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Classes préparatoires scientifiques

2e année

Physique
MP-MP*
Tout le programme 2014
sous forme d’exercices corrigés

Sous la direction de Vincent Renvoizé

Pascal Archambault, Éric Bellanger, Henri Gonnord, Antonin


Marchand, Baptiste Portelli, Christelle Poux, Jérôme Ropert,
Eddie Saudrais
Cap Prépa

Physique
MP-MP*

Tout le programme 2014 sous forme d’exercices


et problèmes corrigés
Cap Prépa

Physique
MP-MP*

Tout le programme 2014 sous forme d’exercices


et problèmes corrigés

Sous la direction de
Vincent Renvoizé

Pascal Archambault
Éric Bellanger
Henri Gonnord
Antonin Marchand
Baptiste Portelli
Christelle Poux
Jérôme Ropert
Eddie Saudrais
Publié par Pearson France
Immeuble Terra Nova II
74, rue de Lagny
93100 Montreuil

ISBN : 978-2-326-05012-9
© 2014 Pearson France

Mise au point de la feuille de styles LATEX : Éric Bellanger


Mise en page LATEX : Vincent Renvoizé

Aucune représentation ou reproduction, même partielle, autre que celles prévues à


l’article L. 122-5 2◦ et 3◦ a) du code de la propriété intellectuelle ne peut être faite
sans l’autorisation expresse de Pearson France ou, le cas échéant, sans le respect des
modalités prévues à l’article L. 122-10 dudit code.
Avant-propos

C
e livre est destiné en premier lieu aux élèves des classes préparatoires aux
grandes écoles de la filière MP. Il traite l’ensemble du programme 2014 sous
forme d’exercices corrigés, choisis de manière à illustrer les « capacités exi-
gibles ». Les corrections sont très détaillées et comprennent des figures de qualité. Les
résultats sont mis en valeur dans des cadres grisés.
De nombreux encadrés « Rappel », « Méthode », « Synthèse » et « Attention »
reprennent les points essentiels, récapitulent la marche à suivre, synthétisent les
notions complexes et permettent d’éviter les pièges classiques. Ces encadrés sont placés
au fil des corrigés aux endroits précis où ils sont le plus utiles. Une liste des encadrés
qui suit la table des matières aide à retrouver facilement les points importants du
cours.
Le nouveau programme 2014 insiste sur les « résolutions de problèmes », exercices dif-
ficiles consistant à aborder des situations physiques réelles ex nihilo, l’étudiant devant
introduire lui-même les grandeurs nécessaires. Le chapitre 10, « Exercices ouverts »,
présente des exemples de telles situations.
Ce livre forme un ensemble cohérent, grâce à de nombreux renvois permettant de faire
le lien entre les différents exercices.
Parce qu’il traite une grande diversité de problèmes physiques, ce manuel peut être
d’un intérêt particulier pour les candidats aux concours de l’enseignement (CAPES
et agrégation) et les étudiants en licence de physique.

Éric Bellanger souhaite remercier Céline pour son soutien et sa patience. Christelle
Poux remercie Julien Cubizolles, professeur en MPSI au lycée Louis-le-Grand, pour
sa relecture ; ses étudiants, qui ont involontairement testé ses exercices. Vincent Ren-
voizé remercie Julie Delaubert, professeur en MPSI au Prytanée national militaire,
pour sa relecture attentive ; les étudiants de la classe de PSI du Prytanée national
militaire pour avoir servi de cobayes lors de nombreux exercices ; le chat, pour sa pré-
sence réconfortante sur le bureau, si encombrante fût-elle. Eddie Saudrais remercie
d’Alembert pour avoir établi une équation linéaire. Toute l’équipe d’auteurs tient à
remercier vivement Anna Hurwic, éditrice, pour son aide sans faille tout au long de
la mise au point de ce livre.
Les auteurs

Pascal Archambault est professeur en classes préparatoires PSI∗ au lycée Saint-


Louis (Paris).

Éric Bellanger, ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon, est professeur
en classes préparatoires PSI au lycée Stanislas (Paris). Il est docteur de l’Institut
de physique du globe de Paris ; sa thèse porte sur l’étude de phénomènes de courte
période dans le champ magnétique terrestre et sur le couplage des phénomènes
d’origine interne avec la rotation de la Terre. Il est l’un des auteurs du manuel de
physique MPSI-PCSI-PTSI (Pearson, 2013) ainsi que des manuels de physique de la
deuxième année (Pearson, 2010).

Henri Gonnord est professeur en classes préparatoires PC au Prytanée militaire de


La Flèche. Il est docteur en sciences des matériaux ; sa thèse porte sur l’élaboration et
la caractérisation de couches minces de carbone amorphe, un matériau dont certaines
propriétés (électriques, tribologiques, optiques) se rapprochent de celles du diamant.

Antonin Marchand, ancien élève de l’École normale supérieure de la rue d’Ulm,


est titulaire d’un doctorat réalisé à l’ESPCI en mécanique des fluides sur le thème de
la tension de surface et des lignes de contact. D’abord enseignant à la préparation à
l’agrégation de physique de l’ENS, il est aujourd’hui professeur en classes préparatoires
MP au Prytanée militaire de La Flèche. Il s’investit dans de nombreux projets de
médiation scientifique.

Baptiste Portelli, diplômé du magistère de physique de l’ENS Lyon/UCBL, est


titulaire d’un doctorat sur les fluctuations globales dans les systèmes corrélés. Membre
des jurys de concours d’entrée aux grandes écoles, il enseigne en classes préparatoires
MP au lycée La Martinière Monplaisir (Lyon). Il est l’un des auteurs des manuels de
physique de la deuxième année (Pearson, 2010).

Christelle Poux est professeur en classes préparatoires PC∗ au lycée Louis-le-Grand


(Paris).

Vincent Renvoizé, ancien élève de l’École normale supérieure de Lyon, est profes-
seur en classes préparatoires PSI au Prytanée militaire de La Flèche. Il est docteur
en astrophysique ; sa thèse porte sur la dynamique et l’évolution des corps célestes
compacts. Il a coordonné, dans la collection Cap Prépa, le manuel de physique MPSI-
PCSI-PTSI (Pearson, 2013), ainsi que les trois manuels de physique de la deuxième
année (Pearson, 2010).
viii
Jérôme Ropert est professeur en classes préparatoires MP au lycée Jacques-Decour
(Paris).
Les auteurs

Eddie Saudrais est professeur en classes préparatoires PC au lycée Condorcet


(Paris). Ancien élève de l’École normale supérieure de Cachan, il est l’un des au-
teurs du manuel de physique MPSI-PCSI-PTSI (Pearson, 2013), ainsi que des ma-
nuels de physique de la deuxième année (Pearson, 2010). Musicien amateur, il est
particulièrement intéressé par l’acoustique. Son intérêt pour la typographie l’a amené
à développer plusieurs extensions pour LATEX.
Table des matières

Avant-propos v

Les auteurs vii

Liste des encadrés xiii

1 Mécanique 1
1.1. Lois de composition des vitesses et accélérations . . . . . . . . . . . . . 1
1.2. Pendule simple dans un ascenseur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
1.3. Pendule simple dans un véhicule accéléré . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
1.4. Mouvement d’un anneau sur une tige en rotation . . . . . . . . . . . . 10
1.5. Satellite dans la soute d’une navette . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
1.6. Chute libre dans le référentiel terrestre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
1.7. Jour solaire et jour sidéral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
1.8. Champs de pesanteur et de gravitation terrestres . . . . . . . . . . . . . 22
1.9. Variation relative de la pesanteur avec l’altitude . . . . . . . . . . . . . 25
1.10. Recul d’un canon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
1.11. Glissement d’un pavé sur un plan incliné . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

2 Transfert thermique 35
2.1. Diffusion thermique dans une barre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
2.2. Double vitrage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
2.3. Température du corps humain en plongée . . . . . . . . . . . . . . . . . 42
2.4. Transfert thermique dans un cylindre creux . . . . . . . . . . . . . . . . 45
2.5. Température dans la Terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47
2.6. Ondes thermiques dans le sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50
2.7. Coulée de lave . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55

3 Systèmes ouverts 59
3.1. Premier principe industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
3.2. Écoulement supersonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64
3.3. Deuxième principe pour un écoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68
3.4. Détente de Joule-Thomson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69
x
4 Électromagnétisme en régime stationnaire 75
4.1. Champ créé par un noyau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Table des matières

4.2. Boule uniformément chargée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 77


4.3. Potentiel de Yukawa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
4.4. Champ créé par un plan infini chargé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81
4.5. Champ dans une cavité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84
4.6. Étude d’une couronne sphérique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86
4.7. Écrantage de Debye . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89
4.8. Condensateur plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
4.9. Énergie électrostatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95
4.10. Condensateur cylindrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
4.11. Dipôle électrostatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98
4.12. Vitesse moyenne des électrons dans un fil . . . . . . . . . . . . . . . . 102
4.13. Champ magnétique créé par une nappe de courant . . . . . . . . . . . 103
4.14. Champ magnétique dans un câble coaxial . . . . . . . . . . . . . . . . 106
4.15. Supraconductivité – Effet Meissner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
4.16. Conductivité électrique – Loi d’Ohm locale . . . . . . . . . . . . . . . 112
4.17. Résistance électrique d’un câble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.18. Conductivité électrique et salinité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116
4.19. Magnétorésistance (effet Corbino) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.20. Effet Joule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.21. Bilan énergétique sur un fil électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121

5 Électromagnétisme en régime variable 123


5.1. Courants de conduction et de déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . 123
5.2. Neutralité électrique des métaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
5.3. Courant de déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
5.4. Énergie dans un solénoïde – Vecteur de Poynting . . . . . . . . . . . . . 128
5.5. Énergie dans un condensateur – Vecteur de Poynting . . . . . . . . . . 131
5.6. Disque dans un solénoïde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
5.7. Plaque de cuisson à induction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
5.8. Bloc métallique dans un champ magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . 139
5.9. Effet de peau dans un câble électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

6 Ondes 145
6.1. Onde dans un câble coaxial (aspect ligne) . . . . . . . . . . . . . . . . . 145
6.2. OPPM dans le vide illimité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 149
6.3. Onde dans un métal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 152
6.4. Onde dans un câble coaxial (aspect champ) . . . . . . . . . . . . . . . . 156
6.5. Système GPS et ionosphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
6.6. Onde hertzienne dans l’eau de mer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
6.7. Guide d’onde rectangulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164
6.8. Onde stationnaire dans une cavité cubique . . . . . . . . . . . . . . . . 167
6.9. Loi de Stefan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
6.10. Réflexion sur un métal parfait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172

7 Physique quantique 175


7.1. Expérience de Carnal et Mlynek (1991) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175
7.2. Théorème d’équipartition du point de vue quantique . . . . . . . . . . . 178
7.3. Quantification ou continuum d’énergie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
xi
7.4. Mesure de la vitesse des atomes par effet Doppler . . . . . . . . . . . . 183
7.5. Puits localisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185

Table des matières


7.6. Effet tunnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188

8 Physique statistique 195


8.1. Échelles de la physique statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
8.2. Séparation isotopique par centrifugation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
8.3. Expérience de Jean Perrin (1909) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
8.4. Modèle microscopique de l’évaporation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
8.5. Équilibre de rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
8.6. Expérience de Kappler (1931) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
8.7. Loi de Dulong et Petit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

9 Optique 217
9.1. Détermination d’une différence de chemin optique . . . . . . . . . . . . 217
9.2. Théorème de Malus et principe de retour inverse . . . . . . . . . . . . . 218
9.3. Formule de Fresnel et contraste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
9.4. Interfrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
9.5. Mesure de l’indice d’un gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
9.6. Trous de Young et source en dehors de l’axe . . . . . . . . . . . . . . . 225
9.7. Observation de deux étoiles par interférométrie . . . . . . . . . . . . . . 227
9.8. Élargissement spatial de la source . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229
9.9. Trous de Young et lentille d’observation à l’infini . . . . . . . . . . . . . 231
9.10. Réseau de fentes de Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
9.11. Capacité de stockage d’un disque compact . . . . . . . . . . . . . . . . 237
9.12. Interféromètre en lame d’air à faces parallèles . . . . . . . . . . . . . . 238
9.13. Rayon des franges d’égale inclinaison . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
9.14. Différence de marche dans le cas d’une lame de verre . . . . . . . . . . 243
9.15. Interfrange dans le cas d’un coin d’air . . . . . . . . . . . . . . . . . . 244
9.16. Spectre cannelé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
9.17. Épaisseur d’une lame de verre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
9.18. Écart de longueur d’onde du doublet du sodium . . . . . . . . . . . . 248
9.19. Largeur spectrale d’un filtre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 250

10 Exercices ouverts 253


10.1. Interféromètre de Michelson – Anneaux visibles . . . . . . . . . . . . . 253
10.2. Détermination du doublet jaune du mercure . . . . . . . . . . . . . . . 255
10.3. Estimation du nombre d’Avogadro . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
10.4. Frottement de rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
10.5. Temps de chute de deux planches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
10.6. Mesure de température – Évaluations d’incertitudes . . . . . . . . . . 265
10.7. Analyse avancée d’incertitudes expérimentales . . . . . . . . . . . . . . 272
xii
Annexe A Analyse vectorielle 275
I Opérateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
Table des matières

I.1 Coordonnées cartésiennes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275


I.2 Coordonnées cylindriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 275
I.3 Coordonnées sphériques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
II Identités vectorielles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
III Formules intégrales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 276
IV Double produit vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277
V Le symbole nabla . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 277

Annexe B Analyse d’ordres de grandeur 279

Index 281
Liste des encadrés

Formule du double produit vectoriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3


Référentiel relatif en rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
Moment d’une force par rapport à un axe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5
Stabilité d’un équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Suppression des termes constants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8
Test pour une étude de stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Équation différentielle et critère de stabilité de Routh . . . . . . . . . . . . 9
Travail d’une force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
#–
Direction de T . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Travail et énergie potentielle de la force axifuge . . . . . . . . . . . . . . . . 11
Factorisation d’un résultat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12
Le travail d’une force dépend du référentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
Force d’inertie de Coriolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15
Stabilité d’une position d’équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Validité des solutions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Poids . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19
Effectuer simplement une application numérique . . . . . . . . . . . . . . . 21
Définition du poids . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
Poids et forces d’inertie d’entraînement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
Petite variation et différentielle logarithmique . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
Équation différentielle et forme canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Loi du frottement solide lors du glissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
Étude d’un mouvement de glissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
Loi du frottement solide en l’absence de glissement . . . . . . . . . . . . . . 32
Glissement ou non-glissement ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Recherche des directions pertinentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Sens du courant thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Choix du système . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
Cohérence des ordres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Intervalles courts et approximation uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Formule de Taylor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37
Irréversibilité et critère du film à l’envers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
Association de résistances thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 40
Premier principe et apport « interne » d’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . 44
Intervalle de travail [r, r + dr] . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
Équation différentielle linéaire homogène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Racines carrées d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52
Retour à la notation réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53
Système mobile et fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56
xiv
Direction des transferts thermiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
Système fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59
Liste des encadrés

Seules les parties mobiles des machines travaillent . . . . . . . . . . . . . . . 60


Grandeur extensive et bilan macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61
Enthalpie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Puissance indiquée PW . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
Utilisation du premier principe industriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65
Réversibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
Énergie interne d’un gaz parfait . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70
Fonction d’état et évolution fictive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Identités thermodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
Symétries du champ électrostatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
Théorème de Gauss – Énoncé et utilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76
Continuité spatiale du champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 78
Force et énergie potentielle électriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
Utilisation « à l’envers » du théorème de Gauss . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Déterminer une densité de charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80
Distributions de charge infiniment étendues . . . . . . . . . . . . . . . . . . 82
#–
Discontinuités artificielles de E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Analogies entre électrostatique et gravitation . . . . . . . . . . . . . . . . . 85
Distribution surfacique de charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88
Négliger les effets de bords . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
Armatures d’un condensateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
Principe de superposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Capacité d’un condensateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93
Le farad est une « grosse unité » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Condensateur plan et champ uniforme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94
Énergie volumique du champ électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Interprétation de l’énergie du champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . 95
Vitesse des électrons dans un fil . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Symétries du champ magnétostatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
Théorème d’Ampère – Énoncé et utilisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104
#–
Discontinuités artificielles de B . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105
Continuité spatiale du champ magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
Coefficient d’auto-inductance et énergie magnétique . . . . . . . . . . . . . 108
Le henry est une « grosse unité » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Continuité du champ magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110
Symétries du courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111
Négliger le poids des particules en électromagnétisme . . . . . . . . . . . . . 113
Courant et conductivité électriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113
Conductivité électrique du cuivre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Détermination d’une résistance électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
Cellule conductimétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Étude des symétries . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Poids des particules en électromagnétisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119
Effet Joule . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
Vecteur de Poynting – Interprétation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121
Bilan d’énergie électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
Équation différentielle et nombres complexes . . . . . . . . . . . . . . . . . 124
xv
Pulsation de plasma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125
Neutralité électrique d’un métal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125

Liste des encadrés


Interprétation de pulsation de plasma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Facteur de qualité et régime pseudo périodique . . . . . . . . . . . . . . . . 126
Théorème d’Ampère généralisé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
Interprétation du courant de déplacement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
Densité volumique d’énergie électromagnétique . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Vecteur de Poynting . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Énergie magnétique d’une bobine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Équation de Maxwell-Ampère dans le vide – Symétries . . . . . . . . . . . . 131
Intégration de l’équation de Maxwell-Ampère dans le vide . . . . . . . . . . 132
Énergie électrique d’un condensateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Actions intérieures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Symétries du champ électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Détermination du champ électrique induit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135
Loi de modération de Lenz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
Effets à distance en électromagnétisme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Épaisseur de peau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
Effet Joule dans un métal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 140
Équation de propagation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Racines carrées d’un nombre complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142
Amplitude d’une grandeur complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
Effet de peau et épaisseur de peau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Approximation des états quasi stationnaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Négliger les dx gênants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Théorème de Schwarz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Onde progressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Coefficient de réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
Célérité de la lumière dans le vide . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Définition d’une OPPM . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
Définition d’une onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Structure d’une OPPM électromagnétique dans le vide illimité . . . . . . . 151
Densité d’énergie d’une OPPM dans le vide illimité . . . . . . . . . . . . . . 152
Vitesse d’avancée de l’énergie pour une OPPM . . . . . . . . . . . . . . . . 152
Relation de dispersion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
Pseudo-OPPM et notation complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Vecteur de Poynting – Calcul . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154
Onde non plane – Notation réelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
Masse des particules . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Conductivité du plasma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
Onde évanescente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Vitesse de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
Variables séparées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
Calculer les expressions non linéaires en réels . . . . . . . . . . . . . . . . . 169
Rayonnement du corps noir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
Relations de De Broglie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 176
Relation d’indétermination de Heisenberg . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Fonction d’onde et équation de Schrödinger à une dimension . . . . . . . . 181
Ordres de grandeur de l’énergie thermique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
xvi
Incertitude ou indétermination ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
États liés et libres en mécanique classique et quantique . . . . . . . . . . . . 186
Liste des encadrés

Densité de probabilité de présence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186


Barrière de potentiel en mécanique classique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 189
Séparation des variables dans l’équation de Schrödinger . . . . . . . . . . . 190
Continuité de la fonction d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Densité de courant de probabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192
Grandeur intensive ou extensive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195
Échelle mésoscopique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197
Facteur de Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Moyen mnémotechnique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200
Ajustement par la méthode des moindres carrés . . . . . . . . . . . . . . . . 204
Système liquide-gaz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
Loi de Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
Théorème d’équipartition de l’énergie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 214
Surface d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Différence de marche et lentilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 219
Définition de l’éclairement – Interférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
Calcul de l’éclairement (ou intensité lumineuse) . . . . . . . . . . . . . . . . 221
Différence de marche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
Extension spatiale de la source primaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 231
Raisonnement dans le plan de la figure . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
Maxima principaux de lumière pour un réseau . . . . . . . . . . . . . . . . 236
Surface isophase . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 240
Lame d’air à faces parallèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
Coin d’air . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
Analyse d’ordres de grandeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253
Modèle de l’atmosphère isotherme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
Constantes thermodynamiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
Adimensionner une équation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
Moyenne et écart type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
Histogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267
Estimation d’une incertitude, interprétation statistique . . . . . . . . . . . . 269
Nabla en coordonnées cylindriques ou sphériques . . . . . . . . . . . . . . . 277
Utilisation correcte des estimations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 280
Chapitre 1
M ÉCANIQUE

1.1. Lois de composition des vitesses et accélérations ★


On considère deux référentiels.
! Le premier, noté (R) et lié au repère (O,x,y,z), est qualifié d’absolu.
! Le second, noté (R′ ) et lié au repère (O′ ,x′ ,y ′ ,z ′ ), est qualifié de relatif.
On note #–v (M )/R et #– v (M )/R′ , d’une part, et #–
a (M )/R et #– a (M )/R′ , d’autre part,
les vitesses et accélérations d’un point matériel M dans ces deux référentiels.
1. Rappeler la formule de la dérivation composée reliant la dérivée d’un vecteur
dans deux référentiels différents.
2. On étudie le cas particulier où (R′ ) est en translation (pas nécessairement uni-
forme ni rectiligne) par rapport à (R). On note #– v 0 = #–v (O′ )/R .
# – # – # –
2.a. En dérivant la relation de Chasles OM = OO′ + O′ M par rapport au temps
dans le référentiel (R), établir la loi de composition des vitesses entre (R) et (R′ )
pour le point M en faisant apparaître les vitesses :
déf.
! absolue #– v (M ) = #–
a v (M ) ;
/R
déf.
! relative #–
v r (M ) = #– v (M )/R′ ;
! d’entraînement #– v e (M ) en M du mouvement de (R′ ) dans (R).
! #– "
2.b. On définit #–a 0 = ddt v0
/R
a (O′ )/R . Établir la loi de composition des ac-
= #–
célérations appliquée au point M entre les deux référentiels (R) et (R′ ) en faisant
apparaître les accélérations :
déf.
! absolue #–a (M ) = #–
a a (M ) ;
/R
déf.
! relative #–
a r (M ) = #– a (M )/R′ ;
! d’entraînement #– a e (M ) en M du mouvement de (R′ ) dans (R).
3. On étudie maintenant le cas particulier où (R′ ) est en rotation uniforme, de
#–
vecteur rotation Ω = ω #– u z , autour de l’axe (Oz) fixe dans (R). On note H le
projeté orthogonal de M sur l’axe de rotation (Oz). Le point O′ est sur l’axe (Oz).
3.a. En procédant de la même manière qu’à la question 2.a, établir la loi de com-
position des vitesses en faisant à nouveau apparaître les vitesses absolue, relative
et d’entraînement. Utiliser la base cylindrique ( #– u r , #– u z ) attachée à l’axe (Oz)
u θ , #–
pour expliciter la vitesse d’entraînement.
3.b. Établir la loi de composition des accélérations appliquée au point M entre les
deux référentiels (R) et (R′ ) en faisant apparaître les accélérations absolue, relative,
d’entraînement, ainsi que l’accélération de Coriolis #– a c (M ), cette dernière étant à
expliciter.
4. Le référentiel (R) étant considéré comme galiléen, on cherche à établir l’expres-
sion de la force d’inertie d’entraînement appliquée au point M de masse m dans le
référentiel (R′ ).
2

4.a. Expliciter la force d’inertie d’entraînement dans le cas correspondant à une


translation pure de (R′ ) dans (R) (cas de la question 2).
Chapitre 1. Mécanique

4.b. Expliciter la force d’inertie d’entraînement dans le cas correspondant à une


rotation pure de (R′ ) dans (R) (cas de la question 3).

! Corrigé
#–
1. On note Ω R′ /R le vecteur rotation de (R′ ) par rapport à (R). La formule de déri-
# –
vation reliant les dérivées temporelles d’un vecteur AM dans les deux référentiels (R)
et (R′ ) est
# # –$ # # –$
dAM dAM #– # –
= + Ω R′ /R ∧ AM . (1.1.1)
dt dt
/R ′ /R

#– #–
2.a. Dans le cas d’une translation, Ω R′ /R = 0 , donc les dérivées par rapport au temps

des vecteurs ne dépendent pas du référentiel de% calcul (les indices
% # –′ &R et R% des dérivées
# –& # –&
dOM dOO dO ′ M
sont interchangeables). On peut alors écrire dt = dt + dt et
/R /R /R
le traduire en # # –$ # # –$
dOO′ dO′ M
v (M )/R
#– = + .
dt dt
/R /R′
' () * ' () *
#–
v (O′ )/R = #–
v0 #–
v (M)/R′

La loi de composition des vitesses dans le cas de la translation s’écrit donc


v a (M ) = #–
#– v r (M ) + #–
v e (M ) ,

avec la vitesse d’entraînement #– v 0 . Le champ des vitesses d’entraînement


v e (M ) = #–
est uniforme et vaut v 0 en tout point M .
#–

2.b. La loi de composition des vitesses précédente donne directement, par dériva-
tion temporelle, #– a a (M ) = #– a e (M ) , avec #–
a r (M ) + #– a 0 . Le champ des
a e (M ) = #–
accélérations d’entraînement est uniforme et vaut a 0 en tout point M .
#–
#– #–
3.a. Dans le cas où (R′ ) tourne par rapport à (R), Ω R′ /R ̸= 0 . D’après la rela-
tion (1.1.1), il faut faire attention au référentiel dans lequel on effectue la dérivation
temporelle. On étudie séparément les dérivées des trois termes de la relation de Chasles
donnée dans l’énoncé.
% # –&
! On a toujours dOM dt = #–v (M )/R = #–v a (M ).
/R
% # –′ & #–
! Le point O′ étant sur l’axe de rotation, dOO dt v (O′ )/R = 0 .
= #–
/R
% # ′ –&
! Ici, la dérivée dOdtM n’est pas égale à la vitesse de M dans (R′ ). Il faut utiliser
/R
la relation (1.1.1), qui s’écrit
# # –$ # # –$
dO′ M dO′ M #– # –
= Ω ∧O′ M .
+ '()*
dt dt
/R /R′ ω #–
uz
' () *
v (M)/R′
#–
3
# – # – # – #– # – #– # – # –
Or, O′ M = O′ H + HM ⇒ Ω ∧ O′ M = Ω ∧ HM , car O′ H est colinéaire à #– u z , donc
#–
à Ω.

Exercice 1.1. Lois de composition des vitesses et accélérations


% # ′ –& # –
On peut alors écrire dOdtM = #– u z ∧ HM , qui donne finalement
v r (M ) + ω #–
/R
# # –$
dO′ M
= #–
v r (M ) + rω #–
uθ ,
dt
/R
# –
en utilisant HM = r #–
u r dans la base cylindrique.
La loi de composition des vitesses s’écrit alors
#– # –
v a (M ) = #–
#– v e (M ) avec
v r (M ) + #– v e (M ) = Ω ∧ HM = rω #–
#– uθ .

3.b. Dans (R), on dérive temporellement chacun des termes de la loi de composition
des vitesses. % #– &
! Le premier terme donne directement l’accélération absolue d v adt(M) = #–
a a (M ).
/R
! On utilise à nouveau l’équation (1.1.1) pour écrire
+ #– , + #– ,
d v r (M ) d v r (M ) #–
= + Ω ∧ #–
v r (M ) .
dt /R dt /R′
' () *
a r (M)
#–

% #– & % #– # – & #– % # – &


! On dérive la vitesse d’entraînement d v dt
e (M)
= d( Ω∧dtHM ) = Ω∧ dHM
dt
/R /R /R
#–
car Ω est constant aussi bien dans (R) que dans (R′ ). On en déduit alors
⎡# ⎤
+ #– , # –$
d v e (M ) #– ⎣ dHM #– # –⎦
=Ω∧ + Ω ∧ HM .
dt /R dt ′/R
#– # – #– # –
En utilisant à nouveau la relation Ω ∧ O′ M = Ω ∧ HM et en développant,
+ #– , # # –$
d v e (M ) #– dO′ M #– #– # –
=Ω∧ + Ω ∧ ( Ω ∧ HM ) .
dt /R dt
/R′
' () *
#–
v r (M)

Méthode Formule du double produit vectoriel

On utilise parfois en physique la formule d’analyse vectorielle


#– #– #– #– #– #– #– #– #–
A ∧ (B ∧ C) = ( A · C) B − ( A · B) C .
Il faut prendre garde à la disposition des parenthèses, car le produit vectoriel
n’est pas associatif.

La formule du double produit vectoriel conduit finalement à


+ #– ,
d v e (M ) #– # – # – #–
v r (M ) − ω 2 HM , car HM · Ω = 0 .
= Ω ∧ #–
dt /R
4

En résumant les résultats de cette question, la loi de composition des accélérations


s’écrit #–
a a (M ) = #–
a r (M ) + #– a c (M ) avec
a e (M ) + #–
Chapitre 1. Mécanique

# – #–
a e (M ) = −ω 2 HM
#– et a c (M ) = 2 Ω ∧ #–
#– v r (M ) .

Attention Référentiel relatif en rotation

Dans le cas d’une rotation de (R′ ) par rapport à (R), on constate que l’accé-
lération d’entraînement n’est pas la dérivée temporelle de la vitesse d’entraîne-
ment. En effet, la dérivée temporelle de la vitesse d’entraînement produit le terme
#–
Ω ∧ #–v r (M ) au même titre que la dérivée temporelle de la vitesse relative. Ces
deux termes entrent à parts égales dans l’accélération de Coriolis et expliquent le
coefficient « 2 » que celle-ci contient.

4. Quel que soit le mouvement de (R′ ) dans (R), la force d’inertie d’entraînement sur
#–
un point de masse m s’écrit toujours F ie = −m #–a e (M ) .
4.a. Dans le cas d’une translation de (R′ ) dans (R), on obtient
#–
F ie = −m #–
a0 . (1.1.2)

4.b. Dans le cas d’une rotation de (R′ ) dans (R), on obtient


#– # –
F ie = mω 2 HM . (1.1.3)

Remarque La force étant dirigée radialement dans le sens qui l’éloigne de l’axe on
parle de force axifuge. Ce terme se retrouve dans le langage courant sous la forme de
« force centrifuge », ce qui est cohérent si l’on considère que le centre évoqué ici est
le point H, centre du cercle définissant le mouvement du point coïncident.

1.2. Pendule simple dans un ascenseur ★


Un point M de masse m est attaché à l’extrémité d’un fil inextensible et sans masse
de longueur ℓ, suspendu au plafond d’une cabine d’ascenseur par une liaison pivot
parfaite d’axe Oy (voir figure 1.2.1). Le pendule simple ainsi constitué peut osciller
librement dans le plan (xOz) autour de l’axe Oy. La cabine est en translation recti-
ligne d’accélération constante #– u z dans le référentiel terrestre RT considéré
a 0 = a0 #–
comme galiléen. On note g l’accélération de la pesanteur et θ(t) l’angle entre la
#–
verticale et la direction du fil.
1. Écrire la loi du moment cinétique appliquée à M dans le référentiel R de la
cabine et en déduire une équation différentielle vérifiée par θ(t).
2. Donner la pulsation ω ainsi que la période T des petites oscillations de ce pendule
autour de sa position d’équilibre.
5

3. Comparer la période T à T0 , la valeur qu’elle prend lorsque le référentiel de la


cabine est galiléen. Interpréter le cas particulier où a0 = g. Que se passe-t-il si

Exercice 1.2. Pendule simple dans un ascenseur


a0 > g ?

O
y x


g
#–
a0
#– Fig. 1.2.1. Pendule simple dans un ascenseur.

θ
M

! Corrigé
1.

Méthode Moment d’une force par rapport à un axe

#–
Pour calculer le moment scalaire d’une force F par rapport à un axe orienté ∆,
on détermine d’abord le bras de levier d qui est la distance entre la droite support
#–
de la force et l’axe de rotation (voir figure 1.2.2), puis on écrit M∆ (F ) = ±d × F .
La détermination du signe dépend de la tendance qu’a cette force à favoriser une
rotation dans le sens direct par rapport à l’axe orienté (signe « plus », cas de la
figure 1.2.2) ou dans le sens indirect (signe « moins »).

sens direct ∆
autour de ∆
d
Fig. 1.2.2. Détermination du bras
de levier.
#–
F
droite support
#–
M de F

Dans le référentiel de la cabine (non galiléen car en mouvement accéléré par rapport au
référentiel galiléen RT ), le point M est soumis aux forces suivantes dont on détermine
le moment par rapport à l’axe orienté Oy :
#–
! son poids P = mg #– u z , dont le bras de levier est ℓ sin θ, et qui tend à diminuer
l’angle θ lorsque celui-ci est positif (et à l’augmenter lorsqu’il est négatif). On obtient
#–
alors MOy (P ) = −mgℓ sin θ ;
! la tension du fil, colinéaire à celui-ci, dirigée vers le point O. Le bras de levier et
le moment associé sont nuls ;
! la force d’inertie de Coriolis, qui est nulle car la cabine a un mouvement de trans-
lation dans RT ;
6
#–
! la force d’inertie d’entraînement F i.e. = −m #– a 0 dont le moment par
a e = −m #–
rapport à l’axe Oy se calcule comme celui du poids, au signe près,
Chapitre 1. Mécanique

#–
MOy (F i.e. ) = +ma0 ℓ sin θ .
#– #–
Remarque On peut regrouper les deux forces P et F i.e. pour former le poids
#–∗ #– #–
apparent dans la cabine P = P + F i.e. = m(g − a0 ) u z . Le pendule oscille alors
#–
comme s’il était soumis à une seule force autre que la tension du fil, et dont le moment
#–
par rapport à l’axe Oy est MOy (P ∗ ) = m(a0 − g)ℓ sin θ. Cette force est ici de même
direction que le poids mais d’intensité différente : en fonction de la valeur de a0 ,
une personne présente dans la cabine aura l’impression que la gravité a localement
augmenté (P ∗ > P ) ou diminué (P ∗ < P ).
L’application de la loi du moment cinétique par rapport à l’axe orienté Oy donne
dL∆ #– #–
= MOy (P ) + MOy (F i.e. ), soit, après simplifications,
dt
d2 θ g − a0
+ sin θ = 0 . (1.2.1)
dt2 ℓ

2. Dans le cas des petites oscillations, θ ≪ 1 rad et donc sin θ ≈ θ. L’équation (1.2.1)
2
devient alors ddt2θ + g−a
ℓ θ = 0 qui, lorsque a0 < g, se résout en θ(t) = A cos (ωt + φ), où
0

(A, φ), dont la détermination n’est pas demandée ici, dépend des conditions initiales
1 2
g − a0 2π ℓ
et où ω = . La période correspondante est T = = 2π .
ℓ ω g − a0
3. Le référentiel de la cabine est galiléen si celle-ci est en translation
3 uniforme dans RT ,

soit lorsque a0 = 0. La période correspondante est T0 = 2π g .

! Si a0 < 0 (cas où la cabine monte en augmentant sa vitesse ou descend en freinant),


T < T0 . La pesanteur apparente est plus forte et les oscillations du pendule sont plus
rapides que dans RT .
! Si 0 < a0 < g (cas où la cabine monte en freinant ou descend en augmentant sa
vitesse), T > T0 . La pesanteur apparente est plus faible et les oscillations sont plus
lentes que dans RT .
! Si a0 = g (cas par exemple où la cabine est en chute libre suite à la rupture,
heureusement très peu probable, du câble qui la retenait), T → +∞ : le pendule
s’immobilise même lorsque θ ̸= 0. Toute valeur de θ est une position d’équilibre (on
parle d’équilibre indifférent). Le point M tout comme une personne se trouvant dans
la cabine se retrouvent en apesanteur : leur poids apparent est nul.
! Le cas a0 > g sort du cadre de l’étude, car θ = 0 n’est plus une position d’équilibre
et le mouvement pour une situation initiale θ = 0 n’est plus oscillatoire autour de
cette valeur. Le point M « tombe » vers le haut car la pesanteur apparente a changé
de sens. En revanche, un point M 3 attaché à un fil au sol de la cabine suivrait des
oscillations de période T = ω = 2π a0ℓ−g autour de la verticale ascendante.

7

1.3. Pendule simple dans un véhicule accéléré ★★


On étudie le mouvement d’un point M , de masse m, relativement au référentiel

Exercice 1.3. Pendule simple dans un véhicule accéléré


(R) du véhicule dans lequel il est attaché par un fil inextensible et sans masse de
longueur ℓ. Le véhicule décrit un mouvement de translation d’accélération uniforme
#– u x relativement au référentiel terrestre considéré comme galiléen. Le point
a 0 = a0 #–
#–
M est soumis à la force de pesanteur −mg #– u z et à la force de tension T du fil relié
à un point fixe O du véhicule (R) (voir figure 1.3.1).

O
a0
#–

#– z
T
θ
M + x
m #–
g y

Fig. 1.3.1. Pendule simple dans un véhicule accéléré.

1. Exprimer, sur la base cylindro-polaire associée à l’angle d’oscillation θ du pen-


dule, la loi de la quantité de mouvement dans (R).
2. En déduire l’équation différentielle vérifiée par θ. Quelles sont les positions d’équi-
libre relatif de M ?
3. Étudier la stabilité de ces positions d’équilibre. Déterminer la pulsation Ω des
petites oscillations autour des positions d’équilibre stables en fonction
√ de g, a0 , θ0
g2 +a20
et ℓ, puis montrer que cette expression peut se simplifier en Ω2 = ℓ .
Commenter le résultat obtenu.

! Corrigé

#– #–
1. L’accélération de Coriolis est nulle puisque Ω R/RT = 0 dans le mouvement de
translation de (R) dans (RT ). En revanche, l’accélération d’entraînement #– a 0 non
#–
nulle fait apparaître une force d’inertie d’entrainement F i.e. = −m #–
a 0 . La loi de la
quantité de mouvement appliquée à M dans le référentiel accéléré (R) s’écrit alors
a (M ) = −T #–
m #– /R u − mg #–
r u − ma #–
z u . 0 x

Deux projections dans la base cylindro-polaire ( #– u θ ) associée au mouvement du


u r , #–
pendule permettent d’écrire

−mℓθ̇2 = −T + mg cos θ + ma0 sin θ et mℓθ̈ = −mg sin θ + ma0 cos θ .

2. La seconde égalité constitue l’équation du mouvement θ̈ = − gℓ sin θ + a0


ℓ cos θ ,
d’où on déduit, en prenant θ̈ = 0, l’existence d’une position d’équilibre θ0 donnée par
a0
g sin θ0 = a0 cos θ0 , soit encore tan θ0 = . (1.3.1)
g
8

3.
Chapitre 1. Mécanique

Méthode Stabilité d’un équilibre

Une position d’équilibre d’un mobile est dite stable si, lorsqu’on éloigne le mobile
de cette position et qu’on l’abandonne sans vitesse initiale, il tend à retourner
spontanément à cette position.
Pour prouver qu’une position d’équilibre θeq est stable, on peut raisonner selon
les étapes suivantes.
1. On pose θ(t) = θeq + ε(t), où |ε| est « petit ». La quantité ε constitue une
perturbation de l’équilibre.
2. On établit alors l’équation différentielle vérifiée par ε(t). Comme ε ≪ 1, on
peut linéariser cette équation (développement limité à l’ordre 1 en ε).
3. Deux cas se présentent.
! Si sa solution ε(t) est oscillante, alors la position d’équilibre est stable, car
θ(t) = θeq + ε(t) oscille autour de θeq . Le mobile passe son temps à tenter de
retourner vers la position θeq .
! Si sa solution est divergente (ε → ∞), la position d’équilibre est instable et
le mobile quitte définitivement θeq suite à la perturbation.

On étudie les petits mouvements du pendule autour de θ0 en posant θ = θ0 + ε. En


remarquant que θ̈ = ε̈, l’équation du mouvement devient
g a0
ε̈ = − (sin θ0 cos ε + cos θ0 sin ε) + (cos θ0 cos ε − sin θ0 sin ε) .
ℓ ℓ
En utilisant ε ≪ 1 rad, soit cos ε ≈ 1 et sin ε ≈ ε, on la linéarise en
g a0
ε̈ = − (sin θ0 + ε cos θ0 ) + (cos θ0 − ε sin θ0 ) . (1.3.2)
ℓ ℓ
En particularisant cette équation au cas ε(t) = 0, on obtient
g a0
0 = − sin θ0 + cos θ0 . (1.3.3)
ℓ ℓ
On reconnaît l’équation (1.3.1), qui correspond bien au cas d’équilibre ε = 0.

Méthode Suppression des termes constants

Pour faire disparaître les termes constants dans une équation différentielle du
mouvement linéaire, on procède en trois étapes.
1. On écrit l’équation générale (linéaire) du mouvement.
2. On la particularise au cas de l’équilibre.
3. On fait la différence entre ces deux équations.

On soustrait (1.3.3) de (1.3.2), ce qui fait disparaître les termes constants,


g cos θ0 + a0 sin θ0
ε̈ + ε = 0. (1.3.4)
' ℓ
() *
Ω2
9

Méthode Test pour une étude de stabilité

Exercice 1.3. Pendule simple dans un véhicule accéléré


L’équation différentielle vérifiée par ε(t) doit admettre pour solution ε = 0, qui
traduit le cas d’équilibre. Il est donc impératif que cette équation soit à second
membre nul. Si les calculs sont corrects, les termes en θeq disparaissent effective-
ment en utilisant la relation d’équilibre (1.3.3).

On vérifie que l’équation (1.3.4) est bien à second membre nul, ce qui autorise la
g cos θ0 + a0 sin θ0
solution ε = 0. Comme > 0, on peut poser que cette quantité

2
est égale à Ω > 0. L’équation (1.3.4) est donc celle d’un oscillateur harmonique,
ε̈ + Ω2 ε = 0. Ses solutions sont de la forme
g cos θ0 + a0 sin θ0
ε(t) = A cos(Ωt + φ) , avec Ω2 = .

Le point M décrit donc de petites oscillations autour de θ0 , ce qui montre le caractère
stable de la position d’équilibre étudiée.

Méthode Équation différentielle et critère de stabilité de Routh

Une équation différentielle linéaire d’ordre 1 ou 2 admet des solutions bornées si


et seulement si tous les coefficients de son membre de gauche sont de même signe.
L’équation est alors dite stable. Les exemples classiques d’équations stables, écrits
sous forme canonique, sont
ds 1 d2 s ω0 ds ω0
+ s = ... si τ > 0 et + + ω02 s = . . . si > 0.
dt τ dt2 Q dt Q
Les exemples classiques d’équations instables (à solutions non bornées) sont
ds 1 d2 s ω0 ds d2 s
− s = ... ou − + ω02 s = . . . ou − ω02 s = . . .
dt τ dt2 Q dt dt2
Attention aux équations à un seul terme au membre de gauche (le critère de
comparaison des signes n’a alors pas de sens). Par exemple, l’équation ds
dt = A
s’intègre en s(t) = At + B, qui tend vers l’infini si A ̸= 0.

a0
− #–

Fig. 1.3.2. Pesanteur apparente. La projection de #–


g sur
g∗
#–
g ∗ est g cos θ0 . Celle de − #–
#– a 0 est a0 sin θ0 .
g
#–
θ0

On peut définir la pesanteur


4 apparente comme #– g ∗ = −g #– u x (voir exercice 1.2
u z − a0 #–

page 4, de norme g = g 2 + a20 (voir figure 1.3.2). On peut remarquer, d’après cette
figure, que g cos θ0 + a0 sin θ0 = g ∗ . Ainsi
1
g∗
la pulsation des petites oscillations est Ω = .

10

Le pendule prend une nouvelle position d’équilibre sous l’effet de son poids apparent
g ∗ (direction
et de la tension du fil, oblique, colinéaire à #– de la verticale apparente
Chapitre 1. Mécanique

3
g∗
dans le référentiel (R)). Il oscille à la pulsation Ω = ℓ , résultat classique pour les
petites oscillations d’un pendule simple.

1.4. Mouvement d’un anneau sur une tige en rotation ★★


Un petit anneau, modélisé par un point M , peut se déplacer sans frottement sur
une tige horizontale de longueur ℓ confondue avec l’axe (Ox) (voir figure 1.4.1).
Un moteur, non représenté sur le schéma, maintient la tige en rotation de vitesse
angulaire constante ω = θ̇ et d’axe (Oz) dans le référentiel terrestre (RT ), supposé
galiléen. On appelle (R) le référentiel de la tige, dans lequel #–
v est la vitesse de M
à l’instant t. On pose x(t) = OM . À l’instant t = 0, on lâche l’anneau à partir d’un
point A tel que xA = 2ℓ , sans vitesse initiale dans le référentiel (R) de la tige, soit
#–
vA = 0.
#–

y g
#– x

B Fig. 1.4.1. Anneau sur
A M une tige en rotation (vue
de dessus).
θ X
z
O

1. Discuter qualitativement de l’allure de la trajectoire de M dans (R), puis


dans (RT ).
2. En appliquant la loi de l’énergie cinétique, déterminer la vitesse #– v B dans (R)
lorsqu’il arrive au point B (extrémité de la tige).
3. En déduire sa vitesse #–v ′B au même point dans le référentiel terrestre (RT ).
4. À l’aide de la loi de l’énergie cinétique, en déduire le travail Wtige fourni par la
réaction de la tige à l’anneau entre A et B dans le référentiel (RT ). Commenter le
résultat.
! Corrigé
1. Le point M se déplace sur la tige, qui est immobile dans (R). Sa trajectoire dans
(R) est donc une portion de la droite confondue avec la tige (mouvement rectiligne).
Pour visualiser la trajectoire de M dans (RT ), il faut tenir compte du mouvement de
rotation de la tige dans (RT ) : la trajectoire de M a l’allure d’une spirale.
2. Appliquer la loi de l’énergie cinétique nécessite d’exprimer les travaux des forces
mises en jeu.

Méthode Travail d’une force


#– #–
Pour déterminer le travail WA→B (F ) d’une force F entre deux points A et B,
plusieurs méthodes sont possibles.
11

Méthode (suite)

Exercice 1.4. Mouvement d’un anneau sur une tige en rotation


! On peut effectuer une intégration directe sur le chemin suivi par M entre A et
´ B #– #–
B en écrivant WA→B = A F · dℓ. Le calcul est très simple dans deux cas : celui
#–
où F est normale au déplacement en tout point de la trajectoire, qui conduit à
#– #– ´ B #– #– # –
WA→B = 0 et celui où F est constante, qui donne WA→B = F · A dℓ = F · AB,
en général facile à calculer.
! On peut aussi utiliser l’énergie potentielle Ep associée à cette force si celle-ci
est conservative. Par construction, dEp = −δW. Cela s’intègre selon
ˆ B ˆ Ep (B)
δW = − dEp ⇒ WA→B = Ep (A) − Ep (B) .
A Ep (A)

À cause du signe « moins » dans la définition de l’énergie potentielle, il faut faire


attention à l’ordre des points A et B dans la relation précédente : le travail fourni
par la force est l’opposé de la variation d’énergie potentielle.

Le référentiel (R) est non galiléen car il est en rotation dans le référentiel (RT ). Dans
ce référentiel, le point M est soumis à :
#– #– # –
! son poids P = −mg #– u z dont le travail est nul, P étant normal à AB ;
#–
! la réaction de la tige T , normale à celle-ci du fait de l’absence de frottements entre
la tige et M , et par conséquent normale au déplacement : son travail est donc nul ;

Attention #–
Direction de T
#–
Le fait que T soit normale à la tige ne signifie pas pour autant qu’elle est verticale :
#–
elle s’écrit T = Tx #– u y.
u x + Ty #–

! la force d’inertie de Coriolis, dont le travail est toujours nul (voir encadré
« Méthode » page 15) ;
! la force d’inertie d’entraînement qui, dans le cas d’une rotation uniforme autour
#– # –
d’un axe fixe, se limite à la force axifuge F ie = mω 2 HM , où H est le projeté ortho-
gonal de M sur l’axe (ici, O et H sont identiques). L’expression de cette force a été
établie à l’exercice 1.1 page 1.

Méthode Travail et énergie potentielle de la force axifuge


#– # –
Le travail élémentaire de F ie = mω 2 HM s’écrit
#– # – # – # – # –
δWie = F ie · d(OM ) ⇒ δWie = mω 2 HM · d(OH + HM ) .
# – # – # – # –
Comme HM · d(OH) = 0, cela se simplifie en δWie = mω 2 HM · d(HM ). En
# – # –
remarquant que HM · d(HM ) = d( 12 HM 2 ), on peut écrire δWie = −dEp ie , où
Ep ie est l’énergie potentielle,

1
Ep ie = − mω 2 HM 2 .
2
12

Méthode (suite)
Chapitre 1. Mécanique

La force d’inertie axifuge est donc une force conservative. Son travail entre deux
points A et B s’écrit comme l’opposé de la variation d’énergie potentielle dont
elle dérive,
1
Wie = mω 2 (HB B 2 − HA A2 ) .
2
Les termes HA A et HB B sont simplement les distances initiale et finale du point
M à l’axe (ce n’est pas le même point H dans les deux cas, d’où la précision des
indices).

En appliquant5 directement6 le résultat de l’encadré « Méthode » ci-avant, on obtient


Wie = 12 mω 2 ℓ2 − ( 2ℓ )2 .
La loi de l’énergie cinétique appliquée à M entre les positions A et B dans le référentiel
de la tige s’écrit
1 2 1 2
Ec (B) − Ec (A) = WA→B (ext → M ) ⇒ mvB − mvA = Wie
2 2
' () *
=0

1 2 1 3 3 #–
⇒ mvB = mω 2 ℓ2 ⇒ vB =
#– ℓω u x .
2 2 4 2

3. Pour obtenir la vitesse de M au même instant dans le référentiel terrestre (RT ),


on utilise la loi de composition des vitesses,
#√ $
′ ′ 3 #–
v
#– = v
#– + v (B ∈ tige/RT ) ⇒ v B = ℓω
#– #– ux + uy .
#–
' ()B* ' ()B* ' () * 2
vitesse absolue vitesse relative vitesse d’entraînement

Méthode Factorisation d’un résultat

Il est recommandé de factoriser le plus grand nombre de termes dans le résultat


final (ici, le terme ℓω), car cela présente les avantages suivants.
! S’il s’agit d’un vecteur, le calcul de sa norme est plus simple. Par exemple,
3 √
écrire || #–v ′B || = ℓω 34 + 1 = ℓω 27 est plus simple et rapide que d’écrire
3 √
v ′B || = (ℓω 43 )2 + (ℓω)2 pour ne simplifier qu’ensuite.
|| #–
! La vérification de l’homogénéité de la relation est plus aisée. On voit immé-
diatement que le terme ℓω est homogène à une vitesse, les coefficients précédant
les vecteurs de base étant sans dimension.

4. Le référentiel (RT ) étant galiléen, il n’y a pas de forces d’inertie à prendre en


compte. Le bilan des forces appliquées à M se réduit donc au poids, dont le travail
#– #–
est toujours nul (déplacement horizontal de M ), et à T . En revanche, le travail de T
n’est plus nul, même en l’absence de frottement, car la vitesse de M dans (RT ) n’est
13
#–
pas orthogonale à T . Dans (RT ), la vitesse de M a une composante selon #–
u y , tout
#– #– #–
comme T . La puissance P( T ) = T · #–
v (M/RT ) n’est donc pas nulle.

Exercice 1.5. Satellite dans la soute d’une navette


Attention Le travail d’une force dépend du référentiel

#– #–
Le travail δW = F · dℓM d’une force d’interaction dépend en général du référentiel
#–
d’étude. En effet, la force F est invariante par changement de référentiel mais le
#–
déplacement dℓM de son point d’application ne l’est pas.
Il en est de même pour le travail d’une force d’inertie, qui, de plus, n’est en général
pas invariante par changement de référentiel.

La loi de l’énergie cinétique appliquée à M dans (RT ) entre A et B s’écrit


1 ′ 2 ′ 2
m(vB − vA ) = Wtige ,
2


soit encore, avec vA = 12 ℓω et vB

= calculés précédemment, Wtige = 34 m(ℓω)2 .
7
2 ℓω
#–
Remarque On peut interpréter l’existence d’une composante selon #–u y de T comme
la conséquence de la force de Coriolis dans (R), donnée par
#–
F = −2mω #–
ic u ∧ v #–
u = 2mωv #–
z x u . y

En effet, dans ce référentiel, la loi de la quantité de mouvement prévoit que le dépla-


cement rectiligne de M selon #– u x ne peut se faire que si les forces dans la direction
u y se compensent.
#–

1.5. Satellite dans la soute d’une navette ★★★


La Terre est assimilée à un astre à symétrie sphérique, de rayon R, de centre C,
origine d’un référentiel supposé galiléen (G). On appelle g0 l’accélération de la
pesanteur au niveau du sol.
1. Une navette spatiale décrit une orbite circulaire de rayon r autour du centre de
la Terre. Déterminer la pulsation temporelle ω0 de son mouvement.
2. Il est d’usage de dire qu’un objet situé dans la soute se trouve en impesanteur.
Que signifie cette expression ?
3. Soit (N ) le référentiel lié à la navette, dont l’origine A est le centre de masse
de cette navette. Il est en rotation de centre C par rapport à (G), de sorte que la
navette garde toujours la même orientation par rapport à la Terre. On utilisera les
axes ( #–
u r , #– u z ), où #–
u θ , #– u r est radial et #–
u θ colinéaire à la trajectoire circulaire de la
navette (voir figure 1.5.1). Les trois axes ( #– u r , #– u z ) sont fixes dans (N ).
u θ , #–
Un satellite situé dans la soute est assimilé à un point matériel P de masse m,
# – # – # –
repéré par AP = x #– u r + y #– u z ou par CP = r #–
u θ + z #– u r + AP .
Quelles sont les forces qui s’exercent, dans (N ), sur le point matériel P ? Donner
leur expression vectorielle.
4. Exprimer l’énergie potentielle Ep du point matériel P , dans (N ), en fonction de
m, ω0 , r, x, y et z.
14

5. On peut effectuer un développement limité de Ep au second ordre en xr , yr et zr au


mω02 ! 2 "
Chapitre 1. Mécanique

voisinage du point A. On obtient Ep ≃ − 3x − z 2 , à une constante additive


2
près. Représenter l’allure des fonctions x -→ Ep (x,z = 0) et z -→ Ep (x = 0,z). La
position x = 0, y = 0, z = 0 au centre de gravité de la soute de la navette est-elle
une position d’équilibre ? Est-elle a priori stable ?
6. Dans le cadre de l’approximation à l’ordre 2 de la question précédente, établir
les équations du mouvement d’une masse ponctuelle au voisinage du point A, dans
le référentiel (N ). À partir de ces équations, conclure sur la stabilité de la position
d’équilibre au point A.

ur
#–
P

#–

A Fig. 1.5.1. Impesanteur. Le point A repré-


sente le centre de masse de la navette et P un
objet placé dans sa soute.

! Corrigé
1. On note MT la masse de la Terre et MN celle de la navette. Dans le référentiel
galiléen (G), la navette est uniquement soumise à la force de gravitation terrestre
#– MT MN #–
F = −G u r . Comme elle est en mouvement circulaire uniforme, son accé-
r2
a = −ω02 r #–
lération est centripète et vaut #– u r . La loi de la quantité de mouvement
appliquée à la navette dans le référentiel (G) s’écrit
1
#– GMT MN 2 GMT
F = MN a ⇒ #– = M N ω0 r ⇒ ω0 = .
r2 r3
GMT
D’autre part, le champ de pesanteur au sol vaut g0 = R2 , donc
1
g0 R 2
ω0 = . (1.5.1)
r3

2. Dans le référentiel non galiléen (N ) de la navette, un objet est soumis à des forces
d’inertie. Tant que l’objet est immobile dans (N ), la force de Coriolis −2m ω #– ∧ #–
0 v est
#– 2 #–
nulle car v = 0 . La seule force d’inertie restante est la force axifuge, mω0 r u r . L’objet
#–
g0 R2 #–
est aussi soumis à la gravitation terrestre, −m GM r 2 u r = −m r 2 u r . La résultante
T #–

de ces deux actions est nulle en utilisant l’équation (1.5.1),

g0 R 2 #–
mω02 r #–
u r − m 2 #– ur = 0 .
r
En toute rigueur, les deux dernières égalités ne sont nulles que si l’objet est exactement
au point A, car la distance r de l’équation (1.5.1) est r = CA. Ainsi, dans le référentiel
de la navette, tout se passe comme si l’objet situé en A n’était soumis à aucune force :
il reste immobile à l’endroit où il est abandonné sans vitesse initiale. On dit qu’il est
en impesanteur. Dans la vie courante, on parle souvent d’apesanteur pour décrire les
15

astronautes qui semblent flotter dans la navette. Cependant, ce terme ne devrait être
utilisé que lorsque l’objet n’est réellement soumis à aucune attraction (infiniment loin

Exercice 1.5. Satellite dans la soute d’une navette


de tout astre).
3. Dans le référentiel (N ), le point matériel P est soumis à :
#– # –
! la force d’inertie d’entraînement, donnée par f ie = mω02 HP , où H est le projeté
# –
de P sur l’axe de rotation de la Terre. Avec CH = z #–
u z , on écrit
# – # – # – #–
HP = CH − CP = ((r + x) #– u θ) ⇒
u r + y #– f ie = mω02 ((r + x) #–
u r + y #–
u θ) ;

# – g0 R2
! la force de pesanteur dirigée selon −CP , de norme CP 2 ,

#– g0 R 2
F G = −m 3/2
((r + x) #–
u r + y #–
u θ + z #–
u z) ;
((r + x)2 + y 2 + z 2 )
#– #– #–
! la force de Coriolis f ic = −2m Ω ∧ #–
v r avec Ω = ω0 #–
u z et #–
v r = ẋ #–
u r + ẏ #– u z,
u θ + ż #–
#–
f ic = −2mω0 (−ẏ #–
u r + ẋ #–
u θ) . (1.5.2)

4.

Méthode Force d’inertie de Coriolis

La puissance transmise par la force de Coriolis à son point d’application s’écrit


#– #–
P = f ic · #–
v r = −2m( Ω ∧ #–v r ) · #–
vr = 0.
Le travail et la puissance de la force de Coriolis sont donc toujours nuls.

Seules les forces gravitationnelle et d’inertie d’entraînement travaillent.


2
! La force gravitationnelle dérive de l’énergie potentielle − GMm
r = −m g0rR , soit

mg0 R2
Ep 1 = − 1/2
.
[(x + r)2 + y 2 + z 2 ]

! La force d’inertie d’entraînement dérive aussi d’une énergie potentielle puisque son
#–
r = mω02 [(x + r) dx + y dy] peut être écrit δWie = −dEp 2 , avec
travail δWie = f ie · d #–

1 5 6
Ep 2 = − mω02 (r + x)2 + y 2 .
2

À l’aide de l’équation (1.5.1), on remarque que g0 R2 = ω02 r3 . Cela permet une facto-
risation des deux termes de l’énergie potentielle totale Ep = Ep 1 + Ep 2 ,
7 8
2 2 3
(r + x) + y r
Ep = −mω02 +4 .
2 (r + x)2 + y 2 + z 2
16

5.
Ep (x,z = 0) Ep (x = 0,z)
Chapitre 1. Mécanique

Fig. 1.5.2. Énergie potentielle totale. Vue en coupe dans deux plans de la surface repré-
sentative de Ep (x,z).

Méthode Stabilité d’une position d’équilibre

Pour un problème conservatif (dans lequel toutes les forces dérivent d’une énergie
potentielle), une position d’équilibre correspond à un extremum d’énergie poten-
tielle. L’équilibre est :
! stable si c’est un minimum de Ep ;
! instable sinon.

La position x = y = z = 0 est un extremum de l’énergie potentielle : c’est donc


une position d’équilibre. Cet extremum est un minimum de Ep (x,z = 0), mais un
maximum de Ep (x = 0,z) : il ne s’agit donc pas d’un minimum de Ep (x,z). A priori,
la position d’équilibre est donc instable. Cependant, la force de Coriolis intervient
dans l’éventuel mouvement de P . Comme cette force ne dérive pas d’une énergie po-
tentielle, on ne se trouve pas exactement dans le domaine d’application de l’encadré
« Méthode » ci-avant (pour lequel toutes les forces intervenant doivent dériver d’une
énergie potentielle). L’intérêt de la question 6 est d’étudier la stabilité de la posi-
tion d’équilibre par une étude dynamique complète, comme expliqué dans l’encadré
« Méthode » de la page 8 (seule technique probante).
6. À partir de l’énergie potentielle donnée, on peut trouver la résultante appro-
chée des deux forces de gravitation et d’inertie d’entraînement subies par P dans le
référentiel (N ),
2
#– #– # – E ≃ mω0 (6x #–
F G + f ie = − grad u x − 2z #–
u z) .
p
2
Par ailleurs, la force d’inertie de Coriolis est déjà donnée par la relation (1.5.2). Son
expression est simple et n’a pas besoin d’être approchée. La loi de la quantité de
mouvement appliquée à P s’écrit
#– #– #–
F + f + f = m #–
G ie ic a ⇒ [3ω 2 x+2ω ẏ] #–
0 0 r u −ω 2 z #–
u −2ω ẋ #– 0 u = ẍ #–
θ 0 u +ÿ #–
z u +z̈ #–
u .
r θ z

En la projetant sur les trois axes, on obtient trois relations,


−3ω02 x + 2ω0 ẏ = ẍ (1.5.3)
−2ω0 ẋ = ÿ (1.5.4)
z̈ + ω02 z = 0 . (1.5.5)
17

D’après le critère de stabilité de Routh (voir encadré « Méthode » page 9), l’équa-
tion (1.5.5) montre que z(t) est bornée , ce qui est conforme au fait minimum d’éner-

Exercice 1.5. Satellite dans la soute d’une navette


gie potentielle de z -→ Ep (x = 0,z). Il y a donc bien stabilité de l’équilibre vis-à-vis
des perturbations selon la direction z. La résolution de l’équation (1.5.5) conduit à
z(t) = A cos(ω0 t + φ) ,
où A et φ sont des constantes dépendant des conditions initiales. Cette forme confirme
l’aspect borné de z(t).
Les équations (1.5.3) et (1.5.4) sont couplées, mais linéaires. On peut les découpler
facilement. Par exemple, en intégrant (1.5.4) par rapport au temps, ẏ = −2ω0 x + B,
où la constante B dépend des conditions initiales. On remplace ẏ dans (1.5.3) pour
obtenir
ẍ + 7ω02 x = 2ω0 B .

D’après le critère de stabilité de Routh, x(t) reste borné . On peut d’ailleurs confir-

mer cette assertion en résolvant l’équation, x(t) = C cos( 7ω0 t + ϕ) + 7ω2 0 B, où les
constantes C et ϕ dépendent des conditions initiales. Enfin, on déduit y de x via la
relation
√ 3
ẏ = −2ω0 x + B ⇒ ẏ = −2ω0 C cos( 7ω0 t + ϕ) + B ,
7
qui s’intègre en
2 √ 3
y(t) = − C sin( 7ω0 t + ϕ) + B t +D . (1.5.6)
' 7 () * '7 () *
borné →∞

La coordonnée y contient un terme tendant vers l’infini . Ainsi, à partir d’une per-
turbation de la position d’équilibre, le point P effectue des oscillations accompagnées
d’une lente dérive dans la direction #–
u θ (terme linéaire en temps).

Le point (0,0,0) est donc une position d’équilibre instable .

Attention Validité des solutions

Tous les calculs de cette question sont valables tant que le développement limité à
l’ordre 2 de l’énergie potentielle est une approximation acceptable. Entre autres,
cela suppose yr ≪ 1. Par conséquent, la relation (1.5.6) n’est pas indéfiniment
valable à cause du terme qui tend vers l’infini. Cependant, elle suffit à prouver
que y(t) n’oscille pas autour de zéro, c’est-à-dire qu’il y a instabilité.

Une instabilité avait été prévue à la question 4, mais elle concernait les perturba-
tions selon x. La présente question montre que l’instabilité est en fait selon y. Ces
deux conclusions sont complètement différentes. La première repose sur une utilisation
erronée de l’énergie potentielle. Seule la seconde méthode est fiable.
18

1.6. Chute libre dans le référentiel terrestre ★


On s’intéresse à la chute libre sans frottement d’un objet modélisé par un point
Chapitre 1. Mécanique

matériel M . Le but est de mettre en évidence l’effet du caractère non galiléen du


référentiel terrestre (RT ), en rotation uniforme autour de l’axe des pôles dans le
référentiel géocentrique considéré comme galiléen (voir figure 1.6.1).
On repère le point M dans (A,x,y,z), le point A étant situé au sol à la verticale de
la position initiale de M . Contrairement à l’exercice 1.8 page 22, on considère ici,
pour simplifier, que la verticale locale (Az) en un point A (qui, par définition, donne
la direction du poids de M ) passe par le centre O de la Terre. On note R = OA
le rayon de la Terre, supposée sphérique. L’axe (Ay) est dirigé vers le nord et l’axe
(Ax) vers l’est.


pôle uy
#–
Nord
M
uz
#–
axe des pôles Fig. 1.6.1. Vue globale de la
Terre en coupe.
H ux
#–
A
#–
Ω plan de
l’équateur
λ

À l’instant t = 0, on lâche la masse ponctuelle M sans vitesse initiale depuis la


hauteur h à la verticale du point A, avec h ≪ R.
1.a. On considère tout d’abord le référentiel terrestre comme étant galiléen et on
note g l’intensité de la pesanteur à la surface de la Terre. En appliquant la loi de
la quantité de mouvement à M , déterminer l’équation de son mouvement et en
déduire les expressions de ẋ(t), x(t), ẏ(t), y(t), ż(t) et z(t).
1.b. En déduire l’instant t0 du contact avec le sol et les coordonnées du point
d’impact.
1.c. Calculer numériquement t0 avec h = 158 m et g = 9,81 m · s−2 .
2. L’effet du caractère non galiléen du référentiel terrestre étant faible sur ce type
de mouvement (le « temps de chute » t0 est très petit devant la période de rotation
de la Terre autour de son axe), on utilise la méthode dite des perturbations. Dans
la nouvelle détermination du mouvement de M prenant en compte la rotation de
la Terre sur elle-même, on considère que les expressions de ż(t), de z(t), et par
conséquent de t0 , sont inchangées.
2.a. En appliquant à nouveau la loi de la quantité de mouvement projetée sur
l’axe (Ax), dans le référentiel (RT ) non galiléen, établir une équation différentielle
en x(t). La simplifier en considérant que |ẏ(t)| ≪ |ż(t)| durant toute la chute.
2.b. En déduire l’expression de x(t) ainsi que la valeur de D = x(t0 ), nouvelle
abscisse du point d’impact sur le sol. Conclure. Que se passerait-il en changeant
d’hémisphère ?
19

2.c. Cette expérience fut réalisée par Ferdinand Reich en 1833 à Freiberg (en Saxe,
latitude λ = 50◦ 54′ ) : il laissa tomber des projectiles dans un puits de mine d’une

Exercice 1.6. Chute libre dans le référentiel terrestre


profondeur de 158 m. Il observa alors une déviation vers l’est de 28 mm. Y a-t-il
accord entre cette expérience et le modèle étudié ici ? On prendra T0 = 86 164 s,
durée du jour sidéral (voir exercice 1.7 page 20).

! Corrigé
1.a. Dans le référentiel (RT ) considéré comme galiléen, le point M n’est soumis qu’à
#–
son poids P = m #– g , ce qui permet d’écrire m #– a = −mg #– u z . La projection de cette
relation sur les axes (Ox) et (Oy) donne ẍ = 0 et ÿ = 0. Ces équations s’intègrent en
ẋ = cte et ẏ = cte. En utilisant les conditions initiales ẋ(0) = ẏ(0) = 0, on conclut que
les deux constantes sont nulles, donc ẋ = ẏ = 0 durant toute la chute. Par conséquent,
x(t) = x(0) = 0 et y(t) = y(0) = 0 . En projetant sur l’axe (Oz) et en utilisant les
conditions initiales ż(0) = 0 et z(0) = h, on obtient
1
z̈(t) = −g ⇒ ż(t) = −gt ⇒ z(t) = − gt2 + h . (1.6.1)
2

1.b. L’instant t0 du contact avec le sol s’obtient en résolvant z(t0 ) = 0 à partir de


3
l’équation (1.6.1), soit t0 = 2hg .

1.c. On obtient numériquement t0 = 5,68 s . Le point d’impact est A = (0,0,0) .


2.a. Pour traduire le caractère non galiléen du référentiel terrestre, on doit tenir
#– #–
compte de la force d’inertie de Coriolis F ic = −2m Ω ∧ #– v (M ) en plus du poids
#–
g.
P = m #–

Attention Poids
# –
Par souci de simplification, la force d’inertie d’entraînement mΩ2 HM est omise
dans cet exercice. Si elle était prise en compte, il ne faudrait surtout pas la compter
en supplément du poids. En effet, par définition, le poids contient déjà cette force
(voir exercice 1.8 page 22).

#–
La loi de la quantité de mouvement s’écrit m #–
a = m #– g − 2m Ω ∧ #–v (M ) et donne, en
projection sur l’axe (Ox), mẍ = −2mΩ(ż cos λ − ẏ sin λ). En négligeant le terme en ẏ
devant celui en ż, on obtient
ẍ = −2Ωż cos λ . (1.6.2)
Il y a donc un couplage entre les variables x et z. Dans le cas général, cela rend les
calculs compliqués lors de la prise en compte de la force de Coriolis. La méthode
perturbative proposée par l’énoncé permet de s’affranchir en grande partie de cette
difficulté : ż(t) est supposé connu d’après l’étude simplifiée de la question 1.a, ce qui
permet de résoudre l’équation (1.6.2).
2.b. En utilisant les équations (1.6.1) et (1.6.2), on obtient ẍ = 2Ωgt cos λ. On intègre
par rapport au temps deux fois de suite avec les conditions initiales ẋ(0) = 0 et
x(0) = 0,
1
ẋ = Ωgt2 cos λ ⇒ x(t) = Ωgt3 cos λ .
3
20
3
L’abscisse du point d’impact est alors D = x(t0 ) = 23 hΩ 2h
g cos λ . On constate que
Chapitre 1. Mécanique

D > 0 quel que soit le signe de λ (cos λ > 0 pour λ ∈ [−π/2,π/2]). La déviation se
fait donc bien vers l’est, quel que soit l’hémisphère dans lequel se produit la chute.
2.c. La durée du jour sidéral permet de calculer la pulsation temporelle Ω de la
rotation propre terrestre, Ω = 2π
T0 = 7,29 · 10
−5
rad · s−1 . L’application numérique
donne D = 27,5 mm . Compte tenu des approximations du modèle (omission des
forces de frottement, notamment) et de l’incertitude que l’on peut imaginer sur les
mesures, l’accord entre le modèle et l’expérience est inespéré.

1.7. Jour solaire et jour sidéral ★


On se propose de déterminer la durée du jour sidéral Tsidéral , définie comme la
période de rotation de la Terre autour de l’axe de ses pôles dans le référentiel
géocentrique.
Le jour solaire moyen est défini comme la durée Tsolaire séparant, dans le référentiel
terrestre, deux passages successifs du Soleil à son apogée dans le ciel en un point
M donné de l’équateur. Par définition, Tsolaire = 24 h exactement. Pour simplifier,
on ne tiendra pas compte de l’obliquité, qui est l’inclinaison de l’axe de rotation de
la Terre par rapport à la normale au plan de l’écliptique.
L’année tropique correspondant à la période du mouvement de la Terre autour du
Soleil dans le référentiel héliocentrique dure Tan = 365,24 Tsolaire. C’est la durée
d’une année dans le langage commun.
1. Sachant que la rotation propre de la Terre autour de l’axe de ses pôles se fait
dans le même sens que sa révolution autour du Soleil, expliquer à l’aide d’un schéma
pourquoi Tsidéral ̸= Tsolaire . Lequel des deux est le plus grand ?
2. On considère :
! le référentiel géocentrique Rgéo , dans lequel la vitesse angulaire de la Terre est
notée Ωgéo ;
! le référentiel Rs ayant pour origine le centre de la Terre, dont un axe pointe
toujours vers le Soleil, et dans lequel la vitesse angulaire de la Terre est notée Ωs ;
! le référentiel héliocentrique Rhélio , dans lequel la vitesse angulaire du référen-
tiel Rs est notée Ωs/hélio , et celle de la Terre Ωhélio .
2.a. Relier les quatre vitesses angulaires précédentes à Tsidéral , Tsolaire et Tan .
2.b. Relier entre elles ces trois vitesses angulaires et en déduire la valeur de Tsidéral .
3. En transposant le problème à la Terre (remplaçant le Soleil) et la Lune (rempla-
çant la Terre), qu’obtiendrait-on ?

! Corrigé
1. Sur la figure 1.7.1, qui n’est évidemment pas à l’échelle, est représentée la Terre
pour trois instants successifs dans le référentiel héliocentrique. Le point M est fixe
par rapport à l’équateur. En une journée, la Terre s’étant déplacée autour du Soleil,
celui-ci ne sera à nouveau au zénith du point M qu’au bout de Tsolaire > Tsidéral . Les
lignes en pointillé donnent la direction fixe (SM ) à l’instant initial dans le référentiel
héliocentrique.
21

t + Tsolaire
M

Exercice 1.7. Jour solaire et jour sidéral


M
déplacement
t + Tsidéral de la Terre
autour du Soleil
S
t

Soleil M

rotation propre de la Terre


Fig. 1.7.1. Mouvement de la Terre autour du Soleil dans le référentiel héliocen-
trique. Le plan du schéma est le plan de l’écliptique. La Terre est représentée aux trois ins-
tants t, t + Tsidéral et t + Tsolaire . Le point M est fixe par rapport à l’équateur. Les droites en
pointillé sont parallèles à la droite joignant les centres du Soleil et de la Terre à l’instant t.

2.a.

! Par définition du jour sidéral, Ωgéo = Tsidéral . Le référentiel géocentrique étant en
translation dans le référentiel héliocentrique, on peut écrire Ωgéo = Ωhélio .

! Par définition du jour solaire, Ωs = Tsolaire .
! Le référentiel Rs effectue un tour complet dans le référentiel héliocentrique en une

année, soit Ωs/hélio = Tan .

2.b. En utilisant la loi de composition de la vitesse angulaire de la Terre entre les


référentiels Rhélio et Rs , on écrit Ωhélio = Ωs + Ωs/hélio . On en déduit directement
+ ,−1
1 1 Tsolaire
Tsidéral = + ou encore Tsidéral = . (1.7.1)
Tsolaire Tan 1 + TTsolaire
an

Méthode Effectuer simplement une application numérique

La première forme de l’équation (1.7.1) est plus simple pour effectuer l’application
numérique car il n’y a que deux valeurs à entrer dans la calculatrice (à condition
de ne pas oublier l’exposant « −1 » !). La seconde forme de cette équation permet,
quant à elle, de vérifier facilement l’homogénéité du résultat ainsi que la relation
d’ordre Tsidéral < Tsolaire . En revanche, il ne servirait absolument à rien d’écrire
le résultat sous la forme Tsidéral = TTansolaire Tan
+Tsolaire , car cela compliquerait inutilement
la réalisation de l’application numérique (quatre valeurs à entrer). On retiendra
donc qu’en physique, il ne faut pas chercher systématiquement à présenter le
résultat « en réduisant tout au même dénominateur ».

L’application numérique donne Tsidéral = 86 164 s , soit Tsidéral = 24 h 56 min 4 s .


22

Remarque Le résultat précédent se retrouve très rapidement en considérant que,


au cours d’une année tropique, la Terre a effectué une rotation de plus sur elle-
Chapitre 1. Mécanique

même dans le référentiel héliocentrique que dans le référentiel Rs . On écrit alors


Tan = 365,24 Tsolaire = 366,24 Tsidéral , soit encore Tsidéral = Tsolaire 365,24
366,24 . Cela redonne
Tsidéral = 86 164 s.
3. La Lune montre toujours la même face à la Terre, ce qui veut dire que, vue de
la Lune, la Terre est toujours au même point dans le ciel. Dans ce cas, le « jour
terrestre » sur la Lune (remplaçant le jour solaire pour le couple Soleil-Terre) est
infini. Par conséquent, dans le référentiel sélénocentrique (référentiel centré sur la
Lune et en translation dans le référentiel géocentrique ou héliocentrique), la période
de rotation de la Lune sur elle-même (le jour sidéral de la Lune) est identique à la
période de révolution de la Lune autour de la Terre (remplaçant l’année terrestre) et
vaut environ 28 jours.

1.8. Champs de pesanteur et de gravitation terrestres ★★


On assimile la Terre à un astre sphérique homogène de rayon R = 6 371 km, de
masse MT = 5,977 · 1024 kg, en rotation uniforme de période T = 2π Ω = 86 164 s
dans le référentiel géocentrique (considéré comme galiléen) autour de l’axe de ses
pôles. On s’intéresse au champ de pesanteur en un point M situé à la surface de la
Terre à la latitude λ.
1. Après avoir défini le poids d’un point M de masse m en prenant en compte le
caractère non galiléen du référentiel terrestre, donner la relation entre le champ de
#– #–
gravitation G (M ), le champ d’inertie d’entraînement défini par G ie (M ) = − #– a e (M )
(où #–
a e (M ) est l’accélération d’entraînement au point M ) et le champ de pesan-
teur #–
g (M ). Sur un schéma de la Terre vue en coupe, représenter ces trois vecteurs
au point M . Que se passe-t-il en particulier aux pôles et à l’équateur ?
2.a. Donner l’expression de g, la norme de #– g (M ), en fonction de Ω, λ, R et de
la constante de gravitation universelle G = 6,674 · 10−11 m3 · kg−1 · s−2 . En donner
les valeurs numériques en un point de l’équateur, aux pôles et pour λ = 44,95 ◦ .
#–
Calculer aussi la valeur de Gie , la norme de Gie aux mêmes lieux. Que peut-on en
conclure ?
2.b. L’intensité réelle du champ de pesanteur varie de g = 9,780 m · s−2 à l’équateur
à g = 9,832 m · s−2 aux pôles. Proposer une explication de cette différence avec les
valeurs trouvées précédemment.
3. On s’intéresse maintenant à la direction de ces trois champs et on note α l’angle
#–
non orienté entre les vecteurs G et #– g.
3.a. Quels sont les lieux de la surface terrestre pour lesquels α = 0 ?
#–
3.b. Donner l’expression de cos α puis de α en fonction de g, de G la norme de G ,
de λ et de Gie . On pourra utiliser la propriété #–
u · #–
v = || #–
u || · || #–
v || cos ( #–
u , #–
v ).
4. On note d la distance entre la verticale locale du lieu (donnée par la direction
de #–
g ) et le centre de la Terre O.
4.a. Donner l’expression de d en fonction de α et de R. Quels sont les lieux à la
surface de la Terre pour lesquels la verticale locale passe exactement par le centre
de la Terre ?
23

4.b. Une étude détaillée de la relation donnant α montre que cet angle est maximal
pour λ0 = 44,95 ◦ . Calculer α0 , la valeur de ce maximum, et d0 , la valeur maximale

Exercice 1.8. Champs de pesanteur et de gravitation terrestres


de d. Commenter.
! Corrigé
1.

Rappel Définition du poids

#– #– #– #–
Le poids d’un point matériel est P = F g + F ie , où F g est la force de gravitation
#–
et F ie la force d’inertie d’entraînement due à la rotation de la Terre autour de
l’axe de ses pôles.

En utilisant les expressions de ces trois forces et en simplifiant par m, on en déduit


la relation
#– #–
g (M ) = G (M ) + G ie (M ) .
#– (1.8.1)
#–
Le champ de gravitation G (M ) pointe vers le centre de la Terre. Le champ d’inertie,
#– # –
qui s’écrit Gie (M ) = Ω2 HM , est axifuge : il pointe dans la direction qui s’éloigne de
l’axe de rotation propre de la Terre. Ces vecteurs sont représentés sur la figure 1.8.1.


pôle
Nord

axe des pôles


#–
M Gie
H
λ
#– #– α
Ω G

g
#–
λ
O
plan de
d l’équateur
I

#–
Fig. 1.8.1. Vue en coupe de la Terre et des champs de pesanteur g #–, de gravitation G
#– #–
et d’inertie Gie . Le vecteur rotation propre Ω de la Terre est porté par l’axe des pôles. Les
normes des vecteurs, la distance d ainsi que l’angle α ne sont pas à l’échelle.
#– #– #– #– #–
Aux pôles, G ie = 0 , donc #–
g = G . À l’équateur, Gie et G sont colinéaires et de sens
opposés.
24

Attention Poids et forces d’inertie d’entraînement


Chapitre 1. Mécanique

La seule force d’inertie d’entraînement incluse dans le poids est celle due à la
rotation de la Terre dans le référentiel géocentrique. Lors d’une étude dans le
référentiel terrestre (non galiléen), cette force n’apparaît donc pas explicitement
dans le bilan des forces puisqu’elle est contenue dans m #– g.
Dans le cas d’autres référentiels non galiléens, comme un ascenseur ou un véhicule
#–
en accélération #–a e , il faut ajouter au poids P = m #–
g la force d’inertie d’entraî-
#–
nement F ie = −m #– a e qui apparaît alors explicitement dans le bilan des forces.
#– #–
La somme de P et de F ie constitue une force communément appelée « poids
apparent » (voir à ce sujet les exercices 1.2 page 4 et 1.3 page 7).

2.a. On calcule d’abord le carré de la norme de la pesanteur en utilisant sa défini-


#– #–
tion (1.8.1), g 2 = G 2 +G2ie +2 G ·G ie . On explicite les normes G = GM 2
R2 et Gie = Ω HM ,
T

#– #–
avec HM = R cos λ. D’après la figure 1.8.1, l’angle ( G ,Gie ) est (π−λ). Par conséquent,
G2 M 2
g 2 = R4 T + R2 Ω4 cos2 λ + 2 RΩGM T cos λ
R2 cos (π − λ), soit, après simplification,
2 + , + ,2
GMT GMT
g = Ω2 cos2 λ R2 Ω2 − 2 + . (1.8.2)
R R2

Les valeurs numériques demandées sont données dans le tableau ci-après.

Lieu Équateur (λ = 0) Pôles (λ = ± π2 ) λ = 44,95 ◦


g (m · s−2 ) 9,794 9,828 9,811
−2 −2
Gie (m · s ) 3,4 · 10 0 2,4 · 10−2

La valeur de Gie est nulle aux pôles (le point M est sur l’axe de rotation, donc
l’accélération d’entraînement est nulle) et maximale à l’équateur (HM = R est alors
maximal). On remarque que la valeur de Gie est faible devant celle de la pesanteur g,
mais suffisante pour modifier celle-ci au troisième chiffre significatif.
2.b. Par rapport à la valeur prévue par le modèle, la valeur réelle de g est :
! plus grande aux pôles ;
! plus faible à l’équateur.
Cela est dû à l’aplatissement de la Terre aux pôles (non pris en compte dans le
modèle). Du fait de sa rotation propre, la Terre a un rayon légèrement plus grand à
l’équateur (Rmax = 6 378 km) qu’aux pôles (Rmin = 6 357 km).
! À l’équateur, où Rmax > R, Gie est en réalité plus grand que dans le modèle alors
que, parallèlement, G est plus petit. Donc g = G − Gie est diminué.
! Aux pôles, Gie reste nul mais G augmente par rapport au modèle, car Rmin < R.
Par conséquent, g = G augmente aussi.
On peut résumer la situation par les inégalités
gréel (équateur) < gmodèle (équateur) < gmodèle (pôles) < gréel (pôles) .

L’écart ∆(g) = g(pôles) − g(équateur) réel est plus important que ce que prévoit le
modèle.
25
#– #–
3.a. L’angle α est nul lorsque Gie est nul (aux pôles) ou lorsque Gie et G sont coli-
néaires (en tout point de l’équateur). En dehors de ces cas particuliers, la verticale

Exercice 1.9. Variation relative de la pesanteur avec l’altitude


locale en M n’est pas confondue avec le rayon OM de la Terre.
#– #– #–
3.b. On part de l’expression (1.8.1) de #– g · G = G 2 + Gie · G .
g pour calculer #–
' () *
Gie G cos (π−λ)
#–
Par ailleurs, on utilise l’indication de l’énoncé pour écrire #–
g · G = gG cos α, soit
cos α = G−Gieg cos λ . Finalement, comme 0 < α < π2 , on en déduit
+ ,
G − Gie cos λ
α = arccos . (1.8.3)
g

4.a. On utilise le triangle OIM , rectangle en I (voir figure 1.8.1), pour écrire
d = R sin α . Les lieux à la surface de la Terre pour lesquels la verticale locale passe
par le centre de la Terre sont ceux pour lesquels α = 0 (voir question 3.a).
4.b. L’application numérique donne α0 = 0,09893 ◦ , soit encore α0 = 5,936′ et
d0 = 11,00 km . L’angle α0 est relativement petit mais, du fait de la valeur assez
grande du rayon de la Terre R, la distance d0 est loin d’être négligeable.

1.9. Variation relative de la pesanteur avec l’altitude ★★


On lâche sans vitesse initiale un point matériel M , repéré par son altitude z, à
partir d’une hauteur z = h au dessus de la surface terrestre. La Terre est consi-
dérée comme un astre sphérique de rayon RT = 6,4 · 103 km et de masse MT . Le
référentiel terrestre est considéré comme galiléen et le champ de pesanteur #– g est,
#–
par conséquent, identifié au champ de gravitation G .
1. Expliciter g = || #–
g || en fonction de z, RT , MT et de G la constante de gravitation.
2. Dans le cas où h ≪ RT , calculer | ∆g g | la variation relative de g, entre le début
(à l’altitude z = h) et la fin du mouvement (impact au sol avec z = 0).
3. En déduire qu’il est légitime, lors de l’étude du mouvement de M , de négliger les
variations de la pesanteur g pour des valeurs de h de l’ordre de quelques kilomètres.
! Corrigé
GMT
1. La norme du champ de pesanteur est donnée par g = G = r2 , soit en explicitant
GMT
r = RT + z, g = (RT +z)2 .
2.

Méthode Petite variation et différentielle logarithmique

! Lors du calcul d’une petite variation ∆g d’une grandeur g due à une petite
variation ∆z d’un de ses paramètres, on exprime tout d’abord sa différentielle sous
la forme dg = A dz, puis, en identifiant les différentielles aux petites variations,
on écrit ∆g ≈ A ∆z .
26

Méthode (suite)
Chapitre 1. Mécanique

! Lorsque la grandeur s’exprime sous forme d’un produit ou d’un quo-


tient, il est souvent astucieux de calculer sa différentielle logarithmique
dg
d(ln g) = g = B dz .
! Cette astuce est très intéressante pour calculer la variation relative de g, qui
s’écrit alors | ∆g
g | ≈ |B ∆z| .

On écrit ln g = ln (GMT ) − 2 ln (RT + z) afin de calculer la différentielle


−2
d(ln g) = dz .
RT + z
En appliquant la méthode ci-avant avec |∆z| = h, et en négligeant z devant RT au
9 9
dénominateur, on obtient 9 ∆g 2h
9 9
g 9 ≈ RT .

9 9
3. Une application numérique avec par exemple h = 10 km, donne 9 ∆g −3
9 9
g 9 ≈ 3 · 10 .
Cette variation relative de g, de l’ordre de 0,3 %, valide le fait de considérer g comme
une constante dès lors que les variations de l’altitude durant le mouvement restent
petites devant le rayon terrestre.

1.10. Recul d’un canon ★★


Un canon, dont la partie mobile a une masse M = 87,2 · 103 kg, tire un obus de
calibre 406 mm et de masse m = 862 kg, dont la vitesse en sortie de fût du canon
est v0 = 803 m · s−1 (ces données correspondent au canon C45 Mark 6 de l’US
Navy, mis en service durant l’année 1941 et monté, par exemple, sur le cuirassé
USS Washington).
1. Justifier que la quantité de mouvement du système {partie mobile du canon +
obus + gaz de combustion de la charge explosive} se conserve durant le tir.
2. En négligeant la quantité de mouvement des gaz de combustion, calculer la
vitesse v1 de recul de la partie mobile juste après le départ de l’obus.
3. En fonction des données de l’énoncé, exprimer les énergies cinétiques Ec0 de
l’obus et Ec 1 du canon juste après le tir, ainsi que leur rapport EEcc 01 . Calculer numé-
riquement Ec 0 et Ec 1 . Y a-t-il conservation de l’énergie mécanique au cours du tir ?
Sinon, d’où provient la variation d’énergie mécanique ?
4. Pour limiter le recul de la partie mobile lors du tir, celle-ci est liée au socle
par un ressort de raideur k et un amortisseur de coefficient λ. L’ensemble est
supposé horizontal et situé à sa position d’équilibre juste avant le tir. En notant x
la position du centre de masse de la partie mobile, l’équation du mouvement peut
λ k
donc s’écrire ẍ + M ẋ + M x = 0. Afin de rendre l’amortissement le plus efficace
possible, on souhaite que l’oscillateur soit en régime critique.
4.a. Après avoir écrit l’équation du mouvement sous forme canonique faisant appa-
raître le facteur de qualité Q et la pulsation propre ω0 , établir une première relation
entre M , k et λ ainsi que l’expression de x(t).
27

4.b. Le recul du canon ne doit pas excéder ℓ = 1,22 m. Donner une deuxième
relation faisant intervenir M , λ, v1 et ℓ puis m, λ, v0 et ℓ lorsque cette condition

Exercice 1.10. Recul d’un canon


limite est réalisée. En déduire les expressions de k et λ en fonction des données de
l’énoncé ainsi que leur valeur numérique.

! Corrigé
1. Le système est étudié durant un intervalle de temps τ suffisamment court (explosion
de la charge et départ dans le fût à grande vitesse) pour que les forces telles que le
poids, la réaction du support de la partie mobile du canon, ou encore le système
amortisseur soient négligeables sur cette partie du mouvement.
En notant #–p la quantité de mouvement du système, la loi#–de la quantité de mouvement
#–
appliquée dans le référentiel terrestre galiléen s’écrit ddtp = F ext . On l’intègre entre
les instants t = 0 (début de l’explosion) et t = τ (fin du départ de l’obus) selon
ˆ τ
#– #– #–
d p = F ext dt ⇒ p (τ ) − p (0) =
#– #– #– F ext dt ≃ 0 .
t=0
Le résultat est nul car les forces mises en jeu ont des intensités bornées et τ est
extrêmement petit. Cela signifie que, durant cet intervalle de temps [0, τ ], le système
peut être considéré comme isolé et sa quantité de mouvement se conserve. Elle était
nulle avant le tir et reste quasi nulle après,
#–
#–
p (τ ) = #–
p (0) = 0 . (1.10.1)

2. À l’instant τ , la quantité de mouvement du système s’écrit #–


p (τ ) = m #– v 1,
v 0 + M #–
m #–
ce qui donne, d’après la relation (1.10.1), v 1 = − M v 0 . La partie mobile du canon
#–
part dans le sens opposé de l’obus, d’où le terme « recul ». Cette relation, écrite avec
m
les normes, devient v1 = M v0 . On calcule numériquement v1 = 7,94 m · s−1 .
1 2
3. L’énergie cinétique d’un solide en translation est donnée par Ec = 2 mv , donc
2 Ec0
Ec0 = 12 mv02 et Ec1 = 12 M v12 . En éliminant v1 , Ec1 = 1m
2 M v02 et Ec1 = M
m ≫1 .

Remarque La majeure partie de l’énergie cinétique est communiquée à l’obus : c’est


toujours l’objet le plus léger qui a la plus grande énergie cinétique après la séparation
du système en deux parties, ce qui, dans le cas d’un canon, est évidemment souhaité.
Pour limiter le recul et l’énergie « perdue » dans celui-ci, il faut augmenter la masse
du canon en proportion de la masse de l’obus que l’on souhaite tirer.
On calcule numériquement Ec 0 = 278 MJ et Ec 1 = 2,75 MJ . L’énergie cinétique
totale et donc l’énergie mécanique totale ne se conservent pas, car Ec 0 + Ec 1 > 0. Le
système {canon + obus + gaz} se déforme et les actions intérieures travaillent. Le
théorème de l’énergie cinétique appliqué au système sur l’intervalle de temps [0, τ ]
dans le référentiel terrestre, supposé galiléen, s’écrit
Ec (τ ) − Ec (0) = Wext + Wint .
' () *
=0

Ce travail intérieur provient de la conversion d’une partie de l’énergie chimique conte-


nue dans la charge explosive en énergie mécanique (le reste de l’énergie chimique étant
convertie en énergie thermique).
28

4.a.
Chapitre 1. Mécanique

Méthode Équation différentielle et forme canonique

La forme canonique du membre de gauche d’une équation différentielle linéaire


du second ordre à coefficients constants est
d2 s ω0 ds
+ + ω02 s = . . .
dt2 Q dt
! ω0 > 0 est la pulsation propre en rad · s−1 .
! Q est le facteur de qualité, nombre sans dimension.
1
On définit aussi le coefficient d’amortissement ξ = 2Q , ce qui modifie le terme du
ds
premier ordre en 2ξω0 dt .
On cherche les solutions de l’équation sans second membre sous la forme
s = A exp(rt), ce qui mène à l’équation caractéristique
ω0
r2 + r + ω02 = 0 .
Q
% &
Le signe du discriminant ∆ = ω02 Q12 − 4 dépend uniquement de la valeur de Q.
Il conditionne les racines de l’équation caractéristique et la nature de la solution
homogène de l’équation différentielle.

