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Sous la direction de Thibaud Etienne

Licence
de Sciences
Maths pour les sciences • Physique • Chimie
Géosciences • Sciences de la vie
© Dunod, 2020
11, rue Paul Bert, 92240 Malakoff
www.dunod.com
ISBN 978-2-10-081109-0
Table des matières
Les selfies des auteurs  VII
Préambule  X
Remerciements  1

Méthodologie scientifique
1
Partie

CHAPITRE
Introduction à l’analyse dimensionnelle  4
1 1   Grandeurs physiques, dimensions et unités  4
2   Les préfixes d’unités et les ordres de grandeur  7
3   Homogénéité des expressions en sciences  8
4   Quelques constantes  9
CHAPITRE
La résolution d’un exercice  10
2 1   Lecture attentive de l’énoncé  10
2   Résolution du problème  10
3   Répondre à la question posée  11
4   Mise en situation  12
CHAPITRE
LA Démarche scientifique  15
3 1   La méthode scientifique  15
2   Le sens de l’esprit critique  16
CHAPITRE
Savoir communiquer  19
4 1   Rigueur du langage, précision du vocabulaire  19
2   Expression rigoureuse d’une grandeur numérique  20
3   Les schémas, les graphes, les tableaux  21

Mathématiques pour les sciences


2
Partie

CHAPITRE
Éléments d’algèbre  24
5 1   Les nombres  24
2   Les symboles  25
3   Vers un langage formel  27
4   Intervalles et ensembles  27
5   Les opérations  28
6   Racine carrée et puissance d’un nombre  33
7   Les produits remarquables  34
8   Les (in)équations  35

III
CHAPITRE
Géométrie et calcul vectoriel  40
6 1   Les angles géométriques  40
2   Propriétés de formes géométriques élémentaires  41
3   Introduction au calcul vectoriel  47
4   Orientation du plan, cercle trigonométrique et angles orientés  52
5   Retour au calcul vectoriel : le produit scalaire  57
CHAPITRE
Analyse  59
7 1   Les suites numériques  59
2   Variations et convergence d’une suite  60
3   Fonction réelle d’une variable réelle  62
4   Calcul différentiel  71
5   Calcul intégral  78
6   Fonctions usuelles  82

Physique
3
Partie

CHAPITRE
La mécanique du point matériel  96
8 1   La cinématique du point  96
2   La dynamique du point matériel  100
3   Puissance, travail et énergie en référentiel galiléen  111
CHAPITRE
les ondes  121
9 1   Les ondes mécaniques  122
2   Les ondes électromagnétiques  122
3   Les ondes progressives  123
4   Les ondes progressives sinusoïdales  124
CHAPITRE
L’optique Géométrique  129
10 1   De l’optique ondulatoire à l’optique géométrique  129
2   Propagation de la lumière  133
3   Instruments d’optique  140
4   Les lentilles minces  145
5   Application des lentilles minces  149

Chimie
4
Partie

CHAPITRE
L’alphabet du chimiste  154
11 1   Qu’est-ce qu’un élément chimique ?  154
2   Classer pour prévoir  156
3   De quoi est fait un atome ?  158
4   Prévoir les propriétés des éléments  165

IV
CHAPITRE
Les Composés chimiques  168
12 1   Les différents types de liaisons chimique  168
2   Écrire des formules chimiques  173
3   Nommer les composés  176
CHAPITRE
Les transformations de la matière  181
13 1   Modélisation par une équation chimique  181
2   Quelques grandes catégories de transformations  184
CHAPITRE
Les aspects quantitatifs  189
14 1   Quelques grandeurs importantes en chimie et leurs unités  189
2   Calculs basés sur la réaction chimique  195
3   Application au cas d’un titrage  201

Géosciences
5
Partie

CHAPITRE
Présentation générale et spécificités  206
15 1   Une science de l’observation  207
2   Durée et dimension des processus  209
3   Attention au vocabulaire  213
CHAPITRE
Outils mathématiques, PHYSIQUES ET CHIMIQUES  215
16 1   Outils mathématiques pour les géosciences  215
2   La géophysique  219
3   La géochimie  223
CHAPITRE
Dynamique de la planète Terre  231
17 1   La planète Terre  231
2   La dynamique du globe  242

Sciences de la vie
6
Partie

CHAPITRE
Anatomie humaine  254
18 1   Présentation générale  254
2   Quelques définitions et ordres de grandeur  255
3   Les systèmes du corps humain  256
4   Un système particulier : le système immunitaire  257
CHAPITRE
Organisation générale de la cellule  260
19 1   Organisation des cellules procaryotes  261
2   Organisation des cellules eucaryotes  262
3   Les caractères distinctifs entre cellules procaryote et eucaryote  264

V
CHAPITRE
L’information génétique et son expression  266
20 1   Acides nucléiques : ADN et ARN  266
2   Les protéines  268
CHAPITRE
Les différents processus de division cellulaire  273
21 1   La mitose  273
2   La méiose  275
CHAPITRE
La diversité du vivant  277
22 1   La diversité génétique intra-spécifique  277
2   Facteurs et mécanismes influençant la biodiversité  278
3   Diversité du vivant et évolution de la biodiversité  282
CHAPITRE
Grandeurs et conversions utilisées en biologie  285
23 1   Focus sur le dalton  285
2   Préparation d’une solution  285
CHAPITRE
Résoudre une problématique en biologie  288
24 1   Tracé d’un graphe  288
2   Analyse de documents issus d’expériences en biologie  289

Index  293
Crédits iconographiques  299

VI
Les selfies des auteurs
Je suis maître de conférences en chimie théorique à l’université de
Thibaud Etienne Montpellier, où j’enseigne principalement le calcul en première an-
née de Licence, la mécanique et la chimie quantiques en Licence et
en Master. Mes recherches portent sur la construction et l’utilisation
de modèles mathématiques permettant de décrire et prédire ce qui
se produit lorsque des molécules interagissent avec la lumière.

Titulaire d’un doctorat de microbiologie de l’université d’Aix-­


Jean-Luc Aymeric Marseille I, je suis enseignant-chercheur à l’université de Montpellier.
J’enseigne la microbiologie et l’immunologie, notamment sur les
thématiques d’interactions hôtes-microorganismes. Depuis plus de
dix ans, je suis responsable de la Licence des Sciences de la Vie et j’ai
également assuré la responsabilité d’un Master de Biotechnologie,
puis d’un Master de microbiologie. J’interviens également dans les
préparations aux différents concours de l’enseignement (agrégation,
CAPES et CAPET). Au sein de l’UMR, je m’intéresse à l’échappement
immunitaire des bactéries entéropathogènes qui vivent en symbiose
avec des nématodes.

Je suis professeur à l’université de Montpellier, où j’enseigne en Li-


Rodolphe Cattin cence et en Master la géodynamique, la géophysique et les risques
naturels. Mes recherches portent sur la dynamique actuelle des
chaînes de montagnes, notamment sur le rôle des phénomènes
extrêmes comme les séismes et les crues éclair en Himalaya. J’ai
commencé ma carrière à l’École Normale Supérieure de Paris, où
j’ai pendant plusieurs années assumé la responsabilité de directeur
des études du magistère interuniversitaire des sciences de la Terre.
Depuis dix ans, j’anime en première année de Licence des cours inte-
ractifs permettant de faire découvrir aux étudiants les grands enjeux
sociétaux que doivent relever les géosciences. L’idée est de faciliter
la transition lycée-université en étant en prise directe avec les re-
cherches actuellement menées pour comprendre le dérèglement
climatique, répondre aux besoins énergétiques et minéraux, mieux
gérer les ressources en eau et favoriser un aménagement réfléchi du
territoire prenant en compte les risques naturels.

Je suis professeure agrégée à l’université de Montpellier et docteure


Anne-Laure Dalverny en chimie théorique. Formée à l’École Normale Supérieure de Ca-
chan, j’enseigne aujourd’hui la chimie en Licence et en Master à la
Faculté des Sciences de Montpellier. Responsable du Master MEEF
Physique-chimie, je prépare les étudiants aux concours de l’ensei-
gnement. Depuis plusieurs années, je suis également impliquée
dans des enseignements de remédiation à destination des étudiants
en première année de Licence.

VII
Je suis enseignant-chercheur en physique théorique dans l’équipe
Jérôme Dorignac « Systèmes Complexes et Physique Non linéaire » du laboratoire
Charles Coulomb de l’université de Montpellier. Je travaille sur des
thèmes de recherche assez variés comme les excitations non li-
néaires classiques et quantiques, la dynamique des nano-leviers ou
encore des problèmes à l’interface entre physique et biologie. De-
puis un peu plus de dix ans, je consacre une part importante de mes
activités à l’enseignement de la physique et du calcul en Licence 1.
J’ai notamment créé et mis en place une UE de calcul destinée aux
étudiants de première année de l’université de Montpellier. J’inter-
viens également comme responsable de la physique dans le « par-
cours d’adaptation » qui propose une remise à flot scientifique en
Licence 1 et je participe régulièrement à des dispositifs de soutien ou
de transition lycée-université. Enfin, je m’intéresse aussi beaucoup à
la psychophysique de la couleur que j’enseigne en Licences 2 et 3.

Je suis maître de conférences à l’université de Montpellier, docteure


Laila Gannoun en biochimie et habilitée à diriger les recherches en biochimie/bio-
logie moléculaire. Diplômée de l’université Paris 7 (Paris Diderot),
j’ai effectué ma thèse de doctorat en sciences biologiques et bio-
chimiques à l’université Paris-Est Créteil. Au sein de la faculté des
sciences de Montpellier, j’enseigne essentiellement la biochimie
en Licence, et j’interviens aussi en biologie moléculaire et en mi-
crobiologie en Master. Je suis également responsable de la licence
Sciences de la Vie à l’université de Montpellier. J’effectue mes tra-
vaux de recherche au sein du laboratoire CNRS-UMR 5235, dans le-
quel je suis responsable d’un axe de recherche sur l’étude des inte-
ractions hôtes-bactéries pathogènes et sur la recherche de nouvelles
stratégies anti-infectieuses.

Après une thèse en chimie théorique à l’Institut des Matériaux Jean


Frédéric Lemoigno Rouxel de Nantes, je suis devenu maître de conférences à l’université
de Montpellier. J’y enseigne la chimie physique et la chimie théo-
rique. Je suis également responsable de la remédiation à la faculté
des sciences depuis plusieurs années où j’enseigne la chimie aux
étudiants « oui, si » engagés dans le parcours adapté.

Je suis enseignante-chercheuse en Pétrologie-Géochimie à l’univer-


Fleurice Parat sité de Montpellier. Mes recherches portent sur la genèse des mag-
mas et plus spécifiquement sur le rôle des fluides profonds. Mes prin-
cipaux chantiers d’étude sont le rift Est-Africain, le Hoggar algérien, le
Haut Atlas marocain et l’Islande. Responsable de l’équipe « Manteau
et Interfaces » à Géosciences Montpellier, j’anime les recherches sur
les interactions magmas-roches et fluides-roches en couplant pé-
trophysique et pétro-géochimie. J’enseigne la pétrologie magma-
tique, la minéralogie, la géochimie et les ressources minérales en
Licence et en Master « Sciences de la Terre et de l’Environnement » et
« Biologie-Ecologie ». Coresponsable de la préparation à l’Agrégation
SV-STU, je prépare également les étudiants aux concours de l’ensei-
gnement.

VIII
Après avoir soutenu ma thèse en mathématiques à l’université Jo-
Nicolas Saby seph Fourier de Grenoble, je suis devenu maître de conférences à
la faculté des sciences de Montpellier où j’ai pris la direction du dé-
partement de mathématiques de 2003 à 2006. Actuellement direc-
teur du département d’enseignement scientifique et de recherche
sur l’enseignement (DESciRE) de Montpellier et ancien directeur
de l’IREM (institut de recherche sur l’enseignement des mathéma-
tiques) à Montpellier également, la pédagogie des mathématiques
est une question centrale dans mon activité professionnelle.

Je suis enseignante-chercheuse en physique à la Faculté des


Coralie Weigel Sciences de l’université de Montpellier. J’ai obtenu mon doctorat
en sciences des matériaux à Sorbonne Université (Paris). Mes re-
cherches portent sur la physique des verres, en particulier les pro-
priétés mécaniques et structurales des verres d’oxydes. Je suis for-
tement impliquée dans les enseignements de L1 depuis plus de 10
ans. J’ai eu l’occasion d’enseigner la mécanique du point, l’optique
géométrique, la thermodynamique ainsi que l’électrostatique en
première année de licence.

IX
Préambule
Chaque rentrée universitaire est l’occasion pour nous de constater à quel point il existe
une différence significative entre les acquis du lycée et les prérequis universitaires,
c’est-à-dire entre ce qui a été effectivement intégré au lycée et les bases réellement
« attendues » avant la toute première heure de cours à l’université.
Nous avons tenu à présenter dans cet ouvrage, dans un format aussi synthétique que
possible, un contenu dont la maîtrise, nécessaire mais pas suffisante à la réussite de
la première année, est considérée comme un exigible pour les nouveaux entrants
qui abordent des études scientifiques universitaires.
Par souci de concision et de pragmatisme, nous nous sommes strictement focalisés
sur les connaissances et compétences fondamentales, primitives, et qui donnent
les clés nécessaires à l’abord d’autres matières. Ainsi, ne sont pas mentionnés les
outils acquis au lycée et pouvant être déduits des prérequis élémentaires repris ici.
Nous avons délibérément fait le choix de ne conserver que les prérequis strictement
essentiels, et donc indispensables à la réussite.
Dans un contexte où les « attendus » prennent une place importante dans l’accès
aux études supérieures, nous avons tenu à fournir une référence relative à ce qui
était réellement « attendu » d’un étudiant entrant en première année de licence
en sciences naturelles (physique, chimie, géosciences et sciences de la vie) et ce,
au-delà d’un savoir purement disciplinaire. Cette première année constitue une
véritable charnière entre les enseignements reçus au lycée et ceux qui suivront à
l’université : une grande partie de ce qui est vu au lycée est revue en Licence 1, mais
avec une teinte plus formelle et conceptuelle, à laquelle beaucoup d’étudiants ne
sont pas préparés. Nous insistons dans cet ouvrage sur l’importance (et l’éventuelle
difficulté) du passage d’une approche à l’autre.
Nous avons également voulu offrir une formulation des concepts connus qui permette
de rafraîchir des connaissances tout en les revisitant dans une approche plus proche
de celle à laquelle les étudiants seront confrontés pendant leurs études supérieures.
Ce livre n’est donc pas un manuel scolaire pour la fin de lycée, ni un manuel de cours
pour la Licence 1, mais bien un ouvrage-outil destiné à accompagner les bacheliers
entamant des études en sciences naturelles, durant cette étape de transition lycée-
université. Ils y trouveront également, en plus des parties dédiées explicitement aux
disciplines fondamentales que sont la physique, la chimie, les sciences de la vie et
les géosciences, une introduction à la méthodologie scientifique et des rappels de
mathématiques pour les sciences.

X
Remerciements
L’ensemble des chapitres de ce manuel a fait l’objet d’une relecture attentive. Les
auteurs souhaitent remercier vivement les personnes suivantes :
Pour la partie Mathématiques pour les sciences :
– Sophie Beaud, professeur au lycée Gosse à Clermont l’Hérault ;
– Dominique Moinet, professeur au lycée Joffre à Montpellier ;
– Pascale Sénéchaud, maître de conférences à l’université de Limoges.
Pour la partie Physique :
– Michel Goetz, professeur à l’École de l’Air à Salon de Provence ;
– Carole Gaulard, maître de conférences au Laboratoire de physique des 2 infinis
Irène Joliot-Curie.
Pour la partie Chimie :
– Pierre Méjean, professeur au lycée Frederic Bazille à Montpellier, intervenant
en APESS (ancienne année L0 à l’université de Montpellier) ;
– Nathalie Perol, maître de conférences à l’université de Lyon 1.
Pour la partie Géosciences :
– Christophe Barreau, professeur au lycée Joffre à Montpellier ;
– Laurent Jolivet, professeur à Sorbonne Université.
Pour la partie Sciences de la Vie :
– Sophie Bleves, professeur à Aix-Marseille Université ;
– Martine Boccara, professeur à Sorbonne Université.

1
1
Partie

A
près avoir détaillé les notions de grandeur, dimension, unités,
ordre de grandeur, etc., nous allons introduire une méthodo-
logie de résolution d’exercice se décomposant en plusieurs
actions : la lecture attentive de l’énoncé, la résolution du problème
posé, et sa formulation dans une réponse claire et exprimée avec
rigueur et précision.
Nous présenterons ensuite quelques concepts simples permet-
tant d’aborder la notion de « méthodes scientifiques ». Celles-ci
sont mises en œuvre dès les premières années de licence car elles
permettent notamment d’apporter un cadre pour la rédaction des
compte-rendus de travaux pratiques (TP) ou des rapports de stages.
Nous aborderons également la notion d’esprit critique, qui est un
élément essentiel de toute approche scientifique.
Finalement, nous donnerons quelques conseils relatifs à la ma-
nière d’exprimer une information ou un ensemble d’informations.
Nous reprendrons un rappel sur la rigueur à observer dans l’usage
de certaines terminologies, avant de nous tourner vers l’expression
d’un résultat : nous rappellerons comment écrire correctement un
résultat numérique, et quelles sont les choses importantes à obser-
ver lorsque l’on schématise, que l’on trace un graphe, ou que l’on
rapporte des données numériques dans des tableaux.

2
Méthodologie
scientifique

CHAPITRE

1 Introduction à l’analyse dimensionnelle  4


CHAPITRE

2 La résolution d’un exercice  10


CHAPITRE

3 La démarche scientifique  15
CHAPITRE

4 Savoir communiquer  19

3
CHAPITRE Introduction
1 à l’analyse
dimensionnelle
Ce chapitre introduit le lecteur aux notions d’analyse dimensionnelle qui permettent
de comprendre et de caractériser ce que représente physiquement une grandeur.
Cela s’avère particulièrement utile lorsqu’un phénomène physique fait apparaître
une quantité (grandeur) dont on ne cerne pas aisément a priori la signification.

1 Grandeurs physiques, dimensions et unités


La mesure d’une grandeur physique G est sa détermination quantitative par une
expérience qui permet de la comparer à l’étalon de cette grandeur. C’est cet étalon
qui définit l’unité de la grandeur G que l’on notera u(G ). Ainsi, si on note {G} la
valeur numérique de G dans l’unité u(G ), on a

G = {G} u(G )

Exemple
Supposons qu’une masse soit de 1,17 kilogramme. Appelons m la grandeur « masse ».
Comme nous le verrons ci-après, le symbole caractérisant l’unité de la masse dans le sys-
tème international est u(m) = kg. La valeur de la masse est ici {m} = 1,17. On écrit donc
simplement : m = 1,17 kg.

1.1  Les unités de base du système


international (SI)
Le Système International d’unités (SI) est le système d’unités le plus employé en
sciences. Il est fixé par la conférence générale des poids et mesures, qui le révise
tous les quatre ans. Ce système comprend sept unités de base (ou fondamentales)
qui quantifient toutes les grandeurs physiques indépendantes. Le tableau ci-dessous
présente le nom des grandeurs fondamentales, leur unité, le symbole de cette unité
ainsi que le symbole de leur dimension.

1.2  La dimension
La dimension d’une grandeur physique G indique, indépendamment de ses unités,
de quelle puissance des grandeurs fondamentales celle-ci se compose. On la note
généralement [G]. Les symboles usuels des dimensions des grandeurs fondamentales
sont indiqués dans le tableau 1.1.

4
chapitre 1  •  Introduction à l’analyse dimensionnelle

Tableau 1.1  Les sept grandeurs SI fondamentales.

Symbole Symbole
Grandeur Unité
d’unité de dimension

Longueur mètre m L

Masse kilogramme kg M

Temps seconde s T

Courant électrique ampère A I

Température kelvin K Θ

Quantité de matière mole mol N

Intensité lumineuse visuelle candela cd J

Exemple
La vitesse v, définie par le rapport d’une distance et d’un temps, a la dimension [v] = L ⋅ T−1.
On dit encore qu’elle est homogène à une distance divisée par un temps. Son unité SI est
donc le mètre par seconde, u(v) = m ⋅ s−1.

Grandeur sans dimension


Lorsqu’une grandeur physique G n’a pas de dimension, on note [G ] = 1. De la sorte, le produit G × A a manifeste-
ment la même dimension que celle de A. En effet, [G × A] = [G ] × [A] = 1 × [A] = [A].
Attention ! Le fait qu’une grandeur n’ait pas de dimension n’implique pas qu’elle n’ait pas d’unité ! En effet,
un angle est défini comme le rapport de la longueur de l’arc de cercle qu’il sous-tend au rayon de ce cercle : il
est donc sans dimension. Néanmoins, son unité SI est le radian. De même, sa généralisation à trois dimensions,
l’angle solide, qui est un rapport de deux surfaces, est lui aussi sans dimension mais s’exprime dans une unité SI
appelée stéradian.

1.3  Les unités dérivées du système i­ nternational


Toutes les quantités (grandeurs) physiques dimensionnées ont une unité. Toutefois,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

seules les sept quantités citées précédemment sont fondamentales. Toute autre
grandeur physique a une unité dérivée de ces dernières même si certaines quan-
tités physiques possèdent un nom d’unité de mesure qui leur est propre. C’est, par
exemple, le cas de la force dont l’unité SI est le newton (N) ou encore de la pression,
qui représente une force par unité de surface et dont l’unité SI est le pascal (Pa).
Ces unités proviennent généralement du nom du scientifique qui en a formalisé le
concept. On peut toujours en donner une expression en terme des unités de bases
en utilisant une expression les reliant aux quantités fondamentales.

Exemple
 
La relation fondamentale de la dynamique de Newton, F = ma, permet de trouver que le
newton est équivalent au produit d’une masse par une accélération, soit N = kg ⋅ m ⋅ s−2.

5
Partie 1    Méthodologie scientifique

Le tableau 1.2 fournit les unités SI et l’équivalent en unités SI fondamentales de


quelques grandeurs physiques importantes.
Enfin, quelques conversions d’usage, importantes en science au quotidien, sont
compilées dans le tableau 1.3.

Tableau 1.2  Les principales grandeurs et unités courantes.

Grandeur (symbole usuel) Unité SI fondamental Interprétation


Fréquence (  f  ) hertz (Hz) s−1 inverse de la période
Force (F) newton (N) m ⋅ kg ⋅ s−2 masse × accélération
Pression (P) pascal (Pa = N ⋅ m −2 ) m −1 ⋅ kg ⋅ s−2 force/surface
Énergie (E)
Travail (W) joule (J = N ⋅ m) m 2 ⋅ kg ⋅ s−2 force × distance
Chaleur (Q)
Puissance (P) watt (W = J ⋅ s−1 ) m 2 ⋅ kg ⋅ s−3 travail/temps
Charge électrique (q) coulomb (C) A⋅s courant × temps
Tension électrique (U) volt (V = W ⋅ A −1 ) m 2 ⋅ kg ⋅ s−3 ⋅ A −1 travail/charge
Résistance électrique (R) ohm (Ω = V ⋅ A −1 ) m 2 ⋅ kg ⋅ s−3 ⋅ A −2 tension/courant
Champ magnétique (B) tesla (T = V ⋅ s ⋅ m −2 ) kg ⋅ s−2 ⋅ A −1 tension × temps/surface
Aire (S) mètre carré m2 surface
Volume (V) mètre cube m3 volume

Vitesse (v ) mètre par seconde m ⋅ s−1 distance/temps

Accélération (a) mètre par seconde carrée m ⋅ s−2 vitesse/temps
Masse volumique (ρ ) kilogramme par mètre cube kg ⋅ m −3 masse/volume
Densité de courant ( j) ampère par mètre carré A ⋅ m −2 courant/surface
Concentration (c) mole par mètre cube mol ⋅ m −3 quantité de matière/volume
Concentration massique (cm) kilogramme par mètre cube kg ⋅ m −3 masse/volume

Tableau 1.3  Quelques conversions d’usage entre unités.

Grandeur Unité Symbole Valeur dans SI


minute min 1 min = 60 s
Temps heure h 1 h = 60 min = 3 600 s
jour j 1 j = 24 h = 86 400 s

Angle degrés  1 = π /180 rad

Aire hectare ha 1 ha = 1 hm 2 = 10 4 m 2

Volume litre L 1 L = 1 dm 3 = 103 cm 3 = 10 −3 m 3

tonne t 1 t = 103 kg
Masse
dalton Da 1 Da = 1,660 539 × 10 −27 kg

électronvolt eV 1 eV = 1,602 176 × 10 −19 J


Énergie
calorie cal 1 cal = 4,184 J

6
chapitre 1  •  Introduction à l’analyse dimensionnelle

Grandeur Unité Symbole Valeur dans SI


bar bar 1 bar = 0,1 MPa = 100 kPa = 10 5 Pa
Pression millimètre de mercure mm Hg 1 mm Hg = 133,322 Pa = 1 Torr
atmosphère atm 1 atm = 101 325 Pa
Longueur Ångström Å 1 Å = 0,1 nm = 100 pm = 10 −10 m

1.4 Détermination de l’unité SI d’une grandeur


Pour déterminer l’unité SI d’une grandeur physique, il suffit d’en connaître une
expression en termes des sept grandeurs fondamentales, c’est-à-dire de connaître
une loi physique qui exprime sa relation à ces grandeurs.

Exemple
L’intensité F de la force de rappel d’un ressort peut se mettre sous la forme F = kx où x
représente l’élongation du ressort et k sa constante de raideur. L’unité SI de la constante
k est déterminée par la relation u(k ) = u( F )/u( x ) soit u(k ) = N ⋅ m −1. En unités SI fonda­
mentales, on a N = kg ⋅ m ⋅ s−2 et donc, u(k ) = kg ⋅ s−2.

2 Les préfixes d’unités et les ordres de grandeur


Les préfixes d’unités sont des préfacteurs numériques qui permettent d’adapter
l’unité d’une grandeur à l’échelle de l’objet ou du phénomène considéré. Ils repré-
sentent l’ordre de grandeur des résultats de mesure attendus lors d’expériences
sur cette grandeur.

Exemples
Les forces qu’on exerce actuellement sur des molécules d’ADN pour les déplier sont de l’ordre
du piconewton (pN = 10 −12 N). Toutes les expériences effectuées dans ce domaine utilisent
donc ce préfixe pour présenter leurs résultats de mesure. En microfluidique, on s’intéresse
à des volumes de fluide allant typiquement du nanolitre (nL) à l’attolitre (aL). On utilise
donc plutôt ces unités, naturelles dans ce contexte, que le mètre cube. Les ­distances typiques
entre deux atomes dans un cristal sont de l’ordre de quelques angströms (Å = 10 −10 m).
On utilise donc fréquemment cette unité ou les nanomètres (nm) pour décrire les distances
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

interatomiques en physique de la matière condensée.

Tableau 1.4  Les principaux ordres de grandeurs utilisés en science.

Facteur Préfixe Symbole Facteur Préfixe Symbole


1018 exa- E 10-1 déci- d
1015 péta- P 10-2 centi- c
1012 téra- T 10-3 milli- m
109 giga- G 10-6 micro- m
106 méga- M 10-9 nano- n
103 kilo- k 10-12 pico- p
102 hecto- h 10-15 femto- f
101 déca- da 10-18 atto- a

7
Partie 1    Méthodologie scientifique

3 Homogénéité des expressions en sciences


3.1 Homogénéité d’une somme
Le simple constat qu’on « ne peut ajouter des pommes à des poires », indique que :
lorsque l’expression d’une quantité physique est une somme de termes, tous ces
termes doivent avoir la même dimension.

Exemple
Si x est une distance et v une vitesse, le résultat d = x + v n’a aucun sens : on ne peut
ajouter une distance à une vitesse ! En revanche, le résultat d = x + vt, où t représente un
temps a un sens, car tous les termes de l’expression représentent des distances : en effet,
[x ] = L et [v][t ] = L ⋅ T−1 ⋅ T = L.

3.2 Fonctions de grandeurs physiques


Soit f une fonction et f ( x) sa valeur au point x. On appelle x l’argument de la
fonction f.

Dimension des fonctions


Les fonctions qui ne sont pas du type « puissance », c’est-à-dire telles que f ( x ) = kx a où k et a sont deux nombres
sans dimension, doivent être sans dimension ainsi que leur argument. En particulier, si x n’a pas de dimension
([x ] = 1) alors exp ( x ), ln ( x ), cos ( x ) , sin ( x ) , tan ( x ) etc. sont bien définies et sont également sans dimension :
[exp ( x )] = 1 ou encore [sin ( x )] = 1, par exemple.

Exemple
Déterminons les dimensions des quantités A, k et w dans une onde plane de pression
p = A cos (kx − ω t ) où p représente la pression dans un fluide au point x à l’instant t. À
l’évidence, [x ] = L et [t ] = T. Comme le cosinus n’a pas de dimension, [ A] = [ p]. La quantité
A est donc homogène à une pression. D’autre part, comme l’argument du cosinus est aussi
sans dimension, [kx − ω t ] = 1. Or, dans une somme, tous les termes ont la même dimension.
Donc [kx ] = 1 et [ω t ] = 1. Soit finalement, [k ] = 1/[x ] = L−1 et [ω ] = 1/[t ] = T −1.

3.3 Remarque sur les grandeurs vectorielles


Les grandeurs vectorielles peuvent avoir une dimension. Dans ce cas, la dimension
est la même pour toutes les composantes (coordonnées) du vecteur. Par exemple,

le vecteur position r est tel que toutes ses composantes ( x, y, z) représentent des

distances. Dans ce sens, on peut écrire [r ] = L .

3.4 Remarque sur les dérivées et


les intégrales
La dimension des grandeurs physiques obtenues par dérivation ou intégration
s’obtient très simplement en considérant la dérivation comme une division et

8
chapitre 1  •  Introduction à l’analyse dimensionnelle

l’intégration comme une somme de produits. En effet, par définition, la dérivation


est la limite d’un quotient entre deux quantités et d’autre part, l’intégration est la
limite d’une somme de produits.

df
Si A =
ds ∫
alors [A] = [f ] / [s] et si B = f ( x ) dx alors [B] = [f ][x ].


 dr 
Par exemple, la définition de la vitesse, v = , implique [v ] = L ⋅ T −1 .
dt

3.5 Vérification d’une expression


Il est indispensable, à la fin de tout calcul, de vérifier que le résultat obtenu est bien
homogène à la quantité cherchée. Cela implique de vérifier que les dimensions
de part et d’autre d’une égalité (ou d’une inégalité) sont bien les mêmes mais
cela implique aussi de vérifier que la nature des expressions est bien la même.

Exemple
 
Une relation du type F = ma où F est un vecteur force, m une masse et a une accélération
est bien homogène quant à ses dimensions mais elle n’a aucun sens car le membre de gauche
de l’égalité est
 un vecteur tandis que celui de droite est un scalaire (nombre). Une relation

correcte est F = ma.

Enfin, comme livres, cours et articles scientifiques, sont rarement exempts de co-
quilles dans les formules, il est indispensable d’en faire une lecture critique et de
vérifier l’homogénéité des résultats annoncés avant de les appliquer.

4 Quelques constantes
Nous concluons ce chapitre avec quelques constantes universelles (tableau 1.5)
extrêmement courantes dans les premières années d’étude de licence scientifique,
et qui nous seront également très utiles dans les prochaines parties.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Tableau 1.5  Constantes fréquemment utilisées au début


des études scientifiques.

Quantité Unité Symbole Valeur

Célérité de la lumière dans le vide m ⋅ s−1 c 299 792 458

Nombre d’Avogadro mol −1 A 6,022 × 10 23

J ⋅ mol −1 ⋅ K −1
Constante gaz parfaits R 8,314
m3 ⋅ Pa ⋅ mol −1 K −1

Constante gravitationnelle N ⋅ m 2 ⋅ kg−2 G 6,673 × 10 −11

Permittivité du vide kg−1 ⋅ m −3 ⋅ A 2 ⋅ s4 ε0 8,85 × 10 −12

9
CHAPITRE

2 La résolution
d’un exercice
1 Lecture attentive de l’énoncé
La première chose à faire face à une question posée est de lire cette question jusqu’au
bout, éventuellement plusieurs fois, afin d’en intégrer le sens. Une stratégie souvent
efficace pour résoudre un exercice est de commencer par lister (mentalement ou
par écrit) l’ensemble des informations que nous fournit l’énoncé. Il peut être utile
de définir des symboles appropriés pour caractériser les grandeurs de l’énoncé si
celui-ci n’en propose pas. Cette étape permet aussi de réfléchir à la dimension des
grandeurs fournies.

Exemple
Quelle est la masse volumique d’une bille de polystyrène de rayon 1,0 mm et de
masse 4,22 mg ?
Liste des informations à extraire de cette question :
– la masse de la bille (dimension masse, symbole usuel m) : m = 4,22 mg
– le rayon de la bille (dimension longueur, symbole usuel r) : r = 1,0 mm
Lorsqu’il existe un risque d’ambiguïté, il ne faut pas hésiter à utiliser des indices pour
caractériser plus précisément chaque grandeur (par exemple mbille , rbille).

Il s’agit ensuite d’effectuer la démarche importante d’identification de l’inconnue


du problème, en gardant à l’esprit que cette inconnue peut être multiple. Cette
étape consiste très simplement à se poser la question « que me demande-t-on ? »,
ou « qu’attend-on de moi ? » et de formuler la chose de la manière la plus précise
possible afin de discerner très clairement l’objectif de l’exercice, et de le conserver
à l’esprit afin de mener la résolution du problème dans ce sens, et dans ce sens
uniquement.

2 Résolution du problème
L’étape suivante est de rechercher, parmi les connaissances et savoir-faire acquis
durant la formation dans laquelle s’inscrit la question posée, ainsi que dans les bases
et prérequis sur lesquels se repose cette même formation, quels sont les éléments
utiles, qu’il faut parfois combiner entre eux, pour répondre à la question posée.
Notez bien que parfois, la réflexion menée au cours de la résolution d’un problème
est plus importante et intéressante que la réponse à la question.

10
chapitre 2  •  La résolution d’un exercice

Modélisation
La résolution du problème peut éventuellement nécessiter un développement
mathématique afin de modéliser le problème ou pour simplifier une application
numérique. Cela n’est cependant pas systématique : certaines questions peuvent
être de réflexion pure, ou purement formelles afin de mener à une expression
mathématique.
Dans le cas où la question nécessite une application numérique, il est important
de toujours établir d’abord une expression littérale de la grandeur recherchée et
de vérifier l’homogénéité des grandeurs en présence avant d’introduire les valeurs
numériques.

Il faut veiller à ce que tous les symboles apparaissant dans cette expression
aient bien été définis (dans l’énoncé ou préalablement dans la rédaction). Écrire
clairement et avec attention les expressions mathématiques permet souvent
d’éviter des erreurs d’inattention (oubli de puissance, de facteurs,...). Enfin, lors
du remplacement des symboles des grandeurs par leurs valeurs numériques,
il faut s’assurer de la cohérence entre les unités des différentes grandeurs. Par
exemple, si plusieurs grandeurs de même dimension interviennent dans le calcul,
il est important d’utiliser une même unité.

3 Répondre à la question posée


1. Voir § 2 du chapitre 3 La dernière étape est bien évidemment de formuler convenablement, de la manière
la plus rigoureuse et précise possible, une réponse. La formulation en elle-même
est très importante, car une grande part de crédibilité peut rapidement être perdue
si un manque de rigueur est observé, ou si la réponse est partielle1.

Il sera toujours indispensable de se poser les questions suivantes après rédaction


d’une réponse : « ai-je répondu à la question que l’on m’a posée ? Cette réponse
est-elle formulée de la manière souhaitée et dans les bonnes unités ? Cette
réponse a-t-elle un sens ? » Ces questions peuvent paraître simples ou évidentes
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

en apparence, mais il est trop fréquent que


– des réponses rédigées lors d’évaluations ne soient pas des réponses correspondant
à la question posée, parce que la question posée n’a pas été comprise, ou parce
que l’objectif de la question a été perdu de vue en cours de résolution,
– qu’un résultat soit donné dans de mauvaises unités : erreurs de conversions
d’unités, méconnaissance de la dimensionalité du problème ou de la quantité-
cible,
– que la valeur numérique de la réponse donnée n’ait pas de sens : une goutte
d’eau d’une tonne, le rayon atomique d’un élément supérieur à la distance
Terre-Lune...

11
Partie 1    Méthodologie scientifique

4 Mise en situation
Énoncé
Donner, en joule et en électronvolt (eV), l’énergie liée à un rayonnement dans le vide de
longueur d’onde λ1 = 97, 28 nm , sachant qu’un électronvolt équivaut à 1,602 10 −19 J , et
que l’énergie d’un tel rayonnement est donnée par la relation
hc
E = = hf
λ
où f est la fréquence du rayonnement en hertz, h est une constante, appelée constante de
Planck, ayant pour valeur 6,626 × 10 −34 J ⋅ s , et c est la célérité de la lumière dans le vide,
valant 2,997 108 m/s. Déduire la fréquence du rayonnement, en s−1.

A – Que sait-on ?
•• Expression de E, son lien avec la fréquence et valeur des constantes h et c ;
•• Valeur de l1 en nm ;
•• Facteur de conversion de J vers eV.

B – Que me demande-t-on ?
•• La fréquence du rayonnement, en s −1 ;
•• L’énergie du rayonnement, en J et en eV.

C – Quels outils sont à ma disposition ?


•• Je sais que 1 Hz = 1 s −1 ;
•• Je sais que 1 nm = 10 −9 m ;
•• Je connais les règles régissant les produits et quotients de puissances ayant la
même base (voir section dédiée dans la partie mathématiques) ;
•• Je connais la règle de trois (voir encart).
Le reste est purement calculatoire.

D – Résolution du problème
Dans une première étape, vérifions tout d’abord la dimension de E à partir de son
expression. C’est ce que l’on appelle une équation aux dimensions

hc [h][c] M ⋅ L2 ⋅ T −2 ⋅ T ⋅ L ⋅ T −1
E= → [E ] = =
λ [λ ] L
En termes d’unités, cela donne
J ⋅ s ⋅ m ⋅ s−1
= J.
m
On introduit ensuite simplement les valeurs numériques :
hc (6,626 × 10 −34 ) × (2,997 × 108 )
=
λ1 97,28 × 10 −9
12
chapitre 2  •  La résolution d’un exercice

Rappel de la règle de 3 par un exemple


Problème
L’ensemble de trois billes en verre identiques a une masse de 31,5 g. Quelle est la masse d’un ensemble de cinq
de ces mêmes billes ?
Solution
Pour résoudre ce problème, nous posons la masse m d’une de ces billes ; on nous dit que 3m = 31, 5 g . On en déduit
que m = (31, 5)/3 = 10, 5 g. Nous avons donc finalement que la masse de cinq billes, 5m, vaut 5 × 10, 5 = 52,5 g.
Une manière d’envisager cette règle de trois est d’écrire la correspondance que l’on connaît : on sait que trois billes
de masse m correspondent à 31, 5 g
3m ↔ 31, 5 g(2.1)
puis d’écrire la correspondance comportant notre inconnue
5m ↔ x g.(2.2)
Réécrivons ces deux correspondances l’une au-dessus de l’autre en prenant soin de garder de chaque côté ce qui
dépend de m (colonne de gauche) et de l’autre ce qui est exprimé en grammes (colonne de droite)
3m ↔ 31, 5 g(2.3)

5m ↔ x g(2.4)
Divisons la correspondance du dessus par celle du dessous en ne gardant que les valeurs numériques :
3 31, 5
= (2.5)
5 x
Il ne nous reste plus qu’à isoler x :
31, 5 × 5
x= = 52, 5.(2.6)
3
On retrouve bien que 5m correspondent à 52, 5 g.

On réarrange le tout en regroupant les puissances de 10 :

hc 6,626 × 2,997 10−34 × 108


=
λ1 97,28 10−9
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

En appliquant les règles relatives aux puissances (voir section dédiée dans la partie
mathématiques), on trouve
0,2041 × 10−34+8+9 = 0,2041 × 10−17,

et nous noterons notre réponse E1 = 2,041 × 10 −18 J pour une écriture scientifique
(un chiffre devant la virgule, et utilisation d’une puissance de dix).
Nous avons donc répondu à une première partie de la question. Cependant, l’énergie
du rayonnement nous était également demandée en électronvolt. Nous devons donc
à présent nous poser la question de la conversion entre unités d’énergie :
2,041 × 10 −18 J ↔ x eV

13
Partie 1    Méthodologie scientifique

Pour ce faire, une simple règle de 3 : nous connaissons la conversion joule/électronvolt


1 eV ↔ 1,602 × 10 −19 J (2.7)
Nous pouvons donc superposer la correspondance connue et celle inconnue
1 × eV ↔ 1,602 × 10 −19 J(2.8)

x eV ↔ 2,041 × 10 −18 J (2.9)


et diviser les deux correspondances, en gardant les valeurs numériques
1 1,602 × 10 −19 2,041 × 10 −18 2,041
= ⇔x= = 10 −18− ( −19) = 1,274 × 101 = 12,74
x −18 −19 1,602
2,041 × 10 1,602 × 10
1 1,602 × 10 −19 2,041 × 10 −18 2,041 −18− ( −19)
= ⇔ x =      = 10 = 1,274 × 101 = 12,74 (2.10)
x 2,041 × 10 −18 1,602 × 10 −19 1,602
L’énergie E1 du rayonnement est donc de 12,74 eV.
Il nous reste maintenant à déduire la fréquence correspondant à ce rayonnement.
On sait que
E = hf .

Pour savoir quelle valeur de E (en eV ou en J) nous devons utiliser, une simple
équation aux unités
u(h)u( f ) = u( E ) ↔ J ⋅ s ⋅ s−1 = J

nous indiquera qu’il faut insérer la valeur de E en J pour trouver la fréquence en


hertz, c’est-à-dire en s −1 :
E1 0,2041 × 10 −17 0,2041 10 −17 0,2041
f1 = = = × = × 10 −17+ 34 = 0,03080 × 1017 = 3,0
h 6,626 × 10 −34 6,626 10 −34 6,626
E1 0,2041 × 10 −17 0,2041 10 −17 0,2041
f1 = = = × = × 10 −17+ 34 = 0,03080 × 1017 = 3,080 × 1015 s −1 .
h 6,626 × 10 −34 6,626 10 −34 6,626
Conclusion : la réponse aux questions posées sera finalement que le rayonne-
ment a une énergie de 2,041 × 10 −18 J, équivalant à 12,74 eV, pour une fréquence
de 3,080 × 1015 s −1 .

– Il est possible que de nouvelles informations, inconnues jusqu’alors, soient


introduites dans l’énoncé d’une question lors, par exemple, d’une évaluation.
Cela ne doit pas être un motif de panique, car une telle information ne sera
jamais introduite dans le contexte d’une évaluation sans qu’il ne soit possible
de la comprendre en faisant appel aux connaissances acquises antérieurement.
Un tel type de procédé, très courant, permet d’évaluer une compétence très
importante : la capacité d’être flexible et de s’adapter à une situation faisant
intervenir des éléments nouveaux.
– Faisons également remarquer que la réponse à une question posée n’est pas
toujours une valeur numérique. Cela peut être une conclusion basée sur un
raisonnement pur, ou encore un ensemble de valeurs numériques rapporté, par
exemple, sous la forme d’un graphique. Pour cette éventualité, se reporter à
la section 2 dans le chapitre 3.
14
CHAPITRE

3 La démarche
scientifique
1 La méthode scientifique
La méthode scientifique désigne l’ensemble des approches mises en œuvre pour
produire des connaissances scientifiques. Chaque discipline scientifique possédant
ses spécificités, cette démarche n’est pas unique. On peut cependant définir, quelle
que soit la discipline abordée, quatre piliers sur lesquels repose la méthode scien-
tifique : la théorie, la prédiction, l’expérience et l’observation (figure 3.1).

Théorie ou hypothèse
pouvant être testée
Comparaison des observations Utiliser la théorie ou
à la prédiction permettant de l’hypothèse pour prédire a
confirmer, enrichir ou rempla- priori le résultat d’une
cer la théorie ou l’hypothèse expérience.

Observations
Figure 3.1  Mesures répétées, Prédiction
incertudes

Mise en place d’une


Effectuer l’expérience expérience permettant de
tester la prédiction.

Expérience

Une théorie ne peut être qualifiée de scientifique que si elle a un caractère


réfutable, c’est-à-dire qu’il doit exister des expériences permettant de produire
des observations pouvant elles-mêmes être comparées à la prédiction de
la théorie. Cette méthode scientifique permet ainsi de conforter, modifier
ou réfuter une théorie.

Exemple
Considérons un étudiant qui, pour un TP de physique, doit définir les divers types de mou-
vements d’un pendule rigide au repos de longueur R en fonction de la vitesse v0 initialement
communiquée à ce pendule.

15
Partie 1    Méthodologie scientifique

– Théorie : dans un premier temps, cet étudiant devra s’appuyer sur ses connaissances en
dynamique newtonienne, notamment sur la notion de conservation de l’énergie mécanique.
– Prédiction : d’après cette théorie le pendule oscillera si v0 est inférieure à une vitesse
critique vc = 2 gR , où g est l’accélération de pesanteur.
– Expérience : l’étudiant devra ensuite mettre en place un protocole expérimental permettant
de tester la validité de cette prédiction. Il pourra par exemple tester le mouvement d’un
pendule en répétant la même expérience et en faisant varier v0 entre 0 et 2vc.
– Observation : les mesures de la hauteur atteinte par le pendule sont faites en fonction de v0.
La répétition des mesures permet d’estimer une incertitude sur v0 et les hauteurs associées.
À partir de ses observations, l’étudiant pourra soit confirmer cette théorie, soit la compléter
en indiquant que le système n’est pas parfaitement conservatif et que les forces de frottement
doivent être prises en compte. Le plan de son compte-rendu sera alors une introduction
présentant le cadre théorique (théorie) et la question scientifique abordée (prédiction), un
paragraphe présentant l’approche développée (expérience), suivi d’une présentation des
résultats (observations) et d’une discussion (confrontation des observations avec la théorie).
Enfin une conclusion résumera les résultats obtenus et les conséquences en termes de remise
en cause de la théorie initiale.

Cet exemple simple permet d’illustrer plusieurs points importants :


1. Une théorie scientifique se distingue d’une superstition ou d’un mythe en ce
qu’elle est réfutable, c’est-à-dire qu’il doit exister des expériences qui peuvent
la confirmer ou l’infirmer.
2. Il n’existe pas de « recette » pour découvrir des théories, l’approche scientifique
est basée sur des connaissances existantes pouvant être remises en cause : « Si
j’ai pu voir plus loin, c’est que je me tenais sur les épaules épaules de géants ».
On doit cette phrase au philosophe français du xiie siècle Bernard de Chartres.
Cette métaphore fut reprise par Isaac Newton en 1675.
3. Il n’est pas toujours aisé de savoir si l’inadéquation entre prédiction et observations
doit conduire à une remise en cause d’une théorie ou si elle est liée à des limitations
expérimentales. La répétition et la reproductibilité d’une expérience est sans
doute la meilleure approche pour tester sa validité.
4. Il ne faut pas mélanger dans les compte-rendus de TP ou les rapports de stages les
parties « résultat » et « discussion ». La première doit être uniquement factuelle,
c’est-à-dire sans a priori sur ce qu’il faudrait obtenir, ni interprétation. Elle
peut contenir des tableaux ou des graphes synthétisant les observations faites.
À l’inverse, dans la seconde, la robustesse des résultats (c’est-à-dire la stabilité/
solidité de ces résultats face à des perturbations) doit être discutée en mettant
en évidence les limites du dispositif expérimental. Cette partie doit également
présenter une interprétation des résultats. La discussion sur la validité de la
théorie ne doit apparaître qu’à la fin de cette partie.

2 Le sens de l’esprit critique


Pour être mise en œuvre, la démarche scientifique nécessite la capacité à s’inter-
roger sur la validité d’une théorie établie. Cette démarche de remise en question,

16
chapitre 3  •  La démarche scientifique

appelée esprit critique, est celle qui permettra de définir une expérience capable de
confirmer ou d’infirmer une théorie (figure 3.1). L’esprit critique n’est cependant
pas une négation systématique des connaissances existantes, mais une approche
exigeante et rigoureuse nécessitant une maîtrise des savoirs établis ainsi que de
bonnes capacités d’analyse, de jugement et de réflexion. L’objectif étant à terme
de montrer les limites d’une théorie ou d’une hypothèse et d’être capable d’en
formuler une nouvelle. Cette démarche inclut donc une capacité à l’autocritique.
Acquérir un esprit critique est difficile. C’est pourtant une étape clé du passage du
lycée vers l’université. La méthode du questionnement critique permet d’initier
cette démarche :

Cette théorie est-elle réfutable ?


Comme nous venons de le voir, si ce n’est pas le cas, cette théorie ne peut pas être
qualifiée de scientifique. Elle ne peut donc pas remplacer la théorie précédemment
admise.

Pourquoi cette nouvelle théorie ?


D’après la figure 3.1 pour réfuter une théorie et en proposer une nouvelle, il est
impératif que les observations soient correctes et pertinentes. Réfuter une théorie
nécessite donc de répéter une expérience et d’estimer à quel point les mesures
faites sont significatives.

Qui expose cette théorie ?


Un expert ou une personne qui ne maîtrise pas bien le domaine. Par exemple, à
propos des dérèglements climatiques, on n’accordera pas le même crédit à un
physicien climatologue, à un journaliste scientifique ou à un auteur à succès. Ceci
ne signifie pas pour autant qu’il faut prendre quelque chose pour vrai parce que la
personne qui le dit fait autorité.

Quelle est la source de cette théorie ?


Un livre d’enseignement, un article scientifique, une revue de vulgarisation, un
site internet ou un réseau social. Toutes les sources ne sont pas équivalentes :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

certaines comme les livres d’enseignement ou les articles scientifiques font appel
à des relecteurs experts et indépendants avant toute publication.

Quand a été émise cette théorie ?


Il s’agit ici de déceler des anachronismes.

Comment est présentée cette théorie ?


Il existe de nombreuses méthodes donnant l’illusion d’un développement construit
ou d’une véritable démonstration :
1. des omissions et des petites erreurs qui conduisent à des théories révolutionnaires.
Par exemple, considérons x et y deux nombres égaux non nuls. On peut donc

17
Partie 1    Méthodologie scientifique

écrire en multipliant l’égalité y = x par x, que x 2 = xy. En soustrayant par y2 de


part et d’autre de l’égalité résultante on obtient x 2 − y 2 = xy − y 2 . En divisant
par ( x − y) on obtient x + y = y . Or x étant égal à y, on a 2 y = y et y étant non
nul, on obtient 2 = 1. Ce qui revient en soustrayant 1 à montrer que 1 = 0. C’est
fou ? C’est surtout faux, car si x = y on ne peut pas diviser par la différence
x − y qui est nulle ;
2. la confusion entre causalité et corrélation. Pierre Bayle en 1680 donne un célèbre
exemple de la différence entre causalité et corrélation : « Ainsi les témoignages
des historiens se réduisent à prouver uniquement qu’il a paru des comètes et
qu’ensuite, il y a bien eu des désordres dans le monde ; ce qui est bien éloigné
de prouver que l’une de ces deux choses est la cause ou le pronostic de l’autre ».
Dans ce cas, il y a corrélation entre « le désordre » et « l’apparition » des comètes,
mais cela ne prouve pas que les comètes soient la cause du « désordre » ;
3. la réunion de plusieurs arguments fragiles qui ne donne pas une preuve robuste.
Par exemple, la probabilité d’apparition de la vie sur une planète est proche
de zéro, mais pas nulle. La preuve, nous existons. Puisqu’il y a un très grand
nombre de planètes dans l’Univers, une forme de vie extra-terrestre est très
probable. Cette affirmation est fausse : en effet comme indiqué dans le chapitre 7
la limite du produit de deux fonctions l’une tendant vers 0 et l’autre vers +∞
est indéterminée ;
4. le raisonnement circulaire qui consiste à faire admettre au départ ce que l’on
entend prouver. Il existe de nombreux exemple de raisonnements circulaires
plus ou moins évidents : « Tout objet moins dense que l’eau flotte. En effet,
ces objets sont tellement peu denses qu’ils ont la propriété de ne pas couler. ».
Développer un esprit critique nécessite donc pour l’étudiant une participation ac-
tive aussi bien en cours magistraux, qu’en travaux dirigés ou pratiques, ainsi que
la lecture régulière de livres d’enseignement et de revues scientifiques. Cet effort
est extrêmement payant, car il lui permettra d’intégrer et de mieux comprendre des
notions complexes et d’acquérir une démarche rigoureuse visant à mieux savoir ce
qu’il sait et ce qu’il ne sait pas. Il pourra alors se prémunir efficacement des théories
pseudo-scientifiques, complotistes et autres fausses informations conçues volontai-
rement pour induire en erreur et être diffusées dans des médias à large audience.

18
CHAPITRE

4 Savoir
communiquer
1 Rigueur du langage, précision du vocabulaire
Nous insistons ici sur l’importance d’utiliser une nomenclature appropriée au
contexte.

Contre-exemples
Commençons avec les propositions1
– « Le poids de l’objet B est plus lourd que celui de l’objet A. »
– « La distance est plus longue. »
– « La vitesse de A est plus rapide que celle de B. »
– « Le réchauffement de la température »
Tandis que dans la première proposition, deux valeurs sont supposément comparées, dans les trois derniers cas,
l’intention de la proposition porte sur la variation de valeur d’une grandeur quantifiable, dont la valeur croît ou
décroît. L’erreur consiste à donner des attributs physiques (longueur, poids, vitesse, etc.) à des grandeurs : ce n’est
pas la vitesse qui est plus rapide, c’est l’objet mobile qui se meut plus rapidement, et dont sa vitesse augmente.
Par ailleurs, on veillera toujours à être très explicite sur les objets auxquels se rapportent les quantités-cibles. S’il
s’agit d’un corps qui est plus lourd, et d’un mobile qui est plus rapide, on préférera donc les propositions plus
rigoureuses telles que
– « Le poids du corps est plus grand. »
– « La longueur entre les deux points augmente. »
– « La vitesse du mobile croît. »
Notez cependant que l’on peut qualifier la « rapidité » de l’évolution d’une grandeur en disant qu’elle (dé)croît
plus ou moins rapidement entre deux points qu’entre deux autres. Cette notion sera discutée en détails à la section
4.3 du chapitre 7.

1. Une proposition dans ce contexte n’est pas entendue comme une notion liée à l’action de proposer/offrir, mais est plutôt un
ensemble de notions reliées ensemble dans une affirmation, à laquelle on peut attribuer une « valeur de vérité » (la proposition
est vraie ou elle est fausse). Une proposition vraie est une assertion. Ces deux mots reviendront régulièrement dans cet ouvrage,
et il convient de les distinguer.

19
Partie 1    Méthodologie scientifique

Attention également à ne pas confondre les termes suivants :

Définitions
– Un axiome est une assertion considérée comme évidente, non-démontrable, et universelle.
– Un lemme est un résultat important mais faisant partie d’une démonstration plus large.
– Un théorème est un résultat démontré, résultat d’une conjonction de propositions.
– Un scholie (à une pas confondre avec une scholie qui est une note philologique ou historique)
est une note, un commentaire succèdant à une proposition ou à la démonstration d’un théorème.
– Un corollaire est un résultat important mais dérivant d’une proposition très forte la précédant
et, par extension, toute proposition découlant d’une autre.
– Un postulat est une assertion non-démontrable, proche de l’axiome en mathématiques.
– Une loi est une proposition liant plusieurs grandeurs physiques.
– Un principe en physique a des similitudes avec une loi universelle qui n’aurait été ni dé-
montrée ni invalidée.
– La définition est ce qui caractérise un objet, une quantité, un phénomène...

2 Expression rigoureuse d’une grandeur


numérique
Il est important de respecter les conventions d’écriture d’une grandeur, qu’elle soit
mesurée ou issue d’un calcul :

[Symbole de la grandeur] = [Valeur]. [Symbole de l’unité]

Ainsi les expressions du type : masse = 2,0 g ou m = 2,0 grammes sont à exclure.
La valeur numérique doit être donnée préférentiellement en écriture scientifique
et avec une nombre de chiffres adapté à la précision avec laquelle la grandeur peut
être connue.

Exemple
On mesure deux baguettes avec deux règles de précisions différentes, on obtient 23,33 cm
pour la première baguette et 22,6 cm pour la seconde. La somme des deux nombres est
55,93 cm. Cependant, on peut seulement dire que les deux baguettes mises bout à bout
mesureront 55,9 cm car nous ne connaissons la précision de la deuxième baguette qu’au
dixième de centimètre.

Lors de l’expression du résultat d’un calcul, il faut veiller à ce que :


•• le résultat d’une addition ou soustraction comporte au maximum autant de
décimales que la grandeur qui en a le moins ;
•• le résultat d’une multiplication ou division comporte au maximum autant de
chiffres significatifs que le facteur qui en a le moins.
Il est donc inutile de recopier tous les chiffres donnés par la calculatrice s’ils sont
au-delà de la précision atteignable.

20
chapitre 4  •  Savoir communiquer

Dans le cas où un résultat est exprimé avec son incertitude, on veillera à ce que la
précision de la grandeur soit cohérente avec celle de l’incertitude indiquée.
Incorrect Correct
l = 23,33 ± 0,016 cm l = 23,33 ± 0,02 cm
l = 23,334 ± 0,02 cm l = 23,334 ± 0,016 cm

3 Les schémas, les graphes, les tableaux


2. Voir chapitre 24 Le tracé et l’analyse des graphes sont abordés plus en détail dans la partie 6
(Sciences de la vie)2. De façon générale, quel que soit le type de figure, il est
indispensable de donner un titre. Celui-ci doit être suffisamment significatif pour
permettre de comprendre ce qui représenté même hors contexte. Par exemple :
« Titrage pH-métrique d’une solution de soude par une solution d’acide chlorhy-
drique » plutôt que « pH = f(V) ».
Quelques points spécifiques aux graphes :
•• les axes doivent être tracés à la règle et doivent porter en étiquette le symbole
de la grandeur et son unité le cas échéant ;
•• les échelles doivent être indiquées et choisies de façon à optimiser la répartition
des points dans l’espace ;
•• si possible, les points de mesure doivent être indiqués avec les barres d’erreur
de mesure. Il est souvent recommandé de relier les points de mesures entre eux ;
•• enfin, une légende doit permettre de clairement identifier chaque courbe.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

21
2
Partie

L
’ enseignement des mathématiques est différent s’il est à destination
des mathématiciens, des mécaniciens, des informaticiens, ou des scien-
tifiques naturalistes (c’est-à-dire pratiquant les sciences naturelles –
physique, chimie, sciences de la vie et géosciences). Nous avons choisi
dans cet ouvrage de ne pas concevoir les mathématiques comme un objet
d’étude mais bien comme un outil à destination des sciences naturelles,
l’objectif étant d’adapter cette contribution à l’apprentissage et à l’usage
qui est fait des mathématiques en licence en sciences naturelles.
Au début de cette partie, nous avons voulu reprendre les choses depuis les
bases les plus fondamentales, avec des rappels tels que les ensembles de
nombres, la priorité des opérations, les simplifications de fractions et de
puissances... Parmi les préliminaires à notre contribution, nous avons tenu
à démystifier le langage mathématique en fournissant les clés de compré-
hension/décodage et d’écriture de propositions mathématiques.
Après ces rappels d’algèbre parmi lesquels figurent également les (in)équa-
tions, nous avons repris dans un second chapitre les bases de la géométrie et
du calcul vectoriel. Pour ce faire, nous avons redéfini les notions les plus élé-
mentaires telles que les angles géométriques, et nous avons repris les proprié-
tés des principales formes géométriques rencontrées en science. Les vecteurs
dans le plan et l’espace sont ensuite introduits, avec leurs propriétés, avant de
considérer des angles orientés et les rudiments de trigonométrie circulaire. Le
produit scalaire est abordé à la fin du second chapitre.
Dans le dernier chapitre, nous revenons sur les bases de l’analyse en don-
nant quelques rappels relatifs aux suites numériques avant d’aborder les
fonctions réelles d’une variable réelle (leur définition, leur représentation,
leur manipulation, leurs propriétés). La notion de limite est également in-
troduite, ce à quoi succède le calcul différentiel et intégral. Avec ces outils
en main, nous proposons finalement une présentation des fonctions cou-
rantes utilisées en science.

22
Mathématiques
pour les sciences

CHAPITRE

5 Éléments d’algèbre  24
CHAPITRE

6 Géométrie et calcul vectoriel  40


CHAPITRE

7 Analyse  59

23
CHAPITRE

5 Éléments
d’algèbre
Dans ce chapitre, nous allons revoir quelques informations élémentaires qui seront
nécessaires à la compréhension des prochains chapitres. Il s’agit ici de généralités
dont la connaissance et la maîtrise sont à travailler et qui sont approfondies dans
les enseignements de L1. Plus particulièrement, dans ce chapitre, nous reprenons
quelques éléments du langage mathématique, avec une transition du langage naturel
vers un langage plus formalisé.

1 Les nombres
Le concept de nombre est fondamental pour les usages des mathématiques en
algèbre, en analyse et en géométrie. Les ensembles de nombres sont rangés par
type de nombre :
–– l’ensemble  des (nombres) entiers naturels (0, 1, 2, etc.) ;
–– l’ensemble  des (nombres) entiers relatifs (–3, 0, 12, etc.) ;
–– l’ensemble  des (nombres) rationnels, quotients d’entiers relatifs (–3/4, 7/2,
etc.) ;
1. Notez que la virgule –– l’ensemble  des (nombres) décimaux1, quotients d’entiers relatifs par une
des nombres décimaux puissance de 10 (7,48 = 748/100 ou – 0,498 = – 498/1000 par exemple) ;
est parfois remplacée
par un point selon
–– l’ensemble  des (nombres) réels ( 2, p , etc.).
d’autres conventions Tous ces ensembles de nombres peuvent être vus comme inclus les uns dans les
(anglo-saxonnes notam- autres en une suite croissante d’ensembles : N ⊂ Z ⊂ D ⊂ Q ⊂ R. Par exemple,
ment). Notez également –5 est un entier relatif, mais il peut également s’écrire comme le quotient de –5/1
qu’un nombre décimal et fait donc bien partie des nombres rationnels. On peut ainsi penser les relatifs
a un nombre fini de
comme généralisant les naturels, les rationnels comme généralisation des entiers,
chiffres, ce qui exclut
par exemple 3,66666... les réels comme généralisation des rationnels...
On peut également exclure des nombres d’un ensemble en lui retranchant un
sous-ensemble, ce qui s’écrit en utilisant le symbole « \ ».

2. L’apposition d’un Exemple


astérisque dans le cas * = \{0} est l’ensemble des réels dans lequel on a supprimé 2 0. Un autre exemple est celui
de la suppression du de l’ensemble des irrationnels, soit l’ensemble des réels auxquels on a retranché l’ensemble
zéro d’un ensemble est des nombres rationnels, et peut s’écrire \.
également utilisée pour
les autres ensembles que Nous rappelons également dans le tableau 5.1 la valeur approchée de quelques
celui des réels. constantes mathématiques très courantes, sans dimension.

24
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

Tableau 5.1  Quelques constantes mathématiques utiles.

Valeur décimale Valeur décimale


Constante Constante
approchée approchée

e 2,718 p 3,141593

2 1,4142 3 1,7321

log10 e = (ln 10)–1 0,434 log10 2 0,301

ln 2 0,693 ln 10 2,303

2 Les symboles
L’usage des symboles est une différence importante entre le langage mathématique
et la langue naturelle. Les symboles que nous reprenons ici sont des éléments de
langage qui permettent de formuler des propositions de manière plus compacte et
sans ambiguïté. Les tableaux suivants présentent les différents symboles que nous
emploierons dans cet ouvrage avec, entre parenthèses, des exemples d’application
ou l’identification des objets auxquels s’appliquent les différentes significations
des symboles évoqués.

Tableau 5.2  Symboles ensemblistes.

{} délimiteurs d’un ensemble ({0,1,2}) ∅ ensemble vide

∈ « appartient à » (2 ∈ ) ⊂ « est inclus dans » ( ⊂ )

∪ union de deux ensembles (A ∪ B) ∩ intersection de deux ensembles (A ∩ B)

\ « à l’exclusion de » (\{0} :  = égalité


privé de 0)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

3. Il existe aussi des Le langage de la logique utilise lui aussi des symboles, dont il est fait un grand
symboles propres à la usage dans les écritures mathématiques. Il s’agit3 d’une part des connecteurs :
géométrie, l’algèbre,
ou l’analyse que nous
–– la conjonction : le mot « et » ;
ne présentons pas dans –– la disjonction : le mot « ou » ;
ce chapitre et que vous –– l ’implication : le mot « implique » ou l’expression « si ..., alors » et le
trouverez dans les
symbole ⇒ ;
sections dédiées.
–– l’équivalence : l’expression « équivaut à » et le symbole ⇔ ;
–– la négation ;
et d’autre part des quantificateurs :
–– le quantificateur universel « Pour tout » ou « Quel que soit », noté ∀ ;

25
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

4. Peut également s’in- –– le quantificateur existentiel « Il existe au moins un ... , tel que... », noté4 ∃. Décoré
terpréter comme « Pour d’un « ! », à savoir « ∃! », il signifie alors5 « Il existe un et un seul..., tel que... » ;
au moins un ... »
–– suivant les usages, vous rencontrerez aussi le symbole « : » pour l’expression
5. Peut également s’in-
terpréter comme « Pour
« nous avons que » et le symbole « | » pour l’expression « tel que », bien que
un et un seul ... » ce ne soient pas des symboles de la logique. Ces deux symboles sont parfois
utilisés comme des synonymes.
Le tableau 5.3 reprend les symboles couramment utilisés en mathématiques
(notamment les symboles logiques), et le tableau 5.4 reprend pour sa part l’al-
phabet grec.

Tableau 5.3  Symboles courants en mathématique,


notamment des symboles logiques.

∀ « Pour tout » ∃ « Il existe au moins un »


⇒ « implique » ⇔ « équivaut à (propositions) »
∃! « Il existe un et un seul » := « est défini comme »
: « nous avons que »  « tel que »

Tableau 5.4  Alphabet grec.

A alpha a N nu n
B bêta b X xi x
Γ gamma g O omicron o
∆ delta d ∏ pi p
E epsilon e P rhô r
Z zêta z ∑ sigma s
H êta h T tau t
Θ thêta q Y upsilon u
I iota i Φ phi j
K kappa k C chi c
Λ lambda λ ψ psi y
M mu m Ω omega w

Suivant le contexte, il faudra pouvoir s’affranchir d’habitudes très bien ancrées qui
consistent à réserver certaines lettres pour certains usages ( f pour une fonction,
x pour une variable, a pour un paramètre, a pour un simple nombre, etc.) car
dès lors que la nomenclature est précisée et claire, que ce soit dans un cours, un
énoncé d’exercice, ou une explication, n’importe quelle lettre peut être utilisée

26
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

pour désigner ce que l’on veut, même si des conventions plus ou moins
respectées existent. Il faudra dès lors apprendre à être très flexible sur ses propres
« définitions » car il est extrêmement courant que les conventions et notations
varient d’un enseignant à un autre, ou d’un auteur (de livre, d’article, de page
web scientifique) à un autre.

3 Vers un langage formel


L’utilisation des symboles mathématiques est soumise à des règles qui permettent
l’écriture des propositions, au même titre qu’il existe des règles de grammaire et
d’orthographe en français. À titre d’exemple, deux usages de ces symboles :

Exemple 1
Considérons la proposition qui dit :
« Tout entier naturel pair est divisible par 2. »
Elle signifie aussi :
« Pour tout entier naturel n, si n est pair, alors il existe un entier naturel k tel que n = 2k »
et elle s’écrit dans le langage symbolique :
∀n ∈ , [ ( n pair) ⇒ ( ∃k ∈  | n = 2k )] (5.1)

Exemple 2
L’énoncé « 2x = 3 équivaut à x = 3/2 » pourra s’écrire
2 x = 3 ⇔ x = 3/ 2  (5.2)
Afin d’éviter toute ambiguité d’écriture, vous rencontrerez parfois des équivalences ou des
implications dans lesquelles les deux membres sont placés entre parenthèses afin de les
identifier formellement et d’éviter toute ambiguïté d’interprétation. Dans notre exemple,
cela donnerait :
(2 x = 3) ⇔ ( x = 3 / 2).  (5.3)
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4 Intervalles et ensembles
On distingue deux façons de décrire les ensembles :
–– l’une en extension, où l’on donne la liste explicite des éléments délimitée par
des accolades, comme dans cet ensemble contenant trois éléments :

 32 
 = − ,2, π 
 7 
–– l’autre en compréhension, où l’on définit les éléments de l’ensemble comme
ceux vérifiant une propriété :
 + = { x ∈  | x ≥ 0} ; *− = { x ∈  | x < 0}

27
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

soit, dans les exemples ci-dessus, l’ensemble des réels positifs ou nuls + et
l’ensemble des réels strictement négatifs *−.
–– Ces deux mêmes ensembles peuvent encore être définis au moyen d’intervalles

 + = [0, +∞[ ; *− = ] −∞, 0[

où l’infini, qui n’est pas un nombre, est toujours rejeté de l’intervalle tandis
que 0 est inclus dans + mais est exclus de *−. L’union des deux intervalles
précédents rend donc l’ensemble des réels
*− ∪  + = ] −∞, 0[ ∪ [0, +∞[ = .

Les intervalles peuvent se définir de manière plus générale. Par exemple, si la borne
inférieure est incluse dans l’intervalle tandis que la borne supérieure en est exclue,
cet intervalle peut s’écrire comme

[a, b[ = { x ∈  | a ≤ x < b} . (5.4)

On notera les cas particuliers des intervalles [a,b] dits fermés comprenant tous
les réels allant de a à b inclus, et les intervalles ]a, b[ dits ouverts et comprenant
tous les réels allant de a à b exclus.
On retiendra que l’intersection de deux intervalles (par exemple [ −4,6[ ∩ [ −5,0] = [ −4,0])
[ −4,6[ ∩ [ −5,0] = [ −4,0]) est toujours un intervalle, tandis que l’union de deux intervalles n’est pas
toujours un intervalle, comme par exemple ] − 2,0] ∪ [2,8] qui n’en est pas un.

Il existe une différence entre les dénominations nombre positif et nombre


strictement positif : la deuxième dénomination exclut le zéro, tandis que la
première ne le fait pas. Cela est également valable pour les nombres négatifs et
strictement négatifs.

5 Les opérations
Les quatre opérations élémentaires sont naturellement l’addition, la soustraction,
la multiplication et la division. Les deux premières opérations font intervenir des
termes (on additionne/soustrait plusieurs termes) tandis que les deux dernières
font intervenir des facteurs.
Suivant l’ensemble de nombres sur lequel on les considère, les opérations n’ont
pas toutes le même statut. Ainsi, si l’addition et la multiplication sont toujours des
opérations binaires, c’est-à-dire, qu’à tout couple de nombres, elles renvoient un
nouveau nombre (par exemple 2 + 3 = 5 ou 13 × 4 = 52), il n’en est pas de même
pour la soustraction ou la division. Cette lacune peut être vue comme l’origine de
l’extension des ensembles de nombres et de la définition des rationnels  ou des
réels  dans lesquels la soustraction est une opération binaire et la division l’est
presque, puisque seule la division par 0 n’est pas possible.

28
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

On veillera naturellement à ne pas confondre opposé et inverse : l’opposé d’un


nombre a est – a, tandis que son inverse est 1/a, pour autant que a soit non nul.

Notations
Dans une expression algébrique, le produit se notera par une croix « × », un point
médian « · » ou simplement en accolant les deux facteurs multipliés ensemble :
a × b = a ⋅ b = ab . Il est difficile d’énoncer une règle générale d’usage de ces
notations qui dépendent du contexte ou de l’ambiguïté de l’écriture. Pour la mul-
tiplication de valeurs numériques décimales, par exemple 2,31 et 4,56, on évitera
de les multiplier en utilisant un point. On choisira de les écrire séparées par une
croix, comme dans « 2,31 × 4,56 ». Cela est également vrai pour les produits de
valeurs numériques sans décimale.

5.1 Les propriétés de l’addition de nombres


réels
–– L’addition est commutative : soient x et y deux réels. Alors, x + y = y + x .
–– L’addition est associative : soient x, y, et z trois réels. Alors, x + ( y + z) = ( x + y) + z.
–– Le nombre 0 est neutre : si x est un réel. Alors, x + 0 = 0 + x = x.

5.2 Les propriétés de la multiplication de


nombres réels
–– Le produit est commutatif : soient x et y deux réels, x × y = y × x .
–– Le produit est associatif : soient x, y, et z trois réels, x × ( y × z) = ( x × y) × z.
–– Le nombre 0 est absorbant : si x est un réel, alors 0 × x = x × 0 = 0.
–– Le nombre 1 est neutre : si x est un réel, alors 1 × x = x × 1 = x .
Voici également quelques propriétés simples mais utiles : pour tous w, x et y réels,
avec w non nul,
1 1 1 1 1 1
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

(wxy) = (wyx) = ( xwy) = ( ywx) = ( xyw) = ( yxw) = xy = yx, (5.5)


w w w w w w


− x = −( x) = (−1) × x,(5.6)

−( − x) = ( −1)( − x) = x, (5.7)

(− x)(− y) = xy, (5.8)


− ( x + y) = − x − y,

(− x)(− y) = xy, − ( x + y) = − x − y,(5.9)

où l’on fera attention à ne pas confondre −( x + y) et (− x + y). Nous avons également


la règle du produit nul qui dit que, pour tout réel x et tout réel y,

( xy = 0) ⇔ ( x = 0 ou y = 0),(5.10)

29
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

où le « ou » est non exclusif, c’est-à-dire que x et y peuvent tout à fait être nuls
tous les deux.

5.3 La manipulation des fractions


6. Dans les exemples Voici quelques propriétés des fractions dont la maîtrise est indispensable lors
de cette section, les d’étapes calculatoires en sciences, notamment la simplification de calculs6.
réels se retrouvant au
dénominateur, c’est-
1. L’opposé dans les fractions : soit x un réel et y un réel non nul, on a
à-dire sous la barre de
fraction (le numérateur  x x x −x
−  = − = = .(5.11)
étant au-dessus de celle-  y y −y y
ci), sont non nuls.
2. Simplification : soient a, b et k trois réels (b et k non nuls). Alors,

a×k a⋅k ak a
= = = .(5.12)
b×k b⋅k bk b
3.1 Addition 1 : soient a et c deux réels quelconques et b un réel non nul. Alors,

a c a+c
+ = .(5.13)
b b b
3.2 Addition 2 : soient a et c deux réels quelconques et soient b et d deux réels non
nuls. Alors,

a c ad cb ad + cb
+ = + = .(5.14)
b d bd bd bd
Attention cependant aux simplifications généralement fausses :
a c a+c
+ ≠ .
b d b + d (5.15)

4. Multiplication : dans les mêmes conditions,

a c a×c ac
× = = .
b d b×d bd (5.16)

5. Quotient de quotients : soit a un réel quelconque et soient b, c et d trois réels


non nuls. Alors,

a /b ad
= .(5.17)
c /d bc

30
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

Notons que

a /b a/b a a a /1 ac
= = et = = . (5.18)
c c /1 bc b /c b /c b
Prenons également garde à des erreurs d’interprétation dans les fractions écrites
directement dans du texte : a / bc ≠ (a / b)c. En effet, on a, par la priorité des opéra-
tions (voir ci-dessous) l’identité (a / b)c = (ac)/ b . De manière générale, l’utilisation
du trait oblique est déconseillée pour éviter ce genre d’ambiguïté, et pour éviter de
se retrouver avec des expressions comme a / b / c , qui n’ont pas de sens, au même
titre que l’écriture
a
x= b
c

ce qui nous donne l’occasion de rappeler que le trait de fraction principal doit
toujours se trouver au niveau du signe « = »

5.4 Priorité des opérations


Considérant la soustraction comme l’addition de l’opposé d’un nombre, et la divi-
sion comme le produit par l’inverse d’un nombre, nous allons réviser ici la priorité
des opérations simples :
a. parenthèses, crochets, racine, barre de fraction ;
b. puissances ;
c. produits ;
d. sommes.
Afin de ne pas alourdir le parenthésage, il est d’usage de réduire le nombre de pa-
renthèses en imposant des règles de priorité de la multiplication sur l’addition. On
vous conseille de commencer par lire l’expression et d’identifier si des éléments
de type a. sont présents. Si tel est le cas, il faudra commencer par effectuer les
opérations présentes à l’intérieur de ces éléments, en respectant la hiérarchisation
du parenthésage (parenthèses dans des parenthèses). Par exemple,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

1 + (2 − (3 + 4)) = 1 + (2 − (7)) = 1 + (−5) = − 4.

L’étape suivante consiste à tenir compte des éventuelles puissances. Finalement,


on retiendra que les produits et quotients sont prioritaires sur les sommes et les
différences.

