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L'Histoire Secrète Du Monde
L'Histoire Secrète Du Monde
BLACK
L’histoire secrète
du monde
DOCUMENT
Traduit de l’anglais
par Pauline Rebelle
en collaboration avec Laure Motet
Titre original :
THE SECRET HISTORY OF THE WORLD
Au commencement
Dieu observe son reflet • L’univers miroir
Le jardin d’Éden
Le code de la Genèse • L’arrivée du Seigneur noir • Les
gens des fleurs
Un jour, Noé se tenait dans une hutte de roseaux, quand il entendit une voix
traverser les parois. Elle le mettait en garde contre un orage qui allait
anéantir l’humanité.
« Détruis ta hutte et construis un bateau », lui dit la voix. Noé et sa famille
s’attelèrent à la construction d’un vaisseau de roseaux, qu’ils rendirent
étanche en le recouvrant de goudron. Noé y mit tout ce qui poussait sur
terre et tout ce qui y vivait, les oiseaux du ciel, les troupeaux et les
animaux sauvages. Pendant six jours, la tempête fit rage et
l’embarcation fut ballottée par les vagues. La pluie torrentielle, le vent et
les inondations recouvrirent la surface de la Terre. Le septième jour, en
entendant le mauvais temps s’éloigner, Noé ouvrit une fenêtre et la
lumière inonda son visage. Le monde était silencieux, car l’humanité tout
entière était redevenue argile…
La voie du magicien
Le combat de Zarathoustra contre les forces de l’ombre
• Vie et mort de Krishna le berger • L’aube de l’âge des
ténèbres
[83]
Les principaux enseignements initiatiques concernaient la
façon dont on percevait les mondes des esprits après la mort.
Les candidats ne doutaient pas de l’existence de la vie après la
mort – cela ne leur serait même pas venu à l’esprit – mais ils
redoutaient la nature exacte de cette expérience. Ils avaient
peur que les démons, qu’ils avaient passé leur vie à esquiver,
les attendent après leur mort : l’initiation apprenait aux
candidats comment naviguer sains et saufs dans l’au-delà.
Comme nous l’avons dit, pendant le sommeil, l’esprit animal
laisse les parties végétale et minérale derrière lui. Dans la
mort, en revanche, la partie végétale, qui ordonne les fonctions
vitales de base, s’en va avec l’esprit animal.
La partie végétale de la nature humaine a plusieurs
fonctions, y compris le stockage de la mémoire. Comme elle se
détache du corps matériel, les deux commencent à se
désintégrer et c’est grâce à ce processus que l’esprit passe en
revue la vie qui vient de s’achever.
La partie végétale se dissipe et se détache de l’esprit animal
en quelques jours, et l’esprit passe alors dans la sphère
sublunaire. C’est là qu’il est attaqué par des démons qui lui
arrachent tous ses désirs bestiaux, corrompus et impurs,
toutes ses envies maléfiques. C’est cette région, où l’esprit doit
traverser ce processus de purification douloureux pendant une
période équivalente à environ un tiers du temps qu’il a passé
sur terre, que les chrétiens appellent le Purgatoire. C’est le
même endroit qui correspond aux Enfers pour les Égyptiens et
les Grecs, et au kamaloca (littéralement, « la région du
désir ») pour les hindouistes.
Voici une phrase extraordinaire, attribuée à Maître
Eckhart, le mystique allemand du XIIIe siècle : « Ainsi, si tu as
peur de la mort, si tu t’accroches trop, viennent des démons
qui t’arrachent à la vie. Mais si tu as fait la paix en toi, les
démons deviennent des anges qui t’affranchissent du poids de
la terre. » Un initié adopte l’attitude juste face à la mort : il a
fait la paix en lui. Il voit au-delà des apparences et sait que les
démons, quand ils sont à leur place, remplissent un rôle
inestimable, dans ce qu’on pourrait appeler l’« écologie » du
monde des esprits. Car si l’esprit n’est pas purgé de cette
manière, il ne peut pas s’élever dans les plus hautes sphères et
entendre leur musique. Après son voyage prodigue sur Terre,
l’esprit ne peut être réunifié avec le père tant qu’il n’a pas été
purifié.
