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Les contes du Papyrus Westcar

ou Khéops et les magiciens

Bernard MATHIEU
CNRS – UMR 5140
« Archéologie des Sociétés Méditerranéennes »
Université Montpellier 3 Paul-Valéry
[© B. Mathieu, mise à jour novembre 2013]

Connus par une seule source (P. Berlin 3033), les contes du « Papyrus Westcar »
nous introduisent, apparemment, dans l’univers de la littérature narrative « populaire ».
On verra, au fil du texte et des notes de commentaire qui l’accompagnent, que c’est loin
d’être le cas. Si le manuscrit semble dater de la fin Deuxième Période intermédiaire ou
du début de la XVIIIe dynastie, la rédaction de l’original pourrait remonter jusqu’au
milieu du Moyen Empire 1 ; il nous en manque, hélas, le début et la fin.

Nous sommes à la cour de Khéops, le célèbre pharaon de la IVe dynastie. Tour à


tour, les fils du roi se lèvent pour divertir leur père par le récit d’un prodige.
Le premier, dont le nom est perdu, mais qui pourrait bien être Rêdjédef, le
successeur de Khéops, raconte un événement survenu au temps du roi Djéser, le
fondateur de la IIIe dynastie ; en raison de la longue lacune initiale, ni la nature du
prodige ni l’identité du magicien — très vraisemblablement le célèbre Imhotep — ne
sont conservées.
Le deuxième prince, Khéphren, rapporte les circonstances d’un adultère commis
sous le règne de Nebka, obscur souverain de la IIIe dynastie, et la terrible vengeance du
mari trompé, le prêtre ritualiste Oubaoné (« Pierre percée ») : une figurine de cire
changée par magie en un crocodile de sept coudées emporte au fond de l’eau l’amant
coupable. La femme adultère est brûlée vive sur l’ordre du roi.
Le troisième, Rêbaef, évoque le ritualiste Djadjaemânkh (« Tête-en-vie »), qui
s’était illustré à la cour de Snéfrou, le père de Khéops et fondateur de la IVe dynastie, en
déplaçant la moitié des eaux d’un lac pour retrouver un pendentif perdu ; l’épisode
biblique de la traversée de la mer Rouge par les Hébreux en fuite vient forcément à
l’esprit.
Le quatrième prince, Hordjédef, à qui fut attribué un Enseignement au Moyen
Empire, vante les mérites d’un certain Djédi : C’est un homme âgé de cent-dix ans. Il
mange cinq cents pains, une moitié de bœuf comme viande, et boit cent cruches de bière
encore aujourd’hui. Il sait rattacher une tête coupée. Khéops l’ayant fait quérir, Djédi
réalise différents prodiges, rendant leur apparence première, par exemple, à des oies

1
. On a envisagé sérieusement, non sans arguments intéressants, que le texte ait été composé au début de
la XVIIIe dynastie : Cl. BAROCAS, dans SAK-Beihefte 3, 1989, p. 121-129 ; H. GOEDICKE, ZÄS 120,
1993, p. 23-36. Mais un graffito du ouâdi Hammâmât, donnant semble-t-il la liste des princes du
Papyrus Westcar, milite en faveur du Moyen Empire ; voir sur ce point D. FAROUT, BiEtud 145, 2008,
p. 126 et n. 31.

1
décapitées. Mais la narration prend un tour différent lorsque Djédi annonce au roi que
lui succèderaient, après son fils et son petit fils, trois pharaons nés d’une mortelle,
Reddjédet, et du dieu Rê lui-même. Suit alors le récit de la naissance merveilleuse,
réglée par les déesses Isis, Nephthys, Meskhénet, Héqet et le dieu Khnoum. Les trois
enfants, nommés par Isis, ne sont autres que les trois premiers souverains de la Ve
dynastie : Ouserkaf, Sahourê et (Néferirkarê-)Kakaï.

Au-delà du simple divertissement, il est possible de déceler dans cet enchaînement


de récits les indices d’un conte « à clefs », riche en allusions et en descriptions
parodiques, et d’une tradition historiographique égyptienne. En effet, la cruauté de
Nebka et surtout le portrait « à charge » de Khéops, qui n’aurait pas hésité à sacrifier la
vie d’un prisonnier pour les besoins des expérimentations de Djédi, à l’opposé de la
bonhommie de Snéfrou, laissent deviner de la part des Égyptiens de l’époque une vision
contrastée de leur histoire, ce que confirment parfaitement, beaucoup plus tard, les
propos de l’historien grec Hérodote. C’est même un principe d’alternance régulière qui
semble se dégager, depuis le règne supposé favorable du prestigieux Djéser jusqu’à
l’émergence divine de la Ve dynastie, en passant par Nebka, Snéfrou et Khéops.
Quoi qu’il en soit, les multiples signes d’élaboration structurelle, les symétries
décelables d’un conte à l’autre, les jeux de mots et autres références culturelles, dont
beaucoup doivent nous échapper encore, font qu’on ne saurait souscrire aujourd’hui au
jugement sévère émis en son temps par G. Lefebvre : « C’est surtout aux petites gens,
aux fellahin de l’époque, faciles à satisfaire et de goût peu exigeant (sic), que
s’adressaient ces contes, qui les délassaient de leur vie monotone et rude » 2.

(Le prodige d’Imhotep)

[Le prince Rêdjédef (?) 3 se leva pour parler et dit :

« Je vais faire connaître à Ta Majesté un prodige advenu à l’époque de ton ancêtre
Djéser (justifié), […

Voilà le prodige advenu à l’époque de ton ancêtre le roi de Haute et Basse-Égypte
Djéser, parmi ceux réalisés par le ritualiste-chef Imhotep] ! »
La Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Khéops (justifié) dit alors : « Qu’on
accorde une offrande de mille pains, cent cruches de bière, un bœuf et deux
pastilles d’encens au roi de Haute et Basse-Égypte Djéser (justifié), et qu’on
accorde un pain chénès, un pot de bière, une grande pièce de viande et une pastille

2
. Romans et contes égyptiens de l’époque pharaonique, 1949, réimpr. 1982, p. 72.
3
. L’identité du prince est discutable, mais Rêdjédef (Didoufri), successeur de Khéops, est le meilleur
candidat ; voir en dernier lieu D. FAROUT, BiEtud 145, 2008, p. 143, n. 83.

2
d’encens au ritualiste-chef [Imhotep] 4, car j’ai vu un exemple de sa
connaissance ! » Et l’on exécuta tous les ordres de Sa Majesté.