Exemple
6−5 1 2
Simplifions (1 + 3 × 2 )2 − 25 ( 50 − 1 + 1)  − .
4+3 
 2 5 
Dans l’ordre, nous avons :
a. Les deux racines carrées
25 = 5 ; 50 − 1 = 49 = 7 ;

31
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

a. L’intérieur des parenthèses et des crochets


1 2 5 4 1
50 − 1 + 1 = 7 + 1 = 8 ; − = − =
2 5 10 10 10
et, en respectant la priorité du produit sur la somme
1 + 3 × 2 = 1 + (3 × 2) = 7 ;
a. Le numérateur et dénominateur de la première fraction
6−5 (6 − 5)
= avec 6 − 5 = 1 et 4 + 3 = 7 ;
4+3 (4 + 3)
b. L’exposant sur les parenthèses
(1 + 3 × 2)2 = (7)2 = 72 = 49 ;
c. Le produit de la première fraction par le carré du contenu des parenthèses
6−5 1
(1 + 3 × 2)2 = × 72 = 7 ;
4+3 7

c. Le produit du résultat de 25 par le contenu des parenthèses et des crochets


1 2 1
25 ( 50 − 1 + 1)  −  = 5 (8 )   = 4 ;
 2 5   10 

d. La différence des deux termes résultants


6−5 1 2
(1 + 3 × 2 )2 − 25 ( 50 − 1 + 1)  −  = 7 − 4 = 3.
4+3  2 5 
On remarquera dans le développement ci-dessus que l’on aura bien fait attention
à faire la distinction suivante :
50 − 1 ≠ 50 − 1

On sera également attentif au fait que

1+ 3 × 2 ≠ 4 × 2

ainsi que l’on pourrait être tenté de l’écrire en lisant l’expression de gauche à droite
sans prendre garde à la priorité du produit sur la somme.
7. Plus rigoureusement,
de telles identités Voici également une liste d’erreurs 7 très courantes dans les simplifications
­s eraient fausses en d’expressions algébriques liant
général.
1. Opposé et fraction :
x+y x y
− ≠− + ;
z z z
2. Produit et exposant :

x( y − z)w ≠ ( xy − xz)w ;

32
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

3. Exposants et associativité de la somme :

(2 x + y3 ) − w3 = 2 x + ( y3 − w3 ) ≠ 2 x + ( y − w)3 ;
4. Exposants et associativité du produit :

(2 x)( y3 )(− w)3 ≠ 2 xy3 − w3 .

6 Racine carrée et puissance d’un nombre


Définition
La racine carrée d’un réel a positif est l’unique réel positif, noté a tel que

( a )2 = a.  (5.19)

Ci-dessous nous énumérons quelques propriétés liées à la racine carrée


1. Si a ∈  + et b ∈  + ,

ab = a b . (5.20)

2. Si a ∈  + et b ∈ *+ ,

a a
= . (5.21)
b b
3. Si a ∈ ,

 a (a ≥ 0)
a 2 =  a =  (5.22)
 −a (a ≤ 0)

La valeur absolue | a | est souvent utilisée en sciences pour dire que deux réels a et
–a sont égaux au signe près : on peut dire qu’ils sont « égaux en valeur absolue ».
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

4. Si r et s sont des entiers naturels non nuls, et a et b sont deux réels, nous avons
trois propriétés :
4.1 Le produit et le quotient de deux puissances d’une même base

ar
ar a s = ar + s , = ar − s (a ≠ 0),(5.23)
as

qui permet par exemple de déduire

ar
1= = ar − r = a 0 .(5.24)
ar

33
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

4.2 La puissance d’une puissance et la puissance d’un quotient

()
r
a ar
(ar )s = ars , = (b ≠ 0),(5.25)
b br
4.3 Le produit de deux puissances de même exposant

ar br = ( ab )r .(5.26)

Attention :

( 43 )
2
32 3
= ≠ (5.27)
42 4
De la même manière,
− ar ≠ (− a)r (5.28)

à part dans le cas de la puissance p ième impaire ( p = 2n + 1 avec n ∈N) d’un
nombre négatif –a :

n
(− a) p = (−1)2 n +1 a p = (−1)2 n (−1)a p = ( (−1)2 ) (−1)a p = − a p .(5.29)

comme par exemple (−3)3 = −27 = −(33 ).

Nous voudrions conclure cette section en mentionnant le fait que des puissances
d’entiers relatifs (102, 10–4, etc.) sont régulièrement utilisées en sciences pour une
notation scientifique.

7 Les produits remarquables


Il peut parfois être utile de transformer une somme de termes en produit de fac-
teurs. Plusieurs produits remarquables sont connus, et très régulièrement utilisés.
Pour tous a et b réels, on a :
–– le carré d’une somme

(a + b)2 = a 2 + 2ab + b 2 ;(5.30)


(a − b)2 = a 2 − 2ab + b 2 (5.31)
8. Opération consistant qui dans le cas de la factorisation8 se lira de droite à gauche ;
en la réécriture d’une
–– la différence de carrés
expression sous la
forme d’un produit.
a 2 − b 2 = (a + b)(a − b) ;(5.32)

34
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

–– le cube d’une somme

(a + b)3 = a3 + 3a 2 b + 3ab 2 + b 3 ;(5.33)


–– la différence de cubes

a3 − b 3 = (a − b)(a 2 + ab + b 2 ).(5.34)

8 Les (in)équations
Nous aimerions dans cette section non seulement revenir sur quelques propriétés
de l’équation, mais étendre cette discussion aux inéquations. à travers cette sec-
tion nous continuerons à mettre en évidence certains raccourcis dangereux dans la
manipulation d’(in)équations.

8.1 Les équations


9. Si l’égalité est véri- Considérons des égalités entre des expressions mathématiques. La résolution
fiée quelle que soit la d’une équation (une égalité entre deux expressions, comportant une ou plusieurs
valeur attribuée à la ou variables), consiste alors en la détermination des valeurs de la ou des variable(s)
aux variables qu’elle
qui vérifient celle-ci. L’équation est vérifiée si l’égalité des deux expressions, ap-
comporte, on parle alors
d’identité. Par exemple,
pelées membres de l’équation, est vraie pour de telles valeurs9. Pour commencer,
les produits remar- souvenons-nous de quelques règles élémentaires régissant la transformation d’une
quables mentionnés équation à une inconnue réelle x :
plus hauts ont été écrits 1. Simplifier des termes : soient a et b deux réels,
sous forme d’identités
remarquables. ( x + a = b + a) ⇔ ( x = b).(5.35)

2. Simplifier des facteurs : soient a et b deux réels (a non nul),

( xa = ba) ⇔ ( x = b).(5.36)

3. Isoler un des termes : prenons l’équation


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

x + a = b (5.37)

où a et b sont des réels et le réel x est l’inconnue. Une manière très courante
d’envisager l’isolement de l’inconnue x est de se figurer que l’on « envoie » a
de l’autre côté de l’égalité en lui affectant le signe « – ». Ce raisonnement peut
facilement mener à des erreurs calculatoires, et nous lui préférons le raisonne-
ment suivant : « Nous retranchons le même nombre a dans les deux membres
de l’équation »

x + a − a = b − a (5.38)

35
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

que l’on peut d’ailleurs écrire

x = b − a = − a + b(5.39)

où l’on aura appris à traiter –a comme un nombre en tant que tel, ce qui nous fait
écrire

x = b + (− a),

c’est-à-dire, sachant que l’addition de deux nombres est commutative ( m + n = n + m),

x = (− a) + b = − a + b.

Prenons maintenant un autre cas de figure et isolons x dans ax = b avec a et b deux


réels (a non-nul) :

 ax b   b
 =  ⇔x=  (5.40)
a a   a
Dans ce cas-là, le raisonnement n’aura pas été de se dire « Je prends a que je fais
passer de l’autre côté en divisant au lieu de multiplier », mais bien « Je multiplie
les deux membres de l’équation par l’inverse de a ».
Combinons : soient a, b et c deux réels (a non-nul). Nous pouvons alors isoler la
variable réelle x dans ax + c = b

( ax + c = b ) ⇔  x = b − c  (5.41)


a
en combinant les deux méthodes d’isolement précédentes, qui peuvent se faire dans
n’importe quel ordre, pourvu que l’égalité soit préservée : on peut indifféremment
diviser le membre de gauche et celui de droite par a puis retrancher c / a de part et
d’autre de l’égalité, ou commencer par retrancher c à gauche et à droite, puis diviser
le résultat pour chaque membre par a.
Nous aimerions rappeler ici trois manipulations d’expression ou d’égalité, très
simples, que l’on rencontre souvent lorsqu’il s’agit d’isoler une inconnue dans une
équation. La première est la mise au même dénominateur :
Prenons l’expression
b
a+
c
où a, b et c sont des réels (c non-nul). Nous pouvons mettre les deux termes de
cette somme au même dénominateur en multipliant a par c / c :

c b ac + b
a + = .
c c c
La deuxième manipulation est la mise en évidence. Prenons la somme suivante
(a, b et c sont des réels) :
ab + ac.

36
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

Nous constatons que les deux termes de cette somme sont le produit d’un même réel
a par le réel b dans le premier terme et le réel c dans le second terme. Le facteur
commun, a, peut donc être mis en évidence :

ab + ac = a(b + c).

Il est également possible de revenir de la forme factorisée (membre de droite dans


l’égalité ci-dessus, ainsi nommée car nous avons le produit de deux facteurs au
lieu de la somme de deux termes) à la forme éclatée de l’expression (membre de
gauche ci-dessus) en réalisant une distribution.
Finalement, citons le classique produit en croix : soient a, b, c et d quatre réels
(b et d non-nuls). Alors,

a c
 =  ⇔ (ad = bc).(5.42)
b d

Erreurs courantes
Voici des erreurs très fréquentes rencontrées chez les étudiants de début de licence lors de la simplification d’équa-
tions, ou l’isolement d’une variable10. Ces erreurs sont de plusieurs types :
1. Confusion des propriétés d’un terme et celles d’un facteur

Exemple 1 :    ( x + a = ya ) ⇔
/ ( x = y)

Exemple 2 :    ( x + a = b ) ⇔
/ x= (b
a )
2. Manipulation d’un terme en lui attribuant également les propriétés d’un facteur

 2 y3   2 4
 ax + = 5 x


/  ax − 5 x = − 3 
4 y
3. Confusion : dénominateur d’un terme et dénominateur d’un membre

4. Erreur de distribution
( 1a + b = x) ⇔
/ (1 + b = ax )

Exemple 1 :       ( a(b − c ) = d ) ⇔


/ ( ab = d + c )
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Exemple 2 :       ( a(b − c ) = d ) ⇔


/ (−c = abd )
5. Confusion entre facteur d’un terme et facteur de tout un membre
(ax + c = b) ⇔ / ( b
x= −c
a )
10. Comme précédem-
ment, nous dirons que
les propositions listées
seraient fausses en
général.

37
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

8.2 Les inéquations


Contrairement à ce que peut inspirer cette terminologie, les inéquations constituent
une sorte d’inégalités pouvant ne pas être strictes : lorsque deux expressions sont
séparées par ≤ ou ≥, cela n’exclut évidemment pas l’égalité entre les deux expres-
sions, contrairement aux inégalités dites « strictes », où deux expressions sont
comparées par un symbole > ou <.
Nous aimerions rappeler ici quelques propriétés des inéquations, utiles pour établir
une comparaison au cours de la résolution d’un exercice par exemple. Ainsi que
précédemment, nous considérerons ici la différence comme l’addition de l’opposé,
et la division comme la multiplication par l’inverse.

Les quatre règles que nous allons énoncer ci-dessous sont illustrées pour les
inégalités du type « A est plus grand que B », mais ces règles sont généralisables
aux quatre types de relation (<, >, ainsi que ≤ et ≥).

1. Invariance de sens par addition : pour tout w réel,

( x > y) ⇔ ( x + w > y + w)(5.43)

2. Invariance de sens par multiplication par un nombre strictement positif : pour


tout w réel strictement positif,

( x > y) ⇔ (wx > wy) (5.44)


3. Inversion de sens par multiplication par un nombre strictement négatif : pour
tout w réel strictement négatif,

( x > y) ⇔ (wx < wy) (5.45)

4. Transitivité de l’inégalité : on peut également utiliser deux inégalités de même


type (un des quatre types d’inégalité mentionnés dans la remarque ci-dessus)
pour tirer une conclusion sous la forme d’une troisième inégalité du même type
que les deux autres

y >x
x >z } ⇒ ( y > x > z) ⇒ ( y > z).(5.46)

De manière générale, on parle de transitivité lorsque plusieurs relations font in-


tervenir des objets mathématiques liés de manière consécutive, donnant lieu à la
formulation d’une conclusion liant le premier et le dernier élément de la chaîne.
Nous retrouverons dans d’autres chapitres cette notion de transitivité, par exemple
dans la relation de Chasles en calcul vectoriel (cf. chapitre 6) et en calcul intégral
(cf. chapitre 7).

38
chapitre 5  •  Éléments d’algèbre

11. Pour la compléter,


il faut préciser que cette Nous voudrions attirer l’attention du lecteur sur le danger de raccourcis
implication est vraie empiriques liés aux inégalités, très courants mais manquant de généralité, tel
pour un couple de nom- que la proposition incomplète 11
bres x et y, avec x positif
ou nul et y strictement ( x < y) ⇒ ( − x < y)
positif.
découlant du constat, par exemple, que si 3 est inférieur à 5, −3 lui est a fortiori
également inférieur, ce qui n’est évidemment pas toujours vrai (un contre-exemple
très simple est celui où x = −5 et y = 2).
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39
CHAPITRE

6 Géométrie
et calcul vectoriel
Nous reprenons dans ce chapitre les informations classiques et souvent très utiles
liées aux formes géométriques couramment rencontrées en sciences, et nous po-
sons les bases de l’utilisation des vecteurs, sachant que bon nombre de grandeurs
(position, vitesse, force, etc.) exposées dans les parties suivantes de cet ouvrage
sont des grandeurs vectorielles.

1 Les angles géométriques


La donnée de deux demi-droites [OA) et [OB), de même origine O, découpe le plan
en deux parties, nommées secteurs angulaires. Ce découpage est illustré figure 6.1.
Considérons un cercle  de rayon R centré en O. Ce cercle intercepte les deux
demi-droites [OA) et [OB) aux points A′ et B′ .
Dans ces conditions, la mesure de l’amplitude géométrique de l’angle de chaque
secteur angulaire (a et b à la figure 6.1) s’obtient comme le rapport entre la longueur
de l’arc de cercle contenu dans ce secteur (lα et lβ figure 6.1) et le rayon du cercle :

lα lβ
α = , β = .(6.1)
R R

[OB)
B0
l •

R l↵
Figure 6.1  [OA)

O• •

A0

Illustration de la définition d’un angle plan.

40
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

1. Cette définition fait Cette mesure s’exprime en radian, ce qui nous amène à la définition de ce qu’est
appel à celle d’un angle le radian1 :
au centre, soit un angle
formé par deux rayons Définition
d’un cercle ou par deux
demi-droites sécantes Un radian est la mesure de l’amplitude géométrique d’un angle au centre, cet angle étant
ayant la même origine, sous-tendu par un arc dont la longueur est égale au rayon du cercle.
cette origine étant à
la fois le sommet de On comprend dès lors, étant donné que le périmètre d’un cercle C de rayon R est
l’angle et le centre du pC = 2π R, que la mesure de l’amplitude géométrique d’un angle de 360° est de
cercle.
2p radian. Ce résultat permet de déduire simplement que la mesure de l’amplitude
géométrique d’un angle plat (180°) est de p radian, et que celle d’un angle droit
(90°) est de π / 2 radian. Cette équivalence est donnée dans le tableau 6.1 pour
quelques angles remarquables2.
2. Nous donnons ici ces
quelques mesures d’am-
plitude géométrique Tableau 6.1  Six mesures (en degrés et en radian) de l’amplitude géométrique
d’angles également en d’angles, couramment rencontrées en géométrie et en sciences.
degrés car, bien que ce
soit le radian qui soit le Mesure (°) Mesure (radian) Mesure (°) Mesure (radian)
plus couramment utilisé
en mathématiques, les 360 2p 180 p
degrés sont quant à eux
très utilisés en sciences
90 π /2 60 π /3
naturelles. 45 π /4 30 π /6

2 Propriétés de formes géométriques


élémentaires
Nous réviserons prioritairement les caractéristiques de formes manipulées régu-
lièrement notamment en physique, et dont la bonne maîtrise permet de développer
un sens de la visualisation qui se révèle souvent très bénéfique lors du contact avec
un problème physique concret.
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2.1 Le cercle, la sphère


Le cercle et la sphère sont des objets géométriques fondamentaux, « centraux » en
physique. Il s’agit, respectivement dans deux et trois dimensions de l’espace, du
lieu (l’ensemble) des points équidistants à un point nommé centre. La distance
entre le centre et tout point du cercle ou de la sphère se nomme le rayon, et a donc
les dimensions d’une longueur. Nous nous contenterons de rappeler le périmètre
pc et la surface Sc d’un cercle de rayon R :

pC = 2π R, SC = π R 2 (6.2)

41
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

Nous rapporterons également la surface Ss et le volume Vs d’une sphère S de rayon R :


4
Ss = 4π R 2 , Vs = π R3 .(6.3)
3

2.2 Les triangles


Soit un triangle ABC quelconque, aux côtés de longueur a, b et c tel que celui
représenté figure 6.2. Son périmètre pt et son aire St s’expriment comme

bh
pt = a + b + c, St = (6.4)
2

où b est la longueur d’une base et h la longueur de la hauteur correspondante.


Chaque côté peut être choisi comme base. La hauteur qui lui correspond est la
droite qui lui est perpendiculaire et qui passe par le sommet qui lui est opposé
(voir bas de la figure 6.3). Sa mesure (h ci-dessus), est la longueur du segment de
hauteur joignant le sommet au côté. Si la hauteur rejoint le prolongement d’un côté
du triangle hors de celui-ci (en-bas à droite de la figure 6.3), la longueur utilisée
pour calculer la surface du triangle reste celle du côté sans prendre en compte son
prolongement, soit la longueur AC sur la figure 6.3.
B
β
c
a
Figure 6.2 
γ ↵
C A
b
Mesures dans le triangle quelconque.
Proposition
La somme des mesures de l’amplitude géométrique des angles d’un triangle est
égale à p radian.

2.2.1  Médiane, médiatrice, bissectrice


Outre la hauteur, d’autres objets géométriques remarquables sont également iden-
tifiables :
Définitions
– La médiane, ce segment de droite partant d’un sommet du triangle et rejoignant le milieu
du côté faisant face à ce sommet. Elle est représentée à la figure 6.3. Tout comme la hauteur,
nous en avons trois par triangle.
– La médiatrice d’un côté du triangle (et plus généralement la médiatrice d’un segment de droite)
est le lieu des points équidistants des extrémités de ce côté (ou du segment de droite considéré
si l’on parle de manière générale). On voit que la médiatrice est donc une droite orthogonale
(perpendiculaire) au segment de droite en question, et que l’intersection entre la médiatrice et le
segment se produit au milieu de celui-ci. La médiatrice est également représentée à la figure 6.3.

42
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

– Une bissectrice (voir figure 6.3) est une demi-droite issue du sommet d’un secteur angulaire
et coupant ce dernier en deux secteurs angulaires dont la mesure de l’amplitude géométrique
des angles est égale.

Dans un triangle isocèle, c’est-à-dire un triangle ayant deux côtés de même lon-
gueur ou, de manière équivalente, deux angles de même mesure, la médiatrice
caractéristique du troisième côté est également une médiane et une hauteur du
triangle, ainsi que la bissectrice d’un des angles du triangle. Il en va de même pour
n’importe laquelle des trois médiatrices d’un triangle équilatéral (trois côtés de
même longueur et trois angles de même amplitude).
B [OA)
M0
C
m
↵ E
A B A C O b
M M ↵

m D

[OB)
Figure 6.3 
h
A H
B C

H
C A
B

Droites, demi-droites et segments de droites remarquables : la médiatrice


(en-haut à gauche), la médiane (en-haut au milieu), la bissectrice
(en-haut à droite), et deux sortes de hauteur (en-bas).

Nous pouvons également définir plusieurs points importants dans un triangle.


Définitions
– L’orthocentre, qui est le point de rencontre des hauteurs.
– Le centre de gravité, qui est le point de rencontre des médianes.
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– Les médiatrices se croisent quant à elles en un point définissant le centre du cercle cir-
conscrit au triangle (cercle dans lequel le triangle est inscrit, et qui passe par les trois
sommets de celui-ci).
– les bissectrices se rencontrent en un point définissant le centre du cercle inscrit dans le
triangle (celui que l’on peut tracer à l’intérieur du triangle et qui « touche » ce triangle en
trois points, un par côté).
1

2.2.2  Triangles rectangles et trigonométrie


1
Définitions
Un triangle est rectangle s’il possède un angle droit (figure 6.4). Dans un tel triangle, cet
angle droit fait face à ce que l’on appelle l’hypothénuse, c’est-à-dire le côté d’un triangle
rectangle dont la longueur est la1 plus
1 grande.

43
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

Afin d’introduire la trigonométrie du triangle rectangle, considérons un triangle


ABC, rectangle en A. Notons :
•• a la longueur du côté faisant face au sommet A de mesure α = π /2 ;
•• b la longueur du côté faisant face au sommet B de mesure b ;
•• c la longueur du côté faisant face au sommet C de mesure g .
Nous pouvons définir trois nombres trigonométriques, le sinus (sin), le cosinus
(cos) et la tangente (tan), relatifs aux mesures de l’amplitude géométrique des
deux angles qui ne sont pas droits dans ABC :
b c b sinβ
sin β = , cos β = , tan β = =
a a c cosβ

et
c b c sinγ
sin γ = , cos γ = , tanγ = = .
a a b cosγ

Définitions
De manière générale, pour tout autre angle que l’angle droit dans un triangle rectangle,
– le sinus de la mesure de l’amplitude géométrique de cet angle s’obtient en divisant la lon-
gueur du côté opposé à celui-ci par la longueur de l’hypothénuse ;
– le cosinus de la mesure de l’amplitude géométrique de cet angle s’obtient en divisant la longueur
du côté qui lui est adjacent (autre que l’hypothénuse) par la longueur de l’hypothénuse ;
– la tangente de la mesure de l’amplitude géométrique de cet angle s’obtient en divisant le
sinus de cette mesure par son cosinus.

ThéorÈme de Pythagore
Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur de l’hypoténuse est égal à la
somme des carrés des longueurs des deux autres côtés.
Pour un triangle ABC rectangle en A, cela s’écrit

BC 2 = AB 2 + AC 2 .(6.5)

C
γ
a
b
Figure 6.4 
↵ β
A B
c
Mesures dans un triangle rectangle en A.

44
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

2.2.3  Triangles quelconques et trigonométrie


Nous pouvons également utiliser la trigonométrie pour déduire des propriétés de
triangles quelconques : soit A (respectivement B et C) le sommet d’un triangle
quelconque ayant a (respectivement b et g ) pour mesure d’amplitude géométrique
d’angle et faisant face au côté de longueur a (respectivement b et c). Ce triangle
est représenté à la figure 6.2. Alors,

a b c
= = .(6.6)
sin α sin β sin γ

On trouve également (théorème d’Al-Kashi, aussi appelé théorème de Pythagore


généralisé)

a 2 = b 2 + c 2 + 2bc cosα , b 2 = a 2 + c 2 + 2ac cosβ , c2 = a


a 2 = b 2 + c 2 + 2bc cosα , b 2 = a 2 + c 2 + 2ac cosβ , c 2 = a 2 + b 2 + 2ab cosγ .
= b 2 + c 2 + 2bc cosα , b 2 = a 2 + c 2 + 2ac cosβ , c 2 = a 2 + b 2 + 2ab cosγ . (6.7)

Finalement, on trouve que l’aire St du triangle s’écrit comme

ab sin γ bc sin α ac sin β


St = = = . (6.8)
2 2 2

2.3  Les quadrilatères convexes


Après les polygones à trois côtés, nous passons maintenant aux polygones à quatre
côtés. Une nouvelle notion intervient dès que le nombre de côtés atteint ou dépasse
quatre : la convexité.

Définition
Un quadrilatère est convexe si pour tout choix de côté, ce quadrilatère est entièrement inclus
dans le même demi-plan délimité par le côté choisi.
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Parmi les quadrilatères convexes, nous trouvons les trapèzes (deux des quatre côtés
sont parallèles), les parallélogrammes (les côtés sont parallèles deux à deux), les
losanges (les côtés sont parallèles deux à deux et tous les côtés sont de même lon-
gueur), les rectangles (côtés parallèles deux à deux, et tous les côtés sont à angle droit
de leurs voisins), et un cas particulier de rectangle qu’est le carré (côtés parallèles
deux à deux, tous les côtés sont à angle droit de leurs voisins, et tous les côtés sont
de même longueur). Tous ces quadrilatères ont leurs caractéristiques résumées dans
le tableau 6.2 et sont représentés, avec le tracé d’au moins une hauteur (sauf pour
le rectangle et le carré dont les hauteurs sont les côtés), à la figure 6.5.
Proposition
La somme des mesures de l’amplitude géométrique des angles d’un quadrilatère
convexe est égale à 2p radian.

45
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

2.4  Les polygones réguliers convexes


3. Notez que tout Nous avons déjà observé qu’un triangle pouvait être équilatéral (trois côtés de même
comme il existe des longueur) et qu’un rectangle pouvait être carré (longueur et largeur identiques). Il
triangles autres qu’équi- est possible de généraliser l’existence de telles formes géométriques à n côtés de
latéraux, un polygone à même longueur a : les polygones réguliers3 convexes4. Après le triangle équilatéral
plus de trois côtés peut
tout à fait être irrégulier.
(trois côtés) et le carré (quatre côtés), nous aurons donc le pentagone régulier (cinq
côtés), l’hexagone régulier (six côtés), etc.
4. La définition est
identique à celle donnée Tableau 6.2  Caractéristiques de quadrilatères remarquables.
pour un quadrilatère.
Nom Propriétés Aire

Parallélogramme Côtés parallèles deux à deux S = bh

Rectangle Quatre angles droits S = ab

Carré Quatre angles droits et quatre côtés de S = a2


même longueurs
lh
Losange Quatre côtés de même longueur S =
2

Trapèze Deux côtés parallèles (a + b)h


S =
2

h a h

b b

Figure 6.5 
l

a a
h

b a

Quadrilatéres remarquables. En-haut : le trapéze (gauche) et le parallélogramme


(droite). En-bas, de gauche à droite : le rectangle, le carré et le losange.

On rappellera à cette occasion les préfixes grecs mono, di, tri, tetra, penta, hexa,
hepta, octo, nona, deca, undeca, dodeca qui permettent, entre autres choses, de
dénombrer les côtés d’un polygone, régulier ou non.

46
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

En plus du triangle équilatéral et du carré, nous avons représenté deux polygones


réguliers couramment utilisés en sciences (notamment en chimie) figure 6.6 : le
pentagone régulier et l’hexagone régulier.

Figure 6.6 

Principaux polygones réguliers. De gauche à droite : le triangle équilatéral,


le carré, le pentagone régulier et l’hexagone régulier.
On retiendra la mesure de l’égale amplitude de chacun des trois (triangle équilaté-
ral), quatre (carré), cinq (pentagone régulier) ou six (hexagone régulier) angles au
centre, à savoir respectivement 120°, 90°, 72° et 60°, ainsi que la mesure des angles
formés par chaque paire de côtés adjacents dans ces quatre objets géométriques, à
savoir respectivement 60°, 90°, 108° et 120°.

2.5  Les polyèdres réguliers convexes


Si l’on passe de deux à trois dimensions, nous ne parlerons plus de polygones
(plusieurs côtés) mais de polyèdres (plusieurs faces). Les polyèdres réguliers sont
donc des objets géométriques à n faces identiques. Chacune de ces faces est un
polygone régulier, et chaque sommet est le résultat de la convergence du même
nombre d’arêtes. On étend aussi la définition de convexité aux polyèdres : il est
convexe si pour tout choix de face, les autres faces du polyèdre sont situées dans
le même demi-espace délimité par la face choisie. Les plus régulièrement utilisés
sont les tétraèdres (pyramides, quatre triangles équilatéraux), hexaèdres (cubes, six
carrés) et octaèdres (huit triangles équilatéraux), illustrés figure 6.7.

Figure 6.7 
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Principaux polyèdres réguliers convexes. De gauche à droite : le cube,


le tétraédre régulier et l’octaédre régulier.

3 Introduction au calcul vectoriel


1

5. La perpendicularité
des directions Ox et 3.1  Les coordonnées dans le plan
Oy relève d’un choix
Soit un repère du plan, que nous noterons (O ; x, y), avec les directions Ox et Oy
arbitraire, conférant à
ce repère des proprié-
perpendiculaires5 (tous les angles à l’intersection des axes Ox et Oy ont une mesure
tés intéressantes pour de 90°). Les axes Ox et Oy sont conventionnellement orientés de gauche à droite
la suite de notre déve- pour les x croissants et de bas en haut pour les y croissants, ce qui est rappelé gra-
loppement. phiquement par une flèche figure 6.8.
47
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

Nous pouvons, à tout point A dans ce plan, attribuer des coordonnées cartésiennes,
xA selon x et yA selon y. Le repérage de A par ses coordonnées (xA, yA) dans le repère
(O ; x, y) est représenté à la figure 6.8. Sur cette figure, on voit que la longueur
du segment de droite gris et parallèle à Ox (respectivement, à Oy) correspond à la
mesure de la coordonnée xA (respectivement, yA). Si l’échelle (la graduation) du
repère est identique selon l’axe Ox et l’axe Oy, le repère est dit orthonormé, et on
dira que la longueur de la projection du point A dans la direction Ox est égale à
xA, et similairement pour yA.

yA A

Figure 6.8 

1
• x
O 1 xA

Coordonnées dans le plan.

Nous avons mentionné que les vecteurs sont très frèquemment utilisés, notamment en
physique. Revenons sur la définition même de ce qu’est un vecteur, en commençant
par traiter le cas d’un vecteur dans le plan (deux dimensions) avant de finir avec
6. Certaines références les vecteurs définis dans l’espace (trois dimensions). Ces outils sont généralisables
utilisent une f léche à plus de trois dimensions, mais leur représentation est plus complexe, et dépasse
au-dessus de cette lettre le cadre de cet ouvrage.
comme nous ; d’autres
choisissent d’écrire
simplement cette lettre
en gras (t) ; d’autres
3.2 Les vecteurs dans le plan
encore choisissent de Nous avons vu comment il était possible de définir les coordonnées (xA, yA) d’un
combiner les deux
 point A dans un repère (O ; x, y) à deux dimensions. Nous pouvons maintenant
(υ ). On ne s’étonnera

définir un vecteur6 AB allant de A jusqu’à un autre point, B, de coordonnées
donc pas de trouver
l’une ou l’autre de ces
(xB, yB).
conventions dans des
livres ou des articles y
scientifiques.
yB B

−−!
yA AB
Figure 6.9  A

1
• x
O 1 xA xB

Représentation d’un vecteur dans le plan.

48
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

Nous voyons que ce vecteur a une origine (A), une direction (la direction AB), un sens
(le vecteur va de A vers B), et une longueur, toujours positive ou nulle : sa norme.
Le sens et la direction sont deux choses différentes : parler de l’axe nord-sud ou dire
que l’on va du sud vers le nord, c’est parler respectivement de la direction et du sens.
 
Rien ne nous empêche de renommer le vecteur AB en vecteur v, ou en utilisant
n’importe quelle lettre de n’importe quel alphabet d’ailleurs.
Tout comme nous attribuions des coordonnées aux points A et B, nous pouvons

attribuer des coordonnées, ou composantes, au vecteur v : sa composante selon
Ox sera xB − x A , et sa composante selon Oy sera yB − yA . On remarque que nous
prenons à chaque fois la coordonnée du point d’arrivée, à laquelle nous retranchons
la coordonnée du point de départ :

  x B − x A   vx 
v =  =  .
 yB − y A   v y 

Notons que changer de repère lorsque l’on décrit un vecteur implique une modification
des composantes de ce vecteur. Cela est également vrai pour les coordonnées d’un point.
Nous voyons qu’une telle définition d’un vecteur implique qu’un autre vecteur, d’ori-

gine C et de point d’arrivée D, parallèle au premier, et de même norme que v sera

tout simplement égal à v (voir figure 6.10) puisqu’il aura les mêmes composantes.
Si le deuxième vecteur n’allait pas de C vers D mais de D vers C, nous verrions que
les
 composantes de ce deuxième
 vecteur

 seraient simplement l’opposé de celles de

v , et nous aurions donc DC = −CD = − v. On aura remarqué que permuter l’origine
et l’arrivée du vecteur aura eu pour effet d’en prendre l’opposé.
B

A
Figure 6.10  D

!
v
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

C
Égalité de deux vecteurs dans le plan.

Ainsi que mentionné plus haut, un vecteur est également défini par sa norme. Celle-
ci s’obtient par le théorème de Pythagore et s’écrit comme

AB = ( xB − x A )2 + ( yB − yA )2 , (6.9)

soit, en d’autres termes,


v = vx2 + vy2 . (6.10)

49
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

Propriétés
   0 
Notons immédiatement la définition du vecteur nul : AA = 0 =   , et énonçons
 0
quelques propriétés des vecteurs :
1. Multiplication par un réel (colinéarité)

  vx   mvx 
∀m ∈ , mv = m   =  .(6.11)
 vy   mvy 
 
En d’autres termes, si deux vecteurs v et w sont liés entre eux par la multiplica-
tion par un scalaire (synonyme d’un nombre réel dans ce contexte), ils sont dits
« colinéaires ».
  u x    vx 
2. Somme de deux vecteurs : soient u =   et v =   . On a
 uy   vy 

   u x   vx   u x + vx 
u+v =  +  =  .(6.12)
 uy   vy   uy + vy 
La représentation de cette opération est donnée figure 6.11, où l’on voit que l’on

peut soit représenter le vecteur v en plaçant son origine sur le point d’arrivée
 du
vecteur u (partie de gauche) ou bien en la faisant coïncider avec celle de u (partie
de droite).
–– Dans le premier cas, on utilisera la règle de Chasles qui nous dit que
  
AB + BC = AC ,(6.13)

de laquelle on peut tirer notamment que


   
AB + BA = AA = 0,(6.14)

ce qui vérifie bien


    
AB + BA = AB − AB = 0.(6.15)

–– D
 ans le second cas (partie de droite de la figure 6.11), on construit un
 
parallélogramme dont on prend la grande diagonale pour obtenir u + v.

Figure 6.11 

  
Somme de deux vecteurs dans le plan.

50
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

7. On pourrait écrire 3. Mise en évidence : pour tous m et n réels7,


cette locution :
  
« ∀(m,n) ∈  ×  ≡ mu + nu = (m + n)u.(6.16)
 2  », ce qui signifie  
« pour tout couple de Si l’on écrit deux vecteurs, ex et ey, orientés selon les directions Ox et Oy respecti-
nombres réels ». vement, et ayant tous les deux une norme unitaire (égale à 1), c’est-à-dire

 1  0
ex =   et ey =   ,
0 1

il est possible de combiner les propriétés ci-dessus pour écrire n’importe quel

vecteur v dans le plan comme

  vx    v   0  
v =   = vx + v y =  x  +   = vx ex + vy ey .(6.17)
 vy   0   y v
  
Ce faisant, nous avons exprimé le vecteur v « dans la base ( ex , ey ) ». Cela est illustré
à la figure 6.12.

(xB − xA )−
!
ex
yB • B
−−!
(yB − yA )−
!
ey AB = (xB − xA )−
!
ex
−−! !

AB + (yB − yA )ey
Figure 6.12 
yA •
A


!
ey
• x
O −
!
ex xA xB

Décomposition d’un vecteur dans une base.


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

   
Notez bien que l’on aurait très bien pu appeler ex et ey autrement, i et j par
exemple. L’essentiel est de l’expliciter, d’être clair dans sa nomenclature, et de
rester cohérent tout au long d’un développement.
 
De ce qui précède, il découle que l’on peut écrire, dans la base ( ex , ey ) et pour
tous m et n réels, la somme de deux vecteurs, eux-mêmes multiples des vecteurs
 
u et v :
   
mu + nv = (mux + nvx ) ex + (mu y + nvy ) ey .(6.18)

51
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

3.3  De deux à trois dimensions


8. Le nombre de dimen- Pour passer d’un repère à deux dimensions8 à un repère à trois dimensions,
sions correspond au c’est-à-dire pour passer du calcul vectoriel dans le plan au calcul vectoriel dans
nombre de coordonnées l’espace à trois dimensions, il nous suffit simplement d’ajouter une coordonnée
grâce auxquelles on
supplémentaire dans la définition de nos points, et une composante en plus
peut localiser un point
dans cet espace, ce qui
à nos vecteurs. Par exemple, si x et y représentent la longueur et la largeur
correspond également d’une forme dans un plan, nous pouvons également en considérer la hauteur, z,
au nombre de compo- hors de ce plan. Notre repère devient donc (O ; x,y,z), avec trois directions
  
santes de nos vecteurs orthogonales entre elles. Dans ce référentiel, on peut écrire une base ( ex, ey , ez ).
dans ce qui précède. Nous pouvons écrire les coordonnées de tout point M dans l’espace (Mx, My,
Mz), et, si
l’origine
 (0,0,0) de notre repère est O, le point M sera repéré par un
vecteur OM qui pourra s’écrire
   
OM = M x ex + M y ey + M z ez = ( M x , M y , M z ).(6.19)

Sa norme sera

OM = M x2 + M y2 + M z2 . (6.20)

 
Pour un vecteur général u = AB dans l’espace tridimensionnel, nous avons
      
  u = ux ex + u y ey + uz ez = ( xB − x A ) ex + ( yB − y A ) ey + ( zB − z A ) ez(6.21)

La norme de ce vecteur sera


 
u = AB = ( xB − x A )2 + ( yB − yA )2 + ( zB − z A )2 (6.22)
 
La somme de deux vecteurs quelconques, multiples de deux vecteurs u et v , s’écrira,
pour tous réels m et n,
    
mu + nv = (mux + nvx ) ex + (mu y + nvy ) ey + (muz + nvz ) ey .(6.23)

Toutes les propriétés des vecteurs définis dans le plan sont transférables aux
vecteurs définis dans l’espace.

4 Orientation du plan, cercle trigonométrique


et angles orientés
Le plan est conventionnellement orienté par une notion de gauche et de droite et
de sens de rotation. Ainsi, on nomme sens trigonométrique, le sens inverse des
aiguilles d’une montre (sens anti-horaire).

52
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

Munissons le plan d’un repère orienté (O ; x, y). Traçons un cercle  de centre O et


de rayon unité. Nous l’appellerons le cercle trigonométrique.
Nommons A le point de coordonnées (1,0). Tout point M de  définit un angle orienté
de mesure α entre le segment [OM] et la demi-droite des abscisses positives : si
on se déplace dans le sens anti-horaire de A vers M sur le cercle trigonométrique,
cet angle est noté positivement, si on se déplace dans le sens horaire, cet angle est
noté négativement. En suivant le sens trigonométrique, la mesure d’un angle croît
donc de manière anti-horaire, en passant successivement par les quadrants repérés
Q1, Q2 , Q3, puis Q4 sur la figure 6.13.
Les coordonnées de M dans ce repère seront (cos α , sin α ).
Un tour complet fait 360°, ce qui équivaut à 2π radian. Comme précédemment,
on peut donc définir le demi-cercle (360°/2 = 180°, 2π / 2 = π radian), le quart de
cercle (360°/4 = 90°, 2π / 4 = π / 2 radian), etc.
Un autre axe orienté est également défini : l’axe de la tangente (en gris sur la fi
­ gure 6.13),
parallèle à Oy, « tangent » à  en A et passant par un point B de coordonnées (1, − 1).
Cet axe est orienté de bas en haut, avec la même échelle (graduation) que Oy,
ce qui permet de définir tanα , un autre nombre trigonométrique relatif à l’angle
orienté de mesure α : soit C le point d’intersection de la droite OM avec la droite
AB. Ce point C a pour coordonnées (1, tanα ).
Nous présentons également quelques valeurs remarquables de sin et cos dans l’in-
tervalle [0, π /2], soit le premier quadrant (Q1), à la figure 6.14.

sin tan

(0, 1)
• C • (1, tan ↵)

C sin ↵ (cos ↵, sin ↵) • M

R=1

Q2 ↵ Q1 A
Figure 6.13 
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

• • • cos
( 1, 0) Q3 (0, 0) cos ↵ Q4 (1, 0)

• (1, 1) • B
(0, 1)

Le cercle trigonométrique.

53
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

sin
p !
(0, 1) 1 3

,
2 2 p p !
• 2 2
,

2 2
p !
Figure 6.14  3 1
,

2 2

⇡ ⇡
⇡/6 4 3
• • cos
(0, 0) (1, 0)

Valeurs utiles dans le premier quadrant du cercle trigonométrique.

Nous voyons géométriquement que

−1 ≤ cos α ≤ 1, − 1 ≤ sin α ≤ 1(6.24)

Par le théorème de Pythagore, on retrouve

cos 2α + sin 2α = 1, (6.25)

9. Dans un triangle et par manipulation simple du théorème de Thalès9, on a


ABC, on trace une
droite parallèle au côté tanα sin α
= .(6.26)
faisant face à A. Cette 1 cos α
droite intercepte [AB]
en D et [AC] en E. On Ce cercle introduit la notion de périodicité : les nombres trigonométriques re-
a alors latifs à un angle α et à un autre angle α + k ⋅ 2π , où k est un entier relatif, seront
AD AE DE identiques.
= = .
AB AC BC

4.1  Les angles associés


Il est possible de retrouver géométriquement des relations entre des angles dits
« associés » :

4.1.1  Les angles supplémentaires a et p - a


Les cosinus de deux angles supplémentaires sont opposés :

cos α = − cos(π − α ).
Les sinus de deux angles supplémentaires sont égaux :

sin α = sin(π − α ).

54
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

4.1.2  Les angles opposés a et – a


Les cosinus de deux angles opposés sont égaux :

cos α = cos(−α ).
Les sinus de deux angles opposés sont opposés :

sin α = − sin(−α ).

4.1.3  Les angles anti-supplémentaires a et p + a


Les cosinus de deux angles anti-supplémentaires sont opposés :

cos α = − cos(π + α ).
Les sinus de deux angles anti-supplémentaires sont opposés :

sin α = − sin(π + α ).

4.1.4  Les angles complémentaires a et (p /2) – a


Les sinus et cosinus d’angles complémentaires sont échangés :

π  π 
cos  − α  = sin α et sin  − α  = cos α (6.27)
2  2 

Un tracé du cercle trigonométrique est la manière la plus sûre de retrouver tous


ces résultats.

4.2  Relations trigonométriques


Ci-dessous sont listées des formules dont l’intérêt pratique est particulièrement avéré
en sciences physiques, et qui permettent notamment de simplifier des expressions
trigonométriques, ce qui constitue parfois la clé de la résolution d’un problème.
1. Formules d’addition : pour tout réel α 1 et tout réel α 2 ,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

cos (α1 + α 2 ) = cos (α1 )cos (α 2 ) − sin (α1 ) sin (α 2 ).(6.28)

Pour le sinus, on trouve

sin (α1 + α 2 ) = sin (α1 ) cos (α 2 ) + cos (α1 ) sin (α 2 ),(6.29)

2. Formules de duplication : de ces relations, on tire, en posant α 1 = α 2 = α ,

cos (2α ) = cos 2 (α ) − sin 2 (α ) = 2 cos 2 (α ) − 1 = 1 − 2 sin 2 (α ). (6.30)


Pour le sinus, on trouve

sin(2α ) = 2sin(α ) cos(α ).(6.31)

55
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

De 6.30 on tire également

cos(α ) = 2 cos 2 (α2 ) − 1 = 1 − 2 sin (α2 ). (6.32)


2

4.3  Les équations trigonométriques


On parle d’équation trigonométrique lorsqu’il s’agit de trouver toutes les solutions
vérifiant une égalité impliquant des nombres trigonométriques. Citons un exemple
simple :
2
sin x = .(6.33)
2

Résoudre cette équation dans  revient à trouver tous les x réels qui vérifient
cette égalité. En l’occurrence, on sait que les angles de mesure π /4 et 3π /4 ont
un sinus de cette mesure égal à 2/ 2, mais cela est également vrai pour ces deux
angles incrémentés d’un nombre entier de fois 2π . La réponse complète à la re-
quête « Résoudre sin x = 2 / 2 dans  » sera donc π / 4 + k ⋅ 2π et 3π /4 + k ⋅ 2π ,
avec k ∈.
Il est également possible de rencontrer des équations du type cos( x /4) = 2 / 2,
auquel cas on constatera que c’est lorsque x± = ±π + k ⋅ 2π avec k ∈ que l’équa-
tion est vérifiée. En effet, on a bien, par les angles associés (ici, opposés), que
cos(π /4) = cos ( −π /4) = 2/ 2 , ce qui est également vrai si l’on incrémente
n’importe laquelle de ces deux mesures d’angle par un nombre entier de fois 2π .
Les angles associés peuvent également nous aider à résoudre des équations du
type sin(α x) = cos(β x) : tous les x satisfaisant cette équation peuvent se trouver
en se souvenant des propriétés des angles complémentaires et supplémentaires.
On a donc

 π 
(sin(α x) = cos(β x)) ⇔  sin(α x) = sin  − β x   , (6.34)
 2 

ce qui se résout en déduisant que, pour tout entier relatif k, si α ≠ − β ,

 π   1 π 
 α x = − β x + k ⋅ 2π  ⇔  x =  + k ⋅ 2π   (6.35)
2 α +β 2
et, sachant que les sinus de deux angles supplémentaires sont égaux, on a, si α ≠ β ,

 π    1 π 
 α x = π −  − β x  + k ⋅ 2π  ⇔  x =  + k ⋅ 2π   .(6.36)
2 α −β 2

56
chapitre 6  •  Géométrie et calcul vectoriel

5 Retour au calcul vectoriel : le produit scalaire


Dans ce qui suit, on considérera le produit scalaire dans un repère orthonormé
(voir plus haut).

Il existe deux définitions du produit scalaire, équivalentes. À deux dimensions,


nous avons
     
u ⋅ v = ux vx + u y vy = u v cos ( u ; v ),(6.37)
 
où (u ; v ) est la mesure de l’angle orienté entre les deux vecteurs dans un plan orienté
muni du repère (O ; x , y) .
Pour retrouver cette mesure, prenons, comme à la figure 6.15, dans le même plan
 
que u et v, un cercle  de centre O et de rayon quelconque. Soient A et B deux points
   
tels que OA = u et OB = v . Les points A′ et B′ d’intersection de [OA) et [OB) avec 
définissent deux angles orientés de mesure α A et α B , dont la différence (α B − α A )
 
rend la mesure de l’angle orienté (u ; v ). Cette procédure de déduction de la mesure
de l’angle orienté entre deux vecteurs est décrite figure 6.15.
Notons qu’un angle orienté a une infinité de mesures α + k ⋅ 2π , k ∈, mais qu’une
seule d’entre elles, α , appelée mesure principale de cet angle orienté, est dans
l’intervalle  −π , π  .
À trois dimensions, nous avons également deux définitions du produit scalaire :

     
u; v ).(6.38)
u ⋅ v = ux vx + u y v y + uz vz = u v cos (
Plusieurs propriétés caractérisent le produit scalaire :
–– il est commutatif
   
u ⋅ v = v ⋅ u. (6.39)

–– Il est distributif (linéarité)

(u + v ) ⋅ w = u ⋅ w + v ⋅ w .(6.40)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

–– Il permet de détecter l’orthogonalité (perpendicularité) entre deux vecteurs


   
u ⋅ v = 0 ⇔ u ⊥ v .(6.41)

–– Il est lié à la norme d’un vecteur par

    
u ⋅u = u u cos(0) = u .(6.42)

On remarque figure 6.16 que dans les deux cas (angle obtus entre les deux vec-
teurs - partie de gauche - et angle aigu entre les deux vecteurs - partie de droite),
le produit scalaire peut s’interpréter comme une projection sur un axe aligné avec

57
Partie 2    Mathématiques pour les sciences


!
u

y
B

A

• B0
A0 •

Figure 6.15  ↵A ↵B
• x
O


!
v
C

\
(−
!
u;−
!
v ) = ↵A − ↵B

Illustration de la définition de l’angle orienté entre deux vecteurs.

le vecteur à partir duquel l’angle orienté part. Cette notion de projection a déjà été
rencontrée plus haut (cf. figure 6.8).
B B

Figure 6.16  ↵ ↵
0
A O A
B O B0
Produit scalaire et projection dans le plan.


Il n’est pas rare de rencontrer le « carré d’un vecteur » u 2. Cela peut s’interpréter
comme le produit scalaire du vecteur sur lui-même, et il en résulte simplement
le carré de sa norme. Nous pouvons donc utiliser les produits remarquables et
 
les appliquer à deux vecteurs u et v :
           
(u ± v )2 = || u ||2 + || v ||2 ± 2 u ⋅ v , (u + v ) (u − v ) = || u ||2 − || v ||2 . (6.43)

58
CHAPITRE

7 Analyse
1 Les suites numériques
Les suites sont un outil de modélisation des phénomènes discrets (i.e., impliquant
un ensemble dénombrable de valeurs qu’une grandeur peut prendre) très utiles en
sciences comme l’évolution d’une population bactérienne par exemple.
Une suite est une fonction de  ou d’une partie de  dans . On note généralement
les valeurs un de cette fonction prise en un entier n :

u:N→R

n  un

Exemples

– n 

1 
n +1 

= ( )1
n + 1 n ∈
est une suite définie sur  .

– La suite définie par un = n 2 − 2 est définie sur l’ensemble \{0,1}, et u2 = 2,


u3 = 7 , etc.

1.1  Les suites arithmétiques


Soient r ∈  et u0 ∈  . La suite arithmétique de raison r et de premier terme u0
est définie par la donnée de u0 et la relation de récurrence : ∀n ∈ , un +1 = un + r.

Exemples
– La suite ( n) n ∈ est une suite arithmétique de raison 1 et de premier terme 0.
– La suite (4( n + 3)) n ∈ est arithmétique de raison 4 et de premier terme 12.

Somme des n + 1 premiers termes


Pour la suite ( n) n∈, on a pour tout n > 0 :

n( n + 1)
1+ 2 ++ n = .
2

On peut utiliser ce résultat pour calculer la somme des premiers termes d’une suite
arithmétique quelconque.

59
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

1.2  Les suites géométriques


Soient q ∈  et u0 ∈  . La suite géométrique de raison q et de premier terme u0
est définie par la donnée de u0 et la relation de récurrence : ∀n ∈ , un +1 = qun.
On a alors (avec la convention q 0 = 1)

∀n ∈ , un = q n u0 .

Somme des n + 1 premiers termes


Soit (un ) , la suite géométrique de raison q ≠ 1 et de premier terme 1. On a pour
tout n > 0 :

1 − q n +1
1 + q + q2 +  + qn = .
1− q

2 Variations et convergence d’une suite


Une suite (un ) est croissante si pour tout n ∈ , on a un +1 ≥ un. Elle est strictement
croissante si, pour tout n ∈  , on a un +1 > un. On définit de même les suites dé-
croissantes et strictement décroissantes. Toutes ces suites sont dites monotones.

2.1  Limites finies et infinies


2.1.1  Les limites finies
Soient (un ) une suite et l un nombre réel. La suite (un ) converge vers l si tout
­intervalle ouvert contenant l contient tous les termes de la suite à partir d’un cer-
tain rang. On note

lim un = l.
n →∞

Plus l’intervalle qu’on se donne contenant l est petit, c’est-à-dire de longueur petite,
plus, en général, on doit chercher un rang N grand pour lequel tous les termes de
la suite de rang n ≥ N sont dans ce petit intervalle.

2.1.2  Les limites infinies


Soit (un ) une suite. La suite (un ) converge vers +∞ si tout intervalle de la forme
] A, + ∞[ contient tous les termes de la suite à partir d’un certain rang. On note

lim un = +∞.
n →∞

60
chapitre 7  • Analyse

Exemples
– Si α > 0, alors lim 1 = 0.
n→∞ α
n
– Si α > 0, alors lim nα = +∞ .
n→∞

2.2  Les suites monotones


Une suite ( un ) est majorée s’il existe un réel M tel que pour tout n naturel, un ≤ M .
Si (un ) est une suite croissante et majorée, alors elle est convergente. Une suite
croissante non majorée tend vers +∞.

Exemple
La suite ( 3 − 1 / n 2 )n ∈* est croissante, majorée (par 3) et converge vers 3.

2.3  Les suites adjacentes


Deux suites u et v sont adjacentes si les trois conditions suivantes sont vérifiées :
•• la suite (un ) n∈ est croissante ;
•• la suite (vn ) n∈ est décroissante ;
•• lim ( un − vn ) = 0 .
n →∞
Notons que si u et v sont adjacentes, alors pour tout n ∈  et tout m ∈  , un ≤ vm ,
les suites u et v sont convergentes et

lim un = lim vn .
n →∞ n →∞

2.4  Limites et ordre


Soient deux suites convergentes (un ) et (vn ), telles que pour tout n, un ≤ vn.
Alors,

lim un ≤ lim vn .
n →∞ n →∞
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

– Il se peut que pour tout n, on ait un < vn et que cependant, lim un = lim vn .
n →∞ n →∞
– On utilise souvent ce résultat avec une des deux suites constante. Par exemple,
si un ≤ 1 pour tout n, et si (un ) converge, alors, lim un ≤ 1.
n →∞

ThéorÈme des gendarmes


Soient trois suites u, v, w telles que pour tout n entier, vn ≤ un ≤ wn et
lim vn = lim wn = l (finie ou infinie). Alors,
n →∞ n →∞

lim un = l.
n →∞

61
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

2.5  Opérations sur les limites


Soient u et v deux suites. On définit les suites u + v et u ⋅ v par :

(u + v) n = un + vn et (u ⋅ v) n = un ⋅ vn .

Si λ est un réel, on définit également la suite λ u par (λ u) n = λ un .


On peut souvent déduire la nature de ces suites de celles de u et v, comme le montre
le tableau 7.1 où λ est supposé non nul et l, l ′ sont réels. Les points d’interrogation
signifient qu’on ne peut pas conclure dans le cas général : il y a indétermination.

Tableau 7.1  Opérations sur les limites de suites.

u v u+v u⋅v λu
l l′ l + l′ l ⋅ l′ λl
+∞ +∞ +∞ +∞ signe(λ ) (+∞)
+∞ −∞ ? −∞ signe(λ ) (+∞)
−∞ −∞ −∞ +∞ – signe(λ ) (+∞)
l ≠ 0 +∞ +∞ signe(l) ∞ λl
0 +∞ +∞ ? 0

3 Fonction réelle d’une variable réelle


Une fonction numérique de variable réelle f est une application d’une partie
 de  dans . Elle associe à tout réel x de la partie  un unique réel, noté f ( x)
et appelé image de x par f . Si pour un réel y, il existe un x tel que y = f ( x), x
est appelé un antécédent de y et cet antécédent n’est pas nécessairement unique.
L’ensemble des points où f est définie est l’ensemble de définition de f , noté  f .
Une telle fonction se note schématiquement

f : f → 

x  f ( x).

Exemples
–– La fonction

f :→

x  x2

lie chaque réel x à un et un seul réel x 2. Elle est définie sur tout .
 x2 + 3 
–– La fonction  x  2 est définie sur  \{−1, 1}.
 x − 1 

62
chapitre 7  • Analyse

Si f est une application de  f dans , alors pour toute partie  de  f , on note

f ( ) = {y ∈  | ∃x ∈  , y = f ( x)}

l’ensemble des images des éléments de  par f et pour toute partie  de , on note

f −1 ( I ) = {x ∈ D f | f ( x) ∈ I }

l’ensemble des antécédents des éléments de  par f , appelé image réciproque


de  par f .

3.1 Représentation d’une fonction


Une manière simple de se représenter visuellement l’évolution d’une fonction réelle
f d’une variable réelle x sur son domaine de définition est d’en tracer le graphe.
Pour ce faire, nous commençons par tracer deux axes orientés, un horizontal pour
les abscisses (généralement notre x), et un vertical pour les ordonnées (générale-
ment notre f ( x)). La plupart du temps, les axes sont orientés de gauche à droite
(x croissants) et de bas en haut (valeurs de f ( x) croissantes), mais d’autres conven-
tions peuvent être adoptées à partir du moment où cela est clairement indiqué par
l’orientation (sens de la flèche) des axes. Il est courant de voir l’origine du repère au
point de croisement de l’axe des abscisses et celui des ordonnées, mais là également
le choix peut être arbitrairement différent pour autant que cela soit identifiable. Si
aucune indication n’est donnée explicitement, on supposera implicitement que les
axes se croisent en (0,0).
Ce que l’on nomme graphe est donc l’ensemble des couples ( x, f ( x)) pour x ∈ 
dans le plan rapporté à notre repère, tandis que l’on entend par graphique la repré-
sentation du graphe dans un repère du plan.
En dehors du cas de la fonction constante ((a) sur la figure 7.1) dans lequel on a une
fonction dont les valeurs f ( x) sont égales pour tout x, il est courant d’indiquer au
moins une graduation selon x et une selon f ( x). Cela est fait pour qu’à l’observation
du graphique de la fonction on puisse déduire l’échelle des abscisses et ordonnées,
ainsi que l’intervalle de  et celui de  considéré. La présence d’au moins deux
graduations permet également, à bonne résolution, d’évaluer approximativement
la valeur de f ( x) partout sur l’intervalle représenté, et de déduire certaines coor-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

données remarquables. Cela est d’un usage particulièrement courant en sciences.


Il n’est également pas rare de reproduire plusieurs courbes sur le même graphe
afin de les comparer, ou d’en trouver des coordonnées de croisement. En général,
on choisit la même échelle sur les deux axes orthogonaux, ce qui revient à choisir
un repère orthonormé.
Dans le cas général, il importe de bien indiquer l’orientation des axes et de donner
au moins une graduation pour chacun d’entre eux avec, si nécessaire, la précision
des coordonnées du point de croisement de l’axe des abscisses et de celui des or-
données. Il est également nécessaire de reporter très clairement sur ce graphique
la variable (dans notre cas, x) auprès de la tête de flèche de l’axe des abscisses, et
d’identifier la fonction (dans notre cas, [ x  f ( x)]) soit en tête de flèche de l’axe

63
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

des ordonnées, soit à proximité de la courbe de la fonction, soit dans une légende
si plusieurs courbes sont représentées sur la même figure dans le même repère.
Une telle représentation graphique d’une fonction nous permet en un coup d’oeil
d’observer et d’identifier son comportement (croissance, concavité, parité...) et ses
points remarquables (zéros, discontinuités, extrema, points d’inflexion...).

4 2 2.0
g(x) = x
3 1.5

2 1 1.0
h(x) = |x|
f (x) = C,
1 0.5
C=2
0 0 0.0
-2 -1 0 1 2 -2 -1 0 1 2 -2 -1 0 1 2
-1 -0.5

-2 -1 -1.0

-3 -1.5

-4 -2 -2.0

4 1.5 10
i(x) = x2 j(x) = x3 1
3 l(x) =
1.0 x
2 5
p
1
0.5 k(x) = x

0 0.0 0
-2 -1 0 1 2 -2 -1 0 1 2 -5 0 5
-1
-0.5
-2 -5
-1.0
-3

-4 -1.5 -10

Figure 7.1    Représentation graphique de fonctions courantes.

3.2 Opérations sur les fonctions


Soient f :  f →  et g : g → . On définit les fonctions f + g et f ⋅ g sur  f ∩ g .
On définit aussi la fonction composée g  f sur f −1 (g ) par

(g  f )( x) = g( f ( x)).

Si f ( f ) ⊂ g, on peut définir g  f sur  f .

Exemples
Soient f :  \{−1, +1} → 
x2 − 4
x 
x2 − 1
et g : ]0,+ ∞[→ 
x  ln x.

64
chapitre 7  • Analyse

On a alors

f + g : ]0,1[∪]0,+∞[→ 

x2 − 4
x  ln x + ,
x2 − 1
f ⋅ g : ]0,1[∪]0,+∞[→ 

x2 − 4
x  ( ln x ) ⋅ ,
x2 − 1
g  f : ] −∞ , − 2[∪]2 , +∞[→ 

x2 − 4
x  ln .
x2 − 1

La figure 7.2 illustre quelques opérations sur les fonctions et les modifications que
ces opérations couramment rencontrées en début de licence en sciences induisent
sur le graphique des fonctions choisies pour les illustrer.

3.3 Parité et périodicité


3.3.1  La parité
La parité d’une fonction est une caractéristique simple qui permet d’en restreindre
le domaine d’étude. Elle est utile lors de l’observation de résultats sous la forme
d’un graphique, ou lors de la manipulation de fonctions.
Une fonction paire est définie sur une partie  symétrique (pour tout x élément
de , − x ∈ ) et vérifie :

∀x ∈  , f (− x) = f ( x).

Dans ce cas, on observe que le graphique de f est symétrique par rapport à l’axe
des ordonnées à l’origine (l’axe vertical qui coupe celui des abscisses en (0,0)),
c’est-à-dire que la partie droite du graphique est le reflet de la partie gauche comme
dans un miroir (on parle d’ailleurs de réflexion pour cette symétrie). Plusieurs
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

exemples de fonctions paires ont été donnés figure 7.1 : la fonction constante, la
fonction [ x  x 2 ] et la fonction valeur absolue [ x  x ].
Une fonction impaire est définie sur une partie  symétrique et vérifie :

∀x ∈  , f (− x) = − f ( x).

Dans le cas des fonctions impaires, on parlera plutôt de symétrie centrale : dans
un repère orthonormé, tout point (x, f ( x)) du graphique est aligné avec l’origine
(0,0) et avec le point (− x, − f ( x)). Figure 7.1, les fonctions [ x  x], [ x  1 / x] et
[ x  x 3 ] sont impaires.
Connaître la parité de deux fonctions permet de prédire la parité de leur somme et
de leur produit, ainsi que le révèle le tableau 7.2.

65
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

27

1.0
a f (x), a > 1
18

f (x) = cos(x)
0.5
a f (x), a < 0
9

0.0 0
-p p -3.5 0.0 3.5

g(x + a), a < 0


-9
-0.5
g(x) = x3

-18
g(x + a), a > 0
-1.0

Figure 7.2  -27

4.5 1.5

h(x) + a, a > 0
h(x) = x2 p
i( x) i(x) = x
h(x) + a, a < 0

0.0 0.0
-2 0 2 -2 0 2

i(x)

-4.5 -1.5

Principales opérations sur les fonctions.

Des fonctions peuvent n’être ni paires ni impaires, comme par exemple la


fonction [ x  x + 3].

Tableau 7.2  Parité de fonctions : opérations.

f g f+g f · g et f / g
paire paire paire paires
impaire impaire impaire paires
paire impaire ? impaires
impaire paire ? impaires

3.3.2  La périodicité
La périodicité d’une fonction permet de restreindre son étude sur un intervalle plu-
tôt que sur  tout entier : une fonction f :  →  est périodique de période T si

∀x ∈  , x + T ∈  et f ( x + T ) = f ( x).
Exemples
Les fonctions sin et cos sont périodiques de période 2π , et la fonction tan est périodique
de période π .

66
chapitre 7  • Analyse

3.4  Croissance d’une fonction


Une fonction f :  →  est croissante si

∀( x, y) ∈  2 , ( x ≤ y) ⇒ ( f ( x ) ≤ f ( y))

et strictement croissante si

∀( x, y) ∈  2 , ( x < y) ⇒ ( f ( x ) < f ( y))

Exemple
La fonction [ x  x ] est strictement croissante sur  +.
1. On dit parfois d’une Une fonction f :  →  est décroissante1 si
fonction décroissante
qu’elle a une croissance ∀ ( x, y) ∈  2 , ( x ≥ y) ⇒ ( f ( x ) ≤ f ( y ))
négative.
et strictement décroissante si

∀( x, y) ∈  2 , ( x > y) ⇒ ( f ( x ) < f ( y)).

Exemple
La fonction [ x | x |] est strictement décroissante sur  − (voir section 7.2).

La croissance peut aussi être vérifiée sur le taux d’accroissement de la fonction :


une fonction f :  →  est croissante si

 f ( x ) − f ( y) 
∀( x , y) ∈  2 , ( x ≠ y ) ⇒  ≥ 0 .
 x−y 

Une fonction f :  →  est décroissante si

 f ( x ) − f ( y) 
∀ ( x, y) ∈  2 , ( x ≠ y) ⇒  ≤ 0 .
 x−y 

Finalement, une fonction (strictement) monotone sur un intervalle est une fonction
(strictement) croissante ou (strictement) décroissante sur cet intervalle.
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3.5  Limites et continuité


3.5.1  Les limites
Soient I un intervalle de  de bornes a et b réelles (par exemple [a, b[ ou ]a, b[)
et f une fonction définie sur I.
1. Limites finies : la fonction f a une limite réelle l en x0 ∈ I , si tout intervalle
ouvert de centre l contient toutes les valeurs f ( x) pour x assez proche de x0 .
Dans ce cas, la limite est unique et on note lim f ( x) = l .
x → x0

67
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

Exemple
Soit la fonction

f :→

x  2 x.

Soit x0 un réel. On a f ( x ) − f ( x0 ) = 2 x − x0 , donc, pour tout intervalle ouvert


centré en l = 2 x0 de type ]l − ε , l + ε [ et pour x proche de x0 à moins de ε / 2 près, on a
f ( x ) ∈ ]l − ε , l + ε [ puisque f ( x ) − f ( x0 ) = 2 x − x0 < ε .

2. Limites infinies : la fonction f a pour limite +∞ en a (respectivement b) et on


note lim f ( x) = +∞, si tout intervalle de type ] A, +∞[ contient toutes les valeurs
x→ a
f ( x) pour x assez proche de a (respectivement b).
On définit de manière analogue lim f ( x) = −∞.
x→ a

Exemple
La fonction

f :] 0, +∞[→ 
1
x 
x
a pour limite +∞ en 0.
Lorsqu’une fonction a une limite ±∞ en x0, alors la courbe représentative a une asymptote
verticale en le point de coordonnées ( x0 ,0) . Il en est ainsi, par exemple, pour la fonction
[ x  1/ x ] en 0.

3. Limites à gauche et à droite : la fonction f a une limite à gauche l (finie ou


infinie) en x0 ∈ ]a, b[ si la fonction g

g : ]a, x0 [ → 

x  f ( x)

a pour limite l en x0 . La fonction g est la restriction de f à l’intervalle ]a, x0 [.


De même, la fonction f a une limite à droite l (finie ou infinie) en x0 ∈ ]a, b[
si la fonction

h : ]x0 , b[ → 

x  f ( x)

a pour limite l en x0. On note lim f ( x) = l pour la limite à gauche et lim f ( x) = l


< >
x→a x→a
pour la limite à droite.

Notons que si f est définie en x0, il se peut que lim f ( x) ≠ f ( x0 ) ou lim f ( x ) ≠ f ( x0 ).


< >
x→a x→a

68
chapitre 7  • Analyse

Exemple
La fonction f définie sur  par ( f ( x ) = 0 si x < 0 , f ( x ) = 1 si x > 0 et f (0) = 2), a
une limite à gauche et à droite différente en 0 : lim f ( x ) = 0 , lim f ( x ) = 1.
< >
x→ 0 x→ 0

4. Limites en l’infini : soient I = ]a, +∞[, et f une fonction définie sur I.


La fonction f a une limite réelle l en +∞ si tout intervalle ouvert de centre l contient
toutes les valeurs de la fonction f pour x dans un intervalle de la forme [ B, +∞[.
La fonction f a une limite +∞ en +∞ si tout intervalle de la forme [ A, +∞[ contient
toutes les valeurs de la fonction f pour x dans un intervalle de la forme [ B, +∞[.

– Lorsqu’une fonction a une limite finie l en ±∞, alors la courbe représentative


admet une asymptote horizontale en le point de coordonnées (0, l).
– Lorsqu’une fonction a une limite infinie en ±∞, plusieurs cas peuvent se
produire. Il n’y a pas nécessairement d’asymptote oblique, comme le montre
la fonction [ x  x 2 ].

3.5.2  Opérations sur les limites


Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle commun et admettant en x0 des
limites l finies ou non. Le tableau 7.3 donne les limites lorsqu’elles existent de f + g,
f ⋅ g et 1 / f .

Tableau 7.3  Opérations sur les limites de fonctions.

f g f+g f g f·g f 1/f


l l' l + l' l l' l · l' l≠0 1/l
+∞ l' +∞ +∞ l' ≠ 0 signe(l')∞ +∞ ou -∞ 0
-∞ l' ? -∞ 0 ? 0 ?
+∞ +∞ +∞ +∞ +∞ +∞ 0 et f > 0 +∞
+∞ -∞ ? +∞ -∞ -∞ 0 et f < 0 -∞

3.5.3  Continuité
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Soient f une fonction définie sur un intervalle I de  et x0 un élément de I. La fonc-


tion f est continue en x0 si elle a une limite en x0 . Cette limite est nécessairement
f ( x0 ). La fonction f est continue à gauche (respectivement à droite) en x0 si elle
a une limite à gauche (respectivement à droite) en x0 et si lim f ( x) = f ( x0 ) (res-
<
x → x0

pectivement lim f ( x) = f ( x0 )). En revanche, on dira qu’elle a une discontinuité


>
x → x0

en x0 si elle n’est pas continue en x0 .


Intuitivement, on peut voir la « représentation » graphique d’une fonction, comme
une déformation de la droite réelle sans brisure, ce qui exclut les « trous » et les
« sauts » par exemple. Il ne faut cependant pas oublier que cela est vrai pour le

69
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

domaine de définition de la fonction. Par exemple, figure 7.1, il n’y a pas de sens à
parler de (dis)continuité de la fonction [ x  1 / x] en x = 0 car il s’agit d’un point
exclu du domaine de définition de la fonction. On dira simplement que la fonction
est continue sur ] − ∞,0[ et sur ]0, +∞[. En revanche, la fonction

f :→

x  1 / x si x ≠ 0

00

n’est pas continue en x = 0, et la fonction

g:→ 

x  −2 si x ∈] − ∞,1[

x  +2 si x ∈[1, +∞[

n’est pas continue en x = 1. Cette dernière est représentée à la figure 7.3.

Figure 7.3 

Illustration graphique d’une fonction discontinue.

3.6 Opérations sur les fonctions continues


Soient I un intervalle, x0 un élément de I, λ un réel, f et g deux fonctions définies
sur I et continues en x0 . Les fonctions suivantes sont alors continues en x0 :

f , f + g, f ⋅ g, λ f et f / g si g ( x0 ) ≠ 0 .

Ces mêmes fonctions sont continues sur I si f et g sont continues sur I (pour f /g,
g ne doit pas s’annuler sur I).

70
chapitre 7  • Analyse

4 Calcul différentiel
Le calcul différentiel concerne l’approximation des fonctions à l’ordre un, c’est-à-dire
par des fonctions affines. La dérivation est une notion importante dans l’étude des
fonctions. Il est utile de comprendre le lien que cette notion entretient avec ses applica-
tions en sciences, notamment dans l’évolution des grandeurs. Il est en effet très fréquent
d’évaluer la « vitesse d’évolution » d’une grandeur en utilisant ce que l’on appelle son
gradient, soit la dérivée de la fonction ou du vecteur qui caractérise cette grandeur.

Définition
Soient f une fonction définie sur un intervalle ouvert I et x0 un point de I. La fonction f est
dérivable en x0 , si le rapport
f ( x ) − f ( x0 )
r ( x) =
x − x0
a une limite à gauche finie et une limite à droite finie en x0 et si ces deux limites sont égales.
Cette limite commune est le nombre dérivé de f en x0 , noté f ′( x0 ).
Pour rappeler cette notion de taux d’accroissement, il est courant d’écrire aussi x = x0 + ∆x
qui rappelle que x est obtenu à partir de x0 par un accroissement ∆x. On a aussi ∆x = x − x0.
La définition de la dérivée peut alors s’écrire :

f ( x0 + ∆x ) − f ( x0 ) ∆f
f ′( x0 ) = lim = lim ( x0 ) (7.1)
∆x → 0 ∆x ∆x → 0 ∆x

df
Notations : on trouvera souvent en sciences l’écriture de f ′( x0 ) sous la forme ( x0 ). Cette
dx
écriture rappelle que le nombre dérivé f ′( x0 ) est obtenu à partir de la fonction f par une
opération de limite d’un taux d’accroissement ∆ f ∆x et qui est signifié par l’écriture df, vue
comme un accroissement infinitésimal de f et dx vu comme un accroissement infinitésimal de x.
La fonction f est dérivable à droite en x0 (respectivement dérivable à gauche en x0 ) si le
rapport r ( x ) a une limite à droite finie (respectivement à gauche) en x0 .

– Si une fonction est dérivable en x0, alors elle est dérivable à droite et à gauche en x0.
– Attention, une fonction peut être dérivable à droite et à gauche en x0 sans être
dérivable en x0 , comme le montre la fonction [ x  x ], qui est dérivable à
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

droite et à gauche en 0, mais n’est pas dérivable en 0.


– Si une fonction est dérivable en x0 , alors elle est continue en x0 .
– Si f est dérivable sur I, c’est-à-dire en tout point de I, la fonction dérivée,
notée f ′ ou df /dx, est l’application qui fait correspondre à tout élément x de
I le nombre dérivé de f en x.

4.1 Interprétation graphique


Le développement qui suit est illustré figure 7.4 : soit une fonction [ x  f ( x)]
définie en un x0 donné et continue en tout point entre x0 et x0 incrémenté de ∆ x
(c’est-à-dire x0 + ∆ x). Traçons une droite, appelée sécante, passant par ( x0 , f ( x0 ))

71
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

et ( x0 + ∆ x, f ( x0 + ∆ x )). Le coefficient directeur de cette sécante est précisément le


quotient ∆f / ∆ x de l’équation 7.1. Lorsque la fonction est dérivable en x0, si l’on se
rapproche de x0 en diminuant progressivement ∆ x jusqu’à le faire tendre vers zéro,
la droite sécante tend vers une droite limite. Il s’agit de la « tangente » au graphe
en ce point, dont l’équation est donnée à la figure 7.4. La valeur de la dérivée de la
fonction f en x0 correspondra au coefficient directeur de cette droite, si elle existe
(i.e., si elle n’est pas indéterminée, voir figure 7.5 où la tangente est verticale) et
qu’elle est unique, c’est-à-dire que la demi-tangente gauche ( x → 0 − ) et droite
( x → 0 +) forment un angle plat, ce qui n’est par exemple pas le cas de la fonction
valeur absolue (également reproduite sur la figure 7.5) en x = 0, et pour lequel
nous avons fourni quelques explications ci-dessus.

tangente y = f 0 (x0 )(x x0 ) + f (x0 )

sécantes
f (x0 ) • •

f (x0 + x) •
Figure 7.4 

x2 4
f (x) =
2

1 x
(0, 0) 1 x0 x0 + x

Interprétation graphique de la dérivée.

f (x) = |x|
2

p 1
f (x) = |x|

x
Figure 7.5  -2 -1
0
0 1 2

-1

-2
1

Illustration du cas ( | x | en x = 0) où les deux demi-tangentes en un point ne forment


pas un angle plat, et celui où le coefficient directeur de la tangente est indéterminé
en un point ( x en x = 0).

72
chapitre 7  • Analyse

4.2 Opérations sur les fonctions dérivables


Soient I un intervalle, x0 un élément de I, u et v deux fonctions définies sur I
et dérivables en x0 , et λ un réel. Les fonctions suivantes sont alors dérivables
en x0 :

u
u + v, λ u, u ⋅ v et si v( x0 ) ≠ 0.
v
Ces mêmes fonctions sont dérivables sur I (pour u/v, v ne doit pas s’annuler sur I).
Les nombres dérivés ou les fonctions dérivées correspondantes sont obtenus à
l’aide du tableau 7.4.

Tableau 7.4  Opérations sur les dérivées.

fonction dérivée
u+v u′ + v′
λu λu′
u⋅v u′ ⋅ v + u ⋅ v′
u/v u′ ⋅ v − u ⋅ v′
v2

Exemples
Sachant que la dérivée de la fonction sin est la fonction cos et que celle de la fonction cos
est la fonction –sin (voir plus loin), on a :
–– La dérivée de la fonction [ x  3 x 2 + x sin x ] est la fonction [ x  6 x + sin x + x cos x ] ;
sin 1
–– La fonction tan = , définie sur ] − π / 2, π / 2[, est dérivable de dérivée = 1 + tan 2.
cos cos 2

Dérivée d’une fonction composée


Soient f et g deux fonctions dérivables telles que g  f soit définie sur un intervalle
I (non réduit à un point). Alors g  f est dérivable sur I et
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

∀x ∈ I , (g  f )′( x) = g′( f ( x)) ⋅ f ′( x).

Exemples
–– La dérivée de la fonction [ x  cos ( x 2 )] est la fonction [ x  −2 x sin ( x 2 )] ;
–– La dérivée de la fonction [ x  (sin(3 x 2 ))2 ] est la fonction [ x  12 x sin (3 x 2 ) cos (3 x 2 )] ;
–– Si f est une fonction dérivable de dérivée f ', alors pour tout entier n ≥ 1, la fonction f n
est dérivable de dérivée :

[ x  nf n −1 ( x ) ⋅ f ′( x )].

73
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

4.3  Croissance, concavité, extremum


et point d’inflexion
4.3.1  Croissance
Le résultat suivant que vous démontrerez en licence à l’aide du théorème des ac-
croissements finis fait le lien entre monotonie et signe de la dérivée.
Soit f une fonction définie et dérivable sur un intervalle I. On a les équivalences
suivantes :
–– la fonction f est constante sur I si et seulement si f ′( x) = 0 pour tout x ∈ I ;
–– la fonction f est croissante sur I si et seulement si f ′( x) ≥ 0 pour tout x ∈ I ;
–– la fonction f est décroissante sur I si et seulement si f ′( x) ≤ 0 pour tout x ∈ I.

