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Exposé T24/91 Cornée, 5 mai 1994 

 
Introduction 
 
Dans  un  premier  temps,  nous  ferons  un  exposé  scientifique,  nécessaire  pour  la 
meilleure  appréciation  de  la  matière.  Dans  un  deuxième  temps  on  vous  parlera  des 
implications  juridiques.  Toutefois,  à  titre  d'introduction  on  vous  présentera  un 
résumé du processus en question. 

(​CHANGER DE SLIDE - 2) 

I.  Le  requérant  a  introduit un recours contre la décision de la division d'examen qui rejette sa 


demande.  La  division  d'examen  a  estimé  que  le  procédé de la revendication 1 en date du 15 
février  1990  n'était  pas  brevetable,  en  application  de  l'article  52(1)  et  (4)  CBE,  mais  elle  a 
accepté les revendications 2 à 4 de la même date ayant pour objet un dispositif.  

II.  Dans  une  notification  en  date  du  25  mars  1994,  la  Chambre  a  soulevé  des  objections  au 
titre  des  articles  84,  123(2)  et  52(4)  CBE  contre  le  procédé  revendiqué.  Le  5  mai  1994  a  eu 
lieu  une  procédure  orale  au  cours  de  laquelle  le  requérant  a  présenté  un  jeu  de 
revendications  au  sujet  de  la  procédure  proprement  dite  de  position  de  lentille  pour 
correction  de  la  vision  à  titre  de  requête  principale,  et  un  jeu de revendications au sujet d’un 
appareil  permettant  de réaliser l’opération  ainsi qu'une description adaptée en conséquence 
à titre de requête subsidiaire.  

III.  Le  requérant  a  demandé  l'annulation  de  la  décision  faisant  l'objet  du  recours  et  la 
délivrance  d'un  brevet  sur  la  base  que  le brevet principal n'avait pas pour objet une méthode 
de  traitement  chirurgical  ou  thérapeutique  du  corps  humain  mais  un  procédé  de  traitement 
physique  d'une  lentille  synthétique  fixée  à  la  cornée  de  l'oeil  humain, et qu'un tel procédé ne 
tombait pas sous le coup de l'article 52(4) CBE qui doit être interprété de façon restrictive. 

Le recours à été jugé recevable et la décision attaquée est annulée, le 21/06/1994.  

L’invention  a  été exclue de la brevetabilité par la Chambre mais la requête subsidiaire 
a  été  admise.  C’est  sur  les  raisons de l’exclusion de la brevetabilité que va se focaliser notre 
exposé. (​CHANGER DE SLIDE - 3) 

​ I. Exposé scientifique (8/15min) : 


Dans  un  premier  temps  nous  verrons  l’utilité  de  l’invention  dans  l’état  actuel  (comprenant 
donc  l’identification  des  problèmes  techniques  résolus  par  l’invention ainsi qu’un résumé de 
l’art  antérieur).  Dans  un  second  temps  nous  parlerons  du  contenu  de  l’invention,  avec  ses 
étapes, ses avantages et les revendications du requérant. 

A) Utilité de l’invention dans l’état actuel 

(​CHANGER DE SLIDE -4) 

1)  Identifier  scientifiquement  les/le  problèmes  techniques  résolu  par 


l’invention 
30  à  40%  de  la  population  humaine  développe  des  problèmes  de  réfraction  oculaire 
nécessitant  une  correction  par  des  lunettes,  des  lentilles  de  contact  ou  des  moyens 
chirurgicaux​.  

 
 

(​CHANGER DE SLIDE -5) 

A  quoi  sont  dus  ces  problèmes  ?  Les  erreurs  de  réfraction  arrivent  quand  les  éléments 
optiques  de  l'œil,  la  cornée  et  le  cristallin,  ne  parviennent  pas  à  reproduire  la  lumière 
directement sur la rétine.   

(​CHANGER DE SLIDE -6) 

Différentes anomalies peuvent être citées: 


❏ La m ​ yopie ​: hypothèse où l'image est focalisée devant la rétine. 
❏ A  l’inverse  de  la  myopie  qui  à une vision de près, un ​hypermétrope ​a un œil qui fait la 
mise au point des images derrière la rétine. (​CHANGER DE SLIDE -7) 
❏ Les  ​astigmates​,  quant  à  eux,  ont  un  œil  dont  la  puissance  varie  considérablement 
selon les différents méridiens. 

L’objet  de  la  demande  de  brevet  concerne  un  procédé  permettant  de  corriger  ces 
anomalies. 