(Le prodige d’Oubaoné)

Le prince Khéphren se leva pour parler et dit :

« Je vais faire connaître à Ta Majesté un prodige advenu à l’époque de ton ancêtre
Nebka (justifié), tandis qu’il se rendait à la demeure divine de Ptah (1,20) seigneur
d’Ânkhtaouy 5.
Or c’était Sa Majesté qui se rendait à [la demeure divine de Ptah seigneur
d’Ânkhtaouy], et c’était Sa Majesté qui accomplissait le service [du dieu],
accompagné du ritualiste-chef Oubaoné 6. Mais la femme d’Oubaoné [… (2,1) …
un homme… 7]. Alors elle lui fit livrer un coffre rempli de vêtements […] et il
vint avec la servante 8.
Quelques jours après, comme il y avait un pavillon dans le jardin d’Oubaoné,
l’homme dit à la femme d’Oubaoné : “Il y a bien un pavillon dans le jardin
d’Oubaoné ? Vois, Passons-y un moment !” Alors la femme d’Oubaoné envoya
dire au régisseur du jardin : “Fais préparer le pavillon qui est dans le jardin […] !”
Elle y passa son temps à boire (2,10) avec l’homme […]. Le soir venu, il vint à
descendre vers le bassin, et la servante [l’accompagnait. Alors] le régisseur [du
jardin se dit : “Je vais le répéter à] Oubaoné !”
À l’aube, le deuxième jour venu, le régisseur se mit en route [pour informer
Oubaoné de] cette affaire […] il le donna à son [maître…] (2,20) le courant de
l’eau. Alors il […]. Oubaoné lui dit alors : “Apporte-moi mon grimoire et [ma
cassette] d’ébène et d’électrum !” Un messager ayant été envoyé (?) [à Oubaoné,
ce dernier fabriqua] un crocodile [de cire de] sept [doigts] 9. Puis il récita [sur lui]
son charme magique en [disant] : “Quiconque viendra se baigner dans mon
bassin, [saisis-toi de lui, dans ta gueule…] l’homme [… (3,1) …] ! 10” Il le confia
alors au régisseur et lui dit : “Quand l’homme sera descendu dans le bassin selon
son habitude de chaque jour, tu jetteras ce crocodile [de cire] derrière lui.” Le
régisseur se mit en route, emportant avec lui le crocodile de cire.

4
. La restitution est presque assurée. Pour la traduction « ritualiste-chef », et non « ritualiste en chef », voir
S. EINAUDI, « Le Livre des Morts dans les tombes monumentales de l’Assassif », BSFE 183, 2012,
p. 19, n. 19.
5
. Le temple de Memphis.
6
. Litt. « Pierre percée ». Rapprocher cf. CT VI, 63l-m [TS 486] : se(=w) ew wbæ(=w) jnr wbæ(=w) qrr.t n
Îw.t-Îr pr=s m mfkæ.t nms(=tj) m nms=s gm~n=s wj cÌc=kw Ìr wæ.t=s, La montagne est brisée, la
pierre est percée, la caverne est percée pour Hathor ! Elle sortira de la turquoise, coiffée de son
némès, m’ayant rencontré placé sur son chemin.
7
. Ici était mentionnée la liaison de la femme d’Oubaoné avec un homme (nes).
8
. Sans doute pour remercier la femme d’Oubaoné de son présent. Dans le conte néo-égyptien des Deux
Frères, la femme d’Anubis tente de séduire son beau-frère Bata avec la promesse de « beaux
vêtements » : Puis elle se leva, l’étreignit et lui dit : « Viens, passons donc une heure au lit, cela te
sera profitable, car je te ferai de beaux vêtements ! ».
9
. Environ 13 cm.
10
. Sans doute : « ce crocodile de cire se saisira de l’homme », ou « tu te saisiras de l’homme ».

3
La femme d’Oubaoné envoya dire au régisseur du jardin : “Fais préparer le
pavillon qui est dans le jardin, car je suis venu pour m’y reposer !” Et le pavillon
fut préparé avec toute bonne chose. Ils y allèrent et passèrent (3,10) un jour
heureux avec l’homme 11. Le soir venu, l’homme vint selon son habitude de
chaque jour, et le régisseur jeta le crocodile de cire derrière lui, dans l’eau. Il se
changea en un crocodile de sept coudées 12 et se saisit de l’homme [dans sa
gueule].
Or Oubaoné séjournait avec la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Nebka
(justifié) durant sept jours 13, tandis que l’homme vaguait [au fond du bassin sans
pouvoir] respirer. Le septième jour venu, le roi de Haute et Basse-Égypte Nebka
(justifié) se mit en route [vers la demeure divine de Ptah]. Le ritualiste-chef
Oubaoné se plaça devant (Elle) 14 et dit : “[…] ce que j’ai dit […]. (3,20) Veuille
Ta Majesté s’avancer pour voir le prodige advenu à l’époque de Ta Majesté, […]
un homme [… !”
Sa Majesté partit alors avec] Oubaoné. Oubaoné appela le crocodile en disant :
“Ramène l’homme [dans ta gueule] !” Le crocodile sortit [du bassin en ramenant
l’homme]. Le ritualiste-chef Oubaoné ordonna alors [au crocodile : “Relâche-
le !”. Il le relâcha et le déposa [devant le roi]. La Majesté du roi de Haute et
Basse-Égypte (4,1) Nebka (justifié) s’exclama : “En vérité, ce crocodile est
terrifiant 15 !” Mais Oubaoné se pencha et se saisit du crocodile, qui redevint dans
sa main un crocodile de cire.
Puis le ritualiste-chef Oubaoné raconta à la Majesté du roi de Haute et Basse-
Égypte Nebka (justifié) cette histoire que l’homme avait eue dans sa maison avec
sa femme. Sa Majesté dit alors au crocodile : “Emporte ce qui est tien !” Le
crocodile plongea au fond du bassin et on ne sut jamais où il l’avait emporté 16.
La Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Nebka (justifié) fit emmener la
femme d’Oubaoné dans un terrain au nord de la Résidence, et il la fit (4,10) brûler
et jeter [ses cendres] au fleuve 17.

Voilà le prodige advenu à l’époque de ton ancêtre le roi de Haute et Basse-Égypte


Nebka, parmi ceux réalisés par le ritualiste-chef Oubaoné ! »
La Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Khéops (justifié) dit alors : « Qu’on
accorde une offrande de mille pains, cent cruches de bière, un bœuf et deux

11
. Comprendre : « La femme d’Oubaoné et l’homme y allèrent et passèrent un jour heureux ».
12
. Environ 3,66 m. G. Lefebvre avait noté la récurrence du chiffre sept dans ce conte. La taille de sept
coudées n’est pas attribuée par hasard : le mot « coudée » (en égyptien mÌ) annonce en effet l’instant
où l’animal va se saisir (mÌ) de sa victime, l’amant adultère, tandis que le chiffre « sept » (sfÏ)
préfigure le moment où il la relâchera (sfÏ) sur l’ordre du mari trompé ; voir C.J. EYRE, JEA 78, 1992,
p. 280-281.
13
. Sans doute pour une cérémonie rituelle dans le temple de Ptah.
14
. Ne pouvant interrompre les activités rituelles du roi, Oubaoné a attendu le septième jour pour
l’informer de l’affaire et l’inviter à se rendre chez lui.
15
. Lire nÌæ (avec haplographie du n), ce qui résoud la question du problématique hapax *Ìæ.
16
. L’homme, dont le corps a disparu, n’aura jamais de sépulture. Le roi l’a ainsi condamné à l’oubli
définitif.
17
. Comme son amant, la femme est donc privée de sépulture et vouée à l’oubli.