Exemple
En guise d’illustration, considérons la vitesse v en fonction du temps t d’un objet en chute
libre sans vitesse initiale, à la surface de la Terre :

v(t ) = − gt
avec g une constante physique (9,81 m·s–2). On voit donc que lorsque t va doubler en
passant d’une seconde à deux secondes, la vitesse sera deux fois plus petite (−2g au lieu
de −g). Le raisonnement est identique si l’on triple, quadruple,... le temps. On dit donc que
l’évolution de la vitesse en fonction du temps est linéaire, et sa représentation graphique
dans un repère orthonormé est une droite. La dérivée de [t  v(t )] par rapport à t sera
[t  − g], avec g la constante positive donnée plus haut. La représentation graphique de v
dans un repère orthonormé sera donc une droite décroissante avec un coefficient directeur
−g identique en tout t. Cela s’interprète comme le fait que la vitesse décroît de manière
constante à travers le temps.
La hauteur z du même objet en fonction du temps s’écrit

1
z(t ) = − gt 2 + z0
2
où z0 est la hauteur initiale de l’objet, en mètres. Cette fois-ci, on voit que la dérivée de la
fonction d’intérêt est −gt. On constate donc que la hauteur z(t ) va décroître (g et t sont positifs,
donc −gt est négatif pour toute valeur de t), mais que le coefficient directeur de la tangente à
z(t ) en t, c’est-à-dire −gt, n’est pas constante et dépend du temps : au début la pente est douce
(faible valeur de t), et la pente augmente avec t. Cela signifie qu’à incrément de temps égal
la variation de z(t ) est de plus en plus grande, c’est-à-dire, graphiquement, que z(t ) décroît
plus « brutalement », ou plus « vite » (on parle de vitesse de variation) quand t augmente.
On remarquera que la dérivée de z, [t  − gt ], correspond à l’expression de la vitesse en
fonction du temps. Sa dérivée, −g, correspond donc à la dérivée de la dérivée de z. On parle
de dérivée seconde. Puisque la dérivée seconde de la position (ici, la hauteur car nous ne
considérons qu’une dimension et qu’il s’agit de la hauteur de l’objet) est la dérivée première
de la vitesse, on peut interpréter la dérivée seconde de la position, soit la dérivée première
de la vitesse, comme une mesure de la variation de la vitesse, c’est-à-dire l’accélération a(t ).
Les dérivées temporelles se notent souvent par un point :

z(t ) = v(t ), z (t ) = v(t ) = a(t ).


 (7.2)

74
chapitre 7  • Analyse

4.3.2  Concavité et extremum


Tandis que la dérivée première nous renseigne sur le caractère croissant/décroissant
d’une fonction et sur sa vitesse de variation, la dérivée seconde d’une fonction nous
renseigne sur la concavité de la fonction : si la concavité de la fonction est tournée
vers le haut, la dérivée seconde sera positive, alors qu’elle serait négative pour une
concavité tournée vers le bas.
Ces deux informations sont importantes, notamment lorsque l’on cherche un
extremum d’une fonction : lorsque la fonction passe par un minimum ou par un
maximum, sa dérivée première s’annule. Si la dérivée seconde en ce point-là est
positive, c’est que la concavité est tournée vers le haut et nous avons trouvé un
minimum ; si la dérivée seconde est négative, c’est que la concavité est tournée
vers le bas et nous avons trouvé un maximum.

– Ce n’est pas parce que la dérivée première d’une fonction s’annule que nous
avons un extremum : par exemple, la dérivée première de [ x  x 3 ] s’annule
en x = 0, mais sa dérivée seconde également.
– S’il existe plusieurs minima ou maxima, on veillera bien à différencier un
minimum/maximum global (le plus bas/haut) d’un minimum/maximum local
(n’importe quel autre).

4.3.3  Points d’inflexion


Il est possible de détecter un changement de concavité en un point d’une fonction :
la tangente traverse la courbe et la dérivée seconde s’annule en ce point. On appelle
cela un point d’inflexion. Il peut être horizontal lorsque la dérivée première s’an-
nule également en ce point (comme dans x 3) ou oblique (voir figure 7.6) dans le
cas contraire. Un point d’inflexion vertical peut exister lorsque la dérivée première
et la dérivée seconde n’existent pas en un point.

Point d’inflexion f (x) = sin(x)


1
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

• x
Figure 7.6  (0, 0)
⇡ ⇡

Illustration du changement de concavité au passage d’un point d’inflexion oblique.

Tandis que les dérivées première et seconde d’une fonction f peuvent s’écrire

df d2 f
f ′( x ) = et f ′′( x) = ,(7.3)
dx dx 2

75
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

les dérivées d’ordre supérieur s’écrivent


dk f
f (k ) ( x) = .(7.4)
dx k

4.4  Étude de graphe


Nous avons maintenant plusieurs outils nous permettant de caractériser le
graphe d’une fonction : nous pouvons tout d’abord, connaissant l’expression
de la fonction en sa variable, déterminer son domaine de définition et son
domaine image, ce qui, entre autres choses, nous aide à comprendre pourquoi
la fonction sera représentée graphiquement dans un repère du plan dont les
abscisses sont éventuellement limitées à un intervalle choisi. Considérant
l’ensemble du domaine de définition de la fonction, nous pouvons dresser une
table reprenant, éventuellement en définissant des sous-intervalles, quelles
sont les caractéristiques de la fonction à l’intérieur de ces (sous-)intervalles :
son signe, sa croissance, sa concavité. Nous pouvons également nous appuyer
sur le calcul des racines, des extrema et points d’inflexion pour délimiter les
sous-intervalles à considérer.

Définitions
Ensemble de définition
C’est l’ensemble  f des réels en lesquels la fonction f est définie. Par exemple, l’ensemble de
définition de la fonction définie par f ( x ) = ln sin x est  f = R \ {kπ | k ∈ Z}.

Ensemble d’étude
C’est une partie e de  f sur laquelle il suffit de connaître f pour connaître f sur  f . Ce
sont des propriétés de la fonction f qui permettent de déterminer e.

éléments de symétrie
Si la fonction est paire, il suffit d’étudier f sur [0, +∞[ ∩  f (ou ] − ∞,0] ∩  f ) et la droite
d’équation x = 0 est un axe de symétrie de la courbe représentative.
Si la fonction est impaire, il suffit d’étudier f sur [0, +∞[ ∩  f (ou ] − ∞,0] ∩  f ) et l’origine
O est centre de symétrie de la courbe représentative.

Périodicité
Si f est périodique de période T, la courbe représentative est invariante par toute translation

de vecteur u (kT , 0) avec k ∈  , et il suffit d’étudier f sur un ensemble de la forme
[α , α + T [ ∩  f , où α est quelconque. Si de plus f présente une symétrie par parité, on peut
choisir α = −T / 2, et il suffit d’étudier f sur un ensemble de la forme [0,T / 2[ ∩  f .

étude des variations de f


Le plus souvent, la fonction f est dérivable sur des intervalles contenus dans l’ensemble
d’étude. L’étude du signe de f ′, qui peut nécessiter le recours à l’étude des variations d’une
autre fonction, donne les variations de f.

76
chapitre 7  • Analyse

étude aux bornes de e


Généralement, e est une réunion d’intervalles. L’étude aux bornes consiste alors à étudier
la fonction aux bornes de ces intervalles. On doit alors préciser en ces bornes les limites de
f, la continuité, la dérivabilité.

Tableau de variations
On résume dans un tableau de variations les différentes propriétés de la fonction f sur e :
croissance, décroissance, extrema, limites aux bornes.

Exemple
Pour illustrer cela, nous avons choisi la fonction f définie par f ( x ) = sin x + sin (2 x ).
1. On a  f = .
2. La fonction f est périodique de période 2π . Elle est impaire. On choisit donc e = [0, π ].
3. Les zéros de f sont (k ∈ ) :

{k ⋅ π , ± 23π + k ⋅ π }.

Sur e , nous avons donc 0, et π (en particulier, nous noterons x0 = 2π /3).
3
4. La fonction est continue et dérivable sur . On a

f ′( x ) = cos x + 2 cos 2 x = cos x + 2 (2 cos 2x − 1) (7.5)

= 4 cos2 x + cos x − 2.  (7.6)

Les zéros de f ′ sont donc donnés par l’équation

4 cos 2 x + cos x − 2 = 0.

Posons cos x = t. L’équation devient

4t 2 + t − 2 = 0

dont les solutions sont

−1 + 33 −1 − 33
t1 = ≈ 0,59 et t2 = ≈ − 0,84.
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8 8

Ces deux solutions appartiennent à [−1,1]. On a donc deux solutions x1 et x2 telles que

−1 + 33  π
cos x1 = et x1 ∈ 0,  ⊂ e
8  2
−1 − 33 π 
cos x2 = et x2 ∈  , π  ⊂ e ,
8 2 

car cos est une bijection de [0, π ] sur [−1, 1], avec t1 > 0 et t2 < 0. On obtient alors le
tableau de variations de f (voir tableau 7.7).
5. On peut alors tracer le graphe de f sur [0, π ] et on complète par des translations de vecteur

uk (2kπ ,0), avec k ∈ . La représentation graphique de f est donnée à la figure 7.8.

77
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

x1 2⇡ x2
x 0 ⇡
3

cos x = t 1 t1 ⇡ 0,59 −1/2 t2 ⇡ −0,84 −1

4t2 + t − 2 + 0 − 0 +

f 0 (x) + 0 − 0 +

f (x1 )
Figure 7.7 

f (x) 0 0 0

f (x2 )

Tableau de variations de la fonction [ x  f ( x ) = sin x + sin ( 2 x )].

(x1 , f (x1 ))

f (x) = sin x + sin(2x)


Figure 7.8 

(x0 , 0)
(0, 0) • • • x


(x2 , f (x2 ))

Illustration de l’étude du graphe de f ( x ) = sin x + sin ( 2 x ).

5 Calcul intégral
Au même titre que la dérivée, l’intégrale joue un rôle majeur en sciences. Nous
rappellerons donc ici très brièvement le lien entre dérivation et primitivation, avant
de connecter la notion de primitive à celle d’intégrale. Tout comme pour la dérivée,
nous donnerons ici une interprétation graphique à l’intégrale, avant de rappeler
quelques propriétés de l’intégration et quelques primitives usuelles, couramment
utilisées dans les premières années de licence en sciences.

78
chapitre 7  • Analyse

5.1 Primitives : lien avec la dérivée


Soit f une fonction définie sur un intervalle I. Une primitive de f est une fonction
F dérivable sur I vérifiant

∀x ∈ I , F ′( x ) = f ( x).

Exemple
Soient I = [0, π / 2] et f : x  cos x. La fonction F : x  sin x est une primitive de f
sur I car F ′( x ) = cos x .

Une fonction f définie sur un intervalle I qui admet au moins une primitive F sur
I en admet une infinité qui diffèrent toutes de F par une constante : si G est une
autre primitive de f sur I, alors

∃C ∈ , ∀x ∈ , G ( x) = F ( x) + C .


On note donc f ( x) dx une primitive de f à une constante près.

Proposition
Soit f une fonction de x, continue sur un intervalle  donné. Il est possible d’écrire
une fonction F telle que sa dérivée rende f :

F ′( x) = f ( x).(7.7)

5.2 L’intégrale et son interprétation graphique


2. Le symbole d’in- Vous avez défini au lycée l’intégrale d’une fonction continue positive sur un in-
tégration (le grand S) tervalle [a, b] comme l’aire de la surface comprise entre l’axe des abscisses et le
est une transposition de graphe de f ( x) entre a et b. Lorsque la fonction est de signe variable, l’intégrale
celui de sommation au
est une aire algébrique positive ou négative suivant la position de la courbe par
calcul infinitésimal : on
b
somme pour x variant rapport à l’axe des abscisses. Cette quantité se note2 ∫ f ( x) dx.
infinitésimalement de a
Vous avez admis au lycée que pour une fonction continue f sur un intervalle I, on
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a à b le produit de f (x)
par cet incrément infi- a pour tout a et b de I :
nitésimal dx. On notera
que l’on peut écrire de b
manière équivalente le ∫a f ( x)dx = F (b) − F (a) = [F ( x)] ba(7.8)
« dx » avant ou après
b
« f (x) » puisqu’il s’agit
d’un produit.
On dit aussi que ∫a f ( x)dx est l’intégrale « définie » car on en définit les bornes,
par opposition à l’intégrale indéfinie

∫ f ( x)dx = [ x  F ( x) + C ] (7.9)
qui désigne la famille de primitives.

79
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

On dit que l’on utilise la valeur algébrique de l’aire entre la courbe et l’axe des abs-
cisses car lorsque f ( x) est positive, l’aire est comptée positivement, tandis qu’elle
est comptée négativement lorsque f ( x) est négative. Par exemple, figure 7.9, on
peut retrouver la valeur de l’intégrale

x0
∫a f ( x) dx (7.10)

en additionnant l’aire des portions grisées de gauche et de droite, et en leur sous-


trayant celle du centre.

Figure 7.9 

Représentation graphique de la définition intuitive de l’intégrale.

Propriétés
– Formule de Chasles (convention) Si a ≥ b, on pose
b a
∫a f ( x)dx = − ∫b f ( x)dx.
Soient f : I →  une fonction continue sur I et a, b, c des éléments de I. Alors,
b c b
∫a f ( x)dx = ∫a f ( x)dx + ∫c f ( x)dx.
– L’intégrale de la somme est égale à la somme des intégrales.
b b b
∫a ( f ( x) + g( x))dx = ∫a f ( x)dx + ∫a g( x)dx ;
– L’intégrale du produit par un réel est égale au produit de l’intégrale par ce réel.
b b
∫a λ f ( x) dx = λ ∫a f ( x)dx.

80
chapitre 7  • Analyse

C’est la linéarité de l’intégrale. Cette dernière propriété est constamment utilisée :


π π π π π
7 7 7 7 7
∫0 ∫0 ∫0 ∫0 ∫0
2 5 x2
5 (tan x + 3cos x + 2 x + 1) dx = 5 dx tan x + 3 5 dx cos x + 2 dx + 5 1dx.

π π π π π
7 7 7 7 7
∫0 5 (tan x + 3cos x + 2 x 2 + 1) dx = ∫0 5 dx tan x + 3 ∫0 5 dx cos x + 2 ∫0 5 x2 dx + ∫0 5 1dx.

– Positivité : soit f une fonction continue et positive sur I :

∀x ∈ I , f ( x) ≥ 0.

Soient a et b deux éléments de I, alors


 b 
(a ≤ b) ⇒ 
 ∫ a f ( x)dx ≥ 0  .
On en déduit par la linéarité de l’intégrale la propriété suivante :
– Soient f et g deux fonctions continues sur I un intervalle de  et telles que :

∀x ∈ I , f ( x) ≤ g( x).

Alors,
b b
∫a f ( x)dx ≤ ∫a g( x)dx pour a ≤ b.
– On rappelle que la fonction ln est la primitive définie sur *+ de [ x  1/x] qui
s’annule en x = 1. Sachant que

1
∀x ∈ [1, + ∞[, ≤ 1,
x
on en déduit
x dt
∀x ∈ [1, + ∞[, ln x = ∫1 ≤ x − 1.
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t
On peut ensuite montrer que cette dernière inégalité est vraie sur tout *+ en
utilisant les propriétés de l’intégrale.
– Valeur absolue de l’intégrale : soit f une fonction continue sur I un intervalle
de . Alors
b b
∫a f ( x) dx ≤ ∫a f ( x) dx.

81
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

6 Fonctions usuelles
Nous allons revoir ici quelques types de fonctions très fréquemment utilisées en
sciences, incluant les fonctions du premier et second degré, les fonctions puissance,
l’exponentielle, le logarithme et les fonctions circulaires.

6.1 Le premier degré


Parmi les fonctions polynômes les plus simples, la plus simple étant la fonction de
degré zéro (c’est-à-dire une fonction constante), la fonction polynôme du premier
degré peut s’écrire sous la forme

f :  → (7.11)

x  mx + p(7.12)

où m et p sont deux réels. Reporter l’évolution des valeurs f ( x) de f en fonction


de x sur un graphique en utilisant un repère orthonormé consistera à tracer une
droite d de coefficient directeur m et d’ordonnée à l’origine f ( x = 0) = p . Cette
fonction sera dite linéaire lorsque l’ordonnée à l’origine sera nulle, et affine dans
le cas contraire.
Prenons deux couples de coordonnées dans notre repère orthonormé : le point A
( x A , f ( x A )) et le point B ( xB , f ( xB )) . Le coefficient directeur de la droite, m, se
calcule alors comme le rapport

f ( xB ) − f ( x A )
m= .(7.13)
xB − x A

Cela est représenté à la figure 7.10. L’ordonnée à l’origine est quant à elle la valeur
f ( x = 0), c’est-à-dire l’ordonnée lorsque la droite d coupe l’axe des ordonnées
(l’axe vertical).
Nous noterons qu’une droite peut être horizontale quand m = 0, ou verticale (x = p)
avec une pente indéterminée.
Fait intéressant, de l’expression de deux fonctions du premier degré
[ x  f ( x) = m f x + p f ] et [ x  g( x) = mg x + pg ] , nous pouvons détecter si
3. Dans le cas d’une re- leur représentation graphique dans un repère orthonormé consiste en deux droites
présentation graphique qui sont paralléles (m f = mg) ou perpendiculaires (m f = −1/ mg).
dans un repère ortho-
normé pour lequel la Il est possible de reconstruire l’expression d’une fonction du premier degré
représentation de f se- [ x  f ( x) = mx + p] à partir de la connaissance de deux couples de valeurs3
rait une droite, on sait ( x0 , f ( x0 )) et ( x1 , f ( x1 )) :
qu’en géométrie eucli-
dienne, par deux points f ( x1 ) − f ( x0 )
il ne peut passer qu’une f ( x) = ( x − x0 ) + f ( x0 ),(7.14)
x1 − x0
seule droite.

82
chapitre 7  • Analyse

✓ ◆
yB yA
f (x) = x+p
xB xA
| {z }
m

yB B

yB yA
A
Figure 7.10  yA •
xB xA

x
xA xB
p/m

Représentation graphique d’une fonction du premier


degré dans un repère orthonormé.

que l’on peut remettre sous la forme y = mx + p :

f ( x1 ) − f ( x0 ) f ( x1 ) − f ( x0 )
f ( x) = x + f ( x0 ) − x0 .(7.15)
x1 − x0 x1 − x0
  
m p
Considérant la représentation graphique de f dans un repère orthonormé, de trois
points dont les coordonnées correspondent à trois couples du graphe de f, soient
( x1,  f ( x1 )), ( x2 ,  f ( x2 ) ) et (x3 , f ( x3 )), l’on sait qu’ils sont nécessairement alignés
dans ce repère et qu’ils vérifient donc

f ( x3 ) − f ( x1 ) f ( x2 ) − f ( x1 )
= .(7.16)
x3 − x1 x2 − x1

Finalement, si l’on a l’expression 1 de deux fonctions du premier degré

[ x  f1 ( x) = m1 x + p1 ] et [ x  f2 ( x) = m2 x + p2 ] , il est possible de trouver


quelles sont les coordonnées auxquelles les droites correspondant à leur représen-
tation graphique dans un repère orthonormé se croisent, si elles se croisent. Dans
l’affirmative, deux droites qui se croiseraient auraient la même ordonnée dans ce
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repère, impliquant que f ( x1 ) = f ( x2 ), ce qui nous permet d’égaler m1 x + p1 et


m2 x + p2 pour trouver :
 p − p1 
(m1 x + p1 = m2 x + p2 ) ⇔  x = 2  .(7.17)
 m1 − m2 
Le x que nous venons d’isoler correspond à l’abscisse à laquelle les deux droites
se croisent. Pour trouver l’ordonnée ( f ( x1 ) = f ( x2 ) = yc ) à laquelle les droites
se croisent, il suffit d’injecter le résultat précédent dans l’expression de l’une ou
l’autre des deux fonctions :
p − p1 p − p1 m p − m2 p1
yc = m1 2 + p1 = m2 2 + p2 = 1 2 . (7.18)

m1 
−m
2 
m1 −m
 2 
m1 − m2
f1 f2

83
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

L’intersection de deux droites est illustrée à la figure 7.11.

7
f (x) = x+3
4

✓ ◆
Figure 7.11  1
16 5
,
11 11

x
(0, 0) 1

g(x) = x 1

Exemple : coordonnées de croisement de deux droites représentant chacune


graphiquement une fonction du premier degrè dans un repère orthonormé.

6.2 Le second degré


La représentation d’une fonction polynôme du second degré

f :  → (7.19)

x  ax 2 + bx + c(7.20)

est, dans un repère orthonormé, une parabole.


Il est important de retenir que si a > 0, la concavité de la parabole est tournée vers
le haut, tandis que si a < 0, la concavité de la parabole est tournée vers le bas (voir
figure 7.12).
Si f possède un ou plusieurs zéro(s), c’est-à-dire une ou plusieurs valeurs de x
telle(s) que f ( x) = 0, nous pouvons les trouver en commençant par calculer ce que
l’on appelle un discriminant : 1

∆ = b 2 − 4 ac.(7.21)

Nous avons alors plusieurs possibilités :


•• ∆ > 0, et les zéros s’écrivent

−b ± ∆
x± = ,(7.22)
2a

84
chapitre 7  • Analyse

x 5 x 5
f (x) = − +x+ g(x) = −x−
2 2 2 2

⊕ ⊕ ⊕
Figure 7.12  p
1 a<0
p p
1 a>0
p
(1 − 6, 0) (1 + 6, 0) (1 − 6, 0) (1 + 6, 0)
• • x • • x
(0, 0) 1 (0, 0) 1

Illustration des propriétés graphiques d’une fonction du second degré concave


(gauche) et convexe (droite).

avec, en considérant la somme et le produit des zéros


−b c
S = x+ + x− = , P = x+ x− = ,(7.23)
a a
la possibilité d’écrire
( ax 2 + bx + c = 0 ) ⇔ ( x 2 − Sx + P = 0 ).(7.24)

Le trinôme du second degré peut quant à lui se réécrire

ax 2 + bx + c = a( x − x+ )( x − x− ),(7.25)

où l’on voit que l’on est passé d’une somme de termes à un produit de facteurs :
on dit que l’on a factorisé le trinôme du second degré.

L’extremum de la parabole aura pour coordonnées − , −


b ∆
2a 14 a
= ( xe , f ( xe )), ( )
ce qui permet à nouveau
1 de réécrire le trinôme sous la forme dite canonique
ax 2 + bx + c = a( x − xe )2 + f ( xe )

c’est-à-dire

( )
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2
b b 2 − 4 ac
ax 2 + bx + c = a x + − .
2a 4a
•• ∆ = 0, et nous avons une solution double :

−b
xr = , ax 2 + bx + c = a( x − xr )2 .(7.26)
2a
On appelle cela une solution double car on peut réécrire le trinôme du second
degré comme a( x − xr )2, c’est-à-dire a( x − xr )( x − xr ), où l’on voit que xr annule
deux facteurs ( x − xr ), identiques (d’où « une » solution double).
•• ∆ < 0, et il n’y a pas de solutions réelles.

85
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

6.3 La fonction puissance entière [x  xn]


Pour tout entier relatif n ∈ , on définit la fonction [ x  x n ] qui est définie pour
tout x réel si n ≥ 0 et pour tout x ≠ 0 si n < 0. Cette fonction vérifie les propriétés
suivantes :
–– elle est continue sur son domaine de définition ;
–– pour tout n ∈ , elle est dérivable de dérivée [ x  nx n −1 ] ;
–– pour tout n ≥ 0 et n pair, la fonction est convexe, décroissante sur  − et croissante
sur  + et on a les limites suivantes :

lim x n = +∞, lim x n = +∞;


x →+ ∞ x →− ∞

–– pour n ≥ 0 et n impair, la fonction est croissante et bijective de  dans  et on


a les limites suivantes :

lim x n = +∞, lim x n = −∞;


x →+ ∞ x →− ∞

–– pour tout n ≠ −1, la fonction [ x  x n ] admet des primitives

x n +1
∫ x n dx = [ x  n +1
+ C] ;

–– en particulier, pour un k réel,


4. Un polynôme est une
somme de monômes.
Par exemple, 2x3 est un ∫kx 0 dx = ∫kdx = [ x  kx + C ] ;
monôme.
–– pour n = −1, la fonction [ x  x −1 ] admet pour primitives [ x  ln | x | +C ].

6.4 Les fonctions polynomiales


5. Une combinaison
linéaire d'objets est la
Une fonction polynôme4  x  P( x)  est une combinaison linéaire5 de fonctions
somme de ces objets, puissances entières naturelles [ x  x n ] :
chacun de ces objets
ayant été multiplié par P:→
un nombre. Une com-
binaison linéaire ne fait x  an x n + an −1 x n −1 +  + a2 x 2 + a1 x1 + a0
pas apparaître de « terme
croisé », produit de plu- Selon cette écriture, le degré du polynôme est le degré le plus élevé de son
sieurs objets de départ terme non nul. Dans l’exemple ci-dessus, nous avions un polynôme de degré
(exemple : a3 x1 x2). n si an ≠ 0.

86
chapitre 7  • Analyse

Une racine xr d’une fonction polynôme est une valeur de son indéterminée qui
annule la fonction polynôme : P( xr ) = 0 .

6.5 La fonction racine carrée [x  x ]


La fonction racine carrée [ x  x ] est définie de  + dans  +. Elle est aussi notée en
notation exponentielle, [ x  x1 2 ] et cela a une utilité pour se rappeler les formules
de dérivation ou d’intégration. Cette fonction vérifie les propriétés suivantes :
–– elle est continue, strictement croissante de  + dans  + ;
–– elle est dérivable sur *+ de dérivée :

1 1 − 12
[x  = x ];
2 x 2

–– on a les limites suivantes :

d
lim x = +∞, lim x = +∞ ;
x →+ ∞ x → 0+ dx

2 3 2 3
–– elle admet pour primitives [ x  x + C = x 2 + C ].
3 3

6.6 La fonction exponentielle


La fonction exponentielle est définie comme la fonction exp :  → , solution de
l’équation différentielle y′ = y et vérifiant exp(0) = 1. On note souvent exp( x) = e x.
Cette fonction vérifie les propriétés suivantes :
–– elle est continue, strictement croissante de  sur *+, convexe ;
–– de par sa définition, la fonction exp est indéfiniment dérivable et

∀x ∈ , exp′( x ) = exp( x) ;

–– c ’est une bijection (une application établissant entre deux ensembles une relation
telle que tout élément de l’un soit l’image d’un seul élément de l’autre) de 
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dans *+ :
∀y ∈ *+ , ∃! x ∈ , exp( x) = y ;

–– elle admet des primitives :

∫ e x dx = [ x  e x + C ] .
–– Nous citerons quelques valeurs remarquables :
exp(0) = 1, exp(1) = e

87
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

–– ainsi que les limites suivantes :

ex
lim e x = +∞, lim e x = 0, lim = +∞.
x →+ ∞ x →− ∞ x →+ ∞ x

Nous reprendrons plus loin la représentation graphique de cette fonction, et nous


nous arrêterons pour le moment sur ses propriétés algébriques remarquables :

∀( x , y) ∈  2 , e x + y = e x ⋅ e y ;
1
∀x ∈ , e − x = ;
ex
ex
∀( x , y) ∈  2 , e x − y = y;
e

∀x ∈ , ∀α ∈ , eα x = (e x )α .

6.7 La fonction logarithme


La fonction logarithme népérien est la primitive sur *+ de la fonction [ x  1/ x]
qui s’annule en 1 :

x dt
∀x ∈ *+ , ln x = ∫1 t
.

C’est aussi la réciproque de la fonction exp et elle a des propriétés héritées de


l’exponentielle :
–– elle est continue, strictement croissante de *+ sur , concave ;
1
–– elle est dérivable sur son domaine de définition de dérivée : [ x  ] ;
x
–– c’est une bijection de *+ sur  ;
–– elle admet des primitives :

∫ ln(x ) dx = [x  x ln x + C ]
et

∫ ln x dx = [ x  x(ln x − 1) + C ].
–– on a les limites suivantes :

ln x
lim ln x = +∞, lim ln x = −∞, lim = 0;
x →+ ∞ x→ 0 x →+ ∞ x

–– quelques valeurs remarquables :

ln1 = 0, ln e = 1.

88
chapitre 7  • Analyse

La fonction ln vérifie aussi des propriétés algébriques remarquables :

∀( x, y) ∈ *+ × *+ , ln ( xy) = ln x + ln y ;

1
∀x ∈ *+ , ln = − ln x ;
x
x
∀( x, y) ∈ *+ × *+ , ln = ln x − ln y ;
y

∀x ∈ *+ , ∀α ∈ , ln xα = α ln x.

6.8 Les fonctions exponentielles de base a


Soit a un réel strictement positif. La fonction exponentielle de base a, notée
[ x  a x ] est la fonction définie sur  par

∀x ∈ , a x = exp ( x lna) = e x ln a .

Cette fonction a des propriétés héritées de l’exponentielle :


–– c’est la fonction constante 1 si a = 1 ;
–– elle est continue, strictement croissante, si a > 1 (respectivement décroissante
si a < 1) de  sur *+, convexe ;
–– elle est dérivable :

d x
∀x ∈ , a = a x ln (a) ;
dx

–– c’est une bijection de  dans *+ ;


–– elle admet des primitives : si a ≠ 1,

ax
∫a x dx = [ x  ln a
+ C] ;
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

–– quelques valeurs remarquables :

a 0 = 1, a1 = a ;

–– on a les limites suivantes, si a > 1 :

lim a x = +∞, lim a x = 0 ;


x →+ ∞ x →− ∞

–– on a les limites suivantes, si a < 1 :

lim a x = 0, lim a x = +∞.


x →+ ∞ x →− ∞

89
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

Cette fonction a les mêmes propriétés algébriques que la fonction exp :

∀( x , y) ∈  2 , a x + y = a x ⋅ a y ;

1
∀x ∈ , a − x = ;
ax
ax
∀( x , y) ∈  2 , a x − y = ;
ay

∀x ∈ , ∀α ∈ , aα x = (a x )α .

Les plus connues sont en base 10 (10 x), en base 2 (2 x) et en base e (e x, avec e le
nombre d’Euler – voir tableau 5.1). Les exponentielles dans ces bases ont de
nombreuses applications intéressantes : c’est une exponentielle en base 10 qui est
6. Une conjecture est
couramment utilisée pour lier la transmittance à l’absorbance en chimie ; c’est
une assertion dont il
n’existe pas de dé-
une exponentielle en base 2 qui sert communément à formaliser la conjecture6 de
monstration, mais qui Moore en informatique, et c’est une exponentielle en base e qui figure dans les lois
est communément ad- de décroissance radioactive enseignées en physique ou de croissance de population
mise car non invalidée. enseignées en biologie.

6.9 Les logarithmes de base a


Le logarithme (ou fonction log) en base a se définit par sa relation avec l’expo-
nentielle :

∀a ∈ *+ \ {1} , ∀x ∈ *+ , ∀y ∈ , loga ( x) = y ⇔ ( a y = x )(7.27)

avec comme propriété essentielle

loga ( a x ) = x = a loga ( x ) ,(7.28)

ce qui permet aussi d’écrire :


ln x
∀x ∈ *+ , loga ( x) = .
ln a

Cette fonction a des propriétés héritées du logarithme :


–– elle est continue, strictement croissante, si a > 1 (respectivement décroissante
si 0 < a < 1) de  sur *+, convexe ;
–– elle est dérivable :
d 1
∀x ∈ , loga ( x) = ;
dx x ln a

–– c’est une bijection de  dans *+ ;


–– quelques valeurs remarquables :

loga (1) = 0, loga (a) = 1 ;

90
chapitre 7  • Analyse

–– on a les limites suivantes, si a > 1 :


lim loga ( x) = +∞, lim loga ( x) = −∞ ;
x →+ ∞ x→ 0

–– on a les limites suivantes, si 0 < a < 1 :


lim loga ( x) = −∞, lim loga ( x) = +∞.
x →+ ∞ x→ 0

La fonction loga vérifie aussi des propriétés algébriques remarquables :

∀( x, y) ∈ *+ × *+ , loga ( xy) = loga x + loga y ;

1
∀x ∈ *+ , loga = − loga x ;
x
x
∀( x, y) ∈ *+ × *+ , loga = loga x − loga y ;
y

∀x ∈ *+ , ∀α ∈ , loga xα = α loga x.

Notations
Conventionnellement, on notera le logarithme en base e de x « ln x », et le logarithme
en base 10 de x tout simplement « log x ». Le premier se nomme logarithme naturel
(ou népérien) tandis que le second se nomme le logarithme décimal.
Les fonctions exponentielles et logarithmes ont un graphe facilement identifiable,
que nous avons reproduit à la figure 7.13 dans deux cas de figure : celui où la base
est supérieure à l’unité, et celui où la base est comprise entre zéro et l’unité.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Figure 7.13 

Représentation graphique des fonctions exponentielles et logarithmes en


base a, dans le cas où a est plus grand que l’unité (gauche) ou compris
entre zéro et l’unité (droite).

91
Partie 2    Mathématiques pour les sciences

6.10 Les fonctions trigonométriques


Dans le chapitre 6, nous rappelions ce que sont le sinus, le cosinus et la tangente
d’un angle de mesure a (ou x). Si l’on considère toutes les valeurs de a (ou x) sur
le cercle trigonométrique et y associons une valeur de sinus, cosinus et tangente,
nous obtenons des fonctions définies sur l’intervalle [0,2π ] ou sur des parties de
[0,2π ] pour la tangente et la cotangente. Ces fonctions peuvent être prolongées par
périodicité sur  ou une partie de  si on imagine que l’on tourne indéfiniment
sur le cercle trigonométrique.
6.10.1  La fonction sin
C’est une application impaire de  dans , périodique de période 2π et indéfini-
ment dérivable sur . Le graphe de cette fonction sur [0, π ] suffit pour construire le
graphe complet, en tenant compte de la symétrie par rapport à O et de la périodicité.
Il est représenté sur la figure 7.14. On a les propriétés suivantes :
–– elle est continue, impaire, périodique de période 2π sur  ;
–– elle est dérivable :

∀x ∈ , sin ′ x = cos x ;

–– elle admet des primitives :

∫ sin(x ) dx = [x  − cos x + C ] ;
–– on a la limite suivante :

sinx
lim = 1.
x→ 0 x
6.10.2  La fonction cos
C’est une application paire de  dans , périodique de période 2π et indéfiniment
dérivable sur . Le graphe de cette fonction sur [0, π ] suffit pour construire le
graphe complet, (voir figure 7.14). On a les propriétés suivantes :
–– elle est continue, paire, périodique de période 2π sur  ;
–– on a la limite suivante :

cos ( x) − 1
lim = 0;
x→ 0 x
–– elle est dérivable :

∀x ∈ , cos ′ x = − sin x ;

–– elle admet des primitives :

∫ cos(x ) dx = [x  sin x + C ].

92
chapitre 7  • Analyse

6.10.3  La fonction tan


sin x  π 
Elle est définie par tan x = . Son ensemble de définition est R \ (2k + 1) | k ∈ Z ,
cos x  2 
 π 
car cos x s’annule pour toutes les valeurs de (2k + 1) | k ∈  . C’est une applica-
 2 
tion impaire, périodique de période π et indéfiniment dérivable sur son domaine de
définition. Le graphe de cette fonction sur  0, π /2  suffit pour construire le graphe
complet, (voir figure 7.14). On a les propriétés suivantes :
–– elle est continue sur son domaine de définition, impaire, périodique de période π ;
–– elle est dérivable :
1
∀x ∈ , tan ′x = = 1 + tan 2 x ;
cos 2 x

–– on a les limites suivantes :


lim tan x = +∞ ;

x→
2

tan x
lim = 1.
x→ 0 x
–– tan (π / 6) = 3 / 3,
–– tan (π / 4) = 1,
–– tan (π / 3) = 3.

f (x) = sin x
4.0
1.0

g(x) = cos x
h(x) = tan x 2.0
0.5
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

0.0
x 0.0
x
-p p -p ⇡/2 ⇡/2 p

-0.5 -2.0

-1.0
-4.0

Figure 7.14    Représentation graphique et périodicité des fonctions


trigonométriques sin, cos et tan.

93
3
Partie

L e premier chapitre de cette partie, dédié à la mécanique du point matériel, recouvre


la cinématique, la dynamique et l’énergie. La cinématique nous permet d’introduire
les notions de référentiel, cadre d’observation des mouvements, ainsi que les vecteurs
position, vitesse et accélération d’un point matériel. La dynamique expose ensuite les lois du
mouvement de Newton et en particulier le principe fondamental de la dynamique (PFD) qui
relie le mouvement d’un corps aux forces extérieures qui agissent sur lui. Une liste de forces
courantes est dressée qui permet d’utiliser ce principe dans de nombreuses situations. Après
avoir dressé un plan général de résolution d’un problème de mécanique par le PFD, nous trai-
tons l’exemple d’un palet glissant sur le sol. Les notions de travail, de puissance et les diverses
formes d’énergie sont ensuite abordées. En découlent les théorèmes de l’énergie cinétique et
de l’énergie mécanique qui permettent une autre approche des problèmes mécaniques. Nous
appliquons alors la méthode « énergétique », à l’exemple du palet glissant sur le sol traité pré-
cédemment par le PFD, ce qui nous permet de comparer les méthodes et d’en déterminer les
avantages respectifs.
Le deuxième chapitre traite des ondes, définies comme la propagation d’une perturbation s’ef-
fectuant sans transport de matière mais transportant néanmoins de l’énergie. Nous décrivons
en premier lieu les ondes progressives, longitudinales et transversales. Des exemples d’ondes
mécaniques ou électromagnétiques viennent illustrer ces concepts. Dans un deuxième volet,
nous étudions plus précisément l’expression la plus simple d’onde progressive : l’onde si-
nusoïdale. Nous en donnons l’expression mathématique et, à travers elle, nous tâchons de
décrypter toutes les facettes de la double périodicité, temporelle et spatiale, du phénomène
ondulatoire.
Le troisième chapitre aborde l’optique géométrique. Après quelques rappels sur la nature de
la lumière, onde électromagnétique visible constituée de photons, nous abordons ses lois de
propagation dans l’approximation de l’optique géométrique. Les lois de Snell-­Descartes sur la
réflexion et la réfraction des rayons lumineux permettent, entre autres, de décrire les propriétés
des lentilles et de définir les notions d’objet et d’image, réels ou virtuels, et celles de foyer et de
plan focal. Ces concepts sont ensuite appliqués aux lentilles minces dans l’approximation de
Gauss avec laquelle nous donnons la relation de conjugaison et la formule de grandissement
transversal. La construction des trajets des rayons lumineux à travers les lentilles minces et le
principe de formation de l’image d’un objet est traitée en détail et largement illustrée dans le
cas d’une lentille convergente. Finalement, une application des lentilles minces au modèle ré-
duit de l’oeil et à l’appareil photographique est proposée en fin de chapitre.

94
Physique

CHAPITRE

8 La mécanique du point matériel  96


CHAPITRE

9 Les ondes  121

CHAPITRE

10 L’optique géométrique 129

95
CHAPITRE

8 La mécanique du
point matériel
Nous ne discutons dans ce chapitre que du mouvement de corps réduits à un seul
point, leur centre de masse (centre de gravité), soit parce que leur extension spa-
tiale est faible soit parce que les effets liés à leur orientation sont négligeables. La
masse de ces corps est donc concentrée en un seul point, d’où leur nom de points
matériels. La « mécanique du point matériel » a précisément pour objet l’étude
de leur mouvement.
Dans un premier temps, nous décrivons le mouvement du point matériel indé-
pendamment des causes qui l’engendrent. C’est l’objet de la cinématique. Cela
nous permet d’introduire les notions de référentiel (cadre d’observation), de repère
puis de vecteurs position, vitesse et accélération du point matériel. Ces outils sont
ensuite utilisés pour exprimer les lois de la dynamique newtonienne dont l’objet
est de faire le lien entre le mouvement d’un corps et ses causes, les forces, dont
nous décrivons les plus usuelles.
Nous concluons ce chapitre par des considérations sur le travail des forces et les
diverses formes d’énergie : cinétique, potentielle et mécanique. Nous montrons
comment le point de vue énergétique permet souvent une approche simple et géné-
rale de l’évolution d’un point matériel. À une dimension d’espace, en particulier,
les contraintes liées à la conservation de l’énergie mécanique, lorsqu’elle a lieu,
permettent d’extraire les caractéristiques essentielles des trajectoires sans avoir à
résoudre les équations horaires du mouvement.

1 La cinématique du point
1.1  Repérage d’un point dans l’espace et le temps
1.1.1  Référentiel
Le mouvement d’un corps est perçu de manière différente par deux observateurs
en mouvement l’un par rapport à l’autre. Supposons par exemple qu’un train se
déplace en ligne droite à vitesse constante par rapport au sol. Une personne im-
mobile dans un wagon lâchant une bille au-dessus de son pied la reçoit sur le pied
quelques instants plus tard. Le mouvement de cette dernière dans le wagon est
rectiligne et vertical. Pour une personne à quai en revanche, la trajectoire perçue
est celle d’une bille lancée à la vitesse du train par rapport au sol : c’est donc une
arche de parabole. Ce simple exemple démontre la nécessité de définir un cadre
d’observation puisque le mouvement d’un corps lui est relatif.

96
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

En mécanique, le cadre d’observation est appelé référentiel. Nous le notons . Ce


dernier est défini par un « solide » (ensemble de points fixes par rapport à l’obser-
vateur) qui permet de repérer un point dans l’espace. Dans l’exemple précédent,
le « solide » est le train pour le passager et le quai pour la personne à quai. Le
référentiel est, en outre, muni d’une horloge qui permet de mesurer l’écoulement
du temps. Notons qu’un postulat de la dynamique newtonienne est que le temps
s’écoule de la même manière dans tous les référentiels.
1.1.2  Repère
Pour repérer les points dans le référentiel , on choisit un point O de référence fixe
  
dans le solide et une base tridimensionnelle (e1 , e2 , e3 ) de vecteurs linéairement
1. Voir chapitre 6 pour indépendants1. Le point origine O et la base de vecteurs constituent ce que l’on
  
la notion de vecteur. appelle un repère d’espace. On note ce dernier (O ; e1 , e2 , e3 ). Notons que la base
  
2. Par exemple, de vecteurs (e1 , e2 , e3 ) dépend généralement du système de coordonnées employé2.
en coordonnées En général, on choisit une base orthonormée, c’est-à-dire dont les vecteurs sont de
cartésiennes, les norme unité et orthogonaux entre eux.
  
vecteurs (e1 , e2 , e3 ) 
sont les vecteurs de Une fois la base fixée, tout vecteur u de l’espace se décompose de manière unique
la base cartésienne, sur les trois vecteurs de base
  
(ex , ey , ez )    
u = u1e1 + u2 e2 + u3 e3 , (8.1)

et dans le cas d’une base orthonormée, les coordonnées ui de u sont données par
 
le produit scalaire ui = u ⋅ ei .

1.2  Vecteur position


  
Dans le référentiel  muni du repère (O ; e1 , e2 , e3 ), tout point M est repéré par

son vecteur position r défini par
 
r = OM . (8.2)
  
Dans la base (e1 , e2 , e3 ), ce vecteur s’écrit
   
r = r1e1 + r2 e2 + r3 e3 ,(8.3)
 
avec ri = r ⋅ ei lorsque la base est orthonormée. Lorsque le point M se déplace
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

dans l’espace au cours du temps, on le note M (t ). Dans ce cas, le vecteur position


 
dépend du temps et par définition, r (t ) = OM (t ).

1.3  Vecteur vitesse



Dans le référentiel , le vecteur vitesse du point matériel M à l’instant t, noté v (t ),
représente le taux de variation du vecteur position au cours du temps :
 
 dOM (t ) dr (t )
v (t ) = = (8.4)
dt dt

97
Partie 3   Physique

3. Voir chapitre 7 pour Son interprétation est simple car par définition de la dérivée3 (cf. expression (7.1)),
la notion de dérivée.    
 dOM (t ) OM (t + τ ) − OM (t ) M (t ) M (t + τ )
v (t ) = = lim = lim .
dt τ →0 τ τ →0 τ

Comme attendu, le vecteur vitesse est donc bien égal au déplacement M (t ) M (t + τ )
de M divisé par le temps τ mis pour effectuer ce déplacement (figure 8.1). Sa

norme, v (t ) , représente la vitesse de M au sens usuel du terme. Toutefois, le

vecteur v (t ) indique aussi la direction et le sens du mouvement de M à l’instant t.
Propriété importante

Comme illustré sur la figure 8.2, le vecteur vitesse v est, par construction, toujours
tangent à la trajectoire.

Figure 8.1  M(t) M(t)M(t+ τ) ~


_ dr

v(t)
M(t+ τ)

O
Vecteur vitesse au point M(t )

4. Voir chapitre 1 L’unité de mesure de la vitesse4 est le m ⋅ s-1.

v ,
M M
Figure 8.2 
v,

r r,

O
 
Vecteurs vitesse v et v' en deux points M et M ′ d’une trajectoire.
La vitesse est en tout point tangente à la trajectoire.

1.4  Vecteur accélération



On définit le vecteur accélération a (t ) du point matériel M dans le référentiel 
comme le taux de variation du vecteur vitesse au cours du temps

98
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel


 dv (t )
a (t ) = (8.5)
dt
D’après (8.4), on peut donc aussi écrire

 d 2r (t )
a (t ) = . (8.6)
dt 2
L’unité de mesure de l’accélération est le m ⋅ s-2.
  
1.5  Expression des vecteurs r (t ), v (t ) et a(t ) en
coordonnées cartésiennes
1.5.1  Vecteur position
En coordonnées cartésiennes, la position d’un point M est représentée par trois
  
nombres réels ( x, y, z). Les vecteurs de base, (ex , ey , ez ), sont orthonormés (figure 8.3).
Lorsque le point M est en mouvement dans , ses coordonnées sont des fonctions
du temps et on les note : ( x(t ), y(t ), z(t )). L’expression du vecteur position est donc
   
r (t ) = x(t )ex + y(t )ey + z(t )ez .(8.7)

M
ez r
Figure 8.3 
ey y
O
ex
x
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.


Vecteur position r et coordonnées cartésiennes.

1.5.2  Vecteur vitesse


En dérivant l’expression (8.7) par rapport au temps, nous obtenons la vitesse du
  
point M (t ) dans le repère (O ; ex , ey , ez ) , sous la forme
   
v (t ) = x (t )ex + y (t )ey + z(t )ez .(8.8)

Le point situé sur la coordonnée représente la dérivée temporelle de celle-ci. Cette


notation est très utilisée en physique. Les coordonnées du vecteur vitesse sont donc
vx (t ) = x (t ), vy (t ) = y (t ) et vz (t ) = z(t ) . On en déduit son module (sa norme),

99
Partie 3   Physique

v(t ) = x 2 (t ) + y 2 (t ) + z2 (t ). (8.9)

Notons que dans le système cartésien, seules les coordonnées sont fonction du
  
temps. Les vecteurs de base, (ex , ey , ez ), sont fixes car ils ne dépendent pas de
la position particulière du point M dans l’espace. Cela n’est plus vrai lorsqu’on
utilise d’autres bases comme, par exemple, la base de Frenet introduite au lycée
pour décrire des mouvements de rotation. Les vecteurs de cette base changent
d’orientation en fonction de la position du point M et sont donc, eux aussi,
fonction du temps lorsqu’il est en mouvement. Il faut donc aussi les dériver
lorsqu’on dérive le vecteur position pour obtenir le vecteur vitesse. Ces points
sont abordés en détail à l’université et nous ne les développerons pas ici.

1.5.3  Vecteur accélération


Dérivant le vecteur vitesse par rapport au temps, nous obtenons cette fois l’accé-
  
lération du point M (t ) dans le repère (O ; ex , ey , ez ) :
   
a (t ) = vx (t )ex + vy (t )ey + vz (t )ez .(8.10)

Les coordonnées de a (t ) sont donc ax (t ) = vx (t ) =  x(t ) , a y (t ) = vy (t ) = 
y(t ) et
az (t ) = vz (t ) = 
z (t ) où le double point représente la dérivée temporelle seconde
(c’est-à-dire la dérivée de la dérivée).
1.5.4  Notations vectorielles
Plusieurs notations sont utilisées pour les vecteurs en physique. Outre l’expres-
sion en ligne faisant expressément intervenir les vecteurs de la base choisie,
   
u = ux ex + u y ey + uz ez  par exemple, on utilise aussi des vecteurs colonnes comme
suit :
 u  ux
x
   
u =  u y  ou encore u = u y (8.11)
 
 uz  uz
On peut donc écrire les vecteurs position, vitesse et accélération sous la forme
suivante :

x(t ) vx (t ) x (t ) ax (t ) x(t )

  
  r (t ) = y(t ) ; v (t ) = vy (t ) = y (t ) ; a (t ) = ay (t ) = y(t ) (8.12)

z(t ) vz (t ) z(t ) az (t ) z (t )


2 La dynamique du point matériel


La dynamique a pour objet de relier le mouvement d’un corps aux actions mécaniques
qu’il subit. Dans un référentiel donné, elle permet donc d’établir ce qu’on appelle
les équations différentielles du mouvement. Dans ce qui suit, nous exposons dans

100
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

un premier temps les trois lois de Newton permettant de relier le mouvement d’un
point matériel aux forces qui agissent sur lui puis nous dressons une liste des forces
les plus communément rencontrées dans les situations courantes.

2.1  Première loi de Newton : principe d’inertie


2.1.1  Inertie et principe d’inertie
On peut définir l’inertie d’un point matériel par sa tendance à continuer sa course
sans être dévié. La mécanique de Newton précise ce concept par un postulat.
Principe d’inertie
Un point matériel qui n’est soumis à aucune action mécanique (force) est dit isolé.
La mécanique classique postule qu’il existe une classe particulière de référentiels,
dits galiléens, par rapport auxquels un point matériel isolé a un mouvement
rectiligne uniforme.

Notons que cela implique que dans cette classe de référentiels, le point matériel isolé a
 
un vecteur vitesse constant v = v0. Cela implique également que tous les référentiels
galiléens sont en translation rectiligne uniforme les uns par rapport aux autres.
2.1.2  Référentiels galiléens
Comme l’indique la première loi de Newton, un référentiel est galiléen si, dans ce
référentiel, un point matériel isolé a un mouvement rectiligne uniforme. En pratique
toutefois, si le mouvement d’un point matériel isolé est (en bonne approximation)
rectiligne uniforme sur un laps de temps donné, on peut considérer le référentiel
correspondant comme étant approximativement galiléen sur ce laps de temps.
Ainsi, le référentiel de Copernic, dont l’origine est le centre de masse du système
solaire et dont les axes sont définis par les directions de trois étoiles très éloignées,
peut être considéré comme galiléen sur des échelles de temps de quelques millions
d’années environ (le temps typique de révolution du système solaire dans notre
galaxie est de 225 millions d’années).
En supposant le référentiel de Copernic galiléen, les référentiels qui ne sont pas en
translation rectiligne uniforme par rapport à lui ne sont donc pas galiléens. C’est
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

le cas par exemple du référentiel géocentrique, dont l’origine est au centre de la


Terre et dont les axes sont parallèles à ceux du référentiel de Copernic. En effet,
le centre de la Terre effectue une révolution à peu près circulaire autour du Soleil
5. En réalité, Jupiter (qu’on peut considérer comme le centre de masse du système solaire)5. Le référen-
étant une très grosse tiel géocentrique est donc approximativement en translation circulaire par rapport
planète, le centre de au référentiel de Copernic. Toutefois, la période de révolution de la Terre autour
masse du système du Soleil étant d’une année, sur des échelles de temps de l’ordre de la journée, on
solaire et le centre
du soleil ne coïncide
peut considérer le référentiel géocentrique comme étant galiléen.
pas exactement. Leur De la même manière, nous considérerons que le référentiel terrestre, dont l’ori-
mouvement relatif gine est le centre de la Terre mais dont les axes sont cette fois solidaires du globe
est, du reste, assez terrestre, est galiléen pour des expériences de courtes durées par rapport à un jour
complexe. (période de rotation de la Terre sur elle-même dans le référentiel de Copernic).

101
Partie 3   Physique

Aussi, lorsque nous parlerons de « référentiel terrestre » ou encore de « référentiel


du laboratoire », nous considérerons, sauf mention contraire, que ces référentiels
sont galiléens.

2.2  Deuxième loi de Newton : relation


fondamentale de la dynamique
2.2.1  Quantité de mouvement
Avant d’énoncer la fameuse loi de Newton, définissons une quantité utile : la quantité

de mouvement. Dans un référentiel  donné, si v est la vitesse d’un point matériel
M de masse m alors sa quantité de mouvement est définie par
 
p = mv.(8.13)

Soit un objet isolé se déplaçant de manière rectiligne et uniforme dans un réfé-


rentiel galiléen et dont un opérateur cherche à dévier la trajectoire. Intuitivement,
plus l’objet est lourd et rapide par rapport à l’opérateur, plus ce dernier doit agir
fort et longtemps pour contrecarrer l’inertie de cet objet, c’est-à-dire sa tendance
à continuer sa course sans être dévié. Cette information est précisément donnée
par la quantité de mouvement. Voyons maintenant comment la deuxième loi de
Newton formule cette observation.

2.2.2  Loi fondamentale de la dynamique


Principe fondamental de la dynamique (PFD)
 
6. Dans cette formule, Dans un référentiel galiléen, g , la quantité de mouvement, p = mv, d’un point

le symbole ∑signifie matériel de masse m et de vitesse v soumis à un ensemble de forces extérieures Fi ,
« somme ». Par exemple, varie dans le temps selon la loi6 :
3

∑F = F + F + F .
    
dp
i 1 2 3
= ∑Fi  (8.14)
i =1 dt i

Cette loi n’est vraie que dans un référentiel galiléen, c’est la raison pour laquelle nous
avons largement insisté sur cette classe de référentiels auparavant. Si la masse du point
matériel est constante au cours du temps (ce qui est le plus souvent le cas), la définition
de la quantité de mouvement (8.13) montre que
  
dp d (mv ) dv 
= =m = ma .
dt dt dt

Le principe fondamental de la dynamique s’écrit donc dans ce cas


 
ma = ∑F i (8.15)
i

102
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

qui est sans doute la forme la plus connue de cette deuxième loi de Newton. No-
tons que d’après (8.14), en l’absence de forces sur le point M ou lorsqu’elles se


 
compensent, c’est-à-dire lorsque F i = 0 , la quantité de mouvement p du point
i
matériel est conservée au cours du temps. Son vecteur vitesse est donc constant
et son mouvement, rectiligne uniforme en accord avec la première loi de Newton.

2.3  Troisième loi de Newton : principe


de l’action et de la réaction
La troisième loi de Newton concerne la force d’interaction entre deux corps. Elle
s’énonce
 comme suit : si deux points matériels A et B sont en interaction, la force
7. On considère ici que FA / B que A exerce sur B est toujours7 (c’est-à-dire quels que soient le référentiel et
les forces s’exercent le mouvement) opposée à la force FB / A que B exerce sur A,
instantanément c’est-
à-dire au même moment  
sur A et B. FA / B = −FB / A (8.16)

Ce principe se révèle particulièrement utile lors des actions de contact que nous
détaillons ci-après. Mais il est vrai même en l’absence de contact.

2.4  Exemples de forces


En mécanique classique, les interactions entre systèmes peuvent être décrites en
termes de grandeurs vectorielles que l’on appelle forces. Ces forces physiques
sont les mêmes dans tous les référentiels (galiléens ou non) : c’est le principe de
relativité des forces.
Les forces étant des vecteurs, elles ont une direction, un sens et une intensité (norme
du vecteur force). Dans le système d’unités international (SI), l’unité de force est
8. Voir § 2.3 du chapitre 1. le newton (N) avec8 N = kg ⋅ m ⋅ s-2.
2.4.1  La force de gravitation
L’expérience prouve qu’un point matériel A de masse m A attire un point matériel
B de masse mB avec une force dite de gravitation dont l’expression est

© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

 m A mB AB
FA / B = −G ,(8.17)
AB 2 AB
où G  6,67 × 10 −11 N ⋅ m2 ⋅ kg-2 est la constante universelle de la gravitation.
Notons que la force avec laquelle le point matériel B attire A est

 mB m A BA
FB / A = −G .
BA2 BA
   
Or BA = − AB. Ainsi FB / A = − FA / B , ce qui satisfait bien au principe de l’action et

 AB
de la réaction (8.16). Comme AB = AB, le vecteur est unitaire (de norme 1).
AB
m m
La norme de la force de gravitation que A exerce sur B est donc FA / B = G A 2B .
AB
103
Partie 3   Physique

2.4.2  Le poids
On peut montrer que la force d’interaction gravitationnelle entre deux corps sphé-
riques homogènes est du même type que (8.17) pourvu qu’on considère A et B
comme les centres de ces corps. Ceci nous permet de trouver l’expression du poids
d’un point matériel M de masse m à la surface de la Terre (ou de tout autre astre).
Soient MT la masse de la Terre et RT son rayon. D’après (8.17), la force exercée
par la Terre sur le point matériel s’écrit
 mM 
FT / M = −G 2T u(8.18)
RT

 OM
où u = est un vecteur unitaire dirigé du centre de la Terre vers le point matériel.
OM

Cette force est appelée poids de m sur la Terre et généralement notée P. Ainsi,

B mB u
m
P=mg
FA/B
Figure 8.4  O
RT
A FB/A
MT
mA
(a) (b)
(a) : Forces d’interaction gravitationnelle entre
 deux corps sphériques.

(b) : Poids de la masse m, P = mg.

 
P = mg(8.19)


où le vecteur champ de gravitation g est défini par

 M 
g = −G T u.(8.20)
RT2

En utilisant MT  6 × 10 24 kg et RT  6,4 × 103 km (voir tableau 15.1), on trouve l’in-



tensité de ce champ de gravitation à la surface de la Terre g = g  9,8 m ⋅ s-2, valeur

familière qu’on arrondit souvent à g  10 m ⋅ s-2 par simplicité. Le vecteur g ayant les
dimensions d’une accélération, on le nomme aussi accélération de la pesanteur.

La direction de g varie en fonction de la position du point matériel à la surface du
globe. En fait, son intensité varie aussi légèrement car la Terre n’est pas exactement
sphérique (un peu applatie aux pôles où g est plus intense et renflée à l’équateur
où g devient moindre). Toutefois, localement, c’est-à-dire sur de courtes distances,

le vecteur g peut être considéré comme constant. Le poids d’un point matériel
devient alors une force constante dirigée verticalement vers la surface de la Terre.

104
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

2.4.3  La force électrostatique coulombienne


Cousine de la force de gravitation par son expression, la force d’interaction élec-
trostatique coulombienne est la force qu’exerce une charge électrique q A placée en
A sur une autre charge qB placée en B. Elle est donnée par

 1 q A qB AB
FA / B = (8.21)
4πε 0 AB 2 AB

Comme pour la force de gravitation, le principe d’action/réaction est bien vérifié


 
puisque FA / B = − FB / A . L’unité SI de la charge est le coulomb (C). La constante ε 0
(permittivité du vide) est telle que 1/(4πε 0 )  9 × 109 N ⋅ m2 ⋅ C−2 .
Contrairement à la masse, la charge peut être positive ou négative. D’après l’­expression
(8.21), deux charges de même signe se repoussent alors que deux charges de signes 
opposés s’attirent. D’autre part, à l’instar du poids, la force coulombienne FA / B
peut s’interpréter comme la force subie par la charge qB dans le champ électrique
créé par la charge q A. Cette force devient ainsi
 
FA / B = qB E A ( B) (8.22)

 1 q A AB
où E A ( B) = est le champ électrique créé par la charge q A au point B.
4πε 0 AB 2 AB

2.4.4  La poussée d’Archimède


La poussée d’Archimède est la résultante (somme) des forces de pression d’un fluide
sur un corps immergé dans ce fluide. Cette force est par exemple responsable du fait
que certains corps flottent dans l’eau. Son expression est essentiellement valable
en l’absence de mouvement relatif entre le corps et le fluide. On peut toutefois
l’employer comme approximation raisonnable lorsque le mouvement du corps par
rapport au fluide est faible.
Lorsqu’un fluide entoure un corps (figure 8.5, a), la pression qu’il exerce sur ce
dernier se traduit par un champ de forces agissant en tout point de sa surface. Pour
trouver la résultante de ce champ de forces, c’est-à-dire la force globale agissant
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

sur ce corps, ou encore, la somme vectorielle sur toute la surface des forces de
pression élémentaires, on peut par la pensée remplacer le corps immergé par un
volume équivalent de fluide (figure 8.5, b). En effet, les forces de pression exer-
cées par le fluide sur le corps ne dépendent pas de la matière dont ce corps est
fait, mais simplement de sa forme. Or, si le volume sur lequel le fluide exerce sa
pression est un volume de même fluide, ce volume est évidemment à l’équilibre.
On en déduit que son poids compense exactement les forces de pression. D’où
le résultat suivant :
PRINCIPE d’Archimède
Tout corps immergé au repos dans un fluide subit une force égale en intensité et
opposée en sens au poids du fluide déplacé.

105
Partie 3   Physique


Soit V le volume du corps et ρf , la masse volumique du fluide et ez le vecteur
vertical ascendant, la force d’Archimède s’écrit :
 
F = ρf Vgez (8.23)

Figure 8.5 
ez

a) b)
Poussée d’Archimède : a) Forces de pression exercées par le
fluide sur un objet immergé. b) Forces de pression exercées par le fluide sur un volume
de fluide de même forme que l’objet. Ces forces sont les mêmes.

2.4.5  La force de rappel d’un ressort



Un ressort idéal exerce sur l’opérateur qui l’étire ou le comprime une force T, dite
force de rappel du ressort ou encore tension du ressort, dont l’intensité est pro-
portionnelle à l’allongement du ressort (figure 8.6). Si on appelle  0 la longueur à
vide du ressort et  sa longueur en tension, on peut écrire
 
T = − k ( −  0 )u.(8.24)

Dans cette expression, le vecteur unitaire u est dirigé du ressort vers l’opérateur. La
constante k ≥ 0 est appelée raideur -1
 du ressort et son unité SI est le N ⋅ m . Si le
ressort est allongé,  >  0, la force T qu’exerce le ressort sur l’opérateur est dirigée

vers le ressort (−u) alors que si le ressort est comprimé,  <  0, la force est dirigée

vers l’opérateur (+u), ce qui est bien conforme à l’expérience.
l0

T
Figure 8.6 
l

l −l0
Force exercée sur un opérateur par un ressort en tension.

Cette loi est appelée loi de Hooke, du nom du physicien qui l’a énoncée en 1678.
Elle n’est en réalité qu’un modèle empirique valable pour les faibles déformations
du ressort.
2.4.6  La tension d’un fil
Fils et câbles se rencontrent fréquemment en mécanique.
 Ils sont idéaux lorsqu’ils
sont souples, non élastiques et sans masse. La force T, la tension, qu’un fil exerce

106
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

sur le corps auquel il est attaché est colinéaire au fil lorsque ce dernier est tendu
(voir figure 8.7). L’expression de cette force n’est pas connue, seuls sa direction et
son sens le sont. La norme de la tension est en général déterminée par compatibilité
avec les équations du PFD (cf. 8.14). On peut montrer qu’en tout point d’un fil
idéal, la tension est la même.
O

Figure 8.7  θ T

mg

Pendule : force de tension d’un fil exercée sur une masse.

2.4.7  La force de contact


Lorsque deux solides S1 et S2 sont en contact, il existe une force de réaction de l’un sur
l’autre. C’est ce qu’on appelle une force de contact. D’après le principe de l’action et
de la réaction, la force exercée par S1 sur S2 est opposée à la force exercée par S2 sur S1.
Par exemple, une masse posée sur le sol subit une force de réaction de la part du sol.
En l’absence de frottement entre les deux solides, la force de réaction est perpendiculaire
aux surfaces en contact. On dit aussi qu’elle est normale aux surfaces. En particulier,

lorsqu’un point matériel glisse sans frotter sur une surface, la force de réaction Rn de
la surface sur le point est perpendiculaire à la surface et dirigée de la surface vers le
point (figure 8.8). On dit aussi que cette force de réaction est la réaction normale de
la surface sur le point, où « normale » signifie ici « perpendiculaire ».
En présence de frottement de type solide entre le point matériel et la surface, la réaction
peut toujours se décomposer en une réaction normale et une réaction tangentielle qu’on
appelle force de frottement. Nous en donnons un exemple dans le paragraphe suivant.

R
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Figure 8.8 
S

En l’absence de frottement, la force de réaction d’une surface S sur


un point matériel est perpendiculaire (normale) à la surface.

2.4.8  Les forces de frottement


Les forces de frottement, de type solide ou visqueux, tendent toutes à s’opposer au
mouvement du corps sur lequel elles agissent. Lorsque le corps se déplace par rapport
au milieu qui exerce sur lui des frottements, les forces de frottement ont un sens opposé
à la vitesse du corps par rapport au milieu. En présence de frottement solide, le corps

107
Partie 3   Physique

peut être à l’équilibre (immobile) par rapport à la surface sur lequel il frotte. La force
de frottement s’oppose alors au mouvement qui aurait lieu en l’absence de frottement.
L’origine des forces de frottement étant souvent complexe, on les décrit générale-
ment par des lois empiriques. Nous donnons ci-après l’expression d’une force de
frottement de type visqueux et nous traitons dans le paragraphe qui suit un exemple
de dynamique faisant intervenir une force de frottement de type solide.

Lorsqu’un objet a une vitesse v faible par rapport au fluide dans lequel il se déplace
(eau, air, etc.), ce fluide exerce sur lui une force qui est en première approximation
proportionnelle et opposée à cette vitesse :
 
F = −ν v .(8.25)

La grandeur ν , reliée à la viscosité du fluide, est en N ⋅ s ⋅ m-1. À plus grande vitesse


relative, la force visqueuse est plutôt proportionnelle au carré de la vitesse. C’est
par exemple le cas du frottement de l’air sur les voitures dès qu’elles roulent à plus
de 20 km/h environ.

2.5  Résolution générale d’un problème


de dynamique
Le plan général de résolution de toute question mécanique procède par étapes qu’il
faut aborder méthodiquement. Nous exposons ci-après les étapes de résolution d’un
problème de dynamique par le principe fondamental de la dynamique.

Schéma général de résolution d’un problème de dynamique du point matériel par le PFD
1. Définir précisément le système étudié, c’est-à-dire celui auquel s’applique le principe fondamental de la dynamique.
2. Définir le référentiel d’étude (on choisit en général le référentiel terrestre que l’on considère galiléen).
3. Faire la liste exhaustive des forces extérieures appliquées au système en répertoriant les forces agissant à distance
comme le poids, les forces électrostatiques, etc. et les forces de contact comme les forces de tension d’un fil ou
de réaction d’un support sur le système ou encore la force de rappel d’un ressort... Il est utile de représenter ces
forces sur un schéma.
4. Définir un repère adapté à la situation (au mouvement prévisible du système ou à la projection simple des forces
sur les axes choisis).
5. Exprimer les forces extérieures agissant sur le système et le vecteur accélération du système dans la base choisie,
c’est-à-dire projeter ces vecteurs sur les axes du repère choisi.
6. Utiliser le principe fondamental de la dynamique (PFD) pour obtenir les équations du mouvement à partir des
expressions obtenues au point précédent.
7. Résoudre les équations du PFD pour obtenir les lois horaires du mouvement, c’est-à-dire la position du système
au cours du temps ou tout autre renseignement utile sur sa trajectoire.

108
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

2.6  Exemple de dynamique :


palet glissant sur le sol
Dans ce dernier paragraphe sur la dynamique newtonienne, nous illustrons la mé-
thode de résolution précédente sur l’exemple d’un palet glissant sur le sol.
z Sens du mouvement

Rn
Figure 8.9  ez F
ex
x
O P A

Palet glissant sur un plan horizontal avec frottement de type solide.

Nous nous proposons de chercher la distance que parcourt un palet de masse m,


 
lancé avec une vitesse v0 = v0 ex (v0 > 0) sur un plan horizontal en présence de
frottement de type solide. Une loi de C. Coulomb (lemême que celui de la force
électrostatique) montre que la force de frottement F s’exerçant sur le palet est
constante et dirigée dans le sens opposé à sa vitesse tant que le palet  glisse. Le
plan étant horizontal, on montre que lorsque le palet est à l’arrêt, F devient nulle.
Reprenons point par point les étapes du schéma général de résolution d’un problème
de mécanique.
1. Système étudié : palet de masse m (considéré comme un point matériel).
2. Référentiel d’étude : référentiel terrestre (supposé galiléen).
3. Forces extérieures agissant sur le palet :
 
–– le poids du palet, P = mg ;
–– la réaction du plan horizontal sur le palet qui se décompose en deux vecteurs :
la réaction normale du plan sur le palet, Rn, qui est perpendiculaire au support,
et la force de frottement F, tangente au support et donc horizontale, dont le
sens est opposé à la vitesse du palet par rapport au plan ;
–– toute autre force est négligée.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Les forces extérieures sont les forces agissant sur le système à un instant donné de

son mouvement. Une erreur courante consiste à inclure la vitesse v0 dans la liste
des forces agissant sur le système. Remarquons tout d’abord que la vitesse n’est pas
homogène à une force et qu’elle ne peut par conséquent figurer parmi elles. La vitesse
et la position initiales du système permettent de décrire l’état du système à l’instant
où il débute le mouvement qu’on veut étudier (en général t = 0). Ces données sont
suffisantes pour déterminer le mouvement ultérieur du système. Il n’est pas nécessaire

de connaître par quel moyen (force) la vitesse v0 a été communiquée au système.

4. Repère : le repère choisi est indiqué sur la figure 8.9. Son origine est le point O
 
d’où part le palet à l’instant initial t = 0 s. Les vecteurs ex et ez sont respectivement

109
Partie 3   Physique

horizontal vers la droite et vertical vers le haut. Le choix de cette base est dicté par le
mouvement du palet qui est guidé par le sol le long de l’axe Ox, axe selon lequel sont
donc dirigés les vecteurs vitesse et accélération du palet. En outre, les vecteurs forces
étant tous horizontaux ou verticaux, leurs projections sur ces axes sont très simples.
 
5. Expression des forces et de l’accélération dans la base (ex , ez ) :
  
–– poids du palet : P = mg = − mgez ;
 
–– réaction normale du plan horizontal sur le palet : Rn = Rn ez , où Rn est le
module de la réaction normale ;
 
–– force de frottement : F = − F ex, où F est le module  de la force de frottement.
Comme F est par nature positif, le vecteur F est orienté correctement par
rapport au mouvement du palet ;
 
–– accélération du palet : a (t ) = ax (t )ex, où ax (t ) est la composante (coordonnée)
du vecteur accélération selon l’axe Ox.
6. Principe fondamental de la dynamique : d’après le PFD (cf. 8.14) appliqué au
 
palet dans le référentiel terrestre (supposé galiléen) et dans le repère (O ; ex , ez )
choisi, nous avons

    max (t ) 0 0 −F
ma = P + Rn + F ⇔ = + +
0 − mg Rn 0

On voit ici l’intérêt de l’écriture vectorielle en colonne, déjà présentée en (8.12),


qui fait clairement apparaître deux équations issues du PFD :

max (t ) = − F ,(8.26)

0 = − mg + Rn .(8.27)

La première de ces équations nous renseigne sur le mouvement du palet tant qu’il
glisse. Elle permet de déterminer sa position au cours du temps jusqu’à son arrêt.
Lorsque le palet arrête sa course, comme le plan est horizontal, la force de frotte-
ment devient nulle et le palet reste immobile. La deuxième équation montre que la
réaction normale du sol s’oppose au poids du palet, Rn = mg, ce qui est assez intuitif.
7. Détermination des lois horaires du mouvement du palet :
– Vitesse du palet, vx (t )
Comme ax (t ) = vx (t ), l’équation (8.27) peut s’écrire

F
vx (t ) = − .(8.28)
m

Or, F et m sont des constantes et on obtient donc la vitesse vx (t ) en cherchant une


primitive de − F /m par rapport au temps. On trouve, vx (t ) = −( F /m )t + C où C est
une constante. Cette constante est déterminée par la condition initiale du mouvement
 
qui est que le palet est lancé avec une vitesse v ( 0 ) = v0 ex , c’est-à-dire vx ( 0 ) = v0.
Or, d’après notre formule, vx ( 0 ) = C . Donc C = v0, d’où finalement

110
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

F
vx (t ) = − t + v0 .(8.29)
m
– Temps d’arrêt du palet, T
Manifestement, le palet arrête sa course lorsque sa vitesse devient nulle. Comme
F, m et v0 sont positifs, la vitesse (8.29) diminue linéairement en t et elle s’annule
à l’instant T tel que
F mv0
vx (T ) = 0 ⇔ − T + v0 = 0 ⇔ T = .(8.30)
m F
Pour t > T, le palet reste immobile.
– Position du palet x(t ) et distance d parcourue jusqu’à l’arrêt
La position du palet, x(t ), est une primitive de vx (t ) obtenue en (8.29). On a donc
F 2
x( t ) = − t + v0 t + C ′ .
2m
Or, comme le palet commence sa course en O, x( 0 ) = 0 m. Ceci implique C ′ = 0
m soit, finalement

F 2
x( t ) = − t + v0 t ,(8.31)
2m

pour t ≤ T. La distance parcourue par le palet jusqu’à son point d’arrêt est d = x(T ).
En remplaçant T par son expression (8.30) dans l’expression (8.31), on obtient

mv02
d = .(8.32)
2F

Nous retrouverons ce résultat de manière très simple en utilisant le théorème de


l’énergie mécanique dans la section suivante.

3 Puissance, travail et énergie en référentiel galiléen


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Dans ce qui suit, nous traitons des concepts de puissance et de travail d’une force
ainsi que d’énergies cinétique, potentielle et mécanique d’un point matériel. En
établissant le lien entre ces quantités en référentiel galiléen, nous démontrons le
théorème de l’énergie mécanique qui indique dans quelle mesure l’énergie mé-
canique d’un système est conservée au cours du temps.

3.1  Puissance instantanée d’une force



 M un point matériel de vitesse v à l’instant t dans un référentiel donné . Soit
Soit
F
 une force s’appliquant à M au même instant. La puissance instantanée de la force
F reçue par M dans le référentiel  à l’instant t est par définition
  
 ( F ; t ) = F ⋅ v . (8.33)

111
Partie 3   Physique

– L’unité de la puissance est le watt (W). Cette quantité est homogène à une énergie
divisée par un temps (J/s).
– Par définition, la puissance instantanée est un nombre (scalaire), pas un vecteur.
– La puissance est une quantité algébrique : elle peut être positive (puissance mo-
 
trice) ou négative (puissance résistante) selon l’orientation de F par rapport à v.
 
– Lorsque F ⊥ v , la puissance qu’elle fournit à M est nulle. C’est notamment le
cas de la réaction normale d’un support sur le point matériel qu’il guide : comme

en tout point de la trajectoire Rn ⊥ v , on a toujours
  
 ( Rn ) = Rn ⋅ v = 0 W .(8.34)

– Comme la puissance fait intervenir la vitesse du point M, c’est une quantité qui
dépend du référentiel  dans lequel elle est évaluée.
– Si plusieurs forces sont appliquées au point M, la puissance totale de ces forces
est la somme des puissances de chacune. En effet,

  
        
 
 ( F1 + … + FN ; t ) = ( F1 + … + FN ) ⋅ v = F1 ⋅ v + … + FN ⋅ v =  ( F1 ; t ) + … +  ( FN

  
        
 
 ( F1 + … + FN ; t ) = ( F1 + … + FN ) ⋅ v = F1 ⋅ v + … + FN ⋅ v =  ( F1 ; t ) + … +  ( FN ; t )

3.2  Travail d’une force


3.2.1  Expression générale

Lorsqu’une force F s’exerce sur un point matériel M , on conçoit qu’elle lui
fournit ou lui soustrait une certaine « énergie » au cours de son mouvement
suivant son orientation par rapport à la direction du mouvement. Si la force
est orientée dans le sens du mouvement, elle aide le mouvement, c’est-à-dire
qu’elle a un rôle moteur. Elle augmente la vitesse du point M en s’appliquant
sur lui comme nous le verrons dans le théorème de l’énergie cinétique. Si, au
contraire, elle est orientée dans le sens opposé au mouvement, comme une force
de frottement par exemple, elle a un rôle résistant et elle diminue la vitesse  du
point M . Pour préciser cette notion d’énergie communiquée par la force  F au
point M , nous définissons dans ce paragraphe la notion de travail de F le long
de la trajectoire de M .
 
Dans un référentiel  donné, le travail W
AB ( F ) d’une force F s’exerçant sur un point
matériel M entre deux points A et B de sa trajectoire est défini par
 tB  tB  
W
AB F ) =
( ∫t A  ( F ; t ) dt = ∫t A F ⋅ v dt,(8.35)
où t A et tB sont les instants où le point M passe par les points A et B, respective-
9. On note  parfois le ment. L’indice  AB indique le chemin (partie de trajectoire de M) parcouru par la
travail de 
F entre A et force entre A et B 9.
B, WA → B ( F ) ou encore
 – L’unité du travail est le joule (J = W . s). Cette quantité est homogène à une énergie
WAB ( F ).
ou une quantité de chaleur.

