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La sénescence réplicative

•La théorie télomèrique:


Elizabeth Blackburn, l'un des chercheurs qui a découvert les télomères dans les années 1970, a comparé
cette structure terminale de nos chromosomes, riche en ADN, aux « embouts en plastique de nos lacets, qui les
empêchent de s'effilocher ». Plus concrètement, les télomères contiennent des informations génétiques
importantes et apportent une stabilité qui protège contre le réarrangement des chromosomes, lequel peut
conduire au cancer.
A chaque division cellulaire, les télomères se raccourcissent suite à la réplication incomplète de ces
derniers, aboutissant à leur dégradation progressive. La division se poursuit mais les chromosomes se
raccourcissent un peu plus à chaque mitose, ce qui aboutit au bout d’un certain nombre de divisions, à une
absence de répétitions télomériques ainsi qu’une perte de la capacité de se multiplier.
Pour cette raison, les télomères sont considérés comme une Horloge Biologique des cellules.

Historique (Wai L. K., 2004) Télomère provient des mots grecs signifiant « la fin » (telos) et « la partie »
(meros). C’est en 1938 que Hermann J. Muller et Barbara Mc Clintock décrivent pour la première fois le
télomère. Muller observa que les extrémités chromosomiques ne subissaient pas de délétions ni d’inversions
après irradiation aux rayons X alors que le reste du génome en présentait (Muller H. J., 1938). Mc Clintock
démontra que des chromosomes de maïs ayant subi des cassures double brin étaient capables de fusionner entre
eux alors que les extrémités de ces chromosomes restaient stables (Mcclintock B, 1939) (Lebel C., et al., 2004).
Ces auteurs décrivent le télomère comme étant une structure protectrice de l’extrémité des chromosomes.
Lorsque cette protection est absente, il apparaît des fusions chromosomiques suivies d’une mort cellulaire. En
1961, Hayflick donne une description biologique du vieillissement. Il découvre que des cellules somatiques
humaines ont une capacité de division limitée (Hayflick L., et al., 1961). Lorsque cette limite est dépassée, les
cellules montrent des modifications biochimiques et morphologiques qui entraînent un arrêt de la prolifération
cellulaire appelée sénescence (Shay J. W., et al., 2000) (Greider C. W., et al., 1996). Dans les années 70, James
D Watson décrit ce qu’il appelle le problème de la réplication terminale (the end replication problem). Pendant
la réplication, l’ADN polymérase ne réplique pas complètement l’extrémité 5’ terminale des chromosomes, ce
qui entraîne la perte d’une petite partie du télomère. Il propose également qu’un mécanisme de protection de
l’extrémité chromosomique soit nécessaire sinon le télomère raccourcit à chaque division (Watson J. D., 1972).
Le rapprochement entre la sénescence cellulaire et le problème de la réplication terminale a été fait par Aleksei
Matveevich Olovnikov en 1971. Il propose une théorie dans laquelle le raccourcissement télomérique
correspond à une horloge interne qui régule le nombre de divisions cellulaires et contrôle le vieillissement
(Olovnikov A. M., 1971). Cette théorie a été confirmée par Harley en 1990 lorsqu’il observe une diminution
progressive de la taille du télomère dans des cellules en division en culture cellulaire (Harley C. B., et al.,
1990). L’enzyme responsable du maintien de la taille du télomère a été découverte par l’équipe d’E. Blackburn
en 1985 (Greider C. W., et al., 1985). En 1989, Morin montre l’existence d’une activité télomérase dans des