Il est important de garder à l’esprit que la connaissance
acquise durant l’initiation n’est pas aride et abstraite, mais
existentielle. L’initié a une expérience bouleversante, hors des
limites de son corps. [84]
De la sphère lunaire, l’esprit s’envole jusqu’au domaine de
Mercure, de là jusqu’à Vénus et ensuite jusqu’au Soleil. Puis,
comme le dit l’orateur grec Aristide, l’esprit éprouve une
légèreté qu’une personne qui n’a pas été initiée ne peut ni
décrire, ni comprendre. Il est important de se souvenir que cet
enseignement était commun aux écoles du Mystère de toutes
les cultures de l’Antiquité et qu’il a été perpétué jusqu’aux
Temps modernes par les sociétés secrètes. Depuis le Livre des
morts égyptien, à travers la Kabbale chrétienne de la Pistis
sophia, ou La Divine Comédie de Dante, et jusqu’à la
littérature moderne comme Le Petit Prince d’Antoine de
Saint-Exupéry, la doctrine secrète a été préservée, parfois
dans des livres que seuls les initiés peuvent comprendre –
mais parfois dissimulée dans des oeuvres exposées aux yeux
de tous.
Dans les textes anciens, l’initié apprend les noms secrets
des esprits qui gardent l’entrée de chaque sphère et parfois
aussi les poignées de main secrètes ou autres signes et
formules dont il a besoin pour franchir l’entrée. Dans la Pistis
sophia, ces sphères sont en cristal, et les gardiens de leurs
entrées sont des archontes [85] ou des démons. [86]
Dans toutes les religions antiques, l’être qui guidait l’esprit
humain à travers les Enfers et qui l’aidait à négocier le passage
avec chaque gardien était le dieu de la planète Mercure.
Mais les initiés des écoles du Mystère préservaient un
secret beaucoup plus étrange. À mi-chemin du voyage à
travers les sphères s’opère un passage de relais : la tâche de
guider l’esprit humain vers le haut est confiée à un grand être
dont l’identité va peut-être vous surprendre. Dans la dernière
partie de l’ascension des sphères célestes, celui qui montre le
chemin est Lucifer. [87]
Dans l’écologie spirituelle du cosmos, Lucifer est un mal
nécessaire, aussi bien dans cette vie – car sans lui les humains
ne pourraient ressentir le désir – qu’après la mort. Sans
Lucifer, l’esprit serait plongé dans une obscurité totale qui
l’empêcherait de comprendre son ascension. L’écrivain du IIe
siècle romain Apulée écrivit que pendant l’initiation, l’esprit
est confronté aux dieux du ciel dans toute leur splendeur
révélée – et dépouillés de leurs ambiguïtés.
L’esprit s’élève à travers les sphères de Jupiter et Saturne,
passe par les sphères des constellations et se trouve enfin
réunifié avec le Grand Esprit cosmique. C’est un voyage
douloureux, déroutant et épuisant. Plutarque a écrit qu’enfin,
une merveilleuse lumière nous accueille, de merveilleux prés
où l’on chante et où l’on danse, la solennité des royaumes
sacrés et des apparitions bénies.
Puis l’esprit doit recommencer sa descente à travers les
sphères : il se prépare à sa prochaine incarnation. En
descendant, chaque sphère lui offre un cadeau dont il aura
besoin quand il réintégrera le monde de la matière.
