (ou vigilance) et du
sommeil, souvent accompagné de rêves. Une connaissance plus
approfondie des mécanismes est apportée par les neurosciences.
 
Le neurobiologiste français Michel Jouvet de l'Université de Lyon a été un
pionnier de la recherche sur le sommeil etillustré notamment par la
découverte du sommeil qu'il qualifie de "paradoxal". On distingue trois
phases
 
ParEEG (EEG = électroencéphalogramme). Au réveil,l'activité électrique
(EEG) est rapide et de faible amplitude. Lors de l'endormissement, l'activité
électrique est plus lente avec les fuseaux (grande amplitude) alors que le
corps estdétendu avant de sombrer dans un sommeil profond. Ce sommeil
profond est « paradoxal » car si les muscles sont complètement détendus et
si l'organisme ne perçoit plus de sensations, à l'inverse l'activité du cerveau
produit des ondes rapides de faible amplitude comme au réveil ; les globes
oculaires font des mouvements rapides (REM = Rapid Eye Movements) ;
l'homme éveillé à ce point est dans un rêve.
Après l'épidémie de grippe espagnole en 1918, le médecin viennois
Constantin von Economo a observé que chez les personnes décédées, celles
qui souffraient d'insomnie présentaient des lésions de l'hypothalamus
(cerveau végétatif) antérieur et celles qui avaient souffert de léthargie. Avait
des lésions de l'hypothalamus postérieur. De cette observation est née l'idée
que l'éveil est déclenché par l'hypothalamus postérieur (puisque la lésion
provoque une léthargie) et le sommeil par l'hypothalamus antérieur. Des
recherches plus poussées (Jouvet, 1995 ; Valatx, 1998) montrent l'existence
de réseaux de neurones excités ou inhibés par de nombreux
neurotransmetteurs.
En termes simples, le centre d'éveil excite le cerveau par des réseaux de
neurones fonctionnant principalement avec deux neurotransmetteurs, la
dopamine, d'où l'éveil par les amphétamines (qui stimulent la dopamine) et
l'histamine (raison pour laquelle les personnes allergiques qui prennent des
antihistaminiques ont des réveils difficiles et sont à risque de s'endormir).
Ces circuits prolongent l'excitation du cerveau par des réseaux (formation
réticulée) de neurones situés dans le pont de Varole et le bulbe rachidien
pour passer, à travers la moelle épinière (faisceaux de câbles), en activer
toutes les parties. Sensorielle et motrice du corps.
A l'inverse, le centre du sommeil semble utiliser principalement le principal
neurotransmetteur inhibiteur pour ses circuits.

 
GABA (acide gamma-amino-butyrique) ; en particulier, c'est par inhibition
du thalamus (cerveau perceptif) que la réception des sensations est bloquée
pendant le sommeil.
 
Conclusion
C'est pourquoi la plupart des somnifères (ou hypnotiques), les
benzodiazépines, agissent sur les récepteurs GABA ; le cannabinol
(cannabis, marijuana) agit également sur ces sites GABA, d'où son effet
tranquillisant, voire somnolence.
 
66.       Est-il vrai qu'on apprend mieux en dormant ?
Chronopsychologie
et apprentissage
Faux ! Apprendre en dormant a cependant suscité un certain engouement à
une époque et a été proposé comme une "fausse" méthode d'enseignement
sous le nom d'hypnopédie (de hypno qui signifie en grec "sommeil" et pedia
qui renvoie à l'école).
 
Des expériences ont montré qu'une liste de numéros distribués aux
dormeurs ne laisse aucun souvenir à leur réveil. Au contraire, on apprend
d'autant mieux qu'on est bien éveillé. La recherche concerne, sous le nom
de chronopsychologie, la variation des performances selon les moments de
la journée, le moment de la sieste étant, comme chacunsait, le pire moment
pour apprendre...
En revanche, le sommeil est bon pour consolider les apprentissages de la
journée. Des expériences sur différents animaux montrent que pendant
certaines périodes de sommeil, lorsque le cerveau est complètement fermé
aux informations de l'extérieur, il y a une forte activité cérébrale.Ce qui
permet aux mécanismes biochimiques et biologiques de consolider les
mémoires : probablement en construisant de nouveaux contacts entre
neurones. Cette phase de sommeil, dite paradoxale en raison de l'intense
activité du cerveau, est également très longue chez le bébé et dans l'enfance
; elle est réduite, en proportion, chez les personnes âgées. Le sommeil
paradoxal est d'autant plus nécessaire que les nouveaux apprentissages sont
nombreux.
 
Conclusion
Il faut donc préserver le sommeil chez les jeunes alors que certains, lors du
« bachotage » font le contraire.
 
Apprendre en dormant n'est pas une bonne méthode, mais bien dormir après
une journée bien remplie en est une !
 
 
 
67.       Vive la sieste ! Sommes-nous aussi vigilants toute la journée ?
Vigilance et
rythmes scolaires
 
S'il faut être éveillé pour apprendre, la vigilance n'est pas non plus
maximale tout au long de la journée. Un spécialiste français, François Testu,
a longuement étudié ces variations de situation scolaire (1989).
 
 
Dans une de ses études, la plus complète du point de vue des moments de la
journée, les élèves doivent faire de courtes activités à différents moments de
la journée : trois fois le matin : à l'arrivée en classe (8h40) ,puis en milieu
de matinée (9h50), en fin de matinée (11h20) ; et trois fois l'après-midi :
après le repas (13h40), en milieu (14h30) et en fin d'après-midi (17h30).
Avec des époques plus nombreuses et des âges différents, les résultats
confirment ceux d'autres recherches selon une loi « générale » (Testu, 1989
p. 76).
Après un démarrage difficile, les performances augmentent pour atteindre
un pic entre 10 et 10 heures ; l'après-midi estclassique aussi avec une baisse
lors de la digestion (période post-sprandiale pour les biologistes) et une
remontée jusqu'en fin d'après-midi. Les deux « creux » observés sont
déterminés par des causes biologiques, la réactivation après le sommeil le
matin et la digestion l'après-midi.
 
 

Ajouts

Où 9

Nombres
8
7
6

5
8h40
 
 
 
9h50 11h20 13h40 14h30 17h30

Moment de la journée
 
(Le test est un barrage de nombres pour les CP.)
Performances de calcul pendant la journée pour trois niveaux scolaires
(Simplifié d'après Testu, 1989)
 
 

Conclusion
Le remède de l'après-midi est connu depuis longtemps pour être même une
institution dans certains pays méditerranéens : c'est… la sieste.
 
 
68.       Pourquoi conduire
69.       Et l'alcool ne fait-il pas bon ménage ?
Effets des psychotropes sur la vigilance
 
Contrairement au sommeil, le cerveau est éveillé, mais il faut une certaine
intensité d'éveil pour être efficace. Les physiologistes et
psychopharmacologues utilisent le terme « vigilance » pour désigner ce
degré d'éveil. Par exemple, le degré de vigilance est mesuré par le temps de
réaction dans des tests de laboratoire. Mais étant donné l'importance de la
conduite, de plus en plus de personnes essaient d'étudier la vigilance dans
une situation de conduite.
L'équipe de Willumeit et Ott du laboratoire de psycho-pharmacologie de
Berlin a réalisé de nombreuses études sur simulateur pour tester la baisse de
vigilance (somnolence) provoquée par certains psychotropes.
 
 

25
 
20
 

15
 
dix
 
5
 

0
0,6 0,7
0,8 Lor
Dia

Niveau d'alcool ou de médicaments


 
Pourcentage de diminution des performances sur un simulateur de conduite
par rapport à un placebo et en fonction du taux d'alcoolémie (grammes par
litre) ou de la prise de tranquillisants (Lormétazépam et Diazépam,
Adapté de Willumeitet al., 1993)
 
 

La figure montre la baisse de vigilance mesurée au volant en fonction du


taux d'alcoolémie et des apports en benzodiazépines (tranquillisants ou
somnifères). Les résultats indiquer qu'à partir d'un taux d'alcoolémie de 0,6
% (le taux légal en France est de 0,5), la baisse de vigilance est de 12 % et
peut atteindre 25 %. Par rapport à un placebo (faux médicament), les
benzodiazépines testées ici (le diazépam est plus connu sous son nom
commercial, Valium) provoquent une diminution du même ordre de 10 à 25
%.
Conclusion
La baisse de vigilance associée à la prise de benzodiazépines est due à leur
effet (fausse clé) sur les récepteurs GABA, le neurotransmetteur inhibiteur
par excellence. L'effet négatif de l'alcool est plus complexe. A partir de 0,5
gramme par litre de sang, l'alcool perturbe les membranes (couches
lipidiques) des neurones et perturbe ainsi les fonctions synaptiques ; au
niveau des neurotransmetteurs, l'alcool diminue l'activité des récepteurs de
l'acétylcholine (stimulant) et, au contraire, active les récepteurs GABA, d'où
les effets de somnolence. Alcool et somnifères ne font donc pas bon
ménage avec les activités nécessitant de la vigilance.
Le vendredi 14 avril 2006, un employé municipal de trente-trois ans a
renversé deux enfants avec sa camionnette ; il avait 1,4 gramme d'alcool
dans le sang et avait fumé du cannabis !
 
 
 
 
70.       Comment pouvons-nous y arriver
Pour se parler lors d'une soirée ?
Attention sélective
 
Enregistrer une fête avec un caméscope est souvent surprenant, tout le
monde parle et rien ne se dégage du caco-parole. Cependant, la réalité
psychologique est bien différente car vous ne perdez pas une miette de la
conversation de votre interlocuteur (ou interlocuteur) et le brouhaha n'est
perçu que comme un bruit de fond. C'est l'Anglais Colin Cherry (1953),
travaillant au Massachusetts Institute of Technology, qui a soulevé ce
paradoxe du cocktail. Pour lui et ses successeurs, nous pouvons entendre
notre interlocuteur grâce à un mécanisme qui filtre un message et rejette les
autres, c'est l'attention sélective ou focalisée.
 
 
Pour étudier les caractéristiques de l'attention, Cherry invente la technique
de l'écoute dichotique, qui consiste à entendre simultanément (à l'aide d'un
casque stéréo) deux messages différents dans les deux oreilles. Entendre les
deux messages est impossible et Cherry constate que les sujets ferment les
yeux pour mieux se concentrer. En revanche, si les sujets sont avertis de
prêter attention à une oreille (par exemple, la bonne), ce messagela sauge
est bien reçue mais le message inattendu (l'oreille gauche) est très mal
retenu. C'est le mécanisme de l'attention sélective qui nous permet de nous
concentrer, de nous abstraire du bruit ambiant ou de la conversation, de
penser ou de lire.
Par la suite, beaucoup de discussions ont eu lieu pour savoir où se situe le
filtre ? Au début, les chercheurs pensaient que les informations non
pertinentes étaient rejetées et non analysées. Mais progressivement, des
expériences ont révélé que les informations non pertinentes n'étaient pas
effacées mais pouvaient être récupérées (Yntema et Trask, 1963, cit. Knight
et Parkinson, 1975). Ainsi, dans une expérience d'écoute dichotique, les
messages envoyés aux deux
Les « canaux », l'oreille droite ou gauche sont constituées de quatre paires
de mots-numéros (par exemple, cat-4  ; street-8, day 3, etc.). L'objetest
averti qu'il rappelle d'abord le message d'une oreille (canal attendu) puis de
l'autre. Dans une condition où le sujet doit rappeler chaque paire, par «
oreille » (par exemple, chat-4, rue-8, jour-3, nid-9), les résultats sont
classiques.
 
(Cerise) : le rappel étant très bon de 80% à 100%. A l'inverse, le message
du second canal (oreille inattendue) est catastrophique, de 20 % à 60 %. En
revanche, si la consigne est de rappeler par catégorie, c'est-à-dire les mots
ensemble et les nombres ensemble, "4, 8, 3, 9" ou "chat, rue, jour, nid", le
rappel est bien plus mieux pour le canal inattendu. Le filtre n'a donc pas
supprimé l'information puisqu'elle peut être trouvée. L'information est donc
d'abord analysée et mémorisée et c'est alors que l'attention opère son travail
de sélection.
 

 
100Canal attendu Chaîne inattendue

80 par catégorie
 
60
 
40
 
20 à l'oreille
 
0
1 2 3 4 * 1 2 3 4
Position série
 
Technique d'écoute dichotique, à l'oreille ou par catégorie (d'après Knight
et Parkinson, 1975)
 

 
Conclusion
D'ailleurs, vous l'avez souvent remarqué. Même si nous sommes absorbés
dans un magazine ou une émission de télévision, nous « tendons » les
oreilles dès que l'on parle de nous ou que l'on dit un mot d'un sujet qui nous
intéresse. C'est l'histoire du meunier qui se réveille sans plus entendre les
lames de son moulin. Une autre maman qui s'endort profondément en
regardant Desperate Housewifes
 
(on s'endort avec une telle série ?) mais se réveille en entendant son bébé !
 
 

Pourquoi ne pas appeler en conduisant ?


Attention partagée
 
Kwai, dans les arts martiaux asiatiques, est le cri qui tue : c'est un cri bref
surprenant l'adversaire qui reçoit, pendant la fraction de seconde d'inattention, le
coup fatal. Dans notre civilisation moderne, la puissance de l'homme est
multipliée par celle des machines, mais il y en a qui peuvent le tuer, lorsqu'il est
lancé à 110 ou 130 kilomètres/heure sur son destrier moderne, l'homme, en
principe sage (Homo sapiens), écoute à la radio ou au téléphone...
L'un des thèmes importants de l'ergonomie cognitive, ou psychologie du travail,
est la compétition cognitive ou la capacité à gérer plusieurs tâches simultanément.
Beaucoup, ayant implicitement la conception d'un esprit intangible gérant toute
activité mentale sans limite d'espace et de temps, font plusieurs choses à la fois.
Cependant, de nombreuses expériences montrent que l'écoute de messages
sonores, la parole, etc., diminuent très sensiblement les performances, que ce soit
dans les tests de temps de réaction, de mémoire ou de calcul mental.
 
