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GLOIRE
AU
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à travers les figures imposantes des créateur6 de chefs-d'oeuvre, jusqu'à nos
fonctionnaires de la production artistique, intellectuelle, politique et écono-
mique
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s Malgré ou peut-être à cause de notre concordance de vues à ce sujet, nous
I- avons à coeur de dissiper tout malentendu qui pourrait naître dans l'esprit d'au-
trui, notamment de gens qui éprouvent le désir d'en savoir un peu plus long sur
la Franc-Maçonnerie, Il n'est pas du tout souhaitable qu'en leur réflexion, des
doutes et des incertitudes s'insèrent et viennent gêner leur approche.
Dans les documents que nous remettons à ceux qui aimeraient s'informer
sur ce qui les attend avant de prendre des engagements, nous déclarons
d'emblée que la Grande Loge de France, du Rite Ecossais Ancien et Accepté,
travaille à la Gloire du Grand Architecte de l'Univers .. Laissant de côté, ici
t et aujourd'hui, ce que signifie le symbole du Grand Architecte de l'Univers, nous
ressentons la nécessité d'en dire davantage sur ce que nous entendons par
travailler et sur ce que comporte pour nous le mot de gloire
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les temps modernes. Par contre, glorifier le Grand Architecte de l'Univers,
c'est, à nos yeux, établir la relation entre chacun d'entre nous et le Grand Tout
à encore, le terme de « respect .' voire de « profond respect » corres-
pond peut-être mieux à ce que nous voulons exprimer en faisant appel à ce sym-
bole. Nous admirons les grandes lois de Univers, et nous essayons de les faire
jouer au profit de 'homme de tout homme.
Cela nous ramène en droite ligne vers les problèmes du monde contempo-
rain. Car il ne nous suffit pas qu'à l'intérieur de notre Ordre, la notion de tra-
vail ne donne lieu à aucun malentendu : nous souhaitons qu'il en soit de
même pour tous les milieux dans lesquels nous évoluons. Or. force nous est
de constater qu'il n'en est rien, qu'on joue sur les mots avec une satisfaction
perverse et qu'il en résulte de graves dangers pour l'avenir de l'humanité.
Que signifie encore, dans le contexte civique d'aujourd'hui, l'expression
courante de .. masses laborieuses ? Personne no saurait nier que des femmes
et des hommes laborieux se retrouvent dans tous les secteurs de la
vie po!itique, que les uns et les autres ' travaillent pour gagner leur vie et
que les cas d'oisiveté sont devenus très rares. Loin de nous de contester qu'il C
de la société n'est plus déterminé par les activités professionnelles des uns N
ou des autres, mais par la lutte contre les abus commis par une minorité au
détriment d'une majorité. Cela est au demeurant valable pour tous les azimuts
civiques : le critère distinctif pourrait être utilement celui des Francs-Maçons
ici les citoyens qui sont au travail, qui en connaissent et estiment la valeur
et y prennent goût - là-bas ceux qui en font fi, ou qui y voient une corvée.
Or, nous ne sommes pas encore au bout de notre route : car si le travail
ingrat fut effectivement le problème crucial de la première moitié du vingtième
siècle, du moins dans les pays occidentaux, une fraction de plus en plus impor-
tante, de notre vie à nous, est consacrée aux loisirs comme si l'aboutissement
du travail était le non-travail ! Comme si le travail ne trouvait plus sa récom-
pense en lui-même et en son bon accomplissement, mais en son dépassement
et sa relégation en deuxième position I
Là encore, la Franc-Maçonnerie apporte une réponse pour le moins encou-
rageante à ceux qui ont appris à glorifier le travail, c'est-à-dire à lui donner un
sens glorieux. Nos travaux d'Atelier ne se situent-ils pas dans ce que l'horaire
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moderne appelle e temps des loisirs ? Ne sommes-nous pas à l'oeuvre au
moment où notre travail profane est dûment accompli ? N'appliquons-nous pas
les règles de l'exercice parfait d'un métier aux activités volontaires auxquelles
nous nous consacrons ?
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En d'autres termes, au-dessus du travail pour l'existence matérielle,
l'homme peut trouver un travail à la hauteur de ses besoins spirituels, quel
que soit le sens donné à ce mot. Mais il faut qu'il remplisse les tâches qui
en découlent pour lui avec la même conscience, la même science et la même
volonté de réussir alors il connaîtra aussi la gloire du travail, en quelque sorte
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Ce n'est donc point un hasard que les Loges maçonniques se réunissent
aux heures où le monde profane se contente d'un repos passif ou de distrac-
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tions anodines, la recherche du moindre effort l'emportant sur l'aspiration à la
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haute performance.
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t Le loisir devient dès lors, pour le Franc-Maçon, le temps qu'il peut et veut
il consacrer à l'accomplissement de tâches librement choisies, à l'exécution de
e travaux auxquels il consacre le meilleur de lui-même, à la poursuite d'objectifs
't qu'il estime dignes d'être choisis pour buts.
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e Travailler ainsi, entourer ce travail d'une auréole de bonheur, voir dans ce
n bonheur la justification même du travail -- c'est peut-être en cela que le Franc-
s Maçon se croit modestement diffèrent de l'homme profane.
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