Le récit qui suit a été reconstitué à partir de fragments de
tablettes anciennes datant peut-être du troisième millénaire
av. J.-C., retrouvés en Irak à la fin du XIX e siècle :
Affronter la matière
Imhotep et l’ère des pyramides • Gilgamesh et Enkidu •
Abraham et Melchisédek
« … Marc donc, pendant le séjour de Pierre à Rome, mit par écrit les actes du
Seigneur : il ne les publia cependant pas tous et ne signala certes pas les
actes secrets, mais il choisit ceux qu’il jugeait les plus utiles pour faire
croître la foi des catéchumènes. Après que Pierre eut subi le martyre,
Marc se rendit à Alexandrie, emportant à la fois ses propres notes et
celles de Pierre. À partir de ces notes, il fit passer dans son premier livre
les choses qui sont de nature à faire progresser dans la connaissance et il
composa un évangile plus spirituel à l’usage de ceux qui se
perfectionnent. […] Au moment de mourir, il légua son ouvrage à l’Église
qui est à Alexandrie, où il est conservé aujourd’hui encore de façon
parfaitement sûre. »
L’âge de l’islam
Mahomet et Gabriel • Le « Vieux de la montagne » •
Haroun al-Rachid et les Mille et Une Nuits •
Charlemagne et le Perceval historique • La cathédrale
de Chartres
Fous d’amour
Dante, les troubadours et le premier amour • Raphaël,
Léonard de Vinci et les mages de la Renaissance
italienne • Jeanne d’Arc • Rabelais et la « voie du fou »
L’ère rosicrucienne
Les confréries allemandes • Christian Rosenkreutz •
Jérôme Bosch • La mission secrète du Dr Dee
Je prie Dieu d’être libre de Dieu car mon être essentiel est au-delà de Dieu.
Si je n’étais pas, Dieu ne serait pas non plus. Que Dieu soit Dieu, je suis la
cause ; si je n’étais pas, Dieu ne serait pas.
Dieu est dedans, nous sommes dehors.
L’oeil par lequel je vois Dieu est le même oeil par lequel Dieu me voit.
I l est Lui parce qu’il n’est pas Lui. Cela ne peut être compris par l’homme
extérieur, seulement par l’homme intérieur.
Trouve le seul désir dissimulé derrière tous les désirs.
Dieu est à la maison, nous sommes des étrangers.
À travers la vacuité, je deviens qui je suis.
Seule la main qui efface peut écrire la vérité.
On a dit que lui aussi était rose-croix, bien qu’il n’ait jamais
revendiqué cette appartenance, mais le grand mage anglais Dr
Dee était mû par un désir irrésistible de faire directement
l’expérience du monde des esprits.
Le Dr Dee est sans doute le plus grand archétype du mage
qui ait existé depuis Zarathoustra. L’image de Dee fait
désormais partie de la culture populaire : vêtu de sa longue
robe noire, portant une calotte et affublé d’une longue barbe
blanche, le magicien travaille dans son laboratoire entouré
d’instruments d’alchimie. Au milieu des éclairs de lumière, il
convoque des êtres désincarnés grâce à des pentacles et autres
dispositifs dessinés à la craie sur le sol.
John Dee naquit dans une famille galloise installée à
Londres. Étudiant brillant, il enseignait déjà Euclide à Paris à
un peu plus de 20 ans et se lia d’amitié avec Tycho Brahe. À la
fin des années 1570, il forma un cercle appelé les Dionisii
Areopagites, avec sir Philip Sidney et Edmund Spenser, dont le
poème La Reine des fées regorge d’imagerie rosicrucienne et
autres imageries ésotériques. Une biographie de Sidney dit de
ce dernier qu’il recherchait les mystères de la chimie initiés
par Dee.
Dee avait constitué une bibliothèque magnifique qui, paraît-
il, était presque aussi grande que celle du grand historien
français Jean-Auguste de Thou. La Kabbale était au centre de
ses études. Il croyait dans le fondement mathématique de
toute chose, dans un schéma de principes unifiants qu’il disait
discerner dans les enseignements des anciens. Il réunit tous
ces principes dans un glyphe extrêmement complexe, La
Monade hiéroglyphique.