ω0 ∆
! Si Q ∈ [0; 1/2], ∆ > 0 et les racines sont réelles négatives, r = − 2Q ± 2 .
On les note r1 = −1/τ1 et r2 = −1/τ2 . La solution homogène s’écrit
sh (t) = A exp(−t/τ1 ) + B exp(−t/τ2 ) (régime apériodique).
! Si Q = 1/2, ∆ = 0. L’équation caractéristique admet une racine double
ω0
négative r = − 2Q . La solution homogène est de la forme
sh (t) = (A + Bt) exp(−ω0 t/2Q) (régime apériodique critique).

! Si Q > 1/2, ∆ < 0. Les racines sont complexes conjuguées, r± = − 2Q ω0
±j −∆
2 .
La solution homogène s’écrit sh (t) = A exp(r+ t) + B exp(r− t), où A et B sont
des constantes complexes. Avec des fonctions trigonométriques, cela donne

déf. −∆
sh (t) = exp(−ω0 t/2Q) [A cos(Ωt) + B sin(Ωt)] , où Ω = .
2
Ce régime est dit pseudo périodique amorti. Le nombre d’oscillations avant amor-
tissement à 95 % est de l’ordre de Q.
! En résumé, pour Q > 0, les solutions homogènes tendent vers zéro (comporte-
ment stable de la solution).
! Les cas Q < 0 se traitent de façon similaire, mais donnent des solutions diver-
gentes (les exponentielles tendent vers l’infini). Le comportement est dit instable.
29

Méthode (suite)

Exercice 1.10. Recul d’un canon


harmonique critique

ξ<0 0 0<ξ<1 1 ξ>1


ξ
∆<0 ∆>0
instable
pseudo périodique apériodique
Q
∞ 1 1 1
Q<0 Q> Q<
2 2 2

ω0
La forme canonique de l’équation de l’oscillateur est ẍ + Q ẋ + ω02 x = 0 . Par iden-
tification avec l’équation donnée dans l’énoncé, on obtient
1 √
k kM
ω0 = et Q = .
M λ
Le régime est critique si Q = 12 , soit encore

λ = 2 kM . (1.10.2)
! λ "
Dans le cas du régime critique, la solution est de la forme x(t) = (A+ Bt) exp − M t ,
ce qui, en tenant compte des conditions initiales x(0) = 0 et ẋ(0) = v1 , permet d’écrire
+ ,
λ
x(t) = v1 t exp − t . (1.10.3)
M

4.b. On dérive l’équation (1.10.3) par rapport à t et on cherche la valeur de t pour


laquelle ẋ(t) = 0, ce qui correspond à l’arrêt du recul du canon. Cela se produit
pour t = M λ . En injectant cette valeur dans l’équation (1.10.3), on détermine le point
d’arrêt du recul du canon xM = mv λe . Le cas limite recherché est xM = ℓ, soit
1

Mv1 mv0
ℓ = λe . Finalement, en utilisant M v1 = mv0 obtenu à la question 2, ℓ = λe .
Cette équation donne directement λ = mv ℓe
0
, qui, une fois injecté dans l’équation
1
! mv0 "2
(1.10.2), conduit à k = M 2ℓe . Numériquement, on obtient

k = 125 · 103 N · m−1 et λ = 209 · 103 kg · s−1 .


Ces valeurs sont considérables, mais en adéquation avec les masses et vitesses mises
en jeu pour un tel canon !
Remarque Le phénomène de recul du canon provient de la conservation de la
quantité de mouvement de l’ensemble {canon + obus}. C’est ce même phénomène qui
est mis à profit dans la propulsion d’une fusée. La fusée éjecte des gaz (qui jouent le
rôle de l’obus), ce qui fait « reculer » le corps de la fusée.
30

1.11. Glissement d’un pavé sur un plan incliné ★


Un pavé, assimilable à un point matériel M de masse m, est lancé, depuis un
Chapitre 1. Mécanique

point A, vers le haut d’un plan incliné faisant un angle α avec l’horizontale (voir
figure 1.11.1). La vitesse initiale est notée #–v 0 et le contact entre le pavé et le
plan incliné se fait avec un frottement solide de coefficient f . On considère que le
référentiel du plan incliné est galiléen et on néglige toute force de frottement fluide
sur le pavé.

y
v0
#–
g
#–
x Fig. 1.11.1. Pavé lancé vers
le haut d’un plan incliné
m (vue en coupe).

A α

1. On étudie le mouvement de glissement du pavé jusqu’à ce que sa vitesse s’annule.


1.a. En utilisant la loi de la quantité de mouvement, déterminer la composante
#– #–
normale N de la réaction R du plan incliné sur le pavé.
#– #–
1.b. En déduire la composante tangentielle T de la réaction R.
1.c. Déterminer la distance ℓ parcourue par le pavé avant son arrêt.
2. On s’intéresse au comportement du pavé après son arrêt : on cherche à déterminer
s’il reste immobile ou s’il descend.
2.a. Montrer que, une fois arrêté, le pavé reste immobile à condition que α et f
vérifient une inégalité à expliciter.
2.b. Dans le cas où cette inégalité n’est pas vérifiée, décrire qualitativement le
mouvement du pavé. On note vA sa vitesse lorsqu’il repasse en A : comparer sans
calcul vA et v0 .

! Corrigé

Méthode Loi du frottement solide lors du glissement

#– #– #–
Lorsque le pavé glisse, la réaction qu’il subit s’écrit R = T + N , où :
#– #–
u y est la réaction normale au support ;
! N = ||N || #–
#–
! T est la réaction tangentielle, de sens toujours opposé à celui de la vitesse
de glissement du pavé sur le support. Puisque le pavé glisse dans le sens des x
#– #–
croissants, on écrit ici T = −|| T || #–
u x.
#– #– #– #–
Les normes de T et N sont liées par || T || = f ||N || tant qu’il y a glissement (loi
de Coulomb).

1.a. Dans le référentiel du plan incliné galiléen, le pavé est soumis à :


#–
! son poids P = −mg(sin α #– u y) ;
u x + cos α #–
#– #– #– #– #–
! la réaction R = −|| T || u + ||N || u .
x y
31
#– #–
La loi de la quantité de mouvement s’écrit m #–
a = P + R et donne, par projection sur
l’axe (Oy) avec ay = 0 (le mouvement ne se fait que selon la direction (Ox)),

Exercice 1.11. Glissement d’un pavé sur un plan incliné


#–
||N || = mg cos α . (1.11.1)

1.b. La loi de Coulomb du frottement de glissement associée à l’équation (1.11.1)


donne directement
#–
T = −f mg cos α #–
ux .

1.c.

Attention Étude d’un mouvement de glissement

Pour déterminer ℓ, il serait particulièrement maladroit d’utiliser l’équation dif-


férentielle obtenue à l’aide de la loi de la quantité de mouvement projetée sur
l’axe (Ox), car il faudrait :
! intégrer une fois cette équation pour obtenir l’expression de ẋ(t) ;
! résoudre l’équation ẋ(t1 ) = 0 pour trouver t1 , l’instant de l’arrêt ;
! intégrer l’expression de ẋ(t) en fonction de t pour trouver celle de x(t) ;
! injecter l’expression de t1 dans la relation donnant x(t) pour déterminer ℓ.
Dans un souci de simplification, on préfère utiliser la loi de l’énergie cinétique,
car on ne cherche ni à décrire le mouvement du pavé entre les instants t = 0 et
t = t1 , ni même à calculer t1 .

On utilise l’encadré « Méthode » de l’exercice 1.4 page 10 pour calculer le travail de


chacune des forces agissant sur le pavé entre les instants t = 0 (pavé situé au point A)
et t = t1 (pavé situé au point B).
#–
! Le travail de N est nul car cette force est normale au déplacement du pavé.
#– #– #– # –
! Le travail de T , qui est une force constante, s’écrit W( T ) = T · AB, soit, avec
# –
AB = ℓ #–u x,
#–
W( T ) = −f mgℓ cos α .
La force de frottement solide étant de sens opposé à celui du mouvement, on vérifie
que son travail est négatif.
#– #– # –
! Le travail du poids, qui est aussi une force constante, s’écrit W(P ) = P · AB, soit
#–
W(P ) = −mgℓ sin α .
Le pavé remonte la pente, ainsi le travail de son poids est effectivement négatif.
La loi de l’énergie cinétique appliquée entre A, où la vitesse du pavé est v0 , et B, où
sa vitesse est nulle, s’écrit 0 − 21 mv02 = −f mgℓ cos α − mgℓ sin α, soit

v02
ℓ= .
2g(sin α + f cos α)
32

2.a.
Chapitre 1. Mécanique

Méthode Loi du frottement solide en l’absence de glissement

#– #–
! Lorsque le pavé ne glisse pas (cas dit d’adhérence), || T || et ||N || vérifient
l’inégalité
#– #–
|| T || < f ||N || .
Tant que l’inégalité stricte est satisfaite, le pavé est effectivement en équilibre.
#– #–
! Dès que || T || = f ||N ||, il peut se mettre à glisser.
#– #–
! Il est impossible d’avoir || T || > f ||N || : un tel résultat serait la conséquence de
l’hypothèse erronée d’absence de glissement (voir encadré « Méthode » suivant).
#–
! Dans le cas du non-glissement, il faut faire attention au sens de T qui est
alors inconnu. Il convient alors d’algébriser sa composante selon (Ox) en écrivant
#– #– #–
T = T #–u x , où T est de signe inconnu, avec T = ±|| T || selon le sens de T .

On suppose que le pavé ne glisse pas, ce qui permet d’écrire la loi de l’équilibre
#– #– #–
R+P = 0 .
#–
Cette relation se projette sur l’axe (Ox) pour donner T = mg sin α : le vecteur T est
#–
u x et || T || = T = mg sin α . L’équation (1.11.1), inchangée, permet
orienté selon + #–
#–
|| T ||
d’évaluer le rapport #–
||N||
= tan α. Pour que l’hypothèse de non-glissement soit validée,
il faut que ce rapport soit inférieur à f : le pavé ne glisse pas tant que tan α < f .

Méthode Glissement ou non-glissement ?

Lorsque le pavé est initialement immobile, et si l’on ignore s’il va se mettre à


glisser ou non, on doit choisir parmi une des deux hypothèses suivantes.
! L’hypothèse « le pavé ne se met pas à glisser » revient à supposer que le pavé
reste immobile dans le référentiel lié à son support. Cela autorise à écrire la loi
de l’équilibre. En revanche, il faut faire attention à bien se rappeler que l’on ne
#– #– #–
connaît alors pas a priori le sens de T et que la relation entre || T || et f ||N || n’est
qu’une inégalité. Pour valider ou non l’hypothèse, on calcule les deux grandeurs
par la loi de l’équilibre et on teste a posteriori que l’inégalité est satisfaite.
33

Méthode (suite)

Exercice 1.11. Glissement d’un pavé sur un plan incliné


! En choisissant l’hypothèse « le pavé se met à glisser », on ne connaît pas le
mouvement de celui-ci selon l’axe (Ox) ni même le sens dans lequel va se faire
#–
le glissement. Pour déterminer le sens de T , il convient de faire une hypothèse
supplémentaire sur le sens du mouvement. En général, il est assez facile de le
trouver de façon intuitive. Dans le cadre du présent exercice, il est évident que
le pavé redescend s’il ne reste pas immobile. La loi de Coulomb permet ensuite
#–
de déterminer complètement T et d’appliquer la loi de la quantité de mouvement
pour trouver l’équation du mouvement. Si le sens du vecteur accélération ainsi
obtenu est le même que celui du mouvement supposé, alors les deux hypothèses
faites précédemment sont validées. Sinon, il y a une erreur sur l’une des deux,
en général la première (« le pavé se met à glisser »), et il faut recommencer les
calculs avec l’hypothèse « le pavé ne se met pas à glisser ».
En résumé, l’étude mécanique générale d’un solide en contact avec un support
nécessite deux équations : une pour le cas du glissement et une pour le cas de
l’adhérence. Dans chaque cas, la vitesse de glissement #–
v g ou la réaction tangen-
#–
tielle T vérifie une égalité, comme résumé dans le tableau suivant.
❳❳❳
❳❳❳ grandeur #–
❳❳ vg
#– T
cas ❳❳
#–
adhérence v = 0
#–
g ?

#– #– vg
#–
glissement ? T = −f ||N || #–
|| v g ||

#– #–
2.b. Si tan α > f , l’inégalité || T || < f ||N || ne peut pas être vérifiée, et le pavé
#–
redescend le plan incliné. Le sens du mouvement ayant changé, le sens de T change
#–
aussi, donc T = +f mg cos α #– u x . Le travail de cette force entre B et A est négatif,
comme dans la phase de montée (le frottement est toujours une action résistante). On
applique la loi de l’énergie cinétique entre A et A avec un passage par le point B :
#–
! le travail du poids P est nul car celui-ci dérive d’une énergie potentielle ;
#–
! le travail de T est négatif, aussi bien durant la montée que la descente.
On obtient
1 2 #– #–
m(vA − v02 ) = W(P ) + W( T ) ⇒ vA < v0 .
2 ' () * ' () *
=0 <0

Cela traduit une dissipation d’énergie mécanique du fait des frottements solides.
Chapitre 2
T RANSFER T THERMIQUE

2.1. Diffusion thermique dans une barre ★


On étudie le transfert thermique dans une barre homogène de section S, de lon-
gueur L, dont la surface latérale est calorifugée. On note #– u x le vecteur unitaire
colinéaire à l’axe de la barre. Les extrémités x = 0 et x = L de la barre sont
mises en contact thermique parfait avec des thermostats aux températures respec-
tives T1 et T2 . Le champ de température dans la barre ne dépend que de x et t.
On note K la conductivité thermique du matériau, ϱ sa masse volumique et c sa
capacité thermique massique.
1. Établir l’équation aux dérivées partielles vérifiée par le champ de température
T (x,t) dans la barre. Faire apparaître le coefficient de diffusion thermique, noté D.
2. En supposant la barre initialement uniforme en température, estimer la durée
typique du régime transitoire (durée avant que le régime permanent ne s’établisse).
Commenter le résultat.
3. Lorsque le régime permanent est atteint, déterminer le profil de température
x -→ T (x) dans la barre et le tracer, en supposant par exemple que T1 > T2 .
4. Définir et exprimer la résistance thermique de la barre en régime permanent.
5. En appliquant le deuxième principe de la thermodynamique à la barre (régime
permanent), exprimer δS dt , la quantité d’entropie créée par unité de temps.
c

Interpréter le résultat.
! Corrigé
1.

Méthode Recherche des directions pertinentes

Un problème de diffusion thermique nécessite de calculer des flux thermiques à


travers des surfaces bien choisies. Il est donc préférable de déterminer le plus tôt
possible la direction du vecteur courant thermique.

#–
Le courant thermique obéit à la loi de Fourier j q = −K grad
# – T . Il est dirigé seulement
– T = ∂T #–
selon u x car T ne dépend spatialement que de x, donc grad ∂x u x . Dans la suite,
#– #
#–
on note j q = jq (x,t) #–
u x.

Attention Sens du courant thermique

#–
La grandeur jq (x,t) représente la projection (algébrique) du vecteur j q sur le
#–
vecteur unitaire #–
u x . Elle peut être positive ou négative. L’écriture j q = jq (x,t) #–
ux
ne préjuge en rien du sens du courant thermique.
36

Méthode Choix du système


Chapitre 2. Transfert thermique

Le système choisi doit être fermé, pour pouvoir appliquer le premier principe de
la thermodynamique (bilan d’énergie interne).
Construire une équation aux dérivées partielles vérifiée par T (x,t) nécessite de
faire apparaître les grandeurs dx et dt dans les expressions intermédiaires. Cela
impose de travailler sur des intervalles [x, x + dx] et [t, t + dt].
! Mathématiquement, dx et dt sont des infiniment petits (grandeurs qui tendent
vers zéro en fin de calcul).
! Physiquement, la longueur dx est de taille mésoscopique. Elle est suffisamment
grande pour contenir beaucoup d’atomes (la notion de moyenne, et donc de tempé-
rature, a un sens). Elle est suffisamment petite pour considérer T comme uniforme
sur [x, x + dx]. Cela permet d’appliquer la première loi de Joule dU = Cv dT à
la tranche [x, x + dx] considérée.

Le système d’étude choisi est une tranche mésoscopique de la barre comprise entre x
et x + dx (voir figure 2.1.1).

#–
dS 1 Fig. 2.1.1. Le système
thermostat #– thermostat mésoscopique étudié est
T1 j q = jq (x, t) #–
ux T2
#–
dS 2
la tranche grisée, com-
prise entre x et x + dx.

0 x x + dx L x

La durée d’étude est l’intervalle de temps [t, t + dt]. Le référentiel d’étude est celui du
laboratoire, dans lequel la barre est immobile. Celle-ci est en contact avec :
¨
#– #–
! la partie à gauche de x, qui lui fournit δQ1 = j q (x,t) · dS 1 dt = jq (x,t)S dt ;
S
! la partie à droite de x + dx, qui lui fournit
¨
#– #–
δQ2 = j q (x,t) · dS 2 dt = −jq (x + dx,t)S dt ;
S

! la paroi latérale, qui ne lui fournit rien (paroi calorifugée).


On applique le premier principe au système, dU = δQ1 + δQ2 . La masse de la tranche
étant ϱS dx, sa capacité thermique s’écrit δCv = ϱS dx c, où c est la capacité ther-
mique massique du matériau. Dans δCv , la notation δ est utilisée pour rappeler qu’il
s’agit d’une petite quantité (proportionnelle à dx). On transforme le membre de
gauche du premier principe à l’aide de la première loi de Joule pour faire apparaître
la température,
dU = δCv dT = ϱc S dx dT . (2.1.1)
Dans cette expression, dU représente la variation d’énergie interne du système entre
le début et la fin de l’évolution considérée, c’est-à-dire entre t et t + dt. Ainsi, la
notation dT représente la variation temporelle de la température (uniforme) de la
tranche.
37

Attention Cohérence des ordres

Exercice 2.1. Diffusion thermique dans une barre


L’expression (2.1.1) montre que dU est proportionnel à dx et dt. C’est donc un
infiniment petit d’ordre deux. En effet, l’énergie interne est une grandeur (approxi-
mativement) extensive, donc proportionnelle à la masse ϱS dx de la tranche. À
un instant donné, on devrait donc la noter δU (t) pour signaler sa proportionnalité
à dx (infiniment petit d’ordre un). La variation temporelle de l’énergie interne
de la tranche est donc δU (t + dt) − δU (t) et devrait être notée d(δU ), en accord
avec l’ordre deux de la relation (2.1.1).

Le premier principe appliqué au système s’écrit donc


5 6 5 6
ϱS dx c T (x,t + dt) − T (x,t) = jq (x,t) − jq (x + dx,t) S dt . (2.1.2)
' () * ' () *
∂T ∂jq
∂t dt − dx
∂x

Méthode Intervalles courts et approximation uniforme

En toute rigueur, la température de la tranche n’est pas uniforme. Par une ap-
proximation d’ordre zéro, on la considère comme uniforme et on devrait la noter
#–
T (xc ,t), où l’abscisse xc est comprise entre x et x + dx. De même, j q dépend a
priori du temps, donc il faudrait écrire jq (x,tc ), où tc est quelque part entre t et
t + dt. Lorsque dx et dt tendent vers zéro, xc tend vers x et tc tend vers t, donc xc
et tc n’interviennent que de façon intermédiaire. En pratique, on prend rarement
la peine de les faire apparaître.

Les développements de Taylor au premier ordre sont donnés sous les accolades dans
l’expression (2.1.2).

Méthode Formule de Taylor

La formule de Taylor au premier ordre s’écrit


∂T
T (x,t + dt) = T (x,t) + (x,t) dt + o(dt) .
∂t
Le terme o(dt) s’appelle le reste du développement limité et la notation o signifie
qu’il devient négligeable devant dt lorsque dt tend vers zéro.
En physique, on prend rarement la peine d’écrire les restes o(dx) et o(dt) car ils
disparaissent lorsque dx et dt tendent vers zéro en fin de calcul.

On peut ensuite simplifier l’équation (2.1.2) par S, dx et dt pour obtenir


∂T ∂jq
ϱS =− .
∂t ∂x
∂T
Enfin, on remplace jq par la loi de Fourier, soit ici jq = −K , ce qui donne
∂x
38

∂T ∂2T
ϱS =K , ou encore
∂t ∂x2
Chapitre 2. Transfert thermique

∂T ∂2T déf. K
=D 2
, où D = est le coefficient de diffusion . (2.1.3)
∂t ∂x ϱc

2. On approche les dérivées par des accroissements finis pour faire des estimations.
En notant τ la durée du régime transitoire (durée sur laquelle le front thermique a
∆T ∆T L2
avancé de L), l’équation de diffusion (2.1.3) donne ∼ D 2 , soit τ ∼ . Si
τ L D
on double la longueur de la barre, il faut quatre fois plus de temps pour que le régime
s’établisse. En cuisine, si on double l’épaisseur d’un morceau de viande, il faut le cuire
quatre fois plus longtemps. Plus le coefficient de diffusion est grand, plus le régime
transitoire est bref.
3. Par définition du régime permanent, les dérivées partielles temporelles sont nulles.
2
L’équation de diffusion (2.1.3) devient ddxT2 = 0 et s’intègre en T = ax + b, où a
et b sont deux constantes d’intégration. On utilise les conditions aux limites im-
posées par le contact thermique parfait, T (0) = T1 et T (L) = T2 , ce qui donne
T2 − T1
T (x) = x + T1 . Le profil de température est linéaire dans la barre en
L
régime permanent (voir figure 2.1.2).
T (x)

T1
Fig. 2.1.2. Profil linéaire de température dans
la barre en régime permanent.
T2

0 L x

4. On calcule le flux thermique à travers une section transversale de la barre orientée


vers les x croissants,
dT
¨
#– #–
φ(x) = j q (x) · dS = jq (x) × S = −K S (x).
S dx
L’expression du champ de température en régime permanent donne la dérivée spatiale
dT T2 − T1 KS
de la température, = , d’où φ(x) = (T1 − T2 ). On constate que le flux
dx L L
thermique calculé ne dépend pas de x, ce qui est cohérent avec le régime permanent.
Entre deux sections fixes x1 et x2 , la quantité d’énergie interne ne doit pas dépendre
du temps, donc le flux entrant par la section x1 doit être égal au flux sortant par la
section x2 .
déf. L T1 − T2
On définit la résistance thermique Rth = afin de poser φ = par ana-
KS Rth
V1 − V2
logie avec la loi d’Ohm électrocinétique i = . Cette notion, valable seulement
R
en régime permanent, est très utile pour les associations de résistances thermiques en
série ou en parallèle (voir exercice 2.2 page 39, par exemple).
5. Le deuxième principe appliqué à la barre entre deux instants t et t + dt s’écrit
dS = δSe + δSc .
39

! La valeur δSe est la quantité d’entropie fournie à la barre par les deux thermostats.
En notant δQ1 et δQ2 les quantités d’énergie thermique fournies par les thermostats,

Exercice 2.2. Double vitrage


δQ1 δQ2
à la barre, δSe = + . Or, δQ1 = +φ dt et δQ2 = −φ dt, donc
T1 T2
φ dt −φ dt
δSe = + .
T1 T2
! La valeur δSc est la quantité d’entropie créée dans la barre.
En régime permanent, l’entropie S de la barre est constante, donc dS = 0. Le deuxième
principe appliqué à la barre s’écrit donc
+ ,
φ dt φ dt δSc T1 − T2 1 1
0= − + δSc ⇒ = − .
T1 T2 dt R T T
' ()th * ' 2 () 1 *
>0 >0

δSc
L’inégalité dt > 0 montre qu’il y a création d’entropie au cours du temps, ce qui est
en accord avec l’aspect irréversible de la diffusion thermique .

Rappel Irréversibilité et critère du film à l’envers

Le transfert thermique s’effectue spontanément du chaud vers le froid. Si on filme


une expérience de diffusion et que l’on projette le film à l’envers, le flux thermique
va du froid vers le chaud, ce qui est absurde et met en évidence l’irréversibilité
du phénomène de diffusion.
∂2 T
Celle-ci se voit également par le fait que l’équation de diffusion ∂T ∂t = D ∂x2
n’est pas invariante par renversement du temps t -→ −t : elle est modifiée en
∂2 T
− ∂T
∂t = D ∂x2 .

2.2. Double vitrage ★


Le but est de comparer les efficacités isolantes d’un simple et d’un double
vitrage. On considère une surface vitrée d’aire S séparant l’intérieur d’une pièce
à la température Ti de l’extérieur à la température Te . On suppose le problème
unidimensionnel : le profil de température ne dépend que de x, (Ox) étant un
axe perpendiculaire à la fenêtre. On donne les conductivités thermiques du verre
(κv = 1,6 W · m−1 · K−1 ) et de l’air (κa = 0,024 W · m−1 · K−1 ). Les échanges
thermiques à une interface air-verre sont pris en compte par une loi de transfert
#–
convecto-diffusif (loi de Newton) de la forme j q = h(T1 − T2 ) #–
n 12 , où T1 et T2 dési-
gnent les températures de part et d’autre de l’interface, #–
n 12 est le vecteur unitaire
#–
orienté de 1 vers 2, normal à l’interface, et où j q est le vecteur densité courant
thermique. Le constructeur donne les valeurs suivantes pour le coefficient de trans-
fert thermique h :
! h = hi = 9,1 W · m−2 · K−1 pour un contact entre le verre et l’air d’un local
fermé ;
! h = he = 16,6 W · m−2 · K−1 pour un contact entre le verre et l’air extérieur.
Seuls les régimes permanents sont considérés dans ce problème.
40

1. Montrer que la loi de transfert convecto-diffusif, exprimée pour une interface


d’aire S, peut être mise sous la forme d’une résistance thermique R à exprimer en
Chapitre 2. Transfert thermique

fonction de h et S. Expliquer brièvement la signification de h et pourquoi hi < he .


2. En déduire la résistance thermique d’un vitrage simple, constitué d’une vitre
d’épaisseur e = 4,0 mm et d’aire S = 1,0 m2 . Comparer avec la valeur donnée par
le constructeur : 0,17 K · W−1 . Conclure.
3. Donner l’expression de la résistance thermique d’un double vitrage constitué
de deux vitres parallèles d’épaisseur e = 4,0 mm, séparées par une couche d’air
d’épaisseur e′ = 6,0 mm. Calculer numériquement cette résistance pour S = 1,0 m2 .
Comparer avec la valeur donnée par le constructeur : 0,28 K · W−1 . Conclure et
proposer une explication.
! Corrigé
1. On considère une interface d’aire S séparant du verre (milieu 1) de température T1
et de l’air (milieu 2) de température T2 . Le flux thermique φ passant de 1 vers 2
s’écrit, d’après
¨ la loi de Newton, ¨
#– # –
φ= j q · dS ⇒ φ = h(T1 − T2 ) #–
n 12 · dS #–
n 12 = hS(T1 − T2 ).
S S
Le régime étant permanent, on peut définir une résistance thermique R de l’interface
T1 − T2
par analogie avec l’électrocinétique, φ = . En identifiant les deux expressions,
R
1
la résistance thermique de l’interface est R = hS . Le coefficient h est lié aux mou-
vements de l’air : plus la couche limite de l’air à l’interface air-verre est fine, plus h
est grand. Donc h croît avec l’intensité des mouvements de l’air : plus ces mouve-
ments sont importants, plus les échanges thermiques sont favorisés. Ainsi, hi < he
car les mouvements à l’intérieur d’une pièce sont plus faibles que les mouvements à
l’extérieur. D’ailleurs, la valeur de he donnée par l’énoncé ne peut être qu’une valeur
moyenne. En cas de vent fort, he augmente.
2. Une vitre simple est une couche de verre avec deux interfaces : l’une avec l’air
intérieur (hi ) et l’autre avec l’air extérieur (he ). Elle va donc avoir le comportement
thermique de trois résistances thermiques en série (l’épaisseur e de verre et les deux
couches limites).

Rappel Association de résistances thermiques

La notion de résistance thermique a un sens en régime permanent (voir exercice 2.1


page 35). Elle est définie par analogie avec l’électrocinétique, φ = T1R−T
th
2
.
T1 T2
φ Rth

Les lois d’association des résistances thermiques sont analogues à celles des
résistances électriques.
41

La résistance thermique Rv de la couche de verre se trouve par analogie avec l’élec-


e
trocinétique, Rv = . La résistance thermique d’un vitrage simple est donc

Exercice 2.2. Double vitrage


κS
1 e 1
Rsimple = + + ≃ 0,17 K · W−1 .
hi S κv S he S
L’accord avec la valeur donnée par le constructeur est bon.
3. Le raisonnement est a priori le même pour le double vitrage. Pour tous les contacts
air-verre sauf celui avec l’air extérieur, on utilise le coefficient hi . En exprimant la

résistance de la couche d’air Ra = κea S et en additionnant ces sept résistances en série
comme précédemment, on obtient
3 e′ 2e 1
Rdouble = + + + ≃ 0,64 K · W−1 .
hi S κa S κv S he S
Or, la valeur donnée par le constructeur est 0,28 K · W−1 . L’écart est supérieur à
100 %. Il y a donc un problème dans l’expression de la résistance thermique. En effet,

on a utilisé Ra = κea S , ce qui revient à faire comme si l’air avait un comportement
de solide (rigoureusement immobile) entre les deux vitres. Par ailleurs, on a consi-
déré que, pour les interfaces entre les deux vitres et la couche d’air intermédiaire,
les coefficients de la loi de Newton étaient hi . Il y a donc une incohérence : d’une
part, l’air a un comportement thermique de solide et, d’autre part, on utilise des
coefficients hi typiques de mouvements de convection. Il y a sans doute des mouve-
ments de convection dans l’air de la couche intermédiaire car la vitre interne et la
vitre externe ne sont pas à la même température : l’air devient moins dense en se
réchauffant près de la paroi la plus chaude et a tendance à monter. Ainsi, si l’air
est brassé par convection, il n’a pas du tout un comportement thermique de solide.
Au contraire, il passe son temps à transporter de l’énergie thermique de la vitre
chaude vers la vitre froide de façon beaucoup plus efficace que par simple diffusion.
On pourrait donc retoucher le modèle en donnant à la couche d’air intermédiaire
une résistance thermique nulle (Ra = 0) tout en gardant les deux termes h1i S corres-
pondant aux couches limites droite et gauche. La résistance thermique devient alors
3 2e 1
Rdouble = + + ≃ 0,39 K · W−1 . Cette valeur surestime encore la résis-
hi S κv S he S
tance thermique. Il ne faut pas oublier que l’espace entre les deux vitres est étroit
(quelques millimètres). Les mouvements de convection y sont donc lents. Il serait plus
raisonnable de voir la couche d’air entre les deux vitres comme une seule grosse couche
limite, à laquelle il convient d’affecter la résistance thermique R = h1i S . Dans ce cas,
2 2e 1
Rdouble = + + ≃ 0,28 K · W−1 . L’accord avec la donnée du construc-
hi S κv S he S
teur est satisfaisant dans ce modèle. Le rapport entre les résistances thermiques du
double vitrage et du simple vitrage est 0,28
0,17 ≃ 1,64. Contrairement à ce que l’on
pourrait croire, le double vitrage ne double pas la résistance thermique.
42

2.3. Température du corps humain en plongée ★


Le but est de décrire les processus de transfert thermique entre le corps d’un plon-
Chapitre 2. Transfert thermique

geur sous-marin et l’eau. On note Tint (t) la température interne du plongeur à


l’instant t, supposée uniforme, et Text la température de l’eau.
! L’ensemble {périphérie du corps humain + derme} est assimilé à une résistance
thermique notée R1 .
! Le plongeur est équipé d’une combinaison en néoprène d’épaisseur e = 5 mm.
Le contact thermique entre la peau du plongeur et l’intérieur de la combi-
naison est supposé parfait. Le néoprène est une mousse remplie de bulles de
diazote. Une fois la combinaison gorgée d’eau, sa conductivité thermique est
K ≃ 5,4 · 10−2 W · m−1 · K−1 . On note Rcomb la résistance thermique associée.
! Les transferts thermiques entre la paroi externe de la combinaison et l’eau sont
modélisés par la loi de Newton donnant le courant thermique conducto-convectif
sortant,
#–
j q cc = h (Tparoi − Text ) #–
n sortant ,
où n#–
sortantest la normale unitaire sortante et h ≃ 2 · 102 W · m−2 · K−1 un para-
mètre phénoménologique. On note Rcc la résistance thermique associée à ce trans-
port.
! Les transferts radiatifs (rayonnement de type infrarouge) de la paroi vers l’ex-
térieur sont modélisés par la loi de Stefan (admise) donnant le flux radiatif global,
4 4
Φrad = ε σ S (Tparoi − Text ),
où S est l’aire de l’interface, σ = 5,7 · 10−8 SI est la constante de Stefan et ε ∈ [0,1]
le pouvoir d’émissivité traduisant l’efficacité des processus radiatifs.
1. Montrer que, si l’écart entre Tparoi et Text est faible, Φrad est approximative-
ment proportionnel à (Tparoi − Text). Déterminer la constante de proportionnalité.
(Indication : poser α = Tparoi − Text et utiliser le fait que α est petit devant les
températures mises en jeu pour faire un développement limité.) Définir et donner
l’expression de Rrad , résistance thermique associée au transport radiatif.
2. Exprimer Rcc en fonction de h et S.
3. Proposer le schéma électrique équivalent permettant de déterminer la résis-
tance thermique totale Rtot entre l’intérieur du corps humain et l’eau. En déduire
l’expression du flux thermique global Φth en fonction de Tint (t), Text et Rtot .
4. On cherche à simplifier l’expression de Rtot .
! Montrer que le processus de transfert radiatif est négligeable dans le schéma
précédent (il sera négligé dans la suite).
! Estimer la valeur de Rcomb et montrer que Rcc peut être négligée.
5. Le corps humain dégage de l’énergie thermique grâce aux molécules d’ATP. On
note PATP la puissance associée à cette production interne, C la capacité thermique
massique du corps humain, et M la masse du plongeur.
5.a. Établir une équation différentielle permettant de déterminer la température
Tint du plongeur en fonction du temps.
5.b. En supposant PATP constante dans le temps, déterminer l’expression de la
température Tint (t) en fonction de Rtot , Text , PATP , C, M et Tint (0).
43

5.c. L’état d’hypothermie est atteint lorsque la température du plongeur passe


en dessous de Tint = 35 ◦C. Sachant que Text = 15 ◦C, PATP ≃ 1,5 · 102 W,

Exercice 2.3. Température du corps humain en plongée


Tint (0) = 37 ◦C, C ≃ 4 · 103 J · kg−1 · K−1 , M ≃ 70 kg et R1 = 8 · 10−2 K · W−1 ,
déterminer le temps th au bout duquel l’hypothermie est atteinte. Commenter le
résultat et le modèle.
! Corrigé
1. Conformément à l’indication de l’énoncé, on pose Tparoi = Text + α, donc
+ ,4 + ,
4 4 4 α 4 α α
Tparoi = (Text + α) = Text 1 + ≃ Text 1 + 4 car ≪ 1.
Text Text Text
4 4 3
Ainsi, Tparoi − Text ≃ 4αText et la loi de Stefan s’écrit approximativement
3
Φrad ≃ 4εσText S (Tparoi − Text ) . (2.3.1)

La proportionnalité à (Tparoi − Text ) permet de définir la résistance thermique Rrad


T −Text
comme Φrad = paroiRrad . En identifiant cette définition avec la relation (2.3.1),

1
Rrad = 3 S .
4εσText

2. Le flux conducto-convectif à l’interface paroi-eau s’obtient en intégrant la loi de


Newton sur toute l’interface.
¨
#– #–
Φcc = j q cc · dS sortant = h S (Tparoi − Text )
S
Tparoi −Text
En identifiant avec la définition Φcc = Rcc de la résistance thermique,

1
Rcc = .
hS

3. Les résistances de conduction associées au corps humain et à la combinaison sont


en série, car traversées par le même flux thermique. Les résistances de convection et
de radiation sont en parallèle, car vues entre les mêmes différences de température
(on rappelle que la température joue le rôle du potentiel en électrocinétique, voir
figure 2.3.1).
Rcc
R1 Φth Rcomb Fig. 2.3.1. Résis-
Tint (t) Tparoi Text
tances thermiques.

Rrad

La notion de résistance thermique a un sens uniquement en régime permanent (voir


exercice 2.1 page 35). Dans ce cas, il n’y a nulle part accumulation d’énergie interne.
C’est l’analogue de la non-accumulation de charge en électrocinétique dans l’ARQS,
qui conduit à la loi des nœuds et permet d’établir les lois d’association des résistances
électriques en série et en parallèle. Ainsi, ces lois sont transposables aux résistances
thermiques et la résistance totale s’écrit
Rrad Rcc
Rtot = R1 + Rcomb + .
Rrad + Rcc
44

4. On compare les résistances thermiques associées à la conducto-convection et au


3
Rcc 4εσText
Chapitre 2. Transfert thermique

rayonnement, = ≃ 0,03 en prenant, par exemple, Text ≃ 290 K et ε = 1


Rrad h
(cas où le rayonnement est le plus efficace possible). Ainsi, la résistance thermique
de conducto-convection ne représente que 3 % de la résistance thermique de rayon-
nement. Le flux conducto-convectif est donc au moins trente fois plus important
que le flux radiatif. Dans la suite, on néglige le transfert radiatif devant le trans-
fert conducto-convectif (Rrad ≫ Rcv ), donc Rtot ≃ R1 + Rcomb + Rcc . En estimant
l’aire du corps humain à S ≃ 2 m2 , la résistance thermique de la combinaison est
e
Rcomb = KS ≃ 4,6 · 10−2 K · W−1 . On peut estimer le rapport

Rcomb eh
= ≃ 2 · 101 ,
Rcc K
ce qui montre que Rcomb ≫ Rcc et permet de simplifier la résistance thermique totale
selon Rtot ≃ R1 + Rcomb .
5.a. On applique le premier principe de la thermodynamique, entre t et t + dt, au
corps humain qui constitue un système fermé, dU = −Φs dt + PATP dt, où :
! Φs = TintR−T
tot
ext
est le flux thermique sortant du corps ;
! PATP dt est l’énergie apportée grâce aux molécules d’ATP dans le cadre d’un
fonctionnement normal du métabolisme.

Méthode Premier principe et apport « interne » d’énergie

L’écriture proposée du premier principe fait comme si l’énergie PATP dt était ap-
portée par l’extérieur. En réalité, il s’agit d’une conversion d’énergie potentielle
interne (contenue dans les liaisons chimiques des molécules d’ATP) en énergie
d’agitation thermique (forme « visible » d’énergie). Cette approche simplifica-
trice est systématiquement utilisée dans les exercices. En « externalisant » les
phénomènes internes, elle évite d’avoir à considérer les modifications internes de
composition du système dues à des réactions chimiques (ou nucléaires pour les
exercices prenant en compte la radioactivité).

dU Tint (t) − Text


=− + PATP
dt Rtot
La première loi de Joule appliquée au corps humain s’écrit
dTint Tint (t) Text
dU = M C [Tint (t + dt) − Tint (t)] ⇒ M C + = PATP +
dt Rtot Rtot
dTint Tint 1
⇒ + = (Text + Rtot PATP ) où τ = M C Rtot .
dt τ τ

5.b. La solution de l’équation différentielle est Tint (t) = Tlim + A exp(−t/τ ), où A


est une constante à déterminer avec la condition initiale Tint (0) = 37 ◦ C. Ainsi,
A = Tint (0) − Tlim et

Tint (t) = Tlim + (Tint (0) − Tlim ) exp(−t/τ ) .


45

A priori, la température interne du corps décroît en fonction du temps, donc le pré-


facteur Tint (0) − Tlim de l’exponentielle est positif.

Exercice 2.4. Transfert thermique dans un cylindre creux



5.c. L’instant th pour lequel l’hypothermie
! "est atteinte vérifie T (th ) = Th = 35 C,
donc Th = Tlim + (Tint (0) − Tlim ) exp −th /τ , soit

Tint (0) − Tlim


th = τ ln ≃ 1 · 104 s ≃ 3 h .
Th − Tlim
L’ordre de grandeur de cette valeur paraît en accord avec l’expérience. L’application
numérique pour un plongeur sans combinaison (Rcomb = 0) donnerait Th ≃ 50 min,
ce qui est un bon ordre de grandeur également. Il est difficile d’obtenir des résultats
précis, car les valeurs de R1 et PATP proposées par l’énoncé sont variables d’une
personne à l’autre (frilosité, métabolisme).

2.4. Transfert thermique dans un cylindre creux ★


On considère un conducteur thermique et électrique, de conductivités respectives λ
et γ, délimité par deux cylindres coaxiaux de rayons a et b. Sa longueur est supposée
infinie et le régime est permanent. La température de la paroi intérieure est T1 , celle
de la paroi extérieure est T2 et celle de l’air extérieur est Te . Un courant électrique
#–
de densité volumique j uniforme parcourt le conducteur parallèlement à son axe
#–
de révolution. On note j q le courant thermique.
1. À l’aide d’un bilan d’énergie sur un élément mésoscopique bien choisi, montrer
1 d j2
que (r × jq ) = .
r dr γ
% &
2. Montrer que j = αr + β #–
#–
q r u , où α et β sont à expliciter en fonction de j, γ,
r
λ, T1 , T2 , a et b.
3. On note h le coefficient de transfert conducto-convectif entre l’air extérieur et
#–
la paroi extérieure. La loi de Newton s’écrit j q = h(T2 − Te ) #–
u r . Calculer T2 en
fonction de α, β, h, b et Te .

! Corrigé
1. Pour déterminer la répartition de T (r) dans le conducteur, on réalise un bilan
d’énergie sur un anneau cylindrique de hauteur L, de rayon interne r et de rayon ex-
terne r+dr. Cela constitue le système mésoscopique sur lequel on travaille pendant dt.

Méthode Intervalle de travail [r, r + dr]

Le choix de l’intervalle [r, r + dr] est nécessaire pour faire apparaître des dérivées
par rapport à r dans l’équation différentielle cherchée. Cela délimite un anneau
cylindrique de volume
dτ = 2π r dr L .
46

φ(r) Fig. 2.4.1. Bilan thermique sur un anneau cylin-


Chapitre 2. Transfert thermique

r + dr r drique élémentaire.
φ(r + dr)

L’application du premier principe de la thermodynamique à ce système conduit à


dU = δQext + δWext . En régime stationnaire, les fonctions d’état thermodynamiques
ne varient pas dans le temps, de sorte que dU = 0. Le terme δQext représente le
transfert thermique reçu par le système de la part de l’extérieur. On le calcule comme
δQext = δQe − δQs , où δQe = φ(r) dt et δQs = φ(r + dr) dt sont les transferts ther-
miques entrant et sortant de l’anneau en r et r +dr, respectivement (voir figure 2.4.1).
Les flux thermiques associés, notés φ(r) et φ(r + dr), vérifient
φ(r) = jq (r)2πrL et φ(r + dr) = jq (r + dr) × 2πL × (r + dr) .
5 6
On en déduit que δQext = 2πL jq (r) × r − jq (r + dr) × (r + dr) dt. Entre les
déf.
crochets, on reconnaît la différentielle de la fonction f (r) = r × jq (r), donc
df (r) 1 d(r × jq (r))
δQext = −2πL dr dt = − dτ dt ,
dr r dr
déf.
où dτ = 2πr L dr représente le volume de l’anneau cylindrique étudié.
L’expression δWext représente le travail reçu par l’élément de volume dτ pendant dt.
#–
Le cylindre creux étant parcouru par un courant électrique de densité volumique j ,
le travail électrique (effet Joule) δWext se calcule comme
#– #– j2
δWext = j · E dτ dt = dτ dt .
γ
On remarque que δWext et δQext sont des infiniment petits d’ordre 2, car ils sont
proportionnels à dτ dt = 2πrL dr dt. En régime stationnaire, δQext + δWext = 0. On
en déduit l’équation différentielle vérifiée par la densité de flux,

1 d 5 6 j2
r × jq (r) = .
r dr γ

2. On garde la dérivée telle quelle (on n’applique surtout pas la formule de dérivation
d’un produit). Cela conduit à
5 6 j2 j 2 r2
d r × jq (r) = r dr ⇒ r × jq (r) = +β,
γ γ 2
j2 r β
où β est une constante d’intégration. On en déduit ainsi que jq (r) = + . Avec
γ 2 r
j2
l’écriture de l’énoncé, on identifie α = . On détermine β en s’appuyant sur les

conditions aux limites du problème, T (a) = T1 et T (b) = T2 . Pour les utiliser, il faut
déterminer l’équation différentielle sur T (r). On relie pour cela T (r) et jq (r) via la loi
de Fourier,
% &
#– # – T ⇒ j (r) = −λ dT (r) ⇒ dT = − 1 αr + β . (2.4.1)
j q (r) = −λ grad q
dr dr λ r
47
: ;
Il reste à intégrer cette équation entre a et b, T2 − T1 = − λ1 α 2
2 (b − a2 ) + β ln ab

Exercice 2.5. Température dans la Terre


1 : α 2 2
; j2
⇒ β= λ (T 1 − T 2 ) + (a − b ) et α = .
ln ab 2 γ

3. On lie Te et T2 en traduisant la continuité du flux thermique au niveau de l’interface


définie par le cylindre de rayon b, soit jq (b− ) = jq (b+ ), où jq (b− ) est donné par la loi
de Fourier (2.4.1) dans le matériau, et où jq (b+ ) est donné par la loi de Newton dans
la couche limite autour du cylindre. Cela conduit à
β 1% β&
αb + = h(T2 − Te ) ⇒ T2 = Te + αb + .
b h b

2.5. Température dans la Terre ★★


Dans cet exercice, on fait les hypothèses suivantes.
! La Terre est assimilée à une sphère homogène de rayon RT = 6 380 km et de
masse volumique uniforme ϱ.
! La température à l’intérieur de la Terre est une fonction de r (symétrie
sphérique) notée T (r). La température à la surface de la Terre est Ts = 290 K.
! Le régime est permanent.
! La conductivité thermique de la Terre, notée λ, est supposée uniforme.
1. Expliquer qualitativement pourquoi la température de la Terre est une fonction
décroissante de r. Dans la modélisation (extrêmement simplifiée) adoptée, on définit
deux zones.
! Du centre de la Terre jusqu’à la lithosphère d’épaisseur RT − RL = 100 km, soit
pour r ∈ [0, RL ], on suppose qu’il n’y a aucune production d’énergie.
! Pour l’ensemble de la lithosphère, soit pour r ∈ [RL , RT ], on tient compte de
la source d’énergie thermique que constitue la radioactivité d’éléments, essentielle-
ment l’uranium.
2. À l’aide d’un bilan d’énergie portant sur un élément mésoscopique bien choisi,
montrer que la température satisfait, pour r ∈ [0, RL ], l’équation différentielle
< =
d dT (r)
r2 = 0.
dr dr

3. Intégrer cette relation afin d’obtenir l’évolution de la température en fonction


de r. Cela fait apparaître deux constantes d’intégration notées A et B. Quelle
condition aux limites permet de déterminer facilement la valeur d’une de ces deux
constantes ? Conclure sur la pertinence du modèle.
La source radioactive apporte, dans la lithosphère, une puissance thermique par
unité de masse, α = 5 · 10−10 W · kg−1 , que l’on supposera constante.
4. En procédant comme à la question 2, établir l’équation différentielle vérifiée
par T pour r ∈ [RL , RT ].
5. En déduire l’évolution de la température dans la lithosphère en fonction de r,
de différents paramètres et de deux constantes d’intégration C et D.
48

6. Quelles conditions aux limites doit-on appliquer à la lithosphère ? En déduire


C et D en fonction de Ts , RL , RT , ϱ, α et λ. Donner l’expression complète de la
Chapitre 2. Transfert thermique

température en fonction de r dans la lithosphère.


7. Déduire de ce qui précède la température Tc au centre de la Terre et faire
l’application numérique avec ϱ = 2,8 · 103 kg · m−3 et λ = 4,0 W · m−1 · K−1 .
8. Déterminer le gradient de température à la surface de la Terre et faire l’ap-
plication numérique. En déduire la valeur du flux thermique global sortant de la
Terre.
! Corrigé
1. Le noyau terrestre est le lieu où la température est maximale. D’après la loi de
#–
Fourier, le transfert d’énergie j q s’effectue des régions chaudes vers les régions froides,
donc du noyau vers l’écorce terrestre.
2. On applique le premier principe de la thermodynamique à une coquille sphérique
de rayon interne r et de rayon externe r + dr contenue entre le noyau et la lithosphère
(voir figure 2.5.1), dU = δQ + δW.

φ(r) Fig. 2.5.1. Bilan d’énergie sur une coquille sphérique


r + dr r de volume 4πr2 dr.
φ(r + dr)

Comme le manteau n’est pas déformable, δW = 0. Par ailleurs, on note


φ(r) = 4πr2 jq (r) le flux thermique traversant une sphère de rayon r, orientée vers
l’extérieur. Le transfert thermique reçu par la coquille sphérique durant dt s’écrit
δQ = δQe − δQs avec :
! δQe = φ(r) dt = 4πr2 jq (r) dt, le transfert thermique entrant par la sphère
intérieure de rayon r ;
! δQs = φ(r + dr) dt = 4π(r + dr)2 jq (r + dr) dt, le transfert thermique sortant par
la sphère extérieure de rayon r + dr.
En régime permanent, dU = δQe − δQs = 0, donc
(r + dr)2 jq (r + dr) − r2 jq (r) = 0 . (2.5.1)
En posant f (r) = r2 jq (r), l’équation (2.5.1) peut s’écrire
df (r) d! 2 "
f (r + dr) − f (r) = 0 ⇒ dr ⇒ r jq (r) = 0 .
dr dr
+ ,
#– # – T = −λ dT #–
La loi de Fourier s’écrit j q = −λ grad u r , donc
d
r2
dT (r)
=0 .
dr dr dr
Bien que le régime soit stationnaire, qu’il n’y ait pas de sources de production interne
et pas d’autres transferts que les transferts conductifs, on constate que la densité
de flux thermique conductif jq dépend de r. C’est une conséquence de la géométrie
sphérique. Le flux thermique φ(r) = jq (r)× 4πr2 est, quant à lui, indépendant de r, ce
qui traduit la non-accumulation d’énergie entre deux sphères de rayons quelconques
(régime permanent).
49

dT
3. Une première intégration de l’équation précédente conduit à r2 = A, où A est
dr

Exercice 2.5. Température dans la Terre


une constante d’intégration. Une seconde intégration conduit à
A
∀r ∈ [0, RL ], T (r) = −
+B,
r
où B est une autre constante d’intégration. L’application des conditions aux limites
permet la détermination de A et B. La première exigence est que le champ de tempé-
rature T (r) soit défini pour toute valeur de r comprise entre 0 et RL . En particulier,
en r = 0, T (0) ne doit pas diverger. Cela impose que A = 0 , d’où

∀r ∈ [0, RL ], T (r) = B = cte . (2.5.2)


La température est uniforme dans toute la région qui s’étend du centre du noyau au
début de la lithosphère. Un tel modèle n’est pas satisfaisant.

4. On reprend la technique de la question 2. On raisonne sur une coquille sphérique


[r, r + dr], avec r ∈ [RL , RT ]. Les deux termes δQe et δQs sont toujours présents,
mais il faut prendre en compte l’effet de la radioactivité dans le bilan thermique.
Tout se passe comme si la coquille recevait, durant dt, un apport supplémentaire
d’énergie thermique δQrad = δm α dt, où δm = ϱ 4πr2 dr est la masse de la coquille.
(En réalité, cet apport ne vient pas de l’extérieur car les désintégrations radioactives
considérées sont internes à la coquille. Voir encadré « Méthode » page 44.) Le bilan
énergétique de la question 2 est donc modifié en
4πr2 jq (r) − 4π(r + dr)2 jq (r + dr) + ϱ 4πr2 dr α = 0 ,
soit encore r2 jq (r) − (r + dr)2 jq (r + dr) + ϱ r2 dr α = 0, après simplification par 4π.
déf.
Comme précédemment, on peut poser f (r) = r2 jq (r) pour aider à reconnaître une
différentielle,
df
f (r) − f (r + dr) + ϱ r2 dr α = 0 ⇒ = αϱr2 .
dr
Compte tenu de l’expression de la loi de Fourier en coordonnées sphériques, on en
déduit l’équation différentielle vérifiée par la température dans la lithosphère,
< =
d dT (r) ϱα 2
r2 =− r .
dr dr λ

dT ϱα 3
5. Une première intégration donne r2 =− r + C, où C est une constante.
dr 3λ
2
Après division par r , une seconde intégration fait apparaître une autre constante D,
ϱα 2 C
∀r ∈ [RL , RT ], T (r) = − r − +D . (2.5.3)
6λ r

#– #– #–
6. En r = RL , la continuité de j q s’écrit j q (RL− ) = j q (RL+ ). D’après l’équation (2.5.2)
#– #–
et la loi de Fourier, j q (r) = 0 , ∀r ∈ [0, RL ]. Ainsi,
< =
#– + #– dT (r) (2.5.3) ϱα 3
j q (RL ) = 0 ⇒ −λ =0 ⇒ C= RL .
dr R+ 3λ
L
50

En RT , la condition aux limites T (RT ) = Ts = 290 K permet d’accéder à D,


Chapitre 2. Transfert thermique

ϱα 2 ϱα RL 3 ϱα 2 ϱα RL 3
Ts = − RT − +D ⇒ D = Ts + RT + .
6λ 3λ RT 6λ 3λ RT
Finalement, l’expression du profil de température au sein de la lithosphère est
+ ,
ϱα ! 2 " ϱα 3 1 1
∀r ∈ [RL , RT ], T (r) = Ts − r − RT 2 − RL − . (2.5.4)
6λ 3λ r RT

7. D’après la relation (2.5.2), Tc = T (0) = T (RL− ). La continuité de la température


en RL impose que T (RL− ) = T (RL+ ), dont l’expression peut être calculée à partir de
l’équation (2.5.4),
+ ,
ϱα 2 2 ϱα 1 1
Tc = T (0) = Ts + (RT − RL ) + − ⇒ Tc = 74 · 103 K .
6λ 3λ RT RL
Cette valeur est largement supérieure à l’ordre de grandeur communément admis dans
la communauté scientifique (Tc comprise entre 5 et 6 · 103 K). Cela tient à la grande
simplicité du modèle présenté ici. En particulier, les phénomènes convectifs dans le
noyau liquide de la Terre ne sont pas pris en compte. Or, ils assurent un transport de
l’énergie bien plus efficace que la seule conduction.
% dT & ϱα C
8. À la surface, =− RT + . Compte tenu de l’expression de C,
dr r=RT 3λ RL 2
+ ,
dT ϱα
= (RL 3 − RT 3 ) = −3,4 · 10−2 K · m−1 .
dr r=RT 3λRT 2

Dans les premiers kilomètres en partant du sol, la température augmente d’environ


34 degrés par kilomètre de profondeur, comme le montrent les forages miniers. Le
2
flux thermique global sortant de la Terre est donné par φ(RT ) = 4πRT jq (RT ), où
! dT " 13
jq = −λ dr r=RT . Cela donne φ(RT ) = 7,0 · 10 W . Cette puissance de 70 TW
(térawatts) est énorme. Elle correspond à environ 700 fois la production d’énergie
électrique de la France lors des pics de consommation (environ 100 GW). La valeur
admise pour φ(RT ) dans la communauté scientifique est comprise entre 43 et 49 TW.
La surestimation de cette valeur vient encore de la simplicité du modèle de l’énoncé.

2.6. Ondes thermiques dans le sol ★


Cet exercice est destiné à comprendre comment les variations périodiques (jour-
nalières ou saisonnières) de température à la surface de la terre diffusent dans le
sous-sol. Les variations de température au niveau du sol se font autour d’une valeur
moyenne T0 , ont une amplitude θ0 et une pulsation temporelle ω. La température
au sol est alors modélisée par la forme T0 + θ0 cos(ωt). Il s’agit de la modélisation
la plus simple d’un phénomène périodique : ce sont les deux premiers termes d’une
série de Fourier. Le sous-sol est modélisé comme un milieu semi-infini homogène
dont le coefficient de diffusion thermique, uniforme, est noté D. En prenant un axe
x vertical vers le bas, ayant pour origine la surface, on cherche la température du
sous-sol sous la forme T (x,t) = T0 + θ(x,t), θ étant à déterminer.
51

1. Donner l’équation aux dérivées partielles vérifiée par θ.


2. À la grandeur θ réelle, on associe la grandeur complexe θ(x,t) = f (x) exp(jωt),

Exercice 2.6. Ondes thermiques dans le sol


telle que θ = Re(θ), où Re désigne la partie réelle. Donner l’équation différentielle
vérifiée par f ainsi que sa solution générale.
3. Déterminer les deux constantes d’intégration de la solution à l’aide des conditions
aux limites.
4. En revenant en notation réelle, déterminer alors la solution complète au problème
de départ. Interpréter physiquement cette solution.
5. Tracer θ en fonction de x pour un instant fixé. Sachant que le coefficient de
diffusion est D ≃ 6 · 10−7 m2 · s−1 , calculer les valeurs pertinentes pour T = 1 jour
et T = 1 an.
6. Calculer à partir de quelle profondeur les variations annuelles de température,
dont l’amplitude au sol est θ0 = 20 ◦ C, provoquent des variations de température
dont l’amplitude est inférieure à 2 ◦ C. Donner un exemple d’application des valeurs
numériques trouvées.

! Corrigé

1. En faisant un bilan d’énergie sur une tranche d’épaisseur dx du sol entre deux
instants t et t + dt très proches, on établit l’équation de diffusion thermique libre
∂T ∂2 T
∂t = D ∂x2 (voir exercice 2.1 page 35 pour l’établissement de cette équation). En
remplaçant T par son expression T0 + θ(x,t) dans cette équation, la constante T0
∂θ ∂2θ
disparaît et il reste l’équation aux dérivées partielles vérifiée par θ, =D 2 .
∂t ∂x

2. Dans cette équation (qui est linéaire), on pose 1 θ(x,t) = f (x) exp(jωt), ce qui donne
d2 f
jω f (x) exp(jωt) = D 2 exp(jωt). On comprend alors le double intérêt de la forme
dx
de solution proposée :

! comme toujours dans les problèmes linéaires, les exponentielles complexes exp(jωt)
se simplifient ;
! les dérivées partielles deviennent des dérivées droites car f n’est fonction que d’une
variable.

On arrive à une équation différentielle ordinaire vérifiée par f , ce qui est plus simple
à résoudre que l’équation aux dérivées partielles de départ,

d2 f jω
− f (x) = 0 .
dx2 D
Il s’agit d’une équation différentielle linéaire à coefficients (complexes) constants.

1. Une solution de la forme f (x) × g(t) est dite à variables séparées. La séparation de variables fonctionne
bien dans les équations faisant intervenir un laplacien.
52

Méthode Équation différentielle linéaire homogène


Chapitre 2. Transfert thermique

Pour résoudre une équation différentielle linéaire homogène (i.e. sans second
membre) à coefficients (réels ou complexes) constants, on applique la méthode
suivante en respectant scrupuleusement l’ordre indiqué.
1. On cherche les solutions sous la forme A exp(rx), où x est la variable et où
r est à déterminer.
2. En injectant cette forme dans l’équation différentielle, on obtient un poly-
nôme en r appelé polynôme caractéristique associé à l’équation différentielle.
3. Les racines (réelles ou complexes) de ce polynôme sont les r convenables.
On les note r1 , r2 , etc.
4. Par linéarité de l’équation différentielle, toute combinaison linéaire de solu-
tions est encore solution (théorème de superposition). Ainsi, la solution générale
est de la forme
f (x) = A1 exp(r1 x) + A2 exp(r2 x) + . . .
où les coefficients A1 , A2 , etc. peuvent être complexes.
5. On détermine les coefficients A1 , A2 , etc. en utilisant les conditions aux
limites.

On cherche ses solutions sous la forme A exp(rx), ce qui conduit au polynôme carac-
jω jω
téristique r2 − = 0 ⇐⇒ r2 = . Les racines r de cette équation sont donc les
D D
racines carrées complexes du nombre complexe jωD.

Méthode Racines carrées d’un nombre complexe

Pour trouver les racines carrées d’un nombre complexe z, le plus pratique est de
mettre celui-ci sous la forme exponentielle complexe.
1. On écrit ce nombre sous la forme z = |z| exp[j(θ + 2kπ)], où θ = arg(z) et
k ∈ Z.
2. Extraire ses racines carrées, notées w, revient à élever cette écriture à la
puissance 1/2, soit w = |z|1/2 exp(jθ/2) exp(jkπ). Comme exp(jkπ) = ±1, il y
a deux valeurs possibles (opposées) pour w.
En résumé, tout nombre complexe non nul admet deux racines carrées opposées,
w± = ±|z|1/2 exp(jθ/2).

% π& ω

On écrit D sous forme exponentielle, r2 = exp j , puis on l’élève à la puis-
1 2 D
% π & ω
sance 1/2 pour obtenir r = ± exp j . Enfin, on revient à la notation complexe
4 D 1
1+j ω
« a + jb » en transformant l’exponentielle complexe, r = ± √ . Le coefficient
3 2 D
D
de diffusion thermique D étant en m2 · s−1 , et ω en s−1 , ω est homogène à une
3
1+j
longueur. On pose donc L = 2D ω , ce qui permet d’écrire r = ± L pour la suite.
53
% & % &
Finalement, f (x) = A exp − 1+j
L x + B exp 1+j
L x , où A et B sont deux constantes

Exercice 2.6. Ondes thermiques dans le sol


complexes d’intégration à déterminer par les conditions aux limites.
3. Il faut deux conditions aux limites car il y a deux constantes d’intégration. La
plus simple à utiliser est en x % → +∞ & où la température! doit rester bornée. Cela
"
impose B = 0 car le terme exp 1+j L x a pour module exp x
L , qui tend vers l’infini.
Cela ferait diverger
% la& température, ce qui n’a pas de sens physique. Il reste donc
f (x) = A exp − 1+j
L x . L’autre condition aux limites est donnée par la température
au niveau du sol,
T (x = 0,t) = T0 + f (x = 0) exp(jωt) = T0 + θ0 exp(jωt) .

En identifiant les coefficients dans la dernière égalité, f (x = 0) = θ0 ⇒ A = θ0 .


! "
4. Finalement, la solution est f (x) = θ0 exp − 1+ L x et la température complexe
s’écrit % x& : % x &;
T (x,t) = T0 + θ0 exp − exp j ωt − . (2.6.1)
L L

Méthode Retour à la notation réelle

Avant de revenir à la partie réelle, il est toujours plus simple de séparer les expo-
nentielles dont l’argument est réel de celles donc l’argument est imaginaire pur,
comme dans l’équation (2.6.1).

! " ! "
La partie réelle de T est donc T (x,t) = T0 + θ0 exp − Lx cos ωt − Lx . Le terme
! "
cos ωt − Lx correspond à un terme de propagation. La vitesse de phase v de cette
onde est donnée par
x 1 dx √
ωt − = cte ⇒ ω dt − dx = 0 ⇒ v = = L ω ⇒ v = 2Dω .
L L dt
La vitesse de phase dépend de la pulsation : la propagation des ondes thermiques
dans le sol est dispersive. La vitesse de phase décroît avec la fréquence du phéno-
mène. Ainsi, les variations journalières de température pénètrent plus vite dans le sol
déf.
que les variations annuelles. La longueur d’onde λ vérifie λ = vT , où T = 2π ω est la
3
période temporelle, donc λ = L ωT = 2πL ⇒ λ = 2π 2D ω . Cette onde thermique
! x"
est amortie exponentiellement dans l’espace (facteur exp − L ), la longueur typique
3
d’amortissement étant L = 2D ω . Par conséquent, les variations journalières de tem-
pérature pénètrent moins profondément dans le sol que les variations annuelles : le
sol a un comportement de filtre passe-bas ; il a une certaine inertie thermique
et ne « suit » pas les variations de température trop rapides.
5. Le tracé de la solution à un instant fixé est donné sur la figure 2.6.1. Il s’agit d’une
sinusoïde, de valeur moyenne T0 , amortie par une enveloppe exponentielle. L’aspect
sinusoïdal est peu visible car la longueur d’amortissement L est plus faible que la
longueur d’onde λ = 2πL.
54
T (x, t)
!x
"
T0 + θ0 T0 + θ0 exp − L
Chapitre 2. Transfert thermique

Fig. 2.6.1. Profil


de température
T0 dans le sol.
1 2 3 4 5 6 7 x
L

!x
"
T0 − θ0 T0 − θ0 exp − L

Avec les valeurs données, les longueurs d’amortissement sont L ≃ 13 cm pour les
variations journalières et L ≃ 2,5 m pour les variations annuelles.
6. On note xc la profondeur à partir de laquelle les variations de température sont
inférieures à ∆θ = 2 ◦ C alors que l’amplitude thermique au niveau du sol est
θ0 = 20 ◦ C. La profondeur xc vérifie l’équation
% x & ∆θ
c
θ0 exp − = ∆θ ⇒ xc = −L ln ≃ 5,7 m .
L θ0
Les caves enterrées à une profondeur suffisamment grande (ici, 5,7 m) sont donc peu
sensibles aux variations de température de la surface, ce qui permet de conserver le
vin dans de bonnes conditions (température constante).
Les installations de chauffage géothermique utilisent également la constance de la
température du sol extérieur. Un tel système est une pompe à chaleur équipée d’un
circuit de fluide caloporteur circulant entre deux sources thermiques : la maison et le
sous-sol du jardin. L’hiver, le système puise de l’énergie thermique dans le sous-sol
du jardin et la transfère vers la maison (chauffage de la maison). L’été, le système
peut fonctionner en puisant de l’énergie thermique dans la maison et en l’envoyant
vers le sous-sol du jardin (climatisation de la maison). L’utilisation du sous-sol du
jardin plutôt que de l’air atmosphérique ambiant en tant que source thermique est
judicieuse pour deux raisons.
! Le sous-sol a une température quasi constante contrairement à l’air ambiant (en
particulier grâce aux eaux de pluie). En hiver, il est plus facile de puiser de l’énergie
thermique dans un sous-sol à environ +10 ◦ C que dans un air pouvant descendre à
−10 ◦C. De même, l’été (fonctionnement en climatisation), il est plus facile d’évacuer
de l’énergie thermique vers le sous-sol à environ +10 ◦ C plutôt que dans l’air ambiant
qui peut atteindre +40 ◦ C.
! L’air ambiant peut être humide. Il peut donc y avoir givrage au niveau d’un échan-
geur avec l’air ambiant lorsque la pompe à chaleur prélève de l’énergie thermique à
l’air extérieur pour chauffer la maison. Or, le givre est mauvais conducteur thermique
et diminue l’efficacité des échanges.
Remarques
! Dans la réalité, il y a superposition des différentes excitations thermiques au niveau
du sol. Ainsi, la température au niveau du sol devrait plutôt s’écrire
T (x = 0,t) = T0 + T1 cos(ω1 t) + T2 cos(ω2 t) ,
où ω1 et ω2 sont les pulsations temporelles des variations annuelles et journalières
respectivement. Cela ne change rien à l’étude qui vient d’être faite car l’équation de
55

diffusion est linéaire. On peut donc la résoudre séparément pour chaque type d’excita-
tion. La solution complète sera la somme des solutions obtenues séparément (théorème

Exercice 2.7. Coulée de lave


de superposition). Pour affiner le modèle, on peut, au lieu de modéliser les variations
annuelles par une température sinusoïdale, modéliser par une série de Fourier. Par
linéarité, chaque terme de la série est alors traité séparément par l’équation de diffu-
sion.
! Cette étude est analogue à celle de l’effet de peau électromagnétique. Lors de la
réflexion d’une onde électromagnétique#– sur un métal, le champ magnétique dans le
#–
métal obéit à l’équation de diffusion ∂∂tB = D △B, où D = µ10 γ , γ étant la conducti-
vité du
3 métal. La longueur d’amortissement typique, appelée épaisseur de peau, est
2
L = µ0 σω , où ω est la pulsation de l’onde incidente. La longueur L a la même
décroissance en √1 que pour la diffusion thermique.
ω

2.7. Coulée de lave ★★


Suite à une éruption volcanique sous-marine, une coulée de roche en fusion de
largeur et de hauteur ℓ s’écoule à vitesse constante #– u x le long d’une faible
v = v #–
pente d’axe (O, u x ). On note respectivement λ, ϱ et c la conductivité thermique,
#–
la masse volumique et la capacité thermique massique de la lave.
À sa sortie en x = 0, la lave est à la température T (x = 0) = Tc . Lors de sa progres-
sion, la lave se refroidit au contact de l’eau de mer. On suppose la température de
l’eau de mer constante, uniforme, et égale à T0 . Les échanges thermiques à travers
une surface élémentaire d’aire dS entre la roche en fusion et l’eau suivent la loi de
Newton,
δQ
= h [T (x) − T0 ] dt
dS
On néglige les transferts thermiques entre la lave et la roche solide sur laquelle elle
coule. Au bout d’une distance x1 , la roche en fusion atteint son point de solidifi-
cation (Tf , avec Tc > Tf > T0 ). Apparaît alors une zone visqueuse de longueur d,
dans laquelle la roche se solidifie et continue son mouvement à vitesse constante
(voir figure 2.7.1).
1. Effectuer un bilan d’énergie sur une tranche de lave liquide, de section S = ℓ2 ,
comprise entre x et x+dx à l’instant t. En déduire l’équation aux dérivées partielles
vérifiée par T (x,t). Comment se simplifie cette équation si :
! la lave est au repos ;
! le régime est permanent ?
On se place dans toute la suite en régime permanent.
2. Estimer, en fonction des données, l’expression de la valeur critique vc de la vitesse
v d’écoulement de la lave en dessous de laquelle on peut se permettre de négliger
le mouvement de la coulée.
3. On suppose que l’on peut négliger le mouvement de la lave (v ≪ vc ). Déterminer
T (x), pour x ∈ [0,x1 ].3On fera l’hypothèse (dont on pourra discuter la validité a
déf. λℓ
posteriori) x1 ≫ δ = 3h.
4. On note Lf l’enthalpie massique de fusion des roches. En raisonnant sur la zone
visqueuse où a lieu la solidification de la lave à la température Tf , exprimer d en
fonction des données.
56

zone front
roche en fusion, fluide visqueuse solide
Chapitre 2. Transfert thermique

section S = ℓ 2

O x1 x1 + d x

Fig. 2.7.1. Schématisation d’une coulée de lave.

! Corrigé
1. Comme toujours pour établir une équation aux dérivées partielles sur T (x,t), on
raisonne sur le système de volume dτ = S dx, compris entre les abscisses x et x + dx
à l’instant t, puis on lui applique le premier principe de la thermodynamique entre
les instants t et t + dt.

Méthode Système mobile et fermé

Pour lui appliquer le premier principe, le système choisi (la tranche de lave, ici)
doit être fermé. Or, la lave est en mouvement. Il faut donc suivre par la pensée
ce système dans son mouvement. La position de la tranche est x(t) à l’instant t
et x(t + dt) = x(t) + v dt à l’instant t + dt. Sa variation de température entre les
deux instants s’écrit donc
dT = T [x(t + dt),t + dt] − T [x(t),t] . (2.7.1)

La lave étant une phase condensée incompressible, le travail des actions de pression
est nul. Les mouvements étant lents, on ne prend pas en compte l’énergie cinétique.
Le premier principe se résume à « dU = δQ », soit δC dT = δQ, où δC = ϱS dx c est
la capacité thermique de la tranche. En utilisant la relation (2.7.1),
ϱ S dx c[T (x + v dt, t + dt) − T (x,t)] = δQ
< =
∂T ∂T
⇒ ϱ S dx c v dt + dt = δQ . (2.7.2)
∂x ∂t
Le transfert thermique δQ total reçu par le système considéré entre les instants t et
t + dt peut se décomposer en :

! le transfert thermique reçu à travers les sections d’aire S = ℓ2 du système situées


en x et en x + dx à l’instant t ;
! le transfert conducto-convectif à travers la surface latérale du système, d’aire
dSlat = 3 ℓ dx, car seuls trois côtés sont en contact avec la mer (le bas est en contact
avec le fond de la mer).
57

Attention Direction des transferts thermiques

Exercice 2.7. Coulée de lave


Le champ de température envisagé ne dépend spatialement que de x. Cela suggère
des transferts thermiques par diffusion selon #– u x seulement. En réalité, il y a aussi
des transferts latéraux (selon #–
u y et #–
u z ). En toute rigueur, il faudrait envisager un
champ de la forme T (x,y,z,t), mais cela compliquerait énormément les équations
aux dérivées partielles.
On garde donc le champ simple T (x,t) et on tient compte du terme d’échange
latéral sous la forme de la loi de Newton donnée par l’énoncé.

δQ = [j(x,t) − j(x + dx,t)] ℓ2 dt − h [T (x,t) − T0 ] 3 ℓ dx dt (2.7.3)


La loi de Fourier s’écrit j(x,t) = −λ ∂T∂x
(x,t)
, donc
∂j(x,t) ∂ 2T
j(x,t) − j(x + dx,t) = − dx = λ dx . (2.7.4)
∂x ∂x2
En combinant les relations (2.7.2), (2.7.3) et (2.7.4), puis en simplifiant par dx et dt,
on obtient
< =
2 ∂T ∂T ∂2T 2
ϱℓ c +v =λ ℓ − 3 h ℓ [T (x,t) − T0 ] . (2.7.5)
∂t ∂x ∂x2

Pour la lave au repos, v = 0, donc l’équation (2.7.5) devient

∂T ∂2T
ϱ ℓ2 c (x,t) = λ (x,t) ℓ2 − 3 h ℓ [T (x,t) − T0 ] .
∂t ∂x2
Pour un écoulement de lave en régime stationnaire, ∂T∂t = 0. La température ne dépend
plus que de x, donc les dérivées partielles deviennent des dérivées totales (écrites avec
des « d » droits) et l’équation (2.7.5) devient

dT d2 T
ϱ ℓ2 c v = λ 2 ℓ2 − 3 h ℓ [T (x,t) − T0 ] . (2.7.6)
dx dx

2. Le régime est supposé permanent, donc on utilise l’équation (2.7.6). Pour que le
mouvement de la coulée soit considéré comme négligeable, il faut pouvoir négliger le
terme contenant la vitesse v devant chacun des deux autres dans l’équation (2.7.6). En
introduisant une longueur caractéristique δ sur laquelle la variation de température
s’écrit ∆T , on procède à une estimation dimensionnelle de chaque terme selon la
méthode présentée page 279,
dT d2 T
ϱ ℓ2 c v = λ 2 ℓ2 − 3 h ℓ [T (x,t) − T0 ] .
' () dx* ' dx () * ' () *
∆T ∆T
3 h ℓ∆T
ϱ ℓ2 c v δ λ δ2
ℓ2

Négliger le membre de gauche implique que les deux termes du membre de droite sont
du même ordre de grandeur, sinon il ne resterait plus qu’un terme dans l’équation,
donc
1
∆T 2 λℓ
λ 2 ℓ ∼ 3 h ℓ ∆T ⇒ δ∼ .
δ 3h
58

On veut négliger le premier membre devant un des deux autres termes, soit

Chapitre 2. Transfert thermique

2 ∆T ∆T 2 3λhℓ
ϱℓ cv ≪λ 2 ℓ ⇒ v ≪ vc = .
δ δ ϱc

3. Pour v ≪ vc , l’équation (2.7.6) se simplifie en

d2 T 2 d2 T 1 1
λ ℓ − 3 h ℓ [T (x) − T0 ] ≃ 0 ⇒ − 2 T ≃ − 2 T0 .
dx2 dx2 δ δ
La solution est de la forme
T (x) = A exp(x/δ) + B exp(−x/δ) + T0 , ∀x ∈ [0, x1 ] .
Pour x1 ≫ δ, si A est non négligeable, la température peut prendre des valeurs très
élevées lorsque x → x1 . Cette situation non physique est à rejeter, donc A = 0 si
x1 ≫ δ. On adopte donc une solution simplifiée, T (x) ≃ B exp(−x/δ) + T0 . Avec la
condition aux limites T (0) = Tc , on obtient

T (x) ≃ T0 + (Tc − T0 ) exp(−x/δ) , ∀x ∈ [0, x1 ] .


En x = x1 , T ≃ Tf , donc
Tc − T0
x1 ≃ δ ln .
Tf − T0
4. On effectue un bilan macroscopique d’enthalpie sur une tranche de lave de lon-
gueur d délimitée par les sections d’entrée A et de sortie B à l’instant t. On suit cette
tranche dans son mouvement (système fermé). Elle devient [A′ B ′ ] l’instant t + dt.
Le régime étant permanent, un bilan d’enthalpie donne (voir encadré « Méthode »
page 61)
HBB ′ − HAA′ = δm (hB − hA ) ,
' () *
−Lf

où δm = ϱ ℓ 2 v dt est la masse qui s’écoule durant dt, et hB − hA = −Lf par définition


de l’enthalpie de fusion.
Dans la zone [AB] = [x1 , x1 + d] où le changement d’état a lieu, on suppose la
température uniforme égale à la température de solidification Tf . Ainsi, il n’y a pas
de diffusion thermique au sein de la lave. Les seuls échanges thermiques se font entre
la lave et la mer, δQ = −h (Tf − T0 ) 3 ℓ d dt.
Le premier principe appliqué au système s’écrit « dH = δQ », soit
ϱ Lf ℓ v
h (Tf − T0 ) 3 ℓ d dt ∼ ϱ ℓ 2 v dt Lf ⇒ d∼ .
3 h (Tf − T0 )
Chapitre 3
S YST ÈMES OUVER TS

3.1. Premier principe industriel ★


Un fluide, éventuellement compressible, est en écoulement permanent avec le débit
massique Dm à travers une machine lui fournissant algébriquement une puissance
mécanique PW et thermique PQ (ces puissances peuvent être positives ou néga-
tives). Il entre dans la machine avec la vitesse débitante #–
v A (vitesse moyenne sur
la section du tuyau) à l’altitude zA et en sort avec la vitesse #–
v B à l’altitude zB
(voir figure 3.1.1).

z vB
#–

zB

g
#–
vA
#–

zA

Fig. 3.1.1. Machine thermique. Le fluide reçoit, de la part de la machine, de l’énergie


mécanique via des pièces mobiles, comme une roue à augets, par exemple, et de l’énergie
thermique via un brûleur, par exemple.

L’action de la pesanteur est à prendre en compte. On note PA et PB les pressions du


fluide à l’entrée et à la sortie de la machine, et SA et SB les sections correspondantes.
En appliquant le premier principe de la thermodynamique à un système bien choisi,
établir la relation
Dm [(hB − hA ) + (ecB − ecA ) + (epB − epA )] = PW + PQ ,
où :
! h désigne l’enthalpie massique ;
! ec = 12 v 2 est l’énergie cinétique massique ;
! ep = gz est l’énergie potentielle massique de pesanteur.

! Corrigé

Méthode Système fermé

Les lois de la mécanique et de la thermodynamique sont énoncées uniquement


pour des systèmes fermés (lois de la quantité de mouvement, du moment cinétique,
de l’énergie cinétique, premier et deuxième principes de la thermodynamique). On
raisonne donc toujours dans un système fermé (de masse constante) bien choisi,
que l’on suit par la pensée dans ses mouvements et déformations.
60

On travaille dans le référentiel (galiléen) du bâti de la machine. Le système d’étude S


choisi est l’ensemble du fluide compris entre les sections A et B à l’instant t, et entre
Chapitre 3. Systèmes ouverts

les sections A′ et B ′ à l’instant t+dt (voir figure 3.1.2). C’est un système fermé (masse
constante).
z vB dt
#–

zB

B B′

g
#–
vA dt
#–

zA

A A′
Fig. 3.1.2. Machine thermique à écoulement permanent. Le système choisi est une
portion du fluide comprise entre A et B à l’instant t, et entre A′ et B ′ à l’instant t + dt.

Le graphe de structure (voir figure 3.1.3) de l’ensemble du dispositif résume les prin-
cipaux échanges thermiques et mécaniques.
Le carter ne fournit pas de travail au fluide , comme expliqué ci-après.

Rappel Seules les parties mobiles des machines travaillent

Par viscosité, le fluide adhère aux parties fixes d’une machine (parois, par
#–
exemple), donc #– v (M ∈ fluide) = 0 pour tout point M du fluide au contact de la
#–
paroi. Celle-ci exerce sur M une force élémentaire dF M . La puissance élémentaire
#–
qu’elle fournit au fluide est, par définition, dP = dF M · #–
v (M ∈ fluide) = 0. Ainsi,
la puissance totale fournie par la paroi (ou une partie fixe quelconque) d’une
machine à un écoulement est nulle.

source pièces
thermique mobiles
PQ dt PW dt

{fluide AB à t} = δWB
fluide amont fluide aval
{fluide A′ B ′ à
(pression PA ) δWA (pression PB )
t + dt}
δWg
Q=0 g
#–
W=0

carter
AB ′

Fig. 3.1.3. Graphe de structure. Bilan des échanges énergétiques durant dt.
61

Le premier principe appliqué au système entre les deux instants voisins t et t + dt


s’écrit

Exercice 3.1. Premier principe industriel


dU + dEc = δWA + δWB + δWg + PW dt + PQ dt. (3.1.1)
Le travail de pression fourni par le fluide amont est
#– # –
δWA = FA · AA′ = +PA SA vA dt . (3.1.2)
# –′
Le signe « plus » vient du fait que le déplacement AA est de même sens que la
#–
force F A de pression (travail moteur). Le travail fourni par le fluide aval est résistant,
d’où le signe « moins »,
#– # –
δWB = FB · BB ′ = −PB SB vB dt . (3.1.3)

Méthode Grandeur extensive et bilan macroscopique

Les grandeurs extensives courantes sont la masse, la quantité de mouvement, le


moment cinétique, l’énergie cinétique, l’énergie interne et l’entropie.
Soit G(S ,t) une grandeur extensive se rapportant au système S à l’instant t. En
notant g(M,t) le champ de la grandeur massique (intensive) associée,
˚
G(S ,t) = g(M,t) dm ,
M∈S (t)

où dm est la masse d’un élément mésoscopique centré sur le point M . Cette


intégrale peut dépendre du temps pour deux raisons.
! Le domaine spatial d’intégration S dépend du temps si le système considéré
bouge et/ou se déforme.
! Si le régime n’est pas permanent, le champ g(M,t) dépend du temps.
Souvent, les situations étudiées sont en régime permanent (stationnaire est un
synonyme), donc g ne dépend que de l’espace. Dans ce cas, seul le domaine d’in-
tégration dépend du temps. À un instant donné, on peut simplifier l’écriture avec
des notations. Par exemple, si S est compris entre les sections A et B à l’instant t,
˚
G(S ,t) = g(M ) dm .
M∈[AB]

Cette écriture ne fait pas apparaître le temps explicitement (celui-ci est caché dans
les positions des points A et B). On peut donc noter cette grandeur GAB . Cela
permet de faire des décompositions par la relation de Chasles sur les intégrales.
Par exemple, on fait intervenir A′ , situé entre A et B,
GAB = GAA′ + GA′ B .
Un bilan de G, grandeur extensive, permet d’exprimer simplement la dérivée
temporelle de G pour un système mobile et déformable. En prenant des notations
[AB] et [A′ B ′ ] comme sur la figure 3.1.2,
G(S ,t) = GAB = GAA′ + GA′ B
(3.1.4)
G(S ,t + dt) = GA′ B ′ = GA′ B + GBB ′ .
62

Méthode (suite)
Chapitre 3. Systèmes ouverts

Par définition, la dérivée de G est la limite du taux d’accroissement


dG G(S ,t + dt) − G(S ,t)
= .
dt dt
Si le régime est permanent, on peut décomposer les deux termes du numérateur
par les expressions (3.1.4) et il reste simplement
dG GBB ′ − GAA′
= .
dt dt

La masse est une grandeur extensive. On peut donc appliquer la technique de bilan à
la masse (constante) du système (fermé) choisi,
dm mBB ′ − mAA′
= = 0.
dt dt
Ainsi mAA′ = mBB ′ : durant un intervalle de temps donné, il entre autant de fluide
dans la machine qu’il n’en sort, ce qui est cohérent avec la permanence de l’écoulement
(la masse contenue dans la machine est constante). Pour la suite, on note δm =
mAA′ = mBB ′ .
L’énergie potentielle de pesanteur, définie comme Ep = M∈S δm gz, est une gran-
˝

deur extensive par construction. Pour exprimer le travail du poids, on procède par un
bilan d’énergie potentielle de pesanteur. Cela donne la décomposition suivante, dans
laquelle le temps n’intervient pas, car il est déjà pris en compte dans les indices A
et B de position,
Ep A′ B ′ = Ep A′ B + Ep BB ′ et Ep AB = Ep AA′ + Ep A′ B
donc δWg = Ep AA′ − Ep BB ′ = δm gzA − δm gzB . (3.1.5)
L’énergie
˝ interne est (approximativement) extensive. Elle est construite comme
U = M∈S
u(M,t) δm, où u(M,t) est le champ d’énergie interne massique. Ici, ce
champ est indépendant du temps car l’écoulement est permanent, donc l’énergie in-
terne du système ne dépend que du domaine S d’intégration. On peut décomposer U
à chaque instant, sans préciser le temps comme cela a été fait pour l’énergie potentielle
de pesanteur,
U (t + dt) = UA′ B ′ = UA′ B + UBB ′ et U (t) = UAB = UAA′ + UA′ B (3.1.6)
donc dU = UBB ′ − UAA′ = δm (uB − uA ) .
L’énergie cinétique Ec = M∈S 12 δm v 2 (M,t) est extensive par construction. On peut
˝
donc faire le même raisonnement,
+ ,
1 2 1 2
dEc = δm vB − vA . (3.1.7)
2 2
En insérant les équations (3.1.2) à (3.1.7) dans (3.1.1), le premier principe s’écrit
1 2 2
δm (uB − uA ) + δm (vB − vA )
2 (3.1.8)
= PA SA vA dt − PB SB vB dt + δm g(zA − zB ) + PW dt + PQ dt .
63

Les grandeurs SA vA dt et SB vB dt représentent les volumes élémentaires balayés par


les parois fictives délimitant les frontières du système, lors de leurs déplacements

Exercice 3.1. Premier principe industriel


# – # –
respectifs AA′ = #–vA dt et BB ′ = #–
vB dt. En faisant intervenir les volumes massiques
(inverses des masses volumiques) notés VA et VB , cela s’écrit
SA vA dt = δm VA et SB vB dt = δm VB
et la relation (3.1.8) devient
1 2 2
δm [(uB + PB VB ) − (uA + PA VA )] + δm (vB − vA )
' () * ' () * 2
hB hA (3.1.9)
= + δm g(zA − zB ) + (PW + PQ ) dt .

Rappel Enthalpie

Pour un système uniforme en pression, la grandeur énergétique H = U +P V , où U


est l’énergie interne et V le volume, s’appelle l’enthalpie du système. L’enthalpie
est une fonction d’état (approximativement) extensive.

! Les enthalpies massiques locales hA = uA +PA VA et hB = uB +PB VB apparaissent


naturellement dans la relation (3.1.9).
! Les grandeurs 21 vA
2
et 21 vB
2
sont des énergies cinétiques massiques, notées ecA et ecB .
! La grandeur gz est l’énergie potentielle massique de pesanteur à l’altitude z, notée
ep = gz. Si des actions conservatives autres que le poids avaient fourni du travail
au système, les énergies potentielles massiques dont elles dérivent pourraient être
groupées dans ep .
δm
En divisant la relation (3.1.9) par dt, on fait apparaître le débit massique Dm = dt
et le premier principe s’écrit finalement
Dm [(hB − hA ) + (ec B − ec A ) + (ep B − ep A )] = PW + PQ . (3.1.10)

Cette relation, qui lie les grandeurs en amont et aval d’une machine thermique lors
d’un écoulement permanent, est une traduction du premier principe appliquée au
fluide. On l’appelle parfois « premier principe industriel ».

Attention Puissance indiquée PW

Par construction, la variation d’enthalpie massique hB − hA tient déjà compte


des travaux de pression exercés par l’amont et l’aval. La variation d’énergie po-
tentielle tient déjà compte des travaux des actions conservatives. La puissance
PW tient donc compte des seuls travaux n’entrant pas dans les deux premières
catégories. Il s’agit des travaux fournis par les parties mobiles de la machine au
fluide (action d’une pompe, d’une hélice, d’une roue à augets, etc.). On l’appelle
puissance indiquée, car c’est celle qui serait indiquée par un puissance-mètre
sur la machine.
64

3.2. Écoulement supersonique ★


On étudie l’écoulement permanent d’un gaz sortant par exemple de la chambre de
Chapitre 3. Systèmes ouverts

combustion d’un réacteur d’avion, et s’écoulant à grande vitesse dans une tuyère
de section variable. L’évolution du gaz, considéré comme parfait, est adiabatique
et supposée réversible. La section S(x) de la tuyère est une fonction de l’abscisse x
repérée sur l’axe de révolution de la tuyère (voir figure 3.2.1). L’action de la pesan-
teur est négligée. Les variations de section de la tuyère sont suffisamment douces
pour que toutes les grandeurs intensives soient considérées comme uniformes sur
une section droite : elles ne dépendent que de x. De plus, la vitesse de l’écoulement
sera considérée comme parallèle à x. L’étude est menée dans le référentiel de la
tuyère, supposé galiléen. Le but est de montrer que, si le profil de la tuyère est bien
choisi, la vitesse de l’écoulement peut dépasser la célérité du son.

Fig. 3.2.1. Vue en coupe d’une tuyère.


S(xa ) S(xb ) x

a
b

1. En appliquant le premier principe de la thermodynamique à un système bien


choisi compris entre deux sections d’abscisses xA et xB à l’instant t, montrer que
cp (TA − TB ) = 12 (vB
2 2
− vA ), v étant la vitesse, T la température et cp la capacité
thermique massique à pression constante du gaz.
2. Exprimer la capacité thermique massique cp en fonction de la constante molaire
des gaz parfaits R, de la masse molaire M du gaz ! et
" de l’exposant adiabatique γ.
En déduire une relation entre dT , R, M , γ et d v 2 dans la tuyère.
3. Donner la différentielle logarithmique de la loi de Laplace exprimée en va-
riables (T,P ).
4. Exprimer la masse volumique du gaz en fonction de la température et de la
pression. Donner la différentielle logarithmique de cette expression.
5. Donner la différentielle logarithmique de la conservation du débit massique.
3
6. On admet que la célérité c du son dans un gaz parfait est donnée par c = γRT M .
À l’aide de toutes les relations différentielles établies précédemment, démontrer que
< =
dS v 2 dv
+ 1− 2 = 0 (théorème de Rankine-Hugoniot).
S c v

7. On rappelle que M = vc s’appelle le nombre de Mach. En distinguant les cas


M < 1 et M > 1, prévoir le sens de variation de la vitesse v(x) des gaz lorsque la
tuyère est convergente (si S diminue en fonction de x) et lorsqu’elle est divergente.
Les gaz chauds étant en écoulement subsonique à l’entrée de la tuyère, quel profil
doit-on donner à celle-ci pour générer un écoulement supersonique en sortie ?
8. Quel est l’intérêt d’un tel écoulement pour un réacteur d’avion, par exemple ?
65

! Corrigé
1. Dans le référentiel de la tuyère, on applique le premier principe à une portion

Exercice 3.2. Écoulement supersonique


de gaz (système fermé), comprise entre xA et xB à l’instant t et que l’on suit dans
son mouvement sur l’intervalle [t, t + dt]. Cela consiste à redémontrer le « premier
principe industriel » (voir exercice 3.1 page 59). Sachant que le système considéré ne
reçoit pas de transfert thermique ni de travail autres que
! 2ceux1des "gaz amont et aval,
la relation (3.1.10) (voir page 63) s’écrit (hB − hA ) + 21 vB 2
− 2 vA = 0, où h désigne
l’enthalpie massique.

