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SPÉCIALITÉ

MATHÉMATIQUES
1 re

Jean Wacksmann

Pour aller plus loin


en démontrant et en s’entraînant
1re
Spécialité
Mathématiques
Pour aller plus loin en démontrant et en s’entraînant
1re
Spécialité
Mathématiques
Pour aller plus loin
en démontrant et en s’entraînant

Jean Wacksmann
Professeur agrégé honoraire de mathématiques au lycée Louis-le-Grand
Du même auteur chez le même éditeur
Mathématiques - Seconde - Pour aller plus loin en démontrant
et en s’entraînant, 576 pages, 2019.

ISBN 9782340-035935
©Ellipses Édition Marketing S.A., 2020
32, rue Bargue 75740 Paris cedex 15
i

Avant-propos
Avant-propos
Ce livre s’inspire dans ses grandes lignes d’un cours de Première proposé
ces dernières années à des élèves du lycée Louis-le-Grand à Paris, tout en étant
conforme au nouveau programme de l’enseignement de spécialité de mathéma-
tiques de la classe de Première générale qui est appliqué depuis cette année
scolaire 2019-2020.
Dans un souci de partage, ce manuel, comme son prédécesseur "Pour aller
plus loin " en Seconde, publié aux éditions Ellipses en janvier 2019, permet
à tout(e) autre élève de Première ayant choisi les mathématiques comme spé-
cialité, de disposer, et d’un cours, et d’exercices permettant d’améliorer et
d’approfondir la compréhension des concepts mathématiques, proposés à ce
niveau. En effet les acquis concernant le calcul différentiel, les suites, le pro-
duit scalaire ou les probabilités sont essentiels pour une poursuite solide d’un
cursus scientifique.
Et dans cette perspective d’approfondissement, certains développements se
situent volontairement à la marge du programme.
Citons pour exemples :
- un exposé exhaustif sur la fonction valeur absolue,
- une définition rigoureuse de la composition de deux fonctions,
- un chapitre explicitant en détail la notion de limite d’une fonction en un
point,
- des compléments sur la dérivation,
- une mise en place du concept de convergence ou de divergence d’une suite
numérique.
Au dernier paragraphe de chaque chapitre, intitulé "Exercices corrigés",
on trouve de nombreux exercices et problèmes d’approfondissement, exigeants
certes, originaux pour certains, mais toujours accessibles à ce niveau. Il y en
a en tout 184, accompagnés de corrigés très détaillés. De plus chaque résultat
démontré dans ce cours est illustré par un ou plusieurs exemples significatifs.
En annexe, nous exposons une introduction au langage ensembliste et aux
calculs des propositions. Et dans ce même chapitre, en plus des différents types
de raisonnements déjà abordés en classe de Seconde, nous développons le rai-
sonnement par récurrence dont l’efficacité n’est plus à prouver.
Nous souhaitons que nos futur(e)s jeunes lectrices et lecteurs trouvent une
satisfaction intellectuelle à approfondir les mathématiques qui leur sont ensei-
 V
calculs des propositions. Et dans ce même chapitre, en plus des différents types
de raisonnements déjà abordés en classe de Seconde, nous développons le rai-
sonnement par récurrence dont l’efficacité n’est plus à prouver.
ii Nous souhaitons que nos futur(e)s jeunes lectrices et lecteurs trouvent une
satisfaction intellectuelle à approfondir les mathématiques qui leur sont ensei-
gnées au lycée, d’autant plus que ce livre peut être efficacement utilisé comme
une passerelle pour préparer les mathématiques de spécialité ou les mathéma-
tiques expertes de la classe de Terminale.
Pour terminer, je remercie chaleureusement Elisabeth, mon épouse, pour
son aide précieuse lors de la relecture de ce livre et Jacques Wittmann, mon
binôme physicien pendant de nombreuses années à LLG, qui a mis son érudition
mathématique et sa passion des sciences au service d’une relecture pertinente
de ce manuel.

VI 
Table des matières
Table des matières

1 Second degré 1
1.1 Discriminant réduit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
1.2 Somme et produit des racines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
1.3 Équations et inéquations irrationnelles . . . . . . . . . . . . . . 4
1.4 Équations d’un cercle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6
1.5 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5.1 Exemples de résolution . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
1.5.2 Signe d’un trinôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
1.5.3 Somme et produit des racines . . . . . . . . . . . . . . . 19
1.5.4 Le second degré et la géométrie . . . . . . . . . . . . . . 22
1.5.5 Exemples d’équations et inéquations irrationnelles . . . 29

2 Polynômes 33
2.1 Définition d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
2.2 Identification d’un polynôme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
2.3 Une factorisation remarquable . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36
2.4 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
2.5 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.5.1 Équations polynomiales . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41
2.5.2 Divisibilité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50

3 Fonctions 55
3.1 Egalité de deux fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55
3.2 Multiplication d’un réel par une fonction . . . . . . . . . . . . . 56
3.3 Addition de deux fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 57
3.4 Multiplication de deux fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . 58
3.5 Inverse, quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

iii  VII
iv TABLE DES MATIÈRES

3.6 Composition de deux fonctions . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60


3.7 La fonction valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63
3.7.1 Définition - Premières propriétés . . . . . . . . . . . . . 63
3.7.2 Représentation graphique de f : x �→ |x − a| . . . . . . . 65
3.7.3 Equation |x| = r . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 66
3.7.4 Inéquations |x| ≤ r, |x| < r, |x| ≥ r, |x| > r . . . . . . . 70
3.7.5 Action de la valeur absolue sur la multiplication, sur l’in-
verse et sur le quotient . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72
3.7.6 Action de la valeur absolue sur l’addition - Inégalité tri-
angulaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
3.8 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75
3.8.1 Sens de variations et opérations . . . . . . . . . . . . . . 75
3.8.2 Exercices sur la composition . . . . . . . . . . . . . . . . 78
3.8.3 Exercices sur la valeur absolue . . . . . . . . . . . . . . 91
3.8.4 Fonctions et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101

4 Limite d’une fonction 113


4.1 Limite nulle en 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.2 Limite finie en 0 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114
4.3 Limite finie en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
4.4 Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118
4.5 Limite à droite, à gauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 120
4.6 Limite finie et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 122
4.7 Limite de la composée de deux fonctions . . . . . . . . . . . . . 125
4.8 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

5 Dérivation 137
5.1 Dérivabilité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 138
5.2 Tangente en un point d’une courbe . . . . . . . . . . . . . . . . 140
5.3 Fonction dérivée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143
5.3.1 Définition d’une fonction dérivée . . . . . . . . . . . . . 143
5.3.2 Dérivée de fonctions usuelles . . . . . . . . . . . . . . . 144
5.3.3 Tableau des dérivées de fonctions usuelles . . . . . . . . 149
5.4 Opérations sur les dérivées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
5.4.1 Dérivée d’une somme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150
5.4.2 Dérivée d’un produit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151

VIII 
TABLE DES MATIÈRES v

5.4.3 Dérivée du produit d’un réel par une fonction . . . . . . 152


5.4.4 Dérivée de l’inverse d’une fonction . . . . . . . . . . . . 152
5.4.5 Dérivée du quotient de deux fonctions . . . . . . . . . . 154
5.4.6 Tableau récapitulatif des opérations sur les dérivées . . . 156
5.4.7 Dérivée de la composée avec une fonction affine . . . . . 156
5.5 Approximation affine tangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159
5.6 Applications de la dérivation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 162
5.6.1 Dérivée et variations d’une fonction . . . . . . . . . . . . 162
5.6.2 Dérivée et extremum . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167
5.7 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
5.7.1 Dérivabilité en un point . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
5.7.2 Tangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 180
5.7.3 Opérations sur les dérivées : compléments . . . . . . . . 189
5.7.4 Application affine tangente . . . . . . . . . . . . . . . . 194
5.7.5 Applications de la dérivation . . . . . . . . . . . . . . . 199

6 Suites 221
6.1 Généralités sur les suites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
6.1.1 Les définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 222
6.1.2 Différentes modalités pour définir une suite . . . . . . . 223
6.2 Propriétés qualitatives d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . 227
6.2.1 Sens de variation d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . 227
6.2.2 Suite majorée, minorée, bornée . . . . . . . . . . . . . . 231
6.2.3 Suite périodique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232
6.3 Suite arithmétique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
6.3.1 Définition - Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 233
6.3.2 Propriétés d’une suite arithmétique . . . . . . . . . . . 235
6.3.3 Somme des termes consécutifs d’une suite arithmétique 237
6.4 Suite géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
6.4.1 Définition - Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 241
6.4.2 Propriétés d’une suite géométrique . . . . . . . . . . . . 243
6.4.3 Somme des termes consécutifs d’une suite géométrique 245
6.5 Suites convergentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
6.5.1 Un exemple introductif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248
6.5.2 Définitions d’une suite convergente . . . . . . . . . . . . 249
6.5.3 Unicité - Opérations sur les limites . . . . . . . . . . . . 252

 IX
vi TABLE DES MATIÈRES

6.5.4 Suites convergentes et inégalités . . . . . . . . . . . . . . 255


6.6 Suites divergentes vers l’infini . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
6.6.1 Un exemple introductif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257
6.6.2 Les définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 258
6.6.3 Opérations sur les suites de limite finie ou infinie . . . . 259
6.6.4 Limites infinies et inégalités . . . . . . . . . . . . . . . . 262
6.7 Limite d’une suite géométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
6.7.1 Limite de q n . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 263
6.7.2 Limite de la somme des termes d’une suite géométrique 266
6.8 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 268
6.8.1 Propriétés qualitatives d’une suite . . . . . . . . . . . . 268
6.8.2 Suites arithmétiques - Suites géométriques . . . . . . . . 277
6.8.3 Limite d’une suite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 292

7 La fonction exponentielle 321


7.1 Définition de la fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . 322
7.1.1 Existence et unicité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 322
7.1.2 La définition - Les premières propriétés . . . . . . . . . 324
7.2 Propriétés algébriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 325
7.2.1 Action sur l’addition des réels . . . . . . . . . . . . . . . 325
7.2.2 Action sur l’opposé, sur la soustraction . . . . . . . . . . 326
7.2.3 Action sur le produit nx avec n ∈ Z et x ∈ R . . . . . . 328
7.2.4 Composée de la fonction racine carrée avec exp . . . . . 329
7.3 La notation exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
7.3.1 Le nombre e . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
7.3.2 La fonction x �→ ex . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 330
7.3.3 Variation de exp . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 332
7.4 Dérivation et fonction exponentielle . . . . . . . . . . . . . . . . 334
7.4.1 Dérivée de x �→ eax+b . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 334
7.4.2 Dérivée de x �→ eu(x) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 335
7.5 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 337

8 Trigonométrie 363
8.1 Le radian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364
8.1.1 Longueur d’un arc de cercle . . . . . . . . . . . . . . . . 364
8.1.2 Le radian : une unité d’angle . . . . . . . . . . . . . . . 365

X 
TABLE DES MATIÈRES vii

8.2 Repérage sur le cercle trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . 367


8.2.1 Le cercle trigonométrique . . . . . . . . . . . . . . . . . 367
8.2.2 Repérage sur ce cercle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 368
8.2.3 Repérage dans le premier quadrant . . . . . . . . . . . . 369
8.3 Angle orienté . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 371
8.3.1 Angle orienté de deux vecteurs unitaires . . . . . . . . . 371
8.3.2 Angle orienté de deux vecteurs non nuls . . . . . . . . . 374
8.3.3 Propriétés de calcul avec les angles orientés . . . . . . . 374
8.3.4 Orientation du plan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 377
8.3.5 Angle orienté et vecteurs colinéaires . . . . . . . . . . . 379
8.4 Cosinus et sinus d’un nombre réel . . . . . . . . . . . . . . . . . 383
8.4.1 Les définitions du cosinus et du sinus . . . . . . . . . . . 383
8.4.2 Premières formules de trigonométrie . . . . . . . . . . . 384
8.4.3 Cosinus et sinus d’un angle orienté . . . . . . . . . . . . 389
8.4.4 Cosinus et sinus de réels associés à x . . . . . . . . . . . 390
8.4.5 Lien avec la trigonométrie dans un triangle rectangle . . 392
8.5 Fonction tangente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 393
8.6 Équations trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 396
8.6.1 Équation de la forme cos x = a, où a est un réel donné . 396
8.6.2 Équation de la forme sin x = a, où a est un réel donné . 399
8.6.3 Équation de la forme tan x = a, où a est un réel donné . 402
8.7 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 406
8.7.1 Quelques exercices généraux . . . . . . . . . . . . . . . . 406
8.7.2 Angles orientés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 415
8.7.3 Équations - Inéquations trigonométriques . . . . . . . . 421

9 Produit scalaire 431


9.1 Définition du produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432
9.1.1 Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 432
9.1.2 Les définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 433
9.1.3 Expression analytique du produit scalaire . . . . . . . . 434
9.1.4 Vecteurs orthogonaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 435
9.2 Propriétés du produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 437
9.2.1 Règles de calculs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 437
9.2.2 Identités remarquables et produit scalaire . . . . . . . . 439
9.2.3 Produit scalaire et vecteurs colinéaires . . . . . . . . . . 439

 XI
viii TABLE DES MATIÈRES

9.3 Produit scalaire et projeté orthogonal . . . . . . . . . . . . . . 441


9.3.1 Projeté orthogonal sur une droite . . . . . . . . . . . . . 441
9.3.2 Projeté orthogonal d’un vecteur . . . . . . . . . . . . . . 444
9.4 Produit scalaire et angle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 447
9.5 Applications du produit scalaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 448
9.5.1 Vecteur normal à une droite . . . . . . . . . . . . . . . . 448
9.5.2 Réduction de M A2 + M B 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 452
9.5.3 Produit scalaire et cercle . . . . . . . . . . . . . . . . . . 454
9.5.4 Réduction de M A2 − M B 2 . . . . . . . . . . . . . . . . 457
9.5.5 Formules d’Al-Kashi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 459
9.5.6 Distance d’un point à une droite . . . . . . . . . . . . . 461
9.6 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 463

10 Fonctions trigonométriques 497


10.1 Propriétés qualitatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 497
10.1.1 Parité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 497
10.1.2 Sens de variations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 499
10.1.3 Représentations graphiques . . . . . . . . . . . . . . . . 500
10.1.4 Fonctions périodiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 500
10.2 Les formules d’addition - De duplication . . . . . . . . . . . . . 502
10.2.1 Formule d’addition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 502
10.2.2 Formules de duplication . . . . . . . . . . . . . . . . . . 505
10.3 Dérivation des fonctions trigonométriques . . . . . . . . . . . . 506
10.3.1 Dérivées en 0 de sin et cos . . . . . . . . . . . . . . . . 506
10.3.2 Dérivées de sin et cos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 508
10.3.3 Dérivée de la fonction tangente . . . . . . . . . . . . . . 510
10.3.4 Dérivée de la composée avec une fonction affine . . . . . 511
10.4 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 512
10.4.1 Fonctions périodiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 512
10.4.2 Calculs trigonométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . 515
10.4.3 Calculs de limites . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 531
10.4.4 Applications de la dérivation de sin et cos . . . . . . . . 535

11 Probabilités 553
11.1 Probabilités conditionnelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 554
11.1.1 Un exemple introductif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 554

XII 
TABLE DES MATIÈRES ix

11.1.2 Définition d’une probabilité conditionnelle . . . . . . . . 555


11.1.3 Propriétés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 556
11.2 Probabilités totales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 558
11.2.1 Un exemple introductif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 558
 
11.2.2 Probabilités totales pour une partition B, B . . . . . 560
11.2.3 Probabilités totales : cas général . . . . . . . . . . . . . 562
11.2.4 Indépendance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 564
11.3 Variables aléatoires finies . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 567
11.3.1 Un exemple introductif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 567
11.3.2 Les définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 569
11.3.3 Loi d’une variable aléatoire . . . . . . . . . . . . . . . . 571
11.3.4 Trois variables aléatoires finies de référence . . . . . . . 571
11.3.5 Espérance d’une variable aléatoire . . . . . . . . . . . . 572
11.3.6 Variance d’une variable aléatoire . . . . . . . . . . . . . 575
11.4 Exercices corrigés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 580
11.4.1 Probabilités conditionnelles - Indépendance . . . . . . . 580
11.4.2 Variables aléatoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 603
11.4.3 Fonctions indicatrices . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 622

12 Annexe : Ensembles - Logique 627


12.1 Notions sur les ensembles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 628
12.1.1 Des exemples rencontrés en Seconde . . . . . . . . . . . 628
12.1.2 Plus généralement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 629
12.1.3 Relation d’appartenance - Relation d’inclusion . . . . . 629
12.1.4 Egalité ensembliste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 630
12.2 Opérations ensemblistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 632
12.2.1 Intersection . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 632
12.2.2 Union . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 633
12.2.3 Distributivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 634
12.2.4 Complémentaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 634
12.3 Proposition - Connecteurs logiques . . . . . . . . . . . . . . . . 635
12.3.1 Proposition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 635
12.3.2 Négation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 635
12.3.3 Le connecteur "et" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 636
12.3.4 Le connecteur "ou" . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 636
12.3.5 Le connecteur "implication" . . . . . . . . . . . . . . . . 637

 XIII
x TABLE DES MATIÈRES

12.3.6 Réciproque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 639


12.3.7 Equivalence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 640
12.3.8 Négation des connecteurs non, ∧, ∨, ⇒ . . . . . . . . . 642
12.4 Quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643
12.4.1 Quantificateur universel . . . . . . . . . . . . . . . . . . 643
12.4.2 Quantificateur existentiel . . . . . . . . . . . . . . . . . 644
12.4.3 Négation et quantificateurs . . . . . . . . . . . . . . . . 645
12.5 Quelques méthodes usuelles de démonstration . . . . . . . . . . 646
12.5.1 Raisonnement par l’absurde . . . . . . . . . . . . . . . . 646
12.5.2 Raisonnement par contraposition . . . . . . . . . . . . . 647
12.5.3 Preuve par un contre-exemple . . . . . . . . . . . . . . . 648
12.5.4 Raisonnement par disjonction . . . . . . . . . . . . . . . 648
12.5.5 Raisonnement par récurrence . . . . . . . . . . . . . . . 649

XIV 
CHAPITRE 1
Chapitre 1
Second degré
Second degré

Le pré-requis pour ce premier chapitre est le cours de Première sur le se-


cond degré. Nous proposons des exercices d’approfondissement conformes au
programme et pour aller plus loin, nous donnons des compléments de cours
ainsi que des exercices au sujet :
- du discriminant réduit,
- de la somme et le produit des racines,
- de la résolution d’équations ou d’inéquations irrationnelles,
- du second degré et de la géométrie.

1.1 Discriminant réduit


Théorème. Soient a, b et c trois réels avec a �= 0.
On suppose que Δ = b2 − 4ac > 0 et soit (E) l’équation ax2 + bx + c = 0.
Si b = 2b et en posant Δ = b2 − ac, alors l’équation (E) admet deux
solutions distinctes x ou x telles que
√ √
−b − Δ −b + Δ
x = ou x =
 .
a a

Démonstration. Avec les données de l’énoncé, nous obtenons

Δ = (2b )2 − 4ac = 4(b2 − ac) = 4Δ .

Nous observons que Δ > 0 implique Δ > 0.


De plus, il vient :

1 Second degré 1
2 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ
√ √
 − 4Δ

 − Δ
−b − Δ −2b −b
x = = = ,
2a 2a a
√ ou √ √
−b + Δ −2b  + 4Δ −b  + Δ
x = = = .
2a 2a a

Remarque. Le réel Δ est le discriminant réduit de l’équation (E).



Exemple. Nous résolvons dans R l’équation x2 − 2 3x − 3 = 0. Son discri-
minant réduit est

Δ = (− 3)2 − (−3) = 6.

Il en résulte que les solutions de cette équation sont


√ √ √ √
x = 3 − 6 ou x = 3 + 6.

1.2 Somme et produit des racines


Théorème. Soient a, b et c trois réels avec a �= 0.
On suppose que Δ = b2 − 4ac ≥ 0 et soit (E) l’équation ax2 + bx + c = 0.
Les deux racines x et x de (E), distinctes ou non, satisfont aux deux égalités :
b
• x + x = − ,
a
c
• x × x = .
a
Démonstration. Il s’agit d’une simple vérification, puisque dans les condi-
tions de l’énoncé, nous avons
√ √
−b − Δ −b + Δ
x = ou x =
 .
2a 2a
D’une part, nous en déduisons
√ √
−b − Δ −b − Δ b
x + x” = + =− .
2a 2a a
Et d’autre part, nous obtenons
 √  √  √
−b − Δ −b + Δ (−b) 2 − ( Δ)2 b2 − (b2 − 4ac)
x × x = = =
2a 2a 4a2 4a2
c
x × x = .
a

2 Chapitre 1
1.2. SOMME ET PRODUIT DES RACINES 3

Exemple. Cas où une des deux racines est évidente.


Nous considérons l’équation 2x2 + x − 3 = 0 qui admet pour solution
évidente x = 1.
3
Puisque le produit des deux solutions de cette équation est égal à − ,
2
3
l’autre solution est x = − .

2
Ainsi nous avons résolu cette équation mentalement, sans aucun calcul.

Proposition. (Réciproque du théorème précédent)


Soient S et P deux réels tels que S 2 − 4P ≥ 0. Dans R2 , le système

u+v =S
,
uv = P

admet pour solutions les couples (u, v) ou (v, u) où u et v sont les racines de
l’équation x2 − Sx + P = 0.

Démonstration. Le système proposé équivaut à



v =S−u
.
u(S − u) = P

La seconde équation du système est telle que

u(S − u) = P ⇔ u2 − Su + P = 0.

Puisque Δ = S 2 − 4P ≥ 0, nous en déduisons que u est une solution de


l’équation x2 − Sx + P = 0. Comme u et v jouent des rôles symétriques, v est
également une solution de cette dernière.
Nous avons ainsi prouvé que si (u, v) est une solution du système proposé, il
en est de même du couple(v, u) tels que u et v soient les deux racines distinctes
ou non de l’équation x2 − Sx + P = 0.
Réciproquement si u et v sont racines de l’équation x2 − Sx + P = 0, alors
d’après le théorème précédent, nous avons

u+v =S
.
uv = P

Exemple. Soit a ≥ 2 un réel donné. Nous résolvons le système



x+y =a+1
.
xy = a

Second degré 3
4 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Ce système admet des solutions si et seulement si les réels x et y sont les


deux racines, si elles existent, de l’équation X 2 − (a + 1)X + a = 0.
Nous avons
Δ = (a + 1)2 − 4a = (a − 2)2 ≥ 0.
Cette équation a donc pour solution
a + 1 − (a − 2) 3
x= =
2 2
ou
a + 1 + (a − 2) 2a − 1
x= = .
2 2
Nous en concluons que le système proposé admet pour solutions les deux
3 2a − 1 2a − 1 3
couples ( , ) ou ( , ).
2 2 2 2

1.3 Équations et inéquations irrationnelles



L’objectif est ici de résoudre des équations de la forme f (x) = g(x) ou
 
des inéquations de la forme f (x) ≤ g(x) (respectivement f (x) ≥ g(x)).
Pour cela, nous donnons les deux propositions suivantes :
Proposition. Pour tous réels a et b avec a ≥ 0, nous disposons de l’équivalence
suivante :

a = b ⇔ a = b2 et b ≥ 0.
Démonstration. Soient a et b deux réels avec a ≥ 0.
√ √
Si a = b, alors b ≥ 0 et ( a)2 = b2 , soit b ≥ 0 et a = b2 .
Réciproquement, supposons que a = b2 et b ≥ 0. Nous en déduisons que
√ √ √
a = b2 , soit a = |b|.

Puisque b ≥ 0, nous obtenons que a = b.
Proposition. Pour tous réels a et b avec a ≥ 0, nous disposons de l’équivalence
suivante :

a ≤ b ⇔ a ≤ b2 et b ≥ 0.
Démonstration. Soient a et b deux réels avec a ≥ 0.
√ √
Si a ≤ b, alors b ≥ 0 et ( a)2 ≤ b2 , car la fonction x �→ x2 est croissante
sur R+ . Il en résulte que b ≥ 0 et a ≤ b2 .
Réciproquement, supposons que a ≤ b2 et b ≥ 0.

La fonction x �→ x est croissante sur R+ . Nous en déduisons :

4 Chapitre 1
1.3. ÉQUATIONS ET INÉQUATIONS IRRATIONNELLES 5

√ √ √
a≤ b2 , soit a ≤ |b|.

Puisque b ≥ 0, nous obtenons que a ≤ b.

Exemples. Nous résolvons une équation et une inéquation.



• Nous résolvons l’équation irrationnelle 4 − x = x − 2, notée [1]. Nous
observons que l’ensemble de définition de cette équation est l’intervalle ]−∞, 4].
Pour x ∈] − ∞, 4], en appliquant la première proposition ci-dessus, il vient

[1] ⇔ 4 − x = (x − 2)2 et x − 2 ≥ 0,
[1] ⇔ 4 − x = x2 − 4x + 4 et x ≥ 2,
[1] ⇔ x(x − 3) = 0 et x ≥ 2,
[1] ⇔ x = 0 ou x = 3 et x ≥ 2,
[1] ⇔ x = 3.

Puisque, 3 ∈] − ∞, 4], nous en concluons que

S[1] = {3}.

• Nous résolvons l’inéquation irrationnelle x + 1 ≤ 2x + 3, notée [2].
L’ensemble de définition de cette inéquation est l’intervalle [−1, +∞[. Pour
x ∈ [−1, +∞[, en appliquant la seconde proposition ci-dessus, nous obtenons

[2] ⇔ x + 1 ≤ (2x + 3)2 et 2x + 3 ≥ 0,


3
[2] ⇔ 4x2 + 11x + 8 ≥ 0 et x ≥ − .
2
Calculons le discriminant du trinôme 4x2 + 11x + 8. Nous avons

Δ = 112 − 4 × 4 × 8 = −7 < 0,
3
ce qui justifie que, pour tout réel x ≥ − , 4x2 + 11x + 8 > 0.
2
3
Nous en déduisons que pour x ≥ − et x ≥ −1, c’est-à-dire pour x ≥ −1,
2
4x2 + 11x + 8 > 0. Pour conclure, nous obtenons

S[2] = [−1, +∞[.

Second degré 5
6 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

1.4 Équations d’un cercle


Il s’agit dans ce complément d’étudier un type d’équations du second degré
à deux inconnues.

Proposition. Le plan est rapporté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j). On


donne un point A(a , b) et r un réel strictement positif. Le cercle C de centre A
et de rayon r a pour équation

(x − a)2 + (y − a)2 = r2 .

Démonstration. Soit M (x, y) un point du plan.

Par définition d’un cercle, nous avons

M ∈ C ⇔ AM = r.

Puisque l’égalité AM = r est dans R+ , nous disposons des équivalences


suivantes :

M ∈ C ⇔ AM 2 = r2 ,
M ∈ C ⇔ (x − a)2 + (y − a)2 = r2 ,

ce qui justifie qu’une équation du cercle C est

(x − a)2 + (y − a)2 = r2 .

Exemples. Nous en donnons deux.


• Une équation du cercle trigonométrique, c’est-à-dire de centre O et de
rayon 1 est x2 + y 2 = 1.

• Une équation du cercle du cercle C de centre A(−1, 0) et de rayon 5
est (x + 1)2 + y 2 = 5.

Remarque. En développant l’équation (x−a)2 +(y −a)2 = r2 , nous obtenons


une équation du second degré à deux inconnues de la forme :

6 Chapitre 1
1.4. ÉQUATIONS D’UN CERCLE 7

x2 + y 2 − 2ax − 2by + a2 + b2 − r2 = 0.

En posant α = −2a, β = −2b et γ = a2 + b2 − r2 , nous observons une


équation du type

x2 + y 2 + αx + βy + γ = 0.

Il est donc naturel d’étudier une réciproque. C’est l’objet de la proposition


qui suit.

Proposition. Soient α, β et γ trois réels donnés.


Dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j), on désigne par Γ
l’ensemble des points M (x, y) tels que x2 + y 2 + αx + βy + γ = 0.
α2 + β 2
1er cas : si > γ, alors
4

α β α2 + β 2
Γ est le cercle de centre Ω(− , − ). et de rayon − γ.
2 2 4
α2 + β 2
2e cas : si = γ, alors
4
Γ = {Ω}.
α2 + β 2
3e cas : si < γ, alors
4
Γ = ∅.

Démonstration. Soit M (x, y) ∈ Γ. En utilisant la mise sous la forme cano-


nique d’un trinôme, il vient

α α α β β β
M ∈ Γ ⇔ x2 + 2( )x + ( )2 − ( )2 + y 2 + 2( )y + ( )2 − ( )2 + γ = 0,
2 2 2 2 2 2
  
α 2 β 2 α2 + β 2
⇔ x+ + y+ − − γ = 0.
2 2 4

α β
Considérons le point Ω(− , − ).
2 2
Nous obtenons
α2 + β 2
M ∈ Γ ⇔ ΩM 2 = − γ.
4
Nous procédons à présent, par une disjonction de trois cas.
α2 + β 2
1er cas : > γ.
4
Dans ce cas, nous en déduisons :

Second degré 7
8 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

α2 + β 2
M ∈ Γ ⇔ ΩM = − γ.
4

α β α2 + β 2
Ainsi, Γ est le cercle de centre Ω(− , − ) et de rayon − γ.
2 2 4
α2 + β 2
2 cas :
e = γ.
4
Il vient

M ∈ Γ ⇔ ΩM 2 = 0 ⇔ M = Ω.

Il en résulte que Γ = {Ω}.


α2 + β 2
3e cas : < γ.
4
Dans ce cas, nous observons que ΩM 2 < 0, ce qui justifie que Γ = ∅.

Remarque. En pratique, pour résoudre cette équation du second degré à deux


inconnues, nous utilisons la mise sous la forme canonique comme dans le cas
général ci-dessus. L’exemple suivant illustre cette remarque.

Exemple. Dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j), nous étu-
dions les ensembles (E) et (F ) des points M (x, y) tels que x2 +y 2 +2x−y−1 = 0
et x2 + y 2 + 2x − y + 2 = 0 respectivement.
• Étude de (E). Nous avons :

1 1 1
M ∈ (E) ⇔ x2 + 2x + 1 − 1 + y 2 − 2( )y + ( )2 − ( )2 − 1 = 0,
2 2 2
1 9
⇔ (x + 1)2 + (y − )2 = .
2 4
1
Nous posons Ω(−1, ) et nous en déduisons
2
9 3
M ∈ (E) ⇔ ΩM 2 = ⇔ ΩM = .
9 2
1
Nous en concluons que (E) est le cercle de centre Ω(−1, ) et de rayon
2
3
r= .
2
• Étude de (F ). En reprenant les calculs ci-dessus, nous obtenons
3
M ∈ (E) ⇔ ΩM 2 = − < 0,
4
ce qui prouve que (F ) = ∅.

8 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 9

1.5 Exercices corrigés


1.5.1 Exemples de résolution
Exercice 1. Un premier exemple
 √ 2 √
1. Vérifier que 3 − 2 = 11 − 6 2
 √  √ 
2. En déduire les solutions de l’équation x2 + 1 + 2 x + 2 2 − 1 = 0.
3. Plus généralement, pour tout entier n ≥ 2 , comment résoudre l’équation
√ √
x2 + (n + n − 1)x + n( n − 1) = 0 ?

Solution
1. Nous avons
 √ 2 √ √
3− 2 = 9 − 2 × 3 × 2 + 2 = 11 − 6 2.

2. Nous calculons le discrimimant Δ de cette équation. Il vient


 √ 2 √  √ √ √
Δ = 1 + 2 − 8 2 − 1 = 1 + 2 2 + 2 − 8 2 + 8 = 11 − 6 2 =
 √ 2
3 − 2 > 0.

Nous en déduisons :
√ √
−(1 + 2) − (3 − 2)
x= = −2,
2
√ ou √
−(1 + 2) + (3 − 2) √
x= = 1 − 2.
2
En désignant par S l’ensemble des solutions, nous en concluons
 √ 
S = −2, 1 − 2 .

3. Nous calculons le discriminant Δn de cette équation.


Nous obtenons
 √ 2 √ 
Δn = n + n − 1 − 4n n − 1 ,
√  √ 2 √ 
= n2 + 2n n − 1 + n − 1 − 4n n − 1 ,
√  √ 2
= n2 − 2n n − 1 + n−1 ,
 √ 2
= n− n+1 .


Pour tout entier n ≥ 2, nous avons n > n.

Second degré 9
10 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ


Il en résulte que n − n + 1 > 0, ce qui justifie que Δn > 0 et que
√ √
Δn = n − n + 1.
Par conséquent, l’équation proposée admet deux solutions distinctes
√ √
−(n + n − 1) − (n − n + 1)
x= = −n,
2
√ ou √
−(n + n − 1) + (n − n + 1) √
x= = 1 − n.
2
En désignant par Sn l’ensemble des solutions, nous obtenons en conclusion

S = {−n, 1 − n}.

Exercice 2. Une équation avec trois paramètres


Montrer que, quels que soient les réels a, b et c, l’équation

(x + a)(x + b) − c2 = 0

admet au moins une solution dans R.


Comment faut-il choisir a, b et c pour que cette équation ait une unique
solution ?
Solution
Nous désignons par (E) cette équation. En développant, nous obtenons

(E) ⇔ x2 + (b + a)x + ab − c2 = 0.

Le discriminant Δ de (E) est tel que


 
Δ = (a + b)2 − 4 ab − c2 = (a − b)2 + 4c2 ≥ 0,

ce qui implique que (E) admet au moins une solution dans R.


De plus, cette équation admet une unique solution si et seulement si

Δ = 0 ⇔ a = b et c = 0.

Exercice 3. Un exercice de Bac vers 1930


Soient p et q deux réels non nuls. Pour quelles valeurs de p et q, l’équation

x2 + px + q = 0

admet-elle pour solutions les deux réels p et q ?

10 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 11

Solution
Les réels p et q sont solutions de l’équation proposée si et seulement si le
couple (p, q) est solution du système
� � �
p2 + p2 + q = 0 2p2 + q = 0 q = −2p2
⇔ ⇔ .
q 2 + pq + q = 0 q 2 + q + pq = 0 q 2 + q + pq = 0

En reportant l’égalité q = −2p2 dans la seconde équation, nous en déduisons

(−2p2 )2 − 2p2 + p(−2p2 ) = 0, ce qui donne 2p2 (2p2 − p − 1) = 0.

Puisque p �= 0, il en résulte que 2p2 − p − 1 = 0.


Nous résolvons cette équation.
Nous obtenons Δ = (−1)2 − 4(2)(−1) = 9, ce qui donne

1−3 1 1+3
p= = − ou p = = 1.
4 2 4
Nous en déduisons nécessairement que :


⎨ p = −1

p=1
2 .
⎪ 1 ou q = −2
⎩ q=−
2
Réciproquement, nous vérifions que pour :
• p = 1 et q = −2, l’équation x2 + x − 2 = 0 admet pour solutions les réels
1 ou −2, ce qui prouve que p = 1 et q = −2 conviennent.
1 1 1 1
• p = − et q = − , l’équation x2 − x − = 0 admet pour solutions les
2 2 2 2
1 1 1
réels 1 ou − . Par conséquent les valeurs p = − et q = − ne conviennent
2 2 2
pas.
Nous en concluons que p = 1 et q = −2 sont les seules valeurs répondant à
la question.

Second degré 11
12 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Exercice 4. Plouf dans un puits


Je laisse tomber une pierre dans un puits et j’entends le « plouf » au bout
de T secondes.
1. Montrer que la profondeur d de ce puits est une solution de l’équation
d’inconnue x

V
x2 − 2V (T + g )x + T 2 V 2 = 0,

où g désigne l’accélération de la pesanteur, V la vitesse du son et on sait que


la distance x parcourue en chute libre sans vitesse initiale est donnée par la
1
formule x = gt2 .
2
En déduire d en fonction de V , g et T .
2. Application numérique. Calculer d au mètre près lorsque
T = 3 s, g = 10 ms−2 et V = 340 ms−1 .
Solution
1. Soit t1 le temps mis par la pierre pour atteindre le fond du puits.
Soit t2 le temps mis par le son pour remonter.
Nous disposons des équations suivantes :

(1) t1 + t2 = T ,
1
(2) d = gt21 ,
2
(3) d = V t2 .
d
De (3), il résulte que t2 = .
V
d
De (1), il résulte que t1 = T − t2 = T − .
V
En reportant dans l’égalité (2), nous obtenons
 
1 d 2
d= g T− ,
2 V

ce qui prouve que d est une solution de l’équation, notée (E)

1  x 2
x= g T− .
2 V

Nous obtenons
1 x x2
(E) ⇔ x = g(T 2 − 2 T + 2 ),
2 V V
g 2 gT 1 2
(E) ⇔ x −( + 1)x + gT = 0.
2V 2 V 2

12 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 13

2V 2
En multipliant les deux membres par , il vient
g
2V 2
(E) ⇔ x2 − (2V T + )x + V 2 T 2 = 0,
g
V
(E) ⇔ x2 − 2V (T + )x + V 2 T 2 = 0.
g
Nous résolvons à présent l’équation (E). Nous avons

V
Δ = 4V 2 (T + )2 − 4V 2 T 2 ,
g
 
2 V 2 2
Δ = 4V (T + ) − T ,
g
  
2 V V
Δ = 4V (T + ) − T (T + ) + T ,
g g
4V 3 V
Δ= (2T + ),
g g
4
4V 2gT
Δ= 2 ( + 1) > 0.
g V

Comme Δ > 0 , les deux solutions de (E) sont


   
1 V 2V 2 2gT V V2 2gT
x1 = 2V (T + ) − + 1 = V (T + ) − + 1,
2 g g V g g V
  ou  
1 V 2V 2 2gT V V2 2gT
x2 = 2V (T + ) + + 1 = V (T + ) + + 1.
2 g g V g g V

Supposons que d = x2 . Dans ce cas, nous avons


  
V2 2gT
V t2 = V T + 1+ +1 ,
g V
ce qui implique que

V t2 > V T , soit t2 > T .

Cette dernière inégalité est contradictoire. Ainsi, par l’absurde, nous avons
prouvé que
  
V2 2gT
x1 = d = V T + 1− +1 .
g V
2. Application numérique.
  
3402 6
d = 340 × 3 + 1− + 1 ≈ 41 m, au mètre près.
10 34

Second degré 13
14 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Exercice 5. Décompositions en sommes de carrés


1. Un résultat préliminaire : pour tout entier naturel n, on pose

S = 1 + 2 + · · · + n.

n(n + 1)
En remarquant que S = n + (n − 1) + · · · + 2 + 1, justifier que S = .
2
2. Nous observons que

32 + 42 = 52 et 102 + 112 + 122 = 132 + 142 .

Pour chaque valeur de n ∈ N∗ , existe-t-il un entier a > 1 tel que

a2 +(a+1)2 +(a+2)2 +· · · (a+n)2 = (a+n+1)2 +(a+n+2)2 +· · ·+(a+2n)2 ?

Solution
1. Nous avons

S = 1 + 2 + 3 + · · · + (n − 1) + n,
S = n + (n − 1) + · · · 3 + 2 + 1.

Par addition membre à membre, nous obtenons

2S = (1 + n) + (2 + n − 1) + (3 + n − 2) + · · · + (n − 1 + 2) + (n + 1),
2S = (n + 1) + (n + 1) + · · · + (n + 1),
  
n termes
2S = n(n + 1).

n(n + 1)
Nous en concluons que S = .
2
2. Pour chaque n ∈ N , nous désignons par (E) l’équation d’inconnue a :

a2 + (a + 1)2 + (a + 2)2 + · · · (a + n)2 =


  
n termes
(a + n + 1)2 + (a + n + 2)2 + · · · + (a + 2n)2 .
  
n termes

Nous avons
   
(E) ⇔ a2 = (a + n + 1)2 − (a + 1)2 + (a + n + 2)2 − (a + 2)2 + · · · +
 
(a + 2n)2 − (a + n)2 .

14 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 15

Or, nous observons que

(a + n + 1)2 − (a + 1)2 = [(a + n + 1) − (a + 1)] [(a + n + 1) + (a + 1)] ,


= n (2a + 2 + n) ,

(a + n + 2)2 − (a + 2)2 = [(a + n + 2) − (a + 2)] [(a + n + 2) + (a + 2)] ,


= n (2a + 4 + n) ,

..
.

(a + 2n)2 − (a + n)2 = [(a + 2n) − (a + n)] [(a + 2n) + (a + n)]


= n (2a + 2n + n) .

Il en résulte

(E) ⇔ a2 = n [(2a + 2 + n) + (2a + 4 + n) + · · · + (2a + 2n + n)] ,


⎡ ⎤

(E) ⇔ a2 = n ⎣(2a
� + ·��
· · + 2a�) + (2 + · · · + 2n) + (n · · + n�)⎦ ,
� + ·��
n termes n termes
2
� 2

(E) ⇔ a = n 2na + 2(1 + 2 + · · · + n) + n .

n(n + 1)
Puisque 1 + 2 + 3 + · · · + n = , il vient
2

(E) ⇔ a2 = 2n2 a + n2 (n + 1) + n3 ,
(E) ⇔ a2 − 2n2 a − (2n3 + n2 ) = 0.

• Résolution de (E).
En utilisant le discriminant réduit, nous obtenons

Δ = n4 + (2n3 + n2 ) = n2 (n2 + 2n + 1) = n2 (n + 1)2 > 0.

Nous en déduisons que l’équation (E) admet deux solutions distinctes

a = n2 + n(n + 1) = 2n2 + n,
ou
a= n2 − n(n + 1) = −n.

Second degré 15
16 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Puisque a > 1, pour chaque n ∈ N∗ , la seule solution qui convient est


a = 2n2 + n.
Par exemple :
Pour n = 1, on a a = 3. Nous retrouvons la décomposition 32 + 42 = 52 .
Pour n = 2, on a a = 10. Nous retrouvons la décomposition
102 + 112 + 122 = 132 + 142 .
Pour n = 3, on a a = 21. Nous obtenons la décomposition
212 + 222 + 232 + 242 = 252 + 262 + 272

Pour n = 4, on a a = 36. Nous obtenons la décomposition


362 + 372 + 382 + 392 + 402 = 412 + 422 + 432 + 442 .
etc...

1.5.2 Signe d’un trinôme


Exercice 6. Une inégalité
Soient a et b deux réels tels que 0 < a < b.
On considère le trinôme h défini sur R par
√ √ 
h(x) = x2 − b − a x + b − a.
1. Montrer que, pour tout réel x, h(x) > 0.
2. En déduire que, quel que soit c ∈]0, +∞[
√ √ 1
b − a < (b − a) + c.
c
Solution
1. Soient a et b deux réels tels que 0 < a < b. Nous avons
√ √
Δ = ( b − a)2 − 4(b − a),
√ √ √ √ √ √
Δ = ( b − a)2 − 4( b − a)( b + a),
√ √ √ √ √ √ 
Δ = ( b − a) b − a − 4( b + a) ,
√ √ √ √
Δ = −( b − a)(3 b + 5 a),
√ √ √ √
Δ = ( a − b)(3 b + 5 a).


La fonction x �→ x est croissante strictement sur ]0; +∞[. Il en résulte
que :

16 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 17

√ √
0<a<b⇒ a < b,

ce qui justifie que Δ < 0.


Nous appliquons à h, le théorème donnant le signe d’un trinôme du second
degré. Nous en concluons que

∀x ∈ R, h(x) > 0.

2. En particulier, pour c > 0, nous avons h(c) > 0, ce qui donne


√ √ √ √
c2 − ( b − a)c + b − a > 0, soit −( b − a)c > −(b − a) − c2 .

En multipliant par (−1), les deux membres de l’inégalité, il vient


√ √
( b − a)c < (b − a) + c2 .

En divisant par c > 0, nous en concluons que


√ √ 1
∀c > 0, b− a < (b − a) + c.
c
Exercice 7. Position par rapport aux racines
Soient a, b et c trois réels distincts tels que a < b < c. On désigne par f la
fonction définie sur R par

f (x) = (x − a)(x − b) + (x − b)(x − c) + (x − c)(x − a)

1. Déterminer le signe des réels f (a), f (b) et f (c).


2. Montrer que l’équation f (x) = 0 admet deux solutions distinctes α et β.
On ne demande pas de calculer α et β et on suppose pour la suite que α < β.
3. Pour tout réel x, déterminer le signe de f (x).
4. Justifier que a < α < b < β < c.
Solution
1. Nous avons f (a) = (a − b)(a − c). Puisque a < b < c, nous obtenons
a − b < 0 et a − c < 0, ce qui justifie que f (a) > 0.
De même, on a f (b) = (b − c)(b − a). Comme a < b < c, il vient b − c <
0 et b − a > 0, ce qui prouve que f (b) < 0.
Toujours de la même façon, nous obtenons f (c) = (c − a)(c − b). Comme
a < b < c, il vient c − a > 0 et c − b > 0, ce qui justifie que f (c) > 0.

Second degré 17
18 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

2. Pour tout réel x, nous développons le réel f (x). Il vient

f (x) = (x − a)(x − b) + (x − b)(x − c) + (x − c)(x − a),


f (x) = x2 − (a + b)x + ab + x2 − (b + c)x + bc + x2 − (c + a)x + ca,
f (x) = 3x2 − 2(a + b + c)x + ab + bc + ca.

Nous calculons à présent le discriminant réduit Δ de l’équation f (x) = 0.


Nous obtenons

Δ = (a + b + c)2 − 3(ab + bc + ca),


= a2 + b2 + c2 + 2(ab + bc + ca) − 3(ab + bc + ca),
= a2 + b2 + c2 − (ab + bc + ca).

Il reste à justifier que Δ > 0. Pour cela, nous observons que

1 2 
Δ = 2a + 2b2 + 2c2 − 2(ab + bc + ca) ,
2
1  2 
Δ = (a − 2ab + b2 ) + (b2 − 2bc + c2 ) + (c2 − 2ca + a2 ) ,
2
 1 
Δ = (a − b)2 + (b − c)2 + (c − a)2 .
2

Puisque a < b < c, nous en déduisons que Δ > 0. Nous en concluons que
l’équation f (x) = 0 admet deux solutions distinctes α et β.
3. Nous appliquons le théorème donnant le signe d’un trinôme du second
degré lorsque Δ > 0. Le coefficient de x2 est égal à 3, ce qui justifie :

∀x ∈]α, β[, f (x) < 0,


∀x ∈] − ∞, α[∪]β, +∞[, f (x) > 0.

4. Nous savons que f (b) < 0. Il en résulte que b ∈]α, β[.


Nous savons aussi que f (a) > 0 donc a ∈] − ∞, α[∪]β, +∞[. Puisque a < b,
nous en déduisons que a ∈] − ∞, α[.
Nous savons également f (c) > 0, ce qui implique que a ∈]−∞, α[∪]β, +∞[.
Or b < c, par suite, nous obtenons c ∈]β, +∞[.
Cela nous permet de conclure que

a < α < b < β < c.

18 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 19

1.5.3 Somme et produit des racines


Exercice 8. Une racine évidente
Soient p ∈]0, 1[ et q ∈]0, 1[.
On considère l’équation x2 − (p + q)x + (p + q − 1) = 0 , notée (E).
Montrer que cette équation admet deux solutions distinctes.
En déduire que
 2
p+q
∀(p, q) ∈]0, 1[2 , > p + q − 1.
2
Solution
x = 1 est une solution évidente de (E). Par application du produit des
racines, nous en déduisons que x = p + q − 1 est également une solution
de(E).
Ces deux solutions sont distinctes.
En effet, si x = x”, alors nous avons p + q − 1 = 1, soit p + q = 2.
Cela est impossible car 0 < p < 1 et 0 < q < 1 implique p + q < 2.
Puisque (E) admet deux solutions distinctes, nous avons Δ > 0, ce qui
donne
 2
p+q
(p + q)2 − 4(p + q − 1) > 0, soit > p + q − 1.
2

Exercice 9. Équation avec un paramètre.


Soit m un réel donné, on considère l’équation du second degré

(m − 1)x2 − 2(m + 1)x + 4m + 1 = 0, notée (E).

1. Déterminer, suivant les valeurs de m, le nombre de solutions de (E).


2. On suppose que (E) admet deux solutions distinctes, notées x et x .
Trouver une relation entre x et x indépendante de m.
Solution
Nous remarquons que si m = 1, alors l’équation (E) est du premier degré
et elle est équivalente à

5
−4x + 5 = 0 ⇔ x = .
4

Nous supposons que m �= 1 et nous calculons le discriminant Δ de l’équa-


tion (E). Il vient :

Second degré 19
20 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Δ = (m + 1)2 − (m − 1)(4m + 1) = −3m2 + 5m + 2.

Nous observons que Δ est un trinôme du second degré de la variable m.


Nous étudions son signe.
Soit δ le discriminant de Δ . Nous avons

δ = 52 − 4(−3)(2) = 49 > 0.

Il en résulte que
1
Δ = 0 ⇔ m = 2 ou m = − .
3
En appliquant le théorème du signe d’un trinôme du second degré, nous
distinguons par disjonction trois cas.
1
1er cas : Δ > 0, soit m ∈] − , 2[−{1}.
3
L’équation (E) admet deux solutions distinctes x et x .
1
2e cas : Δ < 0 , soit m ∈] − ∞, − [∪]2, +∞[.
3
L’équation (E) n’a pas de solution.
1
3e cas : Δ = 0, soit m = 2 ou m = − .
3
L’équation (E) admet une seule solution.
1
2. Nous supposons à présent que m ∈] − , 2[−{1}.
3
Nous explicitons la somme S et le produit P des deux solutions distinctes
x et x . Nous obtenons :
2(m + 1) 4m + 1
S= et P = .
m−1 m−1
Nous exprimons m en fonction de S. Il vient
2(m + 1)
S= ⇔ (m − 1)S = 2m + 2 ⇔ m(S − 2) = S + 2.
m−1
Or S �= 2 car sinon on a 2(m + 1) = 2(m − 1), soit 0m = −4, ce qui est
impossible.
S+2
Ainsi nous avons m = .
S−2
De la même façon, nous exprimons m en fonction de P , ce qui donne
4m + 1
P = ⇔ (m − 1)P = 4m + 1 ⇔ m(P − 4) = P + 1.
m−1
Comme ci-dessus, nous justifions que P �= 4.
P +1
Par suite, nous avons m = .
P −4
Nous en déduisons la relation attendue, c’est-à-dire :

20 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 21

S+2 P +1
= ,
S−2 P −4
(S + 2)(P − 4) = (P + 1)(S − 2).

En développant et après simplification, nous en concluons que

5S − 4P + 6 = 0, soit 5(x + x ) − 4x x + 6 = 0.

Exercice 10. La somme des carrés des racines


Le réel m étant donné, soit (E) l’équation

x2 − 2(m + 1)x + m2 − 2 = 0.

Déterminer pour quelle valeur de m, cette équation admet deux solutions


distinctes dont la somme des carrés est égale à 50.
Solution
Nous commençons par calculer le discriminant réduit de (E).

Δ = (m + 1)2 − (m2 − 2) = m2 + 2m + 1 − m2 + 2 = 2m + 3.

Ainsi, l’équation (E) admet deux solutions distinctes x et x si et seulement


si
3
Δ > 0 ⇔ m > − .
2
3
Pour m ∈] − , +∞[, nous savons que
2

x + x = 2(m + 1)
.
x x = m2 − 2

3
Il s’agit de déterminer pour quelle(s) valeur(s) du paramètre m ∈]− , +∞[,
2
l’égalité x2 + x2 = 50, notée (I), est satisfaite
Nous avons

(I) ⇔ (x + x )2 − 2x x = 50,


(I) ⇔ 4(m + 1)2 − 2(m2 − 2) = 50,
(I) ⇔ 4m2 + 8m + 4 − 2m2 + 4 = 50,
(I) ⇔ 2m2 + 8m − 42 = 0,
(I) ⇔ m2 + 4m − 21 = 0.

Nous résolvons cette dernière équation. Il vient

Second degré 21
22 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

δ  = 22 − (−21) = 25 > 0, ce qui donne m = −7 ou m = 3.


3
Puisque m > − , nous en concluons que seule la valeur m = 3 répond à la
2
question.

1.5.4 Le second degré et la géométrie


Exercice 11. Concours EPF 1994
Deux triangles équilatéraux ont même centre de gravité et leurs côtés sont
parallèles. L’aire de l’un est égale au double de l’aire de l’autre. Le côté du plus
petit triangle a pour longueur 1.

Quelle est la distance d des côtés parallèles ?


Solution
Nous complétons la figure avec les paramètres utiles pour résoudre cette
question.


3
Dans le petit triangle équilatéral de côté 1, nous savons que h = .
2

22 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 23

Avec les notations et en exploitant les triangles rectangles de la figure, nous


avons
d π 1

= sin = , soit h = 2d.
h 6 2
Soit H la mesure de la hauteur du grand triangle équilatéral. Nous obtenons
√ √
3 3
H =d+h+h =d+  + 2d = 3d + .
2 2
Exprimons la longueur a du côté du grand triangle équilatéral en fonction
de d. il vient

H π 3 2
= sin = , soit a = √ H.
a 3 2 3
Nous en déduisons

2 3 √
a = √ (3d + ) = 2 3d + 1.
3 2

L’aire du petit triangle équilatéral de côté 1 est égale à


√ √
1 3 3
× ×1= .
2 2 4
L’aire du grand triangle équilatéral est égale à
√ √ √
1 1 √ 3 1 √ 2 3 √ 2 3
×a×H = (2 3d+1)(3d+ ) = (6 3d +6d+ ) = 3 3d +3d+ .
2 2 2 2 2 4
Á présent, nous cherchons pour quelle valeur de d > 0 l’aire de l’un est
égale au double de l’aire de l’autre ?
Il s’agit de résoudre l’équation
√ √
√ 2 3 3
3 3d + 3d + =2× , notée (E).
4 4
Nous obtenons les équivalences suivantes :

√ 2 3
(E) ⇔ 3 3d + 3d − = 0,
4
√ 2 √
⇔ 12 3d + 12d − 3 = 0,

⇔ 12d2 + 4 3d − 1 = 0.

Nous avons

Δ = (2 3)2 − 12 × (−1) = 24 > 0.

Second degré 23
24 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Nous en déduisons que (E) admet deux solutions distinctes


√ √ √ √
−2 3 − 2 6 −2 3 + 2 6
d= ou d = .
12 12

Puisque d > 0, nous en concluons que


√ √ √ √
−2 3 + 2 6 6− 3
d= = .
12 6

Exercice 12. Une équation avec un paramètre


Soit m ∈ R. Dans la plan rapporté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j), dé-
terminer selon les valeurs du réel m, la nature de l’ensemble Γm des points
M (x, y) tels que x2 + y 2 + 2x − y + m = 0.
Solution
En utilisant la mise sous la forme canonique d’un trinôme du second degré,
il vient

1 1 1
M ∈ Γm ⇔ x2 + 2x + 1 − 1 + y 2 − 2( )y + ( )2 − ( )2 + m = 0,
2 2 2
1 5
⇔ (x + 1)2 + (y − )2 = − m.
2 4
1
Soit Ω(−1, ). Nous en déduisons
2
5
M ∈ Γm ⇔ ΩM 2 = − m.
4

Par disjonction, nous distinguons trois cas.


5 5
1er cas : − m > 0, soit m < .
4 4
Dans ce cas, nous obtenons

5
M ∈ Γm ⇔ ΩM = − m.
4

1
Nous en concluons que Γm est le cercle de centre Ω(−1, ) et de rayon
 2
5
r= − m.
4
5 5
2e cas : − m = 0, soit m = . Il vient :
4 4

M ∈ Γ 5 ⇔ ΩM = 0,
4

24 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 25

ce qui donne Γ 5 = {Ω}.


4
5 5
3e cas : − m < 0, soit m > .
4 4
Dans ce dernier cas, nous obtenons que Γm = ∅.
Exercice 13. Intersection d’un cercle avec une famille de droites
Soit m ∈ R. Dans le plan rapporté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j) on
considère le cercle C d’équation x2 + y 2 = 4.
Déterminer, selon les valeurs du réel m, le nombre de points d’intersection
de ce cercle avec la droite dm dont une équation est x − y = m.
Solution
Un point M (x, y) appartient à C ∩ dm si et seulement si le couple (x, y) est
solution du système
 
x2 + y 2 = 4 x2 + y 2 = 4
⇔ .
x+y =m y =x−m

Nous en déduisons l’équation "aux abscisses" suivante, notée (a)

x2 + (x − m)2 = 4,

ce qui donne

(a) ⇔ 2x2 + 2mx + m2 − 4 = 0.

Nous calculons le discriminant réduit Δ� de l’équation (a). Il vient

Δ� = m2 − 2(m2 − 4) = 8 − m2 .

Le signe de Δ� nous permet de compter le nombre de points communs à C


et à dm .
√ √
1er cas : Δ� > 0 ⇔ m ∈] − 2 2, 2 2[.
Dans ce cas l’équation (a) admet deux solutions distinctes et par conséquent
C et dm ont deux points d’intersection.
√ √
2ecas : Δ� = 0 ⇔ m = −2 2 ou m = 2 2.
Dans ce cas l’équation (a) admet une unique solution. Le cercle C et la
droite dm ont un seul point en commun.
Nous observons que les droites d−2√2 et d2√2 sont tangentes au cercle C.
√ √
3ecas : Δ� < 0 ⇔ m < −2 2 ou m > 2 2.
Dans ce cas l’équation (a) n’a pas de solution et par suite C ∩ dm = ∅ .
Ci-après, nous résumons graphiquement les résultats obtenus.

Second degré 25
26 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Exercice 14. Lieu des centres d’une famille de cercles


Le plan est rapporté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j).
1. Montrer que, quel que soit le réel m, l’ensemble (Cm ) des points M (x, y)
tels que x2 + y 2 − 4x + my = 0 est un cercle dont on donnera le centre et le
rayon.
2. Quel est l’ensemble des centres des cercles (Cm ) lorsque m décrit R ?
Solution
Soit M (x, y). Nous avons les équivalences suivantes :

M ∈ (Cm ) ⇔ x2 + y 2 − 4x + my = 0,
m 2 m2
M ∈ (Cm ) ⇔ x2 − 4x + 4 − 4 + y 2 + my + − = 0,
4 4
m 2 m2
M ∈ (Cm ) ⇔ (x − 2)2 + (y + ) =4+ ,
2 4
m 16 + m2
M ∈ (Cm ) ⇔ (x − 2)2 + (y + )2 = .
2 4

16 + m2
Pour tout réel m, nous avons > 0.
4
m
Nous en concluons que (Cm ) est un cercle de centre N (2, − ) et de rayon
√ 2
16 + m2
r= .
2

26 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 27

m
2. Désignons par Δ l’ensemble des points N (2, − ), avec m décrivant R.
2
Si un point N (x, y) appartient à Δ, alors

x=2
m , avec m ∈ R.
y=−
2
m
Posons t = − .
2
Lorsque m décrit R, il en est de même du réel t. Nous observons que les
points N (2, t) avec t ∈ R appartiennent à la droite Δ dont une équation est
x = 2.
Nous avons ainsi montré que

N ∈ Δ ⇒ N ∈ Δ ,

ce qui signifie

Δ ⊂ Δ .

Réciproquement, si N ∈ Δ , alors N (2, y), avec y décrivant R.


m
Or, pour tout y ∈ R, il existe m ∈ R tel que y = − .
2
En effet, m = −2y répond à la question.
m
Il en résulte que N (2, − ), ce qui prouve que N ∈ Δ.
2
Ainsi, nous avons montré que

N ∈ Δ ⇒ N ∈ Δ,

ce qui signifie Δ ⊂ Δ.
La double inclusion

Δ ⊂ Δ et Δ ⊂ Δ équivaut à Δ = Δ .

Nous en concluons que l’ensemble des centres des cercles (Cm ) est la droite
d’équation x = 2.

Second degré 27
28 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Exercice 15. Une aire minimum


Les triangles équilatéraux T1 et T2 d’aires respectives A1 et A2 , ont un pé-
rimètre total constant L.

Quelle est la plus petite aire totale possible des deux triangles T1 et T2 ?
Solution
Soient a > 0 et b > 0 les longueurs respectives des côtés des triangles T1 et
T2 .
L
Nous savons que 3a + 3b = L, soit a + b = .
3
L
Puisque b = − a, nous exprimons A1 + A2 en fonction de L et a. Il vient
3

√ √
1 3 1 3
A 1 + A2 = a×a+ b × b,
2 2
√ 2 2
3 2
= (a + b2 ),
4
√  
3 2 L 2
= a + ( − a) ) ,
4 3

3 L L2
= (2a2 − 2a + ),
√4 3 9
3 2 L L2
= (a − a + ),
√2  3 18

3 L L L L2
= a2 − 2a( ) + ( )2 − ( )2 + ,
2 6 6 6 18
√  
3 L L2
= (a − )2 + .
2 6 36

Nous en déduisons
√ 2 √
3L 3 L
A1 + A2 − = ((a − )2 ≥ 0.
72 2 6

28 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 29

Nous√en concluons que la plus petite aire totale de ces deux triangles est
3L2
égale à .
72
L L L L
C’est le minimum de A1 + A2 atteint pour a = et b = − = .
6 3 6 6

1.5.5 Exemples d’équations et inéquations irrationnelles

Exercice 16. Une équation, une inéquation


Résoudre :

l’équation x2 − 12 = 2x − 6,

l’inéquation x2 − 12 < 2x − 6.
Contrôler graphiquement.
Solution
• Nous notons (E) l’équation proposée. L’ensemble de définition de cette
équation est l’ensemble des réels tels que
√ √
x2 − 12 ≥ 0 ⇔ x2 ≥ 12 ⇔ x ≤ −2 3 ou x ≥ 2 3.
√ √
Pour x ∈] − ∞, −2 3]∪]2 3, +∞[, nous disposons de l’équivalence
 
x2 − 12 = (2x − 6)2 x2 − 12 = (2x − 6)2
(E) ⇔ ⇔ .
2x − 6 ≥ 0 x≥3

Résolvons l’équation x2 − 12 = (2x − 6)2 . Il vient

x2 − 12 = (2x − 6)2 ⇔ x2 − 8x + 16 = 0 ⇔ (x − 4)2 = 0 ⇔ x = 4.


√ √
Puisque 4 > 3 et 4 ∈] − ∞, −2 3]∪]2 3, +∞[ la solution x = 4 convient.
Nous en concluons que S(E) = {4}.
√ √
• Pour x ∈] − ∞, −2 3]∪]2 3, +∞[, nous désignons par (I) l’inéquation

x2 − 12 < 2x − 6.
Nous obtenons les équivalences suivantes :
 
x2 − 12 < (2x − 6)2 x2 − 12 < (2x − 6)2
(E) ⇔ ⇔ .
2x − 6 ≥ 0 x≥3

Résolvons l’inéquation x2 − 12 < (2x − 6)2 . Il vient

x2 − 12 < (2x − 6)2 ⇔ x2 − 8x + 16 > 0 ⇔ (x − 4)2 > 0 ⇔ x �= 4.

Second degré 29
30 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ
√ √
Puisque x ≥ 3, x �= 4 et x ∈] − ∞, −2 3]∪]2 3, +∞[, nous en concluons

que x ≥ 2 3 et x �= 4, c’est-à-dire

S(E) = [2 3, +∞[−{4}

Contrôle graphique.

Nous observons que :


• la résolution de l’équation (E) signifie que la droite d’équation y = 2x−6

est tangente à la représentation graphique de la fonction x �→ x2 − 12,
• la résolution de l’inéquation (F ) signifie que cette tangente est située
√ √
au-dessus de la courbe représentative de x �→ x2 − 12 et ceci, pour x ≥ 2 3.
Exercice 17. Un double radical carré
 √ √
Résoudre l’équation 3 15 − x = 2x − 3.
Solution
L’ensemble de définition de cette équation est l’ensemble des réels x tels
que

15 − x ≥ 0 3
⇔ ≤ x ≤ 15.
2x − 3 ≥ 0 2
 
3
Pour x ∈ , 15 , nous désignons par (E) cette équation. Il vient
2

(E) ⇔ 3 15 − x = 2x − 3 ≥ 0,
(E) ⇔ 9(15 − x) = (2x − 3)2 ,
(E) ⇔ 4x2 − 3x − 126 = 0.

Nous avons Δ = 32 − 4 × 4 × (−126) = 2025 et Δ = 45.
Il en résulte que les solutions de l’équation 4x2 − 3x − 126 = 0 sont :

30 Chapitre 1
1.5. EXERCICES CORRIGÉS 31

3 − 45 21 3 + 45
x= = − ou x = = 6.
8 4 8
 
21 3
La solution − ∈
/ , 15 n’est pas solution de (E). Nous en concluons
4 2
que

S(E) = {6}.

Exercice 18. Différence de deux radicaux carrés


√ √
Résoudre l’équation 2x + 5 − 3x − 14 = 1.
Contrôler graphiquement et en déduire l’ensemble des solutions de l’inéqua-
√ √
tion 2x + 5 − 3x − 14 > 1.
Solution
L’ensemble de définition de cette équation est l’ensemble des réels x tels
que

2x + 5 ≥ 0 14
⇔x≥ .
3x − 14 ≥ 0 3
 
14
Pour x ∈ , +∞ , nous désignons par (E) cette équation. Nous obte-
3
nons
√ √
(E) ⇔ 2x + 5 = 1 + 3x − 14 > 0,
 √ 2
(E) ⇔ 2x + 5 = 1 + 3x − 14 ,

(E) ⇔ 2x + 5 = 1 + 2 3x − 14 + 3x − 14,

(E) ⇔ 2 3x − 14 = 18 − x.

Pour conserver une équivalence, nous imposons la condition

18 − x ≥ 0 ⇔ x ≤ 18.

Par conséquent, nous résolvons
 l’équation 2 3x − 14 = 18 − x qui est
14
équivalente à (E), pour x ∈ , 18 . Il vient
3

(E) ⇔ 4 (3x − 14) = (18 − x)2 ,


(E) ⇔ 12x − 56 = 324 − 36x + x2 ,
(E) ⇔ x2 − 48x + 380 = 0.

Nous résolvons cette dernière équation.

Second degré 31
32 CHAPITRE 1. SECOND DEGRÉ

Nous avons Δ = 242 − 380 = 196 et 196 = 14.
Il en résulte

x = 10 ou x = 38.
 
14
Puisque 38 ∈
/ , 18 , nous en concluons que
3
S(E) = {10}.

Graphiquement, nous en déduisons que l’ensemble


 des
 solutions de l’in-
√ √ 14
équation 2x + 5 − 3x − 14 > 1 est l’intervalle , 10 .
3

32 Chapitre 1
CHAPITRE 2
Chapitre 2
Polynômes
Polynômes

Le pré-requis pour ce second chapitre est le cours de Première sur les poly-
nômes. Nous proposons des exercices d’approfondissement conformes au pro-
gramme et pour aller plus loin, nous donnons des compléments de cours ainsi
que des exercices au sujet :
- du théorème d’identification,
- de la factorisation de xn − an ,
- de la factorisation d’un polynôme par x − a,
- de la méthode de Cardan pour la résolution d’une équation du 3edegré.

2.1 Définition d’un polynôme


Définition. Soient n ∈ N et a0 , a1 , · · · , an , n + 1 réels donnés. La fonction
p : x �→ an xn + an−1 xn−1 + · · · + a1 x + a0 , définie sur R, est une fonction
polynôme ou plus simplement un polynôme.
Si an �= 0, alors n est le degré du polynôme p, noté souvent d◦ (p).
Les réels a0 , a1 , · · · , an sont les coefficients du polynôme p.

Remarques. Nous en donnons trois.


• Les fonctions constantes sont des polynômes de degré 0.
• Les fonctions affines sont des polynômes de degré 1.
• Les fonctions trinômes sont des polynômes de degré 2.

33 Polynômes 33
34 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

2.2 Identification d’un polynôme


Théorème (identification). Soit pn un polynôme de degré n ∈ N.
Si, pour tout réel x, pn (x) = 0, alors ses n + 1 coefficients sont tous nuls.

Démonstration. Le cas général peut être passé en première lecture.


Nous examinons pour commencer les deux cas particuliers n = 0, puis
n = 1.
• Si n = 0, alors pour tout réel x, nous avons p0 (x) = a0 = 0. Le théorème
d’identification est ainsi prouvé dans ce premier cas.
• Si n = 1, alors pour tout réel x, nous avons p1 (x) = a0 x + a1 = 0.
En particulier, pour x = 0, puis x = 1, nous obtenons le système

a0 = 0
⇔ a0 = a1 = 0,
a1 + a 0 = 0

ce qui justifie le théorème d’identification dans ce second cas.


• Dans le cas n = 1, nous proposons une seconde méthode pour initialiser
le cas général.
Pour tout réel x, nous avons p1 (2x) = a1 2x + a0 .
Il en résulte que

2p1 (x) − p1 (2x) = 2(a1 x + a0 ) − (2a1 x + a0 ) = a0 .

Par conséquent, si pour tout réel x, p1 (x) = 0, alors p1 (2x) = 0, donc


2p1 (x) − p1 (2x) = 0, ce qui implique que a0 = 0.
Nous en déduisons que

∀x ∈ R, p1 (x) = a1 x et p1 (x) = 0, ce qui implique que a1 = 0.

• Nous démontrons le cas général par récurrence 1 sur le degré n du poly-


nôme pn .
Initialisation
La propriété est initialisée ci-dessus pour n = 0.
Hérédité
Supposons la propriété vraie pour un polynôme quelconque de degré n fixé.
C’est l’hypothèse de récurrence.
Soit pn+1 un polynôme de degré n + 1 tel que :
1. Annexe : § 12.5.5

34 Chapitre 2
2.2. IDENTIFICATION D’UN POLYNÔME 35

∀x ∈ R, pn+1 (x) = 0.

n+1
Posons pn+1 (x) = ak xk , nous avons
k=0


n+1
pn+1 (2x) = a k 2k x k .
k=0

Il en résulte

n
2n+1 pn+1 (x) − pn+1 (2x) = ak (2n+1 − 2k )xk .
k=0

Nous savons que

∀x ∈ R, pn+1 (x) = 0 et pn+1 (2x) = 0,

ce qui donne

n
∀x ∈ R, ak (2n+1 − 2k )xk = 0.
k=0


n
Nous observons que x �→ ak (2n+1 − 2k )xk est un polynôme de degré
k=0
n. En appliquant l’hypothèse de récurrence, nous en déduisons que tous ses
coefficients sont nuls, c’est-à-dire

∀k ∈ [[0, n]] , ak (2n+1 − 2k ) = 0.

Puisque, ∀k ∈ [[0, n]] , 2n+1 − 2k �= 0, nous obtenons

∀k ∈ [[0, n]] , ak = 0.

Il en résulte que, pour tout réel x, pn+1 (x) = an+1 xn+1 .


Par conséquent, si tout réel x, pn+1 (x) = 0, alors on a an+1 = 0.
Ainsi, si tout pour réel x, pn+1 (x) = 0, alors le polynôme pn+1 a ses n + 2
coefficients nuls. Nous avons prouvé que la propriété proposée est héréditaire.
Nous en concluons que, quel que soit l’entier naturel n, la propriété est
vraie et le théorème d’identification est ainsi démontré.

Corollaire (Égalité de deux polynômes). Deux polynômes de même degré sont


égaux si et seulement si les coefficients des termes de même degré sont égaux.

Polynômes 35
36 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

Démonstration. Soient pn et qn deux polynômes de degré n tels que pn = qn .



n 
n
Posons, pour tout réel x, pn (x) = ak xk et qn (x) = bk xk , avec an �= 0
k=0 k=0
et bn �= 0.
Nous disposons des équivalences suivantes :

pn = qn ⇔ ∀x ∈ R, pn (x) = qn (x),
n
 n

k
pn = qn ⇔ ∀x ∈ R, ak x = bk x k ,
k=0 k=0
n

pn = qn ⇔ ∀x ∈ R, (ak − bk ) xk = 0.
k=0

Par identification, nous obtenons

pn = qn ⇔ ∀k ∈ [[0, n]] , ak − bk = 0,
pn = qn ⇔ ∀k ∈ [[0, n]] , ak = bk .

2.3 Une factorisation remarquable


Lemme. Soient n ≥ 2 un entier et x un réel.
Nous disposons de la factorisation suivante :
 
xn − 1 = (x − 1) xn−1 + xn−2 + · · · + x + 1 .

Démonstration. Pour tout réel x, posons p(x) = xn−1 + xn−2 + · · · + x + 1.


Nous avons

xp(x) = xn + xn−1 + xn−2 + · · · + x2 + x.

Par soustraction et "télescopage" des termes opposés, nous obtenons

xp(x) − p(x) = xn − 1, soit (x − 1) p(x) = xn − 1.

Nous en déduisons l’égalité attendue, c’est-à-dire


 
∀x ∈ R, xn − 1 = (x − 1) xn−1 + xn−2 + · · · + x + 1 .

Proposition. Soient n ≥ 2 un entier, x et a deux réels avec a �= 0.


Nous disposons de la factorisation suivante :
 
xn − an = (x − a) xn−1 + xn−2 a + · · · + xan−2 + an−1 .

36 Chapitre 2
2.3. UNE FACTORISATION REMARQUABLE 37

Démonstration. Puisque a �= 0, il vient


 n   x n 
x
n
x −a =an n − 1 = a n − 1 .
an a

En appliquant le lemme ci-dessus, nous obtenons


x  x x x 
x n − a n = an − 1 ( )n−1 + )n−2 + · · · + + 1 ,
a   a n−1 a
n−2
a 
x − a x x x
= an + n−2 + · · · + + 1 ,
a an−1 a a
 n−1 1−n 
=a n−1
(x − a) x a +x n−2 2−n
a + · · · + xa−1 + 1 ,
 
= (x − a) xn−1 + xn−2 a + · · · + xan−2 + an−1 .

Remarques. Nous disposons des points suivants :


• si n = 2 ou n = 3 nous retrouvons les identités usuelles

x2 − a2 = (x − a) (x + a),
 
x3 − a3 = (x − a) x2 + ax + a2 .

• avec le symbole de sommation Σ, nous avons



n−1
xn − an = (x − a) xn−k−1 ak .
k=0

• cette identité remarquable est à retenir, elle est parfois nommée" égalité
de Bernoulli".
Elle est souvent utile, comme l’illustre, en arithmétique, l’exemple qui suit.

Exemple. Une question de divisibilité dans N.


Pour tout entier naturel n, l’entier 7n − 2n est divisible par 5.
En effet, nous avons

n−1
7n − 2n = (7 − 2) 7n−k−1 2k .
k=0


n−1
En posant q = 7n−k−1 2k ∈ N, nous obtenons
k=0

7n − 2n = 5q, ce qui justifie que 5 divise 7n − 2n .

Polynômes 37
38 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

2.4 Divisibilité
Proposition. Soient p un polynôme de degré n ≥ 1 et a un réel.
Il existe un polynôme q de degré n − 1 tel que

∀x ∈ R, p(x) = (x − a)q(x) + p(a).



n
Démonstration. Posons p(x) = ak xk , avec an �= 0.
k=0
Il vient
n
 n

p(x) − p(a) = ak xk − ak ak ,
k=0 k=0

= an (x − a ) + an−1 (xn−1 − an−1 ) + · · · + a1 (x − a),


n n
 n−1 n−2

 
= (x − a) an xn−k−1 ak + an−1 xn−k−2 ak + · · · + a1 ,
k=0 k=0
 n−1

= (x − a) an x + · · · + α0 .

Nous considérons le polynôme q de degré n − 1 défini par

∀x ∈ R, q(x) = an xn−1 + · · · + α0 ,
avec α0 = an an−1 + an−1 an−2 + · · · + a1 .

Ce polynôme convient puisque, pour tout réel x, nous avons

p(x) − p(a) = (x − a)q(x), soit p(x) = (x − a)q(x) + p(a).

Remarque. Par analogie avec la division euclidienne dans N, on désigne par


q(x) le quotient de la division de p(x) par x − a.
Nous pouvons déterminer ce dernier en adoptant la disposition illustrée
dans l’exemple qui suit.

38 Chapitre 2
2.4. DIVISIBILITÉ 39

Exemple. Nous divisons le polynôme x3 + x2 − 1 par x − 1.

x3 +x2 −1 x−1
−x3 +x2 x2 +2x +2
2x2
−2x2 +2x
2x
−2x +2
+1

Nous en concluons que

∀x ∈ R, x3 + x2 − 1 = (x − 1)(x2 + 2x + 2) + 1.

Théorème (division par x − a). Soient p un polynôme de degré n ≥ 1 et a un


réel. Les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) (x − a) est en facteur dans p(x), c’est-à-dire p est divisible par x − a.
(ii) p(a) = 0.

Démonstration. (i) ⇒ (ii)


D’après la proposition précédente, nous savons que, pour tout réel x,

p(x) = (x − a)q(x) + p(a).

Si (x − a) est en facteur dans p(x), nous en déduisons que p(a) = 0.


(ii) ⇒ (i) Á nouveau en appliquant la proposition précédente, si p(a) = 0,
alors pour tout réel x, il vient

p(x) = (x − a)q(x).

Exemple. Soit p le polynôme défini sur R par p(x) = x3 + x2 − 3x + 1.


En remarquant que p(1) = 0, nous proposons deux méthodes pour factoriser
p(x) par x − 1.
1er cas : par identification.
Nous procédons par analyse-synthèse, en supposant qu’il existe trois réels
a, b et c tels que

∀x ∈ R, p(x) = (x − 1)(ax2 + bx + c).

Polynômes 39
40 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

Avant de développer, nous observons que le terme de plus haut degré dans
ce produit est ax3 et le terme constant est −c.
Par conséquent, par une première identification, nous obtenons

a = 1 et c = −1.

Il en résulte que, pour tout réel x, nous avons

p(x) = (x−1)(x2 +bx−1) = x3 +bx2 −x−x2 −bx+1 = x3 +(b−1)x2 −(b+1)x+1.

Par identification, il vient



b−1=1
⇔ b = 2.
−(b + 1) = −3

Nous en concluons que

∀x ∈ R, p(x) = (x − 1)(x2 + 2x − 1).

2e cas : par division euclidienne.

x3 +x2 −3x −1 x−1


−x3 +x2 x2 +2x −1
2x2 −3x
−2x2 +2x
−x +1
−x +1
0

De même, nous en concluons que

∀x ∈ R, p(x) = (x − 1)(x2 + 2x − 1).

40 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 41

2.5 Exercices corrigés


2.5.1 Équations polynomiales

Exercice 1. Coefficients proportionnels


Soit P un polynôme défini sur R par : P (x) = ax3 + bx2 + cx + d avec
a �= 0. On suppose que ad = bc.  
 c b
1. Montrer que, pour tout réel x, P (x) = a x +
2 x+ .
a a
2. Résoudre dans R l’équation

2x3 + 4x2 − 3x − 6 = 0.

Contrôler graphiquement.
Solution
bc
1. Puisque ad = bc, nous en déduisons que d = .
a
Ainsi, pour tout réel x, nous obtenons
 
3b 2 c d
P (x) = a x + x + x + ,
a a a
 
b c bc
= a x3 + x 2 + x + 2 ,
a a a
   
2 c b 2 c

=a x x + + x + ,
a a a
  
c b
= a x2 + x+ .
a a

2. Pour tout réel x, nous posons P (x) = 2x3 +4x2 −3x−6. Nous remarquons
que 2 × (−6) = 4 × (−3).
De la question 1, il résulte que
 
3
∀x ∈ R, P (x) = 2 x2 − (x + 2).
2

Désignons par (E) l’équation 2x3 + 4x2 − 3x − 6 = 0. Il vient


 
23
(E) ⇔ x − (x + 2) = 0,
2
3
⇔ x2 − = 0 ou x + 2 = 0,
2 
√ √
3 6 3 6
⇔x=− =− ou x = = ou x = −2.
2 2 2 2

Polynômes 41
42 CHAPITRE 2. POLYNÔMES
� √ √ �
6 6
Nous en concluons que S(E) = −2, − , .
2 2
Contrôle graphique.

Exercice 2. Une équation du troisième degré


Soit (E) une équation de la forme

x3 + px + q = 0, où p et q sont deux réels non nuls.

1. Montrer que (E) ne peut pas avoir trois solutions égales.


2. Montrer que si (E) admet trois racines distinctes a, b et c, alors

a + b + c = 0.

Solution
1. Supposons que l’équation (E) possède trois solutions égales à un réel a,
c’est-à-dire une racine triple.
Dans ce cas le polynôme p : x �→ x3 + px + q est de la forme x �→ λ (x − a)3 .
Nous observons que λ = 1 car le coefficient de x3 est unitaire.
Puisque, pour tout réel x,

(x − a)3 = x3 + 3ax2 − 3ax − a3 ,

nous en déduisons, par identification




⎨ 3a = 0
−3a = p ⇔ a = p = q = 0,


−a3 = q

42 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 43

ce qui est contradictoire car p et q sont deux réels non nuls.


Par l’absurde, nous en concluons que l’équation (E) ne peut pas avoir trois
solutions égales.
2. Si (E) admet trois racines distinctes a, b et c, alors, pour tout réel x,
nous avons

p(x) = (x − a)(x − b)(x − b).

En développant, nous obtenons

p(x) = (x2 − (b + a)x + ab)(x − c),


= x3 − (b + a)x2 + abx − cx2 + c(a + b)x − abc,
= x3 − (a + b + c)x2 + (ab + bc + ac)x − abc.

Par identification, nous obtenons l’égalité attendue, c’est-à-dire

a + b + c = 0.

Nous remarquons que nous disposons également les deux relations



ab + bc + ca = p
−abc = q

Exercice 3. Racines d’un polynôme du 4e degré


Soit p le polynôme défini sur R par

∀x ∈ R, p(x) = x4 + 10x3 + 18x2 + 10x + 1.

1. Justifier que si x est une solution de l’équation p(x) = 0, alors x �= 0.


Cette équation est notée (E).
1
2. Soit x une solution de (E). On pose t = x+ . Déterminer puis résoudre
x
l’équation d’inconnue t.
3. En déduire les solutions de l’équation (E).
Solution
1. Si x = 0 est une solution de (E), alors p(0) = 0.
Or, nous avons p(0) = 1, ce qui est contradictoire. Par l’absurde, nous
avons prouvé qu’une solution de (E) est non nulle.
2. Puisque x �= 0, nous divisons les deux membres de (E) par x2 . Il vient
10 1 1 1
x2 + 10x + 18 + + 2 = 0 ⇔ (x2 + 2 ) + 10(x + ) + 18 = 0.
x x x x

Polynômes 43
44 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

En remarquant que
 2
1 1
x2 + 2 = x+ − 2,
x x

nous en déduisons l’équation d’inconnue t attendue, c’est-à-dire

t2 + 10t + 16 = 0.

Nous résolvons cette équation.

Δ = 52 − 16 = 9, ce qui donne t = −5 − 3 = −8 ou t = −5 + 3 = −2.

3.
1
• Résolution de l’équation (1) : x + = −8.
x

(1) ⇔ x2 + 1 = −8x ⇔ x2 + 8x + 1 = 0.
√ √
Δ = 42 − 1 = 15, ce qui donne x = −4 − 15 ou x = −4 + 15.

1
• Résolution de l’équation (2) : x + = −2.
x

(2) ⇔ x2 + 1 = −2x ⇔ x2 + 2x + 1 = 0 ⇔ (x + 1)2 = 0 ⇔ x = −1.

Nous en concluons que


 √ √ 
S(E) = −4 − 15, −4 + 15, −1 .

Exercice 4. Résolution d’une équation du 3e degré


Sur un exemple, nous illustrons la méthode de Cardan 2 pour résoudre une
équation du 3e degré.
Soit (E) l’équation

x3 + 9x2 + 21x + 18 = 0.

1. Déterminer un réel a tel que si x est une solution de (E) , alors y = x+a
est une solution d’une équation de la forme

(1) : y 3 + py + q = 0.

2. mathématicien italien : 1501-1576

44 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 45

2. On pose y = u+v et on suppose que y est une solution de (1). Déterminer


une valeur du produit uv de sorte que u3 + v 3 = −9.
3. En déduire la ou les solutions de l’équation (E).
Contrôler graphiquement.
Solution
1. Si x = y − a est une solution de (E), alors nous obtenons l’équation
d’inconnue y

(y − a)3 + 9(y − a)2 + 21(y − a) + 18 = 0,

ce qui équivaut successivement à

y 3 − 3ay 2 + 3a2 y − a3 + 9y 2 − 18ay + 9a2 + 21y − 21a + 18 = 0,


y 3 + (9 − 3a)y 2 + (3a2 − 18a + 21)y + a3 + 9a2 − 21a + 18 = 0.

Par conséquent, cette équation est de la forme y 3 + py + q = 0, à condition


que 3 − 9a = 0, soit a = 3.
Ainsi, pour a = 3, nous obtenons l’équation suivante :

(1) : y 3 − 6y + 9 = 0.

2. En posant y = u + v dans l’équation (1), nous obtenons

(u + v)3 − 6(u + v) + 9 = 0,

ce qui donne successivement

u3 + 3u2 v + 3uv 2 + v 3 − 6u − 6v + 9 = 0,
u3 + v 3 + 3uv(u + v) − 6(u + v) + 9 = 0,
u3 + v 3 + 3(u + v)(uv − 2) + 9 = 0.

En imposant uv = 2, nous en déduisons que

u3 + v 3 = −9.

3. Nous cherchons à présent à déterminer les réels u et v tels que



u3 + v 3 = −9
.
u3 v 3 = 8

En posant U = u3 et V = v 3 , nous résolvons le système :

Polynômes 45
46 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

U + V = −9
.
UV = 8
En appliquant la proposition réciproque de paragraphe 1.2 du chapitre 1,
nous savons que les réels U et V sont solutions de l’équation

X 2 + 9X + 8 = 0.

Nous avons

Δ = 49, ce qui donne U = −8 ou V = −1.

Nous en déduisons que


 
u3 = −8 u = −2

v3 = −1 v = −1

Par conséquent, nous obtenons

y = −3, soit x = −3 − 3 = −6.

Réciproquement, nous vérifions que x = −6 est une racine du polynôme


p : x �→ x3 + 9x2 + 21x + 18.
Nous en déduisons par identification ou division que, pour tout réel x,

p(x) = (x + 6)(x2 + 3x + 3).

Le trinôme x �→ x2 + 3x + 3 ne s’annule pas dans R car son discriminant


Δ = −3 < 0.
Nous en concluons que l’équation (E) admet x = −6 pour unique solution.

46 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 47

Exercice 5. Méthode de Cardan dans R


Soient a,b et c trois réels donnés. On considère l’équation, notée (E),
x3 + ax2 + bx + c = 0.
a
1. Montrer que si x est une solution de (E), alors y = x+ est une solution
3
d’une équation de la forme
a2 2a3 ab
(1) : y 3 + py + q = 0, avec p = b − et q = − + c.
3 27 3
2. En posant y = u+v, on suppose que y est une solution de (1). Déterminer
une valeur du produit uv de sorte que u3 + v 3 = −q.
4p3
3. On pose Δ = q 2 + . Montrer que
27  √  √
3 −q − Δ 3 −q + Δ
• si Δ > 0, alors y = + est une solution de
2 2
l’équation (1), 
−q
• si Δ = 0, alors y = 2 3 est une solution de l’équation (1).
2
Solution
a
Si x = y − est une solution de (E), alors nous obtenons l’équation
3
d’inconnue y
a a a
(y − )3 + a(y − )2 + b(y − ) + c = 0,
3 3 3
ce qui équivaut successivement à

a2 a3 2a2 y a3 ab
y 3 − ay 2 + y − + ay 2 − + + by − + c = 0,
 3 27 3 9 3
a3 ab 2a3
y3 + b − y+c− + = 0.
3 3 27

a3 ab 2a3 a
En posant p = b − et q = c − + , le réel y = x + est une solution
3 3 27 3
de l’équation (1) : y 3 + py + q = 0.
2. En posant y = u + v dans l’équation (1), nous obtenons

(u + v)3 p(u + v) + q = 0,

ce qui donne successivement

u3 + 3u2 v + 3uv 2 + v 3 + pu + pv + q = 0,
u3 + v 3 + 3uv(u + v) + p(u + v) + q = 0,
u3 + v 3 + (u + v)(3uv + p) + q = 0.

Polynômes 47
48 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

p
En imposant uv = − , nous en déduisons que
3
u3 + v 3 = −q.

3. Nous cherchons maintenant à déterminer les réels u et v tels que



⎨ u3 + v 3 = −q
3 .
⎩ u3 v 3 = − p
27
En posant U = u3 et V = v 3 , nous résolvons le système

⎨ U + V = −q
3 .
⎩ UV = −p
27
En appliquant la proposition réciproque de paragraphe 1.2 du chapitre 1,
nous savons que les réels U et V sont solutions de l’équation

p3
X 2 − qX − = 0.
27
Le discriminant de cette équation est
p3 4p3 + 27q 2
Δ = (−q)2 − 4 × (− )= .
27 27
1er cas : Δ > 0, c’est-à-dire 4p3 + 27q 2 > 0.
Nous obtenons dans ce cas deux solutions réelles U et V distinctes telles
que
√ √
−q − Δ −q + Δ
U= , V = .
2 2
Il en résulte qu’une solution de l’équation (1) est
� √ � √
√ √ 3 −q − Δ 3 −q + Δ
3
y =u+v = U + V = 3
+ .
2 2
2e cas : Δ = 0, c’est-à-dire 4p3 + 27q 2 = 0.
Nous obtenons deux solutions réelles U et V confondues telles que

q q
U = V = − , ce qui donne u = v = 3 − .
2 2

Nous en déduisons dans ce cas



q
y =u+v =2= 3 − .
2

48 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 49

Remarques
• Avec les connaissances du chapitre "Dérivation" il est possible de montrer
que si Δ ≥ 0, alors la solution obtenue est l’unique racine réelle de (1).
• Lorsque Δ < 0, l’étude de la méthode de Cardan est étendue au champ
des nombres complexes, ce qui dépasse le cadre de cet ouvrage. Ce cas pourra
être examiné, comme approfondissement "expert" en classe de Terminale.

Exercice 6. Méthode de Cardan, à utiliser avec précaution



3
√ 
3

On pose a = 5 + 2, a = 5 − 2 et N = a − b.
1. Calculer a3 − b3 et (ab)3 .
√ √ 3
On rappelle que pour tout réel a, 3
a est l’unique réel tel que ( 3 a) = a.
2. En déduire que N est une solution de l’équation x3 + 3x − 4 = 0.
3. Montrer que N est un entier naturel que l’on précisera.
Solution
1. Nous avons, d’une part
 √ 3  √ 3 √  √ 
3 3
a 3 − b3 = 5+2 − 5−2 = 5+2 − 5 − 2 = 4.

D’autre part, il vient


 √  3  √ 3 √  √ 
(ab)3 = a3 b3 =
3 3
5+2 × 5−2 = 5+2 5 − 2 = 5−4 = 1.

2. Nous calculons N 3 en fonction de a et b. Nous obtenons

N 3 = (a − b)3 = a3 − 3a2 b + 3ab2 − b3 = a3 − b3 − 3ab(a − b).

Nous savons que a3 − b3 = 4 et N = a − b.


Puisque (ab)3 = 1, nous en déduisons, par définition de la racine cubique,
que ab = 1.
Ainsi, nous obtenons

N 3 = 4 − 3N , soit N 3 + 3N − 4 = 0,

ce qui justifie que N est une solution dans R de l’équation x3 + 3x − 4 = 0.


3. Nous observons que x = 1 est une solution évidente de l’équation obte-
nue.
Il en résulte que, pour tout réel x,

x3 + 3x − 4 = (x − 1)(x2 + bx + 4).

Nous développons (x − 1)(x2 + bx + 4). Il vient :

Polynômes 49
50 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

(x − 1)(x2 + bx + 4) = x3 + bx2 + 4x − x2 − bx − 4 = x3 + (b − 1)x2 + (4 − b)x − 4.

Par identification, il vient



b−1=0
⇔ b = 1.
4−b=3

Nous en concluons que

∀x ∈ R, x3 + 3x − 4 = (x − 1)(x2 + x + 4).

Le trinôme x2 + x + 4 a pour discriminant Δ = −15 < 0.


Nous en déduisons que x = 1 est l’unique solution de l’équation
x3 + 3x − 4 = 0.
Nous en concluons que

3
√ 
3

N =1= 5+2− 5 − 2.

"Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué".

2.5.2 Divisibilité
Exercice 7. Une factorisation
Soit n entier naturel non nul. On considère le polynôme P défini sur R par

P (x) = x3 − 3nx2 + (3n2 − 1)x − n(n2 − 1).

1. Montrer qu’il existe deux entiers relatifs p et q dépendants de n tels que,


pour tout réel x, on ait

P (x) = (x − n)(x2 + px + q).

2. En déduire une factorisation de P (x) en un produit de trois facteurs du


premier degré.
Solution
1. Nous remarquons que

P (n) = n3 − 3n3 + (3n2 − 1)n − n(n2 − 1) = n3 − 3n3 + 3n3 − n − n3 + n = 0.

Il en résulte que, pour tout réel x, P (x) est divisible par x − n.


Par conséquent, il existe deux réels p et q tels que, pour tout réel x,

P (x) = (x − n)(x2 + px + q).

50 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 51

Pour prouver que p et q sont des entiers relatifs, nous développons le produit
(x − n)(x2 + px + q). Pour tout réel x, il vient
(x − n)(x2 + px + q) = x3 + px2 + qx − nx2 − npx − nq,
(x − n)(x2 + px + q) = x3 + (p − n)x2 + (q − np)x − nq.
Par identification, nous obtenons
⎧ ⎧
⎨ p − n = −3n
⎪ ⎨ p = −2n

2
q − np = 3n − 1 ⇔ q = n2 − 1 .

⎩ ⎪
⎩ 2
2
−nq = −n(n − 1) 2
n − 1 − n(−2n) = 3n − 1

Nous en déduisons que p = −2n ∈ Z et q = n2 −1 ∈ Z et nous en concluons


que
� �
∀x ∈ R, P (x) = (x − n) x2 − 2nx + n2 − 1 .

2. Nous résolvons l’équation x2 − 2nx + n2 − 1 = 0. il vient :

Δ = (−n)2 − (n2 − 1) = 1.

Ainsi, cette équation admet deux solutions distinctes


x = n − 1 ou x = n + 1.
Nous en concluons que
∀x ∈ R, P (x) = (x − n)(x − n − 1)(x − n + 1).

Exercice 8. Une application de la factorisation de xn − an


Soit P un polynôme de degré n ≥ 1.
Montrer que, pour tout réel x,
1. P (x) − x est en facteur dans P (P (x)) − P (x).
2. P (x) − x est en facteur dans P (P (x)) − x.
Solution

n
1. Nous posons P (x) = ak xk . Il vient
k=0

n
� n

k
P (P (x)) − P (x) = ak (P (x)) − ak xk ,
k=0 k=0
n
� � �
= ak (P (x))k − xk .
k=0

En appliquant la factorisation par x − a de xn − an , nous obtenons :

Polynômes 51
52 CHAPITRE 2. POLYNÔMES


k−1
(P (x))k − xk = (P (x) − x) (P (x)k−j−1 xj .
j=0

Nous en déduisons
n
 k−1

P (P (x)) − P (x) = ak (P (x) − x) (P (x)k−j−1 xj ,
k=0 j=0
n
 k−1

= (P (x) − x) ak (P (x)k−j−1 xj .
k=0 j=0


n 
k−1
En posant, pour tout réel x, Q(x) = ak (P (x)k−j−1 xj , nous obte-
k=0 j=0
nons

∀x ∈ R, P (P (x)) − P (x) = (P (x) − x) Q(x),

ce qui justifie la factorisation attendue.


2. Pour tout réel x, nous avons

P (P (x)) − x = P (P (x)) − P (x) + P (x) − x,


= (P (x) − x) Q(x) + P (x) − x,
= (P (x) − x) (Q(x) + 1) ,

ce qui justifie que P (x) − x est en facteur dans P (P (x)) − x.

Exercice 9. Une racine double


Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 2.
Montrer que le polynôme p : x �→ xn − n(x − 1) − 1 est divisible par (x − 1)2 .
Solution
Pour tout réel x, nous avons

p(x) = xn − 1 − n(x − 1),


= (x − 1)(xn−1 + xn−2 + · · · + x + 1) − n(x − 1),
 
= (x − 1) xn−1 + xn−2 + · · · + x + 1 − n .

Posons q(x) = xn−1 + xn−2 + · · · + x + 1 − n. Nous observons que

q(1) = 1n−1 + 1n−2 + · · · + 1 + 1 − n = n − n = 0.

Il en résulte qu’il existe un polynôme l tel que, pour tout réel x,

52 Chapitre 2
2.5. EXERCICES CORRIGÉS 53

q(x) = (x − 1)l(x).

Nous en déduisons

∀x ∈ R, p(x) = (x − 1)2 l(x).

Nous en concluons que le polynôme p est divisible par (x − 1)2 .

Exercice 10. D’après olympiades académiques


Soit P un polynôme de degré 2019.
On suppose que, pour tout entier n tel que 0 ≤ n ≤ 2019,
n
P (n) = .
n+1
Pour tout réel x, on pose Q(x) = (x + 1) P (x) − x.
1. Quel est le degré du polynôme Q ?
2. Calculer, pour tout entier n tel que 0 ≤ n ≤ 2019, le réel Q(n) .
3. En déduire qu’il existe un réel a �= 0 tel que

∀x ∈ R, Q(x) = ax(x − 1)(x − 2) · · · (x − 2019).

4. En déduire P (2020) en fonction de a.


On pourra poser 2020 × 2019 × · · · × 2 × 1 = 2020! (lire factoriel 2020).
5. En calculant Q(−1), déterminer la valeur du réel P (2020).
Solution
1. Puisque d◦ (P ) = 2019 et d◦ (x + 1) = 1, il en résulte que d◦ (Q) = 2020.
2. Soit n un entier tel que 0 ≤ n ≤ 2019. Nous avons
n
Q(n) = (n + 1)P (n) − n = (n + 1) − n = n − n = 0.
n+1
3. Le polynôme Q de degré 2020 admet 2020 racines qui sont les entiers
successifs compris entre 0 et 2019.
Par conséquent les 2020 réels x, x−1, x−2, · · · , x−2018, x−2019 divisent
le polynôme Q.
Nous en concluons qu’il existe un réel a �= 0 tel que

∀x ∈ R, Q(x) = ax(x − 1)(x − 2) · · · (x − 2019).

4. D’une part, nous avons

Q(2020) = a × 2020 × 2019 × · · · × 1 = a × (2020!).

Polynômes 53
54 CHAPITRE 2. POLYNÔMES

D’autre part, nous obtenons

Q(2020) = 2021P (2020) − 2020.

Nous en déduisons que

a × (2020!) = 2021P (2020) − 2020,

ce qui permet de conclure par


a × (2020!) + 2020
P (2020) = .
2021
5. Nous déterminons le réel a en calculant de deux façons, comme dans la
question 4, le réel Q(−1).
D’une part, nous avons

q(−1) = (−1 + 1)p(−1) + 1 = 1.

D’autre part, nous obtenons

Q(−1) = a(−1)(−2)(−3) · · · (−2020).

Dans cette expression de Q(−1), nous observons 2020 facteurs. Il en résulte


que

Q(−1) = a × (−1)2020 × 1 × 2 × 3 × · · · × 2020 = a(2020!).

Nous en déduisons que


1
a= .
2020!
En reprenant l’expression de P (2020) obtenue à la question 4, il vient
 
1 1 1
P (2020) = × (2020!) + 2020 = (1 + 2020).
2021 2020! 2021
Nous en concluons que

P (2020) = 1.

Remarque
Plus généralement, en s’inspirant de la méthode exposée ci-dessus, nous
pouvons considérer un polynôme P de degré n ∈ N tel que
k
∀k ∈ [[0, n]] , P (k) = ,
k+1
pour calculer P (n + 1).

54 Chapitre 2
CHAPITRE 3
Chapitre 3
Fonctions
Fonctions

Les pré-requis de ce chapitre sont les connaissances proposées en classe de


Seconde au sujet les fonctions de référence :
- fonctions affines,
- fonctions carrés,
- fonctions inverses,
- fonctions trinôme du second degré,
- fonctions homographiques.
Pour aller plus loin, nous exposons ici les compléments suivants :
- opérations sur les fonctions et notamment composition de deux fonctions,
- fonction valeur absolue.
Pour finir, nous proposons de nombreux exercices corrigés sur ces appro-
fondissements ainsi que sur :
- opérations sur les fonctions et sens de variations,
- fonctions et inégalités.

3.1 Egalité de deux fonctions


Définition. Soient f et g deux fonctions définies sur une partie D ⊂ Df ∩ Dg .
On dit que f = g si et seulement si, ∀x ∈ D, f (x) = g(x).

Remarque. Nous disposons des remarques suivantes :


• La relation f = g définit une nouvelle égalité : l’égalité entre fonctions
ou égalité fonctionnelle.
• Souvent nous avons D = Df ∩ Dg .

55 Fonctions 55
56 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Exemples. Nous en proposons deux.



• Sur R, les fonctions x �→ |x| et x �→ x2 sont égales.
x2 − 4
• Sur R − {2}, les fonctions f : x �→ et g : x �→ x + 2 sont égales.
x−2

x3 − 1
Exemple. Nous montrons que les fonctions f : x �→ et g : x �→
x−1
1 3
(x + )2 + sont égales sur R − {1}.
2 4
En effet, pour tout réel x �= 1, nous avons

(x − 1)(x2 + x + 1)
f (x) = ,
x−1
f (x) = x2 + x + 1,
1 1 1
f (x) = x2 + 2 × × x + ( )2 − ( )2 + 1,
2 2 2
1 3
f (x) = (x + )2 + ,
2 4
f (x) = g(x).

Ceci justifie

f = g sur R − {1}.

Définition (fonction nulle). La fonction θ, définie sur une partie D ⊂ R par

∀x ∈ D, θ(x) = 0,

est la fonction nulle sur D.

3.2 Multiplication d’un réel par une fonction


Définition. Soient f une fonction définie sur une partie D ⊂ Df et k un réel.
La fonction k.f est définie sur D par

∀x ∈ D, (k.f ) (x) = k × f (x).

Remarque. Nous en faisons trois.


• Pour chaque point M (x, f (x)) de la courbe Cf , la courbe Ckf s’obtient
en multipliant, pour chaque x ∈ D, le réel f (x) par k.
• Si k = 0, alors 0.f = θ (fonction nulle).
• Si k = −1, alors (−1).f notée −f est la fonction opposée de f .

56 Chapitre 3
3.3. ADDITION DE DEUX FONCTIONS 57

La courbe C−f se déduit de Cf par la symétrie par rapport à la droite des


abscisses.

Exemple. Soit la fonction f : x �→ x2 − 1. Nous représentons ci-dessous les


fonctions 2.f et −f .

3.3 Addition de deux fonctions


Définition. Soient f et g deux fonctions définies sur D ⊂ Df ∩Dg . La fonction
somme, notée f + g, est définie sur D par

∀x ∈ D, (f + g) (x) = f (x) + g(x).

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Pour chaque point M (x, f (x)) de la courbe Cf et pour chaque point
M � (x, g(x)) de la courbe Cg , la courbe Cf +g s’obtient en additionnant les or-
données f (x) et g(x).
• La fonction différence, notée f − g, est définie sur D par

∀x ∈ D, (f − g) (x) = f (x) − g(x).

• Pour toute fonction f définie sur D, nous disposons des propriétés

f + θ = θ + f = f,
f + (−f ) = (−f ) + f = θ.

• En désignant par F (D, R) l’ensemble des fonctions définies sur D, nous


observons que l’addition dans cet ensemble a des propriétés analogues à celles
de l’addition dans R.

Fonctions 57
58 CHAPITRE 3. FONCTIONS

1
Exemple. Soient les fonctions f : x �→ x2 et g : x �→ . Nous représentons
x ∗
ci-dessous les fonctions f + g et f − g qui sont définies sur R .

3.4 Multiplication de deux fonctions


Définition. Soient f et g deux fonctions définies sur D ⊂ Df ∩Dg . La fonction
produit, notée f.g, est définie sur D par

∀x ∈ D, (f.g) (x) = f (x) × g(x).

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Pour chaque point M (x, f (x)) de la courbe Cf et pour chaque point
M � (x, g(x)) de la courbe Cg , la courbe Cf.g s’obtient en multipliant les ordon-
nées f (x) et g(x).
• En particulier, lorsque f = g, la fonction f.f est notée f 2 .
Cette fonction "carré" est définie par

∀x ∈ D, f 2 (x) = (f (x))2 .

• Plus généralement, la fonction puissance d’exposant n ∈ N, notée f n , est


définie par

∀x ∈ D, f n (x) = (f (x))n .

• Pour n = 0, la fonction f 0 est définie par

∀x ∈ D, f 0 (x) = (f (x))0 = 1.

Nous observons que :

58 Chapitre 3
3.5. INVERSE, QUOTIENT 59

f.f 0 = f 0 .f = f .

Cette observation est à mettre en perspective avec le rôle de 1 dans la


multiplication dans R, c’est-à-dire

∀x ∈ R, x × 1 = 1 × x = x.

Exemple. Soient les fonctions f : x �→ x et g : x �→ x − 2. Nous représentons


ci-dessous la fonction f.g qui est définie sur R.

3.5 Inverse, quotient


Définition (inverse d’une fonction). Soit g une fonction définie sur D ⊂ Dg .
1
La fonction inverse de g, notée , est définie sur D� = {x ∈ D/ g(x) �= 0} par
g
 
1 1

∀x ∈ D , (x) = .
g g(x)

Définition (quotient de deux fonctions). Soient f et g deux fonctions définies


f
sur D ⊂ Df ∩ Dg . La fonction quotient de f par g, notée est définie sur
g
D� = {x ∈ D/ g(x) �= 0} par
 
f f (x)

∀x ∈ D , (x) = .
g g(x)
Remarques. Nous en donnons deux.
f
• Si f et g sont deux polynômes, alorsest une fonction rationnelle.
g
• Nous proposons un tableau qui met en perspective l’analogie entre la
multiplication dans R∗ et la multiplication dans l’ensemble E = F (D, R) privé
de la fonction nulle θ .

Fonctions 59
60 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Propriétés de × dans R∗ Propriétés de . dans E ∗ = E − {θ}

∀x ∈ R∗ , ∀y ∈ R∗ , xy ∈ R∗ ∀f ∈ E ∗ , ∀g ∈ E ∗ , f.g ∈ E ∗

∀x ∈ R∗ , ∀y ∈ R∗ , xy = yx ∀f ∈ E ∗ , ∀g ∈ E ∗ , f.g = g.f

∀x, y, z ∈ R∗ , (xy)z = x(yz) ∀f, g, h ∈ E ∗ , f.(g.h) = (f.g).h

∀x ∈ R∗ , x × 1 = 1 × x = x ∀f ∈ E ∗ , f.(x �→ 1) = (x �→ 1).f = f

1 1 1 1
∀x ∈ R∗ , x × = ×x=1 ∀f ∈ E ∗ , f. = .f = (x �→ 1)
x x f f

(R∗ , ×) est un groupe commutatif (E ∗ , .) est un groupe commutatif

Exemple. Soient les fonctions f : x �→ 3x et g : x �→ x2 +3. Nous représentons


f
ci-dessous la fonction rationnelle qui est définie sur R.
g

3.6 Composition de deux fonctions


Définition. Soient f et g deux fonctions dont les ensembles de définition sont
respectivement Df et Dg .
La composée de g par f , notée g ◦ f ( lire "g rond f ") est définie sur

Dg◦f = {x ∈ Df /f (x) ∈ Dg },

par

∀x ∈ Dg◦f , (g ◦ f ) (x) = g [f (x)].

60 Chapitre 3
3.6. COMPOSITION DE DEUX FONCTIONS 61

Exemples. Nous en proposons deux.


1er exemple.
Nous considérons les deux fonctions
1 √
f : x �→ définie sur R∗ et g : x �→ 1 − x définie sur ] − ∞, 1].
x
Nous commençons par définir h = g ◦ f .
Nous avons

Dh = {x ∈ Df /f (x) ∈ Dg } ,
= {x ∈ R∗ /f (x) ∈] − ∞, 1 ]} ,
 
∗ 1
= x∈R / ≤1 ,
x
 
1
= x ∈ R∗ / − 1 ≤ 0 ,
x
 
∗ 1−x
= x∈R / ≤0 .
x

1−x
Le signe de est le signe, sur R∗ , du trinôme x(1 − x).
x
1−x
Nous en déduisons que ≤ 0 ⇔ x < 0 ou x ≥ 1, ce qui donne
x

Dh =] − ∞, 0[∪[1, +∞[.

Ainsi, pour tout réel x ∈ Dh , nous obtenons

 
1 1 x−1
h(x) = g(f (x)) = g( ) = 1− = .
x x x

Fonctions 61
62 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Nous déterminons à présent la fonction k = f ◦ g. Il vient

Dk = {x ∈ Dg /g(x) ∈ Df } ,
 √ 
= x ∈] − ∞, 1]/ 1 − x �= 0 ,
= {x ∈] − ∞, 1]/x �= 1} ,
=]1, +∞[.

Pour tout réel x ∈ Dk , nous en concluons


√ 1
k(x) = f (g(x)) = f ( 1 − x) = √ .
1−x
Nous observons que dans ce premier exemple g ◦ f �= f ◦ g.
2e exemple.

Soient f : x �→ x et g : x �→ x2 deux fonctions définies respectivement sur
R+ et R.
Nous avons

Dg◦f = {x ∈ Df /f (x) ∈ Dg } = {x ∈ R+ / x ∈ R} = R+ .

Pour tout réel x ∈ R+ , il vient


√ √
(g ◦ f )(x) = g(f (x)) = g( x) = ( x)2 = x.

De même, nous obtenons



Df ◦g = {x ∈ Dg /f (x) ∈ Df } = {x ∈ R/ x ∈ R+ } = R.

Pour tout réel x ∈ R, nous avons



(f ◦ g)(x) = f (g(x)) = f (x2 ) = x2 = |x|.

Nous constatons à nouveau que g ◦ f �= f ◦ g.

Remarques. Nous avons :


• En particulier, si Df = Dg = R, alors nous avons Dg◦f = Df ◦g = R.
• En général, nous observons que g ◦ f �= f ◦ g.
On dit que la composition des fonctions n’est pas commutative .
• Sous réserve que f ◦ g ◦ h soit définie sur une partie D ⊂ R, on démontre
l’égalité suivante :

(f ◦ g) ◦ h = f ◦ (g ◦ h).

62 Chapitre 3
3.7. LA FONCTION VALEUR ABSOLUE 63

On dit que la composition des fonctions est associative.


• Composition avec une fonction affine.
Soit g une fonction dont l’ensemble de définition est Dg .
Étant donné deux réels a et b avec a �= 0, la fonction h : x �→ g(ax + b) est
définie sur

Dh = {x ∈ R/ax + b ∈ Dg }.

3.7 La fonction valeur absolue


3.7.1 Définition - Premières propriétés
Nous rappelons la définition de la valeur absolue d’un réel.

Définition. Soit x un réel. La valeur absolue de x est le réel positif, notée |x|,
définie par

√ x si x ≥ 0
|x| = x2 = .
−x si x < 0

Nous disposons ainsi d’une fonction définie sur R, x �→ |x|, notée abs.

Représentation graphique de la fonction abs : x �→ |x|


(O ; I, J) est un repère orthonormal du plan. 
√ x si x ≥ 0
Une équation de la courbe Cabs est y = |x| = x2 = .
−x si x < 0
Cette courbe est donc la réunion de deux demi-droites représentées ci-après

Nous observons que la fonction abs est affine par intervalles.

Théorème (premières propriétés de la fonction valeur absolue). Nous dispo-


sons des propriétés suivantes :
• ∀x ∈ R, |x| ≥ 0,
• ∀x ∈ R, |x| = 0 ⇔ x = 0,

Fonctions 63
64 CHAPITRE 3. FONCTIONS

• ∀x ∈ R, |−x| = |x| (la fonction abs est paire),


• ∀x ∈ R, ∀y ∈ R, |x − y| = |y − x|,
 
• ∀x ∈ R, |x|2 = x2  = x2 ,
• ∀x ∈ R, ∀y ∈ R, |x| = |y| ⇔ x = y ou x = −y,
• ∀x ∈ R, x ≤ |x|.

Démonstration. Soient x et y deux réels. Nous avons successivement :



• |x| = x2 ≥ 0.

• |x| = 0 ⇔ x2 = 0 ⇔ x2 = 0 ⇔ x = 0.
 √
• | − x| = (−x)2 = x2 = |x|.
• x − y = −(y − x).
L’égalité |x − y| = |y − x| en résulte d’après la propriété précédente.
• D’une part, nous avons

|x|2 = ( x2 )2 = x2 ,
d’autre part,
|x2 | = x2 car x2 ≥ 0.
Nous en concluons que
 
|x|2 = x2  = x2 .
• Puisque |x| ≥ 0 et |y| ≥ 0,
|x| = |y| ⇔ x2 = y 2 ⇔ x = y ou x = −y
• Nous avons 
0 si x ≥ 0
x − |x| = .
2x si x < 0
Il en résulte que x − |x| ≤ 0, c’est-à-dire, pour tout réel x, x ≤ |x|.

Remarque. Ces premières propriétés sont à connaître car elles autorisent


souvent des calculs sans être obligé d’effectuer une disjonction des cas .
Ainsi, nous retiendrons qu’une équation de la forme |u(x)| = |v(x)| est
équivalente à u(x) = v(x) ou u(x) = −v(x).

Exemples. Résolutions d’équations de la forme |u(x)| = |v(x)|


Nous résolvons dans R les équations suivantes :
(1) |2x − 1| = |x − 2|.
(2) |x2 − 2x| = |x|.
Nous mettons en œuvre la remarque précédente.

64 Chapitre 3
3.7. LA FONCTION VALEUR ABSOLUE 65

• Résolution de l’équation (1)

(1) ⇔ 2x − 1 = x − 2 ou 2x − 1 = −x + 2,
(1) ⇔ x = −1 ou x = 1.

Nous en concluons que S(1) = {−1, 1}.


Contrôle graphique.

• Résolution de l’équation (2)

(2) ⇔ x2 − 2x = x ou x2 − 2x = −x,
(2) ⇔ x(x − 3) = 0 ou x(x − 1) = 0,
(2) ⇔ x = 0 ou x = 3 ou x = 1.

Nous en concluons que S(2) = {0, 1 , 3}.


Contrôle graphique.

3.7.2 Représentation graphique de f : x �→ |x − a|


(O ; I, J) est un repère orthonormal du plan.
Nous procédons par disjonction des cas.
Un équation de la courbe Cf est
 
x − a si x − a ≥ 0 x − a si x ≥ a
y = |x − a| = = .
−(x − a) si x − a < 0 −x + a si x < a

Fonctions 65
66 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Nous en déduisons que Cf est la réunion de deux demi-droites représentées


ci-dessous

Remarque. Nous pouvons aussi obtenir la représentation graphique de la


fonction f : x �→ |x − a| en considérant que Cf se déduit de Cabs par la
−→
translation de vecteur a · OI.

3.7.3 Equation |x| = r


Théorème (équation |x| = r). Soit r un réel donné et S l’ensemble des solu-
tions dans R de l’équation |x| = r. Nous disposons du tableau suivant :

|x| = r ensemble des solutions

r>0 S = {−r, r}

r=0 S = {0}

r<0 S=∅

Démonstration. Si r > 0, nous avons

|x| = r ⇔ |x| = |r| ⇔ x = −r ou x = r.

Si r = 0, nous avons

|x| = 0 ⇔ x = 0.

Si r < 0, cette équation n’a pas de solution car

∀x ∈ R, |x| ≥ 0.

Corollaire (équation |x − a| = r). Soient r et a deux réels donnés et S l’en-


semble des solutions dans R de l’équation |x−a| = r. Nous disposons du tableau
suivant :

66 Chapitre 3
3.7. LA FONCTION VALEUR ABSOLUE 67

|x − a| = r ensemble des solutions

r>0 S = {a − r, a + r}

r=0 S = {a}

r<0 S=∅

Démonstration. Si r > 0, nous avons

|x − a| = r ⇔ |x − a| = |r| ⇔ x − a = −r ou x − a = r ⇔ x = a − r ou x = a + r.

Si r = 0, nous avons

|x − a| = 0 ⇔ x − a = 0 ⇔ x = a.

Si r < 0, alors cette équation n’a pas de solution car

∀x ∈ R, |x − a| ≥ 0.

Remarques. Nous en disposons de deux.


• Plus généralement, pour résoudre une équation de la forme |u(x)| = r,
nous procédons de la même façon :
Si r > 0, |u(x)| = r ⇔ u(x) = −r ou u(x) = r.
Si r = 0, |u(x)| = 0 ⇔ u(x) = 0.
Si r < 0, cette équation n’a pas de solution car

∀x ∈ R, |u(x)| ≥ 0.

• Pour résoudre une équation de la forme α|u(x)| + β|v(x)| = m ou


α|u(x)| + βv(x) = m, nous procédons par disjonction des cas, contrairement
aux équations de la forme |u(x)| = |v(x)| ou |u(x)| = r où la résolution est
directe en utilisant les propriétés ci-dessus.

Exemples. Équations avec | |


Nous résolvons dans R les équations suivantes :
(1) |x2 − 2x| = 2.
(2) 2|x| − |x − 2| = 2.
• Résolution de (1).
Pour résoudre (1), on observe que cette équation est du type |u(x)| = r.

Fonctions 67
68 CHAPITRE 3. FONCTIONS

(1) ⇔ x2 − 2x = −2 ou x2 − 2x = 2,
(1) ⇔ x2 − 2x + 1 − 1 = −2 ou x2 − 2x + 1 − 1 = 2,
(1) ⇔ (x − 1)2 = −1 ou (x − 1)2 = 3.

L’équation (x − 1)2 = −1 n’a pas de solution. Nous en déduisons


√ √
(1) ⇔ x − 1 = − 3 ou x − 1 = 3,
√ √
(1) ⇔ x = 1 − 3 ou x = 1 + 3.
√ √
Nous en concluons que S(1) = {1 − 3, 1 + 3}.
Contrôle graphique.
Nous affichons la représentation graphique de la fonction
f : x �→ |x2 − 2x|.
Les solutions de (1) sont, comme nous le savons, les abscisses des points
d’intersection de Cf avec la droite (d) d’équation y = 2.

• Résolution de (2).
Pour résoudre cette équation, en observant les valeurs absolues figurant
dans (2), nous devons faire une disjonction des cas suivants :

x < 0 ou 0 ≤ x < 2 ou x ≥ 2.