La réputation de Dee était telle, que la future Elizabeth I r e
lui demanda de choisir le jour de son couronnement d’après
ses calculs astrologiques. Dee influença également la politique
étrangère de la reine, en Europe, comme dans l’Amérique
colonisée. Il existe un fait peu connu de sa vie, mais
documenté : il se trouve qu’au sommet de sa fortune, Dee
possédait une charte qui lui garantissait la propriété de ce
grand bloc continental appelé le Canada. Sa vision de l’Empire
britannique – expression qu’il créa – inspira et guida les
voyages d’exploration de cette nation.
En 1580, cherchant de toute évidence à faire une
expérience spirituelle plus directe, il sollicita un médium.
Dee faisait des rêves mouvementés : il y avait de drôles de
bruits de coups dans sa maison. Il loua donc les services d’un
médium appelé Barnabus Saul, qui prétendait voir des anges
dans sa boule de cristal. Dee s’en sépara au bout de six mois.
Puis, en 1582, il rencontra Edward Kelley, un homme étrange
qui portait une calotte, apparemment pour dissimuler ses
oreilles, qu’on lui avait coupées pour le punir d’avoir fabriqué
de la fausse monnaie. Kelley affirmait qu’il pouvait voir
l’archange Uriel dans la boule de cristal de Dee, et c’est ainsi
que commença une série de centaines de séances de
spiritisme. Elles permirent à Dee d’apprendre à déchiffrer le
langage des anges, qu’il appela la langue « énochienne ».
Le déclin du grand mage date de son association avec
Kelley. L’homme dont les rêves d’empire avaient contribué à
façonner le monde commençait à explorer les chemins de
traverse, peu honorables, de la spéculation et de la pratique
ésotériques. [207]
Lors d’un voyage à Prague, Dee apprit à l’empereur
Rodolphe II qu’il avait essayé pendant quarante ans de
trouver ce qu’il cherchait, mais qu’aucun livre ne lui avait
fourni les réponses à ses questions. Il avait donc décidé d’en
appeler aux anges pour qu’ils intercèdent auprès de Dieu en sa
faveur, et lui permettent de Lui demander les secrets de la
création. Il dit à Rodolphe qu’à cette fin, il utilisait une pierre
et qu’il s’assurait toujours que les esprits avec lesquels il
commerçait étaient bons et non démoniaques.
Kelley était-il toujours aussi scrupuleux ? Lors du même
voyage, les deux compères se vantèrent auprès de Rodolphe
de pouvoir transformer le métal en or. Ils furent obligés de
s’enfuir lorsque, poussés à en faire la démonstration, ils
échouèrent. Il semble qu’à ce moment, le vieil homme était
maltraité par Kelley, qui le forçait à faire d’humiliants
échanges de femmes. De nombreuses personnes ont suspecté
Kelley d’être un escroc qui ne faisait que prétendre recevoir
des réponses aux invocations « énochiennes ».
Mais en 1590, Kelley semble avoir reçu, dans cette langue
étrange, un message si terrifiant qu’il cessa d’opérer et quitta
Dee brusquement. Ce message traduit de l’« énochien » donne
à peu près ceci :
« Le lion ignore où je marche, les bêtes sauvages ne me
comprennent pas non plus. Je suis déflorée, mais vierge ; Je
sanctifie, mais je ne suis pas sanctifiée. Heureux celui qui
m’embrasse, car la nuit je suis douce… Mes lèvres sont plus
douces que la santé elle-même, je suis une prostituée pour
ceux qui me ravissent et une vierge pour ceux qui ne me
connaissent pas. Purgez vos rues, ô fils des hommes, et
nettoyez vos maisons… » Kelley a-t-il reconnu Babylone la
grande, la prostituée de l’Apocalypse de Jean et a-t-il eu une
vision de l’imminence de la fin du monde ?