Dans une recherche menée conjointement avec le Centreétude conjointe pour la
télévision et les télécommunications1,
 
1. Avec Michèle Robert et Jean-François Castell, dans le cadre de recherches pour
le CCETT de Rennes.
 
nous avons mesuré le temps de réaction au freinage, contrairementIl était
évident qu'il s'agissait d'appuyer avec le doigt sur une touche d'ordinateur,
en fonction d'un signal de danger convenu. Sur l'écran de l'ordinateur,
différentes images apparaissaient, vélo, ambulance, interdiction d'accès,
etc., et le sujet devait appuyer au plus vite dès que le signal « danger »
apparaissait (ambulance ou feu rouge selon les cas). Cependant, ce temps de
réaction pour la tâche dite principale a été mesuré en fonction de différentes
tâches concurrentes. Comme il s'agissait de simuler les effets de l'écoute de
la radio en conduisant une voiture, une bande-son diffusait, selon les
conditions, des messages de quatre niveaux différents de difficultés
linguistiques ; du niveau 1 le plus simple au niveau 4 le plus complexe
(avec des phrases longues auto-intégrées).
Section météo  
Niveau 1 Froid, région d'Évreux, toute la Niveau de complexité
du message audio
semaine.
Différentes rubriques
Niveau 2Froid de glace, région d'Evreux, ont été conçues pour se
route de Dreux toute la semaine rapprocher au plus près
de 18h à 11h
des conditions réelles,
  Froid et verglas dans la région Loisirs (cinéma,
Niveau 3 d'Évreux, notamment sur la route de patinoire, crêperie,
Dreux qui sera glissante partout.la musée), Commerces
semaine de 18h à 11h (actualité, tombola,
  La prudence s'impose car nous promotions,
Niveau 4 prévoyons du froid avec du verglas inauguration), Réseau
dans la région d'Évreux, notamment routier (météo, travaux,
sur la route de Dreux qui sera essence,
glissante sur toute sa embouteillages) et
longueur.semaine de 18h à 11h Divers (conférence,
horoscope, jeux
nationauxnales, presse).
 
 
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Augmentation du temps de réaction lors de l'écoute de messages audio
(Lieury, Robert et Castell, 1990)
 
Les résultats sont édifiants puisqu'en condition contrôlée,silence, le temps
de réaction est de 650 ms. La réaction prend environ 800 ms pour des
messages simples (niveaux 1 et 2) alors que le temps de réaction est presque
le double, avec 1100 et 1180 ms, lors de l'écoute de messages audio
complexes. En effet, bien que les sujets se croient très concentrés et
attentifs, différents systèmes psychologiques du cerveau, attention, langage,
mémoire, sont occupés à la fois pour l'activité motrice et pour le traitement
des messages sonores. Nous soupçonnons qu'en conduite automobile, qui
implique une coordination sensorimotrice multiple, cette compétition
cognitive serait probablement encore plus forte. Quoi qu'il en soit, à 90
km/heure, notre voiture roulait à 25 mètres par seconde. Une augmentation
de 500 ms, soit une demi-seconde, entraînera donc un retard de freinage de
12,5 mètres, soit la longueur de deux voitures. A 130 km/heure, la voiture
parcourt 36 mètres.

 
Temps parcouru en fonction de la vitesse en fonction du temps de réaction
en état silencieux ou à l'écoute des messages (niveau 4)
 
En réalité, il faut compter le temps de freinage de la voiture elle-même, qui
par son poids glisse sur ses pneus, sur 55 mètres à 90 km/heure et sur 114
mètres, selon la sécurité routière, à 130 km. /temps. A tel point que lorsque
les véhicules sont lancés à grande vitesse et coincés à quelques mètres les
uns des autres, comme c'est le cas à chaque retour de week-end, les
empilements semblent inévitables.
De plus, l'utilisation du téléphone portable ajoute à l'audition et à la
compréhension du message, d'autres tâches simultanées, la numérotation
(qui implique le système visuel), éventuellement des émotions pour
certaines conversations... L'expérience du Michigan Transportation
Research Institute a été programmée pour étudier les effets de l'utilisation
du téléphone dans les voitures, en comparant une situation de conduite
réelle avec une situation sur simulateur (Reed et al.Vert, 1999). La conduite
s'effectue sur un tronçon d'autoroute d'une vingtaine de kilomètres à une
heure de circulation et à la vitesse autorisée (60 miles/heure = 90
km/heure). Par haut-parleur, la consigne est de composer certains numéros
d'une seule main sur le téléphone mobile, tandis que de nombreux
 
Des capteurs mesurent divers paramètres du tuyau. Lesles résultats de la
conduite réelle sont similaires à ceux du simulateur et montrent une
dégradation plus ou moins élevée des performances par rapport aux
conditions de contrôle (conduite sans compétition cognitive) : + 23% dans
les écarts du pied sur l'accélérateur, + 38% dans variations de rotation du
volant et de vitesse latérale et jusqu'à 118 % (plus du double) de variation
de vitesse. La conclusion nous est donnée par les divers faits.
 
Conclusion
Le 10 octobre 1998 à Paris, une voiture a fauché deux piétons, le
conducteur était au téléphone alors qu'il roulait à grande vitesse...
 
 
59            "Moi,
j'apprends en écoutant la télé... ça m'aide à me
concentrer"L'attention partagée à l'école
 
Une pensée commune des jeunes est qu'apprendre leur leçon ou leur classe
en écoutant des chansons les aide à se concentrer. Ce n'est pas vraiment le
cas, bien au contraire et cette réflexion est un bon exemple de ce qu'il faut,
comme dans d'autres sciences, faire des expériences, car en psychologie on
ne peut pas prendre pour argent comptant ce que les gens se disent, encore
moins les enfants , contrairement à l'adage : "Tout ce qui sort de la bouche
des enfants est vérité".
Les enfants ont déjà du mal à se concentrer sur une activité, mais que
faire s'il y a des distractions en plus ? Cette situation où nous devons faire
au moins
 
Deux choses à la fois correspondent à une attention divisée ou partagée.
Chez l'adulte, on constate généralement une réduction de 20 à 60 % dans
une tâche principale en fonction de la complexité d'une tâche secondaire à
effectuer, par exemple conduire en écoutant la radio ou au téléphone. Les
effets sont également dramatiques chez les enfants.
Dans une recherche de Boujon et son équipe, les élèves de CM2 (10-11 ans)
doivent lire une histoire,Pascal et Poly embarquent pour Bréhat,dans une
condition de lecture silencieuse (attention sélective) et dans trois conditions
d'attentionpartagé. Dans l'une, les élèves entendent de la musique classique
en lisant, dans l'autre, ils entendent (sans voir) un clip vidéo, et dans la
troisième condition, ils voient et entendent le clip vidéo sur un téléviseur.

50
 
 
40
 
30
 
 
20
 
dix
 

0
Silence ClassiqueAgrafe
 
Clip vidéo
Tâche simultanée
Pourcentage de baisse du score en lecture dans une situation partagéepar
rapport à la situation attentive (lecture silencieuse) (d'après Boujon,
Gillard, Mareau et Pichon ; cit. Boujon et Quaireau, 1997)
 
Si l'on calcule le pourcentage de baisse du score de lecture, en situation
partagée, par rapport à la lecture silencieuse, on constate que la musique
classique n'interfère pas (elle n'interfère pas avec les processus
phonologiques de la lecture). . D'un autre côté, entendre la parole entraîne
une baisse de 25 % alors que regarder le clip vidéo en même temps entraîne
une baisse de 40  %. Les résultats sont donc édifiants quand on pense à la
façon dont les critiques sont parfois faites à la maison, en regardant des
clips musicaux ou la série préférée à la télévision.
 
Conclusion
L'attention divisée semble particulièrement difficile chez les enfants
hyperactifs. Par exemple, les enfants doivent mémoriser quinze images et
les reconnaître parmi trente (Boujon et Jan, cit. Boujon et Quaireau, 1997).
Il y a peu de différence (- 5%) entre une classe témoin et une classe
d'enfants hyperactifs. En revanche, si la détection d'images doit se faire en
faisant des calculs (simples additions présentées de manière audible), les
enfants hyperactifs présentent une diminution de 25 % par rapport à la
classe témoin.
 
 
71.       Où est ton subconscient ?
Cerveau droit et
cerveau gauche
 
Après que Freud ait popularisé l'inconscient, la première distinction
neuropsychologique entre conscient et inconscient a pu être faite à partir de
la découverte de Roger
W. Sperry et Myers Un fonctionnement séparé des deux cerveaux. En effet,
le cerveau, qui est souvent désigné comme une entité unique, est composé
de deux hémisphères cérébraux reliés entre eux par d'énormes réseaux de
« câbles », le corps calleux, les commissures antérieure et postérieure et le
chiasma optique.
 
Le câblage des voies nerveuses est particulier chez les vertébrés car tout est
inversé entre le cerveau et le corps : cequi est présenté dans le champ visuel
droit est traité par l'hémisphère gauche qui contrôle aussi les membres
droits et vice versa pour l'hémisphère droit qui gère tout ce qui se passe à
gauche. Les expériences de Sperry et Myers sur le chat à cerveau divisé
(par section du
«  Câblage  ») a montré que chaque cerveau peut apprendredre
indépendamment de l'autre. Ainsi, un chat peut être conditionné à appuyer
avec la patte droite sur un levier de nourriture lorsqu'un cercle est présenté
dans le champ visuel droit et peut également être conditionné à appuyer
avec la patte gauche lorsqu'un carré est présenté dans le champ visuel
gauche. : c'est un chat Dr Jekyll et Mr Hide !
 
Chez l'homme, une nouvelle dimension apparaît, la spécialisationsation des
deux cerveaux. Le plus souvent, l'hémisphère gauche est dominant (il
commande) chez les sujets droitiers qui sont donc plus habiles avec la main
droite (righten latin, « habile »). De plus, le cerveau gauche est le siège du
traitement du langage articulé. Cette différence fondamentale est sans doute
responsable d'un niveau de science, la capacité à décrire ce qui nous arrive
ou ce que nous faisons (vous connaissez la petite voix dans notre tête).
Michael Gazzaniga (1970) a observé des situations inquiétantes de
dissociation de la conscience chez des sujets à double cerveau (opérations
pour épilepsie ou tumeur). Chez un patient, la présentation de diapositives
d'objets communs dans l'hémisphère visuel gauche n'a suscité aucune
réponse (l'hémisphère droit ne parle pas) mais la photo d'une femme nue a
déclenché un sourire sans qu'elle puisse en expliquer la raison. Raison. Une
autre patiente, devant choisir une robe, vit un jour un conflit entre ses deux
cerveaux. sa main droite
 
(cerveau gauche) a attrapé une robe chaude dans le placard (il faisait froid)
alors que sa main gauche ne voulait pas lâcher une robe d'été; dans ce cas,
l'hémisphère gauche esttrait raisonnable alors que l'hémisphère droit a opté
« Inconsciemment » pour l'élégance.
 
Conclusion
Cette dissociation (qui fait penser à certaines observations de Freud) montre
qu'au moins en partie, la conscience est la capacité, permise par le cerveau
gauche, de décrire verbalement ce que nous percevons ou faisons. A
l'inverse, l'inconscient correspond aux parties du cerveau qui ne « parlent
pas ». Notamment l'hémisphère droit mais aussi d'autres parties comme
l'hypothalamus qui est notre cerveau végétatif (qui contrôle la faim, le sexe,
le sommeil, etc.) et le cervelet qui contrôle nos actes automatisés.
L'inconscient, popularisé par Freud, existe, mais il apparaît multiple.
 
 
72.       « L'œil était dans la tombe… » Qu'est-ce que la conscience ?
Conscience historique et conscience exécutive
 
La conscience a toujours été un sujet difficile à appréhender tant elle semble
correspondre à plusieurs facettes. Certains philosophes distinguent jusqu'à
sept définitions différentes (Foulquié, 1914). Deux sens sont considérés
comme fondamentaux en philosophie. Au sens étymologique, la conscience
vient de conscientia donc de scientia qui désigne le
« Connaissance » : c'est la conscience sensible, c'est-à-dire
 
de ce qui est perçu. Mais, c'est plutôt le second sens, qui correspond au sens
courant d'une conscience morale. C'est une conscience réfléchie, comme si
nous étions dans notre corps (ou cerveau) nous regardant penser ou agir.
Cette conscience a souvent été personnalisée par les poètes, par un œil chez
Victor Hugo dans son poème « La Conscience », « l'œil était dans la tombe
et regardait Caïn », ou Jiminy la sauterelle dans Pinocchio.
 
Endel Tulving et Daniel Schacter (Tulving, 1985) ont fait des observations
minutieuses et des tests de mémoire sur unpatient hippocampique NN, c'est-
à-dire présentant une lésion au niveau de l'hippocampe, archiviste de notre
mémoire. Ce patient a une capacité de mémoire à court terme de 8 mais a
un score de zéro sur un test de reconnaissance d'images (le score habituel
est de 90 %). NN a le langage et les connaissances générales intacts
(événements historiques…) mais contrairement aux patients
hippocampiques habituels (incapacité à mémoriser de nouvelles choses
mais vieux souvenirs préservés), NN n'a pas de souvenirs personnels, tout
reste impersonnel. Enfin, bien qu'il connaisse les notions de temps, il est
incapable de se situer dans le passé ou de projeter son activité dans le futur.
Interrogé à ce sujet, il répond par des expressions telles que "J'ai un gros
'trou'" (blanc en anglais) ou "c'est comme si j'étais dans une pièce vide et
que quelqu'un me demande de trouver une chaise" ou "c'est comme si je ' je
nage au milieu d'un lac ». Tulving interprète les problèmes de NN comme
un manque de ce qu'il appelle la conscience
"Autonoétique", ou la conscience de situer les événements
Mémorisé dans un contexte temporel, que d'autres auteursplus simplement
appeler conscience historique.
 
Conclusion
Cependant, la conscience apparaît multiple et à côté de la conscience «
verbale » liée à une différence des hémisphères cérébraux (question
précédente) et de la conscience historique, d'autres chercheurs pensent que
l'attention focalisée représente aussi une forme de conscience. Par exemple,
je conduis automatiquement mais je peux me concentrer sur cette conduite
pour que ma vision de la route et mes actions deviennent conscientes. Cela
montre une attention sélective « orientable ». Un spécialiste de l'attention,
Michael Posner (1990), a même parlé de « projecteur visuel », qui n'est pas
sans rappeler « l'œil » de Victor Hugo. Cette conscience exécutive donne
l'impression subjective d'éclairer une activité particulière par un projecteur
et étend le concept de conscience réflexive des philosophes, en donnant
l'impression à certains d'être contrôlés par une âme ou un esprit séparé du
corps. "L'œil était dans la tombe et regardait Caïn"...
 