Nous présentons cette disjonction sous la forme d’un tableau.

x −∞ 0 2 +∞
|x| −x 0 x x
|x − 2| −x + 2 −x + 2 0 x−2
2|x| − |x − 2| −x − 2 −2 3x − 2 4 x+2

Nous obtenons :

68 Chapitre 3
3.7. LA FONCTION VALEUR ABSOLUE 69
� � �
−x − 2 = 2 3x − 2 = 2 x+2=2
(2) ⇔ ou ou ,
si x < 0 si 0 ≤ x < 2 si x ≥ 2
� ⎧ �
x = −4 ⎨ x= 4 x=0
(2) ⇔ ou 3 ou .
si x < 0 ⎩ si 0 ≤ x < 2 si x ≥ 2

4
Seules les deux premières solutions conviennent, donc S(2) = {−4, }.
3
Contrôle graphique.
Nous observons grâce au tableau ci-dessus que la fonction
g : x �→ 2|x| − |x − 2| est affine par intervalles et est définie par
� � �
−x − 2 3x − 2 x+2
g(x) = ou g(x) = ou g(x) = .
si x < 0 si 0 ≤ x < 2 si x ≥ 2

Les solutions de (2) sont les abscisses des points d’intersection de Cg avec
la droite (d) d’équation y = 2.

Fonctions 69
70 CHAPITRE 3. FONCTIONS

3.7.4 Inéquations |x| ≤ r, |x| < r, |x| ≥ r, |x| > r


Théorème. Soient r un réel donné et S l’ensemble des solutions de l’une des
inéquations proposées ci-dessus. Nous disposons des deux tableaux suivants :

|x| ≤ r |x| < r


r>0 S = [−r, r] S =] − r, r[
r=0 S = {0} ∅
r<0 ∅ ∅

|x| ≥ r |x| > r


r>0 S =] − ∞, −r] ∪ [r, +∞[ S =] − ∞, −r[∪]r, +∞[
r=0 S=R S = R∗
r<0 S=R S=R

Démonstration. Pour les deux dernières lignes des deux tableaux, nous ré-
fléchissons dans chaque cas sachant que pour tout réel x, |x| ≥ 0.
Pour la première ligne de chacun des deux tableaux, nous élevons au carré
les deux membres positifs de chacune des quatre inéquations. En utilisant l’éga-
lité |x|2 = x2 , nous obtenons :

• |x| ≤ r ⇔ x2 ≤ r2 ⇔ −r ≤ x ≤ r,
• |x| < r ⇔ x2 < r2 ⇔ −r < x < r,
• |x| ≥ r ⇔ x2 ≥ r2 ⇔ x ≤ −r ou x ≥ r,
• |x| > r ⇔ x2 > r2 ⇔ x < −r ou x > r,

Corollaire (inéquations |x−a| ≤ r, |x−a| < r, |x−a| ≥ r, |x−a| > r). Soient
r et a deux réels donnés et S l’ensemble des solutions de l’une des inéquations
proposées ci-dessus. Nous disposons des deux tableaux suivants :

|x − a| ≤ r |x − a| < r
r>0 S = [a − r, a + r] S =]a − r, a + r[
r=0 S = {a} ∅
r<0 ∅ ∅

|x − a| ≥ r |x − a| > r
r>0 S =] − ∞, a − r] ∪ [a + r, +∞[ S =] − ∞, a − r[∪]a + r, +∞[
r=0 S=R S = R − {a}
r<0 S=R S=R

70 Chapitre 3
3.7. LA FONCTION VALEUR ABSOLUE 71

Démonstration. Pour les deux dernières lignes des deux tableaux, nous ré-
fléchissons dans chaque cas sachant que pour tout réel x, |x − a| ≥ 0.
Pour la première ligne de chacun des deux tableaux, nous utilisons le théo-
rème précédent en remplaçant x par x − a. Les quatre ensembles de solutions
en résultent immédiatement.

Exemples. Nous résolvons dans R trois inéquations.


(1) |x + 2| > 2.

(2) |2x − 1| ≤ 2.
(3) |x2 − 2| < 2.
• Résolution de (1).
On applique le théorème ci-dessus avec a = −2 et r = 2. Nous obtenons

S(1) =] − ∞, −4[∪]0, +∞[.

• Résolution de (2).

On reconnaît une inéquation de la forme |x| ≤ 2 où x est remplacé par
2x − 1, ce qui donne
√ √
(2) ⇔ −
√ 2 ≤ 2x − 1 ≤
√ 2,
− 2+1 2+1
(2) ⇔ ≤x≤ .
2 2
Nous obtenons
√ √
− 2+1 2+1
S(2) =[ , ].
2 2
• Résolution de (3).
Nous utilisons la même méthode que dans (2). Il vient

(3) ⇔ −2 < x2 − 2 < 2,


(3) ⇔ 0 < x2 < 4,
(3) ⇔ −2 < x < 2 et x �= 0.

Nous en concluons que

S(3) =] − 2; 0[∪]0; 2[.

Fonctions 71
72 CHAPITRE 3. FONCTIONS

3.7.5 Action de la valeur absolue sur la multiplication, sur


l’inverse et sur le quotient

Théorème (action de la valeur absolue sur la multiplication). Pour tous réels


x et y, nous avons

|xy| = |x||y|.

Démonstration. Soient x et y deux réels. Il vient

|xy|2 = (xy)2 = x2 y 2 = |x|2 |y|2 = (|x||y|)2 .

Puisque |xy| ≥ 0 et |x||y| ≥ 0, nous en déduisons |xy| = |x||y|.

Remarques. Nous en donnons trois.


• En particulier pour x = y, nous obtenons à nouveau que, pour tout réel
x, |x2 | = |x|2 .
• Plus généralement, nous pouvons démontrer par récurrence que, pour
tout réel x non nul et tout entier naturel n, nous disposons de l’égalité |xn | =
|x|n .
• Action sur une fonction affine. Soient a et b deux réels avec a �= 0.
Pour tout réel x, on a

b b
|ax + b| = |a(x + )| = |a||x + |.
a a
Théorème (Action de la valeur absolue sur l’inverse, sur le quotient). Soient
x et y deux réels tels que y �= 0. Nous disposons des deux propriétés suivantes :
1 1
• | |= .
y |y|
x |x|
• | |= .
y |y|
1
Démonstration. Soit y un réel non nul. Nous savons que y × = 1.
y
1
Il en résulte que |y × | = |1| = 1.
y
1 1 1
Nous en déduisons que |y| × | | = 1, ce qui donne | | = .
y y |y|
Soient x et y deux réels tels que y �= 0. Nous avons

x 1 1 1 |x|
| | = |x × | = |x| × | | = |x| × = .
y y y |y| |y|

72 Chapitre 3
3.7. LA FONCTION VALEUR ABSOLUE 73

Exemple. Équation quotient et valeur absolue


|x| 1
Nous résolvons dans R − {1} l’équation = .
|x − 1| 2
Notons (e) cette équation. Nous proposons deux méthodes qui n’utilisent
pas une disjonction des cas.
Méthode 1. Pour tout réel x �= 1, nous avons

(e) ⇔ 2|x| = |x − 1|,


(e) ⇔ |2x| = |x − 1|,
(e) ⇔ 2x = −(x − 1) ou 2x = x − 1,
1
(e) ⇔ x = ou x = −1.
3
1
Nous en concluons que S(e) = {−1, }.
3
Méthode 2. Pour tout réel x �= 1, nous avons
x 1
(e) ⇔ | |= ,
x−1 2
x 1 x 1
(e) ⇔ = − ou = ,
x−1 2 x−1 2
(e) ⇔ 2x = −(x − 1) ou 2x = x − 1.

Nous en déduisons ensuite la même conclusion qu’avec la méthode 1.

3.7.6 Action de la valeur absolue sur l’addition - Inégalité tri-


angulaire
Soient a = 2 et b = −5. Nous observons que

|a + b| = | − 3| = 3 et |a| + |b| = 2 + | − 5| = 7.

C’est un contre-exemple qui prouve que, en général, |a + b| �= |a| + |b|.

Théorème (inégalité triangulaire). Soient x et y deux réels quelconques. Nous


disposons de l’inégalité

|x + y| ≤ |x| + |y|.

Démonstration. Soient x et y deux réels, pour comparer |x + y| et |x| + |y|.


Nous étudions le signe du réel

D = |x + y|2 − (|x| + |y|)2 .

En développant, nous obtenons :

Fonctions 73
74 CHAPITRE 3. FONCTIONS

D = (x+y)2 −(|x|2 +|y|2 +2|x||y| = x2 +y 2 +2xy−(x2 +y 2 +2|xy| = 2(xy−|xy|).

Puisque xy ≤ |xy|, en vertu de la dernière proposition du théorème (pre-


mières propriétés de la fonction valeur absolue), nous en déduisons que D ≤ 0,
ce qui donne

|x + y|2 ≤ (|x| + |y|)2 .

Or, nous savons que |x + y| ∈ R+ et |x| + |y| ∈ R+ . L’inégalité attendue en


résulte, c’est-à-dire

∀x ∈ R, ∀y ∈ R, |x + y| ≤ |x| + |y|.

Remarques. Elles sont au nombre de trois.


• L’égalité est atteinte si et seulement si D = 0. Ceci équivaut à xy = |xy|,
donc si et seulement si les réels x et y sont de même signe.
• En remplaçant y par −y, nous obtenons

∀x ∈ R, ∀y ∈ R, |x − y| ≤ |x| + |y|.

• Pour tous réels x et y, dans l’exercice corrigé 11 , nous prouverons que

||x| − |y|| ≤ |x − y|.

Nous disposons ainsi de la double inégalité

∀x ∈ R, ∀y ∈ R, ||x| − |y|| ≤ |x − y| ≤ |x| + |y|.

74 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 75

3.8 Exercices corrigés


3.8.1 Sens de variations et opérations
Exercice 1. Variations de k.f et f + g
1. Soient f une fonction définie sur un intervalle I ⊂ Df et k un réel non
nul. Selon le signe du réel k, déterminer le sens de variation de k.f relativement
à celui de f , sur l’intervalle I.
2. Soient f et g deux fonctions définies sur un intervalle I ⊂ Df ∩ Dg .
Montrer que si f et g ont le même sens de variations sur I, il en est de même
de f + g.
3. Étudier le cas où f et g n’ont pas le même sens de variations sur I.
Solution
1. Nous supposons f est croissante sur I et k < 0.
Soient a et b deux réels appartenant à I tels que a < b.
Puisque f est croissante sur I, nous en déduisons

f (a) ≤ f (b).

Puisque k < 0, nous obtenons

kf (a) ≥ kf (b), soit (k.f )(a) ≥ (k.g)(b),

ce qui justifie que la fonction k.f est décroissante sur I.


De la même façon, nous pouvons justifier trois autres cas que nous résumons
dans le tableau ci-après selon le sens de variations de f et le signe de k.

f croissante f décroissante
k<0 k.f décroissante k.f croissante
k>0 k.f croissante k.f décroissante

2. Nous supposons que f et g sont décroissantes sur I.


Soient a et b deux réels appartenant à I tels que a < b.
Puisque f et g sont décroissantes sur I, nous en déduisons

f (a) ≥ f (b) et g(a) ≥ g(b).

Par addition membres à membres, il vient f (a) + g(a) ≥ f (b) + g(b), soit
(f + g)(a) ≥ (f + g)(b), ce qui prouve que la fonction f + g est décroissante
sur I.

Fonctions 75
76 CHAPITRE 3. FONCTIONS

De la même façon, nous montrons que si f et g sont croissantes sur I, alors


f + g est croissante sur I.
3. Lorsque f et g n’ont pas le même sens de variations sur I, il n’y a pas
de règles générales, comme le montre le contre-exemple suivant.
1
Nous considérons les fonctions f : x �→ x2 et g : x �→ . La fonction f + g
x
1
est définie sur R∗ par x �→ x2 + .
x
Nous observons les représentations graphiques de f , g et f + g.

Sur l’intervalle ] − ∞, 0[, f et g sont décroissantes, il en est de même de la


fonction f + g.
Sur l’intervalle ]0, +∞[, f est croissante et g décroissante mais le sens de
variations de f + g change sur cet intervalle.
Exercice 2. Variations du produit de deux fonctions positives
1. Soient f et g deux fonctions positives et croissantes sur un intervalle I.
Montrer que la fonction produit f.g est croissante sur I.
2. Soient f et g deux fonctions positives et décroissantes sur un intervalle
I. Montrer que la fonction produit f.g est décroissante sur I.
3. Application.
Sur l’intervalle [−3, +∞[, quel est le sens de variations de la fonction

x �→ (x + 3) x + 3 ?
π
Sur l’intervalle [0, ], quel est le sens de variations de la fonction
2
cos x
x �→ ?
x+1

76 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 77

Solution
Soient a et b deux réels appartenant à I tels que a < b.
1. Puisque les fonctions f et g sont positives et croissantes sur I, il vient

0 ≤ f (a) ≤ f (b) et 0 ≤ g(a) ≤ g(b).

Par multiplication membres à membres dans R+ , nous obtenons

f (a)g(a) ≤ f (b)g(b), soit (f.g)(a) ≤ (f.g)(b),

ce qui prouve que f.g est croissante sur I.


2. Puisque les fonctions f et g sont positives et décroissantes sur I, il vient

f (a) ≥ f (b) ≥ 0 et g(a) ≥ g(b) ≥ 0.

Par multiplication membres à membres dans R+ , nous obtenons

f (a)g(a) ≥ f (b)g(b), soit (f.g)(a) ≥ (f.g)(b),

ce qui prouve que f.g est décroissante sur I.


3.

• Sur [−3, +∞[, les fonctions x �→ x + 3 et x �→ x + 3 sont positives

et croissantes. Il en résulte que la fonction produit x �→ (x + 3) x + 3 est
croissante sur [−3, +∞[.
π 1
• Sur [0, ], les fonctions x �→ cos x et �→ sont positives et décrois-
2 x+1
cos x π
santes. Ceci justifie, par produit, que x �→ est décroissante sur [0, ].
x+1 2
Exercice 3. Variations de la composée de deux fonctions
Soient f et g deux fonctions monotones respectivement sur un intervalle I
et sur un intervalle J.On suppose que

∀x ∈ I, f (x) ∈ J.

1. Monter que si f et g ont le même sens de variations, alors g ◦ f est


croissante sur I.
2. Étudier le cas où les fonctions f et g ont des sens de variations contraires.

Fonctions 77
78 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Solution
1. Nous supposons que f est décroissante sur I et g est décroissante sur J.
Soient a et b deux réels appartenant à I tels que a < b. Puisque f est
décroissante sur I, nous en déduisons

f (a) ≥ f (b).

Or, f (a) ∈ J et f (b) ∈ J et sachant que g est décroissante sur J, nous


obtenons

g(f (a)) ≤ g(f (b)), soit (g ◦ f )(a) ≤ (g ◦ f )(b).

Nous en concluons que la fonction g ◦ f est croissante sur I.


De la même façon, nous prouvons que si f est croissante sur I et g est
croissante sur J, alors g ◦ f est croissante sur I.
2. Nous supposons que f est décroissante sur I et g est croissante sur J.
Soient a et b deux réels appartenant à I tels que a < b.
Puisque f est décroissante sur I, nous en déduisons

f (a) ≥ f (b).

Or, f (a) ∈ J et f (b) ∈ J et sachant que g est croissante sur J, nous


obtenons

g(f (a)) ≥ g(f (b)), soit (g ◦ f )(a) ≥ g ◦ f )(b).

Nous en concluons que la fonction g ◦ f est décroissante sur I.


De la même façon, nous prouvons que si f est croissante sur I et g est
décroissante sur J, alors g ◦ f est décroissante sur I.

3.8.2 Exercices sur la composition


Exercice 4. Composées de deux fonctions affines
1. Soient f et g deux fonctions affines définies sur R par
1
f (x) = 3x − 1 et g(x) = (x + 1).
3
Déterminer les fonctions f ◦ g et g ◦ f . Que remarquez-vous ?
2. Soit m un réel non nul donné. On désigne par h la fonction affine définie
sur R par

h(x) = mx − 2.

78 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 79

Montrer qu’il existe une unique fonction affine k telle que

∀x ∈ R, (h ◦ k)(x) = x.

Que peut-on dire de k ◦ h ?


3. Résoudre dans R l’équation

(h ◦ k ◦ h) (x) = (k ◦ h ◦ k) (x).

Solution
1.Comme les fonctions f et g sont définies sur R, nous avons

Df ◦g = Dg◦f = R.

Pour tout réel x, nous avons


x+1 x+1
(f ◦ g) (x) = f (g(x)) = f ( ) = 3( ) − 1 = x.
3 3
En désignant par idR l’application identité x �→ x, nous obtenons

∀x ∈ R, (f ◦ g) (x) = idR (x) ⇔ f ◦ g = idR .

De la même façon, pour tout réel x, nous avons


1 1
(g ◦ f ) (x) = g(f (x)) = (f (x) + 1) = (3x − 1 + 1) = x = idR (x).
3 3
Ainsi, nous obtenons également

g ◦ f = idR .

Nous remarquons que dans ce cas particulier f ◦ g = g ◦ f = idR .


2. Pour tout réel x, nous posons k(x) = ax + b.
Pour tout réel x, nous avons successivement

(h ◦ k)(x) = x ⇔ h(ax + b) = x,
(h ◦ k)(x) = x ⇔ m(ax + b) − 2 = x,
(h ◦ k)(x) = x ⇔ (ma)x + mb − 2 = x.

Par identification et sachant que m �= 0, il vient



⎪ 1
� ⎪
⎪ a=
am = 1 ⎨ m
⇔ .
bm − 2 = 0 ⎪


⎩ b= 2
m

Fonctions 79
80 CHAPITRE 3. FONCTIONS

De plus, pour chaque valeur de m �= 0, les réels a et b sont déterminés de


façon unique.
1
Nous en concluons que la fonction k : x �→ (x + 2) est l’unique fonction
m
affine répondant à la question.
Pour tout réel x, nous en déduisons
1 1
(k ◦ h) (x) = k (h(x)) = (h(x) + 2) = (mx − 2 + 2) = x.
m m
Comme dans la question 1, nous avons justifié que

h ◦ k = k ◦ h = idR .

3. Désignons par (E) l’équation

(h ◦ k ◦ h) (x) = (k ◦ h ◦ k) (x).

Nous avons

(E) ⇔ h ◦ k(h(x)) = k ◦ h(k(x)).

Or, nous savons que h ◦ k = k ◦ h = idR .


Il en résulte que

(E) ⇔ h(x) = k(x),


1
(E) ⇔ mx − 2 = (x + 2),
m
x 2
(E) ⇔ mx − 2 = + ,
m m
x 2
(E) ⇔ mx − = + 2,
m m
1 2
(E) ⇔ (m − )x = + 2,
m m
m2 − 1 2 + 2m
(E) ⇔ x= .
m m

Puisque m �= 0, nous obtenons

(E) ⇔ (m2 − 1)x = 2(m + 1).

1er cas : m2 − 1 �= 0, c’est-à-dire m �= −1 et m �= 1.


Nous avons
2(m + 1) 2(m + 1 2
(E) ⇔ x = 2
= = .
m −1 (m − 1)(m + 1) m−1

80 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 81

En désignant par Sm l’ensemble des solutions de (E), il vient dans ce cas


 
2
Sm = .
m−1
2e cas : m2 − 1 = 0, c’est-à-dire m = −1 ou m = 1.
• m = −1

(E) ⇔ 0x = 0, ce qui donne


S−1 = R.

• m=1

(E) ⇔ 0x = 4, ce qui donne


S1 = ∅.

Exercice 5. Itération d’une fonction affine


Soient a et b deux réels. On désigne par fa,b la fonction affine définie sur
R par fa,b (x) = ax + b. On pose

u1 = fa,b , u2 = fa,b ◦ u1 , u3 = fa,b ◦ u2 · · · et


∀n ∈ N∗ , un+1 = fa,b ◦ un .

1. Justifier que u2 est une fonction affine.


2. Montrer qu’il en est de même pour les fonctions u3 et u4 .
3. Pour tout entier n ≥ 1, conjecturer l’existence de deux réels α(n) et β(n)
tels que un = fα(n),β(n) .
4. Justifier cette conjecture par récurrence 1 .
Solution
1. Pour tout réel x, nous avons

u2 (x) = (fa,b ◦ u1 )(x) = (fa,b ◦ fa,b )(x) = fa,b (fa,b (x)) = a (fa,b (x)) + b,
u2 (x) = a(ax + b) + b = a2 x + ab + b = a2 x + b(a + 1).

Il en résulte que la fonction u2 : x �→ a2 x + b(a + 1) est affine.


2. Pour tout réel x, nous avons
 
u3 (x) = (fa,b ◦ u2 )(x) = fa,b (u2 (x)) = au2 (x) + b = a a2 x + b(a + 1) + b,
u3 (x) = a3 x + ab(a + 1) + b = a3 x + b(a2 + a + 1).

De même, il vient :
1. Voir Annexe : § 12.5.5

Fonctions 81
82 CHAPITRE 3. FONCTIONS

u4 (x) = (fa,b ◦ u3 )(x) = fa,b (u3 (x)) = au3 (x) + b,


 
u4 (x) = a a3 x + b(a2 + a + 1) + b = a4 x + b(a3 + a2 + a + 1).

Cela justifie que les fonctions

u3 : x �→ a3 x + b(a2 + a + 1) et u4 : x �→ a4 x + b(a3 + a2 + a + 1),

sont affines.
3. En observant les résultats des questions précédentes, nous conjecturons
que, pour tout entier n ≥ 1,

α(n) = an
.
β(n) = b(an−1 + an−2 + · · · + a + 1)

Nous pouvons être plus précis en utilisant le lemme du paragraphe 2.1.3


du chapitre 2 qui nous dit que
 
an − 1 = (a − 1) an−1 + an−2 + · · · + a + 1 .

Nous en déduisons que


• si a �= 1, alors
an − 1
β(n) = b .
a−1
Dans ce cas, pour tout entier n ≥ 1, nous conjecturons

un = f an − 1
an , b
a−1
• Si a = 1, alors nous obtenons

· · · + 1 = nb,
β(n) = b(1 + 1 +
n termes

ce qui donne comme conjecture, pour tout entier n ≥ 1,

un = f1, nb .

4.
1er cas : a �= 1.
Par récurrence, nous montrons que

∀n ∈ N∗ , un = fα(n),β(n) = f an − 1 .
an , b
a−1

82 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 83

Initialisation.
Pour n = 1, d’une part nous avons u1 = fa,b et d’autre part
a−1
α(1) = a1 = a et β(1) = b = b,
a−1
ce qui prouve que l’égalité attendue est vraie au rang n = 1.
Hérédité.
Nous supposons vraie, à un rang n ∈ N∗ fixé, l’égalité

un = fα(n),β(n) = f an − 1 .
an , b
a−1
Nous montrons que cette égalité demeure vraie au rang n + 1, c’est-à-dire

un+1 = fα(n+1),β(n+1) = f an+1 − 1 .


an+1 , b
a−1
Pour tout réel x, nous avons

un+1 (x) = (fa,b ◦ un ) (x) = fa,b (un (x)) = aun (x) + b.

En appliquant l’hypothèse de récurrence, il vient

un+1 (x) = a(α(n)x + β(n)) + b,


= aα(n)x + aβ(n) + b,
an − 1
= an+1 x + ab + b,
a −n 1 
n+1 a −1
=a x+b a +1 ,
a−1
 n+1 
n+1 a −1
=a x+b ,
a−1
= fα(n+1),β(n+1) (x).

Nous avons ainsi montré que l’égalité proposée est héréditaire.


En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons que

∀n ∈ N∗ , un = fα(n),β(n) = f an − 1 .
an , b
a−1
2e cas : a = 1.
Par récurrence, nous montrons que :

∀n ∈ N∗ , un = f1,β(n) = f1, nb .

Fonctions 83
84 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Initialisation.
Pour n = 1, nous avons u1 = f1,b = f1,1×b , ce qui prouve que l’égalité est
vraie au rang n = 1.
Hérédité.
Nous supposons vraie, à un rang n ∈ N∗ fixé, l’égalité

un = f1,nb .

Nous montrons que cette égalité demeure vraie au rang n + 1, c’est-à-dire

un+1 = f1,(n+1)b .

Pour tout réel x, nous avons

un+1 (x) = (f1,b ◦ un ) (x) = f1,b (un (x)) = un (x) + b.

En appliquant l’hypothèse de récurrence, il vient

un+1 (x) = x + nb + b = x + (n + 1)b = f1, (n+1)b (x).

Ainsi nous avons montré que l’égalité proposée est héréditaire.


En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons que

∀n ∈ N∗ , un = f1, nb .

Exercice 6. Exemples de composition


On donne :
• la fonction g définie sur R par g(x) = x2 − 1,

• la fonction r définie sur R+ par r(x) = x.
1. Déterminer les fonctions r ◦ g et g ◦ r.
2. Représenter graphiquement la fonction g ◦ r.
3. Quel est le sens de variations de la fonction r ◦ g ?
4. Pour x ∈ [1, +∞[, résoudre l’équation

2 (g ◦ g) (x) = [(r ◦ g)(x)]2 − 1.

84 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 85

Solution
1. Nous commençons par définir la fonction r ◦ g. Nous avons
 
Dr◦g = {x ∈ Dg /g(x) ∈ Dr } = x ∈ R/x2 − 1 ≥ 0 = ]−∞,, −1] ∪ [1, +∞[.

Pour tout réel x ∈ Dr◦g , nous obtenons



(r ◦ g) (x) = r (g(x)) = r(x2 − 1) = x2 − 1

Nous en concluons que r ◦ g est définie sur ]−∞,, −1] ∪ [1, +∞[,

par x �→ x2 − 1.
Nous définissons à présent g ◦ r. Nous avons

Dg◦r = {x ∈ Dr /r(x) ∈ Dg } = {x ∈ R+ / x ∈ R} = R+ .

Pour tout réel x ∈ Dg◦r , il vient

√ √
(g ◦ r) (x) = g (r(x)) = g( x) = ( x)2 − 1 = x − 1.

Par conséquent, la fonction g ◦ r est définie sur R+ par x �→ x − 1.


2. Une équation de Cg◦r est y = x − 1 avec la contrainte x ∈ [0, +∞[.
Il s’agit donc de la demi-droite représentée ci-après.

3.
• Sur ] − ∞, −1], la fonction g est décroissante.
Sur [0 , +∞[, la fonction r est croissante.
De plus, nous savons que

∀x ∈] − ∞ ; −1], g(x) ∈ [0 ; +∞[.

Fonctions 85
86 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Nous en concluons que la fonction r ◦ g est décroissante sur ] − ∞ , −1].


• Sur [1, +∞[, la fonction g est croissante.
Sur [0 , +∞[, la fonction r est croissante.
De plus, nous savons que

∀x ∈ [1, +∞[, g(x) ∈ [0 ; +∞[.

Nous en concluons que la fonction r ◦ g est croissante sur [1, +∞[.


4. Pour x ≥ 1, nous désignons par (E) l’équation

2(g ◦ g)(x) = [(r ◦ g)(x)]2 − 1.

Sachant que x ≥ 1, il vient


 2
(E) ⇔ 2g (g(x)) = g(x) − 1,
 
⇔ 2 (g(x))2 − 1 = g(x) − 1,

⇔ 2(g(x) − 1)(g(x) + 1) − (g(x) − 1) = 0,


⇔ (g(x) − 1)(2g(x) + 1) = 0,
1
⇔ g(x) = 1 ou g(x) = − ,
2
1
⇔ x2 = 2 ou x2 = ,
2 √ √
√ √ 2 2
⇔ x = − 2 ou x = 2 ou x = − ou x = .
2 2

Nous en concluons
 √ √ 
√ 2 √ 2 √ 
S(E) = − 2, − , 2, ∩ [1, +∞[= 2 .
2 2

86 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 87

Exercice 7. Composition avec la fonction partie entière

Nous donnons ou rappelons la définition suivante :


soit x un réel. La partie entière de ce réel, notée �x� est
définie par :
• �x� ∈ Z,
• �x� ≤ x < �x� + 1.
La fonction partie entière est définie sur R par x �→ �x�.
Nous retiendrons que, pour tout réel x, nous disposons de
l’équivalence

�x� = n ⇔ n ∈ Z et n ≤ x < n + 1.

1
Soit h la fonction définie sur ]0, +∞[ par h(x) = . On pose g = � � ◦ h.
x
1. Quel est l’ensemble de définition de la fonction g ?
2. Calculer g(1) puis g(x) pour x > 1.
1 1
3. Calculer g( ) puis g(x) pour x ∈] , 1[.
2 2
1 1
4. Pour tout entier p ≥ 1, calculer g(x) pour x ∈] , ].
p+1 p
1
5. Représenter graphiquement la fonction g, lorsque x ∈ [ , +∞[.
4
Solution
1. Nous avons
 
  1
Dg = x ∈ Dh /h(x) ∈ D� � = x ∈ R∗ / ∈R = R∗ .
x
2. Nous avons

g(1) = �h(1)� = �1� = 1.


1
De plus, si x > 1, alors 0 < < 1. Dans ce cas, il en résulte que
x
1
g(x) = = 0.
x
3. De la même façon, nous obtenons
 
1
g = �2� = 2.
2

1 1
Si < x < 1, alors 1 < < 2, ce qui implique :
2 x

Fonctions 87
88 CHAPITRE 3. FONCTIONS

1
g(x) = = 1.
x
1 1 1
4. Si < x ≤ , alors p ≤ < p + 1, ce qui induit
p+1 p x
1
g(x) = = p.
x

5.

Exercice 8. Une équation de la forme f ◦ f = idR


Soit la fonction trinôme définie sur R par f : x �→ 2x2 − 3x − 2.
Comment résoudre dans R l’équation (E)

(f ◦ f ) (x) = x?

Solution
Si nous commençons par calculer (f ◦ f ) (x) nous obtenons une équation
du 4e degré non triviale, en d’autres termes une équation polynomiale qui n’est
pas bicarrée et qui n’a pas de racines évidentes. Nous proposons donc une autre
méthode en prenant comme inconnue auxiliaire y = f (x).
L’équation (E) équivaut au système

y = f (x)
x = f (y)

Ce système équivaut à

 
y = 2x2 − 3x − 2 y − x = 2(x2 − y 2 ) − 3(x − y)
⇔ .
x = 2y 2 − 3y − 2 y = 2x2 − 3x − 2

88 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 89

La première équation, notée (1) de ce système équivaut à

(1) ⇔ y − x = 2(x − y)(x + y) − 3(x − y),


⇔ 2(x − y)(x + y) − 3(x − y) − (y − x) = 0,
⇔ 2(x − y)(x + y − 1) = 0,
⇔ x − y = 0 ou x + y − 1 = 0.

1er cas : x − y = 0, soit x = y.


Le système équivaut à
 
y=x y=x
⇔ .
y = 2x2 − 3x − 2 x = 2x2 − 3x − 2

Nous résolvons l’équation

x = 2x2 − 3x − 2 ⇔ 2x2 − 4x − 2 = 0 ⇔ x2 − 2x − 1 = 0.

Nous avons Δ = (−2)2 − 4(−1) = 8 = (2 2)2 .
Nous en déduisons les deux premières solutions de l’équation (E)

2−2 2 √ √
x= = 1 − 2 ou x = 1 + 2.
2
2e cas : x + y = 1, soit y = 1 − x. Le système équivaut à
 
y =1−x y =1−x
⇔ .
y = 2x2 − 3x − 2 1 − x = 2x2 − 3x − 2

Nous résolvons à présent l’équation

1 − x = 2x2 − 3x − 2 ⇔ 2x2 − 2x − 3 = 0.

Nous obtenons Δ = (−2)2 − 4 × 2 × (−3) = 28 = (2 7)2 .
Nous en déduisons deux autres solutions de l’équation (E)
√ √ √
2−2 7 1− 7 1+ 7
x= = ou x = .
4 2 2
Nous en concluons que l’ensemble des solutions de l’équation (E) proposée
est
 √ √ 
√ √ 1− 7 1+ 7
S(E) = 1 − 2, 1 + 2, , .
2 2

Fonctions 89
90 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Contrôle graphique.

Remarque
√ √
Nous observons que les deux solutions x1 = 1 − 2 et x2 = 1 + 2 de
l’équation du second degré f (x) = x sont aussi des solutions de l’équation
(f ◦ f )(x) = x.
Nous pouvons ainsi utiliser une autre méthode de résolution par identifica-
tion, en posant, pour tout réel x,

(f ◦ f )(x) − x = (x − x1 )(x − x2 )g(x), avec d◦ g = 2.

Exercice 9. Composition et équation


Soient f et g deux fonctions définies sur R telles que

∀x ∈ R, (f ◦ g) (x) = (g ◦ f ) (x).

Montrer que si l’équation (f ◦ f ) (x) = (g ◦ g) (x) admet une solution, il en


est de même de l’équation f (x) = g(x).
Solution
Par l’absurde, nous supposons que l’équation f (x) = g(x) n’a pas de solu-
tion, ce qui signifie

∀x ∈ R, f (x) �= g(x).

Nous remarquons que la proposition ci-dessus est la négation de

∃x ∈ R, f (x) = g(x),

qui signifie que l’équation f (x) = g(x) admet une solution.


Pour fixer les idées, nous supposons la proposition :

90 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 91

∀x ∈ R, f (x) > g(x). (notée ∗)

• En remplaçant x par f (x) dans ∗, il vient

∀x ∈ R, f (f (x)) > g (f (x)).

Or, nous savons que

∀x ∈ R, f (g(x)) = g (f (x)) .

Il en résulte que

∀x ∈ R, f (f (x)) > f (g(x)).

• En remplaçant x par g(x) dans ∗, il vient

∀x ∈ R, f (g(x)) > g (g(x)).

Par transitivité de >, nous en déduisons

∀x ∈ R, f (f (x)) > g (g(x)).

Cette dernière proposition est contradictoire avec

∃x ∈ R, f (f (x)) = g (g(x)).

Par l’absurde, nous avons prouvé que si l’équation (f ◦ f ) (x) = (g ◦ g) (x) a


un ensemble non vide de solution, il en est de même de l’équation f (x) = g(x).

3.8.3 Exercices sur la valeur absolue


Exercice 10. Ensembles de définition
Quel est l’ensemble des définition des fonctions suivantes ?
2
• f : x �→ ,
2|x| − 3

• g : x �→ |2x − 3| − 3,
1
• h : x �→  ,
|2x − 3| + 3
x
• k : x �→ .
2�|x|� − 3

Fonctions 91
92 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Solution
• La fonction f est définie si et seulement si 2|x| − 3 �= 0.
Or, nous avons
2 2 2
2|x| − 3 = 0 ⇔ |x| = ⇔ x = − ou x = .
3 3 3
Nous en concluons que
 
2 2
Dg = R − − , .
3 3

• La fonction g est définie si et seulement si |2x−3|−3 ≥ 0, ce qui équivaut


à

|2x − 3| ≥ 3 ⇔ 2x − 3 ≤ −3 ou 2x − 3 ≥ 3 ⇔ x ≤ 0 ou x ≥ 3.

Nous en concluons que

Dg =] − ∞, 0] ∪ [3, +∞[.

• La fonction h est définie si et seulement si |2x−3|+3 > 0, ce qui équivaut


à |2x − 3| > −3.
Or, nous savons que, pour tout réel x, |2x − 3| ≥ 0.
Nous en concluons que

Dh = R.
3
• La fonction k est définie si et seulement si 2�|x|� − 3 �= 0, soit �|x|� �= .
2
Or nous avons, pour tout réel x, �|x|� ∈ N.
Nous en déduisons que

3
∀x ∈ R, �|x|� �= , ce qui justifie que Dk = R
2

Exercice 11. Valeur absolue et distance sur la droite réelle


Soit (d) une droite munie d’un repère (O ; �ı) tel que ||�ı|| = 1.

Nous rappelons la définition suivante :


Soient A et M deux points de (d) d’abscisses respectives x
et a, relativement au repère (O ; �ı). Nous avons

AM = |x − a|.

92 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 93

Sur la droite (d), nous donnons deux points A et B d’abscisses respectives


−4 et 4 relativement au repère (O ; �ı).
A chaque point M de la droite (d) d’abscisse x, nous associons le réel
|M A − M B|.
Nous définissons ainsi sur R, la fonction f : x �→ |M A − M B|.
1. Expliciter le réel f (x) en fonction de x.
2. Quelle est la parité de la fonction f ?
3. Justifier que f est affine par intervalles.
4. Représenter graphiquement la fonction f relativement à un repère ortho-
normal du plan.
En déduire l’ensemble des points M ∈ (d) tel que |M A − M B| = 8.
Solution
1.En utilisant le rappel, pour tout réel x, nous obtenons

f (x) = |AM − BM | = ||x + 4| − |x − 4||.

2. La fonction f est définie sur R, donc

∀x ∈ R, −x ∈ R.

De plus, en utilisant le fait que deux réels opposés ont la même valeur
absolue, pour tout réel x, il vient

f (−x) = || − x + 4| − | − x − 4||,
= || − (x − 4)| − | − (x + 4)||,
= ||x − 4| − |x + 4||,
= ||x + 4| − |x − 4||,
= f (x).

Nous en concluons que la fonction f est paire.


3. Pour tout réel x, nous avons
 
x + 4 si x > −4 x − 4 si x ≥ 4
|x + 4| = et |x − 4| = .
−x − 4 si x ≤ −4 −x + 4 si x < 4
Par disjonction, nous distinguons les cas suivants :

x ∈] − ∞, −4] ou x ∈] − 4, 4[ ou x ∈ [4, +∞[.

Nous obtenons :

Fonctions 93
94 CHAPITRE 3. FONCTIONS

⎨ |−x − 4 − (−x + 4)| si x ∈] − ∞, −4]

f (x) = |x + 4 − (−x + 4)| si x ∈] − 4 ; 4[ ,


|x + 4 − (x − 4)| si x ∈ [4, +∞[

ce qui donne

⎨ 8 si x ∈] − ∞, −4]

f (x) = 2 |x| si x ∈] − 4 ; 4[ .


8 si x ∈ [4, +∞[

En distinguant les deux cas x ∈] − 4 ; 0] ou x ∈]0 ; 4[, nous en déduisons




⎪ 8 si x ∈] − ∞, −4]


⎨ −2x si x ∈] − 4 ; 0]
f (x) = ,
⎪ 2x si x ∈]0 ; 4[



⎩ 8 si x ∈ [4, +∞[

ce qui prouve que la fonction f est affine par intervalles.


4. La représentation graphique de la fonction f est définie par les équations
� � � �
y=8 y = −2x y = 2x y=8
ou ou ou .
x ∈] − ∞, −4] x ∈] − 4 ; 0] x ∈]0 ; 4[ x ∈ [4, +∞[

Ainsi la courbe est la réunion d’une demi-droite, de deux segments de droites


et d’une demi-droite.

Graphiquement, l’ensemble cherché est la réunion des deux demi-droites


contenues dans (d) correspondant aux points de cette droite dont les abscisses
décrivent ] − ∞, −4] ∪ [4, +∞[.

94 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 95

Exercice 12. Une preuve graphique de l’inégalité ||a| − |b|| ≤ |a − b|


1. Montrer que la fonction f définie sur R par h(x) = |x − 1| − ||x| − 1| est
affine par intervalles.
2. Représenter graphiquement la fonction f . En déduire, pour tout réel x,
le signe de f (x).
3. Soient a et b�deux réels tels que b �= 0.
a�
En calculant f , montrer que ||a| − |b|| ≤ |a − b|.
b
Justifier que cette inégalité demeure vraie pour b = 0.
4. Une application. Montrer que, pour tous réels a et b, si |b| < 1, alors
nous disposons de l’inégalité

|a − b − a|b| + b|a|| ≤ |a − b|.

Solution
1. Nous avons, d’une part

x − 1 si x ≥ 1
|x − 1| = ,
−x + 1 si x < 1

d’autre part, nous obtenons



|x| − 1 si |x| ≥ 1
||x| − 1| = ,
−|x| + 1 si |x| < 1

|x| − 1 si x ≤ −1 ou x ≥ 1
= ,
−|x| + 1 si − 1 < x < 1


⎪ −x − 1 si x ≤ −1


⎨ x + 1 si − 1 < x ≤ 0
= .

⎪ −x + 1 si 0 < x < 1


⎩ x − 1 si x ≥ 1

Nous en déduisons


⎪ −(x − 1) + x + 1 = 2 si x ≤ −1


⎨ −(x − 1) − (x + 1) = −2x si − 1 < x ≤ 0
f (x) = .

⎪ −(x − 1) + x − 1 = 0 si 0 < x < 1


⎩ x − 1 − (x − 1) = 0 si x ≥ 1

Nous en concluons que la fonction f est affine par intervalles et elle est

Fonctions 95
96 CHAPITRE 3. FONCTIONS

définie sur R par



⎨ 2 si x ≤ −1

f (x) = −2x si − 1 < x ≤ 0 .


0 si x > 0

2. La représentation graphique de la fonction f est définie par les équations


� � �
y=2 y = −2x y=0
ou ou .
x ∈] − ∞, −1] x ∈] − 1 ; 0] x ∈]0, +∞[

Nous obtenons ainsi la représentation graphique de f

Graphiquement, nous en déduisons

∀x ∈ R, f (x) ≥ 0.

3. Soient a et b deux réels avec b �= 0. En utilisant l’action de la valeur


absolue sur le produit et le quotient, il vient
�a� a a
f = | − 1| − || | − 1|,
b b b
|a − b| ||a| − |b||
= − ,
|b| |b|
1
= (|a − b| − ||a| − |b||) .
|b|
�a�
Puisque f ≥ 0 et |b| > 0, il en résulte
b
|a − b| − ||a| − |b|| ≥ 0, c’est-à-dire ||a| − |b|| ≤ |a − b|.

Si b = 0, alors nous avons ||a|| ≤ |a|, ce qui est vrai.


Nous en concluons que

∀(a, b) ∈ R2 , ||a| − |b|| ≤ |a − b|.

96 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 97

4. Soient a et b deux réels tels que |b| < 1. Nous avons

|a − b − a |b| + b |a|| = |a − b − a |b| + b |b| − b |b| + b |a|| ,


= |(a − b) + |b| (b − a) + b (|a| − |b|)| ,
= |(a − b) (1 − |b|) + b (|a| − |b|)| .

En appliquant l’inégalité triangulaire et l’action de la valeur absolue sur un


produit, nous obtenons

|(a − b) (1 − |b|) + b (|a| − |b|)| ≤ |a − b| |1 − |b|| + |b| ||a| − |b||.

De la question 3, il résulte que ||a| − |b|| ≤ |a − b|.


De plus, puisque |b| < 1, nous avons 1 − |b| > 0, ce qui implique

|1 − |b|| = 1 − |b|.

Nous en déduisons

|(a − b) (1 − |b|) + b (|a| − |b|)| ≤ |a − b| (1 − |b|) + |b| |a − b|,

soit

|(a − b) (1 − |b|) + b (|a| − |b|)| ≤ |a − b| (1 − |b| + |b|).

Ainsi, si |b| < 1, nous en concluons

|a − b − a |b| + b |a|| ≤ |a − b|.

Exercice 13. Deux exemples de discontinuité


Représenter graphiquement la fonction f définie sur R par

⎨ |x|
si x �= 0
f (x) = x .
⎩ 0 si x = 0

En déduire la représentation graphique de la fonction g définie sur R par


g : x �→ x + f (x).
Solution
• Nous avons , pour x �= 0,
⎧ x

⎪ si x > 0 �
⎨ x 1 si x > 0
f (x) = = .

⎪ −1 si x < 0
⎩ − x si x < 0
x

Fonctions 97
98 CHAPITRE 3. FONCTIONS

La représentation graphique de la fonction f est définie par les équations




⎨ 1 si x > 0
y= 0 si x = 0 .


−1 si x < 0

Cf est donc la réunion de deux demi-droites avec l’origine du repère consi-


déré.

• Nous obtenons de la même façon, pour x �= 0,



x + 1 si x > 0
g(x) = .
x − 1 si x < 0

La représentation graphique de la fonction g est définie par les équations




⎨ x + 1 si x > 0
y= 0 si x = 0 .


x − 1 si x < 0

98 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 99

Exercice 14. Partie positive et négative d’un réel


Soient a et b deux réels. On désigne par :
• sup(a, b), le réel défini par


⎨ a si a > b
sup(a, b) = b si a < b ,


a si a = b

• inf(a, b), le réel défini par




⎨ a si a < b
inf(a, b) = b si a > b .


a si a = b

a + b + |a − b|
1. Montrer que = sup(a, b).
2
a + b − |a − b|
Que peut-on dire du réel ?
2
2. Soit x un réel. On pose

x+ = sup(x, 0) et x− = sup(−x, 0).

Montrer que

x+ + x− = |x| et x+ − x− = x.

3. Soient f et g les fonctions définies sur R par

f : x �→ x+ et g : x �→ x− .

Représenter graphiquement les fonctions f et g.


En déduire le sens de variations sur R de ces deux fonctions.
Solution
1. Soient a et b deux réels, nous avons

⎪ a+b+b−a

⎪ = b si a < b
⎪ 2
a + b + |a − b| ⎨ a + b + a − b
= = a si a > b ,
2 ⎪
⎪ 2

⎩ a + a + |a − a| = a si a = b

2
a + b + |a − b|
ce qui prouve que = sup(a, b).
2
De la même façon, nous obtenons :

Fonctions 99
100 CHAPITRE 3. FONCTIONS

⎪ a+b+a−b

⎪ = a si a < b

⎨ 2
a + b − |a − b| a + b − (a − b)
= = b si a > b .
2 ⎪
⎪ 2

⎪ a + a − |a − a|
⎩ = a si a = b
2
a + b − |a − b|
Nous en concluons que = inf(a, b).
2
2. En utilisant la question précédente, il vient
x + |x|
x+ = sup(x, 0) = ,
2
−x + | − x| |x| − x
x− = sup(−x, 0) = = .
2 2
Il en résulte que
x + |x| |x| − x
x+ + x − = + = |x|,
2 2
x + |x| |x| − x
x+ − x− = − = x.
2 2
3. • La représentation graphique de la fonction f a pour équation


⎨ x si x > 0
y = sup(x, 0) = 0 si x < 0 .


0 si x = 0

• La représentation graphique de la fonction g a pour équation


⎧ ⎧

⎨ −x si −x > 0 ⎨ −x si x < 0

y = sup(−x, 0) = 0 si −x < 0 = 0 si x > 0 .

⎩ ⎪

0 si x = 0 0 si x = 0

Les courbes Cf et Cg sont données dans le tableau ci-dessous.

Graphiquement, nous en déduisons que


• f est croissante mais non croissante strictement sur R,
• g est décroissante mais non décroissante strictement sur R.

100 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 101

3.8.4 Fonctions et inégalités

Exercice 15. Un extremum - Position par rapport à une droite


1
Soit la fonction définie sur ]2, +∞[ par f : x �→ x + .
x−2
1. L’entier 4 est-il, sur l’intervalle ]2, +∞[, un extremum pour cette fonc-
tion ?
2. Pour x > 2, étudier la position de la courbe Cf relativement à la droite
(d) d’équation y = 3(4 − x). Contrôler graphiquement.
Solution
1. Pour tout réel x > 2, nous avons

1
f (x) − 4 = x + − 4,
x−2
(x − 4)(x − 2) + 1
= ,
x−2
x2 − 6x + 9
= ,
x−2
(x − 3)2
= .
x−2

Puisque pour x > 2, (x − 3)2 ≥ 0 et x − 2 > 0, nous en déduisons

(x − 3)2
≥ 0.
x−2

Nous en concluons que la fonction f est minorée par 4, c’est-à-dire

∀x ∈]2, +∞[, f (x) ≥ 4.

De plus, le calcul précédent nous indique que

f (x) = 4 ⇔ x = 3,

ce qui justifie que l’entier 4 est un minimum pour f , ce dernier étant atteint
pour x = 3.
2. Pour étudier la position de Cf par rapport à la droite (d) d’équation
y = 3(4 − x), nous étudions le signe, pour x > 2, de f (x) − 3(4 − x) (ou le

Fonctions 101
102 CHAPITRE 3. FONCTIONS

signe de 4(3 − x) − f (x)). Il vient

1
f (x) − 3(4 − x) = x + − 3(4 − x),
x−2
x(x − 2) + 1 − 3(4 − x)(x − 2)
= ,
x−2
x2 − 2x + 1 − 3(4x − 8 − x2 + 2x)
= ,
x−2
4x2 − 20x + 25
= ,
x−2
(2x − 5)2
= .
x−2

Puisque, pour x > 2, (2x − 5)2 ≥ 0 et x − 2 > 0, nous en déduisons que


(2x − 5)2
f (x) − 3(4 − x) = ≥ 0,
x−2
ce qui justifie

∀x ∈]2, +∞[, f (x) ≥ 3(4 − x).

Nous en concluons que, sur l’intervalle ]2, +∞[, la droite (d) est au-dessus de
la courbe Cf .
Plus précisément, nous observons que
5
f (x) − 3(4 − x) = 0 ⇔ x = ,
2
ce qui signifie que la droite
  (d) et la courbe Cf ont en commun un unique point
5 5
de coordonnées A( , f .
2 2
Dans cette situation, on dit que la droite (d) est tangente à la courbe Cf
au point A.

102 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 103

Exercice 16. Existence d’un extremum


x2 + 1
Soit f la fonction définie sur ] − 1, +∞[ par x �→ .
x+1
1. Pour quelle valeur du réel m > 0, l’équation f (x) = m admet-elle une
unique solution a > −1 que l’on déterminera ?
2. La fonction f atteint-elle un extremum en a ?
Solution
1. Nous désignons par (E) l’équation f (x) = m, à résoudre dans
] − 1, +∞[. Il vient

x2 + 1
f (x) = m ⇔ = m,
x+1
⇔ x2 + 1 = m(x + 1),
⇔ x2 − mx + 1 − m = 0.

Nous observons que (E) est du second degré. Soit Δ son discriminant. Nous
obtenons

Δ = (−m)2 − 4(1 − m) = m2 + 4m − 4.

L’équation (E) admet une solution unique si et seulement si Δ = 0, ce qui


restitue l’équation de second degré d’inconnue m suivante :

m2 + 4m − 4 = 0.

Son discriminant réduit est

δ  = 22 − (−4) = 8 > 0.

Nous en déduisons que


√ √
Δ = 0 ⇔ m = −2 − 2 2 ou m = −2 + 2 2.

Puisque m > 0, nous en concluons que l’équation f (x) = m admet une



unique solution a > −1 si et seulement si m = 2( 2 − 1).

Lorsque m = 2( 2 − 1), puisque Δ = 0, l’équation x2 − mx + 1 − m = 0
admet pour unique solution, le réel

−m m √
a=− = = 2 − 1 > −1.
2×1 2

Fonctions 103
104 CHAPITRE 3. FONCTIONS

2. Pour répondre à cette question, nous calculons f (x)−f (a), pour x > −1,

et sachant que f (a) = 2( 2 − 1). Ainsi nous obtenons

x2 + 1 √
f (x) − f (a) = − 2( 2 − 1),
x+1

x2 + 1 − 2( 2 − 1)(x + 1)
= ,
x+1
√ √
x2 − 2( 2 − 1)x + 3 − 2 2
= ,
x+1
 √ 2
x − ( 2 − 1)
= .
x+1

Nous en déduisons que

∀x ∈] − 1, +∞[, f (x) ≥ f (a).

De plus, nous savons que



f (x) = f (a) ⇔ x = a = 2 − 1.

Nous en concluons que le réel f (a) = 2( 2 − 1) est un minimum pour la

fonction f . Ce dernier est atteint pour a = 2 − 1.
Nous contrôlons graphiquement.

104 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 105

1
Exercice 17. Approximation affine de x �→ en 0
1+x
1
1. Pour tout réel x �= −1, on considère la fonction f : x �→ .
1+x
Justifier que
x2
f (x) = 1 − x + .
1+x
2. Soit x un réel proche de 0.  
1 1
Pour fixer les idées, nous supposons que x ∈ − , .
10 10
Montrer que dans ce cas

10 2
|f (x) − (1 − x)| ≤ x .
9

En déduire que f (0, 003) ≈ 0, 997 à 10−5 près.


Pour des valeurs du réel x proches de 0, interpréter graphiquement l’ap-
proximation de la fonction f par la fonction affine x �→ 1 − x.
3. Pour des valeurs du réel x proches de 0, donner une approximation affine
1
de la fonction g : x �→ .
1−x
1
4. Qu’en est-il de la fonction h : x �→ ?
1 + x2
Solution
1. Soit un réel x �= −1. Nous avons

x2 (1 − x)(1 + x) + x2 1 − x 2 + x2 1
1−x+ = = = = f (x).
1+x 1+x 1+x 1+x
2. De la question précédente, pour x �= −1, il résulte que
x2 x2
|f (x) − (1 − x)| = | |=
1+x |1 + x|
 
1 1
Soit un réel x ∈ − , .
10 10

1 1 1 1
Si − ≤ x ≤ , alors 1 − ≤1+x≤1+ ,
10 10 10 10
soit
9 11
≤1+x≤ .
10 10
1
Par décroissance de la fonction x �→ , sur ]0, +∞[, nous en déduisons :
x

Fonctions 105
106 CHAPITRE 3. FONCTIONS

10 1 10
≤ ≤ ,
11 1+x 9
ce qui implique
10 1 10
− ≤ ≤ .
9 1+x 9
Par conséquent, nous obtenons
1 10 1 10
| | ≤ , c’est-à-dire ≤ .
1+x 9 |1 + x| 9
x2
Puisque x2 ≥ 0, et sachant que |f (x) − (1 − x)| = , il vient
|1 + x|
 
1 1 10
∀x ∈ − , , |f (x) − (1 − x)| ≤ x2 .
10 10 9
Pour x = 0, 003 = 3.10−3 , nous obtenons
10
|f (0, 003) − (1 − 0, 003)| ≤ × (3.10−3 )2 , soit |f (0, 003) − 0, 997| ≤ 10−5 .
9
ce qui signifie que f (0, 003) ≈ 0, 997 à 10−5 près.

La droite (d) d’équation y = 1 − x est tangente à la courbe Cf au point


de coordonnées (0, 1), ce qui signifie que pour des valeurs de x proches de 0,
c’est-à-dire "petite", la fonction affine x �→ 1 − x est une approximation du
réel f (x), la précision de cette dernière étant à 2x2 près (en observant que 2x2
est encore plus "petit" que x). 
1 1
3. Nous remarquons que l’intervalle choisi − , est symétrique par
10 10
rapport à 0, ce qui signifie
   
1 1 1 1
x∈ − , implique −x ∈ − , .
10 10 10 10
Par conséquent, en remplaçant x par −x dans l’inégalité obtenue à la ques-
tion précédente, il vient :

106 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 107
 
1 1 10
∀x ∈ − , , |g(x) − (1 + x)| ≤ x2 ,
10 10 9
ce qui justifie qu’une approximation affine de la fonction g, pour des valeurs
du réel x proches de 0, est la fonction x �→ 1 + x, avec une précision de 2x2 .

4. Nous remarquons que


     
1 1 1 1 1
si x ∈ − , , alors x ∈ 0,
2 ⊂ − , .
10 10 100 10 10
Par suite, en remplaçant x par x2 dans l’inégalité obtenue à la question 1,
il vient
 
1 1 10
∀x ∈ − , , |h(x) − (1 − x2 )| ≤ x4 ,
10 10 9
ce qui justifie qu’une approximation, pour des valeurs du réel x proche de 0,
de la fonction h est la fonction x �→ 1 − x2 , qui cette fois n’est pas affine, mais
polynomiale du second degré, avec une précision de 2x4 .

Fonctions 107
108 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Exercice 18. Fonctions satisfaisant à |f (x)| ≤ k|x|


Soit f une fonction f définie sur un intervalle I. Nous supposons que cette
fonction satisfait à la propriété suivante :

∃k ∈ R+∗ , ∀x ∈ I, |f (x)| ≤ k|x|.

Nous désignons par Lk cette propriété.


1. Justifier que si 0 ∈ I, alors f (0) = 0.
2x
2. Montrer que la fonction f : x �→ est du type L2 .
1 + x2
3. Soit λ un réel non nul. Montrer que si f satisfait à la propriété Lk , alors
la fonction λ.f est du type L|λ|k .
4. On suppose que f est du type Lk et g du type Lk . Que peut-on dire de
la fonction f + g ?
5. Soient f , définie sur I, du type Lk et g, définie sur un intervalle J, du
type Lk .
On suppose que

∀x ∈ I, f (x) ∈ J.

Montrer que g ◦ f satisfait à la propriété Lkk .


Solution
1. En appliquant la propriété (Lk ), en particulier pour x = 0, nous obtenons

|f (0)| ≤ k|0|, soit |f (0)| = 0,

ce qui justifie que f (0) = 0.


2. Tout d’abord nous observons que cette fonction est définie sur I = R.
Pour tout réel x, nous avons
2x 2|x|
|f (x)| = | |= 2 .
x2+1 x +1
Puisque x2 + 1 ≥ 1, la fonction inverse étant décroissante sur ]0, +∞[, nous
en déduisons

1
≤ 1.
x2 +1

Il en résulte que

|f (x)| ≤ 2|x|,

108 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 109

2x
ce qui prouve que la fonction f : x �→ est du type L2 .
1 + x2
3. Soient λ ∈ R et f une fonction satisfaisant à la propriété Lk . Pour tout

réel x ∈ I, nous avons

|λf (x)| = |λ||f (x)| ≤ |λ|k|x|.

Nous en concluons que la fonction λ.f est du type L|λ|k .


4. Soient f du type Lk et g du type Lk .
Pour tout x ∈ I, en appliquant l’inégalité triangulaire, nous obtenons

|(f + g)(x)| = |f (x) + g(x)| ≤ |f (x)| + |g(x)| ≤ k|x| + k � |x|, soit


|(f + g)(x)| ≤ (k + k � )|x|.

Ainsi nous avons prouvé que la fonction f + g est du type Lk+k .


5. Soient f , définie sur I, du type Lk et g, définie sur un intervalle J, du
type Lk telles que

∀x ∈ I, f (x) ∈ J.

Pour tout réel x ∈ I, il vient

|(g ◦ f )(x) = |g[f (x)]| ≤ k � |f (x)| ≤ k � k|x|,

ce qui justifie que la fonction g ◦ f satisfait à la propriété Lkk .


Exercice 19. Introduction à la notion de√limite en 0
x2 + 1 − 1
Soit f la fonction définie sur R∗ par f (x) = .
x
1. Montrer que
1
∀x ∈ R∗ , |f (x)| ≤ |x|.
2
1 1
2. En déduire qu’une condition suffisante pour que − < f (x) < est
100 100
1
0 < |x| < .
50
3. Plus généralement, soit � un réel strictement positif que nous supposons
être très proche de 0. Déterminer un réel h > 0 tel que

0 < |x| < h ⇒ |f (x)| < �.

Fonctions 109
110 CHAPITRE 3. FONCTIONS

Solution
1. Soit x un réel non nul. Nous avons
√ √
( x2 + 1 − 1)( x2 + 1 + 1) x
f (x) = √ =√ .
2
x( x + 1 + 1) 2
x +1+1
Il en résulte que pour x �= 0,
x |x|
|f (x)| = | √ |= √ .
x2 + 1 + 1 x2 + 1 + 1
Pour x �= 0, en utilisant les sens de variations des fonctions de référence,
nous obtenons les inégalités successives suivantes :

x2 + 1 ≥ 1,

x2 + 1 ≥ 1,

x2 + 1 + 1 ≥ 2,
1 1
√ ≤ .
x2 + 1 + 1 2
Puisque |x| > 0, nous en déduisons
|x| 1
√ ≤ |x|,
x2 +1+1 2
ce qui permet la conclusion
1
∀x ∈ R∗ , |f (x)| ≤ |x|.
2
.
1
2. Soit x un réel non nul tel que |x| < . Nous en déduisons
50
1 1
|x| < .
2 100
L’inégalité obtenue à la question précédente implique
1 1 1
|f (x)| < , c’est-à-dire − < f (x) < .
100 100 100
1
Nous en concluons que la condition 0 < |x| < est suffisante pour obtenir
50
l’encadrement
1 1
− < f (x) < .
100 100
3. Soit un réel � > 0. En utilisant l’inégalité de la question 1, pour que
|f (x)| < �, il suffit que :

110 Chapitre 3
3.8. EXERCICES CORRIGÉS 111

1
|x| < �, soit |x| < 2�.
2
Nous en déduisons que h = 2� convient.
Nous observons que h dépend de �.
Puisque x �= 0, nous avons ainsi prouvé

∀� > 0, 0 < |x| < 2� ⇒ |f (x)| < �.

Remarque
Cette implication signifie que f (x) est aussi proche de 0 que l’on veut, à
condition de choisir x suffisamment proche de 0.
On dit dans ce cas que f (x) tend vers 0 quand x tend vers 0, ce qui est
noté lim f (x) = 0.
x→0

Fonctions 111
CHAPITRE 4
Chapitre 4
Limite d’une fonction
Limite d’une fonction

Ce chapitre est un pré-requis au suivant qui présentera le concept de déri-


vation d’une fonction.
La définition de la dérivation d’une fonction en un point réel et les preuves
des propriétés qui en découlent reposent sur une définition rigoureuse de la
notion de limite d’une fonction en un point réel.
Cette définition étant acquise, nous démontrons dans ce chapitre les pro-
priétés sur les limites qui autorisent une présentation satisfaisante du cours sur
la dérivation.
Nous pouvons aussi remarquer et retenir que ce concept de limite est une
première incursion dans ce qui est appelée une étude locale d’une fonction, par
opposition à une propriété globale, comme par exemple le sens de variations
d’une fonction sur un intervalle.
Comme l’illustre l’exercice 18 du chapitre précédent, la notion de limite
nulle en 0 concerne une fonction définie sur une partie D ⊂ R tel que éventuel-
lement 0 ∈
/ D, avec cependant la contrainte suivante :

D ∪ {0} contient un intervalle I tel que 0 ∈ I.

En d’autres termes, si f n’est pas définie en 0, nous supposons que cette


fonction est définie pour tout réel proche de 0.
Enfin, nous insistons sur l’importance qu’il y a à dominer les connaissances
sur la valeur absolue (paragraphe 3.2 du chapitre 3) afin de bien assimiler les
approfondissements qui suivent.

113 Limite d’une fonction 113


114 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

4.1 Limite nulle en 0


Définition. Soit f une fonction définie sur une partie D de R tel que D ∪ {0}
contient un intervalle I tel que 0 ∈ I.
On dit que f a pour limite 0 en 0 si et seulement si, pour tout réel � > 0,
il existe un réel r > 0, tel que pour tout réel x ∈ D, si −r < x < r, alors
−� < f (x) < �.
En d’autres termes, d’une façon plus formalisée, nous obtenons

∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, |x| < r ⇒ |f (x)| < �.

Cette limite est notée lim f (x) = 0.


x→0

Remarques. Nous en faisons deux.


• On dit aussi que f (x) tend vers 0 quand x tend vers 0, ce qui signifie que
f (x) est aussi proche de 0 que l’on veut, à condition de choisir x suffisamment
proche de 0.
• Dans la définition ci-dessus, nous observons que le choix de � > 0 contrôle
la valeur du réel r > 0, ce qui signifie également que r dépend de �.

Proposition (fonctions de référence de limite 0 en 0). Les fonctions x �→ x,



x �→ x2 ,...,x �→ xn , avec n ∈ N∗ ainsi que x �→ x et x �→ |x| ont pour limite
0 en 0.

Démonstration. Nous limitons la preuve de cette proposition à la fonction


carré et à la fonction racine carrée. Soit � > 0.
√ √
• Quel que soit le réel x, pour que x2 < �, il suffit que − � < x < �.
Par conséquent, conformément à la définition d’une limite nulle en 0, le réel

r = � convient, ce qui prouve que lim x2 = 0.
x→0√
• Quel que soit x ∈ R+ , pour que x < �, il suffit que 0 ≤ x < �2 .

Par suite r = �2 convient, ce qui justifie que lim x = 0.
x→0

4.2 Limite finie en 0


Définition. Soit f une fonction définie sur une partie D de R tel que D ∪ {0}
contient un intervalle I tel que 0 ∈ I.
On dit que f a pour limite un réel l en 0 si et seulement si

lim (f (x) − l) = 0.
x→0

114 Chapitre 4
4.3. LIMITE FINIE EN UN POINT 115

On note dans ce cas lim f (x) = l.


x→0
Nous disposons des trois définitions équivalentes suivantes :

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, −r < x < r ⇒ −� < f (x) − l < �.


x→0

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, −r < x < r ⇒ l − � < f (x) < l + �.


x→0

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, |x| < r ⇒ |f (x) − l| < �.


x→0
 
1
Exemple. Soit f la fonction définie sur par f (x) = 1 + x sin
R∗ .
x
Nous déterminons la limite de cette fonction en 0.
Pour tout réel x �= 0, nous avons
   
1 1
|f (x) − 1| = |x sin | = |x| × | sin |.
x x
Nous savons que
 
1
∀x ∈ R∗ , | sin | ≤ 1,
x
ce qui implique

|f (x) − 1| ≤ |x|.

Ainsi, le réel � > 0 étant donné, pour que |f (x)−1| < �, il suffit que |x| < �.
Le réel strictement positif r = � convient, ce qui justifie

lim (f (x) − 1) = 0, soit lim f (x) = 1.


x→0 x→0

4.3 Limite finie en un point


Définition. Soit f une fonction définie sur une partie D de R et a un réel tel
que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que a ∈ I.
On dit que f admet pour limite l en a si et seulement si

lim (f (a + h) − l) = 0.
h→0

Dans ce cas, nous notons lim f (x) = l.


x→a

Remarques. Nous en avons deux .


• La condition sur f dans la définition ci-dessus signifie que si f n’est pas
définie en a, alors cette fonction est définie pour tout réel proche de a.
• La fonction f étant définie sur D, la fonction h �→ f (a + h) − l est définie
sur le sous-ensemble D� tel que :

Limite d’une fonction 115


116 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

D� = {h ∈ R/a + h ∈ D}.

Cette seconde remarque permet de donner deux formulations équivalentes


"(�, r)" de la définition précédente.

Définition. Avec les données ci-avant, nous disposons des équivalences sui-
vantes :

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀h ∈ D� , |h| < r ⇒ |f (a + h) − l| < �.


x→a

En posant x = a + h

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x) − l| < �.


x→a

Remarque. On dit aussi que f (x) tend vers l quand x tend vers a, ce qui
signifie que f (x) est aussi proche de l que l’on veut, à condition de choisir x
suffisamment proche de a.

Proposition. Avec les données de la définition, si la fonction f admet une


limite l en a et si f est définie en a, alors l = f (a).

Démonstration. Puisque lim f (x) = l, pour tout � > 0, il existe un réel


x→a
r > 0 tel que

∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x) − l| < �.

En particulier pour x = a ∈ D, nous avons |a − a| = 0 < r, ce qui implique

∀� > 0, |f (a) − l| < �.

Par l’absurde, supposons que f (a) �= l.


|f (a) − l|
En particulier pour � = > 0, nous obtenons
2
|f (a) − l|
|f (a) − l| < ,
2
ce qui est impossible.
Nous en concluons que l = f (a).

Remarques. Nous en donnons deux.


• Lorsque lim f (x) = f (a), on dit que la fonction f est continue en a. La
x→a
notion de continuité, fondamentale en Analyse 1 , sera développée en classe de
Terminale.
1. Branche des mathématiques qui utilise la notion de limite sous différentes formes.

116 Chapitre 4
4.3. LIMITE FINIE EN UN POINT 117

• Une fonction définie en a ∈ D peut ne pas admettre de limite en a. Nous


en donnerons un contre-exemple après la mise en place de la notion de limite
à droite ou à gauche en a.
x2 − 1
Exemple. Nous considérons la fonction f : x �→ définie sur R − {1}.
x−1
Nous étudions la limite en 1 de cette fonction.
Pour h �= 0, nous avons

(1 + h)2 − 1 h(2 + h)
f (1 + h) = = = 2 + h.
h h
Nous en déduisons que f (1 + h) − 2 = h.
Par conséquent, � > 0 étant donné, pour que |f (1 + h) − 2| < �, il suffit que
|h| < �.
Nous en concluons que r = � convient et par suite

lim f (1 + h) = lim f (x) = 2.


h→0 x→1

Remarque. En pratique, lorsque les résultats sur la limite d’une somme, d’un
produit ou d’un quotient seront acquis, la détermination de la limite de cette
fonction sera plus immédiate, sans avoir à travailler avec "(�, r)".

Proposition (unicité de la limite). avec les données de la définition, si la


fonction f admet une limite l en a, cette limite est unique.

Démonstration. Nous supposons par l’absurde que la fonction f admet en a


deux limites l et l� telles que l �= l� .
Le réel � > 0 étant donné, nous en déduisons

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x) − l| < ,
2

∃r� > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r� ⇒ |f (x) − l� | < .
2
Pour tout réel x ∈ D, en appliquant l’inégalité triangulaire, il vient

|l − l� | = | (l − f (x)) + (f (x) − l� ) | ≤ |l − f (x)| + |f (x) − l� |.

Pour |x − a| < min(r, r� ), nous obtenons simultanément


� �
|l − f (x)| = |f (x) − l| < et |f (x) − l� | <
2 2
Il en résulte :

Limite d’une fonction 117


118 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

|x − a| < min(r, r� ) ⇒ |l − l� | < �.


|l − l� |
En particulier, pour � = > 0, il vient
2
|l − l� |
|l − l� | < ,
2
ce qui est contradictoire.
Par l’absurde, nous en concluons que l = l� .

4.4 Opérations sur les limites


Proposition. Soient a, l et l� trois réels.On considère deux fonctions f et g
définies sur une partie D de R tel que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que
a ∈ I. Si lim f (x) = l et lim g(x) = l� , alors :
x→a x→a
• lim (f (x) + g(x)) = l + l� .
x→a
• Pour tout réel λ, lim λf (x) = λl.
x→a
• lim (f (x)g(x)) = ll� .
x→a
1 1
• lim = � , à condition que l� �= 0.
x→a g(x) l
f (x) l
• lim = � , à condition que l� �= 0.
x→a g(x) l
Démonstration. Nous prouvons ici les deux premiers points. Les trois sui-
vants seront étudiés dans les exercices corrigés 3 et 4 de ce chapitre.
Soit un réel � > 0 donné.
• Limite d’une somme de deux fonctions.
Puisque lim f (x) = l, on a
x→a

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x) − l| < .
2
De même, puisque lim g(x) = l� , on a
x→a

∃r� > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r� ⇒ |g(x) − l� | < .
2
Pour tout réel x ∈ D, en appliquant l’inégalité triangulaire, il vient

| (f (x) + g(x)) − (l + l� ) | = | (f (x) − l) + (g(x) − l� ) | ≤ |f (x) − l| + |g(x) − l� |.

En choisissant α = min(r, r� ), nous obtenons


� �
|x − a| < α ⇒ |f (x) − l| < et |g(x) − l� | < .
2 2

118 Chapitre 4
4.4. OPÉRATIONS SUR LES LIMITES 119

Nous en déduisons

∀x ∈ D, |x − a| < α ⇒ | (f (x) + g(x)) − (l + l� ) | < �,

ce qui prouve que lim (f (x) + g(x)) = l + l� .


x→a
• Limite du produit d’un réel par une fonction.
1er cas : λ = 0.
L’égalité attendue est immédiate dans ce cas car lim 0 = 0.
x→a
2e cas : λ �= 0. Puisque lim f (x) = l, nous avons
x→a


∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x) − l| < .
|λ|
Pour tout réel x ∈ D, nous avons

|λf (x) − λl| = |λ (f (x) − l) | = |λ| × |f (x) − l|.

Nous en déduisons que



|x − a| < r ⇒ |λf (x) − λl| < |λ| = �,
|λ|
ce qui prouve que lim λf (x) = λl.
x→a

Remarques. Nous en faisons trois.


1
• Si l� = 0 dans lim , alors cette limite est infinie. Cette notion de
x→a g(x)
limite infinie sera étudiée en classe de Terminale.
f (x)
• Si l = l� = 0 dans lim , nous obtenons une forme indéterminée du
x→a g(x)
0
type " ". L’objectif est de lever cette indétermination comme nous l’avons vu
0
dans l’exemple proposé à la fin du paragraphe précédent (4.1.3).
• En utilisant les opérations algébriques, la détermination de la plupart
des limites finies est plus simple qu’avec "(�, r)", sans oublier cependant que
c’est ce dernier qui permet d’établir des résultats qui simplifient ensuite la "vie
mathématique de chacun d’entre nous".

Exemples. Ils sont au nombre de deux.


x2 − 1
• Déterminons la limite en 0 de la fonction f : x �→ .
x2 + 2x − 1
En utilisant les limites en 0 des fonctions de référence, par somme et mul-
tiplication par un réel, nous avons

lim (x2 − 1) = −1 et lim (x2 + 2x − 1) = −1,


x→0 x→0

Limite d’une fonction 119


120 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

par quotient, nous obtenons


−1
lim f (x) = = 1.
x→0 −1
• Nous déterminons la limite en a ∈ R de la fonction g définie sur R − {a}
x 2 − a2
par g(x) = .
x−a
0
La limite en a de cette fonction est indéterminée du type " ". Pour lever
0
cette indétermination, nous observons que, pour tout réel x �= a,
(x − a)(x + a)
g(x) = = x + a.
x−a
Il en résulte que

lim g(x) = lim (x + a) = 2a.


x→a x→a

4.5 Limite à droite, à gauche


|x|
Exemple. Soit f la fonction définie sur R∗ par f (x) = .
x
Nous avons
⎧ x

⎪ si x > 0 �
⎨ x 1 si x > 0
f (x) = = .

⎪ −1 si x < 0
⎩ −x si x < 0
x
Graphiquement, nous obtenons

Nous observons sur ce graphique que la fonction f n’a pas de limite en 0.


Par contre la restriction f1 : x �→ 1 de f à l’intervalle ]0, +∞[ est telle que
lim f1 (x) = 1.
x→0
Dans ce cas, nous énonçons que f admet le réel 1 pour limite à droite en
0, ce qui se note lim f (x) = 1 ou lim f (x) = 1.
x→0 x→0+
x>0

120 Chapitre 4
4.5. LIMITE À DROITE, À GAUCHE 121

De même, la restriction f2 : x �→ −1 de f à l’intervalle ] − ∞, 0[ est telle


que lim f2 (x) = −1.
x→0
Dans ce cas, f admet le réel −1 pour limite à gauche en 0, ce qui se note
lim f (x) = −1 ou lim f (x) = −1.
x→0 x→0−
x<0

Définition. Soit f une fonction définie sur une partie D de R et a un réel tel
que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que a ∈ I.
• Un réel l est la limite à droite de f en a si et seulement si la restriction
de f à D∩]a, +∞[ admet l pour limite en a.
Cette limite à droite est notée x→a
lim f (x) = l ou lim f (x) = l.
x→a+
x>a
En d’autres termes

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, 0 < x − a < r ⇒ |f (x) − l| < �.


x→a
x>a

• Un réel l est la limite à gauche de f en a si et seulement si la restriction


de f à D∩] − ∞, a[ admet l pour limite en a.
Cette limite à gauche est notée x→a
lim f (x) = l ou lim f (x) = l.
x→a−
x<a
En d’autres termes

lim f (x) = l ⇔ ∀� > 0, ∃r > 0, ∀x ∈ D, −r < x − a < 0 ⇒ |f (x) − l| < �.


x→a
x<a

Proposition. Avec les données de la définition, les deux propositions suivantes


sont équivalentes :
(i) lim f (x) = l,
x→a
(ii) lim f (x) = lim f (x) = l.
x→a+ x→a−

Démonstration. Cette équivalence est immédiate en vertu des définitions


précédentes.

Remarques. Nous en proposons deux.


• Si f est définie en a, alors nous obtenons
lim f (x) = l ⇔ lim f (x) = lim f (x) = l = f (a).
x→a x→a+ x→a−
• La négation de (ii) permet de justifier facilement qu’une fonction n’a
pas de limite en a. C’est ce que nous avons fait dans l’exemple présenté en
introduction de ce paragraphe. Nous utiliserons souvent cette remarque pour
mettre en évidence différents contre-exemples.

Limite d’une fonction 121


122 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

Exemple (échelon unité). Soit u la fonction définie sur R par



1 si t ≥ 0
u(t) = .
0 si t < 0
Nous avons immédiatement

lim u(t) = 1 = u(0) et lim u(t) = 0.


t→0+ t→0−

Nous observons que lim u(t) �= lim u(t), ce qui justifie que la fonction
t→0+ t→0−
t �→ u(t) n’a pas de limite en 0.
De plus, cette fonction est définie en 0, nous pouvons préciser donc que
l’échelon unité est discontinu en 0.

4.6 Limite finie et inégalités


Dans ce paragraphe, nous présentons deux résultats qui seront notamment
utiles dans le chapitre 5.

Théorème (d’encadrement ou "des gendarmes"). Soient l un réel, f , g, h


trois fonctions définies sur une partie D de R et a un réel tel que D ∪ {a}
contient un intervalle I tel que a ∈ I.
Si

• ∀x ∈ D, g(x) ≤ f (x) ≤ h(x),


• lim g(x) = lim h(x) = l,
x→a x→a

alors la fonction f admet une limite en a et lim f (x) = l.


x→a

Démonstration. Soit un réel � > 0 donné.


Puisque lim g(x) = lim h(x) = l, nous en déduisons
x→a x→a

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ l − � < g(x) < l + �,


∃r� > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r� ⇒ l − � < h(x) < l + �.

122 Chapitre 4
4.6. LIMITE FINIE ET INÉGALITÉS 123

Par conséquent, pour tout réel x ∈ D tel que |x − a| < min(r, r� ), nous
obtenons

l − � < g(x) ≤ f (x) ≤ h(x) < l + �,

ce qui implique

∀x ∈ D, |x − a| < min(r, r� ) ⇒ l − � < f (x) < l + �,

ce qui démontre que la fonction f admet une limite en a et lim f (x) = l.


x→a

Corollaire. Soient l un réel, f et u deux fonctions définies sur une partie D


de R et a un réel tel que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que a ∈ I.
Si

• ∀x ∈ D, |f (x) − l| ≤ u(x),
• lim u(x) = 0,
x→a

alors lim f (x) = l.


x→a

Démonstration. Pour tout réel x ∈ D, l’inégalité |f (x) − l| ≤ u(x) équivaut


à

−u(x) ≤ f (x) − l ≤ u(x), soit l − u(x) ≤ f (x) ≤ l + u(x).

Puisque lim u(x) = 0, nous obtenons


x→a

lim l − u(x) = lim l + u(x) = l.


x→a x→a

Par le théorème d’encadrement, nous en concluons que lim f (x) = l.


x→a

Remarques. Nous en donnons trois.


• Ce théorème et son corollaire sont utilisés lorsque les résultats par le
calcul algébrique des limites est en échec.
• Le corollaire est très pratique car il évite souvent l’utilisation de "(�, r)"
dans la détermination d’une limite finie en un point.
• Si les inégalités sont strictes, le théorème d’encadrement et son corollaire
restent vrais.

Limite d’une fonction 123


124 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

Exemples. Nous en proposons deux.


• Nous étudions la limite en 0 de la fonction définie sur R∗ par
1
f : x �→ x2 � �.
x
Pour tout réel x �= 0, nous avons
1 1 1
� � ≤ < � � + 1,
x x x
ce qui implique
1 1 1
−1<� �≤ .
x x x
Puisque x2 > 0, nous obtenons

x − x2 < f (x) ≤ x.

Puisque lim x − x2 = lim x = 0, par le théorème d’encadrement, nous en


x→0 x→0
concluons que

lim f (x) = 0.
x→0

• Nous montrons ici que si lim f (x) = l, alors lim |f (x)| = |l|.
x→a x→a
Pour tout x ∈ Df , nous avons

||f (x)| − |l|| ≤ |f (x) − l|

Puisque lim (f (x) − l) = 0, nous en déduisons grâce au corollaire ci-dessus


x→a
que

lim |f (x)| = |l|.


x→a

Proposition (passage à la limite sur une inégalité). Soient l un réel, f une


fonction définie sur une partie D de R et a un réel tel que D ∪ {a} contient un
intervalle I tel que a ∈ I.
Si

• ∀x ∈ D, f (x) > 0,
• lim f (x) = l,
x→a

alors l ≥ 0.

124 Chapitre 4
4.7. LIMITE DE LA COMPOSÉE DE DEUX FONCTIONS 125

Démonstration. Par l’absurde, nous supposons que l < 0.


Puisque lim f (x) = l, en choisissant en particulier � = −l > 0, nous
x→a
obtenons

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ l < f (x) − l < −l.

Ainsi, pour tout réel x ∈ D tel que |x − a| < r, nous obtenons

2l < f (x) < 0,

ce qui est contradictoire avec : ∀x ∈ D, f (x) > 0.


Nous en concluons que l ≥ 0.

Remarque. Nous retiendrons que le passage à la limite sur une inégalité


stricte restitue une inégalité large.

4.7 Limite de la composée de deux fonctions


Nous présentons ici un résultat théorique concernant la limite de la compo-
sée de deux fonctions admettant chacune une limite finie. C’est une proposition
un peu délicate à envisager mais en pratique son application simplifie un grand
nombre de calculs de limite finie en un point.

Proposition. Soient u et g deux fonctions définies respectivement sur D ⊂ R


et D� ⊂ R telles que

∀x ∈ D, u(x) ∈ D� .

Si a, l et l� sont trois réels tels que

lim u(x) = l et lim g(X) = l� ,


x→a X→l

alors

lim g(u(x)) = lim (g ◦ u)(x) = l�


x→a x→a

Démonstration. Soit un réel � > 0.


Puisque lim g(X) = l� , nous avons
X→l

∃r� > 0, ∀X ∈ D� , |X − l| < r� ⇒ |g(X) − l� | < �.

Puisque lim u(x) = l, le réel r� > 0 étant à disposition, c’est-à-dire pouvant


x→a
être choisi pour jouer le rôle d’un "�", nous obtenons :

Limite d’une fonction 125


126 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |u(x) − l| < r� .

En particulier, pour X = u(x) ∈ D� , la condition |x − a| < r, implique

|g(u(x)) − l� | < �, soit |(g ◦ u)(x) − l� | < �,

ce qui prouve que

lim g(u(x)) = lim (g ◦ u)(x) = l� .


x→a x→a

Exemples. Nous en proposons deux.



• Nous considérons la fonction f définie sur R par f : x �→ x2 − 2x + 2.
Nous déterminons la limite en 0 de cette fonction qui résulte de la composition

de x �→ x avec x �→ x2 − 2x + 2.
En pratique pour appliquer le théorème ci-dessus, nous posons

X = x2 − 2x + 2.

Par composition, nous obtenons


√ √
lim f (x) = lim X= 2.
x→0 X→2

π  π
• Nous déterminons la limite en de la fonction x �→ sin x − .
4 4
En posant
π
X =x− ,
4
par composition, nous en concluons
 π
lim sin x − = lim sin X = 0.
π 4 X→0
x→
4

4.8 Exercices corrigés


0
Exercice 1. Forme indéterminée " "
0
Déterminer les limites des fonctions suivantes :
x 3 − a2 x
• f : x �→ , en a ∈ R.
x− √a
1 − 1 + 2x2
• g : x �→ , en 0.
√ x2 √
1+x− 1−x
• h : x �→ , en 0.
x

126 Chapitre 4
4.8. EXERCICES CORRIGÉS 127

Solution
• La fonction f est définie sur R − {a}. En x = a, nous observons une
0
forme indéterminée " ".
0
Pour tout réel x �= a, nous avons

x(x2 − a)
f (x) = ,
x−a
x(x − a)(x + a)
f (x) = ,
x−a
f (x) = x(x + a).

Par somme et produit de limites en a, nous en déduisons

lim f (x) = lim x(x + a) = 2a2 .


x→a x→a

• La fonction g est définie sur R∗ . En x = 0, nous observons une forme


0
indéterminée " ". Pour x �= 0, nous avons
0
√ √
(1 − 1 + 2x2 )(1 + 1 + 2x2 )
g(x) = √ ,
x2 (1 + 1 + 2x2 )
−2x2
g(x) = √ ,
x2 (1 + 1 + 2x2 )
−2
g(x) = √ .
1 + 1 + 2x2

Puisque par composition, lim 1 + 2x2 = 1, puis par produit somme et quo-
x→0
tient, nous obtenons

−2
lim g(x) = lim √ = −1
x→0 x→0 1 + 1 + 2x2

Remarque. lim 1 + 2x2 = 1 est justifiée par composition.
x→0

• La fonction h est définie si et seulement si

1 + x ≥ 0, 1 − x ≥ 0 et x �= 0 ⇔ x ∈ [−1 0[∪]0, 1].

0
En x = 0, nous remarquons une forme indéterminée " ".
0

Limite d’une fonction 127


128 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

Pour x �= 0, nous avons


√ √  √ √ 
1+x− 1−x 1+x+ 1−x
h(x) = √ √  ,
x 1+x+ 1−x
(1 + x) − (1 − x)
h(x) = √ √ ,
x 1+x+ 1−x
2x
h(x) = √ √ ,
x 1+x+ 1−x
2
h(x) = √ √ .
1+x+ 1−x

Par conséquent, par composition, somme et quotient, nous obtenons


2
lim h(x) = lim √ √ = 1.
x→0 x→0 1+x+ 1−x
Exercice 2. Fonction bornée localement
Soient l ∈ R et f une fonction définie sur une partie D de R et a un réel
tel que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que a ∈ I.
Montrer que si lim f (x) = l, alors la fonction f est bornée localement,
x→a
c’est-à-dire

∃M ∈ R, ∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x)| ≤ M .

Solution
Puisque lim f (x) = l, en choisissant � = 1, nous savons qu’il existe un réel
x→a
r > 0 tel que

∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x) − l| < 1.

Par ailleurs, pour tout réel x ∈ D, en utilisant l’inégalité triangulaire, nous


avons

|f (x)| = |(f (x) − l) + l| ≤ |f (x) − l| + |l|.

Nous en déduisons que

∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x)| < 1 + |l|.

Par conséquent, le réel M = 1 + |l| convient, en se souvenant cependant


qu’une inégalité stricte implique une inégalité large.
Nous en concluons

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x)| ≤ M.

128 Chapitre 4
4.8. EXERCICES CORRIGÉS 129

Exercice 3. Limite d’un produit


Soient l et l� deux réels, f et g deux fonctions définies sur une partie D de
R et a un réel tel que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que a ∈ I.
On suppose que lim f (x) = l et lim g(x) = l� .
x→a x→a
1. Justifier que, pour tout réel x ∈ D,

|f (x)g(x) − ll� | ≤ |f (x)||g(x) − l� | + |l� ||f (x) − l|.

2. En utilisant le résultat de l’exercice précédent, montrer

lim (f (x)g(x)) = ll� .


x→a

Solution
1. Pour tout réel x ∈ D, nous avons

|f (x)g(x) − ll� | = |(f (x)g(x) − l� f (x)) + (l� f (x) − ll� )|,


= |f (x)(g(x) − l� ) + l� (f (x) − l)|.

En appliquant l’inégalité triangulaire et l’action de la valeur absolue sur un


produit, nous obtenons

|f (x)g(x)−ll� | ≤ |f (x)(g(x)−l� )|+l� (f (x)−l)| ≤ |f (x)||g(x)−l� |+|l� ||f (x)−l|.

2. Puisque f admet pour limite l en a, nous en déduisons que f est bornée par
un réel M , localement au voisinage de a, c’est-à-dire

∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |f (x)||g(x) − l� | ≤ M |g(x) − l� |.

Comme la fonction g admet pour limite l� en a, nous savons que

lim |g(x) − l� | = 0,
x→a

ce qui implique

lim M |g(x) − l� | = 0.
x→a

De plus, nous avons

lim |f (x) − l| = 0.
x→a

Par somme, nous en déduisons

lim M |g(x) − l� | + |l� ||f (x) − l| = 0.


x→a

Limite d’une fonction 129


130 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

De plus, pour x voisin de a, nous disposons de l’inégalité

|f (x)g(x) − ll� | ≤ M |g(x) − l� | + |l� ||f (x) − l|.

Par le corollaire du théorème d’encadrement, nous en concluons que

lim (f (x)g(x)) = ll� .


x→a

Exercice 4. Limite d’un quotient


Soient l et l� deux réels, f et g deux fonctions définies sur une partie D de
R et a un réel tel que D ∪ {a} contient un intervalle I tel que a ∈ I.
On suppose que lim f (x) = l et lim g(x) = l� avec l� �= 0.
x→a x→a
1. Montrer qu’il existe deux réels m > 0 et r > 0 tel que

∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |g(x)| > m.

2. En déduire que
 
 1 1  1

|x − a| < r ⇒  − �  < � |g(x) − l� |.
g(x) l |l |m
1 1
3. Montrer que la fonction x �→ admet pour limite � en a.
g(x) l
f (x) l
4. Justifier que lim = �.
x→a g(x) l
Solution
1. Puisque lim g(x) = l� , en utilisant le second exemple du paragraphe
x→a
4.1.6, nous savons que lim |g(x)| = |l� |.
x→a
|l� |
Comme l� �= 0, en prenant � = , nous obtenons
2
|l� | |l� |
∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ − < |g(x)| − |l� | < , soit

2 � 2
|l | 3|l |
< |g(x)| < .
2 2
|l� |
Nous en déduisons, en posant m = > 0, qu’il existe deux réels m > 0
2
et r > 0 tels que

∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |g(x)| > m.

2. Pour tout réel x ∈ D, nous avons


   
 1 1   l� − g(x)  |g(x) − l� |

 g(x) − l�  =  l� g(x)  = |l� ||g(x)| .

130 Chapitre 4
4.8. EXERCICES CORRIGÉS 131

Puisque lim g(x) = l� , avec l� �= 0, nous savons


x→a

1 1
∃r > 0, ∀x ∈ D, |x − a| < r ⇒ |g(x)| > m, soit < .
|g(x)| m
Nous en déduisons que pour tout réel x ∈ D tel que |x − a| < r, nous
disposons de l’inégalité
 
 1 1  |g(x) − l� |

 g(x) − l�  < |l� |m .

Puisque lim |g(x) − l� | = 0,nous obtenons


x→a

|g(x) − l� |
lim = 0.
x→a |l� |m
Par le corollaire du théorème d’encadrement, nous en concluons que
1 1
lim = �.
x→a g(x) l
Remarque. Puisque pour x proche de a, |g(x)| est minoré par un réel m > 0,
nous en déduisons localement que g(x) �= 0.
1 1
3. Nous savons que lim f (x) = l et lim = �.
x→a x→a g(x) l
Par produit, nous en concluons
 
f (x) 1 1 l
lim = lim f (x) × = l × � = �.
x→a g(x) x→a g(x) l l
sin x
Exercice 5. Limite en 0 de x �→
x
Sur le quart de cercle trigonométrique ci-dessous, on donne le point M tel
÷ ait pour mesure en radians x ∈]0, π [ .
que l’angle IOM
2
Le point P est l’intersection de la demi-droite [OM ) avec la tangente en I.

Limite d’une fonction 131


132 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

1. Par des considérations d’aires, justifier que sin x < x < tan x.
π
2. En déduire que pour tout réel x ∈]0, [, nous disposons de la double
2
inégalité
x 1
1< < .
sin x cos x
π
3. Expliquez pourquoi cette double inégalité reste vraie lorsque x ∈]− , 0[ ?
2
sin x
4. Quelle est la limite en 0 de x �→ ?
x
Solution
1. L’aire du triangle OIM est inférieure strictement à l’aire du secteur
¯ . Cette aire est elle-même inférieure à l’aire du
angulaire limité par l’arc IM
triangle OIP rectangle en I.

Avec les notations de la figure, nous obtenons


OI × M H OI 2 × x OI × IP
< < .
2 2 2
Sachant que OI = 1, nous en déduisons
sin x x tan x
< < .
2 2 2
Nous en concluons
π
∀x ∈]0, [, sin x < x < tan x.
2
π
2. Soit x ∈]0, [. Nous avons
2
sin x
sin x < x < .
cos x
En divisant chaque membre de cette double inégalité par sin x > 0, pour
π
tout réel x ∈]0, [, nous en concluons :
2

132 Chapitre 4
4.8. EXERCICES CORRIGÉS 133

x 1
1< < .
sin x cos x
π π
3. Si x ∈] − , 0[, alors −x ∈]0, [.
2 2
Ainsi nous pouvons appliquer la double inégalité ci-dessus en remplaçant
x par −x, ce qui donne

−x 1
1< < .
sin(−x) cos(−x)

La fonction sinus est impaire et la fonction cosinus est paire.


Nous en déduisons
−x 1
1< < .
− sin x cos x
π
Par conséquent, pour tout x ∈] − , 0[, nous obtenons à nouveau
2
x 1
1< < .
sin x cos x
1
4. De la double inégalité précédente, par décroissance de x �→ sur
x
π π
]0, +∞[, il résulte que, pour tout réel x ∈] − , 0[∪]0, [,
2 2
sin x
cos x < < 1.
x
Puisque lim 1 = 1 et lim cos x = 1, par le théorème d’encadrement, nous
x→0 x→0
obtenons
sin x
lim = 1.
x→0 x

Remarques. Nous en avons deux.


• Cette limite est à retenir. Elle est utilisée notamment pour étudier la
dérivabilité en 0 de la fonction sin.
• Cette limite signifie que pour x proche de 0, sin x ≈ x.
Cette approximation pour des valeurs "petites" de x est fréquemment uti-
lisée en Physique.

Limite d’une fonction 133


134 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

Exercice 6. Limite à droite, à gauche


Soit f la fonction définie sur R − {1} par
|x − 1| 
f : x �→ |x − 1|.
x−1
Cette fonction admet-elle une limite en x = 1 ?
Solution
La fonction f est définie sur R − {1}.
0
En x = 1, nous sommes en présence d’une forme indéterminée " ".
0
Pour x �= 1, deux cas s’imposent par disjonction.
1ercas : x > 1. Il vient
x − 1√ √
f (x) = x − 1 = x − 1.
x−1
2ecas : x < 1. Nous obtenons
x − 1 √
f (x) = − −(x − 1) = − 1 − x.
x−1
Nous en déduisons que

lim f (x) = lim x − 1 = 0,
x→1 x→1
x>1 √x>1
lim f (x) = lim − 1 − x = 0.
x→1 x→1
x<1 x<1

Il en résulte, puisque la limite à gauche en 1 de f est égale à la limite à


droite de f en 1, que

lim f (x) = 0.
x→1

Nous contrôlons graphiquement

134 Chapitre 4
4.8. EXERCICES CORRIGÉS 135

Remarque. En posant f (1) = 0, par extension nous définissons la fonction f


sur R. Nous pouvons observer qu’au point d’abscisse x = 1, la courbe Cf admet
une tangente verticale et qu’en ce point la courbe "traverse la tangente". Ces
observations seront étudiées dans le chapitre suivant.

Exercice 7. Tangente en un point d’une courbe


1
Nous considérons la fonction définie sur ]0, +∞[ par f : x �→ .
x
Soient A un point fixé sur la courbe Cf d’abscisse a > 0 et B un point de
Cf d’abscisse b > 0 tel que b �= a.
1. Déterminer une équation de la droite (AB).
2. Justifier que le coefficient directeur de cette droite admet une limite m
lorsque b tend vers a.
3. Déterminer une équation de la droite (T ) passant par A et de coefficient
directeur m . Que peut-on dire de cette droite ? Observer graphiquement la
situation.
Solution
1. Tout d’abord, nous disposons de la figure suivante :

Puisque a �= b, la droite (AB) est non parallèle à la droite des ordonnées,


une équation réduite de cette droite est de la forme

y = mx + p.

Nous calculons le coefficient directeur m de (AB), il vient


1 1 a−b
f (b) − f (a) − 1
m= = b a = ab = − .
b−a b−a b−a ab
Une équation de la droite (AB) est :

Limite d’une fonction 135


136 CHAPITRE 4. LIMITE D’UNE FONCTION

1
y=− x + p.
ab
1
Puisque A(a, ) appartient à cette droite, nous obtenons
a
1 1 1 1
p= + a= + .
a ab a b
Nous en concluons qu’une équation de la droite (AB) est
1 1 1
y=− x+ + .
ab a b
2. D’après la question précédente, nous obtenons
f (b) − f (a) 1 1
m� = lim = lim − = − 2 .
b→a b−a b→a ab a
3. Une équation réduite de la droite (T ) est de la forme
1
y = m� x + p, soit y = − x + p.
a2
1
Puisque A(a, ) appartient à cette droite, il vient
a
1 1 2
p = + 2a = .
a a a
Nous en déduisons que la droite (T ) a pour équation
1 2
y=− x+ .
a2 a
Lorsque b tend vers a, la droite (AB) tend vers une position limite qui
est la droite (T ). Par définition, cette droite est la tangente à la courbe Cf
au point A(a, f (a)). Nous verrons dans le chapitre suivant que l’obtention de
cette tangente caractérise géométriquement la notion de dérivabilité de f en
x = a.

136 Chapitre 4
CHAPITRE 5
Chapitre 5
Dérivation
Dérivation

Ce chapitre est sans conteste le plus central dans un cours de Première.


La notion de dérivée en un point permet d’étudier de nombreuses questions
théoriques, comme par exemple :
- la notion d’approximation affine d’une fonction en un point,
- la notion de tangente en un point d’une courbe,
- l’obtention du sens de variations d’une fonction et en particulier la déter-
mination d’inégalités,
- les problèmes d’optimisation,
- les algorithmes d’approximation d’une solution d’une équation.
En mathématiques appliquées, les domaines qui utilisent la dérivation sont
multiples. Pour exemples, nous citons :
- en physique : la vitesse d’un mobile à un instant t, l’intensité d’un courant
dont la tension est variable dans le temps ; en électromagnétisme : la loi de
Faraday,
- en économie : le taux de croissance instantanée, le coût marginal d’une
fonction de coût.
Historiquement la notion de dérivée est le point de départ de l’analyse mo-
derne. Au XVIIe siècle, Gottfried Wilhelm Leibniz et Isaac Newton amorcent
l’idée de dérivée en proposant la notion "d’infiniment petit" . Cependant cette
notion est très intuitive donc peu rigoureuse. Il faut attendre le XVIIIe siècle
pour que d’Alembert affine la notion de dérivée en un point en considérant la
notion de taux d’accroissement. Le concept rigoureux de limite en un point est
établi au milieu du XIXe siècle et c’est avec Weierstrass que la dérivation est
proposée telle que nous le connaissons de nos jours.

137 Dérivation 137


138 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.1 Dérivabilité en un point


Définition. Soit f une fonction définie sur un intervalle I non vide.
Soient a un réel appartenant à cet intervalle et h un réel non nul tel que
a + h ∈ I.
La fonction f est dérivable en a si et seulement si
f (a + h) − f (a)
la fonction h �→ admet une limite finie en 0.
h
Cette limite finie est le nombre dérivé de f en a. Ce dernier est noté f � (a).
En d’autre termes, nous obtenons
f (a + h) − f (a)
f est dérivable en a si et seulement si lim = f � (a).
h→0 h
Proposition. Soit f une fonction définie sur un intervalle I et a ∈ I. Les
deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) f est dérivable en a,
f (x) − f (a)
(ii) lim = f � (a).
x→a x−a
Démonstration. (i) ⇒ (ii)
Nous supposons que f est dérivable en a. En posant x = a + h, par com-
position, nous obtenons
f (x) − f (a) f (a + h) − f (a)
lim = lim = f � (a).
x→a x−a h→0 h
(ii) ⇒ (i)
Nous supposons (ii). Á nouveau par composition, en posant h = x − a, il
vient
f (a + h) − f (a) f (x) − f (a)
lim = lim = f � (a).
h→0 h x→a x−a
Remarque. Nous en donnons quatre.
f (a + h) − f (a)
• La fonction h �→ est le taux d’accroissement de f entre
h
les valeurs a + h et h.
f (x) − f (a)
• La fonction x �→ est le taux d’accroissement de f entre les
x−a
valeurs x et a.
• Étudier la dérivabilité d’une fonction en a revient à lever une indétermi-
0
nation du type " ".
0
• Si la fonction f est définie en x = 0, étudier sa dérivabilité en 0 revient à
déterminer la limite en 0 du taux d’accroissement de la définition qui est égal

138 Chapitre 5
5.1. DÉRIVABILITÉ EN UN POINT 139

au taux d’accroissement de la proposition ci-dessus. En d’autres termes, nous


avons
f (h) − f (0) f (x) − f (0)
f dérivable en 0 ⇔ lim = lim = f � (0).
h→0 h x→0 x
Exemples. Nous proposons un premier exemple de fonction dérivable en un
point puis un contre-exemple de référence.
• Nous étudions la dérivabilité en a ∈ R de la fonction carré f : x �→ x2 .
Pour tout réel x �= a, nous avons
f (x) − f (a) x2 − a 2 (x − a)(x + a)
= = = x + a.
x−a x−a x−a
Il en résulte que
f (x) − f (a)
lim = lim x + a = 2a,
x→a x−a x→a

ce qui prouve que, pour tout réel a, f est dérivable en a et f � (a) = 2a.
Nous pouvons remarquer que ce calcul de limite a déjà été effectué comme
second exemple à la fin du paragraphe 4.4.
• Nous étudions la dérivabilité en 0 de la fonction valeur absolue
f : x �→ |x|.
Pour tout réel x �= 0, nous avons
f (x) − f (0) |x|
= .
x x
En reprenant l’exemple introductif du paragraphe 4.5, nous obtenons
f (x) − f (0) f (x) − f (0)
lim = 1 et lim = −1.
x→0 x x→0 x
x>0 x<0

Les limites à droite et à gauche en 0 du taux d’accroissement ne sont pas


f (x) − f (0)
égales. Il en résulte que la fonction x �→ n’a pas de limite en 0.
x
Par conséquent la fonction valeur absolue n’est pas dérivable en 0.

Proposition. Si f est une fonction dérivable en a ∈ I, alors f admet une


limite finie en a.
Plus précisément lim f (x) = f (a), ce qui signifie que la fonction f est
x→a
continue en a.

Démonstration. Puisque f est dérivable en a, nous en déduisons


 
f (x) − f (a) �
lim − f (a) = 0.
x→a x−a

Dérivation 139
140 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

f (x) − f (a)
En posant, pour tout x ∈ I, �(x) = − f � (a), nous obtenons
x−a
f (x) = f (a) + (x − a)f � (a) + (x − a)�(x), avec lim �(x) = 0.
x→a

Puisque lim (x − a) = 0 et lim �(x) = 0, par somme et produit de limites


x→a x→a
quand x tend a, il vient

lim f (x) = f (a),


x→a

ce qui prouve que si f est dérivable en a, alors la fonction f est continue en a.

Remarque. Nous retiendrons que la réciproque de cette proposition est fausse.


En effet nous disposons du contre-exemple suivant :
La fonction x �→ |x| n’est pas dérivable en 0, bien qu’elle soit continue en
0 car lim |x| = 0.
x→0

5.2 Tangente en un point d’une courbe


Dans ce paragraphe, le plan est rapporté à un repère orthogonal ou ortho-
normal du plan.

Proposition. Soient f une fonction dérivable en a appartenant à un intervalle


I , Cf sa représentation graphique et A un point de cette courbe d’abscisse a.
Pour tout réel x ∈ I distinct de a, on désigne par M (x, f (x)) un point de
la courbe Cf .
Lorsque x tend vers a, la droite (AM ) tend vers une position limite qui est
la droite (T ) passant par A et de coefficient directeur f � (a).

Démonstration. Nous disposons de la figure suivante :

140 Chapitre 5
5.2. TANGENTE EN UN POINT D’UNE COURBE 141

Pour x �= a, le coefficient directeur de la droite (AM ) est

f (x) − f (a)
.
x−a
Puisque f est dérivable en a, nous avons

f (x) − f (a)
lim = f � (a).
x→a x−a
Nous en déduisons que lorsque x tend vers a, la droite (AM ) occupe une
position limite qui est la droite (T ) passant par A et de coefficient directeur
f � (a).

Définition. Soient f une fonction dérivable en a appartenant à un intervalle


I , Cf sa représentation graphique et A un point de cette courbe d’abscisse a.
La droite (T ) passant par A et de coefficient directeur f � (a) est la tangente à
la courbe Cf au point A(a, f (a)).

Proposition. Dans les conditions de la définition, une équation réduite de la


tangente (T ) à la courbe Cf au point A(a, f (a)) est

y = f � (a)(x − a) + f (a).

Démonstration. La droite (T ) a une équation de la forme

y = f � (a)x + p.

Puisque A ∈ Cf , il vient

p = f (a) − f � (a)a.

Par conséquent, une équation de (T ) est

y = f � (a)x + f (a) − af � (a), soit y = f � (a)(x − a) + f (a).

Exemples. Nous exploitons deux exemples abordés précedemment.


• En reprenant le 1er exemple du paragraphe 5.1, nous savons que la
fonction f : x �→ x2 est dérivable quel que soit a ∈ R et f � (a) = 2a.
Il en résulte qu’une équation de la tangente à Cf au point A(a, a2 ) est

y = 2a(x − a) + a2 , soit y = 2ax − a2 .

Dérivation 141
142 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

• En reprenant l’exercice corrigé 6 du chapitre précédent, nous savons que la


1
fonction f : x �→ est dérivable quel que soit a ∈]0, +∞[ mais aussi, par un
x
calcul identique, pour tout a ∈] − ∞, 0[ et ainsi, pour tout réel a �= 0, nous
avons
1
f  (a) = − .
a2
1
Une équation de la tangente à Cf au point A(a, ) est
a
1 1 1 2
y = − 2 (x − a) + , soit y = − 2 x + .
a a a a

Remarques. Nous disposons des deux observations suivantes :


• Lorsqu’une fonction f est dérivable en a, la tangente à Cf en A(a, f (a))
ne peut pas être parallèle à la droite des ordonnées car dans ce cas le taux d’ac-
f (x) − f (a)
croissement x �→ n’a pas de limite finie en a. Plus précisément une
x−a
tangente "verticale" est induite par une limite infinie du taux d’accroissement.

142 Chapitre 5
5.3. FONCTION DÉRIVÉE 143

• La tangente (T ) au point A ∈ Cf est la représentation graphique de la


fonction affine x �→ f � (a)(x − a) + f (a).

5.3 Fonction dérivée


5.3.1 Définition d’une fonction dérivée

Définition. Une fonction f est dérivable sur un intervalle I si et seulement


si quel que soit x ∈ I, f est dérivable en x.
La fonction notée f � : x �→ f � (x) est la fonction dérivée ou la dérivée de f
sur l’intervalle I.

Exemples. Nous connaissons déjà, grâce aux exemples précédents, deux fonc-
tions dérivées.
• La fonction carré f : x �→ x2 est telle que

∀a ∈ R, f � (a) = 2a,

ce qui justifie que f est dérivable sur R et f � est définie sur R par

∀x ∈ R, f � (x) = 2x.
1
• La fonction inverse f : x �→ est telle que
x
1
∀a ∈ R∗ , f � (a) = − ,
a2
ce qui prouve que f est dérivable sur les intervalles ] − ∞, 0[ et ]0, +∞[ et par
extension sur R∗ . Ainsi f � est définie sur R∗ par
1
∀x ∈ R∗ , f � (x) = − .
x2

Dérivation 143
144 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Remarques. Nous en faisons trois.


• Dans les disciplines utilisatrices de mathématiques, on utilise souvent
une notation "différentielle" due à Leibniz c’est-à-dire, en posant y = f (x),
par abus de langage on écrit
dy
= f � (x).
dx
df
• D’un point de vue fonctionnel, on note aussi f � = .
dx
• Le nom d’une variable étant "muet", si par exemple x est une fonction
du temps de la forme x = g(t), alors on peut écrire
dx
= g � (t).
dt

5.3.2 Dérivée de fonctions usuelles


Proposition (fonction constante). Soit c ∈ R. la fonction f définie sur R par
f : x �→ c est dérivable sur R et nous avons

∀x ∈ R, f � (x) = 0.

Démonstration. Soient a et x deux réels tels que x �= a. Nous avons

f (x) − f (a) c−c


= = 0.
x−a x−a
Il en résulte
f (x) − f (a)
lim = 0,
x→a x−a
ce qui justifie que pour tout a ∈ R, f � (a) = 0.
Nous en concluons que f est dérivable sur R et

∀x ∈ R, f � (x) = 0.

Proposition (dérivée de la fonction identité). La fonction identité définie sur


R par id : x �→ x est dérivable sur R et on a

∀x ∈ R, id� (x) = 1.

Démonstration. Soient a et x deux réels tels que x �= a. Nous avons

id(x) − id(a) x−a


= = 1.
x−a x−a

144 Chapitre 5
5.3. FONCTION DÉRIVÉE 145

Il en résulte
id(x) − id(a)
lim = 1,
x→a x−a
ce qui prouve que, pour tout a ∈ R, id� (a) = 1.
Nous en concluons que la fonction id est dérivable sur a ∈ R et

∀x ∈ R, id� (x) = 1.

Proposition (dérivée d’une fonction puissance). Soit n ∈ N∗ . La fonction


puissance définie sur R par p : x �→ xn est dérivable sur R et nous avons

∀x ∈ R, p� (x) = nxn−1 .

Démonstration. Soient a et x deux réels tels que x �= a. En utilisant la


factorisation vue au paragraphe 2.3, il vient

n−1
(x − a) xn−1−k ak
p(x) − p(a) xn − a n k=0 
n−1
= = = xn−1−k ak .
x−a x−a x−a k=0

Nous en déduisons
p(x) − p(a)  n−1−k k n−1
n−1  n−1−k k n−1
 n−1
lim = lim x a = a a = a .
x→a x−a x→a k=0 k=0 k=0


n−1
Puisque la somme an−1 est formée de n termes égaux à an−1 , nous obtenons
k=0

p(x) − p(a)
lim = nan−1 ,
x→a x−a
ce qui montre que pour tout réel a, p� (a) = nan−1 .
Ainsi la fonction p est dérivable sur R et nous obtenons

∀x ∈ R, p� (x) = nxn−1 .

Proposition (dérivée de l’inverse d’une fonction puissance). Soit n ∈ N∗ . La


1
fonction f définie sur R∗ par f : x �→ n est dérivable sur R∗ et nous avons
x
n
∀x ∈ R∗ , f � (x) = − n+1 = (−n)x(−n)−1 .
x
Démonstration. Soient a et x deux réels non nuls tels que x �= a. Il vient
1 1
f (x) − f (a) − n n n
= x
n a = −x − a × 1 .
x−a x−a x−a an xn

Dérivation 145
146 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

En utilisant la factorisation précédente, nous obtenons

f (x) − f (a)  n−1−k k


n−1 1
=− x a × n n.
x−a k=0 a x

Par produit et inverse de limites en a, nous en déduisons


f (x) − f (a) 1 −n
lim = −nan−1 × 2n = n+1 = (−n)a(−n)−1 .
x→a x−a a a
Nous en concluons que la fonction f est dérivable sur R∗ et
n
∀x ∈ R∗ , f � (x) = − = (−n)x(−n)−1 .
xn+1
Corollaire. Soit n ∈ Z∗ . La fonction f définie sur R∗ par f : x �→ xn est
dérivable sur R∗ et nous avons

∀x ∈ R∗ , f � (x) = nxn−1 .

Démonstration. Soit n ∈ Z∗ . Nous procédons par disjonction.


1er cas : n > 0.
La proposition ci-dessus dérivant une fonction puissance justifie la formule
de dérivation attendue qui est d’ailleurs validée dans ce cas sur tout R.
2e cas : n < 0.
Nous posons p = −n. Dans ce cas, nous observons que p ∈ N∗ .
Pour tout x ∈ R∗ , nous avons
1
xn = x−p = .
xp
1
De la proposition précédente, il résulte que la fonction f : x �→ est
xp
dérivable sur R∗ et pour tout réel non nul, il vient

f � (x) = (−p)x(−p)−1 = nxn−1 .

Nous en concluons

∀n ∈ Z∗ , ∀x ∈ R∗ , f � (x) = nxn−1 .

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Pour tout réel x, si n = 1 ou n = 2 ou n = 3, alors nous obtenons

f (x) = x ⇒ f � (x) = 1,
f (x) = x2 ⇒ f � (x) = 2x,
f (x) = x3 ⇒ f � (x) = 3x2 .

146 Chapitre 5
5.3. FONCTION DÉRIVÉE 147

• Pour tout réel x non nul, si n = −1, alors nous obtenons à nouveau
1 1
f (x) = ⇒ f � (x) = − 2 .
x x
• Nous retiendrons que les réciproques des implications précédentes sont
fausses. Un contre-exemple est :

f � (x) = 2x et f (x) = x2 + 2.

• Le corollaire ci-dessous est très pratique notamment pour dériver les


fonctions x �→ xn lorsque n < 0, comme le montre l’exemple ci-dessous.

Exemple. Nous considérons la fonction f définie sur R∗ par


1
f (x) = = x−5 .
x5
En appliquant le corollaire précédent, cette fonction est dérivable sur R∗
et, pour tout réel non nul, nous obtenons
5
f � (x) = −5x−4 = − .
x4
Proposition (dérivée de la fonction racine carrée). La fonction r définie sur

[0, +∞[ par f : x �→ x est dérivable sur l’intervalle ouvert ]0, +∞[ et nous
avons
1
∀x ∈]0, +∞[, r� (x) = √ .
2 x
Démonstration. Soient deux réels a ≥ 0 et x ≥ 0 tels que x �= a. Nous
distinguons deux cas.
1er cas : a > 0. Pour x �= a, nous avons
√ √ √ √ √ √
r(x) − r(a) x− a ( x − a)( x + a) x−a
= = √ √ = √ √ ,
x−a x−a (x − a)( x + a) (x − a)( x + a)
r(x) − r(a) 1
=√ √ .
x−a x+ a
Par le calcul de la limite de l’inverse d’une limite non nulle, nous en dédui-
sons
r(x) − r(a) 1
lim = √ ,
x→a x−a 2 a
1
ce qui prouve que pour tout réel a > 0, r� (a) = √ .
2 a
Nous en concluons, dans ce premier cas, que la fonction r est dérivable sur
]0, +∞[ et nous obtenons :

Dérivation 147
148 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

1
∀x ∈]0, +∞[, r� (x) = √ .
2 x
2e cas : a = 0.
Dans ce cas, pour x �= 0, c’est-à-dire x > 0, nous avons
√ √ √
r(x) − r(0) x x× x 1
= = √ =√ .
x x x x x
Quand x tend vers 0 tel que x > 0, dans le langage des limites, nous
obtenons
r(x) − r(0) 1
lim = lim √ = +∞.
x→0+ x x→0 + x

Cette limite infinie signifie que la fonction racine carrée n’est pas dérivable
en 0.
Cependant nous interprétons graphiquement ce résultat en observant que
Cr admet à l’origine du repère une demi-tangente qui est la demi-droite des
ordonnées y ≥ 0.

Remarque. La fonction racine carrée r est un contre-exemple à retenir pour


lequel Dr �= Dr . Plus précisément nous avons, au sens strict, Dr ⊂ Dr .

148 Chapitre 5
5.3. FONCTION DÉRIVÉE 149

5.3.3 Tableau des dérivées de fonctions usuelles


Dans ce tableau, nous désignons par :
• I un intervalle,
• f une fonction dérivable sur I,
• f � la dérivée de f sur I.

Pour x ∈ I tel que si f (x) = alors f � (x) =

I = R ou I ⊂ R c∈R 0

I = R ou I ⊂ R x 1

I = R ou I ⊂ R xn nxn−1
(n ∈ N∗ )

1 1
I =] − ∞, 0[ ou I =]0, +∞[ −
x x2

I =] − ∞, 0[ ou I =]0, +∞[ xn nxn−1


(n ∈ Z∗ )
√ 1
I =]0, +∞[ x √
2 x

Dérivation 149
150 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.4 Opérations sur les dérivées


Dans ce paragraphe, I désigne un intervalle ou une réunion d’intervalles.

5.4.1 Dérivée d’une somme


Proposition. Soient u et v deux fonctions dérivables sur I. Nous avons
• la fonction u + v est dérivable sur I,
• ∀x ∈ I, (u + v)� (x) = u� (x) + v � (x).

Démonstration. Posons s = u + v. Pour a ∈ I et x ∈ I tel que x �= a, il vient

s(x) − s(a) (u + v)(x) − (u + v)(a)


= ,
x−a x−a
u(x) + v(x) − u(a) − v(a)
= ,
x−a
u(x) − u(a) v(x) − v(a)
= + .
x−a x−a

Sachant que les fonctions u et v sont dérivables en a et que la limite d’une


somme en a est égale à la somme des limites en a, nous obtenons

s(x) − s(a) u(x) − u(a) v(x) − v(a)


lim = lim + lim ,
x→a x−a x→a x−a x→a x−a
= u� (a) + v � (a).

Nous en déduisons que, quel que soit a ∈ I, la fonction s = u + v est


dérivable en a, ce qui justifie les deux conclusions de la proposition.

Exemple. Nous considérons la fonction f définie sur [0, +∞[ par



f : x �→ x2 + x.

La fonction x �→ x est dérivable sur ]0, +∞[.
La fonction x �→ x2 est dérivable sur R donc sur ]0, +∞[.
Il en résulte, par somme, que la fonction f est dérivable sur ]0, +∞[ et,
nous obtenons
1
∀x ∈]0, +∞[, f � (x) = 2x + √ .
2 x
Remarques. nous disposons des deux points suivants :
• en termes fonctionnels, nous avons (u + v)� = u� + v � ,
d du dv
• en termes différentiels, nous avons (u + v) = + .
dx dx dx

150 Chapitre 5
5.4. OPÉRATIONS SUR LES DÉRIVÉES 151

5.4.2 Dérivée d’un produit


Proposition. Soient u et v deux fonctions dérivables sur I. Nous avons
• la fonction produit uv est dérivable sur I,
• ∀x ∈ I, (uv)� (x) = u� (x)v(x) + u(x)v � (x).

Démonstration. Nous posons p = uv. Pour a ∈ I et x ∈ I tel que x �= a, il


vient

p(x) − p(a) (uv)(x) − (uv)(a)


= ,
x−a x−a
u(x)v(x) − u(a)v(a)
= ,
x−a
u(x)v(x) − v(x)u(a) + v(x)u(a) − u(a)v(a)
= ,
x−a
u(x) − u(a) v(x) − v(a)
= × v(x) + u(a) × .
x−a x−a

Puisque les fonctions u et v sont dérivables sur I, en utilisant le calcul de


la limite d’un produit puis d’une somme, et sachant que v est continue en a,
nous obtenons

s(x) − s(a) u(x) − u(a) v(x) − v(a)


lim = lim lim v(x) + u(a) lim ,
x→a x−a x→a x−a x→a x→a x−a
= u� (a)v(a) + u(a)v � (a).