Abandonné de tous en Angleterre, Dee était dans la misère
la plus totale, incapable de nourrir sa famille. Il tempêtait
constamment, devenait de plus en plus paranoïaque, voyant le
complot partout. Après sa mort, il devint l’objet d’un culte.
Beaucoup, comme le diariste John Aubrey et l’éminent maçon
Elias Ashmole, pensent qu’il était rose-croix.
Quoi qu’il en soit, l’histoire que vous venez de lire est
l’histoire populaire qui circule au sujet de Dee. Le sens profond
de tout cela – et la motivation réelle de Dee – se situe dans
l’histoire de la relation humaine avec le monde des esprits.
Comme nous l’avons vu, les chrétiens s’étaient depuis
longtemps retirés du monde des esprits. L’Église semblait
incapable de proposer une expérience directe ou un contact
personnel avec les réalités spirituelles. Les gens réclamaient
des merveilles et seules les sociétés secrètes pouvaient leur en
fournir.
Le Dr Dee dit à Rodolphe II que, si l’on introduisait les
techniques occultes de magie cérémonielle qu’il proposait dans
le culte chrétien, chaque Église de la chrétienté pourrait être le
théâtre d’apparitions quotidiennes : on assisterait au retour de
la ferveur spirituelle de l’Église des origines, du temps de
Clément et d’Origène, d’où les éléments kabbalistiques et
hermétiques n’étaient pas exclus. L’Église du monde
redeviendrait une Église de la magie.
C’était la grande vision évangélique de Dee.
De nos jours, cette idée peut choquer, mais il est important
de replacer cela dans le contexte religieux de l’époque. Comme
nous l’avons dit, la frontière entre la pratique des prêtres et
celle des mages était subtile. Cependant, pour le Dr Dee, les
pratiques magiques d’invocation des esprits des prêtres
n’étaient que superstition folklorique et manquaient de
rigueur intellectuelle, de finesse et de méthode.
Le mouvement néoplatonicien qui consistait à penser de
manière systématique le monde des esprits et l’expérience
spirituelle, s’était propagé depuis le sud de l’Europe et avait
influencé des érudits comme Trithème, Agrippa et Dee.
L’Allemand Johannes Reuchlin formula une Kabbale
christianisée. Il prouva la divinité de Jésus-Christ en se
servant d’arguments kabbalistiques, montrant que le nom de
Jésus était dissimulé dans le tétragramme, le nom sacré de
Dieu.
Il semble évident que le Dr Dee s’intéressait à toutes ces
théories mais, comme nous l’avons vu, il avait avant tout soif
d’expérience. Son approche était aussi bien systématique
qu’expérimentale. Il proposait une application raisonnée de
techniques, sur des bases prévisibles, régulières et contrôlées,
afin de produire des phénomènes spirituels. Nous sentons chez
Dee, comme chez Bacon, les premiers frémissements de
l’esprit scientifique. Le développement des facultés mentales
nécessaires à l’invention de la science moderne se fit donc en
partie dans un contexte occulte.
Ce que Dee suggérait à l’oreille de l’empereur était que, s’il
jeûnait pendant une période déterminée, s’il travaillait sur sa
respiration un certain nombre de fois, à des intervalles précis,
s’il s’adonnait à la pratique sexuelle et s’il prononçait une
formule précise à une heure prédéterminée selon les astres, il
pourrait entrer dans un état de conscience altéré au cours
duquel il communiquerait de manière libre et raisonnée avec
les habitants du monde des esprits. Tout cela avait été établi
par des expériences répétées et par les milliers d’années de
pratique qui avaient donné des résultats prévisibles.
La mission de Dee était donc d’introduire quelque chose de
totalement nouveau dans le courant de l’histoire. Les
confréries initiatiques, comme la Rose-Croix, ont toujours pour
but d’aider à diffuser de nouvelles formes de conscience en
évolution, adaptées aux temps qui changent. Michael Maier,
un commentateur de cette époque, qui écrivit avec une
connaissance apparemment intime des Rose-Croix, déclara
que « les activités des Rose-Croix sont déterminées par la
connaissance de l’histoire et par la connaissance des lois de
l’évolution de la race humaine ».