(​CHANGER DE SLIDE -8) 

2)  Exposer  les  techniques  de  l’art  antérieur  identifié  et  inconvénients  de  ces 
techniques 
La  recherche  d'un  remède  permanent  aux erreurs de réfraction se poursuit depuis de 
nombreuses  années,  mais,  bien  que  de  nombreuses  procédures  chirurgicales ont été mises 
au point, aucune de ces techniques n'a été totalement concluante. 
 
3 techniques de l’art antérieur ont été identifiées dans la demande de brevet:  

(​CHANGER DE SLIDE -9) 

a. Kératotomie radiaire (KR) 

❏ Procédure​: 
Le  principe  de  la  kératotomie  radiaire  reposait  sur  la  réalisation,  manuelle,  d’incisions 
cornéennes en « étoile », centrées sur le sommet de la cornée.  
 
Plus  la  myopie  était  forte,  plus  il  fallait  réaliser  un  nombre  élevé  d'incisions, et plus celles-ci 
devaient s’approcher du centre optique de la cornée. 
 
❏ Inconvénients: 

1. I​mprévisibilité des résultats 


L'imprévisibilité  des  résultats  de  la  réfraction  est  la  principale  raison  pour  laquelle  le 
kératotomie  radiale  ​n'a  pas  été  accepté  par  une  majorité  d'ophtalmologistes  comme 
traitement efficace de la myopie.  
 
2. Moins efficace qu’un laser 
Comme  dit  précédemment,  l’apparition  du  laser  à  entraîner  l’abandon  de  cette  méthode. En 
effet, le laser offre une précision de découpe plus intéressante qu’une main humaine. 

3. Inefficace à long terme 


 

Une  proportion  importante  des  patients  opérés  présentent  une  réfraction  instable,  avec 
dérive  vers  une  hypermétropie,  ainsi  qu’une  vision  qui  se  dégrade  fortement  quand  la 
luminosité baisse.   

(​CHANGER DE SLIDE -10) 

b. Epikératophakie 
❏ Procédure​: 
Technique  consistant  à  inclure  dans  l'épaisseur  du  stroma  cornéen  (=partie  épaisse  de  la 
cornée)  un  fragment  de  cornée prélevé sur un donneur, de manière à augmenter ou à diminuer la 
courbure cornéenne. 

La  lentille  ainsi  fabriquée avec les fragments de cornée du donneur est cousue ou collée à la 


surface de la cornée du patient. 

❏ Inconvénients: 

1. Besoin d’experts: 
Cette  procédure  nécessite  de  geler  le  tissu  cornéen  du  donneur  et  de  meuler  la  surface 
postérieure pour obtenir la configuration optique souhaitée.  
 
2. Imprévisibilité de la procédure 
Les erreurs de réfraction dépassant 30% du changement attendu sont courantes.  
 
3. Empire l'État initial du patient 
Entraîne une diminution de la meilleure acuité visuelle corrigeable du patient. 

4. Obsolescence de la méthode 
Technique  aujourd’hui abandonnée au profit des techniques de kératectomie photoréfractive 
et de lasik, basées sur l’utilisation du laser excimère. 

(​CHANGER DE SLIDE -11) 

c. Kératectomie photoréfractive (PRK) 


❏ Procédure: 
Utilisation  du  laser  Excimer  provoque  une  ablation  précise  du  tissu cornéen sans dommage 
thermique ou mécanique adjacent. 

La surface extérieure de la cornée est ainsi sculptée de façon à modifier son pouvoir de
réfraction​.

❏ Inconvénients: 
1. Plus coûteuse que la KR 
 
2. Cicatrisation 
Ensuite,  il  y  a  aussi  le  problème  de  la  cicatrisation.  Plusieurs  chercheurs  ont  démontré  une 
opacification  relativement  dense  de  la  cornée.  Bien  que  la  cicatrisation  puisse  être  réduite 
par  des  améliorations,  il  subsistera  des  risques  très  importants  associés  à  un  traitement 
irréversible de l'axe optique central de l'œil. 
 
3. Nécessité d’enlever l’épithélium 
Technique qui implique l'abrasion de l'épithélium qui prendra 2 à 3 jours pour recouvrir la surface
de la cornée : cette période est assez douloureuse.


 

Le processus de guérison des couches superficielles de la cornée est lent et variable selon le
patient. 