Nous en déduisons que, quel que soit a ∈ I, la fonction p = uv est dérivable


en a, ce qui prouve les deux conclusions de la proposition.

Exemple. Nous considérons la fonction f définie sur [0, +∞[ par



f : x �→ x x.

La fonction x �→ x est dérivable sur ]0, +∞[.
La fonction x �→ x est dérivable sur R donc sur ]0, +∞[.
Il en résulte, par produit, que la fonction f est dérivable sur ]0, +∞[ et
pour tout réel x ∈]0, +∞[, nous avons
√ 1 3 x 3√
f � (x) = 1 × x+x× √ = √ = x.
2 x 2 x 2
Remarques. Nous disposons des deux points suivants :
• en termes fonctionnels, nous avons (uv)� = u� v + uv � ,
d du dv
• en termes différentiels, nous avons (uv) = v+u .
dx dx dx

Dérivation 151
152 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.4.3 Dérivée du produit d’un réel par une fonction


Proposition. Si u est une fonction dérivable sur I et k ∈ R, alors
• la fonction ku est dérivable sur I,
• ∀x ∈ I, (ku)� (x) = ku� (x).

Démonstration. La fonction ku est dérivable sur I comme produit des fonc-


tions x �→ k et u toutes deux dérivables sur I.
Pour tout réel x ∈ I, nous obtenons

(ku)� (x) = 0 × u(x) + k × u� (x) = ku� (x).

Remarques. Nous en proposons cinq.


• En termes fonctionnels, nous avons (ku)� = ku� .
d du
• En termes différentiels, nous avons (ku) = k .
dx dx
• Pour k = −1, on a (−u)� = −u� .
• Nous en déduisons (u − v)� = u� − v � .
• Les égalités (u + v)� = u� + v � et (ku)� = ku� traduisent par définition la
linéarité de la dérivation,
• Par linéarité, nous en déduisons dans le tableau qui suit, la dérivée sur
R, d’une fonction linéaire, affine, trinôme, polynomiale de degré n ≥ 1.

f f�
x �→ ax x �→ a
x �→ ax + b x �→ a
x �→ ax2 + bx + c x �→ 2ax + b
x �→ axn x �→ naxn−1
n n
x �→ ak xk x �→ kak xk−1
k=0 k=1

5.4.4 Dérivée de l’inverse d’une fonction


Proposition. Si v est une fonction dérivable sur I telle que,

∀x ∈ I, v(x) �= 0,

alors
1
• la fonction est dérivable sur I,
 v
1 � v � (x)
• ∀x ∈ I, (x) = − .
v [v(x)]2

152 Chapitre 5
5.4. OPÉRATIONS SUR LES DÉRIVÉES 153

Démonstration. Soient x et a dans I tel que x �= a. Nous avons

1 1 1 1
(x) − (a) −
v v v(x) v(a)
= ,
x−a x−a
v(a) − v(x)
v(x)v(a)
= ,
x−a
1 v(x) − v(a)
=− × .
v(x)v(a) x−a

Puisque v est dérivable en a, nous savons que


v(x) − v(a)
lim = v � (a) et lim v(x) = v(a) �= 0.
x→a x−a x→a

En utilisant le calcul de la limite d’un produit et d’un inverse en a, il vient


1 1
(x) − (a) v � (a)
lim v v =− ,
x→a x−a [v(a)]2
1
ce qui prouve que pour tout a ∈ I, la fonction est dérivable en a.
v
1
Nous en concluons que la fonction est dérivable sur I et
v
 �
1 v � (x)
∀x ∈ I, (x) = − .
v [v(x)]2
Remarques. Nous en donnons deux.  �
1 v�
• En termes fonctionnels, nous avons = − 2.
v v
d 1 1 dv
• En termes différentiels, nous avons ( )=− 2 .
dx v v dx
1
Exemple. La fonction f : x �→ est définie sur R.
x2+1
Par inverse, cette fonction est dérivable sur R. Nous obtenons
2x
∀x ∈ R, f � (x) = − .
(x2 + 1)2

Dérivation 153
154 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.4.5 Dérivée du quotient de deux fonctions

Proposition. Si u et v sont deux fonctions dérivables sur I telles que,

∀x ∈ I, v(x) �= 0,

alors
u
• la fonction est dérivable sur I,
v
 u  u (x)v(x) − u(x)v  (x)
• ∀x ∈ I, (x) = .
v [v(x)]2

Démonstration. Soit x ∈ I tel que v(x) �= 0. Nous observons que

u  
u(x) 1 1
(x) = = u(x) × = u. (x).
v v(x) v(x) v

1
Puisque x �→ u(x) et x �→ sont dérivables sur I, nous en déduisons
v(x)
u
par produit que la fonction est dérivable sur I. Pour tout réel x ∈ I, nous
v
obtenons
 u   
 1 1
(x) = u (x) × + u(x) × (x),
v v(x) v
1 v  (x)
= u (x) × − u(x) × 2 ,
v(x) v (x)
u (x)v(x) − u(x)v  (x)
= .
[v(x)]2

Remarques. Nous disposons des deux points suivants :


 u  u v − uv 
• en termes fonctionnels, nous avons = ,
v v2 
d u 1 du dv
• en termes différentiels, nous avons ( )= 2 v −u .
dx v v dx dx

Exemples.
ax + b
• Soit une fonction homographique f : x �→ , avec a, b, c et d réels tels
cx + d
que c �= 0 et ad − bc �= 0.
Par quotient de deux fonction affines, cette fonction est dérivable sur
c c
Df =] − ∞, − [∪] − , +∞[.
d d

154 Chapitre 5
5.4. OPÉRATIONS SUR LES DÉRIVÉES 155

Pour tout réel x ∈ Df , nous obtenons

a(cx + d) − (ax + b)c


f � (x) = ,
(cx + d)2
ad − bc
= ,
(cx + d)2
 
a c 
 
 
 b d
= .
(cx + d)2

x
• Soit f la fonction définie R+ par f : x �→ √ .
1+ x
Par quotient, cette fonction est dérivable sur R+∗ et pour tout x > 0, il
vient
 
1 √ 1
f � (x) = √ x−x× √
1+ ,
(1 + x)2 2 x
 √ 
1 √ x
= √ 2 1+ x− ,
(1 + x) 2

2+ x
= √ .
2(1 + x)2

Nous remarquons que pour x > 0, nous avons

f (x) − f (0) f (x) 1


= = √ .
x x 1+ x

Nous en déduisons que

f (x) − f (0)
lim = 1.
x→0 x
x>0

Par conséquent la fonction f est dérivable en 0 à droite et à l’origine la


courbe Cf admet une demi tangente de pente 1.

Nous contrôlons graphiquement la dérivabilité en 0 de cette fonction.

Dérivation 155
156 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.4.6 Tableau récapitulatif des opérations sur les dérivées


Dans ce tableau, nous désignons par :
• I un intervalle,
• f , u et v trois fonctions dérivables sur I,
• k un réel non nul, n ≥ 2 un entier naturel.

Pour x ∈ I tel que si f (x) = alors f � (x) =

I = R ou I ⊂ R u(x) + v(x) u� (x) + v � (x)

I = R ou I ⊂ R ku(x) ku� (x)

I = R ou I ⊂ R u(x)v(x) u� (x)v(x) + u(x)v � (x)

1 u� (x)
u(x) �= 0 −
u(x) u2 (x)

u(x) u� (x)v(x) − u(x)v � (x)


v(x) �= 0
v(x) v 2 (x)

I = R ou I ⊂ R un (x) nu� (x)un−1 (x)


 u� (x)
u(x) > 0 u(x) 
2 u(x)

Remarque. Les deux dernières lignes de ce tableau seront justifiées dans les
exercices corrigés 9 et 10.

5.4.7 Dérivée de la composée avec une fonction affine


Lemme. Soient a ∈ R∗ et b ∈ R.
Si J un intervalle de R, alors I = {x ∈ R/ax + b ∈ J} est aussi un inter-
valle de R.

Démonstration. Nous proposons une preuve dans le cas où

a > 0 et J = ]α, +∞[.

Les autres cas, tels que a > 0 ou a < 0 et J fermé ou ouvert ou semi-ouvert,
se déroulent de la même façon sans difficultés.

156 Chapitre 5
5.4. OPÉRATIONS SUR LES DÉRIVÉES 157

Ainsi, nous avons


   
α−b α−b
I = {x ∈ R/ax + b > α} = x ∈ R/x > = , +∞ .
a a
Proposition. Soient a ∈ R∗ , b ∈ R, u une fonction dérivable sur un intervalle
J et I un intervalle tel que

∀x ∈ I, ax + b ∈ J.

La fonction f : x �→ u(ax + b) définie sur l’intervalle I, est dérivable sur I,


et nous avons

∀x ∈ I, f � (x) = au� (ax + b).

Démonstration. Soient x ∈ I et x0 ∈ I distincts.


Posons y = ax + b et y0 = ax0 + b. Nous avons

y ∈ J, y0 ∈ J et y �= y0 .

Sous ces conditions, nous obtenons

f (x) − f (x0 ) u(ax + b) − u(ax0 + b)


= ,
x − x0 x − x0
u(y) − u(y0 ) y − y0
= × ,
y − y0 x − x0
u(y) − u(y0 )
=a× .
y − y0

La fonction u est dérivable en y0 donc


u(y) − u(y0 )
lim = u� (y0 ).
y→y0 y − y0
En considérant la limite de la composée, nous obtenons
f (x) − f (x0 ) u(y) − u(y0 )
lim = a lim = au� (y0 ) = au� (ax0 + b),
x→x0 x − x0 y→y0 y − y0
ce qui prouve que, pour tout x0 ∈ I, la fonction f est dérivable en ce point.
Nous en concluons que f est dérivable sur I et

∀x ∈ I, f � (x) = au� (ax + b).

Exemples. Dans chaque exemple nous supposons que a �= 0.


• Pour tout n ∈ N∗ , la fonction f : x �→ (ax + b)n est la composée de
u : x �→ xn dérivable sur R avec la fonction affine x �→ ax + b. Cette fonction
est donc dérivable sur R et nous obtenons :

Dérivation 157
158 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

∀x ∈ R, f � (x) = au� (ax + b) = an(ax + b)n−1 .


1 1
• La fonction f : x �→ est la composée de u : x �→ dérivable sur
ax + b x
R∗ avec la fonction affine x �→ ax + b. Cette fonction est donc dérivable sur
D = {x ∈ R/ax + b �= 0} et nous obtenons
a
∀x ∈ D, f � (x) = au� (ax + b) = − .
ax + b
√ √
• La fonction f : x �→ ax + b est la composée de u : x �→ x dérivable
sur R+∗ avec la fonction affine x �→ ax + b. Cette fonction est donc dérivable
sur D = {x ∈ R/ax + b > 0} et nous obtenons
a
∀x ∈ D, f � (x) = au� (ax + b) = √ .
2 ax + b

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Dans les conditions de la proposition ci-dessus, en désignant par v la
fonction affine x �→ ax + b, nous avons f = u ◦ v.
Par conséquent, pour tout x ∈ I, nous obtenons

(u ◦ v)� (x) = u� (v(x)) × v � (x),


= (u� ◦ v)(x)) × v � (x),
 
= (u� ◦ v).v � (x).

Nous en déduisons
• En termes fonctionnels : (u ◦ v)� = ((u� ◦ v).v � ).
d(u ◦ v) du dv
• En termes différentiels : = .
dx dv dx
• Nous montrerons dans l’exercice corrigé 11 que la formule de dérivation
(u ◦ v)� = ((u� ◦ v).v � ) peut être généralisée à une fonction u dérivable sur un
intervalle J et à une fonction v dérivable sur un intervalle I telles que

∀x ∈ I, v(x) ∈ J.

158 Chapitre 5
5.5. APPROXIMATION AFFINE TANGENTE 159

5.5 Approximation affine tangente


Proposition. Soient f une fonction définie sur un intervalle I, a ∈ I et
h ∈ R∗ tel que a + h ∈ I. Si f est dérivable en a, alors il existe une fonction
φ définie au voisinage de 0 telle que

f (a + h) = f (a) + hf � (a) + hφ(h), avec lim φ(h) = 0.


h→0

Démonstration. Avec les données de l’énoncé, puisque f est dérivable en a,


nous savons
f (a + h) − f (a)
lim = f � (a).
h→0 h
En posant
f (a + h) − f (a)
φ(h) = − f � (a),
h
nous obtenons d’une part

lim φ(h) = 0,
h→0

et d’autre part

hφ(h) = f (a + h) − f (a) − hf � (a), soit f (a + h) = f (a) + hf � (a) + hφ(h).

Remarques. Nous en donnons deux.


• Nous démontrerons dans l’exercice corrigé 13 la réciproque de cette
proposition.
• En posant x = a + h et �(x) = φ(x − a), nous obtenons, pour x proche
de a,

f (x) = f (a) + (x − a)f � (a) + (x − a)�(x), avec lim �(x) = 0.


x→a

Nous remarquons que cette dernière égalité a déjà été obtenue dans la
seconde proposition du paragraphe 5.1, pour prouver que la dérivabilité en a
entraîne la continuité en a.

Définition. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I, a ∈ I. La fonc-


tion affine x �→ f (a) + (x − a)f � (a) est l’approximation affine de f en a.

Dérivation 159
160 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Corollaire. Si f est dérivable en a, alors nous disposons des approximations


suivantes :
• f (x) ≈ f (a) + (x − a)f  (a), pour x proche de a.
• f (a + h) ≈ f (a) + hf  (a), pour h proche de 0.

Démonstration. De la proposition ci-dessus, il résulte que l’erreur commise


en approximant f (x) par f (a) + (x − a)f  (a) est égale à |(x − a)�(x)| qui est
proche de 0 quand x est proche de a.
De même l’erreur commise en approximant f (a + h) par f (a) + hf  (a) est
égale à |hφ(h)| qui est proche de 0 lorsque h est voisin de 0.
Avec les notations de la figure, nous illustrons graphiquement l’approxima-
tion de f (a + h) par le réel yP = f (a) + hf  (a) qui est l’ordonnée du point P
sur la tangente (T ).

Exemple. Nous considérons la fonction f : x �→ x3 dérivable sur R.


Nous proposons pour h proche de 0 :
• de déterminer l’approximation affine tangente de f en a = 1,
• de déterminer un majorant de l’erreur commise dans cette approxima-
tion.
Nous avons

f (1) = 1 et f  (1) = 3,

ce qui donne, pour h proche de 0

f (1 + h) ≈ f (1) + hf  (1),
f (1 + h) ≈ 1 + 3h.

Pour h voisin de 0, nous en concluons :

160 Chapitre 5
5.5. APPROXIMATION AFFINE TANGENTE 161

(1 + h)3 ≈ 1 + 3h.

Nous évaluons à présent un majorant de l’erreur commise dans cette approxi-


mation. Nous avons

(1 + h)3 = 1 + 3h + 3h2 + h3 = 1 + 3h + h(3h + h2 ),

nous en déduisons |(1 + h)3 − (1 + 3h)| = |h2 (3 + h)| = h2 |3 + h|.

Puisque h est proche de 0, nous pouvons supposer, pour fixer les idées, que
1 1 1
− ≤ h ≤ , soit |h| ≤ .
10 10 10
Dans ce cas, nous obtenons
1 1 29 31
3− ≤ 3 + h ≤ 3 + , soit ≤3+h≤ ,
10 10 10 10
31
ce qui implique |3 + h| ≤ .
10
1
Ainsi, pour |h| ≤ , nous en déduisons
10
31 2
|(1 + h)3 − (1 + 3h)| ≤ h .
10
1 1
Nous en concluons que, pour − ≤h≤ , l’erreur commise en rempla-
10 10
31 2
çant (1 + h)2 par 1 + 3h est majorée par h .
10
Remarque. Nous en donnons deux.
• Nous obtenons dans cet exemple un majorant du type λh2 , où λ est un
réel strictement positif qui dépend du choix de l’intervalle centré en 0 auquel
le réel h appartient.
• Nous justifierons par l’étude d’un exemple dans l’exercice corrigé 14
que l’approximation affine tangente d’une fonction f dérivable en a est la
"meilleure" approximation de f (a+h), comparativement à toute fonction affine
passant par le point A(a, f (a)).

Dérivation 161
162 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.6 Applications de la dérivation


5.6.1 Dérivée et variations d’une fonction
Proposition. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I.
• Si f est croissante sur I, alors pour tout réel x ∈ I, f � (x) ≥ 0.
• Si f est décroissante sur I, alors pour tout réel x ∈ I, f � (x) ≤ 0.
• Si f est constante sur I, alors pour tout réel x ∈ I, f � (x) = 0.

Démonstration. Soient x ∈ I et a ∈ I tels que x �= a.


1er cas : f est croissante sur I.
Dans ce cas,

si x < a, alors f (x) ≤ f (a),


si x > a, alors f (x) ≥ f (a).

Nous en déduisons que pour x �= a, nous obtenons


f (x) − f (a)
≥ 0.
x−a
Puisque f est dérivable en a ∈ I, nous savons que
f (x) − f (a)
lim = f � (a)
x→a x−a
En utilisant la propriété de passage à la limite sur une inégalité (paragraphe
4.6), nous obtenons

f � (a) ≥ 0, pour tout a ∈ I,

ce qui permet de conclure par

∀x ∈ I, f � (x) ≥ 0.

2e cas : f est décroissante sur I. Cette fois, nous avons

si x < a, alors f (x) ≥ f (a),


si x > a, alors f (x) ≤ f (a).

Nous en déduisons que pour x �= a


f (x) − f (a)
≤ 0.
x−a
Puisque f est dérivable en a ∈ I, nous savons que

162 Chapitre 5
5.6. APPLICATIONS DE LA DÉRIVATION 163

f (x) − f (a)
lim = f � (a)
x→a x−a
En utilisant à nouveau la propriété de passage à la limite sur une inégalité,
il vient

f � (a) ≤ 0, pour tout a ∈ I,

ce qui permet de conclure par

∀x ∈ I, f � (x) ≤ 0.

3e cas : f est constante sur I.


Dans ce 3e cas, pour x �= a, nous avons
f (x) − f (a)
=0
x−a
Nous en déduisons que
f (x) − f (a)
lim = 0.
x→a x−a
Puisque f est dérivable en a et par unicité de la limite en ce point, nous
en déduisons

f � (a) = 0, pour tout a ∈ I.

Nous en concluons

∀x ∈ I, f � (x) = 0.

Remarques. Nous en disposons de deux.


• Le 3e cas peut être prouvé plus rapidement car depuis le paragraphe
5.3.2 nous savons que si f est constante sur I, alors

∀x ∈ I, f � (x) = 0.

• La réciproque de cette proposition est vraie. Elle est importante puisque


le signe de la dérivée détermine le sens de variations de la fonction considérée.
Une preuve complète de cette réciproque dépasse la cadre de ce livre. En
effet les outils utilisés comme le théorème de Rolle 1 reposent sur des connais-
sances approfondies sur la continuité.
Cependant nous proposons un lemme qui est une interprétation graphique
du théorème des accroissements finis (conséquence du théorème de Rolle). Ceci
va nous permettre de justifier partiellement mais raisonnablement une preuve
de la réciproque en question.

1. Mathématicien français : 1652-1719

Dérivation 163
164 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Lemme (des accroissements finis). Soit f une fonction dérivable sur un inter-
valle I. Si a ∈ I et b ∈ I tel que a < b, alors
f (b) − f (a)
∃c ∈]a, b[, f  (c) = .
b−a
Démonstration (partielle). Sur la figure ci-dessous, la sécante (AB) a pour
f (b) − f (a)
coefficient directeur . Nous observons qu’il existe au moins une
b−a
tangente à la courbe Cf en un point C d’abscisse c ∈]a, b[, qui est parallélle à
(AB).

Cela justifie qu’il existe c ∈]a, b[ tel que


f (b) − f (a)
f  (c) = .
b−a
Théorème (principe de Lagrange 2 ). Soit f une fonction dérivable sur un
intervalle I.
Si, pour tout réel x ∈ I, on a :
• f  (x) ≥ 0, alors f est croissante sur I,
• f  (x) ≤ 0, alors f est décroissante sur I,
• f  (x) = 0, alors f est constante sur I.

2. Mathématicien franco-italien : 1736-1813

164 Chapitre 5
5.6. APPLICATIONS DE LA DÉRIVATION 165

Démonstration. Soient a ∈ I et b ∈ I tels que a < b.


1er cas : ∀x ∈ I, f  (x) ≥ 0.
Graphiquement, nous observons ce cas dans la figure suivante :

Du lemme précédent, il résulte que


f (b) − f (a)
∃c ∈]a, b[, f  (c) = .
b−a
Nous savons que dans ce premier cas, en particulier pour x = c, nous
obtenons
f (b) − f (a)
f  (c) ≥ 0, ce qui implique ≥ 0.
b−a
Nous en déduisons que si a < b, alors f (a) ≤ f (b).
Nous en concluons que la fonction f est croissante sur I.
2e cas : ∀x ∈ I, f  (x) ≤ 0.
En appliquant à nouveau le lemme des accroissements finis, sachant qu’en
particulier pour x = c, nous avons f  (c) ≤ 0, il vient
f (b) − f (a)
≤ 0.
b−a
Nous en déduisons que si a < b, alors f (a) ≥ f (b).
Nous en concluons, dans ce second cas, que la fonction f est décroissante
sur I.
3e cas : ∀x ∈ I, f  (x) = 0.
Toujours, en appliquant le lemme ci-dessus, sachant qu’en particulier pour
x = c, nous avons f  (c) = 0, nous obtenons
f (b) − f (a)
= 0.
b−a

Dérivation 165
166 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Nous en déduisons que si a < b, alors f (a) = f (b), ce qui prouve que la
fonction f est constante sur I.

Corollaire (égalité de deux dérivées). Soient f et g deux fonctions dérivables


sur un intervalle I.
Si, pour tout réel x ∈ I, on a f � (x) = g � (x), alors il existe c ∈ R tel que

f (x) = g(x) + c.

Démonstration. Soit x ∈ I tel que f � (x) = g � (x). Nous obtenons

f � (x) − g � (x) = 0, soit (f − g)� (x) = 0.

Nous en déduisons qu’il existe un réel c tel que, pour tout réel x ∈ I,

(f − g)(x) = c, soit f (x) = g(x) + c.

Exemple (application à la physique). Un mobile est soumis à un mouvement


rectiligne uniforme de vitesse v constante égale à v0 en m.s−1 . Ainsi, pour tout
réel t ≥ 0, nous avons
dx
v(t) = x� (t) = = v0 .
dt
La loi horaire de ce mobile est donc

x(t) = v0 t + c, où c est une constante.

En considérant la condition initiale x(0) = x0 , nous obtenons

c = x0 , soit x(t) = v0 t + x0 .

Proposition (monotonie stricte). Soit f une fonction dérivable sur un inter-


valle I. On suppose que

N = {x ∈ I/f � (x) = 0} n’est pas un intervalle non vide.

• Si pour tout x ∈ I, f � (x) ≥ 0, alors f est croissante strictement sur I.


• Si pour tout x ∈ I, f � (x) ≤ 0, alors f est décroissante strictement sur I.

Démonstration. Nous raisonnons par l’absurde, en supposant que la fonction


f est croissante sans être strictement croissante sur l’intervalle I, ce qui donne

∃x1 ∈ I, ∃x2 ∈ I, x1 < x2 et f (x1 ) = f (x2 ).

Soit x ∈ [x1 , x2 ]. Puisque f est croissante sur I, nous obtenons :

166 Chapitre 5
5.6. APPLICATIONS DE LA DÉRIVATION 167

x1 ≤ x ≤ x2 ⇒ f (x1 ) ≤ f (x) ≤ f (x2 ).

Nous en déduisons

∀x ∈ [x1 , x2 ], f (x) = f (x1 ) = f (x2 ),

ce qui prouve que f est une fonction constante sur l’intervalle [x1 , x2 ].
Il en résulte que

∀x ∈ [x1 , x2 ], f  (x) = 0,

ce qui est contradictoire avec N qui n’est pas un intervalle.


La preuve est analogue dans le cas où, pour tout x ∈ I, f  (x) ≤ 0.

Remarque. Lorsque N = {x ∈ I/f  (x) = 0} n’est pas un intervalle, on dit


que les éléments de N sont des points "isolés".

Corollaire. Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I.


• Si pour tout x ∈ I, f  (x) > 0, alors f est croissante strictement sur I.
• Si pour tout x ∈ I, f  (x) < 0, alors f est décroissante strictement sur I.

Démonstration. Nous appliquons la proposition précédente lorsque N = ∅.

5.6.2 Dérivée et extremum


Définition (extremum global). Soient f une fonction définie sur un intervalle
I, m et M deux réels. On dit que :
• La fonction f admet sur I le réel m pour minimum si et seulement si,
∀x ∈ I, f (x) ≥ m, et, ∃a ∈ I, f (a) = m.
• La fonction f admet sur I le réel M pour maximum si et seulement si,
∀x ∈ I, f (x) ≤ M, et, ∃a ∈ I, f (a) = M.

Définition (extremum local). Soit f une fonction définie sur un intervalle I


et a ∈ I.
On dit que f (a) est un maximum local (respectivement un minimum local)
de f sur I s’il existe un intervalle J ⊂ I ouvert centré a ∈ J tel que f (a) soit
un maximum (respectivement un minimum) de f sur J.

Remarque. Un extremum global est local.

Proposition (condition nécessaire d’existence d’un extremum local). Soient


f une fonction dérivable sur un intervalle I ouvert et a ∈ I.
Si f admet un extremum local en a, alors f  (a) = 0.

Dérivation 167
168 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Démonstration. Pour fixer les idées, nous supposons que f (a) est un mini-
mum local.
Par définition, il existe � > 0 et un intervalle J =]a − �, a + �[⊂ I centré en
a tel que

∀x ∈]a − �, a + �[, f (x) ≥ f (a).

Nous distinguons deux cas.


1er cas : x ∈]a, a + �[.
Dans ce cas, nous avons
f (x) − f (a)
≥ 0.
x−a
Puisque f est dérivable en a, en appliquant la proposition du paragraphe
4. 6 concernant la passage à la limite sur une inégalité, nous obtenons
f (x) − f (a) f (x) − f (a)
f � (a) = lim = lim ≥ 0.
x→a x−a x→a+ x−a
2e cas : x ∈]a − �, a[.
Dans ce second cas, nous avons
f (x) − f (a)
≤ 0.
x−a
Puisque f est dérivable en a, en appliquant la proposition du paragraphe
4. 6 citée ci-dessus, nous obtenons

f (x) − f (a) f (x) − f (a)


f � (a) = lim = lim ≤ 0.
x→a x−a x→a − x−a
Nous déduisons de ces deux cas que

f � (a) ≥ 0 et f � (a) ≤ 0,

ce qui prouve que f � (a) = 0.


La preuve est analogue en supposant que f (a) est un maximum local.

Remarques. Nous en proposons quatre.


• La réciproque de cette proposition est fausse. En d’autres termes nous
pouvons trouver un contre-exemple de fonction dont la dérivée est nulle en un
point et qui n’admet pas d’extremum en ce point.
La fonction cube f : x �→ x3 convient. En effet, pour tout réel x, on a

f � (x) = 3x2 ≥ 0,

168 Chapitre 5
5.6. APPLICATIONS DE LA DÉRIVATION 169

ce qui implique que f  (0) = 0.


Par contre, nous avons

si x ≥ 0, alors f (x) ≥ 0,
si x ≤ 0, alors f (x) ≤ 0.

Ceci justifie que f (0) = 0 n’est pas un extremum pour la fonction cube.

• La contrainte "f est dérivable sur I ouvert" est justifiée par le contre-
exemple suivant qui met en défaut la conclusion de la proposition.
Considérons la fonction f définie sur I =] − 1, 1] par x �→ x.
Nous observons que f (1) est un maximum, bien que

∀x ∈] − 1, 1], f  (x) = 1 �= 0.

• Une fonction peut admettre un extremum local en a sans être dérivable


en ce point. La fonction valeur absolue en est un exemple. En effet x �→ |x|
n’est pas dérivable en 0 bien que

∀x ∈ R, |x| ≥ 0.

• Une fonction peut admettre un extremum local en a sans être continue en


ce point. En effet, nous considérons par exemple la fonction f définie sur R par

|x| si x �= 0
f (x) = .
−1 si x = 0

Dérivation 169
170 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Clairement, cette fonction admet pour minimum −1 en x = 0 bien qu’elle


présente une discontinuité en ce point.

Proposition (condition suffisante d’existence d’un extremum local). Soient f


une fonction dérivable sur un intervalle I ouvert et a ∈ I.
Si
• f  (a) = 0,
• f  (x) change de signe en x = a,
alors f (a) est un extremum local pour la fonction f .

Démonstration. Soit x ∈ I. Nous distinguons deux cas.


1er cas : f  (x) < 0, pour x < a et f  (x) > 0, pour x > a.
Nous disposons dans ce cas du tableau de variations suivant :

x a
signe de f  (x) − 0 +
variations de f � f (a) �

Dans ce premier cas f admet un minimum local.


2e cas : f  (x) > 0, pour x < a et f  (x) < 0, pour x > a.
Nous disposons du tableau de variations suivant :

x a
signe de f  (x) + 0 −
variations de f � f (a) �

Dans ce second cas f admet un maximum local.

170 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 171

5.7 Exercices corrigés


5.7.1 Dérivabilité en un point
Exercice 1. Dérivabilité en x = 0
On considère les fonctions f , g et h définies sur R par
1
f : x �→ , g : x �→ xf (x) et h : x �→ |x|f (x).
1 + |x|

Étudier la dérivabilité en 0 de chacune de ces fonctions.


Contrôler graphiquement l’aspect de chaque représentation graphique loca-
lement en 0.
Solution
• Dérivabilité de f en 0 ?
Pour tout réel x �= 0, nous avons
 
f (x) − f (0) 1 1
= −1 ,
x x 1 + |x|
|x|
=− .
x(1 + |x|)

0
Nous observons, quand x tend vers 0, une forme indéterminée du type " ".
0
Pour lever cette indétermination, nous distinguons deux cas par disjonction.
1er cas : x > 0. Il vient
f (x) − f (0) x 1
=− =− .
x x(1 + x) 1+x

Nous en déduisons
f (x) − f (0)
lim = −1.
x→0 x
x>0

2e cas : x < 0. Nous obtenons


f (x) − f (0) −x 1
=− = .
x x(1 − x) 1−x
Nous en déduisons
f (x) − f (0)
lim = 1.
x→0 x
x<0

Puisque :

Dérivation 171
172 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

f (x) − f (0) f (x) − f (0)


lim �= lim ,
x→0 x x→0 x
x>0 x<0

f (x) − f (0)
nous en concluons que x �→ n’a pas de limite en 0.
x
Par conséquent la fonction f n’est pas dérivable en 0.
Contrôle graphique.

Pour analyser cette figure, nous donnons les compléments suivants :


Bien que la fonction f ne soit pas dérivable en 0, par extension, dans cet
exemple, nous considérons que f est dérivable à droite et à gauche en 0.
f (x) − f (0)
Le nombre dérivé à droite qui est la limite à droite de x �→ est
x
égal à −1 ; il est noté fd� (0).
f (x) − f (0)
Le nombre dérivé à gauche qui est la limite à gauche de x �→
x
est égal à 1 ; il est noté fg� (0).
C’est cette notion de dérivablité à droite et à gauche qui justifie l’existence
de deux demi-tangentes au point de coordonnées (0, 1) de pente respective
fd� (0) = −1 et fg� (0) = 1.
Nous ajoutons que la non dérivabilité de f en 0 induit un point "anguleux"
sur Cf au point de coordonnées (0, 1), en contraste avec le "lissage tangentiel"
effectué sur la courbe, en tout point où la fonction f est dérivable.
• Dérivabilité de g en 0 ?
Pour x �= 0, nous avons
g(x) − g(0) g(x) xf (x)
= = = f (x).
x x x
Puisque lim 1+|x| = 1, en prenant la limite en 0 de l’inverse, nous obtenons
x→0

g(x) − g(0) 1
lim = lim = 1.
x→0 x x→0 1 + |x|
Nous en concluons que la fonction g est dérivable en 0 et g � (0) = 1.
Contrôle graphique.

172 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 173

Nous observons que la droite (T ) d’équation y = x est tangente à la courbe


Cg à l’origine du repère.
De plus nous observons graphiquement que

Si x ≥ 0, alors g(x) ≤ x.
Si x ≤ 0, alors g(x) ≥ x.

Par conséquent, nous pouvons dire que Cg "traverse" la tangente en O,


ce qui signifie que l’origine du repère est un point particulier appelé point
d’inflexion.
• Dérivabilité de h en 0 ?
Pour x �= 0, nous avons
h(x) − h(0) h(x) |x|f (x)
= = ,
x x x
ce qui donne

⎪ 1
� ⎪
⎪ si x > 0
h(x) − h(0) f (x) si x > 0 ⎨ 1+x
= = .
x −f (x) si x < 0 ⎪
⎪ 1

⎩ − si x < 0
1−x
Nous en déduisons, d’une part
h(x) − h(0) 1
lim = lim = 1,
x→0 x x→0 1 + x
x>0 x>0

et d’autre part
h(x) − h(0) 1
lim = lim − = −1.
x→0 x x→0 1 − x
x<0 x<0

Puisque
h(x) − h(0) h(x) − h(0)
lim �= lim ,
x→0 x x→0 x
x>0 x<0

Dérivation 173
174 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

nous en concluons que la fonction h n’est pas dérivable en 0.


Cependant, cette fonction est dérivable à droite et à gauche en 0 et nous
avons h�d (0) = 1 et h�g (0) = −1.
Contrôle graphique.

Nous observons l’existence de deux demi-tangentes à l’origine du repère de


pente respective h�d (0) = 1 et h�g (0) = 1.

Exercice 2. Dérivabilité en x = 1

Soit la fonction f : x �→ |x − 1| x définie sur R+ .
1. Étudier la dérivabilité de f en x = 1
2. Contrôler graphiquement, dans un repère orthonormal du plan.
Représenter dans le même repère la fonction g : x �→ |x − 1|.
3. Pour x ∈ R+ , étudier les positions relatives des courbes Cf et Cg .
Solution
1. Soit x ∈ R+ tel que x �= 1. Nous avons
⎧ √

⎪ (x − 1) x √
√ ⎪
⎪ = x si x > 1
f (x) − f (1) |x − 1| x ⎨ x−1
= = .
x−1 x−1 ⎪
⎪ √

⎪ (1 − x) x √
⎩ = − x si 0 ≤ x < 1
x−1
Nous en déduisons, d’une part
f (x) − f (1) √
lim = lim x = 1,
x→1 x−1 x→1
x>1 x>1

et d’autre part
f (x) − f (1) √
lim = lim − x = −1.
x→1 x−1 x→1
x<1 x<1

Puisque
f (x) − f (1) f (x) − f (1)
lim �= lim ,
x→1 x−1 x→1 x−1
x>1 x<1

174 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 175

nous en concluons que la fonction f n’est pas dérivable en x = 1.


2.

Nous observons que :


• au point de coordonnées (1, 0), la courbe admet deux demi-tangentes,
une à droite de pente 1 et l’autre à gauche de pente −1,
• la réunion de ces deux demi-droites restituent la courbe Cg ,
• pour x ≥ 1, la courbe Cf est au-dessus de Cg ,
• pour 0 ≤ x ≤ 1, la courbe Cf est en-dessous de Cg .
Nous justifions dans la question qui suit, ces deux derniers points.
3. Pour étudier la position relative des courbes Cf et Cg , nous étudions
classiquement le signe de la différence f (x) − g(x) (ou le signe de g(x) − f (x)),
pour x ∈ R+ .
Pour tout réel x ≥ 0, nous avons
√ √
f (x) − g(x) = |x − 1| x − |x − 1| = |x − 1| ( x − 1).

Puisque, pour tout réel x ≥ 0, |x − 1| ≥ 0, le signe de f (x) − g(x) est le



signe de x − 1.
Ainsi, nous obtenons
√ √
x ≥ 1 implique x ≥ 1, soit x − 1 ≥ 0,
√ √
0 ≤ x ≤ 1 implique x ≤ 1, soit x − 1 ≤ 0.

Nous en déduisons

x ≥ 1 implique f (x) − g(x) ≥ 0, soit f (x) ≥ g(x),


0 ≤ x ≤ 1 implique f (x) − g(x) ≤ 0, soit f (x) ≤ g(x).

Nous en concluons que

si x ≥ 1, alors Cf est au-dessus de Cg ,


si 0 ≤ x ≤ 1, alors Cf est en-dessous de Cg .

Dérivation 175
176 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Exercice 3. Fonction symétriquement dérivable en 0


Soit f une fonction définie sur R. On considère la fonction ρ définie sur
R∗ par

f (x) − f (−x)
ρ(x) = .
2x
1. Monter que si f est dérivable en 0, alors la fonction ρ admet une limite
finie en 0.
2. La réciproque est-elle vraie ?
Solution
1. Pour tout réel x �= 0, nous avons
 
f (x) − f (0) + f (0) − f (−x) 1 f (x) − f (0) f (0) − f (−x)
ρ(x) = = + .
2x 2 x x

D’une part, puisque f est dérivable en 0, nous avons

f (x) − f (0)
lim = f � (0).
x→0 x
D’autre part, en posant X = −x, nous obtenons

f (0) − f (−x) f (0) − f (X) f (X) − f (0)


= = .
x −X X
Par composition, nous en déduisons

f (0) − f (x) f (X) − f (0)


lim = lim = f � (0).
x→0 x X→0 X
Par conséquent, par somme de limite finie en 0, nous en concluons que la
fonction ρ admet une limite finie en 0 et nous avons

lim ρ(x) = f � (0).


x→0

2. La réciproque est fausse. Nous proposons un contre-exemple de fonction


qui n’est pas dérivable en 0 mais symétriquement dérivable en 0.
La fonction valeur absolue f : x �→ |x| convient. En effet nous savons que
cette dernière n’est pas dérivable en 0.
Mais, pour tout réel x �= 0, nous avons

|x| − | − x|
ρ(x) = = 0.
2x

176 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 177

Il en résulte que dans ce cas la fonction ρ admet une limite finie en 0 qui est
égale à 0. Par conséquent, la fonction f : x �→ |x| est symétriquement dérivable
en 0.

Exercice 4. Fonction partie entière et dérivabilité en 0


La définition de la fonction partie entière x �→ �x� est rappelée dans l’exer-
cice corrigé 7 du chapitre 3.
Nous considérons la fonction f définie sur R par

⎨ x2 � 1 � si x �= 0
f (x) = x .
⎩ 0 si x = 0
1. Reprendre le 1er exemple du paragraphe 4.6 pour justifier que f (0) = 0.
2. Étudier la dérivabilité de f en 0.
Solution
2. Soit un réel x �= 0. Nous avons
f (x) − f (0) f (x) 1
= = x� �.
x x x
En reprenant le 1 exemple du paragraphe 4.6 , nous savons que pour réel
er

tout x �= 0, nous avons


1 1 1
−1<� �≤ .
x x x
f (x) − f (0)
Pour encadrer , nous procédons par disjonction selon que x > 0
x
ou x < 0.
1er cas : x > 0.
Dans ce cas, nous obtenons
1
1 − x < x� � ≤ 1.
x
2e cas : x < 0.
Dans ce second cas, nous obtenons
1
1 ≤ x� � < 1 − x.
x
En appliquant le théorème d’encadrement quand x tend vers 0 à gauche ou
à droite, il vient
f (x) − f (0)
lim = 1,
x→0 x
x>0
f (x) − f (0)
lim = 1.
x→0 x
x<0

Dérivation 177
178 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Ces deux limites sont égales, nous en déduisons


f (x) − f (0)
lim = 1.
x→0 x
Nous en concluons que la fonction f est dérivable en 0 et f � (0) = 1.
Contrôle graphique.

Exercice 5. Limite en a et taux d’accroissement


Soient un réel a > 0 et u la fonction définie sur R − {a} par
√ √
a 2 x − x2 a
u(x) = .
x−a
En proposant deux méthodes, étudier la limite en a de la fonction u.
Solution
0
Lorsque x tend vers a, nous observons une forme indéterminée du type " .
0
Méthode 1. Pour x �= a, nous avons

 2√ √  √ √ 
a x − x2 a a 2 x + x2 a
u(x) = √ √ ,
(x − a) (a2 x + x2 a)
a4 x − ax4
u(x) = √ √ ,
(x − a) (a2 x + x2 a)
ax(x3 − a3 )
u(x) = − √ √ ,
(x − a) (a2 x + x2 a)
ax(x − a)(x2 + ax + a2 )
u(x) = − √ √ ,
(x − a) (a2 x + x2 a)
ax(x2 + ax + a2 )
u(x) = − 2 √ √ .
(a x + x2 a)
√ √ √
Puisque lim ax(x2 + ax + a2 ) = 3a4 et lim a2 x + x2 a = 2a2 a,
x→a x→a
par quotient de ces deux limites en a, nous en déduisons :

178 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 179

3a4 3a2 3 √
lim u(x) = − 2
√ = − √ = − a a.
x→a 2a a 2 a 2
Méthode 2. Nous proposons ici une méthode plus rapide en observant que
le réel u(x) est un taux d’accroissement "caché".
√ √
En effet, en posant, pour x > 0 f (x) = a2 x − x2 a, nous avons f (a) = 0.
Par conséquent, nous obtenons
f (x) f (x) − f (a)
u(x) = = .
x−a x−a
La fonction f par différence est dérivable sur ]0, +∞[.
Nous en déduisons
f (x) − f (a)
lim u(x) = lim = f � (a).
x→a x→a x−a
Il reste à calculer f � (x) pour x > 0. Il vient
a2 √
f � (x) = √ − 2x a,
2 x
par conséquent, nous obtenons
a2 √ 3a2 3 √
f � (a) = √ − 2a a = − √ = − a a.
2 a 2 a 2
Nous en concluons à nouveau que
3 √
lim u(x) = − a a.
x→a 2

Dérivation 179
180 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

5.7.2 Tangente

Exercice 6. Tangente et normale en un point d’une parabole


Dans un repère orthonormal du plan, on désigne par P la représentation
graphique de la fonction carré f : x �→ x2 .
1. Soit M un point de P, d’abscisse a ∈ R∗ . Déterminer une équation de
la tangente (T ) en M à la courbe P.
En déduire l’ordonnée du point d’intersection T de la droite (T ) avec la
droite (Oy) des ordonnées du repère.
2. On désigne par (N ) la normale à P en M , c’est-à-dire la droite perpen-
diculaire en M à la droite (T ).

On rappelle que deux droites non parallèles à la droite des


ordonnées, de coefficients directeurs m et m� , sont perpendi-
culaires en un point si et seulement si m × m� = −1.

Déterminer une équation de la droite (N ).


En déduire l’ordonnée du point d’intersection N de la droite (N ) avec la
droite (Oy) des ordonnées du repère.
3. Soit m le projeté orthogonal de M sur la droite (Oy). Montrer que
• la distance mN est constante,
• le milieu du segment [T m] est un point fixe.
Solution
1. Une équation de la tangente (T ) en M (a,, a2 ) à la courbe P est

y = f � (a)(x − a) + f (a).

Puisque f (a) = a2 et, pour tout réel x, f � (x) = 2x, nous obtenons

y = 2a(x − a) + a2 .

Nous en concluons qu’une équation de la droite (T ) est

y = 2ax − a2 .

Nous avons T (0, yT ) tel que yT = 2a × 0 − a2 = −a2 .


Il en résulte que

yT = −a2 , soit T (0, −a2 ).

180 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 181

2. La normale (N ) à P en M a une équation de la forme

y = mx + p.

Puisque a �= 0 et (N ) orthogonale à (T ) , nous obtenons


1
m × 2a = −1, soit m = − ,
2a
ce qui implique que la droite (N ) a pour équation
1
y=− x + p.
2a
Puisque M (a,, a2 ) ∈ P, nous en déduisons

1 1 1
p = yM + x M = a2 + × a = a2 + .
2a 2a 2
Nous en concluons que la droite (N ) a pour équation

1 1
y=− x + a2 + .
2a 2
1 1 1
Nous avons N (0, yN ) tel que yN = − × 0 + a2 + = a2 + , ce qui
2a 2 2
donne
1 1
yN = a2 + , soit N (0, a2 + ).
2 2
3. Le projeté orthogonal m de M sur la droite (Oy) est tel que

m(0, yM ), soit m(0, a2 ).

• Nous obtenons ainsi :

Dérivation 181
182 CHAPITRE 5. DÉRIVATION
182 CHAPITRE 5. DÉRIVATION
182 CHAPITRE 5. DÉRIVATION
1 1
mN = |yN − ym | = |a22 + 11 − a22 | = 11 .
mN = |yN − ym | = |a2 + 2 − a2 | = 2 .
mN = |yN − ym | = |a + 2 − a | = 2 .
2 2
• Le milieu du segment [T m] a pour abscisse 0 et pour ordonnée
• Le milieu du segment [T m] a pour abscisse 0 et pour ordonnée
• Le milieu du segment [T m] a pour abscisse 0 et pour ordonnée
y +y −a22 + a22
yTT + ym m = −a2 + a2 = 0,
yT + 2 ym = −a 2+ a = 0,
2 = 2 = 0,
2 2
ce qui justifie que l’origine O du repère est le milieu du segment [T m], quel
ce qui justifie que l’origine O du repère est le milieu du segment [T m], quel
ce
quequisoitjustifie que l’origine
M distinct de O surOladuparabole
repère estP. le milieu du segment [T m], quel
que soit M distinct de O sur la parabole P.
que soit M distinct de O sur la parabole P.
Exercice 7. Tangente et normale en un point d’une hyperbole
Exercice 7. Tangente et normale en un point d’une hyperbole
Exercice
Dans un repère7. Tangente
orthonormalet normale
du plan, en on un pointpar
désigne d’une
H la hyperbole
représentation
Dans un repère orthonormal du plan,1on désigne par H la représentation
Dans un repère orthonormal du plan,1on désigne par∗H la représentation
graphique de la fonction inverse f : x �→ 1 , définie sur R∗ .
graphique de la fonction inverse f : x �→ x , définie sur R∗ .
graphique
1. Soit deA la
unfonction
point de inverse f : x �→a x
H, d’abscisse ∈,Rdéfinie sur R . une équation de la
∗ . Déterminer
1. Soit A un point de H, d’abscisse a x ∈ R∗∗ . Déterminer une équation de la
1. Soit(TA) un
tangente en A point
à ladecourbe
H, d’abscisse
H. a ∈ R . Déterminer une équation de la
tangente (T ) en A à la courbe H.
tangente (T ) enlesAcoordonnées
En déduire à la courbe H. des points B et C, intersection de la droite (T )
En déduire les coordonnées des points B et C, intersection de la droite (T )
En déduire les coordonnées
avec respectivement la droite des desordonnées
points B et et la intersection
C,droite de la droite (T )
des abscisses.
avec respectivement la droite des ordonnées et la droite des abscisses.
avec2.respectivement
Lorsque a décrit la droite
R∗ : des ordonnées et la droite des abscisses.
2. Lorsque a décrit R∗∗ :
2. Lorsque
• Quel est aledécrit
milieuRdu: segment [BC] ?
• Quel est le milieu du segment [BC] ?
Quel estestle l’aire
•• Quelle milieududutriangle
segment BOC [BC]? ?
• Quelle est l’aire du triangle BOC ?
•3. Quelle
On désigneest l’aire
par (N du)triangle
la normaleBOC à ?H en A, c’est-à-dire la droite perpen-
3. On désigne par (N ) la normale à H en A, c’est-à-dire la droite perpen-
3. Onen
diculaire désigne
A à lapartangente normale
(N ) la (T à H en une
). Déterminer A, c’est-à-dire
équation delaladroite
droiteperpen-
(N ).
diculaire en A à la tangente (T ). Déterminer une équation de la droite (N ).
diculaire en A à la tangente (T ). Déterminer une équation
En déduire les coordonnées des points D et E, intersection de la droite de la droite (N(N). )
En déduire les coordonnées des points D et E, intersection de la droite (N )
avecEn déduire les coordonnées
respectivement la droite des desordonnées
points D et et E, intersection
la droite de la droite (N )
des abscisses.
avec respectivement la droite des ordonnées et la droite des abscisses.
avec4.respectivement
Montrer que la lesdroite des ordonnées
triangles BAD et EAC et la droite des abscisses.
sont semblables c’est-à-dire
4. Montrer que les triangles
AD BAD et EAC sont semblables c’est-à-dire
BAD et EAC sont semblables
4. Montrer BDque AB les triangles c’est-à-dire
justifier que BD = AB = AD .
justifier que BD = AB = AD .
justifier
Solutionque EC AE
EC = AE = AC .
AC
SolutionEC AE AC
1
Solution
1. Une équation de la tangente (T ) en A(a,, 11 ) à la courbe H est
1. Une équation de la tangente (T ) en A(a,, a ) à la courbe H est
1. Une équation de la tangente (T ) en A(a,, a ) à la courbe H est
a
y = f �� (a)(x − a) + f (a).
y = f � (a)(x − a) + f (a).
y = f (a)(x − a) + f (a).
1 1
Puisque f (a) = 1 et pour tout réel x �= 0, f �� (x) = − 112 , nous obtenons
Puisque f (a) = a et pour tout réel x �= 0, f � (x) = − x2 , nous obtenons
1
Puisque f (a) = a et pour tout réel x �= 0, f (x) = − x2 , nous obtenons
a x
1 1
y = − 112 (x − a) + 11 .
y = − a2 (x − a) + a .
y = − a2 (x − a) + a .
a a
Nous en concluons qu’une équation de la droite (T ) est
Nous en concluons qu’une équation de la droite (T ) est
Nous en concluons qu’une équation de la droite (T ) est
1 2
y=−1 x + 22 .
y = − a122 x + a .
y = − a2 x + a .
a a
182 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 183

1 2 2
Nous avons B(0, yB ) tel que yB = − 2
×0+ = .
a a a
Il en résulte
2
B(0, ).
a
Nous avons C(xC , 0) tel que

1 2 1 2
− xC + = 0 ⇔ 2 xC = ,
a2 a a a
⇔ xC = 2a.

Nous en concluons

C(2a, 0).

2. Soit a un réel non nul.


• Le milieu du segment [BC] a pour coordonnées
  
0 + 2a 1 2 1
, +0 , soit (a, ).
2 2 a a

Quel que soit a ∈ R∗ , nous en concluons que le segment [BC] a pour milieu
le point A.
• L’aire du triangle BOC est le réel A > 0 tel que
OB × OC
A= .
2
Puisque :

Dérivation 183
184 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

 
4 2
OB = x2B + yB2 =
2
= ,
 a |a|

OC = x2C + yC
2 = 4a2 = 2|a|,

nous en déduisons
1 2
A= × × 2|a| = 2.
2 |a|
Quel que soit a ∈ R∗ , nous en concluons que l’aire du triangle BOC est
constante, égale à 2.
3. La normale (N ) à H en A a une équation de la forme

y = mx + p.

Puisque a �= 0 et (N ) orthogonale à (T ) , nous obtenons


1
m × (− ) = −1, soit m = a2 ,
a2
ce qui implique que la droite (N ) a pour équation

y = a2 x + p.
1
Puisque A(a, ) ∈ H, nous en déduisons
a
1 1 1 − a4
p = yA − a2 xA = − a2 × a = − a3 = .
a a a
Nous en concluons que la droite (N ) a pour équation

1 − a4
y = a2 x + .
a

1 − a4 1 − a4
Nous avons D(0, yD ) tel que yD = a2 × 0 + = , ce qui donne
a a
1 − a4
D(0, ).
a
Nous avons E(xE , 0) tel que

1 − a4 a4 − 1
a 2 xE + = 0 ⇔ a2 xE = ,
a a
a4 − 1
⇔x= .
a3

Par conséquent, nous obtenons :

184 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 185

a4 − 1
E( , 0).
a3
4. Nous avons successivement
 1 − a4 2 a4 + 1
BD = (yD − yB )2 = |yD − yB | = | − |= ,
a a |a|
a4 − 1 a4 + 1
EC = |xC − xE | = |2a − | = .
a3 |a|3
Nous en déduisons que
BD a4 + 1 |a|3
= × 4 = |a|2 = a2 .
EC |a| a +1
De même, nous avons

AB = (xB − xA )2 + (yB − yA )2 ,
  √
2
2 1 2
a4 + 1 a4 + 1
= (−a) + ( − ) = = .
a a a2 |a|


AE = (xE − xA )2 + (yE − yA )2 ,
  √
a4 − 1 1 1 + a 4 1 + a4
= ( 3
− a)2 + 2 = 6
= .
a a a |a|3

Ainsi nous obtenons



AB a4 + 1 |a|3
= ×√ = a2 .
AE |a| 1 + a4
Enfin, de la même façon, nous avons

AD = (xD − xA )2 + (yD − yA )2 ,

1 − a4 1  
= a2 + ( − )2 = a2 (1 + a4 = |a| 1 + a4 .
a a


AC = (xC − xA )2 + (yC − yA )2 ,
  √
1 a 4+1 a4 + 1
= a2 + 2 = = .
a a2 |a|

Il en résulte
AD √ |a|
= |a| 1 + a4 × √ = |a|2 = a2 .
AC 1 + a4

Dérivation 185
186 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Nous en concluons
BD AB AD
= = ,
EC AE AC
ce qui signifie que les triangles BAD et EAC sont semblables.

Exercice 8. Position d’une courbe par rapport à une tangente


Soit f la fonction définie sur R par f (x) = x3 − 2x2 + 1.
Cf est la représentation graphique de f dans un repère orthonormal du plan
dont l’origine est le point O.
1. Déterminer une équation de la tangente (T ) à la courbe Cf au point A
d’abscisse 1.
Étudier la position de Cf par rapport à la droite (T ).
2. En quel point de Cf existe-t-il une tangente strictement parallèle à (T ) ?
3. Soit m un réel non nul donné. Selon les valeurs du réel m, donner le
nombre de points d’intersection de la courbe Cf avec la droite (d) dont une
équation est y = mx + 1.
Solution
1. La fonction f est dérivable sur R puisque f est polynomiale. Pour tout
réel x, nous avons

f  (x) = 3x2 − 4x.

Une équation de la tangente (T ) à la courbe Cf au point A d’abscisse 1 est

y = f  (1)(x − 1) + f (1),

ce qui donne, puisque f  (1) = −1 et f (1) = 0,

y = −x + 1.

Pour déterminer la position de Cf par rapport à la droite (T ), nous étudions


le signe de la différence f (x) − (1 − x). Il vient

f (x) − (1 − x) = x3 − 2x2 + 1 − 1 + x,
= x3 − 2x2 + x,
= x(x2 − 2x + 1),
= x(x − 1)2 .

Le signe de f (x) − (1 − x) est le signe du réel x.

186 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 187

1er cas : x ≥ 0
Nous avons

f (x) − (1 − x) ≥ 0, soit f (x) ≥ 1 − x.

Dans ce cas la courbe Cf est au-dessus de la tangente (T ).


2e cas : x ≤ 0
Nous avons

f (x) − (1 − x) ≤ 0, soit f (x) ≤ 1 − x.

Dans ce second cas la courbe Cf est en-dessous de la tangente (T ).

2. L’abscisse a d’un point de Cf en lequel il existe une tangente parallèle à


(T ) satisfait à

f  (a) = −1,

ce qui équivaut à

3a2 − 4a = −1, soit 3a2 − 4a + 1 = 0.

Puisque

Δ = (−2)2 − 3 = 1,

nous en déduisons
1
a = 1 ou a = .
3
Le parallélisme étant strict, nous en concluons que la courbe Cf admet, au
1
point d’abscisse , une tangente strictement parallèle à (T ).
3

Dérivation 187
188 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

3. Pour déterminer le nombre de points d’intersection de la courbe Cf avec


la droite (d), nous considérons le système

y = x3 − 2x2 + 1
.
y = mx + 1

Nous en déduisons une équation aux abscisses

x3 − 2x2 + 1 = mx + 1,

ce qui équivaut à

x3 − 2x2 − mx = 0 ⇔ x(x2 − 2x − m) = 0,
⇔ x = 0 ou x2 − 2x − m = 0.

Le point de coordonnées (0, 1) est commun à Cf et à (d) quel que soit le


réel m. Il y a donc au moins un point commun à la courbe et à la droite.
Les autres points d’intersection sont comptés par le nombre de solutions de
l’équation du second degré

x2 − 2x − m = 0.

Nous avons

Δ = (−1)2 − (−m) = 1 + m.

En comptant le point fixe de coordonnées (0, 1), nous en concluons que


 si m > −1 et m �= 0, alors Cf et (d) ont trois points en commun,
 si m = −1, alors Cf et (d) ont deux points en commun,
 si m < −1, alors Cf et (d) ont un point en commun.
Nous remarquons que si m = 0, la droite (d) a pour équation y = 1. Dans
ce cas, la courbe Cf et la droite (d) ont deux points en commun : le point de
coordonnées (0, 1) et le point de coordonnées (2, 1).

188 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 189

5.7.3 Opérations sur les dérivées : compléments


Exercice 9. Dérivée de x �→ un (x)
Soient u une fonction dérivable sur un intervalle I et n ≥ 2 un entier
naturel. On considére la fonction g définie sur I par

g(x) = (u(x))n = un (x).

Montrer que cette fonction est dérivable en a ∈ I et pour tout a ∈ I,

g � (a) = nu� (a) (u(a))n−1

On proposera deux méthodes :


• en utilisant l’égalité de Bernoulli 3 ,
• par récurrence 4 .
Solution
Méthode 1. En utilisant l’égalité de Bernoulli.
Soient x ∈ I et a ∈ I tels que x �= a. Nous avons

g(x) − g(a) (u(x))n − (u(a))n


= ,
x−a x−a
n−1
u(x) − u(a) 
= (u(x))n−1−k (u(a))k .
x−a
k=0

Puisque la fonction u est dérivable en a, nous en déduisons d’une part


u(x) − u(a)
lim = u� (a),
x→a x−a
3. Chapitre 2.3
4. Annexe : § 12.5.5

Dérivation 189
190 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

et d’autre part

lim u(x) = u(a), car u est continue en a.


x→a

Par conséquent, par somme et produit de limite en a, nous obtenons


g(x) − g(a) 
n−1 
n−1
lim = u� (a) (u(a))n−1−k (u(a))k = u� (a) (u(a))n−1 .
x→a x−a k=0 k=0


n−1
Puisque la somme (u(a))n−1 est formée de n termes égaux à (u(a))n−1 ,
k=0
nous obtenons
g(x) − g(a)
lim = nu� (a)(u(a))n−1 ,
x→a x−a
ce qui montre que, pour tout réel a ∈ I, la fonction g est dérivable en a et nous
avons

g � (a) = nu� (a)(u(a))n−1 .

Ainsi la fonction g est dérivable sur I et nous obtenons

∀x ∈ I, g � (x) = nu� (x)(u(x))n−1 .

Remarque
Fonctionnellement, en posant g = un , nous obtenons

(un )� = nu� un−1 .

Méthode 2. Par récurrence. Pour simplifier nous prouvons fonctionnelle-


ment, par récurrence, que

Pour tout entier n ≥ 2, (un )� = nu� un−1 .

Initialisation.
Pour n = 2, la fonction u2 = uu est dérivable sur I par produit. Nous
obtenons
 �
u2 = (uu)� = u� u + uu� = 2u� u,

ce qui justifie que l’égalité attendue est initialisée au rang n = 2.


Hérédité.
Nous supposons qu’à un rang n ≥ 2 fixé, on ait (un )� = nu� un−1 .
 �
Montrons que un+1 = (n + 1)u� un .
La fonction un+1 = un u est dérivable sur I par produit.
En utilisant l’hypothèse de récurrence, il vient :

190 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 191

 �
un+1 = (un u)� = (un )� u + un u� = nu� un−1 u + un u� ,
 n+1 �
u = nu� un + u� un = (n + 1)u� un .

L’égalité proposée est donc héréditaire.


Nous en concluons

Pour tout entier n ≥ 2, (un )� = nu� un−1 .



Exercice 10. Dérivée de x �→ u(x)
Soient u un fonction dérivable sur un intervalle I telle que

∀x ∈ I, u(x) > 0.

On considère la fonction f définie sur I par f (x) = u(x).
Montrer que cette fonction est dérivable en a ∈ I et, pour tout a ∈ I,

u� (a)
f � (a) =  .
2 u(a)

Solution
Soient x ∈ I et a ∈ I tels que x �= a. Nous avons
 
f (x) − f (a) u(x) − u(a)
= ,
x−a  x − a   
 
u(x) − u(a) u(x) + u(a)
=    ,
(x − a) u(x) + u(a)
u(x) − u(a) 1
= ×  .
x−a u(x) + u(a)

Puisque la fonction u est dérivable en a, nous en déduisons d’une part,


u(x) − u(a)
lim = u� (a),
x→a x−a
et d’autre part

lim u(x) = u(a), car u est continue en a.


x→a

Par conséquent, par somme, inverse et produit de limite en a, nous obtenons

f (x) − f (a) 1 u� (a)


lim = u� (a) ×  =  .
x→a x−a 2 u(a) 2 u(a)

Dérivation 191
192 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Il en résulte que, pour tout a ∈ I la fonction f est dérivable en a et nous


avons :
u� (a)
f � (a) = 
2 u(a)
Nous en concluons que la fonction f est dérivable sur I et nous obtenons
u� (x)
∀x ∈ I, f � (x) =  .
2 u(x)
Exercice 11. Dérivée de la composée de deux fonctions
1. Soit u une fonction dérivable sur un intervalle I et g une fonction déri-
vable sur un intervalle J tel que :

∀x ∈ I, u(x) ∈ J.

On considère la fonction f = g ◦ u définie sur I par f : x �→ g (u(x)).


Pour tout a ∈ I, en posant b = u(a) ∈ J, montrer que la fonction f = g ◦ u
est dérivable en a et

f � (a) = (g ◦ u)� (a) = u� (a)g � (u(a)).

2. Justifier à nouveau les formules de dérivation obtenues dans les deux


exercices précédents.
Solution
1. Soit y ∈ J tel que y �= b. Nous posons
g(y) − g(b)
Tb (y) = .
y−b
Pour tout réel x �= a, nous avons
f (x) − f (a) (g ◦ u) (x) − (g ◦ u) (a) g (u(x)) − g (u(a))
= = .
x−a x−a x−a
Sous réserve que pour x �= a, on ait u(x) �= u(a), il vient

f (x) − f (a) g (u(x)) − g (u(a)) u(x) − u(a)


= × ,
x−a u(x) − u(a) x−a
u(x) − u(a)
= Tb (u(x)) × .
x−a

Puisque u est dérivable en a, nous avons


u(x) − u(a)
lim = u� (a).
x→a x−a

192 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 193

De plus nous avons lim u(x) = u(a). Par conséquent, en posant y = u(x) et
x→a
sachant que g est dérivable en b = u(a), par composition et produit de limites
en a, nous obtenons :

f (x) − f (a)
lim = lim Tb (y) × u� (a) = g � (u(a)) u� (a),
x→a x−a y→u(a)

ce qui prouve que, pour tout a ∈ I, f = g ◦ u est dérivable au point a et nous


en concluons

f � (a) = (g ◦ u)� (a) = u� (a)g � (u(a)).

2.
• Avec les données de l’exercice 9, pour tout réel x, nous posons p(x) = xn .
Pour tout x ∈ I, nous avons

g(x) = (u(x))n = p (u(x)) = (p ◦ u) (x).

La fonction u est dérivable sur I.


La fonction p est dérivable sur R.
Pour tout réel x ∈ I, on a u(x) ∈ R.
Il en résulte que la fonction g est dérivable sur I par composition et nous
en déduisons

∀x ∈ I, g � (x) = p� (u(x)) u� (x) = n (u(x))n−1 u� (x).



• Avec les données de l’exercice 10, pour tout réel x > 0, posons g(x) = x.
Pour tout x > 0, nous avons

f (x) = u(x) = g (u(x)) = (g ◦ u) (x).

La fonction u est dérivable sur I.


La fonction g est dérivable sur R+∗ .
Pour tout réel x ∈ I, on a u(x) > 0.
Il en résulte, par composition, que la fonction f est dérivable sur I et nous
en déduisons

u� (x)
∀x ∈ I, f � (x) = g � (u(x)) u� (x) =  .
2 u(x)

Dérivation 193
194 CHAPITRE 5. DÉRIVATION
194 CHAPITRE 5. DÉRIVATION
5.7.4 Application affine tangente
5.7.4 Application affine tangente √
Exercice 12. Approximation affine en 0 de x �→ √x + 1
Exercice 12. Approximation affine en 0 de x �→√ x + 1
Soit f la fonction définie sur [−1, +∞[, par f (x) = √1 + x.
Soit f la fonction définie sur [−1, +∞[, par f (x) = 1 + x.
1. Déterminer l’approximation affine tangente de la fonction f , en 0.
1. Déterminer l’approximation
1 1 affine tangente de la fonction f , en 0.
2. Montrer que si x ∈ [− 1 , 1 ], alors un majorant de l’erreur commise dans
2. Montrer que si x ∈ [− 2 , 2 ], alors un majorant de l’erreur commise dans
3x2 2 2
cette approximation est 3x2 .
cette approximation est 16 .
3. Une application. On 16 considère un triangle rectangle dont les côtés de
3. Une application. On considère un triangle rectangle dont les côtés de
l’angle droit ont pour mesures 1 et x > 0 supposé très grand.
l’angle droit ont pour mesures 1 et x > 0 supposé très grand.
Justifier qu’une approximation de la mesure de l’hypoténuse de ce triangle
Justifier
1 qu’une approximation de la mesure de l’hypoténuse de ce triangle
est x + 1 .
est x + 2x .
Solution
2x
Solution
1. La fonction f est, par composition, dérivable sur ] − 1, +∞[.
1. La fonction f est, par composition, dérivable sur ] − 1, +∞[.
Pour tout réel x > −1, nous obtenons
Pour tout réel x > −1, nous obtenons 1
f  (x) = √ 1 .
f  (x) = 2√x + 1 .
L’approximation affine tangente à f2 en x+ 1 la fonction affine g tel que
0 est
L’approximation affine tangente à f en 0 est la fonction 1 affine g tel que
g(x) = f (0) + xf  (0), soit g(x) = 1 + 1 x.
g(x) = f (0) + xf  (0), soit g(x) = 1 + 2 x.
Nous en concluons que, pour x voisin de 0, nous disposons 2 de l’approxima-
Nous en concluons que, pour x voisin de 0, nous disposons de l’approxima-
tion
tion √ 1
√1 + x ≈ 1 + 12 x.
1 + x ≈ 1 + x.
2. L’erreur commise lors de cette approximation, 2 pour des valeurs de x proches
2. L’erreur commise lors de cette approximation, pour des valeurs de x proches
de 0, est le réel e(x) définie par
de 0, est le réel e(x) définie par
e(x) = |f (x) − g(x)|,
e(x) = |f (x) − g(x)|,
ce qui donne :
ce qui donne :
√ 1
e(x) =| √1 + x − (1 + 1 x) |,
e(x) =| 1 + x − (1 + 2 x) |,   
2
 √1 + x − (1 + 1 x) √1 + x + (1 + 1 x) 
 √ 12 √ 1 

=   1 + x − (1 + x) 1 + x + (1 + 2 x)  ,
√ 2 1 2  ,
=  √ 1 + x + (1 + x) 
 12 
 1+x  + (1 + 2 x) 
 x 2  x 2
 − x2 
 x42
 
=  √ − 4 
 = √ .
=  √1 + x + 4(1 + 1 x)  = |√1 + x +4(1 + 1 x)| .
 1 + x + (1 + 21 x)  | 1 + x + (1 + 21 x)|
 2  2

194 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 195

1 1
Puisque − ≤ x ≤ , nous en déduisons que
2 2
3 1 5 1 3
≤ 1 + x ≤ , ce qui implique 1 + x ≥ .
4 2 4 2 4

De plus 1 + x > 0, donc nous avons
√ 1 3
1 + x + (1 + ) ≥ > 0.
2 4
Il en résulte, par décroissance de la fonction inverse sur ]0, +∞[ que
1 1 4
√ =√ ≤ .
1 1 3
| 1 + x + (1 + )| 1 + x + (1 + )
2 2
Finalement, nous obtenons
x2 3 3x2
e(x) ≤ × , soit e(x) ≤ .
4 4 16
3. Désignons par l(x), avec x > 0, la mesure de l’hypoténuse de ce triangle.
Le théorème de Pythagore nous autorise à écrire

l(x) = 1 + x2 ,

ce qui implique
   
1 1
l(x) = x2 1+ 2 =x 1+ .
x x2

1
Puisque x est supposé très grand, nous en déduisons que h = est proche
x2
de 0.
Avec ce changement de variable, en utilisant l’approximation établie à la
question 1, il vient

1 √ 1
1+ 2
= 1 + h ≈ 1 + h,
x 2
ce qui donne en revenant à la variable x

1 1
1 + 2 ≈ 1 + 2.
x 2x
Ainsi, pour x très grand, nous en déduisons
 
1 1
l(x) ≈ x 1 + 2 soit l(x) ≈ x + .
2x 2x

Dérivation 195
196 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Exercice 13. Réciproque de la proposition du paragraphe 5.5


Soient f une fonction définie sur un intervalle I, a ∈ I et h ∈ R∗ tel que
a + h ∈ I.
S’il existe une fonction φ définie au voisinage de 0 et un réel A tels que

f (a + h) = f (a) + Ah + hφ(h), avec lim φ(h) = 0,


h→0

alors la fonction f est dérivable en a.


Solution
Pour tout réel h �= 0, nous avons
f (a + h) − f (a)
f (a + h) − f (a) = Ah + hφ(h), soit = A + φ(h).
h
Puisque lim φ(h) = 0, nous en déduisons
h→0

f (a + h) − f (a)
lim = A,
h→0 h
ce qui prouve que la fonction f est dérivable en a et f � (a) = A.
Exercice 14. Meilleure approximation affine : étude d’un exemple
Soit f la fonction définie sur R par f (x) = x2 − 2x.
1. Déterminer l’approximation affine g tangente à f en 0.
2. Nous considérons la fonction linéaire h définie par h(x) = ax, où a est
un réel distinct de −2. Pour tout réel x, justifier

|f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)| ⇔ |x| ≤ |x − (a + 2)|.

3. Déterminer le signe du réel φa (x) = |x| − |x − (a + 2)|, en distinguant


les cas a > −2 ou a < −2.
4. En déduire qu’il existe un intervalle I centré en 0 tel que

∀x ∈ I, |f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)|.

5. Conclure.
Solution
1. La fonction f est dérivable sur R et

∀x ∈ R, f � (x) = 2x − 2.

L’approximation affine tangente g en 0 est définie sur R par

∀x ∈ R, g(x) = f (0) + xf � (0) = −2x.

196 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 197

2. Pour tout réel x, nous disposons des équivalences

|f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)| ⇔ |x2 − 2x + 2x| ≤ |x2 − 2x − ax|,


⇔ |x2 | ≤ |x2 − x(a + 2)|,
⇔ |x|2 ≤ |x||x − (a + 2)|.

Puisque, pour tout réel x, |x| ≥ 0, nous en concluons

∀x ∈ R, |f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)| ⇔ |x| ≤ |x − (a + 2)|.

3. Pour étudier le signe du réel proposé, nous commençons par déterminer


à l’aide de deux tableaux les expressions affines de φa (x) en distinguant les
deux cas a > −2 ou a < −2.
1er cas : a > −2.

x 0 a+2
|x| −x 0 x x
|x − (a + 2)| −x + a + 2 −x + a + 2 0 x − (a + 2)
φa (x) −(a + 2) < 0 2x − (a + 2) a+2>0

Nous en déduisons que

si x ∈] − ∞, 0[, alors φa (x) < 0,


si x ∈]a + 2, +∞[, alors φa (x) > 0.

Sur l’intervalle [0, a + 2], le signe de φa (x) est le signe de la fonction affine
x �→ 2x − (a + 2), ce qui donne
a+2
si x ∈ [0, [, alors φa (x) < 0,
2
a+2
si x ∈ [ , a + 2], alors φa (x) ≥ 0.
2
Nous résumons, dans le cas a > −2, le signe de φa (x) par le tableau de
signe ci-dessous

a+2
x −∞ +∞
2
φa (x) − 0 +

Dérivation 197
198 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

2ecas : a < −2.

x a+2 0
|x| −x −x 0 x
|x − (a + 2)| −x + a + 2 0 x − (a + 2) x − (a + 2)
φa (x) −(a + 2) > 0 −2x + (a + 2) a+2<0

De la même façon que dans le 1ercas, nous obtenons le signe du réel φa (x)
qui est résumé par le tableau de signes

a+2
x −∞ +∞
2
φa (x) + 0 −

4. D’après la question 2, nous savons

|f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)| ⇔ φa (x) ≤ 0

En distinguant à nouveau les deux cas précédents :


1er cas : a > −2.
a+2 a+2
En prenant I = [− , ], nous avons, pour tout x ∈ I,
2 2
φa (x) ≤ 0, soit |f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)|.

2ecas : a < −2.


a+2 a+2
En prenant I = [ ,− ], nous avons, pour tout x ∈ I,
2 2
φa (x) ≤ 0, soit |f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)|.

Pour résumer ces deux cas, en choisissant pour a �= −2, nous obtenons
|a + 2| |a + 2|
I = [− , ]
2 2
Nous en concluons

∀x ∈ I, |f (x) − g(x)| ≤ |f (x) − h(x)|.

5. Pour conclure, nous observons que pour tout réel x appartenant à l’inter-
valle I obtenu ci-dessus le réel g(x) = −2x minimise la distance entre f (x) et
h(x) où h est une fonction affine quelconque passant par l’origine O du repère.
C’est sous cet aspect que l’approximation affine tangente g de f est la
"meilleure" approximation affine de f , comparativement à toute fonction affine
passant par le point O.

198 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 199

5.7.5 Applications de la dérivation


Exercice 15. Dérivation et polynôme
Soient a un réel et p un polynôme de degré n ≥ 2.
Nous proposons de montrer que les deux propositions suivantes sont équi-
valentes :
(i) pour tout réel x, (x − a)2 est en facteur dans p(x).
(ii) p(a) = p (a) = 0.
1. Justifier que (i) ⇒ (ii).
2. En utilisant le théorème de division par x − a du paragraphe 2.4, justifier
que (ii) ⇒ (i).
3. Un exemple d’application.
Pour tout réel x, on considère le polynôme p défini par

p(x) = x3 − 4x2 + 5x − 2.

Montrer qu’il existe un réel a tel que (x − a)2 est en facteur dans p(x).
En déduire les solutions de l’équation p(x) = 0.
Solution
1. (i) ⇒ (ii).
Nous supposons (i).
Il existe un polynôme q de degré n − 2 tel que pour tout réel x, on ait

p(x) = (x − a)2 q(x).

Nous avons immédiatement p(a) = 0.


De plus p est dérivable sur R par produit et, pour tout réel x, nous obtenons

p (x) = 2(x − a)q(x) + (x − a)2 q  (x).

Il en résulte que p (a) = 0. La proposition (ii) est ainsi justifiée.


2. (ii) ⇒ (i).
Nous supposons (ii).
Puisque p(a) = 0, nous appliquons le théorème de division par x − a du
paragraphe 2.4.
Par conséquent il existe un polynôme q de degré n − 1 tel que pour tout
réel x, on ait

p(x) = (x − a)q(x).

Dérivation 199
200 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Le polynôme p est dérivable sur R par produit et, pour tout réel x, nous
obtenons

p (x) = q(x) + (x − a)q  (x).

Puisque p (a) = 0, nous en déduisons que q(a) = 0.


Nous appliquons à nouveau le théorème de division par x − a.
Il existe un polynôme r de degré n − 2 tel que pour tout réel x, on ait

q(x) = (x − a)r(x).

Ceci justifie que , pour tout réel x, nous avons

p(x) = (x − a)2 r(x),

ce qui prouve la proposition (i).


3. Nous observons que 1 est une racine évidente du polynôme p, c’est-à-dire
p(1) = 0.
De plus p est dérivable sur R en tant que fonction polynôme et, pour tout
réel x, nous obtenons

p (x) = 3x2 − 8x + 5.

Nous observons à nouveau que p (1) = 0.


Par conséquent, en appliquant l’implication (ii) ⇒ (i) démontrée ci-dessus,
nous en concluons

(x − 1)2 est en facteur dans p(x).

• Résolution dans R de l’équation p(x) = 0.


Puisque p est de degré 3, il existe un réel α tel que

∀x ∈ R, p(x) = (x − 1)2 (x + α).

Pour déterminer α, nous procédons par une identification rapide, en prenant


en particulier x = 0. Il vient

−2 = p(0) = (−1)2 α, soit α = −2.

Il en résulte que

∀x ∈ R, p(x) = (x − 1)2 (x − 2).

200 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 201

Nous en concluons que les solutions de l’équation proposée sont x = 1 ou


x = 2.
Remarque On dit que x = 1 est une racine double de l’équation p(x) = 0
ou du polynôme p.

Exercice 16. Une autre application de l’exercice 14


Soient p et q deux réels tels que p < 0 et q �= 0.
On désigne par f le polynôme défini sur R par

f (x) = x3 + px + q.

1. Nous supposons que f admet une racine double. Montrer que

4p3 + 27q 2 = 0.

2. En déduire dans ce cas les solutions de l’équation x3 + px + q = 0.


Solution
Nous appliquons l’équivalence établie dans l’exercice précédent.
Si f admet une racine double, alors nous avons

f (a) = 0
,
f  (a) = 0
c’est-à-dire

a3 + pa + q = 0 [1]
.
3a2 + p = 0 [2]
p
De l’égalité [2], il résulte que a2 = − .
3
Nous remarquons que la contrainte p < 0 est ainsi justifiée.
Puisque l’égalité [1] équivaut à a(a2 + p) + q = 0, en reportant dans [1],
nous obtenons
 p  2p
a − + p + q = 0, soit a × + q = 0.
3 3
Nous en déduisons que
3q
a=− .
2p
Nous reportons à présent l’expression de a en fonction de p et q dans
l’égalité [2]. Il vient
 2
3q 27q 2
3 − + p = 0, soit + p = 0,
2p 4p2

Dérivation 201
202 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

ce qui permet d’obtenir la relation attendue

4p3 + 27q 2 = 0.
3q
2. Des calculs effectués dans la question 1, nous en déduisons que a = − est
2p
une racine double de l’équation f (x) = 0.
Puisque f est de degré 3 et le coefficient de x3 est égal à 1, il existe un réel
α tel que

∀x ∈ R, f (x) = (x − a)2 (x + α).

Pour déterminer α, nous procédons par identification en développant


f (x) = (x − a)2 (x + α). Il vient

f (x) = (x2 − 2ax + a2 )(x + α),


= x3 + (α − 2a)x2 + (a2 − 2aα)x + a2 α.

Par identification du coefficient de x2 , nous obtenons


3q
α − 2a = 0, soit α = − .
p
Nous en concluons que
 2  
3q 3q
∀x ∈ R, f (x) = x+ x− .
2p p
Par conséquent les solutions dans R de l’équation x3 + px + q = 0 sont
3q 3q
x=− ou x = .
2p p
Exercice 17. Calculs de dérivées.
Soient un réel b > 0 et un entier n ≥ 1.

1. On considère la fonction f définie sur [0, +∞[ par f (x) = x(x + b)n .
Justifier que f est dérivable sur un intervalle I que l’on précisera.
Montrer que, pour tout réel x ∈ I, il existe une fonction affine g telle que
(x + b)n−1 g(x)
f � (x) = √ .
x

x
2. On considère la fonction h définie sur [0, +∞[ par h(x) = .
(x + b)n
Montrer que, pour tout réel x ∈ I, il existe une fonction affine a telle que
a(x)
h� (x) = √ .
x(x + b)n+1

202 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 203

Solution

1. La fonction x �→ x est dérivable sur ]0, +∞[.
Par produit, la fonction f est dérivable sur I =]0, +∞[.
Pour tout réel x ∈ I, nous avons

1 √  
f � (x) = √ (x + b)n + x n(x + b)n−1 ,
2 x
 
1 √
= (x + b)n−1 √ (x + b) + n x ,
2 x
 
n−1 x + b + 2nx
= (x + b) √ ,
2 x
 
(x + b)n−1 2n + 1 b
= √ x+ .
x 2 2

2n + 1 b
En posant, pour tout réel x > 0, g(x) = x + , nous obtenons
2 2
(x + b)n−1 g(x)
f � (x) = √ .
x

2. De la même façon, la fonction x �→ x est dérivable sur ]0, +∞[.
Par quotient, la fonction h est dérivable sur I =]0, +∞[.
Pour tout réel x ∈ I, nous avons
 
1 1 √
h� (x) = √ n
(x + b) − x × n(x + b) n−1
,
(x + b)2n 2 x
 
(x + b)n−1 1 √
= 2n
√ (x + b) − n x ,
(x + b) 2 x
 
1 x + b − 2nx
= √ ,
(x + n)n+1 2 x
 
1 1 − 2n b
=√ x+ .
x(x + n)n+1 2 2

1 − 2n b
En posant, pour tout réel x > 0, a(x) = x + , nous obtenons
2 2
a(x)
h� (x) = √ .
x(x + b)n+1

Dérivation 203
204 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Exercice 18. Dérivée d’une somme


Soit n ∈ N∗ . On considère la fonction sn définie sur R par

sn (x) = 1 + x + x2 + · · · + xn .

1. Calculer sn (1).
2. En calculant xsn (x) − sn (x), justifier que pour tout réel x �= 1, nous
xn+1 − 1
avons sn (x) = .
x−1
3. En déduire que pour tout réel x �= 1, nous disposons de l’égalité
nxn+1 − (n + 1)xn + 1
1 + 2x + 3x2 + · · · + nxn−1 = .
(x − 1)2
Solution
1. Nous avons sn (1) = 1 + 1 +
· · · + 1 = n + 1.
n+1 termes = 1
2. Pour tout réel x �= 1, nous avons

xsn (x) − sn (x) = x + x2 + · · · + xn + xn+1 − (1 + x + x2 + · · · + xn ),


= xn+1 − 1.

Il en résulte que, (x − 1)sn (x) = xn+1 − 1, ce qui donne

xn+1 − 1
∀x �= 1, sn (x) = .
x−1
3. Soit un réel x �= 1. D’une part, en dérivant un polynôme, nous avons

s�n (x) = 1 + 2x + 3x2 + · · · + nxn−1 .

D’autre part, en dérivant un quotient, nous obtenons

(n + 1)xn (x − 1) − (xn+1 − 1)
s�n (x) = ,
(x − 1)2
(n + 1)xn+1 − (n + 1)xn − xn+1 + 1
= ,
(x − 1)2
nxn+1 − (n + 1)xn + 1
= .
(x − 1)2

Nous en concluons que, pour tout réel x �= 1, nous disposons de l’égalité


nxn+1 − (n + 1)xn + 1
1 + 2x + 3x2 + · · · + nxn−1 = .
(x − 1)2

204 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 205

Exercice 19. Dérivée et parité


Soit f une fonction dérivable sur R.
1. Montrer que si f est paire, alors f  est impaire. Étudier la réciproque.
2. Montrer que si f est impaire, alors f  est paire.
On suppose que f (0) = 0. La réciproque est-elle vraie ?
Solution
1.
• Nous supposons que f est paire, c’est-à-dire

∀x ∈ R, f (−x) = f (x).

La fonction x �→ f (−x) est dérivable sur R par composition et la dérivée


de cette fonction est x �→ −f  (−x).
En dérivant les deux membres de l’égalité f (−x) = f (x), pour tout réel x,
nous obtenons

−f  (−x) = f  (x)), soit f  (−x) = −f  (x),

ce qui prouve que si f est paire, alors f  est impaire.


• Réciproquement, nous supposons que la dérivée f  est impaire.
Nous considérons la fonction g définie sur R par g(x) = f (x) − f (−x).
Cette fonction est dérivable sur R par composition et différence et nous
obtenons

∀x ∈ R, g  (x) = f  (x) − (−f  (−x)) = f  (x) + f  (−x).

Puisque f  est impaire, nous en déduisons

∀x ∈ R, g  (x) = f  (x) − f  (x) = 0.

En appliquant le principe de Lagrange énoncé au paragraphe 5.6.1, il existe


une constante c ∈ R tel que

∀x ∈ R, g(x) = c.

En particulier, pour x = 0, il vient

c = g(0) = f (0) − f (0) = 0,

ce qui implique, pour tout réel x,

g(x) = 0, soit f (x) = f (−x).

Dérivation 205
206 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Ainsi nous avons démontré que si f  est impaire, alors f est paire.
2.
• Nous supposons que f est impaire, c’est-à-dire

∀x ∈ R, f (−x) = −f (x).

La fonction x �→ f (−x) est dérivable sur R par composition et la dérivée


de cette fonction est x �→ −f  (−x).
En dérivant les deux membres de l’égalité f (−x) = −f (x), pour tout réel
x, nous obtenons

−f  (−x) = −f  (x)), soit f  (−x) = f  (x),

ce qui prouve que si f est impaire, alors f  est paire.


• Réciproquement, nous supposons que la dérivée f  est paire et f (0) = 0.
Nous considérons la fonction h définie sur R par g(x) = f (x) + f (−x).
Cette fonction est dérivable sur R par composition et somme et nous obte-
nons

∀x ∈ R, h (x) = f  (x) + (−f  (−x)) = f  (x) − f  (−x).

Puisque f  est paire, nous en déduisons

∀x ∈ R, h (x) = f  (x) − f  (x) = 0.

En appliquant le principe de Lagrange énoncé au paragraphe 5.6.1, il existe


une constante c ∈ R tel que

∀x ∈ R, h(x) = c.

En particulier, pour x = 0, il vient

c = h(0) = f (0) + f (0) = 2f (0) = 0,

ce qui implique, pour tout réel x,

h(x) = 0, soit f (x) = −f (−x).

Ainsi, nous avons démontré que si f  est paire et f (0) = 0, alors f est
impaire.

206 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 207

Exercice 20. Une inégalité des accroissements finis


Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I.
Nous supposons qu’il existe un réel λ tel que pour tout réel x ∈ I, on ait

f � (x) ≤ λ.

1. Étudier les variations de la fonction g définie sur I par g : x �→ f (x)−λx.


2. En déduire que si a et b sont deux éléments de I tels que a < b, alors

f (b) − f (a) ≤ λ(b − a).

Solution
1. La fonction g est dérivable sur I par différence.
Pour tout réel x ∈ I, il vient

g � (x) = f � (x) − λ.

Puisque, pour tout réel x ∈ I, f � (x) ≤ λ, nous en déduisons

g � x) ≤ 0, ce qui implique que g est décroissante sur I.

2. Soient a ∈ I et b ∈ I tels que a < b. Puisque la fonction g est décroissante


sur I, nous en déduisons

g(a) ≥ g(b), soit f (a) − λa ≥ f (b) − λb.

Nous en concluons

f (a) − f (b) ≥ λ(a − b), soit f (b) − f (a) ≤ λ(b − a).

Exercice 21. Inégalité de Bernoulli 5


1. Soit n ∈ N∗ . Déterminer le sens de variations sur [0, +∞[ de la fonction

p : x �→ xn .

2. On suppose que n ≥ 2. Quel est le sens de variations sur [0, +∞[ de la


fonction

g : x �→ (1 + x)n − nx − 1 ?

5. Famille de mathématiciens originaires d’Anvers, XVII e siècle

Dérivation 207
208 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

En déduire que, pour tout n ∈ N∗ et tout réel x ≥ 0, nous disposons de


l’inégalité de Bernoulli : (1 + x)n ≥ 1 + nx.
3. Applications . Montrer que
• ∀n ∈ N∗ , 3 n
 ≥1+ n2n.
1
• ∀n ∈ N∗ , 1 + ≥ 2.
n
• ∀n ∈ N∗ , ∀q ∈]1, +∞[, q n ≥ 1 + (n − 1)q.
Solution
1. Soit n ∈ N∗ . La fonction p est dérivable sur [0, +∞[ et

p� (x) = nxn−1 .

Il en résulte que si x ≥ 0, alors p� (x) ≥ 0, ce qui justifie que

p : x �→ xn est croissante sur [0, +∞[.

2. La fonction g est dérivable sur [0, +∞[ par composition et différence.


Nous avons
 
g � (x) = n(1 + x)n−1 − n = n (1 + x)n−1 − 1 .

Pour x ≥ 0, nous avons 1 + x ≥ 1.


Puisque n − 1 ∈ N∗ , par croissance de la fonction x �→ xn−1 sur R+ , nous
obtenons

(1 + x)n−1 ≥ 1,

ce qui prouve que g � (x) ≥ 0.


Nous en concluons que la fonction g est croissante sur [0, +∞[.
Pour n = 1, l’inégalité attendue est vérifiée.
Pour n ≥ 2, la fonction g est croissante sur [0, +∞[.
Il en résulte que

si x ≥ 0, alors g(x) ≥ g(0).

Puisque g(0) = 0, pour tout réel x ≥ 0, nous en déduisons

g(x) ≥ 0, soit (1 + x)n ≥ 1 + nx.

Nous en concluons

∀n ∈ N∗ , ∀x ∈ R+ , (1 + x)n ≥ 1 + nx.

208 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 209

3.
• En particulier pour x = 2 dans l’inégalité de Bernoulli, nous obtenons

∀n ∈ N∗ , 3n ≥ 1 + 2n.
1
• Pour tout entier n ∈ N∗ , en posant x = > 0, il vient
n
   
1 n 1 1 n
1+ ≥ 1 + n × , soit 1 + ≥ 2.
n n n
• Soit un réel q > 1. Puisque q − 1 > 0, nous pouvons appliquer l’inégalité
de Bernoulli en x = q − 1.
Pour tout entier n ∈ N∗ , nous avons

q n = (1 + (q − 1))n ≥ 1 + (q − 1)n

Remarque. Cette dernière inégalité sera utilisée dans le chapitre 6 pour


étudier le comportement d’une suite géométrique lorsque l’entier n tend vers
+∞.
Exercice 22. Extremum d’une fonction et inégalité
Soit f la fonction définie sur ]0, +∞[ par
1
f (x) = 3x3 + .
x
1. Montrer que cette fonction atteint sur ]0, +∞[ un minimum que l’on
précisera.
2. Soient trois réels a > 0, b > 0 et c > 0. Justifier l’inégalité

3abc(a3 + b3 + c3 ) + ab + ac + bc ≥ 4 3abc.

Solution
1. La fonction f est dérivable sur ]0, +∞[ par somme.
Pour tout réel x > 0, nous avons
1 9x4 − 1
f � (x) = 9x2 − = .
x2 x2
Puisque x ∈]0, +∞[, il vient

f � (x) = 0 ⇔ 9x4 = 1,
1
⇔ x2 = ,
3
1
⇔x= √ .
3

Nous en déduisons :

Dérivation 209
210 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

1
f  (x) < 0 ⇔ 0 < x < √ ,
3
1
f (x) < 0 ⇔ x > √ .

3
1 1
Ainsi la fonction f est décroissante sur ]0, √ [ et croissante sur ] √ , +∞[.
3 3
1
Comme f  (x) s’annule en x = √ en changeant de signe, nous en dédui-
3
1
sons que f atteint en x = √ un extremum qui est, relativement au sens de
3 � �
1
variations de la fonction f , un minimum égal à f √ .
3
De plus, nous obtenons
� � � � √
1 1 3 √ 1 √ 4 4 3
f √ =3 √ + 3= √ + 3= √ = .
3 3 3 3 3

Pour résumer, nous donnons le tableau de variations de la fonction f .

1
x 0 √ +∞
3
signe de f  (x) || − 0 +

4 3
variations de f || � �
3

2. Nous savons que



4 3
∀x ∈]0, +∞[, f (x) ≥ .
3
En particulier pour x = a > 0, x = b > 0 et x = c > 0, nous obtenons
⎧ √

⎪ 4 3

⎪ f (a) ≥

⎨ √3
4 3 .
⎪ f (b) ≥

⎪ 3


⎪ 4 3
⎩ f (c) ≥
3
Par addition membres à membres de ces trois inégalités, il vient

4 3
f (a) + f (b) + f (c) ≥ 3 × .
3
Nous en déduisons :

210 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 211

1 1 1 √
3(a3 + b3 + c3 ) + + + ≥ 4 3, soit
a b c
3 3 3 ab + ac + bc √
3(a + b + c ) + ≥4 3
abc
En multipliant par abc > 0 les deux membres de cette dernière inégalité,
nous en concluons

∀a > 0, b > 0, c > 0, 3abc(a3 + b3 + c3 ) + ab + ac + bc ≥ 4 3abc.

Exercice 23. Fonctions convexes


Soit f une fonction dérivable sur R. On désigne par Cf la courbe représen-
tative de la fonction f relativement à un repère orthogonal du plan.
Montrer que quel que soit le réel a, si la dérivée f  est croissante sur R,
alors la courbe Cf est au-dessus de la tangente (T ) au point de coordonnée
(a, f (a)).
Solution
Soit a un réel. Une équation de la tangente (T ) en un point de la courbe
Cf , abscisse a est :

y = f  (a)(x − a) + f (a).

Pour étudier la position de Cf relativement à la droite (T ), nous considérons


la fonction d définie sur R par d(x) = f (x) − (f  (a)(x − a) + f (a)).
Cette fonction est dérivable sur R et, pour tout réel x, nous avons

d (x) = f  (x) − f  (a).

Puisque f  est croissante, nous obtenons

si x > a, alors f  (x) > f  (a), soit d (x) > 0,


si x < a, alors f  (x) < f  (a), soit d (x) < 0.

Il en résulte que

d est décroissante sur ] − ∞, a[,


d est croissante sur ]a, +∞[.

De plus, nous observons que d (a) = 0.


Comme d (x) s’annule en x = a en changeant de signe, nous en déduisons
que d atteint en x = a un extremum qui est, relativement au sens de variations
de la fonction d, un minimum égal à d(a) = 0.
Pour résumer, nous disposons du tableau de variations suivant :

Dérivation 211
212 CHAPITRE 5. DÉRIVATION
212 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

x −∞ a +∞
x −∞ a +∞
signe de d�� (x) − 0 +
signe de d (x) − 0 +
variations de d � 0 �
variations de d � 0 �
De cette étude il résulte que, pour tout réel x,
De cette étude il résulte que, pour tout réel x,
d(x) ≥ 0, soit f (x) ≥ f (a) + (x − a)f �� (a).
d(x) ≥ 0, soit f (x) ≥ f (a) + (x − a)f (a).
Nous en concluons que, quel que soit le réel a, si la dérivée f �� est crois-
Nous en concluons que, quel que soit le réel a, si la dérivée f est crois-
sante sur R, alors la courbe Cf est au-dessus de la tangente (T ) au point de
sante sur R, alors la courbe Cf est au-dessus de la tangente (T ) au point de
coordonnée (a, f (a)).
coordonnée (a, f (a)).
Remarque. Une fonction dérivable sur un intervalle dont la représentation
Remarque. Une fonction dérivable sur un intervalle dont la représentation
graphique est au-dessus de chacune de ses tangentes est convexe. Dans le cas
graphique est au-dessus de chacune de ses tangentes est convexe. Dans le cas
contraire, on dit que la fonction est concave.
contraire, on dit que la fonction est concave.
Exercice 24. Moyenne-variance
Exercice 24. Moyenne-variance
Pour n ∈ N∗∗ , on donne n réels a1 , a2 , · · · , an . On considère la fonction f
Pour n ∈ N , on donne n réels a1 , a2 , · · · , an . On considère la fonction f
définie sur R par
définie sur R par
1  1  n
f (x) = 1 (x − a1 )22 + (x − a2 )22 + · · · + (x − an )22  = 1 n (x − a )2 .
f (x) = n (x − a1 ) + (x − a2 ) + · · · + (x − an ) = n k=1(x − akk )2 .
n n k=1
1 n n
On désigne par x = 1  a la moyenne arithmétique des n réels
On désigne par x = n k=1 akk la moyenne arithmétique des n réels
a 1 , a2 , · · · , an . n k=1
a 1 , a2 , · · · , an .
Montrer que cette fonction admet un minimum que l’on précisera.
Montrer que cette fonction admet un minimum que l’on précisera.
Solution
Solution
La fonction f est dérivable sur R par composition et somme.
La fonction f est dérivable sur R par composition et somme.
Pour tout réel x, nous avons
Pour tout réel x, nous avons
 n 
1  n

f �� (x) = 1  2(x − ak ) ,
f (x) = n 2(x − ak ) ,
n k=1 
k=1
2  
n n
n n
= 2 x− ak ,
=n x− ak ,
n k=1 k=1

k=1 k=1
2 
n
n
= 2 nx − ak ,
= n nx − ak ,
n k=1

k=1
 1
n
n

= 2 x − 1  ak ,
=2 x− n ak ,
n k=1
k=1
= 2(x − x).
= 2(x − x).

212 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 213

Il résulte de ce calcul que

si x > x, alors f  (x) > 0,


si x < x, alors f  (x) < 0.

Nous en déduisons que

f est croissante sur ]x, +∞[,


f est décroissante sur ] − ∞, x[.

Comme f  (x) s’annule en x = x en changeant de signe, nous en déduisons


que f atteint en x = x un extremum qui est, relativement au sens de variations
de la fonction f , un minimum égal à f (x).
De plus, nous avons
n
1
f (x) = (x − ak )2 ,
n
k=1
n
1 2
= (x − 2xak + a2k ),
n
k=1
n n n
1 2 1 1 2
= x − 2x × ak + ak ,
n n n
k=1 k=1 k=1
n
1 1 2
= × nx2 − 2x × x + ak ,
n n
k=1
n

1
= a2k − x2 .
n
k=1

Remarques
1 n
• Le réel positif f (x) = a2 − x2 est la variance des n réels
n k=1 k
a1 , a 2 , · · · , a n .

• Le réel f (x) est l’écart-type de ces n réels.
• Nous pouvons interpréter géométriquement la notion de variance. Nous
supposons que les n réels a1 , a2 , · · · , an sont les abscisses de n points sur une
droite munie d’un repère unitaire et nous considérons un point quelconque de
cette droite d’abscisse x.
Le réel f (x) est la moyenne arithmétique des carrés de la distance de x à
chaque réel a1 , a2 , · · · , an .
f (x) est la valeur minimum de la moyenne arithmétique des carrés de la
distance entre x et chaque réel a1 , a2 , · · · , an .

Dérivation 213
214 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Exercice 25. Règle de l’Hospital 6


Soient f et g deux fonctions dérivables sur un intervalle ouvert I.
Nous supposons qu’il existe un réel a ∈ I tel que
• f (a) = g(a) = 0,
• g � (a) �= 0.
f (x) f � (a)
Montrer que lim = � .
x→a g(x) g (a)
Application. √
x+1− x+1
Quelle est la limite en 0 de la fonction h : x �→ ?
x3 − 2x
Solution
Lorsque x tend vers a, nous observons une forme indéterminée du type
0
" ".
0
Pour tout réel x �= a, nous avons
f (x) − f (a)
f (x) f (x) − f (a) x−a
= = .
g(x) g(x) − g(a) g(x) − g(a)
x−a
Puisque les fonction f et g sont dérivables en a et g(a) �= 0, nous obtenons,
par quotient de deux limites en a
f (x) f � (a)
lim = � .
x→a g(x) g (a)
Application. Nous posons

f (x) = x + 1 − x + 1 et g(x) = x3 − 2x.
La fonction f est dérivable pour tout réel x ∈] − 1, +∞[, et nous avons
1
f � (x) = 1 − √ .
2 x+1
La fonction g est dérivable pour tout réel x ∈ R, et nous avons
g � (x) = 3x2 − 2
Nous vérifions que

f (0) = g(0) = 0
.
g � (0) = −2 �= 0
Nous sommes en mesure d’appliquer la règle de l’Hospital, ce qui donne
1
f (x) f � (0) 1
lim h(x) = lim = � = 2 =− .
x→0 x→0 g(x) g (0) −2 4
6. Mathématicien français, XVII e siècle

214 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 215

Exercice 26. Une aire minimale


Un carré ABCD est donné tel que AB = 1.
On désigne par C et C  deux cercles tangents entre eux, centrés respective-
ment en I ∈ [AB] et J ∈ [BC].
On suppose de plus que A ∈ C et C ∈ C  .

On pose AI = x ∈ [0, 1] et CJ = y.
1. Exprimer y en fonction de x.
Nous souhaitons déterminer pour quelle valeur du réel x, l’aire s(x) des
deux disques grisés sur la figure est-elle minimale ?
2. Justifier que, pour tout réel x ∈ [0, 1], nous avons
 2 
x2 + 1 2x(1 − x)
s(x) = π −
x+1 x+1

3. Prouver que, pour tout réel x ∈ [0, 1], il existe deux trinômes p et q du
second degré tels que
2πp(x)q(x)
s (x) = .
(x + 1)3
4. En déduire que la fonction x �→ s(x) atteint un minimum en un unique
réel a ∈ [0, 1] que l’on précisera.
5. Calculer CJ lorsque x = a. En déduire s(a) et faire une figure dans ce
cas.
Solution
1. Nous appliquons le théorème de Pythagore dans la triangle IBJ rectangle
en B. Il vient

IJ 2 = BI 2 + BJ 2 , soit (x + y)2 = (1 − x)2 + (1 − y)2 .

Dérivation 215
216 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Nous notons [1] cette égalité.


En développant, nous sommes amenés à résoudre une équation d’inconnue
y, ce qui donne

[1] ⇔ x2 + 2xy + y 2 = 1 + x2 − 2x + 1 + y 2 − 2y,


⇔ xy + y = 1 − x,
⇔ y(1 + x) = 1 − x.

Puisque x ∈ [0, 1], 1 + x �= 0, ce qui permet de conclure par


1−x
y= .
1+x
2. Pour x ∈ [0, 1], nous avons

s(x) = π(x2 + y 2 ).

En observant l’expression attendue de s(x) nous utilisons l’identité

x2 + y 2 = (x + y)2 − 2xy,

ce qui donne
 
s(x) = π (x + y)2 − 2xy ,
  
1−x 2 1−x
=π x+ − 2x ,
1+x 1+x
 2 
x2 + 1 2x(1 − x)
=π − .
x+1 1+x

3. Sur l’intervalle [0, 1], la fonction x �→ s(x) est dérivable par composition,
quotient et différence.
Comme le calcul est conséquent, pour tout x ∈ [0, 1], nous posons
 2 2
x +1 2x(1 − x) 2(x − x2 )
u(x) = et v(x) = = .
x+1 x+1 x+1
Ainsi nous obtenons

∀x ∈ [0, 1], s(x) = π (u(x) − v(x)).

216 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 217

• Calculons u (x), il vient

2x(x + 1) − (x2 + 1) x2 + 1
u (x) = 2 × × ,
(x + 1)2 x+1
2(x2 + 2x − 1)(x2 + 1)
= .
(x + 1)3

• Calculons v  (x), nous avons

(1 − 2x)(x + 1) − (x − x2 )
v  (x) = 2 × ,
(x + 1)2
x2 + 2x − 1
= (−2) .
(x + 1)2

• Nous en déduisons
 
s (x) = π u (x) − v  (x) ,
 2 
(x + 2x − 1)(x2 + 1) x2 + 2x − 1
= 2π + ,
(x + 1)3 (x + 1)2
 
2π(x2 + 2x − 1) x2 + 1
= +1 ,
(x + 1)2 x+1
2π(x2 + 2x − 1) x2 + x + 2
= × ,
(x + 1)2 x+1
2π(x2 + 2x − 1)(x2 + x + 2)
= .
(x + 1)3

En posant

p(x) = x2 + 2x − 1 et q(x) = x2 + x + 2,

nous en concluons
2πp(x)q(x)
∀x ∈ [0, 1], s (x) = .
(x + 1)3
4. Pour tout réel x ∈ [0, 1], nous remarquons que

q(x) = x2 + x + 2 > 0.

Par conséquent, le signe de s (x) sur [0, 1] est le signe de p(x) = x2 +2x−1.
Nous avons
√ √
Δ = 12 − (−1) = 2, ce qui donne x = −1 − 2 ou x = −1 + 2.

Dérivation 217
218 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Puisque x ∈ [0, 1], seule la valeur a = 2 − 1 convient.
Il en résulte que

si x ∈ [0, 2 − 1[, alors s (x) < 0,

si x ∈] 2 − 1, 1], alors s (x) > 0.

Par suite, il vient



s est décroissante sur [0, 2 − 1[,

s est croissante sur ] 2 − 1, 1].

De plus s (x) s’annule en x = a = 2 − 1 en changeant de signe, nous en
déduisons que x �→ s(x) atteint en x = a un extremum qui est relativement au
sens de variations de cette fonction un minimum égal à f (a).
Pour résumer, nous disposons du tableau de variations suivant :

x 0 a= 2−1 1
signe de s (x) − 0 +
variations de s � f (a) �
5. Lorsque x = a = AI, nous avons
√ √
1−a 1 − ( 2 − 1) 2− 2 √
CJ = y = = √ = √ = 2 − 1 = a.
a+1 2−1+1 2
Nous en déduisons
√ √
s(a) = π(a2 + a2 ) = 2πa2 = 2π( 2 − 1)2 = 2π(3 − 2 2).

Quand x = y = a les deux cercles C et C  ont le même rayon et restituent


ainsi deux disques de même aire, ce qui correspond au minimum atteint par la
fonction x �→ s(x).

218 Chapitre 5
5.7. EXERCICES CORRIGÉS 219

Exercice 27. Une équation fonctionnelle


Soit une fonction f dérivable sur R satisfaisant aux propriétés suivantes :
• f  (0) = 1.
• ∀x ∈ R, ∀a ∈ R, f (a + x) = f (a)f (x). [1]
1. Justifier que f (0) = 1.
2. Montrer que pour tout réel x, f (x) > 0.
3. Nous supposons que a est un réel fixé.
On considère la fonction g définie sur R par g(x) = f (a + x) − f (a)f (x).
En dérivant la fonction g de deux façons, prouver que

∀x ∈ R, f  (x + a) = f (a)f  (x). [2]

En déduire que

f = f.

Solution
1. En particulier, pour x = a = 0 dans [1], nous avons

f (0) = [f (0)]2 , soit f (0)(1 − f (0)) = 0.

Il en résulte que f (0) = 0 ou f (0) = 1.


Si f (0) = 0, alors en particulier pour a = 0 dans [1], nous obtenons, pour
tout réel x,

f (x) = f (x + 0) = f (x)f (0) = 0,

ce qui implique

∀x ∈ R, f  (x) = 0.

En particulier f  (0) = 0, ce qui est en contradiction avec f  (0) = 1.


Par l’absurde, nous en concluons que

f (0) = 1.
u
2. En particulier, pour x = a = dans l’égalité [1], pour tout réel u, il
2
vient
 u 2
f (u) = f ( ) ≥ 0.
2
Supposons qu’il existe un réel x0 tel que f (x0 ) = 0.
Pour tout réel a, en posant x = a + x0 , nous appliquons à nouveau l’égalité
[1].

Dérivation 219
220 CHAPITRE 5. DÉRIVATION

Pour tout réel x, nous avons

f (x) = f (a + x0 ) = f (a)f (x0 ) = 0,

ce qui implique

∀x ∈ R, f  (x) = 0.

Cela est contradictoire avec la condition f  (0) = 1.


Par l’absurde, nous avons prouvé que

∀x ∈ R, f (x) > 0.

3.
• D’une part, pour tout réel x, nous avons

g(x) = 0, ce qui implique g  (x) = 0.

• D’autre part, par composition et différence et puisque f (a) est une


constante, pour tout réel x, nous obtenons

g  (x) = f  (a + x) − f (a)f  (x).

Nous en déduisons que pour tout réel x, il vient

f  (a + x) − f (a)f  (x) = 0, soit f  (a + x) = f (a)f  (x).

En particulier pour x = 0 dans [2], nous avons

∀a ∈ R, f  (a) = f  (0)f (a).

Puisque f  (0) = 1, nous en concluons

∀a ∈ R, f  (a) = f (a), soit f  = f .

Remarque. Nous verrons au chapitre 7 que la fonction exponentielle est


l’unique fonction f dérivable sur R satisfaisant à

f  = f et f (0) = 1.

220 Chapitre 5
CHAPITRE 6
Chapitre 6
Suites
Suites

La notion de suite est essentielle puisque c’est un pré-requis à une branche


importante des mathématiques que l’on nomme mathématiques "discrètes".
Le terme "discret" est proposé en opposition au terme "continu" comme par
exemple une variable réelle.
Il s’agit donc de considérer une suite comme un "processus" qui dépend
d’une variable entière et plus précisément comme une fonction définie sur N
(ou sur une partie de N).
Dès à présent, nous précisons que l’étude d’une suite est différente de l’étude
d’une fonction d’une variable réelle. En effet dans l’ensemble des entiers natu-
rels nous ne disposons pas de la notion d’intervalle de R. Ainsi la notion de
limite en un point et de dérivabilité ne sont plus adaptées pour l’étude d’une
suite. Nous conserverons cependant, pour cette dernière, des propriétés quali-
tatives d’une fonction comme celles qui sont liées à l’ordre dans N, c’est-à-dire
les notions de sens de variations, de majorant ou de minorant.
En terme de limite, la seule observation qui a du sens, pour une variable
entière n, est lorsque n tend vers +∞.
Ceci sera pour nous, une première incursion dans le langage des limites
finies ou infinies lorsque n tend vers +∞.
La notion de suites est ancienne puisque par exemple, Archimède, au IIIe
siècle avant notre ère, a utilisé des suites pour encadrer π.
Au XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles de nombreux mathématiciens se sont
intéressés aux suites mais c’est avec Cauchy (1789-1857) et Peano (1858-1932)
que la théorie a été rigoureusement fondée telle que nous l’utilisons de nos
jours.

221 Suites 221


222 CHAPITRE 6. SUITES

Les suites sont utilisées dans de nombreux domaines.


Citons par exemple :
- les sciences de la vie et de la terre, avec notamment la suite de Fibonacci
ou la datation du carbone 14,
- en physique, la théorie du signal et la science du numérique,
- en démographie, l’étude de différents modèles d’évolution des populations,
- en théorie du chaos, avec le concept de fractales.

6.1 Généralités sur les suites


6.1.1 Les définitions
Définition (suite définie sur N). Une suite est une fonction u définie sur N.
Pour tout entier naturel n, nous posons u(n) = un (lire u indice n).
On dit que un est le terme de rang n ou le terme général de la suite u.
La donnée de la suite u de terme général un est notée (un ) ou bien (un )n∈N .

Définition (intervalle de N). Soit n0 un entier naturel. Un intervalle de N,


noté n0 , +∞[, est défini par

n0 , +∞[= [n0 , +∞[ ∩ N = {n0 , n0 + 1, n0 + 2, · · · }.

Définition (suite définie à partir d’un certain rang). Soit n0 ∈ N. Lorsque la


suite (un ) est définie sur l’intervalle n0 , +∞[, on dit que cette suite est définie
à partir du rang n0 , c’est-à-dire pour tout entier n ≥ n0 .
On note (un )n≥n0 la donnée d’une suite définie à partir du rang n0 .

Exemples. Nous en proposons deux.


1
• La suite (un ) est définie sur N par son terme général un = .
n+1
1 1
Nous avons u0 = 1, u1 = , u2 = , · · · .
2 3
Plus généralement, pour tous n et p entiers naturels, nous avons
1 1 1
un+1 = = et un+p = .
(n + 1) + 1 n+2 n+p+1

• La suite (vn ) est définie sur N∗ , donc à partir du rang n0 = 1, par


1
vn = .
n(n + 1)
Nous avons :

222 Chapitre 6
6.1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SUITES 223

1 1
v 1 = , v2 = , · · · ,
2 6
et plus généralement, pour tout entier n ≥ 1,

1 1 1
v2n = et v2n+1 = = .
2n(2n + 1) (2n + 1)(2n + 1 + 1) 2(n + 1)(2n + 1)

6.1.2 Différentes modalités pour définir une suite

Suite définie explicitement

Définition. Soit a un réel et f une fonction définie sur l’intervalle [a, +∞[.
On définit une suite (un ), explicitement en fonction de n, en posant

un = f (n), avec n ∈ [a, +∞[∩N.

Exemples. Nous en proposons


 deux.
3 3
• La fonction f : x �→ x − , définie sur [ , +∞[ génère la suite (un )
2 2
définie par

3 3
un = f (n) = n − , avec n ∈ [ , +∞[∩N = 2, +∞[.
2 2

Ainsi cette suite est définie à partir du rang 2.


1
• La fonction g : x �→ 3 , définie sur ] − 1, +∞[ induit la suite (vn )
x +1
définie par

1
vn = g(n) = , avec n ∈] − 1, +∞[∩N = N.
n3 + 1
Ainsi cette suite est définie sur N.

Remarques. Nous disposons des points suivants :


• si a ∈ N, alors [a, +∞[∩N = a, +∞[,
/ N, alors [a, +∞[∩N = n0 + ∞[, avec n0 = �a� + 1.
• si a > 0 et a ∈
• La représentation graphique de la suite(un ) telle que un = f (n) est le
sous-ensemble Γ du plan défini par

Γ = {(n, f (n))/n ∈ [a, +∞[∩N} .

Ci-après, nous représentons graphiquement notre premier exemple.

Suites 223
224 CHAPITRE 6. SUITES

Suite définie par récurrence

Définition. Soient f une fonction définie sur un intervalle I et a ∈ I.


Une suite (un ) définie à partir du rang n0 ∈ N est donnée par itération de
la fonction f si et seulement si

un0 = a,
∀n ≥ n0 , un ∈ I et un+1 = f (un ).

Remarques. Nous disposons des deux points suivants :


• l’égalité un+1 = f (un ) est une relation de récurrence,
• l’itération des termes de la suite dépend du 1er terme un0 , c’est-à-dire de
l’initialisation de la récurrence.

Exemples. Nous en proposons deux qui mettent en place la représentation


sur la droite des abscisses, des premiers termes d’une suite donnée par une
formule de récurrence.
1er Exemple.
Nous considérons la suite (un ) définie sur N par son premier terme u0 ≥ −3
et la relation de récurrence

∀n ∈ N, un+1 = 3 + un .

Les termes de cette suite sont itérés par la fonction f : x �→ x + 3 qui est
définie sur [−3, +∞[.
Dans un repère orthonormal du plan, nous désignons par Δ la droite d’équa-
tion y = x et par l l’abscisse du point d’intersection de la courbe Cf avec la
droite Δ.

224 Chapitre 6
6.1. GÉNÉRALITÉS SUR LES SUITES 225

Les premiers termes de la suite, obtenus comme images par f sur la droite
des ordonnées, sont représentés sur la droite des abscisses grâce au "rabatte-
ment" de ces derniers en passant par la droite Δ d’équation y = x.
Ci-après, nous représentons graphiquement les premiers termes de la suite
en distinguant les deux cas :

u0 ∈ [−3, l[ ou u0 ∈]l, +∞[,

ce qui justifie la dépendance de l’itération des termes de la suite vis-à-vis de


son 1er terme.

u0 ∈ [−3, l[

u0 ∈]l, +∞[

Nous remarquons que :


- le réel l est une solution de l’équation f (x) = x,
- si u0 = l, alors la suite (un ) est constante, c’est-à-dire

∀n ∈ N, un = l.

2e Exemple.
Nous considérons la suite (un ) définie sur N par son premier terme u0 ∈]0, 1[
et la relation de récurrence

1
∀n ∈ N, un+1 = 1 + .
un

Suites 225
226 CHAPITRE 6. SUITES

1
Les termes de cette suite sont itérés par la fonction f : x �→ 1 + , définie
x
sur ]0, +∞[.
En utilisant la méthode exposée dans le premier exemple, nous représentons
graphiquement les premiers termes de la suite.

Suite définie par un algorithme


Définition. Une suite est définie par un algorithme lorsque pour un entier N
saisi par l’utilisateur, cet algorithme restitue le terme de la suite de rang N .

Exemple. Nous reprenons le dernier exemple exposé précédemment. L’algo-


rithme proposé ci-dessous permet de restituer un terme quelconque de rang N .
Ce rang et la valeur initiale du réel a ∈]0, 1[ sont choisis par l’utilisateur.

n=int ( input ( "n=" ) )


U ←a a=f l o a t ( input ( "a=" ) )
Pour I allant de 1 à N u=a
1
U ←1+ f o r i in range ( 1 , n +1):
U
Fin Pour u=1+1/u
print ( u )

226 Chapitre 6
6.2. PROPRIÉTÉS QUALITATIVES D’UNE SUITE 227

6.2 Propriétés qualitatives d’une suite


6.2.1 Sens de variation d’une suite
Définition. Soit (un ) une suite définie à partir du rang n0 ∈ N.
On dit que cette suite est :
• croissante si et seulement si pour tout entier n ≥ n0 , un ≤ un+1 .
• décroissante si et seulement si pour tout entier n ≥ n0 , un ≥ un+1 .

Remarques. Nous disposons des deux points suivants :


• En remplaçant un ≤ un+1 (respectivement un ≥ un+1 ) par un < un+1
(respectivement un > un+1 ), la suite est strictement croissante (respectivement
strictement décroissante).
• En général, pour étudier la monotonie d’une suite (un ), on détermine,
pour n ≥ n0 , le signe de un+1 − un .

Exemples. Nous en donnons deux ainsi qu’un contre-exemple.


1er Exemple
2n
Nous considérons la suite (un ) définie sur N par un = .
n+2
Pour tout entier naturel n, nous avons

2(n + 1 2n
un+1 − un = − ,
n+3 n+2
2(n + 1)(n + 2) − 2n(n + 3)
= ,
(n + 2)(n + 3)
2
= .
(n + 2)(n + 3)

Il en résulte que, pour tout n ∈ N, un+1 − un > 0.


Nous en concluons que la suite (un ) est croissante strictement.
2e Exemple Nous considérons la suite (un ) définie par récurrence sur N,
son premier terme u0 est donné et nous avons

∀n ∈ N, un+1 = un (1 − un ).

Pour tout entier naturel n, nous avons

un+1 − un = un (1 − un ) − un = un (1 − un − 1) = −u2n ≤ 0.

Nous en déduisons que, pour tout n ∈ N, un+1 − un ≤ 0, ce qui prouve que


la suite (un ) est décroissante.

Suites 227
228 CHAPITRE 6. SUITES

Un contre-exemple
(−1)n
Nous considérons la suite (un ) définie sur N∗ par un = .
n
1 1
Nous avons u1 = −1, u2 = et u2 = − .
2 3
Il en résulte que u1 < u2 et u2 > u3 .
C’est un contre-exemple qui justifie que cette suite n’est pas monotone.

Proposition (suite strictement positive).


Soient n0 ∈ N et (un )n≥n0 une suite.
On suppose

∀n ≥ n0 , un > 0.