 
 
 
 
 
 
 

 
 
 

Motivations, émotions et personnalité


 
Besoin, instinct, envie, passion, désir, pulsion, intérêt, curiosité, volonté,
projet, but, mobile (du crime). Le vocabulaire de la vie quotidienne est
foisonnant pour exprimer les forces qui animent notre activité. Ces termes
variés reflètent des conceptions très différentes, de l'instinct qui évoque un
déterminisme génétique total, au projet ou à la volonté qui exprime une
vision humaniste dans laquelle l'homme conserve son libre arbitre. D'un
point de vue scientifique, où tout nouveau concept doit être justifié
expérimentalement, tous ces termes ont été regroupés dans le concept
générique de motivation. La motivation est donc l'ensemble des
mécanismes biologiques et psychologiques qui permettent le déclenchement
de l'action, l'orientation (vers un but, ou au contraire s'en éloigner) et enfin
l'intensité et la persistance :
 
73.       Faim, soif, attirance sexuelle… d'où viennent vos instincts ?
Besoins biologiques et apprentissage social
Le cannibalisme n'a pas disparu ! Dans un accident d'avion dans la
cordillère des Andes, les passagers survivants ontmangéles morts pour
survivre. Ce fait divers a défrayé la chronique au point d'en faire un film,
mais ce cas n'est pas isolé et s'est également produit dans l'armée de
Napoléon lors de la retraite de Russie. Ces faits, entre autres, violences,
assassinats…, montrent bien l'existence d'instincts animaux chez des
humains pourtant bien socialisés. Les instincts existent, mais comment
fonctionnent-ils ?
 
Les éthologues, c'est-à-dire ceux qui étudient le comportement des animaux
dans leur environnement (littéralement ethos signifie « mœurs »), ont
montré que derrière les motivations communément appelées « instincts » se
cache un cocktail de composants innés tandis que d'autres s'apprennent.
Niko Tinbergen, un célèbre éthologue, a remporté un prix Nobel pour ses
patientes recherches. Il a démontré, entre autres, le fonctionnement des
instincts de reproduction chez un petit poisson de nos étangs, l'épinoche.
D'une certaine manière, il a révélé nos instincts "en aquarium". Le
comportement allant de la cour nuptiale à la couvaison se décompose en
plusieurs séquences déclenchées par un signal précis (en interaction avec
l'état hormonal du poisson). En fonction des changements hormonaux à la
sortie de l'hiver, l'épinoche mâle a le ventre rouge face aux intrus pour
défendre son territoire ; la couleur « signal » de l'animal est ainsi l'ancêtre
lointain des parures de nos chevaliers médiévaux ou plus récemment des
tags qui marquent le territoire des bandes de jeunes. Après avoir fait un nid
de brindilles en forme de tunnel, son dos devient argent et ces nouvelles
couleurs servent de signaux pour attirer la femelle… Différentes séquences
vont se succéder dans un ordre immuable, chacune déclenchée par un signal
primitif. A tel point que Tinbergen a prouvé leur action en utilisant de faux
signaux ou des leurres comme déclencheurs : par exemple, le signal de
ponte étant déclenché par le tapotement du museau du mâle sur le dos de la
femelle, l'expérimentateur stimule la ponte. en tapotant avec un bâton en
bois. Le signal de ponte étant déclenché par le tapotement du museau du
mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur stimule le frai en tapant
avec un bâton en bois. Le signal de ponte étant déclenché par le tapotement
du museau du mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur stimule le frai
en tapant avec un bâton en bois. A tel point que Tinbergen a prouvé leur
action en utilisant de faux signaux ou des leurres comme déclencheurs : par
exemple, le signal de ponte étant déclenché par le tapotement du museau du
mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur stimule la ponte. en tapotant
avec un bâton en bois. Le signal de ponte étant déclenché par le tapotement
du museau du mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur stimule le frai
en tapant avec un bâton en bois. Le signal de ponte étant déclenché par le
tapotement du museau du mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur
stimule le frai en tapant avec un bâton en bois. A tel point que Tinbergen a
prouvé leur action en utilisant de faux signaux ou des leurres comme
déclencheurs : par exemple, le signal de ponte étant déclenché par le
tapotement du museau du mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur
stimule la ponte. en tapotant avec un bâton en bois. Le signal de ponte étant
déclenché par le tapotement du museau du mâle sur le dos de la femelle,
l'expérimentateur stimule le frai en tapant avec un bâton en bois. Le signal
de ponte étant déclenché par le tapotement du museau du mâle sur le dos de
la femelle, l'expérimentateur stimule le frai en tapant avec un bâton en bois.
l'expérimentateur stimule la ponte en tapotant avec un bâton en bois. Le
signal de ponte étant déclenché par le tapotement du museau du mâle sur le
dos de la femelle, l'expérimentateur stimule le frai en tapant avec un bâton
en bois. Le signal de ponte étant déclenché par le tapotement du museau du
mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur stimule le frai en tapant
avec un bâton en bois. l'expérimentateur stimule la ponte en tapotant avec
un bâton en bois. Le signal de ponte étant déclenché par le tapotement du
museau du mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur stimule le frai en
tapant avec un bâton en bois. Le signal de ponte étant déclenché par le
tapotement du museau du mâle sur le dos de la femelle, l'expérimentateur
stimule le frai en tapant avec un bâton en bois.
 
Les les leurres étant d'autant plus efficaces qu'ils sont exagérés, nouspeut
voir dans le maquillage (attirance sexuelle), dans les menaces du terrain de
jeu (préliminaires de l'agression)…, les équivalents humains des signaux
déclenchant les séquences biologiques.
 
Conclusion
Selon la complexité de l'espèce animale, les composantes apprises prennent
de plus en plus d'importance, au point que chez l'homme, l'apprentissage
social peut être en conflit avec les besoins biologiques ; par exemple, boire
plus que juste, fumer des cigarettes, ou la fameuse pratique du vomitorium
des Romains sont nocifs pour la santé et sont donc en opposition avec les
besoins biologiques. A l'extrême opposé, chez les animaux élémentaires, en
particulier les insectes, les composants innés, génétiquement programmés,
sont dominants, voire impossibles à corriger par apprentissage.
 
74.       Comment expliquer le mystère des migrations d'oiseaux ?
Composantes innées et apprises des instincts
Les migrations des oiseaux (Dorst, 1956) fournissent un excellent exemple
de la complexité de ce qu'on appelle trop superficiellement un instinct, en
l'occurrence l'instinct de migration. Tout d'abord, tous les oiseaux ne
migrent pas, certains hivernent sur place comme les merles, les mésangues,
d'autres effectuent simplement une dispersion hivernale pour les oiseaux du
nord de l'Europe au sud-ouest mais sur un large front géographique. Quand
il y a migration, elle n'obéit pas à un simple déterminisme.
 
Les oiseaux du nord (Scandinavie) migrent plus que les espèces voisines
vivant à des latitudes plus basses et donc moins froides. De plus, le « style »
des migrations est très variable, les cigognes semblent suivre les lignes de
relief ou les côtes, ne survolant que les plans d'eau les plus courts tandis
qu'à l'inverse les grands voiliers aiment la poupe arctique. , le puffin
australien s'est laissé porter comme des planeurs sur des milliers de
kilomètres par les grands courants d'air.
 
Les mécanismes de navigation sont eux-mêmes différents, les jeunes
suivent les oiseaux plus âgés (comme les oies etcanards sauvages qui volent
en V pour suivre un
«  Chef  ») et ainsi apprendre différents repères géographiques. Ques (le
Mississippipar exemple) ou des repères astronomiques comme les étoiles.
Stephen Emlen (1972) a montré par des expériences dans un planétarium
avec un grand migrateur, le moineau indigo, que les jeunes se guident par
rapport à l'axe apparent de rotation de la voûte céleste et se trompent de
sens si l'on donne artificiellement un autre axe. de rotation dans le
planétarium ; tandis que les oiseaux plus âgés ne s'y trompent pas et se
guident selon les constellations qu'ils ont apprises lors de voyages
précédents. Il y a donc une sorte de transmission d'une « tradition » du
voyage par apprentissage en observant les jeunes au contact des plus âgés
lors de plusieurs voyages (les oiseaux ont une excellente acuité et une
excellente mémoire visuelle).
 
Conclusion
L'une des migrations les plus étonnantes est celle du Pluvier doré car, se
reproduisant dans le nord du Canada en été, les pluviers s'envolent à
l'automne pour un très long voyage vers leurs aires d'hivernage en
Amérique du Sud, traversant environ trois mille huit cents kilomètres
d'océan ; au printemps, le retour se fait par un autre chemin
 
Passage à l'intérieur du continent. Il est difficile de penser que ce
comportement complexe est inné et l'hypothèse la plus séduisante (Dorst,
1966) est d'imaginer que cette migration actuelle est une complication d'un
voyage plus ancien appris de génération en génération lors des glaciations.
Les oiseaux sont descendus de plus en plus bas
« Poussés » par le refroidissement de leurs aires d'hivernage en fonction des
glaciations quaternaires (qui ont débuté il y a un million d'années).
 
75.       Qu'est-ce qui déclenche vos motivations ?
Neurobiologie des motivations
 
Dans l'Antiquité, surtout chez les Grecs et les Romains, les forces de la
nature ainsi que nos actions étaient déterminées par des dieux, tels qu'Éros
et Aphrodite pour les dieux de l'amour, Thanatos pour la mort, Bacchus
pour les Romains pour la célébration ; pour le christianisme, c'était plutôt le
diable qui était à l'origine des mauvais élans. A la fin du 19ème siècle,
Freud a apporté un peu de rationalisme en expliquant certaines pulsions par
un inconscient, très réaliste mais toujours mystérieux. Ce n'est qu'au milieu
du XXe siècle que les découvertes en micro-électro-physiologie (micro-
électrodes qui captent le signal nerveux ou stimulent des zones à l'échelle
du neurone) mettent en lumière le rôle de certains centres cérébraux. C'est
ainsi que nous avons découvert le réservoir des impulsions :
 
Ainsi, le physiologiste James Olds a montré que des rats appuient en
permanence sur une barre qui les stimule électriquement (non pas par des
chocs, mais des stimuli de l'ordre de grandeur de l'électricité cérébrale
naturelle) dans certaines zones : c'est le "centre du plaisir". D'autres
chercheurs ont découvert des centres de peur ou de punition, de sorte que la
stimulation dans ces zones déclenche des comportements de peur ou de
douleur chez les animaux. Ces centres agissent de manière complexe,
notamment par l'intermédiaire de l'hypophyse, « l'orchestre conducteur des
glandes hormonales », qui sécrète des micro-quantités de substances dans
des zones très localisées ; ce sont eux qui stimulent les glandes qui sécrètent
des hormones. Ainsi la stimulation chimique ou électrique de
l'hypothalamus déclenche différents besoins et comportements végétatifs ;
l'injection en micro-quantité d'hormones sexuelles chez le rat déclenche
l'hypersexualité : Vaughan et Fisher ont déclenché le coït complet avec
éjaculation chez le rat par stimulation électrique quarante-quatre fois de
suite. Des comportements similaires de suralimentation sont obtenus,
ovulation chez le lapin… (Donnet, 1969).
Le centre du plaisir a été étudié chez l'homme lors d'opérations cérébrales
(Sem-Jacobsen et Torkildsen, 1960, cit. Kretch et Crutchfield, 1969).
Pendant l'autostimulation (lorsque les patients appuient sur un bouton, il y a
stimulation du centre du plaisir par des microélectrodes placées dans leur
cerveau) rapportent qu'ils se sentent bien, sourient et semblent heureux mais
ne peuvent pas identifier ce plaisir ou le relier à des expériences antérieures.
L'essence même du plaisir n'est pas sexuelle comme Freud le pensait dans
sa conception de la libido (pulsion sexuelle).
 
Conclusion
D'autres recherches ont conduit le neurobiologiste Jaak Panksepp à
identifier quatre systèmes principaux. Dans sa théorie, la motivation et
l'émotion ne sont que deux phénomènes
 
Placé sur le même continuum et ne différant que parintensité : une faible
excitation d'un système produit un état motivationnel, par exemple de
surveillance, tandis qu'une forte excitation peut produire une peur panique,
de même entre une légère envie de nourriture et un désir incontrôlé de
nourriture pouvant conduire au cannibalisme.
L'un des quatre systèmes correspond au centre du plaisir, bien que ce
chercheur préfère l'appeler désir et correspond à des motivations appétitives
ou d'approche ; ce sont la faim, la soif, le sexe, le besoin de dormir, etc. Ces
besoins sont déclenchés par des stimuli internes ; par exemple la baisse du
taux de glucose dans le sang déclenche la sensation de faim ; ainsi a été
découvert le centre de la faim de l'hypothalamus avec des récepteurs de
glucose. A l'inverse, leur satisfaction, par exemple en mangeant, produit
une impression de bien-être. La peur est déclenchée par un danger de
destruction ou par des stimuli innés (bruits forts, perte de soutien chez les
enfants ; ombre chez les oiseaux, etc.) et déclenchent soit la fuite, soit la
paralysie (jambe de coton, etc.). La colère est produite par une blessure ou
une frustration et déclenche des réactions de menace et d'agression. Et
enfin, un système que l'on retrouve majoritairement chez les primates (et
chez le hamster mais pas chez le rat) donc chez l'homme, le système de
détresse dont le stimulus est la perte de contact social et qui produit des
gémissements. - pleure et pleure. C'est probablement ce système qui fait que
les jeunes enfants (parfois moins jeunes) recherchent le toucher doux d'une
peluche...
C'est le monde souterrain des pulsions puissantes que Freud avait
découvert en les appelant vaguement « inconscients » selon les
connaissances médicales de son temps et qui s'appelait autrefois le Diable
ou les puissances du mal. L'homme n'admet pas la bête qui est en lui et tend
à attribuer à des entités extérieures l'apparition de ces comportements qui
inspirent parfois honte et peur.
 