Méthode Utilisation du premier principe industriel

Lors de l’étude d’une machine thermique, le premier principe industriel


Dm [(hB − hA ) + (ecB − ecA ) + (ep B − ep A )] = PW + PQ (3.2.1)
(établi page 63) permet de lier PW et PQ aux variations des propriétés thermody-
namiques (enthalpie massique h et vitesse V ) du fluide entre l’entrée et la sortie
de la machine.
Le but est en général de lier PW et PQ à des grandeurs directement mesurables,
ce qui n’est pas le cas de h (il n’existe pas « d’enthalpiemètre »). L’enthalpie h
n’est donc qu’un intermédiaire de calcul, ce qui conduit à une méthode en deux
temps.
1. Appliquer la relation (3.2.1) à la machine.
2. Par ailleurs, exprimer hB − hA .
! Si le fluide est à l’état de gaz (supposé parfait) à l’entrée et à la sortie,
hB − hA = cp (TB − TA ) ,
où cp est la capacité thermique massique à pression constante du gaz.
! Si le fluide est un liquide à l’entrée et à la sortie,
hB − hA = c(TB − TA ) ,
où c est la capacité thermique massique du liquide.
! Si le fluide a changé (partiellement ou totalement) d’état entre l’entrée et
la sortie, il faut imaginer une évolution (fictive) qui amène le fluide de l’état A
à l’état B, de manière à calculer hB − hA en faisant intervenir les grandeurs
mesurables nécessaires (température et pression, par exemple).
Pour l’étude pratique des machines thermiques, des diagrammes relatifs au
fluide considéré permettent de lire graphiquement hB − hA , ce qui évite des
calculs fastidieux.

Par ailleurs, un échantillon fermé de gaz parfait homogène vérifie la deuxième loi de
Joule dh = cp dT , ce qui s’intègre le long d’une évolution quasi stationnaire (pour
que T soit définie) fictive allant de l’état A à l’état B, en hB − hA = cp (TB − TA ).
L’enthalpie étant une fonction d’état, ses variations entre A et B ne dépendent pas
du chemin suivi pour aller de A à B. On peut donc identifier les deux expressions de
hB − hA , ce qui donne la relation demandée,
1 2 2
cp (TA − TB ) = (v − vA ) . (3.2.2)
2 B
66

2. La relation de Mayer s’écrit, en termes de capacités thermiques molaires,


Chapitre 3. Systèmes ouverts

cp − cv = R. En divisant cette relation membre à membre par la masse molaire M , les


R
capacités thermiques molaires deviennent massiques, donc cp − cv = M . Par ailleurs,
cp
l’exposant adiabatique du gaz est défini par γ = cv , donc
1 γR
cp = . (3.2.3)
M γ−1
1 γR 1 2 2
Les relations (3.2.2) et (3.2.3) donnent M γ−1 (TA − TB ) = 2 (vB − vA ). En faisant
tendre B vers A, les différences finies deviennent infinitésimales (différentielles),
1 γR 1 ! "
dT = − d v 2 . (3.2.4)
M γ−1 2

3. La loi de Laplace P 1−γ T γ = cte a pour différentielle logarithmique


dP dT
(1 − γ) +γ = 0. (3.2.5)
P T

Attention Réversibilité

L’énoncé indique que l’évolution du gaz est réversible. Cela signifie que, si on
filme l’évolution d’une particule mésoscopique de gaz et que l’on projette le film
à l’envers, alors on ne constate pas d’absurdité physique (critère de réversibilité).
En effet, sur le film à l’endroit, la particule avance en se détendant, alors qu’elle
recule en se comprimant sur le film à l’envers. La réversibilité de l’évolution justifie
l’application de la loi de Laplace.
En revanche, l’écoulement est globalement irréversible, car il se fait spontanément
des hautes pressions (sortie d’un réacteur d’avion, par exemple) vers les basses
pressions (air ambiant). Le film de l’écoulement global, projeté à l’envers, serait
absurde (irréversibilité).

ϱRT PM
4. L’équation d’état du gaz parfait sous forme locale s’écrit P = M , d’où ϱ = RT .
La différentielle logarithmique de cette expression est
dϱ dP dT
= − . (3.2.6)
ϱ P T

5. Le débit massique à travers une section S(x) s’écrit D(x) = ϱ(x)v(x)S(x). En ré-
gime permanent, il est indépendant de x, sinon il y aurait accumulation ou disparition
de matière en un endroit de la tuyère, donc ϱ(x)v(x)S(x) = D = cte. La différentielle
logarithmique s’écrit
dϱ dv dS
+ + = 0. (3.2.7)
ϱ v S

6. Pour établir une relation différentielle entre dv et dS, on fait d’abord apparaître
dv dans l’expression (3.2.4),
1 γR
dT = −v dv . (3.2.8)
M γ −1
67

Le système {(3.2.5), (3.2.6), (3.2.7), (3.2.8)} constitue un système de 4 équations liant


les cinq « variables » formelles dv, dT , dP , dϱ et dS. Il suffit d’éliminer dT , dP et dϱ

Exercice 3.2. Écoulement supersonique


pour obtenir la relation demandée. On élimine d’abord dP qui ne figure que dans les
deux équations (3.2.5) et (3.2.6),
dϱ 1 dT
− = 0. (3.2.9)
ϱ γ−1 T
Les relations (3.2.8) et (3.2.9) permettent d’éliminer dT ,
γRT dϱ
= −v dv . (3.2.10)
'M
() * ϱ
=c2

Enfin, les relations (3.2.7) et (3.2.10) permettent d’éliminer ϱ selon
v dv dS
− dv + + = 0,
c2 v S
d’où
dS 5 6 dv v
+ 1 − M2 = 0 avec M = (théorème de Rankine-Hugoniot) . (3.2.11)
S v c

7. L’écoulement est dit subsonique quand le nombre de Mach M est inférieur à 1


et supersonique si M > 1. À défaut de résoudre l’équation (3.2.11) de Hugoniot, on
peut l’utiliser pour prévoir le sens de variation de la vitesse v(x) en fonction de celui
de la section S(x).
! Si l’écoulement est subsonique (M < 1), alors une diminution de section (dS < 0)
provoque une accélération du fluide (dv > 0). Ce résultat est le même que pour un
écoulement incompressible.
! Si l’écoulement est supersonique (M > 1), c’est un élargissement de la tuyère
(dS > 0) qui provoque une accélération du fluide (dv > 0). Ce résultat, contre-
intuitif à cause de l’habitude des écoulements incompressibles, est ici dû au fait que
le gaz se détend. Les diverses relations différentielles établies permettent de prévoir
le comportement de T , P , ϱ le long de la tuyère.
La relation de Hugoniot est donc d’une grande importance pratique pour la mise au
point des tuyères de réacteurs. Pour accélérer le fluide tout le long de l’axe x, le profil
de la tuyère doit d’abord être convergent pour accélérer le fluide jusqu’à la vitesse
du son (M = 1), puis doit devenir divergent pour que le fluide continue d’accélérer.
Le point le plus étroit de la tuyère est appelé « col sonique ». On parle de tuyère
« convergente-divergente ».
8. En effectuant un bilan de quantité de mouvement, on montre que la poussée délivrée
par un réacteur d’avion est égale à Dm ( #– v s ), où Dm est le débit massique de
v e − #–
gaz et v e et v s sont les vitesses d’entrée et de sortie du gaz dans le référentiel du
#– #–
réacteur. Il faut donc que le réacteur accélère le plus possible le gaz pour avoir une
grande poussée.
68

3.3. Deuxième principe pour un écoulement ★


On considère un écoulement permanent de débit massique Dm à travers une ma-
Chapitre 3. Systèmes ouverts

chine (turbine, compresseur, pompe, etc.) dont le carter est maintenu à la tempéra-
ture Text . Lors de la traversée de la machine, le fluide reçoit la puissance thermique
algébrique PQ . Les parties mobiles de la machine fournissent à l’écoulement la
puissance mécanique PW (puissance indiquée). On note sA et sB les entropies mas-
siques de l’écoulement en amont et aval de la machine. À l’aide d’un bilan d’entropie
(deuxième principe) sur un système fermé à préciser, établir le « deuxième principe
industriel », dans lequel on note δSdt la quantité d’entropie créée par unité de temps
c

dans l’écoulement traversant la machine.


! Corrigé
On raisonne sur le même système fermé que dans l’exercice 3.1 page 59 (voir
figure 3.1.2 page 60).
L’écoulement est permanent et l’entropie est une grandeur extensive. On peut donc
réaliser un bilan d’entropie comme indiqué dans l’encadré « Méthode » de la page 61.
L’entropie du système aux deux instants s’écrit
S(S ,t) = SAB = SAA′ + SA′ B
S(S ,t + dt) = SA′ B ′ = SA′ B + SBB ′ .
En faisant la différence membre à membre entre ces deux lignes,
dS = S(S ,t + dt) − S(S ,t) = SBB ′ − SAA′ .
L’écoulement étant permanent, il y a conservation du débit massique, mAA′ = mBB ′ .
En notant δm cette masse élémentaire et en faisant intervenir les entropies massiques
sA et sB , la dernière égalité s’écrit
dS = δm (sB − sA ) . (3.3.1)
Par ailleurs, l’application du deuxième principe au système sur l’intervalle [t,t + dt]
s’écrit
δQ
dS = + δSc , (3.3.2)
Text
où :
! δQ représente l’énergie thermique donnée durant dt au système par le thermostat
dont la température est Text ;
! δSc est la quantité d’entropie créée dans le système durant dt.
On identifie les deux expressions (3.3.1) et (3.3.2),
δQ
δm (sB − sA ) = + δSc .
Text
En divisant par la durée dt de l’intervalle de temps, on fait apparaître le débit massique
δQ
Dm = δmdt et la puissance thermique PQ = dt ,

PQ δSc
Dm (sB − sA ) = + . (3.3.3)
Text dt
69

3.4. Détente de Joule-Thomson ★


On appelle détente de Joule-Thomson l’écoulement permanent d’un gaz dans un

Exercice 3.4. Détente de Joule-Thomson


tuyau horizontal, avec traversée d’un obstacle poreux ou d’un étranglement. Dans
l’écoulement ainsi ralenti, les vitesses sont suffisamment faibles pour que l’énergie
cinétique macroscopique soit négligée devant les autres formes d’énergie. En régime
permanent, les pression, volume molaire et température du gaz sont :
! PA , vA , TA en amont de l’obstacle ;
! PB , vB , TB en aval de l’obstacle, avec PB < PA .
Toutes les grandeurs en amont sont connues, ainsi que la pression PB en aval. Les
parois du tuyau sont parfaitement calorifugées.
1. À l’aide du « premier principe industriel » (voir exercice 3.1 page 59), montrer
que l’enthalpie molaire h du gaz est la même en amont et en aval de l’obstacle
(hA = hB ).
On veut calculer la différence de température TB − TA sachant que PB − PA est
dT
connue. Cela revient à intégrer dP de PA à PB . Cependant, il existe de nom-
dT
breuses expressions possibles de dP . Comme le gaz subit ici une transformation
! ∂Tla" grandeur à intégrer est la dérivée de T par rapport à P à enthalpie
isenthalpique,
constante, ∂P H
. On admet que son expression est
+ , ! "
∂T T ∂V∂T P − V
= ,
∂P H CP
où CP est la capacité thermique du gaz à pression constante.
! ∂T "
2. Exprimer ∂P H
pour un gaz considéré comme parfait. En déduire la variation
de température d’un tel gaz entre l’amont et l’aval de l’obstacle.
3. On rappelle que l’identité thermodynamique pour un gaz s’écrit
dU = −P dV + T dS .
Exprimer sB − sA , variation d’entropie molaire du gaz entre l’amont et l’aval, en
fonction de la constante R des gaz parfaits et du rapport des pressions en amont
et en aval.
4. On note Dm le débit massique de l’écoulement et M la masse molaire du gaz.
À l’aide du « deuxième principe industriel » (voir exercice 3.3 page 68), exprimer
et interpréter la quantité d’entropie créée par unité de temps dans cet écoulement
en fonction des données.
5.a. Dans une détente de Joule-Thomson industrielle, la pression du gaz en amont
est trop grande pour que l’approximation des gaz parfaits soit valable. On constate
expérimentalement une différence de température entre l’amont et l’aval, appelée
effet Joule-Thomson. En première approximation, l’équation d’état d’un gaz réel
s’écrit P (V − nb) = nRT , où b est une constante appelée covolume du gaz. Elle
représente le volume propre occupé par une mole de molécules de gaz, qui ont ici
une taille finie. Le volume réellement accessible au gaz est donc le volume V du
récipient auquel on retranche nb, d’où le terme V − nb dans l’équation d’état. On
admet que!cV "et cP ont la même expression pour ce gaz que pour un gaz parfait.
∂T
Exprimer ∂P H
en fonction de l’exposant adiabatique γ, de la constante des gaz
parfaits R et du covolume b.
5.b. En déduire la différence de température entre l’amont et l’aval de l’obstacle
lorsque PA = 2,0 · 106 Pa et PB = 1,0 · 105 Pa.
Données. R = 8,31 J · mol−1 · K−1 ; γ = 1,4 ; b = 39 · 10−6 m3 · mol−1 (diazote).
70

! Corrigé
1. Le premier principe industriel, établi à l’exercice 3.1 page 59, est donné par la
Chapitre 3. Systèmes ouverts

relation 3.1.10 page 63. Conformément à l’énoncé, on néglige les termes d’énergie
cinétique. Les parois du tuyau étant calorifugées, PQ = 0. L’étranglement du tuyau
ne fournit pas de travail à l’écoulement, donc PW = 0 (seules les pièces mobiles d’une
machine peuvent donner lieu à une puissance indiquée non nulle).
Dm [(hB − hA ) + (ecB − ecA ) + (ep B − ep A )] = PW + PQ
' () * ' () * ' () *
négligé omis =0

Il reste donc seulement hB = hA . L’écoulement est isenthalpique.


! ∂V "
2. Pour un gaz parfait, V = nRT nR
P , donc ∂T P = P = T et
V

+ , V
∂T T T −V
= =0 .
∂P H CP

Ainsi la température ne varie pas avec la pression au cours de l’écoulement isenthal-


pique d’un gaz parfait,
TB = TA .

3.

Méthode Énergie interne d’un gaz parfait

Pour un gaz parfait, l’énergie interne ne dépend que de la température (première


loi de Joule). La capacité thermique à volume constant CV est le coefficient de
proportionnalité intervenant dans la relation
dU = CV dT .
Pour un gaz parfait, cette relation peut être écrite même si le volume n’est pas
constant au cours de la transformation.
Cette relation est valable pour échantillon de gaz (système fermé) dont la tempé-
rature est définie. Cela signifie que le champ de température du système est uni-
forme (quasi équilibre thermique interne). Cela n’aurait donc pas de sens d’écrire
cette relation pour un système fermé de gaz s’étendant de l’amont à l’aval (car
TA ̸= TB et il y a un gradient de température au niveau de l’étranglement du
tuyau).
Dans ce qui suit, les relations thermodynamiques sont écrites pour un échantillon
fermé de n moles de gaz parfait dont l’évolution (fictive) est telle qu’il y a toujours
quasi équilibre thermique interne.

L’identité thermodynamique permet d’écrire


CV P CV nR
dS = dT + dV = dT + dV . (3.4.1)
T T T V
71

Méthode Fonction d’état et évolution fictive

Exercice 3.4. Détente de Joule-Thomson


L’entropie est une fonction d’état. Cela signifie que sa valeur ne dépend que de
l’état du système à l’instant considéré. Lors d’une transformation de l’état ini-
tial A à l’état final B, sa variation SB − SA ne dépend que de ces deux états, mais
non de ce qui s’est produit entre les deux (on dit que la variation d’entropie ne
dépend pas du chemin suivi). Il est donc légitime d’envisager une transformation
fictive (avec quasi équilibre thermique interne) faisant passer le gaz de A à B
pour calculer SB − SA . Cela permet d’utiliser la relation (3.4.1). Dans l’écoule-
ment envisagé (évolution réelle) la température du gaz varie de façon complexe
(gradient de température) et un système macroscopique de n moles de gaz a une
température non uniforme, ce qui empêche l’utilisation de l’expression (3.4.1). Le
recours à une évolution fictive est donc un passage obligé.

On intègre cette relation le long d’une évolution fictive (avec quasi équilibre thermique
interne) faisant passer le gaz de l’état A de départ à l’état B d’arrivée,
TB VB
SB − SA = CV ln + R ln .
TA VA
VB TB PA
À l’aide de l’équation d’état du gaz parfait, VA = TA PB , donc
TB PA
SB − SA = (CV + nR) ln +nR ln . (3.4.2)
TA PB
' () *
=0

Le premier logarithme est nul car TB = TA . En divisant par n, on obtient la variation


d’entropie molaire,
PA
sB − sA = R ln >0 .
PB
La variation d’entropie molaire est strictement positive car PA > PB . Le désordre
microscopique augmente lors de la détente du gaz.
Remarque Une variante était possible en travaillant sur l’enthalpie au lieu de l’éner-
gie interne.

Méthode Identités thermodynamiques

L’énoncé donne l’identité thermodynamique pour l’énergie interne U . On peut la


transformer en identité pour l’enthalpie H = U + P V ,
dH = d(U + P V ) = dU + P dV + V dP ⇒ dH = T dS + V dP .

En utilisant par ailleurs la deuxième loi de Joule pour le gaz parfait, dH = CP dT ,


on obtient
dT dP
dS = CP + nR .
T P
Cette relation, utilisable uniquement pour une évolution (fictive) en quasi équilibre
thermomécanique (T et P doivent être uniformes), s’intègre de l’état A à l’état B
72

selon
TB PB
SB − SA = CP ln +nR ln . (3.4.3)
Chapitre 3. Systèmes ouverts

TA PA
' () *
=0

On constate que les relations (3.4.2) et (3.4.3) donnent bien le même résultat.
4. Le deuxième principe industriel, établi à l’exercice 3.3 page 68, est donné par la
relation (3.3.3) page 68. Compte tenu de PQ = 0, il s’écrit

δSc PA
= Dm (sB − sA ) = Dm R ln .
dt PB
Ainsi l’augmentation d’entropie calculée à la question 3 correspond uniquement à
de l’entropie créée : il n’y a pas d’entropie fournie au gaz car son écoulement est
adiabatique. La création d’entropie est cohérente avec l’irréversibilité de l’écoulement,
qui se fait spontanément des hautes vers les basses pressions (le film à l’envers de
l’écoulement serait absurde).
5.a. L’équation d’état envisagée permet d’écrire
+ , + ,
nRT ∂V nR V − nb ∂T nb
V = nb + ⇒ = = ⇒ =− .
P ∂T P P T ∂P H CP
Les grandeurs CP et CV ont la même expression que pour un gaz parfait. Elles vérifient
donc en particulier la relation de Mayer CP − CV = nR. Par ailleurs, l’exposant
CP
adiabatique est défini par γ = C V
. En éliminant CV entre ces deux relations, on
nRγ
trouve CP = γ−1 , d’où
+ ,
∂T b(γ − 1)
=− .
∂P H Rγ

L’évolution étant effectivement à enthalpie constante, on supprime l’indice H et on


transforme la dérivée partielle en dérivée totale (avec des d droits),
b(γ − 1)
dT = − dP .

Encore une fois, cette relation n’est valable que pour un système dont les variables P
et T sont définies (champs uniformes). C’est donc le long d’une évolution fictive avec
quasi équilibre thermomécanique interne que l’on intègre cette relation,
b(γ − 1)
TB − TA = − (PB − PA ) .

5.b. Avec les valeurs proposées, on trouve TB − TA = 2,5 K , soit un échauffement


du gaz à la traversée de l’étranglement. En effet, la prise en compte du covolume dans
le terme (V − b) traduit le fait que les molécules du gaz tendent à se repousser. Ainsi
l’énergie potentielle d’interaction entre les molécules d’une mole de gaz décroît lors de
la détente. Elle est convertie en énergie d’agitation thermique, d’où l’augmentation
de température trouvée.
Seul l’aspect répulsif des interactions est pris en compte dans ce modèle. Cet effet est
dominant lorsque le gaz est très comprimé (effet à courte distance entre molécules).
Dans la réalité, il faut aussi prendre en compte le fait qu’à grande distance, il y a
des interactions attractives entre les molécules (leur prise en compte nécessiterait de
73

modifier l’équation d’état du gaz, mais les calculs deviendraient plus compliqués).
Cet effet seul conduirait à une augmentation l’énergie potentielle d’interaction lors

Exercice 3.4. Détente de Joule-Thomson


de la détente, donc à une diminution de l’énergie d’agitation thermique (baisse de la
température).
Les deux effets (répulsion à courte distance et attraction à longue distance) sont
donc antagonistes pour la variation de température. Leur prise en compte complète
nécessiterait de travailler avec une équation d’état plus élaborée. En pratique, c’est
l’effet d’attraction à longue distance qui l’emporte et la détente de Joule-Thomson
mène le plus souvent à un très fort refroidissement du gaz. C’est une méthode utilisée
industriellement pour refroidir les gaz jusqu’à les liquéfier.
Chapitre 4
É LECTROMAGN ÉTISME EN R ÉGIME
STATIONNAIRE

4.1. Champ créé par un noyau ★


#–
Du point de vue du potentiel V et du champ électrostatique E qu’ils créent, les
noyaux de certains atomes légers peuvent être modélisés par une distribution volu-
mique de charge à l’intérieur d’une sphère de centre O et de rayon a. On désigne
par r = OM le vecteur position d’un point M quelconque de l’espace. Pour r < a,
la densité volumique de charge ϱ(M ) qui représente le noyau varie en fonction de
r selon % r2 &
ϱ(r) = ϱ0 1 − 2 où ϱ0 est une constante positive.
a
1. Calculer la charge totale Q en fonction de ε0 , ϱ0 et a.
2. Peut-on appliquer le théorème de Gauss pour calculer le champ électrostatique ?
Argumenter la réponse.
#–
3. Calculer le champ électrostatique E + (M ) en tout point M extérieur à la sphère
(r > a) en fonction de ϱ0 , a, ε0 et r.
#–
4. Calculer le champ électrostatique E − (M ) en tout point M intérieur à la sphère
(r < a).
5. Le champ est-il continu en r = a ?

! Corrigé
1. La densité volumique de charge ϱ(r) est liée à la charge totale Q par
˚
Q= ϱ(M ) dτM .
M∈espace

La densité volumique ϱ(r) ne dépendant que de r, on travaille en coordonnées sphé-


riques. L’expression du volume élémentaire (coquille sphérique) s’y écrit dτ = 4πr2 dr,
de sorte que
ˆ a <ˆ a ˆ a =
2 2 1 4 8
Q= ϱ(r) 4πr dr = 4πϱ0 r dr − 2 r dr ⇒ Q= πϱ0 a3 .
0 0 a 0 15

2.

Méthode Symétries du champ électrostatique

! Tout plan de symétrie (respectivement d’antisymétrie) d’une distribution de


#–
charge est aussi plan de symétrie (respectivement d’antisymétrie) pour le champ E
créé par cette distribution.
76

Méthode (suite)
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

! Soit π + un plan de symétrie du champ. En un point M appartenant à π + , le


#–
champ E(M ) est contenu dans π + .
! Soit π − un plan d’antisymétrie du champ. En un point M appartenant à π − ,
#–
le champ E(M ) est orthogonal à π − .

La donnée de ϱ(r) montre que la distribution de charge est à symétrie sphérique. Pour
un point M quelconque de l’espace, les deux plans
déf. déf.
Ps 1 = (M, #– u θ ) et Ps 2 = (M, #–
u r , #– u r , #–
u ϕ)
#–
sont plans de symétrie de cette distribution. Le champ électrostatique E(M ), qui est
à l’intersection de ces deux plans, est donc radial. Grâce à la symétrie sphérique,
#–
le champ ne dépend que de r. Ainsi E(M ) = E(r) #– r u . Cette forme simple permet
l’usage du théorème de Gauss.

Méthode Théorème de Gauss – Énoncé et utilisation

Soit Σg une surface fermée. Le flux sortant du champ électrique à travers Σg est
égal à la charge intérieure à cette surface, divisée par la permittivité diélectrique
du vide ε0 = 8,85 · 10−12 F · m−1 ,
Qint

#– #–
E(M ) · dSM = .
M∈Σg ε0
Pour déterminer le champ électrique à partir de ce théorème, on choisit une
#–
surface Σg telle que ses vecteurs surface élémentaires dSM soient localement co-
#–
linéaires ou orthogonaux à E, de manière à rendre simple le calcul de l’intégrale.
#–
Pour cette raison, il faut d’abord connaître la direction du champ E, d’où
l’indispensable analyse des symétries préalable.

3. Le champ électrique étant radial, on choisit pour surface de Gauss Σg , la sphère de


#– #–
centre O et de rayon r (de cette façon, E(M ) ! dSM en tout point de la sphère). Le
champ ayant la même expression en tout point de la sphère, le membre de gauche du
théorème de Gauss s’écrit simplement 4πr2 E(r). Lorque r > a, la surface de Gauss
englobe la totalité de la charge Q contenue dans le noyau atomique, de sorte que
Qint = Q. Ainsi, compte tenu de l’expression de Q trouvée à la question 1,

#– 2 ϱ0 a3 #–
E + (r) = ur pour r>a . (4.1.1)
15 ε0 r2

4. La seule différence réside dans le calcul de la charge intérieure à Σg . En effet, comme


r < a, Σg n’englobe pas toute la charge Q du noyau mais seulement une fraction de
celle-ci, ˆ r < =
4π 3r2
Qint (r) = ϱ(r′ )4πr′2 dr′ = ϱ0 r 3 1 − 2 .
0 3 5a
77

L’expression du flux du champ électrostatique est inchangée (4πr2 E(r)). Le théorème


donne donc

Exercice 4.2. Boule uniformément chargée


< =
#– ϱ0 r 3r2 #–
E − (r) = 1 − 2 u r pour r < a . (4.1.2)
3ε0 5a

5. En r = a, les expressions (4.1.1) et (4.1.2) donnent le même résultat, ce qui traduit


la continuité du champ électrostatique. Cela provient de la nature volumique de la
distribution de charge. Seules les distributions non volumiques donnent lieu à des
discontinuités ou des divergences (non physiques) du champ (voir encadré « Synthèse »
page 83).

4.2. Boule uniformément chargée ★


On considère une boule de rayon R portant une densité volumique uniforme de
charge ϱ.
#–
1. Calculer le champ E dû à cette distribution de charge en un point M quelconque
de l’espace situé à une distance r du centre de la boule. Représenter graphiquement
#–
u r et commenter.
r -→ E(r) · #–
2. En déduire le potentiel V et tracer l’allure de r -→ V (r).
3. Une charge ponctuelle q, de même signe que ϱ et de masse m, provient de l’infini
avec un vecteur vitesse #–
v ∞ dirigé vers le centre de la boule chargée. Déterminer la
distance à laquelle la charge ponctuelle peut s’approcher du centre de la boule.
! Corrigé
1. Par symétrie sphérique, le champ électrostatique est dirigé selon #– u r et ne peut
dépendre que de r (voir exercice 4.1 page 75 pour l’étude des symétries et invariances),
#–
u . On applique le théorème de Gauss à une surface fermée sphérique
E = E(r) #– r
(voir figure 4.2.1), centrée en O et de rayon r quelconque (plus grand ou plus petit
que R). Il faut pour cela calculer la charge Qint contenue dans cette surface.

r S
#–
dS Fig. 4.2.1. Surface de Gauss pour le calcul du champ
ϱ
créé par une boule uniformément chargée.

! Si r < R, la charge Qint contenue dans la sphère dépend de r,


ˆ r
4
˚
Qint (r < R) = ϱ dτ = ϱ4πr2 dr = πr3 ϱ .
S 0 3
! Si r ! R, l’intégrale de 0 à r se résume à une intégrale de 0 à R, car la densité de
charge est nulle pour r > R. Par conséquent,
ˆ R
4
˚
Qint (r ! R) = ϱ dτ = ϱ4πr2 dr = πR3 ϱ .
S 0 3
78

L’application du théorème de Gauss conduit à


Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

> 3 >
4πr ϱr #–
#– # – Qint (r) 3ε0 ϱ si r < R ur si r < R

#–
E · dS = = 4πR3 ⇒ E = 3εϱR
0
3 . (4.2.1)
ε 0 ϱ si r ! R 3ε0 r 2 u r
#– si r ! R
' S () * 3ε0
4πr 2 E(r)
#–
La représentation de E(r) = E · #–
u r est donnée à la figure 4.2.2 dans le cas ϱ > 0, par
exemple.
E(r)

∝r
1
∝ r2

O R r
Fig. 4.2.2. Composante radiale du champ électrique créé par une boule uniformé-
ment chargée positivement.

2.

Synthèse Continuité spatiale du champ électrique

! On constate sur cet exemple que le champ électrostatique est une fonction
continue de l’espace. Cette conclusion se généralise à tout champ créé par une
distribution volumique de charge (les seules qui existent dans la nature).
#– #–
! Le potentiel s’obtient en intégrant le champ à partir de la relation dV = − E·dℓ.
En tant que « primitive » du champ qui est continu, le potentiel est nécessairement
de classe C 1 partout.

#– #–
La relation dV = − E · dℓ s’écrit, compte tenu de l’expression du champ,
> >
ϱr ϱr 2
− 3ε dr si r < R − 6ε + cte1 si r < R
dV = 0
ϱR3 ⇒ V = 0
ϱR3
.
− 3ε0 r2 dr si r ! R + 3ε0 r + cte2 si r ! R
La distribution de charge étant de taille finie, le potentiel peut s’annuler à l’infini. On
peut donc choisir arbitrairement cte2 = 0. On en déduit cte1 de manière à assurer la
continuité du potentiel en r = R,
⎧ + ,
⎪ ϱ 2 r2
ϱR2 ϱR3 ϱR2

⎨ R − si r < R
− + cte1 = ⇒ cte1 = ⇒ V = 2ε03 3 .
6ε0 3ε0 R 2ε0 ⎪ ϱR

⎩ si r ! R
3ε0 r

3. Qualitativement, la charge q est repoussée par la distribution ϱ, car les deux sont
de même signe. Si la charge q n’a pas une vitesse assez grande, elle finit par s’arrêter
et faire demi-tour. On suppose (arbitrairement) que ce cas a lieu et on cherche rmin
la distance minimale d’approche.
79

Méthode Force et énergie potentielle électriques

Exercice 4.3. Potentiel de Yukawa


#– #– #–
La force électrique F = q E exercée par le champ E sur une charge ponctuelle q
est conservative. Elle dérive de l’énergie potentielle Ep = qV (c’est là tout l’intérêt
du potentiel électrique).
Pour étudier un problème de distance d’approche minimale, le plus simple est
d’adopter une technique énergétique.

On applique le théorème de l’énergie cinétique à la charge q entre les points A et B,


1 2 2
Ec B − Ec A = −(Ep B − Ep A ) ⇐⇒ m(vB − vA ) = q(VA − VB ) .
2
Le point A correspond à l’infini (vA = v∞ , VA = 0) et le point B à la distance
minimale d’approche (vB = 0, VB = V (rmin )), donc
2
1 mv∞
mv 2 = qV (rmin ) ⇒ V (rmin ) = .
2 ∞ 2q
Le potentiel et la distance minimale d’approche peuvent être visualisés graphiquement
sur la figure 4.2.3. Si Ec /q > Vmax , la charge q peut traverser la boule (dès qu’elle
dépasse le centre r = 0, elle est repoussée, ce qui l’expulse de l’autre côté).
V (r)
Vmax
Ec∞ /q

O rmin R r
Fig. 4.2.3. Potentiel V (r). Le potentiel est de classe C 1 partout, y compris en r = R.
Détermination graphique de la distance minimale d’approche rmin .

4.3. Potentiel de Yukawa ★


Le physicien japonais Hideki Yukawa (Prix Nobel 1949) a postulé une forme de
potentiel pour traduire les interactions entre particules dans le noyau atomique.
On étudie ici ce potentiel comme s’il s’agissait d’un potentiel électrostatique.
Une distribution de charge à symétrie sphérique crée, à une distance r, un potentiel
électrostatique de la forme
1 Q % r&
V (r) = exp − ,
4πε0 r a
Q et a étant des constantes positives.
1. Déterminer les unités de Q et a.
2. Déterminer le champ électrique correspondant.
3. En déduire la charge q(r) contenue dans une sphère de centre O et de rayon r.
Déterminer q(r) dans les deux cas extrêmes : r tend vers zéro et r tend vers l’infini.
En déduire qualitativement la nature de la distribution de charge et donner une
interprétation de a.
4. Déterminer la densité volumique de charge ϱ(r).
80

! Corrigé
1. Pour respecter la dimension d’un potentiel, Q est une charge en coulombs. Pour
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

que l’argument de l’exponentielle n’ait pas d’unité, a est une distance.


2. Le champ électrique se déduit du potentiel par
+ , % r&
#– # – V = − ∂V #–
E = − grad ur ⇒
#–
E=
Q 1
+
1
exp − ur .
#–
∂r 4πε0 r2 ar a

3. D’après la symétrie sphérique du problème, le champ électrique est de la forme


#–
u r.
E = E(r) #–

Méthode Utilisation « à l’envers » du théorème de Gauss


#–
Le théorème de Gauss est habituellement utilisé pour déterminer E à partir d’une
#–
distribution de charge donnée. On l’utilise ici à l’envers : E est donné, et on en
déduit la distribution de charge correspondante.

On applique le théorème de Gauss à une sphère de rayon r et contenant une charge


notée q(r),

#– # – q(r) q(r) % r& % r&
E · dS = ⇒ 4πr2 E(r) = ⇒ q(r) = Q 1 + exp − . (4.3.1)
ε0 ε0 a a
Lorsque r → 0, q(r) tend vers Q. Lorsque r → +∞, q(r) tend vers zéro. Cela corres-
pond à une charge centrale Q entourée d’une densité de charge négative dont la charge
est −Q. La distance a, qui est la distance de décroissance de l’exponentielle, donne
un ordre de grandeur de l’extension de la distribution de charge autour du centre.
Cela peut être un modèle pour un atome : noyau de charge +Q au centre et nuage
électronique de charge −Q et de rayon a autour. La présence du nuage électronique
« écrante » le champ créé par la charge centrale. En effet, si elle était seule, la charge
Q
centrale créerait le potentiel V (r) = 4πε0r
. L’exponentielle traduit la présence de la
densité de charge opposée et accélère la décroissance du potentiel.
4.

Méthode Déterminer une densité de charge

La densité volumique de charge ϱ est une grandeur locale (champ scalaire). On


ne peut la déterminer que par une approche locale. Deux méthodes sont a priori
possibles.
#–
! Comme le champ E est connu, on peut en déduire ϱ par l’équation (locale) de
#–
Maxwell-Gauss div E = εϱ0 , en utilisant le formulaire d’analyse vectorielle (voir
page 275) pour la divergence en coordonnées sphériques.
! La densité de charge ϱ est liée à la charge par dq = ϱ(M ) dτM . On peut alors
faire le lien entre charge et densité volumique de charge en raisonnant sur un
volume élémentaire bien choisi.
81

On applique la seconde méthode en raisonnant sur une coquille sphérique de rayon r


et d’épaisseur dr, afin de respecter la symétrie sphérique du problème. Ce volume

Exercice 4.4. Champ créé par un plan infini chargé


dτ = 4πr2 dr renferme la quantité de charge dq = q(r + dr) − q(r). Ainsi
1 dq
ϱ(r) 4πr2 dr = q(r + dr) − q(r) = dq ⇒ ϱ(r) = .
4πr2 dr
En utilisant l’expression (4.3.1) de q(r), on obtient
Q 1 % r&
ϱ(r) = − 2
exp − .
4π ra a
Dans le cas Q > 0, on constate que ϱ(r) → −∞ quand r tend vers zéro. Cela signifie
que le nuage électronique est très dense près du centre (forte probabilité de présence
des électrons près de r = 0). Il ne faut pas oublier que le modèle de Yukawa inclut la
présence d’une charge +Q rigoureusement ponctuelle en r = 0 (le noyau atomique).
Cette charge +Q seule correspond à une densité de charge valant +∞ en r = 0.

4.4. Champ créé par un plan infini chargé ★


Une surface lisse vue de très près peut être assimilée à un plan d’extension infinie.
Le champ créé par un plan infini uniformément chargé est donc une modélisation
utile pour le champ au voisinage immédiat d’une surface chargée.
1. Soit un plan infini portant une densité surfacique de charge uniforme σ. Déter-
#–
miner le champ électrique E créé.
2. En déduire la relation de passage (« loi de discontinuité ») du champ électrique
à la traversée de la surface chargée.
3. Exprimer le potentiel V . Ce potentiel s’annule-t-il à l’infini ? Est-ce normal ?

! Corrigé
1. En accord avec la géométrie du problème, on travaille dans un repère cartésien
(0, #–
u x , #– u z ), le plan chargé étant confondu avec (0, #–
u y , #– u y ) comme indiqué sur la
u x , #–
figure 4.4.1.
Comme toujours, on commence par une analyse des symétries du problème. Soit un
point M de l’espace. Tout plan contenant la droite (M, #– u z ) est plan de symétrie pour
la distribution de charge, donc pour le champ. Le champ en M est donc contenu dans
#–
tous ces plans. On en déduit qu’il est porté par la droite (M, #– u z ), E = E(x,y,z) #–uz .
La distribution de charge est invariante par translation selon #– u et #–
x u , donc le champ
y
ne dépend ni de x ni de y,
#–
E = E(z) #–
uz . (4.4.1)
De façon évidente, le plan chargé est plan de symétrie pour la distribution de charge
(le plan lui-même). Le champ sera donc symétrique par rapport à ce plan,
#– #–
E(−z) = − E(z) . (4.4.2)
Les symétries de ce problème permettent une application du théorème de Gauss. On
rappelle que, pour être exploitables, il est préférable que les surfaces de Gauss soient
localement parallèles ou orthogonales au champ. On choisit comme surface fermée
un cylindre dont l’axe est perpendiculaire au plan, de section S, et qui a la même
extension h de part et d’autre du plan, comme indiqué sur la figure 4.4.1. Le théorème
82
#–
E1 #–
S dS 1
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

z
M1
#–
y dS L
x
h

M2

#–
#–
E2 dS 2

Fig. 4.4.1. Plan infini uniformément chargé. Notations pour l’usage du théorème de
Gauss.

s’écrit
#– # – Qint

E · dS = .
S ε0
On décompose le cylindre en trois surfaces. Le champ étant selon #– u z , son flux à
travers la surface latérale est nul. Il ne reste que les contributions sur les faces haute
et basse du cylindre. Celles-ci sont égales grâce à l’expression de parité (4.4.2) et au
fait que le cylindre est symétrique par rapport au plan. Le théorème de Gauss devient
# – Qint
¨ ¨ ¨
#– #– #– #– #–
E(h) · dS 1 + E(−h) · dS 2 = 2 × E(h) · dS = . (4.4.3)
S1 S2 ' () * '()* S1 ε0
#– #– ' () *
=− E (h) =−dS 1
E(h)×S

La charge Qint contenue à l’intérieur du cylindre est sur la surface hachurée, d’aire S,
donc Qint = σS. Finalement, l’expression (4.4.3) donne
σS σ
E(h) × S = ⇒ E(h) = .
2ε0 2ε0
Le résultat ne dépend pas de h, l’altitude du point M considéré. Cela signifie que le
champ électrique ne tend pas vers zéro quand l’observateur s’éloigne du plan. Cela
peut paraître contradictoire avec la décroissance en r12 du champ électrique créé par
une charge ponctuelle.

Synthèse Distributions de charge infiniment étendues

Le cas du plan « infini » est particulier : le plan apparaît toujours aussi grand
même si on s’en éloigne, ce qui explique que le champ ne décroisse pas. Les distri-
butions de charge infiniment étendues donnent souvent ce genre de comportement.
Dans la réalité, elles sont toujours de taille finie : les champs qu’elles créent dé-
croissent avec la distance. Le plan infini n’est qu’un modèle pour décrire un plan
lorsque celui-ci est vu d’assez près.
83

On donne le résultat sous forme vectorielle en utilisant l’expression (4.4.1),


σ #–

Exercice 4.4. Champ créé par un plan infini chargé


#–
E= u z pour z > 0 . (4.4.4)
2ε0
La restriction « pour z > 0 » permet de respecter l’expression (4.4.2). Si on désire
une formule valable pour tout z, on peut écrire
#– σ #–
E = signe(z) × uz . (4.4.5)
2ε0
Cette expression est en accord avec ce que l’on pouvait prévoir physiquement : si le
plan est chargé positivement (σ > 0), le champ pointe vers le haut au-dessus du plan
et vers le bas en dessous du plan. En résumé, le champ a tendance à pointer loin du
plan, c’est-à-dire loin de la charge positive, ce qui est normal.
2. À cause du changement de signe de z à la traversée de la nappe chargée, le champ
est discontinu en z = 0. Lorsque les points M1 et M2 tendent l’un vers l’autre et se
rejoignent au niveau du plan, l’expression (4.4.5) permet d’écrire
#– #– σ #–
E(M2 ) − E(M1 ) = uz .
ε0

Synthèse #–
Discontinuités artificielles de E

Les distributions de charge réelles sont volumiques, de densité ϱ finie. L’équation


#– #–
de Maxwell-Gauss div E = εϱ0 implique la continuité spatiale du champ E.
#–
Des discontinuités artificielles de E surgissent avec les distributions surfaciques,
qui ne sont pas réalistes lorsqu’on les regarde de trop près (le « plan » chargé
possède en réalité une épaisseur non nulle et est chargé en volume). Pour des
raisons de simplification, on peut garder la distribution surfacique, à condition de
lui associer la « loi de discontinuité », aussi appelée « relation de passage »,
#– #– σ #–
E(M2 ) − E(M1 ) = n 12 , (4.4.6)
ε0
où #–
n est le vecteur unitaire, normal au plan chargé, pointant de M vers M .
12 1 2

#– #–
3. Le potentiel se déduit du champ par la relation E = − grad
# – V , soit ici E = − dV
dz u z .
#–
#–
En prenant l’expression (4.4.4) de E pour z > 0,
σ σ
dV = − dz ⇒ V (z) = − z + cte1 pour z > 0 .
2ε0 2ε0

σ
De même, on détermine V (z) = + z + cte2 pour z < 0 . On constate que le
2ε0
potentiel ne tend pas vers zéro lorsque |z| → ∞. Une fois encore, cela vient du fait que
la distribution de charge considérée est d’extension infinie, ce qui n’est pas réaliste.
Les deux constantes d’intégration sont indépendantes l’une de l’autre. Si on le sou-
haite, on peut les choisir nulles toutes les deux. Cela rend le potentiel continu en z = 0.
Cependant, il n’est pas dérivable en zéro (c’est une fonction affine par morceaux, avec
rupture de pente en zéro). Cette non-dérivabilité, artificielle, est liée à la discontinuité
#–
du champ en z = 0, car E = − grad # – V.
84

4.5. Champ dans une cavité ★★


#–
1. Calculer le champ électrostatique E(M ) en un point M d’une cavité sphérique
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

de centre O′ , de rayon R′ , située à l’intérieur d’une boule de centre O et de rayon R


chargée avec la densité volumique uniforme ϱ (voir figure 4.5.1).

O′ Fig. 4.5.1. Cavité sphérique creusée dans une boule.


ϱ
O

2.a. En déduire le champ électrostatique en un point M situé à l’intérieur d’une


sphère creuse de rayon R et uniformément chargée en surface avec la densité σ.
2.b. Vérifier le résultat de la question 2.a à l’aide d’une application directe du
théorème de Gauss.
3.a. Utiliser les résultats de la question 1 pour déterminer le champ gravitationnel
créé à l’intérieur d’une grotte sphérique de centre K creusée à l’intérieur de la
Terre. On supposera que la Terre est une sphère de centre T et de masse volumique
uniforme µ.
3.b. Déterminer l’orientation de la surface libre d’un lac au repos situé à l’intérieur
de la grotte.
! Corrigé
1. On note D la distribution de charge étudiée ici. Il n’existe aucun plan remarquable,
de symétrie ou d’antisymétrie de D, qui contienne le point M d’étude. Une approche
directe à l’aide du théorème de Gauss est donc à exclure. En revanche, on peut
voir la distribution D comme la superposition de deux distributions Da et Db (voir
figure 4.5.2), comme indiqué à l’encadré « Méthode » page 93.
! Da est définie comme une boule de centre O, de rayon R, chargée uniformément
#–
avec la densité volumique de charge ϱ. Elle crée le champ E a (M ).
! Db est définie comme une boule de centre O′ , de rayon R′ et chargée uniformément
#–
avec la densité volumique −ϱ. Elle crée le champ E b (M ).

O′ O′
ϱ ϱ
O′
= + −ϱ
O O

D Da Db

Fig. 4.5.2. D est vue comme superposition de Da et de Db .


#– #–
Les distributions de charge Da et Db étant sphériques, le calcul de E a et de E b est
très facilement conduit avec le théorème de Gauss.
85
#–
Par symétrie, le champ E créé par une distribution sphérique homogène de charge
#–
est radial, E = E(r) #– u r . Si la distribution est de centre C, de rayon a et de den-

Exercice 4.5. Champ dans une cavité


sité volumique homogène ϱ, on choisit comme surface de Gauss une sphère de rayon
r < a centrée sur C. Le théorème de Gauss donne alors 4πr2 E(r) = ε10 ϱ 34 πr3 , soit
#– # –
u r = 3ϵϱ0 CM . En adaptant ce résultat au cas des deux distributions
E(M ) = 3εϱ0 r #–
Da et Db ,
#– ϱ # – #– ϱ #′ –
E a (M ) = OM et E b (M ) = − OM.
3ε0 3ε0
#–
D’après le principe de superposition, le champ E créé à l’intérieur de la cavité s’écrit
#– #– #– #– ϱ # –′
E(M ) = E a (M ) + E b (M ) ⇒ E(M ) = OO . (4.5.1)
3ε0
#–
Il apparaît que E est indépendant du point M de la cavité.
2.a. Une sphère creuse chargée en surface correspond au cas particulier où O et O′
#– #–
sont confondus. Il en résulte que E = 0 en tout point M intérieur à la sphère. Ce
résultat est indépendant de la densité surfacique de charge σ susceptible d’exister à
la surface de la sphère.
2.b. On retrouve aisément ce résultat en appliquant le théorème de Gauss. On choisit
comme surface de Gauss Σg , une sphère de centre O et de rayon r < R,
Qint

#– #–
E(M ) · dSM = .
M∈Σg ε0
#– #–
Comme Qint = 0 pour la sphère chargée en surface, il vient E = 0 .
#–
3.a. On calcule le champ gravitationnel G(M ) créé à l’intérieur d’une grotte sphérique
creusée dans la Terre en exploitant les analogies entre les théories de l’électrostatique
et de la gravitation.

Synthèse Analogies entre électrostatique et gravitation

Électrostatique Gravitation
Sources charges q masses m
Densité volumique ϱ( #–
r) µ( #–
r)
#– #–
Champ E(M ) G(M )
Loi fondamentale loi de Coulomb loi de Newton
#– #– #– #–
Loi de force F = q ′ E(M ) F = m′ G(M ) (gravitation)
Constante fondamentale 1/ε0 −4πG
Sens de l’interaction répulsive ou attractive toujours attractive
Force conservative oui oui
q
Potentiel (source ponctuelle) V (M ) = 4πε0 r
Vg = −G m
r
qq ′ ′
Énergie potentielle Ep,él = 4πε0 r
+ cte Ep,p = −G mrm + cte
86

En utilisant le tableau, l’équation (4.5.1) se transforme pour donner le champ gravi-


tationnel à l’intérieur de la grotte,
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

#– 4 # –
G = − πGµ T K .
3
Ici encore, le champ gravitationnel est indépendant du point situé à l’intérieur de la
grotte.
# –
3.b. La surface libre d’un lac est orthogonale au champ de pesanteur local, donc à T G.

4.6. Étude d’une couronne sphérique ★★


Une sphère creuse S, de centre O, de rayon extérieur R et de rayon intérieur αR
(α < 1) est électriquement chargée en volume avec une charge volumique uni-
forme ϱ. La distribution de charge est représentée en grisé sur la figure 4.6.1.

R
αR Fig. 4.6.1. Coquille sphérique.

#–
1. Calculer le champ électrostatique E(M ) en un point M extérieur à la sphère.
#–
2. Calculer E(M ) pour r ∈ [αR ; R].
3. Déduire le potentiel électrostatique V (r) pour r > R en choisissant l’origine de
potentiel à l’infini.
4. Déterminer V (r) pour r < αR.
5. Lorsque 1 − α ≪ 1, S devient une coquille sphérique de faible épaisseur, que l’on
assimile à une sphère de rayon R, uniformément chargée en surface avec la densité
surfacique σ. Déterminer σ en fonction de α, ϱ et R.
6. Dans l’hypothèse de la question précédente, déterminer la différence de potentiel
déf.
U = V (R) − V (0).

! Corrigé
#–
1. Tout calcul d’un champ électrostatique E(M ) doit être précédé d’une analyse
de symétrie de la distribution de charge. Le but d’une analyse de symétrie est de
savoir si la distribution possède un degré de symétrie suffisant pour appliquer le
théorème de Gauss. Pour cela, on conduit l’analyse en un point M quelconque de
l’espace. La distribution étudiée ici étant une distribution sphérique de charge, les
plans (M, #– u θ ) et (M, #–
u r , #– u ϕ ) sont deux plans de symétrie de la distribution de
u r , #–
#–
charge. Comme le montre la figure 4.6.2, E(M ) appartient à l’intersection de ces
#–
deux plans, ce qui justifie que E(M ) = E(M ) #– u r.
L’invariance par rotation d’angles θ et ϕ impose que E(M ) = E(r), si bien que
#– #–
la structure du champ E(M ) est du type E(M ) = E(r) #– u . Les lignes de champ
r
87

Σg

Exercice 4.6. Étude d’une couronne sphérique


Σg
r
r

M #– M
#–
ur
#–
uϕ E(M )
#–
u θ

Fig. 4.6.3. Surface de Gauss


Fig. 4.6.2. Analyse des
pour r ∈ [αR ; R].
symétries.

électrostatique sont des rayons partant du centre O de la distribution. Comme on


#–
connaît la structure de E(M ) en tout point M quelconque de l’espace, le degré de
#–
symétrie est suffisant pour calculer E(M ) avec le théorème de Gauss, qui s’écrit
Qint

#– #–
E(M ) · dSM = pour toute surface fermée Σg . Le choix de la surface
M∈Σg ε0
#–
adaptée au calcul de E est dicté par l’analyse de symétrie. Il s’agit ici de la sphère de
centre O et de rayon r > R, donc
ˆ R
4
˚
Qint = ϱ(M ) dτM = 4π ϱr2 dr = πϱR3 (1 − α3 ) .
αR 3
#–
Compte tenu que le flux de E à travers la surface de Gauss Σg se calcule comme
#–
ΦE = 4πr2 E(r), on en déduit l’expression de E(M ) pour tout point M extérieur à
la coquille sphérique,

#– ϱR3
E(M ) = (1 − α3 ) #–
ur pour r > R . (4.6.1)
3ε0 r2

2. La technique est la même qu’à la question précédente. Seule change la valeur de


la charge intérieure Qint à la surface de Gauss, qui est désormais une sphère de rayon
r ∈ [αR ; R] (voir figure 4.6.3).
ˆ r
4 % &
˚
Qint = ϱ dτ = 4π ϱr2 dr = π r3 − (αR)3
αR 3

#– ϱ % (αR)3 & #–
⇒ E(M ) = r− ur pour r ∈ [αR,R] (4.6.2)
3ε0 r2

#– #– #–
3. Compte tenu de la structure radiale de E, la loi locale E = − grad
# – V qui lie E(M )
#–
au potentiel électrostatique V (M ) s’écrit E = − dV dr
#–
u r . En se servant de l’équa-
tion (4.6.1),
ϱR3 ϱR3
dV (r) = − (1 − α3 ) ⇒ V (r) = (1 − α3 ) + cte .
3ε0 r2 3ε0 r
Sachant que V (∞) = 0 (absence de charges à l’infini), on en déduit que

ϱR3
∀r > R, V (r) = (1 − α3 ) .
3ε0 r
88

4. Pour toute sphère de Gauss de rayon r < αR, la charge intérieure Qint est nulle
#– #–
de sorte que E(M ) = 0 . Cela impose que le potentiel V (r) = cte pour r < αR. Il
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

s’agit, à présent, d’évaluer cette constante par continuité en r = αR. On commence


par calculer V (r) pour r ∈ [αR ; R] en intégrant la relation (4.6.2),
ϱ % (αR)3 & ϱr2 ϱ(αR)3
dV = − r− dr ⇒ V = − − + cte′ .
3ε0 r2 6ε0 3ε0 r
La continuité du potentiel en r = R impose V (R− ) = V (R+ ), ce qui permet d’établir,
2
après quelques lignes de calcul sans difficulté, que cte′ = ϱR
2ε0 , si bien que

ϱR2 ϱr2 ϱ(αR)3


V (r) = − − pour r ∈ [αR ; R] . (4.6.3)
2ε0 6ε0 3ε0 r
La continuité du potentiel en αR impose que V (αR+ ) = V (αR− ) = cte. En se servant
de l’expression (4.6.3), on en déduit que

ϱR2
V (r) = (1 − α2 ) pour r ∈ [αR ; R] .
2ε0

5. Dans la limite où (1 − α)R → 0, la distribution volumique peut être, dans une


bonne approximation, décrite par une distribution surfacique de charges.

Méthode Distribution surfacique de charge

Le choix de modélisation, surfacique ou volumique, ne modifie pas la charge portée


par un élément de distribution,
δq = σ dS = ϱ dτ .

Ici, dτ = dS × (1 − α)R, donc

σ = ϱR(1 − α) . (4.6.4)

6.
déf. ϱR2 ϱR2
U (α) = V (R) − V (0) = (1 − α3 ) − (1 − α2 )
3ε0 2ε0
Dans la limite où α → 1, la fonction U (α) peut être approchée par son dévelop-
pement de Taylor à l’ordre 1, qui s’écrit U (α) ≃ U (1) + U ′ (1)(α − 1). Puisque
2
ϱR2
U ′ (1) = − ϱR
ε0 + ε0 = 0 et U (1) = 0, on en déduit que U (α) = 0 au premier
ordre en 1 − α. Si on veut affiner l’analyse, on peut pousser le développement de
Taylor à l’ordre 2,
U ′′ (1) U ′′ (1)
U (α) ≃ U (1) + U ′ (1)(α − 1) + (α − 1)2 ≃ (α − 1)2 .
2 2
2 2
Sachant que U ′′ (1) = − ϱR ϱR 2
ε0 , on en déduit que U (α) ≃ − 2ε0 (α − 1) . Dans cette
limite où 1 − α → 0, la description surfacique est légitime. Compte tenu de l’expres-
sion (4.6.4), on en déduit que
σR
U (α) ≃ (α − 1) .
2ε0
89

4.7. Écrantage de Debye ★


Les plasmas sont des milieux macroscopiquement neutres, partiellement ou totale-

Exercice 4.7. Écrantage de Debye


ment ionisés. Naturels ou artificiels, on les rencontre sous de nombreuses formes :
gaz lors du passage d’un arc électrique, gaz dans les étoiles, ionosphère (voir exer-
cice 6.5 page 159), etc.
Dans cet exercice, on considère un plasma d’argon contenant, en moyenne et par
unité de volume, ne électrons libres de masse me et de charge −e, ni = ne ions Ar+
de masse mi et n0 atomes Ar de masse m0 . On définit le degré d’ionisation de ce
plasma par α = ne /(ne +n0 ). Le plasma est supposé en équilibre thermodynamique
local et on note T sa température.
Soit un ion argon Ar+ particulier, placé en O, et pris comme origine. Du fait de
l’attraction coulombienne, on observe au voisinage de cet ion un surplus de charge
négative, responsable d’un écart local à la neutralité globale du plasma. Soit V (r)
le potentiel qui règne en un point M situé à la distance r de l’ion Ar+ (l’origine
des potentiels est prise à l’infini). Les densités volumiques d’ions et d’électrons en
M sont données par la loi de Boltzmann
< = < =
eV (r) eV (r)
n+ = ne exp − et n− = ne exp .
kB T kB T
1. Donner l’expression de la densité volumique totale de charges ϱ(r) pour r ̸= 0 .
2. Déterminer l’équation différentielle satisfaite par V (r) .
3. On se place dorénavant dans l’hypothèse eV (r) ≪ kB T .
3.a. Simplifier l’équation obtenue à la question précédente et trouver une équation
déf.
différentielle en u(r) = rV (r).
3.b. Résoudre l’équation différentielle en introduisant deux constantes d’intégration
A et B.
4. On admet que V (∞) = 0 et qu’au voisinage immédiat de l’ion Ar+ , l’influence
de sa charge, supposée ponctuelle, l’emporte sur celle des charges électroniques
distribuées en volume.
4.a. Déterminer les deux constantes d’intégration A et B.
4.b. Donner l’expression du potentiel V (r) en fonction de e, ε0 , r et d’une distance
caractéristique λD , appelée longueur de Debye, à expliciter en fonction de ε0 , kB ,
T , ne et e.
4.c. Commenter le résultat obtenu et interpréter λD .
5. Pour ce plasma d’argon, ne = 3,0 · 1021 m−3 . Calculer la valeur numérique de λD
pour les températures 1,0 · 103 K et 1,0 · 104 K.

! Corrigé
C
1. La densité volumique de charges se calcule comme ϱ(r) = k nk (r)qk , où nk et qk
désignent respectivement la densité volumique de porteurs de charge de type k et la
charge individuelle de ce porteur. Ici, ϱ(r) = [ni (r) − ne (r)] e. À la température T du
plasma, les densités de porteurs suivent la loi statistique de Boltzmann donnée dans
l’énoncé, donc
< % eV (r) & % eV (r) &= < =
eV (r)
ϱ(r) = ne e exp − − exp ⇒ ϱ(r) = −2 ne e sh .
kB T kB T kB T
90

2. Le potentiel électrostatique V (r) est relié à ϱ(r) (sources de V (r)) par l’équation de
ϱ
Poisson △V + = 0 qui, compte tenu de l’expression du laplacien en coordonnées
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

ε0
sphériques, devient
< =
d2 ! " 2 ne er eV (r)
r V (r) = sh .
dr2 ε0 kB T

3.a. Dans le cas où l’agitation thermique l’emporte à haute température devant


l’énergie d’interaction électrostatique (tel est le sens physique de l’approximation
eV (r) ≪ kB T ), on peut linéariser la fonction sh(x) (développement limité à l’ordre 1
en x, sh(x) = x + o(x)),
d2 ! " ne e 2
r V (r) = 2 r V (r)
dr2 ε 0 kB T

d2 u(r) ne e 2 déf.
⇒ −2 u(r) = 0 avec u = rV (r) .
dr 2 ε 0 kB T
ε0 kB T
En raisonnant directement sur l’équation, il est clair que 2ne e23 a la dimension d’une
ε0 kB T
longueur au carré. On défnit alors la longueur de Debye λD = , grandeur im-
2ne e2
portante en physique des plasmas. Son sens physique apparaîtra à la fin de l’exercice.

d2 u(r) u(r)
− =0 .
dr2 λD 2

3.b. La solution générale de cette équation est


u(r) = A exp(−r/λD ) + B exp(r/λD ) ,
où A et B sont des constantes d’intégration. On aurait aussi pu l’écrire sous la forme
u(r) = A′ ch(r/λD ) + B ′ sh(r/λD ). Dans le cas d’un milieu spatialement illimité, l’ex-
pression encadrée se prête beaucoup mieux à l’application des conditions aux limites,
car l’une des deux exponentielles tend vers zéro lorsque r tend vers l’infini.
4.a. Comme le potentiel V (r) doit rester fini quand r → +∞, il vient B = 0 . Au
voisinage immédiat de l’ion Ar+ situé à l’origine (r = 0), le potentiel électrostatique
tend vers le potentiel de Coulomb créé par une charge ponctuelle e (charge de l’ion
e
Ar+ ), soit V (r) ∼ e
, donc A = 4πε .
r→0 4πε0 r 0

4.b. Compte tenu des résultats précédents,


1
e % r & ε 0 kB T
V (r) = exp − avec λD = .
4πε0 r λD 2ne e2

4.c. Le potentiel électrostatique créé par l’atome d’argon dans le plasma décroît plus
rapidement que le potentiel coulombien V (r) = e/(4πε0 r) créé par un ion Ar+ seul
en r = 0 (voir figure 4.7.1). En notant VC le potentiel coulombien et VD le potentiel
de Debye, leur rapport est VD /VC = exp(−r/λD ). Il s’atténue sur la distance caracté-
ristique λD qui est d’autant plus grande que la température est élevée. Pour r ≫ λD ,
VD
VC → 0, ce qui signifie que les charges distantes de r ≫ λD ne ressentent presque plus
l’effet électrostatique de la charge placée en r = 0. On dit que la charge centrale est
91

écrantée. Ce phénomène d’écrantage a été expliqué par le physicien américain Peter


Debye, λD portant le nom de longueur d’écran de Debye .

Exercice 4.8. Condensateur plan


V (r) coulombien
V (r) de Debye

Fig. 4.7.1. Comparaison des potentiels de


Coulomb et de Debye.

0 r

5. Avec les valeurs données,

λD = 2,8 · 10−8 m à T = 1,0 · 103 K et λD = 8,9 · 10−8 m pour T = 1,0 · 104 K.


Dans ce second cas, λD représente seulement une dizaine de rayons atomiques.

4.8. Condensateur plan ★


Un condensateur plan est constitué de deux surfaces planes métalliques d’aire S,
parallèles en regard l’une de l’autre et séparées de la distance e. Ces surfaces,
appelées armatures du condensateur, sont séparées par du vide. Leurs faces en
regard portent des densités surfaciques de charge, notées σ1 et σ2 (en C · m−2 ),
et supposées uniformes, car on néglige les effets de bords. Le régime est supposé
statique : les charges électriques sont sans mouvement.
1. À l’aide du théorème de Gauss, montrer que les densités surfaciques de charge
portées par les armatures sont opposées. Dans la suite, on peut les noter respecti-
vement σ1 = σ et σ2 = −σ.
2. Exprimer le champ électrique régnant dans l’espace interarmatures.
3. Définir et exprimer la capacité C du condensateur. La calculer pour des arma-
tures carrées de côté ℓ = 10 cm séparées de la distance e = 1 cm. Commenter.
4. Dans le cas d’un véritable condensateur plan (armatures de taille finie), repré-
#–
senter l’allure des lignes de E, en la justifiant.
! Corrigé
1. On choisit une base orthonormée telle que le plan ( #– u y ) soit parallèle aux ar-
u x , #–
matures.

Méthode Négliger les effets de bords

Cette expression est employée chaque fois que les extrémités (les bords) d’un
système sont assez loin du point considéré pour ne pas avoir d’influence. Négliger
les effets de bords signifie que l’on fait comme si le système avait une extension
infinie pour l’étude des symétries.

En négligeant les effets de bords, on fait comme si les armatures étaient infiniment
étendues. L’étude des symétries du champ électrique se mène alors comme dans l’exer-
cice 4.4 page 81,
#–
E = f (z) #–
uz .
92

Ainsi les lignes de champ sont des droites parallèles à #–


u z . On choisit comme surface
S de Gauss un cylindre dont la surface latérale s’appuie sur les lignes de champ, et
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

dont les couvercles haut et bas sont dans le métal des armatures (voir figure 4.8.1).
z métal S2

σ2 q2
e
vide SL

σ1 q1
0
métal S1
Fig. 4.8.1. Application du théorème de Gauss dans le condensateur plan. Les plans
gris en pointillé représentent les nappes chargées (faces en regard des deux armatures). La
surface de Gauss S est le cylindre en trait plein. Ses faces S1 et S2 sont dans le métal des
armatures. L’intersection de la surface de Gauss avec les nappes chargées délimite deux cercles,
vus comme des ellipses grisées en tirets.

On rappelle qu’ un métal est électriquement neutre en volume (ϱ = 0, voir exer-


cice 5.2 page 123 pour la démonstration de ce résultat). Par conséquent, il ne peut
porter que des charges en surface.
Ainsi la charge intérieure à S se trouve uniquement sur les deux cercles (vus en
perspective comme des ellipses) grisés sur la figure 4.8.1, Qint = σ1 S1 + σ2 S2 .
#– #–
Par ailleurs, en régime statique, le courant dans le métal est nul, j = 0 . D’après la
#– #– #– #–
loi d’Ohm j = γ E, on en déduit que E = 0 dans le métal , ce qui confirme que
#– #–
ϱ = 0 d’après div E = εϱ0 . De plus, E = − grad
# – V = #–0 montre que
le potentiel V d’une armature métallique est uniforme .
Ce résultat sera utile par la suite : il sera légitime de parler du potentiel d’une arma-
ture.
#–
On en conclut que le flux sortant de E à travers la partie de S qui est dans le métal est
nul. D’autre part, le flux à travers la partie de S qui est dans l’espace interarmatures
#– # – #–
est nul car E ⊥ dS partout sur cette surface SL . En conclusion, le flux de E sortant
de S est nul. Le théorème de Gauss appliqué à S s’écrit donc
Qint 1 !

#– # – "
E · dS = 0 = = σ1 S1 + σ2 S2
S ε0 ε0 ' () * ' () *
q1 q2

⇒ q1 = −q2 ou σ1 = −σ2 car S1 = S2 ici .

Synthèse Armatures d’un condensateur

Les faces en regard des armatures d’un condensateur portent des charges
opposées.
93
#–
2. Dans la géométrie du condensateur plan, calculer E dans l’espace interarmatures
revient à calculer le champ créé par deux plans infinis porteurs de charges surfaciques

Exercice 4.8. Condensateur plan


opposées σ1 = +σ et σ2 = −σ. Or, un tel champ a déjà été calculé à l’exercice 4.4
page 81 (voir formule (4.4.5) page 83).

Méthode Principe de superposition

Les équations de Maxwell dans le vide étant linéaires, le principe de superposition


#– #–
s’applique. Si deux sources créent respectivement E 1 (M ) et E 2 (M ) en un point M
#– #– #–
de l’espace, le champ total en M s’écrit E(M ) = E 1 (M ) + E 2 (M ).

En superposant les deux champs,


#– #– #– σ #– −σ #– σ #–
E = E1 + E2 = uz+ u z) ⇒
(− #– E= u z entre les armatures . (4.8.1)
2ε0 2ε0 ε0
Ce champ n’a aucune dépendance vis-à-vis des variables d’espace : il est uniforme.
Remarque Par la même méthode, on peut vérifier que le champ dans le métal des
armatures est bien nul. Par exemple, pour un point M situé dans le métal au dessus
de la nappe chargée σ2 ,
#– #– #– σ #– −σ #–
E = E1 + E2 = uz + (+ #–
u z) = 0 .
2ε0 2ε0

3.

Méthode Capacité d’un condensateur

On note q1 la charge portée par l’armature 1, ainsi que V1 et V2 les potentiels


respectifs des deux armatures.
1. La capacité d’un condensateur est définie par q1 = C(V1 − V2 ).
2. Après avoir fixé une valeur arbitraire pour q1 , on calcule le champ élec-
#–
trique E dans l’espace interarmatures (cela a été fait aux questions précé-
dentes).
#–
3. On calcule la circulation de E entre les deux armatures de façon à faire
apparaître la différence de potentiel,
ˆ V2 ˆ 2
#– #– #– #– #–
E = − grad
# – V ⇒ dV = − E · dℓ ⇒ − dV = V1 − V2 = E · dℓ .
V1 1

4. On en déduit la capacité C par identification avec C = V1q−V


1
2
. La charge q1
#–
disparaît du résultat car E est proportionnel à q1 par linéarité des équations
de Maxwell.
5. On vérifie que C > 0 et est homogène à ε0 multiplié par une longueur (car
ε0 s’exprime en F · m−1 et C en F).
94

On calcule la circulation de e entre les armatures z1 = 0 et z2 = e,


Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

ˆ V (z2 ) ˆ z2 =e
#– #– (4.8.1) e σ σe
ˆ
−dV = E · '()*
dℓ = dz ⇒ V1 − V2 = .
V (z1 ) z1 =0 z=0 ε0 ε0
#–
dz u z

En introduisant l’aire S des armatures, l’armature 1 porte la charge q1 = σS, donc


q1 e ε0 S
V1 − V2 = Sε0 . Par identification avec la définition de la capacité, C = e . Cette
grandeur est positive et homogène à ε0 multiplié par une longueur.
Pour un condensateur dont les armatures sont des carrés de d = 10 cm de côté,
ε0 S 8,85·10−12 ×(0,1)2
séparés par une distance de e = 1 cm, C = e ≃ 0,01 ≃ 8,85 · 10−12 F .
Ce résultat est numériquement très petit. Il faut des gros condensateurs (non plans)
pour atteindre des capacités de l’ordre de 1 farad.

Synthèse Le farad est une « grosse unité »

Les condensateurs électroniques ont des capacités de l’ordre du nanofarad. Seuls


les gros condensateurs ont une capacité dépassant 1 farad.

Synthèse Condensateur plan et champ uniforme

En électrostatique, les condensateurs plans sont utilisés pour créer des champs
électriques uniformes, comme dans les accélérateurs de particules, par exemple.
Les calculs précédents montrent que, dans l’espace interarmatures,
#– V1 − V2 #–
E= uz . (4.8.2)
e
Cette expression est facile à retenir : c’est la tension aux bornes du condensateur
(en volts) divisée par la distance entre les armatures (en mètres). Elle est bien
homogène à un champ électrique (en V · m−1 ).

4. À cause des effets de bords, les lignes de champ électrique dans le condensateur ont
l’allure donnée sur la figure 4.8.2. Elles commencent aux charges positives et finissent
#–
aux charges négatives, car E pointe vers les potentiels décroissants en vertu de la
#–
relation E = − grad
# – V . Dans l’espace interarmatures, le champ est approximativement
uniforme. En quittant l’espace interarmatures, le champ devient de plus en plus faible.
Le long d’un tube de champ donné, les lignes s’écartent les unes des autres là où
#–
l’intensité du champ décroît, en accord avec la relation div E = 0 (dans le vide,
#–
ϱ = 0) de Maxwell-Gauss, qui traduit la conservation du flux de E dans le vide.

Fig. 4.8.2. Lignes de champ électrique


entre les armatures d’un condensateur
plan. Ces lignes ont été obtenues par calcul
numérique.
95

4.9. Énergie électrostatique ★


On considère le même condensateur plan que dans l’exercice 4.8 page 91. On néglige

Exercice 4.9. Énergie électrostatique


les effets de bords, donc sa capacité est C = ε0eS .
Après avoir rappelé l’expression de la densité volumique d’énergie électrique du
champ, exprimer l’énergie électrique contenue dans le condensateur en fonction
de C et de (V1 − V2 ), la différence de potentiel entre les armatures. Interpréter le
résultat.
! Corrigé

Rappel Énergie volumique du champ électromagnétique


#– #–
Dans le vide, en un point où règne un champ électromagnétique (E,B), il existe
une densité volumique d’énergie
#–
1 #–2 B2
uem = ε0 E + (en J · m−3 ) .
2 2µ0

#–
Dans le cas du condensateur en régime statique, seul le champ E est présent, donc
1 #–2
uem = 2 ε0 E . Or, dans un condensateur plan avec effets de bords négligés,
#– 5 62
E = V1 −V
e u z (voir formule (4.8.2) page 94), donc uem = 21 ε0 V1 −V
2 #–
e
2
. Cette densité
est uniforme. Le champ est nul à l’extérieur de l’espace interarmatures, donc uem l’est
également.
L’énergie totale Uem contenue dans le champ s’obtient en intégrant la densité volu-
mique sur tout l’espace (car le champ électromagnétique est susceptible d’avoir une
portée infinie). Comme la densité est ici nulle hors de l’espace interarmatures, le do-
maine d’intégration se résume à cette zone. Par uniformité de uem sur ce domaine,
Uem se calcule comme une simple multiplication par le volume d’intégration,
< =2
1 V1 − V2
˚
Uem = uem (M ) dτM = uem × (S × e) = ε0 × (S × e)
M∈espace 2 e

1
⇒ Uem = C(V1 − V2 )2 .
2
On retrouve l’expression classique « Ep = 12 CU 2 ». Or, celle-ci s’obtient en électroci-
nétique en calculant l’énergie reçue par le condensateur de la part du reste du circuit
lors de sa charge. C’est donc l’énergie que l’opérateur a dû dépenser pour apporter les
charges jusqu’aux armatures. Ces charges, du fait de leur disposition, créent le champ
dans le condensateur.

Synthèse Interprétation de l’énergie du champ électrique

L’énergie contenue dans le champ électrique du condensateur s’interprète comme


le travail dépensé par l’opérateur pour apporter les charges sur les armatures, et
donc pour créer le champ dans le condensateur.
96

4.10. Condensateur cylindrique ★


Le formulaire d’analyse vectorielle se trouve page 275.
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

On considère deux électrodes conductrices coaxiales, de hauteur h, de rayons res-


pectifs Rc (cathode) et Ra (anode) et uniformément chargées en surface avec les
densités σc et σa . L’anode est au potentiel constant Va > 0, et la cathode au po-
tentiel Vc = 0. L’espace situé entre les armatures est une région localement vide de
charges. On suppose que h ≫ Ra et h ≫ Rc .
#–
1. Préciser, en justifiant, la structure du champ électrique E(M ) au point M (voir
figure 4.10.1).

Rc Fig. 4.10.1. Condensateur cylindrique.


Va

Ra

2.a. En utilisant la relation locale de Gauss, déterminer l’expression du champ


électrique en un point M quelconque de l’espace interarmatures, en fonction des
grandeurs Rc , Ra , Va et r.
2.b. En déduire l’expression du potentiel électrostatique V (M ).
2.c. Déterminer l’expression des densités surfaciques de charge σc et σa . On rappelle
pour cela que les armatures d’un condensateur portent des charges totales opposées.
Préciser le signe de σa et de σc .
déf.
2.d. En déduire l’expression de la capacité linéique Γ = C/h du condensateur.
3. Déterminer la valeur de r rendant maximale la norme du champ électrique. On
note Emax cette valeur.
4. On maintient Ra fixe. Déduire Rc pour que Emax soit le plus grand possible à
Va fixé.
5. Dans les conditions de la question précédente, on donne Emax = 32 kV · cm−1
(valeur du champ de claquage de l’air, aussi appelé champ disruptif, au-delà de
laquelle une étincelle prend naissance) et Rc = 1,5 cm. Calculer la valeur numérique
de Va .

! Corrigé
1. Les plans (M, #– u z ) et (M, #–
u r , #– u θ ) sont deux plans de symétrie de la distribution
u r , #–
#–
de charges. Il en résulte que E(M ) = E(M ) #– u r . L’invariance de la distribution de
charges par rotation autour de l’axe z et par translation dans la direction de l’axe Oz
#–
impose que E(M ) = E(r), de sorte que E(M ) = E(r) #– r u .
#–
2.a. L’énoncé suggère de déterminer ici E en utilisant l’équation traduisant localement
le théorème de Gauss, div E(M ) = ϱ(M)
#–
. L’espace interarmatures étant une région
#–ε0 d
vide de charges, on en déduit que div E(M ) = 0, soit dr (r E) = 0 d’après le formulaire
A
d’analyse vectorielle. Par conséquent, E = r , où A est une constante d’intégration.
Le champ électrostatique est généré par la tension (différence de potentiel) appli-
97

quée entre l’anode et la cathode. Il paraît donc naturel d’exprimer A en fonction de


Va − Vc = Va (car Vc = 0). Pour cela, on calcule la circulation du champ électro-

Exercice 4.10. Condensateur cylindrique


statique le long d’un chemin partant de l’anode et aboutissant à la cathode. Cette
#–
circulation de E entre deux points A et B ne dépend pas du chemin suivi, mais seule-
#–
ment des extrémités du chemin (résultat important, venant du fait que E = − grad #– V
en électrostatique). Parmi tous les chemins possibles pour le calcul, le plus simple est
toujours de choisir une ligne de champ électrostatique dont la détermination découle
directement de l’analyse de symétrie. D’après la question précédente, les lignes de
champ sont des rayons partant de l’anode et dirigés vers le centre du condensateur.
Soit M1 un point de l’anode et M2 un point de la cathode disposés sur une même
ligne de champ.
ˆ M2 ˆ M2 ˆ Vc =0
#– #– #–
E(M ) · dℓ = − grad V (M ) · dℓ = −
# – dV = Va (4.10.1)
M1 M1 Va

Par ailleurs,
M2 Ra
A #– Rc
ˆ ˆ
#– #–
E(M ) · dℓ = u r · dr #–
u r = A ln . (4.10.2)
M1 Ra r Ra
Va
Des relations (4.10.1) et (4.10.2), on déduit que A = Rc
, donc
ln R a

#– ur
Va #–
E(r) = Rc r
, ∀r ∈ [Rc ; Ra ] . (4.10.3)
ln Ra

Comme Rc < Ra , on vérifie que le champ est effectivement dirigé de l’anode vers la
cathode.

#– # – V (M ) = − dV (r) #–
2.b. La relation champ-potentiel s’écrit E(M ) = − grad u r . L’inté-
dr
VA
gration de cette équation conduit à V (r) = − ln Rc ln r + cte. Sachant que V (Rc ) = 0
Ra
VA
par choix de l’origine du potentiel, il en résulte que cte = Rc
ln R
ln Rc , donc
a

ln Rrc
V (r) = VA , ∀r ∈ [Rc ; Ra ] .
ln R
Rc
a

2.c. Le théorème de Gauss, exploité dans sa formulation intégrale


Qint

#– #–
E(M ) · dSM = ,
M∈Σg ε0
permet de calculer σc . On choisit une surface de Gauss Σg adaptée aux symétries
#–
du champ E, soit ici un cylindre
‹ de rayon r, d’axe (O, u z ) et de hauteur h. Dans
#–
#– #– #–
ce cas, le flux de E s’écrit E(M ) · dSM = 2πrhE(r) et Qint = 2πRc hσc ,
M∈Σg
σc Rc
d’où E(r) = ε0 r . Compte tenu de l’expression (4.10.3), on en déduit que
Va 1
σc = ε0 R c ln
Rc . Sachant que les armatures d’un condensateur portent des charges
Ra

totales opposées, Qa = −Qc . Comme Qa = 2πRa hσa et Qc = 2πRc hσc , on en déduit


98

que σa = −Rc σc /Ra , donc


Va 1
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

σa = ε0 . (4.10.4)
Ra ln R
R
a
c

Comme Ra > Rc , la cathode est chargée négativement (σc < 0) et l’anode l’est
positivement (σa > 0).
2.d. La capacité C du condensateur cylindrique est définie par Qa = C(Va − Vc ).
Compte tenu de l’expression (4.10.4), on en déduit l’expression de la capacité linéique,

déf. C 1
Γ = = 2πε0 Ra . (4.10.5)
h ln R c

#– #– 9 9 #–
3. L’amplitude de E vaut |E| = 9 lnVRa c r1 9 = Va 1
9 9
ln R a r
. Il apparaît que |E| est une
Ra Rc
fonction décroissante de r, de sorte que Emax est obtenu pour la valeur minimale de
r ∈ [Rc ; Ra ].

La valeur de r rendant l’amplitude du champ maximale est Rc .


% &
dEmax
4. On cherche la valeur de Rc∗ telle que dRc = 0. Sachant que Emax = − lnVRa c 1
Rc ,
R∗
c Ra
⎡ # $2 ⎤
% dE & 1 1 1 1 Ra
max
= Va ⎣ Rc
+ 2 Rc
⎦=0 ⇒ ln =1
dRc R∗
c Rc2 ln R Rc ln R Rc
a a

Ra
⇒ Rc = où e = exp(1) ≃ 2,71 .
e

5. Va = Rc Emax = 48 kV . Si une tension supérieure à cette valeur est appliquée aux


bornes du condensateur, une étincelle va prendre naissance dans l’air entre les deux
armatures.

4.11. Dipôle électrostatique ★★


Le chlore est plus électronégatif que l’hydrogène. Par conséquent, dans une molécule
de chlorure d’hydrogène H-Cl, l’atome de chlore porte une charge −q et l’atome
d’hydrogène une charge opposée +q. Cette distribution de charge, globalement
neutre, porte le nom de dipôle électrostatique. On note a la distance entre les deux
atomes.
1. La carte du champ électrostatique créé par un dipôle est représentée sur la
figure 4.11.1.
1.a. À l’aide d’une analyse des symétries, justifier la direction du champ électro-
#–
statique E aux points A et B.
1.b. Comment doit être situé le réseau d’équipotentielles par rapport aux lignes de
champ électrostatique ?
2.a. Rappeler en quoi consiste l’approximation dipolaire électrostatique. Donner
l’ordre de grandeur de l’amplitude du moment dipolaire #– p de la molécule de chlo-
rure d’hydrogène. Quelle est l’unité adaptée à la description des moments dipolaires
à l’échelle moléculaire ?
99

2.b. L’origine des potentiels est prise à l’infini. En se plaçant dans le cadre de
l’approximation dipolaire, montrer que le potentiel électrostatique V (M ) en un

Exercice 4.11. Dipôle électrostatique


point M repéré par les coordonnées sphériques r, θ et ϕ s’écrit
qa cos θ
V (r,θ) ≃ .
4πε0 r2
3. En restant dans l’approximation dipolaire, en déduire l’expression du champ
#–
électrostatique E(M ).
4. Déterminer l’équation des surfaces équipotentielles.
5. Pour déterminer l’équation des lignes de champ électrostatique, on traduit ma-
#–
thématiquement la définition des lignes. En tout point M d’une ligne, l’élément dℓM
#–
de ligne est localement parallèle à E(M ). En exprimant cette condition, construire
des relations différentielles et en déduire l’équation des lignes de champ électro-
statique.
x
B

A z

Fig. 4.11.1. Lignes du champ électrostatique créé par un dipôle.

! Corrigé
1.a. Soit A un point appartenant à l’axe du dipôle électrostatique. Les plans
Ps1 = (A, #– u z ) et Ps2 = (A, #–
u y , #– u z ) constituent deux plans de symétrie de la
u x , #–
distribution de charge. Le champ en A est contenu dans ces deux plans, donc
#–
E(A) = E(A) #–
uz .

On étudie le point B introduit par l’énoncé. Le plan Pa = (B, #– u y ) est un plan


u x , #–
d’antisymétrie de la distribution de charge. Le champ lui est orthogonal, donc
#–
E(B) = E(B) #–
uz .

1.b. Les lignes de champ électrostatique sont orthogonales aux surfaces équipoten-
tielles . C’est une conséquence de la loi locale
#– #– #–
E = − grad
# – V ⇐⇒ dV = −E · dℓ . (4.11.1)
On choisit deux points M et M ′ appartenant à une même surface équipotentielle, très
proches l’un de l’autre. On adapte alors les notations de la relation (4.11.1) à ces deux
#– # –
points, V (M ′ ) − V (M ) = − E(M ) · M M ′ . Cette quantité est nulle car les deux points
#– # – # –
sont au même potentiel, donc E(M ) ⊥ M M ′ . Comme M M ′ est parallèle à la surface
équipotentielle, cela montre que
#–
E(M ) est localement orthogonal à la surface équipotentielle passant par M .
100

2.a. L’approximation dipolaire électrostatique consiste à étudier l’effet du dipôle à


une distance r ≫ a . Dans le cas d’une molécule (celle de chlorure d’hydrogène en
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

particulier), la distance a entre les deux atomes est de l’ordre de 1 · 10−10 m et la


charge q est une fraction de la charge élémentaire e = 1,6 · 10−19 C. Par conséquent,
p | = qa ∼ 10−29 C · m . L’unité utilisée en chimie pour exprimer les moments dipo-
| #–
laires moléculaires est le debye (symbole D), qui vérifie 1 D ≃ 31 · 10−29 C · m.
2.b. D’après le principe de superposition, le potentiel V créé en M par les deux
charges ponctuelles situées en P (positif) et N (négatif) est la somme des potentiels
créés par chaque charge (voir figure 4.11.2),
1 : q q ;
V (M ) = − . (4.11.2)
4πε0 P M NM
x

#–
ur
#–
M
r
Fig. 4.11.2. Notations pour le calcul du potentiel
# –
N O θ P créé par le dipôle p
#– = q N P en un point M .
p
#– z
a a
2 2

Son calcul exact est une expression compliquée. Dans l’approximation dipolaire, on
peut faire un développement limité en ar ≪ 1 de chaque terme. Pour cela, on doit déve-
lopper P1M = P M −1 et N1M = N M −1 . La technique classique consiste à écrire P M 2 ,
# – % # – # –&2 # – # –
P M 2 = P M 2 = P O + OM = P O2 + OM 2 + 2P O · OM
% a &2 a % # – # – & % a &2
= + r2 + 2 × × r × cos P O, OM = + r2 + ar cos(θ − π)
2 2 < 2
% a &2 a % a &2 =
2 2
= + r − ar cos θ = r × 1 − cos θ +
2 r 2r
: a % a &;
2
= r × 1 − cos θ + o .
r r
On élève P M 2 à la puissance − 21 pour le transformer en P1M ,
1 5 6−1/2 1 : a % a &;
= PM2 = = r−1 × 1 + cos θ + o . (4.11.3)
PM PM 2r r
# – # – # –
Pour calculer N1M , il suffit de refaire le même calcul avec N M = N O + OM , ce qui
revient à remplacer a2 par − 2a . Le résultat est donc
1 : a % a &;
= r−1 × 1 − cos θ + o . (4.11.4)
NM 2r r
−1
En substituant
! a "(4.11.3) et (4.11.4) dans (4.11.2), les termes en r disparaissent et il
reste, à un o r près que l’on n’écrit pas,

qa cos θ
V (M ) ≃ .
4πε0 r2
# –
La quantité q × a, qui est la norme du moment dipolaire #– p = q N P , est apparue de
1
façon naturelle dans ce calcul. Ce potentiel est proportionnel à r2 , contrairement au
101

potentiel créé par une charge seule qui décroît comme 1r . Cela n’est pas étonnant car
en M se superposent deux potentiels presque opposés (deux charges opposées qui,

Exercice 4.11. Dipôle électrostatique


vues de M , sont presque au même endroit). Le terme dominant en 1r disparaît donc
du calcul pour ne laisser que les termes d’ordre supérieur.
#– #–
3. On déduit l’expression de E de celle de V via la relation locale E = − grad # – V.
Dans la base de coordonnées sphériques (voir figure 4.11.2),
# – V = ∂V #–
grad ur +
1 ∂V #–
uθ ⇒
#–
E(M ) ≃
qa
(2 cos θ #–
u r + sin θ #–
u θ) .
∂r r ∂θ 4πε0 r3

Ce champ décroît en r13 , contrairement au champ d’une charge seule qui décroît en
1
r 2 . Là encore, les deux champs créés par les deux charges se compensent presque.
Il n’est donc pas étonnant que leur somme soit négligeable devant chacun des deux
champs en r12 créés par chaque charge.
4. On détermine l’équation des surfaces équipotentielles en coordonnées sphériques
en résolvant l’équation V (M ) = cte. En notant V le potentiel sur la surface cherchée,
1

4 ∗ déf. qa
r = r | cos θ| avec r = .
4πε0 V

Ces surfaces admettent une symétrie de révolution par rapport à l’axe (O, #–
u z ) du
dipôle (voir figure 4.11.3).

Fig. 4.11.3. Lignes du champ et surfaces équi-


potentielles créées par un dipôle. Vue en coupe
dans un plan contenant le dipôle. Les niveaux de gris
indiquent les valeurs du potentiel (gris foncé pour les
potentiels élevés et clair pour les potentiels faibles).
Les lignes de champ sont localement orthogonales aux
surfaces équipotentielles.

#– #– #– #– #–
5. Le parallélisme local entre dℓM et E(M ) se traduit par E(M ) ∧ dℓ(M ) = 0 , ce
qui s’écrit, en coordonnées sphériques d’axe (O, u z ),
#–
⎡ ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ ⎤
Er dr Eθ r sin θ dϕ 0
⎣ Eθ ⎦ ∧ ⎣ r dθ ⎦ = ⎣ −Er r sin θ dϕ ⎦ = ⎣ 0 ⎦ . (4.11.5)
0 r sin θ dϕ Er r dθ − Eθ dr 0
Les deux premières composantes de l’égalité vectorielle (4.11.5) doivent être satisfaites
pour toute valeur de r et de θ d’un point de la ligne. On en déduit que dϕ = 0, ce
#–
qui impose que les lignes de champ E doivent être contenues dans le plan azimutal
ϕ = cte. Il y a accord avec la symétrie de révolution de la distribution de charge
autour de l’axe (O, #–
u z ).
La dernière ligne de l’égalité (4.11.5) est une relation différentielle qui, après intégra-
tion, donne l’équation de la ligne de champ électrostatique.
ˆ r ˆ θ
2 cos θ sin θ dr cos θ dr cos θ
Er r dθ = Eθ dr ⇒ 2
dθ = 3
dr ⇒ = 2 dθ ⇒ = 2 dθ
r r r sin θ r0 r θ0 sin θ
102

Les grandeurs r0 et θ0 introduites correspondent à des constantes d’intégration


(coordonnées polaires d’un point particulier de la ligne cherchée). En calculant chaque
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

intégrale,
9 9 9 9
r 9 sin θ 9 9 sin θ 92
ln = 2 ln 9
9 9 ⇒ r(θ) = r0 99 9 .
r0 sin θ0 9 sin θ0 9
On obtient l’équation polaire de la ligne de champ électrostatique passant par le
point (r0 ,θ0 ).
Remarque La relation différentielle obtenue a pu être intégrée analytiquement
par séparation des variables r et θ, laquelle était possible grâce à la simplicité de
#–
l’expression de E. La détermination analytique de l’équation des lignes de champ
pour une distribution quelconque de charge est souvent impossible. Dans ce cas, on
procède à une intégration numérique de la relation différentielle. C’est par ce moyen
que la figure 4.11.3 a été obtenue.

4.12. Vitesse moyenne des électrons dans un fil ★


1. On admet que le cuivre possède un électron libre par atome. Déterminer la
densité volumique n d’électrons libres (nombre d’électrons libres par unité de
volume).
2. Pour un câble électrique en cuivre parcouru par un courant d’intensité i = 1 A
et de section S = 1 mm2 , évaluer la vitesse d’ensemble des électrons libres.
3. En assimilant les électrons à un gaz parfait, comparer cette vitesse d’ensemble
à la vitesse d’agitation thermique des électrons à température ambiante.
Données. Charge de l’électron q = −e = −1,6 · 10−19 C, masse de l’électron
m = 9,1 · 10−31 kg, masse volumique du cuivre µ = 9,8 · 103 kg · m−3 , masse molaire
du cuivre M = 63 g · mol−1 , nombre d’Avogadro Na = 6,02 · 1023 mol−1 , constante
de Boltzmann kB = 1,38 · 10−23 J · K−1 .
! Corrigé
1. Le nombre d’électrons par unité de volume est égal au nombre d’atomes de cuivre
par unité de volume, donné par
µNa 8,9 · 103 × 6,02 · 1023
n= ⇒ n= ⇒ n = 8,5 · 1028 m−3 .
M 63 · 10−3
#– i
2. En supposant la densité de courant j uniforme sur la section du fil, j = S. Or,
j = nqv, donc
i 1
v= = ⇒ vmoyenne = 7 · 10−2 mm · s−1 .
nqS 8,5 · 1028 × 1,6 · 10−19 × 1,0 · 10−6

3. En supposant que les électrons ont un comportement de gaz parfait monoatomique,


la vitesse d’agitation thermique d’un électron est donnée par
1
1 3 3kB T
2
mv = kB T ⇒ v = ⇒ vagitation ∼ 1 · 105 m · s−1 pour T ≃ 300 K .
2 2 m
La vitesse d’agitation est nettement supérieure à la vitesse moyenne due au courant.
Toutefois, cette vitesse d’agitation calculée ne reflète pas la réalité. Une description
103

correcte du gaz d’électrons dans les métaux nécessite une approche par la mécanique
quantique. La vitesse réelle d’agitation des électrons dans un métal est de l’ordre de

Exercice 4.13. Champ magnétique créé par une nappe de courant


1 · 106 m · s−1 , soit de l’ordre d’un centième de la vitesse de la lumière. Cette vitesse,
appelée vitesse de Fermi, est environ dix fois supérieure à celle du gaz parfait étudié.

Synthèse Vitesse des électrons dans un fil

! Dans un fil électrique, la vitesse de dérive des électrons (mouvement d’ensemble


responsable du courant électrique) est de l’ordre d’une fraction de millimètre par
seconde.
! La vitesse d’agitation aléatoire des électrons est de l’ordre du centième de la
vitesse de la lumière dans le vide.

4.13. Champ magnétique créé par une nappe de courant ★


#–
On considère une distribution de courant j = j #– u z uniforme, d’épaisseur e, in-
finiment étendue dans les directions #– u x et #–
u y . Les notations sont définies sur la
figure 4.13.1. Le reste de l’espace est occupé par du vide.
y y

e/2
#–
j Fig. 4.13.1. Nappe de courant.
0
uz O
#– x

−e/2

1. En un point M quelconque de l’espace (dans ou hors de la nappe de courant),


#–
déterminer l’expression du champ magnétique B(M ) créé. Tracer y -→ Bx (y), où Bx
est la composante selon #–u x du champ magnétique.
2. On fait tendre l’épaisseur e vers zéro tout en maintenant inchangée la quantité
de courant transportée. La distribution s’appelle alors une nappe de courant et on
#– #–
définit son courant surfacique par j s = j ×e. Cette grandeur s’exprime en A · m−1
en unités SI. Que dire de la continuité du champ magnétique ?
! Corrigé
1.