4
pastilles d’encens au roi de Haute et Basse-Égypte Nebka (justifié), et qu’on
accorde un pain chénès, un pot de bière, une grande pièce de viande et une pastille
d’encens au prêtre ritualiste-chef Oubaoné, car j’ai vu un exemple de sa
connaissance ! » Et l’on exécuta tous les ordres de Sa Majesté.

(Le prodige de Djadjaemânkh)

Rêbaouef 18 se leva pour parler et dit :

« Je vais faire connaître à Ta Majesté un prodige advenu à l’époque de ton père
Snéfrou (justifié), parmi ceux réalisés par le ritualiste ( 4 , 2 0 ) -chef
Djadjaemânkh 19. […] qui n’était jamais arrivé jusque-là […
La Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Snéfrou (justifié) parcourait] toutes
les pièces du palais royal (v. s. f.) pour se chercher un divertissement, mais il n’en
trouvait pas. Il dit alors : “Allez me chercher le ritualiste-chef et scribe du rouleau
Djadjaemânkh !” Ce dernier lui fut amené aussitôt. Sa Majesté lui dit : “J’ai
parcouru toutes les pièces du palais royal (v. s. f.) pour me chercher (5,1) un
divertissement, mais je n’en trouve pas !” Djadjaemânkh lui répondit : “Que Ta
Majesté se rende seulement 20 au lac de la Grande Maison (v. s. f.) ! Équipe-toi
une embarcation avec toutes les belles femmes de l’intérieur de ton palais, et Ta
Majesté se divertira à les voir pagayer dans un sens et dans l’autre 21 !
Contemplant les beaux fourrés de ton lac, contemplant ses champs et ses beaux
rivages, tu en seras diverti.”
“Je vais m’organiser une promenade sur l’eau ! Qu’on m’apporte vingt rames en
ébène plaqué d’or avec leurs poignées en bois de santal (?) plaqué d’électrum !
Qu’on m’amène vingt femmes (5,10) qui aient un beau corps, à la ferme poitrine et
aux cheveux tressés 22, et qui n’aient pas encore enfanté ! Et puis qu’on m’apporte
vingt résilles et qu’on donne ces résilles 23 à ces femmes quand elles auront quitté
leurs vêtements !” Et l’on exécuta tous les ordres de Sa Majesté 24.
Elles se mirent alors à pagayer dans un sens et dans l’autre, et Sa Majesté fut
heureuse de les voir pagayer. Soudain, l’une, qui était à la barre, donna un coup à
sa tresse, et un pendentif en forme de poisson en turquoise neuve tomba à l’eau.

18
. Le titre « prince » a-t-il été délibérément omis ?
19
. Litt. « Tête en vie ».
20
. Sur ce sens de la particule æ, cf. E. ORÉAL, Les particules en égyptien ancien. De l’ancien égyptien à
l’égyptien classique, BiEtud 152, 2011, p. 52.
21
. Litt. « vers le Nord et vers le Sud ».
22
. Les matériaux précieux des rames (wsr.w) et les épithètes hathoriques appliquées aux jeunes filles
(pour Hathor « à la ferme poitrine et aux cheveux tressés » voir Edfou III, 316, 13 ; Edfou, Mamm., 26,
3-4 ; Dendara VI, 135, 10) font de cette promenade nautique la reproduction royale d’une navigation
divine. Cf. Ph. DERCHAIN, RdE 21, 1969, p. 19-25. Une transposition similaire apparaissait déjà dans
l’autobiographie de Kaemtjénénet, un contemporain du règne de Djedkarê-Isési (Ve dynastie) : C’était
comme la navigation de Rê sur le grand lac du ciel !
23
. Ce type de vêtement est connu ; cf. E. STAEHELIN, Untersuchungen zur ägyptischen Tracht im alten
Reich, MÄS 8, 1966, p. 169 ; C. KNIGGE, GöttMisz 161, 1997, p. 103-105.
24
. Quelques millénaires plus tard, le roi Méhémet Ali organisait les mêmes spectacles nautiques dans sa
résidence d’été de Choubra !

5
Alors elle cessa de pagayer, et son rang cessa de pagayer. Sa Majesté demanda
alors : “Vous ne pagayez plus ?” Elles répondirent : “Notre barreuse (5,20) a cessé
de pagayer !” Sa Majesté lui demanda : “Pourquoi ne pagaies-tu plus ?” Elle
répondit : “C’est qu’un pendentif en forme de poisson en turquoise neuve est
tombé à l’eau !” [Sa Majesté lui dit : “Pagaie, et vois, c’est moi qui te] le
remplacerai !” Mais elle répondit : “Je préfère mon bijou à sa copie.” Sa Majesté
dit alors : “Allez me chercher le ritualiste-chef Djadjaemânkh !” Et il lui fut
amené aussitôt.
Sa Majesté dit alors : (6,1) “Djadjaemânkh, mon frère 25, j’ai fait comme tu
m’avais dit et Ma Majesté s’est divertie à les voir pagayer. Mais le pendentif en
forme de poisson en turquoise neuve d’une barreuse est tombé à l’eau, elle a cessé
de pagayer et elle en est venue à perturber son rang. Je lui demandai : “Pourquoi
ne pagaies-tu plus ?” Elle me répondit : “C’est qu’un pendentif en forme de
poisson en turquoise neuve est tombé à l’eau !” Je lui dis : “Pagaie, et vois, c’est
moi qui te le remplacerai !” Mais elle répondit : “Je préfère mon bijou à sa
copie.””
Le ritualiste-chef Djadjaemânkh prononça alors ses paroles magiques (hékaou), il
posa une moitié de l’eau du lac sur l’autre moitié et il retrouva le pendentif en
forme de poisson (6,10) qui reposait sur un tesson. Il alla le chercher et il fut rendu
à sa maîtresse 26. Or l’eau qui faisait 12 coudées 27 sur sa tranche finit par faire 24
coudées après avoir été retournée 28. Il prononça alors ses paroles magiques
(hékaou), et il rétablit les eaux du lac en leur état. Sa Majesté passa un jour
heureux en compagnie de tout le palais royal (v. s. f.), puis Elle récompensa le
ritualiste-chef Djadjaemânkh de toute sorte de bonnes choses.