76.       Savez-vous que vous avez un troisième œil ?
L'influence du soleil
en biologie
motivationnelle
Délaissée par les astrologues, il y a pourtant une étoile qui agit sur notre
caractère, c'est le soleil. Elle apporte déjà la vie (= la chlorophylle des
plantes synthétise de l'énergie grâce aux photons) mais des recherches
récentes ont montré que notre vie végétative dépend du soleil, tout comme
chez les plantes. Chez les vertébrés, des poissons aux mammifères et
naturellement l'homme, l'hypothalamus, le « cerveau » de la vie végétative,
programme les composantes physiologiques de la faim, de la soif, des
rythmes veille/sommeil, de la sexualité… Or l'hypothalamus lui-même est
stimulé par une autre structure de le cerveau, l'épiphyse : c'est une sorte
d'œil fossile (avec de vrais photorécepteurs) d'où son nom médiéval de «
troisième œil » (ou glande pinéale à l'époque de Descartes).
 
Cet étrange système a été découvert pour expliquer l'impulsionsion
migratoire des oiseaux. Car au moment du printemps, de grands
changements physiologiques se sont produits, prise de poids, hypertrophie
des glandes sexuelles, puis augmentation de l'activité jusqu'au vol.
Soupçonnant l'augmentation de l'ensoleillement, les chercheurs ont
expérimenté des canards migrateurs, en cachant certains d'entre eux. Ceux-
ci ne se sont pas développés comme leurs compagnons qui ont goûté le
soleil. Des recherches plus poussées ont montré que c'était bien la quantité
de lumière qui intervenait en stimulant, à travers la voûte osseuse plus fine
au sommet du crâne, une structure qui serait une sorte d'œil fossile,
l'épiphyse. La stimulation de l'épiphyse par les photons déclenche une
hormone, la mélatonine, qui stimule toutes les fonctions de l'hypothalamus.
 
Descartes croyait que Dieu communiquait avec l'âme par la glande pinéale,
point de départ des esprits animaux qui rendaient mobiles les différentes
parties du corps. Il n'avait pas tout à fait tort, mais comme pour les Incas et
les Égyptiens, Dieu est le soleil...
 
Conclusion
Les médecins commencent à connaître les effets négatifs de l'absence de
soleil, notamment lors des longs hivers, et parlent de « dépression hivernale
» pour qualifier notre apathie durant les mois gris. Mais c'est bien pire pour
les régions subpolaires qui connaissent des mois d'obscurité, si bien que des
cures de photothérapie existent et sont même instituées dans les écoles.
Dans d'autres pays (États-Unis), des prescriptions de mélatonine sont même
données à ceux qui vivent cette dépression hivernale. Et les agences de
voyages l'ont bien compris, c'est la règle de
"3 S", Mer, Sexe et Soleil !
 
77.       Pourquoi les vendeurs de certains magasins se précipitent-ils pour vous aider (et pas dans d'autres) ?
La loi du
renforcement...
 
La première recherche quantitative sur la motivation a été réalisée sur de
petits rats de laboratoire dans des expériences d'apprentissage en labyrinthe.
En étudiant cette petite bête, certains chercheurs pensaient étudier les
mécanismes d'apprentissage chez l'homme, mais en moins compliqué. Il est
vrai qu'étudier l'apprentissage d'un concerto de Rachmaninov avec un
pianiste n'est pas forcément facile.
 
L'un des leaders théoriques des années 40 et 50, Clark Hull de l'université
de Yale, perçoit rapidement (dès son premier livre en 1943, Principes de
comportement) la nécessité de lier motivation et apprentissage. Pourquoi ?
Tout simplement parce que notre petit rat ne travaille que s'il a faim et qu'il
est récompensé. Ainsi s'instaure une pratique, devenue classique, de donner
une récompense (une petite boule de nourriture ou un morceau de biscuit)
une fois le but atteint, au bout du labyrinthe comme dans cette expérience
d'un chercheur bien connu en ce champ. Ère, Edward Tolman. Un groupe de
rats a faiblement faim et un autre très mal. Enfin, chaque groupe est
subdivisé en deux sous-groupes. L'un reçoit de la nourriture en récompense
lorsque les rats atteignent le but, à la fin du labyrinthe, tandis que l'autre
sous-groupe ne reçoit pas de récompense (les rats sont nourris une fois
arrivés dans leur cage).
300

 
250
 
200

Petite faim
 

150
 

100
Faim
50
 
0
0 1 3 5 7 9 11 13 15 17
Essai
 
Double effet de besoin et de récompense chez les rats dans un labyrinthe
(simplifié d'après Tolman et Honzik, 1930)
 
 
 
Les résultats montrent que le sous-groupe qui apprend le plus rapidement
(forte diminution des erreurs) est le sous-grouperats affamés et rats
récompensés.
De telles expériencesa incité Hull à proposer une formule célèbre
(visiblement inspirée de la formule de Newton pour les forces physiques, F
= MassAcceleration) où la motivation est déterminée par le besoin et le
renforcement (terme technique pour récompense). : Motivation = Besoin
xRenforcement.
 
Conclusion
Cette loi, appelée « loi de Hull » ou « loi de renforcement », a été appliquée
dans le système des primes marketing : le vendeur n'est que faiblement payé
pour créer un besoin (équivalent chez le rat au besoin alimentaire), puis est
boosté par une prime (équivalent à la boule de nourriture) à chaque fois qu'il a
vendu un appareil ou atteint un objectif (équivalent au but du labyrinthe). A
l'inverse, les renforcements négatifs fontmoins de comportements
indésirables.
C'est le principe de la carotte et du bâton !
 
78.       "Enervé, coincé, frustré, dégoûté ?" "
Démission acquise
 
"Enervé, coincé, frustré, dégoûté ?" Non, il ne s'agit pas d'école ou de
travail, c'est un jeu vidéo. Ainsi titrait la revue de jeu vidéo Player Station 1
après la sortie de Tomb Raider III. Pourtant, de nombreux élèves aimeraient
avoir la belle Lara Croft comme professeur ! Oui
 
1. Numéro L8295.
 
Mais maintenant, le jeu est trop dur. Comme l'écrit le chroniqueur :
"Arrêter ! Aider ! Face à une difficulté plus que supportable, nous avons
jugé bon pour vous, qui avez investi dans ce cauchemar, de vous faciliter la
vie avec une soluce… » En effet, à certains niveaux, Lara Croft doit ramper
ou nager dans les égouts de Londres , où les crocodiles errent et la torche ne
reste allumée que quelques secondes... Lara se fait manger à chaque fois...
C'est un courant de recherche, initié chez l'animal, qui a permis de faire
des progrès significatifs dans ce domaine aux conséquences parfois
dramatiques.
Tout a commencé par des expériences sous la direction de Martin Seligman
de l'Université de Pennsylvanie. Dans une expérience, trois groupes sont
formés avec des chiens qui, individuellement, sont attachés dans un harnais.
Dans le premier groupe appelé « évitement », les chiens reçoivent 64
décharges électriques douloureuses espacées (une à deux minutes). Si le
chien appuie sur un panneau placé juste devant son museau lors du choc,
alors ce dernier s'arrête, sinon il continue pendant trente secondes. Vingt-
quatre heures plus tard, les chiens sont placés dans une boîte à navettes
(shuttle box) ; cette navette a été inventée par d'autres chercheurs pour
étudier le stress et elle est couramment utilisée chez le rat pour étudier
l'effet des médicaments anti-stress, tranquillisants, antidépresseurs… La
navette est composée de deux compartiments séparés par une barrière, un
peu comme une miniature court de tennis. Mais c'est là que s'arrête la
comparaison car un signal sonore retentit annonçant (dix secondes plus
tard) l'arrivée d'un choc électrique dans le compartiment où se trouve le
chien. Dans ce dispositif, également appelé « conditionnement d'évitement
», le chien est prévenu afin que, s'il saute la barrière pour se rendre dans
l'autre compartiment dès que le signal est donné, il évite complètement le
choc électrique ; sinon 10 secondes après le signal, il reçoit un choc
électrique. Un deuxième groupe appelé "contrôle" ne passe pas il évite
complètement le choc électrique ; sinon 10 secondes après le signal, il
reçoit un choc électrique. Un deuxième groupe appelé "contrôle" ne passe
pas il évite complètement le choc électrique ; sinon 10 secondes après le
signal, il reçoit un choc électrique. Un deuxième groupe appelé "contrôle"
ne passe pas
 
La période pré-expérimentale dans le harnais, mais seulement la seconde
dans la boîte à navettes. Enfin, le troisième groupe est assez particulier
puisqu'il reçoit un entraînement pré-expérimental au harnais mais l'appui de
la muselière sur le panneau ne permet pas d'arrêter le choc. Vingt-quatre
heures plus tard, ce troisième groupe est placé dans la caisse des navettes
dans les mêmes conditions que les premier et deuxième groupes.
 

50
 
 
40
 
 
Temps 30 pour réagir
(en s)
20
 
 
dix
 
 
0
EÉvitement Contrôler                          Résigné Conditions
d'expérience
Ralentissement du temps pour éviter un choc électrique pour le groupe de
chiens résignés par rapport à deux autres groupes (d'après Maier et
Seligman, 1967)
Les résultats sont frappants puisqu'on voit que si lele temps passé (en
moyenne) dans l'autre compartiment, dépourvu de choc, est d'environ vingt-
sept secondes dans le groupe « évitement » ou dans le groupe témoin, le
troisième groupe met en moyenne près du double du temps pour s'échapper
(quarante- huit secondes). Sachant que le choc
 
Arrivé dix secondes après le signal, plus de 75 % des chiens de ce troisième
groupe n'en évitent pas au moins neufdes chocs sur dix lorsqu'aucun chien
du groupe d'évitement n'atteint jamais une telle fin. Les chiens sont passifs
et pour cette raison Seligman les a appelés « résignés » : c'est le désormais
célèbre phénomène de « résignation savante ».
 
Conclusion
De nombreuses expériences ont confirmé ce phénomène aussi bien chez
l'animal que chez l'homme (Overmier et Blancheteau, 1987), par exemple
avec un bruit strident (Hiroto, 1974). De même, diverses situations
d'apprentissage très difficiles voire impossibles conduisent à la résignation
ou au découragement des élèves (Dweck et Leggett, 1988 ; Ehrlich et
Florin, 1989 ; Lieury et Fenouillet, 1996).
Bref, sur le plan psychologique, la résignation survient lorsque
l'organisme (animal ou homme) ne perçoit plus de rapport entre ce qu'il fait
et les résultats de son action tel que nous allons le passer en revue. Sur le
plan neurobiologique et neurochimique, il semble que ce stress stimule les
systèmes antalgiques du cerveau avec la sécrétion de substances appelées «
endorphines » car elles ressemblent chimiquement à la morphine, d'où les
effets analgésiques de ces dérivés de la morphine. l'opium, avec tous les
phénomènes psychologiques qui y sont associés, perte d'appétit, passivité,
bref, perte de motivation…
 
79.       Pourquoi voulons-nous toujours plus ?
Anticipation et
auto-efficacité
De nombreux joueurs continuent à jouer, parfois toute leur vie, sans jamais
gagner (ou des sommes minimes) : c'est le « paradoxe du joueur » (Rachlin,
1990).
 
 
 
 
 

L'exemple des jeux

• En moyenne,
–    le joueur paie plus qu'il ne gagne
–    car une grande partie de l'argent va ailleurs
 
 
 
 

 
28%
 
 
58%
 

 
 
 
Redistribution des gains à la Française des Jeux
En moyenne, le joueur paie plus souvent qu'il ne gagne puisqu'une grande
partie des gains, environ 40 %, est redistribuée ailleurs, par la Française des
Jeux. Certains jeux sont pires comme Banco puisque les joueurs
n'obtiennent qu'un tiers de leur mise.
Comment alors expliquer cette extraordinaire persistance,signe d'une forte
motivation. Ce comportement mystérieux est au contraire très bien expliqué
dans la théorie d'Albert Bandura, chercheur à l'université de Stanford en
Californie, de l'anticipation symbolique du renforcement. Le joueur n'a pas
besoin de gagner réellement, il gagne dans sa « tête » ce que Jean de la
Fontaine avait parfaitement anticipé dans sa fable « Perrette et le pot au lait
»…
Dans le prolongement de sa théorie, la motivation est principalement régie
par l'auto-efficacité perçue (Bandura et Schunk, 1981 ; Bandura et Cervone,
1983). De par ses capacités de représentation mentale, l'individu est capable
d'anticiper
 
Par satisfactions venant de ses succès ou de ses échecs. Le ressort de la
motivation serait donc de se fixer des objectifs par rapport à des normes
personnelles. Cet intervalle àle remplissage déclencherait la motivation et le
but permettrait d'anticiper les satisfactions (renforts internes) : c'est le
sentiment d'auto-efficacité.
Dans l'une des nombreuses expériences de Bandura et de son équipe, les
étudiants doivent s'exercer à soulever des poids,sous prétexte de développer
des exercices d'aérobie. Trois conditions sont prévues : dans une première
condition
«  Objectif seul  », les étudiants doivent soulever 40  % de plus à chaque
session que lors de leur tentative précédente. Par exemple, pour un étudiant
qui soulevé À le sien premier essai 100 kilos (= étalon personnel), on
lui dit qu'il doit viser à atteindre 140 kilos. Dans la deuxième condition
« Feedback uniquement », nous informons chaque élève qu'il a réalisé tel ou
tel score en kilos ; en fait ce chiffre est fictif mais correspond pour
l'ensemble des participants à une augmentation fictive de 24% ; par
exemple, si la norme d'un élève était de 100 kilos, on lui dit qu'il a soulevé
124 kilos (résultat fictif). Enfin, dans le troisième groupe, "Objectif +
Feedback", nous donnons l'objectif (40%) et leretour d'information.

% 60
Performance
50
 
40
 
30
 
20
 
dix
 

0
 
 
 
 
Effet de la conjonction But + Feedback (d'après Bandura et Cervone, 1983)
Les résultats montrent que par rapport à un groupe témoin (qui s'entraîne
sans consigne) seul le groupe qui a le but et le feedback progresse. Et cela
progresse de manière fulgurante, puisque les étudiants de ce groupe
augmentent de 60 % leurs performances initiales (au départ ce sont des
étudiants généralistes). Spécialistes de ce sport).
 