112
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

10. En effet, nous avons – Comme la puissance, le travail est un nombre (pas un vecteur) et c’est une quantité
vu que la puissance totale algébrique qui peut être positive (travail moteur) ou négative (travail résistant).
des forces s’exerçant

 
– Si plusieurs forces F1 ,…, FN sont appliquées au point M, le travail total effectué
sur M est la somme des
puissances de chacune par ces forces le long de la trajectoire AB est la somme des travaux de chacune10,
de ces forces. Comme le 
  
 
travail est l’intégrale sur W AB
( F1 + … + FN ) = W
AB
( F1 ) + … + W (
AB N
 F ).(8.36)
le temps de la puissance
et que l’intégrale d’une
somme est la somme 3.2.2  Expression équivalente
des intégrales, cette  
propriété est vraie pour En utilisant le lien entre la position r (t ) et la vitesse v (t ) du point M dans  (cf. 8.4),
 
le travail également. on obtient vdt = dr . Cette relation s’interprète ainsi : durant un temps élémentaire11
 
dt, le point M de vitesse v effectue un déplacement élémentaire dr . En utilisant cette
11. On dit aussi
inf initésimal. Une
relation dans la définition du travail, on trouve une expression équivalente de ce dernier,
quantité élémentaire
  
est une quantité
extrêmement
W
AB
( F) = ∫ F ⋅ dr .(8.37)

AB
(infiniment) petite
utilisée en calcul  
différentiel pour définir L’intérêt de cette expression est que, si la force F ne dépend que de la position r
les quantités comme les de M, l’intégrale (8.37) ne fait plus du tout intervenir le temps et permet ainsi un
dérivées (rapport de calcul simple du travail.
quantités élémentaires)
et les intégrales (somme 3.2.3  Travail d’une force constante
infinie de termes 
élémentaires).
Plaçons-nous dans un référentiel
  où la vitesse du point M est v (t ). Supposons que
s’exerce sur lui une force F constante, c’est-à-dire de même direction, orientation
et intensité
 (norme) en tout point de l’espace. Il peut par exemple
 s’agir de son

poids, P = mg. D’après (8.33), la puissance instantanée de F est
  
 ( F ; t ) = F ⋅ v = Fx vx (t ) + Fy vy (t ) + Fz vz (t ),(8.38)

où nous avons utilisé l’expression du produit scalaire en coordonnées cartésiennes


(cf. 2.38) en spécifiant que le vecteur vitesse dépend du temps tandisque le vecteur
force, qui est constant, non. D’après (8.35), le travail effectué par F le long de la
trajectoire 
AB est
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

 tB 
W
AB
(F ) = ∫t A  (F ; t ) dt
tB
= ∫t A ( Fx vx (t ) + Fy vy (t ) + Fz vz (t ))dt
tB tB tB
= ∫t A Fx vx (t ) dt + ∫t A Fy vy (t ) dt + ∫t A Fz vz (t ) dt
t t t
= Fx ∫ Bvx (t ) dt + Fy ∫ Bvy (t ) dt + Fz ∫ Bvz (t ) dt
tA tA tA

t t t
= Fx [ x(t ) ]tB + Fy [ y(t ) ]tB + Fz [ z(t ) ]tB
A A A

113
Partie 3   Physique

= Fx ( x(tB ) − x(t A )) + Fy ( y(tB ) − y(t A )) + Fz ( z(tB ) − z(t A ))


 
= F ⋅ AB.(8.39)

Pour établir le résultat ci-dessus, nous avons successivement utilisé les propriétés de
l’intégrale exposées dans la section 5.2 du chapitre 7 (passage des lignes 2 à 3 et 3 à 4),
puis le lien entre la vitesse et la position (8.12), vx (t ) = x(t ) etc. (passage des lignes 4 à 5)
et enfin, l’expression
 du produit scalaire en coordonnées cartésiennes (6.38) et
du vecteur AB (6.21) avec A : ( x(t A ), y(t A ), z(t A )) et B : ( x(tB ), y(tB ), z(tB )). Nous
venons ainsi de démontrer un résultat connu (mais admis) au lycée :
Travail d’une force constante
 
Le travail W
AB
( F ) effectué par une force F constante le long du chemin (trajectoire)

AB est donné par
   
 
W
AB
( F ) = F ⋅ AB = F × AB × cos( F , AB)(8.40)

  
 
où F et AB sont les normes des vecteurs F et AB et ( F , AB), la mesure de l’angle
qu’ils forment.
Comme le montre l’expression (8.40), ce travail ne dépend pas du chemin  AB
suivi mais simplement de ses extrémités, A et B.

3.2.4  Travail du poids


 
Le poids P = mg étant une force constante, on peut lui appliquer le résultat pré-
cédent. En choisissant un repère cartésien dont l’axe Oz est vertical (par rapport à
la Terre) et dirigé vers le haut, le travail du poids d’un point matériel de masse m
passant d’un point A d’altitude z A à un point B d’altitude zB est

W AB
( P) = − mg( zB − z A )(8.41)

En effet, si A = ( x A , yA , z A ) et B = ( xB , yB , zB ), alors

AB = ( xB − x A , yB − yA , zB − z A ).
  
Or, g = ( 0, 0, − g) . Donc g ⋅ AB = − g( zB − z A). Cette expression montre que le
travail du poids est indépendant du chemin suivi puisqu’il ne dépend que des
altitudes de ses points de départ et d’arrivée.

3.2.5  Travail d’une réaction normale



Nous avons vu que la puissance de la réaction normale Rn d’un support sur le point
matériel qu’il guide est nulle en tout point de sa trajectoire (cf. 8.34). Le travail
de cette force entre deux points A et B quelconques de sa trajectoire AB est donc
également nul :

WAB (Rn ) = 0 J.(8.42)

114
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

Ce point est très important car il simplifie beaucoup l’étude énergétique des sys-
tèmes guidés.

3.3  Théorème de l’énergie cinétique


Définitions
Dans un référentiel donné , on définit l’énergie cinétique Ec d’un point matériel M de masse

m et de vitesse v par l’expression

1 2
Ec = mv .  (8.43)
2

Comme pour toute énergie, l’unité de Ec est le joule (J).


Plaçons-nous dans un référentiel galiléen,
 g . Un point matériel M de masse m
soumis à un ensemble de forces Fi évolue selon le principe fondamental de la
dynamique (8.15) :
   
F = ma avec F = ∑Fi .(8.44)
i

Dérivons maintenant l’énergie cinétique (8.43) par rapport au temps en utilisant la


 
propriété du produit scalaire v 2 = v ⋅ v . Il vient

( )
     
dEc m d ( v ⋅ v ) m  dv dv  m      
= = v⋅ + ⋅ v = ( v ⋅ a + a ⋅ v ) = ma ⋅ v = F ⋅ v
dt 2 dt 2 dt dt 2

où la dernière
 égalité est obtenue à partir du PFD
 (8.44).
 Or, nous avons vu en
(8.33) que F ⋅ v est la puissance instantanée de F,  ( F ; t ). Nous venons donc de
démontrer qu’en référentiel galiléen, la dérivée temporelle de l’énergie cinétique
d’un point matériel est égale à la puissance instantanée de l’ensemble des forces
qui s’exercent sur lui. C’est un premier théorème de l’énergie cinétique qui s’écrit :

dEc 
=  ( F ; t ).(8.45)
dt
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En intégrant l’équation (8.45) entre les temps t A et tB , on obtient

tB dEc tB 
∫t A dt
dt = ∫t A  ( F ; t )dt.
Comme intégrale d’une dérivée, le premier terme se calcule très simplement :

tB dEc 1 1
∫t A dt
dt = Ec (tB ) − Ec (t A ) = mvB2 − mv A2
2 2

où vB = v(tB ) et vA = v(t A ) sont les vitesses du point matériel aux points B et A,


respectivement. De plus, d’après (8.37), le deuxième terme est le travail de F le long

115
Partie 3   Physique


de la trajectoire
 de M entre A et B, W AB
( F ). C’est donc le travail de la somme des
forces Fi entre A et B. Or le travail est additif comme nous l’avons vu en (8.36) et donc

W AB
(

F ) = W ( )

AB i
∑ Fi = W ( F ).
i
∑  AB i

On déduit donc de ce qui précède le théorème fondamental suivant :


Théorème de l’énergie cinétique (TEC)
Dans un référentiel galiléen, la variation d’énergie cinétique d’un point matériel
de masse m entre deux points A et B de sa trajectoire est égale à la somme des
travaux de toutes les forces s’exerçant sur lui entre ces deux points,
1 2 1 2 
mvB − mv A = ∑W (
AB i
F ). (8.46)
2 2 i

Le théorème de l’énergie cinétique (TEC) permet parfois d’obtenir des renseigne-


ments sur la trajectoire d’un point matériel sans avoir pour autant à résoudre les
équations horaires de son mouvement, tâche qui est généralement ardue. En outre,
il s’applique assez facilement aux systèmes guidés car le travail de la force de
réaction normale du support est nul le long de la trajectoire. C’est la raison pour
laquelle il est très important.
En revanche, le TEC ne donne pas d’indication directe sur l’évolution temporelle
d’un point matériel.

3.4  Énergie potentielle


3.4.1  Forces conservatives et non conservatives
Certaines forces sont telles que le travail qu’elles fournissent le long de la trajectoire

AB ne dépend pas de cette trajectoire mais simplement de ses extrémités A et B. Ces
forces sont dites conservatives. Le poids d’un point matériel en est un exemple :
son travail (8.41) ne dépend que des altitudes des points de départ et d’arrivée de
sa trajectoire. Ainsi, quelle que soit la manière dont une grue transporte un objet
de A à B, le travail effectué par le poids de cet objet sera toujours le même. Bien
d’autres forces que le poids et les forces constantes ont cette propriété. On peut en
particulier montrer que les forces d’interaction gravitationnelle et électrostatique,
ou aussi la force de rappel d’un ressort sont conservatives.
A contrario, toute force dont le travail dépend de la trajectoire suivie pour aller
de A à B est dite non conservative. En particulier, les forces de frottement sont
toutes non conservatives.
3.4.2  Concept d’énergie potentielle

Soit F une force conservative. Le travail qu’elle effectue le long d’une trajectoire

AB ne dépend que des points A et B et non de la trajectoire elle-même. On peut
donc définir une énergie potentielle E p associée à la force F par l’expression

116
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel


E p ( B ) − E p ( A ) = −WAB (8.47)
 (F )

12. En effet, si C est L’énergie potentielle E p est définie à une constante près12. On peut donc ajouter
une constante arbitraire, une constante arbitraire C à l’énergie potentielle sans que le résultat (8.47) en soit
alors (E p (B) + C) - affecté. Cette dernière peut être choisie arbitrairement car aucun résultat physique
(E p(A) + C) = E p(B) n’en dépend dans la mesure où seules les différences d’énergie ont un sens physique
- Ep(A)
(comme le montre le TEC). On considère donc en pratique que l’énergie potentielle
est nulle en un point donné et on conserve cette convention dans tous les calculs.
 
Pour une force F non conservative, le travail effectué par F pour se rendre de A à
B dépend du chemin suivi. On ne peut donc pas exprimer ce travail comme une
fonction des seules extrémités de ce chemin. Ainsi, il n’existe pas d’énergie poten-
tielle associée à une force non conservative.
Dans ce qui suit nous donnons quelques expressions d’énergies potentielles associées
à des forces conservatives. Sauf pour l’énergie potentielle de pesanteur, celles-ci
sont données sans démonstration. Les calculs seront vus plus en détail à l’université.
3.4.3  Énergie potentielle de pesanteur
Nous avons vu en (8.41)  que le travail effectué par le poids entre les points A et
B est donné par W AB
( P ) = − mg( zB − z A ) . D’après (8.47), on peut donc définir
l’énergie potentielle de pesanteur d’un point matériel de masse m situé au point
M = ( x, y, z ) par

E p ( x, y, z ) = mgz.(8.48)

Dans cette convention, l’axe Oz est orienté verticalement vers le haut et EP est nulle
en z = 0.
3.4.4  Énergie potentielle élastique
L’énergie potentielle élastique est l’énergie associée à la force de rappel d’un res-
sort (cf. (8.24)). Pour un ressort de longueur à vide  0 et de raideur k, elle s’écrit

k
E p ( ) = (  −  0 )2 ,(8.49)
2
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

où  est la longueur du ressort. Dans cette convention, l’énergie potentielle élastique


du ressort est nulle lorsqu’il est au repos, c’est-à-dire lorsque  =  0.
3.4.5  Énergie potentielle d’interaction électrostatique
Pour la force de Coulomb (cf. (8.21)) s’exerçant entre deux charges Q et q, on peut
montrer que l’énergie potentielle d’interaction électrostatique est

qQ 1
E p (r ) = (8.50)
4πε 0 r

où r est la distance entre les charges Q et q. Cette énergie potentielle est choisie
nulle à l’infini (r → ∞ ).

117
Partie 3   Physique

3.4.6  Énergie potentielle d’interaction gravitationnelle


La force de gravitation (voir (8.17)) est très semblable dans son expression à celle
de Coulomb vue précédemment. L’énergie potentielle d’interaction gravitation-
nelle entre deux corps sphériques de masses respectives m et M dont les centres
sont distants de r s’écrit donc

mM
E p (r ) = − G .(8.51)
r

Cette énergie potentielle est choisie nulle à l’infini (r → ∞).

3.5  Théorème de l’énergie mécanique


Définition
Dans un référentiel donné R, on définit l’énergie mécanique Em ( M ) d’un point matériel au
point M par la somme de sonénergie cinétique (8.43) et de toutes les énergies potentielles
E p ,i des forces conservatives Fic qui agissent sur lui en M

Em ( M ) = Ec ( M ) + ∑ E p,i ( M ). (8.52)
i

Reprenons le théorème de l’energie cinétique (8.46) en séparant les forces conser-


vatives, Fic, et non conservatives Fjnc . Il vient
 
Ec ( B ) − Ec ( A) = ∑W ( F c ) + ∑W
AB i AB
( Fjnc ).(8.53)
i j

Or, d’après (8.47),


c
W (
AB i
F ) = −( E p,i ( B) − E p,i ( A)).
Donc,
    
 Ec ( B) + ∑ E p,i ( B) −  Ec ( A) + ∑ E p,i ( A) = ∑W
AB
( Fjnc ).
i i j

D’où finalement, le théorème de l’énergie mécanique (TEM) :


Théorème de l’énergie mécanique (TEM)
Dans un référentiel galiléen, la variation d’énergie mécanique d’un point matériel
entre deux points A et B de sa trajectoire est égale à la somme des travaux des
forces non conservatives agissant sur ce point matériel.
 nc
Em ( B) − Em ( A) = ∑W AB
( F j ).(8.54)
j

118
chapitre 8  •  La mécanique du point matériel

Conservation de l’énergie mécanique


Si toutes les forces agissant sur un point matériel M sont conservatives ou telles
que le travail qu’elles fournissent est nul (comme les forces de réaction normale
par exemple), alors d’après (8.54), l’énergie mécanique du point M est constante
tout au long de sa trajectoire :

Em ( M ) = cte. (8.55)

On dit que le mouvement est conservatif car il conserve son énergie mécanique initiale :
l’énergie cinétique et l’énergie potentielle se transforment l’une en l’autre au cours du
mouvement sans qu’aucune énergie mécanique ne soit transférée au milieu extérieur.

La conservation de l’énergie mécanique est très importante car elle permet sou-
vent de déterminer des caractéristiques de la trajectoire sans avoir à résoudre les
équations du mouvement.
Dissipation de l’énergie mécanique
En présence de frottement, l’énergie mécanique n’est plus conservée : elle diminue
toujours au cours du mouvement. L’énergie mécanique perdue par le système est
dissipée sous forme de chaleur dans le milieu extérieur.

3.6  Exemple d’utilisation du TEM


Pour conclure, nous illustrons le TEM sur l’exemple du palet frottant sur un plan
horizontal que nous avons traité par le principe fondamental de la dynamique au para-

 simplement que le palet est lancé avec une vitesse v0 et que la
graphe 2.6. Rappelons
force de frottement F agissant sur lui est constante jusqu’à ce qu’il s’arrête de glisser.
Parmi les trois forces agissant sur le palet (cf. figure 8.9), seul le poids est une
force conservative. Le palet a donc une énergie potentielle de pesanteur E p = mgz
comme indiqué en (8.48). D’autre part, en appelant v la vitesse du palet, son énergie
cinétique est Ec = mv 2 /2 . Ainsi, d’après (8.52), l’énergie mécanique du palet est

1 2
Em = Ec + E p = mv + mgz.(8.56)
2
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Comme sur la figure 8.9, appelons O le point de départ du palet sur le plan et A son
point d’arrêt. Notons d = OA, la distance parcourue par le palet avant de s’arrêter.
En appliquant le TEM (8.54) entre O et A, nous obtenons
 
Em ( A) − Em (O ) = WOA
 ( F ) + WOA
 ( Rn ),(8.57)

 est la trajectoire rectiligne du palet entre O et A. Comme nous l’avons déjà


où OA 
vu en (8.42), le travail de Rn, la réaction normale du plan sur le palet, est nul entre
O et A car cette force est en tout point perpendiculaire à la trajectoire :

WOA
 ( Rn ) = 0 J.

119
Partie 3   Physique


En outre, comme la force de frottement F est constante, l’expression (8.40) donne
    
WOA ( F ) = F ⋅ OA = ( − F ex ) ⋅ ( dex ) = − Fd .

Comme on le voit, le travail fourni par la force de frottement au palet est négatif car
c’est un travail résistant : la force de frottement s’oppose au mouvement du palet.
Utilisons maintenant (8.56) pour évaluer les énergies mécaniques du palet au début
de sa trajectoire, en O, et en fin de trajectoire en A. Nous obtenons
1 1
Em (O ) = mv02 et Em ( A) = mv A2 = 0 J
2 2
car le plan horizontal est à l’altitude z = 0 m comme on peut le voir sur la
figure 8.9 et que la vitesse vA du palet au point d’arrêt A est nulle. L’équation (8.57)
du TEM s’écrit donc finalement

1 2
0− mv0 = − Fd + 0,(8.58)
2

d’où on tire la distance d’arrêt

mv02
d = (8.59)
2F

qui est bien celle obtenue par le PFD en (8.32).

Comme on peut le voir sur cet exemple, l’obtention de la distance d’arrêt via le
TEM est bien plus rapide qu’en résolvant l’équation du mouvement par le PFD !

120
CHAPITRE

9 Les ondes
Les ondes sont un sujet largement abordé en physique au lycée où sont traités
certains aspects des ondes progressives, que celles-ci aient pour support un milieu
matériel, comme les ondes sonores ou sismiques par exemple, ou qu’elles puissent
se propager dans le vide, comme les ondes électromagnétiques. Dans ce chapitre,
nous rappelons les propriétés essentielles des ondes mais nous vous proposons
aussi d’en étudier l’expression mathématique la plus élémentaire : celle de l’onde
progressive sinusoïdale. Celle-ci a le double avantage d’être relativement simple
à analyser et d’être à la base des phénomènes ondulatoires plus complexes. Elle
constitue une bonne introduction à une étude mathématique plus avancée des ondes
qu’on aborde plutôt en deuxième année de cursus universitaire.

Définition
Il est assez difficile de donner une définition parfaitement générale des ondes tant celles-ci
recouvrent des réalités physiques différentes. On peut néanmoins dire qu’une onde progressive
est la propagation d’une perturbation d’un milieu originalement à l’équilibre qui s’effectue
sans transport de matière mais qui transporte de l’énergie.

Il peut paraître curieux que de l’énergie soit transportée sans que de la matière le
soit. Mais la « ola », qui se propage dans le public d’un stade, permet de comprendre
assez bien ce phénomène : les spectateurs qui lèvent les bras au passage de la ola
restent à leur place. Ils ne se déplacent pas le long du stade ou ne courent pas en
suivant la « vague ». En ce sens, il n’y a pas de transport de « matière ». Il y a en
revanche un transport d’énergie puisqu’un ensemble de mains levées se déplace
bien le long du stade.

Figure 9.1 

La ola dans un stade.

Bien sûr, la ola n’est pas exactement une onde puisque le spectateur a le choix de
lever ou non les mains au passage de cette dernière mais elle permet néanmoins
de comprendre son mode de propagation : l’onde se propage de proche en proche.

121
Partie 3   Physique

Lorsqu’un spectateur voit son voisin lever les mains, il fait instinctivement de même
avec un petit décalage dans le temps qui représente son temps de réaction moyen.
C’est le phénomène qui permet à la ola de se propager avec une certaine vitesse
dans le stade (environ 12 m/s).

1 Les ondes mécaniques


Lorsqu’on jette un caillou dans un plan d’eau calme, la surface de l’eau se ride et fait
apparaître des cercles concentriques où la surface de l’eau est alternativement plus
ou moins élevée que son niveau moyen (figure 9.2). Cette déformation de la surface
de l’eau se propage sans qu’il y ait transport des molécules d’eau dans la direction
de propagation de l’onde : on dit qu’il n’y a pas de courant. Les molécules d’eau
oscillent simplement de haut en bas (dans un mouvement légèrement elliptique)
en restant sur place. On peut se rendre compte de ce phénomène en laissant flotter
un bouchon de pêche à la surface. Au passage de l’onde, ce dernier se contente
d’osciller verticalement en suivant le mouvement moyen des molécules d’eau avec
lesquelles il est en contact. Dans une rivière où il y aurait du courant en revanche,
le bouchon se déplacerait en suivant le courant.

Figure 9.2 

Propagation d’une onde à la surface de l’eau. L’onde se propage sous forme de


cercles concentriques qui s’éloignent du point où la surface de l’eau a été perturbée.

Définition
On appelle ondes mécaniques, les ondes qui se propagent dans un milieu matériel stable et
élastique qui permet aux éléments de ce milieu d’osciller autour de leur position d’équilibre.

Les ondes sonores, qui sont des ondes de pression se propageant dans les fluides et
les solides, sont par exemple des ondes mécaniques. Les ondes sismiques également
(voir paragraphe 2.2 du chapitre 16).

2 Les ondes électromagnétiques


Définition
On appelle ondes électromagnétiques, la propagation d’une perturbation locale des champs
électrique et magnétique.

122
chapitre 9  •  Les ondes

Les ondes électromagnétiques, qui sont créées par des particules chargées accélé-
rées, ont une autre nature que les ondes mécaniques car elles ne nécessitent pas de
support matériel pour exister : elles peuvent se propager dans le vide. Parmi elles, on
retrouve les ondes visibles dont nous parlerons brièvement dans le chapitre d’optique
(cf. §.1.1 du chapitre 10). Ces dernières peuvent se propager dans le vide et c’est
pourquoi nous percevons la lumière en provenance des étoiles, par exemple. La fi-
gure 10.1 du chapitre d’optique montre que le spectre des ondes électromagnétiques
est extrêmement large. Il est traditionnellement divisé en domaines de fréquences
(rayons gamma, rayons X, ... , micro-ondes, ondes radio) qui recouvrent des phéno-
mènes d’émission différents : les rayons gamma par exemple, dont la fréquence est
supérieure à 3 × 10 20 Hz, peuvent être produits lors de la désintégration radioactive
d’un noyau d’atome tandis que les ondes radio, de fréquences inférieures à 300 GHz,
sont souvent produites par des oscillations d’électrons dans un circuit électrique
tel qu’une antenne.

3 Les ondes progressives


Définition
Une onde progressive se propage dans l’espace au cours du temps, sans transport de matière
mais avec transport d’énergie.

À l’opposé des ondes progressives, les ondes stationnaires présentent une


variation temporelle sans se propager dans l’espace : elles « oscillent » sur place.
Les ondes stationnaires résultent d’une superposition d’ondes progressives de
même fréquence se propageant simultanément dans des directions opposées.
On les observe dans les instruments à vent (ondes stationnaires de pression) ou
à cordes (corde vibrante), par exemple.

3.1  Dimension de propagation


Une onde engendrée par un point source (zone très localisée d’où part la perturba-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

tion) se propage dans toutes les directions auxquelles le milieu lui permet d’accéder.
Lorsque le milieu est unidimensionnel (comme une corde ou un ressort tendus),
la perturbation se propage le long de cette direction. Dans l’exemple des ondes
de surface précédent en revanche, la surface de l’eau représente un milieu à deux
dimensions. L’onde s’y propage dans toutes les directions et comme, en outre, toutes
ces directions sont équivalentes, l’onde forme des cercles concentriques. Toutefois,
les ondes se propagent généralement dans des milieux tridimensionnels. C’est le cas
des sons émis dans l’air, par exemple. Si le milieu est homogène, un point source
émet dans ce cas des ondes sphériques.

123
Partie 3   Physique

3.2  Deux types d’onde


t = t0 t = t0

Figure 9.3 
t = t0 +∆t t = t0 +∆t
Propagation d’une onde transversale Propagation d’une onde longitudinale
le long d’une corde le long d’un ressort

Ondes transversale et longitudinale.

3.2.1  Onde longitudinale


Définition
Une onde est dite longitudinale lorsque la quantité physique qu’elle représente se déplace
parallèlement à sa direction de propagation.

Comme illustré sur la figure 9.3, des spires de ressort comprimées puis relâchées for-
ment une onde longitudinale. Au passage de la perturbation, les spires se déplacent le
long du ressort avant de retourner à leur position d’équilibre. C’est aussi le cas d’une
onde sonore : les molécules du fluide ou les atomes du solide se déplacent le long
de la direction de propagation de l’onde avant de revenir à leur position d’équilibre.
C’est également vrai pour des ondes sismiques P qui sont des ondes de compression/
extension de la Terre.
3.2.2  Onde transversale
Définition
Une onde est dite transversale lorsque la quantité physique qu’elle représente se déplace
perpendiculairement à sa direction de propagation.

On peut par exemple produire une onde transversale dans une corde dont on secoue
vivement une extrémité, l’autre étant fixée. La corde se soulève et s’abaisse perpendicu-
lairement à l’onde qui se propage à travers elle. C’est aussi le cas des ondes sismiques
S qui sont des ondes de cisaillement. Enfin, c’est également une propriété des ondes
électromagnétiques dans le vide et dans les milieux homogènes dont les champs
électrique et magnétique varient perpendiculairement à la direction de propagation.

4 Les ondes progressives sinusoïdales


Nous concluons ce chapitre assez descriptif par l’étude de l’expression mathéma-
tique la plus simple que puisse prendre une onde : l’onde progressive sinusoïdale.

4.1  Période temporelle, fréquence et pulsation


Un mouvement est périodique dans le temps s’il se répète identique à lui-même au
bout d’une durée fixée. La période T est la plus petite durée au bout de laquelle le

124
chapitre 9  •  Les ondes

signal se répète, on la mesure en secondes (s). L’inverse de cette période est


appelée fréquence. On la note souvent f. On la mesure en hertz (1 Hz = 1 s-1).
La fréquence est donc le nombre de répétitions d’un phénomène par unité de temps.
Enfin, on définit la pulsation ω comme la vitesse de rotation d’un système qui tourne
à la fréquence f, c’est-à-dire


ω = 2π f = ( rad ⋅ s−1 ). (9.1)
T

4.2  Période spatiale (longueur d’onde)


et nombre d’onde
Lorsqu’un phénomène est périodique dans l’espace, sa période spatiale est la
distance entre deux motifs identiques consécutifs. Pour les ondes, cette période
s’appelle la longueur d’onde et se note λ . Celle-ci se mesure en mètres (m). On
définit en outre le nombre d’onde k par


k = ( rad ⋅ m −1 ).(9.2)
λ
Le nombre d’onde k joue le même rôle pour λ que la pulsation temporelle ω pour
la période T.

4.3  Expression mathématique


Nous avons maintenant les éléments qui nous permettent de donner l’expression
mathématique d’une onde progressive sinusoïdale. Nous nous limitons à une onde
unidimensionnelle qui se propage selon x au cours du temps t.
Appelons u( x, t ) la grandeur physique qui se propage : elle représente la valeur de la
grandeur u au point d’espace x à l’instant t. Par exemple, si on considère une onde
de surface dans un canal unidimensionnel, u( x, t ) représente la hauteur d’eau par
rapport au niveau d’eau moyen au point x et à l’instant t.

Expression d’une onde progressive sinusoïdale


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

L’expression mathématique générale d’une onde progressive sinusoïdale se


propageant de gauche à droite est de la forme suivante :

u( x, t ) = A cos( kx − ω t + ϕ )(9.3)
Une onde se propageant dans le sens opposé s’écrit simplement u( x, t ) = A cos( kx + ω t +
u( x, t ) = A cos( kx + ω t + ϕ ).

Dans l’expression (9.3), A est une constante positive qui représente l’amplitude
de l’onde. C’est la valeur maximale que puisse prendre la quantité u puisque la
fonction cosinus est toujours inférieure ou égale à 1. D’autre part, comme la fonc-
tion cosinus ne peut pas avoir de dimension, A a les mêmes dimensions (et donc

125
Partie 3   Physique

unités) que u( x, t ). Les quantités k et ω sont le nombre d’onde et la pulsation définis


respectivement en (9.1) et (9.2). Enfin, ϕ est une constante que l’on appelle phase
de l’onde et qui s’exprime en radian.
Une fois A, k, ω et ϕ fixés, on connaît la valeur de u en tout point x et à tout
instant t. À titre d’exemple, supposons que A = 0,1 m, k = 0, 5 rad · m−1, ω = 2
rad . s−1 et ϕ = π rad, alors la valeur de u au point x = 2 m et à l’instant t = 3 s est
u( 2, 3) = 0,1 cos( 0, 5 × 2 − 2 × 3 + π )  −2,83 × 10 −2 m. Notons qu’à partir des
données précédentes, il est simple de calculer la période et la longueur d’onde car
T = 2π /ω = π  314 , s et λ = 2π /k = 4π  12,56 m.

4.4  Caractéristiques de l’onde progressive


sinusoïdale

Figure 9.4 


À gauche : profil spatial d’une onde sinusoïdale au temps fixé à t = 3 s, u( x, 3).
Ce profil représente une « photo » de l’onde à cet instant. À droite : profil temporel de
cette même onde au point x = 2 m, u(2 ,t ). Ce profil représente un « film » de l’évolution
temporelle de l’onde en ce point. Les paramètres utilisés dans l’expression (9.3) sont les
mêmes que ceux utilisés dans l’exemple précédent : A = 0,1 m,
k = 0 , 5 rad . m-1, ω = 2 rad . s-1 et ϕ = π rad.

4.4.1  Périodicité spatiale


Pour comprendre les propriétés de l’expression (9.3), imaginons qu’à un instant
donné t = t0 nous prenions une photo de l’onde. Le temps étant fixé, la photo
nous permet de voir son profil spatial, c’est-à-dire comment u( x, t0 ) varie dans
l’espace (en fonction de x). D’après l’expression (9.3), ce profil est donné par
u( x, t0 ) = A cos( kx − ω t0 + ϕ ) . Il est donc sinusoïdal dans l’espace comme le
montre la figure 9.5. La période du cosinus étant de 2π , la périodicité spatiale de

u( x, t0 ) est , c’est-à-dire λ . On retrouve donc bien dans l’expression (9.3) de
k
l’onde sinusoïdale que la période spatiale est la longueur d’onde.

126
chapitre 9  •  Les ondes

4.4.2  Périodicité temporelle


Plaçons-nous maintenant en un point x = x0 et filmons l’évolution de l’onde en
ce point. Comme l’indique l’expression u( x0 , t ) = A cos(kx0 − ω t + ϕ ) et comme
l’illustre la figure 9.5, celle-ci oscille de manière sinusoïdale dans le temps avec

une période temporelle qui vaut T = .
ω
4.4.3  Vitesse de l’onde
Nous venons de voir que l’onde progressive sinusoïdale a une double périodicité,
temporelle et spatiale, qu’on peut chacune observer de la manière décrite plus haut.
Comment maintenant comprendre la vitesse de propagation de cette onde en utilisant
l’expression (9.3) ? Il suffit d’observer le mouvement d’un point de l’onde pour lequel la
quantité u conserve toujours la même valeur. En effet dans ce cas, ce point se translate
avec l’onde et sa vitesse est donc celle de l’onde. Par simplicité, choisissons d’observer
le mouvement de la crête de l’onde au cours du temps, comme l’illustre la figure 9.5.

Figure 9.5 
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Évolution temporelle du profil spatial de l’onde progressive sinusoïdale.


Les paramètres utilisés dans l’expression (9.3) sont les mêmes que dans les
figures précédentes. Le profil de l’onde est donné pour trois instants différents : t = 0 s,
t = 0,5 s et t = 1 s. Les disques noirs indiquent la crête de l’onde à ces différents
ω 2
instants. Ils se déplacent à la vitesse de l’onde donnée par (9.5) : v = = = 4 m/s.
k 0 ,5
La crête (comme tous les autres points de l’onde) se déplace donc de 4 m en 1 s.

127
Partie 3   Physique

1. modulo 2p s’écrit Appelons xc (t ) l’abscisse de cette crête à l’instant t. Au niveau de la crête, la relation
[2p]. u( xc (t ), t ) = A doit être satisfaite pour tout temps t. Il faut donc que l’argument
du cosinus soit nul (modulo1 2π ), ce qui nous mène à kxc (t ) − ω t + ϕ = 0 [ 2π ].
En choisissant la crête telle que kxc (t ) − ω t + ϕ = 0, on trouve que son abscisse
est donnée par

ω
xc ( t ) = t − ϕ .(9.4)
k
La crête se déplace donc linéairement dans le temps, donc à vitesse constante,
dx (t ) ω
ν = c = .
dt k
Ainsi, la vitesse de l’onde progressive sinusoïdale est reliée à sa pulsation et à son
nombre d’onde ou encore, en utilisant les relations (9.1) et (9.2), à sa longueur
d’onde et à sa fréquence :

ω
ν = = λ f . (9.5)
k
La relation (9.5) est importante car elle montre que les paramètres vitesse, fréquence
et longueur d’onde sont liés. Dès que deux d’entre eux sont connus, le troisième
l’est aussi.
Notons enfin qu’en utilisant cette expression de la vitesse, l’onde u( x, t ) s’écrit
également u( x, t ) = A cos(k ( x − ν t ) + ϕ ), expression qui montre immédiatement que
l’onde se translate à vitesse constante n selon l’axe x. De manière générale, toute
onde progressive allant de gauche à droite, sinusoïdale ou non, est une fonction
de la variable x − ν t.
L’expression de l’onde progressive sinusoïdale que nous avons donnée en (9.3) revêt
une grande importance en physique et ses applications. En effet, on peut montrer
que les ondes créées par un ensemble de perturbations suffisamment « petites »
s’expriment de manière générale comme une superposition des ondes sinusoïdales
créées par chacune d’entre elles, d’où l’intérêt de bien comprendre ces dernières. Ce
principe est connu sous le nom de principe de superposition des ondes. Lorsque
les perturbations des milieux matériels deviennent plus importantes, ceci n’est
généralement plus vrai. La réponse du milieu à la somme de deux perturbations
n’est plus la superposition des ondes engendrées par chacune de ces perturbations.
On entre dans un régime dit « non linéaire ».

128
CHAPITRE

10 L’optique
géométrique
Dans le chapitre précédent, nous avons présenté les ondes en général. Dans ce cha-
pitre, nous nous intéresserons à un type particulier d’onde : les ondes lumineuses.
L’optique est le domaine de la physique qui s’intéresse aux propriétés de la lumière
et à l’étude des phénomènes lumineux. Elle permet par exemple de comprendre
comment se forment les images ou comment fonctionnent les instruments d’optique.

1 De l’optique ondulatoire à l’optique géométrique


L’optique géométrique s’intéresse à la propagation des rayons lumineux et à la
formation des images par les instruments d’optique. C’est une approximation de
l’optique ondulatoire.

1.1  L’optique ondulatoire


1.1.1  Cadre : la lumière, une onde électromagnétique
La lumière « visible » correspond à des ondes électromagnétiques dont la longueur
d’onde dans le vide, λ0 , est comprise entre environ 400 nm et 800 nm (du violet
au rouge respectivement). Elle ne représente donc qu’une très faible gamme de
longueurs d’onde par rapport à l’ensemble du spectre électromagnétique dans le
vide (figure 10.1) qui s’étend de 103 m (pour les ondes radio) à 10-12 m (pour les
rayons gamma ou les rayons X de haute énergie).
On parle de lumière « visible » car c’est seulement dans cette gamme de longueurs
d’onde que les rayonnements sont perceptibles par l’oeil humain.
Si λ0 < 400 nm alors on parle de rayonnement ultra-violet.
Si λ0 > 800 nm alors on parle de rayonnement infra-rouge.

On peut aussi décrire la lumière par une approche corpusculaire. Dans ce


cas, la propagation de la lumière est décrite par le déplacement d’une particule
sans masse qui transporte de l’énergie : le photon. L’énergie ainsi transportée
par un photon de fréquence f est E = hf , où h est la constante de Planck
(h  6,626 × 10 −34 J . s). Pour décrire la lumière de façon complète, il faut avoir
recours à sa nature ondulatoire et à sa nature corpusculaire.

129
Partie 3   Physique

m
μm
pm

nm

km
m

m
1

1
λ

Figure 10.1  Rayons γ Rayons X U.V. I.R. Micro-ondes Ondes radio

400 nm 800 nm

Spectre du rayonnement électromagnétique dans le vide.

1.1.2  R
 elation entre longueur d’onde, vitesse de propagation
et fréquence
La lumière étant une onde, on peut la caractériser à l’aide de trois paramètres (voir
chapitre 9) :
–– sa fréquence temporelle f (exprimée en Hz), qui est imposée par la source ;
–– sa vitesse de propagation c (ou célérité, ou vitesse de phase) dans le vide (c = 3 ×
108 m/s) ;
–– sa longueur d’onde dans le vide λ0 qui correspond à une période spatiale (exprimée
en m).
Ces trois paramètres ne sont pas indépendants et vérifient la relation suivante :

c
λ0 = (10.1)
f

1.1.3  Diffraction et interférences


Les phénomènes de diffraction et d’interférences ont été abordés au lycée. Mais
pour être décrits de façon rigoureuse, ces deux phénomènes nécessitent des
concepts de physique et de mathématiques qui sont trop complexes pour être
explicités ici. En général, l’optique ondulatoire, qui traite de diffraction et d’in-
terférences, est abordée en deuxième année que ce soit en classes préparatoires
aux grandes écoles ou à l’université, nous ne verrons donc ici brièvement que
quelques définitions.
La diffraction de la lumière par un obstacle est la ré-émission de la lumière par
cet obstacle dans toutes les directions de l’espace. L’onde ré-émise a la même
fréquence que l’onde incidente et la même vitesse de propagation si le milieu de
propagation est le même avant et après l’obstacle. La diffraction a lieu quelle que
soit la taille de l’obstacle, mais elle ne sera observée que si cette taille est inférieure
ou du même ordre de grandeur que la longueur d’onde de l’onde considérée. De
plus, elle sera d’autant plus marquée que la taille de l’obstacle est petite (dans une
certaine limite liée à l’observation).
On observe des interférences dans un milieu où deux ondes de même fréquence se
superposent. L’amplitude résultante est la somme des amplitudes des deux ondes.

130
chapitre 10  •  L’optique géométrique

On pourra observer des maxima d’intensité dans le cas d’interférences construc-


tives (les ondes sont en phase) ou des minima d’intensité pour des interférences
destructives (les ondes sont en opposition de phase).
Les phénomènes de diffraction et d’interférences sont généralisables à tous les types
d’ondes : électromagnétiques (quelle que soit leur longueur d’onde), mécaniques,
sonores...

1.2  L’optique géométrique : définitions,


­approximations et principes de base
En optique géométrique, on ne s’intéressera qu’à la propagation de rayons lumineux
indépendants les uns des autres. Ces rayons n’interagissent donc pas entre eux, on
néglige en particulier les phénomènes de diffraction et d’interférences.
Un rayon lumineux est un concept qui permet de décrire la trajectoire de l’énergie
lumineuse : il correspond donc à la trajectoire des photons et donne la direction de
propagation de la lumière.
Mais en pratique, à cause de la diffraction, on ne peut pas isoler un unique rayon
lumineux, ce que l’on observe ce sont des faisceaux lumineux, c’est-à-dire des
ensembles continus de rayons lumineux.
On parle de faisceau convergent si les rayons qui le constituent se dirigent tous
(convergent) vers le même point de l’espace. Un faisceau sera donc divergent si
tous les rayons divergent à partir d’un même point. Enfin, les rayons d’un faisceau
parallèle sont tous parallèles entre eux (figure 10.2).

S’ S
Figure 10.2 

Faisceau convergent Faisceau divergent Faisceau parallèle

Les trois types de faisceaux lumineux.


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1.3  Les sources lumineuses


1.3.1  Sources primaires ou secondaires
Définitions
– Une source primaire est un corps qui produit les rayons lumineux qu’il émet.
– Une source secondaire est un corps qui réémet les rayons lumineux reçus d’une autre
source, qu’elle soit primaire ou secondaire. On dit que ces corps diffusent une partie (ou la
totalité) de la lumière qu’ils reçoivent (une autre partie peut être absorbée).

131
Partie 3   Physique

Exemples
•  Sources primaires : une ampoule, un laser, un vidéoprojecteur, votre écran de téléphone
portable, le Soleil.
•  Sources secondaires : un écran de cinéma, une planète et n’importe quel objet qui réémet
la lumière, nous sommes tous des sources secondaires !

1.3.2  S
 ources monochromatiques, polychromatiques
et ­lumière blanche
–– L a lumière émise par une source monochromatique parfaite ne contient qu’une
seule longueur d’onde. Dans la pratique, on dit qu’une source est monochromatique
si elle émet des ondes dont les longueurs d’onde (λ ) sont très proches, ce qui
représente une bande de fréquences très étroite.
–– Une source polychromatique émet une lumière complexe qui contient plusieurs
longueurs d’onde.
–– Une lumière blanche est obligatoirement polychromatique : pour la produire, il
faut au minimum deux longueurs d’onde visibles. En général, les lumières blanches
produites dans le commerce ont un spectre continu qui comprend l’ensemble des
longueurs d’onde visibles, entre 400 nm et 800 nm, en proportions adéquates.
1.3.3  Notion de spectre
Définition
Le spectre d’un rayonnement est la décomposition de ce rayonnement en ses composantes
élémentaires. Le spectre d’un rayonnement lumineux est donc la décomposition en ses
composantes élémentaires en fréquence, ou en longueur d’onde, ou en énergie (figure 10.3).

Figure 10.3 

l (nm)
380

450

495

570
590
620

750

Exemples de spectres de lumière monochromatique (haut) et polychromatique


(milieu et bas). La figure du bas représente le spectre de la lumière blanche.

Pour représenter un spectre, on trace souvent son profil spectral, c’est-à-dire son
intensité lumineuse en fonction de la longueur d’onde I(λ ) (ou de la fréquence I(  f  ) 
ou de l’énergie (I(E)).
Le profil spectral I(λ ) d’un rayonnement monochromatique dont la longueur d’onde
est λ0 sera donc représenté par un simple pic à la position λ = λ0 (figure 10.4-a). 

132
chapitre 10  •  L’optique géométrique

Un tel spectre est qualifié de discontinu. Le spectre d’un rayonnement ­polychromatique


pourra être continu (dans ce cas I(λ ) est une fonction continue – cf. figure 10.4-b),
discontinu (figure 10.4-c), ou une combinaison des deux.

2 Propagation de la lumière
2.1  Milieux de propagation
Définitions
Un milieu est qualifié de :
– homogène si sa composition est la même en tous ses points ;
– isotrope s’il présente les mêmes propriétés dans toutes les directions de l’espace ;
– transparent si on peut négliger l’absorption et la diffusion.

I(𝜆𝜆) a) I(𝜆𝜆) b) I(𝜆𝜆) c)

Figure 10.4 

0 0 0
𝜆𝜆 $ 𝜆𝜆 (nm) 𝜆𝜆 (nm) 𝜆𝜆 (nm)

Exemples de profils spectraux : a) spectre d’un rayonnement monochromatique, b)


et c) spectres d’un rayonnement polychromatique (continu en b) et discontinu en c)).

Nous ne considérerons dans la suite que des milieux homogènes, isotropes et


transparents.
Loi de propagation
Dans un milieu homogène, isotrope et transparent, on admettra que la lumière se
propage en ligne droite.

On démontre cette propriété en utilisant le principe de Fermat.


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Indice de réfraction
Définition
L’indice de réfraction (ou indice optique) est un nombre sans dimension qui caractérise
la vitesse de propagation v d’un rayonnement de fréquence déterminée dans un milieu :

c
n=  (10.2)
v
où c est la vitesse de propagation de la lumière dans le vide.

133
Partie 3   Physique

Plus l’indice d’un milieu est élevé plus le milieu est dit réfringent.
Propriété
La vitesse de propagation d’une onde lumineuse monochromatique dans un milieu
homogène, isotrope et transparent est inférieure à la vitesse de la lumière dans
le vide v < c, donc :

n >1

L’indice du vide est donc égal à 1 (n0 = 1).

Exemples
Indices de réfraction n de quelques milieux pour la radiation jaune du sodium (raie D,
λ0 = 589 nm) :

milieu air eau verre diamant


n 1,00029  1 4/3  1,33 1,5 à 1,8 2,43

2.2  Interfaces et lois de Snell-Descartes


Définition
L’interface entre deux milieux transparents d’indices différents est appelée dioptre. Attention,
un dioptre n’est donc pas nécessairement une surface plane !

Au niveau d’un dioptre, la lumière peut subir plusieurs phénomènes (figure 10.5) :
–– diffusion : la lumière est ré-émise dans toutes les directions dans les deux milieux
(on parle aussi de réflexion diffuse), ce phénomène est d’autant plus important
que le dioptre présente de nombreux défauts ;
–– réflexion : la lumière est réfléchie dans le même milieu ;
–– réfraction : les rayons lumineux pénètrent dans le second milieu et sont déviés
lors de la traversée du dioptre ;
–– absorption : une partie de l’intensité lumineuse est absorbée lors du changement
de milieu.
Ces quatre phénomènes ont en général lieu simultanément mais leur importance
relative dépend de l’état de surface du dioptre, de la nature des milieux et donc de
leurs indices de réfraction. Selon les valeurs des indices des milieux les amplitudes
des ondes réfléchies et réfractées sont plus ou moins importantes (ce sont les coef-
ficients de Fresnel, que vous verrez lors de vos études supérieures, qui permettent
de calculer ces amplitudes).

134
chapitre 10  •  L’optique géométrique

Définitions (figure 10.5)


1. En optique, on – Un rayon incident est un rayon lumineux qui arrive sur un système optique (sur un dioptre
privilégie le terme dans le cas des lois de Snell-Descartes).
de « normale » à une – Un rayon réfléchi est un rayon qui est renvoyé dans le même milieu que le rayon incident.
sur face plutôt que
– Un rayon réfracté est un rayon qui traverse le dioptre et passe dans le second milieu.
perpendiculaire, c’est
ce que nous ferons – Le point d’incidence I est le point d’intersection entre le rayon incident et le dioptre.
également dans cet – Le plan d’incidence est le plan contenant le rayon incident et la normale (NN’), ou per-
ouvrage. pendiculaire1, au dioptre au point d’incidence I.

N
rayon rayon
incident réfléchi
rayon
réfléchi
N
I : point
d’incidence

tre
diffusion op rayon
Milieu 1 di incident
n1 I I
tre
op
rayon di
réfracté
Milieu 2
n2 rayon
réfracté
I0 : intensité N’
du faisceau
N’ dioptre incident c e
an d en
Milieu 1 pl inci
n1
d’
I: intensité
Milieu 2 du faisceau
n2 transmis

Absorption : I < I0

Figure 10.5    Dénomination des rayons au niveau d’un dioptre et plan d’incidence.

2.2.1  Réflexion sur un dioptre


Lois de Snell-Descartes pour la réflexion
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Dans des milieux homogènes, isotropes et transparents, les propriétés de la


réflexion s’expriment par deux lois de Snell-Descartes :
– le rayon réfléchi est contenu dans le plan d’incidence. Il est dans le milieu 1 et
de l’autre coté de la normale ;
– le rayon réfléchi fait un angle i2 avec la normale (NN’) au dioptre tel que :

i2 = i1(10.3)

avec i1, l’angle entre le rayon incident et la normale (NN’) (figure 10.6).

Autrement dit, les directions des rayons réfléchi et incident sont symétriques par
rapport à la normale (NN’) au dioptre.
De plus, i1 et i2 sont compris entre 0 et 90°.
135
Partie 3   Physique

Figure 10.6    Réflexion (à gauche) et réfraction (à droite) sur un dioptre.

2.2.2  Réfraction à la traversée d’un dioptre


Lois de Snell-Descartes pour la réfraction
Dans des milieux homogènes, isotropes et transparents, les propriétés de la ré-
fraction s’expriment par deux lois de Snell-Descartes :
– le rayon réfracté est contenu dans le plan d’incidence. Il est dans le milieu 2 et
de l’autre coté de la normale (NN’) ;
– le rayon réfracté fait un angle i2 avec la normale (NN’) au dioptre tel que :

n1sini1 = n2sini2 (10.4)

où i1 est l’angle entre le rayon incident et la normale (NN’) (figure 10.6), et i1 et


i2 sont compris entre 0 et 90°.

Construction : le rayon bleu SI est le rayon incident. Il est dans le milieu 1 d’indice
n1. Ici le dioptre séparant les milieux 1 et 2 est représenté par la droite horizon-
tale. Le point d’incidence I est le point d’intersection entre le rayon incident et
le dioptre. On construit la normale (NN’) au point d’incidence I (qui est donc la
perpendiculaire au dioptre au point I ). L’angle NIS  = i est l’angle d’incidence.
1
Grâce à la loi de Snell-Descartes pour la réfraction (10.4) on sait que i2 est tel que :
n1sini1 = n2 sini2 . Connaissant i1 , n1 et n2 , on peut calculer le sinus de l’angle de
2. Les fonctions réci­  = ( n sin i /n ) et en utilisant la fonction arcsin, qui est la
réfraction sin i2 = NIR 1 1 2
proques seront définies fonction réciproque du sinus2, on peut calculer i2 et enfin tracer le rayon réfracté
lors de vos études IR ′ de l’autre côté de la normale par rapport au rayon incident.
supérieures, mais vous
pouvez déjà les utiliser
sur vos calculatrices. Attention à ne pas oublier d’indiquer le sens de parcours de la lumière par des flèches.

Si i1 = 0, on parle dans ce cas d’incidence normale, alors i2 = 0°. Ainsi un rayon


incident perpendiculaire au dioptre n’est pas dévié lors du changement de milieu
(figure 10.7-a).
136
chapitre 10  •  L’optique géométrique

Si on passe d’un milieu plus réfringent à un milieu moins réfringent, c’est-à-dire


si n1 > n2 , alors le rayon réfracté s’écarte de la normale : i2 > i1 (figure 10.7-b).
C’est ce qui se passe lorsqu’un faisceau passe du verre dans l’air.
Démonstration
On a n1 > n2 ⇒ n1 /n2 > 1.
Or, n1 sin i1 = n2 sin i2 ⇒ n1 /n2 = sin i2 /sin i1.
On a donc sin i2 /sin i1 > 1 soit sin i2 > sin i1,
et comme la fonction sinus est croissante entre 0 et 90° on conclut que i2 > i1.

De la même façon, si on passe maintenant d’un milieu moins réfringent à un milieu


plus réfringent, c’est-à-dire si n1 < n2, alors le rayon réfracté se rapproche de la nor-
male (figure 10.7-c). C’est ce qui se passe lorsqu’un faisceau passe de l’air dans l’eau.

Figure 10.7    Influence de l’angle d’incidence et des indices des deux


milieux sur la réfraction.

2.2.3  Réflexion totale


On observera le phénomène de réflexion totale uniquement dans le cas du passage
d’un milieu plus réfringent à un milieu moins réfringent.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

En effet, d’après la loi de Snell-Descartes pour la réfraction (10.4), on sait que si


l’angle d’incidence i1 augmente, alors l’angle de réfraction i2 augmente aussi.
De plus, dans le cas du passage d’un milieu plus réfringent à un milieu moins
réfringent, nous venons de voir que le rayon réfracté s’écarte de la normale, donc
que i2 > i1. Donc si i1 augmente, alors pour une valeur de i1 appelée angle limite,
ilim, l’angle de réfraction i2 atteindra la valeur maximale de i2 = 90°, c’est ce
max
qu’on appelle l’émergence rasante (voir figure 10.8 au milieu). D’après la loi de
Snell-Descartes, on a donc : n1sinilim = n2, soit sini lim = n2/n1 . Au-delà de l’angle
limite, on a réflexion totale, le rayon incident ne pénètre donc pas dans le milieu 2,
il est totalement réfléchi dans le milieu 1 et suit la loi de Snell-Descartes pour la
réflexion (équation 10.3, figure 10.8 à droite).

137
Partie 3   Physique

Figure 10.8    Influence de l’angle d’incidence quand le rayon passe d’un milieu
plus réfringent à un milieu moins réfringent.

Exemple : les mirages


En été, quand les routes sont chauffées par le soleil, on a l’impression qu’il y a de l’eau sur
la chaussée dans laquelle se reflète la voiture de devant. Ce phénomène est dû à la réflexion
totale des rayons lumineux à l’approche de la route. En effet, l’indice de réfraction varie
avec la masse volumique du milieu. Or, plus on se rapproche de la chaussée, plus l’air est
chaud, et donc moins il est dense. L’indice de réfraction diminue donc à proximité de la
surface de la route. Certains rayons issus de la voiture devant vous (ici le rayon rouge)
pourront donc subir le phénomène de réflexion totale, ils seront « courbés vers le haut ».
L’oeil, habitué à une propagation rectiligne des rayons, va interpréter ces rayons comme
provenant de dessous la surface du sol (traits pointillés figure 10.9). Il verra donc en plus
de l’image droite issue du rayon vert, une image inversée issue du rayon rouge. Les rayons
du ciel subissent le même phénomène de réflexion totale et on aura ainsi l’impression que
la voiture se reflète dans une flaque d’eau.

Figure 10.9 

Mirage : le rayon rouge représente le trajet du rayon lumineux qui subit une


réflexion totale et parvient à l’oeil. En pointillés, c’est l’interprétation qu’en fait l’oeil.

Les hypothèses de l’optique géométrique sont :


– les rayons lumineux sont indépendants les uns des autres ;
– la lumière se propage de façon rectiligne dans les milieux homogènes, isotropes et transparents ;
– le principe de retour-inverse de la lumière, qui énonce que le trajet de la lumière ne dépend pas de son sens de
propagation, est vérifié (à quelques exceptions près comme la réflexion totale sur un dioptre par exemple) ;
– au niveau d’un dioptre, les rayons lumineux obéissent aux lois de Snell-Descartes.

138
chapitre 10  •  L’optique géométrique

3. La loi de Cauchy
per met d’expr imer 2.3  Dispersion de la lumière
l’indice de réfraction On observe que l’indice de réfraction d’un milieu dépend de la longueur d’onde du
en fonction de λ0   :
rayonnement3 : on dit que le milieu est dispersif. Deux rayons de longueurs d’onde
B C
n(λ0 )= A + 2 + 4 + ... différentes et ayant le même angle d’incidence sur un dioptre sont donc réfractés chacun
λ0 λ0
dans une direction différente (figure 10.10). Le dioptre permet donc de décomposer la
où A, B et C sont des
lumière, ce phénomène est appelé dispersion. Tous les milieux matériels transparents
coefficients positifs
sont plus ou moins dispersifs en fonction de leur indice de réfraction, seul le vide ne
caractéristiques de
chaque matériau. l’est pas (son indice est égal à 1 quelle que soit la longueur d’onde du rayonnement).
On considérera également en première approximation que l’air n’est pas dispersif.

Figure 10.10 

Dispersion de la lumière par un dioptre.

Sur la figure 10.10, nous voyons que nous passons d’un milieu moins réfringent
(l’air) à un milieu plus réfringent. En conséquence, les rayons réfractés se rapprochent
de la normale. Afin de déterminer le trajet des deux rayons dans le milieu 2, nous
convenons tout d’abord que
λbleu < λrouge ⇒ n2− bleu >   n2− rouge .
Or,
n1 sin i1 = n2− bleu sin i2− bleu
= n2−rouge sin i2−rouge .
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Nous concluons donc que i2− bleu <   i2−rouge. Ainsi, pour le même angle d’incidence
i1, le rayon réfracté bleu sera plus proche de la normale que le rayon rouge. Il sera
donc plus dévié de sa trajectoire initiale.
2.3.1  Le prisme
C’est le principe de dispersion de la lumière qui est utilisé pour décomposer un
rayonnement (par exemple une lumière blanche) en utilisant un prisme :
–– la réfraction sur la face d’entrée permet de disperser la lumière, c’est-à-dire de
séparer ses différentes composantes en fonction de leur longueur d’onde (comme
sur la figure 10.10) ;
–– la réfraction sur la face de sortie permet d’accentuer cette séparation.

139
Partie 3   Physique

On peut observer la dispersion en plaçant un écran derrière la face de sortie ou


un détecteur afin d’enregistrer le spectre de l’intensité en fonction de la longueur
d’onde (figure 10.11).

Figure 10.11 

Dispersion de la lumière blanche par un prisme.

2.3.2  L’arc-en-ciel
On observe les arcs-en-ciel lorsque le temps est pluvieux ou nuageux mais qu’il y
a des rayons de soleil. L’arc-en-ciel est dû à la dispersion de la lumière du soleil
par les gouttes d’eau en suspension dans l’atmosphère. On peut considérer que
chaque goutte se comporte comme un petit prisme.

3 Instruments d’optique
3.1  Outils mathématiques
3.1.1  Mesure algébrique
Définition
La mesure algébrique est une distance affectée d’un signe. On la note avec une barre horizon-
tale : AB est la mesure algébrique de la distance AB. La dimension d’une mesure algébrique
est donc une longueur, L, elle s’exprime en mètres (m).

Pour donner une mesure algébrique, il est nécessaire d’orienter le plan. En général, on
l’oriente positivement de gauche à droite et du bas vers le haut (figure 10.12). Dans
ce cas, la distance algébrique AB est positive si B est à droite de A et elle est néga-
tive si B est à gauche de A. On donne également l’échelle à laquelle on fait les re-
présentations schématiques des montages optiques, par exemple sur la figure 10.12
1a longueur de la flèche en abscisse représente 2 cm dans la réalité et en ordonnée elle
représente 3 cm.
Propriété
AB = − BA

140
chapitre 10  •  L’optique géométrique

4. Voir aussi chapitre 6 3.1.2  Angles4


On utilise généralement des angles orientés qu’on exprime en degrés ou en radians :
–– un angle est positif s’il tourne dans le sens direct ou sens trigonométrique, c’est-
à-dire dans le sens inverse des aiguilles d’une montre (figure 10.12) ;
–– un angle est négatif s’il tourne dans le sens indirect ou sens horaire.
A B D C
Orientation du plan :

Figure 10.12  Ici 𝐴𝐴𝐴𝐴 > 0 Ici 𝐶𝐶𝐶𝐶 < 0


3 cm
Et d’après l’échelle indiquée : Et d’après l’échelle indiquée :
2 cm 𝐴𝐴𝐴𝐴 = 4 𝑐𝑐𝑐𝑐 𝐶𝐶𝐶𝐶 = −6 𝑐𝑐𝑐𝑐

Orientation du plan et mesures algébriques.

3.2  Objet/Image
Définitions
– un point objet est défini par l’intersection des rayons incidents qui arrivent sur le système
optique. Un objet est donc modélisé par un ensemble de points objets.
– un point image est défini par l’intersection des rayons émergents qui s’éloignent du système
optique et qui provenaient du même point objet. Une image est donc l’ensemble des points
image d’un même objet.

Dans ces définitions et dans les suivantes, le système optique est quelconque. Cela
peut être une lentille, un miroir, un dioptre, une combinaison de lentilles et/ou de
miroirs et/ou de dioptres, l’oeil, un appareil photo, un microscope...
On symbolise un système optique par de grandes parenthèses.

3.2.1  Réel et virtuel


Objets et images réels
–– U n objet A est réel si le faisceau incident sur le système optique est un faisceau
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

divergent, autrement dit si le faisceau incident provient de l’objet réel (figure 10.13).
Cet objet réel est donc une source de lumière qui émet ou renvoie la lumière
dans toutes les directions de l’espace. Il a une existence matérielle.
–– Une image A’ est réelle si le faisceau émergent du système optique est un
faisceau convergent vers A’ (figure 10.13). L’image réelle A’ se trouve donc à
l’intersection des rayons émergent du système optique. On peut matérialiser une
image réelle : on peut par exemple la projeter sur un écran.
Représentation : objets et images réels sont représentés en traits pleins (objet AB
et image A′B ′ Fig 10.18).

141
Partie 3   Physique

système
optique
axe système axe
optique optique optique
Figure 10.13  A A’ A A’

A: objet réel A: image réelle


A: objet virtuel A’: image virtuelle

Objet et image réels à gauche et virtuels à droite (pour un système


optique fonctionnant en transmission).

L’axe optique d’un système optique est son axe de symétrie de révolution.

Objets et images virtuels


–– U n objet A est virtuel si le faisceau incident sur le système optique est un faisceau
convergent (figure 10.13). Les rayons incidents semblent se diriger vers A : on
trace les rayons en traits pleins jusqu’à l’entrée du système optique car ces rayons
ont une existence physique. A l’entrée du système optique, ils seront déviés, on
les prolonge donc en traits pointillés (ces rayons sont des rayons virtuels qui
n’ont pas d’existence physique) jusqu’à ce qu’ils se croisent pour déterminer la
position de A.
 Un objet virtuel n’a pas d’existence matérielle : c’est l’image d’un objet réel par
un premier système optique qui est utilisée comme objet virtuel pour le second
système optique (figure 10.14).
–– Une image A’ est virtuelle si le faisceau émergent est un faisceau divergent
(figure 10.13). Les rayons émergents semblent provenir de A’: on trace les rayons
émergents en traits pleins et on les prolonge en traits pointillés pour obtenir A’
qui se trouve à leur intersection.
Représentation : objets et images virtuels sont représentés en traits pointillés
(image A′B ′ Fig 10.19).

L1 L2

Figure 10.14 

A O1 O2 A’

L’objet réel A donne une image réelle A’ par la lentille L1. On a placé la
lentille L2 avant A’. A’ est donc un objet virtuel pour cette deuxième lentille,
c’est-à-dire que les rayons incidents sur L2 convergent vers A’.

142
chapitre 10  •  L’optique géométrique

3.2.2  Foyer principal : objet / image


Définitions
– Le foyer principal objet, F, est le point de l’axe optique dont l’image se forme à l’infini
(figure 10.15-a).
– Le foyer principal image, F’, est l’image d’un objet à l’infini sur l’axe optique. F’appartient
donc à l’axe optique (figure 10.15-b).

foyer image à l’infini objet à l’infini sur foyer


principal sur l’axe optique l’axe optique principal
objet image

axe F système axe système F’


optique optique optique optique

plan focal image


plan focal objet a) b)

Figure 10.15    Foyers principaux objet (a) et image (b) et plans focaux
correspondants (pour un système optique en transmission).

•• Si un objet se trouve à l’infini par rapport au système optique, alors les rayons
incidents sur le système optique sont parallèles entre eux. Et si cet objet à
l’infini se trouve sur l’axe optique, alors les rayons incidents seront tous
parallèles à l’axe optique.
•• De même, si une image se forme à l’infini alors les rayons émergents seront
parallèles entre eux. Et si cette image se forme à l’infini sur l’axe optique,
les rayons émergents seront tous parallèles à l’axe optique.

3.2.3  Plan focal : objet / image


Définitions
– Le plan focal objet est le plan perpendiculaire à l’axe optique qui passe par le foyer prin-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

cipal objet F (figure 10.15-a).


– Le plan focal image est le plan perpendiculaire à l’axe optique qui passe par le foyer prin-
cipal image F’ (figure 10.15-b).

•• Chaque point du plan focal objet est appelé foyer objet secondaire, souvent
noté φ . L’image d’un foyer secondaire objet φ se trouve à l’infini hors de l’axe
optique : tous les rayons issus de ce foyer secondaire φ émergent du système
optique parallèles les uns aux autres mais pas parallèles à l’axe optique. Le
plan focal objet est constitué par l’ensemble des foyers secondaires objets
(figure 10.16-a).

143
Partie 3   Physique

•• Chaque point du plan focal image est appelé foyer image secondaire, souvent
noté φ ′ . Les foyers secondaires image sont les images d’objets situés à l’infini
hors de l’axe optique. Donc un faisceau parallèle incident sur le système
optique émergera en passant par le foyer secondaire image correspondant. Le
plan focal image est constitué de l’ensemble des foyers secondaires images
(figure 10.16-b).

image à l’infini hors objet à l’infini hors


de l’axe optique de l’axe optique

F’
axe F système axe système
optique optique optique optique

plan focal image


plan focal objet a) b)

Figure 10.16    Foyers secondaires objet (a) et image (b) (pour un système
optique en transmission).

3.2.4  Grandissement transversal


Définition
Soit AB un objet plan et perpendiculaire à l’axe optique, on appelle A′B ′ son image par le
système optique. On fait l’hypothèse que A′B ′ est aussi plane et perpendiculaire à l’axe op-
tique. On définit le grandissement transversal comme le rapport :

A′B′
γ =  (10.5)
AB

Le grandissement transversal est une grandeur sans dimension (donc pas d’unité).
Il permet de comparer la taille et l’orientation d’un objet et de son image :
–– Si γ > 0, alors l’objet et son image sont dans le même sens. On dit que l’image
est droite.
–– Si γ < 0, alors l’objet et son image sont de sens opposé. On dit que l’image est
inversée.
–– Si γ > 1, alors l’image est plus grande que l’objet. Inversement, si γ < 1, alors
l’image est plus petite que l’objet.

144
chapitre 10  •  L’optique géométrique

4 Les lentilles minces


Définitions
– Une lentille est un milieu transparent, homogène et isotrope contenu entre deux dioptres
sphériques ou entre un dioptre sphérique et un dioptre plan (première ligne tableau 10.17).
– Une lentille est dite mince si on peut négliger l’épaisseur de sa partie centrale qui se réduit
donc à un unique point O appelé centre optique. Dans la suite, on ne considérera que des
lentilles minces.
– L’axe optique est l’axe perpendiculaire à la lentille qui passe par le point O.
– La distance focale f ′ d’une lentille est : f ′ = OF ′ , unité : le mètre (m). Quand on parle de
distance focale, on parle souvent de la distance focale image, comme défini ici, mais on
peut aussi définir la distance focale objet f telle que f = OF = − f ′.
1 1
– La vergence v d’une lentille est l’inverse de sa distance focale : v = = , unité : la
−1
dioptrie (δ , 1δ = 1 m ). OF ′ f ′

Propriétés
– Tout rayon passant par le centre optique O n’est pas dévié.
– Les foyers principaux objet F et image F’ sont symétriques par rapport à O.

4.1  Les lentilles convergentes et divergentes


Le tableau 10.1 définit les principales propriétés des lentilles convergentes et di-
vergentes et permet de les comparer.

Tableau 10.1  Tableau récapitulatif pour les lentilles convergentes et divergentes.


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145
Partie 3   Physique

4.2  Conditions de Gauss


En optique géométrique, on travaille souvent dans les conditions de Gauss qui
sont telles que :
–– on considère des rayons incidents proches de l’axe optique, donc qui traversent
la lentille au voisinage de son centre optique ;
–– on considère des rayons incidents peu inclinés par rapport à l’axe optique, on
travaille donc dans l’approximation des petits angles.
Dans la suite, on se placera dans les conditions de Gauss.

4.3  Formule de conjugaison


Définition générale
La formule de conjugaison donne une relation entre la position d’un objet A et de son image
A’ par un système optique.

5 . L a fo r m u l e d e Pour une lentille mince dans l’air, la formule de conjugaison5 permet de relier :
conjugaison pour une
– la distance algébrique lentille-objet OA
lentille mince se calcule
à partir des formules – la distance algébrique lentille-image OA′
de conjugaison pour – la distance focale OF ′ :
les deux dioptres
sphér iques (face 1 1 1 1
d’entrée et de sortie − = = (10.6)
de la lentille). La OA′ OA OF ′ f′
démonstration sera
faite à l’université ou
en classes préparatoires. 4.4  Grandissement transversal
Pour une lentille mince, on peut démontrer que le grandissement transversal est tel que :

A′B′ OA′
γ = = (10.7)
AB OA
La relation de conjugaison (10.6) et la formule du grandissement (10.7) sont va-
lables quelle que soit la nature de la lentille mince (convergente ou divergente).

4.5  Formation de l’image


4.5.1  Rayons particuliers
Pour trouver l’image A′B′ d’un objet AB par une lentille mince, qu’elle soit convergente
ou divergente, nous allons utiliser trois rayons particuliers :
–– tout rayon lumineux passant par O n’est pas dévié ;
–– tout rayon incident parallèle à l’axe optique émerge en passant par F’;
–– tout rayon incident passant par F émerge parallèlement à l’axe optique.

146
chapitre 10  •  L’optique géométrique

4.5.2  Deux exemples de formation d’image


Nous n’allons ici traiter que le cas d’un objet réel et d’une lentille mince convergente
que vous avez déjà vu au lycée.

L’objet est placé avant F (figure 10.17) 


•• Données 
Soit une lentille de distance focale f ′ = 2 cm. On cherche l’image A′B′ d’un objet
réel AB droit de 1,5 cm de hauteur placé à 3,5 cm de la lentille. On suppose que la
lumière se propage de la gauche vers la droite.
•• Résolution graphique 
Sur la figure, on place la lentille convergente de centre O. Puis on place les foyers
F et F’ à 2 cm de O (F à gauche de O et F’ à droite car les foyers d’une lentille
convergente sont réels). Comme AB est un objet réel, on place A à gauche de O et
à 3,5 cm, on a donc OA = −3, 5 cm. On trace ensuite AB de 1,5 cm de hauteur, on
a donc AB = 1, 5 cm car l’objet est droit.

Sens de propagation de la lumière

B
objet réel image réelle

A’ axe
Figure 10.17  optique
A F O F’
+

1 cm
+
1 cm
B’

Construction de l’image d’un objet placé avant F.


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On trace ensuite les rayons particuliers :


– le rayon rouge BO issu de B et passant par O qui n’est pas dévié ;
– le rayon bleu issu de B et parallèle à l’axe optique et qui émerge en passant par F’;
– le rayon vert BF issu de B et passant par F qui émerge parallèlement à l’axe optique.
Les rayons émergents (observés à droite de la lentille) convergent. L’image A′B′
est donc réelle. B’ se situe à l’intersection des rayons émergents et A’ est le projeté
orthogonal de B’ sur l’axe optique.
Sur cette figure on mesure A′B′  −2 cm et OA′  4, 5 cm.

147
Partie 3   Physique

A′ B ′ −1,9 OA′
En utilisant γ = on trouve γ =  −1,33 ; en utilisant γ = on trouve
4, 5 AB 1, 5 OA
γ =  1, 28. Ces deux valeurs sont en bon accord, ce qui est cohérent.
3, 5
•• Résolution par le calcul
Pour déterminer la position de l’image OA′, on utilise la relation de conjugaison :
1 1 1 1 1 1 OF ′ + OA OF ′ × OA
− = ⇒ = + = ⇒ OA′ =
OA′ OA OF ′ OA′ OA OF ′ OF ′ × OA OF ′ + OA
Pour trouver la taille et le sens de l’image, on utilise le grandissement :

A′B′ OA′ OA′


γ = = ⇒ A′B′ = AB ×
AB OA OA
2 × ( −3, 5) 4,66
Application numérique : OA′ =  4,66 cm et A′B′  1,5 ×  −2 cm
2 + ( −3, 5) −3, 5
Ces deux résultats sont en bon accord avec les mesures graphiques faites ci-dessus,
on a OA′ > 0. Il s’agit donc bien d’une image réelle et A′B′ < 0 elle donc est bien
inversée.

L’objet est placé entre F et O (figure 10.18)


•• Données
Soit une lentille de distance focale f ′ = 3 cm. On cherche l’image A′B′ d’un objet
réel AB droit de 1 cm de hauteur placé à 2 cm de la lentille. On suppose que la
lumière se propage de la gauche vers la droite.
Sens de propagation de la lumière

B’

B
Figure 10.18  image virtuelle
axe
A’ F A O optique
+ F’
1 cm
+
1 cm
objet réel

Construction de l’image d’un objet placé entre F et O.

•• Résolution graphique
Sur la figure, on place la lentille convergente de centre O. Puis on place les foyers F
et F’ à 3 cm de O. On place A à gauche de O car l’objet est réel (on a donc OA < 0)
et à 2 cm de O, et donc OA = −2 cm. On trace ensuite AB de 1 cm de hauteur,
AB = 1 cm car l’objet est droit.

148
chapitre 10  •  L’optique géométrique

On trace ensuite les rayons particuliers :


–– le rayon rouge BO issu de B et passant par O qui n’est pas dévié ;
–– le rayon bleu issu de B et parallèle à l’axe optique et qui émerge en passant par F’;
–– le rayon vert FB issu de B et qui semble provenir de F (d’où les pointillés pour
le rayon entre F et B car c’est un rayon virtuel). Ce rayon émerge parallèlement
à l’axe optique.
Les rayons émergents (observés à droite de la lentille) divergent. L’image A′B′ est
donc virtuelle. Pour trouver B’, il faut prolonger les rayons émergent à gauche de
la lentille. Ce sont donc des rayons virtuels qu’on trace en pointillés. B’ se trouve à
l’intersection de ces rayons virtuels et A’ est le projeté de B’ sur l’axe optique.
On peut mesurer graphiquement OA′ et AB et comparer ces mesures avec les
résultats trouvés par le calcul, en utilisant la formule de conjugaison ainsi que le
grandissement, comme nous l’avons fait dans l’exemple précédent. On trouve dans
les deux cas : OA′ = −6 cm et AB = 3 cm, ce qui est cohérent.

5 Application des lentilles minces


Les lentilles minces sont utilisées dans de nombreux instruments d’optique, à
commencer par les plus simples comme les loupes, les lunettes, l’oeil ou l’appa-
reil photo. Dans ce chapitre, nous présenterons brièvement les cas de l’oeil et de
l’appareil photo. Ces cas simples ne représentent cependant pas la majorité des
instruments d’optique dans lesquels les lentilles sont associées à des miroirs (plans
ou sphériques), ainsi qu’à des lames transparentes ou semi-transparentes.

5.1  L’oeil
L’oeil forme une image réelle d’un objet réel. Il agit comme une lentille convergente
pour imager un objet sur la rétine sur laquelle se trouvent les cônes et les bâtonnets,
qui sont des capteurs sensibles à la lumière reçue. L’oeil est constitué d’une suite de
milieux transparents placés les uns à la suite des autres (figure 10.19-a). En partant
de l’extérieur vers l’intérieur, on trouve :
–– la cornée : couche qui protège l’oeil du milieu extérieur ;
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

–– l’humeur aqueuse : liquide qui permet de réguler la pression interne de l’oeil ;


–– l’iris : anneau de diamètre variable qui joue le rôle de diaphragme et permet de
contrôler la quantité de lumière qui pénètre dans l’oeil ;
–– le cristallin : lentille convergente de focale variable qui permet de former l’image
sur la rétine ;
–– l’humeur vitrée : gel aqueux qui donne sa forme à l’oeil
–– la rétine : « écran » sur lequel se forme l’image.

149
Partie 3   Physique

Cornée

Iris
Axe optique
Pupille

Humeur Rétine Nerf optique


aqueuse Humeur vitrée
Cristallin

Figure 10.19    a) Représentation simplifiée de l’oeil. b) Modèle de l’oeil réduit.


c) et d) Représentation schématique de l’oeil avec c) un objet APR au Punctum
Remotum (PR) et d) un objet APP au Punctum Proximum (PP) (attention les figures
c) et d) ne sont pas à l’échelle).

Modèle de l’oeil réduit


Un oeil peut donc être simplement modélisé par un diaphragme de diamètre variable qui représente l’iris, par une
lentille convergente de focale variable qui représente le cristallin et les autres milieux transparents et enfin par un
écran qui représente la rétine (figure 10.19-b). L’oeil ne se déformant pas, la distance entre la rétine et le cristallin
est fixe, on la prend souvent égale à environ 17 mm.

Pour qu’un objet soit vu nettement par l’oeil, il faut que son image se forme sur
la rétine. Comme la rétine et le cristallin sont à distance fixe, il faut donc que le
cristallin se déforme pour adapter sa distance focale de façon à ce que l’image se
forme sur la rétine. C’est ce qu’on appelle l’accommodation du cristallin : selon
la distance à laquelle se trouve l’objet la courbure du cristallin change pour former
une image nette sur la rétine.
On dit que l’oeil est au repos s’il n’accommode pas. Pour un oeil normal, ceci cor-
respond à un objet qui se trouverait à l’infini. On dit alors que l’objet se trouve au
punctum remotum qui est la distance maximale de vision nette (figure 10.19-c).
Le punctum proximum est la distance minimale à laquelle peut se trouver un ob-
jet pour qu’il soit vu nettement par l’oeil. Pour un oeil normal, il est de 25 cm. Au
punctum proximum, l’oeil est à son maximum d’accommodation (figure 10.19-d).

5.2  L’appareil photographique


L’appareil photographique permet, tout comme l’oeil, de faire une image réelle
d’un objet réel plus ou moins lointain.
En première approximation, il est constitué d’un objectif qui est un ensemble de
lentilles qu’on peut modéliser par une seule lentille convergente (figure 10.20). Un
diaphragme permet, comme pour l’oeil, de contrôler la quantité de lumière qui entre

150
chapitre 10  •  L’optique géométrique

dans l’appareil, c’est-à-dire la luminosité, mais il permet aussi de régler la profon-


6.  Les cellules photosen­
deur de champ, qui est la distance qui sera vue nettement au travers de l’appareil
sibles transforment photographique. Dans l’appareil photographique, l’image se forme sur un capteur
l’énergie lumineuse en constitué de millions de cellules photosensibles6 ou sur un film photosensible dans
signal électrique. le cas des anciens appareils argentiques.

lentille
convergente diaphragme capteur

Figure 10.20 

Distance variable

Schéma simplifié de l’appareil photographique

Comme pour l’oeil, il faut que l’image se forme sur le capteur pour qu’elle soit
nette. Dans le cas de l’appareil photo, la lentille convergente de l’objectif a une
distance focale fixée par sa géométrie. Pour que l’image se forme sur le capteur,
et ce quel que soit l’éloignement de l’objet, c’est donc la distance lentille-capteur
qu’on fait varier.
Le tableau 10.2 permet de comparer les différents éléments optiques de l’oeil et
de l’appareil photographique.

Tableau 10.2  Comparaison des composants et du


fonctionnement de l’oeil et de l’appareil photographique.

œil réduit Appareil Photographique


Contrôle de la quantité Diaphragme (iris) Diaphragme
de lumière
Formation de l’image Cristallin (lentille Objectif (série de lentilles de
convergente focale fixe)
de focale variable)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Réception de l’image Rétine (écran) Capteur photosensible


Réglage netteté Variation de la distance Variation de la distance
focale objectif-capteur
de la rétine

151
4
Partie

U
ne des remarques les plus surprenantes que peut faire un nouvel étu-
diant entrant en L1 est « mais ce n’est pas la même chimie qu’au lycée ! ».
Pourtant, entre votre année de terminale et le début de vos études supé-
rieures, les atomes n’ont pas changé et les molécules interagissent toujours de
la même façon...
Ce qui a sans doute changé, en revanche, c’est la façon d’aborder la chimie
comme les autres disciplines scientifiques et surtout, ce qu’on attend de vous.
Si la connaissance du cours et des formules associées reste absolument indis-
pensable, la place laissée au raisonnement devient prépondérante, dans la
formation comme dans l’évaluation. Pour pouvoir bâtir des raisonnements à
partir de vos connaissances en chimie (mais aussi dans d’autres matières), il
sera désormais essentiel de dépasser la simple mémorisation « par cœur » pour
se concentrer sur le sens des notions et l’appropriation des différents concepts.
Vous allez donc retrouver dans cette partie des notions que vous connaissez
déjà, au moins sous un certain angle. Mais ne les considérez pas comme déjà
acquises car elles vous seront présentées d’une autre façon, plus quantitative,
plus rationnelle également. Ainsi, dans un premier chapitre, vous retrouverez la
notion d’élément chimique, différenciée de la notion d’atome, et le tableau pé-
riodique, introduit non seulement comme le classement rationnel des éléments
mais également comme un outil prédictif du chimiste. Cet outil servira dans un
deuxième chapitre pour définir les différents types de liaisons chimiques, celles
qui unissent les éléments pour former des molécules et des solides ou celles
qui structurent les molécules entre elles. Dans ce deuxième chapitre, vous re-
verrez également comment nommer et représenter les molécules. Puisque la
chimie est la science de la transformation de la matière, le troisième chapitre
abordera quelques-unes des grandes classes de réactions chimiques et bien en-
tendu l’équation qui permet de toutes les modéliser. Enfin, la chimie étant une
science expérimentale, les différents types de calculs permettant de calculer
une concentration, le rendement d’une réaction... seront abordés dans un qua-
trième chapitre.

