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Fish Tank est un film de Andréa Arnold, sorti en 2009.

C'est un film anglais racontait l'histoire de


Mia, 15 ans, jeune britannique rebelle venant d'un milieu social pauvre et vivant dans une banlieue
tapissée de HLM d'Angleterre, plus précisément à l'Est de Londres et qui n'a qu'une seule passion :
le hip-hop.

A travers cet exposé, nous allons nous intéresser en premier lieu à l'histoire du hip-hop, afin de
mieux comprendre les motivations et le caractère du personnage principal, Mia, puis nous
analyserons les questions de la famille et de la classe sociale, afin de pouvoir analyser les
personnalités de chacun des personnages.

Dans cette première partie, je parlerai donc du hip-hop, en commençant par ses origines ; puis je
pousserai mon analyse en m'appuyant sur certaines parties du film pour laisser Andrada et Noémie
parler directement des personnages.

Tout d'abord, le hip-hop est un genre musical créé à New-York dans le South Bronx au début des
années 1970. On y reconnaît 5 disciplines : le Rap, le Djing, le Break dancing ou breakdance, le
Graffiti et le Beatboxing. Ce qui nous intéresse dans Fish Tank, ce sont surtout le Rap et le Break
dancing.
Le hip-hop trouve son origine dans des ghettos noirs et latinos, aujourd'hui, il est connu dans le
monde entier et a trouvé sa place dans la culture urbaine. A l'origine, le mouvement hip-hop portait
le message d'Afrika Bambaataa (DJ des années 70 originaire du Bronx) et de la Zulu Nation
(organisation pour la prise du conscience hip-hop créée et dirigée par Afrika Bambaataa en 1973) :
« Peace, love, unity and having fun » soit « La paix, l'amour, l'unité et s'amuser ». Aujourd'hui, les
personnes adhérentes à la communauté hip-hop et surtout à ses débats sont souvent soumises à une
marginalisation sociale, confrontant alors le message véhiculeur du hip-hop soit l'unité. Entre alors
une dimension militante en faveur de l'aide à la jeunesse de la rue.

Comme je l'ai dit, dans le film Fish Tank, le hip-hop est surtout représenté par le breakdance
qu’exerce Mia et le rap que l'on entend plusieurs fois dans le film. Pour commencer, le film se
déroule dans sa quasi totalité dans la banlieue de Mia. On y voit par ailleurs un groupe de filles
dansant elles-même au tout début du film, groupe de filles que Mia ne semble pas apprécier
puisqu'il a été fondé par son ancienne meilleure amie, Keelie, avec qui elle s'est disputée. Ce tout
premier passage laisse apparaître des filles vêtues en streetwear (style vestimentaire apparu dans les
années 80 très relié à la musique et surtout au rap), c'est à dire en jogging amples pour certaines ou
en short et maillot court, laissant apparaître soutien-gorge ou piercing au nombril. Ces jeunes
adolescentes dansent face à un groupe de garçons qui semblent plus âgés qu'elles et qui on ne va pas
se le cacher profitent très largement du spectacle en commentant vulgairement comme : « regarde
son petit cul ». Ainsi le caractère du film est lancé : nous aurons droit juste après à un florilège
d'insultes de la part de chaque fille, suivi d'un coup de tête de la part de Mia à l'une des filles du
groupe. Mais ce que je voudrais surtout appuyer dans ce passage, c'est la musique. En effet, tout au
long de ma lecture du film, sur une plateforme de streaming légale, je n'ai pu avoir que la version
française et ce qui m'a tilté, c'est que seules deux musiques ont été traduites et sous-titrées, à
commencer par celle-ci : Me and You, de la chanteuse américaine Cassie. Ainsi, j'aimerai reprendre
ces paroles pour mieux expliquer cette première scène que le film nous offre :
« Tu as attendu si longtemps
Maintenant, je suis là
Je sais, j'aurais pas dû
Te faire attendre autant
J'ai eu beaucoup à faire
Mais j'ai imaginé tout ce que je veux te faire
Je sais que tous les mecs
Racontent que j'assure comme aucune autre nana
Ils savent que je suis bonne
Ils fantasment sur moi
Mais tu es le seul que je veux aujourd'hui
Et tu me veux aussi »
Dans ces paroles, on ressent la séduction ainsi qu'une part de vulgarité « je suis bonne ». Cela colle
parfaitement avec la scène du film donc, puisque nous avons d'une part ces jeunes femmes qui
dansent en tenue suggestive (notamment pour Keelie) de manière provocatrice en bougeant les
hanches et en se cambrant, le tout face à un groupe d'hommes torse nu qui se régale de la scène. La
musique appuie donc la situation : les danseuses apparaissent comme des prédatrices et ne semblent
pas du tout gênées que les hommes qui les observent et qui commentent ouvertement la scène.
Ainsi se pose une question : est-ce que ce comportement provient de la culture hip-hop ou bien de la
classe sociale et de la vie en banlieue peuplée de HLM ? Question à laquelle répondra Andrada plus
tard avec une analyse sociale du film.

