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Us ne virent rien, ne comprirent rien,
et la guerre éclatant-les surprit autant
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7o CES CHOSES QUI SERONT VIEILLES...
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profond encore le beau regard d’Aline.
François demanda ensuite les Bateliers de
' la Vodga, dont il aimait le rythme coloré.
Aline, à son tour, réclama le Prélude de
IRi | ■ Parade qui l’amusait.
Le dîner était terminé. Ils balancèrent
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hH? dans la pièce une légère fumée et une
odeur de résine. Aline retint poliment
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la toux que provoquait la fumée. Mais
cette fumée augmentant, François dit
en riant :
— Quand il y avait trop de fumée, ils
ouvraient la fenêtre pour établir le tirage
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de l’air.
Il l’ouvrit, en effet, et poussa les volets;
La brise froide de la nuit pénétra dans
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la pièce.
? — Brr ! C’était vraiment peu confor 1
table.
Mais soudain le feu ronfla ardemment
sous la plaque baissée. François ferma la
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sur la Vie et l'Œuvre de Jérôme de Tyane.
Aline écoutait François, en tisonnant
les bûches.
— C’est votre mère? demanda-t-elle,
montrant sur la cheminée une statuette
' polychrome dont le modernisme jurait
au milieu de ces vieilles choses. Comme
elle vous ressemble ! Mêmes yeux bleus.
Lessiens étaient un peu moins grands, mais
plus doux. C’est surtout par les yeux que
la mère transmet- la ressemblance. Vous
avez les yeux de votre mère, François.
Oh prétend aux Indes que cela porte
bonheur, d’avoir les yeux de sa mère.
— Il est bien vrai que je fus cons
tamment heureux par elle. Et quelle
femme charmante, spirituelle et gaie !
;
Je lui disais parfois qu’elle avait dû
naître en souriant. Et tendre et dévouée
aux siens et si pleine de raison et de
sereine philosophie ! Mon enfance fut par
il elle entourée des plus tendres soins. Mais
quand je fus adolescent, elle comprit que
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I ' i, Chaise parce qu’il aurait, comme vous,
eu le malheur de perdre sa mère à sa nais
sance? Vous êtes l’égale du petit garçon,
vous êtes vêtue comme lui, votre cœur
doit être aussi fort que le sien. Allons, ne
pleurez plus. Les hommes ne pleurent pas.
« Mme Fanny Kermard appliquait sur
moi ses principes d’éducation Spartiate :
« Loyale comme un homme, dure à soi-
ï même et pitoyable aux autres », telle fut
notre devise. Elle avait établi des prix
de courage moral. Il était rare que l'on
entendît une plainte" parmi nous, et il
' : y avait même une sorte d’émulation à
supporter les malaises physiques, à les
ignorer presque, à tel point qu'ils cessaient
d’exister. Fanny Kermard prétendait créer
ainsi une génération de femmes vigou
reuses moralement et physiquement. Sa
méthode a fait école, vous le savez.
Aline se tut. Son visage penché, à
l’expression songeuse et mélancolique,
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devenait un fort amopr. A l’attrait
physique se joignait celqi des cerveaux et
des cœurs. Il découvrait avec ravissement
que le cœur fermé d’Aliqe contenait la
sensibilité, la générosité. Hélas ! il entrait
trop tard dans Ja vie de sa maîtresse.
Aline ne serait jamais entièrement à lui.
Et lui-même, aurait-il le courage et la
force de l’enlever à son existence hem
reuse? Mais il l’aimait et cela spul comp
tait ; et dans ce moment où elle le regar
dait avec ses tepdres yeux, François sen?
tit nettement ce goût du désordre et du
mal, vice littéraire qui était en lui comme
une seconde nature, comme une hérédité, le
pousser irrésistiblement à désagréger la
belle ordonnance de cette vie claire. Désir
âpre de l’avoir à lui seql, passion et besoin
de domination mêlés, il eût voulu l’empor
ter sur le mari, sur ce savant Ferrières, cet
homme intègre et froid qui était son rival.
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François :
- — Ma vie est faite, mon bien-aimé,
v- y a...
— Il y a que je t’aime ! interrompit
François, en lui fermant la bouche d’un
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baiser.
Puis la prenant dans ses bras, il l’em-
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Les heures de la nuit sont légères aux
amoureux. Le soleil d’avril vint réveiller
François et Aline endormis dans les bras
l’un de l’autre. Ils s’étonnèrent et rirent
d’avoir pu reposer ainsi enlacés.
Aline sauta du lit et alla soulever le
rideau de tulle de la fenêtre pour voir le
jardin. François étendu contemplait son
corps gracieusement épanoui dans sa
saine vigueur. Quelle chair si douce, si
blanche, où le soleil semblait avoir laissé
le reflet d’un de ses rayons d’or ! Qu’elle
était belle ! Comme il l’aimait !
Des arbustes en fleur ornaient des
pelouses à l’anglaise autour desquelles des
allées en méandres se perdaient sous des
bouquets d’arbres.
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sablées se comparant à de jeunes époux
au lendemain de leurs noçes. La journée
leur parut brève ! Une journée de pré-
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en riant et en l’embrassant.
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