4. Imprévisibilité 
Comme  l'œil  est une sphère pressurisée, l'ablation d'une partie de sa surface fait que le tissu 
restant  accepte  une  charge  plus  élevée  de  tension  de  la  paroi  causée  par  la  pression 
intraoculaire.  L'effet  de  cette  redistribution  entraînera  un  déplacement  de  la  cornée, 
induisant une accentuation de la zone optique.   

5. Résultat et instabilité réfractive. 


La  majeure  partie  de  l'épaisseur  de  la  cornée  est  appelée  stroma  et  se  compose, 
notamment,  de  cellules  appelées  kératocytes.  C’est  elles  qui  permettent  la cicatrisation des 
plaies  et  qui  remodèle  le  nouveau  collagène  sur  une  période  de  plusieurs  mois  à  plusieurs 
années. 

Ainsi,  après  l'ablation  d’une  partie  de  la  cornée,  les  kératocytes  commencent  à 
produire  du nouveau collagène pour restaurer le stroma ce qui  va entraîner une modification 
continue de la courbure de la cornée. 

En  plus  de  la  variation  d’épaisseur  avec  le  temps,  les  chercheurs  ont  constaté  un 
épaississement  compensatoire  de  l'épithélium  à la suite d'une kératectomie photoréfractive, 
ce qui contribue à l'instabilité du résultat. 

(​CHANGER DE SLIDE -12) 

Transition​:  Au  vue des nombreux inconvénients de ces techniques, l’invention dont la 


demande  de  brevet  fait  l’objet  semble  être nécessaire et utile, du moins dans l’hypothèse où 
elle-même n’a pas de tels inconvénients. 

(​CHANGER DE SLIDE -13) 

B- Le contenu de l’invention 
3)  Exposer  les  moyens  techniques  de  l’invention  permettant  la  résolution  du 
problème  technique  identifié,  éventuellement  compléter  par  une  recherche 
perso sur le sujet afin de rendre l’ens compréhensibles par tous 

(​CHANGER DE SLIDE -14) 

L’invention  consiste  dans  un  procédé  d’application  et  de  reprofilage  ajustable d’une 
lentille synthétique sur la cornée de l’œil humain afin de corriger la vision. 

Différentes étapes sont à suivre: 

(​CHANGER DE SLIDE -15) 

1. Etablir un profil 
Avant  d'entreprendre  toute  mesure  corrective,  un  profil  analytique  détaillé  de  la 
cornée du patient est établi et analysé par le ​médecin​.  
Un  tel  profil  peut  être  obtenu  à  partir  d'un  système  de  cartographie  topographique  de  la 
cornée.  

(​CHANGER DE SLIDE -16) 


 

2. Fabrication de la lentille 
La  lentille  est  ensuite  fabriquée  à  partir  d'un  matériau  synthétique  approprié.  Puis, 
elle  est  préparée  et  traitée  avec  des  moyens  chimiques  permettant  d’obtenir  les  propriétés 
souhaitées de constitution, de clarté optique et de stabilité. 
 
Enfin,  le  matériau  synthétique doit permettre le reprofilage par laser de sa surface antérieure 
après fixation à la cornée.  
 
Il  est  important  de  noter  que  le  processus  n'implique  ni  n'envisage  l'utilisation  de 
matériel cornéen donneur provenant d'un œil humain. (à la différence de l’Epikératophakie) 

(​CHANGER DE SLIDE -17) 

3. Ablation de l’épithélium 
La  surface  postérieure  38  de  la  lentille  40  (​figure  8)  est  configurée  de  manière  à 
correspondre  précisément  à  la  courbure  antérieure  de  la  cornée  du  patient  après  l'ablation 
de l'épithélium.  
 
L'épithélium  cornéen  22  est  enlevé  mécaniquement,  (figure  3),  avec  une  solution  chimique 
sur un écouvillon ou par tout autre moyen approprié. 
 
4. Détermination  de  la  courbure  nécessaire  pour  corriger  l'erreur  de 
réfraction du patient.  
La  surface  antérieure  42  de  la lentille, qui sert de nouvelle courbe optique pour la cornée, est 
profilée  avant  de  se  voir  appliquée  la courbure nécessaire pour corriger l'erreur de réfraction 
du patient.  

(​CHANGER DE SLIDE -18) 

5. Rainure périphérique extérieure formée dans la cornée  


L’utilisation  d’un  système  de  laser  est  nécessaire  pour  enlever  le  tissu  cornéen avec 
précision, ​sans endommager les régions adjacentes du tissu.  
 