Méthode Symétries du champ magnétostatique

! Tout plan de symétrie (respectivement d’antisymétrie) d’une distribution de


#– #–
courant j est plan d’antisymétrie (respectivement de symétrie) pour le champ B
créé par cette distribution.
Cette règle est liée à l’équation de Maxwell-Ampère en régime stationnaire,
#– #–
rot
#– B = µ0 j . La présence du rotationnel dans l’équation inverse les symétries
#– #–
des deux champs B et j .
104

Méthode (suite)
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

! Soit π + un plan de symétrie du champ. En un point M appartenant à π + , le


#–
champ B(M ) est contenu dans π + .
! Soit π − un plan d’antisymétrie du champ. En un point M appartenant à π − ,
#–
le champ B(M ) est orthogonal à π − .

Le plan (M, #– u z ) est plan de symétrie pour la distribution de courant, donc plan
u y , #–
#–
d’antisymétrie pour le champ magnétique. Par conséquent, B(M ) lui est orthogonal,
#–
B(M ) ! #– u x . La distribution de courant est invariante par translation selon #– ux
et u z , donc le champ ne dépend pas des variables x et z. En résumé, il est de la forme
#–
#–
B = f (y) #–u x . La plan (O, #– u z ) est plan de symétrie de la distribution de courant
u x , #–
donc d’antisymétrie pour le champ. Par conséquent, la fonction y -→ f (y) est impaire,
f (−y) = −f (y) .

Méthode Théorème d’Ampère – Énoncé et utilisation

Soit C un contour (ligne fermée orientée arbitrairement). La circulation du champ


magnétique le long de C est égale au courant enlacé par C , multiplié par la
perméabilité magnétique du vide, qui vaut µ0 = 4π · 10−7 H · m−1 exactement,
˛ ¨
#– #– #– # –
B(M ) · dℓM = µ0 ienlacé = µ0 j · dS .
M∈C S

Pour déterminer le champ magnétique à partir de ce théorème, on choisit un


#–
contour C tel que ses vecteurs déplacement élémentaires dℓM soient localement
#–
colinéaires ou orthogonaux à B, de manière à rendre simple le calcul de l’intégrale.
#–
Pour cette raison, il faut d’abord connaître la direction du champ B, d’où
l’indispensable analyse des symétries préalable.
Le théorème d’Ampère énoncé ici est a priori valable en régime stationnaire, car il
est la version intégrale de l’équation de Maxwell-Ampère en régime indépendant
#– #–
du temps, rot
#– B = µ0 j . Lorsque #–
le régime dépend du temps, il faut ajouter le
#– #–
courant de déplacement j d = ε0 ∂∂tE au courant j de conduction.

Un contour adapté aux propriétés de symétries du champ est le rectangle CDEF ,


défini sur la figure 4.13.2.
y y
y E D
Fig. 4.13.2. Contour CDEF pour
e/2
#– #– l’application du théorème d’Ampère.
j dS Seul le cas y > e/2 a été dessiné. Le vec-
0 #–
uz O
#– x teur dS est un vecteur surface élémentaire
de la surface S s’appuyant sur C et orien-
−e/2
tée par la règle de la main droite.
−y
F C

105

On décompose l’intégrale du théorème d’Ampère le long des quatre côtés. Par défini-
tion, le courant enlacé traverse toute surface s’appuyant sur le contour C et orientée

Exercice 4.13. Champ magnétique créé par une nappe de courant


par la règle de la main droite, donc
ˆ D ˆ E ˆ F ˆ C >
#– #– #– #– #– #– #– #– j × 2y × ℓ si y ∈ [0,e/2]
B · dℓ + B · dℓ + B · dℓ + B · dℓ = µ0 ×
j × 2e × ℓ si y > e/2
' C () * ' D () * ' E () * ' F () *
=0 =−f (y)×ℓ =0 =f (−y)×ℓ
> >
−jy si y ∈ [0,e/2] #– −jy #–
ux si y ∈ [0,e/2]
⇒ f (y) = ⇒ B= . (4.13.1)
−je si y > e/2 −je u x
#– si y > e/2

Les cas où y < 0 se déduisent de l’expression (4.13.1) en utilisant l’antisymétrie du


champ par rapport au plan (O, #– u z ). Le tracé demandé est donné à la figure 4.13.3.
u x , #–
#–
Bx = B · #–
ux

je/2

0 e/2
−e/2 y

−je/2

Fig. 4.13.3. Tracé de la composante selon u


#– du champ magnétique.
x

On remarque que le champ magnétique est une fonction continue de l’espace.


2. Lorsque e → 0 en maintenant js = je constant, le graphe de la figure 4.13.3 montre
une discontinuité du champ magnétique.

Synthèse #–
Discontinuités artificielles de B
#–
Les distributions de courant réelles sont volumiques, de densité j finie. L’équation
#– #– #–
de Maxwell-Ampère rot #– B = µ j implique la continuité spatiale du champ B.
0
#–
Des discontinuités artificielles de B surgissent avec les distributions surfaciques,
qui ne sont pas réalistes lorsqu’on les regarde de trop près (le « plan » de courant
possède en réalité une épaisseur non nulle et est parcouru par un mouvement de
charge en volume). Pour des raisons de simplification, on peut garder la distribu-
tion surfacique, à condition de lui associer la « loi de discontinuité », aussi appelée
« relation de passage »,
#– #– #–
B(M ) − B(M ) = µ j ∧ #–
2 1 0 n , s 12 (4.13.2)
où #–
n 12 est le vecteur unitaire, normal à la nappe de courant, pointant de M1
vers M2 .
106

4.14. Champ magnétique dans un câble coaxial ★★


On considère un câble coaxial (câble de sortie d’un générateur basse fréquence)
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

constitué d’un cylindre métallique central plein, de rayon R1 , et d’une couche cylin-
drique périphérique, de rayon interne R2 et de rayon externe R3 (voir figure 4.14.1).

R3

R2
Fig. 4.14.1. Câble coaxial vu en coupe.
i iO R1

uz
#–

Entre R1 et R2 se trouve une matière isolante assimilable à du vide du point


de vue électromagnétique. Ce câble est rectiligne d’axe (O, #–u z ) et considéré comme
infiniment long. Sa partie conductrice centrale transporte une intensité i constante,
dirigée selon + #–
u z , et sa partie périphérique transporte une intensité i dans le
sens − #–
u z . Dans chacune des deux parties conductrices, la densité de courant est
supposée uniforme. Soit M un point où on calcule le champ magnétique créé : on
note r la distance entre M et l’axe de l’ensemble.
1. Montrer que le champ magnétique créé par ce câble en un point M quelconque
#–
se met sous la forme B(M ) = B(r) #– u , où #–
u est un vecteur à préciser.
2. Déterminer l’expression de B(r) pour r ∈ [0, + ∞[. Tracer B(r).
Dans la suite, on considère le cas où les deux intensités sont surfaciques, cantonnées
dans de très faibles épaisseurs au voisinage de R1 et R2 .
3. Que devient le graphe de B(r) ? Commenter les discontinuités qui apparaissent.
4. Après avoir rappelé l’expression de la densité volumique d’énergie magnétique
du champ, exprimer l’énergie magnétique Um contenue une portion de longueur ℓ
du câble.
5. En déduire le coefficient d’auto-inductance (inductance propre) L de cette por-
déf.
tion, puis l’inductance linéique propre Λ = Lℓ du câble.
6. Calculer numériquement L pour R1 = 1,0 cm, R2 = 2,0 cm et h = 1,0 m.
Conclure.

! Corrigé

1. Soit un point M où on souhaite exprimer le champ. Le plan qui contient M et l’axe


u z ) est plan de symétrie pour la distribution de courant, donc plan d’antisymétrie
(O, #–
#–
pour le champ. Ainsi B(M ) est orthogonal à ce plan : il est dirigé selon le vecteur #–

des coordonnées cylindriques. De plus, il y a invariance par translation selon #– u z et
par rotation autour de l’axe, donc le champ ne dépend ni de z ni de θ. Finalement, le
#–
champ magnétique en M est de la forme B(M ) = B(r) #– u .
θ

2. Les lignes de champ sont des cercles d’axe (O, #–


u z ) sur lesquels B(r) est constante.
On peut calculer B(r) en utilisant le théorème d’Ampère. Le contour fermé C utilisé
est une ligne de champ magnétique de rayon r, orienté arbitrairement dans le sens
107

trigonométrique (voir figure 4.14.2),

Exercice 4.14. Champ magnétique dans un câble coaxial


µ0 Ienlacée
˛
#– #–
B(r) · dℓ = µ0 Ienlacé ⇒ B(r) = .
C 2πr
Il reste à déterminer l’intensité enlacée par le contour en fonction du rayon r. Par défi-
nition, cette intensité traverse la surface S (hachurée sur la figure 4.14.2) s’appuyant
sur le contour C ,
¨ ˆ r
#– #–
Ienlacée = j (r) · dS = j(r) 2πr dr ,
S 0
#–
où j (r) = j(r) #–
u z dépend de l’endroit considéré.

i
! Premier cas : si r ∈ [0,R1 ], j est tel que i = j × πR12 , donc j(r) = πR21
et

r2 µ0 ir
Ienlacée = i ⇒ ∀r ∈ [0,R1 ], B(r) = .
R12 2πR12

! Deuxième cas : si r ∈ [R1 ,R2 ], j(r) = 0. L’intensité enlacée est donc simplement
l’intensité circulant dans le cylindre central,
µ0 i
Ienlacée = i ⇒ ∀r ∈ [R1 ,R2 ], B(r) = .
2πr

! Troisième cas : si r ∈ [R2 ,Rˆ3 ], j est tel que −i = j × π(R32 − R22 ), donc
r
−i
j(r) = − π(R2i−R2 ) et Ienlacée = i + 2 − R2 ) 2πr dr
3 2
R2 π(R3 2
< =
µ0 i r2 − R22
⇒ ∀r ∈ [R2 ,R3 ], B(r) = × 1− 2 .
2πr R3 − R22

! Quatrième cas : si r ∈ [R3 , + ∞[, j = 0. L’intensité enlacée est i − i = 0. Le champ


magnétique est donc nul à l’extérieur du câble coaxial.

La synthèse de ces quatre cas est donnée sous forme du graphe r -→ B(r) à la
figure 4.14.2.

B(r)

µ0 i
#– 2πR1
dS
µ0 i
C 2πR2
i iO

uz
#– 0 R1 R2 R3 r

Fig. 4.14.2. Contour utilisé pour le théorème d’Ampère et représentation de B(r).


108

Synthèse Continuité spatiale du champ magnétique


Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

Sur cet exemple, on remarque que le champ magnétique est une fonction continue
de l’espace. C’est toujours le cas pour les distributions volumiques de courant, qui
sont les seules existant dans la nature.
Lorsqu’un courant est cantonné dans une faible épaisseur, on peut le modéliser par
une distribution surfacique (d’épaisseur nulle), mais cela crée une discontinuité
#–
artificielle de B obéissant à la « loi de discontinuité du champ magnétique à la
#–
traversée d’une nappe de courant i s »,
#– #– #–
B − B = µ i ∧ #–
2 1 0 sn . 12

3. Dans le cas où l’intensité du câble interne est cantonnée au voisinage de R1 , l’inten-


sité enlacée est nulle sur [0,R1− ], puis passe brutalement à i sur l’intervalle [R1− ,R1+ ],
#–
ce qui crée une discontinuité de B. De même, sur le câble périphérique, tout se passe
comme si R3 tendait vers R2 , d’où une autre discontinuité à cet endroit. Ainsi le
graphe de la figure 4.14.2 devient celui de la figure 4.14.3. Seul l’intervalle [R1 ,R2 ] a
des propriétés inchangées.

B(r)

µ0 i
2πR1
Fig. 4.14.3. Graphe de B(r) dans le cas
µ0 i
2πR2 où les courants sont surfaciques.

0 R1 R2 R3 r

#–2
B
4. La densité volumique d’énergie magnétique s’écrit um = 2µ 0
et s’exprime en J · m−3
(voir encadré « Rappel » page 95). Elle n’est non nulle que dans l’intervalle [R1 ,R2 ],
! µ0 i "2
où elle vaut um = 2µ1 0 × 2πr . Pour avoir l’énergie magnétique dans la zone consi-
dérée, on l’intègre sur le volume s’étendant de z = 0 à z = ℓ,
ˆ ℓ ˆ R2
1 R2
Um = dr dz* ⇒
um '2πr () Um = µ0 ℓi2 ln . (4.14.1)
z=0 r=R1 4π R1
=dτ

5.

Méthode Coefficient d’auto-inductance et énergie magnétique

Un circuit de coefficient d’auto-inductance L et parcouru par un courant d’inten-


sité i possède une énergie magnétique 21 Li2 , qui s’interprète comme l’énergie qu’a
dû fournir l’opérateur pour faire passer le courant de zéro à i.
109

Méthode (suite)

Exercice 4.15. Supraconductivité – Effet Meissner


Le champ magnétique propre du circuit étant créé par i, cette énergie est aussi
celle qui est contenue dans le champ, donc
B2 1
˚
Um = dτ = Li2 . (4.14.2)
espace 2µ 0 2
On peut utiliser cette égalité pour calculer le coefficient L. Un coefficient d’auto-
inductance est positif et homogène à µ0 multiplié par une longueur, car µ0 s’ex-
prime en H · m−1 .

µ0
En identifiant les relations (4.14.1) et (4.14.2), on obtient L = 2π ℓ ln R
R1 . En divi-
2

sant par la longueur ℓ, on obtient l’inductance linéique,


µ0 R2
Λ= ln . (4.14.3)
2π R1

6. Avec les valeurs proposées, on trouve L = 1,4 · 10−7 H .

Synthèse Le henry est une « grosse unité »

Pour les circuits usuels, les coefficients d’auto-inductance ont des valeurs numé-
riquement petites lorsqu’on les exprime en henrys. On dit que « le henry est une
grosse unité ».
Seuls les circuits bobinés et équipés de noyaux ferromagnétiques (ce qui mul-
tiplie µ0 par la perméabilité magnétique relative µr du noyau) atteignent des
coefficients d’auto-inductance de plusieurs henrys.

4.15. Supraconductivité – Effet Meissner ★★


Certains matériaux, appelés supraconducteurs, voient leur conductivité devenir in-
finie en dessous d’une température critique Tc . En refroidissant un tel matériau
soumis à un champ magnétique extérieur, le physicien allemand Walther Meissner
a constaté que, lorsque T devenait inférieure à Tc , le champ magnétique dans l’en-
vironnement immédiat de l’échantillon augmentait d’un coup. Il en a déduit que le
#–
champ magnétique était éjecté hors du matériau (les lignes de B ne peuvent plus
entrer dans le matériau, mais doivent le contourner). Ce phénomène, découvert
en 1932, est appelé effet Meissner. Pour l’expliquer, les Allemands Fritz et Heinz
2 #–
London ont ajouté aux équations de Maxwell la relation rot j = − nq
#– #–
m B (équation
de London), où n est le nombre d’électrons libres par unité de volume, et q = −e
et m respectivement la charge et la masse d’un électron.
1. Établir l’équation vérifiée par le champ magnétique dans le matériau en régime
stationnaire. Faire apparaître une distance caractéristique et la calculer numérique-
ment pour l’étain.
110

2. On considère une lame d’épaisseur 2L dans la direction #–u y et d’extension infinie


dans les autres directions. L’origine de l’axe y est prise au milieu de l’épaisseur.
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

#–
On plonge la plaque dans un champ magnétique extérieur uniforme B ext = B0 #– u z.
#– #–
Déterminer le champ magnétique B, puis la densité de courant j dans le matériau.
3. Expliquer alors pourquoi un échantillon de matériau supraconducteur lévite
lorsqu’on le pose sur un aimant.
Données. Pour l’étain, n = 2,5 · 1028 m−3 , e = 1,6 · 10−19 C, m = 9,1 · 10−31 kg,
µ0 = 4π · 10−7 H · m−1 .
! Corrigé
#– #–
1. En régime stationnaire, l’équation de Maxwell-Ampère se résume à rot
#– B = µ0 j .
On prend le rotationnel de cette équation,
#– #– #– #– #– nq 2 #–
rot(
#– rot
#– B) = µ0 rot j ⇒ grad
# – (div B) −△B = − µ0 B
' () * m
=0
1
#– 1 #– #– m
⇒ △B − 2 B = 0 avec λ = (longueur caractéristique) . (4.15.1)
λ µ0 nq 2

Pour l’étain, λ = 34 nm .
2. Par invariance par translation selon #–
u x et #–
u z , le champ magnétique ne peut
dépendre que de y. Le champ magnétique extérieur étant selon #–u z , on postule une
#–
forme B = B(y) u dans le matériau. L’équation (4.15.1) donne alors
#–
z

∂2B 1 y y
− 2 B = 0 ⇒ B(y) = α sh + β ch .
∂y 2 λ λ λ
Le plan (O, #– u z ) est plan de symétrie de l’ensemble, donc le champ magnétique
u x , #–
doit être une fonction paire de y, ce qui permet d’enlever le terme impair en sinus
hyperbolique. Il reste B(y) = β ch(y/λ).

Rappel Continuité du champ magnétique

Le champ magnétique est une fonction continue de l’espace. Des discontinuités


artificielles peuvent apparaître, mais seulement dans le cas où on utilise une modé-
lisation par des courants surfaciques, ce qui n’est pas le cas ici.

En y = L, le champ magnétique dans le matériau doit se raccorder continûment au


champ magnétique extérieur, donc
L #– B0 y
β ch = B0 ⇒ B= ch #–
uz . (4.15.2)
λ ch L
λ
λ

Le champ magnétique est donc quasi nul dans le matériau (voir figure 4.15.1). À cause
de la rapide croissance de la fonction u -→ ch(u) pour u > 1, le champ n’est significatif
que dans l’épaisseur δ = 34 nm sur les faces externes. On peut donc considérer qu’il
est quasi nul dans le matériau, ce qui est conforme à l’éjection du champ évoquée
dans l’énoncé.
111

B(u)/B0 Fig. 4.15.1. Amplitude


du champ magnétique

Exercice 4.15. Supraconductivité – Effet Meissner


1 dans un supraconducteur
d’épaisseur 8λ. Le tracé
est en fonction de la variable
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 u= y
λ
adimensionnée u = λy .

Méthode Symétries du courant

2 #–
L’équation de London rot #– #–
j = − nq m B montre que les plans de symétrie (respec-
#–
tivement d’antisymétrie) de B sont les plans d’antisymétrie (respectivement de
#–
symétrie) de j .
Cette propriété provient du fait que le rotationnel inverse les symétries. Cette
règle est construite par analogie avec les règles de symétrie de la magnétostatique
#– #–
issues de l’équation rot
#– B = µ0 j .

#– #–
Le plan (M, #– u z ) est plan de symétrie pour B, donc plan d’antisymétrie pour j .
u y , #–
#–
Ainsi, au point M , le vecteur j (M ) est orthogonal à ce plan, donc colinéaire à #–
u x.
Comme le champ magnétique, le courant ne peut dépendre que de y, donc
#–
j = j(y) #–
ux .
On détermine la densité de courant par l’équation de London, dans laquelle on prend
le champ magnétique de l’équation (4.15.2),
⎡ ∂ ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ ⎤
∂x j 0 2
0
#– #– ⎢ ∂ ⎥ ⎢ ⎥ ⎢ ∂j ⎥ nq ⎢ ⎥
rot j = ⎣ ∂y ⎦ ∧ ⎣ 0 ⎦ = ⎣ ∂z ⎦ = − ⎣ 0 ⎦
∂ ∂j m B0 y
0 − L ch λ
∂z ∂y ch λ

2
∂j nq B0 y y #– 1 B0 y
⇒ = ch ⇒ j = C λ sh ⇒ j = sh #–
ux .
∂y m ch L λ λ µ0 λ ch L λ
' () λ* λ
déf.
=C

y y
#– Fig. 4.15.2. Allure des
#–
B ext B pr lignes de courant dans un
L supraconducteur. À cause
#– de la rapide croissance de la
#– B pr
j fonction u $→ sh u pour u > 1,
0 le courant n’a une amplitude
uz O
#– #–
j x
significative que près des bords
−L de l’échantillon.

Le courant étant principalement cantonné dans la faible épaisseur λ = 34 nm près


des bords du matériau, on peut presque considérer qu’il y a deux nappes de courant
surfacique. Or, le champ magnétique propre créé par une telle nappe de courant a
été étudié à l’exercice 4.13 page 103. Cela permet de placer qualitativement le champ
#–
propre B pr sur la figure 4.15.2. On constate que le champ externe est renforcé par le
112

champ propre, tandis que le champ interne est modéré, conformément aux résultats
expérimentaux de Meissner.
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

3. Dans un échantillon réel, l’extension en x est finie. Or, les lignes de courant doivent
#–
se refermer en régime stationnaire (div j = 0 partout). Sur la figure 4.15.2, elles
#–
auraient qualitativement l’allure de rectangles orientés comme les lignes de j déjà
représentées. Une telle distribution de courant, analogue à une assemblée de spires
#–
rectangulaires concentriques (de centre O), crée un champ magnétique propre B pr
#–
qui s’oppose à B ext . Ainsi le supraconducteur présente son pôle nord au pôle nord de
l’aimant qui est sous lui. Les deux pôles se repoussent, permettant au supraconducteur
de léviter.

4.16. Conductivité électrique – Loi d’Ohm locale ★


Dans un fil électrique non parcouru par un courant, il y a statistiquement autant
d’électrons libres allant dans un sens ou dans l’autre sous l’effet de l’agitation
aléatoire, ce qui donne au total une intensité nulle malgré cette agitation.
Pour simplifier l’étude, on suppose que les porteurs ont une vitesse nulle en l’absence
de courant. Pour créer un courant, il faut exercer une force sur les électrons. On
#–
applique pour cela un champ électrique E grâce à un générateur. Lorsque ce champ
est constant, on voit qu’il s’établit un courant constant. Pour expliquer cela, le
physicien allemand Paul Drude (1863-1906) a modélisé les interactions exercées
par l’environnement (réseau cristallin et autres électrons) sur chaque porteur par
une force de frottement fluide −α #– v , où α est un coefficient de frottement positif et
où #–
v est la vitesse de dérive d’un porteur libre de charge q et de masse m.
1. En appliquant la loi de la quantité de mouvement à un porteur, déterminer
l’évolution de sa vitesse #–
v (t) lorsque le métal est soumis à un échelon de champ
#–
électrique (champ nul pour t < 0 et de valeur E constante pour t ! 0). Faire
apparaître une durée caractéristique τ .
2. Définir la conductivité électrique et donner son expression en fonction des
caractéristiques du métal.
3. Estimer l’ordre de grandeur du temps τ pour le cuivre, sachant qu’il y a environ
un porteur libre par atome.
4. On suppose que le champ électrique est à variations sinusoïdales dans le temps.
#–
En complexes, on l’écrit E = Em exp(iωt) #– u x , où Em ∈ R+ et i2 = −1. Montrer
que l’on peut garder la définition de la conductivité à condition que celle-ci soit
complexe, notée γ(ω). Établir l’expression de γ. Jusqu’à quel ordre de grandeur de
fréquence peut-on considérer γ réelle ? Que se passe-t-il sinon ?
Données.
! Pour le cuivre : γ = 5,98 · 107 S · m−1 , ϱ = 8,96 kg · m−3 , M = 63,5 g · mol−1 .
! Charge et masse de l’électron : q = −e = −1,60 · 10−19 C, m = 9,11 · 10−31 kg.
! Nombre d’Avogadro : Na = 6,02 · 1023 mol−1 .

! Corrigé
1. Dans le référentiel (galiléen) du fil, le porteur est soumis à la force électrique
#– #– #–
F = q E, à la force de frottement fluide f = −α #–v et à son poids, que l’on néglige.
113

Rappel Négliger le poids des particules en électromagnétisme

Exercice 4.16. Conductivité électrique – Loi d’Ohm locale


Pour un électron (q = −1,6 · 10−19 C et m = 9,1 · 10−31 kg) soumis à un champ
électrique de norme E = 1 V · m−1 et au champ de pesanteur g ≃ 9,8 m · s−2 , le
rapport des deux forces est
9 9
9 poids 9 mg 9,1 · 10−31 × 9,8
9 9=
9 force électrique 9 ≃ = 5,5 · 10−11 ≪ 1 .
qE 1,6 · 10−19 × 1
Cela montre que le poids est négligeable devant la force électrique. Pourtant, le
champ électrique de 1 V · m−1 pris dans cet exemple est très faible (différence de
potentiel de 1 volt appliquée aux bornes d’un dipôle de 1 mètre de longueur).

La loi de la quantité de mouvement s’écrit, pour t ! 0,


d #–
v #– #– #– d #–
v v
#– q #– déf. α
m = F + f = q E − α #–
v ⇐⇒ + = E où τ = . (4.16.1)
dt dt τ m m
Le paramètre τ , homogène à un temps, correspond au temps de relaxation (durée
typique d’établissement du régime permanent). ! t " La #–solution de l’équation différen-
#–
tielle sans second membre est v = A exp − τ , où A est une constante (vectorielle)
#–
d’intégration. La solution de l’équation avec second membre est la somme + , de cette
qτ #– #– t qτ #–
solution et de la solution particulière v part =
#– E, soit v = A exp −
#– + E.
m τ m
#–
Avec la condition initiale #–
v (t = 0) = 0 , la solution complète est
< + ,=
qτ #– t
v (t) =
#– E 1 − exp − .
m τ
déf. #–
E
Sa représentation graphique, en projection sur le vecteur unitaire #–
u = #– ,
|E |
est donnée
sur la figure 4.16.1.
v(t)

vlim = E
m Fig. 4.16.1. Évolution temporelle
de la vitesse d’un porteur de
charge q (supposée positive pour ce
schéma).

τ t

2.

Rappel Courant et conductivité électriques

On note n la densité volumique de porteurs libres (nombre de porteurs par unité


de volume).
#–
! Le Cvecteur densité de courant électrique est défini par j = nq #– v (ou bien
#–
v i s’il y a plusieurs types de porteurs). Son unité SI est le A · m−2 .
j el = i ni qi #–
#– #–
! La conductivité γ est définie par j el = γ E. Son unité SI est le S · m−1 (le
siemens est l’inverse du ohm, 1 S = 1 Ω−1 ).
114
#– nq2 τ #–
Lorsque le régime permanent est atteint, on identifie j el = nq #–
v lim = m E et
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

#– #– nq 2 τ
j el = γ E, ce qui donne la conductivité γ = .
m
3. La durée caractéristique du régime transitoire est
mγ mγ
τ = 2 = ϱNa ⇒ τ ≃ 2,4 · 10−14 s .
nq M q 2

4. L’équation différentielle (4.16.1) étant linéaire, on peut la résoudre en complexes


en posant #–
v = Vm exp(iωt) #– u x . Elle devient alors, en projection sur #–
u x,
2
q
1 q m nq
iωVm + Vm = Em ⇒ Vm = 1 Em ⇒ Jm = nqVm = 1 m Em .
τ m τ + iω τ + iω
En multipliant en haut et en bas par τ , on fait apparaître au numérateur la conduc-
2
tivité en régime stationnaire γ0 = nqm τ ,

#– #– déf. γ0 1
j el = γ(ω) E avec γ(ω) = et ωc = ≃ 4 · 1013 rad · s−1 .
1 + i ωωc τ

La conductivité complexe γ(ω) joue le rôle d’une fonction de transfert de type passe-
bas d’ordre 1, avec pour pulsation de coupure ωc . Cela correspond à la fréquence de
ωc
coupure fc = 2π ≃ 1 · 1013 Hz.

Synthèse Conductivité électrique du cuivre

! Si f ≪ 1 · 1013 Hz, la conductivité du cuivre est réelle et a la même valeur


qu’en régime stationnaire (γ ≃ γ0 ).
! Si f devient comparable ou supérieure à 1 · 1013 Hz, l’aspect complexe de la
conductivité ne peut plus être ignoré. Cela conduit, entre autres, à un déphasage
#– #–
de j el par rapport à E. Ce déphasage ϕ = arg(γ) varie de 0 (pour f ≪ fc ) à
−π/2 (pour f ≫ fc ).

4.17. Résistance électrique d’un câble ★


On considère un câble électrique cylindrique de longueur L, de section S et de
#–
conductivité γ. Le vecteur densité de courant j el est uniforme. Établir l’expression
de la résistance électrique de ce câble.
! Corrigé

Méthode Détermination d’une résistance électrique

La résistance électrique R d’un dipôle est définie par la loi d’Ohm globale
VA − VB = R iA→B .
115

Méthode (suite)

Exercice 4.17. Résistance électrique d’un câble


#– #–
On la trouve à partir de la loi d’Ohm locale j el = γ E, que l’on intègre en utilisant
¨ ˆ B ˆ B
#– # – #– #–
iA→B = j el · dS A→B et VA − VB = − dV = E · dℓ .
A A

#– #–
La loi d’Ohm locale s’écrit j el = γ E. Le champ électrique est donc uniforme,
#–
comme j el . En notant #–u z le vecteur unitaire donnant la direction de l’axe du câble,
#– #–
u z et E = E #–
j el = jel #– u z . Il faut faire le lien entre les descriptions locale et globale
du câble (voir figure 4.17.1).
#–
S A→B

A B
#–
j el iA→B

vue en gros plan vue de loin

Fig. 4.17.1. Vue en gros plan et vue de loin d’un câble électrique. Les deux sont
équivalentes. Pour que les deux schémas soient équivalents, l’orientation de iA→B sur le schéma
simplifié (filiforme) doit correspondre à l’orientation de la surface sur la vue en gros plan.
On projette la loi d’Ohm locale sur l’axe #–
u z du câble et on la multiplie par S et L,
j S L = γS ' EL
() * . (4.17.1)
' el
() *
iA→B VA −VB
˜ #– # –
L’intensité iA→B circulant dans le fil est donnée par iA→B = j el · dS A→B . Le
#–
champ j el étant uniforme, cela s’écrit simplement iA→B = jel S.
Par ailleurs, le champ électrique étant uniforme, la quantité EL peut être vue comme
sa circulation le long du conducteur, donc comme la différence de potentiel entre les
bornes du conducteur,
ˆ B ˆ B ˆ B
#– #– #–
EL = E · dℓ = − grad
# – V · dℓ =− dV = VA − VB . (4.17.2)
A A A
L
La synthèse des expressions (4.17.1) et (4.17.2) s’écrit VA − VB = i. Par identifica-
γS
déf. L
tion avec la loi d’Ohm globale VA − VB = R iA→B , la quantité positive R = est
γS
la résistance du câble. Elle ne dépend que de la nature du matériau et de la géométrie
du conducteur.
116

4.18. Conductivité électrique et salinité ★★


1. On assimile les ions contenus dans l’eau de mer à des sphères. L’eau est un milieu
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

de viscosité η. Une sphère de rayon ri et de vitesse #– v i est alors soumise à une force
#–
de frottement, dite de Stokes, F = −6πηri #– v i . Un ion de charge qi = zi e (zi ∈ Z),
de masse mi , de rayon ri est placé dans une région où règne un champ électrique
#–
uniforme et stationnaire E.
Montrer que cet ion atteint une vitesse limite #– v lim,i à exprimer en fonction de zi ,
#–
ri , η, e et E. Cette vitesse est atteinte rapidement (en 10−13 s).
2. En déduire l’expression de la conductivité γ de l’eau de mer, sachant qu’il y a
N types d’ions. Exprimer γ en fonction, entre autres, des données du problème et
de ci , la concentration en ions de type i.
3. Une cellule de conductimétrie, destinée à mesurer γ, est constituée de deux
électrodes planes parallèles, d’aire A et distantes de ℓ (voir figure 4.18.1).

Fig. 4.18.1. Cellule conductimétrique.

3.a. Rappeler sans démonstration l’expression de la résistance de la solution se


trouvant entre les électrodes en fonction de la conductivité γ, de A et de ℓ. En
déduire le principe d’une mesure de conductivité de l’eau de mer avec la cellule.
3.b. Expliquer pourquoi une différence de potentiel constante entre les deux élec-
trodes n’est pas adaptée à une mesure de résistance de la solution se trouvant entre
les électrodes.
3.c. On choisit d’appliquer une différence de potentiel alternative. Pourquoi ne
faut-il pas choisir une fréquence trop élevée ? Une fréquence de l’ordre du kHz
convient-elle ?
4. La salinité de l’eau de mer est la masse totale de substances solides dissoutes
par kilogramme d’eau de mer. En 1884, une analyse d’échantillons d’eau de mer,
prélevés à différentes profondeurs dans divers océans, a montré que les proportions
relatives des constituants de l’eau de mer sont sensiblement constantes quelle que
soit la salinité (loi de Dittmar).
Montrer que, si on étalonne préalablement la cellule conductimétrique à l’aide d’un
échantillon d’eau de mer de salinité connue, alors cette cellule peut servir à déter-
miner la salinité de n’importe quel autre échantillon.

! Corrigé

1. Pour calculer la vitesse limite atteinte par l’ion i en régime stationnaire, on lui
applique la loi de la quantité de mouvement dans le référentiel terrestre, supposé
galiléen sur l’échelle de temps de l’expérience. L’ion de masse mi , de charge qi et de
#– #–
vitesse #–
v est soumis à la force électrique F e = qi E ainsi qu’à la force visqueuse de
#– i
Stokes F v = −6πηri v i , où η est le coefficient de viscosité dynamique du solvant dans
#–
117

lequel se déplacent les ions. En négligeant le poids,

Exercice 4.18. Conductivité électrique et salinité


d #–
vi #– #– #–
mi = F e + F v = qi E − 6πηri #–
v i.
dt
% d #–
v & i #–
La vitesse limite #–
v lim,i atteinte en régime stationnaire est telle que = 0,
dt t→+∞
donc
zi e #–
#–
v lim,i = E avec zi ∈ Z . (4.18.1)
6πηri
#– C
2. Le vecteur densité de courant est construit comme j el = i ni qi #–v lim,i , où ni est le
nombre de porteurs de type i par unité de volume, qi la charge d’un porteur, et #– v lim,i
son vecteur vitesse (voir encadré « Rappel » page 113). Ici, qi = zi e et ni = Na ci , où
Na est la constante d’Avogadro, donc
N N
#– F (zi e)2 #– #– #– Na e2 F ci zi2
j el = ci Na E ⇒ j el = γ E avec γ= . (4.18.2)
i=1
6πηri 6πη i=1 ri

3.a. La résistance d’un tronçon de conducteur ohmique de longueur ℓ, de section A et



de conductivité γ s’écrit R = γA (voir exercice 4.17 page 114 pour l’établissement
de cette relation). Mesurer γ revient à mesurer R, puisque ℓ et A sont connues par
construction. La cellule fonctionne donc sur le principe de l’ohmmètre : on impose
une tension U aux bornes de la cellule et on mesure l’intensité I qui circule. On en
déduit R par la loi d’Ohm U = RI.
3.b.

Attention Cellule conductimétrique

Si on appliquait une tension continue entre les deux électrodes de la cellule conduc-
#– #–
timétrique, la force électrique F e = qi E ferait migrer continuellement les cations
vers l’électrode négative et les anions vers l’électrode positive. Cela produirait
une électrolyse de la solution. Le fonctionnement est donc alternatif.

3.c. D’après l’énoncé, la durée du régime transitoire est τ ∼ 1 · 10−13 s. À la fréquence


f = 1 kHz, la période de variation du champ électrique est T = f1 ∼ 1 · 10−3 s. Par
conséquent, τ ≪ T et on peut considérer le régime permanent toujours atteint : les
ions ont toujours leur vitesse limite donnée par la relation (4.18.1).
C
4. Avec la définition de l’énoncé, la salinité d’un échantillon est S = i ci MC i , où Mi
est la masse molaire de l’ion i. La salinité d’un autre échantillon est S ′ = i c′i Mi ,
avec c′i = αci . Comme les proportions relatives sont les mêmes dans toutes les mers,
S′
le coefficient α est le même pour tous les types d’ions. Ainsi S = α . Si S est

l’échantillon de référence, il suffit d’accéder à α pour avoir S . Cela est possible en
comparant les conductivités, car, du fait que c′i = αci , la relation (4.18.2) donne

γ′
=α .
γ
118

4.19. Magnétorésistance (effet Corbino) ★★★


On considère un anneau cylindrique de métal, d’axe (O, #– u z ), de conductivité γ, de
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

rayon interne R1 , de rayon externe R2 et de hauteur h.


1. Sa face interne est mise en contact avec une électrode de potentiel V1 et sa face
externe est en contact avec une électrode de potentiel V2 . Déterminer la résistance
électrique de l’anneau.
2. Par rapport à la question précédente, on ajoute un champ magnétique externe
#–
uniforme et constant B = B #– u z . On rappelle que, dans le modèle de Drude, les
porteurs de charge libres sont soumis, de la part du métal, à une force de frottement
#–
fluide F = − mτ v , où v désigne la vitesse du porteur dans le référentiel du métal,
#– #–
1
m est la masse d’un porteur et τ un temps caractéristique. On note CH = nq , où n
est la densité volumique de porteurs de charge libres et q la charge d’un de ces
porteurs. En effectuant une étude à la manière du modèle de Drude, établir une
#– #– #–
équation liant j , B et E (faire apparaître la conductivité γ au cours des calculs).
En déduire la nouvelle expression de la résistance.
! Corrigé
1. On commence par rappeler l’expression intégrale de la résistance d’un conducteur
ohmique,
V1 − V2
R= , (4.19.1)
I
où I est le courant allant de R1 vers R2 . On calcule
ˆ R2 ˆ R2
#– #–
V1 − V2 = −dV = E · dℓ
R1 R1
¨
#– # – #– #–
et I = j · dS. Dans le métal, la densité de courant j et E sont liés par la loi
S
#– #–
d’Ohm locale j = γ E.

Méthode Étude des symétries

Pour savoir sur quelle surface S il est judicieux de travailler, on détermine la


#– #–
géométrie de j ou, ce qui revient au même, celle de E. Cela nécessite une étude
de symétrie.

Tout se passe comme dans un condensateur cylindrique (les armatures étant les équi-
potentielles V1 et V2 ). On procède donc par analogie.
#–
! Direction de E(M ) : les plans Ps1 = (M, #– u θ ) et Ps2 = (M, #–
u r , #– u z ) sont des
u r , #–
plans de symétrie de la distribution de charges (armatures), quel que soit M . Par
#– G
conséquent, E ∈ {Ps1 Ps2 } = #– u r.
#–
! Dépendance de E(M ) vis-à-vis des coordonnées spatiales : la distribution de charges
#–
est invariante par translation (effets de bord négligés) et par rotation, donc E est
indépendant de z et de θ.
#– #– #–
On en déduit ainsi que E(M ) = E(r) #– u r et de même que j (M ) = j (r) #– u r . En
régime stationnaire, I est indépendant de S car il n’y a pas accumulation de charge
entre deux surfaces que l’on pourrait choisir arbitrairement. On choisit S de telle
119
˜ #– # –
façon que I = S j · dS soit calculable le plus simplement possible. La surface S
adaptée à la géométrie du problème est un cylindre de rayon r et de hauteur h, donc

Exercice 4.19. Magnétorésistance (effet Corbino)


¨ ¨
#– # –
I=γ E · dS = γ E(r) r dθ dz = 2πrhγ E(r) . (4.19.2)
S

Cela montre que r × E(r) est une constante que l’on note A. Par ailleurs, champ et
#– # – V = − ∂V #– ∂V A
potentiel sont liés par E = − grad ∂r u r . Par conséquent, − ∂r = r , soit
R2 V1 − V2
dV = − A r dr, qui s’intègre en V2 − V1 = −A ln R , donc A = R2
. Finalement,
1 ln R 1
V1 − V2
E(r) = . En remplaçant cette expression de E dans l’égalité (4.19.2), puis en
r ln R
R1
2

identifiant avec l’expression (4.19.1), on trouve la résistance de l’anneau,


1 R2
R= ln .
2πγh R1

2. Le champ magnétique dévie les porteurs de charge en mouvement (force magné-


#– #–
tique de Lorentz) : c’est l’effet Corbino. Par conséquent, la loi d’Ohm j = γ E n’est
plus valable. Il faut refaire le raisonnement complet du modèle de Drude en tenant
compte de la force magnétique. Un porteur q, de masse m, est soumis à la force élec-
#– #– #–
tromagnétique de Lorentz q(E + #– v ∧ B) et à la force de frottement F = − m
τ v de la
#–
part du conducteur (le poids est négligé devant les forces électromagnétiques). La loi
de la quantité de mouvement appliquée au porteur s’écrit
#– #– m d #–
v
q(E + #–v ∧ B) − #– v =m . (4.19.3)
τ dt

Attention Poids des particules en électromagnétisme

Le membre de droite de la relation (4.19.3) n’est pas nul, même si le régime est
permanent. En effet, s’il l’était, les porteurs iraient en ligne droite, ce qui est en
contradiction avec la déviation par le champ magnétique.
En revanche, m ddtv peut être négligé au même titre que le poids m #–
#–
g , car
d #v–
l’accélération typique dt a une norme faible par rapport à celle de #– g (les
vitesses typiques dans les conducteurs métalliques sont de l’ordre du millimètre
par seconde, et les accélérations sont faibles aussi).

Par conséquent,
#– m #– #– #– #– m #– 1 #– #–
E= v − v ∧B ⇒ E= 2
j − j ∧B.
qτ nq τ nq
2
On voit apparaître la conductivité γ = nqm τ (voir exercice 4.16 page 112 pour sa
1
construction). En posant par ailleurs CH = nq , il vient
#– 1 #– #– #–
E = j − CH j ∧ B . (4.19.4)
γ
120

Le champ électrique est inchangé par rapport à la question précédente. En coordonnées


cylindriques, les trois vecteurs s’écrivent
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

#– #– #–
E = (Er ,0,0) ; j = (jr ,jθ ,0) ; B = (0,0,B) .
L’équation (4.19.4) donne alors, en projection sur #–u et #–
r u , θ

1 1
Er = jr − CH Bjθ ; 0= jθ + CH jr B .
γ γ
1
En éliminant jθ entre ces deux équations, on trouve jr = γ 2 B 2 γ 2 Er . On voit
1 + CH
que la présence de B diminue jr . Du point de vue du courant radial, tout se passe
γ
comme si la conductivité γ était devenue 2 B2γ2 . La résistance effective de
1 + CH
2
l’anneau est multipliée par (1 + CH B 2 γ 2 ) en présence d’un champ magnétique. Du
fait de la déviation par le champ magnétique, les porteurs de charge (électrons) ne vont
plus en ligne droite. Ils ont donc plus de chemin à parcourir dans le métal pour passer
d’une électrode à l’autre, ce qui explique l’augmentation de résistance électrique.

4.20. Effet Joule ★


Établir l’expression de la puissance volumique cédée par le champ électromagné-
tique à la matière (effet Joule).

! Corrigé
Le champ interagit avec la matière chargée via la force de Lorentz,
#– #– #–
F = q [E + #–v ∧ B] ,
#– #–
où #–
v est la vitesse du porteur de charge q dans le référentiel où sont décrits E et B.
#–
La puissance cédée par F au porteur s’écrit
#– #–
P = F · #–
1 v = q E · #–v.
On remarque que la force magnétique, orthogonale à la vitesse, fournit une puissance
nulle. Le volume dτ mésoscopique renferme n dτ porteurs libres, où n est leur densité
volumique (nombre de porteurs de charge libres par unité de volume). À l’échelle
#–
mésoscopique, les champs #–
v et E sont considérés comme uniformes, donc ces porteurs
reçoivent tous la même puissance. Ainsi la puissance totale reçue par tous les porteurs
du volume dτ s’écrit
#–
dP = n dτ P1 = n dτ q E · #–
v.
#–
On voit apparaître la densité de courant j = nq v .
#–

Synthèse Effet Joule

La puissance volumique (en W · m−3 ) cédée par le champ électromagnétique aux


porteurs de charge libres de la matière s’écrit
dP #– #–
Pvol = = j ·E (effet Joule).

121

4.21. Bilan énergétique sur un fil électrique ★★


Un câble métallique, cylindrique, d’axe (O, #– u z ), de hauteur h, de rayon a, de

Exercice 4.21. Bilan énergétique sur un fil électrique


conductivité γ, est traversé par un courant d’intensité I constante, de densité
#–
volumique j = j #– u z uniforme. Les effets de bords sont négligés.
#–
1. Déterminer le champ magnétique B(M ) en tout point M intérieur au câble.
#–
2. Déterminer le vecteur de Poynting R(M ) en tout point M intérieur au conduc-
#–
teur. Exprimer R en fonction de I, r, γ et S = πa2 , la section du câble.
3. Calculer le flux entrant φ du vecteur de Poynting à travers la surface fermée
enveloppant la portion de câble considérée. Interpréter le résultat.

! Corrigé
1. Le plan (M, #– u z ) est un plan de symétrie de la distribution de courant, donc
u r , #–
#–
d’antisymétrie pour le champ magnétique. On en déduit donc que B(M ) = B #– u θ.
L’invariance par rotation autour de l’axe (O, #– u z ) et par translation selon #–
u z montre
#–
que le champ ne dépend que de r, B(M ) = B(r) #– u θ . On applique le théorème
d’Ampère sur un contour C circulaire de rayon r (ligne de champ orientée selon #– u θ ),
jr #–
˛ ¨
#– #– #– # – #–
B · dℓ = µ0 j · dS ⇒ 2πrB(r) = µ0 jπr2 ⇒ B(M ) = µ0 uθ .
C S 2
#– #–
Par définition de la densité de courant j , l’intensité I s’exprime comme le flux de j
#– # –
à travers la section S = πa2 du câble, I = j · dS = πa2 j = jS, donc
˜

#– µ0 Ir #–
B(M ) = u θ pour r < a .
2S
#– #–
2. Compte
#–
tenu de la loi d’Ohm j = γ E, le champ électrique s’exprime comme
#–
E = γj = γS
I #–
u z . Le vecteur de Poynting est
#– #–
#– E ∧ B 1 I #– µ0 Ir #– #– I 2 r #–
R= = uz ∧ uθ ⇒ R=− u r , ∀r < a .
µ0 µ0 γS 2S 2γS 2

3. Le vecteur de Poynting indique que le flux surfacique d’énergie est radial et dirigé
vers l’intérieur du fil. On interprète cela en disant que de l’énergie électromagnétique
est rayonnée radialement vers le fil depuis sa périphérie. Il peut sembler étonnant que
l’énergie arrive ainsi « par les côtés », alors que les électrons circulent le long du câble.

Attention Vecteur de Poynting – Interprétation

Il ne faut pas interpréter le vecteur de Poynting au pied de la lettre. En effet,


il n’est défini que par sa divergence dans l’équation (4.21.2) et n’est donc pas
#– #– #–
unique. Seule la version R = Eµ∧0B est au programme des CPGE. D’autres versions
existent, avec une direction différente. Le vecteur de Poynting étant défini par sa
divergence, seul son flux a une interprétation physique.
122

Le flux du vecteur de Poynting à travers la surface fermée enveloppant le cylindre de


hauteur h et de rayon a se calcule comme
Chapitre 4. Électromagnétisme en régime stationnaire

I 2a I 2h

#–
φentrant = R(r = a) · a dθ dz (− #–
u r) = × 2πah =
S ' () * 2γS 2 γS
#–
dS entrant

déf. h
⇒ φentrant = RI 2 où R = est la résistance de la portion de câble . (4.21.1)
γS
On reconnaît l’expression de la puissance électrique reçue par une résistance parcourue
par un courant d’intensité I. Cette énergie est ensuite convertie en énergie interne dans
la résistance (effet Joule).

Rappel Bilan d’énergie électromagnétique

L’énergie volumique contenue dans le champ électromagnétique s’exprime comme


1 1 2
uem = ε0 E 2 + B , en J · m−3 .
2 2µ0
Le vecteur de Poynting est
#– #–
#– E ∧ B
R= , en W · m−2 .
µ0
L’équation locale de Poynting traduit le bilan d’énergie électromagnétique,
∂uem #– #– #–
+ div R = − j · E . (4.21.2)
∂t
Elle correspond au bilan d’énergie intégral sur un volume V entouré d’une surface
fermée S ,
dUem
‹ ˚
#– # – #– #–
=− R · dS sortant − j · E dτ . (4.21.3)
' dt
() * S V
' () * ' () *
dérivée de l’énergie du puissance sortant à puissance donnée par le
champ contenu dans V travers S champ à la matière
dans V (effet Joule)

Le passage de la relation intégrale (4.21.3) à (4.21.2) repose sur le théorème de


Green-Ostrogradski (voir page 276).

En régime stationnaire, la quantité Uem d’énergie électromagnétique dans le câble est


constante, dUdtem = 0. La relation (4.21.3) se réduit donc à
‹ ˚
#– # – #– #–
R · dS entrant = j · E dτ ,
S V

qui n’est autre que la relation (4.21.1).


Chapitre 5
É LECTROMAGN ÉTISME EN R ÉGIME VARIABLE

5.1. Courants de conduction et de déplacement ★


On étudie le cuivre (γ = 5,98 · 107 S · m−1 ) en régime sinusoïdal forcé à la pulsation
temporelle ω = 2πf . Montrer que, pour un certain intervalle de fréquence f à
préciser numériquement, le courant de déplacement peut être négligé devant le
courant de conduction.
! Corrigé
Par définition de la conductivité γ (supposée réelle d’après l’énoncé), le courant de
#– #–
conduction s’écrit j el = γ E. Le courant de déplacement,
#–
qui intervient dans l’équa-
#– ∂E
tion de Maxwell-Ampère, est défini par j d = ε0 ∂t . Le régime étant sinusoïdal, on
#– #–
peut poser E = E 0 exp(iωt) et travailler en complexes,
#– #– #– #–
j el = γ E et j d = ε0 iω E .
Le rapport des amplitudes des deux courants s’écrit
#– #–
| j el | ε0 iωE0 | j el | ε0 ω 2πf ε0
#– = γE ⇒ #– = γ = γ .
| j d| 0 | j d|
Avec ε0 = 8,85 · 10−12 F · m−1 et la valeur donnée de γ, ce rapport est très inférieur à 1
γ
si f ≪ 2πε 0
≃ 1,07 · 1018 rad · s−1 . Cette valeur de pulsation est supérieure à la valeur
critique en dessous de laquelle la conductivité du cuivre peut être considérée comme
réelle (voir exercice 4.16 page 112). Par conséquent, dans tout le domaine de fréquences
où la conductivité du cuivre est réelle (f < 1 · 1013 Hz), on peut négliger le courant
de déplacement devant celui de conduction dans le cuivre. Cette approximation est
usuelle pour l’étude de l’effet de peau dans les métaux (voir exercice 5.9 page 141).

5.2. Neutralité électrique des métaux ★


γ0
On considère un métal homogène de conductivité électrique complexe γ(ω) = 1+i ωωc
(voir exercice 4.16 page 112 pour l’établissement de cette expression). On rappelle
que, pour le cuivre, γ0 = 6,0 · 107 S · m−1 et ωc = 4,2 · 1013 rad · s−1 .
1. À l’aide de l’équation de conservation de la charge, de l’équation de Maxwell-
Gauss et de la définition de la conductivité, établir une équation différentielle véri-
fiée par la densité volumique de charge ϱ dans le métal. Mettre cette équation sous
forme canonique en faisant intervenir une pulsation caractéristique ωp et un fac-
teur de qualité Q, à exprimer en fonction des données. La pulsation ωp est appelée
pulsation de plasma du métal.
2. Montrer que, si ϱ est initialement non nulle en un point du métal, elle tend
rapidement vers zéro en un temps τ dont l’expression et la valeur numérique sont
à déterminer.
3. En un point donné de l’espace, on prend pour conditions initiales ϱ = ϱ0 ̸= 0 et
∂ϱ
∂t = 0. Déterminer ϱ(t) et tracer t -→ ϱ(t).
124

! Corrigé
1.
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

Méthode Équation différentielle et nombres complexes

Les trois équations à utiliser sont linéaires. On peut donc travailler en complexes.
1. À toute fonction réelle f du temps, on associe la fonction complexe f qui
varie dans le temps proportionnellement à exp(iωt), où ω est la pulsation tem-
porelle.
2. On utilise, en complexes, les trois équations suggérées par l’énoncé pour
former un polynôme en iω.
3. On en déduit l’équation différentielle associée en utilisant l’équivalence
∂f
iω × f ↔ .
∂t

Écrites en complexes, les trois équations de départ sont


#– #– ∂ϱ #– #– ϱ
j = γE ; + div j = 0 ; div E = .
∂t ε0
#– ∂ϱ #–
On élimine j entre les deux premières équations, soit ∂t + γ div E = 0. La conduc-
tivité γ a pu sortir de la divergence car elle ne dépend pas de l’espace (le métal est
supposé homogène). On élimine ensuite le champ électrique grâce à l’équation de
Maxwell-Gauss,
∂ϱ ϱ γ0 ϱ
+γ =0 ⇒ iωϱ + ω = 0.
∂t ε0 1 + i ωc ε 0
Pour obtenir un polynôme en iω, on multiplie cette relation par le dénominateur
1 + i ωωc ,
+ , < =
ω γ0 2 γ0
iω 1 + i ϱ+ ϱ=0 ⇒ (iω) + iωωc + ωc ϱ = 0 .
ωc ε0 ε0
En utilisant l’équivalence « iω × f ↔ ∂f ∂t », on en déduit l’équation différentielle
associée,
∂2ϱ ∂ϱ γ0
+ ωc + ωc ϱ = 0 ,
∂t2 ∂t ε0
que l’on identifie à la forme canonique d’une équation différentielle d’ordre 2,
1 1
∂ 2 ϱ ωp ∂ϱ 2 γ0 ω c γ0
2
+ + ω p ϱ = 0 en posant ω p = et Q = .
∂t Q ∂t ε0 ε0 ωc

Remarque En toute rigueur, l’équation différentielle sur ϱ est non linéaire, car
2
γ0 = nqm τ n’est pas constant s’il y a accumulation de charge (n varie). Le modèle
proposé est une version simplifiée de la réalité.
2. En utilisant ε0 = 8,85 · 10−12 F · m−1 ainsi que les valeurs données pour le cuivre,
on obtient ωp = 1,7 · 1016 rad · s−1 et Q = 4,0 · 102 .
125

Rappel Pulsation de plasma

Exercice 5.2. Neutralité électrique des métaux


En remplaçant γ0 par son expression, la pulsation propre s’écrit
2
nq 2
ωp = .
mε0
Elle ne dépend que des propriétés du métal via la densité électronique n, q = −e,
la charge de l’électron, et m, la masse de l’électron. On l’appelle pulsation de
plasma du métal.

Comme Q > 1/2, la solution est du type pseudo périodique amortie : la densité
de charge ϱ tend vers zéro, comme prévu par l’énoncé. Pour déterminer la durée τ
du régime transitoire, il faut (partiellement) résoudre l’équation caractéristique. En
cherchant les solutions sous la forme ϱ = A exp(rt), on trouve que r doit vérifier le
polynôme caractéristique
+ ,
ωp 1
r2 + r + ωp2 = 0 , dont le discriminant est ∆ = ωp2 − 4 < 0.
Q Q2
Comme Q12 = 6 · 10−6 ≪ 1, on peut faire l’approximation ∆ ≃ −4ωp2 . Le discriminant
étant négatif, les racines du polynôme sont complexes conjuguées,
ω √
− Qp ± −∆ ωp
r1,2 = ≃− ± iωp .
2 2Q
Par linéarité de l’équation différentielle, la solution complète est une combinaison
linéaire des deux types de solutions,
ϱ(t) = A exp(r1 t) + B exp(r2 t)
+ ,
ωp t
= exp − [A exp(iωp t) + B exp(−iωp t)] , (5.2.1)
2Q ' () *
' () * =C cos(ωp t)+D sin(ωp t)
exp(− τt )

où A et B sont deux constantes (complexes) d’intégration, que l’on pourrait déter-


miner à l’aide de conditions initiales. On peut également transformer le crochet en
une fonction sinusoïdale réelle (car ϱ est une grandeur réelle), les constantes d’inté-
gration étant alors C et D. Le facteur d’amortissement s’écrit exp(−t/τ ), en posant
2Q
τ= ωp = 4,8 · 10−14 s la durée caractéristique d’amortissement.

Synthèse Neutralité électrique d’un métal

Le cuivre peut être considéré comme neutre (ϱ = 0, pas d’accumulation de charge)


tant que les fréquences mises en jeu sont très inférieures à la fréquence critique
1
fc = = 2 · 1013 Hz .
τ
126

3. On finit la détermination des constantes d’intégration de l’équation (5.2.1) avec


les conditions initiales proposées. La condition ϱ(0) = ϱ0 donne C = ϱ0 . La condition
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

∂ϱ
∂t (0) = 0 donne D = 0, d’où

ϱ(t) = ϱ0 exp (−t/τ ) cos(ωp t) .


' () *
enveloppe

Synthèse Interprétation de pulsation de plasma

La pulsation de plasma est la pseudo-pulsation des oscillations lors de la relaxation


de densité volumique de charge.

L’évolution de ϱ(t) est représentée à la figure 5.2.1.

Rappel Facteur de qualité et régime pseudo périodique

Dans un régime pseudo périodique amorti d’ordre 2, le facteur de qualité repré-


sente le nombre d’oscillations avant amortissement à 95 %.

L’amortissement à 95 % correspond à t = 3τ (car exp(−3) ≃ 5 · 10−2 ). Si les valeurs


étaient respectées, la courbe représentative de ϱ(t) devrait osciller environ 400 fois
avant l’instant t = 3τ . Ce critère n’a pas été respecté pour la lisibilité de la figure 5.2.1.
ϱ
ϱ0
1

0
1 t
τ

−1
Fig. 5.2.1. Relaxation de la densité de charge dans le métal. L’enveloppe
±ϱ0 exp(−t/τ ) est en tirets. Sa tangente, en pointillé, recoupe l’asymptote horizontale en t = τ .

5.3. Courant de déplacement ★★


Un condensateur plan est constitué de deux armatures parallèles circulaires d’aire S,
d’axe (O, #–
u z ), séparées de la distance e (voir figure 5.3.1). Afin de simplifier les
calculs, on néglige tous les effets de bords. En particulier, on fera l’approximation
#– #–
E ≃ 0 partout à l’extérieur de l’espace interarmatures. L’armature inférieure porte
la charge q(t), qui varie à cause du courant électrique d’intensité i constante dans le
câble. Le régime est suffisamment lent (ARQS électrique, voir exercice 5.5 page 131)
pour que le champ électrique dans l’espace interarmatures ait la même expression
#– q #–
E = Ce u z qu’en régime stationnaire, où C = ε0eS est la capacité du condensateur
(voir exercice 4.8 page 91 pour l’établissement de ces résultats).
On note S ′ le disque s’appuyant sur C .
127

1. Appliquer deux fois le théorème d’Ampère généralisé au contour circulaire C


entourant le fil et en envisageant deux surfaces : le disque S ′ , d’une part, et la

Exercice 5.3. Courant de déplacement


surface S , d’autre part.
2. En comparant les deux résultats obtenus, donner une interprétation du courant
de déplacement.

i
z
e
Fig. 5.3.1. Condensateur plan. Le contour C , en
tirets, enlace le fil électrique. La surface S , en poin-
0 q(t) tillé, s’appuie sur le contour C et passe dans l’espace
S
interarmatures sans couper le fil.

i
S

! Corrigé
1.

Rappel Théorème d’Ampère généralisé

L’équation de Maxwell-Ampère complète s’écrit


#–
#– #– #– #– ∂E
rot
#– B = µ0 ( j + j d ) , où j d = ε0 est le courant de déplacement.
∂t
Sa version intégrale est le théorème d’Ampère généralisé,
¨ %
#– #– & # –
˛
#– #–
B · dℓ = µ0 j + j d · dS ,
C S
où S est une surface s’appuyant sur C , orientée par l’orientation de C et par la
règle de la main droite.

On raisonne sur le disque S ′ , orienté selon + #–


u z d’après la règle de la main droite.
Au niveau de S ′ , il n’y a pas de champ électrique dépendant du temps. En effet, le
#–
champ E créé par le condensateur est supposé nul en dehors de l’espace interarma-
#– #–
tures, d’une part, et le champ électrique responsable du courant dans le fil ( j = γ E)
#– #–
est constant dans le temps, car i est constant. Par conséquent, j d = 0 sur la sur-
face S ′ . Le théorème d’Ampère généralisé se résume donc au théorème d’Ampère
usuel de la magnétostatique,
˛ ¨
#– #– #– # –
B · dℓ = µ0 j · dS = µ0 i . (5.3.1)
C S′

La surface S n’est traversée par aucun courant de conduction.


#–
En revanche, elle
#–
est traversée par du courant de déplacement j d = ε0 ∂∂tE (immatériel) dans l’espace
128
#– q(t)
interarmatures, car il y règne le champ électrique E = Ce u z variable dans le temps.
#–
Le théorème d’Ampère généralisé s’écrit donc
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

#–
∂E # – 1 dq dq
˛ ¨
#– #–
B · dℓ = µ0 ε0 · dS = µ0 ε0 S = µ0 . (5.3.2)
C S ∂t Ce dt dt
#–
2. En identifiant les deux expressions (5.3.1) et (5.3.2) de la circulation de B sur le
contour, on obtient i = dq , qui est une version intégrale de l’équation de conservation
#–dt
de la charge ∂ϱ
∂t + div j = 0. Cette équation ne pourrait pas être satisfaite sans le
terme de courant de déplacement.

Synthèse Interprétation du courant de déplacement

#– #–
Le courant de déplacement j d = ε0 ∂∂tE a été introduit dans les équations de
Maxwell pour assurer la compatibilité de celles-ci avec l’équation de conservation
de la charge.

5.4. Énergie dans un solénoïde – Vecteur de Poynting ★★


Un solénoïde de longueur ℓ, de rayon a, d’axe (O, #–
u z ) est constitué d’un enroulement
de n spires circulaires par unité de longueur (voir figure 5.4.1). Afin de simplifier les
calculs, on fait l’approximation du solénoïde infiniment long et on néglige tous les
#– #–
effets de bords. En particulier, on fera l’approximation B ≃ 0 partout à l’extérieur
du solénoïde. Les spires du solénoïde sont parcourues par l’intensité variable i(t).
On admet que le régime est suffisamment lent pour que le champ magnétique ait
la même expression qu’en régime stationnaire. C’est l’approximation des régimes
quasi stationnaires magnétique (ARQS magnétique).

i a

Fig. 5.4.1. Solénoïde vu en coupe.

#–
1. Rappeler l’expression du champ magnétique B dans le solénoïde. En déduire
#–
l’expression du champ électrique E induit.
2. Rappeler l’expression de la densité volumique uem d’énergie électromagnétique.
À quelle condition le terme magnétique um est-il prépondérant devant le terme
électrique ue ? Interpréter.
3. On suppose la condition um ≫ ue satisfaite. Déterminer l’énergie électro-
magnétique Uem contenue dans le solénoïde. En déduire l’expression du coefficient
d’auto-inductance L.
129

4. Calculer le vecteur de Poynting en tout point intérieur au solénoïde. En déduire


l’expression de la quantité E d’énergie électromagnétique entrant dans le tube formé

Exercice 5.4. Énergie dans un solénoïde – Vecteur de Poynting


par le solénoïde lorsque l’intensité passe de 0 à I. Interpréter.
! Corrigé
1. En négligeant les effets de bords et en se plaçant dans l’approximation des régimes
#–
quasi stationnaires, le champ magnétique dans le solénoïde est B = µ0 ni(t) #– uz .
Le champ électrique
#–
induit se détermine en intégrant l’équation de Maxwell-Faraday
#–
#– E
rot = − ∂∂tB , conformément à la méthode présentée à la question 2 de l’exercice 5.6
(voir page 135),
#– r di #–
∀r < a, E(r,t) = − µ0 n uθ .
2 dt
2.

Rappel Densité volumique d’énergie électromagnétique


#–
1 #–2 B2
La densité volumique d’énergie électromagnétique est uem = 2 ε0 E + 2µ0 . Son
unité SI est le J · m−3 .

#– #–
Grâce aux expressions de E et B, on peut exprimer chaque terme et les comparer en
en faisant le rapport,
#–2 # $2
1 2 di
ue ε 0 E E 1
= 2 #–2 = µ0 ε0 2 = 2 r2 dt . (5.4.1)
um B '()* B c i
2µ0
= c12

À défaut de calculer exactement ce rapport, on peut en faire une estimation dimen-


sionnelle (selon la méthode présentée à la page 279) en introduisant la durée typique τ
di
sur laquelle ont lieu les variations de i(t). Dans ce cas, dt ∼ τi .
La contribution magnétique de l’énergie domine si le rapport (5.4.1) sans dimension
est très faible devant 1. On travaille en r = a, qui est la zone du solénoïde où le
rapport risque d’être le plus grand, donc
# $2
ue 1 2 τi
≪1 ⇒ 2a ≪ 1 ⇒ a2 ≪ c2 τ 2 . (5.4.2)
um c i
Cette condition, que l’on peut aussi traduire par a ≪ cτ , correspond à l’approxi-
mation des régimes quasi stationnaires (ARQS). En effet, cτ représente la distance
parcourue par une onde électromagnétique dans le vide pendant la durée τ , tandis
que a est la taille du solénoïde. Elle signifie que, à l’échelle a du solénoïde, les phé-
nomènes propagatifs peuvent être négligés : tout se passe comme si la propagation se
faisait instantanément. En particulier, le champ magnétique s’adapte instantanément
aux variations du courant, comme si le régime était stationnaire, d’où la validité de
#–
l’expression B = µ0 ni(t) #–
u z tant que la condition (5.4.2) est satisfaite.
130

3. L’énergie électromagnétique se résume à la contribution magnétique Um , que l’on


obtient en intégrant um uniquement sur le volume du solénoïde (car um = 0 en dehors
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

si on néglige les effets de bords),


ˆ a ˆ 2π ˆ ℓ
B 2 (M,t) 1
Um = dθ dz* ⇒ Um = µ0 (ni)2 πa2 ℓ .
r' dr ()
r=0 θ=0 z=0 2µ 0 2

1
Cette expression doit s’identifier à l’énergie magnétique Um = 2 Li2 , donc

L = µ0 n2 πa2 ℓ .
On retrouve le résultat obtenu dans le cours de première année par un calcul direct
de flux magnétique. Le coefficient L est positif et homogène à µ0 multiplié par une
longueur (n s’exprime en m−1 , car c’est le nombre de spires par unité de longueur).
4.

Rappel Vecteur de Poynting

#– #– #–
Le vecteur de Poynting R = Eµ∧0B s’exprime en W · m−2 en unités SI. Son flux à
travers une surface orientée représente la puissance électromagnétique instantanée
qui traverse cette surface.

#– #–
Avec les expressions de E et B dans le solénoïde, on calcule
#– #–
#– E ∧ B #– r di #–
R= ⇒ ∀r < a, R = −µ0 n2 i ur .
µ0 2 dt
Pour avoir la puissance P électromagnétique entrant dans le solénoïde, on calcule le
#–
flux entrant de R à travers la surface entourant le solénoïde (r = a),
ˆ 2π ˆ ℓ
#– di
P= u r ) ⇒ P = µ0 n2 πa2 ℓ i .
R(a,t) · (−a dθ dz #–
θ=0 z=0 ' () * ' () * dt
#–
dS entrant L

L’énergie apportée par rayonnement à travers la surface durant [0, t] est l’intégrale
temporelle de la puissance,
ˆ t ˆ t ˆ i(t)
di 1 2
E= P(t) dt = Li dt = L i di = ⇒ E= Li (t) .
t=0 t=0 dt i(t=0)=0 2
On retrouve l’énergie magnétique contenue dans une bobine. Cette expression est
obtenue en électrocinétique en intégrant P = u(t) × i(t) (puissance électrique reçue
par la bobine).

Synthèse Énergie magnétique d’une bobine

D’après le calcul qui précède, on peut interpréter E = 12 Li2 comme l’énergie


apportée dans la bobine par rayonnement lors des variations temporelles du
champ électromagnétique.
131

5.5. Énergie dans un condensateur – Vecteur de Poynting ★★


Un condensateur plan est constitué de deux armatures parallèles circulaires de

Exercice 5.5. Énergie dans un condensateur – Vecteur de Poynting


rayon a (aire S = πa2 ), d’axe (O, #–
u z ), séparées de la distance e (voir figure 5.5.1).
Afin de simplifier les calculs, on néglige tous les effets de bords. En particulier, on
#– #–
fera l’approximation E ≃ 0 partout à l’extérieur de l’espace interarmatures. L’ar-
mature inférieure porte la charge q(t). On admet que le régime est suffisamment
lent pour que le champ électrique ait la même expression qu’en régime stationnaire.
C’est l’approximation des régimes quasi stationnaires électrique (ARQS électrique).
#– q #–
Dans ce cas, on rappelle que le champ électrique est uniforme et s’écrit E = Ce u z,
ε0 S
où C = e est la capacité du condensateur (voir exercice 4.8 page 91 pour l’éta-
blissement de ces résultats).

i
z
a
e
Fig. 5.5.1. Condensateur plan.

0 q(t) S

#–
1. Exprimer le champ magnétique B induit dans l’espace interarmatures.
2. Rappeler l’expression de la densité volumique uem d’énergie électromagnétique.
À quelle condition sur la durée typique τ de la charge le terme électrique ue est-il
prépondérant devant le terme magnétique um ? Interpréter.
3. En travaux pratiques, les condensateurs sont-ils utilisés dans des conditions telles
que ue ≫ um ?
4. On suppose la condition ue ≫ um satisfaite. Déterminer l’énergie électroma-
gnétique Uem contenue dans l’espace interarmatures. Vérifier sa cohérence avec
l’expression C = ε0eS de la capacité.
5. Calculer le vecteur de Poynting en tout point intérieur au condensateur. En
déduire l’expression de la quantité E d’énergie électromagnétique entrant dans
l’espace interarmatures lorsque la charge passe de 0 à q(t). Interpréter.

! Corrigé
1. Le champ magnétique induit se détermine#–
en intégrant l’équation de Maxwell-
#–
Ampère, qui se résume à rot
#– B = µ0 ε0 ∂∂tE dans l’espace interarmatures car le courant
#–
de conduction y est nul ( j = 0 dans le vide).

Méthode Équation de Maxwell-Ampère dans le vide – Symétries

Par analogie avec les règles de symétrie de la magnétostatique issues de l’équation


#– #–
rot
#– B = µ0 j , on obtient celles concernant l’équation
#–
#– ∂E
#– B
rot = µ0 ε 0 . (5.5.1)
∂t
132

Méthode (suite)
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

#–
! Tout plan de symétrie (respectivement d’antisymétrie) du champ ∂∂tE est plan
#–
d’antisymétrie (respectivement de symétrie) pour le champ B.
#–
! Soit π + un plan de symétrie du champ B. En un point M appartenant à π + ,
#–
le champ B(M ) est contenu dans π + .
#–
! Soit π − un plan d’antisymétrie du champ B. En un point M appartenant à
#–
π − , le champ B(M ) est orthogonal à π − .

#– #–
Ici, tout plan (M, #– u z ) est plan de symétrie de ∂∂tE , donc d’antisymétrie pour B.
u r , #–
#–
Ainsi B = f (r,θ,z,t) #– u θ . Par invariance du problème par rotation autour de
#–
l’axe (O, #–
u ), le champ magnétique ne dépend pas de θ, B = f (r,z) #–
z θ u .

Intégration de l’équation de Maxwell-Ampère


Méthode
dans le vide
L’équation (5.5.1) s’intègre sur un contour C arbitrairement orienté selon
#–
∂E # –
˛ ¨
#– #–
B · dℓ = µ0 ε 0 · dS ,
C S ∂t
où S est une surface s’appuyant sur C , orientée par C et la règle de la main
droite.
#– #–
En pratique, on choisit un contour C tel que B · dℓ soit facile à exprimer
#– #–
(dℓ localement orthogonal ou colinéaire à B). Une ligne du champ magnétique
est en général un contour exploitable, d’où la nécessaire analyse de symétries
préalable.
Il serait illusoire d’essayer de résoudre l’équation (5.5.1) en exprimant le rotation-
nel à l’aide d’un formulaire. Les équations obtenues seraient trop compliquées à
exploiter (mélange des composantes).

#–
Les lignes de B sont des cercles d’axe (O, #–
u z ). Pour intégrer l’équation de Maxwell-
Ampère, on choisit une telle ligne de rayon r, que l’on oriente arbitrairement dans le
sens trigonométrique,
#–
∂E # – ∂E 2
¨
2πr f (r,z) = µ0 ε0 · dS = µ0 ε0 πr .
S ∂t ∂t
#– q ε0 S #– r 1 dq #–
En utilisant E = Ce u z et C =
#–
e , ∀r < a,
B(r,t) = µ0 uθ .
2 S dt
#–
#– B2
2. La densité volumique d’énergie électromagnétique est uem = 12 ε0 E 2 + 2µ 0
(voir
#– #–
encadré « Rappel » page 129). Grâce aux expressions de E et B, on peut exprimer
chaque terme et les comparer en en faisant le rapport,
#–
B2
# $2
dq
um 2µ0 1 B2 r2 dt
= 1 #– = = µ ε
0 0 . (5.5.2)
ue ε0 E 2 µ0 ε 0 E 2 '()* 4 i
2
= c12
133

À défaut de calculer exactement ce rapport, on peut en faire une estimation dimen-


sionnelle (selon la méthode présentée à la page 279) en introduisant la durée typique τ

Exercice 5.5. Énergie dans un condensateur – Vecteur de Poynting


pendant laquelle ont lieu les variations de q(t). Dans ce cas, dq q
dt ∼ τ .
La contribution électrique de l’énergie domine si le rapport (5.5.2) sans dimension
est très faible devant 1. On travaille en r = a, qui est la zone du condensateur où le
rapport risque d’être le plus grand, donc
+ q ,2
ue 1 a2 τ
≪1 ⇒ 2 ≪ 1 ⇒ a2 ≪ c2 τ 2 . (5.5.3)
um c 4 q
Cette condition, que l’on peut aussi traduire par a ≪ cτ , correspond à l’approxi-
mation des régimes quasi stationnaires (ARQS). En effet, cτ représente la distance
parcourue par une onde électromagnétique dans le vide pendant la durée τ , tandis
que a est la taille du condensateur. Elle signifie que, à l’échelle a du condensateur, les
phénomènes propagatifs peuvent être négligés : tout se passe comme si la propagation
se faisait instantanément. En particulier, le champ électrique s’adapte instantanément
aux variations de charge, comme si le régime était stationnaire, d’où la validité de
#– q #–
l’expression E = Ce u z tant que la condition (5.5.3) est satisfaite.
3. En travaux pratiques d’électricité, on utilise un générateur basse fréquence (GBF)
qui impose la fréquence f de fonctionnement du circuit. Le temps typique mis en jeu
est alors τ = f1 . L’ARQS électrique est vérifiée si f ≪ ac . Avec c = 3 · 108 m · s−1 et
a ≃ 1 cm, on trouve f ≪ 3 · 1010 Hz. Cette condition est largement vérifiée avec les
GBF, qui délivrent des tensions de fréquence inférieure à 10 MHz.
4. L’énergie électromagnétique se résume à la contribution électrique Ue , que l’on
obtient en intégrant ue uniquement sur le volume de l’espace interarmatures (car
ue = 0 en dehors si on néglige les effets de bords),
ˆ a ˆ 2π ˆ ℓ
ε0 E 2 (M,t) 1 % q &2
2
Ue = dθ dz* ⇒ Ue = ε0
r' dr () πa e* .
r=0 θ=0 z=0 2 2 Ce ' ()
dτ Se

2
q
Cette expression doit s’identifier à l’énergie électrostatique Ue = 2C . En égalisant ces
ε0 S
deux expressions de Ue , on retrouve C = e , ce qui est cohérent.
#– #–
5. Avec les expressions de E et B dans l’espace interarmatures, on calcule le vecteur
de Poynting (voir encadré « Rappel » page 130),
#– #–
#– E ∧ B #– 1 r dq #–
R= ⇒ ∀r < a, R = − q ur .
µ0 ε0 S 2 2 dt
Pour avoir la puissance électromagnétique P entrant dans l’espace interarmatures,
#–
on calcule le flux entrant de R à travers la surface entourant cet espace (cylindre de
rayon r = a et de hauteur e),
ˆ 2π ˆ e
#– e dq
P= u r) ⇒ P =
R(a,t) · (−a dθ dz #– q .
θ=0 z=0 ' () * ε 0 S dt
#– '()*
dS entrant 1
C

L’énergie apportée par rayonnement à travers la surface durant [0, t] est l’intégrale
temporelle de la puissance,
ˆ t ˆ t ˆ i(t)
1 dq 1 1 2
E= P(t) dt = q dt = q dq ⇒ E= q (t) .
t=0 t=0 C dt i(t=0)=0 C 2C
134

On retrouve l’énergie électrique contenue dans un condensateur. Cette expression est


obtenue en électrocinétique en intégrant P = u(t) × i(t) (puissance électrique reçue
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

par le condensateur).

Synthèse Énergie électrique d’un condensateur

1 2
D’après le calcul qui précède, on peut interpréter E = 2C q comme l’énergie
apportée dans le condensateur par rayonnement lors des variations temporelles
du champ électromagnétique.

5.6. Disque dans un solénoïde ★★


On considère un disque isolant (plastique) monté sur une liaison pivot parfaite,
d’axe (O, #–
u z ) vertical. Sur la périphérie du disque, à la distance R du centre O,
sont soudées N billes portant chacune une quantité de charge q (voir figure 5.6.1).
Le moment d’inertie de l’ensemble indéformable {disque + billes} par rapport à
l’axe (O, #–
u z ) est noté J.
q q

#–
uz q q

R
q O q Fig. 5.6.1. Disque dans un solénoïde.

q q

q q

L’ensemble est placé dans un solénoïde très long, d’axe (O, #– u z ), possédant n spires
par unité de longueur. On appelle i(t) l’intensité électrique parcourant le solénoïde
(orientée dans le sens trigonométrique lorsqu’on voit le solénoïde depuis les z > 0).
Au début de l’expérience, repéré par l’instant t = 0, le disque est immobile et
l’intensité i est nulle. Sur l’intervalle de temps [0,τ ], on fait croître linéairement i
jusqu’à la valeur i0 . Pour t > τ , l’intensité i garde cette valeur i0 constante.
1. Expliquer qualitativement comment évolue la vitesse angulaire ω du disque
durant l’expérience.
2. Déterminer ω(t).

! Corrigé
#–
1. Le champ magnétique dans le solénoïde est de la forme B = B(t) #– u z (résultat du
cours de première année). Sa variation temporelle induit un champ électrique qui, s’il
est bien orienté, va agir sur les charges et mettre ainsi le disque en mouvement.
135

Attention Actions intérieures

Exercice 5.6. Disque dans un solénoïde


Les interactions électrostatiques entre les charges q ne sont pas pertinentes ici, car
elles sont intérieures au système {disque + charges}. Elles ne jouent donc aucun
rôle dans les lois de la quantité de mouvement ou du moment cinétique.

2. Dans le solénoïde « très long


#–
», on néglige les effets de bord et le champ#–magnétique
#–
u z , donc ∂∂tB = µ0 n dt
est B = µ0 ni(t) #– di #–
u z . Les plans de symétrie de ∂∂tB sont ainsi
tous les plans passant par l’axe du solénoïde.

Méthode Symétries du champ électrique

D’après l’équation de Maxwell-Faraday


#–
#– ∂B
rot
#– E =− ,
∂t
#– #–
les plans de symétrie de ∂∂tB sont des plans d’antisymétrie pour E.
Cette règle de symétrie est construite par analogie avec la règle concernant
#– #–
rot
#– B = µ0 j (voir page 103).

#–
Par conséquent, le champ E est localement perpendiculaire à ces plans, soit
#–
u θ . Par invariance par translation selon z et par rotation selon θ,
E = f (r,θ,z,t) #–
#–
ce champ ne dépend que de r, donc E = f (r,t) #– u θ . Ses lignes sont alors des cercles
d’axe z.

Méthode Détermination du champ électrique induit

Pour déterminer f , on intègre l’équation de Maxwell-Faraday le long d’une telle


ligne de rayon R,
#–
∂B # –
˛ ¨
#– #–
E · dℓ = − · dS . (5.6.1)
Γ S(Γ) ∂t

Cette égalité n’est autre que la loi de Faraday « e = − dφ


dt ».
À cause de la complexité du rotationnel, qui mélange les composantes,
#–
il serait
#–
illusoire de tenter de résoudre directement l’équation rot
#– E = − ∂∂tB .

#–
Compte tenu de l’expression de E, la loi de Faraday (5.6.1) s’écrit, le long d’un cerle
de rayon R,
di R di #– R di #–
2πRf (R,t) = −µ0 n πR2 ⇒ f (R,t) = − µ0 n ⇒ E(R,t) = − µ0 n uθ .
dt 2 dt 2 dt
Une charge q, située à une distance R de l’axe du solénoïde, subit la force de Lorentz
généralisée
#– #– #–
F = q(E + #– v ∧ B) .
Le champ électrique étant dirigé selon #–
u θ , il va avoir un effet sur la rotation du disque.
En revanche, le champ magnétique est sur #– u et l’éventuelle vitesse des charges est
z
136

sur #–
u θ , donc la force magnétique est portée par #–
u r et a un moment nul par rapport
#– #–
à l’axe (O, #–
u z ). Le moment scalaire de la force électrique F = q E = qE(R) #–u θ par
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

rapport à l’axe est simplement le module de la force multiplié par le bras de levier R,
soit qE(R) × R. La somme des moments de ces forces sur les N charges est donc
R2 di
N × qE(R) × R, soit M = −N q µ0 n . La liaison pivot étant parfaite, cette force
2 dt
est la seule à exercer un couple sur le disque. Le théorème du moment cinétique
scalaire appliqué au disque s’écrit
dω R2 di
J = −N q µ0 n .
dt 2 dt
di i0 dω R2 i0
Durant la phase de variation de i, = , donc = −N q µ0 n . Ainsi ω
dt τ dt 2J τ
devient négative quand i(t) croît : c’est une manifestation de la loi de modération de
Lenz.

Rappel Loi de modération de Lenz

Le mouvement de rotation acquis par les charges est un courant qui crée un
champ magnétique selon − #– u z (comme le ferait une spire dont le contour serait
confondu avec les N charges). Ce champ tend à s’opposer au champ croissant
dans le solénoïde, qui est la cause lui ayant donné naissance.

5.7. Plaque de cuisson à induction ★★


On considère un disque d’acier d’axe (O, #– u z ), de rayon a, d’épaisseur e, de conduc-
tivité γ et de perméabilité magnétique relative µr (grandeur supposée constante).
On admet que tout se passe comme si les champs magnétiques étaient multipliés
par µr dans le métal. Grâce à un solénoïde de rayon a, on plonge le disque dans un
#–
champ magnétique uniforme alternatif de la forme B(t) = Bm cos(ωt) #– u z (Bm et
ω sont constants). Dans les trois premières questions, on néglige le champ propre
(champ magnétique créé par les courants de Foucault induits dans le disque).
1. Déterminer le champ électrique induit dans le disque. En déduire le vecteur
#–
densité de courant j en tout point du disque.
2. Exprimer la puissance volumique instantanée reçue par le disque par effet Joule.
En déduire l’expression de la puissance moyenne totale ⟨Ptot ⟩ reçue par le disque
par effet Joule.
3. À partir de ces considérations, comment peut-on réaliser un système de cuisson
reposant sur le principe de l’induction ? Quel est l’intérêt d’utiliser un matériau
ferromagnétique pour le fond de la casserole ? Calculer numériquement ⟨Ptot ⟩ et
commenter le résultat.
Données. γ = 5,0 · 106 S · m−1 , e = 2,0 mm, a = 10 cm, Bm = 2,0 · 10−5 T,
fréquence f = 25 kHz.
4. On veut vérifier a posteriori s’il est légitime de négliger le champ propre. Pour
cela, on admet qu’une spire circulaire de rayon R et d’axe (O, #– u z ), parcourue par
#–
l’intensité i, crée en son centre le champ magnétique B(O) = µ2R 0 i #–
u z dans le vide.
137

4.a. En voyant les courants de Foucault dans le disque comme une assemblée de
spires concentriques contenues dans le plan z = 0, en déduire l’expression du champ

Exercice 5.7. Plaque de cuisson à induction


magnétique propre total au centre O du disque.
4.b. À quelle condition ce champ est-il négligeable devant le champ extérieur imposé
par le solénoïde ? Exprimer3 le résultat sous la forme d’une inégalité contenant
déf. 2
l’épaisseur de peau δ = γµ0 µr ω (voir exercice 5.9 page 141 pour la construction
de cette grandeur). L’inégalité trouvée est-elle vérifiée numériquement ?
5. En première approximation, il faut remplacer e par δ dans l’expression de ⟨Ptot ⟩.
Justifier cela, puis calculer numériquement⟨Ptot ⟩. Commenter.

! Corrigé
1. Le champ#–électrique induit se détermine à partir de l’équation de Maxwell-Faraday,
#–
rot
#– E = − ∂∂tB , comme à la question 1 de l’exercice 5.6 (voir page 134). L’étude des
#–
symétries donne E = f (r,t) #– u et l’équation de Maxwell-Faraday, intégrée sur un
θ
contour circulaire de rayon r " a, s’écrit
d
2πrf (r,t) = −πr2 [µr Bm cos(ωt)] = µr Bm πr2 ω sin(ωt) #–

dt
#– rωµr Bm
⇒ E(r,t) = sin(ωt) #–
uθ (si r " a) . (5.7.1)
2
La présence de µr dans ce qui précède vient du fait que l’on a calculé le champ dans
le métal.

Attention Effets à distance en électromagnétisme

Si le contour choisi est de rayon r > a (hors du solénoïde et donc hors du métal),
la loi de Faraday s’écrit
d
2πrf (r,t) = −πa2 [Bm cos(ωt)] = Bm πa2 ω sin(ωt) ,
dt
car le champ magnétique n’est non nul que pour r < a (il est nul en dehors du
solénoïde). On trouve alors
#– a2 ωBm
E(r,t) = sin(ωt), #–
u θ (si r > a) .
2r
On remarque que le champ électrique induit est non nul en dehors du solénoïde,
bien que le champ magnétique soit nul dans cette zone.

#– #–
La densité de courant dans le disque (r " a) est donnée par la loi d’Ohm j = γ E,
soit, en utilisant la relation (5.7.1),

#– γrωµr Bm
j (r,t) = sin(ωt) #–
uθ .
2
138

2. La puissance par unité de volume reçue par le cuivre de la part du champ électro-
magnétique (effet Joule) est
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

#– #– #– ω 2 µ2r Bm
2
Pvol (r,t) = j (r,t) · E(r,t) = γ E 2 (r,t) ⇒ Pvol (r,t) = γ r2 sin2 (ωt) .
4
On en prend la moyenne temporelle (le sinus au carré devient 1/2) puis on l’intègre
sur le volume du disque,
ˆ a ˆ 2π ˆ e
ω 2 µ2r Bm
2
⟨Ptot ⟩ = γ r2 r' dr ()
dθ dz*
r=0 θ=0 z=0 8

µ2r Bm
2 2
ω
⇒ ⟨Ptot ⟩ = γ πa4 e . (5.7.2)
16

3. En pratique, le disque métallique est le fond de la casserole lui-même. La cuisinière à


induction contient une bobine d’axe vertical, qui joue le rôle du solénoïde de l’énoncé.
On note que ⟨Ptot ⟩ croît avec la fréquence au carré du champ magnétique, d’où l’usage
de la fréquence élevée f = 20 kHz pour obtenir un chauffage acceptable. De même,
µr intervient au carré, d’où l’intérêt d’une casserole à fond ferromagnétique.
Comme la puissance ⟨Ptot ⟩ croît proportionnellement à γ, on pourrait croire que le
cuivre est le métal de choix, à cause de sa grande conductivité électrique
(γ = 6 · 107 S · m−1 ). Cependant, il n’est pas ferromagnétique (µr = 1), donc moins
efficace pour le chauffage.
Avec les valeurs données, on trouve ⟨Ptot ⟩ = 12 kW . C’est une valeur bien trop
grande. Une cuisson s’effectue à la puissance inférieure à 2 kW (feu vif).
4.a. Chaque couronne élémentaire de rayon r, de largeur dr et d’épaisseur e a une
section droite d’aire dS = e × dr. Du fait de la présence de courant orthoradial
#–
j = j(r,t) #–u θ , elle se comporte comme une spire parcourue par l’intensité élémen-
#– # –
taire dI = j · dS = j(r,t) e dr. Elle créé donc en son centre le champ élémentaire
#–
dB = µ0 µ2rr dI #–
u z . D’après le principe de superposition, le champ magnétique propre
total au centre est la somme (intégrale) de ces champs élémentaires,
ˆ a ˆ a
#– #– µ0 µr j(r,t) e dr #–
B pr (O) = dB = uz
r=0 r=0 2r
#– 1
⇒ B pr (O) = γµ0 µ2r ωeBm a sin(ωt) #–
uz .
4

4.b. Pour savoir si le champ propre est négligeable devant le champ extérieur, on fait
le rapport de leurs amplitudes,
Bpr (O) γµ0 µr ωea ea 2
= ≪1 ⇐⇒ ≪ = δ2 . (5.7.3)
µr B m 4 2 γµ0 µr ω
On obtient une inégalité entre des longueurs au carré, δ étant l’épaisseur de peau.
Numériquement, δ = 1,6 · 10−4 m , par conséquent, δ 2 ≪ ea 4 , ce qui contredit l’in-
égalité (5.7.3). Le champ propre est donc loin d’être négligeable . Cela signifie que
l’autoinduction n’est pas négligeable.
139

5.

Exercice 5.8. Bloc métallique dans un champ magnétique


Rappel Épaisseur de peau

L’épaisseur de peau représente la profondeur typique sur laquelle le champ électro-


magnétique peut pénétrer dans un métal. Le champ total s’atténue fortement au
delà (effet de peau) car le champ propre a tendance à contrer le champ extérieur
(loi de modération de Lenz).

D’après la question 4.b, l’effet de peau est important dans la plaque (fort effet mo-
dérateur du champ propre), donc les courants de Foucault se cantonnent dans une
épaisseur de l’ordre de δ au lieu d’être répartis sur toute l’épaisseur e du métal. On
remplace donc e par δ dans l’expression de la puissance,

µ2r Bm
2 2
ω
⟨Ptot ⟩ = γ πa4 δ = 9,8 · 102 W .
16
Cette valeur, de l’ordre du kilowatt, est conforme à ce que l’on attend pour une plaque
de cuisson.

5.8. Bloc métallique dans un champ magnétique ★★★


On considère un solénoïde infiniment long d’axe (O, #– u z ), possédant n spires par
unité de longueur, parcouru par un courant i(t) = i0 cos(ωt). Une plaque métallique
rectangulaire de longueur a, de largeur b, d’épaisseur ℓ et de conductivité γ est
maintenue fixe dans le solénoïde de manière que sa face d’aire a× b soit orthogonale
à l’axe (O, #–
u z ).
1. Après avoir analysé les symétries du problème (en proposant éventuellement des
hypothèses simplificatrices), déterminer le champ de courants de Foucault induits
dans la plaque.
2. En déduire la puissance thermique (moyennée en temps) dégagée dans cette
plaque par effet Joule.

! Corrigé
1. Comme dans l’exercice 5.6 page 134, on peut déterminer le champ électrique induit
par le champ magnétique variable créé par le solénoïde,
#– r di #–
E = − µ0 n uθ .
2 dt
Si le bloc conducteur était à symétrie de révolution, les lignes de courant, données
#– #–
par j = γ E, seraient des cercles dont l’axe est celui du solénoïde. Mais ces lignes
« butent » contre les bords du rectangle, créant une accumulation de charge. En résulte
un champ électrostatique qui repousse les lignes vers l’intérieur du métal. Finalement,
on peut concevoir qu’elles suivent la forme du métal. La réalité est complexe : elles
sont vraisemblablement circulaires vers le milieu de la plaque et de plus en plus
rectangulaires en s’approchant des bords, afin de bien en suivre le contour. Pour
#–
simplifier la suite de l’étude, on suppose que les lignes de j sont des rectangles
« concentriques », dont le rapport longueur/largeur est a/b (voir figure 5.8.1).
140
y

Fig. 5.8.1. Lignes de courant dans le bloc mé-


Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

tallique rectangulaire. Par hypothèse simplifica-


trice, elles sont supposées avoir la même géométrie
x
que la plaque.

