Vous êtes sur la page 1sur 6

Les sacrifices de l'amour

Iasmina MUNTEANU
Université Alexandru Ioan Cuza, Iași
Faculté des Lettres
Licence, 1e année, Français-Roumaine

Honoré de Balzac (20 mai 1799, Tours, France - 18 août 1850, Paris, France) était un
romancier, critique littéraire, essayiste, journaliste et écrivain français. Il est considéré comme
l'un des plus grands écrivains français dans le domaine du roman réaliste, du roman
psychologique et du roman fantastique. Auteur français qui a écrit un nombre impressionnant de
romans et de nouvelles, formant le cycle La Comédie humaine.
La comédie humaine poursuit plusieurs thèmes fondamentaux, dont l'argent et la soif
d'accomplissement, l'écrivain ayant le mérite d'avoir fait disparaître l'intrigue romantique de
l'amour par celle réaliste de la richesse et de l'héritage. Le roman Eugénie Grandet s'articule
également sur ce thème, la scène de la vie provinciale encadrée dans cette impressionnante
fresque sociale reflétant le drame des hautes aspirations, contrarié par les petits intérêts de la
société.
« Eugénie Grandet » 1est l'un des romans les plus connus de Balzac. Il a été publié en 1833 et
illustre la vie d'une famille dans la France du milieu du XIXe siècle. La critique littéraire le place
parmi les œuvres les plus précieuses du réalisme français, car elle reflète les caractéristiques de
l'époque, la recherche du profit, le désir d'enrichissement.
L'auteur part du thème du dommage et de son impact sur les autres.
Le titre du roman donne le nom de la victime de l'avare et nous présente le personnage
principal, à savoir Eugénie Grandet. Les dégâts de Félix Grandet, le père d'Eugénie, détruisent le
monde, et à part elle, la vie de sa fille.
La complexité des personnages est une caractéristique propre au réalisme. Par exemple, le
type de bourgeois enrichi par la Révolution et les guerres qui ont suivi est développé par le
personnage du vieux Grandet de Saumur, qui a un avare. L'espèce ici membres du clergé est
représentée par l'abbé Cruchot, qui court après la fortune de Grandet, au lieu d'avoir des soucis
ecclésiastiques. Il ne faut pas oublier de noter l'effet de l'environnement sur le caractère des
personnages. Deux personnages de l'espèce sociale auront des modes de vie différents si l'un
d'eux vit à Paris et l'autre en Province. Le meilleur exemple est celui des frères Grandet. La vie
de Félix Grandet est bien différente de celle de son frère Guillaume, un parisien, la différence
soulignée par l'étonnement de Charles lorsqu'il découvre la maison de son oncle.