La figure 5 illustre un tel système: 
L'œil  du  patient  est  fixé  au  limbe  46, sur le boîtier 48 du système, par un anneau d'aspiration 
limbique 50 ; un vide est créé à l'intérieur de l'anneau en évacuant l'air par les orifices 51.  
 
Après  aspiration,  le  laser  va  graver  une  rainure  périphérique  peu  profonde  54,  s'étendant  à 
travers  la  couche  de  Bowman  24  et  dans  le  stroma  30.  Ainsi,  la  rainure  est  formée  bien  en 
dehors de l'axe visuel du patient. (​CHANGER DE SLIDE -19) 
 
6. Application d’un moyen adhésif 
La  rainure  54  étant  formée,  un  moyen  adhésif  approprié  56  y  est  appliqué  pour  recevoir  et 
coller la lentille à la cornée. 
 
L’adhésif peut être: 
- Une colle à base de collagène 
- Des  sutures,  avec  une  lentille  convenablement  préparée,  de  préférence  avec  des 
ouvertures préformées pour recevoir les sutures. 

(​CHANGER DE SLIDE -20) 


 

7. Evacuation de l’air par les orifices d’aspiration  


Figure 8​ (vue de l’appareil utilisé pour placer la lentille sur la cornée): 
 
L'utilisation  de  l'appareil  est  similaire  à  celle  de  la  figure  5  en  ce  qui  concerne  la 
fixation  à  l'œil,  mais,  cette  fois,  la  ligne  de  vide  communique  avec  la  surface  postérieure de 
l'anneau de succion de manière à créer un vide entre l'anneau et la lentille.  
 
Ainsi,  après  que  le  moyen  adhésif  56  a  été  appliqué  dans  la  rainure,  la  chambre 
principale 69 est é​vacuée de l'air par les orifices d'aspiration​ 70.  

(​CHANGER DE SLIDE -21) 

8. Abaissement de la lentille en position sur la cornée 


Lorsqu'un vide suffisant est obtenu, la lentille 40 est abaissée en position sur la cornée.  
 
9. Libération du vide dans la chambre principale 
Une  fois  que  la  lentille  est  en  position,  comme  le montre la figure 9, le vide dans la chambre 
principale  est  libéré.  Comme  l'accouplement  de  la  lentille  avec  la  surface  de  la  cornée  se 
produit  dans  des  conditions  de  basse  pression,  le  retour  de  la  pression  de  l'air  ambiant 
provoque une assise ferme de la lentille sur la cornée.  

(​CHANGER DE SLIDE -22) 

10.Repousse de l’épithélium (figure 11) 


Après  le  placement  de  la  lentille  sur  la  cornée,  certains  agents  pharmacologiques  peuvent 
être  appliqués  afin  d’améliorer  et  accélérer  la  croissance  des  cellules  épithéliales  sur  la 
lentilles.   
 
11.Vérification de la correction et réglages si nécessaire (reprofilage) 
Une  fois  que  la  lentille  est  recouverte  d’épithélium, on s’attend à ce que l’erreur de réfraction 
du patient soit en grande partie, voire complètement corrigée.  
 
Toutefois,  si  d’autres  réglages  de  réfraction  sont  nécessaires,  un  système  de  distribution 
laser  approprié  peut  être  utilisé  pour  reprofiler  la courbure antérieure de la lentille à la forme 
désirée. 

(​CHANGER DE SLIDE -23) 

Au  travers  de ces différentes étapes, les avantages de l’application d’un revêtement 


synthétique,  ajustable  au  laser, par rapport aux techniques actuelles de chirurgie réfractive 
sont:  
 
I - Amélioration de la sécurité​;  
 
1) La zone optique centrale de la cornée du patient n'est jamais touchée.  
Différent de : 
-la  ​kératectomie  photoréfractive  qui  implique  l'ablation  directe  du  tissu  cornéen  dans  la 
zone optique.  
-la​ kératotomie radiale:​ affaiblit la cornée en pratiquant de multiples incisions.  
-la  ​kératectomie  photoréfractive​:  enlève  une  quantité  importante  de  tissu cornéen antérieur 
en fonction du changement de réfraction requis.  
 


 

2) Éviter l'irradiation directe de l'axe optique de l'œil par l'énergie laser de l'ultraviolet. 
Les  risques  à  long  terme  tels  que  la  cicatrisation  cornéenne  retardée  sont  minimisés  en 
confinant  l'ablation  au  laser  à  une  petite  région  périphérique  de  la  cornée  qui  est 
optiquement insignifiante pour le patient. 
 