Un tel rectangle a pour côté 2x dans le sens de la longueur, et 2y dans le sens de


#–
la largeur, avec xy = ab . Son aire est S = 4xy = 4 ab x2 . Le flux de B à travers ce
rectangle, orienté dans le sens trigonométrique, est φ = B × S = B × 4 ab x2 . La force
électromotrice (fem) induite e sur ce contour rectangulaire est donnée par la loi de
Faraday,
dφ dB b
e=− =− × 4 x2 .
dt dt a
Or, cette fem est aussi la circulation du champ électrique le long du contour. Le
champ électrique peut être supposé uniforme en norme sur ce contour, sinon les tubes
#–
de champ E, et donc de courant, changeraient de section, ce qui est incompatible
#–
avec le modèle des rectangles concentriques. La norme de E étant uniforme, la fem
¸ #– #–
e = E · dℓ est simplement le produit de E par le périmètre du rectangle, soit
e
e = 4(x + y)E, donc E = ! " . En remplaçant e par son expression,
4 1 + ab x

dB ab di b
E=− b
x ⇒ E = −µ0 n x .
dt 1 + a
dt a + b
En multipliant cette valeur par γ, on obtient la densité volumique de courant de
Foucault le long du rectangle repéré par x,
#– #– di b
j = γ E = −γµ0 n x #–
u ,
dt a + b
où #–
u est le vecteur unitaire localement tangent au rectangle.
2.

Rappel Effet Joule dans un métal

La puissance volumique instantanée (en W · m−3 ) reçue par le métal sous forme
#– #–
d’effet Joule est Pvol = j · E = γE 2 . Cette relation est établie dans l’exercice 4.20
page 120.

Pour avoir la puissance instantanée P(t) totale, on intègre Pvol sur tout le volume de
la plaque, ce qui nécessite d’avoir l’expression du volume élémentaire. On prend un
volume déjà intégré sur l’épaisseur ℓ car il y a invariance par translation selon z. Pour
les dimensions x et y, la surface élémentaire à prendre est la différentielle de l’aire du
rectangle, S = 4 ab x2 ⇒ dS = 8 ab x dx (c’est l’analogue du 2πr dr en coordonnées
cylindriques). Il faut intégrer pour x allant de 0 à a2 ,
ˆ a2 + ,2
di b b
˚
P(t) = Pvol (M,t) dτM = γ µ0 n x 8ℓ x dx .
x=0 dt a + b ' a() *
dτM
141
3 3
di 1 a b ℓ 2 2
Compte tenu de = −i0 ω sin(ωt), on trouve P(t) = γµ20 n2 i ω sin2 (ωt).
dt 8 (a + b)2 0

Exercice 5.9. Effet de peau dans un câble électrique


En moyenne dans le temps, le sinus au carré vaut 21 , donc

1 a3 b 3 ℓ 2 2
⟨P⟩ = γµ20 n2 i ω .
16 (a + b)2 0

5.9. Effet de peau dans un câble électrique ★


On modélise un câble électrique par un bloc de cuivre de conductivité réelle
γ = 6,0 · 107 S · m−1 , infiniment étendu selon les directions y et z, et d’extension
finie selon x. Le plan (O, #– u z ) est plan de symétrie de ce bloc métallique. Aux
u y , #–
fréquences envisagées (f ≪ 1014 Hz), le métal peut être considéré comme électri-
quement neutre (voir exercice 5.2 page 123 pour l’établissement de ce résultat).
1. À l’aide des équations de Maxwell et du formulaire d’analyse vectorielle (voir
page 275), établir une équation aux dérivées partielles vérifiée par le vecteur densité
#–
de courant volumique j .
2. Pour décrire le courant alternatif dans le câble, on cherche une solution sous la
forme complexe
#–
j = f (x) exp(iωt) #– u z , où i2 = −1 .
Justifier la forme de cette solution, puis établir l’équation différentielle satisfaite
par f dans le milieu. En déduire la forme de f , en notant A la constante d’intégra-
3
déf. 2
tion et en faisant intervenir l’épaisseur de peau δ = γµ0 ω .
#–
3. En déduire 9 l’expression
9 de l’amplitude de j (x,t) dans le métal, puis l’expression
déf. 9 j(x,t) 9
de g(x) = 9 j(0,t) 9. À l’aide d’un traceur de fonctions, représenter le graphe de g
en fonction de la variable adimensionnée u = xδ sur l’intervalle u ∈ [−5,5], par
exemple. En déduire une interprétation physique de δ.
4. Calculer numériquement δ pour les fréquences f = 50 Hz (prise du secteur) et
f = 1,0 MHz (ondes radio). En déduire les conséquences pour les lignes à haute
tension et les antennes radio.
! Corrigé
#–
1. Le métal étant neutre, l’équation de Maxwell-Gauss s’écrit simplement div E = 0
14
dans le domaine de fréquences envisagées (f ≪ 1 · 10 Hz). À ces fréquences, le
courant de déplacement est négligeable devant le courant de conduction dans le cuivre
(voir exercice 5.1 page 123 pour établir ce résultat), donc l’équation de Maxwell-
#– #– #–
Ampère se résume à rot
#– B µ0 j . Les équations de Maxwell-Thomson div B = 0 et
= #–
#–
#– E = − ∂ B sont inchangées.
Maxwell-Faraday rot ∂t

Méthode Équation de propagation

Pour établir une équation de propagation en électromagnétisme, on prend le


rotationnel d’une des équations de Maxwell en rotationnel (équation de Maxwell-
Faraday ou Maxwell-Ampère), puis on utilise l’identité vectorielle
#– #– #–
rot(
#– rot
#– A) = grad(div
#– A) − △ A .
142

On prend le rotationnel membre à membre de l’équation de Maxwell-Faraday,


# #– $
Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

#– ∂B
rot rot E = − rot
#– #– #– .
∂t
Au membre de droite, la dérivation temporelle peut commuter avec le rotationnel
d’après le théorème de Schwarz (voir encadré « Méthode » page 147),
#–
#– #– ∂ #– #– ∂j 1 #–
grad
# – (div E) − △E = − (rot B) ⇒ = △j . (5.9.1)
' () * '()* ∂t ' () * ∂t γµ0
=0 #– #–
△ j /γ =µ0 j

Il s’agit d’une équation de diffusion. Le coefficient de diffusion associé est D = γµ1 0 ,


en m2 · s−1 dans le système international.
2. La densité de courant proposée n’a pas de dépendance en y, conformément à
l’invariance par translation selon #–
u y du problème. Comme il n’y a pas accumulation
#–
de charge, l’équation de conservation de la charge se résume à div j = 0, soit ici
∂jz #–
∂z = 0, car la seule composante non nulle de j est sur z. Cette équation montre
#–
que j ne doit pas dépendre de z. Enfin, la forme proposée est complexe, ce qui est
possible, car l’équation (5.9.1) est linéaire. En injectant cette forme dans l’équation
de diffusion, on trouve que f vérifie
d2 f
− iγωµ0 f = 0 .
dx2 ' () *
= L12

Par homogénéité, le facteur complexe devant f est homogène à l’inverse d’une longueur
au carré, que l’on note L. L’équation caractéristique associée s’écrit r2 − L12 = 0. Pour
trouver ses racines r, il faut extraire les racines carrées de L12 .

Méthode Racines carrées d’un nombre complexe

Pour trouver les racines carrées d’un nombre complexe, le plus rapide consiste
à écrire ce nombre sous la forme « module et argument », puis à l’élever à la
puissance 1/2.

1 1
= γωµ0 exp[i(π/2 + 2kπ)] (avec k ∈ Z) = (γωµ0 )1/2 exp[i(π/4 + kπ)]

L2 L
1
1+i déf. 2
⇒ r=± avec δ =
δ µ0 γω
Ainsi la solution s’écrit
< = < =
1+i 1+i
f (x) = A exp − x + B exp x ,
δ δ
où A et B sont deux constantes complexes d’intégration. Comme le plan (O, #– u y , #–
u z)
est plan se symétrie de la situation, la solution doit être paire en x, ce qui impose que
A = B,
< + , + ,=
1+i 1+i
f (x) = A exp − x + exp x .
δ δ
143
#–
3. On en déduit l’expression de j ,

Exercice 5.9. Effet de peau dans un câble électrique


#– : % x& % x& % x& % x &;
j = A exp − exp −i + exp + exp +i exp(iωt) #–
uz .
δ δ δ δ

Méthode Amplitude d’une grandeur complexe

L’amplitude de j est le module de j, ou encore la racine carrée du module de j


au carré, soit 3
|j| = j · j ∗ .

#–
On calcule donc le conjugué de j ,
#–∗ : % x& % x& % x& % x &;
j = A∗ exp − exp +i + exp + exp −i exp(−iωt) #–
uz .
δ δ δ δ
On en déduit ensuite
< + , + , + , + ,=
#– #–∗ 2x 2ix 2ix 2x
j · j = |A|2 exp − + exp − + exp + exp + .
δ δ δ δ
' () *
2 [ch 2x
δ +cos δ ]
2x

Le résultat est réel, comme on s’y attend pour un module au carré. Finalement,
9 9 2 < =
9 j(x,t) 9
9 9 = 1 ch 2x + cos 2x .
9 j(0,t) 9 2 δ δ
3
1
La figure 5.9.1 donne le tracé de u -→ 2 [ch(2u) + cos(2u)].

g(u)

60

40

20

x
−5 −4 −3 −2 −1 0 1 2 3 4 5 u= δ
!
Fig. 5.9.1. Tracé de la fonction u !→ 1
2
[ch(2u) + cos(2u)]. En pratique, le terme en
cosinus est négligeable devant le terme en cosinus hyperbolique dès que u s’éloigne de 1.

Cela montre que le courant est beaucoup plus intense en périphérie de fil qu’au centre.
Par exemple, pour un fil d’épaisseur 10 δ (cas de la figure 5.9.1), l’amplitude du cou-
rant n’est significative que dans une épaisseur de l’ordre de deux ou trois δ (intervalles
[−5, − 2] et [2,5]).
144

Synthèse Effet de peau et épaisseur de peau


Chapitre 5. Électromagnétisme en régime variable

Dans un câble électrique, le courant alternatif se cantonne essentiellement en


périphérie du fil sur une épaisseur de l’ordre de deux ou trois fois l’épaisseur de
peau 1
déf. 2
δ = .
γµ0 ω
Si l’épaisseur du fil est grande devant δ, tout se passe comme si le centre du fil ne
conduisait pas le courant. Cet effet de peau augmente la résistance effective du
fil.

4. Avec la conductivité du cuivre et la valeur µ0 = 4π · 10−7 H · m−1 , on trouve

δ = 9,2 mm pour f = 50 Hz et δ = 6,5 · 10−5 m pour f = 1 MHz .

! Dans une ligne à haute tension , la fréquence est f = 50 Hz. À cause de l’effet de
peau, le courant se cantonne en périphérie de câble sur une épaisseur de l’ordre de 20
à 30 mm. Il est donc inutile de mettre des câbles pleins de rayon plus grand que cela.
En pratique, on utilise des câbles conducteurs de rayon plus grand que 30 mm, mais
creux au centre (car le métal central ne participerait pas à la conduction).
! Dans une antenne radio, le courant est uniquement superficiel à cause de la faible
épaisseur de peau. L’antenne peut être creuse. Une fine feuille de papier aluminium
peut jouer le rôle d’antenne pour les fréquences radio.
Chapitre 6
O NDES

6.1. Onde dans un câble coaxial (aspect ligne) ★


On considère un câble coaxial. À cause des phénomènes électromagnétiques dont il
est le siège, on le modélise par une ligne bifilaire à constantes réparties. On note Λ
son inductance linéique et Γ sa capacité linéique. Le schéma électrique équivalent
à un élément de longueur dx de câble est donné sur la figure 6.1.1.
i(x, t) Λ dx i(x + dx, t)

u(x, t) Γ dx u(x + dx, t)

x x + dx
Fig. 6.1.1. Modèle de ligne électrique à constantes réparties.

1. À quelle condition sur dx est-on en droit d’appliquer les lois usuelles de l’élec-
trocinétique ?
2. Établir l’équation de propagation des ondes (sur i et u) dans ce câble coaxial.
3. Le générateur qui alimente la ligne en x = 0 délivre une tension sinusoïdale de
pulsation temporelle ω. Par linéarité de l’équation de d’Alembert, on peut travailler
en complexes et les solutions de l’équation de propagation peuvent être prises sous
la forme
i(x,t) = I 0 exp[j(ωt − kx)] + I 1 exp[j(ωt + kx)], où j2 = −1 .
Les amplitudes I 0 et I 1 sont a priori complexes (déphasage éventuel). Interpréter
chacun des deux termes de cette expression.
4. Montrer qu’il existe une grandeur complexe Z, appelée impédance caractéristique
de la ligne, telle que l’onde de tension s’écrive, en complexes,
H I
u(x,t) = Z I 0 exp[j(ωt − kx)] − I 1 exp[j(ωt + kx)] .
Exprimer Z en fonction des grandeurs intrinsèques de la ligne uniquement.
5. L’extrémité x = L du câble est refermée sur un composant d’impédance com-
plexe Z ′ . Définir le coefficient de réflexion r en bout de ligne et établir son expression
en fonction de Z et Z ′ uniquement.
6. Applications
6.a. Que se passe-t-il si la ligne est ouverte en x = L ?
6.b. Que se passe-t-il si la ligne est fermée par un court-circuit en x = L ?
6.c. À quelle condition n’y a-t-il pas réflexion en bout de ligne ? Qu’arrive-t-il alors
à l’énergie transportée par l’onde incidente ? Quel est l’intérêt de connaître ces trois
cas ?
146

! Corrigé
1.
Chapitre 6. Ondes

Méthode Approximation des états quasi stationnaires

Les lois de l’électrocinétique sont valables dans l’approximation des états quasi
stationnaires (AEQS), c’est-à-dire quand on peut négliger le temps de propagation
de l’onde à l’échelle de l’objet étudié devant la durée typique des variations des
grandeurs.

Pour une onde se propageant à la célérité c, τprop = dx c . La durée des variations est T ,
la période temporelle de l’onde, qui est liée à la longueur d’onde par λ = cT . L’AEQS
se traduit par
dx λ
τprop ≪ T ⇒ ≪ ⇒ dx ≪ λ .
c c
Il faut donc que l’élément de longueur dx soit très petit par rapport à la longueur
d’onde. Cela ne pose pas de problème puisque, mathématiquement, on peut faire
tendre dx vers zéro.
2. La tension aux bornes de l’inductance s’écrit
∂i(x,t) ∂u(x,t) ∂i(x,t)
u(x,t) − u(x + dx,t) = Λ dx ⇒ − =Λ . (6.1.1)
∂t ∂x ∂t
D’après la loi des nœuds, l’intensité traversant le condensateur vérifie
∂u(x + dx,t) ∂i(x,t) ∂u(x,t)
i(x,t) − i(x + dx,t) = Γ dx ⇒ − =Γ . (6.1.2)
∂t ∂x ∂t

Méthode Négliger les dx gênants

Dans la première égalité (6.1.2), le membre de droite est pris au point x + dx. Or,
ce dx a disparu dans le résultat final. Cela se justifie par la formule de Taylor.
On effectue un développement limité de ∂u ∂t au point x,

∂u(x + dx,t) ∂u(x,t) ∂ 2 u(x,t)


= + () * + o(dx) .
' dx
∂t ' ∂t
() * ' ∂x()∂t * ordre 1
ordre 0 ordre 0
' () *
ordre 1

Le terme d’ordre 1 est négligé devant le terme d’ordre 0.

Les équations (6.1.1) et (6.1.2) sont couplées. On dérive (6.1.1) par rapport à t et
(6.1.2) par rapport à x,
∂ 2 u(x,t) ∂ 2 i(x,t) ∂ 2 i(x,t) ∂ 2 u(x,t)
− =Λ 2
= et − 2
=Γ . (6.1.3)
∂t∂x ∂t ∂x ∂x∂t
147

Méthode Théorème de Schwarz

Exercice 6.1. Onde dans un câble coaxial (aspect ligne)


Pour une fonction f de classe C 2 , il y a égalité des dérivées secondes croisées,
∂ 2f ∂2f
= .
∂x∂t ∂t∂x

En appliquant le théorème de Schwarz, on peut éliminer les dérivées croisées des


égalités (6.1.3),

1 ∂ 2 i(x,t) ∂ 2 i(x,t) 1
− =0 avec c = √ .
c2 ∂t2 ∂x2 ΓΛ
On reconnaît une équation de d’Alembert, où c représente la célérité des ondes pro-
gressives dans la ligne.
En dérivant l’équation (6.1.2) par rapport à t et l’équation (6.1.1) par rapport à x,
puis en appliquant le théorème de Schwarz, on établit de la même façon une équation
de d’Alembert pour u,
1 ∂ 2 u(x,t) ∂ 2 u(x,t)
− =0 .
c2 ∂t2 ∂x2

Remarque La ligne étudiée modélise un câble coaxial dont les propriétés ont été
vues aux exercices 4.14 page 106 et 4.10 page 96. Pour un câble dont les armatures
coaxiales sont séparées par du vide, les expressions sont
1 µ0 R2 1 1
Γ = 2πε0 R2
et Λ= ln , donc c= √ = √ .
ln R1
2π R1 ΓΛ µ 0 ε0

La célérité des ondes électromagnétiques dans ce câble est la même que dans le vide.
3. Chaque terme correspond à une onde progressive sinusoïdale de pulsation tem-
porelle ω. Le terme en I 0 se propage selon les x croissants, celui en I 1 selon les x
décroissants.

Rappel Onde progressive

Par définition, une onde progressive se propage sans se déformer.


! Chacun des deux termes est une onde progressive, mais la somme des deux
n’en est pas une a priori.
! Dans le cas particulier où |I 0 | = |I 1 |, la somme des deux termes est une onde
stationnaire.

4. On travaille en complexes pour toutes les grandeurs. On injecte l’expression de i


dans l’équation de couplage (6.1.1),
∂u H I
= −Λ jω I 0 exp[j(ωt − kx)] + I 1 exp[j(ωt + kx)] .
∂x
On intègre cette relation par rapport à x pour trouver u,
−Λ jω H I
u(x,t) = I 0 exp[j(ωt − kx)] − I 1 exp[j(ωt + kx)] + f (t) . (6.1.4)
−jk ' () *
=0
148

La grandeur f (t) est une « constante » d’intégration par rapport à x. Comme elle ne
dépend que du temps, elle ne correspond pas à une onde. On la choisit donc nulle. On
Chapitre 6. Ondes

peut aussi justifier sa disparition par le fait que, en l’absence d’onde, les grandeurs
u(x,t), I 0 et I 1 sont toutes nulles. L’égalité (6.1.4) impose naturellement f (t) = 0, ∀t.
Le préfacteur de (6.1.4) peut être simplifié en utilisant la relation de dispersion k = ωc
de l’équation de d’Alembert ainsi que l’expression de la célérité c = √1ΛΓ ,

H I Λ
u(x,t) = Z I 0 exp[j(ωt − kx)] − I 1 exp[j(ωt + kx)] avec Z = . (6.1.5)
Γ

5.

Méthode Coefficient de réflexion

Le coefficient (complexe) de réflexion r est défini comme le rapport de l’amplitude


complexe de l’onde réfléchie en x = L sur celle de l’onde incidente,
I 1 exp[j(ωt + kL)] I
r= = 1 exp(2jkL) .
I 0 exp[j(ωt − kL)] I0
On trouve son expression en traduisant les conditions aux limites à l’endroit de
la réflexion, soit x = L ici.

En x = L, la présence de l’impédance Z ′ impose la condition aux limites


∀t, u(x = L,t) = Z ′ i(x = L,t) . (6.1.6)
On remplace i et u par leurs expressions dans l’équation (6.1.6). On peut simplifier
par exp(jωt), ce qui est l’intérêt des complexes, et il reste
H I H I
Z I 0 exp(−jkL) − I 1 exp(jkL) = Z ′ I 0 exp(−jkL) + I 1 exp(jkL)

I1 Z − Z′
⇒ r= exp(2jkL) = .
I0 Z + Z′

6.a. Une ligne ouverte correspond à Z ′ → ∞, donc r = −1 . Il y a réflexion totale


de l’onde avec un déphasage de π.
6.b. Un court-circuit correspond à Z ′ = 0, donc r = 1 . Il y a réflexion totale sans
déphasage.
6.c. Pour ne pas avoir réflexion, il faut r = 0, donc Z ′ = Z . En communications
filaires, les réflexions en bout de ligne (échos) sont non désirées. Ces trois cas montrent
qu’il ne faut donc pas refermer la ligne n’importe comment. On doit placer en bout
de ligne un élément qui a la même impédance que la ligne (on dit que l’impédance en
bout de ligne est adaptée à la ligne). Cela « fait croire » à l’onde incidente que la ligne
continue sans changement de propriété en x = L, et empêche ainsi le phénomène de
réflexion. 3
Dans ce cas, Z ′ = Λ
Γ qui est une grandeur réelle positive. L’impédance en bout
de ligne est donc une simple résistance. C’est un élément dissipatif qui s’échauffe en
absorbant intégralement l’énergie apportée par l’onde incidente.
149

6.2. OPPM dans le vide illimité ★


Le formulaire d’analyse vectorielle se trouve page 275.

Exercice 6.2. OPPM dans le vide illimité


1. Établir l’équation de propagation du champ électrique dans le vide.
2. Les directions de l’espace sont indiquées par la base orthonormée ( #–
u x , #–
u y , #–
u z ).
On envisage une solution sous forme d’onde plane progressive harmonique (ou
encore monochromatique, d’où les deux acronymes OPPH ou OPPM) polarisée
rectilignement,
#–
E = E0 cos(ωt − kz) #–u x avec E0 = cte .
Expliquer en quoi cette solution constitue une OPPM. Vérifier qu’elle est acceptable
à condition que k et ω satisfassent une relation à expliciter.
#–
3. Dans le cas où k > 0, déterminer le champ magnétique B associé à cette onde.
Résumer les principales caractéristiques de cette onde.
4. Exprimer le vecteur de Poynting. En déduire la puissance P (moyennée en temps)
traversant une surface d’aire S orthogonale à la direction de propagation et orientée
dans le sens de la propagation.
5. Exprimer la densité volumique uem d’énergie électromagnétique de l’onde. Que
dire des termes électrique et magnétique ? Moyenner uem en temps. En déduire la
vitesse ve de propagation de l’énergie.

! Corrigé

1. On établit l’équation des ondes à partir des équations de Maxwell par la même tech-
nique qu’à l’exercice 5.9 (voir encadré « Méthode » page 141). On prend le rotationnel
membre à membre de l’équation de Maxwell-Faraday,
# #– $
#– ∂B
rot(rot E) = − rot
#– #– #– . (6.2.1)
∂t
! Le membre de gauche se transforme par la formule classique d’analyse vectorielle
#– #– #–
#– rot
rot( #– E) #–
= grad(div E) − △E.

! Au membre de droite, la dérivation temporelle peut commuter avec le rotationnel


d’après le théorème de Schwarz (voir encadré « Méthode » page 147).
#– #–
! Dans le vide, il n’y a ni charge (ϱ = 0) ni courant de conduction ( j = 0 ), donc
les équations de Maxwell-Gauss#– et de Maxwell-Ampère se simplifient respectivement
#– #–
en div E = 0 et rot
#– B = µ0 ε0 ∂∂tE .

Grâce à ces considérations, l’expression (6.2.1) devient


#– #– ∂ #–
grad
# – (div E) −△E = − (rot
#– B)
' () * ∂t ' () *
=0 =µ0 ε0
#–
∂E
∂t

#–
#– 1 ∂2E #– 1 déf.
⇒ △E − 2 = 0 avec = µ0 ε 0 . (6.2.2)
c ∂t2 c2
Il s’agit d’une équation de d’Alembert à trois dimensions spatiales.
150

Synthèse Célérité de la lumière dans le vide


Chapitre 6. Ondes

Les trois constantes fondamentales de l’électromagnétisme vérifient l’égalité

µ0 ε 0 c 2 = 1 .
Leurs valeurs numériques sont :
! µ0 = 4π · 10−7 H · m−1 (valeur exacte) ;
! ε0 = 8,85 · 10−12 F · m−1 (valeur approchée) ;
! c = 299 792 458 m · s−1 .
On retient que
c ≃ 3 · 108 m · s−1 .

2.

Rappel Définition d’une OPPM

Une onde est :


! plane si ses surfaces isophases sont des plans et si, au sein d’un tel plan, son
amplitude est uniforme. On parle parfois d’« onde plane homogène » pour insister
sur le fait qu’il y a deux conditions ;
! progressive si elle se propage sans se déformer ;
! monochromatique ou harmonique si son évolution temporelle est sinusoïdale
(présence d’une seule pulsation ω).
Une OPPM n’est qu’un modèle théorique, car ses plans d’onde sont d’extension
illimitée, ce qui ne peut arriver en réalité (effets de bords).

La forme proposée satisfait ces trois critères. En particulier, elle est bien homogène
du fait que E0 #–u x est une amplitude (vectorielle) constante. Elle se propage le long
de la direction #–
u z et le champ électrique est toujours colinéaire à #–
u x (polarisation
rectiligne selon #–
u x ).
En injectant cette forme dans l’équation de d’Alembert, on vérifie qu’elle fonctionne à
ω2
condition que k 2 = c2 . Ainsi, k et ω ne peuvent être choisis indépendamment l’un
de l’autre. La relation entre ω et k est appelée relation de dispersion. On note que
cela mène à deux solutions, k = ± ωc . Le cas k > 0 (respectivement k < 0) correspond
à une onde se propageant dans le sens des z croissants (respectivement décroissants).
3. Pour déterminer le champ magnétique, on utilise l’équation de Maxwell-Faraday,
⎡ ∂ ⎤ ⎡ ⎤ ⎡ ⎤
#– ∂x E0 cos(ωt − kz) Bx
#– ∂B ⎢ ∂ ⎥ ⎢ ⎥ ∂ ⎢ ⎥
rot
#– E =− ⇒ ⎣ ∂y ⎦∧⎣ 0 ⎦ = − ⎣ By ⎦
∂t ∂ ∂t
∂z
0 Bz
∂Bx ∂ ∂By ∂Bz
⇒ =0 ; [E0 cos(ωt − kz)] = − ; = 0.
∂t ∂z ∂t ∂t
151

Rappel Définition d’une onde

Exercice 6.2. OPPM dans le vide illimité


Une onde est un champ dépendant du temps et de l’espace (les deux à la fois) et
vérifiant une équation aux dérivées partielles appelée équation de propagation ou
équation d’onde.

Par définition, un champ constant par rapport au temps n’est pas une onde. Ainsi les
relations (3) imposent que Bx = 0 et Bz = 0. L’intégration de la troisième relation
donne
k
By = E0 cos(ωt − kz) + f (x,y,z) ,
ω ' () *
=0

où f (x,y,z) est une « constante » d’intégration par rapport au temps, que l’on prend
nulle car elle ne décrit pas une onde. Finalement, comme k = ωc , il reste

#– 1
B = E0 cos(ωt − kz) #–
uy .
c

Structure d’une OPPM électromagnétique


Synthèse
dans le vide illimité
#– déf.
Pour une OPPM de vecteur d’onde k = k #– u z dans le vide :
#– #–
! E et B sont transverses (orthogonaux à la direction de propagation) ;
#– #– #– #– #– #–
! (E,B, k ) est un trièdre trirectangle direct (B = k ∧ E
ω );
#– #–
! E et B sont en phase ;
#– #–
! |B| = 1c |E|.
Attention, ces résultats peuvent devenir faux pour une onde non plane ou non
progressive.

Remarque Les résultats précédents peuvent être obtenus par des calculs en notation
complexe. Cette méthode, non employée ici, est développée à l’exercice 6.3 page 152.
4. Le vecteur de Poynting se calcule comme
#– #–
#– E ∧ B 1 J #–K 1
R= = E 2 cos2 (ωt − kz) #–
uz ⇒ R = E 2 #–
uz .
µ0 µ0 c 0 2µ0 c 0
Par définition du vecteur de Poynting, la puissance moyenne traversant la surface
d’aire S est ¨ J K
#– 1
⟨P⟩ = R · dS #–
uz ⇒ ⟨P⟩ = E2 S .
S ' () * 2µ0 c 0
#–
dS

Remarque L’expression de ⟨P⟩ ne dépend pas de l’abscisse z à laquelle se trouve la


surface considérée. Cela vient du fait que l’onde est progressive : elle se propage sans
se déformer (pas d’absorption, notamment).
152

5. La densité volumique d’énergie électromagnétique se calcule comme


1 1 2
Chapitre 6. Ondes

uem = ε0 E 2 + B .
2 2µ0
E
Les deux termes sont égaux, car µ0 ε0 c2 = 1, d’une part, et B = c, d’autre part.

Synthèse Densité d’énergie d’une OPPM dans le vide illimité

Pour une OPPM dans le vide illimité, les contributions électrique et magnétique
de la densité volumique d’énergie sont égales. Attention, ce résultat est en général
faux pour une onde non plane.

Ainsi
E02
uem = ε0 E 2 = ε0 E02 cos2 (ωt − kz) ⇒ ⟨uem ⟩ = ε0 .
2
En moyenne dans le temps, l’énergie qui passe à travers S durant dt peut s’exprimer
de deux façons équivalentes.
! C’est la petite quantité d’énergie contenue dans un parallélépipède de section S
et de hauteur dz = ve dt. L’intégration sur z se limite à une simple multiplication
par dz, car l’intervalle sur cette dimension est infinitésimal,
E2
¨
δUe = ve dt × ⟨uem ⟩ dx dy = ε0 0 S ve dt . (6.2.3)
S 2
! C’est la puissance rayonnée à travers la section, multipliée par dt,
1
δUe = ⟨P⟩ dt = E 2 S dt . (6.2.4)
2µ0 c 0
En identifiant les deux expressions (6.2.3) et (6.2.4) de δUe , il reste
1
ε0 ve = ⇒ ve = c .
µ0 c

Synthèse Vitesse d’avancée de l’énergie pour une OPPM

Pour une OPPM dans le vide illimité, la vitesse d’avancée de l’énergie est c.
Attention, ce résultat peut devenir faux pour une onde non plane.

6.3. Onde dans un métal ★★


À suffisamment basse fréquence, un métal est localement neutre et sa conducti-
vité γ est réelle. On peut y négliger le courant de déplacement devant le courant
de conduction. Ces résultats sont démontrés dans les exercices 5.2 page 123, 4.16
page 112 et 5.1 page 123.
1. Établir l’équation de propagation vérifiée par le champ électrique dans le métal.
153

2. Le métal est illimité dans l’espace. On envisage une onde dont le champ électrique
s’écrit, en complexes,

Exercice 6.3. Onde dans un métal


#–
E = E0 exp[i(ωt − kz)] #–ux ,
où E0 est une constante réelle positive. Établir la relation de dispersion en fai-
sant intervenir une distance caractéristique notée δ (épaisseur de peau). Donner
l’expression du champ électrique. Quelle est la signification de δ ?
#– #– #–
3. Établir l’expression du champ magnétique B de l’onde. Les champs E et B
sont-ils en phase ?
4. Établir l’expression du vecteur de Poynting moyenné en temps.
5. On raisonne sur un volume parallélépipédique d’épaisseur dz, d’extensions L
selon x et ℓ selon y. Déterminer l’expression de la puissance P (moyennée en temps)
cédée à ce volume de métal par l’onde (effet Joule).
6. En réalisant un bilan énergétique sur le volume, vérifier la cohérence des résultats
des deux questions précédentes.
! Corrigé
1. Cette question a déjà été traitée à la première question de l’exercice 5.9 (voir
#– #–
page 141). On obtient une équation de diffusion, ∂∂tE = µ10 γ △E .
2.

Méthode Relation de dispersion

Si l’équation de propagation est linéaire, on peut utiliser la notation complexe.


Pour obtenir la relation de dispersion (relation entre ω et k), on injecte dans
l’équation de propagation une pseudo-OPPM, c’est-à-dire une onde de la forme
#– #– #– #–
E = E 0 exp[i(ωt − kz)] avec E 0 = cte ,
où k est éventuellement complexe.

On injecte la forme d’onde proposée par l’énoncé dans l’équation de propagation,


#– 1 #–
iω E = (−ik)2 E ⇒ k2 = −iµ0 γω (relation de dispersion) .
γµ0
La grandeur imposée est ω (l’antenne émettrice du champ dicte la fréquence). Il faut
donc trouver k, ce qui revient à trouver les racines carrées de k. On procède selon les
indications de l’encadré « Méthode » de la page 142 pour obtenir
1
1−i 2
k=± avec δ = (épaisseur de peau) .
δ µ0 γω
Il y a donc deux solutions possibles. En retenant par exemple la solution avec le signe
« moins », on trouve, en complexes, un champ électrique de la forme
#–
E = E0 exp(−z/δ) exp[i(ωt − z/δ)] #–
ux .
En notation réelle,
#– #–
E = Re(E) = E0 exp(−z/δ) cos(ωt − z/δ) #–
ux .
154

Il s’agit d’une onde qui se propage selon + #–


u z , mais dont l’amplitude s’amortit au
cours de la propagation. La longueur δ s’interprète comme la longueur typique sur
Chapitre 6. Ondes

laquelle le champ électrique s’atténue.


3.

Méthode Pseudo-OPPM et notation complexe

On considère une pseudo-OPPM écrite en notation complexe, soit


#– #– #– #– #–
r )] avec E 0 = cte .
E = E 0 exp[i(ωt − k · #–
! L’opérateur de dérivation temporelle consiste en une simple multiplication
par (iω).
#– #–
! L’opérateur nabla de dérivation spatiale est ∇ = −i k .
#– #– #– #–
Par exemple, l’équation de Maxwell-Faraday rot #– E = ∇∧ E = − ∂∂tB devient, pour
une pseudo-OPPM en notation complexe,
#– #–
#– #– #– #– k ∧E
−(i k ) ∧ E = −(iω)B ⇒ B = .
ω
#–
Attention, ces résultats deviennent faux si l’amplitude E 0 de l’onde dépend du
temps ou de l’espace. En effet, l’équivalence d’opérateurs proposée ne tient compte
que des dérivations spatiales ou temporelles de la partie exponentielle complexe
de l’onde.

#– #–
#– k ∧E
Ici, on peut utiliser la relation complexe B = ω , qui donne, compte tenu de
#–
u z = 1−i
k = k #– δ u z,
#–

#– 1−i
B = E0 exp(−z/δ) exp[i(ωt − kz)] #–
uy .
δω

En remplaçant 1−i = 2 exp(−iπ/4), le champ s’écrit entièrement sous forme d’expo-
nentielle. Le facteur exp(−iπ/4) traduit un retard de phase π/4 du champ magnétique
par rapport au champ électrique. En prenant la partie réelle, on obtient le champ ma-
gnétique,

#– #– 2
B = Re(B) = E0 exp(−z/δ) cos(ωt − z/δ − π/4) .
δω

4.

Méthode Vecteur de Poynting – Calcul

#– #– #–
Le vecteur de Poynting se calcule comme R = Eµ∧0B . Il s’agit d’une opération
#– #–
quadratique (produit de E par B), donc non linéaire. On doit ainsi calculer le
vecteur de Poynting en prenant les expressions réelles des champs.
155

Méthode (suite)

Exercice 6.3. Onde dans un métal


Cependant, en régime harmonique, on peut calculer le vecteur de Poynting
moyenné en temps par l’expression complexe
7 #– #– 8
J #–K 1 E ∧ B∗
R = Re ,
2 µ0
où l’astérisque désigne le complexe conjugué.
Attention, les expressions complexes de ce type ne donnent accès qu’aux moyennes
temporelles (le facteur 1/2 vient de la moyenne des sinus et cosinus au carré).

En prenant les expressions complexes des champs, on obtient


J #–K E02
R = exp(−2z/δ) #–
uz .
2µ0 δω
Ce vecteur pointe bien dans la direction où l’onde se propage, ce qui traduit un
transport d’énergie dans cette direction.
#– #–
5. La puissance par unité de volume cédée par effet Joule au métal s’écrit Pvol = j · E.
Cette expression est quadratique, donc nécessite de prendre les expressions réelles des
#– #–
champs. On peut aussi utiliser la notation complexe pour écrire ⟨Pvol ⟩ = 21 Re( j · E ∗ ).
#– #–
Compte tenu de la loi d’Ohm locale j = γ E,

1 #– #– 1 #– E02
⟨Pvol ⟩ = γ Re(E · E ∗ ) = γ |E|2 ⇒ ⟨Pvol ⟩ = γ exp(−2z/δ) .
2 2 2
Pour obtenir la puissance, il faut intégrer cette grandeur sur le volume. Comme elle
ne dépend ni de x ni de y, l’intégration selon ces directions se résume à une simple
multiplication par L × ℓ. Par ailleurs, ⟨Pvol ⟩ dépend de z, mais la dimension dz
du volume est infinitésimale. Pour cette raison, l’intégration selon z est une simple
multiplication par dz, donc
⟨P⟩ = ⟨Pvol ⟩ × L ℓ dz .

6. On note φ(z) le flux (moyenné en temps) d’énergie entrant dans le volume par sa
face située en z (ce flux est apporté par l’onde). On note φ(z + dz) le flux moyen
sortant par la face située en z + dz (flux emporté par l’onde).
Le régime est harmonique, donc la valeur moyenne (sur une période T = 2π ω ) de
l’énergie du champ contenu dans le volume est constante. Le bilan doit donc se traduire
par
φ(z) = φ(z + dz) + ⟨P⟩ .
En remplaçant ⟨P⟩ par son expression, cela donne
γE02
φ(z) = φ(z + dz) + exp(−2z/δ) L ℓ dz
2
dφ γE02
⇒ − = exp(−2z/δ) L ℓ . (6.3.1)
dz 2
156

Pour vérifier cette égalité, on exprime le flux φ,


Chapitre 6. Ondes

ˆ L ˆ ℓ J
#– K E02
φ(z) = R(z,t) · dx dy #–uz = exp(−2z/δ) L ℓ .
x=0 y=0 t ' () * 2µ0 δω
#–
dS
E2
On dérive ce résultat par rapport à z, dφ dz = − µ0 δ 2 ω exp(−2z/δ) L ℓ. En utilisant
0

l’expression de l’épaisseur de peau, soit δ 2 = µ02γω , on retouve bien l’égalité (6.3.1),


ce qui valide le bilan énergétique.

6.4. Onde dans un câble coaxial (aspect champ) ★★


Le formulaire d’analyse vectorielle se trouve page 275.
On étudie un guide d’onde constitué de deux armatures métalliques cylindriques
coaxiales, d’axe #–
u z et de rayons respectifs R1 et R2 > R1 . Les régions r < R1 et
r > R2 sont remplies de métal parfait (conductivité infinie). La région [R1 ,R2 ] est
occupée par du vide. Dans cette zone vide, on veut propager une onde électroma-
gnétique dont le champ électrique s’écrit
#–
E(r,θ,z,t) = f (r) cos(ωt − kz) #–
u avec f (R ) = E ∈ R+ .
r 1 0

1. À l’aide des équations de Maxwell (préciser la ou lesquelles), déterminer la


fonction r -→ E(r).
#–
2. Déterminer le champ magnétique B de l’onde.
3. Établir la relation de dispersion (relation entre ω et k) pour l’onde envisagée.
Commenter.
4. Déterminer l’expression du vecteur de Poynting. En déduire le flux d’énergie
(moyenné en temps) à travers une section transversale du câble.
5. Calculer la densité volumique d’énergie électromagnétique de l’onde, puis la
moyenner en temps.
6. En déduire la vitesse moyenne ve de propagation de l’énergie dans le câble.

! Corrigé

1. La seule équation de Maxwell faisant intervenir le champ électrique seul est l’équa-
tion de Maxwell-Gauss. Dans la région vide, ϱ = 0, donc
#– 1 ∂(rf ) E0 R1
div E = 0 = ⇒ rf (r) = cte = R1 f (R1 ) ⇒ f (r) = .
r ∂r r
Le champ électrique s’écrit donc
#– E0 R1
E= cos(ωt − kz) #–
ur .
r
157

Attention Onde non plane – Notation réelle

Exercice 6.4. Onde dans un câble coaxial (aspect champ)


L’onde est progressive et monochromatique, mais n’est pas plane. En effet, si ses
surfaces isophases sont bien des plans z = cte, l’amplitude vectorielle E0rR1 #–
u r du
champ n’est pas uniforme au sein d’un tel plan. Elle dépend de r et aussi de θ,
car le vecteur de base #–
u r en dépend. Cela a deux conséquences.
! Les relations usuelles valables pour une OPPM dans le vide illimité ne sont
pas applicables directement.
! En notation complexe, le champ électrique s’écrit
#– E0 R1 #–
E= exp[i(ωt − k · #–
r )] #–
ur .
r
Du fait que son amplitude E0rR1 #– u r dépend de r et θ, on ne peut pas écrire le
#–
symbole nabla sous la forme i k . En effet, cette écriture ne tient compte que de
la dérivation spatiale de l’exponentielle, mais pas de celle de l’amplitude.
Il faut donc tout traiter en notation réelle avec le formulaire d’analyse vectorielle.

#– #– #–
2. On détermine B par la relation de Maxwell-Faraday, rot
#– E = − ∂∂tB . Avec le formu-
laire d’analyse vectorielle,
#–
∂Er #– E0 R1 ∂B #– k E0 R1
uθ = k sin(ωt − kz) u θ = −
#– ⇒ B= cos(ωt − kz) #– uθ .
∂z r ∂t ω r

Remarques
! À ce stade, on ne sait pas encore si k = ωc .
! Lors de l’étape d’intégration par rapport au temps, une « constante » d’intégration
dépendant de l’espace seul doit apparaître. Cependant, un tel terme ne correspond
pas à une onde, donc cette constante a été prise nulle. (Une onde est un champ qui
dépend à la fois de l’espace et du temps.)
#– #– #–
! On remarque a posteriori que B = k ∧ E
ω , mais ce résultat, connu pour les OPPM
dans le vide illimité, n’était pas prévisible.

3. Dans le vide, le champ électromagnétique obéit à l’équation de d’Alembert,


#–
#– 1 ∂2E #–
△E − 2 2
= 0.
c ∂t
#–
Pour établir la relation de dispersion, on injecte E dans cette équation. D’après le
formulaire d’analyse vectorielle, on obtient, en projection sur #–
u ,r
2 2 2
∂ Er ∂ Er 1 ∂Er 1 1 ∂ Er
+ − − 2 Er − 2 = 0.
∂r2 ∂z 2 r ∂r r c ∂t2
Chacun des termes contient cos(ωt − kz), qui n’est pas identiquement nul. On peut
ω2
donc simplifier par cette quantité, ce qui laisse k 2 = c2 . On retrouve la même
relation de dispersion que dans le vide, mais ce résultat n’était pas prévisible. Grâce
#–
à ce résultat, on retrouve aussi |B| = | Ec | . En ne gardant que la racine positive,
#–
ω
la relation de dispersion donne k = c. Ainsi k est réel : il y a bien propagation
158

sans atténuation. La vitesse de phase est vφ = ωk = c. Elle ne dépend pas de la


pulsation temporelle, donc il n’y a pas dispersion. Par conséquent, un paquet d’ondes
Chapitre 6. Ondes

(signal) ne se déforme pas lors de sa propagation. Le câble coaxial est donc adapté à
la propagation de signaux.
4. En notation réelle, on exprime le vecteur de Poynting,
#– #–
#– E ∧ B 1 #– 1 (E0 R1 )2
Π= = Er2 #–
uz ⇒ Π = cos2 (ωt − kz) #–
uz
µ0 µ0 c µ0 c r2
J #–K 1 (E0 R1 )2 #–
⇒ Π = uz .
2µ0 c r2

Par définition du vecteur de Poynting (en W · m−2 ), le flux d’énergie (débit d’énergie
en J · s−1 ou encore en W) se calcule comme le flux du vecteur de Poynting à travers
une section du câble. L’énoncé ne le précise pas, mais on oriente la section selon + #–
uz
afin d’obtenir un flux positif,
ˆ R2 ˆ 2π J K
#– π(E02 R12 ) R2
⟨P⟩ = Π · r dr dθ #–
uz ⇒ ⟨P⟩ = ln .
r=R1 θ=0 ' () * µ0 c R1
#–
dS

5. La densité volumique d’énergie électromagnétique se calcule comme


1 1 2
uem = ε0 E 2 + B .
2 2µ0
E
Les deux termes sont égaux, car µ0 ε0 c2 = 1, d’une part, et B = c, d’autre part. Ainsi

(E0 R12 ) (E0 R12 )


uem = ε0 E 2 = ε0 cos2 (ωt − kz) ⇒ ⟨uem ⟩ = ε0 .
r2 2r2

6. En moyenne dans le temps, l’énergie qui passe à travers une section droite du guide
durant dt peut s’exprimer de deux façons équivalentes.
! C’est la petite quantité d’énergie contenue dans un anneau cylindrique délimité
par [R1 ,R2 ] et de hauteur dz = ve dt. L’intégration sur z se limite à une simple
multiplication par dz, car l’intervalle sur cette dimension est infinitésimal,
ˆ R2 ˆ 2π + ,
R2
δUe = ve dt × ⟨uem ⟩ r dr dθ = πε0 (E0 R1 )2 ln ve dt . (6.4.1)
r=R1 θ=0 R1
! C’est la puissance rayonnée à travers la section, multipliée par dt,
π(E02 R12 ) R2
δUe = ⟨P⟩ dt = ln dt . (6.4.2)
µ0 c R1
En identifiant les deux expressions (6.4.1) et (6.4.2) de δUe , il reste
1
ε0 ve = ⇒ ve = c .
µ0 c
159

6.5. Système GPS et ionosphère ★★


Le système de localisation GPS (global position system) est si précis qu’il est

Exercice 6.5. Système GPS et ionosphère


nécessaire de prendre en compte la dispersion due à la traversée de l’ionosphère.
L’ionosphère, d’épaisseur H, est un plasma globalement neutre (voir figure 6.5.1).
satellite

D
H Fig. 6.5.1. Ionosphère.

Terre

Le plasma est un gaz ionisé. Il contient :


! des électrons de masse m, de charge −e et de densité particulaire n (nombre
d’électrons par unité de volume) ;
! des ions de masse M , de charge +e et de densité particulaire n.
Le plasma est suffisamment dilué pour considérer que ses éléments constitutifs sont
sans interaction.
1. Lors du passage de l’onde dans le plasma, à quelle condition l’effet du champ
magnétique de l’onde sur les charges est-il négligeable devant celui du champ élec-
trique ?
2. On néglige l’effet du champ magnétique sur les charges. En un point donné du
#– #–
plasma, le champ électrique de l’onde s’écrit, en complexes, E = E 0 exp(iωt). En
étudiant le mouvement des charges, établir l’expression de la conductivité com-
plexe γ(ω) du plasma. Commenter.
3. On envisage une onde électromagnétique plane pseudo progressive harmonique,
dont le champ électrique s’écrit
#– #– #–
E = E exp[i(ωt − k · #–
0 r )] .
Écrire les équations de Maxwell en complexes. Montrer que la relation de dispersion
ω 2 −ω 2
s’écrit k 2 = c2 p , où la grandeur ωp , appelée pulsation de plasma, est à définir.
4. Pourquoi ωp joue-t-elle le rôle de pulsation de coupure ? Calculer la vitesse de
groupe.
5. Un train d’onde électromagnétique est envoyé par un satellite vers la Terre. Quel
temps τ met-il pour parcourir la distance D ?
L’espace est assimilé à du vide en dehors de l’ionosphère. La fréquence de l’onde
ω
est telle que f ≫ fp , où fp = 2πp , ce qui permet un calcul approché avec un
développement limité.
6. Pour prendre en compte la dispersion ionosphérique, on envoie deux trains d’onde
de fréquences f1 et f2 et on mesure l’écart ∆t entre leurs temps de parcours.
Exprimer ∆t avec f2 > f1 ≫ fp .
f12 f22 c∆t
7. Montrer que D = cτ − d, avec d = f 2 (f22 −f12 )
. On trouve que d est de l’ordre de
quelques mètres. Qu’en penser ?

! Corrigé
#– #– #–
1. Une particule de charge q est soumise à la force de Lorentz F = q[E + #– v ∧ B].
On compare les termes magnétique et électrique grâce à une estimation en ordre de
#– #–
grandeur. Pour cela, on suppose que le champ magnétique de l’onde vérifie |B| = 1c |E|,
160

où c est la célérité de la lumière dans le vide (ce résultat est rigoureusement vrai pour
une OPPM dans le vide illimité, et ne constitue ici qu’une estimation, faute de mieux).
Chapitre 6. Ondes

#–
|q #–
v ∧ B| vB v
#– ∼ ∼
|q E| E c
Ainsi pour pouvoir négliger le terme magnétique, il faut v ≪ c . Le plasma est alors
dit non relativiste. Dans les plasmas très chauds, l’agitation thermique est telle que
la vitesse des particules peut ne plus être négligeable devant c, ce qui oblige à prendre
en compte les effets relativistes dans les équations mécaniques.
#– #–
2. Dans le modèle proposé, un électron est soumis uniquement à la force F = −eE.
dv e
#– #–
La loi de la quantité de mouvement s’écrit m = −eE. En régime harmonique, on
dt #–
−e #–
peut utiliser la notation complexe, iωm #–v e = −eE, soit #– v e = iωm E. De même, pour
+e #–
un ion de masse M et de charge +e, #– v i = iωM E. Le vecteur densité de courant est
#– C #– 2 ! " #–
v i , soit ici j = ne
lié à la vitesse des charges par j = i ni qi #– iω
1 1
m + M E.

Rappel Masse des particules

Un électron a pour masse me = 9,11 · 10−31 kg tandis que les protons et neutrons
ont approximativement la même masse mp = 1,67 · 10−27 kg. Ainsi
mp
≃ 1,8 · 103 ≫ 1 .
me

2 #–
1 1
On peut négliger la contribution des ions, car M ≪ m. ȷ = −i ne
Il reste #– mω E . La
#– #– 2
conductivité est définie par j = γ E, soit γ = −i ne
mω .

Synthèse Conductivité du plasma

#– #– π
La conductivité est imaginaire
J #– #–Kpure, donc j et E sont déphasés de 2 (quadrature
de phase), et Pvol = j · E = 0. Le champ électromagnétique ne cède pas
d’énergie au plasma par effet Joule. Les ondes électromagnétiques ne sont pas
absorbées par le plasma.

3. On peut écrire les équations de Maxwell en complexes, dans le cas d’un plasma
neutre (ϱ = 0) :
#– #– #– #–
Équation de Maxwell-Gauss : −i k · E = 0, soit k · E = 0 .
#– #– #– #–
Équation de Maxwell-Thomson : −i k · B = 0, soit k · B = 0 .
#– #–
Équation de Maxwell-Faraday : −i k ∧ E = −iω B, soit B = k ∧
#– #– #– #– E
ω .
#– #– #– 2 #– #–
Équation de Maxwell-Ampère : −i k ∧ B = µ0 #– ȷ + iωµ0 ε0 E = −i µmω 0 ne
E + iωµ0 ε0 E,
#– #– % 0 ne2 & #–
ȷ obtenue, k ∧ B = µmω
soit, avec l’expression de #– − cω2 E .
161

À partir des équations de Maxwell-Faraday et de Maxwell-Ampère, on obtient


+ ,
µ0 ne2 ω 2 #–

Exercice 6.5. Système GPS et ionosphère


#– #– #–
k ∧ ( k ∧ E) = − 2 E,
m c
#– #– #– #– % ne2 2
& #–
soit, en développant le double produit vectoriel, ( k · E) k − k 2 E = µ0m − ωc2 E.
% & #– #–
#– #– ne2 2 #–
Comme k · E = 0, il vient k 2 + µ0m − ωc2 E = 0 . On peut simplifier par E, qui
est non identiquement nul. Cela laisse la relation de dispersion,
2
2 2
ω − ω p ne2
k2 = avec ω p = . (6.5.1)
c2 ε0 m

4. Si ω < ωp , alors k 2 < 0, donc k est imaginaire pur. On peut poser, par exemple,
k = −ik ′′ , où k ′′ = − Im(k). En injectant cela dans l’expression d’une pseudo-OPPM,
#– #–
soit E = E 0 exp[i(ωt − kz)] , on obtient
#– #– #– #– #–
E = E 0 exp(−k ′′ z) exp(iωt) ⇒ E = Re(E) = E 0 exp(−k ′′ z) cos(ωt) . (6.5.2)

Rappel Onde évanescente

Une onde est dite évanescente si elle est stationnaire (sa forme est à variables
séparées f (z) × g(t)) et si son amplitude est spatialement amortie (f (z) décroît).

La forme d’onde (6.5.2) est évanescente. Il n’y a pas de propagation possible pour
ω < ωp . En revanche, lorsque ω > ωp , k est réel et l’onde est une OPPM. En résumé,
l’onde électromagnétique ne peut se propager dans le plasma que si ω > ωp . Le plasma
constitue un filtre passe-haut.

Méthode Vitesse de groupe

déf.
La vitesse de groupe, définie par vg = dω dk , correspond à la vitesse de déplacement
de l’enveloppe d’un paquet d’onde. Elle représente la vitesse de déplacement de
l’énergie, car celle-ci est concentrée dans le ventre du paquet d’onde.
Pour la calculer, il n’est pas utile d’exprimer ω en fonction de k, puis de dériver.
Il suffit de différentier la relation de dispersion (relation entre ω et k). Cela fait
apparaître dω et dk, qui permettent de former vg .

On différentie la relation de dispersion (6.5.1), k dk = ωcdω


2 , donc
3 1
dω kc2 c ω 2 − ωp2 ωp2
vg = = = ⇒ vg = c 1 − 2 .
dk ω ω ω
Cette expression n’a de sens que si ω > ωp (il doit y avoir propagation effective pour
définir vg ). On constate que vg < c , ce qui est impératif, car l’énergie ne peut pas
se déplacer plus vite que c d’après la théorie de la relativité.
162

5. L’enveloppe du train d’onde se propage dans le vide à la vitesse c et dans l’iono-


sphère à la vitesse vg . Elle met le temps τ ′ = vHg à traverser l’ionosphère, et le
Chapitre 6. Ondes

temps τ ′′ = D−H c à traverser le vide. La vitesse de groupe ayant pour expression


3
fp2
vg = c 1 − f 2 en fonction des fréquences, le temps total mis pour parcourir la dis-
tance D vaut
# $− 21
H D−H H fp2 D−H
τ= + = 1− 2 +
vg c c f c
# $
H fp2 D−H H fp2 D
≈ 1+ 2 + = + .
c 2f c 2c f 2 c
Le développement limité effectué repose sur le fait que f ≫ fp . Finalement,
# $
D H fp2
τ= 1+ .
c 2D f 2

6. Comme f2 > f1 , les temps de parcours correspondants sont tels que τ1 > τ2 ,
# $ # $
D H fp2 D H fp2
τ1 = 1+ et τ2 = 1+ .
c 2D f12 c 2D f22
L’écart entre les temps de parcours vaut

Hfp2 f22 − f12


∆t = τ1 − τ2 = .
2cD f12 f22
2
H fp Hfp2 f 2f 2
7. L’expression de τ donne cτ = D + 2 f2 . Par ailleurs, 2 = D f 21−f2 2 c∆t. En
2 1
f 2f 2 f2
combinant ces deux relations, D = cτ − D f 21−f2 2 c∆t fp2 , qui est de la forme D = cτ − d
2 1

f12 f22 c∆t


avec d= f 2 (f22 −f12 )
. Si on ne tient pas compte de la dispersion dans l’ionosphère,
on trouve D = cτ . Le terme d représente donc l’erreur sur la position que l’on fait en
négligeant la dispersion. Son ordre de grandeur est bien supérieur à la précision voulue
pour la localisation par GPS. Il faut donc tenir compte de la propagation dispersive
dans l’ionosphère.

6.6. Onde hertzienne dans l’eau de mer ★★


On étudie la propagation d’ondes hertziennes dans l’eau de mer. On admet que
l’eau est localement neutre (ϱ = 0). Sa permittivité diélectrique relative εr = 80 et
sa conductivité σ = 6,23 S · m−1 sont supposées réelles.
1. Quel est le domaine de fréquence des ondes hertziennes ? Donner les équations
de Maxwell dans le milieu diélectrique (remplacer ε0 par ε0 εr ). Comment se situe
la conductivité du cuivre comparée à celle de l’eau de mer ?
2. Déterminer l’équation de propagation vérifiée par le champ électrique.
3. Établir la relation de dispersion.
4. Déterminer la fréquence de coupure au-delà de laquelle il n’y a pas absorption.
Quelle est la vitesse de phase dans ce cas ?
163

5. La fréquence d’une onde est f = 100 MHz. Déterminer la valeur de la pulsa-


tion spatiale k. Déterminer la distance caractéristique d’absorption de l’onde et sa

Exercice 6.6. Onde hertzienne dans l’eau de mer


vitesse de phase. Y a-t-il dispersion ? Pourquoi n’utilise-t-on pas d’ondes hertziennes
pour les communications sous-marines ?
! Corrigé
1. Les ondes hertziennes sont des ondes électromagnétiques de fréquence inférieure à
3 000 GHz.
#–
Le milieu étant neutre, l’équation de Maxwell-Gauss s’écrit div E = 0 . L’équa-
#–
tion de Maxwell-Thomson s’écrit div B = 0 . L’équation de Maxwell-Faraday s’écrit
#–
#– ∂B
rot E = −
#– . L’équation de Maxwell-Ampère s’écrit en remplaçant ε0 par ε0 εr ,
∂t
#–
#– #– ∂E
rot
#– B = µ0 j + µ0 ε 0 ε r .
∂t
La conductivité du cuivre, de l’ordre de σcuivre ≃ 6 · 107 S · m−1 , est considérablement
plus élevée que celle de l’eau de mer.
2. En prenant le rotationnel de l’équation de Maxwell-Faraday, on obtient
#–
#– ∂(rot
#– B)
rot(
#– rot
#– E) =− ,
∂t
soit, en développant et en utilisant l’équation de Maxwell-Ampère,
#– #–
#– #– ∂j ∂2E
#grad(div
– E) − △E = −µ0 − µ0 ε 0 ε r 2 .
∂t ∂t
#– #–
#– #– #– εr ∂ 2 E ∂E
Avec j = σ E et µ0 ε0 c2 = 1, on en déduit △E = 2 2 + µ0 σ .
c ∂t ∂t
#–
3. On cherche une solution pseudo progressive de vecteur d’onde complexe k = k #– u , où
u est le vecteur unitaire pointant
#–
: dans la direction de propagation. L’onde est donc
#– #– #– #– ;
de la forme E = E exp i(ωt − k · r ) . En l’injectant dans l’équation d’onde, on
0
2 #– 2 #– #– #–
obtient −k E = −εr ωc2 E + iωµ0 σ E. En simplifiant par E qui est non identiquement
2
nul, il reste la relation de dispersion, k 2 = εr ωc2 − iωµ0 σ .

4. L’expression de k2 fait apparaître une partie réelle en ω 2 et une partie imaginaire


en ω. Dans les fréquences « élevées », la partie réelle prédomine et l’absorption est
négligeable, tandis que dans les fréquences « basses », la partie imaginaire prédomine
et l’onde est amortie.
La pulsation ωc séparant ces deux domaines se trouve lorsque les deux termes sont
ω2 2
comparables, soit εr c2c = ωc µ0 σ, ou encore ωc = µ0εcr σ = ε0σεr . La fréquence cor-
σ
respondante est fc = = 1,4 GHz . Pour f ≫ 1 GHz, la relation de disper-
2πε0 εr
2 √
sion s’écrit k 2 = εr ωc2 , soit k = εr ωc . La vitesse de phase vϕ = ωk vaut alors
vϕ = √c = 0,11c = 0,34 · 108 m · s−1 .
εr

5. La fréquence f = 100 MHz est dans le domaine où l’absorption ne peut plus être
négligée. On calcule numériquement la relation de dispersion, k 2 = 350,9 − 4 897 i (en
164

unités du système international, soit ici en m−2 ). On trouve k en prenant les racines
carrées de k 2 à la calculatrice. Par exemple, l’une des deux racines est
Chapitre 6. Ondes

k = 51,28 − i 47,74 m−1 .


On considère, pour simplifier, une propagation selon #– u = #– u x . En notant k ′ et k ′′ les
parties réelle et imaginaire de k, le champ électrique s’écrit
#– #– ! " #– ! "
E = E 0 exp i(ωt − [k ′ + ik ′′ ]x) = E 0 exp(k ′′ x) exp i(ωt − k ′ x) .
! "
L’amplitude décroît sur la distance caractéristique δ donnée par exp(k ′′ x) = exp − xδ ,
soit δ = − k1′′ . On calcule δ = 21 mm . L’amortissement est très important. La com-
munication par onde hertzienne nécessite l’utilisation d’une porteuse de fréquence
élevée (typiquement 100 MHz), modulée (par exemple en amplitude) par le signal à
transmettre. La faible distance caractérisant l’amortissement de la porteuse interdit
l’utilisation d’ondes hertziennes dans l’eau de mer.
La vitesse de phase est donnée par vϕ = kω′ = 2πf 8
k′ , soit vϕ = 0,12 · 10 m · s
−1
.

6.7. Guide d’onde rectangulaire ★★


On considère un guide d’onde cylindrique, de génératrices parallèles à l’axe z, à
section droite rectangulaire, constitué de parois parfaitement conductrices incluses
dans les plans d’équations x = 0, x = a, y = 0 et y = b. Une onde électromagnétique
monochromatique se propage suivant #– u z . Elle est supposée transverse magnétique
(TM), c’est-à-dire que le champ magnétique est orthogonal à la direction de pro-
pagation. Les champs électrique et magnétique sont donc de la forme
#– #–
E = E #–u + E #–
x x u + E #–
y y u et B = B #–
z z u + B #–xu . x y y

L’onde étant monochromatique, on cherche Ez , en notation complexe, sous la forme


5 6
E z (x,y,z,t) = E0z (x,y) exp i (kg z − ωt) ,
où kg est la pulsation spatiale de l’onde guidée.
1. Déterminer l’équation de propagation vérifiée par Ez . En déduire que l’équation
aux dérivées partielles vérifiée par E0z peut se mettre sous la forme
∂ 2 E 0z ∂ 2 E 0z
+ + kc 2 E 0z = 0 ,
∂x2 ∂y 2
où kc s’exprime en fonction de kg , ω et c = (ϵ0 µ0 )−1/2 .
2. On cherche E0z (x,y) sous la forme d’une fonction à variables séparées, soit
E0z (x,y) = f (x)g(y). Déterminer les équations différentielles vérifiées par f et g.
On introduit p et q telles que
d2 f d2 g
= −p2 f et = −q 2 g .
dx2 dy 2
Justifier rapidement le choix du signe « moins » aux membres de droite. Déterminer
la relation entre p, q et kc .
3. Intégrer les équations différentielles précédentes puis, à partir des conditions aux
limites, montrer que la solution est de la forme
% nπx & % mπy & 5 6
Ez = E0 sin sin exp i (kg z − ωt) , avec m et n entiers.
a b
165

4. Exprimer kc en fonction de m, n, a et b.
5. Un couple de valeurs (m,n) caractérise un « mode » de propagation. Montrer

Exercice 6.7. Guide d’onde rectangulaire


que ω doit être supérieur à une valeur à déterminer pour que le mode (m,n) puisse
se propager.
6. Déduire de la composante Ez , à l’aide des équations de Maxwell, les composantes
Ex ,Ey ,Bx et By en notation réelle.
7. Déterminer la valeur moyenne du vecteur de Poynting. Le résultat est-il conforme
à la direction de propagation de l’onde ?

! Corrigé
1. Dans le vide entre les parois, le champ électromagnétique obéit à l’équation de
#–
u z l’équation pour E, △Ez − µ0 ε0 ∂ 2 Ez /∂t2 = 0 . En
d’Alembert. En projetant sur #–
utilisant la dépendance particulière en z et t de Ez , on peut exprimer une partie des
dérivées,
∂ 2 Ez ∂ 2 Ez ∂ 2 Ez
△Ez − µ0 ε0 2
= 2
+ − kg 2 Ez + µ0 ε0 ω 2 Ez = 0 ,
∂t ∂x ∂y 2

ce qui conduit à la relation kg 2 + kc 2 = ω 2 /c2 .


2. En injectant E0z (x,y) = f (x)g(y) dans l’équation précédente, on obtient, après
simplification et après avoir divisé par f (x)g(y),
1 d2 f 1 d2 g
(x) = − (y) − kc 2 .
f (x) dx2 g(y) dy 2

Méthode Variables séparées

Si x et y sont deux variables indépendantes, l’égalité ∀(x,y), F (x) = G(y) n’est


possible que si F et G sont deux fonctions constantes.
Attention, le quantificateur ∀(x,y) est indispensable pour conclure. En effet, une
égalité F (x) = G(y) qui aurait lieu accidentellement en un point (x,y) ne per-
mettrait pas de conclure que F et G sont constantes.

Le membre de gauche ne dépendant que de x et celui de droite que de y, nécessairement


ces deux membres sont constants. En appelant −p2 cette constante, et en suivant les
notations de l’énoncé, on obtient p2 + q 2 = kc 2 . Choisir une constante positive, c’est-
à-dire changer −p2 en +p2 , par exemple, ne permettrait pas de vérifier les conditions
aux limites par la suite (les annulations sur les parois) et cette situation serait donc
écartée a posteriori. L’énoncé fait ainsi gagner du temps.
3. Après intégration, la solution générale est de la forme
! " 5 6
Ez (x,y,z,t) = (α cos(px) + β sin(px)) γ cos(qy) + δ sin(qy) exp i (kg z − ωt) .
La condition aux limites à utiliser ici est la continuité de la composante tangentielle
#– #–
de E. Le champ E étant nul dans le conducteur parfait, il faut assurer en particulier
la nullité de Ez sur les parois du guide. Celles-ci étant sur les plans x = 0, x = a,
y = 0 et y = b, les conditions sont :
166

! ∀(y,z,t) , Ez (x = 0,y,z,t) = 0, soit α = 0 ;


! ∀(y,z,t) , Ez (x = a,y,z,t) = 0, soit β sin(pa) = 0, donc pa = nπ avec n ∈ N∗ , car
Chapitre 6. Ondes

#– #–
β = 0 conduit à E = 0 ;
! ∀(x,z,t) , Ez (x,y = 0,z,t) = 0, soit γ = 0 ;
! ∀(x,z,t) , Ez (x,y = b,z,t) = 0, soit δ sin(qb) = 0, donc qb = mπ avec m ∈ N∗ , car
#– #–
δ = 0 conduit à E = 0 .
On obtient ainsi la forme proposée par l’énoncé.
! "2 2
m2
4. L’équation p2 + q 2 = kc 2 conduit à kπc = na2 + b2 .
2 2
5. La relation kg + kc = k 2 = µ0 ε0 ω 2 s’écrit, pour le mode (m,n),
+ 2 ,
ω2 n m2
=π 2
+ 2 + kg 2 .
c2 a2 b
Il faut que kg 2 soit supérieur à zéro, sinon kg est complexe et il n’y a pas de propagation
3
2 2
de l’onde (absorption). Cela impose donc, pour le mode (m,n), ω > πc na2 + m b2 .

6. Pour déterminer l’expression des autres composantes, il faut utiliser les équations
de Maxwell dans le vide et supposer que la dépendance de ces composantes en z
et t est en exp[i(kg z − ωt)]. Cette dernière hypothèse est légitime, car les différentes
composantes sont liées par les équations de Maxwell qui sont linéaires. Cela permet
de calculer facilement ces dérivées. On écrit toutes les relations en notation complexe,
soit dans l’ordre Maxwell-Gauss, Maxwell-Thomson, Maxwell-Faraday et Maxwell-
Ampère (inversée pour des raisons de mise en page),
∂Ex ∂Ey % nπx & % mπy & 5 6
+ + ikg E0 sin sin exp i(kg z − ωt) = 0 (6.7.1)
∂x ∂y a b
∂Bx ∂By
+ =0 (6.7.2)
∂x ∂y
mπ % nπx & % mπy & 5 6
E0 sin cos exp i(kg z − ωt) − ikg Ey = iωBx (6.7.3)
b a % b& % &
nπ nπx mπy 5 6
ikg Ex − E0 cos sin exp i(kg z − ωt) = iωBy (6.7.4)
a a b
∂Ey ∂Ex
= (6.7.5)
∂x ∂y
−iωµ0 ε0 Ex = −ikg By (6.7.6)
−iωµ0 ε0 Ey = ikg Bx (6.7.7)
% nπx & % mπy & 5 6 ∂By ∂Bx
−iωµ0 ε0 E0 sin sin exp i(kg z − ωt) = − . (6.7.8)
a b ∂x ∂y
Les équations qui font intervenir des dérivées par rapport à x ou à y obligent à in-
tégrer. Ce ne sont donc pas les plus pratiques. En revanche, les équations (6.7.3)
et (6.7.7) permettent de calculer Bx et Ey par simple substitution. De même, les
167

équations (6.7.4) et (6.7.6) permettent de calculer By et Ex . On obtient, en notation


réelle,

Exercice 6.8. Onde stationnaire dans une cavité cubique


nπkg % nπx & % mπy &
Ex (x,y,z,t) = E0 2 cos sin sin (ωt − kg z)
akc a b
mπkg % nπx & % mπy &
Ey (x,y,z,t) = E0 sin cos sin (ωt − kg z)
bkc 2 a b
% nπx & % mπy &
Ez (x,y,z,t) = E0 sin sin cos (ωt − kg z)
a b
E0 mπω % nπx & % mπy &
Bx (x,y,z,t) = − 2 2 sin cos sin (ωt − kg z)
c bkc a b
E0 nπω % nπx & % mπy &
By (x,y,z,t) = cos sin sin (ωt − kg z)
c2 akc 2 a b
Bz (x,y,z,t) = 0 .

# #– #– $
J #–K 1 E ∧ B∗
7. On peut utiliser la notation complexe en écrivant Π = Re ou
2 µ0
continuer en notation réelle,
⎛ ⎞
#– #– −Ez By
#– E ∧ B 1 ⎝
Π= = Ez Bx ⎠.
µ0 µ0
Ex By − Ey Bx
Or, Ez By et Ez Bx font apparaître, pour ce qui concerne la dépendance temporelle, le
produit d’un cosinus et d’un sinus, ce qui conduit à une moyenne nulle. Par conséquent,
la moyenne de la composante x ou y du vecteur de Poynting est nulle (en notation
complexe, les composantes x et y du vecteur de Poynting complexe sont imaginaires
pures, donc leur partie réelle est nulle). En revanche, la composante suivant z contient
un terme en sin2 (ωt − kg z) dont la moyenne temporelle vaut 1/2. Le calcul complet
conduit à
J #–K π 2 kg ω
Π = ε0 E0 2
2kc 4
< 2 % & % & m2 % & % &= .
n 2 nπx 2 mπy 2 nπx 2 mπy #–
cos sin + 2 sin cos uz
a2 a b b a b
Seule la composante suivant la direction de propagation est non nulle en moyenne.

6.8. Onde stationnaire dans une cavité cubique ★★


On considère une cavité cubique de côté L dont un sommet est l’origine du repère
des coordonnées cartésiennes Oxyz, chaque côté étant parallèle à l’un des axes. La
cavité est vide et délimitée par un conducteur parfait.
1. Dans cette question, on s’intéresse à la physique du conducteur parfait, c’est-
à-dire un conducteur dont la conductivité γ est infinie. Calculer la puissance
volumique dissipée par effet Joule dans le conducteur en fonction de γ et du champ
#– #–
électrique E. En déduire que le champ électrique E est nécessairement nul dans
un conducteur parfait. À l’aide de l’équation de Maxwell-Faraday, que peut-on dire
#–
sur B dans le conducteur ?
168
#–
2. On cherche, en notation complexe, une solution pour le champ électrique E de
la forme
Chapitre 6. Ondes

Ex = E 0x cos(kx x + ϕx ) sin(ky y + ϕy ) sin(kz z + ϕz ) exp (iωt)


Ey = E 0y sin(kx x + ϕx ) cos(ky y + ϕy ) sin(kz z + ϕz ) exp (iωt)
Ez = E 0z sin(kx x + ϕx ) sin(ky y + ϕy ) cos(kz z + ϕz ) exp (iωt) .
À l’aide des équations de Maxwell, obtenir deux relations faisant intervenir kx , ky ,
kz , E 0x , E 0y , E 0z et ω.
3. En utilisant les conditions aux limites (on rappelle que la composante tangentielle
du champ électrique est continue à la traversée d’une interface), montrer que ϕx ,
ϕy et ϕz peuvent être pris nuls et exprimer kx , ky et kz en fonction de trois entiers
m, p et q.
4. Déduire de la question précédente les fréquences propres νm,p,q de la cavité,
c’est-à-dire les fréquences pour lesquelles un champ électrique stationnaire non nul
peut exister. Quelle est la plus petite valeur possible pour la fréquence propre ?
#–
5. Déterminer le champ magnétique B dans la cavité. On suppose, pour limiter
l’étude, que kx , ky et kz sont tous trois non nuls. Calculer l’énergie électrique EE et
magnétique EB emmagasinée dans la cavité, et montrer qu’il y a échange permanent
entre ces deux formes d’énergie.

! Corrigé
#– #–
1. D’après la loi d’Ohm locale, j = γ E. La puissance volumique dissipée par effet
#– #–
Joule est alors Pvol = j · E = γE 2 . Elle doit rester finie, or γ est infini, donc
#– #–
nécessairement E = 0 .
#– #–
L’équation de Maxwell-Faraday s’écrit rot#– E = − ∂∂tB , donc, dans le conducteur,
#– #– #–
∂B
∂t = 0 . La partie variable en fonction du temps de B est donc nulle .
Pour le problème d’onde électromagnétique qui nous concerne, c’est justement la
#–
partie variable de B qui est étudiée (en effet, un champ non variable en temps ne cor-
#–
respond pas à une onde). Pour la suite, on considère que B est nul dans le conducteur
parfait.
#– #–
2. Le champ E doit vérifier l’équation de Maxwell-Gauss, qui s’écrit div E = 0 dans
la cavité car ϱ = 0 dans le vide. Cela conduit à
kx E 0x + ky E 0y + kz E 0z = 0 . (6.8.1)

D’autre part, des équations


#–
de Maxwell dans le vide découle l’équation de propagation
#– #– #– #– 2 #–
pour E, △E − c12 ∂∂tE = 0 , soit en complexes △E − ωc2 E = 0, ce qui donne

kx 2 + ky 2 + kz 2 = ω 2 /c2 . (6.8.2)

#–
3. La composante tangentielle de E est continue. Or, puisque le champ électrique est
nul dans le conducteur parfait, on en déduit que :
! Ex doit être nul en y = 0, y = L, z = 0 et z = L ;
! Ey doit être nul en x = 0, x = L, z = 0 et z = L ;
! Ez doit être nul en x = 0, x = L, y = 0 et y = L.
169

En prenant ϕx = ϕy = ϕz = 0, on assure ainsi l’annulation en zéro. L’annulation en a


impose

Exercice 6.8. Onde stationnaire dans une cavité cubique


sin(kx L) = 0 ; sin(ky L) = 0 ; sin(kz L) = 0 .
Ainsi, en introduisant les entiers m, p et q,
π π π
kx = m ; ky = p ; kz = q . (6.8.3)
L L L

π2 ! " ν2
4. On injecte les relations (6.8.3) dans l’équation (6.8.2), 2 m2 + p2 + q 2 = 4π 2 2 .
L c
La fréquence ν ne peut ainsi prendre que des valeurs discrètes,
c 4 2
νm,p,q = m + p2 + q 2 . (6.8.4)
2L
La relation (6.8.1) impose deux valeurs non nulles parmi kx , ky et kz . En prenant par
exemple m = 1, p = 1 et q = 0, la fréquence la plus faible que l’on peut observer dans
la cavité est √c2L .
#– #– #–
5. L’équation de Maxwell-Faraday rot#– E = − ∂∂tB permet de calculer B simplement.
En notation complexe, on obtient
⎧ ! " ! " ! " ! "
⎨ kz E 0y − ky E 0z " sin !mπx/L "cos !pπy/L " cos !qπz/L "
#– exp (iωt) !
B= kx E 0z − kz E 0x " cos !mπx/L " sin !pπy/L "cos !qπz/L " .
iω ⎩ !
ky E 0x − kx E 0y cos mπx/L cos pπy/L sin qπz/L
#–
Remarque La composante normale de B est continue, donc s’annule sur les parois
#–
de la cavité (termes en sinus). Le fait que B ne s’annule pas sur chaque conducteur
indique qu’il existe des courants surfaciques.

Méthode Calculer les expressions non linéaires en réels

Les densités d’énergie volumique électrique et magnétique sont respectivement


ε0 E 2 /2 et B 2 /(2µ0 ). Ce sont des expressions quadratiques (donc non linéaires)
en E et B. Il faut donc revenir aux expressions réelles de E et B avant de réaliser
les calculs non linéaires.

Pour obtenir l’énergie totale, il faut intégrer ces expressions sur tout le volume de la
cavité. En supposant qu’aucune composante des champs n’est identiquement nulle, et
en introduisant E0 tel que E0 2 = E0x 2 + E0y 2 + E0z 2 , on obtient après calcul,

ε0 E0 2 L3 ε0 E0 2 L3
EE = cos2 (ωt) et EB = sin2 (ωt) .
16 16
Pour simplifier l’expression de EB , il faut utiliser les relations (6.8.1) et (6.8.2).
L’énergie totale EE + EB est constante . Il y a en permanence échange d’énergie
entre l’énergie stockée sous forme électrique et celle stockée sous forme magnétique.
170

6.9. Loi de Stefan ★★★


On reprend la cavité cubique de côté L délimitée par un conducteur parfait de
Chapitre 6. Ondes

l’exercice 6.8 page 167. On a montré qu’une onde électromagnétique harmonique


stationnaire ne pouvait exister dans cette cavité qu’à la condition que sa fréquence
soit l’une des fréquences propres νm,p,q de la cavité, soit, d’après la question 4 de
l’exercice 6.8,
c 4 2
νm,p,q = m + p2 + q 2 ,
2L
la fréquence la plus faible que l’on peut observer étant √c2L .
1. Montrer que les valeurs possibles pour ν correspondent à la distance entre l’ori-
gine d’un repère cartésien et un nœud d’un réseau cubique dont on précisera le
paramètre de maille élémentaire ν0 .
2. En faisant tendre L vers l’infini, on peut adopter une représentation continue
des valeurs de ν (le paramètre de maille tend vers zéro). En notant qu’il n’y a qu’un
nœud en propre à chaque maille, autrement dit qu’il existe une fréquence propre
par volume élémentaire ν0 3 , montrer que le nombre de fréquences propres N (ν) dν
3 2
comprises entre ν et ν + dν est N (ν) = 4πLc3 ν (l’expression de N (ν) n’est valable
qu’asymptotiquement lorsque L tend vers l’infini).
3. La mécanique quantique montre que l’énergie d’un photon de fréquence ν est
hν = !ω, où h est la constante de Planck (voir livre de première année, page 88,
h
! = 2π désigne la constante de Planck réduite). L’énergie de n photons est alors
en = nhν et la probabilité d’observer cet état d’énergie en est proportionnelle à
exp[−en /(kB T )], où kB est la constante de Boltzmann et T la température.
Calculer l’énergie moyenne ⟨e⟩(ν) associée au mode propre de fréquence ν à la
température T .
4. Pour chaque photon il existe deux états de spin possibles, qui correspondent
aux polarisations circulaires droite ou gauche de l’onde électromagnétique associée.
Ainsi la densité de modes N (ν) de la question 2 doit être multipliée par 2. En
déduire la densité spectrale volumique d’énergie électromagnétique u(ν,T ) (densité
d’énergie électromagnétique par unité de fréquence et par unité de volume) dans
la cavité (loi de Planck), puis, par intégration, la densité volumique d’énergie u(T )
(loi de Stefan). On utilisera pour ce dernier calcul le résultat suivant,
ˆ +∞
x3 π4
dx = .
0 ex − 1 15

! Corrigé

c
4
1. L’expression de la fréquence d’un mode propre νm,p,q = 2L m2 + p2 + q 2 est
identique
! c à la distance
" entre l’origine d’un repère cartésien et un point de coordonnées
c c
m 2L , p 2L , q 2L . Les points à prendre en compte sont des nœuds d’un réseau cubique
c
de paramètre de maille ν0 = 2L .

2. Entre ν et ν + dν, le volume dans l’espace des fréquences propres est celui d’une
partie de coquille sphérique. En fait, seul un huitième de la coquille est concerné car
les nœuds du réseau correspondent nécessairement à des valeurs de m, p et q positives.
Entre ν et ν + dν, le volume est ainsi 18 4πν 2 dν. Or, le volume d’un cube élémentaire
171

est ν0 3 , donc le nombre de fréquences propres comprises entre ν et ν + dν est

Exercice 6.9. Loi de Stefan


4πν 2 dν 8L3 4πL3 ν 2
N (ν)dν = × 3 ⇒ N (ν) = .
8 c c3

3. Pour obtenir l’énergie moyenne ⟨e⟩(ν) de l’oscillateur, il faut faire la somme de


chaque valeur de l’énergie multipliée par la probabilité de l’observer. La probabilité
d’observer un niveau d’énergie en est
5 6
exp − en /(kB T )
C+∞ 5 6,
n=0 exp − en /(kB T )

le dénominateur assurant la normalisation (la somme des probabilités doit être égale
à un). Ainsi l’énergie moyenne est
+∞ + ,
F hν
+∞ 5 6 nhν exp −n
F en exp − en /(kB T ) n=0
kB T
⟨e⟩(ν) = C+∞ 5 6 = +∞ + , .
n=0 exp − en /(kB T ) hν
n=0
F
exp −n
n=0
kB T
On pose x = hν/(kB T ) et on appelle D(x) le dénominateur dans l’équation précé-
dente. Ce dénominateur est simplement la somme des termes d’une suite géométrique,
donc
+∞
F 5 6n 1
D(x) = exp (−x) = .
n=0
1 − exp(−x)

Pour calculer le numérateur, il suffit de remarquer qu’il se déduit de D(x) par la


d hν
formule −kB T x dx D(x). Ainsi, après simplifications, ⟨e⟩(ν) = % & .
exp khν
BT
− 1

4. La densité spectrale volumique d’énergie u(ν,T ) est liée à l’énergie dans la cavité.
Pour la bande de fréquence [ν, ν + dν], la quantité d’énergie dans la cavité s’écrit
L3 × u(ν,T ) dν. En suivant l’énoncé, cette énergie est égale à
L3 u(ν,T ) dν = 2 × N (ν)dν × ⟨e⟩(ν) ,
où l’on a conservé l’expression de N (ν) déterminée à la question 2, ce qui explique le
préfacteur 2. On obtient ainsi la loi de Planck,

8πhν 3 1
u(ν,T ) = 3
% & .
c hν
exp kB T − 1

La densité volumique d’énergie est obtenue en sommant sur tous les modes et en
divisant par le volume
ˆ +∞ ˆ +∞
8πν 2 hν
u(T ) = u(ν,T ) dν = 3
% & dν .
ν=0 0 c exp hν − 1
kB T
172

En posant une nouvelle fois x = hν/(kB T ), on fait apparaître l’intégrale proposée par
l’énoncé et on obtient finalement
Chapitre 6. Ondes

8π 5 kB 4 T 4
u(T ) = .
15c3 h3
Cette densité d’énergie varie comme T 4 , il s’agit de la loi de Stefan que l’on retrouve
dans le problème du corps noir. De nombreux corps émettent une puissance propor-
tionnelle à T 4 . Cette loi a permis à Joseph Stefan (1835-1893) d’estimer la température
à la surface du Soleil.

Synthèse Rayonnement du corps noir

Les sources lumineuses thermiques (le Soleil, les ampoules à incandescence. . .)


émettent un spectre continu dont la loi suit à peu près celle d’un corps noir.

6.10. Réflexion sur un métal parfait ★★


On souhaite étudier la réflexion d’une onde plane sur un métal conducteur parfait
occupant le demi-espace y < 0 (voir figure 6.10.1). Dans les premières questions, on
se limite à l’étude d’une onde dont le champ électrique est polarisé rectilignement
dans le plan d’incidence. On note avec un indice i (respectivement r) les grandeurs
#–
associées à l’onde incidente (respectivement réfléchie). Le champ électrique E i a
pour expression, en complexes,
#– #– : % #– &;
r ,t) = E 0 exp i ωt − k i · #–
E i ( #– r .
#–
Le vecteur d’onde de l’onde incidente est k i = k sin α #– u y avec k = ω/c.
u x − k cos α #–
#– y
Ei

#–
α kr

x
métal parfait (conductivité infinie)

Fig. 6.10.1. Réflexion sur un métal conducteur parfait. Le champ électrique est
contenu dans le plan d’incidence.
1. Rappeler la structure d’une onde plane progressive monochromatique se propa-
#– #– #–
geant dans le vide (rappeler les deux relations qui existent entre k i , E i et B i et
commenter).
2. Justifier que le plan d’incidence est un plan de symétrie du problème. En déduire
#–
que E 0r · #–
u z = 0.
#– #–
3. Les relations de passage que doivent vérifier E et B au voisinage d’une interface
#–
portant une densité surfacique de charge σ et une densité de courants surfaciques js
sont, en notant n 1→2 le vecteur normal à l’interface dirigé du milieu 1 vers le
#–
milieu 2,
#– #– σ #– #– #– #–
E2 − E1 = n 1→2 et B 2 − B 1 = µ0 js ∧ #–
n 1→2 .
ε0
173

Adapter ces relations au métal conducteur parfait (conductivité infinie), puis


#–
déterminer complètement le champ réfléchi E r . En déduire la densité surfacique de

Exercice 6.10. Réflexion sur un métal parfait


charge σ sur l’interface.
#–
4. Calculer le vecteur densité de courant surfacique js en fonction de σ et com-
menter.
5. On considère désormais que le champ électrique de l’onde incidente est polarisé
orthogonalement au plan d’incidence. Montrer sans calcul que la densité surfacique
de charge est nulle. Déterminer le vecteur densité de courant surfacique. Pourquoi
n’existe-t-il pas une relation comparable à celle obtenue à la question 4 ?

! Corrigé
#–
1. Les équations de Maxwell-Gauss et Maxwell-Thomson (div B = 0) permettent de
#– #– #– #–
montrer que les champs sont transverses, k i · E i = 0 et k i · B i = 0. L’équation
#– #– #–
de Maxwell-Faraday permet d’obtenir ω B i = k i ∧ E i . L’équation de Maxwell-
#– #– #–
Ampère conduit à ω E i = −c2 k i ∧ B i , soit encore, en introduisant le vecteur direc-
#– #– #– #–
teur #–
u i de l’onde incidente ( k i = k #–
u i ), E i = −c #–
u i ∧ B i . Les trois vecteurs k i ,
#– #–
E i et B i forment donc un trièdre trirectangle direct (voir figure 6.10.2).
#– y
Ei #–
Er #–
kr
Fig. 6.10.2. Réflexion sur un métal
#–
Bi
#–
ki conducteur parfait. Les champs sont
α α
#–
Br transverses, le sens des champs réfléchis
x est arbitraire.
métal parfait (conductivité infinie)

2. Le champ électrique appartient au plan d’incidence, le problème est donc symé-


trique par rapport à ce plan. On en déduit que le champ électrique réfléchi appartient
lui aussi au plan d’incidence, ce qui permet de compléter la figure 6.10.2.
3. Le champ électrique ainsi que la partie variable (celle qui est étudiée) du champ
magnétique sont nuls dans le métal conducteur parfait. D’après les relations de passage
pour le champ électrique et en introduisant la densité surfacique de charge σ,
#–! " #– ! " #– ! " σ #–
∀x, ∀z, ∀t, E x,y = 0,z,t = E i x,y = 0,z,t + E r x,y = 0,z,t = u y . (6.10.1)
ε0
Pour le champ magnétique, en introduisant le vecteur densité de courant
#–
surfacique j s ,
#–! " #– ! " #– ! "
∀x, ∀z, ∀t, B x,y = 0,z,t = B i x,y = 0,z,t + B r x,y = 0,z,t
#– (6.10.2)
= µ j ∧ #– u . 0 s y

#–
On cherche E r sous la forme
#– #– : % #– &; #–
r ,t) = E 0r exp i ωt − k r · #–
E r ( #– r où k r = k sin α #–
u x + k sin α #–
uy .
#–
D’après les questions précédentes, la composante de E r suivant z est nulle et la
#– #–
composante suivant x de E i + E r doit s’annuler sur l’interface, soit Eix + Erx = 0.
(La relation de passage aurait aussi permis de montrer que Erz = 0.)
174
#–
Puisque E 0 = E0 cos α #– u y , on montre ainsi que E0rx = −E0 cos α. Enfin,
u x + E0 sin α #–
#– #–
puisque l’onde réfléchie est transverse, E r · k r = 0, soit E0ry = E0 sin α. Ainsi,
Chapitre 6. Ondes

#– 5 6
E r ( #– u y − cos α #–
r ,t) = E0 (sin α #– u x ) exp i (ωt − k sin α x − k cos α y) .

La densité surfacique de charge σ se déduit maintenant de la relation de passage pour


le champ électrique (6.10.1), soit, en repassant en notation réelle,

σ(x,t) = 2ε0 E0 sin α cos (ωt − k sin α x) .

#–
4. Pour déterminer j s , il faut déterminer le champ magnétique à l’aide des relations
obtenues à la première question puis utiliser la relation de passage (6.10.2). Le vec-
#– #–
teur j s , surfacique, ne peut avoir de composante que suivant x et z. Le champ B
#–
étant suivant #–u z (voir par exemple figure 6.10.2), le calcul (ou le fait que j s doit
#–
appartenir au plan de symétrie) montre que la composante de j s suivant z est nulle
et que
#–
j (x,t) = 2ε cE cos (ωt − k sin α x) #–
s 0 0 u , x

#–
ce qui peut encore s’exprimer en fonction de σ, j s (x,t) = σ sinc α #– u x = σ #–v s , où la
c #–
vitesse v s = sin α u x des ondes à la surface du métal a été introduite. En effet, les
#–
#–
expressions de σ et de j s ont une dépendance en (x,t) de la forme cos[ω(t − x/vs )], il
s’agit donc d’une onde se propageant suivant x à la vitesse #– v s . Tout semble se passer
comme si le courant surfacique était dû au déplacement des charges surfaciques à la
vitesse #–
v s . Cependant cela ne peut être le cas, car cette vitesse est supérieure à la
vitesse de la lumière. Les charges oscillent en fait, créant l’illusion que l’excès local
de charges se propage. Ce phénomène se retrouve dans la houle en haute mer, où les
particules de fluides oscillent (elles décrivent grossièrement des cercles), créant ainsi
une onde qui se propage sans pour autant qu’il y ait propagation d’eau.
5. Dans cette question, le plan d’incidence est maintenant un plan d’antisymétrie car
le champ incident lui est orthogonal. Ainsi le champ électrique réfléchi est lui aussi
suivant #–
u z , il en est de même pour le courant surfacique et les champs magnétiques
incident et réfléchi sont dans le plan d’incidence.
#–
Puisque E 0i = E0 #– u z , la relation de passage pour le champ électrique (6.10.1) conduit
#–
directement à E 0r = −E0 #– u z . Le calcul du champ magnétique conduit à
#– #–
#– k i ∧ Ei E0 % & % #– &
Bi = = − cos α #– u y cos ωt − k i · #–
u x + sin α #– r
ω c
#– #–
#– k r ∧ Er E0 % & % #– &
Br = = − u x − sin α #–
cos α #– u y cos ωt − k r · #–
r .
ω c
#–
La relation de passage pour le champ magnétique (6.10.2) permet de déterminer j s ,
#–
j s (x,t) = 2ε0 cE0 cos α cos (ωt − k sin α x) #–
uz .
Le déplacement des charges ne provoque plus d’accumulation locale, car il se fait
suivant la direction #– u z et le problème est invariant par translation suivant cette
direction. Les électrons se déplacent « en bloc », sans s’accumuler donc, puisque en
un endroit donné les électrons qui partent sont remplacés par d’autres, assurant ainsi
#–
la neutralité ; ici, j s est non nul avec σ = 0.
Chapitre 7
P HYSIQUE QUANTIQUE

7.1. Expérience de Carnal et Mlynek (1991) ★


Après les expériences d’interférences entre électrons et entre neutrons, Carnal et
Mlynek réalisent en 1991 la première expérience mettant en évidence les interfé-
rences entre atomes, sur le principe des fentes de Young. Des atomes d’hélium sont
émis par une enceinte de gaz de température T contrôlée. Ils sont alors collimatés
par une première fente, et passent à travers deux fentes de Young pour pouvoir
interférer. Les atomes sont détectés par un dispositif à travers une dernière fente
que l’on déplace latéralement, et qui produit un signal électrique, proportionnel au
nombre d’atomes qui passent dans cette fente. Le schéma du montage est donné
à la figure 7.1.1 et les résultats de l’expérience pour deux températures d’enceinte
sont rapportés sur la figure 7.1.2.