cellules cancéreuses humaines contribuant à l’immortalisation des cellules tumorales (Morin G. B., 1989). Au
même moment, l’équipe de Greider montre que la télomérase est quasiment absente dans des cellules
somatiques normales (Harley C. B., et al., 1990). Depuis les années 90, près de 2600 lignées tumorales ont été
examinées et la télomérase est présente dans environ 90% des cellules cancéreuses (Greider C. W., et al., 1996).
Comme elle s’exprime dans les cellules germinales.
Les télomères:
Les télomères constituent la structure coiffant l’extrémité du double brin d’ADN des chromosomes.
Les télomères sont retrouvés aux extrémités des chromosomes linéaires, se sont des séquences répétitives non
codantes qui protègent les extrémités des fusions, attaques nucléasiques et donc l’ADN. Ils sont formés par des
répétitions très régulières, en tandem, d’un motif simple de 5 à 8 paires de bases riches en Guanine.
Les télomères humains consistent en plusieurs répétitions ( 2000 répétitions) de la séquence: 5' TTAGGG 3'.
5'...TTAGGG TTAGGG TTAGGG TTAGGG TTAGGG TTAGGG..3'
3'...AATCCC AATCCC AATCCC AATCCC AATCCC AATCCC..5‘
L’ADN télomérique est non codant mais avec un rôle principal, qui est la préservation de l’intégrité de l’ADN
chromosomique
Les télomères raccourcissent avec le nombre de division et donc de cycle de réplication, l’inflammation et
le stress surtout oxydatif.
Le raccourcissement de la taille des télomères est cependant plus complexe. En effet, la perte de l’amorce
d’ARN à l’extrémité télomérique induit un raccourcissement d’une dizaine de nucléotides par division et
uniquement sur l’extrémité 3’ terminale. Or, les télomères humains et murins raccourcissent de 50 à 150 pb par
division. Ceci suggère qu’il existe d’autres mécanismes de dégradation du télomère, comme l’action
d’exonucléases et de stress oxydatif.
Rôle et Structure du télomère
Les télomères sont des structures nucléoprotéiques complexes qui protègent l’extrémité des chromosomes. Ils
interviennent dans des fonctions essentielles de la cellule (Blackburn E.H., 2001) :
 Ils préviennent des cassures doubles brins. Ils permettent également différencier les
extrémités du chromosome d’éventuelles lésions de l’ADN afin de maintenir
l’intégrité du génome.
 Ils protègent le génome des fusions chromosomiques et des recombinaisons.
 Ils protègent les chromosomes des exonucléases.
 Ils permettent de contrôler le nombre de divisions des cellules somatiques et d’induire
à terme la sénescence cellulaire et/ou l’apoptose.
 Ils participent à une bonne répartition spatiale et une organisation fonctionnelle des chromosomes dans
le noyau et interviennent dans la régulation de la transcription
Les protéines associées au télomère chez l’homme
Des études réalisées chez plusieurs espèces ont montré que les télomères sont des complexes
ribonucléoprotéiques dans lesquels, l’ADN est associé à de nombreuses protéines. TRF1, TRF2 et POT1
représentent les 3 protéines principales se liant directement à l’ADN télomérique. Elles interagissent avec
d’autres protéines.
• TRF1: TRF1 pour TTAGGG repeat factor 1. (specifique a la sequence TTAGGG. C’est une protéine de
60kDa formant un homodimère grâce à un domaine TRFH (TRF homology) de dimérisation. Cette proteine ne
se lie qu’au double brin d’ADN. La surexpression deTRF1 entraîne une diminution de la taille des télomères
alors que la surexpression d’un dominant négatif de TRF1 entraîne une élongation des télomères. Ces données
montrent que TRF1 agit comme un régulateur négatif de l’activité télomérase.