152
Chimie

CHAPITRE

11 L’alphabet du chimiste  154

CHAPITRE

12 Les composés chimiques  168

CHAPITRE

13 Les transformations de la matière  181


CHAPITRE

14 Les aspects quantitatifs  189

153
CHAPITRE

11 L’alphabet du
chimiste
La chimie est la science de la matière et de ses transformations. Les briques de base
entre lesquelles vont se créer et se défaire les liaisons sont les éléments chimiques.
Ce premier chapitre a pour objectif de donner une définition de ce qu’est un élément
chimique et de montrer que le tableau périodique est plus qu’une classification de
ces éléments mais bien un outil de prédiction de leurs propriétés.
Il a un autre but : essayer de vous montrer comment il vous faudra travailler à
l’université. La découverte de la notion d’élément, de la classification périodique
et de la structure de l’atome, racontée comme une histoire, doit susciter vos ques-
tions. À la fin de ce chapitre, vous devriez être capable de rendre compréhensible
son contenu à quelqu’un qui n’a aucune connaissance scientifique. Les questions
qu’il ou elle vous posera, ce sera à vous de vous les poser au cours de votre lecture,
en allant parfois chercher à d’autres sources les réponses. Cette démarche active,
réflexive, c’est celle de l’étudiant qu’il vous faut devenir.

1 Qu’est-ce qu’un élément chimique ?


1.1  Le développement de la théorie atomique
Le sel de cuisine est formé de sodium et de chlore, deux éléments chimiques.
C’est Lavoisier, dans son Traité élémentaire de chimie (1789) qui a donné la dé-
finition moderne, scientifique d’un élément chimique comme « le dernier terme
auquel parvient l’analyse ». Cela signifie que si on décompose totalement une
substance chimique, on arrive à isoler les éléments qui la forment. Il aura ainsi
fallu à Lavoisier de nombreux mois d’expériences pour arriver à décomposer
l’air et l’eau en « éléments ». En distillant de l’eau en présence de charbon de
bois, il montre que se forment du gaz carbonique (CO2) d’une part et un « gaz
extrêmement léger (...) qui s’allume par l’approche d’un corps enflammé lors-
1. Pour Lavoisier, la qu’il a le contact de l’air », gaz qu’il nomme hydrogène « c’est-à-dire, principe
« quantité de matière » générateur de l’eau ». Il complète sa démonstration en recomposant l’eau à partir
est la masse. À présent, d’hydrogène et d’oxygène.
la quantité de matière
Lavoisier est même capable de mesurer très précisément, pour l’époque, les quantités
est la mole. Pour bien
comprendre la différence
de matière1 formée ou disparue, y compris pour les gaz. Il montre que la masse
entre masse et quantité totale du milieu réactionnel ne varie pas et établit le principe de conservation de
de matière, reportez- la masse lors d’une réaction chimique : « on peut poser en principe que dans toute
vous au chapitre 14. opération, il y a une égale quantité de matière avant et après l’opération ».

154
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

Lavoisier vient de donner à la communauté scientifique une méthode rationnelle


(décomposition/recomposition) et quantitative (mesure précise des masses) pour
isoler les éléments. De fait, le nombre d’éléments isolés va connaître à partir de
cette période un essor spectaculaire. C’est notamment le cas du chlore, connu de-
puis 1774 mais considéré alors comme un gaz composé. C’est Sir Humphry Davy
qui montrera en 1809 qu’il s’agit d’un nouvel élément, qu’il baptisera du nom de
2. L’étymologie du nom chlore2. Il avait auparavant (1807) déjà isolé le sodium, connu lui aussi bien avant
du chlore et de quelques le xixe siècle au travers de certains de ses composés dont le natron. Le symbole
autres éléments est chimique du sodium (Na) est tiré du nom de ce composé.
donnée à la page 178.
Puisque les scientifiques connaissent alors la notion d’élement, ils sont capables
par analyse de les isoler et de mesurer leurs masses respectives dans les substances
chimiques. Joseph Louis Proust montre dans des composés du fer, puis du cuivre,
que quelle que soit la masse du composé analysé, le rapport des masses des éléments
constituant le composé (ici le métal et l’oxygène) reste constant : c’est la loi des
proportions définies.
Si la notion d’élément est connue, elle ne dit pas de quoi ces éléments sont faits.
C’est John Dalton qui émettra une théorie décisive en 1803 : les éléments sont
formés de particules indestructibles, les atomes, tous identiques pour un même
3. Nous verrons plus élément3. Les atomes d’éléments différents ont des propriétés physico-chimiques
loin, avec la notion différentes, à commencer par leurs masses. Les atomes se lient entre eux pour for-
d ’ i s o t o p i e , q u’ i l s mer des structures plus complexes, les molécules. Lors d’une réaction chimique,
peuvent être légèrement les liaisons entre atomes peuvent être brisées et de nouvelles liaisons se créer.
différents par certains
aspects.
Ce dernier postulat de Dalton explique parfaitement la loi de conservation de la
matière de Lavoisier : il n’y a ni destruction ni création de matière, seulement des
réarrangements entre atomes.

1.2  Corps pur et masse atomique


4. On retrouvera une La combinaison des atomes pour former des corps purs explique la loi des propor-
autre signification de tions définies : l’eau est un corps pur dont chaque molécule est formée par deux
ce mot dans la section atomes d’hydrogène et un atome d’oxygène. Quelle que soit la masse d’eau (ou le
consacrée aux réactions
nombre de molécules d’eau) considérée, la proportion d’hydrogène et d’oxygène,
chimiques.
encore appelée stœchiométrie4 des éléments, sera constante.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Exemple
La décomposition totale d’une masse de 100 g d’eau permettra de recueillir 11,1 g d’hydro-
gène et 88,9 g d’oxygène ou, autrement dit, l’eau contient toujours 11,1% d’hydrogène et
88,9% d’oxygène, quelle que soit la quantité considérée. Comme un pourcentage massique
se calcule selon la formule
masse de l’élément
× 100,
masse du composé
le rapport des pourcentages massiques est égal au rapport des masses des éléments.
pourcentage massique de l’oxygène 88,9
= =8
pourcentage massique de l’hydrogène 11,1

155
Partie 4   Chimie

Si on pouvait mesurer la masse d’une seule molécule d’eau, le rapport des pourcentages
massiques de chaque élément serait directement lié au rapport des masses de chaque atome :

pourcentage massique de l’oxygène masse d’un atome d’oxygène


=
pourcentage massique de l’hydrogène 2 × masse d’un atome d’hydrogène

On en déduit que la masse d’un atome d’oxygène vaut 16 fois la masse d’un atome d’hydrogène.

À l’époque de Dalton, la masse de l’hydrogène, élément le plus léger, servait de


5. La référence de masse masse de référence, arbitrairement égale à 1. On pouvait donc établir la masse
est à présent différente atomique relative des éléments connus par rapport à la masse de l’hydrogène.
(voir chapitre 14) mais le
L’avantage de ce mode de calcul des masses est qu’il permet de traiter des nombres
principe de l’expression
des masses atomiques
simples et en général, entiers. S’agissant en fait d’un rapport de masses atomiques,
relatives reste le même. la masse atomique relative est un nombre sans unité5.
En biologie, on utilise
couramment une unité
Définitions
de masse atomique, le
dalton, définie de façon – Un corps pur est formé d’une seule espèce chimique, au contraire d’un mélange.
à obtenir des valeurs   Par exemple, l’eau distillée est un corps pur, tandis que l’air est un mélange de gaz.
égales aux valeurs – Un corps pur simple est formé d’un seul élément, soit sous forme atomique (par exemple
de masses atomiques le néon Ne), soit sous forme moléculaire (par exemple le dihydrogène H 2). On parlera
relatives établies par dans le premier cas de corps pur simple élémentaire, et dans le deuxième de corps pur
Dalton (cf. section 1 simple moléculaire.
du chapitre 23)
– Un corps pur composé ou composé est formé de plusieurs éléments (par exemple le
chlorure de sodium NaCl).

2 Classer pour prévoir


Les éléments se distinguent par leurs propriétés physico-chimiques, comme leur
masse ou leur capacité à se lier préférentiellement, dans des proportions définies,
à d’autres éléments. Ils peuvent être regroupés par familles chimiques : au sein
de chaque famille, les éléments présentent des propriétés voisines. Par exemple,
le sodium, comme le lithium, le potassium et le rubidium, se lie facilement avec
le chlore, dans des proportions équivalentes (autant de chlore que de sodium par
exemple), tandis que le magnésium, le béryllium, le calcium et le strontium vont
se lier également avec le chlore mais dans une proportion double (deux fois plus
de magnésium que de chlore).
On a remarqué très tôt que la plupart des propriétés physico-chimiques des élé-
ments suivaient une loi périodique, c’est-à-dire que leur évolution en fonction de
la masse des éléments présente des répétitions. Lothar Meyer a par exemple montré
en 1864 (figure 11.1) que les maxima de l’évolution du volume atomique représenté
en fonction de la masse atomique relative correspondaient tous aux éléments de la
famille du sodium. Cela a conduit à plusieurs essais de classification des éléments,
reposant tous sur le même principe : regrouper les éléments par familles chimiques
et les ordonner en fonction de leurs masses atomiques. Ces tentatives de classement

156
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

ont laissé peu de traces dans la mémoire collective, contrairement à celle de Dmitri
Mendeleïev (1869) qui reste aujourd’hui encore l’outil principal du chimiste.

2.1 La classification de Mendeleïev


Si le tableau périodique de Mendeleïev est toujours utilisé, c’est parce que le
chercheur russe en a fait un outil prédictif et pas seulement descriptif. Il a lui aussi
réparti les éléments dans un tableau en les ordonnant par masse et en les regrou-
pant par familles chimiques mais surtout, il a accepté d’y faire figurer des lacunes.
Mieux, en considérant que tous les éléments suivent une loi périodique, il a postulé
les propriétés des éléments prévus pour occuper les lacunes. Parmi ces éléments
manquants, il y a par exemple celui que Mendeleïev avait appelé eka-aluminium car
il devait occuper la case située juste sous celle de l’aluminium. Mendeleïev avait
prévu pour cet élément une masse atomique relative de 68, une masse volumique
de 6 g ⋅ cm−3 et un bas point de fusion. En 1875, Lecoq de Boisbaudran baptise
du nom de gallium l’élément qu’il vient de découvrir et qui présente une masse­
atomique relative de 69, une masse volumique de 5,9 g ⋅ cm−3 et passe de l’état
solide à l’état liquide à moins de 30 °C. Cet exemple illustre bien le bénéfice que
peut apporter la classification périodique de Mendeleïev : il est beaucoup plus facile
de mettre en évidence les éléments inconnus si on peut prévoir leurs propriétés.

60
Rb
50
Volume atomique (cm3 • mol–1)

40

30
Figure 11.1  Na
Li
20

10

0
0 20 40 60 80
Masse atomique relative
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Exemple de loi périodique.

Pourquoi périodique ?
La classification de Mendeleïev est appelée « périodique » car elle met en évidence la périodicité des propriétés
des éléments. Le lithium est par exemple le premier élément de la deuxième ligne. On classe les éléments de masse
supérieure dans la même ligne, à la suite du lithium, par ordre croissant de masse, jusqu’à trouver un élément qui
présente des propriétés chimiques analogues au lithium, c’est-à-dire qui appartient à la même famille chimique. Cet
élément est le sodium. Il est donc placé sous le lithium (figure 11.2) et commence ainsi la ligne suivante du tableau.
La longueur d’une ligne correspond donc à l’écart entre deux éléments de la même famille chimique. Par analogie
avec les phénomènes ondulatoires périodiques, une ligne de la classification est appelée période.

157
Partie 4   Chimie

Masses croissantes

Figure 11.2  Li Be B C N O F Ne

Na Mg AI Si P S Cl Ar

Illustration du caractère périodique du tableau de Mendeleïev.

Cependant, même si elle s’est révélée être un outil très puissant, la classification
originelle de Mendeleïev présentait quelques incohérences. Par exemple, la masse
du cobalt est légèrement supérieure à celle du nickel, et pourtant les propriétés
chimiques de ces deux éléments conduisent à inverser l’ordre des masses et à placer
le cobalt avant le nickel dans la classification périodique. L’origine de ces incohé-
rences sera rapidement élucidée grâce à des travaux presque contemporains de ceux
de Mendeleïev, portant sur la nature des atomes qui correspondent aux éléments.

3 De quoi est fait un atome ?


Reprenant une étymologie de la Grèce antique, Dalton avait appelé atomes (« qui
ne se coupent pas »), les particules qui correspondent aux éléments et qu’il pensait
insécables et indestructibles. Pourtant, ce modèle de l’atome est remis en cause
à la fin du xixe siècle quand Thomson prouve en 1897 qu’on peut extraire de tous
les atomes une particule très légère, chargée négativement, l’électron. Or, les
atomes sont neutres, ce qui n’est possible que si la charge négative des électrons
est compensée exactement par des charges positives. Rutherford montre expéri-
mentalement que ces charges positives sont concentrées au centre de l’atome, au
sein d’un noyau très dense, et propose un nouveau modèle de l’atome. Il isolera
en 1919 les particules positives du noyau, les protons, beaucoup plus massives
que les électrons mais de charge exactement opposée. Il y a donc autant de pro-
tons dans le noyau d’un atome que d’électrons autour de ce noyau. Ce nombre
est le numéro atomique, noté Z et est caractéristique d’un élément. Ainsi, tous
les atomes ayant un numéro atomique Z de 11, c’est-à-dire 11 protons dans leur
noyau, sont des atomes de sodium. Les atomes de chlore sont eux caractérisés par
un numéro atomique Z égal à 17.
Définition
Un élément chimique est défini par le nombre de protons de son noyau, Z. Ce nombre de
protons est égal au nombre d’électrons dans l’atome neutre et détermine donc ses propriétés
chimiques.

En 1932, ce modèle du noyau sera complété par la mise en évidence du neutron,


particule de masse très proche de celle du proton mais électriquement neutre. Dans
ce modèle, encore en vigueur actuellement, le noyau est formé par les protons et les
neutrons, appelés nucléons. Le nombre total de nucléons est le nombre de masse,
noté A. Cette appellation vient du fait que plus de 99,99 % de la masse d’un atome
est concentrée dans son noyau, les électrons ayant une masse négligeable.

158
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

Tableau 11.1  Données caractéristiques de l’atome.

Proton Neutron Électron


Masse (kg) 1,672649 × 10-27 1,67493 × 10-27 9,109 × 10-31
Charge (C) +1,602 × 10-19 = e 0 -1,602 × 10-19 = -e
Localisation Noyau Noyau Nuage électronique
Quantité Z A-Z Z (atome neutre)

Définitions
Un ion est une entité chimique chargée. On parle de cation si la charge est positive et d’anion
si la charge est négative. Si un atome de sodium (Z = 11) perd un de ses électrons, son nuage
électronique ne contient alors plus que 10 électrons et on forme ainsi une espèce de charge
globale +e, le cation Na+. Inversement, si un atome d’oxygène (Z = 8) gagne deux électrons,
son nuage électronique contient alors 10 électrons et on forme ainsi une espèce de charge
globale -2e, l’anion O2−.

3.1 Notion d’isotopie


Étant donné que seul le numéro atomique est caractéristique d’un élément, on trouve
des noyaux correspondant à un même élément chimique mais à un nombre de neu-
trons (et donc un nombre de masse A) différents. Par exemple, tous les noyaux de
chlore contiennent 17 protons mais on observe qu’ils comportent en général soit
18 neutrons (A = 35) soit 20 (A = 37). Deux noyaux qui se distinguent seulement
par leur nombre de neutrons sont dits isotopes.

Notation
Pour symboliser un isotope spécifique, on indique par convention le nombre de
masse en exposant juste avant le symbole de l’élément (le numéro atomique est,
6. Le symbole corres­ lui, indiqué en indice)6 : AZ X .
pondant à un numéro
35 35
atomique donné, ce Les isotopes les plus abondants du chlore sont 17 Cl et 17 Cl. Même si des nombres
dernier étant parfois de neutrons différents peuvent conduire à des noyaux stables, certaines combinai-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

omis. On notera sons Z et A conduisent à des noyaux instables qui se désintègrent par radioactivité.
couramment pour le
Le chlore 28Cl par exemple contient un ratio trop important de protons pour lui
carbone 14 14C alors
que le symbole complet permettre d’être stable. La désintégration d’isotopes instables est très utile pour
est 146C. dater un échantillon comme cela est expliqué au chapitre 17.

3.2 Vers l’atome quantique


Pour Rutherford, un atome ressemble donc à un petit système planétaire dans lequel
l’étoile centrale est le noyau, autour duquel tournent les électrons. Si ce modèle
est compatible avec certaines données expérimentales, il ne peut en revanche pas
expliquer d’autres phénomènes physiques comme l’absorption ou l’émission de

159
Partie 4   Chimie

la lumière par les éléments. La caractéristique de l’absorption ou de l’émission de


lumière par un atome est qu’elle ne se produit que pour certaines longueurs d’onde
bien précises des radiations électromagnétiques. Les spectres obtenus en faisant
varier la longueur d’onde des radiations électromagnétiques auxquelles on soumet
un élément sont ainsi caractéristiques de celui-ci, comme une empreinte digitale est
caractéristique d’un individu. C’est la théorie des quanta, née grâce aux travaux
de Max Planck en 1900 et qui permet d’expliquer ces phénomènes d’absorption et
d’émission. Dans cette théorie, l’énergie est quantifiée, c’est-à-dire qu’elle ne peut
prendre que certaines valeurs précises, discrètes, ou discontinues et non des valeurs
continues et infiniment proches. Niels Bohr adapte alors le modèle planétaire de
l’atome de Rutherford pour le rendre compatible avec la mécanique quantique.
Dans son modèle, les électrons d’un atome occupent des orbites circulaires stables,
stationnaires autour du noyau. Chacune de ces orbites correspond à une énergie
définie des électrons qui l’occupent, d’autant plus basse qu’ils sont proches du
noyau. L’absorption d’une radiation électromagnétique correspond à l’excitation
d’un électron d’une orbite d’énergie basse vers une orbite d’énergie plus élevée.
Elle ne peut se produire que si son énergie correspond exactement à la différence
d’énergie entre deux orbites. L’émission se produit lorsqu’un électron au préalable
excité perd de l’énergie sous forme de radiation électromagnétique pour revenir à
une orbite d’énergie plus basse.
Bohr postule que chaque niveau d’énergie est caractérisé par un nombre entier positif
non nul, noté n. Le niveau d’énergie le plus bas correspond à la valeur la plus basse
possible pour ce nombre quantique soit n = 1. Les niveaux d’énergie plus élevée
sont caractérisés par les valeurs n = 2, 3,..., + ∞. Par analogie avec la spectroscopie
des rayons X, ces niveaux sont symbolisés par les lettres majuscules K, L, M,... Une
couche électronique caractérisée par le nombre quantique n ne peut accueillir que
2 n 2 électrons. La couche n = 1 peut donc accueillir au maximum deux électrons,
la couche n = 2, 8 électrons, la couche n = 3, 18, etc. La répartition électronique
d’un atome indique la façon dont ses différentes couches K, L, M,... sont peuplées
d’électrons. Dans l’état de plus basse énergie, encore appelé état fondamental,
les électrons se répartissent de façon à occuper au maximum les couches de plus
basse énergie. On peut alors écrire la répartition électronique de chaque élément
en utilisant les lettres K, L, M,... symbolisant les couches, affectées du nombre
d’électrons occupant chaque couche. Par exemple, la répartition électronique de
l’hydrogène, de Z = 1, s’écrit ( K )1. Celle du sodium, de Z = 11, s’écrit ( K )2 ( L )8 ( M )1
et celle du chlore, de Z = 17, ( K )2 ( L )8 ( M )7 .

Les différents modèles de l’atome


Les principaux modèles modernes de l’atome sont représentés sur la figure 11.3, page suivante. Le modèle de
Thomson (1904) est dit « modèle du plum-pudding » (gâteau aux prunes) car l’atome était vu comme un ensemble
d’électrons (représentés par les prunes) noyés dans un milieu chargé positivement. Rutherford mit en évidence
l’existence du noyau et en déduisit son modèle planétaire (1911), dans lequel les électrons tournent autour d’un
noyau positif. Ce modèle est amélioré par Bohr (1913) pour rendre compte de la quantification de l’énergie des
électrons : ceux-ci ne peuvent décrire que certaines orbites circulaires autour du noyau. Enfin, le modèle actuel de
l’atome est formé en 1924, en prenant en compte le caractère ondulatoire des électrons dans le modèle de Bohr.

160
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

a b
Figure 11.3 

c d
Différents modèles de l’atome : le modèle de Thomson (a), le modèle de Rutherford
(b), le modèle de Bohr (c), le modèle actuel (d).

La notion de modèle en sciences


Le modèle de l’atome de Bohr a amélioré le modèle de Rutherford qui représentait lui-même une avancée par rap-
port au modèle de Dalton. Pourtant ce modèle est faux ou plutôt insuffisant. S’il prend en compte la quantification
de l’énergie, il n’est pas compatible avec un autre postulat de la mécanique quantique, la dualité onde-corpuscule.
Cette hypothèse, due à Louis de Broglie, implique que l’on ne peut plus décrire un électron en fonction de sa po-
sition et de sa vitesse mais qu’il est plus judicieux de le décrire par une fonction d’onde. Schrödinger utilise cette
hypothèse pour compléter le modèle de Bohr et déterminer l’équation permettant de calculer la fonction d’onde et
l’énergie des électrons. Si ces notions sont au-delà de l’objectif de ce livre, l’histoire du modèle atomique illustre
bien la notion de modèle en sciences (voir chapitre 3). Un modèle est une représentation d’une partie de l’univers
physique, par exemple ici un atome. Il doit reproduire au moins une partie des propriétés de l’objet représenté et
cette représentation doit être cohérente avec les données de la science. Surtout, un modèle scientifique est réfutable :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

si de nouvelles données expérimentales viennent contredire un modèle, il faut l’améliorer ou en changer. C’est ce
qui est arrivé au modèle de Bohr, incompatible avec les travaux de de Broglie.

3.3 L’atome quantique dans la classification de


Mendeleïev
3.3.1  Un ordre suivant Z
La classification originelle de Mendeleïev repose sur l’ordre des masses ato-
miques : à l’époque de sa conception, le modèle quantique de l’atome n’est pas
encore connu. C’est Henry Moseley, collaborateur de Rutherford, qui démontrera

161
Partie 4   Chimie

expérimentalement en 1913 l’origine des incohérences de ce classement en fonction


des masses : les éléments ne doivent pas être ordonnés en fonction de leur masse
mais en fonction de leur numéro atomique Z. Si le cobalt a une masse légèrement
supérieure à celle du nickel, son numéro atomique est lui de 27, juste inférieur à
celui du nickel (28). Ordonner les éléments en fonction de Z et non plus de la masse
atomique rend plus cohérente la classification périodique. C’est cette version de la
classification (figure 11.4) qui est encore en usage aujourd’hui.
3.3.2  La classification expliquée
Le modèle quantique de l’atome permet également d’expliquer une autre caractéris-
tique fondamentale de la classification, la périodicité des propriétés chimiques. Si
on prend l’exemple des trois premiers éléments de la première colonne, on constate
que les répartitions électroniques présentent une caractéristique commune :
– hydrogène (K)1 ;
– lithium ( K )2 (L)1 ;
– sodium ( K )2 ( L )8 (M)1 .
Ces éléments ont tous un seul électron sur la dernière couche occupée et cela est
vrai pour tous les autres éléments de cette colonne. Cette caractéristique se retrouve
pour toutes les familles chimiques, c’est-à-dire dans toutes les colonnes du tableau
périodique : tous les éléments d’une même famille chimique ont le même nombre
d’électrons sur leur dernier niveau électronique. Les propriétés chimiques d’un
élément sont donc liées à l’occupation du dernier niveau de leur configuration
électronique, encore appelée couche de valence.
Une ligne de la classification périodique regroupe quant à elle tous les éléments
ayant la même dernière couche occupée dans leur configuration électronique. Cette
couche de valence se remplit lorsqu’on parcourt la période de la gauche vers la
droite du tableau. La première ligne ne comporte ainsi que deux éléments : l’hy-
drogène et l’hélium. Cette 1re ligne est en effet celle des éléments dont la couche
de valence est la couche K. Comme cette couche peut être occupée au maximum
par deux électrons, cette ligne ne peut donc pas compter plus de deux éléments.
En revanche, la deuxième ligne correspond au remplissage de la couche L et va
donc pouvoir compter 8 éléments.
L’organisation générale de la classification périodique est résumée sur la figure 11.5.
Connaître cette organisation, c’est pouvoir prévoir une grande partie des pro-
priétés des éléments, simplement en regardant leur position dans le tableau
périodique.

Exemple
Le lithium est l’élément utilisé dans la quasi-totalité des batteries modernes, c’est aussi un
élément relativement rare. Le sodium est lui beaucoup plus abondant et facile à exploiter,
et comme il appartient à la même colonne, c’est-à-dire à la même famille chimique que
le lithium, il va présenter des propriétés analogues. En conséquence, une des voies de re-
cherche en développement est la mise au point de batteries au sodium pour remplacer les
batteries au lithium.

162
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

Figure 11.4    Tableau périodique des éléments chimiques.

163
Partie 4   Chimie

Figure 11.5 

Organisation du tableau périodique.

Couches et sous-couches
Le raisonnement précédent ne fonctionne plus au-delà de la deuxième période de la classification : si on observe
la troisième ligne d’une classification, on s’attend à compter 18 éléments puisque la couche M peut être occupée
au maximum par 18 électrons. Or, la période commençant au sodium ne comporte que 8 éléments... L’incohérence
n’est qu’apparente : pour expliquer la disposition des éléments dans l’ensemble du tableau, il faut aller au-delà du
modèle simplifié basé sur le seul nombre quantique n. Les électrons sont en effet définis par trois autres nombres
quantiques, dont le nombre quantique azimutal l qui va être à l’origine de l’existence de sous-couches pour une
même couche n. Ce nombre quantique dépend de n selon la formule l = 0, . . . n - 1. Cela signifie que pour une
valeur de n donnée, l peut prendre toutes les valeurs entières entre 0 et n - 1. Ainsi, lorsque n = 1, la seule valeur
autorisée pour l est 0. Pour ce niveau, il n’y a donc qu’une sous-couche, notée s. Lorsque n = 2, il y a deux valeurs
possibles pour l : l = 0, ce qui correspond à une sous-couche s mais aussi l = 1, ce qui correspond à une deuxième
sous-couche notée p. Les notations d’un certain nombre de sous-couches sont données dans le tableau 11.2. Chaque
sous-couche l peut être occupée au maximum par 2(2l + 1) électrons : la sous-couche s sera occupée au maximum
par 2 électrons, la sous-couche p par 6 électrons, etc. La couche K (n = 1) ne comprend qu’une seule sous-couche
s et donc au maximum 2 électrons, tandis que la couche L (n = 2) se divise en deux sous-couches s et p, peuplées
respectivement au maximum par 2 et 6 électrons : on retrouve bien le maximum de 8 électrons peuplant cette
couche L, conformément à ce qui a été établi précédemment. La troisième ligne du tableau périodique correspond
au remplissage des sous-couches s et p de la couche M. La sous-couche d, dernière sous-couche de M, est quant à
elle reportée sur la quatrième ligne, et la troisième période ne contient en réalité donc que 8 éléments..

Tableau 11.2  Notations des sous-couches électroniques.

Valeur de l 0 1 2 3
Nom de la sous-couche s p d f

164
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

4 Prévoir les propriétés des éléments


4.1 Le lien entre structure électronique
et propriétés chimiques
Les éléments de la dernière colonne du tableau périodique sont appelés les gaz
nobles. Auparavant, les éléments de cette famille chimique étaient appelés les gaz
rares. Pourtant, certains ne sont pas vraiment rares : l’argon par exemple représente
près de 1 % de la composition de l’atmosphère terrestre. Cependant, on les pensait
rares car ils ne réagissent pas ou peu avec les autres éléments. Il est pratiquement
impossible pour eux de se lier à d’autres éléments, ce qui rend difficile leur mise
en évidence. Cette absence de réactivité doit donc trouver sa source dans la confi-
guration électronique de la couche de valence de ces éléments. Or, la dernière case
d’une ligne de la classification périodique correspond au remplissage maximum
d’une couche électronique. On dit encore que ce sont des éléments à couche com-
plète. On verra au chapitre suivant quelles conséquences cette particularité aura
pour la liaison chimique.

Les grandes familles chimiques


– Les alcalins : ce sont les éléments de la première colonne du tableau périodique. Ils se présentent sous la forme
de solides métalliques brillants et mous, de point de fusion peu élevé. Ils réagissent fortement avec les halogènes
(cf. ci-dessous) mais aussi avec l’eau. On les conserve donc dans de l’huile de paraffine par exemple pour les
préserver de l’humidité. L’hydrogène, bien que figurant en tête de la colonne des alcalins ne fait pas partie de
cette famille chimique.
– Les alcalino-terreux : cette famille regroupe les six éléments de la deuxième colonne de la classification pério-
dique. Ils se présentent comme des solides métalliques argentés et malléables. Les oxydes d’alcalino-terreux sont
particulièrement résistants à la chaleur.
– Les halogènes : c’est la famille chimique à laquelle appartient le chlore et qui est située dans l’avant-dernière
colonne de la classification. Leur nom provient de leur capacité à engendrer («-gène ») des sels (« halo »). Ils sont
en effet particulièrement réactifs, non seulement avec les métaux mais aussi avec presque tous les autres éléments,
y compris avec un gaz noble, le xénon, dans le cas du fluor.
– Les gaz nobles : ils sont situés dans la dernière colonne du tableau périodique. Le nom de ces éléments est dû à
leur absence quasi-totale de réactivité avec les autres éléments : par analogie avec les métaux dits « nobles » que
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sont l’or, l’argent et le platine, très difficilement oxydables, ils ont été nommés gaz nobles.

Les atomes de sodium et de chlore, eux, peuvent se lier entre eux pour former un
solide blanc qui est connu sous le nom de sel de table. Si on dissout quelques grains
de sel dans l’eau, les cristaux de sel se dissocient en ions sodium Na+ et chlorure
Cl−. Si on laisse l’eau s’évaporer, comme dans les marais salants, les cristaux de
sel vont se reconstituer identiques à ce qu’ils étaient avant la dissolution à partir
de Na+ et de Cl−. Pourquoi ces ions plutôt que Na2+, Cl+ ou Cl2− ? Examinons la
configuration électronique de Na+ : elle est obtenue en enlevant un électron à la
configuration de Na, soit ( K )2 ( L )8, qui est aussi celle d’un gaz noble, le néon. La
configuration électronique de l’ion chlorure Cl− est aussi celle d’un gaz noble,
l’argon. Ces deux exemples illustrent une des règles principales qui vont permettre
d’expliquer la réactivité des éléments.

165
Partie 4   Chimie

Règle de stabilité
Les éléments vont avoir tendance à perdre ou à gagner un ou plusieurs électrons de
façon à se rapprocher de la configuration électronique du gaz noble le plus proche.

Les éléments situés sur la gauche du tableau périodique ont tendance à perdre des
électrons pour se rapprocher de la structure du gaz noble qui les précède dans la
classification. Les éléments situés à droite ont tendance à gagner un ou plusieurs
électrons pour se rapprocher de la configuration électronique du gaz noble qui les suit.
Le nombre d’électrons gagnés ou perdus dépend de la colonne où se trouve l’élément.

Exemple
Le magnésium est dans la deuxième colonne du tableau périodique. Il devra perdre 2 élec-
trons pour atteindre la configuration électronique du néon et former Mg2+. L’oxygène est,
lui, dans l’antépénultième colonne du tableau (colonne 16). Cet élément devra quant à lui
gagner 2 électrons pour atteindre la configuration électronique du néon et former O2−. On
peut comprendre suivant ce raisonnement pourquoi la réaction du magnésium avec l’oxygène
donnera un oxyde de formule MgO.

4.2 Métaux et non-métaux


Un métal est un matériau dont la propriété la plus connue est de bien conduire le courant
électrique, grâce à la présence d’électrons libres peu retenus par le noyau des atomes.
Or, les éléments situés sur la gauche du tableau périodique vont avoir tendance à perdre
un ou plusieurs électrons : ces éléments sont donc considérés comme des métaux en
raison de la possibilité pour eux de perdre facilement un de leurs électrons. Au contraire,
les éléments de la droite du tableau périodique vont avoir, eux, tendance à gagner des
électrons : on les appelle des non-métaux. Certains éléments ont un comportement
intermédiaire entre un métal et un non-métal : on les appelle des métalloïdes.

Figure 11.6    Répartition des métaux, des non-métaux et des métalloïdes.

166
chapitre 11  •  L’alphabet du chimiste

4.3 L’électronégativité
L’électronégativité est la capacité d’un atome à attirer à lui les électrons d’un
autre atome auquel il est lié. C’est donc en toute rigueur une notion relative et on
devrait toujours écrire « A est plus électronégatif que B ». Néanmoins, il existe des
échelles (de Pauling, de Mulliken) qui permettent de classer de manière absolue
l’électronégativité des éléments. Si ces échelles présentent quelques différences
entre elles, elles placent toutes le fluor comme l’élément le plus électronégatif.
Comment comprendre ce classement ?
Le fluor est un élément de l’avant-dernière colonne du tableau périodique. Suivant
le postulat vu plus haut, il aura donc tendance à capter un électron pour former
l’ion fluorure qui présente la configuration électronique du néon. Pourtant, les
autres éléments de cette avant-dernière colonne, celle des halogènes, sont moins
électronégatifs que le fluor. C’est encore la structure électronique des atomes qui
permet d’expliquer ce phénomène. Plus on descend dans une colonne, plus Z est
grand, ce qui signifie également que le nombre d’électrons, et donc le nombre de
couches électroniques occupées autour du noyau, augmente. Ces couches élec-
troniques supplémentaires se trouvent donc de plus en plus éloignées du noyau.
Or, comme le montre son expression (8.21), la force électrostatique qui retient les
électrons autour du noyau est inversement proportionnelle au carré de la distance
entre le noyau et l’électron. Elle devient de plus en plus faible pour des électrons
des couches externes de l’atome quand Z augmente et il devient donc de plus en
plus difficile d’attirer un électron.
Règle
En généralisant à l’ensemble de la classification périodique, on peut dire que :
– l’électronégativité augmente de la gauche vers la droite du tableau périodique ;
– l’électronégativité diminue quand on descend dans une colonne.

Suivant l’exemple de l’électronégativité, d’autres propriétés des atomes peuvent être


déduites de la position qu’occupent ces éléments dans la classification périodique.
On peut ainsi expliquer pourquoi le rayon atomique des éléments diminue de la
gauche vers la droite le long d’une ligne de la classification périodique. Si Z et
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

donc le nombre d’électrons autour du noyau augmente, ce qui devrait augmenter le


rayon atomique, l’augmentation de la charge du noyau accroît l’attraction nucléaire
sur les électrons et tend donc à les rapprocher du noyau. C’est cet effet qui domine
et entraîne l’effet net observé.

167
CHAPITRE

12 Les composés
chimiques
Il s’agit à présent de fabriquer de la matière à partir des briques de base que sont
les atomes, pour former des composés chimiques. Comme nous l’avons vu, seuls
les gaz rares ont une structure électronique stable, tous les autres atomes vont
devoir s’associer pour gagner en stabilité. En fonction de leur nature, les atomes
peuvent se lier de différentes manières et le type de liaison aura une influence sur
les propriétés des composés formés. Devant la multitude des composés naturels
ou synthétisés, il est nécessaire de disposer d’une méthode rationnelle pour les
représenter et les nommer.

1 Les différents types de liaison chimique


En examinant la configuration électronique du sodium et du chlore, il a été possible
de comprendre pourquoi les ions formés par la dissolution du sel de cuisine dans
l’eau étaient Na+ et Cl−. Ceci n’est qu’une réponse partielle à la question « que
se passe-t-il quand on dissout du sel de cuisine dans l’eau ? ». Il faut également
comprendre comment le sodium et le chlore s’unissent pour former un solide.

1.1  La liaison ionique


Puisque la dissolution du sel de cuisine dans l’eau produit des ions, on parlera de
solide ionique, c’est-à-dire de solide dans lequel les liaisons se forment entre des
ions plutôt qu’entre des atomes.
Ce type de liaison existe quand deux éléments sont d’électronégativité très différente.
C’est précisément le cas du sodium et du chlore qui se trouvent respectivement
sur la gauche et sur la droite du tableau périodique. Pour atteindre la configuration
du gaz noble le plus proche, le sodium cherche à donner un électron tandis que le
chlore cherche, lui, à en gagner un : la liaison entre ces deux éléments va donc se
faire via un échange d’électron, de l’atome le moins électronégatif vers l’atome
le plus électronégatif. On forme alors une paire d’ions de signes opposés qui vont
s’attirer sous l’effet de la force électrostatique (cf. équation 8.21 page 105).

1.2  Liaison covalente et liaison métallique


Nous venons de voir comment un transfert d’électrons d’un atome très peu élec-
tronégatif vers un atome très électronégatif permet de créer un composé stable.
Mais comment faire lorsque la différence d’électronégativité est trop faible pour

168
chapitre 12  •  Les composés chimiques

permettre un transfert électronique ? Considérons un système ne contenant que


des atomes de chlore. Chacun des atomes de chlore cherche toujours à gagner un
électron pour atteindre la configuration électronique de l’argon. Mais puisqu’aucun
d’entre eux ne peut attirer à lui un électron porté par les autres atomes, chaque
atome va devoir s’associer avec un autre atome de chlore en mettant en commun
un électron de sa couche de valence. La couche de valence de chaque atome de
chlore est donc complétée par un électron provenant de l’autre atome de chlore.
On parle alors de liaison covalente. Elle est formée par une paire d’électrons
dont la moitié exactement est fournie par chacun des deux atomes liés. Un groupe
d’atomes liés par des liaisons covalentes forme une molécule. Ce type de liaison
est dite strictement covalente lorsqu’elle se forme entre des non-métaux ayant la
même électronégativité comme par exemple dans les molécules de dihydrogène,
de dioxygène et de diazote.

Définition
Pour certains éléments de la classification périodique, cette tendance à se rapprocher de la
configuration électronique du gaz noble le plus proche est une règle à laquelle ils ne dérogent
1. Il existe quelques jamais1. Il s’agit des derniers éléments de la deuxième ligne du tableau périodique : le car-
composés très par­ bone, l’azote, l’oxygène et le fluor. Quelles que soient les conditions, ces quatre éléments vont
ticuliers du carbone toujours compléter la couche externe de leur configuration électronique qui comptera donc
appelés carbocations toujours 8 électrons. On dit alors que ces éléments respectent la règle de l’octet. Les autres
qui dérogent à cette éléments de cette deuxième ligne suivent généralement cette règle mais il existe des exceptions.
règle.
L’hydrogène peut compléter sa couche de valence à 2 électrons au maximum : par analogie,
on parle parfois pour cet élément de règle du duet. Pour les éléments respectant la règle de
l’octet ou du duet, on remarque alors que le nombre de liaisons à établir correspond au nombre
d’électrons nécessaires à chaque élément pour atteindre la structure du gaz rare qui le suit soit
1 liaison pour H, 2 liaisons pour O, 4 liaisons pour C et 3 liaisons pour N.

2. Cette liaison était Il existe un autre type de liaison covalente, la liaison covalente de coordination2.
autrefois connue sous Dans ce type de liaison, les deux électrons sont issus d’un seul des deux atomes
le nom de liaison dative liés mais sont toujours partagés entre les deux atomes, à la différence d’une liaison
et ce terme peut encore ionique où les électrons sont transférés d’un atome à l’autre (de l’atome le moins
apparaître dans certains
ouvrages.
électronégatif vers le plus électronégatif).
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Propriétés des solides ioniques et moléculaires


En fonction de la nature des liaisons entre les atomes, les solides vont présenter des propriétés différentes.
– Les solides ioniques : comme NaCl, ces solides sont formés d’un empilement d’ions, unis par une forte attraction
entre ions positifs (cations) et ions négatifs (anions). Ce type de liaison donne aux solides ioniques une grande
dureté : ils cassent au lieu de se déformer. La raison est facile à comprendre : si on applique une force sur un solide
ionique, on va rompre l’arrangement des ions entre eux et donc bouleverser l’équilibre des force électrostatiques.
Les liaisons se rompent alors brutalement. C’est également en raison des fortes interactions électrostatiques que
les solides ioniques présentent des points de fusion élevés (800 °C pour le chlorure de sodium). Le passage de
l’état solide à l’état liquide suppose de séparer des ions fortement liés.

169
Partie 4   Chimie

– Les solides moléculaires : ces solides sont constitués de molécules liées entre elles par des interactions d’origine
électrostatiques (appelées interactions intermoléculaires - voir ci-après). Ces interactions sont beaucoup plus
faibles que les liaisons covalentes métalliques ou ioniques, ce qui explique que les solides moléculaires ont des
températures de fusion faibles par rapport aux autres types de solides et que beaucoup de composés moléculaires se
trouvent à l’état liquide ou gazeux dans les conditions usuelles de température et pression. On peut citer l’exemple
de la glace qui est un solide moléculaire constitué de molécules d’eau ou du sucre qui est un solide moléculaire
constitué de molécules de saccharose.

Mais que se passe-t-il entre des métaux, par exemple deux atomes de sodium, qui,
eux, ont plutôt tendance à vouloir se défaire de leurs électrons de valence ? Comme
dans le cas du chlore, il n’y a pas de différence d’électronégativité permettant un
transfert d’électron mais à la différence du chlore toutefois, les atomes de sodium
vont avoir tendance à facilement donner un électron pour former des paires (Na+ +
1 électron). Dans le sodium métallique, on va donc trouver des ions Na+, entourés
d’électrons qui constituent ce qu’on qualifie parfois de « mer d’électrons ». Les
3. Vous remarquerez charges négatives de ces électrons vont permettre de limiter la répulsion entre les
que ces trois éléments
appar tiennent à la ions Na+ pour assurer la cohésion du matériau. Cette liaison s’appelle la liaison
même famille chimique. métallique. Elle n’existe que dans l’état solide ou liquide.

Propriétés des solides covalents et métalliques


– Les solides covalents : il existe très peu de solides strictement covalents, c’est-à-dire constitués du même élément.
Ce sont essentiellement les deux formes du carbone que sont le graphite et le diamant, le silicium et le germanium3.
Les liaisons covalentes sont des liaisons fortes comme les liaisons ioniques, et le point de fusion de ces solides est
encore plus élevé que celui des solides ioniques (>1000°C). Ce sont également des matériaux durs et cassants. Ce
sont généralement des isolants électriques, c’est-à-dire des matériaux qui s’opposent au passage du courant électrique.
La silice, SiO2, est un matériau considéré comme covalent et utilisé en électronique pour ses propriétés électriques.
– Les solides métalliques : outre leurs propriétés électriques, ces solides sont également ductiles, c’est-à-dire étirables
et déformables. L’explication de cette propriété se trouve dans la nature de la liaison métallique. Contrairement
à un solide ionique, un métal est formé uniquement d’ions positifs (cations) au sein d’une matrice d’électrons
chargés négativement. Si on exerce une pression sur un métal, les cations vont se déplacer mais la modification
des forces électrostatiques est immédiatement compensée par les électrons. Contrairement aux solides ioniques,
il n’y a pas de rupture brutale mais une déformation du solide métallique.

4. S’il est difficile de


quantifier une différence
moyenne, on s’accorde 1.3  La liaison polarisée
en général à considérer
qu’une liaison est ionique La liaison ionique et la liaison covalente sont deux cas extrêmes de liaison chimique,
quand la différence la première entre deux atomes d’électronégativité très différentes, la deuxième
d’électronégativité entre entre deux atomes identiques. Cependant, la plupart des liaisons se placent entre
les deux atomes impliqués ces deux extrêmes, car elles concernent des atomes dont la différence d’élec-
est supérieure à 1,7. Elle tronégativité est moyenne4 : il s’agit des liaisons polarisées ou iono-covalentes.
sera considérée comme Dans ce type de liaison, la différence d’électronégativité entre les atomes n’est
essentiellement covalente
pas suffisante pour permettre le transfert d’un électron vers l’atome le plus élec-
lorsque la différence
d’électronégativité reste tronégatif mais elle autorise tout de même un transfert électronique partiel. Mais
inférieure à 0,4. comment peut-on transférer une partie seulement d’un électron ? Si cela paraît

170
chapitre 12  •  Les composés chimiques

impossible en mécanique classique, il faut se souvenir qu’un électron obéit aux


lois de la mécanique quantique et en particulier à la dualité onde-corpuscule. On
parlera donc plutôt à son sujet de fonction d’onde et de probabilité de présence
que de position. Pour illustrer ce comportement, l’image du nuage électronique
est souvent employée par analogie : les zones pour lesquelles la probabilité de
présence de l’électron est forte sont comparables aux parties denses d’un nuage.
Un nuage n’a pas de limites nettement définies mais devient de moins en moins
dense près de ses bords, comme la probabilité de présence d’un électron décroît vers
zéro à grande distance du noyau. Comme un nuage, la fonction d’onde décrivant
un électron peut se déformer vers l’atome le plus électronégatif, en augmentant
ainsi la probabilité de présence de l’électron autour du noyau de cet atome. La
déformation génère une charge partielle (q = -δ e avec δ ∈[0,1] c’est-à-dire une
charge comprise entre 0 et –e, charge d’un électron) autour du noyau de l’atome le
plus électronégatif. En contrepartie, il y a une diminution ou déplétion de la charge
autour du noyau de l’atome le moins électronégatif : la charge positive du noyau
n’est alors plus compensée exactement et l’atome apparaît chargé positivement.
Il se crée alors un dipôle entre les deux atomes liés, même si la molécule reste
globalement neutre. Un exemple typique de ce type de liaison se rencontre dans la
molécule de chlorure d’hydrogène HCl, où la différence d’électronégativité entre
l’hydrogène et le chlore est voisine de 0,96. On peut également citer la molécule
d’eau. L’évolution de la répartition des électrons d’une liaison covalente à une
liaison ionique, en passant par la liaison polarisée, est représentée schématique-
ment sur la figure 12.1.

Figure 12.1 
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Représentation schématique de la répartition du nuage électronique dans une


liaison covalente, une liaison polarisée et une liaison ionique.

1.4  Le moment dipolaire


Dès qu’une liaison est polarisée, il se crée une séparation de charge ou un dipôle
électrostatique entre les deux atomes liés. Ce dipôle est à l’origine d’un vecteur

moment dipolaire, noté µ et dirigé du pôle négatif vers le pôle positif de la liaison
(figure 12.2). La norme de ce vecteur est égale au produit de la distance entre les
noyaux par la charge électronique transférée. L’unité SI du moment dipolaire est
donc le coulomb mètre (C ⋅ m). Il est néanmoins fréquemment exprimé en debye
(D), 1D = 3,335 × 10−30 C ⋅ m. L’existence de moment dipolaire entre deux atomes
ne suffit cependant pas pour que l’ensemble d’une molécule présente un moment

171
Partie 4   Chimie

dipolaire permanent. Les deux exemples de la figure 12.3 montrent que la géométrie


des molécules va jouer un rôle dans l’apparition d’un moment dipolaire permanent.

Figure 12.2 

Représentation schématique du moment dipolaire créé


par une séparation de charge entre deux noyaux.

Figure 12.3 

Conditions d’existence d’un moment dipolaire dans une molécule.

1.5  Les liaisons intermoléculaires


Les liaisons évoquées précédemment sont des liaisons fortes, capables d’assurer la
cohésion d’un solide comme NaCl ou de molécules comme les molécules d’eau.
Ce sont des forces dites intramoléculaires car elles unissent les atomes dans les
molécules et les solides. Il existe d’autres forces, beaucoup plus faibles, qui vont,
elles, jouer un rôle par exemple dans la cohésion des liquides ou solides moléculaires
car elles s’exercent entre les molécules. Elles sont donc dites intermoléculaires.
Ces forces peuvent être distinguées en différents types mais toutes trouvent leur
origine dans la distribution probabiliste des électrons autour des noyaux, illustrée
précédemment par l’image du nuage électronique et de sa déformation.
1.5.1  Les forces de van der Waals
Ces forces sont très faibles (environ 10 nN ) et agissent à très courtes distances
mais leurs effets peuvent être spectaculaires. Ce sont en effet ces forces qui sont à
l’origine des capacités des geckos à adhérer fortement à différents types de surfaces.
Elles se décomposent en trois termes.
•• Les forces de Keesom : ces forces de nature électrostatique résultent de l’interaction
entre des dipôles permanents, qui ne peuvent exister que si les deux molécules
sont polaires.
•• Les forces de Debye : toutes les molécules, même apolaires, sont polarisables c’est-
à-dire que leur nuage électronique peut se déformer, par exemple sous l’influence
d’un dipôle (ou d’un multipôle). Il se crée alors un dipôle induit, transitoire, qui
va interagir avec le dipôle permanent d’une molécule polaire voisine.
•• Les forces de London : elles peuvent exister entre tous les types de molécules,
y compris entre des molécules sans liaisons polaires car elles sont dues à des
interactions entre dipôles instantanés créés par les fluctuations constantes

172
chapitre 12  •  Les composés chimiques

de la distribution électronique. Ces forces sont d’autant plus intenses que les
molécules sont plus polarisables, c’est-à-dire que le nuage électronique (et donc
la molécule) est de taille importante.
1.5.2  Les liaisons hydrogène
Cette liaison résulte de l’interaction, essentiellement électrostatique, entre un atome
d’hydrogène engagé dans une liaison polarisée et un atome très électronégatif
parmi l’oxygène, l’azote ou le fluor. Ces liaisons sont les plus fortes des liaisons
intermoléculaires et jouent un rôle fondamental dans les propriétés de l’eau et dans
la structure de molécules biologiques comme l’ADN ou les protéines par exemple.

2 Écrire des formules chimiques


Dans le chapitre introductif, nous avons rappelé la nécessité d’être rigoureux et
de respecter les conventions dans le cadre d’un formalisme commun. En chimie
comme dans les autres disciplines représentées, le traitement des aspects quantitatifs
utilise le formalisme mathématique (voir chapitre 14) mais il existe également un
formalisme propre à la représentation des composés chimiques.

2.1  Convention d’écriture d’une formule brute


La formule brute d’un composé chimique donne la liste des éléments constitutifs
en précisant la quantité de chaque élément.
•• Chaque élément y est représenté par son symbole : une ou deux lettres, la première
est toujours en majuscule et la seconde en minuscule le cas échéant. On écrira
donc NaCl est non NACL.
•• Les quantités de chaque élément sont indiquées en indice à la suite du symbole.
Exemple : H2O et non H2O ou H2O pour indiquer que la molécule d’eau contient
2 atomes d’hydrogène et 1 seul d’oxygène (notation implicite).
•• Il existe plusieurs règles conventionnelles établies par l’IUPAC (International
Union of Pure and Applied Chemistry) qui contrôlent l’ordre dans lequel les
atomes doivent être cités. Par exemple, pour un composé ionique, on citera d’abord
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

le cation puis l’anion, NaCl et non ClNa. Pour les molécules, les conventions
se basent sur l’ordre alphabétique ou l’ordre d’électronégativité mais avec des
cas particuliers notamment pour l’hydrogène ou le carbone. Ainsi c’est souvent
l’usage qui permet de savoir qu’on préfère H2O à OH2 et NH3 à H3N.
•• Dans le cas d’un ion, la charge globale est notée en exposant, à la suite de la
formule brute en indiquant le signe à la fin : SO 24− et non SO 4−2.

2.2  Formule développée


La formule brute ne donne qu’une information sur la composition et la stœchio-
métrie (proportion de chaque élément) d’un composé mais elle n’apporte pas d’in-
formation sur la façon dont les atomes sont liés entre eux dans le cas de composés
moléculaires. Une même formule brute, CHNO correspond en fait à deux façons

173
Partie 4   Chimie

de lier les atomes entre eux tout en respectant la règle de l’octet. Nous avons vu
précédemment que ces éléments C, H, N et O tendaient à établir respectivement 4,
1, 3 et 2 liaisons. Les deux formules suivantes respectent ces conditions :
H − N = C = O     H − O − C ≡ N
Ce type de représentation qui indique comment les atomes sont liés entre eux est
appelée formule développée. Les traits représentent les liaisons covalentes entre
les atomes. Un trait simple – figure une liaison simple, deux traits = une liaison
double, trois traits ≡ une liaison triple.

Définition
Nous venons de voir sur l’exemple de CHNO qu’une même formule brute pouvait correspondre
à deux formules développées différentes. On parle de molécules isomères.

2.3  Formule de Lewis


On peut éventuellement compléter ce type de représentation en indiquant les élec-
trons non liants sur chaque atome. Si on conserve l’exemple précédent, il reste
deux électrons non liants sur l’atome d’azote et quatre sur l’atome d’oxygène d’où
les représentations suivantes :

    
Cette représentation s’appelle formule de Lewis. Elle permet de vérifier facilement :
•• que tous les atomes sauf H, respectent ici la règle de l’octet puisqu’ils sont
entourés de 4 doublets d’électrons (soit 8 électrons) ;
•• que H respecte la règle du duet (1 doublet soit 2 électrons) ;
•• que les atomes ne portent pas de charge car si on décompte le nombre de leurs
électrons non liants (électrons des doublets non liants) et liants (moitié des
électrons des liaisons dans lesquels ils sont impliqués), on retrouve le nombre
d’électrons de l’atome neutre.
Cette représentation de Lewis permet également de comprendre la géométrie des
molécules. En effet, les doublets électroniques liants et non liants qui entourent
un atome ont tendance à se repousser électrostatiquement et à se disposer dans
l’espace de façon à minimiser leur répulsion. Cette méthode de détermination de la
géométrie en première approximation s’appelle la VSEPR (Valence Shell Electron
Pair Repulsion pour répulsion des paires électroniques de valence). Elle permet par
exemple d’expliquer pourquoi la molécule d’eau est coudée alors que la molécule
de dioxyde de carbone est linéaire.

Cela peut avoir des implications importantes sur la propriété des molécules. En
tenant compte des polarisations des différentes liaisons, on peut ainsi conclure

174
chapitre 12  •  Les composés chimiques

que la molécule d’eau sera polaire puisque les barycentres des charges positives
et négatives ne sont pas confondus tandis que la molécule de dioxyde de carbone
sera apolaire.

2.4  Molécules organiques et représentations


condensées
Ces représentations en formule développée plane ou de Lewis apportent beaucoup
d’informations mais deviennent fastidieuses à écrire lorsque la molécule contient
un grand nombre d’atomes.
C’est par exemple le cas de certaines molécules carbonées. Les atomes de carbone
ont la particularité de pouvoir former des chaînes carbonées en s’enchaînant les
uns aux autres grâce à des liaisons covalentes.
Ces chaînes carbonées de longueurs et de formes variables constituent le squelette
caractéristique des molécules dites organiques. Ce squelette peut selon les cas :
•• être linéaire

•• être ramifié

•• contenir des liaisons multiples


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

•• contenir des cycles

175
Partie 4   Chimie

On remarque que, dans chaque exemple, l’ajout d’atomes d’hydrogène permet à


chaque carbone d’établir quatre liaisons et respecter ainsi la règle de l’octet. Outre
les éléments carbone et hydrogène, les molécules organiques peuvent également
contenir d’autres non-métaux (halogène, oxygène, azote, soufre, phosphore et
silicium).
Pour simplifier la représentation des molécules organiques, on utilise parfois
des notations plus condensées dont quelques exemples sont donnés dans le
tableau 12.1:
•• dans une formule semi-développée, les liaisons avec les atomes d’hydrogène ne
sont plus représentées par des traits. Les atomes d’hydrogène sont directement
indiqués par leur symbole à côté de l’atome auquel ils sont liés en précisant en
indice leur nombre ;
•• dans une formule topologique, les atomes de carbone et d’hydrogène (sauf
ceux qui ne sont pas liés à un carbone) ne sont plus explicitement indiqués.
Seuls sont indiqués la structure du squelette de la molécule (constitué par les
traits symbolisant les liaisons carbone-carbone) et le cas échéant, les groupes
d’atomes faisant intervenir des hétéroatomes (atomes qui ne sont des atomes ni
de carbone, ni d’hydrogène).

Les molécules ont aussi un arrangement dans l’espace que les formules brutes
ou développées n’indiquent pas. Il faut alors utiliser des représentations en
perspective (comme sur la figure 12.4 ) ou des modèles moléculaires (exemple :
modèle éclaté et modèle compact) pour intégrer cet aspect.

Figure 12.4 

Représentation en perspective (modèle de Cram) de la molécule de méthane


CH4. Le carbone est au centre d’un tétraèdre régulier. Les atomes H3 et H4 sont
représentés respectivement vers l’avant et vers l’arrière du plan formé par CH1H2.

3 Nommer les composés


3.1  Noms usuels (ou triviaux) et nomenclature
systématique
Les composés chimiques ont été utilisés bien avant que nous n’ayons la moindre
connaissance de leur composition. Les premières dénominations étaient donc
arbitraires et parfois multiples pour désigner les différentes substances chimiques

176
chapitre 12  •  Les composés chimiques

Tableau 12.1  Comparaison de différentes représentations


de quelques molécules organiques.

Formule développée plane Formule semi-développée Formule topologique

connues. On a par exemple appelé sel la substance solide obtenue par évaporation
de l’eau de mer dès l’Antiquité. Toutefois, nous venons de voir qu’il existe une
infinité de façons d’assembler les différents éléments du tableau périodique. Il
nous faudrait donc imaginer une infinité de termes pour désigner tous les compo-
sés chimiques. Il est donc rapidement apparu nécessaire de mettre en place une
nomenclature systématique qui désigne de façon univoque un composé donné.
L’IUPAC (International Union of Pure and Applied Chemistry) est actuellement
reconnue comme l’autorité mondiale en nomenclature chimique.
La nomenclature systématique doit traduire la composition chimique d’un composé.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Ainsi le terme chlorure de sodium permet contrairement au terme sel de rendre


compte du fait que ce composé est constitué des éléments chlore et sodium. Atten-
tion, toutefois, ce n’est pas parce que des composés ont des noms présentant des
similitudes que leurs propriétés sont comparables. Pour s’en convaincre, il suffit
de constater que le chlorure de sodium NaCl (composé ionique très peu réactif) a
des propriétés très différentes du sodium Na (solide métallique très instable dans
l’eau) ou de l’hypochlorite de sodium NaClO (composé ionique très oxydant) ou
du dichlore Cl2 (molécule oxydante). Par contre, il présente des propriétés com-
parables avec le bromure de potassium KBr (qui ne partage pourtant aucun point
commun au niveau du nom) car lui aussi est issu de l’association d’un halogène
avec un alcalin.

177
Partie 4   Chimie

Tableau 12.2  Comparaison entre nomenclature courante et nomenclature


usuelle pour quelques composés courants.

Nom courant Nom systématique Formule chimique


Sel Chlorure de sodium NaCl
Soude Hydroxyde5 de sodium NaOH
Potasse Hydroxyde de potassium KOH
Chaux Oxyde6 de calcium CaO
Ozone Trioxygène O3
Eau Monoxyde de dihydrogène H 2O

5. hydroxyde désigne l’ion HO-


6. oxyde désigne l’ion O2-

Étymologie du nom des éléments


Les noms des éléments ont des origines très variées. Certains noms font référence à l’aspect de l’élément, à ses
propriétés physiques ou chimiques, d’autres à des personnages mythiques ou réels ou bien à des pays. En voici
quelques exemples.
– Chlore : ce nom vient du grec khlôros qui désigne la couleur vert pâle qui est aussi celle du gaz dichlore Cl2.
–S  odium : son nom est dérivé de l’anglais soda, la soude, à partir de laquelle Sir Humphry Davy a isolé cet élément.
– Argon : le nom de ce gaz noble illustre son absence de réactivité, commune à tous les membres ou presque de
cette famille chimique. Il est en effet tiré du grec argos qui signifie paresseux, inerte.
–C  urium : le nom de cet élément est bien sûr un hommage à Pierre et Marie Curie, comme le nom de l’einsteinium
est un hommage à Albert Einstein. Rares sont les éléments qui ont été nommés d’après une personne vivante. Le
dernier exemple est l’organesson, nommé ainsi en référence au russe Iouri Organessian, découvreur du flérovium
(au Flerov Laboratory for Nuclear Reactions d’où il tire son nom).
– Tantale : ce métal porte le nom d’un demi-dieu grec, roi de Lydie, et condamné à un supplice bien connu.
Comme l’eau fuyait Tantale, les acides « fuient » ce métal, c’est-à-dire qu’ils ont du mal à l’attaquer. Ce métal
fut difficilement isolé car il se trouvait à l’état naturel en compagnie d’un autre métal aux propriétés très proches.
Cet autre élément a donc été nommé niobium, en référence à Niobée, fille du roi Tantale.

Pour pouvoir traiter toute la diversité des composés chimiques, il a été nécessaire
d’établir de nombreuses règles de nomenclature. Rappeler ces diverses règles n’est pas
l’objet de cet ouvrage. On se bornera donc à donner seulement quelques généralités. Il
existe différentes règles selon le type de composé chimique. Ainsi les composés inor-
ganiques comme NaCl n’obéiront pas aux mêmes règles que les composés organiques.

3.2  Quelques particularités de la nomenclature


en chimie organique
Schématiquement, on peut considérer que le nom se décompose en trois parties :
•• un radical dont la racine indique la longueur de la chaîne principale et dont
la terminaison précise l’existence de liaisons multiples carbone-carbone
(tableau 12.3) ;

178
chapitre 12  •  Les composés chimiques

•• des préfixes qui indiquent les positions et les types de ramifications (chaînes
carbonées, fonctions chimiques secondaires) ;
•• un suffixe qui indique la fonction principale et éventuellement sa position sur la
chaîne principale (tableau 12.4).
La méthode générale consiste donc à :
•• identifier la chaîne principale, c’est-à-dire celle qui porte les fonctions chimiques
les plus importantes (cf. § 4 de ce chapitre) ou à défaut la plus longue, et numéroter
ses atomes de carbone afin de pouvoir ensuite indiquer la position des ramifications
et des groupes fonctionnels ;
•• déterminer le radical de la chaîne carbonée principale (et éventuellement ceux
des ramifications) ;
•• ajouter au radical le suffixe correspondant à la fonction principale (en indiquant
éventuellement la position de celle-ci) ;
•• indiquer en préfixe les autres fonctions et les ramifications en précisant leur
position.

Exemple
La molécule suivante est la leucine, un des acides aminés essentiels à l’organisme humain.

La chaîne principale qui porte les deux fonctions, acide carboxylique et amine est constituée
de cinq atomes de carbone sans liaison multiple (radical : -pentan-). On la numérote en
partant de la fonction principale (acide carboxylique). Cette numérotation permet de repérer
les positions de la fonction secondaire amine sur le deuxième carbone (préfixe : 2-amino)
et de la ramification méthyl (un seul carbone) sur le quatrième carbone (préfixe : 4-méthyl).
On citera les préfixes dans l’ordre alphabétique (amino avant méthyl). Enfin, on rajoute
les caractéristiques de la fonction principale : Acide (préfixes-radical)-oïque. Son nom en
nomenclature systématique sera donc : Acide 2-amino-4-méthylpentanoïque.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Tableau 12.3  Nomenclature associée à une chaîne carbonée.

Longueur de Racine Type de chaîne Terminaison


chaîne du radical
Chaîne principale
-an(e)
1C Meth- -aucune liaison multiple
2C Eth- -au moins une liaison C=C -èn(e)
3C Prop- -au moins une liaison C≡C -yn(e)
4C But- Ramification -yl(e)
5C Pent-
(et plus) (racines grecques)

179
Partie 4   Chimie

Dans le cas des composés moléculaires, la nomenclature systématique permet donc


de donner, outre la composition chimique, des informations sur la structure et l’ar-
rangement des atomes entre eux. Beaucoup de propriétés étant liées à la présence
de fonctions particulières, le nom permet souvent de prévoir certaines propriétés.
Par exemple, nous verrons dans le chapitre suivant que les acides carboxyliques et
les amines ont des propriétés acido-basiques. On peut donc s’attendre à ce que la
leucine présente de telles propriétés.

Tableau 12.4  Quelques exemples de fonctions chimiques faisant


intervenir des hétéroéléments (dans l’ordre de priorité croissante)
et leurs nomenclatures caractéristiques.

Principale Secondaire Groupe


Fonction
(Suffixe) (Préfixe) caractéristique

Amine -amine amino

Alcool -ol hydroxy

Cétone -one oxo

Aldéhyde -al formyl

Ester -oate de -yle alkyloxycarbonyl

Acide carboxylique (acide) -oïque carboxy

180
CHAPITRE Les
13 transformations
de la matière
Lorsqu’on dissout du sel dans l’eau, on considère deux substances chimiques, le
chlorure de sodium solide et l’eau liquide que l’on va mélanger. Le résultat de
l’interaction entre ces deux substances va conduire à la disparition des cristaux de
sel et à la formation d’une nouvelle substance, l’eau salée. Ce processus constitue
donc une transformation de la matière. Dans ce chapitre, nous allons présenter
quelques généralités sur les différentes transformations de la matière et la façon
de les modéliser.

1 Modélisation par une équation chimique


1.1  Interprétation microscopique d’une
transformation
Au cours d’une transformation de la matière, les modifications à l’échelle macrosco-
pique s’expliquent par une modification des interactions entre les atomes constitutifs
des différentes substances chimiques. Il est donc indispensable de bien comprendre
comment les atomes interagissent entre eux pour pouvoir comprendre de quelle
manière ces interactions sont modifiées. Nous avons vu dans l’introduction comment
la dissolution du chlorure de sodium se traduit au niveau macroscopique mais qu’en
est-il au niveau microscopique ? Le chlorure de sodium NaCl, étant constitué de
deux éléments avec des électronégativités très différentes, est un composé ionique
tandis que l’eau H2O est un composé moléculaire polaire. Les charges locales
portées par les atomes d’hydrogène et d’oxygène de la molécule d’eau vont donc
pouvoir interagir avec les ions Na+ et Cl− du cristal de chlorure de sodium.

Figure 13.1 

Représentation schématique des interactions ion-dipôle entre les ions


Na+ et Cl− et les molécules d’eau polaires.

181
Partie 4   Chimie

Au cours de la transformation, certaines interactions sont donc rompues (liaisons


ioniques qui maintenaient les ions Na+ et Cl− dans le cristal) tandis que d’autres
vont être établies (interactions ions-dipôle entre Na+ et Cl− et les molécules d’eau
(polaires) représentées sur la figure 13.1). Le bilan de la réaction doit traduire de
façon schématique l’évolution du système avant et après la transformation.

1.2  Les conventions de représentation


De la même façon que des conventions ont été établies pour l’écriture des com-
posés chimiques, certaines règles d’écriture doivent être respectées pour la
représentation symbolique d’une transformation. Si on reprend l’exemple de la
dissolution du chlorure de sodium, on peut modéliser cette transformation par
l’équation chimique :
+
NaCl(s)

→ Na (aq) + Cl − (aq)

Liste des réactifs Liste des produits

Il est important de préciser entre parenthèses pour chaque réactif ou produit son
état physique :
•• (s) pour un solide ;
•• (l ) pour un liquide ;
•• (g) pour un gaz ;
•• (solv) pour une espèce solvatée ou plus couramment (aq) pour aqueux lorsque
le solvant est l’eau.

Attention à ne pas confondre l’état liquide et solvaté. Dans les deux cas, les
systèmes sont liquides mais leur nature chimique est très différente. Comme on
l’a vu précédemment, une solution de chlorure de sodium est principalement
constituée d’eau tandis que le chlorure de sodium NaCl(l) est un liquide contenant
uniquement du chlorure de sodium obtenu en portant le sel au-dessus de sa
température de fusion (environ 800 °C). Les ions Na+ et Cl− qui occupaient
des positions quasiment figées dans le cristal de sel deviennent mobiles grâce
à l’agitation thermique.

Les équations chimiques traduisent le déroulement d’une réaction chimique à la


fois qualitativement (nature et état physique des réactifs et des produits formés)
mais aussi quantitativement (quantités relatives des composés impliqués dans la
réaction). Elle permet ainsi de prévoir par exemple la quantité de produit attendu
connaissant les quantités de réactifs comme nous le verrons dans le chapitre 14.

1.3  Ajuster la stœchiométrie d’une équation


chimique
D’après le principe de conservation de la matière, aucun atome ne peut être créé
ou détruit au cours d’une réaction chimique ; seul l’arrangement des atomes est

182
chapitre 13  •  Les transformations de la matière

modifié. Le nombre d’atomes présents au début d’une réaction doit donc absolument
être égal au nombre d’atomes présents à la fin de la réaction.
Pour équilibrer une équation chimique, il est indispensable d’écrire d’abord cor-
rectement les formules chimiques de tous les composés impliqués : les réactifs à
gauche et les produits à droite. On insère ensuite des coefficients (appelés nombres
stœchiométriques νi ) devant les formules de chaque composé chimique de telle
façon que le nombre d’atomes de chaque élément soit le même de chaque côté de
l’équation. Si des corps simples interviennent dans la réaction, on déterminera en
dernier les coefficients devant ces corps car ils peuvent servir de variables d’ajuste-
ment. Pour les équations faisant intervenir des ions, on veillera à ce que les charges
soient bien équilibrées entre les réactifs et les produits afin de respecter également
le principe de conservation de la charge.

Exemple
Étudions l’exemple de la combustion totale de l’éthanol dans le dioxygène gazeux dont les
produits sont le dioxyde de carbone et l’eau.
C2 H 6 O + O 2→ CO 2 + H 2 O

Fixons le nombre stoechiométrique du composé comportant le plus grand nombre d’élé-


ments (ici, l’éthanol) à 1.

6H
2C

1  C2H6O + O2 →  2 CO2 +   3 H2O

La conservation de la matière des atomes de carbone et d’hydrogène impose alors un nombre


stœchiométrique de 2 pour CO2 et de 3 pour H2O. Cet exemple illustre la nécessité de bien
tenir compte des indices dans les formules chimiques pour déterminer les nombres stœ-
chiométriques adaptés. Il reste ensuite à utiliser la conservation de la matière pour l’atome
d’oxygène pour fixer le nombre stœchiométrique du corps simple O2.

1O 6O 4O 3O
1  C2H6O +  3   O2 →  2   CO2 +   3   H2O
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Les nombres stœchiométriques choisis pour les produits imposent 3 O2.


On voit donc que le choix initial de 1 pour C2H6O a fixé les nombres stœchiométriques
des autres composés. Il y a une relation de proportionnalité entre les différents nombres
stoechiométriques. Cette relation est appelée stœchiométrie de la réaction. L’équilibre est
conservé en multipliant ou divisant tous les nombres stœchiométriques par un même entier
strictement positif. Ici, on peut par exemple diviser tous les nombres par 3 afin de ramener
le coefficient stœchiométrique du dioxygène à 1. On obtient ainsi une autre équation valable
pour traduire la combustion de l’éthanol :
1 2
C2 H 6 O () + O 2 (g) → CO 2 (g) + H 2 O (g)
3 3

183
Partie 4   Chimie

1.4  Les conditions stœchiométriques


On dit que les réactifs sont introduits en quantités stœchiométriques, si leurs
quantités respectives sont dans les proportions données par les nombres stœchio-
métriques. Dans l’exemple précédent, pour brûler 200 molécules d’éthanol, on
détermine qu’il faudrait 600 molécules de dioxygène, d’après une simple règle de
trois (cf. § 4 du chapitre 2).

C2 H 6O ↔ O 2
1↔3
200 × 3
200 ↔ x = = 600
1

Si on introduit plus de 600 molécules de dioxygène, une partie des molécules


n’est pas consommée par la réaction de combustion et le dioxygène serait alors
dit en excès. Inversement, si on introduit moins de 600 molécules de dioxygène,
celles-ci seront toutes consommées et une partie de l’éthanol ne sera pas brûlée.
Le dioxygène est alors dit en défaut par rapport à l’éthanol.

Exemple
Supposons qu’on introduise 540 molécules de dioxygène pour 200 molécules d’éthanol. Un
des réactifs sera-t-il encore présent à la fin de la combustion ? Lequel et en quelle quantité ?
D’après les proportions, on identifie immédiatement que c’est le dioxygène qui est en défaut.
Par une règle de trois, on montre que 540 molécules de dioxygène peuvent réagir avec :
540 × 1
= 180 molécules
3
Il resterait donc 20 molécules d’éthanol qui n’auraient pas réagi à la fin de la réaction.

Le réactif qui est en défaut est aussi appelé le réactif limitant car la réaction ne
peut plus se poursuivre une fois que le réactif en défaut est totalement consommé.
Nous reviendrons plus en détail sur cette notion dans le chapitre suivant où nous
verrons comment la modélisation d’une transformation sous la forme d’une équation
permet de calculer la composition du système à tout instant de la transformation.

2 Quelques grandes catégories de transformations


2.1  Les réactions de dissolution
Nous avons déjà évoqué les réactions de dissolution avec l’exemple du chlorure
de sodium dans l’eau. De façon plus générale, une dissolution est une transfor-
mation au cours de laquelle on forme un mélange homogène en introduisant un
soluté (sous forme solide, liquide ou gaz) dans un solvant (à l’état solide ou plus
souvent liquide). Le mélange formé est alors appelé solution, et plus précisément
solution aqueuse dans le cas où le solvant est l’eau. Nous avons vu que la polarité

184
chapitre 13  •  Les transformations de la matière

de la molécule d’eau lui permet d’interagir avec les ions et donc de dissoudre des
composés ioniques tels que le chlorure de sodium.
Il est également possible d’envisager des interactions entre les molécules d’eau
et des molécules également polaires. On explique ainsi comment le sucre (cristal
moléculaire principalement constitué de saccharose dont la structure est représentée
figure 13.2) se dissout dans l’eau. Les différents groupes hydroxyle (-OH) rendent
cette molécule polaire et lui permettent donc d’interagir avec l’eau avec laquelle
s’établissent des liaisons hydrogène.

Figure 13.2 

Formule chimique du saccharose.

1. Une autre façon Au contraire, les molécules apolaires n’interagissent que faiblement avec l’eau.
d’atteindre la saturation Ainsi, les cristaux moléculaires constitués de molécules apolaires (comme par
est d’éliminer le solvant exemple un cristal de diiode I2) seront très peu solubles dans l’eau. Pour dissoudre
jusqu’à atteindre la ce type de soluté, on utilisera un solvant lui-même faiblement polaire (par exemple
concentration de satu­ le cyclohexane C6H6).
ration : c’est ainsi que
l’on récupère le sel marin La quantité de soluté solide que l’on peut dissoudre dans un solvant liquide est
dans les marais salants. limitée. Une fois qu’on atteint cette limite, on dit que la solution est saturée et la
quantité de soluté ajoutée au-delà de la saturation reste solide.1

Définition
On appelle solubilité, la quantité maximale de soluté que l’on peut dissoudre dans un litre de
solution. Son unité SI est donc le kg ⋅ m −3 mais on l’exprime usuellement en g ⋅ L−1.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Dans le cas du chlorure de sodium, la solubilité dans l’eau à 20 °C vaut 358 g de


chlorure de sodium par litre de solution. La solubilité sera d’autant plus élevée que
les interactions entre le soluté et le solvant seront importantes.

2.2  Les réactions acido-basiques


Si on considère HCl plutôt que NaCl, le soluté est totalement différent. L’hydrogène
et le chlore sont deux non-métaux qui forment une molécule. La liaison entre les
deux atomes est toutefois polarisée Hδ+− Clδ− du fait de la différence d’électro-
négativité entre les deux atomes. Lors de la dissolution du gaz HCl, cette liaison
polarisée va se rompre. Les électrons de celle-ci vont être récupérés par l’atome

185
Partie 4   Chimie

de chlore plus électronégatif. La rupture de la liaison libère donc des ions H+ et


Cl− qui vont être solvatés par les molécules d’eau. Toutefois, H+ n’est pas un ion
anodin : c’est un noyau constitué d’un seul proton sans électron autour, c’est donc
un simple proton. Il est très réactif et va s’associer à une molécule de solvant pour
former H3O+ plutôt que de rester isolé.

L’ion H3O+ est appelé l’ion hydronium. C’est un ion important en solution aqueuse
car il est à l’origine de l’acidité de la solution. Pour caractériser cette propriété
de la solution, on définit une grandeur caractéristique, le potentiel hydrogène
pH. Dans le cas d’une solution suffisamment diluée, on peut considérer que le pH
est directement relié à la concentration molaire (cf. § 1.3 du chapitre 14) en ion
hydronium [H3O+] selon la relation pH = - log [H3O+]. Cette grandeur varie de
0 à 14 dans l’eau.

Tableau 13.1  Lien entre pH et caractère acide ou basique


d’une solution aqueuse.

Valeur du pH 0 – 7 – 14

Solution acide neutre basique

[H3O+] = 10-pH (mol ⋅ L-1) >10-7 10-7 <10-7

L’eau pure a un pH de 7 soit une concentration en ions hydronium de 10−7 mol · L−1.