1
BALZAC, Honoré de, Eugénie Grandet, Grands Ecrivains, 1984

1
Sur le plan de la technique littéraire, des personnalités importantes telles que Grandet, Eugénie,
Charles, Madame Grandet ou Nanon ont droit à quelques pages de livre, le plus grand portrait
étant celui de Félix Grandet. Contrairement aux images architecturales, qui restent inchangées
dans le roman à chaque fois qu'elles apparaissent, la physionomie des personnages évolue avec le
temps, et le lecteur est invité à voir tous les changements au fur et à mesure qu'ils apparaissent.
L'héroïne mène une vie de privation imposée par la tyrannie et les méfaits de son père,
enrichie par la spéculation, en compagnie de sa mère, également victime de cette tyrannie, et de
la bonne Nanon. La seule société accessible à la riche héritière est celle des aspirantes familles
Cruchot et Des Grassins, par petits intérêts, entre ses mains. Dans la vie grise d'Eugénie, pas
l'ombre d'un espoir n'intervient jusqu'à l'arrivée inattendue de son cousin Charles, événement qui
constitue, par ses conséquences, l'intrigue du roman.
L'apparition de Charles, à son tour, est motivée par la faillite et, plus tard, par le suicide de son
père, frère de Grandet, qui demande au menuisier, en dernière volonté, de protéger son fils et de
faciliter son départ pour l'Inde sa fortune. Le beau et choyé Charles apporte à l'âme de sa cousine
le sentiment, jusqu'alors inconnu, de l'amour, dont Charles a profité pour prendre la collection de
pièces d'or que son père lui avait donné au fil du temps, donc la seule fortune dont il disposait
Eugénie avait un accès direct. La promesse du jeune homme d'épouser à son retour Eugénie ne
peut adoucir la colère de l'avare Grandet lorsqu'il apprend que Charles est parti avec l'or de sa
fille. La vie de la jeune femme deviendra une condamnation, car son père l'isole dans sa
chambre, la nourrissant uniquement de pain et d'eau.
A la mort de madame Grandet, craignant qu'Eugénie n'eût réclamé l'héritage auquel elle avait
droit, diminuant ainsi ses revenus, le vieil avare libère sa fille, pour qui la vie ne signifie rien,
après que son seul espoir fut brisé. De retour après huit ans dans l'Inde lointaine, Charles n'est
plus le jeune homme d'antan, mais un homme froid et dur, portant le sceau du désir d'apprendre
de la famille Grandet, qui annonce dans une lettre lointaine qu'il épousera sa progéniture à. une
famille noble. Déçue et privée de tout horizon, l'héroïne acceptera, après la mort de son père,
d'accepter son ancien prétendant, mais même son destin ne change pas, car elle devient vite
veuve, consacrant sa vie et sa fortune à des œuvres caritatives.
« L’amour est notre seconde transformation. L’enfance et l’amour furent même chose entre
Eugénie et Charles : ce fut la passion première avec tous ses enfantillages, d’autant plus
caressants pour leurs cœurs qu’ils étaient développes de mélancolie. »2
L'amour d'Eugénie pour Charles s'exprime à travers les sacrifices de la jeune fille au nom de
l'amour, capturés dans l'une des séquences mémorables de ce roman. Eugénie l'aide à partir en
Inde, lui remet toutes ses économies, l'or récolté grâce aux cadeaux annuels reçus de son père.
Lorsque le vieux Grandet découvre que Eugénie a donné tout son or, il l'isole dans sa chambre en
ne lui donnant que du pain et de l'eau.
Par le statut de majeure acquis par Eugénie lors des échanges entre elle et son père, elle reflète
sa force de caractère et ses aspirations à une vie indépendante.

2
BALZAC, Honoré de, Eugénie Grandet, Grands Ecrivains, 1984, pg.160

2
L’appellatif de "serpent de fille", alors que Grandet s'adresse à sa fille, reflète sa colère contre
l'or dans les mains de Charles. Grandet appelle le garçon « va-nu-pieds » reflétant sa haine pour
son neveu.
Les adjectifs "muet et froid" définissent Eugénie comme une réaction aux insultes et à la colère
de son père. Malgré tout, elle affiche un caractère mature et fort, son père, ou la comparant à lui-
même en comparant « elle est plus Grandet que je ne suis pas Grandet », et il s'avère que
l'entêtement est propre à la famille. Dans la réponse "Vous m’offensez dans ce que j’ai de plus
chère", Grandet reflète à la fois sa déception envers sa précieuse fille et le fait que l'argent mène
son existence. Ainsi, Grandet ne vit pas pour aimer, car il ne comprend pas les sacrifices
d'Eugénie par amour, ni pour être heureux avec sa famille, mais seulement pour vivre dans la
richesse.
La plupart des propos de Grandet ont une force directive et trop peu assertif ou déclaratif, mais
avec force expressive. Il y a et vérifier les déclarations qui décrivent la réalité sous la forme
d’une question ou non « Mais l’on n’a jamais vu pareil entêtement, ni vol pareil, dit Grandet
d’une voix qui fit graduellement retentir la maison. Comment ! ici, dans ma propre maison, chez
moi, quelqu’un aura pris ton or ! », et déclarations performatif par lequel il intervient sur le réel à
l'aide d'une série des verbes performatifs tels que, nous vous maudissons…, jusqu'à ce que je
vous permette, la cible claire de ces déclarations est l'émotion de l'interlocuteur, qui ce qui se
passe, Eugénie fond en larmes.
Une figure significative rencontrée dans ce passage est l'ironie, car la figure par laquelle le
contraire de ce que Grandet est impliqué pense. Il est suggéré en reliant le message au contexte :
« Eugénie, tu es dans ma maison, dans la maison de ton père / Tu m'as frappé dans ce que j'ai
plus cher, reprit-il. »
La punition sévère que Grandet applique à sa fille, l'enfermant dans sa chambre, ne lui donnant
que du pain et de l'eau, suggère le caractère d'un parent sévère qui a tendance à prendre le
contrôle de sa famille. En même temps, il fait preuve d'indifférence envers sa fille, car il nourrit
son orgueil au détriment du bonheur de sa famille.
Ainsi, Grandet est dépourvu de sentiments paternels, car toute sa disponibilité affective est
subordonnée à la passion dévorante de récolter de l'argent. Il sacrifie sa fille Eugénie, usant de sa
naïveté et de ses sentiments pour s'approprier ses biens.
En conclusion, « Pénétré qu'il était de cette difficulté, Balzac n'a rien épargné pour constituer et
pour imposer, et l'on sait comme il y a réussi, un vraisemblable provincial qui est une véritable
anthropologie de la province française, avec ses structures sociales (on vient de le voir), ses
caractères (l'avare provincial type Grandet opposé à l'avare parisien type Gossec), ses catégories
professionnelles (voir l'avoué de province dans Illusions perdues), ses mœurs «( la vie étroite que
l'on mène en province ... les mœurs probes et sévères de la province ... une de ces guerres à
toutes armes comme il s'en fait en province »), ses traits intellectuels «( ce génie d'analyse que
possèdent les provinciaux ... comme les gens de province calculent tout »3