II- Amélioration de la prévisibilité  
L’absence  de  modification  de  la  cornée  supprime la question des changements de courbure 
de  la  cornée  du  patient  après  l’intervention.  Ainsi,  le  résultat  réel  se  rapproche  largement à 
ce qui était prévu. 
 
III- Amélioration de la stabilité. 
Une  fois  que  la  lentille  se  recouvre  d'épithélium,  le  résultat de la réfraction reste stable dans 
le temps. Comme la couche est composée d'un matériau qui empêche la dégradation par les 
cellules  ou  les  agents  cellulaires,  on  ne  rencontre aucun déplacement de la réfraction causé 
par  le  dépôt  ou  l'enlèvement  de  collagène,  comme  c'est  le  cas  dans  la  kératectomie 
photoréfractive. 
 
IV- La possibilité d'ajuster ou de retirer le revêtement ​:  
La  possibilité  d’un  reprofilage  offre  aux  patients  souffrant  d'erreurs  de  réfraction  un 
moyen  alternatif  de  corriger  leur  vision  sans  avoir  besoin  de lunettes, de lentilles de contact 
ou  de  techniques  chirurgicales  actuelles,  et  permet  d'effectuer  des  corrections  futures  si 
nécessaire. 
 
Différent de: 
- La  kératotomie  radiale  ou  l'épikératophakie  qui  ne  sont  pas  ajustables,  le  processus 
de  superposition  synthétique  décrit  ici  permet  d'ajuster  le  pouvoir  réfringent  de  la 
lentille après qu'elle ait été placée sur la cornée.  
 
- Bien  que  les  procédures  de  kératectomie  photoréfractive  puissent  être  répétées  sur 
des  patients,  chaque  traitement  enlèverait  de  manière  irréversible  une  plus  grande 
partie du tissu cornéen central du patient, ce qui n’est pas le cas pour le procédé ici. 
 
V- Réversibilité de la méthode 
Contrairement  au  kératotomie  radiale  ou  à  la  kératectomie  photoréfractive  qui  sont  des 
procédures  essentiellement  irréversibles,  la  lentille  synthétique  peut  être  retirée  sans 
impacter  la  cornée  centrale,  laissant  la  possibilité  au  patient  de  mettre  une  lentille  de 
substitution. 

(​CHANGER DE SLIDE -24) 

4)  Présenter  les  revendications  principales  du  brevet/  demande  de  brevet 
faisant l’objet de la décision. 
La  requête  principale  concerne  un  procédé  de  reprofilage  modulable  de  la  courbure 
antérieure  d’une  lentille  synthétique  fixée  sur  la  cornée  de  l’œil  humain  pour  corriger  sa 
vision.  Il  est  précisé  que  l’ablation  de  l’épithélium  a  lieu  avant  la  mise  en  œuvre  du  procédé 
et n’est donc pas inclus. 

Le  requérant  fait  21  revendications  afin  de  breveter  toutes les étapes du traitement décrites 


précédemment,  du  traitement  ophtalmologique  jusqu'à  la  cure  potentielle  du  patient.  De 
même, la revendication détaille précisément l’utilisation des appareils nécessaires. 


 

La  revendication  est  large,  cad  qu’elle  admet  différents  moyens  d’arriver  au  résultat 
souhaité.  

(​CHANGER DE SLIDE -25) 

II. Exposé juridique (8/15min)  


(​CHANGER DE SLIDE -26) 

1)  Problème  relatif  aux  exclusions  de  la  brevetabilité  traitées  en  cours.  Art 
52,53  et  57  CBE,  R  26  à  30  CBE  et,  le  cas  échéant,  Directive  98/44/CE.  Citer 
les  articles  et  règles  de  la  CBE  2000  (certaines  décisions  sont  en  effet 
antérieures à son entrée en vigueur). 
L'exclusion  s'explique  par  des  raisons  d'ordre  moral  et  de  santé  publique  :  personne ne doit 
avoir le monopole de ces méthodes afin que le médecin puisse pratiquer sans contrainte.  