Les deux propositions suivantes sont équivalentes :


un+1
(i) ∀n ≥ n0 , ≥ 1,
un
(ii) la suite (un ) est croissante.

Démonstration.
Nous commençons par justifier que
(i) ⇒ (ii)
Pour n ≥ n0 , en multipliant par un > 0 les deux membres de l’inégalité
un+1
≥ 1, nous en déduisons
un
un+1 ≥ un ,

ce qui prouve que cette suite est croissante.


Réciproquement montrons que
(ii) ⇒ (i) Nous supposons que la suite (un ) est croissante.
Pour n ≥ n0 , en divisant par un > 0 les deux membres de l’inégalité
un+1 ≥ un , , nous en déduisons

un+1
≥ 1,
un

ce qui prouve (i).

Remarque. Nous disposons également de la proposition


un+1
∀n ≥ n0 , ≤ 1 ⇔ (un ) décroissante.
un
Exemple. Pour a ∈]0, 1[, nous considérons la suite (un ) définie sur N∗ par :

228 Chapitre 6
6.2. PROPRIÉTÉS QUALITATIVES D’UNE SUITE 229

2n
∀n ≥ 1, un = .
an
Nous remarquons que, pour tout entier n ≥ 1, un > 0.
Nous pouvons donc appliquer la proposition précédente. Il vient

un+1 2(n + 1) an 1 n+1


= n+1
× = × .
un a 2n a n

Puisque
1
a ∈]0, 1[ implique >1
a
n+1
n ≥ 1 implique n + 1 > n, soit > 1,
n
nous en déduisons
1 n+1 un+1
× > 1, soit > 1.
a n un
Nous en concluons que la suite (un ) est croissante strictement.

Proposition (variation d’une suite définie explicitement).


Soient n0 ∈ N et f une fonction définie sur [n0 , +∞[.
On considère la suite (un ) définie pour n ≥ n0 par un = f (n).
• Si f est croissante sur [n0 , +∞[, alors la suite (un ) est croissante.
• Si f est décroissante sur [n0 , +∞[, alors la suite (un ) est décroissante.

Démonstration.
On suppose que f est croissante sur [n0 , +∞[.
Pour tout entier n ≥ n0 , nous avons

un+1 − un = f (n + 1) − f (n).

Puisque f est croissante sur [n0 , +∞[, nous savons

n < n + 1 implique f (n) ≤ f (n + 1), soit f (n + 1) − f (n) ≥ 0.

Nous en déduisons que un+1 − un ≥ 0, ce qui prouve que la suite(un ) est


croissante.
La preuve est analogue lorsque f est décroissante sur [n0 , +∞[

Exemple.
Nous considérons la suite (un ) définie sur N par :

Suites 229
230 CHAPITRE 6. SUITES

2n3
∀n ≥ 0, un = .
n+2

2x3
En considérant la fonction f : x �→ , qui est définie sur [0, +∞[, cette
x+2
suite est définie explicitement car

∀n ≥ 0, un = f (n).

La fonction f est dérivable par quotient sur [0, +∞[. Pour tout réel x ≥ 0,
nous obtenons
6x2 (x + 2) − 2x3 4x3 + 12x2
f  (x) = = .
(x + 2)2 (x + 2)2

Pour x ∈ [0, +∞[, nous avons

f  (x) ≥ 0, ce qui justifie que f est croissante sur [0, +∞[.

La proposition précédente permet de conclure que la suite (un ) est crois-


sante.

Remarques. Nous en donnons deux.


• Les réciproques des deux implications ci-dessus sont fausses.
En d’autres termes, comme l’illustre le contre-exemple ci-après, nous pou-
vons trouver une fonction g non monotone sur un intervalle tel que la suite
(vn ) définie par vn = g(n) soit monotone. Soit g la fonction définie sur [1, +∞[
par

cos(2πx)
g(x) = .
x
Nous considérons la représentation graphique de cette fonction.

Nous observons que g n’est pas monotone sur [1, +∞[.


Mais, pour tout entier n ≥ 1, nous avons

cos(2πn) 1
vn = g(n) = = .
n n

230 Chapitre 6
6.2. PROPRIÉTÉS QUALITATIVES D’UNE SUITE 231

Par conséquent la suite (vn )n≥1 est décroissante.


• Il s’agit ici de retenir que cette proposition ne s’applique pas à une suite
définie par récurrence .
Nous prenons comme exemple la suite (un ) obtenue par l’itération de la
1
fonction affine f : x �→ (x + 3), en prenant pour terme initial u0 > 3.
2
Graphiquement, nous avons :

Nous observons que la fonction f est croissante sur R, bien que la suite
(un ) soit décroissante.

6.2.2 Suite majorée, minorée, bornée

Définition.
Soient n0 ∈ N et (un ) une suite définie à partir du rang n0 .
On dit que cette suite est
• majorée si et seulement si

∃M ∈ R, ∀n ≥ n0 , un ≤ M ,

• minorée si et seulement si

∃m ∈ R, ∀n ≥ n0 , un ≥ m,

• bornée si et seulement si

elle est majorée et minorée.

Remarques. Elles sont au nombre de trois.


• Avec les données de la définition, on dit que :

Suites 231
232 CHAPITRE 6. SUITES

M est un majorant de la suite (un ),


m est un minorant de la suite (un ).
• Si la suite (un )n≥n0 est croissante, alors
∀n ≥ n0 , un0 ≤ un0 +1 ≤ · · · ≤ un ≤ · · ·
Par conséquent la suite (un ) est minorée par son premier terme un0 .
• Si la suite (un )n≥n0 est décroissante, alors :
∀n ≥ n0 , un0 ≥ un0 +1 ≥ · · · ≥ un ≥ · · ·
Par conséquent la suite (un ) est majorée par son premier terme un0 .
Exemple.
1
Nous considérons la suite définie sur N∗ par un = + (−1)n .
n
Pour tout entier n ≥ 1, nous avons
1
−1 ≤ (−1)n ≤ 1 et 0 <
≤ 1,
n
ce qui, par addition membres à membres, donne
∀n ≥ 1, −1 ≤ un ≤ 2.
Nous en concluons que (un ) est minorée par −1 et majorée par 2.
Elle est donc bornée.

6.2.3 Suite périodique


Définition. Soient p ∈ N∗ et n0 ∈ N. Une suite (un )n≥n0 est périodique, de
période p si et seulement si
∀n ≥ n0 , un+p = un .
On dit aussi que cette suite est p-périodique.
Exemples. Nous en proposons deux.
• La suite (un ) définie sur N par un = (−1)n est 2-périodique car pour
tout entier n, on a
un+2 = (−1)n+2 = (−1)n × (−1)2 = (−1)n = un .
• Nous considérons le nombre rationnel
24
= 1, 846153846153 · · · .
13
La suite (dn ) définie sur N∗ telle que dn soit la ne décimale dans le déve-
loppement de la fraction proposée est périodique de période 6.

232 Chapitre 6
6.3. SUITE ARITHMÉTIQUE 233

6.3 Suite arithmétique


Dans ce paragraphe, pour alléger l’exposé, nous supposons, sauf mention
contraire, que les suites considérées sont définies sur N.

6.3.1 Définition - Exemples

Définition (par récurrence). Une suite (un ) est arithmétique si et seulement


si, u0 étant donné, il existe un réel r tel que, pour tout n ∈ N,

un+1 = un + r.

Le réel r est appelé la raison de cette suite.

Exemples. Nous donnons quatre suites arithmétiques de premier terme u0 et


de raison r.
• La suite des entiers naturels :

u0 = 0 et r = 1.

• La suite des entiers naturels pairs :

u0 = 0 et r = 2.

• La suite des entiers naturels impairs :

u0 = 1 et r = 2.

• La suite définie sur N, de terme général un = 5n − 2.


En effet, pour tout entier naturel n, nous avons u0 = −2 et

un+1 − un = 5(n + 1) − 2 − (5n − 2) = 5 = r.

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Une méthode efficace pour prouver qu’une suite (un ) est arithmétique
est de justifier que, pour tout entier naturel n, un+1 − un est une constante
indépendante de l’entier n.
• Pour prouver qu’une suite n’est pas arithmétique, nous donnons un
contre-exemple, en vérifiant que

u1 − u0 �= u2 − u1 .

Suites 233
234 CHAPITRE 6. SUITES

• Une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r est itérée par


la fonction affine f : x �→ x + r.
Nous donnons graphiquement les premiers termes d’une suite arithmétique
de raison r en distinguant deux cas : r > 0 ou r < 0.

r>0 r<0

• Cas particulier.
Si r = 0, alors la suite (un ) est constante et cette dernière est égale à u0 .

Proposition (une justification du terme arithmétique). Soient a,b et c trois


réels.
Les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) a, b et c sont les trois termes consécutifs d’une suite arithmétique,
(ii) le réel b est la moyenne arithmétique des réels a et c, c’est-à-dire

a+c
b= .
2
Démonstration. Soient a, b et c trois réels.
(i) ⇒ (ii)
Nous supposons que a, b et c sont les trois termes consécutifs d’une suite
arithmétique de raison r. Nous avons par définition

b − a = r et c − b = r.

Nous en déduisons que

b − a = c − b, soit 2b = a + c.

234 Chapitre 6
6.3. SUITE ARITHMÉTIQUE 235

a+c
Nous en concluons que b = .
2
(ii) ⇒ (i)
a+c
Nous supposons réciproquement que b = .
2
Nous en déduisons

2b = a + c, soit b − a = c − b,

ce qui prouve que a, b et c sont les trois termes consécutifs d’une suite arith-
métique de raison r = b − a.

6.3.2 Propriétés d’une suite arithmétique


Proposition (calcul explicite de un en fonction de n, u0 et r). Soit (un ) une
suite arithmétique de premier terme u0 et de raison le réel r. Nous avons

∀n ∈ N, un = u0 + nr.

Démonstration. Soit n ∈ N.
Pour n = 0, l’égalité attendue est vraie.
Nous supposons que n ≥ 1. Puisque la suite (un ) est arithmétique de raison
r, nous avons, pour tout entier k ∈ 0, n − 1,

uk+1 − uk = r.

Nous en déduisons que



n−1 
n−1
(uk+1 − uk ) = r.
k=0 k=0

Or, par "télescopage", nous obtenons



n−1
(uk+1 − uk ) = un − u0 .
k=0

De plus, nous avons



n−1
r = nr.
k=0

Par conséquent, il vient

un − u0 = nr, soit un = u0 + nr.

Cette égalité étant vraie au rang n = 0, nous en concluons :

Suites 235
236 CHAPITRE 6. SUITES

∀n ∈ N, un = u0 + nr.

Remarque. Cette proposition peut aussi être démontrée par récurrence.

Proposition (relation entre deux termes quelconques). Soit (un ) une suite
arithmétique de premier terme u0 et de raison le réel r. Pour tous entiers
naturels p et k, nous avons

up − uk = (p − k)r.

Démonstration. Soient deux entiers naturels p et k. Nous avons

up = uo + pr et uk = uo + kr.

Par soustraction, nous en concluons

up − uk = pr − kr = (p − k)r.

Remarques. Selon le rang initial, nous avons :


• Si la suite arithmétique (un ) est définie à partir du rang n = 1, pour
tout entier naturel n ≥ 1,

un − u1 = (n − 1)r, soit un = u1 + (n − 1)r.

• Si la suite arithmétique (un ) est définie à partir du rang n = n0 , pour


tout entier naturel n ≥ n0 ,

un − un0 = (n − n0 )r, soit un = un0 + (n − n0 )r.

Exemples. Nous en donnons deux.


1er Exemple. La suite (un ) est arithmétique de raison r = 3 telle que
u100 = 290. Nous avons

u2019 − u100 = (2019 − 100)r, soit u2019 = 290 + 1919 × 3 = 6047.

2e Exemple. La suite (un ) est arithmétique telle que

u16 = 12 et u31 = −18.

Nous en déduisons
u31 − u16 −18 − 12
r= = = −2.
31 − 16 15

236 Chapitre 6
6.3. SUITE ARITHMÉTIQUE 237

6.3.3 Somme des termes consécutifs d’une suite arithmétique


Proposition (somme des n premiers entiers). Pour tout n ∈ N∗ , nous dispo-
sons de l’égalité
n(n + 1)
1 + 2 + 3 + ··· + n = .
2
Démonstration. Soit un entier naturel n ≥ 1.
Nous considérons la somme à évaluer en écrivant ses termes en ordre crois-
sant puis décroissant. Ainsi nous posons

s = 1 + 2 + 3 + · · · + (n − 1) + n,
s = n + (n − 1) + · · · + 3 + 2 + 1.

Par addition membres à membres, nous obtenons

2s = (1 + n) + (2 + n − 1) + · · · + (n − 1 + 2) + (n + 1),
= (n + 1) + (n + 1) + · · · + (n + 1),
  
n termes égaux

= n(n + 1).

Nous en concluons que


n(n + 1)
s = 1 + 2 + 3 + ··· + n = .
2
Remarques. Nous en faisons ici deux.
• 1 + 2 + 3 + · · · + n est la somme des n premiers termes d’une suite
arithmétique de premier terme 1 et de raison r = 1.
• Pour n ∈ N∗ , l’égalité 2s = n(n + 1) prouve que le produit de deux
entiers naturels consécutifs est un multiple de 2.

Proposition (somme des n + 1 premiers termes d’une suite arithmétique).



n
Soit S = u0 + u1 + · · · + un = uk la somme des n + 1 premiers termes d’une
k=0
suite arithmétique (un ) de premier terme u0 et de raison le réel r.
Pour tout entier naturel n, nous avons
 
u0 + un
S = (n + 1) .
2

Suites 237
238 CHAPITRE 6. SUITES

Démonstration. Puisque la suite (un ) est arithmétique de premier terme u0


et de raison r, pour tout k ∈ [|0, n|], nous avons

uk = u0 + kr,

ce qui donne
n

S= uk ,
k=0
n
= (u0 + kr),
k=0
n
 n

= u0 + kr,
k=0 k=0
n

= (n + 1)u0 + r k,
k=1
n(n + 1)
= (n + 1)uo + r,
 2
nr
= (n + 1) u0 + ,
 2 
2u0 + nr
= (n + 1) ,
2
 
u0 + u0 + nr
= (n + 1) ,
2
 
u0 + un
= (n + 1) .
2

Proposition (cas général). Soit (un ) une suite arithmétique de raison r. Pour
tous les entiers naturels m et p tels que p > m, nous avons
 
u m + up
um + um+1 + · · · + up = (p − m + 1) .
2
Démonstration. Soient deux entiers naturels m et p tels que p > m.
Nous posons q = p − m ∈ N∗ et S = um + um+1 + · · · + up .
En appliquant la relation reliant deux termes quelconques d’une suite arith-
métique, nous obtenons

um+1 = um + r,
um+2 = um + 2r,
..
.
up = um+q = um + qr.

238 Chapitre 6
6.3. SUITE ARITHMÉTIQUE 239

Par addition membres à membres, nous avons

S = um + (um+1 + · · · + up ) ,
= um + (um + r) + (um + 2r) + · · · + (um + qr),
= um + um + · · · + um +r(1 + 2 + · · · + q),
  
q+1 termes
q(q + 1)
= (q + 1)um + r ,
 2

rq
= (q + 1) um + .
2

Puisque q = p − m, il vient
 
r(p − m)
S = (p − m + 1) um + ,
2
 
2um + (p − m)r
= (p − m + 1) ,
2
 
um + um + (p − m)r
= (p − m + 1) ,
2
 
u m + up
= (p − m + 1) .
2

Remarques. Nous en donnons de trois .


• Si (un ) est initialisée au rang n = 1, nous avons
 
u1 + u n
S = u1 + u 2 + · · · + u n = n × .
2

• Si (un ) est initialisée au rang n = n0 , nous avons


 
un 0 + u n
S = un0 + un0 +1 + · · · + un = (n − n0 + 1) × .
2
• Nous pouvons retenir la formule générique
 
premier terme + dernier terme
S = (nombre de termes) × .
2
Exemples. Nous en proposons deux pour observer l’influence du terme initial.
1er exemple. Initialisation au rang n = 0.
On se propose de calculer la somme S = 1 + 5 + 9 + · · · + 77 + 81.
Le réel S est la somme des premiers termes d’une suite arithmétique de
premier terme u0 = 1 et raison r = 4.

Suites 239
240 CHAPITRE 6. SUITES

Nous cherchons l’entier n tel que la somme S comporte n+1 termes puisque
la suite est initialisée au rang n = 0.
Pour cet entier, nous avons

un = 81 = u0 + nr = 1 + 4n,

ce qui implique
81 − 1
n= = 20.
4
Par conséquent cette somme comporte 21 termes, et nous obtenons
   
u0 + u20 1 + 81
S = (20 + 1) = 21 × = 861.
2 2
2e exemple. Initialisation au rang n = 1.
Nous calculons à présent la somme S = 0, 5 + 0, 75 + 1 + · · · + 12, 5 + 12, 75.
Le réel S est la somme des premiers termes d’une suite arithmétique de
premier terme u1 = 0, 5 et raison r = 0, 25.
Nous cherchons l’entier n tel que la somme S comporte n termes puisque
la suite est initialisée au rang n = 1.
Pour cet entier, nous avons

un = 12, 75 = u1 + (n − 1)r = 0, 5 + (n − 1)0, 25,

ce qui implique
12, 75 − 0, 5
n−1= = 49.
0, 25
Par conséquent cette somme comporte 50 termes, et nous en concluons
   
u1 + u50 0, 5 + 12, 75
S = 50 = 50 × = 331, 25.
2 2

240 Chapitre 6
6.4. SUITE GÉOMÉTRIQUE 241

6.4 Suite géométrique


Dans ce paragraphe, pour alléger l’exposé, nous supposons, sauf mention
contraire, que les suites considérées sont définies sur N.

6.4.1 Définition - Exemples


Définition (par récurrence). Une suite (un ) est géométrique si et seulement
si, u0 étant donné, il existe un réel q tel que, pour tout n ∈ N,

un+1 = qun .

Le réel q est appelé la raison de cette suite.

Exemples. Nous en proposons trois.


• La suite 1; 2; 4; 8; 16; 32; 64; . . . est géométrique de premier terme 1 et
de raison q = 2.
• La suite (un ) définie sur N par un = (−1)n est géométrique de premier
terme u0 = 1 et de raison q = −1.
• La suite définie sur N, de terme général un = 2 × 3n est géométrique de
premier terme u0 = 2 et de raison q = 3.
En effet, pour tout entier naturel n, nous avons

un+1 = 2 × 3n+1 = 3un .

Remarques. Nous en faisons quatre.


• Une méthode efficace pour prouver qu’une suite (un ) est géométrique
un+1
est de justifier que, pour tout entier naturel n, est une constante indé-
un
pendante de l’entier n, sous réserve que

∀n ∈ N, un �= 0.

• Pour prouver qu’une suite n’est pas géométrique, nous donnons un


contre-exemple, en vérifiant que
u1 u2
�= .
u0 u1
• Une suite géométrique de premier terme u0 et de raison q est itérée par
la fonction linéaire f : x �→ qx.
Nous donnons graphiquement les premiers termes d’une suite géométrique
de raison q en distinguant deux cas lorsque q > 0 : 0 < q < 1 ou q > 1.

Suites 241
242 CHAPITRE 6. SUITES

0<q<1 q>1

• Cas particuliers.
Si q = 1, alors la suite géométrique (un ) est constante et cette dernière est
égale à u0 .
Si q = 0, alors la suite géométrique (un ) est la suite nulle, c’est-à-dire, pour
tout entier naturel n, un = 0.

Proposition (une justification du terme géométrique). Soient a,b et c trois


réels strictement positifs.
Les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) a, b et c sont les trois termes consécutifs d’une suite géométrique,
(ii) le réel b est la moyenne géométrique des réels a et c, c’est-à-dire

b= ac.

Démonstration. Soient a, b et c trois réels strictement positifs.


(i) ⇒ (ii)
Nous supposons que a, b et c sont les trois termes consécutifs d’une suite
géométrique de raison q. Nous avons par définition

b = aq et c = bq.

Nous en déduisons que


b c
= , soit b2 = ac.
a b

Puisque a > 0, b > 0 et c > 0, nous en concluons que b = ac.
(ii) ⇒ (i)

Nous supposons réciproquement que b = ac.
Nous en déduisons :

242 Chapitre 6
6.4. SUITE GÉOMÉTRIQUE 243

b2 = ac,

ce qui implique
b c
= .
a b
Nous en concluons que a, b et c sont les trois termes consécutifs d’une suite
b
géométrique de raison q = .
a

6.4.2 Propriétés d’une suite géométrique


Proposition (calcul explicite de un en fonction de n, u0 et q). Soit (un ) une
suite géométrique de premier terme u0 et de raison le réel q. Nous avons

∀n ∈ N, un = u0 q n .

Démonstration. Nous démontrons cette égalité par récurrence 1 .


Initialisation.
Pour n = 0, nous avons u0 = u0 q 0 , ce qui justifie que l’égalité attendue est
vraie au rang n = 0.
Héréditité. Nous supposons qu’à un rang n ∈ N fixé on ait

un = u0 q n .

Montrons que un+1 = u0 q n+1 .


Puisque (un ) est géométrique de raison q et en utilisant l’hypothèse de
récurrence, nous obtenons

un+1 = qun = q(u0 q n ) = uo q n+1 ,

ce qui prouve que l’égalité proposée est vraie au rang n + 1.


Nous en concluons, en appliquant le principe de récurrence que

∀n ∈ N, un = u0 q n .

Proposition (relation entre deux termes quelconques). Soit (un ) une suite
géométrique de premier terme u0 et de raison le réel q �= 0. Pour tous les
entiers naturels p et k, nous avons

up = uk q p−k .
1. Annexe : § 12.5.5

Suites 243
244 CHAPITRE 6. SUITES

Démonstration. Soient p et k deux entiers naturels . Nous avons

up = u0 q p et uk = u0 q k .

Puisque q �= 0, nous en déduisons


uk
u0 = ,
qk
ce qui implique
uk
up = × q p = uk q p−k .
qk
Remarques. Selon le rang initial, nous avons :
• Si la suite géométrique (un ) est définie à partir du rang n = 1, pour tout
entier naturel n ≥ 1,

un = u1 q n−1 .

• Si la suite géométriquee (un ) est définie à partir du rang n = n0 , pour


tout entier naturel n ≥ n0 ,

un = un0 q n−n0 .

Exemple. Nous considérons la suite géométrique (vn ) définie à partir du rang


3 telle que
128
v7 = 16 et v10 = − .
27
Nous cherchons à exprimer vn en fonction de v3 et n ≥ 3.
En appliquant la proposition précédente, nous obtenons

v10 = q 3 v7 ,

ce qui implique
 3
v10 128 1 8 2
q3
= =− × =− = − .
v7 27 16 27 3
 
2 3 2
Nous en déduisons q = 3 − =− .
3 3
Pour calculer v3 , nous appliquons à nouveau la proposition précédente.
Il vient

v7 = q 4 v3 ,

244 Chapitre 6
6.4. SUITE GÉOMÉTRIQUE 245

ce qui donne
 4
v7 3
v3 = 4 = 16 × − = 81.
q 2
Nous en concluons que, pour tout entier n ≥ 3,
 n−3
2
vn = v3 q n−3 = 81 × − .
3

6.4.3 Somme des termes consécutifs d’une suite géométrique


Proposition (calcul de la somme 1+q +q 2 +· · ·+q n ). Pour tout entier naturel
n et tout réel q �= 1, nous disposons de l’égalité
1 − q n+1 q n+1 − 1
1 + q + q2 + · · · + qn = = .
1−q q−1
Démonstration. Soient n ∈ N et q ∈ R − {1}.
Le lemme énoncé et démontré dans le chapitre 2.3 permet d’obtenir la
factorisation

q n − 1 = (q − 1)(1 + q + q 2 + · · · + q n ).

Puisque q �= 1, nous en déduisons les égalités attendues


q n+1 − 1 1 − q n+1
1 + q + q2 + · · · + qn = = .
q−1 1−q
Remarque. Nous examinons le cas où q = 1. Il vient

1 + q + q 2 + · · · + q n = 1 + 1 +
· · · + 1 = (n + 1) × 1 = n + 1.
n+1 termes

Exemple. Nous considérons la suite (xn ) défini sur N par

xn = 1, 111
 . . . 1.
n chiffres 1
Nous avons

xn = 1 + 0, 1 + 0, 01 + · · · + 0, 00 . . . 0 1,
 
n−1 chiffres 0

= 1 + 10 + 10 + · · · + 10−n ,
−1 −2
 n+1
1 − 10−1
= ,
1− 10−1 
10 1
= 1 − n+1 .
9 10

Suites 245
246 CHAPITRE 6. SUITES

10
Nous remarquons que lorsque n est très grand, xn est proche de .
9
L’égalité obtenue ci-dessus justifie que le développement décimal du nombre
10
rationnel est
9
10
= 1, 111 . . . 111 . . . .
9
Proposition (somme des n+1 premiers termes d’une suite géométrique). Soit

n
S = u 0 + u 1 + · · · + un = uk la somme des n + 1 premiers termes d’une
k=0
suite géométrique (un ) de premier terme u0 et de raison le réel q �= 1.
Pour tout entier naturel n, nous avons

q n+1 − 1 1 − q n+1
S = u0 = u0 .
q−1 1−q

Démonstration. Puisque la suite (un ) est géométrique de premier terme u0


et de raison q �= 1, pour tout k ∈ 0, n, nous avons

uk = u0 q k ,

ce qui donne


n 
n 
n q n+1 − 1 1 − q n+1
S= uk = u0 q k = u0 q k = u0 = u0 .
k=0 k=0 k=0 q−1 1−q

Proposition (cas général). Soit (un ) une suite géométrique de raison q �= 1.


Pour tous les entiers naturels m et p tels que p > m, nous avons

1 − q p−m+1 q p−m+1 − 1
um + um+1 + · · · + up = um = um .
1−q q−1

Démonstration. Soient deux entiers naturels m et p tels que p > m.


Nous posons S = um + um+1 + · · · + up .
En appliquant la relation reliant deux termes quelconques d’une suite géo-
métrique, nous obtenons successivement

um+1 = um q,
um+2 = um q 2 ,
..
.
up = um q p−m .

246 Chapitre 6
6.4. SUITE GÉOMÉTRIQUE 247

Par addition membres à membres, il vient

S = um + (um+1 + · · · + up ) ,
= um (1 + q + q 2 + · · · + q p−m ),
1 − q p−m+1
= um .
1−q

Remarques. Nous disposons des trois points.


• Si (un ) est initialisée au rang n = 1 et q �= 1, nous avons
1 − qn
S = u1 + u2 + · · · + un = u1 .
1−q
• Si (un ) est initialisée au rang n = n0 et q �= 1, nous avons
1 − q n−n0 +1
S = un0 + un0 +1 + · · · + un = un0 .
1−q
• Pour q �= 1, nous pouvons retenir la formule générique
 
1 − q nombre de termes
S = (premier terme) × .
1−q
Exemples. Nous en donnons deux.
1er exemple.
La somme S = 23 + 24 + · · · + 222 est la somme de 22 − 3 + 1 = 20 termes
consécutifs d’une suite géométrique de raison 2. Nous en déduisons que
220 − 1
S = 23 = 8(220 − 1).
2−1
2e exemple.
Pour tout entier naturel n et tout réel x �= −1, nous posons

P (x) = −x + x2 − x3 + · · · + (−x)n .

Le réel P (x) est la somme des n premiers termes d’une suite géométrique
de raison q = −x �= 1 et de premier terme u1 = −x. Nous en déduisons
1 − qn 1 − (−x)n x
P (x) = u1 = −x = ((−x)n − 1),
1−q 1 − (−x) x+1
x
P (x) = ((−1)n xn − 1) .
x+1

Suites 247
248 CHAPITRE 6. SUITES

6.5 Suites convergentes


Dans ce paragraphe, pour alléger l’exposé, nous supposons, sauf mention
contraire, que les suites considérées sont définies sur N.

6.5.1 Un exemple introductif


Nous considérons la suite (un ) définie sur N∗ par
1
un = 2 +
n
Nous représentons graphiquement cette suite.

Nous observons sur cette figure que lorsque n devient grand, le réel un se
rapproche de 2.
Comme en mathématiques, la précision est en général de mise, nous allons
estimer à partir de quelles valeurs de l’entier naturel n, nous pouvons affirmer
que un est proche de 2 au dixième près.
Cela signifie que l’on souhaite prouver l’existence d’un entier naturel p non
nul tel que pour tout entier n ∈ N∗ , on ait
1 1
n ≥ p implique 2 − < un < 2 + .
10 10
La difficulté est de comprendre ici qu’il s’agit de trouver un condition suf-
1 1
fisante pour que 2 − < un < 2 + .
10 10
Nous avons les équivalences suivantes :

1 1 1 1
2− < un < 2 + ⇔ − < un − 2 < ,
10 10 10 10
1 1 1
⇔− < < .
10 n 10

Puisque n est un entier strictement positif, nous avons :

248 Chapitre 6
6.5. SUITES CONVERGENTES 249

1 1 1 1 1
0< < , soit n > 10, donc n ≥ 11 implique − < < .
n 10 10 n 10
1 1
Par conséquent pour que 2 − < un < 2 + , il suffit que n ≥ 11.
10 10
Ainsi p = 11 convient.
Pour terminer cet exemple, nous proposons trois remarques importantes.
1 1 1
• Si n ≥ 11, alors − < un − 2 < , c’est-à-dire |un − 2| < , ce qui
10 10 10
1
signifie que la distance entre un et 2 est inférieure à dés que n ≥ 11.
10
 • Tous les termes de la suite (un ) appartiennent à l’intervalle ouvert
1 1
2− , 2+ , sauf un nombre fini d’entre eux car les termes u1 , u2 , . . . u10
10 10
n’appartiennent pas à cet intervalle.
• Nous pouvons rendre un aussi proche de 2 que l’on veut, à partir d’un
certain rang p, en choisissant le niveau de précision souhaité.
L’algorithme ci-dessous illustre cette remarque.
La variable P est contrôlée par l’utilisateur.
En sortie, nous obtenons un rang N tel que pour n ≥ N , on ait
|un − 2| < 10−P .

N ←1 p=int ( input ( "p=" ) )


U ←3 n=1
Tant que |U − 2| ≥ 10−P u=3
1 while abs ( u−2)>=10∗∗(−p ) :
U ←2+
N u=2+1/n
N ←N +1
n=n+1
Fin Tant que
print ( n )

6.5.2 Définitions d’une suite convergente


Définition. Soient (un ) un suite définie sur N et l un réel.
La suite (un ) converge vers le réel l si et seulement si tout intervalle ouvert
I centré en l contient tous les termes de la suite sauf un nombre fini d’entre
eux.
On note dans ce cas : lim un = l.
n→+∞

Remarque. Nous pouvons aussi énoncer cette définition par :


Tout intervalle ouvert I centré en l contient tous les termes de la suite à
partir d’un certain rang.

Suites 249
250 CHAPITRE 6. SUITES

Définition (théorique). nous disposons des deux définitions équivalentes :


• lim un = l si et seulement si
n→+∞

∀� ∈ R+∗ , ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ un ∈]l − �, l + �[.

• lim un = l si et seulement si
n→+∞

∀� ∈ R+∗ , ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ |un − l| < �.

Remarques. Nous faisons ici deux observations.


• Lorsque lim un = l nous pouvons préciser que l est la limite de la
n→+∞
suite (un ) car cette limite est unique. Ce résultat est démontré dans la partie
6.5.3 qui suit.
• Dans les définitions théoriques ci-dessus le choix de l’entier p dépend de
� > 0, ce qui signifie aussi que p est contrôlé par le réel � > 0. Cette remarque
est illustrée en détails dans l’exemple et la proposition qui suivent.

Exemples. Nous en proposons un ainsi qu’un contre-exemple.


1
• Soit (vn ) la suite définie sur N∗ par vn = 2 .
n
Une représentation graphique de cette suite, nous permet d’observer que
lim vn = 0.
n→+∞

Démontrons-le.
Soit un réel � > 0 donné.
Pour tout entier naturel n non nul, pour que
1
|vn | < �, il suffit que < �.
n2
Puisque n > 0, nous avons
1 1 1
2
< � ⇔ n2 > ⇔ n > √ .
n � �
1
Comme illustré sur la figure ci-dessous, l’entier p = � √ � + 1 convient.

250 Chapitre 6
6.5. SUITES CONVERGENTES 251

Nous en déduisons que, pour tout entier naturel n non nul,


1
n ≥ p > √ ⇒ |vn | < �,

ce qui justifie que lim vn = 0.
n→+∞
• Un contre-exemple. Nous considérons la suite (un ) définie sur N par

un = (−1)n .

Nous donnons ci-dessous la représentation de cette suite.

Nous observons que cette suite ne converge pas, on dit qu’elle diverge.
Nous justifierons cette divergence dans l’exercice corrigé 18 de ce chapitre.
Vous pouvez retenir ce contre-exemple d’une suite qui ne converge pas.
Nous remarquons cependant que cette suite est bornée. En effet, nous avons

∀n ∈ N, −1 ≤ un ≤ 1.

Proposition (suites de référence de limite nulle en +∞). Nous disposons des


résultats suivants :
1
• lim k = 0, avec k ∈ N∗ ,
n→+∞ n
1
• lim √ = 0.
n→+∞ n
Démonstration. Le cas particulier où k = 2 est traité dans l’exemple ci-
dessus.
• Pour k ∈ N∗ , la preuve est la même à condition de remplacer les équiva-
lences
1 1 1
2
< � ⇔ n2 > ⇔ n > √ ,
n � �
par
1 1 1
k
< � ⇔ nk > ⇔ n > √ .
n � k

1
• Montrons que lim √ = 0.
n→+∞ n
Soit un réel � > 0 donné.
Pour tout entier naturel n non nul,

Suites 251
252 CHAPITRE 6. SUITES

1 √ 1 1
√ < � ⇔ n > ⇔ n > 2.
n � �

1
L’entier p = � � + 1 convient.
�2
En effet, pour tout entier naturel n non nul,
1 1
n≥p> 2
⇒ √ < �,
� n
1
ce qui justifie que lim √ = 0.
n→+∞ n

6.5.3 Unicité - Opérations sur les limites

Proposition (unicité de la limite). Soit (un ) une suite définie sur N.


Si cette suite converge vers un réel l, alors cette limite est unique.

Démonstration. Supposons que la suite (un ) converge vers deux réels dis-
tincts l et l� . Nous pouvons supposer par exemple que l > l� .
Pour tout � > 0, nous avons

∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ |un − l| < ε ,
∃p� ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p� ⇒ |un − l� | < ε.

Nous observons, en appliquant l’inégalité triangulaire, que :


      
l − l� = l − l�  = (l − un ) + un − l�  ≤ |l − un | + un − l�  .

Nous en déduisons

n ≥ max {p, p� } implique l − l� < 2ε.

Puisque � > 0 est quelconque, choisissons par exemple :

l − l�
ε= > 0.
4
Dans ce cas, nous avons

l − l�
l − l� < ,
2
ce qui est absurde.
Par conséquent si la suite (un ) converge vers un réel , ce réel est unique.

252 Chapitre 6
6.5. SUITES CONVERGENTES 253

Proposition (opérations sur les limites). Soient (un ) et (vn ) deux suites dé-
finies sur N qui convergent respectivement vers les réels l et l� . Nous avons
• lim (un + vn ) = l + l� .
n→+∞
• lim (un × vn ) = ll� .
n→+∞  
un l
• lim = � , à condition que l� �= 0.
n→+∞ vn l
Démonstration. Nous étudions le premier point. Les preuves pour la limite
d’un produit ou d’un quotient sont proposées dans les exercices corrigés 16 et
17 de ce chapitre.
Pour tout réel � > 0, puisque lim un = l et lim vn = l, nous savons
n→+∞ n→+∞
que :

 il existe p ∈ N tel que, pour tout entier naturel n, si n ≥ p, alors



|un − l| < ,
2
 il existe p� ∈ N tel que, pour tout entier naturel n, si n ≥ p� , alors

|vn − l� | < .
2
En utilisant l’inégalité triangulaire, pour tout entier n, nous avons

|(un + vn ) − (l + l� )| = |(un − l) + (vn − l� )| ≤ |un − l| + |vn − l� |.

Posons p�� = max{p, p� }.


Pour tout entier naturel n ≥ p�� , nous avons
� �
|un − l| < et |vn − l� | < .
2 2
Nous en déduisons que, pour tout entier naturel n ≥ p�� ,

|(un + vn ) − (l + l� )| ≤ �,

ce qui prouve que lim (un + vn ) = l + l� .


n→+∞

Remarque. En utilisant les opérations sur les limites et les limites nulles des
suites de référence en +∞, nous pouvons déterminer la limite en +∞ (si elle
existe) de nombreuses suites définies explicitement, sans avoir à utiliser les
définitions "(�, p)".
Les exemples qui suivent illustrent cette remarque.

Suites 253
254 CHAPITRE 6. SUITES

Exemples (formes indéterminées). Nous en proposons deux.


1er exemple. Nous considérons la suite (un ) définie sur N par
2n − 1
un = .
n+1
Quand n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du type

" ".

Pour lever cette indétermination, nous mettons en facteur n, au numérateur
et au dénominateur de l’expression de un .
Pour n ≥ 1, il vient
 
1 1
n 2− 2−
n n.
un =  =
1 1
n 1+ 1+
n n
Puisque
1 1
lim 2 − = 2 et lim 1 + = 1,
n→+∞ n n→+∞ n
par quotient de ces deux limites, nous en déduisons

lim un = 2 .
n→+∞

2e exemple. Soit la suite (vn ) définie pour tout entier n ≥ 2 par


2n − 1
un = .
n2 − 1
Quand n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du type

" ".

Pour lever cette indétermination, nous mettons en facteur n au numérateur
et n2 au dénominateur de l’expression de un .
Pour n ≥ 2, il vient
 
1 1
n 2−
n 1 2− n
un =  = .
1 n 1
n2 1 − 2 1− 2
n n
Puisque
1 1 1
lim = 0, lim 2 − = 2 et lim 1 − 2 = 1,
n
n→+∞ n→+∞ n n→+∞ n
par quotient et produit de ces limites, nous en déduisons

lim vn = 0.
n→+∞

254 Chapitre 6
6.5. SUITES CONVERGENTES 255

6.5.4 Suites convergentes et inégalités


Théorème (d’encadrement ou des gendarmes). Soient (un ), (vn ) et (wn ) trois
suites définies sur N et l un réel.
Si
• les suites (vn ) et (wn ) convergent vers l,
• ∀n ∈ N , vn ≤ un ≤ wn ,

alors la suite (un ) converge vers l.

Démonstration. Puisque

lim vn = lim wn = l,
n→+∞ n→+∞

nous pouvons affirmer que pour tout � > 0,

∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ vn ∈ ]l − ε, l + ε[ ,

∃p� ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p� ⇒ wn ∈ ]l − ε, l + ε[ .

Il en résulte que pour n ≥ max{p, p� }, nous obtenons

l − ε < vn ≤ un ≤ wn < l + ε.

Par conséquent,

n ≥ max{p, p� } implique l − ε < un < l + ε.

Nous en concluons que la suite (un ) converge vers le réel l.

Remarque. Le théorème demeure vrai en remplaçant les inégalités larges par


des inégalités strictes.
(−1)n
Exemple. Nous considérons la suite (un ) définie sur N∗ par un = .
n
Nous ne pouvons pas utiliser les opérations sur les limites car la suite
((−1)n ) ne converge pas.
D’où l’efficacité dans ce cas du théorème d’encadrement.
Pour tout entier n ≥ 1, nous avons

−1 ≤ (−1)n ≤ 1.

Comme n > 0, nous en déduisons :

Suites 255
256 CHAPITRE 6. SUITES

1 1
− ≤ un ≤ .
n n
1 1
Puisque lim − = lim = 0, nous en concluons, par encadrement,
n→+∞ n n→+∞ n
que la suite (un ) converge vers 0.

Proposition (passage à la limite sur une inégalité). Soient (un ) une suite
définie sur N, et l un réel.
Si
• ∀n ∈ N, un > 0,
• (un ) converge vers l,

alors l ≥ 0.

Démonstration. Nous supposons par l’absurde que l < 0.


Puisque lim un = l, on a
n→+∞

∀� > 0, ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ un ∈]l − �; l + �[ .

En choisissant � = −l > 0, nous obtenons

n ≥ p implique un ∈]2l; 0[,

ce qui contredit la condition

∀n ∈ N, un > 0.

Nous en concluons que l ≥ 0.

Remarque. Nous retiendrons que le passage à la limite sur une inégalité


stricte restitue une inégalité large.

Corollaire. Soient (un ), (vn ) deux suites définies sur N, l et l� deux réels.
Si
• les suites (un ) et (vn ) convergent respectivement vers l et l� ,
• ∀n ∈ N, un > vn ,

alors l ≥ l� .

Démonstration. Nous appliquons la proposition précédente à la suite (wn )


définie sur N par wn = un − vn .

256 Chapitre 6
6.6. SUITES DIVERGENTES VERS L’INFINI 257

6.6 Suites divergentes vers l’infini


Dans ce paragraphe, pour alléger l’exposé, nous supposons, sauf mention
contraire, que les suites considérées sont définies sur N.

6.6.1 Un exemple introductif


1
Nous considérons la suite (un ) définie sur N pat un = n2 .
4
Graphiquement, nous obtenons

Nous observons sur cette figure que lorsque n devient "grand", le réel un
est également grand.
Dans le langage des limites, on dit que un tend vers +∞ lorsque n tend
vers +∞, ce qui se note lim un = +∞.
n→+∞
Pour préciser cette notion de limite infinie, nous allons prouver que, un
réel a > 0 étant donné, tous les termes de la suite, à partir d’un certain rang,
appartiennent à l’intervalle ]a, +∞[.
En effet, a > 0 étant donné, pour que un ∈]a, +∞[, il suffit que

1 2 √
n > a, soit, puisque n ≥ 0, n > 2 a.
4

En posant p = �2 a� + 1, nous en déduisons, pour tout entier naturel n,

n ≥ p > 2 a ⇒ un ∈]a, +∞[.

Suites 257
258 CHAPITRE 6. SUITES

L’algorithme ci-dessous illustre la détermination d’un rang N contrôlé par


le choix du réel a > 0
Nous posons a = 10P où P est une variable entière choisie par l’utilisateur.
En sortie, nous obtenons un rang N tel que pour n ≥ N , on ait

0, 25 × n2 > 10P ,

ce qui donne

N ←0 p=int ( input ( "p=" ) )


U ←0 n=0
Tant que U ≤ 10P u=0
U ← 0, 25 ∗ N 2 while u<=10∗∗p :
N ←N +1 u=0.25∗n∗∗2
Fin Tant que n=n+1
print ( n )

6.6.2 Les définitions


Définition (divergence vers +∞). Soit (un ) une suite définie sur N. On dit
que cette suite admet pour limite +∞ quand n tend vers +∞, ou diverge vers
+∞, si et seulement si quel que soit le réel a > 0, tous les termes de la suite,
à partir d’un certain rang, appartiennent à l’intervalle ]a, +∞[.
Dans ce cas, on note : lim un = +∞
n→+∞
En d’autres termes, nous obtenons que lim un = +∞ équivaut à
n→+∞

∀a ∈ R+∗ , ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ un ∈]a, +∞[.

Définition (divergence vers −∞). Soit (un ) une suite définie sur N. On dit
que cette suite admet pour limite −∞ quand n tend vers +∞, ou diverge vers
−∞, si et seulement si quel que soit le réel a > 0, tous les termes de la suite,
à partir d’un certain rang, appartiennent à l’intervalle ] − ∞, −a[.
Dans ce cas, on note : lim un = −∞.
n→+∞
En d’autres termes, nous obtenons que lim un = −∞ équivaut à
n→+∞

∀a ∈ R+∗ , ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ un ∈] − ∞, −a[.

Remarque. Nous disposons de l’équivalence suivante :

lim un = +∞ ⇔ lim (−un ) = −∞.


n→+∞ n→+∞

258 Chapitre 6
6.6. SUITES DIVERGENTES VERS L’INFINI 259

Proposition (suites de référence de limite infinie en +∞). Nous disposons


des résultats suivants :
• lim nk = +∞, avec k ∈ N∗ ,
n→+∞ √
• lim n = +∞.
n→+∞

Démonstration. Nous justifions les deux résultats annoncés.


• Preuve de lim nk = +∞.
n→+∞
Soit un réel a > 0.

Pour que nk > a, il suffit que n > k a.

En posant p = � k a� + 1, nous en déduisons

n ≥ p > k a ⇒ nk > a,

ce qui prouve que lim nk = +∞, avec k ∈ N∗ .


n→+∞√
• Preuve de lim n = +∞.
n→+∞
Soit un réel a > 0.

Pour que n > a, il suffit que n > a2 .
En posant p = �a2 � + 1, nous en déduisons

n ≥ p > a2 ⇒ n > a,

ce qui prouve que lim n = +∞.
n→+∞

6.6.3 Opérations sur les suites de limite finie ou infinie


Pour déterminer la limite d’une somme, d’un produit ou d’un quotient de
deux suites, nous disposons des tableaux ci-après. Nous justifierons quelques
lignes de ces tableaux dans le paragraphe "Exercices corrigés".
Attention, dans les trois tableaux qui suivent, les " ?" signifient la présence
d’une forme indéterminée.
• Limite d’une somme.
lim un lim vn lim (un + vn )
n→+∞ n→+∞ n→+∞
l l’ l + l�
l +∞ +∞
l −∞ −∞
+∞ +∞ +∞
−∞ −∞ −∞
+∞ −∞ ?

Suites 259
260 CHAPITRE 6. SUITES

• Limite d’un produit.

lim un lim vn lim (un × vn )


n→+∞ n→+∞ n→+∞
l l’ l × l�
l>0 +∞ +∞
l<0 +∞ −∞
l>0 −∞ −∞
l<0 −∞ +∞
+∞ +∞ +∞
−∞ −∞ +∞
+∞ −∞ −∞
+∞ 0 ?
−∞ 0 ?

• Limite d’un quotient.


 
un
lim un lim vn lim
n→+∞ n→+∞ n→+∞ vn
l
l l� �= 0
l�
l +∞ ou − ∞ 0
+∞ l� > 0 +∞
+∞ l� <0 −∞
−∞ l� > 0 −∞
−∞ l� <0 +∞
+∞ ou − ∞ +∞ ou − ∞ ?
l > 0 ou + ∞ 0+ +∞
l > 0 ou + ∞ 0− −∞
l < 0 ou − ∞ 0+ −∞
l < 0 ou − ∞ 0− +∞
0 0 ?

Exemples. Nous en étudions ici quelques cas d’indéterminations.


1er exemple. Nous considérons la suite (un ) définie sur N par

un = 2n2 − 3n + 1.

260 Chapitre 6
6.6. SUITES DIVERGENTES VERS L’INFINI 261

Il s’agit ici d’un trinôme du second degré définie sur N.


Lorsque n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du type
"+∞ − ∞".
Pour lever cette indétermination, nous mettons en facteur n2 , dans l’ex-
pression de un .
Pour n ≥ 1, il vient
 
3 1
un = n2 2− + 2 .
n n
Puisque
3 1
lim 2 − + 2 = 2 et lim n2 = +∞,
n→+∞ n n n→+∞

par produit de ces deux limites, nous en déduisons

lim un = +∞ .
n→+∞

2e exemple. Nous considérons la suite (vn ) définie à partir du rang 3 par

2n3 − 1
vn = .
n−2
Lorsque n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du type
+∞
" ".
+∞
Pour lever cette indétermination, nous mettons en facteur, n3 au numéra-
teur et n au dénominateur, dans l’expression de vn .
Pour n ≥ 3, il vient
 
1 1
n3
2− 3 2− 3
n n .
vn =   = n2
2 2
n 1− 1−
n n

Puisque
1 2
lim 2 − 3
= 2, lim 1 − = 1 et lim n2 = +∞,
n→+∞ n n→+∞ n n→+∞

par quotient et produit de ces limites, nous en déduisons

lim vn = +∞.
n→+∞

3e exemple. Nous considérons la suite (un ) définie sur N par :

Suites 261
262 CHAPITRE 6. SUITES


un = n − n.

Lorsque n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du type
"+∞ − ∞".
Pour lever cette indétermination, nous mettons en facteur n, dans l’expres-
sion de un .
Pour n ≥ 1, il vient
 √   
n 1
un = n 1 − =n 1− √
n n
Puisque
1
lim 1 − √ = 1 et lim n = +∞,
n→+∞ n n→+∞

par produit de ces limites, nous en déduisons

lim un = +∞.
n→+∞

6.6.4 Limites infinies et inégalités


Théorème (de comparaison). Soient (un ) et (vn ) deux suites définies sur N
telles que

∀n ∈ N, un ≤ vn .

• Si lim un = +∞, alors lim vn = +∞.


n→+∞ n→+∞
• Si lim vn = −∞, alors lim un = −∞.
n→+∞ n→+∞

Démonstration. • Nous supposons que lim un = +∞, donc


n→+∞

∀a ∈ R+∗ , ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ un ∈]a, +∞[.

Le réel a > 0 étant donné et puisque, pour tout n ∈ N, nous avons un ≤ vn ,


nous en déduisons

pour tout n ≥ p ⇒ a < un ≤ vn ,

ce qui implique,

n ≥ p ⇒ vn ∈]a, +∞[,

ce qui justifie que lim vn = +∞.


n→+∞
• Nous supposons que lim vn = −∞, ce qui donne :
n→+∞

262 Chapitre 6
6.7. LIMITE D’UNE SUITE GÉOMÉTRIQUE 263

∀a ∈ R+∗ , ∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ vn ∈] − ∞, −a[.

Le réel a > 0 étant donné et puisque, pour tout n ∈ N, nous avons un ≤ vn ,


nous en déduisons

pour tout n ≥ p ⇒ un ≤ vn < −a.

Par suite, nous obtenons

n ≥ p ⇒ un ∈] − ∞, −a[,

ce qui justifie que lim un = −∞.


n→+∞

Exemple. Nous considérons la suite (un ) définie sur N par un = n2 + (−1)n .


Nous ne pouvons pas utiliser les opérations sur les limites car la suite
((−1)n ) ne converge pas.
Ainsi nous procédons par encadrement et éventuellement par comparaison.
Pour tout entier n ≥ 0, nous avons

−1 ≤ (−1)n ≤ 1,

ce qui donne

n2 − 1 ≤ un ≤ n2 + 1.

Nous n’employons pas ici le théorème d’encadrement car ce dernier ne


concerne que des limites finies.
De la double inégalité ci-dessous, pour tout entier n ≥ 0, nous en déduisons

un ≥ n2 − 1.

Puisque de plus lim n2 − 1 = +∞, nous appliquons le théorème de


n→+∞
comparaison.
Nous en concluons que lim un = +∞.
n→+∞

6.7 Limite d’une suite géométrique


6.7.1 Limite de q n
Lemme (Inégalité de Bernoulli). Nous disposons de l’inégalité

∀n ∈ N, ∀x ∈ [0, +∞[, (1 + x)n ≥ 1 + nx.

Suites 263
264 CHAPITRE 6. SUITES

Démonstration. Pour n ∈ N∗ , cette inégalité est prouvée au chapitre 5-


exercice corrigé 20.
Pour n = 0, cette inégalité est vraie car

(1 + x)0 = 1 = 1 + 0 × x.

Théorème (limite de q n ). Soient n ∈ N et q ∈ R − {−1, 1}.


Nous disposons de la disjonction suivante :
• si q > 1, alors lim q n = +∞,
n→+∞
• si −1 < q < 1, alors lim q n = 0,
n→+∞
• si q < −1, alors la suite (q n ) n’a pas de limite en +∞.

Démonstration. Nous distinguons trois cas par disjonction.


1er cas. q > 1.
Nous posons a = q − 1. Ainsi nous avons

a > 0 et q = a + 1.

Nous en déduisons, en appliquant l’inégalité de Bernoulli

q n = (1 + a)n ≥ 1 + na, soit q n ≥ 1 + n(q − 1).

Puisque q > 1, nous avons lim 1+n(q−1) = +∞, ce qui par comparaison
n→+∞
donne

lim q n = +∞.
n→+∞

2e cas. −1 < q < 1, c’est-à-dire |q| < 1.


Si q = 0, alors 0n = 0, ce qui donne dans ce cas lim q n = 0.
n→+∞
Si q �= 0, comme |q| < 1, nous avons

1
> 1.
|q|

Du premier cas, il résulte


 n
1 1
lim = lim = +∞.
n→+∞ |q| n→+∞ |q|n

Nous en déduisons, en prenant la limite de l’inverse que

lim |q|n = lim |q n | = 0.


n→+∞ n→+∞

Pour tout entier naturel n, nous disposons de l’encadrement :

264 Chapitre 6
6.7. LIMITE D’UNE SUITE GÉOMÉTRIQUE 265

−|q n | ≤ q n ≤ |q n |,

ce qui, par le théorème d’encadrement, permet de conclure que

lim q n = 0.
n→+∞

3e cas. q < −1.


Pour tout entier naturel n, posons un = q n et q � = −q.
Dans ce cas, nous avons q � > 1 et nous obtenons

q n = (−q � )n = (−1)n q �n .

Nous considérons les deux suites (vn ) et (wn ) définie par

vn = u2n et wn = u2n+1 .

Pour tout entier naturel n, nous en déduisons que


vn = (−1)2n q �2n = (q �2 )n ,
wn = (−1)2n+1 q �2n+1 = −q �2n+1 = −q � vn .
Puisque q � > 1 implique q �2 > 1, nous obtenons

lim vn = +∞ et lim wn = −∞.


n→+∞ n→+∞

Nous en concluons que selon la parité de l’entier n que la suite (q n ) diverge


vers +∞ ou −∞.
Nous admettons que dans cette configuration la suite (q n ) diverge et n’a
pas de limite.

Remarques. Nous en donnons trois.


• Si q = 1, alors q n = 1n = 1, donc lim q n = 1.
n→+∞
• Si q = −1, alors q n = (−1)n . Nous savons que cette suite n’a pas de
limite.
• Si (un ) est une suite géométrique de premier terme u0 �= 0 et de raison
q ∈ R − {−1, 1}, nous savons que pour tout entier naturel n

un = u0 q n .

Nous en déduisons le tableau


q < −1 −1 < q < 1 q>1

+∞ si u0 > 0
(un ) pas de limite lim un = 0 lim un =
n→+∞ n→+∞ −∞ si u0 < 0

Suites 265
266 CHAPITRE 6. SUITES

Exemple. Nous étudions, lorsque n tend vers +∞, le comportement de la


suite (un ) définie sur N par
3 n − 5n
un = .
3n + 5n
Nous observons une forme indéterminée du type "+∞ − ∞, au numérateur
de l’expression de un .
Pour lever cette indétermination, nous mettons en facteur, 5n dans le nu-
mérateur et le dénominateur, de l’expression de un .
Pour n ≥ 0, il vient
   n
3n 3
5n n
−1 −1
5 5
un =  n  =  n .
n
3 3
5 +1 +1
5n 5
 n
3 3
Puisque −1 < < 1, nous en déduisons que lim = 0.
5 n→+∞ 5
Par quotient de deux limites finies, nous en concluons

lim un = −1.
n→+∞

6.7.2 Limite de la somme des termes d’une suite géométrique


Proposition. Nous disposons du résultat suivant :
1
si |x| < 1, alors lim (1 + x + x2 + · · · + xn ) = .
n→+∞ 1−x
Démonstration. Nous savons (paragraphe 6.4.3) que pour tout entier naturel
n et tout réel x �= 1, nous avons
1 − xn+1
1 + x + x2 + · · · + x n = .
1−x
Puisque |x| < 1, en appliquant le théorème précédent, nous obtenons

lim xn+1 = 0,
n→+∞

ce qui donne
1 − xn+1 1
lim (1 + x + x2 + · · · + xn ) = lim = .
n→+∞ n→+∞ 1 − x 1−x

266 Chapitre 6
6.7. LIMITE D’UNE SUITE GÉOMÉTRIQUE 267

Exemples. Nous en proposons deux.


1er exemple. Nous avons
1 1 1 1
lim (1 + + + ··· + n) = = 2.
n→+∞ 2 4 2 1
1−
2
2e exemple. Nous cherchons le nombre rationnel r dont le développement
décimal illimité, de période 2, est 0, 63636363636 . . . .
Pour tout entier n ≥ 1, nous posons

· · · 63.
rn = 0, 636363

2n termes

Nous avons

rn = 0, 63 + 0, 0063 + · · · + 0, 00 . . . 0063,
63 63 63
= 2 + 4 + · · · + 2n ,
10  10 10 
63 1 1
= 2 1 + 2 + ··· + ,
10 10 (102 )n−1
1 n
63 1−( )
= × 100 ,
100 1
1−
 100
7 1 n
= 1−( ) .
11 100

1
Puisque −1 < < 1, nous en déduisons
100
7
r = lim rn = .
n→+∞ 11

Suites 267
268 CHAPITRE 6. SUITES

6.8 Exercices corrigés


6.8.1 Propriétés qualitatives d’une suite
Exercice 1. Suite définie explicitement par une fonction
Soit f la fonction définie sur [0, +∞[ par
√ √
f (x) = x + 1 − x.

On considère la suite (un ) définie sur N par


√ √
un = f (n) = n + 1 − n.

1. Déterminer les variations de la fonction f sur l’intervalle [0, +∞[.


2. En déduire le sens de variations de la suite (un ).
3. Justifier que cette suite est majorée par un réel que l’on précisera.
4. Pour tout entier naturel n, calculer la somme

n
Sn = u0 + u1 + · · · + un = uk .
k=0

5. Quelles sont les limites des suites (un ) et (Sn ) ?


Solution
1. La fonction f est dérivable sur [0, +∞[ par composition et différence.
Pour tout réel x ≥ 0, nous obtenons
√ √
1 1 x− x+1
f  (x)= √ − √ = √ √ .
2 x+1 2 x 2 x x+1
√ √
Le signe de f  (x) est du signe de x − x + 1.
Or, pour tout réel x ≥ 0, nous avons
√ √
x < x + 1, ce qui implique x < x + 1.

Nous en déduisons que pour tout réel x ≥ 0, f  (x) < 0.


Nous en concluons que la fonction f est décroissante (strictement) sur l’in-
tervalle [0, +∞[.
2. Pour tout entier naturel n, on a n + 1 > n.
Puisque f est décroissante sur [0, +∞[, nous obtenons

f (n + 1) < f (n), soit un+1 < un ,

ce qui prouve que la suite (un ) est décroissante.


3. En appliquant, à nouveau la décroissance de la fonction f , pour tout
entier n, nous avons :

268 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 269

n ≥ 0 implique f (n) ≤ f (0), soit un ≤ 1.

Nous en concluons que cette suite est majorée par 1.


4. Nous observons que la somme S se simplifie par "télescopage". En effet
nous avons
√ √ √ √ √ √ √ √ √
Sn = 1 − 0 + 2 − 1 + 3 − 2 + · · · + n + 1 − n = n + 1.

5.
• Détermination de la limite de (un ).
Quand n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du type
+∞ − ∞.
Pour lever cette indétermination, nous utilisons l’expression conjuguée de
√ √
un , c’est-à-dire n + 1 + n.
Pour tout entier naturel, nous obtenons
√ √ √ √
( n + 1 − n)( n + 1 + n) 1
un = √ √ =√ √ .
n+1+ n n+1+ n

Puisque, par somme, nous avons


√ √
lim n+1+ n = +∞,
n→+∞

nous en concluons, en prenant la limite d’un inverse

lim un = 0.
n→+∞

• Détermination de la limite de (Sn ).


Nous obtenons immédiatement

lim Sn = lim n + 1 = +∞.
n→+∞ n→+∞

Remarque.
Nous remarquons que la somme Sn diverge vers +∞ bien que son terme
générique un tende vers 0 .

Suites 269
270 CHAPITRE 6. SUITES

Exercice 2. Calcul d’une somme


On considère la suite (sn ) définie sur N∗ par

sn = n + (n + 1) + (n + 2) + · · · + (2n).

1. Déterminer s1 et s2 .
2. Montrer que pour tout entier naturel n ≥ 1,

sn+1 = sn + 3(n + 1).

3. Proposer un algorithme qui restitue un terme quelconque de cette suite.


4. Montrer que pour tout entier naturel n ≥ 1,
3
sn = n(n + 1).
2
En déduire un algorithme qui restitue un rang N tel que pour tout entier
n ≥ N , on ait sn > 10P .
Solution
1. Nous avons

s1 = 1 + (1 + 1) = 3,
s2 = 2 + (2 + 1) + (2 + 2) = 9.

2. Pour tout entier n ≥ 1, nous avons

sn+1 = (n + 1) + (n + 2) + · · · + (2n) + (2n + 1) + (2(n + 1)),


= sn − n + (2n + 1) + (2n + 2),
= sn + 3(n + 1).

3. L’algorithme proposé ci-dessous permet de restituer un terme quelconque


de rang N . Ce rang est choisi par l’utilisateur.

n=int ( input ( "n=" ) )


S←0
s=0
Pour I allant de 1 à N
f o r i in range ( 1 , n +1):
S ←S+3∗I
s=s +3∗ i
Fin Pour
print ( s )

4. Nous donnons deux méthodes.


Méthode 1. Nous considérons la relation de récurrence obtenue à la ques-
tion 2 en affectant à n la valeur k − 1, avec 2 ≤ k ≤ n, ce qui donne :

270 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 271

sk = sk−1 + 3k, soit sk − sk−1 = 3k.

En additionnant membres à membres, lorsque k varie de 2 à n et, par


"télescopage", nous obtenons successivement

n 
n
(sk − sk−1 ) = (3k),
k=2 k=2

n
sn − s 1 = 3 k.
k=2

Or, nous avons


 

n 
n n(n + 1)
k= k −1= − 1.
k=2 k=1 2
Nous en déduisons
 
n(n + 1)
sn − 3 = 3 −1 ,
2
ce qui, pour tout entier n ≥ 1, donne en conclusion
3
sn = n(n + 1).
2
Méthode 2. Nous partons de la définition initiale de sn .
Pour tout entier n ≥ 1, nous avons

sn = n · · · + n +1 + 2 + · · · + n,
 +n+
n+1 termes
n(n + 1)
= n(n + 1) + ,
2
3
= n(n + 1).
2

Nous donnons à présent un algorithme qui restitue un rang N à partir


duquel la suite est strictement plus grande que 10P . L’entier P est choisi par
l’utilisateur.

N ←1 p=int ( input ( "p=" ) )


S←1 n=1
Tant que S ≤ 10P s=1
S ← 1.5∗N ∗(N +1) while s <=10∗∗p :
N ←N +1 s =1.5∗n ∗ ( n+1)
Fin Tant que n=n+1
print ( n )

Suites 271
272 CHAPITRE 6. SUITES

Exercice 3. D’après une olympiade anglaise


Soit (un ) une suite définie sur N∗ telle que :
• u1 = 2019,

n
• pour tout entier n ≥ 1, uk = n2 un .
k=1
Calculer u2019 .
Solution
En particulier, pour n = 2, nous obtenons

u1 + u2 = 4u2 ,

ce qui donne
u1
3u2 = u1 , soit u2 = .
3
En particulier pour n = 3, il vient

u1 + u2 + u3 = 9u3 ,

ce qui donne
u1 4u1
8u3 = u1 + u2 = u1 + = .
3 8
Nous en déduisons
u1
u3 = .
6
Pour imaginer une formule générale donnant un pour chaque n ≥ 1, nous
remarquons que

3 = 1 + 2 et 6 = 1 + 2 + 3.

Ainsi, nous conjecturons que


u1 2u1
∀n ∈ N∗ , un = = .
1 + 2 + ··· + n n(n + 1)
Nous prouvons cette égalité par récurrence 2 .

2. Annexe : § 12.5.5

272 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 273

Initialisation
L’égalité proposée est vraie au rang n = 1 car
2u1
= u1 .
1×2
Hérédité
Nous supposons qu’à un rang n ≥ 1 fixé, on ait

2u1
un = .
n(n + 1)

Montrons que cette égalité est encore vraie au rang n + 1, c’est-à-dire


prouvons que :
2u1
un+1 = .
(n + 1)(n + 2)
Avec les données de l’énoncé, nous avons

(u1 + u2 + · · · + un ) + un+1 = (n + 1)2 un+1 .

Nous en déduisons
  
n
(n + 1)2 − 1 un+1 = uk = n2 un ,
k=1

ce qui donne, en appliquant l’hypothèse de récurrence


2u1
n(n + 2)un+1 = n2 .
n(n + 1)
Il en résulte que
2u1
un+1 = ,
(n + 1)(n + 2)
ce qui démontre que l’égalité proposée est vraie au rang n + 1.
Nous en concluons, en appliquant le principe de récurrence que
2u1
∀n ∈ N∗ , un = .
n(n + 1)
Par conséquent, nous obtenons
2 × 2019 1
u2019 = = .
2019 × 2020 1010

Suites 273
274 CHAPITRE 6. SUITES

Exercice 4. Étude d’une suite


1
Soit la suite (un ) définie sur N∗ par son premier terme u1 = et par la
2
relation de récurrence
n+1
un+1 = un .
2n
1. Justifier que, pour tout entier n ≥ 1, un > 0.
2. Quel est le sens de variations de cette suite ?
3. Pour tout entier n ≥ 1, exprimer un en fonction de n.
Solution
1. Nous montrons par récurrence que : ∀n ∈ N∗ , un > 0.
Initialisation
1
Nous avons u1 = , donc u1 > 0. L’inégalité est vraie au rang n = 1.
2
Hérédité
Nous supposons qu’à un rang n ≥ 1 fixé, on ait

un > 0.

Montrons que cette égalité est encore vraie au rang n + 1, c’est-à-dire


prouvons que un+1 > 0.
En appliquant l’hypothèse de récurrence, nous savons que un > 0.
n+1
De plus, pour n ≥ 1, nous avons > 0.
2n
Nous en déduisons que un+1 > 0, ce qui prouve que l’inégalité attendue est
héréditaire.
Nous en concluons, en appliquant le principe de récurrence, que

∀n ∈ N∗ , un > 0.

2. Puisque, pour tout n ≥ 1, un > 0, nous pouvons comparer le quotient


un+1
avec 1.
un
Nous avons
un+1 n+1
= .
un 2n
Or, pour tout entier n ≥ 1, nous obtenons
n+1
n + 1 ≤ 2n, soit ≤ 1,
2n
ce qui prouve :

274 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 275

un+1
≤1
un
Nous en concluons que cette suite est décroissante.
3. Nous calculons les premiers termes de cette suite pour tenter de deviner
l’expression de un en fonction de n. Nous obtenons
2 1 2
u 2 = u1 = = 2 ,
2 2 2
3 3 1 3 3
u 3 = u2 = × = = 3 ,
4 4 2 8 2
4 4 3 4 4
u 4 = u3 = × = = 4.
6 6 8 16 2
Ainsi, nous conjecturons que, pour tout entier n ≥ 1,
n
un = .
2n
Il s’agit maintenant de prouver cette égalité par récurrence.
Initialisation
Nous avons
1 1
u1 = = 1,
2 2
ce qui justifie l’égalité attendue au rang n = 1.
Hérédité
Nous supposons qu’à un rang entier n ≥ 1, fixé, nous disposons de l’égalité
n
un = .
2n
Montrons que cette égalité reste vraie au rang n + 1, c’est-à-dire, prouvons
que
n+1
un+1 = .
2n+1
Par définition de la suite (un ) et en appliquant l’hypothèse de récurrence,
il vient
n+1 n+1 n n+1 1 n+1
un+1 = un = × n = × n = n+1 .
2n 2n 2 2 2 2
L’égalité est ainsi vraie au rang n + 1.
En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons que
n
∀n ∈ N∗ , un = .
2n

Suites 275
276 CHAPITRE 6. SUITES

Exercice 5. Somme des n premiers cubes


Soit la suite (cn ) définie sur N∗ par
 
n(n + 1) 2
cn = .
2
1.Montrer que pour tout entier n ≥ 1,
cn+1 − cn = (n + 1)3 .
2. En déduire que pour tout entier n ≥ 1, on a
n2 (n + 1)2
1 3 + 23 + 33 + · · · + n 3 = .
4
Solution
1. Soit un entier n ≥ 1, nous avons
   
n + 1)(n + 2) 2 n(n + 1) 2
cn+1 − cn = ( − ,
2 2
  
(n + 1)(n + 2) n(n + 1) (n + 1)(n + 2) n(n + 1)
= − + ,
2 2 2 2
 
n+1 2
= [(n + 2) − n] [(n + 2) + n] ,
2
 
n+1 2
= × 4(n + 1),
2
= (n + 1)3 .

2. Soit k un entier naturel tel que 1 ≤ k ≤ n − 1, avec n ≥ 2.


D’après la question précédente, nous avons

n−1 
n−1
(ck+1 − ck ) = (k + 1)3 .
k=1 k=1
Par "télescopage" dans la somme de gauche, nous obtenons
cn − c1 = 23 + 33 + · · · + n3 .
Puisque c1 = 1, nous obtenons, pour tout n ≥ 2,
cn = 13 + 23 + 33 + · · · + n3 .
Cette dernière égalité est vraie pour n = 1. De plus, nous savons que
n(n + 1)
1 + 2 + 3 + ··· + n = .
2
Nous en concluons, pour tout n ≥ 1,
 
n(n + 1) 2 n2 (n + 1)2
3 3 3
1 + 2 + 3 + ··· + n = 3 = .
2 4

276 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 277

6.8.2 Suites arithmétiques - Suites géométriques

Exercice 6. Division euclidienne et suites arithmétiques

Nous rappelons le principe de la division euclidienne.


Soient a et b deux entiers naturels tels que b �= 0.
Il existe deux entiers naturels uniques q et r, satisfaisant à

a = bq + r, avec 0 ≤ r < b.

Soient (an ) et (bn ) deux suites définies sur N∗ par

an = 8n2 + 5n − 5 et bn = 4n + 3.

1. Justifier que, pour tout entier n ≥ 1, an ∈ N et bn ∈ N∗ .


2. Pour chaque entier n ≥ 1, on désigne respectivement par qn et rn le
quotient et le reste de la division euclidienne de an par bn . A l’aide d’un tableur
ou en donnant un algorithme, déterminer qn et rn pour n variant de 1 à 10.
Quelles conjectures peut-on faire concernant la nature des suites (qn ) et
(rn ) ?
3. Vérifier que les suites (qn ) et (vn ) conviennent.
Solution
1. Soit n un entier naturel non nul.
• Nous avons

8n2 + 5n ∈ N.

De plus,

si n ≥ 1, alors 8n2 ≥ 8 et 5n ≥ 5,

ce qui donne 8n2 + 5n − 5 ≥ 8 et par suite an ∈ N.


• De même pour n ≥ 1, nous avons

4n + 3 ∈ N et 4n + 3 ≥ 7,

ce qui justifie que bn ∈ N∗ .


2.
• Nous donnons les dix premières valeurs de qn et rn avec le tableur ci-
contre.

Suites 277
278 CHAPITRE 6. SUITES

an
n an bn qn = � � r n = an − q n × b n
bn
1 8 7 1 1
2 37 11 3 4
3 82 15 5 7
4 143 19 7 10
5 220 23 9 13
6 313 27 11 16
7 422 31 13 19
8 547 35 15 22
9 688 39 17 25
10 845 43 19 28

• Nous proposons à présent un algorithme qui restitue le quotient Q et


le reste R de la division euclidienne de A par B, l’entier N étant choisi par
l’utilisateur.

n=int ( input ( "n=" ) )


Q= [ ]
Pour I allant de 1 à N R= [ ]
A ← 8 ∗ I2 + 5 ∗ I − 5 f o r i in range ( 1 , n +1):
B ←4∗I +3 a=8∗ i ∗∗2+5∗ i −5
A
Q←� � b=4∗ i +3
B
R←A−Q∗B q=int ( a/b )
Afficher Q r=a−b∗q
Afficher R Q. append ( q )
Fin Pour R. append ( r )
print ( " q u o t i e n t " ,Q)
print ( " r e s t e " ,R)

Nous conjecturons que


• (qn ) est une suite arithmétique de premier terme q1 = 1 et de raison
r = 2,
• (rn ) est une suite arithmétique de premier terme r1 = 1 et de raison
r = 3.
Nous en déduisons que, pour tout entier n ≥ 1, nous avons

qn = q1 + (n − 1)r = 1 + (n − 1)2 = 2n − 1,

278 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 279

rn = r1 + (n − 1)r = 1 + (n − 1)3 = 3n − 2.
3. Pour n ≥ 1, nous obtenons
bn × qn + rn = (4n + 3)(2n − 1) + 3n − 2 = 8n2 + 5n − 5 = an .
De plus, nous avons
rn − bn = 3n − 2 − (4n + 3) = −n − 5 < 0,
ce qui justifie
0 ≤ rn < bn .
Ainsi nous avons prouvé que pour chaque entier n ≥ 1, les entiers qn et rn sont
respectivement le quotient et le reste de la division euclidienne de an par bn .

Exercice 7. Suite récurrente - Suite arithmétique


x
Soit f la fonction définie sur [0, +∞[ par f (x) = .
x+1
On considère la suite (un ) définie sur N par
u0 = 2 et pour tout entier naturel n, un+1 = f (un ).
1. En utilisant la courbe Cf représentative de la fonction f :
• Placer sur la droite des abscisses les premiers termes.
• Quel est le signe de un , pour tout entier naturel n ?
• Quel est le sens de variations de la suite (un ) ?
2. Prouver ces deux dernières observations.
1
3. Pour tout entier naturel n, nous posons vn = .
un
Quelle est la nature de la suite (vn ) ?
En déduire la limite de la suite (un ).
Solution
1.

Nous conjecturons graphiquement que


• pour tout entier naturel n, un > 0,
• la suite (un ) est décroissante.

Suites 279
280 CHAPITRE 6. SUITES

2.
• Nous prouvons par récurrence que, pour tout entier naturel n, un > 0.
Initialisation.
Nous avons u0 = 2, donc u0 > 0. L’inégalité est vraie au rang n = 0.
Hérédité.
Nous supposons qu’à un rang n ≥ 0 fixé, on ait

un > 0.

Montrons que cette égalité est encore vraie au rang n + 1, c’est-à-dire


prouvons que un+1 > 0.
En appliquant l’hypothèse de récurrence, nous savons que un > 0.
Il en résulte 1 + un > 0, ce qui donne
un
un+1 = > 0,
1 + un
ce qui prouve que l’inégalité attendue est héréditaire.
Nous en concluons, en appliquant le principe de récurrence que

∀n ∈ N, un > 0.

• Nous montrons que la suite (un ) est décroissante.


Pour tout entier naturel n, nous avons

un+1 − un = f (un ) − un ,
un
= − un ,
un + 1
u2n
=− .
un + 1

Puisque 1 + un > 0, pour tout entier naturel n, nous en déduisons

un+1 − un ≤ 0,

ce qui justifie que la suite (un ) est décroissante.


3. Pour tout entier naturel n, nous avons
1 un + 1 1
vn+1 = = =1+ = vn + 1,
un+1 un un
1
ce qui prouve que la suite (vn ) est arithmétique de premier terme v0 = et
2
de raison r = 1.
Pour tout entier naturel n, nous en déduisons

280 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 281

1 1
vn = v0 + nr = + n, soit un = .
2 1
n+
2
1
Puisque lim (n + ) = +∞, nous en concluons que la suite (un ) converge
n→+∞ 2
et nous obtenons

lim un = 0.
n→+∞

Exercice 8. Récurrence double - Suite géométrique


Soit la suite (un ) définie sur N par

u0 = 1 et u1 = 2,
1
∀n ∈ N, un+2 = (un+1 + un ).
2
1. Donner un algorithme qui restitue un terme de rang N , cet entier étant
choisi par l’utilisateur.
Cette suite est-elle monotone, semble-t-elle convergente ?
2. Pour tout entier naturel n, on pose

vn = un+1 − un .

Montrer que la suite (vn ) est géométrique.


3. Pour tout entier n ≥ 1 , nous posons

n−1
Sn = vk .
k=0

Calculer Sn puis un en fonction de n.


En déduire la limite de la suite (un ).
Solution
1. Nous obtenons l’algorithme

n=int ( input ( "n=" ) )


A←1
a , b=1 ,2
B←2
L=[]
Pour I allant de 2 à N
f o r i in range ( 2 , n +1):
U ← 0.5 ∗ (A + B)
u =0.5∗( a+b )
A←B
a , b=b , u
B←U
L . append ( u )
Fin Pour
print (L)

Suites 281
282 CHAPITRE 6. SUITES

Vous pouvez remarquer l’invariance, dans tout algorithme d’une suite dé-
finie par une récurrence double, des affectations :

A←B
B←U

En implémentant cet algorithme dans le langage de programmation de votre


choix, par exemple en Python ou votre calculatrice, nous obtenons les résultats
suivants :
N 3 4 5 ··· 10 ··· 100
U 1, 5 1, 75 1, 625 ··· 1, 66796875 ··· 1, 6666666667

Nous avons

u3 < u4 et u4 > u5 ,

ce qui fournit un contre-exemple qui justifie que cette suite n’est pas monotone.
5
Nous conjecturons que cette suite converge vers le rationnel .
3
2.
Pour tout entier naturel n, nous avons

vn+1 = un+2 − un+1 ,


1
= (un+1 + un ) − un+1 ,
2
1 1
= − un+1 + un ,
2  2
1
= − (un+1 − un ),
2
 
1
= − vn .
2

1
Nous en concluons que la suite (vn ) est géométrique de raison q = − et de
2
premier terme v0 = u1 − u0 = 1.
3.
• Pour tout entier n ≥ 1, Sn est la somme des n premiers termes de la
suite géométrique (vn ). Nous avons
 n
1
1 − −   n 
1 − qn 2 2 1
Sn = v0 = = 1− − .
1−q 1 3 2
1+
2

282 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 283

• Par "télescopage", nous obtenons



n−1 
n−1
Sn = vk = (uk+1 − uk ) = un − u1 = un − 1.
k=0 k=0
Pour tout entier n ≥ 1, nous en déduisons
  n 
2 1
un = Sn + 1 = 1− − + 1.
3 2
Cette égalité étant encore vraie pour n = 0, nous en concluons
  n 
2 1
∀n ∈ N, un = 1− − + 1.
3 2
1
• Puisque | − | < 1, nous avons
2
 n
1
lim − = 0.
n→+∞ 2
Nous en concluons
2 5
lim un = +1= .
n→+∞ 3 3
Exercice 9. Suite arithmétique
Soient a, b et c trois réels strictement positifs.
1 1 1
Montrer que les réels , et sont les trois termes consécutifs
a+b a+c b+c
d’une suite arithmétique si et seulement si 2b2 = a2 + c2 .
Que peut-on dire dans ce cas des réels a2 , b2 et c2 ?
Solution
Nous appliquons la proposition du paragraphe 6.3.1.
1 1 1
Nous savons que , et sont les trois termes consécutifs
a+b a+c b+c
d’une suite arithmétique si et seulement si
 
1 1 1 1
= + , égalité que nous notons [1].
a+c 2 a+b b+c
Nous avons
 
2 1 1
[1] ⇔ = + ,
a+c a+b b+c
2 a + c + 2b
⇔ = ,
a+c (a + b)(b + c)
⇔ 2(a + b)(b + c) = (a + c)(a + c + 2b).

En développant puis en réduisant, nous obtenons le résultat attendu, c’est-


à-dire :

Suites 283
284 CHAPITRE 6. SUITES

[1] ⇔ 2b2 = a2 + c2 .
a2 + c2
Cette dernière égalité équivaut à b2 = .
2
Ainsi en appliquant à nouveau la proposition du paragraphe 6.3.1, nous en
déduisons que les réels a2 , b2 et c2 sont les trois termes consécutifs d’une suite
arithmétique.
Exercice 10. Suite géométrique
Soient a, b et c trois réels strictement positifs. Montrer que si ces réels
sont les trois termes consécutifs d’une suite géométrique, alors pour tout entier
naturel n ≥ 1,

(an + bn + cn )(an − bn + cn ) = a2n + b2n + c2n .

Étudier la réciproque.
Solution
Pour tout entier naturel n ≥ 1, nous avons

(an + bn + cn )(an − bn + cn ) = ((an + cn ) + bn ) ((an + cn ) − bn ) ,


= (an + cn )2 − (bn )2 ,
= a2n + c2n + 2an cn − b2n .

Or, en appliquant la proposition du paragraphe 6.4.1, puisque a, b et c sont


les trois termes consécutifs d’une suite géométrique, nous savons que

b2 = ac,

ce qui implique

an cn = (ac)n = (b2 )n = b2n .

Nous en déduisons

(an + bn + cn )(an − bn + cn ) = a2n + c2n + 2b2n − b2n ,


= a2n + b2n + c2n ,

ce qui prouve l’égalité attendue.

284 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 285

Réciproquement, nous supposons que, pour tous réels a > 0, b > 0 et


c > 0 et pour tout entier naturel n ≥ 1,

(an + bn + cn )(an − bn + cn ) = a2n + b2n + c2n .

En utilisant les calculs ci-dessus, nous obtenons

a2n + c2n + 2an cn − b2n = a2n + b2n + c2n ,

ce qui implique

b2n = (ac)n , soit (b2 )n − (ac)n = 0.

En utilisant la proposition du paragraphe 2.3 (factorisation de xn − an ),


nous obtenons

n−1
(b2 )n − (ac)n = (b2 − ac) (b2 )n−1−k (ac)k .
k=0

Puisque a > 0, b > 0 et c > 0, nous en déduisons



n−1
(b2 )n−1−k (ac)k > 0
k=0

Par conséquent, si (b2 )n − (ac)n = 0, alors nous obtenons

b2 − ac = 0, soit b2 = ac,

ce qui prouve, en appliquant à nouveau la proposition du paragraphe 6.4.1,


que les réels a > 0, b > 0 et c > 0 sont les trois termes consécutifs d’une suite
géométrique.
Exercice 11. Suite géométrique et carrés
Á partir du carré de côté c1 = 1, on construit sur la figure ci-dessous la
suite des carrés de côtés c2 , c3 . . . .

Suites 285
286 CHAPITRE 6. SUITES

1. Calculer c2 .
2. Déterminer c3 et c4 .
En déduire une conjecture donnant cn en fonction de n ≥ 1.
Quelle est la nature de la suite (cn ) ?
3. Pour tout entier n ≥ 1, on pose

L n = c1 + c 2 + · · · + c n .

Montrer que, pour tout n ∈ N∗ , le réel Ln est majoré.


4. Quelle est la limite l de la suite (Ln )n≥1 ?
5. Donner un algorithme qui restitue un rang N tel que pour n ≥ N , on ait

|Ln − l| < 10−P ,

la variable P étant contrôlée par l’utilisateur.


Solution
1. Nous observons que c2 est la moitié de la longueur de la diagonale du
carré de côté c1 , ce qui donne

1 √ 2
c 2 = c1 2 = .
2 2
2. De la même façon, c3 est la moitié de la longueur de la diagonale du
carré de côté c2 , soit
 √ 2
1 √ 2
c3 = c2 2 = .
2 2

Nous conjecturons que, pour tout entier n ≥ 1,


 √ n−1
2
cn = .
2

Nous démontrons cette conjecture par récurrence.


Initialisation.
 √ 1−1
2
c1 = 1 = , ce qui justifie que l’égalité proposée est vraie au rang
2
n = 1.
Hérédité.
Nous supposons qu’à un rang n ≥ 1, on ait
 √ n−1
2
cn = .
2

286 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 287
 √ n
2
Montrons que cn+1 = .
2
En réitérant ce procédé pour obtenir les carrés successifs de la figure, cn+1
est la moitié de la longueur de la diagonale du carré de côté cn .
En appliquant de plus l’hypothèse de récurrence, nous obtenons
√  √ n−1  √ n
1 √ 2 2 2
cn+1 = cn 2 = = .
2 2 2 2

L’égalité attendue est donc héréditaire.


En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons,
 √ n−1
2
∀n ∈ N∗ , cn = .
2

2
Cette suite, par construction, est géométrique de raison q = et de
2
premier terme c1 = 1.
3. Pour tout entier n ≥ 1, Ln est la somme des n premiers termes de la suite
géométrique (cn )n≥1 dont la raison est distincte de 1. Ainsi, nous obtenons
 √ n
2
1−   √ n 
1−q n 2 2 2
Ln = c1 = √ = √ 1− .
1−q 2 2− 2 2
1−
2
Nous remarquons que :

2 2(2 + 2) √
√ = √ √ = 2 + 2.
2− 2 (2 − 2)(2 + 2)
Pour tout entier n ≥ 1, nous en concluons
  √ n 
√ 2
Ln = (2 + 2) 1 − .
2

Nous en déduisons
  √ n 
√ √ 2 √
Ln − (2 + 2) = (2 + 2) 1 − − (2 + 2),
2
 √ n
√ 2
= −(2 + 2) .
2

Suites 287
288 CHAPITRE 6. SUITES

Ce calcul prouve que, quel que soit l’entier n ≥ 1,


√ √
Ln − (2 + 2) ≤ 0, soit Ln ≤ (2 + 2),

ce qui justifie que la suite
√ (Ln ) n≥1 est majorée par 2 + 2
2
4. Puisque −1 < < 1, nous avons
2
� √ �n
2
lim = 0.
n→+∞ 2
Nous en déduisons

l = lim Ln = 2 + 2.
n→+∞
5. Nous donnons à présent un algorithme qui restitue un rang N tel que pour
n ≥ N , on ait
|Ln − l| < 10−P ,
la variable P étant contrôlée par l’utilisateur.

L←1
N ←1

Tant que (2 + 2) ⎛− L ≥ 10−P ⎞
� √ �N
√ 2
L ← (2 + 2) ∗ ⎝1 − ⎠
2
N ←N +1
Fin Tant que

from math import∗


p=int ( input ( "p=" ) )
l , n=1 ,1
while 2+ s q r t (2) − l >=10∗∗(−p ) :
l =(2+ s q r t ( 2 ) ) ∗ ( 1 − ( s q r t ( 2 ) / 2 ) ∗ ∗ n )
n=n+1
print ( n )

En implémentant cet algorithme dans le langage de programmation de


votre choix, par exemple en Python ou votre calculatrice programmable, nous
obtenons les résultats suivants :
P 1 2 3 4
N 12 18 25 32

288 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 289

Exercice 12. Suites géométriques et disques


Nous considérons, pour tout entier naturel n ≥ 1, une suite de disques
tangents (Dn ) comme indiqués sur la figure ci-après.

r
Le rayon du disque Γ est r > 0, celui de D1 est et le rayon de Dn+1 est
2
la moitié du rayon de Dn .
Pour tout entier n ≥ 1, nous désignons par dn la diamètre du disque Dn ,
et nous posons

Δ n = d1 + d 2 + · · · + d n .

1. Calculer Δn en fonction de n et r.
2. Montrer que la réunion de tous les disques Dn reste à l’intérieur du
disque Γ.
3. On désigne par An l’aire de la partie du plan obtenue par la réunion des
disques D1 , D2 , . . . , Dn .
Montrer que la suite An converge et a pour limite le tiers de l’aire du disque
Γ.
Solution
1. Nous avons d1 = r. Par itération du processus, pour tout entier n ≥ 1,
nous obtenons
1
dn+1 = dn ,
2

Suites 289
290 CHAPITRE 6. SUITES

1
ce qui justifie que la suite (dn ) est géométrique de raison q = et de premier
2
terme d1 = r.
Le réel Δn est la somme des n premiers termes de cette suite. Pour tout
entier n ≥ 1, nous en déduisons
� �n
1
1− � � �n �
1 − qn 2 1
Δn = d1 =r = 2r 1 − .
1−q 1 2
1−
2
2. Pour entier n ≥ 1, nous avons
2r
Δn − 2r = − n < 0, soit Δn < 2r.
2
Cette inégalité prouve que la réunion de tous les disques Dn reste à l’inté-
rieur du disque Γ, ce qui signifie également que la suite (Δn ) est majorée par
2r, c’est-à-dire majorée par la longueur du diamètre du disque Γ.
3. Pour tout entier n ≥ 1, désignons par an l’aire du disque Dn . Nous avons
� �2
dn
an = π .
2
1
Puisque nous savons que dn+1 = dn , il vient
2
� �2 � �2 � �
dn+1 dn π dn 2 1
an+1 = π =π = = an ,
2 4 4 2 4
1
ce qui prouve que la suite (an ) est géométrique de raison q = et de premier
� �2 4
d1 r2
terme a1 = π =π .
2 4
Nous en déduisons que An est la somme des n premiers termes de la suite
(an ), ce qui donne pour tout entier n ≥ 1
n

An = ak ,
k=1
1 − qn
= a1 ,
1−q
⎡ � �n ⎤
1
1−
r2 ⎢ 4 ⎥
=π ⎢ ⎣
⎥,
4 1 ⎦
1−
4
2
� � �n �
πr 1
= 1− .
3 4

290 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 291
 n
1 1
Puisque ∈] − 1, 1[, nous avons lim = 0.
4 n→+∞ 4
Il en résulte
πr2
lim An = ,
n→+∞ 3
ce qui signifie que An converge et a pour limite le tiers de l’aire du disque Γ.

Exercice 13. Suite géométrique et partie entière


�x� désigne la partie entière d’un réel x.
Déterminer un réel x > 1 tel que x − �x�, �x� et x soient les trois termes
consécutifs d’une suite géométrique.
Solution
Soit un réel x > 1. En appliquant la proposition du paragraphe 6.4.1, nous
savons que les réels x − �x�, �x� et x sont les trois termes consécutifs d’une
suite géométrique si et seulement si
�x� x
= .
x − �x� �x�
Pour x ∈]1, +∞[, nous observons que

�x� �= 0 et x − �x� �= 0,

ainsi, cette équation, notée [1], est définie sur ]1, +∞[.
Nous avons, sachant que �x� �= 0,

[1] ⇔ �x�2 = x(x − �x�),


⇔ x2 − x�x� − �x�2 = 0,
x2 x
⇔ 2
− − 1 = 0.
�x� �x�

x
En posant q = (c’est la raison de cette suite), nous obtenons l’équation
�x�
du second degré

q 2 − q − 1 = 0.

Puisque Δ = (−1)2 −4(−1) = 5 > 0, les solutions de cette dernière équation


sont
√ √
1− 5 1+ 5
q= ou q = .
2 2

Suites 291
292 CHAPITRE 6. SUITES

x 1+ 5
Puisque q = > 0, seule la solution q = est retenue.
�x�√ 2
1+ 5
Le réel x = (c’est le nombre d’or φ) convient car
2

1+ 5 φ
�φ� = 1 donc q = = = φ.
2 1
Nous en concluons que les réels
√ √
5−1 5+1
φ − �φ� = ,�φ� = 1 et φ = ,
2 2
sont les trois termes consécutifs d’une suite géométrique de raison φ.

6.8.3 Limite d’une suite

Exercice 14. Suite convergente bornée


1. Soit (un ) une suite qui converge vers 0. Montrer que cette suite est bor-
née.
2. En déduire qu’il en est de même si (un ) est une suite qui converge vers
un réel l.
3. La réciproque est-elle vraie ?
Solution
1. Soit (un ) une suite convergente vers 0.
En choisissant, en particulier � = 1 dans la définition de la convergence
vers 0, nous obtenons

∃p ∈ N, ∀n ∈ N, n ≥ p ⇒ |un | < 1.

Soit M le réel défini par M = max {|u0 |, |u1 |, · · · |up−1 |, 1}.


Nous en déduisons que

∀n ∈ N, |un | ≤ M,

ce qui justifie qu’une suite qui converge vers 0 est bornée.


2. Soit (un ) une suite convergente vers un réel l.
La suite (un − l) converge vers 0. Cette suite est donc bornée, ce qui donne

∃M ∈ R, ∀n ∈ N, |un − l| ≤ M.

292 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 293

En appliquant l’inégalité triangulaire, nous avons, pour tout n ∈ N,

|un | = |(un − l) + l| ≤ |un − l| + |l| ≤ M + |l|,

ce qui prouve qu’une suite qui converge vers un réel l est bornée.
3. Cette réciproque est fausse.
Contre exemple : la suite (un ) définie sur N par un = (−1)n , est bornée
par −1 et 1 mais elle diverge puisque cette suite n’a pas de limite en +∞.

Exercice 15. Limite de la suite (|un |)


Soit (un ) une suite définie sur N, convergente vers un réel l.
Montrer que la suite (|un |) converge vers |l|.
Solution
Dans l’exercice corrigé 11 du chapitre 3, nous avons prouvé l’inégalité

∀x, y ∈ R, ||x| − |y|| ≤ |x − y|.

Pour tout entier naturel n, nous en déduisons ||un | − |l|| ≤ |un − l|.
Nous savons que lim un = l, ce qui implique
n→+∞

lim |un − l| = 0.
n→+∞

En appliquant le théorème d’encadrement, nous en concluons

lim |un | − |l| = 0, soit lim |un | = |l|.


n→+∞ n→+∞

Exercice 16. Limite d’un produit


Soient (un ) et (vn ) deux suites définies sur N qui convergent respectivement
vers les réels l et l� .
1. Montrer que pour tout entier naturel n, on a

|un vn − ll� | ≤ |un ||vn − l� | + |l� ||un − l|.

2. En utilisant l’exercice 14, montrer que

lim (un × vn ) = ll� .


n→+∞

Solution
1. Pour tout entier naturel n, nous avons

un vn − ll� = un vn − l� un + l� un − ll� = un (vn − l� ) + l� (un − l),

ce qui, en appliquant l’inégalité triangulaire, donne :

Suites 293
294 CHAPITRE 6. SUITES

|un vn − ll� | ≤ |un ||vn − l� | + |l� ||un − l|.

2. Puisque (un ) converge, cette suite est bornée donc il existe un réel M
tel que pour tout entier naturel n, on ait

|un | ≤ M .

Nous en déduisons

∀n ∈ N, |un vn − ll� | ≤ M |vn − l� | + |l� ||un − l|.

Comme (un ) et (vn ) convergent respectivement vers les réels l et l� , nous


obtenons

lim M |vn − l� | + |l� ||un − l| = 0,


n→+∞

ce qui prouve, en appliquant le théorème d’encadrement,

lim un vn − ll� = 0, soit lim un vn = ll� .


n→+∞ n→+∞

Exercice 17. Limite d’un inverse, d’un quotient


Soient (un ) et (vn ) deux suites définies sur N qui convergent respectivement
vers les réels l et l� �= 0.
1. Montrer qu’il existe une entier naturel p et un réel m > 0, tels que pour
tout entier n ≥ p, on ait

|vn | > m.

2. En déduire que pour n ≥ p, nous disposons de l’inégalité


1 1 1
| − � | ≤ � |l� − vn |.
vn l |l |m
 
1
En déduire la limite en +∞ de la suite .
  vn
un l
3. Justifier que lim = � , à condition que l� �= 0.
n→+∞ vn l
Solution
1. En appliquant le résultat de l’exercice 15 ci-dessus, puisque lim vn = l� ,
n→+∞
nous savons que

lim |vn | = |l� |.


n→+∞

294 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 295

|l� |
En choisissant � = > 0, nous en déduisons qu’il existe un entier naturel
2
p tel que pour tout entier n, si n ≥ p alors
|l� | |l� |
− < |vn | − |l� | < ,
2 2
ce qui implique, pour n ≥ p
|l� | |l� |
< |vn | < 3 .
2 2
|l� |
En posant m = , nous en concluons qu’il existe une entier naturel p et
2
un réel m > 0, tels que pour tout entier n ≥ p, on ait

|vn | > m.

Nous remarquons que cette inégalité implique, pour n ≥ p,que vn �= 0.


2. Pour tout entier n ≥ p, puisque l� �= 0 et vn �= 0, nous avons
1 1 |l� − vn |
| − �| = .
vn l |vn l� |
De l’inégalité |vn | > m, il résulte, pour n ≥ p, que
1 1 1
| − | < � |vn − l� |.
vn l � |l |m
Puisque lim |vn − l� | = 0, le théorème d’encadrement permet de conclure que
n→+∞

1 1 1 1
lim − � = 0, soit lim = �.
n→+∞ vn l n→+∞ vn l
3. Pour tout entier naturel n, nous avons
un 1
= un × .
vn vn
1 1
Puisque lim un = l et lim = � , avec l� =
� 0, par produit de ces
n→+∞ n→+∞ vn l
deux limites, nous en concluons
 
un 1 l
lim = l × � = �.
n→+∞ vn l l
Exercice 18. Divergence de la suite ((−1)n )
Montrer que la suite ((−1)n ) n’a pas de limite quand n tend vers +∞.
Solution
Nous supposons par l’absurde que la suite ((−1)n ) converge vers un réel l.
Cela signifie que pour tout � > 0, il existe p ∈ N tel que pour tout entier
n, si n ≥ p, alors :

Suites 295
296 CHAPITRE 6. SUITES

|(−1)n − l| < ε.

Il en résulte que pour les entiers n pairs tels que n ≥ p, on a

|1 − l| < ε ,

et, pour les entiers n impairs tels que n ≥ p, on a

|−1 − l| < ε, soit |1 + l| < ε.

Or nous observons que 2 = 1 + 1 = (1 − l) + (1 + l) .


En utilisant l’inégalité triangulaire, il en résulte

2 = |(1 − l) + (1 + l)| ≤ |1 − l| + |1 + l| .

Ainsi pour les entiers n pairs ou impairs tels que n ≥ p, nous avons

2 = |1 − l| + |1 + l| < 2ε.

En prenant par exemple ε = 12 , nous obtenons

2 < 1,

ce qui est contradictoire.


Nous pouvons en conclure que la suite ((−1)n ) n’a pas de limite quand n
tend vers +∞.
Exercice 19. Limite d’une somme
Pour tout entier naturel n ≥ 1, nous considérons les suites (un ) et (sn )
définies par
n n 1
un = √ et sn = √ .
n+ n k=1 n + k

1. Déterminer la limite de la suite (un ).


2. Calculer s1 et s2 .
3. Montrer que pour tout entier k ∈ [[1, n]] ,

1 1 1
√ ≤ √ ≤ .
n+ n n+ k n+1

En déduire que pour tout n ∈ N∗ ,


n
u n ≤ sn ≤ .
n+1

296 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 297

4. Justifier que la suite (sn ) est convergente et donner sa limite.


5. Déterminer un entier N tel que pour tout entier n ≥ N , on ait

1 − sn < 10−1 .

Écrire un algorithme qui restitue un rang N à partir duquel 1 −sN < 10−P ,
l’entier P étant choisi par l’utilisateur.
Solution
1. Lorsque n tend vers +∞, nous observons une forme indéterminée du
+∞
type " ".
+∞
Pour lever cette indétermination, nous avons, pour n ≥ 1,
n 1 1
un =  √ = √ = .
n n 1
n 1+ 1+ 1 + √
n n n
1
Puisque lim √ = 0, par passage à la limite de l’inverse, nous en dédui-
n→+∞ n
sons

lim un = 1.
n→+∞

2. Nous avons
1 1
s1 =√ = ,
1+ 1 2
1 1 1 1
s2 = √ + √ = + √ .
2+ 1 2+ 2 3 2+ 2
3. Pour tout entier naturel k tel que 1 ≤ k ≤ n, par croissance de la fonction
racine carrée sur R+ , nous obtenons
√ √
1 ≤ k ≤ n,

ce qui donne
√ √
0<n+1≤n+ k ≤n+ n.

En utilisant la décroissance de la fonction inverse sur ]0, +∞[, nous en


concluons que, pour tout entier k ∈ [[1, n]],

1 1 1
√ ≤ √ ≤ .
n+ n n+ k n+1

Par sommation, pour k variant de 1 à n, il vient

Suites 297
298 CHAPITRE 6. SUITES


n 1 n 1 n 1
√ ≤ √ ≤ ,
k=1 n + n k=1 n + k k=1 n + 1

ce qui justifie, pour tout entier n ≥ 1,


n
u n ≤ sn ≤ .
n+1
4. Puisque

lim un = 1,
n→+∞
n 1
lim = lim = 1,
n→+∞ n + 1 n→+∞ 1
1+
n
par le théorème d’encadrement, nous en concluons que la suite (sn ) converge
vers le réel 1.
5. Pour tout entier n ≥ 1, nous commençons par encadrer 1 − sn . Nous
obtenons

n n n
u n ≤ sn ≤ ⇔− ≤ −sn ≤ − √ ,
n+1 n+1 n+ n
n n
⇔1− ≤ 1 − sn ≤ 1 − √ ,
n+1 n+ n

1 n
⇔ ≤ 1 − sn ≤ √ .
n+1 n+ n

1
Nous en déduisons qu’une condition suffisante pour que 1 − sn < est
√ 10
n 1
√ < , ce qui signifie que nous disposons de l’implication
n+ n 10

n 1 1
√ < ⇒ 1 − sn < .
n+ n 10 10

n 1
Nous résolvons, pour n ∈ N , l’inéquation
∗ √ < , notée [1]. Il vient
n+ n 10

n 1
[1] ⇔ √ − < 0,
n + n 10
√ √
10 n − (n + n)
[1] ⇔ √ < 0,
n+ n

9 n−n
[1] ⇔ √ < 0.
n+ n

Puisque n + n > 0, nous obtenons :

298 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 299


[1] ⇔ 9 n − n < 0,
 
√ n
[1] ⇔ n 9 − √ < 0,
n

[1] ⇔ 9 − n < 0,

[1] ⇔ n > 9.

La fonction carré est croissante sur R+ , ce qui donne

[1] ⇔ n > 81.

Nous en concluons qu’il suffit que


1
n ∈]81, +∞[∩N∗ pour que 1 − sn < .
10
Ainsi l’entier N = 82 convient.
Nous donnons à présent un algorithme qui restitue un rang N tel que

1 − sN < 10−P ,

la variable P étant contrôlée par l’utilisateur.

N ←1 √
N
Tant que √ ≥ 10−P
N+ N
N ←N +1
Fin Tant que

from math import∗


p=int ( input ( "p=" ) )
n=1
while s q r t ( n ) / ( n+s q r t ( n))>=10∗∗(−p ) :
n=n+1
print ( n )

En implémentant cet algorithme dans le langage de programmation de votre


choix, par exemple en Python ou avec celui de votre calculatrice programmable,
nous obtenons les résultats suivants :
P 1 2 3
N 82 9802 998002

Suites 299
300 CHAPITRE 6. SUITES

Exercice 20. Convergence vers le nombre d’or


Soit la suite (un ) définie sur N par
  
√ √ √
u0 = 0, u1 = 1, u2 = 1 + 1, u3 = 1 + 1 + 1, . . . ,
 
 
 
 √
et, pour tout entier naturel n, un = 1 + · · · + 1 + 1 + 1 + 1.
  
n radicaux

Phase d’observation.
1. Déterminer une fonction f définie sur R+ telle que, pour tout entier
naturel n, un+1 = f (un ).
Représenter sur la droite des abscisses d’un repère orthonormal les premiers
termes de cette suite.
Que peut-on conjecturer du comportement de (un ) quand n tend vers +∞ ?
Donner un algorithme qui restitue un terme de rang N de cette suite, cet
entier étant choisi par l’utilisateur.
Démonstration de la conjecture.
Nous désignons par :
• φ la solution positive de l’équation f (x) = x,
• (vn ) la suite définie sur N par vn = φ − un .
2. Justifier, par récurrence 3 ,

∀n ∈ N, vn > 0.

3. Montrer que pour tout entier naturel n,


√ √
vn+1 1 + φ − 1 + un 1
= = √
vn φ − un φ + 1 + un
4. En déduire que, pour tout entier naturel n,
vn+1 1
• ≤ ,
vn φ+1
φ
• vn ≤ .
(φ + 1)n
5. Quelle est la limite de la suite (un ) ?

3. Annexe : § 12.2.5

300 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 301

Solution
1. Nous avons
√ √
u1 = 1 = 1 + u 0 ,
 √ √
u2 = 1 + 1 = 1 + u 1 ,
..
.

un+1 = 1 + un .

Nous considérons la fonction f définie sur R+ , par



f (x) = 1 + x.

En remarquant que, pour tout entier naturel n, un ≥ 0, nous obtenons

un+1 = f (un ).

Nous en déduisons

Nous conjecturons que la suite (un ) converge vers un réel φ, solution posi-
tive de l’équation f (x) = x.
Nous obtenons l’algorithme suivant, qui restitue un terme de rang N de
cette suite, cet entier étant choisi par l’utilisateur.

from math import∗


U ←0 n=int ( input ( "n=" ) )
Pour I allant de 1 à N u=0

U ← 1+U f o r i in range ( 1 , n +1):
Fin Pour u=s q r t (1+u )
print ( u )

En implémentant cet algorithme, nous obtenons la tableau suivant :

n 1 2 5 10 20
un 1 1, 414... 1, 611... 1, 618... 1, 618...

Suites 301
302 CHAPITRE 6. SUITES

Nous observons que φ ≈ 1, 618, ce qui est une valeur approchée du nombre
d’or.
2. Par récurrence, nous prouvons que pour tout entier naturel n, φ > un .
Initialisation.
Nous avons
v0 = φ − u0 = φ > 0,
ce qui justifie que l’inégalité est vraie au rang n = 0.
Hérédité.
Nous supposons que pour un entier n quelconque fixé, on ait

vn > 0, c’est-à-dire φ > un .

Montrons que vn+1 > 0.


On a
vn+1 = φ − un+1 = f (φ) − f (un ).
Puisque la fonction f est croissante sur R+ , l’hypothèse de récurrence
φ > un implique f (φ) > f (un ),
ce qui prouve que vn+1 > 0.
Par conséquent l’inégalité attendue est héréditaire.
En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons

∀n ∈ N, vn > 0.

3. Soit n un entier naturel. Sachant que


vn > 0, φ = f (φ) et un+1 = f (un ),
il vient

vn+1 φ − un+1
= ,
vn φ − un
f (φ) − f (un )
= ,
φ − un
√ √
1 + φ − 1 + un
= ,
φ − un
√ √  √ √ 
1 + φ − 1 + un 1 + φ + 1 + un
= √ √  ,
(φ − un ) 1 + φ + 1 + un
φ − un
= √ √ .
(φ − un ) 1 + φ + 1 + un

302 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 303


Après simplification et sachant que φ = 1 + φ, pour tout entier naturel
n, nous obtenons
vn+1 1
= √ .
vn φ + 1 + un
4.
• Pour tout entier naturel n, nous savons que un ≥ 0.
Il en résulte que

1 + un ≥ 1, soit φ + 1 + un ≥ φ + 1 > 0.

La fonction inverse est décroissante sur ]0, +∞[, donc


1 1
√ ≤ .
φ + 1 + un φ+1
Nous en concluons
vn+1 1
∀n ∈ N, ≤ .
vn φ+1
• Montrons par récurrence que
φ
∀n ∈ N, vn ≤ .
(φ + 1)n
Initialisation.
Nous avons
φ
v0 = φ ≤ (1
,
+ φ)0
ainsi l’inégalité attendue est vraie au rang n = 0.
Hérédité.
Nous supposons que pour un entier n quelconque fixé, on ait
φ
vn ≤ .
(φ + 1)n
φ
Montrons que vn+1 ≤ .
(φ + 1)n+1
Puisque vn > 0, de l’inégalité précédente, il résulte que
1
vn+1 ≤ vn .
φ+1
1
En utilisant l’hypothèse de récurrence, puisque > 0, nous obtenons
φ+1

Suites 303
304 CHAPITRE 6. SUITES

1 φ
vn ≤ ,
φ+1 (φ + 1)n+1

ce qui implique, par transitivité de la relation ≤,

φ
vn+1 ≤ .
(φ + 1)n+1

La propriété est héréditaire. En appliquant le principe de récurrence, nous


en concluons
φ
∀n ∈ N, vn ≤ .
(φ + 1)n

5. Pour tout entier naturel n, nous disposons de l’encadrement

φ
0 < vn ≤ .
(φ + 1)n

Puisque φ > 0, nous en déduisons

1
φ + 1 > 1, soit 0 < < 1.
1+φ

Il en résulte que
 n
1 1 φ
lim = lim = 0, donc lim = 0.
n→+∞ (φ + 1)n n→+∞ φ+1 n→+∞ (φ + 1)n
Nous appliquons le théorème d’encadrement qui justifie que la suite (vn )
converge vers 0.
Nous en déduisons que

lim φ − un = 0.
n→+∞

1+ 5
Nous en concluons que la suite (un ) converge vers le réel φ = , c’est
2
le nombre d’or, qui est la solution strictement positive de l’équation f (x) = x.
Exercice 21. Méthode de Newton
Partie A
Soit f une fonction dérivable sur un intervalle I.
Nous supposons :
• qu’il existe un réel α ∈ I tel que f (α) = 0,
• pour tout réel x ∈ I, f � (x) �= 0.
1. Soit x0 ∈ I et T0 la tangente à la courbe Cf au points M0 d’abscisse x0 .

304 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 305

Déterminer l’abscisse x1 du point d’intersection de T0 avec la droite des


abscisses.
2. Soit T1 la tangente à la courbe Cf au point M1 d’abscisse x1 . Déterminer
l’abscisse x2 du point d’intersection de T1 avec la droite des abscisses.
3. En réitérant ce processus, pour tout entier naturel n, nous désignons
par :
• Tn la tangente à Cf au point Mn d’abscisse xn
• xn+1 l’abscisse du point d’intersection de Tn avec la droite des abscisses.
Montrer que, le réel x0 étant donné, la suite (xn ) est définie par la relation
de récurrence
f (xn )
xn+1 = xn − .
f  (xn )

Partie B
Nous étudions à présent ce modèle sur l’exemple qui suit.
La fonction f est définie sur R par f (x) = x2 − 2.
Nous considérons la suite (xn ), de premier terme x0 = 1, générée par la

méthode de Newton, afin de prouver la convergence de cette suite vers 2 qui
est la solution positive de l’équation f (x) = 0.
1. Exprimer, pour tout entier naturel, xn+1 en fonction de xn .
2. Pour tout entier naturel n, montrer que
• xn �= 0,
• xn ≥ 1.
3. Pour tout entier naturel n, prouver l’inégalité

Suites 305
306 CHAPITRE 6. SUITES
306 CHAPITRE 6. SUITES
306 306 CHAPITRE
CHAPITRE 6. SUITES
6. SUITES
√ 1 √
|xn+1 − √2| ≤ 1 (xn − √2)2 .
|xn+1 − √2|√ ≤2 1 (xn1 − √2)√ 2.
|xn+1 − −
|xn+1 2| ≤2|2≤ (xn (x−n − 2)2 .2)2 .
4. En déduire, par récurrence que, pour 2 2tout entier n,
4. En déduire, par récurrence que, pour tout entier n,
4. En
4. En déduire,
déduire, par par récurrence
récurrence que, √que,
pourpour 1 tout
tout entierentier
n, n,
|xn − √2| < 12n .
|xn − √2|√ < 212n . 1
|xn |x−n − 2| <2|2< . .
2n 22n
5. Conclure et écrire un algorithme qui 2restitue un rang N à partir duquel

5. Conclure 1et écrire un algorithme qui restitue un rang N à partir duquel
|xN 5. 5.2|Conclure
− Conclure
√ et terme
< 21Net, écrire
le écrire un algorithme
un initial
algorithme X dequi la qui
suiterestitue
restitue étant un rang
choisi
un rang Npar à partir duquel
l’utilisateur.
àNpartir duquel
|xN − √2|√< 221N , 1le terme initial X de la suite étant choisi par l’utilisateur.
Solution
|x N |x
−N − 2| <2|2< N ,terme
, le le terme initial
initial X de X ladesuite
la suite
étantétant
choisi choisi
par par l’utilisateur.
l’utilisateur.
Solution 22N 22
Partie
Solution
Solution A
Partie A
1. Une équation
Partie
Partie A A de la tangente T0 à la courbe Cf au point M0 d’abscisse
1. Une équation de la tangente T0 à la courbe Cf au point M0 d’abscisse
x0 est 1. Une
1. Une équation
équation de la detangente
la tangente T0 àT0laàcourbe
la courbe Cf au au point
Cf point M0 M 0 d’abscisse
d’abscisse
x0 est
x0 est
x0 est
y = f  (x0 )(x − x0 ) + f (x0 ).
y = f  (x0)(x − x0 ) + f (x0 ).
y =yf =(xf0 )(x (x0 − )(xx0−) x+0 )f +
(x0f).(x0 ).
Nous en déduisons que l’abscisse x1 du point d’intersection de T0 avec la droite
Nous en déduisons que l’abscisse x1 du point d’intersection de T0 avec la droite
des
Nous abscisses
Nous satisfait
en déduisons
en déduisons queàque l’équation
l’abscisse
l’abscisse x1 du du point
x1 point d’intersection
d’intersection de Tde T0 avec
0 avec la droite
la droite
des abscisses satisfait à l’équation
des des abscisses
abscisses satisfait
satisfait à l’équation
à l’équation
f  (x0 )(x1 − x0 ) + f (x0 ) = 0.
f  (x0)(x1 − x0 ) + f (x0 ) = 0.
f (xf0 )(x(x01)(x − 1x0−) x +0 )f +
(x0f)(x=0 )0.= 0.
Puisque f  (x0 ) �= 0, nous obtenons
Puisque f  (x0) �= 0, nous obtenons
Puisque
Puisque 0, nous
f (xf0 )(x�=0 )0,�=nous obtenons
obtenons
f (x0 ) f (x0 )
x1 − x0 = − f(x0 ) , soit x1 = x0 − f(x0 ) .
x1 − x0 = − ff(x (x0f0))(x ) x1 = x0 − ff(x
, 0soit (x0f0))(x
. 0)
x1 −x1x0−=x0−=f − (x0) , soit , soit
x1 =x1x= 0− x0f− (x0) . .
f (xf0 )(x0 ) f (xf0 )(x0 )
2. Nous procédons de la même façon.
2. Nous procédons de la même façon.
Une
2. 2.équation
NousNous de la de
procédons
procédons tangente
lademême
la même à lafaçon.
T1façon. courbe Cf au points M1 d’abscisse x1
Une équation de la tangente T1 à la courbe Cf au points M1 d’abscisse x1
est UneUne équation
équation de la detangente
la tangente T1 àT1laàcourbela courbeCf au au points
Cf points M1 M 1 d’abscisse
d’abscisse x1 x1
est
est est
y = f  (x1 )(x − x1 ) + f (x1 ).
y = f  (x1)(x − x1 ) + f (x1 ).
y =yf = (x1 −
(xf1 )(x )(xx1−) x+1 )f +
(x1f).(x1 ).
Nous en déduisons que l’abscisse x2 du point d’intersection de T1 avec la
Nous en déduisons que l’abscisse x2 du point d’intersection de T1 avec la
droite
Nousdes
Nous
enabscisses
déduisons satisfait
en déduisons que que à l’équation
l’abscisse
l’abscisse x2 du du point
x2 point d’intersection
d’intersection de Tde T1 avec
1 avec la la
droite des abscisses satisfait à l’équation
droite
droite des des abscisses
abscisses satisfait
satisfait à l’équation
à l’équation
f  (x1 )(x2 − x1 ) + f (x1 ) = 0.
f  (x1)(x2 − x1 ) + f (x1 ) = 0.
f (xf1 )(x(x12)(x − 2x1−) x +1 )f +
(x1f)(x=1 )0.= 0.
Puisque f  (x1 ) �= 0, nous obtenons
Puisque f  (x1) �= 0, nous obtenons
Puisque
Puisque 0, nous
f (xf1 )(x�=1 )0,�=nous obtenons
obtenons
f (x 1) f (x1 )
x2 − x1 = − f(x1 ) , soit x2 = x1 − f(x1 ) .
x2 − x1 = − ff(x (x1f1))(x ) x2 = x1 − ff(x
, 1soit (x1f1))(x
. 1)
x2 −x2x1−=x1−=f − (x1) , soit , soit
x2 =x2x= 1− x1f− (x1) . .
f (xf1 )(x1 ) f (xf1 )(x1 )
306 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 307

3. Nous réitérons ce processus en considérant, pour tout entier naturel n,


la tangente Tn à Cf au point Mn d’abscisse xn .
Une équation de cette tangente est

y = f � (xn )(x − xn ) + f (xn ).

Nous en déduisons que l’abscisse xn+1 du point d’intersection de Tn avec la


droite des abscisses est solution de l’équation

f � (xn )(xn+1 − xn ) + f (xn ) = 0.

Puisque f � (xn ) �= 0, nous obtenons


f (xn ) f (xn )
xn+1 − xn = − �
, soit xn+1 = xn − � .
f (xn ) f (xn )
Partie B
1. La fonction g qui génère la suite (xn ) est définie sur R∗ par
f (x) x2 − 2 x2 + 2
g(x) = x − = x − =
f � (x) 2x 2x
Ainsi, nous obtenons, sachant que x0 = 1, la relation de récurrence
x2n − 2 x2 + 2
xn+1 = xn − = n .
2xn 2xn
2.
• Montrons par récurrence que

∀n ∈ N, xn �= 0.

Initilisation
Nous avons x0 = 1. La propriété est donc vraie au rang n = 0.
Hérédité
Nous supposons qu’à un rang quelconque fixé, on ait xn �= 0.
x2 + 2
Nous en déduisons immédiatement que xn+1 = n �= 0.
2xn
Le principe de récurrence nous permet de conclure

∀n ∈ N, xn �= 0.

• Montrons par récurrence que

∀n ∈ N, xn ≥ 1.

Suites 307
308 CHAPITRE 6. SUITES

Initilisation
Puisque x0 = 1, la propriété est vraie au rang n = 0.
Hérédité
Nous supposons qu’à un rang n quelconque fixé, on ait xn ≥ 1.
Nous avons
x2n + 2 x2 + 2 − 2xn (xn − 1)2 + 1
xn+1 − 1 = −1= n = .
2xn 2xn 2xn
En appliquant l’hypothèse de récurrence et sachant que (xn − 1) + 1)2 > 0,
nous en concluons

xn+1 − 1 ≥ 0, soit xn+1 ≥ 1.

L’inégalité attendue est héréditaire.


Le principe de récurrence nous permet de conclure

∀n ∈ N, xn ≥ 1.