Comment expliquer la présence de ces ions en concentration faible mais non nulle ?
Ces ions proviennent de la réaction d’auto-protolyse de l’eau. En effet, deux mo-
lécules d’eau peuvent réagir entre elles pour échanger un proton et former ainsi un
ion hydronium H3O+ et un ion hydroxyde HO-.

Dans les deux exemples que nous venons de citer, on remarque qu’une molécule
échange un proton avec une autre molécule. On parle de réaction acido-basique.
La molécule qui fournit le proton est appelée acide et celle qui reçoit le proton est
appelée base.
− +
AH
+ B
 → A + BH
acide base

À l’issue de la transformation, on constate que les rôles sont échangés, l’acide


AH s’est transformé en une espèce A− susceptible de capter un proton (autrement

186
chapitre 13  •  Les transformations de la matière

dit une base) tandis que la base B s’est transformée en une espèce BH+ susceptible
de céder un proton (autrement dit un acide). On peut donc définir des couples
acido-basiques constitués d’un acide et d’une base dits conjugués, obtenus par
protonation/déprotonation l’un de l’autre.

déprotonation
Couple AH/A − : 
AH 

A + H
+
protonation

Attention, à ne pas confondre les adjectifs qualificatifs « acide » et « basique » se


rapportant à une solution et les substantifs « acide » et « base » caractérisant une
espèce chimique. Une solution est acide (ou basique) si son pH est inférieur (ou
supérieur) à 7 tandis qu’un acide et/ou une base caractérisent des espèces chimiques
susceptibles respectivement de céder ou capter un proton.
On remarque d’ailleurs avec l’exemple de l’auto-protolyse de l’eau qu’il est
possible pour une espèce d’être à la fois un acide (H2O dans le couple H2O/
HO−) et une base (H2O dans le couple H3O+/H2O). Les espèces à la fois acides
et bases sont appelés ampholytes ou espèces amphotères. La force d’un acide,
c’est-à-dire son aptitude à céder son ou ses protons, est une notion relative tout
comme la force d’une base (qui caractérise son aptitude à capter un proton).
L’appellation acide ou base est donc parfois une notion relative. Dans le langage
courant, lorsqu’on désigne une espèce comme acide ou basique, on considère en
général ses propriétés acido-basiques par rapport à l’eau. La molécule HCl sera
donc un acide dans l’eau (puisqu’elle cède un proton à l’eau qui le capte), son
nom “acide chlorhydrique” reflète d’ailleurs bien cette propriété. On pourrait
faire la même remarque pour les acides carboxyliques qui comme HCl présentent
une liaison fortement polarisée (-O-H) et qui vont pouvoir réagir avec l’eau
selon la réaction :

CH 3 − COOH (aq) + H 2O()  CH 3 − COO− (aq) + H 3O+ (aq)

Au contraire, les amines qui sont susceptibles de capter un proton via le doublet
non liant sur l’atome d’azote sont des espèces basiques dans l’eau :

CH 3 − NH 2 (aq) + H 2O()  CH 3 − NH 3+ (aq) + HO− (aq)


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

2.3  Les réactions d’oxydoréduction


Outre l’échange de proton que l’on vient de voir dans le cadre des réactions aci-
do-basiques, il est également possible d’envisager un autre échange de particules :
un échange d’électrons. De la même façon que nous avons défini des couples acides/
bases, on peut définir des couples oxydant (pour l’espèce qui est susceptible de
capter des électrons) et réducteur (pour l’espèce susceptible d’en céder).
L’acide éthanoïque (molécule présente dans le vinaigre) peut ainsi être obtenu par
oxydation de l’éthanol (alcool contenu dans le vin ou le cidre) :
oxydation
CH 3 CH 2OH + H 2O → CH 3 COOH + 4e − + 4H +

187
Partie 4   Chimie

Les quatre électrons libérés sont captés par un oxydant, par exemple le dioxygène
gazeux :
réduction
O 2 + 4e − + 4H + 
→ 2H 2O

Au final, on peut donc écrire le bilan suivant :

CH 3 CH 2OH + O 2 → CH 3 COOH + H 2O

De même, la réaction de combustion que nous avons évoquée plus haut peut être
considérée comme une réaction d’oxydoréduction entre les deux couples d’oxy-
doréduction CO2/C2H6O et O2/H2O.

Tableau 13.2  Analogies entre les réactions acido-basiques et d’oxydoréduction.

Acidobasicité Oxydoréduction

particule échangée proton H+ électron e-

espèce susceptible de céder


une ou plusieurs particules Acide Réducteur
capter une ou plusieurs Base Oxydant
particules
déprotonation oxydation
Demi-réactions 
AH 
 A− + H+ 
Red  
 Ox + ne −
protonation réduction

2.4  Autres réactions


Nous nous sommes limités ici à la présentation de quelques grandes catégories de
réaction mais de la même façon qu’il existe une grande diversité de composés, il
existe une grande diversité de transformations envisageables qu’il est impossible
de lister ici. De façon générale, au cours d’une transformation chimique, il y a un
déplacement d’électrons (souvent sous forme de doublets d’électrons) et pour com-
prendre une réaction, il sera souvent utile de se demander quelles sont les liaisons
fragilisées dans la molécule, quel site a tendance à attirer les électrons, quel site a
tendance à vouloir céder des électrons...

188
CHAPITRE

14 Les aspects
quantitatifs
Jusqu’à présent, nous nous sommes principalement intéressés à la description
qualitative de la matière et de ses transformations. Toutefois dans la pratique, il est
indispensable de pouvoir également aborder diverses questions quantitatives. Par
exemple, quelle quantité de sel peut-on dissoudre dans un volume d’eau donné ?
Quelle est la concentration des ions dans la solution obtenue ? Quelles sont les
quantités de réactifs et produits à l’issue d’une réaction chimique ? Pour répondre
à ces questions, nous allons redéfinir les grandeurs pertinentes et rappeler les mé-
thodes pour estimer leurs valeurs en utilisant certains outils méthodologiques et
calculatoires présentés dans la partie 1 (Méthodologie).

1 Quelques grandeurs importantes en


chimie et leurs unités
1.1  Masse et volume
La chimie est une science expérimentale. Au laboratoire, pour prélever une certaine
quantité d’une substance, on doit mesurer la masse d’un échantillon ou éventuelle-
ment son volume dans le cas d’un liquide. Il est donc important de rappeler quelques
généralités sur ces grandeurs indispensables.
1.1.1  Masse
L’instrument usuel pour estimer une masse est la balance. À partir du poids de
l’échantillon (équation 8.19, page 104), c’est-à-dire de la force qu’il exerce sur
le plateau de la balance, on peut déduire sa masse. Dans le langage courant, les
termes « poids » et « masse » sont souvent confondus mais il est incorrect de
dire « Un échantillon pèse 2,05 g », on dira plus rigoureusement « L’échantillon
a une masse de 2,05 g ». Comme il est rappelé dans la partie 1 (Méthodologie)
l’unité du système international pour la masse est le kilogramme (kg) mais dans
la pratique, le gramme (g) ou le milligramme (mg) voire le microgramme (µg)
sont plus couramment utilisés en chimie.
1.1.2  Volume
Divers instruments sont utilisés pour mesurer des volumes. Le choix de la verrerie
la plus adaptée dépendra de la précision nécessaire et du type de volume mesuré
(volume nominal contenu ou délivré) comme le précise le tableau 14.1.

189
Partie 4   Chimie

Les volumes sont généralement donnés en millilitres ou en centimètre-cube


(1 mL = 1 cm3) plutôt que dans l’unité du système international, le mètre-cube (m3).

Tableau 14.1  Les différentes verreries et leurs usages en chimie.

Type de verrerie Précision usuelle Utilisation


Bécher Très approximatif Stockage
Fiole Erlenmeyer Très approximatif Stockage
Éprouvette graduée Approximatif Prélevement d’un volume approximatif
Préparation de solution d’un volume
Fiole jaugée Précis
donnée (contenu)
Délivrer un volume précis de grande
Burette graduée Précis
quantité et/ou de façon discontinue
Pipette graduée Précis Prélever puis délivrer un volume précis
Pipette jaugée Très précis Prélever puis délivrer un volume précis

1.1.3  Masse volumique et densité


Pour une substance donnée, les deux grandeurs masse et volume sont proportion-
nelles entre elles et le coefficient de proportionnalité qui les relie est une grandeur
caractéristique.
Définition
Le rapport de la masse d’un échantillon sur son volume, est appelée masse volumique. Le
symbole usuel pour la masse volumique est ρ.

D’après sa définition, la masse volumique s’exprime en kg ⋅ m−3 en unités du


Système International mais on la trouve couramment en g ⋅ L−1 ou encore g ⋅ cm−3.

−3
1 kg 10 3 g 1g
1 kg ⋅ m = = = = 1 g ⋅ L−1
3 3 1L
1m 10 L

1 kg 103 g
1 kg ⋅ m −3 = = = 10 −3 g ⋅ cm −3
3 6 3
1m 10 cm

Cette grandeur est caractéristique d’une substance donnée à une température et une
pression données. En effet, une augmentation de température entraîne très géné-
ralement une dilatation des corps et donc une diminution de la masse volumique.
1. L’eau constitue un Cette évolution est discontinue aux températures de changement d’état mais on peut
contre-exemple re­ retenir que la masse volumique diminue faiblement lorsqu’on passe de l’état solide
marquable  : la glace
est moins dense que
à liquide (à quelques exceptions près)1 et fortement de l’état liquide à l’état gazeux.
l’eau liquide mais ce De même, la masse volumique dépend de la pression. Une augmentation de pres-
phénomène est très rare sion tend à diminuer le volume du corps et donc à augmenter sa masse volumique.
dans la nature. Toutefois, cet effet n’est vraiment significatif que dans le cas de corps gazeux.

190
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

La notion de densité est directement reliée à celle de masse volumique. Nous avons
vu qu’un corps flotte sur l’eau si sa masse volumique est plus faible que celle de
l’eau, autrement dit s’il est moins « dense » que l’eau (cf. Poids et Poussée d’Ar-
chimède dans la section 2.4 du chapitre 8).
Définition
La densité est une grandeur relative qui est définie comme le rapport de la masse volumique
d’une substance à la masse volumique d’un corps de référence pris dans des conditions de
température et pression déterminées, le corps de référence étant l’eau pure liquide pour un
corps solide ou liquide et l’air pour un gaz.

Il est à noter que la densité étant un rapport de masses volumiques, c’est un nombre
sans dimension et ses valeurs ne sont pas suivies d’une unité.
ρ
d=
ρref
avec,
ρH O (l ), ref = 1 000 kg ⋅ m −3
2

ρair sec, ref = 1,225 kg ⋅ m −3


Cette dernière valeur numérique n’est pas une connaissance attendue mais il est
intéressant de noter la différence importante de masse volumique entre un gaz
(autour du kg ⋅ m−3) et un solide ou liquide (de l’ordre 103 kg ⋅ m−3).

1.2  Quantité de matière


Il est souvent important en chimie de pouvoir comparer le nombre de molécules de
chaque espèce dans un mélange. Par exemple, dans le cadre d’une transformation,
on peut avoir besoin d’identifier quel réactif a été introduit en excès par rapport aux
conditions stœchiométriques. Or il est impossible de raisonner sur la masse (ou le
volume) car deux molécules différentes n’ont pas la même masse (ni n’occupent
le même volume). Il suffirait bien entendu de diviser les masses de chaque espèce
par la masse d’une molécule comme dans l’exemple suivant.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Exemple
Considérons par exemple un mélange contenant 10 g d’eau et 20 g d’éthanol, contient-il
davantage de molécules d’eau ou d’éthanol sachant qu’une molécule d’eau a une masse
de 2,992 × 10-26 kg et celle d’éthanol 7,650 × 10-26 kg ?
Solution. Qualitativement, on peut prévoir qu’il y aura davantage de molécules d’eau puisque
la masse d’une molécule d’éthanol vaut plus du double de celle de l’eau alors que la masse
totale d’éthanol considéré n’est que le double de la masse d’eau.
Ce que l’on peut confirmer par un calcul :
meau
N eau = = 3,34 × 10 23 molécules d’eau
m molécule, eau

méthanol
N éthanol = = 2,61 × 10 23 molécules d’éthanol
m molécule, éthanol

191
Partie 4   Chimie

On remarque que les valeurs que nous sommes alors amenés à manipuler sont soit
très élevées (comme le nombre de molécules, ici environ 1023), soit très faibles
(comme la masse d’une molécule, environ 10-26 kg).
Il est donc plus confortable de définir des « paquets » de molécules qui contiendront
tous le même nombre d’entités mais dont la masse sera plus adaptée à l’échelle
macroscopique.
Définition
De la même façon qu’on définit une douzaine comme un paquet de 12 éléments, on définit
la mole comme un paquet contenant 6,02214076 × 1023 particules. Ce nombre est appelé
constante d’Avogadro.

Cette définition de la constante d’Avogadro fait correspondre une masse d’environ


1 g à une mole de nucléons.
Définition
On définit la masse molaire d’une entité (atomes, molécules ou autres) comme la masse
d’une mole d’entités. Son symbole usuel est M et elle s’exprime couramment pour les atomes
2. Il ne s’agit que d’une et les molécules en g ⋅ mol−1.
estimation  : protons
et neutrons n’ont pas
tout à fait la même On peut ainsi facilement estimer la masse molaire M pour un atome dont on
masse et d’autre part, connaît le nombre de masse A (qui correspond pour rappel au nombre de nucléons
l’interaction forte qui dans le noyau) :
assure la cohésion du
noyau entraîne un défaut M ≈ A g ⋅ mol −1
de masse (la masse d’un
noyau est inférieure à Par exemple, l’oxygène 16O a une masse molaire d’environ2 16 g ⋅ mol−1, on retrouve
la somme des masses ainsi des valeurs comparables aux masses atomiques relatives (cf. chapitre 11). Les
de ses nucléons pris masses molaires de chaque élément sont données dans le tableau périodique en
individuellement),
tenant compte des différentes abondances des isotopes naturels.
sans compter que la
masse des électrons a On peut déterminer la masse molaire d’un composé chimique en sommant les
été négligée... masses molaires des éléments constitutifs.

Exemple
Reprenons l’exemple ci-dessus en nous basant cette fois sur le calcul du nombre de moles
de chaque molécule.
Solution. Sur le même principe que précédemment, on peut facilement déterminer le nombre
de moles d’eau et d’éthanol en divisant la masse de chaque espèce par la masse d’une mole
de chacune des molécules correspondantes.
Calculons d’abord les masses molaires de chaque molécule :

M H 2O = 2 M H + MO = 2 × 1, 0 + 16, 0 = 18, 0 g ⋅ mol −1

M C2 H6O = 2 M C + 6 M H + MO = 2 × 12, 0 + 6 × 1, 0 + 16, 0 = 46, 0 g ⋅ mol −1

On en déduit alors le nombre n de moles d’eau et d’éthanol en divisant la masse m de chaque


espèce par la masse M d’une mole de chacune des molécules correspondantes :

192
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

m (14.1)
n=
M

mH 2 O 10,0
nH 2O = = = 0,55 mol
M H 2O 18,0

mC 2 H 6 O 20
nC2 H6O = = = 0,43 mol
M C2 H 6 O 46,0

En procédant ainsi, on retrouve le résultat précédent mais en manipulant des valeurs


numériques plus aisément.
La grandeur donnant le nombre de moles est aussi appelée quantité de matière.
C’est une des grandeurs de base rappelée dans la partie 1 (Méthodologie). Elle
est usuellement symbolisée par la lettre n. Son unité est la mole dont le symbole
est « mol ».

1.3  Concentration d’une solution


Définitions
Une solution est un mélange homogène particulier dans lequel un des constituants appelé
solvant est en très large excès par rapport aux autres. Les constituants minoritaires sont ap-
pelés solutés. La concentration d’un constituant donné est définie comme la quantité de ce
constituant par unité de volume de solution. La quantité peut être caractérisée par la masse ou
la quantité de matière. On parlera respectivement de concentration massique ou concentration
en masse (exprimée couramment en g ⋅ L−1) et concentration molaire (exprimée couramment
en mol ⋅ L−1). Ces deux grandeurs sont simplement reliées par la masse molaire.

÷M

m nM n m
Figure 14.1  Cmassique = = Cmolaire = =
V V V MV
×M
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Relation entre les définitions des concentrations massique et molaire.

Notations
Au niveau des notations, la concentration molaire Cmolaire, A du composé A est
parfois notée plus simplement [A] tandis que la concentration en masse est parfois
notée tA pour « titre massique » en A.
Il existe deux méthodes de préparation d’une solution de concentration donnée
selon qu’on parte du soluté sous forme pure solide (dissolution) ou d’une solution
du même soluté mais de concentration plus élevée appelée solution-mère (dilution).
Les deux méthodes ne diffèrent donc que par la méthode de mesure et d’introduction
du soluté. La figure 14.2 permet de comparer les deux méthodes.

193
Partie 4   Chimie

DILUTION
DISSOLUTION

msoluté msoluté = Cmassique, mère × Vmère


msoluté
nsoluté = Msoluté nsoluté = Cmolaire, mère × Vmère

Vfiole Vfiole

msoluté Cmassique, mère × Vmère


Cmassique = Vfiole
Cmassique = Vfiole

msoluté Cmolaire, mère × Vmère


Cmolaire =M Cmolaire =
soluté × Vfiole Vfiole

Figure 14.2    Comparaison des deux méthodes de préparation d’une solution


par dissolution ou par dilution.

1.3.1  P
 ropriétés physiques de la solution liées à la
concentration
Plusieurs propriétés de la solution ainsi préparée sont reliées à la concentration. Il
existe plusieurs lois de linéarité entre des grandeurs caractérisant les propriétés de
la solution et la concentration en un ou des solutés, comme par exemple :
•• la loi de Beer-Lambert qui traduit la relation linéaire entre l’absorbance de la
solution et les concentrations en espèces colorées ;
•• la loi de Kohlrausch qui traduit la relation linéaire entre la conductivité ionique
de la solution et les concentrations en espèces ioniques.
Supposons que l’on cherche à doser une espèce en solution (c’est-à-dire déterminer
sa concentration en solution) et que cette espèce contribue à une des propriétés
de la solution (par exemple, si elle est colorée, elle contribue à l’absorbance de la
solution ou si elle est ionique, elle contribue à la conductivité de la solution), la
validité de ces lois sur un certain intervalle de concentrations permet d’envisager
des dosages par étalonnage.
Le tableau 14.2 illustre le principe de ces dosages avec l’exemple d’une solution
de chlorure de sodium de concentration inconnue.
Une application des dosages par étalonnage est donnée dans le chapitre 23 avec la
méthode de Bradford pour le dosage des protéines par spectrophotométrie.

194
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

Tableau 14.2  Principe d’un dosage par étalonnage.

Principe Illustration

Une solution de chlorure de sodium est


incolore (donc l’étude de l’absorbance dans
Identifier une propriété de la solution à
le visible n’a pas d’intérêt). Par contre, la
laquelle l’espèce en question contribue et
présence d’ions contribue aux propriétés
en déduire la grandeur caractéristique à
de conduction de la solution. On mesurera
étudier.
donc la grandeur conductivité ionique σ de
la solution.

À partir d’une solution de référence de


Préparer différentes solutions de concen­
concentration en chlorure de sodium, on
trations connues en cette espèce (gamme
prépare par différentes dilutions, plusieurs
étalon).
solutions de concentrations connues.

À l’aide d’une cellule de conductivité


Mesurer la grandeur caractéristique de la
reliée à un conductimètre, on mesure
propriété en question pour les solutions de
les conductivités de toutes les solutions
la gamme étalon.
préparées.

Vérifier la linéarité entre la grandeur


physique mesurée et les concentrations de On trace σ = f(CNaCl).
la gamme étalon.

La valeur de la conductivité σ pour la


Mesurer la grandeur physique carac­ solution inconnue permet de déduire
téristique de la solution inconnue et par la concentration CNaCl soit par lecture
comparaison, déduire la concentration. graphique, soit par utilisation de la
relation de linéarité.

2 Calculs basés sur la réaction chimique


Au cours d’une transformation, les quantités de matière (et donc les masses, les
concentrations…) des réactifs et produits varient. Il est important de pouvoir
quantifier ces variations.
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2.1  Avancement d’une réaction chimique et


bilan de matière
3 . At t e n t i o n , l e s
Reprenons l’exemple de la réaction de combustion de l’éthanol. Il paraît évident que
nombres stœchio­
métriques ne four­
les quantités de réactifs, éthanol et dioxygène, diminuent tandis que les quantités
nissent par contre des produits, dioxyde de carbone et eau, augmentent au cours de la transformation.
aucune information On peut également prévoir les relations qui existent entre leurs vitesses d’évolution
sur la valeur absolue relatives. En effet, les vitesses de croissance ou décroissance de toutes les quantités
des vitesse d’évolution de matière de réactifs ou produits sont liées par les nombres stœchiométriques3.
de quantité de matière. Parmi les différents réactifs ou produits, ceux dont les nombres stœchiométriques

195
Partie 4   Chimie

sont les plus élevés sont ceux dont les quantités évoluent le plus rapidement :
la quantité de dioxygène consommée sera donc 3 fois plus importante que celle
d’éthanol tandis que la quantité d’eau formée sera 1,5 fois plus importante que
celle de dioxyde de carbone pour un même intervalle de temps.

Tableau 14.3  Exemple de variation de quantité de matière Dn entre deux ins-


tants de la réaction de combustion de l’éthanol.

C2H6O + 3O2 → 2CO2 + 3H2O


∆n −2 mol −6 mol +4 mol +6 mol

Définition
Pour caractériser l’avancement d’une réaction de façon indépendante de la nature (réactif ou
produit) ou de la valeur du nombre stœchiométrique d’un composé donné, on introduit une
grandeur avancement symbolisée usuellement par ξ comme la variation en valeur absolue
de quantité de matière d’un composé entre l’état initial ni,0 (avant réaction) et l’état actuel ni
divisé par son nombre stœchiométrique ν i.

ni − ni ,0
ξ =
νi
Par définition, l’unité de la grandeur avancement est donc la mole.

Connaissant l’équation de la réaction et la composition initiale, il est alors possible


de prévoir les quantités de chaque réactif ou produit quel que soit l’état d’avance-
ment du système

ni = ni ,0 ± ν iξ

(avec un signe négatif pour un réactif et un signe positif pour un produit). Ces
données peuvent être résumées comme dans le tableau d’avancement 14.4.

Tableau 14.4  Exemple de tableau d’avancement.

aA + bB → cC + dD

État x (mol) n(A) n(B) n(C) n(D)

Initial 0 n0(A) n0(B) n0(C) n0(D)

Intermédiaire x n0(A) - ax n0(B) - bx n0(C) + cx n0(D) + dx

Final xf n0(A) - axf n0(B) - bxf n0(C) + cxf n0(D) + dxf

Si on travaille à volume V constant, il peut être utile d’utiliser plutôt l’avancement


volumique, souvent noté x, défini tel que x = ξ / V (homogène à une concentration
molaire). En divisant toutes les quantités de matière du tableau précédent, on obtient
alors un tableau en concentrations molaires (tableau 14.5).

196
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

Tableau 14.5  Exemple de tableau d’avancement volumique.

aA + bB → cC + dD

État x (mol ⋅ L-1) [A] [B] [C] [D]

Initial 0 [A]0 [B]0 [C]0 [D]0

Intermédiaire x [A]0 - ax [B]0 - bx [C]0 + cx [D]0 + dx

Final xf [A]0 - axf [B]0 - bxf [C]0 + cxf [D]0 + dxf

Toute quantité de matière ni (ou toute concentration ci) étant une grandeur positive
ou nulle, l’avancement ne peut dépasser une certaine valeur. Pour un réactif :
ni ,0
ni = ni ,0 − ν iξ ≥ 0 implique ξ ≤
νi
La valeur maximale atteignable sera donc :
n 
ξ max =  i ,0 
 vi  min
ni ,0
Par conséquent, le réactif limitant est celui dont le rapportprend la valeur
νi
minimale. Si on reprend l’exemple abordé en fin de chapitre 13, on peut ainsi
calculer :
nO
540
2
= = 180 mol
νO 3
2

nC H O 200
2 6
= = 200 mol
νC H O 1
2 6

On retrouve ainsi que le dioxygène était effectivement en défaut.


Lorsqu’on se place dans les conditions stœchiométriques, tous les réactifs sont
ni ,0
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

limitants. Par conséquent, les rapports de la quantité de matière introduite par


νi
le nombre stœchiométrique pour chaque réactif sont tous égaux entre eux et égaux
à la valeur maximale possible de l’avancement.

2.2  Rendement d’une réaction


À partir des nombres stœchiométriques (ou du tableau d’avancement qui en
découle), il est facile de pouvoir prévoir la quantité maximale de produits qu’il
est théoriquement possible d’obtenir. Partons, par exemple, d’un mélange de
réactifs dans les conditions stœchiométriques pour la combustion de l’éthanol,
par exemple 4 mol d’éthanol et 12 mol de dioxygène. La quantité de dioxyde

197
Partie 4   Chimie

de carbone théoriquement formée à la fin de la réaction peut soit s’obtenir par


une simple règle de trois à partir des nombres stœchiométriques soit à partir du
tableau en considérant l’avancement maximal ξ max = 4 mol.

Tableau 14.6  Utilisation d’un tableau d’avancement dans le cadre de la


combustion de 4 mol d’éthanol en conditions stœchiométriques.

C2H6O + 3 O2 → 2 CO2 + 3 H 2O

État x (mol) nC2 H6O nO2 nCO2 n3H2O

Initial 0 4 12 0 0
Intermédiaire x 4-x 12 - 3x 2x 3x
Final xf = 4 4 - xf = 0 12 - 3xf  = 0 2xf  = 8 3xf = 12

On peut donc s’attendre à former 2ξ max soit 8 moles de dioxyde de carbone.


Définition
Le rendement r de la réaction est le rapport, souvent exprimé en pourcentage, de la quantité
réellement formée sur la quantité théoriquement attendue. La quantité peut s’exprimer en
quantité de matière ou en masse.
nréel
0≤ρ= ≤1
nmax ,théorique

Dans la pratique, plusieurs raisons peuvent expliquer un rendement inférieur à 1. Il


peut s’agir d’un problème expérimental (une partie du produit pouvant être perdue
au cours des expériences au moment de l’isolement du produit par exemple) mais
il est aussi possible que l’avancement n’atteigne pas sa valeur maximale et que la
réaction s’arrête pour une valeur ξ f < ξ max .

2.3  Réaction totale vs réaction équilibrée


Si l’avancement atteint la valeur maximale possible, c’est-à-dire que le ou les réactifs
limitants sont totalement consommés, on parle de réaction totale. Par exemple, la
molécule HCl se dissocie totalement dans l’eau selon la réaction :
HCl (aq) + H 2O () → H 3O + (aq) + Cl − (aq)
tandis que la molécule CH3COOH ne se dissocie que partiellement :
CH 3COOH (aq) + H 2O()  H 3O + (aq) + CH 3COO− (aq)
La réaction est dite équilibrée. L’état final est un état d’équilibre chimique où
coexistent réactifs et produits dans des concentrations données.

Attention, il ne faut pas se méprendre, si la composition du système n’évolue


pas lorsqu’on a atteint l’état d’équilibre, ce n’est pas parce que la réaction n’a
plus lieu : elle a toujours lieu mais ses effets sont compensés par le fait que la
réaction inverse (ou réaction retour) se produit simultanément.

198
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

Pour illustrer ce phénomène, considérons une situation fictive représentée sur la


figure 14.3. Le système est initialement constitué de cinq molécules identiques.
Celles-ci peuvent réagir selon une réaction de dissociation. Si la réaction de disso-
ciation était totale, on devrait à la fin de la réaction ne plus avoir aucune molécule
et n’observer que les produits de cette dissociation (cinq fragments de chaque
sorte) mais sur cet exemple, on s’aperçoit que deux molécules se sont dissociées et
qu’ensuite le nombre de molécules ne varie plus. Si on y regarde de plus près, des
molécules continuent de se dissocier mais d’autres se reforment à la même vitesse
par la réaction retour. Il en résulte une composition stable du système. Pour indiquer
qu’il s’agit d’un équilibre entre deux réactions inverses, on utilisera le symbole
 ou  traduisant ainsi le fait que la réaction se produit simultanément dans les
deux sens. Pour une réaction totale au contraire, on utilisera une simple flèche →.

t=0 t’ t’ + dt t’’
5 molécules 3 molécules 3 molécules
Figure 14.3  restantes restantes

Réaction :

t=0 n0 = 5 0 0

tf = teq (t > t’) n0 – ξf = 3 ξf = 2 ξf = 2 < ξmax

non atteint n0 – ξmax = 0 ξmax = 5 ξmax = 5

Exemple de réaction équilibrée.

Dans le cas d’une réaction équilibrée aA + bB  cC + dD , quel que soit l’état


initial du système, les concentrations des réactifs et des produits évoluent de façon
à ce qu’à l’équilibre, le rapport
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[C ]c × [ D]d
[ A]a × [ B]b
soit égal à une constante dite constante de la réaction et que l’on notera K. De façon
4. Pour formaliser ce plus générale, ce rapport peut se résumer sous la forme :
produit dans le cas
général, on utilise ici •• au numérateur : produit des concentrations des produits Pi élévées à la puissance
ν
le symbole de produit : correspondant à leur nombre stœchiométriques respectifs4 : ∏ i [ Pi ] i
N
∏ i = n ai = an × an + 1 × an•+ •2 au
× × aN − 1 × aN produit des concentrations des réactifs Ri élévées à la puissance
dénominateur :
ν
an × an + 1 × an + 2 ×  × a N − 1 × a N correspondant à leur nombre stœchiométriques respectifs : ∏ i [ Ri ] i

199
Partie 4   Chimie

Ce n’est pas rigoureusement la concentration d’un réactif ou d’un produit qu’il


faudrait considérer dans l’expression de ces produits, mais plutôt le rapport de cette
concentration à une concentration de référence C0 = 1 mol · L–1, de façon à ce que
ces produits soient sans dimension. Par ailleurs, on note que la concentration du
solvant ou des composés purs n’apparaissent pas dans ces produits de concentration.
À l’équilibre chimique, le rapport de ces deux produits est toujours égal à la
constante de la réaction :
ν
 i  i
∏i  [ P ] 
 C0 
= Constante = K
ν
 [R ]  i
∏i  i 
 C0 
Cette constante K est propre à chaque équilibre chimique et ne dépend que de la
température. Par exemple, pour l’équilibre de dissociation de la molécule d’acide
éthanoïque dans l’eau à 25 °C, à l’équilibre, nous avons :

[CH 3COO − ] [H 3O + ]
C0 C0 = K = 1,6 × 10 −5
[CH 3COOH]
C0

Très souvent, il est possible de trouver dans la littérature scientifique la valeur nu-
mérique déterminée expérimentalement de la constante d’équilibre d’une réaction
donnée.
Propriétés
Quelques conséquences de la définition de la constante d’équilibre :
– Une constante d’équilibre est associée à un sens d’écriture de la réaction. Si
on inverse les rôles des réactifs et produits, on inverse la constante d’équilibre.
– L’avancement à l’équilibre (et les concentrations des produits de la réaction)
sont d’autant plus importants que la constante de réaction est élevée.
– Pour les valeurs très élevées de constante d’équilibre, on peut considérer que
5. On considère la quantité de réactifs restants à l’équilibre devient négligeable par rapport aux
généralement qu’une concentrations des produits. On dit que la réaction est quantitative ou quasi-totale5.
constante d’équilibre On peut alors faire l’approximation que l’avancement atteint sa valeur maximale.
K supérieure ou égale – En considérant K→ +∞, on retrouve le cas limite des réactions totales. L’avancement
à 10 4 conduit à une
atteint sa valeur maximale car la réaction retour n’a pas lieu, d’où on observe la
réaction quantitative
ou quasi-totale. disparition du (ou des) réactif(s) limitant(s).

Un exemple de réaction équilibrée est donné dans la section 2.3 de ce chapitre avec
la dissociation de l’acide acétique.

200
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

3 Application au cas d’un titrage


Pour conclure cette partie chimie, abordons enfin une application très utile des réac-
tions totales : le dosage d’une solution par titrage. Supposons que nous cherchions
à déterminer la quantité d’une espèce en solution. Nous avons vu précédemment
qu’il était possible de procéder par étalonnage en se basant sur la mesure d’une
grandeur physique variant linéairement avec la concentration. Il est également
possible d’adopter une stratégie totalement différente basée sur la réactivité de
cette espèce à condition que cette espèce réagisse de façon totale (mais également
rapide et unique) avec un réactif qu’on appellera réactif titrant. Le principe géné-
ral consiste à ajouter progressivement une quantité précisément connue du réactif
titrant dans l’échantillon contenant une quantité inconnue du réactif à titrer. La
figure 14.4 illustre le dispositif expérimental usuellement utilisé.

Figure 14.4 

ntitrant a) en défaut par b) en conditions c) en excès par


rapport à ntré stœchiométriques rapport à ntré
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Illustration du principe d’un titrage.

Généralement, le réactif à titrer est placé dans une fiole Erlenmeyer ou un bécher
tandis que le réactif titrant est placé dans une burette graduée pour permettre l’ajout
progressif grâce à un robinet. Pour rendre le principe plus explicite, on supposera
que les réactifs sont ici colorés (en bleu pour le réactif à titrer et en rose pour le
réactif titrant) tandis que les produits de la réaction sont supposés ici incolores.
Au début de l’ajout (cas a), le réactif titrant est forcément en défaut et il reste du
réactif à titrer en excès dans l’échantillon (le contenu de la fiole reste bleu). Au-de-
là d’un certain volume versé (cas c), le réactif titrant devient en excès. Le réactif
titré n’est plus présent dans la fiole (disparition de la couleur bleue et apparition
d’une couleur rose). Entre ces deux situations, il existe une situation limite (cas b)

201
Partie 4   Chimie

appelée équivalence où les réactifs titrants et titrés ont été introduits en quantités
stœchiométriques. Pour cette valeur particulière de volume versé de réactif titrant
appelé volume équivalent Veq, on peut donc écrire une relation entre les quantités
introduites de réactifs titrants et titrés et leurs nombres stœchiométriques respectifs
dans l’équation-bilan modélisant la réaction :
ntitré ntitrant
=
ν titré ν titrant

Ctitré × Vtitré Ctitrant × Vtitrant, eq


=
ν titré ν titrant

ν titré Ctitrant × Vtitrant, eq


Ctitré = ×
ν titrant V
titré

    
modèle expérience

On observe que c’est la combinaison de la modélisation de la réaction (donnant les


nombres stœchiométriques) et des mesures expérimentales (donnant les volumes
et la concentration en titrant) qui permet d’obtenir la concentration inconnue de
la solution titrée.
Dans la pratique, il n’est pas toujours possible de se baser simplement sur l’aspect
visuel de la fiole au cours du dosage pour déterminer le volume équivalent (dans
le cas où aucun réactif n’est coloré par exemple). Toutefois, il est toujours possible
de se baser sur d’autres caractéristiques du milieu qui sont affectées par le passage
de l’équivalence. Par exemple, au cours d’une réaction de titrage entre un acide
et une base, le pH varie brusquement et l’équivalence pourra être détectée soit en
mesurant l’évolution du pH (suivi pH-métrique), soit en utilisant un indicateur coloré
dont la teinte change au moment du saut de pH. Une autre propriété physique de
la solution permettant souvent de repérer le volume équivalent est la conductivité
de la solution.

Trop souvent, il est supposé par les étudiants que les nombres stœchiométriques
des réactifs titrants et titrés sont égaux et les étudiants posent directement
CaVa = CbVb . Dans de nombreux cas, cela peut effectivement conduire à un
résultat numérique correct et cela peut donner la fausse impression que la
justification de cette égalité est un exercice purement formel. Toutefois, nous
allons voir sur l’exemple suivant qu’il faut prendre l’habitude de rappeler les
conditions du modèle (ici le bilan équilibré de la réaction supposée totale,
unique et rapide) pour valider l’expression donnée et identifier ainsi les cas, où
justement « CaVa  » n’est pas égal à « CbVb  » car les nombres stœchiométriques
des réactifs titrants et titrés ne sont pas égaux.

Exemple
Prenons l’exemple de la réaction entre les ions permanganates MnO4− et les ions fer Fe2+
dont le schéma du dispositif est représenté en figure 14.5.

202
chapitre 14  •  Les aspects quantitatifs

Il est facile de repérer l’équivalence car les ions permanganates sont d’une couleur violette
intense, facilement détectable lorsque les ions permanganates deviennent en excès dans le
bécher. La réaction qui se produit a pour bilan après ajustement des nombres stœchiométriques :

MnO 4− (aq) + 5Fe 2 + (aq) + 8H 3O+ (aq) → Mn 2 + (aq) + 5Fe3+ (aq) + 12H 2 O ()

Utiliser ici la relation CaVa = CbVb constituerait une erreur grossière.


MnO 4

Figure 14.5 

2+
Fe

Schéma du dispositif de titrage des ions fer par les ions permanganates.

Quelques conseils pour traiter ce genre de question :


– plutôt que d’utiliser des formulations génériques Ca, Va, Cb, Vb, préciser en
indice les espèces concernées ici CFe2+, CMnO−4 ;
– écrire la relation à l’équivalence sur les quantités de matière qui n’est vraie
que pour le volume équivalent VMnO−4 = VMnO−4 , eq  :
nFe2 + nMnO−4 , eq
=
5 1
– exprimer les quantités de matière en fonction des concentrations et volumes :

[Fe 2 + ]Vtitré [MnO 4 ]VMnO−4 , eq
=
5 1
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

– isoler la grandeur recherchée :


5[MnO 4− ]VMnO−4 , eq
[Fe 2 + ] =
Vtitré
– enfin réaliser l’application numérique.

203
5
Partie

L
es géosciences ont pour objectif de mieux comprendre le fonction-
nement de notre planète. Le premier chapitre de cette partie est une
présentation générale et contextualisée des enjeux liés aux géos-
ciences et du caractère multidisciplinaire de cette discipline. Après avoir
cité et commenté les trois grandes étapes associées à la démarche scien-
tifique (observation, mesure, modélisation), nous faisons le point sur les
différentes échelles spatiales et temporelles, ainsi que sur les unités cou-
ramment utilisées en sciences de la Terre, avant de conclure ce premier
chapitre par un glossaire.
Le second chapitre de cette partie reprend et exemplifie les liens qu’en-
tretiennent les géosciences avec les mathématiques, la physique et la
chimie. Pour les mathématiques, le choix s’est porté sur les datations
nécessitant l’utilisation des fonctions exponentielle et logarithme, ainsi
que sur la modélisation d’un processus d’érosion par la dérivation d’un
polynôme. La géophysique est quant à elle amenée dans cette partie à
travers l’exploitation des lois de la dynamique newtonienne dans le cadre
de l’estimation de la masse de la Terre, ou encore l’utilisation de l’optique
géométrique et de la mécanique ondulatoire pour imager sismiquement
l’intérieur de la Terre. La géochimie est finalement introduite à travers la
cristallographie, les équilibres de phases, les bilans de masse et les cycles
géochimiques que connaissent tous les éléments de notre planète.
Le troisième chapitre traite quant à lui de la dynamique de la planète
Terre, en commençant par considérer la Terre dans l’Univers et en abor-
dant des questions telles que « Comment est estimé l’âge de la Terre ? »
ou « Comment connaît-on la forme de la Terre ? », avant d’aborder la dy-
namique du globe tout d’abord en présentant les grands contextes géody-
namiques puis en mentionnant les processus de surface.

204
Géosciences

CHAPITRE

15 Présentation générale et spécificités  206

CHAPITRE

16 Outils mathématiques, physiques et chimiques  215

CHAPITRE

17 Dynamique de la planète Terre  231

205
CHAPITRE Présentation
15 générale et
spécificités
Le dérèglement climatique, notre empreinte carbone, les variations du niveau marin
ou les catastrophes naturelles comme les pluies torrentielles ou les séismes font
partie aujourd’hui de notre quotidien. En effet, l’augmentation de la population à
l’échelle mondiale et notamment la densification dans les zones urbaines a peu à
peu contraint l’humanité à prendre conscience que la Terre est une planète vivante
de dimension finie.
Étudiées depuis l’antiquité, par Aristote ou Ératosthène, les sciences de la Terre
visent aujourd’hui à mieux comprendre le fonctionnement et l’évolution de notre
planète, notamment en analysant les couplages complexes existant entre sa dyna-
mique interne (mouvement dans le noyau et le manteau, tectonique, volcanisme...)
et ses enveloppes superficielles que sont l’hydrosphère et l’atmosphère (dyna-
mique océanique et climatique, processus d’érosion-sédimentation...). Au-delà
de ces recherches fondamentales qui sont essentielles pour l’amélioration de la
connaissance, les géosciences sont également fortement ancrées dans le monde
contemporain en étant l’une des disciplines clés pour répondre aux grands enjeux
environnementaux et sociétaux que sont par exemple l’exploitation des énergies
naturelles, la gestion des ressources en eau ou l’aménagement des territoires.
La théorie de la tectonique des plaques proposée à la fin des années 1960 a constitué
une véritable révolution dans la démarche scientifique utilisée pour étudier notre
planète. En effet, cette théorie a apporté un nouveau cadre conceptuel permettant
d’aborder la dynamique terrestre via une approche pluridisciplinaire allant de
l’observation à la modélisation des processus terrestres.
Cette approche représente sans doute l’une des principales difficultés à laquelle
est confrontée un étudiant en 1re année. En effet, cette discipline nécessite, non
seulement des connaissances en géologie souvent acquises en SVT (Sciences de
la Vie et de la Terre) au lycée, mais également de posséder des bases solides en
mathématiques, en physique et en chimie. En effet, comment comprendre le mou-
vement des plaques tectoniques sans tenir compte des lois physiques régissant les
transferts de chaleur ? Comment étudier la dynamique des chaînes de montagnes
sans aborder le champ de gravité ? Comment expliquer la formation des minéraux
sans maîtriser la chimie associée ? Comment prédire l’évolution du climat sans
une approche numérique ?

206
chapitre 15  •  Présentation générale et spécificités

1 Une science de l’observation


C’est sans doute une évidence, mais la spécificité première des géosciences est
qu’elles regroupent l’ensemble des disciplines scientifiques permettant d’étudier
la structure et le fonctionnement de notre planète :
–– les outils mathématiques sont généralement utilisés pour la modélisation
numérique et le traitement performant des données ;
–– la géophysique apporte des informations sur les propriétés physiques de la
Terre externe (climatologie, océanographie, hydrologie, glaciologie) et interne
(sismologie, gravimétrie, magnétisme, géodésie) ;
–– la géochimie permet notamment d’étudier la composition des différentes enveloppes
terrestres, de quantifier les transferts de matière entre ces enveloppes, et de
déterminer l’âge des roches ;
–– la biologie permet de mieux comprendre les interactions entre la Terre et le
monde du vivant, notamment pour étudier l’apparition de la vie et l’évolution
des espèces.
L’observation, c’est-à-dire l’acquisition et le traitement de données permettant de
mieux caractériser notre planète, est au cœur de cette approche pluri-disciplinaire.
La nature des observations en géosciences est extrêmement variée. Elle allie des
approches naturalistes consistant à étudier sur le terrain des roches, des miné-
raux ou des relations structurales, et des approches plus quantitatives permettant
l’acquisition de données stratigraphiques (épaisseur des couches sédimentaires
et pendage) et minéralogiques (pourcentage de chaque minéral) ou des mesures
géophysiques (temps d’arrivée des ondes sismiques) et géochimiques (pH ou tem-
pérature). L’ensemble de ces observations sont autant « d’indices » qui seront le
point de départ permettant de proposer des théories comme celle de la tectonique
des plaques.

1.1  Des objets naturels


Une spécificité à l’étude du système Terre est d’aborder la complexité inhérente
aux objets naturels que sont par exemple les océans, les rivières, les volcans ou
les chaînes de montagnes. Cette complexité peut être liée à l’hétérogénéité du mi-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

lieu : les propriétés physiques et chimiques de la Terre varient avec la profondeur,


l’atmosphère n’a pas partout le même contenu en eau, une roche est rarement
mono-minérale. Elle peut également être due au fait que les objets naturels ne sont
pas statiques, mais évoluent au cours du temps. Ces évolutions peuvent être lentes
(l’intérieur de la Terre se refroidit, des continents se forment et se disloquent, des
montagnes apparaissent et disparaissent) ou rapides (la hauteur d’une rivière varie
en période de crue, la chimie des gaz volcaniques change avant une éruption, le sol
bouge lors d’un séisme). C’est donc généralement une approche à au moins quatre
dimensions (les trois dimensions de l’espace et le temps) qu’il est nécessaire de
développer pour étudier les systèmes naturels.

207
Partie 5   Géosciences

Notion d’approche à N dimensions


Pour connaître une position sur une droite, la distance à un point de cette droite suffit. La position ne dépend alors
que d’un paramètre. Dans ce cas, on parle d’un problème à une dimension.
Si maintenant, on cherche à définir la position d’un plongeur dans la mer, on doit avoir sa position horizontale,
donnée par la latitude et la longitude du point où il se trouve, ainsi que sa profondeur. Sa position dépend alors de
trois paramètres. Dans ce cas on parle d’un problème à trois dimensions.
Dans le monde dans lequel nous évoluons, nous sommes confrontés très souvent à des problèmes ayant un nombre
de dimensions important. Par exemple, donner un rendez-vous à quelqu’un est un problème à quatre dimensions,
définies par le lieu (latitude, longitude et altitude) mais également l’heure du rendez-vous.
Enfin, imaginez que vous devez décrire votre état d’esprit en lisant ces lignes. Celui-ci dépend sans doute du lieu où
vous vous trouvez (à la plage ou dans le métro) et donc de 3 paramètres, de l’heure qu’il est (1 paramètre), si vous
avez faim (1 paramètre), s’il fait beau (quantité d’eau et ensoleillement) soit encore 2 autres paramètres... Bref, pour
définir votre état d’esprit il faut utiliser au moins une approche à 3 + 1 + 1 + 2 = 7 dimensions !

Trois grandes catégories d’approches sont généralement utilisées :


1. La première est basée sur l’acquisition d’observations sur le terrain. Ces
mesures au sol, aériennes ou spatiales peuvent être qualitatives (description d’un
affleurement, forme d’un minéral, couleur de l’eau) ou quantitatives (concentration
d’un élément chimique dans une rivière, vitesse du vent, temps d’arrivée des
ondes sismiques).
2. La seconde est basée sur des mesures en laboratoire. Ces mesures peuvent
porter sur la caractérisation des propriétés des roches (mécaniques, thermiques,
électriques ou magnétiques) ou sur des analyses chimiques.
3. Enfin, la troisième approche utilise la modélisation. Les modèles développés
peuvent être numériques (les équations sont alors résolues via des algorithmes
sur des ordinateurs plus ou moins puissants), analogiques (dans ce cas, on
réalise des modèles réduits, où une montagne ne mesurera que quelques
centimètres de haut), ou expérimentales (on reproduit en laboratoire, dans
des conditions données, par exemple à haute température et haute pression,
les roches naturelles).

1.2  Inconnues et extrapolations


À l’heure où l’humanité est capable d’envoyer des sondes aux confins du système
solaire, il peut sembler surprenant qu’il reste des choses à découvrir sur notre
planète. La connaissance de la Terre reste cependant limitée. Par exemple, on ne
connaît pas la température au centre de la Terre, la composition minéralogique du
noyau et on ne sait pas s’il sera possible de prédire un jour les séismes.
Ces Terra Ingognita sont en grande partie dues au manque d’informations directes.
En effet, le forage le plus profond creusé entre 1970 et 1989 en Russie a atteint un
peu plus de 12 km de profondeur. À l’échelle du globe, ce forage représente moins
de 0,2 % du rayon terrestre. Ainsi la connaissance de l’intérieur de la Terre a été
essentiellement déduite d’observations indirectes (voir chapitre 17).

208
chapitre 15  •  Présentation générale et spécificités

Cette approche déductive consiste à connaître un objet complexe en effectuant


uniquement des mesures à la surface de cet objet. On comprend aisément que ce
problème est sous-déterminé, c’est-à-dire que même avec une infinité de mesures
à l’extérieur il n’est pas toujours possible de savoir comment est l’intérieur. Par
exemple, imaginons une boîte sur laquelle on mesure la température sur tous les
points de sa surface. Il sera impossible de déterminer la température à l’intérieur
si on ne connaît pas les propriétés thermiques du milieu, l’existence de possibles
sources de chaleur, ni le mode de transfert de la chaleur. L’approche utilisée en
géosciences consistera d’une part à faire des approximations et des extrapolations
sur l’homogénéité du milieu ou sur le mode de transfert de chaleur, et d’autre part
à utiliser une démarche pluridisciplinaire, par exemple en déterminant la masse
volumique de la boîte inconnue ou comme en médecine faire une radioscopie en
étudiant la propagation des ondes dans cette boîte.

2 Durée et dimension des processus


Les notions d’échelle sont essentielles en géosciences. En effet, l’une des difficultés
rencontrée par les étudiants est de devoir travailler sur des temps et des longueurs
qui sont difficiles à appréhender à l’échelle humaine. Ainsi, peut-on entendre « cette
déformation est très récente ... elle n’a que quelques millions d’années » ou « le
comportement mécanique du manteau est régi par des lois à l’échelle de la maille
cristalline, c’est-à-dire quelques nanomètres ».
L’objectif est ici d’imager ces sauts d’échelle et de comprendre comment il est
possible de les combiner afin d’obtenir une vision synthétique et intégrative du
fonctionnement de notre planète.

2.1  Échelles temporelles


La diversité des processus terrestres implique des échelles de temps très variées
allant de la fraction de seconde associée à la rupture sismique, à plusieurs milliards
d’années pour la formation de notre planète (figure 15.1). Suivant les mécanismes
étudiés, un temps caractéristique est considéré. Ainsi l’étude des évènements extrêmes
est classiquement faite à des échelles de temps courtes. L’occurrence des séismes,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

des glissements de terrain, des crues torrentielles ou des éruptions volcaniques est
associée à des temps caractéristiques allant de la seconde à quelques semaines.
Des durées plus longues seront considérées pour étudier des processus plus lents
comme le dérèglement climatique (de la décennie au millier d’années), l’évolution
des paysages (du millier à la centaine de milliers d’années) ou la formation des
structures géologiques (du million à la centaine de millions d’années).
Des échelles de temps encore plus importantes seront considérées pour étudier
les cycles de formation et de démantèlement des super-continents (plusieurs
centaines de millions d’années) ou pour aborder la Terre primitive (plusieurs
milliards d’années).
C’est donc plus de dix-sept ordres de grandeur différents (de quelque secondes
∼ 10 −8 ans à ∼ 109 ans) qu’il faut considérer pour aborder la durée des processus

209
Partie 5   Géosciences

terrestres. Pour intégrer ces différentes échelles, un des principes de base en


géosciences est l’uniformitarisme. Développée au xviiie siècle en opposition au
catastrophisme, ce concept suppose que « le présent est la clé du passé », c’est-
à-dire que la Terre a connu une évolution lente et continue. On sait aujourd’hui
que cette hypothèse n’est que partiellement correcte. En effet, si on peut raison-
nablement supposer que les processus actuels associés à la dynamique terrestre
sont restés identiques au cours du temps, l’évolution de la Terre a également été
ponctuée par des évènements catastrophiques comme des impacts de météorites
ou des périodes de volcanisme intense. L’approche privilégiée n’est donc plus
une hypothèse sur la vitesse de l’évolution de notre planète, mais sur l’utilisation
de lois physiques ou chimiques considérées comme universelles et invariantes
au cours du temps (lois de la dynamique, équations de conservation...).

107 - 109 an > 109 an


106 - 108 an

Figure 15.1 

103 - 105 an

< 10-8 an
10 - 103 an ~10-2 an

Dimensions temporelles caractéristiques associées aux processus


terrestres allant des évènements extrêmes (quelques secondes) à la
formation de la Terre (plusieurs milliards d’années).

Notion d’ordre de grandeur


S’il est assez intuitif d’appréhender la taille d’objets allant du millimètre au kilomètre soit 3 ordres de grandeur plus
petit ou plus grand que l’homme, un saut de 17 ordres de grandeur est difficile à concevoir. Une façon de prendre
conscience de la signification de ce chiffre est de déterminer le volume 1017 fois plus petit que le volume d’eau de
la mer Méditerranée (environ 4 millions de km3).
v = 10 −17 × 4 × 10 6 km3 = 4 × 10 −17 × 10 6 × 1012 dm3 = 40 dm3 = 40 L
Un volume de 40 litres est donc 17 ordres de grandeur plus petit que le volume de la mer Méditerranée.

210
chapitre 15  •  Présentation générale et spécificités

2.2  Les échelles spatiales


À l’instar des échelles temporelles, les processus étudiés en sciences de la Terre
peuvent également impliquer des systèmes de dimension spatiale extrêmement
variée (figure 15.2).
Certains processus ont lieu à l’échelle atomique (< 10 −10 m), d’autres à l’échelle du
minéral ou de la roche (du micron au centimètre). Les observations sur le terrain
peuvent être faites à l’échelle d’un affleurement (quelques mètres) ou d’un pano-
rama (plusieurs centaines de mètres). Enfin les mesures aériennes, spatiales et les
réseaux globaux permettent l’étude de l’ensemble de la Terre.
Pour intégrer toutes ces échelles, une approche consiste à les emboîter un peu
comme des poupées russes. L’idée est de passer d’une échelle à l’autre en faisant
des hypothèses simplificatrices sur l’homogénéité du système ou sur les processus.
Dans de nombreux cas, ces hypothèses ne peuvent être vérifiées. Par exemple, le
comportement mécanique des matériaux terrestres est déduit de mesures faites en
laboratoire sur des échantillons de très petite taille (quelques millimètres) à des
vitesses de déformation plus grandes que celles observées dans la nature. L’applica-
tion de ces lois à l’échelle de la croûte ou du manteau terrestre est la seule approche
actuellement possible. Elle peut être cependant discutable car on sait que ces deux
systèmes ne sont pas homogènes et que les lois de comportement dépendent de
la vitesse de déformation. Il est donc indispensable de garder à l’esprit que des
approximations ont été faites pour permettre ce saut d’échelle.

104 - 105 m >106 m


102 - 103 m

Figure 15.2 
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

100 - 101 m

<10-10 m

10-3 - 10-1 m 10-6 - 10-4 m

Dimensions spatiales caractéristiques associées aux processus terrestres


allant d’une échelle atomique (< 10–10 m) à une échelle globale (> 106 m).

211
Partie 5   Géosciences

Exemple
Exemple d’emboîtement d’échelles spatiales : le comportement mécanique du manteau.
Le manteau est un solide, car il transmet les ondes sismiques de cisaillement. Cependant
à grande échelle de temps, il est responsable du mouvement des plaques tectoniques en se
comportant comme un fluide en convection. Comment l’expliquer ?
Procédons en emboîtant les échelles :
1. 1 000 km - 10 cm : on suppose que le manteau est constitué d’une seule roche, la péridotite.
2. 10 cm - 1 mm : on suppose que cette péridotite est constituée uniquement de cristaux
d’olivine.
3. 1 mm - 10 nm : ce cristal Mg2SiO4 a une maille élémentaire associée à des tétraèdres de
silicate et des atomes de magnésium.
À cette dernière échelle, il existe des défauts, par exemple sous forme de lacunes. Sous l’effet
d’une force suffisante, les atomes et ces lacunes deviennent mobiles et diffusent à l’intérieur
du grain. Le grain d’olivine, bien que solide, se déforme alors comme s’il était mou. D’où,
à grande échelle de temps, le comportement fluide du manteau solide.

2.3  Ordre de grandeur et précision


Travailler à des échelles temporelles et spatiales si différentes nécessite de maîtriser
l’ordre de grandeur des objets étudiés en géosciences ainsi que la précision des mesures
qui les caractérisent (tableau 15.1). Cette connaissance est en effet indispensable pour
pouvoir justifier des hypothèses simplificatrices. Si on travaille sur l’effet gravita-
tionnel de Mars sur la Terre, on peut négliger le rayon de la Terre et de Mars dans le
calcul de la distance entre ces deux planètes (environ 60 × 106 km), par contre cette
approximation n’est plus justifiée pour le calcul de la distance Terre-Lune (environ
384 400 km).

Rappelons qu’il est inutile, voire faux, de donner la valeur d’une grandeur avec
dix chiffres après la virgule, si cette grandeur ne peut être mesurée qu’avec trois
chiffres significatifs!

Tableau 15.1  Valeur de quelques grandeurs communément


utilisées en géosciences.

Grandeur Valeur Précision


Terre
Âge 4,55 × 109 ans 107 ans
Masse 6 × 1024 kg 1020 kg
Rayon moyen 6 371 km 1m
Épaisseur moyenne de la croûte continentale 30 km 1 km
Épaisseur moyenne de la croûte océanique 6 km 1 km
Pression atmosphérique 1,0132 × 105 Pa 10 Pa
Profondeur moyenne des océans 3 700 m 10 m
Vitesse moyenne des ondes sismiques 6 km ⋅ s –1 0,01 km ⋅ s –1

212
chapitre 15  •  Présentation générale et spécificités

2.4  Les unités


Le système d’unités en géosciences est basé sur le système international, dérivé
du système métrique (tableaux 1.1, 1.2 et 1.3). Cependant, à cause des différentes
échelles de temps et d’espace à considérer, d’autres unités sont utilisées en pratique
(tableau 15.2). Par exemple, en tectonique, il sera plus commode d’utiliser le million
1. Étude de la trans­ d’années plutôt que la seconde, en métamorphisme1, le kilobar plutôt que le pascal.
formation des roches
par recristallisation à Tableau 15.2  Unités de quelques grandeurs utilisées en géosciences.
l’état solide sous l’effet
de variations de pression
Grandeur Unité Système international
et/ou de température.
Accélération galileo 1 Gal = 10–2 m ⋅ s–2
Champ magnétique gauss 1 G = 10–4 T
Distance année-lumière 1 al = 9,46 ⋅ 1015 m
Fraction massique pourcentage massique 1 pds ⋅ % = 1 g ⋅ kg–1
partie par million 1 ppm = 1 mg ⋅ kg–1
Température degré Celsius T (°C ) = T (K) + 273,15
Temps année 1 an = 31 557 600 s
Vitesse kilomètre par heure 1 km ⋅ h–1 = 1/3,6 m ⋅ s–1
millimètre par an 1 mm ⋅ an–1  3,17 × 10–11 m ⋅ s–1
kilomètre par million d’années 1 km ⋅ Ma–1  3,17 × 10–11 m ⋅ s–1

3 Attention au vocabulaire
Longtemps basées sur une approche naturaliste, les sciences de la Terre ont déve-
loppé un vocabulaire propre qui permet en quelques mots de définir un concept,
un critère, une structure ou un objet. Ce vocabulaire spécifique peut parfois être
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

déroutant.
Bien qu’elle soit essentielle, la liste des termes associés à la minéralogie, la géo-
logie structurale, la volcanologie, la géophysique, ou la paléontologie est trop
conséquente pour être ici présentée. Nous avons donc volontairement choisi de
ne définir que quelques termes, notamment des adjectifs. Ils sont issus du langage
courant, mais ils ont un sens particulier en sciences de la Terre. Il va sans dire
que cette liste comporte de nombreuses lacunes et qu’elle n’a pour objectif que
d’illustrer l’importance de bien maîtriser le langage disciplinaire.

213
Partie 5   Géosciences

Définitions
Absolu (âge). Mesure ou datation chiffrée, par opposition à un âge relatif. Exemple :
l’extinction des dinosaures a eu lieu il y a 65 millions d’années.
Accident. Terme générique associé à un changement brutal pouvant être observé dans des
structures tectoniques ou sédimentaires.
Affleurement. Zone en général non végétalisée qui permet d’observer sur le terrain des
structures géologiques.
Acide. Contrairement à ce que l’on entend en chimie et qui correspond à une valeur du
pH < 7, une roche magmatique est dite acide si elle est riche en silice.
Amorphe. Substance ou matériel n’étant pas constitué d’un réseau cristallin régulier.
Exemple : les verres volcaniques.
Basique. Contraire de Acide. Roche magmatique pauvre en silice.
Chevauchement. Mouvement associé à une faille qui conduit à superposer deux terrains
pour accommoder une compression.
Cisaillement. Zone de déformation très localisée.
Compétent. S’applique aux roches qui ont tendance à se fracturer.
Contact. Surface qui sépare deux terrains.
Continent. Zone associée à une croûte de nature granitique. Ne se limite donc pas aux terres
émergées.
Cristal. Solide dont les atomes sont arrangés suivant une maille élémentaire régulière.
Décrochement. Faille quasi-verticale accommodant un mouvement uniquement horizontal.
Élastique. Qui se déforme de façon instantanée sous l’effet d’une force et qui reprend sa
forme initiale si cette force disparaît.
Faille. Cassure permettant le déplacement des parties séparées.
Horizon. Niveau mince que l’on peut observer au sein d’un dépôt sédimentaire ou d’un sol.
Exemple : un horizon siliceux.
Incompétent. S’applique aux roches qui vont plier plutôt que se rompre.
Intrusif. Qui a pénétré dans des formations déjà existantes.
Inverse. Se dit d’une faille dont le mouvement est lié à une compression du milieu.
Matrice. Partie dans une roche qui englobe des éléments de plus grande taille.
Minéral. Espèce chimique naturelle se présentant le plus souvent sous forme de solide cristallin.
Natif. Se dit d’un élément chimique métallique qui se trouve dans la nature à l’état pur.
Exemple : l’or natif.
Normale. Se dit d’une faille qui accommode une extension.
Océan. Zone associée à une croûte de nature basaltique. Ne se limite donc pas aux zones immergées.
Perte. Endroit où l’eau d’une rivière disparaît. Antonyme : résurgence.
Plastique. Qui se déforme sous l’effet d’une force et qui ne reprend pas sa forme initiale
si cette force disparaît.
Relatif (âge). Mesure ou datation par rapport à une autre. Exemple : l’extinction des dinosaures
a eu lieu avant l’apparition de l’espèce humaine.
Remaniement. Fait pour les éléments d’une roche d’en être extraits pour participer à la
constitution d’un sédiment.
Verre. Magma ayant refroidi très rapidement sans cristalliser.

214
CHAPITRE Outils mathéma-
16 tiques, physiques
et chimiques
Les liens entre les géosciences et les sciences de la vie sont historiques. Ensemble,
ces deux disciplines, enseignées en SVT au lycée, permettent l’étude des milieux
naturels et leurs évolutions, qui est une étape indispensable pour répondre aux grands
enjeux environnementaux de ce siècle. Mais les géosciences font également appel
aux autres disciplines scientifiques. Dans ce chapitre, nous nous focalisons sur ces
liens en présentant quelques exemples illustrant comment les outils mathématiques
et les lois physiques et chimiques sont utilisées en géosciences.

1 Outils mathématiques pour les géosciences


Le formalisme mathématique est un outil de base en géosciences. Deux exemples
simples d’application de la partie 2 (Mathématiques) sont ici présentés. Ils concernent
l’utilisation des fonctions exponentielle et logarithme et le calcul de la dérivée
d’une fonction polynomiale.

1.1  Fonction exponentielle et logarithme -


Géochronologie
Suite à la découverte de la radioactivité par Henri Becquerel en 1896, Pierre et
Marie Curie montrent au début du xxe siècle que l’intensité des rayonnements émis
par le radium décroît exponentiellement avec le temps (figure 16.1).
1.8
100 (a) Élement "Père" (b)
Quantité d'élèments radioactifs restant (%)

90
1.6
Élément "Fils"
80 1.4
Quantité d'élèments

70 1.2

60 1

Figure 16.1  50
0.8
40
0.6
30
0.4
20

10 0.2

0 0
0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3 3.5 4
Temps (en période de demi-vie) Temps (en période de demi-vie)

(a) Diminution exponentielle du nombre d’éléments « père » en fonction du temps.


(b) Variation du nombre d’éléments « père » et « fils » au cours du temps. Le nombre
initial d’éléments « fils » F0 peut ne pas être nul.

215
Partie 5   Géosciences

Cette décroissance est associée à une chaîne de désintégration d’éléments radioac-


tifs (élément « père ») en éléments radiogéniques (élément « fils »). Le nombre
d’éléments radioactifs N décroît avec le temps t selon

N (t ) = P0 e−λt (16.1)

avec P0, le nombre d’éléments radioactifs initialement présents et l, la constante


de désintégration définie par T, la période de demi-vie. Celle-ci correspond à
l’intervalle de temps nécessaire pour réduire d’un facteur 2 le nombre d’éléments
radioactifs initialement présents (figure 16.1a). On a donc pour t = T

P0 1
N (T ) = P0 e−λT = ⇒ e−λT = ⇒ e λT = 2 ⇒ λT = ln 2. (16.2)
2 2
Ce qui implique que
ln 2
λ= (16.3)
T
La période de demi-vie est une constante propre à chaque isotope (voir chapitre 11)
(tableau 16.1). La composition chimique ou la pression peuvent cependant légè-
rement affecter cette constante (∼ 0,1%). Ernest Rutherford (1871-1937) suggère
que les rapports uranium/hélium et uranium/plomb pourraient être utilisés pour
calculer l’âge des roches donnant ainsi naissance à une nouvelle discipline des
géosciences : la géochronologie absolue. On dispose aujourd’hui de nombreux
couples « père » - « fils » appelés des radiochronomètres qui permettent de dater
des processus ayant des échelles de temps allant de quelques siècles à plusieurs
milliards d’années.

Tableau 16.1  Exemples de radiochronomètres communément


utilisés en géosciences.

Élément radioactif Élément radiogénique Période de


Élément « père » Élément « fils » demi-vie (ans)
147 Sm 143 Nd 1,06 × 1011
87 Rb 87 Sr 4,88 × 1010
232 Th 208 Pb 1,39 × 1010
238 U 206 Pb 4,47 × 109
40 K 40 Ar 1,25 × 109
235 U 207 Pb 0,704 × 109
14 C 14 N 5730

L’une des difficultés est que le nombre d’éléments F0 correspondant aux éléments
« fils » F initialement présents avant désintégration n’est généralement pas connu
(figure 16.1b). L’équation 16.1 doit donc être modifiée

216
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

F = F0 + ( P0 − P0 e − λt )(16.4)

Le nombre d’éléments « fils » a un instant t dépend donc du nombre d’éléments


« père » et du nombre d’éléments « fils » initialement présents ainsi que de la
constante de désintégration associée à l’élément « père ».
La méthode « carbone 14 » qui correspond à la désintégration de 14 C en 14 N est
sans doute la plus connue des méthodes de radiochronologie. Les exemples suivants
permettent de se familiariser avec cette approche notamment avec l’utilisation des
fonctions exponentielle et logarithmique présentées dans le chapitre 7.

Exemple 1
Sachant que
– le rapport dans l’atmosphère 14 C est de 10 −12 (rapport 14 C / Ctotal ),
– sa période de demi-vie est de 5 730 ans,
– on ne peut faire de mesure au-delà de 10 périodes,
déterminer le rapport minimal en 14 C mesurable.
Solution. On utilise l’équation 16.2. En supposant que l’objet à dater était en équilibre avec
l’atmosphère, le rapport initial est P0 = 10 −12. Après une période, le rapport sera réduit de

moitié, donc après 10 périodes, la concentration sera


10 −12
∼ 0,98 × 10 −15.
210
La valeur de la période de demi-vie n’était pas nécessaire pour résoudre cet exercice.
Exemple 2
Sachant que
– le rapport dans l’atmosphère 14 C est de 10 −12,
– sa période de demi-vie est de 5 730 ans,
– le rapport mesuré dans un charbon est de 0,05 × 10 −12,
déterminer l’âge en années de ce charbon.
Solution. On utilise ici les équations 16.1 et 16.3. Comme dans l’exemple précédent, on
suppose que le morceau de charbon était en équilibre avec l’atmosphère, donc P0 = 10 −12.
D’après l’équation 16.1, la concentration N est de P0 e − λ t , donc l’âge du charbon sera donné

( ) ( )
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

1 P T P
par t = ln 0 . En utilisant l’équation 16.3, on obtient t = ln 0 . L’âge du charbon
λ P ln 2 P
obtenu est d’environ 24 765 ans.

1.2  Dérivation d’un polynôme - Processus


d’érosion
Sous l’effet des forces tectoniques et du climat, la surface de la Terre (appelée
également topographie) évolue au cours du temps. Il existe de nombreuses lois
permettant d’étudier l’effet des processus de surface sur la topographie. L’une
d’entre elles relie l’évolution temporelle de la topographie aux variations de pente.

217
Partie 5   Géosciences

Supposons que la topographie le long d’un profil soit définie comme une fonction
f qui dépend de la distance x le long de ce profil (figure 16.2), alors d’après le
chapitre 7, le profil de pente peut être défini comme

Pente = f ′( x),(16.5)

où f ′ est la dérivée de la fonction f par rapport à x. La variation de pente correspond


alors à la dérivée seconde de la fonction f. La loi considérée peut donc être écrite

Évolution temporelle de la topographie = k × f ′′( x),(16.6)

où k est une constante qui traduit la capacité des roches à être affectées par les
processus de surface. Par exemple, des précipitations affecteront davantage la
topographie d’un sol sableux que celle d’un massif granitique.
100
(a) Actuelle
80 Future

60

40

20

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

6
(b) Montée
4 Descente

Figure 16.2  0

-2

-4
0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100

0.2 (c) Sédimentation


Érosion

-0.2

-0.4

0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100
Distance (m)

(a) Profils topographiques actuel et modifié par les processus de surface.


(b) Profil de pente. Une « montée » est associée à une pente positive : la topographie
augmente avec la distance. (c) Profil de variation de pente. L’érosion est associée à
une diminution de pente avec la distance.

Une approche simple pour utiliser l’équation 16.6 consiste à définir la topographie avec
une fonction polynomiale telle que f ( x) = an x n + an −1 x n −1 +  + a2 x 2 + a1 x + a0
avec ai des coefficients réels (chapitre 7). On peut alors, en dérivant deux fois la
fonction f, réécrire

218
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

l’équation 16.6 sous la forme


Évolution temporelle = k × ( n × ( n − 1) × an x n − 2
+ ( n − 1) × ( n − 2) × an −1 x n − 3
(16.7)
+
+ 2 × a2 ) .
Les applications de cette approche sont nombreuses. On peut notamment mention-
ner l’aménagement du territoire, pour lequel des cartes de pente ou de variations
de pente de la topographie sont indispensables pour mieux caractériser les risques
associés aux glissements de terrain.
Exemple
On considère un profil topographique défini par
( x + 10)2
f ( x) = pour x ∈ [−10,10],
100
avec x la distance le long du profil. Montrer que l’érosion-sédimentation est constante le
long du profil.
Solution

f ″ ( x) =
d 2  ( x + 10)2 

dx 2  100 
 = (
d 2( x + 10)
dx 100
=) 2
100
=
1
50
.

f  ″(x) ne dépend donc pas de x. La sédimentation étant proportionnelle à la dérivée seconde


de la topographie, elle sera donc constante le long du profil.

2 La géophysique
Une part très importante de notre connaissance de l’intérieur du globe provient
d’études géophysiques. Deux exemples simples d’application de la partie physique
sont ici présentés. Ils concernent l’utilisation de la dynamique newtonienne, l’op-
tique géométrique et la propagation des ondes mécaniques.

2.1  Dynamique newtonienne - Masse de la Terre


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Plusieurs approches peuvent être utilisées pour estimer la masse de la Terre


MT = (5,9722 ± 0,00067) × 10 24 kg. Toutes sont issues de la dynamique newto-
2. Une période sidérale nienne (chapitre 8). On peut citer l’utilisation de :
est définie comme –– la troisième loi de Kepler ou loi des « périodes » qui permet de relier la période
le temps entre deux sidérale2 T d’une planète et le demi-grand axe a de la trajectoire elliptique de
passages successifs
cette planète autour du Soleil. Cette approche peut être appliquée à tout objet
d’une planète devant
une étoile lointaine.
de masse Ms en orbite autour de la Terre
4π a3 (16.8)
G × ( MT + M S ) = ,
T2
où G est la constante universelle de gravitation.

219
Partie 5   Géosciences

–– u n pendule simple de longueur l constante. Sa période d’oscillation est 2π l / g


avec g l’accélération de pesanteur. En supposant la Terre comme une boule de
rayon RT on obtient

4π 2lRT2
GMT = (16.9)
T2

–– la chute libre d’un corps dans le vide. Un corps lâché sans vitesse initiale
parcourt une distance H en un intervalle de temps t. En supposant la Terre comme
une boule de rayon RT on obtient

2 HRT2
GMT = (16.10)
t2

L’ensemble de ces équations permet de déterminer le produit GMT de façon très


précise. La précision de l’estimation de la masse de la Terre est essentiellement
limitée par celle de G qui reste encore aujourd’hui l’une des constantes de la phy-
sique la moins bien connue (connue à ∼ 0,001% près).

Exemple
On lâche d’une hauteur H un corps de masse m sans vitesse initiale. En négligeant les frotte-
ments, donner sous forme différentielle l’expression de son accélération. Quelle est l’expression
de sa vitesse en fonction du temps ? Retrouver l’expression donnée dans l’équation 16.10.

Solution. On considère un axe z vertical de vecteur unitaire ez orienté vers le haut. La seule
accélération à laquelle est soumise le corps est l’accélération de pesanteur :

 d 2z 
g = − 2 ez .
dt

Le signe – est dû à l’orientation vers le bas de g. Les vecteurs sont égaux si leurs normes
2
d z
sont égales. On peut donc écrire g = − 2 . En intégrant on obtient la vitesse :
dt

dz
V = = − gt + V0 ,
dt
dz
où V0 est la vitesse intiale qui est ici nulle. Donc V = = − gt. En intégrant une nouvelle
fois, on obtient la position z au cours du temps : dt

1
z = − gt 2 + z0 ,
2
2H
avec z0 la position initiale. On a donc H = z0 − z, d’où l’expression g = 2 . En consi-
t
GMT
dérant que la Terre est une boule de rayon RT on a g = . Ce qui permet de retrouver
l’équation 16.10. RT2

220
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

2.2  Optique géométrique et ondes


mécaniques - Imagerie sismique
Comme nous l’avons vu, la connaissance de l’intérieur de la Terre via les forages
reste très limitée. D’autres approches permettent cependant de déterminer la struc-
ture interne de notre planète. Parmi ces méthodes indirectes, on peut mentionner
celles associées à la propagation des ondes mécaniques issues de séismes ou de
sources artificielles comme des explosions ou des vibrations.
Il existe plusieurs types d’ondes (voir chapitre 9). Dans ce chapitre, nous nous
focaliserons sur les ondes P (de pression), qui sont des ondes mécaniques de
volume associées à la compression-décompression du milieu dans lequel elles se
propagent. Un front d’onde est défini comme une surface dont les points sont à
égal temps de parcours d’une onde depuis sa source. Par exemple, les « cercles »
qui se propagent à la surface de l’eau lorsqu’on lance un objet dans un lac sont
des fronts d’onde. Les trajectoires perpendiculaires au premier front d’onde sont
appelées rais. Dans notre exemple, les rais s’éloigneront de l’endroit où l’objet a
atteint l’eau en suivant la direction d’un rayon du « cercle ».
Dans le chapitre 10, les lois associées à la propagation de la lumière ont été pré-
sentées. Ces lois peuvent être également appliquées aux rais sismiques. En effet,
lorsqu’une onde P rencontre une surface séparant deux milieux ayant des propriétés
physiques différentes (contraste de vitesse de propagation), une partie de l’énergie
de l’onde sera réfléchie dans le premier milieu. Une autre partie sera transmise dans
le second milieu. Les relations angulaires entre les angles d’incidence, de réflexion
et de réfraction obéiront aux lois de Snell-Descartes.
100 0.7
(a) (b)
50
source récepteur 0.6
0

-50 0.5
Profondeur (m)

-100
Temps (s)

0.4

-150

0.3
-200
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

-250 0.2

-300
0.1 Onde directe
-350 Onde réfléchie
Onde réfractée
-400 0
-200 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Distance le long du profil (m) Distance source-récepteur (m)

Figure 16.3    (a) Propagation d’une onde mécanique dans un milieu constitué
de deux couches horizontales de vitesse V1 et V2. La couche supérieure a pour
épaisseur h. Cette onde est émise par une source en surface et est enregistrée par
un récepteur. Les lignes verte, rouge et bleue sont associées respectivement aux
rais sismiques des ondes directes, réfléchies et réfractées. (b) Hodochrone : temps
de trajet des ondes en fonction de la distance à la source. Le code de couleur
correspond aux différentes ondes de la figure (a).

221
Partie 5   Géosciences

Les variations de vitesse à l’intérieur de la Terre peuvent donc être caractérisées


en mesurant à la surface le temps de trajet des ondes P. Supposons par exemple
un milieu où une couche horizontale de roches sédimentaires recouvre un socle
granitique (figure 16.3a). Ces deux milieux se caractérisent par des indices de réfrac-
tion très différents (n1 > n2 ). Pour caractériser ce milieu, on utilise (1) une source
(explosion par exemple) qui génère une onde P qui va se propager dans le milieu
et (2) des sismomètres capables d’enregistrer les mouvements du sol en surface.
Plus la distance entre la source et un sismomètre est grande, plus le temps de par-
cours augmente (figure 16.3b). Cependant, cette augmentation dépend du trajet
des rais sismiques :
–– le rai sismique relie directement la source et le récepteur. Le temps de trajet t
de l’onde est

x
t= ,(16.11)
V1

où x est la distance entre la source et le récepteur et V1 la vitesse de propagation


dans la couche sédimentaire ;
–– le rai sismique se réfléchit totalement sur l’interface sédiment-socle. D’après les
lois de Snell-Descartes, le temps de « descente » de l’onde sera égal à celui de
sa « montée ». Le temps total peut alors être déterminé en utilisant le théorème
de Pythagore :

t=
2
V1
h2 +
2 ()
x 2
; (16.12)

V 
–– le rai sismique arrive avec un angle d’incidence limite i1 = arcsin  1  .
lim  V2 
Dans le cas de l’émergence rasante, l’onde se propage au niveau de l’interface
sédiment-socle à la vitesse V2 de la couche granitique. On peut montrer que le
temps de trajet de l’onde est alors

x 2h V22 − V12
t= + pour x > 2h tan (i1 ) (16.13)
V2 V1V2 lim

L’utilisation conjointe des équations 16.11, 16.12 et 16.13 permet de parfaitement


caractériser le milieu. En effet, la pente de la droite associée à l’onde directe permettra
d’obtenir V1, celle de l’onde réfractée (émergence rasante) permettra d’obtenir V2,
et enfin, l’onde réfléchie permettra, pour x = 0, d’estimer h (figure 16.3b).
Dans la réalité, les structures géologiques sont généralement plus complexes
(interfaces non planes, milieu à plus de deux couches). De plus, une approche
sphérique est nécessaire pour étudier l’ensemble du globe. Enfin, les ondes P se
convertissent en ondes transversales au niveau des interfaces. En pratique, obtenir
une image précise de l’intérieur de la Terre nécessite donc des moyens numériques
très importants.

