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Omar Bendourou
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OMAR BENDOUROU
10. Voir O. Bendourou, « La Loi marocaine relative aux partis politiques », op. cit.
11. Voir O. Bendourou, Libertés publiques et État de droit au Maroc, op. cit.
12. Comme l’a reconnu l’ancien ministre de la Justice M. O. Azziman le 5 avril 1999, au
cours d’un dîner-débat organisé par l’USFP à Casablanca, la justice, au Maroc, souffre de
plusieurs maux, dont la corruption, les malversations, etc. Ledit ministre a en outre évoqué
la situation des juges et présidents de tribunaux, « qui sont toujours en attente des instruc-
tions, ce qui laisse la justice repliée sur elle-même et impuissante à évoluer ». Voir Maroc-
Hebdo, 9/15 avril 1999.
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14. L’article 29 de la Constitution de 1996 précise : « Le Roi exerce par dahir les pou-
voirs qui lui sont expressément réservés par la constitution. »
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15. Voir O. Duhamel et Y. Mény, Dictionnaire constitutionnel, Puf, 1992, pp. 40-41.
16. Idem.
17. J. Gicquel, Droit constitutionnel et institutions politiques, 2002, p. 547.
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B – LA SUBORDINATION DU GOUVERNEMENT
18. Nouvelle dénomination ayant remplacé celle du Premier ministre prévue par les cinq
précédentes constitutions.
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19. Il s’agit essentiellement des conseillers du roi, du directeur de son secrétariat parti-
culier M. Mohamed Mounir Majidi et de son ami d’école M. Fouad Ali El Himma.
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seront déterminés par une loi organique et qui doivent prendre en consi-
dération l’égalité des chances, le mérite, la compétence et la transpa-
rence. L’attribution de ces nouvelles compétences au chef du Gouverne-
ment est considérée comme une innovation importante puisqu’elle
facilite les missions des ministres en leur permettant d’encadrer les poli-
tiques sectorielles et de coordonner leurs actions avec des responsables
travaillant sous leur direction. Cette mesure novatrice devrait mettre un
terme aux relations parfois conflictuelles entre les ministres, les secré-
taires généraux et les directeurs centraux des administrations publiques.
En effet, ces deux derniers étant, dans le passé, nommés par dahir, se pré-
valaient de cet acte dont ils se servaient comme couverture pour entrer
en conflit avec les ministres, voire appliquer des politiques différentes
sinon contraires à celle du gouvernement. Étant nommés par dahirs, ces
hauts fonctionnaires ne pouvaient être révoqués que par le roi.
Parmi les nouvelles compétences autonomes, on peut citer les projets
de décrets réglementaires et les projets de lois qui sont désormais déli-
bérés uniquement en conseil du gouvernement. Toutefois, les projets de
loi relatifs aux droits et libertés fondamentales et les projets de décrets
pris dans le cadre de la loi d’habilitation législative (l’article 70) restent
soumis au conseil des ministres. S’agissant du projet de loi des finances,
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1 – Le statut du parlementaire
L’une des innovations importantes de la nouvelle Constitution est
relative à l’immunité parlementaire. Auparavant, le parlementaire ne
pouvait être « poursuivi ou arrêté pour crimes ou délits, autres que ceux
indiqués à l’alinéa précédent, qu’avec l’autorisation de la Chambre à
laquelle il appartient, sauf dans le cas de flagrant délit, de poursuites
autorisées ou de condamnation définitive », soulignait l’article 39 de la
Constitution de 1996 qui ajoutait : « Aucun membre du Parlement ne
peut, hors session, être arrêté qu’avec l’autorisation du bureau de la
Chambre à laquelle il appartient, sauf dans le cas de flagrant délit, de
poursuites autorisées ou de condamnation définitive. La détention ou la
poursuite d’un membre du Parlement est suspendue si la chambre à
laquelle il appartient le requiert, sauf dans le cas de flagrant délit, de
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24. Le dahir relatif à l’immunité parlementaire prévoit que c’est le procureur général du
roi qui soumet la demande de la levée de l’immunité au ministre de la Justice qui saisit le
président de la chambre parlementaire concernée (art. 2 du Dahir n° 1-04-162 du
4 novembre 2004 portant promulgation de la loi n° 17-01 relative à l’immunité parlemen-
taire, BO n° 5266 du jeudi 18 novembre 2004).
25. Jusqu’en 2009, six cas sont parvenus à la Commission de la justice et de la législation
de la chambre des conseillers. Ils concernent les conseillers suivants : Mohammed Agnou,
Mohammed Zouiki, Abdesslam Slaoui, Mohammed Bouhriz, Abdesslamn Al Arbaiine et El
Mekki Zizi (source : Commission de législation, de la justice et des droits de l’homme).
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1 – Au niveau législatif
Bien que le domaine législatif ait été renforcé, le gouvernement
demeure comme par le passé le législateur de principe26. L’article 72 dis-
pose : « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi appar-
tiennent au domaine réglementaire. » Par ailleurs, le gouvernement conti-
nue à déterminer l’ordre du jour des assemblées parlementaires. En vertu
de l’article 82, c’est le gouvernement qui décide des projets et propositions
de loi qui doivent être inscrits à l’ordre du jour de chaque assemblée. Le
nouveau texte a prévu qu’une journée par mois – au moins – soit réservée
à l’examen des propositions de loi, dont celles de l’opposition (art. 82).