3. Soit n un entier naturel. Nous avons


 2 
√  xn + 2 √ 
|xn+1 − 2| =   − 2 ,
2xn
 
 x2 + 2 − 2√2x 
 n n
= ,
 2xn 
 
 (x − √2)2 
 n 
= ,
 2xn 
√ 2
(xn − 2)
= .
2xn

Puisque xn ≥ 1, nous en déduisons


1
0< ≤ 1,
xn
ce qui implique
√ √
(xn − 2)2 (xn − 2)2
≤ .
2xn 2
Ainsi, pour tout entier naturel n, nous obtenons
√ 1 √
|xn+1 − 2| ≤ (xn − 2)2 .
2
4. Montrons, par récurrence que, pour tout entier naturel n,

308 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 309

√ 1
|xn − 2| < .
22 n
Initialisation
√ √ √ 1 1
|x0 − 2| = |1 − 2| = 2 − 1 < = 20 .
2 2
Hérédité
Nous supposons qu’à un rang n quelconque fixé, on ait
√ 1
|xn − 2| < .
22 n
√ 1
Montrons que |xn+1 − 2| < .
22n+1
De l’hypothèse de récurrence, par croissance de la fonction carré sur R+ , il
résulte
 2
√ 1 √ 1
(|xn − 2|)2 < , soit (xn − 2)2 < ( .
22n (22n )2

En utilisant l’inégalité obtenue en B.3, il vient successivement


√ 1 1
|xn+1 − 2| < × 2n ×2 ,
2 2
√ 1 1 1
|xn+1 − 2| < × 2n+1 < 2n+1 .
2 2 2
L’inégalité attendue est héréditaire. Le principe de récurrence permet de
conclure que, pour tout entier naturel n,
√ 1
|xn − 2| < .
22 n
5. Nous avons lim 2n = +∞. En posant N = 2n , il vient
n→+∞

n 1
lim 22 = lim 2N = +∞, ce qui implique lim n = 0.
n→+∞ N →+∞ n→+∞ 22

Nous en déduisons

lim |xn − 2| = 0,
n→+∞

ce qui permet de conclure que la suite (xn ) converge vers 2.
Nous proposons l’algorithme suivant, qui restitue pour cette suite un rang

N ainsi que la valeur approchée XN de 2, le terme initial X étant choisi par
l’utilisateur.

Suites 309
310 CHAPITRE 6. SUITES

N ←0
√ 1
Tant que |X − 2| ≥
22 N
X 1
X← +
2 X
N ←N +1
Fin Tant

from math import∗


x=4
n=0
while abs ( x−s q r t (2)) >=1/(2∗∗(2∗∗ n ) ) :
x=x/2+1/x
n=n+1
print ( n )
print ( x )

Cet algorithme est très rapide, puisque en l’implémentant avec par exemple

X = 4, une valeur approchée de 2 est restituée à 10−8 prés en N = 5
itérations.
Exercice 22. Calcul d’une aire sous une courbe
Nous désignons par Cf la courbe représentative de la fonction f définie sur
1
l’intervalle [1, 2] par f (x) = 2 .
x
L’objectif est de calculer, pour 1 ≤ x ≤ 2, la valeur de l’aire A sous la
courbe Cf .
Comme indiqué sur la figure, pour n ∈ N∗ , nous subdivisons l’intervalle
1
[1, 2] en n intervalles de longueur .
n

Pour tout n ∈ N∗ nous désignons par :

310 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 311
� �
1 1 2 n 1 � n k
• sn = f (1 + ) + f (1 + ) + · · · + f (1 + ) = f (1 + ),
n n n n n k=1 n
c’est la somme
� des aires des rectangles, en gris foncé sur
� la figure.
1 0 1 n−1 �
1 n−1 k
• Sn = f (1 + ) + f (1 + ) + · · · + f (1 + ) = f (1+ ),
n n n n n k=0 n
c’est la somme des aires des rectangles qui sont en gris foncé et gris clair
sur la figure.
• Nous admettons que, pour tout entier n ∈ N∗ , sn ≤ A ≤ Sn .
1. Justifier que, pour tout entier naturel n ≥ 1,

n 1 �
n−1 1
sn = n 2
et Sn = n .
k=1 (n + k) k=0 (n + k)2
En déduire la limite de la suite (Sn − sn ) quand n tend vers +∞.
2. Montrer que, pour tout entier k ≥ 2,
1 1 1 1 1
− ≤ 2 ≤ − .
k k+1 k k−1 k
En déduire que, pour n ≥ 2,
n2 1
≤ sn ≤ .
(n + 1)(2n + 1) 2
3. Montrer que la suite (sn ) converge et donner sa limite. Que peut-on dire
de la convergence de la suite (Sn ) ?
4. Justifier que, pour tout n ∈ N∗ ,
3
0 ≤ A − sn ≤ .
4n
En déduire la valeur du réel A.
5. Déterminer un rang N tel que pour n ≥ N , on ait A − sn < 10−2 .
Solution
1. Soit un entier n ≥ 1. Nous avons
⎡ ⎤

1⎢
⎢ 1 1 1 ⎥

sn = ⎢� �2 + � �2 + · · · + � n � 2⎥ ,
n⎣ 1 2 ⎦
1+ 1+ 1 +
n n n
� �
1 n2 n2 n2
= + + · · · + ,
n (n + 1)2 (n + 2)2 (n + n)2
� �
1 1 1
=n 2
+ 2
+ ··· + ,
(n + 1) (n + 2) (n + n)2
�n
1
=n .
(n + k)2
k=1

Suites 311
312 CHAPITRE 6. SUITES

De la même façon, nous obtenons :

⎡ ⎤

1⎢
⎢ 1 1 1 ⎥

Sn = ⎢ � � +� � + ··· + � �2 ⎥ ,
n⎣ 0 2 1 2 n−1 ⎦
1+ 1+ 1+
n n n
� 2 2 2

1 n n n
= + + · · · + ,
n (n + 0)2 (n + 1)2 (n + (n − 1))2
� �
1 1 1
=n + + ··· + ,
(n + 0)2 (n + 1)2 (n + (n − 1))2
n−1
� 1
=n .
(n + k)2
k=0

De plus, pour n ≥ 1, il vient


�n−1 n

� 1 � 1
Sn − sn = n 2
− ,
(n + k) (n + k)2
k=0 k=1
� n−1 n−1

1 � 1 � 1 1
=n 2
+ 2
− 2
− ,
n (n + k) (n + k) (2n)2
k=1 k=1
� �
1 1
=n − ,
n2 4n2
3
= .
4n

Nous en déduisons
3
lim (Sn − sn ) = lim = 0.
n→+∞ n→+∞ 4n

2. Soit un entier k ≥ 2.
Pour réviser, nous prouvons cette double inégalité en utilisant, pour cha-
cune d’entre elles, une méthode différente.
1 1 1
• Par différence, comparons − avec 2 .
k k+1 k
Il vient
� �
1 1 1 k + 1 − k(k + 1) + k 2 1
2
− − = 2
= 2 > 0,
k k k+1 k (k + 1) k (k + 1)
ce qui justifie
� �
1 1 1 1 1 1
− − > 0, soit − ≤ 2.
k2 k k+1 k k+1 k

312 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 313

1
• En utilisant les règles usuelles de comparaisons, comparons les réels 2
k
1 1
et − .
k−1 k
Nous avons
1 1 1
− = .
k−1 k k(k − 1)
Pour k ≥ 2, nous avons

k(k − 1) = k 2 − k > k 2 > 0.

La fonction inverse étant décroissante sur R+∗ , nous en déduisons

1 1
< 2,
k(k − 1) k

ce qui prouve que


1 1 1
2
≤ − .
k k−1 k
Nous en concluons, pour tout entier k ≥ 2,
1 1 1 1 1
− ≤ 2 ≤ − .
k k+1 k k−1 k
Soit n ≥ 2. Dans la double inégalité ci-dessus, nous affectons à la variable
k, successivement les valeurs n + 1, n + 2, . . . , 2n − 1, 2n. Il vient
1 1 1 1 1
k ← n + 1, − ≤ ≤ − ,
n+1 n+2 (n + 1)2 n n+1
1 1 1 1 1
k ← n + 2, − ≤ 2
≤ − ,
n+2 n+3 (n + 2) n+1 n+2
..
.
1 1 1 1 1
k ← 2n − 1, − ≤ 2
≤ − ,
2n − 1 2n (2n − 1) 2n − 2 2n − 1
1 1 1 1 1
k ← 2n, − ≤ 2
≤ − .
2n 2n + 1 (2n) 2n − 1 2n
Par addition membres à membres de ces n doubles inégalités puis par "té-
lescopage", nous obtenons

1 1 sn 1 1
− ≤ ≤ − ,
n + 1 2n + 1 n n 2n

ce qui donne successivement :

Suites 313
314 CHAPITRE 6. SUITES
   
1 1 1 1
n − ≤ sn ≤ n − ,
n + 1 2n + 1 n 2n
n2 1
≤ sn ≤ .
(n + 1)(2n + 1) 2
3. Pour n ≥ 2, nous avons
n2 n2 1
= = .
(n + 1)(2n + 1) 1 1 1 1
n2 (1 + )(2 + ) (1 + )(2 + )
n n n n
Puisque
1 1
= 1 et lim 2 + = 2,
lim 1 +
n→+∞ n n→+∞ n
nous en déduisons par produit et inverse de limites,
n2 1
lim = .
n→+∞ (n + 1)(2n + 1) 2
En utilisant la double inégalité obtenue en 3, le théorème d’encadrement
1
nous assure que la suite (sn ) converge vers .
2
De plus, pour tout n ≥ 2, nous avons

Sn = (Sn − sn ) + sn .
1
Puisque lim (Sn − sn ) = 0 et lim sn = , nous obtenons par somme
n→+∞ n→+∞ 2
1
lim Sn = .
n→+∞ 2
4. Nous avons admis que pour tout entier n ∈ N∗ , sn ≤ A ≤ Sn . Il en
résulte immédiatement, pour tout n ∈ N∗ ,
3
0 ≤ A − sn ≤ Sn − sn , soit 0 ≤ A − sn ≤ .
4n
En appliquant le théorème d’encadrement, nous en concluons

lim A − sn = 0,
n→+∞
c’est-à-dire
1
lim sn = A = .
n→+∞ 2
5. Pour que A − sn < 10−2 , il suffit que
3 4n
< 10−2 , soit > 100.
4n 3
Nous en déduisons que n > 75.
Ainsi l’entier N = 76 convient.

314 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 315

Exercice 23. Une courbe fractale : flocons de Von Koch 4


Nous initialisons la première étape en considérant un triangle équilatéral
F1 de côté 1 .
Dans la seconde étape, nous partageons en trois longueurs égales chacun de
ces côtés. Nous obtenons la figure F2 , en construisant sur chaque côté de F1
un triangle équilatéral ayant pour base le segment médian.
Ce processus est ainsi réitéré. Pour passer de l’étape n, c’est-à-dire dispo-
sant de la figure Fn , à l’étape suivante n + 1, nous divisons par trois chaque
segment de la figure Fn .

Pour tout entier naturel n ≥ 1, nous désignons par :


• cn le nombre de côtés du flocon Fn ,
• ln la longueur d’un côté de Fn ,
4. Mathématicien suédois : 1870-1924

Suites 315
316 CHAPITRE 6. SUITES

• pn le périmètre de Fn ,
• An l’aire de Fn .
1. Déterminer c1 et cn+1 en fonction cn .
En déduire, pour tout entier n ≥ 1, cn en fonction de n.
2. De la même façon, exprimer ln en fonction de l’entier n ≥ 1 .
3. En déduire la nature de la suite (pn ). Cette suite converge-t-elle ?
Donner un algorithme qui restitue un rang N à partir duquel pN > 10P ,
l’entier P étant choisi par l’utilisateur.
4. Calculer A1 . Justifier que pour tout entier naturel n ≥ 1,
√  n
3 3 4
An+1 = An + × .
16 9
En déduire que la suite (An ) est majorée. Converge-t-elle ?.
5. Quel paradoxe observez-vous relativement au périmètre et à l’aire de ce
fractal ?
Solution
1. Le flocon F1 a trois côtés donc c1 = 3.
A chaque itération le nombre de côtés est multiplié par 4, ce qui donne,
pour tout n ≥ 1,

cn+1 = 4cn .

La suite (cn ) est géométrique de raison q = 4 et de premier terme c1 = 3,


pour tout n ≥ 1, nous obtenons

cn = c1 q n−1 = 3 × 4n−1 .

2. Nous avons l1 = 1.
A chaque itération la longueur d’un côté est divisée par 3. Pour tout n ≥ 1,
nous avons
1
ln+1 = ln .
3
1
La suite (ln ) est géométrique de raison q = et de premier terme l1 = 1.
3
Pour tout n ≥ 1, nous obtenons
 n−1  n−1
1 1
ln = l1 q n−1 =1× = .
3 3
3. Pour tout entier n ≥ 1, nous avons :

316 Chapitre 6
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 317

 n−1  n−1
1 4
pn = cn × ln = 3 × 4n−1 × =3× .
3 3
Nous en déduisons
 n  n−1
4 4 4 4
pn+1 = 3 × =3× × = pn ,
3 3 3 3
4
ce qui prouve que la suite (pn ) est géométrique de raison et de premier terme
3
p1 = c1 × l1 = 3.
4
Puisque > 1, cette suite diverge et nous avons
3
lim pn = +∞.
n→+∞

Ainsi la longueur de cette courbe fractale n’est pas majorée.


Nous disposons de l’algorithme ci-dessous qui restitue un rang N à partir
duquel le périmètre du flocon est aussi grand que l’on veut.

N ←1 p=int ( input ( "p=" ) )


 n−1
4 n=1
Tant que 3 × ≤ 10P
3 while 3 ∗ ( 4 / 3 ) ∗ ∗ ( n−1)<=10∗∗p :
N ←N +1
n=n+1
Fin Tant que
print ( n )

4. Puisque le triangle F1 est équilatéral, nous avons


√ √
1 3 3
A 1 = × l1 × l 1 = .
2 2 4
Nous remarquons que, disposant de Fn , nous construisons Fn+1 en ajoutant
sur chaque côté de Fn un triangle équilatéral de côté ln+1 . Cela donne, pour
tout entier n ≥ 1

1 3
An+1 = An + cn × × ln+1 × ln+1 ,
√ 2 2
3 2
An+1 = An + cn ln+1 ,
√4  2
3 n−1 1
An+1 = An + ×3×4 × ,
4 3n

3 1
An+1 = An + × 3 × 4n−1 × 2n ,
4√ 3
 n
3 3 4
An+1 = An + × .
16 9

Suites 317
318 CHAPITRE 6. SUITES

Nous remarquons que cette suite est ni arithmétique, ni géométrique.


Pour tout entier k ≥ 1, nous en déduisons :
√ � �k
3 3 4
Ak+1 − Ak = × .
16 9
En affectant successivement à k les valeurs 1, 2, · · · , n − 1, puis en sommant
membres à membres, nous avons
√ � �k

n−1 �
n−1 3 3 4
(Ak+1 − Ak ) = × .
k=1 k=1 16 9

Par "télescopage", nous obtenons


√ � �
� 4 k
3 3 n−1
An − A1 = ,
16 k=1 9
ce qui donne
√ n−1 � �
3 3� 4 k
A n = A1 + ,
16 9
k=1
√ √ n−1 � �
3 3 3� 4 k
= + ,
4 16 9
k=1
⎛ � �n−1 ⎞
4
√ √ 1−
3 3 3⎜ ⎜ 4 9 ⎟

= + ⎜ × 4 ⎟,
4 16 ⎝ 9 ⎠
1−
9
√ √ � � �n−1 �
3 3 3 4 4
= + × 1− .
4 16 5 9

� �n−1
4
Pour tout entier n ≥ 1, puisque 1 − ≤ 1, nous en déduisons
9
√ √ √
3 3 3 2 3
An ≤ + , soit An ≤ ,
4 20 5

2 3
ce qui montre que la suite (An ) est majorée par le réel .
5
De plus, nous avons
� �n−1
4
lim = 0.
n→+∞ 9

Nous en concluons :

318 Chapitre 6
n−1
3 3 3 4 4
= + × 1− .
4 16 5 9

� �n−1
4
Pour tout entier n ≥ 1, puisque 1 − ≤ 1, nous en déduisons
9
√ √ √
3 3 3 2 3
An ≤ + , soit An ≤ ,
4 20 5

2 3
ce qui montre que la suite (An ) est majorée par le réel .
5
De plus, nous avons
� �n−1
4
lim = 0.
n→+∞ 9
6.8. EXERCICES CORRIGÉS 319
Nous en concluons :

2 3
lim An = .
n→+∞ 5
5. Paradoxalement la longueur du flocon n’est pas majorée bien que son
aire le soit.

Suites 319
CHAPITRE 7
Chapitre 7
La fonction exponentielle
La fonction exponentielle

Nous connaissons les règles de calcul concernant les exposants entiers de


nombres réels non nuls. Enn d’autres termes nous disposons des suites géomé-
1
triques du type an ou = a−n , avec a ∈ R∗ et n ∈ N tel qu’en multipliant
a
deux de ces suites, les exposants s’additionnent. Ainsi nous résumons, avec les
données ci-dessus, cette propriété algébrique que l’on peut qualifier d’exponen-
tiation discrète, c’est-à-dire portant sur des variables entières par l’égalité

an × ap = an+p

L’objectif de ce chapitre, par analogie à l’ exponentiation discrète, est de


disposer d’une fonction d’une variable réelle qui restitue une exponentiation
réelle, c’est-à-dire qui transforme une addition de deux réels en une multipli-
cation de ces deux derniers.
Historiquement la découverte des logarithmes par le mathématicien écos-
sais John Napier dit Neper (1550-1617) induit la découverte de cette fonction
environ un siècle plus tard . C’est en effet au XVIIIe siècle que le mathématicien
suisse Léonard Euler (1707-1783) définit le nombre e et par voie de conséquence
la fonction exponentielle.
En plus de l’apport théorique exceptionnel de la fonction exponentielle en
mathématiques, l’importance de cette fonction réside aussi dans le fait qu’elle
est largement utilisée en sciences pour modéliser des processus à croissance ou
décroissance très rapide, comme par exemple :
- la désintégration de noyaux radioactifs,
- la croissance de certaines espèces végétales,
- les fonctions logistisques pour décrire l’évolution d’une population,

321 La fonction exponentielle 321


322 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

- en probabilité, pour étudier la durée de vie de certains composants élec-


troniques,
- en physique pour obtenir la loi de l’intensité d’un courant variable dans
le temps, qui parcourt certains circuits électriques (régimes transitoires).
L’exercice corrigé 26 du chapitre 5 nous permet de proposer une définition
simple et conforme au programme de Première de la fonction exponentielle.

7.1 Définition de la fonction exponentielle


7.1.1 Existence et unicité
Théorème (existence). Il existe une fonction f , dérivable sur R, distincte de
la fonction nulle x �→ 0 satisfaisant aux deux conditions suivantes notées (E) :

∀x ∈ R, f  (x) = f (x),
f (0) = 1.
Démonstration. La preuve de l’existence d’une telle fonction dépasse large-
ment le cadre de cet ouvrage ; nous l’admettons tout en précisant que cette
démonstration pourra être présentée en Terminale dans le cadre d’un appro-
fondissement.
Pour prouver l’unicité de f , nous avons besoin de la proposition suivante :

Proposition. Si f est une fonction satisfaisant à (E), alors

∀x ∈ R, f (x) �= 0.

Démonstration. Nous considérons la fonction g définie sur R par

g(x) = f (x) × f (−x).

Par composition et produit, la fonction g est dérivable sur R. Pour tout


réel x nous obtenons

g  (x) = f  (x)f (−x) − f (x)f  (−x).

Nous savons que pour tout réel x,

f  (x) = f (x) et f  (−x) = f (−x),

ce qui donne

∀x ∈ R, g  (x) = f (x).f (−x) − f (x).f (−x) = 0.

322 Chapitre 7
7.1. DÉFINITION DE LA FONCTION EXPONENTIELLE 323

Nous en déduisons qu’il existe une constante c ∈ R telle que

∀x ∈ R, g(x) = c.

En particulier, pour x = 0, nous obtenons

c = g(0) = [f (0)]2 = 1.

Il en résulte que, pour tout réel x, on a

f (x).f (−x) = 1 ce qui implique f (x) �= 0.

En effet s’il existe un réel a tel que f (a) = 0, alors

f (a).f (−a) = 0,

ce qui contradictoire avec l’égalité f (x).f (−x) = 1, vraie quel que soit le réel
x.

Remarque. L’égalité f (x).f (−x) = 1, signifie que pour tout réel x, le réel
f (x) �= 0 admet un inverse et nous avons

1
[f (x)]−1 = = f (−x).
f (x)

Théorème (unicité). Si f est une fonction satisfaisant aux conditions (E),


alors f est unique.

Démonstration. Nous supposons qu’il existe deux fonctions f et g telles que


 
∀x ∈ R, f � (x) = f (x) ∀x ∈ R, g � (x) = g(x)
et .
f (0) = 1 g(0) = 1

Puisque, pour tout réel x, g(x) �= 0, nous considérons la fonction u définie


sur R par
f (x)
u(x) = .
g(x)
Cette fonction est, par quotient, dérivable sur R.
Quel que soit le réel x, sachant que f � (x) = f (x) et g � (x) = g(x), il vient
f � (x)g(x) − f (x)g � (x) f (x)g(x) − f (x)g(x)
u� (x) = 2
= = 0,
[g(x)] [g(x)]2
ce qui implique qu’il existe un réel c tel que, pour tout réel x,

La fonction exponentielle 323


324 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

f (x)
u(x) = = c.
g(x)
En particulier, pour x = 0, nous obtenons
f (0)
c= = 1,
g(0)
ce qui prouve
∀x ∈ R, f (x) = g(x), c’est-à-dire f = g.
L’unicité d’une fonction f satisfaisant à (E) est ainsi démontrée.

7.1.2 La définition - Les premières propriétés


Définition. La fonction exponentielle, notée exp, est l’unique fonction déri-
vable sur R satisfaisant à
exp = exp et exp(0) = 1.
Proposition (propriétés immédiates). Pour tout réel x, nous disposons des
propriétés suivantes :
exp (x) = exp(x),
exp(x) �= 0,
1
exp(−x) = .
exp(x)
De plus, nous avons
exp(0) = 1.
Démonstration. Ces propriétés résultent immédiatement de la définition de
la fonction exp et des résultats obtenus dans le paragraphe précédent.
Exemples. Nous dérivons les fonctions suivantes :
• La fonction f : x �→ exp(x) + x est dérivable par somme sur R et pour
tout réel x, il vient
f  (x) = exp(x) + 1.
• La fonction g : x �→ x2 exp(x) est dérivable par produit sur R et pour
tout réel x, nous obtenons
g  (x) = 2x exp(x) + x2 exp(x) = x exp(x)(2 + x).
• La fonction h : x �→ exp(−x) est dérivable par composition sur R et
pour tout réel x, nous obtenons
h (x) = − exp(−x).

324 Chapitre 7
7.2. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES 325

7.2 Propriétés algébriques


7.2.1 Action sur l’addition des réels
Théorème. Pour tous les réels x et y, nous disposons de l’égalité

exp(x + y) = exp(x) × exp(y).

Démonstration. Soient x et y deux réels. Nous fixons y et nous considérons


la fonction u définie sur R par
exp(x + y)
u(x) = .
exp(x)
La fonction x �→ exp(x + y) est dérivable sur R car elle est la composée de
exp avec la fonction affine x �→ x + y.
Nous en déduisons, par quotient, que u est dérivable sur R.
Pour tout réel x, nous obtenons

1 × exp (x + y) × exp(x) − exp(x + y) × exp (x)


u (x) = ,
[exp(x)]2
exp(x + y) × exp(x) − exp(x + y) × exp(x)
u (x) = ,
[exp(x)]2
u (x) = 0,

ce qui implique l’existence d’un réel c tel que, pour tout réel x,

u(x) = c.

En particulier, pour x = 0, nous obtenons


exp(y)
c = u(0) = = exp(y).
exp(0)
Nous en déduisons, pour tout réel x,
exp(x + y)
= exp(y)
exp(x)
Puisque y est un réel quelconque, nous en concluons que, pour tous les réels
x et y, nous disposons de l’égalité

exp(x + y) = exp(x) × exp(y).

La fonction exponentielle 325


326 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

Exemple. Nous en donnons un.


Pour tout réel x, nous avons

exp(4x2 ) × exp(4x + 1) = exp(4x2 + 4x + 1) = exp((2x + 1)2 ).

Proposition (signe de exp). Nous disposons de l’inégalité

∀x ∈ R, exp(x) > 0.

Démonstration. Soit x un réel.


x
En particulier, en affectant à x et y la valeur dans l’égalité obtenue
2
x
ci-dessus, et sachant que exp( ) �= 0, il vient
2
x x  x 2
exp(x) = exp( + ) = exp( ) > 0.
2 2 2
exp(x)
Exemple. Nous considérons la fonction f : x �→ .
exp(x) + 1
Cette fonction est définie sur R puisque pour tout réel x, exp(x) + 1 > 0.
De plus, par quotient, cette fonction est dérivable sur R.
Nous obtenons, pour tout réel x,
exp(x)(exp(x) + 1) − exp(x) exp(x) exp(x)
f  (x) = 2
= > 0.
(exp(x) + 1) (exp(x) + 1)2
Nous en déduisons que f est croissante strictement sur R.

7.2.2 Action sur l’opposé, sur la soustraction


Proposition. Pour tous les réels x et y, nous disposons des deux égalités
suivantes :
1
exp(−x) = ,
exp(x)
exp(x)
exp(x − y) = .
exp(y)
Démonstration. La première égalité a été justifiée lors de la proposition du
paragraphe 7.1.2. Cependant nous en proposons une autre preuve pour insister
sur la façon dont la fonction exp transforme une addition en une multiplication.
• Soit x un réel. Nous savons que

x + (−x) = 0,

ce qui implique :

326 Chapitre 7
7.2. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES 327

exp(x + (−x)) = exp(0), soit exp(x) × exp(−x) = 1.

Puisque pour tout réel x, exp(x) �= 0, nous en concluons

1
exp(−x) = .
exp(x)

• Soient x et y deux réels. Nous obtenons

exp(x − y) = exp((x + (−y)),


= exp(x) × exp(−y),
1
= exp(x) × ,
exp(y)
exp(x)
= .
exp(y)

Exemple. Nous considérons la fonction f définie sur R par


exp(x) − 1
f : x �→ .
exp(x) + 1
Nous proposons d’étudier la parité de cette fonction.
Tout d’abord nous précisons que R est symétrique par rapport à 0.
Pour tout réel x, il vient

exp(−x) − 1
f (−x) = ,
exp(−x) + 1
1
−1
exp(x)
= ,
1
+1
exp(x)
1 − exp(x)
= ,
1 + exp(x)
exp(x) − 1
=− ,
exp(x) + 1
= −f (x).

Nous en concluons que la fonction f est impaire.

La fonction exponentielle 327


328 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

7.2.3 Action sur le produit nx avec n ∈ Z et x ∈ R


Proposition. Pour tout entier relatif n et tout réel x, nous disposons de l’éga-
lité

exp(nx) = (exp(x))n .

Démonstration.

Soient n un entier relatif et x un réel.


Par disjonction, nous distinguons deux cas selon que n ≥ 0 ou n < 0.
1er cas : n ∈ N.
Nous démontrons par récurrence, pour x donné, l’égalité attendue, c’est-à-
dire

∀n ∈ N, exp(nx) = (exp(x))n .

Initialisation.
Nous avons

exp(0 × x) = exp(0) = 1 = (exp(x))0 ,

ce qui justifie que l’égalité est vraie au rang n = 0.


Hérédité.
Nous supposons qu’à un rang n ∈ N, fixé, on ait

exp(nx) = (exp(x))n .

Montrons que exp(n + 1)x = (exp(x))n+1 .


En utilisant l’action de exp sur une addition et l’hypothèse de récurrence,
nous obtenons

exp(n + 1)x = exp(nx + x),


= exp(nx) × exp(x),
= (exp(x))n × exp(x),
= (exp(x))n+1 .

L’égalité attendue est ainsi héréditaire.


En appliquant le principe de récurrence, nous concluons :

328 Chapitre 7
7.2. PROPRIÉTÉS ALGÉBRIQUES 329

∀n ∈ N, exp(nx) = (exp(x))n .

2e cas : n < 0. Nous posons p = −n.


Ainsi, nous avons p ∈ N∗ .
Nous en déduisons

exp(nx) = exp(−px),
1
= ,
exp(px)
1
= ,
(exp(x))p
= (exp(x))−p ,
= (exp(x))n .

Remarques. Nous disposons des remarques suivantes :

• En particulier, pour n = 2, quel que soit le réel x, nous obtenons

exp(2x) = (exp(x))2 .

• En particulier, pour x = 1, quel que soit l’entier relatif n, il vient

exp(n) = (exp(1))n .

7.2.4 Composée de la fonction racine carrée avec exp


Proposition. Pour tout réel x, nous avons
 x
exp(x) = exp( ).
2
Démonstration. Soit x un réel.
D’une part, nous avons
 x 2 x
exp( ) = exp(2 × ) = exp(x).
2 2
D’autre part, il vient
 2
exp(x) = exp(x).

Nous en déduisons que


 x 2  2
exp( ) = exp(x) .
2

La fonction exponentielle 329


330 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

x 
Puisque exp( ) > 0 et exp(x) > 0, pour tout réel x, nous en concluons,
2
 x
exp(x) = exp( ).
2
Remarque. Nous en proposons deux.
• Par extension de la proposition "action sur un produit", nous énonçons
x 1 
exp( ) = (exp(x)) 2 = exp(x).
2
• En particulier x = 1, nous obtenons
1 1
exp( ) = (exp(1)) 2 .
2

7.3 La notation exponentielle


7.3.1 Le nombre e
Définition. Le nombre réel e est l’image de 1 par la fonction exp.
Ainsi, nous avons

exp(1) = e.

Remarques. Nous en donnons deux.


• Nous justifierons dans les exercices corrigés 6 et 13 que

e ≈ 2, 718 arrondi à 10−4 près.

• Nous prouverons en Terminale que e est un nombre irrationnel.

7.3.2 La fonction x �→ ex
Proposition. Pour tout entier relatif n, nous avons
1 1
exp(n) = en et exp( ) = e 2 .
2
Démonstration. Nous utilisons les remarques des deux paragraphes 7.2.3 et
7.2.4, ce qui donne, pour tout n ∈ Z,

exp(n) = (exp(1))n = en .

et
1 1 1
exp( ) = (exp(1)) 2 = e 2 .
2

330 Chapitre 7
7.3. LA NOTATION EXPONENTIELLE 331

Définition. Par extension, nous admettons que les égalités précédentes de-
meurent vraies pour tout exposant réel.
En d’autres termes, nous posons par définition

∀x ∈ R, exp(x) = ex .

Remarque. Le nombre e est élevé à un exposant réel !


Par exemple

eπ = exp(π) ≈ 23, 14.

Nous résumons les propriétés de la fonction exp rencontrées dans les para-
graphes précédents par la proposition suivante :

Proposition. Quels que soient les réels x et y et l’entier relatif n, nous dis-
posons des propriétés :

• e0 = 1,
• exp� (x) = ex ,
• e1 = e,
• ex > 0,
• ex+y = ex × ey ,
1
• e−x = x ,
e
ex
• ex−y = y ,
e
• (ex )n = enx .

Exemples. Nous en proposons trois.


1er exemple.
Soient deux réels a et b. Nous avons
√  
e2a × e2b = (ea )2 × (eb )2 = ea × eb = ea+b .

2e exemple. Une équation de la tangente à la courbe Cexp au point d’abs-


cisse 0 est y = exp� (0)x + exp(0), soit y = x + 1.
L’approximation affine tangente de exp en 0 est

exp(x) ≈ x + 1.

3e exemple. Une équation de la tangente à la courbe Cexp au point d’abs-


cisse 1 est y = exp� (1)(x − 1) + exp(1), soit y = ex.

La fonction exponentielle 331


332 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

7.3.3 Variation de exp


Proposition. La fonction exponentielle est croissante strictement sur R.

Démonstration. Pour tout réel x,

exp (x) = ex > 0,

ce qui justifie la croissance stricte de exp sur R.

Nous donnons la représentation graphique de exp : x �→ ex .


En utilisant les propriétés tangentielles exposées dans les deux derniers
exemples, nous obtenons

Corollaire. Pour tout réel x, nous avons

• x < 0 ⇔ 0 < ex < 1,


• x > 0 ⇔ ex > 1,
• x = 0 ⇔ ex = 1.

Démonstration. • Puisque x �→ ex est croissante strictement sur R, nous en


déduisons

x < 0 implique ex < e0 ,

ce qui donne, puisque ex > 0,

x < 0 ⇒ 0 < ex < 1.

332 Chapitre 7
7.3. LA NOTATION EXPONENTIELLE 333

Nous admettons la réciproque car cette dernière nécessite de disposer de la


fonction logarithme népérien ln.
Cependant, à minima, nous introduirons cette fonction dans l’exercice cor-
rigé 14 de ce chapitre. En effet, travailler avec la fonction exp sans pouvoir
utiliser la fonction ln, est peu naturel et induit très souvent une impossibilité
à conclure.
• En utilisant l’équivalence précédente, nous obtenons

1
x > 0 ⇔ −x < 0 ⇔ 0 < e−x < 1 ⇔ 0 < < 1 ⇔ ex > 1.
ex

• Si x = 0, alors ex = e0 = 1.
Justifions la réciproque par contraposition 1 .
Si x �= 0, alors x > 0 ou x < 0.
Nous en déduisons que

ex > 1 ou ex < 1, soit ex �= 1,

ce qui justifie, en prenant la contraposée,

x = 0 ⇒ ex = 1.

Corollaire. Soient a et b deux réels. Nous disposons des deux équivalences


suivantes :

• a < b ⇔ e a < eb .
• a = b ⇔ e a = eb .

Démonstration. Soient a et b deux réels. Nous utilisons le corollaire précé-


dent.
• Sachant que eb > 0, il vient
ea
a < b ⇔ a − b < 0 ⇔ ea−b < 1 ⇔ < 1 ⇔ ea < eb .
eb
• De la même façon, nous obtenons

ea
a = b ⇔ a − b = 0 ⇔ ea−b = 1 ⇔ = 1 ⇔ e a = eb .
eb
Exemples. Nous appliquons les deux corollaires ci-dessus pour résoudre dans
R deux équations et une inéquation.

1. Annexe : § 12.5.2

La fonction exponentielle 333


334 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

1er exemple. Nous résolvons l’équation

[1] : e3x−1 − e−2x = 0.

Il vient
1
[1] ⇔ e3x−1 = e−2x ⇔ 3x − 1 = −2x ⇔ x = .
5
 
1
Conclusion. S[1] = .
5
2e exemple. Nous considérons l’inéquation

[2] : e3x ≤ e−x .

Nous avons

[2] ⇔ 3x ≤ −x ⇔ 4x ≤ 0 ⇔ x ≤ 0.

Conclusion. S[1] =] − ∞, 0].


3e exemple. Nous résolvons l’équation

[3] : e2x + 2ex − 3 = 0.

En posant X = ex , nous obtenons

X 2 + 2X − 3 = 0.

Cette équation du second degré admet X = 1 pour racine évidente. Nous


en déduisons grâce au produit des racines qui vaut −3, que X = −3 est l’autre
solution.
Puisque ex > 0, il vient

[3] ⇔ ex = 1 ⇔ x = 0.

Conclusion. S[3] = {0}.

7.4 Dérivation et fonction exponentielle


7.4.1 Dérivée de x �→ eax+b
Proposition. Soient a et b deux réels avec a �= 0. La fonction f : x �→ eax+b
est dérivable sur R et nous avons

∀x ∈ R, f � (x) = aeax+b .

334 Chapitre 7
7.4. DÉRIVATION ET FONCTION EXPONENTIELLE 335

Démonstration. Nous utilisons la proposition du paragraphe 5.4.7 démontrée


au chapitre 5 qui permet de dériver la composée d’une fonction dérivable sur
un intervalle par une fonction affine.
Par conséquent la fonction f est, par composition, dérivable sur R. Pour
tout réel x, nous obtenons

f  (x) = a exp (ax + b) = aeax+b .

Exemples. Nous en proposons deux.


1er exemple. Nous renvoyons au troisième exemple du paragraphe 7.1.2.

2e exemple. La fonction f : x �→ xe2x est dérivable par composition et
produit sur ]0, +∞[.
Pour tout réel x > 0, nous obtenons
1 √ 1 + 4x
f  (x) = √ × e2x + 2 x × e2x = √ e2x .
2 x 2 x

7.4.2 Dérivée de x �→ eu(x)


Proposition. Soient u une fonction dérivable sur un intervalle I. La fonction
f : x �→ eu(x) est dérivable sur I et nous avons

∀x ∈ I, f  (x) = u (x)eu(x) .

Démonstration. Dans l’exercice corrigé 11 du chapitre 5, nous avons justifié


la formule de dérivation de la composée de deux fonctions dérivables, ce qui
nous permettrait de conclure dans le cas particulier de la composée de exp avec
une fonction u.
Cependant pour améliorer notre compréhension de la dérivation d’une com-
position, nous proposons une preuve directe de ce résultat.
Soient a ∈ I et x ∈ I tels que x �= a. Nous avons
f (x) − f (a) eu(x) − eu(a)
= .
x−a x−a
Sous réserve que pour x �= a, on ait u(x) �= u(a), il vient

f (x) − f (a) eu(x) − eu(a) u(x) − u(a)


= × .
x−a u(x) − u(a) x−a
Nous posons b = u(a) et y = u(x). Nous obtenons
f (x) − f (a) ey − eb u(x) − u(a)
= × .
x−a y−b x−a

La fonction exponentielle 335


336 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

Puisque la fonction u est dérivable en a ∈ I, nous avons


u(x) − u(a)
lim = u� (a).
x→a x−a
De plus, exp est dérivable en b ∈ R, ce qui donne
ey − eb
lim = eb = eu(a) .
y→b y − b

Par produit de ces deux limites, il vient


f (x) − f (a)
lim = eu(a) × u� (a).
x→a x−a
Nous en concluons que la fonction f : x �→ eu(x) est dérivable sur I et nous
avons
∀x ∈ I, f � (x) = u� (x)eu(x) .
Remarques. Nous en donnons trois.
• Cette preuve est un peu restrictive car elle impose que la fonction u soit
« injective » ce qui signifie que deux réels distincts ont des images distinctes
par u.
• En termes fonctionnels, nous avons (eu )� = u� × eu .
d u du
• En termes différentiels, nous avons (e ) = eu × .
dx dx
Exemples. Nous en proposons deux .
2
1er exemple. Nous considérons la fonction φ : t �→ e−t .
Cette fonction est dérivable sur R par composition.
Pour tout réel t, nous obtenons
2
φ� (t) = −2te−t .

Nous remarquons que φ est paire.


Pour tout réel t ≥ 0, φ� (t) ≤ 0, par conséquent φ est décroissante sur R+ .
Cette fonction étant paire, nous en déduisons qu’elle est croissante sur R− .
La fonction φ est importante en théorie des probabilités. Sa représentation
graphique est une courbe de référence appelée courbe en "cloche".

336 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 337

2e exemple. Nous étudions les variations sur ]0, +∞[ de la fonction


1
f : x �→ xe x .
Par composition et produit, la fonction f est dérivable sur ]0, +∞[ et pour
tout réel x > 0, nous avons
 
1 1 1 1 x−1
f � (x) = e + x × (− 2 )e x = e x
x .
x x
Pour x > 0, le signe de f � x) est le signe x − 1.
Nous en concluons que f est
• décroissante sur ]0, 1],
• croissante sur [1, +∞[.

7.5 Exercices corrigés


Exercice 1. Fonctions hyperboliques
Soient c et s deux fonctions définies sur R par
ex + e−x ex − e−x
c(x) = et s(x) = .
2 2
1. Quelle est la parité de chacune de ces deux fonctions ?
2. Pour tout réel x, calculer (c(x))2 − (s(x))2 .
3. Justifier que, pour tout réel x,

c(2x) = (c(x))2 + (s(x))2 et s(2x) = 2c(x) × s(x).

Solution
1. R est symétrique par rapport à 0. Pour tout réel x, nous avons
e−x + ex
c(−x) = = c(x),
2
−x
e −e x
s(−x) = = −s(x).
2
Nous en concluons que le fonction c est paire et s est impaire.
2. Soit x ∈ R. il vient

(c(x))2 − (s(x))2 = (c(x) + s(x)) (c(x) − s(x)) ,


= ex × e−x ,
= ex+(−x) = e0 = 1.

3. Pour tout réel x, d’une part nous avons :

La fonction exponentielle 337


338 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

 2  x 2
2 2 ex + e−x e − e−x
(c(x)) + (s(x)) = + ,
2 2
1  2x 
= e + 2ex × e−x + e−2x + e2x − 2ex × e−x + e−2x ,
4
e2x + e−2x
= ,
2
= c(2x).

D’autre part, il vient


   x 
ex + e−x e − e−x
2c(x) × s(x) = 2 × × ,
2 2
 2x 
e − e−2x
= ,
2
= s(2x).

Exercice 2. Exponentielle d’une suite arithmétique


Soit (un ) une suite arithmétique de premier terme u0 et de raison r non
nulle. Pour tout entier naturel n, nous posons vn = e−un .
1. Quelle est la nature de la suite (vn ) ?
2. Montrer que pour tout entier naturel n,

e(n+1)r − 1
s n = v0 + v 1 + · · · + v n = vn .
er − 1
Solution
1. Puisque (un ) est arithmétique de premier terme u0 et de raison r �= 0,
pour tout entier naturel n, nous avons :

vn = e−(u0 +nr) = e−u0 e−nr ,

ce qui donne

vn+1 = e−u0 e−(n+1)r = e−r × e−u0 e−nr = e−r vn .

Nous en concluons que la suite (vn ) est géométrique de premier terme


v0 = e−u0 et de raison q = e−r .
2. Comme r �= 0, on a q = e−r �= 1. Pour tout entier n ≥ 0, sn est la somme
des n + 1 premiers termes de la suite géométrique (vn ).

338 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 339

Nous en déduisons

1 − q n+1
sn = v0 ,
1−q
1 − e−r(n+1)
= e−u0 ,
1 − e−r
1
1 − (n+1)r
= e−u0 e ,
1
1− r
e
e (n+1)r −1 er
= e−u0 × ,
e(n+1)r er − 1
e(n+1)r − 1
= e−(u0 +nr) × ,
er − 1
e(n+1)r − 1
= vn .
er − 1

Exercice 3. Une caractérisation de la fonction exponentielle


1. Soit x0 un réel quelconque.
Nous désignons par C la représentation graphique de la fonction exp et par
M0 un point quelconque de cette courbe, d’abscisse x0 .
Montrer que la tangente à C au point M0 coupe la droite des abscisses en
un point M1 d’abscisse x1 = x0 − 1.
2. Réciproquement, nous considérons une fonction f dérivable et croissante
strictement sur R.
Nous supposons que la tangente au point M0 , d’abscisse x0 , à la courbe Cf
coupe la droite des abscisses en un point M1 d’abscisse x1 = x0 − 1.
Montrer que f � = f .
Si de plus f (0) = 1, conclure.
Solution
1. Une équation de la tangente à C au point M0 d’abscisses x0 est

y = exp� (x0 )(x − x0 ) + ex0 , soit y = ex0 (x − x0 + 1).

Le point M1 intersection de C avec la droite des abscisses est tel que son
abscisse x1 satisfait à

0 = ex0 (x1 − x0 + 1).

Puisque ex0 > 0, nous en concluons que x1 = x0 − 1.

La fonction exponentielle 339


340 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

2. Une équation de la tangente à Cf au point M0 d’abscisses x0 est

y = f  (x0 )(x − x0 ) + f (x0 ).

Le point M1 intersection de Cf avec la droite des abscisses est tel que son
abscisse x1 satisfait à

0 = f  (x0 )(x1 − x0 ) + f (x0 ).

Or, f  (x0 ) > 0 car f est strictement croissante sur R. Nous en déduisons
f (x0 )
x1 − x0 = − .
f  (x0 )
Puisque x1 = x0 − 1, nous obtenons
f (x0 )
= 1,
f  (x0 )
ce qui donne, pour tout réel x0 ,

f  (x0 ) = f (x0 ), soit f  = f .

Si f (0) = 1, nous en concluons

f = exp

.
Exercice 4. Un centre de symétrie
ex
Soit f la fonction définie sur R par f (x) = .
ex + 1
Nous désignons par Cf la représentation graphique de f relativement à un
repère orthonormal du plan.
1
1. Montrer que le point A(0, ) est un centre de symétrie pour la courbe
2
Cf .
2. Déterminer une équation de la tangente (T ) à Cf au point A.
Étudier la position de Cf par rapport à la droite (T ).
Solution
1. Nous rappelons qu’un point Ω(a, b) est un centre de symétrie de la courbe
Cf représentative d’une fonction f si et seulement si

∀x ∈ Df , 2a − x ∈ Df ,
∀x ∈ Df , f (2a − x) + f (x) = 2b.

340 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 341

Remarque. Une autre façon de caractériser que Ω(a, b) est un centre de


symétrie de la courbe Cf est :

∀h ∈ R∗ , a − h ∈ Df et a + h ∈ Df ,
∀h ∈ R∗ , f (a − h) + f (a + h) = 2b.

1
Dans le cas où a = 0 et b = , pour tout réel x, nous justifions que
2

f (−x) + f (x) = 1.

En effet, nous obtenons

ex e−x
f (−x) + f (x) = + ,
ex + 1 e−x + 1
1
ex x
= x + e ,
e +1 1
+ 1
ex
e x 1 ex
= x + x× x ,
e +1 e e +1
ex + 1
= x = 1.
e +1

1
Nous en concluons que le point A(0, ) est un centre de symétrie pour la
2
courbe Cf .
2. La fonction f est dérivable par quotient sur R. Pour tout réel x, il vient

ex (ex + 1) − ex × ex ex
f � (x) = = .
(ex + 1)2 (ex + 1)2

Une équation de la tangente (T ) à Cf au point A est

1 1
y = f � (0)x + f (0), soit y = x + .
4 2

Pour étudier la position de Cf par rapport à la droite (T ), nous considérons


la fonction d définie sur R par

1 1
d(x) = f (x) − ( x + ).
4 2

La fonction exponentielle 341


342 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

Cette fonction est, par différence, dérivable sur R et on a

1
d (x) = f  (x) − ,
4
ex 1
= x 2
− ,
(e + 1) 4
4e − (e + 1)2
x x
= ,
(ex + 1)2
e2x − 2ex + 1
=− ,
(ex + 1)2
(ex − 1)2
=− x .
(e + 1)2

Nous en déduisons

∀x ∈ R, d (x) ≤ 0,

ce qui prouve que la fonction d est décroissante sur R.


En remarquant que d(0) = 0, en utilisant la décroissance de d, nous obte-
nons les deux implications

x ≤ 0 ⇒ d(x) ≥ 0,
x ≥ 0 ⇒ d(x) ≤ 0.

Nous en concluons que


 si x ∈] − ∞, 0], alors Cf est au-dessus de la droite (T ),
 si x ∈ [0, +∞[, alors Cf est en-dessous de la droite (T ).
Nous remarquons que la courbe Cf "traverse" la tangente (T ) au point A.
Dans ce cas, ce point est un point d’inflexion.

342 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 343

Exercice 5. Convexité de la fonction exponentielle


Soient a et b deux réels.
ea + e b a+b
1. Comparer les réels et e 2 .
2
2. Interpréter graphiquement l’inégalité obtenue.
Solution
Pour tous réels a et b, nous avons
a+b
e a + eb a+b ea + eb − 2e 2
−e 2 = ,
2 2
a b a b
(e 2 )2 + (e 2 )2 − 2e 2 × e 2
= ,
2
a b
(e 2 − e 2 )2
= ≥ 0.
2

Nous en concluons que quels que soient les réels a et b, nous disposons de
l’inégalité

ea + eb a+b
≥e 2 .
2

2. Graphiquement, nous obtenons

Exercice 6. Un encadrement du nombre e


1. Montrer que pour tout réel x, 1 + x ≤ ex .
2. Pour tout entier naturel n ≥ 2, en déduire la double inégalité

1 n 1
(1 + ) ≤ e ≤ (1 − )−n .
n n

La fonction exponentielle 343


344 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

3. Donner un algorithme qui restitue une valeur approchée de e à 10−P


près, l’entier P étant choisi par l’utilisateur.
Solution
1. Pour tout réel x, nous posons f (x) = ex − (1 + x).
La fonction f est dérivable par différence sur R et nous avons

f � (x) = ex − 1.

Nous en déduisons

f � (x) = 0 ⇔ x = 0,

ce qui donne le tableau de variation suivant.

x −∞ 0 +∞
signe de f � (x) − 0 +
variations de f � 0 �

Il en résulte que la fonction f atteint en x = 0 un minimum f (0) = 0.


Pour tout réel x, nous en concluons

f (x) ≥ 0, soit 1 + x ≤ ex .

2.
1
• En particulier, pour x = avec n ≥ 2, il vient
n
1 1
0<1+ ≤ en .
n
Puisque la fonction x �→ xn est croissante sur R+ , nous en déduisons

1 n 1 1
(1 + ) ≤ (e n )n , c’est-à-dire (1 + )n ≤ e.
n n
1
• En particulier, pour x = − avec n ≥ 2, il vient
n
1 1
0≤1− ≤ e− n .
n
De la même façon en utilisant la croissance de x �→ xn sur R+ , nous obte-
nons
1 n 1 1
(1 − ) ≤ (e− n )n , c’est-à-dire 0 < (1 − )n ≤ e−1 .
n n

344 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 345

1
En utilisant la décroissance de x �→ sur ]0, +∞[, il vient
x
1 −n
(1 − ) ≥ e.
n
Pour tout entier naturel n ≥ 2, nous en concluons
1 n 1
(1 + ) ≤ e ≤ (1 − )−n
n n
3. En remarquant que la double inégalité obtenue à la question 2 est équi-
valente à
1 n 1 1
0 ≤ e − (1 + ) ≤ (1 − )−n − (1 + )n ,
n n n
nous obtenons l’algorithme demandé.

U ← 2, 25
N ←2
1 −N
Tant que (1 − ) − U ≥ 10−P
N
1
U ← (1 + )N
N
N ←N +1
Fin Tant que

p=int ( input ( "p=" ) )


u=2.25
n=2
while (1−1/n)∗∗( −n)−u>=10∗∗(−p ) :
u=(1+1/n ) ∗ ∗ n
n=n+1
print ( n )
print ( u )

Exercice 7. Une limite remarquable en 0


1. La fonction exponentielle est dérivable en 0. En déduire
ex − 1
lim = 1.
x→0 x
2. En utilisant le résultat de la question 1, déterminer les limites :
e2x − 1
• de la fonction f : x �→ , en 0,
x 1
• de la suite (un ) définie sur N∗ , par un = n(e n − 1).

La fonction exponentielle 345


346 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

Solution
1. La fonction exponentielle est dérivable en 0. Par définition, nous obtenons
ex − e0
lim = exp� (0) = 1,
x→0 x − 0

ce qui permet de conclure par


ex − 1
lim = 1.
x→0 x
2.
• Pour tout réel x �= 0, nous avons

e2x − 1
f (x) = 2 .
2x
En posant X = 2x, il vient
eX − 1
lim f (x) = 2 lim = 2.
x→0 X→0 X
• Pour tout n ∈ N∗ , on a
1
en − 1
un = .
1
n
1
En posant X = , nous obtenons
n
eX − 1
lim un = lim = 1.
n→+∞ X→0 X
Exercice 8. Étude d’une suite
1. Justifier que, pour tout réel x ≥ 0, ex > x.
En déduire
x2
∀x ∈ R+ , ex > .
2
2. Quelle est la limite en +∞ de la suite (un ) définie sur N∗ par
en
un = ?
n
3. Une application. Quelle est la limite en +∞ de la suite (vn ) définie
sur N∗ par

vn = ne1−n ?

346 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 347

Solution
1.
 Pour tout réel x ≥ 0, nous posons f (x) = ex − x.
Cette fonction est dérivable par différence sur R+ et nous avons

f � (x) = ex − 1.

Nous en déduisons

f � (x) ≥ 0 ⇔ x ≥ 0.

Par suite la fonction f est croissante sur R+ .


Puisque f (0) = 1, nous obtenons

x ≥ 0 ⇒ f (x) ≥ f (0), c’est-à-dire f (x) ≥ 1 > 0.

Nous en concluons que,

pour tout réel x ≥ 0, ex > x.


x2
 Pour tout réel x ≥ 0, nous posons g(x) = ex − .
2
Cette fonction est dérivable par différence sur R et nous avons
+

g � (x) = ex − x = f (x) > 0.

Il en résulte que la fonction g est croissante strictement sur R+ .


Puisque g(0) = 1, nous obtenons

x ≥ 0 ⇒ g(x) ≥ g(0), c’est-à-dire g(x) ≥ 1 > 0.

Pour tout réel x ≥ 0, nous en concluons


x2
ex > .
2
2. Nous remarquons que lim en = +∞ car e > 1.
n→+∞
Le comportement de la suite (un ), quand n tend vers +∞, est une forme
+∞
indéterminée du type " ".
+∞
Pour lever cette indétermination, nous appliquons l’inégalité ci-dessus, en
particulier pour x = n, avec n ∈ N∗ .
Pour tout entier n ≥ 1, il vient
n2 en n
en > , soit > .
2 n 2

La fonction exponentielle 347


348 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

n
Puisque lim = +∞, par comparaison nous en concluons
n→+∞ 2

en
lim = +∞.
n→+∞ n

3. Pour tout entier naturel n ≥ 1, nous avons


n
vn = e × n .
e
En prenant la limite de l’inverse du résultat déterminé à la question précé-
dente, nous en déduisons
n
lim = 0,
n→+∞ en
ce qui induit la conclusion

lim vn = 0.
n→+∞

Exercice 9. D’après Bac 2017


Soient f et g les fonctions définies sur R par

f (x) = ex et g(x) = e−x .

On désigne par Cf la courbe représentative de la fonction f et par Cg celle


de la fonction g dans un repère orthonormal du plan.
Pour tout réel a, on note M le point de Cf d’abscisse a et N le point de
Cg d’abscisse a. La tangente (T ) en M à Cf coupe l’axe des abscisses en P , la
tangente (T � ) en N à Cg coupe l’axe des abscisses en Q.
1. Montrer que P Q est une constante .
2. Que peut-on dire des droites (T ) et (T � ) ?
Solution

348 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 349

1.
• Nous commençons par déterminer les coordonnées du point P .
Une équation de la tangente (T ) en M (a, ea ) à Cf est

y = ea (x − a) + ea .

Nous en déduisons que l’abscisse xP du point P , intersection de la courbe


Cf avec l’axe des abscisses, satisfait à l’équation

0 = ea (xP − a) + ea ,

ce qui équivaut à, puisque ea > 0,

xP = a − 1.

• Nous déterminons à présent les coordonnées du point Q.


Une équation de la tangente (T � ) en N (a, e−a ) à Cg est

y = −e−a (x − a) + e−a .

Nous en déduisons que l’abscisse xQ du point Q, intersection de la courbe


Cg avec l’axe des abscisses, satisfait à l’équation

0 = −e−a (xQ − a) + e−a ,

ce qui équivaut à, puisque ea > 0,

xQ = a + 1.

• Puisque P (a − 1, 0) et Q(a + 1, 0), nous en déduisons


  √
P Q = (xp − xQ )2 = (a − 1 − a − 1)2 = 4 = 2.

Nous en concluons que pour tout réel a, la distance P Q est la constante 2.


2. Nous calculons le produit des coefficients directeurs des droites (T ) et
(T � ). Il vient

ea × −e−a = −e0 = −1,

ce qui prouve que les droites (T ) et (T � ) sont orthogonales.

La fonction exponentielle 349


350 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

Exercice 10. Une équation différentielle


Soit a un réel non nul. Déterminer la fonction f dérivable sur R et satis-
faisant à

f  = f et f (0) = a.

Solution
1
Pour tout réel x, nous posons g(x) = f (x).
a
La fonction g est dérivable sur R et nous obtenons
1  1
g  (x) = f (x) = f (x) = g(x).
a a
De plus, nous avons
1
g(0) = f (0) = 1.
a
Nous savons que la fonction exp est l’unique fonction telle que

exp = exp, avec exp(0) = 1.

Il en résulte que, pour tout réel x,


1
g(x) = f (x) = ex , soit f (x) = aex .
a
Nous en concluons que l’unique fonction telle que

f  = f et f (0) = a, est la fonction f : x �→ aex .

Exercice 11. Loi de désintégration radioactive


En physique, les noyaux des atomes d’un corps radioactif se désintègrent
selon la loi suivante :

ΔN (t) = −aN (t)Δt,


• N (t) est le nombre d’atomes présents à l’instant t,
• ΔN (t) est la variation de N (t) entre les instants t et t + Δt,
• a > 0 est une constante liée à la nature du corps radioactif considéré.
1. Nous supposons que la fonction t �→ N (t) est dérivable sur [0, +∞[.
Justifier que pour tout réel t ≥ 0, la loi de désintégration satisfait à l’équa-
tion (différentielle), notée (E),

N  (t) = −aN (t).

350 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 351

2. En posant N (0) = N0 , vérifier que la fonction N : t �→ N0 e−at satisfait


à l’équation (différentielle) (E).
3. Nous montrons que N : t �→ N0 e−at est la seule fonction satisfaisant à
(E).
Pour cela, nous supposons qu’il existe une autre fonction f dérivable sur
[0, +∞[ telle que pour tout réel t ≥ 0,

f � (t) = −af (t) et f (0) = N0 .

En posant g(t) = f (t)eat , montrer que pour tout réel t ≥ 0, g(t) = N0 .


En déduire que f = N .
N0
4. La demi-vie d’un corps radioactif est le réel T > 0 tel que N (T ) = .
2
1
Montrer que, pour tout réel t ≥ 0, N (t + T ) = N (t).
2
5. Soit n un entier naturel. Nous posons un = N (nT ).
Montrer que la suite (un ) est une suite géométrique dont on précisera le
premier terme et la raison.
Que représente le réel un ?
6. Pour tout entier naturel n, nous désignons par S(nT ) le nombre de
noyaux désintégrés à l’instant nT .
Exprimer S(nT ) en fonction de N0 et n.
Solution
1. La loi de désintégration peut s’écrire
N (t + Δt) − N (t)
= −aN (t),
Δt
ce qui donne, en passant à la limite, lorsque Δt → 0,
N (t + Δt) − N (t)
lim = lim (−aN (t)) = −aN (t).
Δt→0 Δt Δt→0

Puisque t �→ N (t) est dérivable sur [0, +∞[, nous obtenons l’égalité (E)
attendue, c’est-à-dire

N � (t) = −aN (t).

2. La fonction N est dérivable par composition sur [0, +∞[ et nous obtenons

N � (t) = −aN0 e−at = −aN (t),

ce qui justifie que la fonction N : t �→ N0 e−at satisfait à l’équation (E).


3. La fonction g est dérivable par composition et produit sur [0, +∞[.
Pour tout réel t ≥ 0, il vient :

La fonction exponentielle 351


352 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

g � (t) = f � (t)eat + af (t)eat = (f � (t) + af (t))eat .

Or, nous savons que f � (t) = −af (t). Il en résulte

∀t ≥ 0, g � (t) = 0.

Par conséquent, il existe un réel c, tel que pour tout réel t ≥ 0,

g(t) = c.

En particulier, pour t = 0, nous obtenons

c = g(0) = f (0) = N0 .

Pour tout réel t ≥ 0, nous en déduisons

g(t) = f (t)eat = N0 , soit f (t) = N0 e−at ,

ce qui prouve que f = N , l’unicité de la fonction N , solution de (E) est ainsi


acquise.
4. Soit un réel t ≥ 0. Nous avons

N (t + T ) = N0 e−a(t+T ) = N0 e−at e−aT = N (t)e−aT .

Par définition de la demi-vie, nous obtenons

N0 1
N0 e−aT = , ce implique e−aT = .
2 2
Ainsi, pour tout réel t ≥ 0, nous en concluons

1
N (t + T ) = N (t).
2
1
5. Pour tout entier naturel n, sachant que e−aT = , il vient
2
 n
1
un = N0 e−anT = N0 (e−aT )n = N0 .
2

Nous en déduisons
 n+1  n
1 1 1 1
un+1 = N0 = × N0 = un .
2 2 2 2

352 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 353

1
Nous en concluons que la suite (un ) est géométrique de raison q = et de
2
premier terme u0 = N0 .
Le réel un = N (nT ) est le nombre de noyaux radioactifs qui restent à
l’instant t = nT .
6. Pour tout entier naturel n, le nombre S(nT ) de noyaux désintégrés à
l’instant nT est la somme cumulée du nombre de noyaux désintégrés à l’instant
N0 N0 N0
T , soit S(T ) = et à l’instant 2T , soit S(2T ) = + , ceci jusqu’à
2 2 4
l’instant nT , soit
N0 N0 N0
S(nT ) = + + ··· + n .
2 4 2
Nous en déduisons
  2  n 
1 1 1
S(nT ) = N0 + + ··· + ,
2 2 2
 n
1
1−
1 2
= N0 × × ,
2 1
1−
  n  2
1
= N0 1 − .
2

Exercice 12. Étude d’une suite - d’après BAC 2015


Soit un réel a > 0 donné non nul. Nous proposons l’étude la suite (un )
définie sur N par :

u0 = a et, pour tout entier naturel n, un+1 = e2un − eun = f (un ),

où f est la fonction définie sur R par x �→ e2x − ex .


1. Pour tout réel x, nous posons

g(x) = f (x) − x.

Étudier le sens de variations de la fonction g. En déduire

∀x ∈ R, g(x) ≥ 0.

2. Déterminer le sens de variation de la suite (un ). En déduire

∀n ∈ N, un > 0.

La fonction exponentielle 353


354 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

3. Montrer que, pour tout entier naturel n ≥ 1 et tout entier k ∈ 0, n − 1,

uk+1 − uk ≥ g(a).

En déduire

∀n ∈ N, un ≥ a + n × g(a).

Quelle est la limite de la suite (un ) ?.


4. Le réel a > 0 et l’entier positif P étant choisis par l’utilisateur ; donner
un algorithme qui restitue le plus petit entier N tel que uN > 10P .
Solution
1. La fonction g est dérivable sur R par composition et différence. Pour
tout réel x, nous obtenons

g  (x) = f  (x) − 1 = 2e2x − ex − 1.

En posant X = ex , nous obtenons le trinôme

2X 2 − X − 1.

Ce trinôme admet X = 1 pour racine évidente. L’autre racine est donc


1 1
X = − , obtenue car le produit des racines est lui-même égal à − .
2 2
Nous en déduisons que
1
2X 2 − X − 1 = 2(X − 1)(X + ) = (X − 1)(2X + 1),
2
ce qui donne, pour tout réel x,

g  (x) = (ex − 1)(2ex + 1).

Puisque 2ex + 1 > 0, le signe de g  (x) est le signe de ex − 1.


Il en résulte que
si x < 0, alors g  (x) < 0, donc g est décroissante sur ] − ∞, 0[,
si x > 0, alors g  (x) > 0, donc g est croissante sur ]0, +∞[.
De plus g  (x) = 0 pour x = 0, en changeant de signe, ce qui justifie que la
fonction g atteint un extremum qui est un minimum en x = 0, ce dernier est
égal à g(0) = 0.
Nous en concluons

∀x ∈ R, g(x) ≥ 0.

354 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 355

2. Soit n un entier naturel. Nous avons

un+1 − un = f (un ) − un = g(un ).

En utilisant la première question, pour tout entier naturel n, nous savons

g(un ) ≥ 0, soit un+1 − un ≥ 0,

ce qui prouve que la suite (un ) est croissante.


De la croissance de cette suite, il résulte que, pour tout n ∈ N,

un ≥ u0 , soit un ≥ a > 0.

Nous en concluons

∀n ∈ N, un > 0.

3. Soient n ∈ N∗ et k ∈ 0, n − 1. D’après la question précédente, nous


savons

uk+1 − uk = g(uk ).

Or uk ≥ a et, puisque la fonction g est croissante sur R+ , nous en déduisons

g(uk ) ≥ g(a),

ce qui montre que pour tout entier naturel n ≥ 1 et tout entier k ∈ 0, n − 1,

uk+1 − uk ≥ g(a).

En sommant cette inégalité pour k variant de 0 à n − 1, il vient



n−1 
n−1
(uk+1 − uk ) ≥ g(a),
k=0 k=0

ce qui donne par "télescopage"

un − u0 ≥ n × g(a), soit un ≥ a + n × g(a).

Cette dernière inégalité est vraie au rang n = 0. Nous en concluons

∀n ∈ N, un ≥ a + n × g(a).

Nous savons que g(a) = g(u0 ) > 0. Il en résulte lim a + n × g(a) = +∞.
n→+∞
Par comparaison, nous obtenons :

La fonction exponentielle 355


356 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

lim un = +∞.
n→+∞

4. Nous proposons l’algorithme suivant qui restitue le plus petit entier N tel
que uN > 10P ; le réel a > 0 et l’entier positif P étant choisi par l’utilisateur.

from math import∗


N ←0 p=int ( input ( "p=" ) )
U ←a a=f l o a t ( input ( "a=" ) )
Tant que u ≤ 10P u=a
U ← e2u − eu n=0
N ←N +1 while u<=10∗∗p :
Fin Tant que u=exp ( 2 ∗ u)−exp ( u )
n=n+1
print ( n )

Exercice 13. Suite convergente vers e


1. Montrer que pour tout réel x, 1 + x ≤ ex .
Pour quelles valeurs de x cette inégalité est-elle stricte ?
1
2. Justifier que, pour tout réel x ∈] − ∞, 1[, ex ≤ .
1−x
Pour quelles valeurs de x cette inégalité est-elle stricte ?
3. En déduire que, pour tout n ∈ N∗ , nous avons
   
1 n 1 n+1
1+ <e< 1+ .
n n
 
1 n
4. Pour tout n ∈ N∗ , nous posons un = 1 + .
n
Montrer que
3
0 < e − un < .
n
En déduire la limite de la suite (un ) lorsque n tend vers+∞.
5. Proposer un algorithme qui restitue un rang N à partir duquel

e − uN < 10−P ,

l’entier naturel P étant choisi par l’utilisateur.


Déterminer les valeurs de N lorsque P ∈ 1, 4.

356 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 357

Solution
1. Cette inégalité [1] a déjà été prouvée dans la 1re question de l’exercice 6
de ce chapitre.
Toujours d’après cette 1re question, l’égalité est atteinte si et seulement si
x = 0.
Par conséquent l’inégalité est stricte si et seulement si x ∈ R∗ .
2. L’inégalité [1] reste vraie en remplaçant x par −x, ce qui donne :

∀x ∈ R, 1 − x ≤ e−x .

Nous en déduisons que si x < 1, alors

e−x ≥ 1 − x > 0.

Puisque la fonction inverse est décroissante sur ]0, +∞[, pour tout réel
x ∈] − ∞, 1[, il vient
1 1 1
≤ , soit ex ≤ , notée [2].
e−x 1−x 1−x
Comme ci-dessus l’égalité est atteinte si et seulement si x = 0.
Par conséquent l’inégalité est stricte si et seulement si x ∈] − ∞, 0[∪]0, 1[.
3. Soit n ∈ N∗ .
1
• En particulier, pour x = �= 0 dans [1], il vient
n
1 1
0 < 1 + < en .
n
Puisque la fonction x �→ xn est croissante strictement sur R+∗ , nous en
déduisons
1 n 1 1
(1 + ) < (e n )n , c’est-à-dire (1 + )n < e.
n n
1
• En particulier, pour x = ∈]0, 1[ dans [2],nous avons
n+1
1 1
e n+1 < ,
1
1−
n+1
ce qui donne
1 n+1 1 1
e n+1 < , soit e n+1 < 1 + .
n n
La fonction x �→ xn+1 est croissante strictement sur ]0, +∞[, donc :

La fonction exponentielle 357


358 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

 n+1  n+1  n+1


1 1 1
e n+1 < 1+ , soit e < 1+ .
n n

Nous en concluons
 n  n+1
1 1
∀n ∈ N∗ , 1+ <e< 1+ .
n n
4. Pour tout entier n > 0, nous déduisons de cette double inégalité :
 n+1  n
1 1
0 < e − un < 1+ − 1+ ,
n n

ce qui donne
1 n 1 e
0 < e − un < (1 + ) (1 + − 1) < .
n n n
Nous savons que e < 3, ce qui permet de conclure
3
∀n ∈ N∗ , 0 < e − un <
n
3
Puisque lim = 0, en appliquant le théorème d’encadrement, nous ob-
n→+∞ n
tenons

lim e − un = 0, soit lim un = e.


n→+∞ n→+∞

5. Nous proposons l’algorithme suivant, qui restitue un rang N à partir


duquel

e − uN < 10−P ,

l’entier naturel P étant choisi par l’utilisateur :

from math import∗


p=int ( input ( "p=" ) )
N ←1
U ←2
u=2
Tant que exp(1) − U ≥ 10−P
  n=1
1 N
U ← 1+ while exp (1) −u>=10∗∗(−p ) :
N
N ←N +1 u=(1+1/n ) ∗ ∗ n
Fin Tant que n=n+1
print ( n )
print ( u )

358 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 359

L’implémentation de cet algorithme fournit le tableau suivant lorsque


P ∈ 1, 4 :

P 1 2 3 4
N 14 136 1360 13592
U≈ 2, 660 2, 708 2, 717 2, 718

Nous remarquons que la convergence de la suite (un ) est lente.


Nous pourrons, en classe de Terminale, étudier des suites qui convergent
plus rapidement vers e comme par exemple la suite(vn ) définie sur N par
n 1
vn = .
k=0 k!

Exercice 14. Introduction à la fonction logarithme népérien


Soit f une fonction dérivable sur ]0, +∞[ qui satisfait à l’égalité fonction-
nelle, notée (L) :

∀x ∈]0, +∞[, ∀a ∈]0, +∞[, f (ax) = f (a) + f (x).

1. Justifier que f (1) = 0.


1
2. Montrer que, pour tout réel a > 0, f ( ) = −f (a).
a
3. Nous supposons que le réel a est fixé dans l’intervalle ]0, +∞[.
Nous considérons la fonction g définie sur ]0, +∞[ par :

g(x) = f (ax) − f (x).


f  (x)
Montrer que, pour tout réel x > 0, f  (ax) = .
a
En posant f (1) = 1, en déduire que, pour tout réel x > 0,


1
f  (x) =
x
Quel est le sens de variations de f sur ]0, +∞[ ?
4. La fonction f satisfaisant à l’égalité fonctionnelle (L) telle que f  (1) = 1
est, par définition, la fonction logarithme népérien, notée ln.
Nous considérons la fonction h définie sur R par :

h(x) = ln(ex ) − x.

Prouver que, pour tout réel x, ln(ex ) = x.


5. Nous reprenons le corollaire du paragraphe 7.3.3. Montrer que :

0 < ex < 1 ⇒ x < 0.

La fonction exponentielle 359


360 CHAPITRE 7. LA FONCTION EXPONENTIELLE

Solution
1. En particulier, pour x = a = 1, l’égalité (L) devient

f (1) = 2f (1), soit f (1) = 0.


1
2. Soit un réel a > 0. Dans l’égalité (L), nous posons x = , ce qui donne :
a
1 1 1
f (a × ) = f (a) + f ( ), soit f (1) = f (a) + f ( ).
a a a
Puisque f (1) = 0, pour tout réel a > 0, nous en concluons
1
f ( ) = −f (a).
a
3. Soit un réel x ∈]0, +∞[.
D’une part, nous avons g(x) = f (a). La fonction g constante est dérivable
sur ]0, +∞[ et nous obtenons :

g  (x) = 0.

D’autre part, la fonction g est dérivable sur ]0, +∞[ par composition et
différence. Pour tout réel x > 0, il vient :

g  (x) = af  (ax) − f  (x).

Il en résulte que, pour tous les réels x > 0 et a > 0,


f  (x)
af  (ax) − f  (x) = 0, soit f  (ax) = .
a
En particulier, pour x = 1, sachant que f  (1) = 1, nous obtenons
f  (1) 1
f  (a) = = .
a a
En échangeant les rôles de a et x, nous en concluons que
1
∀x ∈]0, +∞[, f  (x) = .
x
Puisque, pour tout réel x > 0, f  (x) > 0, nous en déduisons que la fonction
f est croissante strictement sur l’intervalle ]0, +∞[.
4. La fonction h est dérivable sur R par composition et différence.
Pour tout réel x, nous obtenons
1
h (x) = ex ln (ex ) − 1 = ex × − 1 = 0.
ex

360 Chapitre 7
7.5. EXERCICES CORRIGÉS 361

Nous en déduisons qu’il existe une constante réelle c telle que, pour tout
réel x, h(x) = c.
En particulier, pour x = 0, nous obtenons

c = h(0) = ln(e0 ) = ln 1 = 0,

ce qui prouve, pour tout réel x, que h(x) = 0, c’est-à-dire

∀x ∈ R, ln(ex ) = x.

5. Soit x un réel tel que 0 < ex < 1.


Puisque la fonction ln est croissante strictement sur ]0, +∞[, nous en dé-
duisons

ln(ex ) < ln(1), soit x < 0,

ce qui complète la preuve du corollaire du paragraphe 7.3.3.

La fonction exponentielle 361


CHAPITRE 8
Chapitre 8
Trigonométrie
Trigonométrie

La trigonométrie dans un triangle rectangle est étudiée au collège.


Il s’agit de définir le cosinus et le sinus d’un angle aigu de ce triangle par
les rapports de longueurs de ses côtés.
Cette trigonométrie est très pratique et permet de résoudre de nombreuses
questions notamment dans un triangle équilatéral ou rectangle isocèle.
Cependant lorsque intervient un angle obtus ou un angle au centre dans un
cercle, la trigonométrie dans un triangle rectangle ne fonctionne plus de façon
satisfaisante.
C’est pour cette raison que nous développons dans ce chapitre la notion
d’angle orienté et une trigonométrie plus générale qui s’appuie essentiellement
sur le repérage d’un point sur un cercle de référence, de centre l’origine d’un
repère donné et de rayon 1, sur lequel un sens de parcours est choisi : c’est le
fameux cercle trigonométrique.
Nous commençons par définir un nouvelle unité d’angle, le radian. Cette
nouvelle unité permet entre autres de mesurer très simplement la longueur d’un
arc de cercle. Elle autorise également une définition simple et satisfaisante de
deux nouvelles fonctions de référence : les fonctions trigonométriques cosinus
et sinus. Nous profitons de ce chapitre pour définir la fonction tangente.
Nous terminons par la résolution d’équations trigonométriques de référence.

363 Trigonométrie 363


364 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

8.1 Le radian
8.1.1 Longueur d’un arc de cercle
Théorème. Soient (C) un cercle de centre O et de rayon R > 0, A et M deux
÷ ait pour mesure a en degrés avec
points de (C) tel que l’angle au centre AOM
a ∈ [0, 360].
¯ , nous avons
En désignant par L la longueur de l’arc AM
aπR
. L=
180
Démonstration. Nous commençons par former le tableau suivant qui déter-
¯ en fonction de R pour des valeurs particulières
mine la longueur L de l’arc AM
de a en degré.

a◦ 180◦ 90◦ 60◦ 45◦ 30◦ 135◦


πR πR πR πR 3πR
L πR
2 3 4 6 4
Nous constatons que les mesures en degré des angles au centre sont pro-
portionnelles aux longueurs des arcs interceptés, ce qui donne
L πR
= .
a 180
Nous en déduisons pour conclure
aπR
L= .
180

Remarque. La longueur de l’arc correspondant à l’angle au centre de mesure


aπR
en degré 360 − a est 2πR − .
180

364 Chapitre 8
8.1. LE RADIAN 365

Exemple. Nous nous plaçons dans le cas particulier R = 1, l’unité de longueur


étant choisie.
• Si a = 180◦ , alors

180π
L= = π.
180
180L
• De plus, nous avons a = donc, si L = 1 , alors
πR
180
a= ≈ 57, 3◦ .
π

8.1.2 Le radian : une unité d’angle


Définition. Soit (C) un cercle de centre O et de rayon 1.
Soient A et M deux points de (C) .
¯ est la mesure en radian de
Le réel α mesurant la longueur de l’arc AM
÷.
l’angle AOM
Ainsi, nous retiendrons
• π radians mesure un angle plat.
• 1 radian mesure un angle de 57, 3◦ environ.

Proposition (conversion). Avec les notations ci-dessus, soient α et a les me-


÷.
sures en radians et degrés respectivement de l’angle AOM
Nous disposons de l’égalité
α a
= .
π 180

Trigonométrie 365
366 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Démonstration. La proposition précédente, en particulier pour R = 1 et


L = α, donne
aπ α a
α= ⇔ = .
180 π 180
Proposition (longueur d’un arc de cercle et radian). Soit (C) un cercle de
÷
centre O et de rayon R. Soient A et M deux points de (C) tel que l’angle AOM
¯ a pour longueur
ait pour mesure α radians avec α ∈ [0, 2π]. L’arc AM

L = Rα.

÷.
Démonstration. Désignons par a une mesure en degrés de l’angle AOM

Nous savons que L = R.
180

Puisque α = , nous obtenons L = Rα.
180

Remarque. Une première justification de l’utilisation de l’unité radian réside


dans la formule L = Rα qui est plus simple que celle donnant la longueur d’un
arc de cercle avec un angle au centre en degré.

Proposition. Avec les données ci-dessus on désigne par A l’aire du secteur


¯ . Nous disposons de l’égalité
angulaire correspondant à l’arc AM

R2
A= α.
2
Démonstration. En considérant que les aires des secteurs angulaires sont
proportionnelles aux longueurs des arcs interceptés, nous obtenons :

366 Chapitre 8
8.2. REPÉRAGE SUR LE CERCLE TRIGONOMÉTRIQUE 367

A α
= .
πR2 π
2
α πR2 R2
Nous en concluons que A = × = α.
π 2 2
Exemple. Dans la figure ci-dessous, calculons l’aire de la partie S.

2
¯ est 1 × π = π .
L’aire du secteur angulaire correspondant à l’arc AB
2 2 4
1
L’aire du triangle AOB est égale à .
2
π 1
Il en résulte que l’aire de la partie S est − .
4 2

8.2 Repérage sur le cercle trigonométrique


Dans ce paragraphe, (O ; �ı, �j) est un repère orthonormal.

8.2.1 Le cercle trigonométrique


Définition. Le cercle trigonométrique est le cercle de centre O et de rayon 1.
Ce cercle est souvent noté CO, 1 .

Trigonométrie 367
368 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Avec les notations de la figure, ce cercle est orienté de la façon suivante :


• le sens est direct lorsque ce cercle est décrit de I vers J,
• le sens est indirect lorsque ce cercle est décrit de I vers J  .
Remarques. Nous disposons des deux remarques suivantes :
• Le sens direct est le sens contraire « des aiguilles d’une montre ». Le
sens direct est également appelé sens trigonométrique.
• Une équation du cercle trigonométrique est x2 + y 2 = 1.

8.2.2 Repérage sur ce cercle


π
Étude d’un exemple : le point J repéré par
2
Soit (T ) la droite numérique tangente à CO, 1 au point I.

π
Au réel sur la droite (T ), on associe par « enroulement » le point J tel
2
ˆ a pour longueur π ou bien tel que l’angle IOJ
que l’arc IJ ’ a pour mesure π
2 2
radians.
Nous observons que le point J est également associé par « enroulement »
π π
aux réels + 2π ou − 2π sur la droite (T).
2 2
Plus généralement, ce même point J est associé par « enroulement », aux
π
réels + k(2π), avec k ∈ Z.
2
π
Nous en concluons que le point J est repéré sur CO, 1 par le réel et plus
2
π
généralement par tout réel de la forme + k(2π), avec k ∈ Z.
2
π
De la même façon, le point J  est repéré sur CO, 1 par le réel − et plus
2
π
généralement par tout réel de la forme − + k(2π), avec k ∈ Z.
2

368 Chapitre 8
8.2. REPÉRAGE SUR LE CERCLE TRIGONOMÉTRIQUE 369

Définition. A tout point M ∈ CO, 1 , est associé « par enroulement » un unique


¯ a pour la longueur |a|, c’est-à-dire tel que
réel a ∈] − π, π] tel que l’arc IM
÷ a pour mesure |a| radians.
l’angle IOM
On dit que M est repéré sur le cercle trigonométrique par le réel a.
Tout réel de la forme a + k(2π), avec k ∈ Z, repère aussi ce point M sur le
cercle trigonométrique.

8.2.3 Repérage dans le premier quadrant


Proposition. Sur le cercle trigonométrique, dans le premier quadrant, nous
disposons des repérages particuliers suivants :

Démonstration. Avec les notations de la figure, nous avons


• I est repéré par 0.
π
• J est repéré par .
2

Trigonométrie 369
370 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

π ’
car la droite (OA) est la bissectrice de l’angle IOJ.
• A est repéré par
4
π
• B est repéré par car le triangle IOB est équilatéral. De plus B a pour
3
1
abscisse .
2
π
• C est repéré par car le triangle COC  est demi-équilatéral. De plus C
6
1
a pour ordonnée .
2
Remarque. Connaissant ces repérages particuliers dans le premier quadrant,
nous pouvons, grâce au cercle trigonométrique et à ses éléments de symétrie,
placer sur ce dernier, des points repérés par des réels appartenant à l’intervalle
] − π, π] ou [0, 2π[ et plus généralement à R, en "tournant de 2π" dans le sens
direct ou indirect. L’exemple qui suit illustre cette importante remarque.

Exemple. Nous plaçons sur le cercle trigonométrique les points repérés par
les réels suivants :
2π π 3π π 5π
,− , , − et − .
3 3 4 6 6
Pour placer ces points, nous observons ci-dessous des symétries qui seront
justifiées ultérieurement.

Nous plaçons maintenant sur le cercle trigonométrique le point repéré par


2019π
.
4
π
Heureusement, nous ne tournons pas sur le cercle "2019 fois de " !
4
Nous effectuons la division euclidienne de 2019 par 4.
Ainsi nous obtenons, 2019 = 4 × 504 + 3.
Cela permet de déduire :

370 Chapitre 8
8.3. ANGLE ORIENTÉ 371

2019π π 3π
= (4 × 504 + 3) = + 252(2π).
4 4 4
Nous en concluons que le point considéré est repéré sur le cercle trigono-

métrique par le réel .
4

8.3 Angle orienté


8.3.1 Angle orienté de deux vecteurs unitaires

Définition. Soient �u et �v deux vecteurs unitaires c’est-à-dire tels que ||�u|| = 1


et ||�v || = 1.
Soient A et B deux points du cercle trigonométrique repérés sur ce cercle
−→ −−→
respectivement par les réels a et b, tels que OA = �u et OB = �v .
−→ −−→
• Le couple (�u, �v ) = (OA, OB) est un angle orienté de deux vecteurs.
• Le réel α = b − a est une mesure en radians de l’angle orienté(�u, �v ).

Remarque. Avec les notations de la figure, nous observons les cas particuliers
suivants :
−→ −→
L’angle orienté (�i, �u) = (OI, OA) a pour mesure a.
−→ −→ π
L’angle orienté (�i, �j) = (OI, OJ) a pour mesure .
2
−→ −−→
L’angle orienté (�i, −�i) = (OI, OI  ) a pour mesure π.
−→ −−→ π
L’angle orienté (�i, −�j) = (OI, OJ  ) a pour mesure − .
2
Proposition. Si les réels α et α sont deux mesures de l’angle orienté (�u, �v ),
alors : ∃k ∈ Z, α = α + k(2π).

Trigonométrie 371
372 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Démonstration. Avec les notations de la figure, nous posons

α = b − a et α = b − a ,


a et a sont deux réels qui repèrent le point A,
b et b sont deux réels qui repèrent le point B.
Nous savons que

a = a + k1 (2π), avec k1 ∈ Z,
b = b + k2 (2π), avec k2 ∈ Z.

Nous en déduisons

b − a = b − a + (k2 − k1 )2π,

ce qui donne, en posant k = k2 − k1 ∈ Z.

α = α + k(2π).

Définition (congruence modulo 2π). Soient α et α deux réels.


On dit que ces deux réels sont congrus modulo 2π si et seulement si

il existe k ∈ Z tel que α = α + k(2π).

On note dans ce cas, α ≡ α[2π] ou plus simplement α = α[2π].

Remarques. Nous en proposons deux.


• De la proposition précédente, il résulte que si α est une mesure de l’angle
orienté (�u, �v ), alors toute autre mesure de cet angle est de la forme α + k(2π),
avec k ∈ Z.
• Par abus de langage, nous confondons un angle orienté avec sa mesure
en radians, ce qui permet d’écrire

(�u, �v ) = α[2π] ou bien (�u, �v ) = α + k(2π), avec k ∈ Z

Définition (mesure principale). Un réel α est la mesure principale de l’angle


orienté (�u, �v ) si et seulement si

(�u, �v ) = α[2π] avec α ∈] − π, π].

Remarque. Avec les notations de la figure, si α ∈] − π, π] est la mesure


−→ −−→
principale de l’angle orienté (OA, OB), alors |a| est la mesure en radians de
÷
l’angle géométrique AOB.

372 Chapitre 8
8.3. ANGLE ORIENTÉ 373

Exemples. Nous en proposons deux.



Un point A est repéré sur le cercle trigonométrique par le réel − .
3

1er exemple. Nous avons


−→ −−→ π 2π π
(OA, OJ  ) = − − (− )[2π] = [2π],
2 3 6
π
ce qui justifie que ∈] − π, π] est la mesure principale de cet angle.
6
2e exemple. Nous avons
−→ −−→ 2π 5π
(OA, OI  ) = π − (− )[2π] = [2π].
3 3

Mais, / − π,, π] et nous obtenons
∈]
3
5π π 5π π
= − + 2π, soit = − [2π],
3 3 3 3
π
ce qui justifie que − ∈] − π, π] est la mesure principale de cet angle.
3

Trigonométrie 373
374 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

8.3.2 Angle orienté de deux vecteurs non nuls

Définition. Soient �u et �v deux vecteurs non nuls.


Nous posons

1 1
u�1 = · �u et v�1 = · �v .
||�u|| ||�v ||

Les vecteurs u�1 et v�1 sont unitaires et l’angle orienté (�u, �v ) est défini par

(�u, �v ) = (u�1 , v�1 )[2π].

Remarque. Avec les notations de la figure, nous avons

−→ −−→ −→ −−→
(OA, OB) = (OA1 , OB 1 )[2π].

8.3.3 Propriétés de calcul avec les angles orientés

Proposition (angle nul - angle plat). Soit �u un vecteur non nul. Nous avons
• (�u, �u) = 0[2π],
• (�u, −�u) = π[2π].

Démonstration. La définition précédente permet de supposer que �u est un


vecteur unitaire.
• Avec les notations de la figure,

374 Chapitre 8
8.3. ANGLE ORIENTÉ 375

nous obtenons
−→ −→
(�u, �u) = (OA, OA) = a − a[2π] = 0[2π].

• Avec les notations de la figure,

nous obtenons
−→ −−→
(�u, −�u) = (OA, OA ) = a + π − a[2π] = π[2π].

Remarque. Pour tout vecteur �u �= �0, nous avons

(�u, −�u) = (−�u, �u)[2π].

Trigonométrie 375
376 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Proposition (relation de Chasles). Pour tous les vecteurs �u, �v et w


� non nuls,
nous disposons de l’égalité

(�u, �v ) + (�v , w)
� = (�u, w)[2π]

Démonstration. Soient �u, �v et w


� trois vecteurs non nuls. La définition pré-
cédente permet de supposer que les trois vecteurs sont unitaires.

Avec les notations de la figure, nous avons


−→ −−→
(�u, �v ) = (OA, OB) = b − a[2π],
−−→ −−→
� = (OB, OC) = c − b[2π],
(�v , w)
−→ −−→
� = (OA, OC) = c − a[2π].
(�u, w)

Nous en déduisons

� = c − a[2π] = (�u, w)[2π].


(�u, �v ) + (�v , w) �

Corollaire. Quels que soient les vecteurs �u et �v non nuls, on a :


• (�u, �v ) = −(�v , �u)[2π],
• (−�u, �v ) = (�u, −�v ) = (�u, �v ) + π[2π],
• (−�u, −�v ) = (�u, �v )[2π]

Démonstration. Soient �u �= �0 et �v �= �0.


• En appliquant la relation de Chasles, il vient

(�u, �v ) + (�v , �u) = (�u, �u)[2π] = 0[2π],

ce qui prouve :

376 Chapitre 8
8.3. ANGLE ORIENTÉ 377

(�u, �v ) = −(�v , �u)[2π]

• En appliquant à nouveau la relation de Chasles, nous obtenons

(−�u, �v ) = (−�u, �u) + (�u, �v )[2π] = π + (�u, �v )[2π].

De même, nous avons

(�u, −�v ) = (�u, �v ) + (�v , −�v )[2π] = (�u, �v ) + π[2π].

• Toujours grâce à la relation de Chasles, il vient

(−�u, −�v ) = (−�u, �u) + (�u, �v ) + (�v , −�v )[2π] = π + (�u, �v ) + π[2π] = (�u, �v )[2π].

8.3.4 Orientation du plan

Définition. Une base orthonormale (�u, �v ) est


π
• directe si et seulement si l’angle orienté (�u, �v ) = [2π],
2
π
• indirecte si et seulement si l’angle orienté (�u, �v ) = − [2π].
2

Trigonométrie 377
378 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Remarques. Par extension, nous étendons la notion d’orientation aux confi-


gurations usuelles, par exemple :
−−→ −→ π
• Le triangle ABC rectangle isocèle est direct lorsque (AB, AC) = [2π].
2

−−→ −−→ π
• Le carré ABCD est direct lorsque (AB, AD) = [2π].
2

Plus généralement un triangle ABC est de sens direct lorsque ses sommets
A, B et C sont donnés dans cet ordre selon le sens trigonométrique.

Proposition. Soit ABC un triangle quelconque. Nous avons


−−→ −→ −−→ −−→ −→ −−→
(AB, AC) + (BC, BA) + (CA, CB) = π[2π].

Démonstration. Nous supposons que le triangle ABC est direct.

378 Chapitre 8
8.3. ANGLE ORIENTÉ 379

Nous observons que


−−→ −→ −−→ −→
(AB, AC) = (BA, CA).

Il en résulte

−−→ −→ −−→ −−→ −→ −−→ −−→ −−→ −−→ −→ −→ −−→


(AB, AC) + (BC, BA) + (CA, CB) = (BC, BA) + (BA, CA) + (CA, CB),
−−→ −→ −→ −−→
= (BC, CA) + (CA, CB),
−−→ −−→
= (BC, CB),
−−→ −−→
= (BC, −BC),
= π[2π].

Si le triangle ABC est indirect, l’égalité obtenue reste vraie.

Remarque. Cette proposition est la version " géométrie orientée" d’un résul-
tat vu au collège qui énonce que la somme des mesures des trois angles d’un
triangle est égale à 180◦ , c’est-à-dire π radians.

8.3.5 Angle orienté et vecteurs colinéaires


Proposition. Soient �u, �v deux vecteurs non nuls, k et k � deux réels non nuls.
Nous avons

(�u, �v )[2π] si k × k � > 0
(k�u, k ��v ) = .
(�u, �v ) + π[2π] si k × k � < 0

Démonstration. Nous supposons que �u, �v sont unitaires et soient k ∈ R∗ et


k � ∈ R∗ .
Par définition, nous avons
1 1 1 1
(k�u, k ��v ) = ( k�u, � k ��v )[2π] = ( k�u, � k ��v )[2π].
||k�u|| ||k �v || |k|||�u|| |k |||�v ||
Puisque ||u|| = ||v|| = 1, nous en déduisons

k k�
(k�u, k ��v ) = ( �u, � �v )[2π].
|k| |k |

1er cas : k × k � > 0, soit k > 0 et k � > 0 ou k < 0 et k � < 0.


Ainsi, nous traitons deux sous-cas.
• k > 0 et k � > 0. �
k k
Nous avons = � = 1, donc :
|k| |k |

Trigonométrie 379
380 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

(k�u, k ��v ) = (�u, �v )[2π].

• k < 0 et k � < 0. �
k k
Nous avons = � = −1, donc
|k| |k |

(k�u, k ��v ) = (−�u, −�v )[2π] = (�u, �v )[2π].

Nous en concluons que

si k × k � > 0, alors (k�u, k ��v ) = (�u, �v )[2π].

2e cas : k × k � < 0, soit k > 0 et k � < 0 ou k < 0 et k � > 0.


De la même façon, nous traitons deux sous-cas.
• k > 0 et k � < 0.
k k�
Nous avons = 1 et � = −1, donc
|k| |k |

(k�u, k ��v ) = (�u, −�v )[2π] = (�u, �v ) + π[2π].

• k < 0 et k � > 0.
k k�
Nous avons = −1 et � = 1, donc
|k| |k |

(k�u, k ��v ) = (−�u, �v )[2π] = (�u, �v ) + π[2π].

Nous en concluons que

si k × k � < 0, alors (k�u, k ��v ) = (�u, �v ) + π[2π].

Corollaire. Soient �u, �v deux vecteurs non nuls et k un réel non nul. Nous
avons 
(�u, �v )[2π] si k > 0
• (k�u, �v ) = .
(�u, �v ) + π[2π] si k < 0
• (k�u, k�v ) = (�u, �v )[2π].

Démonstration. Soient �u �= �0, �v �= �0 et k ∈ R∗ .


• Nous appliquons la proposition précédente, en particulier pour k � = 1.
• Nous appliquons la proposition précédente, en particulier pour k � = k.
Dans ce cas, nous avons k × k � = k 2 > 0. L’égalité attendue en résulte.

380 Chapitre 8
8.3. ANGLE ORIENTÉ 381

Proposition (caractérisation angulaire de la colinéarité). Soient �u et �v deux


vecteurs non nuls. Nous disposons des deux caractérisations suivantes :
• �u et �v sont colinéaires de même sens si et seulement si

(�u, �v ) = 0[2π].

• �u et �v sont colinéaires de sens contraires si et seulement si

(�u, �v ) = π[2π].

Démonstration. • Soient �u et �v deux vecteurs non nuls, colinéaires de même


sens.
Dans ce cas, il existe un réel k > 0 tel que �v = k�u.
En appliquant le corollaire précédent, nous en déduisons

(�u, �v ) = (�u, k�u)[2π] = (�u, �u)[2π] = 0[2π].

Réciproquement, soient �u et �v deux vecteurs non nuls tels que

(�u, �v ) = 0[2π].

Par définition d’un angle orienté, il vient


1 1
( �u, �v ) = 0[2π].
||�u|| ||�v ||
1 1
Les vecteurs �u et �v sont unitaires, ce qui implique
||�u|| ||�v ||
1 1
�u = �v .
||�u|| ||�v ||
Il en résulte que
||�v ||
�v = �u.
||�u||
||�v ||
Puisque > 0, nous en concluons �u et �v sont deux vecteurs non nuls,
||�u||
colinéaires de même sens.
• Soient �u et �v deux vecteurs non nuls, colinéaires de sens contraires.
Dans ce cas, il existe un réel k < 0 tel que �v = k�u.
En appliquant le corollaire précédent, nous en déduisons

(�u, �v ) = (�u, k�u)[2π] = (�u, �u) + π[2π] = π[2π].

Trigonométrie 381
382 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Réciproquement, soient �u et �v deux vecteurs non nuls tels que

(�u, �v ) = π[2π].

Par définition d’un angle orienté, il vient


1 1
( �u, �v ) = π[2π].
||�u|| ||�v ||
1 1
Les vecteurs �u et �v sont unitaires, de sens contraires, ce qui im-
||�u|| ||�v ||
plique
1 1
�u = − �v .
||�u|| ||�v ||
Il en résulte que
||�v ||
�v = − �u.
||�u||

||�v ||
Puisque − < 0, nous en concluons que �u et �v sont deux vecteurs non nuls,
||�u||
colinéaires de sens contraires.

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Pour tous les vecteurs �u �= �0 et �v �= �0, nous pouvons résumer les deux
caractérisations ci-dessus par la proposition :

�u et �v sont colinéaires si et seulement si (�u, �v ) = 0[π]

• Caractérisation angulaire de l’alignement.

Trois points A, B et C distincts sont alignés si et seulement si


−−→ −→
(AB, AC) = 0[π].

• Caractérisation angulaire du parallélisme.

Deux droites (AB) et (CD) sont parallèles si et seulement si


−−→ −−→
(AB, CD) = 0[π].

• Caractérisation angulaire de l’orthogonalité.

Deux droites (AB) et (CD) sont orthogonales si et seulement si


−−→ −−→ π
(AB, CD) = [π].
2

382 Chapitre 8
8.4. COSINUS ET SINUS D’UN NOMBRE RÉEL 383

8.4 Cosinus et sinus d’un nombre réel


Dans ce paragraphe, (O ; �ı, �j) est un repère orthonormal.

8.4.1 Les définitions du cosinus et du sinus


Définition. Soit M un point du cercle trigonométrique repéré sur ce cercle par
un réel x.

• Le cosinus de x, noté cos x, est l’abscisse de M dans le repère (O ; �ı, �j).


• Le sinus de x, noté sin x, est l’ordonnée de M dans le repère (O ; �ı, �j).
Ainsi, dans ce repère, nous retiendrons que

M (cos x, sin x).

Remarques. Nous en donnons trois.


• Avec les notations de la figure, nous avons
OH = cos x et OK = sin x.
• La droite des abscisses est appelée aussi la droite (ou l’axe) des cosinus.
La droite des ordonnées est appelée aussi la droite (ou l’axe) des sinus.
• La fonction cosinus, notée cos, est définie sur R par cos : x �→ cos x .
La fonction sinus, notée sin, est définie sur R par sin : x �→ sin x.
π π
Proposition (détermination de cos x et sin x pour x ∈ {− , 0, , π}). Nous
2 2
disposons du tableau suivant :

π π
x − 0 π
2 2
cos x 0 1 0 −1
sin x −1 0 1 0

Trigonométrie 383
384 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Démonstration. Avec les notations de la figure ci-contre, nous observons que :


π π
- le point J  (0, −1) est repéré par le réel − donc cos(− ) = 0 et
2 2
π
sin(− ) = −1,
2
- le point I(1, 0) est repéré par le réel 0 donc cos(0) = 1 et sin(0) = 0,
π π π
- le point J(0, 1) est repéré par le réel donc cos( ) = 0 et sin( ) = 1,
2 2 2
- le point I  (−1, 0) est repéré par le réel π donc cos(π) = −1 et sin(π) = 0.

8.4.2 Premières formules de trigonométrie


Proposition. Pour tout réel x, nous avons

−1 ≤ cos x ≤ 1 et − 1 ≤ sin x ≤ 1.

Démonstration. Soit x un réel.


Nous utilisons à nouveau la figure de la définition ci-dessus.
Il vient

H ∈ [I  I] donc xH = OH ∈ [−1, 1],

ce qui justifie que −1 ≤ cos x ≤ 1.


De même, nous avons K ∈ [J  J] donc −1 ≤ sin x ≤ 1.

Remarques. Nous en proposons deux.


• Un énoncé équivalent de cette proposition est

∀x ∈ R, | cos x| ≤ 1 et | sin x| ≤ 1.

• Ces deux doubles inégalités traduisent que les fonctions cos et sin sont
bornées sur R.

Proposition. Pour tout réel x, nous avons (cos x)2 + (sin x)2 = 1.

Démonstration. A nouveau avec les données de la définition ci-dessus, le


point M (cos x, sin x) appartient au cercle CO, 1 .
Nous en déduisons

1 = OM 2 = (cos x)2 + (sin x)2 .

384 Chapitre 8
8.4. COSINUS ET SINUS D’UN NOMBRE RÉEL 385

Remarque. La plupart du temps on note

(cos x)2 = cos2 x et (sin x)2 = sin2 x.

La proposition énoncée devient

∀x ∈ R, cos2 x + sin2 x = 1.

Exemple. Nous plaçons sur le cercle trigonométrique, à la règle et au compas,


π π
les points A et B repérés respectivement par les réels et , ce qui donne
4 8

 √
π 2− 2
Nous donnons sin = . Nous en déduisons
8 2
 √ 2 √ √
2 π 2 π 2− 2 2− 2 2+ 2
cos = 1 − sin =1− =1− = .
8 8 2 4 4
π π
Puisque ∈]0, [, nous obtenons
8 2
 √
π 2+ 2
cos = .
8 2
Nous remarquons que
   √ √
√ √ √
π π 2− 2 2+ 2 (2 − 2)(2 − 2) 2
2 sin cos = 2 × =2 = .
8 8 2 2 4 2

π 2
Nous verrons, dans la suite de ce chapitre, que sin = , ce qui donne
4 2
π π π
2 sin cos = cos .
8 8 4
Nous avons ainsi vérifié un cas particulier d’une formule de trigonométrie
appelée formule de duplication énoncée par :

Trigonométrie 385
386 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

∀x ∈ R, sin 2x = 2 sin x cos x.

Cette égalité sera justifiée dans la suite du cours.

Proposition. Pour tout réel x et tout k ∈ Z, nous disposons des égalités

cos(x + k(2π)) = cos x et sin(x + k(2π)) = sin x.

Démonstration. Soient x un réel et k un entier relatif.


Les réels x et x+k(2π) repèrent le même point sur le cercle trigonométrique.
Il en résulte que

∀x ∈ R, ∀k ∈ Z, cos(x + k(2π)) = cos x et sin(x + k(2π)) = sin x.

Remarque. En particulier, pour k = 1, nous obtenons

∀x ∈ R, cos(x + 2π) = cos x et sin(x + 2π) = sin x,

ce qui signifie que les fonctions x �→ cos x et x �→ sin x sont périodiques, de


période 2π.
Nous verrons dans la suite de ce chapitre les conséquences de cette période
pour les représentations graphiques des fonctions cos et sin.

Proposition ( valeurs remarquables de cos x et sin x dans le premier qua-


drant). Nous disposons du tableau suivant :
π π π π
x 0
6 4 3 2
√ √
3 2 1
cos x 1 0
2 2 2
√ √
1 2 3
sin x 0 1
2 2 2

386 Chapitre 8
8.4. COSINUS ET SINUS D’UN NOMBRE RÉEL 387

Démonstration. Nous reprenons le repérage dans le premier quadrant.

π
• x=
3
1 π
Nous avons B( , sin ).
2 3
π 1
D’une part, nous en déduisons que cos = .
3 2
π
D’autre part, sin mesure la longueur de la hauteur issue du sommet B
3 √
π 3
du triangle équilatéral OBI de côté 1. Il en résulte que sin = .
3 2
π
• x=
6
π 1
Nous avons C(cos , , ).
6 2
π 1
Nous en déduisons donc que sin = .
6 2
π
De plus, OH = cos mesure la longueur de la hauteur issue du sommet O
6
du demi-triangle équilatéral OCH
√ de côté 1.
π 3
Il en résulte que cos = .
6 2
π
• x=
4
π π
Nous avons A(cos , sin ).
4 4
π π
Le quadrilatère OF AG est un carré, donc cos = OH = OG = sin .
4 4
Le segment [OA] est une  diagonale de ce carré telle que OA = 1.
π√
Nous en déduisons que cos 2 = 1.
4√
π 1 2 π
Nous obtenons cos = √ = = sin .
4 2 2 4

Trigonométrie 387
388 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Exemple. Comment utiliser le cercle trigonométrique ?


À l’aide du cercle trigonométrique, nous donnons les valeurs exactes des
2π 2π 3π 3π
réels cos et sin , puis les valeurs de cos(− ) et sin(− ).
3 3 4 4
Nous utilisons les éléments de symétrie du cercle trigonométrique.

Nous en déduisons

2π 1 2π 3
cos = − et sin = ,
3 √2 3 2 √
3π 2 3π 2
cos(− ) = − et sin(− ) = − .
4 2 4 2

388 Chapitre 8
8.4. COSINUS ET SINUS D’UN NOMBRE RÉEL 389

8.4.3 Cosinus et sinus d’un angle orienté


Définition. Soient �u et �v deux vecteurs non nuls tels que

(�u, �v ) = x[2π].

Par définition, nous posons :

cos(�u, �v ) = cos x,
sin(�u, �v ) = sin x.

Exemple. Dans le triangle équilatéral direct ABC, nous avons


−−→ −→ π 1
cos(AB, AC) = cos = ,
3 √2
−−→ −→ π 3
sin(AB, AC) = sin = .
3 2

On a aussi
−−→ −−→  π 1
cos(BA, BC) = cos − = ,
3 2

−−→ −−→  π 3
sin(BA, BC) = sin − =− .
3 2
De plus, nous avons
−→ −−→ −→ −−→ −→ −−→ π 2π
(AC, BA) = (AC, −AB)[2π] = π + (AC, AB)[2π] = π − [2π] = [2π].
3 3
Il en résulte
−→ −−→ 2π 1
cos(AC, BA) = cos =− ,
3 √2
−→ −−→ 2π 3
sin(AC, BA) = sin = .
3 2

Trigonométrie 389
390 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

8.4.4 Cosinus et sinus de réels associés à x


Soit x un réel donné. Connaissant cos x et sin x, nous utilisons les symétries
par rapport aux axes du repère et la symétrie par rapport à O pour déterminer
cos y et sin y, avec y ∈ {−x, π − x, π + x, }, comme l’indique la figure suivante,
nommée parfois configuration rectangle.

Proposition. Pour tout réel x, nous disposons des égalités suivantes :


cos(−x) = cos x cos(π − x) = − cos x cos(π + x) = − cos x
et et .
sin(−x) = − sin x sin(π − x) = sin x sin(π + x) = − sin x
Démonstration. Ces égalités sont justifiées par lecture et exploitation des
symétries sur le cercle trigonométrique.

5π 5π
Exemple. Nous calculons cos et sin .
6 6
Nous avons

5π π π 3
cos = cos(π − ) = − cos = − .
6 6 6 2
5π π π 1
sin = sin(π − ) = sin = .
6 6 6 2
Nous contrôlons sur le cercle trigonométrique.

390 Chapitre 8
8.4. COSINUS ET SINUS D’UN NOMBRE RÉEL 391

π π
Proposition (égalités associées à − x et + x). Pour tout réel x, nous
2 2
disposons des égalités suivantes :
π π
cos( − x) = sin x cos( + x) = − sin x
2 2
et .
π π
sin( − x) = cos x sin( + x) = cos x
2 2
Démonstration. Nous observons que le point repéré par x et le point repéré
π
par le réel − x sur le cercle CO, 1 sont symétriques par rapport à la première
2
bissectrice δ du repère dont une équation est y = x.
Nous obtenons ainsi grâce à la figure qui suit les deux premières égalités.

π
Pour le passage de x à + x nous observons la figure qui suit pour obtenir
2
les deux égalités proposées.

Remarque. Les différentes formules associées pourront être justifiées par les
formules d’addition qui seront proposées dans la suite du cours.

Trigonométrie 391
392 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

8.4.5 Lien avec la trigonométrie dans un triangle rectangle


Proposition. Sur la figure ci-après, le triangle OAB est rectangle en A.

Le point M ∈ [OB] est un point du cercle trigonométrique repéré sur ce


π
cercle par le réel x ∈]0, [.
2
Nous disposons des égalités suivantes :

÷ = cos x, sin AOB


÷ = sin x, tan AOB
÷= sin x
cos AOB .
cos x
Démonstration. • Puisque les droites (M H) et (AB) sont parallèles, nous
pouvons appliquer le théorème de Thalès dans le triangle OAB.
Nous obtenons
OH OM MH
= = .
OA OB AB
Nous en déduisons
OH OM OH OA
= , soit = .
OA OB OM OB
Puisque OH = cos x et OM = 1, nous en concluons

÷= OA
cos AOB = cos x.
OB
• De plus, nous en déduisons aussi

OM MH AB MH
= , soit, = .
OB AB OB OM
Puisque M H = OK = sin x et OM = 1, nous obtenons

÷= AB
sin AOB = sin x.
OB

392 Chapitre 8
8.5. FONCTION TANGENTE 393

• Nous avons également

OH MH
= ,
OA AB
ce qui implique

÷= AB MH sin x
tan AOB = = .
OA OH cos x

8.5 Fonction tangente


Lemme. Dans R, l’équation cos x = 0 a pour solutions les réels de la forme
π
+ kπ, avec k ∈ Z.
2
Démonstration. Par une lecture attentive sur le cercle trigonométrique, nous
obtenons
π π π
cos x = 0 ⇔ x = + k(2π) ou x = − + k(2π) ⇔ x = + kπ avec k ∈ Z.
2 2 2
π
Définition. Soit x un réel distinct de + kπ, avec k ∈ Z.
2
La tangente de x, notée tan x, est définie par
sin x
tan x = .
cos x
Remarque. La fonction tangente, notée tan est définie, pour tout réel x �=
π
+ kπ tel que k ∈ Z, par tan : x �→ tan x.
2
 π π π π
Proposition (valeurs de tan x pour x ∈ 0, , , , ). Nous disposons
6 4 3 2
du tableau suivant :
π π π π
x 0
6 4 3 2
1 √
tan x 0 √ 1 3 �
3
 π π π π
Démonstration. Par définition de tan x pour x ∈ 0, , , , .
6 4 3 2

Lecture de tan x sur le cercle trigonométrique


• On suppose que le point M est repéré sur le cercle trigonométrique par
π
le réel x ∈ [0, [.
2

Trigonométrie 393
394 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

En appliquant le théorème de Thalès dans le triangle OIT , nous obtenons


OH MH cos x sin x
= ⇔ = .
OI IT 1 IT
sin x
Nous en déduisons que IT = = tan x.
cos x
π
• Plus généralement, soit un réel x �= + kπ, avec k ∈ Z. En supposant
2
que la droite (IT ) est orientée, nous posons

IT = tan x.

π
Proposition (une formule à connaître). Pour tout réel x �= + kπ, avec
2
k ∈ Z, nous disposons de l’égalité
1
1 + tan2 x = .
cos2 x
π
Démonstration. Soit x un réel distinct + kπ, avec k ∈ Z. Nous avons
2
 2
sin x cos2 x + sin2 x 1
1 + tan2 x = 1 + = = .
cos x cos2 x cos2 x

394 Chapitre 8
8.5. FONCTION TANGENTE 395

Exemple. Une application de la proposition précédente.


• Nous déterminons d’abord l’ensemble D des réels x tel que le réel
1
1+ soit défini.
tan2 x
1 π
Le réel 1 + 2 est défini si et seulement si x �= + kπ, avec k ∈ Z et
tan x 2
tan x �= 0.
Or, nous avons

tan x = 0 ⇔ x = kπ, avec k ∈ Z .


π
Nous en déduisons que x ∈ D si et seulement si x �= + kπ et x �= kπ avec
2
k ∈ Z.
Nous en concluons
 π 
D = R− k /k ∈ Z .
2
• Pour x ∈ D, nous justifions l’égalité
1 1
1+ = .
tan2 x sin2 x
Soit un réel x ∈ D, nous avons
1 1 + tan2 x 1 cos2 x 1
1+ 2 = 2 = × 2 = .
tan x tan x 2
cos x sin x sin2 x

Trigonométrie 395
396 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

8.6 Équations trigonométriques


8.6.1 Équation de la forme cos x = a, où a est un réel donné
• Étude d’un exemple
1
Nous résolvons l’équation cos x = − dans les intervalles suivants :
2
(1)[0, π], (2) ] − π, 0], (3) ] − π, π], (4) R.
Une fois de plus, nous exploitons le cercle trigonométrique.

Nous obtenons immédiatement les solutions de cette équation, dans chaque


intervalle proposé.

(1) x =.
3

(2) x = − .
3
2π 2π
(3) x = ou x = − .
3 3
2π 2π
(4) x = + k(2π) ou x = − + k(2π), avec k ∈ Z.
3 3
• Une résolution approchée
Nous résolvons, à l’aide de votre calculatrice, l’équation cos x = 0, 8 dans
les intervalles suivants : (1)[0, π], (2) ] − π, 0].

396 Chapitre 8
8.6. ÉQUATIONS TRIGONOMÉTRIQUES 397

Votre calculatrice est en "mode radian".


(1) Si x ∈ [0, π], alors

x = cos−1 (0, 8) ≈ 0, 6435 radians.

(2) Si x ∈] − π, 0], alors

x = −cos−1 (0, 8) ≈ −0, 6435 radians.

Théorème (cas général). Soit a un réel donné.


1er cas : a ∈
/ [−1, 1].
L’équation cos x = a n’a pas de solution.
2e cas : a ∈ [−1, 1].
En désignant par α l’unique réel appartenant à [0, π] tel que cos α = a,
nous avons

cos x = a ⇔ cos x = cos α ⇔ x = α + k(2π) ou x = −α + k(2π), avec k ∈ Z.

Démonstration. 1er cas : a ∈


/ [−1, 1].
Nous savons que pour tout réel x, −1 ≤ cos x ≤ 1, ce qui justifie, dans ce
cas, que l’équation cos x = a n’a pas de solution.
2e cas : a ∈ [−1, 1].

Les réels α ou −α sont solutions de l’équation cos x = cos α.


Nous en déduisons à l’aide du cercle trigonométrique

cos x = cos α ⇔ x = α + k(2π) ou x = −α + k(2π), avec k ∈ Z.

Trigonométrie 397
398 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Proposition (cas particuliers lorsque a ∈ {−1, 0, 1}). Nous disposons du


tableau suivant :

équations cos x = −1 cos x = 0 cos x = 1


π
solutions, avec k ∈ Z x = π + k(2π) x = + kπ x = k(2π)
2
Démonstration. Pour chaque équation, nous repérons l’ensemble des solu-
tions sur le cercle trigonométrique.

Exemples. Nous déterminons les ensembles de définition des fonctions sui-


vantes :
1 1 1
f : x �→ , g : x �→ , h : x �→ .
2 + cos x 1 + cos x | cos x| − 1
• La fonction f est définie pour les réels x tels que 2 + cos x �= 0.
Pour tout réel x , on a −1 ≤ cos x ≤ 1, ce qui implique 1 ≤ 2 + cos x ≤ 3.
Nous en concluons que Df = R.
• La fonction g est définie pour les réels x tels que : 1 + cos x �= 0. Nous
avons

1 + cos x = 0 ⇔ cos x = −1 ⇔ x = π + k(2π).

Il en résulte que Dg = R − {(2k + 1)π/k ∈ Z}.


• La fonction h est définie pour les réels x tels que | cos x| − 1 �= 0. Nous
avons

| cos x| − 1 = 0 ⇔ cos x = −1 ou cos x = 1,


| cos x| − 1 = 0 ⇔ x = π + k(2π) ou x = k(2π) ⇔ x = kπ.

Nous en concluons que Dh = R − {kπ/k ∈ Z}.



Exemple. Nous résolvons dans R l’équation 2 cos 2x = 2, puis nous plaçons
sur le cercle trigonométrique les solutions de cette équation qui appartiennent
à l’intervalle ] − π, π]. Nous avons

2
cos 2x = 2 ⇔ cos 2x = cos π4 .

En appliquant le théorème précédent, il vient


⎧ π ⎧ π

⎪ 2x = + k(2π) ⎪
⎪ x = + kπ
⎨ 4 ⎨ 8
ou ⇔ ou .

⎪ ⎪

⎩ 2x = − π + k(2π) ⎩ x = − π + kπ
4 8

398 Chapitre 8
8.6. ÉQUATIONS TRIGONOMÉTRIQUES 399

Nous en concluons
π π
S={ + kπ/k ∈ Z} ∪ {− + kπ/k ∈ Z}.
8 8
Nous observons que

π π π π π π 7π 7π
S∩] − π, π] = {− , , − + π, − π} = {− , , − , }.
8 8 8 8 8 8 8 8

8.6.2 Équation de la forme sin x = a, où a est un réel donné

Étude d’un exemple √


2
Nous résolvons l’équation sin x = dans les intervalles suivants :
2
π
(1)[0, ], (2) ] − π, π], (3) R.
2

Une lecture sur le cercle trigonométrique donne :

Trigonométrie 399
400 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

π
(1) x =.
4
π π 3π
(2) x = ou x = π − = .
4 4 4
π 3π
(3)x = + k(2π) ou x = + k(2π), avec k ∈ Z.
4 4
Résolution approchée
π
Nous résolvons, dans l’intervalle [ , π], à l’aide de la calculatrice, l’équation
2
1
sin x = .
3

1
Votre calculatrice en mode "radian" restitue x = sin−1 ≈ 0, 34 radians.
3
π
Puisque x ∈ [ , π], nous obtenons x ≈ π − 0, 34 ≈ 2, 8 radians.
2
Théorème (cas général). Soit a un réel donné.
1er cas : a ∈
/ [−1, 1].
L’équation sin x = a n’a pas de solution.
2e cas : a ∈ [−1, 1].
π π
En désignant par α l’unique réel appartenant à [− , ] tel que sin α = a,
2 2
nous avons

sin x = a ⇔ sin x = sin α ⇔ x = α + k(2π) ou x = π − α + k(2π), avec k ∈ Z.

Démonstration. 1er cas : a ∈


/ [−1, 1].
Nous savons que pour tout réel x, −1 ≤ sin x ≤ 1, ce qui justifie, dans ce
cas, que l’équation sin x = a n’a pas de solution.

400 Chapitre 8
8.6. ÉQUATIONS TRIGONOMÉTRIQUES 401

2e cas : a ∈ [−1, 1].

Les réels α ou π − α sont solutions de l’équation sin x = sin α.


Nous en déduisons à l’aide du cercle trigonométrique que

sin x = sin α ⇔ x = α + k(2π) ou x = π − α + k(2π), avec k ∈ Z.

Proposition (cas particuliers lorsque a ∈ {−1, 0, 1}). Nous disposons du


tableau suivant :

équations sin x = −1 sin x = 0 sin x = 1


π π
solutions, avec k ∈ Z x = − + k(2π) x = kπ x = + k(2π)
2 2
Démonstration. Pour chaque équation, nous repérons l’ensemble des solu-
tions sur le cercle trigonométrique.