 
Conclusion
Au risque de perdre la vie, les alpinistes cherchent à gravir des sommets de
plus en plus hauts, les navigateurs à faire le tour de la terre de plus en plus
vite… mais aussi de tels collectionneurs recherchent passionnément le
cachet ultime qu'il n'a pas, ou qu'une telle équipe veut fabriquer un
assemblage de dominos encore plus grand. Pourquoi, l'homme en veut-il
toujours plus ? La théorie de l'auto-efficacité perçue d'Albert Bandura
l'interprète bien. Dès qu'un individu a gravi un sommet, par exemple le
Mont Blanc, cette performance n'est plus pour lui un exploit, mais son
nouveau standard personnel si bien que pour trouver une « motivation », il
est obligé de se fixer un objectif. Supérieur. Par sa grande simplicité, la
théorie de Bandura s'applique donc à des domaines variés et explique
l'infinie diversité des « passions » et des loisirs qui ne peuvent s'expliquer
par autant de besoins. L'alpiniste qui se lance le défi de gravir des sommets
toujours plus hauts ; le collectionneur de timbres, insectes, voitures, motos,
est toujours à la recherche du
" pièce unique ; le surfeur à la recherche de " la vague ", etc. D'ailleurs,
cette recherche d'un objectif toujours plus haut est aujourd'hui devenue une
véritable institution, le livre des records...
 
60       Dis-moi à quoi tu joues et je te dirai qui tu es... Besoin d'estime
et
l'autodétermination
Aussi loin que l'on remonte dans l'histoire, le jeu a toujours été une forme
d'activité importante, les osselets, le jeu de l'oie, les échecs et puis, valorisé
par les grands films de spectacle, les jeux de cirque... Les empereurs
romains croyaient que donner du pain et des jeux suffisaient à la paix
sociale.
 
Mais les gens jouent pour diverses raisons. Dans une étude exploratoire
dans notre laboratoire, nous avons réalisé une étude factorielle (analyse
statistique permettant de regrouper des éléments en catégories
fondamentales) sur une cinquantaine de jeux très variés ; jeux de société :
baby-foot, jeu de l'oie, échecs, Trivial Pursuit, belote ; jeux vidéo : Tomb
Raider, V-Rally ; jeux d'argent : loterie, machine à sous ; sports : tennis,
football, etc.
Un questionnaire de quatre-vingts questions a été posé à quarante sujets
d'âges et de catégories socioprofessionnelles.Très varié. Ces questions ont
porté sur des jeux spécifiques (belote, football) ou des catégories de jeux
(jeu de découverte, compétition, etc.) afin d'identifier les différentes
motivations explicites. Par exemple :
–  Êtes-vous attiré par le football ?
–                              Vous êtes attiré par les cartes à gratter (Banco, Morpions…) ?
–  Êtes-vous attiré par les jeux où il y a de la compétition ?
–                              Êtes-vous attiré par les jeux où la découverte est la clé ?
–                              Êtes-vous attiré par les jeux où la chance est le seul facteur ?
 
Et les sujets devaient cocher une case parmi cinq choix : nondu tout, peu, ne
peut pas être dit, assez, beaucoup.
 
Les motivations des jeux (Lieury, Le Gall et Fenouillet, 1999, cit. Lieury et
Fenouillet, 2006)
 
Catégories deJeux Découverte Concurrence De l'argent

Question3: découverte .59    

Question76 :terrain .68    

Question23 : progression .65    

Question61 :progression      
intellectuelle .71

Question40 : compétition   .79  

Question50 :Esprit de      
compétition .83

Question.55 :   .74  
affrontement

Question14 :Gain     .84

Question34 :de l'argent     .94

Les résultats montrent de fortes corrélations (voir question 6pour


l'explication de la corrélation) avec seulement trois grandes catégories de
motivations (voir tableau). La découverte correspond à une motivation
particulière proposée par les chercheurs (Richard Deci et Richard Ryan), la
motivation intrinsèque. Avec une motivation intrinsèque, l'individu pratique
une activité de plaisir (découverte, recherche de sensation, curiosité) et non
de renforcement. En externe, obligation ou récompense (motivation dite «
extrinsèque »). Dans l'étude, on voit que cette motivation concerne les jeux
de connaissance ou de découverte : Cluedo, tomb Raider. La compétition
correspond à une motivation liée à l'ego ; certains, comme John Nicholls,
ont remarqué que les individus font quelque chose pour augmenter leur
estime, d'où le nom d'implication par rapport à l'ego. Cette motivation est
souvent liée à une situation de compétition, où l'individu cherche à être le
meilleur : on la retrouve dans notre étude pour des jeux comme le football,
le football. Trivial Pursuit. Et enfin, les jeux de hasard comme les cartes à
gratter (par exemple Banco), le loto, correspondent à la loi du renforcement,
une motivation extrinsèque typique.
 
 
Exemples de jeux typiques avec leur corrélation dans la catégorie
motivation
(Lieury, Le Gall et Fenouillet, 1999, cit.
Lieury et Fenouillet, 2006)
 
Découverte et Concurrence De l'argent
progression
Cluedo .49 Football .43 Loto .63
Pilleur de .48 Le golf .36 Grattage .52
tombe
Jeux de rôles .47 Escrime .34 Machines à sous .52
Scrabble .47 Des balles .32 Roulette .50
Échecs 39 belote .27 Tiercé Poker .44
Monopole .39 .39
 
Conclusion
Les jeux représentent un résumé de nos activités. La recherche indique que
dans l'extrême variété des activités humaines, il y a relativement peu de
mécanismes de motivation cachés. La plupart des théories mettent en avant
deux besoins fondamentaux, le besoin d'estime (appelé « ego » ou « auto-
efficacité » par d'autres chercheurs) et le besoin.
 
L'autodétermination, ou la nécessité de choisir librement. Ainsi motivation
intrinsèque, curiosité, besoin de découverte ou de sensations nouvelles, est
le résultat de ces deux besoins, besoin d'estime et besoin
d'autodétermination. Cette dernière motivation explique idéalement nos
passions et nos hobbies...
 
80.       Le dicton « le ventre vide n'a pas d'oreille » est-il correct ?
La hiérarchie des
motivations
"Un estomac vide n'a pas d'oreille." C'est ainsi que l'on pourrait résumer la
théorie de Maslow, qui a eu du succès en marketing car elle va au-delà
d'une analyse simpliste d'un seul besoin. Pour Maslow (1943), les besoins
peuvent être regroupés en cinq grandes catégories. Mais surtout, l'originalité
de la théorie est de hiérarchiser les besoins pour qu'un besoin supérieur ne
s'exprime que lorsque le besoin du niveau inférieur est satisfait.
Si les besoins physiologiques, faim, soif, désir sexuel, besoin de
sommeil…, sont satisfaits, d'autres besoins apparaissent. Il en va de même
pour les besoins de sécurité et de confort matériel : le besoin d'avoir un
logement, un moyen de locomotion. Ce niveau de satisfaction révèle les
besoins d'affection, ou d'amour, ou d'appartenance sociale (en marketing).
Apparaissent alors des motivations plus sociales que l'on peut regrouper
sous le terme de besoin d'estime, qui correspond, dans le langage courant à
"Ambition". Enfin, le plus haut niveau de la hiérarchie des besoins, selon
Maslow, serait la réalisation de soi, de ses intérêts, aptitudes et valeurs.
La théorie de Maslow est souvent appliquée en psychologie de la vente
car l'un de ses intérêts est d'expliquer que
 
un même achat peut correspondre à plusieurs besoins. Par exemple, dans un
ouvrage sur l'économie d'entreprise (Longatte et Muller, 2001), l'achat d'un
vêtement répond à différents besoins : besoins physiologiques comme la
protection contre le froid ou, au contraire, non. ne pas souffrir de la chaleur;
besoins d'appartenance à un groupe (= besoin d'affection) : être à la mode,
c'est-à-dire être habillé comme les autres du groupe et enfin besoin d'estime
: se valoriser par sa tenue dans le choix original.

Pyramide des besoins selon Maslow


Cette théorie était séduisante, mais elle est contredite sur bien des points : il
n'y a pas toujours de nettes différences entre les catégories de Maslow ; en
particulier entre le besoin d'estime et le besoin d'appartenance : dans
l'exemple précédent (achat d'un vêtement), « être à la mode » correspond
àrépond au besoin d'appartenance à un groupe ainsi qu'au besoin d'estime.
Mais c'est surtout la hiérarchie qui pose problème. La satisfaction d'un
besoin plus élevé n'apparaît pas toujours
 
Lorsque le besoin inférieur est réalisé. Ainsi, dans une grande entreprise
américaine, structurée avec des niveaux hiérarchiquesbeaucoup de merdes
(Hall et Nougaim, 1968), les cadres manifestent un besoin de réussite
encore très fort même chez ceux qui ont bénéficié de nombreuses avancées.
Dans une autre étude de Barbara Goebel et Dolorès Brown (1981), des
sujets de différentes tranches d'âge, allant de neuf à quatre-vingts, doivent
classer leurs besoins par ordre d'importance ; on pourrait penser que les
niveaux inférieurs de besoins seront satisfaits en moyenne en fonction de
l'évolution de l'âge et feront apparaître des besoins plus élevés… Mais
l'étude révèle qu'à tout âge, c'est le besoin d'affection prédominant. L'amour,
toujours l'amour… thème inépuisable de chansons, de romans et de films !
Conclusion
Il n'y a pas de hiérarchie des besoins, quelques besoins de baseles mentalités
coexistent et doivent être réalisées de concert. Même les besoins
biologiques ne sont pas toujours satisfaits. L'observation ou les biographies
montrent que certaines personnalités ont un besoin d'accomplissement si
fort qu'il prend le pas sur les besoins physiologiques : Marie Curie s'est
retrouvée plusieurs fois inanimée par le manque de nutrition pendant ses
études de médecine et le contre-exemple flagrant de la hiérarchie des
besoins est celui de les "martyrs" qui acceptent de mourir pour leurs idées !
D'un autre côté, la première idée de Maslow selon laquelle le même
objectif sous-tend plusieurs motivations est bonne et s'applique bien à
l'amour. L'amour humain peut être recherché pour satisfaire des besoins
multiples, sexuels, de sécurité (un foyer, une sécurité financière), d'affection
(tendresse) mais aussi d'estime ou d'accomplissement (épouser un notable,
un prince, une star, un mannequin...). Mais plus que sous forme de
pyramide, ces besoins s'articulent comme un puzzle pour le plus grand
bonheur des cinéastes !
 
81.       Pourquoi ressentez-vous des émotions ?
Psychobiologie des émotions
 
Déjà Léonard de Vinci (1452-1519, cit. Munn, 1956) distinguait les visages
agréables des visages désagréables par l'orientation.Tation des extrémités des
sourcils et des lèvres vers le haut (visage souriant) ou vers le bas (visage
triste ou fronçant les sourcils). Un siècle plus tard, Descartes a également
montré les différences entre le visage effrayé (contracté) et en colère (très
contracté). C'est Darwin dans son traité L'expression des émotions chez
l'homme et chez l'animal (1872) qui exprime clairement l'idée, déjà
contenue dans les fables (La Fontaine) d'une ressemblance entre les
émotions humaines et animales., les émotions étant en quelque sorte des
dérivations de comportements ayant une finalité dans la compétition vitale.
Par exemple, la colère (et peut-être le rire moqueur) sont des réactions de
préparation au combat ; le sursaut de surprise est peut-être l'esquisse d'un
bond en arrière ?
 
Carol Izard, l'un des chercheurs les plus productifs dans ce domaine, a
présenté une théorie des émotions différentielles et une échelle
correspondante basée sur des analyses des termes utilisés dans différentes
cultures pour différentes expressions de visages dans les photographies
(Izard, 1971, 1992, 1993). Ses recherches conduisent à identifier douze
émotions fondamentales qui se trouvent ci-dessous, avec un bon exemple.
Dans cette théorie, nous remarquons des sentiments, tels que le mépris, ou
des comportements motivationnels, tels que l'intérêt. En fait, les théories
neurobiologiques tendent àrestreindre émotions dans plusieurs grands
systèmes. La variété des émotions s'explique sur le plan psychologique par
une diversification, selon le contexte, apparaissant alors plutôt comme des
sentiments.
 
Émotions de base dans la théorie d'Izard avec des éléments représentatifs
(Adapté de Izard, Libero, Putnam et Haynes, 1993)
 
  Exemples d'éléments
d'échelle
« Dans votre vie quotidienne,
vousvous sentez-vous
souvent… »
I. Intérêt Très intéressé par ce que nous
faisons
à faire
II. Joie Heureux, tout va dans le bon
sens,
tout est rose
III. Surprendre Étonné quand nous ne
comprenons pas
ce qui se passe est si inhabituel
IV. Tristesse Découragé rien ne va
V. Colère En colère, irrité, énervé
VI. Dégoûter Dégoûté comme pour quelque
chose
répugnant
VII. Mépris Comme quelqu'un qui n'est pas
bon
VIII. Peur Peur, comme si tu étais en
danger,
très tendu
IX. La Avoir des regrets, désolé au
culpabilité fait
de quelque chose que tu as fait
X. La honte Comme quand les gens se
moquent de toi
XI. Timidité Timide, comme si tu voulais te
cacher
XII. Malade de toi
Hostilitéenvers
soi-même
 
 
 
 
 
 
 
Conclusion
L'observation courante permet de distinguer les grandes émotions, la joie
comme détendue, la colère comme le rouge et le cœur battant, etc. Voici,
par exemple, les réactions les plus intenses données par des sujets devant
décrire leurs émotions.
 