−détecteur
v
He a

Fig. 7.1.1. Montage de l’expérience de Carnal et Mlynek d’interférences avec


des atomes d’hélium.
nombre de coups par 10 minutes

400 80

60

200 40

T = T1 20 T = T2

0 0
0 10 20 30 0 10 20 30
x (µm) x (µm)

Fig. 7.1.2. Résultats de l’expérience pour deux températures différentes T1 et


T2 et pour les paramètres D = 64 cm, a = 8,0 µm. Les pointillés entre les points sont
présents uniquement pour guider l’œil. Chaque fente a pour largeur b = 1,0 µm.

1. Estimer la longueur d’onde de De Broglie des atomes qui ont créé les figures
d’interférences pour les deux températures T1 et T2 . Combien de temps environ a
duré l’enregistrement du signal pour les deux expériences ?
176

2. Les atomes d’hélium comprennent chacun quatre nucléons. Un nucléon possède


une masse mu = 1,6 · 10−27 kg. En déduire la vitesse des atomes dans les deux
Chapitre 7. Physique quantique

expériences.
3. Les vitesses des atomes sont dues à l’agitation thermique de l’enceinte de dé-
part. Estimer les températures T1 et T2 . Dans l’article original, on peut lire que
T1 = 295 K et T2 = 83 K. Commenter.
4. Quels facteurs limitent la visibilité des interférences ?
Remarque Ces résultats sont tirés de l’article d’O. Carnal et J. Mlynek, Young’s
Double-Slit Experiment with Atoms : A Simple Atom Interferometer, Phys. Rev.
Lett. 66, p. 2689, 1991.

! Corrigé
1. On peut interpréter les résultats de l’expérience comme des figures d’interférences
pour les deux températures T1 et T2 . Sur ces figures, on peut en effet visualiser des
franges. Elles sont resserrées pour T1 (N1 = 6 maxima sur une distance de I1 = 22 µm),
tandis qu’elles sont plus élargies pour T2 (N2 = 4 maxima pour I2 = 24 µm). Les
interfranges respectives sont
I1 I2
i1 = = 4,4 µm et i2 = = 8,0 µm .
N1 − 1 N2 − 1
On peut estimer que les incertitudes sur ces évaluations sont de l’ordre de 10 %. Ces
interfranges sont dues aux interférences des ondes de matière, dont la longueur d’onde
λ de De Broglie est donnée par la formule de l’interfrange pour des interférences de
λD
type Young i = , où D est la distance entre l’écran et les fentes, et a la distance
a
entre les deux fentes. Pour les deux températures, on en déduit respectivement, à 10 %
près,
λ1 = 0,055 nm et λ2 = 0,10 nm .
Pour estimer la durée de l’expérience, on constate que chaque point de mesure repré-
sente 10 min d’acquisition. Pour la température T1 , il y a 22 points de mesure, soit
3 h 40 min. Pour la température T2 , il y a 17 points de mesure, soit 3 h 10 min. Il faut
en plus compter toutes les manipulations pour déplacer le détecteur d’une position à
la suivante. Une telle expérience dure donc plus de 8 heures.
2.

Rappel Relations de De Broglie

À un corps matériel d’énergie E et de quantité de mouvement p, on peut associer


une onde, dite de De Broglie, de fréquence ν et de longueur d’onde λ telles que
h
E = hν et p= ,
λ
où h = 6,62 · 10−34 J · s est la constante de Planck.
177

Rappel (suite)

Exercice 7.1. Expérience de Carnal et Mlynek (1991)


h
En utilisant la constante de Planck réduite ! = 2π , on a aussi
E = !ω et p = !k ,

où ω = 2πf est la pulsation temporelle, et k = la pulsation spatiale.
λ
Ces relations sont analogues aux relations de Planck-Einstein relatives à la dualité
onde-corpuscule pour le photon. Mais attention, ici l’onde ne va pas à la célérité
de la lumière c, donc il n’y a pas la relation de dispersion ω = ck.

La relation de De Broglie permet de relier la quantité de mouvement p et la longueur


d’onde d’une molécule. La quantité de mouvement des atomes est p = mv, avec
h
m = 4mu la masse de l’hélium, et v la vitesse des atomes. Ainsi v = . Les
λm
expériences sont alors compatibles avec des vitesses respectives

v1 = 1,9 · 103 m · s−1 et v2 = 1,0 · 103 m · s−1 .


Si les atomes ne possédaient pas des vitesses identiques en sortie du four, les franges
seraient brouillées. En effet, chaque classe de vitesse donne une figure d’interférences
avec une interfrange bien précise, et qui est incohérente avec les autres classes de
vitesse. On observe notamment que les interférences pour la température T1 possèdent
un contraste faible, ce qui est probablement dû à cela.
3. Dans l’enceinte de départ, les atomes sont à l’équilibre thermique à la tempéra-
1 P Q 3
ture T . L’énergie cinétique moyenne est m v 2 = kB T , donc la température est
P 2Q 2 2
m v
T = . Si on identifie la vitesse quadratique moyenne à la vitesse des atomes
3kB
dans le jet qui arrivent sur les fentes de Young, on en déduit les températures respec-
tives
T1 = 5,5 · 102 K et T2 = 1,7 · 102 K .
Les températures évaluées ici sont supérieures aux températures réelles des enceintes
T1 = 295 K et T2 = 83 K. Cela est dû au fait que les vitesses des atomes dans le
jet ne sont pas égales aux vitesses quadratiques. En effet, la vitesse à prendre en
compte est la vitesse la plus probable, qui est supérieure à la vitesse quadratique
moyenne, car les atomes les plus rapides sortent plus souvent de l’enceinte que les
atomes lents. Un calcul plus complexe prenant en compte l’ensemble de la distribution
des vitesses
3 dans l’enceinte montre que la vitesse la plus probable vp est telle que
vp = 43 ⟨v 2 ⟩. Même avec cette valeur, la température trouvée est encore trop élevée.
Cela signifie que les atomes dans le jet ne sont en fait pas à l’équilibre thermique
(jet non homocinétique). Il n’y a pas assez de chocs dans le jet pour que l’énergie
thermique de départ se répartisse de manière habituelle sur les vitesses des atomes
(le théorème d’équipartition n’est pas applicable).
178

4. Deux facteurs limitent la visibilité (contraste) des interférences.


! Comme signalé précédemment, la source n’est pas « monochromatique », au sens
Chapitre 7. Physique quantique

où les atomes n’ont pas tous la même longueur d’onde du fait d’une distribution de
vitesse élargie.
! Les fentes de Young n’ont pas une largeur nulle, donc il existe aussi de la diffraction
clairement visible sur l’expérience : le nombre de coups par minute tend vers zéro
lorsqu’on s’éloigne du centre de la figure. Par analogie avec l’optique, la demi-largeur
de la tache centrale de diffraction doit être égale à d = λb 1
D , où b = 1,0 µm ≈ 8 a est la
largeur d’une fente. On ne peut donc voir pas plus de 8 franges d’interférences dans
une demi-largeur de la frange centrale de diffraction, ce que l’on vérifie aisément pour
la température T1 .

7.2. Théorème d’équipartition du point de vue quantique ★


On considère une particule de masse m pouvant se déplacer selon un axe unidimen-
sionnel x, et soumise à un potentiel U = 12 αx2 .
1. En physique classique, si cette particule est à l’équilibre thermique à la tempé-
rature T avec l’extérieur, que peut-on dire des valeurs quadratiques moyennes de
sa position et de sa quantité de mouvement ?
2. Comment sont reliées ces deux quantités en physique quantique ?
3. À quelle condition peut-on considérer que la particule est quantique ou clas-
sique ? La température doit-elle être grande ou petite ? Quelle est la température
critique θ ? On pourra faire apparaître une pulsation classique.
4. Commenter les données du tableau 8.7.1 page 213 en sachant que la température
critique θ vaut 230 K pour le cuivre et 830 K pour le diamant.
! Corrigé
1. Une particule de masse m soumise au potentiel U possède une énergie
1 1
E= mv 2 + αx2 ,
2 2
où v est la vitesse selon l’axe x. À l’équilibre thermique, d’après le théorème de
l’équipartition de l’énergie (voir encadré « Rappel » page 214), les valeurs moyennes
1 P Q 1 P Q 1
de chaque terme vérifient m v 2 = α x2 = kB T . On en déduit les valeurs
2 2 2
quadratiques moyennes de la position et de la quantité de mouvement p = mv,
P 2Q P 2 Q kB T
p = mkB T et x = . (7.2.1)
α

2. En physique quantique, ces deux quantités sont liées par la relation de Heisen-
berg, qui relie l’indétermination de 4la connaissance de la quantité de mouvement
4 p
de l’atome, c’est-à-dire l’écart type ⟨p2 ⟩, et l’indétermination de sa position ⟨x2 ⟩
par
4 !
⟨p2 ⟩ ⟨x2 ⟩ ! .
2
179

Rappel Relation d’indétermination de Heisenberg

Exercice 7.2. Théorème d’équipartition du point de vue quantique


La mesure à un instant donné de la position x et de l’impulsion, ou quantité
de mouvement px d’une particule quantique le long du même axe x, présente
des indéterminations fondamentales respectives ∆x et ∆px vérifiant l’inégalité de
Heisenberg,
! h
∆x∆px ! = ,
2 4π
où h = 6,62 · 10−34 J · s est la constante de Planck.
Remarques
! L’indétermination en position ∆x ne représente pas la taille de la particule,
mais l’écart type d’une distribution de mesures répétées sur des particules iden-
tiques.
! On observe ces indéterminations si l’incertitude de la mesure, due à d’autres
phénomènes, est plus petite.
! Cette relation est fondamentale en mécanique quantique, car elle montre que
l’on n’a jamais une connaissance parfaite de l’état quantique d’une particule.

3. On peut considérer que la particule est classique lorsque,Pen Qoubliant


P Q les facteurs
numériques devant la constante de Planck, la relation entre p2 et x2 évalués par
des méthodes classiques s’écrit
4
⟨p2 ⟩ ⟨x2 ⟩ ≫ ! .
En utilisant les expressions données à l’équation (7.2.1), cette relation devient alors
kB T ≫ !ω ,
1
α
en introduisant la pulsation caractéristique ω = du système mécanique. On
m

peut récrire cette condition en faisant apparaître une température critique θ = ,
kB
soit T ≫ θ . Ainsi, pour une particule donnée de pulsation caractéristique ω, qui tra-
duit l’influence du potentiel U sur la particule, on peut oublier son caractère quantique
dès que la température est suffisamment grande devant θ.
4. En reprenant les données de capacités thermiques molaires de l’exercice 8.7
page 213, on constate que le diamant et la silice ne suivent pas la loi classique at-
tendue de Dulong et Petit à T = 300 K. En effet, les températures critiques θ de ces
deux solides sont très grandes, donc on ne peut pas considérer que T ≫ θ. On ne peut
donc pas avoir un raisonnement classique pour exprimer leurs capacités thermiques.
Il faut adopter un raisonnement quantique.
180

7.3. Quantification ou continuum d’énergie ? ★


On considère des molécules de diazote dans un espace unidimensionnel, appelé
Chapitre 7. Physique quantique

« boîte », de largeur L = 10,0 cm. Le potentiel est supposé nul dans la boîte, et
infini en dehors.
1. En résolvant l’équation de Schrödinger, exprimer l’énergie En d’une molécule de
masse m dans cette boîte, pour un état stationnaire indexé par un nombre n à
définir.
2. Calculer l’écart entre les deux plus bas niveaux d’énergie d’une molécule.
3. On suppose que les molécules ne peuvent être que dans les deux plus bas
niveaux d’énergie, et que le nombre de molécules dans chacun de ces deux états
obéit à une statistique de Boltzmann. Calculer la proportion de molécules de plus
haute énergie.
4. Pour quelle valeur du niveau d’énergie n l’énergie atteint-elle l’énergie thermique
à 300 K ? Exprimer alors l’écart entre les énergies des niveaux n et n + 1. Peut-on
répondre à la question posée dans le titre de l’exercice ?
Données. Constante de Planck h = 6,62 · 10−34 J · s, constante de Boltzmann
kB = 1,38 · 10−23 J · K−1 , nombre de masse de l’azote A = 14, unité de masse
atomique mu = 1,66 · 10−27 kg.
! Corrigé
1. Pour une particule de masse m dans un espace unidimensionnel compris entre x = 0
et x = L, les états stationnaires vérifient l’équation de Schrödinger
!2 d2 ψ
− = Eψ , (7.3.1)
2m dx2
h
où ! = est la constante de Planck réduite, ψ(x) décrit la fonction d’onde de

la particule, et E > 0 son énergie. La solution de cette équation est alors de type
1
2mE
sinusoïdal ψ(x) = A sin(kx) + B cos(kx), où k = est la pulsation spatiale,
!2
et A et B des constantes à déterminer avec les conditions aux limites. Le potentiel
étant infini hors de la boîte, la particule ne peut pas s’y trouver, et la fonction d’onde
est donc nulle pour x < 0 et x > L. Or, la fonction d’onde est continue même lorsque
le potentiel est discontinu, ce qui donne deux conditions aux limites,
ψ(0) = 0 et ψ(L) = 0 .
On en déduit immédiatement B = 0, ainsi qu’une seconde condition qui quantifie les
valeurs de la pulsation spatiale de la fonction d’onde,
sin(kL) = 0 ⇒ kL = nπ où n est un entier.
Sans perdre en généralité, on peut se restreindre aux valeurs de n strictement positives.
En effet :
! pour n = 0, la fonction d’onde est nulle, ce qui n’a pas d’intérêt ;
! pour n < 0, on peut absorber le signe alors négatif de k dans la constante A qui n’est
toujours pas déterminée, et qui ne peut pas l’être sans information supplémentaire.
181

Finalement, on peut exprimer les valeurs possibles de l’énergie de la particule sous la


forme

Exercice 7.3. Quantification ou continuum d’énergie ?


!2 π 2 h2
E n = n2 E 0 avec n ∈ N∗ et E0 = 2
= . (7.3.2)
2mL 8mL2
L’entier n quantifie les valeurs possibles des énergies de la particule, et donc les formes
de la fonction d’onde. Il décrit l’état quantique de la particule.

Fonction d’onde et équation de Schrödinger


Rappel
à une dimension
Une particule de masse m se déplace sur un axe x en étant soumise à un po-
tentiel V (x). Les propriétés quantiques de la particule
+ , sont représentées par une
Et
fonction d’onde complexe Ψ(x,t) = ψ(x) exp −i , où E est l’énergie de la
!
h
particule et ! = est la constante de Planck réduite. La fonction d’onde est

nécessairement continue et bornée.
La partie spatiale ψ(x) de la fonction d’onde vérifie alors l’équation de Schrödinger
indépendante du temps,
!2 d 2 ψ
− + V (x)ψ(x) = Eψ(x) .
2m dx2
Lorsque la fonction d’onde est normalisable (c’est-à-dire pour des états liés, voir
encadré « Rappel » page 186), seules des valeurs discrètes En de E, indexées par
un entier n, peuvent donner des solutions ψn (x) à cette équation, déterminées
en fonction des conditions aux limites. Les états stationnaires représentent alors
une base des fonctions d’onde que la particule peut avoir. La fonction d’onde
s’exprime comme une combinaison linéaire des fonctions d’onde de la base,
+ ,
F En t
Ψ(x,t) = ψn (x) exp −i .
n
!
La connaissance de cette base de solutions et des énergies associées permet donc
de déterminer les états possibles d’une particule. Ce sont ensuite les conditions
initiales qui permettent de savoir quels sont les niveaux n qui sont peuplés, et
donc dans quel état est exactement une particule dans un potentiel V (x).

2. La masse de la molécule de diazote vaut m = 28mu . L’énergie de l’état fondamental


d’une molécule dans la boîte de largeur L = 10,0 cm s’obtient par l’expression (7.3.2)
et donne E1 = E0 = 1,78 · 10−40 J. L’écart entre les deux plus bas niveaux d’énergie
vaut alors
E2 − E1 = 3E0 = 3,54 · 10−40 J .

3. Comme rappelé dans l’encadré « Méthode » page 209, le nombre de particules


+ dans
,
E1
l’état d’énergie E1 est donné par la statistique de Boltzmann, n1 = n0 exp − ,
kB T
où n0 est une constante.
+ De, même, le nombre n2 de molécules dans l’état d’énergie
E2
E2 est n2 = n0 exp − . Si on considère que les molécules ne peuvent être que
kB T
dans un de ces deux états, alors le nombre total de particules est ntot = n1 + n2 , et
182

la portion de particules dans l’état de plus haute énergie E2 est


+ , + ,
Chapitre 7. Physique quantique

E2 E2 − E1
exp − exp −
n2 k T kB T
= + , B + ,= + , .
ntot E1 E2 E2 − E1
exp − + exp − exp − +1
kB T kB T kB T
À la température T = 300 K, on constate que l’écart est très faible,
+ ,
E2 − E1 n2 1
E2 − E1 ≪ kB T ⇒ exp − ≈1 ⇒ ≈ .
kB T ntot 2
On trouve donc autant de molécules dans l’état 1 que dans l’état 2. L’agitation ther-
mique fait que ces deux états sont équiprobables. Il est donc peu vraisemblable que
seuls les deux premiers niveaux d’énergie soient peuplés à cette température. Les
niveaux suivants sont tout autant accessibles par agitation thermique.

Attention Ordres de grandeur de l’énergie thermique

L’unité de mesure des énergies atomiques est typiquement l’électron-volt,


1 eV = 1,60 · 10−19 J ,
énergie d’une particule de charge élémentaire e = 1,60 · 10−19 C dans un
potentiel de valeur V = 1 V. Notammentpour un atome d’hydrogène, cette énergie
correspond approximativement à l’énergie de son électron dans l’état fondamen-
tal, E0 = −13,6 eV, obtenue par combinaison des constantes fondamentales de
Planck h, de Boltzmann kB , de e et de la constante diélectrique du vide ε0 . Cette
unité est donc adaptée aux mesures des énergies en physique des particules.
Or, à 300 K, l’énergie thermique vaut
1
kB T ≈ 4 · 10−20 J ≈ 0,025 eV ≈ eV .
40
Dans des conditions normales de température, l’énergie thermique n’est pas suf-
fisante pour réaliser des transitions électroniques. Toutefois, elle est en général
suffisante pour sortir les particules de leurs états fondamentaux, comme le montre
le présent exercice. Cela permet de traiter les particules comme non quantiques,
ce que l’on ne peut pas faire quand il s’agit de leurs transitions électroniques.

4. L’énergie d’un état de la molécule de diazote atteint l’énergie thermique kB T pour


le niveau n tel que
1
kB T
En = kB T ⇒ n= = 5,93 · 109 . (7.3.3)
E0
Cet état n correspond grossièrement au niveau en dessous duquel tous les niveaux se
valent, comme on l’a vu entre les états n = 1 et n = 2 à la question 3, et au-dessus
duquel il est beaucoup moins probable de trouver la molécule. C’est donc le niveau
de l’état d’énergie maximal que l’on peut trouver dans cette boîte. L’écart entre deux
niveaux successifs vaut alors
! "
En+1 − En = (n + 1)2 − n2 E0 = (2n + 1)E0 = 1,40 · 10−30 J .
183

On compare cette énergie à l’énergie thermique,

Exercice 7.4. Mesure de la vitesse des atomes par effet Doppler


En+1 − En
= 3,37 · 10−10 .
kB T
Du point de vue de l’agitation thermique, c’est-à-dire de l’énergie disponible dans le
système pour chaque molécule, il n’y a aucune différence qu’une molécule soit dans
un état n ou dans un état voisin n + 1. On peut donc considérer que la quantification
des états d’énergie de la molécule disparaît. Leur distribution est continue (continuum
d’énergie) comme on le suppose habituellement en mécanique classique.

7.4. Mesure de la vitesse des atomes par effet Doppler ★★


L’effet Doppler permet de mesurer la vitesse v à laquelle se déplace une source
lumineuse par rapport à un observateur. Si on suppose que la source se rapproche
dans la direction x de l’observateur à la vitesse vx petite devant la vitesse de la
lumière c, alors le rayonnement de fréquence ν0 émis par la source est perçu par
l’observateur à la fréquence
% vx &
ν ≈ ν0 1 + .
c
Dans cet exercice, la source est un atome de masse m que l’on suppose dans un
état excité. Cet atome retourne dans son état fondamental à une énergie ∆E plus
basse à un instant inconnu. En faisant cela, il émet un photon, et produit ainsi un
train d’onde de durée moyenne τ .
1. Quelle est la fréquence émise, caractéristique de l’atome ?
2. L’observateur mesure la fréquence en enregistrant le rayonnement émis. Com-
ment sont reliées l’incertitude δν sur la mesure de la fréquence et la durée τ du
train d’onde reçu ?
3. Si on mesure la fréquence à δν près, quelle incertitude δpx sur la mesure de la
quantité de mouvement px cela entraîne-t-il ?
4. Lors de l’émission d’un photon vers l’observateur, l’atome ralentit. Pourquoi ?
Quelle est la variation ∆px de la quantité de mouvement de l’atome ? Quelle in-
certitude δx sur la position de l’atome le long de son déplacement cette émission,
dont on ne connaît pas l’instant exact où elle se produit, provoque-t-elle ?
5. Que dire de la relation entre δx et δpx ?
! Corrigé
1. Lorsque l’atome retourne dans son état fondamental, il émet une énergie ∆E trans-
portée par un photon de fréquence ν0 telle que
∆E
∆E = hν0 ⇒ ν0 = ,
h
où h est la constante de Planck. On note ici que c’est bien la fréquence ν0 , qui est
caractéristique de l’atome au repos.
2. Le lien entre la fréquence et la durée τ du train d’onde est donné par la transformée
de Fourier. Pour un signal de durée τ , on ne peut mesurer la fréquence de réception ν
qu’à δν près, tel que
τ δν ≈ 1 . (7.4.1)
184

3. En explicitant la quantité de mouvement px = mvx de l’atome, la formule de


ν px
l’effet Doppler devient = 1+ . En différentiant cette relation, on en déduit que
Chapitre 7. Physique quantique

ν0 mc
l’incertitude sur la donnée de δν se propage bien sur la connaissance de px ,
δν δpx m c δν
= ⇒ δpx = . (7.4.2)
ν0 mc ν0

(1) (2)
4. Lors de l’émission du photon, l’atome passe de la vitesse vx à la vitesse vx dans
le référentiel de l’observateur, car le système {atome + photon}, qui est isolé, conserve
sa quantité de mouvement. En projection sur l’axe #– u x , cela s’écrit
hν % & hν
mvx(1) = mvx(2) + ⇒ ∆px = m vx(1) − vx(2) = . (7.4.3)
c ' () * c
déf.
= ∆vx

Cette variation de vitesse provoque une variation de la position de l’atome le long de


l’axe x. En supposant que l’atome est en x = 0 à t = 0, qu’il conserve sa quantité de
mouvement tant qu’il n’émet pas de photon (car il est isolé), et que le photon a été
émis à l’instant t = t0 , la position de l’atome est,
pour t > t0 , x(t) = vx(1) t0 + vx(2) (t − t0 ) (voir figure 7.4.1). (7.4.4)
Si le photon a été émis un peu plus tard, au temps t0 + τ , sa position s’écrit
x(t) = vx(1) (t0 + τ ) + vx(2) (t − t0 − τ ) . (7.4.5)
Comme on ne sait pas à quel moment le photon a été émis, on a une incertitude δx
sur la position, due à l’incertitude τ sur le moment d’émission. Cette grandeur δx est
la différence entre les deux positions données par les égalités (7.4.4) et (7.4.5),
δx = τ ∆vx . (7.4.6)
Ce résultat est indépendant du choix de l’instant t0 d’émission. Seule l’incertitude τ
sur cet instant d’émission compte.

x(t)

δx

∆px = (2)
c vx

(1)
vx

t0 t0 + τ t
Fig. 7.4.1. Représentation de la position le long de l’axe x de l’atome en fonction
du temps, et de l’influence du temps d’émission du photon sur la position.
185

Finalement, en reprenant l’expression de ∆px = m ∆vx à l’équation (7.4.3),

Exercice 7.5. Puits localisé


h ν0 τ
δx = . (7.4.7)
mc

5. En combinant les équations (7.4.1), (7.4.2) et (7.4.7), on trouve alors


m c δν h ν τ ν
δpx δx = ≈ h#h. (7.4.8)
ν0 m c ν0

Synthèse Incertitude ou indétermination ?

Les incertitudes sur les mesures de x et px sont bien limitées par la relation de
Heisenberg. Ici, cela signifie que, si l’on souhaite avoir une grande précision sur
la mesure de la quantité de mouvement, il faut connaître la fréquence ν avec une
grande précision. Autrement dit, il faut mesurer un train d’onde d’une grande
durée. Or, si la durée du train d’onde est grande, on perd en précision sur la
connaissance de la position de l’atome. Cette limite ne peut pas être franchie,
car elle est liée à la relation entre δν et τ , qui est fondamentale. C’est pour-
quoi, pour ces incertitudes en particulier, on préfère parler d’indétermination.
Le terme incertitude désigne en effet l’imprécision d’une mesure, imprécision qui
peut provenir de l’expérimentateur ou bien de l’appareil de mesure incapable de
donner une précision infinie. Ici, cette imprécision est intrinsèque, on ne peut
pas la dépasser. L’incertitude de la mesure expérimentale peut être inférieure à
l’indétermination, il n’en reste pas moins que les différentes mesures d’un même
système seront élargies, du fait de l’indétermination.

7.5. Puits localisé ★


On considère une particule de masse m dans un potentiel V (x) en forme de puits
symétrique de largeur ℓ, considérée négligeable devant toutes les autres dimensions
du problème. En dehors de ce puits, le potentiel est nul,
R
0 si x ̸= 0 ,
V (x) =
−V0 si x = 0 .
On ne s’intéresse pas à ce qui se passe exactement en x = 0. On admet que les états
stationnaires ϕ(x) de la fonction d’onde de la particule sont continus en x = 0, mais
que leur dérivée possède une discontinuité telle que
dϕ + dϕ −
(0 ) − (0 ) = −βϕ(0) ,
dx dx
où β est une constante physique positive ne dépendant que de paramètres physiques
connus.
1. Rappeler ce qu’est un état lié.
2. Montrer qu’un état lié de la particule est tel que ϕ(x) peut s’écrire sous la forme
186

suivante, où la constante δ est à exprimer,


⎧ % x&
Chapitre 7. Physique quantique

⎨ A exp − δ
⎪ si x > 0 ,
ϕ(x) = % &
⎩ B exp + x

si x < 0 .
δ

3. Donner les expressions de A et B, et en déduire les valeurs possibles de l’énergie


de la particule. Représenter la norme de la fonction d’onde spatiale en fonction
de x. Que représente δ ?

! Corrigé
1.

Rappel États liés et libres en mécanique classique et quantique

En mécanique classique, une particule est dans un état lié si sa trajectoire reste
bornée dans l’espace, et dans un état libre sinon.
En mécanique quantique, la notion de trajectoire n’est plus valable, et la définition
de ces états change un peu.
! Un état quantique est dit lié si la fonction d’onde spatiale ϕ(x) de cet état est
´ +∞
normalisable, c’est-à-dire si −∞ |ψ(x)|2 dx existe.
! Un état est libre si sa fonction d’onde spatiale n’est pas normalisable. C’est le
cas, par exemple, pour une particule libre non localisée, car ϕ(x) = A exp(ipx/!),
où p est sa quantité de mouvement et ! = h/2π la constante de Planck réduite.
Si la particule classique associée à la particule quantique est dans un état libre
classique, alors la particule quantique l’est aussi. Attention, l’inverse n’est pas
vrai : le contre-exemple est l’effet tunnel (voir exercice 7.6 page 188).

En mécanique quantique, un état lié est tel que sa fonction d’onde spatiale ϕ(x) doit
posséder une norme finie. Cette norme vaut 1 (probabilité de 100 % de trouver la
particule dans tout l’espace),
ˆ +∞
|ϕ(x)|2 dx = 1 . (7.5.1)
−∞

Rappel Densité de probabilité de présence

! Le module au carré |ψ|2 d’une fonction d’onde ψ(x,t) représente la densité de


probabilité de présence d’une particule.
! Pour des états stationnaires, ce module ne dépend pas du temps et est donc
égal à celui de la fonction d’onde spatiale ϕ(x).
! Autrement dit, |ϕ(x)|2 dx représente la probabilité de trouver entre les
abscisses x et x + dx une particule dans cet état stationnaire.
187

Rappel (suite)

Exercice 7.5. Puits localisé


! Comme la probabilité de trouver la particule dans tout l’espace est certaine,
un état stationnaire lié vérifie
ˆ +∞
|ϕ(x)|2 dx = 1 .
−∞

2. Dans chacun des intervalles x < 0 et x > 0, la fonction d’onde vérifie l’équation de
Schrödinger avec V (x) = 0, c’est-à-dire
!2 d2 ϕ
− = Eϕ ,
2m dx2
dont les solutions dépendent du signe de l’énergie E.
! Si E > 0, les solutions sont du type ϕ(x) = A exp(ikx) + B exp(−ikx), où A
et B sont des constantes complexes, et où k 2 = 2mE/!2 . Ces solutions ne sont pas
normalisables car |ϕ(x)|2 = |A|2 + |B|2 n’est pas intégrable sur l’intervalle ] − ∞; 0[.
Elles ne correspondent donc pas à des états liés.
% x& %x&
! Si E < 0, les solutions sont de la forme ϕ(x) = A exp − + B exp , où A et
δ δ
1
!2
B sont d’autres constantes complexes, et où δ = − . Ces fonctions peuvent
2mE
être normalisables seulement si leurs normes ne divergent pas en +∞ et −∞. Comme
il y a deux solutions différentes sur les deux intervalles, on en déduit donc que les
états liés sont forcément de la forme
⎧ % x&

⎨ A exp − pour x > 0,
δ
ϕ(x) = % &
⎩ B exp x

pour x < 0,
δ
où A et B sont encore d’autres constantes complexes, que l’on continue de nommer
ainsi pour simplifier les notations.

3. Pour déterminer ces deux constantes A et B, on doit exprimer les contraintes sur
la norme et sur la continuité (ou non) de la fonction d’onde et de sa dérivée en x = 0.
La fonction d’onde est continue en x = 0, ce qui donne immédiatement A = B . Elle
doit aussi avoir une norme égale à un d’après l’équation (7.5.1),
ˆ 0 + , ˆ ∞ + ,
2x 2x
1= |A|2 exp dx + |A|2 exp − dx = δ|A|2 . (7.5.2)
−∞ δ 0 δ
1
1
On en déduit donc que |A| = . Enfin, on connaît la valeur de la discontinuité
δ
de la dérivée en x = 0,
dϕ + dϕ −
(0 ) − (0 ) = −βϕ(0) .
dx dx
A
On en déduit que −2 = −βA, c’est-à-dire βδ = 2 . D’après l’expression de δ
δ
188

β 2 !2
obtenue à la question précédente, la seule valeur possible de l’énergie est E = − .
Chapitre 7. Physique quantique

8m
Finalement, la fonction d’onde peut s’écrire sous la forme condensée, en notant φ une
phase indéterminée,
1 + ,
1 |x|
ϕ(x) = exp − exp(iφ) .
δ δ
Sa norme est tracée sur la figure 7.5.1.

1
√ •
δ
|ϕ(x)|

0 •
0 δ
x
Fig. 7.5.1. Norme de la fonction d’onde des états liés du potentiel créé par un puits
de largeur infiniment petite. La tangente à l’origine recoupe l’asymptote horizontale en
x = δ.

On note que la fonction d’onde est ici connue à une phase spatiale constante près, ce
qui n’a pas d’importance. La grandeur δ représente l’extension spatiale de la fonction
d’onde, c’est-à-dire la zone de l’espace où il est très probable de trouver la particule.

7.6. Effet tunnel ★


On considère une particule de masse m dans le potentiel V (x) représenté sur la
figure 7.6.1. On s’intéresse aux états de la particule pour lesquels son énergie E est
0 < E < V0 .
1. On considère la particule classique. Décrire son comportement lorsqu’elle arrive
depuis x < 0 avec une vitesse v sur cette barrière de potentiel.
2. La particule est maintenant considérée quantique, et on s’intéresse aux états
stationnaires décrits par une fonction d’onde spatiale ψ(x). Quelle est l’équation
vérifiée par ψ(x) ? Donner la solution générale de cette équation dans chacune des
trois zones, en introduisant les constantes
√ 4
2mE 2m(V0 − E)
k1 = et k2 = ,
! !
h
où ! = est la constante de Planck réduite.

3. Que dire des valeurs de cette fonction et de sa dérivée en x = 0 et x = a ? Ex-
primer ces conditions. Combien cela fait-il d’équations et d’inconnues à trouver ?
189

4. Comment sont définis les coefficients de probabilité de réflexion R et de trans-


mission T dus à la barrière de potentiel ?

Exercice 7.6. Effet tunnel


5. On peut montrer que
7 + 2 ,2 8−1 7 + ,2 8−1
k1 + k22 2k1 k2
T = 1+ sinh(k2 a) et R = 1 + .
2k1 k2 (k12 + k22 ) sinh(k2 a)
Trouver et interpréter la relation entre R et T . Exprimer T en fonction de E, V0 ,
m, a et ! lorsque la barrière est large (k2 a ≫ 1) et interpréter.
6. On suppose que la largeur de la barrière a est faible (k2 a ≪ 1). Comment se
simplifie T ? Interpréter et citer quelques applications possibles de cet effet.

V (x)

V0

x
0 a

Fig. 7.6.1. Potentiel constant par morceaux.

! Corrigé
1. Lorsque la particule de masse m est à la position x < 0 et possède une vitesse v,
elle la garde. En effet, le potentiel est constant et nul, donc la résultante des forces
subies par la particule est nulle (particule isolée). La particule possède de l’énergie
1
uniquement sous forme cinétique, E = mv 2 < V0 . En arrivant en x = 0, elle subit un
2 #–
choc car le potentiel possède une discontinuité (la norme de F = − grad # – V tend vers
l’infini). Ce choc est-il suffisant pour qu’elle reparte en arrière ou bien cela ralentit-il
uniquement un peu la particule ?
En mécanique classique, le raisonnement est le suivant. Comme la force qui réalise le
choc dérive d’une énergie potentielle V (x), l’énergie mécanique de la particule est la
même avant et après le choc (choc dit élastique). Si la particule a franchi x = 0, sa
1
vitesse v ′ pour x ∈ [0,a] vérifie E = V0 + mv ′2 . La conservation de l’énergie mécanique
2
1 1 1
impose mv ′2 = mv 2 − V0 . Or, cette quantité est négative car mv 2 < V0 , donc
2 2 2
cette situation n’est pas possible.

Synthèse Barrière de potentiel en mécanique classique

En mécanique classique, si l’énergie de la particule incidente est plus faible que


celle de la barrière de potentiel, la particule rebondit sur la barrière et repart en
arrière.
190

2. Les états stationnaires possèdent une fonction d’onde spatiale ψ(x) vérifiant l’équa-
tion de Schrödinger (voir encadré « Rappel » page 181)
Chapitre 7. Physique quantique

!2 d2 ψ
− + V (x)ψ = Eψ .
2m dx2
Comme le potentiel est continu par morceaux, on doit résoudre cette équation dans
chacune des zones x < 0, 0 < x < a et x > a. Selon la zone, il y a deux types de
solutions.
Si x < 0 ou x > a, puisque V (x) = 0 et E > 0 par hypothèse, la solution est du type
R
A exp(ik1 x) + B exp(−ik1 x) x < 0 ,
ψ(x) =
E exp(ik1 x) + F exp(−ik1 x) x > a ,
1
2mE
où A, B, E et F sont des constantes complexes, et en posant k1 = , comme
!2
l’énoncé le suggère. Ces solutions décrivent des états libres d’une particule, totale-
ment délocalisée dans l’espace. Notamment, une onde en A exp(ik1 x) représente une
particule qui se déplace vers les x positifs. En effet, la partie temporelle de la fonction
d’onde complète comporte le facteur exp(−iEt/!), de sorte que
< + ,=
Et
Ψ(x,t) = A exp i k1 x −
!
est bien une onde progressive se propageant vers les x positifs.

Séparation des variables dans l’équation


Rappel de Schrödinger
Pour des états non stationnaires à une dimension décrits par une fonction d’onde
Ψ(x,t), l’équation de Schrödinger s’écrit

∂Ψ !2 ∂ 2 Ψ
i! =− + V (x)Ψ(x,t) .
∂t 2m ∂x2
Les états stationnaires sont ceux dont la fonction d’onde est à variables séparées,
Ψ(x,t) = ψ(x)f (t). En injectant cette forme dans l’équation de Schrödinger, on
trouve
< =
1 df 1 !2 d2 ψ
i! = − + V (x)ψ(x) . (7.6.1)
f (t) dt ψ(x) 2m dx2
Les deux membres de cette équation ne dépendent pas des mêmes variables
(x et t). Comme celles-ci sont indépendantes, les deux membres sont égaux à
une même constante, notée E. Le premier membre donne alors la partie tempo-
relle de la fonction d’onde d’un état stationnaire
+ ,
Et
f (t) = f (0) exp −i ,
!
où l’on peut prendre f (0) = 1 sans perdre en généralité, car cette constante peut
être intégrée à la partie spatiale ψ(x) de la fonction d’onde complète.
191

Rappel (suite)

Exercice 7.6. Effet tunnel


Finalement, les états stationnaires possèdent une fonction d’onde du type
+ ,
Et
Ψ(x,t) = ψ(x) exp −i .
!

La partie spatiale ψ(x) est donnée par le second membre de l’équation (7.6.1)
qui est l’équation de Schrödinger indépendante du temps. Elle décrit en effet
les fonctions d’onde spatiales des états stationnaires (voir encadré « Rappel »
page 181).

Si 0 < x < a, alors E > V0 et la solution est du type


ψ(x) = C exp(k2 x) + D exp(−k2 x) ,
1
2m(V0 − E)
où C et D sont aussi des constantes complexes, et k2 = . Ces solutions
!2
décrivent des ondes évanescentes.
3. Ici, en présence d’un potentiel certes discontinu en x = 0 et x = a, mais dont les
valeurs restent bornées, la fonction d’onde spatiale et sa dérivée sont continues en tout
point de l’espace (voir encadré « Rappel » page 191). On a alors quatre relations entre
les six constantes à déterminer. De plus, on peut supposer que la condition initiale
impose une onde progressive se propageant selon les x croissants dans la zone x < 0.
Cela empêche à d’autres particules de venir de +∞ et annule donc la composante
F exp(−ik1 x) de la fonction d’onde, F = 0 . On remarque qu’on ne peut pas annuler
A ou B car il existe une onde réfléchie (créée en x = 0) qui se propage dans l’espace
x < 0 vers −∞. Les quatre relations de continuité entre les cinq inconnues A, B, C,
D et E s’expriment alors,
A+B =C +D ,
ik1 (A − B) = k2 (C + D) ,
C exp(k2 L) + D exp(−k2 L) = E exp(ik1 L) ,
k2 (C exp(k2 L) − D exp(−k2 L)) = ik1 E exp(ik1 L) .
Enfin, il reste une constante indéterminée, multiplicative de toutes les fonctions d’ondes.
C’est l’amplitude globale de la fonction d’onde. Pour la déterminer, il faudrait appli-
quer la condition de normalisation de la fonction d’onde (voir exercice 7.5 page 185).
Ici, cette constante multiplicative n’a pas d’importance puisqu’on va s’intéresser aux
coefficients de transmission et de réflexion, qui sont des rapports entre les amplitudes.

Rappel Continuité de la fonction d’onde

La fonction d’onde d’une particule est toujours continue et bornée par définition.
La dérivée de la fonction d’onde spatiale peut posséder une discontinuité selon le
potentiel auquel la particule est soumise.
192

Rappel (suite)
Chapitre 7. Physique quantique

! Si le potentiel est continu, la dérivée est elle aussi continue.


! Si le potentiel V (x) possède une discontinuité bornée, la dérivée est elle aussi
continue au point de la discontinuité.
! Si le potentiel possède une discontinuité non bornée (le potentiel tend vers
l’infini en un point), la dérivée n’est pas continue, mais reste bornée.

4. Les coefficients de réflexion et de transmission de l’onde sont définis soit pour


l’amplitude, soit pour la probabilité. En amplitude, ce sont respectivement les rapports
entre l’onde réfléchie en x < 0 et l’onde incidente, et entre l’onde transmise en x > a
et l’onde incidente, c’est-à-dire
B E
r= et t = .
A A
En probabilité, ce sont les rapports entre les modules des amplitudes des vecteurs
densité de courant de probabilité qu’il faut prendre en compte (voir encadré « Rappel »
ci-après). Or, ici, la norme du vecteur d’onde est k1 pour l’onde réfléchie en x < 0
ou transmise en x > a. Le rapport des vecteurs densité de courant de probabilité est
donc égal au rapport des amplitudes des ondes, soit
9 92 9 92
2
9B 9 2
9E 9
R = |r| = 9 9
9 9 et T = |t| = 99 99 .
A A
Attention, ce n’est pas toujours le cas pour le facteur de transmission, si la particule
a été ralentie au passage d’une marche de potentiel par exemple, il ne faut pas oublier
le rapport des normes des vecteurs d’onde.

Rappel Densité de courant de probabilité

Pour un état quantique d’une particule de masse m non localisée, de quantité


de mouvement #– p , décrite par une fonction d’onde Ψ(x,t), le vecteur densité de
courant de probabilité est
#– #–
p
J = |Ψ(x,t)|2 .
m
Pour un état stationnaire, |Ψ(x,t)|2 = |ψ(x)|2 . Seule la partie spatiale de la fonc-
#–
tion d’onde intervient, et la quantité de mouvement est liée au vecteur d’onde k
#–
par la relation de De Broglie, #–
p = ! k . La densité de courant de probabilité prend
ainsi en compte la « vitesse » de la particule en plus de sa densité de probabilité
de présence.

+ ,2
k12 + k22 V02
5. Pour la suite, on note γ = = et β = γ sinh2 (k2 a). On
2k1 k2 4E(V0 − E)
1 1 β
a alors T = et R = −1
= . On en déduit donc que R + T = 1 .
1+β 1+β 1+β
Cela signifie que la particule quantique est soit transmise, soit réfléchie. Autrement
dit, si on impose un flux de particules identiques et indépendantes, ce flux se partage
193

en deux parties, il n’y a pas de pertes de particules quantiques ! C’est pourquoi on


appelle aussi R et T les coefficients de probabilité de réflexion et de transmission.

Exercice 7.6. Effet tunnel


1
On note que, lorsque k2 a ≫ 1, le sinus hyperbolique s’approche par exp(k2 a), donc
2
la probabilité de transmission tend vers zéro et s’écrit, à l’ordre principal,
# 4 $
4 16E(V0 − E) 2m(V0 − E)
T ≈ exp(−2k2 a) = exp −2 a .
γ V02 !
Puisque T n’est pas nul, il y a probabilité de transmission de la particule à travers la
barrière. La fonction d’onde dans la barrière est une onde évanescente de portée 1/k2 .
Il ne serait pas possible d’interpréter ce phénomène si l’on avait traité la particule
classiquement, comme on l’a vu à la première question. Le phénomène sera beaucoup
plus prononcé si a est de l’ordre de 1/k2 .
6. Au contraire, lorsque k2 a ≪ 1, le développement limité de la probabilité de trans-
mission donne
1
T ≈ γ .
1 + exp(−2k2 a)
4
On constate que la probabilité de transmission diminue lorsque V0 augmente, car
alors γ augmente. Enfin, on note que cette probabilité ne vaut pas 1, même lorsque
a → 0. Ce phénomène, appelé effet tunnel, possède de nombreuses applications en
microscopie, permet d’expliquer la radioactivité α, ou encore de réaliser des diodes.
La différence fondamentale avec un effet tunnel classique dû à des ondes évanescentes
est qu’ici, c’est la probabilité de transmission qui est évanescente. Si une particule a
la chance de la franchir, on la retrouve totalement de l’autre côté de la barrière, et
ses propriétés sont identiques à ce qu’elles étaient avant la barrière, notamment elle
possède une vitesse identique, car les vecteurs d’onde sont égaux avant et après la
barrière !
Remarques On note que l’effet tunnel peut se produire quelle que soit la hauteur de
la barrière de potentiel. Donc des états liés en mécanique classique, par exemple des
particules coincées entre deux barrières, peuvent être non liés en mécanique quantique
car les particules quantiques ont alors une probabilité non nulle de s’échapper !
Chapitre 8
P HYSIQUE STATISTIQUE

8.1. Échelles de la physique statistique ★


On considère une sphère d’atomes de carbone, de rayon R = 1 mm dans le vide.
La sphère est centrée en O, et on suppose qu’il existe un atome exactement en ce
point. Les atomes sont empilés de façon non compacte. La distance moyenne entre
deux atomes est de l’ordre de a = 100 pm.
1. Qu’est-ce que la densité particulaire ? Est-ce une grandeur intensive ou exten-
sive ? En considérant les grandeurs définies ci-dessus, donner l’expression de la
densité particulaire moyenne à un coefficient numérique près.
2. On définit la densité particulaire ϱ(r) à l’échelle r comme la densité particulaire
moyenne dans une sphère de rayon r et centrée en O. Tracer, en la justifiant suc-
cinctement, l’allure de ϱ(r) en échelle logarithmique pour pouvoir représenter à la
fois les échelles a et R.
3. À l’aide de ce graphe, définir les échelles microscopique, mésoscopique, et macro-
scopique.

! Corrigé
1. La densité particulaire représente le nombre de particules par unité de volume, soit
dN
ϱ= , exprimé en m−3 dans le système international.
dV

Rappel Grandeur intensive ou extensive

! Soit un système que l’on subdivise par la pensée en deux sous-systèmes A et B.


Une grandeur f est dite extensive si
f (A ∪ B) = f (A) + f (B) .
Les grandeurs extensives d’un système sont des caractéristiques globales de ce
système. Par exemple, la masse, le nombre de particules, l’énergie, la charge, la
quantité de mouvement, le moment cinétique par rapport à un axe donné, etc. sont
des grandeurs extensives. Sur ces grandeurs, on peut faire des bilans facilement, en
sommant les contributions des différents sous-systèmes qui constituent le système
global.
! Une grandeur intensive est le rapport de deux grandeurs extensives. Les gran-
deurs locales (champs) sont intensives, comme la masse volumique, la densité
particulaire, la température, la pression, etc.

La densité particulaire est le rapport des deux grandeurs extensives N et V , elle est
donc intensive. Une sphère d’échelle a contient un atome, donc la densité particulaire
1
moyenne est de l’ordre de ϱm ≈ 3 .
a
196

2. Pour mesurer une densité particulaire, il faut spécifier l’échelle sur laquelle on fait
la mesure, car la matière est constituée d’atomes. En effet, si cette échelle est trop
Chapitre 8. Physique statistique

petite, il y a de grandes chances pour que l’on tombe sur du vide.


La densité mesurée à l’échelle r est donc, par définition, ϱ = N 4
(r)
3 , où N (r) est le
3 πr
nombre d’atomes dans cette sphère. Si on suppose qu’en r = 0 il y a un atome, alors
il faut considérer les cas suivants, représentés sur la figure 8.1.1.

! Si r < a, le nombre N d’atomes dans la sphère de rayon r est forcément égal à 1,


car la sphère est trop petite pour contenir les plus proches voisins de l’atome central.
3
On en déduit que ϱ = 4πr 3 . Cette fonction diverge quand r → 0. Lorsque r s’approche

de a, elle atteint la valeur ϱm ≈ a13 .


! Si r est compris entre a et quelques a (quelques nanomètres), le volume sphérique
de rayon r contient de plus en plus d’atomes à mesure que le rayon augmente. Tant
que le rayon n’est pas trop grand, ces atomes entrent un par un dans le volume.
Or, la sphère ne contient pas encore beaucoup d’atomes. Donc ϱ(r) varie fortement à
l’entrée de chaque nouvel atome (la variation relative du nombre d’atomes est grande).
La fonction ϱ(r) dépend de l’empilement cristallin des atomes considérés. Pourtant,
ces oscillations de ϱ(r) se font autour de la valeur moyenne ϱm attendue : de temps à
autre, il y a moins d’atomes qu’attendus, ou un peu plus.
! Si r ≫ a, le nombre d’atomes N dans la sphère devient très grand (N ≫ 1).
Lorsque r augmente et que les atomes entrent dans cette sphère, la variation de ϱ est
négligeable. En effet, le nombre d’atomes contenus dans la coquille de volume 4πr2 dr
ajoutée est négligeable devant N . Les fluctuations de ϱ sont par ailleurs de l’ordre
de 1/r3 autour d’une valeur moyenne ϱc , qui représente bien la densité particulaire
moyenne du cristal.
! Lorsque r dépasse R, il n’y a plus d’atomes qui entrent dans la sphère quand r
augmente, donc N reste constant. Dans ce cas, la densité particulaire commence à
chuter en 1/r3 .

3. Les échelles microscopique, mésoscopique et macroscopique sont visibles sur le


graphe de la figure 8.1.1.

! L’échelle microscopique est l’échelle de distance sur laquelle les grandeurs intensives
varient fortement du fait du caractère particulaire de la matière. Il s’agit ici d’une
distance de l’ordre de a.
! À l’échelle mésoscopique, on peut considérer que ces grandeurs intensives sont des
fonctions continues de l’espace. On les mesure à des échelles suffisamment grandes
pour que la matière puisse être considérée comme continue (absence de granularité), et
petites devant les échelles macroscopiques pour que les « bords » du système puissent
être sans influence. Ici, ce sont les échelles comprises entre a et R.
! À l’échelle macroscopique, les bords du système (échelle R), mesurables facilement
à l’échelle humaine (du millimètre à l’année-lumière en fonction du système consi-
déré. . . ), influent sur la mesure moyenne des grandeurs intensives. Dans ce cas, on ne
peut plus dire qu’une telle grandeur est indépendante du point autour duquel on la
mesure.
197

Exercice 8.1. Échelles de la physique statistique


r r

10a
R
log
1

N (r)
V (r)

r3
ρ(r) =

ρ0
1

r3

a a 10a 100a R log


10
r
Fig. 8.1.1. Les trois schémas du haut représentent les différentes configurations
rencontrées en fonction des échelles de mesure. À gauche, à l’échelle microscopique,
à mesure que r augmente, on rencontre de manière abrupte de plus en plus de molécules.
Au centre, à plus grande échelle, le nombre de particules rencontrées devient lissé. À droite,
à l’échelle R, la densité chute dès que r > R. En bas, allure de l’évolution de la densité
particulaire ϱ(r) mesurée à l’échelle r. On distingue alors trois zones.

Attention Échelle mésoscopique

Toutes les grandeurs intensives, locales, sont mesurées à l’échelle mésoscopique,


intermédiaire entre l’échelle microscopique, celle des atomes, et l’échelle macro-
scopique, celle à laquelle on mesure les choses. À cette échelle :
! les grandeurs intensives sont des fonctions continues de l’espace ;
! on oublie le caractère particulaire de la matière ;
! il peut exister de légères fluctuations temporelles ou spatiales.
Un élément mésoscopique de matière est donc suffisamment grand pour supposer
qu’il contient beaucoup d’atomes, mais petit devant l’échelle à laquelle cette gran-
deur pourrait varier pour des causes macroscopiques. Ainsi un élément de cette
taille est continu et homogène, ce qui apporte un avantage indéniable en termes
de modélisation et de calculs.
198

8.2. Séparation isotopique par centrifugation ★


Un tube de section S, de longueur L, ouvert en r = 0 et contenant un gaz parfait,
Chapitre 8. Physique statistique

tourne à vitesse de rotation ω constante autour d’un axe fixe (voir figure 8.2.1).
Le gaz possède une masse molaire M , et le tout est à température constante et
uniforme T . On suppose que la longueur du tube est assez grande devant son
diamètre.

Fig. 8.2.1. Centrifugeuse.

1. Quel est le rôle de la pesanteur dans la distribution de la pression dans le tube ?


Peut-on la négliger ?
2. Déterminer la pression P (r) en fonction de la pression P0 en r = 0, ω, T et M .
3. Exprimer P (r) en fonction de la masse m d’une particule de gaz et en faisant
apparaître la constante de Boltzmann kB . Comment interpréter cette relation ?
4. Si le gaz est de l’air (masse molaire moyenne M = 29 g · mol−1 ) dans des
conditions usuelles de température et de pression, calculer la variation relative
de pression entre le fond et l’entrée d’un tube de longueur L = 10 cm pour
ω = 5,0 · 103 tr · min−1 . Était-il légitime de négliger la pesanteur ?
5. On utilise cette méthode pour séparer les isotopes d’un atome, par exemple l’ura-
nium 235 et 238, supposé gazeux. À l’entrée du tube en r = 0, on connaît le rapport
p = x235 /x238 des fractions molaires des deux isotopes dans le gaz. À une distance L,
que devient ce rapport ? En prenant L = 10 cm et ω = 50 · 103 tr · min−1 , peut-on
séparer efficacement ces deux isotopes ? À l’état naturel, le rapport p vaut 0,7 %.
Combien de fois faut-il passer ce gaz dans la centrifugeuse pour atteindre les 4 %
nécessaires au fonctionnement des centrales nucléaires ?

! Corrigé
1. Un élément mésoscopique de volume dτ de gaz est a priori soumis à trois forces : son
# –
g , les actions de pression, et la force axifuge ϱ dτ ω 2 HM dans le référentiel
poids ϱ dτ #–
du tube. En régime permanent, le gaz est immobile par rapport au tube, donc ces
trois forces ont une somme nulle. La pression s’organise pour compenser le poids,
dirigé vers le bas, et la force axifuge, dirigée radialement vers l’extérieur. C’est donc
la force axifuge qui est à l’origine de la dépendance en r de la pression.
Le poids crée une dépendance en z de type hydrostatique, régie par l’équation
∂P
= −ϱg.
∂z
Or, le diamètre du tube est petit devant sa longueur. La variation en z de la pression
devrait donc selon toute vraisemblance être négligeable devant la variation en r. On
peut donc a priori négliger l’influence du poids, qui ne permet pas d’expliquer la
variation P (r), due à la force axifuge. Cette hypothèse sera vérifiée quantitativement
une fois le champ P (r) déterminé.
2. Dans le référentiel tournant à vitesse constante angulaire dans le référentiel du
laboratoire, on applique le principe fondamental de la statique à un élément de vo-
199

lume mésoscopique du gaz de section S, compris entre r et r + dr. Sa masse est


dm = ϱS dr. Il subit la force axifuge +dm rω 2 #– u r et la résultante des actions de pres-

Exercice 8.2. Séparation isotopique par centrifugation


sion, SP (r) #– u r . Son poids est compensé par la réaction de la portion
u r − SP (r + dr) #–
de tube avec laquelle il est en contact. La condition d’équilibre s’écrit
dP
S [P (r) − P (r + dr)] + ϱSrω 2 dr = 0 ⇒ = ϱrω 2 . (8.2.1)
dr
Cette équation indique que la pression augmente avec r. En effet, l’air est éjecté vers
l’extérieur par la force axifuge, augmentant ainsi la pression vers l’extrémité r = L
du tube. La loi (8.2.1) est de type hydrostatique : le terme d’accélération g habituel
est remplacé par l’accélération axifuge rω 2 .

On résout l’équation (8.2.1) par la même technique que pour l’atmosphère isotherme
(voir encadré « Méthode » page 258). L’équation des gaz parfaits, sous sa forme locale,
s’écrit ϱ = MP
RT , donc
´r
2 ˆ P (r) ˆ r
PM 2 dP Mω r r=0 dP M ω2r
dP = − ω r dr ⇒ =− dr ⇒ = − dr .
RT P RT P (r=0) P r=0 RT
On utilise la condition aux limites P (r = 0) = P0 , car le gaz est en contact avec
l’atmosphère en r = 0, donc
+ ,
1 M r2 ω 2
P (r) = P0 exp + . (8.2.2)
2 RT

3. On peut exprimer le facteur dans l’exponentielle de l’expression (8.2.2) en faisant


M m
apparaître la masse m d’une molécule, soit = , d’où
R kB
1 2 2
2 mr ω
P (r) = P0 exp . (8.2.3)
kB T
Le numérateur de l’exponentielle s’interprète comme une énergie potentielle. Dans le
référentiel du tube, une molécule de masse m est soumise à la force axifuge, donc
possède l’énergie potentielle axifuge Ep = − 12 mω 2 r2 . En effet, le travail fourni par la
#–
force axifuge à la molécule au cours d’un déplacement élémentaire dℓ s’écrit
#– #– #– déf. 1
u r · dℓ = m ω 2 r dr = − dEp , avec Ep = − mω 2 r2 + cte .
δW = F axif · dℓ = m ω 2 r #–
2
Ainsi l’équation (8.2.3) se récrit
+ ,
Ep
P (r) = P0 exp − .
kB T
En utilisant la loi des gaz parfaits, on peut récrire cette relation pour la masse volu-
mique ϱ du gaz, ou bien sa densité particulaire n∗ (nombre de particules de gaz par
unité de volume),
+ , + ,
Ep (r) ∗ ∗ Ep (r)
ϱ(r) = ϱ0 exp − et n (r) = n0 exp − .
kB T kB T
200

La densité particulaire suit donc une loi statistique de Boltzmann. Le nombre de


particules par unité de volume à la distance r dépend de leur énergie potentielle Ep (r)
Chapitre 8. Physique statistique

à la distance r, d’une part, et de la température T du milieu, d’autre part.

Synthèse Facteur de Boltzmann

Dans un système à l’équilibre thermique à la température uniforme T , la pro-


babilité d’une particule de posséder l’énergie E est proportionnelle au facteur de
Boltzmann
+ ,
E
exp − , (8.2.4)
kB T
où kB = 1,38 · 10−23 J · K−1 est la constante de Boltzmann.
! Ce facteur ou poids de Boltzmann traduit la compétition entre l’énergie
propre E de la particule et l’énergie d’agitation thermique kB T .
! Plus E est grande devant kB T , moins on a de chances de trouver une particule
d’énergie E.
! Plus E est faible devant kB T , plus il est probable de trouver une particule
d’énergie Ep . Les états de basse énergie sont donc les plus peuplés.
! Cette notion se généralise à toute forme d’énergie, et pour tout système à
l’équilibre thermique (T uniforme).

Méthode Moyen mnémotechnique

Les constantes intervenant en thermodynamique sont R = 8,31 J · K−1 · mol−1 ,


kB = 1,38 · 10−23 J · K−1 et Na = 6,02 · 1023 mol−1 .
! La constante R des gaz parfaits peut être qualifiée de macroscopique, car
définie par l’équation d’état des gaz parfaits.
! La constante de Boltzmann kB décrit le fonctionnement microscopique des
particules.
! La constante d’Avogadro Na permet de passer du microscopique au macro-
scopique, car elle représente le nombre de particules par mole.
Ces trois constantes sont liées par R = kB Na . En unités SI, le produit d’une
« petite quantité » kB par une « grande quantité » Na donne la constante macro-
scopique R de l’ordre de un, c’est-à-dire bien dimensionnée par rapport aux unités
utilisées.

4. L’écart de pression entre l’entrée et le fond du tube est


< + , =
1 M L2 ω 2
P (L) − P0 = P0 exp + −1 .
2 RT
Si cette variation est faible, un développement limité au premier ordre donne
P (L) − P0 1 M L2 ω 2
≈ = 1,6 · 10−2 .
P0 2 RT
201

Ce résultat est très petit devant un, ce qui valide le développement limité. Il y a donc
une variation de 1,6 % entre le fond du tube et son entrée lors de la centrifugation.

Exercice 8.3. Expérience de Jean Perrin (1909)


On doit vérifier que l’effet de la pesanteur est bien négligeable. Si le diamètre du tube
est D ≃ 1 cm, la variation relative de pression entre le haut et le bas du tube est
∆P ϱgD
= = 1,1 · 10−6 .
P0 P0
Cette variation de pression est en effet totalement négligeable devant celle due à la
centrifugation.
5. Par définition d’un gaz parfait (modèle théorique), il n’y a pas d’interactions entre
les molécules du gaz. Ainsi, dans un mélange de gaz parfaits, les différents gaz se
comportent comme s’ils étaient seuls. Chaque isotope de l’uranium est donc régi par
sa propre loi de Boltzmann. De plus, la fraction molaire est proportionnelle à la
pression partielle, donc
+ ,
1 M235 L2 ω 2
x235 (r) = x235 (0) exp + ; (8.2.5)
2 RT
+ ,
1 M238 L2 ω 2
x238 (r) = x238 (0) exp + . (8.2.6)
2 RT
On calcule le rapport p(r) = x235 (r)/x238 (r) avec les données de l’énoncé,
< =
p(r) 1 (M238 − M235 )L2 ω 2
= exp − = 0,85 .
p(0) 2 RT
Les conditions de l’énoncé sont celles utilisées en pratique dans les usines d’enrichis-
sement de l’uranium. On constate que cette centrifugation permet de faire évoluer de
15 % ce rapport des concentrations isotopiques. Le gaz est donc plus riche en U235
radioactif au centre de la centrifugeuse de 15 %. Ce n’est pas suffisant pour passer de
p0 = 0,7 % à pf = 4 %, comme désiré. Il faut donc répéter cette opération plusieurs
fois. Entre deux passages, le rapport p évolue d’un facteur a = 1,15. Par conséquent,
ln(pf /p0 )
après N opérations, pf = aN p0 , c’est-à-dire N = ≈ 29. En pratique, les
ln a
centrifugeuses possèdent une géométrie cylindrique de 1 m de haut, et sont disposées
verticalement. L’uranium 235 se trouve au centre de ce cylindre. Étant moins dense
que l’uranium 238, il remonte le long de l’axe, tandis que l’uranium 238 est évacué à
l’extérieur du cylindre et descend. On peut ainsi relier plusieurs centrifugeuses en série
pour effectuer le traitement nécessaire. Le plus difficile à réaliser est la construction
des cylindres. Ils doivent être suffisamment solides et parfaitement équilibrés pour
supporter des rotations à 50 000 tours par minute !

8.3. Expérience de Jean Perrin (1909) ★★


En étudiant la répartition de petites particules dans un solvant, Jean Perrin a réussi
à mesurer précisément en 1909 la constante de Boltzmann kB .
L’émulsion utilisée est constituée de particules de latex de rayon 0,212 µm et de
densité d = 1,206 dans de l’eau de masse volumique ϱeau = 1,00 · 103 kg · m−3 .
Ces particules sont laissées à l’équilibre à T = 20 ◦C, sous l’effet de la pesanteur
seule (g = 9,81 m · s−2 ), dans une cuve cylindrique de hauteur 100 µm et de sec-
tion constante. Jean Perrin a mesuré le nombre de ces particules dans des tranches
d’environ 1 µm de hauteur tous les 30 µm. Les résultats du nombre moyen de par-
202

ticules ni dans une tranche i sont répertoriés dans le tableau 8.3.1, en fonction de
l’altitude zi de cette tranche comptée depuis le bas de la cuve.
Chapitre 8. Physique statistique

Altitude z (µm) 5 35 65 95
Nombre moyen de particules n 100 47 22,6 12

Tableau 8.3.1. Résultats des mesures de Jean Perrin. Nombre de particules dans
des tranches horizontales en fonction de l’altitude.
1. En tenant compte de la poussée d’Archimède, calculer la masse effective d’une
particule.
2. On suppose que ces particules se répartissent dans le liquide selon une loi de
Boltzmann. Dans cette hypothèse, exprimer la densité particulaire c(z).
3. En déduire, d’après les mesures de n (voir tableau 8.3.1), la valeur de la constante
de Boltzmann kB en effectuant une régression linéaire à l’aide d’un logiciel.
4. Dans son article, Jean Perrin indique qu’il a compté le nombre de particules
dans une très petite région en obturant le champ de son microscope, de sorte que 4
à 5 particules au maximum étaient visibles simultanément. Les particules bougeant
sans cesse, il a ensuite répété ce procédé plusieurs fois pour arriver à la valeur de
n. Les mesures du tableau 8.3.1 représentent le comptage de 13 000 grains. Pour
simplifier, le premier nombre a été ramené à 100. Enfin, la vis micrométrique utilisée
pour mesurer l’altitude est précise au quart de micromètre. Commenter la valeur
de kB et la précision de l’expérience.
Remarque L’article original (J. Perrin, Mouvement brownien et réalité molécu-
laire, Annales de chimie et de physique 18, p. 5, 1909) est accessible en ligne à
l’adresse http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k349481/ .

! Corrigé

1. Une particule de masse m dans le champ de pesanteur #– g est soumise à son propre
poids m #–
g , d’une part, et à la pression de l’eau environnante (poussée d’Archimède),
d’autre part. La poussée d’Archimède est dirigée vers le haut et sa norme est égale
à celle du poids de l’eau déplacée. Si on suppose que la particule est sphérique de
rayon a, qu’elle possède une masse volumique ϱ = dϱeau , alors la poussée d’Archimède
#– #–
s’exprime comme F = ϱeau 34 πa3 (d − 1) #– g . Elle se met sous la forme F = meff #–g , où
meff est une masse effective, avec
4
meff = ϱeau πa3 (d − 1) = 8,22 · 10−18 kg .
3

2. Chaque particule située à l’altitude z possède l’énergie potentielle effective de


pesanteur meff gz. Dans l’hypothèse où les particules se répartissent selon une loi de
Boltzmann, la densité particulaire c(z), qui représente le nombre de particules par
unité de volume, s’exprime comme
+ ,
meff gz
c(z) = c0 exp − ,
kB T

où c0 est une constante homogène à une densité particulaire.


203

3. Les mesures expérimentales donnent accès au nombre moyen n(z) de particules dans
un volume donné et constant en fonction de z. Ce nombre n est donc proportionnel

Exercice 8.3. Expérience de Jean Perrin (1909)


à c(z), et suit la même forme de loi de Boltzmann, n(z) = n0 exp (−meff gz/kB T ).
Pour effectuer une régression linéaire, on trace ln(n) en fonction de z, qui doit être,
si la loi est vérifiée, sous la forme
meff g
ln (n(z)) = −Az + B avec A = .
kB T
Le tracé de cette courbe expérimentale, ainsi qu’un ajustement linéaire par la méthode
des moindres carrés sont donnés à la figure 8.3.2.

4,5

4 ln(n) = 4,70 − 2,36 · 104 · z


ln n

3,5

2,5

0 0,2 0,4 0,6 0,8 1


altitude z (m) ×10 −4

Fig. 8.3.2. Ajustement des données expérimentales de l’expérience de Jean Perrin.


Les données représentent le logarithme du nombre de particules en fonction de l’altitude. La
pente de l’ajustement linéaire permet de mesurer la constante de Boltzmann kB . Les tailles des
points expérimentaux représentent les incertitudes évaluées à la question 4.

Les points expérimentaux semblent très bien suivre une loi linéaire, et l’ajustement
donne accès à la valeur la plus probable de A = 2,36 · 104 m−1 . On en déduit une
estimation de la constante de Boltzmann,
meff g
kB exp = = 1,17 · 10−23 J · K−1 .
AT

4. On souhaite évaluer un ordre de grandeur des incertitudes de mesure. Si on s’en


tient aux informations de l’article, Jean Perrin a compté 13 000 particules pour arriver
à ces quatre valeurs. En les comptant quatre à quatre, cela signifie qu’il a effectué
environ N ≈ 3 000 comptages pour chaque altitude. Chaque mesure individuelle donne
une valeur entre zéro et cinq, avec un écart type de l’ordre de σ ≈ 1. Au bout de N
σ
mesures, l’incertitude δ sur la valeur moyenne n est donc δ ≈ √ ≈ 2 · 10−2 (pour
N
plus de détails sur ce concept, se référer à l’exercice 10.6 page 265). La précision sur
les valeur de n est donc de l’ordre de 2 %, ce qui justifie les chiffres significatifs retenus
sur n par Jean Perrin. De même, l’incertitude sur la valeur de z est δz = 0,25 µm, soit
de 0,2 à 5 % d’incertitude relative, ce qui est du même ordre de grandeur.
Lors de l’ajustement linéaire, en précisant une incertitude absolue de 0,03 sur ln(n), on
trouve pour la valeur de A présentée plus haut, χ2 = 4,4, ce qui est bien de l’ordre du
nombre de points. L’ajustement est donc de bonne qualité (voir encadré « Méthode »
page 204). La logiciel d’ajustement précise alors les incertitudes sur la valeur de A
obtenue, soit δA ≈ 3 · 102 m−1 . L’incertitude relative est de 1 %.
204

D’après la formule de A, on a donc aussi 2 % sur la valeur de kB , en supposant les


autres paramètres connus avec une meilleure précision, ce qui est tout juste le cas.
Chapitre 8. Physique statistique

Finalement, la valeur expérimentale de la constante de Boltzmann est estimée à


kB exp = (1,17 ± 0,01)10−23 J · K−1 .
Malgré les approximations grossières dans l’évaluation de cette incertitude, on constate
qu’on est à plus de 10 écarts types de la valeur attendue kB = 1,38 · 10−23 J · K−1 .
D’un point de vue purement statistique, c’est totalement impossible. Cela signifie
qu’il y a eu des erreurs systématiques, que l’on constate de l’ordre de 20 %, dans la
mesure expérimentale. La lecture de l’article original est fort intéressante, car elle per-
met de se rendre compte de la prouesse expérimentale qu’a constituée cette mesure
en 1909. Il a en effet fallu mesurer avec une très grande précision non seulement la
distribution n(z) (13 000 grains !), mais aussi le rayon et la densité de ces minuscules
particules, sans compter la réalisation d’une émulsion stable ne contenant que des
particules de même diamètre. . .

Méthode Ajustement par la méthode des moindres carrés

On dispose de n points expérimentaux (xi ,yi ), i ∈ [1,n], et des incertitudes σiexp


sur les yi . On cherche à savoir si la courbe y = f (x), dépendant d’un certain
nombre d’autres paramètres (par exemple si f (x) = ax + b, les paramètres sont a
et b), modélise bien les points expérimentaux. La méthode utilisée, appelée aussi
méthode du χ2 (« khi-deux »), consiste à chercher les valeurs des paramètres de
f (x) qui rendent minimale la grandeur
n + ,2
2
F yi − f (xi )
χ = . (8.3.1)
i=1
σiexp

En effet, si chaque point yi est très proche de son modèle f (xi ), alors cette somme
sera petite. Dans le cas extrême où yi = f (xi ) pour tout point i, alors χ2 = 0,
sinon χ2 > 0. Cette somme cumule des termes qui comparent l’écart dit statistique
à la courbe σistat = yi −f (xi ) avec l’incertitude expérimentale σiexp de chaque point.
Cette méthode est implémentée dans de nombreux logiciels : un algorithme
effectue une recherche automatique sur les paramètres de f (x) pour minimiser χ2 .
Pour éviter des problèmes dus à l’algorithme, il faut spécifier initialement des
estimations, les plus précises possibles, de ces paramètres.
Pour savoir si l’ajustement est correct, on peut exploiter la valeur finale du χ2 .
! Si l’ajustement est correct, cela signifie que l’écart statistique à la courbe est
de l’ordre de l’incertitude expérimentale, et on a alors χ2 ≈ n.
! Si la courbe passe loin des points expérimentaux, on a alors χ2 ≫ n.
! Dans le cas où χ2 ≪ n, cela signifie que les incertitudes expérimentales sont
très grandes devant l’écart à la courbe. Il y a de fortes chances pour que ces
incertitudes aient été surévaluées, car la loi est « trop » bien vérifiée !
C’est seulement lorsque l’ajustement est de bonne qualité que l’on peut interpréter
les valeurs obtenues des paramètres de la fonction f . Enfin, le logiciel d’ajustement
précise les incertitudes (compatibles avec les incertitudes expérimentales) sur les
valeurs des paramètres obtenus.
205

8.4. Modèle microscopique de l’évaporation ★★★


Avec quelques arguments statistiques simples, on cherche à expliquer le compor-

Exercice 8.4. Modèle microscopique de l’évaporation


tement microscopique des molécules à la surface d’un liquide en équilibre à la
température T avec sa phase vapeur.
! On considère que les molécules du gaz, de densité ng , ont toutes la même
vitesse vg . Celles du liquide, de densité nℓ , ont toutes la même vitesse vℓ .
! Les molécules du gaz proches de l’interface peuvent être capturées par le liquide
si elles possèdent la bonne direction.
! Les molécules du liquide qui se trouvent dans la couche interfaciale (faible épais-
seur sur laquelle on passe continûment du liquide au gaz) ont besoin d’une éner-
gie W pour pouvoir passer du liquide au gaz.
! L’épaisseur de la couche interfaciale est δ, de l’ordre de la taille moléculaire.
! Dans la couche interfaciale, on note σ le nombre de molécules par unité de
surface.
1. Que représentent les vitesses vg et vℓ d’un point de vue statistique ?
2.a. Dans le modèle statistique de Boltzmann, la probabilité qu’une particule du
liquide acquière, du fait de l’agitation thermique, l’énergie comprise entre E et
E + dE est notée
+ ,
E
p0 exp − dE ,
kB T
où p0 est une constante. Dans cette expression, l’énergie E d’une particule est
toujours positive. Déterminer l’expression de p0 en fonction de kB et T .
2.b. Que représente la quantité
ˆ ∞ + ,
E
P(W ) = p0 exp − dE ?
W kB T
Donner son expression.
3. On cherche à exprimer le nombre de molécules échangées à l’interface par unité
de temps et par unité de surface. On note φc le flux surfacique de molécules du gaz
qui se condensent dans le liquide, et φe le flux surfacique de molécules du liquide qui
s’évaporent. En effectuant des bilans sur des volumes mésoscopiques au voisinage
de l’interface, exprimer les relations qui lient :
3.a. le flux surfacique φc à ng et vg ;
3.b. le flux surfacique φe à σ, a, vℓ , W et T .
4. À l’équilibre thermique, quelle relation y a-t-il entre φc et φe ? En déduire une
relation entre ng et W .
5. Pour faire le lien avec le facteur de Boltzmann, on peut considérer que les
molécules du gaz sont dans un état d’énergie E1 et que celles du liquide sont
dans un état d’énergie E2 . Quelle est la relation entre ces deux énergies et W ?
Interpréter.

! Corrigé
1. Les vitesses vg et 4
vℓ représentent, d’un point de vue statistique, les vitesses qua-
dratiques moyennes ⟨v 2 ⟩ dans le gaz et dans le liquide. Les vitesses (vectorielles)
moyennes sont nulles dans le gaz comme dans le liquide. En effet, il y a statistiquement
autant de molécules qui vont dans un sens que dans l’autre pour chaque direction.
206

2.a. Dans ce modèle continu où les particules de liquide peuvent acquérir toutes les
énergies E comprises entre 0 et ∞, la probabilité d’acquérir une quelconque énergie
Chapitre 8. Physique statistique

entre ces deux bornes extrêmes du fait de l’agitation thermique est certaine, donc
égale à un. Cela donne la contrainte suivante, qui impose p0 ,
ˆ ∞ + ,
E 1
p0 exp − dE = 1 ⇒ p0 = . (8.4.1)
0 kB T kB T

2.b. La fonction P(W ) est la somme (intégrale) de toutes les probabilités d’avoir
l’énergie E, avec E > W . Elle représente donc la probabilité d’acquérir une énergie
supérieure à W . D’après l’expression de p0 obtenue à l’équation (8.4.1),
ˆ ∞ + , < + ,=∞
E E
P(W ) = p0 exp − dE = − exp −
W kB T kB T W

+ ,
E
⇒ P(W ) = exp − . (8.4.2)
kB T

On note la différence avec un facteur de Boltzmann dans un système à deux niveaux.


Ici, le préfacteur p0 a disparu. Le facteur exponentiel de l’égalité (8.4.2) représente
donc directement la probabilité d’acquérir plus que l’énergie W , c’est-à-dire ce qui est
nécessaire pour s’extraire du liquide.
3.a. On considère un volume mésoscopique, de section dS et de hauteur dz, à la
surface du liquide (voir partie gauche de la figure 8.4.1). Les molécules contenues dans
ce volume et qui passent de la phase gaz vers la phase liquide pendant dt vérifient
deux conditions.
! Elles sont à une distance suffisamment faible (inférieure à vg dt) de l’interface,
donc on choisit de fixer dz = vg dt.
! Seules celles qui ont une vitesse orientée vers le liquide peuvent y rentrer. Dans un
modèle simple, cela représente statistiquement 1/6e des molécules contenues dans le
volume dS dz (trois directions et deux sens possibles par direction).
Ainsi le nombre de particules de ce volume qui se condensent pendant dt est
1 dNc 1
dNc = n vg dS dt ⇒ φc = = nvg .
6 dS dt 6

Fig. 8.4.1. Notations pour les bilans de


particules lors des échanges à la surface
liquide-gaz.

3.b. De même, on considère un volume mésoscopique de liquide de surface dS et


d’épaisseur δ (épaisseur de la couche interfaciale), juste sous l’interface (voir partie
droite de la figure 8.4.1). Ce volume contient dNℓ,tot = σ dS molécules. En moyenne,
celles-ci restent dans le liquide du fait des interactions entre molécules. De temps à
autre, des chocs permettent à certaines d’entre elles d’acquérir le surplus d’énergie W
207

nécessaire pour s’échapper. Le liquide représente un réservoir d’énergie disponible,


dans lequel les molécules peuvent statistiquement puiser. On a exprimé la forme de

Exercice 8.4. Modèle microscopique de l’évaporation


la probabilité de cet événement à l’équation (8.4.2). Enfin, comme seulement
+ , de
1/6 e

1 W
ces molécules vont dans la bonne direction, seule la portion pe = exp − des
6 kB T
molécules du volume peut s’évaporer à chaque instant.

Lorsqu’une molécule de la couche interfaciale s’est évaporée, elle est immédiatement


remplacée par des molécules qui viennent du liquide. Comme une molécule met un
temps caractéristique τ = δ/vℓ pour passer effectivement du liquide au gaz, le nombre
d’événements d’évaporation pendant dt est égal à dt/τ .

dt
Finalement, dNe = pe dNℓ,tot molécules s’évaporent du volume de surface dS pen-
τ
+ ,
1 vℓ σ W
dant dt, soit un flux surfacique d’évaporation φc = exp − .
6 δ kB T

4. À l’équilibre thermique, le système possède une composition constante. En moyenne


dans le temps, il y a toujours autant de particules dans la phase liquide que dans la
phase vapeur, donc φc = φe , soit
+ ,
σvℓ W
ng = exp − . (8.4.3)
δvg kB T

On retrouve une forme de densité ng donnée par un facteur de Boltzmann. Le rai-


sonnement a permis de passer d’un point de vue probabiliste (expression de p) à une
grandeur physique donnée par l’équation (8.4.2).

5. Si les molécules de gaz sont dans un état d’énergie E1 et celles du liquide dans un
état d’énergie E2 , la forme générale du nombre de molécules dans chacun de ces deux
états est donnée par le facteur de Boltzmann, soit
+ , + ,
E1 E2
ng = n0 exp − et nℓ = n0 exp − ,
kB T kB T
où n0 est une constante. Ce qui importe est que ce soit la même constante pour n1
et n2 , sans s’intéresser au mécanisme d’échange. La description du système est globale
et ce système contient deux états d’énergies différentes. Le rapport fournit
+ ,
E1 − E2
ng = nℓ exp − .
kB T
Par identification avec l’équation (8.4.3), on constate que W = E1 − E2 . L’énergie W
représente bien l’écart d’énergie entre les états liquide et gazeux, soit celle qu’une
σvℓ
molécule doit acquérir pour passer du liquide au gaz. Le facteur s’identifie de
δvg
même avec la densité du liquide. En effet, par équipartition à l’équilibre thermique,
vℓ ≈ vg . De plus, δ/σ représente le volume occupé par une molécule dans le liquide.
La densité particulaire est donc l’inverse de ce volume.
208

Synthèse Système liquide-gaz


Chapitre 8. Physique statistique

Un système liquide-gaz à l’équilibre peut être modélisé par un système à deux


états. Grâce au modèle microscopique, on a exhibé le fait que la différence d’éner-
gie W entre ces deux états représente l’énergie nécessaire pour qu’une molécule
échappe à l’attraction du liquide. On l’appelle énergie d’extraction. Pour l’expri-
mer, il faudrait étudier en détail les interactions entre molécules d’un liquide.

Remarque Cet exercice traite un modèle simplifié, qui ne peut pas expliquer la
transition de phase liquide-vapeur.

8.5. Équilibre de rayonnement ★★


On considère un corps solide en équilibre thermique à la température T , et décrit
comme un système à deux niveaux obéissant à la statistique de Boltzmann. Les
atomes qui composent ce corps occupent ces deux niveaux d’énergie E1 < E2 avec
des densités particulaires notées respectivement n1 et n2 . On suppose que le solide
absorbe et émet en permanence des photons de fréquence ν, échangeant ainsi de
l’énergie avec le rayonnement extérieur, qui possède une énergie par unité de volume
et de fréquence notée f (ν, T ).
1. Quelle est la fréquence ν des photons susceptibles d’être émis ou absorbés par
la transition des atomes entre les deux états 1 et 2 ?
n1
2. Que peut-on dire de n1 + n2 ? Donner l’expression du rapport à l’équilibre
n2
en fonction de ν, T et des constantes physiques adéquates.
3. En 1917, Einstein propose que les processus d’échanges de population entre les
deux niveaux d’énergie sont décrits par l’équation différentielle
dn2
= −A(ν)n2 + [B(ν)n1 − C(ν)n2 ] f (ν, T ) .
dt
Les grandeurs A, B et C, appelées coefficients d’Einstein, sont toutes positives et
ne dépendent que de la fréquence ν. Indiquer la dimension de ces trois coefficients
et leur signification.
4. Que devient cette relation à l’équilibre ? En déduire une expression de f (ν, T ) à
l’équilibre en fonction des coefficients d’Einstein, de ν et de T .
5. La fonction f (ν, T ) a été explicitée par Planck dix-sept ans plus tôt, selon la
formule
< + , =−1
8πhν 3 hν
f (ν, T ) = exp − 1 ,
c3 kB T
ce qui permettait d’expliquer parfaitement les mesures expérimentales sur le
rayonnement du corps noir. Déterminer les rapports C(ν)/B(ν) et A(ν)/B(ν).
Commenter.
209

! Corrigé
1. Par quantification des échanges d’énergie, la fréquence ν des photons suscep-

Exercice 8.5. Équilibre de rayonnement


tibles d’être absorbés par un atome passant de l’énergie E1 à l’énergie E2 > E1 est
ν = (E2 − E1 )/h , où h est la constante de Planck. Lors de la transition inverse
(passage de E2 > E1 à E1 ), les photons sont émis à la même fréquence.
2. Les atomes étant soit dans l’état 1, soit dans l’état 2, les densités d’état sont telles
que n1 + n2 = ntot , où ntot est la densité totale en atomes.
Par ailleurs, le nombre d’atomes dans chaque état est donné, à l’équilibre thermique,
par la loi de Boltzmann.

Méthode Loi de Boltzmann

Dans un système à deux niveaux d’énergie E1 et E2 , obéissant à la loi de Boltz-


mann, les populations sont données par
+ , + ,
E1 E2
n1 = n0 exp − et n2 = n0 exp − ,
kB T kB T
où n0 est une constante dite de normalisation. On peut calculer n0 en traduisant
que n1 + n2 = ntot , ce qui donne
n
n0 = + , tot + ,.
E1 E2
exp − + exp −
kB T kB T
n1
On peut aussi se débarrasser de la constante n0 en effectuant le rapport n2 à
l’équilibre.

+ , + ,
n1 E2 − E1 hν
= exp = exp (8.5.1)
n2 kB T kB T

3. Par construction, A(ν) s’exprime en Hz ou s−1 . Les quantités B(ν)f (ν,T ) et


C(ν)f (ν,T ) sont homogènes à des fréquences. Or, f (ν,T ) est une énergie volumique
par unité de fréquence, qui s’exprime donc en J · m−3 · Hz−1 ou encore en J · m−3 · s.
On en déduit que l’unité SI de B et de C est le J−1 · m3 · s−2 .
! Le coefficient A(ν) représente un taux de décroissance (signe « moins ») de n2 .
C’est donc un taux d’émission de photons. Plus A(ν)n2 est grand, plus n2 a tendance à
décroître vite. Comme ce terme ne dépend pas de f (ν,T ), l’émission de photons décrite
par A ne se fait pas sous l’influence du rayonnement ambiant (émission spontanée).
Le coefficient A est appelé taux d’émission spontanée.
! Le coefficient C(ν) est aussi un taux d’émission, mais la décroissance de n2
via ce terme est proportionnelle à f (ν,T ), donc à l’intensité du rayonnement ambiant.
L’émission d’un photon (désexcitation d’un atome) sous l’influence du rayonnement
ambiant est appelée émission stimulée. Le coefficient B est appelé taux d’émission
stimulée.
! Le coefficient B(ν) est un taux d’absorption, car il est précédé d’un signe « plus ».
Ce terme permet à l’état 2 de se repeupler à partir d’atomes initialement dans l’état 1.
Comme il fait intervenir le rayonnement ambiant via f (ν,T ), on parle d’absorption
stimulée. Le coefficient B est le taux d’absorption stimulée.
210

dn2
4. À l’équilibre, les densités ne dépendent plus du temps, = 0. On en déduit une
dt
Chapitre 8. Physique statistique

relation supplémentaire entre n1 et n2 ,


n2 B(ν)f (ν,T )
= . (8.5.2)
n1 A(ν) + C(ν)f (ν,T )
Ainsi, en combinant les équations (8.5.1) et (8.5.2), on isole l’expression de f (ν,T ),
A(ν) 1
f (ν,T ) = + , .
B(ν) hν C(ν)
exp −
kB T B(ν)

5. Par identification avec la loi de Planck, on obtient


A(ν) 8πhν 3 C(ν)
= et =1.
B(ν) c3 B(ν)
! L’absorption et l’émission stimulées sont des phénomènes symétriques, car
C(ν) = B(ν).
! L’émission spontanée est beaucoup moins efficace que l’émission stimulée à basse
fréquence. Pour les hautes énergies, c’est l’émission stimulée qui est prépondérante
dans les échanges de photons entre la matière et le champ électromagnétique extérieur.
L’acronyme LASER signifie Light Amplification by Stimulated Emission of Radiation.
C’est en effet l’émission stimulée qui permet l’amplification. Un atome excité dans
l’état E2 se désexcite au passage d’un photon d’énergie hν = E2 − E1 . L’atome descend
alors à l’état d’énergie E1 en libérant un photon d’énergie hν. Il y a donc deux photons
d’énergie hν qui quittent l’atome pour un seul photon incident, ce qui est responsable
de l’amplification.

8.6. Expérience de Kappler (1931) ★


En 1931, Kappler effectue une mesure très précise de la constante de Boltzmann kB
en étudiant la rotation aléatoire d’un petit miroir suspendu, sous l’effet des chocs
des particules de gaz sur celui-ci.

fil de torsion

Fig. 8.6.1. Principe de l’expérience de


rayon lumineux Kappler.

θ(t) miroir

vers plaque
photo défilante

Le miroir, assez petit, est suspendu par un fil de torsion en quartz, d’un diamètre
d’environ 1 µm, et dont la constante de torsion a été étalonnée à
C = 9,43 · 10−16 N · m · rad−1 à 0,2 % près.
L’ensemble possède un moment d’inertie autour de l’axe du fil J = 1 · 10−14 kg · m2 .
211

Le tout est placé dans une enceinte à la température T = 14,0 ◦C et sous pression
atmosphérique. Le mouvement du miroir est enregistré grâce à un système optique

Exercice 8.6. Expérience de Kappler (1931)


et un film photographique, et permet d’accéder à l’évolution temporelle précise de
l’angle θ(t) (voir figure 8.6.1). On suppose que la position θ = 0 correspond à la
position d’équilibre du miroir.
1. Exprimer l’énergie mécanique de ce pendule. Est-elle conservée ?
2. À l’équilibre thermique, quelle sontSles relations entre les fluctuations angulaires
+ ,2 T
P Q dθ
θ(t)2 et la température T , et entre et T ?
dt
3. Après 101 heures de mesures en continu, Kappler a obtenu
P Q
θ(t)2 exp = 4,18 · 10−6 rad2 à 0,4 % près.
En déduire une valeur expérimentale de la constante de Boltzmann et com-
menter la précision du résultat, sachant que la valeur mesurée aujourd’hui est
kB = 1,38065 · 10−23 J · K−1 .
4. Que se passe-t-il si on baisse la pression dans l’enceinte ? Les résultats de l’ex-
périence en fonction de la pression P sont rapportés sur la figure 8.6.2, pour
P = 1,0 atm et P = 1,3 · 10−7 atm.

P = 1,0 atm

θ
P = 1,3 · 10−7 atm

0 t 30 min
Fig. 8.6.2. Reproduction des résultats de l’expérience de Kappler. Représentation
de l’angle θ de rotation du miroir en fonction du temps. Deux courbes pour deux pressions
sont superposées à des angles arbitraires. Les variations de l’angle sont de l’ordre de 0,1°.

Remarque Les résultats sont tirés de l’article : Eugen Kappler, Versuche zur
Messung der Avogadro-Loschmidtschen Zahl aus der Brownschen Bewegung einer
Drehwaage, Annalen der Physik 11, p. 233, 1931.

! Corrigé

1. Le pendule de torsion, composé du miroir et du fil de torsion, possède un mou-



vement de rotation à la vitesse angulaire ω = autour de l’axe fixe du fil. Pour
dt
ce mouvement de rotation autour d’un axe fixe, le miroir possède l’énergie cinétique
1
Ec = Jω 2 .
2
Le miroir est soumis à son poids, de moment nul, et à l’action du fil de torsion, qui
exerce le couple de rappel Γ = −Cθ(t). Pour déterminer l’énergie potentielle associée
à ce couple, on fait intervenir transitoirement un opérateur extérieur et on réalise un
bilan d’énergie. Pour faire tourner le miroir de dθ, l’opérateur doit exercer un couple
−Γ, opposé au couple du fil sur le miroir. Il fournit donc le travail δWop = −Γ dθ au
212

système. Ce travail se met sous la forme différentielle,


+ ,
Chapitre 8. Physique statistique

1 2 1
δWop = d Cθ = dEp , avec Ep = Cθ(t)2
2 2
en prenant la constante d’intégration nulle lorsque θ(t) = 0, c’est-à-dire à l’équilibre.
Finalement, l’énergie mécanique du pendule s’écrit
+ ,2
1 dθ 1
Em = Ec + Ep ⇒ Em = J + Cθ(t)2 .
2 dt 2
Elle est conservée au cours du temps.
2. Deux grandeurs interviennent explicitement dans l’expression de l’énergie du sys-

tème, θ et . D’après le théorème d’équipartition, chacun des termes intervenant
dt
1
dans l’énergie a pour valeur moyenne kB T , donc
2
S+ , T
2
P 2
Q kB T dθ kB T
θ(t) = et = .
C dt J

3. D’après
P les
Q valeurs expérimentales de C, T et de la fluctuation quadratique de
l’angle θ(t)2 exp due à son mouvement aléatoire autour de θ = 0 (appelé mouvement
« brownien »), on trouve
P Q
C θ(t)2 exp
kB exp = = 1,372 · 10−23 J · K−1 .
T
P Q
δC δ θ(t)2
La mesure de C est connue à = 0,2 %, et celle des fluctuations à = 0,4 %.
C ⟨θ(t)2 ⟩
Par propagation des incertitudes relatives dans le cas d’un produit, on en déduit que
l’incertitude relative sur la mesure de kB est
U # P Q $2
V+
δkBexp V δC ,2 δ θ2
= W + = 0,5 % ,
kB exp C ⟨θ2 ⟩

soit kB exp = (1,372 ± 0,006)10−23 J · K−1 . Cette mesure est à 0,6 % de la valeur at-
tendue, ce qui est assez remarquable, car il y a moins de deux écarts types, ce qui
valide l’expérience. La prouesse de cette mesure consiste, d’une part, à mesurer la
constante C de ce très fin fil de quartz à cette précision, et, d’autre part, à réaliser un
montage optique d’une grande précision pour former un pinceau de lumière (les lasers
n’existaient pas à l’époque) et enregistrer sur une plaque photographique déroulante
ce pinceau réfléchi sur le miroir.
4. Si on baisse la pression dans l’enceinte, la température du gaz baisse, ce qui diminue
les fluctuations. Toutefois, on remarque sur les données de Kappler que le signal
enregistré perd son caractère aléatoire. En effet, l’équilibre thermique est plus long à
atteindre, et on voit apparaître des fluctuations dues aux vibrations mécaniques du
dispositif, qui se transmettent le long du fil de torsion. Cela montre notamment que
ces vibrations possèdent une fréquence caractéristique, visible très clairement sur les
enregistrements.
213

8.7. Loi de Dulong et Petit ★


On considère un solide homogène et isotrope à la température T . Ses atomes sont

Exercice 8.7. Loi de Dulong et Petit


disposés, à l’équilibre, sur un réseau tridimensionnel. Chaque atome de masse m
peut effectuer des petits déplacements δ #–r autour de sa position d’équilibre #–
r 0 . Les
interactions entre chaque atome et le reste du cristal sont décrites par un potentiel
d’interaction U (δ #–
r ) harmonique de constante de raideur k.
1. En s’appuyant sur un raisonnement unidimensionnel, expliquer pourquoi la
connaissance du détail du potentiel d’interaction U (δ #–r ) importe peu si le dépla-
cement de chaque atome est suffisamment petit. Comment peut-on alors modéliser
l’expression de ce potentiel U (δ #–
r ) pour un atome à la position
δ r = δx #–
#– u + δy #–
x u + δz #–
y u ? z

2. Quelle est l’énergie mécanique E d’un atome ?


3. À l’équilibre thermique, que dire de l’énergie moyenne ⟨E⟩ ?
4. Exprimer la capacité thermique molaire à volume constant cV de ce solide en
fonction des paramètres nécessaires.
5. En 1819, les chimistes Dulong et Petit constatèrent expérimentalement cette
loi de capacité thermique. Quelques résultats plus récents concernant certains cris-
taux sont rappelés dans le tableau 8.7.1. Commenter la validité de cette loi. Quels
phénomènes pourraient expliquer les divergences éventuelles ?