Ces « lois de l’évolution » sont à l’oeuvre dans la grande
histoire comme dans la vie individuelle. Ce sont les lois qui
décrivent la nature paradoxale de la vie, que nous avons
appelé les « lois profondes ». Elles sont décrites dans
l’Autobiographie d’un yogi de Paramahansa Yogananda
comme des « lois subtiles qui gouvernent les plans spirituels
occultes et la conscience intérieure ». La formulation de ces lois
se trouve dispersée dans la littérature rosicrucienne :
Le catholicisme occulte
Jakob Böhme • Les conquistadores et la Contre-
Réforme • Thérèse, Jean de la Croix et Ignace de Loyola
• Les manifestes rosicruciens • La bataille de la
montagne Blanche
L’ère de la franc-maçonnerie
Christopher Wren • John Evelyn et l’alphabet du désir •
Le triomphe du matérialisme • George Washington et
le plan secret d’une nouvelle Atlantide
Si on cherche à les fuir, les défis que nous réserve la vie se manifesteront à
nouveau sous une autre forme.
Nous attirons toujours ce que nous redoutons le plus.
Si l’on choisit une voie sans morale, on finit par payer.
Une croyance sincère finira par transformer ce en quoi on croit en réalité.
Si l’on tient à ce que l’on aime, on doit le laisser libre.
La meilleure façon de garder quelque chose est de faire tout ce qui est en son
pouvoir pour y arriver et ne jamais abandonner.
On ne transforme pas le monde en prenant ses désirs pour des réalités – il
faut agir.
Si vous arrivez à ne pas vous faire prendre et punir par les hommes, il n’y a
pas de raison pour qu’un ordre supérieur vous punisse.
***
[3]
Alice entre dans « l’univers à l’envers »[Ret]
[4]
e
Représentation kabbalistique du XI X siècle : Dieu et sa
réflexion.[Ret]
[5]
LHOOQ, manifeste dada de Marcel Duchamp, reproduit
dans le livre Surréalisme et peinture d’André Breton.
L’idée que le monde physique répond à nos peurs et à nos
désirs profonds est difficile et peut-être assez troublante,
mais nous y reviendrons souvent afin de la comprendre.
En 1933, André Breton, un initié à la philosophie des
sociétés secrètes, dit une chose merveilleuse qui a éclairé
l’art et la sculpture depuis – et surtout dans le cas des
ready-made de Duchamp : « Toute épave à portée de
nos mains devrait être considérée comme un précipité de
notre désir. »[Ret]
[6]
Une gravure d’alchimiste provenant du Muntus Liber
[ou Livre muet alchimique], publié anonymement en
1677. En alchimie, la rosée du matin est le symbole du
précipité de l’Esprit cosmique dans le royaume de la
matière. La Kabbale raconte que la rosée divine tombe
de la tête poilue de l’Ancien et apporte une nouvelle vie.
Plus particulièrement, la rosée est le symbole des forces
spirituelles qui travaillent sur la conscience pendant la
nuit. C’est pourquoi avoir mauvaise conscience peut nous
faire passer une nuit agitée. Ici, on voit des initiés en
train de récolter la rosée – ce qui signifie, recueillir le
fruit, à leur réveil, des exercices spirituels qu’ils ont faits
au coucher.[Ret]
[7] Massachusetts Institute of Technology (ndlt).[Ret]
[8] Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (ndlt).