Principales réactions physiologiques pour quatre émotions majeures
(Simplifié d'après, Riméet al., cit. Kirouac, 1994)
Joie Peur  
Le cœur bat plus vite Le cœur bat plus vite  
Muscles détendus, Muscles tendus, D'emblée, on
détendus Sensations de raides Modifications remarque que certaines
chaleur diffuse de la respiration réactions sont
Colère Tristesse spécifiques, comme les
muscles détendus de
Cœur qui bat plus vite Boule dans la gorge
joie, ou la gorge serrée
Sensations de chaleur, Le cœur bat plus vite
avec tristesse, mais
joues brûlantes Sensation d'estomac
d'autres réactions
Changements dans la
comme les battements
respiration
de cœur se retrouvent
dans toutes les émotions. C'est pourquoi certains ont nié l'existence de
réactions spécifiques, la différence étant dans l'interprétation cognitive
d'une activation émotionnelle indifférenciée. En fait, les émotions
déclenchent en même temps des réactions différenciées, dont beaucoup sont
biochimiques et donc inaccessibles à la subjectivité ; mais la plupart d'entre
eux déclenchent aussi des réactions courantes, activation du système
sympathique avec sécrétion d'adrénaline ou stress, ce qui explique par
exemple que le cœur accélère dans la plupart des émotions...
 
82.       Saviez-vous qu'un cerveau rit et l'autre pleure ?
Cerveau et partage des émotions
 
Avez-vous remarqué que très souvent les visages sont asymétriques, la
partie gauche étant plus marquée, plus ridée que la partie droite du visage,
plus sereine. Une gêne et le demi-visage gauche se contracte et à l'inverse
lorsque vous souriez c'est plutôt le côté gauche de la bouche qui s'élargit.
Cette asymétrie apparaît en reconstituant, à partir de deux photos en miroir
d'un même visage, soit un visage « droit », soit un visage « gauche »
(Bruyer, 1983).
 
Paul Ekman, psychologue à l'Université de San Francisco,ont tenté de
comprendre les mécanismes d'expression émotionnelle des visages (Ekman,
1989, 1992). Il rend à juste titre hommage à Guillaume Duchenne (Ekman,
1989), neurologue à La Salpêtrière, qui fut le pionnier de l'analyse du rôle
de chaque muscle dans l'expression faciale dans son livre Le mécanisme de
la physionomie humaine (1862). Duchenne excitait, sur des patients
volontaires, chaque muscle séparé par un courant électrique et analysait
ainsi leur action dans les émotions. L'un de ses résultats les plus marquants,
mis en évidence par Ekman, est la différence entre un vrai sourire et un faux
sourire (de commodité) : « L'émotion de joie franche s'exprime sur le visage
par la contraction combinée du zygomatique majeur et de l'orbiculaire
inférieur ; que le premier obéit à la volonté, mais que le second (muscle de
bienveillance, amitié et impressions agréables) n'est mis en jeu que par les
douces émotions de l'âme; enfin, que la fausse joie, le rire menteur, ne peut
provoquer la contraction de ce dernier muscle » (Duchenne, 1862, cit.
Ekman, 1989).
En analysant, avec ses collègues, des expressions simulées par des
comédiens, Ekman a trouvé ce résultat que certains
 
Les muscles peuvent être contrôlés volontairement (commezygomatique du
faux sourire) mais pas d'autres comme le pyramidal du nez, qui agit dans la
colère.
 
Conclusion
Les neurologues avaient remarqué que les patients ayant une lésion
antérieure de l'hémisphère gauche étaient souvent déprimés et tristes, tandis
qu'à l'inverse ceux ayant des lésions antérieures droites étaient positivement
excités (Davidson, 1989). En rappelant que les hémisphères cérébraux
contrôlent les parties opposées du corps, ces résultats doivent être
interprétés à l'envers. S'il y a une lésion du cerveau gauche, cela signifie
que seul le cerveau droit est opérationnel : c'est donc le cerveau droit qui
contrôle les émotions négatives, la peur, la tristesse, le dégoût. A l'inverse,
lors d'une lésion droite, le cerveau gauche a le champ libre, et c'est donc lui
qui commanderait les émotions positives, la joie, le plaisir.
Bref, chaque cerveau partage ses émotions, l'un rit, l'autre pleure.
 
83.       Qu'est-ce qui te rend heureux ou « salope » ?
Les quatre grands circuits des émotions
Travaux contemporains intégrant des recherches en micro-
électrophysiologie et en pharmacologie (Karli, 1971 ;
 
Lappuke, Schmitt et Karli, 1982) confirment la théorie de Darwin selon
laquelle il existe une filiation entre les émotions chez les animaux et chez
les humains. Les émotions sont en quelque sorte les fossiles de systèmes
réactionnels qui ont une utilité biologique chez nos ancêtres. Chez les
mammifères (rat, chat, lion, etc. et humains), il existe au niveau du système
limbique, une sorte de « cerveau émotionnel » (hypothalamus, hippocampe,
amygdale, bulbe olfactif, partie du thalamus, Karli, 1969 ), les systèmes de
contrôle émotionnel. Ce centre déclenche plusieurs émotions selon quatre
circuits principaux :
 
Jaak Panksepp (1982, 1989) a proposé une synthèse théorique dans laquelle
il existe quatre grands systèmes motivationnels.nels-émotionnels, systèmes
de désir ou de plaisir (bien que l'auteur préfère "désir"), de peur, de colère et
enfin de détresse.

 
Les quatre grands circuits des émotions (d'après Panksepp, 1982)
 
Chaque système est génétiquement préprogrammé et répond à un nombre
réduit de déclencheurs naturels qui déclenchent des réactions instinctives
spécifiques.
Panksepp préfère parler de « désir » plutôt que de plaisir car il correspond à
ce que les physiologistes appellent les motivations appétitives, la recherche
de nourriture, d'un partenaire sexuel, etc. L'auteur rappelle qu'il y a plaisir
lorsque la peur ou la colère cesse et pour cette raison distingue entre plaisir
et désir ; mais cet argument est discutable et nous pouvonsdemandez s'il y a
un réel plaisir lorsque la douleur, la colère ou la peur s'arrêtent. On peut
donc penser en « trahissant » Panksepp, que d'une manière générale le désir
correspond chez l'homme aux besoins hédonistes des philosophes, la
recherche des plaisirs.
Le système de colère (rage, agressivité, etc.) a été le premiermier découvert.
L'ablation du cortex chez le chat (Magoun, 1954, cit. Magoun, 1960), du
bulbe olfactif chez le rat ou la stimulation électrique de certaines régions du
système limbique déclenchent chez l'animal un état de colère d'une violence
intense, appelées rage, qui se traduit par la mort de congénères à proximité,
sont les fameux rats « tueurs » (Karli, 1971). A l'état normal, les
instigateurs naturels sont l'irritation (blessure, douleur) et la frustration. Les
réactions correspondantes sont l'attaque et la lutte avec notamment chez
l'animal des morsures. Le cortex, comme certains stimuli (olfactifs chez le
rat, certainement visuels chez l'homme) modulent et inhibent les réactions
de rage paroxystique pour produire de la colère ou ce qu'on appelle
l'agressivité.
Conclusion
Le cortex, siège de l'apprentissage social et de la moralité, est désinhibé par
certaines substances, comme l'alcool. D'autre part, la personnalité
individuelle est minimisée, voire abolie dans un groupe. Cet ajout de
mécanismes de désinhibition explique pourquoi la violence
 
Peut apparaître autrement bien
« Bien rangé » comme les supporters de matchs ou en temps de guerre…
 
84.       De quoi avez-vous peur ou pleurez-vous ?
Neurobiologie et
biochimie des émotions...
 
Le système de contrôle de la peur (anxiété, anxiété, etc.) peut également
être déclenché par une stimulation intracérébrale et faire naître la peur d'une
souris chez un chat. Les instigateurs naturels semblent être la douleur et le
danger de destruction. Les réactions déclenchées sont soit la fuite lorsque
cela est possible, soit l'immobilité ; on connaît les diverses expressions
utilisées pour désigner cet état chez l'homme, jambes de coton ou jambes
bancales. Le but biologique du vol est évident, il permet à un prédateur de
s'échapper, mais on peut se demander quel est le but de l'immobilité
(l'autruche politique). Mais oui, l'immobilité peut sauver la vie et si vous
êtes fan de documentaires animaliers, vous savez que beaucoup d'animaux
ont des couleurs qui leur permettent de se fondre dans leur environnement,
c'est le mécanisme de l'homochromie (même couleur). Par exemple,
certains papillons ou chenilles se confondent avec l'écorce des arbres,
l'herbe ou le sable ; les plus impressionnants de ces stratèges de l'immobilité
sont le phasme, qui ressemble à une brindille, ou le caméléon qui prend les
couleurs de son support. Ces réactions sont sans doute l'origine lointaine du
fait de se cacher quand on a peur, de « se faire tout petit »… Les études
psychologiques ont toujours montré que la peur est une émotion très forte.
Les plus impressionnants de ces stratèges de l'immobilité sont le phasme,
qui ressemble à une brindille, ou le caméléon qui prend les couleurs de son
support. Ces réactions sont sans doute l'origine lointaine du fait de se cacher
quand on a peur, de « se faire tout petit »… Les études psychologiques ont
toujours montré que la peur est une émotion très forte. Le plus
impressionnant de ces stratèges de l'immobilité est le phasme, qui ressemble
à une brindille, ou le caméléon qui prend les couleurs de son support. Ces
réactions sont sans doute l'origine lointaine du fait de se cacher quand on a
peur, de « se faire tout petit »… Les études psychologiques ont toujours
montré que la peur est une émotion très forte. (plus fort que le désir). Ceci
est probablement dû à la sélection naturelle : un animal qui n'est pas timide
a toutes les chances d'être mangé et n'a pas le temps de transmettre ses
gènes. C'est sans doute pour cette raison que la peur, ou sa forme la plus
chronique chez l'homme, l'angoisse, l'anxiété, est certainement un système
très puissant et générateur de nombreux troubles comportementaux ou
mentaux ; selon les psychologues cliniciens, indépendamment de l'école ou
de la théorie, l'anxiété semble être le dénominateur commun de la maladie
mentale. un animal qui n'est pas timide a toutes les chances d'être mangé et
n'a pas le temps de transmettre ses gènes. C'est sans doute pour cette raison
que la peur, ou sa forme la plus chronique chez l'homme, l'angoisse,
l'anxiété, est certainement un système très puissant et générateur de
nombreux troubles comportementaux ou mentaux ; selon les psychologues
cliniciens, indépendamment de l'école ou de la théorie, l'anxiété semble être
le dénominateur commun de la maladie mentale. un animal qui n'est pas
timide a toutes les chances d'être mangé et n'a pas le temps de transmettre
ses gènes. C'est sans doute pour cette raison que la peur, ou sa forme la plus
chronique chez l'homme, l'angoisse, l'anxiété, est certainement un système
très puissant et générateur de nombreux troubles comportementaux ou
mentaux ; selon les psychologues cliniciens, indépendamment de l'école ou
de la théorie, l'anxiété semble être le dénominateur commun de la maladie
mentale.
 
 
Enfin, le quatrième circuit est le système de détresse (tristesse) et est plus
observé chez les singes et les humains. Le bon fonctionnement de ce
système correspond à des activités sociales, dont le fameux toilettage chez
les singes (toiletter les uns les autres) et le contact chez l'homme, des
poignées de main ou des tapes sur l'épaule aux caresses d'amour..
Biochimiquement, diverses hormones issues de l'hypophyse se propager
dans tout le cerveau et créer divers états émotionnels ; par exemple, la
vasopressine pourrait être l'hormone du désir sexuel (chez les mâles castrés,
les moitiés de la vasopressine dans le cerveau) tandis que l'ocytocine serait
l'hormone de l'instinct maternel (et du comportement nourricier chez les
mâles) et du plaisir sexuel.
 
A l'inverse, la détresse sociale est causée par le manque de contact social
(chaud et doux) et déclenche des pleurs,plaintes, panique et, chez l'homme,
angoisse existentielle. Ce système correspond également à des sites nerveux
car la stimulation intracérébrale chez le cobaye provoque des appels de
détresse. Panksepp, qui a travaillé avec des collègues sur ces émotions,
pense que
 

Les mécanismes biochimiques du système de détresse (tristesse et chagrin


chez l'homme) sont étroitement liés aux sites des endorphines
(neurotransmetteurs ressemblant chimiquement aux morphines et agissant
naturellement comme un système antidouleur, Guillemin, Rossier et
Chapouthier, 1982). Dans une série d'expériences sur différents jeunes
animaux (chiots, cobayes, etc.), l'auteur a montré que le nombre de
vocalisations de détresse diminue fortement par injection demorphine.
 

Nombre de vocalisations de détresse (en 5 min)

 
Conclusion
Ceci expliquerait la ressemblance comportementale entre dépendance
affective et dépendance aux opiacés, perte d'appétit, tristesse, bien connue à
chaque rentrée scolaire.
 
Cours de comportement des enfants à l'école et de comportement amoureux.
Comme le disait frère Laurent à Roméo, « l'amour des jeunes, en vérité,
n'est pas dans leur cœur mais dans leurs yeux… combien d'eau salée versée
en vain pour assaisonner l'amour qui ne le garde pas. goût ! » (Shakespeare,
Roméo et Juliette).
 
85.       Vos émotions sont-elles instinctives ?
Modèles sociaux
de réponses
 
Mis à part les modèles de réponse génétiquement programmés (par
exemple, le bruit de la peur), l'apprentissage, au sein de la famille ou à
l'école, fournit ce que la psychologie sociale appelle des modèles de
réponse.
 
Une expérience célèbre a bien montré le rôle initiateur de ces
Des « modèles » cognitifs de réponse grâce aux complices (Schachter et
Singer, 1962). Les sujets reçoivent une injectionmontée d'adrénaline mais
sont placés individuellement entre amis (personnes jouant un rôle selon les
instructions de l'expérimentateur). Les complices simulent soit la colère,
soit la gaieté. Les sujets, interrogés plus tard sur ce qu'ils ressentent,
attribuent leur état physiologique à l'atmosphère spécifique qu'ils viennent
de rencontrer : l'émotion qu'ils ressentent est en fait celle de leurs amis.
Bien que cette expérience soit limitée par les réactions physiologiques
qu'elles déclenchent (uniquement les effets du système nerveux
sympathique), les auteurs montrent ainsi l'importance des modèles cognitifs
qui modulent ou déterminent l'interprétation de ces réactions
physiologiques.
 