Dans  la  décision  on  discute,  l’exclusion  des  méthodes  de  traitement  du  corps  humain.  On 
peut citer plusieurs sources de cette exclusion: 

- L’article  52(4)  CBE  selon  lequel  les  méthodes  de  traitement  thérapeutique  du  corps 
humain  ne  sont  pas  considérées  comme  des  inventions  susceptibles  d'application 
industrielle.  Toutefois,  il  est  précisé  à  la  dernière  phrase  que  cette  disposition  ne 
s'applique pas aux produits pour la mise en œuvre de ces méthodes. 
- L’Article  53  (C)  CBE,  expose  que  les  méthodes  de  traitement  chirurgical  ou 
thérapeutique  du  corps  humain  ne  s'appliquent  pas  aux  produits  pour  la  mise  en 
œuvre d'une de ces méthodes.  
- La  décision  est  de  1994,  par  conséquent  antérieure  à  la  directive  98/44/CE  et  à  la 
CBE  2000.  Par  conséquent,  compte  tenu  du  principe de non- rétroactivité de la loi, ils 
ne sont pas applicables.  

(​CHANGER DE SLIDE -27) 

2)  Exposer  et  expliquer  la  position  adoptée  par  la  Ch  de  recours concernant 
l’invention en cause 
La  chambre,  au  contraire  du  requérant,  estime  que  le  procédé  revendiqué  constitue 
un traitement thérapeutique, le faisant ainsi tomber sous le coup de l’exclusion. 
La motivation de la Chambre se fera en 2 temps.  

Tout  d’abord,  elle  mentionne  un  élément  sur  lequel  elle  n’a  pas  jugé  bon  de 
s'appesantir  puisque,  qu’importe  s’il  influe  ou  non  la  décision  relative  à  l’exclusion  de  la 
brevetabilité  au  titre  de  l’article  52  (4)  CBE,  le  procédé  revendiqué  appartenait  au  domaine. 
Cet  élément  est  le  fait  que  la revendication 1 indique la nécessité d’une intervention avant la 
mise en œuvre de procédé. 

En  effet,  comme  mentionné  précédemment,  le  requérant  évoque  la  nécessité  d'effectuer 
certaines étapes, reconnues de nature chirurgicale avant d’entamer le procédé de reprofilage 
de  la  lentille.  Le  requérant  précise  donc  bien  qu’il  s’agit  d’un  “disclaimer”  et  que  les 
revendications  ne  couvrent  pas  les  étapes  consistant  à  fixer  la  lentille  synthétique  sur  la 
cornée de l'œil humain et à retirer ​l’épithélium a
​ yant poussé sur la lentille. 


 

La  question  que  pose  ce  premier  élément  est  de  savoir  si  un  procédé  nécessitant  au 
préalable  l’utilisation  d’une  méthode  de  traitement du corps humain tombe-il sous le joug de 
l’exclusion de l’article 52 (C) CBE?  

Comme  nous  l’avons  dit,  la  chambre  ne  s’est  pas  étendue  sur  cette  question  et  n’y  a  donc 
pas répondu puisque l’exclusion avait déjà été prouvée.  

Dans  un ​second temps​, la Chambre explique donc comment elle a prouvé qu’il y avait 
exclusion  au  sens  de  l’article  52(4)  CBE.  La  question  est  de  savoir si le procédé revendiqué, 
qui  consiste  à  enlever  au  laser  des  parties  prédéterminées  de  la  surface  antérieure  d’une 
lentille  synthétique  fixée  sur  la cornée de l’oeil humain, constitue une méthode de traitement 
chirurgical ou thérapeutique du corps humain, au sens de l’article 52 (4) CBE. 

Le raisonnement de la Chambre va se faire en 3


​ points. 

(​CHANGER DE SLIDE -28) 

a.  2.4  à  2.5  Traitement  médicaux  ne  doivent  pas  nécessairement  être 
effectués par des médecins + risque pour la santé 
Selon  le  requérant,  le  procédé revendiqué est mis en œuvre par un technicien n’ayant 
pas  de  connaissances  médicales  et  non  par  un  médecin.  Si  cet  argument  est  vérifié, 
l’exclusion ne sera pas applicable. 
 
Tout  d’abord,  rappelons  que  l'opération est identique à celle exercée directement sur 
la  cornée  du  patient  qui  est  indubitablement  une  opération  chirurgicale.  La  chambre a donc 
estimé que le procédé étudié était lui aussi une méthode chirurgicale. 
 
  De  plus,  comme  la  lentille  synthétique  est  fixée  à  la  cornée,  avec  qui  elle  forme  un 
tout,  elle  fait  partie  de  la  structure  de  l'œil.  Ainsi,  l’enlever  avec  un  rayon  laser,  implique  un 
risque  sérieux  d'endommager  les  tissus  voisins  de  l'œil.  Ce  risque  pour  la  santé  induit 
l’importante  nécessité  d’avoir  un  médecin,  ou  personne  avec  les  connaissances  adéquates 
lors du déroulement du procédé. 
  