Voilà le prodige advenu à l’époque de ton père le roi de Haute et Basse-Égypte


Snéfrou (justifié), parmi ceux réalisés par le ritualiste-chef Djadjaemânkh ! »
La Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Khéops (justifié) dit alors : « Qu’on
accorde une offrande de mille pains, cent cruches de bière, un bœuf et deux
pastilles d’encens au roi de Haute et Basse-Égypte Snéfrou (justifié), (6,20) et
qu’on accorde un pain chénès, un pot de bière et une pastille d’encens au prêtre
ritualiste-chef Djadjaemânkh, car j’ai vu un exemple de sa connaissance ! » Et
l’on exécuta tous les ordres de Sa Majesté.

(Les prodiges de Djédi)

25
. Noter le caractère convivial des propos du bon roi Snéfrou.
26
. Înw.t=f ; « sa propriétaire » serait en égyptien nb.t=f. La signification profonde de ce bijou dans le
conte nous échappe. Ce type d’artefact est bien connu pour le Moyen Empire : voir H.G. FISCHER,
dans J. Assmann, E. Feucht, R. Grieshammer (éd.), Fragen an die altägyptische Literatur, 1977,
p. 161-165.
27
. Environ 6,27 m.
28
. On subodore une allusion précise dans ces données chiffrées ; peut-être au découpage de la journée en
douze heures du jour et douze heures de la nuit. La turquoise (mfkæ.t) est la pierre associée à Hathor,
« dame de la turquoise », déesse du ciel nocturne.

6
Le prince Hordjédef se leva pour parler et dit :

[Ta Majesté a entendu] des exemples […], mais sur la connaissance des gens du
passé, on ne peut distinguer la vérité du mensonge. Or il en existe sous Ta
Majesté, sous ton propre règne, que tu ne connais pas […]. Sa Majesté demanda
alors : “Qu’est-ce, Hordjédef, mon fils ?”
Le prince Hordjédef répondit : “Il y a un homme (7,1) nommé Djédi, qui demeure
à Djed-Snéfrou (justifié) 29. Le fait est que c’est un homme de cent dix ans, qu’il
mange cinq cents pains et une moitié de bœuf en guise de viande, et boit cent
cruches de bière jusqu’à ce jour 30. Le fait est qu’il sait rattacher une tête coupée,
qu’il sait faire marcher un lion derrière lui, son licou tombé à terre, et qu’il
connaît les mesures des plans du sanctuaire de Thot.” (Or la Majesté du roi de
Haute et Basse-Égypte Khéops (justifié) passait son temps à chercher pour Elle-
même ces plans du sanctuaire de Thot afin de se faire quelque chose de semblable
pour son Horizon 31). Sa Majesté dit alors : “Toi-même, Hordjédef, mon fils, tu
iras me le chercher !”
On arma alors des navires pour le prince Hordjédef. Il navigua (7,10) en amont
vers Djed-Snéfrou (justifié). Après que ces navires eurent abordé à la rive, il se
mit en route, s’étant accommodé (sénedjem) sur une chaise à porteurs en ébène
avec des barres en bois sésénedjem 32 revêtu d’or. Arrivé chez Djédi, on posa la
chaise à porteurs. Il se leva pour le saluer 33, le trouvant allongé sur une natte, sur

29
. Nom ancien du site actuel de Meïdoum, où se trouve une pyramide construite sous Snéfrou. Le jeu
étymologique entre Djédi (litt. « l’Endurant ») et Djed-Snéfrou (litt. « Durable est Snéfrou ») est
probablement volontaire.
30
. 110 ans est l’âge idéal, atteint aussi par le sage Ptahhotep. Comme l’a vu V. LEPPER, OLA 150, 2007,
p. 1128, cette description contient des jeux de mots (paronomases) : « le fait est qu’il » (jw=f) et
« viande » (jwf) ; « une moitié » (rmn) et « jusqu’à » (r-mn). Les nombres qui nous semblent exagérés
sont destinés en réalité à apparenter le sage Djédi à un être divin. Son pouvoir de « rattacher les têtes
coupées » excède largement les capacités humaines ; c’est celui en revanche d’un esprit akhou, c’est-
à-dire d’un défunt glorifié, qui dispose de la magie akhou. On peut alors se demander si le défunt
Snéfrou ne se dissimule pas derrière le personnage de Djédi ; c’est la suggestion de D. FAROUT,
BiEtud 145, 2008, p. 137.
31
. L’Horizon (ÆÏ.t) désigne vraisemblablement la partie la plus intime du complexe funéraire (comme
l’« antichambre » des pyramides à textes, par exemple), puis le complexe funéraire dans son
ensemble. Ce passage est bien sûr régulièrement cité pour justifier la recherche d’éventuelles
chambres secrètes dans la pyramide de Khéops. Sur cette question fort débattue des plans des
chambres du sanctuaire de Thot, voir en particulier A.H. GARDINER , JEA 11, 1925, p. 2-5 ;
F.W. GREEN, JEA 16, 1930, p. 33-34 ; E. HORNUNG, ZÄS 100, 1974, p. 33-35 ; J. et M. ROUSSEAU,
DiscEg 5, 1986, p. 59-65.
32
. Bois indéterminé, qui pourrait être importé de Syro-Palestine ; sans doute un résineux imputrescible,
comme le genévrier (wcn) ; cf. P. GRANDET, Le Papyrus Harris I (BM 9999), BiEtud 109/3, 1994,
p. 163 (index ; l’identification avec le tamaris est exlue) ; K. Y AMAMOTO , « The materials of
Iykhernofret’s portable shrine: An alternative translation of Berlin 1204, lines 11-12 », GöttMisz 191,
2002, p. 101-102. Ainsi lourdement conçue, cette chaise devait être aussi pénible à manier pour les
porteurs que les rames des pagayeuses de Snéfrou ! Il n’est sans doute pas indifférent que le palanquin
supportant la statue d’Osiris à Abydos ait comporté lui aussi du bois sésénedjem (cf. stèle
d’Iykhernéfert, l. 12.
33
. Comme l’a bien noté D. Farout, la hiérarchie est renversée : « alors que le prince se lève, Djédi reste
vautré en sa présence » (Hommages offerts à Fr. Neveu, BiEtud 145, 2008, p. 138, n. h).

7
le pas de sa maison ; un serviteur, à sa tête, l’enduisait de pommade, un autre lui
massait les pieds.
Le prince Hordjédef dit alors : “Ton état est semblable à celui qui vit avant le
grand âge, et la vieillesse, le trépas, la mise en bière, la mise en terre, à celui qui
dort jusqu’à l’aube, exempt d’affections et sans quintes de toux. C’est ainsi qu’on
salue (7,20) un révéré. Je suis venu ici pour t’appeler par mission de mon père
Khéops (justifié). Tu pourras manger les nourritures exquises que dispense le roi,
les aliments réservés à ceux de sa suite 34, et il te conduira, en temps voulu, à tes
pères qui sont dans la nécropole.”
Notre Djédi répondit : “En paix, en paix, Hordjédef, prince aimé de son père !
Que te favorise ton père Khéops (justifié) ! Qu’il avance ta position parmi les
anciens ! Puisse ton ka conjurer ton adversaire 35 et ton ba reconnaître les chemins
du grimoire qui mènent au Porche de Hébesbag 36 ! C’est ainsi qu’on salue (8,1) un
prince) 37.”
Le prince Hordjédef lui tendit alors les mains et il le releva. Il se mit en marche
avec lui jusqu’à la rive en lui donnant la main 38. Djédit dit alors : “Fais-moi
donner un une embarcation de service pour emporter mes garçons et mes livres !”
Et on mit à sa disposition deux embarcations de service avec leurs équipages.
Djédi fit voile vers le nord dans le vaisseau où se trouvait Hordjédef.