Cristal Al Cu Fe Sn FeO Si Diamant


−1
cV (J · mol · K−1 ) 23,4 23,8 24,7 25,4 50,6 19,8 6,1

Tableau 8.7.1. Quelques capacités thermiques molaires à 300 K.

! Corrigé

1. On suppose qu’un atome se déplace le long de l’axe x en étant soumis au po-


tentiel U (x) de la part du reste du solide, et notamment des atomes voisins. Cet
atome possède par hypothèse une position d’équilibre x0 , qui résulte de l’équilibre
des forces dérivant de U . Cet équilibre est donc caractérisé par un minimum du po-
tentiel U0 en x0 . Au voisinage de cette position d’équilibre, l’atome possède la position
x = x0 +δx, où δx ≪ x0 . À cette position, le potentiel est donné par le développement
limité suivant au deuxième ordre,
dU (δx)2 d2 U
U (x0 + δx) = U0 + δx + .
dx 2 dx2
Or, la dérivée du potentiel en x0 est nulle par hypothèse, car U est minimal. Il reste
d2 U
donc un potentiel, en notant la grandeur k = homogène à la raideur d’un ressort,
dx2
qui se met sous la forme
1
U (x0 + δx) = U0 + k(δx)2 .
2
On reconnaît un potentiel harmonique, qui décrit le mouvement d’un oscillateur har-
monique unidimensionnel. Le raisonnement se généralise à trois dimensions. On note
214

δ #–
r = δx #–
u x + δy #– u z , de sorte que le potentiel se met sous la forme
u y + δz #–
Chapitre 8. Physique statistique

1 1 1
U ( #– r ) = U0 + kx (δx)2 + ky (δy)2 + kz (δz)2 .
r 0 + δ #–
2 2 2
Enfin, le solide est isotrope. On peut donc supposer que le potentiel perçu dans les
directions x, y et z est identique, autrement dit que kx = ky = kz = k. Finalement,
le potentiel d’un oscillateur harmonique tridimensionnel s’écrit
1 5 6
U ( #– r ) = U0 + k (δx)2 + (δy)2 + (δz)2 .
r 0 + δ #–
2

2. Un atome de masse m possède l’énergie cinétique Ec = 12 m ( #– v )2 . En notant la


vitesse v = vx u x + vy u y + vz u z , son énergie mécanique totale est, à une constante
#– #– #– #–
additive près,
1 ! 2 " 1 5 6
E= m vx + vy2 + vz2 + k (δx)2 + (δy)2 + (δz)2 .
2 2

3. D’après le théorème d’équipartition, chaque terme qui apparaît dans l’énergie d’un
atome a pour valeur moyenne 12 kB T à l’équilibre thermique, donc
1 P 2 Q 1 P 2Q 1 P 2Q 1 P 2 Q 1 P 2 Q 1 P 2 Q 1
m vx = m vy = m vz = k (δx ) = k (δy ) = k (δz ) = kB T .
2 2 2 2 2 2 2
On en déduit la valeur moyenne de l’énergie de cet atome, ⟨E⟩ = 3kB T .

Rappel Théorème d’équipartition de l’énergie

À l’équilibre thermodynamique, l’énergie totale d’un système est en moyenne


répartie à parts égales entre ses différentes composantes. On montre que chacune
de ces parts a pour valeur moyenne 12 kB T , où kB est la constante de Boltzmann
et T la température du système.
Par exemple, pour un atome de masse m dont l’énergie mécanique totale s’écrit
1 P Q 1 P Q 1
E = 21 mvx2 + 21 kx2 (mouvement unidimensionnel), m vx2 = k x2 = kB T .
2 2 2

4. Par définition, la capacité thermique molaire à volume constant est, pour un


système homogène,
+ ,
1 ∂U
cV = ,
n ∂T V
où n est le nombre de moles du système, et U son énergie interne. Ici, l’énergie interne
du système est la somme des énergies de chacun des composants. Pour N = nNa
atomes, où Na est la constante d’Avogadro, U = N ⟨E⟩. C’est bien la valeur moyenne
de l’énergie des atomes qu’il faut utiliser, car on somme les contributions sur un
grand nombre de particules. Autrement dit, l’énergie moyenne d’un atome correspond
à l’énergie interne totale disponible par atome du système. Finalement, la capacité
215

thermique est
+ ,

Exercice 8.7. Loi de Dulong et Petit


∂ ⟨E⟩
cV = Na = 3Na kB donc cV = 3R ,
∂T V
où R = kB Na est la constante des gaz parfaits, ce qui constitue la loi de Dulong et
Petit.
5. Pour étudier la validité de la loi de Dulong et Petit sur les exemples du tableau 8.7.2,
on peut calculer le rapport cV /3R, avec 3R = 24,92 J · mol−1 · K−1 . Ce rapport doit
être proche de 1 si la loi est effectivement suivie. Les résultats sont donnés dans le
tableau 8.7.2. On constate que la loi de Dulong et Petit est très bien suivie à 300 K
pour les cristaux d’aluminium, de cuivre, de fer ou encore d’étain.
Pour le cristal d’oxyde ferreux FeO, le facteur proche de 2 provient de la mesure
molaire de la capacité calorifique. En effet, pour une mole de FeO, il y a une mole
d’atomes de fer et une mole d’atomes d’oxygène. Cela double le nombre de termes dans
l’énergie et la capacité thermique molaire attendue est 6R. On peut donc considérer
aussi que ce cristal suit la loi de Dulong et Petit.
Cela confirme que, pour ces métaux et à cette température, l’énergie mécanique pos-
sède deux types de degrés de liberté, d’origine cinétique et potentielle : chaque atome
se déplace autour d’un point d’équilibre dans les trois directions de l’espace.
Pour la silice et encore moins le diamant, ce modèle ne semble plus valable. On pourrait
interpréter ces valeurs en disant que les atomes dans ces cristaux ne possèdent pas
autant de degrés de liberté. Toutefois, c’est tout le modèle qui est à revoir dans ces
deux cas particuliers. On peut en effet montrer que ces cristaux doivent être décrits par
une méthode quantique. La température n’est pas suffisante pour que la quantification
des états d’énergie, et donc l’écart entre deux états successifs, soit négligeable.

Cristal Al Cu Fe Sn FeO Si Diamant


cV /3R 0,938 0,954 0,990 1,02 2,03 0,794 0,24

Tableau 8.7.2. Écart des capacités thermiques molaires par rapport à la loi de
Dulong et Petit à 300 K.
Chapitre 9
O PTIQUE

9.1. Détermination d’une différence de chemin optique


Calculer, dans le cas de la figure 9.1.1, la différence de chemin optique (aussi appelée
différence de marche) entre le point A, situé dans le plan focal objet de la lentille,
et les intersections P et M des deux rayons avec un plan perpendiculaire à l’axe
optique. On introduira les données utiles et notamment a, distance entre P et M .
Le résultat reste-t-il valable si l’on considère maintenant le symétrique de A par
rapport à l’axe optique ?

P
A
Fig. 9.1.1. Schéma optique.
F
M
f

! Corrigé´
L’intégrale nds permettant de calculer le chemin optique n’est pas exploitable ici
car l’épaisseur de verre traversée n’est pas connue (une erreur classique consiste à
la supposer nulle car, sur le schéma, la représentation symbolique de la lentille lui
attribue une épaisseur nulle. . . il n’en est rien évidemment !). En revanche, quand
on utilise le théorème de Malus, après la lentille les surfaces d’ondes sont des plans
perpendiculaires aux rayons (les rayons sont parallèles en sortie de la lentille car
l’objet A est dans le plan focal de la lentille). La surface d’onde passant par P est
représentée sur la figure 9.1.2 ; l’intersection de ce plan avec le rayon passant par M est
notée H. D’après le théorème de Malus, (AP ) = (AH). Finalement, la différence de
chemin optique (AM )−(AP ) = (AH)+(HM )−(AP ) se résume à (HM ), c’est-à-dire
la distance HM puisque l’indice de l’air est 1.
X

Fig. 9.1.2. En traçant la perpendicu-


P laire passant par P aux rayons issus de
A
la lentille, on montre que
F α
α (AP ) = (AH).

H M
f

Pour exprimer HM , on introduit par exemple l’angle α que font les rayons avec
l’axe optique en sortie de la lentille ; cet angle se retrouve en P dans le triangle
rectangle HP M . Sur la figure, avec une convention trigonométrique d’orientation des
218

angles, cet angle α est négatif ; ainsi, en notant a la distance P M ,


Chapitre 9. Optique

sin α = −HM/P M = −HM/a .


Finalement, (AM )−(AP ) = −a sin α. En supposant l’angle α petit, et en notant XA
l’abscisse du point A sur l’axe X de la figure, α ≃ tan α = −XA /f , ce qui permet
encore d’écrire (AM ) − (AP ) = aXA /f.
La situation correspondant à la dernière question est présentée sur la figure 9.1.3. Si
vous tracez vous-même la figure, vous serez tenté de considérer le point H ′′ , projeté
orthogonal de M sur le rayon passant par P (en gris sur la figure). On montre alors que
(AM ) − (AP ) = −a sin α désormais négatif car α est positif. L’autre possibilité est de
conserver le projeté orthogonal H de P sur le prolongement du rayon passant par M
(en noir sur la figure, le prolongement du rayon est en gris). Le calcul de la question
précédente, algébrique, reste alors valable. Finalement, le calcul étant algébrique, le
résultat est inchangé quelle que soit la position de A dans le plan focal objet. Ce
résultat peut sembler évident, mais ces certitudes permettront d’avancer sereinement.
X
f
H ′′ P

α
α
F α
A
H
M

Fig. 9.1.3. Deux possibilités : conserver H en prolongeant le rayon passant par M


(les calculs algébriques sont alors inchangés) ou introduire H ′′ , projeté de M .

9.2. Théorème de Malus et principe de retour inverse


Calculer, dans le cas de la figure 9.2.1, la différence de chemin optique entre le
point B, situé dans le plan focal image de la lentille, et les intersections P et M
des deux rayons avec un plan perpendiculaire à l’axe optique. On introduira les
données utiles et notamment a, distance entre P et M .

P
B
Fig. 9.2.1. Schéma optique.
F′
M
f′

! Corrigé
Comme pour l’exercice 9.1 page 217, on considère le plan perpendiculaire aux rayons
incident et passant par P ; le point d’intersection de ce plan avec le rayon passant
par M est noté H ′ (voir figure 9.2.2).
219

Attention Surface d’onde

Exercice 9.2. Théorème de Malus et principe de retour inverse


Ce plan n’est pas une surface d’onde. Les rayons passant par P et M ne sont pas
nécessairement issus d’une même source (rien dans l’énoncé ne le laisse supposer).

On souhaite pouvoir écrire, comme précédemment, (P B) = (H ′ B). Pour cela, on


utilise le principe de retour inverse de la lumière et on suppose qu’il existe une source
de lumière en B (on étudie désormais la propagation de la lumière de la droite vers la
gauche, contrairement aux conventions habituelles). Puisque B est dans le plan focal
de la lentille, à sa sortie les rayons sont parallèles et le plan passant par P et H ′ ,
orthogonal à ces rayons, est une surface d’onde. Cela permet de conclure à l’égalité
des chemins optiques recherchée, (BP ) = (BH ′ ) ou inversement (P B) = (H ′ B).
X

P
B

β F′
β

M H′ f′

Fig. 9.2.2. En traçant la perpendiculaire passant par P aux rayons allant vers la
lentille, on montre que (P B) = (H ′ B).

La suite du corrigé est identique à celui de l’exercice 9.1 page 217 (avec ici β > 0 sur
la figure), et ainsi (M B) − (P B) = (M H ′ ) = a sin β ≃ aXB /f ′ en supposant l’angle
β petit.
Comme dans l’exercice 9.1, le résultat obtenu est algébrique, il reste valable si le
point B est en dessous de l’axe.

Méthode Différence de marche et lentilles

Calculer un chemin optique pour un rayon traversant une lentille est une entre-
prise délicate (et hors programme) car on ne connaît pas directement l’épaisseur
de verre traversée. Puisque en pratique seule une différence de chemin optique est
nécessaire, il faut utiliser le théorème de Malus pour faire apparaître des chemins
optiques égaux.
220

9.3. Formule de Fresnel et contraste


On considère deux sources ponctuelles monochromatiques S1 et S2 cohérentes. Au
Chapitre 9. Optique

point d’observation M repéré par #– r , l’amplitude de l’onde issue de la source i est


s0,i et le retard de phase à l’origine des temps est ϕi ( #–
r ) avec i = 1 ou i = 2. Ainsi,
s (M,t) = s cos (ωt − ϕ ( r )) .
i 0,i i
#–

1. Déterminer l’éclairement (ou intensité lumineuse) E(M ) = 2⟨s2 (M,t)⟩ au


point M en fonction de ∆ϕ( #– r ) et Ei = s0,i 2 . Que représente
r ) − ϕ1 ( #–
r ) = ϕ2 ( #–
cette dernière quantité ?
2. Définir et déterminer le contraste. Tracer le contraste en fonction du rap-
port E1 /E2 limité à l’intervalle [0,1] (E1 et E2 jouant des rôles symétriques, l’étude
est exhaustive en se limitant à cet intervalle).

! Corrigé

Rappel Définition de l’éclairement – Interférences

L’éclairement (intensité lumineuse) est la puissance reçue par unité de surface et


moyennée en temps. Elle est donc liée à la norme du vecteur de Poynting.
S’intéresser au phénomène d’interférences revient à étudier les variations d’éclai-
rement en fonction de la position sur l’écran. Ainsi, seuls les éclairements relatifs
(et non absolus) sont importants. Cela permet d’éliminer les préfacteurs et de ne
garder, par exemple, qu’une composante du champ électrique (l’amplitude s(M,t)
de l’énoncé). Le facteur 2 dans la définition de l’éclairement de l’énoncé n’est donc
nullement obligatoire. Il permet d’en simplifier l’écriture en notation complexe
puisque 2⟨s2 ⟩ = s s∗ .

1. Les ondes sont cohérentes. Il faut donc sommer les amplitudes,


! " ! "
s(M,t) = s1 (M,t) + s2 (M,t) = s0,1 cos ωt − ϕ1 ( #–
r ) + s0,2 cos ωt − ϕ2 ( #–
r) .
En conservant la notation réelle (voir ci-après pour le calcul en notation complexe),
l’éclairement E(M ) est
J ! " ! "
E(M ) = 2 s0,1 2 cos2 ωt − ϕ1 ( #–
r ) + s0,2 2 cos2 ωt − ϕ2 ( #–
r)
! " ! "K
+ 2s0,1 s0,2 cos ωt − ϕ1 ( #–
r ) cos ωt − ϕ2 ( #–
r) .

La valeur moyenne du carré d’un cosinus sur une période égale à 1/2, le produit des
cosinus est transformé à l’aide des formules de trigonométrie, ainsi
J 5 ! " ! "6K
E(M ) = s0,1 2 +s0,2 2 +2 s0,1 s0,2 cos 2ωt−ϕ1 ( #–
r )−ϕ2 ( #–
r ) +cos ∆ϕ( #–
r) (9.3.1)

en notant ∆ϕ( #– r ). Après calcul de la valeur moyenne, il reste


r ) − ϕ1 ( #–
r ) = ϕ2 ( #–
! "
E(M ) = s0,1 2 + s0,2 2 + 2s0,1 s0,2 cos ∆ϕ( #–
r) .
Si seule la source S1 était présente, c’est-à-dire si s0,2 = 0, alors E(M ) = s0,1 2 . La
quantité E1 proposée par l’énoncé est donc l’éclairement monovoie dû à la source S1
(la référence à une « voie » plutôt qu’à une source vient du fait qu’en pratique on
221

utilise une source primaire pour obtenir les deux sources « secondaires » S1 et S2 ).
De même, E2 = s0,2 2 est l’éclairement monovoie au point M dû à la source S2 . Avec

Exercice 9.3. Formule de Fresnel et contraste


ces notations, on obtient alors
4
E(M ) = E1 + E2 + 2 E1 E2 cos (∆ϕ(M )) (formule de Fresnel) . (9.3.2)

Méthode Calcul de l’éclairement (ou intensité lumineuse)

Le calcul est un peu plus rapide en notation complexe. Les amplitudes instanta-
nées complexes des deux ondes peuvent s’écrire (avec i = 1 ou 2)
si (M,t) = s0,i exp [j (ωt − ϕi )] .
L’amplitude instantanée résultante est
s(M,t) = s1 (M,t) + s2 (M,t) = exp (jωt) × [s0,1 exp (−jϕ1 ) + s0,2 exp (−jϕ2 )] .
L’éclairement est alors
4
E(M ) = s × s∗ = E1 + E2 + E1 E2 {exp [j (ϕ1 − ϕ2 )] + exp [j (ϕ2 − ϕ1 )]} .
Le terme entre accolades est la somme de deux complexes conjugués et donc
égal à deux fois la partie réelle, ce qui permet de retrouver le cosinus de l’équa-
tion (9.3.2).

2. Le contraste, ou visibilité, C est défini par


Emax − Emin
C= .
Emax + Emin
Par construction, le contraste prend des valeurs comprises entre 0 et 1.
D’après la formule de Fresnel (9.3.2),
4 4
Emax = E1 + E2 + 2 E1 E2 et Emin = E1 + E2 − 2 E1 E2

2 E1 E2
et ainsi le contraste a pour expression C = . Il est représenté figure 9.3.1.
E1 + E2
Deux cas limites peuvent être discutés :
! si E1 = E2 = E0 , alors C = 1 et l’éclairement minimal est nul, Emin = 0 (ainsi, de
la superposition de lumière naît l’obscurité. . .). L’éclairement maximal Emax , quant à
lui, est égal à 4E0 ;
! si E1 ≪ E2 (ou de manière parfaitement symétrique si E2 ≪ E1 ), alors Emax ≃ Emin
et le contraste tend vers zéro. Le phénomène d’interférences ne peut être observé.
C
1

0 1 E1 /E2
Fig. 9.3.1. Contraste en fonction du rapport des éclairements monovoies.
222

Plus le contraste est grand, plus le phénomène d’interférences sera visible (toutes
choses égales par ailleurs), mais un contraste de l’ordre de 0,1 reste encore décelable
Chapitre 9. Optique

par l’œil.

9.4. Interfrange
Quelle doit être la distance maximale entre deux sources ponctuelles cohérentes
pour que l’interfrange soit d’au moins 1 mm sur un écran placé à une distance
D = 2 m des sources (l’écran est orthogonal au plan médiateur des deux sources) ?
Prendre λ = 0,5 µm pour l’application numérique. Commenter.

! Corrigé
La situation est représentée sur la figure 9.4.1, où un repère orthonormé direct a été
ajouté. L’observation se fait en un point M de l’écran. Afin de déterminer le déphasage
au point M entre les ondes issues de S1 et S2 , il faut calculer la différence de marche δ
(ou différence de chemin optique), soit, en notant n l’indice du milieu de propagation
(on prendra n = 1 pour l’air dans l’application numérique),
δ = (S2 M ) − (S1 M ) = nS2 M − nS1 M .
x
M (x,y,0)
Fig. 9.4.1. Obtention de franges
S1 rectilignes sur un écran ; calcul de la
différence de marche entre les
a
sources et le point d’observation.
y z Les sources sont dans le plan xOz, le
point M est dans le plan xOy.
S2
D
écran

On note a la distance entre les deux sources ; les coordonnées des sources sont
S1 (−D,0, + a/2) et S2 (−D,0, − a/2).
Les coordonnées du point d’observation sont M (x,y,0). On rappelle le calcul classique
de la différence S2 M −S1 M . Sa démonstration ne présentant pas d’intérêt (physique),
le résultat peut le plus souvent être admis,
1% 1
a &2 %x a &2 % y &2
S1 M = x− + y 2 + D2 = D 1 + − + . (9.4.1)
2 D 2D D
Les conditions expérimentales sont telles que, d’une part, l’observation se fait à grande
distance, c’est-à-dire que la distance a entre les deux sources est très inférieure à la
distance D entre les sources et l’écran, soit a ≪ D, et d’autre part l’observation se
fait au voisinage du point O, ce que l’on traduit par |x| ≪ D et |y| ≪ D. Compte tenu
de ces hypothèses, on peut effectuer un développement limité de l’équation (9.4.1) à
l’ordre 2,
< =
1%x a &2 1 % y &2
S1 M ≃ D 1 + − +
2 D 2D 2 D
<% & =
D x 2 % y &2 % a &2 ax
=D+ + + − .
2 D D 2D 2D
223

De même, en changeant a en −a pour la distance S2 M ,


< =

Exercice 9.4. Interfrange


D % x &2 % y &2 % a &2 ax
S2 M ≃ D + + + + .
2 D D 2D 2D
En notant n l’indice du milieu de propagation, la différence de chemin optique δ est
ax
δ = (S2 M ) − (S1 M ) = n . (9.4.2)
D
On note λ0 la longueur d’onde dans le vide et λ = λ0 /n celle dans le milieu d’indice n.
Alors le déphasage ∆ϕ entre les deux ondes se calcule à partir de la différence de
chemin optique (9.4.2) par
2π n ax ax
∆ϕ = δ + cte = 2π + cte = 2π + cte, (9.4.3)
λ0 λ0 D λD
où la constante introduite rend compte de l’éventuel déphasage entre les ondes
issues des sources S1 et S2 . Cette constante s’identifie au déphasage ∆ϕ à l’origine sur
l’écran. Un changement d’origine permet de prendre par la suite cette constante nulle.
1 ax
L’ordre d’interférence p = 2π ∆ϕ est alors au point M (x,y) p(x,y) = λD . L’expres-
sion de p(x,y) ne dépend que de x, les courbes d’iso-éclairement sont ainsi des droites
parallèles à l’axe des y. Les franges d’éclairement maximal, appelées franges brillantes,
sont celles pour lesquelles l’ordre d’interférence p est entier. La distance entre deux
franges brillantes consécutives est appelée interfrange. L’interfrange i se déduit donc
λD
de p en écrivant qu’une variation de i de x fait varier p d’une unité, soit i = a .
On remarque que l’interfrange est d’autant plus grande que la distance a entre les
sources est faible. Ainsi, conformément à l’énoncé, on cherche bien une distance maxi-
male entre les sources pour garantir une valeur minimale de l’interfrange.

Méthode Différence de marche

La formule δ = n axD peut être utilisée sans démonstration (celle-ci ne présente


que peu d’intérêt) à condition de savoir adapter aux notations du problème les
quantités a, x et D.

E (x) i = λD/a
4 E0

0 i x

Fig. 9.4.2. Éclairement en fonction de la position sur l’écran ; interfrange. En bas,


les franges observées sur fond noir.
224

En utilisant la formule i = λD/a, on obtient a = λD/i, soit, avec les valeurs proposées,
a = 1 mm . Cette distance est très faible, les montages permettant d’observer un
Chapitre 9. Optique

phénomène d’interférences nécessitent donc un réglage minutieux.


En supposant les deux sources de même intensité, la formule de Fresnel conduit à un
éclairement (voir figure 9.4.2)
: % ax &;
E(M ) = 2E0 1 + cos 2π . (9.4.4)
λD

9.5. Mesure de l’indice d’un gaz ★


On considère le montage représenté sur la figure 9.5.1, constitué de deux trous de
Young S1 et S2 distants de a devant lesquels on a placé deux cuves identiques
transparentes pouvant contenir un gaz.
L x
cuve 1 S1
S
O z

f cuve 2 S2 D
ℓ écran

Fig. 9.5.1. Trous de Young précédés de cuves pouvant contenir des gaz. Ce
montage est utilisé afin d’en déterminer les indices.

Les cuves sont éclairées par une onde plane au moyen d’une source ponctuelle S
monochromatique placée au foyer objet d’une lentille convergente L ; l’observation
se fait sur un écran placé dans le plan z = 0 à une distance D des trous (D ≫ a). On
note ℓ la longueur des cuves parallèlement à la direction de l’onde plane incidente.
1. En notant respectivement n1 et n2 les indices de réfraction des gaz contenus dans
les cuves 1 et 2, déterminer la différence de chemin optique ∆L = (SS2 M )−(SS1 M )
en un point M (x,y,0) de l’écran. En déduire l’éclairement.
2. Préciser l’interfrange et la position de la frange d’ordre 0. Est-il possible de
repérer la position de cette frange en lumière monochromatique ?
3. Initialement, un vide très poussé avait été effectué dans la première cuve, la
seconde contenant de l’air (à la pression et à la température du laboratoire) de
telle sorte que n1 = 1 et n2 = nair . On fait rentrer lentement de l’air dans la
première cuve, qu’observe-t-on sur l’écran ?
4. Entre l’état initial et l’équilibre (n1 = nair ), on observe le défilement de
N franges ; en déduire l’indice de l’air. Discuter de la faisabilité de l’expérience
sachant que nair − 1 ≃ 3 · 10−4 .
! Corrigé
Cet exercice est très classique et constitue une application directe du cours. On note
nair l’indice de l’air.
1. Il faut décomposer ∆L en (SS2 )−(SS1 ) = n2 ℓ−n1 ℓ et (S2 M )−(S1 M ) = nair ax/D
(voir exercice 9.4 page 222 pour l’établissement de cette expression). Ainsi,
ax
∆L = (n2 − n1 )ℓ + nair .
D
225

L’éclairement est alors, d’après la formule de Fresnel,


R < =X

Exercice 9.6. Trous de Young et source en dehors de l’axe


2π % ax &
E(M ) = 2 E0 1 + cos (n2 − n1 )ℓ + nair .
λ0 D

2. Les franges sur l’écran sont rectilignes, l’interfrange est i = λD/a avec
λ = λ0 /nair . La frange d’ordre 0 est en
n1 − n2 D
x0 = ℓ . (9.5.1)
nair a
Il n’est pas possible de distinguer cette frange d’ordre 0 en lumière monochromatique.
On pourrait la repérer en lumière blanche à condition que les indices ne dépendent
pas de la longueur d’onde, ce qui n’est pas le cas et ne pourrait être négligé ici.

3. L’indice des gaz dans les cuves ne modifie pas l’interfrange ; en revanche, d’après
l’équation (9.5.1) donnant la position de la frange d’ordre 0, une variation d’indice
translate le système de franges. Dans le cas de l’expérience considérée, la cuve 1 est
initialement vide et se remplit progressivement d’air. L’indice n1 passe donc lentement
de n1 = 1 à n1 = nair > 1. Dans la cuve 2, n2 = nair en permanence. D’après
l’équation (9.5.1), les franges sont translatées vers le haut car n1 augmente. La position
de la frange d’ordre 0 passe de sa valeur initiale x = x0,ini à x = 0 ; à l’équilibre en
effet, la frange d’ordre 0 est en O par symétrie par rapport à l’axe (O, #– u z ).

4. Le nombre N de franges qui défilent est tel que N × i = |x0,ini |, soit

λD nair − 1 D λ0
N× = ℓ ⇒ nair − 1 = N .
a nair a ℓ
La longueur d’onde λ doit être dans le visible, donc λ0 ≃ λ ≃ 6 · 10−7 m ; le seul
paramètre sur lequel l’expérimentateur va pouvoir jouer est la longueur ℓ des cuves,
ℓ = N λ/(nair − 1). Plus celle-ci est grande, plus le nombre de franges qui défilent
est grand (ce qui améliore la précision de la mesure de l’indice). Par exemple, pour
observer le défilement d’une dizaine de franges, il faut une longueur
ℓ ≃ 10 × 6 · 10−7 /3 · 10−4 m = 2 cm.
L’expérience est donc tout à fait réalisable. On remarque de plus que la distance a
entre les trous, délicate à mesurer car faible si l’on veut pouvoir observer les franges
sur l’écran, n’intervient pas dans la détermination de l’indice.

9.6. Trous de Young et source en dehors de l’axe ★


Un dispositif de deux trous de Young est éclairé par une source primaire ponctuelle
monochromatique, située dans le plan (O,x,z) à une distance ℓ du plan médiateur
(O,y,z) des deux trous (voir figure 9.6.1).
Déterminer l’ordre d’interférence au point M de l’écran. En déduire l’évolution de
la figure d’interférence lorsque l’on fait varier ℓ.
226
x
Chapitre 9. Optique

S1 (0,0,a/2) M (x,y,D)

S

O z

S2 (0,0, − a/2)
d D

écran opaque écran d’observation


Fig. 9.6.1. Dispositif des trous de Young éclairés par une source en dehors de
l’axe.

! Corrigé
La source S a pour coordonnées (ℓ,0, − d). Dans le cas où la source primaire n’est
pas sur l’axe, les deux sources secondaires S1 et S2 n’ont pas de raison d’être en
phase. Il faut déterminer la différence de marche δ = (SS2 M ) − (SS1 M ), que l’on
peut décomposer en δ = [(SS2 ) − (SS1 )] + [(S2 M ) − (S1 M )]. Le calcul du deuxième
terme a été effectué à l’exercice 9.4 page 222. On obtient (S2 M ) − (S1 M ) = ax/D
en supposant l’indice de l’air égal à un. Le calcul de la différence S2 S − S1 S se
fait de même en remplaçant x par ℓ et D par d, soit (SS2 ) − (SS1 ) = aℓ/d (en
supposant ℓ ≪ d et a ≪ d). Finalement, on calcule l’ordre d’interférence p = δ/λ, soit
! "
p = λa dℓ + D
x
.
Pour faire varier l’ordre d’interférence d’une unité, il faut faire varier x d’une in-
terfrange i = λD/a (cette interfrange, obtenue à l’exercice 9.4, reste inchangée et
la figure d’interférence reste constituée de franges rectilignes). Cependant la frange
ℓ x0
d’ordre nul n’est plus sur l’axe mais en x0 tel que d + D = 0, soit x0 = − D
dℓ .
Cette relation évoque le théorème de Thalès (voir figure 9.6.2).
Faire varier ℓ conduit à translater la figure d’interférence sur l’écran (dans le sens
opposé au déplacement de la source et dans un rapport de longueur D/d).
x

O′
H O z

Mc

écran opaque écran


Fig. 9.6.2. Dans le plan Oxz, une droite joignant la source S et la frange centrale
passerait par le point O. Les triangles OHS et OO′ Mc sont homothétiques et le théorème
O′ Mc HS x0 ℓ
de Thalès s’écrit = ⇐⇒ =− .
OO′ OH D d
227

9.7. Observation de deux étoiles par interférométrie ★★


Cet exercice aborde le principe de la mesure de la distance angulaire entre deux

Exercice 9.7. Observation de deux étoiles par interférométrie


étoiles, effectuée grâce aux interférences produites par deux fentes placées devant
une lunette astronomique. Les deux étoiles Ea et Eb sont considérées ponctuelles
et à l’infini, séparées par une distance angulaire α (angle entre les lignes de visée
vers les deux étoiles), l’étoile Ea étant située dans la direction de l’axe optique de
la lunette.
Pour simplifier, on considère que le système interférentiel {lunette astronomique
+ fentes} est équivalent au montage classique des trous de Young : les deux trous
sont distants de a et l’observation des interférences se fait dans un plan situé à une
distance D des trous (D ≫ a). Un filtre rend les ondes incidentes monochromatiques
de même longueur d’onde λ.
1. On considère l’étoile Eb seule. Faire un schéma des deux rayons arrivant de
l’infini, passant par les deux trous et arrivant en un point M de l’écran distant
de |x| du plan médiateur des trous (|x| ≪ D). Calculer l’ordre d’interférence en M
en fonction de α notamment. Préciser l’interfrange et la position de la frange d’ordre
nul.
2. On considère maintenant les deux étoiles. Ces sources sont-elles cohérentes ?
Quelle en est la conséquence pour l’étude ? Préciser les valeurs de a qui assurent
un brouillage de la figure d’interférence (on suppose que les intensités lumineuses
des deux étoiles sont du même ordre de grandeur).
3. En pratique, a est limitée par le diamètre de l’objectif de la lunette. On suppose
a = 34 cm. Quelle est la plus petite distance angulaire que l’on peut mesurer avec
ce procédé ? Faire l’application numérique pour λ = 0,68 µm.

! Corrigé
1. En introduisant un repère orthonormé direct, le schéma demandé est représenté en
figure 9.7.1.
x

S1 (0,0,a/2) M (x,0,D)

S∞ H
α
O
z
α

S2 (0,0, − a/2)
D

écran opaque écran d’observation


Fig. 9.7.1. Fentes de Young éclairées sous incidence oblique en lumière parallèle.
La direction de l’étoile source est indiquée par S∞ , qui signifie « source située à l’infini ».

Il faut calculer la différence de marche δ = (SS2 M )−(SS1 M ). D’après le théorème de


Malus, les surfaces orthogonales aux rayons issus d’une étoile donnée sont des surfaces
équiphases. Ainsi, en appelant H le projeté orthogonal de S2 sur le rayon arrivant
en S1 (voir figure 9.7.1), H et S2 sont en phase, ce qui signifie que (SH) = (SS2 ). La
228

différence cherchée devient plus simplement


5 6 5 6
Chapitre 9. Optique

δ = (SS2 M ) − (SS1 M ) = (SS2 ) + (S2 M ) − (SH) + (HS1 ) + (S1 M )


= −(S1 H) + (S2 M ) − (S1 M ) .
D’après l’exercice 9.4 page 222, (S2 M ) − (S1 M ) = nax/D, où n est l’indice du milieu.
Il reste donc à estimer (S1 H).
L’angle α que fait la direction de propagation de l’onde incidente avec la normale au
plan opaque se retrouve entre la droite passant par S1 et S2 et celle passant par S2
et H (voir figure 9.7.1). La distance entre les deux trous étant connue, S1 S2 = a, la
distance HS1 est alors simplement HS1 = a sin α.
Finalement, en supposant l’indice de l’air égal à un (n = 1), la différence de marche
est δ = ax/D − a sin α et l’ordre d’interférence p = λδ a pour expression

a%x &
p= − sin α .
λ D
% &
Ainsi, la frange d’ordre p a pour abscisse xp = D pλ a + sin α . L’interfrange i corres-
pond à la distance entre deux franges dont les ordres diffèrent de 1, soit i = |xp+1 −xp |,
ce qui donne le résultat classique i = λD/a . La frange d’ordre zéro est située à
l’abscisse x0 = D sin α .
2. Les deux étoiles sont incohérentes (sources indépendantes). On peut donc sommer
les éclairements : les deux systèmes de franges se superposent. Il y a brouillage lorsque
les franges brillantes de l’un coïncident avec les franges sombres de l’autre, c’est-à-dire
lorsque les positions des franges d’ordre zéro de chaque système sont distantes d’un
nombre demi-entier de fois l’interfrange (de la forme m + 21 avec m ∈ Z). Puisque
la frange d’ordre zéro est en x = 0 pour l’étoile Ea , il faut que la !position " de la
1
frange centrale
! créée
" par l’étoile Eb soit à une abscisse de la forme m + 2 i, soit
1
D sin α = m + 2 λD/a où m est entier. Les valeurs am de a qui assurent le brouillage
sont donc
+ ,
1 λ
am = m + , où m ∈ N .
2 sin α

L’entier m est pris dans N et non dans Z car am doit être positif (distance entre les
deux trous).
3. En pratique, la valeur de a est limitée par la taille de l’objectif. La plus petite
λ
valeur a0 de a qui assure le brouillage est obtenue pour m = 0, soit a0 = 2 sin α .
Comme on souhaite le brouillage, plus α est petit, plus cette valeur doit être grande.
Numériquement, la limite de résolution est α ≃ sin α = λ/(2a0 ) = 1,0 · 10−6 rad,
soit α = 0,21′′ . Cette valeur est extrêmement faible. La méthode interférométrique
étudiée ici est beaucoup plus efficace que celle consistant à repérer la position de
l’image géométrique des deux étoiles.
229

9.8. Élargissement spatial de la source ★★


On considère un système de deux trous de Young distants de a. L’observation se fait

Exercice 9.8. Élargissement spatial de la source


sur un écran placé à une distance D grande devant les autres dimensions (D ≫ a).
La source primaire est une source de largeur b, d’intensité uniforme, symétrique
par rapport au plan médiateur des deux trous, placée à une distance d (d ≫ a) des
deux trous (voir figure 9.8.1).
x

S1 (0,0,a/2) M (x,y,D)
Source

z
b

S2 (0,0, − a/2)
D

écran opaque écran d’observation


Fig. 9.8.1. Trous de Young éclairés par une source large.

1. Après avoir expliqué comment on divise la source large en une infinité de


sources infinitésimales, calculer l’ordre d’interférence dû à l’une de ces sources en
un point M de l’écran d’observation.
2. En déduire la plus petite valeur de b qui annule le contraste.

! Corrigé

1. Le repère orthonormé utilisé pour la résolution de l’exercice est rappelé figure 9.8.2.
On décompose la source de largeur b en une infinité de sources de largeur infinitési-
male dx. Ces sources quasi ponctuelles sont incohérentes entre elles (les trains d’ondes
issus des différents points de la source étendue sont émis indépendamment les uns des
autres). L’éclairement sur l’écran est donc la somme des éclairements issus de chaque
source infinitésimale (elles n’interfèrent pas entre elles). Ainsi les systèmes de franges
dus à chaque source infinitésimale vont se superposer. La différence de chemin op-
tique δx′ (x) correspondant à la situation de la figure 9.8.2 (source infinitésimale à
l’abscisse x′ et point d’observation à l’abscisse x) se calcule de la même manière qu’à
l’exercice 9.6 page 225 en remplaçant ℓ par x′ . On obtient alors l’ordre d’interférence
en M
+ ,
a x′ x
px′ (x) = + .
λ d D

2. En un point M fixé, on constate qu’une translation d’une distance δx′ d’une source

élémentaire conduit à une variation de l’ordre d’interférence de λa δxd . En considé-

rant simultanément la source initiale et la source translatée de δx , si la variation de
l’ordre d’interférence est demi-entière, il y a brouillage des franges (les deux systèmes
de franges sont décalés d’une demi-interfrange, la figure d’interférence est brouillée
comme sur la figure 9.8.3 : l’éclairement résultant est en gris clair épais, constant,
l’écran est ainsi uniformément éclairé.
230
x
Chapitre 9. Optique

S1 (0,0,a/2) M (x,y,D)

x′
z
b

S2 (0,0, − a/2)
d D

écran opaque écran d’observation


Fig. 9.8.2. Trous de Young éclairés par une source large.

E ′ , E ′′ et E ′ + E ′′

0 i x
i/2
Fig. 9.8.3. Brouillage des franges lorsque l’on superpose deux systèmes de franges
décalés d’une demi-interfrange.

Si la variation de l’ordre d’interférence est égale à 1/2, la distance entre les sources est
alors δx′ = λd/(2a). Pour assurer le brouillage dans le cas d’une source large, il suffit
de pouvoir associer deux à deux des trous sources élémentaires assurant le brouillage
sur l’écran. Pour obtenir la largeur la plus faible, il faut que, lorsque l’un des trous
sources élémentaires décrit la moitié supérieure de la source large, l’autre décrive
la moitié inférieure (voir figure 9.8.4). La largeur ℓs , appelée longueur de cohérence
spatiale de la source, est alors égale à deux fois la distance δx′ , soit ℓs = λd/a .

Fig. 9.8.4. Pour retrouver la longueur de


cohérence spatiale, il faut associer deux à
ℓs = 2δx′ λd deux des trous sources élémentaires assurant
δx′ =
2a le brouillage sur l’écran.

Remarque La figure d’interférence produite par les deux trous de Young est inva-
riante par translation selon l’axe y. Remplacer les deux trous par deux fentes fines
infinies selon y ne change donc pas la figure d’interférence (cela a pour effet de laisser
passer plus de lumière, donc de renforcer la figure sur l’écran). De même, rendre la
source primaire invariante par translation selon y (autrement dit, utiliser une fente
source) ne fait que rendre la figure d’interférence plus lumineuse.
231

Synthèse Extension spatiale de la source primaire

Exercice 9.9. Trous de Young et lentille d’observation à l’infini


Pour pouvoir observer des interférences avec un dispositif à division du front
d’onde (ici, des trous de Young), il faut une source primaire de faible extension
spatiale (faible largeur de la fente source). Ce n’est pas le cas pour les dispositifs
à division d’amplitude avec observation à l’infini (l’interféromètre de Michelson
par exemple, voir exercice 9.12 page 238).

9.9. Trous de Young et lentille d’observation à l’infini ★★


Deux trous de Young sont éclairés sous incidence normale par une onde monochro-
matique de longueur d’onde λ. L’observation se fait dans le plan focal d’une lentille
de projection de distance focale f ′ . Le centre de la lentille est confondu avec l’ori-
gine du repère, l’axe optique de la lentille est confondu avec l’axe z, les deux trous
ont pour positions x = ±a/2 et z = −d.
1. Faire un schéma montrant les rayons arrivant en un point M quelconque de
l’écran, en mettant en évidence la grandeur à calculer pour la détermination de la
différence de chemin optique.
2. Déterminer le déphasage puis l’éclairement (intensité lumineuse) sur l’écran,
ainsi que l’interfrange.

! Corrigé
1. Le point M est dans le plan focal image de la lentille convergente, les rayons qui
passent par M arrivent sur la lentille parallèles entre eux. Le rayon passant par O, non
dévié, permet de les tracer (voir figure 9.9.1). Attention cependant : pour des raisons
de commodité, la figure est plane, mais il n’y a pas de raison pour que le point M
soit dans le plan passant par S1 , S2 et O.
L’onde incidente (non représentée) arrive sous incidence normale, les sources secon-
daires S1 et S2 sont ainsi en phase. Reste donc à calculer δ = (S2 M ) − (S1 M ). On
utilise le principe du retour inverse de la lumière en supposant qu’il existe une source
en M . D’après le théorème de Malus, les surfaces équiphases sont orthogonales aux
rayons ; donc, à gauche de la lentille, les surfaces équiphases relatives à l’onde (fic-
tive) issue de M sont des plans perpendiculaires aux rayons. En notant H le projeté
orthogonal de S1 sur le rayon passant par S2 (voir figure 9.9.1), (S1 M ) = (HM ) et la
différence de marche à calculer est alors δ = (S2 H) . Une nouvelle fois, le point H
n’a a priori pas de raison d’être dans le plan passant par S1 , S2 et O.
2. En supposant que l’indice de l’air est égal à 1, δ = (S2 H) = S2 H : on fait apparaître
une mesure algébrique car l’angle α n’est pas nécessairement positif. Sur la figure,
S2 H > 0. Les rayons issus de S1 et S2 qui # –
arrivent en M ont nécessairement la
# – OM
direction et le sens de OM . On note #– u = OM le vecteur unitaire associé,
# – 1 # – # – # –
S2 H = S2 S1 · #–
u = S2 S1 · OM avec OM = x #– u y + f ′ #–
u x + y #– uz .
OM
# – ax
Puisque S2 S1 = a #– u x , δ = OM . Par ailleurs, en supposant que |x| ≪ f ′ et
√ 4
|y| ≪ f ′ , on trouve OM = OM 2 = x2 + y 2 + f ′2 ≃ f ′ , donc δ ≃ ax/f ′ .
232

ux
#–
Chapitre 9. Optique

uy
#–
S1
M (x,y,f ′ )
O α
F′ z
α
S2 H
écran
écran opaque d’observation
f′

Fig. 9.9.1. Observation dans le plan focal d’une lentille de la figure d’interférence
produite par des fentes de Young.

Il suffit maintenant d’injecter dans la formule de Fresnel pour obtenir l’éclairement


< + ,=
ax
E(M ) = 2E0 1 + cos 2π ′ .
λf

Cet éclairement est périodique. L’interfrange i correspond à une période spatiale, soit
i = λf ′ /a .
Remarque Le calcul de la différence de marche fait apparaître un résultat indé-
pendant de y. Un calcul effectué en supposant M dans le plan de la figure conduit
donc au même résultat. Dans ces conditions, la rédaction est plus légère. D’après la
figure 9.9.1, S2 H = a sin α, où α est l’angle des rayons incidents sur la lentille avec
l’axe optique. De plus, sin α ≃ tan α = x/f ′ . Ainsi, δ = ax/f ′ . Cette méthode
n’est pas rigoureuse puisque le point M n’est pas a priori dans le plan de la figure,
mais elle est cependant souvent utilisée (on l’utilisera lorsque la difficulté de l’exercice
réside ailleurs).

Méthode Raisonnement dans le plan de la figure

Afin de contourner les difficultés qui ne sont pas essentielles, on raisonne souvent
dans le plan de la figure (mais il faut être capable de le justifier si l’énoncé le
demande).

9.10. Réseau de fentes de Young ★★


On considère un réseau constitué de N fentes identiques parallèles à la direction y,
infiniment fines (voir figure 9.10.1). La distance entre deux fentes voisines, appelée
pas du réseau, est notée a.
La source S, monochromatique de longueur d’onde λ, est placée dans le plan focal
objet d’une lentille convergente L1 . L’observation se fait dans le plan focal image
d’une lentille convergente L2 . Sur la figure, les fentes sont symbolisées par un
rectangle gris clair et sont notées S1 à SN .
233

Conformément à l’exercice 9.9 page 231, on peut, pour simplifier les calculs, rai-
sonner dans le plan de la figure (l’exercice 9.9 concernait des trous de Young, mais,

Exercice 9.10. Réseau de fentes de Young


les fentes étant supposées infiniment fines et infiniment longues, l’invariance par
translation suivant y obtenue dans cet exercice est conservée). On raisonnera dans
le plan de la figure et on considérera que les sources secondaires Sm , m ∈ [1,N ] se
comportent comme des sources ponctuelles cohérentes entre elles.
Le point M où l’on souhaite calculer l’éclairement est à une distance algébrique x
de l’axe optique des lentilles.

x′ L1 L2 x
S1

Fig. 9.10.1. Réseau


plan constitué de
M (x) N fentes infiniment
S(x′ )
θ fines. L’angle θ′ est
θ′ z négatif sur la figure,
car le plan est implici-
tement orienté dans le
sens trigonométrique.

f1 SN f2′

réseau écran

E
N = 80 N 2 E0
1
N = 10
N =5
N =2

∆ϕ

−π 0 2π/N π
Fig. 9.10.2. Éclairement E pour différentes valeurs de N . La quantité E0 utilisée
pour normaliser les ordonnées est l’éclairement monovoie, c’est-à-dire celui que l’on obtien-
drait sur l’écran en ne considérant qu’une seule source secondaire.

1. Faire un schéma du dispositif. Tracer les rayons issus de S et arrivant aux sources
secondaires Sm (m = 1 à N ) ainsi que ceux qui, partant des Sm , arrivent en M .
2. Déterminer la différence de chemin optique δm = (SSm M )−(SS1 M ) en fonction
de θ, θ′ , λ et a. En déduire l’expression de ∆ϕm (M ) = 2π λ δm et montrer que
∆ϕm (M ) = (m − 1)∆ϕ(M ), où ∆ϕ(M ) est le déphasage en M entre deux ondes
issues de sources secondaires voisines.
234

3. Retrouver la formule fondamentale du réseau (formule donnant les directions θp


pour lesquelles les interférences sont totalement constructives).
Chapitre 9. Optique

4. Justifier, à l’aide d’une construction Fresnel, la valeur 2π/N sur la figure 9.10.2
représentant l’éclairement normalisé en fonction du déphasage ∆ϕ entre deux che-
mins voisins. Commenter l’intérêt d’une valeur de N importante pour utiliser le
réseau en spectroscopie (mesure de longueurs d’onde).

! Corrigé
1. La source S est placée dans le plan focal objet d’une lentille convergente L1 . Le
réseau est donc éclairé par une onde plane (voir figure 9.10.3). L’observation se fait
« à l’infini » au sens où la lentille convergente L2 ne fait que conjuguer l’infini et son
plan focal image. Les rayons qui arrivent en M sont tous parallèles avant d’arriver
sur la lentille, conformément à la figure 9.10.3. L’angle θ est celui entre ces rayons et
l’axe optique Oz.
x′ x

S1

H2′ H2


Hm θ′ θ Hm M (x)
S(x′ )
Sm
θ
θ′ z


HN
HN

SN

f1 f2′
L1 réseau L2 écran

Fig. 9.10.3. Réseau plan constitué de N fentes infiniment fines, éclairé par une
onde plane ; observation à l’infini. En pratique, la lentille L1 sert de lentille collimatrice
pour réaliser l’onde plane incidente et l’observation se fait dans le plan focal d’une lentille de
projection L2 . Cette lentille, aussi appelée lentille d’observation, force les rayons parallèles
issus du réseau à se couper en M . On dit que l’observation se fait « à l’infini » car, sans cette
lentille L2 , les rayons se couperaient infiniment loin. L’angle θ′ est négatif sur la figure.
235

2. La quantité à calculer est


5 6 5 6

Exercice 9.10. Réseau de fentes de Young


δm = (SSm M ) − (SS1 M ) = (SSm ) − (SS1 ) + (Sm M ) − (S1 M ) .
D’après le théorème de Malus, les surfaces d’ondes après la lentille L1 sont des plans

perpendiculaires aux rayons. Ainsi, en notant Hm les projetés orthogonaux de S1 sur
les rayons passant par Sm , tous ces points sont en phase avec l’onde en S1 et, en

termes de différence de marche, (SHm ) = (SS1 ).
D’après le principe de retour inverse et le théorème de Malus, on peut de même
affirmer que (Hm M ) = (S1 M ), où les points Hm sont les projetés orthogonaux de S1
sur les rayons issus de Sm allant en M . Finalement,

δm = (Hm Sm ) + (Sm Hm ) . (9.10.1)
L’angle θ se retrouve sur la figure 9.10.3 entre le réseau et la perpendiculaire, passant
par S1 , aux rayons sortant du réseau allant en M . D’autre part, S1 Sm = (m−1)a, car a
est le pas du réseau. Ainsi, la distance Sm Hm est simplement Sm Hm = (m − 1)a sin θ.
De la même manière, l’angle θ′ est celui entre le réseau et la perpendiculaire aux rayons

incidents. La distance Hm Sm est, compte tenu du fait que θ′ < 0 sur la figure 9.10.3,
′ ′
Hm Sm = −(m − 1)a sin θ .
Finalement, en injectant dans l’équation (9.10.1) et en supposant que l’indice de l’air
est égal à un, la différence de marche recherchée est
! "
δm = (m − 1)a sin θ − sin θ′ . (9.10.2)

En M , le déphasage ∆ϕm (M ) entre l’onde passant par Sm et celle passant par S1 est
2π 2πa ! "
∆ϕm (M ) = δm = (m − 1) sin θ − sin θ′ = (m − 1)∆ϕ(M ) , (9.10.3)
λ λ
où ∆ϕ(M ) est le déphasage en M entre deux ondes issues de sources secondaires
voisines. Cette quantité, notée simplement ∆ϕ, sera utilisée par la suite afin d’alléger
les calculs,
2πa ! "
∆ϕ = sin θ − sin θ′ . (9.10.4)
λ

3. L’éclairement est maximal lorsque toutes les ondes interfèrent de manière totale-
ment constructive, donc lorsque ∆ϕ est un multiple de 2π, soit ∆ϕ = 2pπ, avec p ∈ Z.
Ainsi, la direction θp des maxima 1 doit vérifier sin θ − sin θ′ = p λa .
4. Il s’agit de trouver la demi-largeur des maxima principaux (exprimée en termes de
déphasage ∆ϕ ici). Autrement dit, puisque l’on travaille autour d’un déphasage nul,
on cherche la première valeur de ∆ϕ pour laquelle les interférences sont totalement
destructives (première annulation de l’éclairement). Dans un diagramme de Fresnel,
on prend comme référence la phase en M de l’onde passant par S1 . Sa représentation
est alors un segment horizontal. L’onde passant par S2 a la même amplitude mais
est déphasée de ∆ϕ par rapport à l’onde de référence. Sa représentation dans le dia-
gramme de Fresnel est alors un segment de même longueur mais faisant un angle ∆ϕ
avec l’horizontale. De manière générale, toutes les ondes ayant la même amplitude,
tous les segments ont la même longueur : leurs extrémités sont donc toutes sur un
même cercle de centre O, l’angle entre deux segments consécutifs étant ∆ϕ (voir fi-
1. Il s’agit en fait de maxima principaux, par opposition aux maxima secondaires que l’on observe sur la
figure 9.10.2 page 233 pour N > 2.
236

gure 9.10.4). Lorsque ∆ϕ est « faible », les segments pointent tous grossièrement dans
la même direction (voir figure 9.10.4 à gauche), les interférences sont constructives et
Chapitre 9. Optique

l’éclairement est important, le maximum étant obtenu lorsque toutes les ondes sont en
phase, c’est-à-dire tous les segments alignés, soit ∆ϕ = 0 (modulo 2π) conformément
à la question précédente.
Lorsque ∆ϕ augmente, les segments s’écartent les uns des autres jusqu’à se répartir
régulièrement sur le cercle (voir figure 9.10.4 à droite). Les interférences sont alors
totalement destructives et l’intensité résultante est nulle. Sur la figure, N = 10 est
pair, et l’on constate alors que les contributions de deux ondes passant par des sources
séparées de N2 a s’annulent (les segments sont diamétralement opposés deux à deux sur

la figure). Cette répartition régulière est obtenue lorsque N ∆ϕ = 2π, soit ∆ϕ = N .

∆ϕ

0 ∆ϕ

Fig. 9.10.4. Représentation de Fresnel des N ondes interférant en M . Lorsque ∆ϕ


est faible (à gauche), les ondes sont peu déphasées entre elles, les interférences sont constructives
et l’intensité est importante. Lorsque les ondes sont déphasées de sorte que les interférences
soient totalement destructives, l’éclairement est nul (à droite).

Lorsque N augmente, le maximum principal devient plus fin, conformément à ce


que l’on observe figure 9.10.2 page 233. Cela permet de mieux séparer deux pics
voisins (correspondant à deux longueurs d’onde voisines) et améliore ainsi la résolution
spectrale du dispositif. Enfin, puisque l’éclairement est proportionnel à N 2 , le spectre
est d’autant plus lumineux que N est grand.

Synthèse Maxima principaux de lumière pour un réseau

L’éclairement produit à l’infini par un réseau de N fentes fines éclairé par une
onde plane monochromatique est constitué essentiellement de maxima principaux
de largeur 4π/N et d’amplitude N 2 E0 . La position du pic d’ordre p est donnée
par la formule fondamentale du réseau,
λ
sin θp − sin θ′ = p , p∈Z.
a
237

9.11. Capacité de stockage d’un disque compact ★★


Un disque compact (compact disc) est un disque de polycarbonate possédant sur

Exercice 9.11. Capacité de stockage d’un disque compact


l’une de ses faces une piste très fine en forme de spirale d’Archimède (voir fi-
a
gure 9.11.1 à gauche). Son équation en coordonnées polaires est r = rm + 2π θ, avec
rm < r < rM , rm = 22 mm et rM = 58 mm. Le long de cette spirale sont pressées
(pour les disques de fabrication industrielle) ou gravées les informations sous forme
numérique.
Éclairée par un faisceau laser (voir figure 9.11.1 à droite), la spirale se comporte
localement comme un réseau de pas a (utilisé en réflexion). Sur un grand tableau
placé derrière le laser, un expérimentateur relève alors la distance 2ℓ1 entre les pics
d’ordres 1 et −1, d’une part, et la distance 2ℓ2 entre les pics d’ordres 2 et −2,
d’autre part. Il obtient 2ℓ1 = 68 cm et 2ℓ2 = 195 cm pour une distance entre le
disque compact et l’écran D = 80 cm. La longueur d’onde du laser est λ = 632 nm.

rM θ1
CD laser 2ℓ1 2ℓ2
rm

tableau
Fig. 9.11.1. Piste en spirale d’un disque compact (à gauche) et dispositif de
diffraction d’un faisceau laser par cette piste (à droite).
1. On rappelle la formule fondamentale du réseau dans le cas d’une incidence nor-
male, sin θp = pλ/a (voir exercice 9.10 page 232 pour sa démonstration). Exprimer,
pour une observation à l’ordre p, le pas a du réseau en fonction de p, ℓp , D et λ.
2. À l’aide des mesures effectuées, calculer a.
3. Déterminer la longueur de la piste de données (longueur de la spirale).
4. En supposant que la distance entre deux bits d’information le long de la
piste est de l’ordre de la moitié de a, estimer la capacité du disque compact en
mégaoctets (Mo).

! Corrigé
1. L’incidence est normale, donc, d’après la formule du réseau, sin θp = pλ/a. Or,
2
ℓp λD ℓp 2
sin θp = 3 , donc a = p 1+ 2 .
D 2 + ℓ2 ℓp D
p

2. Puisque les mesures ont été réalisées dans deux ordres différents (ordre en valeur
absolue, la mesure de la distance entre les ordres 1 et −1 permet de mesurer θ1 par
exemple), deux estimations de a sont possibles. Les mesures à l’aide de l’ordre 1 ou
de l’ordre 2 sont cohérentes et conduisent à a = 1,6 µm en ne conservant que deux
chiffres significatifs.
238

3. Pour déterminer la longueur de la spirale, il faut estimer l’angle θM correspondant à


a 2π
la fin de la piste. Pour cela, il faut résoudre rM = rm + θM , soit θM =
Chapitre 9. Optique

(rM − rm ).
´ θM 2π a
La longueur L est donnée par l’intégrale L = θ=0 dℓ, où dℓ est un élément de longueur
infinitésimale de la piste, qui s’exprime, en coordonnées polaires, comme
2 + ,2
4 #– 4 dr a
2 2
dℓ = dℓ = (dr) + (r dθ) = r + 2 2 dθ , avec r = rm + θ.
dθ 2π
Avec cette expression, l’intégrale donnant L serait compliquée à calculer à la main.
Cependant, elle serait calculable numériquement (calculatrice ou ordinateur) en uti-
lisant les valeurs numériques de rm , rM et a. On peut la rendre (approximativement)
#–
calculable à la main, en remarquant que, pour un déplacement dℓ = dr #– u r + r dθ #–

le long de la spirale, dr ≪ r dθ (l’accroissement radial est très faible lorsque θ évolue).
#–
Avec cette approximation, dℓ ≃ r dθ #– u θ , donc dℓ = r dθ et la longueur est
ˆ θM
π! 2 "
L≃ r dθ = rM − rm 2 = 5,6 km .
θ=0 a

4. Avec l’hypothèse que la distance entre deux bits d’information le long de la piste
est de l’ordre de a/2, la capacité du disque compact, en bits, est L/(a/2) = 2L/a. On
rappelle qu’un octet est composé de 8 bits ; la capacité du disque en octets est alors
L/(4a), soit, en mégaoctets, 8,8 · 102 Mo.
On retrouve l’ordre de grandeur de la capacité d’un disque compact. Le symbole utilisé
sur les disques est souvent MB (megabytes), byte étant le mot anglais pour désigner
l’octet.
Remarque Le comportement du disque compact comme un réseau peut s’observer
en lumière blanche : l’aspect miroir du disque correspond à l’ordre zéro, pour lequel
toutes les longueurs d’onde sont traitées de la même manière. Lorsqu’on incline le
disque, on observe des irisations, car le maximum, dans un ordre donné, pour une
couleur n’est pas dans la même direction que pour les autres couleurs.

9.12. Interféromètre en lame d’air à faces parallèles ★★


On considère un interféromètre de Michelson en lame d’air à faces parallèles (épais-
seur e), éclairé par une source ponctuelle S monochromatique (longueur d’onde λ)
située à distance finie.
1. Faire un schéma simplifié (n’utilisant que la lame d’air et l’image de la source à
travers la séparatrice) et construire la position des sources secondaires S1 et S2 .
2. On observe les interférences à l’infini (en pratique, on regarde directement en
sortie de l’interféromètre, sans avoir à accommoder) entre les rayons arrivant avec
une inclinaison i (angle entre les rayons et la normale à la lame d’air). Déterminer
la différence de chemin optique puis l’ordre d’interférence. Quelle est la nature
(géométrie) des franges ?
3. L’observation se fait maintenant dans le plan focal image d’une lentille conver-
gente. On considère un point M de l’écran d’observation. La source primaire n’est
maintenant plus ponctuelle, mais étendue. Pour simplifier, on la considère comme
deux sources ponctuelles primaires (a et b). Il y a donc deux couples de sources
secondaires (S1a ,S2a ) et (S1b ,S2b ).
239

Tracer les rayons issus de ces quatre sources secondaires et arrivant en M .


Parmi ces quatre sources, quelles sont les sources cohérentes entre elles ?

Exercice 9.12. Interféromètre en lame d’air à faces parallèles


Montrer que les deux différences de chemin optique correspondantes sont égales. En
déduire que les franges créées par chaque paire de sources secondaires cohérentes
se superposent exactement à l’infini et conclure quant à la possibilité d’utiliser une
source large avec un interféromètre de Michelson.

! Corrigé

S1 S1

2e

S2 S2 H

M1′

M2 e

M2

S1′ i
S

S′ S′
SP M1
M∞ M∞

Fig. 9.12.1. Détermination de la position des sources secondaires S1 et S2 , et


tracé rigoureux du trajet des rayons. Dans la partie gauche de la figure, l’interféromètre
est représenté tel qu’il est réellement ; la séparatrice, en gris, est notée SP. Dans la partie
droite, la modélisation en lame d’air à faces parallèles est utilisée. Le point H est le projeté
orthogonal de S2 sur le rayon semblant issu de S1 , il sert à déterminer la différence de marche.
L’observation se fait en un point M∞ situé à l’infini.

1. Le schéma demandé est celui de la figure 9.12.1 à droite. Le schéma de gauche,


correspondant à la situation réelle, permet de comprendre la simplification proposée.
Si l’interféromètre de Michelson est en lame d’air à faces parallèles, les deux miroirs
sont orthogonaux et la séparatrice à 45◦ . Sur le schéma de gauche, le point S1′ est
l’image de S à travers M1 . La symétrie orthogonale par rapport à la séparatrice
(notée SP) transforme S1′ en S1 et S en S ′ . On appelle M1′ l’image du miroir M1 par
cette symétrie. Alors le point S1 est l’image de S ′ à travers M1′ . Ainsi, pour déterminer
les sources secondaires, il n’est nécessaire de connaître que les positions de S ′ , M2
et M1′ (voir schéma de droite où seuls M1′ , M2 et S ′ servent pour la construction).
Dans le cas de l’interféromètre de Michelson en lame d’air à faces parallèles, M1′ et M2
sont parallèles et ainsi les sources S ′ (primaire), S1 et S2 (secondaires) sont alignées.
240

2. Les points S1 et S2 sont les images de S par des réflexions sur des miroirs plans.
Les sources S, S1 et S2 sont donc en phase (on ne tient pas compte d’un éventuel
Chapitre 9. Optique

déphasage de π à la réflexion). La différence de marche entre les sources secondaires


et le point M∞ est δ = (S1 M∞ ) − (S2 M∞ ) .
On applique le principe de retour inverse (on raisonne sur une onde fictive issue du
point M et se propageant vers S1 et S2 ). D’après le théorème de Malus, les surfaces
isophases relatives à cette onde sont orthogonales aux rayons lumineux associés. On
appelle H le projeté orthogonal de S2 sur le rayon issu de S1 . Alors les points H
et S2 appartiennent à une même isophase de cette onde fictive, ce qui prouve que
(HM∞ ) = (S2 M∞ ) .

Attention Surface isophase

Du point de vue des ondes réelles issues de S1 et S2 et allant vers M , les points
H et S2 ne sont pas en phase.

Ainsi la différence de marche se résume à δ = (S1 H) .


L’angle d’incidence i du rayon semblant issu de S ′ sur les miroirs se retrouve entre la
droite passant par les sources secondaires S1 et S2 et les rayons semblant issus de ces
sources. Dans le triangle S1 S2 H, rectangle en H, S1 H = S1 S2 cos i. Or, S1 S2 = 2e,
donc
δ = 2e cos i . (9.12.1)
La différence de marche obtenue ne dépend que de l’inclinaison i des rayons par
rapport à la normale à M2 et M1 . Pour cette raison, les franges sont appelées franges
d’égale inclinaison. Par invariance par rotation autour de l’axe S1 S2 , ces franges
sont circulaires et appelées anneaux d’Haidinger, physicien autrichien (1795-1871).

3. Sur la figure 9.12.2, les rayons qui se superposent en M arrivent tous sur la lentille
avec la même inclinaison i. En notant C le centre optique de la lentille, on retrouve
cet angle i entre la droite (CM ) et l’axe optique de la lentille, car le rayon passant
par C n’est pas dévié.
Les sources primaires Sa et Sb ne sont pas cohérentes entre elles. Ainsi on dispose de
deux couples de sources cohérentes, le couple (S1a ,S2a ) et le couple (S1b ,S2b ), qui ne
sont pas cohérents entre eux. Pour le couple (S1a ,S2a ), la différence de marche en M
est δa = (S1a Ha ), où Ha est le projeté orthogonal de S2a sur le rayon issu de S1a , soit
δa = 2e cos i. De même, pour le couple de sources cohérentes (S1b ,S2b ), la différence
de marche en M est δb = (S1b Hb ) = 2e cos i. Ainsi la différence de marche en M
est indépendante du couple considéré. Les couples (en nombre infini) qui décrivent
la source large (les images de la source large sont représentées par deux segments en
gris sur la figure) sont incohérents entre eux. Leurs éclairements s’additionnent et,
puisque la différence de marche est la même, la figure d’interférence ne se brouille pas
mais est renforcée (elle est plus lumineuse).
Dans le cas d’une source large, les franges sont nettes dans le plan focal de la lentille
d’observation (c’est-à-dire à l’infini). Sans la lentille d’observation, les systèmes de
franges issus des différents points de la source étendue se brouilleraient sur l’écran,
qui est situé à distance finie. On dit que les interférences sont localisées à l’infini .
241

S1a S1b

Exercice 9.13. Rayon des franges d’égale inclinaison


i i 2e
Ha Hb

S2a S2b

M1′
e
M2

L
C
i
f′

écran O M
r
Fig. 9.12.2. Interféromètre de Michelson réglé en lame d’air à faces parallèles et
éclairé par une source large. L’observation se fait à l’infini par projection dans le plan focal
de la lentille convergente L de centre C. Les positions de M1′ et M2 sont rappelées en gris
clair.

Synthèse Lame d’air à faces parallèles

Un interféromètre de Michelson en lame d’air à faces parallèles permet d’observer


des franges d’égale inclinaison (ou anneaux d’Haidinger). Lorsque la source
primaire est large, les interférences sont localisées à l’infini.

9.13. Rayon des franges d’égale inclinaison ★★


On considère un interféromètre de Michelson en lame d’air à faces parallèles. L’ob-
servation se fait dans le plan focal image d’une lentille convergente de distance
focale image f ′ . La lentille et donc l’écran d’observation sont parallèles à la lame
d’air. La source est monochromatique de longueur d’onde λ.
1. Rappeler l’expression de la différence de chemin optique puis de l’ordre d’in-
terférence en fonction de l’épaisseur e de la lame et de l’angle d’inclinaison i des
rayons (voir exercice 9.12 page 238), puis déterminer l’ordre d’interférence p au
point d’observation.
2. L’ordre d’interférence au centre (i = 0) n’est a priori pas entier. On introduit
la quantité ε, différence entre l’ordre d’interférence au centre et sa partie entière,
+ ,
2e 2e
ε= −E .
λ λ
Cette quantité est comprise entre 0 et 1 (exclu).
242

Déterminer le rayon rq de l’anneau brillant numéro q (q entier, on compte à partir


du centre q = 1) observé sur l’écran. Utiliser ce résultat pour décrire succinctement
Chapitre 9. Optique

la figure d’interférence observée. On supposera les angles petits, cette hypothèse


sera vérifiée à la question suivante.
3. On suppose 2 que e = 5 mm, λ = 5 · 10−7 m et f ′ = 1 m. Déterminer l’ordre
d’interférence en O et le rayon des premiers anneaux brillants. Refaire le calcul
avec e = 5 cm. Commenter.

! Corrigé
1. Il suffit de rappeler la formule (9.12.1) démontrée à l’exercice 9.12 (voir page 240),
2e
soit δ = 2e cos i. L’ordre d’interférence est alors δ/λ, soit p= λ cos i .
2. L’ordre d’interférence p diminue lorsque i augmente, donc le premier anneau brillant
(en les comptant à partir de O) correspondra à la partie entière de 2e/λ : E (2e/λ).
Le deuxième anneau aura pour ordre d’interférence E (2e/λ) − 1 et l’anneau numéro q
aura pour ordre d’interférence E (2e/λ) − (q − 1). Ainsi l’incidence iq pour l’anneau q
vérifie + ,
2e 2e
cos iq = E − (q − 1) .
λ λ
Pour poursuivre, on suppose que l’angle d’incidence i reste faible, ce qui est le cas en
pratique. Un développement limité à l’ordre 2 donne
+ , + ,
2e iq 2 2e
1− ≃E − (q − 1) .
λ 2 λ
On note maintenant
+ , ε la différence entre l’ordre d’interférence en 0 et sa partie entière,
2e 2e
ε= −E . Cette quantité, comprise entre 0 et 1 (exclu), n’est a priori pas
λ λ
infinitésimale, contrairement à ce que suggère souvent le symbole employé (symbole
repris ici car le plus souvent utilisé dans les problèmes de concours). L’incidence iq
est alors telle que
1
e 2 λ! "
iq ≃ q − 1 + ε ⇒ iq ≃ q−1+ε . (9.13.1)
λ e
En utilisant tan iq ≃ iq , on obtient le rayon rq de l’anneau brillant q,
1
′ ′ λ! "
rq = f tan iq ≃ f q−1+ε . (9.13.2)
e

Le rayon rq varie grossièrement en q − 1, les anneaux deviennent de plus en plus
serrés au fur et à mesure que l’on s’éloigne de O. La figure 9.13.1 présente la figure
d’interférence observée sur l’écran dans le cas où l’ordre d’interférence est entier au
centre de l’écran (ε = 0). En haut à droite de la figure, la variation du rayon en
fonction du numéro de la frange est mise en évidence.
3. Pour e = 5 mm, l’ordre d’interférence au centre vaut 2 · 104 . Il est entier, donc
l’anneau n◦ 1 est en fait ici réduit au point O. Les anneaux suivants ont des rayons
respectifs de 1 cm, 1,4 cm, 1,7 cm, 2 cm, etc.
2. Les valeurs suivantes sont supposées exactes, elles servent à calculer mathématiquement des rayons.
En pratique, tenter de réaliser l’expérience en fixant par exemple l’épaisseur e à la valeur proposée ne
conduirait très probablement pas à la figure attendue (en particulier la valeur de l’ordre d’interférence au
centre), compte tenu de l’incertitude sur cette épaisseur.
243
rayon ! "
λ

#
rq = f e
q−1

Exercice 9.14. Différence de marche dans le cas d’une lame de verre


q
1 2 3 4 5 6 7 8

éclairement
Fig. 9.13.1. Franges d’égale inclinaison (ou franges d’Haidinger). La figure d’inter-
férence est sur la gauche. L’ordre d’interférence au centre est entier (ε = 0), l’anneau n◦ 1 est
réduit à ce centre brillant. En bas à droite, l’éclairement√est représenté en fonction du rayon.
En haut à droite, la variation du rayon des anneaux en q − 1 est mise en évidence. Ici, pour
obtenir des anneaux serrés, l’épaisseur e est de l’ordre de 6 cm. Avec une lentille de projection
de distance focale 1 m, la taille réelle de cette figure serait environ six fois plus petite.

Pour e = 5 cm, l’ordre d’interférence au centre est toujours entier et vaut 2·105. Outre
le centre O brillant, les anneaux ont des rayons respectifs de 3,1 cm, 4,5 cm, 5,5 cm,
6,3 cm, etc.
On constate ainsi que, lorsque l’épaisseur de la lame d’air augmente, les anneaux se
resserrent jusqu’à devenir difficilement discernables (à cela s’ajoutent les problèmes
de cohérence temporelle).
A contrario, lorsque l’épaisseur est faible, le rayon du premier anneau risque de devenir
plus grand que la largeur de la figure d’interférence (limitée par la taille des miroirs),
ce qui ne permet plus de le voir correctement.
Dans tous les cas, les angles calculés ici (environ r/f ′ ) restent faibles, ce qui justifie
l’emploi de la formule déterminée précédemment.

9.14. Différence de marche dans le cas d’une lame de verre ★★


On considère une lame de verre à faces parallèles éclairée par une source ponctuelle,
située à l’infini de telle sorte que les rayons arrivent sur la lame avec un angle
d’incidence i. On considère deux rayons lumineux issus d’un même rayon incident :
le premier se réfléchit sur la face avant de la lame (il ne passe pas dans la lame) ;
le second émerge de la lame après un aller-retour dans le verre (il se réfléchit sur
la face arrière de la lame).
244

1. En notant n l’indice du verre, e l’épaisseur de la lame et r l’angle de réfraction


dans le verre, exprimer la différence de marche (ou différence de chemin optique) δ
Chapitre 9. Optique

entre ces deux rayons interférant à l’infini en fonction de n, e et r.


2. Vérifier ce résultat en retrouvant la différence de marche pour un interféromètre
de Michelson en lame d’air à faces parallèles.
! Corrigé
1. La situation est décrite par la figure 9.14.1 avec l’angle de réfraction r lié à i par
la loi de Snell-Descartes, n sin r = sin i. La quantité à calculer est la différence de
marche δ qui se résume à δ = (ABC) − (AH) = 2(AB) − (AH) car (AB) = (BC).
Dans le triangle AIB, AB cos r = e et IB = e tan r, soit AC = 2IB = 2e tan r. Or,
e
AC sin i = AH, donc (AB) = 2n et (AH) = 2e tan r sin i, avec sin i = n sin r,
cos r
donc
e e 2ne ! "
δ = 2n − 2e tan r sin i = 2n − 2ne tan r sin r = × 1 − sin2 r
cos r cos r cos r
et finalement δ = 2e cos r .
2. Dans le cas d’un interféromètre de Michelson en lame d’air à faces parallèles, n = 1,
soit r = i et on retrouve ainsi δ = 2e cos i .
S à l’infini observation à l’infini

i
H

A i C face avant

e
r
face arrière
I B
Fig. 9.14.1. Lame de verre à faces parallèles éclairée par une source ponctuelle à
l’infini : calcul de la différence de marche.

9.15. Interfrange dans le cas d’un coin d’air ★★


On considère un interféromètre de Michelson en coin d’air éclairé par une source
large.
1. Où les interférences sont-elles localisées ?
On rappelle l’expression de la différence de marche en fonction de l’épaisseur du
coin d’air (préciser cette notion d’épaisseur), δ = 2e. Quel est l’ordre de grandeur
de l’angle maximal que doit faire le coin d’air pour que l’interfrange soit de l’ordre
de 1 mm ?
2. Les miroirs présentent en réalité un défaut de planéité et les franges sont défor-
mées (voir figure 9.15.1). En supposant que l’on soit capable de détecter un décalage
d’un dixième de frange, comme c’est le cas sur la figure, préciser la contrainte sur
l’usinage des miroirs (précision avec laquelle le miroir d’un système interféromé-
trique est usiné).
245

décalage d’1/2 frange


décalage d’1/10 de frange

Exercice 9.15. Interfrange dans le cas d’un coin d’air


Fig. 9.15.1. Déformation de franges théoriquement rectilignes.

! Corrigé
1. Les franges sont localisées au voisinage des miroirs. On observe donc les interfé-
rences (schématiquement) en un point A situé sur l’un des miroirs (voir figure 9.15.2).
L’épaisseur e est l’épaisseur du coin d’air au point d’observation.
M1′
Fig. 9.15.2. Interféromètre
de Michelson en coin d’air.
e L’« épaisseur » du coin d’air en A
M2 θ O
est e.
x A arête

En A repéré par son abscisse x, l’épaisseur est donnée par e = x tan θ, où θ est l’angle
du coin d’air. La différence de marche entre deux rayons qui interfèrent correspond à
un aller-retour dans le coin d’air, soit δ = 2e. On suppose que θ est très faible (ce qui
sera confirmé a posteriori par le résultat). Dans ce cas, δ = 2e ≃ 2θx. Une variation
λ
d’une frange correspond à une variation de δ de λ, donc l’interfrange est 2θ . Plus
θ est faible, plus l’interfrange est grande.
En supposant λ = 6 · 10−7 m, une interfrange d’un millimètre correspond à un angle
θ = 3 · 10−4 rad , soit environ une minute d’arc. Pour pouvoir observer des franges
à l’œil nu, il faut que l’angle du coin d’air soit vraiment très faible.

Synthèse Coin d’air

Un interféromètre de Michelson en coin d’air permet d’observer des franges


d’égale épaisseur (ou franges de Fizeau). Lorsque la source primaire est large,
les interférences sont localisées au voisinage des miroirs.

2. Le plus petit décalage supposé perceptible, d’un dixième de frange, correspond à


une variation de la différence de marche de λ/10, soit une différence d’épaisseur de
λ/20 car δ = 2e (le passage d’une frange à la suivante se caractérise par une variation
du chemin optique de λ). Pour éviter que ce type de défaut n’apparaisse (la discussion
est menée ici dans le cas du coin d’air, mais la conclusion serait la même dans le cas
général), il faut que les miroirs soient usinés avec une précision meilleure que λ/20, ce
qui correspond à un contrôle de la planéité avec une précision de l’ordre de la dizaine
de nanomètres.
246

9.16. Spectre cannelé ★★


À partir d’un interféromètre de Michelson au contact optique éclairé en lumière
Chapitre 9. Optique

blanche, un expérimentateur translate l’un des miroirs d’une distance d. On sup-


pose tout déphasage (par réflexion ou transmission) au niveau de la séparatrice
parfaitement corrigé.
1. On regarde directement dans l’interféromètre, au centre (incidence quasi normale
sur les miroirs). Donner l’ensemble des longueurs d’onde pour lesquelles les inter-
férences sont totalement destructives, puis celles pour lesquelles les interférences
sont totalement constructives.
2. L’expérimentateur analyse la lumière ainsi obtenue à l’aide d’un spectromètre.
Dans le spectre, qualifié de cannelé, il repère deux bandes de couleur entre lesquelles
il compte m = 10 cannelures sombres (et donc m − 1 autres bandes de couleur
entre les deux qu’il a repérées). Les longueurs d’onde centrales des deux bandes de
couleur repérées sont λ1 = 0,4 µm et λ2 = 0,6 µm. Déterminer littéralement puis
numériquement la distance d. Cette distance est-elle mesurable par lecture sur la vis
micrométrique de l’interféromètre, sachant que la plus petite division correspond
à 10 µm ?
! Corrigé
1. L’interféromètre est réglé en lame d’air à faces parallèles d’épaisseur d. La différence
de marche au centre de la figure d’interférence est alors δ = 2d (hors du centre, ce
serait δ = 2d cos i comme rappelé dans les exercices 9.14 page 243 et 9.12 page 238).
Les interférences sont destructives pour un ordre d’interférence demi-entier, soit
δ 2d 1 2d
= =m+ ⇒ λm dest. = 1 , où m ∈ Z .
λ λ 2 m+ 2

De même, les interférences sont constructives pour


2 2d
=m ⇒ λm const. = , où m ∈ Z . (9.16.1)
λd m

2. Les deux longueurs d’onde λ1 et λ2 correspondent à des lieux d’interférences


constructives. Elles obéissent donc à l’expression (9.16.1). Puisqu’il y a dix canne-
2d 2d
lures sombres entre λ1 et λ2 > λ1 , alors λ2 = et λ1 = . Ainsi
m (m + 10)
+ ,
1 1 λ1 λ2 10
m + 10 − m = 10 = 2d − ⇒ d= = 6 · 10−6 m = 6 µm .
λ1 λ2 λ1 − λ2 2
La division la plus petite sur la vis micrométrique étant de 10 µm, la mesure précise
de d est impossible avec cette vis. Les mesures de petites distances sont souvent faites
par des méthodes interférométriques (repérage de franges sombres et claires, comme
dans cet exercice).

9.17. Épaisseur d’une lame de verre ★★★


1. En partant d’une situation en lame d’air à faces parallèles, un expérimentateur
règle l’interféromètre de Michelson au contact optique. Comment procède-t-il ?
2. En gardant ce réglage, il éclaire désormais l’interféromètre avec de la lumière
247

blanche, puis il place une lame de verre d’épaisseur e devant le miroir M1 , parallè-
lement à ce dernier (voir figure 9.17.1).

Exercice 9.17. Épaisseur d’une lame de verre


M2
M1
Fig. 9.17.1. Variation d’indice devant
l’un des miroirs par introduction d’une
lame de verre.

SP lame de verre

L’indice du verre est n0 = 1,526. Dans quel sens doit-on translater M1 pour
retrouver le contact optique ? Donner l’expression littérale du déplacement d
permettant de retrouver le contact optique en fonction de e, n0 et 1,000, l’indice
de l’air.
L’expérimentateur a déplacé M1 de 0,050 ± 0,005 mm (en valeur absolue) pour
retrouver le contact optique. Calculer numériquement l’épaisseur e de la lame de
verre et l’incertitude sur cette grandeur.
3. En réalité, l’indice du verre dépend de la longueur d’onde. La valeur ci-dessus
est valable pour la longueur d’onde λ0 = 560 nm. On donne n(λ) = A + B/λ2 , avec
B = 3,5 · 103 nm2 pour un verre de type Crown. Il n’est pas possible de repérer la
frange d’ordre zéro (avec la lame, l’épaisseur pour laquelle l’ordre est zéro dépend
de la longueur d’onde) ; l’expérimentateur a en fait repéré la frange achromatique
pour laquelle l’ordre d’interférence ne dépend pas, au premier ordre, de la longueur
dp ! "
d’onde, λ0 = 0, l’œil présentant une sensibilité maximale pour la longueur

d’onde λ0 .
Déterminer l’épaisseur de la lame. Quelle erreur relative commettait l’expérimenta-
teur en confondant la frange achromatique avec la frange d’ordre zéro à la question
précédente ?
! Corrigé
1. Pour un réglage en lame à faces parallèles d’épaisseur e, la différence de marche
optique entre deux rayons qui interfèrent à l’infini est δ = 2e cos i. Ainsi l’intensité
lumineuse sur l’écran varie avec i. On observe les anneaux d’Haidinger (franges d’égale
inclinaison) décrits à l’exercice 9.13 page 241.
Par définition, le contact optique correspond à e = 0, donc δ = 0 pour toute inclinai-
son i de rayon : l’éclairement est uniforme sur l’écran.
Pour régler le contact optique, l’expérimentateur peut travailler en lumière monochro-
matique (lampe à vapeur de sodium, par exemple). Il commence par voir des anneaux
(e ̸= 0), puis translate le miroir M1 , ce qui fait défiler les anneaux. S’il translate
dans le bon sens, les anneaux s’épaississent (moins d’anneaux dans le champ visuel).
Lorsque e = 0 (contact optique), l’écran est uniformément éclairé (teinte plate), ce
qui peut être interprété comme un unique anneau infiniment épais.
2. La lame de verre, placée devant M1 , introduit un chemin optique supplémentaire.
Pour compenser cette augmentation, il faut rapprocher M1 de la séparatrice. À cause
de la lame, le chemin optique augmente de 2(n0 − 1)e. En rapprochant M1 d’une
distance d, le chemin optique diminue de 2d. Pour retrouver le contact optique, il faut
donc que 2(n0 − 1)e − 2d = 0, soit e = d/(n0 − 1) .
248

Avec n0 = 1,526, e = 0,095 ± 0,010 mm , soit encore e = 95 ± 10 µm .


3. L’ordre d’interférence, en tenant compte de la présence de la lame de verre et du
Chapitre 9. Optique

déplacement du miroir, est


5 6
2(n − 1)e 2d 2 (A − 1)e − d 2Be B
p= − = + 3 compte tenu de n = A + 2 .
λ λ λ λ λ
dp 2 : 2! " ;
En dérivant, = 4 λ d − (A − 1)e − 3Be . Cette dérivée est nulle pour λ = λ0
dλ λ
si < = < =
B 2B
d = 3 2 + (A − 1) e = + (n 0 − 1) e.
λ0 λ0 2
Numériquement, en inversant la relation précédente, on obtient e = 91 µm . L’erreur
relative commise était de 4 %. Elle est inférieure à l’incertitude de mesure mais n’est
cependant pas négligeable.
Remarques Il est important en pratique de faire attention aux problèmes de
cohérence temporelle. Il faut parfois éviter de travailler en lumière blanche car l’ordre
d’interférence de la frange achromatique pour la longueur d’onde λ0 peut être assez
élevé. La différence de chemin optique est alors trop importante, ce qui conduit au
brouillage (blanc d’ordre supérieur). En plaçant un filtre interférentiel sélectionnant
une gamme de longueurs d’onde autour de λ0 , l’expérience devient alors possible. La
bande passante du filtre doit être d’autant plus faible que l’ordre d’interférence est
élevé. Toutefois, si la lumière est « trop » monochromatique, l’expérimentateur ne
pourra plus distinguer la frange achromatique.
Avec les valeurs de l’énoncé, l’ordre d’interférence est de l’ordre de 7 en valeur
absolue ; il varie assez peu sur une large plage autour de λ0 , mais la variation est
en revanche significative (autrement dit, de l’ordre d’une unité) lorsque l’on considère
tout le spectre visible. L’expérience est tout juste réalisable en lumière blanche.
De plus, la lame de verre n’est souvent pas parfaitement plane. On observe alors des
franges d’égale épaisseur. Cette méthode est donc plutôt utilisée pour observer et
quantifier des défauts de planéité.

9.18. Écart de longueur d’onde du doublet du sodium ★★


Un interféromètre de Michelson, réglé en lame d’air à faces parallèles, est éclairé
par une lampe à vapeur de sodium émettant deux radiations de même intensité et
de nombres d’onde voisins σ1 et σ2 (le nombre d’onde est l’inverse de la longueur
d’onde ; σ1 et σ2 > σ1 sont voisins, donc σ2 − σ1 ≪ σ1 ). L’éclairement au foyer
image de la lentille d’observation est enregistré à l’aide d’un photorécepteur en
fonction de l’épaisseur e de la lame d’air.
1. Déterminer les valeurs de e pour lesquelles il y a brouillage (annulations du
contraste). Donner la période Xf de ces annulations.
2. Déterminer la période des franges, notée Xp (p pour porteuse). Montrer
que Xp ≪ Xf .
3. Donner l’expression du nombre N de périodes par fuseau (nombre de franges
brillantes entre deux anticoïncidences).
4. L’expérience donne N = 982 ± 1 et une mesure à l’aide d’un réseau et d’un
goniomètre de λ = 1/σ2 donne λ = 589,0 ± 0,2 nm. On souhaite déterminer l’écart
249

entre les deux longueurs d’onde de la source en calculant ∆λ tel que λ+∆λ = 1/σ1 .
Donner l’expression donnant ∆λ en fonction de λ et N .

Exercice 9.18. Écart de longueur d’onde du doublet du sodium


Calculer numériquement ∆λ en précisant l’incertitude δ(∆λ) sur cette mesure.
5. Quelle aurait été cette incertitude si la mesure de ∆λ avait été réalisée à l’aide
d’un réseau et d’un goniomètre dans les mêmes conditions que la mesure de λ ?

! Corrigé
1. L’interféromètre de Michelson est réglé en lame d’air à faces parallèles. L’obser-
vation se fait en plaçant un photorécepteur au foyer image d’une lentille convergente
(lentille d’observation). La différence de marche en ce point est alors δ = 2e car l’angle
d’inclinaison i est nul. Il faut ensuite enregistrer l’éclairement mesuré par le photoré-
cepteur en fonction du temps tout en faisant varier l’épaisseur de la lame d’air à l’aide
du moteur (afin d’obtenir une translation à vitesse constante). L’épaisseur de la lame
d’air et le temps écoulé sont ainsi proportionnels (à une constante près éventuelle).
Les sources associées aux deux longueurs d’onde sont incohérentes (car de nombres
d’onde différents). Il y a donc un ordre d’interférence p1 = 2eσ1 pour la première ra-
diation et p2 = 2eσ2 pour la seconde. Il y a brouillage lorsque p2 − p1 est demi-entier,
soit 2e∆σ = m + 12 avec m ∈ Z et ∆σ = σ2 − σ1 . Cela correspond aux épaisseurs de
lame d’air
1 m
em = + où m ∈ Z .
4∆σ 2∆σ

La distance Xf entre deux annulations successives est Xf = 1/(2∆σ) .


2. Pour une radiation donnée, on passe d’une frange à l’autre en faisant varier p d’une
unité, soit une variation de l’épaisseur de Xp = 1/(2σ) , avec σ ≃ σ1 ou σ2 puisque
les deux radiations sont voisines ; en fait, rigoureusement, σ = 21 (σ1 + σ2 ), ce que l’on
supposera par la suite. Puisque σ ≫ ∆σ, Xp ≪ Xf .
3. Le nombre de franges brillantes par fuseau est
Xf σ (λ + ∆λ) + λ 1 λ
N= = = ⇒ N= + .
Xp ∆σ (2∆λ) 2 ∆λ
La correction 1/2 apparaît car on a pris pour σ la valeur moyenne des deux valeurs,
elle n’y serait pas si l’on avait pris σ2 . Cela ne changerait pas beaucoup les résultats
par la suite, car N ≫ 1. La figure 9.18.1 montre l’allure de l’enregistrement (avec
toutefois N beaucoup plus faible que dans la réalité pour plus de lisibilité).
λ
4. En inversant la relation précédente, on obtient ∆λ = 1 = 600,1 pm . L’in-
N− 2
certitude relative est
δ(∆λ) δλ δN δλ + δN ∆λ
= + ⇒ δ(∆λ) = = 0,8 pm .
∆λ λ N − 12 N − 12

Ainsi, ∆λ = 600,1 ± 0,8 pm .


5. En appelant λ1 et λ2 les deux longueurs d’onde visées au goniomètre, ∆λ = λ2 − λ1
et δ(∆λ) = δλ2 + δλ1 , soit δ(∆λ) = 0,4 nm , ce qui est beaucoup moins précis,
comme prévu.
250
E 1/∆σ
4 E0
Chapitre 9. Optique

0 1/σ δ
Fig. 9.18.1. Éclairement obtenu lorsque la source émet deux radiations de lon-
gueurs d’onde voisines et de même intensité. Les enveloppes sont représentées en gris.
L’éclairement monovoie pour une radiation est noté E0 .

9.19. Largeur spectrale d’un filtre ★★★


Un interféromètre de Michelson, dont on suppose tout déphasage (par réflexion ou
transmission) au niveau de la séparatrice nul ou parfaitement corrigé, est éclairé par
la lumière issue d’un filtre interférentiel éclairé par une source blanche. On suppose
que seuls les nombres d’onde compris entre σ0 −∆σ/2 et σ0 +∆σ/2 sont représentés,
avec une densité d’éclairement spectral monovoie (éclairement lorsqu’une seule voie
est empruntée par la lumière, l’autre voie étant occultée)
E0
dE = dσ
∆σ
pour une largeur spectrale élémentaire dσ (voir figure 9.19.1). On suppose
∆σ ≪ σ0 . On rappelle que le nombre d’onde est l’inverse de la longueur d’onde.
✻dE

E0 ✛ ∆σ ✲
∆σ Fig. 9.19.1. Densité spectrale d’éclaire-
ment monovoie.


σ0 σ
L’interféromètre est en lame d’air à faces parallèles. La position du miroir M1 est
repérée par l’abscisse x comptée à partir du contact optique. La grandeur x est
ainsi l’épaisseur algébrique de la lame d’air.
On enregistre l’éclairement E(x) observé au foyer image principal d’une lentille
convergente. On constate sur l’enregistrement que les franges sont brouillées pour
une valeur Xc /2 de x (première valeur positive de x pour laquelle on observe le
brouillage).
1. Que représente Xc ? En utilisant la relation ∆ν∆t ≃ 1 (∆t caractérise la largeur
temporelle du signal, ∆ν son extension dans le domaine fréquentiel), déterminer
Xc en fonction de ∆σ puis en fonction de λ0 = 1/σ0 et ∆λ (largeur spectrale de la
source exprimée en termes de longueur d’onde).
2. Pour systématiser le calcul, on calcule la largeur Xc du lobe central dans l’enre-
gistrement (voir figure 9.19.2) et on compte le nombre N de franges dans ce lobe
central. Déterminer littéralement ∆λ en fonction de N et Xc , puis faire l’application
numérique.
251

Remarque La mesure de Xc n’est pas possible par une lecture directe de la vis
micrométrique, mais le devient en utilisant un moteur entraînant très régulièrement

Exercice 9.19. Largeur spectrale d’un filtre


le miroir à une vitesse inférieure à 0,1 µm/s et en mesurant la durée du passage du
lobe central.