[Ret]
[9] Films de Steven Spielberg, Paul Verhoeven, Peter Weir et
Michel Gondry (ndlt).[Ret]
[10] Film des frères Andy et Larry Wachowski (ndlt).[Ret]
[11]
Un dessin « subjectif » qui représente soit une vieille
dame soit une jeune fille nue portant un chapeau à
plume, tout dépend de votre prédisposition.[Ret]
[12]
Quand ils se trouvent sur des sites antiques, les guides
touristiques ont l’habitude de dire ce genre d’idiotie :
« Regardez ce bas-relief de femmes lavant leur linge
dans la rivière et d’hommes semant dans les champs,
vous pouvez voir exactement la même scène aujourd’hui,
à deux pas d’ici. » Il existe deux types d’histoires, l’une
d’entre elles étant l’approche contemporaine,
communément admise, qui suppose que l’homme, en
substance, n’a pas changé. L’histoire que nous racontons
ici est tout autre. Ici, la conscience change selon les
époques, de génération en génération. Notez
l’imprécision, la négligence presque, avec laquelle sont
représentés ces arbres sur une tombe de la VI I I e
DYNASTI E. Les artistes qui ont peint ces murs étaient
moins intéressés par ces objets physiques que par les
dieux peints à quelques mètres, dans le sanctuaire du
temple. Ce qui monopolisait leur attention et qui regorge
de détails sont les objets de l’esprit. Ces images-là sont
foisonnantes et précises. Ce que cela signifie, c’est que,
contrairement à ce que pourrait dire notre guide, la
différence entre des femmes lavant leur linge il y a 4000
ou 5000 ans et des femmes lavant leur linge aujourd’hui
est plus importante qu’il n’y parait.[Ret]
[13]
e
Oannès : gravure du XI X siècle inspirée des murs
remparts de Ninive ; l’original se trouve aujourd’hui au
British Museum.[Ret]
[42] Les géants, les anges déchus, qu’on appelle, en hébreux,
les Néphilim (ndlt).[Ret]
[43] La traduction du latin n’étant pas disponible en français,
cette traduction est de nous (ndlt).[Ret]
[44]
[Ret]
[85] Dans la plupart des cités grecques, dont Athènes, les
archontes sont les titulaires des charges les plus élevées,
qui avaient d’importantes fonctions judiciaires et
politiques (ndlt).[Ret]
[86]
Iconographie de l’esprit quittant le corps dans les arts
égyptien et chrétien (L’Iconographie chrétienne, de
Didron) ; Dans l’image égyptienne, l’esprit est montré en
train de se séparer de la matière âme, mise au rebut.
[Ret]
[87]
Illustration du Petit Prince montrant l’ascension à
travers les sphères.[Ret]
[88] Source inconnue (ndlt).[Ret]
[89]
Les croyances en matière de réincarnation chez les
rose-croix sont dissimulées dans l’histoire de Blanche-
Neige et les sept nains. Blanche-Neige « meurt » et est
allongée dans un cercueil en verre – une coutume
légendaire pour les rose-croix. L’idée de la réincarnation
peut sembler étrange pour des personnes qui ont grandi
dans une culture chrétienne moderne. Cependant,
comme nous le verrons, l’idée de réincarnation existe
dans le Nouveau Testament, les premiers chrétiens y
croyaient et, depuis, les chrétiens d’ordres supérieurs y
croient en secret. Les croyances secrètes sur la
réincarnation sont dissimulées dans l’art, l’architecture
et la littérature : ici, dans le Red Fairy Book d’Andrew
Lang.[Ret]
[90]
Raphaël,
La Vierge – ou la Madone – à la chaise.[Ret]
[184]
Illustration de l’Hypnerotomachia. On aperçoit ici une
image qui fait écho au passage de la vie végétale à la vie
animale, tel qu’il est enseigné dans l’histoire secrète.[Ret]
[185] Céramique chinoise de la dynastie Liao, représentant un
moine bouddhiste. Cette pièce fait partie des huit oeuvres
considérées par Gurdjieff comme de « l’art objectif »
(ndlt).[Ret]
[186]
La Joconde est sans doute l’image la plus reproduite de
l’histoire de la peinture, ici sur une gravure du XI Xe siècle.