Arrivé à la Résidence, le prince Hordjédef entra pour faire son rapport à la


Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Khéops (justifié). Le prince Hordjédef
dit alors : “Souverain (v. s. f.), mon seigneur, j’ai amené Djédi.” Sa Majesté dit :
“Va me le chercher !” Sa Majesté se rendit dans la salle de réception de (8,10) la
Grande Maison (v. s. f.), et on introduisit Djédi auprès d’elle. Sa Majesté dit
alors : “D’où vient, Djédi, que je n’aie pas eu l’occasion de te voir ?” Djédi
répondit : “C’est celui qui est appelé qui vient, souverain (v. s. f.) 39 ! J’ai été
appelé et me voici venu !”

Sa Majesté dit alors : “Est-ce la vérité, ce qu’on dit, que tu sais rattacher une tête
coupée ?” Djédi répondit : “Oui, je le sais, souverain (v. s. f.), mon seigneur.” Sa
Majesté ordonna alors : “Qu’on aille me chercher le prisonnier qui est dans la

34
. Hordjédef essaie de toucher le point sensible.
35
. Après la mort, le ka, incarné dans les représentations cultuelles du défunt, serait donc doté de magie
hékaou.
36
. Litt. « Celui qui couvre l’Inerte » (Îbs-Bæg), c’est-à-dire le tombeau d’Osiris, à moins qu’il ne s’agisse
de l’embaumeur Anubis. Voir sur ce passage A. MANISALI, GöttMisz 237, 2013, p. 49-54.
37
. Sur cet échange de politesses, voir H. GOEDICKE, Varia Aegyptiaca 2, 1986, p. 161-170, et surtout
D. FAROUT, BiEtud 145, 2008, p. 138, n. i-k. Tandis que Hordjédef avait insisté sur la bonne santé
d’un Djédi que tout prédispose au statut de défunt, Djédi souhaite à Hordjédef les prérogatives d’un
mort.
38
. La situation évoque celle du défunt des textes funéraires à qui telle ou telle divinité tend la main pour
lui faire passer un canal ou l’aider dans son ascension vers le ciel et son voyage à la rencontre du
créateur. Rapprocher par exemple, dans les Textes des Pyramides, § 756a-b [TP 422] : Monte auprès
de ta mère Nout, qu’elle te prenne la main et te fasse un chemin vers l’Horizon, vers le lieu où se
trouve Rê !
39
. L’impertinence est discrète, mais sensible.

8
prison, après lui avoir infligé sa mutilation !” Mais Djédi rétorqua : “Pas à un être
humain, souverain (v. s. f.), mon seigneur ! Vois, on n’a jamais ordonné de faire
une telle chose au précieux troupeau 40 !”

Alors on lui apporta une oie sémen dont la tête avait été tranchée 41. L’oie sémen
fut déposée du côté droit de la salle de réception, et sa tête du côté (8,20) gauche de
la salle de réception. Djédi prononça ses paroles magiques (hékaou) et l’oie sémen
se mit à se dandiner, et sa tête de même. Puis après que l’un eut rejoint l’autre,
l’oie sémen se mit à cacarder. Il se fit apporter alors une oie khet-âa et elle fut
traitée de même 42. Sa Majesté lui fit alors apporter un taureau dont la tête avait
été abattue à terre. Djédi prononça ses paroles magiques (hékaou) et le taureau se
remit debout derrière lui, son licou tombé (9,1) à terre 43.

Le roi Khéops (justifié) dit alors : “Et ce qu’on dit, que tu connais les mesures des
plans du sanctuaire de Thot ?” Djédi répondit : “Loué sois-tu 44, je ne connais pas
leurs mesures, souverain (v. s. f.), mon seigneur, mais je connais (seulement)
l’endroit où elles se trouvent.” Sa Majesté demanda : “Où est-ce donc ?” Notre
Djédi répondit : “Il y a un coffret de silex, dans une chambre nommée Inventaire,
à Héliopolis. Eh bien, c’est dans ce coffret !” Sa Majesté dit alors : “Va me le
chercher !” Djédi répondit : “Souverain (v. s. f.), mon seigneur, vois, ce n’est pas

40
. Les hommes, appelés aussi le « troupeau du dieu » dans l’Enseignement pour Mérykarê. Tout le
passage qui suit, rappellant l’interdit fondamental touchant la mise à mort d’un être humain
(égyptien !), suggère la raison d’être de l’offrande rituelle, l’animal consacré servant de substitut
sacrificiel. Est à l’œuvre, également, une évocation sous-jacente, par jeux de mots, du thème de la
décapitation du ba (représenté sous forme d’oiseau !) du criminel dans l’au-delà. L’expression « dont
la tête avait été tranchée » (wec eæeæ=f) sonne en égyptien comme « le tribunal qui tranche » (eæeæ.t
wec.t) ; on peut lire ainsi, dans l’autobiographie de Baki (stèle Turin 156, XVIIIe dynastie) : hrw pf n
spr=f r eæeæ.t wec(w).t sær.w wp(w).t qdw.w sswn(w).t jsfty dn(w).t bæ=f, en ce jour où il parviendra au
tribunal qui tranche les qualités, juge les caractères, châtie le criminal et décapite son ba. On ne peut
guère suivre l’interprétation de Ph. Derchain : « Ce que l’on ne peut pas faire n’est pas de couper la
tête d’un condamné, mais c’est de la lui recoller » (BSEG 20, 1996, p. 17).
41
. L’oie sémen est l’oie du Nil (Alopochen aegyptiacus), devenue par jeu phonique l’oie d’Amon (Imen).
42
. Ce volatile, dont l’analyse étymologique en Ït-cæ, « grand-bois », est loin d’être assurée, n’est pas
identifié. On sait seulement qu’il s’agit d’un palmipède, sans doute plus gros que l’oie du Nil ; cf.
O. MA H M O U D , Die wirtschaftliche Bedeutung der Vögel im Alten Reich, Europäische
Hochschulschriften, Archäologie 35, P. Lang, 1991, p. 114-117 ; P. GRANDET, Le Papyrus Harris I,
BiEtud 109/2, 1994, p. 97, n. 386 ; J.-Cl. G OYON , « Thèbes : Khonsou, Thot et la monarchie
pharaonique après la Troisième Période de Transition », dans Chr. Thiers (éd.), Documents de
Théologies Thébaines Tardives 2, CENiM 8, 2013, p. 48 (k), qui propose « sauvagine ».
43
. Et non : « son licou traînant à terre » ; voir Ph. DERCHAIN, GöttMisz 89, 1986, p. 15-17. On attendait le
même exploit avec un lion, comme cela avait été annoncé par Hordjédef. Plutôt que de supposer une
erreur du scribe (W.K. SIMPSON, The Literature of Ancient Egypt, 2003, p. 20), il est préférable de
considérer cette substitution du bœuf au lion comme délibérée : maîtriser un lion reviendrait en effet
symboliquement à maîtriser un pharaon, ce que Khéops apprécierait modérément ! On notera d’autre
part que la formule des Textes des Pyramides TP 521 illustre le même type de succession animale : jn
sr pj jn sw. jn sæ.t pj jn s(.j). jn ng(æ) < pj > jn sw, Est-ce une oie cendrée  ? Apporte-la ! Est-ce un
canard pilet ? Apporte-le ! Est-ce un taureau neg ? Apporte-le ! (§ 1224b-c).
44
. Expression idiomatique qui correspond à notre « pardon ».