Sachant  que  le  médecin  doit  veiller  à  utiliser  l'appareil  technico-médical  avec  le  plus  grand 
soin  et  qu’il  a  la  responsabilité  de  contrôler  son  personnel  médical  et  non  médical,  la 
Chambre  estime  que le procédé revendiqué doit être mis en œuvre par l'ophtalmologue ou le 
chirurgien  ophtalmologue  lui-même  ou,  du  moins,  qu'il  doit  être  mis  en  œuvre  sous  sa 
supervision. 
  
Ainsi,  qu’en  bien même les dires du requérant seraient vérifiés, que le procédé est est 
mis  en  œuvre  par  un  technicien  n’ayant  pas  de  connaissances  médicales.  Ce  technicien 
serait  obligatoirement  sous  la  supervision  d’un  médecin  ou  personne  avec  les 
connaissances  nécessaires  du  fait  d’une  part  de  l’utilisation  de  la  machine  et,  d’autre  part, 
compte tenu des risques pour la santé liés à un tel traitement. Compte tenu de ces éléments, 
le procédé revendiqué tombe sous le coup de l'exclusion établie à l'article 52(4) CBE. 

(​CHANGER DE SLIDE -29)

b.  2.6  L’influence  directe  du  procédé  sur  le  pouvoir  réfringent  de  l’oeil  du 
patient et sur sa vue 
Le  requérant  affirme  que  le  procédé  ne  comprend  que  le  traitement  physique  d’une 
lentille synthétique.  


 

Cependant  la  Chambre  n’est  pas  de  cet  avis,  pour  elle  il  ne  s’agit  pas  d’une  simple 
prothèse,  mais  d’un  véritable  implant.  En  effet,  la  lentille  est  fixée  à  la  même  place  et  à  la 
même  fonction  qu’une lentille provenant de la cornée d’un donneur. En outre, que ce soit une 
transplantation  d’une  lentille  d’un  donneur  ou  une  lentille  synthétique,  il  y  a  un  tout  avec  la 
cornée du patient. 

Si  on  prend  le  procédé  revendiqué,  celui-ci  entraîne  l’ablation  d’une  partie  de  la 
lentille.  La  lentille  influençant  la réfraction de l'œil, le procédé entraîne donc directement une 
modification du pouvoir réfringent de l'œil. C’est cet​ effet direct​ qui est à surligner. 

Ce  n’est  pas  la  1ère  fois  que  la  Chambre  évoque  la  nécessité  d’un  rapport  fonctionnel.  En 
effet,  dans  sa décision ​T245/87 ​cet élément avait déjà été cité. Dans cette affaire, il avait été 
jugé  qu’un  ​“procédé  pour  mesurer  le  débit  de  petites  quantités  de  liquide  ne  devait  pas  être 
considéré d'emblée comme non-brevetable en vertu de l'article 52(4) CBE, [...] tant qu'il n'existe 
pas  de  rapport  fonctionnel  entre  le  procédé  revendiqué  et  la  dose  de  médicament  libérée  par 
l'appareil. “ 

En  l’espèce,  il  s’agissait  de  la  miniaturisation d'un système de contrôle destiné à surveiller le 


fonctionnement  d'un  appareil  de  dosage.  La  Chambre  va  considérer  que  le  contrôle  du 
fonctionnement  de  l'appareil  n'exige  aucune  connaissance  médicale  et,  qu’ainsi,  l'objet  de 
l'invention  n’intéresse  que  le  technicien.  C’est  en  cela  que  l’invention  étudiée  diverge  de 
l’invention  de  la  décision  T  245/85,  puisqu'il  y  a  la  nécessité  de  connaissances  médicales 
afin de faire fonctionner l’appareil et d'utiliser le procédé.  

Dans  la  décision  ​T  426/89  de  1992​,  la  chambre  affirme  que,  si  la  revendication 
indique  ​d'une  manière  fonctionnelle​,  les  caractéristiques  de  construction  d'un  stimulateur 
cardiaque,  alors  la  revendication  ne  porte  pas  sur un procédé, mais définit un appareil par la 
fonction  que  remplit  chacun  de  ses  composants.  L'objet de la revendication ne saurait donc 
être exclu de la brevetabilité en vertu de l'Art. 52(4). 