Conclusion
Le psychologue Lazare précise l'idée que la variété des sentiments apparaît
par diversification d'une émotion selon le contexte psychologique.
Premièrement, l'événement est ou n'est pas pertinent pour l'individu. Selon
les modèles appris, l'émotion est positive ou négative ; par exemple,
l'araignée est souvent un objet de répulsion mais elle représente une
attraction pour l'entomologiste.

Dérivation de différentes émotions ou sentiments selon des significations


cognitives (Lazarus, 1991, cit. Oatley et Jenkins, 1996)
 
 
Ensuite, c'est essentiellement l'implication de l'ego qui affinerait les
sentiments et les émotions. Joie survenant sans implication, fierté lorsqu'il y
a une augmentation de l'estime de soi ; l'amour, enfin, quand il y a de
l'affection partagée. Inversement, pour les émotions ou sentiments négatifs,
la colère résulterait de la destruction de soi, la peur serait déclenchée par
l'auto-attaque et la tristesse résulterait de la destruction de l'image de soi.
 
86.       Qui déclenche l'autre :
87.       Sentiment ou réaction physiologique ?
Vitesse des réponses nerveuses et hormonales
 
Les philosophes et les premiers psychologues se posaient souvent la
question de savoir quelles réactions physiologiques ou sentiments étaient
les premiers, les seconds étant une simple conséquence (Fraisse, 1965).
Dans une perspective moderne, le double visage de l'émotion peut
s'expliquer en termes de processus parallèles. Différents centres de soins
sont alertés par une situation en mouvement et déclenchent simultanément
des mécanismes végétatifs et cognitifs, éventuellement en interaction. Il
n'est pas nécessaire de penser que c'est une catégorie qui déclenche l'autre.
 
Le système nerveux est composé de deux grands systèmes, lesystème
nerveux central avec la majeure partie du cerveau et de la moelle épinière
qui transporte les informations à l'intérieur de la colonne vertébrale à travers
les nerfs jusqu'aux muscles : c'est l'activité volontaire, la marche, la
course… Le deuxième système, dit autonome, car peu ou pas
volontairement contrôlé, dirige notre vie végétative et affective. Il est lui-
même constitué de deux voies, le système sympathique (ou
orthosympathique) et le système parasympathique. Les physiologistes ont
d'abord cru que les systèmes sympathique et parasympathique étaient
antagonistes ("para" comme dans le paratonnerre ou le parachute, signifie
" contre "). Maïsdes recherches récentes montrent qu'elles sont relativement
indépendantes et ont leur propre spécificité. Le parasympathique est
principalement utilisé pour les fonctions végétatives, par exemple la
digestion (salivation, sécrétions gastro-intestinales.intestinale...). Alors que
le sympathique préfère agir
 
comme régulateur, par exemple du maintien contre le froid, et serait actif
dans les "circonstances critiques", exercice violent, peur, colère, etc., ce
qu'on appelle actuellement
"Stress". Le système sympathique agit parnerfs traversant la moelle épinière
et libérant à leurs terminaisons des neurotransmetteurs, dont l'adrénaline qui
fait battre le cœur (cf. certains dopage sportifs). Cet axe sympathique libère
les réserves énergétiques du foie, augmente le rythme cardiaque et dilate les
vaisseaux, pour préparer en quelques secondes les muscles à l'action, dans
la colère ou la peur, mais aussi dans l'acte sexuel.
Mais il existe un autre axe de contrôle, appelé
"Corticotrope". Plus lente car hormonale (Mormède, 1989), elle met un
quart d'heure à se mobiliser car les hormonesvoyage dans le sang plus
lentement que la vitesse de l'influx nerveux. Elle débute dans le cerveau
végétatif (hypothalamus) et aboutit, suite à une cascade de sécrétions, dans
les hormones du cortex surrénalien (glandes situées au-dessus des reins), les
corticoïdes, qui sont les hormones du stress.
 
 
Conclusion
Voici un excellent exemple de processus parallèle : les réactions nerveuses
sont très rapides (par exemple, palpitations cardiaques) tandis que les
réactions hormonales sont lentes. La vitesse n'est pas la même, les réactions
n'apparaissent pas dans le même ordre : les hormones voyagent moins vite
que l'influx nerveux : il faut un quart d'heure aux hormones pour voyager
dans les vaisseaux sanguins tandis que la vitesse de l'influx nerveux est en
moyenne à cinquante mètres par seconde, cinq fois plus rapide que les
sprinteurs du cent mètres (un peu moins de dix secondes pour cent mètres,
soit dix mètres par seconde).
 
Cela explique certaines des bizarreries de nos réactions émotionnelles.
Pour éviter un carambolage, vous pouvez réagir très vite en freinant et en
vous mettant sur la voie d'urgence (canaux nerveux rapides) et après (rôle
lent des hormones) ayant les jambes en coton et envie de vomir… D'où le
fameux poste -choc traumatique après le danger...
 
88.       Est-il vrai qu'un grand malheur peut vous rendre malade ?
Stress : système d'urgence
 
Le mot « stress » a été proposé par le Canadien Hans Selye pour désigner
les réactions d'adaptation de l'organisme face à des événements
désagréables. Ces réactions produisent des modifications nerveuses et
hormonales très intenses se traduisant notamment par la sécrétion
d'hormones corticostéroïdes (hydrocortisone) par les glandes surrénales (au-
dessus des reins). Ces hormones corticostéroïdes libèrent de l'énergie, du
glucose, des tissus musculaires, osseux et lymphoïdes des os qui renforcent
le système immunitaire. A tel point que le stress entraîne une série de
maladies diverses, de la perte musculaire ou osseuse au déclin du système
immunitaire... Le système de stress est un système normal mais qui en cas
d'excès ou de répétition d'alertes ou d'émotions chroniques, devient un
système d'urgence et de dernière chance,
 
Ainsi, il a été montré, chez le rat, que le stress provoque une atrophie de
l'hippocampe par la lésion de certains neurones spécifiques qui sont utilisés
pour l'enregistrement à long terme. D'autres chercheurs ont montré les
mêmes effets chez les soldats selon la durée de leur vie au combat.
 
 
 

Volume de 12l'hippocampe
(En ml) dix
 
8
 
6
 
4
 
2
 
0
0 dix 20 30 40
 
Mois de combat
 
Atrophie hippocampique en fonction du stress (mois de combat) (simplifié
selon Bremneret al., 1995)
 
Conclusion
Ces faits confirment l'observation populaire qu'un grand malheur rend
malade ou même cause la mort, par exemple la perte d'un conjoint. Des
études médicales ont ainsi produit une échelle de stress, dont voici quelques
exemples dans le tableau ci-dessous.
 
Exemples d'échelle de stress dans une enquête américaine (d'après Dixon,
1990)
 
Événement Placer dans
l'échelle
Décès du conjoint 1Dsquare
Divorcé 2ecarré
Maladie grave ou 7ecarré
accident
Perte d'emploi 9ecarré
Disputes avec un conjoint 16ecarré
Décès d'un ami proche 17ecarré
Départ d'un enfant 22ecarré
L'ennui avec un 26ecarré
superviseur au travail
Vacances 41esquare
On peut donc prévoir que le stress, au travail ou à l'école et même dans
certaines activités a priori « ludiques » comme le sport, peut être dangereux.
Plusieurs rapports montrent la face cachée de la compétition au travail ou
dans le sport où l'élitisme exacerbé entraîne une série de maladies, dont les
maladies cardiovasculaires. Comme le dit la chanson d'Henri Salvador, « le
travail c'est la santé, ne rien faire… c'est le garder… ! "
 
61.                               " Le
cœur a ses raisons que la raison ignore… " L'émotion et la raison
« Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît pas. Cette fameuse formule
de Pascal a donné l'impression de
 
Des générations où la raison et l'émotion étaient indépendantes et que l'idéal
de l'homme intelligent serait celui d'un individu froid, dépourvu d'émotions.
 
Mais l'observation de cas cliniques par les neurologues Antonio et Hanna
Damasio (Damasio, 1995) montre leur interaction, qui va dans le sens des
théories cognitives. Le point de départ de la théorie de Damasio est
l'observation d'un jeune homme "Elliot" qui, suite à une lésion du cortex
frontal, n'a ressenti aucune émotion, était froid et détaché même si on le lui
demandait. Affaires personnelles. Alors que son intelligence apparaissait
normale dans les tests et pleinement au courant de l'actualité, sa vie fut un
désastre, une faillite et un divorce, en raison de ses mauvais choix et de ses
réactions.
Cependant, cette observation clinique faisait penser à un cas célèbreen
neurologie, le cas de Phinéas Gage. Travaillant à la construction d'une ligne
de chemin de fer, une barre de mine de six pieds lui transperça le crâne en
1848. Il se remet de ce terrible accident, mais devient extrêmement grossier,
perdant tout sens moral. La reconstruction par imagerie cérébrale de son
cerveau, à partir de son crâne préservé, a révélé que la lésion occupait à peu
près la même région frontale que chez Elliot, la région ventrale et médiane
du cortex frontal.
 
Conclusion
Damasio conclut que cette zone du cortex frontal intègre des valeurs
émotionnelles à la connaissance et permet une prise de risque, une
responsabilité, ce qui est en phase avec le surmoi de Freud et les valeurs de
l'apprentissage social.
 
89.       Bossy JF recherche JH timide… Qu'est-ce que la personnalité ?
Les cinq grands
facteurs de personnalité
 
La personnalité dans son acception la plus générale désigne l'ensemble de
toutes les caractéristiques de l'individu : sensorimotrices, par exemple,
aptitudes sportives ou artistiques ; cognitif : aptitudes ou intérêts
intellectuels ; émotionnel : tempérament anxieux (craineux) ou colérique…,
et enfin les attitudes et valeurs sociales qui dépendent de la société. Dans un
sens plus restrictif, la personnalité ne décrit que les aspects affectifs
(motivations et émotions) et sociaux, c'est le tempérament ou le caractère,
avec l'idée que les individus ont un comportement assez stable dans les
situations sociales.
Tenter d'expliquer la personnalité (ou le caractère) date de l'Antiquité.
Ainsi le personnage chez le médecin grec Hippocrate (Ve siècle av. J.-C.) et
repris par Galien (médecin grec du IIe siècle après J. nez) ou des mucosités
et de la bile atrabile ou noire. Ces quatre humeurs donnent aux personnages
sanguins, colériques, flegmatiques et mélancoliques, toujours présents dans
le vocabulaire, « être de mauvaise humeur », « avoir de la mauvaise humeur
», ou avoir de la mauvaise humeur.
"Biliousness"...
 
Gentil, méchant, gentil, froid, altruiste, têtu, bohème... Face à l'extrême
diversité des mots désignant le personnage, les chercheurs contemporains
procèdent comme dans un jeu de sept familles, et tentent de regrouper des
mots qui signifient la même chose, sympa, sympa... Technique-
 
Une analyse statistique largement utilisée est appelée analyse factorielle, et
les familles qu'elle identifie sont appelées fac-tors de la personnalité. Ce
courant est basé sur une méthode des années trente (Allport), fondée sur
l'idée que les multiples facettes de notre personnalité sont bien représentées
dans un vocabulaire construit au fil des siècles : gentil, sérieux, sentimental,
agressif… En supprimant les synonymes et instable ou des états vagues,
quelques centaines de mots sont retenus (environ quatre cents), à partir
desquels sont construits des questionnaires, par exemple :
–  Je me réveille d'un rêve à l'autre (pour le trait « fantasme »);
–                                Parfois j'avais l'impression de venir d'ailleurs (dépression) ;
–  Je suis une personne très sensible (sentimentale) ;
–  Je suis quelqu'un d'ouvert (chaud).
Afin de se prémunir contre la subjectivité (et le manque de sincérité) des
sujets, les questionnaires sont également complétés par descamarades pour
vérifier si les individus répondent de manière suffisamment objective.
Dans cette recherche, dont les Américains Costa et Mc Crae ont été les
pionniers, cinq facteurs majeurs ont été retrouvés : l'extraversion ou le
bouillonnement (facteur I), agréable (facteur II), consciencieux (III), la
stabilité émotionnelle (IV) et l'ouverture d'esprit ( V). D'autre part (facteur
négatif), le facteur dénote le caractère opposé, par exemple le névrosisme
opposé à la stabilitéémotionnel, introversion opposé à l'extraversion. Voici
des exemples d'adjectifs de vocabulaire courants correspondant à ces
facteurs.
 
Le « jeu des sept familles » de la personnalité : les cinq principaux facteurs
de personnalité
Personnage Pôle positif Pôle négatif et les principaux adjectifs qui
leur correspondent (synthèse
Extraverti Extraverti Introverti
d'après John, 1990, cit.
  Chaleureux Calmer
Huteau, 2006) (Johnson,
  Social réserve
1994 ; Borkenau et
  actif   Ostendorf, 1989, cit. Lieury,
  Bavard   2008)
  Assuré    
Agréable Agréable Désagréable

  Amical Méfiant

  Type Froid

  Apprécié Hostile

  Digne de confiance  

  Fidèle  

  Altruiste  

  Modeste  

  Tendre  

Consciencieux Consciencieux Bohême

  Organisé Insouciant

  Méticuleux Désordonné

  Efficace Irresponsable

  Compétent  

  Commandé  
 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Conclusion
Comme dans les théories modernes de la personnalité, ces cinq grands
facteurs de personnalité sont conçus comme des dimensions avec un pôle
positif et un pôle négatif opposé, l'individu pouvant se situer plus ou moins
loin le long de cette dimension. Par exemple, le facteur IV est la stabilité
émotionnelle lorsqu'il est positif et correspond au névrosisme (=
émotionnellement instable et très anxieux) pour les individus qui ont un
caractère opposé (facteur IV-). Un individu peut ainsi être très anxieux,
moyennement anxieux ou très peu anxieux… Aux tests, il y a une note sur
dix. La plupart des gens sont notés 5/10, c'est-à-dire qu'ils sont modérément
stables et émotifs. Le facteur d'extraversion (ou bouillonnement) I avait déjà
été découvert par le psychiatre anglais Hans Eysenck, qui s'est inspiré d'un
psychanalyste,
 
Mais dans ces derniers, extravertis et introvertis correspondaient à des types
purs : l'extraverti typique étant sociable, insouciant, décomplexé, tandis que
l'introverti typique est calme, réservé et préfère l'intimité. De même,
Eysenck avait trouvé, dans ses analyses en milieu psychiatrique, un facteur
de névrosisme ou d'instabilité émotionnelle, très corrélé à l'anxiété, à
l'irritabilité, et à la tendance à avoir des symptômes somatiques. Un
mécanisme neurobiologique de ce trait psychologique pourrait bien être un
dysfonctionnement ou une insuffisance des mécanismes du
neurotransmetteur GABA (acide gamma-amino-butyrique) qui est très
abondant chez les vertébrés (45% des synapses du cerveau seraient de ce
type) car ce neurotransmetteur est un agent calmant naturel. De plus, les
tranquillisants ou les hypnotiques,
 
90.       Sentimental, chaleureux, discipliné... Comment expliquer la variété
Facettes de la personnalité ? Les cinq principaux facteurs de
personnalité et leurs interactions
Historiquement, les littéraires comme les psychologues ont commencé par
décrire des types, c'est-à-dire des profils de personnalité très caractérisés,
l'avare chez Molière, le jaloux chez Shakespeare, le paranoïaque ou
l'hystérique du psychiatre ou du psychanalyste. Or, dans la recherche
contemporaine, il apparaît que les jaloux ou le parfait avare sont rares et
que les individus ont une pluralité de facettes, que l'on essaie de différencier
par l'analyse factorielle, du « jeu des sept familles » des chercheurs
(question précédente).