9
moi qui peux te l’apporter ! 45” Sa Majesté demanda : “Et qui donc me
l’apportera ?” Djédi répondit : “C’est l’aîné des trois enfants qui sont dans le
ventre de Reddjédet qui te l’apportera 46 !” Sa Majesté dit alors : “Je le veux bien,
mais à propos de ce que tu allais dire, qui est-elle, cette Reddjédet ?”
Djédi répondit : “C’est la femme d’un prêtre de Rê seigneur de Sakhébou, (9,10)
enceinte de trois enfants de Rê seigneur de Sakhébou 47. Il a prédit à leur sujet
qu’ils exerceraient cette fonction bienfaisante dans ce pays entier et que leur aîné
serait grand des voyants 48 d’Héliopolis.” À ces mots, Sa Majesté tomba dans une
humeur sombre. Djédit dit alors : “Pourquoi cette humeur, souverain (v. s. f.),
mon seigneur ? Serait-ce à cause des trois enfants dont j’ai parlé ? Je voulais dire
ton fils, puis son fils, puis (seulement) l’un des siens 49 !”
Sa Majesté dit : “Quand accouchera-t-elle, Reddjédet ?” Djédi répondit : “Elle
accouchera le 15 du premier mois de péret.” Sa Majesté dit alors : “Lorsque les
levées du canal des Deux Poissons seront coupées, serviteur 50 ? Après les avoir

45
. Khéops se montre au mieux ignorant, au pire sacrilège ; il devrait savoir que Djédi, simple citoyen de
Djed-Snéfrou, n’a pas accès à la chambre de l’Inventaire du temple. Pour ce coffret contenant des
documents divins, rapprocher, dans les Textes des Sarcophages : wn cfd.t Èr(y).t c sem=k mdw n†r pw
Ztæ-Ìr Ïnty smj.t jæbt(y).t, ouvre le coffret qui contient le registre afin que tu puisses entendre la parole
de ce dieu, Celui au visage mystérieux, Celui qui préside à la nécropole orientale (CT VI, 328e-f [TS
695]). Dans le P. Chester Beatty VII, r° 4, 1-2 (A.H. GARDINER, HPBM 3rd Series: Chester Beatty
Gift, British Museum, London, 1935, p. 58 et pl. 33-34) : cfd.t pr=t(j) m Jwnw nn rÏ=tw nty jm=s Ïtm
jm=s n jnr km, le coffret est sorti d’Héliopolis, celui dont on ne connaît pas le contenu, avec un sceau
de pierre noire. Dans le P. Turin CG 54050 r° 3, 12 : ew msw~n p.t rÏ(=w) tæ cfd.t Òtæ.t nt(y).y m Jwnw
j.Ïtm(w) næ nb.w Jwnw, Untel né d’Unetelle connaît ce coffret secret qui se trouve à Héliopolis et
qu’ont scellé les seigneurs d’Héliopolis (A. ROCCATI, Magica Taurinensia. Il grande papiro magico
di Torino e i suoi duplicati, AnOr 56, Roma, 2011).
46
. On apprend peu après que cet aîné deviendra précisément grand prêtre d’Héliopolis, ce qui l’autorise à
pénétrer dans la chambre de l’Inventaire. Le nom de Reddjédet rappelle volontairement celui de Djédi
et de sa cité d’origine, Djed-Snéfrou. L’information que recherche Khéops ne cesse de s’éloigner de
lui, géographiquement et chronologiquement !
47
. Ville du delta occidental, probablement la moderne Zât al-Kôm, dans le IIe nome de Basse-Égypte,
située près de Létopolis, à environ 40 km au nord-ouest de Memphis ; cf. S. SAUNERON, Villes et
légendes d’Égypte, Ifao, Le Caire, (1974) 1983, p. 1-13 ; G. GOYON, dans Hommages à S. Sauneron I,
BiEtud 81, 1979, p. 43-50. Djédi évoque une « théogamie », l’union d’un dieu avec une mortelle pour
donner naissance au futur pharaon (ne pas tenir compte de H. GOEDICKE, VarAeg 1, 1985, p. 19-26,
justement critiqué par Ph. DERCHAIN , GöttMisz 89, 1986, p. 17-21). La théogamie est un thème
particulièrement développé à la XVIIIe dynastie, pour illustrer notamment la nature divine
d’Hatchepsout ou d’Amenhotep III. Derrière le personnage de Reddjédet pourrait se dissimuler la
figure historique de Khentkaous I, grande reine de la fin de la IVe dynastie ; voir H. ALTENMÜLLER,
ChronEg XLV/90, 1970, p. 223-235 (qui en fait une fille de Hordjédef) ; S. ROTH, Die Königsmütter
des Alten Ägypten von der Frühzeit bis zum Ende der 12. Dynastie, ÄAT 46, 2001, p. 90-99 ;
H.M. HAYES, ZÄS 129, 2002, p. 25, n. 51 (pour un avis différent).
48
. Titre du grand prêtre d’Héliopolis. Voir M.I. M OURSI, Die Hohenpriester des Sonnengottes von der
Frühzeit Ägyptens bis zum Ende des Neuen Reiches, MÄS 26, 1972.
49
. Khéops avait déduit que lui succèderait non pas l’un de ses fils mais, directement, les trois enfants de
Reddjédet, ce qui marquait la fin de sa dynastie. Djédi rectifie, en établissant une succession
dynastique « condensée » : Khéops, Khéphren (fils de Khéops), Mykérinos (fils de Khéphren),
Ouserkaf. Que les trois premiers rois correspondent aux propriétaires des trois pyramides du plateau
de Gîza n’est certainement pas le fruit du hasard
50
. On notera la nette différence de ton, encore, entre un Khéops autoritaire et un Snéfrou affable. Le canal
des Deux Poissons, dans le IIe nome de Basse-Égypte, séparait la Résidence royale de Memphis du
temple de Rê seigneur de Sakhébou. « Le draînage [des eaux stagnantes laissées par la crue] se faisait

10
franchies moi-même, je voulais voir la demeure divine de Rê seigneur de
Sakhébou.” Djédi déclara : “Eh bien je ferai en sorte qu’il y ait quatre coudées
d’eau sur les levées du canal des Deux Poissons !”