Exemples. Nous résolvons dans R les équations suivantes :



3 x √
(1) sin x = − , (2) 4 sin2 x = 3, (3) 2 sin = 3.
2 2
Résolution de l’équation (1). Nous avons
π π π
(1) ⇔ sin x = sin(− ) ⇔ x = − + k(2π) ou x = π + + k(2π), avec k ∈ Z.
3 3 3
Nous en concluons
π 4π
S(1) = {− + kπ/k ∈ Z} ∪ { + kπ/k ∈ Z}.
3 3
Résolution de l’équation (2). Nous avons
√ √
3 3 3
2
(2) ⇔ sin x = ⇔ sin x = − ou sin x = .
4 2 2

Trigonométrie 401
402 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

De la question (1), il résulte



3 π 4π
sin x = − ⇔ x = − + k(2π) ou x = + k(2π), avec k ∈ Z.
2 3 3

De plus, nous avons



3 π π π
sin x = ⇔ sin x = sin( ) ⇔ x = + k(2π) ou x = π − + k(2π),
2 3 3 3
π 2π
⇔ x = + k(2π) ou x = + k(2π), avec k ∈ Z.
3 3

Nous en concluons

π 4π
S(2) = {− + k(2π)/k ∈ Z} ∪ { + k(2π)/k ∈ Z}
3 3
π 2π
∪{ + k(2π)/k ∈ Z} ∪ { + k(2π)/k ∈ Z}.
3 3

Résolution de l’équation (3). Nous avons



x 3 π
(3) ⇔ sin = = sin( ).
2 2 3

De la question (2), nous déduisons

x π x 2π
(3) ⇔ = + k(2π) ou = + k(2π),
2 3 2 3
2π 4π
(3) ⇔ x = + k(4π) ou x = + k(4π), avec k ∈ Z.
3 3

Nous en concluons

2π 4π
S(3) = { + k(4π)/k ∈ Z} ∪ { + k(4π)/k ∈ Z}.
3 3

8.6.3 Équation de la forme tan x = a, où a est un réel donné

Étude d’un exemple


Nous résolvons l’équation tan x = 1 dans les intervalles suivants :

π π π 3π
(1)] − , [, (2) ] , [, (3) R.
2 2 2 2
π
Nous résolvons cette équation pour tout réel x �= + kπ.
2

402 Chapitre 8
8.6. ÉQUATIONS TRIGONOMÉTRIQUES 403

Une lecture sur le cercle trigonométrique donne


π
(1) x = .
4

(2) x = .
4
π π
(3) x = + kπ, avec k ∈ Z, soit x = [π].
4 4
Théorème (cas général). Soit a un réel donné.
π π
Nous désignons par α ∈] − , [ l’unique réel tel que tan α = a.
2 2
π
Pour x �= + kπ, avec k ∈ Z, nous avons
2
tan x = a ⇔ x = α + kπ, k ∈ Z, soit x = α[π].

Démonstration. Soit a ∈ R.

Puisque les réels α et π + α sont deux solutions modulo [2π] de l’équation


tan x = a, à l’aide du cercle trigonométrique, nous obtenons

Trigonométrie 403
404 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

tan x = a ⇔ x = α + kπ, k ∈ Z, soit x = α[π].

Exemple. Nous considérons l’équation, noté (E) :



tan 2x = 3.

Nous résolvons cette équation à condition qque


π π π
2x �= + kπ, soit x �= + k avec k ∈ Z.
2 4 2
√ π
En remarquant que 3 = tan , il vient
3
π π π π
(E) ⇔ tan 2x = tan ⇔ 2x = + kπ ⇔ x = + k , avec k ∈ Z.
3 3 6 2
Nous en concluons
π π 
S(E) = + k /k ∈ Z .
6 2
Nous représentons surle cercle
 trigonométrique, les solutions de (E) qui
π 3π
appartiennent à [0, 2π[− , .
2 2

Exemple. Pour conclure et appliquer ce chapitre, nous proposons l’étude de


2
quelques propriétés de la fonction trigonométrique f : x �→ . Nous
1 + | sin x|
reviendrons en détail au sujet des fonctions trigonométriques dans le chapitre
10.
• Quel est l’ensemble de définition de cette fonction ?
La fonction f est définie si et seulement si 1 + | sin x| �= 0.
Puisque pour tout réel x, | sin x| ≥ 0, nous en déduisons

∀x ∈ R, 1 + | sin x| > 0.

404 Chapitre 8
8.6. ÉQUATIONS TRIGONOMÉTRIQUES 405

Il en résulte que Df = R.
• Quelle est la parité de la fonction f ?
Pour tout réel x, il vient
2 2 2
f (−x) = = = = f (x).
1 + | sin(−x)| 1 + | − sin x| 1 + | sin x|
Ainsi la fonction f est paire.
• Nous justifions que, pour tout réel x, f (x + π) = f (x).
Pour tout réel x, nous avons
2 2 2
f (x + π) = = = = f (x),
1 + | sin(x + π)| 1 + | − sin x| 1 + | sin x|
ce qui signifie que la fonction f est π-périodique.
• Nous montrons que, pour tout réel x, 1 ≤ f (x) ≤ 2.
Soit x un réel.
Nous savons que | sin x| ≤ 1, ce qui implique

0 < 1 + | sin x| ≤ 2.
1
La fonction x �→ est décroissante sur ]0, +∞[.
x
Il en résulte
1 1
≥ .
1 + | sin x| 2

Nous obtenons que f (x) ≥ 1.


Pour justifier que f (x) ≤ 2, calculons 2 − f (x).
Il vient
2 1 | sin x|
2 − f (x) = 2 − = 2(1 − )=2 .
1 + | sin x| 1 + | sin x| 1 + | sin x|
Nous en déduisons

2 − f (x) ≥ 0, soit f (x) ≤ 2.

Nous en concluons

∀x ∈ R, 1 ≤ f (x) ≤ 2.

• Á l’aide de la calculatrice graphique, nous donnons la représentation


graphique de cette fonction.

Trigonométrie 405
406 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Nous observons que connaissant Cf sur l’intervalle [0, π], nous en déduisons
la courbe Cf sur [0, +∞[ par la translation de vecteur π ·�ı.
Par symétrie par rapport à la droite des ordonnées, nous obtenons la courbe
Cf sur Df = R.

8.7 Exercices corrigés


8.7.1 Quelques exercices généraux
π
Exercice 1. Duplication et lignes trigonométriques de
12
Sur la figure ci-dessous, on considère le demi-cercle de centre O et de dia-
mètre [AB] tel que AB = 2.
÷ a pour mesure en radians le réel b ∈]0, π [.
• L’angle COM
2
÷ a pour mesure en radians le réel a ∈]0, π [.
• L’angle OAM
4
.

1. Justifier que b = 2a.


π 1 + cos 2a
2. Montrer que, pour tout a ∈]0, [, cos2 a = .
4 2
Calculer sin2 a en fonction de cos 2a.

406 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 407
 √
π 2+ 3 π
3. Justifier que cos = . En déduire sin .
12 2 12
Solution
÷ = BAM
1. L’angle OAM ÷ est inscrit dans le demi-cercle et a pour angle au
÷ = BOM
centre COM ÷.
Il en résulte
÷ = 2OAM
COM ÷ , soit b = 2a.

2. Dans le triangle ACM rectangle en C, nous avons d’une part


AC
cos a = ,
AM
ce qui implique
AC
AM = .
cos a
Dans le triangle AM B rectangle en M , nous avons d’autre part
AM AM
cos a = = .
AB 2
Il en résulte que

AM = 2 cos a.

Nous en déduisons
AC
= 2 cos a, soit 2 cos2 a = AC.
cos a
De plus, nous avons

AC = AO + OC = 1 + OC.

Dans le triangle OCM rectangle en C, puisque OM = 1, nous obtenons


OC
cos b = = OC, soit OC = cos 2a.
OM
Nous en déduisons

AC = 1 + cos 2a.

Sachant que 2 cos2 a = AC et AC = 1 + cos 2a, il vient

1 + cos 2a = 2 cos2 a.
π
Pour tout a ∈]0, [, nous en concluons que :
4

Trigonométrie 407
408 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

1 + cos 2a
cos2 a = .
2
Puisque sin2 a = 1 − cos2 a, nous obtenons
1 + cos 2a 1 − cos 2a
sin2 a = 1 − = .
2 2
π
3. En particulier pour a = , nous avons
12
π √ √
π 1 + cos 1 3 2+ 3
cos 2 = 6 = (1 + )= .
12 2 2 2 4
π
Puisque cos > 0, nous en concluons
12
 √
π 2+ 3
cos = .
12 2
De la même façon, il vient
π √ √
π 1 − cos 1 3 2− 3
sin2
= 6 = (1 − )= .
12 2 2 2 4
π
Puisque sin > 0, nous obtenons
12
 √
π 2− 3
sin = .
12 2
π
Exercice 2. Lignes trigonométriques de
8
π
1. Soit x un réel distinct de + kπ, avec k ∈ Z.
2
Justifier que tan(x + π) = tan x et tan(π − x) = − tan x.
π
2. Placer, sur le cercle trigonométrique, le point repéré par le réel .
8
La figure est à compléter au fur et à mesure de l’exercice.
π √ 9π
3. On donne tan = 2 − 1. Donner les valeurs exactes de tan et
8 8

tan .
8
π π
4. Calculer les valeurs exactes de cos et sin .
√  8
√ 8 √
5. En déduire l’égalité ( 2 − 1) 2 + 2 = 2 − 2.
Solution
π
1. Soit x un réel distinct de + kπ, avec k ∈ Z. Nous avons
2
sin(x + π) − sin x sin x
tan(x + π) = = = = tan x.
cos(x + π) − cos x cos x
sin(π − x) sin x sin x
tan(π − x) = = =− = − tan x.
cos(π − x) − cos x cos x

408 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 409

2.

3. En appliquant les égalités obtenues à la question 1, nous avons :


9π π π √
tan = tan(π + ) = tan = 2 − 1.
8 8 8
7π π π √
tan = tan(π − ) = − tan = 1 − 2.
8 8 8
4. Nous savons que
1 π √ √
π = 1 + tan2 = 1 + ( 2 − 1)2 = 4 − 2 2.
cos2 8
8
Il en résulte
√ √
π 1 2+ 2 2+ 2
cos2 = √ = √ √ = .
8 2(2 − 2) 2(2 − 2)(2 + 2) 4
π
Puisque cos > 0, nous obtenons
8
 √
π 2+ 2
cos = .
8 2
Nous en déduisons
√  √
π π π ( 2 − 1) 2 + 2
sin = tan × cos = .
8 8 8 2
π
5. Calculons sin d’une autre façon. Nous obtenons
8
√ √
2 π 2 π 2+ 2 2− 2
sin = 1 − cos =1− = .
8 8 4 4
π
Puisque sin > 0, nous en déduisons :
8

Trigonométrie 409
410 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE
 √
π 2− 2
sin = .
8 2
Il en résulte
√  √  √
( 2 − 1) 2 + 2 2− 2
= ,
2 2
ce qui justifie l’égalité proposée
√  √  √
( 2 − 1) 2 + 2 = 2 − 2.
π
Exercice 3. Lignes trigonométriques de
5
Sur le quart de cercle trigonométrique représenté ci-dessous, le point A est
π ’ = 36◦ . La bissectrice de l’angle OAI
’ coupe le
repéré par radians, soit IOA
5
segment [OI] en E.

1. Montrer que les triangles OEA et EAI sont isocèles.


2. Dans le triangle EAI, H est le pied de la hauteur issue de A.
π π
Montrer que HI = 1 − cos . En déduire que OE = 2 cos − 1.
5 5
3. Dans le triangle OEA, L est le pied de la hauteur issue de E.
1
Montrer que OE = π.
2 cos
5
π
4. Prouver que cos est une solution de l’équation 4X 2 − 2X − 1 = 0.
5
π
5. En déduire les lignes trigonométriques de , c’est-à-dire les valeurs
5
π π π
exactes de cos , sin et tan .
5 5 5
Solution
1. Le triangle AOI est isocèle en O. Il en résulte

’ = OIA.
OAI ’

410 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 411

’ = 36◦ .
De plus, nous savons que AOI
Nous en déduisons

’ + 36◦ ⇔ OAI
180◦ = 2OAI ’ = 72◦ .

’ nous obtenons
Puisque (AE) est la bissectrice de l’angle OAI,

÷ = 36◦ = AOE,
OAE ÷

ce qui justifie que le triangle OEA est isocèle en E.


Nous en déduisons

’ = 180◦ − OEA
AEI ÷ = 180◦ − (180◦ − 2AOE)
÷ = 2AOE
÷ = 72◦ .

’ = OIA
De plus, nous savons que EIA ’ = IAO
’ = 72◦ .
Ainsi nous obtenons

’ = EIA,
AEI ’

ce qui prouve que le triangle EAI est isocèle en A.


2. Nous avons

HI = OI − OH = 1 − OH.

Dans le triangle OHA rectangle en H, nous avons


π OH OH
cos = = = OH.
5 OA 1
Par suite, il vient
π
HI = 1 − cos .
5
De plus, le triangle IAE est isocèle en A, donc le point H est le milieu du
segment [IE].
Il en résulte
π π
OE = OI − IE = 1 − 2HI = 1 − 2(1 − cos ) = 2 cos − 1.
5 5
3. Le triangle OLE est rectangle en L, donc
π OL
cos = .
5 OE
Puisque le triangle OEA est isocèle en E, le point L est le milieu de [OA].
Nous en déduisons :

Trigonométrie 411
412 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

1
π 1
cos = 2 , soit OE = π ..
5 OE 2 cos
5
4. Il résulte, des deux expressions de OE, les équivalences suivantes :
π 1 π π π π
2 cos −1 = π ⇔ 2 cos (2 cos − 1) = 1 ⇔ 4 cos2 − 2 cos − 1 = 0.
5 2 cos 5 5 5 5
5
π
Par conséquent cos est une solution de l’équation
5
4X 2 − 2X − 1 = 0.

5. Désignons par (E) cette équation.


En utilisant la mise sous forme canonique d’un trinôme du second degré,
nous obtenons
1 1
(E) ⇔ X 2 − X = ,
2 4
1 1 1 1
(E) ⇔ X 2 − 2 × X + ( )2 − ( )2 = ,
4 4 4 4
1 2 5
(E) ⇔ (X − ) = .
4 16
Il en résulte
√ √
1 5 1 5
X= − ou X = + .
4 4 4 4
√ π
En remarquant que 1 < 5 et cos > 0, nous en concluons
5

π 5+1
cos = .
5 4
De plus, nous avons
√ √
π2 2 π 5 + 1 2 10 − 2 5
sin = 1 − cos =1−( ) = .
5 5 4 16
π
Comme sin > 0, nous en déduisons
5
 √
π 10 − 2 5
sin = .
5 4
Enfin, nous obtenons
π  √
π sin 10 − 2 5
5
tan =
5 π = √5 + 1 .
cos
5

412 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 413

Exercice 4. Aire d’un triangle


Soit ABC un triangle quelconque.
On pose AB = c et AC = b et BC = a.
On désigne par A “ ∈]0, π[, une mesure en radians de l’angle BAC.
÷
1 “
1. Montrer que l’aire de ce triangle est égale à bc sin A.
2
2. En déduire la formule des sinus dans un triangle quelconque, c’est-à-dire

sin A “
sin B “
sin C
= = .
a b c
Solution
÷ est aigu ou obtus.
1. Nous distinguons deux cas selon que l’angle BAC
“ ∈]0,
1er cas : A π
2 ].

Désignons par A l’aire de ce triangle. Nous savons que


1 1
A = AB × CH = c × CH.
2 2
Dans le triangle AHC rectangle en H, nous avons

CH = b sin A.
Dans ce cas , nous obtenons l’égalité attendue, soit
1 “
A = bc sin A.
2
“ ∈] π , π[.
2e cas : A
2

Trigonométrie 413
414 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Nous avons, comme dans le 1er cas,


1 1
A = AB × CH = c × CH.
2 2
Dans le triangle AHC rectangle en H, nous avons
“ = b sin A.
CH = b sin(π − A) “

Nous obtenons à nouveau l’égalité


1 “
A = bc sin A.
2
2. Avec les notations des deux figures ci-dessus, nous avons également
1 “ = 1 ab sin C
“ = 1 ac sin B.

A = bc sin A
2 2 2
Il en résulte que
“ = ab sin C
bc sin A “ = ac sin B.

En divisant par abc > 0 chaque membre des égalités ci-dessus, nous obte-
nons la formule des sinus dans un triangle quelconque, soit

sin A “
sin B “
sin C
= = .
a b c
Exercice 5. Un défi
Trouver les valeurs exactes de cos x et sin x, sachant que

3 sin x + 4 cos x = 5.

Solution
Nous avons 3 sin x = 5 − 4 cos x.
En élevant au carré les deux membres de cette égalité, nous obtenons

9 sin2 x = (5 − 4 cos x)2 .

Nous en déduisons

9(1 − cos2 x) = 25 − 40 cos x + 16 cos2 x ⇔ 16 − 40 cos x + 25 cos2 x = 0


⇔ (5 cos x − 4)2 = 0.

Ceci implique

5 cos x − 4 = 0.
4
Nous en concluons que cos x = .
5
4
Par suite, nous obtenons 3 sin x = 5 − 4 × , ce qui permet de conclure par
5
9
sin x = .
15

414 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 415

8.7.2 Angles orientés


Exercice 6. Angle au centre - Angle inscrit
Soient Γ un cercle de centre O, A et B deux points distincts de ce cercle.
Pour tout point M ∈ Γ, distincts de A et B, on désigne par M  le point de
Γ diamétralement opposé à M .
1. Montrer que
−−→ −−→ −→ −−−→
2(M A, M O) = (OA, OM  )[2π],
−−→ −−→ −−→ −−−→
2(M B, M O) = (OB, OM  )[2π].

2. En déduire que
−−→ −−→ −→ −−→
2(M A, M B) = (OA, OB)[2π].

Solution

1. Le triangle M OA est isocèle en O, donc


−−→ −−→ −−→ −→
2((M A, M O) + (OM , OA) = π[2π],

ce qui implique
−−→ −−→ −−→ −→
2((M A, M O) = π − (OM , OA)[2π].

Puisque M et M  sont deux points diamétralement opposés de Γ, nous


avons :

Trigonométrie 415
416 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

−−→ −−−→ −−→ −−→


(OM , OM  ) = (OM , −OM )[2π] = π[2π].

Nous en déduisons
−−→ −→ −→ −−−→
(OM , OA) + (OA, OM  ) = π[2π], soit
−−→ −→ −→ −−−→
(OM , OA) = π − (OA, OM  )[2π].

Ainsi, nous obtenons


−−→ −−→ −→ −−−→ −→ −−−→
2((M A, M O) = π − (π − (OA, OM  ))[2π] = (OA, OM  )[2π].

Pour justifier la seconde égalité, nous procédons de la même manière, en


nous plaçant cette fois dans le triangle M OB isocèle en O. Il vient
−−→ −−→ −−→ −−→
2((M B, M O) + (OM , OB) = π[2π],

ce qui donne
−−→ −−→ −−→ −−→
2((M B, M O) = π − (OM , OB)[2π].

Les points M et M  sont diamétralement opposés , donc nous savons que


−−→ −−−→
(OM , OM  ) = π[2π].

Nous en déduisons
−−→ −−→ −−→ −−−→
(OM , OB) + (OB, OM  ) = π[2π], soit
−−→ −−→ −−→ −−−→
(OM , OB) = π − (OB, OM  )[2π].

Ainsi, nous en concluons


−−→ −−→ −−→ −−−→ −−→ −−−→
2((M B, M O) = π − (π − (OB, OM  ))[2π] = (OB, OM  )[2π].

2. En utilisant la relation de Chasles et la question précédente, nous obte-


nons

−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→


2(M A, M B) = 2(M A, M O) + 2(M O, M B)[2π],
−→ −−−→ −−→ −−−→
= (OA, OM  ) − (OB, OM  )[2π],
−→ −−−→ −−−→ −−→
= (OA, OM  ) + (OM  , OB)[2π],
−→ −−→
= (OA, OB)[2π].

416 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 417

Exercice 7. Tangente à un cercle et angle orienté


Soient Γ un cercle de centre O, A et B deux points distincts de ce cercle.
On désigne par
• A le point de Γ diamétralement opposé à A,
• Δ la tangente en A au cercle Γ.
1. Justifier que, pour tout point T ∈ Δ distinct de A, nous avons

−→ −−→ −→ −−→
2(AT , AA ) = (OA, OA )[2π].

2. En appliquant le théorème de "l’angle inscrit" établi dans le précédent


exercice, montrer :
−→ −−→ −→ −−→
2(AT , AB) = (OA, OB)[2π].

3. Réciproquement, soit T0 �= A un point fixé sur la tangente Δ.


Prouver que si M �= A est un point tel que
−−→ −−→ −→ −−→
2(AM , AB) = (OA, OB)[2π], alors M ∈ Δ.

Solution

1. Puisque que les points A et A sont diamétralement opposés sur le cercle


Γ , nous avons
−→ −−→
(OA, OA ) = π[2π].

Trigonométrie 417
418 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Soit T �= A un point de la tangente Δ en A au cercle Γ.


Les droites (AT ) et (AA ) sont perpendiculaires en A, il en résulte que
−→ −−→ π
(AT , AA ) = [π].
2
Nous précisons que le modulo [π] signifie que le point T peut être sur Δ, à
gauche ou à droite de A. Ainsi l’égalité précédente modulo [π] équivaut à
−→ −−→ π −→ −−→ π
(AT , AA ) = [2π] ou (AT , AA ) = − [2π].
2 2
Nous en déduisons
−→ −−→
2(AT , AA ) = π[2π].

Nous en concluons que


−→ −−→ −→ −−→
2(AT , AA ) = (OA, OA )[2π].

2. En utilisant le théorème de "l’angle inscrit" établi à l’exercice 6, nous


obtenons
−−→ −−→ −−→ −−→
2(AA , AB) = (OA , OB)[2π].

Par addition membres à membres, il vient


−→ −−→ −−→ −−→ −→ −−→ −−→ −−→
2(AT , AA ) + 2(AA , AB) = (OA, OA ) + (OA , OB)[2π],

ce qui donne, en utilisant la relation de Chasles,

−→ −−→ −→ −−→
2(AT , AB) = (OA, OB)[2π].

3. Étude d’une réciproque.


Puisque T0 �= A est un point fixé sur la tangente Δ, en appliquant la partie
directe obtenue à la question précédente, nous avons
−−→ −−→ −→ −−→
2(AT0 , AB) = (OA, OB)[2π].

Soit M �= A un point tel que


−−→ −−→ −→ −−→
2(AM , AB) = (OA, OB)[2π].

418 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 419

−−→ −−→
Nous évaluons l’angle orienté (AT0 , AM ). il vient

−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→


2(AT0 , AM ) = 2((AT0 , AB) + (AB, AM ))[2π],
−→ −−→ −→ −−→
= (OA, OB) − (OA, OB)[2π],
= 0[2π].

Nous en déduisons
−−→ −−→
(AT0 , AM ) = 0[π],

ce qui prouve que M ∈ (AT0 ) c’est-à-dire M ∈ Δ.


−−→ −−→ π
Exercice 8. Ensemble des points M tels que (M A, M B) = [π]
2
Soient A, B deux points distincts du plan.
−−→ −−→ π
Nous désignons par C l’ensemble des points M tel que (M A, M B) = [π],
2
avec M �= A et M �= B.
1. Montrer que C est le cercle de diamètre [AB], privé des points A et B.
2. Quel est l’ensemble des points M distincts de A et B tels que :
−−→ −−→ π
• (M A, M B) = [2π] ?
2
−−→ −−→ π
• (M A, M B) = − [2π] ?
2
Solution

1. Soient M �= A et M �= B. Si M ∈ C, alors
−−→ −−→ π
(M A, M B) = [π],
2

Trigonométrie 419
420 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

ce qui implique que le triangle AM B est rectangle en M donc l’hypoténuse est


le segment [AB].
Nous savons dans ce cas que le milieu O de [AB] est le centre du cercle
circonscrit au triangle AM B.
Par conséquent le point M appartient à ce cercle de diamètre [AB] privé
des points A et B.
Réciproquement, si M �= A et M �= B appartient au cercle de diamètre
[AB], donc de centre O, milieu du segment [AB], alors en utilisant le théorème
de l’angle au centre, nous obtenons
−−→ −−→ −→ −−→
2(M A, M B) = (OA, OB) = π[2π],

c’est-à-dire
−−→ −−→
2(M A, M B) = π + k(2π), avec k ∈ Z.

Nous en déduisons
−−→ −−→ π −−→ −−→ π
(M A, M B) = + kπ, avec k ∈ Z, soit (M A, M B) = [π],
2 2
ce qui prouve que M ∈ C
Nous en concluons que C est le cercle de diamètre [AB], privé des points A
et B.
2. • L’ensemble des points M distincts de A et B tels que
−−→ −−→ π
(M A, M B) = [2π]
2
est le demi-cercle de diamètre [AB] privé des points A et B tel que le triangle
rectangle AM B soit direct.
• L’ensemble des points M distincts de A et B tels que
−−→ −−→ π
(M A, M B) = − [2π]
2
est le demi-cercle de diamètre [AB] privé des points A et B tel que le triangle
rectangle AM B soit indirect.

420 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 421

8.7.3 Équations - Inéquations trigonométriques


Exercice 9. Résolutions d’équations trigonométriques
Résoudre dans R les équations suivantes, puis sur le cercle trigonométrique,
placer les solutions qui appartiennent à ] − π, π].
(1) sin 3x = 1.
(2) | sin 3x| = 1.
(3) 4 cos3 x = cos x.
(4) 2 cos2 x = 3 cos x − 1.
(5) 2 cos x sin x − 2 cos x + sin x = 1.
Solution
• Équation (1)
π π 2π
(1) ⇔ 3x = + k(2π) ⇔ x = + k( ).
2 6 3
Nous en concluons
π 2π
S(1) = { + k( )/k ∈ Z}.
6 3
De plus, nous obtenons
π π 5π
S(1) ∩] − π, π] = {− , , }.
2 6 6

• Équation (2).

(2) ⇔ sin 3x = 1 ou sin 3x = −1,


π π
(2) ⇔ 3x = + k(2π) ou 3x = − + k(2π),
2 2
π
(2) ⇔ 3x = + kπ,
2
π π
(2) ⇔ x = + k .
6 3

Trigonométrie 421
422 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Nous en concluons

π π
S(2) = { + k( )/k ∈ Z}.
6 3

De plus, nous obtenons

5π π π π π 5π
S(2) ∩] − π, π] = {− ,− ,− , , , }.
6 2 6 6 2 6

• Équation (3)

1
(3) ⇔ cos x(4 cos2 x − 1) = 0 ⇔ cos x = 0 ou cos2 x = ,
4
1 1
(3) ⇔ cos x = 0 ou cos x = ou cos x = − .
2 2

Ainsi nous obtenons que les solutions de l’équation (3) sont les réels x tels
que

π π π 2π
x= + kπ ou x = + k(2π) ou x = − + k(2π) ou x = + k(2π) ou
2 3 3 3

x=− + k(2π), avec k ∈ Z.
3

L’ensemble des solutions dans l’intervalle ] − π, π] est

2π π π π π 2π
{− ,− ,− , , , }.
3 2 3 3 2 3

422 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 423

• Équation (4)
3 1
(4) ⇔ 2 cos2 x − 3 cos x = −1 ⇔ cos2 x − cos x = − .
2 2
Posons X = cos x. Nous sommes ainsi amenés à résoudre l’équation du
3 1
second degré notée (E), X 2 − X = − . Il vient
2 2

3 3 3 1
(E) ⇔ X 2 − 2( )X + ( )2 − ( )2 = − ,
4 4 4 2
3 2 1
(E) ⇔ (X − ) = ,
4 16
3 1 3 1
(E) ⇔ X − = ou X − = − ,
4 4 4 4
(E) ⇔ X = 1 ou X = 12 .

Nous en déduisons
1
(4) ⇔ cos x = 1 ou cos x = ,
2
π π
(4) ⇔ x = k(2π) ou x = + k(2π) ou x = − + k(2π).
3 3
Nous en concluons
π π
S(4) = {k(2π)/k ∈ Z} ∪ { + k(2π)/k ∈ Z} ∪ {− + k(2π)/k ∈ Z}.
3 3
Nous en déduisons
π π
S(4) ∩] − π, π] = {− , 0, }.
3 3
Trigonométrie 423
424 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

• Équation (5)

(5) ⇔ 2 cos x(sin x − 1) + sin x − 1 = 0 ⇔ (2 cos x + 1)(sin x − 1) = 0,


(5) ⇔ cos x = − 12 ou sin x = 1.

Cela donne
2π 2π π
(5) ⇔ x = + k(2π) ou x = − + k(2π) ou x = + k(2π).
3 3 2
Pour conclure, nous obtenons
π 2π 2π
S(5) = { + k(2π)/k ∈ Z} ∪ { + k(2π)/k ∈ Z} ∪ {− + k(2π)/k ∈ Z}.
2 3 3
Nous en déduisons
2π π 2π
S(5) ∩] − π, π] = {− , , }.
3 2 3

424 Chapitre 8
8.7.
8.7. EXERCICES
EXERCICES CORRIGÉS
CORRIGÉS 425
425
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 425

Exercice
Exercice 10.
10. Une
Une inéquation
inéquation
Exercice 10. Une inéquation 11 11
Résoudre
Résoudre dans
dans l’intervalle
l’intervalle ]0,
]0, 2π[
2π[ l’inéquation
l’inéquation 1 < < 1 ..
Résoudre dans l’intervalle ]0, 2π[ l’inéquation cos
Solution cos
cos x
x
x < sin
sin
sin xx.
x
Solution
Solution
Un réel
Un réel x
réel x ∈]0, 2π[
∈]0, 2π[
x ∈]0, est solution
est solution
2π[ est de
solution de cette
de cette inéquation
inéquation ààà condition
cette inéquation condition que
condition que
que
Un
cos
cos xx �= �= 0 et
et sin
sin xx �=�= 0.
cos x �= 00 et sin x �= 0.
0.
Nous
Nous enen déduisons
déduisons que que la
la résolution
résolution est est autorisée
autorisée pourpour lesles réels x tels
réels x tels que
que
Nous en déduisons que la résolution est autorisée pour les réels x tels que
π
π et x �= π et x �= 3π 3π

x �=
x �= 0 et
et xx �=�= π et x �= π et x �= 2 ...
x �= 00 et x �= 22 et x �= π et x �=
2 22
Sous ces
Sous ces conditions,
ces conditions, nous
conditions, nous obtenons
nous obtenons
obtenons
Sous
1
11 <
1
11 ⇔
1 sin
11 (( sin sin x
x − 1) < 0 ⇔ tan
x tan x
tan x−
x − 111 < 0.

cos x < sin x ⇔ − 1) < 0 ⇔ < 0.
x < sin
cos x
cos sin x x ⇔ sinsin x
sin x x ( cos
cos x
cos x − 1) < 0 ⇔ sin
x sin x
sin x < 0.
x
Nous formons le tableau de signes du quotient
tan
tan x
tan x−
x − 111 en utilisant le

Nous formons le tableau de signes
Nous formons le tableau de signes du quotient du quotient en utilisant le
cercle trigonométrique.
sin x en utilisant le
x
sin x
sin
cercle trigonométrique.
cercle trigonométrique.

π
π π
π 5π
5π 3π

x
x 00 π π π
π 5π 3π 2π

x 0 44 22 π 44 22 2π
4 2 4 2
tan x−
tan x − 111 −
− 00 +
+ �� −
− −
− 00 +
+ �� −
− ��
tan x − − 0 + � − − 0 + � − �
sin
sin x
x 00 +
+ +
+ +
+ 00 −
− −
− −
− ��
sin x 0 + + + 0 − − − �
tan x
tan x
x−−
− 111
tan �� −
− 00 +
+ �� −
− �� +
+ 00 −
− �� +
+ ��
sin
sin x
x � − 0 + � − � + 0 − � + �
sin x
Nous
Nous en
en déduisons
déduisons que
que l’ensemble
l’ensemble S S des
des solutions
solutions estest
Nous en déduisons que l’ensemble S des solutions est
π
π [∪] ππ
π 5π 3π
5π , 3π

S
S =]0,
=]0, π [∪] 2 ,,, π[∪]
π[∪] 5π , 2 [.
S =]0, 44 [∪] π[∪] 4 , [.[.
4 22 44 22

Trigonométrie 425
426 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Exercice 11. Second degré et trigonométrie


Pour quelles valeurs de a ∈] − π,, π], l’équation

x2 − 2x sin a + cos2 a = 0,

admet-elle deux solutions distinctes ?


Quel est le signe de chacune de ces deux solutions ?
Solution
Le discriminant réduit de cette équation du second degré est

Δ = sin2 a − cos2 a = sin2 a − (1 − sin2 a) = 2 sin2 a − 1.

Par suite, cette équation admet deux solutions distinctes si et seulement si

Δ > 0 ⇔ 2 sin2 a − 1 > 0,


1
⇔ sin2 a > ,
2
1 1
⇔ sin a > √ ou sin a < − √ .
2 2

Puisque a ∈] − π,, π], à l’aide du cercle trigonométrique,

nous en concluons que l’équation proposée admet deux solutions distinctes si


et seulement si
3π π π 3π
a ∈] − , − [∪] , [.
4 4 4 4

426 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 427

Pour les valeurs de a obtenues ci-dessus, le produit des deux solutions est
égal à cos2 a > 0, ce qui justifie que ces dernières sont de même signe.
Exercice 12. Second degré et trigonométrie
π π
Pour quelles valeurs de a ∈] − , [, a-t-on
2 2

3
∀x ∈ R, x2 + x + tan a > ?
4

Solution
Pour tout réel x, nous posons
3
p(x) = x2 + x + tan a − .
4
Le discriminant de ce trinôme est
3
Δ = 1 − 4(tan a − ) = 4(1 − tan a).
4
En appliquant le théorème donnant le signe d’un trinôme du second degré,
nous savons que, pour tout réel x,

p(x) > 0 si et seulement si Δ < 0.


π π
Puisque a ∈] − , [, nous obtenons
2 2
π π
Δ < 0 ⇔ tan a > 1 ⇔ <a< .
4 2
Nous en concluons que, pour tout réel x,
3 π π
x2 + x + tan a > si et seulement si a ∈] , [.
4 4 2
Exercice 13. Équations trigonométriques et angles associés
Résoudre dans R les équations suivantes
√ :
π π 3 2
(1) 2 sin(x + ) + cos(x − ) = .
4 4 2
π
(2) tan x tan(2x + ) = 1.
4
Solution
• Équation (1).
Nous remarquons que, pour tout réel x, on a
π π π π
sin(x + ) = sin(x − + ) = cos(x − ).
4 4 2 4

Trigonométrie 427
428 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Il en résulte que

π 3 2
(1) ⇔ 3 cos(x − ) = ,
4 √ 2
π 2 π
⇔ cos(x − ) = = cos ,
4 2 4
π π π π
⇔ x − = + k2π ou x − = − + k2π,
4 4 4 4
π
⇔ x = + k2π ou x = k2π, avec k ∈ Z.
2

Nous en concluons
π 
S(1) = + k2π/k ∈ Z ∪ {k2π/k ∈ Z}.
2
• Équation (2).
Nous résolvons cette équation à condition que
π π π
x �= + kπ et 2x + �= + kπ,
2 4 2
ce qui équivaut à
π π π
x �= + kπ et x �= + k , avec k ∈ Z.
2 8 2
En remarquant de plus que les réels x = 0[π] ne sont pas solutions de
l’équation (2), donc sachant que tan x �= 0, nous obtenons
π 1
(2) ⇔ tan(2x + )= .
4 tan x
π
Pour tout réel x �= 0[ ], nous avons
2
π
1 cos x sin( − x) π
= = 2 = tan( − x).
tan x sin x π 2
cos( − x)
2
Nous en déduisons

π π
(2) ⇔ tan(2x + ) = tan( − x),
4 2
π π
⇔ 2x + = − x + kπ,
4 2
π
⇔ 3x = + kπ,
4
π π
⇔x= + k , avec k ∈ Z.
12 3

Toutes les solutions conviennent comme nous pouvons le visualiser sur la figure
ci-après.

428 Chapitre 8
8.7. EXERCICES CORRIGÉS 429

Nous en concluons
π π 
S(2) = + k /k ∈ Z .
12 3
Exercice 14. Une inéquation
Résoudre dans l’intervalle ] − π, π], l’inéquation
√ √
3 tan2 x + 2 tan x − 3 < 0.

Solution
Nous désignons par (E) cette inéquation que nous résolvons dans
 π π
D =] − π, π] − − , .
2 2
Pour x ∈ D, nous posons u = tan x, avec u ∈ R.
Avec ce changement d’inconnue, nous sommes conduits à déterminer le
signe du trinôme du second degré
√ 2 √
3u + 2u − 3.

Nous avons
√ √
Δ = 12 − 3 × (− 3) = 4 > 0.

Ainsi ce trinôme a deux racines distinctes qui sont

−1 − 2 3 √ −1 + 2 1
u= √ = − √ = − 3 ou u = √ =√ .
3 3 3 3

Trigonométrie 429
430 CHAPITRE 8. TRIGONOMÉTRIE

Pour tout réel u, en appliquant le théorème donnant le signe d’un trinôme


du second degré, nous obtenons
√ √ √ 1
3u2 + 2u − 3<0⇔− 3<u< √ .
3

Nous en déduisons
√ 1 π π
(E) ⇔ − 3 < tan x < √ ⇔ tan(− ) < tan x < tan .
3 3 6
Sur le cercle trigonométrique, surligné, nous visualisons les solutions de
(E),

ce qui permet de conclure par

5π π π 2π
S(E) =] − π, − [∪] − , [∪] , π[.
6 3 6 3

430 Chapitre 8
CHAPITRE 9
Chapitre 9
Produit scalaire
Produit scalaire

Nous savons additionner deux vecteurs et multiplier un vecteur par un réel,


le résultat dans ces deux opérations restitue un vecteur. Il nous reste à définir la
"multiplication" de deux vecteurs qui est une opération radicalement différente
des deux premières, puisque cette dernière associe à tout couple de vecteurs
un nombre réel.
C’est pour cette raison que cette opération est appelé produit scalaire,
le terme scalaire signifiant nombre réel, tout du moins jusqu’au début du XXe
siècle.
Le produit scalaire est une idée relativement récente. Il est issu de la phy-
sique puisqu’il a permis de modéliser la notion de travail d’une force. C’est
le mathématicien allemand Hermann Grassmann (1809-1877) et le physicien
américain Josiah Gibbs (1839-1903) qui ont introduit ce concept. C’est William
Hamilton (1805-1865), mathématicien irlandais, qui en donna une première dé-
finition mathématique.
Le produit scalaire de deux vecteurs est un outil efficace pour étudier en
géométrie plane ou dans l’espace les notions d’orthogonalité, de distance et
d’angle. Nous verrons dans ce chapitre que le fameux théorème de Pythagore
en est une idée centrale.
Dès à présent, nous précisons que ce concept peut être étendu à des espaces
plus généraux comme des ensembles de polynômes ou de fonctions. C’est la
notion d’espaces euclidiens.

431 Produit scalaire 431


432 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

9.1 Définition du produit scalaire


9.1.1 Introduction
Soient A, B et C trois points non alignés du plan.
Au collège, le théorème de Pythagore et sa réciproque nous ont appris que
le triangle ABC est rectangle en A si et seulement si

AB 2 + AC 2 = BC 2 , soit AB 2 + AC 2 − BC 2 = 0,

D’où l’idée de regarder de plus près le réel Δ = AB 2 + AC 2 − BC 2 , lorsque


ABC est un triangle quelconque
−−→ −→
Lemme. En posant �u = AB et �v = AC, nous obtenons

Δ = ||�u||2 + ||�v ||2 − ||�v − �u||2 .


−−→ −→
Démonstration. Soient �u et �v tels que �u = AB et �v = AC.

Il vient

Δ = AB 2 + AC 2 − BC 2 ,
−−→ −→ −−→
= ||AB||2 + ||AC||2 − ||BC||2 ,
−−→ −→ −→ −−→
= ||AB||2 + ||AC||2 − ||AC − AB||2 ,
= ||�u||2 + ||�v ||2 − ||�v − �u||2 .

Lemme. Soient �u(x, y) et �v (x , y  ) dans une base (�ı, �j) orthonormale, alors
Δ
= xx + yy  .
2
Démonstration. Dans une base orthonormale, nous savons que :

432 Chapitre 9
9.1. DÉFINITION DU PRODUIT SCALAIRE 433

||�u||2 = x2 + y 2 , ||�v ||2 = x2 + y 2 et ||�v − �u||2 = (x − x)2 + (y  − y)2 .

Nous en déduisons
 
Δ = x2 + y 2 + x2 + y 2 − (x − x)2 + (y  − y)2 = 2(xx + yy  ),

ce qui donne, après simplification


Δ
= xx + yy  .
2

9.1.2 Les définitions


Définition. Soient �u et �u deux vecteurs.
Le produit scalaire de ces deux vecteurs, noté �u.�v , est le réel défini par
1
�u.�v = (||�u||2 + ||�v ||2 − ||�v − �u||2 ).
2
Remarques. Nous en comptons quatre.
• Nous retiendrons que, pour tous les vecteurs �u et �v ,

�u.�v ∈ R.

• Si �u = �0 ou �v = �0, alors �u.�v = 0.


Mais la réciproque est fausse.
En effet, si �u.�v = 0, alors ||�u||2 + ||�v ||2 = ||�v − �u||2 .
Avec les notations de la partie introductive 9.1.1, nous en déduisons le
théorème de Pythagore.

AB 2 + AC 2 = BC 2 ,

avec A �= B et A �= C, c’est-à-dire �u �= �0 et �v �= �0.


• Puisque deux vecteurs opposés ont la même norme, pour tous les vecteurs
�u et �v , nous obtenons
1 1
�u.�v = (|| − �u||2 + ||�v ||2 − ||�v − (−�u)||2 ) = (||�u||2 + ||�v ||2 − ||�u + �v ||2 ).
2 2
−−→
• Avec les notations de la partie introductive 9.1.1, pour �u = AB et
−→
�v = AC, nous avons
−−→ −→ Δ 1
AB.AC = = (AB 2 + AC 2 − BC 2 ).
2 2
Définition (carré scalaire). Soit �u un vecteur.
Le carré scalaire de ce vecteur, noté �u2 , est le réel défini par

�u2 = �u.�u.

Produit scalaire 433


434 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Proposition. Pour tout vecteur �u, nous avons



�u2 = ||�u||2 , soit ||�u|| = �u2 .

Démonstration. Soit un vecteur �u. Nous avons


1
�u2 = (||�u||2 + ||�u||2 − ||�u − �u||2 ) = ||�u||2 .
2
Puisque �u2 ≥ 0, nous en déduisons

||�u|| = �u2 .

Corollaire. Pour tous les points A et B du plan, nous avons


−−→2 −−→
AB = ||AB||2 = AB 2
−−→
Démonstration. Ces égalités sont immédiates en posant �u = AB.
Elles sont cependant importantes à mémoriser car elles permettent de trai-
ter de nombreuses questions de géométrie métrique c’est-à-dire des développe-
ments qui nécessitent l’utilisation de la distance définie par le carré scalaire.

9.1.3 Expression analytique du produit scalaire


Proposition. Si �u(x, y) et �v (x , y  ) dans la base (�ı, �j) orthonormale, alors

�u.�v = xx + yy  .

Démonstration. En utilisant le second lemme de la partie introductive 9.1.1,


nous avons
Δ
�u.�v = = xx + yy  .
2
Remarques. Nous en donnons trois.
• Nous savons depuis la classe de Seconde que si �u(x, y) dans une base

orthonormale, alors ||�u|| = x2 + y 2 .
Nous retrouvons cette égalité avec la définition du carré scalaire :
√ √ 
||�u|| = �u2 = x × x + y × y = x2 + y 2 .

• Nous savons aussi depuis la Seconde que si A(xA , yA ) et B(xB , yB ) dans


un repère orthonormal, alors

AB = (xB − xA )2 + (yB − yA )2 .

434 Chapitre 9
9.1. DÉFINITION DU PRODUIT SCALAIRE 435

Nous retrouvons cette même égalité avec la définition du carré scalaire.


• La condition(�ı, �j) base orthonormale est indispensable. Pour en être
persuadé, il faudrait reprendre la preuve, vue en Seconde, qui produit la formule
de la distance de deux points dans un repère orthonormal.
Cependant, nous donnerons dans la remarque de la partie 9.2.1 une autre
méthode pour justifier l’égalité �u.�v = xx + yy  afin d’insister sur l’importance
de la donnée d’une base orthonormale.

Proposition. Si �u(x, y) dans la base orthonormale (�ı, �j), alors

x = �u.�ı et y = �u.�j.

Démonstration. Puisque �ı(1, 0) et �j(0, 1), nous obtenons

�u.�ı = x × 1 + y × 0 = x,
�u.�j = x × 0 + y × 1 = y.

Exemple. En physique, si F� est une force ayant deux composantes (Fx , Fy )


relativement à un repère orthonormal, alors nous avons

Fx = F� .�ı et Fy = F� .�j

9.1.4 Vecteurs orthogonaux


Définition. Soient deux vecteurs �u et �v .
Ces deux vecteurs sont orthogonaux si et seulement si �u.�v = 0 .
Nous notons �u ⊥ �v l’orthogonalité de ces deux vecteurs.
Nous retiendrons

�u ⊥ �v ⇔ �u.�v = 0.

Remarques. Nous en donnons trois.


• Dans une des remarques données en 9.1.2, nous savons que si �u = �0 ou
�v = �0, alors �u.�v = 0.
Mais la réciproque est fausse puisque deux vecteurs non nuls orthogonaux
induisent la nullité de leur produit scalaire.
• Pour tout vecteur �u on a, �0.�u = 0, donc quel que soit le vecteur �u, �0 ⊥ �u.
• La base (�ı, �j) orthonormale si et seulement si

�ı.�j = 0, avec ||�ı|| = ||�j|| = 1.

Produit scalaire 435


436 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Proposition (condition analytique d’orthogonalité). Soient �u(x, y) et �v (x , y  )


deux vecteurs dans la base (�ı, �j) orthonormale. Nous avons

�u ⊥ �v ⇔ xx + yy  = 0.

Démonstration. La preuve est immédiate puisque

�u ⊥ �v ⇔ �u.�v = 0 = xx + yy  .

Remarque. Si �u(a, b) est un vecteur donné relativement à une base orthonor-


male, alors �v (−b, a) est orthogonal à �u.

Exemple. Dans la base (�ı, �j) orthonormale, nous donnons le vecteur �u = �ı+�j.
Á partir de ce vecteur, nous construisons une base orthonormale (e�1 , e�2 ) directe
de la façon suivante :
√ 1
||�u|| = 2, donc le vecteur e�1 = √ �u est unitaire.
2
Le vecteur �v = −�ı + �j est non colinéaire à �u et orthogonal à ce dernier.
√ 1
De plus ||�v || = 2, donc le vecteur e�2 = √ �v est unitaire.
2
Puisque
1 1 1 1
e�1 = ( √ , √ ) et e�2 = (− √ , √ ),
2 2 2 2
nous avons

e�1 .e�2 = 0, donc e�1 ⊥ e�2 .

Nous en concluons que la base (e�1 , e�2 ) est orthonormale.

436 Chapitre 9
9.2. PROPRIÉTÉS DU PRODUIT SCALAIRE 437

9.2 Propriétés du produit scalaire

9.2.1 Règles de calculs

Proposition (symétrie du produit scalaire). Pour tous les vecteurs �u et �v ,


nous disposons de l’égalité

�u.�v = �v .�u.

Démonstration. Soient �u et �v deux vecteurs.


D’une part, nous avons

1
�u.�v = (||�u||2 + ||�v ||2 − ||�v − �u||2 ),
2
d’autre part, il vient

1
�v .�u = (||�v ||2 + ||�u||2 − ||�u − �v ||2 ).
2
Puisque ||�v − �u|| = ||�u − �v ||, nous en concluons

�u.�v = �v .�u.

Proposition (bilinéarité du produit scalaire). Nous disposons des deux pro-


priétés suivantes :
• Pour tous les vecteurs �u, �v et w,
� nous avons

(�u + �v ).w
� = w.(�
� u + �v ) = �u.w
� + �v .w.

• Pour tous les vecteurs �u, �v et tout réel λ, nous avons

(λ�u).�v = �u.(λ�v ) = λ × (�u.�v ).

Démonstration. • Soient �u, �v et w


� trois vecteurs.
Par symétrie, nous obtenons

(�u + �v ).w
� = w.(�
� u + �v ).

De plus, en se plaçant dans une base orthonormale (�ı, �j), nous posons

�u(x, y), �v (x , y  ) et w(x


�  , y  ).

Produit scalaire 437


438 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Il vient

� = (x + x )x + (y + y  )y  ,
(�u + �v ).w
= xx + x x + yy  + y  y  ,
= (xx + yy  ) + (x x + y  y  ),
= �u.w
� + �v .w.

• Soient �u, �v deux vecteurs et λ un réel. En plaçant à nouveau dans la


base orthonormale (�ı, �j), avec les mêmes données, nous obtenons
(λx)x + (λy)y  = x(λx ) + y(λy  ) = λ(xx + yy  ),
ce qui justifie
(λ�u).�v = �u.(λ�v ) = λ × (�u.�v ).
Corollaire. Nous disposons des deux égalités
• Pour tout vecteur �u, on a (−�u)2 = �u2 .
• Pour tous les vecteurs �u, �v , w
� et pour tous les réels α et β, nous avons
(α�u + β�v ).w
� = α(�u.w)
� + β(�v .w).

Démonstration. Ces deux égalités sont obtenues immédiatement par bilinéa-
rité.
Remarque. Dans la base orthonormale (�ı, �j), en posant
�u = x�ı + y�j et �v = x�ı + y �j,
nous retrouvons l’expression analytique de �u.�v , sachant que
�ı.�j = 0 et �ı2 = �j2 = 1.
En effet, par bilinéarité et symétrie, nous avons
�u.�v = (x�ı + y�j).�v = x(�ı.�v ) + y(�j.�v ).
Or nous avons
�ı.�v = �ı.(x�ı + y �j) = x�ı2 + y  (�ı.�j) = x ,
�j.�v = �j.(x�ı + y �j) = x (�ı.�j) + y �j2 = y  ,
Ainsi nous retrouvons l’expression analytique du produit scalaire :
�u.�v = xx + yy  .
Ce calcul met en évidence l’importance qu’il y a à disposer d’une base
orthonormale.

438 Chapitre 9
9.2. PROPRIÉTÉS DU PRODUIT SCALAIRE 439

9.2.2 Identités remarquables et produit scalaire


Proposition. Soient �u et �v deux vecteurs. Nous disposons des trois égalités
remarquables suivantes :

• (�u + �v )2 = �u2 + 2�u.�v + �v 2 ,


• (�u − �v )2 = �u2 − 2�u.�v + �v 2 ,
• (�u + �v ).(�u − �v ) = �u2 − �v 2 .

Démonstration. Soient �u et �v deux vecteurs.


• Par symétrie et bilinéarité, nous obtenons

(�u + �v )2 = (�u + �v ).(�u + �v ),


= �u2 + �u.�v + �v .�u + �v 2 ,
= �u2 + 2�u.�v + �v 2 .

• En remplaçant �v par −�v dans l’égalité précédente, il vient

(�u − �v )2 = (�u + (−�v ))2 = �u2 + 2�u.(−�v ) + (−�v )2 = �u2 − 2�u.�v + �v 2 .

• Toujours par symétrie et bilinéarité, nous avons

(�u + �v ).(�u − �v ) = (�u + �v ).�u − (�u + �v ).�v = �u2 + �v .�u − �u.�v − �v 2 = �u2 − �v 2 .

Remarque. Les trois égalités de la proposition précédente peuvent être énon-


cées en utilisant la norme au carré à la place du carré scalaire, ce qui donne,
pour tous vecteurs �u et �v ,

• ||�u + �v ||2 = ||�u||2 + 2�u.�v + ||�v ||2 ,


• ||�u − �v ||2 = ||�u||2 − 2�u.�v + ||�v ||2 ,
• (�u + �v ).(�u − �v ) = ||�u||2 − ||�v ||2 .

9.2.3 Produit scalaire et vecteurs colinéaires


Proposition. Soient �u et �v non nuls colinéaires.
• Si ces deux vecteurs sont de même sens, alors �u.�v = ||�u|| × ||�v ||.
• Si ces deux vecteurs sont de sens contraires, alors �u.�v = −||�u|| × ||�v ||.

Démonstration. Puisque �u et �v sont deux vecteurs non nuls colinéaires, nous


savons qu’il existe k ∈ R∗ tel que

�v = k�u.

Produit scalaire 439


440 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Nous en déduisons, d’une part

�u.�v = �u.(k�u) = k × �u2 = k × ||�u||2 .

D’autre part, nous avons

||�v || = ||k�u|| = |k| × ||�u||,

ce qui donne

||�u|| × ||�v || = |k| × ||�u||2 .

Puisque k �= 0, il en résulte que

�u.�v ||�u|| × ||�v ||


=
k |k|

Par disjonction, nous distinguons deux cas.


1er cas : les deux vecteurs sont de même sens, soit k > 0.
Après simplification par k, nous obtenons

�u.�v = ||�u|| × ||�v ||.

2e cas : les deux vecteurs sont de sens contraires, soit k < 0.


Après simplification par k, nous obtenons

�u.�v = −||�u|| × ||�v ||.

Remarques. Nous en donnons deux.


• Si k = 0, c’est-à-dire �v = �0, la proposition reste vraie.
• Si A, B et C sont trois points alignés dans cet ordre, nous avons par
exemple :
−−→ −→
AB.AC = AB × AC.
−−→ −−→
BA.BC = −BA × BC.

440 Chapitre 9
9.3. PRODUIT SCALAIRE ET PROJETÉ ORTHOGONAL 441

9.3 Produit scalaire et projeté orthogonal


9.3.1 Projeté orthogonal sur une droite
Définition (d’une projection orthogonale). Soit (d) une droite donnée.
La projection orthogonale sur la droite (d) associe à chaque point M du plan
un unique point H, qui est le projeté orthogonal de M sur (d) et qui satisfait
à:
• si M ∈ (d), alors H = M .
• si M ∈
/ (d), alors

H ∈ (d),
la droite (M H) est perpendiculaire à (d) en H.

Proposition. Soient �u, �v deux vecteurs non nuls, A, B et C trois points


−−→ −→
distincts non alignés tels que �u = AB et �v = AC.
En désignant par H le projeté orthogonal de C sur la droite (AB), nous
disposons de l’égalité
−−→ −−→
�u.�v = AB.AH

Démonstration.

Nous donnons les deux figures

Produit scalaire 441


442 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Avec les données de l’une ou l’autre figure, nous avons


−−→ −→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
�u.�v = AB.AC = AB.(AH + HC) = AB.AH + AB.HC.

Puisque H est le projeté orthogonal de C sur la droite (AB), nous en


−−→ −−→
déduisons que les vecteurs AB et HC sont orthogonaux. Par suite, nous avons
−−→ −−→
AB.HC = 0,

ce qui justifie l’égalité attendue, c’est-à-dire


−−→ −−→
�u.�v = AB.AH.

Corollaire. Avec les données de la proposition précédente, nous avons

|�u.�v | = AB × AH.
−−→ −−→
Démonstration. Les vecteurs AB et AH sont colinéaires. En appliquant la
proposition énoncée en 9.2.3, nous en déduisons que
• si ces deux vecteurs sont de même sens, alors

�u.�v = AB × AH ≥ 0,

• si ces deux vecteurs sont de sens contraires, alors

�u.�v = −AB × AH ≤ 0.

Pour résumer ces deux cas, nous en concluons

|�u.�v | = AB × AH.

Exemples. Nous en donnons deux dans des configurations usuelles.


• Dans le triangle équilatéral ABC de côté 1, représenté ci-dessous, nous
avons
−−→ −→ −−→ −−→ 1 1
AB.AC = AB.AH = AB × AH = 1 × = .
2 2

442 Chapitre 9
9.3. PRODUIT SCALAIRE ET PROJETÉ ORTHOGONAL 443

• Dans le carré ABCD de côté 1, représenté ci-dessous, nous avons


−−→ −→ −−→ −−→
AB.AC = AB.AB = AB 2 = 1.

−→ −−→
Nous remarquons également que les vecteurs AC et BD sont orthogonaux,
ce qui donne
−→ −−→
AC.BD = 0.

Proposition. Soient (AB) et CD) deux droites distinctes.


En désignant par C  et D les projetés orthogonaux respectifs des points C
et D sur la droite (AB), nous avons
−−→ −−→ −−→ −−−→
AB.CD = AB.C D .

Démonstration. Nous distinguons deux cas.


1er cas : les droites (AB) et CD) sont sécantes.

Nous avons

−−→ −−→ −−→ −−→ −−−→ −−→


AB.CD = AB.(CC + C D + D D),
−−→ −−→ −−→ −−−→ −−→ −−→
= AB.CC  + AB.C  D + AB.D D.

Produit scalaire 443


444 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

−−→ −−→ −−→


Puisque les vecteurs CC  et DD sont orthogonaux au vecteur AB, nous
en concluons
−−→ −−→ −−→ −−−→
AB.CD = AB.C D .

2e cas : les droites (AB) et CD) sont parallèles strictement.

−−→ −−−→
Dans ce cas le quadrilatère est un rectangle donc CD = C  D .
−−→ −−→ −−→ −−−→
Nous obtenons immédiatement AB.CD = AB.C  D .

Remarque. Puisque par définition les points C  et D appartiennent à la


−−→ −−−→
droite (AB), les vecteurs AB et C  D sont colinéaires.

9.3.2 Projeté orthogonal d’un vecteur


Proposition. Soient �u, �v deux vecteurs non nuls.
Il existe un unique vecteur �v  tel que :
• ce vecteur soit colinéaire à �u,
• �u.�v = �u.�v  .

Démonstration. Nous supposons que �u et �v sont non nuls et non colinéaires.

−−→ −−→
Nous posons �u = AB, �v = CD. En utilisant la proposition précédente le
−−−→
vecteur �v  = C  D convient.
Pour prouver l’unicité du vecteur �v  nous supposons qu’il existe deux vec-
teurs �v  et �v  , colinéaires à �u tels que :

444 Chapitre 9
9.3. PRODUIT SCALAIRE ET PROJETÉ ORTHOGONAL 445

�u.�v = �u.�v  = �u.�v  .

Nous en déduisons que |�u.�v | = ||�u|| × ||�v  || = ||�u|| × ||�v  ||.


Puisque �u �= �0, il en résulte que ||�v  || = ||�v  ||.
Les vecteurs �v  et �v  sont colinéaires donc

�v  = �v  ou �v  = −�v  ,

mais cette dernière égalité est contradictoire avec

�u.�v  = �u.�v  .

Nous en concluons que �v  = �v  .


Si les vecteurs �u et �v sont non nuls et colinéaires, la preuve est identique.

Définition. Soient �u, �v deux vecteurs non nuls. Le projeté orthogonal de �v sur
�u est le vecteur �v  tel que
• �v  soit colinéaire à �u,
• �u.�v = �u.�v  .

Remarques. Nous en proposons deux.


• Si �v = �0, alors �v  = �0. Par conséquent la définition précédente reste
exacte.
• Sur la figure qui suit, une infinité de vecteurs admettent le même projeté
orthogonal.

Produit scalaire 445


446 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Proposition (caractérisation du projeté orthogonal). Soient �u �= �0 et �v deux


vecteurs.
Les deux propositions suivantes sont équivalentes :
(i) le vecteur
 �v 
 est le projeté orthogonal de �
v sur �u.

u .�
v
(ii) �v  = �u.
||�u||2
Démonstration. (i) ⇒ (ii)
Puisque �v  est colinéaire au vecteur �u, il existe un réel k tel que
�v  = k�u.
De plus, par définition, nous avons
�u.�v = �u.�v  .
Nous en déduisons
�u.�v = �u.(k�u) = k × �u 2 = k × ||�u||2 ,
ce qui implique, puisque �u �= �0,
�u.�v
k= .
||�u||2
Ainsi, nous en concluons
 
�u.�v
�v  = �u.
||�u||2
(ii) ⇒ (i)  
�u.�v
Nous supposons que �v 
= �u.
||�u||2
D’une part, le vecteur �v  est colinéaire à �u.
D’autre part, nous avons
 
 �u.�v �u.�v
�u.�v = �u. 2
�u = × (�u 2 ) = �u.�v
||�u|| ||�u||2
Remarque. Relativement à la base orthonormale(�ı, �j), le vecteur �v (x, y) étant
donné,

446 Chapitre 9
9.4. PRODUIT SCALAIRE ET ANGLE 447

avec les notations de la figure, nous avons :


• v�1 = (�ı.�v )�ı = x�ı est le projeté orthogonal de �v sur �ı.
• v�2 = (�j.�v )�j = y�j est le projeté orthogonal de �v sur �j.

9.4 Produit scalaire et angle


Proposition. Soient θ un réel, �u et �v deux vecteurs non nuls tels que

(�u, �v ) = θ[2π].

Nous disposons de l’égalité suivante :

�u.�v = ||�u|| × ||�v || × cos θ.


1
Démonstration. Puisque �u �= �0, nous posons �ı = �u.
||�u||
Le vecteur �ı est unitaire.
π
Soit �j le vecteur unitaire tel que (�ı, �j) = [2π].
2
Par construction la base (�ı, �j) est orthonormale directe.

Relativement à cette base, nous avons

�u = ||�u||�ı, donc �u(||�u||, 0),


�v (||�v || × cos θ, ||�v || × sin θ).

La base (�ı, �j) étant orthonormale, nous obtenons

�u.�v = ||�u|| × ||�v || × cos θ + 0 × ||�v || × sin θ = ||�u|| × ||�v || × cos θ.

Remarque. Avec les données de la proposition, nous posons


−−→ −→
�u = AB et �v = AC.

Produit scalaire 447


448 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Nous obtenons
−−→ −→ −−→ −→
AB.AC = AB × AC × cos(AB, AC).

La fonction x �→ cos x est paire, donc


−−→ −→ −→ −−→
cos(AB, AC) = cos(AC, AB),
−−→ −→
ce qui permet d’exprimer le produit scalaire AB.AC en fonction de l’angle
÷:
géométrique BAC
−−→ −→ ÷
AB.AC = AB × AC × cos(BAC).

Exemples. Dans le tableau qui suit, nous reprenons les deux exemples du
paragraphe 9.3.1.


−−→ −→ π 1 π √ 2
AB.AC = AB × AC cos = AB × AC cos = 2 × =1
3 2 4 2

9.5 Applications du produit scalaire


9.5.1 Vecteur normal à une droite
Dans ce paragraphe, le plan est rapporté à un repère (O; �ı, �j) orthonormal.

Proposition. Soient A un point du plan et �n �= �0 un vecteur donné.


L’ensemble des points M du plan satisfaisant à
−−→
AM .�n = 0,

est la droite Δ passant par A telle que le vecteur �n soit orthogonal à un vecteur
directeur de Δ.

Démonstration. Nous posons :


 A(x0 , y0 ) dans le repère orthonormal (O; �ı, �j),
 �n(a, b), avec a �= 0 ou b �= 0, dans la base orthonormale (�ı, �j).

448 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 449

−−→
Nous désignons par (E) l’ensemble des points M tels que AM .�n = 0 et nous
procédons par double inclusion 1 en prouvant que (E) ⊂ (Δ) et réciproquement
que (Δ) ⊂ (E).
• Montrons que (E) ⊂ (Δ).
Si M (x, y) est un point appartenant à (E), alors

−−→
AM .�n = 0, soit (x − x0 )a + (y − y0 )b = 0,

ce qui implique

ax + by − (ax0 + by0 ) = 0.

En posant c = −(ax0 + by0 ), nous avons prouvé que le point M (x, y)


appartient à la droite (Δ) dont une équation est ax + by + c = 0, ce qui prouve

(E) ⊂ (Δ).

De plus, nous savons que le vecteur �u(−b, a) �= �0 est directeur de (Δ).


Puisque

�u.�n = (−b) × a + a × b = 0,

nous en déduisons que �n est orthogonal à un vecteur directeur de Δ.


• Réciproquement, prouvons que (Δ) ⊂ (E).
Si M (x, y) est un point appartenant à la droite (Δ) passant par le point
A(x0 , y0 ), alors

ax + by + c = 0 et ax0 + by0 + c = 0.

Nous en déduisons, par soustraction membres à membres,

a(x − x0 ) + b(y − y0 ) = 0,

ce qui signifie que


−−→
AM .�n = 0.

Nous en concluons que M ∈ (E), c’est-à-dire

(Δ) ⊂ (E).
1. Annexe § 1.4

Produit scalaire 449


450 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Définition. Un vecteur �n �= �0 orthogonal à un vecteur directeur d’une droite


est un vecteur normal à cette droite.

Corollaire. Soient a, b, c trois réels avec a �= 0 ou b �= 0.


• Une droite passant par un point A, de vecteur normal �n(a, b), a une
équation de la forme ax + by + c = 0.
• Réciproquement, une droite dont une équation est ax + by + c = 0, admet
�n(a, b) pour vecteur normal.

Démonstration. C’est la preuve de la proposition précédente couplée avec la


définition d’un vecteur normal.

Remarque. Soit (Δ) une droite non parallèle à la droite des ordonnées d’équa-
tion y = mx + p.
Nous rappelons que �u(1, m) est directeur de cette droite.
Nous en déduisons que �n(m, −1) est normal à (Δ).
En effet, nous avons

�u.�n = 1 × m + m × (−1) = 0.

Proposition. Soient (Δ) et (Δ ) deux droites d’équations respectives :

ax + by + c = 0, avec a �= 0 ou b �= 0,
a x + b y + c = 0, avec a �= 0 ou b �= 0.

Les deux propositions suivantes sont équivalentes :


(i) les droites (Δ) et (Δ ) sont orthogonales,
(ii) aa + bb = 0.

Démonstration. Avec les données de l’énoncé :


- le vecteur �n(a, b) est normal à la droite (Δ),
- le vecteur �n  (a , b ) est normal à la droite (Δ ).

450 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 451

En raisonnant par équivalences, nous en déduisons

(Δ)⊥(Δ ) ⇔ �n⊥�n  ,
⇔ �n.�n  = 0,
⇔ aa + bb = 0.

Corollaire. Soient (Δ) et (Δ ) deux droites non parallèles à la droite des
ordonnées, d’équations réduites respectives :

y = mx + p,
y = m x + p .

Les deux propositions suivantes sont équivalentes :


(i) les droites (Δ) et (Δ ) sont orthogonales,
(ii) mm = −1.

Démonstration. Avec les données de l’énoncé, nous savons que


- le vecteur �n(m, −1) est normal à la droite (Δ),
- le vecteur �n  (m , −1) est normal à la droite (Δ ).
En appliquant la proposition précédente, nous obtenons

(Δ)⊥(Δ ) ⇔ mm + 1 = 0 ⇔ mm = −1.

Exemple.

Soit m un réel. Dans un repère orthonormal, nous considérons les droites


(dm ) d’équations x + my + 2 = 0.
Pour chaque valeur du paramètre m, le vecteur �n(1, m) est normal à la
droite (dm ).
La droite (δ) d’équation y = 2x − 1, donc de vecteur normal �n  (2, −1) est
orthogonale à (dm ) si et seulement si

1 × 2 + m × (−1) = 0, soit m = 2.

Produit scalaire 451


452 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

9.5.2 Réduction de M A2 + M B 2
Proposition (propriété métrique de la médiane). Soient A et B deux points
distincts du plan.
En désignant par I le milieu du segment [AB], pour tout point M du plan,
nous disposons de l’égalité

AB 2
M A2 + M B 2 = 2M I 2 + .
2
Démonstration. Avec les données de l’énoncé, nous considérons la figure sui-
vante :

Pour tout point M du plan, nous avons

−−→ −−→
M A2 + M B 2 = M A2 + M B 2 ,
−−→ − → −−→ −→
= (M I + IA)2 + (M I + IB)2 ,
−−→ −−→ −→ − → −−→ −−→ −→ −→
= M I 2 + 2M I.IA + IA2 + M I 2 + 2M I.IB + IB 2 ,
−−→ − → −→
= 2M I 2 + IA2 + IB 2 + 2M I.(IA + IB).

Or, puisque I est le milieu du segment [AB], nous savons que

AB 2 AB 2 −→ −→
IA2 + IB 2 = 2 × ( ) = et IA + IB = �0.
2 2
Nous en concluons que, pour tout point M du plan, nous avons
AB 2
M A2 + M B 2 = 2M I 2 + .
2
Remarques. Nous en donnons deux.
• Le terme "réduction" signifie que le point M apparaissant deux fois dans
AB 2
M A2 + M B 2 , ne figure plus qu’une fois dans 2M I 2 + .
2

452 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 453

• Cette proposition est également appelée théorème (métrique) de la mé-


diane.
Nous en profitons pour rappeler la propriété vectorielle de la médiane.
Avec les données de la figure précédente, nous avons :
−−→ −−→ −−→
pour tout point M du plan, M A + M B = 2M I.

Exemple. Nous considérons un rectangle ABCD de centre O et M un point


quelconque du plan.
Comme application, nous montrons que M A2 + M C 2 = M B 2 + M D2 .

Puisque O est le milieu des segments [AC] et [BD], la propriété métrique


de la médiane dans les triangles AM C et BM D donne

AC 2
M A2 + M C 2 = 2M O2 + ,
2
DB 2
M B 2 + M D2 = 2M O2 + .
2
Dans le rectangle ABCD, nous savons que AC = BD.

Nous en concluons que, pour tout point M du plan,

M A2 + M C 2 = M B 2 + M D 2 .

Proposition. Soient A et B deux points distincts du plan, I le milieu du


segment [AB] et k un réel. Nous désignons par Γk l’ensemble des points M du
plan tels que

M A2 + M B 2 = k.

Produit scalaire 453


454 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Nous disposons des trois cas suivants :


AB 2
• si k > , alors Γk est un cercle de centre I et de rayon
2

k AB 2
r= − ,
2 4

AB 2
• si k = , alors Γk = {I},
2
AB 2
• si k < , alors Γk = ∅.
2
Démonstration. En appliquant la propriété de la médiane, nous avons les
équivalences suivantes :

AB 2
M ∈ Γk ⇔ 2M I 2 + = k,
2
k AB 2
⇔ IM 2 = − .
2 4

Nous déduisons trois cas par disjonction.


k AB 2 AB 2
1ercas : − > 0, soit k > .
2 4 2
Nous en concluons que Γk est le cercle de centre I et de rayon

k AB 2
r= − .
2 4

k AB 2 AB 2
2ecas : − = 0, soit k = .
2 4 2
Dans ce cas, nous avons

IM 2 = 0 ⇔ M = I, soit Γk = {I}.

k AB 2 AB 2
3ecas : − < 0, soit k < .
2 4 2
Dans ce dernier cas, nous en concluons que Γk = ∅.

9.5.3 Produit scalaire et cercle


−−→ −−→
Proposition (réduction de M A.M B). Soient A, B deux points distincts du
plan et I le milieu du segment [AB].
Pour tout point M du plan, nous disposons de l’égalité
−−→ −−→ AB 2
M A.M B = M I 2 − .
4

454 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 455

Démonstration. Pour tout point M du plan, nous avons


−−→ −−→ −−→ − → −−→ −→
M A.M B = (M I + IA).(M I + IB).
−→ −→
Or, IB = −IA, puisque I est le milieu du segment [AB].
Il en résulte

−−→ −−→ −−→ − → −−→ − →


M A.M B = (M I + IA).(M I − IA),
= M I 2 − IA2 ,
AB 2
= M I2 − .
4

Proposition. Les points A et B étant deux points distincts donnés, l’ensemble


−−→ −−→
(C) des points M du plan tels que M A.M B = 0 est le cercle de diamètre [AB].

Démonstration. En appliquant l’égalité de réduction obtenue ci-dessus, nous


obtenons

AB 2
M ∈ (C) ⇔ IM 2 = ,
4
AB
⇔ IM = ,
2

ce qui prouve que (C) est le cercle de diamètre [AB].

Remarque. Cette proposition est la version "produit scalaire" d’une propriété


vue au collège qui énonce qu’un triangle AM B rectangle en M est inscriptible
dans un cercle de diamètre [AB].

Produit scalaire 455


456 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Nous avons aussi abordé cette propriété dans l’exercice corrigé du para-
graphe 8.7.2

Exemple. Dans le premier chapitre de ce livre, lors du paragraphe 1.4, nous


avons étudié comment obtenir une équation d’un cercle, connaissant son centre
et son rayon.
Nous proposons ici de déterminer une équation d’un cercle, le diamètre
[AB] de ce dernier étant donné.
Dans un repère orthonormal du plan, nous posons A(xA , yA ) et B(xB , yB ).
Soit un point M (x, y).
En utilisant la proposition précédente, nous obtenons

−−→ −−→
M ∈ (C) ⇔ M A.M B = 0,
−−→ −−→
⇔ AM .BM = 0,
⇔ (x − xA )(x − xB ) + (y − yA )(y − yB ) = 0,
⇔ x2 + y 2 − (xA + xB )x − (yA + yB )y + xA xB + +yA yB = 0.

En observant que

2xI = xA + xB et 2yI = yA + yB ,
−→ −−→ AB 2 AB 2
xA xB + +yA yB = OA.OB = OI 2 − = x2I + yI2 − ,
4 4
nous en déduisons qu’une équation de (C) est
AB 2
x2 + y 2 − 2xI x − 2yI y + x2I + yI2 − (x2I + yI2 ) + x2I + yI2 − = 0,
4
AB 2
⇔ (x − xI )2 + (y − yI )2 = .
4
Nous reconnaissons une équation cartésienne du cercle (C) de centre I et
AB
de rayon .
2
Remarque. Pour k ∈ R, de la même façon que dans le paragraphe précédent,
−−→ −−→
nous montrons que l’ensemble des points M tels que M A.M B = k, s’il est non
vide et non réduit à un point, est un cercle de centre le milieu I de [AB] et de
AB 2
rayon r = k + > 0.
4

456 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 457

9.5.4 Réduction de M A2 − M B 2
Proposition. Soient A et B deux points distincts du plan.
En désignant par I le milieu du segment [AB], pour tout point M du plan,
nous disposons de l’égalité
−−→ −−→
M A2 − M B 2 = 2IM .AB.

Démonstration. Pour tout point M du plan, nous avons

−−→ −−→
M A2 − M B 2 = M A2 − M B 2 ,
−−→ − → −−→ −→
= (M I + IA)2 − (M I + IB)2 ,
−−→ −−→ −
→ − → −−→ −−→ −→ −→
= M I 2 + 2M I.IA + IA2 − M I 2 − 2M I.IB − IB 2 ,
−−→ − → −→
= 2M I.(IA − IB),
−−→ −−→
= 2M I.BA,
−−→ −−→
= 2IM .AB.

Proposition. Soient A et B deux points distincts du plan, I le milieu du


segment [AB] et k un réel. Nous désignons par Ek l’ensemble des points M du
plan tels que

M A2 − M B 2 = k.

Pour chaque valeur du réel k, Ek est une droite orthogonale à la droite (AB).

Démonstration. En appliquant la proposition précédente, nous avons


−−→ −−→
M ∈ Ek ⇔ 2IM .AB = k.

En désignant par H le projeté orthogonal du point M sur la droite (AB),


nous savons que
−−→ −−→ −→ −−→
IM .AB = IH.AB.

Nous en déduisons que


 −−→ −−→
2IM .AB = k
M ∈ Ek ⇔ −→ −−→ ,
2IH.AB = k
ce qui donne
−−→ −→ −−→ −−→ −−→
M ∈ Ek ⇔ 2(IM − IH).AB = 0 ⇔ HM .AB = 0.

Produit scalaire 457


458 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Nous appliquons la première proposition du paragraphe 9.5.1.


Nous en concluons que Ek est la droite passant par le point H, de vecteur
−−→
normal AB.

Remarque. Nous pouvons préciser la position du projeté orthogonal H sur


la droite (AB).
1 −−→
Nous posons �ı = AB. Ce vecteur est unitaire.
AB
Nous munissons la droite (AB) du repère (I; �ı) et soit x0 l’abscisse du point
H relativement à ce repère.
−→ −−→
Puisque IH = x0�ı et AB = AB�ı, nous obtenons

−→ −−→
2IH.AB = k ⇔ 2(x0�ı).(AB�ı) = k,
⇔ (2x0 × AB)�ı 2 = k,
k
⇔ x0 = .
2AB

Ainsi le point H est déterminé sur la droite (AB) par son abscisse
k
x0 = dans le repère unitaire (I; �ı).
2AB
Par exemple :
• Si k = 0, alors H = I. L’ensemble E0 est la médiatrice du segment [AB].
AB
• Si k = −AB 2 , alors x0 = − , donc H = A. L’ensemble E−AB 2 est la
2
droite perpendiculaire en A à la droite (AB).

458 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 459

9.5.5 Formules d’Al-Kashi


Proposition (formules d’Al-Kashi 2 ). Soit ABC un triangle tel que
AB = c > 0, AC = b > 0 et BC = a > 0. Avec les notations de la figure,

nous disposons des égalités suivantes :



• a2 = b2 + c2 − 2bc cos A,

• b2 = a2 + c2 − 2ac cos B,

• c2 = a2 + b2 − 2ab cos C.

Démonstration. Nous prouvons la première égalité. Les deux autres sont


justifiées de la même façon. Il vient

a2 = BC 2 ,
−−→
= BC 2 ,
−→ −−→
= (AC − AB)2 ,
−→ −−→
= AC 2 + AB 2 − 2AC.AB,
−→ −−→
= b2 + c2 − 2AC × AB cos(AC, AB),

= b2 + c2 − 2bc cos A.

Remarque. Lorsque le triangle ABC est rectangle en A, respectivement en B


ou C, nous retrouvons le théorème de Pythagore. C’est la raison pour laquelle
la proposition précédente est parfois appelée théorème de Pythagore généralisé.
π
Exemple. Nous considérons un triangle ABC isocèle en A et α ∈]0, [ une
2

mesure de l’angle A.
Nous souhaitons exprimer, de deux façons, a en fonction de b et α pour en
déduire l’égalité :
2. Mathématicien et astronome perse (1380-1429)

Produit scalaire 459


460 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

α
1 − cos α = 2 sin2 .
2
Avec les notations de la figure,

nous obtenons, en appliquant la première formule d’Al-Kashi,

a2 = b2 + c2 − 2bc cos α = 2b2 (1 − cos α).

De plus, dans le triangle AHB, rectangle en H, nous avons


α a α
sin = , ce qui implique a2 = 4b2 sin2 .
2 2b 2

Des deux expressions du réel a2 , après simplification, nous en déduisons


α
1 − cos α = 2 sin2 .
2
Nous verrons dans le chapitre 10 que cette égalité reste vraie pour tout réel
α.

Remarque. Avec les notations de la figure illustrant les formules d’Al-Kashi,


nous avons prouvé dans l’exercice corrigé 7 du paragraphe 8.7.1 du chapitre
précédent :
• les formules donnant l’aire S du triangle ABC, c’est-à-dire
1 “ = 1 ac sin B
“ = 1 ab sin C,

S = bc sin A
2 2 2
• la formule des sinus, c’est-à-dire

a b c abc
= = = .

sin A “
sin B “
sin C 2S

Les formules d’Al-Kashi et ces deux dernières formules permettent de "ré-


soudre un triangle", c’est-à-dire à partir de certaines données initiales, de dé-
terminer les mesures des angles et des côtés de ce triangle.

460 Chapitre 9
9.5. APPLICATIONS DU PRODUIT SCALAIRE 461

9.5.6 Distance d’un point à une droite


Lemme. Soient M un point et (D) une droite du plan. On désigne par H le
projeté orthogonal de M sur cette droite.
Pour tout point T ∈ (D), nous disposons de l’inégalité

M T ≥ M H.

Démonstration. Soit M un point appartenant à la droite (D).

Nous appliquons le théorème de Pythagore dans le triangle T HM rectangle


en H. Il vient

M T 2 = M H 2 + HT 2 , ce qui implique M T 2 ≥ M H 2 .

Puisque M T ≥ 0, M H ≥ 0 et sachant que la fonction x �→ x est crois-
sante sur R+ , nous en déduisons que pour tout point T ∈ (D), on a

M T ≥ M H.

Cette inégalité signifie que la distance minimum entre le point M et la


droite (D) est réalisée lorsque T = H, ce qui justifie la définition qui suit.

Définition. Soient M un point et H son projeté orthogonal sur une droite


(D).
La distance du point M à cette droite, notée d(M, (D)) est définie par :

d(M, (D)) = M H.

Remarque. Nous avons

M ∈ (D) ⇔ d(M, (D)) = 0.

Proposition. Soit (D) une droite passant par un point A, de vecteur normal
�n �= �0.
−−→
|�n.AM |
Pour tout point M du plan, nous avons : d(M, (D)) = .
||�n||

Produit scalaire 461


462 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Démonstration. Soit M un point quelconque du plan. Nous désignons par :


 H le projeté orthogonal de M sur la droite (D),
 H  le projeté orthogonal de M sur la droite (Δ) perpendiculaire en A à
la droite (D).

−−→ −−→
Le vecteur AH  est le projeté orthogonal de AM sur le vecteur �n.
En appliquant la seconde proposition du paragraphe 9.3.2, nous obtenons
−−→
−−→ �n.AM
AH = �n.
||�n||2
Le quadrilatère AHM H  est un parallélogramme donc
−−→ −−→
AH = HM ,

ce qui donne
−−→ −−→ −−→
−−→ �n.AM |�n.AM | |�n.AM |
M H = ||HM || = || �n|| = × ||�n|| = .
||�n||2 ||�n||2 ||�n||
Proposition. Dans un repère orthonormal (O; �ı, �j), on considère une droite
(D) dont une équation est

ax + by + c = 0, avec a �= 0 ou b �= 0.

Pour tout point M (x, y), nous avons


|ax + by + c|
d(M, (D)) = √ .
a 2 + b2
Démonstration. Soit A(α, β) un point de (D) et �n(a, b) un vecteur normal
à (D).
Puisque aα + bβ + c = 0, nous en déduisons :

462 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 463

c = −(aα + bβ).

Il en résulte que, pour tout point M (x, y), nous avons


−−→
�n.AM = a(x − α) + b(y − β) = ax + by − (aα + bβ) = ax + by + c.

Nous appliquons la proposition précédente, ce qui donne


−−→
|�n.AM | |ax + by + c|
d(M, (D)) = = √ .
||�n|| a 2 + b2
Exemple. Avec les données de la proposition précédente, nous avons
|c|
d(O, (D)) = √ .
a2 + b2
Nous en déduisons que la droite (D) est tangente au cercle de centre O et
de rayon 1 si et seulement si d(O, (D)) = 1, ce qui équivaut à

|c| = a2 + b2 ⇔ c2 = a2 + b2 .

9.6 Exercices corrigés


Exercice 1. Produit scalaire dans une configuration
Nous considérons un carré ABCD de côté 1, ainsi que les milieux I et J
respectifs des segments [AB] et [AD].
Nous proposons de montrer que les droites (CJ) et (DI) sont orthogonales
par deux méthodes dont une est analytique.
Solution

−→ −→
1er méthode. Nous calculons le produit scalaire DI.CJ en décomposant
ces deux vecteurs dans la configuration proposée : le carré.
D’une part, nous appliquons la propriété vectorielle de la médiane dans le
triangle ADB, il vient :

Produit scalaire 463


464 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

−→ −−→ −−→
2DI = DA + DB.

D’autre part, en appliquant cette fois la propriété vectorielle de la médiane


dans le triangle DCA, nous obtenons
−→ −→ −−→
2CJ = CA + CD.

Nous en déduisons

−→ −→ −−→ −−→ −→ −−→


4DI.CJ = (DA + DB).(CA + CD),
−−→ −→ −−→ −−→ −−→ −→ −−→ −−→
= DA.CA + DA.CD + DB.CA + DB.CD.

Dans la configuration du carré ABCD, nous avons


−−→ −−→ −−→ −→
DA.CD = DB.CA = 0.

De plus, nous avons


−−→ −→ −−→ −→
DA.CA = AD.AC = AD2 ,
−−→ −−→ −−→ −−→
DB.CD = −DC.DB = −DC 2 .

Il en résulte
−→ −→ −→ −→
4DI.CJ = AD2 − DC 2 = 0, soit DI.CJ = 0,

ce qui prouve que les droites (CJ) et (DI) sont orthogonales.


2e méthode : analytique.
−−→ −−→
Nous rapportons le plan au repère orthonormal (A; AB, AD).
Nous avons
−→ − → −−→ 1 −−→ −−→
DI = AI − AD = AB − AD,
2
−→ −→ −→ 1 −−→ −−→ −−→ −−→ 1 −−→
CJ = AJ − AC = AD − (AB + AD) = −AB − AD,
2 2
−−→ −−→
ce qui implique que, dans la base orthonormale (AB, AD), nous obtenons
−→ 1
DI( , −1),
2
−→ 1
CJ(−1, − ).
2
Il en résulte que dans cette base orthonormale,
−→ −→ 1 1
DI.CJ = × (−1) + (−1) × (− ) = 0,
2 2

464 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 465

ce qui justifie que les droites (CJ) et (DI) sont orthogonales.


Remarque. Nous pouvons prolonger cet exercice en déterminant les coor-
données du point d’intersection des droites (CJ) et (DI) qui sont perpendicu-
laires en ce point.
Exercice 2. Relations métriques dans un triangle rectangle
Soit un triangle ABC rectangle en A et H le projeté orthogonal de A sur
(BC).
1. Montrer que :
−−→ −−→
BH.BC = AB 2 ,
−−→ −−→
CH.CB = AC 2 .

2. Étudier la réciproque.
−−→ −−→
3. Prouver que : AH 2 = −HB.HC.
En déduire que : AH 2 = HB × HC.
Solution

1. Puisque A se projette en H sur la droite (BC), nous avons


−−→ −−→ −−→ −−→
BA.BC = BC.BH.

Puisque C se projette en A sur la droite (AB), nous obtenons


−−→ −−→ −−→2
BA.BC = BA = BA2 .

Nous en déduisons que


−−→ −−→
BC.BH = AB 2 .

Nous procédons de la même façon pour obtenir la seconde égalité.


Le pointA se projette en H sur la droite (BC), donc nous avons
−→ −−→ −−→ −−→
CA.CB = CB.CH.

Le point B se projette en A sur la droite (AC), nous obtenons :

Produit scalaire 465


466 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

−→ −−→ −→2
CA.CB = CA = CA2 ,

ce qui donne
−−→ −−→
CH.CB = AC 2 .

2. Réciproquement, dans le rectangle ABC, nous supposons que


−−→ −−→ −−→ −−→
BH.BC = AB 2 et CH.CB = AC 2 .

Nous avons

−−→ −−→ −−→ −−→


AB 2 + AC 2 = BH.BC + CH.CB,
−−→ −−→ −−→
= BC.(BH − CH),
−−→ −−→ −−→
= BC.(HC − HB),
−−→ −−→
= BC.BC,
= BC 2 .

La réciproque du théorème de Pythagore justifie que le triangle ABC est


rectangle en A.
3. Dans le triangle AHB rectangle en H, nous avons

AB 2 = AH 2 + HB 2 .
−−→ −−→
Or nous savons que BC.BH = AB 2 . Il en résulte que
−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
AH 2 + HB 2 = BH.BC = BH.(BH + HC = BH 2 + BH.HC.

Après simplification, nous en déduisons


−−→ −−→ −−→ −−→
AH 2 = BH.HC = −HB.HC.
−−→ −−→
Les vecteurs HB et HC sont colinéaires de sens contraires, donc
−−→ −−→
HB.HC = −HB × HC.

Nous en concluons

AH 2 = HB × HC.

466 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 467

Exercice 3. Orthocentre d’un triangle


Soit H l’orthocentre d’un triangle ABC.
1. Montrer que
−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
HA.HB = HB.HC = HC.HA.

2. Réciproquement, montrer que si M est un point du plan tel que


−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M B.M C = M C.M A,

alors M est l’orthocentre H du triangle ABC.


3. Montrer que : AB 2 − AC 2 = HB 2 − HC 2 .
Qu’en est-il de BA2 − BC 2 et CA2 − CB 2 ?
Solution

1. La droite (HA) est une hauteur du triangle donc cette droite est ortho-
gonale à la droite (BC), ce qui donne
−−→ −−→
HA.BC = 0.

Nous en déduisons successivement que


−−→ −−→ −−→
HA.(HC − HB) = 0,
−−→ −−→ −−→ −−→
HA.HC − HA.HB = 0,
−−→ −−→ −−→ −−→
HA.HC = HA.HB.

De la même façon, nous avons


−−→ −→
HB.AC = 0,

ce qui donne successivement :

Produit scalaire 467


468 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

−−→ −−→ −−→


HB.(HC − HA) = 0,
−−→ −−→ −−→ −−→
HB.HC − HB.HA = 0,
−−→ −−→ −−→ −−→
HB.HC = HB.HA.

Nous en concluons que


−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
HA.HB = HB.HC = HC.HA.

2. Réciproquement, soit M un point du plan satisfaisant à :


−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M B.M C = M C.M A.

Nous avons
−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
M A.BC = M A.(M C − M B) = M A.M C − M A.M B.
−−→ −−→ −−→ −−→
Puisque M A.M C = M A.M B, nous en déduisons
−−→ −−→
M A.BC = 0,

ce qui prouve que M appartient à la hauteur du triangle ABC issue du sommet


A.
Nous justifions de la même façon que :
−−→ −→ −−→ −−→
M B.CA = 0 et M C.AB = 0,

ce qui montre que M appartient aux deux autres hauteurs du triangle ABC.
Par conséquent, ce point est le point de concours des trois hauteurs du
triangle ABC, ce qui démontre que M est l’orthocentre H de ce dernier.
3. Nous avons

−−→ −→
AB 2 − AC 2 = AB 2 − AC 2 ,
−−→ −−→ −−→ −−→
= (HB − HA)2 − (HC − HA)2 ,
−−→ −−→ −−→ −−→
= HB 2 + HA2 − 2HB.HA − (HC 2 + HA2 − 2HC.HA),
−−→ −−→ −−→ −−→
= HB 2 − HC 2 + 2(HC.HA − HB.HA).

En utilisant la question 1, nous savons que


−−→ −−→ −−→ −−→
HB.HA = HC.HA,

ce qui prouve que

AB 2 − AC 2 = HB 2 − HC 2 .

468 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 469

Nous montrons de la même façon

BA2 − BC 2 = HA2 − HC 2 et CA2 − CB 2 = HA2 − HB 2 .

Exercice 4. Puissance d’un point par rapport à un cercle


Soient (C) un cercle de centre O et de rayon r. Pour tout point M du plan,
nous considérons une droite passant par M et sécante avec le cercle (C) en
deux points A et B. On désigne par A le point de (C) diamétralement opposé
à A.
1. Montrer que
−−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M A.M A .

2. En déduire que
−−→ −−→
M A.M B = OM 2 − r2 .

Le réel OM 2 − r2 , souvent noté C(M ), est appelé puissance du point M


par rapport au cercle (C).
3. Nous considérons une autre droite passant par M et sécante avec le cercle
(C) en C et D. Justifier que
−−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M C.M D.

4. On suppose que M est extérieur au cercle (C).


Soient T ∈ (C) et (M T ) la tangente à (C) en ce point. Prouver que
−−→ −−→
M A.M B = M T 2 .

Solution
Nous commençons par donner deux cas de figures.

Produit scalaire 469


470 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

1. Pour tout point M du plan, nous avons


−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M A.(M A + A B) = M A.M A + M A.A B.
Puisque [AA ] est un diamètre du cercle (C) et sachant que B ∈ (C), nous
en déduisons que le triangle ABA est rectangle en B.
−−→ −−→
Il en résulte que les vecteurs AB et A B sont orthogonaux.
−−→ −−→
Or, M ∈ (AB), ce qui implique que M A et A B sont aussi orthogonaux.
Par conséquent, nous obtenons
−−→ −−→
M A.A B = 0.
Nous en concluons
−−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M A.M A .
2. Le centre O du cercle est le milieu du segment [AA ]. En appliquant,
dans le triangle AM A la proposition de réduction du paragraphe 9.5.3, nous
obtenons
−−→ −−→ AA2 (2r)2
M A.M A = M O2 − = OM 2 − = OM 2 − r2 .
4 4
De la question précédente, il résulte que
−−→ −−→
M A.M B = OM 2 − r2 .
3. En considérant le point C  diamétralement opposé à C, nous prouvons
de la même façon que
−−→ −−→ −−→ −−−→
M C.M D = M C.M C = OM 2 − r2 .
Nous en concluons
−−→ −−→ −−→ −−→
M A.M B = M C.M D,
ce qui signifie que la puissance du point M par rapport au cercle (C) ne dépend
pas de la sécante choisie.
4.

470 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 471

Le théorème de Pythagore, dans le triangle M T O rectangle en T , nous dit


que

M T 2 = OM 2 − OT 2 = OM 2 − r2 .

En utilisant la question 2, nous en concluons


−−→ −−→
M A.M B = M T 2 .

Exercice 5. Puissance d’un point et ensembles de points


Les données sont celles de l’exercice précédent. Les questions de cet exercice
sont indépendantes.
1. Soit un réel k.
Quel est l’ensemble Ck des points M du plan tel que C(M ) = k.
2. Soient (C) et (C � ) deux cercles sécants de centres respectifs O et O�
distincts et de même rayon r > 0. Pour tout point M , on désigne par :
 C(M ) la puissance du point M par rapport au cercle (C),
 C � (M ) la puissance du point M par rapport au cercle (C � ).
Quel est l’ensemble E des points M tels que C(M ) = C � (M ) ?
3. Déterminer l’ensemble E lorsque (C) et (C � ) sont deux cercles sécants de
centres respectifs O et O� distincts et de rayons r > 0 et r� > 0, avec r �= r� .
Solution
1. Soit M un point du plan. Nous avons

M ∈ Ck ⇔ OM 2 − r2 = k ⇔ OM 2 = r2 + k.

Nous déduisons trois cas par disjonction.


1ercas : r2 + k > 0, soit k > −r2 .
Nous en concluons que Ck est le cercle de centre O et de rayon

r= r2 + k.

Ainsi pour chaque valeur de k ∈]−r2 , +∞[, les cercles Ck sont concentriques
au cercle (C).
2ecas : r2 + k = 0, soit k = −r2 .
Dans ce cas, nous avons

OM 2 = 0 ⇔ M = O, soit C−r2 = {O}.

Produit scalaire 471


472 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

3ecas : r2 + k < 0, soit k < −r2 .


Dans ce dernier cas, nous en concluons que Ck = ∅.
2.

Soit M un point du plan. Nous avons

M ∈ E ⇔ OM 2 − r2 = O M 2 − r2 ⇔ OM 2 = O M 2 .

Puisque OM ≥ 0 et O M ≥ 0, nous en déduisons

M ∈ E ⇔ OM = O M .

Nous en concluons que E est la médiatrice du segment [OO ].


3.

472 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 473

Soit M un point du plan. Nous avons

M ∈ E ⇔ OM 2 − r2 = O M 2 − r2 ⇔ M O2 − M O2 = r2 − r2 .

En appliquant la seconde proposition du paragraphe 9.5.4, nous savons que


E est une droite orthogonale à la droite (OO ).
Plus précisément, en désignant par A et B les deux points d’intersection
des cercles (C) et (C  ), nous avons

C(A) = OA2 − r2 = 0 et C  (A) = O A2 − r2 = 0, soit C(A) = C  (A),

ce qui justifie que A ∈ E.


De la même façon, nous précisons que le point B ∈ E.
Nous en concluons que la droite E est la droite (AB).
Nous terminons cet exercice en précisant que la droite E est appelée axe
radical des deux cercles (C) et (C  ).

Exercice 6. Droite d’Euler dans un triangle


Soient ABC un triangle quelconque et Γ son cercle circonscrit, de centre
O.
Nous considérons le point H satisfaisant à
−−→ −→ −−→ −−→
OH = OA + OB + OC.

1. Justifier que H est l’orthocentre du triangle ABC.


2. Le point G étant le centre de gravité de ce triangle, montrer que les points
O, H et G sont alignés.
3. On désigne par I le milieu du segment [AB] et par H  le symétrique de
H par rapport au point I. Montrer que
−−→ −→
CH = 2OI.

En déduire que le point H  appartient au cercle Γ.

Produit scalaire 473


474 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Solution

1. Nous avons

−−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −→


CH.AB = (OH − OC).(OB − OA),
−→ −−→ −−→ −−→ −−→ −→
= (OA + OB + OC − OC).(OB − OA),
−−→ −→ −−→ −→
= (OB − OA).(OB − OA),
= OB 2 − OA2 .

Puisque O est le centre du cercle Γ circonscrit au triangle ABC, nous en


déduisons
−−→ −−→
OA = OB, ce qui implique CH.AB = 0.

Nous prouvons de la même façon que


−−→ −→
BH.AC = 0.

Ces deux produits scalaires égaux à 0, prouvent que les droites (CH) et
(BH) sont deux hauteurs du triangle ABC sécantes en H.
Nous en concluons que le point H est l’orthocentre de ce triangle.
2. Nous rappelons que le centre de gravité du triangle ABC est l’unique
point G satisfaisant à :
−→ −−→ −−→ �
GA + GB + GC = 0.

474 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 475

Nous réduisons cette égalité, en introduisant le point O via la relation de


Chasles, pour obtenir
−−→ −→ −−→ −−→
3OG = OA + OB + OC.

Nous en déduisons
−−→ −−→
3OG = OH,
−−→ −−→
ce qui prouve que les vecteurs OG et OH sont colinéaires.
Nous en concluons que les points O, H et G sont alignés.
Nous précisons que la droite passant par ces trois points est la droite d’Eu-
ler 3 du triangle ABC.
3. Dans le triangle AOB, en appliquant la propriété vectorielle de la mé-
diane, il vient
−→ −−→ −→
OA + OB = 2OI.

Nous en déduisons que


−−→ −→ −−→ −−→ −→ −−→
OH = OA + OB + OC = 2OI + OC,

ce qui implique
−−→ −−→ −→ −−→ −→
OH − OC = 2OI, soit CH = 2OI.
−−→ −→
Le point I est le milieu du segment [HH  ], donc IH  = HI.
Nous en déduisons
−−→ −→ −→ −−→
OH − OI = OI − OH,
−−→ −→
ce qui donne, puisque CH = 2OI,
−−→ −→ −−→
OH = 2OI − OH,
−−→ −−→
= CH − OH,
−−→ −−→
= CH + HO,
−−→
= CO.

−−→ −−→
L’égalité OH  = CO prouve que les points C et H  sont symétriques par
rapport au point O qui est centre du cercle Γ.
3. Leonhard Euler, mathématicien et physicien, 1707-1783

Produit scalaire 475


476 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Puisque C ∈ Γ, le point H  est diamétralement opposé à C, ce qui démontre


que H  ∈ Γ.
Remarque.
Nous démontrons de la même façon que les symétriques de l’orthocentre H
du triangle par rapport aux milieux de chacun des deux autres côtés appar-
tiennent aussi à Γ.
Dans le livre de Seconde de la même collection (page 108), nous avons
prouvé que les symétriques de l’orthocentre H du triangle par rapport à chacun
des trois côtés appartiennent également à Γ.

Exercice 7. Centre de gravité : une relation métrique


Soit ABC un triangle quelconque de centre de gravité G.
On pose AB = c > 0, AC = b > 0 et BC = a > 0. On désigne par I, J et
K les milieux respectifs des segments [AB], [BC] et [AC].
1. Montrer que :
1
GA2 + GB 2 + GC 2 = (a2 + b2 + c2 ).
3
2. Déterminer l’ensemble Γ des points M du plan tels que

M A 2 + M B 2 + M C 2 = a2 + b2 + c 2 .

Déterminer et construire Γ lorsque le triangle ABC est équilatéral.


Solution

Nous appliquons la propriété métrique de la médiane ( paragraphe 9.5.2)


relativement aux trois milieux I, J et K respectifs des segments [AB], [BC]
et [AC]. Il vient
BC 2
AB 2 + AC 2 = 2AJ 2 + ,
2
AC 2
BA2 + BC 2 = 2BK 2 + ,
2
AB 2
CA2 + CB 2 = 2CI 2 + .
2

476 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 477

En additionnant membres à membres ces trois égalités, nous obtenons


BC 2 AC 2 AB 2
2AB 2 + 2AC 2 + 2BC 2 = 2(AJ 2 + BK 2 + CI 2 ) + + + ,
2 2 2
ce qui donne
3
2(AJ 2 + BK 2 + CI 2 ) = (AB 2 + AC 2 + BC 2 ).
2
Puisque G est le centre de gravité du triangle ABC, nous avons
2 2 2
AG = AJ, BG = BK et CG = CI,
3 3 3
ce qui donne
9 9 9
AJ 2 = AG2 , BK 2 = BG2 et CI 2 = CG2 .
4 4 4
Nous en déduisons
9 3
2 × (GA2 + GB 2 + GC 2 ) = (a2 + b2 + c2 ).
4 2
Après simplification, nous en concluons
1
GA2 + GB 2 + GC 2 = (a2 + b2 + c2 ).
3
2. Nous commençons par réduire le réel f (M ) = M A2 + M B 2 + M C 2 , en
utilisant le centre de gravité G du triangle ABC. Nous obtenons

−−→ −−→ −−→


f (M ) = M A2 + M B 2 + M C 2 ,
−−→ −→ −−→ −−→ −−→ −−→
= (M G + GA)2 + (M G + GB)2 + (M G + GC)2 ,
−−→ −→ −−→ −−→
= 3M G2 + GA2 + GB 2 + GC 2 + 2M G.(GA + GB + GC).

−→ −−→ −−→
Puisque GA + GB + GC = �0, nous en déduisons, pour tout point M , la
formule de réduction attendue, soit

f (M ) = M A2 + M B 2 + M C 2 = 3M G2 + GA2 + GB 2 + GC 2 .

Par conséquent, en utilisant la question 1, nous avons

1
M ∈ Γ ⇔ 3M G2 + (a2 + b2 + c2 ) = a2 + b2 + c2 ,
3
2
⇔ 3GM 2 = (a2 + b2 + c2 ),
3
2 2
⇔ GM = (a + b2 + c2 ).
2
9

Puisque a2 + b2 + c2 > 0, il vient

Produit scalaire 477


478 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

2√ 2
M ∈ Γ ⇔ GM = a + b2 + c 2 .
3
Nous en concluons que Γ est le cercle de centre G et de rayon

2√ 2
r= a + b2 + c 2 .
3
On suppose que ABC est équilatéral. Puisque que a = b = c, nous obtenons
√ √
2√ 2 3 √
M ∈ Γ ⇔ GM = 3a ⇔ GM = a × 2.
3 3

3 2
Dans ce triangle équilatéral, nous savons que CI = a et CG = CI
2 3
donc
√ √
2 3 a 3
CG = × a = ,
3 2 3
ce qui donne

M ∈ Γ ⇔ GM = 2GC.

Nous en concluons que dans ce cas particulier, Γ est le cercle de centre G et



de rayon r = 2GC, c’est-à-dire le cercle de centre G et de rayon la longueur
d’un diagonale du carré de côté GC, comme indiqué sur la figure.

Exercice 8. Géométrie analytique : orthocentre


Dans la plan muni d’un repère orthonormal (O; �ı, �j), on donne les points
A(−1, 1), B(1, 1) et C(c, 0), avec c ∈ R.
Montrer que lorsque C décrit la droite des abscisses, l’orthocentre H du
triangle ABC appartient à une courbe que l’on précisera.

478 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 479

Solution

Nous désignons par hB la hauteur du triangle ABC issue du sommet B.


Soit M (x, y). Il vient

−−→ −→
M ∈ hB ⇔ BM .AC = 0,
⇔ (x − 1) × (c + 1) + (y − 1) × (−1) = 0,
⇔ (c + 1)x − y − 1 = 0,
⇔ y = (c + 1)x − c.

La hauteur hC du triangle ABC issue du sommet C est orthogonale à la


droite (AB) d’équation y = 1. Il en résulte que cette hauteur est parallèle à la
droite des ordonnées, donc a pour équation

hc : x = c.

Pour déterminer les coordonnées (x, y) de l’orthocentre H, nous résolvons


le système
 
x=c x=c
⇔ .
y = (c + 1)x − c y = c2

Nous en concluons que H(c, c2 ).


Par conséquent, lorsque C décrit la droite des abscisses, l’orthocentre H
du triangle ABC appartient à la parabole P de référence dont une équation
est y = x2 .

Produit scalaire 479


480 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Exercice 9. Géométrie analytique : projeté orthogonal


Dans le plan muni d’un repère orthonormal (O; �ı, �j), on donne le point
A(a, b), distinct de l’origine O.
On désigne par E et F les projetés orthogonaux du point A, respectivement
sur la droite des abscisses et sur la droite des ordonnées.
1. Déterminer une équation de la droite (EF ).
2. Justifier que d(A, (EF )) = d(O, (EF )).
3. On désigne par H et H0 les projetés orthogonaux du point A sur la droite
(EF ), respectivement des points M et O.
Quelle est la nature du quadrilatère OHAH0 ?
4. Déterminer les coordonnées de H0 . En déduire les coordonnées du point
H.
Solution

1. Nous avons
−−→
E(a, 0) et F (0, b), donc EF (−a, b).

480 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 481

−−→ −−→
Un point M (x, y) ∈ (EF ) si et seulement si EF et EM sont colinéaires,
ce qui équivaut à
 
x − a −a
 
  = 0 ⇔ b(x − a) + ay = 0.
 y b 

Nous en concluons qu’une équation de la droite (EF ) est

bx + ay − ab = 0.

2. Nous appliquons la formule analytique établie au paragraphe 9.5.6. Il


vient :
|b × a + a × b − ab| |ab|
d(A, (EF )) = √ =√ ,
2
a +b 2 a 2 + b2
|b × 0 + a × 0 − ab| | − ab| |ab|
d(O, (EF )) = √ =√ =√ .
a 2 + b2 a 2 + b2 a 2 + b2
Nous en concluons

d(A, (EF )) = d(O, (EF )).

3. Les droites (OH0 ) et (AH) sont perpendiculaires à la droite (EF ) en H0


et H respectivement.
Elles sont donc parallèles entre elles.
De plus, les deux segments [OH0 ] et [AH] ont la même longueur, nous en
concluons que le quadrilatère OHAH0 est un parallélogramme.
4. Posons H0 (x0 , y0 ). Nous avons
−−→ −−→
H0 ∈ (EF ) et OH0 .EF = 0,

ce qui équivaut au système


 
bx0 + ay0 − ab = 0 bx0 + ay0 = ab
⇔ .
−ax0 + by0 = 0 ax0 − by0 = 0

Nous utilisons les formules de Cramer 4 , il vient


 
b a 
 
D=  = −(a2 + b2 ).
a −b

Puisque A(a, b) �= O, nous avons a �= 0 ou b �= 0.


Nous en déduisons que D �= 0, ce qui prouve que le système obtenu admet
un unique couple solution (x0 , y0 ) tel que :
4. Mathématicien suisse : 1704-1752

Produit scalaire 481


482 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE
� �
�ab a �
� �
� �
� 0 −b� ab2
x0 = = ,
−(a2
� +� b2 ) a2 + b2
� b ab�
� �
� �
�a 0 � a2 b
y0 = = .
−(a2 + b2 ) a 2 + b2
ab2 a2 b
Nous en concluons que H0 ( , ).
a 2 + b2 a 2 + b 2
Nous posons H(xH , yH ). Le quadrilatère OHAH0 est un parallélogramme,
donc :
−−→ −−→
OH0 = HA,

ce qui équivaut à

� ⎪ a2 b a3
a − xH = x0 ⎨ xH = a − x0 = a − =
⇔ a 2 + b2 a 2 + b2 ,
b − yH = y0 ⎪
⎩ yH a2 b b3
= b − y0 = b − 2 =
a + b2 a 2 + b2
ce qui permet de conclure par
a3 b3
H( , ).
a 2 + b2 a 2 + b2
Exercice 10. Inégalité de Cauchy 5 - Schwarz 6
Soient �u et �v deux vecteurs non nuls .
Nous proposons dans cet exercice de démontrer, par deux méthodes, l’in-
égalité de Cauchy-Schwarz :

|�u.�v | ≤ ||�u|| × ||�v ||.

Méthode 1 : trigonométrique.
En utilisant l’expression du produit scalaire en fonction de l’angle orienté
(�u, �v ), justifier l’inégalité proposée.
Que peut-on dire des vecteurs �u et �v lorsque l’égalité est atteinte ?
Méthode 2 : second degré.
Pour tout réel x, nous posons :

p(x) = ||x�u − �v ||2 .


5. Mathématicien français : 1789-1857
6. Mathématicien allemand : 1843-1921

482 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 483

Justifier que x �→ p(x) est un trinôme du second degré.


Quel est son signe ?
En déduire l’inégalité proposée.
Á nouveau, que peut-on dire des vecteurs �u et �v dans le cas où l’égalité est
atteinte ?
Solution
Méthode 1
Pour tous les vecteurs �u et �v non nuls, nous savons que :

�u.�v = ||�u|| × ||�v || × cos(�u, �v ).

Il en résulte

|�u.�v | = ||�u|| × ||�v || × | cos(�u, �v )|.

Puisque | cos(�u, �v )| ≤ 1, nous en concluons

|�u.�v | ≤ ||�u|| × ||�v ||.

Nous disposons d’une égalité si et seulement si

| cos(�u, �v )| = 1 ⇔ cos(�u, �v ) = 1 ou cos(�u, �v ) = −1,


⇔ (�u, �v ) = 0[2π] ou (�u, �v ) = π[2π],
⇔ (�u, �v ) = 0[π].

Nous en concluons que l’égalité est atteinte si et seulement si les vecteurs


�u et �v sont colinéaires.
Méthode 2
Pour tout réel x, nous obtenons

p(x) = (x�u − �v )2 = x2 (�u 2 ) − 2x(�u.�v ) + �v 2 = x2 ||�u||2 − 2x(�u.�v ) + ||�u||2 .

Nous en déduisons que p(x) est un trinôme du second degré.


Par définition de ce dernier, nous avons

∀x ∈ R, p(x) ≥ 0,

ce qui justifie que le discriminant réduit Δ de ce trinôme est négatif ou nul.


Or nous avons :

Δ = (−(�u.�v ))2 − ||�u||2 × ||�v ||2 = (�u.�v )2 − (||�u|| × ||�v ||)2 .

Produit scalaire 483


484 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Par conséquent, nous en déduisons

Δ ≤ 0 ⇔ (�u.�v )2 ≤ (||�u| × |||�v ||)2 ,


 
⇔ (�u.�v )2 ≤ (||�u| × |||�v ||)2 ,
⇔ |�u.�v | ≤ ||�u|| × ||�v ||.

L’égalité est atteinte si et seulement si Δ = 0.


Dans ce cas, nous savons qu’il existe un réel x tel que p(x) = 0, c’est-à-dire
qu’il existe un réel x tel que :
x�u − �v = �0, soit �v = x�u,
ce qui prouve que l’égalité a lieu si et seulement si les vecteurs �u et �v sont
colinéaires.
Exercice 11. Géométrie Analytique : famille de cercle
Soit un réel a. Dans la plan muni d’un repère orthonormal (O; �ı, �j), nous
considérons l’ensemble Ca des points M (x, y) tels que
x2 + y 2 + ax + (4 − a)y + 2 = 0.
1. Montrer que pour tout réel a �= 2, Ca est un cercle dont on donnera le
centre Ωa et le rayon ra .
Que peut-on dire de C2 ?
2. Étudier l’intersection des cercles C0 et C1 .
Que peut-on dire de ces deux cercles ?
En déduire que, quel que soit le réel a �= 2, les cercles Ca passent par un
même point A.
3. Montrer que l’ensemble (d) décrit par les points Ωa lorsque a ∈ R est
une droite dont on donnera une équation.
4. Que peut-on dire de la droite (δ) perpendiculaire à (d) au point A ?
Solution
1. Soit M (x, y) un point du plan. Nous avons
M ∈ Ca ⇔ (x2 + ax) + (y 2 + (4 − a)y) + 2 = 0.
Nous mettons chacun des trinômes x2 + ax et y 2 + (4 − a)y sous leur forme
canonique. Nous obtenons :
a a a a a2
x2 + ax = x2 + 2( )x + ( )2 − ( )2 = (x + )2 − ,
2 2 2 2 4
4−a 4−a 2 4−a 2 4 − a 2 (4 − a)2
2 2
y + (4 − a)y = y + 2( )y + ( ) −( ) = (y + ) − .
2 2 2 2 4

484 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 485

Nous en déduisons

a 4 − a 2 a2 (4 − a)2
M ∈ Ca ⇔ (x + )2 + (y + ) = + − 2,
2 2 4 4
ce qui donne après simplication du membre de droite,
a 4 − a 2 (a − 2)2
M ∈ Ca ⇔ (x + )2 + (y + ) = .
2 2 2
(a − 2)2
Par conséquent, lorsque a �= 2, nous avons > 0, ce qui prouve que
2
a 4−a |a − 2|
Ca est un cercle de centre Ωa (− , − ) et de rayon ra = √ .
2 2 2
Si a = 2, alors C2 est réduit au point Ω2 (−1, −1).
2. Un point M (x, y) appartient à C0 ∩ C1 si et seulement si le couple (x, y)
est solution du système

x2 + y 2 + 4y + 2 = 0
x2 + y 2 + x + 3y + 2 = 0

En soustrayant membres à membres ces deux équations, nous obtenons


  
x2 + y 2 + 4y + 2 = 0 2(x2 + 2x + 1) = 0 2(x + 1)2 = 0
⇔ ⇔ .
x=y y=x y=x

Nous en concluons que ce système admet pour unique solution le couple


(−1, −1).
Par conséquent les cercles C0 et C1 sont sécants en un point A(−1, −1)
Ces deux cercles sont tangents au point A.
Nous remarquons que A = Ω2 .

Pour tout réel a �= 2, nous avons :

Produit scalaire 485


486 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

(−1)2 + (−1)2 + a(−1) + (4 − a)(−1) + 2 = 2 − a − 4 + a + 2 = 0,

ce qui prouve que, quel que soit a �= 2, A ∈ Ca .


3. En tenant compte du cas a = 2, lorsque a ∈ R, nous savons que Ωa (x, y),
avec
⎧ a

⎪ x=−

⎨ 2
.

⎪ 4−a

⎩ y=−
2
Nous en déduisons
a
y = −2 + , soit y = −x − 2,
2
ce qui prouve que (d) est la droite dont une équation est y = −x − 2.

4. Pour tout réel a �= 2, nous avons

a a−4
AΩ2a = (− + 1)2 + ( + 1)2 ,
2 2
a
= 2( − 1)2 ,
2
(a − 2)2
= ,
2
= ra2 .

Il en résulte que AΩa = ra , ce qui prouve que la droite (δ) est, pour tout
réel a �= 2, tangente en A à chaque cercle Ca .

486 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 487

Exercice 12. Géométrie analytique : un ensemble de points


Soient A et B deux points distincts tels que AB = 2d, avec d > 0.
MA
Nous désignons par Ek l’ensemble des points M du plan tels que = k,
MB
où k est un réel strictement positif.
1. Déterminer E1 .
Nous supposons pour poursuivre cet exercice que k �= 1.
1 −−→
2. En posant �ı = AB et en choisissant un repère orthonormal dont la
2d
base est (�ı, �j), déterminer une équation cartésienne de Ek .
3. Montrer que Ek est un cercle dont on donnera le centre Ωk et le rayon
rk .
Représenter E2 , avec d = 2.
Solution
1. Nous avons

M ∈ E1 ⇔ M A = M B,

ce qui justifie que E1 est la médiatrice du segment [AB].


1 −−→ π
2. En posant �ı = AB, en choisissant �j unitaire tel que (�ı, �j) = [2π] et
2d 2
O milieu du segment [AB], nous munissons le plan d’un repère orthonormal
direct (O; �ı, �j).
Relativement à ce repère, nous avons A(−d, 0), B(d, 0) et considérons un
point M (x, y).
Pour k > 0 et k �= 1, il vient

M ∈ Ek ⇔ M A2 = k 2 M B 2 ,
M ∈ Ek ⇔ (x + d)2 + y 2 = k 2 (x − d)2 + k 2 y 2 ,
M ∈ Ek ⇔ x2 + 2xd + d2 + y 2 = k 2 x2 − 2k 2 xd + k 2 d2 + k 2 y 2 ,
M ∈ Ek ⇔ (1 − k 2 )x2 + 2xd(1 + k 2 ) + (1 − k 2 )y 2 + (1 − k 2 )d2 = 0.

Puisque 1 − k 2 �= 0, nous en déduisons


1 + k2
M ∈ Ek ⇔ x2 + y 2 + 2d x + d2 = 0.
1 − k2
1 + k2
La forme canonique du trinôme x2 + 2d x est
1 − k2
 2  2
1 + k2 1 + k2
x+ d − d2 ,
1 − k2 1 − k2
ce qui donne :

Produit scalaire 487


488 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

 2  2 
1 + k2 1 + k2
M ∈ Ek ⇔ x+ d + y2 = − 1 d2 .
1 − k2 1 − k2

Or nous avons
 2
1 + k2 (1 + k 2 )2 − (1 − k 2 )2
−1= ,
1 − k2 (1 − k 2 )2
((1 + k 2 ) − (1 − k 2 ))((1 + k 2 ) + (1 − k 2 ))
= ,
(1 − k 2 )2
4k 2 (1 + k 2 )
= .
(1 − k 2 )2

Ainsi, une équation de Ek est


 2
1 + k2 2 2 2
2 = 4k d (1 + k ) .
x+ d + y
1 − k2 (1 − k 2 )2

1 + k2
3. Nous considérons le point Ωk (− d, 0).
1 − k2
4k 2 d2 (1 + k 2 )
Puisque, pour k > 0 et k �= 1, > 0, nous en concluons que
(1 − k 2 )2
Ek est le cercle de centre Ωk et de rayon
 √
4k 2 d2 (1 + k 2 ) 2kd 1 + k 2
rk = = .
(1 − k 2 )2 |1 − k 2 |

488 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 489

Exercice 13. Géométrie analytique : Symétrie par rapport à la


première bissectrice
Dans le plan muni d’un repère orthonormal (O; �ı, �j), nous considérons la
droite (δ) d’équation y = x.
1. A chaque point M (x, y) est associé un unique point M  (x , y  ) tel que :
 si M ∈
/ (δ), alors cette dernière est la médiatrice du segment [M M  ],
 si M ∈ (δ), alors M  = M .
En d’autres termes, le point M  est le symétrique de M par rapport à la
droite (δ). Déterminer x et y  en fonction de x et y.
2. Plus généralement, soit a ∈ R. Traiter la même question lorsque (δa ) est
la droite d’équation y = ax.
Décrire les deux cas particuliers : a = 0 ou a = −1.
Solution
1.