222
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

Exemple
Retrouver les équations 16.12 et 16.13 en utilisant les lois de Snell-Descartes.
Solution. Pour l’onde réfléchie, d’après la loi de Snell-Descartes le trajet SOR est égal à
deux fois le trajet SO (figure 16.4). Or, SO 2 = ( x / 2)2 + h 2 .
SO // VV11 == 22 hh22 ++ ((xx // 2)
Donc tt == 22 ×× SO 2)22 // VV11..
Pour l’onde réfractée le trajet est SABR (figure 16.4). D’après les lois de Snell-­Descartes
on a SA = BR et AB = x − 2SA ′. De plus, sin (i1 ) = V1 / V2.
lim
Donc cos (i1 ) = 1 − sin 2(i1 ) = 1 − (V1 / V2 )2 .
lim lim

D’où SA = h / cos (i1 ) = hV2 / V22 − V12 ) et SA ′ = h tan (i1 ) = hV1 / V22 − v12 .
lim lim
On en déduit que t = (2 × SA / V1 ) + ( x − 2 × SA ′) / V2 . Soit après quelques simplifications
t = ( x / V2 ) + 2h V22 − V12 / (V1V2 ).

100

x
50
S A' 0' R
0

-50
Profondeur (m)

-100

-150

-200

-250

-300

A 0 B
-350

-400
-200 0 200 400 600 800 1000 1200 1400 1600 1800 2000
Distance le long du profil (m)
Figure 16.4    Rais sismiques associés à un milieu tabulaire horizontal sédiment-socle.

3 La géochimie
Dans cette section, nous ferons le lien, à différentes échelles d’espace et de temps,
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

entre la chimie et les minéraux, la chimie des minéraux et la chimie des roches et
les processus géochimiques contrôlant leur formation. À travers deux exemples,
nous verrons notamment deux notions fondamentales en géosciences : les équilibres
de phases et les cycles géochimiques.

3.1  Cristallographie/cristallochimie -
liaison atomique
Fritz Laves et Victor Goldschmidt posèrent les postulats de remplissage de l’espace
pour une structure cristalline selon trois principes :
–– principe spatial : les atomes ou ions sont empilés le plus étroitement possible ;
–– principe de symétrie : le cristal possède la plus haute symétrie possible ;

223
Partie 5   Géosciences

–– principe d’interaction : chaque atome ou ion est entouré par le plus de voisins
possibles.
Le rayon atomique ou ionique (qui peut varier en fonction du type de liaison) a
une influence sur la structure. Par exemple, dans certains composés comme l’olivine
(Mg, Fe)2[SiO4], la structure cristalline peut être décrite comme un empilement
compact hexagonal d’atomes d’oxygène, les autres atomes plus petits occupant
les sites octaédriques (atomes de magnésium et de fer) et les sites tétraédriques
(atomes de silicium).
La nature des liaisons chimiques dans un cristal peut correspondre à un type
de liaison prédominant ou un groupe d’atomes inclus dans une structure plus
grande. La halite NaCl est un exemple de composé à liaison ionique simple Na+ -
Cl– (figure 16.5), tandis que la pyrite (FeS2) présente une liaison covalente entre
2+
les atomes de soufre et une liaison ionique entre le soufre et le fer (S2– et Fe ).
Les deux propriétés fondamentales contrôlant la liaison chimique sont : l’électro-
négativité et les rayons ioniques (géométrie de l’association entre les éléments,
règles de Pauling). En 1926, Victor Goldschmidt combine les observations cris-
tallographiques et la chimie des minéraux pour fonder la cristallochimie et définit
les règles qui portent son nom. Elles permettent de préciser les substitutions
d’ions qui peuvent se produire dans un système cristallin. Elles reposent sur le
principe qui veut que l’ion préférentiellement incorporé dans une structure est
celui qui confère la plus grande stabilité. Il est important de noter qu’un cristal
a une structure stable définie par un groupe d’atomes. Chaque cristal contient
ainsi un nombre de moles spécifique en fonction de la masse de l’échantillon
et de la masse molaire des atomes présents (chapitre 14). Le nombre de moles
est obtenu par la relation :

n = m / M (16.14)

avec n le nombre de mole, m la masse de l’échantillon en g et M la masse molaire


des atomes en g ⋅ mol–1.
Les méthodes expérimentales les plus importantes en cristallochimie sont la ra-
diocristallographie (diffraction des rayons X, de neutrons, etc.) ainsi que les mé-
thodes de la chimie analytique (comme la spectroscopie) et de la chimie physique
(détermination des diagrammes de phase et transitions de phase). Elles permettent
de caractériser les structures cristallines à l’échelle atomique, de quantifier la com-
3. La composition des position des minéraux3 et des roches et de déterminer la composition et la stabilité
minéraux est définie des minéraux en fonction des conditions de température et de pression.
comme la quantité
d’éléments chimiques
présents. Elle s’exprime
en pds.% pourcentage
massique, ppm partie
par millions, ppb partie
par milliard (billion en
anglais).

224
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

Figure 16.5 

Minéral de Halite (NaCl) et réseau cristallin. rNa+ = 1,16 Å, rCl − = 1,67 Å.

Exemple 1
Deuxième règle de Pauling : chaque cation est neutralisé par l’ensemble des anions coor-
donnés (liés). Le nombre de polyèdres avec un sommet commun peut être déterminé grâce à
une généralisation du concept de valence électrostatique. Soit q[ M (i )] la charge électrique
du cation M (i ) (valence), et N [ M (i )] son nombre de coordination. La force de la liaison
électrostatique s(i ) depuis chaque sommet du polyèdre est définie par :

q[ M (i )]
s(i ) =  (16.15)
N [ M (i )]

À partir de la figure 16.5, définissez le nombre de coordination et la force de la liaison


électrostatique d’un cristal de halite.
Solution. Chaque ion sodium (Na+) est lié à 6 ions chlorure (Cl–) (figure 16.5(b)). Le nombre
de coordination est 6. Autour d’un cation, la somme des forces de liaisons doit être égale
à la charge du cation (Na+ a une charge + égale à 1). La force d’une liaison électrostatique
= valence/coordinence = 1/6.

Exemple 2
Calculer le nombre de moles contenues dans 10 g de halite (NaCl). Avec M Na = 22,98 g ⋅
mol–1 et M Cl = 35,45 g ⋅ mol–1.
Solution. Il suffit d’appliquer la relation n = m / M pour déterminer le nombre de moles.
Avec M NaCl = 22,98 + 35,45 = 58,43 g ⋅ mol–1 et nNaCl = 10 / 58,43 = 0,17 mole.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

3.2  Les équilibres de phase


La notion d’équilibre de phase est primordiale dans les processus géologiques.
Chaque composant, qu’il s’agisse d’un solide (minéral ou solide amorphe), d’un
liquide ou d’un gaz, a des propriétés chimiques et physiques qui lui sont propres
en fonction des éléments chimiques qui le composent et des conditions de pression
et de température dans lesquelles il se trouve. L’eau par exemple se caractérise par
trois états : liquide, gaz et solide. Le diagramme de phase, utilisé en thermodyna-
mique, permet de représenter les changements d’état d’un système en fonction des
variables telles que la température et la pression (figure 16.6). De façon générale,
une très faible pression interdit l’état liquide quelle que soit la température : si on

225
Partie 5   Géosciences

chauffe de la glace, celle-ci passe directement sous forme de vapeur (sublimation).


La pression minimale de l’eau liquide est de 6 mbar. Ainsi, dans le vide spatial,
l’eau liquide ne peut pas exister. On peut donc trouver de l’eau liquide uniquement
à l’intérieur d’un planétoïde ou en surface si celui-ci possède une atmosphère suffi-
sante. Sur Terre, l’eau liquide est présente à 1 atm entre 0 °C et 100 °C. À l’intérieur
de la Terre, l’augmentation de pression et température est telle que les conditions
d’équilibre sont au-dessus du point critique (374 °C - 21,8 MPa). L’eau est alors
un fluide supercritique, c’est-à-dire dans un état pour lequel on ne distingue plus
le liquide et le gaz.
À très haute pression et basse température, l’eau présente un polymorphisme, c’est-
à-dire plusieurs formes à l’état solide. On retrouve ainsi des glaces de type I à VIII
qui ont différentes structures pour des températures inférieures à 0 °C et des pressions
supérieures à 108 Pa. Ces glaces pourraient composer une part significative des
hydrosphères des satellites de glace. Sur Terre, la pression atmosphérique (1 atm)
implique que seule la glace de type I est présente à T < 0 C. De nombreux corps
purs présentent un polymorphisme, notamment le carbone, la silice et le silicate
d’aluminium. La présence de diamant (C), coésite (SiO2) ou disthène (Al2SiO5)
dans une roche traduit ainsi un épisode de très haute pression suivi d’une remontée
4. La métastabilité est rapide vers la surface où ces minéraux subsistent de façon métastable4.
la propriété d’un état
d’apparence stable mais Glace VIII Glace VII
qu’une perturbation peut
3 Glace VI
faire aller rapidement Glace V
Glace II
vers un état encore plus Point critique
2 374°C - 21,8 MPa
stable. Glace III

1
Liquide
log pression (MPa)

0
Glace I
1 atm
-1

-2
Vapeur
-3
0,01°C - 0,0006 MPa
Figure 16.6  -4

-100 0 100 200 300 400


Température (°C)

Diagramme de phase de l’eau. La relation entre la température et la


pression est exprimée par les courbes rouges entre glace, eau et vapeur.
Cette courbe est définie par l’équation de Clapeyron qui est fonction du
volume molaire et de l’entropie des phases coexistantes.

226
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

De la même manière que la composition chimique et la structure d’un minéral dé-


pendent des conditions de pression et de température, l’association de minéraux et
leur composition dépendent des conditions de formation et de la chimie du système.
Pour la plupart des roches, pour lesquelles nous ne pouvons pas observer directement
leur environnement de formation, il est important de définir expérimentalement en
laboratoire leur champ de stabilité (équilibre de phases) pour pouvoir par analogie
reconstruire leur histoire depuis leur origine.

3.3  Les réactions géochimiques


Une roche est un assemblage de minéraux dans lequel chaque minéral présent
a une composition chimique et une structure (maille cristalline) qui dépend des
conditions de sa formation (chimie du milieu, P et T ) (figure 16.6). Les roches
sédimentaires qui se forment en surface et les roches qui se forment en profondeur
(roches mantelliques, magmatiques et métamorphiques), sont donc le résultat de
processus contrôlés par la chimie et les conditions de formation, c’est-à-dire par
les équilibres de phases pour une chimie donnée. La plupart de ces processus sont
réversibles, par exemple précipitation/dissolution ou cristallisation/fusion. Ainsi,
les roches sédimentaires se classent en fonction de la chimie et de la minéralogie
(roches silicatées (par exemple les argiles), carbonatées, phosphatées…) ou de
leur structure qui reflète leur mode de formation. Les carbonates présents dans une
grande majorité des roches sédimentaires sont en équilibre avec les paramètres
physico-chimiques de l’eau de mer. Au-delà d’une certaine profondeur appelée
CDD (seuil de compensation des carbonates), ils auront tendance à se dissoudre,
du fait de la pression. Au-dessus de cette même profondeur, ils auront, au contraire,
tendance à précipiter. Cette précipitation est toutefois facilitée par les organismes
à coquille ou carapace (mollusques, oursins, coraux, algues planctoniques…),
par la respiration des êtres vivants, ou par le dégazage des eaux. Le carbonate
de calcium CaCO3(s) se forme ainsi dans les milieux aquatiques (le plus souvent
dans l’eau de mer) et résulte de la précipitation d’ions dissous. Cette précipitation
suit la réaction :


2 HCO32 − (aq) + Ca 2 + (aq)  CaCO3 (s) + CO 2 (g) + H 2O (l)(16.16)
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

La précipitation ou la dissolution des carbonates est alors contrôlée par les en-
thalpies libres de formation des différents composants données dans les tables
thermodynamiques suivant l’équation :

∆H 0 (T ) = ∑vi ∆ f Hi0 (T )(16.17)


i

Les roches étant en constante évolution, il est alors possible de quantifier et tracer
les transferts d’élément chimique liés aux processus géologiques en fonction des
variations de pression et de température et/ou des conditions intrinsèques au système
(composition chimique, système ouvert/fermé).

227
Partie 5   Géosciences

Exemple
On considère la dissociation du carbonate de calcium


CaCO3 (s)  CaO (s) + CO 2 (g)  (16.18)

Composés ∆ f H 0 (T = 298 K) (kJ ⋅ mol–1)


CO2 (g) –393
CaO (s) –635
CaCO3 (s) –1208

– Calculer l’enthalpie standard de la réaction de dissociation du carbonate de calcium.


– S’agit-il d’une réaction endo- ou exo-thermique ?
– Sachant qu’une élévation de température à P constant favorise l’équilibre dans le sens
endothermique, la dissociation est-elle favorisée par une élévation ou une diminution de
la température ?
Solution. ∆ H 0 (T = 298 K) = −635 − 393 + 1208 = +180 kJ ⋅ mol–1. Le processus est
donc endothermique ( ∆ H 0 (T ) > 0 ). Lors d’une augmentation de la température à pression
constante, l’équilibre sera déplacé vers la droite de la réaction, ce qui favorisera la dissociation
du carbonate de calcium.

3.4  Le bilan de masse


Les processus à l’origine des roches magmatiques correspondent également à des
équilibres chimiques et des bilans de masse. Suivant les profondeurs de fusion
partielle, la roche mantellique aura un assemblage minéralogique spécifique par
exemple :
–– olivine + clinopyroxène + orthopyroxène + grenat à forte pression (> 40-60
km de profondeur) ;
–– olivine + clinopyroxène + orthopyroxène + spinelle à plus faible pression
(< 40-60 km de profondeur).
et les magmas issus de cette fusion auront des compositions différentes en fonction
de la profondeur de leur genèse. Ainsi, si une roche fond, comme une péridotite du
manteau, la composition du magma (roche fondue) va dépendre de l’assemblage
minéralogique, de la composition de la roche mère et du pourcentage de fusion
partielle. À partir d’un basalte échantillonné à la surface et de cette notion de bilan
de masse, il est alors possible de déterminer la composition du manteau source à
laquelle nous n’avons pas accès directement.
Des relations simples de bilan de masse, reliant composition de la roche source,
taux de fusion et magma permettent de quantifier ce processus de fusion partielle :

C0i = F × CLi + (1 − F ) × CSi .(16.19)

228
chapitre 16  •  Outils mathématiques, physiques et chimiques

C0, CL et CS sont respectivement les concentrations massiques d’un élément chimique


donné (i) dans la péridotite, le magma et la roche résiduelle après fusion et F le
taux de fusion partielle.

3.5  Le cycle géochimique


5. L’expression « cycle Le cycle géochimique5 est un cycle complexe à plusieurs échelles qui correspond
géochimique » repose à une succession de processus naturels et de réactions chimiques que subit un
sur le terme de cycle élément chimique entre les grands réservoirs que sont la géosphère, l’hydrosphère
(du latin cyclus et et l’atmosphère. À grandes échelles, les cycles géochimiques sont intimement liés
du grec kyklos, en
cercle, en boucle), et
au cycle de Wilson (voir chapitre 17) qui relie au cours du temps les processus
géochimie (étude du profonds dans le manteau (métasomatisme) ; la genèse et l’évolution des magmas
comportement chimique (magmatisme), la transformation des roches par enfouissement (métamorphisme),
des composantes du le transport (érosion), la sédimentation (diagenèse) et la réintroduction des roches
globe terrestre). dans le manteau (métamorphisme et métasomatisme).

Erosion et
transport
Altération des
roches en surface
Dépot des
sédiments

Figure 16.7 
Enfouissement et
compaction
Roche
ignée
Soulèvement Roche sédimentaire

Déformation et
Cristallisation des métamorphisme
magmas Roche métamorphique

Fusion
@Geological Society of London
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Le cycle des roches.

Exemple
Pour illustrer une partie d’un cycle géochimique, nous pouvons prendre l’exemple de la
genèse d’un granite et son altération. Les granites, qui forment l’essentiel du volume des
continents, sont issus de la fusion partielle du manteau puis cristallisent à haute pression
et haute température dans la croûte continentale lors de l’ascension des magmas. Lors de
l’exhumation à la surface, les minéraux ne sont plus en équilibre dans la roche en présence
de fluides et ils s’altèrent. Les reliefs continentaux sont d’autant plus affectés par l’altération
chimique qu’ils sont élevés et soumis à un climat chaud et humide.
Le feldspath alcalin (KAlSi3O8), par exemple, présent dans les granites, va cristalliser à partir
d’un magma silicaté dans la croûte continentale à faible profondeur (600 °C et 10-15 km)

229
Partie 5   Géosciences

et se transformer en argile (Al2Si2O5(OH)4) en présence de fluides à la surface de la Terre.


Cette altération implique un fluide riche en eau et en dioxyde de carbone et la production
d’ions hydrogénocarbonates HCO3–. La réaction d’équilibre s’écrit :

2KAlSi 3O8 + 11H 2O + 2CO 2  


 2K + + Al 2Si 2O 5 (OH)4 + 2HCO3− + 4H 4SiO 4
(16.20)

2KAlSi 3O8 + 11H 2O + 2CO 2   2K + + Al 2Si 2O 5 (OH)4 + 2HCO3− + 4H 4SiO 4


Les minéraux silicatés et calcaires se dissolvent lentement en consommant du CO2 atmos-


phérique. Ce carbone est transporté sous forme hydrogénocarbonate (ou bicarbonates en
nomenclature usuelle) HCO3– dissout par le ruissellement continental vers l’océan. L’océan
est alors saturé en carbonates et son pH est différent de celui des eaux continentales. Le
bicarbonate réagit selon les lois d’équilibre chimique et forme du carbonate de calcium –
difficilement soluble, qui précipite en grande partie – et du CO2, qui retourne en partie vers
l’atmosphère et participe au cycle du carbone. La réaction est exactement l’inverse de celle
de la précipitation des roches calcaires (équation 16.16). La dissolution des silicates soustrait
du CO2 à l’atmosphère, puisque des deux CO2 soutirés à l’atmosphère lors de la dissolution
des roches silicatées, seulement un retourne à l’atmosphère lors de la réaction dans l’océan
(voir équation 16.16). Dans les zones de subduction, le plancher océanique s’enfonce sous
la croûte continentale. Les carbonates formant les sédiments marins sont ainsi incorporés
au manteau. Une fois dans le manteau terrestre, une partie des carbonates est transformée en
CO2 par métamorphisme. Il y a alors métasomatisme du manteau (transfert et incorporation
des fluides) puis formation de magmas et des granites.

230
CHAPITRE

17 Dynamique de la
planète Terre
Dans ce chapitre, les principales notions abordées au lycée sont rappelées. Ce socle
de connaissances est en général ré-enseigné au cours des deux premières années de
licence. Il s’agit ici de montrer comment les démarches décrites au chapitre 15 et les
outils présentés au chapitre 16 sont utilisés pour apporter de nouvelles informations
sur l’histoire, la structure et la dynamique de notre planète.

1 La planète Terre
La Terre est ici décrite dans sa globalité. On présentera les démarches scientifiques
qui ont permis d’estimer son âge, sa forme et sa structure interne.

1.1  La Terre dans l’Univers


Visible de la surface de la Terre, notre Galaxie, la Voie Lactée, comprend 250 ± 150
milliards d’étoiles et plus de 100 milliards de planètes. Longtemps considérée
comme contenant l’ensemble des corps célestes de l’Univers, les observations
de Edwin Hubble faites au début du xxe siècle démontrent que la Voie Lactée
n’est qu’une galaxie parmi d’autres dans l’Univers. Le système solaire est situé
à 26 490 ± 100 années-lumière de son centre qui est considéré comme étant un
trou noir super massif.

Vitesse de libération : le cas de l’atmosphère terrestre


À la surface d’une planète, la vitesse de libération ou d’échappement ve correspond à la vitesse nécessaire pour qu’un
corps s’évade de l’influence gravitationnelle de cette planète. Cette vitesse est définie à la surface de la Terre par

2GMT
ve = ∼ 11, 2 km ⋅ s −1 , (17.1)
RT

L’énergie cinétique nécessaire pour qu’une molécule de gaz constituant l’atmosphère terrestre s’évade de la Terre
est donc
1 1 2GMT GMT m
Ece = mve2 = m = ,(17.2)
2 2 RT RT

avec m la masse de la molécule de gaz considérée.

231
Partie 5   Géosciences

L’énergie cinétique moyenne d’agitation Eca des molécules dans l’atmosphère est de l’ordre de kT où k ∼ 1,380 × 10 −23
J · K–1 est la constante Boltzmann et T ∼ 300 K, la température moyenne à la surface de la Terre. Pour l’atmosphère
terrestre, le rapport de ces deux énergies est donc

Eca kTRT  (17.3)


= .
Ece GMT m

Ce rapport est très inférieur à 1 (< 0, 05 pour l’hydrogène par exemple). L’atmosphère terrestre est donc globale-
ment stable.

Depuis Nicolas Copernic (1473–1543) et Galilée (1564–1642), nous savons que


la Terre est en orbite autour du Soleil et qu’a priori aucune spécificité évidente
ne permet de la distinguer des autres planètes du système solaire : ce n’est pas la
plus proche du Soleil (Mercure), ni la plus éloignée (Neptune), ce n’est pas la plus
petite (Mercure), ni la plus grande (Jupiter). Cependant, sa taille et sa position sont
sans doute à l’origine de sa plus grande singularité : elle abrite une atmosphère et
de l’eau liquide qui sont des éléments essentiels à la vie. En effet, les planètes trop
peu massives ou trop chaudes ne peuvent pas retenir une atmosphère.
De plus, la pression et la température à la surface des planètes trop proches ou trop
éloignées du Soleil ne permettent pas d’abriter de l’eau à l’état liquide (figure 16.6).
Enfin, l’orbite quasi-circulaire de la Terre (distance Terre-Soleil 150 ± 3 millions
de kilomètres) permet d’éviter de fortes variations annuelles de température qui
pourrait atteindre plusieurs centaines de degrés si la distance au Soleil variait d’une
centaine de millions de kilomètres entre l’hiver et l’été.

Perpendiculaire
à l’orbite
Axe de rotation

Obliquité

�quateur

Figure 17.1  Soleil


Terre
Plan de l’écliptique

Sens de l’orbite terrestre

Inclinaison de l’axe de rotation de la Terre (aussi appelé obliquité) et sa relation


avec l’équateur et le plan de l’écliptique, qui correspond au plan contenant
le centre de gravité du Soleil et le centre de gravité de la Terre en orbite autour
du Soleil.
6. Planètes non
gazeuses  : Mercure, Parmi les quatre planètes telluriques du système solaire6, la Terre est la seule à
Vénus, Terre et Mars. posséder un satellite de taille aussi importante : la Lune. Celle-ci joue un rôle

232
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

majeur sur la vitesse de rotation terrestre et sur l’obliquité de son axe de rotation.
À la fin du xviie siècle, Edmond Halley propose à partir de l’analyse d’éclipses
anciennes que la vitesse de rotation de la Terre ne soit pas constante, mais diminue.
Cette hypothèse a été confirmée au xxe siècle par l’étude de coraux fossiles dont la
croissance dépend de l’éclairement diurne, mensuel et annuel. On peut ainsi estimer
que la durée d’un jour n’était que d’environ 23 h il y a 100 millions d’années. Les
mesures actuelles montrent que la durée du jour augmente d’environ 2 ms par siècle.
Ce ralentissement est associé à la dissipation d’énergie associée aux marées qui
sont dues à l’attraction luni-solaire. La Lune joue également un rôle important sur
la stabilité de l’obliquité de l’axe de rotation de la Terre. L’inclinaison de l’axe de
rotation de la Terre varie au cours d’un cycle de 41 000 ans entre ∼ 22 et ∼ 24,5 .
Sans la Lune, ces variations seraient plus chaotiques et l’amplitude des oscilla-
tions plus importantes (entre ∼ 22 et ∼ 60), ce qui entraînerait des variations
majeures du climat.

1.2  Comment est estimé l’âge de la Terre ?


Savoir que l’âge de la Terre est d’environ 4,5 milliards d’années est sans doute une
connaissance que la plupart des élèves ont acquise depuis le secondaire, voire le
primaire. La question plus fondamentale est comment cette valeur est déterminée
et quelles sont les hypothèses sous-jacentes à cette estimation ?
Jusqu’à la Renaissance, la question de l’âge de la Terre, et donc des origines et du
temps, est davantage religieuse ou philosophique que scientifique. L’âge de notre
planète est alors confondu avec l’âge de l’humanité. Ainsi en comptant le nombre
de générations qui se sont succédées depuis Adam et Ève, James Ussher en 1650
propose que la Terre se soit formée en 4004 avant Jésus Christ.
40

Nuevo Laredo
35

es
'anné
sd
30
d
liar
5 mil
25
à 4.5 Richardson
ne
hro
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

c
20
Iso
Saratov
Figure 17.2  Elenovka
15
Sédiments modernes et galènes récentes
Beardsley
10
Météorite ferreuse

5
5 10 15 20 25 30 35 40 45 50 55

Âge de la Terre défini par des météorites, des sédiments océaniques


actuels et des galènes récentes (modifié d’après Murthy et Patterson, 1962)
selon la méthode Pb-Pb.

233
Partie 5   Géosciences

Il faut attendre le xviiie siècle pour qu’une véritable démarche scientifique soit mise
en œuvre. Plusieurs approches sont alors utilisées. La première est basée sur des
transferts de masse liés au processus d’érosion et de sédimentation. Henri Gautier
à partir de l’étude des taux de sédimentation actuels et de la mesure de l’épaisseur
de couches sédimentaires propose que l’âge de la Terre soit de 35 000 ans. Sur le
même principe, à la fin du xixe siècle, cette estimation est revue à la hausse. Charles
Darwin et Grove Karl Gilbert proposent, à partir de l’étude des concentrations
de sédiment dans les fleuves et de l’épaisseur des grands deltas comme celui du
Ganges, un âge pouvant aller jusqu’à 300 millions d’années. À la même époque,
John Joly (1857-1933) estime que la Terre a environ 100 millions d’années en
considérant la concentration de sel dissous dans les fleuves et connaissant la salinité
des océans. Une seconde approche, plus physique, est basée sur le refroidissement
terrestre. Au xviiie siècle, Buffon propose un âge d’environ 75 000 ans en mesurant
le taux de refroidissement de boules d’acier, d’argile ou de marbre. Un siècle plus
tard, reprenant ces travaux, Lord Kelvin (1824-1907) estime par le calcul l’âge de
la Terre entre 20 et 400 millions d’années en considérant que notre planète était
initialement en fusion.
Ce n’est qu’avec la découverte de la radioactivité au début du xxe siècle et la ca-
pacité à mesurer la concentration d’isotopes instables comme ceux de l’uranium,
du plomb ou du thorium, qu’un âge encore plus important a été obtenu (voir
chapitre 16). Les roches les plus anciennes datées à 4,03 milliards d’années sont
des gneiss trouvés dans le nord du Canada. Cependant, sous l’effet de l’abrasion
et de l’altération, les roches perdent leur cohérence et seuls ont été retrouvés des
minéraux exceptionnellement résistants comme le zircon ZrSiO4, dont l’âge a
été estimé 4,4 milliards d’années. L’âge de la Terre est donc nécessairement plus
important que cette estimation. Pour atteindre l’âge de 4,55 milliards d’années,
des hypothèses sur la formation de notre planète doivent être faites. En effet, des
météorites appelés chondrites ont une composition isotopique en oxygène proche
de celle de la Terre, suggérant qu’elles sont les constituants primaires de notre
planète. Dater les chondrites permet donc d’obtenir un âge maximal de la Terre.
Plusieurs radiochronomètres ont été utilisés, comme la méthode dite 207Pb-206Pb.
Les isotopes de l’uranium 238U et 235U se désintègrent en 206Pb et 207Pb (voir
tableau 16.1).
D’après l’équation 16.4
 206 Pb − [206 Pb]0 = (1 − e − λt )
238 U
 (17.4)
 (
207 Pb − [ 207 Pb] = 235 U 1 − e − λ ′t
0 )
où λ = 4,47 × 109 ans et λ ′ = 0,704 × 109 ans. En normalisant par le nombre
d’isotopes stables 204Pb, le rapport des deux équations du système 17.4 devient

207 Pb 207 Pb
204 Pb
−  204 
 Pb  0  235 U   1 − e − λ ′t 
=  238   = A (17.5)
206 Pb
 206 Pb
  U   1 − e − λ t 
204 Pb
−  204 
 Pb  0

234
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

Le rapport 235U/ 238U est égal à 1/138 et donc, pour des échantillons ayant le
même âge, le terme de droite est une constante notée A. On a alors
207 Pb
 207 Pb  206 Pb
 206 Pb 
204 Pb
−  204 Pb  = A × 204 Pb
− A ×  204 Pb  .(17.6)
0 0

En posant

 206 Pb   207 Pb 
B = − A ×  204  +  204  ,(17.7)
 Pb  0  Pb  0
on obtient
207 Pb 206 Pb
204 Pb
= A× 204 Pb
+ B(17.8)

qui est une équation affine. Des échantillons ayant le même âge s’aligneront donc
sur une droite dont la pente dépend de l’âge de ces échantillons. En utilisant cette
approche, Rama Murphy et Clair Patterson montrent en 1962 que des échantillons
terrestres ainsi que des chondrites s’alignent sur une droite correspondant à une
7. Le mot isochrone isochrone7 de 4,55 milliards d’années (figure 17.2). En prenant en compte les
est issu du mot grec différentes incertitudes liées aux variations de la constante de désintégration et la
composé de isos qui précision des mesures, on estime que l’âge de la Terre est de 4,55±0,05 milliards
signifie égal et de
d’années.
khronos le temps. Une
isochrone est donc une
courbe (ou une droite,
voire une sur face)
1.3  Comment connaÎt-on la forme de la Terre ?
dont tous les points Connaître avec précision la forme de notre planète reste encore aujourd’hui un
correspondent au même axe de recherche majeur qui a des applications très concrètes. En effet, l’altitude
instant. d’un corps est estimée par rapport à une référence communément définie par le
niveau moyen des mers. Sans une bonne connaissance de la forme de la surface
des océans, il serait donc impossible de gérer le trafic aérien ou de contrôler la
trajectoire des satellites.
Pour un observateur ne voyageant pas sur de grandes distances (moins de quelques
dizaines de kilomètres) la surface de la Terre peut sembler plate. Bien que cette
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

vision simple ait perduré en occident jusqu’au Moyen Âge, dès l’Antiquité, Aristote
remet en cause cette hypothèse. En effet, il constate que la « voûte céleste » change
en fonction de la latitude : le même jour à la même heure un observateur à Athènes
ou à Alexandrie n’observera pas le même ciel étoilé (figure 17.3). Il propose éga-
lement d’autres arguments comme la forme en arc de cercle de l’ombre de la Terre
sur la Lune pendant les éclipses ou l’apparition du mat des navires avant leur coque
au niveau de l’horizon. La surface de la Terre n’est donc pas un plan mais une
sphère de grande dimension. Sa planéité n’est qu’apparente. L’horizon ou plutôt
un horizon n’est qu’un plan tangent à cette sphère au niveau du lieu d’observation.

235
Partie 5   Géosciences

Pôle Nord Pôle Nord


Observateur
Diminution de
la latitude

Figure 17.3 

Variation de la « voûte céleste » en fonction de la latitude. Pour expliquer cette


observation, Aristote propose que la Terre soit sphérique et que l’horizon soit le plan
tangent à cette sphère, là où se trouve l’observateur.

C’est à Ératosthène (276-194 avant J.-C.) qu’on doit la première estimation du


rayon terrestre moyen RT. Alors qu’Ératosthène travaille à la grande bibliothèque
d’Alexandrie, il apprend qu’une fois par an le fond d’un puits très profond à Syène
(actuellement Assouan) est éclairé par les rayons du Soleil. Il constate qu’au même
moment un obélisque (ou un bâton planté verticalement, la légende n’est pas précise
sur ce point) à Alexandrie de hauteur h a une ombre de longueur x. Il en déduit
l’angle a associé (figure 17.4) :

x 1
tan α = = .(17.9)
h 50

En supposant que le Soleil et la Terre sont très éloignés, donc que les rayons du
 où A, O et S sont des points
Soleil sont parallèles, alors a est égal à l’angle AOS
localisés à Alexandrie, au centre de la Terre et à Syène. Érastosthène mesure alors
la distance d entre Alexandrie et Syène. Sachant qu’un arc de cercle défini par un
secteur angulaire d’angle a a pour longueur

L = r × α (17.10)

avec r le rayon du cercle, on peut en déduire le rayon terrestre moyen

d
RT = (17.11)
α
Malgré l’imprécision des mesures, Ératosthène obtient RT = 6 700 ± 900 km. Cette
approche est remarquable : non seulement l’estimation obtenue est très correcte,
mais une incertitude raisonnable est également donnée.
Il faut attendre le xviiie siècle et Isaac Newton (1646-1727) pour qu’une avancée
significative soit faite. En effet, la Terre n’est pas fixe, mais tourne sur elle-même

236
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

pôle Nord

Obélisque
d’Alexandrie

𝛼𝛼 𝐴𝐴 𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑𝑑

𝛼𝛼 Puits de
𝑆𝑆
équateur 𝑂𝑂 Syène
(Assouan)
Figure 17.4 
𝑅𝑅𝑇𝑇
Obélisque
d’Alexandrie

𝛼𝛼

𝑥𝑥

En supposant que les rayons du Soleil arrivant à la surface de la Terre sont


parallèles, la mesure de l’ombre d’un obélisque et de la distance entre Alexandrie
et Syène (actuellement Assouan) permet d’estimer le rayon terrestre moyen RT . La
hauteur de l’obélisque à Alexandrie est notée h et la longueur de son ombre x.

en 24 h environ. Cette rotation induit des effets centrifuges qui s’opposent à


­l’accélération de la pesanteur. Ces effets sont d’autant plus importants qu’un point
est éloigné de l’axe de rotation terrestre. Les points à l’équateur vont subir un effet
centrifuge plus important et donc s’éloigner du centre de la Terre. La Terre n’est
pas sphérique, mais ellipsoïdale avec un rayon polaire de ∼ 6 357 km et un rayon
équatoriale de ∼ 6 378 km (figure 17.5).
Le lancement de satellites altimétriques et gravimétriques depuis la fin du xxe siècle
a permis encore d’affiner notre connaissance de la forme de la Terre. Sa forme
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

qui définit l’altitude 0 est en fait une surface horizontale qui est confondue avec
le niveau moyen des mers. Or, par définition, l’horizontale est perpendiculaire à
la verticale, elle-même définie par le champ de gravité terrestre. La forme de la
Terre est donc également affectée par la distribution des masses à l’intérieur de
notre planète.
La forme de la Terre est plus complexe qu’un simple ellipsoïde. Cette forme est
8. Forme qu’aurait appelée le géoïde8 (figure 17.6). Les variations maximales par rapport à une forme
la Terre si elle était ellipsoïdale sont d’environ une centaine de mètres. La description de la forme de la
entièrement recouverte Terre reste un sujet d’étude actuel, celle-ci étant sans cesse améliorée en intégrant
d’eau.
de nouvelles mesures au sol, aériennes et spatiales.

237
Partie 5   Géosciences

axe de rotation ~ pôle Nord

𝜔𝜔𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟𝑟 ~2𝜋𝜋/24 h-1

𝑅𝑅𝑇𝑇 𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝𝑝 ~ 6357 km

Figure 17.5  équateur


𝑅𝑅𝑇𝑇 𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚𝑚 ~ 6371 km
𝑅𝑅𝑇𝑇 é𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞𝑞 ~ 6378 km

La rotation de la Terre sur elle-même induit des effets centrifuges qui la déforment
en l’aplatissant au niveau des pôles et en l’enflant à l’équateur.

Figure 17.6 

Forme de la Terre appelée géoïde qui correspond à la surface horizontale passant


par le niveau moyen des mers. Afin d’être visible, la composante non ellipsoïdale
donnée par le code de couleur est ici exagérée.

1.4  Une approche pluridisciplinaire pour


étudier la structure du globe
Nous avons vu que la Terre s’est formée il y a 4,55 milliards d’années. Depuis, la
Terre a connu une évolution chimique et physique en passant d’une composition
238
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

homogène non différenciée (Terre chondritique ou primitive) à une Terre différen-


ciée comprenant le noyau, le manteau, la croûte, l’hydrosphère et l’atmosphère,
9. Solide qui à grande
qui sont des enveloppes chimiques internes et externes de composition différente
échelle de temps se (figure 17.7). Cette différenciation est contrôlée par la dynamique terrestre et les
comporte comme un propriétés des éléments chimiques, par exemple l’affinité d’un élément pour le fer
fluide. (sidérophile) ou pour l’oxygène (lithophile).

Lithosphère – Asthénosphère
À la fin des années 1960, la théorie de la tectonique des plaques est proposée par Jason Morgan, Dan Mc Kenzie
et Xavier Le Pichon. Elle a apporté un nouveau cadre conceptuel permettant d’aborder la dynamique terrestre, no-
tamment en montrant que les déformations observées à la surface de la Terre pouvaient être interprétées comme le
mouvement d’un nombre réduit de calottes sphériques considérées comme indéformables. Ces calottes ou plaques
lithosphériques, constituées de la croûte et d’une partie du manteau supérieur, sont mobiles sur l’asthénosphère
ductile9 constitué du reste du manteau. Les notions de lithosphère et d’asthénosphère sont donc associées à des
comportements mécaniques différents, à ne pas confondre avec la différence entre la croûte et le manteau qui est
de nature compositionnelle.

Terre
tive diffé
ep rimi renc

Terr e
atmosphère
apport de
matériel chondritique

croûte

silicate fondu
Manteau

silicate partiellement silicate solide


fondu

silicate solide
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métal

métal liquide
Noyau
métal liquide

Figure 17.7    Structure du globe terrestre de la Terre primitive à la Terre actuelle.


10. Fragments du
plancher océanique 1.4.1  Terre minérale
charriés sur la marge
des continents. L’intérieur de la Terre est formé de roches dont l’assemblage minéralogique dépend
11. Roches du manteau
de la pression et de la température. Peu d’échantillons permettent une observation
ramenées rapidement directe des roches du manteau, seules les ophiolites10 et les xénolites11 de péridotite
à la surface par les permettent une observation directe des premiers 100 km. La plupart des équations
magmas. d’état et les transitions de phase des minéraux ont été déterminées par des études

239
Partie 5   Géosciences

expérimentales à haute pression et haute température permettant de reproduire en


laboratoire les conditions régnant à l’intérieur de la Terre (piston cylindre, mul-
ti-enclumes, cellule diamant).
Sous l’effet de la pression, les minéraux adoptent des structures cristallines plus
denses. C’est le cas de l’olivine qui se compacte en phase b (wadsleyite) à 12-14
GPa (390-420 km de profondeur) puis en phase g (ringwoodite) à 16-18 GPa (500-
540 km de profondeur) (figure 17.8). À la transition entre le manteau supérieur
et le manteau inférieur (25 GPa), la ringwoodite subit non pas un passage vers
une forme isochimique (de même composition chimique) plus compacte mais une
dissociation en deux phases distinctes selon la réaction :

(Mg, Fe)2 SiO 4 (ringwoodite) → (Mg, Fe)SiO3 (brigmanite)


(17.12)
+ (Mg, Fe)O(magnésio- wustite)


La composition minéralogique du noyau reste aujourd’hui encore méconnue. Le


parallèle avec la composition des météorites métalliques et les modèles de différen-
ciation de la Terre suggère que le noyau externe est principalement composé de fer
à 80-85 %, d’un élément léger encore non déterminé parmi le soufre, l­ ’oxygène, le
silicium et le carbone (ou un mélange des quatre) (environ 10-12 %), et de nickel (5
%). Le noyau interne, quant à lui, s’est constitué par la cristallisation progressive du
noyau externe. La pression, qui est de 3,5 millions de bars (350 GPa), le maintient
à l’état solide malgré une température supérieure à 6 000 °C, avec une densité
d’environ 13. Sa nature exacte est encore très discutée et reste un sujet important
de recherche en géochimie et géophysique.

1.4.2  Terre sismologique


La sismologie a mis en évidence une organisation en couches quasi concentriques
de la Terre. Le temps de propagation des ondes sismiques dépend de leurs vitesses,
qui elles-même dépendent de la densité et des propriétés élastiques des milieux
parcourus. À partir des données sismiques, il est donc possible de caractériser la
structure interne de la Terre (voir chapitre 16). La distribution obtenue pour la
densité et les paramètres élastiques est alors comparée aux données de pétrologie
expérimentale. Ainsi, les discontinuités sismiques croûte/manteau (appelée Moho
en l’honneur du sismologue Andrija Mohorovičić) et manteau/noyau (discontinuité
de Gutenberg) sont fortement liées à des variations rapides de nature chimique et
donc de densité entre des matériaux sialiques (croûte alumino-silicaté) et ferro-
magnésiens (manteau) et ferromagnésiens/métalliques (noyau). Les variations de
vitesse plus subtiles observées dans le manteau inférieur et supérieur sont quant à
elles le reflet de transitions de phase induites par une augmentation de la pression.
Dans le noyau externe, les ondes S (de cisaillement) ne se propagent pas et les
ondes P (de pression) sont fortement atténuées, suggérant que le noyau externe est
liquide, contrairement au noyau interne solide (ou graine) qui propage les ondes de
cisaillement (S). À partir de l’analyse de la vitesse des ondes sismiques, Francis
Birch en 1961 montre que le noyau est essentiellement constitué de fer, un peu de
nickel et d’éléments légers en accord avec la composition chimique des météorites.

240
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

Volume
0 0,2 0,4 0,6 0,8 1 Vitesse des ondes S et des ondes P (km/s)
densité (g/m3) Plagioclase
3 4 5 0 2 4 6 8 10 12
croûte
Spinelle Opx Lithosphère
Olivine
Grenat Cpx zone

Manteau supérieur
faible vitesse
200

VS Asthénosphère
400
Profondeur (km)

de transition
Wadsleyite Majorite-grt
VP

Zone
600 Ringwoodite

CaSi perovskite
Magnésio-

Bridgmanite
wüstite

Manteau inférieur
800
Figure 17.8 
1000

2700
Ferro-periclase + perovskite Mg-Si
+ post-perovskite
2900
noyau
Structure du globe terrestre. Composition minéralogique et vitesse des ondes P
(de compression) et des ondes S (de cisaillement) à l’intérieur de la Terre.

1.4.3  Machine thermique


La notion de « machine thermique » correspond à l’étude physique de certains
systèmes thermodynamiques qui permettent de transformer l’énergie thermique en
énergie mécanique, et inversement. Les manifestations de perte d’énergie méca-
nique ou thermique du globe sont nombreuses. Par exemple, l’énergie potentielle
de gravité permettant la surrection des montagnes est de l’ordre de 7 × 109 W. Le
volcanisme ou les séismes sont associés à une libération d’énergie beaucoup plus
importante d’environ 1012 W chacun. Le principal processus associé à une perte
d’énergie est cependant beaucoup plus discret. En effet, le flux de chaleur moyen
mesuré à la surface de la Terre est d’environ 65 mW · m–2. Ce qui correspond à une
perte globale intégrée de ∼ 34 × 1012 W. Deux questions peuvent alors être posées :
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

–– D’où vient cette énergie ? Parmi les sources de chaleur, certaines résultent de
la formation de notre planète. C’est le cas de la chaleur primitive, stockée à
l’intérieur de la Terre lors de son accrétion et de la chaleur latente qui provient
de la cristallisation de la graine qui est une réaction exoénergétique. D’autres
sont associées à la désintégration des éléments radioactifs dans la croûte et dans
le manteau qui se traduit par la production d’énergie sous forme de chaleur.
–– Comment la chaleur est-elle transportée de l’intérieur vers l’extérieur de la
Terre ? Deux modes de transport sont à l’œuvre : (1) La conduction thermique
qui est un mode de transfert thermique provoqué par une différence de température
entre deux régions d’un même milieu. À l’échelle macroscopique, elle se réalise
sans déplacement global de matière. Elle peut s’interpréter comme la transmission
de proche en proche de l’agitation thermique : un atome (ou une molécule) cède

241
Partie 5   Géosciences

une partie de son énergie cinétique à l’atome voisin ; (2) La convection est un
mode de transfert qui implique un déplacement de matière dans le milieu, par
opposition à la conduction thermique. C’est le mode de transfert de chaleur le
plus efficace. La matière en profondeur, très chaude et moins dense, remonte
vers la surface. Arrivée proche de la surface, la matière échange sa chaleur, se
refroidit et s’alourdit puis redescend, créant ainsi des cellules de convection.
La connaissance du géotherme, c’est-à-dire la distribution de température à l’inté-
rieur de la Terre, reste limitée. Dans le manteau asthénosphérique, les transferts sont
principalement convectifs, alors que dans la lithosphère, à la limite noyau-manteau
et dans le noyau interne ils sont principalement conductifs. Les points d’ancrages
du géotherme sont peu nombreux et proviennent de notre connaissance de la Terre
minérale et sismique. Ainsi il n’existe actuellement aucune information sur la
température dans le noyau interne.

2 La dynamique du globe
La tectonique des plaques permet notamment d’étudier les interactions entre les
plaques lithosphériques et les conséquences de ces interactions (expansion des fonds
océaniques, formation et dislocation des continents, localisation des reliefs et de la
sismicité ...). Entre deux plaques lithosphériques, on distingue trois types de fron-
tières (figure 17.9) : (1) les frontières divergentes, où les plaques s’éloignent l’une de
l’autre, (2) les frontière convergentes, où les plaques se rapprochent l’une de l’autre
et (3) les failles transformantes, où les plaques coulissent l’une par rapport à l’autre.
L’ensemble de ces forçages tectoniques interagit avec les processus de surface pour
donner naissance aux différents contextes géodynamiques observés (figure 17.10).

2.1  Les grands contextes géodynamiques


2.1.1  Dorsale et rift
Associés à des frontières divergentes, les dorsales et les rifts sont des zones où du
matériel issu du manteau s’ajoute à la lithosphère existante. Ces contextes sont
associés à une sismicité de magnitude modérée n’excédant pas 6,5.
Longues de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres (figure 17.9), les dorsales
océaniques constituent le relief le plus important de notre planète. La dorsale mé-
dio-Atlantique par exemple culmine à plus de 2 000 m au dessus de la plaine abyssale
et a une largeur moyenne d’environ 1 000 km. L’analyse des anomalies magnétiques
de part et d’autre des dorsales ainsi que les cartes de la distribution des âges du
fond des océans ont permis dès les années 1970, d’estimer une vitesse d’expansion
de l’ordre de 3 cm · an–1 pour la dorsale médio-Atlantique et pouvant atteindre
16 cm · an–1 pour la dorsale est-Pacifique. Cette vitesse qui varie d’une dorsale à
l’autre permet par ailleurs de distinguer les dorsales lentes des dorsales rapides
qui montrent des propriétés morphologiques et géophysiques différentes associées
à des processus dominants distincts (tableau 17.1). L’étude des ophiolites et les
forages en mer permettent de connaître la structure des dorsales en profondeur.

242
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

90°N 150°O 120°O 90°O 60°O 30°O 0° 30°E 60°E 90°E 120°E 150°E

60°N
Plaque Plaque Eurasienne
Nord-Americaine

30°N

Pl. des
Plaque Africaine Philippines
Plaque Pacifique

Plaque Sud-
Americaine
Pl. Nazca
30°S Plaque
Australienne

Pl. Scotia Plaque Antartique


60°S

limite divergente limite convergence


limite transformante
axe dorsale subuction, collision
expansion océanique

Figure 17.9    Planisphère montrant les failles majeures à la surface de la Terre.


Le code de couleur est associé aux différents types de frontières.

Au niveau de l’axe des dorsales, le plancher océanique est constitué de basaltes


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

12. Roche sédimen­ en coussins, se couvrant rapidement de sédiments siliciques (radiolarite)12 et


taire composée essen­ de sédiments métallifères quand ils sont associés à des fumeurs noirs. À plu-
tiellement de coques sieurs centaines de mètres de profondeur, ces basaltes s’enracinent dans des
siliceuses de radiolaire, complexes filoniens. Ces filons sont verticaux, larges d’environ un mètre et
un protozoaire planc­
tonique.
les complexes sont épais d’environ un kilomètre. À leur tour, ils s’enracinent
dans les gabbros par l’intermédiaire d’une couche épaisse d’une centaine de
mètres. À l’axe de la dorsale, une chambre magmatique permanente (dorsale
rapide) ou non permanente (dorsale lente) permet la mise en place des basaltes
et la cristallisation des gabbros. L’unité des gabbros est épaisse de 3-4 km
au-dessus du Moho qui marque la transition avec le manteau péridotitique.

243
Partie 5   Géosciences

Tableau 17.1  Principales caractéristiques des dorsales rapides et lentes.

Dorsale rapide Dorsale lente


Taux d’ouverture >8 cm · an–1 < 2 cm · an–1
Exemple Pacifique Atlantique
Morphologie Régulière Rugueuse
Dénivelé Centaines de mètres Peut atteindre plus de 2000 m
Étalement Large Faible
Vallée axiale Non Oui
Manteau exhumé Non Oui, pour dorsale asymétrique
Flux de chaleur ++ +
Chambre magmatique Permanente Non permanente
Processus dominant Magmatisme Tectonique

13. Le terme rift signifie Un rift13 est une déchirure continentale qui correspond à un système en exten-
« rupture, déchirure » sion et se traduit par un amincissement de la lithosphère et la remontée du Moho
en anglais. (figure 17.10). L’extension est localisée dans la croûte continentale et peut être le
résultat de contraintes tectoniques distensives de grande ampleur liées aux mouvements
horizontaux des plaques et/ou le résultat de la remontée d’un panache mantellique
qui forme un bombement et un étirement de la lithosphère. La divergence est alors
assez lente, comprise entre quelques mm · an–1 et 1 cm · an–1. Un rift continental
peut s’étendre sur 3 000 km (comme le rift Est-africain) et l’extension est souvent
accompagnée d’un volcanisme alcalin important. L’érosion des reliefs est respon-
sable de dépôts sédimentaires syn-rift et post-rift, le plus souvent lacustres. Un rift
continental peut soit avorter (morphologie en horst et graben de quelques dizaines
de kilomètres de large le long de failles normales, comme par exemple le rift de la
Limagne), soit évoluer vers un rift océanique avec la formation d’une lithosphère
océanique et une océanisation (Mer Rouge).
2.1.2  Subduction et collision
Associées à des frontières convergentes, les subductions et les collisions sont des
zones où les plaques lithosphériques disparaissent dans le manteau. Ces contextes
sont associés à une sismicité de magnitude importante pouvant dépasser 9.
Une grande partie des zones de subduction actuelles sont réparties autour de l’océan
Pacifique, appelée la Ceinture de feu (figure 17.9). Outre les séismes, les zones de
subduction sont associées à des reliefs importants et du volcanisme. La subduction
14. Comparées à l’âge
des continents, les
est liée au refroidissement de la plaque océanique qui devient plus dense à mesure
plaques océaniques qu’elle s’éloigne de la dorsale. Quand sa densité dépasse celle de l’asthénosphère
sont donc jeunes car sous-jacente, la plaque chevauchée (ou inférieure) s’enfonce alors pour être recyclée
leur âge ne dépasse pas dans le manteau14. L’enfoncement de la lithosphère océanique, froide et dense, a
180 millions d’années. pour conséquence de produire des anomalies thermiques et gravimétriques et une

244
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

point chaud lithosphère


océanique
subduction
dorsale
lithosphère
continentale

rift
collision
Figure 17.10 
craton
0 NOYAU au
100 nte r
670 ma érieu
pro Panache
au sup
fon ascendant nte
deu ma rieur
r (km in fé
) 2900

Contextes géodynamiques.

concentration importante de la sismicité dans le plan interplaque (plan de Wadati-


Benioff), mais également au sein de la plaque plongeante.
En surface, les structures tectoniques et la géomorphologie des reliefs mettent en
évidence des variations topographiques majeures, notamment une fosse océanique,
15. La profondeur de étroite et profonde15 le long de la bordure où une plaque commence à s’enfoncer sous
la fosse des Mariannes l’autre. Entre la fosse et la plaque chevauchante, les sédiments s’accumulent, se plissent
excède 10 km. et forment un prisme d’accrétion. Les prismes d’accrétion sont recoupés par de nom-
breuses failles inverses, témoins d’un raccourcissement important. À environ 200 km
de la fosse, sur la plaque chevauchante (ou supérieure), on trouve un relief marqué par
une chaîne de montagnes si la plaque chevauchante est continentale (la cordillère des
Andes) ou un arc insulaire si elle est océanique (chapelet d’îles volcaniques comme
aux Antilles). On peut également trouver un bassin d’arrière arc qui correspond à
une zone en extension située sur la plaque chevauchante en arrière de l’arc volcanique
et qui dans un cas de forte extension peut conduire à l’ouverture d’un océan.

Magnitude des séismes


La définition de l’importance d’un séisme a longtemps été basée sur la notion d’intensité, c’est-à-dire sur les effets
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

observés en surface d’un tremblement de Terre. La difficulté est qu’en un lieu donné, un séisme lointain et important
peut avoir la même intensité qu’un séisme local de faible importance. On définit aujourd’hui l’importance ou la
magnitude d’un séisme à partir du moment sismique qui dépend de l’énergie libérée par ce séisme :

2
M = Mw = log ( M 0 ) − 6 (17.13)
3

avec M0 le moment sismique définit comme


M 0 = µ × S × d (17.14)

avec m la rigidité du milieu, S la surface de glissement et d le déplacement moyen sur le plan de faille. L’échelle
étant logarithmique, un tremblement de Terre de magnitude 7 libérera 1 000 fois plus d’énergie qu’un de magnitude
5 et 32 fois plus qu’un de magnitude 6.

245
Partie 5   Géosciences

Les roches magmatiques et mantelliques qui composent la lithosphère océanique


sont des basaltes, gabbros et péridotites. L’enfouissement de la lithosphère océa-
nique au niveau des zones de subduction va se traduire par une transformation des
minéraux et des assemblages minéralogiques. Les minéraux vont se rééquilibrer aux
nouvelles conditions de pression et de température dans lesquelles ils se trouvent.
Un basalte formé d’olivine, de plagioclase et de verre silicaté par exemple va se
transformer en schiste vert, puis schiste bleu (1), puis éclogite (2) suivant les réac-
tions métamorphiques (figure 17.11) :

(1) actinote + chlorite + plagioclase → glaucophane + H 2O


  (17.15)
(2) glaucophane + H 2O → omphacite + grenat + H 2O

Figure 17.11 

Schiste bleu à gauche avec glaucophane donnant une couleur bleutée à la roche et
Eclogite à droite avec grenat (rouge) et omphacite (vert).

L’augmentation de la pression va notamment avoir pour conséquences la dés-


hydratation des minéraux et un transfert de fluides depuis la plaque océanique
plongeante vers le manteau, abaissant ainsi la température de fusion du manteau
et permettant la fusion partielle et la formation de magmas d’arc. Ces magmas,
moins denses, peuvent remonter vers la surface et produire un volcanisme explosif
car riche en eau. Si les contraintes tectoniques ne le permettent pas, ces magmas
vont être bloqués dans la croûte océanique ou continentale sus-jacente et former
des plutons granitiques.
Le devenir de la plaque lithosphérique plongeante est un sujet encore largement
débattu quant à savoir comment et jusqu’où la plaque peut plonger. Les études
couplées de tomographie sismique, de géochimie des laves, et de modélisations
numériques, permettent cependant de mettre en évidence un recyclage des panneaux
de lithosphère dans le manteau inférieur jusqu’à la limite manteau inférieur – noyau
externe à  2 900 km de profondeur (figure 17.10).
La formation des chaînes de montagnes est associée à la collision entre deux
continents. On parle alors de subduction continentale (figure 17.10). Contraire-
ment aux subductions océaniques, la plaque plongeante n’est pas plus dense que
le manteau asthénosphérique. Comme un bouchon qu’on tenterait d’immerger, la
plaque chevauchée n’est maintenue en profondeur que sous l’effet du poids de la

246
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

plaque chevauchante. Ceci génère des mouvements verticaux importants, respon-


sables de la formation des plus hauts sommets de notre planète comme l’Everest
qui culmine à plus de 8 800 m et des hauts plateaux comme le Tibet ou les Andes.
La collision se traduit par un épaississement de la croûte qui peut être caractérisé
par des observations géologiques (structurale, métamorphique, géomorphologique)
et géophysiques (sismologique, gravimétrique, thermique).
En surface, les structures tectoniques et la géomorphologie des reliefs mettent
en évidence des variations topographiques importantes. Le plongement de la
plaque inférieure génère un bassin d’avant pays dans lequel les sédiments asso-
ciés à l’érosion de la chaîne se déposent. Le prisme orogénique, associé à la
formation des chaînes de montagnes, implique alors une échelle crustale plus
importante que pour les subductions océaniques. Plus à l’intérieur de la chaîne,
16. Le poids des reliefs les hauts reliefs sont maintenus isostatiquement16.
est pour l’essentiel
Comme pour les subductions océaniques, l’enfoncement de la plaque plongeante va
compensé par la
poussée d’Archimède se traduire par une transformation des minéraux et de l’assemblage minéralogique
qu’exerce le manteau des différentes roches qui la constituent, en passant par les faciès schiste vert, schiste
sur la racine crustale. bleu et éclogitique. Mentionnons deux différences majeures entre subduction et
collision : l’absence de volcanisme et le rôle majeur des processus de surface dans
la dynamique orogénique.

2.1.3  Les failles transformantes


On trouve de grands décrochements aussi bien en domaine océanique (faille de
Clipperton) que continental (faille de San Andreas, faille Nord Anatoliennne). Ce
contexte est associé à une sismicité de magnitude forte pouvant atteindre 8,5 comme
en 2012 dans l’océan Indien. Ce type de contexte est associé à des mouvements
uniquement horizontaux. Les failles transformantes ont souvent une géométrie
simple sub-verticale. Ces failles peuvent cependant juxtaposer deux lithosphères
de propriétés et d’âges différents. Les différences de flottabilité ou de capacité à
être érodé peuvent alors générer des variations de relief qui sont observables sur
le terrain et en télédétection.

2.1.4  Les cycles de Wilson


Les différents contextes géodynamiques présentés ne sont pas isolés les uns des
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

autres mais contribuent ensemble à l’évolution spatiale et temporelle du globe


terrestre. Le cycle définit par Tuzo Wilson (1908-1993) décrit cette évolution en
intégrant la formation puis la dislocation d’un supercontinent sur une période
d’environ 400 à 600 millions d’années (figure 17.12). Ce cycle s’est reproduit,
selon les modélisations, de 8 à 12 fois sur la durée des temps géologiques. Ces
modélisations suggèrent que ces cycles sont loin d’être réguliers. La question de leur
périodicité n’est pas tranchée à l’heure actuelle. La convection asthénosphérique est
responsable du mouvement des plaques lithosphériques. Les courants ascendants de
convection

247
Partie 5   Géosciences

Figure 17.12    Cycle de Wilson qui décrit le « ballet » des continents à la surface
de la Terre au cours des temps géologiques.

se manifestent par une décompression adiabatique (sans transfert thermique) et


une fusion partielle du manteau créant la croûte océanique au niveau des dorsales
(volcanisme des dorsales) tandis que les courants descendants de matériel froid
correspondent à la plongée des plaques lithosphériques dans le manteau au niveau
des zones de subduction, formant les domaines en convergence. Nous pouvons
noter que les vitesses de subduction (1 à 12 cm ⋅ an–1) sont du même ordre que
les vitesses d’accrétion. Les mouvements horizontaux superficiels du manteau
sont quant à eux les moteurs du déplacement des plaques lithosphériques et de la
divergence à partir des dorsales.

2.1.5  Les cratons


Actuellement, les quantités de croûte continentale formée et recyclée dans le
manteau se compensent. La croissance des continents doit donc être recherchée
dans le passé. En effet, comment expliquer la formation des roches les plus
anciennes et le fait qu’elles aient échappé à plusieurs cycles de Wilson depuis
plus de 4 milliards d’années ? L’étude de la distribution des âges de la croûte
continentale montre que le cœur des plaques lithosphériques continentales est

248
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

constitué de matériaux non recyclés depuis environ 2 milliards d’années. Ceci


suggère que la croissance de ces régions appelées cratons a eu lieu avant la mise
en place de la tectonique des plaques telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Les cratons se seraient donc mis en place au cours de la différenciation du man-
teau primitif (figure 17.7).

2.2  Processus de surface


La dynamique terrestre ne se limite pas à la dynamique interne qui vient d’être
décrite. Ainsi la surface de la Terre est le lieu où la lithosphère, l’hydrosphère,
l’atmosphère et la biosphère interagissent. Loin d’être immuable, la totalité de la
surface terrestre évolue sous l’effet combiné des forçages internes (orogènes, vol-
cans ou séismes), externes (changements climatiques, tempêtes ou inondations) ou
anthropiques (dérèglements globaux, aménagement des territoires ou exploitation
des ressources). La complexité réside dans les interactions et couplages existants
entre ces forçages (figure 17.13). Par exemple, nous avons vu que la collision entre
deux plaques continentales va donner naissance à une chaîne de montagnes, c’est-
à-dire à de fortes variations de la topographie. Celles-ci peuvent alors perturber la
circulation des masses d’air dans l’atmosphère et donc modifier la localisation des
précipitations. C’est par exemple le phénomène de mousson dû à la barrière orogra-
phique Himalayenne. Cette modification des précipitations va à son tour perturber
la capacité des rivières à éroder et transporter des sédiments. Enfin ces transferts
de masse vont modifier la topographie (les zones les plus érodées ayant tendance
à se surélever), perturbant alors la circulation des masses d’air et ainsi de suite...

Transfert de
Érosion masses

Forçage tectonique
compression
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Figure 17.13  Mouvements


Perturbation des verticaux
précipitations

Modification des
masses d’air

Couplages entre les processus internes et externes dans la


dynamique terrestre à la surface du globe.

249
Partie 5   Géosciences

2.2.1  Les mécanismes d’érosion


Avec des amplitudes souvent inférieures à 0,1 mm · an–1, l’érosion moyenne est
un processus lent en comparaison de la tectonique des plaques. Localement, dans
les chaînes de montagnes très actives, le taux d’érosion peut cependant atteindre
1 cm · an–1 comme en Himalaya ou en Nouvelle-Zélande. Enfin, l’érosion peut
être associée à des phénomènes extrêmement rapides comme des chutes de blocs
ou des glissements de terrain, qui représentent des risques pour les populations et
qui doivent donc être pris en compte dans l’aménagement du territoire.
2.2.2  Le transport sédimentaire
Les transferts de masses associés au vent, aux rivières et aux glaciers sont colossaux.
On estime ainsi que la charge de sédiment transportée par les rivières à l’échelle
mondiale s’élève à environ 18 milliards de tonnes par an. Dans les rivières, on dis-
tingue plusieurs types de charge sédimentaire. La charge dissoute correspond aux
produits de l’altération comme les ions hydrogénocarbonate HCO3– (équation 16.20),
calcium Ca2+ ou sulfate SO42–. Cette charge constitue la principale source de matière
dissoute dans les océans. Cependant, contrairement à l’eau océanique, les rivières
du globe ont une salinité faible. Pour la charge solide, on distingue la charge en
suspension et la charge de fond. La première correspond à des particules très fines
(argiles et limons) qui sont maintenues en suspension par la turbulence du cours
d’eau. La seconde est associée aux sables et aux galets qui sont transportés sur
le fond de rivières. La distance de transport dépend de la vitesse de l’eau et de la
taille des particules considérées. La distance de transport de la charge de fond est
ainsi plus faible que celle de la charge en suspension, qui peut parcourir plusieurs
centaines, voire plusieurs milliers de kilomètres, en quelques années.
2.2.3  La sédimentation
Lorsque la dynamique des rivières diminue, la charge sédimentaire se dépose. Tout
le matériel transporté s’accumule alors dans des bassins pour former des dépôts
sédimentaires. Ces dépôts sont stratifiés car les sédiments se déposent en couches
successives. À mesure que les sédiments sont recouverts par de nouveaux dépôts,
ils subissent des transformations qui vont conduire à une roche sédimentaire. L’en-
semble de ces transformations chimiques et mécaniques est appelé diagenèse. Elle
inclut de nombreux processus comme la compaction du sédiment, la cimentation,
la déshydratation, des phases de dissolution, et la recristallisation. On distingue
trois types de roches sédimentaires en fonction de leur origine :
–– détritique, les roches sont formées à partir d’un dépôt composé d’éléments
solides en provenance de la désagrégation mécanique des roches préexistantes ;
–– chimique, les roches sont formées à partir de la précipitation ou de la cristallisation
de la charge dissoute ;
–– organique, les roches sont formées à partir de sédiments composés essentiellement
de restes d’organismes vivants, ou d’un matériel produit de façon directe ou
indirecte par des êtres vivants. Cette dernière catégorie comprend notamment les
hydrocarbures et le charbon, dont l’exploitation représente encore aujourd’hui
plus de 75 % de la consommation énergétique mondiale.

250
chapitre 17  •  Dynamique de la planète Terre

Ces trois grands groupes de roches sédimentaires se forment rarement indépendam-


ment les uns des autres. Cette classification doit donc être vue comme une descrip-
tion simplifiée, la plupart des roches sédimentaires pouvant être un « mélange » de
deux, voire trois de ces types.
La composition, la taille des particules, la couleur des roches sédimentaires tra-
duisent des variations temporelles de la nature des sédiments transportés. L’origine
de ces variations peut être multiple comme des variations du niveau marin, des
changements climatiques ou des phénomènes extrêmes (séisme, tempête, éruption
volcanique). Les roches sédimentaires peuvent également être datées grâce à l’étude
des fossiles qu’elles peuvent contenir ou en utilisant des radiochronomètres (voir
chapitre 16). Les bassins sédimentaires permettent donc d’accéder à un enregis-
trement de la dynamique terrestre passée sur des périodes de plusieurs centaines
de millions d’années.
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251
6
Partie

L
es sciences de la vie, ou biologie (du grec bios « la vie » et lo-
gos, « discours »), regroupent les domaines de la science qui
impliquent l’étude des composantes et des mécanismes du
monde vivant. Dans cette partie, nous reprenons les notions de base
de biologie cellulaire et moléculaire ainsi que les notions de diversi-
té du vivant étudiées au collège et au lycée. Nous faisons également
appel à des notions de chimie et de mathématiques (développés
dans les parties 2 et 4 de cet ouvrage) qui sont indispensables à la
résolution de problèmes courants rencontrés en sciences de la vie.
Cette partie commence par une présentation de l’anatomie hu-
maine et des différents systèmes qui composent le corps humain,
suivie d’une description des structures du vivant aux différentes
échelles. Nous décrivons ensuite l’organisation générale des cel-
lules procaryote et eucaryote, ce qui permet d’aborder les méca-
nismes de traitement de l’information génétique et de son expres-
sion au sein d’une cellule. Un chapitre est consacré à la dynamique
du cycle cellulaire, plus précisément aux deux types de divisions
cellulaires chez les organismes sexués  : la mitose et la méiose.
Enfin, la diversité du vivant est abordée à travers la présentation
des différents mécanismes permettant d’expliquer la variabilité
des phénotypes existant au sein d’une même espèce et entre es-
pèces différentes. Nous terminons par la résolution de problèmes
rencontrés en biologie en insistant sur la méthodologie, les unités
et la rédaction de réponses aux questions posées.

252
Sciences de la vie

CHAPITRE

18 Anatomie humaine  254

CHAPITRE

19 Organisation générale de la cellule  260

CHAPITRE

20 L’information génétique et son expression  266


CHAPITRE

21 Les différents processus de division cellulaire  273


CHAPITRE

22 La diversité du vivant  277


CHAPITRE

23 Grandeurs et conversions utilisées en biologie  285


CHAPITRE

24 Résoudre une problématique en biologie  288

253
CHAPITRE

18 Anatomie
humaine
1 Présentation générale
Afin de pouvoir aborder les principes fondamentaux qui régissent le fonctionnement
de l’organisme humain, il est important de bien comprendre et connaître les différents
niveaux structuraux qui vont de l’organisme aux molécules. Un organisme est formé
de plusieurs organes ayant des fonctions différentes. Ces organes sont structurés
pour donner naissance à un système. La structure ainsi que l’emplacement de ces
organes dans l’organisme sont décrits en anatomie. Cette discipline étudie aussi
les relations inter-systèmes et -organes. La physiologie, quant à elle, s’intéresse
au fonctionnement des différentes parties de l’organisme. Étudier et comprendre la
physiologie d’un organisme ne peut se faire sans avoir des connaissances solides
en anatomie. L’anatomie d’un corps humain avec les principaux organes vitaux
est représentée figure 18.1.

Figure 18.1    Les principaux organes du corps humain.


254
chapitre 18  • Anatomie humaine

Les niveaux d’organisation du corps humain sont, du plus complexe au plus simple :
le niveau de l’organisme, puis les niveaux systémique, organique, tissulaire, cellu-
laire et enfin le niveau atomique. Les niveaux atomique et cellulaire représentent
les niveaux de base.

2 Quelques définitions et ordres de grandeur


Définitions
Organisme : ensemble de systèmes interdépendants.
Système : association d’organes et de tissus qui assurent la même fonction ou un ensemble
de fonctions.
Tissu : cellules semblables et de même origine qui forment un ensemble fonctionnel.
Cellule : unité biologique fondamentale, structurelle et fonctionnelle, constituée d’un ensemble
de molécules et d’organites.
Organite : structure spécialisée contenue dans une cellule, délimitée par une ou plusieurs
membranes.
Molécule : ensemble d’atomes.

Les tailles de ces différentes structures sont représentées figure 18.2.

Virus de
la grippe
Cellule
animale
Mitochondrie Embryon Oeuf
humain de poule
Protéine
Atome

Cellule Oeuf de
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Lipides végétale grénouille Oeuf Femme


Bactérie d’autruche adulte

Relative sizes on a logarithmic scale

0,1 nm 1 nm 10 nm 100 nm 1 μm 10 μm 100 μm 1 mm 10 mm 100 mm 1m

Visible à l’œil nu

Microscope optique

Microscope électronique

Figure 18.2    Tailles relatives des différentes structures du vivant.

255
Partie 6    Sciences de la vie

3 Les systèmes du corps humain


Les différents organes sont structurés en systèmes dont chacun possède des ­fonctions
spécifiques. Le corps humain est composé de douze systèmes majeurs ; tous sont
aussi nécessaires les uns que les autres pour que l’organisme fonctionne ­normalement.
Une représentation schématique de chaque système est indiquée dans la figure 18.3,
et leurs fonctions sont succintement décrites ci-dessous :
•• Le système squelettique, composé des os, cartilages, tendons et ligaments,
fournit un support pour le corps et des sites d’attachement pour les organes.
•• Le système musculaire est responsable des mouvements. Le muscle cardiaque
(ou myocarde) est responsable de la contraction du cœur.
•• Le système circulatoire est composé du cœur, des vaisseaux sanguins et du sang.
Il assure le transport des nutriments, des gaz (dioxygène, dioxyde de carbone),
des messagers (hormones, cytokines) et des déchets à travers tout le corps.
•• Le système nerveux comprend le cerveau, la moelle épinière et les nerfs
périphériques. Il a pour fonction de transmettre, générer et relayer des signaux
électriques à travers le corps. Il dirige le comportement et les mouvements, et
contrôle les processus physiologiques comme la digestion, la circulation et la
respiration entre autres.
•• Le système respiratoire est composé du nez, de la trachée et des poumons. C’est
une interface d’échange de gaz entre le sang et l’environnement. Le dioxygène est
absorbé de l’atmosphère vers le sang, et le dioxyde de carbone est rejeté du corps.
•• Le système digestif assure le transport et la transformation des substances qui
sont nécessaires à la croissance et au maintien de l’activité d’un organisme. Il
est composé de la bouche, de l’œsophage, de l’estomac, des intestins ainsi que
du foie et du pancréas.
•• Le rôle du système urinaire (rein, uretère, vessie, urètre) est de filtrer et d’éliminer
les déchets cellulaires, les toxines et l’excès d’eau ou de nutriments du système
sanguin.
•• Le système endocrinien est composé des nombreuses glandes qui sécrètent des
hormones (par exemple hypophyse, thyroïde, pancréas, surrénales). Il permet
de relayer des messages chimiques à travers le corps. En coopération avec le
système nerveux, ces messages chimiques aident à contrôler des processus
physiologiques comme l’absorption de nutriments ou la croissance.
•• Le système reproducteur diffère selon les sexes. Chez la femme, il comprend les
ovaires, les trompes, l’utérus, le vagin et les glandes mammaires ; chez l’homme,
les testicules, les vésicules séminales, les canaux déférents et le pénis. Son rôle
principal est de produire des cellules appelées gamètes qui vont permettre la
reproduction, et, chez la femme, il assure également le développement de l’ovule
fécondé jusqu’à la naissance d’un bébé.
•• Le système lymphatique est composé de la lymphe, des vaisseaux lymphatiques
et des ganglions lymphatiques. Ce système aide à éliminer les excès de fluide et
contribue à la fonction du système immunitaire (rate, ganglions lymphatiques,
globules blancs), qui a pour but principal de détruire et éliminer le non-soi et le
soi altéré (comme dans le cas de tumeurs).
256
chapitre 18  • Anatomie humaine

•• Le système tégumentaire, composé de la peau, des poils et des ongles, a un rôle


de protection du corps, de régulation de la température corporelle, d’élimination
des déchets et de réception des stimulus sensoriels.

Système digestif Système musculaire Système tégumentaire Système lymphatique Système endocrinien Système nerveux

Système squelettique Système de Système de Système respiratoire Système urinaire Système circulatoire
reproduction reproduction féminin
masculin

Figure 18.3    Les douze systèmes du corps humain.

4 Un système particulier : le système immunitaire


C’est le seul système au sein duquel il n’existe pas de continuité physique entre
ses différents constituants ; de plus, il englobe un autre système, le système lym-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

phatique. Le système immunitaire est composé d’organes, de cellules mobiles et


de molécules qui permettent de défendre le corps contre les infections, certains
dysfonctionnements de l’organisme (cellules tumorales) et, plus généralement,
contre les agressions de l’environnement. Les cellules et les molécules du système
immunitaire diffusent essentiellement par le sang et le système lymphatique (voir
partie haute de la figure 18.4).
Les cellules du système immunitaire définissent l’immunité cellulaire alors que
les molécules définissent l’immunité humorale. Certains de ces composants
interviennent quel que soit le danger (ex : macrophages) ; ils relèvent de l’immu-
nité naturelle (ou innée). D’autres, comme les lymphocytes T ou les anticorps,
ne reconnaissent que certains déterminants moléculaires appelés antigènes ; ils
relèvent de l’immunité adaptative.

257
Partie 6    Sciences de la vie

Amygdales
Ganglions lymphatiques
Veine sous-clavière cérébraux
Thymus Moelle osseuse
Ganglions rouge
lymphatiques
Rate
Canal thoracique

Appendice Ganglions
inguinaux

Ganglion lymphatique
poplité

Lymphatique afférent

Cortex
Centre germinatif

Paracortex

Follicule
Capsule

Médulla

Lymphatique efférent

Veine
Artère

Figure 18.4    (haut) Le système lymphatique : tissus, organes et vaisseaux ;


(bas) La réponse immunitaire à médiation humorale (réponse anticorps). Stimulés
par les antigènes et activés par les lymphocytes TCD4, les lymphocytes B contenus
dans les follicules des ganglions lymphatiques prolifèrent et se différencient en
plasmocytes. La prolifération se caractérise par la formation d’un centre germinatif
et la différenciation en plasmocytes permet la production des anticorps.

258
chapitre 18  • Anatomie humaine

Au cours de la réponse immunitaire, les différentes cellules communiquent entre


elles par des messagers moléculaires appelés cytokines. Cet échange d’information
optimise l’activité et le recrutement des cellules les plus adéquates pour éliminer
le danger. Les cytokines permettent – entre autres – aux cellules de l’immunité
naturelle de sensibiliser les cellules de l’immunité adaptative aux antigènes ca-
ractéristiques des pathogènes. Les cytokines sont différenciées en fonction de la
nature biochimique des molécules ; on distingue ainsi les interleukines (IL), les
interférons (IFN), les facteurs nécrosant les tumeurs (TNF), entre autres.
L’immunité naturelle intervient dès la perception du danger, essentiellement
grâce aux cellules sentinelles présentes dans tous les tissus de l’organisme ; parmi
ces cellules, les macrophages jouent un rôle majeur. En effet, les macrophages
éliminent directement le danger (des micro-organismes par exemple) par phago-
cytose et présentent les antigènes aux lymphocytes TCD4, permettant l’activation
de l’immunité adaptative.
Le déclenchement de l’immunité naturelle se manifeste sous la forme de la réaction
inflammatoire (ou inflammation) dont les signes (ou symptômes) sont caractéris-
tiques : rougeur, œdème, chaleur (ou température) et douleur. La réaction inflam-
matoire s’accompagne par l’expression de cytokines caractéristiques qualifiées de
pro-inflammatoires ; parmi celles-ci, citons le TNF-α , l’IL-6, l’IL-1β ou l’IL-12.
Les lymphocytes T (Ly T ou LT), prennent naissance dans la moelle osseuse puis
migrent ensuite dans le thymus pour y subir une maturation et une différenciation
fonctionnelle.
Dans le thymus, les Ly T reconnaissant le Soi sont éliminés ; on parle de sélection
thymique. À l’issue de la sélection thymique, deux sous-populations de Ly T
quittent le thymus :
•• les Ly T exprimant le marqueur membranaire CD8 (désignés par Ly T8 ou
LTCD8) qui détruisent les cellules altérées (infectées ou tumorales, notamment) ;
•• les Ly T exprimant le marqueur CD4 (Ly T4 ou LTCD4) qui activent toutes
les cellules de l’immunité parmi lesquelles les lymphocytes B pour la synthèse
des anticorps.
Dans les ganglions lymphatiques, les lymphocytes T et B s’activent en présence de
leurs antigènes spécifiques (voir partie basse de la figure 18.4).
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Au cours d’une réaction immunitaire, les lymphocytes T et B sont capables de


générer des cellules mémoires qui pourront réagir plus rapidement et plus effica-
cement lors d’une rencontre ultérieure avec les mêmes antigènes.