Sa Majesté se rendit dans son palais. Sa Majesté dit alors : “Que l’on commande à
Djédi d’aller à la maison du prince Hordjédef, qu’il réside (9,20) avec lui, ses
provisions étant fixées à mille pains, cent cruches de bière, un bœuf et cent bottes
de légumes 51 !” Et l’on exécuta tous les ordres de Sa Majesté.

(L’accouchement de Reddjédet)

Un jour, Reddjédet éprouva les douleurs, car son accouchement était difficile. La
Majesté de Rê seigneur de Sakhébou dit alors à Isis, Nephthys, Meskhénet, Héqet
et Khnoum 52 : “Veuillez seulement vous mettre en route et accoucher Reddjédet
des trois enfants qui sont dans son ventre et qui exerceront cette fonction
bienfaisante dans ce pays entier ! Ils bâtiront vos temples, ils approvisionneront
vos autels, ils feront prospérer vos tables d’offrandes et ils accroîtront vos
offrandes divines ! 53”

Ces divinités partirent après s’être changées en (10,1) musiciennes, et Khnoum les
accompagnait comme porteur. Elles parvinrent à la maison d’Ouserrê, et elles le
trouvèrent debout, le pagne à l’envers 54. Elles lui présentèrent leurs colliers ménit
et leurs sistres 55. Il leur dit alors : “Mesdames, voyez, c’est la femme qui est dans
la douleur parce que son accouchement est difficile !” Elles répondirent : “Laisse-
nous la voir, car nous savons accoucher !” Il leur dit alors : “Avancez !” Elles
approchèrent de Reddjédet et refermèrent la chambre derrière elles.

Isis se plaça devant elle, Nephthys derrière elle, tandis que Héqet activait la mise
au monde. Isis dit alors : “Ne te montre pas puissant (ouser) dans son ventre, en

notamment en coupant les levées qui divisaient le terroir agricole en immenses bassins »
(P. GRANDET, Contes de l’Égypte ancienne, 1998, p. 174, n. 17). Mais on pourrait comprendre aussi
que les levées du canal valent pour le canal lui-même, et que ce dernier est impraticable à cette époque
de l’année, parce qu’ensablé.
51
. « Chute comique » comme le signale D. FAROUT, BiEtud 145, 2008, p. 142.
52
. Toutes ces divinités sont impliquées dans la naissance et la protection du nouveau-né. Meskhénet,
divinisation de la « brique de naissance », la déesse-grenouille Héqet et le dieu-bélier Khnoum
bénéficiaient tous trois d’un très ancien culte à Abydos.
53
. Un résumé des devoirs du roi envers les dieux. Rapprocher, dans le « Texte normatif sur la fonction
royale » : Rê a placé le roi sur le pays des vivants pour toujours et à jamais pour juger les hommes et
satisfaire les dieux, pour faire advenir le bien et anéantir le mal. Il présente les sacrifices aux dieux et
les offrandes aux morts.
54
. Ouserrê (litt. « Puissant est Rê ») est le mari de Reddjédet ; son nom, adapté à un citoyen de Sakhébou,
n’en est pas moins savoureux si l’on songe que le dieu Rê est précisément le géniteur des enfants de sa
femme ! Mais cette théogamie est la version positive et sacralisée de l’adultère de la femme
d’Oubaoné, comme cela a été bien vu par Ph. DERCHAIN, GöttMisz 89, 1986, p. 20-21. Le passage est
commenté par E. STAEHELIN, ZÄS 96, 1970, p. 125-139.
55
. Instruments hathoriques.

11
ce tien nom d’Ouseref 56 !” Cet enfant (10,10) glissa alors sur ses mains 57, un
enfant d’une coudée 58, dont les os étaient solides, le revêtement de ses membres
était d’or et sa coiffe de lapis-lazuli véritable 59. Elles le lavèrent, son cordon
ombilical ayant été coupé, et il fut placé sur un carreau de briques. Meskhénet 60
se dirigea vers lui et dit : “Un roi qui exercera la royauté dans ce pays entier !”,
tandis que Khnoum fortifiait son corps.
Isis se plaça devant elle, Nephthys derrière elle, tandis que Héqet activait la mise
au monde. Isis dit alors : “Ne donne pas des coups de pieds (sah) dans son ventre,
en ce tien nom de Sahrê 61 !” Cet enfant glissa alors sur ses mains, un enfant d’une
coudée, dont les os étaient solides, le revêtement de ses membres était d’or et sa
coiffe de lapis-lazuli véritable. Elles le lavèrent, son cordon ombilical ayant été
coupé, et il fut placé sur (10,20) un carreau de briques. Meskhénet se dirigea vers
lui et dit : “Un roi qui exercera la royauté dans ce pays entier !”, tandis que
Khnoum fortifiait son corps.
Isis se plaça devant elle, Nephthys derrière elle, tandis que Héqet activait la mise
au monde. Isis dit alors : “Ne reste pas dans les ténèbres (kékou) dans son ventre,
en ce tien nom de Kékou 62 !” Cet enfant glissa alors sur ses mains, un enfant
d’une coudée, dont les os étaient solides, le revêtement de ses membres était d’or
et sa coiffe de lapis-lazuli véritable. Meskhénet se dirigea vers lui (11,1) et dit :
“Un roi qui exercera la royauté dans ce pays entier !”, tandis que Khnoum
fortifiait son corps. Elles le lavèrent, son cordon ombilical ayant été coupé, et il
fut placé sur (10,20) un carreau de briques.

Ces divinités sortirent après avoir accouché Reddjédet des trois enfants, et elles
dirent : “Sois heureux, Ouserrê ! Vois, trois enfants te sont nés !” Il leur dit alors :
“Mesdames, que puis-je faire pour vous ? Veuillez donner ce sac d’orge 63 à votre
porteur et veuillez le prendre pour vous comme pourboire, pour la bière !”
Khnoum s’empara du sac d’orge, et ils retournèrent à l’endroit (11,10) d’où ils
étaient venus.