Soient M (x, y) et M  (x , y  ) tels que M  est le symétrique de M par rapport


à la droite (δ) dont une équation est y = x.
• Si M ∈ (δ), alors nous obtenons immédiatement

x = x
.
y = y

• Si M ∈
/ (δ), alors les deux conditions suivantes sont satisfaites :
 le milieu du segment [M M  ] appartient à (δ),
−−−→
 le vecteur M M  est normal à (δ).
Puisque le vecteur de coordonnées (1, 1) est directeur (δ), nous en déduisons
le système

Produit scalaire 489


490 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE
⎧ 
⎨ y+y x + x
=
2 2 .
⎩ (x − x) + (y  − y) = 0

Nous résolvons ce dernier, en considérant que le couple (x , y  ) est inconnu


et en supposant que le couple (x, y) est donné. Il vient
� �
x − y  = −x + y 2x = 2y
⇔ .
x + y  = x + y 2y  = 2x

Nous en concluons la définition analytique de la symétrie par rapport à la


droite (δ), c’est-à-dire x et y  exprimés en fonction de x et y, par :

x = y
.
y = x

Remarque. C’est cette symétrie par rapport à la première bissectrice que


nous utilisons lorsque que nous souhaitons représenter les premiers termes
d’une suite sur la droite des abscisses d’un repère.
2. Soit un réel a. Pour M ∈
/ (δa ), nous procédons de la même façon, avec
cette fois le vecteur de coordonnées (1, a) qui est directeur (δa ), ce qui donne
le système
⎧  �
⎨ y+y x + x
=a ax − y  = −ax + y
2 2 ⇔ .
⎩ (x − x)a + (y  − y) = 0 x + ay  = x + ay

Le déterminant de ce système est


� �
�a −1�
� �
D=� � = a2 + 1 �= 0.
�1 a �

Il en résulte que
� �
�−ax + y −1�
� �
� �
� x + ay a� a(−ax + y) + x + ay 1 − a2 2a
x = = = x+ 2 y,
� a2 + 1 � 2
a +1 2
a +1 a +1
�a −ax + y �
� �
� �
�1 x + ay � a(x + ay) − (−ax + y) 2a a2 − 1
y = = = x + y.
a2 + 1 a2 + 1 a2 + 1 a2 + 1

490 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 491

 
x = x x = −y
a=0 a = −1
y  = −y y  = −x

Exercice 14 . Géométrie analytique : hyperbole et orthocentre


Dans le plan muni d’un repère orthonormal (O; �ı, �j), nous considérons l’hy-
1
perbole (H) d’équation y = . Montrer que si A, B et C sont trois points
x
distincts de (H), alors l’orthocentre H du triangle ABC appartient à (H).
Solution
Nous pouvons choisir indifféremment les trois points sur une branche de
l’hyperbole, ou deux points sur une même branche et le troisième sur l’autre.
Pour des raisons de clarté de la figure nous optons pour la seconde possibilité.
Soient A, B et C trois points distincts de (H), d’abscisses respectives a �= 0,
b �= 0 et c �= 0.

 Nous commençons par déterminer une équation de la hauteur (ΔC ) issue


du sommet C, dans le triangle ABC.

Produit scalaire 491


492 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Soit un point M (x, y) un point de cette hauteur. Nous avons


−−→ −−→
M ∈ (ΔC ) ⇔ CM .AB = 0.
−−→ 1 −−→ 1 1
Puisque CM (x − c, y − ) et AB(b − a, − ), nous obtenons
c b a

1 1 1
M ∈ (ΔC ) ⇔ (x − c)(b − a) + (y − )( − ) = 0,
c b a
1 1 1 1
M ∈ (ΔC ) ⇔ bx − ax − bc + ac + y − y − + = 0,
b a bc ac
b−a b−a
M ∈ (ΔC ) ⇔ (b − a)x − y − (b − a)c + = 0,
ab abc
b−a 1
M ∈ (ΔC ) ⇔ (b − a)x − y + (b − a)( − c) = 0.
ab abc

Puisque b − a �= 0, une équation de (ΔC ) est


1 1
x− y+ − c = 0.
ab abc
 Un point H appartient à (ΔC ) et à (H) si et seulement si ses coordonnées
(x, y), avec x �= 0, satisfont au système

⎪ 1 1

⎪ x− y+ −c=0
⎨ ab abc
.


⎩ y= 1

x
Nous en déduisons l’équation "aux abscisses", notée (E) :
1 1 1
x− + − c = 0,
ab x abc
ce qui, pour x �= 0, équivaut à

1 1
(E) ⇔ x2 + ( − c)x − = 0,
abc ab
2 2
(E) ⇔ abcx + (1 − abc )x − c = 0.

L’équation (E) du second degré admet c pour solution (évidente) car


C ∈ (ΔC ).
Nous vérifions que abc × c2 + (1 − abc2 )c − c = abc3 + c − abc3 − c = 0.
Il en résulte, en calculant le produit des deux racines,
c 1 1
xH × c = − = − , soit xH = − .
abc ab abc

492 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 493

1
Nous en concluons que H(− , −abc) appartient à (ΔC ) et à (H).
abc
 Pour finir, nous prouvons que le point H appartient aussi à la hauteur
(ΔB ) du triangle ABC issue du sommet B.
−−→ −→
Pour cela, nous calculons le produit scalaire BH.AC. Nous obtenons

−−→ −→ 1 1 1
BH.AC = (xH − b)(c − a) + (yH − )( − ),
c b a
1 1 1 1
= (− − b)(c − a) + (−abc − )( − ),
abc c b a
1 1 1 1
=− + − bc + ab − ab + bc − + ,
ab bc bc ab
= 0,

ce qui prouve que H ∈ (ΔB ). Nous en concluons que l’orthocentre H du


triangle ABC appartient à l’hyperbole (H).

Exercice 15. Pied de la bissectrice


Soit ABC un triangle quelconque tel que AB = c > 0, AC = b > 0 et
BC = a > 0.
“ coupe le côté [BC] en un point I.
La bissectrice intérieure de l’angle A
IB c
1. Montrer que = .
IC
−→ b−→ �
2. Justifier que bIB + cIC = 0.
En déduire que
ac ab
IB = et IC = .
b+c b+c
3. Montrer que a × AI 2 = b2 × IB + c2 × IC − a × IB × IC.
En déduire que
bc
AI 2 = (b + c − a)(b + c + a).
(b + c)2

Produit scalaire 493


494 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

Solution

1. La formule des sinus dans le triangle BAI donne



sin BAI ’
sin BIA
= .
BI c
La formule des sinus dans le triangle CAI donne

sin CAI ’
sin CIA
= .
CI b
“ nous avons :
Puisque (AI) est la bissectrice de l’angle A,

’ = sin CAI.
sin BAI ’

’ + CIA
Puisque BIA ’ = π, nous en déduisons

’ = sin(π − CIA)
sin BIA ’ = sin CIA.

Il en résulte que

sin BAI BI ’
sin CAI CI
= = = ,

sin BIA c ’
sin CIA b
ce qui implique
BI CI IB c
= , soit = .
c b IC b
−→ −→
2. Comme le point I ∈ [BC], nous affirmons que les vecteurs IB et IC sont
colinéaires, de sens contraires.
c
De plus, nous savons que IB = − IC, nous en concluons :
b

494 Chapitre 9
9.6. EXERCICES CORRIGÉS 495

−→ c −→ −→ −→
IB = IC, soit bIB + cIC = �0.
b
De cette égalité vectorielle, il résulte que
−→ −→ −−→ −→ −−→
bIB + c(IB + BC) = �0 ⇔ (b + c)BI = cBC.

Puisque b + c > 0, nous obtenons


−→ c −−→
BI = BC,
b+c
c
ce qui implique, puisque > 0,
b+c
c −−→ c ac
IB = || BC|| = BC = .
b+c b+c b+c
De la même façon, nous prouvons que

−→ b −−→
CI = CB,
b+c
et nous obtenons
ab
IC = .
b+c
3. Nous appliquons la formule d’Al-Kashi dans le triangle AIB, relative-
’ Il vient :
ment à l’angle AIB.


c2 = IA2 + IB 2 − 2 × IA × IB cos AIB.

Maintenant, nous appliquons la formule d’Al-Kashi dans le triangle AIC,


’ ce qui donne
relativement à l’angle AIC,


b2 = IA2 + IC 2 − 2 × IA × IC cos AIC.

’ + AIC
Puisque AIB ’ = π, nous en déduisons

’ = cos(π − AIB)
cos AIC ’ = − cos AIB.

Nous en déduisons que d’une part,

’= IA2 + IB 2 − c2
cos AIB ,
2 × IA × IB
et d’autre part,

’ = − cos AIC
’= b2 − (IA2 + IC 2 )
cos AIB .
2 × IA × IC
Produit scalaire 495
496 CHAPITRE 9. PRODUIT SCALAIRE

ac ab
Pour alléger les calculs, nous posons p = IB = et q = IC = .
b+c b+c
Nous en déduisons une équation d’inconnue IA2 , notée (E) :
(IA2 + p2 ) − c2 b2 − (IA2 + q 2 )
= .
2 × IA × p 2 × IA × q
Après simplification par 2 × IA > 0, nous obtenons

(E) ⇔ ((IA2 + p2 ) − c2 )q = (b2 − (IA2 + q 2 ))p,


(E) ⇔ q × IA2 + p2 q − c2 q = b2 p − IA2 × p − q 2 p,
(E) ⇔ (p + q) × IA2 = b2 p + c2 q − pq(p + q).

En remarquant que

p + q = IB + IC = BC = a,

nous obtenons

(E) ⇔ a × IA2 = b2 p + c2 q − pqa,


(E) ⇔ a × AI 2 = b2 × IB + c2 × IC − a × IB × IC,

ce qui donne
ac ab a3 bc
(E) ⇔ a × IA2 = b2 × + c2 × − .
b+c b + c (b + c)2
Nous en déduisons

b2 c c2 b a2 bc
AI 2 = + − ,
b + c b + c (b + c)2
 
b+c a2
= bc − ,
b + c (b + c)2
bc  2 2

= (b + c) − a ,
(b + c)2
bc
= (b + c − a)(b + c + a).
(b + c)2

Nous remarquons que, en vertu de l’inégalité triangulaire, nous avons

a < b + c.

L’inégalité est stricte car le triangle ABC n’est pas "aplati".


Par conséquent, l’expression obtenue de AI 2 > 0 est validée.
Nous pouvons en déduire que
1 
AI = bc(b + c − a)(b + c + a).
b+c

496 Chapitre 9
CHAPITRE 10
Chapitre 10
Fonctions trigonométriques
Fonctions trigonométriques

Nous débutons ce chapitre en donnant les principales propriétés qualitatives


des fonctions cosinus et sinus, c’est-à-dire leurs parités, leur sens variations et
leurs représentations graphiques. Cela nous amène naturellement à une intro-
duction à la notion de fonctions périodiques.
Nous proposons ensuite de mettre en place les formules d’addition qui per-
mettent de calculer le cosinus ou le sinus de la somme ou de la différence de
deux réels en fonction des cosinus et des sinus de ces deux réels.
Nous pouvons alors aborder un des objectifs principaux de ce chapitre : la
dérivation des fonctions trigonométriques sans oublier la fonction tangente.
Dans la partie "exercices corrigés", nous donnons comme approfondisse-
ment d’autres formules de trigonométrie comme les transformations de pro-
duits en sommes, de sommes en produits, ainsi que l’obtention des expressions
rationnelles de cos x et sin x.

10.1 Propriétés qualitatives


10.1.1 Parité

Proposition. Nous disposons des propriétés suivantes :


• Les fonctions x �→ cos x et x �→ sin x sont définies sur R.
• La fonction x �→ cos x est paire.
• La fonction x �→ sin x est impaire.

Démonstration. Ces trois propriétés sont justifiées au paragraphe 8.4.4, à


l’aide du cercle trigonométrique.

497 Fonctions trigonométriques 497


498 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Proposition. Les fonctions x �→ cos x et x �→ sin x sont périodiques de période


2π (ou 2π-périodiques). En d’autres termes, nous avons

∀x ∈ R, cos(x + 2π) = cos x et sin(x + 2π) = sin x.

Démonstration. Cette propriété est justifiée au paragraphe 8.4.2, à l’aide du


cercle trigonométrique.

Proposition (Action d’une translation sur Ccos et sur Csin ). Le plan est rap-
porté à un repère orthonormal (O ; �ı, �j).
Soit t la translation de vecteur 2π ·�ı. Nous avons
• quel que soit le point M ∈ Ccos , t(M ) ∈ Ccos .
• quel que soit le point M ∈ Csin , t(M ) ∈ Csin .

Démonstration. Soient M (x, y) et M � (x� , y � ) deux points tels que


M � = t(M ).
Nous avons

−−−→�
M M = 2π ·�ı,

ce qui donne
 
x� − x = 2π x� = x + 2π
⇔ .
y� − y = 0 y� = y

• Si M (x, y) ∈ Ccos , alors y = cos x.


Nous en déduisons que les coordonnées (x� , y � ) du point M � satisfont à
l’équation

y � = cos(x� − 2π) = cos x� .

Nous avons prouvé que M � = t(M ) ∈ Ccos .


• Nous montrons de la même façon que

∀M ∈ Csin , t(M ) ∈ Csin .

Remarque. On dit que les courbes Ccos et Csin sont globalement invariantes
par la translation t = t2π·�ı.

498 Chapitre 10
10.1. PROPRIÉTÉS QUALITATIVES 499

10.1.2 Sens de variations


Proposition. La fonction x �→ cos x est décroissante sur [0, π].

Démonstration. Une lecture sur le cercle trigonométrique permet de conclure


que si les réels a et b appartiennent à l’intervalle [0, π] tels que a ≤ b, alors
cos a ≥ cos b.

Proposition. La fonction x �→ sin x est


π
• croissante sur [0, ].
2
π
• décroissante sur [ , π].
2
Démonstration. De la même façon que ci-dessus, une lecture sur le cercle
trigonométrique permet de conclure.

π π
variations sur [0, ] variations sur [ , π]
2 2

Fonctions trigonométriques 499


500 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

10.1.3 Représentations graphiques


Connaissant les courbes Ccos et Csin sur l’intervalle [0, π], nous en déduisons :
• Ccos et Csin sur R+ par la translation de vecteur 2π ·�ı, puisque ces deux
courbes sont globalement invariantes par cette translation.
• Ccos sur R par symétrie par rapport à la droite des ordonnées car cos est
paire.
• Csin sur R par symétrie par rapport à l’origine du repère car sin est
impaire.
Ainsi, nous obtenons

10.1.4 Fonctions périodiques


Définition. Soit T un réel strictement positif. Une fonction f définie sur R
est périodique de période T (ou T -périodique) si et seulement si

∀x ∈ R, f (x + T ) = f (x).

Remarque. Si f est définie sur son ensemble de définition Df , cette fonction


est T-périodique si et seulement si

∀x ∈ Df , x + T ∈ Df
.
∀x ∈ Df , f (x + T ) = f (x)

Proposition. Si f est une fonction T -périodique, alors Cf est globalement


invariante par la translation de vecteur T ·�ı.

500 Chapitre 10
10.1. PROPRIÉTÉS QUALITATIVES 501

Démonstration. Nous procédons comme dans l’exercice 16 en remplaçant le


vecteur 2π ·�ı par T ·�ı.

Exemples. Nous en donnons trois.


 La fonction f : x �→ cos(2x) est π-périodique car pour tout réel x, nous
avons

f (x + π) = cos 2(x + π) = cos(2x + 2π) = cos(2x) = f (x).

 La fonction g : t �→ sin(2πt) est 1-périodique car pour tout réel t, il vient

g(t + 1) = sin 2π(t + 1) = sin(2πt + 2π) = sin(2πt) = g(t).

 Un signal "triangle".
Nous représentons graphiquement la fonction f définie sur R, 2-périodique
telle que

∀x ∈ [−1, 1], f (x) = |x|.

La fonction f , restreinte à l’intervalle [−1, 1] est paire.


Pour x ≥ 0, l’action successive de la translation de vecteur 2 ·�ı restitue la
partie de Cf correspondant à x ≥ 0.
La symétrie par rapport à la droite des ordonnées fournit la courbe Cf ,
pour tout réel x.

Fonctions trigonométriques 501


502 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

10.2 Les formules d’addition - De duplication


10.2.1 Formule d’addition
Proposition (action de cos sur une différence). Quels que soient les réels a et
b, nous disposons de l’égalité

cos(a − b) = cos a cos b + sin a sin b.

Démonstration. Le plan est muni d’un repère orthonormal direct (O ; �ı, �j).

Nous considérons deux points A et B appartenant au cercle trigonomé-


trique, qui sont repérés sur ce cercle, respectivement par deux réels a et b.
−→ −−→
Nous calculons de deux manières le produit scalaire OA.OB.
−→ −−→
D’une part, nous savons que l’angle (OA, OB) = (b − a)[2π].
Puisque OA = OB = 1 et sachant que x �→ cos x est paire, nous en
déduisons
−→ −−→
OA.OB = OA × OB × cos(b − a) = cos(a − b).

D’autre part, dans le repère orthonormal (O ; �ı, �j), nous avons


−→ −−→
OA(cos a, sin a) et OB(cos b, sin b),

ce qui donne
−→ −−→
OA.OB = cos a cos b + sin a sin b.
−→ −−→
Les deux expressions du produit scalaire OA.OB, permettent, pour tous
réels a et b, d’obtenir l’égalité attendue, c’est-à-dire notre première formule
d’addition :

502 Chapitre 10
10.2. LES FORMULES D’ADDITION - DE DUPLICATION 503

cos(a − b) = cos a cos b + sin a sin b.

Proposition (trois autres formules d’addition). Quels que soient les réels a et
b, nous disposons des égalités suivantes :

• cos(a + b) = cos a cos b − sin a sin b,


• sin(a − b) = sin a cos b − cos a sin b,
• sin(a + b) = sin a cos b + cos a sin b.

Démonstration. Soient deux réels a et b.


• Pour développer cos(a+b), nous remplaçons b par −b dans la proposition
précédente puis nous utilisons la parité des fonctions cos et sin.
Nous obtenons

cos(a + b) = cos(a − (−b)),


= cos a cos(−b) + sin a sin(−b),
= cos a cos b − sin a sin b.

• Pour développer sin(a − b), nous remarquons


π   π 
sin(a − b) = cos − (a − b) = cos ( + b) − a .
2 2
Nous en déduisons
 π 
sin(a − b) = cos ( + b) − a ,
2
π π
= cos( + b) cos a + sin( + b) sin a,
2 2
= − sin b cos a + cos b sin a,
= sin a cos b − cos a sin b.

• Pour développer sin(a + b), nous remplaçons b par −b dans le dévelop-


pement ci-dessus. Il vient

sin(a + b) = sin(a − (−b)),


= sin a cos(−b) − cos a sin(−b),
= sin a cos b + cos a sin b.

Fonctions trigonométriques 503


504 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Exemples. Nous en proposons deux.


π
1er exemple : Lignes trigonométriques de .
12
Nous avons

π π π
cos = cos( − ),
12 3 4
π π π π
= cos cos + sin sin ,
3√ 4 √ 3
√ 4
1 2 3 2
= × + × ,
2
√ 2
√ 2 2
6+ 2
= .
4

De la même façon, nous obtenons

π π π
sin = sin( − ),
12 3 4
π π π π
= sin cos − cos sin ,
√ 3 √ 4 3
√ 4
3 2 1 2
= × − × ,
√2 √2 2 2
6− 2
= .
4

2e exemple : Soit un réel ω > 0. Nous considérons les deux fonctions


définies, pour tout réel t, par f : t �→ cos(ωt) et g : t �→ sin(ωt).
Nous superposons ces deux fonctions, ce qui consiste à en former une com-
binaison linéaire, en particulier à considérer leur somme s = f + g.
Quel que soit le réel t, nous obtenons

s(t) = f (t) + g(t),


= cos(ωt) + sin(ωt),
√ √ 
√ 2 2
= 2 cos(ωt) + sin(ωt) ,
2 2
√  π π
= 2 cos(ωt) cos + sin(ωt) sin ,
4 4
√ π
= 2 cos(ωt − ).
4

Ainsi, s est une fonction trigonométrique de même pulsation ω que celle de


f et g. Nous étudierons le cas général dans l’exercice corrigé 8 de ce chapitre.

504 Chapitre 10
10.2. LES FORMULES D’ADDITION - DE DUPLICATION 505

10.2.2 Formules de duplication


Proposition (duplication ou passage à l’angle "moitié"). Pour tout réel x,
nous disposons des égalités suivantes :

• cos 2x = cos2 x − sin2 x = 2 cos2 x − 1 = 1 − 2 sin2 x,


• sin 2x = 2 sin x cos x.

Démonstration. Soit un réel x.


• Pour obtenir la première formule de duplication, nous appliquons le
développement de cos(a + b), en particulier pour a = b = x. Il vient

cos 2x = cos(x + x) = cos x cos x − sin x sin x = cos2 x − sin2 x.

De plus, puisque cos2 x + sin2 x = 1, nous en déduisons

cos 2x = cos2 x − (1 − cos2 x) = 2 cos2 x − 1,


cos 2x = (1 − sin2 x) − sin2 x = 1 − 2 sin2 x.

• Pour obtenir la seconde formule de duplication, nous appliquons le dé-


veloppement de sin(a + b), en particulier pour a = b = x, ce qui donne

sin 2x = sin(x + x) = sin x cos x + cos x sin x = 2 sin x cos x.

Corollaire (linéarisation ou passage à l’angle "double"). Pour tout réel x,


nous avons :
1
• cos2 x = (1 + cos 2x),
2
2 1
• sin x = (1 − cos 2x),
2
1
• sin x cos x = sin 2x.
2
Démonstration. Soit un réel x.
• Des égalités cos 2x = 2 cos2 x − 1 = 1 − 2 sin2 x, nous déduisons immé-
diatement que
1
cos2 x = (1 + cos 2x),
2
2 1
sin x = (1 − cos 2x).
2
• De l’égalité sin 2x = 2 sin x cos x, il résulte immédiatement que
1
sin x cos x = sin 2x.
2

Fonctions trigonométriques 505


506 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Exemples. Nous en donnons deux.


π
1er exemple : Lignes trigonométriques de .
8
En utilisant les formules de passage à l’angle "double", nous obtenons
√ √
π 1 π 1 π 1 2 2+ 2
cos2 = (1 + cos(2 × )) = (1 + cos ) = (1 + )= ,
8 2 8 2 4 2 √2 4√
π 1 π 1 π 1 2 2− 2
sin2 = (1 − cos(2 × )) = (1 − cos ) = (1 − )= .
8 2 8 2 4 2 2 4
π π π π
Puisque ∈]0, [, nous avons cos > 0 et sin > 0.
8 2 8 8
Nous en concluons
 √  √
π 2+ 2 π 2− 2
cos = et sin = .
8 2 8 2
2e exemple : Pour tout réel x, nous souhaitons linéariser cos 3x, c’est-à-
dire exprimer ce réel sous la forme d’un polynôme de la variable cos x.
Nous avons

cos 3x = cos(2x + x),


= cos 2x cos x − sin 2x sin x,
= (2 cos2 x − 1) cos x − 2(sin x cos x) sin x,
= 2 cos3 x − cos x − 2 cos x sin2 x,
= 2 cos3 x − cos x − 2 cos x(1 − cos2 x),
= 4 cos3 x − 3 cos x.

Nous utiliserons cette égalité dans l’exercice corrigé 7 de ce chapitre.


De la même manière, pour tout réel x, nous obtenons

sin 3x = −4 sin3 x + 3 sin x.

10.3 Dérivation des fonctions trigonométriques


10.3.1 Dérivées en 0 de sin et cos
Lemme. Nous disposons du résultat suivant :
sin x
lim = 1.
x→0 x
Démonstration. Dans l’exercice corrigé 5 du chapitre 4.8 nous avons prouvé
ce résultat qui est une forme indéterminée à mémoriser.

506 Chapitre 10
10.3. DÉRIVATION DES FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 507

Proposition. La fonction x �→ sin x est dérivable en 0 et nous avons

sin� (0) = 1.

Démonstration. Pour tout réel x �= 0, nous avons


sin x − sin 0 sin x
= ,
x−0 x
ce qui implique, en utilisant le lemme ci-dessus,
sin x − sin 0 sin x
lim = lim = 1.
x→0 x−0 x→0 x
Nous en concluons que la fonction x �→ sin x est dérivable en 0 et nous
obtenons

sin� (0) = 1.

Proposition. La fonction x �→ cos x est dérivable en 0 et nous avons

cos� (0) = 0.

Démonstration. Pour tout réel x �= 0, nous avons


cos x − cos 0 cos x − 1
= .
x−0 x
0
Nous observons, quand x tend 0, une forme indéterminée du type " ".
0
Pour x voisin de 0 et x �= π, on a

cos x − 1 (cos x − 1)(cos x + 1)


= ,
x x(cos x + 1)
cos2 x − 1
= ,
x(cos x + 1)
− sin2 x
= ,
x(cos x + 1)
sin x 1
=− × sin x × .
x cos x + 1

Puisque
sin x 1 1
lim − = −1, lim sin x = 0 et lim = ,
x→0 x x→0 x→0 cos x + 1 2
par produit, nous obtenons
cos x − cos 0 cos x − 1
lim = lim = 0.
x→0 x−0 x→0 x

Fonctions trigonométriques 507


508 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Nous en concluons que la fonction x �→ cos x est dérivable en 0 et nous


obtenons

cos� (0) = 0.
cos x − 1
Remarque. Nous retiendrons que lim = 0.
x→0 x

10.3.2 Dérivées de sin et cos


Proposition (dérivée de x �→ sin x). La fonction x �→ sin x est dérivable sur
R et, nous avons

∀x ∈ R, sin� (x) = cos x.

Démonstration. Soient a et h deux réels, avec h �= 0. Il vient

sin(a + h) − sin a sin a cos h + cos a sin h − sin a


= ,
h h
cos h − 1 sin h
= sin a × + cos a × .
h h

Puisque

cos h − 1 sin h
lim = 0 et lim = 1,
h→0 h h→0 h

par produit et somme, nous obtenons


sin(a + h) − sin a
lim = cos a.
h→0 h
Par conséquent la fonction x �→ sin x est dérivable en a ∈ R et nous avons

∀a ∈ R, sin� (a) = cos a.

En remplaçant a par x, nous obtenons la formule de dérivation :

∀x ∈ R, sin� (x) = cos x.

Proposition (dérivée de x �→ cos x). La fonction x �→ cos x est dérivable sur


R et, nous avons

∀x ∈ R, cos� (x) = − sin x.

508 Chapitre 10
10.3. DÉRIVATION DES FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 509

Démonstration. Pour tout réel x, nous savons que


π
cos x = sin( − x).
2
π
Par composition de x �→ sin x avec la fonction affine x �→ − x, toutes
2
deux dérivables sur R, pour tout réel x, nous obtenons
π π
cos x = (−1) sin ( − x) = − cos( − x) = − sin x.
2 2
Exemples. Nous en développons deux.
1er exemple : des tangentes
 Tangente à Csin en a = π.
Une équation de cette tangente est

y = sin (π)(x − π) + sin π, soit y = −x + π.

π
 Tangente à Ccos en a = .
2
Une équation de cette tangente est
π π π π
y = cos ( )(x − ) + cos , soit y = −x + .
2 2 2 2

2e exemple : quelques calculs de dérivées.


 Quelle est la dérivée sur R de f : x �→ x sin x ?
Cette fonction est dérivable par produit sur R.
Pour tout réel x, on a

f  (x) = 1 × sin x + x cos x = sin x + x cos x.

Fonctions trigonométriques 509


510 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

sin x
 Quelle est la dérivée sur R∗ de g : x �→ ?
x ∗
Cette fonction est dérivable par quotient sur R .
Pour tout réel x �= 0, nous avons

cos x × x − sin x × 1 x cos x − sin x


g � (x) = = .
x2 x2
 Quelle est la dérivée sur R de h : t �→ cos(πt) ?
Cette fonction est dérivable sur R par composition avec la fonction affine
t �→ πt.
Pour tout réel t, nous obtenons

h� (t) = π × cos� (πt) = −π sin(πt).

10.3.3 Dérivée de la fonction tangente


Proposition. La fonction tan est dérivable sur tout intervalle I tel que
π
/ I, avec k ∈ Z et, pour pour réel x ∈ I, nous avons
+ kπ ∈
2
1
tan� (x) = = 1 + tan2 x.
cos2 x
π
Démonstration. Pour tout réel x �= + kπ, avec k ∈ Z, nous savons que
2
sin x
tan x = .
cos x
Par conséquent cette fonction est dérivable par quotient sur tout intervalle
π
I tel que + kπ ∈ / I, avec k ∈ Z.
2
Pour tout réel x ∈ I, nous avons
sin� x cos x − sin x cos� x cos2 x + sin2 x 1
tan� (x) = = = = 1 + tan2 x.
cos2 x cos2 x cos2 x
π
Exemple. La fonction c définie sur tout intervalle I tel que k ∈ / I, avec
2
k ∈ Z, par :
1
c(x) = ,
tan x
est dérivable, par inverse, sur cet intervalle.
π
Pour tout réel x �= k , avec k ∈ Z, nous obtenons
2
tan� x 1 + tan2 x 1 1
c� (x) = − 2 = − 2 = −(1 + 2 )=− 2 .
tan x tan x tan x sin x

510 Chapitre 10
10.3. DÉRIVATION DES FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES 511

10.3.4 Dérivée de la composée avec une fonction affine


Proposition. Soient a et b deux réels, avec a �= 0.
Les fonctions f : x �→ sin(ax + b) et g : x �→ cos(ax + b) sont dérivables sur
R. Pour tout réel x, nous avons

f  (x) = a cos(ax + b),


g  (x) = −a sin(ax + b).

Démonstration. Les fonctions f et g sont dérivables sur R par composition


respectivement de sin et cos avec la fonction affine x �→ ax + b.
Pour tout réel x, nous obtenons

f  (x) = a sin (ax + b) = a cos(ax + b),


g  (x) = a cos (ax + b) = −a sin(ax + b).

Proposition. Soient a et b deux réels, avec a �= 0.


La fonction h : x �→ tan(ax + b) est dérivable pour tout réel x tel que
π
ax + b �= k , avec k ∈ Z et nous avons
2
a
h (x) = 2
= a(1 + tan2 (ax + b)).
cos (ax + b)
π
Démonstration. La fonction h est, pour tout réel x tel que ax + b �= k , avec
2
k ∈ Z, dérivable par composition de tan avec la fonction affine x �→ ax + b.
Nous obtenons
a
h (x) = a tan (ax + b) = = a(1 + tan2 (ax + b)).
cos2 (ax + b)

1 1
Exemple. Nous considérons la fonction f définie sur ] − , [ par :
2 2
f (x) = tan(πx) − πx.
1 1
Cette fonction est, sur ] − , [ , dérivable par composition et différence.
2 2
1 1
Pour tout réel x ∈] − , [, nous obtenons
2 2
f  (x) = π(1 + tan2 (πx)) − π = π tan2 (πx).
1 1
Puisque, pour tout réel x ∈] − , [, f  (x) ≥ 0, nous en déduisons que la
2 2
1 1
fonction f est croissante(strictement) sur ] − , [.
2 2

Fonctions trigonométriques 511


512 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

10.4 Exercices corrigés


10.4.1 Fonctions périodiques
Exercice 1. Sinus "redressé"
Soit f la fonction définie sur R par f (t) = | sin(πt)|.
1. Étudier la parité de la fonction f .
2. Justifier que f est 1-périodique.
3. Représenter graphiquement la fonction f .
Solution
1. Soit t ∈ R. Nous avons

f (−t) = | sin(π(−t))| = | − sin(πt)| = | sin(πt)| = f (t).

Nous en concluons que la fonction f est paire.


2. Soit t ∈ R. Nous avons

f (t + 1) = sin(π(t + 1))| = | sin(πt + π)| = | − sin(πt)| = | sin(πt)| = f (t),

ce qui justifie que f est 1-périodique.


3. Pour représenter graphiquement la fonction f , nous nous intéressons
d’abord à la restriction de f sur un intervalle de longueur une période, par
exemple sur l’intervalle [0, 1].
Par une translation de vecteur �ı, nous obtenons Cf restreint à R+ .
Enfin par symétrie par rapport à la droite des ordonnées, la courbe Cf est
obtenue, pour tout réel t.

Exercice 2. Étude d’une fonction trigonométrique


2
On considère la fonction f : x �→ .
cos(2x) + 2
1. Quel est l’ensemble de définition de cette fonction ?
2. Étudier la parité de la fonction f .
En déduire que sa courbe représentative Cf admet un élément de symétrie.

512 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 513
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 513

3. Montrer que f est π-périodique.


3. Montrer que f est π-périodique.
4. Expliquez comment représenter graphiquement la fonction f ?
4. Expliquez comment représenter 2graphiquement la fonction f ?
5. Justifier que, pour tout réel x, 2 ≤ f (x) ≤ 2.
5. Justifier que, pour tout réel x, 3 ≤ f (x) ≤ 2.
6. Déterminer les coordonnées des3 points communs à la courbe Cf et à la
6. Déterminer les coordonnées des points communs à la courbe Cf3 et à la
droite d’équation y = 2. Même question avec la droite d’équation y = 3 .
droite d’équation y = 2. Même question avec la droite d’équation y = 2 .
2
7. Soit a un réel tel que a ≥ 2. Déterminer une période de la fonction
7. Soit a aun réel tel que a ≥ 2. Déterminer une période de la fonction
g : x �→ a .
g : x �→ cos(ax) + a .
cos(ax) + a
Solution
Solution
1. La fonction f est définie à condition que cos(2x) + 2 �= 0.
1. La fonction f est définie à condition que cos(2x) + 2 �= 0.
Pour tout réel x, cette condition est réalisée car l’équation cos(2x) = −2
Pour tout réel x, cette condition est réalisée car l’équation cos(2x) = −2
n’a pas de solution.
n’a pas de solution.
Nous en concluons que Df = R.
Nous en concluons que Df = R.
2. Pour tout réel x, la fonction x �→ cos x étant paire, nous avons
2. Pour tout réel x, la fonction x �→ cos x étant paire, nous avons
2 2
f (−x) = 2 = 2 = f (x).
f (−x) = cos(−2x) + 2 = cos(2x) + 2 = f (x).
cos(−2x) + 2 cos(2x) + 2
La fonction f est paire.
La fonction f est paire.
Nous en déduisons que la droite des ordonnées est un axe de symétrie pour
Nous en déduisons que la droite des ordonnées est un axe de symétrie pour
la courbe C .
la courbe Cff .
3. Puisque x �→ cos x est 2π périodique, nous obtenons
3. Puisque x �→ cos x est 2π périodique, nous obtenons
2 2 2
f (x + π) = 2 = 2 = 2 = f (x),
f (x + π) = cos(2(x + π)) + 2 = cos(2x + 2π) + 2 = cos(2x) + 2 = f (x),
cos(2(x + π)) + 2 cos(2x + 2π) + 2 cos(2x) + 2
ce qui justifie que f est π-périodique.
ce qui justifie que f est π-périodique.
4. Pour représenter graphiquement la fonction f , nous nous intéressons
4. Pour représenter graphiquement la fonction f , nous nous intéressons
d’abord à la restriction de f sur un intervalle de longueur une période, par
d’abord à la restriction de f sur un intervalle de longueur une période, par
exemple sur l’intervalle [0, π].
exemple sur l’intervalle [0, π].
Par une translation de vecteur π ·�ı, nous obtenons Cf restreint à R+ .
Par une translation de vecteur π ·�ı, nous obtenons Cf restreint à R+ .
Enfin par symétrie par rapport à la droite des ordonnées, la courbe Cf est
Enfin par symétrie par rapport à la droite des ordonnées, la courbe Cf est
obtenue pour tout réel x.
obtenue pour tout réel x.

Fonctions trigonométriques 513


514 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

5. Soit x un réel quelconque. Nous savons que

−1 ≤ cos(2x) ≤ 1, ce qui implique 1 ≤ cos(2x) + 2 ≤ 3.

La fonction inverse est décroissante strictement sur ]0, +∞[. Il en résulte


1 1
≤ ≤ 1.
3 cos(2x) + 2
Nous en concluons
2
∀x ∈ R, ≤ f (x) ≤ 2.
3
6. Les abscisses des points communs à la courbe Cf et à la droite d’équation
y = 2 sont solutions de l’équation f (x) = 2. Ainsi nous avons
2
f (x) = 2 ⇔ = 2 ⇔ 2(cos(2x) + 2) = 2 ⇔ cos 2x = −1,
cos(2x) + 2
soit
π
cos 2x = −1 ⇔ 2x = π + k(2π) ⇔ x = + kπ.
2
Nous en concluons que les points communs à la courbe Cf et à la droite
π
d’équation y = 2 ont pour coordonnées ( + kπ, 2), avec k ∈ Z.
2
De la même façon, les abscisses des points communs à la courbe Cf et à la
2 2
droite d’équation y = sont solutions de l’équation f (x) = . Il vient
3 3
2 2 2
f (x) = ⇔ = ⇔ 3(cos(2x) + 2) = 6 ⇔ cos 2x = 1,
3 cos(2x) + 2 3
soit

cos 2x = 1 ⇔ 2x = k(2π) ⇔ x = kπ.

Nous en concluons que les points communs à la courbe Cf et à la droite


2 2
d’équation y = ont pour coordonnées (kπ, ), avec k ∈ Z.
3 3
Remarque. Nous observons sur la figure ci-dessus que les droites d’équa-
2
tions y = 2 et y = sont tangentes à la courbe Cf en une infinité de points.
3
7. Par analogie avec la question 3, pour tout réel x, nous avons
2π a a a
g(x + )= = = = g(x).
a 2π cos(ax + 2π) + a cos(ax) + a
cos(a(x + )) + a
a

Nous en concluons que la fonction g est -périodique.
a

514 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 515

10.4.2 Calculs trigonométriques


Exercice 3. Formules d’addition
Soient n et p deux entiers naturels non nuls.
sin nx cos nx
1. Quel est l’ensemble de définition de la fonction g : x �→ − ?
sin px cos px
2. Pour x ∈ Dg , déterminer l’expression la plus simplifiée du réel g(x).
3. Calculer g(x) lorsque n = 3p.
Solution
1. La fonction g est définie si et seulement si

sin px �= 0 et cos px �= 0.

Or nous avons

π
sin px = 0 ou cos px = 0 ⇔ px = 0[π] ou px = [π],
2
π
sin px = 0 ou cos px = 0 ⇔ px = 0[ ],
2
π
sin px = 0 ou cos px = 0 ⇔ x = 0[ ].
2p

Nous en concluons
 
π
Dg = R − k /k ∈ Z
2p
2. Pour tout réel x ∈ Dg , nous obtenons

sin nx cos px − cos nx sin px


g(x) = ,
sin px cos px
sin(nx − px)
= ,
sin px cos px
sin(n − p)x
= ,
1
sin 2px
2
2 sin(n − p)x
= .
sin 2px

3. Pour tout réel x ∈ Dg , si n = 3p, alors nous avons


sin 2px
g(x) = 2 = 2.
sin 2px

Fonctions trigonométriques 515


516 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Exercice 4. Formules d’addition et fonction tan


π π π
1. Soient a et b deux réels tels que a �= + kπ, b �= + kπ, a + b �= + kπ,
2 2 2
avec k ∈ Z et tan a × tan b �= 1. Montrer que

tan a + tan b
tan(a + b) = .
1 − tan a tan b
En déduire, sous réserve que l’égalité qui suit soit définie, que
tan a − tan b
tan(a − b) = .
1 + tan a tan b
π
2. Une application : calcul de tan .
12
1 + tan x
 Quel est l’ensemble de définition de la fonction g : x �→ ?
1 − tan x
π
 Justifier qu’il existe un réel α ∈]0, [ tel que pour tout réel x ∈ Dg ,
2
g(x) = tan(α + x).
5π π
 En déduire la valeur exacte de tan , puis celle de tan .
12 12
Solution
1. Soient deux réels a et b satisfaisant aux conditions de l’énoncé. Nous
avons

sin(a + b)
tan(a + b) = ,
cos(a + b)
sin a cos b + cos a sin b
= ,
− sin a sin b
cos a cos b  
sin a cos b cos a sin b
cos a cos b +
cos a cos b cos a cos b
=   ,
sin a sin b
cos a cos b 1 −
cos a cos b
sin a sin b
+
= cos a cosb ,
sin a sin b
1− ×
cos a cosb
tan a + tan b
= .
1 − tan a tan b

De la même manière, sous réserve que l’égalité à prouver soit définie, sa-
chant que la fonction tan est impaire, nous obtenons
tan a + tan(−b) tan a − tan b
tan(a − b) = tan(a + (−b)) = = .
1 − tan a tan(−b) 1 + tan a tan b

516 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 517

2.  La fonction g est définie si et seulement si


π
x �= + kπ, avec k ∈ Z et tan x �= 1.
2
Or nous avons
π π
tan x = 1 ⇔ tan x = tan ⇔ x = + kπ, avec k ∈ Z.
4 4
Nous en concluons
π  π 
Dg = R − + kπ/k ∈ Z ∪ + kπ/k ∈ Z .
2 4
π
 Pour tout réel x ∈ Dg , puisque tan = 1, nous obtenons
4
π
tan + tan x π
g(x) = 4
π = tan( 4 + x).
1 − tan x tan
4
π
Par conséquent le réel α = convient.
4
5π π π
 Nous remarquons que = + , ce qui donne
12 4 6
5π π π
tan = tan( + ),
12 4 6
π
= g( ),
6
π
1 + tan
= 6
π,
1 − tan
√ 6
3
1+
= √3 ,
3
1−
√3
3+ 3
= √ .
3− 3

Fonctions trigonométriques 517


518 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

5π π π
 Nous remarquons que + = .
12 12 2
Nous en déduisons

π π 5π
tan = tan( − ),
12 2 12
π 5π
sin( − )
= 2 12 ,
π 5π
cos( − )
2 12

cos
= 12 ,

sin
12
1
= ,

tan
12

3− 3
= √ .
3+ 3

Exercice 5. Une formule de transformation de produit en somme


1. Soient a et b deux réels quelconques. Établir l’égalité :

2 sin a cos b = sin(a + b) + sin(a − b).


 
π π 3π 5π 6π
2. En déduire que 2 sin cos + cos + cos = sin .
7 7 7 7 7
π 3π 5π
Quelle est la valeur exacte de cos + cos + cos ?
7 7 7
Solution
1. Soient a et b deux réels. Nous savons que :

sin(a + b) = sin a cos b + cos a sin b,
sin(a − b) = sin a cos b − cos a sin b.

Par addition membres à membres, nous obtenons la formule attendue de


transformation de produit en somme

2 sin a cos b = sin(a + b) + sin(a − b).

Remarque.
De la même façon, nous pouvons obtenir trois autres formules qui trans-
forment un produit en une somme :

518 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 519

⎨ 2 cos a cos b = cos(a + b) + cos(a − b),

2 cos a sin b = sin(a + b) − sin(a − b),


2 sin a sin b = cos(a − b) − cos(a + b).

3. Nous avons
� �
π π 3π 5π
2 sin cos + cos + cos
7 7 7 7
π π π 3π π 5π
= 2 sin cos + 2 sin cos + 2 sin cos .
7 7 7 7 7 7
Or, nous savons que
π π 2π
2 sin cos = sin
7 7 7
De plus, en utilisant la formule qui transforme un produit en une somme,
justifiée ci-dessus, et sachant que sin est impaire, il vient

π 3π π 3π π 3π 4π 2π
2 sin cos = sin( + ) + sin( − ) = sin − sin ,
7 7 7 7 7 7 7 7
π 5π π 5π π 5π 6π 4π
2 sin cos = sin( + ) + sin( − ) = sin − sin .
7 7 7 7 7 7 7 7
Par addition membres à membres de ces trois égalités, nous en concluons
� �
π π 3π 5π 6π
2 sin cos + cos + cos = sin .
7 7 7 7 7
Nous en déduisons

π 3π 5π sin
cos + cos + cos = 7 .
7 7 7 π
2 sin
7
Nous observons que
6π π π
sin = sin(π − ) = sin ,
7 7 7
ce qui permet de conclure par :
π 3π 5π 1
cos + cos + cos = .
7 7 7 2

Fonctions trigonométriques 519


520 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Exercice 6. Transformations de sommes en produits


1. Pour tous réels a et b, nous posons

a+b=p
a−b=q
En utilisant les formules qui transforment un produit en une somme établies
dans l’exercice précédent, prouver les formules qui transforment une somme en
un produit, c’est-à-dire :
p+q p−q
cos p + cos q = 2 cos cos ,
2 2
p+q p−q
cos p − cos q = −2 sin sin ,
2 2
p+q p−q
sin p + sin q = 2 sin cos ,
2 2
p−q p+q
sin p − sin q = 2 sin cos .
2 2
2. Application 1. Résoudre dans R les équations suivantes :
• sin x + sin 2x + sin 3x = 0.
• cos x + cos 7x = cos 4x.
3. Application 2. Soient p et q deux réels tels que sin p + sin q �= 0.
Prouver que
cos p − cos q p−q
= − tan .
sin p + sin q 2
π
En déduire la valeur exacte de tan .
24
Solution
1. Nous avons
� ⎧
a+b=p ⎨ a= p+q
⇔ 2 .
a−b=q ⎩ b= p−q
2
Nous reprenons une à une les formules qui transforment un produit en une
somme.
 De l’égalité 2 cos a cos b = cos(a + b) + cos(a − b), il résulte que
p+q p−q
cos p + cos q = 2 cos cos .
2 2
 De l’égalité 2 sin a sin b = cos(a − b) − cos(a + b), il résulte que
p+q p−q
cos q − cos p = 2 sin sin , soit
2 2
p+q p−q
cos p − cos q = −2 sin sin .
2 2

520 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 521

 De l’égalité 2 sin a cos b = sin(a + b) + sin(a − b), il résulte que


p+q p−q
sin p + sin q = 2 sin cos .
2 2
 Pour établir la dernière égalité, nous utilisons la parité de la fonction
sin. Il vient
p + (−q) p − (−q)
sin p − sin q = sin p + sin(−q) = 2 sin cos ,
2 2
ce qui justifie :
p−q p+q
sin p − sin q = 2 sin cos .
2 2
2. Application 1.
• Nous désignons par [1] l’équation sin x + sin 2x + sin 3x = 0.
En remarquant que
x + 3x x − 3x
sin x + sin 3x = 2 sin cos = 2 sin 2x cos(−x) = 2 sin 2x cos x,
2 2
il vient

[1] ⇔ sin 2x(1 + 2 cos x) = 0,


1 2π
[1] ⇔ sin 2x = 0 ou cos x = − = cos ,
2 3
2π 2π
[1] ⇔ 2x = 0[π] ou x = [2π] ou x = − [2π],
3 3
π 2π 2π
[1] ⇔ x = 0[ ] ou x = [2π] ou x = − [2π].
2 3 3

• Nous désignons par [2] l’équation cos x + cos 7x = cos 4x.


Nous remarquons que

x + 7x x − 7x
cos x+cos 7x = 2 cos cos = 2 cos 4x cos(−3x) = 2 cos 4x cos(3x),
2 2

ce qui donne

[2] ⇔ cos 4x(1 − 2 cos 3x) = 0,


1 π
[2] ⇔ cos 4x = 0 ou cos 3x = = cos ,
2 3
π π π
[2] ⇔ 4x = [π] ou 3x = [2π] ou 3x = − [2π],
2 3 3
π π π 2π π 2π
[2] ⇔ x = [ ] ou x = [ ] ou x = − [ ].
8 4 9 3 9 3

Fonctions trigonométriques 521


522 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

3. Application 2.
Soient p et q deux réels tels que sin p + sin q �= 0.
Nous avons
p+q p−q
cos p − cos q −2 sin sin
= 2 2
sin p + sin q p+q p−q ,
2 sin cos
2 2
p−q
sin
=− 2
p−q,
cos
2
p−q
= − tan .
2
π π
En particulier, pour p = et q = , nous obtenons
4 6
π π π π
cos − cos −
4 6 4 6 = − tan π ,
π π = − tan 2 24
sin + sin
4 6
ce qui implique
√ √
2 3 √ √
π − 3− 2 √ √ √
tan 2
=− √ 2 = √ = ( 3 − 2)( 2 − 1).
24 2 1 2+1
+
2 2

522 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 523

Exercice 7. Une équation du 4e degré


1. Résoudre dans R l’équation cos 4x = cos 3x.
Donner les solutions de cette équation qui appartiennent à ] − π, π].
2. Justifier que, pour tout réel x,
• cos 3x = 4 cos3 x − 3 cos x,
• cos 4x = 8 cos4 x − 8 cos2 x + 1.
3. En déduire la résolution dans R de l’équation

8X 4 − 4X 3 − 8X 2 + 3X + 1 = 0.

Solution
1. Nous désignons par [a] l’équation cos 4x = cos 3x. Il vient

[a] ⇔ 4x = 3x[2π] ou 4x = −3x[2π],


[a] ⇔ x = 0[2π] ou 7x = 0[2π],

[a] ⇔ x = 0[2π] ou x = 0[ ].
7

En désignant par S[a] l’ensemble des solutions de l’équation [a], nous obte-
nons
 

S[a] = {k2π/k ∈ Z} ∪ k /k ∈ Z .
7

En remarquant que
 

{k2π/k ∈ Z} ⊂ k /k ∈ Z ,
7

nous en concluons
 

S[a] = k /k ∈ Z .
7

Nous en déduisons que


 
6π 4π 2π 2π 4π 6π
S[a] ∩ ]−π, π] = − , − , − , 0, , ,
7 7 7 7 7 7
.
Sur un cercle trigonométrique, nous obtenons :

Fonctions trigonométriques 523


524 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

2. Soit x un réel.
• L’égalité cos 3x = 4 cos3 x − 3 cos x est justifiée dans le second exemple
du paragraphe 10.2.2
• Nous prouvons à présent l’égalité cos 4x = 8 cos4 x − 8 cos2 x + 1, c’est-
à-dire la linéarité de cos 4x.
Par passage à l’angle "moitié", il vient

cos 4x = 2 cos2 2x − 1,
= 2(2 cos2 x − 1)2 − 1,
= 2(4 cos4 x − 4 cos2 x + 1) − 1,
= 8 cos4 x − 8 cos2 x + 1.

3. Nous désignons par [b] l’équation 8X 4 − 4X 3 − 8X 2 + 3X + 1 = 0.


En posant X = cos x, nous obtenons une équation [c] telle que :

[c] ⇔ 8 cos4 x − 4 cos3 x − 8 cos2 x + 3 cos x + 1 = 0,


[c] ⇔ 8 cos4 x − 8 cos2 x + 1 = 4 cos3 x − 3 cos x,
[c] ⇔ cos 4x = cos 3x,
[c] ⇔ [a]

L’équation [b], polynomiale du 4e degré, admet au plus quatre solutions.


En utilisant les solutions dans ] − π, π] de l’ équation [a], nous obtenons

524 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 525
 
2π 2π
[b] ⇔ X = cos 0 = 1 ou X = cos = cos − ,
7  7
4π 4π
ou X = cos = cos − ,
7  7 
6π 6π
ou X = cos = cos − .
7 7

Finalement, en désignant par S[b] l’ensemble des solutions de l’équation [b],


nous en concluons que
 
2π 4π 6π
S[b] = 1, cos , cos , cos .
7 7 7
Exercice 8. Principe de superposition
Soient un réel ω > 0, a et b deux réels non nuls.
1. Justifier les deux encadrements suivants :

a b
−1 ≤ √ ≤ 1 et −1 ≤ √ ≤ 1.
a2 +b 2 a + b2
2

2. Nous considérons deux fonctions trigonométriques de même pulsation ω,


définies pour tout réel t, par : f : t �→ cos ωt et g : t �→ sin ωt.
Nous superposons ces deux fonctions, c’est-à-dire nous en formons une
combinaison linéaire, en définissant sur R, la fonction h : t �→ af (t) + bg(t).
Montrer qu’il existe un réel φ ∈] − π, π] tel que, quel que soit le réel t,

h(t) = a2 + b2 cos(ωt − φ).

3. Application. Résoudre dans R l’équation



3 cos 2x − sin 2x = −2.

Solution
1. Soient a et b deux réels non nuls.
Nous avons

0 < a2 ≤ a2 + b2

Puisque la fonction x �→ x est croissante sur R+ , nous en déduisons
√ √ √
a2 ≤ a2 + b2 , soit |a| ≤ a2 + b2 ,

ce qui implique car, a2 + b2 > 0,

Fonctions trigonométriques 525


526 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

|a| a
√ ≤ 1, c’est-à-dire −1 ≤ √ ≤ 1.
a2 +b 2 a + b2
2

Nous avons aussi 0 < b2 ≤ a2 + b2 . Par conséquent, de la même manière,


nous disposons de l’encadrement

b
−1 ≤ √ ≤ 1.
a2 + b2

2. Pour tout réel t, nous avons

h(t) = a cos ωt + b sin ωt,


  
2 2
a b
= a +b √ cos ωt + √ sin ωt .
a 2 + b2 a 2 + b2

Puisque

a b
−1 ≤ √ ≤ 1 et −1 ≤ √ ≤ 1,
a2 +b 2 a + b2
2

nous en déduisons qu’il existe un réel φ ∈] − π, π] qui est unique et satisfait à

a b
√ = cos φ et √ = sin φ.
a2 +b 2 a + b2
2

Si vous n’êtes pas convaincu, il suffit d’observer que le point de coordonnées


a b
A( √ , √ ) appartient au cercle trigonométrique car OA = 1.
2
a +b 2 a + b2
2
Par suite, nous obtenons

h(t) = a2 + b2 (cos φ cos ωt + sin φ sin ωt),

= a2 + b2 cos(ωt − φ).

Remarque. Nous avons ainsi prouvé le principe de superposition utilisé en


Physique qui stipule qu’une combinaison linéaire de deux signaux sinusoïdaux
de même pulsation ω restitue un signal de pulsation identique accompagné
d’un déphasage φ.
Nous illustrons graphiquement ce principe en prenant pour exemple la fonc-

tion h : t �→ 3 cos 2t − sin 2t qui est proposée dans l’application qui suit.

526 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 527


3. Application. Pour tout réel x, posons h(x) = 3 cos 2x − sin 2x.
Nous utilisons la question précédente, pour transformer le réel h(x) qui est
le membre de gauche de l’équation proposée, que nous désignons par [e].

Dans cet exemple, a = 3 et b = −1, ce qui donne
√ √
a + b = ( 3)2 + (−1)2 = 2.
2 2

Nous obtenons

3 1
h(x) = 2( cos 2x − sin 2x),
2 2
π π
= 2(cos cos 2x − sin sin 2x),
6 6
π
= 2 cos(2x + ).
6

Nous en déduisons
π
[e] ⇔ 2 cos(2x + ) = −2,
6
π
[e] ⇔ cos(2x + ) = −1,
6
π
[e] ⇔ 2x + = π[2π],
6

[e] ⇔ 2x = [2π],
6

[e] ⇔ x = [π].
12
En désignant par S[e] l’ensemble des solutions de l’équation [e], nous en
concluons
 

S[e] = + kπ/k ∈ Z .
12

Fonctions trigonométriques 527


528 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Exercice 9. Expression rationnelle de cos x et sin x


1. En utilisant les formules de passage à l’angle "moitié", montrer que pour
π
tout réel x �= + kπ,avec k ∈ Z, nous disposons des deux égalités :
2
2 tan x
sin 2x = ,
1 + tan2 x
1 − tan2 x
cos 2x = .
1 + tan2 x
x
2. En posant t = tan , avec x �= (2k + 1)π et k ∈ Z, exprimer rationnel-
2
lement sin x et cos x en fonction du réel t.
Solution
π
1. Soit un réel x �= + kπ, avec k ∈ Z.
2
1
Nous savons que = 1 + tan2 x.
cos2 x
D’une part nous avons
sin x 2 tan x
sin 2x = 2 sin x cos x = 2 cos2 x = .
cos x 1 + tan2 x
D’autre part il vient
 
sin2 x 1 − tan2 x
cos 2x = cos2 x 2
− sin x = cos2 x 1− = .
cos2 x 1 + tan2 x
x
2. En remplaçant x par dans les deux égalités ci-dessus,
2
pour x �= (2k + 1)π, avec k ∈ Z, nous obtenons
x
2 tan
sin x = 2 ,
2 x
1 + tan
2
2 x
1 − tan
2
cos x = x.
1 + tan2
2
x
En posant t = tan , pour tout réel t, les deux égalités :
2
2t
sin x = ,
1 + t2
1−t 2
cos x = ,
1 + t2
expriment rationnellement sin x et cos x.

528 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 529

Exercice 10. Calcul d’une somme de fonctions trigonométriques


Soient un réel x �= 0[2π] et un entier n ∈ N∗ .
Nous considérons la fonction(sn ) définie par :


n
sn (x) = cos x + cos 2x + · · · + cos nx = cos kx.
k=1

1. En utilisant une des formules qui transforme un produit en une somme


vue dans l’exercice corrigé 5 de ce chapitre, montrer que
x 1 x
2sn (x) sin = sin(n + )x − sin .
2 2 2
En utilisant une des formules qui transforme une somme en un produit vue
dans l’exercice corrigé 6 de ce chapitre, en déduire
x x
sin n cos(n + 1)
sn (x) = 2 2.
x
sin
2

2. Pour tout réel x �= 0[2π] et tout entier n ∈ N∗ , en déduire le calcul de la


somme

n
Sn (x) = cos2 kx.
k=1

Solution
1. Soient un réel x �= 0[2π] et un entier n ∈ N∗ . Nous avons
 n 
x  x  n x
2sn (x) sin = 2 cos kx sin = 2 cos kx sin .
2 k=1 2 k=1 2

En employant l’égalité

2 cos a sin b = sin(a + b) − sin(a − b),

pour tout k ∈ 1, n, nous obtenons


x x x
2 cos kx sin = sin(kx + ) − sin(kx − ).
2 2 2
Il en résulte que :
 
x 
n 1 1
2sn (x) sin = sin(k + )x − sin(k − )x .
2 k=1 2 2

Par télescopage des termes de la sommation, nous en concluons :

Fonctions trigonométriques 529


530 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

x 1 x
2sn (x) sin = sin(n + )x − sin .
2 2 2
Nous savons que
p−q p+q
sin p − sin q = 2 sin cos ,
2 2
nous en déduisons
x x x
2sn (x) sin = 2 sin n cos(n + 1) .
2 2 2
Nous en concluons
x x
sin n cos(n + 1)
sn (x) = 2 2.
x
sin
2

3. Pour tout k ∈ 1, n, nous avons


1
cos2 kx = (1 + cos k(2x)).
2
Il en résulte
n 1 1
Sn (x) = (1 + cos k(2x)) = (n + 1 + sn (2x)),
k=1 2 2
ce qui permet de d’obtenir en conclusion,
 
1 sin nx cos(n + 1)x
Sn (x) = n+1+ .
2 sin x
Exercice 11. Une inégalité
Soit x un réel quelconque.
Montrer par récurrence que, pour tout entier n ∈ N∗ , | sin nx| ≤ n| sin x|.
Solution
Soit x un réel quelconque.
Initialisation.
Pour n = 1, nous avons | sin 1x| ≤ 1| sin x|,
ce qui justifie que l’inégalité est vraie au rang n = 1.
Hérédité.
Nous supposons qu’à un rang n ∈ N∗ fixé, on ait | sin nx| ≤ n| sin x|.
Montrons que | sin(n + 1)x| ≤ (n + 1)| sin x|.
Nous avons

| sin(n + 1)x| = | sin(nx + x)| = | sin nx cos x + cos nx sin x|.

530 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 531

En utilisant l’inégalité triangulaire, il vient :

| sin(n + 1)x| ≤ | sin nx|| cos x| + | cos nx|| sin x|.

En appliquant l’hypothèse de récurrence et sachant que

| cos nx| ≤ 1 et | cos x| ≤ 1,

nous en déduisons

| sin(n + 1)x| ≤ n| sin x| + | sin x|, soit | sin(n + 1)x| ≤ (n + 1)| sin x|.

Ainsi l’inégalité est héréditaire.


En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons

∀x ∈ R, ∀n ∈ N∗ , | sin nx| ≤ n| sin x|.

10.4.3 Calculs de limites


Dans cette partie, nous rappelons que

sin x
lim = 1.
x→0 x

Exercice 12. sin d’un angle en degré


π
Soient h ∈ [0, 180] et x = h les mesures respectivement en degrés et en
180
radians d’un même angle.
Nous définissons la fonction sin◦ , en posant :
π
sin◦ h = sin x = sin h.
180
sin◦ h
Déterminer lim .
h→0 h
Solution
Pour tout réel h ∈]0, 180], nous avons
π π
sin◦ h sin h sin h
= 180 = 180 × π .
h h π 180
h
180
Par composition, nous obtenons
π
sin h
lim 180 = lim sin x = 1.
h→0 π x→0 x
h
180

Fonctions trigonométriques 531


532 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Nous en concluons :
sin◦ h π
lim = .
h→0 h 180
Remarque. Par abus de langage, on confond les fonctions sin◦ et sin.
Exercice 13. Une limite remarquable en 0
x
1. Pour tout réel x, justifier que 1 − cos x = 2 sin2
.
2
1 − cos x
En déduire que la fonction f définie sur R∗ par f : x �→ admet
x2
1
pour limite quand x tend vers 0.
2
2. En déduire les limites en a des fonctions suivantes :
1 − cos x
 g : x �→ , en a = 0,
sin2 2x
cos 2x − 1
 h : x �→ , en a = 0,
x sin
√x
1 − 2 cos x π
 k : x �→ , en a = .
cos 2x 4
Solution
1. En passant à l’angle moitié, nous savons que, pour tout réel x,

cos 2x = 1 − 2 sin2 x,
x
ce qui donne, en remplaçant x par ,
2
x x
cos x = 1 − 2 sin2 , soit 1 − cos x = 2 sin2 .
2 2
Pour tout x ∈ R∗ , nous en déduisons
x ⎛ x ⎞2
2 sin2 sin
f (x) = 2 = 1⎝ 2⎠ .
x2 2 x
2
Par composition, nous avons
⎛ x⎞
sin sin X
lim ⎝ x 2 ⎠ = lim = 1.
x→0 X→0 X
2
Nous en concluons
1 − cos x 1
lim f (x) = lim 2
= .
x→0 x→0 x 2
Remarque. Nous en déduisons :
1 − cos x 1 − cos x
2 lim = lim = 1.
x→0 x2 x→0 x2
2

532 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 533

C’est cette limite remarquable que vous pouvez retenir, soit :

1 − cos x
lim = 1.
x→0 x2
2
2. Nous observons que les trois limites proposées sont indéterminées.
 Pour tout réel x voisin de 0, nous avons
 2
1 − cos x 4x2 1 1 − cos x 2x
g(x) = × 2 = × × .
4x2 sin 2x 4 x2 sin 2x

Puisque
1 − cos x 1
lim 2
= ,
x→0 x 2
et par composition,
2x X
lim = lim = 1,
x→0 sin 2x X→0 sin X

nous en déduisons
1
lim g(x) = .
x→0 2
 Pour tout réel x voisin de 0, nous avons

cos 2x − 1 1 cos 2x − 1 x
h(x) = × (2x)2 × =4× × .
(2x)2 x sin x (2x)2 sin x

Comme, par composition,


cos 2x − 1 cos X − 1 1
lim 2
= lim 2
=− ,
x→0 (2x) X→0 X 2
puisque de plus,
x
lim = 1,
x→0 sin x

nous en concluons

lim h(x) = −2.


x→0

Fonctions trigonométriques 533


534 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

π π
 Pour tout réel x �= , nous posons h = x − .
4 4
Ainsi, pour h �= 0, nous obtenons
√ π
π 1 − 2 cos(h + )
k(h + ) = 4 ,
4 π
cos 2(h + )
4
√ π π
1 − 2(cos h cos − sin h sin )
= 4 4 ,
π
cos(2h + )
2
1 − cos h + sin h
= ,
− sin 2h
1 − cos h sin h
= − ,
− sin 2h sin 2h
h 2h 1 − cos h 1 sin h 2h
=− × × 2
− × × .
2 sin 2h h 2 h sin 2h

Nous savons que


1 − cos h 1
lim 2
= ,
h→0 h 2
sin h
lim = 1,
h→0 h
h
lim = 0.
h→0 2

De plus, par composition, nous obtenons


2h
lim = 1.
h→0 sin 2h
Par conséquent, par produit et différence, nous en concluons
π 1
lim k(x) = lim k(h + ) = − .
π h→0 4 2
x→
4
Exercice 14. Limites et fonction tan
tan x
1. Déterminer la limite en 0 de la fonction x �→ .
x
π tan x − 1
2. Déterminer la limite en de la fonction x �→ π .
4 x−
4
Solution
1. La fonction tan est dérivable en 0, donc
tan x − tan 0
lim = tan� (0) = 1 + tan2 (0) = 1,
x→0 x−0
ce qui donne :

534 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 535

tan x
lim = 1.
x→0 x

Remarque. En observant que, pour tout réel x �= 0, nous avons


tan x sin x 1
= × ,
x x cos x
nous disposons d’une seconde méthode pour calculer cette limite.
π π
2. La fonction tan est dérivable en et 1 = tan , par suite
4 4
π
tan x − tan
lim 4 = tan� ( π ) = 1 + tan2 ( π ) = 2,
π π 4 4
x→ x−
4 4

ce qui permet de conclure par


tan x − 1
lim π = 2.
π x−
x→
4 4

10.4.4 Applications de la dérivation de sin et cos


Exercice 15. Étude d’une fonction
Soit f la fonction définie sur R par

f (x) = x + sin(πx).

Nous désignons par Cf la représentation graphique de cette fonction relati-


vement à un repère orthonormal du plan.
1. Quelle est la parité de f ? Sur quel intervalle peut-on restreindre l’étude
de f ?
2. Montrer que pour tout réel x, f (x − 2) = f (x) − 2. En déduire qu’il existe
une translation T qui laisse globalement invariante la courbe Cf , c’est-à-dire :

∀M ∈ Cf , T (M ) ∈ Cf .

Sur quel intervalle peut-on à nouveau restreindre l’étude de f ? Contrôler


graphiquement.
3. Quel est le sens de variation de f sur l’intervalle [0, 1] ? En déduire que
la courbe Cf admet une infinité de tangentes horizontales.
4. Montrer que pour tout réel x, nous disposons de la double inégalité :

x − 1 ≤ f (x) ≤ x + 1.

Fonctions trigonométriques 535


536 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

5. Étudier l’intersection de la courbe Cf avec la droite (d) d’équation


y = x + 1.
Traiter la même question avec la droite (d ) d’équation y = x − 1.
Solution
1. La fonction f est définie sur R qui est "symétrique" par rapport à 0.
Pour tout réel x, la fonction sin étant impaire, nous obtenons

f (−x) = −x + sin(π(−x)) = −x − sin(πx) = −f (x),

ce qui prouve que f est une fonction impaire.


L’origine O du repère est donc un centre de symétrie pour la courbe Cf .
Nous en déduisons que nous pouvons restreindre l’étude de f à l’intervalle
[0, +∞[.
2. Puisque f est définie sur R, pour tout réel x, nous avons x − 2 ∈ R.
De plus, la fonction sin étant 2π-périodique, il vient

f (x−2) = x−2+sin(π(x−2)) = x−2+sin(πx−2π) = x−2+sin(πx) = f (x)−2.

Nous considérons la translation T de vecteur �u(2, 2).


Soient un point M (x, y) et son translaté T (M ) = M  (x , y  ).
Nous avons
 
−−−→ x − x = 2 x = x + 2
M M = �u ⇔ ⇔ .
y − y = 2 y = y + 2

Si M (x, y) ∈ Cf , alors y = f (x).


Nous en déduisons que les coordonnées (x , y  ) du point M  satisfont à
l’équation

y  − 2 = f (x − 2) = f (x ) − 2, soit y  = f (x ),

ce qui prouve que M  ∈ Cf .


Nous en concluons que cette translation laisse globalement invariante la
courbe Cf .
Nous pouvons restreindre l’étude de f à un intervalle de longueur 2, par
exemple [−1, 1] et puisque f est impaire, à l’intervalle [0, 1].

536 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 537

3. La fonction f est dérivable sur [0, 1], par composition et somme.


Pour tout réel x ∈ [0, 1], nous obtenons

f  (x) = 1 + π sin (πx) = 1 + π cos(πx).

Nous résolvons dans [0, 1], l’équation f  (x) = 0. Il vient

1
f  (x) = 0 ⇔ cos πx = − .
π
1
Puisque − ∈] − 1, 1[, nous en déduisons qu’il existe un réel x0 ∈ [0, 1] tel
π
que
1
cos πx0 = − .
π
Montrons à présent que f  (x) change de signe en x0 .

Si 0 ≤ x ≤ x0 , alors 0 ≤ πx ≤ πx0 ≤ π,

ce qui implique, puisque la fonction cos est décroissante sur [0, π],
1
cos πx0 ≤ cos πx ≤ 1, soit − ≤ cos πx ≤ 1.
π
Nous en déduisons

−1 ≤ π cos πx ≤ π, soit 0 ≤ 1 + π cos πx ≤ 1 + π,

par suite,

si 0 ≤ x ≤ x0 , alors f  (x) ≥ 0.

Fonctions trigonométriques 537


538 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Nous démontrons de la même manière que


si x0 ≤ x ≤ 1, alors f  (x) ≤ 0.
Nous en concluons que
f est croissante l’intervalle [0, x0 ],
f est décroissante l’intervalle [x0 , 1].
La courbe Cf admet une tangente horizontale en point d’abscisse x si et
seulement si f  (x) = 0.
1
Sachant que cos πx0 = − , avec x0 ∈ [0, 1], nous avons
π
1
f  (x) = 0 ⇔ cos πx = − = cos πx0 ,
π
f  (x) = 0 ⇔ πx = πx0 + 2kπ ou πx = −πx0 + 2kπ, avec k ∈ Z,
f  (x) = 0 ⇔ x = x0 + 2k ou x = −x0 + 2k, avec k ∈ Z.
Nous en concluons que la courbe Cf admet une infinité de tangentes hori-
zontales aux points de cette courbe, d’abscisses x0 +2k ou d’abscisses −x0 +2k,
avec k ∈ Z.
4. Nous savons que pour tout réel x,

−1 ≤ sin(πx) ≤ 1,

ce qui entraîne
x − 1 ≤ x + sin(πx) ≤ x + 1.
Ainsi, nous en concluons
∀x ∈ R, x − 1 ≤ f (x) ≤ x + 1.
5.

538 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 539

Soit M (x, y) un point appartenant à la courbe Cf et à la droite (d). Les coor-


données (x, y) satisfont au système

y = f (x)
.
y =x+1
Nous en déduisons l’équation aux "abscisses" :

f (x) = x + 1 ⇔ x + sin(πx) = x + 1,
f (x) = x + 1 ⇔ sin(πx) = 1,
π
f (x) = x + 1 ⇔ πx = + 2kπ, avec k ∈ Z,
2
1
f (x) = x + 1 ⇔ x = + 2k, avec k ∈ Z.
2
Nous en concluons que Cf et la droite (d) ont en commun une infinité de points
1
d’abscisses + 2k, avec k ∈ Z.
2
Nous précisons que la droite (d) est tangente en cette infinité de points à
la courbe Cf . En effet, pour tout k ∈ Z, nous obtenons
1 1 π π
f  ( + 2k) = 1 + π cos π( + 2k) = 1 + π cos( + 2kπ) = 1 + π cos = 1,
2 2 2 2
1
ce qui justifie que f  ( + 2k) = 1 est le coefficient directeur de la droite (d).
2
Nous montrons de la même façon que Cf et la droite (d ) ont en commun
1
une infinité de points d’abscisses − + 2k, avec k ∈ Z et que cette droite est
2
tangente en cette infinité de points à la courbe Cf .
Exercice 16 . Inégalité de Huygens 1
π
Soit f la fonction définie sur [0, [ par :
2
f (x) = 2 sin x + tan x − 3x.
π
1. Justifier que f est dérivable sur [0, [.
2
π
Montrer qu’il existe un polynôme p tel que, pour tout réel x ∈ [0, [,
2
p(cos x)
f  (x) = .
cos2 x
π
2. Déterminer le sens de variations de f sur [0, [.
2
En déduire l’inégalité de Huygens :
π
∀x ∈ [0, [, 2 sin x + tan x ≥ 3x.
2
1. Mathématicien, physicien et astronome hollandais : 1629-1695

Fonctions trigonométriques 539


540 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Solution
π
1. La fonction f est dérivable sur [0, [ comme somme et différence de
2
fonctions dérivables sur cet intervalle.
π
Pour tout réel x ∈ [0, [, nous avons
2
1
f  (x) = 2 cos x + − 3,
cos2 x
2 cos3 x − 3 cos2 x + 1
= .
cos2 x

En posant, pour tout réel x, p(x) = 2x3 − 3x2 + 1, nous obtenons

p(cos x)
f  (x) = .
cos2 x
2. Le signe de f  (x) est le signe de p(cos x).
π
Puisque x ∈ [0, [, nous en déduisons cos x ∈]0, 1].
2
Il s’agit donc de déterminer le signe du réel p(x) pour x ∈]0, 1].
Nous observons que p(1) = 0. Par conséquent nous mettons x−1 en facteur
et par une identification rapide, pour tout réel x ∈]0, 1], nous obtenons

p(x) = (x − 1)(2x2 + bx − 1).

En développant, il vient

(x − 1)(2x2 + bx − 1) = 2x3 + bx2 − x − 2x2 − bx + 1,


= 2x3 + (b − 2) x2 − (b + 1) x + 1.

Par identification, il vient :



b − 2 = −3
⇔ b = −1.
b+1=0

Quel que soit x ∈]0, 1], nous en déduisons

p(x) = (x − 1)(2x2 − x − 1).

Nous remarquons que 1 est une racine évidente du trinôme 2x2 − x − 1 ;


1 1
l’autre racine est donc − car le produit des racines est égal à − .
2 2
Il en résulte que pour tout réel x ∈]0, 1], nous avons
1
p(x) = 2(x − 1)2 (x + ) ≥ 0,
2

540 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 541

π
ce qui prouve, pour tout x ∈ [0, [, que
2
p(cos x) ≥ 0, soit f � (x) ≥ 0.
π
Nous en concluons que la fonction f est croissante sur [0, [.
2
π
En remarquant que f (0) = 0 , nous en déduisons, pour tout réel x ∈ [0, [,
2
x ≥ 0 implique f (x) ≥ f (0), c’est-à-dire, f (x) ≥ 0.

L’inégalité attendue est acquise, ce qui donne


π
∀x ∈ [0, [, 2 sin x + tan x ≥ 3x.
2
Exercice 17. Encadrement de sin et cos par des polynômes
1. En étudiant le sens de variations sur l’intervalle [0, +∞[ de la fonction
f : x �→ x − sin x, justifier, pour tout réel x ≥ 0, l’inégalité

sin x ≤ x.

2. De la même façon, pour tout réel x ≥ 0, prouver les trois inégalités


suivantes :

x2
• 1− ≤ cos x,
2
x3
• x− ≤ sin x,
6
x2 x4
• cos x ≤ 1 − + .
2 24

3. En déduire un encadrement des fonctions x �→ sin x et x �→ cos x :


 sur [0, +∞[,
 sur ] − ∞, 0].
sin x − x
4. Application 1. Quelle est la limite en 0 de la fonction τ : x �→ ?
x2
En déduire que la fonction f définie sur R par

⎨ sin x si x �= 0
f (x) = x ,
⎩ 1 si x = 0
est dérivable en 0.
5. Application 2. Quelle est la limite en +∞ de la suite définie sur N∗ par
1
1 − n sin
un = n ?
1
n(1 − cos )
n

Fonctions trigonométriques 541


542 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Solution
1. La fonction f est dérivable sur [0, +∞[ par différence.
Pour tout réel x ≥ 0, nous obtenons

f  (x) = 1 − cos x.

Puisque, quel que soit x ≥ 0, −1 ≤ cos x ≤ 1, nous en déduisons

f  (x) ≥ 0,

ce qui implique que la fonction f est croissante sur [0, +∞[.


En remarquant que f (0) = 0,

x ≥ 0 implique f (x) ≥ f (0), soit x − sin x ≥ 0.

Nous en concluons

∀x ≥ 0, sin x ≤ x.

2.
x2
 Inégalité 1 − ≤ cos x, pour [0, +∞[.
2
Nous posons, pour tout réel x ∈ [0, +∞[,
x2
g(x) = cos x − (1 − ).
2
La fonction g est dérivable sur [0, +∞[ par différence.
Pour tout réel x ≥ 0, nous obtenons

g  (x) = − sin x + x = f (x) ≥ 0,

ce qui justifie que la fonction g est croissante sur [0, +∞[.


Puisque g(0) = 0,
x2
x ≥ 0 implique g(x) ≥ g(0), soit cos x − (1 − ) ≥ 0.
2
Nous en concluons
x2
∀x ≥ 0, 1 − ≤ cos x.
2

542 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 543

x3
 Inégalité x − ≤ sin x, pour [0, +∞[.
6
Nous posons, pour tout réel x ∈ [0, +∞[,
x3
h(x) = sin x − (x − ).
6
La fonction h est dérivable sur [0, +∞[ par différence.
Pour tout réel x ≥ 0, nous obtenons

x2
h (x) = cos x − (1 − ) = g(x) ≥ 0,
2
ce qui montre que la fonction h est croissante sur [0, +∞[.
Puisque h(0) = 0,

x3
x ≥ 0 implique h(x) ≥ h(0), soit sin x − (x − ) ≥ 0.
6
Nous en concluons
x3
∀x ≥ 0, x − ≤ sin x.
6
x2 x4
 Inégalité cos x ≤ 1 − + , pour [0, +∞[.
2 24
Nous posons, pour tout réel x ∈ [0, +∞[,
x2 x4
k(x) = 1 − + − cos x.
2 24
La fonction k est dérivable sur [0, +∞[ par différence.
Pour tout réel x ≥ 0, nous obtenons

x3
k  (x) = −x + + sin x = h(x) ≥ 0,
6
ce qui prouve que la fonction k est croissante sur [0, +∞[.
Puisque h(0) = 0,

x2 x4
x ≥ 0 implique k(x) ≥ k(0), soit 1 − + − cos x ≥ 0.
2 24
Nous en concluons
x2 x4
∀x ≥ 0, cos x ≤ 1 − + .
2 24
3.
 Pour tout réel x ∈ [0, +∞[, nous obtenons :

Fonctions trigonométriques 543


544 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

x3
x− ≤ sin x ≤ x,
6
x2 x2 x4
1− ≤ cos x ≤ 1 − + .
2 2 24
 Pour déterminer ces deux encadrements lorsque x ∈] − ∞, 0], nous rem-
plaçons x par −x ≥ 0 dans les deux doubles inégalités ci-dessus.
Pour tout réel x ≤ 0, il vient, d’une part
(−x)3 x3
−x − ≤ sin(−x) ≤ −x, soit−x + ≤ − sin x ≤ −x,
6 6
ce qui donne
x3
∀x ≤ 0, x ≤ sin x ≤ x − .
6
D’autre part, pour x ≤ 0, nous obtenons
(−x)2 (−x)2 (−x)4
1− ≤ cos(−x) ≤ 1 − + ,
2 2 24
ce qui donne

x2 x2 x4
∀x ≤ 0, 1 − ≤ cos x ≤ 1 − + .
2 2 24
Nous remarquons que l’encadrement de x �→ cos x est validé sur R.
Dans le tableau qui suit, nous illustrons graphiquement les inégalités obte-
nues.

544 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 545

4. Application 1.
0
Quand x tend vers 0, nous observons une forme indéterminée du type " ".
0
Pour lever cette indétermination, nous utilisons un encadrement de sin x
en distinguant par disjonction les deux cas, x > 0 ou x < 0.
1er cas : x > 0.
Nous savons que dans ce cas
x3
x− ≤ sin x ≤ x,
6
ce qui implique
x3
− ≤ sin x − x ≤ 0.
6
En divisant par x2 > 0, nous obtenons
x
− ≤ τ (x) ≤ 0.
6
Par encadrement, x �→ τ (x) admet une limite en 0 à droite et nous avons

lim τ (x) = 0.
x→0+

2e cas : x < 0.
De la même façon, dans ce cas, nous savons que
x3
x ≤ sin x ≤ x − ,
6
ce qui implique
x3
0 ≤ sin x − x ≤ − .
6
En divisant par x2 > 0, nous obtenons
x
0 ≤ τ (x) ≤ − .
6
Par encadrement, x �→ τ (x) admet une limite en 0 à gauche et nous avons

lim τ (x) = 0.
x→0−

L’égalité de la limite à droite et à gauche en 0 , prouve que la fonction τ


admet une limite en 0.
Ainsi nous en concluons que

lim τ (x) = 0.
x→0

Fonctions trigonométriques 545


546 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Pour étudier la dérivabilité de la fonction f en 0, nous considérons, pour


f (x) − f (0)
x �= 0, la fonction x �→ .
x
Il vient, pour tout réel x non nul,
sin x
f (x) − f (0) −1 sin x − x
= x = = τ (x).
x x x2
Nous en déduisons
f (x) − f (0)
lim = lim τ (x) = 0.
x→0 x x→0

Nous en concluons que la fonction f est dérivable en 0 et f � (0) = 0.


Nous ajoutons que la courbe représentative de f admet, au point de coor-
données (0, 1), une tangente horizontale, ce que nous contrôlons sur la figure
ci-dessous.

5. Application 2. Quand n tend vers +∞, nous observons une indétermi-


nation au numérateur et au dénominateur de un du type "0 × +∞".
Soit n ∈ N∗ .
 Pour transformer le numérateur, nous utilisons l’encadrement

x3
x− ≤ sin x ≤ x,
6
1
en remplaçant x par > 0. Il vient
n
1 1 1 1
− 3 ≤ sin ≤ ,
n 6n n n
ce qui donne
1 1 1 1
1− 2
≤ n sin ≤ 1, soit −1 ≤ −n sin ≤ 2 − 1.
6n n n 6n
Ainsi, nous obtenons
1 1
0 ≤ 1 − n sin ≤ 2.
n 6n

546 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 547

 Pour transformer le dénominateur, nous utilisons l’encadrement


x2 x2 x4
1− ≤ cos x ≤ 1 − + ,
2 2 24
1
en remplaçant x par > 0. Nous obtenons
n
1 1 1 1
1− 2
≤ cos ≤ 1 − 2 + ,
2n n 2n 24n4
ce qui donne
1 1 1 1 1 1 1 1
−1 + 2
− 4
≤ − cos ≤ −1 + 2 , soit 2
− 4
≤ 1 − cos ≤ 2 .
2n 24n n 2n 2n 24n n 2n
Nous en déduisons
1 1 1 1
− ≤ n(1 − cos ) ≤ , c’est-à-dire
2n 24n3 n 2n
2
12n − 1 1 1
0< 3
≤ n(1 − cos ) ≤ .
24n n 2n
1
Par décroissance de x �→ sur ]0, +∞[, il vient
x

1 24n3
0 < 2n ≤ ≤ .
1 12n2 − 1
n(1 − cos )
n
 En multipliant membres à membres l’encadrement du numérateur avec
celui de l’inverse du dénominateur, nous obtenons
4n
0 ≤ un ≤ .
12n2 − 1
4n
Puisque lim = 0, par encadrement, nous en concluons
n→+∞ 12n2 − 1

lim un = 0.
n→+∞

Fonctions trigonométriques 547


548 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Exercice 18. Une distance minimum


Nous rappelons ou précisons :

Pour tout réel a, 3 a est l’unique réel satisfaisant à :

( 3 a)3 = a

Dans le plan muni d’un repère orthonormal d’origine O, nous donnons un


point A(a, b) avec a > 0 et b > 0.
Une droite passant par A coupe la droite des abscisses en un point M d’abs-
cisse positive et la droite de ordonnées en point N d’ordonnée positive.
Nous désignons par :
π ÷
• x ∈]0, [, une mesure de l’angle OM A,
2
• d(x) la distance M N .
π
1. Pour tout x ∈]0, [, justifier que
2
a b
d(x) = + .
cos x sin x
π
2. Justifier que la fonction d : x �→ d(x) est dérivable ]0,
[.
2
π
Montrer que l’équation d (x) = 0 admet une solution unique x0 ∈]0, [, tel
2
que :

b
tan x0 = 3 .
a
3. Montrer que la fonction d atteint un minimum en x0 .
Donner un algorithme qui restitue ce minimum, les valeurs des réels a > 0
et b > 0 étant choisies par l’utilisateur.
Solution

548 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 549

π
1. Soit x ∈]0, [.
2
Dans le triangle rectangle d’hypoténuse [AM ], nous avons
b b
= sin x, donc AM = .
AM sin x
Dans le triangle rectangle d’hypoténuse [AN ], nous avons
a a
= cos x, donc AN = .
AN cos x
Puisque A ∈ [M N ], nous obtenons
a b
d(x) = M N = M A + AN = + .
cos x sin x
π
2. La fonction d : x �→ d(x) est, par inverse et somme, dérivable sur ]0, [.
2
π
Pour tout réel x ∈]0, [, il vient
2

a cos x b sin x
d (x) = − − ,
cos2 x sin2 x
a(−sinx) b cos x
=− − ,
cos2 x sin2 x
a sin x b cos x
= − ,
cos2 x sin2 x
a sin3 x − b cos3 x
= .
cos2 x sin2 x
Nous en déduisons les équivalences suivantes :

d (x) = 0 ⇔ a sin3 x = b cos3 x,


b sin3 x
⇔ = ,
a cos3 x
 
b sin x 3
⇔ = ,
a cos x
b
⇔ (tan x)3 = ,
 a
3 b
⇔ tan x = .
a

b π
Puisque 3
> 0, il existe un unique réel x0 ∈]0, [ tel que
a 2

b
tan x0 = 3 .
a

Fonctions trigonométriques 549


550 CHAPITRE 10. FONCTIONS TRIGONOMÉTRIQUES

Par suite, nous obtenons

d (x) = 0 ⇔ tan x = tan x0 .


π
Puisque x ∈]0, [, nous en concluons
2
d (x) = 0 ⇔ x = x0 .
π
3. Nous étudions le sens de variations de x �→ d(x) sur ]0, [.
2
Pour cela, nous résolvons l’inéquation d (x) ≥ 0. il vient :

d (x) ≥ 0 ⇔ a sin3 x − b cos3 x ≥ 0,


⇔ a sin3 x ≥ b cos3 x,
sin3 x b
⇔ 3
≥ ,
cos x a
3 b
⇔ (tan x) ≥ ,
a
3 b
⇔ tan x ≥ ,
a
⇔ tan x ≥ tan x0 .

Nous montrons à présent l’implication

tan x ≥ tan x0 ⇒ x ≥ x0 .

En effet, par l’absurde, supposons que

tan x ≥ tan x0 et x < x0 .


π
La fonction tan est croissante sur ]0, [, donc
2
si x < x0 , alors tan x < tan x0 ,

ce qui est contradictoire avec la condition tan x ≥ tan x0 .


Par conséquent l’implication proposée est vraie. Comme la fonction tan est
π
croissante sur ]0, [, il en est de même de l’implication réciproque. Nous en
2
concluons

d (x) ≥ 0 ⇔ x ≥ x0 .

Nous démontrons de la même manière que

d (x) ≤ 0 ⇔ x ≤ x0 .

550 Chapitre 10
10.4. EXERCICES CORRIGÉS 551

Ainsi, la fonction x �→ d(x) est :


 décroissante sur l’intervalle ]0, x0 ],
π
 croissante sur l’intervalle [x0 , [.
2
La fonction d atteint donc un minimum en x0 .
Nous donnons un algorithme qui restitue ce minimum, les valeurs des réels
A > 0 et B > 0 étant choisies par l’utilisateur.

from math import∗

X ← arctan(A/B) 3
1
a=f l o a t ( input ( "a=" ) )
A B b=f l o a t ( input ( "b=" ) )
D← +
cos X sin X x=atan ( ( a /b ) ∗ ∗ ( 1 / 3 ) )
d=a/ c o s ( x)+b/ s i n ( x )
print ( d )

Fonctions trigonométriques 551


CHAPITRE 11
Chapitre 11
Probabilités
Probabilités

Les pré-requis de ce chapitre sont les connaissances acquises à ce sujet en


Troisième et en Seconde.
Dans ce chapitre 11, nous introduisons les notions de probabilités condi-
tionnelles et d’événements indépendants.
Nous poursuivons ensuite en développant le concept de variables aléatoires
définies sur un univers fini. Elles permettent de "numériser" un événement,
puis d’en calculer sa probabilité.
Nous précisons dès à présent que le terme "variable" est un abus de langage.
En effet cette dernière est en fait une fonction numérique dont l’ensemble de
départ est l’ensemble des issues possibles de l’univers fini considéré.
Historiquement, la notion de probabilité apparaît dans la deuxième moitié
du XVIIesiècle lors de la correspondance entre Pierre de Fermat et Blaise Pas-
cal au sujet de jeux de hasard. Ces derniers constituent d’ailleurs des problèmes
historiques qui, pour quelques-uns, sont abordés dans la partie "Exercices cor-
rigés" du chapitre 11 du livre "Pour aller plus loin" de Seconde de la même
collection.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, le calcul de probabilités concernait unique-
ment une quantification du hasard liée à des expériences aléatoires dont le
nombre d’issues est fini. La description de situations aléatoires dont l’ensemble
des issues est infini a conduit à la naissance de la théorie des probabilités.
C’est le mathématicien russe Kolmogorov qui, au début du XXe siècle, en
utilisant la théorie naissante des ensembles, proposa une axiomatique qui est le
fondement de l’étude théorique des probabilités. De nos jours c’est une branche
très importante et féconde des mathématiques contemporaines.

553 Probabilités 553


554 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

11.1 Probabilités conditionnelles


11.1.1 Un exemple introductif
Nous considérons un échantillon Ω de 160 personnes. Le tableau qui suit
donne la répartition femmes-hommes selon deux critères d’âge.

femmes hommes total


de 15 ans à 25 ans 40 5 45
26 ans et plus 80 35 115
total 120 40 160

Nous désignons par :


• F l’événement :"interroger une femme",
• A l’événement :"interroger une personne de 15 ans à 25 ans".
Nous pouvons évaluer immédiatement la probabilité P (F ) d’interroger une
femme ainsi que la probabilité P (F ∩ A) d’interroger une femme âgée de 15 à
25 ans. Il vient
120 3
P (F ) = = ,
160 4
40 1
P (F ∩ A) = = .
160 4
Nous supposons l’événement F réalisé, c’est-à-dire que nous savons que la
personne interrogée est une femme.
Cette condition étant réalisée, nous désignons par PF (A) la probabilité que
la personne interrogée soit âgée de 15 à 25 ans.
C’est la probabilité de réalisation de A sachant que F est réalisé ou bien la
probabilité de A conditionnée par la réalisation de F .
Dans cette situation :
 L’ensemble des issues possibles est Ω ∩ F de cardinal 120.
 L’ensemble des issues favorables est F ∩ A de cardinal 40.
Nous en déduisons
40 1 P (F ∩ A)
PF (A) = = = .
120 3 P (F )
Nous pouvons de la même manière déterminer la probabilité de réalisation
de A sachant que F est réalisé, c’est-à-dire la probabilité conditionnelle PF (A)
que la personne soit âgée de 15 à 25 ans, sachant que cette personne est un
homme. Nous obtenons :

554 Chapitre 11
11.1. PROBABILITÉS CONDITIONNELLES 555

5
F ∩A 1
PF (A) = = 160 = .
P (F ) 40 8
160
Nous résumons cette situation aléatoire par l’arbre suivant :

11.1.2 Définition d’une probabilité conditionnelle

Définition. Soient A un événement inclus dans l’ensemble Ω des issues pos-


sibles d’une expérience aléatoire et P une loi de probabilité définie sur Ω.
Nous supposons que P (A) �= 0.
Pour tout événement B, la probabilité conditionnelle de B sachant que A
est réalisé, notée PA (B), est le réel défini par

P (B ∩ A)
PA (B) = .
P (A)

Remarques. Nous en donnons deux.


• La probabilité de B conditionnée par la réalisation de A est parfois notée
P (B/A).
• Si P (B) �= 0, alors nous avons aussi :

P (A ∩ B)
PB (A) = .
P (B)

Probabilités 555
556 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Exemple. Une enquête sur un échantillon représentatif d’une population don-


née a fourni les résultats suivants :
• 25% des personnes interrogées pratiquent le bricolage.
• Parmi les personnes qui pratiquent le bricolage, 5% font de la plomberie.
On interroge au hasard une personne de cet échantillon.
On désigne par
 A l’événement : « la personne interrogée pratique le bricolage » ,
 C l’événement : « la personne interrogée pratique la plomberie ».
Nous calculons la probabilité que la personne interrogée pratique le brico-
lage et la plomberie.
Il s’agit de calculer P (A ∩ C).
La lecture de l’énoncé nous indique

P (A) = 0, 25 et PA (C) = 0, 05.

Nous savons que


P (C ∩ A)
PA (C) = ,
P (A)
ce qui donne

P (C ∩ A) = PA (C) × P (A) = 0, 05 × 0, 25 = 0, 0125, soit 1, 25%.

11.1.3 Propriétés
Dans ce paragraphe, Ω est un ensemble fini d’issues possibles d’une expé-
rience aléatoire et P une loi de probabilité définie sur Ω.

Proposition. Soient A et B deux événements tels que P (A) �= 0 et P (B) �= 0.


Nous disposons des égalités suivantes :

P (A ∩ B) = PA (B) × P (A) = PB (A) × P (B).

Démonstration. Ces égalités résultent immédiatement des définitions des


probabilités conditionnelles PA (B) et PB (A).

Proposition. Soit A un événement tel que P (A) �= 0. Nous avons :

• PA (∅) = 0 et PA (Ω) = 1.

556 Chapitre 11
11.1. PROBABILITÉS CONDITIONNELLES 557

Démonstration.  Puisque ∅ ∩ A = ∅, nous avons


P (∅ ∩ A) P (∅)
PA (∅) = = = 0.
P (A) P (A)
 De même, puisque

A ⊂ Ω implique Ω ∩ A = A,

nous obtenons
P (Ω ∩ A) P (A)
PA (Ω) = = = 1.
P (A) P (A)
Proposition. Soit A un événement tel que P (A) �= 0.
Pour tout événement B, nous avons :
• 0 ≤ PA (B) ≤ 1,
• PA (B) + PA (B) = 1.

Démonstration. Soit B un événement quelconque.


• D’une part, par définition, nous avons PA (B) ≥ 0.
D’autre part, puisque A ∩ B ⊂ A, nous en déduisons

P (A ∩ B) ≤ P (A),

ce qui implique, en divisant les deux membres de cette inégalité par P (A) > 0,

PA (B) ≤ 1.

Nous en concluons , quel que soit l’ événement B, que

0 ≤ PA (B) ≤ 1.

• Nous avons
P (B ∩ A) P (B ∩ A) 1
PA (B) + PA (B) = + = (P (B ∩ A) + P (B ∩ A)).
P (A) P (A) P (A)
Or, nous observons que

A = A ∩ Ω = A ∩ (B ∪ B) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ B).

De plus les événements A ∩ B et A ∩ B sont incompatibles car

(A ∩ B) ∩ (A ∩ B) = ∅.

En utilisant la propriété d’additivité de la probabilité P , nous obtenons


 
P (B ∩ A) + P (B ∩ A) = P (A ∩ B) ∪ (A ∩ B) = P (A),

Probabilités 557
558 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

ce qui prouve

PA (B) + PA (B) = 1.

Proposition (additivité de PA ). Soit A un événement tel que P (A) �= 0.


La probabilité conditionnelle PA satisfait à la propriété d’additivité, c’est-
à-dire, pour tous les événements B1 et B2 incompatibles, nous disposons de
l’égalité :

PA (B1 ∪ B2 ) = PA (B1 ) + PA (B2 ).

Démonstration. Soient B1 et B2 deux événements incompatibles. Il vient

P [(B1 ∪ B2 ) ∩ A]
PA (B1 ∪ B2 ) = ,
P (A)
P [(B1 ∩ A) ∪ (B2 ∩ A)]
= .
P (A)

Puisque B1 et B2 sont deux événements incompatibles, il en est de même


des événements B1 ∩ A et B2 ∩ A. Par additivité de P , nous en déduisons

P (B1 ∩ A) + P (B2 ∩ A)
PA (B1 ∪ B2 ) = ,
P (A)
= PA (B1 ) + PA (B2 ).

Remarque. La probabilité conditionnelle PA qui satisfait à la propriété d’ad-


ditivité et, sachant que PA (Ω) = 1, peut être considérée comme une loi de
probabilité sur l’univers Ω ∩ A = A. Pour l’affirmer, nous aurions besoin d’une
définition plus abstraite d’une probabilité que celle qui a été donnée en Se-
conde. Cette dernière est basée simplement sur les deux propriétés rappelée au
début de cette remarque.

11.2 Probabilités totales

11.2.1 Un exemple introductif

Nous disposons de deux urnes U1 et U2 .


L’urne U1 contient 3 boules blanches et 5 boules noires.
L’urne U2 contient 2 boules blanches et 4 boules noires.

558 Chapitre 11
11.2. PROBABILITÉS TOTALES 559

Nous choisissons au hasard une des deux urnes, puis au hasard une boule
dans cette urne. Nous proposons de calculer la probabilité de choisir une boule
noire.
Pour cela, nous désignons par :
• B l’événement :"l’urne choisie est U1 ".
• N l’événement :"la boule tirée est noire".
Nous pouvons résumer les probabilités liées à cette expérience aléatoire par
l’arbre suivant :

De façon naturelle, nous affirmons que l’événement N est réalisé lorsqu’une


boule noire est prélevée en ayant choisi au hasard la première urne ou lors-
qu’une boule noire est prélevée en ayant choisi au hasard la seconde urne.
Dans le langage ensembliste des événements, nous traduisons par :

N = (N ∩ B) ∪ (N ∩ B), avec (N ∩ B) ∩ (N ∩ B) = ∅.

En appliquant la propriété d’additivité, nous obtenons


 
P (N ) = P (N ∩ B) ∪ (N ∩ B) ,
= P (N ∩ B) + P (N ∩ B),
= PB (N ) × P (B) + PB (N ) × P (B).

Probabilités 559
560 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Cette dernière égalité est appelée formule des probabilités totales relative-
 
ment au conditionnement défini par les événements B, B .
Avec les données numériques sur les branches de l’arbre ci-dessus, nous
avons :
 
1 5 2 31
P (N ) = + = .
2 8 3 48
Nous pouvons aussi, pour terminer, illustrer la formule de Bayes 1 qui
consiste à "inverser" le conditionnement.
Par exemple, nous souhaitons déterminer quelle est la probabilité qu’une
boule proviennent de l’urne U1 , sachant que cette boule est noire.
Il s’agit de calculer PN (B). Il vient

P (N ∩ B) PB (N ) × P (B)
PN (B) = = ,
P (N ) P (N )

ce qui donne
5 48 15
PN (B) = × = .
16 31 31
La formule de Bayes, d’un point de vue théorique, est

PB (N ) × P (B)
PN (B) = .
PB (N ) × P (B) + PB (N ) × P (B)

Cette formule est à mettre en perspective avec son utilisation pratique


proposée ci-dessus.

 
11.2.2 Probabilités totales pour une partition B, B
Définition. Soit B un événement non vide inclus dans un ensemble Ω d’éven-
tualités liées à une expérience aléatoire.
 
Les événements B et B constituent une partition, notée B, B , de Ω, ce
qui signifie

• B ∩ B = ∅,
• B ∪ B = Ω.
 
Remarque. La partition B, B de Ω est également appelée système complet
d’événements.

1. Mathématicien britannique : 1702-1761

560 Chapitre 11
11.2. PROBABILITÉS TOTALES 561

Proposition (formule des probabilités totales). Soit B un événement non


vide.
 
Relativement à la partition B, B de Ω, pour tout événement A ⊂ Ω,
nous avons :

P (A) = PB (A) × P (B) + PB (A) × P (B).

Démonstration. Soit A un événement quelconque.


 
Relativement à la partition B, B de Ω, en utilisant la distributivité de
∩ sur ∪ 2 , nous avons

A = A ∩ Ω,
A = A ∩ (B ∪ B),
A = (A ∩ B) ∪ (A ∩ B).

De plus, il vient

(A ∩ B) ∩ (A ∩ B) = A ∩ (B ∩ B) = A ∩ ∅ = ∅.

Nous illustrons ces deux calculs ensemblistes par le diagramme de Venn 3


suivant :

En utilisant la propriété d’additivité de la probabilité P , nous obtenons


 
P (A) = P (A ∩ B) ∪ (A ∩ B) ,
= P (A ∩ B) + P (A ∩ B),
= PB (A) × P (B) + PB (A) × P (B).

Cette dernière égalité est la formule des probabilités totales relativement à


 
la partition B, B .

2. Annexe 12.2.3
3. Mathématicien et logicien britannique : 1834-1923

Probabilités 561
562 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

11.2.3 Probabilités totales : cas général


Définition. Soient un entier n ≥ 2 et B1 , B2 , . . . , Bn , n événements inclus
un ensemble Ω d’éventualités liées à une expérience aléatoire.
Ces événements forment une partition de Ω, notée {B1 , B2 , . . . , Bn }, si et
seulement si :
• pour tout entier i ∈ 1, n, Bi �= ∅,
• pour tout (i, j) ∈ 1, n2 , Bi ∩ Bj �= ∅,
n
• Bi = Ω.
i=1

Remarque. La partition B1 , B2 , . . . , Bn de Ω est également appelée système


complet d’événements.

Proposition (formule des probabilités totales : cas général). Soient un entier


n ≥ 2 et {B1 , B2 , . . . , Bn } une partition de Ω.
Relativement à cette partition, pour tout événement A ⊂ Ω, nous disposons
de la formule des probabilités totales

P (A) = PB1 (A) × P (B1 ) + PB2 (A) × P (B2 ) + · · · + PBn (A) × P (Bn ), soit
n
P (A) = PBi (A) × P (Bi ).
i=1

Démonstration. Soit A un événement quelconque.


Relativement à la partition B1 , B2 , . . . , Bn de Ω, nous avons

A = A ∩ Ω,

n
A = A ∩ ( Bi ),
i=1

n
A= (A ∩ Bi ).
i=1

De plus, pour tout couple (i, j) tel que i �= j, nous avons

(A ∩ Bi ) ∩ (A ∩ Bj ) = A ∩ (Bi ∩ Bj ) = A ∩ ∅ = ∅.

562 Chapitre 11
11.2. PROBABILITÉS TOTALES 563

Nous illustrons ces deux égalités ensemblistes par le diagramme de Venn


suivant :

La propriété d’additivité de P donne


n 
n
P (A) = P (A ∩ Bi ) = PBi (A) × P (Bi ).
i=1 i=1

Exemple. Trois sacs A, B et C contiennent des boules de deux couleurs.


Les pourcentages de boules rouges sont respectivement 50%, 30% et 40%.
Nous tirons au hasard une boule dans un sac choisi au hasard.
 Nous calculons la probabilité que la boule tirée soit rouge.
Soient R l’événement : « la boule tirée est rouge » ;
A l’événement : « le sac A est choisi » ;
B l’événement : « le sac B est choisi » ;
C l’événement : « le sac C est choisi » ;
A, B et C définissent une partition de l’ensemble des boules.
En appliquant la formule des probabilités totales, nous obtenons

P (R) = PA (R) × P (A) + PB (R) × P (B) + PC (R) × P (C),


1
P (R) = (0, 5 + 0, 3 + 0, 4) = 0, 4 = 40%.
3
 La boule tirée n’est pas rouge. Quelle est la probabilité qu’elle provienne
du sac B ?
Il s’agit de calculer PR (B). Il vient

1
P (R ∩ B) PB (R) × P (B) 0, 7 ×
PR (B) = = = 3 = 7.
P (R) 1 − P (R) 0, 6 18

Probabilités 563
564 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

11.2.4 Indépendance

Exemple. Nous introduisons cette notion en lançant une pièce équilibrée deux
fois de suite.
Les faces de cette pièce sont numérotées par 0 ou par 1.
Nous désignons par
 A l’événement : "les deux lancers ne donnent pas le même résultat",
 B l’événement : " le second lancer donne le numéro 0".
Dans cette expérience aléatoire, nous avons

Ω = {(0, 0), (0, 1), (1, 0), (1, 1)}

Nous obtenons immédiatement

1 1 1
P (A) = , P (B) = et P (A ∩ B) = .
2 2 4

Nous observons que

P (A ∩ B) = P (A) × P (B).

Nous disons dans ce cas que les événements A et B sont indépendants.

Définition. Soient deux événements A et B inclus dans un ensemble Ω d’éven-


tualités liées à une expérience aléatoire sur lequel est définie une loi de proba-
bilité P .
Les événements A et B sont indépendants lorsque

P (A ∩ B) = P (A) × P (B).

Remarques. Nous en donnons deux.


 L’indépendance de deux événements dépend de la loi de probabilité qui
est définie sur Ω.
Nous reprenons l’exemple introductif en supposant que la pièce est pipée
3
afin que le numéro 0 apparaisse avec une probabilité de .
4
Nous résumons cette expérience aléatoire à l’aide d’un arbre.

564 Chapitre 11
11.2. PROBABILITÉS TOTALES 565

Nous en déduisons
3 1 3
P (A) = 2 × × = ,
4 4 8
3 2 1 3 3
P (B) = ( ) + × = ,
4 4 4 4
1 3 3
P (A ∩ B) = × = .
4 4 16
Puisque P (A ∩ B) �= P (A) × P (B), nous en concluons que les événements
A et B ne sont pas indépendants.
 Il est important de ne pas confondre indépendance de deux événements
avec leur incompatibilité. De plus, nous remarquons que l’incompatibilité de
deux événements ne dépend que de l’ensemble Ω des issues possibles et pas de
la loi de probabilité définie sur Ω .

Proposition (caractérisation de l’indépendance). Soient A et B deux événe-


ments. Nous supposons que P (A) �= 0.
Les deux propositions sont équivalentes :
(i) A et B sont indépendants,
(ii) PA (B) = P (B).

Démonstration. (i) ⇒ (ii) Nous supposons A et B indépendants. Il en résulte


P (A ∩ B) P (A) × P (B)
PA (B) = = = P (B).
P (A) P (A)

Probabilités 565
566 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

(ii) ⇒ (i)
Nous supposons que PA (B) = P (B). il vient

P (A ∩ B)
= P (B), ce qui implique P (A ∩ B) = P (A) × P (B).
P (A)

Nous en concluons que les événements A et B sont indépendants.

Remarque. Si P (B) �= 0, alors nous obtenons également que A et B sont


indépendants si et seulement si PB (A) = P (A).

Proposition. Si A et B sont deux événements indépendants, alors les événe-


ments suivants sont également indépendants :
• A et B,
• A et B,
• A et B.

Démonstration. Soient A et B deux événements indépendants.


Nous avons
• A = (A ∩ B) ∪ (A ∩ B) avec (A ∩ B) ∩ (A ∩ B) = ∅, ce qui donne

P (A) = P (A ∩ B) + P (A ∩ B) = P (A) × P (B) + P (A ∩ B),

nous en déduisons

P (A ∩ B) = P (A) − P (A) × P (B) = P (A)(1 − P (B)) = P (A) × P (B),

ce qui prouve que A et B sont indépendants.


• De même, nous obtenons
B = (B ∩ A) ∪ (B ∩ A) avec (B ∩ A) ∩ (B ∩ A) = ∅, ce qui donne

P (B) = P (B ∩ A) + P (B ∩ A) = P (B) × P (A) + P (B ∩ A),

ce qui implique

P (B ∩ A) = P (B) − P (B) × P (A) = P (B)(1 − P (A)) = P (B) × P (A),

ce qui prouve que B et A sont indépendants.

566 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 567

• Pour justifier que A et B sont indépendants, nous employons une autre


méthode qui utilise les lois ensemblistes de Morgan 4 . Nous avons

P (A ∩ B) = 1 − P (A ∩ B),
= 1 − P (A ∪ B),
= 1 − P (A ∪ B),
= 1 − (P (A) + P (B) − P (A ∩ B),
= 1 − P (A) − P (B) + P (A) × P (B),
= 1 − P (B) − P (A)(1 − P (B),
= (1 − P (B))(1 − P (A)),
= P (A) × P (B),

ce qui justifie l’indépendance de A et B.

11.3 Variables aléatoires finies


11.3.1 Un exemple introductif
Nous lançons un dé équilibré deux fois de suite, les faces de ce dé sont
numérotées de 1 à 6.
Nous représentons le résultat de chaque lancer par un couple (a, b), la pre-
mière coordonnée a étant le numéro restitué par le premier jet, la seconde b,
est le numéro restitué par le second jet.
En utilisant un repère du plan, nous visualisons l’ensemble Ω des issues
possibles liées à cette expérience aléatoire.

4. Voir Annexe 12.2.4

Probabilités 567
568 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Nous considérons à présent les deux événements suivants :


 A : "a + b est un multiple de 5",
 B : "a + b est un multiple de 3".
Nous déterminons P (A) et P (B).
L’événement A est réalisé par les couples

(4, 1), (2, 3), (3, 2), (1, 4), (4, 6), (5, 5), (6, 4).

Puisque nous dénombrons 36 issues possibles, nous en déduisons


7
P (A) = .
36
L’événement B est réalisé par les couples

(2, 1), (5, 1), (1, 2), (4, 2), (3, 3), (6, 3), (2, 4), (5, 4), (1, 5), (4, 5), (3, 6), (6, 6),

ce qui donne

12 1
P (A) = = .
36 3
Nous décidons d’établir la règle suivante :
 si A est réalisé, alors le joueur gagne 2 Euros,
 si B est réalisé, alors le joueur gagne 1 Euro,
 sinon, le joueur perd 1 Euro.
Nous désignons par X le gain (algébrique) du jeu et par X(Ω) l’ensemble
des valeurs possibles de X.
Nous observons que

X(Ω) = {−1, 1, 2}.

D’une manière naturelle, nous notons :


(X = 2) l’événement A,
(X = 1) l’événement B,
(X = −1) l’événement A ∩ B.
Nous donnons le tableau des valeurs prises par

P (X = k), lorsque k décrit X(Ω).

k −1 1 2
17 12 7
P (X = k)
36 36 36

568 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 569

Ce gain X est une variable aléatoire et le tableau précédent résume la loi


de cette dernière.
Nous remarquons que le terme "variable" est un abus de langage puisque X
est en fait une fonction numérique définie sur Ω, à valeurs dans le sous-ensemble
fini {−1, 1, 2} de R.
Cet abus est justifié par la notation de l’événement (X = k) qui rigoureu-
sement est défini par :

(X = k) = {ω ∈ Ω/X(ω) = k}.

De plus, un événement comme (X ≥ 1) = (X = 1) ∪ (X = 2) qui signifie


obtenir au moins un gain de 1 Euro, est envisageable. Dans cet exemple, par
additivité, nous avons
19
P (X ≥ 1) = P ((X = 1) ∪ (X = 2)) = P (X = 1) + P (X = 2) =
36

11.3.2 Les définitions


Définition (d’une variable aléatoire). Soit Ω un ensemble fini d’issues pos-
sibles. Une variable aléatoire finie, notée X, est une fonction définie sur Ω, à
valeurs dans un sous-ensemble fini de R.

Définition (notations). Nous notons X(Ω) (lire image de Ω par X), l’en-
semble fini des valeurs prises par X.
Si X(Ω) = {x1 , x2 , . . . , xn }, alors, pour tout i ∈ 1, n, nous notons
(X = xi ), l’événement défini par :

(X = xi ) = {ω ∈ Ω/X(ω) = xi }.

Remarques. Nous en faisons deux.


• Si X(Ω) n’est pas précisé par des données indexées, pour tout k ∈ X(Ω),
nous définissons l’événement (X = k) par :

(X = k) = {ω ∈ Ω/X(ω) = k}.

• Les événements (X = xi ), avec i ∈ 1, n, constituent une partition de


Ω car :
 pour tout entier i ∈ 1, n, (X = xi ) �= ∅,
 pour tout (i, j) ∈ 1, n2 , (X = xi ) ∩ (X = xj ) �= ∅,
n
 (X = xi ) = Ω.
i=1
• Pour tout a ∈ R, l’événement (X ≥ a) est défini par :

Probabilités 569
570 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS


(X ≥ a) = (X = k).
{k∈X(Ω)/k≥a}

Nous définissons de la même manière les événements (X > a), (X ≤ a) et


(X < a).

Exemple. Nous jouons à pile ou face trois fois de suite avec une pièce équili-
brée.
Nous décrivons l’ensemble Ω des issues possibles par l’arborescence qui
suit :

Nous considérons la variable aléatoire X qui associe à chaque issue le


nombre de faces obtenues.
Nous obtenons, à l’aide de l’arbre,

X(ω) = {0, 1, 2, 3}

Nous avons :
(X = 0) = {ppp},
(X = 1) = {ppf, pf p, f pp},
(X = 2) = {pf f, f pf, f f p},
(X = 3) = {f f f }.
Nous en déduisons la loi de probabilité de X.
k 0 1 2 3
1 3 3 1
P (X = k)
8 8 8 8

570 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 571

11.3.3 Loi d’une variable aléatoire


Définition. Soient X une variable aléatoire définie sur un ensemble fini Ω
d’issues possibles et P une loi de probabilité définie sur Ω.
En posant X(Ω) = {x1 , x2 , . . . , xn }, pour tout i ∈ 1, n, les réels
P (X = xi ) définissent une loi de probabilité sur X(Ω) appelée loi de la
variable X.

Remarque. En posant, pour tout i ∈ 1, n, pi = P (X = xi ), nous pouvons


résumer la connaissance de la loi de X par le tableau :

xi x1 x2 ... xn
P (X = xi ) p1 p2 ... pn

Proposition. Avec les données de la définition, nous disposons de l’égalité



n
P (X = xi ) = 1.
i=1

Démonstration. Nous savons que {(X = x1 ), (X = x2 ), . . . (X = xn )} est


une partition de Ω.
En utilisant la propriété d’additivité, nous obtenons
n 
 n
1 = P (Ω) = P (X = xi ) = P (X = xi ).
i=1 i=1

11.3.4 Trois variables aléatoires finies de référence


Variable certaine

Définition. Soit a un réel. Une variable aléatoire X est certaine et égale à a


si et seulement si

X(Ω) = {a},
P (X = a) = 1.

Probabilités 571
572 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Variable de Bernoulli

Définition. Soit un réel p ∈]0, 1[. Une variable aléatoire X suit une loi de
Bernoulli 5 de paramètre p si et seulement si

X(Ω) = {0, 1},


P (X = 1) = p et P (X = 0) = 1 − p.

Remarques. Nous en donnons trois.


 On note X �→ B(p) la donnée d’une loi de Bernoulli de paramètre p,
(la flèche �→ signifie "a pour loi").
 Une variable de Bernoulli modélise une expérience aléatoire à deux issues,
qualifiées souvent par "Succès" ou "Echec".
 p �= 1 et p �= 0 car sinon la variable X est certaine égale à 1 ou à 0.

Variable uniforme

Définition. Soit n ∈ N∗ . Une variable aléatoire X suit une loi uniforme sur
1, n si et seulement si

X(Ω) = 1, n,


1
Pour tout entier k ∈ 1, n, P (X = k) = .
n
Remarques. Nous en donnons deux.
 On note X �→ U (1, n) la donnée d’une loi uniforme sur 1, n.
 Une loi uniforme sur 1, n modélise l’obtention au hasard d’un nombre
entier compris entre 1 et n.

11.3.5 Espérance d’une variable aléatoire

Définition. Soit X une variable aléatoire dont la loi est donnée par le tableau :

xi x1 x2 ... xn
P (X = xi ) p1 p2 ... pn

L’espérance de X, notée E(X), est le réel défini par :



n 
n
E(X) = x1 p1 + x2 p2 + · · · + xn pn = x i pi = xi P (X = xi ).
i=1 i=1
5. Mathématicien suisse : 1654-1705

572 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 573

Remarques. Nous en donnons quatre.


 Nous interprétons le réel E(X) comme la moyenne des nombres xi , pon-
dérés par les nombres pi , avec i ∈ 1, n.
 Sans préciser X(Ω) par des données indexées, nous pouvons définir E(X)
par :

E(X) = kP (X = k).
k∈X(Ω)

 Nous posons Ω = {ω1 , ω2 , . . . , ωr }.


Pour tout k ∈ X(Ω), il existe i ∈ 1, r tel que X(ωi ) = k.
Puisque P (X = X(ωi )) = P (ωi ), nous pouvons définir, en tenant compte
uniquement de la donnée de Ω, l’espérance de X par :

r
E(X) = X(ωi )P (ωi )
i=1

 Lorsque E(X) = 0, on dit que la variable X est centrée.

Exemples. Nous en proposons quatre.


1er exemple : Nous reprenons l’exemple introductif 11.3.1. Il vient
 17 12 7 1
E(X) = kP (X = k) = (−1) × +1× +2× = .
k∈X(Ω) 36 36 36 4

2e exemple : Nous reprenons le jeu de pile ou face du paragraphe 11.3.2.


Nous obtenons

4 1 3 3 1 3
E(X) = k × P (X = k) = 0 × +1× +2× +3× = .
k=0 8 8 8 8 2

3e exemple : X est une variable aléatoire certaine égale au réel a.

E(X) = a × P (X = a) = a × 1 = a.

4e exemple : X �→ B(p).

E(X) = 1 × P (X = 1) + 0 × P (X = 0) = 1 × p = p.

Proposition (action de l’espérance sur une fonction affine). Soient a et b deux


réels. Pour toute variable aléatoire X définie sur Ω, nous avons

E(aX + b) = aE(X) + b.

Probabilités 573
574 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Démonstration. Pour simplifier, nous utilisons la seconde remarque donnée


ci-dessus. Il vient


E(aX + b) = (ak + b)P (X = k),
k∈X(Ω)
 
=a kP (X = k) + b P (x = k).
k∈X(Ω) k∈X(Ω)


Puisque P (x = k) = 1 et par définition de E(X), nous en concluons :
k∈X(Ω)

E(aX + b) = aE(X) + b.

Corollaire. Pour toute variable aléatoire X définie sur Ω, la variable aléatoire


Y = X − E(X) est centrée.

Démonstration. En appliquant la proposition précédente, nous obtenons

E(Y ) = E(X − E(X)) = E(X) − E(X) = 0,

ce qui prouve la variable aléatoire Y = X − E(X) est centrée.

Proposition (linéarité de l’espérance). Soient X et Y deux variables aléatoires


définies sur un même ensemble Ω = {ω1 , ω2 , . . . , ωr } d’issues possibles, ce
dernier étant muni d’une loi de probabilité P .
L’espérance est linéaire, ce qui signifie, pour tous réels les a et b,

E(aX + bY ) = aE(X) + bE(Y ).

Démonstration. Nous utilisons le 3e point de la remarque précédente. Il vient


r

E(aX + bY ) = (aX + bY )(ωi )P (ωi ),
i=1
r r

=a X(ωi )P (ωi ) + b Y (ωi )P (ωi ),
i=1 i=1

= aE(X) + bE(Y ).

Remarque. En particulier si a = b = 1, nous obtenons

E(X + Y ) = E(X) + E(Y ).