Cette dernière disposition, qui s’inspire de la révision de la Constitution
française de 1958 (art. 48), constitue une avancée, étant donné que l’op-
position peut faire inscrire ses propositions à l’ordre du jour de cette ses-
sion et que l’article 10 de la constitution lui garantit « la participation
effective à la procédure législative, notamment par l’inscription de propo-
sitions de lois à l’ordre du jour des deux Chambres du Parlement ».
Pendant les intercessions, le gouvernement peut légiférer par décrets-
lois en accord avec les commissions parlementaires concernées des deux
chambres (art. 81). Ces décrets-lois doivent toutefois être soumis à rati-
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26. L’article 72 dispose : « Les matières autres que celles qui sont du domaine de la loi
appartiennent au domaine réglementaire. »
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27. Voir, entre autres, Évaluation du système juridique et judiciaire (Maroc), Banque
mondiale, 2003, A. Hatimi, « Rapport sur la situation de la justice au Maroc et les pers-
pectives de sa réforme » (en arabe), mars 2005, Rapport non publié ; A. Nouidi, « Indépen-
dance et intégrité du système judiciaire », Rapport présenté dans le cadre du réseau euro-méditer-
ranéen des droits de l’homme, 2008 ; A. Ghazali, « Processus de réforme et de mise a niveau de
la justice et des réformes dédiées à assurer le règne de la loi », in Rapport sur 50 ans de déve-
loppement humain (site : http://www.rdh50.ma).
28. Voir Étude du système national d’intégrité, Maroc 2009, Transparency Maroc, 2009.
29. Voir la déclaration déjà citée de l’ancien ministre de la Justice M. Azziman. Par
ailleurs, M. Abbas El Fassi, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal et actuel Premier
ministre, a affirmé, au cours d’une conférence de presse tenue le 11 avril 2005, que la jus-
tice n’est pas entièrement indépendante et intègre. M. Abbas El Fassi était à l’époque
ministre d’État sans portefeuille, sous le Gouvernement Jettou (2002-2007). Voir « Al Itti-
had Al Ichtiraki », 14 novembre 2000.
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Transparency Maroc, la justice figure parmi les secteurs les plus corrom-
pus et constitue l’une des préoccupations majeures des citoyens30.
Ces dysfonctionnements expliquent les nombreux appels lancés par les
associations de défense des droits de l’homme pour réclamer des réformes
susceptibles d’assurer à la justice l’indépendance nécessaire à l’accomplis-
sement de sa mission qui consiste essentiellement à protéger les droits et
libertés des citoyens. Le constituant de 2011 a partiellement répondu à
cette revendication en amendant le titre relatif à la justice. Ainsi, le
titre VII de la Constitution est consacré à la justice et aux droits des jus-
ticiables. Il proclame la justice en tant que pouvoir et affirme son indé-
pendance des pouvoirs exécutif et législatif. Il confie, comme auparavant,
à un conseil la mission de veiller à l’application des garanties accordées
aux magistrats quant à leur indépendance, leur nomination, leur avance-
ment, leur mise à la retraite et leur discipline (art. 113). Il s’agit du
Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ, nouvelle appellation de
l’ancien conseil supérieur de la magistrature. C’est le roi qui nomme les
magistrats sur proposition du CSPJ (art. 57). Quant aux conditions de
déroulement de leur carrière, elles seront définies par une loi organique
(art. 116). La composition du CSPJ a connu quelques modifications. Le
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30. Voir l’Indice de perception de la corruption réalisé en 2009 par Transparençy Maroc.
Voir également Le Reporter, 1er juin 2009 (site : http://www.lereporter.ma), L’Économiste,
4 juin 2002 (site : http://www.leconomiste.com).
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CONCLUSION
31. Cette coalition a été créée en avril 2011 et regroupe les partis de l’Alliance démocra-
tique, deux partis islamistes Al Badil al hadari dissous et le parti d’Al Oumma non reconnu
ainsi que plusieurs universitaires et intellectuels. Par ailleurs, le « Symposium pour la
monarchie parlementaire maintenant » s’est tenu le 29 mai 2011 et a réuni plus de 400 par-
ticipants représentant une trentaine d’associations et organisations ainsi que plusieurs intel-
lectuels et universitaires.
32. Voir le communiqué du 17 octobre 2011 du Conseil national d’appui au Mouvement
du 20 février.
33. Voir M. Sassi, « Le roi présente la Constitution : lecture de la relation entre le dis-
cours royal du 17 juin et le texte de la Constitution », in O. Bendourou (sous la coordina-
tion de), La Nouvelle Constitution et le mythe du changement, Éditions Point de vue, Rabat,
2011 (en arabe).
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34. Des manifestants à Safi ont brandi des slogans tels que « Le peuple veut la fin du
régime ».