La Tankyrase 1 (TANK1) est une protéine de la famille des poly(ADP-ribose) Polymérase (PARP) qui module
l’activité de TRF1. La poly(ADP-ribosyl)ation de TRF1 provoque l’inhibition de la fixation de ce facteur aux
télomères.
De plus, une surexpression de TANK1 dans le noyau de cellules télomérase positive induit une augmentation
de la taille des télomères.
L’activité enzymatique de TANK1 sur TRF1 est régulée par le facteur TIN2 qui contribue également à
l’accumulation de TRF1 au niveau des télomères. TRF1 régule négativement la télomérase en permettant la
fixation de POT1 sur le simple brin télomérique (brin G). L’inactivation de TIN2 permet l’activité poly(ADP)
ribosyltransférase de TANK1 sur TRF1, ce qui diminue l’affinité de cette dernière pour l’ADN télomérique
double brin, et empêche indirectement la fixation de POT1 au simple brin télomérique. Le simple brin devient
alors accessible à la télomérase.

TIN2 fonctionne comme un régulateur de l’activité de la tankyrase. A) TIN2 fixe et protège TRF1 de
l’inactivation par la tankyrase (TANK1). B) Lorsque TIN2 est inactivé, l’activité poly(ADP)
ribosyltransférase de TANK1 diminue
l’affinité de TRF1 pour l’ADN télomérique double brin, ce qui empêche la fixation de POT1 au simple
brin télomérique. Le simple brin devient alors accessible à la télomérase

•TRF2: TRF2 est une protéine essentielle qui interagit directement avec l’ADN double brin. Elle présente
également un domaine Myb de reconnaissance à l’ADN, et fonctionne comme un homodimère grâce à son site
TRFH. Contrairement à TRF1, TRF2 possède, à son extrémité N terminale, un domaine basique. Le rôle de
TRF2 est associé à la protection des extrémités chromosomiques en maintenant la structure des télomères.
La TRF2 interagit avec d’autres proteines comme La protéine WRN intervient dans des processus de réparation
de l’ADN, recombinaison et transcription. Certaines évidences biochimiques et cellulaires montrent que WRN
fonctionnerait comme une enzyme capable de dissocier les structures secondaires des télomères pour permettre
une bonne réplication, réparation et l’activité télomérase WRN est nécessaire pour une bonne réplication du
brin G-riche télomérique et réduit des dysfonctionnements du télomère ainsi que des instabilités génomiques.
La mutation de WRN est à l’origine du syndrome de Werner (WS), une maladie récessive caractérisée par un
vieillissement prématuré, athérosclérose, ostéoporose, diabète, pathologies oculaires bilatérales et une
prédisposition à certains types de tumeurs.

•POT1 POT1 (Protection Of Telomere 1) est la protéine se fixant à l’ADN simple brin. Elle a été découverte
par similarité de séquence avec la sous-unité TEBPα, une protéine capable de fixer l’ADN simple brin chez le
cilié Oxytricha nova . Cette protéine possède à son extrémité N-terminale un domaine « Oligonucleotide
Binding fold » (OB fold) de fixation à l’ADN simple brin qui lui permet de reconnaître spécifiquement la
séquence TAGGGTTAG comme séquence minimale de reconnaissance. A son extrémité C-terminale, se trouve
un domaine de reconnaissance à un complexe associé à TRF1.

Structure linéaire de la protéine POT1.


Nos cellules reproductrices (embryonnaires) ne vieillissent pas, alors qu’elles subissent beaucoup de divisions
cellulaires.
Lorsqu'une cellule se divise, les télomères sont détruits avant d'être reconstitués par l'action de la transcriptase
inverse de la télomérase. Cependant, cette enzyme ne régénère pas les télomères dans leur totalité, aussi ils se
raccourcissent à chaque division cellulaire. Lorsque les télomères d'une cellule normale disparaissent, cette
dernière est détruite. Cependant, certaines « cellules immortelles » survivent à la disparition des télomères et
sont la cause de nombreux types de cancers.
On a découvert que nos cellules reproductrices possèdent une enzyme appelée ‘télomérase’. Cette télomérase a
comme rôle, le rallongement des télomères à chaque division cellulaire. Or, à la naissance, le gène codant pour
la Télomérase est réprimé, par conséquence, nos cellules somatiques ne présentent pas d’activité télomérase.
D’une autre part, 85 à 95% des types de cancer présentent une activité télomérase bien désignée.
La tèlomerase
La télomérase existe chez l’homme et chez Saccharomyces cerevisiae sous une forme holoenzyme. C’est une
protéine de 1000 kDa chez l’homme. Elle comprend deux sous unités principales. une sous-unité catalytique
qui est une reverse transcriptase (TERT) fortement conservée chez les organismes uni et pluricellulaires et une
sous-unité qui correspond à une séquence d’ARN, la TERC (Telomerase RNA Component) également
référencée sous les noms TR ou TER) qui contient la séquence AAUCCC (in mammals). Ces deux sous-unités
sont les éléments minimums essentiels pour l’activité de la télomérase.
Fonctionnement de la télomérase
La télomérase allonge l’extrémité 3’ terminale des télomères en se positionnant sur un site de reconnaissance au
niveau de l’extrémité télomérique par l’intermédiaire d’un site matrice de TERC (matrice). Le site de fixation
du télomère est une courte séquence dite matricielle d’ARN caractéristique de chaque type cellulaire
(CAAUCCCAAUC chez l’homme) au niveau du domaine CR1. L’extension du télomère qui en résulte
correspond à l’ajout d’une répétition télomérique à son extrémité 3’. Après l’élongation, le brin C néoformé est
normalement utilisé pour synthétiser l’ADN télomérique double brin. Cependant, les mécanismes de cette
étape n’ont été étudiés que chez les ciliés.

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