Dans son Traité de la peinture, Léonard préconise de se
mettre dans un état de réceptivité inventive dans
laquelle les taches et les fissures d’un mur évoquent – ou
invoquent – des dieux et des monstres.[Ret]
[187]
Dans The Zelator, David Ovason cite mon ami Mark
Hedsel qui fait une analyse passionnante de
l’iconographie du bouffon, ou fou, dont l’image apparaît
sur le frontispice de cette première édition de Pantagruel
en 1532 et également, bien évidemment, dans le Tarot.
Le Fou poursuit le « chemin sans nom ». Le bâton sur son
épaule représente la dimension végétale de son être qui
se situe entre la partie spirituelle et la partie animale qui
est en dessous. Quant au chien qui lui mord le mollet, il
représente les éléments animaux corrompus et non
expiés, comme le baluchon représente les éléments
végétaux de même nature. Son chapeau à trois pointes
fait allusion aux corps supérieurs qu’il doit encore
atteindre – les corps animal, végétal et minéral
métamorphosés – et son regard en l’air montre son
aspiration à les atteindre. Si sa barbe représente une
poussée vers le bas, son chapeau qui se dresse vers le
haut montre, lui, le troisième oeil sur le point de s’ouvrir.
[Ret]
[188]
L’humour initiatique égaie cette image étonnamment
sombre du Fou par Jacob Jordaens. Comme ses
compatriotes Rubens et Rembrandt, Jordaens
s’intéressait de prés à la Kabbale. Le capuchon du Fou
imite la lettre shin qui, insérée dans le tétragramme, ou
nom sacré de Dieu, produit le nom de Jésus. Il symbolise
aussi, à travers ses trois pointes, le développement
spirituel des trois corps de l’homme – animal, végétal et
minéral.[Ret]
[189] En anglais, « chérubin » au lieu de « cherubim » (ndlt).
[Ret]
[190] La Naissance de Merlin (ndlt).[Ret]
[191] Gardien (ndlt).[Ret]
[192] « Shakespeare ou l’invention de l’humain » (ndlt).[Ret]
[193]
L’Histoire du monde, 1614. Le grand aventurier Sir
Waller Raleigh était membre d’une société secrète
appelée l’École de la Nuit. Cette société était si
mystérieuse que certaines critiques récentes mettent en
doute son existence réelle, mais il ne fait aucun doute que
Raleigh partageait des idées ésotériques avec
Christopher Marlowe et George Chapman, auteur de
The Shadow of Night. Un de leurs secrets était l’athéisme.
Raleigh craignait la torture, et la mort lente qui avait
emporté un de ses amis, Thomas Kyd, qui s’était fait
étriper pour avoir professé ses vues athées. Mais aucun
d’entre eux n’était athée dans le sens moderne du terme,
qui nie l’existence du monde des esprits et le fait que les
êtres désincarnés interviennent dans le monde matériel
de manière surnaturelle. Le Docteur Faust de Marlowe
est une des oeuvres les plus savantes de la littérature
ésotérique mondiale, qui traite des dangers qu’implique
le commerce avec le monde des esprits.
Dans le magazine Gnosis, qui n’existe malheureusement
plus aujourd’hui, David Fideler offrait une analyse
brillante de la couverture du chef-d’oeuvre littéraire de
Raleigh. D’après lui, à un certain niveau, cette
couverture était destinée à illustrer la vision que Raleigh
avait de l’histoire comme étant l’épanouissement de la
Providence divine – d’après la définition qu’en donne
Cicéron : « Enfin, l’histoire elle-même, le témoin des
siècles, le flambeau de la vérité, l’âme du souvenir,
l’oracle de la vie, l’interprète des temps passés […] (De
l’orateur, 11, 36). À un autre niveau, souligne-t-il, ce
dessin représente l’arbre de Vie kabbalistique, avec ses
correspondances planétaires à chaque noeud. Le
personnage sur la gauche est la Fama des manifestes
rosicruciens.[Ret]
[194]