Ainsi,  dans  cette  espèce,  l’invention  a  pu  être  brevetée  puisqu’il  n’existait  pas  de  lien  de 
causalité  physique  entre  les  étapes  du  procédé  mis  en œuvre dans le stimulateur cardiaque 
et  l’effet  thérapeutique  exercé  sur  le  corps  par  cet  appareil.  Si  l’on  compare avec l’invention 
étudiée, le rapport fonctionnel existe bien d’où l’exclusion. 

Dans  la  décision  ​T  2420/13,  la  Chambre  n’a  pas  considéré  qu’il  s’agissait  d’une 
méthode  de  traitement  thérapeutique  car  l'action  du  verre  progressif  ne  se  produisait  que 
sur  les  rayons  lumineux,  sans  que  le  corps  du  sujet  soit  traité.  Or,  une  telle  méthode 
suppose  que  l'effet  thérapeutique  soit  causé  par  une  action  sur  la  partie  du  corps  traité. 
Ainsi,  si  l’on  revient  à  notre  invention  étudiée,  la  réfringence  de  l’œil  est  directement 
modifiée, le corps est donc réellement traité, d’où l’exclusion. 

(​CHANGER DE SLIDE -30) 

c.  2.7  à  2.8  Le  terme  thérapie  ne  vise  pas  que  les  guérisons  mais  aussi 
l’atténuation du dysfonctionnement 

Si  l’on  reprend  l’argument  du  requérant,  il  ne s’agit pas d’un traitement thérapeutique 


car il n’y a pas d’incidence sur la maladie à l’origine des anomalies de réfraction de l'œil.  

C’est  sur  le  sens  du  terme  “thérapie”  que  la  Chambre  diverge  de  l'argument  du 
requérant.  En  effet,  pour  qu’il  y  ait  thérapie  il  ne  faut  pas  nécessairement  une  incidence sur 
la  maladie.  La  Chambre  affirme  ainsi  que  ​“  la  signification du terme thérapie ne se limite pas 


 

aux  moyens  permettant  de  guérir  une  maladie  et  d’en  supprimer  les  causes. Ce terme couvre 
toute  méthode  thérapeutique  conçue  pour  traiter  soulager,  dissiper  ou  atténuer  les 
symptômes  d’un  trouble  ou  d’un  dysfonctionnement  du  corps  humain  ou  animal  ou  pour 
diminuer la possibilité d’en être atteint.”  

De  ce  fait,  la  Chambre  fait  une  définition  très  large  du  terme  “thérapie”,  ce  qui  est  en 
continuité  avec  sa  jurisprudence.  En  effet,  dans  la  décision  T  0182/90,  ​la  chambre  avait 
affirmé  que  “le  terme  "traitement  médical"  peut  recouvrir  des  traitements visant d'autres buts 
non  curatifs,  comme  le  traitement  esthétique,  l'interruption  de  grossesse,  la  castration,les 
transplantations d'embryons etc.”  

Ainsi,  au  regard  de  cette  définition,  le  procédé  revendiqué  représente  bien  un 
traitement  thérapeutique  puisqu’il  permet  de  dissiper, ou du moins atténuer, un problème de 
réfraction  de  l'œil  humain.  Or,  au  titre  des  articles  52(4)  et  53 (C)  CBE, un tel traitement est 
exclu de la brevetabilité. 

(​CHANGER DE SLIDE -31) 

3) Commenter 
 
La  décision  en  question  propose  une  interprétation  restrictive  des  dispositifs  légaux  qui 
traitent  des  exclusions  de  la  brevetabilité.  Des  décisions  analogues  peuvent  être  trouvées 
dans le cadre du droit comparé Brésil - France.  

(​CHANGER DE SLIDE -32) 

Dans  le  cas  REsp  1753535,  le  TSJ  (instance judiciaire responsable pour l’appréciation de la 


PI  au  Brésil  )  à  apprécier  la  demande  de  breveter une méthode de traitement passible d’être 
utilisée  pour  traiter  les  dommages  ophtalmologiques  causés  par  la  contamination  avec  le 
virus  Zika  (Brésil  a  souffert  d'  une  pandémie  très grave en 2016). Ce virus, quand en contact 
avec  des  femmes  enceintes, cause la microcéphalie sur le fœtus. La méthode thérapeutique 
qui  pourrait  être  utilisée  pour  promouvoir  le  développement  du  système  oculaire  après  la 
microcéphalie  causée  par le virus n’a pas été jugée passible d’être brevetable et la technique 
en question a été donnée gratuitement au système unique de santé brésilien. 

(​CHANGER DE SLIDE -33) 

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