(Le sac d’orge enchanté)

56
. Isis se substitue à la mère pour nommer l’enfant. Le nom propre, comme cela est souvent attesté en
Égypte, est dérivé d’un mot prononcé lors de la naissance. Le premier pharaon de la Ve dynastie avait
comme nom de couronnement Ouserkaf.
57
. Un accouchement divin est déjà évoqué dans les Textes des Pyramides, § 1427a-1428b [TP 565] :
Serqet a tendu les bras vers ce N et elle a porté son sein à la bouche de ce N, Douaou-our a rasé ce N,
(la constellation) Sépédet a lavé les bras de ce Pépy, car c’est son enfantement aujourd’hui, dieux !
58
. Environ 52,3 cm. Cette coudée (royale) semble avoir été la taille idéale d’un futur pharaon : cf. Siut III,
13-15 et H. W ILLEMS , Les Textes des Sarcophages et la démocratie. Éléments d’une histoire
culuturelle du Moyen Empire égyptien, Paris, 2008, p. 119.
59
. Ce sont les caractéristiques d’un corps divin. Le mot « revêtement » (nÏb.t) est homophone de celui
signifiant « titulature royale » (nÏb.t).
60
. Le lien entre Meskhénet et le « carreau de briques » est évident.
61
. Le nom de couronnement du deuxième roi de la Ve dynastie était Sahourê.
62
. Le nom de couronnement du troisième pharaon de la Ve dynastie était Néferirkarê-kakaï.
63
. Le sac (Èær), à l’Ancien et au Moyen Empire, est une mesure de capacité de 48 l environ.

12
Mais Isis dit à ces divinités : “Que signifie que nous soyions venues sans réaliser
pour ces enfants un prodige que nous puissions rapporter à leur père 64 qui nous a
fait venir ? Elles fabriquèrent alors trois couronnes de seigneur (v. s. f.) 65 et les
placèrent dans le sac d’orge. Elles firent venir le ciel sous forme de tempête et de
pluie et s’en retournèrent à la maison 66. Elles dirent alors : “Veuillez poser le sac
d’orge ici, dans une pièce scellée, jusqu’à ce que nous soyions revenues de jouer
au Nord !” Elles posèrent le sac d’orge dans une pièce scellée.

Reddjédet s’étant purifiée d’une purification de quatorze jours 67, elle dit à sa


servante : “Est-ce que la maison (11,20) est approvisionnée ?” Elle répondit : “Elle
est approvisionnée en toutes bonnes choses, excepté en vases (de bière) ; on n’en
a pas apporté.” Reddjédet demanda : “Eh bien pourquoi n’a-t-on pas apporté les
vases ?” La servante répondit : “Il n’y a plus de quoi préparer ici, excepté le sac
d’orge de ces musiciennes. Il est dans une pièce, avec leur sceau.” Reddjédet dit
alors : “Descends et apportes-en ! C’est Ouserrê qui leur en donnera l’équivalent à
son retour !”
La servante partit, (12,1) mais après avoir ouvert la pièce, elle entendit une voix
mélodieuse, un chant de danse et de fête, tout ce qu’on fait pour un roi, venant de
la pièce. Elle partit et se mit à raconter tout ce qu’elle avait entendu à Reddjédet.
Celle-ci fit de tour de la pièce, mais elle ne pouvait trouver l’endroit d’où cela
provenait. Elle plaça alors sa tempe contre le sac et elle découvrit que cela
provenait de l’intérieur. Elle le mit dans un coffre, placé à l’intérieur d’une autre
malle attachée par des sangles de cuir. Elle la mit dans une pièce qui contenait ses
affaires et elle la scella. Ouserrê rentra du champ et Reddjédet se mit à lui répéter
cette histoire. Il fut alors au comble du bonheur et ils s’installèrent pour passer un
jour heureux.

(La mésaventure de la servante)

Quelques jours plus tard, Reddjédet s’emporta contre la servante (12,10) et elle la
fit rouer de coups. La servante dit alors à ceux qui se trouvaient dans la maison :
“Est-ce moi que l’on traite ainsi ? Elle a mis au monde trois rois : je vais le dire à
la Majesté du roi de Haute et Basse-Égypte Khéops (justifié).”
Elle se mit en route et elle trouva son oncle maternel en train de lier une gerbe de
lin sur l’aire. Il lui dit alors : “Où cours-tu, petite fille ?” Et elle se mit à lui
raconter cette histoire. Mais son oncle lui dit : “C’est donc ce que tu voulais faire,
venir vers moi ? Que je me mêle d’une dénonciation ?” Il se saisit alors d’une

64
. Rê seigneur de Sakhébou.
65
. Des couronnes royales pour chacun des enfants.
66
. Celle d’Ouserrê. La pluie leur donne un prétexe pour retourner chez le prêtre et demander d’entreposer
leur sac d’orge.
67
. G. Lefebvre rappelle que ce temps de « purification » est de sept jours dans Lévitique 12,2.

13
botte de lin pour la frapper et il lui en donna un mauvais coup 68. La servante alla
se puiser un peu d’eau, et un crocodile l’emporta.
Son oncle alla le dire à Reddjédet. (12,20) Il trouva Réddjédet assise, la tête sur les
genoux, dans une humeur plus sombre que tout 69. Il lui demanda : “Madame,
pourquoi cette humeur ?” Elle répondit : “C’est la petite qui a grandi dans la
maison ! Voici qu’elle est partie en disant qu’elle allait me dénoncer !” Il baissa la
tête et il dit : “Madame, il est vrai qu’elle est venue me dire [l’histoire qui est
arrivée], tandis qu’elle passait à côté de moi. Alors je lui donnai un mauvais coup.
Elle alla se puiser un peu d’eau, et un crocodile l’emporta.

68
. Le mot « botte » (Òæj), en égyptien, sonne comme le mot « fatalité » (Òæj), raison pour laquelle le
rédacteur n’a pas repris le mot « gerbe » (nw.t). Le coup est en effet « fatal », puisque la mort par le
crocodile attend la jeune servante ; cf. V. LEPPER, OLA 150, 2007, p. 1129-1130.
69
. Comme l’était Khéops.

14
Indications bibliographiques.

O. el-AGUIZY, « The Particle kæ and Other Related Problematic Passages in Papyrus


Westcar », BIFAO 97, 1997, p. 157-163.
H. ALTENMÜLLER, « Die Stellung der Königsmutter Chentkaus beim Übergang von der
4. zur 5. Dynastie », ChronEg XLV/90, 1970, p. 223-235.
Cl. BAROCAS , « Les contes du P. Westcar », dans Akten des vierten internationalen
Ägyptologen Kongresses, München, 1985, SAK-Beihefte 3, 1989, p. 121-129.
A.M. BLACKMAN, The Story of King Kheops and the Magicians (éd. W.V. Davies),
J.V. Books, 1988.
G. BURKARD, H.J. THISSEN, Einführung in die altägyptische Literaturgeschichte I. Altes
und Mittleres Reich, LIT Verlag, Berlin, 2008, p. 185-195.
M. E. CHIOFFI, G. RIGAMONTI , I Racconti di Re Kheope. The Tales of king Kheops.
Papiro Westcar, Duat Edizioni & Egittologia.net, Milan, 2005.
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