259
CHAPITRE Organisation
19
3 générale de la
cellule
Comme énoncé précédemment, un tissu est composé d’un ensemble de cellules
semblables et de même fonction. La théorie cellulaire repose sur trois principes
élémentaires :
1. tous les organismes vivants sont constitués d’au moins une cellule ;
2. la cellule est l’unité organisationnelle et fonctionnelle de base de la vie ;
3. toutes les cellules proviennent d’autres cellules vivantes.
La taille moyenne d’une cellule étant la plupart du temps inférieure au millimètre,
le détail de l’organisation interne d’une cellule n’est pas observable à l’œil nu. Afin
de les observer, le recours au microscope est donc nécessaire. Suivant que l’on
veuille observer une cellule entière ou les organites intracellulaires, le microscope
optique ou le microscope électronique sera utilisé respectivement. Le microscope
optique est composé d’une association de lentilles convergentes permettant de grossir
l’image de l’ordre de 500 à 2 500 fois (voir chapitre 10 sur l’optique géométrique).
La lumière émise par la source lumineuse traverse l’objet (par exemple une coupe
de tissus) puis une partie de la lumière est transmise vers la lentille de l’objectif,
puis dans celle des oculaires (figure 19.1).

Figure 19.1 


(gauche) Schéma d’un microscope classique ; (droite) Observation d’une cellule
d’oignon au microscope optique (×500).

L’observation au microscope optique de cellules montre que toutes les cellules sont
délimitées par une membrane plasmique contenant le cytoplasme qui est constitué
d’une solution aqueuse (la notion de solution aqueuse a été vue en chimie, lorsqu’il
a été question de dilution) appelée cytosol.

260
chapitre 19  •  Organisation générale de la cellule

De nombreux êtres vivants ne sont constitués que d’une seule cellule, ce sont les
organismes unicellulaires comme les bactéries. D’autres organismes sont constitués
de plusieurs cellules ; ce sont les organismes multicellulaires, comme les cellules de
plantes et d’animaux. Ces derniers contiennent un nombre très variable de cellules
en fonction de l’espèce. Ainsi, le corps humain compte de l’ordre de cent mille
milliards de cellules (1014). Il existe deux grands types d’organisme cellulaire, les
cellules procaryotes et les cellules eucaryotes.

1 Organisation des cellules procaryotes


Les cellules procaryotes (du grec pro, qui signifie « avant » et karyon qui signifie
« noyau ») sont généralement identifiées aux bactéries. Les bactéries sont des êtres
vivants microscopiques constitués d’une seule cellule, dont la taille peut varier de
1 à 10 µ m. Elles présentent des morphologies très diverses telles que cylindriques
(exemple : Escherichia coli) ou sphériques (exemple : Staphylococcus aureus)
entre autres (figure 19.2). Présentes dans tous les écosystèmes (l’air, les sols, l’eau,
l’organisme), certaines bactéries peuvent provoquer des maladies chez les animaux,
les plantes ou chez l’espèce humaine comme par exemple la tuberculose due à
la bactérie Mycobacterium tuberculosis, ou la pneumonie due principalement à
Streptococcus pneumoniae. D’autres bactéries sont utiles au bon fonctionnement de
l’organisme, comme par exemple celles constitutives du microbiote intestinal qui
contribuent au développement du système immunitaire, participent à la digestion
et pourvoient l’organisme en nutriments indispensables comme la vitamine B12.
D’autres bactéries sont utilisées pour fabriquer des aliments comme Lactobacillus
bulgaricus et Streptococcus thermophilus pour les yaourts.

Figure 19.2 


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

(gauche) clichés de bactéries Escherichia coli ; (droite) clichés


de bactéries Staphylococcus aureus

Les bactéries présentent une cellule dépourvue de noyau et délimitée par une membrane
plasmique comme pour toutes les cellules ; au-delà de cette membrane, la plupart des
cellules bactériennes possèdent une paroi (figure 19.3). Ces cellules possèdent aussi
un ADN circulaire ou linéaire, associé à des protéines spécifiques appelées protéines
« histone-like » (protéines comparables aux histones des cellules eucaryotes). La
structure formée par l’assemblage de l’ADN avec les protéines histone-like constitue
le nucléoïde ; ce dernier est situé dans le cytoplasme sans compartimentation. De
cette manière, la réplication, la transcription et la traduction de l’ADN (voir plus loin)
se font directement dans le cytoplasme. Les bactéries sont des organismes haploïdes
qui le plus souvent ne contiennent qu’un seul chromosome.

261
Partie 6    Sciences de la vie

Membrane plasmique
Nucléoïde (ADN) Cytoplasme Flagelle

Pilus

Figure 19.3 

Ribosome
Paroi cellulaire

Représentation schématique d’une bactérie.

Le cytoplasme des cellules procaryotes, qui représente le matériel biologique situé


à l’intérieur de la cellule et qui est délimité par la membrane cellulaire, occupe
60-70 % du volume total de la cellule.
Ce cytoplasme contient les principales molécules qui sont sources d’énergie pour
la cellule et qui participent à la synthèse de molécules plus complexes. Il est aussi
le siège de nombreuses réactions métaboliques.
De nombreuses bactéries hébergent dans leur cytoplasme une ou plusieurs petites
molécules d’ADN circulaires appelées plasmides. Ces molécules ont une répli-
cation autonome et ne sont pas intégrés dans l’ADN bactérien. Elles permettent
aux bactéries de s’adapter au mieux à leur environnement. Par exemple, la famille
des plasmides R, famille la plus largement répandue parmi les bactéries, confère
des résistances aux antibiotiques et permettent aux bactéries de survivre à l’action
de ces composés. Ces plasmides peuvent être transférés à d’autres bactéries par
1. Voir chapitre 22, conjugaison1, ce qui joue un rôle important dans la propagation des résistances
section 2.3. aux antibiotiques.

2 Organisation des cellules eucaryotes


Quant aux cellules eucaryotes (du grec eu qui signifie « vrai », donc cellule contenant
un vrai noyau), elles sont plus grandes que les cellules procaryotes, avec une taille
comprise entre 10 µm et 100 µm (figure 19.4). Ces cellules contiennent un noyau
délimité par une membrane, contenant plusieurs molécules d’ADN organisées
en chromosomes. Ces cellules sont également caractérisées par la présence de
différents organites qui ont des fonctions biologiques spécialisées. L’observation
des cellules eucaryotes animales et végétales au microscope optique révèle que
les cellules possèdent toutes un milieu intracellulaire, délimité par une membrane
plasmique. À l’exception des cellules animales, les cellules eucaryotes possèdent
également une paroi externe, de nature diverse en fonction des organismes.
L’espace intérieur d’une cellule est appelé protoplasme. Il contient le noyau
et le cytoplasme. Le cytoplasme des cellules eucaryotes est lui-même constitué

262
chapitre 19  •  Organisation générale de la cellule

Cellule animale Cellule végétale

Vésicule de Paroi cellulaire


pinocytose Vésicules de Membrane cellulaire
Lysosome Mitochondries Golgi
Vésicules de Ribosome Appareil de Golgi
Appareil de
Golgi Golgi Réticulum
Réticulum endoplasmique Chloroplaste
endoplasmique Nucléole lisse (REL) Membrane de
granuleux (REG) Nucléole la vacuole
Noyau
Réticulum Noyau
endoplasmique Cristal
lisse (REL) Réticulum raphide
Centrioles endoplasmique
Membrane Cristal
granuleux (REG) druse
cellulaire plasmique
Ribosome Cytoplasme Grande Mitochondries
vacuole centrale
Microtubules Amyloplaste Cytoplasme
(grain d'amidon)

Figure 19.4    Organisation générale d’une cellule animale et végétale.

d’une matrice aqueuse, le cytosol, et de plusieurs organites. Les cellules euca-


ryotes présentent des cloisonnements cytoplasmiques permettant la formation
des organites parmi lesquels le noyau, le réticulum endoplasmique, l’appareil de
Golgi, les lysosomes ou les mitochondries. Ces organites nagent dans le cytosol,
qui, chez les eucaryotes, est fluide. Le noyau des cellules eucaryotes est l’orga-
nite le plus volumineux qui est délimité par une double membrane directement
connectée au réticulum endoplasmique lisse (REL) ou granuleux (REG).
Dans le noyau se réalisent la réplication et la transcription de l’ADN alors que
la traduction s’effectue dans le cytoplasme de la cellule.

Définitions
Le cytoplasme représente l’intérieur des cellules contenu entre la membrane plasmique et le
noyau. Il s’agit d’une phase liquide qui contient de nombreuses molécules et organites cellulaires.
Le cytosol est la matrice aqueuse qui constitue le cytoplasme.
Le protoplasme représente le contenu d’une cellule et comprend le cytoplasme et le noyau.
Le noyau est la structure cellulaire qui contient l’information génétique ; il est délimité par
une double membrane.
Nucléole : zone du noyau dépourvue de membrane ayant pour fonction la synthèse de petits
ARNs non codants.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Le réticulum est un réseau de cavités délimité par une membrane simple qui est en contact
avec la membrane nucléaire. Le réticulum endoplasmique lisse participe aux différentes réac-
tions métaboliques cellulaires en synthétisant les lipides et en stockant le calcium cellulaire.
Le réticulum endoplasmique granuleux est le siège de la synthèse des protéines sécrétées à
l’extérieur de la cellule ou des protéines (voir chapitre 20, section 2) à destination de l’inté-
rieur des organites.
Les lysosomes sont des vésicules (petites structures sphériques) délimitées par une membrane
et localisées dans le cytoplasme des cellules eucaryotes. Les lysosomes contiennent des pro-
téines (notamment des enzymes) qui permettent la dégradation de molécules intracellulaires
indésirables pour la cellule.
Les mitochondries sont des organites à double membrane présents dans les cellules eu-
caryotes. Ces organites sont le siège de réactions qui fournissent l’énergie nécessaire au
métabolisme cellulaire.

263
Partie 6    Sciences de la vie

L’appareil de Golgi est composé de disques empilés appelés saccules. La plupart des molé-
cules synthétisées dans le réticulum transitent par l’appareil de Golgi où leur maturation est
achevée. Cet appareil fait partie du réseau de membranes internes impliqué dans le transport
des macromolécules.
Organisme haploïde : organisme dont les cellules ne comportent qu’un seul exemplaire de
chaque chromosome. L’information génétique est monoallélique.
Cytosquelette : réseau formé par de nombreuses protéines qui permet le maintien de la forme
de la cellule. Pour les cellules eucaryotes, il sert d’ancrage aux organites, alors que pour les
cellules procaryotes, il joue un rôle dans la division cellulaire.
Métabolisme : ensemble des réactions de dégradation (catabolisme) et de synthèse (anabo-
lisme) de molécules biologiques mises en jeu par un organisme pour permettre sa croissance.
Lipides : les lipides biologiques constituent un groupe de composés chimiquement variés, dont
le caractère commun et déterminant est leur insolubilité dans l’eau. Les fonctions biologiques
des lipides sont aussi diverses que leur chimie. Les graisses et les huiles sont les principales
formes d’énergie stockées dans de nombreux organismes. Les phospho-lipides et les stérols
sont des éléments structurels majeurs des membranes biologiques.

3 Les caractères distinctifs entre cellules procaryote


et eucaryote
Comme énoncé plus haut, il existe des différences notables entre l’organisation d’une
cellule procaryote et eucaryote. Ces différences sont résumées dans le tableau 19.1
et sous forme de schémas comme à la figure 19.5.

Cellule procaryote Cellule encaryote animale

Pilus Mitochondrie
Capsule
Ribosome
Ribosome
Centrioles
Vacuole Golgi
Nucléoïde Réticulum endoplasmique
granuleux (REG)
Cytoplasme Nucléole
Membrane Noyau
plasmique Cytoplasme
Figure 19.5  Vacuole digestive Lysosome
Membrane plasmique
Vésicule de pinocytose

Flagelle

Comparaison entre une cellule bactérienne et une cellule animale.

264
chapitre 19  •  Organisation générale de la cellule

Tableau 19.1  Comparaison des caractéristiques d’une cellule


procaryote et eucaryote.

Caractéristiques Cellule procaryote Cellule eucaryote


Taille 1 à 10 µ m 10 à 100 µ m
Type de noyau Nucléoïde (pas de Vrai noyau avec double
véritable noyau) membrane
Division cellulaire Division simple Mitose : réplication de la cellule
Méiose : pour la formation des
gamètes
Membrane nucléaire Non Oui
Nombre de 1 le plus souvent ; parfois > 1 (dépend des organismes)
chromosomes 2
Chromosome Oui Non
circulaire
ADN Plasmides ADN mitochondrial (circulaire)
extrachromosomique (ADN circulaire ADN chloroplastique (linéaire)
le plus souvent)
Histones Non Oui
(mais protéines similaires
compactant l’ADN =
histone-like)
Nucléole Non Oui
Organites Non Oui
(mitochondries, chloroplastes...)
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265
CHAPITRE L’information
20 génétique et son
expression
Malgré la diversité des organismes vivants, une organisation commune est conservée.
Toutes les cellules sont constituées d’une majorité d’eau, d’éléments minéraux (tels
que le sodium et calcium) et de molécules organiques indispensables à leur structure
et à leur développement, les glucides, les lipides et les protéines. Ces dernières sont
synthétisées à partir du matériel génétique représenté par les molécules d’ADN et
d’ARN. Les principaux éléments qui constituent les molécules du vivant sont le
carbone (C), l’oxygène (O), l’hydrogène (H) et l’azote (N) et à une moindre pro-
portion, le phosphore (P), le magnésium (Mg), le calcium (Ca) et le soufre (S) (Cf
Partie 4). Dans ce chapitre, nous allons rappeler comment l’information génétique
est stockée, puis traduite.

1 Acides nucléiques : ADN et ARN


L’information génétique est portée par la molécule d’ADN (Acide Désoxyribo-
Nucléique) qui est localisée essentiellement dans le noyau des cellules eucaryotes
et dans le cytosol des cellules procaryotes. L’ADN de chaque cellule est enroulé
et compacté sous forme de chromosomes, groupés par paires chez les animaux
et végétaux, et dont le nombre est particulier à une espèce donnée (23 paires chez
l’espèce humaine, par exemple). Les chromosomes sont formés soit d’une chroma-
tide, soit de deux chromatides lorsqu’ils sont en cours de division ; dans ce dernier
cas, on parle alors de chromosome bichromatidien (figure 20.1). Une chromatide
correspond à une molécule d’ADN double brin condensée. Les deux chromatides
qui composent les chromosomes sont reliées au niveau d’un resserrement que l’on
appelle le centromère. Ces chromatides sont strictement identiques au sein d’un
même chromosome et sont des copies l’une de l’autre (figure 20.1).
Chromosome simple Chromosome bichromatidien

Centromère

Figure 20.1 

Chromatide Chromatide Chromatide

Chromatides sœur

Représentation schématique d’un chromosome et des chromatides.

266
chapitre 20  •  L’information génétique et son expression

L’ADN est une molécule filamenteuse (2 nm d’épaisseur) qui est constituée par un
enchaînement de quatre unités différentes appelées nucléotides. Les nucléotides sont
composés d’une structure appelée base sur laquelle est fixé un sucre, le désoxyribose
et un, deux ou trois groupements phosphate. Les quatre bases contenues dans la
molécule d’ADN sont l’adénine, la thymine, la cytosine et la guanine, identifiées
respectivement par les lettres A, T, C et G.
La molécule d’ADN se trouve majoritairement sous la forme d’une double hélice
dans laquelle deux chaînes d’ADN complémentaires sont entrelacées. Chaque nu-
cléotide A d’une chaîne est associé à un nucléotide T alors que chaque nucléotide
C est complémentaire du nucléotide G (figure 20.2).

Nucléotide

Figure 20.2 

Représentation schématique d’une molécule d’ADN et de ses nucléotides.

De plus, la molécule d’ADN se trouve sous une forme compacte en association


avec des protéines, appelées histones, sur lesquelles elle s’enroule de façon plus
ou moins complexe (figure 20.3).

ADN
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Histones

Figure 20.3 

Chromosome

Repliement de l’ADN autour des histones.

267
Partie 6    Sciences de la vie

La portion d’ADN codant une protéine donnée est un gène. Le locus est l’endroit où
se situe le gène sur le chromosome. Les informations génétiques codées au niveau
d’un même gène peuvent être différentes. Les différentes formes possibles d’un
gène donné sont appelées les allèles. La diversité allélique résulte de la variabilité
des séquences nucléotidiques possibles d’un même gène. L’ensemble des allèles
détenus par un individu constitue le génotype.
L’enchaînement particulier de ces bases A, T, G, C qui constitue l’information géné-
tique, est ensuite transcrit en ARN (Acide RiboNucléique) dans le noyau des cellules
eucaryotes ou dans le cytoplasme bactérien. L’ARN est constitué d’une seule chaîne
de nucléotides. Chimiquement très proche de l’ADN, l’ARN s’en distingue par le
sucre qui entre dans sa composition : ribose dans l’ARN et désoxyribose pour l’ADN.
Par ailleurs, l’ARN ne contient pas de thymidine mais de l’uracile (cf. tableau 20.1).

Tableau 20.1  Nomenclature des principaux nucléotides.

Bases RiboNucléotide (ARN) DésoxyRiboNucléotide (ADN)


Adénine Adénosine-mono Phosphate DésoxyAdénosine-mono Phosphate
Cytosine Cytidine-mono Phosphate DésoxyCytidine-mono Phosphate
Guanine Guanosine-mono Phosphate DésoxyGuanosine-mono Phosphate
Thymine DésoxyThymidine-mono Phoshate
Uracile Uridine-mono Phosphate

Chez les eucaryotes, les gènes sont le plus souvent constitués de deux types de
séquence nucléotidique :
•• les exons, qui contiennent l’information, sont transcrits (en ARN) et traduits (en
protéine). Cette séquence est appelée séquence codante ;
•• les introns qui ne contiennent en général pas l’information génétique mais
peuvent jouer le rôle de régulateur de l’expression génétique. Ces séquences sont
transcrites en ARN messager (ARNm) mais non traduites en protéines (voir plus
bas). L’ARN est ensuite traduit dans le cytoplasme pour donner une protéine.

2 Les protéines
2.1 Rôle des protéines dans la cellule
Les protéines représentent environ 20 % de la masse corporelle. Environ 2,5 %
de la masse totale des protéines doit être renouvelée chaque jour. Ces molécules,
présentes de manière universelle, constituent le composant le plus abondant dans
une cellule après l’eau. Les protéines assurent les fonctions essentielles des cel-
lules (réactions chimiques, transmission de signaux ou transport). Les enzymes
sont des protéines qui accélèrent les réactions chimiques et participent ainsi au
métabolisme cellulaire. D’autres protéines sont impliquées dans la structure des
molécules, comme les histones qui participent à la compaction de l’ADN. Enfin,

268
chapitre 20  •  L’information génétique et son expression

certaines protéines participent à la communication hormonale, comme l’insuline.


Les fonctions chimiques retrouvées dans la structure des protéines sont les fonctions
acides carboxyliques (–COOH) et les fonctions amines primaires (–NH2).
L’ensemble des protéines présentes dans une cellule est produit à partir des sé-
quences codantes de l’ADN, les gènes. Les gènes codant les protéines sont dans un
premier temps transcrits en ARN messager (ARNm) grâce à une ARN polymérase,
puis les ARNm synthétisés sont traduits en protéines. Ces étapes sont appelées
transcription puis traduction.

2.2 Transcription de l’ADN en ARN


La transcription de l’ADN en ARN est un mécanisme qui se déroule dans le noyau
chez les eucaryotes et dans le cytosol chez les procaryotes. Cette étape permet de
synthétiser les ARN messagers (ARNm), mais aussi les ARN non codant (ARN
ribosomaux ou ARNr et ARN de transfert ou ARNt) qui servent d’outils pour la
synthèse des protéines. Dans le noyau des cellules eucaryotes, l’enzyme ARN poly-
mérase parcourt la portion d’ADN correspondant au gène, sépare transitoirement
les deux brins d’ADN et, au fur et à mesure de son déplacement sur le brin d’ADN,
cette enzyme assemble les ribonucléotides (A, U, G, C) par complémentarité avec
l’un des deux brins d’ADN (figure 20.4). L’ARN pré-messager ainsi synthétisé est
un ARN qui peut subir des modifications, appelées épissage, au cours desquelles les
introns (séquences non codantes), sont supprimés et les exons (séquences codantes)
sont raboutés entre eux. L’ARNm ainsi obtenu sort alors du noyau et est traduit en
protéines dans le cytosol cellulaire. En fonction des mécanismes d’épissage, plusieurs
protéines différentes peuvent être traduites à partir du même ARNm.

NOYAU CYTOPLASME

ADN
double
brin
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Le brin d’ARN quitte le


noyau à travers le pore
nucléaire et se retrouve
dans le cytoplasme

ARN
l’ADN de la double hélice est l’ARN polymérase Un ARN nouvellement
messager (ARNm)
séparé en deux brins d’ADN ajoute des ribonucléotides synthétisé est formé

Figure 20.4    Mécanisme de la transcription dans une cellule eucaryote.

269
Partie 6    Sciences de la vie

Chez les procaryotes, en revanche, transcription et traduction se déroulent de ma-


nière simultanée dans le cytosol du fait de l’absence de noyau : dès que l’ARNm est
synthétisé, il sert de matrice pour la synthèse d’une protéine. Les ARNm procaryotes
ne possèdent pas d’introns et ne subissent donc pas d’épissage.
L’étape finale de l’expression génétique correspondant à la synthèse des protéines
à partir de l’ARNm est appelée traduction.

2.3 Traduction de l’ARN en protéines


Les protéines sont composées d’une ou de plusieurs chaînes peptidiques (appelées
polypeptides) elles-mêmes constituées d’un enchaînement d’acides aminés. Les
acides aminés sont des molécules organiques qui possèdent une fonction carboxy-
lique (-COOH), une fonction amine (-NH2) et un groupement radical noté R, qui
est spécifique de chaque acide aminé.
Il existe 20 acides aminés différents, possédant chacun des propriétés chimiques et
fonctionnelles spécifiques. L’enchaînement de ces acides aminés dans une protéine
suit le même ordre que la succession des informations génétiques sur l’ADN, de
sorte que la succession des nucléotides d’un gène indique l’enchaînement des acides
aminés qui constituent la protéine.
La lecture de l’information génétique s’effectue suivant un cadre constitué de trois
nucléotides, appelé codon ou triplet de nucléotides, régi par un code génétique.
Un codon est donc un groupe de trois nucléotides qui permet la mise en place d’un
type d’acide aminé.
Le code génétique est un ensemble de règles que la cellule utilise pour établir la
correspondance entre les triplets de nucléotides et un acide aminé (figure 20.5).

Figure 20.5 

Le code génétique et sa redondance.

270
chapitre 20  •  L’information génétique et son expression

Le code génétique est redondant (ou dégénéré), c’est-à-dire qu’un acide aminé peut
être codé par plusieurs codons. En revanche, chaque triplet de nucléotides ne code
que pour un seul acide aminé, toujours le même, ce qui fait que le code génétique
est univoque. Par ailleurs, il est non chevauchant et non ponctué, c’est-à-dire que
les trois nucléotides n’appartiennent qu’à un codon et que les codons se succèdent
sans intervalle ni trou.
Le code génétique est universel, c’est-à-dire commun à l’ensemble des êtres vivants
hormis quelques exceptions pour lesquelles quelques codons diffèrent.
Il est à noter que le codon AUG, qui code une méthionine, est appelé codon ini-
tiateur car, en général, la méthionine est le premier acide aminé d’une protéine.
Par ailleurs, trois codons (UAA, UAG, UGA) sont appelés codons stop car ils
induisent l’arrêt de la traduction.
La traduction est le processus par lequel les protéines sont synthétisées à partir des
ARNm en utilisant le code génétique. Ce processus est localisé dans le cytoplasme
cellulaire à partir de l’ARNm au niveau de structures appelés ribosomes. Le ribo-
some est un complexe composé d’ARN et de protéines ribosomiques. Commun à
toutes les cellules (procaryotes et eucaryotes), la composition du ribosome varie
en fonction des organismes, même s’il est toujours composé de deux sous-unités
distinctes. La petite sous-unité est capable de reconnaître et de se fixer sur une
molécule d’ARNm, alors que la grosse sous-unité, associée à la petite sous-unité
permet l’assemblage des acides aminés (figure 20.6).
La traduction démarre par le codon initiateur AUG, puis le ribosome se déplace de
codon en codon en raboutant les acides aminés les uns aux autres grâce à la créa-
tion d’une liaison peptidique (figure 20.7) entre les acides aminés correspondant
à chaque codon et l’acide aminé précédent dans la chaîne protéique. Cette étape
s’appelle l’élongation de la traduction. Puis, finalement, la traduction se termine
lorsque le ribosome atteint un codon stop. Le ribosome se dissocie alors et la pro-
téine formée est ainsi libérée dans le cytoplasme.
Plusieurs ribosomes se fixent successivement sur la molécule d’ARNm et peuvent
traduire en même temps l’ARNm en protéines. L’ensemble des ribosomes fixés sur
l’ARNm forme le polyribosome.
Chez les eucaryotes, les ARNm permettent la synthèse d’une seule protéine : ils
sont monocistroniques.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Chez les procaryotes, certains ARNm permettent la synthèse de plusieurs proté-


ines différentes à partir d’un seul ARNm car ils contiennent plusieurs séquences
successives bordées par des codons initiateur et stop. On dit que les procaryotes
ont des ARNm polycistroniques.

Définition
Liaison peptidique : liaison covalente (cf. partie chimie) qui s’établit entre la fonction
carboxyle (−COOH) d’un acide aminé et la fonction amine (–NH2) de l’acide aminé suivant
dans la chaîne peptidique. Ces liaisons sont illustrées à la figure 20.7.

271
Partie 6    Sciences de la vie

Chaîne peptidique
naissante
Grande
sous-unité
ribosomale
Figure 20.6 

Petite
sous-unité
ribosomale

Brin d’ARNm

Assemblage des acides aminés sur un ribosome.

Figure 20.7 

Réaction chimique entre deux acides aminés aboutissant à la formation d’une


liaison peptidique. À pH neutre, les acides aminés sont ionisés au niveau des
groupements COOH et NH2 en COO− et NH3+ .

272
CHAPITRE Les différents
21 processus de
division cellulaire
En fonction du type de cellules (procaryote versus eucaryote) et du devenir des
cellules filles, les modalités sont très diverses. Chez les eucaryotes, les cellules
somatiques (cellules qui ne participent pas à la reproduction) se divisent selon un
processus désigné par le terme global de mitose ; la formation des gamètes haploïdes
(nécessaires à la reproduction sexuée) s’effectue selon le processus de la méiose.

1 La mitose
Le cycle d’une cellule peut être divisé en deux phases (figure 21.1) :
•• l’interphase correspondant à la croissance cellulaire et la réplication de l’ADN
c’est-à-dire aux phases G1, S et G2. C’est la phase où les chromosomes deviennent
bichromatidiens (figure 20.1) ;
•• la mitose correspondant à la division de la cellule en deux cellules-filles identiques.
Au cours de cette étape, les différents constituants cellulaires, chromosomes
compris, sont partitionnés entre les deux cellules. C’est au début de cette phase
que les chromatides se condensent.

chromosome bichromatidien
Interphase
mitose
1 chromatide identique
G2 dans chaque cellule-fille

Synthèse du
matériel
mitotique

Interphase Interphase
Réplication Croissance G1
S de I’ADN cellulaire

Figure 21.1    Les deux étapes du cycle cellulaire.

273
Partie 6    Sciences de la vie

La mitose correspond au processus cellulaire au cours duquel les chromosomes


dupliqués en phase S sont alignés, séparés, puis ségrégés entre les deux cel-
lules-filles qui s’individualisent ensuite. Les cinq étapes impliquant les chro-
mosomes sont regroupées sous le terme de karyokinèse et sont représentées
dans la figure 21.2.
Au cours de la prophase, les chromosomes se condensent, la membrane nucléaire
se désagrège et les fuseaux mitotiques émergent à partir des centrosomes.

Prophase Prométaphase Métaphase

Anaphase Télophase

Figure 21.2    Les étapes de la karyokinèse.

La prométaphase correspond à la formation des kinétochores (complexes


protéiques) au niveau des centromères ; les kinétochores (deux par centromère)
assurent l’attachement des chromosomes sur les fuseaux mitotiques. Au cours
de cette étape, chacun des deux centrosomes se localise aux pôles opposés de
la cellule.
Au cours de la métaphase, tous les chromosomes s’alignent le long de l’équateur
pour former la plaque équatoriale. Au cours de cette étape, les chromosomes sont
au maximum de leur condensation, ce qui permet d’établir les caryotypes.
L’anaphase correspond à la séparation des deux chromatides d’un même chro-
mosome au niveau du centromère. Un lot de chromatides migre vers un centro-
some, pendant que l’autre lot migre vers l’autre centrosome ; ils constituent les
nouveaux chromosomes des futures cellules-filles. Les fuseaux mitotiques non liés
à des chromatides continuent à croître, permettant l’élongation de la cellule (non
représenté sur la figure).
Pendant la télophase, chaque lot de chromosomes atteint un pôle opposé de la
cellule, les fuseaux mitotiques se désagrègent et les enveloppes nucléaires se re-
forment autour de chacun des lots chromosomiques.
À l’issue de ces étapes, le cytoplasme de la cellule se sépare physiquement pour
engendrer les deux cellules-filles ; ce processus est appelé cytokinèse (figure 21.3).

274
chapitre 21  •  Les différents processus de division cellulaire

Figure 21.3 

La cytokinèse.

2 La méiose
C’est le processus permettant de générer les gamètes haploïdes (n chromosomes)
à partir de cellules diploïdes (c’est-à-dire comportant deux représentants homo-
logues de chaque chromosome, soit 2n chromosomes) ; ce résultat est obtenu
par une phase de réplication chromosomique (phase S) suivie par deux cycles de
division cellulaire (méioses I et II) dont beaucoup des mécanismes mis en jeu sont
proches ou identiques à ceux de la mitose. La figure 21.4 illustre sommairement
ce processus.
Au cours de la prophase I, les chromosomes homologues (paternels et maternels)
s’associent et ce sont des paires qui migreront ensuite vers l’équateur de la cellule.
L’association par paires se traduit par la formation de chiasmas (croisements) entre
les deux chromosomes d’une même paire et des séquences homologues peuvent
s’échanger ; c’est l’enjambement ou crossing-over (figure 21.5).

Méiose I Méiose II Cytokinèse


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Interphase Prométaphase I Anaphase I


Prophase II Métaphase II Télophase II

Prométaphase II Anaphase II
Prophase I Métaphase I Télophase I

Cytokinèse

Figure 21.4    Les différentes étapes de la méiose.

275
Partie 6    Sciences de la vie

La réduction chromosomique s’effectue au cours de la première division


(méiose I).
À l’issue de la méiose I, chacun des deux chromosomes bichromatidiens recombinés
se retrouve dans une cellule-fille différente (prophase II).
Au cours de la prométaphase I, les fuseaux mitotiques issus d’un centrosome lient
les kinétochores d’un chromosome d’une paire homologue, tandis que les fuseaux
issus de l’autre centrosome lient le second chromosome de la paire. Cette distribution
induit la séparation des deux chromosomes d’une paire au cours de l’anaphase I ;
chacun migre vers un centrosome opposé.
À l’issue de la première cytokinèse sont générées deux cellules-filles ne possédant
qu’un lot de chromosomes (haploïdes) ; leur information génétique diffère donc.
Les deux cellules haploïdes subissent alors les événements de la méiose II qui
sont semblables à ceux de la mitose ; à l’issue de ce nouveau cycle, quatre cellules
haploïdes ont été générées.

Figure 21.5 

Le chiasma (gauche) induit (droite) un enjambement ou crossing-over.

276
CHAPITRE

22 La diversité
du vivant
1 La diversité génétique intra-spécifique
Au sein d’une espèce, aucun individu ne partage un génotype identique à un autre,
à l’exception des jumeaux et « multiplés » homozygotes. Cette multiplicité de
génotypes différents définit la diversité génétique.
La diversité génétique intra-spécifique (c’est-à-dire entre des individus appartenant
à une seule et même espèce) est due à deux types de mécanismes, le brassage
génétique et la mutagénèse.

1.1  Le brassage génétique


Il s’agit du réarrangement et du mélange du matériel génétique au sein d’une po-
pulation, ce qui correspond à un réassortiment de la séquence et de la nature des
chromosomes au cours de la méiose. Il en résulte une combinatoire importante et
une diversité allélique accrue au niveau des gamètes générés. Le brassage génétique
résulte de la combinaison des brassages intra-chromosomique et inter-chromo-
somique.
1.1.1  Le brassage intra-chromosomique
Il résulte du crossing-over (figure 21.5) et constitue la première source de variabilité
génétique. Avant leur séparation, certains chromosomes homologues (d’une même
paire) d’origine paternelle et maternelle échangent une partie de leur ADN ; à l’issue
de la recombinaison, ils deviennent différents. En effet, comme les événements de
crossing-over sont aléatoires quant aux chromosomes concernés et aux séquences
échangées, chaque méiose produit des résultats différents, donc des chromosomes
différents. Les chromosomes recombinés après les crossing-over portent alors de
nouvelles combinaisons alléliques ; la diversité allélique portée par les gamètes est
donc accrue par rapport à celle des cellules somatiques.
1.1.2  Le brassage inter-chromosomique
Il est dû à la migration indépendante des chromosomes homologues lors de l’ana-
phase de la première division (figure 21.4). Pour chaque paire de chromosomes, il y
a deux possibilités de gamètes : celui qui hérite du chromosome d’origine paternelle
et celui qui hérite du chromosome d’origine maternelle. Chez l’espèce humaine,
comme il y a 23 paires de chromosomes, il y a donc 223 répartitions possibles, soit
223 gamètes différents (8 388 608 précisément).

277
Partie 6    Sciences de la vie

Le brassage inter-chromosomique conduit donc à une grande diversité de gamètes


portant des combinaisons alléliques différentes.
La fécondation résultant de la fusion de deux gamètes (paternel et maternel), il y a
donc 223 × 223 assortiments possibles, soit plus de 70 mille milliards. En d’autres
termes, un couple parental unique peut engendrer (théoriquement) 70 mille mil-
liards enfants différents !
Le brassage génétique (inter-ou intra-chromosomique) ne génère une diversité accrue
que si les cellules subissant la méiose sont hétérozygotes (c’est-à-dire portant des
allèles différents) pour les gènes concernés.

1.2  La mutagénèse
Tout au long du cycle cellulaire, l’ADN peut subir des modifications aléatoires de
sa séquence ; ce sont des mutations. Ces événements peuvent être d’origine en-
dogène, dus à des erreurs de l’ADN-polymérase, ou à un environnement cellulaire
particulier (hydrolyse, potentiel redox, acidité...), ou résulter de l’action de composés
extracellulaires (radiations ionisantes, agents alkylants, composés intercalants...)
qualifiés d’agents mutagènes. Trois types de mutations peuvent être différenciés
selon leur nature :
– les mutations ponctuelles correspondant à la modification d’un nucléotide ;
– les insertions correspondant à l’ajout d’un ou plusieurs nucléotides ;
– les délétions correspondant à la perte d’un ou plusieurs nucléotides.
Seules les mutations germinales (affectant les gamètes) contribuent à la diversité
génétique. Si la mutation affecte une séquence codante, elle peut donner un nouvel
allèle du gène affecté ; ce nouvel allèle sera transmis à la descendance et contribuera
à accroître la diversité génétique au sein de l’espèce.
En ce qui concerne les mutations ponctuelles, leur fréquence d’apparition est évaluée
entre 2 à 3 pour 108 pb (paires de base) par génération. Chaque gamète contenant
3,2 × 109 pb, le nombre de mutations peut être estimé entre 60 et 90 ; un individu
issu de la fécondation entre deux gamètes héberge donc de 120 à 180 mutations
génomiques par rapport à ses parents.

2 Facteurs et mécanismes influençant la biodiversité


Si les mutations et la reproduction sexuée expliquent en grande partie la diversité
intra-spécifique, d’autres processus de diversification des êtres vivants existent
qui sont à l’origine de la multiplicité des espèces (3,5 millions à l’heure actuelle
environ) ; tous ces processus ne sont pas que d’ordre génétique.

2.1  Intervention des gènes du développement


Des modifications portant sur l’expression des gènes du développement sont à
l’origine de phénotypes très différents. Ces modifications peuvent porter sur la
localisation, l’intensité ou la chronologie de l’expression de ces gènes.

278
chapitre 22  •  La diversité du vivant

Définition
Phénotype : ensemble des caractéristiques morphologiques, anatomiques et physiologiques
qui définissent un être vivant, tant qualitativement que quantitativement.

Parmi les gènes du développement, les gènes homéotiques, retrouvés dans toutes
les espèces animales avec des homologies de séquences importantes, contrôlent la
mise en place des organes et des appendices. Des modulations dans leur séquence
et leur expression peuvent perturber l’organisation spatiale de l’organisme et sa
morphologie.

Exemples
Chez les serpents, le gène Hox6, responsable de la formation de côtes, s’exprime tout le long
de l’axe antéro-postérieur, contrairement à ce qui se passe chez les autres vertébrés où la
limite antérieure est localisée au niveau de la transition cervical/thoracique ; ceci explique
la présence de côtes sur toutes les vertèbres des serpents.
Chez les pinsons de l’espèce Geospiza fortis, c’est l’intensité et la durée d’expression du gène
Bmp4 qui déterminent la croissance du bec, créant ainsi une multitude de formes différentes.

2.2  La polyploïdisation
La polyploïdisation est un mécanisme classique au sein des végétaux alors qu’il
est très rare chez les animaux. On estime que 70 % des espèces angiospermes
ont connu au moins un événement de polyploïdisation au cours de leur histoire
évolutive. La polyploïdie est le fait pour un organisme de posséder plus de deux
jeux de chomosomes homologues. Ainsi, si l’espèce humaine est diploïde avec
2n = 46 chromosomes, certains êtres vivants sont triploïdes avec 3n chromosomes,
tétraploïdes avec 4n chromosomes,... Par exemple, la banane possède 3 lots de 11
chromosomes (3n avec n = 11), le blé tendre possède 6 lots de 7 chromosomes (6n
avec n = 7) et le coton 4 lots de 13 chromosomes (4n avec n = 13) ; les cellules qui
en résultent ont une taille supérieure et la production végétale est accrue.
Lorsque cet événement concerne un même génome, il s’agit d’autopolyploïdie ;
lorsque des génomes différents sont impliqués, il s’agit d’allopolyploïdie.
L’autopolyploïdisation résulte d’une méiose anormale au cours de laquelle les chro-
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

mosomes homologues ne se séparent pas, soit par absence de cytokinèse, soit par la
non-formation des fuseaux mitotiques ; la mitose suivante génère des gamètes à 2n.
Les 48 chromosomes (4n) de la pomme de terre résultent d’une autopolyploïdisation.
L’allopolyploïdisation résulte de la rencontre de gamètes provenant d’espèces diffé-
rentes (figure 22.1). Au cours de la première mitose, la réplication des chromatides
s’effectue mais la division cellulaire n’a pas lieu car il n’y a pas d’appariement de
chromosomes homologues (génomes différents). Par la suite, la mitose suivante
se déroule normalement. Les 42 chromosomes (6n) du blé tendre résultent d’une
double allopolyploïdisation : la première a eu lieu il y a 500 000 ans et a donné
naissance à une espèce à 28 chromosomes (4n), la seconde s’est déroulée il y a
9 000 ans et a donné l’espèce actuelle.

279
Partie 6    Sciences de la vie

Gamète A Gamète B

fécondation

Zygote stérile
(pas de division possible)

Figure 22.1  Réplication des chromosomes

Mitose anormale
(pas de cytokinèse)

Réplication des chromosomes

Hybride polyploïde
(fertile)

Mécanisme d’allopolyploïdisation.

2.3  Les transferts horizontaux de gènes


Les transferts horizontaux correspondent aux passages d’ADN d’un organisme
donneur à un organisme receveur sans que ce dernier ne soit un descendant du
donneur. Ces transferts peuvent se dérouler selon différents mécanismes :
– la capture par le receveur d’un ADN libre, libéré par le donneur ;
– la mise en place d’un pilus de conjugaison pour le transfert de plasmides entre
bactéries (figure 22.2) ;
– l’intervention d’un virus insérant son ADN dans le génome de l’hôte au cours
de l’infection.

plasmide

Figure 22.2 
Pilus de
conjugaison

chromosome

Bactérie donatrice Bactérie réceptrice

La conjugaison bactérienne : la bactérie donatrice, pourvue


d’un plasmide (ADN extrachromosomique), élabore le pilus de conjugaison qui
contacte la bactérie réceptrice. Un brin de l’ADN plasmidique est alors transféré
grâce au pilus conjugatif. Les ADN-polymérases de chacune des bactéries
synthétisent ensuite le brin complémentaire.

280
chapitre 22  •  La diversité du vivant

Les transferts horizontaux sont fortement impliqués dans la dissémination des


résistances aux antibiotiques chez les bactéries, notamment par la conjugaison des
plasmides R qui portent plusieurs gènes de résistance. L’émergence de souches
multirésistantes pose un sérieux problème de santé publique, surtout lorsqu’elles
sont présentes dans les établissements de soins.
Exemple
Chez les primates, les gènes codant les syncitines-1 et -2, nécessaires à la formation du
placenta, proviennent des rétrovirus HERV-W et HERV-FRD, respectivement. La syncitine
permet au virus d’adhérer à la cellule-hôte, puis de fusionner son enveloppe avec la membrane
plasmique de cette dernière. Lorsqu’elle est exprimée par certaines cellules embryonnaires,
elle induit la fusion des membranes et la formation de cellules géantes multinucléées à
l’origine du placenta. On estime que près de 8 % de l’ADN humain provient de rétrovirus,
et près de 50 % pour l’ADN du maïs.

2.4  La symbiose
L’exemple le plus connu est le lichen qui résulte de la symbiose entre un cham-
pignon et soit une algue verte, soit une cyanobactérie ; le champignon est appelé
mycobionte et le partenaire photosynthétique est le phycobionte. Par sa capacité
de photosynthèse, le phycobionte synthétise la matière organique tandis que le
mycobionte prélève, dans l’environnement, l’eau et les éléments minéraux et assure
l’ancrage de la structure symbiotique. Cette symbiose génère une nouvelle espèce
de par sa morphologie et sa capacité à se développer dans de nouveaux écosystèmes
par rapport à chacun des partenaires.
La théorie endosymbiotique postule que des symbioses ancestrales ont conduit
à la genèse de la mitochondrie et du chloroplaste et ont permis l’émergence des
eucaryotes aérobies dans un premier temps et photosynthétiques par la suite
(figure 22.3). La double membrane des mitochondries et des chloroplastes témoigne

Des repliements membranaires Au cours d’une capture ultérieure,


1 3
ont donné naissance à des une cyanobactérie évolue en
organites parmi lesquels le noyau chloroplaste
et le réticumum endoplasmique,
générant un eucaryote ancestral
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

réticulum endoplasmique
noyau

3
cyanobactérie cellule eucaryote
chlorophyllienne
1 2 actuelle

Procaryote mitochondrie
L’eucaryote ancestral bactérie
ancestral 2
ingère une bactérie aérobie aérobie
qui évolue en mitochondrie

Cellule eucaryote hétérotrophe actuelle

Figure 22.3    La théorie endosymbiotique.

281
Partie 6    Sciences de la vie

de l’existence d’une membrane bactérienne en plus de la membrane de l’hôte ; de


même l’existence d’un ADN propre ayant des caractéristiques spécifiques témoigne
d’une ancienne origine cellulaire.

2.5  La transmission culturelle


Au sein d’une même espèce, des populations occupant des écosystèmes spécifiques
peuvent adopter des comportements différents afin de s’adapter au mieux à leur
environnement. Ces comportements, qui ne relèvent pas d’un déterminisme gé-
nétique, s’acquièrent par apprentissage ; les animaux « novices » reproduisant les
comportements adoptés par les autres membres de la communauté.

Exemple
Les baleines à bosse fréquentant le golfe du Maine ont adopté une technique de chasse
différente des autres populations de l’espèce ; au lieu de produire un filet de bulles d’air,
elles donnent de grands coups de queue dans l’eau. Initialement observé chez une seule
baleine en 1980, ce comportement avait été acquis par 40 % des animaux en 2007. Les ob-
servations menées entre 1980 et 2007 ont montré que les baleines pratiquant la pêche avec
coups de queue l’avaient fait après avoir été en association avec un congénère pratiquant
cette technique dans 87 % des cas.

La transmission d’un comportement peut s’effectuer par d’autres modalités que


l’observation.

Exemple
Les moineaux à couronne blanche apprennent leur chant d’adulte entre l’âge de 10 à 50
jours. Les moineaux qui n’entendent aucun chant pendant cette période sont incapables
d’émettre un chant d’adulte clair ; ceux ayant entendu un chant différent reproduisent le
chant entendu, une fois adulte. L’origine de l’œuf n’a pas d’influence sur le chant, prouvant
le caractère non génétique de ce comportement.

3 Diversité du vivant et évolution de la biodiversité


La diversité, issue des mécanismes précédemment décrits, est soumise à deux forces
évolutives : la sélection naturelle et la dérive génétique. Il en résulte des modifica-
tions quantitatives et qualitatives des différentes populations pouvant conduire à leur
disparition ou à l’apparition d’une nouvelle espèce ; ces modifications caractérisent
l’évolution de la biodiversité.

3.1  La dérive génétique


Il s’agit d’un mécanisme aléatoire conduisant à une modification de la fréquence
des allèles au sein d’une population donnée.

Exemple
Lors de la dernière glaciation, des papillons d’une espèce ancestrale de Zerynthia ont trouvé
refuge dans le sud de l’Italie et le sud des Balkans ; chaque population a été soumise à une
dérive génétique différente. À l’issue du processus évolutif, les deux populations diffèrent

282
chapitre 22  •  La diversité du vivant

par les organes reproducteurs, empêchant toute hybridation. Chacune de ces populations
constitue une espèce distincte, Zerynthia cassandra et Zerynthia polyxena. À l’heure ac-
tuelle, les deux espèces ont colonisé à nouveau l’ensemble du continent européen ; elles
cohabitent sans possibilité de reproduction entre elles.

3.2  La sélection naturelle


Bien que la biodiversité soit très élevée, elle est toutefois inférieure à celle attendue
en prenant en compte l’ensemble des mécanismes qui y contribuent. Cette différence
est due à la sélection naturelle qui tend à éliminer les formes de vie mal adaptées
à leur environnement en favorisant les populations capables d’assurer leur succès
reproducteur en dépit des épreuves environnementales.

Exemple
L’évolution des variétés de la phalène du bouleau (Biston betularia) au cours du temps, en
Angleterre, illustre ce processus de sélection naturelle. Originellement de couleur claire,
tachetées de noir, les ailes de ce papillon se confondaient avec l’écorce des bouleaux
(figure 22.4). Des mutations de l’allèle codant la couleur sont à l’origine d’individus
noirs (variété carbonaria) qui étaient rapidement éliminés car facilement repérables par
les prédateurs (oiseaux). Avec l’industrialisation de l’Angleterre, les formes noires ont
supplanté les formes claires (variété typica) dans les régions industrialisées car les arbres
étaient recouverts de suie ; jusqu’à 98 % des phalènes étaient noires. À l’heure actuelle, la
pollution a disparu dans les régions considérées et la proportion de la variété carbonaria
est retombée à moins de 1 %.

Figure 22.4 

Les variétés typica (gauche) et carbonaria (droite) de la phalène du bouleau.


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

3.3  La spéciation
La sélection naturelle et la dérive génétique peuvent conduire à l’apparition de
nouvelles espèces, cette émergence est qualifiée de spéciation.
La spéciation peut résulter d’une séparation physique des différentes populations ;
il n’y a plus d’échanges génétiques et les dérives génétiques conduisent à l’émer-
gence de nouvelles espèces comme dans le cas de Zerynthia (cf. section 3.1). Une
telle spéciation est qualifiée d’allopatrique.
La spéciation peut se réaliser dans un même écosystème, à l’occasion de l’apparition
d’un allèle qui permet à certains individus d’exploiter différemment les ressources ;
les deux populations qui en résultent ne partagent plus les mêmes niches ­écologiques
et, la dérive génétique aidant, ne peuvent plus se reproduire entre elles. Cette spé-
ciation est qualifiée de sympatrique.

283
Partie 6    Sciences de la vie

Exemple
Dans le lac Apoyo (Nicaragua), l’espèce Amphilophus citrinellus s’est diversifiée pour donner
la nouvelle espèce A. zaliosus en rencontrant de nouvelles conditions environnementales.
Issus de cours d’eau de faible profondeur, l’arrivée de ces poissons dans le lac dont la co-
lonne d’eau a une profondeur de 200 mètres a permis l’émergence d’individus capables de
se développer dans les profondeurs et d’en exploiter les ressources. A. zaliosus vit au large
et possède une mâchoire qui ne contient que des petites dents pointues ; A. citrinellus vit
au bord du lac et a une mâchoire avec des molaires.

La spéciation peut se réaliser sur une durée variable, selon la population de départ,
l’espèce considérée, le milieu et les possibilités d’échanges génétiques entre les
individus ; il est donc possible d’en observer le déroulement.

Exemple
À l’heure actuelle, en Amérique du Nord, la mouche Rhagoletis pomonella est soumise à une
spéciation sympatrique. À l’origine, les larves de la mouche se développent sur l’aubépine,
mais depuis la fin du XIXe siècle sont apparues des larves se développant sur le pommier.
Bien qu’appartenant à la même espèce, le taux d’hybridation entre les mouches se repro-
duisant dans la pomme et celles se nourrissant de cenelles (fruit de l’aubépine) n’est que
de 4 % à 6 % ; en laboratoire, toutefois, les mouches du pommier et celles de l’aubépine se
croisent facilement en donnant une descendance fertile !

3.4  La notion d’espèce


La définition de l’espèce n’a cessé d’évoluer au cours du temps, en fonction du
développement des techniques de l’identification.
À l’heure actuelle, l’espèce peut être définie comme une population d’individus
isolés génétiquement des autres populations. Cette notion inclut également le
concept de barrière de reproduction entre espèces différentes.

284
CHAPITRE Grandeurs et
23 conversions
utilisées en biologie
1 Focus sur le dalton
Outre le nombre d’Avogadro, la notion de mole, le nombre de moles, la masse
­molaire, la concentration molaire, la masse volumique et la densité qui sont des
notions déjà vues au chapitre 14, ainsi que le pourcentage massique vu au cha-
pitre 11, nous aimerions revoir l’unité de masse moléculaire qu’est le dalton, défini
comme le douzième de la masse d’un atome de carbone, et dont le symbole est Da.

Exemples
1. Masse moléculaire de l’eau (H2O) : 2 × 1 + 16 = 18 Da, ce qui nous dit que la masse
molaire de l’eau est de 18 g · mol-1.
2. Masse moléculaire du glucose (C6 H12O6) : 6 × 12 + 12 × 1 + 6 × 16 = 180 Da, ce qui
nous dit que la masse molaire du glucose est de 180 g · mol-1.

2 Préparation d’une solution


Nous aimerions également donner un exemple d’application à la biologie de la
préparation d’une solution :

Exemple
Une solution de sérum physiologique contient 0,9 % de NaCl. Quelle masse de NaCl est
nécessaire pour préparer 1 L de solution ?
Solution : 0,9 % de NaCl signifie que la solution contient 0,9 g de NaCl pour 100 g de
solution. Donc, il faut 9 g de NaCl pour 1 000 g (1 kg) de solution. Or, la masse volumique
de l’eau étant de 1 kg ⋅ L–1, 1 kg d’eau correspond à 1 L. Donc, pour préparer 1 L de solution
à 0,9 % on doit peser 9 g de NaCl à resuspendre dans 1 L d’eau. Notez bien qu’il s’agit
là d’une approximation, couramment utilisée dans la pratique. En effet, 9 g de NaCl dans
1000 g d’eau, cela fait un pourcentage massique de (9/1009) × 100, ce qui est très proche
des (9/1000) × 100 (la variation due à l’approximation est négligeable dans la pratique).

2.1  pH d’un milieu physiologique


1. Pour la définition En biologie, le pH1 est une grandeur essentielle au bon fonctionnement d’un orga-
du pH, se reporter nisme vivant. Dans leur état physiologique, les différents constituants de l’organisme
au chapitre 13 de la
(cellules, tissus, liquides) présentent des pH très variables, pouvant se situer dans
partie 4 (Chimie).
des gammes plus ou moins étroites.
Par exemple, le pH du sang artériel se situe autour de 7,4 avec une variation très
faible de l’ordre de 0,05 unité. Le pH du sang a donc des valeurs comprises entre

285
Partie 6    Sciences de la vie

7,35 et 7,45 ; en deçà d’un pH de 7,35, les personnes sont en état d’acidose et
peuvent présenter des troubles divers allant jusqu’à la mort pour un pH de 7.
En ce qui concerne l’estomac, le pH peut varier dans une large gamme comprise
entre 1,5 et 5.
Les pH de divers compartiments de l’organisme sont indiqués dans la figure 23.1.

salive (6 - 7,4) cerveau (7,1)

coeur (7 - 7,4)
urine (4,5 - 7,5)
foie (7,2) estomac (1 - 5)

Figure 23.1 
côlon (7,9 - 8,5) intestin grêle (7,5 - 8)

sang artériel (7,4) peau (5,5)

pH de quelques fluides et tissus de l’organisme.

Ces valeurs de pH sont en adéquation avec la physiologie et le fonctionnement des


tissus. Ainsi, le pH acide de l’estomac permet une dégradation optimale des proté-
ines par la pepsine (enzyme présente dans le suc gastrique) dont le pH d’action se
situe autour de 2. À l’inverse, les enzymes de l’intestin requièrent un pH basique
(ou alcalin) pour fonctionner de manière optimale.
Chez la femme, le pH vaginal est acide (4 à 4,5), ce qui contribue à réduire la
prolifération de bactéries pathogènes, dont le staphylocoque doré (Staphylococ-
cus aureus). Ce pH acide est dû au microbiote du vagin (flore de Döderlein) qui
synthétise de l’acide lactique.

2.2 Les unités fondamentales


En biologie, les échelles caractéristiques sont les suivantes :
•• Longueur : mètre (m) ;
3
•• Volume : mètre cube (1 m3 = 1 000 L) ; centimètre cube (1 cm = 1 mL) ;
•• Masse : gramme (g) ; dalton (Da) ;
•• Temps : heure (h) ; minute (min) ; seconde (s).
et on utilise en plus les puissances de 10 et les préfixes correspondants : kilo (k) =
103 ; milli (m) = 10 −3 ; micro (µ ) = 10−6 ; nano (n) = 10−9 ; pico (p) = 10−12 ; femto
(f) = 10−15.

286
chapitre 23  •  Grandeurs et conversions utilisées en biologie

2.3  Relation de proportionnalité et dilutions


Ces notions calculatoires de base sont très couramment utilisées en biologie. Pour
illustrer nos propos, voici quelques exemples concrets :

Exemples
1. V
 ous devez préparer 50 mL d’une culture bactérienne en présence de kanamycine
(antibiotique). La concentration de kanamycine est à 25 mg ⋅ mL−1. Quel volume d’an-
tibiotique devez-vous ajouter pour avoir au final 20 mg ⋅ mL−1 de kanamycine dans la
culture bactérienne ?
Le processus de dilution a été détaillé dans la partie 4, notamment à la figure 14.2.

Méthodologie :
• Avant de se lancer dans les calculs, il est nécessaire de convertir la concentration de ka-
namycine finale en mg ⋅ mL−1. Sachant que 1 mg = 10−3 mg, 20 mg ⋅ mL−1 correspondent à
20 × 10 −3 mg ⋅ mL−1. Dans la solution, à tout moment, la quantité de matière ne varie pas,
ce qui correspond à « nombre de moles de l’état initial (n1) est égal au nombre de moles
de l’état final (n2) ». Or, le nombre de moles de kanamycine est égal à la concentration
de kanamycine multipliée par le volume de kanamycine. On a donc

C1V1 = C2V2 , avec

C1 : concentration initiale, C2 : concentration finale, V1 : volume initial, V2 : volume final

• Application numérique : on sait que C1 = 25 mg ⋅ mL−1 et C2 = 20 × 10 −3 mg ⋅ mL−1,


ainsi que V2 = 50 mL. On doit alors trouver

C2V2 (20 × 10 −3 ) × 50
V1 = = = 4 × 10 −2 mL,
C1 25

soit 40 µ L.

2. Le volume recommandé d’une solution aqueuse administrable par voie orale chez la
souris et le rat est de 10 mL ⋅ kg−1. Quel sera le volume de solution aqueuse administré
à une souris de 30 g ? un rat de 250 g ?
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

Méthodologie : on utilisera ici encore la règle de trois rappelée au chapitre 2 :


1 000 g ↔ 10 mL(23.1)

30 g ↔ x mL (23.2)
on trouve

( 1 000
30
=
10
x) 
⇔ x =

30 × 10
1 000

= 0,3 

(23.3)

ce qui nous donne comme volume administrable 0,3 mL, soit 300 mL.
Pour un rat de 250 g, le raisonnement est identique, et on obtient comme réponse 2,5 mL.
Remarquez que la masse du rat est 4 fois inférieure à 1 kg, ce qui confirme le résultat du
volume obtenu : 4 fois inférieur à 10 mL.

287
CHAPITRE Résoudre une
24 problématique
en biologie
1 Tracé d’un graphe
Le dosage de protéines dans certains liquides biologiques repose sur la technique
de Bradford. Il s’agit d’un dosage colorimétrique basé sur l’utilisation du bleu de
Coomassie. Ce colorant se fixe sur les protéines et absorbe alors à une longueur
d’onde de 595 nm. Cette technique nécessite la réalisation d’une gamme étalon à
partir de concentrations connues d’une protéine de référence, le plus souvent la
BSA (albumine bovine sérique).
Le tableau 24.1 indique l’absorbance à 595 nm de différentes concentrations de BSA.

Tableau 24.1  Absorbance à 595 nm de différentes concentrations de BSA.

Concentration en BSA (mg ¥ mL-1) 0,05 0,10 0,20 0,30 0,40 0,50 0,60 0,75
Absorbance à 595 nm 0,06 0,12 0,23 0,38 0,45 0,55 0,69 0,80

Énoncé
1. À partir des valeurs du tableau 24.1, tracez la droite étalon représentant l’absorbance
à 595 nm en fonction de la concentration de BSA.
2. Quelle est la concentration en protéines d’une solution diluée au 1/2, présentant
une absorbance de 0,5 ?
3. À quelle absorbance théorique doit correspondre une solution de 10 mL contenant
2,5 mg de BSA ?

Corrections
1. Tracé de la courbe : voir figure 24.1. Quelques conseils :
•• dans un premier temps, il est nécessaire de déterminer quelles sont les grandeurs
à placer sur l’axe des abscisses et sur l’axe des ordonnées. C’est-à-dire,
qu’on doit placer l’absorbance (A à 595 nm) sur l’axe des abscisses et la
concentration en BSA (mg ⋅ mL-1) sur l’axe des ordonnées. Il faut ensuite
déterminer les échelles (abscisse et ordonnée) afin que la courbe occupe un
volume optimal sur le document : les différents points de la courbe doivent
apparaître suffisamment distants les uns des autres ;
•• pensez à donner un titre à la figure et à préciser les grandeurs et unités des
différents axes ;

288
chapitre 24  •  Résoudre une problématique en biologie

•• l’alignement des points suggère une relation linéaire donc représentée par une
droite. Celle-ci ne passe pas par tous les points ; il s’agit de la droite moyenne
qui passe le plus près possible du plus grand nombre de points. Cette droite
moyenne prend en compte les incertitudes liées aux mesures.
0,9
0,9
0,8
0,8
0,7
Absorbance à 595 nm

0,7

Absorbance à 595 nm
0,6
0,6
0,5
0,5
Figure 24.1  0,4
0,4
0,3
0,3
0,2
0,2
0,1
0,1
0
0
0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 0,6 0,7 0,8
Concentration en BSA (mg.mL–1)   Concentration en BSA (mg.mL–1)

(gauche) Absorbance à 595 nm de la BSA en fonction de la concentration,


détermination de la concentration pour une absorbance donnée et (droite)
détermination d’une absorbance théorique à partir de la concentration.

2. On voit par ailleurs sur la partie gauche de la figure 24.1 que pour une absorbance de
0,5 la courbe donne une concentration voisine de 0,45 mg ⋅ mL−1. La solution étant
diluée au 1/2, la concentration réelle est deux fois plus importante, soit 0,90 mg ⋅ mL−1.
3. Absorbance théorique : la solution contient 2,5 mg pour un volume total de
10 mL, ce qui signifie que pour 1 mL de solution, il y a 0,25 mg de protéine ; la
concentration de la solution est donc de 0,25 mg ⋅ mL−1. La valeur théorique de
l’absorbance de la solution est donc 0,28 ou 0,29 ; l’échelle des ordonnées ne
permet pas de discriminer entre ces deux valeurs.

En toute rigueur, vous ne devez pas donner la valeur de 0,285. En effet, les valeurs
d’absorbance indiquées ne sont précises qu’au dixième ; vous ne pouvez donc
pas être précis au centième !

2 Analyse de documents issus d’expériences


© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

en biologie
Méthode
1. Dans un premier temps, il est nécessaire de définir/identifier la problématique ;
2. ensuite, il faut tenir compte des documents fournis pour résoudre la problématique ;
3. puis, il faut décrire le graphe en insistant sur ce qui est présenté en abscisses et
en ordonnées ;
4. enfin, on peut interpréter les graphes en utilisant ses connaissances, et conclure
le propos par quelques phrases, résumant les interprétations.

289
Partie 6    Sciences de la vie

Énoncé
Au cours de leur croissance, de nombreuses bactéries sont capables de libérer des
vésicules membranaires pouvant renfermer diverses molécules de la cellule. Un
schéma simplifié de ce processus est illustré figure 24.2.

Figure 24.2 

Libération de vésicules membranaires par une bactérie.

Le rôle des vésicules dans le pouvoir pathogène d’E. coli est étudié dans les expé-
riences présentées ci-après : dans une première expérience, 5 µg de vésicules d’E.
coli sont injectés, par voie intra-péritonéale, à des souris. Le fluide broncho-al-
véolaire (BAL) est récupéré et la nature et la quantité des cytokines présentes sont
déterminées. Les résultats obtenus sont indiqués dans la figure 24.3 partie gauche.

Figure 24.3 

(gauche) Taux de cytokines présentes dans le fluide broncho-alvéolaire


des souris inoculées en fonction du temps. « *, **, *** » : différences significatives ;
(droite) Survie des souris après injection de 25 µg de vésicules. Triangle : souris
inoculées avec du tampon PBS (un tampon phosphate), disques : souris inoculées
avec 25 µg de vésicules en suspension dans du tampon PBS. IL : interleukines ;
IFN : interféron ; TNF : facteur nécrosant les tumeurs.

1. Que pouvez-vous conclure des résultats de la partie gauche de la figure 24.3 ?


2. Dans une deuxième expérience, la survie de différentes souris est suivie après
injection de 25 µg de vésicules d’E. coli par voie intra-péritonéale (le péritoine
est une membrane épithéliale tapissant les organes abdominaux). Les résultats
sont visualisés dans la partie gauche de la figure 24.3. Comment expliquez-vous
ces résultats ?

Compétences sollicitées pour la question 1


•• Savoir bien lire l’énoncé et se représenter l’expérience : noter que l’injection
est intrapéritonéale et que le fluide broncho-alvéolaire est récupéré : il y a un

290
chapitre 24  •  Résoudre une problématique en biologie

effet à distance et donc diffusion des vésicules. Il faut également noter que les
prélèvements s’effectuent sur trois temps différents : il y a donc au moins trois
lots de souris (en plus du lot de contrôle) et chacun des lots sera sacrifié aux
temps indiqués après l’injection.
•• Savoir lire un graphe : malgré la grandeur des intervalles d’erreur, il est précisé
que les différences sont significatives. L’échelle des ordonnées est interrompue ;
il s’agit donc d’une technique qui permet de loger des valeurs qui sortiraient de la
représentation si l’échelle de départ était conservée. Il faut également remarquer
que la réponse maximale est obtenue au bout de 6 h, puis décroît à 12 h.
•• Mobiliser les connaissances : connaître les cytokines pro-inflammatoires ainsi
que la chronologie du déclenchement de la réponse inflammatoire (maximum
entre 6 h et 12 h chez l’Homme).

Exemple de réponse à la question 1


On observe que la présence de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α et IL-1 notamment)
augmente fortement en présence de vésicules, indiquant un effet pro-inflammatoire. Ces
cytokines sont présentes dans le BAL alors que les vésicules ont été injectées dans le
péritoine, prouvant une diffusion des vésicules dans l’organisme et le déclenchement
de la réponse immunitaire loin du site de production. La réponse n’est observée qu’à
partir de 6 h, et continue jusqu’à 12 h, ce qui pourrait laisser supposer que jusqu’à 6
h, la réponse immunitaire n’est pas suffisante face au pouvoir pathogène des bactéries.
Ce délai de réponse correspond au délai de diffusion des vésicules jusqu’au système
respiratoire et au déclenchement de la réponse inflammatoire. Cette réponse diminue
par la suite ; on peut conclure que les vésicules sont en voie d’élimination.

Compétences supplémentaires sollicitées pour la question 2


•• Un esprit de synthèse : l’expérience précédente avait conclu au déclenchement
de la réaction inflammatoire par les vésicules ; la mort si rapide des animaux
s’explique donc par cette réaction inflammatoire exacerbée.
•• Notez également la différence de concentration des vésicules utilisées entre les
expériences 1 et 2 (5 fois plus dans l’expérience 2). Ceci explique pourquoi
les animaux meurent au cours de l’expérience 2 et survivent (élimination des
vésicules) dans l’expérience 1.
© Dunod. Toute reproduction non autorisée est un délit.

La nécessité de témoins lors de l’expérimentation


Le témoin négatif correspond au taux de survie des souris inoculées avec une
solution tampon PBS, c’est-à-dire ne contenant pas de vésicules. Les valeurs de
survie obtenues dans ces conditions sont donc comparées à celles obtenues dans
les conditions « présence de vésicules » afin de pouvoir conclure sur le rôle des
vésicules dans la survie des souris.

Exemple de réponse à la question 2


Les vésicules induisent la mort des souris, vraisemblablement par exacerbation de
la réaction inflammatoire au regard du temps à partir duquel les souris commencent
à mourir (24 h).

291
Index
A
absolu (âge) 214
axe optique 145
axiome 20

absorbant 29
absorption 134
accélération 98
B
bactérie 261
accommodation 150 barrière de reproduction 284
accroissement infinitésimal 71 base 267
acide aminé 270 bilan de masse 228
acidose 286 bissectrice 42
action et réaction 103 Bradford (méthode de) 288
ADN 266 brassage génétique 277
ADN bactérien 262
ADN extrachromosomique 265
âge de la Terre 233
aire algébrique 79
C
calcul différentiel 71
allèle 268 canonique (forme) 85
allopatrique 283 carré 45
allopolyploïdie 279 catastrophisme 210
anaphase 274, 276 causalité 18
anatomie 254 cellule 260
angle eucaryote 262
anti-supplémentaire 55 mémoire 259
associé 54 procaryote 261
au centre 41 somatique 273
complémentaire 55 centre de gravité 43
droit 41 centre optique 145
géométrique 40 centromère 266
limite 137 cercle 41
opposé 55 cercle circonscrit 43
orienté 52 cercle inscrit 43
plat 41 cercle trigonométrique 52
supplémentaire 54 chiasma 275
antécédent 62 chiffre significatif 20
antigène 257 chromatide 266
application 62 chromosome 262
ARN de transfert 269 chromosome bichromatidien 266
ARN messager 268 code génétique 270
ARNm monocistronique 271 codon 270
ARNm polycistronique 271 coefficient directeur 72
ARN non codant 269 collision 246, 249
ARN polymérase 269 combinaison linéaire 86
ARN pré-messager 269 commutative 29
ARN ribosomal 269 composante 49
assertion 19 concavité 75
asthénosphère 239 concentration 193, 285
asymptote horizontale 69 conditions de Gauss 146
asymptote verticale 68 conjecture 90
atome 155 conjonction 25
autopolyploïdie 279 conservation de la masse 154
avancement d’une réaction chimique 195 conservation de l’énergie mécanique 119

293
constante d’Avogadro 192
constante de réaction 199
continue 69
E
écriture scientifique 20
convexité 45 électron 158
coordonnées 47 électronégativité 167
coordonnées cartésiennes 48, 99 élément chimique 154
corollaire 20 émergence rasante 137
corps pur 156 énergie cinétique 115
corrélation 18 énergie potentielle 116
cosinus 44 enjambement 275
couche de valence 162 ensemble de définition 76
couples acido-basiques 187 ensemble de nombres 24
craton 249 ensemble d’étude 76
cristallographie 223 entier naturel 24
croissance d’une fonction 67 entier relatif 24
crossing-over 275 enzyme 268
croûte 239 épissage 269
croûte/manteau 240 équation 35
cytokine 259 équation chimique 181
cytokinèse 274 équation trigonométrique 56
cytoplasme 260, 262 équilatéral 43
cytosol 260, 263 équilibre de phases 225, 227
cytosquelette 264 équivalence 25
équivalence d’un titrage 202

D
dalton 285
érosion 217, 229, 250
espèce 284
esprit critique 17
décimaux 24 état fondamental 160
décrochement 247 exon 268
définition 20 exposant 34
degré 86 extremum 75
délétions 278
dénominateur 30
densité 191, 285
dérivation 71
F
facteur 28
dérive génétique 282 facteur nécrosant les
diffraction 130 tumeurs 259
diffusion 134 factorisation 34
dilution 193 faisceau lumineux 131
dimension 4 famille chimique 162
dioptre 134 fonction 69
diploïde 275 affine 82
discontinuité 69 circulaire 82
disjonction 25 dérivée 71
dissipation de l’énergie mécanique 119 linéaire 82
dissolution 184, 193 numérique 62
distance focale 145 paire 65
distance focale image 145 polynomiale 86
distance focale objet 145 puissance 86
distribution 37 racine carrée 87
diversité 282 force 103
diversité génétique 277 de Debye 172
dorsale 242 de Keesom 172
dosage colorimétrique 288 de London 172
dynamique 100 de van der Waals 172

294
électrostatique 105 inertie 101
(non) conservative 116 infra-rouge 129
forme de la Terre 235 insertion 278
formule insuline 269
brute 173 intégrale 78
de conjugaison 146 définie 79
de Lewis 174 indéfinie 79
développée 173 inter-chromobrassage 277
semi-développée 176 interférence 130
topologique 176 interféron 259
foyer principal image 143 interleukine 259
foyer principal objet 143 interphase 273
fréquence 125 intervalle 27
fréquence temporelle 130 intra/inter-chromosomique (brassage) 277
fuseau mitotique 274 intron 268
inverse 29

G
gamète 256, 273
ion 159
isocèle 43
isomère 174
gamète haploïde 275 isotope 159
gène 268
gène homéotique 279
génotype 268, 277
géochronologie 216
K
kinétochore 274
géoïde 238
gradient 71
grandissement transversal 144
graphe 63
L
lemme 20
graphique 63 lentille 145
liaison

H
hexagone 46
covalente 168
hydrogène 173
intermoléculaire 172
histone 265, 268 ionique 168
homogénéité 8 métallique 168
homozygote 277 peptidique 271
hormone 256 polarisée 170
hypothénuse 43 limite 60
lithosphère 239

I
image 62
locus 268
logarithme décimal 91
logarithme naturel 91
droite 144 logarithme népérien 88
inversée 144 loi 20
point image 141 de Beer-Lambert 194
réciproque 63 de Kohlrausch 194
réelle 141 de Snell-Descartes 221, 222
viruelle 142 des proportions définies 155
immunité 257 périodique 156
implication 25 longueur de la projection 48
incidence normale 136 longueur d’onde 125, 130
indétermination 62 losange 45
indice de réfraction 133 lumière blanche 132
indice optique 133 lymphocyte B 259
inéquation 38 lymphocyte T 259

295
M
macrophage 259
nucléole 265
nucléotides 267
numérateur 30
manteau 239, 240 numéro atomique 158
masse atomique relative 156
masse de la Terre 220
masse molaire 192, 285
masse volumique 190, 285
O
objet réel 141
médiane 42 objet virtuel 142
médiatrice 42 octaèdre 47
méiose 273, 276 oeil 149
membrane nucléaire 265 onde 121
mesure algébrique 140 onde électromagnétique 122
mesure d’un angle 40 onde longitudinale 124
mesure principale 57 onde mécanique 122
métal 166 onde P 221, 222, 240
métalloïde 166 onde progressive 123
métaphase 274 onde progressive sinusoïdale 124
méthode scientifique 15 onde S 240
microbiote 261 onde transversale 124
milieu opération sur les limites 62
dispersif 139 opposé 29
homogène 133 optique géométrique 129
isotrope 133 organe 254
transparent 133 organisme 254
mise au même dénominateur 36 orientation du plan 52
mitose 273 orthocentre 43
modèle de l’oeil réduit 150 orthonormé 48
modélisation 11
mole 192
molécule 155, 254
molécule organique 175
P
parallélogrammes 45
moment dipolaire 171 parité d’une fonction 65
mutagénèse 277 pentagone 46
mutation 278 période 124, 157
mutation germinale 278 période sidérale 219
mutation ponctuelle 278 périodicité 54
mycobionte 281 périodicité d’une fonction 66
pH 285

N
négation 25
phagocytose 259
phase 126
phénotype 278
neutre 29 photon 129
neutron 158 phycobionte 281
nombre d’Avogadro 285 physiologie 254
nombre dérivé 71 plan d’incidence 135
nombre trigonométrique 44 plan focal image 143
nomenclature systématique 176 plan focal objet 143
non exclusif 30 plaque équatoriale 274
norme 49 plasmide 262
noyau 239, 240 poids 104
externe 240 point d’incidence 135
interne 240 point matériel 96
nuage électronique 171 polynôme 86
nucléoïde 261 polypeptide 270

296
polyploïdie 279 référentiel 96
polyribosome 271 référentiel galiléen 101
position 97 réflexion 65, 134
postulat 20 réflexion totale 137
poussée d’Archimède 105 réfraction 134
primitivation 78 règle de l’octet 169
principe d’inertie 101 règle de trois 12
priorité des opérations 31 relatif (âge) 214
prisme 139 relation fondamentale de la dynamique 102
produit en croix 37 relation trigonométrique 55
produit scalaire 57 rendement d’une réaction 197
profil spectral 132 repère 97
prométaphase 274 repère du plan 47
proposition 19 représentation d’une fonction 63
protéine 268 ribosome 271
proton 158 rift 244
protoplasme 262
puissance 33
puissance d’une force 111
pulsation 125
S
scholie 20
punctum proximum 150 sécante 71
punctum remotum 150 secteur angulaire 40
sélection naturelle 282

Q
quantificateur existentiel 26
sens trigonométrique 52
séquence codante 268
sinus 44
quantificateur universel 25 Snell-Descartes
quantité de matière 191 (réflexion) 135, 136
quantité de mouvement 102 solubilité 185
source

R
racine 87
monochromatique 132
polychromatique 132
primaire 131
racine carrée 31, 33 secondaire 131
radian 41 spéciation 283
radiochronomètre 216 spectre 132
raideur 106 sphère 41
raison 59 stœchiométrie 155, 182
rationnels 24 subduction 230, 244
rayon suite
incident 135 adjacente 61
lumineux 131 arithmétique 59
réfléchi 135 croissante 60
réfracté 135 décroissante 60
réactif limitant 184 géométrique 60
réaction majorée 61
acido-basique 185 monotone 60
d’auto-protolyse 186 numérique 59
d’oxydoréduction 187 symbiose 281
équilibrée 198 symétrie centrale 65
inflammatoire 259 sympatrique 283
normale 107 système 254
totale 198 circulatoire 256
rectangle 45 digestif 256
réels 24 endocrinien 256

297
immunitaire 256, 257 théorie endosymbiotique 281
international d’unités 4 tissu 260
lymphatique 256 titrage 201
musculaire 256 transfert horizontal 280
nerveux 256 transitivité 38
reproducteur 256 trapèzes 45
respiratoire 256 travail d’une force 112
squelettique 256 triangle 42
tégumentaire 257 triangle rectangle 43
urinaire 256

T U
ultra-violet 129
tableau de variations 77 uniformitarisme 210
tableau périodique 157 unité 4
tangente 44 unité dérivée 5
taux d’accroissement 71

V
tectonique des plaques 206
télophase 274
tension du ressort 106 variable 35
termes 28 variable réelle 62
tétraèdre 47 vergence 145
théorème 20 vitesse 97
théorème de l’énergie cinétique 116 vitesse de l’onde 127
théorème de l’énergie mécanique 118 vitesse de variation 74

298
Crédits iconographiques
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