 
Mais ce n'est pas parce qu'il n'y a que cinq composants majeurs de notre
personnalité que les personnages sont simples. Rappelez-vous (chap. «
Perception ») que nous voyons toutes les couleurs lorsque nous n'avons que
trois récepteurs, rouge, bleu et vert. Car certaines facettes de notre
personnalité correspondent parfois à des facteurs purs mais le plus souvent
à des combinaisons de facteurs. Par exemple, l'anxiété, tempérament très
fréquent dans la pathologie et les états limites, correspond au facteur pur car
elle est statistiquement fortement corrélée au facteur d'instabilité
émotionnelle (ou névrosisme). De même, esthète ou idéaliste correspond
purement au facteur d'ouverture (V). Mais d'autres traits de caractère
apparaissent comme des combinaisons : être chaleureux, tendre ou altruiste.
 
 
Une représentation schématique des cinq facteurs majeurs, sous forme
d'étoile, permet à la fois de représenter quelques facettes pures de la
personnalité et d'autres qui correspondent à un mélange de deux facteurs.
L'étoile extérieure (gris clair) représente le pôle positif des facteurs et
l'étoile intérieure (gris foncé) représente les pôles négatifs. La symbolique
du schéma en forme d'étoile est naturellement arbitraire, j'aurais pu choisir
le pentagone, mais n'est-ce pas une meilleure étoile pour prédire la
personnalité qu'un horoscope !
On imagine le nombre de combinaisons que ce modèle peut produire, ce
qui illustre l'extrême variété de notre personnalité. Ainsi, chaque trait de
caractère est noté de 1 à 10 dans les tests. Un tel artiste, par exemple,
pourrait être extraverti (7/10), mi-agréable (5/10), bohème (8/10), très
émotif (7/10) et très imaginatif (9/10). Un tel homme politique pourrait être
introverti (3/10 en extraversion), antipathique (2/10 pour le personnage
agréable), très ordonné (8/10), peu émotif (10/10) et peu ouvert (4/10) . 1.
Chaque ligne peut être graduée de 1 à 10, cela représente 100 000
combinaisons (10  10  10  10  10), bien plus que les horoscopes de
votre voyante préférée !
 
91.       La graphologie est-elle un bon test de recrutement ?
La validité de la graphologie comme test de recrutement
Au pays de Proust et Colette, la graphologie est reine, un peu moins au pays
de la Bande Dessinée, comme au pays de
 
 
1. Comme on dit dans les films, toute ressemblance avec une personnalité
existante est purement fortuite...
 
Cinéma hollywoodien, la lecture de personnage par écrit n'est pas très
réussie.
Voici quelques exemples de pays utilisant la graphologie dans le
recrutement de personnel, selon une synthèse très documentée réalisée par
Michel Huteau, spécialiste français de la personnalité :
    Pourcentage  
Pays Taille de l'enquête utilisant la Usage de la
graphologie graphologie dans le
La France 42 grandes 93% monde : synthèse
entreprises (d'après diverses
et 60 armoires sources citées par
Suisse 800 responsables du 41 à 77% Huteau, 2004, p. 30-
personnel 33) Comme le note
Huteau (2004, p. 32),
la 64 entreprises et 25 36%
l'utilisation de la
Belgique entreprises
graphologie est
Israël Tous les responsables 25% entravée aux États-
du Unis en raison d'une
personneldu législation qui exige la
pays preuve de l'efficacité
Angleterre 158 entreprises 3% d'une méthode (ce
Hollande 744 entreprises 3% qu'on appelle « validité
Norvège 61 entreprises 3% empirique » en
États Unis enquête de 1980 2,8% psychométrie).
enquête de 1997 Rare Cependant, les
Allemagne 88 entreprises 2% recherches, depuis le
début du 20ème siècle,
se sont accumulées pour démontrer que la graphologie prédit à
 
Chance (corrélation de 0) adaptation au travail : voici une synthèse faite par
des chercheurs américains sur un grand nombre d'études. Aurait-on l'idée de
recruter un médecin sur la base de son écriture ?
 
Méthodes Corrélation
Échantillon de travail 0,38 à 0,54
Tests d'aptitude .53
Examen par les pairs et .43
supérieurs
Tests d'intelligence générale .25 à .45
Les références 0,17 à 0,26
Maintenance .14 ​à .23
Questionnaire de personnalité .15
Intérêts .dix
Auto-évaluation .15
Graphologie .00
Validité des méthodes de recrutement (adapté de Robertson et Smith, 1989,
cit. Huteau, 2004)
 
Notons au passage que les questionnaires de personnalité et d'intérêt ne
prédisent pas mieux (une corrélation inférieure à 0,25 est négligeable)
l'adéquation du profil d'une personne à un emploi. Essentiellement, les
compétences intellectuelles sont les meilleurs prédicteurs de la réussite
professionnelle. Peu importe qu'un architecte ou un ingénieur soit timide ou
extraverti, s'il est brillant dans son art. D'ailleurs, on est souvent déçu en
lisant les biographies de célébrités dont le caractère quotidien n'apparaît pas
à la hauteur de leurs productions artistiques !
 
92.       Pouvez-vous lire votre personnage dans votre écriture ?
Corrélation entreécriture et personnalité
Dis-moi comment tu écris et je te dirai qui tu es ! L'écriture ne présage pas
du succès au travail, mais peut-être qu'écrire révélerait simplement le
caractère ? A l'image de l'analyse de Michel Huteau, les relations entre
graphisme et personnage ne sont pas établies scientifiquement par des
graphistes mais sont symboliques et analogiques. Huteau relève ainsi dans
le manuel de graphologie de Jacqueline Peugeot des analogies purement
intuitives entre la qualité perçue de l'écriture et le caractère.
 
Exemples de correspondances analogiques entre écriture etpersonnage
(d'après J. Peugeot, cit. Huteau, 2004, p. 117)
 
L'écriture Personnage
Écriture "Affectivité ouverte...
veloutée sensibilité"
Belle écriture « Discrétion… attitude
accueillante…avertir
... "
Ligne floue "Image d'une personnalité
incertaine"
L'écriture "Passion... excès..."
emportée
Etc.  
Dans ce type de présentation, le caractère correspond sémantiquement au
qualificatif attribué à l'entrée. Si l'écriture est fine, la personne est discrète,
l'écriture s'emporte et le personnage l'est aussi... C'est un pur jeu de
synonymes.
Cependant, dès 1919, des recherches ont été menées pour examiner la
relation entre l'écriture et le caractère.
 
Dans l'étude de Hull et Montgomery (1919, cit. Huteau, 2004, p. 175), qui
selon Huteau a grandement contribué à discréditer la graphologie, une série
de traits de caractère est corrélée à dix aspects de l'écriture., la corrélation
moyenne est nulle. (- .16). Les mêmes résultats se sont accumulés dans
différentes recherches jusqu'à nos jours. Ainsi, dans une synthèse de Dean
ne retenant que les études satisfaisant à certains critères (calcul d'une
corrélation ; contenu neutre de la lettre), la corrélation moyenne sur onze
études est encore nulle (.08) (Dean, 1992, cit. Huteau, p. .183).
L'écriture n'indique rien de procédés supérieurs, ni intelligence, ni
caractère... Par la naïveté de ses principes, la graphologie ne fait que révéler
le manque de formation scientifique de ceux qui l'emploient. Huteau note
(p. 25) que la durée totale de la formation d'un graphologue est de 180
heures, contre environ 2 500 pour la formation de psychologue à l'université
(master professionnel = bac + 5).
 
93.       Les signes du zodiaque peuvent-ils prédire votre caractère ?
Corrélations entre vrais jumeaux et jumeaux fraternels
Si, selon un sondage1, peu de personnes croient que les astres déterminent
notre avenir (29% des interrogés y croient contre 68% qui n'y croient pas),
en revanche, près de la moitié des interrogés (46%) pensent que les
caractères s'expliquent par les signes astrologiques (contre 49%), et 58%
pensent que l'astrologie est une science !
 
1. SOFRES pour Le Figaro-Magazine, 1993.
 
Quelles étoiles prédisent le personnage ? Très peu, puisque parmi les
milliards d'objets célestes, galaxies, quasars, nébuleuses, trous noirs, etc., ce
ne sont que les douze constellations du zodiaque (peut-être quelques
planètes et la lune chez les astrologues professionnels) qui influenceraient
le personnage. Pourquoi ces constellations et pourquoi pas la Grande Ourse,
la Petite Ourse, Cassiopée et le Dragon qui, dans notre hémisphère, sont
toujours au dessus de nos têtes quelle que soit la saison et l'heure ?
Les astronomes égyptiens avaient découvert l'écliptique, ou cercle
apparent de la course du soleil dans le ciel au cours de l'année. Douze
constellations se trouvent sur cette écliptique, les fameux signes du
zodiaque. D'ailleurs, les astronomes notent qu'il y en a en réalité treize, le
treizième étant Ophiucus, dont les astrologues ne tiennent toujours pas
compte (Broch, 2005). Les constellations du zodiaque sont situées à la
hauteur de l'équateur et par conséquent sont peu visibles dès que l'on
remonte vers le pôle Nord 1. Si le Scorpion est très visible dans les pays
méditerranéens (Mésopotamie, d'où viennent les astrologues , est l'Irak
actuel) comme en Grèce et bien visible dans le sud de la France, cette
constellation est quasiment invisible au dessus de la Loire tant qu'il y a des
immeubles ou des arbres à l'horizon.
De plus, ces formes approximatives (la Grande Ourse ressemble plus à
une casserole), n'existent que vues de la terre car les étoiles d'une
constellation sont parfois très éloignées les unes des autres. Donc pour
prendre l'exemple de la constellation du Scorpion, Alpha (Antarès) est à
520
 
 
1. Remerciements à Jean-Noël Conan, ancien navigateur et professeur de
navigation maritime pour son cours d'astronomie à l'Ecole marchande de
Saint-Malo.
 
Des années-lumière tandis que l'étoile Beta est à 600 années-lumière et
l'étoile Nu (= lettre grecque) est à 400 années-lumière. Par comparaison,
cent années-lumière, c'est dix millions de fois plus loin que la distance
Terre-Soleil. Vu d'un vaisseau spatial venant d'une autre direction, nos
constellations n'existeraient plus...
 
A ceux qui ne sont pas sensibles aux arguments astronomiquesc, la méthode
psychologique des jumeaux est plus spécifiqueque. Par définition, les
jumeaux sont des enfants nés à la même date, donc sous le même signe du
zodiaque, des jumeaux identiques (monozygotes : de « zygote » qui signifie
« œuf » en biologie) mais aussi des jumeaux fraternels (dizygotes). Et
pourtant les vrais jumeaux se ressemblent parfaitement biologiquement, très
fortement en termes d'intelligence, alors que les frères jumeaux ne se
ressemblent pas (en moyenne) plus que de simples frères et sœurs nés sous
des signes différents.
En termes de caractère, des études, portant parfois surdes milliers de paires
de jumeaux, ont établi la ressemblance (corrélations) des deux jumeaux
entre eux, pour les cinq facteurs majeurs du caractère.
 
Corrélations entre jumeaux identiques et fraternels pour les cinq
principaux facteurs de personnalité (selon Plominet al., 1990, cit. Huteau,
2006)
 
  Jumeaux Jumeaux
monozygotes dizygotes
Extraversion .51 .18
Névrosisme .48 .20
Ouverture .51 .14
La .41 .23
conscience
Caractère .47 .11
agréable

 
Les résultats montrent que les jumeaux identiques se ressemblent
(environ 0,50) et que les jumeaux fraternels ne se ressemblent pas (les
corrélations inférieures à 0,25 sont négligeables). Bien que nés sous les
mêmes étoiles, les jumeaux fraternels n'ont pas du tout le même caractère
(en moyenne 1) !
 
Conclusion
Pour éviter que l'humanité ne retombe dans ces croyances, les astronomes
du XIXe siècle ont donné quelques noms d'objets aux constellations de
l'hémisphère sud, comme la croix austral, l'échelle, l'octant, la boussole…
C'était sans compter sur la force de irrationalité humaine; ainsi les natifs de
l'île de la Réunion (territoire français proche de Madagascar), qui sont nés
sous le Toucan ou la Croix-du-Sud, regarderont encore leur horoscope dans
les magazines de la métropole en fonction de leur date de naissance.
Naissance alors que les signes du zodiaque sont soit invisibles (hémisphère
nord) soit apparaissent avec un décalage de six mois (par exemple, si le
Scorpion apparaît en juillet dans l'hémisphère nord, il est invisible à cette
période dans l'hémisphère sud) tout comme c'est l'été à Noël.
En conclusion, sur le plan astronomique, rien ne permet d'établir une
quelconque relation entre les constellations du zodiaque et le personnage.
Ce ne sont pas les étoiles qui déterminent la personnalité, mais l'hérédité et
l'éducation.
 
 

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