E (x)

x (en µm)
−3 −2 −1 0 1 2 3
Fig. 9.19.2. Éclairement enregistré par le photorécepteur.

! Corrigé

1. On observe une annulation du contraste lorsque la différence de chemin optique


est égale à la longueur de cohérence temporelle ℓt (ℓt = cτ , où τ est le temps de
cohérence). Puisque l’on observe au foyer de la lentille, l’inclinaison est nulle et la
différence de marche est alors égale à deux fois l’épaisseur de la lame d’air, soit
δ = 2x. Le brouillage est obtenu pour δ = ℓt = 2 X2c , soit Xc = ℓt ; Xc représente la
longueur de cohérence temporelle .

Dans la relation ∆ν∆t ≃ 1, ∆t est l’extension temporelle du signal, c’est-à-dire ici son
temps de cohérence τ , et ∆ν la largeur de son spectre en fréquence. Puisque λν = c
et σ = 1/λ, on en déduit ν = cσ, donc ∆ν = c∆σ, soit finalement Xc ∆σ = 1 .

En prenant la différentielle logarithmique de l’expression σ = 1/λ puis en transformant


les variations infinitésimales en « petites largeurs » (∆σ et ∆λ, toutes deux définies
positives),
dλ ∆λ λ20
dσ = − ⇒ ∆σ = ⇒ Xc = .
λ2 λ20 ∆λ

2. L’interfrange, notée Xp , est la variation de x qui fait varier δ de λ0 , soit Xp = λ0 /2.


Le nombre N de franges dans le lobe central est alors
N = Xc /Xp = 2λ0 /∆λ = 2/(λ0 ∆σ) ⇒ λ0 = 2/(N ∆σ) .
Finalement,
λ0 4 4Xc
∆λ = 2 = 2 = 2 .
N N ∆σ N
Sur la figure 9.19.3, l’enregistrement est repris en ajoutant les enveloppes afin de bien
distinguer le lobe central ainsi que les valeurs littérales particulières. Sur cette figure,
on lit Xc = 3,0 µm et N = 12. Ainsi, ∆λ = 83 nm .
252
Xc E (x)
Chapitre 9. Optique

x (en µm)
−3 −2 − 1 −1 0 Xp = λ0 /2 1 1 2 3
2∆σ 2∆σ
Fig. 9.19.3. Éclairement enregistré par le photorécepteur. Les enveloppes sont repré-
sentées en gris.
Chapitre 10
E XERCICES OUVER TS

Méthode Analyse d’ordres de grandeur

Les exercices de cette section entrent dans la catégorie des « résolutions de pro-
blèmes ». Les situations étudiées sont réelles et, du fait de leur complexité, font
appel à de nombreuses parties du programme. Il est souvent difficile de faire une
modélisation tenant compte de tous les phénomènes. On procède donc avec des
modèles très simplifiés et on utilise l’estimation dimensionnelle pour en extraire
des ordres de grandeur. Pour cela, il faut maîtriser la méthode présentée page 279.

10.1. Interféromètre de Michelson – Anneaux visibles ★


On considère un interféromètre de Michelson réglé en lame d’air à faces parallèles
d’épaisseur e, éclairé par une source large monochromatique de longueur d’onde λ0 .
La source, circulaire de rayon R = 3,0 cm est placée dans le plan focal objet d’une
lentille L1 convergente de focale f1′ = 10 cm. Pour projeter la figure d’interférence,
on dispose d’une lentille convergente L2 de focale f2′ = 1,0 m et d’un écran. On
note θ l’angle d’incidence d’un rayon lumineux sur un des miroirs. L’indice de l’air
est pris égal à 1.
1. Où doit-on placer l’écran pour observer des franges d’interférence ? Qu’observe-
t-on sur l’écran ?
2. Faire un schéma équivalent du dispositif et construire deux rayons lumineux
pouvant interférer dans les conditions de l’étude.
3. Déterminer l’expression de la différence de marche δ des rayons issus de la
réflexion sur chacun des deux miroirs. En déduire le nombre théorique maximal N
de franges observables sur l’écran.
4. À l’aide d’une construction géométrique, déterminer la valeur maximale θmax de θ
pour cette expérience. En déduire le nombre d’anneaux effectivement visibles en
fonction de N et θmax . On peut effectuer un calcul approché à l ’ordre 2 en R/f ′ .
5. En déduire l’intervalle de valeurs de e pour lequel on ne peut pas observer
d’anneaux sur l’écran. Faire l’application numérique pour λ0 = 0,59 µm.
! Corrigé
1. Pour un interféromètre de Michelson en configuration lame d’air et éclairé par
une source étendue, les interférences sont localisées à l’infini. Dans ces conditions,
la différence de marche entre les deux ondes issues d’un point source S et réfléchies
sur les deux miroirs est indépendante de la position de S. La source est formée d’un
ensemble de points sources incohérents entre eux. On observe donc la superposition
des figures d’interférences dues à chaque point (les éclairements se somment du fait
que les vibrations issues des différents points sources n’interfèrent pas entre elles). Les
différences de marche sont identiques pour tout point S, donc les figures d’interférence
sont identiques et ne se brouillent pas. Au contraire, elles se superposent exactement,
ce qui renforce l’éclairement et rend la figure d’interférence plus visible.
254

Les interférences sont localisées à l’infini, on peut les observer sur un écran si on
place celui-ci dans le plan focal image de la lentille L2 . On observe alors des anneaux
Chapitre 10. Exercices ouverts

d’égale inclinaison, centrés sur le foyer image F2′ de la lentille.


2. Les deux rayons sont parallèles et interfèrent à l’infini. Ils semblent provenir des
images S1 et S2 du point S par les deux miroirs M1 et M′2 (voir figure 10.1.1).
S2

2e A
θ Fig. 10.1.1. Interféromètre
S1 de Michelson réglé en lame
miroir image M′2 d’air à faces parallèles.
e
miroir M1

θ
S

3. En un point M situé à l’infini, la différence de marche entre les deux ondes est
δ = (S2 M ) − (S1 M ). On introduit le point A projeté orthogonal de S1 sur la droite
S2 M . Les chemins optiques (AM ) et (S1 M ) sont égaux, d’où δ = S2 A = 2e cos θ .
L’ordre d’interférence diminue quand l’angle d’incidence θ augmente. Il est donc maxi-
mal pour θ = 0. On en déduit pmax = λ2e0 . L’ordre p varie donc entre 0 pour θ = π/2
2e
(cas théorique) et pmax . On observe au maximum N = λ0 anneaux.
L1
source

R Fig. 10.1.2. Construction


θmax
géométrique des rayons issus
F1 de la source à travers L1 .

4. Chaque point de la source a une image à l’infini par la lentille L1 . Les rayons faisant
un angle maximal avec l’axe optique sont ceux issus des points situés à la périphérie
de la source. On en déduit tan θmax = R/f1′ = 0,3, soit θmax = arctan(R/f1′ ) .
L’ordre d’interférence varie entre 2e/λ0 et 2e cos(θmax )/λ0 . On peut donc observer
2
Nobs = 2e(1−cos
λ0
θmax )
≃ feR
′2 λ
0
anneaux. En faisant intervenir la grandeur N précédem-
2
R
ment définie, le nombre d’anneaux observables Nobs = N 2f ′2 = 0,045N .

On n’observe ainsi en pratique que 5 % du nombre maximal d’anneaux théoriquement


visibles. Ainsi, en travaux pratiques, on observe une dizaine d’anneaux pour une
épaisseur de lame d’air de l’ordre de 102 λ0 .
e R2
5. Le cas étudié correspond à Nobs < 1, d’où λ0 f ′2 < 1. On en déduit

f ′2
e < λ0 = 6,6 µm .
R2
255

10.2. Détermination du doublet jaune du mercure ★★


On souhaite déterminer expérimentalement les caractéristiques du doublet jaune

Exercice 10.2. Détermination du doublet jaune du mercure


du mercure. On utilise pour cela un interféromètre de Michelson réglé en lame d’air
et éclairé par une lampe à vapeur de mercure munie d’un filtre jaune.
Le mercure possède un doublet de longueurs d’onde λ1 et λ2 dans le jaune. Pour
simplifier, on fait l’hypothèse que ces deux composantes ont la même intensité
lumineuse E0 et sont de largeur spectrale nulle.
On note λm = λ1 +λ 2
2
la longueur d’onde moyenne et ∆λ = λ2 − λ1 l’écart entre les
deux longueurs d’onde. On a ∆λ ≪ λm , donc λ1 ≃ λ2 ≃ λm .
On place au centre O des anneaux un capteur de lumière de petite taille délivrant
un signal u fonction affine de l’intensité lumineuse E en O, u = α + βE. À l’aide
d’un moteur, on translate le miroir mobile à vitesse constante V = 0,56 µm · s−1 ,
ce qui permet de faire varier l’épaisseur de la lame d’air e(t) = V t en partant du
contact optique à l’instant t = 0.
1. Montrer que l’intensité résultante en O s’exprime sous la forme
R % π & + ,X

E(t) = E0 1 + cos t cos t ,
∆t T0
où T0 et ∆T ≫ T0 sont deux grandeurs homogènes à des temps, à exprimer en
fonction de λm , ∆λ et V .
u(t)

%
t !("#$
(s)

Fig. 10.2.1. Enregistrement de u(t) (lié de façon affine à l’intensité en O) sur


un temps court.
u(t)

!
t (s)

Fig. 10.2.2. Enregistrement de u(t) (lié de façon affine à l’intensité en O) sur


un temps long.
2. En exploitant les courbes expérimentales données aux figures 10.2.1 et 10.2.2,
déterminer λm et ∆λ.
256

3. À l’aide de la figure 10.2.2, préciser si l’hypothèse sur l’intensité des deux com-
posantes du doublet est vérifiée (on attend une justification).
Chapitre 10. Exercices ouverts

L’exploitation de la courbe aurait-elle été modifiée si les deux composantes du


doublet avaient des intensités différentes ?
! Corrigé
1. Les deux composantes du doublet sont deux sources incohérentes entre elles. Par
conséquent, leurs intensités en O s’ajoutent, E(0) = E1 (0) + E2 (0). On obtient ainsi
une figure d’interférence très proche de celle obtenue avec une source monochromatique,
mais dont le contraste peut varier.
La différence de marche entre les deux ondes issues de la composante λi et
interférant en
: O vaut % δ = 2e &; = 2V t. L’éclairement correspondant est de la forme
Ei (0) = E20 1 + cos 2π λi 2V t , pour i ∈ {1; 2}, car les deux ondes se propageant
dans chacun des bras de l’interféromètre ont des intensités respectives E40 en sortie de
l’interféromètre après réflexion et transmission par la lame semi-réfléchissante. On en
déduit
< + , + ,=
E0 2π 2π
E(0) = 2 + cos 2V t + cos 2V t
2 λ1 λ2
R < + ,= < + ,=X
1 1 1 1
= E0 1 + cos 2πV t + cos 2πV t − .
λ1 λ2 λ1 λ2
Or, 1
λ1 + 1
λ2 = λ1 +λ2
λ1 λ2 ≃ et λ11 − λ12 = λλ21−λ
2
λm
1 ∆λ
λ2 ≃ λ2m , donc
< + , + ,=
4πV t ∆λ
E(0) = E0 1 + cos cos 2πV t 2 .
λm λm
λm
On compare les temps caractéristiques apparaissant dans les deux facteurs, t1 = 2πV
λ2m
et t2 = 2πV ∆λ . On en déduit que t2 ≫ t1 . Par identification,

λm λ2m
T0 = et ∆t = .
2V 2V ∆λ
On peut vérifier que ces deux grandeurs sont bien homogènes à des temps.
2. On observe sur le temps long que u(t) est un signal quasi sinusoïdal de période T0
modulé en amplitude par une fonction sinusoïdale (enveloppe) de période ∆t. On
utilise la courbe de la figure 10.2.1 pour mesurer T0 . Afin d’améliorer la précision de
la lecture, on mesure un grand nombre de périodes, par exemple 27 T0 = 14 s. On en
déduit T0 = 0,52 s, donc λm = 0,58 µm . Cette longueur d’onde correspond bien à
du jaune. Compte tenu de la précision de lecture et de la précision sur V , on ne peut
être plus précis sur la valeur de λm .
On tire de la courbe de la figure 10.2.2 la période du contraste (enveloppe du signal),
∆t = 143 s, d’où ∆λ = 2,1 nm .
Les deux composantes du doublet jaune du mercure sont plus séparées que celles du
doublet jaune du sodium, pour lequel ∆λ = 0,59 nm.
3. Si les deux composantes du doublet ont la même intensité, le contraste varie entre 0
(figures d’interférence en anticoïncidence) et 1 (coïncidence). Dans le cas où les deux
composantes ont des intensités E1 et E2 différentes, le contraste maximal vaut tou-
jours 1 lorsque les deux figures sont en coïncidence (l’intensité maximale vaut alors
E1 + E2 ), mais le contraste minimal ne vaut plus zéro.
257

Par exemple, on suppose que E2 > E1 . En cas d’anticoïncidence, l’intensité minimale


correspond à une valeur de δ pour laquelle λ1 donne une frange brillante, tandis que λ2

Exercice 10.3. Estimation du nombre d’Avogadro


donne une frange sombre, d’où Emin = E1 . De même, l’intensité est maximale pour
une situation contraire et Emax = E2 . On en déduit le contraste minimal,
E2 − E1
Cmin = .
E1 + E2
Sur la courbe de la figure 10.2.2, dans la zone où l’amplitude de l’enveloppe est
max −umin
maximale, on mesure umax = 3,2 et umin = 2,9 d’où Cmin = uumax +umin = 0,05. Cette
valeur est très proche de zéro, donc les deux intensités E1 et E2 sont très proches. Si
1−x
on note x = E1 /E2 , on a Cmin = 1+x = 0,05 d’où x = 0,9 . Les deux intensités sont
effectivement très proches et l’hypothèse effectuée au départ était raisonnable.
La période du contraste est indépendante des intensités des deux composantes. Elle est
liée à une variation de la différence de marche telle que les deux figures d’interférences
passent d’une coïncidence où les ordres d’interférences des deux composantes sont
entiers (p1 = p2 + ℓ) à la coïncidence suivante (p1 = p2 + ℓ + 1).

10.3. Estimation du nombre d’Avogadro ★★


1. Préliminaire : étude de l’atmosphère isotherme
On note p0 la pression au niveau du sol. En considérant l’atmosphère comme un
gaz parfait de température uniforme T , exprimer en fonction de l’altitude z, du
champ de pesanteur g, de la constante des gaz parfaits R et de T , la pression p(z) à
l’altitude z. En déduire la densité moléculaire n∗ en fonction de l’énergie potentielle
de pesanteur d’une particule et de la densité moléculaire n∗0 au niveau du sol.
2. Méthode de Perrin
Jean Perrin plaça dans un vase des molécules de mastic (macromolécules visibles
au microscope, de diamètre d mesurable à l’époque) de masse volumique ϱS plon-
gées dans un liquide de masse volumique ϱℓ légèrement inférieure (afin que les
macromolécules ne se déposent pas toutes au fond du vase). L’action du champ de
pesanteur est partiellement contrecarrée par la poussée d’Archimède et on obtient
alors une « atmosphère » de particules. Connaissant R, une mesure de la constante
de Boltzmann kB est équivalente à une mesure de Na .
Donner l’expression de la densité de macromolécules dans le vase en fonction de z.
Une reproduction de cette célèbre expérience a été réalisée avec de petites billes de
polystyrène (ϱS = 1,053 · 103 kg · m−3 ) de diamètre d = 1,0 µm plongées dans une
solution de glycérol à 11 % (ϱℓ = 1,025 · 103 kg · m−3 ), la température étant main-
tenue uniforme et constante (295 K). Les mesures ont été effectuées au microscope
(Horne, Farago, Oliver, « An experiment to measure Boltzmann’s constant », Bos-
ton University, 1972). La densité des billes décroît d’un facteur 1/e sur une distance
∆z = 27,4 µm. En déduire une estimation de la constante de Boltzmann.
3. Méthode de Langmuir
L’acide oléique CH3 − (CH2 )7 − CH = (CH2 )7 − COOH, de masse volumique
ϱ = 0,895 g · cm−3 et de masse molaire M = 282 g · mol−1 , présente une partie
hydrophile et une partie hydrophobe. Cela conduit à un étalement en couche mono-
moléculaire sur la surface de l’eau. En supposant la molécule cubique, sachant qu’il
faut une masse m = 0,10 mg d’acide oléique pour recouvrir une surface S = 0,10 m2
d’eau, en déduire une estimation du nombre d’Avogadro Na .
258

! Corrigé
1.
Chapitre 10. Exercices ouverts

Méthode Modèle de l’atmosphère isotherme

La pression n’est pas uniforme dans l’atmosphère. Le volume de l’atmosphère n’est


pas une grandeur nettement définie, car la densité du gaz diminue progressivement
dans les hautes couches. Par conséquent, même en supposant que l’atmosphère
est constituée d’un gaz parfait à température uniforme, l’écriture pV = nRT n’a
pas de sens (à cause de p et V ).
On peut utiliser la loi des gaz parfaits, mais sous sa forme locale
ϱRT
p= .
M
Dans cette équation, les champs de pression, de masse volumique et de tempéra-
ture peuvent dépendre du point considéré (non-uniformité).

La relation de la statique des fluides s’écrit dp = −ϱg dz. En combinant les deux
relations, on obtient
´z
ˆ p(z) ˆ z
pM dp Mg z=0 dp Mg
dp = − g dz ⇒ =− dz ⇒ = − dz
RT p RT0 p(z=0) p z=0 RT
+ ,
p(z) Mg M gz
ln =− (z − z0 ) ⇒ p(z) = p0 exp − . (10.3.1)
p0 RT RT

Rappel Constantes thermodynamiques

La constante de Boltzmann kB , le nombre d’Avogadro Na et la constante R des


gaz parfaits sont liés par R = Na kB .

La loi des gaz parfaits peut s’écrire pV = nNa kB T . Cela fait apparaître N = nNa ,
le nombre de molécules contenues dans le volume V , donc pV = N kB T . En divisant
par le volume, on fait apparaître la densité moléculaire n∗ = N V , grandeur intensive
qui correspond au nombre de molécules par unité de volume. Ainsi p = n∗ kB T , soit,
d’après la relation (10.3.1) et en notant eP (z) = mgz l’énergie potentielle de pesanteur
d’une molécule,
< =
eP (z)
n∗ (z) = n∗0 exp − . (10.3.2)
kB T

2. En généralisant ce résultat aux macromolécules de l’expérience de Jean Perrin,


on obtient leur loi de distribution au sein du liquide. Pour ce faire, il faut tenir
compte, dans le calcul de l’énergie potentielle d’une de ces particules, de la poussée
d’Archimède qu’elle ressent, donc
+ ,3
4 d
eP (z) = (mS − mℓ )gz = π (ϱS − ϱℓ )gz . (10.3.3)
3 2
259

Pour accéder à la constante de Boltzmann, on mesure au microscope les concentrations


n∗1 et n∗2 en macromolécules dans le vase à deux altitudes z1 et z2 . Des relations (10.3.2)

Exercice 10.4. Frottement de rayonnement


et (10.3.3), on déduit
(mS − mℓ )(z2 − z1 )g
kB = n∗
.
T ln n∗1
2

Avec les résultats de l’expérience de 1972, il vient


7 + ,3 8
g ∆z 4 d
kB = π(ϱS − ϱℓ ) ⇒ kB = 1,336 · 10−23 J · K−1 .
T 3 2

Cette valeur est proche de la valeur kB = 1,38 · 10−23 J · K−1 utilisée.


Remarque Jean Perrin continua pendant plusieurs années ses recherches sur les
solutions colloïdales. C’est pour ses mesures du nombre d’Avogadro grâce à l’étude
du mouvement brownien qu’il reçut le prix Nobel en 1926.
3. On attribue à chaque molécule un encombrement correspondant à celui d’un cube de
côté a. L’épaisseur du film moléculaire est donc a et une molécule occupe une surface
d’aire a2 . La masse est m0 = 0,10 mg. Les N molécules d’acide oléique occupent,
sous forme de goutte liquide, le volume V = m0 /ϱ, puis se répartissent en un film
de surface S. Cela donne deux équations, V = N a3 et S = N a2 . On en tire des
estimations de a et N ,
V m0
a= = ≃ 1,1 nm et N ≃ 8,4 · 1016 .
S ϱS
Il y a donc N ≃ 8,4 · 1016 molécules dans m0 = 0,10 mg d’acide oléique. Or, par
définition du nombre d’Avogadro, il y a Na molécules dans une mole, soit dans
M = 282 g d’acide oléique,
M 282
Na = N = 8,4 · 1016 ≃ 2,3 · 1023 mol−1 .
m0 0,10
Ce résultat est différent de la valeur Na = 6,02 · 1023 mol−1 de la littérature. Toutefois,
compte tenu des approximations effectuées, ce résultat est remarquable. En effet, si a
représente bien l’épaisseur du film, une molécule occupe généralement sur l’eau une
surface d’aire inférieure à a2 . Cela augmente N et donc la valeur de Na trouvée.

10.4. Frottement de rayonnement ★★


On modélise le mouvement de l’électron (masse m, charge −e) d’un atome par un
oscillateur harmonique, ce dernier effectuant de petites oscillations au voisinage
d’une position d’équilibre stable. L’électron oscille suivant l’axe (O, #–
u x ), le noyau
étant fixe en O. Du fait de ses interactions avec le noyau, il subit une force de
#–
rappel vers le point O de la forme F ext = −m ω0 2 x #–u x.
On admet que toute charge accélérée rayonne un champ électromagnétique. Par
conséquent, l’électron oscillant émet un rayonnement dont la puissance moyenne
(sur une période d’oscillation de l’électron) est donnée par la formule de Larmor,
e2 ⟨ẍ2 ⟩
⟨P ⟩ = ,
6 π ε 0 c3
où c est la célérité de la lumière dans le vide et ε0 la permittivité diélectrique du
vide.
260
#–
1.a. Pour justifier l’expression de F ext , on adopte le modèle de Thomson. Le noyau
d’un atome d’hydrogène est assimilé à une boule de centre O, de rayon a, portant
Chapitre 10. Exercices ouverts

une densité volumique de charge uniforme. L’électron évolue dans cette boule.
#–
Déterminer l’expression du champ électrique E créé par le noyau pour r < a.
#–
1.b. En déduire la force F ext qu’exerce le noyau sur l’électron lorsque celui-ci se
déplace dans la boule uniquement suivant (O, #– u x ). Établir le lien avec la force de
rappel proposée et exprimer ω0 en fonction de e, m, ε0 et a.
2. On étudie les oscillations libres de l’électron, c’est-à-dire que les pertes par rayon-
nement sont omises dans cette question. Déterminer x(t) en fonction des données,
en prenant pour conditions initiales x(0) = x0 et ẋ(0) = 0. En déduire l’expres-
sion de l’énergie mécanique moyenne E de l’électron sur une période d’oscillation.
Exprimer le résultat en fonction de m, ω0 et x0 .
3. On tient désormais compte du rayonnement. On considère que E, malgré sa di-
minution due au rayonnement, diffère peu sur une période de l’expression établie
à la question 2. En tenant compte de la puissance moyenne ⟨P⟩ perdue par rayon-
nement, établir l’équation différentielle vérifiée par E. En déduire que E dépend du
temps et se met sous la forme
E(t) = E0 exp(−Γ t) .
Calculer 1/Γ dans le cas de la raie bleue du spectre de l’atome d’hydrogène
(λ = 486,1 nm) et en donner une interprétation physique. Compte tenu de la valeur
de 1/Γ par rapport à T0 = 2π
ω0 , justifier le calcul effectué.
Données. e ≃ 1,6 · 10−19 C ; m ≃ 9,1 · 10−31 kg ; ε0 = 8,85 · 10−12 F · m−1 ;
c = 3 · 108 m · s−1 .

! Corrigé
#–
1.a. Le calcul du champ E créé par une boule uniformément chargée est décrit à
l’exercice 4.2 page 77,
#– ϱr #–
E= u r si r < a .
3ε0

#– #– #–
1.b. L’électron est alors soumis à la force électrique F ext = q E = −eE. Dans le
#–
cadre des mouvements envisagés, r = x(t) et #– u x , donc F ext = −eϱx
u r = #– 3ε0 u x . La
#–
+e
densité volumique de charge du noyau est supposée uniforme, donc ϱ = 4 πa3 , et
3
#– 2
Fext = − e x #– u . En comparant avec la force proposée, on identifie
4πa3 ε0 x

2
e2
ω0 = .
4πa3 mε0

2. Dans le cas des oscillations libres, on obtient, compte tenu des conditions initiales,
x(t) = x0 cos(ω0 t). Par conséquent, ẋ(t) = −ω0 x0 sin(ω0 t) et
Y Z
1 2 1 2 2 1
E = ⟨Ec + Ep ⟩ = m ẋ + m ω0 x ⇒ E = m ω02 x20 .
2 2 2
261

3. On utilise la formule de Larmor en travaillant sur des grandeurs moyennées sur


une période,

Exercice 10.5. Temps de chute de deux planches


dE e2 ω04 x20 e2 ω02
= − ⟨P⟩ = − 3
=− E
dt 12π ε0 c 6π ε0 c3 m

dE 1 6π ε0 c3 m
⇒ + E = 0 avec τ = (temps de relaxation) .
dt τ e2 ω02
On en déduit + ,
t
E(t) = E(0) exp − .
τ

Pour la raie bleue de l’atome d’hydrogène, τ ≃ 1 · 10−8 s . Ce temps, communément


appelé durée du train d’onde, est très grand devant la période T0 = λc ≃ 3,87 · 10−15 s.
La durée pour que l’amortissement soit de 95 % est 3τ ≃ 3 · 108 s. Le nombre d’oscil-
3,0 · 108
lations avant amortissement à 95 % est donc N = T3τ0 ≃ 3,8 · 10−15
≃ 7 · 106 . L’électron
oscille 7 millions de fois avant que son énergie mécanique ne soit divisée par 20. Le
fait que l’énergie de l’oscillateur ne varie quasiment pas lors d’une pseudo-oscillation
justifie que l’on peut travailler avec des grandeurs moyennées sur une période.

10.5. Temps de chute de deux planches ★★★


Deux planches identiques, de masse M , d’épaisseur non nulle et de longueur L sont
posées verticalement sur le sol. Une des deux planches est lestée par une masse m
considérée comme ponctuelle et fixée en haut de celle-ci (voir figure 10.5.1). On
peut considérer qu’à l’état initial ces deux planches font un angle θ0 ≪ 1 rad avec
la verticale, et qu’à tout instant les planches sont en contact par le bas avec le sol.
Autrement dit, elles ont un mouvement de rotation autour d’un axe fixe. On note J
le moment d’inertie de chacune des planches par rapport à cet axe.
Les deux planches sont lâchées de cette position instable à t = 0. Laquelle touche
le sol en premier ? Il n’est pas nécessaire de calculer explicitement le temps de
chute. Seule une comparaison des deux temps suffit. On peut exploiter la forme du
moment d’inertie à la fin du calcul en prenant J = 13 M L2 . La réponse dépend-elle
de la valeur de m ?

g
#–

Fig. 10.5.1. Chute de deux planches dont une est lestée.


262

! Corrigé
Intuitivement, on a tendance à affirmer que la planche la plus lourde touchera le sol
Chapitre 10. Exercices ouverts

en premier. Or, ce raisonnement est faux pour la chute libre sans frottement d’un
objet ponctuel, car le temps de chute ne dépend pas de la masse ( #– a = #–g ). La chute
résulte de la compétition entre deux termes, l’inertie et le poids. Ici, le mouvement
est restreint par une liaison au sol, qui provoque un mouvement de rotation autour
de la ligne de contact I.
On commence par étudier le mouvement de la planche avec la masse m. Le mouvement
de la planche sans masse s’en déduira en prenant m = 0. Le mouvement est une
rotation autour de l’axe fixe I, repérée par l’angle θ par rapport à la verticale, qui
varie de θ0 ≪ 1 rad à π/2. Les notations sont définies sur la figure 10.5.2.
A (M )

θ
g
#–

I

Fig. 10.5.2. Chute d’une planche lestée.

dθ #–
La masse m, située en A, a pour vecteur vitesse #– v (A) = L u θ . Les actions exté-
dt
rieures qui s’appliquent à la planche sont le poids et la réaction du sol sur la planche
(les frottements contre l’air sont omis). La réaction est inconnue, ce qui compliquerait
une étude par la loi de la quantité de mouvement. Comme cette réaction s’applique
sur l’axe I, son bras de levier est nul, donc son moment par rapport à l’axe est
nul. Il est plus simple d’étudier la dynamique en appliquant le théorème du moment
cinétique à l’ensemble {planche + m}. Le moment cinétique scalaire σI de la planche
par rapport à l’axe (I, #–
u y ) est, par extensivité, celui de la planche sans la masse m,
auquel on ajoute celui de la masse m,
dθ % # – & dθ
σI = J + IM ∧ m #– v (A) · #–u y = (J + mL2 ) .
dt dt
Le moment du poids par rapport à l’axe (I, #– u y ) est aussi obtenu par extensivité. Le
poids de l’ensemble est en effet le poids de la planche, qui s’applique en son milieu G,
car celle-ci est homogène, ainsi que le poids de la masse m, qui s’applique en A. Le
moment total est donc
%# – & + ,
#– M
MP = IG ∧ M #– g + IA ∧ m #–g · #–
uy = L + m g sin θ .
2
Il est positif, car il tend à faire augmenter θ. Finalement, l’équation du mouvement
dσI
est = MP , soit pour les deux planches, avec et sans masse m,
dt
+ ,
d2 θ M
(J + mL2 ) 2 = Lg + m sin θ ,
dt 2
d2 θ M
et J = Lg sin θ .
dt2 2
263

Qualitativement, ces équations représentent bien une chute, car elles correspondent
à un mouvement de plus en plus accéléré, le sinus étant en permanence positif et

Exercice 10.5. Temps de chute de deux planches


devenant de plus en plus grand à mesure que θ s’approche de π/2. En prenant en

compte les conditions initiales (0) = 0 et θ(0) = θ0 , les solutions doivent ressembler
dt
aux courbes de la figure 10.5.3. Les solutions analytiques de ces deux équations ne
sont pas évidentes au premier abord. Peut-on alors comparer facilement les solutions
de ces deux équations sans les résoudre explicitement ?
π π
• •
2 2

1
θ

θ
0,5

0 • • 0 •
t tf,1 tf,2 0 1 2 3 4 5 uf
u
Fig. 10.5.3. À gauche, allure des solutions de l’angle de chute en fonction du temps
pour les deux planches : laquelle est lestée ? À droite, solution de l’équation adimen-
sionnée intégrée numériquement pour θ0 = 0,01. Dans ce cas, on trouve uf = 5,80.

Pour répondre à la question posée, c’est-à-dire comparer deux solutions d’une même
équation différentielle, la méthode la plus adaptée est d’adimensionner l’équation. En
effet, la solution mathématique de ces deux solutions ne dépend que d’un paramètre
de contrôle, le temps d’évolution qui apparaît dans l’équation différentielle. On pose
2 2
J + mL2 2J t
τ1 = M
, τ2 = , et u = , pour i = 1 ou 2 (planche lestée
L( 2 + m)g LM g τi
ou non, respectivement). Dans ce cas, les deux situations sont décrites par l’unique
d2 θ dθ
équation = sin u . Pour les conditions initiales (0) = 0 et θ(0) = θ0 , celle-
du 2 du
ci admet une solution unique, notée θc (u), dont le tracé est donné à droite sur la
figure 10.5.3. Graphiquement, l’équation θc (u) = π/2 possède une unique solution uf .
Sa valeur pour θ0 = 0,01 a été obtenue numériquement et indiquée sur la figure 10.5.3.

Méthode Adimensionner une équation

Une équation différentielle comporte toujours des paramètres physiques (dimen-


sionnés). En chercher une solution nécessite de connaître la fonction mathéma-
tique qui possède le bon comportement. Or, les fonctions mathématiques, sans
dimension, ne dépendent pas des paramètres physiques. Adimensionner une équa-
tion différentielle en physique revient à spécifier le nombre minimal de paramètres
de contrôle (sans dimension) qui régissent la solution mathématique de l’équa-
tion.
264

Méthode (suite)
Chapitre 10. Exercices ouverts

Dans cet exercice, l’équation est de la forme


d2 θ 1
= 2 f (θ) ,
dt 2 τ
où θ représente un angle, sans dimension, t le temps, τ un temps caractéris-
tique qui dépend des paramètres physiques, et f (θ) une fonction mathématique
t
sans dimension. En posant u = sans dimension, l’équation obtenue ne dépend
τ
d’aucun paramètre physique dimensionné. La situation est réduite à un problème
purement mathématique, dont la résolution est souvent directe.
! Par cette méthode, on peut révéler le comportement général d’un système.
Une seule fonction mathématique permet la description d’un grand nombre de
comportements (croissance, décroissance, loi exponentielle, sinusoïdale, etc.).
! Cette méthode facilite la résolution numérique (informatique) des équations,
car elle évite d’avoir à spécifier des grandeurs dimensionnées dans le programme
informatique.
! Pour certaines équations, il reste des paramètres (nombres sans dimension)
qui sélectionnent le type de solutions mathématiques. Par exemple, l’équation du
mouvement d’un oscillateur harmonique avec frottement fluide est de la forme
d2 x dx
+α + ω2x = 0 ,
dt2 dt
où x représente une position, α l’inverse d’un temps caractérisant le frottement
fluide, et ω la pulsation propre de l’oscillateur. Pour l’adimensionner, on peut
poser u = ωt, de sorte que l’équation se ramène à
d2 x dx
+A +x = 0.
du2 du
Il reste un paramètre numérique A = α/ω sans dimension, qui permet de sélec-
tionner le type de solution. Le régime est pseudo périodique si A < 2, critique si
A = 2 et amorti si A > 2.

Les solutions d’origine se déduisent


+ , de la solution θc (u) en faisant le changement de
t
variable inverse θ(t) = θc . Le temps de chute est alors donné par tf,i = uf τi
τi
pour i = 1 ou 2. La valeur numérique uf étant constante, il suffit alors de comparer
les temps caractéristiques τi pour répondre à la question. On constate que
1
τ2 < τ1 ⇐⇒ J< M L2 . (10.5.1)
2
Or, pour une planche homogène, le moment d’inertie par rapport à l’axe (I, #– u y ) de
la planche est J = 13 M L2 . La condition (10.5.1) est donc vérifiée quelle que soit la
valeur de la masse ajoutée m. La planche qui touche le sol en premier est donc celle
qui a le plus petit temps de chute (soit τ2 ), c’est-à-dire la planche sans masse !
On rappelle que la chute résulte de la compétition entre deux effets : l’inertie de la
planche, d’une part, et l’effet du poids, d’autre part. Ici, lorsque la planche est en
position haute, le poids a très peu d’effet (faible bras de levier) et son moment est
265

proportionnel à sin θ. En revanche, le moment d’inertie est proportionnel à la masse.


Plus m augmente, plus le moment d’inertie augmente, alors que l’effet du poids est peu

Exercice 10.6. Mesure de température – Évaluations d’incertitudes


modifié. La planche la plus inerte met donc plus de temps à démarrer le mouvement,
et elle arrive plus tard en bas.
On peut remarquer que, si on ajoute une masse en bas de la planche, le moment
d’inertie est peu modifié, donc le temps de chute également.
On pourrait objecter que la plus grande masse pourrait rattraper l’autre une fois que
l’angle est suffisamment grand, mais on retombe alors sur le cas de la chute libre, dont
la durée ne dépend pas de la masse. En effet, la « forme » du mouvement θ(u) est
identique quelle que soit la répartition de masse. Pour une répartition donnée, on ne
peut commencer le mouvement plus lentement pour le finir plus rapidement qu’avec
une autre répartition de masse. Le seul paramètre qui peut vraiment influencer le
mouvement est θ0 . En effet, si θ0 = 0, le temps de chute est infini car la position
θ = 0 est une position d’équilibre (instable). Dès que l’angle initial n’est pas nul, la
planche chute. Pour faire l’expérience, il faut donc veiller à comparer deux situations
ayant exactement le même θ0 .
On pourrait pousser plus loin l’analyse en étudiant l’influence de θ0 sur le temps
de chute. De même, on pourrait étudier la force de réaction du sol sur la planche
au niveau de l’axe (I, #–
u y ). Notamment, il peut arriver qu’il y ait décollement de la
planche, lorsque la force de réaction normale devient nulle. De même, on pourrait
analyser la force de frottement, et vérifier la condition de glissement. Lorsqu’il y a
glissement ou décollement, la planche avec la masse ajoutée touche-t-elle le sol en
premier, finalement ?

10.6. Mesure de température – Évaluations d’incertitudes ★


Lors d’une session de travaux pratiques, 18 groupes d’étudiants réalisent la même
expérience, dans des conditions comparables. Ils étudient les propriétés d’un capteur
de température, le thermocouple, en mesurant la différence de température entre
deux sources de températures fixées, de l’eau distillée contenant de la glace sous
pression atmosphérique, et la même eau en ébullition (voir figure 10.6.1).

V
eau
eau et glace U = K ∆T
bouillante
• •
à Patm T1 T2 à Patm

Fig. 10.6.1. Principe de la mesure d’une différence de température


∆T = T2 − T1 avec un thermocouple.

Aux bornes d’un tel capteur, on mesure une différence de potentiel U = K ∆T ,


où ∆T est la différence de température à mesurer, et K un coefficient thermoélec-
trique caractéristique du capteur, donné par le constructeur dans ces conditions,
K = 40,0 µV · K−1 . Le constructeur précise qu’il existe des défauts de linéarité d’un
capteur à l’autre, de l’ordre de ±0,75 %. Chaque groupe mesure la différence de po-
tentiel délivrée par le capteur au moyen d’un voltmètre numérique au calibre 20 mV,
pour lequel le constructeur du voltmètre indique que pour une telle mesure, la pré-
cision attendue est de « 0,005 % + 2 U.I. ». Une « U.I. »représente la valeur du
dernier chiffre d’affichage.
266

Les résultats bruts pour les N = 18 groupes, tels qu’ils sont lus sur les voltmètres,
sont reportés dans le tableau 10.6.2.
Chapitre 10. Exercices ouverts

Groupe 1 2 3 4 5 6 7 8 9
Tension U (mV) 4,023 4,012 3,994 4,019 4,052 4,011 3,997 4,006 4,010
Groupe 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Tension U (mV) 4,003 4,011 4,026 4,017 4,007 3,996 4,017 4,019 4,010

Tableau. 10.6.2. Résultats des mesures brutes des 18 groupes pour la mesure
de la différence de potentiel U aux bornes du thermocouple.
1. Quelles sont les caractéristiques statistiques utiles de cet ensemble de résultats ?
Donner leurs significations physiques et les évaluer numériquement.
2. À l’aide d’un logiciel graphique (ou d’une calculatrice), tracer l’histogramme
de cet ensemble, c’est-à-dire le nombre de résultats compris dans un certain inter-
valle, en fonction de la valeur centrale de l’intervalle. Commenter. Où retrouve-t-on
les caractéristiques statistiques de la distribution énoncées précédemment ? Que se
passe-t-il si on augmente le nombre N de mesures, vers quoi tend cette distribu-
tion ?
3. On considère que la valeur expérimentale recherchée Uexp de la tension est la va-
leur moyenne de la distribution lorsque N → ∞. Quelle caractéristique s’approche
le mieux de cette valeur ? Cette caractéristique n’est pas égale strictement à la va-
leur recherchée : quelle est la meilleure évaluation de l’erreur commise ? Comment
se comporte cette erreur si N → ∞ ?
4. Quel résultat retient-on alors pour la mesure de la tension U ? Mentionner l’éva-
luation de l’incertitude et les chiffres significatifs retenus.
5. Quelle est la valeur attendue Uatt par l’expérience ? Y-a-t-il une incertitude sur
cette valeur attendue ? Quelle évaluation peut-on en faire ?
6. Commenter la valeur attendue par rapport à celle obtenue par l’expérience.
Que peut-on dire sur la qualité de l’expérience ? Quel est le critère généralement
retenu ?
7. Quel est le résultat de la mesure si seules les données du groupe no 1 sont ac-
cessibles ? Comment évaluer l’incertitude sur cette mesure unique ? A-t-on accès à
cette information grâce à l’histogramme de la question 1 ? Commenter.
8. Comparer et commenter la valeur mesurée, en tenant compte des incertitudes,
de la différence de température ∆Texp , en prenant en compte les 18 mesures ou
seule la mesure du groupe no 1.
! Corrigé
Cet exercice suit le raisonnement que l’on doit avoir en travaux pratiques lors de
la rédaction d’un compte-rendu. Les premières questions sont des rappels sur les
principes qui guident la méthode d’évaluation des incertitudes expérimentales.
267

1.

Exercice 10.6. Mesure de température – Évaluations d’incertitudes


Rappel Moyenne et écart type

Pour un ensemble de résultats numériques Ui , avec ici 1 " i " N , les premières
caractéristiques sont la moyenne ⟨U ⟩ et l’écart type σU (appelé aussi déviation
standard, c’est un anglicisme), définis respectivement par
U
N 3 V N : ;
1 F 2
V1 F 2
⟨U ⟩ = Ui et σU = ⟨U ⟩ − ⟨U ⟩ =
2 W Ui2 − ⟨U ⟩ .
N i=1 N i=1

! La moyenne, ici appelée arithmétique par les mathématiciens, est le barycentre


non pondéré des points de mesure. C’est une bonne représentation du résultat
« moyen » autour duquel l’ensemble des mesures se distribue.
! L’écart type représente l’écart « typique » entre chaque point et la valeur
moyenne. C’est donc une bonne représentation de la largeur de la distribution. Il
possède la même dimension que U .

Ici, les valeurs des tensions donnent ⟨U ⟩ = 4,012778 mV et σU = 0,013309 mV . Le


nombre de chiffres significatifs a été volontairement gardé grand, tel que la calculatrice
peut le donner.
2. Le tracé de l’histogramme est représenté sur la figure 10.6.3. On y lit, par exemple,
qu’il y a n = 5 valeurs comprises entre 4,010 mV et 4,015 mV. On retrouve la valeur
moyenne, comme on s’y attend, au milieu de cet histogramme, et l’écart type est bien
cohérent avec sa largeur, ou plus précisément, sa demi-largeur, comme on va le voir
dans la suite.
Lorsque N → ∞, cette distribution va se « remplir » et va tendre vers une courbe
en cloche. Dans ce cas, la représentation la plus adaptée n’est pas tout à fait l’histo-
gramme des valeurs, mais de la densité des valeurs, c’est-à-dire du nombre de valeurs
dans l’intervalle divisé par N . Cela donne un histogramme dont les valeurs en ordon-
nées sont comprises entre 0 et 1, et dont l’intégrale vaut 1.

Méthode Histogramme

Tracer un histogramme revient à représenter le nombre de valeurs comprises dans


certains intervalles, en fonction de la valeur centrale (ou de la limite gauche ou
droite, selon les représentations retenues) des intervalles considérés. Il s’agit donc
de découper la distribution des valeurs obtenues en un nombre P d’intervalles tel
que le nombre de valeurs dans un intervalle donné soit significatif (notamment
pas trop proche de N ), et que le nombre d’intervalles qui donnent une valeur
nulle ne soit pas trop grand. La figure 10.6.4 donne deux exemples de mauvaises
représentations d’histogrammes (avec P = 64 et P = 4) à partir des données du
tableau 10.6.2 qui ont servi pour établir l’histogramme de la figure 10.6.3 (tracé
avec P = 16 intervalles).
268

⟨U ⟩ = 4,0128 mV
Chapitre 10. Exercices ouverts

nombre n de valeurs
4
σU = 0,0133 mV
3

0 • • •
3,985

3,990

3,995

4,000

4,005

4,010

4,015

4,020

4,025

4,030

4,035

4,040

4,045

4,050
U (mV)
Fig. 10.6.3. Histogramme des données brutes des mesures de la différence de
potentiel U . La valeur moyenne et l’écart type ont été représentés.

12
5 11
10
4 9
8
7
3
6
5
2 4
3
1 2
1
0 0
3,985
3,990
3,995
4,000
4,005
4,010
4,015
4,020
4,025
4,030
4,035
4,040
4,045
4,050

3,980

3,990

4,000

4,010

4,020

4,030

4,040

Fig. 10.6.4. Histogrammes établis avec les mêmes données que pour celui de la
figure 10.6.3, mais dans des représentations mal choisies.

3. Toutes ces valeurs expérimentales sont entachées d’erreurs dues à la mesure, et


se rapprochent de la valeur expérimentale recherchée, notée Uexp . Si N → ∞, alors
cette valeur recherchée est Uexp = ⟨U ⟩. Si N ne tend pas vers l’infini, on ne la connaît
pas exactement, mais ⟨U ⟩ en est une très bonne estimation. En prenant ce résultat,
on effectue une erreur, notée δU . On peut montrer qu’une bonne estimation de cette
erreur est
σU
δU ≈ √ , (10.6.1)
N
appelée incertitude sur le résultat ⟨U ⟩ de la mesure. Comme on s’y attend, cette
grandeur tend bien vers zéro lorsque N → ∞, puisque l’estimation de Uexp par ⟨U ⟩
est de plus en plus précise.
269

Estimation d’une incertitude, interprétation


Attention statistique

Exercice 10.6. Mesure de température – Évaluations d’incertitudes


L’estimation δU de l’incertitude sur la valeur de Uexp donnée par la for-
mule (10.6.1) est approchée. Pour bien comprendre les enjeux de cette évaluation,
il est utile de préciser quelques notions.
! Il existe trois sortes d’écarts types, qu’il faut bien distinguer :
exp
1. l’écart type intrinsèque σU de la mesure, inconnu, dû à l’ensemble des
erreurs expérimentales ;
2. l’écart type σU des N mesures, qui résulte de ces erreurs. Lorsque le nombre
exp
de mesures tend vers l’infini, σU → σU ;
est exp
3. l’estimation σU de l’écart type σU à partir des N mesures,
U
V N : ;
V 1 F
est
σU = W Ui2 − ⟨U ⟩2 .
N − 1 i=1

En théorie, on peut aussi évaluer l’erreur commise sur cette estimation, mais
c’est encore une autre formule qu’il est inutile de rappeler ici.
! La formule (10.6.1) n’est valide que lorsque le nombre de mesures N est suffi-
samment grand. La formule plus générale est
tσ est
δU = √U , (10.6.2)
N
où t est appelé coefficient de Student, qui permet de rattraper les erreurs plus
grandes commises lorsque N est petit.
⋄ Le coefficient de Student est supérieur à 1 dans le cas où N est petit. Par
σest
exemple, pour N = 2, on gonfle l’estimation de δU par √U2 d’un facteur t = 1,84.
est
⋄ On assimile l’écart type σU de la distribution des N mesures à l’estimation σU
de l’écart type de la distribution réelle. Ces deux grandeurs ne sont pas tout-à-fait
identiques, mais la différence est minime pour N grand.
⋄ Le signe ≈ de la relation (10.6.1) est donc globalement correct lorsque N est
grand. On peut négliger la présence du coefficient de Student, qui est proche de
est
un, ainsi que la différence entre σU et σU .
! En théorie, l’intervalle ±δU autour de ⟨U ⟩ représente 68 % de probabilité de
trouver le résultat recherché dans cet intervalle.
Finalement, l’évaluation δU de l’incertitude représente seulement une évaluation
au sens statistique. Lorsqu’elle est approchée par la formule (10.6.1), on doit
retenir qu’il y a raisonnablement une chance sur deux à partir de N = 4 à 5
mesures de trouver la valeur recherchée Uexp dans un intervalle de largeur ±δU
autour de la valeur moyenne ⟨U ⟩. Cette évaluation est bien souvent grossière
lorsque l’on ne fait pas de métrologie. Il ne faut donc pas prendre ce résultat
comme exact.

4. Le résultat de l’expérience se note alors Uexp = ⟨U ⟩ ± δU , c’est-à-dire ici, avec


δU = 0,003137 mV, Uexp = 4,012778 ± 0,003137 mV. On note qu’ici il y a un problème
de chiffres significatifs. En règle générale, on garde deux chiffres significatifs sur l’in-
certitude, car c’est une évaluation statistique de l’erreur que l’on commet en affichant
270

ce résultat. Elle n’est donc pas précise dans l’absolu. Cela fixe ainsi le nombre de
chiffres significatifs sur ⟨U ⟩. On retient donc finalement
Chapitre 10. Exercices ouverts

Uexp = 4,0128 ± 0,0031 mV .

5. La valeur attendue est donnée par le fonctionnement du thermocouple. D’après les


conditions de l’expérience, on doit avoir, si on néglige dans un premier temps toutes
les erreurs de manipulation lors de la mesure, ∆T = 100,0 K. Le thermocouple doit
donc délivrer une tension Uatt = K∆T = 4,00 mV. Or la valeur de K n’est pas connue
avec précision. S’il y a 0,75 % d’incertitude sur cette valeur, et que la mesure de T
est parfaite (dans un premier temps), alors la valeur de Uatt n’est aussi connue qu’à
0,75 % près, c’est-à-dire
Uatt = 4,00 ± 0,03 mV ,
en ne gardant ici volontairement qu’un seul chiffre significatif sur δUatt car on ne
connaît pas plus précisément la valeur moyenne de K.
6. On constate alors que Uexp et Uatt ont des valeurs communes possibles compte tenu
de leurs deux incertitudes évaluées (voir figure 10.6.5). La mesure de la température
par un voltmètre est donc convenable.
Les intervalles n’ont pas à strictement se chevaucher. Le critère généralement retenu
est que les intervalles peuvent être, du point de vue statistique, jusqu’à deux fois plus
larges (incertitude allant jusqu’à 2δU ). La probabilité décroît avec la largeur, mais la
valeur 2δU est encore acceptable. En revanche, à 3δU , on considère l’événement comme
trop peu probable pour que son évaluation soit cohérente avec la valeur attendue.
Ici, on remarque que l’incertitude sur la valeur attendue est beaucoup plus grande
que celle sur la valeur expérimentale. Il y a fort à parier que les défauts de linéarité du
capteur, à l’origine de la grande incertitude sur la valeur attendue, sont probablement
surévaluées parmi les différents thermocouples à disposition pour les 18 groupes. Mal-
heureusement, on ne peut s’y soustraire, et si on utilise ce dispositif pour mesurer ∆T ,
on est toujours limité par la connaissance du fonctionnement du thermocouple.

Uatt
| • |
Uexp
| • |
U (mV)
3,96 3,97 3,98 3,99 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05

Fig. 10.6.5. Intervalles évalués compte tenu des incertitudes des valeurs expéri-
mentales Uexp et attendues Uatt pour la tension aux bornes du thermocouple.

Remarque Faire l’hypothèse que la mesure de la température est parfaite revient


à supposer que l’on néglige, dans l’évaluation de Uatt , toute erreur systématique.
Pourtant, dans cette mesure, il peut y en avoir plusieurs : les sondes mesurent la
température locale (là où elles sont placées), mais les thermostats peuvent ne pas
être homogènes, la sonde peut être en contact avec une paroi, etc. Si un tel cas se
présentait, on ne pourrait pas le prendre en compte directement, mais cela se verrait
probablement car les valeurs expérimentales et attendues ne se chevaucheraient pas.
Pour régler ce problème, il faudrait soit refaire l’expérience, soit avoir un modèle
permettant de compenser cette mauvaise mesure. Ici, puisque les valeurs de Uexp et Uatt
sont comparables aux incertitudes près, les erreurs systématiques éventuelles sont
cachées dans les erreurs aléatoires déjà prises en compte. Il n’y a donc pas vraiment
271

d’intérêt à les étudier, sauf si on veut améliorer la qualité de l’expérience et donc


diminuer les incertitudes, ce qui les ferait apparaître.

Exercice 10.6. Mesure de température – Évaluations d’incertitudes


7. Si seules les données du groupe no 1 sont accessibles, on ne peut pas faire une éva-
luation de l’incertitude fondée sur l’analyse statistique des 18 mesures indépendantes
(appelée incertitude de type A). Dans ce cas, on doit en faire une évaluation à partir
de la précision des appareils utilisés (appelée de type B), et donc de la confiance que
l’on a dans chaque mesure unique. La mesure a été effectuée avec un voltmètre dont
la précision annoncée par le constructeur (si l’appareil est calibré une fois par an. . . )
est « 0,005 % + 2 U.I. » soit ici δU = 0,005 × 4,023 + 0,002 = 0,022 mV à trois chiffres
significatifs. Le résultat de l’expérience serait donc
Uexp = 4,023 ± 0,022 mV .

La conclusion de l’expérience reste donc la même, mais la mesure expérimentale est


beaucoup moins précise.
L’incertitude δU = 0,022 mV se retrouve sur l’analyse statistique des 18 mesures, car
c’est bien le même ordre de grandeur de σU . En effet, l’histogramme montre bien le
caractère aléatoire dont une partie est due aux voltmètres utilisés. Chaque mesure
unique se positionne aléatoirement dans cet histogramme, avec une variabilité qui est
bien donnée par l’écart type de la distribution. On peut noter toutefois que δU > σU
ce qui peut s’interpréter par le fait que le constructeur du voltmètre gonfle légère-
ment l’imprécision de l’appareil en prenant une valeur large, et donc plus probable
statistiquement. Il faudrait lui demander ce qu’il entend réellement par « précision »
en termes statistiques.
8. Finalement, la mesure de ∆T est donnée par la formule
U
∆T = .
K
On a mesuré U à δU près, et on connaît K à δK près. Si on considère que ces deux
incertitudes sont aléatoires, on peut les combiner pour trouver l’incertitude δT sur ∆T
selon la formule de composition des erreurs aléatoires qui s’exprime, dans ce cas précis,
2+ , + ,2
2
δT δU δK
= + . (10.6.3)
∆T U K

! Si on utilise les 18 mesures pour mesurer ∆T avec le thermocouple, on a


δU δK δK δU
U = 0,077 % et K = 0,75 %. On remarque donc que K ≫ U . La mesure de U
δT
est beaucoup plus précise. La formule (10.6.3) se simplifie donc en ∆T ≈ δKK , soit
∆Texp = 100,3 ± 0,8 K ,
en ne gardant qu’un chiffre significatif sur l’incertitude. On note que la valeur attendue
∆Tatt = 100,0 K est bien comprise dans l’intervalle ∆Texp ± δT .
! Si on utilise la mesure unique du groupe no 1 pour mesurer ∆T avec le thermo-
couple, on a δUU = 0,57 % et δKK = 0,75 %, qui sont donc maintenant du même ordre
δT
de grandeur. On obtient ∆T = 0,93 %, soit
∆Texp = 100,6 ± 0,9 K .
Cette mesure est donc légèrement moins précise qu’en utilisant 18 mesures, mais
étant donné que l’incertitude est principalement donnée par δK, cela n’a pas changé
beaucoup.
272

En conclusion, les 18 mesures n’étaient pas nécessaires pour mesurer une différence
de température vu la façon de procéder (utilisation d’un thermocouple). Pour une
Chapitre 10. Exercices ouverts

prochaine mesure, la mesure unique semble suffisante, si toutefois on prend bien en


compte l’erreur de mesure de U par le voltmètre pour une mesure unique.

10.7. Analyse avancée d’incertitudes expérimentales ★★


Cet exercice poursuit l’exercice 10.6 page 265 et tente d’aller plus loin dans l’analyse
des résultats de l’expérience qui y est présentée. On cherche à analyser plus en
détail les données obtenues, et à savoir si on peut définir un critère permettant de
rejeter un résultat visiblement aberrant parmi ceux des expériences des différents
groupes.
1. Commenter la valeur du point obtenu par le groupe no 5 (voir tableau 10.6.2
page 266). L’évaluation du résultat Uexp change-t-elle si on ne tient pas compte de
ce point ? L’évaluation de l’incertitude δU change-t-elle ? Pourquoi ? Le résultat de
l’expérience est-il meilleur ?
2. Pour analyser plus en détail les résultats, on doit faire une hypothèse sur la
distribution statistique des mesures. On considère que, si les résultats des diffé-
rentes mesures sont partiellement aléatoires et indépendants entre eux, la statistique
obtenue est gaussienne (loi statistique dite normale). Autrement dit, la probabilité
d’obtenir une mesure avec une valeur comprise entre x et x + dx est p(x) dx, où la
densité de probabilité s’exprime comme
< =
1 (x − x0 )2
p(x) = √ exp − .
σ 2π 2σ 2
La grandeur x0 est la valeur moyenne de x, c’est-à-dire la plus probable que l’on
peut mesurer. C’est la grandeur que l’on cherche à évaluer expérimentalement.
L’écart type σ, de même dimension que x, prend en compte l’aspect aléatoire de
la mesure. Il représente la largeur caractéristique de la distribution : on a une pro-
babilité non nulle de mesurer une valeur de x dans un intervalle de demi-largeur σ
centré sur x0 . On constate que cette probabilité tend très vite vers 0 dès que x
s’écarte de quelques σ de la valeur x0 la plus probable.
2.a. Pour k > 0, on définit la grandeur
ˆ ∞
déf.
P(k) = p(x) dx .
x0 +kσ

Que représente-t-elle ? Donner sans calcul sa valeur pour k = 0 et pour k → ∞.


Montrer que P(k) ne dépend ni de x0 ni de σ.
2.b. Quelques valeurs de P(k) sont reportées dans le tableau 10.7.1. Commenter.

k 0 0,5 1 2 3 5
P(k) 0,50 0,31 0,16 2,3 · 10−2 1,3 · 10−2 2,9 · 10−7

Tableau 10.7.1. Quelques valeurs de la fonction P(k).


2.c. Quel est l’écart, mesuré en unités de σ, de la valeur de la mesure obtenue
par le groupe no 5 par rapport à la valeur moyenne du groupe ? Quelle était la
probabilité d’obtenir cette valeur ? Pour un total de N = 18 mesures, combien de
fois s’attendrait-on à voir apparaître cette valeur d’après la loi de probabilité ?
273

2.d. On suppose en général que si le nombre de mesures attendues selon la loi de


probabilité est inférieur à 0,5, il est très peu probable que ce résultat soit le fruit du

Exercice 10.7. Analyse avancée d’incertitudes expérimentales


hasard. A-t-on bien fait de mettre la mesure no 5 à l’écart ? Qu’a-t-il pu se passer
pour ce groupe ?

! Corrigé
1. Sur l’histogramme 10.6.3 page 268, on remarque que la valeur U5 = 4,052 mV est
clairement en dehors de la distribution des autres valeurs obtenues par les autres
groupes. Si on élimine ce résultat qui semble aberrant, on trouve ⟨U ⟩ = 4,010471 mV
et σU = 0,009295 mV. Le résultat de l’expérience en ne prenant en compte que les
N = 17 points restants est alors
Uexp = 4,0105 ± 0,0023 mV .

En supprimant ce point, la valeur de la moyenne s’est décalée vers la gauche (le point
no 5 est clairement surévalué), et l’écart type et donc l’incertitude sont assez peu
modifiés (la largeur de la distribution est toujours à peu près la même).
Le résultat de l’expérience est un peu meilleur, car la valeur expérimentale s’est rap-
prochée de la valeur moyenne (attendue), comme on peut l’observer sur l’échelle des
résultats donnée à la figure 10.7.2.
Uatt
| • |
Uexp
| |• •| |
U (mV)
3,96 3,97 3,98 3,99 4,00 4,01 4,02 4,03 4,04 4,05

Fig. 10.7.2. Intervalles évalués compte tenu des incertitudes des valeurs expéri-
mentale Uexp et attendue Uatt pour la tension aux bornes du thermocouple, en
ne prenant pas en compte la mesure du groupe no 5. En gris, derrière Uexp , mesure
expérimentale prenant en compte le résultat du groupe no 5.

´x
2.a. Par définition, la probabilité de trouver x entre x1 et x2 est x12 p(x)dx (somme
des probabilités infinitésimales p(x) dx sur l’intervalle considéré). La grandeur P(k)
représente donc la probabilité d’obtenir une mesure de x supérieure à x0 + kσ. Par
conséquent, le nombre k mesure l’écart par rapport à x0 , exprimé en nombre d’écarts
types. La fonction P(k) représente donc la probabilité d’obtenir une mesure au-delà
de k écarts types de la valeur moyenne.
On connaît deux propriétés importantes sur p(x).

! Elle est symétrique autour de x0 .


! Elle est normée à 1. ´En effet, il y a une probabilité certaine que x soit compris

entre −∞ et +∞, donc −∞ p(x) dx = 1.
´∞
On en déduit que, pour k = 0, P(0) = x0 p(x)dx = 21 . On a bien une chance sur deux
de mesurer une valeur supérieure à x0 . De même, pour k → +∞, l’intégrale devient
nulle car la probabilité d’obtenir une mesure supérieure à +∞ tend bien vers 0. En
résumé,
1
P(0) = et P(∞) = 0 .
2
274

Enfin, P(k) est indépendante de x0 et σ, car, en effectuant le changement de variable


t = x−x
σ , on obtient
0
Chapitre 10. Exercices ouverts

ˆ ∞ + 2,
1 t
P(k) = √ exp − dt .
2π k 2
2.b. On retrouve bien les résultats précédents pour k = 0, et P(k) semble bien tendre
vers 0 lorsque k augmente. De même, cette fonction semble bien monotone. On note
que, pour k = 5, la probabilité d’avoir un résultat à plus de 5 écarts types de x0
est inférieure à un pour un million ! On peut aussi la tracer grâce à un logiciel (voir
figure 10.7.3) et on obtient une courbe conforme aux propriétés attendues. Souvent,
déf. ´x
la fonction « erreur », erf(x) = √2π 0 exp(−t2 ) dt, est prédéfinie dans les logiciels.
On peut s’en servir pour le tracé de P(k).
1

0,8 P(k)

0,6

0,4 p(x)

0,2

0
−10 −5 0 5 10
Fig. 10.7.3. Tracé des fonctions p(x), gaussienne pour x0 = 0 et σ = 1, et de P(k)
indépendante de x0 et σ. La fonction P(k) représente la probabilité d’obtenir une mesure
au-delà de k écarts types σ de la valeur moyenne x0 .

2.c. Le groupe no 5 a une valeur qui est à la distance k = U5σ−⟨U⟩


U
= 2,9 (en prenant
en compte U5 dans l’évaluation de la moyenne et de l’écart type).
D’après le tableau 10.7.1 de l’énoncé, il y avait donc une probabilité de l’ordre de
P = 2 % d’obtenir une valeur au moins égale à U5 . Ainsi pour N = 18, on pouvait
s’attendre à observer cette valeur N × P = 0,36 fois .
2.d. Si la variabilité des mesures suit en effet une loi normale, le nombre d’occurrences
de U5 parmi les 18 mesures est bien inférieur à 0,5. On peut donc raisonnablement
mettre à l’écart cette valeur, qui doit s’expliquer par un autre phénomène que le
pur hasard. Cette valeur n’est pas due à la seule variabilité aléatoire attendue de la
mesure, mais plus probablement à une erreur de mesure ponctuelle. Elle peut être due,
comme souligné dans le corrigé de l’exercice 10.6 à la question 6 (voir page 270), à
une erreur systématique de prise de mesure : sonde mal positionnée, bain thermostaté
non homogène, régime non permanent, etc. L’écart observé est cohérent avec une
différence de température de l’ordre de 1 K, ce à quoi on s’attend lorsqu’un bain
thermostaté n’est pas homogène. Mais ce n’est qu’une supposition. Il faudrait refaire
l’expérience et analyser plus en détail le protocole pour le confirmer, d’où l’intérêt de
noter explicitement les étapes et détails de ce dernier dans un compte rendu.
Annexe A
A NALYSE VECTORIELLE

I. Opérateurs
Définition intrinsèque des opérateurs
#–
gradient et différentielle # – f · dℓ
df = grad
#–
divergence et flux dφ A
#– = (div A) dτ
#– # –
rotationnel et circulation dC = (rot#– A) · dS
laplacien scalaire △f = div(grad
# – f)
#– # – #– #–
laplacien vectoriel △ A = grad(div A) − rot(
#– rot
#– A)

I.1. Coordonnées cartésiennes


# – f = ∂f #–
⋄ grad ux +
∂f #–
uy +
∂f #–
uz
#– ∂Ax
⋄ div A = +
∂Ay
+
∂Az
⎡ ∂x ∂y ⎤ ∂z ∂x ∂y ∂z
∂Az ∂Ay
∂y − ∂z
#– A = ⎢ ∂Ax − ∂Az ⎥
#– ⎢ ∂2f ∂2f ∂2f
⋄ rot ⎥ ⋄ △f = + +
⎣ ∂z ∂x ⎦ ∂x2 ∂y 2 ∂z 2
∂Ay ∂Ax
∂x − ∂y

I.2. Coordonnées cylindriques


z z ⎧
⎨ x = r cos θ

y = r sin θ
dr


uz
#–
z=z
r dz
#–

z M ⎧
ur
#–
r dθ
⎨ r!0

y y 0 " θ < 2π
θ ⎪

x
−∞ " z " +∞
x

# – f = ∂f #–
⋄ grad ur +
1 ∂f #–
uθ +
∂f #–
uz
∂r r ∂θ ∂z
#– 1 ∂(r Ar ) 1 ∂Aθ ∂Az
⋄ div A = + +
r ∂r r ∂θ ∂z
< = < = < =
#– 1 ∂Az ∂Aθ #– ∂Ar ∂Az #– 1 ∂(rAθ ) 1 ∂Ar #–
⋄ rot
#– A = − ur + − uθ + − uz
r ∂θ ∂z ∂z ∂r r ∂r r ∂θ
+ ,
1∂ ∂f 1 ∂2f ∂2f
⋄ △f = r× + 2 2 +
r ∂r ∂r r ∂θ ∂z 2
276
⎡ ⎤
∂ 2 Ar 1 ∂ 2 Ar ∂ 2 Ar 1 ∂Ar 2 ∂Aθ Ar
2
+ 2 2
+ + − 2 − 2
⎢ ∂r r ∂θ ∂z 2 r ∂r r ∂θ r ⎥
Annexes

⎢ ⎥
#– ⎢ ∂ 2 Aθ 1 ∂ 2 Aθ ∂ 2 Aθ 1 ∂Aθ 2 ∂Ar Aθ ⎥
⋄ △A = ⎢ + 2 + + + 2 − 2 ⎥

⎢ ∂r2 r ∂θ +
2 ∂z
,
2 r ∂r r ∂θ r ⎥

2 2
⎣ 1∂ ∂Az 1 ∂ Az ∂ Az ⎦
r + +
r ∂r ∂r r2 ∂θ2 ∂z 2

I.3. Coordonnées sphériques


z z

⎨ x = r sin θ cos ϕ
ur
#– y = r sin θ sin ϕ
M ⎩
#–
uϕ z = r cos θ
r dθ
θ #–
uθ ⎧
r r sin θ dϕ
r ⎨ r!0
y y 0 " ϕ < 2π
ϕ ⎩
0"θ"π
x x
# – f = ∂f #–
⋄ grad ur +
1 ∂f #–
uθ +
1 ∂f #–

∂r r ∂θ r sin θ ∂ϕ
#– 1 ∂(r2 Ar ) 1 ∂(sin θ Aθ ) 1 ∂Aϕ
⋄ div A = 2 + +
r ∂r r sin θ ∂θ r sin θ ∂ϕ
< =
#– 1 ∂(sin θ Aϕ ) ∂Aθ #–
⋄ rot A =
#– − ur
r sin θ ∂θ ∂ϕ
< = < =
1 1 ∂Ar ∂(r Aϕ ) #– 1 ∂(rAθ ) ∂Ar #–
+ − uθ + − uϕ
r sin θ ∂ϕ ∂r r ∂r ∂θ
+ ,
1 ∂ 2 (rf ) 1 ∂ ∂f 1 ∂2f
⋄ △f = 2
+ 2
sin θ + 2 2
r ∂r r sin θ ∂θ ∂θ r sin θ ∂ϕ2

II. Identités vectorielles

⋄ div(grad
# – f ) = △f ⋄ grad(f
#– · g) = f · grad
# – g + g · grad
#– f
#– #– #– #– # –
⋄ div(rot
#– A) =0 ⋄ div(f · A) = f · div A + A · grad f
#– #– #– #– #– #– #– #– #–
⋄ rot(grad f ) = 0
#– # – ⋄ div( A ∧ B) = B · rot A − A · rot B
#– #– #– #– #– #–
⋄ rot(
#– rot
#– A) = grad
# – (div A) − △A ⋄ rot(f
#– · A) = f · rot
#– A # – f) ∧ A
+ (grad

III. Formules intégrales


‹ ˚
#– # – #–
⋄ A · dS = (div A) dτ (Green-Ostrogradski)
˛S ¨ V
#– #– #– # –
⋄ A · dℓ = (rot
#– A) · dS (Stokes-Ampère)
‹C ˚S
#– # – f dτ (Archimède)
⋄ f dS = grad
S V
277
˛ ¨
#– #– # –
⋄ f dℓ = dS ∧ grad f
‹C S ˚

Annexe A. Analyse vectorielle


# – #– #–
⋄ dS ∧ A = rot
#– A dτ
S V

IV. Double produit vectoriel

u ∧ ( #–
#– v ∧ w) u · w)
#– = ( #– v − ( #–
#– #– u · #–
v )w
#–

V. Le symbole nabla
Nabla est un opérateur différentiel d’ordre 1. On peut formellement lui associer une
écriture sous forme de vecteur en coordonnées cartésiennes,
⎡ ∂ ⎤
+ , ∂x
#– ∂ ∂ ∂ ⎢ ∂ ⎥
∇ = #– ux + #–
uy + #–
uz = ⎣ ∂y ⎦.
∂x ∂y ∂z ∂
∂z

Nabla est un moyen simple de se rappeler les formules du gradient, de la divergence


et du rotationnel,
#– #– #–
# – f = ∇f
grad v = ∇ · #–
div #– v #– #–
rot v .
v = ∇ ∧ #–

Attention Nabla en coordonnées cylindriques ou sphériques

Il existe un analogue du symbole nabla en coordonnées cylindriques et sphériques,


mais sa définition et son emploi ne sont pas triviaux, car les vecteurs d’une base
mobile sont affectés par les opérations de dérivation. Nabla est donc hors pro-
grammme dans les systèmes de coordonnées autres que cartésiennes.

Intérêt de nabla
Nabla permet de retrouver rapidement les identités vectorielles à partir des formules
usuelles du produit scalaire, du produit vectoriel, du double produit vectoriel et du
produit mixte. Par exemple :
# – f) = ∇ #– #– #–2
! div(grad · (∇f ) = ∇ f = △f ;
#– #– #– #– #– #– #–
#– A)
! div(rot = ∇ · (∇ ∧ A) = [∇,∇, A] = 0 ;
#– #– #– #– #– #– #– #–2 #– # – #– #–
! rot(
#– rot
#– A) = ∇ ∧ (∇ ∧ A) = ∇ · (∇ · A) − ∇ A = grad(div A) − △ A .
Annexe B
A NALYSE D ’ ORDRES DE GRANDEUR

P
our négliger des termes devant d’autres dans des équations compliquées, il
suffit de pouvoir en donner un ordre de grandeur. L’estimation dimensionnelle
consiste à estimer l’ordre de grandeur des dérivées successives d’une fonction
sur un intervalle.

Soit une fonction f : x -→ f (x) définie sur un intervalle [a,b], de longueur L et


suffisamment dérivable pour que les raisonnements qui suivent soient valables. Si cette
fonction a des variations assez régulières, c’est-à-dire si sa dérivée première ne fluctue
pas trop sur [a,b], on peut approximativement dire que sa dérivée est constante. Cela
revient à approcher la fonction f par une fonction affine sur l’intervalle [a,b],
9 9 9 9
f (b) − f (a) 9 df 9 9 f (b) − f (a) 9
f ′ (x) ∼ constante = ⇒ 99 99 ∼ 99 9.
b−a dx L 9
Le symbole « ∼ » signifie ici « a l’ordre de grandeur de ». Par exemple, si la dérivée
de f oscille de 20 % autour de sa valeur moyenne, l’estimation est correcte à 20 %
près. Plus on a une idée précise de l’allure de la courbe représentative de f (sa pente
donne la dérivée localement), mieux on peut évaluer l’erreur commise par ce genre
d’estimation. Si par exemple |f (a)| ≪ |f (b)|, on décrète que f (b) est la valeur typique
intéressante de f et il reste
9 9 9 9
9 df 9 9 valeur typique de f 9
9 9∼9
9 dx 9 9
9. (B.1)
L 9

Sous réserve que f ′′ ait des variations assez douces, on l’estime par le même procédé
que précédemment. Cela signifie que, cette fois, c’est f ′ qui est approchée par une
fonction affine. Il est donc sous-entendu que f est approchée par un polynôme de
degré 2, 9 ′ 9 9 9
′′
9 f (b) − f ′ (a) 9 9 f ′ (b) − f ′ (a) 9
|f (x)| ∼ 9
9
9=9
9 9 9.
b−a L 9

Si, par exemple, |f ′ (b)| ≫ |f ′ (a)|, cela se simplifie en


9 2 9 9 9
9 d f 9 9 valeur typique de f ′ 9
9 9∼9
9 dx2 9 9
9. (B.2)
L 9

En combinant les relations (B.1) et (B.2),


9 2 9 9 9
9 d f 9 9 valeur typique de f 9
9 9∼9 9.
9 dx2 9 9 L2 9
Le raisonnement précédent s’applique de la même façon aux dérivées partielles d’une
fonction à plusieurs variables. En généralisant ce procédé, on construit la méthode
d’approximation suivante.
280

Proposition B.1. Estimation dimensionnelle des dérivées


Pour une fonction dont les dérivées n’ont pas de variations trop brutales (graphes
Annexes

sans trop d’à-coups) sur un intervalle de longueur L, on peut estimer les dérivées
successives par 9 n 9 9 9
9 ∂ f 9 9 valeur typique de f 9
9 9∼9 9.
9 ∂xn 9 9 Ln 9

Cela s’appelle une estimation dimensionnelle car le résultat que l’on donne respecte les
dimensions de l’équation de départ : unité de f divisée par la longueur de l’intervalle
à la puissance n.

Exemple B.2.
Les phénomènes de diffusion unidimensionnels sont régis par l’équation de diffusion
∂T ∂2T
=D ,
∂t ∂x2
où D s’appelle le coefficient de diffusion.
En notant τ la durée typique du phénomène et L la distance sur laquelle la diffusion
a lieu, les deux dérivées partielles s’estiment par :
∂T ∆T
! ∼ ;
∂t τ
∂2T ∆T
! ∼ 2.
∂x2 L
L’équation de diffusion est donc approchée par
∆T ∆T
∼D 2 .
τ L
Cela permet d’estimer le temps de diffusion,
L2
τ∼ .
D

Attention Utilisation correcte des estimations

Les estimations dimensionnelles sont souvent grossières, en vue de négliger des


termes pour certaines échelles. Si on utilise une dimension typique L pour les
estimations, on ne peut rien conclure sur ce qui se passe à des échelles petites
devant L.
Index

A Boltzmann
absorption stimulée . . . . . . . . . . . . . . . 209 constante de. . . . . . . . 170, 182, 200
accélération facteur de . . . . . . . . . . . . . . . . 89, 200
absolue, relative . . . . . . . . . . . . . . . . 1 bras de levier . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5, 262
de Coriolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1, 4 brouillage d’interférences . . . . . . . . . 177
d’entraînement . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 brownien (mouvement) . . . . . . . . . . . 259
achromatique (frange) . . . . . . . . . . . . 247
adaptation d’impédance . . . . . . . . . . 148 C
adhérence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 câble coaxial . . . . . . . . . . . . . . . . . . 98, 156
adiabatique (évolution) . . . . . . . . . . . . 64 capacité
adimensionnement . . . . . . . . . . . . . . . . 263 d’un condensateur . . . . . . . . . 93, 98
AEQS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146 thermique à volume constant . . 70
agitation thermique. . . . . . . . . . . . . . . 206 cellule conductimétrique . . . . . . . . . . 117
ajustement champ
linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203 de claquage/disruptif . . . . . . . . . . 96
moindres carrés . . . . . . . . . . . . . . 204 de pesanteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25
amorti (régime) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264 électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
amortissement à 95 % . . . . . . . . . . . . . 126 magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
anneau cylindrique . . . . . . . . . . . . . . . . 45 propre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
anneaux chiffres significatifs . . . . . . . . . . . . . . . 269
d’égale inclinaison . . . . . . . 254, 255 coefficient
de Haidinger . . . . . . . . . . . . 240, 254 d’amortissement . . . . . . . . . . . . . . 28
année tropique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 d’auto-inductance . . . . . . . . . . . . 108
antenne radio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144 d’Einstein. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
anticoïncidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256 d’inductance linéique. . . . . . . . . 109
apériodique (régime) . . . . . . . . . . . . . . . 28 de réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
apesanteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 14 de Student . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 269
approche (distance minimale) . . . . . . 79 thermoélectrique . . . . . . . . . . . . . 265
approximation cohérence temporelle . . . . . . . . . . . . . 255
états quasi stationnaires . . . . . 146 coin d’air (Michelson) . . . . . . . . . . . . 244
Archimède (poussée) . . . . . . . . . . . . . 202 coïncidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 256
armatures d’un condensateur . . . . . . 91 collimateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
ARQS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129, 133 composition
électrique . . . . . . . . . . . . . . . 126, 131 des accélérations . . . . . . . . . . . . . . . 4
magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 des erreurs aléatoires . . . . . . . . . 271
atmosphère isotherme . . . . . . . . . . . . 258 des vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . 2, 12
auto-inductance . . . . . . . . . . . . . 108, 128 condensateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
cylindrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96
plan. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126, 131
B conditions aux limites
basse fréquence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 guide d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . 165
bilan conductimétrie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
d’énergie électromagnétique . . 122 conductivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
d’entropie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 d’un plasma . . . . . . . . . . . . . . . . . 160
282
conservation différentielle logarithmique . . . . . . . . . 25
de la charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128 diffusion thermique . . . . . . . . . . . . . . . . 35
Index

de la quantité de mouvement . . 29 dipôle électrostatique . . . . . . . . . . . . . . 99


de l’énergie mécanique . . . . . . . 189 discrètes (valeurs) . . . . . . . . . . . . . . . . 181
du débit massique . . . . . . . . . . . . . 68 dispersion
#–
du flux de E . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 des ondes thermiques. . . . . . . . . . 53
constante relation de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
d’Avogadro . . . . . . . . . . . . . . 200, 258 distance
de Boltzmann . 170, 182, 201, 258 angulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227
de normalisation . . . . . . . . . . . . . 209 d’approche minimale . . . . . . . . . . 79
de Planck . . . . . 170, 180, 182, 209 distribution statistique . . . . . . . . . . . 272
des gaz parfaits . . . . . . . . . . . . . . 258 Doppler (effet) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
continuité doublet
du champ électrique . . . . . . . . . . . 83 de longueurs d’onde . . . . . . . . . . 255
du champ magnétique . . . . . . . . 108 du sodium . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
continuum d’énergie . . . . . . . . . . . . . . 183 Drude (Paul) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112
contour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 dualité onde-corpuscule . . . . . . . . . . . 177
contraste . . . . . . . . . . . . . . . 178, 220, 221 Dulong et Petit (loi de) . . . . . . . . . . . 215
Corbino (effet) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
Coriolis (force de) . . . . . . . . . . . . . . . 5, 15 E
Coulomb (frottement de) . . . . . . . . . . 30 écart type . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267, 272
couplage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 échelle
courant macroscopique . . . . . . . . . . . . . . . 195
de conduction . . . . . . . . . . . . . . . . 123 mésoscopique . . . . . . . . . . . 120, 195
de déplacement . . . . . . . . . 123, 128 microscopique . . . . . . . . . . . . . . . . 195
enlacé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104 éclairement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
surfacique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103 écliptique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
critère effet
de stabilité de Routh . . . . . . . . . . . 9 Corbino . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
du film à l’envers . . . . . . . . . . 39, 72 de bord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91
critique (régime) . . . . . . . . . . . . . . 28, 264 de peau . . . . . . . . . . . . . . . . . 139, 144
Doppler . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183
D Joule . . . . . . . . . . . . . . . 120, 122, 138
De Broglie Joule-Thomson. . . . . . . . . . . . . . . . 69
longueur d’onde de . . . . . . . . . . . 176 Meissner . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
relation de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 192 tunnel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186, 193
Debye éjection (du champ magnétique) . . 110
longueur de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 électron-volt . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
Peter . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91 émission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
unité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100 énergie
demi-entier (nombre) . . . . . . . . . . . . . 228 d’extraction . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208
densité du champ électromagnétique . . 95
de courant de probabilité. . . . . 192 électrique (condensateur). . . . . 134
de probabilité . . . . . . . . . . . 186, 272 électromagnétique (bilan) . . . . 122
histogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . 267 magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108
particulaire . . . . . . . . . . . . . 195, 199 magnétique (bobine) . . . . . . . . . 130
déplacement (courant de) . . . . 123, 128 potentielle électrique . . . . . . . . . . 79
détente de Joule-Thomson . . . . . . . . . 69 thermique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 182
deuxième principe . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 enthalpie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71
déviation standard . . . . . . . . . . . . . . . 267 de fusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
283
entropie (bilan de) . . . . . . . . . . . . . . . . . 68 forme canonique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29
épaisseur de peau . . . . . . . . . . . . 139, 144 second ordre . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Index
équation formule
de conservation de la charge. . 128 de Fresnel. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220
de diffusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142 de Green-Ostrogradski . . . . . . . 276
de London . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 de Larmor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 259
de Maxwell-Ampère 103, 131, 160 de Stokes-Ampère . . . . . . . . . . . . 276
de Maxwell-Faraday . . . . . 135, 160 Fourier (transformée de) . . . . . . . . . . 183
de Maxwell-Gauss . . . . . . . . 96, 160 fraction molaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201
de Maxwell-Thomson. . . . 141, 160 frange
de Poisson électrostatique . . . . . 90 achromatique . . . . . . . . . . . . . . . . 247
de propagation . . . . . . . . . . . . . . . 141 brillante . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223
de Schrödinger . . . . . . . . . . 181, 190 de Fizeau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 245
différentielle (stabilité) . . . . . . . . . 9 d’égale épaisseur . . . . . . . . . . . . . 245
équilibre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 8 d’égale inclinaison. . . . . . . . . . . . 240
équipartition de l’énergie 178, 207, 214 d’interférences atomiques . . . . 176
erreur fréquence radio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
relative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248 Fresnel (formule de) . . . . . . . . . . . . . . 220
systématique . . . . . . . . . . . . . . . . . 270 frottement solide . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30
estimation dimensionnelle . . . . . . . . 279
état G
libre ou lié . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 186 Gauss (théorème de) . . . . . . . . . . . . . . . 76
quantique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181 gaussienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
stationnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190 générateur basse fréquence . . . . . . . . 133
expérience géothermie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54
de Carnal et Mlynek . . . . . . . . . 175 glissement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31
de Jean Perrin . . . . . . . . . . . . . . . 203 GPS. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
extensive (grandeur) . . . . . . . . . . . . . . 195 grandeur extensive/intensive . . . . . . 195
extensivité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262 Green-Ostrogradski (théorème) . . . 122
guide d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . 156, 164
F
facteur H
de Boltzmann . . . . . . . . . . . . 89, 200 Haidinger (anneaux de) . . . . . . . . . . . 240
de qualité . . . . . . . . . . . . . . . . 28, 126 haute tension (ligne). . . . . . . . . . . . . . 144
farad (unité) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94 Heisenberg (indétermination) 179, 185
Faraday (loi de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 henry (unité) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
fentes de Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 histogramme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 266
fil de torsion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 211 homocinétique (jet atomique) . . . . . 177
fonction d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 181
force I
axifuge. . . . . . . . . . . . 4, 11, 198, 199 impédance adaptée . . . . . . . . . . . . . . . 148
centrifuge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 impesanteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14
conservative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11 imprécision . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
de Coriolis . . . . . . . . . . . . . . . . 13, 15 incertitude . . . . . . . . . . . . . . 203, 266, 268
de Lorentz . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 indétermination . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185
d’inertie. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 de Heisenberg . . . . . . . . . . . . . . . . 179
de Coriolis . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 inductance
d’entraînement . . . . . . . . . . . . . . . 4 linéique (câble coaxial) . . . . . . . 109
électrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 propre. . . . . . . . . . . . . . 106, 108, 128
travail et référentiel . . . . . . . . . . . 13 intensité lumineuse . . . . . . . . . . . . . . . 220
284
intensive (grandeur) . . . . . . . . . . . . . . 195 longueur
interface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172 de Debye . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90, 91
Index

interférences . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220 d’onde de De Broglie . . . . . . . . . 176


entre atomes . . . . . . . . . . . . . . . . . 176 Lorentz (force de) . . . . . . . . . . . . . . . . 135
interféromètre de Michelson . 238, 253,
255 M
interfrange . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222, 223 magnétorésistance . . . . . . . . . . . . . . . . 118
ionosphère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 Malus (théorème). . . . . . . . . . . . . . . . . 217
irréversibilité. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39, 72 Maxwell-Ampère (équation) . 103, 131
isenthalpique (écoulement) . . . . . . . . . 70 Maxwell-Faraday (équation) . . . . . . 135
Maxwell-Gauss (équation) . . . . . . . . . 96
J Maxwell-Thomson (équation) . . . . . 141
Jean Perrin (expérience de) . . . . . . . 203 Meissner (effet) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109
Joule mésoscopique (échelle) . . . . . . . . . . . . 197
effet . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120 méthode perturbative . . . . . . . . . . . . . . 18
première loi de . . . . . . . . . . . . . . . . 70 Michelson (interféromètre) . . . 238, 253
Joule-Thomson (détente de) . . . . . . . 69 mode de propagation . . . . . . . . . . . . . 165
jour (solaire, sidéral) . . . . . . . . . . . . . . . 20 moindres carrés. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204
moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
cinétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
L
d’inertie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261
lame d’air . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238
d’une force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262
Larmor (formule de) . . . . . . . . . . . . . . 259
monovoie (éclairement) . . . . . . . . . . . 220
laser . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 210
mouvement brownien . . . . . . . . 212, 259
lentille. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
moyenne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 267, 272
Lenz (loi de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
ligne N
à haute tension . . . . . . . . . . . . . . 144 nabla . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 154, 277
de champ nappe
électrostatique . . . . . . . . . . . . . . 99 chargée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92
magnétique . . . . . . . . . . . . . . . . 106 de courant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103
liquide. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205 neutralité d’un métal . . . . . . . . . . . . . 125
loi nombre demi-entier . . . . . . . . . . . . . . . 228
de Boltzmann . . 89, 181, 202, 207, normalisable (état) . . . . . . . . . . . . . . . 186
209 normalisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209
de composition
des accélérations . . . . . . . . . . . . . 4 O
des vitesses . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 obliquité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
de discontinuité Ohm (loi d’) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
#–
de B . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105, 108 onde
#–
de E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83 dans l’eau de mer . . . . . . . . . . . . 162
de Dulong et Petit . . . . . . . . . . . 215 définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
de Faraday. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135 évanescente . . . . . . . . . . . . . 161, 191
de Joule (première) . . . . . . . . . . . 70 hertzienne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163
de modération de Lenz . . 136, 139 non plane . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157
de Stefan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 plane (homogène) . . . . . . . . . . . . 150
d’Ohm . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137 progressive . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
du frottement solide . . . . . . . . . . . 30 stationnaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
normale (statistique) . . . . . . . . . 272 transverse magnétique . . . . . . . 164
London (équation de) . . . . . . . . . . . . 109 OPPM ou OPPH (définition) . . . . . 150
285
P R
paquet d’ondes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158 rayonnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 208

Index
particule chargée . . . . . . . . . . . . . . . . . 113 recul d’un canon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
pas d’un réseau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232 référentiel
peau (épaisseur de) . . . . . 139, 144, 153 galiléen . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
perméabilité magnétique . . . . . . . . . . 109 géocentrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
perturbation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 héliocentrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 20
perturbations (méthode des) . . . . . . . 18 sélénocentrique . . . . . . . . . . . . . . . . 22
pesanteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 tournant . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
apparente. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 9 réflexion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191
Petit (loi de Dulong et) . . . . . . . . . . . 215 coefficient de . . . . . . . . . . . . . . . . . 148
petite variation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 régime
phase amorti . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 264
condensée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56 apériodique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
liquide ou vapeur . . . . . . . . . . . . 205 critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29, 264
vitesse de. . . . . . . . . . . . 53, 158, 163 pseudo périodique . . . 28, 126, 264
photon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170 relation
Planck (constante de) . . . 170, 180, 182 de De Broglie . . . . . . . . . . . 176, 192
plasma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159 de dispersion . . . . . . . . . . . . . . . . . 153
pulsation de . . . . . . . . . . . . . . . . . 125 de Heisenberg . . . . . . . . . . . . . . . . 179
poids de passage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 172
#–
apparent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6, 24 pour B . . . . . . . . . . . . . . . 105, 108
#–
définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 pour E . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 83
Poisson (équation de) . . . . . . . . . . . . . . 90 relativité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
polynôme caractéristique . . . . . . . . . . 52 relaxation (de densité) . . . . . . . . . . . . 126
potentiel réseau optique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
coulombien. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90 résistance électrique . . . . . . . . . . . . . . 115
de Yukawa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79 retour inverse (principe du) . . 218, 231
poussée d’Archimède. . . . . . . . . 202, 258 rotation autour d’un axe fixe . . . . . 261
Poynting (vecteur de) . . . . . . . . 130, 133 Routh (critère de stabilité) . . . . . . . . . . 9
premier principe industriel . . . . . 63, 65
pression . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198 S
hydrostatique . . . . . . . . . . . . . . . . 198 Schrödinger (équation de). . . . 181, 190
partielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201 Schwarz (théorème de) . . . . . . . . . . . 147
principe séparation
de superposition . . . . . . . . . . . . . . 93 de variables . . . . . . . . . . . . . . 51, 190
du retour inverse . . . . . . . . 218, 231 isotopique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198
progressive (onde) . . . . . . . . . . . . . . . . 147 sodium (doublet du) . . . . . . . . . . . . . . 248
pseudo-OPPH ou OPPM . . . . . . . . . 159 solénoïde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128
pseudo périodique (régime) . . . 28, 264 spectre cannelé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246
puissance spectroscopie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 234
d’une force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 spontanée (émission) . . . . . . . . . . . . . 209
indiquée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63, 70 stabilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8, 9
pulsation stable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
de plasma . . . . . . . . . . 125, 126, 159 statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 272
propre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 de Boltzmann . . . . . . . . . . . . . . . . 181
spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163 Stefan (loi de) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 170
Stokes-Ampère (formule de) . . . . . . 276
Q Student (coefficient de) . . . . . . . . . . . 269
quadrature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 160 superposition (principe de) . . . . . . . . 93
286
superposition (théorème de) . . . . . . . 52 travail
supraconducteur . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109 d’une force . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
Index

surface et référentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
équipotentielle . . . . . . . . . . . . . . . . 99 intérieur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
isophase ou équiphase . . . . . . . . 157 trous de Young . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225
symétries
du champ électrostatique . . . . . . 75 V
du champ magnétostatique . . . 103 vapeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
système variables séparées . . . . . . . . . . . . . 51, 165
à deux états . . . . . . . . . . . . . . . . . 208 variation
fermé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59 et différentielle . . . . . . . . . . . . . . . . 25
relative . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
T vecteur
taux de Poynting . . . . . . . . 122, 130, 133
d’absorption . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 rotation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
d’émission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209 verticale locale. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
teinte plate . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 247 visibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 178
temps de chute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 vitesse
Thalès (théorème de) . . . . . . . . . . . . . 226 absolue. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
théorème de groupe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 161
d’Ampère (énoncé) . . . . . . . . . . . 104 d’entraînement . . . . . . . . . . . . . . 1, 2
d’Ampère généralisé . . . . . . . . . 127 de phase. . . . . . . . . . . . . 53, 158, 163
de Gauss (énoncé). . . . . . . . . . . . . 76 quadratique moyenne . . . . . . . . 205
de Green-Ostrogradski . . . . . . . 122 relative. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
de Malus. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 217 statistique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
d’équipartition . . . . . 178, 212, 214
de Schwarz. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147 Y
de Stokes-Ampère . . . . . . . . . . . . 276 Young
de superposition . . . . . . . . . . . . . . 52 fentes de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
de Thalès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 226 trous de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 224
thermocouple . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 265 Yukawa
train d’onde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 261 Hideki . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
transformée de Fourier . . . . . . . . . . . . 183 potentiel de . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79
transmission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

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