Cependant, j'aimerai souligner l'autre musique qui était sous-titrée et traduite dans le film. Il s'agit
d'une scène dans la voiture de Connor, le nouveau petit-ami de la mère de Mia. Dans cette scène, la
petite famille se rend au bord d'un étang pour pécher du poisson et pour rassembler tout le monde
afin de créer des liens entre Connor et les filles de sa compagne. Dans la voiture, la mère regarde les
CD de Connor et critique ses goûts musicaux de ringards. Alors, celui-ci fera découvrir une
chanson : California Dreamin' de Bobby Womack. Dans la voiture s'instaure alors une atmosphère
beaucoup plus douce, accompagnée par ces paroles :
« Les feuilles sont brunes
Et le ciel est gris
Je marche sans but
Par un jour d'hiver
Il ferait plus doux
Si j'étais à L.A
Je rêve à la Californie
Par ce jour d'hiver
J'ai vu une église
Je m'y suis arrêté
Je me suis agenouillé
Et j'ai commencé à prier
Le prêtre bénit le froid
Car il sait que je vais rester »
Bien loin de l'ambiance de la première musique que j'ai cité, notamment dans le style de Bobby
Womack qui se rapproche plus de la soul et du R&B, accompagné d'une instrumentale de guitare
acoustique. Au niveau des paroles également, une grosse différence avec la musique de Cassie.
Nous ne sommes plus avec des paroles vulgarisées, le « Ils savent que je suis bonne » à laisser place
à une musique plus calme, plus correcte et apaisante, avec un champ lexical tout aussi différent
autour d'une église. Cette musique a alors un effet bénéfique sur les personnages dans la voiture où
l'on retrouve une Mia apaisée, plus calme, loin de sa vulgarité habituelle et de son caractère
sanguin. On peut la voir hocher doucement la tête au rythme de la musique, sourire et observer
l'horizon.
C'est alors que je vais parler du conflit intergénérationnel et social entre la famille de Mia et
Connor. D'un côté, nous avons la famille de Mia, venant d'une banlieue peuplée de HLM, avec une
mère qui délaisse complètement son rôle en passant son temps à boire et inviter ses amis et insultant
ses propres filles, sa fille, la plus jeune, qui ayant bien moins de 15 ans, suit l'exemple de sa sœur, à
deux doigts d'être déscolarisée, fumant des cigarettes, buvant du cidre et traînant dans son quartier
ou avec ses amies, tout aussi vulgaires et enfin Mia, complètement perdue, errant dans les rues,
volant, buvant, bref des personnages assez exécrables. Et de l'autre côté nous avons Connor, qui
joue son rôle de beau-père à la perfection jusque-là, essayant de créer un lien avec les deux filles
dans le but de créer une famille, ayant un emploi stable, en gros, un personnage beaucoup plus doux
et qui se montre bénéfique pour Mia et sa sœur surtout. Et tout cela, on le ressent juste dans cette
scène, avec cette musique qui pour moi, représente très bien le caractère de Connor, doux, plein de
bonnes attentions (mais bien évidemment, la suite de film viendra détruire tout ce que j'ai dit). Ainsi
pour moi, ces deux musiques représentent parfaitement les contrastes entre le monde que Mia
connait, très délétère et le monde de Connor, plus posé.
Et plus loin, en explorant le film, le hip-hop vient appuyer ce que j'ai pu dire précédemment. Le
casting pour lequel auditionne Mia est un casting pour trouver des danseuses, mais elle ne
s'attendait pas à ce que ce soit des danseuses érotiques pour un club. Ainsi, la musique de Cassie
démontre une partie du hip-hop, sans vouloir généraliser, mais dans l'histoire du film, un
mouvement vulgarisé, verbalement et sexuellement, bien loin des inspirations originelles du
mouvement lancé par Afrika Bambaataa.

Je vais maintenant laisser la parole à Andrada et Noémie, qui pousseront l'analyse des personnages
et des problématiques sociales du film.

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