3
GENETTE, Gérard, Figures II, Points, pg. 80

3
Extrait choisi du livre:
« -Au moins, quand avez-vous donne votre or? Eugenie fit un signe de tete negatif.- Vous l’aviez
encore le jour de votre fête, hein? Eugénie, devenue aussi ruse par amour que son père l’était par
avarice, réitéra le même signe de tête. - Mais l’on n’a jamais vu pareil entêtement, ni vol pareil,
dit Grandet d’une voix qui alla crescendo et qui fit graduellement retentir la maison. Comment !
ici, dans ma propre maison, chez moi, quelqu’un aura pris ton or ! le seul or qu’il y avait ! et je
ne saurai pas qui ? L’or est une chose chère. Les plus honnêtes filles peuvent faire des fautes,
donner je ne sais quoi, cela se voit chez les grands seigneurs et même chez les bourgeois ; mais
donner de l’or, car vous l’avez donné à quelqu’un, hein ? Eugénie fut impassible. A-t-on vu
pareille fille ! Est-ce moi qui suis votre père ? Si vous l’avez place, vous en avez un reçu…
- Etais-je libre, oui ou non, d’en faire ce que bon me semblait ? Etait-ce a moi ?
- Mais tu es un enfant.
- Majeure.
Abasourdi par l’illogique de sa fille, Grandet pâlit, trépigna, jura ; puis trouvant enfin des
paroles, il cria :
- Maudit serpent de fille ! ah ! mauvaise graine, tu sais bien que je t’aime, et tu en abuses.
Elle égorge son père ! Pardieu, tu auras jeté notre fortune aux pieds de ce va-nu-pieds qui
a des bottes de maroquin. Par la serpette de mon père, je ne peux pas te déshériter, nom
d’un tonneau ! mais je te maudis, toi, ton cousin, et tes enfants ! Tu ne verras rien arriver
de bon de tout cela, entends-tu ? Si c’était a Charles, que… Mais, non, ce n’es pas
possible. Quoi ! cette méchante mirliflor m’aurait dévalisé… Il regarda sa fille qui restait
muette et froide.
- Elle ne bougera pas, elle ne sourcillera pas, elle est plus Grandet que je ne suis Grandet.
Tu n’as pas donne ton or pour rien, au moins. Voyons, dis ? Eugénie regarda son père, en
lui jetant un regard ironique qui l’offensa. Eugénie, vous êtes chez moi, chez votre père.
Vous devez, pour y rester, vous soumettre à ses ordres. Les prêtes vous ordonnent de
m’obéir. Eugénie baissa la tête. Vous m’offensez dans ce que j’ai de plus cher, reprit-il,
je ne veux vous voir que soumise. Allez dans votre chambre. Vous y demeurerez jusqu’à
ce que je vous permette d’en sortir. Nanon, vous y portera du pain et de l’eau. Vous
m’avez entendu, marchez ! »

4
Bibliographie

BALZAC, Honoré de, Eugénie Grandet, Grands Ecrivains, 1984

BALZAC, Honoré de, Eugénie Grandet, Grands Ecrivains, 1984, pg.160

GENETTE, Gérard, Figures II, Points, pg. 80

5
Table des matières

Les sacrifices de l'amour…………………………………………………………………… 1


Extrait choisi du livre…………………………………………………………. ……………4
Bibliographie……………………………………………………………………………….. 5

Vous aimerez peut-être aussi