574 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 575

11.3.6 Variance d’une variable aléatoire


Définition (moment d’ordre 2). Soit X une variable aléatoire dont la loi est
donnée par le tableau :

xi x1 x2 ... xn
P (X = xi ) p1 p2 ... pn

Le moment d’ordre 2 de X est le réel défini par :



n 
n
E(X 2 ) = x21 p1 + x22 p2 + · · · + x2n pn = x2i pi = x2i P (X = xi ).
i=1 i=1

Définition (de la variance). Les données sont celles de la définition précédente.


La variance de X, notée V (X), est le réel positif, défini par :
  n 
n
V (X) = E (X − E(X))2 = (xi − E(X))2 pi = (xi − E(X))2 P (X = xi ).
i=1 i=1

Remarques. Nous en donnons trois.


 La variance de X est géométriquement, pour tout i ∈ 1, n, la moyenne
des carrés des distances entre chaque xi et E(X), chaque carré étant pondéré
par pi .
 Sans préciser X(Ω) par des données indexées, nous pouvons définir V (X)
par

V (X) = (k − E(X))2 P (X = k).
k∈X(Ω)

 En s’inspirant de l’exercice corrigé 23 du chapitre 5, nous montrerons


dans l’exercice 18 de ce chapitre que le réel E(X) minimise la fonction f
définie sur R par f (x) = E((X − x)2 ).

Proposition (formule de König 6 -Huyghens 7 ). Pour toute variable aléatoire


X définie sur Ω, nous disposons de l’égalité

V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 .

6. Mathématicien allemand : 1712-1757


7. Mathématicien, physicien, astronome néerlandais : 1629-1695

Probabilités 575
576 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Démonstration. Nous proposons deux méthodes.


1re méthode : par un calcul direct.
Pour simplifier, nous utilisons les sommes indexées par k ∈ X(Ω).

V (X) = (k − E(X))2 P (X = k),
k∈X(Ω)

= (k 2 − 2kE(X) + (E(X))2 )P (X = k),
k∈X(Ω)

 
V (X) = k 2 P (X = k) − 2E(X) kP (X = k)
k∈X(Ω) k∈X(Ω)

+(E(X))2 P (X = k).
k∈X(Ω)


Puisque P (X = k) = 1 et par définition de E(X) et E(X 2 ), nous
k∈X(Ω)
obtenons

V (X) = E(X 2 ) − 2E(X) × E(X) + (E(X))2 ,

ce qui donne pour conclure

V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 .

2e méthode : en utilisant la linéarité de l’espérance. Nous avons


   
V (X) = E (X − E(X))2 = E X 2 − 2X × E(X) + (E(X))2 .

Par linéarité, nous obtenons


 
V (X) = E(X 2 ) + E −2E(X)X + (E(X))2 .

En utilisant l’action de l’espérance sur la fonction affine


X �→ −2E(X)X + (E(X))2 , nous en concluons

V (X) = E(X 2 ) − 2E(X) × E(X) + (E(X))2 = E(X 2 ) − (E(X))2 .

Remarque. Puisque V (X) ≥ 0, nous en déduisons que, pour toute variable


aléatoire définie sur Ω,

E(X 2 ) ≥ (E(X))2 .

576 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 577

Définition. Soit X une variable aléatoire définie sur Ω, de variance V (X).


L’écart-type de X, noté σ(X), est défini par :

σ(X) = V (X).

Remarque. σ(X) est un paramètre mesurant la dispersion des valeurs prises


par X, par rapport à son espérance E(X).

Exemples. Nous en proposons quatre.


1er exemple : Nous reprenons l’exemple introductif 11.3.1.
1
Nous savons que E(X) = .
4
Il vient :
 17 12 7 57
E(X 2 ) = kP (X = k) = (−1)2 × + 12 × + 22 × = ,
k2 ∈X(Ω) 36 36 36 36
ce qui donne
57 1 219
V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 = − = .
36 16 144
Nous en déduisons

219
σ(X) = ≈ 1, 2.
12
2e exemple : Nous reprenons le jeu de pile ou face du paragraphe 11.3.2.
3
Nous savons que E(X) = . Nous obtenons
2
 2
4 1 3 3 1
E(X) = k × P (X = k) = 02 × + 12 × + 22 × + 32 × 3,
k=0 8 8 8 8
ce qui donne
9 3
V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 = 3 − = .
4 4
Nous en déduisons

3
σ(X) = ≈ 0, 9,
2
Ce qui signifie que l’intervalle

[E(X) − σ(X), E(X) + σ(X)] ≈ [0, 6 ; 2, 4],

contient 50% des valeurs prises par X.


3e exemple : X est une variable aléatoire certaine égale au réel a.
Nous savons que E(X) = a.
De plus, on a :

Probabilités 577
578 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

E(X 2 ) = a2 × P (X = a) = a2 × 1 = a2 ,

ce qui induit

V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 = a2 − a2 = 0.

4e exemple : X �→ B(p).
Nous savons que E(X) = p.
Il vient

E(X 2 ) = 12 × P (X = 1) + 02 × P (X = 0) = p,

ce qui donne

V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 = p − p2 = p(1 − p).

Par conséquent, nous obtenons



σ(X) = p(1 − p).

Proposition (action de la variance sur une fonction affine). Soient a et b deux


réels. Pour toute variable aléatoire X définie sur Ω, nous avons

V (aX + b) = a2 V (X).

Démonstration. En appliquant la formule de König-Huyghens à la variable


aléatoire aX + b, il vient

V (aX + b) = E((aX + b)2 ) − (E(aX + b))2 .

Nous commençons par évaluer E((aX + b)2 ). Nous obtenons



E((aX + b)2 ) = (ak + b)2 P (X = k),
k∈X(Ω)

= (a2 k 2 + 2abk + b2 )P (X = k),
k∈X(Ω)

 
E((aX + b)2 ) = a2 k 2 P (X = k) + 2ab kP (X = k)
k∈X(Ω) k∈X(Ω)

+b2 P (X = k).
k∈X(Ω)


Puisque P (X = k) = 1 et par définition de E(X) et E(X 2 ), nous
k∈X(Ω)
obtenons :

578 Chapitre 11
11.3. VARIABLES ALÉATOIRES FINIES 579

E((aX + b)2 ) = a2 E(X 2 ) + 2abE(X) + b2 .

Nous savons que E(aX + b) = aE(X) + b. Nous en déduisons

V (aX + b) = a2 E(X 2 ) + 2abE(X) + b2 − (aE(X) + b)2 ,


= a2 E(X 2 ) + 2abE(X) + b2 − (a2 (E(X))2 + 2abE(X) + b2 ),
= a2 (E(X 2 ) − (E(X))2 ) = a2 V (X).

Remarque. Nous pouvons également établir la preuve de cette proposition


en utilisant la linéarité de l’espérance.

Corollaire. Pour toute variable aléatoire X définie sur Ω telle que σ(X) �= 0,
X − E(X)
la variable aléatoire T = est réduite, ce qui signifie
σ(X)
V (T ) = 1.

Démonstration. En appliquant la proposition précédente, nous obtenons


 
X − E(X) 1
V (T ) = V = 2 V (X) = 1.
σ(X) σ (X)

Probabilités 579
580 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

11.4 Exercices corrigés


11.4.1 Probabilités conditionnelles - Indépendance
Exercice 1. Maladie contagieuse
Dans une population donnée, 15% des individus ont une maladie Ma .
Parmi les individus atteints de la maladie Ma , 20% ont une maladie Mb et
parmi les individus non atteints de la maladie Ma , 4% ont la maladie Mb .
On examine au hasard un individu de cette population et on considère les
événements :
• A : "l’individu est atteint de la maladie Ma ",
• B : "l’individu est atteint de la maladie Mb ".
1. Calculer la probabilité de l’événement B.
2. En déduire la probabilité qu’un individu soit atteint de la maladie Ma
sachant qu’il est atteint de la maladie Mb .
Solution
Les événements {A, A} constituent une partition de la population donnée.
Pour traduire l’énoncé, nous proposons l’arbre suivant :

Relativement à cette partition, nous appliquons la formule des probabilités


totales. Nous obtenons :

P (B) = PA (B) × P (A) + PA (B) × P (A) = 0, 15 × 0, 2 + 0, 85 × 0, 04 = 0, 064,


soit 6, 4%.

2. Nous calculons à présent PB (A). Il vient


P (B ∩ A) PA (B) × P (A) 0, 2 × 0, 15
PB (A) = = = ≈ 0, 47.
P (B) P (B) 0, 064

580 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 581

Exercice 2. Vrai - Faux


Soient A, B et C trois événements d’un ensemble Ω d’issues possibles
sur lequel est défini une loi de probabilité P . Nous supposons que P (A) �= 0,
P (B) �= 0 et P (C) �= 0.
Les assertions suivantes sont-elles vraies ou fausses ?
1. Si A et B sont incompatibles alors A et B sont indépendants.
2. PA (B) + PA (B) = 1.
3. PA (B ∪ C) = PA (B) + PA (C) − PA (B ∩ C).
Solution
1. FAUX. Nous proposons le contre-exemple :
Ω = {1, 2, 3, 4, 5, 6} et P est la loi uniforme sur Ω.
A : "obtenir un résultat pair"
B : "obtenir un résultat impair"
Nous avons :
A ∩ B = ∅, donc P (A ∩ B) = 0.
Par ailleurs, nous obtenons
1 1
P (A) × P (B) = × .
2 2
Ceci justifie que A et B ne sont pas indépendants.
2. FAUX. Nous reprenons le contre-exemple précédent et nous choisissons :
A : "obtenir un résultat pair"
B = {3, 6}.
1 1
Nous avons : PA (B) = et PA (B) = , ce qui donne
3 3
PA (B) + PA (B) �= 1.

3. VRAI. En effet nous savons que PA est une loi de probabilité sur Ω ∩ A.
Exercice 3. Des boules dans une urne
Dans cet exercice nous donnerons les résultats sous forme de fractions ir-
réductibles.
Une urne contient trois boules noires et une boule blanche.
Nous proposons l’expérience suivante :
On lance un jeton parfaitement équilibré, présentant une face noire et une
face blanche. Si la face blanche est obtenue, on ajoute une boule blanche dans
l’urne ; sinon, on ajoute une boule noire dans l’urne.
On prélève ensuite, au hasard, successivement et sans remise, deux boules
dans cette urne.
Nous désignons par :

Probabilités 581
582 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

• E0 l’événement : "aucune boule blanche ne figure parmi les deux boules


tirées".
• B l’événement : "le jeton présente la face blanche".
1. Calculer la probabilité de E0 .
2. On prélève deux boules dans l’urne, aucune boule blanche ne figure dans
ce tirage. Quelle est la probabilité que le jeton présente la face noire ?
3. Nous appelons E1 l’événement : "une boule blanche et une seule figure
parmi les 2 boules tirées ". Calculer la probabilité de E1 .
Solution
{B, B} constitue un système complet d’événements de l’ensemble des ti-
rages successifs, sans remise de deux boules dans cette urne.
Si B est réalisé, il y a 3 boules noires et 2 boules blanches dans l’urne.
Si B est réalisé, il y a 4 boules noires et 1 boule blanche dans l’urne.
Nous explicitons cette expérience aléatoire par l’arbre suivant :

1. Relativement à cette partition, nous appliquons la formule des probabi-


lités totales. Nous obtenons
1 3 6 9
P (E0 ) = PB (E0 ) × P (B) + PB (E0 ) × P (B) = ( + ) = .
2 10 10 20
2. Il s’agit de calculer PE0 (B). Il vient

P (E0 ∩ B) P (E0 ) × P (B) 1 3 20 2


PE0 (B) = = B = × × = .
P (E0 ) P (E0 ) 2 5 9 3
3. Nous désignons par E2 l’événement : "aucune boule noire ne figure parmi
les 2 boules tirées ".

582 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 583

Ainsi {E0 , E1 , E2 } réalise également une partition de l’ensemble des tirages


successifs, sans remise de deux boules dans cette urne.
Plus précisément, nous avons

E 1 = E 0 ∪ E2 ,

ce qui donne, puisque E0 et E2 sont incompatibles,

P (E1 ) = 1 − P (E0 ∪ E2 ) = 1 − (P (E1 ) + P (E2 )).

Il nous reste à évaluer P (E2 ).


Pour décrire la réalisation de E2 , nous disposons de l’arbre suivant :

Relativement à la partition {B, B}, nous appliquons la formule des proba-


bilités totales. Nous obtenons
1 1 1
P (E2 ) = PB (E2 ) × P (B) + PB (E2 ) × P (B) = PB (E2 ) × P (B) = × = .
2 10 20
Nous en concluons
1 9 1 1
P (E1 ) = 1 − ( + )=1− = .
20 20 2 2

Probabilités 583
584 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Exercice 4. Des boules dans deux urnes et des suites


Soit n un entier naturel supérieur ou égal à 2.
On considère deux urnes U1 et U2 contenant chacune n boules banches et n
boules noires. On jette un dé cubique équilibré dont les faces sont numérotées
de 1 à 6.
 Si le résultat du jet est pair, on prélève au hasard successivement, avec
remise, deux boules dans l’urne U1 .
 Si le résultat du jet est impair, on prélève au hasard successivement, sans
remise, deux boules dans l’urne U2 .
On désigne par :
• B l’événement :" le résultat du jet est pair",
• pn , la probabilité de l’événement N : "obtenir deux boules noires".
4n − 3
1. Justifier que, pour tout entier n ≥ 2, pn = .
8 (2n − 1)
1
En déduire que, pour n ≥ 2, pn < .
4
Quelle est la limite du réel pn , lorsque n tend vers +∞ ?
2. Est-il exact que PN (B) = PN (B) ?
Que peut-on dire de cette égalité lorsque n tend vers +∞ ?
Solution
1. Pour décrire la réalisation de N , nous disposons de l’arbre suivant :

{B, B} constitue un système complet d’événements de l’ensemble des ti-


rages successifs, avec ou sans remise de deux boules dans l’une des deux urnes.

584 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 585

Relativement à cette partition, nous appliquons la formule des probabilités


totales. Pour tout entier n ≥ 2, nous obtenons

pn = P (N ) = PB (N ) × P (B) + PB (N ) × P (B),
 
1 1 n−1
pn = + ,
2 4 2(2n − 1)
 
1 1 n−1
pn = + ,
4 2 2n − 1
4n − 3
pn = .
8(2n − 1)

De plus, pour tout entier n ≥ 2, nous avons

1 4n − 3 1
pn − = − ,
4 8 (2n − 1) 4
 
1 1 4n − 3
pn − = −1 ,
4 4 2 (2n − 1)
 
1 1 4n − 3 − 2 (2n − 1)
pn − = ,
4 4 2 (2n − 1)
1 −1
pn − = < 0.
4 8 (2n − 1)

Nous en concluons
1
∀n ≥ 2, pn < .
4
Nous déduisons du calcul précédent que
1 1
lim pn − = 0, soit lim pn = .
n→+∞ 4 n→+∞ 4
2. Soit un entier n ≥ 2.
D’une part, nous avons
P (N ∩ B) PB (N ) × P (B)
PN (B) = = ,
P (N ) P (N )
1 1 8(2n − 1) 2n − 1
PN (B) = × × = .
2 4 4n − 3 4n − 3
D’autre part, il vient

P (N ∩ B) P (N ) × P (B)
PN (B) = = B ,
P (N ) P (N )
1 n−1 8(2n − 1) 2(n − 1)
PN (B) = × × = .
2 2(2n − 1) 4n − 3 4n − 3

Probabilités 585
586 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Quel que soit l’entier n ≥ 2, il en résulte que

PN (B) �= PN (B),

ce qui prouve que l’égalité proposée est inexacte.


Pour n ≥ 2, nous avons
1 1
n(2 −) 2−
PN (B) = n = n,
3 3
n(4 − ) 4−
n n
2 2
n(2 − ) 2−
PN (B) = n = n.
3 3
n(4 − ) 4−
n n
Nous en déduisons, par quotient de deux limites que
1
lim PN (B) = lim PN (B) = .
n→+∞ n→+∞ 2
Exercice 5. Pile ou Face répétés n fois
Une urne contient trois pièces équilibrées. Deux d’entre elles sont normales :
elles possèdent une face "PILE" et une face "FACE". La troisième, truquée,
possède deux faces "FACE".
Une pièce est choisie au hasard dans l’urne et, de manière indépendante,
des lancers successifs de cette pièce sont effectués.
Nous considérons les événements suivants :
• B : "La pièce prise est normale",
• Fn : "La face "FACE" est obtenue pour chacun des n premiers lancers",
avec n ≥ 1.
1. La probabilité de l’événement Fn est notée pn . Justifier que
 
1 1 n−1
pn = 1+( ) .
3 2
Quelle est la limite de pn quand n tend vers +∞ ?
2. Sachant que l’on a obtenu "PILE" pour les n premiers lancers, quelle
est la probabilité qn d’avoir pris une pièce normale ?

586 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 587

Solution
1. Pour décrire la réalisation de Fn , nous disposons de l’arbre suivant :

Nous appliquons la formule des probabilités totales relativement à la par-


tition {B, B} qui conditionne la réalisation de Fn . Pour tout entier n ≥ 1, il
vient

pn = P (Fn ) = PB (Fn ) × P (B) + PB (Fn ) × P (B),


 n
2 1 1
pn = × + × 1n ,
3 2 3
 
1 1 n−1
pn = 1+( ) .
3 2
 n−1
1
Puisque lim = 0, nous en déduisons
n→+∞ 2

1
lim pn = .
n→+∞ 3
2. Pour évaluer qn = PFn (B), sachant que PFn est une loi de probabilité,
nous avons

PFn (B) = 1 − PFn (B).

Or, par définition de l’événement B, nous observons que PFn (B) = 0, ce


qui permet, pour tout entier n ≥ 1, de conclure par qn = PFn (B) = 1.

Probabilités 587
588 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Exercice 6. Conditionnement par trois événements


Une urne contient 4 boules rouges et 2 boules noires indiscernables au tou-
cher.
1. On effectue au hasard, dans cette urne, un tirage successif sans remise
de deux boules. On note :
• A0 l’événement : "aucune boule noire n’est obtenue",
• A1 l’événement : "une seule boule noire est obtenue",
• A2 l’événement : "deux boules noires sont obtenues ».
Calculer les probabilités de A0 , A1 et A2 .
2. Après ce premier tirage, il reste donc 4 boules dans l’urne.
On effectue à nouveau au hasard, dans cette urne, un second tirage successif
sans remise de deux boules. On note :
• B0 l’événement : "aucune boule noire n’est obtenue au second tirage ".
• B1 l’événement : "une seule boule noire est obtenue au second tirage".
• B2 l’événement : "deux boules noires sont obtenues au second tirage".
Déterminer les probabilités conditionnelles PA0 (B0 ), PA1 (B0 ) et PA2 (B0 ) .
En déduire la probabilité de B0 .
3. Nous considérons l’événement R :
"Il a fallu exactement les deux tirages pour que les deux boules noires soient
extraites de l’urne". Calculer la probabilité de R.
Solution
Nous désignons par Ni , avec i ∈ 1, 2 , l’événement désignant le rang de
sortie d’une boule noire lors d’un tirage successif sans remise de deux boules.
L’ensemble des tirages successifs sans remise de deux boules dans l’urne est
visualisé par l’arborescence suivante :

588 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 589

1.
 Nous avons A0 = N1 ∩ N2 , ce qui implique
2 3 2
P (A0 ) = P (N1 ∩ N2 ) = P (N1 ) × PN1 (N2 ) = × = .
3 5 5
 Nous avons A1 = (N1 ∩ N2 ) ∪ (N1 ∩ N2 ), avec (N1 ∩ N2 ) ∩ (N1 ∩ N2 ) = ∅.
Nous en déduisons, par additivité,

P (A1 ) = P (N1 ∩ N2 ) + P (N1 ∩ N2 ),


P (A1 ) = PN1 (N2 ) × P (N1 ) + PN1 (N2 ) × P (N1 ),
4 1 2 2
P (A1 ) = × + × ,
5 3 5 3
8
P (A1 ) = .
15

 Enfin, nous obtenons


1 1 1
P (A2 ) = P (N1 ∩ N2 ) = P (N1 ) × PN1 (N2 ) = × = .
3 5 15
2.
 Si A0 est réalisé, alors il reste dans l’urne 2 boules noires et 2 boules
rouges. Il en résulte

PA0 (B0 ) = PA0 (N1 ∩ N2 ),


PA0 (B0 ) = PA0 (N1 ) × (PA0 )N1 (N2 ),
2 1 1
PA0 (B0 ) = × = .
4 3 6

 Si A1 est réalisé, alors il reste dans l’urne 1 boule noire et 3 boules rouges,
ce qui donne

PA1 (B0 ) = PA1 (N1 ∩ N2 ),


PA1 (B0 ) = PA1 (N1 ) × (PA1 )N1 (N2 ),
3 2 1
PA1 (B0 ) = × = .
4 3 2

 Si A2 est réalisé, alors il reste dans l’urne 0 boule noire et 4 boules rouges,
il est clair que

PA2 (B0 ) = 1.

Probabilités 589
590 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

 {A0 , A1 , A2 } réalise un système complet d’événements relativement à


l’événement B0 .
Nous donnons, une arborescence décrivant ce second tirage.

En appliquant la formule des probabilités totales pour cette partition, nous


obtenons

P (B0 ) = PA0 (B0 ) × P (A0 ) + PA1 (B0 ) × P (A1 ) + PA2 (B0 ) × P (A2 ),
1 2 1 8 1
P (B0 ) = × + × +1× ,
6 5 2 15 15
2
P (B0 ) = .
5

3. L’événement R est réalisé si et seulement si

R = (A1 ∩ B1 ) ∪ (A0 ∩ B2 ), avec ∅ = (A1 ∩ B1 ) ∩ (A0 ∩ B2 ).

Nous en déduisons

P (R) = P (A1 ∩ B1 ) + P (A0 ∩ B2 ),


P (R) = PA1 (B1 ) × P (A1 ) + PA0 (B2 ) × P (A0 ),
8 2
P (R) = PA1 (B1 ) × + PA0 (B2 ) × .
15 5

 Calcul de PA0 (B2 ). Il vient

PA0 (B2 ) = PA0 (N1 ∩ N2 ) = PA0 (N1 ) × (PA0 )N1 (N2 ).

Or, si A0 est réalisé, alors il reste dans l’urne 2 boules noires et 2 boules
rouges, ce qui donne :

590 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 591

2 1 1
PA0 (N1 ) = = et (PA0 )N1 (N2 ) = .
4 2 3
Ainsi nous obtenons
1 1 1
PA0 (B2 ) = × = .
2 3 6
 Calcul de PA1 (B1 ). Nous avons

PA1 (B1 ) = PA1 (N1 ∩ N2 ) + PA1 (N1 ∩ N2 ),


PA1 (B1 ) = PA1 (N1 ) × (PA1 )N1 (N2 ) + PA1 (N1 ) × (PA1 )N1 (N2 ).

Or, si A1 est réalisé, alors il reste 1 boule noire et 3 boules rouges dans
l’urne, ce qui donne
1 3 3 1 1
× + × = .
PA1 (B1 ) =
4 3 4 3 2
1 8 1 2 1
Nous en concluons : P (R) = × + × = .
2 15 6 5 3
Exercice 7. D’après Bac - Manchot empereur
Dans un zoo, l’unique activité d’un manchot empereur est l’utilisation d’un
bassin aquatique équipé d’un toboggan et d’un plongeoir.
On a observé que :
 Si un manchot choisit le toboggan, la probabilité qu’il le reprenne est 0, 3.
 Si un manchot choisit le plongeoir, la probabilité qu’il le reprenne est
0, 8.
Lors du premier passage, les deux équipements ont la même probabilité
d’être choisis.
Pour tout n ∈ N∗ , on désigne par :
• Tn l’événement : "le manchot utilise le toboggan lors de son n-ième
passage".
• T n l’événement :"le manchot utilise le plongeoir lors de son n-ième
passage".
1. Déterminer la probabilité de l’événement T2 .
2. Pour tout n ∈ N∗ , nous posons pn = P (Tn ).
Montrer que :

∀n ∈ N∗ , pn+1 = 0, 1 × pn + 0, 2.

3. On considère la suite (un ) définie sur N∗ par


2
un = pn − .
9

Probabilités 591
592 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Justifier que (un ) est une suite géométrique dont on donnera la raison et le
premier terme.
En déduire pn en fonction de n. Donner une interprétation probabiliste de
la limite de pn quand n tend vers +∞.
Solution
1. L’arbre qui suit résume la situation au second passage relativement au
système complet{T1 , T 1 } décrivant le premier passage et qui conditionne le
second.

Avec ce système complet, nous appliquons la formule des probabilités to-


tales. Nous obtenons

P (T2 ) = PT1 (T2 ) × P (T1 ) + PT 1 (T2 ) × P (T 1 ),


1
P (T2 ) = 0, 5(0, 3 + 0, 2) = 0, 25 = .
4

2. Soit n ∈ N∗ . Dans cette expérience aléatoire, nous observons que la


réalisation de l’événement Tn+1 , c’est-à-dire le choix par un manchot d’utiliser
le toboggan à l’instant n + 1, est conditionné par le système complet {Tn , T n }
décrivant le n-ième passage.
L’arborescence qui suit résume cette situation.

592 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 593

En appliquant la formule des probabilités totales relativement à la partition


{Tn , T n }, il vient :

P (Tn+1 ) = PTn (Tn+1 ) × P (Tn ) + PT n (Tn+1 ) × P (T n ),

ce qui donne, pour tout entier n ≥ 1,

pn+1 = 0, 3 × pn + 0, 2(1 − pn ).

Nous en concluons

∀n ∈ N∗ , pn+1 = 0, 1 × pn + 0, 2.

3. Pour tout entier n ≥ 1, nous avons

2 1 1 2
un+1 = pn+1 − = × pn + − ,
9 10  5 9
1 1 1 1
un+1 = pn − = pn − ,
10 45 10 9
1
un+1 = un .
10
1
Nous avons ainsi établi que la suite (un ) est géométrique de raison q =
10
et de premier terme
2 1 2 5
u1 = p1 − = − = .
9 2 9 18
Pour tout entier n ≥ 1, nous en concluons

2
pn = un + ,
9
2
pn = u1 q n−1 + ,
9
 n−1
5 1 2
pn = + .
18 10 9

1
Puisque 0 < < 1, nous obtenons
10
2
lim pn = ,
n→+∞ 9
ce qui signifie, lorsque notre manchot empereur s’est beaucoup activé (à la fin
de la journée par exemple), qu’il y a 2 chances sur 9 qu’il utilise le toboggan.

Probabilités 593
594 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Exercice 8. Promenade aléatoire sur un tétraèdre


Un écureuil se déplace sur les arêtes d’un tétraèdre régulier SABC.

Si notre écureuil se trouve sur un des quatre sommets, alors il se dirige au


hasard vers un sommet voisin. Pour tout entier n ≥ 0, nous désignons par :
An l’événement : "l’écureuil est en A après n déplacements",
Bn l’événement : "l’écureuil est en B après n déplacements",
Cn l’événement : "l’écureuil est en C après n déplacements",
Sn l’événement : "l’écureuil est en S après n déplacements".
Initialement l’écureuil se trouve en A.
1. Que peut-on dire des événements A0 , B0 , C0 et S0 ?
2. Quelle est la probabilité de chacun de ces événements après 2 déplace-
ments ?
3. Pour tout entier n ≥ 1, nous désignons par pn la probabilité de Sn .
Préciser p1 et montrer que
1
pn+1 = (1 − pn ).
3
4. Prouver par récurrence 8 que
  n 
1 1
∀n ∈ N∗ , pn = 1− − .
4 3
Interpréter la limite de pn quand n tend vers +∞.

8. Annexe : § 12.5.5

594 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 595

Solution
1. L’événement A0 est certain, les événements B0 , C0 et S0 sont impossibles.
2. Nous disposons dans le cas n = 2 de l’arborescence suivante :

Relativement à la partition {B1 , C1 , S1 } qui fixe les positions possibles


de l’écureuil à l’étape 1, en utilisant la formule des probabilités totales, nous
sommes en mesure d’évaluer les probabilités demandées. Nous avons :

 P (A2 ) = PB1 (A2 ) × P (B1 ) + PC1 (A2 ) × P (C1 ) + PS1 (A2 ) × P (S1 ),
 2
1 1
P (A2 ) = 3 × = .
3 3
 2
1 2
 P (B2 ) = PC1 (B2 ) × P (C1 ) + PS1 (B2 ) × P (S1 ) = 2 × = .
3 9
 2
1 2
 P (C2 ) = PB1 (C2 ) × P (B1 ) + PS1 (C2 ) × P (S1 ) = 2 × = .
3 9
 2
1 2
 P (S2 ) = PB1 (S2 ) × P (B1 ) + PC1 (S2 ) × P (C1 ) = 2 × = .
3 9

1
3. Nous avons p1 =
3
Soit un entier n ≥ 1. Pour déterminer la probabilité de notre écureuil
d’être au sommet S après n + 1 déplacements, nous appliquons la formule des
probabilités totales vis-à-vis de la partition {Sn , S n } qui résume la position de
ce dernier après n déplacements. Nous disposons de l’arbre suivant :

Probabilités 595
596 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Pour n ≥ 1, nous en déduisons

pn+1 = P (Sn+1 ) = PSn (Sn+1 ) × P (Sn ) + PS n (Sn+1 × P (S n ),


1
pn+1 = 0 × pn + (1 − pn ),
3

ce qui donne pour conclure,


1
∀n ∈ N∗ , pn+1 = (1 − pn ).
3
4. Initialisation.
Pour n = 1, nous obtenons
  1   
1 1 1 1 1
1− − = 1+ = = p1 .
4 3 4 3 3
L’égalité proposée est donc vraie au rang n = 1.
Hérédité.   n 
1 1
Nous supposons qu’à un rang n ∈ N∗fixé, on ait pn = 1− − .
 4 3
 n+1 
1 1
Montrons que pn+1 = 1− − . En appliquant l’égalité précé-
4 3
dente et l’hypothèse de récurrence, il vient
   n 
1 1 1
pn+1 = 1− 1− − ,
3 4 3
   n 
1 3 1 1
= + 1− − ,
3 4 4 3
  n 
1 1 1
= 1+ × − ,
4 3 3
  n+1 
1 1
= 1− − .
4 3

596 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 597

L’égalité attendue est héréditaire. D’après le principe de récurrence nous


en concluons
  n 
1 1
∀n ∈ N∗ , pn = 1− − .
4 3
1
Puisque | − | < 1, nous obtenons
3
1
lim pn = ,
n→+∞ 4
ce qui signifie que notre écureuil, à la suite d’un nombre important de dépla-
cements, a une chance sur 4 de se trouver au sommet S.
Comme vous l’avez sans doute remarqué, par "symétrie", la probabilité que
1
l’écureuil soit sur un des 4 sommets du tétraèdre se stabilise également vers ,
4
lorsque le nombre de ses déplacements est suffisamment grand.
Exercice 9. Événements indépendants
1. Soient A1 et A2 deux événements incompatibles.
Justifier que si B est un événement quelconque, alors les événements A1 ∩B
et A2 ∩ B sont incompatibles.
2. Montrer que si B est un événement indépendant de A1 et de A2 , alors
B est indépendant de A1 ∪ A2 .
3. Application. On suppose que dans une famille quelconque, la naissance
d’une fille ou d’un garçon est équiprobable.
On considère une famille qui a eu un enfant unique.
Aucun enfant de cette famille ne peut avoir les yeux vairons (un œil bleu
et un œil marron).
De plus, on sait que la probabilité qu’un enfant de cette famille ait les yeux
1 3
bleus est et la probabilité qu’il ait les yeux marron est .
5 5
Déterminer la probabilité que l’enfant soit une fille ayant les yeux bleus ou
les yeux marron.
Solution
1. Soient A1 et A2 deux événements incompatibles et B est un événement
quelconque. Nous avons, en appliquant les opérations ensemblistes de l’annexe-
paragraphe 12.2,

(A1 ∩ B) ∩ (A2 ∩ B) = (A1 ∩ A2 ) ∩ B,


(A1 ∩ B) ∩ (A2 ∩ B) = ∅ ∩ B,
(A1 ∩ B) ∩ (A2 ∩ B) = ∅,

Probabilités 597
598 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

ce qui justifie l’incompatibilité des événements A1 ∩ B et A2 ∩ B.


2. Nous utilisons la distributivité de ∩ sur ∪ (voit paragraphe 12.2 de
l’annexe). Il vient

B ∩ (A1 ∪ A2 ) = (B ∩ A1 ) ∪ (B ∩ A2 ).

Puisque A1 ∩ B et A2 ∩ B sont incompatibles, par additivité, nous obtenons

P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = P ((B ∩ A1 ) ∪ (B ∩ A2 )) = P (B ∩ A1 ) + P (B ∩ A2 ).

Nous savons que B est un événement indépendant de A1 et de A2 et que


ces derniers sont incompatibles, ce qui donne

P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = P (B) × P (A1 ) + P (B) × P (A2 ),


P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = P (B)(P (A1 ) + P (A2 )) = P (B) × P (A1 ∪ A2 ).

Ceci prouve l’indépendance des événements B et A1 ∪ A2 .


3. Application. Nous désignons par :
• B l’événement : "l’enfant unique est une fille",
• A1 l’événement : "l’enfant unique a les yeux bleus",
• A2 l’événement : "l’enfant unique a les yeux marron".
Il s’agit de calculer P (B ∩ (A1 ∪ A2 )). Les événements A1 et A2 sont in-
compatibles (pas d’enfant ayant des yeux vairons).
L’événement B est indépendant de A1 et de A2 .
Il en résulte, d’après la question précédente que B et A1 ∪ A2 sont indé-
pendants, ce qui donne

P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = P (B) × P (A1 ∪ A2 ),


P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = P (B)(P (A1 ) + P (A2 )),
 
1 1 3
P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = + ,
2 5 5
2
P (B ∩ (A1 ∪ A2 )) = .
5

598 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 599

Exercice 10. Évolution de trois variétés de plantes


La végétation d’un pays imaginaire est composée de trois types de plantes :
40% sont de type A, 41% sont de type B, 19% sont de type C. On admet
qu’au début de chaque année :
 Chaque plante de type A disparaît et elle est remplacée par une et une
seule nouvelle plante de type A, B ou C.
 Chaque plante de type B disparaît et elle est remplacée par une et une
seule nouvelle plante de type A, B ou C.
 Chaque plante de type C disparaît et elle est remplacée par une et une
seule nouvelle plante de type C.
La probabilité qu’une plante de type A soit remplacée par une plante du
même type est 0, 6 et celle qu’elle le soit par une plante de type B est 0, 3.
La probabilité qu’une plante de type B soit remplacée par une plante du
même type est 0, 6 et celle qu’elle le soit par une plante de type A est 0, 3.
Au début de chaque année, on choisit au hasard une plante dans la végéta-
tion et on relève son type. Pour tout entier naturel n non nul, on note :
• An l’événement : "la plante choisie la n-ième année est de type A",
• Bn l’événement : "la plante choisie la n-ième année est de type B",
• Cn l’événement : "la plante choisie la n-ième année est de type C".
On désigne par pn , qn et rn les probabilités respectives des événements An ,
Bn et Cn .
Compte tenu de la composition initiale de la végétation (début de l’année
n◦ 0), on note :
• A0 l’événement : "initialement la plante est de type A",
• B0 l’événement : "initialement la plante est de type B",
• C0 l’événement : "initialement la plante est de type C".
On pose : p0 = 0, 4 , q0 = 0, 41 et r0 = 0, 19.
1. Justifier que p1 = 0, 363, puis calculer q1 et r1 .
2. Montrer que, pour tout entier naturel n,

pn+1 = 0, 6pn + 0, 3qn
.
qn+1 = 0, 3pn + 0, 6qn

3. On définit sur N les suites (sn ) et (dn ) par :

sn = qn + pn et dn = qn − pn .

Montrer que les suites (sn ) et (dn ) sont géométriques.

Probabilités 599
600 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

En déduire pn et qn en fonction de l’entier n


4. Quelles sont les limites de pn , qn et rn quand n tend vers +∞ ?
Interpréter les résultats obtenus.
Solution
1. Nous commençons par donner un arbre qui résume les états possibles 0
et 1 des trois plantes considérées.

 Pour calculer p1 , nous appliquons la formule des probabilités totales


relativement à la partition {A0 , B0 , C0 } qui décrit la répartition initiale des
trois plantes. Il vient

p1 = P (A1 ),
p1 = PA0 (A1 ) × P (A0 ) + PB0 (A1 ) × P (B0 ) + PC0 (A1 ) × P (C0 ),
p1 = 0, 6 × 0, 4 + 0, 3 × 0, 41 + 0 × 0, 19,
p1 = 0, 363.

 Nous procédons de la même manière pour calculer q1 . Nous avons

q1 = P (B1 ),
q1 = PA0 (B1 ) × P (A0 ) + PB0 (B1 ) × P (B0 ) + PC0 (B1 ) × P (C0 ),
q1 = 0, 3 × 0, 4 + 0, 6 × 0, 41 + 0 × 0, 19,
q1 = 0, 366.

 Pour calculer p1 , nous pouvons remarquer que {A1 , B1 , C1 } constitue


une partition de l’état des trois plantes au début de la première année.
Il en résulte que :

600 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 601

p1 + q1 + r1 = 1,

ce qui donne

r1 = 1 − (p1 + q1 ) = 0, 271.

2. Soit n un entier naturel. Nous proposons à nouveau un arbre qui restitue


les états possibles au début des années n et n + 1 des trois plantes considérées.

Relativement à la partition {An , Bn , Cn } de l’état des trois plantes au


début de l’année n, nous appliquons la formule des probabilités totales, ce qui
donne :

pn+1 = P (An+1 ),
pn+1 = PAn (An+1 )) × P (An ) + PBn (An+1 )) × P (Bn ) + PCn (An+1 )) × P (Cn ),
pn+1 = 0, 6 × pn + 0, 3 × qn + 0 × rn ,

et

qn+1 = P (Bn+1 ),
qn+1 = PAn (Bn+1 )) × P (An ) + PBn (Bn+1 )) × P (Bn ) + PCn (Bn+1 )) × P (Cn ),
qn+1 = 0, 3 × pn + 0, 6 × qn + 0 × rn .

Nous en concluons que, pour tout entier naturel n,



pn+1 = 0, 6pn + 0, 3qn
.
qn+1 = 0, 3pn + 0, 6qn

3. Pour tout entier naturel n, nous avons :

Probabilités 601
602 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

sn+1 = qn+1 + pn+1 = 0, 9(qn + pn ) = 0, 9sn ,


dn+1 = qn+1 − pn+1 = 0, 3(qn − pn ) = 0, 3qn .

Nous en concluons que :


 la suite (sn ) est géométrique de raison 0, 9 et de premier terme
s0 = p0 + q0 = 0, 81,
 la suite (dn ) est géométrique de raison 0, 3 et de premier terme
d0 = q0 − p0 = 0, 01.
Pour tout n ∈ N, nous en déduisons

sn = 0, 81 × 0, 9n et sn = 0, 01 × 0, 3n .

De plus, des égalités



sn = qn + pn
,
dn = qn − pn

il résulte que

2pn = sn − dn
,
2qn = sn + dn

ce qui permet de conclure :



⎪ 0, 81 × 0, 9n − 0, 01 × 0, 3n

⎪ pn =
⎨ 2
.

⎪ n n
⎩ qn = 0, 81 × 0, 9 + 0, 01 × 0, 3

2
4. Puisque 0 < 0, 6 < 1 et 0 < 0, 3 < 1, nous obtenons

lim 0, 6n = 0 et lim 0, 3n = 0.
n→+∞ n→+∞

Nous en déduisons que

lim pn = lim qn = 0.
n→+∞ n→+∞

Puisque rn = 1 − (pn + qn ), nous obtenons

lim rn = 1.
n→+∞

Ces trois limites signifient que les plantes de type A ou B vont disparaître,
après un nombre suffisamment important d’années, au profit des plantes de
type C qui vont être les seules à survivre.

602 Chapitre 11
11.4.
11.4. EXERCICES
EXERCICES CORRIGÉS
CORRIGÉS 603
603

11.4.2
11.4.2 Variables
Variables aléatoires
aléatoires
Exercice
Exercice 11.
11. D’après
D’après BACBAC :: un
un exemple
exemple de de variable
variable aléatoire
aléatoire
Un
Un sac contient trois boules numérotées respectivement 0, 1 et 22 ,, indiscer-
sac contient trois boules numérotées respectivement 0, 1 et indiscer-
nables
nables au
au toucher.
toucher.
On
On tire une
tire une boule
boule du
du sac,
sac, on
on note
note son
son numéro x et
numéro x et on
on la
la remet
remet dans
dans le
le sac,
sac,
puis
puis on tire une seconde boule, on note son numéro y et on la remet dans le
on tire une seconde boule, on note son numéro y et on la remet dans le
sac.
sac. Toutes
Toutes les
les boules
boules ont
ont la
la même
même probabilité
probabilité d’être
d’être tirées.
tirées.
A
A chaque tirage de deux boules, on associe dans le plan,
chaque tirage de deux boules, on associe dans le plan, muni
muni d’un
d’un repère
repère
orthonormal d’origine O, le point M (x,
orthonormal d’origine O, le point M (x, y).y).
1.
1. Placer
Placer dans
dans lele plan
plan muni
muni du
du repère
repère les
les points
points qui
qui correspondent
correspondent aux
aux
différents résultats possibles.
différents résultats possibles.
2.
2. Calculer
Calculer la
la probabilité
probabilité de
de chacun
chacun des
des événements
événements suivants
suivants ::
•• A :: "le
A "le point M est
point M est sur
sur l’axe
l’axe des
des abscisses",
abscisses",
•• B
B :: "le
"le point
point M
M appartient
appartient au
au cercle
cercle de
de centre O et
centre O et de
de rayon
rayon 1",
1",
•• C
C :: "le
"le point
point M
M appartient
appartient à la droite Δ d’équation y = x".
à la droite Δ d’équation y = x".
3.
3. Soit
Soit XX lala variable
variable aléatoire
aléatoire qui,
qui, à
à chaque
chaque tirage
tirage de
de deux
deux boules,
boules, associe
associe
la somme x 2
2 + y 2
2 . Déterminer la loi X et calculer
la somme x + y . Déterminer la loi X et calculer l’espérance l’espérance E(X)
E(X) . .
4.
4. Montrer
Montrer que que lala probabilité
probabilité de
de l’événement
l’événement suivant
suivant ::
•• D 4:: "le
D "le point
point appartient
appartient au
au disque D de
disque D de centre O et
centre O et de
de rayon
rayon 1, 7", est
1, 7", est
égale à 4.
égale à 9.
9
Solution
Solution
1.
1.

2.
2. Soit
Soit l’ensemble Ω des
l’ensemble Ω des issues
issues possibles.
possibles. Nous
Nous avons
avons card
card (Ω) = 99 et
(Ω) = et la
la loi
loi
de probabilité définie sur
de probabilité définie sur ΩΩ est uniforme.
est uniforme.
Puisque A = {(0, 0); (0,
Puisque A = {(0, 0); (0, 1);
1); (0, 2)}, nous
(0, 2)}, nous en
en déduisons
déduisons
33 11
P
P (A)
(A) =
=9= = ..
9 33
Probabilités 603
604 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

De la même façon, B = {(0, 1); (1, 0)} donc, on a


2
P (B) = .
9
De même, nous obtenons C = {(0, 0); (1, 1); (2, 2)}, ce qui donne
3 1
P (C) = = .
9 3
3. Nous avons

X(Ω) = {x2 + y 2 /(x,, y) ∈ Ω} = {0, 1, 2, 4, 5, 8}.

Nous déterminons, pour chaque k ∈ X(Ω), la valeur de P (X = k). Nous


obtenons :
1
 (X = 0) = {(0, 0)}, donc P (X = 0) = ,
9
2
 (X = 1) = {(0, 1); (1, 0)}, donc P (X = 1) = ,
9
1
 (X = 2) = {(1, 1)}, donc P (X = 2) = ,
9
2
 (X = 4) = {(0, 2); (2, 0)}, donc P (X = 4) = ,
9
2
 (X = 5) = {(2, 1); (1, 2)}, donc P (X = 5) = ,
9
1
 (X = 8) = {(2, 2)}, donc P (X = 8) = .
9
Pour résumer la loi de X, nous donnons le tableau suivant :

k 0 1 2 4 5 8
1 2 1 2 2 1
P (X = k)
9 9 9 9 9 9

De plus , nous obtenons

1 2 1 2 2 1
E(X) = 0 × +1× +2× +4× +5× +8× ,
9 9 9 9 9 9
10
E(X) = .
3

4. Nous avons

D = (X ≤ 1, 72 ) = (X = 0) ∪ (X = 1) ∪ (X = 2).

Les événements (X = 0), (X = 1), (X = 2) sont incompatibles deux à


deux. Par additivité, nous obtenons
4
P (D) = P (X = 0) + P (X = 1) + P (X = 2) = .
9

604 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 605

Exercice 12. Espérance et Variance d’une loi uniforme


Soit n ∈ N∗ . Nous rappelons qu’une variable aléatoire X suit une loi uni-
forme sur 1, n si et seulement si :

X(Ω) = 1, n,


1
pour tout entier k ∈ 1, n, P (X = k) = .
n
n+1
1. Montrer que E(X) = .
2
9
2. Nous savons que, pour tout entier n ∈ N∗ , nous disposons de l’égalité :
n(n + 1)(2n + 1)
12 + 22 + · · · + n2 = .
6
n2 − 1
En déduire le calcul de E(X 2 ), puis justifier que V (X) = .
12
Solution
1. Nous avons
 
n 1 1 n
E(X) = kP (X = k) = k× = k.
k∈X(Ω) k=1 n n k=1

Or nous savons (chapitre 6.3.3) que, pour tout entier n ∈ N∗ ,



n n(n + 1)
k = 1 + 2 + ··· + n = ,
k=1 2
ce qui donne
1 n(n + 1) n+1
E(X) = × = .
n 2 2
2. De la même manière, nous obtenons

E(X 2 ) = k 2 P (X = k),
k∈X(Ω)
n
1
E(X 2 ) = 2
k × ,
n
k=1
n
1 2
E(X 2 ) = k ,
n
k=1
1 n(n + 1)(2n + 1)
E(X 2 ) = × ,
n 6
(n + 1)(2n + 1)
E(X 2 ) = .
6
9. Annexe 1 : § 12.5.5-second exemple

Probabilités 605
606 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

En utilisant la formule de König-Huyghens, il vient

V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 ,


(n + 1)(2n + 1) (n + 1)2
V (X) = − ,
 6  4 
n+1 2n + 1 n + 1
V (X) = − ,
2 3 2
  
n+1 n−1
V (X) = ,
2 2
n2 − 1
V (X) = .
12

Exercice 13. Encadrements de l’espérance et de l’écart-type


Soit X une variable aléatoire définie sur un ensemble Ω fini d’issues pos-
sibles muni d’une loi de probabilité P .
On suppose que :
X(Ω) = {x1 , x2 , . . . xn }, avec n ∈ N∗ et x1 < x2 < · · · < xn .
1. Justifier que x1 ≤ E(X) ≤ xn .
2. Prouver que 0 ≤ σ(X) ≤ xn − x1 .
Solution
1. En appliquant la proposition du paragraphe 11.3.5., il vient

E(X) − x1 = E(X − x1 ).

Or nous savons que l’événement (X ≥ x1 ) est certain, ce qui implique

E(X − x1 ) ≥ 0, soit E(X) ≥ x1 .

De la même manière, sachant que l’événement (X ≤ xn ) est certain, nous


obtenons

E(X) − xn = E(X − xn ) ≤ 0, soit E(X) ≤ xn .

Nous en concluons

x1 ≤ E(X) ≤ xn .

2. Nous savons que



n
V (X) = (xk − E(X))2 P (X = xk ).
k=1

Or, pour tout entier k ∈ 1, n, nous avons :

606 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 607

x 1 ≤ xk ≤ xn .

De plus, il résulte de la question 1,

−xn < −E(X) < −x1 .

Ces deux doubles inégalités induisent par addition

x1 − xn ≤ xk − E(X) ≤ xn − x1 , soit −(xn − x1 ) ≤ xk − E(X) ≤ xn − x1 ,

ce qui implique (xk − E(X))2 ≤ (xn − x1 )2 .


Par conséquent, par addition membres à membres, nous obtenons

n 
n
V (X) ≤ (xn − x1 )2 P (X = xk ), soit V (X) ≤ (xn − x1 )2 P (X = xk ).
k=1 k=1


n
Puisque P (X = xk ) = 1 et xn > x1 , nous en déduisons
k=1

V (X) ≤ (xn − x1 )2 , c’est-à-dire σ(X) ≤ xn − x1 .

Par ailleurs, nous savons que σ(X) ≥ 0. Nous en concluons

0 ≤ σ(X) ≤ xn − x1 .

Exercice 14. Jeux équitables


Une urne contient 5 boules blanches et n boules noires, avec n ≥ 2. Les
boules sont indiscernables et donc prélevées au hasard.
1. Un joueur tire deux boules dans l’urne, successivement avec remise.
 Si une boule blanche est obtenue alors le joueur perd 1 Euros.
 Si une boule noire est obtenue alors le joueur gagne 2 Euros.
Quelle est la loi de la variable aléatoire X qui restitue le gain algébrique du
joueur ?
Calculer, en fonction de n, l’espérance E(X).
Pour quelles valeurs de l’entier n le jeu est-il favorable ?
2. Le résultat est-il identique si le joueur tire deux boules dans l’urne, suc-
cessivement sans remise ?
Solution
Nous désignons par Ni , avec i ∈ 1, 2, l’événement désignant le rang de
sortie d’une boule noire lors d’un tirage successif avec remise de deux boules.
1. L’ensemble des tirages successifs, dans l’urne, de deux boules avec remise,
est visualisé par l’arborescence suivante :

Probabilités 607
608 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Nous en déduisons

X(Ω) = {−2, 1, 4}.

La loi de X est résumée par le tableau :

k −2 1 4
25 10n n2
P (X = k)
(n + 5)2 (n + 5)2 (n + 5)2

Nous avons

25 10n n2
E(X) = −2 × + 1 × + 4 × ,
(n + 5)2 (n + 5)2 (n + 5)2
4n2 + 10n − 50
E(X) = ,
(n + 5)2
2(2n2 + 5n − 25)
E(X) = .
(n + 5)2

Pour déterminer le signe de E(X), nous commençons par résoudre, dans


N, l’équation

2n2 + 5n − 25 = 0.

608 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 609

Nous avons Δ = 52 − 4 × 2 × (−25) = 225 = 152 , ce qui donne


−5 + 15 5 −5 − 15
n= = ou n = = −5.
4 2 4
Ces deux solutions ne conviennent car n ≥ 2 est un entier naturel.
Par conséquent, pour n ≥ 2, nous avons E(X) �= 0.
En appliquant le résultat donnant le signe d’un trinôme du second degré,
nous en déduisons que,

pour tout entier n ≥ 3, E(X) > 0,

ce qui signifie que le jeu est favorable lorsque l’urne contient au moins 3 boules
noires.
2. L’ensemble des tirages successifs, dans l’urne, de deux boules sans remise,
est visualisé par l’arborescence suivante :

Comme précédemment, nous en déduisons

X(Ω) = {−2, 1, 4}.

La loi de X est résumée par le tableau :

k −2 1 4
20 10n n(n − 1)
P (X = k)
(n + 5)(n + 4) (n + 5)(n + 4) (n + 5)(n + 4)

Probabilités 609
610 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Nous obtenons

20 10n n(n − 1)
E(X) = −2 × +1× +4× ,
(n + 5)(n + 4) (n + 5)(n + 4) (n + 5)(n + 4)
4n2 + 6n − 40
E(X) = ,
(n + 5)2
2(2n2 + 3n − 20)
E(X) = .
(n + 5)(n + 4)

De la même façon, pour déterminer le signe de E(X), nous commençons


par résoudre, dans N, l’équation

2n2 + 3n − 20 = 0.

Nous avons Δ = 32 − 4 × 2 × (−20) = 169 = 132 , ce qui donne


−3 + 13 5 −3 − 13
n= = ou n = = −4.
4 2 4
Ces deux solutions ne conviennent car n ≥ 2 est un entier naturel.
Par conséquent, pour n ≥ 2, nous avons E(X) �= 0.
En appliquant le résultat donnant le signe d’un trinôme du second degré,
nous en déduisons que,

pour tout entier n ≥ 3, E(X) > 0,

ce qui signifie que le jeu est à nouveau favorable lorsque l’urne contient au
moins 3 boules noires.
Nous en concluons que ce jeu reste favorable dès que n ≥ 3, indépendam-
ment du mode de tirage successif de deux boules, avec ou sans remise.

610 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 611

Exercice 15. Loi géométrique tronquée


Soit X une variable aléatoire à valeurs dans X(Ω) = {0, 1, 2, . . . , 10} dont
la loi est définie par :

P (X = k) = e−k (1 − e−1 ) si k ∈ 1, 9
.
P (X = 10) = e−10


10
1. Vérifier que P (X = k) = 1.
k=0
2. Calculer la probabilité de l’événement (X ≥ 2).
On désigne par A l’événement : " X est paire", ce qui signifie que "X prend
les valeurs paires de X(Ω)."
3. Calculer la probabilité de A.
4. Justifier que :
 PA (X = 2) × P (A) = P (X = 2),
1 − e−1
 PA (X ≥ 2) = 1 − .
P (A)
Solution
1. Nous avons
 

10 
9 
9
P (X = k) = e−k (1 − e−1 ) + e−10 = (1 − e−1 ) e−k + e−10 .
k=0 k=0 k=0

Nous remarquons que

 k

9 
9 1
e−k = ,
k=0 k=0 e

ce qui est égal à la somme des 10 premiers termes d’une suite géométrique de
1
raison e−1 = et de premier terme 1.
e
Nous en déduisons


9 1 − (e−1 )10 1 − e−10
e−k = 1 × = ,
k=0 1 − e−1 1 − e−1

ce qui donne


10 1 − e−10
P (X = k) = (1 − e−1 ) + e−10 = 1.
k=0 1 − e−1

Probabilités 611
612 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

2. Nous avons

P (X ≥ 2) = 1 − P (X < 2),
P (X ≥ 2) = 1 − (p(X = 0) + P (X = 1)),
P (X ≥ 2) = 1 − (1 − e−1 + e−1 (1 − e−1 )),
P (X ≥ 2) = 1 − (1 − e−1 )(1 + e−1 ),
P (X ≥ 2) = 1 − (1 − e−2 ),
P (X ≥ 2) = e−2 .

3. Nous observons que

A = (X = 0) ∪ (X = 2) ∪ (X = 4) ∪ (X = 6) ∪ (X = 8) ∪ (X = 10),
5
A= (X = 2k).
k=0

Les événements (X = 2k), avec k ∈ 1, 5 sont incompatibles deux à deux.


Par additivité, nous obtenons

5

P (A) = P (X = 2k),
k=0
4
P (A) = P (X = 2k) + P (X = 10),
k=0
4
P (A) = e−2k (1 − e−1 ) + e−10 ,
k=0
4

−1
P (A) = (1 − e ) (e−2 )k + e−10 .
k=0


4
La sommation (e−2 )k est la somme des 5 premiers termes d’une suite
k=0
géométrique de raison e−2 et de premier terme 1, ce qui donne

4 1 − (e−2 )5 1 − e−10
(e−2 )k = = .
k=0 1 − e−2 1 − e−2

612 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 613

Nous en déduisons

1 − e−10
P (A) = (1 − e−1 ) × + e−10 ,
1 − e−2
1 − e−10
P (A) = (1 − e−1 ) × + e−10 ,
(1 − e−1 )(1 + e−1 )
1 − e−10
P (A) = + e−10 ,
1 + e−1
e 1 1
P (A) = (1 − 10 ) + 10 .
e+1 e e

4.
 Nous avons
P ((X = 2) ∩ A)
PA (X = 2) × P (A) = × P (A) = P ((X = 2) ∩ A).
P (A)
Or nous observons que (X = 2) ⊂ A, donc (X = 2) ∩ A = (X = 2), ce qui
justifie

PA (X = 2) × P (A) = P (X = 2).

 Puisque la probabilité conditionnelle PA est une loi de probabilité, nous


avons

PA (X ≥ 2) = 1 − PA (X < 2),
PA (X ≥ 2) = 1 − (PA (X = 0) + PA (X = 1)),
 
P ((X = 0) ∩ A) P ((X = 1) ∩ A)
PA (X ≥ 2) = 1 − + .
P (A) P (A)

Nous remarquons :

(X = 0) ⊂ A, donc (X = 0) ∩ A = (X = 0),
(X = 1) ∩ A = ∅.

Nous en déduisons l’égalité attendue,

P (X = 0)
PA (X ≥ 2) = 1 − ,
P (A)
1 − e−1
PA (X ≥ 2) = 1 − .
P (A)

Probabilités 613
614 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Exercice 16. Loi du plus grand de deux nombres


Une urne contient 5 boules numérotées de 1 à 5. Deux boules sont prélevées
au hasard, successivement, sans remise.
On désigne par X la variable aléatoire égale au plus grand des deux numéros
apparus sur les deux boules.
1. Que peut-on dire de l’événement (X = 1) ?
Déterminer la loi de la variable X.
Vérifier que, pour tout entier k tel que 1 ≤ k ≤ 5,
k−1
P (X = k) = .
10
Calculer l’espérance et la variance de X.
2. Nous supposons, plus généralement, que l’urne contient n boules numé-
rotées de 1 à n, avec n ≥ 2. Le mode de tirage est identique et X est toujours
la variable aléatoire égale au plus grand des deux numéros apparus sur les deux
boules.
Déterminer la loi de X.
3. L’entier n étant choisi, donner un algorithme qui restitue l’espérance et
la variance de X.
Solution
1. Sur le graphique ci-dessous, nous avons représenté l’ensemble Ω des 20
issues possibles et nous avons associé à chacune de ces issues la valeur corres-
pondante de la variable aléatoire X.

 Nous remarquons que par définition de la variable X : (X = 1) = ∅.


 Loi de X.
Nous avons X(Ω) = {2, 3, 4, 5}.
En utilisant le graphique ci-dessus, la loi de X est donné par le tableau :

614 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 615

k 2 3 4 5
2 1 4 2 6 3 8 4
P (X = k) = = = =
20 10 20 10 20 10 20 10

Sachant que P (X = 1) = 0, nous pouvons vérifier que

k−1
∀k ∈ 1, 5, P (X = k) = ,
10
ce qui définit la loi de X lorsque 1 ≤ k ≤ 5.
 Espérance de X. Nous avons

5
 5
 k(k − 1)
E(X) = kP (X = k) = ,
10
k=1 k=1
 5 5

1  
E(X) = k2 − k ,
10
k=1 k=1
1 2 6×5
E(X) = (1 + 22 + 32 + 42 + 52 − ),
10 2
1
E(X) = (55 − 15),
10
E(X) = 4.

 Variance de X. Nous commençons par calculer E(X 2 ). Il vient

5
 5

2 2 k 2 (k − 1)
E(X ) = k P (X = k) = ,
10
k=1 k=1
 5 5

1  
2 3 2
E(X ) = k − k ,
10
k=1 k=1
1
E(X 2 ) = (13 + 23 + 33 + 43 + 53 − (12 + 22 + 32 + 42 + 52 )),
10
2 1  3 
E(X ) = (1 − 12 ) + (23 − 22 ) + (33 − 32 ) + (43 − 42 ) + (53 − 52 ) ,
10
2 1
E(X ) = (4 + 18 + 48 + 100),
10
E(X 2 ) = 17.

Nous en déduisons, en utilisant la formule de König-Huyghens,

V (X) = E(X 2 ) − (E(X))2 = 17 − 42 = 1.

Probabilités 615
616 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

2. Cas général.
Soit un entier n ≥ 2. Une issue possible est le tirage successif sans remise
de deux boules dans l’urne qui contient n boules numérotées de 1 à n.
Nous avons
 n choix possibles pour le prélèvement de la première boule,
 n − 1 choix possibles pour le prélèvement de la seconde boule.
Ainsi nous dénombrons n(n − 1) issues possibles relativement à cette expé-
rience aléatoire.
Comme précédemment, l’événement (X = 1) est impossible.
Nous pouvons donc considérer que X(Ω) = {1, 2, . . . , n}.
Le nombre d’issues favorables à la réalisation des événements (X = 2),
(X = 3)... est identique au cas particulier précédent.
L’événement (X = n) est réalisé :
 par les n − 1 couples (1, n), (2, n), . . . , (n − 1, n) et
 par les n − 1 couples (n, 1), (n, 2), . . . , (n, n − 1).
Ainsi nous dénombrons 2n − 2 issues favorables à la réalisation de (X = n).
La loi de X est donnée par le tableau qui suit et qui généralise le précédent :

k 1 2 3 ... n
2 6 2(n − 1)
P (X = k) 0 ...
n(n − 1) n(n − 1) n(n − 1)

Nous en déduisons

2k − 2
∀k ∈ 1, n, P (X = k) = ,
n(n − 1)

ce qui définit explicitement la loi de X lorsque 1 ≤ k ≤ n.


3. Nous avons
n
 n
 2k(k − 1)
E(X) = kP (X = k) = ,
n(n − 1)
k=1 k=1
 n n

2  
E(X) = k2 − k ,
n(n − 1)
k=1 k=1

616 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 617

ainsi que
n
 n

2 2 2k 2 (k − 1)
E(X ) = k P (X = k) = ,
n(n − 1)
k=1 k=1
 n n

2  
E(X 2 ) = k3 − k2 .
n(n − 1)
k=1 k=1

L’entier N ≥ 2 étant choisi par l’utilisateur, nous proposons l’algorithme


suivant qui restitue l’espérance et la variance de X.

n=int ( input ( "n=" ) )


S←0
s=0
C←0
c=0
Pour I allant de 1 à N
f o r i in range ( 1 , n +1):
S ← S + I2 − I
s=s+i ∗∗2− i
C ← C + I3 − I2
c=c+i ∗∗3− i ∗∗2
Fin Pour
2S E=2∗ s / ( n ∗ ( n−1))
E←
N (N − 1) M=2∗c / ( n ∗ ( n−1))
2C
M← V=M−E∗∗2
N (N − 1)
V ← M − E2 print (E)
print (V)

Exercice 17. Marche aléatoire sur une droite


Sur une droite graduée par un repère d’origine O, on place un pion en O.
On lance 4 fois de suite une pièce équilibrée.
Lorsque Pile est obtenu, le jeton est déplacé d’une unité vers la droite,
modélisée par +1, sinon le jeton est déplacé vers la gauche d’une unité (−1).
On désigne par X la variable aléatoire égale à l’abscisse du jeton après quatre
lancers.
1. Quel est le nombre d’issues possibles et quelles sont les valeurs que X
peut atteindre lors de cette expérience aléatoire ?
2. Quelle est la probabilité que le jeton revienne en O après quatre lancers ?
Quelle est la probabilité que le jeton se trouve à droite de O après quatre
lancers ?
3. Déterminer la loi de X.
Calculer l’espérance de X. Comment interpréter le résultat obtenu ?

Probabilités 617
618 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Solution
1. Nous représentons l’ensemble Ω des 16 issues possibles de cette expérience
aléatoire par l’arbre suivant et nous avons associé à chacune de ces issues la
valeur correspondante de la variable aléatoire X.

Grâce à l’arborescence ci-dessus, nous obtenons que l’ensemble des valeurs


prises par X est

X(Ω) = {−4, −2, 0, 2, 4}.

2. L’événement : "le jeton revient en O après quatre lancers" est l’événement


(X = 0).
Nous avons
card(X = 0) 6 3
P (X = 0) = = = .
16 16 8
L’événement : "le jeton se trouve à droite de O après quatre lancers" est
(X > 0).
Nous avons

(X > 0) = (X = 2) ∪ (X = 4), avec (X = 2) ∩ (X = 4) = ∅.

Par additivité, nous obtenons

618 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 619

4 1 5
P (X > 0) = P (X = 2) + P (X = 4) = + = .
16 16 16
3. Nous déterminons la loi de X sous la forme du tableau suivant :

k −4 −2 0 2 4
1 4 6 4 1
P (X = k)
16 16 16 16 16

Nous en déduisons
1 4 6 4 1
E(X) = (−4) × + (−2) × +0× +2× +4× = 0.
16 16 16 16 16
Ce résultat est justifié par le fait que X atteint des valeurs symétriques par
rapport à 0, les probabilités de ces dernières étant égales.

Exercice 18. Minimum de la fonction x �→ E((X − x)2 )


Soit X une variable aléatoire définie sur un ensemble fini Ω d’issues pos-
sibles et P une loi de probabilité définie sur Ω.
Nous considérons la fonction f définie sur R par f : x �→ E((X − x)2 ).
Montrer que f est un trinôme du second degré qui admet un minimum pour
une valeur du réel x que l’on précisera, ainsi que la valeur de ce minimum.
Solution
Pour tout réel x, nous avons

f (x) = (k − x)2 P (X = k),
k∈X(Ω)

= (k 2 − 2kx + x2 )P (X = k),
k∈X(Ω)

 
f (x) = k 2 P (X = k) − 2x kP (X = k)
k∈X(Ω) k∈X(Ω)

+x2 P (X = k).
k∈X(Ω)


Puisque P (X = k) = 1 et par définition de E(X) et E(X 2 ), nous
k∈X(Ω)
obtenons

f (x) = x2 − 2xE(X) + E(X 2 ),

Probabilités 619
620 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

ce qui montre que la fonction f est un trinôme du second degré .


Pour prouver que f atteint un minimum, nous pouvons la dériver et étudier
son sens de variations sur R.
Pour réviser, nous optons pour une autre méthode en mettant f (x) sous sa
forme canonique.
Pour tout réel x, il vient

f (x) = x2 − 2xE(X) + (E(X))2 − (E(X))2 + E(X 2 ),


f (x) = (x − E(X))2 + V (X).

Pour tout réel x, nous en déduisons

f (x) − V (X) = (x − E(X))2 ≥ 0, soit f (x) ≥ V (X),

ce qui prouve que le réel V (X) est un minimum pour la fonction f et que ce
minimum est atteint si et seulement si x = E(X).

Exercice 19. Deux inégalités probabilistes


1. Inégalité de Markov 10
Soit X une variable aléatoire finie telle que X(Ω) ⊂ R+ .

Justifier que, pour tout réel a > 0, E(X) ≥ kP (X = k).
k∈X(Ω)
k≥a
En déduire l’inégalité de Markov :
E(X)
∀a > 0, P (X ≥ a) ≤ .
a
2. Inégalité de Bienaymé 11 -Tchebychev 12
Soit X une variable aléatoire finie. En appliquant l’inégalité de Markov à
la variable aléatoire Y = (X − E(X))2 , prouver que, pour tout réel � > 0, nous
disposons de l’inégalité de Bienaymé-Tchebychev :
V (X)
P (|X − E(X)| ≥ �) ≤ .
�2
3. Nous posons σ = σ(X). Montrer que, pour tout entier n ∈ N∗ ,
1
P (|X − E(X)| ≥ nσ) ≤ .
n2
10. Mathématicien russe : 1856-1922
11. Mathématicien français : 1796-1878
12. Mathématicien russe : 1821-1894

620 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 621

Solution
1. Soit un réel a > 0. Pour tout k ∈ X(Ω), nous distinguons par disjonction
les deux cas : k < a ou k ≥ a.
Nous obtenons :
  
E(X) = kP (X = k) = kP (X = k) + kP (X = k).
k∈X(Ω) k∈X(Ω) k∈X(Ω)
k<a k≥a

Puisque X(Ω) ⊂ R+ , nous en déduisons



kP (X = k) ≥ 0,
k∈X(Ω)
k<a

ce qui implique

E(X) ≥ kP (X = k).
k∈X(Ω)
k≥a

De plus, comme P (X = k) ≥ 0, si k ≥ a, alors kP (X = k) ≥ aP (X = k).


Il en résulte :
 
kP (X = k) ≥ aP (X = k),
k∈X(Ω) k∈X(Ω)
k≥a k≥a

ce qui donne, par transitivité de la relation ≥,



E(X) ≥ a P (X = k).
k∈X(Ω)
k≥a

En observant que P (X = k) = P (X ≥ a), il vient
k∈X(Ω)
k≥a

E(X) ≥ aP (X ≥ a).

Nous en concluons
E(X)
∀a > 0, P (X ≥ a) ≤ .
a
2. Soit un réel � > 0.
Par définition, nous avons Y (Ω) ⊂ R+ .
Nous pouvons donc appliquer l’inégalité de Markov à la variable aléatoire
Y = (X − E(X))2 , en choisissant a = �2 > 0. il vient
2
P (Y ≥ �2 ) ≤
E(Y )
, soit P ((X − E(X)) 2 ≥ �2 ) ≤ E((X − E(X)) ) .
�2 �2

Probabilités 621
622 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

En considérant l’événement ((X − E(X))2 ≥ �2 ), nous avons


 √
((X − E(X))2 ≥ �2 ) = ( (X − E(X))2 ≥ �2 ) = (|X − E(X)| ≥ �).

Par ailleurs, nous savons que E((X − E(X))2 ) = V (X).


L’inégalité de Bienaymé-Tchebychev est ainsi acquise :
V (X)
∀� > 0, P (|X − E(X)| ≥ �) ≤ .
�2
3. En particulier pour � = nσ, nous appliquons l’inégalité de Bienaymé-
Tchebychev. Nous obtenons
σ2
P (|X − E(X)| ≥ nσ) ≤ ,
n2 σ 2
c’est-à-dire
1
∀n ∈ N∗ , P (|X − E(X)| ≥ nσ) ≤ .
n2

11.4.3 Fonctions indicatrices


Nous proposons, pour clore cette partie, un exercice sur les fonctions indi-
catrices. Ces dernières fournissent des outils efficaces pour justifier les égalités
ensemblistes qui sont utilisées dans ce chapitre 11 et qui sont proposées aussi
dans l’annexe qui suit.
Exercice 20. Fonction indicatrice - calculs sur les événements
Soit A un événement inclus dans un ensemble Ω d’issues possibles.
On définit l’indicatrice de A, noté 1A , comme une fonction définie sur Ω,
à valeurs dans {0, 1} telle que, pour tout ω ∈ Ω,

1 si ω ∈ A
1A (ω) = .
0 si ω ∈ A
1. Montrer que, pour tous les événements A et B, nous avons

A = B ⇔ ∀ω ∈ Ω, 1A (ω) = 1B (ω).

2. Pour tout ω ∈ Ω, déterminer 1∅ (ω) et 1Ω (ω).


3. Justifier que, pour tous les événements A et B et tout ω ∈ Ω,

1A∩B (ω) = 1A (ω) × 1B (ω),


1A∪B (ω) = 1A (ω) + 1B (ω) − 1A (ω) × 1B (ω).

4. En déduire que, pour tout ω ∈ Ω,

622 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 623

1A (ω) = 1 − 1A (ω).

5. Lois de Morgan.
En utilisant les propriétés ci-dessus, montrer que, pour tous les événements
A et B, nous disposons des deux égalités :

A ∩ B = A ∪ B.
A ∪ B = A ∩ B.

6. Distributivité de ∩ sur ∪ et réciproquement.


Montrer que, pour tous les événements A, B et C,

A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C).
A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).

Solution
1. Soit ω ∈ Ω. Si A = B, alors nous avons 1A (ω) = 1B (ω).
Réciproquement, supposons que 1A (ω) = 1B (ω).
Si ω ∈ A, alors 1A (ω) = 1, donc 1B (ω) = 1, ce qui prouve que ω ∈ B, par
suite nous obtenons A ⊂ B.
De la même façon si ω ∈ B, alors ω ∈ A, soit B ⊂ A.
La double inclusion A ⊂ B et B ⊂ A équivaut, par définition 13 à l’égalité
A = B.
Nous en concluons

A = B ⇔ ∀ω ∈ Ω, 1A (ω) = 1B (ω).

2. Pour tout ω ∈ Ω, nous avons ω ∈


/ ∅. Il en résulte que 1∅ (ω) = 0.
Pour tout ω ∈ Ω, nous avons ω ∈ Ω, ce qui donne 1Ω (ω) = 1.
3. Soit ω ∈ Ω. Pour justifier la première égalité, nous distinguons, par
disjonction, 4 cas selon que ω réalise ou non les événements A ou B. Nous
considérons le tableau suivant :

1A (ω) 1B (ω) 1A∩B (ω) 1A (ω).1B (ω)


ω ∈ A et ω ∈ B 1 1 1 1
ω ∈ A et ω ∈
/B 1 0 0 0
ω∈
/ A et ω ∈ B 0 1 0 0
ω∈
/ A et ω ∈
/B 0 0 0 0

13. Annexe § 1.4

Probabilités 623
624 CHAPITRE 11. PROBABILITÉS

Les deux dernières colonnes de ce tableau nous permettent de conclure que :

∀ω ∈ Ω, 1A∩B (ω) = 1A (ω) × 1B (ω).

Nous procédons de la même façon pour justifier la seconde égalité. Pour


simplifier la présentation de ce tableau, nous confondons, par abus de langage,
1A (ω) avec 1A dans la dernière colonne.

1A (ω) 1B (ω) 1A∪B (ω) 1A + 1B − 1A .1B


ω ∈ A et ω ∈ B 1 1 1 1
ω ∈ A et ω ∈
/B 1 0 1 1
ω∈
/ A et ω ∈ B 0 1 1 1
ω∈
/ A et ω ∈
/B 0 0 0 0

Nous en concluons :

∀ω ∈ Ω, 1A∪B (ω) = 1A (ω) + 1B (ω) − 1A (ω) × 1B (ω).

4. Nous savons que A ∪ A = Ω. Il en résulte que

1A∪A = 1Ω .

Pour tout ω ∈ Ω, nous en déduisons

1A (ω) + 1A (ω) − 1A (ω) × 1A (ω) = 1.

Or nous avons

1A (ω) × 1A (ω) = 1A∩A = 1∅ = 0,

ce qui permet de conclure par

∀ω ∈ Ω, 1A (ω) = 1 − 1A (ω).

5. Pour simplifier la rédaction, nous confondons, par abus de langage, 1A (ω)


avec 1A .
Soient A et B deux événements. Nous avons d’une part,

1A∩B = 1 − 1A∩B = 1 − 1A × 1B .

D’autre part, nous obtenons

1A∪B = 1A + 1B − 1A × 1B = 1 − 1A + 1 − 1B − (1 − 1A )(1 − 1B ) = 1 − 1A × 1B .

624 Chapitre 11
11.4. EXERCICES CORRIGÉS 625

Nous en déduisons :

1A∩B = 1A∪B .

Ainsi nous avons prouvé la première loi de Morgan

A ∩ B = A ∪ B.

Avec le même abus de langage, nous obtenons

1A∪B = 1 − 1A∪B = 1 − (1A + 1B − 1A × 1B ) = (1 − 1A ) − 1B (1 − 1A ) =


(1 − 1A )(1 − 1B ) = 1A × 1B = 1A∩B .

Nous en déduisons la seconde loi de Morgan :

A ∪ B = A ∩ B.

6. Soient les événements A, B et C. D’une part, nous avons

1A∩(B∪C) = 1A 1B∪C = 1A (1B + 1C − 1B 1C ) = 1A 1B + 1A 1C − 1A 1B 1C .

D’autre part, il vient

1(A∩B)∪(A∪C) = 1A∩B + 1A∩C − 1A∩B 1A∩C = 1A 1B + 1A 1C − 1A 1B 1A 1C .

En remarquant que 1A 1A = 1A∩A = 1A , nous obtenons

1(A∩B)∪(A∪C) == 1A 1B + 1A 1C − 1A 1B 1C .

Nous en déduisons

1A∩(B∪C) = 1(A∩B)∪(A∪C) .

La distributivité de ∩ sur ∪ est ainsi prouvée, c’est-à-dire

A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C).

Pour justifier la distributivité de ∪ sur ∩, nous utilisons les règles de calcul


dont nous disposons à présent sur les événements. Nous avons

A ∪ (B ∩ C) = A ∩ (B ∪ C) = (A ∩ B) ∪ (A ∩ C) = A ∪ B ∪ A ∪ C,
A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).

En passant aux événements contraires, nous en concluons

A ∪ (B ∩ C) = (A ∪ B) ∩ (A ∪ C).

Probabilités 625
CHAPITRE 12
Chapitre 12
Annexe : Ensembles - Logique
Annexe : Ensembles - Logique

A la fin du XIXe siècle et au début du XXe des mathématiciens tels que


Georg Cantor ( 1845-1918) ou Ernst Zermelo (1871-1953) ont introduit le
concept d’ensemble qui fournit un cadre unificateur pour les diverses branches
des mathématiques.
Dans cette annexe, nous introduisons le vocabulaire de la théorie des en-
sembles et les opérations ensemblistes de base. Ces notions sont largement
utilisées dans le programme de Première (et les suivants), ainsi que dans ce
livre.
Nous abordons ensuite un exposé modeste concernant la logique mathé-
matique. L’objectif est de préciser les outils de raisonnement que nous avons
utilisés dans les différents chapitres de ce cours. Il s’agit donc d’approfondir les
notions telles que celles de connecteurs logiques comme "et", "ou", "non", "im-
plication", "équivalence", ainsi que sur les diverses argumentations qui nous
ont permis d’élaborer des démonstrations, comme la mise en place d’un contre-
exemple, d’une réciproque, d’un raisonnement par disjonction, par l’absurde,
par contraposition, par récurrence.
Le mot "logique" est d’origine grecque. La logique fut érigée en science par
le savant grec Aristote ( 384-382 av. J-C). C’est au début du XVIIIe siècle que
Leibniz fait une tentative pour créer un système de logique formelle, mais ses
travaux à ce sujet ne seront pas publiés. Il faut attendre le XIXe siècle pour que
les mathématiciens anglais Augustus De Morgan et George Boole fondent une
logique mathématique en développant notamment le calcul des propositions.
En codant par 1 (vrai) ou 0 (faux) la valeur de vérité d’une proposition,
nous abordons un des fondements de l’informatique. Il s’agit du calcul binaire

627 Annexe : Ensembles - Logique 627


628 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

mis en œuvre dans le calcul des propositions.


Le XXe siècle est marqué par un essor très important de la logique, conjoin-
tement à la théorie des ensembles. Les mathématiciens et logiciens contempo-
rains ont notamment travaillé sur les fondements des mathématiques.

12.1 Notions sur les ensembles

12.1.1 Des exemples rencontrés en Seconde

Comme nous l’avons vu en Seconde, nous considérons l’ensemble des entiers


naturels noté N ou bien l’ensemble des entiers relatifs noté Z.
L’ensemble des nombres décimaux est noté D.
Nous décrivons N en donnant la liste infinie des ses éléments, ce qui se note

N = {0, 1, 2, · · · , n, n + 1 · · · }.

De même, nous avons

Z = {· · · − n − 1, −n, · · · , −2, −1, 0, 1, 2, · · · , n, n + 1 · · · }.

On dit que ces deux ensembles sont donnés en extension.


Par contre, pour l’ensemble D, nous ne savons pas expliciter la liste des ses
éléments.
Mais il est possible de décrire chaque élément de D par une propriété gé-
nérique.
a
Ainsi D est l’ensemble des nombres de la forme , avec a ∈ Z et p ∈ N.
10p
Une écriture ensembliste de cet ensemble est
 a 
D= /a ∈ Z, p ∈ N .
10p

On dit que l’ensemble D est donné en compréhension.


L’ensemble des nombres rationnels Q peut être aussi défini en compréhen-
sion
a 
Q= /a ∈ Z, b ∈ N∗ .
b
Mais l’ensemble des nombres réels R ne peut pas être défini en extension
ou en compréhension.

628 Chapitre 12
12.1. NOTIONS SUR LES ENSEMBLES 629

12.1.2 Plus généralement


En géométrie les points sont des objets du plan ou de l’espace. Nous par-
lerons de l’ensemble P des points du plan ou bien de l’ensemble E des points
de l’espace.
Dans ces deux exemples il n’est pas possible de donner une description en
extension ou en compréhension.
Plus généralement on désigne par E un ensemble quelconque. C’est un
terme générique. On dit aussi que la donnée de l’ensemble E est une notion
primitive.
Cet ensemble E peut représenter n’importe lequel des exemples cités ci-
dessus mais aussi une infinité d’autres situations.
Par exemple, depuis la Seconde, nous connaissons :


- l’ensemble des vecteurs du plan, noté souvent ( P ),
- l’ensemble des issues possibles d’une expérience aléatoire, noté souvent Ω,
- l’ensemble des fonctions numériques définies sur un intervalle de R...

12.1.3 Relation d’appartenance - Relation d’inclusion


Définition (relation d’appartenance). Lorsqu’un objet x est un élément d’un
ensemble E, on dit que x appartient à E. L’appartenance de x à E est notée
x ∈ E.
Si x n’appartient pas à E, on note x ∈
/ E.

Exemples. Nous en donnons deux.


• −2 ∈ Z, mais −2 ∈
/ N.
• La médiatrice Δ d’un segment [AB] de milieu I est l’ensemble des points
M du plan tel que M A = M B.
Nous avons I ∈ Δ, mais A ∈
/ Δ.

Définition (relation d’inclusion). Soient E et F deux ensembles. On dit que


F est inclus dans E si tout élément de F appartient à E.
On note F ⊂ E.
En d’autres termes, nous retiendrons que

F ⊂ E si et seulement si, quel que soit x, x ∈ F implique x ∈ E.

Annexe : Ensembles - Logique 629


630 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

Remarques. Nous en proposons trois.


• Ne pas confondre "⊂" qui met en relation deux ensembles avec "∈" qui
met en relation un élément avec un ensemble.
• Lorsque F ⊂ E, on dit aussi que F est un sous-ensemble de E ou bien
que F est contenu dans E.
• L’ensemble vide, noté ∅, ne contient aucun élément. C’est un sous-
ensemble de tout ensemble E.

Exemples. Nous en donnons trois.


• Z ⊂ D.
a
En effet, si a ∈ Z, alors on a a = , ce qui justifie que a ∈ D.
100
• Soit a ∈ N . L’ensemble, noté aN, des multiples de a, est défini

 en extension par

aN = {0, a, 2a, · · · , na, (n + 1)a, · · · },

 en compréhension par

aN = {na/n ∈ N} .

• Soient a et b deux entiers naturels non nuls. Nous prouvons la propriété


suivante :

si b divise a, alors aN ⊂ bN.

On suppose que b divise a, ce qui signifie qu’il existe k ∈ N tel que a = b×k.
Si x ∈ aN, alors il existe n ∈ N tel que x = a × n.
Nous en déduisons

x = (b × k) × n = b × (kn).

En posant q = kn ∈ N, nous obtenons que x = b × q, ce qui prouve que


x ∈ bN.
Nous en concluons que aN ⊂ bN.

12.1.4 Egalité ensembliste


Définition. Soient E et F deux ensembles.
L’égalité ensembliste, notée =, est définie par

E = F si et seulement si E ⊂ F et F ⊂ E.

630 Chapitre 12
12.1. NOTIONS SUR LES ENSEMBLES 631

Remarques. Nous en faisons deux.


• Ne pas confondre x avec {x}.
En effet, nous avons x ∈ {x}, mais {x} =
� x.
• La notion d’égalité est diverse. Nous en connaissons plusieurs :
- l’égalité dans R,
- l’égalité de deux fonctions,
- l’égalité de deux vecteurs,
- l’égalité modulo [2π].

Exemple. Nous déterminons l’ensemble S des couples (x, y) d’entiers relatifs


satisfaisant à x(y + 1) = 1.
Nous étudions ensuite le cas où (x, y) est un couple de nombres réels.
 Puisque x ∈ Z et y ∈ Z, si (x, y) ∈ S, alors

x = 1 et y + 1 = 1 ou x = −1 et y + 1 = −1,

ce qui implique

x = 1 et y = 0 ou x = −1 et y = −2.

Ainsi, en posant S � = {(1, 0); (−1, −2)}, nous avons justifié l’inclusion
S ⊂ S�.
Réciproquement, si (x, y) ∈ S � , alors (x, y) = (1, 0) ou (x, y) = (−1, −2).
Nous vérifions que ces deux couples satisfont à l’équation x(y + 1) = 1.
Par conséquent nous obtenons l’inclusion S � ⊂ S.
Nous disposons donc de la double inclusion S ⊂ S � et S � ⊂ S, ce qui prouve

S = S � = {(1, 0); (−1, −2)} .

 Que peut-on dire des couples (x, y) de nombres réels qui sont solutions
de l’équation x(y + 1) = 1 ?
Les réels x = 0 et y ∈ R ne vérifient pas l’équation x(y + 1) = 1.
1
Pour x �= 0, cette équation équivaut à y = − 1.
x
Il en résulte que l’ensemble des solutions de x(y + 1) = 1 dans R2 , est
représenté par l’ensemble des points M (x, y) appartenant à la représentation
1
graphique de la fonction f , définie sur R∗ , par f : x �→ − 1.
x
Les solutions dans Z2 sont les deux points A(1, 0) et B(−1, −2) de Cf , à
coordonnées entières.

Annexe : Ensembles - Logique 631


632 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

12.2 Opérations ensemblistes


12.2.1 Intersection
Définition. Soient E et F deux ensembles.
L’intersection de E et de F , notée E ∩F , est l’ensemble des x tel que x ∈ E
et x ∈ F .
En d’autres termes, nous avons

E ∩ F = {x/x ∈ E et x ∈ F } .

Exemples. Nous en donnons trois.


• Si (D) et (D ) sont deux droites du plan ou de l’espace sécantes en un
point A, on a (D) ∩ (D ) = {A}.
• Si (P ) et (P  ) sont deux plans de l’espace sécants selon une droite (D),
on a (P ) ∩ (P  ) = (D).
• Si [−1, 1] est un intervalle fermé de R, on a [−1, 1] ∩ Z = {−1, 0, 1}.

Définition. Si E ∩ F = ∅, alors on dit que E et F sont disjoints.

Exemple. Si (D) et (D ) sont deux droites du plan strictement parallèles,


alors (D) ∩ (D ) = ∅.

Proposition. Soient E, F et G trois ensembles.


Nous disposons des propriétes suivantes :
• E ∩ E = E.
• E ∩ ∅ = ∅.
• Si E ⊂ F , alors E ∩ F = E.
• E ∩ F = F ∩ E.
• (E ∩ F ) ∩ G = E ∩ (F ∩ G).

632 Chapitre 12
12.2. OPÉRATIONS ENSEMBLISTES 633

Démonstration. Nous pouvons admettre ces propriétés. Cependant la preuve


de chacune d’elle est simple à mettre en œuvre en utilisant la notion de fonction
indicatrice présentée dans le chapitre 11-exercice 20 du paragraphe "Exercices
corrigés".

12.2.2 Union
Définition. Soient E et F deux ensembles.
L’union de E et de F , notée E ∪ F , est l’ensemble des x tel que x ∈ E ou
x ∈ F.
En d’autres termes, nous avons

E ∪ F = {x/x ∈ E ou x ∈ F } .

Remarque. Le "ou" de l’union est inclusif, ce qui signifie que si x ∈ E ∪ F


alors x appartient au moins à l’un des deux ensembles, ainsi x peut appartenir
éventuellement à E ∩ F .
Ce "ou" inclusif est moins restrictif que la conjonction "ou" du langage
courant qui a un sens exclusif. Par exemple : "une porte est ouverte ou fermée".
On utilise en mathématiques le "ou" exclusif lorsque E et F sont disjoints.
C’est le "ou" exclusif qui est utilisé lors d’un raisonnement par disjonction des
cas.

Exemples. Nous en donnons deux.


• E est l’ensemble des entiers naturels pairs et F est l’ensemble des entiers
naturels impairs. Nous avons E ∪ F = N et E ∩ F = ∅.
• ]−∞, 0[ ∪ ]0, +∞[ = R∗ .

Proposition. Soient E, F et G trois ensembles.


Nous disposons des propriétes suivantes :
• E ∪ E = E.
• E ∪ ∅ = E.
• Si E ⊂ F , alors E ∪ F = F .
• E ∪ F = F ∪ E.
• (E ∪ F ) ∪ G = E ∪ (F ∪ G).

Démonstration. Nous pouvons admettre ces propriétés. La preuve de cha-


cune d’elle est simple à mettre en œuvre en utilisant la notion de fonction
indicatrice.

Annexe : Ensembles - Logique 633


634 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

12.2.3 Distributivité
Proposition. L’opération ∩ est distributive par rapport à l’opération ∪ et
réciproquement. En d’autres termes, pour tous les ensembles E, F et G, nous
avons

E ∩ (F ∪ G) = (E ∩ F ) ∪ (E ∩ G).
E ∪ (F ∩ G) = (E ∪ F ) ∩ (E ∪ G).

Démonstration. La preuve de ces deux égalités peut être également justifiée


en utilisant la notion de fonction indicatrice.

12.2.4 Complémentaire
Définition. Soit A un sous-ensemble d’un ensemble E. Le complémentaire de
A dans E, noté E A, est l’ensemble des x appartenant à E tel que x n’appar-
tienne pas à A.
En d’autres termes, nous avons

E A = {x ∈ E/x ∈
/ A} .

Remarque. E A peut être aussi noté Ac ou E − A ou bien A.


Cette dernière est la notation probabiliste d’un événement contraire.

Proposition. Soient A et B deux sous-ensembles d’un ensemble E. Nous dis-


posons des propriétés suivantes :
• A = A.
• A ∩ A = ∅ et A ∪ A = E.
• A ∩ B = A ∪ B.
• A ∪ B = A ∩ B.

Démonstration. La preuve de ces quatre égalités peut être également justifiée


en utilisant la notion de fonction indicatrice.

634 Chapitre 12
12.3. PROPOSITION - CONNECTEURS LOGIQUES 635

12.3 Proposition - Connecteurs logiques


12.3.1 Proposition
Définition. En mathématiques, une proposition p est un énoncé qui est vrai
ou faux.

Exemples. En voici deux :


• la proposition "6 est un nombre premier" est fausse,.
• la proposition "Si A, B et C sont trois points non alignés du plan tels
que AB 2 + AC 2 = BC 2 , alors le triangle ABC est rectangle en A" est vraie.

12.3.2 Négation
Définition. Soit p une proposition, la proposition contraire de p, notée non p,
est la négation de p.

Axiome (du tiers exclu). Soit p une proposition, p et non p ne peuvent pas
être vraies ou fausses simultanément. Si l’une est vraie alors l’autre est fausse.

Exemples. Nous en proposons deux.



• La proposition "1 − 2 < 0" est vraie .

Sa négation "1 − 2 ≥ 0" est fausse.
1
• La proposition " ∈ Z" est fausse.
3
1
Sa négation " ∈/ Z" est vraie.
3
Remarques. Nous en faisons trois, les deux premières seront utilisées abon-
damment dans la suite de ce chapitre.
• En utilisant le codage "vrai=V " ou "vrai= 1" et "faux =F "ou "faux=0",
nous pouvons résumer le principe du tiers exclu par la table de vérité suivante :

p non p
1 0
0 1

• Lien avec la théorie des ensembles.


Soient E un ensemble, x ∈ E et p(x) une proposition dont la valeur de
vérité dépend de x. Nous considérons le sous-ensemble A de E tel que

A = {x ∈ E/p(x) vraie}.

Annexe : Ensembles - Logique 635


636 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

Nous obtenons

A = {x ∈ E/p(x) fausse} = {x ∈ E/non p(x) vraie} .

• La proposition non p est parfois notée (¬p) ou bien p.

12.3.3 Le connecteur "et"


Définition. Soient p et q deux propositions. La proposition (p et q) est vraie
lorsque p, q sont simultanément vraies .
(p et q) a pour table de vérité

p q p et q
1 1 1
1 0 0
0 1 0
0 0 0

Remarques. Nous en donnons deux.


• La proposition p et q est souvent notée p ∧ q.
• Lien avec la théorie des ensembles.
Soit E un ensemble. Considérons les sous-ensembles A et B de E définis
par

A = {x ∈ E/p(x) vraie} et B = {x ∈ E/q(x) vraie}.

Nous avons

A ∩ B = {x ∈ E/p(x) et q(x) vraies}.

12.3.4 Le connecteur "ou"


Définition. Soient p et q deux propositions. La proposition (p ou q) est vraie
lorsque l’une au moins des deux propositions p, q sont vraies.
(p ou q) a pour table de vérité

p q p ou q
1 1 1
1 0 1
0 1 1
0 0 0

636 Chapitre 12
12.3. PROPOSITION - CONNECTEURS LOGIQUES 637

Remarques. Elles sont au nombre de trois.


• La proposition p ou q est souvent notée p ∨ q.
• Lien avec la théorie des ensembles.
Soit E un ensemble. Considérons les sous-ensembles A et B de E définis
par :

A = {x ∈ E/p(x) vraie} et B = {x ∈ E/q(x) vraie}.

Nous avons

A ∪ B = {x ∈ E/p(x) ou q(x) vraie}.

• Le connecteur "ou" est inclusif par opposition au "ou exclusif".


En mathématiques, le "ou" est soit inclusif soit exclusif suivant le contexte.
Par exemple, dans le langage courant , considérons les deux propositions :
"Boire ou conduire, il faut choisir" . Il s’agit d’un "ou" exclusif.
"Qu’il neige ou qu’il vente, je ne mettrai pas le nez dehors". Le "ou" est
ici inclusif.
En mathématiques, nous considérons les exemples suivants :
"un entier naturel est pair ou impair". Le "ou" est exclusif.
(0 ≤ x ≤ 2) ou (−1 < x < 1) signifie que −1 < x ≤ 2.
Le "ou" est ici inclusif.
En d’autres termes, nous avons
[0, 2]∪] − 1, 1[ = ] − 1, 2], avec [0, 2]∩] − 1, 1[ = [0, 1[.

12.3.5 Le connecteur "implication"

Définition. Soient p et q deux propositions. La proposition (p implique q), no-


tée (p ⇒ q), est fausse dans le cas où p est vraie et q est fausse ; elle est vraie
dans les trois autres cas.
En d’autres termes (p ⇒ q) a pour table de vérité

p q p ⇒ q
1 1 1
1 0 0
0 1 1
0 0 1

Annexe : Ensembles - Logique 637


638 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

Remarque. Nous apportons la précision suivante :


En mathématiques l’usage de l’implication est synonyme de "si...alors" ou
bien de "donc", ou encore de "par suite".
Cet usage induit le raisonnement par déduction, très fréquent, car prouver
que la proposition (p ⇒ q) est vraie, revient à démontrer que si la proposition
p est vraie, alors la proposition q est vraie.
En fait nous raisonnons par déduction en restant sur la première ligne de
la table de vérité de (p ⇒ q).

Définition. Soient p et q deux propositions telles que (p ⇒ q) soit vraie.


On dit que :
• p est une condition suffisante pour q, c’est-à-dire, il suffit que p soit
vraie pour que q soit vraie.
• q est une condition nécessaire pour p, c’est-à-dire, il faut que q soit
vraie pour que p soit vraie.

Remarques. Nous en donnons trois.


• Les expressions "il suffit" ou "il faut" sont à employer avec précaution.
• Soient p et q deux propositions vraies.
On retiendra que les six formulations suivantes sont synonymes de la pro-
position (p ⇒ q) .

1. p donc q.
2. Si p, alors q.
3. Il suffit que p pour q.
4. Il faut que q pour p.
5. p est une condition suffisante pour q.
6. q est une condition nécessaire pour p.

• Lien avec la théorie des ensembles. Soit E un ensemble. Considérons les


sous-ensembles A et B de E définis par

A = {x ∈ E/p(x) vraie} et B = {x ∈ E/q(x) vraie}.


A ⊂ B signifie que (p(x) ⇒ q(x)) est vraie.

Proposition. Les deux propositions (p ⇒ q) et (non p ∨ q) ont les mêmes


valeurs de vérité.

638 Chapitre 12
12.3. PROPOSITION - CONNECTEURS LOGIQUES 639

Démonstration. Nous avons

p q nonp (p ⇒ q) non p ∨ q
1 1 0 1 1
1 0 0 0 0
0 1 1 1 1
0 0 1 1 1

12.3.6 Réciproque

Définition. Soient p et q deux propositions. La réciproque de (p ⇒ q) est


(q ⇒ p).
La table de vérité de (q ⇒ p) est

p q p ⇒ q q⇒p
1 1 1 1
1 0 0 1
0 1 1 0
0 0 1 1

Remarque. Lorsque (p ⇒ q) est vraie, sa réciproque peut être vraie ou fausse


comme l’indique la table de vérité ci-dessus.

Exemples. Nous en proposons deux.


• Si ABC est un triangle tel que BC 2 = AB 2 + AC 2 , alors ABC est
rectangle en A. C’est la réciproque du théorème de Pythagore.
• Si a et b sont deux réels tels que a = b, alors a2 = b2 . Cette proposition
est vraie.
Sa réciproque est :
Si a et b sont deux réels tels que a2 = b2 , alors a = b.
Cette proposition est fausse. En effet on peut trouver deux réels a et b tels
que a2 = b2 et a �= b. Par exemple a = 3 et b = −3 est un contre-exemple qui
prouve que cette réciproque est fausse.
Pour bien le comprendre, voir ci-après le paragraphe 12.3.8 "négation d’une
implication".

Annexe : Ensembles - Logique 639


640 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

12.3.7 Equivalence
Définition. Soient p et q deux propositions. La proposition (p équivalent à q),
notée (p ⇔ q), est vraie lorsque p et q sont simultanément vraies ou fausses.
Elle est fausse dans les deux autres cas.
(p ⇔ q) a pour table de vérité

p q p ⇔ q
1 1 1
1 0 0
0 1 0
0 0 1

Remarques. Nous en donnons deux.


• Comme pour (p ⇒ q), on raisonne avec (p ⇔ q) en restant, la plupart
du temps, sur la première ligne de la table de vérité.
• Plus généralement, on considère que deux propositions sont équivalentes
lorsqu’elles ont les mêmes valeurs de vérité.
Ce principe permet d’établir des règles de calcul sur les propositions, règles
dont les utilisations sont fréquentes en mathématiques.
Nous illustrons cette remarque par la proposition suivante :

Proposition. Soient p et q deux propositions. Nous avons


• (p ⇒ q) ⇔ (non p ∨ q).
• (p ⇔ q) ⇔ ((p ⇒ q) ∧ (q ⇒ p)).

Démonstration. (p ⇒ q) ⇔ (nonp ∨ q) est justifiée par la proposition du


paragraphe 12.3.5 .
Pour la seconde équivalence, nous formons simultanément la table de vérité
de chacune des deux propositions.

p q p⇒q q⇒p (p ⇒ q) ∧ (q ⇒ p) p⇔q


1 1 1 1 1 1
1 0 0 1 0 0
0 1 1 0 0 0
0 0 1 1 1 1

Remarques. Nous avons les points suivants :


• Nous retiendrons que les formulations qui suivent sont synonymes de la
proposition (p ⇔ q).

640 Chapitre 12
12.3. PROPOSITION - CONNECTEURS LOGIQUES 641

1. p équivaut à q.
2. p si et seulement si q.
3. p est une condition nécessaire et suffisante de q.
• Lien avec la théorie des ensembles.
Soit E un ensemble. Considérons les sous-ensembles A et B de E définis
par

A = {x ∈ E/p(x) vraie} et B = {x ∈ E/q(x) vraie}.


A = B signifie que (p(x) ⇔ q(x)) est vraie.

Nous retiendrons que cette interprétation fait le lien entre la résolution


d’une équation ou inéquation par équivalence et l’obtention de l’ensemble des
solutions.

Exemple. Résolution dans R de l’équation x2 = 2, notée [1].


Nous avons
√ √
[1] ⇔ x = − 2 ou x = 2

En désignant par S l’ensemble des solutions de [1], nous avons


 
S = x ∈ R/x2 = 2 .
 √ √ 
La résolution de [1] par équivalence justifie que S = − 2, 2 .

Annexe : Ensembles - Logique 641


642 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

12.3.8 Négation des connecteurs non, ∧, ∨, ⇒

Proposition. Soient p et q deux propositions. Nous disposons des équivalences


suivantes :

1. non(non p) ⇔ p.
2. non(p ∧ q) ⇔ (non p ∨ non q).
3. non(p ∨ q) ⇔ (non p ∧ non q).
4. non(p ⇒ q) ⇔ (p ∧ non q).

Démonstration. Nous justifions les trois premières propriétés à l’aide de


tables de vérité.
1.

p non p non(non p)
1 0 1
0 1 0

2.

p q p∧q non(p ∧ q) non p non q non p ∨ non q


1 1 1 0 0 0 0
1 0 0 1 0 1 1
0 1 0 1 1 0 1
0 0 0 1 1 1 1

3.

p q p∨q non(p ∨ q) non p non q non p ∧ non q


1 1 1 0 0 0 0
1 0 1 0 0 1 0
0 1 1 0 1 0 0
0 0 0 1 1 1 1

4. En ce qui concerne cette dernière propriété, nous sommes en mesure, en


utilisant les propriétés ci-dessus, de faire un premier calcul de propositions
équivalentes.
Dans le paragraphe 12.3.7, nous avons justifié que (p ⇒ q) ⇔ (nonp ∨ q).
Nous en déduisons les équivalences suivantes :

642 Chapitre 12
12.4. QUANTIFICATEURS 643

non(p ⇒ q) ⇔ non(non p ∨ q),


non(p ⇒ q) ⇔ non(non p) ∧ non q,
non(p ⇒ q) ⇔ p ∧ non q.

Remarques. Nous en faisons deux.


• Les propriétés 2. et 3. sont les lois de Morgan pour le calcul des propo-
sitions.
• La propriété 4. est utilisée pour prouver qu’une implication est fausse.

12.4 Quantificateurs
12.4.1 Quantificateur universel
Définition. Soient E un ensemble, x ∈ E et p(x) une proposition dont la
valeur de vérité dépend de x.
Si, quel que soit x ∈ E, la proposition p(x) est vraie, on écrit :

∀x ∈ E, p(x).

Le symbole ∀ est le quantificateur universel.

Remarques. Nous en faisons deux.


• ∀x ∈ E peut se lire aussi, pour tout x élément de E, ou bien, pour
chaque x élément de E.
• La proposition (∀x ∈ E, p(x)) est soit vraie, soit fausse.
Nous illustrons cette situation dans les deux exemples qui suivent.

Exemples. Nous en donnons deux.


• Soit x un réel quelconque. nous avons

(−x)2 = (−x)(−x) = x2 .

Nous pouvons donc en conclure que (∀x ∈ R, (−x)2 = x2 ) est une proposition
vraie.
• Considérons la proposition

∀x ∈ R, x2 = x + 1.

Il est clair que pour x = 0, l’égalité n’est pas vérifiée.


La proposition (∀x ∈ R, x2 = x + 1) est donc fausse.

Annexe : Ensembles - Logique 643


644 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

On dit que x = 0 est un contre-exemple prouvant que le quantificateur ∀


induit une égalité fausse. Plus précisément, nous observons que la proposition

il existe x ∈ R, x2 �= x + 1,

est vraie. Elle est la négation de la proposition initiale.

12.4.2 Quantificateur existentiel


Définition. Soient E un ensemble, x ∈ E et p(x) une proposition dont la
valeur de vérité dépend de x.
S’il existe au moins un élément x ∈ E, tel que la proposition p(x) soit vraie,
on écrit :

∃x ∈ E, p(x).

Le symbole ∃ est le quantificateur existentiel.

Remarques. Nous en proposons quatre.


• Lorsque des quantificateurs sont utilisés, la rédaction mathématique
est formalisée. Les propositions avec quantificateurs sont séparées du reste du
texte, en passant le plus souvent à la ligne.
En d’autres termes, ∀, ∃ et les connecteurs logiques ne sont pas des abré-
viations mais sont régulés par des règles précises.
• Le quantificateur ∃ induit une notion d’existence mais pas nécessairement
d’unicité. Lorsque nous disposons de l’existence et de l’unicité d’un élément x
d’un ensemble E, on note parfois ∃ ! x ∈ E .
• La notion de contre-exemple est importante.
On retiendra qu’elle est régie par le quantificateur ∃.
• La notation ∀ provient du renversement du A, première lettre du mot
anglais " All".
La notation ∃ provient du renversement du E, première lettre du mot an-
glais "Exist".

644 Chapitre 12
12.4. QUANTIFICATEURS 645

12.4.3 Négation et quantificateurs


Proposition. Soient E un ensemble, x ∈ E et p(x) une proposition dont la
valeur de vérité dépend de x. Nous avons
• non(∀x ∈ E, p(x)) ⇔ ∃x ∈ E, non p(x).
• non(∃x ∈ E, p(x)) ⇔ ∀x ∈ E, non p(x).

Démonstration. Désignons par A = {x ∈ E/p(x) vraie}.


Nous avons

(∀x ∈ E, p(x)) ⇔ A = E.

Nous en déduisons

non(∀x ∈ E, p(x)) ⇔ A �= E.

Cela donne

/A.
non(∀x ∈ E, p(x)) ⇔ ∃x ∈ E, x ∈

Nous avons ainsi justifié que

non(∀x ∈ E, p(x)) ⇔ ∃x ∈ E, non p(x).

Nous procédons de la même manière pour la seconde négation.

Remarque. Nous retiendrons que lorsqu’une négation agit sur un quantifica-


teur universel, il se transforme en un quantificateur existentiel et vice-versa,
quel que soit le nombre de quantificateurs dans la proposition considérée.

Exemples. . Nous en avons quatre.


• La proposition

∀x ∈ R, (x + 1)2 = x2 + 2x + 1, est vraie.

• La proposition

∀x ∈ R, ∀y ∈ R, x2 + y 2 = x + y, est fausse.

Sa négation

∃x ∈ R, ∃y ∈ R, x2 + y 2 �= x + y, est vraie.

En effet x = 1 et y = 2 conviennent. C’est un contre-exemple qui justifie


que la proposition initiale est fausse.

Annexe : Ensembles - Logique 645


646 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

• La proposition

∀n ∈ N, ∃p ∈ N, p > n, est vraie.

En effet, pour chaque n ∈ N, p = n + 1 convient.


Dans ce cas, nous remarquons que p dépend de n.
Sa négation

∃n ∈ N, ∀p ∈ N, p ≤ n, est fausse.

Cette négation signifie que tous les entiers naturels sont majorés par un
entier n fixé, ce qui est faux puisque N est infini. Nous remarquons ici que n
ne dépend pas de p.
• La définition formalisée de la croissance d’une fonction f sur un intervalle
I est :

∀a ∈ I, ∀b ∈ I, (a < b ⇒ f (a) ≤ f (b)).

Puisque non(p ⇒ q) ⇔ (p ∧ non q), la négation de cette définition est

∃a ∈ I, ∃b ∈ I, (a < b ∧ f (a) > f (b)).

12.5 Quelques méthodes usuelles de démonstration


12.5.1 Raisonnement par l’absurde

Principe. Soient p et q deux propositions.


Nous nous proposons de montrer qu’une implication p ⇒ q est vraie.
Pour cela, nous supposons que p est vraie et non q est vraie.
Nous parvenons par déduction à prouver que non p est vraie.
Il en résulte que la proposition p est fausse, ce qui est contradictoire avec
l’hypothèse p vraie.
Par conséquent non q est fausse, donc q est vraie.
Nous en concluons que p ⇒ q est vraie.

Exemple. Nous prouvons que si a ∈ N∗ , alors 0 ne divise pas a.


Supposons, par l’absurde, qu’il existe a �= 0 et 0 divise a.
Dans ce cas, il existe q ∈ N tel que a = 0 × q = 0, ce qui est contradictoire
avec a �= 0.

646 Chapitre 12
12.5. QUELQUES MÉTHODES USUELLES DE DÉMONSTRATION 647

12.5.2 Raisonnement par contraposition


Définition. Soient p et q deux propositions. La proposition (nonq ⇒ nonp)
est la contraposée de (p ⇒ q).

Proposition. Soient p et q deux propositions. Une implication et sa contra-


posée ont les mêmes valeurs de vérité.
En d’autres termes, p et q étant deux propositions, nous avons

(p ⇒ q) ⇔ (non q ⇒ non p).

Démonstration. Deux méthodes sont possibles, en utilisant une table de


vérité ou par le calcul des propositions. Nous choisissons la seconde méthode.
Il vient :

(non q ⇒ non p) ⇔ (non(non q) ∨ non p),


(non q ⇒ non p) ⇔ non(non q ∧ p),
(non q ⇒ non p) ⇔ non(p ∧ non q),
(non q ⇒ non p) ⇔ non(non(p ⇒ q)),
(non q ⇒ non p) ⇔ (p ⇒ q).

Remarque. Pour étudier la réciproque de p ⇒ q, la contraposée de q ⇒ p est


parfois utilisée, c’est-à-dire (non p ⇒ non q).
En effet nous savons que

(non p ⇒ non q) ⇔ (q ⇒ p).

Exemple. On rappelle que le carré d’un nombre pair est un nombre pair et
que le carré d’un nombre impair est un nombre impair.
Réciproquement, nous montrons que si le carré d’un nombre est pair, alors
ce nombre est pair.
Soit a un entier naturel. Il s’agit de prouver la proposition

a2 pair implique a pair.

Sa contraposée est

a impair implique a2 impair.

Cette implication est vraie.


Cela prouve que "a2 pair implique a pair" est une proposition vraie.

Annexe : Ensembles - Logique 647


648 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

12.5.3 Preuve par un contre-exemple

Principe. Pour prouver qu’une proposition de la forme (∀x ∈ E, p(x)) est


fausse, nous justifions que sa négation (∃x ∈ E, nonp(x)) est vraie.
Dans ce cas il suffit de mettre en évidence un exemple pour x = a tel que
p(a) est vrai.
C’est ce qui est nommé un contre-exemple.

Exemple. Est-il vrai que si n est un entier divisible par 5 et par 10, alors n
est divisible par 50 ?
Cet énoncé est faux. Sa négation est :

Il existe n ∈ N tel que 5 divise n et 10 divise n et 50 ne divise pas n.

En effet le contre-exemple n = 70 convient.

12.5.4 Raisonnement par disjonction

Principe. Pour démontrer qu’une proposition p(x) est vraie pour tout élément
x d’un ensemble E, nous raisonnons par disjonction en prouvant que p(x) est
vraie pour les éléments x appartenant à des sous-ensembles non vides disjoints
deux à deux de E dont la réunion est E.

Remarque. L’ensemble des sous-ensembles non vides disjoints deux à deux


de E, dont la réunion est E, est une partition de E.

Exemple. Nous montrons que, si a ∈ Z, p ∈ N et q ∈ N, alors le nombre


a
rationnel x = p est un nombre décimal.
2 × 5q
Par disjonction, nous distinguons 3 cas : p = q ou p < q ou p > q.
1er cas : p = q.
Dans ce cas, nous obtenons
a a
x= = p,
2p ×5 p 10
ce qui prouve que x ∈ D.
2e cas : p < q.
Nous avons
a a × 2q−p
x= = .
2p−q × 2q × 5q 10q

648 Chapitre 12
12.5. QUELQUES MÉTHODES USUELLES DE DÉMONSTRATION 649

Puisque q − p > 0, nous en déduisons, dans ce second cas, que x ∈ D.


3e cas : p > q.
Nous avons
a a × 5p−q
x= = .
2p × 5p × 5q−p 10p
Puisque p − q > 0, nous en déduisons, dans ce troisième cas, que x ∈ D.
Nous en concluons, par disjonction,
a
∀a ∈ Z, ∀(p, q) ∈ N2 , ∈ D.
2p × 5q

12.5.5 Raisonnement par récurrence


Ce raisonnement repose sur une propriété axiomatique des entiers naturels
qui s’énonce :

Axiome (Axiome du plus petit élément). Toute partie B non vide de N admet
un plus petit élément p, ce qui signifie

∃p ∈ N, ∀b ∈ B, b ≥ p et p ∈ B.

Proposition (principe de récurrence). Si A est une partie de N satisfaisant


aux deux conditions suivantes :

• 0 ∈ A,
• ∀n ∈ N, (n ∈ A ⇒ n + 1 ∈ A),

alors A = N.

Démonstration. Nous supposons par l’absurde que A �= N.


Nous considérons, dans ce cas,

B = N A = {n ∈ N/n ∈
/ A}.

Nous observons que


 B �= ∅ car sinon A = N.
0∈
/ B car 0 ∈ A .
Par conséquent, B est une partie non vide de N donc B admet un plus
petit élément p ≥ 1.
Nous en déduisons que p ∈ B et p − 1 ∈
/B.
Puisque p − 1 ∈ N, nous avons p − 1 ∈ A.
En appliquant la condition :

Annexe : Ensembles - Logique 649


650 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

∀n ∈ N, (n ∈ A ⇒ n + 1 ∈ A),

en particulier, pour n = p − 1, il vient

p ∈ A,

ce qui est contradictoire car A ∩ B = ∅.


Nous en concluons que A = N.

Proposition (preuve par récurrence). Soit p(n) une proposition dépendant


d’un entier naturel n.
Si
• p(0) est vraie,
et
• pour un entier naturel n fixé , p(n) vraie implique p(n + 1) vraie,
alors

quel que soit n ∈ N, la proposition p(n) est vraie.

Démonstration. Nous appliquons le principe de récurrence à

A = {n ∈ N/p(n) vraie}.

Remarques. Nous en donnons quatre.


• La première condition est l’initialisation de la récurrence.
• La condition p(n) vraie, pour un entier naturel n fixé, est fréquemment
appelée hypothèse de récurrence et notée Hn ; il s’agit donc de prouver

Hn ⇒ Hn+1 .

• La seconde condition signifie que la propriété est héréditaire.


• Le raisonnement par récurrence est assez naturel comme le montre l’illus-
tration suivante.
"Je suis en bas de l’escalier de la tour Eiffel et je constate que les premières
marches sont peintes en jaune. Rien ne me permet d’ affirmer que toutes les
marches sont peintes en jaune. Mais un touriste logicien bienveillant, qui ter-
mine sa visite de la tour, m’indique que si une marche est peinte en jaune,
alors la suivante aussi.
Nous en concluons que toutes les marches sont peintes en jaune."

650 Chapitre 12
12.5. QUELQUES MÉTHODES USUELLES DE DÉMONSTRATION 651

Proposition (récurrence à partir d’un rang entier n0 ). Soit p(n) une propo-
sition dépendant d’un entier naturel n et soit n0 ∈ N.
Si
• p(n0 ) est vraie,
et
• pour un entier naturel n ≥ n0 , quelconque fixé, p(n) vraie implique
p(n + 1) vraie,
Alors, quel que soit l’entier n ≥ n0 , la proposition p(n) est vraie.

Démonstration. Nous posons k = n − n0 , ainsi k ∈ N.


Désignons par q(k) la propriété définie sur N par : "p(n0 + k)est vraie".
Initialisation. q(0) est vraie puisque p(n0 ) est vraie.
Hérédité. Supposons que pour un entier naturel k quelconque mais fixé,
on ait q(k) vraie, ce qui signifie p(n0 + k) vraie, soit p(n) vraie.
En appliquant l’hypothèse de récurrence, cela implique p(n+1) vraie, c’est-
à-dire p(n0 + k + 1)vraie, soit q(k + 1) vraie.
En appliquant la proposition précédente, nous obtenons

∀k ∈ N, q(k) vraie,

c’est-à-dire

∀n ≥ n0 , p(n) vraie.

Exemples. Nous en proposons deux ainsi qu’un contre-exemple.


1er exemple. Nous démontrons par récurrence, l’égalité suivante commu-
nément admise :

∀x ∈ R∗ , ∀n ∈ N, |xn | = |x|n .

Soit x un réel non nul.


Initialisation.
Pour n = 0, nous avons

|x0 | = |1| = 1 = |x|0 ,

ce qui justifie que l’égalité proposée est vraie au rang n = 0.


Hérédité.
Nous supposons que pour un entier naturel n fixé, on ait

|xn | = |x|n .

Annexe : Ensembles - Logique 651


652 CHAPITRE 12. ANNEXE : ENSEMBLES - LOGIQUE

Il s’agit de montrer que |xn+1 | = |x|n+1 .


Or nous avons

|xn+1 | = |xn × x| = |xn | × |x|,

ce qui donne, en appliquant l’hypothèse de récurrence,

|xn+1 | = |x|n × |x| = |x|n+1 .

Ainsi l’égalité attendue est héréditaire.


En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons

∀x ∈ R∗ , ∀n ∈ N, |xn | = |x|n .

2e exemple. Pour n ∈ N∗ , nous prouvons par récurrence l’égalité de la


somme des n premiers carrés qu’il est souhaitable de retenir :

n (n + 1) (2n + 1)
12 + 22 + · · · + n2 = .
6
Initialisation.
Pour n = 1, nous avons, d’une part :

1 (1 + 1) (2 × 1 + 1)
= 1,
6
d’autre part,

12 = 1.

L’égalité est vraie au rang 1.


Hérédité.
Nous supposons que pour un entier n non nul fixé, nous disposons de l’éga-
lité

n (n + 1) (2n + 1)
12 + 22 + · · · + n2 = .
6

Montrons que

(n + 1) (n + 2) (2n + 3)
12 + 22 + · · · + n2 + (n + 1)2 = .
6

652 Chapitre 12
12.5. QUELQUES MÉTHODES USUELLES DE DÉMONSTRATION 653

En utilisant l’hypothèse de récurrence, nous obtenons

n (n + 1) (2n + 1)
12 + 22 + · · · + n2 + (n + 1)2 = + (n + 1)2 ,
6 
n (2n + 1)
= (n + 1) + (n + 1) ,
6
 2 
(n + 1) 2n + 7n + 6
= .
6

Nous vérifions ensuite que :

2n2 + 7n + 6 = (n + 2) (2n + 3),

ce qui donne :
(n + 1) (n + 2) (2n + 3)
12 + 22 + · · · + n2 + (n + 1)2 = ,
6
ce qui prouve que l’égalité proposée est vraie au rang n + 1.
En appliquant le principe de récurrence, nous en concluons que, pour tout
entier naturel n non nul,
n (n + 1) (2n + 1)
12 + 22 + · · · + n2 = .
6
3e : Un contre-exemple.
Nous considérons la proposition :

∀n ∈ N, 9 divise 10n + 1.

Pour n = 0, cette proposition est fausse donc cette dernière est fausse.
Cependant elle est héréditaire !
En effet, supposons que pour un entier naturel n fixé, 9 divise 10n + 1.
Nous avons

10n+1 + 1 = 10n × (9 + 1) + 1,
= 10n × 9 + 10n + 1,
= 10n × 9 + k × 9,
= (10n + k) × 9.

Donc sous l’hypothèse ci-dessus, la propriété est héréditaire.


Nous retiendrons que l’étape d’initialisation est indissociable d’un raison-
nement par récurrence.

Annexe : Ensembles - Logique 653


SPÉCIALITÉ 1re
MATHÉMATIQUES
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Il s’inspire dans ses grandes lignes d’un cours de Première proposé ces dernières
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Illustration de couverture : © Gravure de Rolf Weijburg, www.weijburg.nl

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